Alliances #6 fr

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alliances N° 6 - 2012

L’actualité des Alliances françaises en Chine

«On ne résiste pas à l’Alliance française» C. de Gaulle

La vitalité de la langue française en Chine

dossier coopération décentralisée entretien avec JACQUES AUXIETTE, Président des Pays de la Loire

Délégation générale de la Fondation Alliance française en Chine


sommaire 4

dossier

coopération décentralisée

16 « Se perfectionner en langues et s’améliorer », devise de l’Université des langues et cultures de Pékin ; formation des responsables des accueils des Alliances, le 13 juin 2012 à Pékin.

les alliances en dates MAI 2012 PÉKIN 03/05-03/06 Exposition : « Portraits de jeunesse » de Yuan Yanwu 03/05-03/06 Exposition : « Tissage d’idées » 03/05-03/06 Exposition : « Les Angevins et le Canada » 05/05 Concert : « Un clavier bien tempéré », par Murielle Hun 14/05 Conférence : « La présence de la Chine à la BNF », par Cheng Pei

CANTON MAI Exposition : « J’ai 20 ans dans mon pays » 09/05 Concert : « Un clavier bien tempéré », par Murielle Hun

24/05 Conférence : « Médecins sans frontières », par Rémi Carrier, directeur MSF Hong Kong

18/05 Conférence : « L’image de la femme à travers la littérature chinoise ancienne », en français, par Yang Yanru, enseignante du département de français de l’Université des études internationales

JINAN

19/05 Cinéma : sélection Printemps du Cinéma

MACAO

19/05 Vernissage de l’exposition « Beauté astrophysique »

NANKIN

HANGZHOU

13/05 Conférence sur les technologies de pointe en France, par Claude Jurd de Girancourt

CHENGDU

17/05 Conférence : « Les salons français et les femmes », par Claude Jurd de Girancourt

CHONGQING MAI Exposition : « L’eau », de la Fondation GoodPlanet et exposition Sack Graffiti mai Mois du cinéma 05/05 Ciné-club, sélection de courts-métrages du festival de Clermont-Ferrand 2011 en version originale sous-titrée en chinois 06/05 Ciné-club : « O’galop », documentaire sur les films d’animation 10/05 Conférence de Louis-Jean Calvet, sociolinguiste 12/05 Ciné-club : « 6 milliards d’autres », courts métrages documentaires, 3 portraits d’habitants de la planète Terre 13/05 Ciné-club : « Portraits de Paris » et « Brèves de trottoir », courts métrages documentaires

09/05 Exposition photo : « Nice, Ville Lumière »

30/05 Concert : Le Comptoir des fous

12/05 Concert : « Un clavier bien tempéré », par Murielle Hun

09/05-16/05 Exposition de photographies : « Biodiversité » de la Fondation GoodPlanet

05/05 Vernissage de l’exposition « Saint-Germain-des-Prés »

11/05 Conférence de Louis-Jean Calvet, sociolinguiste

26/05 Cinéma : sélection Printemps du Cinéma

MAI Double exposition de photographies : « J’ai 20 ans en Chine », de He Liwen/« J’ai 20 ans dans mon pays »

MAI Cinéma : « Portraits de Paris »

DALIAN

12/05 Festival Premiers Plans d’Angers : « Belle Epine » (France, 2010)

11/05 Journée européenne

QINGDAO

24 mars, mois de Marc Kohen, Délégué Wallonie-Bruxelles en Chine

28 littérature jeunesse

Le dessinateur Olivier Tallec vu par ses éditeurs chinois

32 shanghai 20 ans de présence francophone

34 hangzhou Culture « mécénat »

MAI Exposition : Plonk et Replonk

36 canton

12/05 Conférence : « La francophonie à travers la chanson », par le sociolinguiste Louis-Jean Calvet

L’univers loufoque de Plonk et Replonk

Shanghai

38 hong kong

19/05 Spectacle « Electro-Kif », groupe de danse hip-hop

11/05 Concert : « Un clavier bien tempéré », par Murielle Hun

24/05 Résultats du concours de graphisme

12/05 Conférence : « Les femmes et les salons du XVIIe au XXe siècle », par Claude Jurd de Girancourt

Photographes français sur l’Avenue of Stars

26/05 Vernissage/rencontre/ cocktail : « Calligraphie suspendue », par Chen Wei Nong

HONG KONG 06/04-02/05 Le French May – Exposition « Playgrounds » 02/05 Atelier : « Wine and cheese étiquette » par Catherine SoulasBaron 03/05 Conférence : « Cinéma à contrepied » par Violaine de Schuytter 05/05 Le French May – Concert de Nasser, Hidden Agenda 10/05 Conférence : « Histoire de la langue française », par Claude Jurd de Girancourt 13/05 Date limite pour le concours vidéo « Destination francophonie » 16/05 Atelier : « Dining skills », par Catherine Soulas-Baron

Tianjin MAI Exposition : « L’eau », de la Fondation GoodPlanet 26-27/05 Cinéma : sélection Printemps du Cinéma

WUHAN MAI Exposition : « 100 monuments, 100 écrivains » 06/05 Concert : « Un clavier bien tempéré », par Muriel Hun 21-30/05 Atelier Street Art animé par Mondoélé

XI’AN MAI Exposition : « Nice, Ville Lumière » 25/04-10/05 Cinéma : Festival Panorama du cinéma français

suite p. 40

Sylvia Léchot à Nankin ; vernissage de l’exposition Saint-Germain-des-Prés à Hong Kong.

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Le programme des Cent Juges la francophonie

12/05 Exposition de la Fondation GoodPlanet

MAI Exposition « Calligraphie suspendue », par Chen Wei Nong ; exposition photographique « Pieds chinois », par Dorian Malovic

L’Université des langues et cultures, partenaire de l’Alliance de Pékin

20 pékin

16/05 Soirée ClubFrance, projection de Chongqing Blues de Wang Xiaoshuai

26/05 Cinéma : sélection Printemps du Cinéma

pékin

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Dalian Tianjin Jinan Qingdao ALLIANCES Nankin Xian Wuhan Shanghai Chengdu Chongqing Hangzhou PÉKIN

UN

Réseau

Canton Macao

Hong Kong

Alliances est publié par la Délégation générale de la Fondation Alliance française en Chine, 18 Gongtixilu, Guangcai Guojigongyu, 100020 Beijing. Tél. : +86 (0)10 6553 2678. Directeur de la publication : Laurent Croset. Coordination : Rachel Blessig, Sun Jing. Sauf mention contraire, les rédacteurs sont les directeurs français des Alliances présentées. Traduction : les Alliances françaises. Photos de couverture (de gauche à droite et de haut en bas) : Yann Carpentier, 8633 Matthieu Torrano, AFWuhan, DR, Yann Carpentier, DR, Zou Wei, 8633 Matthieu Torrano, DR, Yann Carpentier, DR, Liu Xincheng, Pascal Casanova, AFTianjin, 8633 Matthieu Torrano. Tous droits réservés, textes, photos et illustrations. www.afchine.org


éditorial

La vitalité de la langue française en Chine par laurent croset délégué général de la fondation alliance française en chine

Le développement du réseau des quinze Allirécemment, les humanités classiques, ils se préances françaises en Chine est un bon indicateur parent à l’obtention de leur diplôme tout en sui­ de la vitalité de la langue française dans ce pays. vant un apprentissage intensif du français grâce L’année 2011 a dépassé toutes nos espérances : à l’Alliance française de Nankin. 3 437 000 heures d’enseignement ont été dispenLa langue française est aussi langue de sées auprès de 30 560 étudiants différents. Le cultu­re. En 2011, 792 évènements culturels ont premier semestre 2012 confirme cet élan. Pour été programmés par les Alliances françaises, dont mieux accueillir ces nouveaux pu­blics, quatre 275 ont fait l’objet d’une tournée dans le réseau. Alliances françaises 115 900 spectateurs y ont fait le choix ont participé. d’emménager dans C’est égaleL’année 2011 a dépassé toutes nos de nouveaux locaux, ment une langue plus adaptés aux espérances : 3 437 000 heures d’en- de partage, de par­ exigences de qualité tage des cultures, seignement ont été dispensées auprès revendiquées par mise à l’affiche en notre réseau. Trois de 30 560 étudiants différents. Le pre- 2012. A l’occasion cents enseignants du festival Mars en français et chinois mier semestre 2012 confirme cet élan. Folie, quatre groupes forment nos étudiont célébré la franants, qui se passion­ cophonie en mêlant nent pour le français, une langue d’avenir, de le rock cajun, le funk, le classique et la pop aux cultu­re et de partage des cultures. cultures du Cameroun ou de Côte d’Ivoire. Plus Langue d’avenir pour nos publics, la récemment, Stradivaria, ensemble de musique langue française est un passeport pour la mobi­ baroque venu de la Région des Pays de la Loire lité professionnelle et universitaire. La douet dirigé par Daniel Cuiller, associait la voix de la ble certification préparée par les étudiants de soprano chinoise Zhang Zhang et celle du contrel’Institut franco-chinois de l’université Renmin à ténor français Jean-Michel Fumas. Suzhou a valeur d’exemple. Dans des domaines A chaque fois, des milliers de jeunes Chinois aussi variés que les langues étrangères appliont participé à ces évènements, témoignant par quées, les sciences financières et de gestion, leur enthousiasme de leur intérêt pour la culture l’administration économique et sociale ou, plus de la diversité !

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dossier coopération décentralisée SOMMAIRE 4   pays de la loire - shandong 8   shanghai - marseille 9   XI’AN – pau – paris grand-ouest 10  Stradivaria (pays de la loire)

JACQUES AUXIETTE, Président de la Région des

« Le réseau de l’Alliance et pour nos artistes la

12  Chengdu – Montpellier 13  Chongqing - toulouse 14 dalian - le havre

Comment a été lancée l’idée d’une coopération avec la Délégation générale de la Fondation Alliance française en Chine, notamment les Alliances françaises du Shandong ( Jinan et Qingdao), et comment se matérialise-t-elle ? L’idée d’un partenariat entre le Conseil régional des Pays de la Loire et la Délégation générale de la Fondation Alliance française s’est présentée à nous comme une évidence. La Région des Pays de la Loire ne voulait pas limiter sa politique de coopération en Chine à la sphère économique. A l’origine, nous voulions construire un pont entre les Ligériens et les habitants du Shandong pour qu’ils apprennent à se connaître et puissent se rapprocher. Le développement économique est indispensable au dynamisme des territoires, mais c’est la culture qui rapproche les hommes. Le réseau de l’Alliance française en Chine, de par son étendue, nous est apparu comme le meilleur canal de diffusion culturelle pour notre région. Les Alliances françaises du Shandong travaillent quant à elles directement avec notre bureau de représentation basé à Qingdao à différents projets de nature culturelle et éducative. Je peux citer à titre d’exemple la formation de volontaires chinois partant enseigner le mandarin qui, avant de se rendre dans les établissements du supérieur en Pays de la Loire, reçoivent une formation linguistique et didactique

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à l’Alliance française de Jinan, ou encore celui des étudiants du lycée hôtelier de Qingdao, qui se forment à la langue française à l’Alliance française de Qingdao avant de partir pour Guérande et d’y intégrer un BTS international en hôtellerie-restauration au lycée Olivier Guichard. N’oublions pas de mentionner le Festival des Pays de la Loire, organisé conjointement par les deux Alliances françaises du Shandong qui, lancé en 2010, fêtera ses trois ans cette année.

Pourquoi avoir choisi l’Alliance française ? La Délégation générale de la Fondation Alliance française dispose en Chine d’un réseau de quinze centres disséminés sur l’ensemble du territoire ; c’est un réseau ancien qui possède une bonne connaissance des attentes et besoins locaux, en matière de culture notamment. On parle beaucoup de l’équipe de France de l’export, mais on peut également parler de l’équipe de France de la culture. Les collectivités doivent s’appuyer sur cette maîtrise du terrain qu’ont les Alliances françaises et sur leur capacité à permettre à des artistes de réaliser des tournées dans plusieurs villes de Chine dans des conditions d’accueil excellentes. Le territoire chinois s’étend sur une superficie aussi grande que celle de l’Union européenne et nous ne pouvons être partout à la fois : il faut savoir faire confiance à ceux dont c’est le métier au quotidien. J’ai toujours privilégié les partenariats et la recherche de synergies et, depuis

Pour Jacques Auxiette, « les collectivités doivent s’appuyer sur cette maîtrise du terrain qu’ont les Alliances françaises et sur leur capacité à permettre à des artistes de réaliser des tournées dans plusieurs villes de Chine dans des conditions d’accueil excellentes ».

2006, je ne peux que me féliciter de ce choix qui, aujourd’hui encore, donne des résultats étonnants.

Quels sont les objectifs de la coopération décentralisée en Chine ? Notre politique de coopération décentralisée a pour objectif d’aider tous les acteurs du territoire des Pays de la Loire souhaitant entreprendre


des Pays de la Loire

française en Chine reste pour nous   meilleure porte d’entrée sur la Chine » des démarches ou des projets de nature économique, culturelle, sportive ou éducative en Chine et dans les autres régions du monde avec lesquelles nous construisons des relations privilégiées, comme le Tamil Nadu en Inde, le Burundi ou encore le Yucatan au Mexique. C’est le cas de nos entreprises, associations, lycées, établissements du supérieur ou encore d’autres collectivités du territoire régional. L’ouverture d’un bureau de représentation permanent dans la ville de Qingdao dès 2006 s’est inscrite dans cette stratégie d’accompagnement vers la province du Shandong, puis plus largement vers le reste de la Chine. L’année 2012 va constituer un tournant important de notre politique de coopération décentralisée en Chine, puisque j’ai souhaité l’ouverture d’une antenne à Pékin. Le Shandong a contribué à faire connaître notre action, ainsi qu’à lui donner sa nature originale et exemplaire, et notre bureau historique continuera d’être à l’écoute de tous les Ligériens, mais nous avons décidé de développer notre présence pour gagner en visibilité et, surtout, pour accompagner toujours mieux nos partenaires.

La plupart des collectivités françaises choisissent de développer des relations économiques avec la Chine. Or, la Région des Pays de la Loire développe une coopération culturelle. Pourquoi ce choix ? L’économie reste un axe stratégique majeur pour toute collectivité désireuse de travailler avec la Chine ; suite p. 7

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l’ignorer serait une erreur. Il faut rester pragmatique, comme le sont nos amis chinois. Bien que ligérien et fier de ma région, je reste avant tout français et je n’oublie pas que, de

fait, nous sommes défenseurs d’une certaine « exception culturelle française ». Cette exception doit continuer à être un élément fort de différenciation de la politique interna-

Alliance française de Jinan 5 ans de coopération avec les Pays de la Loire L’Alliance française de Jinan a fêté en avril cette année les cinq ans de son inauguration. Par son développement et son rayonnement actuel, l’Alliance est devenue un exemple unique au monde de ce que la coopération décentralisée a permis de développer. Soutien à l’origine de la création de l’Alliance française du Shandong, la Région des Pays de la Loire n’a cessé depuis d’apporter son appui à l’action de l’Alliance dans la province, et plus particulièrement dans la ville de Jinan. Culture et médiathèque, deux axes majeurs du soutien à l’Alliance C’est dans ces deux domaines en particulier que la Région aide l’Alliance à développer une action de qualité et d’ampleur dans la ville. Dans le domaine culturel, les nombreux projets soutenus par la Région ont permis à l’Alliance de devenir un acteur majeur de ce domaine, jusqu’à l’organisation d’un festival consacré aux artistes de la région, dont la deuxième édition à Jinan se tiendra en no-

vembre 2012. C’est également grâce à la Région que l’Alliance de Jinan est devenue une véritable médiathèque, la plus grande de langue française dans la ville, avec plus de 3000 ouvrages, dont beaucoup de livres sur les Pays de la Loire et la France en chinois. Lieu d’expositions, de conférences ou d’activités pédagogiques, la médiathèque a accueilli en 2011 plusieurs milliers de visiteurs. La coopération décentralisée, une porte d’entrée vers les Pays de la Loire La coopération décentralisée a permis à l’Alliance de participer à l’envoi d’étudiants du Shandong vers les universités et les grandes écoles ligériennes. La Région a notamment signé en 2008 un accord de coopération avec l’université du Shandong, qui a permis la mise en place d’accords, dans le domaine des mathématiques avec l’Université du Maine, ou pour la langue française avec l’Université catholique de l’Ouest. L’Alliance a

également participé à la formation linguistique, interculturelle et didactique des volontaires du Hanban partant enseigner le chinois dans les établissements supérieurs de la région. La réciprocité : une demande majeure de la Région Le soutien de la Région à l’Alliance française de Jinan a permis de faire mieux connaître la diversité artistique de la région, mais également l’organisation de rencontres d’artistes dans l’objectif d’engager des projets avec des artistes du Shandong en Pays de la Loire. Ainsi, le séjour de la troupe de marionnettes Garin Trousseboeuf a permis la rencontre avec le grand maître de théâtre d’ombres, M. Fan (photos page 7), qui devrait se rendre dans la région pour présenter son travail. L’Alliance de Jinan travaille également à faire connaître le travail d’artistes du Shandong. Après avoir été exposées à l’Alliance en 2011, les œuvres pourraient être présentées dans la région des Pays de la Loire fin 2012 ou début 2013.

