De l'activation des délaissés urbains à une re-qualification de l'espace public

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Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Malaquais

Département Art, Architecture, Politique

Mémoire De l’activation des délaissés urbains à une requalification de l’espace public : Vers une concertation plus participative…

Anaïs Callipel Sous la direction de Yann Rocher, Jac Fol & Carlotta Daro



Sommaire # *!

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OO Introduction

L’exercice d’architecture met en œuvre de nombreux corps de métiers, mais le fonctionnement reste assez traditionnellement lié aux corps de métiers du bâtiment et leurs clients. Toutefois, d’autres fonctionnements existent, en particuliers sous la forme des collectifs d’architectures… Repères C’est dans les années 60’ que débutent les rassemblements d’architecte en association, et en même temps apparaissent les premières formes d’habitats participatifs. Vingt ans plus tard, dans les années 80, cette notion de participatif prend son essor, et on voit émerger les Atelier Public d’Urbanisme. Peu de temps après, en 1995, les grandes grèves de l’Education Nationale revendique la volonté de remettre la pédagogie au cœur du débat citoyen et applique ce qu’on appellera les mouvements d’éducations populaires, dont Bruit du Frigo est empreint. Ce système pédagogique sera remis en cause lors du passage au vingt-et-unième siècle, qui verra prôner une pédagogie par l’action. Cette transition s’opèrera chez les collectifs d’architectures notamment avec l’Atelier d’Architecture Autogéré (AAA), et Exyzt amorcera l’arrivée de la nouvelle génération.

Problématique A l’heure actuelle, le grand débat de société porte sur les nouveaux enjeux du Développement Durable. Les projets d'architecture actuelle, souvent de ré-organisation de la cité, participent de cette approche : fusionnant des dimensions écologiques, économiques et sociales, ils ne peut se permettre d’exclure l’une de ces dimensions. Chaque projet se pense maintenant dans son coût global, en intégrant son impact sur l’environnement écologique (on parle notamment de dépense carbone, etc.) autan qu'économique. Cependant la « mode du vert » a eu tendance à mettre de côté la dimension sociale. A contrario, nous allons voir que celle-ci est au cœur des processus des ces collectifs que nous allons étudier, et il s’agit ici de comprendre : « Quels sont les nouveaux processus de projet que propose ces collectifs ? » Il s’agira de voir quelle est leur démarche, celle-ci est-elle militante et/ou pionnière ? 7



Corpus et méthode J’ai fait le choix de me concentrer sur trois collectifs : Bruit du Frigo, Exyzt et Etc. Tous présent à l’exposition Re-Architecture présentée l’année dernière au Pavillon de l’Arsenal, ils sont actuellement parmi les plus connus bien que représentant des courants d’héritages distincts. Bruit du Frigo, le plus ancien participe à cette volonté d’éducation populaire, tandis qu’Exyzt appartient à cette génération charnière du millénaire qui prône l’action. Etc, le plus récent, revient sur l’importance de mener de front action pratique et recherche théorique. En me limitant à deux projets par collectifs, j’ai ainsi pu confronter des projets très semblables avec une approche propre à chaque collectif, et par ailleurs, présenter la pluralité des formes et typologies de projets que font ces collectifs.

Pour mieux dégager la prise en compte de divers aspects de cette dimension sociale, j’ai fais le choix de confronter ces collectifs et leurs projets selon une grille de question générale1 afin de les croiser plutôt que de les étudier séparément. La présentation initiale identifiera leur spécifité dans le monde des agences d’architecture et les champs de travail qu’ils se donnent. Par la suite, c’est leur méthodologie qui nous intéressera. Des protocoles qu’ils mettent en place, nous essayerons de définir une méthode commune et d’en ressortir les différentes typologies de projet. Enfin, il s’agira de voir les enjeux sociétaux qu’ils défendent au travers de ces projets, et d’envisager leur réception et les impacts générés dans la cité.

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Cf. Tableau des questionnements ci-joint.

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01_ Qui sont ces collectifs, différents modes d’organisation Points communs et différences entre les collectifs Notre étude s'appuie principalement sur l'étude de trois collectifs (Bruit du Frigo, Etc et Exyzt), établis depuis plusieurs années, mais explorera aussi le fonctionnement d'autres « ateliers » issus des précédents, ou proches dans leur démarche ; sans étudier chacun des collectifs choisis, pour justifier par exemple leur aspect exemplaire, nous ferons porter l'étude sur une analyse comparative de leur positionnement. Qui sont-ils ? Comment se structure-t-il, et quelle évolution pour ces collectifs ? Comment se définissent-ils eux même ? Comment travaillent-ils ? Quels sont leurs buts et leurs territoires d’investigations ? Quels acteurs et partenaires pour agir ? Quels rapports entretiennent-ils avec la profession ? Quels rapports ont-ils à la commande ? Comment se financent-ils ? Et comment se positionnent-ils par rapport aux institutions ? Il s’agit là de voir les points communs et les spécificités de ces collectifs.

A_ Qui sont-ils ? # !Des structures a-commerciales? a/ Présentation Bruit du Frigo est un collectif fondé en 1997, par Gabi Farage et Yvan Detraz, deux architectes DPLG, que la pratique de la profession traditionnelle ne satisfaisait pas. Le collectif compte aujourd’hui sept salariés à Bordeaux et est en passe de créer un antenne-relais à Paris. Rassemblant, entre autres, des architectes, des urbanistes, des sociologues, des artistes ou des animateurs, ce collectif n’hésite pas à élargir le nombre de ses acteurs et à créer des partenariats selon la nécessité des projets. Ce collectif est également membre fondateur de la fabrique POLA2. Multipliant les expériences participatives auprès de différentes villes, ils sont très demandés mais depuis l’été 2012, et la mort de Gabi Farage, ils se retirent de plusieurs projets en présentant d’autres collectifs avec qui ils ont déjà eu l’occasion de travailler auparavant. Plus jeune, et plus médiatisé, le collectif Exyzt a vu le jour en 2003, année où cinq étudiants strasbourgeois, Philippe Rizzoti, Nicolas Henninger, François Wunschel, Pier Schneider & Gilles Burban, obtiennent le diplôme de l’ENSA de Paris-la-Villette. C’est dans le cadre de leur projet de fin d’étude que la première réalisation du collectif a été menée à bien : l’architecture du RAB. En 2006, à l’occasion de la 2

Il s’agit d’une fédération artistique et culturelle qui vise à engager un projet de développement fondé sur une économie plurielle et solidaire pour le secteur culturel. http://www.pola.fr

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dixième Biennale de Venise, ils ont été invités par Patrick Bouchain, leur ancien professeur, à collaborer à la création de la Métavilla, le Pavillon français de la biennale. Désormais le collectifs regroupe une vingtaine de personnes : architectes, graphistes, vidéastes, photographes, DJs, botanistes, constructeurs. Les membres fondateurs du groupe ne sont plus forcement tous aussi actif, mais sa structure associative permet un investissement irrégulier selon les projets, un changement d’équipe tout en conservant la même identité. Le collectif Etc. est le plus jeune du genre. Il existe depuis quelques années, né de la rencontre d’étudiants en architecture à l’INSA Strasbourg, diplômés pour la plupart depuis 2010. Le collectif a alors réellement vu le jour cette année-là. Il se compose désormais de douze membres actifs, architectes et graphistes, cependant le collectif au complet rassemble une vingtaine de personnes aux compétences diverses. Nous voyons que ces trois collectifs reprennent une forme associative, et non pas celle d'une entreprise traditionnelle ; cela n'est pas un hasard... b/ Statut associatif L’ensemble de ces collectifs a fait le choix de ne pas prendre la structure traditionnelle de l’agence d’architecture. Tous sont placés sous des statuts associatifs d’intérêt général. Il s’agit pour eux de la structure la plus libre, permettant l’ouverture à d’autres acteurs et compétences multiples tout en mutualisant facilement les moyens et les outils. Pour être reconnu d’intérêt général, l’association ne doit pas agir dans l’intérêt d’un nombre restreint de personnes, ni défendre des intérêts particuliers. Elle ne doit pas non plus avoir une activité lucrative (ou si tel est le cas, elle doit disposer d’une comptabilité distincte pour les secteurs lucratifs et non lucratifs), ses membres ne peuvent se partager les excédents dégagés (entièrement réinvestis dans l’objet social), ni en tirer d’avantage matériel. Enfin sa gestion doit être désintéressée, c’est-à-dire qu’elle doit être gérée et dirigée à titre bénévole, les services fiscaux tolérant toutefois que les dirigeants reçoivent une rémunération inférieure au 3/4 du SMIC brut mensuel3. Tout comme Bruit du Frigo, Exzyt est une association Loi 1901. Le collectif Etc quant à lui, possède un statut spécifique aux départements du Bas Rhin, Haut-Rhin et Moselle, où ils sont implantés, dites associations de droit local. Dès lors qu’on ne peut choisir entre les deux législations, l’association Etc d’intérêt général Loi 2003, n’est soumise qu’aux articles 21 à 79-III du code civil. « Une association de droit local inscrite dispose d’une capacité juridique étendue, ce qui lui permet d’accomplir tous les actes de la vie juridique (achat, vente, location, embauche,...), de recevoir des dons et legs, ainsi que de posséder et d’administrer tout bien mobilier ou immobilier, même sans lien direct avec son objet. En revanche, une association «loi 1901» ne jouit que d’une capacité limitée à son objet. 3

Association d’intérêt général, article du 24 avril 2004, http://www.loi1901.com/association/association_dinteret_general.php

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En contrepartie de la capacité juridique plus étendue des associations de droit local, un double contrôle (judiciaire et administratif) est opéré sur les statuts et l’objet avant l’inscription au registre des associations. Autre particularité : les membres fondateurs signataires des statuts doivent être sept au minimum (article 56 du code civil local) au moment de l’inscription. Durant la vie de l’association, le nombre des membres de l’association ne peut descendre en dessous de trois. Par ailleurs, en Alsace-Moselle, les articles 21 à 79-III du code civil local permettent aux associations de poursuivre un but lucratif, c'est-à-dire le partage des bénéfices entre les membres. Dans ce cas l’association ne peut plus être considérée comme ayant une gestion désintéressée, ce qui risque de fermer bien des portes concernant l’octroi de subventions, d’aides à l’emploi. D’autre part, cela aura une incidence sur le régime fiscal (impôt sur les sociétés) »4. c/ Reformulation : Des statuts au manifeste… La forme associative offrant plus de flexibilité qu'une structure commerciale, s'est donc imposé malgré les limitations économiques, pour permette la plus grande liberté de réunion de compétences. En effet chaque projet peut conduire à intégrer de nouveaux membres, facilitant ainsi les partenariats et autres collaborations. La loi laisse aux créateurs une grande liberté dans la rédaction des statuts : ceux-ci fixent le fonctionnement de la structure et de ses organes dirigeants, qui induisent le développement harmonieux du projet, et doivent favoriser le travail collaboratif ainsi qu’aider les dirigeants dans leur gestion, y compris avec de nouveaux membres. Aussi il est nécessaire de définir des règles au sein du collectif afin de pouvoir travailler ensemble. La définition des règles communes est engagée dès l’écriture des statuts de l’association, avant même sa création, et ne doit pas perdre de vue l’objet de celle-ci, ni sa finalité. De plus, il sera nécessaire de les réinterroger afin de les actualiser et de les réadapter selon l’évolution de l’association. Pour certains, c’est l’occasion de rédiger sa ligne de conduite5. Nicolas Hennigner d’Exyzt, bien que d’accord avec ce constat, a tout de même l’impression d’en subir une certaine rigidification, car une modification des statuts et règlement intérieur nécessite des procédures assez lourdes (souvent une Assemblée Générale Extraordinaire avec quorum). En effet, pour ces acteurs du « cas par cas », qui se préoccupent de valoriser les singularités des lieux, qui pour cela n’hésitent à élargir leurs équipes afin de multiplier les regards, les savoirs et les compétence, il devient difficile de définir un fonctionnement et une gestion toujours identiques alors que leurs projets - se revendiquant tous de l’ordre de l’expérience - nécessiteraient forcement une structure capable de se reformuler constamment, pour toujours mieux s’adapter. Cette flexibilité constituera la force 4

Le réseau SARA (Soutien aux Associations en Région Alsace),« Créer une association en Alsace - Moselle », in La collection d’outils d’information, Mars 2010. http://www.reseau-sara.org/outils/CREER%202010/creer.pdf 5 Comme le révèle Marie, l’une des membres des SaproPhytes, un autre collectif avec qui ceux-ci ont déjà collaboré. Entretiens avec Exzyt, Etc, SaproPhytes et Bellastock réalisé par Anaïs Callipel dans le cadre du projet Vitrolles-Echangeur, le 29 Octobre 2012.

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de ces collectifs, presque leur signature opératoire mais ce qui devient souvent plus difficile à faire, c’est l'organisation du travail collectif, la répartition des tâches, car ces caméléons aiment alterner tour à tour les casquettes, et l’équipe change selon les projets, les disponibilités et les compétences de chacun. De fait, une telle ligne de conduite s'est formalisée chez tout collectif, plus souvent sous le nom de manifeste, pour résumer et fixer les objectifs et missions que se donne le collectif, ses moyens ainsi que les espoirs qu’ils ambitionnent de réaliser. !Quelle évolution pour ces structures ? a/ Professionnalisation La structure associative est choisie parce que c’est celle qui leur laisse le plus de liberté ; bien que ces collectifs naissent d’un désir de travailler ensemble, ils choisissent un modèle différent de celui de agence afin d’élargir les disciplines au sein de leur structure. Ensuite se pose la question de l’évolution de la structure ; tous l’ont rencontré dès lors qu’ils ont voulu se professionnaliser et créer des postes salariés. Même si l’association réussit à générer des bénéfices, seul les dirigeants pourraient être « indemnisés», et encore, dédommagé serait un terme plus juste. Les membres de ces associations qui n’ont pas choisi la voie du salariat en agence vont tout de même la pratiquer comme activité nourricière, ou travailler dans l’enseignement scolaire, la médiation culturelle, la scénographie ou d’autres pratiques artistiques6. Le temps disponible pour l’association est ainsi réduit, et cela joue sur l’évolution de la structure. Aussi, réussir à créer des postes salariés est une nécessité à la pérennisation et au développement de ces collectifs. Les premiers « salaires » disponibles sont généralement réservés aux tâches administratives obligatoires mais souvent considérées comme plus ingrates, tandis que les autres membres, passionnés, continueront d’engager bénévolement de leur temps. Une autre solution possible serait de quitter le milieu associatif et de constituer une entreprise, cependant cela implique d’avoir des bénéfices et des revenues réguliers. Il serait alors plus difficile pour ces collectifs de garder leur liberté dans le choix des projets. Par ailleurs cela figerait considérablement la structure de l’équipe qui, nous l’avons déjà vu, se redéfinie selon les projets. Bien que les choix varient selon les collectifs, tous s’accordent à dire que la professionnalisation est nécessaire afin de pouvoir consacrer du temps au travail du collectif. La question du « vivre de son activité » reste prédominante.

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Anne DEBARRE, lors du Colloque Démocracité organisé par le Département Art, Architecture, Politique de l’ENSA ParisMalaquais, le 9 Décembre 2011. Cf. Annexes.

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b/ Différents parcours La prise en compte de ces contraintes économiques au sens large ouvre des choix différents selon les groupes. Le collectif Bruit du Frigo a réussi à créer sept postes salariés au sein de leur association, mais compte bien plus de membres actifs et existe déjà depuis quinze ans déjà. Au contraire, les membres qui formaient Exyzt se sont quelques peu séparés. Beaucoup ont montés leur activité à côté pour associer démarche novatrice et rentabilité directe : c’est le cas de Gilles Burban avec Supergraphic, un laboratoire numérique visant les technologies de la représentation ou encore Philippe Rizzotti avec son agence d’architecture, mais lui parvient à rester membre actif d’Exyzt. Ce modèle est repris depuis 2006, quand de nouveaux membres ont rejoint l’association et ont développé en parallèle leur activité, ou d’autres collectifs. Ainsi 1024architecture fut créé par François Wunschel et Pier Schneider, «La forme ouvert d’exyzt le rend propice aux collaborations […] formant ainsi des communautés d’actions »7, aujourd’hui « plusieurs labels travaillent en parallèle, 1024architecture se spécialise dans la conception d’environnement sonores et visuels. »8. De la sorte chaque membre approfondit directement les domaines qui lui sont chers, et peut rentabiliser son implication tout en gardant le lien et la possibilité de rapporter ses compétences au service du projet commun. Le collectif Etc. envisageait de changer de statut à la fin de l’année 2012 afin de pouvoir « s’offrir » dix CDI pour Noël, en passant sous le régime de la CAE, Coopérative d’Activité et d’Emploi9. Il s’inscrirait alors dans l’entreprenariat, et figerait sa composition. c/ Engagement L'engagement des membres se traduit plus par une implication à forme militante qu'à la seule acceptation contractuelle des salariés-associés. Chez Exyzt, la variabilité du nombre d’actif au sein de l’association est importante. Par liens avec les autres collectifs auxquels participent ses membres, c’est un réseau qui se met en place, et avec lui un partage d’expérience. Mais comme dans les autres collectifs, qui développe tous cette notion d’échange des compétences et de croisement des disciplines, les membres fondateurs sont justement ces architectes, qui ont fait le choix fort de s’engager dans des pratiques alternatives à l’exercice traditionnel 7

Christophe CATSAROS, « Le collectif exyzt, communautés d’action », in D’A, n°192, Juin-Juillet 2012, p.7 § 2. Idem, p.12 § 1. 9 La CAE est une alternative au portage salarial pour tous publics (cadre, employés, artisans) qui permet de créer une activité ou un emploi en minimisant les risques. La CAE est une SCOP (Société coopérative de production) en SA ou SARL dans laquelle les salariés-associés ont plus de 50% du capital (majoritaires). Cela permet de bénéficier d'un cadre juridique avec un numéro de registre du commerce et de TVA. Au sein de la CAE, chaque membre dispose du statut d'employeur-salarié en CDI (contrat à durée indéterminée) dès ses premières facturations ce qui lui procure une protection sociale et les droits ASSEDIC. Les tâches administratives sont mutualisées pour libérer au maximum chaque membre et lui permettre ainsi de se concentrer sur son métier. 8

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de l’architecture. Faisant le choix d’expérimenter d’autres formes de pratiques pour l’architecture, et d’autres modalités d’interventions sur la ville, ils réinterrogent leurs propres rôles d’architectes et développent une multi-positionnalité qui est liée à une grande faculté d’adaptation. Ainsi certains disent même avoir changé de métier10. Par exemple, Julien Beller, un membre actif depuis 2005 d’Exyzt, dit qu’au sein de ce collectif, il est « le plus fervent porteur de cette vision de co-construction avec les habitants. Les autres membres sont plus ou moins attachés à cette vision du participatif11. C’est dont tout naturellement qu’il s’est orienté dans cette voie. En 2011, il découvre un immense bidonville situé sous l ‘A86 à Saint-Denis appelé le Hanul et de là germe l’idée d’un « projet pérenne de logement d’urgence pour les familles ». Par la suite il s’investira dans la construction de logements modulaires et écologiques avec des gens du voyage12, et montera l’association No Mad’s Land13 avec Daniel Boitard, professeur des écoles, qui enseigne depuis huit ans dans un camion école auprès des enfants du voyage dans le département des Yvelines. M. Boitard est responsable de l’Association d’Aide à la Scolarisation des Enfants Tsiganes sur le département et occupe le poste de médiateur pour la préfecture avec la communauté des gens du voyage. En parallèle, Julien Beller a fondé le 6B à Saint-Denis14. Ainsi, le parcours de ce jeune architecte est le résultat de rencontres avec des situations, et avec d’autres personnes qui s’engagent pour les changer. Pour tous ces architectes qui s’engagent, ce sont les opportunités qui se présentent qui génèrent leurs projets. Ils sont des citoyens engagés avant même d’être des architectes à leur tour engagés « au sens fort du social, et cela dès leurs études. Ils font des diplômes hors normes, souvent obtenus difficilement par rapport à l’institution qu’est l’école »15. Par la suite, ils deviennent porteurs de projets dans lesquels ils s’investissent énormément mais dont ils ne vivent que rarement. Cette position est passionnée, mais dure à tenir. « Nombres d’expériences, et parmi les plus créatives et les plus radicales, finissent par rentrer dans l’ordre, par le fait d’une lassitude qui emporte les meilleures volontés ou d’une

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Anne DEBARRE, lors du Colloque Démocracité organisé par le Département Art, Architecture, Politique de l’ENSA ParisMalaquais, le 9 Décembre 2011. Cf. Annexes. 11 Florence Mottot, « Julien Beller : «Fabriquer de la ville de manière ascendante».», in Le Cadratin, le 4 Janvier 2012, http://lecadratin.com/WordPress3/?cat=4. Le Cadratin (L’espace-mot) est un blog, non pas un blog d’actualité, ou un agenda culturel, mais une présentation la plus a-temporelle possible des compagnies et artistes de Saint-Denis et Paris. 12 « Familles Roms, En finir avec les bidonvilles », in L’Humanité, le mardi 11 Octobre 2011. 13 « L’association a pour objectif de mettre en place des stratégies pour permettre aux gens du voyage, et à toute autre personne en recherche d’un habitat, de trouver un lieu de résidence. C’est une structure passerelle entre les demandeurs et les propriétaires d’espaces disponibles, elle expérimente de nouvelles alternatives afin de trouver des solutions pour habiter. Pour faire face aux situations inévitables et inextricables des occupations illégales, il s’agit de proposer des solutions satisfaisantes pour chaque partie, alliant rentabilité, sécurité et dignité ». In No Mad’s land, le pays de ceux qui ne sont pas fous, dossier de présentation de l’association. 14 Un lieu de résidence, de création et de diffusion pluridisciplinaire créé et installé à Saint-Denis, suite à la négociation d’un bail précaire par Julien Beller. 15 Anne DEBARRE, op. cit., cf. Annexes.

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institutionnalisation qui, insidieusement, assimile et phagocyte le processus expérimental »16. Cette position est un combat de tous les jours, passionnant mais usant. Le suicide en Mai dernier de Gabi Farage, membre fondateur du collectif Bruit du Frigo, interroge quant à la viabilité d’une telle posture, bien qu’il soit impossible d’en connaître les motivations profondes. En tout cas, c’est unanimement que son entourage souligne son « incroyable capacité d’engagement en direction de ce qu’on peut rêver pour la ville et ses habitants, de ce qu’on peut faire, de ce qu’on fait »17.

Mais la mise en résonnance de ces collectifs, et leurs formes réadaptables est surement ce qui assure le mieux la continuité de leurs actions. « Le statut associatif du collectif fait qu’une dissolution est peu probable. Mais […] sans ses fondateurs a-t-il encore un sens ? […] Ils sont aujourd’hui forcés d’accepter que l’acte de bâtir ensemble puisse continuer sans eux, pour le meilleur et pour le pire »18. !Comment se définissent-ils ? Cette notion de l’acte de bâtir ensemble est très présente chez tous ces collectifs. C’est dans ce temps d’actions, d’échanges et de rencontres que l’architecture prend sens selon eux. De la ville émerge des pratiques culturelles, sociales et politiques, qu’ils font se rencontrer et se confronter lors de chantiers participatifs. Cependant les mots qu’ils utilisent traduisent trois positions différentes qui correspondent à des étapes de réflexions distinctes. a/ Action Exyzt se définit comme « une plateforme de création pluridisciplinaire ». Cependant le collectif se qualifie comme une « communauté de bâtisseurs, ouverte et participative » qui fait des actions construites ou des constructions de plateformes d’actions. « Action, vie et échange » reste les mots d’ordres de leur projet quel qu’il soit. Aussi ils occupent leurs chantiers et vivent au sein de leurs constructions collectives, invitant ainsi les passants à devenir acteur du projet. Le visiteur quitte une attitude purement contemplative pour devenir un usager, un acteur du projet. Ensemble ils questionnent « les formes de la ville à travers des fictions architecturées, éphémères et festives. Le collectif conduit aussi bien des projets porteurs de sens dans des délaissés urbains en Europe, que des évènements plus « paillette » »19 comme La nuit blanche aux Halles de Paris. Il créé des cadres de vie et d’échange par des installations 16

Pascal NICOLAS-LE-START, « Multiplicité interstitielle » in Multitudes, Inventer le commun du monde, une micropolitique de la ville : l’agir urbain, n°31, Hiver 2008, p.117 17 Antoine De BAECKE, «Les villes rêvés de Gabi Farage », in Sud Ouest, le 26 Mai 2011, http://www.sudouest.fr/2012/05/26/les-villes-revees-de-gabi-farage-725556-715.php 18 Christophe CATSAROS, « Le collectif exyzt, communautés d’action », in D’A, n°192, Juin-Juillet 2012, p.8 § 2. 19 Florence MOTTOT, « Julien Beller : «Fabriquer de la ville de manière ascendante».», in Le Cadratin, le 4 Janvier 2012, http://lecadratin.com/WordPress3/?cat=4.

