L’île de porquerolles à l’épreuve du changement climatique
Inventer de nouveaux paysages emblématiques
Alicia Juge
Mémoire de fin d’études, tome II, 2020 // 2021 1
Forêt domaniale des Maures
Le Lavandou
Toulon Hyères Carqueiranne
Presqu’île de Giens
La tour fondue Le Levant PORQUEROLLES
Port-Cros
Légende La tour fondue
Embarcadère vers Porquerolles Navette maritime Coeur du Parc National
5 km
Coeur marin du Parc National
Le territoire insulaire
2
Espace de révélation du changement climatique
N
Le territoire insulaire Espace de révélation du changement climatique J’ai décidé de travailler sur le territoire insulaire de Porquerolles car c’est un espace privilégié de « révélation » locale des enjeux du changement climatique en mer Méditerranée.
C’est un territoire qui peut donc à ce titre être considéré comme un laboratoire. L’imbrication des motifs paysagers paradisiaques méditerranéens forme ce que j’appelle les paysages emblématiques, lieux uniques et précieux que l’on trouve à Porquerolles.
Porquerolles se situe au Nord de la Méditerranée, dans le département du Var à proximité de la métropole toulonnaise, accessible en une trentaine de minutes. La ville de Hyères est la porte d’entrée du territoire de Porquerolles. La tour Fondue est nichée à la pointe de la presqu’île de Giens et permet aux touristes d’accoster sur l’archipel des îles d’Hyères.
Ces paysages emblématiques sont très diversifiés. Du nord au sud, on rencontre successivement : - Des plages de sable entrecoupées de rochers - Une ceinture littorale boisée - Des plaines cultivées et habitées majoritairement viticoles - Des massifs forestiers sur les reliefs - Et tout au sud, des paysages rocheux et des falaises découpées.
Cette île est également un patrimoine naturel reconnu, une île qui fait rêver : synonyme de beauté, soleil et farniente. Cet imaginaire paradisiaque attire beaucoup : à la fois de nombreux touristes et également une population insulaire attentive et protectrice. Trois cent cinquante personnes y vivent, alors qu’un million la visitent chaque année. En outre, ce territoire est protégé par la présence du Parc National de Port-Cros depuis 1963. L’île fait donc l’objet d’études scientifiques poussées depuis plusieurs dizaines d’années, ce qui permet d’avoir un recul suffisant et nécessaire sur l’évolution des paysages et l’impact du changement climatique.
Les paysages marins sont eux aussi très différents au nord et au sud de l’île. Ils sont composés, au nord de reliefs en pente douce avec un herbier de posidonie dense. Au sud, les fonds beaucoup plus profond, où les algues peinent à s’accrocher à cause du courant constituent un paysage plutôt roccailleux.
3
+4°C d’ici 2100
dans le bassin méditerranéen sans politiques climatiques
+2°C à 4°C d’ici 2100
Diminution
-25%
des précipitations au nord du bassin méditerranéen
d’ici 2100
Hausse température de l’eau Source : IPCC, 2018
Hausse températures moyennes
Baisse des précipitations Source : Plan Bleu, ONU, 2019
Source : RCP 8,5 ; GIEC, 2019
- 15%
de la disponibilité en eau douce
d’ici 2100
Réduction de la disponibilité en eau douce Source : MedECC, 2019
Migration des espèces L’acidité des océans va être multipliée par
x3 d’ici 2100
Acidification des océans Source : MedECC, 2019
Le territoire insulaire
4
Un paradis en perdition
+37 à 90 cm d’ici 2100
dans le bassin méditerranéen sans politiques climatiques
Hausse niveau moyen des océans Source : MedECC, 2019
Un paradis en perdition La région méditerranéenne se réchauffe 20% plus vite que les autres régions climatiques. Les modèles prédisent qu’en cas de maintien de la trajectoire actuelle en termes d’émissions de Gaz à Effet de Serre (GAES,) celle-ci se réchauffera en 2100 de +4 à +6 C° par rapport à la période industrielle avec une diminution des précipitations que l’on estime à 4% par degré de réchauffement.
