Les utopies, des outils pour repenser le projet ? Anaïs Callipel rasa. La composition de cette nouvelle ville, s’ajoutant sur celle existante, imbrique deux systèmes : Le système primaire ou « macrostructure » assure la « tache infrastructurelle » de la ville, sa distribution, et son organisation générale, tandis qu’un système secondaire, dit « microstructure » de remplissage, s’y intègre. Ce dernier est plus libre et permet d’accueillir les mutations de la ville, il offre également une diversité de construction par la possibilité d’y intégrer des enveloppes flexibles. Ce qui se recoupe avec les théories d’autoplanification de Yona Friedman.
Les dessins d’architecture utopiques ou projets « de papier » se retrouvent dans différents types d’œuvres architecturales : dans les utopies, les mégastructures critiques, l’architecture radicale, expérimentale, les concours d’idées, etc. Ils se rapprochent également d’autres arts que l’architecture, comme le land art, l’installation, la performance,... Autant de créations qui interrogent l’espace, mais le font autrement que par la préfiguration de forme à réaliser Est-il possible de penser un projet d’architecture autrement que comme la construction d’un édifice, d’un morceau de ville ou d’une forme définie ? Qu’est-il donc alors ? Une référence, une proposition à saisir, une question laissée en suspend pour les générations futures ? Nous étudierons tout d’abord comment ses projets « de papier » ont-ils été pensés et conçus. Nous verrons quel rapport ils entretiennent avec le réel à un moment et dans un contexte social donnés. Ces projets deviennent l’occasion d’expérimentation des idées et des outils. Aussi ce sont des projets de société dont la réception est pensée dès la production. Enfin nous verrons que ces projets amènent de nouvelles notions pour penser le projet, ils deviennent alors outils de travail.
Ville spatiale, 1959-60, dessin, encre et aquarelle sur papier, 21x29,7cm dans Architectures expérimentales p.212
L’utopie, un projet de l’idée.
Cette théorie de l’autoplanification, Yona Friedman l’a publié à de nombreuses reprises. A partir de l’opposition « dehors/dedans », Y.Friedman fait parvenir l’utilisateur à un « schéma de liaisons », et finalement, à un langage architectural complet […] Du schéma de liaisons mis au point par les utilisateurs ; on passe au stade des « patates », puis au plan1.
En étudiant des projets précis, exprimé par plusieurs médias, il s’agit de comprendre cette approche. Intéressons-nous à plusieurs exemples : - La ville spatiale, de Yona Friedman, 1959-60 - Monument continu, de Superstudio, 1969 Le projet de Yona Friedman propose une nouvelle organisation de la ville, cependant il conserve la ville existante et ne part pas de l’hypothèse d’un taboula
1. Yona Friedman, Théorie & Images, Institut Français d’Architecture, 2000. L’autoplanification. Cf. Iconographie n°1.
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