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temporaires auto-construites réinterrogeant le lieu et son usage. Le collectif s’organise en fonction des contextes d'intervention, des compétences et de la disponibilité de ses membres. Puis en tissant des liens avec les acteurs sur place, il génère de nouvelles communautés d’actions propres à chaque situation et chaque projet devient ainsi une expérience, un « laboratoire grandeur nature »20 du vivre et bâtir ensemble. b/ Recherche Cette pratique active et expérimentale est très proche de celle de l’Atelier d’Architecture Autogérée (AAA)21, qui la mène en parallèle avec une phase de recherche. AAA « s'inscrit dans des nouvelles formes d'association et de collaboration, basées sur des échanges et des réciprocités avec tous ceux intéressés (individus, organisations, institutions), à quelqu'échelle qu'ils se situent »22. AAA parle plutôt de « réseau de collaboration à géométrie variable » et pratique une « architecture autogérée » qu’il qualifie « d’architecture de relations, de processus et d’agencements de personnes, de désirs, et de savoir-faire »23. Cependant AAA insiste sur la complémentarité de la pratique et de la théorie, et la nécessité de les lier. L’atelier se définit comme « une plateforme collective d’exploration, action et recherche autour des mutations urbaines et des pratiques culturelles, sociales et politiques émergentes de la ville »24. Tout comme le collectif Etc. associe action et recherche et se veut être « un support à l’expérimentation ». Ces deux collectifs se placent dans une démarche scientifique et mettent en place des outils d’investigation pour décrire et comprendre le réel. Ils posent le problème de la manière de faire la ville aujourd’hui, qui selon eux se fait dans « une logique verticale et hiérarchique faisant intervenir les différents acteurs de l’aménagement urbain dans des temps et des espaces déterminés et figés »25. Ils émettent l’hypothèse que l’ensemble des usagers de la ville (habitants et professionnels) peuvent être acteurs de l’aménagement de celle-ci à différentes échelles et propose pour cela d’immiscer un « réseau souple d’interactions artistiques et sociales, de rencontres et de débats » au sein de cette structure verticale. Soit une « mise en relation entre des mondes » afin de rendre la ville plus démocratique, selon AAA. C’est par des « tactiques urbaines »26 que l’Atelier d’Architecture Autogérée propose de mettre un 20

Christophe CATSAROS, « Le collectif exyzt, communautés d’action », in D’A, n°192, Juin-Juillet 2012p.7 § 2. Atelier d’Architecture Autogérée, fondé par Constantin Petcou et Doina Petrescu à Paris en 2001. http://www.urbantactics.org/index.html 22 Idem 23 Ibid. 24 Anne LOISEL, « Actions urbaines participatives, les courants alternatifs imposent leur tempo », in Ecologik, n° 17, 2010, p.47 § 2. 25 Collectif Etc, A propos, http://www.collectifetc.com/a-propos/ 26 Ceci n’est pas sans rappeler les Recetas Urbanas de Santiago CIRUGEDA, qui propose des interventions urbaines pour la récupération des zones dégradées de la ville de Séville. Cependant la notion de plan que sous entant la tactique, se réfère plus à la profession de l’architecte, que celle de recette qui peut être exécutée par tous. 21

18


place ce qu’il qualifie d’ « agir micropolitique », et qui correspond à ces moments d’expérimentation et d’action de tous ces collectifs. Les résultats peuvent prendre différentes formes, de la réalisation de structures construites, à la simple intervention artistique (affichage, sculpture, installation) en passant par la création de mobilier urbain, ou l’organisation de rencontres (conférences, débats, ateliers d’apprentissage), et parfois en mutualiser plusieurs selon les échelles et les temporalités de chaque projet. L’intérêt et la spécificité de ces expérimentations urbaines ne résident pas seulement dans le résultat, mais plus dans le processus qui le génère, dans le nouvel environnement et les nouveaux comportements qu’il engendre. Tout comme n’importe quelle démarche scientifique, le processus amène à générer d’autres questions, qui susciteront de nouvelles hypothèses, et donnerons ainsi lieu à d’autres communautés d’actions. c/ Education populaire Cette production d’outils et de méthodologie d’activation de la ville, Bruit du Frigo qui se définie comme un « hybride entre bureau d’étude urbaine, collectif de création et structure d’éducation populaire »27, la revendique depuis 1997. Depuis quinze ans, il déploie une démarche scientifique, mêlant pratique et théorie, et expérimente des activations par l’action. De cette expérience, par "une façon nouvelle, buissonnière, créative et ouverte d’aborder l’urbanisme et l’architecture »28, il a développé une méthodologie de projet et est de plus en plus appelé par les villes et communes pour ses compétences. Afin de mieux intégrer les grands projets urbains et d’accompagner les mutations du territoire, le travail de Bruit du Frigo se fait avec les habitants, mais également avec les collectivités locales et autres acteurs municipaux. C’est en faisant le lien, et en ouvrant le dialogue, que ce travail d’éducation populaire prend forme. Celle-ci ne concerne pas que les habitants, mais également ces collectivités qui en faisant appel à Bruit du Frigo acceptent de remettre en question leur façon de faire la ville. Gabi Farage travaillait sur le projet Marseille 2013, capitale européenne de la culture depuis deux ans déjà, et notamment sur deux projets : le quartier Porte d’Aix, et la commune de Vitrolles. En concertation avec les habitants, il développait ses projets dans « un esprit d’éducation populaire et d’émancipation citoyenne »29. Avec "des projets basés sur la rencontre et le lien entre tous, habitants, artistes, architectes, collectifs et collectivités. Des projets toujours volontairement accessibles". Des projets pour fabriquer au quotidien ce fameux "vivre ensemble", tellement à la mode, mais dont si peu se soucient vraiment d'inventer la clé30.

27

Anne LOISEL, « Actions urbaines participatives, les courants alternatifs imposent leur tempo », in Ecologik, n° 17, 2010, p.44 § 2. 28 Communiqué de Bruit du Frigo et de la Fabrique Pola, « Gabi Farage », le 26 Mai 2011. 29 Antoine De BAECKE, «Les villes rêvés de Gabi Farage », in Sud Ouest, le 26 Mai 2011, http://www.sudouest.fr/2012/05/26/les-villes-revees-de-gabi-farage-725556-715.php 30 Communiqué de Bruit du Frigo et de la Fabrique Pola, op. cit.

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BRUXELLES AOUT 2012

LILLE

JUILLET 2012

LE HAVRE

ROUEN REIMS METZ

STRASBOURG

PARIS

OCTOBRE 2011 DEPART SEPTEMBRE 2012 ARRIVEE

JUIN 2012

BREST RENNES JUIN 2012

BALE NOVEMBRE 2011 NANTES MAI 2012 CHALON-SUR-SAONE

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MONTPELLIER

MARSEILLE FEVRIER 2012

Itinéraire du Détour de France & Carte répertoriant les différentes associations et collectifs rencontrés par le collectif Etc. durant leur Détour de France en 2011-2012


Depuis le mois d’Octobre 2011, dans le cadre de son projet Détour de France, le collectif Etc. entreprend une recherche sur le thème de la « fabrique citoyenne de la ville ». Il fait cela dans le cadre d’une collaboration pour le MEDDTL portée par le Pôle développement durables et territoires méditerranéens de l’Université d’Aix Marseille. Intitulée « Paysage et développement durable : à la recherche d’une participation créative », cette recherche entend évaluer des expériences de participation et mener une réflexion sur l’émergence d’une participation créative. « Le but est d’obtenir de meilleures décisions, fondées sur un apport de connaissances, prenant en compte les désirs et les opinions des individus, et faisant une large place aux idées novatrices ; des décisions qui sont donc susceptibles d’être mieux acceptées voire complètement appropriées »31. Il s’agit donc d’en déduire de nouvelles méthodologies de programmation urbaine.

Les trois niveaux de définition des collectifs étaient présentés ici du plus immédiat au plus global, cependant la chronologie réelle de ces façons de faire – presque à l’inverse de cette description – révèle la nécessité d’un retour à des pratiques concrètes, et réclame aujourd’hui une prise de recul pour un regard plus analytique de ces pratiques.

B_ Comment travaillent-ils ? # Nous allons donc tenter de décrypter les méthodes de travail avec le contexte des projets, mises en place par ces collectifs. !Quels territoires d’investigations ? La notion de territoire parle ici des trois champs d’action, voir des missions et finalités que se donnent chacun des collectifs étudiés. a/ Révéler un espace Le collectif Exyzt est souvent appelé pour des festivals, travaillant ainsi sur des sites qui lui sont inconnus, navigant entre Paris, Londres et Barcelone. Il occupe ces espaces dans une temporalité donnée. Bien qu’il semble au premier abord ne faire que des projets « évènementiels », ceux-ci sont conçus comme une première approche, nécessaire à la connaissance d’un territoire. La mission que le collectif se donne est d’« investir un espace donné dans une échelle de temps définie et de proposer une relecture des lieux »32. Ainsi, il essaye de révéler un lieu, d’en faire ressortir ses caractéristiques propres et par l’événement le définit comme espace social. En ouvrant ainsi des espaces privés au public, et permettant 31 32

Collectif Etc, A propos, http://www.collectifetc.com/a-propos/ Maryse QUINTON, « Exyzt, Performances permanentes », in AMC, n° 165, Novembre 2006, p.38 § 1.

21


Carte du relevé non-exhaustif des espaces délaissés de la périphérie de Bordeaux. La ville en creux, morceaux choisis, Bruit du Frigo, Zone sweet zone


ainsi l’appropriation collective, par l’aménagement d’un lieu de convivialité et d’échanges, Exyzt révèle les possibles de ce lieu. b/ Explorer les possibles d’un territoire Le collectif Bruit du Frigo cherche également à révéler certains territoires en marge. Il amorce durant l’été 1999, l’arpentage d’un territoire qui leur est proche afin d’en repérer ses réserves et ses potentiels. Dans la périphérie de Bordeaux, ils entreprennent une démarche similaire à celle du groupe Stalker dans la périphérie de Rome en 1995. Ces explorations de franges urbaines comme centre d’intérêt est un moyen d’en montrer l’existence et de les révéler. Ces terrains vagues, sauvages, ces zones en cours d’urbanisation, ces zones hybrides entre infrastructures ou industries abandonnées et natures « sauvages » ont des statuts incertains. En quittant ainsi les espaces balisés de la ville, Bruit du Frigo entame un relevé « non-exhaustif » des espaces délaissés de la périphérie. De cette démarche pragmatique et quasi scientifique du relevé, l’association publiera un manifeste, « La ville en creux, morceaux choisis » en 2001. Ils constatent que ces espaces sont le résultat de mutations urbaines. Mais Bruit du Frigo y voit des « territoires potentiels d’inventions », spatiales et sociales, ce sont des terrains « riches de possibles »33. « Investir ponctuellement ces contextes en aménageant des situations de convivialité collective, permet d’en faire concrètement l’expérience, et peut être de retourner vers l’espace connu avec un autre regard sur ce que l’on peut attendre de l’espace public où la sociabilité est largement instrumentalisée par les lieux de consommations »34. Par ce travail, Bruit du Frigo développe un nouveau regard sur la ville et s’inscrit dans le territoire bordelais avec des outils pour mieux la comprendre et envisager différemment son devenir. Par la suite des commandes leurs ont été faites en dehors de ce territoire, mais c’est seulement suite à plusieurs années de pratiques et d’évolution de leurs outils d’action qu’ils ont pu définir une sorte de méthode plus ou moins générique applicable en d’autres lieux. Ils s’appuient alors sur des associations de quartier et d’habitants avec qui ils prendront le temps d’observer le territoire, par le biais de cartes sensibles afin de construire ensuite un imaginaire collectif, afin de valoriser de nouveaux possibles pour le lieu. c/ Recenser les pratiques de participation créative Le collectif Etc, entame des démarches similaires. Avec le projet du Détour de France, il multiplie les contextes pour réaliser des évènements et des espaces publics. Tissant des liens en amont avec des acteurs et partenaires divers, afin de définir une sorte de commande, le collectif a bien évidemment 33 34

Bruit du Frigo, La ville en creux, morceaux choisis, in Mutations, éd. Arc en rêve, Bordeaux 2001, idem

23


Rendu d’un Atelier d’Urbanisme Utopique réalisé par le collectif Bruit du Frigo, à Bordeaux dans le quartier Saint-Michel


préparer des pistes de projets, et des propositions pour chaque situation. Cependant il n’a pas figé de forme, ni abouti le projet afin de permettre à chacun d’y voir ce qu’il y souhaite et de pouvoir construire ensemble un imaginaire collectif. En encadrant des démarches participatives et en apportant leur regard d’architecte, ils testent différents exemples de reformulation d’usage et établissent ainsi un relevé non pas des sites mais des pratiques de participation créative.

Ainsi Exyzt explore chaque site comme une situation unique, Bruit du Frigo développe des stratégies d’exploration du territoire afin d’en dégager de nouveaux possibles et Etc, eux, étudient les différentes pratiques pour en définir une méthodologie, mais toujours dans une démarche participative.

!Quels acteurs & partenaires pour co-agir ? Les projets menés se retrouvent plus souvent qu'en agence, sur une démarche d'appel à projet autour d'un espace à faire revivre, initié pas différents acteurs. a/ Collectivités publiques Dans le cas de Bruit du Frigo, la demande vient souvent d’une municipalité qui souhaite repenser son aménagement urbain. Celle-ci souhaite associer une approche participative et culturelle afin d’impliquer la population aux compétences habituellement requises. Le collectif a donc une mission d’assistance et de conseil à la maîtrise d’ouvrage mais permet également de faire le lien avec les habitants et usagers. Leur travail prend la forme de ce que le collectif appelle des Ateliers d’Urbanisme Utopique. Ceux-ci ont pour objectif de « sensibiliser et mobiliser les citoyens sur le thème de la ville et ses transformations et de favoriser l’émergence et la mise en œuvre de projet d’aménagements urbains imaginés par les habitants »35, c’est une fabrique d’imaginaires urbains. Commandés par des villes et communes, il s’agit de créer le lien concret avec les habitants afin de s’éloigner d’une concertation classique peu efficace. Pour ce faire, le collectif tisse des liens étroits avec des équipements de proximité qui sont en relation directe et de confiance avec les habitants, comme les centres sociaux ou encore les maisons de quartier. De la même façon dans son Détour de France, Etc. a travaillé avec des syndicats d’initiatives citoyennes, des établissements publics d’aménagement, des espaces culturels et également des centres sociaux. Il s’agit souvent de soutiens financiers mais surtout ces équipements ancrés dans le site depuis longtemps servent de relais, de connecteurs de confiance avec la population locale. 35

Bruit du Frigo, « Atelier d’urbanisme utopique, Bordeaux », in Bruit du Frigo - Dossier de présentation, 2011, téléchargeable sur leur site : http://www.bruitdufrigo.com/

25


Projet de la Salle UN:UN, réalisé à Brest par le collectif Etc. avec l’association Vivre la rue lors de leur Détour de France.


b/ Associations de quartier Souvent le relais se crée avec des associations de quartier, libérant ainsi les intérêts du projet du poids de la commande et du financement. Permettant de définir de nouveaux besoins et de nouveaux usages de l’espace ouvert au public, ou dans l’espace public même, ces associations amènent d’autres habitants intéressés et impliqués dans leur quartier. Elles supportent également le projet dans une temporalité plus grande que celle du projet en lui même. S’impliquant dès la réflexion sur un site, elles en informent qualitativement la programmation, en assurent son intégration dans le paysage urbain des usages et parfois même assurent la pérennité de certaines démarches engagées par le processus de projet. Il arrive également que ce soit l’une de ces associations qui soient à l’origine de la commande, dans une volonté de valoriser et répondre à un besoin défini par des habitants fédérés. Dans ce cas, c’est leur compétence d’architecte qui est la plus demandée. C’est souvent le cas dans les projets dit spontané du collectif Etc durant leur tour de France, comme par exemple à Brest pour le projet de la salle Un:Un. Invité par l’association Vivre la rue, fondé en 1989 autour de l’envie de préserver et réhabiliter la rue Saint Malo, la plus ancienne rue de la ville qui a survécu aux bombardements de la seconde guerre mondiale. Mettant leurs compétences au service de cette association, ils ont réalisé avec les volontaires présents un cinéma/théâtre en plein air, inscrivant ainsi les pratiques de l’association dans le quartier et revalorisant les ruines patrimoniales de la rue. c/ Habitants & Usagers Ces projets s’inscrivent souvent dans une démarche participative, qui souhaite inciter le passant à prendre part au projet. Les liens avec les institutions et les associations permettent d’informer la population en amont du projet et ainsi de la mobiliser, cependant pour fonctionner ces projets incitatifs ont besoins de créer un échange qui soit direct avec l’habitant ou l’usager. Aussi en plus de ces réseaux associatifs, ces collectifs cherchent dans un premier temps à générer de la rencontre, de la convivialité et de l’échange, et développent ces notions tout au long des projets. Il s'agit de prendre le temps de créer du lien avec les habitants du quartier. En ouvrant les chantiers et les rendant festifs ils invitent tout passant à prendre part au processus à n’importe quelle phase du projet et proposent des ateliers participatifs permettant des degrés d’implications et d’investissements divers. C’est en suscitant la curiosité des passants qu’ils rencontrent d’autres tranches de population. Le collectif Etc., durant ces chantiers participatifs parle avec humour de mission de « racolage », mais tous développent ces techniques d’approche, l’intégrant plus ou moins dans un imaginaire facilitant l’appropriation. Par exemple, les Saprophytes pour le projet du Germoir à Bezons ont imaginé un jardinier-voyageur se promenant dans la 27


des jumelles

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E METTRE AU VERT : du papier buvard ou papier journal, à disposer entre chaque vÊgÊtal disposÊ dans l’herbier.

une boĂŽte Ă trouvailles

- A la mĂŠdiathèque Maupassant, rue Edouard Vaillant dans le centre : y’a plein de livres et de BD, des espaces pour bouquiner, une salle informatique et des rencontres avec des auteurs et des conteurs.

AVENTURES ET AUTRES HISTOIRES :

2 planches de bois de taille identique (vous choisissez la taille) et percĂŠes aux 4 coins

le roi du monde ! Âť

- Calculer les azimuts Ă partir de la vue depuis son bureau : ÂŤ Je suis halage

- A la terrasse Ă l’arrière du resto Le Cely’s, rue Henri Barbusse (en face de Darty) : ÂŤ on se croirait Ă Malibu ! Âť - A la piscine du parc de l’Ile Marante : un bassin olympique avec 3 plongeoirs et un solarium, au cĹ“ur du parc. ÂŤ Il faut prĂŠvoir une petite marche ou venir en vĂŠlo pour traverser le parc depuis le pont de Bezons Âť. - Danse et musiques cap-verdienne avec l’association AHSCA-CV du Colombier (association humanitaire, sportive, culturelle, Antilles – Capvert) fondĂŠe par Maria en 2010 : cours de danse pour enfants et adultes, ateliers de thÊâtre et ateliers de couture.

- Un footing au parc de l’Ile Marante ou le long du chemin de

PRENDRE DU RECUL :

4 ĂŠcrous papillon

Seine, pour pique niquer

- Au parc de l’Ile Marante : au solarium de la piscine ou face à la

4 boulons

- A la terrasse Ă l’arrière du resto Le Cely’s, rue Henri Barbusse (en face de Darty) : pour un verre Ă la sortie du travail ou pour dĂŠjeuner, ĂŠvasion garantie !

avec

LES DOIGTS DE PIED EN ÉVENTAIL :

PARASOL ET COCOTIERS :

POUR CEUX QUI TRAVAILLENT ICI :

POUR LES HABITANTS DU COLOMBIER :

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- Au thÊâtre Paul Eluard (juste derrière le marchĂŠ) : ÂŤ c’est connu pour le thÊâtre, Bezons ! Âť - Au cinĂŠma Paul Eluard (dans le thÊâtre) : il y a deux salles, tous les films passent, pas longtemps, il y a des ateliers avec les artistes, des dĂŠbats et des rencontres.

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les facteurs. Chaque annĂŠe, chaque quartier choisit un thème et la parade s’Êlance sur la rue Edouard Vaillant, jusqu’à la salle Arago et se termine par un feu d’artifice au Parc Bettencourt, juste en face

1,2,3 Soleil pendant les deux premières semaines de juillet c’est la fĂŞte aux parcs Bettencourt et Sacco et Vanzetti : de nombreuses activitĂŠs sont proposĂŠes ! La fĂŞte se finit le 14 Juillet par un feu d’artifice

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derrière l’Îlot Colombier, entre la citĂŠ du Colombier, et le nouveau quartier d’affaire. Ici il y a des petites maisons fleuries, des restaurants, des petits commerces.

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fĂŞte de la jeunesse : dernier week-end de juin au parc Bettencourt

Et d’ici quelques annĂŠes, on peut rĂŞver Ă la crĂŠation d’une liaison par bateau sur la Seine. Lent et peu coĂťteux, il est idĂŠal pour les voyageurs. Les plus aventuriers attendent ĂŠgalement avec impatience l’arrivĂŠe des premières montgolfières et autres engins volants de toute sorte sur le quartier tĂŞte de Pont !

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là oÚ il y a beaucoup de commerces, des banques, des magasins, quelques bars et restaurants, du monde à pied et des services importants. C’est ici que l’on trouve la mairie de Bezons.

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Le mieux encore, c’est quand on habite Ă Bezons ! En traversant le pont, on peut emprunter la piste cyclable, la Voie Verte ÂŤ Promenade bleue Âť qui relie le parc Pierre Lagravère, Ă Nanterre, au pont de Chatou, Ă Rueil-Malmaison, le long de la Seine sur la rive gauche.

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festival

Sur les traces du jardinier-voyageur, suivez l’itinĂŠraire au dos de la carte pour dĂŠcouvrir les essences vĂŠgĂŠtales du Colombier et des environs : pommiers sauvages, passiflore, cèdre du liban, roses trĂŠmières, robinier, bambou, noyer, ĂŠrables, marronniers, châtaigniers, saules pleureurs, aubĂŠpine, buddlĂŠia, glycine, ptĂŠrocaria, vigne vierge...

des crayons de bois pour prendre les empreintes

un carnet

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EDITO

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FĂŠTES

- Au parc de l’Ile Marante : il y a plein de choses Ă faire dans ce parc, un parcours sportif, une piste de bicross, des aires de jeux, une piste cyclable, etc. ÂŤ C’est bien d’y aller pour pique-niquer avec les enfants. Âť - Au parc Bettencourt : c’est petit mais ÂŤ c’est un petit coin de verdure dans l’agglomĂŠration, un petit bol d’air. Âť - Sur le chemin de halage, y’a plein de pĂŠniches mais ÂŤ vaut mieux y aller la journĂŠe parce que ce n’est pas très ĂŠclairĂŠ Âť. ÂŤ Le midi y’a une dame qui vend des crĂŞpes, mais ça fait longtemps qu’on ne l’a pas vue Âť... la verrez-vous ? - Sur les sentiers le long de la Seine, Ă vĂŠlo ou Ă pied, tout de suite Ă droite de l’autre cĂ´tĂŠ du Pont, le chemin de halage longe l’Île Saint-Martin, descend vers le port de Nanterre, l’Île des impressionnistes jusqu’à Bougival pour rejoindre le sentier de grande randonnĂŠe pĂŠdestre de la Ceinture Verte de l’Ile-de-France...