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dossier coopération décentralisée qingdao - Institut Confucius des Pays de la Loire

Vers une réciprocité culturelle La mission culturelle de l’Alliance de Qingdao et celle de l’Institut Confucius des Pays de la Loire se complètent parfaitement, en permettant à des acteurs culturels français de s’exprimer en Chine, et inversement. La coopération décentralisée entre le Shandong et les Pays de la Loire donne un cadre idéal aux échanges culturels francochinois. De plus, grâce à une implication locale et durable de l’Alliance de Qingdao, il est possible d’intégrer dans la programmation culturelle des artistes chinois locaux ayant un lien avec la France, qui exposent leurs œuvres ou interviennent auprès des étudiants. La visite, en avril, dans la province du Shandong, de Charlotte Le Sourd, directrice de l’Institut Confucius des Pays de la Loire à Angers, a permis d’enclencher cette dynamique de réciprocité culturelle. Lors de son passage, Charlotte Le Sourd a découvert, par le biais de l’Alliance française, un art martial traditionnel chinois du Shandong, la Boxe de la Fleur de Prunier (Mei Hua Zhuang). Le maître reconnu internationalement de cette école, Yan Zijie, fera ainsi une conférence à l’Institut Confucius des Pays de la Loire en septembre 2012.

En outre, deux photographes de Qingdao ont exposé leurs œuvres à l’Alliance de Qingdao, l’un portant son regard sur la Chine, l’autre sur la France. Il s’agit de Hassa et de Liu Zhao. Xavier Garnier

Hassa, 1er prix à Pingyao

Hassa.

Le regard calme, presque triste de Hassa ne trompe pas. Il fait partie de cette génération de photographes humanistes qui se font un devoir d’entrer dans une relation de communion avec le sujet photographié. Et le sujet, bien sûr, c’est l’homme. L’homme vivant dans la société chinoise contemporaine, l’homme de toutes les classes sociales, qu’il photographie toujours de face et droit, sans aucun effet à la mode, muni d’un appareil photographique des plus classiques. Une beauté calme émane de ses clichés.

prix à Pingyao pour son livre de photographies Mon Qingdao.

La reconnaissance nationale n’a pas tardé, et c’est en toute légitimité qu’il a reçu le premier

Dîner à Qingdao le 16 avril. De gauche à droite, le photographe Hassa, le calligraphe Song Wenjing, le directeur de l’agence de presse Chinanews Xiu Jianhua, le responsable culturel de l’Alliance Yann Carpentier, le directeur de l’Alliance Xavier Garnier, la directrice de l’Institut Confucius des Pays de la Loire Charlotte Le Sourd, le dessinateur Shanwei, le peintre Wan Liying.

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L’Alliance de Qingdao croise régulièrement le chemin de Hassa, qui prend souvent des photographies pour les événements culturels, par exemple lors des dégustations de vin (2010-2011), pendant le passage de la frégate Vendémiaire (mars 2012), le concert de musique baroque Stradivaria (avril 2012), ou encore la conférence sur le Canada (mai 2012). Les contributions de Hassa sont innombrables : il a exposé à l’Alliance (2011) de très beaux clichés noirs et blancs, puis il a donné des conférences sur l’art photographique pour guider les étudiants participant au concours de photographies de la Fondation Alliance française « J’ai 20 ans dans mon pays » en 2011, où il était aussi membre du jury.

Le vieux Qingdao, par Hassa.


photos : ©AF Jinan

Rencontre « décentralisée » entre Patrick Conan, de la troupe de marionnettes Garin Trousseboeuf (Pays de la Loire), et Maître Fan, grand maître de théâtre d’ombres.

••• suite de la p. 5

Paris, par Liu Zhao Liu Zhao étonne par sa silhouette longue, ses manières affables, et un sourire souvent accroché sous des lunettes épaisses : « Quand j’étais à Paris, je rêvais de Qingdao. Depuis que je suis rentré en Chine, je rêve de Paris ! » Liu Zhao a exposé à l’Alliance de belles photographies qui présentent la capitale française sous un angle original, jouant sur les stéréotypes, entre regard amusé et sensualité assumée. Son style plein d’humour a laissé une excellente impression lors du vernissage (février 2012). Il a par ailleurs, en 2011, été membre du jury à l’occasion du concours de photographies de la Fondation Alliance française « Planètes femmes ». Xavier Garnier et Yann Carpentier

yann carpentier

Liu Zhao.

tionale française, au niveau de l’Etat aussi bien qu’au niveau des collectivités. En ces temps où l’économie semble incertaine et peut inquiéter, les relations internationales doivent se raccrocher à des valeurs saines et humaines qui sont, par essence, celles de la culture. Economie et culture peuvent aller de pair : c’est ce que nous démontrons aujourd’hui en Chine, et c’est ce que nous démontrerons demain en Inde et ailleurs.

L’influence de la Chine dans le monde s’amplifie sans cesse. En six années, nous avons accompagné et aidé un nombre important de partenaires dans leurs démarches en Chine et je ne suis pas sûr qu’ils se seraient intéressés à ce pays lointain et complexe sans la présence du bureau régional à Qingdao. Nous avons été en quelque sorte des pionniers, et je ne regrette pas la direction que j’ai fait prendre à la Région. Le travail réalisé en Chine constitue déjà une référence pour les actions que nous menons ailleurs dans le monde.

Quel bilan tirez-vous de cette coopération ? Après six ans de présence en Chine, le bilan est positif. La preuve en est la décision que j’ai prise d’étendre notre présence à Pékin, centre du pouvoir, capitale culturelle et second pôle économique du pays. La crise économique et financière de 2008-2009 a freiné les initiatives de nos entreprises, mais, dans le même temps, ce sont les projets concernant l’enseignement supérieur ou la culture qui ont gagné du terrain. Nous constatons par ailleurs que nos partenaires chinois sont également plus demandeurs pour établir de nouveaux partenariats dans tous les domaines et que nous avançons ainsi vers toujours plus de réciprocité, ce qui est l’objectif à terme de toute politique de coopération décentralisée.

Quel est l’avenir du partenariat avec l’Alliance française en Chine ? Notre partenariat a encore de beaux jours devant lui. La culture a vocation à occuper toujours plus de place dans notre politique de coopération décentralisée et le réseau de l’Alliance française en Chine reste pour nous et pour nos artistes la meilleure porte d’entrée sur la Chine. Il en va de même pour la formation à la langue française : je souhaite qu’à l’avenir plus de projets d’échanges soient développés entre établissements scolaires et universitaires ligériens et chinois, et que les étudiants chinois désireux de venir en Pays de la Loire soient formés au sein des Alliances françaises, seules garantes du niveau de français de ces étudiants.

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dossier coopération décentralisée shanghai - marseille

Un « petit coin » de Marseille en plein cœur de Shanghai A l’occasion de la Journée internationale de la francophonie, Didier Parakian, Adjoint au Maire de Marseille, a inauguré la salle de spectacles « Marseille » de l’Alliance de Shanghai, rénovée en partie grâce au soutien de la cité phocéenne. 2012, qui sera marquée par le 25e anniversaire du jumelage entre les villes de Shanghai et de Marseille, sera-t-elle l’occasion d’événements particuliers ? 25 ans d’amitié et de coopération, ça se fête ! Marseille et Shanghai célébreront cet anniversaire en organisant différents événements dans les deux villes à l’automne 2012. A Marseille, visites du consulat de Chine durant les Journées du patrimoine, Fête du vent avec des cerfsvolants tout droit venus de Shanghai, promenades en famille dans le jardin chinois, conférences sur la médecine chinoise, exposition d’objets traditionnels chinois, ou projection de films chinois à la Cinémathèque sont au programme. A Shanghai, plusieurs temps forts sont envisagés, comme l’organisation d’une exposition sur la thématique de l’eau (Marseille est la capitale mondiale de l’eau en 2012), la mise en place d’un partenariat entre les bibliothèques des deux villes, et, en novembre, la signature d’un nouveau protocole d’accord.

Qu’est-ce qui a motivé votre soutien au projet de rénovation de la salle de spectacles de l’Alliance française de Shanghai ? En 2011, la Direction des Relations internationales et européennes de la Ville de Marseille a mis en place

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un chantier «  francophonie  » dans le cadre de sa stratégie à l’international. La cité phocéenne affirmait ainsi sa volonté de contribuer à la promotion de la langue française dans le monde. Le partenariat avec l’Alliance française de Shanghai s’est très vite imposé à nous, compte tenu des relations privilégiées qui nous unissent à la capitale économique chinoise et du dynamisme de cette Alliance et de son équipe ! Soutenir la rénovation de la salle de spectacles, qui accueille chaque année de nombreuses manifestations, participait ainsi au rayonnement de la culture francophone dans notre ville jumelle. Nous espérons aussi pouvoir nous appuyer sur ce « petit coin » de Marseille en plein cœur de Shanghai pour faire vivre les relations entre les deux villes.

de l’Alliance française de Shanghai, ce qui devrait représenter plusieurs centaines d’ouvrages envoyés par an. Nous souhaitons également nous associer à la programmation culturelle de l’Alliance en incitant la participation d’artistes marseillais à des temps forts, tels que les festivités de la Semaine de la langue française et de la francophonie, les saisons culturelles de l’Alliance… Notre partenariat sera aussi sans aucun doute un formidable relais pour promouvoir Marseille-Provence 2013 capitale européenne de la culture, année au cours de laquelle nous espérons accueillir de nombreux Shanghaïens. Dans cette perspective, la Ville de Marseille a décidé que l’entrée de tous les musées municipaux serait gratuite pour les étudiants de l’Alliance française de Shanghai détenteurs de la carte Gustave.

Est-ce le début d’une belle aventure et envisagez-vous un resserrement des liens culturels entre Shanghai et Marseille en vous appuyant sur l’Alliance française, notamment au niveau de la francophonie ?

Notre partenariat avec l’Alliance française de Shanghai jouera donc à l’avenir un rôle essentiel pour le développement des échanges culturels entre Marseille et Shanghai, et pour une meilleure connaissance mutuelle de la scène artistique de nos deux villes.

Notre ambition est en effet de construire un partenariat dynamique avec l’Alliance française de Shanghai. La francophonie est bien entendu au cœur de nos échanges. Nous mettons actuellement en œuvre un programme d’envoi régulier de livres en français pour les médiathèques

Interview réalisée avec Michelle Reynaud, Directrice des Relations internationales et européennes (Marseille), et Aline Mandeix-Martin, Chef de projet Francophonie (Marseille)


Les quatrièmes rencontres de la coopération décentralisée franco-chinoise auront lieu en Alsace En juin 2011, à l’issue des troisièmes assises de la coopération décentralisée à Nankin, un comité de coordination co-présidé par Felix Hao, Directeur général adjoint de l’AssociaL’ancien Ministre tion du peuple chinois pour Jacques Valade, l’amitié avec Ambassadeur l’étranger itinérant pour (APCAE), l’Asie, co-préside et Jacques le comité Valade, Amde coordination. bassadeur itinérant pour l’Asie, a été constitué. Réuni à Pékin en juin 2012, il a rassemblé les responsables de l’APCAE et de l’Ambassade de France à Pékin, Jacques Valade, ainsi que Jean-Michel Despax, nouveau Délégué pour l’Action extérieure des collectivités territoriales au Ministère des Affaires étrangères et européennes. Le comité de coordination a confirmé la volonté commune d’organiser les quatrièmes rencontres de la coopération décentralisée en Alsace, vraisemblablement en 2014 ou 2015. Entre-temps, deux colloques sont prévus : en France, à l’automne 2012, sous la responsabilité de la Région Ile-deFrance, sur le thème de l’urbanisme durable, et en Chine en 2013, à l’initiative de l’APCAE, sur le thème de l’économie et de l’innovation.

XI’AN – pau – paris grand-ouest

Accords en série Plusieurs accords universitaires ont été signés en marge du dernier colloque de la Fondation Alliance française, avec les universités de Pau et Paris Grand-Ouest.

M

onsieur Fang, le nouveau président de l’Alliance française de Xi’an – troisième ville universitaire de Chine – participait pour la première fois au colloque annuel de la Fondation Alliance française, fin janvier à Paris. A la tête d’une délégation composée des directeurs français et chinois de l’Alliance de Xi’an et du directeur des relations internationales de l’Université du Nord-Ouest, il a été reçu par la députée-maire de Pau, Mme Lignières-Cassou, en présence de laquelle a été signé un accord de coopération entre les universités de ces deux villes jumelées. La délégation de l’Alliance française s’est également rendue dans les universités de Versailles (liée à Xi’an par un « traité d’amitié ») et de Cergy-Pontoise. Ces universités sont membres fondatrices d’un PRES (Pôle de recherche et d’enseignement supérieur) réunissant seize établissements d’enseignement supérieur sous l’appellation d’Université Paris Grand-Ouest. Les deux parties se sont trouvé de nombreux terrains d’entente. Parmi les projets les plus passionnants, une collaboration dans les domaines du

patrimoine et de sa conservation. Le PRES Paris Grand-Ouest dispose en effet d’une Fondation des sciences du patrimoine dotée d’un laboratoire d’excellence pour l’étude des œuvres d’art, de leur restauration, et des formes de transmission de ce patrimoine au public. Nul doute que cette fondation, qui, parmi ses partenaires fondateurs, inclut non seulement le château de Versailles, mais également le musée du Louvre et la Bibliothèque nationale de France, a son rôle à jouer dans une province, le Shaanxi, qui, depuis la découverte de l’armée des guerriers de terre cuite, en 1974, est devenue la seconde destination touristique de Chine. Sylvie Faucheux, administratrice et future présidente de ce Pôle, n’a pas tardé à aller voir elle-même sur place de quoi il en retournait. Dès le mois de mars 2012, elle cosignait avec M. Fang, à Xi’an, un accord de mobilité encadrée pour étudiants et chercheurs, et étudie désormais la possibilité d’ouvrir une annexe de l’Université Paris Grand-Ouest contiguë à l’Alliance française de Xi’an. Thierry Coste

Monsieur Fang, le nouveau président de l’Alliance française de Xi’an, et la députée-maire de Pau, Mme Lignières-Cassou.

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dossier coopération décentralisée un ensemble soutenu par les pays de la loire

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macao Eglise Saint-Joseph

qingdao concert hall

jinan Théâtre municipal

Yann Carpentier

canton Université des Études étrangères du Guangdong

wang lina

Yann Carpentier

qingdao concert hall

af macao

qingdao concert hall

Yann Carpentier

Stradivaria, le baroque en Chine


De retour en Chine en avril 2012 pour sept concerts organisés par les Alliances, l’ensemble baroque nantais Stradivaria a présenté, sous la direction de Daniel Cuiller, un programme croisé entre musique européenne et chinoise du XVIIIe.

