Alliances 5

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alliances N° 5 - 2011

L’actualité des Alliances françaises en Chine

«On ne résiste pas à l’Alliance française» C. de Gaulle

De nouveaux espaces pour les Alliances de Chine le secrétaire général jean-claude jacq en MISSION en chine entretien avec jacques valade, ambassadeur itinérant en asie

Délégation générale de l’Alliance française en Chine


sommaire

Inauguration de l’Année de la langue française en Chine, le 13 septembre 2011, par M. Alain Juppé, Ministre d’Etat et Ministre des Affaires étrangères et européennes, et Mme LIU Yandong, Membre du Bureau politique du Comité central du PCC et Conseillère d’Etat de la Chine.

4 fondation af Jean-Claude Jacq en Chine 6 réseau chine Dans les Alliances, ça déménage ! 8

concours

planète femmes

les alliances en dates

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OCTOBRE 2011

24/10 Conférence « Le rêve et l’inconscient ».

PéKIN

29/10 Concert : Microfilm.

30/10 Vernissage et séances de projection du projet photo de Christophe Loviny.

16/10 Concert : Laurent de Wilde.

OCTOBRE Exposition : China Toon.

QINGDAO

16/09-06/11 Exposition : « Soies », œuvres récentes de Guy Ferrer.

HANGZHOU

OCTOBRE Grande exposition d’artistes chinois.

21/10 Concert : Microfilm. 1/09-30/10 Exposition : « Le corbeau et le renard » de Philippe Andrieu. 01/09-30/10 Exposition : « Les dix mots de la francophonie ». 04/10-05/11 Exposition photographique des dix lauréats pékinois du concours international de photographie « Planète femmes ». 29/10 Conférence de Shan Sa.

CANTON 15/10 Ciné-club : « Au fond des bois » de Benoît Jacquot. 29/10 Ciné-club : portraits de Paris. « Jusqu’au dernier saltimbanque » de Laurent Canches.

OCTOBRE Exposition : « SaintGermain-des-Prés, le Paris littéraire ». 13/10 Conférence d’Alma Brami, jeune écrivaine française. 15/10 Conférence La chimie et l’art : « Les chimistes enquêtent dans le monde de l’art » de Philippe Walter, professeur à l’Université Paris Sorbonne. 15/10 Concert autour de François Essomba, percussionniste africain invité par le Festival de jazz de Nankin. 16/10 Conférence de Shan Sa. 22/10 Conférence « L’histoire du Louvre » de Xavier Milan, écrivain, critique d’art, responsable de la communication interne du Louvre.

OCTOBRE Exposition « La forêt : une communauté vivante », par la Fondation GoodPlanet.

22/10 Concert : Microfilm.

CHENGDU

13/10 Conférence de Shan Sa.

12/10 Conférence de la Ilimitrof Company : « Spectacles de rue de théâtre et de danse - Improvisations d’artistes français et chinois ».

27/10 « Regards croisés sur Hong Kong » par Emilie Sarnel et Andy Leung, illustrateurs.

21/10 Conférence de Shan Sa. 27/10 Concert : Microfilm. 28/10 Concert : Microfilm, Music House.

CHONGQING OCTOBRE Exposition « Des Forêts et des hommes » par la Fondation GoodPlanet. 17/10 Conférence de Xavier Milan, écrivain, auteur pour France Inter et responsable de la communication interne du musée du Louvre : « Du Louvre à la Chine en passant par l’Egypte et le Testament de Cléopâtre ». 24/10 Conférence de Shan Sa. 28/10 Projection de films du Festival du film d’animation d’Annecy.

DALIAN 15/10-15/11 Festival français.

HONGKONG

JINAN 15/10 Vernissage de l’exposition de l’Université d’arts et de design du Shandong. OCTOBRE Projection de films du Festival du film d’animation d’Annecy.

MACAO 22/09-20/11 Exposition de photographies et sculptures « Speaking with Hands » au Musée d’art de Macao.

NANKIN 15/10 Conférence de Shan Sa. Mi-octobre Conférence d’astrophysique. 15/10-12/11 Exposition : « Tout est chimie ». 17-18/10 Festival de jazz. 18/10 Conférence de Philippe Walter : « Les chimistes enquêtent dans le monde de l’art ».

jacques valade « La coopération décentralisée avec la Chine est pragmatique »

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pékin

OCTOBRE Cycle Jacques Tati.

Alliance avec CampusFrance

14/10 Conférence de Charles Djaileb : « Les plus beaux musées et les plus belles galeries d’art parisiennes ».

shanghai Vous avez dit « partenariats » ?

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19/10 Rencontre avec l’artiste Chen Shu.

18

20/10 Conférence de Xavier Milan, écrivain et directeur de la communication interne du Louvre, sur des collections du Louvre.

Partenaire de l’Alliance française

institut franco-

chinois de suzhou

SHANGHAI

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15/10 Concert : Laurent de Wilde.

Jazz in Alliances

16/10 « Les chimistes enquêtent dans le monde de l’art », conférence animée par Philippe Walter. 19/10 Conférence de Shan Sa. 26/10 Concert : Microfilm. 29/10 Vernissage de l’exposition « Ville et environnement », présentée par Christophe Loviny.

TIANJIN OCTOBRE Exposition scientifique de l’IHES : « Les Déchiffreurs ». 28/10 Projection de films du Festival du film d’animation d’Annecy dans le cadre de la Journée nationale de l’animation.

WUHAN OCTOBRE Exposition MR Gallery.

réseau chine

22 guy ferrer « La vraie matière est l’humain »

24 shan sa « J’ai osé ce qu’il ne faut pas faire »

26 canton Le ciné-club crève l’écran !

28 hangzhou Une soirée d’exception !

30 xi’an

14/10 Concert : Laurent de Wilde.

Vocation culture !

25/10 Conférence de Shan Sa.

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Xi’an 14/10 Projection du film « Les âmes grises » de Philippe Claudel. 21/10 Projection du film « Il y a longtemps que je t’aime » de Philippe Claudel. 27/10 Premières rencontres littéraires franco-chinoises de Xi’an avec les écrivains Philippe Claudel (« Le rapport de Brodeck ») et Shan Sa (« La joueuse de go »), tous deux lauréats du prix Goncourt des lycéens.

Concert de Microfilm à Pékin et conférence de Xavier Milan à Hangzhou.

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Photos lauréates

suite p. 32

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oulan-bator Lettre d’outre-steppes

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Dalian Tianjin Jinan Qingdao ALLIANCES Nankin Xian Wuhan Shanghai Chengdu Chongqing Hangzhou PÉKIN

UN

Réseau

Canton Macao

Hong Kong

Alliances est publié par la Délégation générale de l’Alliance française en Chine, 18 Gongtixilu, Guangcai Guojigongyu, 100020 Beijing. Tél. : +86 (0)10 655 2678. Directeur de la publication : Laurent Croset. Coordination : Rachel Blessig, Sun Jing. Sauf mention contraire, les rédacteurs sont les directeurs français des Alliances présentées. Traduction : les Alliances françaises. Photo de couverture : Bertine Croset. Tous droits réservés, textes, photos et illustrations. www.afchine.org


éditorial Les « Années françaises » en Chine ont été inaugurées le 13 septembre 2011 à l’Université des langues et cultures de Pékin, partenaire de l’Alliance française de Pékin, par Madame LIU Yandong, Conseillère d’Etat de la Chine, et Monsieur Alain JUPPÉ, Ministre d’Etat, Ministre des Affaires étrangères et européennes de la France. La Vice-Ministre des affaires étrangères, Madame FU Ying, le Vice-Ministre de l’éducation chinois, Monsieur HAO Ping, et S.E. Madame l’Ambassadeur de France en Chine, Sylvie BERMANN, étaient également présents.

Les Années croisées linguistiques, un symbole important par liu yandong

Membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois, Conseillère d’Etat

guistiques raccourciront la distance entre nos Les Années croisées linguistiques entre deux peuples et hisseront la communication la France et la Chine, qui ont été décidées humaine à un nouveau sommet. Grâce à elles, par le Président de la République populaire les deux peuples, notamment des milliers de de Chine, Monsieur HU Jintao, et le Président jeunes étudiants, auront davantage d’opportude la République française, Monsieur Nicolas nités de connaître SARKOZY, sont un des cultures plurasymbole important La Chine renforcera sa coopération listes et d’éproudu développement approfondi des relaavec la France dans les domaines ver la joie de se connaître et de se tions actuelles entre culturel, éducatif et scientifique, comprendre. les deux pays. La La Chine Chine attache une enverra davantage d’étudiants en renforcera sa coogrande importance aux relations entre France, et soutiendra la promotion pération avec la France dans les les deux pays et à de la langue chinoise en France et domaines culturel, l’amitié entre les deux peuples. Elle va s’apcelle de la langue française en Chine. éducatif et scientifique, enverra pliquer à conserver et davantage d’étuà développer les reladiants en France, et soutiendra la promotion tions franco-chinoises d’une façon stratégique, de la langue chinoise en France et celle de la globale et innovante, et à créer une dimension langue française en Chine. Elle contribuera au nouvelle et amicale entre les deux pays. développement de l’amitié entre la Chine et la La communication entre les hommes est France, à la paix et à l’essor communs, ainsi un support important pour les relations entre qu’à la construction d’un monde harmonieux. la France et la Chine. Les Années croisées lin-

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Jean-Claude jacq, secrétaire général de la

« Le réseau Chine donne

Liu Zhao

Liu Zhao

Le Secrétaire général de la Fondation Alliance f ran çai se, Jean-Claude Jacq, et la Déléguée AsieEurope de la Fondation, Anne-Garance Primel, étaient en mission en Chine du 3 au 9 novembre. Arrivés au sud du pays, ils ont terminé leur périple à Pékin, après plus de 2700 km parcourus en moins d’une semaine. Cette mission comportait plusieurs temps forts  : la réunion des directeurs français et chinois du réseau Chine à Canton  ; l’inauguration des nouveaux locaux de l’Alliance française de Qingdao ; la visite de la dernière née du réseau, l’Alliance française de Tianjin, et celles des Alliances de Hangzhou et de Pékin. Un dîner à la Résidence de France concluait ce programme.

Liu Zhao

L’inauguration des nouveaux locaux de l’Alliance de Qingdao. De gauche à droite : Laurent Croset, délégué général de l’Alliance française en Chine ; Jean-Claude Jacq ; Wang Guang Zheng, vice-maire ; S.E. Mme Sylvie Bermann, ambassadeur de France en Chine ; Li Huajun, vice-président de l’Université océanique de Chine ; Anthony Chaumuzeau, conseiller de coopération et d’action culturelle et directeur de l’Institut français de Chine.

Li Zhiqing et Xavier Garnier, directeurs de l’Alliance de Qingdao.

« Le grand génie, c’est d’avoir été très en avance, plus de cent ans sur son temps, et d’avoir développé les Alliances françaises en s’appuyant sur la société civile. » J.-C. Jacq

La réunion des directeurs français et chinois du réseau des Alliances françaises en Chine à Canton.

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fondation alliance française, en Mission en chine

une image de créativité et d’énergie »

white-balance.net/Etienne Oliveau

« Je vous avoue que je suis impressionné par la vitalité, par le développement de ces Alliances dans le réseau Chine. Vous donnez une image de créativité et d’énergie. » J.-C. Jacq

Défilé de mode et vernissage de l’exposition de l’école Esmod à l’Alliance française de Pékin.

