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Machu Picchu
Le train qui mène de Cuzco à aguas calientes. Le chemin à suivre pour le Machu Picchu.
Nous y sommes presque LA MACHU PICCHU
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Le 4X4 nous dépose à Santa Maria, de là nous devons refaire du stop pour aller à Santa Teresa ou mieux... Hydroelectrica ! Hydrolelectrica c’est la fin de la route, à partir de là il faut continuer à pied durant 2h pour atteindre Aguas Calientes la porte du Machu Picchu. Nous trouvons un chauffeur qui nous prend avec deux autres locaux pour nous déposer à Hydroelectrica. Une fois à Hydroelectrica nous continuons à pied comme prévu le long de la voie dechemin de fer qui mène à Aguas calientes, nous croisons et discutons avec d’autres personnes qui font le voyage avec nous. Nous traversons quelques ponts le long de cette ligne de chemin de fer qui slalom au fond des vallées abrutes de la cordillère. Nous arrivons à Aguas calientes en fin d’aprèsmidi, après une rapide visite du village nous rentrons à l’hotel en prévision du lendemain.
Mercredi 22 Aout, 16h02 - La team Amérique du Sud vient de vivre une aventure qui marquera son histoire à tout jamais. Retour sur une journée d’envergure nationale.
Le soleil n’est qu’à la moitié de son sommeil lorsque nos 3 larrons émergent du leur. 4h 30 sonne. L’équipe prépare son sac à la hâte mais avec parcémonie car le guide du routard est formel : lunettes de soleil et crème obligatoire pour prévenir du soleil qui « peut taper fort une fois sur place ». Fin de citation. Retenez la bien.
L’hôtel propose un semblant de petit déjeuner que nos compères dévorent avec précipitation : il s’agit d’arriver les premiers sur les lieux. Lacets lacés, caleçons retournés pour ne pas avoir à le laver, et emplis de bonne volonté, nos impotents s’élancent au trot dans la marche d’approche qui mène au premier checkpoint. Mètres après mètres, ils déchantent. La file d’attente pour l’accès aux bus qu’ils ne font que longer s’allonge sur 670 coudées au bas mot (compter 200 mètres). Pourtant, nos grenoblois se réfugient dans la crédulité et pensent tout haut que « c’est sûr que la file d’attente pour la marche est pas aussi longue les gars ». Fermez les guillemets.
Coup dur. Elle s’étend sur 200 mètres et fait prendre conscience à nos candides que la journée ne cessera de surprendre. Checkpoint franchi, billets vérifiés (croyez le ou non, mais les gardes péruviens aiment à prendre leur temps), la triplette de jeunes adultes fait un dernier signe à ses compagnons d’infortune rencontrés la veille dans la ville d’Aguas Calientes. Ils en sont sûrs, ils les reverront dans ce monde ou l’autre. L’objectif est clair pour de si jeunes organismes usés à la randonnée d’altitude : gravir 4 à 4 les quelques 1756 marches et 500 mètres de D+ qui les séparent de la porte du MP (comprendre Machu Picchu). Une simple anecdote suffira pour décrire la foule présente dans cet étroit escalier de pierre : nul besoin de lamWpe frontale puisque la file indienne de lumière dégage un chemin largement dégagé ... Pari tenu pour les 3 hardis : en se faufilant à travers les marcheurs, tantôt pestant sur ces petits enculés qui font les malins, tantôt admirant ces 3 jeunes qui profitent de la vélocité de leurs pattes de jeunesse, ils prennent la tête du convoi après avoir pris de vitesse une centaine de touristes (ne pas oublier la connotation péjorative associé au terme) et arrivent les premiers à l’entrée du dit site inca. Seules 35 minutes auront été utilisées contre les 1h30 estimées par les organisateurs des tours touristiques.
Ah oui, le narrateur a ses oublis que le lecteur pardonnera : la purée de poids est telle qu’on y voit pas à dix mètres devant soi, pas pratique lorsqu’on est venu pour contempler le panorama ... Pourtant l’optimisme est toujours à l’ordre du jour : le brouillard se lèvera et il est capital de profiter du fait d’entrer dans les 30 premiers visiteurs (pas facile de distancer un bus qui roule à l’essence sur tout le chemin serpentant le raide massif). Une dernière perplexité devant les bruyants essoufflements des touristes étrangers en surpoids qui menacent de rompre leur bâton de marche en parcourant les 30 mètres de fauxplats qui mènent au premier bâtiment de la forteresse inca, et nos 3 isérois n’ont que leurs yeux pour pleurer devant cette purée blanche qui enterre leur excitation ... Certes, ils sont seuls pour profiter de sites ordinairement bondés, mais ils n’imaginaient pas la cité du soleil de cette manière.