L’intensification des évènements tempétueux érode les versants et dégrade le couvert forestier côtier exposé. L’apparition d’espèces invasives provoque une concurrence avec les espèces présentes et dégrade particulièrement l’herbier de posidonie. Les dynamiques climatiques tendent alors vers une désertification des milieux terrestres.
L’impact du changement climatique va être extrêmement varié puisque la diversité des paysages de l’île est due à une diversité de milieux dans leur caractère naturel et anthropique. La hausse des températures compromet les espèces peu adaptées à ces fortes chaleurs et aux sécheresses prolongées, en particulier la végétation des côtes rocheuses et les espèces feuillues. Cela intensifie également le risque incendie mettant en danger la pérennité des milieux forestiers. La baisse des précipitations menace les espèces peu adaptées au manque prolongé d’eau (pins, chênes) et réduit la disponibilité en eau douce nécessaire au maintien de la vie insulaire et des cultures.
La hausse du niveau de la mer pousse le trait de côte faisant reculer les plages, entraine aussi une salinisation trop rapide des arrière-plages et favorise l’intrusion du biseau salé dans la nappe phréatique de l’île. La hausse des températures marines réduit la diversité faunistique et floristique : les espèces peu adaptées à ces nouvelles conditions disparaissent et de nouvelles espèces les remplacent. Le milieu marin tend alors vers une tropicalisation.
La barrière littorale se délite La plage s’érode
Les falaises perdent une présence végétale
La fertilité de la plaine est compromise
Le massif forestier dépérit et est menacé
5
Stratégie d’adaptation On peut alors distinguer deux types de milieux : - Ceux qui seront capables d’évoluer, soit de façon naturelle soit grâce à l’aide de l’Homme - Et ceux qui sont voués à disparaître.
1
MILIEUX CAPABLES D’ÉVOLUER Adaptation Création
2
MILIEUX VOUÉS À DISPARAITRE Disparition
POINTE DE L’AIGUADE
CAP ROUSSET
POINTE DU BON R
Réinvention PLAGE D’ARGENT
ÎLE DU PETIT LANGOUSTIER
Contrairement aux idées reçues, le changement climatique constitue, selon moi, une opportunité de changer de paradigme et d’inventer de nouveaux paysages emblématiques qui continueront de stimuler l’imagination.
PLAGES DU LANGOUSTIER
MONT D’ESTERLY
PLAINE DU BRÉGANÇONNET
80 m
Pour inventer ces nouveaux paysages emblématiques, je me suis appuyée sur le caractère immuable de Porquerolles : son relief, sa topographie mais aussi les roches qui la composent. L’héritage ancestral de l’Homme sur l’île m’a permis de comprendre le présent pour imaginer le futur. Pour que cette île s’adapte au changement climatique, une stratégie globale, commune avec une logique spatiale qui part de la mer pour rentrer dans les terres semble indispensable. Cette stratégie d’adaptation prendra en compte l’ensemble du territoire de l’île.
LE GRAND LANGOUSTIER
MONT DE TIÉLO 108 m
POINTE DES CARRIÈRES POINTE DU BRÉGANÇONNET POINTE DU TAMARIS
GO
N
500 M
ROCHERS DES MÈDES CAP DES MÈDES
POINTE MAOUFAT
POINTE DE L’ALYCASTRE POINTE DU LEQUIN
PLAGE NOTRE-DAME
POINTE DU GROS BAOU
PLAGE DU LEQUIN
RENAUD
POINTE DE LA GALÈRE PLAINE DE NOTRE DAME
POINTE PRIME PLAGE DE LA COURTADE RADE DE PORQUEROLLES
POINTE BÉARLIEU MONT SARRANIER 121 m
PLAINE DE LA COURTADE
MONT DES SALINS 121 m
POINTE DU GABIAN LE GROS SARRANIER POINTE DU SARRANIER
POINTE DES SALINS PLAINE DE PORQUEROLLES POINTE DE L’OUSTAOU DE DIOU POINTE DE L’INDIENNE
ORGES DU LOUP
CALANQUE DE L’INDIENNE
ROCHER DE LA CROIX
7
1 2 3
4 5 6 7 8
9
Cette stratégie d’adaptation de l’île impliquera divers acteurs et habitants par la mise en place d’une économie circulaire. La valorisation des déchets est indispensable : les déchets verts et alimentaires permettront de créer un compost nécessaire à la fertilisation des terres agricoles. La construction d’une pépinière mutualisant une banque de graines sera également primordiale. Schéma explicatif de l’organisation spatiale de la stratégie globale
Le territoire insulaire
8
Stratégie d’adaptation
1 2 3
Le milieu marin est impacté par deux phénomènes : celui du climat, difficile à contrer et celui du tourisme, très important. Il faut donc réduire les facteurs de pression en agissant sur la fréquentation pour protéger au maximum l’herbier de posidonie.