A Canton, en présence des représentants de l’Université Sun Yat-Sen et du consul général de France à Canton, Bruno Bisson (à droite).

« Nous avons la mission de favoriser, plus encore que le respect, la sympathie pour l’autre et d’inventer un nouveau monde de solidarité à travers le débat et l’échange. C’est la démarche même de l’Alliance française depuis ses origines – et elle est bien décidée à y prendre du plaisir ! » J.-C. Jacq

A gauche : réunion à Tianjin. A droite : repas à Hangzhou.

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photos bertine croset

pékin (guangcai)

Les locaux de la Délégation générale de l’Alliance française en Chine et de l’Alliance française de Pékin ont été rénovés

réseau chine

A l’Alliance, ça déménage ! En 2011, quatre des quinze Alliances françaises de Chine ont changé d’adresse. A Pékin, l’Alliance française ainsi que la Délégation générale ont été rénovées. Petit tour d’horizon des changements de l’année, en photos.

qingdao

wuhan

Liu Zhao

Yann CARPENTIER

Les nouveaux locaux de l’Alliance française de Wuhan sont situés sur le campus de l’Université de Wuhan, dans un bâtiment de trois étages qui servait de bureaux administratifs. Au bout d’un mois de travaux, les locaux offrent un nouveau visage ! Ils proposent une ambiance plus accueillante, plus fonctionnelle et plus confortable. La quinzaine de salles de classe est équipée en audiovisuel, la médiathèque offre une multitude d’ouvrages, de DVD et de CD en langue française ainsi que de nombreux magazines. Un grand écran est installé à l’entrée pour mieux informer les étudiants. De nombreuses activités sont proposées : concerts, expositions, coin du français, cinéclub... Sans oublier un accès plus facile, une dizaine des lignes de bus desservant l’Alliance depuis tous les coins de Wuhan.

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Yann CARPENTIER

Patrick Cervi


récemment (site de Guangcai).

CHENGDU

DALIAN

pékin L’Alliance française de Pékin, qui partage ses locaux avec la Délégation générale de l’Alliance française en Chine, n’a pas changé d’adresse mais a transformé les espaces intérieurs de deux des trois sites de la capitale chinoise  : Guangcai (site principal, photos page précédente) et Xihai (en face du lac de l’Ouest, photos ci-dessus). L’objectif de ces rénovations consistait à améliorer la qualité de l’accueil du public. Des équipes d’architectes d’intérieur ont entièrement repensé les espaces, avec un travail sur les formes, sur les volumes, les couleurs et la convivialité. Dans un esprit de complémentarité entre architecture contemporaine française et style traditionnel chinois, ces transformations ont permis de créer des espaces d’accueil plus lumineux et plus confortables  : fauteuils colorés où l’on vient pratiquer son français, nouveaux luminaires, plafond décoré du nom des quinze villes des Alliances françaises de Chine, bureaux entièrement repensés avec un mobilier ergonomique... Bienvenue à l’Alliance française de Pékin et à la Délégation générale de l’Alliance française en Chine !

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A

près le succès du concours de photographie « J’ai 20 ans dans mon pays », le concours « Planète femmes », lancé par la Fondation Alliance française en collaboration avec «  Courrier international », a réuni cette année plus de 200 Alliances françaises représentant 80 pays et 400 participants. Le jury de la Fondation Alliance française a rendu son classement le 12 octobre et a désigné Manuel ARAYA, de l’Alliance française de Marcos Juarez (Argentine), et Sam LI, de l’Alliance française de Penang (Malaisie), comme les deux grands finalistes ex-aequo. 18 autres photographes du monde entier ont également été sélectionnés, dont, en Chine, Bona LIU et LIANG Xiaoqian (cicontre), pour l’exposition collective qui se tiendra à l’espace Agnès b., à Paris, au printemps 2012. Certaines des photos retenues seront publiées dans le magazine « Courrier International ».

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Photos lauréates

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planète femmes

Bona LIU, finaliste de hong kong

« Montrer le côté spontané

A gauche, le finaliste de l’Alliance de Hong Kong, Bona LIU, aux côtés du directeur Gérald Candelle.

P

armi les 18 finalistes du concours « Planète femmes » figure Bona Liu, le finaliste de l’Alliance française de Hong Kong, sélectionné parmi les 38 photographes amateurs participant localement au concours. Bona Liu est âgé de 57 ans. Dès le lycée, il se passionne pour la photographie et commence à prendre des photos très jeune, aux alentours de 22 ans. Il travaille longtemps dans le cinéma comme assistant graphiste. Mais il cesse de pratiquer son métier en 2005 pour raisons de santé et consacre désormais ses journées à des promenades avec toujours son appareil photo en bandoulière. Il

aime photographier les personnes âgées et les scènes du quotidien. Il a d’ailleurs déjà remporté un autre concours amateur local organisé par National Geographic. Bona se rend souvent à l’Alliance française du quartier de Wanchai pour regarder les magazines et en savoir plus sur les événements culturels. C’est là qu’il a vu l’affiche du concours et a décidé d’y participer.

Doll yourself up (Faites-vous une beauté), la photo gagnante, met en scène des femmes se faisant tatouer les sourcils. La scène se passe à Sham Shui Po, dans un vieux quartier de Kowloon. Bona explique qu’il s’agit à ses yeux d’un quartier en retrait, différent du reste de Hong Kong, qu’il parcourt fréquemment pour ses photographies. Il a eu l’idée de faire cette photo pour montrer le décalage entre l’ancien et le moderne : sur la photo, on voit des femmes avant et après le maquillage. Il fait remarquer que le tatouage des sourcils est une pra-

« Doll yourself up » (Faites-vous une beauté) met en scène des femmes se faisant tatouer les sourcils dans un vieux quartier de Kowloon.


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en Chine et sélectionnées à Paris

de la vie » tique ancienne, mais qui perdure. De nombreuses femmes apprécient encore ce maquillage et se rendent dans des salons traditionnels. Selon lui, cette photographie et sa thématique correspondent bien au thème du concours « Planète femmes ». La deuxième photo, prise à Tsim Sha Tsui, évoque le croisement de l’occident et l’orient ; elle montre des mariés chinois vêtus à l’occidentale. L’homme

« La femme chinoise des années 1930 et 40 est un symbole éclatant. »

Liang Xiaoqian, finaliste de jinan

y demande la main de la femme sous le néon Don’t you miss me ?, qui fait référence à Hong Kong et aux illuminations qui la caractérisent.

« Montrer l’amour d’une femme chinoise pour la tradition et la qipao » Quel est votre parcours ? Je suis née à Jinan. Mon père était professeur à l’Université Normale du Shandong et ma mère médecin dans la même université. J’ai grandi à Jinan et je suis également allée à l’université dans cette ville. Au début, j’ai étudié les arts graphiques, mais, passionnée de photo, je me suis rapidement redirigée vers la photographie au département des arts de l’Université Normale du Shandong.

Bona Liu espère montrer le côté spontané et signifiant de la vie, et à ses yeux, Hong Kong offre un mélange de cultures qui est une source permanente d’inspiration pour ses photos. Bona Liu, outre une place dans l’exposition qui aura lieu à l’espace Agnes b. à Paris au printemps 2012, a remporté un lot de vingt films français parmi lesquels figurent Séraphine, Les 400 coups, Le fabuleux destin d’Amélie Poulain et Ricky. Il sera aussi exposé à la médiathèque de l’Alliance française de Hong Kong. Marlène Chassang, médiathécaire

Pourquoi avez-vous participé à ce concours ? LIANG Xiaoqian présente l’image de la femme en qipao à l’époque de la République de Chine.

En tant que photographe chinoise, je souhaitais montrer, avec mon appareil

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planète femmes Peng Feng, Professeur de Philosophie, membre du jury de l’alliance de pékin

photo, l’amour d’une femme chinoise pour la tradition et la qipao.

Comment sont nées ces deux photographies ? L’idée est née grâce aux affiches des années 1930 et 40 (l’époque de la République de Chine) sur lesquelles il y a des femmes habillées à la mode de l’époque et en qipao. Elles ont une coiffure en vogue, avec des cheveux bruns et bouclés. Elles portent des qipao colorés et des bijoux brillants. Leurs visages merveilleux ne cachent pas leur joie, elles sont mûres et sucrées, fascinantes et gracieuses. Elles reflètent la vie luxueuse et insouciante des grandes villes de cette époque. Non seulement ces affiches représentent des thèmes chinois, mais elles sont aussi une empreinte éclatante de cette époque.

Que dites-vous sur les femmes ? Comment sont-elles liées au thème du concours « Planète Femmes » ? Dans l’œuvre, je présente visuellement l’image de la femme en qipao à l’époque de la République de Chine : cheveux bruns bouclés, qipao colorée, lèvres rouges. Ces femmes représentent la femme chinoise à une certaine époque. C’est une image qui continue à influencer profondément les femmes chinoises aujourd’hui. L’objet de ce concours est de montrer par la photographie l’image de la femme dans des cultures différentes et la femme chinoise des années 1930 et 40 est un symbole éclatant. Ces femmes représentent donc une image de la femme chinoise dans la culture chinoise. Stéphan Orivel

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« La place des femmes dans la société chinoise a tendance à décliner » Professeur au Centre des Beaux-Arts et d’Education de l’Université de Pékin et commissaire du pavillon chinois de la Biennale de Venise 2011, Peng Feng a fait partie du jury de l’Alliance française de Pékin, qui participait pour la première fois au concours « Planète femmes ». Comment analysez-vous le thème du concours, « Planète femmes » ? « Planète femme », c’est un excellent thème pour la Chine d’aujourd’hui. Comme on préconise plutôt le rendement économique dans la société chinoise, la place des femmes dans la société a tendance à décliner. Les causes n’en sont ni politiques, ni religieuses ou même culturelles, mais simplement économiques. Cela peut paraître étrange, mais c’est la vérité. Et c’est d’autant plus vrai dans le milieu artistique chinois : les femmes artistes ont une place très marginale. J’espère pouvoir contribuer à changer cette situation. J’ai organisé, il y a deux ans, dans l’espace artistique 798 de Pékin, une exposition intitulée « Sans Miroir » représentant les œuvres d’artistes féminins. L’expression « Planète femmes » se comprend au travers d’approches variées ; par exemple, au travers des yeux des femmes (le monde de toute femme) ; elle peut aussi signifier le monde des femmes (vu par la population). Ceci nous permet d’apporter une grande attention aux femmes. J’espère que cette interprétation contribuera à changer cette nouvelle

Peng Feng souhaite contribuer à changer la situation des femmes en Chine.

forme d’inégalité hommesfemmes qui apparaît dans la société chinoise.

27 candidats ont été présélectionnés à Pékin, comment avezvous trouvé le niveau de leurs photos ? Même s’il était différent, le niveau des photographes participants était, dans l’ensemble, très élevé.

Qu’est-ce qui vous a plu dans cette expérience ? L’attention portée par l’Alliance française aux artistes chinois.