Alors que le quartier se transforme, vous trouverez ici toutes sortes d’informations pratiques, ludiques ou subjectives, une chasse aux trĂŠsors, des bribes de discussions autour d’un thĂŠ Ă la menthe sans menthe, quelques ĂŠchappĂŠes belles le long de la Seine et dans les hauteurs, des conseils pour manger, se dĂŠplacer, sortir... autant de repères pour jalonner votre pratique ou votre dĂŠcouverte du quartier.

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lĂ oĂš c’est le chantier, oĂš ça a bougĂŠ et oĂš ça va encore beaucoup bouger. C’est aussi lĂ oĂš il y a du bruit, de la circulation, le nouveau tram, des friches en attente.

En fin de journĂŠe, la Grâce de Dieu est un goulot d’Êtranglement au croisement d’Houilles et de Cormeilles. Pour les plus audacieux, la A 86 (très souvent saturĂŠe) vous conduira dans les villes de première couronne : pour Bezons, sorties 2 et 2b. En transport en commun, pour 1,50 euros, des bus relient Bezons Ă ses voisines : le 163 vous emmènera depuis Paris par la Porte de Champerret, le 267 Ă Nanterre. Pour rejoindre Argenteuil, Houilles ou Sartrouville : prendre les Bus 34 et 92 du rĂŠseau R’Bus. Et depuis La DĂŠfense, les Bus 161, 262, 272 passent tous par le Pont de Bezons. DĂŠmarrĂŠs en 2007, les travaux de la ligne T2 du tramway devraient permettre de relier Bezons Ă La DĂŠfense fin 2012‌ Il parait mĂŞme que 2000 travailleurs se rendent dĂŠjĂ Ă La DĂŠfense tous les jours, juste pour aller manger !

ÉDITION 2011

les zones oĂš...

En voiture, ça bouchonne ! A certaines heures, passer la Seine par le Pont de Bezons c’est impossible ! L’Êcrivain CĂŠline disait ÂŤ toute I’histoire de la France passe par Bezons ! PrĂŠcisĂŠment ! Au plus juste sur le pont de Bezons Âť.

par et pour les habitants de Bezons

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festival artistique qui a lieu tous les deux

K I T D E L’E XP LO RAT EUR URBAI N les jours, y’a des balades à faire, des explications et des ateliers.

- A la ferme pĂŠdagogique de Gally, Ă Sartrouville : c’est ouvert tous eaucoup de voyageurs au Pont de Bezons : ceux du tramway T2 qui arrive bientĂ´t après avoir longĂŠ la Seine, l’Île Saint Germain et les parcs de Saint-Cloud et de l’Ile Marante ; les travailleurs en route pour le quartier d’affaire de La DĂŠfense et ceux qui travaillent lĂ , juste Ă cĂ´tĂŠ du pont ; les bateliers amarrĂŠs le long du chemin de halage ; les habitants du Colombier qui ont posĂŠs leurs valises ici, sur la rive ; les chineurs attirĂŠs par les foires de Houilles et de Bezons... et Baptiste, jardiniervoyageur, parti Ă la dĂŠcouverte de ce petit bout de terre Ă travers la rencontre de ceux qui le vivent, l’animent, l’habitent. Quelque soit votre route, ce guide est fait pour vous !

LĂŠgende

ommune la plus mĂŠridionale du Val d’Oise, Ă 7 kilomètres de Paris, serrĂŠe entre les Hauts de Seine et les Yvelines, Bezons n’est pas ĂŠpargnĂŠe par les galères de transport des franciliens.

B

PETIT GUIDE SUBJECTIF DU QUARTIER DU COLOMBIER

octobre, sÊances de cinÊma avec tarif rÊduit (pendant ce temps le centre social garde les enfants). cinÊ femmes est aujourd’hui ouvert aux hommes!

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Institut de GĂŠographie Sensible

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les bus : gare routière importante oÚ on peut prendre les bus n° 161, 262, 272, 163, le TVO et aussi le nouveau tram T2

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la nouvelle ligne de tram T2, bientĂ´t sur Bezons, et qui reliera Bezons Ă La DĂŠfense

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les axes privilÊgiÊs pour les piÊtons, oÚ il est particulièrement agrÊable de se promener, et oÚ on peut faire ses courses, trouver les principales nÊcessitÊs.

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les grands axes oÚ il y a beaucoup de circulation, des voitures, des bus, le tram, des piÊtons. Ce sont les axes d’entrÊe et de sortie de ville, les axes reliant Bezons à Paris, Argenteuil, Houilles, Colombes, Sartrouville

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Le Jardinier-voyageur des Saprophytes dans le cadre du projet du Germoir Ă Bezons, ainsi que la carte subjective du quartier rĂŠalisĂŠ par la suite avec les habitants.

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la centralitĂŠ commerciale de la place du Grand Cerf les rez-de-chaussĂŠe commerciaux : banque, pharmacie etc...

le marchĂŠ couvert de Bezons


ville avec un chariot afin de constituer un herbier…puis une fois la première rencontre réalisée, chaque week-end le jardinier-voyageur revenait avec une thématique différentes : le paysage du quartier, la nature en ville, la construction de l’espace public. Puis le collectif et les habitants ont élaboré une carte subjective du quartier pour et par les habitants du quartier. Ce n’est qu’ensuite, avec ceux ayant envie de construire le projet du germoir, que la suite a vu le jour.

Dans toutes ces démarches, on voit apparaître bien d’autres acteurs que les intervenants traditionnels des marchés publics. !Quels rapports à la commande ? Dans cette démarche participative, novatrice, on s’aperçoit que la rédaction de la commande revient à ces collectifs. a/ Concours, Appels à idée & Appels d’offre Ces types de projets participatifs sont développés et menés à terme par ces collectifs, mais l’impulsion de départ vient souvent d’un concours ou d’un appel à idées. Le projet du Germoir des Saprophytes de Bezons, est né suite à un concours d’idées lancé par le CAUE du Val d’Oise : « Petite Architecture Citoyenne » qui posait la question de la construction d’espaces accompagnant les habitants dans la rénovation urbaine de leur quartier. Partant de l’idée que le lien avec un espace est avant tout humain, et qu’il se construit dans le temps, ils ont donc développé cette idée du jardinier-voyageur pour créer le lien, et travaillé conjointement avec le collectif Point de Rassemblement, basé à Aubervilliers. Le projet de La place du changement du collectif Etc à Saint-Etienne est également né d’un concours dont il a été lauréat, concours lancé par l’Etablissement Public d’Aménagement de Saint Etienne (EPASE). L’enjeu était l’aménagement d’un espace public temporaire sur un site délaissé, près de la gare de Châteucreux. Par le biais d’un chantier ouvert, ils ont souhaité réaliser un projet qui se veut le reflet des mutations en cours dans le quartier, en donnant vie avec les habitants et usagers à ce morceau de ville en devenir. Ces démarches de petites envergures, éphémères ou mutables sont en quelques sortes des tests. Et c’est là tout l’intérêt des appels à idées. C’est l’occasion de proposer une autre approche du « comment faire la ville ? ». Et c’est aussi là qu’est laissé le plus de place à des processus quelques peu alternatifs, ou du moins innovant. Il arrive également que ces collectifs répondent à des appels d’offres, cependant, il ne s’agit pas des appels d’offres conventionnels qui eux sont souvent remporté par des boites de 29


communication, selon Yvan Detraz, co-fondateur de Bruit du Frigo36. Ce sont plus souvent des collectivités locales ou des mairies, sensibles au travail de ces collectifs, qui vont prendre contact auprès de plusieurs d’entre eux afin de demander conseil. Par la suite, elles rédigent une commande à laquelle les collectifs répondent. Le cahier des charges est donc en partie composé par leurs soins, puisque le commanditaire est généralement attiré par le côté non-conventionnel et participatif de ces collectifs, mais n’en maîtrise pas toujours la formulation. Aussi, bien que ces collectifs restent dans la maîtrise d’œuvre, ils se placent en amont dans le projet et jouent également un rôle de conseil auprès de la maîtrise d’ouvrage. b/ Initiatives par les collectifs eux-mêmes Exyzt a commencé par le projet de l’architecture du RAB dès le diplôme passé. « A la commande qui ne vient pas à la sortie de l’école, les instigateurs d’Exyzt ont répondu par un chantier autogéré »37. Le RAB est un espace de surplus, souvent obsolète qui est inutilisable pour la transaction immobilière. En choisissant un RAB dans l’espace urbain oublié dans la construction du parc de La Villette, ils décident de l’occuper, de le nettoyer, de l’ouvrir à l’espace public et d’y réintroduire une occupation humaine. En habitant le chantier qu’ils mettent en place, ils invitent les passants à venir « chez eux » et crée ainsi de la rencontre. Par un principe de mécano géant en échafaudage, ils modulent chaque jour l’espace pour répondre à de nouveaux usages selon la programmation qu’ils y font. Ce premier projet, qui fut leur sujet de diplôme et lança le collectif n’eu pas de suite, mais l’idée initiale du processus est par la suite de passer la main. Il s’agit d’occuper temporairement un site pour lui tester des usages et permettre l’appropriation d’un espace délaissé pour l’ouvrir au public afin d’en faire un espace de rencontre et d’échange. A l’heure actuelle, Bruit du Frigo est surement le collectif qui a initié le plus grand nombre de projets. Imaginant ce qui pourrait transformer ou améliorer des lieux ou des situations avec les habitants au travers des Ateliers d’Urbanisme Utopique, ils simulent et testent in-situ certains projets de manière temporaire. Il arrive qu’à la suite de ce travail, des habitants constituent d’eux-même un collectif pour pérenniser ces constructions. C’est le cas par exemple au Jardin de ta sœur au Nord de Bordeaux, où le projet devait réaliser un jardin temporaire sur une friche du quartier. Par la suite, des habitants et des associations du quartier se sont fédérés pour proposer à la ville l’aménagement d’un jardin permanent. Depuis, le collectif Bruit du Frigo a accompagné ces habitants dans la conception, l’animation de la concertation interne ainsi que la présentation du projet en mairie. Et enfin celui-ci est en cours d’aménagement. 36

Lucile ABADIE, Entretien téléphonique avec Yvan DETRAZ, co-fondateur de Bruit du Frigo avec Gabi FARAGE, (réalisé avec Jennifer LE DINH), retranscrit en annexe de son mémoire : « La dimension créative des collectifs intervenant dans l’espace public, entre posture et commande publique. » réalisé au sein du séminaire AHP de l’ENSA de Toulouse en 2011. 37 Christophe CATSAROS, « Le collectif exyzt, communautés d’action », in D’A, n°192, Juin-Juillet 2012, p.7 § 2.

30


Cependant certains de ces projets temporaires sont pour le collectif une opportunité de générer des suites. Ainsi en 2008, quand Bruit du Frigo lance Lieux Possibles, dans la commune de Mérignac près de Bordeaux, il crée une manifestation culturelle, qui se produira tous les deux ans dans des espaces différents de l’agglomération bordelaise. Il s’agit d’investir et détourner un espace urbain pour en modifier temporairement la fonction, activer son potentiel créatif, expérimenter d’autres usages réels et tester des aménagements possibles38. Le rendez-vous est désormais pris à la période estivale, et permet de tester chaque fois des usages et valoriser de nouveaux sites en imaginant d’autres devenirs possibles… Par ce type de projet, il s’agit de « donner à l’architecture un sens que le star-système, la compétition et l’affairisme lui refusent »39, mais d’en faire un outil de lien social et de lecture du territoire. c/ Invitations & Réseaux On constate un fonctionnement en réseau de collectif. En 2011, Bruit du Frigo est appelé sur le projet de Vitrolles-Echangeur dans le cadre des Quartiers Créatifs de Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture. Gabi Farage, responsable du projet au sein du collectif, invitait les collectifs Etc., Exyzt, les SaproPhytes ainsi que Bellastock pour des activations diverses dans différents lieux de la ville. Suite à son décès, Bruit du Frigo s’est moins investi dans ce projet, mais les 4 collectifs invités sont restés dans la programmation de la ville, et montent désormais un projet commun dans le centre urbain de Vitrolles. On les verra tous intervenir durant l’été 2013, développant chacun leurs stratégies d’activation mais mutualisant également leurs approches autour d’une « base-vie » commune et d’ateliers participatifs animés conjointement. Créant également des occasions entre eux, ces collectifs confrontent et échangent leurs expériences. De façon informelle, ils constituent peu à peu un réseau, qui se rapproche dans sa notion de la communauté d’action qu’Exyzt utilise. Le collectif Etc. ira encore plus loin à l’issue de son Détour de France conçut pour recenser les pratiques participatives, multipliant les partenariats avec diverses associations. A Grenoble avec les Arpenteurs, une autre association d’architectes, ils ont co-aménagé une « fabrique de solution pour l’habitat », pour le projet de La piscine. Dans un domaine plus social, invités par l’hôpital La Colombière à Montpellier, ils construisent La belle échappée avec des étudiants en architecture mais également avec le personnel soignant et les patients un ruban d’équipement transformant le parking en espace public comprenant rampe d’accès et bancs. Leur objectif est désormais de répertorier et mettre en lien l’ensemble des personnes rencontrées. 38

Bruit du Frigo, « Lieux Possibles, Ville créative et développement désirable », in Bruit du Frigo - Dossier de présentation, 2011, téléchargeable sur leur site : http://www.bruitdufrigo.com/ 39 Christophe CATSAROS, « Le collectif exyzt, communautés d’action », in D’A, n°192, Juin-Juillet 2012, p.8 § 2.

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3. Exyzt, EKTOP #01, Nuit Blanche 2005.

1. Archigram, Plug-in City, Peter Cook, 1964.

2. Archigram, Control choise, 60’.

4. Bruit du Frigo, Atelier d’Urbanisme Utopique, 2006.

Collage et dessin d’Archigram, Photographie d’Exyzt et Photomontage de Bruit du Frigo. Confrontation des références avec les projets des collects.


C_ Quelles références et quels outils ? # Ces nouvelles pratiques que développent ces collectifs d’architectes ne sont cependant pas si neuves. !Quelles références ? a/ Les utopistes des années 60 ‘ « On ne peut saisir la ferveur constructive d’Exyzt sans un retour aux architectures radicales des années soixante qui veulent faire de l’acte de bâtir un révélateur de l’adhésion sociale. On pense souvent à Archigram face à cette heureuse communauté perchée sur des structures légères »40. En effet, les structures habitées, qui se muent selon la programmation chez Exyzt, dans une ambiance conviviale rappellent les walking city et autres villes instantanées d’Archigram. Cependant, si Exyzt, est le collectif qui y fait le plus directement penser, les structures éphémères de Bruit du Frigo sont dans la même veine, comme le traduit les visuels produisent durant les Ateliers d’Urbanisme Utopique. En revanche, ce collectif ayant émergé dix ans plus tôt, dans les années 90, les héritages des années 60 étaient loin et quasiment oubliés, le sujet n’était jamais abordé dans les écoles d’architectures et ce n’est que plus tard qu’elles ont inspiré leur travail, mais il ne s’agit pas là de leur source principale d’inspiration41. Eux se sont d’avantage tournés vers des artistes comme Gordon Matta Clark ou Robert Smithson pour nourrir leur approche de la ville, y trouvant de l’intérêt dans leur travail, que Yvan Detraz qualifie de « très personnel et très décalé par rapport aux questions concrètes de développement urbain et de la ville » que ces artistes explorent. Cependant, la première approche qu’ils ont d’un territoire n’est pas sans rappeler les déambulations des Situationnistes, mouvement précurseur des années 60. b/ Les architectes impliquant les habitants Ces déambulations, ces explorations, les ont rapproché d’une démarche très similaire à celle du collectif Stalker, lui aussi pluridisciplinaire. Mais pour Bruit du Frigo, les architectes influents qu’Yvan Detraz mentionne sont Lucian Kroll et Yona Friedman. Yona Friedman, développera à la fin des années 50 des projets de mégastructure imbriquant deux systèmes : le système primaire ou « macrostructure » assure la « tâche infrastructurelle » de la ville, sa distribution et son organisation générale, tandis qu’un système secondaire, dit « microstructure » de remplissage, s’y intègre. Ce dernier est plus libre et permet d’accueillir les mutations de la ville, il offre également une diversité de construction par la possibilité d’y intégrer des enveloppes flexibles. Il va 40

Christophe CATSAROS, « Le collectif exyzt, communautés d’action », in D’A, n°192, Juin-Juillet 2012, p.8 § 2. Lucile ABADIE, Entretien téléphonique avec Yvan DETRAZ, co-fondateur de Bruit du Frigo avec Gabi FARAGE, (réalisé avec Jennifer LE DINH), retranscrit en annexe de son mémoire : « La dimension créative des collectifs intervenant dans l’espace public, entre posture et commande publique. » réalisé au sein du séminaire AHP de l’ENSA de Toulouse en 2011.

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33


0DQXHO GpDXWRSODQLĆ‚FDWLRQ et Le Flatwriter de 1969 par Yona Friedman


décliner ces structures sur plusieurs villes mais celles-ci n’ont jamais de façades. « Comment faire un véritable aménagement, une vraie façade […] si le projet s’élabore en l’absence des vrais utilisateurs futurs ? »42. Par la suite il développera la théorie de l’autoplanification, permettant d’amener l’utilisateur à un langage architectural complet, partant du « schéma de liaisons » pour arriver au plan. Il inventera ensuite le Flatwriter en 1969, une machine à écrire qui permet à un utilisateur de « taper » le plan de l’appartement qui lui plairait, il s’agit d’un premier outil servant l’autoplanification. Dans l’ensemble de ses projets, on peut voir que Yona Friedman cherche toujours à se rapprocher au mieux des attentes des utilisateurs, et est souvent qualifié de « facilitateur ». D’un manière similaire, Bruit du Frigo fabrique de nouveaux outils pour amener les habitants à un langage architectural comme les ateliers d’urbanisme utopique. En parallèle Bruit du Frigo instaure un dialogue entre maîtrise d’œuvre, maîtrise d’ouvrage et habitants/usagers, il ne s’agit plus vraiment d’un rôle de « facilitateur » comme pour Friedman mais peutêtre pourrions nous parler de « médiateur ». Ce rôle les mènera à une pratique plus participative, et responsable. Lucien Kroll, juste après, dans les années 70, milite pour l’écologie et la notion de remploi en architecture, mais est surtout connu pour son architecture participative. C’est pour cette particularité qu’il sera appelé par les étudiants pour le projet du Campus de Woluwe-Saint-Lambert de l’Université catholique de Louvain. Il cherchera à additionner et révéler les individualités en impliquant les habitants dans la construction du projet. Ainsi la Maison Médicale, le bâtiment principal du site, rebaptisée « la Mémé » multipliera les matériaux de construction, et travaillera avec les futurs occupants du lieu. « Dès le début du processus, nous ne les prenons pas pour des architectes mais pour des maîtres d’ouvrage, auxquels nous soumettons des propositions à discuter jusqu’à adopter un projet »43. En effet, la participation ne signifie pas pour autant que chacun fait ce qu’il veut. Et c’est justement dans cette articulation entre les désirs, les besoins et les possibles que Bruit du Frigo travaille aujourd’hui. c/ L’architecte constructeur Cette articulation entre désirs, besoins et possibles, ainsi que les différents moyens mis en place pour faire participer les habitants, c’est également le sujet d’étude du collectif Etc. Beaucoup plus récent, ce collectif se place dans le mouvement du moment, et passe par l’expérimentation pour créer de la connaissance. Tout comme Exyzt, ils se placent tous deux dans l’action. Patrick Bouchain, qui ne se qualifie lui même pas comme architecte mais comme constructeur, prône cette idée de l’action comme production de connaissance, et bien qu’il ne soit pas une référence à proprement parler, on le présente 42

Yona FRIEDMAN, Une utopie réalisée, Catalogue de l’exposition Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, 1975, p. 64. Lucien KROLL, « Entretient : Lucien Kroll ou l’architecture sans maître », in Architecture d’Aujourd’hui, n° 368, Janvier-Février 2007, pp. 92-99

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TraversĂŠe piĂŠtonne utlisĂŠe

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AmĂŠnagement vĂŠgĂŠtalisĂŠe

parking sauvage

Traces du bar des messageries

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Rendu du collectif Etc. au concours lancĂŠ par EPASE pour le projet de La place du changement

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souvent comme une figure paternelle de ces jeunes collectifs. Il a été le professeur des membres fondateurs d’Exyzt, et les a mis en lumière en les invitant sur le projet de la Métavilla lors de la 10e biennale d’architecture de Venise. Dès que l’on parle de ces collectifs, lors d’invitations institutionnelles, son nom revient souvent, comme s’il en était le précurseur. L’ensemble de ces collectifs travaille à croiser les modèles « bottom up » et « top down », et pour ça ils mêlent les outils dits savants à des moments de partages très conviviaux. Ils sont dans l’obligation d’utiliser de nouveaux outils afin d’instaurer un dialogue entre ces pratiques. !Quels outils ? Yona Friedmandit, en parlant d’un de ses projets, qu’« il n’est pas nécessaire par contre, qu’il soit représenté avec des dessins techniques : des instructions, même verbales, peuvent suffire à sa réalisation »44, l’essentiel étant de réussir à les communiquer. a/ de représentation Les outils de représentation sont ceux qui permettent de présenter le projet, de matérialiser l’idée et de donner une première forme à ce qui va se passer. Cependant, ces collectifs travaillent dans l’action et réinterrogent la forme tout au long du processus de projet. Ce que l’on appelle projet chez eux, n’est pas simplement la phase de dessin préparatoire à une construction, mais prend son essor dans le temps du chantier qui devient un instant clé du projet. Il est évident que ces projets sont pensés, réfléchis et dessinés en amont, cependant ce n’est pas cette partie de leur travail que ces différents collectifs mettent en avant. Et bien que les géométraux de ces projets existent, car ils demeurent inévitablement les outils premiers des architectes, ils ne sont que très rarement montrés au public et restent inaccessibles. Contrairement aux architectes « classiques » qui mettront en avant la qualité graphique de ceux-ci, sur les sites internet et book de ces collectifs, il est très rare d’en trouver les images. Leurs esquisses de projets prendront plus souvent la forme d’un scénario, d’une histoire et se représenteront plus généralement sous forme de pictogramme ou de schéma. Exyzt est surement le collectif qui fige ses projets le plus en amont, puisque la construction y est moins souvent participative. Cependant pour eux, la « médiation architecturale se fait en acte ; Exyzt ne représente pas sa vision de l’architecture, il la met littéralement en espace »45. Aussi n’est-il pas étonnant que les rares documents graphiques de représentation que l’on peut trouver de leurs projets, soient tous des axonométries, ainsi le projet se développe directement dans les trois dimensions et prend une réalité visuelle immédiate. 44 45

Yona FRIEDMAN, Projets imaginés, in Théorie & Images, Institut Français d’Architecture, 2000. Christophe CATSAROS, « Le collectif exyzt, communautés d’action », in D’A, n°192, Juin-Juillet 2012,, p.8 § 2.