Zheng Dan

hangzhou Théâtre Redstar L’ensemble a invité Zhang Zhang, jeune chanteuse chinoise, à interpréter le Stabat Mater de Pergolèse. Après Yishu 8 (ci-dessous), Stradivaria s’est produit dans le prestigieux National Centre for the Performing Arts de Pékin.

pékin (yishuba) A Pékin, seule la Maison Yishu 8 pouvait autant faire rayonner la musique de Stradivaria ! Située dans l’ancienne université francochinoise, Yishu 8, dirigée par Christine Cayol, est un lieu dédié aux arts, à la rencontre et à la création.

photos : Martine Marras

Yishu 8 occupe un bâtiment de style michinois, mi-occidental se dressant à quelques encablures de la Cité interdite et qui abritait, de 1920 à 1950, l’Université franco-chinoise de Pékin. Celle-ci a formé près de 560 diplômés en sciences naturelles, physique, médecine et sciences humaines. Une université, qui, selon Li Shuhua, recteur honoraire, a été « au cœur des échanges culturels franco-chinois ».

Ci-dessus, de gauche à droite : Laurent Croset, Délégué Général de la Fondation Alliance française en Chine, Daniel Ramponi, 1er Vice-Président de la Commission culture du Conseil régional des Pays de la Loire, Theodoros Georgakelos, Ambassadeur de Grèce en Chine, Christine Cayol, fondatrice de Yishu 8, et Blaise Godet, Ambassadeur de Suisse en Chine. Ci-contre, à droite, le styliste Yves-Alexandre d’Ouradou.

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dossier coopération décentralisée Chengdu – Montpellier

Noces de perle Pionnières de la coopération décentralisée franco-chinoise, les villes de Montpellier et de Chengdu sont jumelées depuis désormais trente ans. Etablie en 2006, la Maison de Montpellier à Chengdu est le pivot de cette coopération.

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epuis septembre 2011, les échanges entre la Maison de Montpellier et l’Alliance française de Chengdu se sont multipliés. La base de la coopération a été lancée lors de l’organisation conjointe du spectacle humanitaire de la troupe Mondial Cabaret, en novembre 2011, au profit de la Fédération des handicapés de Chengdu. En 2012, sous l’impulsion de Perla Danan – maire adjointe de Montpellier – et de Corinne Canayer, directrice adjointe des relations internationales, les deux institutions formalisent leur coopération dans une convention.

Evénements d’envergure et relations régulières Trois grandes activités culturelles seront organisées en commun. Pour le premier événement, c’est tout naturellement qu’Anne Rulliat, directrice de l’Alliance française de Chengdu, et Liu Jinghong, directrice de la Maison de Montpellier, ont choisi Le Comptoir des fous, un groupe montpelliérain plein d’énergie, pour enflammer le East Chengdu Music Park le 6 juin 2012, en prélude à la Fête de la musique. Dès le mois de mai, à l’initiative de la Ville de Montpellier, le festival du « Film du très court », sur le thème « Paroles de femmes », est diffusé en Chine, en exclusivité à Chengdu, lors d’une projection croisée Alliance française-Maison de Montpellier. Au-delà des événements d’envergure, c’est davantage l’instauration

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En haut : Corinne Canayer, directrice adjointe des relations internationales de la Ville de Montpellier, Liu Jinghong, directrice de la Maison de Montpellier, et Anne Rulliat, directrice de l’Alliance française de Chengdu. En bas : spectacle Mondial Cabaret à la Fédération des handicapés de Chengdu, avec le soutien de la Maison de Montpellier.

de relations régulières entre les deux institutions qui doit être soulignée : francophones et amis de l’Alliance se réunissent à la Maison de Montpellier pour échanger et promouvoir les produits du terroir. Et les Montpelliérains de passage à Chengdu ne manquent pas de rendre visite à l’Alliance afin de présenter leur région aux étudiants

chinois. Des projets d’envergure promettent d’enrichir cette coopération : des classes Rabelais ont récemment été lancées pour promouvoir le français dans les collèges de la ville, un Institut Confucius devrait bientôt voir le jour à Montpellier, cadet de l’Alliance française de Chengdu. Anne Rulliat


Chongqing - toulouse

Résidences d’artistes Il sera suivi d’une master-class en lien avec le Conservatoire de Chong­ qing ; cette courte résidence d’artistes sera la troisième de l’année à l’Alliance française de Chongqing. En janvier, la styliste Mamzelle Louis a créé – inspirée par une jeune fiancée chinoise à marier – une robe toute de dentelles de Calais et soieries de Lyon, sous le regard attentif de nombreux étudiants en stylisme. De fil en aiguille, deux jeunes photographes, amis de l’Alliance, CHEN Yanfeng et MR PANDA ont suivi la création de la robe et les rencontres avec les étudiants à travers un journal photo-

graphique. Un studio photo installé dans les salons d’une suite gracieusement mise à disposition par l’hôtel Sofitel Forebase de Chongqing a servi d’écrin à une mise en scène de la création. Toujours sous le signe de la musique, l’atelier chanson de l’Alliance française de Chongqing, entraîné par Vanessa Julien, a vu l’une de ses participantes récompensée, à l’issue du concours Francostar de l’Institut français de Chine, par un séjour en France. Enfin, encore en musique, en avril, ce sont des étudiants de master de français de l’Université des études internationales du Sichuan de Chongqing qui ont écrit, puis enregistré leur chanson française, avec les conseils et l’accompagnement des musiciens français du studio Nomade. Une participation au disque Cabaret... si on chantait, édition 2012, enregistré par les Alliances françaises de Chine, à découvrir et à offrir très bientôt ! De vous à moi avec Tamara, photographe française, est la prochaine résidence d’artiste au programme de l’Alliance française de Chongqing. Musique, chansons, ateliers... Il se passe toujours quelque chose à l’Alliance française de Chonqging ! Marie-Hélène Lhez Plus d’informations sur www.afchongqing.org et sur les pages Douban et Weibo de l’Alliance.

La styliste Mamzelle Louis et sa robe en dentelles de Calais et soieries de Lyon. En bas, atelier du studio Nomade.

Studio Nomade © 2012

V

incentella de Caumarmont est venue ce mois d’avril en délégation à Chongqing. Adjointe à la culture de la Ville de Toulouse, elle représentait le maire Pierre Cohen, et avait apporté dans ses bagages un merveilleux cadeau : le financement du Petit Prince, concert classique, violon et piano, d’après l’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry. Un précieux soutien de la ville de Toulouse pour ce projet à l’initiative de l’Alliance française et de Thierry Huillet, compositeur, concertiste et professeur de musique hors classe du Conservatoire de Toulouse, qui sera accompagné de Pierre Bleuse, lui-même éminent concertiste et professeur de musique. Labellisé Festival Croisements par l’Institut français de Chine et programmé à l’occasion de la Fête de la musique, l’évènement restera dans les annales de Chongqing !

photos robe : CHEN Yanfeng © 2012

Dentelles, soieries et musique

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dossier coopération décentralisée dalian - le havre

L’Alliance est incontournable L’Alliance française de Dalian est dorénavant un acteur central des coopérations, mais aussi des amitiés entre les deux villes de Dalian et du Havre, jumelées depuis près de trente ans.

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alian est ville jumelle du Havre depuis 1985. Ce jumelage fait partie de la première vague des jumelages relançant les relations entre collectivités françaises et chinoises dans le cadre de l’ouverture de la Chine. La présence de la raffinerie de Total à Dalian ainsi qu’une affinité politique avec le Maire du Havre de l’époque ont principalement motivé ce rapprochement entre les deux ports, respectivement situés au nord-est de la Chine et au nord-ouest de la France. Le Havre et Dalian accueillent surtout des portecontainers. Dalian, en raison de sa proximité des champs pétrolifères chinois des plaines du Heilongjiang et de l’importante profondeur naturelle de son port, est aussi spécialisé dans les flux d’hydrocarbures, d’où l’implantation de Total.

Un jumelage conforté sur le plan universitaire En 1985, le jumelage a été conforté sur le plan universitaire par une Convention entre l’Université des langues étrangères de Dalian, partenaire de l’Alliance française, et l’Université du Havre. L’Université des langues étrangères comporte un grand département de français de plus de 600 étudiants en licence et en master (notamment spécialisé dans l’interculturel). L’actuel vice-directeur du Bureau des affaires étrangères de Dalian, alors étudiant au département de français, fut l’un des premiers à partir avec ce programme

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d’échange. Depuis, il s’investit particulièrement dans le jumelage, portant main forte à tous les projets entre les deux villes. Depuis, Le Havre s’est organisé pour créer une structure apte à porter ce jumelage. L’association Le Havre-Dalian a été constituée. Elle regroupe la Mairie, le Port autonome du Havre (devenu Grand Port du Havre depuis), l’Université, une société chargée des actions économiques de la ville, Le Havre Développement, notamment en charge du forum « China Europa », et l’Ecole de Management de Normandie. Chaque année, le conseil d’administration de l’association Le HavreDalian vote un budget auquel contribuent les cinq parties constitutives. En 2007, les actions communes avec la jeune Alliance française de Dalian se sont intensifiées au point de souhaiter signer une coopération plus concrète. L’association Le Havre-Dalian ayant quatre missions, économique, portuaire, éducative et culturelle, il a semblé naturel de mener ces deux dernières en partenariat avec l’Alliance française, qui a la même vocation. L’Alliance française serait dorénavant représentante sur ces deux volets de l’association Le Havre-Dalian. Un logo a été créé, un poste de Volontariat international en entreprise a été ouvert, porté par la société ODC Marine, entreprise française de construction navale installée à Dalian. Cette dernière serait

en charge de représenter l’action de l’association Le Havre-Dalian en matière économique et portuaire, l’Alliance française de Dalian représentant et supervisant leur action dans l’éducatif et le culturel.

Conventions universitaires et 1res classes de français au lycée Depuis, l’Alliance de Dalian a systématiquement aidé à organiser les missions de l’Université du Havre et de l’Ecole de Management de Normandie. Des conventions ont été alors signées avec l’Université maritime de Dalian. Avec l’aide du Bureau des affaires étrangères, l’Alliance française de Dalian a pu ouvrir les premiers cours de français dans le secondaire à Dalian au lycée n°1, réputé d’excellence dans l’enseignement des langues étrangères. Un lycée havrais très dynamique, le lycée Saint-Joseph, s’est immédiatement intéressé à ce programme, afin d’en faire, en plus des cours de langue, un véritable programme de correspondance entre lycéens. L’Alliance française de Dalian a, dans ce cadre, proposé un accompagnement pédagogique dans lequel les correspondances seraient motivées par des objectifs pédagogiques incitant les lycéens à maintenir les contacts d’une semaine sur l’autre. Mission réussie, le dernier voyage d’études l’a bien confirmé. Une convention tripartite a été signée en 2011 entre les deux lycées


wuhan

De retour à l’Université A l’occasion de la réinstallation du siège de l’Alliance française de Wuhan dans l’enceinte de l’Université de Wuhan, une cérémonie d’inauguration de ses nouveaux locaux s’est tenue le 23 février dernier en présence d’environ 200 personnalités des sphères culturelles et éducatives, de partenaires, institutionnels, entreprises françaises, ainsi que de nombreux convives francophones et francophiles. Au cours de leurs allocutions, le Délégué général de la Fondation Alliance française en Chine, M. Laurent Croset, et le Vice-Président de l’Université de Wuhan, M. Zhou Chuangbing, ont également formulé leurs vœux de réussite et prospérité à l’Alliance française de Wuhan.

Projet d’échange de peintres Dans le domaine culturel, l’association Le Havre-Dalian à Dalian soutient et communique systématiquement sur les événements culturels de l’Alliance française de Dalian, et, si la municipalité du Havre peut porter main forte, elle le fait. Notons récemment l’accueil favorable à la Mairie du Havre du peintre dalianais Li Bin, dont les toiles traitant de l’opéra de Pékin seront exposées au théâtre municipal du Havre en janvier 2013, dans le cadre du projet d’échange de peintres de l’Alliance française de Dalian.

Le Consul général a conclu en exprimant toute sa confiance et son soutien pour l’avenir de l’Alliance française de Wuhan. Patrick Cervi

qingdao

Quartier libre pour des marins français à l’Alliance Le 6 mars 2012, à l’occasion de l’escale à Qingdao de la frégate « Le Vendémiaire », le Capitaine Jean-Christophe Oliéric a permis à une partie de l’équipage de participer à un cocktail avec les étudiants de l’Alliance française de Qingdao dans la médiathèque. Voici comment le Capitaine commente ce moment très convivial dans une lettre du 8 mars 2012 : « Alors que le Vendémiaire vogue désormais vers l’Extrême-Orient pour poursuivre sa mission, c’est un bien agréable devoir que de vous exprimer en mon nom personnel et en celui de tous les marins du Vendémiaire nos remerciements les plus vifs pour l’accueil que vous avez bien voulu nous réserver à l’Alliance française mardi soir. Je vous suis particulièrement reconnaissant de nous avoir introduits auprès de la communauté française locale, mais aussi auprès de vos élèves chinois. Nous avons été ravis de pouvoir échanger à cette occasion avec eux, il est toujours agréable de rencontrer des amoureux de la langue française à l’étranger. Tous les marins présents ont été très impressionnés par le niveau de vos élèves, qui étaient capables de tenir une discussion simple après quelques mois d’études. » Nul doute que, de leur côté, nos étudiants n’ont pas oublié le passage de ces marins français ! Xavier Garnier A l’initiative du Capitaine de corvette Marc Merveilleux du Vignaux, les étudiants de l’Alliance de Qingdao ont eu le plaisir de rencontrer les marins du « Vendémiaire ». Yann Carpentier

et l’Alliance française de Dalian, en présence des maires des deux villes, du Conseiller de coopération et d’action culturelle, du Délégué Général de la Fondation Alliance française en Chine et du Consul Général de France à Shenyang, et ce, lors de l’inauguration des nouveaux locaux de l’Alliance française de Dalian en centre-ville. Ce même jour, toujours à l’Alliance de Dalian, a été décidée la coopération entre les deux Universités partenaires (l’Université des langues étrangères de Dalian et l’Université du Havre) et les deux villes pour la création d’un Institut Confucius au Havre. L’Alliance française de Dalian étant un pont entre les deux villes, elle est dorénavant systématiquement consultée et impliquée dans l’avancement de ce projet.

Gaël de Kerguenec

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L’UNIVERSITé des langues et cultures, CUI Xiliang, Président de l’Université des Langues et Cultures

« La coopération entre l’Alliance et A Pékin, l’Alliance française est partenaire de l’Université des langues et cultures (Beijing Language and Culture University). Le président de cet établissement prestigieux analyse les enjeux de cette coopération. La BLCU (Université des langues et cultures de Pékin) fait partie des premières institutions qui ont établi un partenariat avec la Fondation Alliance française. Pourquoi l’Université a-t-elle choisi l’Alliance française ? D’abord, elles ont toutes les deux la même vision et le même objectif de promouvoir les échanges et la compréhension mutuelle entre les pays et les peuples parlant différentes langues. Les missions des deux institutions sont essentiellement similaires : celle de l’Alliance française est d’enseigner le français, former des enseignants de français et faire connaître la France au public chinois ; celle de la BLCU est plutôt d’enseigner le chinois, faire connaître la Chine au public étranger. Deuxièmement, comme tout le monde le sait, le français est l’une des plus belles langues du monde, de

nombreux Chinois aiment apprendre cette langue et s’intéressent à la culture française. Troisièmement, les relations sino­ françaises ont une longue histoire et l’amitié entre les deux peuples est très profonde. De nombreuses œuvres littéraires très connues, traduites par des intellectuels qui ont étudié en France, ont eu une influence importante en Chine.

Pour Cui Xiliang, il faudrait envisager d’intégrer la formation des élites de la BLCU dans les programmes de coopération de l’Alliance française.

En outre, il s’agit de répondre aux besoins de la BLCU, qui a un département de formation préparatoire pour partir à l’étranger et un département de français. Le partenariat avec l’Alliance française favorise la formation des professeurs, et les étudiants bénéficient des services de la médiathèque de l’Alliance située sur le campus.

Affaires étrangères de la France, l’Alliance française dispose d’un réseau mondial ayant une influence internationale. La coopération entre nos deux institutions va de soi.