PRÉSERVER LES FONDS MARINS
Gérer la fréquentation Limiter le nombre et l’impact du mouillage sur l’herbier de posidonie
ÉVITER LE RECUL DES PLAGES
Conforter la dynamique dunaire
Au sujet des plages, il faudra éviter leur recul en constituant une épaisseur littorale, évitant ainsi l’intrusion des embruns salés lors d’événements tempétueux de plus en plus intenses.
PROTÉGER LES ALCÔVES CULTIVÉES DES EMBRUNS
Constituer une épaisseur littorale
4
ADAPTER ET DIVERSIFIER LES PRODUCTIONS AGRICOLES
Pour les plaines agricoles, la hausse des températures, la raréfaction de l’eau et la potentielle apparition de pathogènes mettent en péril la production viticole majoritaire sur l’île. Les rendements risquent de diminuer. Il va donc falloir diversifier les productions en passant de la monoculture à la polyculture.
Expérimenter de nouvelles essences agricoles adaptées au changement climatique Essayer de nouvelles productions et de nouvelles pratiques
5 6
LIMITER LE RISQUE INCENDIE
Séparer les massifs forestiers Mettre en place un chemin de transhumance
Le massif forestier sera de plus en plus propice aux départs de feu. Un chemin de transhumance partant de la ceinture littorale boisée, continuant dans les plaines avant de faire une boucle sur les crêtes permettra de séparer les massifs. Le pâturage est un outil clef de cette nouvelle gestion forestière. La forêt méditerranéenne de Porquerolles est elle aussi destinée à dépérir. La strate arborée et arbustive est donc à ré-imaginer en favorisant l’expérimentation.
FAVORISER L’ADAPTATION DES MASSIFS FORESTIERS
Expérimenter de nouvelles essences forestières
7 8
PRÉSERVER LA RESSOURCE EN EAU Favoriser l’infiltration des eaux pluviales Éviter l’érosion des sols
LIMITER L’IMPLANTATION D’ESPÈCES ENVAHISSANTES Expérimenter de nouvelles gestions Initier des campagnes d’arrachages et de replantation d’espèces endémiques
9
L’intensification des événements pluvieux et la raréfaction du nombre de jours de pluie vont mettre à mal la disponibilité en eau : son infiltration dans la nappe phréatique est primordiale.
S’OUVRIR À UNE ÉCONOMIE CIRCULAIRE Valoriser les déchets Collecter les déchets verts et alimentaires Mettre en place un compost nécessaire à la fertilisation des sols agricoles Mutualiser une banque de graines Construire une pépinière
Sur les côtes rocheuses, des campagnes d’arrachage permettront de réduire l’emprise des espèces invasives et pour les espèces endémiques une nouvelle gestion et des essais de replantations seront initiés.