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Outils mis en place par le collectif Etc. pour la construction de la belle échappée à l’hôpital La Colombière à Montpellier


C’est lors de réponse à des concours que ces documents apparaissent le plus souvent puisqu’implicitement imposés. Et là encore l’axonométrie occupe une grande place dans les représentations, comme le montrent les panneaux de rendu du collectif Etc lors du concours pour La Place du changement à Saint-Etienne. On y retrouvera également des logos explicatifs d’une grande simplicité de compréhension, des photomontages et des images de références permettant de développer l’imaginaire autour du projet. b/ d’action Les outils de l’action se modifient selon chaque projet, selon chaque site, chaque temporalité et sont en soit le projet, ou tout au moins une très grande partie. Ils servent le plus souvent à favoriser la médiation avec l’usager ou l’habitant, et à faire participer celui-ci. Il s’agit le plus souvent de trouver des moyens simples pour l’amener à prendre part au projet dans la mesure de ses capacités. Aussi il sera nécessaire d’adapter ces outils selon les participants : leur âge, leur temps d’investissement et d’implication dans le projet, mais aussi leurs compétences. Par exemple, on prendra soin de ne pas confier les mêmes tâches à un bricolo averti qu’à un débutant maladroit, qu’il s’agira de d’identifier dès le début du chantier. Ces outils permettent de faire participer les usagers tout en cadrant le projet lui donnant ainsi sa cohérence. Par exemple, lors du projet de la belle échappée à l’hôpital La Colombière à Montpellier, le collectif Etc a « mis en place certaines règles constructives afin de laisser libre cours à la créativité de chacun, tout en assurant une cohérence globale au projet »46. Ce ruban de mobilier urbain – parcours est décomposé en module de 3 x 45 cm permettant à chaque participant de prendre en charge un module. De là, deux règles : partir de la hauteur du module précédent pour assurer la continuité de la bande et respecter les hauteurs fixées en fonction des usages, à savoir 45 cm pour une assise, 75 cm pour une table et 120 cm pour un « mange-debout ». Afin de faciliter ces exigences, deux outils ont été élaborés, tout d’abord « une grille à l’échelle une permettait de choisir les hauteurs, l’inclinaison et l’usage du module in situ. Ce cadre grandeur nature était placé directement sur le futur emplacement de la construction et servait de guide à la conception »47. Ensuite chaque responsable de module dessinait la silhouette de son tronçon, et la ligne haute de celle-ci était reportée sur une feuille A4. Puis ceux-ci mis bout à bout, la succession des tronçons développait peu à peu le linéaire de la construction totale. L’image de l’œuvre commune a ainsi pris la forme d’un « cadavre exquis ».

46 47

Collectif Etc, La belle échappée, http://www.collectifetc.com/la-belle-echapee/ idem.

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Avec les habitants Bruit du Frigo imagine des possibles pour des lieux dÊlaissÊs PUIS SIMULE UNE AFlCHE DE CHANTIER POUR MONTER LES IDĖES Atelier d’Urbanisme Utopique à Bordeaux.


Ces outils de l’action correspondent à la mise en fabrique des scénarios pensés en amont. Il s’agit de mettre en place des protocoles afin de guider les participants dans la concrétisation du projet tout en leur laissant une part de liberté. c/ de communication Aussi les outils qu’il reste à concevoir sont principalement d’ordre communicationnel, il s’agit de faire le lien entre les désirs des usagers, la demande des commanditaires, et les contraintes qui s’y ajoutent. L’enjeu principal est donc de réussir à rationnaliser et faire comprendre les positions de chacun. Bruit du Frigo, dans ses Ateliers d’Urbanisme Utopique cherche « à favoriser l’émergence et la mise en œuvre de projets d’aménagements urbains imaginés avec les habitants »48. Cela aboutit le plus souvent à des photomontages, semblables à ceux d’Archigram, très colorés et révélant les possibles du site imaginés collectivement, ceux qu’ils appellent des « graines d’idées » pour des projets à venir. Mais cela ne représente qu’une partie de leurs travaux. En amont, ils pratiquent des déambulations, proposent des ateliers et d’autres évènements qui se veulent avant tout conviviaux. Comme pour les membres d’Exyzt qui « habitent » leurs projets, invitent les passants, ils créent des instants d’échanges et de partages. De même pour les projets du collectif Etc. qui multiplient les rencontres. Alors comment retranscrire une telle effervescence ? Ce qui se passe lors de ces ateliers/évènements est difficilement transmissible, et c’est là tout le fondement de leur travail : l’apprentissage par l’action. C’est pourquoi ces collectifs s’enrichissent « de nouvelles compétences (vidéo, musique, graphisme, botaniste, gastronomique, pyrotechnie…) envisagées comme autant d’outils d’expression et de fabrication »49. Pour son projet de l’Architecture du RAB, le collectif Exyzt a privilégié le mouvement, et pour traduire celui-ci, ils ont opté pour le film en accéléré, le « time-lapse ». Ainsi, les flux de personnes, la construction-déconstruction-reconstruction-etc. de la structure mécano, et tout ce qui s’y passe est montré ; tout est présent mais en si rapide qu’il n’en ressort qu’une impression de grouillement comme si tout était vu mais difficilement tangible : « il fallait être là ». Dans d’autres situations, la retranscription se veut la plus exhaustive possible auquel cas il fait souvent appel aux carnets de bord, racontant les actions de la journée comme des aventures. Ces carnets prennent la forme de blog, permettant ainsi une grande visibilité mais surtout permettent de prolonger l’échange, car il devient possible pour chacun d’y ajouter son commentaire. Là encore, la participation reste présente même audelà de la fin du projet.

48

Bruit du Frigo, « Atelier d’urbanisme utopique», in Bruit du Frigo - Dossier de présentation, 2011, téléchargeable sur leur site : http://www.bruitdufrigo.com/ 49 Maryse QUINTON, « Exyzt, Performances permanentes », in AMC, n° 165, Novembre 2006, p.38 § 1.

41


haut: La Plage, Mirage à Beaudésert. Episode 1 de Lieux Possibles #02 bas: Atelier d’Urbanisme Utopique à Mazières-en-Gâtine, Bruit du Frigo


02_ Différentes formes d’occupation et processus de projet # Tentative de définition de typologie de « projet-processus » Quels types de projets, à quelles échelles et dans quelles temporalités ? Quoi ? Comment ? Pour combien de temps ? Quels rôles prennent les architectes selon les projets ? Activateur, Constructeur, Programmiste, Concepteur, Initiateur, Passeur… ? Ici, il ne s’agira plus de différencier les collectifs mais plutôt de définir des typologies de projet-processus.

A_ Les Protocoles pour agir ? # Les exemples et démarches présentés précédemment mettent en évidence de nouvelles stratégies en forme d’action pour l’initialisation et l’accompagnement de ces projets ; nous allons tenter d’en percevoir quelques règles et méthodologies, d’ en faire ressortir les modes et process structurants en effet : Ces « stratégies urbaines de proximité […] explorent les potentialités d’une approche interstitielle, elles permettent une appropriation citoyenne et génèrent de nouvelles formes d’aménagements à travers des modes opératoires innovants. Un travail sur la ville direct, critique et… pas si utopique ! »50. Alors comment fonctionnent ces projets-process ? !Corpus Pour étudier les processus de projet, nous nous concentrerons ici sur deux projets par collectif. Cependant, ceux-ci fonctionnent souvent en cluster, ou en grappe avec des intervalles plus ou moins long. Chaque projet devient alors un chapitre ou un épisode de la grappe, il lui arrive parfois d’acquérir une certaine autonomie quant à sa dénomination, surtout quant ce dernier appelle lui même à plusieurs éditions. a/ Bruit du Frigo : Lieux Possibles & les Ateliers d’Urbanismes Utopiques Le collectif Bruit du Frigo développe une multitude de projets, que l’on peut classer cependant dans deux « familles » récurrentes malgré des interpénétrations : Lieux Possibles et les Ateliers d’Urbanisme Utopique. Pour la première série, nous nous focaliserons essentiellement sur La Plage, Mirage à Beaudésert . La ville de Mérignac fait la commande d’un projet artistique et culturel. Il s’agit d’activer un terrain vague de 5 000 m2, qui doit accueillir à terme un pôle d’équipements publics. La ville missionne donc Bruit du Frigo pour la conception et la réalisation participative d’un aménagement public temporaire sur ce site en cœur de quartier et le collectif propose d’intégrer ce projet comme premier épisode de l’édition Lieux Possibles 2. 50

Anne LOISEL, « Actions urbaines participatives, les courants alternatifs imposent leur tempo », in Ecologik, n° 17, 2010, p.43, introduction.

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L’architecture du RAB près de la Villette et Sur la place publique à Saint-Jean-en-Royans par le collectif Exyzt


Pour l’autre forme, nous observerons comme les AUU (Ateliers d’Urbanismes Utopique), « agissent comme des fabriques d’imaginaires »51. Ces ateliers se sont déclinés avec le temps et impliquent de plus en plus la construction d’un espace adéquate qui fait projet. Bruit du Frigo parle alors de « fabrique d’imaginaires urbains » ou « d’outil d’activation et de prospective urbaine ». Il arrive que ceux-ci génèrent un projet plus grand, il peut également qu’on le retrouve au sein même des Lieux Possibles dans la mesure où ceux-ci se font sur le territoire bordelais, comme c’est le cas du projet Le Braséro qui amorcera l’édition 3. Cependant ils maintiennent tout de même une certaine autonomie puisqu’ils représentent une phase de recherche antérieure à la phase de conception même du projet, mais qui ne mènera pas toujours à une suite. b/ Exyzt : L’architecture du RAB & Sur la place publique! Le projet de diplôme des membres de ce collectif, l’architecture du RAB semble être la clé d’entrée la plus adéquate. Le Rab « était un projet d’occupation temporaire sur un espace urbain disponible, un jeu d’architecture à l’échelle 1 qui consistait, à partir d’un même volume de matériaux, à faire évoluer une installation éphémère au gré d’initiatives prévues ou improvisées »52. Par la suite la plupart des projets d’Exyzt ont repris cette forme de construction éphémère sur un site délaissé ouvert au public pour l’occasion, tout en y associant une programmation estivale et festive. En noircissant le tableau on pourrait parler de « Paris Plage » enrichi, mais ces projets sont plus proches de la première édition des Lieux Possibles de Bruit du Frigo. Le second projet choisi est celui présenté l’année dernière au Pavillon de l’Arsenal lors de l’exposition « Re-Architecture ». Il s’agit de Sur la place publique. Ce projet en quatre chapitres offre une dimension plus prospective au travail de ce collectif, et se place dans une démarche plus pérenne. Le Parc naturel régional du Vercors commande à Exyzt une étude d’action dans l’espace public avec les habitants, sur une proposition de l’association De l’aire et de la Halle qui en assurera le pilotage et la médiation. Le programme comprendra des petits équipements extérieurs et un kiosque. c/ Etc : Place au changement & quelques épisodes du «Détour de France » (Au four banal & Promenons nous dans les bois) La Place du changement fut le premier grand projet du collectif suite à un concours d’appel à idée « Défrichez là ! » remporté en mars 2011. Le collectif se donnait pour ce projet deux axes de travail : « collaborer avec les habitants pour la réalisation de l’espace public, et utiliser le temps du chantier, de

51 52

Nicolas GUILLON, « Nantes : urbainsme de comptoir au Breil-Malville », in Traits Urbains, n° 24, 2008, p.41, encadré. Maryse QUINTON, « Exyzt, Performances permanentes », in AMC, n° 165, Novembre 2006, p.38-39 § 3.

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La Place du changement, rebaptisé Place du géant par les habitants de Saint-Etienne & Au four banal à Busséol par le collectif Etc.


quatre semaines, pour échanger et impliquer la population dans la durée »53. Présenté à l’exposition « Re-Architecture », ce lieu --désormais baptisé Place du Géant par les habitants-- vient de vivre deux ans plus tard un second opus. Profitant de la Biennale Internationale de Design de Saint-Etienne, le collectif Etc est revenu pour « redonner un coup de neuf à la place » sur une semaine, puis « faire intervenir des équipes de designers, architectes, graphistes et paysagistes qui viendront porter leurs regards sur cet espace en y intervenant durant toute cette deuxième semaine. Ce sera l’occasion ici de poser la question de la manière de construire autrement de l’espace public »54. Entre temps, pendant un an, le collectif Etc a sillonné les routes de France à vélo, multipliant les escales « pour rencontrer et travailler avec les différents acteurs identifiés de manière non exhaustives comme participant à une certaine « fabrique citoyenne de la ville »»55. Fin Novembre 2011, c’est à Busséol en Auvergne qu’Etc était invité pour intervenir sur une série de résidences par l’association Pixel. Le projet Au four banal porte sur la réactivation des anciens lieux de sociabilité, à savoir le four à pain, le lavoir, la cabine téléphonique ou l’Église. Début Juin 2012, en collaboration étroite avec les graphistes du Fabricatoire, c’est à Rennes dans le quartier du Blosne, qu’Etc réalise Promenons-nous dans les bois, un chantier ouvert et participatif sur la place de Prague. Ces protocoles nouveaux, inventés par ces collectifs au cœur de leurs actions, s’accompagnent également de mises en œuvre techniques nouvelles, qui semblent s’imposer pour rapprocher la construction technique du passant qui s’implique. !Quels matériaux, quelles échelles et temporalités pour ces projets ? a/ Des matériaux peu coûteux Le bois est un matériau qui revient souvent, pour ne pas dire toujours. A l’exception du premier RAB investi en échafaudage, le bois est désormais la constante aussi bien pour Exyzt que pour les autres collectifs : peu coûteux et pratique à travailler, il fait l’unanimité. Bruit du Frigo l’utilise en ossature et en panneaux, puis l’agrémente selon les projets de tissu isolant et/ou de peinture. Etc, l’emploie souvent en palettes ou en tasseaux, tout comme Exyzt. La nouvelle tendance va aussi au réemploi. Dans le cadre d’une mutation d’un quartier il est fréquent que soit programmée la déconstruction d’une barre d’immeubles comme cela a été le cas dans le quartier des Chaux. Ainsi Exyzt a pu ajouter à ses tasseaux 53

Collectif Etc, Place au changement…le chantier ! , http://www.collectifetc.com/place-au-changement-chantier/ Collectif Etc, Place au changement Opus 2, http://www.collectifetc.com/en-cours-place-au-changement-opus-2/ 55 Collectif Etc, Le Détour de France, http://www.collectifetc.com/le-detour-de-france-du-collectif-etc/ Pendant un an de septembre à septembre, Etc totalisera 14 escales, et participera ainsi à plus d’une quinzaine de projets. Ici nous ferons les choix de se pencher sur 2 d’entre-eux : Le projet à Busséol, modeste et poétique ainsi que celui à Rennes où le collectif a fait force de proposition pour monter le projet. 54

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toutes sortes de matériaux récupérés. Enfin, les projets développant souvent des espaces plantés, une partie du budget est dédiée à la terre, au sable, aux graviers et aux végétaux. Au-delà de ces matériaux plus naturels, choisis car moins couteux et peut-être plus « accessibles » à tous les usagers, les modes de gestion changent également, à commencer par leurs budgets. b/ Des projets temporaires Ces projets sont temporaires, aussi leurs budgets ne sont pas encore totalement perçus comme un investissement par les communes. Sur les projets choisis, le plus gros budget revient à Bruit du Frigo pour sa troisième édition de Lieux Possibles qui comprend 3 sites et s’élève en tout à 200 000!. Mais c’est le plus souvent sur la moitié que sont estimés les autres projets. Sur la place publique a coûté 100 000!, mais le collectif concepteur fait partie des principaux financeurs. La Place du changement est estimé à 100 000! mais n’a réellement coûté que 33 000! hors honoraires, tout comme le Détour de France qui avec 134 000! totalise 17 interventions, où le collectif Etc précise « N’apparaissent pas sur le budget ci-dessus les contributions volontaires en nature de 10 architectes et 1 graphiste bénévoles qui travaillent à plein temps ». Tous ces projets que nous étudions sont temporaires du fait du caractère incertain des lieux dans lesquels ils s’inscrivent. Aucun n’a pour vocation un établissement dans la durée si ce n’est quelques années, deux à trois tout au plus. Le projet de La Plage à Mérignac laissera place à un pôle d’équipements publics d’ici deux ans. Le collectif Bruit du Frigo avec la série d’action Lieux Possibles interrogeait la possible existence d’un urbanisme complémentaire de l’urbanisme « fait pour durer ». Il proposait ainsi un urbanisme « souple, évolutif, léger, temporaire »56, un urbanisme contribuant à « lutter contre l’appauvrissement et la fadeur de l’espace public »57. Mais en acceptant l’invitation de la Mairie de Mérignac à investir temporairement la friche de Beaudésert, leur position initiale se trouve en décalage avec la commande qui leur est faite. Le projet est temporaire non pas par positionnement théorique, mais parce que voué initialement à disparaître selon les accords passés avec la mairie. Il se contente de servir de trait d’union temporaire entre une friche à l’abandon et un projet « fait pour durer », un trait d’union à destination des habitants, pour les préparer aux mutations de leur cadre de vie. Si cette notion de trait d’union est mal assumée par Bruit du Frigo, Etc. lui la revendique. Dans son projet de La Place du Changement à Saint-Etienne, prévue pour 2 ou 3 ans dans l’attente de la construction d’un immeuble, le collectif s’intègre dans le cadre du projet de rénovation urbaine du quartier de Châteaucreux. Quant aux équipements extérieurs construits par Exyzt avec les habitants du quartier des Chaux à Saint-Jean-en56 57

Présentation du projet Lieux Possibles par le collectif Bruit du Frigo, www.bruitdufrigo.com Idem.

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Royan, ils préfigurent une salle communale à venir. Ce caractère temporaire, dans des projets nés d’initiative personnelle ou non, joue toujours un rôle particulier dans l’élaboration de ceux-ci et devient une préfiguration des projets à venir sur ces sites. Considérer les usages temporaires et non planifiés est une manière de promouvoir l’intégration des habitants souhaitée par les pouvoirs publics, mais répond également, nous dit Lauren Andres, par « la capacité à s’adapter plus facilement aux aléas du marché en accentuant la flexibilité et la mutabilité des espaces »58. Elle poursuit : « ce n’est ainsi plus seulement la durabilité des espaces et projets urbains qui est recherchée mais leur aptitude à faire face aux crises et à l’incertain »59. Le temporaire devient alors également un outil de pensée dans la difficile imbrication des échelles territoriales comme des enjeux économiques, lesquels dépassent souvent la gouvernance de la commune dans laquelle le projet se place. En effet ceux-ci ne sont pas pensés dans une forme définitive mais plutôt dans les mutations qu’ils vont générer. Ils rejoignent à mon sens cette idée d’architecture-action dont parle Alain Guiheux. « Construire une architecture en tant qu’elle produit des transformations qui vont au-delà de l’existence de l’objet construit, une architecture active, agissant comme déclencheur ou transformateur. La recherche d’une architecture capable d’une performance »60. En définissant de la sorte l’architecture-action, Alain Guiheux s’intéresse à «des architectures qui ne tirent pas leur effet de leur présence, mais de leur fonctionnement en tant que dispositif, de ce qu’elles engendrent au-delà d’elles-mêmes. Le projet n’est pas achevé de par sa propre existence, il vise à produire des effets en dehors de lui. »61 Dès lors il distingue deux catégories d’édifices : « 1_ Ceux qui tiennent leur qualité de leur réalité physique, en tant qu’objet. 2_ Ceux qui tiennent leur qualité de ce qu’ils permettent, de ce qu’ils engendrent au-delà d’euxmêmes. Machines à percevoir, machines à inventer des usages, à produire des sensations ou des effets sociaux. Cette deuxième catégorie est porteuse d’invention »62. Et c’est bien à cette deuxième famille que les projets des collectifs étudiés se rapportent, à laquelle Alain Guiheux rapprochera également « les architectures d’exposition et les attractions (panoramas, fêtes foraines) ». Ainsi, même si la présence physique de ces projets est de courte durée, elle lance une dynamique d’échanges au près des populations voisines.

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Lauren ANDRES, Les usages temporaires des friches urbaines, enjeux pour l’aménagement , Métropolitiques, mai 2011, article en lige (http://www.metropolitiques.eu/Les-usages-temporaires-des-friches.html), p.1 59 Idem, p.1 60 Alain GUIHEUX, Architecture Action, Une architecture post-théorique, Ed. Sens & Tonka, Paris, 2002, p.7 61 Idem, p.19 62 Ibid., p.19

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c/ Des moments d’activation « Le projet existe au travers de règles d’engendrement qu’il se donne à lui-même. La procédure est une interrogation permanente sur la conception et la lecture de l’environnement. Le projet vise à faire émerger toute nouveauté possible pour l’architecture. L’architecture est entrée dans le territoire de l’instantané, […] Faire l’architecture, c’est faire apparaître »63. Ces règles, chacun se les fixe et avec, ses attractions. Pour Exyzt, « chaque intervention du collectif s’inscrit dans un contexte déterminé, prenant souvent la forme d’installations temporaires dans le cadre d’événement festif »64. Pour son projet de L’architecture du RAB, Exyzt veut à tout prix garder cette effervescence et réinterroger chaque jour la forme et les usages de son architecture : « Une tonne d’échafaudages par jour et par personne, c’est la quantité à ne pas dépasser pour rester réactif : pouvoir tout remballer en une journée. […] L’autonomie constructive est au cœur de la démarche du collectif »65. Ce projet prévoyait initialement de restituer le RAB à l’espace public, mais la pérennité d’un tel projet n’est possible que si l’activité reste. Dans le cas présent, l’appropriation par autrui n’a pas été persistante. Ces projets font sens par ce qu’ils font apparaître, mais pour qu’ils restent vivants il est nécessaire qu’ils soient investis par d’autres et bien que le temps de montage soit l’instant clé de l’activation, celui-ci ne dépasse que rarement les 15 jours. Lors de leur Détour de France, Etc, ne restait parfois qu’une semaine, comme cela a été le cas à Busséol, et sur leur blog, le commentaire d’une des habitantes résume bien l’idée: « Merci pour votre visite, vous nous avez laissé sur des envies de rencontres et des souvenirs de rire en commun. Un grand moment pour le village. A nous maintenant de faire vivre les projets entrevus…Isabelle »66. Si le relais n’est pas pris par les habitants en association ou collectivement, il y a de forte chance que le projet s’essouffle. Aussi il est de plus en plus fréquent de voir des projets se décliner en plusieurs chapitres ou opus.