Après une petite heure à flâner dans les quartiers, véritables merveilles de l’humanité, ils traînent leurs pieds vers le début de l’ascension de la Montaña, haute de 3000 mètres et surplombant le majestueux site protégé par l’UNESCO. Ici aussi, les gardes péruviens prennent le temps de vérifier nom et numéro de passeport sur chaque ticket avant de faire signer le visiteur. C’est parti pour un slalom géant entre les promeneurs pour reprendre le retard accumulé par l’attente. Un avantage : on peut sans crainte se débarrasser de l’espagnol pour utiliser des « bonjour » et « merci » puisque 2 randonneurs sur 3 sont français et viennent de paris.
Alors que l’humidité ambiante tend à faire perler les premières gouttes de sueur sur le front de nos 3 malheureux, le brouillard ne semble pas vouloir se faire la malle. L’optimisme, lui, n’a aucun mal à le faire (comprendre « mais bordel j’ai pas payé 60 balles pour voir que des nuages, merde. ») Fin d’enregistrement.
L’ascension continue. Pourtant, et l’omniscience du narrateur n’y fera rien, personne ne sait si c’est le douloureux tendon de Paul ou bien ses capacités physiques qui l’obligeront à prononcer une tirade dont nos caméras ont su rapporter les propos « les gars.hhhhhhhh.... allez à votre rythme je vous rejoins là-haut.hhhhhhhh..... ». Il en est hors de question pour cette équipe qui se soude au fil des jours et choisit de mettre le rigolo devant pour qu’il impose son rythme à la meute. Une fois ce quart d’heure de « moins-bien » écoulé et le rythme de croisière repris, c’est en 1 heure que les athlètes se débarrasseront des 500 mètres de dénivelé positif contre les 2 heures 30 d’avertissement des populations otocthones...
Une fois au sommet, l’épaisseur du brouillard n’a d’égal que la transpiration des t-shirts collés aux sac à dos. Pause est faite au sommet et discussion est engagée avec les amis d’en bas (mais si, ceux dont on était sûrs qu’on les reverrait). Minute après minute, les amis français s’assoivent - euh, s’assoient pardon - et entrent dans la conversation pour faire passer à nos aventuriers un moment qu’ils trouveront merveilleux. L’un est breton, l’autre est est parisienne, l’un finit son école d’architecture, l’autre cherche du travail suite à son école d’avocat dont elle a achevé le suivi. Ensembles, ils parlent de leur périple au Pérou, de leur vie quotidienne, ils font des blagues sur le brouillard qui ne se lève pas ... c’est un bon moment. Un exemple de blague ? Vous êtes sûrs ? Bien. « Vous pensez que si on souffle tous ensemble on a une chance ? ». Finalement, devant la vapeur d’eau qui ne disparaît pas, décision est prise de descendre. C’est toujours la tête baissée que nos 3 étudiants s’exécutent. Et pourtant. Au détour d’un virage, Amaury s’écrit « les gars ! Regardez ! ». Le temps semble s’arrêter. Le regard des deux autres lurons suit le doigt du Mauriennais. Comment, qu’y a t-il au bout ?! Le Machu Picchu au soleil bien sûr ! D’émotion, les 3 copains se serrent dans les bras (c’est romancé, bien sûr que non on s’est pas fait un câlin.) Ce qu’ils virent sur le site ne se raconte pas avec des mots. Non. Enfin si, il peut se raconter avec des chiffres : 2500 visiteurs par jour. Hihi. Si la queue de touristes étrangers - file d’attente pardon - est agaçante par moment, elle ne remet pas en cause la beauté du moment. Quelle prouesse architecturale mes amis. Les pierres sont limées au centimètre près avec des outils de la taille d’une fourchette. Les murs sont assemblés sans ciment et résistent aux tremblements de terre. Les fenêtres sont construites de telle sorte que l’angle du soleil qui les pénètrent épouse minutieusement la roche à l’intérieur du temple. Les escaliers sont vertigineux, les portes sont majestueuses. Bref, on est pris d’admiration devant ce travail centenaire réalisé par des indiens tout nus qui ne connaissent pas la roue. Il est l’heure de rentrer. Lessivés, nos respectivement Meylanais, ismérusiens, et bivierois descendent le chemin inca. Un dernier regard que nous pourrions qualifier de méprisant envers les passagers des bus qui les dépassent en klaxonnant, les voici arrivés. Ils iront se prélasser dans les sources chaudes à 400 mètres de leur hôtel, ils l’ont bien mérité.
Aujourd’hui, ils ont vu de leurs yeux l’une des 7 nouvelles merveilles du monde et ça, ça ne s’oubliera pas.
Basile