GÉNÉRALISER L’EXPÉRIENCE À L’ÎLE
9
1 A
FORT SAINTE AGATHE
2 3 FONDATION CARMIGNAC
FORT DE LA REPENTANCE
MOULIN DU BONHEUR
4
PÉPINIÈRE
B 5 B’ SÉMAPHORE
6
L’OUSTAOU DE DIOU
MONT DES SALINS N
100 m
250 m
500 m
A’
Nom chapitre
10
Nom sous chapitre
La plaine de la Courtade en 2100 :
Risques
Acteurs Porteurs de projet Parc National Propriétaires
Départs de feu
de nouveaux paysages résilients Destruction de l’herbier
ONG Smilo Service Parc local
2021 Engager la discussion entre les propriétaires Amorcer la convention de pâturage Installer des ancrages permanents
Une mise en place évolutive Pour adapter spatialement cette stratégie, j’ai choisi comme site de projet, la plaine de la Courtade, puisque c’est un espace de cristallisation des enjeux du changement climatique et que tous les milieux y sont présents. C’est également une plaine proche du village, particulièrement visitée, qui n’est pas préparée aux changements à venir.
Intrusion des embruns dans les terres
Risques
Planter et densifier l’arrière plage Discuter de nouvelles gestions des espaces
Acteurs Porteurs de projet Parc National INRA CNBM
Intensification des effets de sécheresse
Le projet de la plaine de la Courtade commence en mer, remonte par la plage, puis l’arrière plage avant de se focaliser sur le plaine agricole en 2100 et sur les expérimentations forestières.
Copain’s
2030 Amorcer l’adaptation Construction de la pépinière
Départs de feu
Préparer et planter les premières parcelles Construire les écluses Commencer la gestion pastorale (crêtes)
Le projet promeut une mise en place évolutive prenant en compte les risques les plus pressants. Il est primordial, dans un premier temps, d’aider les milieux marin et côtier à s’adapter et de limiter les départs de feu en bord de mer.
Érosion des plages
Planter le cordon dunaire pour stabiliser le trait de côte
Risques
Acteurs Porteurs de projet
Hausse des températures marines
Intensification des événements tempétueux
Les numéros sur la carte permettent de situer les vues de projet à suivre dans les prochaines pages. Les lignes pointillées représentent les coupes et transects, allant d’un point A à un point A’.
Apparition d’espèces envahissantes
11
Conseil scientifique du Parc CEFE CNRS ONF Association Prosilva Forêts en Vie
2050 Accorder un nouvel équilibre Étudier les résultats des expérimentations et favoriser certaines espèces Rotation des cultures Récolte et transformation des nouvelles productions Plantation des parcelles expérimentales forestières grâce aux plants testés par la pépinière
Préserver l’herbier et fixer la dune
Ces bouées seront fixées au sol par des vis à enroulement hélicoïdal dont la longueur variera entre 80 centimètres et 1 mètre 60 en fonction de la qualité de la matte de posidonie mais également de la taille du bateau qui souhaite accoster. Cette technique permettra de préserver l’herbier qui est à l’origine de la diversité faunistique et floristique marine retrouvée à Porquerolles.
Accoster délicatement Dès demain, on accostera par l’anse de la Courtade plus délicatement en évitant l’arrachage des mattes de posidonie. Pour ce faire, les bateaux devront accoster à 300 mètres minimum du rivage en s’accrochant à des bouées pérennes dont l’ancrage permanent permettra de réguler la fréquentation.
Principe d’une ligne de mouillage non perturbante avec sa bouée d’amarrage
Les pins disparaissent progressivement mais grâce à la plantation de la plage la dune se maintient.
1
2
Préserver l’herbier et fixer la dune
12
Accoster délicatement
Consolider la dune et gérer les accès à la plage
En bord de plage, des plantations herbacées touffues stabiliseront la dune. On retrouvera du Vétiver, qui se présente sous forme de grandes touffes vertes, dont la racine se développant verticalement peut atteindre jusqu’à 3 mètres, qui fixe et compacte le sol. Un système de poteaux en bois serrés, combiné à la tolérance aux laisses de mer sur la plage, permettront une meilleure accumulation du sol.