Ce principe d’activation séquencée est commun chez tous les collectifs, mais ne prend pas toujours la même forme selon les projets. Il peut se concentrer sur un site, revenant régulièrement : C’est ainsi qu’Exyzt pour le projet Sur la place publique développe son projet en quatre chapitres. Etalé sur 2 ans, le collectif revient tous les 5 mois en moyenne pour passer à l’étape suivante. De la même façon, Etc. a fait un second opus à Saint-Etienne. Et à La Plage, Bruit du Frigo imagine une action pour chaque saison ; ce n’est que l’épisode de l’été qui intègrera Lieux Possibles 2. Mais le choix des épisodes peut aussi

63

Alain GUIHEUX, Architecture Action, Une architecture post-théorique, Ed. Sens & Tonka, Paris, 2002, p. 41. Christophe CATSAROS, « Le collectif exyzt, communautés d’action », in D’A, n°192, Juin-Juillet 2012, p.7 § 2. 65 Idem, p.8 § 2. 66 Commentaire d’une habitant de Busséol, sur le blog du Détour de France, http://www.collectifetc.com/etape-busseolpremiers-jours/ 64

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s’étaler sur plusieurs lieux. Ainsi Bruit du Frigo ouvre plusieurs sites de la région bordelaise, lors de sa biennale Lieux Possibles. Etc. a fait son tour de France et Exyzt investit chaque été un délaissé avec ses constructions temporaires. !Quels rôles pour l’architecte selon les moments du projet ? Au cours de ces projets, les membres des différents collectifs, qui restent majoritairement des architectes revêtent plusieurs « casquettes » selon les épisodes proposés. Tous conservent leur rôle d’architecte-concepteur cependant ils varient leurs pratiques. a/ Initiateur / Conseiller à la maîtrise d’ouvrage Certains projets sont issus de leurs propres initiatives comme c’est le cas par exemple de L’architecture du RAB puisqu’il s’agit à l’époque d’un projet étudiant. Bruit du Frigo lance sa première édition des Lieux Possibles, qui prend alors la forme d’un festival. Suite à leurs repérages entamés par les Randonnés Périurbaines et les constats faits dans leur manifeste, ils ont pour la première édition activé un urbain. Par la suite des commandes sont venues qu’ils ont intégrées aux éditions futures comme c’est le cas pour La Plage, initié à la demande de la ville de Mérignac. Mais en parallèle ils continuent d’ouvrir des sites inaccessibles pour les périodes estivales. Par exemple, le second épisode de l’édition Lieux Possibles 2 ouvrait le Jardin des Remparts, « un patrimoine public à usage privé situé en coeur de ville, inaccessible et invisible, adossé à un ancien rempart à un étage au dessus de la rue »67. En y installant une table ruban en collaboration avec le groupe Le Cabanon vertical et y associant une programmation, Bruit du Frigo a donc rendu accessible ce jardin. « Il fonctionne en alternance comme jardin disponible pour les usages collectifs d’associations, comme jardin public ouvert à tous, comme lieu de programmation artistique, comme restaurant le soir et comme hôtel »68. Les autres projets de ces collectifs ne répondent que rarement à une commande classique, à l’exception peut-être du projet de La Place du changement qui est le résultat d’un concours. Sinon il s’agit souvent de commandes venant d’autres associations ou de collectivités locales mais celles-ci ne définissent que très peu le programme et les besoins demandés. Aussi la commande sera conjointement rédigée entre le collectif et le commanditaire, et son travail sera plus de l’ordre de la prospective urbaine. b/ Activateur - Programmiste Ainsi ces collectifs interviennent sur un site comme des « activateurs ». En proposant des constructions éphémères accueillant du public, ils testent des usages possibles du site en invitant les 67

Bruit du Frigo, « Le Jardin des remparts », in Bruit du Frigo - Dossier de présentation, 2011, téléchargeable sur leur site : http://www.bruitdufrigo.com/ 68 Idem,

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habitants. En changeant le regard du public sur ces sites délaissés, ils revalorisent ceux-ci et dynamisent des requalifications urbaines futures. De la sorte ils imaginent des programmes à venir pensées conjointement avec les habitants, et dans le cas d’un projet temporaire où le devenir du site est prédéfini ils peuvent contribuer à en préciser le cahier des charges. C’est le cas de La Plage de Bruit du Frigo et également du Tunnel d’Exyzt dans leur projet Sur la place public. Ces deux projets préfigurent des équipements publics à venir, et le fait de tester ces programmes en amont permet de mieux définir les besoins réels du quartier et les envies des populations locales. Ainsi une évaluation quantitative et qualitative des fréquentations et l’utilité d’un tel équipement sont concrètement expérimentées. c/ Intermédiaire – Médiateur - Pédagogue Cette prospective urbaine faite avec les habitants se rapproche des logiques de concertation. Cependant celle-ci se veut plus qualitative et plus engagée : les collectifs iront à la rencontre des habitants, par le biais d’associations implantées à proximité mais également par le dialogue et l’invitation. Ils prendront par conséquence le rôle d’intermédiaire entre la maitrise d’ouvrage et les usagers. Mais pour générer un dialogue efficace, il est nécessaire de communiquer au sujet de l’architecture et de l’urbanisme avec les habitants. De ce fait ils deviendront médiateurs auprès de la population, afin d’amener les habitants à développer un regard critique et constructif sur leur environnement. Pour cela, chaque collectif se crée ses propres outils. Bruit du Frigo se spécialisera dans ce qu’ils appellent Les Ateliers d’Urbanisme Utopique. A mesure de ceux-ci, ils s’appuieront de plus en plus sur une construction concrète comme Le Braséro, ou encore Le Cabanon Cuyés dont nous parlerons plus tard. Cependant ils laisseront souvent la conception de cette dernière à d’autres en partenariat, afin de se concentrer sur les ateliers. A partir de déambulations collectives, pour repérer, établir et partager des constats ils amèneront les habitants à observer ce qui les entourent, puis au sein d’ateliers, à imaginer des propositions pour améliorer certains lieux. d/ Animateur – Programmateur culturelle - Constructeur L’architecte se retrouve alors animateur d’atelier ! Ces ateliers, d’urbanisme dans le cas mentionné précédemment peuvent aussi prendre d’autres formes. Chez Etc. c’est le chantier qui est prétexte à cela. Menuiserie, Art urbain ou Jardinage, cet atelier deviennent motif à l’échange, et toute la vie du chantier s’y greffe, la cuisine, puis des animations sportives ou musicales, etc… Ces collectifs, en invitant des artistes divers, font vivre ces lieux et programment tout un calendrier d’évènements. L’équipe tout entière met la main à la pâte, et chacun devient animateur d’un ou plusieurs ateliers. Pour cette programmation établie en amont, ils ont généralement pris en charge la conception du lieu, mais ils ne se contentent pas de définir leurs besoins et de les mettre en espaces. Ils réalisent le projet et construisent la 52


forme architecturale qui accueillera ces évènements-ateliers. Le plus souvent, la réalisation matérielle de ce lieu devient un des ateliers fait avec les habitants. Mais ce n’est pas toujours le cas. Exyzt, eux surement sont ceux qui pratiquent le moins souvent cette construction participative, mais ils construisent des espaces ludiques qu’ils offrent en libre usage aux gens.

B_ Existe-t-il des familles de protocole d’action ? # Nous avons pu voir qu’il existe plusieurs familles de projets, selon leurs temporalités, leurs sites et les méthodologies développées par les collectifs. Il arrive aussi qu’un projet en rassemble plusieurs, ou encore qu’un projet donne lieu à d’autres projets par la suite. !Y-a-t-il des typologie de projets ? Cependant il est possible de classer les étapes de ces projets selon différentes typologies. a/ L’événement, le projet « coup de point ». Ce projet court de type événement, Exyzt en est le spécialiste. On pourrait parler de projet « oneshot ». Le projet s’installe puis disparaît une fois l’événement fini. Dans ce cas la pérennisation vise plutôt à laisser une trace dans les esprits. Qu’il s’agisse du Southwark Lido , du Dalston Mill ou plus récemment de The Reunion l’été dernier. Ces trois évènements londoniens rendaient accessible et vivant chaque année un site durant un ou deux mois d’été, un peu comme Bruit du Frigo initialement dans Lieux Possibles. Pour ces évènements phares, Nicolas Henninger du collectif Exyzt parle de réenchantement : « Le

réenchantement du monde passe par le réenchantement humain »69. Semblablement, dans le projet Au four banal, le collectif Etc. parlera de mise en scène et de décors. Ils tourneront avec les habitants des « bandes annonces » et clôtureront cette étape de leur Détour de France en les projetant le soir dans l’église du village transformée pour l’occasion en cinéma. La pérennité des ces projets est peu probable, en tout cas pas tel quel, mais elle aura insufflé un peu de poésie et donné des envies aux habitants. Ces projets courts sont plus réalisés à titre d’exemple. Il ne s’agit pas là d’offrir de l’équipement ou une suite au projet, mais de montrer qu’il est possible de se rassembler. Les structures d’Exyzt, plus complexes, servent à révéler des lieux et en faire des espaces temporaires de convivialité festive. La première édition des Lieux Possibles était également dans cette veine, mais les suivantes se sont encore complexifiées. Néanmoins quelques épisodes restent de cet ordre, comme ce fut le cas pour le Jardin des remparts.

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Conférence Bellastock Round #02_Trans 305, Exyzt, Bruit du Frigo à Belleville

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Point Chaud ! , outil ludique pour aller à la rencontre des gens ! Exyzt, Sur la place publique à Saint-Jean-en-Royans


b/ Le projet mobile Les collectifs agissant dans l’espace public utilisent souvent des petites structures mobiles pour aller à la rencontre des gens. Tout comme la roulotte du jardinier-voyageur des Saprophytes à Bezons présentée précédemment70; Pour Chaud devant ! , premier chapitre du projet d’Exyzt Sur la place public, le collectif construira une machine, un outil ludique appelé « Point Chaud » afin d’explorer le territoire et d’aller à la rencontre des gens. Cet outil est voulu « mobile, variable, flexible et chaud » afin d’en proposer divers usages, du pédiluve chaud à la cuisine collective. Cette thématique de la cuisine mobile a pris de l’importance. L’année dernière un colloque a été organisé sur « Ma cantine en ville. Voyage au cœur de la cuisine de rue » dans le cadre du concours Mini Maousse 5. Il s’agissait d’ « interroger les relations actives à l’œuvre entre espace public et nourriture et les enjeux à la fois anthropologiques et de civilisation observés »71. Par la suite, fin Mars 2013, à SaintChaumont, une exposition du même nom dressait « un panorama mondial de la restauration de rue ». « L'amplification de ce phénomène témoigne de l'étendue de la précarité économique, de l'attachement à des valeurs culturelles menacées et de l'aspiration à un renouveau de l'espace public.» D’autres collectifs se sont spécialisés dans une architecture dite « mobile & mutable », comme par exemple Idensitat basé à Barcelone72. c/ L’atelier Les projets d’ateliers peuvent prendre plusieurs formes. Ils peuvent s’inscrire dans certaines phases de projet plus grand comme c’est le cas chez Etc. où les ateliers se développent au sein du chantier. Mais certains collectifs se spécifient dans des projets de prospective urbaine participative ou concertée. C’est le cas de Bruit du Frigo avec les Ateliers d’Urbanismes Utopiques, ceux-ci ne génèrent pas forcement de construction, bien que de plus en plus, un lieu temporaire spécifique soit construit pour accueillir ces ateliers. Il utilise la déambulation comme « un instrument de lecture et de remise en question »73 puis avec les habitants, ensemble, imaginent des possibles. C’est par la suite qu’avec des architectes et des artistes ils mettent en image ces projets utopiques qu’ils soient concrets ou poétique. Pour la ville de Dax, dans le quartier Cuyés, Bruit du Frigo a été missionné aux côtés de l’Agence d’architecture et d’urbanisme Traverses et de l’agence de paysage Trouillot et Hermel pour travailler avec 70

Voir 01_B_Comment travaillent-ils ? 2/ Quels acteurs et partenaires pour co-agir ? c) Habitants et Usagers, p.25 Ma cantine en ville, Voyage au cœur de la cuisine de rue, Colloque à la Cité de l’Architecture, concours Mini Maousse 5, http://www.citechaillot.fr/fr/auditorium/conferences_et_debats/24748_ma_cantine_en_ville_voyage_au_coeur_de_la_cuisine _de_rue.html 72 Indensitat, Collectif représenté par Ramon PARAMON lors du Colloque Démocracité organisé par le Département Art, Architecture, Politique de l’ENSA Paris-Malaquais, le 9 Décembre 2011. Cf. Annexes. 73 Bruit du Frigo, La ville en creux, morceaux choisis, in Mutations, éd. Arc en rêve, Bordeaux 2001, 71

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Exemple de Cartes sensibles du collectif Etc. 1-2: LĂŠgendes Urbaines 3-5: Voyons-voir !


les habitants sur la requalification des espaces publics. Pour l’occasion ils ont édifié une petite architecture temporaire au cœur du quartier appelé le Cabanon Cuyés. « Ce dispositif d’activation et de prospective urbaine est un lieu de rendez-vous pour rencontrer et mener des ateliers avec les habitants […] afin d’échanger, partager leurs idées, leurs envies pour améliorer le cadre de vie de leur quartier. Ce travail de collecte de paroles, et d’idées a pour objectif de nourrir l’étude urbaine de L’Agence Traverses. » Cependant, bien qu’il en ressorte un travail très similaire, ce projet ne reprend pas la dénomination d’ Ateliers d’Urbanisme Utopique du fait de sa construction, mais prend son autonomie propre dans le portfolio du collectif. d/ Le projet évolutif Ces travaux d’ateliers sont souvent présents à chaque début de projet évolutif plus grand. Qu’il s’agisse de La Plage de Bruit du Frigo, de Sur la place publique d’Exyzt ou encore de la Place du changement du collectif Etc., ces trois projets se placent dans une temporalité plus longue que celle de l’événement. Ces projets sont tous pensés dans une logique de transition du site. Il ne s’agit donc plus d’investir ponctuellement un espace pour le restituer après, mais d’engager sa mutation. Aussi ce type de projet implique une évolution qui combine souvent plusieurs des formes vues précédemment. Ces combinaisons donnent lieux à différents scénarios selon les collectifs. ! Une méthodologie commune ? Malgré les variantes d’outils et de généalogie entre les projets, la méthodologie générale reste assez similaire. Par la suite chaque projet en réduit ou dilate certaines étapes. Chaque étape pouvant parfois constituer à elle seule un projet. C’est surement en cela que réside l’une des principales nuances entre les différents collectifs : les porosités présentes entre les projets, mais plus encore la révélation ou non de ces filiations par les nominations qu’en font les collectifs. a/ Créer du lien avec les habitants La rencontre avec les habitants est toujours la première clé du projet. Que celle-ci se fasse par du porte-à-porte par Etc. à Busséol ou par une architecture mobile comme à Saint-Jean-en-Royan par Exyzt. Cette étape est nécessaire à tout projet pour expérimenter par la suite avec les habitants. Il est également fréquent que les collectifs s’entourent d’associations de quartier pour faciliter ce lien, s’il n’est pas déjà inscrit dans le territoire.

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Peinture sur les façades abandonnés pour interpeller le passant. Collectif Etc., La Place du changement à Saint-Etienne


b/ (Re)découvrir le site collectivement Pour découvrir le site, mais plus encore le faire redécouvrir aux habitants qui le pratiquent des parcours urbains, des déambulations sont organisés collectivement. Parfois ce travail devient un projet en soit et l’on voit souvent revenir l’outil que ces collectifs appellent des « cartes sensibles ». Ce travail de lecture des lieux créer aussi de l’échange et du lien avec les habitants, et aux détours d’anecdotes et d’histoires personnelles, un premier constat commun émerge. Des repérages sont alors approfondis. Ceux-ci correspondent à une première démarche de concertation participative, et implique l’usager dans la mutation de son quartier en l’amenant à qualifier son regard sur celui-ci. c/ L’activation, un temps fort ouvert et festif : C’est surement cette phase du projet qui diffère le plus d’un projet à un autre. Mais ces différences ne sont pas spécifiques à chaque collectif, mais s’adaptent plutôt à chaque projet. Qu’il s’agisse d’un événement, d’ateliers ou que cela prenne la forme d’un chantier participatif, que par la suite le projet cumule dans un ordre ou un autre les différentes typologies précédemment présentées. Le temps de l’activation intègrera toujours une programmation culturelle invitant chacun à prendre part au projet. C’est un moment de convivialité, qui encore une fois devient prétexte à créer du lien.

Ces projets –nous avons rappelé leur caractère souvent « temporaire »- se distinguent enfin par une temporalité différente, sans achèvement net, du moins au niveau de l’animation distribuée avec la population. Dans le cas de ces projets évolutifs, qui s’installent plus longuement sur les sites, d’autres temps marquants apparaîtront et viendront ainsi ponctuer le lieu pour le redynamiser. Ce seront des temps de ré-activation et de mutation. C’est alors qu’apparaissent les chapitres, les opus et autres formules propres à chaque collectif. Il arrive même que des projets qui se succèdent, soient considérés comme indépendants par les collectifs.

!

Mais des généalogies différentes

Si les démarches sont (de fait) semblables, c’est dans l’imbrication, la dénomination et la filiation des projets entre eux que de grandes différences apparaissent entre les collectifs. a/ Etc. et La Place du changement : Dans le cas de La Place du changement, l’ensemble des étapes s’interpénètre et c’est le chantier qui lie le tout. La rencontre avec les habitants se fait in-situ : ceux-ci sont interpelés par des jeux visuels peints sur certaines façades de la ville à proximité. En amont l’événement est annoncé, et les associations 59


Sur la place publique, Exyzt & l’assocaition De l’aire à Saint-Jean-en-Royans 1.Le Tunnel, 2.La Revue 3. Chaux Devant! 4.& 5. Le Kiosque


de quartier sont impliquées, tout le monde est bienvenu. Sur place, le chantier génère des ateliers de fabrication destinés à tous les âges, lieux d’échanges et de pédagogie réciproque. Le soir, des activités culturelles prennent le relais impliquant de nouveaux publics. C’est donc un projet qui cultive l’effervescence du lieu pendant un mois. Deux ans plus tard, un second opus qui vient réactiver le site, et créer un débat pour une relecture du précédent projet. Dans le cas des projets du Détour de France, la généalogie est similaire, mais se condense dans des délais plus courts, puisque chaque étape dure tout au plus une semaine. b/ Exyzt et Sur la place publique : Chez Exyzt le projet est posé dès le début en quatre chapitres : la rencontre avec les habitants est pensée comme un premier événement : Chaud Devant ! : « Si Point Chaud est l’outil, Chaud Devant en est la mise en situation, le passage à l’action. La construction d’un évènement collectif. L’installation Chaud Devant sera le support d’expérimentations construites et participatives »74. Cinq mois plus tard, le collectif viendra en résidence pour organiser un premier diagnostic sous forme de Parcours culturels et urbains qui permettront de prolonger la rencontre et d’impliquer plus durablement les gens : un office du tourisme temporaire est construit, il accueille les gens et permet les débats collectifs. On installe une cartographie participative : il s’agit d’un outil de concertation pour aider la ville qui envisage un projet pour le devenir du quartier. L’association De l’aire, entame des ateliers d’urbanisme participatifs. Quatre mois plus tard, c’est le troisième chapitre, Chaux Devant ! (comme le nom du quartier où il s’implante). Il s’agit cette fois de tester de nouveaux usages en prévision du projet à venir. Exyzt conçoit et construit une plate-forme de détente près du terrain de jeux, aménage un tunnel qui permet la traversée de l’immeuble tout en structurant un espace délaissé et amorce une intervention sur la façade. En lien avec d’autres collectifs, une fiction radio est lancée et un fanzine relate les témoignages et envies récoltés au chapitre précédant. Puis, presque un an plus tard, le quatrième chapitre Un kiosque aux Chaux vient préfigurer une salle communale suite aux besoins et désirs qui sont ressorti des ateliers d’urbanisme participatifs. L’ensemble des quatre chapitres est présenté lors de l’exposition Re-Architecture comme un seul et unique projet intitulé Sur la place publique, mais le collectif Exyzt n’ayant pas pris en charge le pilotage du projet, présente sur son site internet simplement ses constructions comme des projets autonomes : à leurs yeux Point Chaud , Le Tunnel et Le Kiosque représentent trois entités séparées.

74

Exyzt, Chaud Devant !, http://www.exyzt.org/chaud-devant/

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c/ Bruit du Frigo, le cas de la plage : Bruit du Frigo est sans doute le collectif dont les généalogies entre les projets sont les plus flous. Aussi bien dans la dénomination des projets que dans les démarches. Pour La Plage il s’agit initialement d’une commande bien spécifique d’occupation temporaire et participative d’un site préfigurant un projet à venir. Pensé en action selon chaque saison, il constitue déjà plusieurs projets. En automne, un casting est réalisé pour définir une équipe d’habitants constructeurs, et avec eux s’écrivent des témoignages sur la ville ; cette démarche est très proche des projets développés lors des Ateliers d’Urbanisme Utopique. L’hiver est construit « La Criée », un espace de 50m2 mis à disposition du quartier par le biais d’un agenda virtuel. Puis au printemps, au sein des habitants sont recrutés 30 concepteurs pour penser l’espace de l’été. L’aménagement d’un jardin se met en place en même temps qu’une programmation festive. L’action de l’été, qui est l’aboutissement de ce projet, apparaît pourtant sous un nouveau nom : Lieux Possibles 2, épisode 1. L’aménagement réalisé sur ce site, avec son autonomie et sa programmation propre, devient l’un des lieux qu’active temporairement Bruit du Frigo dans le cadre de son « festival » bi-annuel. Ainsi les actions par saison s’intègrent à l’épisode premier de la seconde édition des Lieux Possibles qui développe 5 épisodes… Cela semble compliqué, mais révèle bien le développement rhizomatique des projets de Bruit du Frigo. Cette édition des Lieux Possibles / ville créative et développement désirable peut presque à elle seule présenter le large panel de projets de ce collectif. En effet l’épisode 3, Panorama, qui s’étend sur quatre communes de la métropole bordelaise, donnera naissance à son propre « festival » et génèrera par la suite l’ensemble des projets de Refuges Périurbains ; tandis que l’épisode 5 Les Bassins à flot travailleront avec la fabrique POLA75 (dont Bruit du Frigo est membre fondateur) pour accentuer son intégration dans le quartier et favoriser l’émergence de projet similaire.

Malgré ces différentes filiations, ces actions sont souvent centrées sur des territoires analogues dans la perception et l’inconscient public…

C_ Quels lieux privilégier ? # Les territoires privilégiés se trouveront souvent au cœur d’anciennes zones urbanisées.

75

Il s’agit d’une fédération artistique et culturelle qui vise à engager un projet de développement fondé sur une économie plurielle et solidaire pour le secteur culturel. http://www.pola.fr

62


!