Que pensez-vous de la photographie dans la Chine d’aujourd’hui ? Aujourd’hui, le domaine de la photographie en Chine s’apparente à la situation de la so-


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Photos lauréates en Chine >>

ciété chinoise : il paraît plutôt multiculturel. Tout d’abord, le peuple chinois apprécie beaucoup cet art. Les appareils numériques sont devenus très populaires et le coût de la photographie a considérablement diminué. La photographie est ainsi devenue la forme artistique la plus pratiquée par les Chinois. L’engouement des gens pour cet art dépasse même leur participation à la peinture, à la musique, ainsi qu’à la littérature. Ensuite, la Chine compte un grand nombre de reporters photographes, ceux-ci saisissent tous les jours grâce à leurs appareils toutes sortes d’évènements qui se déroulent dans le monde entier. Enfin, la place de la photographie dans le monde de l’art contemporain chinois grandit graduellement. Il y a bien longtemps, le milieu artistique chinois préférait encore la peinture, sans donner à la photographie l’importance qu’elle méritait. Mais depuis ces dernières années, la situation est en train de changer. Si vous vous rendez à l’espace artistique 798 à Pékin, vous y verrez de plus en plus d’expositions de photographies. De plus, la Chine accueille un nombre grandissant de foires ou festivals photographiques de grande envergure. Par exemple, les expositions internationales de photographies de Pingyao et de Jinan ont eu un impact important. J’ai entendu dire que la ville de Datong s’apprêtait à organiser une biennale internationale de la photographie. J’espère que de plus en plus d’artistes et amateurs photographes internationaux prendront part à ces activités d’art photographique en Chine !

hangzhou Song Lei

11 chengdu Cheng Rongtai


planète femmes

Photos lauréates

canton Li Kehui

shanghai Jing Wen

pékin Shi Meng

chongqing Chen Yanfeng

wuhan Zhu Bin

macao Ken Tang

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en Chine MACAO

La pédagogie à l’honneur La Commission pédagogique du Réseau des Alliances de Chine s’est tenue les jeudi 15 et vendredi 16 septembre à Macao. Outre un tour d’horizon des projets pédagogiques en cours et à venir, cela a également été l’occasion de mettre à l’honneur l’Alliance de Macao, qui existe depuis 1987. nankin Qiu Donghui

En parallèle, le Délégué général de l’Alliance française en Chine a organisé une rencontre avec le Comité directeur de l’Alliance française de Macao, dans le cadre d’un dîner offert par la Délégation générale de l’Alliance française au Sofitel Ponte 16 de la ville. Ces journées ont été organisées par l’Alliance française de Macao, en particulier par Maina Berrabah, sa directrice pédagogique, avec le soutien de l’hôtel Sofitel Ponte 16, où se sont déroulées toutes ces activités. Enfin, toute l’équipe du Réseau des Alliances de Chine a profité de l’occasion pour souhaiter la bienvenue et tous ses vœux de réussite au nouveau directeur de l’Alliance française de Macao, Pascal Casanova, en poste depuis le 1er septembre 2011.

tianjin Liu Yu

13 qingdao Zhao Junren


Jacques VALADE, Ambassadeur itinérant en Asie, Ancien Ministre Jacques Valade était à Pékin en juin dernier pour une mission sur la coopération entre la France et la Chine et la préparation des quatrièmes rencontres de coopération décentralisée entre les collectivités françaises et chinoises qui, après Wuhan, Bordeaux et Nankin, auront lieu en 2013 en Alsace.

« La coopération décentralisée avec la Chine est pragmatique » Comment avez-vous abordé jusqu’ici la coopération décentralisée ? Mon approche est celle d’un élu territorial, puis d’un ministre. J’ai commencé à aborder la question des relations de coopération décentralisée dans les années 1970, au gré des rencontres avec nos collègues étrangers, avec la conviction qu’il ne peut pas seulement y avoir un acte de jumelage à la base d’une coopération forte et pérenne.

Homme politique en France, puis ambassadeur itinérant en Asie Avant de devenir Ambassadeur itinérant en Asie, Jacques Valade a exercé un grand nombre de responsabilités à la tête de collectivités territoriales : Président du Conseil général de la Gironde de 1985 à 1988, du Conseil Régional d’Aquitaine de 1992 à 1998, et

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adjoint au Maire de Bordeaux pendant plus de vingt ans. Il a également exercé des fonctions parlementaires, comme député puis sénateur de la Gironde. En 1987 et 1988, il a été Ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Avec la Chine, comment et pourquoi a débuté la coopération décentralisée en Aquitaine ? Ce sont les Chinois qui ont choisi Bordeaux et la région Aquitaine : c’était, à l’époque, l’émergence d’un regard extérieur sur le monde. En 1992, j’ai accueilli, en tant que Président du Conseil régional d’Aquitaine, une première délégation de cent Chinois, avec à leur tête le gouverneur de la Province du Hubei, et M. CAI Fangbo, à l’époque Ambassadeur de Chine en France, qui voulaient développer des relations avec la Région Aquitaine et sa métropole, Bordeaux. Nous avons signé un protocole d’accord de coopération très précis.

Comment concevoir le rapport d’échelle entre la Chine et la France ? Ce rapport d’échelle n’a finalement, en cette matière, pas beaucoup d’importance. Quand le Gouverneur du Hubei m’a proposé de signer un accord de coopération entre sa province (62 millions d’habitants) et la Région Aquitaine

(2,7 millions), naturellement, je me suis demandé si le rapport d’échelle était un handicap irréductible. Finalement, je me suis rendu compte que l’important n’est pas l’effet de masse, c’est à la fois la compétence et les préoccupations partagées : la Ville de Wuhan avec la Ville de Bordeaux et la Province du Hubei avec la Région Aquitaine. Au travers de ces coopérations décentralisées, on mesure combien il y a de différence et de complémentarité entre la diplomatie officielle entre les pays et les relations qui se nouent au travers de jumelages et des coopérations territoriales. Je ne dis pas que la coopération décentralisée s’affranchit des péripéties de la diplomatie nationale, mais nous n’avons jamais eu de rupture, même dans un contexte de relations bilatérales tendues. Le seul nuage qui a pu exister a été de notre fait et cela a été ressenti amèrement par nos partenaires chinois, lors de changements de majorité locale. Ils n’ont pas compris qu’il n’y ait pas immédiatement continuité. Les choses se sont normalisées et la rela-


« Le concept français des Alliances est excellent, car il s’adapte aux particularités locales. »

anniversaire à jinan

tion entre Région et Province est plus forte que jamais.

Que pensez-vous de l’Alliance française comme vecteur de coopération décentralisée en Chine ?

Et aujourd’hui, en 2011, que signifie la coopération décentralisée avec la Chine ?

Le concept français des Alliances est excellent, car il s’adapte aux particularités locales. Je suis impressionné par le dynamisme des Alliances françaises en Chine, par leur professionnalisme, par leur mode de fonctionnement. Les étudiants chinois de l’Alliance que j’ai rencontrés sont enthousiastes et volontaires pour apprendre notre langue, approcher notre culture, fréquenter les médiathèques, s’intéresser à la production artistique française et préparer ainsi leur séjour en France. Les Alliances peuvent s’appuyer sur les coopérations existantes et contribuent à leur développement.

Les Chinois considèrent que le temps où on leur vendait « des usines clés en main » est révolu. De ce fait, la coopération intervient de plus en plus en amont des projets. La coopération décentralisée avec la Chine est avant tout une coopération pragmatique, qui porte sur tous les projets de la vie quotidienne des collectivités : techniques (transports, assainissement, voirie, déchets...), mais également sociaux et politiques, culturels et patrimoniaux, etc. En ce qui concerne la question de la gouvernance, le système français peut constituer une référence, à condition de l’adapter au modèle chinois. Nos amis chinois sont intéressés par le système de délégation de service public et par la gestion territoriale associant les citoyens à la prise de décision. Nos rencontres permettent l’échange d’expérience : personne ne donne de leçons à personne, on peut et on veut simplement partager des préoccupations communes et imaginer de nouvelles solutions. Deux éléments essentiels rythment la relation de coopération : la confiance et les préoccupations partagées, mais également la conscience que la gouvernance ne peut se faire seulement depuis le pouvoir central et que les responsables locaux, au contact permanent de la population, ont un rôle majeur à jouer.

Comment continuer à travailler avec la Chine ? Nous devons nous adapter à l’évolution de la Chine et poursuivre dans nos domaines d’excellence : la formation supérieure, la recherche et l’innovation, caractéristiques de la pensée et du dynamisme français. L’innovation, qui devient une priorité en France, nous permettra de continuer à avoir un rôle en Chine. Nos entreprises l’ont bien compris et notre réseau diplomatique est mobi­lisé dans ce but. propos recueillis par

Rachel Blessig,

responsable administrative de la délégation générale

Jacques Valade est revenu à deux reprises en Chine depuis notre rencontre cet été : à la mi-septembre avec Alain Juppé, Ministre d’État, Ministre des Affaires étrangères et européennes, pour des entretiens au plus haut niveau à Beijing et Canton et, à la mi-octobre, pour participer à la sixième table ronde des Maires français et chinois à Tianjin.

L’Université du Shandong, partenaire de l’Alliance de Jinan, a célébré les 14 et 15 octobre derniers ses 110 ans. L’anniversaire, d’importance évidente pour l’université, est aussi un fait marquant de l’histoire de l’enseignement supérieur en Chine, car il rappelle la place qu’a prise l’université parmi ses consœurs. Deuxième université nationale, créée seulement trois ans après l’Université de Pékin, l’Université du Shandong est aujourd’hui parmi les plus grandes et les plus importantes universités chinoises. Dixième université nationale en 2011 selon le classement de Shanghai, elle a été désignée université de première classe par le gouvernement chinois et fait partie des programmes 985 et 211. Elle comptait en 2009 près de 60 000 étudiants du plus haut niveau. Parmi les anciens figurent par exemple la ministre de la Justice Wu Aiying ou le mathématicien de renom Peng Shige. Au niveau international, l’université s’est également fait une place parmi les meilleures. Figurant en bonne position dans le classement de Shanghai, l’université a construit de nombreux programmes de coopération avec plus de soixante-dix universités de quarante pays. Parmi tous ces programmes, elle a signé des accords avec des universités des régions françaises jumelées au Shandong, la Bretagne et les Pays de la Loire. Elle accueille également une Alliance française depuis 2006. « L’objectif est de faire de l’Université du Shandong une des meilleures universités mondiales à l’horizon de ses 120 ans », a annoncé son président, Xu Xianming, lors des célébrations. L’objectif est ambitieux et à l’image de la stature de l’université aujourd’hui. Gageons qu’elle est sur la bonne route pour y parvenir. Joyeux 110 ans à l’Université du Shandong ! Stéphan Orivel

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pékin

Alliance avec CampusFrance Orientation, formation linguistique, préparation au séjour en France, bilan de compétences... L’Alliance française de Pékin et l’espace CampusFrance de la capitale chinoise associent leurs forces pour renforcer la qualité de leur travail commun.

D

eux maillons importants de la politique d’attractivité de la France pour les étudiants chinois, l’Alliance française et l’espace CampusFrance de Pékin, ont récemment uni leurs forces pour être plus lisibles face à une concurrence de plus en plus ardue en Chine. Depuis 2008, l’Alliance a entamé une démarche qualité : un plan de modernisation des équipements et des locaux, un plan de professionnalisation de ses personnels, et un plus grand travail en commun avec ses partenaires naturels, l’Ambassade de France, notamment les services culturel et universitaire, l’Institut français de Chine et, en particulier, l’espace CampusFrance de Pékin.