2012 correspond au cinquantième anniversaire de la BLCU. C’est aussi l’année linguistique croisée franco-chinoise. Que pensez-vous de la participation de la BLCU aux activités d’échanges culturels de ce niveau ? Pourriez-vous présenter brièvement les coopérations entre la BLCU et la France ?

Reconnue d’utilité publique, en coopération avec le Ministère des

liu xincheng

De gauche à droite : François Chambraud, Directeur adjoint de l’Alliance française de Pékin, Cui Xiliang, Président de l’Université des langues et cultures de Pékin (BLCU), Laurent Croset, Délégué Général de la Fondation Alliance française en Chine et Directeur de l’Alliance française de Pékin, Bao Yuehong, Chargée de mission relations internationales à la BLCU, Hu Yulong, Directeur chinois de l’Alliance française de Pékin, et Qiao Chengwei, Directeur adjoint de l’Alliance française de Pékin.

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L’année linguistique croisée francochinoise est un événement d’importance, avec l’Année de la langue française en Chine et l’Année de la langue chinoise en France. La BLCU y a sans doute un rôle incontournable. Des activités en partenariat avec l’Inalco (Institut national des langues et civilisations orien-


partenaire de l’alliance de pékin de Pékin (BLCU)

la BLCU va de soi » tales) dans le cadre de l’Année de la langue chinoise en France sont attendues en juin. Deux raisons majeures illustrent l’organisation de la cérémonie d’ouverture de l’Année de la langue française en Chine par la BLCU : la première, la présence de l’Alliance française dans nos murs ; la deuxième, le lien privilégié de S. E. M me Bermann, Ambassadeur de France en Chine, en tant qu’ancienne étudiante de la BLCU. La présence de M me Liu Yandong, Conseillère d’Etat, et de M. Alain Juppé, alors Ministre des Affaires étrangères, a marqué l’importance de l’événement.

Après cinquante ans d’évolution non sans complications, la BLCU fête son cinquantième anniversaire en 2012. Fière de son succès – reconnaissance renforcée et visibilité internationale de plus en plus importante –, elle accueille chaque année plus de 11 000 étudiants de toutes nationalités et plus de 6 000 étudiants chinois. Les coopérations de la BLCU avec les institutions d’éducation supérieure françaises sont très nombreuses, telles que l’Institut Confucius créé en partenariat avec l’Université de La Rochelle, le programme de formation d’interprètes en partenariat avec l’ISIT,

les échanges d’étudiants et de professeurs avec une dizaine d’écoles françaises, telles que l’ENS de Lyon et l’Ecole polytechnique de Paris. Avec un grand nombre de Français qui étudient la sinologie, la France garde toujours une tradition d’apprentissage du chinois. Il est donc envisageable de mettre en place des programmes d’échange et de recherche dans les domaines de la linguistique et de la pédagogie en partenariat avec l’Alliance française. En même temps, nous espérons pouvoir approfondir les coopérations avec des institutions d’autres pays portant des missions

Le Président Cui Xiliang honore l’Alliance française de Pékin d’une calligraphie de sa main (voir page 2), sous le regard des directeurs français de l’Alliance française.

sun jing

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L’UNIVERSITé des langues et cultures, « Nous souhaitons pouvoir prendre pour référence l’expérience de l’Alliance dans la démarche qualité de la Fondation Alliance française. » similaires, à savoir l’Instituto Cervantes, le Goethe-Institut, le British Council, l’ALCA (Arabic Language and Culture Association), etc.

Dans l’une de vos interviews, vous dites que l’enseignement du chinois langue étrangère est en plein essor et concerne l’ensemble du pays, et qu’un enseignant de chinois langue étrangère digne de ce titre doit être « entre un technicien et un savant ». Cet avis s’applique-t-il également à l’enseignement du français en Chine ? Dans un certain sens, oui. Un technicien veut dire qu’un enseignant doit savoir enseigner la langue dans un environnement de classe propice. Un savant doit toujours porter son attention aux problèmes rencontrés dans l’enseignement, tels que la difficulté des « classificateurs » dans l’apprentissage du chinois par les Français, ou les difficultés des « genre, nombre et personne » dans l’apprentissage du français par les Chinois. En tant qu’enseignant(e), il/elle doit étudier ce genre de problèmes particuliers pour trouver la meilleure méthodologie. Le chinois langue étrangère se développe depuis les années 1960 en Chine. Beaucoup d’enseignants de la BLCU ont eu l’expérience d’une formation pédagogique aux EtatsUnis ou dans d’autres pays. Or, l’enseignement de l’anglais ou du français diffère beaucoup de l’enseignement du chinois. Les méthodes se distinguent en fonction de l’enseignement d’une langue dans son pays natal ou dans un pays étranger, des différents environnements,

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et des différentes conceptions de manuels. Il est donc nécessaire de rechercher les meilleures méthodologies favorisant l’apprentissage des étudiants en tenant compte des caractéristiques linguistiques, de la culture et de l’histoire des différents pays.

Cela fait plus de dix ans que la BLCU promeut l’enseignement du français en partenariat avec l’Alliance française. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ? Ce qui m’impressionne le plus, c’est qu’après une quinzaine d’années de développement en Chine, l’Alliance française de Pékin accueille chaque année plus de 10  000 étudiants. Pour atteindre le même chiffre, il a fallu cinquante ans à la BLCU. Le développement rapide du réseau des Alliances m’impressionne également. Celui-ci regroupe déjà quinze Alliances françaises en Chine, y compris celles de Hong Kong et de Macao, soit autant que les Instituts Confucius en France. L’installation des Alliances en Chine est étroitement due à la même attitude de vie des deux peuples : les Français et les Chinois aiment la gastronomie, le bon vin et sont passionnés par la vie. L’Alliance française de Pékin est déjà entièrement intégrée dans le campus de la BLCU et en fait partie. Le partenariat fonctionne sur une plateforme d’égalité et de sincérité. La communication sans entraves grâce au bon niveau linguistique des personnels de nos deux institutions y joue également un rôle important.

Grâce à son développement rapide depuis une dizaine d’années, l’Alliance française de Pékin est devenue une institution d’enseignement du français de grande envergure. Que souhaitez-vous pour l’Alliance française de Pékin ? D’après moi, l’Alliance française a deux avantages évidents dans son développement  : en premier lieu, avec l’approfondissement de la politique de réforme et d’ouverture de la Chine, les étudiants chinois en France et les programmes d’échanges sont de plus en plus nombreux. En deuxième lieu, la France est le premier pays occidental qui a établi des relations diplomatiques avec la Chine ; le développement des relations diplomatiques entre les deux pays favorise également le dévelop­ pement de l’Alliance. A l’avenir, j’espère que l’Alliance française continuera son développement vigoureux, offrira au public chinois plus d’opportunités et des conditions toujours meilleures pour apprendre le français. Je souhaite également qu’elle puisse envisager des échanges et coopérations plus profonds avec la BLCU, sans se limiter au domaine de l’enseignement du français, mais aussi intégrer la formation des élites de la BLCU. L’Alliance française a une longue histoire dans le monde ; nous souhaitons aussi pouvoir prendre pour référence son expérience dans la démarche qualité de la Fondation Alliance française. Propos recueillis par Rachel Blessig et Sun Jing


partenaire de l’alliance de pékin zhao weimin, directeur des relations internationales à la BLCU

« Nous souhaitons collaborer à la formation des professeurs » Le directeur des relations internationales de l’Uni­ versité des langues et cultures de Pékin expose les liens entre l’Université et la langue française. Combien d’enseignants et d’étudiants des départements langues étrangères y a-t-il à la BLCU ? Il y a plus de 170 enseignants spécialisés dans les langues étrangères et plus de 6000 étudiants chinois apprenant des langues étrangères. Parmi les étudiants, 208 apprennent le français en premier et deuxième cycles et 40 en troisième cycle. Tous les étudiants de l’université apprennent au moins une langue étrangère. De nombreux métiers d’aujourd’hui exigent un très haut niveau en langues étrangères.

Quelles sont les motivations des étudiants chinois pour apprendre le français ? Personnellement, je pense que les étudiants qui apprennent la langue française ont trois objectifs. D’abord, l’image de la France dans l’histoire : par exemple, le mouvement des Lumières et la Révolution française jouent un rôle important dans le développement des sociétés, ils influencent subtilement les générations futures. Ensuite, la France compte de nombreuses personnalités incontournables dans les domaines de la littérature, de l’art, des sciences, de l’architecture et de la musique, représentées par des institutions connues. Enfin, suite au développement rapide des relations économiques bilatérales et du commerce franco-chinois, les entreprises françaises, comme celles des secteurs de l’automobile et de la biochimie, ont créé un grand nombre d’opportunités professionnelles pour les Chinois.

Vous accueillez un très grand nombre d’étudiants étrangers sur le campus. Combien sont-ils chaque année ? Quelle est la part des étudiants francophones ? Chaque année, l’Université des langues et cultures de Pékin accueille plus de 10 000 étudiants étrangers, en cursus longs ou courts. La proportion d’étudiants venant de pays francophones est de 3,2 %. Les étrangers les plus nombreux sont les Coréens, les Japonais et les Américains.

Quels types de partenariats développezvous avec la France ? Pour l’éducation d ’a u j o u r d ’ h u i en Chine, les échanges inter- Pour Zhao Weimin, « l’une des nationaux repré- tendances les plus importantes de sentent l’un des l’éducation moderne de la Chine est l’internationalisation ». critères les plus importants. Nous souhaitons coopérer afin que les enseignants et les étudiants puissent enseigner et étudier la langue française dans un environnement international de qualité. liu xincheng

Par exemple, l’objectif de la coopération entre l’Université des langues et cultures de Pékin et l’Alliance française est de créer un environnement international avec les meilleures méthodes d’enseignement pour les étudiants chinois qui veulent apprendre la langue française en Chine. D’ailleurs, nous souhaitons collaborer à la formation des professeurs de français. Alors que la part d’étudiants chinois qui participent à des échanges à l’étranger n’est habituellement pas élevée, à l’Université des langues et cultures de Pékin, 100 % des étudiants en master langue et littérature française et 20,2 % en licence langue française/interprétariat/traduction ont fait le souhait de faire partie d’un programme d’échange international.

L’Alliance française est une école de coopération sino-étrangère. Quels sont les avantages d’une telle présence au sein d’une université chinoise ? L’Alliance française de Pékin propose des cours de français et organise des activités culturelles riches et variées. Sa médiathèque offre un meilleur environnement d’apprentissage pour les étudiants de l’université et les Chinois francophones. En outre, elle a créé une plate-forme d’échanges culturels en ce qui concerne la rencontre d’artistes, les projections de films, les expositions, les concerts, etc. Propos recueillis par R.B. et S.J.

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LE PROGRAMME DES CENT juges Le Programme des Cent Juges a pour but de permettre, chaque année, à une dizaine de juges et procureurs chinois de découvrir les juridictions françaises. La dixième et dernière promotion étudie actuellement le français à l’Alliance française de Pékin. Ci-contre, Christine Da Luz, magistrat et conseiller juridique à l’Ambassade de France en Chine, détaille le programme. Page 23, deux témoignages de professionnels sélectionnés dans ce programme : Sun Luyi, 29 ans, spécialisée en droit international, du parquet de la Mongolie intérieure, et He Sheng­ ping, procureur au tribunal de Zhuhai (Guangdong).

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Christine DA LUZ, Magistrat, Conseiller

« L’aspect linguistique est     Quelle est l’origine du Programme des Cent Juges ? Tout a commencé par l’élaboration de deux accords distincts signés les 17 et 19 septembre 2002 entre la partie française (le ministère de la Justice et le ministère des Affaires étrangères) et la partie chinoise (le Collège national des procureurs et le Parquet populaire suprême d’une part, le Collège national des juges et la Cour populaire suprême d’autre part). Ce programme, qui comptabilise désormais sa dixième et dernière année d’existence, a pour objectif d’immerger les magistrats chinois dans le système judiciaire français au travers de l’apprentissage de la langue française, mais aussi et surtout grâce à un stage de plusieurs semaines dans une juridiction française. Les deux Collèges chinois des procureurs et des juges procèdent en amont à la présélection des candidats, justifiant de trois années d’exercice professionnel au minimum dans leur Cour.

Pourquoi les candidats choisissent-ils la France ? Ce sont des procureurs et des juges dont la moyenne d’âge est assez jeune (environ 30 à 35 ans), qui ont grandi dans cette génération ouverte vers l’extérieur et vers l’apprentissage des langues. Ils ont envie d’étudier en France pour continuer cette ouverture de leur apprentissage et découvrir un autre pays. Or, la France, son système de droit, ses institutions et sa culture exercent sur beaucoup d’entre eux une fascination certaine. La plupart d’entre eux connaissent

très bien la littérature française, les arts, les personnalités politiques, les institutions françaises. Ainsi, la France véhicule une image d’Etat de droit et d’institutions judiciaires qu’ils aimeraient connaître mieux, et dont ils voudraient pouvoir s’inspirer. C’est ce qui explique qu’il y ait toujours beaucoup de candidats qui s’inscrivent auprès de leur Cour, en vue de participer aux épreuves de présélection du programme. Par ailleurs, il y a des affinités entre la Chine et la France tenant à ce dénominateur commun qu’est l’attachement au droit écrit. Contrairement aux juridictions anglo-saxonnes, qui se fondent sur des « précédents » ou « case law », nous nous fondons sur des textes écrits. C’est également le cas en Chine. La codification à la française intéresse également au plus haut point les juristes chinois. Au sein de l’Union européenne, peu d’Etats ont codifié leurs lois. La France, depuis le Code civil de 1804, a poursuivi cette tradition de codification qui a rayonné jusqu’en Chine. L’originalité du Programme des Cent Juges repose donc sur le fait que des magistrats chinois sont mis en situation au sein de tribunaux français et, donc, bénéficient d’une formation pratique et d’une connaissance de l’intérieur du système judiciaire français. Cela leur démontre aussi et surtout, au quotidien, le respect des grands principes en vertu desquels la justice française est rendue, au rang desquels l’indépendance de la magistrature, le respect du contradictoire, la publicité des débats… véhiculant ainsi les valeurs d’un grand Etat de droit.


et l’alliance De Pékin  juridique à l’Ambassade de France en Chine

une base essentielle du programme »

La neuvième promotion du Programme des Cent Juges à l’Alliance française de Pékin. Debout au centre, Christine Da Luz, magistrat, conseiller juridique à l’Ambassade de France en Chine, responsable du programme, et, debout à gauche, Pascaline Bazin, responsable pédagogique adjointe de l’Alliance française de Pékin.

Comment se passe la sélection ? Les écoles organisent une présélection sur tout le territoire chinois. Quand nous nous présentons dans les deux Collèges pour les épreuves de sélection définitive, avec le magistrat venu de France, nous auditionnons une vingtaine de candidats, pour ne retenir que dix juges et procureurs.

A quoi va leur servir le français qu’ils apprennent à l’Alliance française ? Le programme repose précisément sur cette base essentielle qu’est l’aspect linguistique. Le droit est le reflet de la structuration de la langue ; il entretient un lien intime avec la linguistique. Il est donc important que

les étudiants parlent bien le français. Ils passent ainsi huit mois à l’Alliance française, où ils suivent une formation intensive et de haut niveau.

de projets de réquisitoires ou de jugements, sans oublier la participation aux audiences…

Ensuite, ils sont intégrés dans des juridictions françaises : c’est unique ! Ils sont, en fonction de leurs desiderata, dans une chambre de la cour d’appel, un tribunal de grande instance, un tribunal de commerce, un tribunal administratif... Ils prêtent serment, comme un juge français. Bien sûr, ils ne rédigent pas de jugements, ils ne vont pas requérir à l’audience, mais il est obligatoire d’avoir un certain niveau de langue pour comprendre le sens d’un dossier. Afin que le stage soit actif et intéressant, les magistrats français les associent à l’élaboration

Quelles sont les retombées ? La plupart disent avoir vécu un véritable rêve, parce qu’ils ont été plongés au cœur de la patrie des grands philosophes des Lumières, dont leur référence demeure Montesquieu, avec l’esprit des lois et la séparation des pouvoirs. Ils ont lu les ouvrages de ces auteurs, puis ont été intégrés au cœur d’un système judiciaire qui y a précisément puisé ses sources. De retour en Chine, ils font un rapport à leurs juridictions respectives pour expliquer ce qu’ils ont vu, et

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LE PROGRAMME DES CENT juges « Le programme apporte une ouverture immensément bénéfique aux magistrats chinois, qu’ils sont les premiers à reconnaître. » font partager leur expérience à leurs collègues. Ceci est également relayé par le Collège des procureurs et le Collège des juges.