Délaissés & Interstices urbains ?

a/ Les espaces délaissés Ces collectifs agissent souvent sur ce que Gilles Clément appelle des délaissés urbains. « Les raisons du délaissement tiennent au regard porté par l’institution sur une catégorie de son territoire. Exploitation impossible ou irrationnelle, exploitation non rentable, espace déstructuré, incommode, impraticable. Espace de rejet, de déchet, de marge. Espace d’insécurité. Espace non revendiquable, privé d’espérance »76. Dans le langage courant on parlera de terrains vagues, de friches, d’interstices urbains, à l’abandon…Exyzt les appellent « RAB » et défini celui-ci comme « un espace restant de la planification urbaine et inutilisable pour la transaction »77. Bruit du Frigo les considèrera comme « des lieux dans la ville, banals et extraordinaires, sous-exploités ou inaccessibles » et consacrera même un texte manifeste à ces délaissés, publié sous la forme d'un article : « La ville en creux, morceaux choisis » en 2001. « Dire que les logiques de production de la ville sécrètent du « délaissé » en même temps qu’elles produisent du « pensé » (terrains vagues, friches industrielles, emprises (auto)routières, entre-deux, lambeaux d’espaces ruraux et naturels…) est un constat partagé. » Et en rebaptisant ces espaces de « pensé », ils annoncent ici l‘intérêt qu’ils portent à ces territoires en marge. « La ville composée cohabite avec son double en creux, une ville induite, non désirée, non résolue, une ville du reste, Espaces indéterminés et instables »78. Cette étude du négatif de la ville entamé par les Randonnés Périurbaines se révèle actuellement un outil commun de pensée sur la ville. Patrick Degeorges et Antoine Nochy, écriront également à ce sujet sous la direction de Patrick Bouchain : « Le délaissé présente l’image inversée d’une ville qui se défait en se faisant. Il est dans la ville sans en être. Il est invisible »79. Ils constatent que ces espaces sont le résultat de mutations urbaines. Mais Bruit du Frigo y voit des « territoires potentiels d’inventions » spatiales et sociales, ce sont des terrains « riches de possibles »80. « Investir ponctuellement ces contextes en aménageant des situations de convivialité collective, permet d’en faire concrètement l’expérience, et peut-être de retourner vers l’espace connu avec un autre regard sur ce que l’on peut attendre de l’espace public où la sociabilité est largement

76

Gilles CLEMENT, « Chapitre XI - Rapport à la société », in Manifeste du Tiers Paysages, Janvier 2002, p 21. Egalement cité par Marie TAVERNIER, dans Délaissé, film documentaire, Grec production en 2009. 77 Exyzt, L’architecture du Rab, http://www.exyzt.org/architecture-du-rab/ 78 Patrick DEGEORGES et Antoine NOCHY, sous la dir. de Patrick BOUCHAIN, L’impensé de la ville, atelier « La forêt des délaissés », Janvier 2002, publié dans Nature & Paysage, Les délaissés temporaires, p 40. Egalement cité par Marie TAVERNIER, dans Délaissé, film documentaire, Grec production en 2009. 79 Idem, 80 Bruit du Frigo, La ville en creux, morceaux choisis, in Mutations, éd. Arc en rêve, Bordeaux 2001,

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instrumentalisée par les lieux de consommation »81. Ces pratiques créent une prise de recul et permettent un renouvellement de la perception sur nos manières de faire la ville. b/ Les interstices Selon Pascal Nicolas-Le Strat : « Les interstices représentent ce qui résiste encore dans les métropoles, ce qui résiste aux emprises normatives et règlementaires, ce qui résiste à l’homogénéisation et à l’appropriation. Ils constituent en quelque sorte la « disponibilité » de la ville »82. Ces espaces « disponibles » deviennent les terrains de jeux de ces collectifs qui les décrivent comme invisibles pour certains, oubliés pour d’autres, ou encore qui doivent être révélés. Pour son premier projet, Exyzt a choisi d’occuper un « RAB » oublié par la construction du Parc de la Villette, tenant compte de son ensoleillement et de sa visibilité. L'occupation d’un tel site incite à l'ouverture de la clôture, comme pour restituer le RAB dans l'espace public, en le nettoyant et en y réintroduisant une occupation humaine. Une fois la barrière physique abolie, il fallait établir le contact avec les autochtones afin que le voisinage se familiarise avec le RAB. « Allant contre toutes les idées d'espace public conçu et contrôlé, le collectif nouveau-né a voulu prouver que n’importe qui peut rendre des espaces urbains informels à la ville »83. Car non normalisés, ils deviennent les espaces à inventer. « Les terrains délaissés sont les traces des possibilités censurées, des mondes impensés, que l’aménagement n’a pas complètement achevé d’éliminer en construisant autre chose » 84. Ainsi «Ces espaces, oubliés par la planification urbaine, sont la base d'une démocratie, qui permet la liberté d'expression et l'échange. »85 et deviennent donc une nouvelle forme d’espace social. !

Territoire d’expérimentation & de convivialité, les entre-deux.

Peut-être le mépris inconscient qui recouvre ces délaissés est-il un ressort pour développer de nouveaux rapports contre cette exclusion, Le rejet inconscient de l’institutionnel ouvre en tous cas de nouveaux champs sociaux.

81

Idem, Pascal NICOLAS-LE-STRAT, « Multiplicité interstitielle » in Multitudes, Inventer le commun du monde, une micropolitique de la ville : l’agir urbain, n°31, Hiver 2008, p.117, également repris dans l'ouvrage Expérimentations politiques, Fulenn, 2007, rééd. 2009, http://www.le-commun.fr/index.php?page=multiplicite-interstitielle 83 Exyzt, L’architecture du RAB, http://www.exyzt.org/architecture-du-rab/ 84 Patrick DEGEORGES et Antoine NOCHY, sous la dir. De Patrick BOUCHAIN, L’impensé de la ville, atelier « La forêt des délaissés », Janvier 2002, publié dans Nature & Paysage, Les délaissés temporaires, p 40. Egalement cité par Marie TAVERNIER, dans Délaissé, film documentaire, Grec production en 2009. 85 Exyzt, L’architecture du RAB, op. cit. 82

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a/ Des territoire d’expérimentation « Les terrains délaissés apparaissent comme un abandon de la norme. […] L’émancipation de ces espaces est une résistance contre l’homogénéisation et la discrimination des lieux, et donc contre la décomposition sociale qu’elle fixe dans leurs sillages »86. C’est face à cette aseptisation de l’espace public, régi par des règles sécuritaire et esthétiques, que les habitants comme les collectifs étudiés opposent une résistance. « Bruit du Frigo se consacre au diagnostic et à la « révélation des délaissés urbains »». De la sorte il « interroge la politique de la ville » et l’engage dans ce modèle participatif. Il « initie un nouveau type de prospective urbaine »87. Avec les Lieux Possibles, il propose d’« investir et reprogrammer des espaces urbains de façon participative pour en modifier temporairement la fonction, activer leur potentiel créatif, expérimenter d’autres usages réels, stimuler l’imaginaires des habitants et tester des aménagements possibles. » Ces collectifs « transforment des espaces a priori « non dédiés » en outils d’activation artistique, sociale et urbaine »88. b/ Des territoire de rencontres et de convivialité En effet ces « espaces intermédiaires » investis par les collectifs ne doivent donc plus être pris uniquement comme des espaces physiques, ils deviennent des « entre-deux ». Selon Roselyne de Villanova ce terme renvoie « à des formes spatiales, matérielles, architecturales ou construites ainsi qu’à une acceptation abstraite de l’espace de contact entre cultures »89. Ces espaces « ont en commun d’être des nœuds urbains de mixités fonctionnelles et sociales, d’articulation privé/public, d’échanges et de fabrication »90. Ainsi l’entre-deux devient « une construction ou reconstruction matérielle et symbolique […] à partir de ce que la société tend à séparer et opposer (populaire/savant, local/étranger) et qui serait aussi créatrice de nouvelles formes »91. Ce sont justement ces oppositions que les collectifs essayent de se faire rencontrer au sein de ces espaces non normés. En effet « critiques vis-à-vis des méthodes de concertation mises en place par les pouvoirs publics, qui se limitent souvent à des cahiers de doléances déposés en mairie »92 les collectifs tentent par le biais de ces espaces temporaire de redonner leur place d’acteur à tous les citoyens. Construire ensemble des espaces temporaires devient prétexte à la concertation participative cette fois-ci. Ainsi par ces projets participatifs, habitants et « savants » se côtoient. L’enjeu du travail manuel devient primordial. « Se saisir des outils et inviter les gens « à faire » 86

Patrick DEGEORGES et Antoine NOCHY, sous la dir. de Patrick BOUCHAIN, L’impensé de la ville, op. cit., p 40. Anne LOISEL, « Actions urbaines participatives, les courants alternatifs imposent leur tempo », in Ecologik, n° 17, 2010, p.44 § 2. 88 Idem, p.44 § 3. 89 Roselyne DE VILLANOVA, « Espace intermédiaire et entre-deux. De l’architecture à la métaphore spatiale », in Conjuguer l’architecture. Architecture, Anthropologie, Pédagogie, éd. L’Harmattan, Paris , 2007, p. 231 90 Idem, p. 231 91 Ibid., p. 231 92 Collectif Etc, Place au changement…le chantier ! , http://www.collectifetc.com/place-au-changement-chantier/ 87

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Projet poétique sur les anciens lieux du quotidien, Collectif Etc., Au four banal à Busséol


permet de mettre tout le monde sur un pied d’égalité différent et inhabituel »93. Dans le cas du projet de la Place du Changement d’Etc, « le cas du jardin a été particulièrement révélateur car le collectif n’ayant aucune formation sur les questions végétales, leurs membres avaient plus à apprendre des habitants que l’inverse. Un rapport de confiance a pu être conforté, et a permis d’avoir des échanges intéressants notamment sur la question de la ville et du quartier »94. c/ Vers un autre espace public plus généreux ? « Du fait de leur statut provisoire et incertain, les interstices laissent deviner ou entrevoir un autre processus de fabrication de la ville, ouvert et collaboratif, réactif et transversal. C’est effectivement sur ce plan-là, à la fois méthodologique et formatif, politique et heuristique, que se vérifie l’importance de l’expérience interstitielle et des occupations temporaires »95. Ainsi les interstices deviennent les lieux les plus approprié pour tenter de nouveaux protocoles pour faire la ville. Ces espaces temporaires deviennent des lieux d’expérimentation pour créer « des lieux d’émergences de nouveaux liens entre les hommes »96 et de nouveaux espaces de ce que Bruit du Frigo appelle le « vivre ensemble », ces fabriques de « l’en commun »97. « Parce que ces lieux où la propriété (bien réelle mais non marquée) n’est pas ressentie, semblent n’appartenir qu’à eux-mêmes […], un rare sentiment de liberté s’y dégage […] Dans l’illicite, ils peuvent accueillir des modes d’appropriation marginaux que la ville « officielle » interdit ou rend impossible par la privatisation et la réglementation des espaces. La générosité du disponible y est contredite par l’interdiction statutaire »98. !

Espaces publics, espaces du quotidien et lieux de démocratie nouvelle…

a/ Pour une résistance des lieux communs Peu à peu on peut observer que ces collectifs agissent de plus en plus au sein même de la ville, non plus sur ses marges mais tentent de définir de nouvelles formes d’espaces publics. Pour ces collectifs, la résistance s’organise autour du refus de la disparition des espaces communs des villes comme lieux de sociabilité (comptoir du café, porte de la boulangerie, seuil de l’église, nous dirait Marc 93

Idem, Ibid., 95 Pascal Nicolas-Le Strat, « Multiplicité interstitielle » in Multitudes, Inventer le commun du monde, une micropolitique de la ville : l’agir urbain, n°31, Hiver 2008, p.117, op. cit. 96 Collectif Etc., « Des architectes ordinaires » , in AlterArchitectures, Manifesto, ouvrage collectif sous la dir. de Thierry PAQUOT, Yvette MASSON-ZANUSSI et Marco STATHOPOULOS, éditions Infolio, Octobre 2012. Avec Chris Younès, Thierry Paquot, Alberto Magnaghi, Serge Latouche, Lucien Kroll, Winy Maas, Patrick Bouchain, Bart Lootsma, Dus, Supertanker, Christian Reder, Wonderland… 97 Anne LOISEL, « Actions urbaines participatives, les courants alternatifs imposent leur tempo », in Ecologik, n° 17, 2010, p.47 § 1. 98 Bruit du Frigo, La ville en creux, morceaux choisis, in Mutations, éd. Arc en rêve, Bordeaux 2001, 94

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Augié), qui ont construit les villes. Le projet Au four banal à Busséol en est très clairement l’illustration. Etc a cherché ici à redéfinir des usages possibles à ces anciens lieux du quotidien en invitant l’habitant à agir et à réaffirmer son identité en se réappropriant l’espace dans lequel il vit, de façon individuelle ou collective. De la sorte, ces espaces « seront appropriés plus généreusement. Plus respectés. Et pourront peut-être redevenir des espaces de démocratie, et servir ainsi à la ré-inventer »99. Margaret Crawford appelle ces espaces les espaces du quotidien « dans lesquels se conjuguent expérience vécue et expression politique. ». Ainsi, « contrairement aux espaces publics normatifs, producteurs de l’idéologie établie, ces espaces contribuent à déstabiliser le statu quo. Dans différentes zones de la ville, les espaces courants se transforment en espaces spécifiques pour le débat public et la lutte sur des thèmes tels que la participation économique, la démocratie et l’affirmation de l’identité. Sans prétendre représenter l’unique espace possible, ces activités multiples et simultanées construisent et révèlent une logique alternative d’espace public »100. b/ L’usage dans l’espace public Partant du constat systématique que l’urbanisme de la ville contemporaine est aseptisé et/ou sécuritaire, et qu’il n’offre pas la possibilité aux habitants de jouir de l’espace public, les collectifs que nous étudions élaborent des stratégies d’interventions. L’une d’elle consiste en un urbanisme « de l’usage », c’est-à-dire un urbanisme dans lequel le citadin doit trouver sa place par la pratique de l’espace. Ils cherchent donc les possibilités d’usage qu’offrent les lieux dans lesquels ils interviennent. Leurs constructions, dans la manière dont elles sont pensées et faites, répondent aux mêmes logiques et pour inviter le passant à profiter au mieux de l’espace public les collectifs associent à leurs constructions une programmation, des évènements qui offrent différents usages: une balançoire, un échiquier, des palettes de jardinage, un brumisateur… Ainsi en variant les propositions ils atteignent un plus large public. Mais ces usages que plébiscitent les collectifs comme stratégies d’appropriation de l’espace sont à considérer avec recul. Ils peuvent être offerts aux habitants sans arrière pensée, ni volonté de les utiliser à d’autres fins. Mais ils peuvent également obéir à d’autres finalités occultées, plus fines. « Les espaces « de l’agir » se transforment en espaces interrogatifs du quotidien, de ses potentialités, de ses blocages et de ses temporalités imposées. Mettant en cause le fonctionnement stéréotypé des espaces normés, ces espaces de l’agir peuvent devenir des espaces de dé-apprentissage des usages assujettis au capitalisme et de ré-apprentissage d’usage singularisés, en produisant une subjectivité collective et spatiale propre

99

Collectif Etc., « Des architectes ordinaires », op. cit. Margaret CRAWFORD, « Estomper les frontières : espace public et vie privée », in Quaderns, n°228, 2001.

100

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aux sujets investis.»

101

En effet en proposant plusieurs activités « transversales et hybrides, une fluidité

d’espaces et une mobilité de l’aménagement qui, par usages parallèles, permettent, par exemple, de faire la cuisine et de participer dans la foulée à un débat, de bricoler puis d’écouter un concert etc. Côtoyer une diversité d’activités et de compétences autorise, à un certain moment, l’embrayage vers d’autres implications, imprévues, portées par la dynamique collective ; des personnes venues au départ pour jardiner peuvent s’engager, petit à petit, dans des dynamiques politiques »102. c/ Un espace politique Rappelons ici d’abord l’étymologie du mot politique, « les affaires de la cité », qui pose bien son intérêt premier à l’organisation du territoire avec ses habitants, sans tomber dans d’autres dérives…. Alors « Quelle relation y a-t-il entre l’espace public et la démocratie ? […] les juxtapositions, les combinaisons et les rencontres de gens, de lieux et d’activités créent les conditions d’une nouvelles fluidités sociales qui commence à faire éclater les structures clairement délimitées, spécialisées et hiérarchisées de la vie quotidienne. […] Ces interstices imprévisibles possèderaient la puissance libératrice qu’Henri Lefebvre attribue à la vie urbaine. […] Le trivial et le marginal peut se transformer en une forme de micropolitique.»103. Ainsi « Ces activités [publiques] qui sont en train de restructurer l’espace urbain, ouvrent de nouveaux terrains politiques et produisent de nouvelles formes d’insurrection urbaine.», de « nouvelles zones d’expressions publique »104. « Une fois mobilisées, les identités sociales se convertissent en exigences politiques, espace et lieu pour la transformation politique, avec une force capable de donner une nouvelle forme aux villes »105.

Et comme tous les débats se traduisent par des rapports de forces, autours d’enjeux nouveaux, nous allons devoir identifier les enjeux qui se retrouvent révélés en discussion dans les contextes de ces projets, suite aux démarches novatrices menées par les collectifs.

101

Constantin PETCOU et Doina PETRESCU, « Agir l’espace, notes transversales, observations », in Une micropolitique de la ville : l’agir urbain, Multitudes n°31, Paris, éd. Amsterdam, Hiver 2008, p.103. 102 Idem, p.103. 103 Margaret CRAWFORD, « Estomper les frontières : espace public et vie privée », in Quaderns n°228, Janvier 2001. p.27 104 Idem, pp.23-26 105 Ibid., p.27

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Couverture du n° 368 de la revue L’architecture d’aujourd’hui, Participer, de Janvier-FĂŠvrier 2007. ,ES IMAGES QUI Y lGURENT SONT ISSUES DU TRAVAIL DE L ASSOCIATION "RUIT DU &RIGO Couverture du nÂş368 de la revue L’architecture d’aujourd’hui, Participer, Janvier FĂŠvrier 2007. Les images qui y gurent sont issues du travail de l’association Bruit du Frigo.

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03_ Différents enjeux Quelles modalités pour la réussite de ces projets ? A_ Les enjeux de la participation # !

Démocratie participative

a/ L’héritage d’Henri Lefebvre : Dans son livre écrit comme un manifeste Le Droit à la ville, en 1968, Henri Lefebvre explique ce qui pour lui fait sens dans les transformations de l’espace social dans lequel il vit. Il entreprend une véritable critique de la société capitaliste et de ses effets qu’il juge néfastes sur la production des villes. Il tente ainsi d’élaborer une science de la ville, un programme politique. Il revendique la nécessité d’une réappropriation de l’espace par les citoyens comme amorce à l’accomplissement de la transformation de la société. Il pointe ainsi deux exigences: la participation des habitants à la vie de la cité et l’appropriation par ceux-ci de leur cadre de vie. Ce texte est devenu un des textes de référence pour toute une génération d’architectes et d’urbanistes, et plus de 40 ans après, on continue encore de s’y référer. Celui-ci est une base du positionnement théorique des collectifs que nous étudions ici. Dans son acceptation la plus courante, le terme de participation signifie l’implication des habitants dans les projets de mutations de leur cadre de vie. Cette implication peut aussi bien porter sur le contenu d’un projet, en amont des décisions politiques, que sur la validation a posteriori d’une stratégie de développement territoriale. Celle-ci se décline ainsi sous plusieurs formes, allant de la présentation, la consultation, la concertation, à la participation réelle. Elles n’impliquent pas toutes le même degré d’implication et de place faite à l’ « habitant », ou l’ « usager ». b/ Législation & Réalité Politique : Pensée dès le début des années 70, la participation habitante n’a été légiférée véritablement qu’à partir des années 2000 avec la promulgation de plusieurs lois, couvrant plusieurs échelles territoriales de l’aménagement et de politiques urbaines : Tout d’abord, la loi pour l’aménagement du territoire et le développement durable en 1999 (dite Loi Voynet), puis en 2000, la loi Solidarité et Renouvellement urbain (dite Loi SRU) et enfin la loi Démocratie de proximité en 2002 (dite Loi Vaillant). Ces lois constitueront la « base » des politiques urbaines. D’échelle nationale, elles donnent les grandes lignes à d’autres lois, décrets, chartes, …mises en place par les municipalités, communautés d’agglomération ou partenariat public-privé de type SEM (Société d’économie mixte). Cependant, ces différentes incitations que l’on observe « restent marquées par une certaine crainte de céder du pouvoir décisionnel mais aussi de 71


l’expertise à l’habitant, au nom de l’idée que seul l’élu peut être le garant de l’intérêt général, notion pourtant récemment remise en question par le Conseil d’Etat »106. Face à cette crainte de délégation de pouvoir, les acteurs politiques vont alors préférer la concertation, celle-ci se limitant souvent à une communication d’un nouveau genre autour des projets territoriaux. c/ Positionnement des collectifs De la sorte, bien que la loi induise de plus en plus une forme de démocratie participative à l’architecture, et l’urbanisme, la réalité de la participation effective des habitants est limitée. La concertation fonctionne selon le binôme maître d'ouvrage / maître d'œuvre; la parole est donnée aux habitants sous forme de réunions publiques de présentation suivies d ‘enquêtes publiques. Nous sommes là encore loin de la participation telle que Henri Lefebvre la décrivait dans son manifeste, et dont les collectifs présentés ici l’entendent. Ces collectifs, qui quittent le statut de l’agence traditionnelle pour celui de l’association, ne se placent pas dans la même logique de projet que la maîtrise d’œuvre classique. Leur but premier n’est donc plus de créer de l’espace par le biais d’un édifice ou d’un projet urbain mais d’intégrer l’habitant et l’usager dans la réflexion et la création de celui-ci. Ils font émerger des dispositifs afin de faire émerger la conception partagée de l’espace public, le développement d’initiative citoyenne, et un travail avec les associations de quartier. L’action participative met en pratique différentes approches du travail d’architecture, où la prise en compte de l’«usage» par les architectes correspond à des pratiques diverses que doit offrir le projet et à des relations spécifiques aux habitants ou aux citoyens. Ce qui intéressent ces collectifs, comme le dit la devise d’Exyzt, c’est « Agir, vivre et échanger » mais surtout d’« inciter le visiteur à quitter une attitude purement contemplative pour devenir lui aussi un acteur à part entière du projet. »107. Selon Etc. le temps du chantier est un « état créatif où tout se met en branle, il devient un temps privilégié. Cette étape de modification d’un paysage devient un temps des possibles. Exploitons-le, et ouvrons les chantiers ! ». ! Participation & Maitrise d’usage a/ Application concrète Pour ces projets d’action, toutes les bonnes volontés sont appelées à participer, le plus souvent par le biais d’affiches invitant tous les habitants du quartier afin que ces projets deviennent des lieux d’émergence de nouveaux liens sociaux et suscitent le débat. Sur place ils proposent des ateliers en tout genre : de la couture à la menuiserie, de la décoration à la construction. « Qu’ils servent de support à un 106

Jodelle ZETLAOUI-LEGER, « Participation », in Revue Urbanisme, Rénovation urbaine : enjeux, mise en œuvre, qualités, Horssérie n°30, p.71 107 Christophe CATSAROS, « Le collectif exyzt, communautés d’action », in D’A, n°192, Juin-Juillet 2012, p.7 § 2.

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apprentissage commun, à une éducation populaire, et soient le lit d’une culture collective. Qu’ils soient le prétexte à des rencontres et à des échanges de savoirs et de compétences. Qu’ils soient des lieux d’autoformation » Il faut réussir à susciter l’intérêt de chacun, et profiter des compétences de tous. Ainsi en proposant des implications diverses, il faut rendre le projet accessible à tous afin de toucher un large public, et que chacun puisse trouver sa place. Ainsi faire du chantier un lieu « où les codes tombent et où s’effacent les traces de l’appartenance sociale. L’ingénieur a surement autant à apprendre d’un maçon que l’inverse, un avocat d’un agriculteur, un médecin d’un électricien… »108. C’est à ce moment seulement que la notion de « bâtir ensemble » prend réellement sens. « Les architectes inventent des méthodes de travail particulières. Ils recourent à des jeux de rôle pour faciliter la prise de parole des habitants en réunion ou rendre plus pragmatique leur rapport aux mesures et qualités des espaces, organisent des « travaux pratiques » (collages, réalisation de maquettes), voire de véritables ateliers de formation des habitants. Et ils affichent volontiers la conviction de ne « pas avoir la science infuse », prenant ainsi des distances par rapport aux postures d’autorité habituelles »109. Cependant ces collectifs mettent en place une démarche méthodologique autour de ce projet qu’ils encadrent ; cette méthode se spécifie pendant le travail collectif et participatif, mais celui-ci reste orienté. L’action participative du chantier devient un espace de débat et d’échange, mais également une action pédagogique. Mais dans un cadre participatif, la conception devient un enjeu important et les positions varient. Le « participatif mobilise des architectes militants, prêts à s’engager dans des démarches longues et risquées, ouverts à des formes de dialogue approfondi avec les habitants. Ils ne renoncent pas, pour autant, à un rôle dominant dans la conception de l’espace » 110. Certains feront le choix de n’impliquer les « habitants » que dans la phase de chantier, tandis que d’autres préfèreront les impliquer en amont, au moment de la définition du programme. Ce choix, et les méthodes qu’il implique, s’adaptent aussi selon les projets, leurs temporalités et les devenirs des sites sur lesquels ils s’implantent. Chaque situation est différente et ne se prête pas forcement à une participation selon le même degré d’implication. Tout comme la consultation ou la concertation, cela pose des questions de responsabilités, et de compétences liées à la prise de décision.