Dès 2030, la plage de la Courtade arborera un visage beaucoup plus végétal, permettant de fixer la dune avec des essences capables de subsister dans des conditions de salinité importante, de sécheresse prolongée et dans des zones géographiques plus chaudes. Les essences plantées sont retrouvées sur les côtes andalouses, nord-africaines ou australiennes et ne présentent aucun caractère invasif dans les conditions optimales de leur pays d’origine. Elles ont donc peu de risques de devenir invasives à Porquerolles. Avec la plantation de nouvelles essences de pins comme le pin à gros cône ou le pin sylvestre, les silhouettes graphiques d’arrière plage continueront d’exister. L’ombre de ces arbres permettra à la strate arbustive de subsister.
ÉTÉ
Associer des pratiques pastorales nomades à la gestion des paysages
13
Densifier la ceinture boisée littorale
AUTOMNE
Épaissir la ceinture littorale : retenir les embruns La transhumance un circuit touristique
En réponse aux évènements tempétueux de plus en plus fréquents, et pour éviter que les embruns ne brulent les cultures, la ceinture littorale boisée sera plus épaisse, plus dense et sans trouées. Les accès à la mer seront donc moins nombreux, permettant à la végétation existante de commencer à se régénérer naturellement. S’épaississant des deux côtés du chemin central, des espèces adaptées seront plantées, créant ainsi une ambiance forestière plus forte. D’un côté il faudrait densifier la bande littorale existante en procédant à des semis, de l’autre les mêmes essences seront introduites. Cette végétation le long des plages créera de l’ombre atténuant les chaleurs estivales, retenant l’humidité et protégeant les sources d’eau, particulièrement importantes pour les cultures en vue de la baisse de pluviosité.
Les moutons circulent librement et pâturent aux abords des sentiers
Pour éviter les départs de feu, des moutons viendront pâturer ces nouveaux espaces ombragés en été. Des enclos non permanents, mobiles permettront au berger de faire bouger son cheptel, de 20 moutons de la race Moureous, protégée dans les Alpes Maritimes, sur des espaces « à risque ». Après la période estivale, les moutons viendront pâturer l’intérieur des terres. Pour que ce projet soit réalisable, une convention de pâturage devra être rapidement établie, afin de permettre aux propriétaires, viticulteurs, fruiticulteurs et au berger de fixer des règles ensemble. Cela garantira au berger des périodes et des surfaces pâturables et aux cultivateurs le respect de leur calendrier de travail. Nous pouvons espérer que le Parc National et en particulier le service du Parc Local seront des facilitateurs pour engager ce dialogue.
Des essences littorales adaptées (sel, sable, sécheresse)
Vétiver Chrysopogon zizanioides
Vétiver Chrysopogon nemoralis
Arroche marine Atriplex halimus
Vétiver Chrysopogon nigritanus
Densifier la ceinture boisée littorale
14
Soude vermiculée Salsola vermiculata
Tamaris de France Tamarix gallica L.
Tamaris d’Afrique Tamarix africana
épaissir la ceinture littorale et retenir les embruns
Quelle fraicheur ! On ne sent presque plus les embruns maintenant.
3 Cheptel de 20 moutons rustiques de la race Mourérous présente et protégée dans les AlpesMaritimes
Tamaris du Sénégal Tamarix senegalensi.
Peuplier blanc Populus alba
Fertilisation naturelle du sol Contrôle du couvert végétal inflammable Limitation des maladies Renouvellement de la strate herbacée
Chêne kermès Quercus coccifera
15
Pin à gros cône Pinus coulteri
Le berger nomade
Pin sylvestre Pinus sylvestris
Diversifier les productions locales
partie productive sera plantée en 2050 alors que la partie sud-ouest évoluera librement durant toute cette période. Le point de départ de ce projet d’adaptation agricole, sera la pépinière locale qui produira les plants nécessaires à la mise en culture de la plaine, permettant ainsi une meilleure adaptation des plants au climat de l’île et la réduction des coûts. Elle servira également de lieu de rassemblement pour des ateliers de sensibilisation aux espèces locales et expérimentales et s’étendra sur toute la longueur de la plaine, des parcelles les plus abritées jusqu’à la « bande salée » (5 mètres au-dessus du biseau d’eau salé). L’INRA et le CBNM seront d’une aide précieuse pour que ce projet prospère. La création d’un emploi de pépiniériste-collecteur sera également indispensable.