Quel est l’avenir de ce programme, au terme de ces dix premières années ? Le programme est en cours de renégociation. Je souhaite qu’un tel programme puisse continuer et être enrichi, car cela apporte une ouverture immensément bénéfique aux magistrats chinois, qu’ils sont les premiers à reconnaître.

Comment ce programme est-il financé ? La partie chinoise maintient les salaires des juges et des procureurs pendant l’intégralité du programme (quatorze mois) et finance les billets d’avion. Quant à la partie française, elle finance les cours de langue à l’Alliance française et le séjour en France.

Il y a aussi le programme Droit en Europe... Bien qu’il soit différent, il s’agit

d’un programme « jumeau » du Programme des Cent Juges. Ceux-ci se stimulent réciproquement, car, à l’Alliance française, les étudiants sont mélangés au sein de cours communs. Ce sont bien sûr des juristes, mais dont le profil n’est pas le même. D’un côté, il y a des praticiens du droit : des juges ou des procureurs qui ont au minimum trois ans d’expérience ; de l’autre, ce sont des étudiants en droit qui sont déjà au minimum au niveau master 2, voire des doctorants ou post-doctorants. Ces universitaires vont ensuite se vouer à des carrières de professeurs de droit, d’avocats, de juristes, etc. Les participants aux deux programmes apparaissent donc complémentaires. A Pékin, ce qui contribue au dynamisme du groupe, c’est cette soif commune d’apprendre et cette admiration pour la France et les valeurs qu’elle représente. Le programme Droit en Europe résulte d’un accord passé avec l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et le China Scholarship Council, repo-

sant sur des bourses d’études dont huit sont financées par la Chine, et deux par la France.

Existe-t-il la même chose en sens inverse : des étudiants français en immersion en Chine ? La Chine a vraiment commencé à faire des lois à l’orée de son entrée dans l’Organisation mondiale du Commerce, mais la dynamique avait déjà commencé un peu avant. Il n’en demeure pas moins que le système juridique et judiciaire chinois tel que nous le connaissons actuellement est encore relativement neuf et la Chine continue de puiser son inspiration dans les lois étrangères pour élaborer son propre dispositif législatif. Il existe donc, pour l’instant, davantage de juges chinois qui vont en France que l’inverse, mais les accords de coopération se développent et se densifient entre les professionnels du droit des deux Etats. Propos recueillis par Rachel Blessig

PROGRAMME DES CENT JUGES, MODE D’EMPLOI Le programme vise à former 50 juges et 50 procureurs sur une période de dix ans, à raison d’une dizaine de personnes par an. Il est organisé en collaboration avec la Cour suprême, le Parquet suprême, l’Ecole nationale des juges (ENJ) et l’Ecole nationale des procureurs (ENP) côté chinois, et l’Ecole nationale de la magistrature (ENM), l’Institut de recherches EuropeAsie (IREA) de l’Université de droit, d’économie et des sciences d’Aix-Marseille III,

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la Cour d’appel d’Aix-en-Provence, l’Alliance française et l’Ambassade de France en Chine, côté français.

candidats admis suivent des cours de français et de droit à l’Alliance française de Pékin.

Le programme se déroule sur 13 à 14 mois.

• Juillet : Examen final.

Année n • Octobre : Après une présélection par l’ENJ et l’ENP, les candidats choisis passent des entretiens en anglais devant un jury constitué de représentants de l’Ambassade de France, de l’ENJ et de l’ENP. • Novembre - fin juin : Les

Année n+1 • Septembre – novembre : Etudes en France, à l’IREA d’Aix-en-Provence. • Novembre – mi-décembre : Stages dans les juridictions locales à Aix-en-Provence et Marseille. Les stagiaires prêtent serment tout comme les auditeurs de justice français. Ils sont affectés dans diverses juridictions.

Année n+2 • Janvier - mi-février : Stages dans les cabinets d’avocats parisiens, puis participation au cycle « Connaissance de la justice française » organisé par l’ENM. • Mi-février : Retour en Chine. Les anciens du programme constituent un réseau de magistrats originaires de 19 provinces chinoises. 5 juges (dont 4 ont été nommés l’année dernière à la Cour suprême) et 8 procureurs travaillent à Pékin.


et l’alliance De Pékin HE shengping, procureur à Zhuhai (Guangdong)

« Connaître en profondeur le système judiciaire français »

Sun Luyi, procureur en Mongolie intérieure

« Enrichir mon expérience et améliorer mon niveau de langue »

Que représente pour vous ce programme ? Que pensez-vous qu’il va vous apporter ?

mêmes problèmes en France, et quelles solutions y sont apportées.

He Shengping : Grâce à ce programme, je peux élargir ma vision des choses et améliorer mes connaissances. Pour moi, en tant que procureur, c’est une chance précieuse de connaître en profondeur le système judiciaire français. Afin de trouver les réponses aux questions professionnelles, il faut se mettre dans la véritable pratique.

De plus, les deux pays appartiennent au système de droit continental. La France, qui est à l’origine de ce système, apporte une importante contribution à l’établissement et au développement de la culture légale et des systèmes juridiques et judiciaires modernes. Elle exerce de l’influence sur de nombreux pays, y compris la Chine.

Sun Luyi : J’ai étudié le droit pendant sept ans, mais je n’ai jamais eu l’occasion de faire des études à l’étranger. Grâce à ce programme, je pourrai élargir mes connaissances, enrichir mon expérience et améliorer mon niveau de langue étrangère. La France possède un système juridique en matière pénale perfectionné et efficace. Comme la Chine et la France appartiennent toutes les deux au système de droit continental, nous avons des points communs concernant le système juridique pénal. Après ce programme, je pourrai faire des recherches sur ce que j’aurai appris de France, une fois de retour en Chine. C’est une occasion rare pour moi. D’abord, j’apprends le français. Ensuite, ce programme me permet de considérer sous un autre angle les difficultés et les questions que je rencontre dans mon travail. Par ailleurs, cela me permet de voir s’il existe les

Que représente le droit français pour vous ? En quoi est-il différent du droit chinois ? He Shengping : J’ai commencé à découvrir la loi française quand j’ai fait mes études à l’université. Je suis impressionné par le Code Napoléon, c’est-à-dire le Code civil, et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, dont le contenu – le principe de séparation des trois pouvoirs – a influencé le monde entier. Bien que la France et la Chine aient toutes deux des systèmes de droit continental, et bien que je ne connaisse pas bien le droit français, je sais que le système du parquet en Chine a beaucoup tiré profit du système de parquet de la France. Sun Luyi : Actuellement, ma connaissance du système judiciaire français est limitée, mais je suis sûre qu’il possède des avantages dont la Chine peut

s’inspirer. Par exemple, la France encourage les procureurs à sortir de leur bureau et à participer à des activités sociales, comme l’élaboration de certaines politiques d’Etat, la prévention de la criminalité et des mauvaises conduites, etc. Cela montre que la répartition rationnelle des fonctions des parquets est un sujet important au sein de la réforme judiciaire.

Pourquoi un jeune Chinois comme vous trouve-t-il intéressant de connaître les institutions judiciaires françaises ? He Shengping : Avec la mondialisation et le développement de la technologie, la transmission des informations est devenue quasi instantanée. Il est donc important d’accumuler le plus de connaissances possible pour rester compétitif sur le plan mondial. La réforme juridique est un élément très important de la réforme et de l’ouverture de la Chine, et elle est inévitable. En tant que jeune magistrat, j’ai rencontré de nombreuses difficultés dans mon travail. La France est un pays occidental développé, qui est en même temps à l’origine du système du parquet. J’espère trouver, lors de mes études et de mon stage en France, les solutions aux problèmes que j’ai rencontrés dans ma pratique judiciaire en me fondant sur les bonnes pratiques françaises.

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MARS, mois de la francophonie Marc Kohen, Délégué Wallonie-Bruxelles en Chine

« Mars en Folie a atteint un palier Marc Kohen analyse l’évolution du festival Mars en Folie et se réjouit de la modernité du réseau des Alliances françaises en Chine.

Marc Kohen représente la Belgique francophone en Chine.

Vous êtes Délégué en Chine pour la communauté Wallonie-Bruxelles jusqu’en août 2012. Quelle était votre mission ? Ma mission consistait à créer à Pékin une délégation Wallonie-Bruxelles. Il s’agissait d’un premier poste chinois pour ma communauté. Concrètement, je suis diplomate à l’Ambassade de Belgique, où je représente la Belgique francophone – Wallonie et Fédération Wallonie-Bruxelles –, avec une autonomie quasi complète pour mener des projets dans les domaines culturel, éducatif, audiovisuel et aussi économique. Je suis arrivé en Chine il y a trois ans et demi et je termine fin août, avec ce poste, à la fois ma mission en Chine et ma carrière.

Selon vous, qu’avait de particulier cette cinquième édition de Mars en Folie ? Les dernières années, nous avons mis l’accent sur une professionnalisation de cette participation. Mars en Folie, c’est un travail collectif de quatre pays de la Francophonie  : France, Suisse, Canada-Québec et BelgiqueWallonie-Bruxelles. Nous avons démarré à un niveau très modeste. Quand je suis arrivé en mars 2009, ma première intervention se dérou-

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lait dans le cadre de la Francophonie, et l’événement était encore un événement semi-professionnel. Avec cette cinquième édition, nous avons le sentiment que, véritablement, nous atteignons un autre palier, de qualité et de professionnalisme, mais aussi, il faut le dire, un palier financier. Plusieurs éléments ont été pris en compte cette année. D’abord, le fait de diversifier le public : nous sommes présents à la fois dans des lieux dédiés à ce type d’activités, comme YuGong­ YiShan à Pékin, mais nous sommes aussi de plus en plus présents dans les universités partenaires des pays francophones. C’est un choix stratégique important. Nous touchons un vaste public, jeune, intéressé par la dimension francophone et qui a envie de se rendre en Europe. Mars en Folie, c’est plus qu’un événement simplement musical et culturel, c’est aussi, d’une certaine façon, un événement diplomatique. Cette année, nous avons décidé, d’un commun accord, d’ouvrir notre programmation à la Francophonie du Sud, c’est-à-dire que le groupe français comme le groupe belge étaient des groupes africains. Nous ne pourrons pas maintenir éternellement ce choix, mais je pense que nous nous dirigeons vers une formule qui permettrait d’accueillir des groupes de la Francophonie du Sud, même de manière modeste. Cela doit être un objectif.

Wallonie-Bruxelles est présente dans la programmation culturelle du réseau des

Alliances françaises en Chine. Quel regard portez-vous sur ce réseau ? Je voudrais remercier l’équipe de la Délégation de la Fondation Alliance française en Chine. J’ai voyagé, en Europe, en Afrique, en Amérique, et c’est ici que j’ai trouvé la collaboration la plus nette, la plus forte et la plus ouverte de la part du réseau français en général. Je m’en réjouis et je le remercie. Ensuite, il me semble que, véritablement, le réseau des Alliances françaises en Chine est porteur de projets pour l’ensemble de l’Alliance française. Notamment, maintenant, votre programmation est présentée sur un site internet avec un appel à projets en ligne, c’est remarquable ! Et si vous me dites que WallonieBruxelles est présente dans votre programmation, c’est tout simplement que nous avons signalé à nos programmateurs, à nos artistes, qu’il y avait la possibilité d’aller sur le site de la Délégation générale de la Fondation Alliance française en Chine. Ces artistes, qui ont envie de se faire connaître, ont tout de suite réagi. La première chose que je souhaiterais, c’est que ce dynamisme électronique des Alliances françaises de Chine devienne la norme des Alliances françaises dans le monde, parce que ceux qui ont répondu à votre appel pour la Chine seraient certainement très heureux d’aller en Amérique latine ou ailleurs grâce au réseau des Alliances françaises. C’est un outil remarquable et je vous en remercie.


de qualité et de professionnalisme » Au-delà de cela, je constate que vous êtes quinze Alliances en Chine, et que le maillage culturel que vous représentez est unique en son genre, en tout cas dans le monde non anglophone. Ce que je vous demande, c’est que vous continuiez à vous ouvrir au monde de la Francophonie. Vous êtes porteurs de culture française, et vous êtes aussi porteurs de culture francophone. Gardez cela à l’esprit !

Mars en Folie, une tournée musicale aux quatre coins de la Francophonie ! A l’occasion de la 17e édition de la Fête de la Francophonie en Chine, Mars en Folie 2012 a fait vibrer près de 10 000 jeunes Chinois. Les mélodies envoûtantes de Simon Nwambeben (France/Cameroun), la pop intimiste

Organisée par le réseau des Alliances françaises, les Ambassades du Canada, de Suisse, de Belgique/Délégation Wallonie-Bruxelles, ainsi que les Bureaux du Québec en Chine, la cinquième édition était très attendue et a remporté un succès sans précédent.

d’Alexandre Désilets (Canada), le funk endiablé de Manou Gallo (Belgique/Côte d’Ivoire), et les rythmes vaudou de Mama Rosin (Suisse) ont fait résonner la musique francophone dans neuf villes chinoises, pour une tournée de onze concerts.

J’ajoute que ma demande est déjà exaucée en ce qui concerne la coopération entre l’Alliance française et Wallonie-Bruxelles : un accord de partenariat international est signé depuis 2011 !

simon nwambeben pékin

alexandre désilets qingdao

yann carpentier

Propos recueillis par Rachel Blessig

manou gallo wuhan

yann carpentier

Le français est présent en Chine, mais – soyons modeste – un faible pourcentage de locuteurs le pratiquent, principalement des étudiants. Alors que l’anglais y est, comme partout ailleurs, l’outil de la communication internationale et des affaires. Il nous faut donc valoriser toutes les expressions culturelles non liées au langage. Le paradoxe, c’est que nous, francophones, avons tout intérêt à nous taire et à parler le langage du corps, du son, de l’image et de la créativité pour séduire et amener naturellement le public chinois, extrêmement curieux, à mieux connaître notre langue et notre culture. Il faut lui parler danse, cirque, musique, peinture, cinéma pour lui donner ensuite l’envie d’approfondir linguistiquement le dialogue…

af wuhan

Vous allez bientôt quitter la Chine. Quels y sont les domaines culturels prometteurs pour nous, francophones ?

8633 Matthieu Torrano

22 291 participants aux 197 manifestations organisées par les Alliances françaises de chine

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mama rosin qingdao


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Emmanuel Rousseau, Consul Général de France à Chengdu, et Narumit Hinshiranan, Consul Général de Thaïlande à Chengdu.

bai yaxiong

Zhou Yang

winnie kan

manou gallo macao

Zhou Yang

Zhou Yang

simon nwambeben CHENGDU

yang weisha

MARS, mois de la francophonie

S. E. Mme Sylvie Bermann, Ambassadeur de France en Chine, et Laurent Croset, Délégué Général de la Fondation Alliance française en Chine.


chengdu

L’Alliance enflamme le campus de l’UESTC Le 27 octobre 2011, l’Alliance française de Chengdu et l’UESTC avaient organisé pour la première fois un concert en commun, réunissant plus de 1200 étudiants passionnés de musique sur le nouveau campus de l’UESTC (University of Electronic Science and Technology of China), au nord-ouest de Chengdu. Le groupe de pop-rock cinématographique Microfilm a enflammé l’auditorium de cette université lors d’une performance exceptionnelle. Curieux de ce groupe d’artistes poitevins alliant musique et image, l’auditoire, sagement assis au début du concert, s’est laissé emporter par la dynamique du spectacle, véritable parcours sensoriel et acoustique.

plonk et replonk canton

Fortes de ce succès, l’Alliance et l’UESTC ont renouvelé l’expérience pour le concert Mars en Folie. Cette fois, ce sont des milliers d’étudiants, non seulement de l’UESTC, mais également de campus situés à proximité, dans cette banlieue nord-ouest, qui se sont pressés pour apprécier l’énergie et l’originalité canadienne d’Alexandre Désilets, le Québécois, et se laisser envoûter par les sonorités françaises et africaines de Simon Nwambeben. Après s’être laissé emporter par la voix sensuelle de Manou Gallo, le public a littéralement été conquis par le final endiablé au son du banjo du groupe suisse Mama Rosin. A la fin du spectacle, les responsables de l’Université s’interrogeaient déjà sur la date du prochain spectacle ! Anne Rulliat En haut : Microfilm. En bas : Manou Gallo.

microfilm chengdu

Sarah Taylor, Ministre-conseiller et Chef de mission adjointe de l’Ambassade du Canada en Chine.