108

Collectif Etc., « Des architectes ordinaires », in AlterArchitectures, Manifesto, ouvrage collectif sous la direction de Thierry PAQUOT, Yvette MASSON-ZANUSSI et Marco STATHOPOULOS, Octobre 2012, http://www.collectifetc.com/des-architectesordinaires-alterarchitectures/ 109 Véronique BIAU, « Les architectes de l’habitat participatif, entre militance et compétence » , in Métropolitique, le 30 Janvier 2012, http://www.metropolitiques.eu/Les-architectes-de-l-habitat.html 110 Idem,

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b/ Maîtrise d’usage Cependant une action participative qui est aussi une action pédagogique montre que ce qui peut sembler le plus difficilement partageable, la création, devient l’enjeu du partage. La « participation », et non la concertation, permet le partage de la conception (et en quelque sorte de la maîtrise d’œuvre) et la confrontation à une culture « profane », capable d’apporter un regard neuf sur ce qu’est ou doit être la ville aujourd’hui. Et c’est là tout l’objectif : faire une place à l’usager dans la conception. Ces collectifs « s’engagent pour impliquer les habitants dans la vie de leur quartier. Ajoutant la maîtrise d’usage à la maîtrise d’œuvre et d’ouvrage. »111 Impliquer l’usager réellement dans le processus de faire de la ville, nécessite de lui faire une place dans le processus de projet d’aménagement de celle ci. Cela nécessite de définir son rôle, sa fonction et les responsabilités qu’on lui associe. Des associations se spécialisent dans la définition de cette notion de « maîtrise d'usage » et en proposent un système de mise en application concrète112: 1- Le maître d’ouvrage communique aux habitants son intention de projet : contexte, vision, objectifs, contraintes,… 2- Le Conseil de Quartier organise une maîtrise d’usage sur le projet selon une méthodologie à 5 temps, celle de la démarche participative : l’identification du projet, la présentation en assemblé plénière, la constitution d’un groupe de travail, puis l’étude participative pour enfin rédiger le cahier des préconisations 3- Le maître d’ouvrage insère le cahier des préconisations de la maîtrise d’usage dans son propre cahier des charges techniques, et l'ensemble est ensuite remis lors de la consultation des maîtres d’œuvre. 4- La maîtrise d’usage se rapproche du maître d’œuvre retenu pour communiquer et faire vivre la vision et les préconisations des habitants, usagers,... 5- En retour, le maître d’œuvre opère un « transfert de connaissances » vers la maîtrise d’usage et ouvre aux habitants de nouveaux horizons. 6- Le maître d’œuvre remet au maître d’ouvrage un projet partagé avec la maîtrise d’usage. Mais pour que cela fonctionne il faut un maître d'ouvrage désireux d’une démarche participative et des habitants volontaires, engagés et disponibles, organisés en une entité collective. Les Conseils de Quartier n’ont pas encore aujourd’hui cette force d’action. En conséquence, bien que la loi incite les maîtrises d’ouvrage à engager de telles démarches, il manque ce que l’on pourrait appeler une « assistance » à la maîtrise d’usage.. « Cet « assistant à maîtrise d'usage », architecte, urbaniste,…, a à charge d'initier les membres du groupe de travail à la complexité de la ville et du projet urbain, décoder les cahiers des charges, intégrer les contraintes urbaines et techniques à la réflexion du groupe, accompagner l'élaboration et la rédaction du cahier de préconisations.»113 Son rôle est nécessaire pour mener à bien 111

Anne LOISEL, « Actions urbaines participatives, les courants alternatifs imposent leur tempo », in Ecologik, n° 17, 2010, p.44 § 1. 112 « La Maîtrise d’usage, 3e dimension de l’aménagement », in La Maitrise d’usage, http://www.maitrisedusage.eu/001_maitrise_d_usage.htm 113 « Le lexique de la maîtrise d'usage », in La Maitrise d’usage, http://www.maitrisedusage.eu/003_atelier_13.htm

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cette démarche participative, de l’expression de la parole brute et individuelle de chaque habitant à une parole construite en commun, consignée dans un "cahier de préconisations". C’est donc lui qui « créer du lien entre les habitants afin d’imaginer avec eux le devenir du site »114. Ainsi les attentes, et désirs des habitants mais aussi et surtout leur expertise du quotidien apparaissent conjointement au cahier des charges en amont du projet et donne à celui-ci « la dimension d'usage et d'humanité que la concertation peine à recueillir.»115. C’est donc là le rôle que prendront des collectifs comme Bruit du Frigo, ou Etc., « pour combler un manque entre pédagogie et réalité »116. Ils sont appelés par une ville ou une commune, représentant la maîtrise d’ouvrage, à mettre en place une « maîtrise d’usage ». C’est par une démarche participative qu’il rassemble les usagers puis qu’ils définissent ensemble un cahier de préconisations. « Il n'appartient pas aux habitants de dessiner le projet, prendre les décisions ou se substituer aux autres acteurs mais de formuler, formaliser, concrétiser, sur un temps long, leurs attentes, leurs rêves ou leurs refus . Ce travail, ces réflexions, "paroles et regards" d'habitants, constituent un cahier de préconisations qui est joint au cahier des charges techniques du projet »117.

Ainsi en amenant « en douceur une nouvelle identité urbaine »118 l'appropriation des projets par leurs usagers est plus évidente et le coût global est maitrisé par une définition des attentes plus juste. Par ailleurs la reconnaissance de l'expertise des habitants et leur implication participative retissent des liens entre les habitants et la Politique. C’est ainsi que le « vivre ensemble », qui est un des objectifs fondamentaux du développement durable et de la vie démocratique, reprend tout son sens. !

Constat

a/ Récupération politique Le projet de La Plage de Bruit du Frigo s’inscrit à Mérignac dans le quartier de Beaudésert. Situé en périphérie de l’agglomération bordelaise, ce quartier est classé ZUS (Zone Urbaine Sensible). Il est un quartier prioritaire dans les politiques de rénovations successives engagées par la commune. En 2007, la Ville de Mérignac, la Préfecture de la Gironde et la Communauté Urbaine de Bordeaux définissent un Contrat Urbain de Cohésion Sociale (CUCS) qui donne la priorité à plusieurs axes de développement du

114

Nicolas GUILLON, « Nantes : urbainsme de comptoir au Breil-Malville », in Traits Urbains, n° 24, 2008, p.39, introduction. « Le lexique de la maîtrise d'usage », in La Maitrise d’usage, http://www.maitrisedusage.eu/003_atelier_13.htm 116 Nicolas GUILLON, op. cit., p.41, encadré. 117 Jean-Marie HENNIN, La Maîtrise d’usage, http://www.maitrisedusage.eu/ 118 Anne LOISEL, « Actions urbaines participatives, les courants alternatifs imposent leur tempo », in Ecologik, n° 17, 2010, p.45 encadré. 115

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La Criée, construit à l’hiver. La Plage, mirage à Beaudésert du collectif Bruit du Frigo.


quartier. Parmi ceux-là, ils préconisaient « une attention toute particulière (…) à l’intégration des nouveaux habitants pour qu’ils soient véritablement accueillis et participent à la vie sociale du quartier »119. Ainsi en 2009 ils font appel au collectif Bruit du Frigo en sa qualité de bureau d’étude. Le collectif invité est subventionné par de nombreuses institutions, dont les signataires du CUCS, et propose un usage temporaire participatif du lieu afin d’en définir les besoins. En travaillant avec les habitants anciens et nouveaux, ils participent donc à cette cohésion sociale tant désirée par la ville. Cependant, ces usages temporaires plébiscités par les collectifs dans l’appropriation des espaces publics sont instrumentalisés dans les processus de planification et de mutations des territoires. « Quant tout cela sera démoli, puisque les réalisations de Bruit du Frigo sont éphémères, le futur équipement réunira ici le centre social, l’antenne de la médiathèque, un relais assistantes maternelles et sans doute d’autres choses que demanderons les habitants, disait l’élue Sylvie Cassou-Schotte, voulant démontrer leur participation « à cette initiative intégrée au contrat urbain de cohésion sociale qui permet aux villes d’obtenir le soutien de l’Etat. L’Europe, la Région et le Conseil général sont aussi de la partie.»120. Le caractère temporaire de ces projets, les pouvoirs publics tout comme les propriétaires, en ont bien compris l’intérêt. En invitant des collectifs ou des associations à investir les lieux, ils permettent une sécurisation de ceux-ci, mais avant tout une revalorisation de l’image que l’on en a. Boris Grésillon, dans un article intitulé « Entre vocation culturelle, ressource économique et levier des politiques urbaines : les territoires de l’art à la croisée des chemins », s’intéresse lui aussi au devenir de ces friches urbaines. Il souligne à quel point, dans les friches urbaines, « réserve foncière pour le développement des villes », « l’installation d’artistes et de lieux culturels participe également à la rénovation des villes »121 b/ Réalité des discours Bien que ce projet tende à préfigurer le projet prévu par la ville, le collectif Bruit du Frigo ne fait pas allusion à la finalité de cette action dans sa communication au public. Alors que la municipalité y voit une réponse aux préconisations que nous avons évoquées plus haut, l’énoncé du collectif est tout autre : « La plupart du temps, la fabrication de la ville reste une affaire de spécialistes et de professionnels. Des personnes se chargent de l’imaginer pour les autres. Ce sont des techniciens, des architectes, des urbanistes. Pourtant, chacun, passant comme habitant, a aussi sa propre vision de l’aménagement et de l’évolution des lieux qu’il fréquente. Notre imagination peut servir à améliorer les espaces où l’on vit, les

119

CUCS de la ville de Mérignac, mars 2007, p.15 « Tous acteurs dans leur cité », Sud-Ouest, 14 juin 2010. Sylvie Cassou-Schotte était alors adjointe à la cohésion sociale à la mairie de Mérignac. 121 Boris GRESILLON, « Entre vocation culturelle, ressource économique et levier des politiques urbaines : les territoires de l’art à la croisée des chemins », Actes du colloque : Arts et territoires : vers une nouvelle économie culturelle, 2008, p.4 120

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Af che d’annonce du casting. http://beaudesert-bruitdufrigo.blogspto.com

!FlCHE D ANNONCE DU CASTING POUR LE PROJET DE La Plage, mirage à Beaudésert du collectif Bruit du Frigo.

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situations que l’on partage, le quartier que l’on habite »122. En d’autres termes, bien que présenté par le collectif comme une possibilité pour les habitants de donner leur opinion ou de les rendre acteurs de l’aménagement, l’objectif final reste cependant de les préparer à ces mutations déjà engagées et pensées depuis longtemps par ces mêmes « spécialistes et professionnels » dont ils faisaient la critique. Bruit du Frigo invite donc les habitants à repenser leur environnement. Loin d’être à l’origine du projet de développement du quartier pensé dès 2007 par le CUCS, Bruit du Frigo propose une sorte de grand jeu participatif. En 2009, il organise un casting123 dans lequel « les habitants participent à une performance collective qui emprunte certains des codes des jeux de la télé réalité. Tel un feuilleton que l’on suit, tel intermède que l’on s’approprie, tel un jeu dans lequel on s’inscrit, cette proposition est à la fois un espace de (ré)création, de production, d’amusement, de partage »124. En proposant cet aménagement de l’espace comme un jeu, Bruit du Frigo estompe ici les véritables enjeux qui se cache derrière ce projet et ne présente plus de résistance. Aussi ce projet feint une participation des habitants dans l’aménagement futur de leur cadre de vie puisque la prospective urbaine n’y est pas antérieure au projet de transformation pensé par la mairie. Ici la sociabilité est instrumentalisée par les institutions publiques en complicité avec le Bruit du Frigo. Il y aura par la suite, indéniablement un phénomène de gentrification, puisqu’au moment où le quartier recevra ces nouveaux équipements, la valeur marchande augmentera significativement et en interdira l’accès aux personnes les moins aisées.

Il est regrettable de voir comment ces actions culturelles, qui s’originent justement dans une résistance à cette gestion mercantile et technocrate de la ville, sont utilisées comme vecteurs de gentrification par les pouvoirs publics. L’invitation est politique, et à partir du moment où le collectif l’accepte, son projet ne peut donc pas aller contre elle.

B_ Quelle réception pour ces projets ? # !

Quelles pérennités pour ces projets, que génèrent-ils ?

a/ Pérennité Si à Mérignac, La Plage accompagnait la mutation du quartier, et devait préfigurer un pôle culturel dont la mairie était fière d’annoncer la venue, on peut observer que deux ans après, le site est de nouveau

122

Tiré de la communication faite par Bruit du Frigo annonçant le casting. Organisé les 16 et 17 novembre 2009, ce casting retiendra 15 candidats qui « composeront l’équipe de bricoleurs » au moment de la construction, les 5 et 6 décembre. Ils seront remerciés par une invitation au restaurant étoilé proche. 124 Tiré du blog du projet par le Bruit du Frigo, http://beaudesert-bruitdufrigo.blogspot.fr/, billet du 7 octobre 2009. 123

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1. Vue en 2013 du site de La Plage, Bruit du Frigo 2-5. PLU avant-après et maquette, Sur la place publique, Exyzt 6. Vue en 2013 du site de La Place du changement, Etc.


désert. Les installations ont été retirées, et l’on attend désormais le début du chantier. Il restera de ce projet un souvenir dans l’inconscient collectif, et la promesse de l’intégration des volontés habitantes dans le projet de la ville. Pascal Delanchy, chargé de Mission Cohésion Urbaine et Sociale à Mérignac nous assure que le projet d’équipement travaillé avec les habitants continue : « L‘architecte a finalisé les plans en tentant compte du travail mené par le Bruit du Frigo ». Le chantier débutera à l’automne 2013, mais force reste de constater : depuis que le Bruit du Frigo s’est retiré du site, à la fin 2011, le site est de nouveau désert. A Saint-Jean-en-Royans, en revanche, le travail fait avec les habitants est encore d’actualité. Les plans de requalification du quartier apparaissent dans le PLU de la ville, et donc la mutation de celui-ci commence. L’association De l’aire qui prenait en charge la coordination, continue de porter le projet. Cependant la salle communale prévue n’apparaît pas dans le PLU ; sachant que la salle des fêtes communale de la ville (et non juste de ce quartier) est actuellement en projet de réhabilitation, on peut penser que la ville a revu ses priorités. A Saint-Etienne, le collectif Etc. est venu faire un second opus, pour rafraîchir les structures. Au cœur de ce quartier en plein renouvellement urbain, la place attend la venue d’une construction de logement pour s’effacer. En attendant le lieu reste ouvert aux habitants, dont la fréquentation n’est pas énorme en dehors des moments d’activation proposés par le collectif, néanmoins elle fait office de place publique. Ces projets sont pensés de façon temporaire dès le début. Aussi ils ne sont pas faits pour durer, mais pour occuper des lieux en jachère, dans l’attente de leur devenir. Comme dit précédemment, la grande pérennité de ces projets réside dans l’effet qu’elle produit au sein des esprits. Ils sont prétextes à l’échange et la rencontre. Mais c’est bien là tout l’enjeu de ces collectifs : recréer du lien entre les hommes et les lieux, mais surtout des hommes entre eux. Par ces occupations bien qu’éphémères, il s’agit de redonner à la ville sa dimension sociale. Cependant ils se confrontent à la réalité temporelle de ces grands équipements qui prennent longtemps à se réaliser. b/ Rôles et Commande Cependant, bien que la volonté de ces collectifs soit toujours de créer des situations collectives avant tout, ils ne sont pas pour autant appelés pour les mêmes raisons. Ainsi, quand Etc. répond à un concours lancé par l’Etablissement Public d’Aménagement de Saint Etienne pour l’aménagement d’un espace public temporaire sur un délaissé à deux pas de la gare de Châteaucreux, il ne lui est nullement demander de définir un devenir pour ce site vacant au cœur d’un quartier en plein renouvellement urbain. Désireux de créer un espace social, le collectif propose d’y aménager une place publique qui parle de cette mutation du quartier. Leur projet « vise à développer chez 81


les habitants et les passants une curiosité et une prise de conscience des changements en cours, leur donner l’occasion de s’intéresser à leur ville. », et propose donc de réaliser ce projet sous la forme d’un chantier ouvert et collaboratif. Par son aspect participatif, le collectif vise à adapter « le projet à d’éventuelles attentes de la part des riverains » pour permettre « une véritable appropriation du lieu, contrairement à un projet purement décoratif »125. Pour sa part, le collectif Exyzt a été invité à Saint-Jean-en-Royans en sa qualité d’architecte pour « un programme d'étude-action sur les espaces publics». Pour ce projet, il était en collaboration avec l’association De l’aire. C’est une structure qui conçoit et met en œuvre des projets créatifs et participatifs pour apporter des réponses sur des enjeux d’aménagement du territoire et de développement de la vie publique. Aussi Exyzt avait une commande : construire un outil pour aller à la rencontre des habitants et créer des situations collectives : le Point Chaud, puis par la suite de réaliser un espace commun désiré et construit avec les habitants. Il s’agissait de concevoir et de réaliser des constructions temporaires répondants aux besoins de l’association pour son projet d’étude. Ce collectif se place dans l’action de construire, mais ne se revendique pas comme un bureau d’étude. Inversement, à Mérignac, c’est en sa qualité de bureau d’étude que Bruit du Frigo a été appelé afin d’élaborer la prospective urbaine d’un projet à venir de la ville. Mais le collectif, essentiellement composé d’architectes a également pris en charge la conception et la réalisation des espaces temporaires qui lui semblaient nécessaires à cette démarche. Cependant, on a pu constater, que de plus en plus souvent, Bruit du Frigo fait appel à d’autres collectifs d’architectes pour ce travail, et passe ainsi du côté de la maîtrise d’ouvrage. En effet pour l’étude menée à Bordeaux, dans le projet baptisé Le Braséro, l’architecture éphémère a été conçue par Gaël Boubeaud et Laurent Bouquey architectes au sein de l’agence Relais126.

Aussi ces pratiques posent-elle la question de « qui doit faire quoi ? ». Ces collectifs pluridisciplinaires tentent par la diversité de leurs compétences de répondre aux grands enjeux de l’intégration des habitants dans la mutation de leur ville. Cependant, la pluralité des intervenants permet souvent une plus grande maitrise, et la répartition du travail semble générer une plus grande efficacité pour ces projets. Par ailleurs, elle limite l’influence des directions politiques, et conserve ainsi sa force de résistance démocratique.

125

Collectif Etc, La Place du changement, le Concours, affiche de rendu. Relais se définie comme une agence d’architecture écologique atypique, composé de deux architectes et un ingénieur. http://www.relaisae.fr/

126

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!

Vers un redéfinition de la profession? Réseaux & Rhizome

a/ Redéfinition de la profession En revêtant différents rôles, de ceux propres à l’architecture à ceux plus informels liés à la participation citoyenne, ces collectifs ont diversifiés leurs équipes et réinterroge ainsi les limites de la discipline architecturale. En interrogeant des champs disciplinaires variés, de l’art, de l’architecture, des sciences sociales, etc., en les croissants, les confrontant, et en analysant leurs interactions afin de les enrichir, ils définissent leurs propres « terrains de jeux », hybrides. La maîtrise de ces différentes disciplines devient autant d’outils de communication de leurs recherches et actions. En imbriquant leurs projets, en comparant plusieurs approches et en modifiant toujours leurs scénarios, ils réinterprètent perpétuellement leur pratique. Cette réinterrogation continue, conduit ces collectifs dans une logique de projet plus grande. C’est un projet de discipline qui se construit. En ce sens, ils rejoignent les architectes radicaux, et prolongent leur travail : « Le mouvement « radical » se présentait comme un mouvement qui voulait se libérer de l’architecture, comprise comme une discipline exclusivement vouée à la construction ; il s’agissait de défendre au contraire une culture de la connaissance, de la critique, de la créativité, dotée de sa propre vision du monde »127. Ces collectifs cherchent semblablement à modifier l’ordre établi en agissant « dans les lieux, dans les conditions et à l’intérieur des systèmes de communications traditionnels, pour les perturber»128. Le projet n’est donc plus uniquement le processus qui délivre un projet d’architecture, mais devient un projet de société, qui tend à la modifier. Ainsi ils tentent d’enrayer les schémas traditionnels qui excluaient l’habitant de penser sur la ville ; ils veulent au contraire réintroduire celui-ci dans l’espace urbain comme acteur principal, en particulier par le biais des nombreuses structures invitées ou suscitées, avec le risque de court-circuiter les institutions traditionnelles. b/ Une visibilité institutionnelle En 2012, le Pavillon de l’Arsenal ouvre ses portes à ces collectifs pluridisciplinaires, d’architecture mais également à d’autres domaines pour une exposition sur ce qu’ils ont baptisé la « Re architecture ». L’exposition, de part son titre complet : « Re Architecture, Re cycler, Ré Utiliser, Ré inventer, Ré Construire » pose la question d’un re nouveau de l’architecture. Aussi cette redéfinition du métier d’architecte est reconnue par les institutions. Cependant l’exposition se confronte assez peu aux problèmes de représentation de ces projets, et n’en présente que de belles images finies. Les projets y sont présentés comme des projets d’architecture 127

Andréa BRANZI, Le mouvement radical, in Architectures expérimentales 1950-2000, Collection du FRAC Centre, Orléans HYX, 2003, p.33 128 Andréa BRANZI, L’architecture c’est moi, in Architecture radicale, Orléans HYX, 2002, p.22

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Exposition Re-Architecture au Pavillon de l’Arsenal en 2012


classiques alors que l’intérêt même de ceux-ci est dans leur processus. Pour chaque projet, le collectif est brièvement présenté, puis est indiqué le commanditaire, le programme, le budget et les matériaux utilisés, ainsi que les dates de commandes et de livraisons, la durée du projet et le temps de montage. Pour présenter le scénario, c’est beaucoup de texte, et très peu d’image. Nous sommes ici, bien loin des qualités communicationnelles qu’ont su développer ces collectifs. Et pourtant, on sent bien que cette exposition s’adresse au grand public, puisqu’elle évite soigneusement la question de l’impact réel de ces projets. Nicolas Henninger du collectif Exyzt nous révèle que leur avis a à peine été consulté. Ils sont plutôt tous d’accord pour dire que les institutions se réapproprient leur travail, et pas toujours avec élégance. Mais ils espèrent que cela pourra peut-être par la suite donner plus de marge de manœuvre dans des projets à venir. Cette « reconnaissance » peut éventuellement convaincre des communes que ce type de projet fonctionne et donc envisager d’y accorder des budgets plus importants. c/ Rhizome Dans cette étude nous avons vu que tous ces projets – sans avoir été toujours pensés en commun – apportent des changements analogues à la façon de faire la ville, avec différentes formes de projets participatifs, caractérisées entre autres par un entre-croisement en réseau entre les diverses structures participantes ou invitées. Gilles Deleuze & Félix Guattari utilisaient le terme de Rhizome (terme emprunté à la biologie désignant une racine dont le développement apparaît dans une disposition particulière par rapport au processus normaux de ramification) pour désigner dans leur théorie philosophique un modèle descriptif et épistémologique dans lequel l’organisation des éléments ne suit pas une ligne de subordination hiérarchique mais où tout élément peut affecter ou influencer un autre129. Ces actions sont pensées comme telles. Leur caractère micro(bio)logique est une stratégie d’interférence avec les modes de production des villes et permet, par l’altérité, la communication entre deux manières de faire, la possibilité d’une action politique critique par l’agir. Cette image de bourgeonnement empruntée au monde végétal me semble une bonne métaphore des modes de développement re-inventés par ces collectifs investis dans la dimension sociale de l’architecture.

129

Deleuze Gilles & Guattari Félix, Capitalisme et Schizophrénie 2 – Milles Plateaux, Les Editions de Minuit, Collection Critique, Paris, 1980

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04_ Conclusion : Penser, Faire, Manifester # Si le développement démocratique des projets d’architecture s’affirme comme un enjeu majeur de nos sociétés actuelles, alors de nouvelles formes d’urbanités sont à inventer, et à généraliser, pour donner à un nombre croissant d’individus les possibilités d’avoir prise sur la fabrique permanente du monde où l’on vit.