LA pépinière : une production d’essences locales et expérimentales Une fois cette première étape d’épaississement de la ceinture littorale réalisée, et la boucle de transhumance amorcée, la plaine agricole pourra commencer sa transformation en 2030. Dans une dizaine d’années, les effets de la sécheresse seront plus importants et certaines parcelles viticoles seront en fin de production. Un changement de modèle sera alors opportun. La plaine de la Courtade sera divisée en trois parties : une partie expérimentale, au nord, commencera en 2030. Lorsque les essais seront concluants, la
Où est la pépinière sur ce plan ? Je vais être en retard aux atelier de cueillette !
Diversifier les productions locales
16
La pépinière : une production d’essences locales et expérimentales
Produire les plants nécessaires à l’adaptation de la plaine
Meilleure adaptation des plants au climat
Essayer de nouvelles essences avant de les planter en terre
Ateliers de sensibilisation du public aux espèces locales, aux nouvelles essences adaptées aux changement climatique
Diminution des coûts liés au transport des végétaux
Ateliers
Création d’un emploi Pépiniériste-Collecteur
Transformation
Vente
Cueillette Des cultures résistantes aux sécheresses
Grenadier Punica granatum ‘Kabylie’
4
Arganier Argania spinosa
Caroubier Ceratonia siliqua
Amandier Prunus dulcis ‘Mandaline’ ’Ferraduel’
17
Figuier Ficus carica ‘Solliès’
Jujubier Ziziphus jujuba
5 Convention de pâturage entre viticulteur, fruiticulteur et berger
HIVER
Création d’un emploi Viticulteur Fruiticulteur Cueilleur
Les déjections des ovins fertilisent les parcelles agricoles
Des cultures résistantes aux sécheresses
Blé rouge de Bordeaux Triticum aestivum
Olivier Olea europaea ‘La Grossane’
Clémentinier Citrus reticulata ‘Corsica’
Diversifier les productions locales
Pistachier Pistacia vera ‘Napoletana’
18
Vigne Vitis vinifera
Moutarde Brassica juncea
Orge Hordeum vulgare
Introduction des plants dans les parcelles productives
Lentille Lens anicia
Lin Linum ‘Alizée’
Introduction des plants dans les parcelles productives
L’organisation spatiale en bandes fruitiers / vignes, perpendiculairement à la pente, suivant les courbes de niveaux, permettra une variation du paysage au service du vivant. En définitive, le métier de viticulteur évoluera pour devenir un viti-fruiticulteur-cueilleur.
Une fois cette pépinière lancée, la plaine commencera à être plantée, à partir du nord, de nouveaux cépages et de nouveaux porte-greffes pour la vigne, afin de conserver ce visage viticole fort de l’île. Des oliviers seront plantés près de la ceinture boisée car ils sont peu sensibles aux embruns. D’autres essences phares seront essayées, comme par exemple le caroubier qui produit de la farine, du sirop et qui s’adapte très bien aux nouvelles conditions climatiques à venir. En outre, cette farine pourra être moulue au moulin du Bonheur, rénové et en état de marche. Je préconise également la plantation d’agrumes, qui faisaient partie du paysage de Porquerolles au 20ème siècle sous Fournier, l’ancien propriétaire de l’île.
Une fois les essences essayées et les associations culturales concluantes, la partie productive pourra être amorcée. Des ouvertures sur l’intégralité de la plaine seront possibles par l’alternance de vignes et de fruitiers et les vues varieront d’une saison à l’autre grâce au feuillage changeant des oliviers, pistachiers, arganiers… Les moutons seront présents régulièrement en hiver dans la plaine agricole. Ils fertiliseront les sols, contrôleront le couvert herbacé entre les rangs et favoriseront l’effeuillage des vignes entre la nouaison et la véraison, période à laquelle le fruit se forme. Cette technique permet d’augmenter le passage de l’air entre les grappes et ainsi de réduire l’apparition de maladies.