Pour répondre au double objectif de 2015, quantitatif (augmenter le nombre d’étudiants chinois en France, de 30 000 aujourd’hui à 50 000) et qualitatif (plus de mastères et de doctorants), il nous est apparu important de faciliter l’accès à l’information aux étudiants projetant d’aller étudier en France. Or, l’Alliance française et CampusFrance sont deux organismes complémentaires, distincts, qui ont une mission différente dans la préparation du départ ; il est parfois difficile pour un étudiant chinois de comprendre la place de chacun de ces organismes dans son projet. Il faut savoir qu’en Chine, le français n’est quasiment jamais proposé en seconde langue au niveau du

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lycée. Les étudiants nourrissant le projet d’étudier en France doivent donc apprendre le français par eux-mêmes, préalablement à toute candidature aux études supérieures, ce que l’Alliance française leur offre. C a m pu sF r a nce, de son côté, se charge de les aider à choisir leur cursus, puis d’évaluer leurs compétences linguistiques et la cohérence de leur projet. Le principe est donc simple : faciliter le parcours de l’étudiant chinois au sein de notre dispositif français, ainsi que son départ et son séjour en France, en le préparant au mieux à réussir son projet. L’Alliance française et l’espace CampusFrance de Pékin ont donc développé un produit commun comprenant l’entretien d’orientation CampusFrance, la formation linguistique ainsi que des modules de préparation au départ et aux études en France, un bilan de compétences puis,

le cas échéant, la procédure CampusFrance (voir le détail de cette offre sur l’illustration). Ce travail commun, initié à Pékin, va s’étendre au reste du réseau Alliance française/CampusFrance en Chine. François Chambraud, directeur adjoint de l’Alliance française de

Pékin


shanghai

Vous avez dit « partenariats » ? 2011 a été l’occasion pour l’Alliance de Shanghai de nouer de nouveaux partenariats avec des collectivités territoriales, de grandes entreprises françaises et, grâce au projet « Gustave », avec plus de trente partenaires à Shanghai et en France.

L

es partenariats financiers les plus importants ont permis de cofinancer la rénovation ou l’équipement du site principal de l’Alliance de Shanghai, situé sur Wusong Lu. La Ville de Marseille, jumelée avec Shanghai, a ainsi financé en partie la rénovation de la salle polyvalente grâce au soutien de son maire, M. Jean-Claude Gaudin. Désormais rebaptisé «  Salle Marseille  », cet espace peut accueillir aussi bien des concerts que des conférences, des projections de films et, bien sûr, des expositions. L’inauguration officielle de cette salle aura lieu le 14 février 2012, avec le vernissage d’une exposition autour du thème de la Saint-Valentin.

Spectacle dans la salle « Marseille », du nom de la ville jumelée avec Shanghai et partenaire de l’Alliance.

Des entreprises françaises comme Total, Peugeot, Citroën ou encore la Société Générale ont également soutenu l’Alliance française de Shanghai dans ses projets pédagogiques en participant au finance-

ment de l’équipement de ses salles en TBI (tableaux blancs interactifs). Aujourd’hui, les trente-deux salles de cours de nos trois sites sont entièrement équipées.

« La Baie des Singes », restaurant marseillais partenaire de l’Alliance française de Shanghai.

De moindre ampleur financière, le projet « Gustave » (1) n’en constitue pas moins une heureuse et belle réussite de l’Alliance en ce début d’automne. Plus de trente partenaires ont ainsi accepté d’accorder des réductions et des avantages

aux 7 000 étudiants de notre établissement. Les principaux restaurants français de Shanghai, mais aussi des institutions culturelles françaises comme le théâtre des Blancs Manteaux à Paris ou le théâtre du Gymnase à Marseille ont répondu présent à l’appel. Nul doute que ce projet est amené à prendre une ampleur considérable dans les prochains mois. Espérons que 2012 marquera l’arrivée en force de partenaires pour soutenir une programmation culturelle qui, notamment avec la célébration des vingt ans de l’Alliance française de Shanghai, s’annonce particulièrement festive ! Sébastien Ruggiero 1. http://gustave.afshanghai.org

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l’institut franco-chinois, partenaire Jean-François Vergnaud, Doyen (Partie française) de l’IFC Renmin

« Conduire les étudiants à une double L’Institut franco-chinois de l’Université Renmin (Pékin - Suzhou) est un projet pilote à plus d’un titre. Entretien avec Jean-François Vergnaud, directeur français de l’Institut franco-chinois, professeur des universités. L’Institut franco-chinois de l’Université du Peuple de Chine (IFC Renmin) a été créé en septembre 2010. Il associe trois établissements d’enseignement supérieur français, l’Université PaulValéry (Montpellier 3), l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV), et Euromed Management (Marseille), à une université chinoise d’excellence, l’Université du Peuple de Chine (Renmin). Quel est le rôle de chaque établissement dans cette coopération ? Permettez-moi, avant de répondre à votre question, de revenir sur le contexte qui a prévalu à la création de l’IFC Renmin et sur notre situation actuelle. J’ai pris mes fonctions au sein de l’IFC Renmin au terme de mes trois ans de mission au Secteur de coopération universitaire du Service culturel de l’Ambassade de France à Pékin. Nous sortions à peine d’une période de crise de confiance, tant dans les conditions de recrutement et de sélection des étudiants chinois que dans la qualité de leur accueil en France. L’objectif était donc d’essayer de mettre en œuvre dans les meilleures conditions un dispositif nouveau de coopération, tenant compte

centrales à Pékin, les écoles aéronautiques à Tianjin, ou encore la formation d’ingénieur en génie atomique à Zhuhai, reposent sur des consortia d’établissements français. C’est cette démarche qui nous a inspirés, même si nous nous en séparons par certains aspects, en l’adaptant au domaine spécifique des sciences humaines, sociales et de gestion.

Jean-François Vergnaud.

à la fois des recommandations des ministères de l’Enseignement supérieur et des Affaires étrangères et des priorités résultant des attendus de la Commission mixte Education entre les deux gouvernements. Pour en revenir à votre question : nous sommes partis du constat que, pris individuellement, aucun établissement français d’enseignement supérieur n’est en mesure de mener une coopération structurante de haut niveau en Chine. Les réussites en ce domaine, comme les Ecoles

Cérémonie de rentrée des programmes franco-chinois de l’Université du Peuple de Chine, campus de Suzhou, le 9 septembre 2011.

Le principe qui guide la coopération entre les trois établissements français est celui de la mutualisation pédagogique et administrative, afin de maximiser l’investissement de chacun tout en veillant à ne pas peser à l’excès sur les ressources de chacun. Aujourd’hui, l’Université PaulValéry (Montpellier 3), dont je suis issu, assure le pilotage général et la coordination de l’équipe chargée du suivi en France, mais nous pouvons dire que chacun des établissements partenaires est porte-drapeau dans son domaine de compétences. Ainsi, l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV) est chef de file dans le domaine des langues étrangères appliquées aux affaires, Euromed Management l’est dans celui des sciences financières et de gestion, et l’Université Paul-Valéry (Montpellier 3) dans celui de l’administration économique et sociale.

Quels sont les principaux programmes de l’institut ? Je viens d’évoquer les principaux champs disciplinaires concernés, nous y ajouterons dès la rentrée

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de l’alliance française

diplomation française et chinoise » prochaine ceux des humanités classiques (histoire, littérature comparée, philosophie, études culturelles) et sommes en discussion en vue d’élargir notre coopération au domaine juridique, dont les entreprises et administrations des deux pays ont grand besoin et qui est aussi un domaine d’excellence de l’université qui nous accueille. Nous avons aujourd’hui et en projet à court terme plusieurs types de programmes  : ils reposent tous sur le principe de la double diplomation française et chinoise, car nous sommes persuadés qu’il s’agit du seul moyen de garantir une véritable biculturalité des futurs diplômés et de permettre leur meilleure insertion dans le monde du travail. Nous accueillons donc des étudiants chinois de niveau licence et master ainsi que, à la rentrée prochaine, des étudiants de niveau doctorat. Nous avons également commencé à accueillir à cette rentrée des étudiants français qui, dans le cadre de leur parcours académique, viennent suivre à l’Université du Peuple une formation linguistique et de spécialité. L’objectif à court terme est que nos étudiants français puissent, eux aussi, bénéficier d’une double diplomation.

Quelle est l’originalité de ce projet ? L’originalité de l’IFC est d’associer, autour d’une stratégie commune, d’une plateforme unique et d’une seule convention, des universités et une grande école françaises. Il nous a semblé nécessaire, pour assurer la réussite de notre projet et lui donner une visibilité comparable à celle des pays anglo-saxons, de réunir le meil-

Xavier Leroux, directeur de l’Alliance française de Nankin « Nous travaillons à une démarche qualité commune » L’Alliance française de Nankin a été choisie pour former les étudiants à la langue française au sein de l’IFC. Quels sont les atouts qui ont contribué à cette décision ? Les Alliances françaises font partie intégrante du dispositif de coopération de la France en Chine. Nos partenaires institutionnels savent que nous travaillons à une démarche qualité commune en lien étroit avec les services diplomatiques, consulaires et avec CampusFrance. Ce n’est pas tout : nous sommes clairement dans une démarche de professionnalisation en matière d’ingénierie pédagogique. Nous sommes toujours à l’affût d’outils innovants et nous organisons régulièrement des sessions de formation pour nos professeurs avec des intervenants choisis en France ou dans le réseau des quinze Alliances. Il est donc logique qu’une structure comme l’IFC fasse appel à nous. Nous avons un autre atout, et pas des moindres : c’est bien sûr notre capacité à proposer des activités culturelles aux étudiants de ce projet !

Combien de professeurs avez-vous envoyés à Suzhou ? Quels sont leurs profils ? Nous avons recruté six professeurs, tous diplômés en FLE et qui ont déjà, pour la plupart, exercé dans une Alliance française.

A quel niveau amènerez-vous les étudiants à l’issue de leur formation ? Nous formons les étudiants du programme de double diplôme en cinq ans (LM5). Nous souhaitons les amener au niveau B2 du Cadre européen commun de référence, qui constitue un niveau avancé. L’IFC nous a aussi confié une centaine d’étudiants inscrits en MBA, en master luxe et en master finance.

Les cours ont commencé en septembre. Avez-vous eu des retours de vos professeurs ? Nos professeurs semblent ravis du niveau de leurs étudiants, et des lignes élégantes du nouveau campus de Renda Suzhou. Je dois dire que je les envie parfois !

L’Alliance française de Nankin a-t-elle des projets culturels francophones pour l’IFC ? Nous avons pensé à plusieurs activités, qui sont déjà programmées à Nankin. Quelques exemples : une conférence sur les technologies de pointe en France, une exposition de portraits chinois photographiés par l’artiste Tamara sur une chaise rouge en pleine rue, exposition combinée avec un atelier photo d’étudiants volontaires pour ce projet. Je pense aussi à une magnifique exposition d’aquarelles du bout du monde d’un capitaine de marine français, Hervé Claeyssen. Des concerts sont aussi prévus. C’est le début d’une belle aventure, une nouvelle escale pour nos artistes et nos conférenciers sur un campus de 60 000 étudiants. Propos recueillis par O.C.

leur de notre système d’enseignement supérieur. C’est cette volonté de proposer à la Chine ce que la France peut offrir de mieux qui nous a conduits à confier la formation en français de nos étudiants chinois à l’Alliance française qui, comme chacun sait, est la référence en la matière.

lité de l’IFC est de conduire tous ses étudiants à une double diplomation française et chinoise et de bénéficier, en plus d’un apprentissage intensif des langues française et anglaise, de l’intégralité des programmes de spécialité concernés dans les deux pays.