Zhou Yang

mama rosin chengdu

manou gallo chengdu

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le dessinateur olivier tallec vu par Liu Yang, responsable des livres illustrés chez Qifa

« Il éveille la tendresse des lecteurs avec ses couleurs » En quelle année a été créée votre maison d’édition ? Notre maison d’édition, spécialisée dans la jeunesse, a été créée en 2007. C’est la branche en Chine continentale de la société Maike. N o u s a vo n s obtenu des prix pour nos a lbums pour enfants.

Quelle est votre opinion sur l’édition française ? En France, que l’on soit une petite ou une grande maison d’édition, le système fonctionne. Bien sûr, en tant que responsable dans une maison d’édi-

tion chinoise, j’espère réaliser des échanges avec la France. Et il y a un besoin urgent dans le domaine visuel de s’ouvrir à l’international. D’un autre côté, pour faire de l’édition, il faut partir des lecteurs.

teurs (les enfants) et les acheteurs (les parents) sont distincts. C’est pourquoi il est inévitable que certaines maisons d’édition ne cherchent qu’à flatter le goût des parents. Bien sûr, en éditant à destination des enfants, la voie est peut-être plus lente, mais je suis sûre que nous irons plus loin.

Comment coopérez-vous avec les éditeurs étrangers ? Nous obtenons le copyright en

Quelle est l’actualité des publications pour enfants en Chine ? En Chine, l’édition jeunesse est extrêmement active. Les maisons d’édition pour la jeunesse se font une concurrence acharnée. Le marché de la jeunesse est particulier : les lec-

chinois simplifié via des agences de droit de la propriété littéraire, comme pour la publication de Mer-

credi à la librairie (Sarbacane). Quels sont vos critères de sélection pour les albums à publier ?

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che yapeng

Ci-dessous, Tallec à l’auditorium de l’Institut français de Pékin. Ci-dessus, extrait de « Rita et Machin » (Gallimard jeunesse).


ses éditeurs chinois

Extraits de « Grand loup et petit loup » (collection Père Castor, Flammarion). Nous avons des partenariats avec de grandes maisons d’édition et agences de droit de la propriété littéraire. Et, comme notre société a une bonne réputation dans ce domaine, elles viennent nous présenter des œuvres et, en même temps, nous cherchons et négocions activement les œuvres qui nous intéressent. Nous avons déjà publié des livres en anglais, français, japonais, allemand, etc.

Quelles œuvres d’Olivier Tallec avezvous publiées ? En avril 2010, nous avons publié son livre Il faudra et, en avril 2012, Mercredi à la librairie. Les textes de ces deux livres sont excellents et, par les dessins d’Olivier Tallec, encore plus touchants. Ses dessins, qui ont un effet magique, rapprochent chaque lecteur de l’histoire. Ainsi, avec ces deux livres, nous espérons donner aux familles chinoises plus de courage pour affronter la vie avec espoir et confiance.

Avez-vous déjà introduit des œuvres illustrées par d’autres auteurs français ?

principalement des œuvres de grands dessinateurs, comme le Français André Dahan. Cette année, nous présentons un autre dessinateur français, Eric Battut. Je pense que ces trois dessinateurs transmettent toutes sortes d’émotions aux lecteurs par leurs dessins et leurs histoires. Et je sais qu’il y a encore beaucoup de créateurs aussi talentueux qu’eux en France. J’espère avoir l’opportunité de présenter leurs œuvres en chinois en Chine.

Les sujets de « Mercredi à la librairie » et de « Il faudra » sont sérieux : la mort, la vie, la guerre… Avant, les parents chinois ne voulaient pas parler de ces sujets avec leurs enfants, mais, avec le développement de l’édition jeunesse, nombreux sont ceux qui s’y intéressent. De plus, bien que les deux livres parlent de sujets difficiles comme la guerre et la mort, ils parlent aussi d’espoir. Par exemple, dans Il faudra, la force d’une nouvelle vie, c’est l’espoir ; dans Mercredi à la librairie, la petite fille attrape le « relais » du vieux monsieur, c’est aussi l’espoir.

Selon vous, quel est le message que le dessinateur veut transmettre par ces livres ? Qu’est-ce qui le rend particulier ?

Olivier Tallec n’a pas participé à la rédaction des histoires de Mercredi à la librairie et Il faudra, et pourtant, quand vous lisez ces deux livres, vous trouvez que, par ses dessins, il raconte et distille l’histoire. C’est un des pouvoirs des albums. Olivier Tallec transmet, par ses dessins, le message de l’auteur : la beauté, l’espoir, la sollicitude entre les gens. En un mot, c’est l’amour de la vie. Son style de dessin est particulier : libre à la française, il utilise des couleurs très vives, comme le rouge dans Il faudra et le jaune dans Mercredi à la librairie, qui éveillent la tendresse des lecteurs. En même temps, ses dessins sont pleins d’humour, comme dans Mercredi à la librairie, où le fauteuil sur lequel le vieux monsieur à la librairie s’assoit semble être composé en pain, qui rend le dessin particulièrement touchant.

Pourquoi ses dessins ont-ils connu un succès en Chine ? Sans pour autant entrer dans les moindres détails, ses dessins prennent en compte tous les aspects de l’histoire. Avec des dessins aussi vivants et intelligents, des choix de couleurs très vives, et surtout un cœur d’enfant, Olivier Tallec est un dessinateur original que nous adorons !

N o u s publions

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olivier tallec vu par ses éditeurs

Extraits de « Grand loup et petit loup » (collection Père Castor, Flammarion).

ZHANG Zhi et LIU Yanbo, éditionS de littérature rurale

« Son style original est très rare en Chine » Présentez-nous votre maison d’édition. La maison d’édition de littérature rurale a été créée en 1958. Elle édite principalement des ouvrages dans les domaines de la vie, de la culture, et des albums jeunesse.

Comment voyez-vous l’édition française ? Nous n’avons pas eu beaucoup de contacts avec les éditeurs français. La série Rita et Machin a été introduite par une agence du droit de la propriété littéraire. Notre goût en littérature jeunesse occidentale est celui des dessins originaux et accessibles aux lecteurs chinois. Par exemple, nous avons choisi la série Rita et Machin de Tallec pour l’originalité des dessins, à la fois sympathiques et humoristiques, ce qui est très rare en Chine. Nous apprécions les oeuvres innovantes et inventives. Dans ce sens, la France nous montre l’exemple.

Comment se porte l’édition jeunesse en Chine ?

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Il y a une maison d’édition spécialisée jeunesse, et des éditeurs généralistes ou spécialisés dans d’autres domaines qui publient aussi des ouvrages pour enfants. La Chine, comme la France, est une nation riche d’histoire et de culture ; l’édition jeunesse s’est plus développée que les autres domaines de l’édition. Par ailleurs, un grand nombre d’oeuvres étrangères sont également introduites en Chine.

Comment coopérez-vous avec les éditeurs étrangers ? Nous trouvons des partenaires à l’occasion des différents salons du livre ou via des agences. Nous avons déjà collaboré avec Nagaoka Book­store et l’Association de l’agriculture et de la culture du Japon, Jigyung Publishing de Corée du Sud et la Maison de la publication de la Grande-Bretagne. Evidemment, il y a aussi la France. Nous souhaitons continuer à développer nos partenariats à l’international.

Quels sont vos critères de sélection pour la publication d’albums jeunesse ? Les critères principaux sont : l’histoire, la narration, l’humour et l’adéquation à l’âge de la clientèle. Il y a également le style du dessin, l’expression, l’interprétation, etc. Nous envisageons aussi de faire appel à des spécialistes en littérature jeunesse et en sociologie, afin de pouvoir donner aux enfants le plaisir de la lecture et les aider à se forger un caractère optimiste.

La série « Rita et Machin » est très riche en informations. Croyez-vous que les sujets conviennent aux enfants chinois ? Cette série d’œuvres touche certaines situations de la vie quotidienne des enfants en racontant d’une manière simple des histoires qui sont plus ou moins identiques, que les enfants vivent en ville ou à la campagne. Dans cette série, les albums se suivent naturellement et de façon amusante. Les lecteurs trouvent des situations à la fois parallèles et exotiques, qui


chinois nankin

Les Nankinois ont fêté l’Europe Le 11 mai dernier, l’Alliance française et la Chambre de commerce de l’Union européenne ont invité les Nankinois à fêter la Journée de l’Europe. Cette deuxième édition a été organisée en présence du Vice-Maire de la Ville de Nankin, Zheng Zeguang, de Marianne Gumaelius, de la Délégation de la Commission européenne à Pékin, d’Emmanuel Lenain, Consul général de France à Shanghai, et de son homologue italien, Vincenzo De Luca.

leur transmettent des points de vue différents de ceux de leur pays. L’apparente simplicité de la narration facilite à la fois la compréhension des jeunes lecteurs, le transfert dans la vraie vie et un meilleur partage entre parents et enfants.

Ce sont plus de 17 entreprises européennes, 4 consulats généraux ou représentants de régions européennes, et 9 organisations culturelles et éducatives européennes qui ont pu présenter leurs offres et qui ont échangé avec un public essentiellement étudiant ou tout juste diplômé. Labellisé par la Commission européenne dans le cadre de l’année du dialogue interculturel UE-Chine 2012, cet événement a rassemblé 600 personnes. La journée s’est terminée autour d’un buffet 100% européen.

Les dessins de la série se distinguent par des traits simples et précis, avec des couleurs vives, qui correspondent bien au goût des enfants. Ils peuvent ainsi « lire » les albums et entrer avec facilité dans ces histoires.

Selon vous, quel est le message que le dessinateur veut transmettre par ses livres ? Pourquoi ses dessins ont-ils connu un succès en Chine ? Son style reflète la personnalité du dessinateur : il est timide, profond, naturel, délicat et foisonnant. Pour les jeunes lecteurs, il faut des oeuvres simples et vivantes. Tallec développe ce sens à la perfection. Ses dessins sont simples, et très expressifs. Sa maîtrise du dessin, des traits et des couleurs reflète sa compréhension et sa réflexion profondes pour la vie. Comme ces histoires illustrées sont proches des lecteurs, pour les adultes comme pour les enfants, la série est un choix attractif, pouvant être lue et relue avec plaisir. Dans la Chine actuelle en pleine mutation, cette excellente série de Tallec répond à l’exigence croissante de qualité dans le domaine de la littérature jeunesse. La simplicité, la précision, la délicatesse, et la narration de tous les livres d’Olivier Tallec conviennent parfaitement aux besoins des lecteurs chinois.

En haut : Xavier Leroux, Directeur de l’Alliance française de Nankin, et Patricia Enzmann, Directrice de la Chambre de Commerce de l’Union européenne à Nankin. Au milieu : Emmanuel Lenain, Consul général de France à Shanghai (en arrière-plan) et son homologue italien Vincenzo De Luca ; Zheng Zeguang, Vice-Maire de Nankin. En bas : les stands de la Fête de l’Europe. photos : nicolas harter

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shanghai

20 ans de présence francophone L’Alliance française de Shanghai a fêté ses vingt ans ! Le 26 avril dans une salle emblématique, le Lyceum Theater, où 700 spectateurs se sont massés pour écouter le tonitruant Laurent Couson ; le lendemain à l’Alliance pour la cérémonie officielle.

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e 26 avril, l’équipe culturelle a pris quelques risques en poussant l’Alliance française de Shanghai, une jeune fille somme toute très sage de vingt printemps, dans les bras d’un artiste qui avait comblé le public parisien avec son premier spectacle, dont le titre, Monsieur Luxure, prêtait à inquiétudes. Le jeu en valait la chandelle : le public shanghaïen et la presse locale, réputés « durs » - même si le terme « exigeants » est sans doute plus approprié - ont réservé à Laurent Couson un accueil des plus enthousiastes. Trois rappels, de très élogieux retours de presse, de nombreuses demandes d’interviews avec, en point d’orgue, une heure d’émission sur ICS, ont en effet imprimé un peu plus à Shanghai la griffe d’un artiste de grand talent qui, quand il ne parcourt pas les scènes du monde entier, compose les musiques des films de Claude Lelouch et, plus récemment, de Luc Besson. C’est d’ailleurs le

grand écran qui donnera l’occasion à Laurent Couson de revenir en Chine puisque des producteurs, venus de Pékin pour l’occasion, lui ont Laurent Couson, ici à l’anniversaire de l’Alliance d’ores et déjà pro- française de Shanghai, pourrait retrouver la scène posé de composer shanghaïenne à l’automne. la musique de leur prochain long-métrage. Hasard du préparé par les étudiants et le chef calendrier, Laurent Couson pourfrançais Thibault Kapeluche, que rait à cette occasion retrouver la l’Alliance française de Shanghai était scène shanghaïenne pour le festival un lieu où il faisait bon boire et mande jazz de la ville, à l’automne. ger. Le vin a coulé à flots, comme toujours dans les limites sans cesse 6 600 étudiants différents repoussées du raisonnable. Associé à en 2011 ce cocktail de haute tenue, le vernissage de l’exposition Déserts de sables et Dans une ambiance plus intime - la de glaces a été l’occasion d’une explosalle Marseille ne pouvant raisonnaration photographique du Sahara, blement accueillir plus de cent vingt avec les plus belles images de Berny personnes –, l’Alliance française s’est et d’Alain Sèbe, et des pôles, avec les retrouvée dans ses murs le vendredi incroyables clichés de Yong Yanping, 27 avril pour célébrer de manière infatigable explorateur chinois des plus protocolaire son vingtième contrées polaires. En fin de soirée, anniversaire. Pasdans le prolongement des ambiances Au Lyceum Theater, le public shanghaïen a réservé à sés les discours Laurent Couson un accueil des plus enthousiastes. sahariennes, le merveilleux Abaji officiels qui ont nous a plongés au cœur de l’Orient, été l’occasion de à l’occasion d’un concert qui fut sans retracer vingt ans doute, aux dires des anciens, le plus d’engagement au chaleureux que l’Alliance française service de la cause ait vécu. francophone, les invités chinois et français de cette soirée ont rappelé à notre bon souvenir, autour d’un cocktail dînatoire

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En vingt ans, l’Alliance française de Shanghai a connu une progression exceptionnelle et s’est imposée, avec plus de 10 000 inscriptions annuelles, 6 600 étudiants différents en 2011, 44 salles de classe toutes


TIANJIN

Qualité et professionnalisation

Sébastien Ruggiero

Qualité, professionnalisation, excellence, tels ont été les maîtresmots de ces fructueuses journées de travail. Et c’est bien entourée que la jeune Alliance française de Tianjin a eu, au plaisir d’organiser et d’accueillir, pour la première fois sur ses terres, une formation du Réseau, le bonheur de fêter, en famille, son anniversaire dans la très élégante Brasserie Flo de Tianjin. Un baptême remarqué pour cette petite Alliance qui joue déjà… dans la cour des grands. Juliette Salabert Anne-Marie Rousseau, formatrice de l’Alliance française Paris Ile-de-France, et les responsables pédagogiques des Alliances lors de la formation à Tianjin en avril 2012.

wang bei

équipées en TBI, et plus d’une centaine d’employés, comme l’un des fleurons de notre réseau. Ce vingtième anniversaire fut ainsi l’occasion de célébrer une réussite à la mesure d’une ville démesurée, dans une ambiance festive, mais sans nostalgie excessive, malgré la très amicale présence des trois anciens directeurs, Claire-Lise Dautry, Olivier Salvan et Eric Saldinger. C’est en effet de notoriété publique  : Shanghai est une ville ostensiblement tournée vers le futur. Ce regard fixé vers l’avenir et le grand large y constitue le terreau de toutes les réussites. Certes, la relation avec l’Université du temps libre de Hong­kou, le partenaire de l’Alliance française de Shanghai, est exemplaire et lui offre une sérénité institutionnelle sans laquelle rien n’est envisageable. Certes, et bien sûr, cette réussite s’appuie sur le formidable professionnalisme des équipes administratives et enseignantes qui, depuis vingt ans, accompagnent le destin de l’établissement avec passion et dévouement. Certes encore, l’Alliance française de Shanghai appartient au dynamique réseau des Alliances françaises en Chine, qui puise sa force dans sa diversité et qui porte chacune d’entre elles. Mais on ne peut réellement appréhender la réussite de l’Alliance française de Shanghai sans la replacer dans le contexte d’une ville débordante d’énergie et de croissance, où tous les projets sont possibles à la condition de rester sur le sommet d’une vague toujours plus vertigineuse.