Des bandes de culture de céréales produiront également de la farine et du paillage inter-rang. TEMPORALITÉS DES PARCELLES PRODUCTIVES
1
2
3
4
Attendre que les vignes actuelles atteignent leur maturité
Commencer la mise en culture de graines des futurs plants
Préparer les sols
Plantation en plein champ
Mettre à l’épreuve de nouveaux portes-greffes et cépages
Expérimenter de nouvelles associations culturales
Essayer de nouvelles espèces fruitières
B’ B
Bande fruitière Nouveaux cépages 15 m 18 m
Caroubier 5m
1/200e
Bande fruitière 33 m
Céréales 9m
Nouveaux portes-greffes 56 m
19
Pin d’Alep
Initier des parcelles forestières expérimentales
Chêne
Essayer de nouvelles essences et de nouvelles gestions
Parcelle forestière actuelle
Une fois le projet agricole bien avancé, la pépinière produira des plants de nouvelles essences forestières car en 2050 le cycle de la forêt de Porquerolles commencera à toucher à sa fin et le Pin d’Alep déclinera. Les forestiers imaginaient le retour d’une chênaie, comme à Port-Cros actuellement, mais le changement climatique remet en question cette évolution classique spontanée de la forêt porquerollaise. Il faut donc anticiper et prévoir sur certaines parcelles le renouvellement d’espèces forestières. Cinq parcelles expérimentales, réparties sur des emplacements stratégiques (proches de cours
d’eau, sur des falaises rocheuses, au milieu de la plaine agricole) permettront de replanter des espèces locales et de repiquer des espèces expérimentales forestières. On pourra retrouver par exemple le Callistris des îles de Rotnest, arbuste persistant pouvant atteindre 8 m, classé selon l’INRA, comme l’arbre le plus résistant à la sécheresse. Des journées participatives de plantations seront organisées. Après des essais de gestions différenciées, des études de croissance seront réalisées et les plantation futures s’adapteront en fonction des résultats.
Des essences forestières sélectionnées pour des ambiances préservées
Chêne-liège Quercus suber
Arbousier commun Arbutus unedo
Initier des parcelles forestières expérimentales
Pistachier lentisque Pistacia lentiscus
20
Olivier sauvage Olea europaea ‘Sylvestris’
Essayer de nouvelles essences et de nouvelles gestions
Plantation avec les écoliers
Dépérissement du Pin d’Alep
Évolution des milieux forestiers
Évolution naturelle d’une parcelle forestière face au changement climatique
Introduction d’essences expérimentales
Parcelle expérimentale Après quelques années, étude de la croissance des plantations
Essais de gestions différenciées
Fauche
Pâturage Adaptation des plantations
Pin gris Pinus banksiana
Chêne vert de Californie Quercus agrifolia
21
Callitris de l’île de Rottnest Callitris preissii
Valoriser le bois
Ganivelles (Pins d’Alep, bois flotté)
Dans le même temps, le bois coupé, lorsque les grumes auront une taille intéressante, sera extrait grâce à un débardage animal. Contrairement à aujourd’hui, la forêt sera une ressource pour divers usages avec la mise en place d’une scierie mobile.
Piquets de vigne (Chêne sessile)
Bois de chauffage (toutes les essences forestières)
En parallèle, au printemps, les ovins viendront pâturer les crêtes afin de séparer les massifs et d’éviter ainsi la propagation d’un potentiel incendie.