Comme je l’ai souligné plus haut, sur le plan pédagogique, l’origina-

Quelle est la nature de votre coopération avec l’Alliance française ?

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L’IFC, partenaire de l’alliance Nous avons confié aux collègues enseignants de l’Alliance française l’entière responsabilité de la formation de nos étudiants chinois à la langue française. Nos collègues sont donc libres de définir le contenu et les formes de leurs enseignements. Les enseignements de spécialité en français restent assurés au moyen des nombreuses missions qu’assurent les enseignants-chercheurs des trois établissements français partenaires.

Combien d’étudiants l’IFC compte-t-il accueillir chaque année ? L’IFC accueille 100 étudiants par promotion, soit au total près de 200 étudiants chinois à ce jour. Nous avons par ailleurs accueilli cette année 52 étudiants français en provenance des établissements partenaires. Ces chiffres sont appelés à évoluer, notamment en ce qui concerne les étudiants français, qui devraient être une centaine à la rentrée prochaine. En 2010, année de lancement du programme, l’Université du Peuple de Chine a reçu près de 3 000 candidatures pour les 60 places que le ministère chinois de l’Education lui avait accordées.

Quels sont les critères de recrutement des étudiants, hormis le « gaokao » (équivalent du baccalauréat français) ? Les étudiants recrutés, en particulier dans le cadre du programme Licence, sont intégrés au plan de recrutement national de l’Université du Peuple de Chine et, à ce titre, sont a minima d’un niveau mention « très bien » à un baccalauréat français. Une deuxième sélection s’effectue en cours d’année et avant le départ vers la France, à travers les résultats obtenus par les étudiants dans les cours délivrés en Chine par les enseignants-chercheurs français. propos recueillis par

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Océane Cheng

MA Yin Fei, étudiante à l’Institut franco-chinois de Suzhou

« J’ai choisi l’IFC pour l’international et l’atmosphère de liberté de la culture française » Quelle est votre province d’origine ? La province du Hubei.

Pourquoi avez-vous choisi d’intégrer l’Institut franco-chinois (IFC) ? J’ai choisi d’intégrer l’IFC non seulement parce que je voulais acquérir une bonne vision de l’international, mais aussi parce que je souhaitais profiter de l’atmosphère de liberté de la culture française.

Pourquoi vouliez-vous étudier la finance ? J’ai choisi d’étudier la finance en France parce que l’économie chinoise croît de plus en plus rapidement. Mon pays a besoin d’hommes et de femmes de talent en finance pour faire fonctionner cette économie. Ensuite, nous sommes dans une époque de globalisation, et en tant qu’étudiante en finance, il faut posséder une vision internationale pour participer à la compétition globale.

Que pensez-vous de vos cours de spécialité et de vos cours de français ? Mes cours de spécialité sont utiles et en lien avec notre époque. La finance est cruciale pour l’économie d’un pays, et dans ce domaine, il est très important pour les jeunes de bien étudier. En ce qui concerne les cours de français, suivre les cours de

MA Yin Fei a choisi d’étudier la finance en France. Elle suit, à Suzhou, les cours de français des professeurs de l’Alliance française de Nankin, partenaire de l’IFC.

l’Alliance française, à mes yeux, c’est parfait ! Les professeurs sont très sympathiques et techniques, nous pouvons apprendre beaucoup en bénéficiant de leur attention et de leur patience.

Que comptez-vous faire après vos études ? Après mes études, j’aimerais pouvoir travailler chez CIB. Si j’y trouve un poste, je pourrai rester en France longtemps pour me perfectionner en gestion avancée, dans une ambiance caractéristique. Je souhaiterais aussi mieux connaître le concept économique de l’Europe, l’idée d’Union européenne surtout…


réseau chine

Jazz in Alliances Les Alliances de Chine s’associent aux festivals de jazz de Pékin et Shanghai et invitent deux grandes figures de la scène jazz française en Chine : les pianistes Mario Canonge et Laurent de Wilde.

C

ette année, le réseau des Alliances françaises en Chine a initié une collaboration avec les festivals de Pékin et de Shanghai, afin de participer à leur programmation en leur proposant deux têtes d’affiche de la scène jazz française, offrant ainsi à ces deux musiciens une tournée dans le réseau des Alliances en Chine.

Le festival de jazz « Nine Gates » de Pékin a d’abord demandé à présenter Mario Canonge (1), pianiste martiniquais et grande figure du jazz caribéen, lors de sa soirée d’ouverture, le 9 septembre 2011. Mario Canonge a aussi été invité par les Alliances de Macao et de Shanghai. Accompagné de deux musiciens cubains exceptionnels, Felipe Cabrera à la contrebasse et Lukmil Perez à la batterie, Mario a comme à son habitude offert des compositions tout en nuances, où les rythmes des Antilles ont su progressivement enflammer le public chinois, même sous une pluie fine d’automne à Pékin ! Son dernier album tout récemment sorti, Mitan, a ainsi été mis à l’honneur.

En haut : Laurent de Wilde à Wuhan. En bas : Mario Canonge à Pékin.

En octobre, c’est cette fois le Festival de jazz de Shanghai (2) qui a souhaité accueillir Laurent de Wilde (3) dans sa programmation. Laurent de Wilde est né aux Etats-Unis et a grandi en France. Après de brillantes études (Normale Sup’ et Sciences Po), il a choisi d’entamer sa carrière à New York où il vécut sept ans et enregistra six albums avec les plus grands noms du jazz. Réinstallé à Paris, il a suivi la révolution électronique et a sorti plusieurs albums s’aventurant aux frontières du jazz et de l’électro, avant de revenir plus récemment à des compositions plus acoustiques (album The Present notamment). Il était accompagné pour cette tournée (Wuhan, Shanghai et Pékin) d’une incroyable section rythmique, Laurent Robin à la batterie et Bruno

Rousselet à la contrebasse. Ce trio ébouriffant a conquis les publics de Wuhan et de Shanghai avant d’offrir au public pékinois captivé (plus de mille personnes dans la magnifique salle du Forbidden City Hall) un concert inoubliable. Artiste aux multiples talents, on doit aussi à Laurent de Wilde un ouvrage remarqué sur le pianiste Thelonious Monk, de nombreux articles dans les meilleurs magazines de jazz et divers documentaires en collaboration avec Arte. François Chambraud, directeur adjoint de l’Alliance française de

Pékin

1. www.mariocanonge.com 2. www.jzfestival.com 3. www.laurentdewilde.com

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GUY FERRER

« La vraie matière est l’humain » Invité par l’Alliance française de Pékin, le plasticien français Guy Ferrer était en résidence en Chine cet été. Ses créations ont été exposées à la galerie Cheng Xin Dong à Pékin et sont présentées en novembre à l’Alliance française de Shanghai. Quel artiste êtes-vous ? En français, le terme artiste désigne à la fois un métier et un état d’esprit. Si on dit de quelqu’un que c’est un artiste, cela peut avoir une consonance presque péjorative. En réalité, je suis plasticien. C’est un terme générique ; il ne me convient pas idéalement. Il couvre autant la peinture, la sculpture, les installations, que l’architecture, mais il englobe surtout la mise en œuvre de la sensibilité artistique. Tout m’intéresse dans le domaine de la création, je pense que c’est réellement le supplément d’âme qu’un homme puisse trouver sur cette planète. En ce qui me concerne, c’est plus qu’un métier, c’est la plus belle des activités humaines. Elle nous met parfois dans de grandes difficultés en ouvrant le champ de la réflexion existentielle : la vie, la mort, pourquoi on est là, qu’est-ce qu’on va laisser comme trace, etc. Une chose est certaine : c’est là que j’ai envie de vivre et c’est là que j’ai envie de m’exprimer. C’est ce que j’ai trouvé de mieux à faire !

Sur quelles matières travaillez-vous ? Je ne vais pas vous répondre de façon directe, car en réalité ce n’est pas une question de matière. La vraie matière et la seule matière qu’un artiste utilise, c’est lui-même. Quel que soit le médium employé, que ce soit l’acrylique, l’huile ou que saisje encore, la vraie matière est l’hu-

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main : ce que l’on a compris de la vie, ce qui permet de transmettre son ressenti, une émotion, avec l’espoir que les autres se sentent concernés. La matière de l’œuvre, c’est l’artiste lui-même. J’ai commencé à travailler il y a trente ans. Je suis venu à la création pour répondre à un besoin d’exister, à un besoin d’être vu, d’être aimé, au besoin d’imprimer. Le mot est volontairement choisi parce qu’il a au moins deux consonances : imprimer fait penser à l’imprimerie et au fait de faire une pression sur quelque chose. On imprime la terre de son passage en laissant la trace fraîche de son pied. Un artiste passe et laisse la trace de son passage à travers les œuvres qu’il a pu créer, qui vont lui survivre et qui continueront à témoigner de son ressenti de la vie. La création est liée à la personne, à sa nature : être présent à soi, être présent aux autres, essayer de mieux se comprendre à travers les oeuvres que l’on fait. Au-delà de soi, c’est partager ses découvertes avec les autres. L’ego n’a d’intérêt que s’il est partagé.

Quels sont vos champs de recherche actuels ? Il m’est très difficile de répondre à cette question. Je peux parler du présent, mais je ne peux pas parler du futur. Pour le futur, je fais confiance aux œuvres. Je pense que la création est vivante ; elle est pluri-formelle, elle n’a pas de direction spécifique. La

création entraîne la création, c’est-àdire qu’une œuvre va faire naître la suivante, et ainsi de suite, jusqu’au moment où j’espère bien finir avec mes pinceaux au bout des doigts. Aujourd’hui, je travaille la soie, c’est l’objet de l’exposition présentée en Chine. La soie comme matériau, la soie comme palette de couleurs. Je travaille les couleurs de la soie découpée, à la manière de Matisse qui découpait des papiers peints pour composer des collages. Il a inventé la peinture aux ciseaux, donc quelque part, il y a une petite filiation. La soie est utilisée par rapport à sa nature et à sa légère épaisseur. Ainsi, les soies collées les unes sur les autres donnent un début de tri-dimension. On peut, pour ces œuvres, parler de sculpture, car une certaine profondeur est créée, renforcée par le pouvoir de la couleur de la soie...