Pour souffler ses deux bougies, l’Alliance française de Tianjin s’est offert le luxe d’inviter des experts à sa table. L’Alliance a en effet accueilli au mois d’avril dernier Anne-Marie Rousseau – Alliance française de Paris Ile de France – pour une mission d’audit sur le secteur pédagogique de la nouvelle Alliance. Cette venue a été couplée avec une formation marketing, « Méthodes et outils pour la bonne gestion d’un établissement de cours », spécialement destinée aux responsables pédagogiques du Réseau Chine.

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HANGZHOU

Depuis sa création en 2008, l’Alliance française de Hangzhou s’est constitué un réseau d’une trentaine de partenaires et mécènes, principalement chinois, qui ont permis de doubler son budget culturel.

S

i le maillage de partenaires de l’Alliance française de Hangzhou est l’effet de son ambition culturelle, via l’organisation d’événements nombreux, variés et de qualité (75 par an, dont 35 hors les murs en 2011, dont 5 événements Croisements), il illustre également la vitalité de la ville de Hangzhou, ville de culture. A chaque année son lot de projets et de partenariats réguliers ou innovants, rendus possibles, aussi, par une présence renforcée de l’Alliance sur les réseaux sociaux chinois et le web 2.0 (Weibo et Douban : les Twitter et Facebook chinois). L’intention de l’Alliance est évidemment de les pérenniser, de les valoriser, tout en remplissant sa vocation de promotion de la culture française et des échanges culturels sino-français.

Le mécénat local Le mécénat local est le principal bailleur de fonds extérieur de l’Alliance. Exemple emblématique d’un partenaire et mécène prestigieux : la Ville de Hangzhou et son Festival d’animation international (CICAF) ont travaillé avec l’Alliance et l’Ambassade pour organiser une journée française (projection suivie d’une rencontre) durant le festival, parallèlement à la diffusion de plusieurs films français. Le CICAF a ainsi invité Tiziana Loschi (directrice du Festival d’animation d’Annecy) en 2012, Michel Ocelot (réalisateur) en 2011, des bdistes, dont

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Anouk Ricard et Emile Bravo en 2010 et 2009, prenant en charge les transports internationaux et nationaux, ainsi que l’hébergement. Si la volonté du CICAF est de rayonner et de développer les échanges avec la France, l’intérêt, pour lui, est aussi d’avoir un événement clef en main géré par l’Alliance. Celle-ci offre ici son expertise dans l’ingénierie culturelle  ; elle est «  facilitateur  », relais avec les invités français et relais de la communication auprès de ses publics. Fort de cette collaboration réussie, le Festival a aussi souhaité s’associer, en décembre 2011, à la troisième Semaine de cinéma français de l’Alliance, organisée avec l’Ambassade (projections de films français d’auteurs durant neuf jours dans un cinéma, suivies de rencontres), fournissant l’hébergement et le transport local des invités : Yves Lavandier, réalisateur, et Eric Riewer, représentant de l’école des Gobelins, en 2011, Amos Gitai en 2010... Autre exemple de mécénat local  : le quotidien City Express (Doushi Kuaibao, tiré à un million d’exemplaires), qui s’est approché de l’Alliance en 2011 pour organiser une Semaine française de Hangzhou. A une première édition 2011 de taille réduite a succédé une deuxième édition, fin 2012, avec un programme étoffé  : conférences, projections, concerts... Du groupe électro-rock Nasser (devenu phénomène musical en Chine) à l’ensemble de musique

Liang Cicong

Culture « mécénat » A la Semaine française de Hangzhou, le 25 avril 2012. baroque Stradivaria, en passant par la projection de courts-métrages des Gobelins et d’Annecy : en cinq jours, six expositions et douze événements ont réuni plus de 1200 spectateurs et attiré de nombreux médias chinois. Dernier exemple, le théâtre Red­ star, partenaire précieux de l’Alliance et du Consulat de Shanghai, s’est positionné à la pointe de la danse contemporaine française, en accueillant des spectacles de danse français : Electro Kif de Blanca Li en 2012, Cinématique d’Adrien M. en 2011, alors premier événement français de danse à Hangzhou. Ces nombreuses collaborations, parmi tant d’autres, comme avec le Musée des Beaux-Arts du Zhejiang, sont le fruit d’une relation de confiance construite dans la durée avec l’Alliance.

Le mécénat français Il y a peu d’entreprises françaises à Hangzhou. L’Alliance doit être inventive. La coopération décentralisée est une piste de mécénat, rendu difficile par le contexte de la crise, mais encore possible notamment lorsque les villes sont jumelées  : exemples de l’Alliance de Dalian avec Le Havre, et des Pays de la Loire avec le Shandong. Si l’Alliance de Hangzhou a pu bénéficier du concours de la Ville de Nice, jumelée à Hangzhou, pour trois pro-


Liang Cicong

Premier, deuxième et quatrième prix du concours « rouge, bonheur et vin ». Laure Vaissermann, responsable médias pour Inter-Rhône, l’interprofession des vins AOC côtes-du-rhône et vallée du Rhône

Aussi l’Alliance Hangzhou a-t-elle su nouer des liens avec des partenaires inédits. Pour exemple, à l’initiative d’Inter-Rhône (association représentant les vins de la vallée du Rhône), un concours de graphisme a été organisé en collaboration avec l’Académie des Beaux-Arts de Chine et le Hi-Center (centre d’échanges sino-étrangers). Il s’agissait, pour les élèves de l’Alliance et des BeauxArts, de créer une œuvre sur une thématique précise : rouge, bonheur et vin (lire l’encadré). A la clef : pour le lauréat, un voyage en France, à Avignon, pendant le Festival ; et pour les autres, selon leur classement, des bouteilles de vin et des billets offerts pour des spectacles français Croisements. Si l’Alliance a été le relais dans le choix des partenaires et dans la communication, Inter-Rhône a financé le voyage en France et la logistique du concours. Ces exemples, parmi tant d’autres, illustrent les possibilités de partenariat avec une Alliance française, la force de son expertise et de ses relais, son pouvoir d’attraction, la qualité de sa programmation. Ils montrent la capacité d’intégration d’une Alliance française dans sa ville en Chine : municipalité, festi-

« L’Alliance, pont entre les cultures chinoise et française » Pourquoi avoir été à l’initiative d’un concours de graphisme ? Partenaire depuis plus de vingt ans du Festival d’Avignon, les vins de la vallée du Rhône sont liés à l’univers de la culture. Ce lien se traduit par l’accueil d’artistes dans la Maison des vins, ainsi que dans les caveaux du vignoble. Il se traduit également par des initiatives comme le concours d’art réalisé ce printemps à Hangzhou en partenariat avec l’Alliance, le Hi-Center et l’Académie des Beaux-Arts de Chine. En demandant à des étudiants chinois de travailler dans leur discipline (graphisme, communication visuelle, etc.) à partir de la cou-

leur rouge (rapport à la couleur de 85 % de nos vins) et du bonheur (rapport à notre slogan), nous souhaitions montrer que le vin n’est pas seulement une affaire de spécialistes. Grâce aux candidats qui nous ont offert leur talent et leur créativité, ce concours a été l’occasion de prouver, une fois encore, que la culture traverse les frontières, tout comme le plaisir procuré par nos vins ! Le résultat est impressionnant, à tel point qu’il a été difficile de départager les œuvres. Beaucoup de recherche, une grande justesse et une forte implication des étudiants, qui ont su mettre d’accord un jury pluridisciplinaire chinois et français. Ces œuvres

vals, médias, théâtres, galeries, bars, universitaires, intellectuels, francophones de professions variées (vin, eau, électronique, etc.). Une Alliance française côtoie des mondes divers et s’enrichit à leur contact. A travers le partenariat ou le mécénat, notamment en période de crise, la culture est le moyen idéal pour rayonner et renforcer son image, en Chine comme ailleurs, dans les villes principales et secondaires, où les Alliances françaises savent mobiliser les énergies.

voyageront d’abord en Chine à travers l’Alliance française, puis en France pendant le Festival d’Avignon, et sur le web et les réseaux sociaux. Pourquoi avec l’Alliance française ? L’Alliance française nous est apparue comme le partenaire idéal : véritable pont entre les cultures chinoise et française, elle nous garantissait la construction de relations solides et constructives avec nos interlocuteurs culturels chinois. Par ailleurs, nous souhaitions pouvoir nous appuyer sur la force d’un partenaire dont le maillage sur le territoire chinois offrait une vraie caisse de résonance à cette initiative.

Emmanuel Lenain, Consul général de France à Shanghai, remet les Palmes académiques à Ying Yaping, directeur chinois de l’Alliance française de Hangzhou. Liang Cicong

jets en trois ans, elle a surtout profité des effets des partenariats français du réseau des Alliances françaises et de la Délégation générale à Pékin, notamment avec les villes et les régions (pour des tournées musicales) et avec les festivals français (pour les expositions et les projections).

La culture, avec l’Alliance, c’est un pont qui ouvre des portes ! Alexandre Labruffe

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Vieille famille française de souche ; L’ouverture de la chasse ; Paris 1889, la pose du troisième étage de la tour de Monsieur Eiffel.

canton

L’univers loufoque de Plonk t Connaissiez-vous l’inventeur de la clé sous le e paillasson ? Et le championnat du monde de flou artistique ? Non ? Alors, bienvenue dans le monde R p n l e o k de Plonk et Replonk ! O rganisée en collaboration avec le Consulat suisse à Canton, l’exposition «  Plonk et Replonk  » est une aventure qui débute comme les autres : réception des œuvres par fichiers électroniques avec traduction programmée des légendes en mandarin pour un accrochage prévu le mois suivant dans la galerie de l’Alliance. Pourtant, la réalisation de l’exposition a ses exigences propres. L’impression doit se faire sur papier coton : transmission du cahier des charges à l’imprimeur, discussions, échantillons, aller-retour, puis livraison d’un spécimen. Accord sur le papier et sa texture… mais l’image n’est pas tout à fait celle de la carte postale : les montagnes suisses ont changé de couleur, le ciel bleu n’est plus aussi bleu, les costumes sont défraîchis, bref, l’image n’est pas celle de la carte postale de Plonk et Replonk. Retour chez l’imprimeur pour se rapprocher le plus possible du rendu de l’image tel que le fichier est en mesure de la restituer sur l’écran de l’ordinateur. L’impri-

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meur travaille alors d’arrache-pied pour se rapprocher au plus près des couleurs de la trentaine d’œuvres qui ont été attribuées à l’Alliance de Canton. Celui dont on attend les tirages avec impatience entre alors insensiblement dans l’univers de Plonk et Replonk : en blouse grise, il s’échappe de son échoppe, traverse, à vélo, les sacoches remplies de pinceaux, les vieux quartiers de Canton, puis coupe par Beijing Lu pour rejoindre Dongfeng Lu en pestant contre les charrettes à bras qui l’obligent à baisser la tête sous les lianes des banians centenaires. Il repartira avec le « bon à tirer » : patience à nouveau.

Chaque sentence pourrait illustrer une règle du Grevisse Dans le même temps s’engage une seconde partie, pour laquelle une date limite a été fixée, qui consiste à traduire les textes qui accompagnent les images : une trentaine de légendes à « faire passer » d’une langue à l’autre. Rédigée en français soutenu, chaque

sentence pourrait illustrer une règle du Grevisse. Phrases nominales ou elliptiques, « Vieille famille française de souche », « Métiers d’antan – La Berceuse de marmottes », « Bistrot lyonnais, la paisible attente de l’arrivée du Beaujolais nouveau… », celles-ci malmènent avec humour les images du passé… D’autres légendes sont plus brèves encore et s’imposent comme les titres des tableaux dans les salons de peinture d’autrefois : « L’Ouverture de la chasse », « Le Fantôme de l’Apéro », « Flèche perdue »…

Dans cet hommage à la langue française qui, de manière inattendue, fait de cette exposition une exposition double, certaines légendes sont comme des « incipit » incitant le visiteur à faire plusieurs aller-retour entre le texte et l’image, comme dans cette œuvre issue de la série n°3 de Canton. « Allibert Zeimer, l’inventeur de la clé sous le paillasson testant son invention sur lui-même  » suscite un intérêt immédiat par le rapport entre le texte et l’image. Le texte provoque le rire, l’image déclenche


La onzième manche ; Paysans remettant de l’herbe dans le pré après l’hiver ; Retaille et cloutage des langues de bois...

l’hilarité… ou bien l’inverse. Il en va de même pour une carte postale retouchée et intitulée « Paris 1889, la pose du troisième étage de la tour de Monsieur Eiffel » : le va-et-vient entre le texte et l’image est nécessaire pour découvrir la supercherie qui s’est glissée dans l’image…

Toutes les légendes font mouche Richesse du vocabulaire, emprunts à des lexiques désuets (« Travaux et saisons. Retaille et cloutage des langues de bois avant les élections nouvelles »), alliant le passé et le présent (« La minute des visites, clinique pour hyperactifs du Dr Baum…  », «  Education nationale et discipline : retour aux valeurs fondatrices de la république ») : toutes les légendes font mouche. Certaines prennent même une dimension poétique lorsqu’elles servent le thème éternel du « temps qui passe » en mêlant sciences et arts décoratifs : « La Salle de contrôle du passage des années » est l’image onirique d’une salle de contrôle ornée de motifs géométriques qui devient, sous le ciel étoilé, une salle de palais oriental, fortement marquée par l’esthétique de la fin du XIXe siècle. Lorsque l’exposition est accrochée sur les murs de la galerie, les œuvres peuvent se lire par leur format identique et leur dominante polychrome comme une fresque «  historique  », une histoire de l’Europe dont le centre serait la Suisse. Pourtant, les

images se succèdent sans lien direct, indépendantes, faisant jaillir de l’entente entre le texte et l’image des tableaux où l’imaginaire prend parfois le pas sur la réalité. Des univers à eux tous seuls : montagnes suisses, fermes d’alpage, travaux des champs, ou bien des scènes de la vie urbaine dont les cartes postales illustrent la nouvelle topologie avec ses perspectives et ses avenues rectilignes : ces images du passé sommeillaient dans de vieux albums photos jusqu’à ce que Plonk et Replonk s’en emparent et leur donnent un nouveau sens, comme dans cette œuvre où ils évoquent « le bruit de la rumeur » qui, dans les villes modernes, fait émerger des peurs irrationnelles : « … Des éléphanteaux lâchés dans les égouts par des inconscients ont proliféré et muté. Ils s’attaquent aux vieilles dames en plein jour. » Ou bien, sur un ton plus léger, ils créent cette image décalée et drolatique de la jeune femme « promenant son chien, sa voiture et son amant dans le parc ». Quelquefois même, les artistes nous attirent sur la lune, où les cosmonautes (toujours dans la série n°3) attendent les pompiers et nous renvoient au désarroi des voyageurs de l’espace.