Bardage, charpente et mobilier (Pin maritime, Pin d’Alep, Chêne sessile, Eucalyptus)
PRINTEMPS
Grignons d’écorce de pin comme paillage du sol
Utilisation du bois Pâturage sur les crêtes pour séparer les massifs forestiers
Scierie mobile
Initier des parcelles forestières expérimentales
22
Valoriser le bois
Les pins et les chênes dépérissent, heureusement que les nouvelles essences s’adaptent bien. Bêêêêh
6
23
Recharger la nappe phréatique Retenir l’eau pluviale Le dernier axe de projet sera de retenir l’eau pluviale. Des écluses construites perpendiculairement à la pente ralentiront les eaux pluviales par palier et favoriseront ainsi son infiltration. Ces écluses auront une taille variable en fonction du pourcentage de la pente allant d’un mètre au début d’un cours d’eau et pouvant s’étendre jusqu’à 5 mètres dans certains fonds de vallons. Schéma de principe d’infiltration des eaux pluviales dans les fossés avec écluses
Écluses ralentissant les eaux pluviales par palier
Recharger la nappe phréatique
24
Retenir l’eau pluviale
Le franchissement du chemin de l’eau sera permis grâce à des pontons en bois ou par des rigoles lorsque le débit sera moins important. Rigoles pour signifier et canaliser le passage de l’eau au début de son parcours
Ponton en bois pour franchir le chemin de l’eau
25
De nouveaux paysages emblématiques
À quoi ressemblera la vie insulaire sur Porquerolles en 2100 ?
Prairie de fauche 230 m
À quoi ressemblera Porquerolles en 2100 ?
Fossé planté 18 m
26
Prés pâturé 108 m
De nouveaux paysages emblématiques
Épaississement de la ceinture littorale 60 m
Chemin
Arrière plage plantée
Écluse 3m
Dune plantée et densifiée 60 m
Chemin principal
1/400e A
Chemin
L’île vivra d’une nouvelle économie plus agricole avec un tourisme restreint, intéressé par l’avant garde que représentera Porquerolles. L’île se découvrira autrement avec des paysages emblématiques transformés ou conservés.
Rangs d’oliviers 36 m
Parcelle forestière expérimentale 50 m
Vignes 15 m
Boisement existant
Vignes 9m
Mélange Mélange Vignes mixte Céréales mixte 9m 20 m 14 m 15 m
Végétation côtière rocheuse
Boisement existant 50 m
Écluse 3m
Espace de présentation 16 m Parvis 11 m
Chemin
Céréales 52 m
Pépinière 12 m Alignement Chemin
Vignes 20 m
Mélange d’essences 22 m
Chemin carrossable
Rangs de caroubiers 24 m
Alignement
Rangs de pistachiers 36 m
Chemin
On peut également imaginer que les nouvelles essences seront bien adaptées au nouveau climat méditerranéen. Alors, les méthodes expérimentales et les essais fructueux pourront s’étendre à plus large échelle, à la côte varoise et par la suite à l’ensemble des régions climatiques méditerranéennes qui se seront davantage étendues.
Ripisylve
Falaise
A’
27
Les îles sont des espaces aux paysages singuliers et aux milieux en équilibre fragile dont les éléments partagent des habitudes et des organisations collectives particulières. Sur leurs terres inextensibles et limitées, les espèces vivantes et les populations humaines sont particulièrement sensibles et à l’écoute des dynamiques naturelles et sociales actuelles comme celle du changement climatique. Sur l’île de Porquerolles, l’appréhension et l’impact du changement climatique est particulièrement visible en raison des caractéristiques physiques de l’île : espace «clos» fini, ressources naturelles limitées entraînant une forte dépendance aux approvisionnements extérieurs du continent, sensibilité particulière aux rythmes naturels, marquant la vie quotidienne et la culture insulaire. Finalement, comment répondre aux défis environnementaux dans leurs différentes dimensions, qui touchent aussi bien aux questions de biodiversité terrestre et marine qu’à celles de l’organisation du cadre de la vie insulaire ? Quels paysages en résulteraient et comment pouvons-nous intervenir ? Espace privilégié de « révélation » locale des enjeux du changement climatique en mer Méditerranée, Porquerolles possède un potentiel naturel, agricole et forestier à révéler et faire évoluer dans l’objectif de s’adapter à ces changements.
École de la Nature et du Paysage 9 rue de la Chocolaterie, 41 000 Blois 02 54 78 37 00
Nom chapitre
28
Nom sous chapitre