Vous êtes venu à Pékin cet été, invité par l’Alliance de Pékin pour une résidence d’artiste. Que représente pour vous cette expérience ? Je suis très heureux d’avoir pu concrétiser ce projet. Je remercie toute l’équipe de l’Alliance française de Pékin, et en particulier M. Croset, son directeur. Nous avons préparé depuis longtemps cette résidence. Il a fallu dégager du temps, être disponible mentalement et physiquement. L’intérêt principal que je trouve à ce déplacement est la mise en danger, la remise en question de


« J’ai travaillé à Pékin à la fois dans l’inspiration, dans l’influence de ce que j’ai pu ressentir ici, mais également dans la continuité des œuvres que j’ai rapportées de France. » ses habitudes de création, qui m’ont amené sur des pistes différentes, des choses que je ne connaissais pas, que je ne pouvais supposer. Il a fallu aborder un nouveau climat, un nouvel horaire, de nouveaux produits, un nouvel environnement artistique, de nouvelles relations personnelles et professionnelles, et une nouvelle langue, tout un ensemble de choses qui vous bousculent et qui vous obligent à devenir quelqu’un d’autre, spécifiquement à ce moment-là. L’œuvre créée se fait alors l’écho de cette expérience. Je pense l’œuvre suffisamment forte pour qu’elle témoigne le plus longtemps possible de cette remise en question.

Que pensez-vous de la place de l’art contemporain à Pékin ? Il est évident que c’est un boom considérable qui est en train de se préparer. Je suis à la fois intéressé professionnellement et en même temps presque ému de voir comment l’art contemporain est en train de s’enraciner. C’est émouvant, le mot n’est pas trop fort. Je perçois toute une énergie qui va croître et se diffuser. J’ai confiance dans ce que je peux percevoir de la finesse et de la subtilité de l’esprit chinois ; une proposition artistique originale va pouvoir émerger. Je crois en une vraie proposition, en une vraie force artistique. Je suis déjà ravi d’en être une toute petite partie, de passage.

Pouvez-vous nous parler de votre exposition, présentée d’abord Pékin, puis à Shanghai ?

« Bal », de Guy Ferrer.

Cette exposition comporte des œuvres créées en France ou à Pékin. Intitulée Soies, œuvres récentes, elle est cohérente, avec une force de proposition objective, sans caractère véritablement exotique. J’ai travaillé à Pékin à la fois dans l’inspiration, dans l’influence de ce que j’ai pu ressentir ici, mais également dans la continuité des œuvres que j’ai rapportées de France.

Les pièces créées ici auraient été différentes si elles avaient été faites en France. Une seule raison : l’inspiration. Un mot qui, en français, signifie mouvement respiratoire, mais aussi, dans le domaine de la création, le fait de se laisser emporter par l’esprit. A Pékin, l’inspiration a été différente ! propos recueillis par

Rachel Blessig

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Xavier Leroux

Shan Sa à Nankin.

SHAN SA

« J’ai osé ce qu’il ne faut pas faire » D’origine chinoise, l’écrivain, peintre et poète Shan Sa écrit en français. Elle est en tournée dans le réseau Chine pour la sortie de la traduction chinoise de son roman « Les quatre vies du saule » aux éditions Shanghai Shudian. Vous êtes aux deux tiers de votre tournée, quels en ont été les moments forts ? Il y a eu beaucoup de moments forts, des rencontres humaines à chaque fois. L’échange avec les jeunes Chinois est un moment particulier. Ils sont à la recherche de modèles différents. Ils angoissent pour leur avenir. Ils se disent qu’il faut gagner de l’argent, pouvoir acheter un appartement, une voiture, se marier… J’ai l’impression qu’ils ont envie de rencontrer quelqu’un qui existe en dehors du modèle social proposé partout dans le monde. Actuelle-

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ment, pour réussir, il faut étudier l’économie, le marketing, puis faire un MBA, pour ensuite travailler dans une entreprise. Certains ont besoin d’entendre un discours différent de celui diffusé tous les jours à la radio ou à la télévision. Nos échanges, quand je raconte ma vie, mes œuvres, ma création et que je parle de la Chine moderne, les touchent profondément. Je reçois des messages de ce type sur mon compte Weibo (le Twitter chinois) : « Merci beaucoup pour votre témoignage, on a besoin d’entendre cela. »

Quelles questions vous pose-t-on ? Quand les dirigeants de l’université sont présents, les questions sont très classiques  : mon apprentissage du français, des questions philosophiques sur le temps qui passe, le voyage, ce que je pense de la Chine actuelle… En l’absence des dirigeants de l’université, les questions sont beaucoup plus libres. A Chengdu, une jeune Chinoise a abordé la place de la sexualité dans mon oeuvre.


« Le rôle de l’Alliance française est de représenter un modèle différent du modèle anglo-saxon, différent du modèle chinois. » Quel est votre message pour les jeunes Chinois ? Je leur dis que tout ce que je fais aujourd’hui était impensable quand j’ai quitté la Chine. Quitter la Chine sans parler français pour aller étudier à Paris la philosophie, qui était une discipline inabordable, puis me lancer dans l’écriture sans savoir si j’allais être publiée, et continuer la peinture sans savoir si j’allais être exposée et vendre mes œuvres... Tout ce que j’ai fait dans ma vie était considéré comme fantaisiste et impossible. Or, j’ai osé ce qu’il ne faut pas faire et ça a marqué le début de mon succès. Je pense que c’est un message fort pour cette jeunesse chinoise. Ils ont un rêve, mais combien de personnes osent aller jusqu’au bout de leurs rêves, aller vivre ailleurs, quitter le modèle familial, quitter le modèle du pays ? Et combien osent dire qu’ils veulent étudier la philosophie ou l’histoire de l’art ? Très peu.

Quelle est la place de la rencontre dans votre vie ? Moi, j’aime beaucoup les autres. Ma vie, c’est ma rencontre avec les autres. Faire cette tournée, c’est une grande rencontre. Je rencontre les Français des Alliances, qui sont tous habités par leur mission. Qu’ils soient enseignants ou directeurs, chacun a une flamme et un parcours qui l’a conduit à se retrouver en Chine aujourd’hui. Cela m’émeut, car je suis chinoise et je respecte et j’apprécie, en tant que Chinoise, les efforts qu’ils font pour porter l’Alliance et ses valeurs.

Je rencontre des Chinois et la plupart sont de jeunes étudiants. Au premier coup d’œil, j’ai toujours l’impression qu’ils ont 16 ans, alors qu’ils ont 22 ans. Ils sont beaucoup plus jeunes dans leur tête aujourd’hui que notre génération, il y a vingt ans. L’une des raisons, c’est qu’ils sont pour la plupart des enfants uniques élevés dans des milieux protégés. Ce sont donc de jeunes personnes très désireuses de rencontrer l’autre, de connaître le monde. J’ai l’impression qu’ils sont venus rencontrer quelqu’un d’autre : celle qui vient d’ailleurs, mais qui leur ressemble.

Que pensez-vous de l’Alliance française en Chine ? La France est considérée comme le pays de la culture, le noyau de la culture, une sorte de pays idéal ou idéalisé. Aujourd’hui, la Chine est dans un tourbillon frénétique de développement économique. Certains portent une voix différente, souhaitent faire autre chose. Ils ont envie de culture, de peinture, d’écriture, de voyages. Le rôle de l’Alliance française est de représenter un modèle différent du modèle anglo-saxon, différent du modèle chinois. Je pense que la France a réussi dans le domaine du luxe, car elle a persévéré dans ce qu’elle croit être l’idéal, c’est-à-dire la culture et l’exception culturelle. Les Alliances font partie de ces piliers où, sans céder à une pression économique ou de rendement, l’esprit est celui du partage avec l’autre. propos recueillis par

Rachel Blessig

défilé de mode à HANGZHOU Pour le défilé du 26 mai 2011, l’Alliance française de Hangzhou a donné carte blanche aux jeunes créatrices Olivia & Margaux de la marque Bubble Mood pour la présentation de leur collection d’été 2011 avec les mannequins de l’Alliance. Musique, vidéo, jolies filles, cocktail et DJ : plus de 200 spectateurs ont été littéralement plongés dans l’univers de la mode « à la française » dans une Alliance redesignée pour l’occasion. Basée à Shanghai, Bubble Mood est une jeune marque française de prêt-à-porter proposant des créations résolument parisiennes et citadines, mais toujours à la recherche de la mixité des cultures. Quatre autres marques françaises ont collaboré au défilé, dont TaiTai (sacs), Louis Ravaud et le MINT (buffet et cocktails). Une dizaine de médias ont couvert cet événement enivrant ! Alexandre Labruffe

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canton

Le ciné-club crève l’écran ! En septembre, l’incontournable ciné-club de l’Alliance de Canton, animé par son directeur français, a fêté sa cinquantième séance. Making of, de l’alignement des chaises à la traversée de l’écran par les cinéastes et acteurs invités à débattre.

Ces usages précèdent l’arrivée du public, qui choisit sa place et évalue l’angle de vision le meilleur pour lire les sous-titres lorsque les premiers rangs sont complets. La séance peut alors démarrer. Le film du jour est présenté et resitué dans la programmation du ciné-club à travers ses caractéristiques  : fiction, documentaire, court, long ou moyen métrage… Avant l’extinction des lumières, rappel des consignes : « Veuillez éteindre votre téléphone portable et éviter de sortir pendant la projection. » Le déroulement du ciné-club se poursuit lorsque les lumières se rallument après que le générique a fini de défiler sur l’écran. L’animateur et l’interprète prennent

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place à nouveau et entament la discussion par cette phrase : « Qui voit le film pour la première fois ? » Cette question posée à la salle et qui permet d’amorcer le débat est un emprunt à un ciné-club parisien, le ciné-club de Jean Douchet, cinéaste, critique et historien du cinéma, qui anime depuis le milieu des années quatrevingt l’un des meilleurs ciné-clubs parisiens, au sein de la Cinémathèque française, installée depuis 2005 dans le bâtiment de Frank Gehry à Bercy.

Fictions, documentaires, et films d’animation Les films programmés au ciné-club de Canton répondent à deux critères : ils ont obtenu les droits de diffusion conformément à la législation française et ont été préalablement sous-titrés en chinois. A cet effet, Canton recourt au catalogue du Service audiovisuel de l’Ambassade de France à Pékin, dont l’offre de films participe de l’ouverture du cinéclub à toutes les formes de cinéma : fiction, documentaire, mais aussi cinéma d’animation, qui rencontre auprès du public étudiant un succès constant. Un autre « distributeur » de films est la Fondation Alliance française, relayée à Pékin par la Délégation générale de l’Alliance française en Chine, qui assure le travail minutieux de sous-titrage en chinois.

Conception Ekin, AF Canton

L

e ciné-club de l’Alliance française de Canton partage avec les salles de projection du monde entier un certain nombre d’usages : avant l’ouverture des portes, il convient de préparer la salle, passer dans les rangs pour aligner les chaises à défaut de sièges fixés au sol, ramasser les flyers de la séance précédente. Rafraîchir la salle en été ou la réchauffer, lorsque Canton capitule devant le froid humide qui s’installe à la mi-janvier, fait également partie des tâches incombant ici au projectionniste, qui vient aussi « caler » le film. Dans les jours qui précèdent, il a fallu réceptionner la copie (support DVD), la visionner, s’assurer de la qualité de l’image et du son, de la présence des sous-titres, et transmettre à l’interprète la fiche technique du film.

La Fête de la Francophonie 2011 a permis, au printemps dernier, la diffusion au ciné-club de trois films Jean-François Hans, directeur français de l’Alliance de Canton, fait dialoguer le public avec une interprète.