Jeux de mots quasi problématiques pour l’interprète Première étape du parcours des auteurs de l’exposition en Chine continentale, le vernissage à Canton fut l’occasion de mieux connaître

Plonk et Replonk et d’abord l’un de ses membres fondateurs, Hubert Froidevaux, qui, sur la scène de la salle Malraux, a vite fait de nous entraîner dans l’univers du collectif en nourrissant la rencontre avec le public de jeux de mots et de phrases quasi problématiques pour l’interprète, avec toujours ce goût pour le non-sens et l’ironie qui sont sa « marque de fabrique » : aux cartes postales retouchées s’ajoute le monde spirituel de Plonk et Replonk. Ambiance détendue et échanges pleins d’humour entre le Consul général de Suisse à Canton, M. Ulrich Hunn, et Hubert Froidevaux sur les possibles origines du nom « Plonk ». Accompagné de deux membres de l’équipe, ce dernier laisse ensuite à ses collaborateurs le soin de détailler le processus artistique de création des œuvres, en particulier le travail méticuleux de retouche accompli par Mireille Stämpfli et celui de la gestion du collectif réalisé par Julien Moeschler. Le public cantonais est captivé à la fois par l’image que cette exposition lui renvoie de la Suisse et par l’originalité de la démarche artistique. Soudain, comme un happening, Hubert Froidevaux lance la projection de courts métrages truculents : des oreilles de lapin déclenchent les rires dans la salle et placent définitivement la Fête de la Francophonie sous le signe du divertissement. Jean-François Hans

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E

xposer des photos grand format sur la prestigieuse Avenue of Stars, la promenade en bord de mer la plus célèbre et la plus fréquentée de Hong Kong, exige de faire face à de nombreuses contraintes logistiques et techniques. Mais nous savions depuis le début, à l’Alliance française, que le jeu en valait la chandelle.

L’exposition, intitulée «  Playgrounds », était un hommage à trois photographes français, Stéphane Couturier, Alain Bublex et Gilbert Garcin, qui apportent une certaine poésie à notre univers quotidien, en créant des paysages urbains où s’entrecroisent réalité, fiction et abstraction. «  Réalité est Créativité » semble être leur devise. A tra­ vers leur imagination confrontée au monde réel, paysages, cités, usines se transforment soudainement en un monde surréel, à la limite du virtuel.

Stéphane Couturier : Melting Point La ville, l’industrie, les paysages construits sont, pour Stéphane Couturier (né en 1957), un moyen de questionner le rapport de l’œuvre au sujet représenté. Ce double aspect – l’investigation documentariste indissociable de la recherche plasticienne – caractérise l’ensemble de son œuvre photographique. Dans ses premiers travaux, il capture la cité en mutation : celle des grues,

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Photographes français A la suite du grand succès, l’année dernière, de l’exposition en plein air des photos de Philippe Ramette, l’Alliance française de Hong Kong a de nouveau présenté une exposition de photographie française sur l’Avenue of Stars. Un vrai défi ! des échafaudages, des tuyaux et des matériaux de construction. Plutôt que d’isoler un bâtiment en tant qu’objet architectural, il s’efforce de souligner le contexte dans lequel il s’insère. Car pour Stéphane Couturier, la ville est un chantier sans cesse modifié, un organisme vivant dont il s’agit de mettre à nu les entrailles, que ce soit Berlin, La Havane, Séoul ou San Diego. De ce dévoilement théâtral des strates et des trames qui composent le tissu urbain naissent des images à grille de lecture multiple : tout à la fois plastique, documentaire, urbanistique et socio­ logique. Avec la série la plus récente, Melting Point, le caractère documentaire est encore présent, mais la simple célébration de la beauté ne suffit plus. Il s’agit ainsi de faire dériver l’aspect documentaire de la photographie, de déplacer et dépasser sa dimension narrative tout en gardant intacts les éléments documentaires qui la composent : la réalité n’est plus faite de choses isolées, aux formes géométriques fixes, elle est devenue une réalité de flux, en mouvement et transformation continus. Comme dans les photographies des usines Toyota ou Alstom, l’idée est d’associer deux phases de la chaîne de montage pour renforcer l’image de la complexité du processus industriel en gestation. Ces photographies

voudraient faire sentir le mouvement, la sonorité, l’hybridité de cette nouvelle modernité. La dimension humaine elle-même est interrogée : tel Charlie Chaplin dans Les Temps modernes, quelle est la place de l’homme dans ce monde robotisé, efficace, rationnel ? Ces photographies voudraient interroger notre perception du monde, pris constamment dans un entre-deux temporel, entre document et fiction, entre réalité tangible et réalité virtuelle.

Alain Bublex : Plug-in City Né à Lyon en 1961, Alain Bublex étudie d’abord à l’Ecole des beauxarts de Mâcon, puis à l’Ecole supérieure de design industriel de Paris, avant d’entrer à la Régie Renault comme designer industriel. Mais l’expérience ne le convainc pas, et en 1992, il décide de devenir artiste. Alain Bublex base son travail sur la pratique de la fiction. Dès lors, sa création s’étend sur un large éventail de projets.

Plug-in City (2000) est l’un des g r a n d s travaux de Bublex, qui lui a été inspiré par Peter Cook, un mem-

Avec l’aimable autorisation de la Galerie GP&N Vallois, Paris

Avec l’aimable autorisation de la Galerie Polaris, Paris

La Havane, de Stéphane Couturier (série Melting Point), 2006.

Hong Kong


bre du groupe expérimental Archigram. Dans son projet, Archigram 1964, Cook avait imaginé une ville composée de cellules standardisées et connectées les unes aux autres. En 2000, Bublex poursuit ce travail, mais ce sont des cabanes de chantier (comme celles fabriquées par Algeco) qui remplacent les cellules de Peter Cook. Utilisées pour répondre à des besoins domestiques (agrandir un appartement, par exemple), elles partent à l’assaut des immeubles et prolifèrent de manière anarchique sur les façades, les monuments et autres infrastructures.

Plug-in City est un projet fascinant, une fiction ancrée dans la réalité. Mais c’est aussi une ville en transformation complète et le travail photographique a pour but de documenter ces transformations. Ce sont des états éphémères saisis par la photographie. Bublex est en fait autant architecte, chercheur, inventeur, mécanicien, charpentier, metteur en scène que photographe et, dans son processus de création, le texte, le dessin, l’installation ont une égale importance. On ne peut cependant s’empêcher, en regardant ces villes imaginaires, de penser à un grand e n f a n t jouant avec son jeu de Lego, et c’est ce qui nous plaît dans son travail : une certaine nosta lg ie

de notre enfance, et aussi la sensation que tout est possible, que la réalité peut se plier à toutes les fantaisies de notre imagination.

Le petit théâtre de Gilbert Garcin Monsieur Garcin, alias Mister G, comme le surnomme sa galeriste Christine Olier, est un jeune premier qui a fêté en 2009 ses 80 ans avec une grande rétrospective de quatrevingts photographies. Né en 1927, c’est à 65 ans, à l’âge de la retraite, qu’il a soudainement décidé de vivre une autre vie. De vieux monsieur, il est devenu jeune premier et, dès ses premières expositions, a étonné tout le monde. Personnage atypique, il se met en scène dans différentes situations à la limite du réel et ne cesse de jouer avec son imagination à travers des photomontages en noir et blanc, courses après le temps dans des labyrinthes sans fin, illustrant l’absurdité de la condition humaine avec un humour de philosophe désabusé. La critique d’art Armelle Canitrot trace de lui un portrait saisissant :

« Visage de père tranquille, crâne respecta­ blement dégarni, cravate discrète sur une chemise rayée, gabardine anthracite, pantalon foncé et soulier noir, cet ancien patron d’une fabrique de luminaires a l’allure du parfait septuagénaire au-dessus de tout soupçon. Débris rescapés du Meccano de son fils, bouts de ficelles et petits cailloux, armé de colle, de ciseaux et de son appareil photo, il bricole de minuscules maquettes, pour lesquelles il bidouille des éclairages “pour faire vrai” et photographie ainsi, jour après jour, les différents actes de son petit théâtre intérieur.

Plug-in City (2000), Houston evening, par Alain Bublex.

Avec l’aimable autorisation de la Galerie les Filles du Calvaire, Paris

sur l’Avenue of Stars

Regard sur la peinture contemporaine, par Gilbert Garcin, 2005.

Ce vague cousin de Tati, ce fils spirituel de Magritte, fabrique avec humour et une pointe d’intranquillité des tableaux paro­diques, n’hésitant pas à se moquer de lui-même et de nous tous, par la même occasion. Ne pas tourner en rond, Connaître ses limites, Etre maître de soi. Faisant des maximes ses choux gras, de fil en aiguille, Gilbert Garcin élabore non seulement une sorte d’autobiographie fictive, mais aussi toute une philosophie de la comédie humaine. Sans oublier sa dernière lubie : il propose aux autres photographes de mettre en scène sa propre effigie dans les coins les plus reculés de la planète. Une façon d’être partout à la fois, y compris dans l’œuvre des autres. » L’exposition, illuminée la nuit, programme d’ouverture du Festival du French May 2012, dont l’Alliance française est l’un des fondateurs et qui fête cette année ses vingt ans, attire l’attention des dizaines de milliers de spectateurs qui se pressent chaque jour sur l’Avenue of Stars, lieu de promenade préféré des visi­ teurs, qui viennent y admirer la baie de Hong Kong. Gérard Henry et Gérald Candelle

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Chen Zhou

Fête des enfants à Canton ; Les midis de la francophonie à Tianjin ; concert du « Cabaret Si on chantait » à Wuhan.

les alliances en dates ••• suite de la p. 2 11/05 Cinéma : sélection Printemps du Cinéma 18/05 Cinéma : sélection Printemps du Cinéma, spéciale courtsmétrages

JUIN 2012

15/06 Concert de Florent Marchet

HANGZHOU

TIANJIN

13/06 Concert : Le Comptoir des fous

JUIN Exposition de la BNF : « En français dans le texte, manuscrits de grands écrivains français »

JUILLET Exposition : « 100 monuments, 100 écrivains », en provenance du Centre des monuments nationaux

17/06 Concert de Florent Marchet

HANGZHOU JUIN Exposition : « J’ai 20 ans en Chine », de He Liwen

PÉKIN

01/06 Concert : Le Comptoir des fous

JUIN Exposition de la BNF : « En français dans le texte, manuscrits de grands écrivains français »

03/06 Cinéma : sélection Printemps du Cinéma

JUIN Exposition : « Les Angevins et le Canada » 14/06 Concert : Le Comptoir des fous

10/06 Cinéma : sélection Printemps du Cinéma 16/06 Concert de Florent Marchet 17/06 Cinéma : sélection Printemps du Cinéma

15/06 Concert : Le Comptoir des fous

WUHAN JUIN Festival du cinéma d’animation d’Annecy JUIN Exposition de la BNF : « En français dans le texte, manuscrits de grands écrivains français »

XI’AN JUIN Exposition de la BNF : « En français dans le texte, manuscrits de grands écrivains français »

HONG KONG

01/06 Cinéma : sélection Printemps du Cinéma

CANTON

08/06 Le French May – Concert de Chinese Man en DJ Set

09/06 Festival Premiers Plans d’Angers : courts-métrages européens

08/06 Concert : Le Comptoir des Fous

09/06 Le French May – Concert de Chinese Man, Hang out.

12/06 Conférence : « Autour de la fabrique du manuscrit ancien et moderne », par Thierry Grillet

17/06 « Le Petit Prince, concert pour violon et piano »

16/06 Ciné-club : « L’Appel des arènes » (Sénégal, 2006) 18/06 Conférence : « Autour de la fabrique du manuscrit ancien et moderne », par Thierry Grillet. Exposition de la BNF : « En français dans le texte, manuscrits de grands écrivains français » 22/06 Fête de la musique : concert de Florent Marchet

CHENGDU JUIN Exposition : Plonk et Replonk 06/06 Concert : Le Comptoir des fous

14/06 Conférence cinéma : « Petit bestiaire du cinéma français » par Violaine de Schuytter

15/06 Cinéma : sélection Printemps du Cinéma

16-17/06 Le French May – « Stand alone Zone » par la Compagnie dernière minute

16/06 « Le Petit Prince, concert pour violon et piano »

20/06 Atelier : « Wine and cheese étiquette », par Catherine SoulasBaron

JUILLET 2012

21/06 Fête des étudiants

JUILLET Exposition : « 100 monuments, 100 écrivains »

JINAN

PÉKIN

22/06 Fête de la musique

JUILLET Exposition de la BNF : « En français dans le texte, manuscrits de grands écrivains français », médiathèque BLCU

02/06 Vernissage de l’exposition « Les enfants »

MACAO

20/07 Concert d’Enzo Enzo

21/06 Fête de la musique. Concert jazz du No Name Trio

CANTON

CHONGQING

24/06 Concert jazz : Cédric Hanriot

14/06 Conférence : « Autour de la fabrique du manuscrit ancien et moderne », par Thierry Grillet 20/06 Concert de Florent Marchet 21/06 Fête de la musique – « Le Petit Prince, concert pour violon et piano »

NANKIN 09/06 Vernissage de l’exposition d’aquarelles de Valentin Capony, film « 6 milliards d’autres », exposition de 60 photos de la Fondation GoodPlanet 14/06 Exposition de graffitis de l’artiste chinois Sack, et atelier

QINGDAO

25-27/06 Exposition : « De vous à moi », et atelier de Tamara Hauvuy

09/06 Concert : Le Comptoir des fous

DALIAN

29-30/06-01/07 Atelier de photographies « De vous à moi »

10/06 Conférence : « Autour de la fabrique du manuscrit ancien et moderne », par Thierry Grillet ; vernissage de l’exposition de la

Shanghai 02/06 Concert : Le Comptoir des fous

Exposition Graffitis chinois de Sack, graffeur chinois 13/07 Concert d’Enzo Enzo

JINAN 14/07 Fête nationale française, Sofitel de Jinan

MACAO 11-13/07 Exposition : « De vous à moi » à la place du Sénat et à Taipa, ateliers photo animés par Tamara Hauvuy 13/07 Célébration de la Fête nationale au Sofitel Ponte 16

NANKIN JUILLET Exposition : « Tour du monde avec un capitaine français, Hervé Claeyssen » 06/07 Conférence : « Tour du monde avec un capitaine français, Hervé Claeyssen » 07-09/07 Exposition et session de prises de vues par Tamara Hauvuy

QINGDAO

15/06 « Le Petit Prince, concert pour violon et piano »

JUIN Exposition de la BNF : « En français dans le texte, manuscrits de grands écrivains français »

40

BNF : « En français dans le texte, manuscrits de grands écrivains français »

Juillet : Concours photo 07/07 Ciné-club : « Love begging » (Côte d’Ivoire, 2002) 28/07 Ciné-club : « Pour le meilleur et pour l’oignon » (Niger, 2008)

JUILLET Exposition : « Tour du monde avec un capitaine français, Hervé Claeyssen » 09/07 Conférence : « Tour du monde avec un capitaine français, Hervé Claeyssen »

Shanghai 14/7 Concert d’Enzo Enzo. China Town 21/7 Cinéma : « 6 milliards d’autres »

TIANJIN JUILLET Exposition : « Saint-Germain-des-Prés » JUILLET Concert : No Name Trio

WUHAN

CHENGDU

Exposition « De vous à moi ». Atelier les 3, 4 et 5 juillet

JUILLET Exposition Sack, et rencontre avec l’artiste

JUILLET Cinéma : sélection Printemps du Cinéma

JUILLET Festival du bambou d’or : projection d’une sélection de films du Beijing Film Festival, concours de courts-métrages

22/07 Concert d’Enzo Enzo, salle de musique de Qintai

XI’AN

CHONGQING

JUILLET Exposition « Biodiversité », de la Fondation GoodPlanet

JUILLET Exposition : « Nice, Ville Lumière »

06/07 Cinéma : sélection Printemps du Cinéma

12/07 Concert d’Enzo Enzo, Nuts Club

20/07 Cinéma : sélection Printemps du Cinéma, spéciale courtsmétrages


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