L’animateur et l’interprète entament la discussion par cette phrase : « Qui voit le film pour la première fois ? » en provenance du continent africain. Parmi ceux-ci, Les Hôtes de la nuit de Licinio Azevedo, qui retrace l’histoire d’un grand hôtel construit à l’époque coloniale dans la ville de Beira au Mozambique, aujourd’hui en ruine, insalubre, et habité par une population qui s’est approprié les lieux, a suscité un intérêt mesurable, avant même le débat, à la qualité de l’attention durant la projection : au fond du long couloir qui mène à la salle de projection, la magie du cinéma opère. Peu de temps après que le générique a défilé et que la lumière est revenue, la discussion ce jour-là démarre spontanément. Ce film réclame des explications et pose des questions. De quel pays d’Afrique s’agit-il  ? Quelle puissance coloniale occupait le pays à l’époque de la construction de l’hôtel dont le film utilise des images dans le générique de début ? Le débat exige de l’animateur qu’il dispose d’un minimum d’informations. Il doit pouvoir resituer le film dans son contexte, en connaître les conditions de production. L’animation d’un ciné-club, c’est aussi identifier dans la salle les spectateurs dont les compétences ou le vécu permettent de témoigner et d’apporter des informations complémentaires sur le film. Le public prête attention aux propos de ceux qui prennent la parole. Lors de la projection des Hôtes de la nuit, une étudiante française effectuant un stage à Canton explique avoir passé une partie de son enfance en Afrique. Elle rappelle plusieurs caractéristiques de la culture africaine. Son témoignage suscite l’empathie du public. Chacune de ses

interventions en français est traduite par l’interprète du ciné-club. D’autres films ont marqué le public et ont fait l’objet d’échanges nourris lors de la discussion. Récemment, une comédie a séduit et, tout à la fois, a intrigué et dérouté le public. Toujours dans le cadre de la Fête de la Francophonie 2011, le ciné-club a projeté en mars dernier le film Pièce montée de Denys Granier-Deferre. Enthousiasme pour ce film qui attira un public jeune et accrut d’un tiers, ce jour-là, la fréquentation du ciné-club.

Des spectateurs témoignent de l’authenticité du film L’affiche, le sujet, le décor… tout de l’incipit du film séduit le public, constitué pour la majorité d’étudiants de l’Alliance. Le film fait mieux que de placer une scène de mariage dans le récit, il met le mariage « à la française » au cœur du film et ne néglige aucun des rituels de la cérémonie, de l’arrivée de la pièce montée au bal des mariés, en passant par la cérémonie religieuse. Entre représentation occidentale du monde et « French Touch », tout dans le film suscite la curiosité de ce public, dont un grand nombre étudie la langue française dans le cadre d’un projet de départ en France : comment se comportent les Français ? Quel rôle joue la cellule familiale ? Quels sont les usages en matière de vie quotidienne ? Le débat, qui dure en moyenne une heure, répond à ces questions et profite à nouveau de la présence dans la salle de spectateurs témoignant de l’authenticité du film. La description du mariage à la française ne constituera pourtant que

la première moitié du débat. A miparcours, les questions portent sur le vrai sujet du film, le « mariage explosif » dont l’affiche ne faisait pas secret. Il s’agit bien de la remise en cause des valeurs bourgeoises, le vrai sujet du film. Le débat porte alors sur les problématiques de « milieu social », de «  transmission des valeurs  », plus généralement de société, de culture et de religion. En l’espace d’une heure, il aura fallu, dans une démarche interculturelle, à la fois traiter des valeurs traditionnelles et de leur remise en cause par le film. Un film qui sauve l’amour dans le mariage, toutefois. On manquera de temps ce jour-là pour parler de ses aspects techniques… Le ciné-club se doit, comme tout rendez-vous culturel, d’organiser des événements. Avant la célébration de la « Cinquantième séance » en septembre dernier, le ciné-club a programmé des rencontres avec des réalisateurs et des acteurs. Grâce au soutien du Service culturel du Consulat général de France à Canton et d’UniFrance, l’organisme chargé de la promotion du cinéma français dans le monde, se sont succédé durant le festival Cinépanorama à l’Alliance française : Sylvie Verheyde pour Stella, Denis Dercourt et Vincent Perez pour Demain dès l’aube, et Alix Delaporte pour Angèle et Tony. La venue de professionnels du cinéma joue un rôle important dans la vie d’un ciné-club : on peut approcher celles et ceux par qui le film existe, lesquels confortent ou infirment nos intuitions, nous amènent à réviser notre jugement. Ils ont traversé l’écran pour venir jusqu’à nous. Jean-François Hans

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Déjeuner sur l’herbe à chongqing Ce dimanche-là du début du mois de juillet, étudiants et professeurs se sont retrouvés pour fêter l’été autour d’un Déjeuner sur l’herbe, à l’invitation de leur Alliance française de Chongqing. Un pique-nique très chic organisé avec l’équipe du Sofitel, dirigée par son directeur général Stephen Antram et son adjoint Franck Louis, avec tout le talent du chef Christophe Wehrung. Après les concerts, la Fête de la musique en juin et, les jours suivants, le dîner de l’Alliance à l’occasion de la semaine gastronomique française, célébrée comme dans le monde entier, c’était un évènement de plus, préparé en étroite collaboration avec cet établissement « so chic »... Un partenariat heureux avec une enseigne de charme et un merveilleux souvenir de plus à partager avec les amis et curieux de la culture française à Chongqing. Des paniers élégants débordant de victuailles à la française – salade niçoise, taboulé à la française, rillettes de canard, pâté de campagne, casse-croûte parisien et thon-mayonnaise, emmenthal, far breton, bananes, eau minérale, tarte aux pommes, sablés bretons, madeleines, macarons – jusqu’à la nappe étendue sur l’herbe de l’agréable parc de l’arrondissement de Jiangbei et aux canotiers sur les têtes : rien ne manquait à la fête pour que les promeneurs intrigués s’interrogent... Oui, oui, c’était encore l’Alliance française de Chongqing qui donnait l’un de ses rendezvous ! Cette fois, c’était à la manière des impressionnistes en goguette... Il se passe toujours quelque chose de terriblement français à l’Alliance ! Et l’automne sera toujours plus arty... Marie-Hélène Lhez

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hangzhou

Une soirée d’exception ! Le théâtre RedStar, l’Alliance de Hangzhou, l’Ambassade de France et le Consulat de France à Shanghai ont présenté, les 25 et 26 juin, pour la première fois en Chine, « Cinématique », de la compagnie française Adrien M. Adrien Mondot, vous êtes le fondateur et directeur artistique de la compagnie Adrien M. Votre spectacle, et son univers « merveilleux », proche du rêve, vientil d’un rêve d’enfance ?

On a l’impression que vous essayez d’ouvrir de nouvelles voies, une nouvelle façon de penser, pour que votre spectacle ne soit qu’un outil de restauration du rêve.

Si le spectacle est effectivement connecté à l’enfance et au rêve, je cherche toujours à rendre les choses plus abstraites afin que chaque spectateur puisse se l’approprier et y voir les propres reflets de son imaginaire. Je trouve cette démarche plus intéressante que d’imposer mon imaginaire : le champ des possibles est plus vaste, et le spectacle devient un peu plus universel.

Au fil de nos travaux, il nous est apparu qu’en organisant précisément la coïncidence entre le réel et le virtuel, il était possible d’évoquer des sensations et des émotions proches du rêve. C’est cet espace de recherche qui nous intéresse : mettre aussi les sciences et la technique au service de l’imaginaire. Propos recueillis par Alexandre Labruffe


tianjin

Je Tbis, tu Tbis, ils Tbissent Révolution si ce n’est copernicienne, du moins numérique, la toute jeune Alliance française de Tianjin est maintenant équipée de deux nouveaux tableaux blancs interactifs. Une installation qui séduit autant les élèves… que les professeurs !

1+1=3 : l’Alliance en chiffres

Encensé par les médias français et chinois, « Cinématique » est un spectacle magique, innovant et envoûtant, mélange de danse, de vidéo, de jonglage, d’art numérique, de nouveau cirque et de musique. Un moment d’une rare poésie.

• un peu plus d’1 an d’existence • 3 salles de classe dont 2 équipées en TBI • 9 professeurs (5 professeurs chinois vacataires, 4 français à temps plein) • depuis janvier 2011 : 436 inscriptions, 397 étudiants différents et 32 473 heures vendues • plus de 20 évènements culturels • 1 médiathèque en construction • et 1001 projets pour l’année à venir Juliette Salabert

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Danseur des « Echos-liés » à la Semaine française de l’Exposition internationale horticole de Xi’an, en août.

xi’an

Vocation culture ! Xi’an devrait devenir l’une des villes les plus dans le domaine culturel. Grâce à de nouvelles infrastructures, elle offre aux artistes français

D

e retour à Xi’an après cinq ans passés en France, Zhang Chi – ancien élève de l’Alliance française – est désormais fraîchement diplômé en architecture, mais il en revient également avec un regard d’artiste : « Il n’est jamais facile de s’installer dans un nouveau pays, mais moi qui suis passionné par la culture et les arts, j’ai pu rapidement trouver en France un environnement qui m’a permis, tout en poursuivant mes études, de développer en autodidacte des talents de peintre. De retour à Xi’an après avoir exposé en France et en Egypte dans le cadre du Salon d’automne, je découvre que désormais, ma ville est elle aussi à même d’organiser de grandes rencontres internationales qui pourraient donner aux artistes locaux l’occasion de s’ouvrir au monde. »

actives du pays et somptueuses d’excellentes scènes.

mois d’août une semaine française qui a permis à dix mille personnes d’assister à un des spectacles de danse, chanson, et cinéma qui se sont succédé tout au long de ces journées. Le groupe de danse acrobatique « Les Echos-liés », pourtant habitué à se produire devant des spectateurs aussi différents que ceux du Festival d’Avignon ou de l’arbre de Noël de l’Elysée, a été particulièrement impressionné par la réactivité du public local.

Réhabilitation de sites historiques tombés dans l’oubli

Plusieurs districts de la ville, les plus aisés, se sont mis au diapason en réhabilitant des sites historiques qui étaient tombés dans l’oubli, sans reconstruire à l’identique, mais plutôt en faisant appel à la créativité des La première de ces nouvelles zones plus grands artistes nationaux pour culturelles est le site de l’Exposileur redonner vie. Ainsi le Daming tion internationale horticole Xi’an Palace, ancien palais de la dynastie 2011, qui, après avoir accueilli beauTang, se voit-il désormais doté d’une coup plus que les douze millions de immense esplanade parsemée d’une visiteurs initialement prévus, sera centaine d’oeuvres d’art évoquant le transformé en un parc écologique. prestigieux passé de la ville. L’artiste L’Alliance française y a organisé au xi’annais Zhang Jian Le peintre Zhang Chi (à gauche), ancien élève Qun se félicite que le de l’Alliance, avec l’artiste Zhang Jian Qun Festival des musiques devant l’une de ses fresques historiques. du monde, qui a permis au groupe francophone « Mademoiselle et son orchestre » de se produire à Xi’an devant plus de deux mille personnes, ait été organisé

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autour de sa monumentale statue dédiée au destin tragique d’une impératrice Tang. Mais le district qui a connu le bouleversement le plus spectaculaire est certainement celui de Qujiang. Les terrains vagues qui, il y a quelques années encore, entouraient la grande Pagode de l’oie sauvage, une bibliothèque bouddhiste datant de l’an 704, ont été remplacés par une vaste zone de loisirs que les Xi’annais se sont immédiatement appropriée. Le district ayant vocation à être le plus écologique de la ville, on y trouve un immense lac et de nombreux espaces verts. Y ont également été regroupés un grand parc récréatif sur le thème de la dynastie Tang, un musée d’art moderne, un centre de conférences et d’expositions internationales, un parc à thème sur le monde des océans, un complexe de cinéma 3D, une rue des bars et restaurants, le siège des télévisions locales... La très belle salle du Xi’an Concert Hall, dotée d’une acoustique parfaite et de mille six cents places, a déjà accueilli avec succès plusieurs spectacles français. Et un nouvel opéra de deux mille places devrait être inauguré en 2013, ouvrant encore de nouvelles portes aux artistes souhaitant se faire entendre en Chine... Thierry Coste

Œuvre de Zhang Chi en cours de finition.


Alliance d’ailleurs –­ Oulan-Bator (Mongolie)

Lettre d’outre-steppes « L’Echo des Steppes » apporte au réseau des Alliances françaises de Chine les nouvelles de rentrée d’une petite cousine mongole, acteur à part entière de la vie culturelle d’Oulan-Bator.

L

es amis de l’Alliance française de Mongolie se souviennent bien du petit bureau mis à disposition par l’Université nationale de Mongolie, qui a ouvert ses portes en 2005 à quelques dizaines d’étudiants. Six ans, quelques travaux et une bonne dose d’enthousiasme plus tard, l’Alliance française de Mongolie (AFM) compte en 2011 plus de quatre cents membres, six salles de classe, une salle multimédia équipée de huit postes informatiques, et une médiathèque ouverte à tous dotée de cinq mille références !

Une classe de français juridique pour juges et procureurs Ce développement n’aurait sans doute pas été possible sans le soutien indéfectible de partenaires locaux fidèles, parmi lesquels les entreprises françaises représentées au conseil d’administration, qui contribuent volontiers au rayonnement des cultures française et francophones. L’Ambassade de France apporte également son soutien précieux à l’AFM et l’associe à de nouveaux projets, qui lui permettent d’attirer de nouveaux publics. En cette rentrée 2011, une classe de FOS (français sur objectifs spécifiques) a notamment été ouverte en français juridique pour trente juges et procureurs mongols, afin d’accompagner la coopération judiciaire bilatérale qui se développe. Mais la grande force de l’AFM se mesure surtout au dynamisme de son

équipe ! Huit professeurs (trois mongols, quatre français, et un étudiant de master 1 de français langue étrangère) expriment sans relâche toute l’étendue de leurs talents en s’impliquant avec la même passion dans les activités culturelles que dans leurs missions pédagogiques. Désormais connue pour son cinéclub, ses ateliers de cuisine et son « café de l’Alliance  » mensuel, l’AFM se lance aujourd’hui dans l’organisation de manifestations culturelles de plus grande ampleur. Partenaire d’événements culturels majeurs (opéra et danse contemporaine en 2011, avec le soutien de l’Institut français), elle co-organise avec l’institut Goethe, depuis quatre ans, le Festival du film franco-allemand (soutenu par le Fonds franco-allemand pour la culture en pays tiers) et organise depuis deux ans le Festival du film francophone, en liaison avec la Délégation générale de l’Alliance française en Chine et le Service de coopération et d’action culturelle de l’Ambassade de France de Pékin. Forte de cette expérience, l’AFM vient de remporter, en partenariat avec l’Institut Goethe, l’appel d’offres de la Délégation de l’Union européenne en Chine pour l’organisation du Festival du film européen d’Oulan-Bator. Pour 2012, l’Alliance française de Mongolie a deux grandes ambitions : résister une nouvelle fois au froid polaire de l’hiver qui s’annonce (-40°C à -50°C de novembre à mars !) et enrichir sa programma-

L’Alliance française de Mongolie, avec, en haut, sa directrice, Sophie Lataillade.

tion en multipliant les échanges avec le dynamique réseau des Alliances françaises de Chine ! Sophie Lataillade, directrice Mongolie

de l’Alliance française de

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CHEN Yanfeng

Affiche Shan Sa à Chengdu et dédicaces à Hangzhou ; au pique-nique de Chongqing ; Mademoiselle et son orchestre à Xi’an.

les alliances en dates ••• suite de la p. 2 NOVEMBRE 2011 PéKIN 04/11 Spectacle : Mondial Cabaret, en partenariat avec Sun Village.

HONGKONG 02/11 « Sweet Bordeaux », dégustation de vins liquoreux de Bordeaux. Hullett House.

16/11 Conférence : « François Cheng à la rencontre de la peinture occidentale, retrouvailles et découvertes » par Madeleine Bertaud.

10/11 Ciné débat : « Ciné-mains, éloge de la main », par Violaine Caminade-de-Schuytter.

04/11-03/01/2012 Exposition : « Tissage d’idées ». Show d’ouverture le 9 novembre.

JINAN

CANTON 25/11 Spectacle : Mondial Cabaret en partenariat avec la CCIFC. 26/11 Spectacle : Mondial Cabaret en partenariat avec Guangzhou Huiling Home. 28/11 Projection de films du Festival du film d’animation d’Annecy.

CHENGDU NOVEMBRE Exposition photographique : Alexis Mestre - 108 artistes chinois. NOVEMBRE Spectacle : Mondial Cabaret.

CHONGQING 16/11 Projection « Chongqing Blues », film sélectionné par le Festival de Cannes. CHAQUE VENDREDI Rencontre avec Mamzelle Louis, une jeune styliste française, en résidence à l’Alliance. NOVEMBRE Exposition scientifique Marie Curie, par le musée Curie ; exposition collective des photographes chinois.

24/11-11/12 French Cinépanorama, 40e anniversaire.

02/11 Conférence de Shan Sa. 10-19/11 Ciné documentaire.

MACAO 19/11 Célébration de la Fête du beaujolais nouveau à l’Albergue. La grande célébration mondiale du vin beaujolais à Macao. 27-29/11 Spectacle : Mondial Cabaret, dans le cadre du Macao Fringe Festival (arts et spectacles de rue).

nankin 01/11 Conférence de Franck Dumeignil : « Biomasse, chimie et bioraffineries du futur ». 16/11 Cuisine moléculaire : conférence et dîner de dégustation, Sofitel Galaxy. Fin novembre Table ronde sur la sécurité alimentaire. Fin novembre Conférence de Laurence Tubiana sur l’environnement.

QINGDAO NOVEMBRE Exposition d’artistes locaux : Zhu Yuan Chen et des moments forts de l’Alliance. Photographies de Yann Carpentier.

DALIAN

01/11 Conférence de Shan Sa.

7-8/11 Spectacle : Mondial Cabaret.

08/11 Inauguration officielle des nouveaux locaux de l’Alliance, avec le secrétaire général de la Fondation Alliance française, Jean-Claude Jacq.

HANGZHOU

TIANJIN

HANGZHOU

OCTOBRE Exposition : « J’ai vingt ans dans mon pays », projet Fondation Alliance Française.

DéCEMBRE Exposition : « Le métro parisien » de Liling, vernissage le 15 décembre.

03/10 Conférence de Shan Sa.

22 et 24/12 Projection de films du Festival du film d’animation d’Annecy.

OCTOBRE Beaujolais nouveau. OCTOBRE Ciné-club.

WUHAN 11/11 Cinéma Le Mao. 30/11 Cinéma Mangrove.

XI’AN 11/11 Projection du film « La fille du RER » d’André Téchiné à 15h40.

HONGKONG 15/12 Ciné débat : « Bonjour Paris », par V. Caminade-de-Schuytter. 31/12 Compagnie des Quidams au New Year’s Eve Countdown Carnival. Shatin.

JINAN

16/11 Spectacle : Mondial Cabaret, pour les enfants handicapés, à Xing Qing Park.

03/12 Vernissage de l’exposition CNRS Environnement.

17/11 Spectacle : Mondial Cabaret et soirée beaujolais, pour les résidants de He Ji Huang Pu (au club).

MACAO

25/11 Projection du film « Les témoins » d’André Téchiné à 15h40, entrée libre.

25/12 Petit Noël.

08/12 Soirée de Gala FMBA (France Macao Business Association).

NANKIN

du 24 au 26/11 « Le féminin selon François Cheng », par Madeleine Bertaud.

DéCEMBRE Projection de cinq courts-métrages.

DéCEMBRE 2011

DéCEMBRE Exposition d’artistes locaux : sculptures de Zhang Chang Ping.

PéKIN 06/11-05/12 Exposition photographique des dix lauréats pékinois du concours international de photographie « Planète femmes ». 04/11-03/01/2012 Exposition : « Tissage d’idées ». 04/12-03/01/2012 Exposition photographique des œuvres proposées au concours international de photographie « Planète femmes ».

CANTON 10/12 Ciné-club : Portraits de Paris. « Au fin Moka » de Boris Joseph.

QINGDAO

16/12 L’artiste Zhan Chang Ping raconte ses œuvres. 23/12 Rencontre francophone. 24/12 Fête de Noël avec jeux, ateliers, et ambiance bon enfant.

SHANGHAI 10/12 Théatre des étudiants. Organisé avec le Consulat français à Shanghai. 17/12 Spectacle de danse : « Maman et fille », par Pamela. 23/12 Soirée de Noël à l’Alliance française de Shanghai.

TIANJIN

17/12 Ciné-club : Sélection G.E.N.R.E, cycle de cinq courts métrages fiction.

DéCEMBRE Exposition de Jacques Honvault.

08/11 Spectacle : Mondial Cabaret.

CHONGQING

DéCEMBRE Noël de l’Alliance.

25/11 Rencontre francophone.

WUHAN

NOVEMBRE Exposition « Le corbeau et le renard ».

CHAQUE VENDREDI « Moi, Jean de la Fontaine, auteur de fables » : Atelier d’expression théâtrale en collaboration avec l’Université des études internationales du Sichuan et la classe de français du lycée de Shapingba.

15/11 Concert « Mademoiselle et son orchestre ». JZ Bar.

13-14/11 Spectacle : Mondial Cabaret. China Town.

DECEMBRE Exposition : « 108 artistes chinois ».

9/12 Projection du film « Roman de gare » de Claude Lelouch.

19/11 Conférence d’Elisabeth Brilhault, professeur de l’Alliance : « Saint-Germain ».

17/11 Soirée beaujolais, avec le chef français Noël Gutrin et du groupe de rock « Mademoiselle et son orchestre ». China Town.

DALIAN

24/12 Soirée de Noël pour les étudiants.

NOVEMBRE Exposition : « SaintGermain-des-Prés, le Paris littéraire ». 3 et 6/11 Concert gastronomique « Festin d’oreilles », troupe lyonnaise. Salle d’exposition de la Cité créative du Cheval blanc. 10/11 Projection autour de Christophe Loviny et des projets photographiques de ses élèves.

26/11 Semaine de cinéma fran-

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çais : projections, rencontre avec Pierre Richard lors de l’inauguration. Cinéma Cinyo.

SHANGHAI NOVEMBRE Exposition de Guy Ferrer.

24/12 Soirée Noël.

DéCEMBRE Ciné-club.

DéCEMBRE Exposition : « Nice, ville lumière ». 09/12 Courts métrages.

XI’AN

30/12 Projection du film « Taxi 3 » de Luc Besson.


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