Nous avons vu l’apport refondateur de ces collectifs et leurs projets, qui se rapproche de ce que Deleuze appelle Le Milieu, semblable à l’herbe qui déborde. Il se place entre, toujours… Ils sont entre l’architecture et d’autres disciplines et leurs règles sont entre statuts et manifestes. Ils sont entre agence d’architecture, bureau d’étude et programmation culturelle. Leur travail se place entre théorie et pratique, entre action et pédagogie. Ils font le lien entre les collectivités publiques et l’habitant. Ils répondent entre la commande et l’initiative, ils mettent en lien ceux qui font la ville et ceux qui la vivent. Ils fonctionnent en réseau, s’invitent, et partagent aussi entre eux. Ils viennent de courant différents, qu’ils croisent, confrontent, et enrichissent. En mêlant leurs disciplines, ils se créer de nouveaux outils entre représentation, action et communication. Les sites qu’ils choisissent sont en marge, entre la ville et la campagne, et deviennent quand ils les investissent entre l’espace public et l’espace prive, mais aussi entre l’espace physique et l’espace social. Ils accompagnent ces sites dans leur mutation, entre le passé et le futur…Ils jouent des temporalités, entre le temps long du projet institutionnel, l’éphémère de l’action et le temporaire dans l’attente et proposent des projets momentanés, mutables et/ou mobiles. Et même leurs projets ne fonctionnent pas en arborescence. Ils se fusionnent, se séquencent, se ramifient, se détachent et se recroisent. Ils se placent entre le bottum up et le top down, et sont entre politique et social… Car après tout, être architecte c’est faire le lien, c’est se placer entre, et c’est expérimenter. « L’expérimentation est involutive, le contraire de l’over-dose.[…] arriver à cette sobriété, cette simplicité qui n’est ni la fin ni le début de quelque chose. Involuer, c’est être « entre », au milieu, adjacent. »130. Ils réinterrogent la profession, et en ce sens on pourrait parler d’un devenir-architecte.

130

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Gilles DELEUZE et Claire PARNET, Dialogues, Champs essais Flammarion, France, 1977/1996, p. 38


Je trouve que le collectif hollandais, Dus architects, synthétise bien cet esprit dans son manifeste en faveur de la « public architecture », présenté lors de l’exposition Re-Architecture, où ils ne donnent que quelques règles simples : « 1-Agissez ! La conception se fait par l’action. […] 4-Cuisinez, la nourriture est un matériau de construction sociale. 5-Créez un public […] 7-Soyez spontané, reprogrammez le projet, le bâtiment et la profession. Prenez part à la vie de la société plutôt qu’à des concours 8-Soyez personnels, adopter un même langage, partage, relation 9-Réunissez tout le monde autour d’une table 10-Elaborez les règles et le jeu, des processus de planification urbaine 11-Jouez avec la ville 12-Montrez le génie des lieux, construire de nuit, et proposez une occupation gratuite contre participation […] 18-Construisez des monuments mentaux (événement) » Mais surtout trois d’entre elles résument cette approche si particulière de ces collectifs: « Réalisez l’impensable : construisez un manifeste ! […] Concevez un scénario plutôt qu’un plan », et enfin : « Souriez ! »

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05_ Bibliographie !

Sources principales

Ouvrages " BRUIT DU FRIGO, La ville en creux, Morceaux choisis, in 01 Repérages Bordeaux agglomération, Mutation (événement culturel sur la ville) contemporaine, Arc-en-Rêve centre d’architecture, Bordeaux, 2001. " Gilles CLEMENT, Manifeste du Tiers Paysages, Janvier 2002. " Roselyne DE VILLANOVA, Espace intermédiaire et entre-deux, de l’architecture à la métaphore spatiale in Conjuguer la ville, architecture, anthropologie, pédagogie, éd. L’Harmattan, Paris, 2007, 336 p. " Collectif ETC, « Des architectes ordinaires », in AlterArchitectures, Manifesto, ouvrage collectif Thierry PAQUOT, Yvette MASSON-ZANUSSI et Marco STATHOPOULOS (ss.dir.), éditions Infolio, Octobre 2012. Avec Chris YOUNES, Thierry PAQUOT, Alberto MAGNAGHI, Serge LATOUCHE, Lucien KROLL, Winy MAAS, Patrick BOUCHAIN, Bart LOOTSMA, DUS, Supertanker, Christian REDER, Wonderland…

" Henri LEFEBVRE, Le droit à la ville, éd. Anthropos (2e éd.), éd. du Seuil, Collection Points, Paris, 1968. " Henri LEFEBVRE, Espace et politique, le droit à la ville II., éd. Anthropos, Paris, 1972, 174 p. Articles " Lauren ANDRES, « Les usages temporaires des friches urbaines, enjeux pour l’aménagement », in Métropolitiques, Mai 2011. Article en ligne: http://www.metropolitique.eu/les-usages-temporaires-des-friches.html " Christophe CATSAROS, « Le collectif exyzt, communautés d’action », in D’A n°192, Juin - Juillet 2010, pp. 7-12. " Margaret CRAWFORD, « Estomper les frontières : espace public et vie privée, Paysage urbain », in Quaderns n°228, Janvier 2001, pp.14-27. " Patrick DEGEORGES et Antoine NOCHY, (ss. dir.) Patrick BOUCHAIN, L’impensé de la ville, atelier « La forêt des délaissés », Janvier 2002, publié dans Nature & Paysage, Les délaissés temporaires, pp 37-45. " Pascal NICOLAS-LE-STRAT, « Multiplicité interstitielle » in Multitudes, n°31, Inventer le commun du monde, une micropolitique de la ville : l’agir urbain, Hiver 2008, pp. 101-120. Egalement repris dans l'ouvrage Expérimentations politiques, Fulenn, 2007, rééd. 2009, http://www.le-commun.fr/index.php?page=multiplicite-interstitielle

" Constantin PETCOU et Doina PETRESCU, « Une micropolitique de la ville : l’agir urbain », in Multitudes, n°31, Inventer le commun du monde, une micropolitique de la ville : l’agir urbain, Hiver 2008, pp. 101-114 " Constantin PETCOU et Doina PETRESCU, « Agir l’espace, notes transversales, observations », in Multitudes, n°31, Inventer le commun du monde, une micropolitique de la ville : l’agir urbain, Hiver 2008, p.103. Sites internet des collectifs étudiés et blog associé " BRUIT DU FRIGO: www.bruitdufrigo.com http://beaudesert-bruitdufrigo.blogspot.fr " EXYZT : www.exyzt.org " ETC : www.collectifetc.com

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Autres " Colloque AAP, Démocracité, organisé par le Département Art, Architecture, Politique de l’ENSA ParisMalaquais, le 9 Décembre 2011. (cf. Annexes) " Exposition et Dossier de presse Re-Architecture, Re-cycler, Ré-utiliser, Ré-investir, Re-construire, au Pavillon de l’Arsenal d’Avril à Août 2012 " Entretiens avec Exzyt, Etc, SaproPhytes et Bellastock réalisé par Anaïs Callipel dans le cadre du projet Vitrolles-Echangeur, le 29 Octobre 2012. " Conférence Bellastock Round #02_Trans 305, Exyzt, Bruit du Frigo à Belleville " Gilles BURBAN, Pierre SCHNEIDER, Nicolas HENNINGER, Philippe RIZZOTTI, François WUNSCHEL, EXYZT : Architecture en rab., TPFE, Côte : EA06 06.03.5465, ENSAP-La Villette. " Grégroire SAUREL , Urbanistes du quotidien, Emergence, enjeux et paradoxe d’un urbanisme temporaire , Mémoire ENSAP-Belleville , Mars 2010. " Lucile ABADIE, La dimension créative des collectifs intervenant dans l’espace public, entre posture et commande publique , Mémoire, ENSA-Toulouse , Juin 2011. CONTENANT : Lucile ABADIE, Entretien téléphonique avec Yvan DETRAZ, co-fondateur de Bruit du Frigo avec Gabi FARAGE, (réalisé avec Jennifer LE DINH), retranscrit en annexe de son mémoire.

" Pierre FLOCH, Petit précis de micro urbanisme : en abécédaire, Mémoire, ENSAP-Belleville, Mars 2011.

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Sources secondaires

Ouvrages " Libero ANDREOTTI, Le grand jeu à venir, Textes situationnistes sur la ville, éd. La Villette, Paris, 2007. " Paul BLANQUART, Une histoire de la ville, pour repenser la société, éd. La Découverte, Paris, 1997. " Architecture radicale, Catalogue d’exposition, Institut d’art contemporain, Villeurbanne , France , 2001. " Andréa BRANZI, L’Architecture c’est moi, dans Architecture radicale, éd. HYX, Orléans, 2002, 362 p. " Andréa BRANZI, Le Mouvement radical, dans Architectures expérimentales 1950-2000, Collection du FRAC Centre , éd. HYX , Orléans , 2003 , p. 568 " Michel CORAJOUD, Le projet de paysage : lettres aux étudiants, in Jean-Luc BRISSON (dir.), Le jardinier, l’artiste et l’ingénieur, collection jardins et paysages, Les Editions de l’Imprimeur, 2000, pp. 37-50. " Gilles DELEUZE et Félix GUATTARI, Mille Plateaux, Capitalisme et schizophrénie 2, Collection « critique », éd. de minuit, Paris, 1980, 645p. Introduction : Rhizome pp. 9-37 & Conclusion : Règles concrètes et machine abstraite pp. 626-645

" Gilles DELEUZE et Claire PARNET, Dialogues, Champs essais Flammarion, Paris, 1977/1996, 187 p. " Gilles DELEUZE et Félix GUATTARI, Qu’est-ce que la philosophie ?, éd. de Minuit, Paris, 1991/2005, 208 p. " Yona FRIEDMAN, Une utopie réalisée, Catalogue de l’exposition Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, 1975, 64 p. " Yona FRIEDMAN, Projets imaginés, in Théorie & Images, Institut Français d’Architecture, 2000. " Alain GUIHEUX, Architecture Action, Une architecture post-théorique, éd. Sens & Tonka, Paris, 2002, 50 p. " Ugo La Pietra , Habiter la ville , Catalogue d’exposition , éd. HYX , Orléans, France, 2009. " Dominique ROUILLARD, Superarchitecture, le futur de l’architecture 1950 – 1970 , éd. La Villette , Paris , 2004 , 540 p. " STALKER , Stalker A travers les territoires actuels, éd. Albain Michel, 1995. " Cristiano TORALDO DI FRANCIA, Superstudio & Radicaux , dans Architecture radicale , éd. HYX , Orléans , 2002 , 362 p. 89


Articles " « Détour de France. Le Collectif Etc en quête des pratiques participatives », in Urbanisme, n°381, novembre-décembre 2011, p 76. " François BEGUIN, « Vagues, vides, verts », in Le Visiteur, n° 3, automne, 1997. " Véronique BIAU, « Les architectes de l’habitat participatif, entre militance et compétence », in Métropolitique, le 30 Janvier 2012, Article en ligne: http://www.metropolitiques.eu/Les-architectes-de-l-habitat.html " Alain BOURDIN, « Terrain vague, les espaces délaissés et le sens de la ville»,in Face, n°59, pp.16-20. " Karine DANA, « Scénographies praticables », Détails, in AMC, n° 200, Octobre 2010, pp. 109-128. " Antoine De BAECKE, «Les villes rêvés de Gabi Farage », in Sud Ouest, le 26 Mai 2011, Article en ligne: http://www.sudouest.fr/2012/05/26/les-villes-revees-de-gabi-farage-725556-715.php

" Pierre DONADIEU et André FLEURY, « Eclats, temps précaire, temps fugace », in Quaderns, n° 224, Barcelone, 2003. " Pierre DONADIEU et André FLEURY, « Quand l’éphémère fait la ville », in Territoire, n°493, 2008, pp. 2326. " Boris GRESILLON, « Entre vocation culturelle, ressource économique et levier des politiques urbaines : les territoires de l’art à la croisée des chemins », Actes du colloque : Arts et territoires : vers une nouvelle économie culturelle, 2008. " Nicolas GUILLON, « Nantes : urbanisme de comptoir au Breil-Malville », in Traits Urbains n°24, 2008, pp. 39-41. " Pascale JOFFROY, « Le citoyen arrive ! – vers une société active sur son cadre de vie –» , in D’A n°198, Mars 2011, p. 41-59. " Lucien KROLL, « Entretient : Lucien Kroll ou l’architecture sans maître », in Architecture d’Aujourd’hui, n° 368, Janvier-Février 2007, pp. 92-99 " Anne LOISEL, « Actions urbaines participatives, les courants alternatifs imposent leur tempo », in Ecologik n°17, 2010, pp. 43-48. " Florence MOTTOT, « Julien Beller : «Fabriquer de la ville de manière ascendante».», in Le Cadratin, le 4 Janvier 2012. Article en ligne: http://lecadratin.com/WordPress3/?cat=4. " Maryse QUINTON , « EXYZT Performances performantes » , in AMC, n° 165 , Novembre 2006 , pp. 3842 " Stéphane TONNELAT, « Parcours artistiques et virtualité urbaines », in Chimères, n°52, 2003, pp. 134141. Article en ligne: http://stephane.tonnelat.free.fr/Welcome_files/IntersticesUrbains.pdf " Jodelle ZETLAOUI-LEGER, « Participation », in Revue Urbanisme, Rénovation urbaine : enjeux, mise en œuvre, qualités, Hors-série n°30, p.71 " « Re-Architecture », in Traits Urbains, n°55, Juin-Juillet 2012, p. 16. " « Re-fabriquer la ville », in Architecture CREER, n°356, avril-mai 2012. " « Tous acteurs dans leur cité », Sud-Ouest, 14 juin 2010. " « Familles Roms, En finir avec les bidonvilles », in L’Humanité, le mardi 11 Octobre 2011. Films – Documentaires : " Claude-Pierre CHAVANON, L’esprit des friches , DVD, Octogone productions , 2006 , 52’ . Avec Patrick Bouchain, Jacek Dominiczak, Fabienne Guilleaume, Stéphanie Labat, Olivier Naviglio, Jean Nouvel, Jean-Marc Pivôt, Matthieu Poitevin, Philippe Prost, Aneta Szylak.

" Marie TAVERNIER, Délaissé, DVD, Grec production, 2009 , 45’. Autres " Belleastock, Manifesto, Septembre 2011. " No Mad’s land, le pays de ceux qui ne sont pas fous, dossier de présentation de l’association. " CUCS de la ville de Mérignac, mars 2007, 15p. 90


" Communiqué de Bruit du Frigo et de la Fabrique Pola, « Gabi Farage », le 26 Mai 2011. " Collectif Etc, La Place du changement, le Concours, affiche de rendu. " Bruit du Frigo, Dossier de présentation, 2011, téléchargeable sur leur site : http://www.bruitdufrigo.com/ Sites internet " Ma cantine en ville, Voyage au cœur de la cuisine de rue, Colloque à la Cité de l’Architecture, concours Mini Maousse 5, http://www.citechaillot.fr/fr/auditorium/conferences_et_debats/24748_ma_cantine_en_ville_voyage_au_ coeur_de_la_cuisine_de_rue.html " www.le-commun.fr/ " http://www.delaire.eu/coordination-de-projets/sur-la-place-publique-vercors " http://www.pola.fr "http://www.loi1901.com/association/association_dinteret_general.php " http://www.reseau-sara.org/outils/CREER%202010/creer.pdf "« La Maîtrise d’usage, 3e dimension de l’aménagement », in La Maitrise d’usage, http://www.maitrisedusage.eu/001_maitrise_d_usage.htm "« Le lexique de la maîtrise d'usage », in La Maitrise d’usage, http://www.maitrisedusage.eu/003_atelier_13.htm "Jean-Marie HENNIN, La Maîtrise d’usage, http://www.maitrisedusage.eu/

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Ouvrages généraux

Outils " Dictionnaire Le Petit Robert, éd. 2013 " Franz-Peter BURKARD, Peter KUNZMANN, Franz WIEDMANN, Atlas de la Philosophie, La Pochothèque, éd. Le Livre de Poche, novembre 1993, p. 277 " Elisabeth CLEMENT, Chantal DEMONGUE, Laurence HANSEN-LOVE, Pierre KAHN, La Philosophie de A à Z, éd. Hatier, Paris, avril 2000, p. 479 " Gérard DUROZOI, André ROUSSEL, Dictionnaire de la Philosophie, éd. Nathan, France, 2003, p. 40

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06_ Lexiques & Indexes !

Index du corpus

Bruit du Frigo : Fondé en 95 par Gabi Farage et Yvan Detraz (architectes DPLG.), Bruit du Frigo est un hybride entre bureau d’étude urbain et collectif de création. Cf. Fiche Collectif. " 70 Occurrences p. : 7 ; 9 ; 11 ; 12 ; 15 ; 17 ; 19 ; 21 ; 23 ; 25 ; 30 ; 31 ; 33 ; 35 ; 41 ; 43 ; 45 ; 47 ; 48 ; 50 ; 51 ; 52 ; 53 ; 55 ; 57 ; 62 ; 63 ; 65 ; 67 ; 75 ; 77 ; 79 ; 81 ; 82. " Atelier d’Urbanisme Utopique: 25 ; 30 ; 33 ; 41 ; 43 ; 45 ; 52 ; 55 ; 57 ; 62. " La Plage, Mirage à Beaudésert : 43 ; 48 ; 50 ; 51 ; 52 ; 57 ; 62 ; 75 ; 79. La Criée : 62 " Lieux Possibles : 31 ; 43 ; 45 ; 48 ; 50 ; 51 ; 53 ; 62 ; 65. Le Jardin des Remparts : 51 ; 63. Panorama : 62. Les Bassins à flot : 62. " Le Braséro: 45 ; 52 ; 82. " Le Cabanon Cuyés: 52 ; 57. " Randonnés Périurbaines: 51 ; 63. " Refuges Périurbains: 62. " Le Jardin de ta soeur: 30.

Etc. : Fondé à Strasbourg en 2009, ce collectif composé de 9 architectes et d’un graphiste s’est composé sur les bancs de l’école. Depuis 2010, tous sont diplômés. Ils sont connus pour deux projets surtout : La Place du Changement, et plus récemment pour Le Détour de France. Cf. Fiche Collectif. " 43 Occurrences p. : 9 ; 11 ; 12 ; 15 ; 18 ; 21 ; 23 ; 25 ; 27 ; 29 ; 31 ; 35 ; 39 ; 41 ; 45 ; 47 ; 48 ; 50 ; 51 ; 52 ; 53 ; 55 ; 57 ; 59 ; 67 ; 68 ; 72 ; 75 ; 81. " La Place du changement: 29 ; 39 ; 45 ; 48 ; 51 ; 57 ; 59 ; 67 ; 81. " Détour de France: 21 ; 25 ; 31 ; 48 ; 50 ; 61. Au four banal : 45 ; 53 ; 68. La belle échappée : 31 ; 39. Promenons-nous dans les bois : 45. La Piscine : 31. La Salle UN :UN : 27.

Exyzt : Fondé à Paris en 2003, cette plateforme de création pluridisciplinaire, comme elle se définie, est fondé par 5 étudiants : Philippe Rizzoti, Nicolas Henninger, François Wunschel, Pier Schneider & Gilles Burban. A l’issu de leur diplôme à l’ENSAP-LaVillette , qui donnera lieu à leur premier projet : L’architecture du RAB. Depuis le collectif s’est quelque peu séparé pour monter leurs propres agence (Cf. 1024 architecture, Supergraphic & RIZZOTTI Philippe), et à par ailleurs accueilli de nouveaux membres, dont Julien Beller (fondateur du 6B et de No Mad’s Land) Cf. Fiche Collectif. " 58 Occurrences p. : 7 ; 9 ; 11 ; 13 ; 15 ; 16 ; 17 ; 21 ; 23 ; 25 ; 30 ; 31 ; 33 ; 35 ; 37 ; 41 ; 45 ; 47 ; 48 ; 50 ; 51 ; 52 ; 53 ; 55 ; 57 ; 61 ; 63 ; 64 ; 72 ; 82 ; 85. " Sur la place publique: 45 ; 48 ; 52 ; 55 ; 57 ; 61 ; 81. Chaud devant ! : 55 ; 61. Point Chaud : 61 ; 82. Le Tunnel : 52 ; 61. Un Kiosque aux Chaux : 61. " L’architecture du RAB: 11 ; 30 ; 45 ; 50 ; 51. " Métavilla: 12 ; 37. " Southwark Lido: 53. " Dalston Mill: 53. " The Reunion: 53. "

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Marseille 2013, Capitale Européenne de la Culture, Vitrolles-Echangeur: 19 ; 31.


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Index des noms propres & Collectif

1024 architecture, WUNSCHEL François & SCHNEIDER Pier : C’est une société créée en 2008 par Pierre SCHNEIDER et François WUNSCHEL (anciens membres fondateur d’Exyzt). 1024 met l’accents sur l'interaction entre corps(organisme), espace, son, visuel, à faible composante technologique et de haute technologie, d'art et architecture … Ils font des installations audiovisuelles, la micro-architecture, l'intervention urbaine, le fonctionnement, des expositions et d'autres … " Occurrence p. : 13 6B, BELLER Julien: Le 6B est un lieu de résidence, de création et de diffusion pluridisciplinaire créé et installé à Saint-Denis, suite à la négociation d’un bail précaire par Julien Beller (membre actif du collectif Exyzt) " Occurrence p. : 14 AAA (Atelier d’Architecture Autogéré), PETRESCU Doina & PETCOU Constantin: L'atelier d'architecture autogérée (AAA) fondé à Paris en 2001 par Doina PETRESCU et Constantin PETCOU, est une plateforme collective d’exploration, action et recherche autour des mutations urbaines et des pratiques culturelles, sociales et politiques émergentes de la ville contemporaine. " Occurrence p. : 5 ; 16 ANDRES Lauren : Lauren Andres travaille à l’Université de Birmingham (School of Geography, Centre for Urban and Regional Studies) depuis 2009 et est chercheuse associée à l’UMR Telemme (Aix en Provence). Géographe-urbaniste, docteure en urbanisme (Institut d’Urbanisme de Grenoble, 2008), elle s’intéresse tout particulièrement aux questions de régénération urbaine et culturelle, de ville créative et de résilience urbaine en Europe (France, Grande Bretagne, Suisse, Allemagne). Elle a obtenu en 2007 le prix “Fritz Schumacher” de la Ville de Hambourg pour ses recherches sur l’environnement urbain. Sa thèse portait sur: La ville mutable. Mutabilité et référentiels urbains : les cas de Bouchayer Viallet, de la Belle de Mai et du Flon " Occurrence p. : 47 Archigram : Ce mouvement anglais développe une architecture purement théorique, et se concrétise principalement par la parution d’une revue d’architecture. Celle-ci sert de média, entre 1961 et 1974, à un jeune groupe d’architectes : Peter Cook (1936), Ron Herron (1930), David Greene (1937), Warren Chalk (1927-1988), Dennis Crompton (1935), Mick Webb (1937). Leur principale inspiration vient d’un projet de décor de film de Cedric Price, Fun Palace, 1960-1961. L’effervescence du Pop Art, qui s’approprie la culture populaire, les mass médias, l’univers électronique et informatique ainsi que la conquête spatiale, se répercute dans les projets d’Archigram. L’habitat devient – comme les concepts appliqués à la ville – jetable, ludique, consommable, éphémère, préfabriqué et évolutif ; leurs projets urbains combinent réseaux, câbles, structures gonflables, mobile home, drive-in, informatique, robotique et reflètent la société de consommation hyper-technologique qui se développe. Pour eux, ce qui fait une ville c’est avant tout les gens et leurs inter-relations. Ils y associent comme les Situationnistes ou les Métabolistes les principes d’indétermination et de mobilité et reprennent à leur compte les mégastructures mais avec une vision poétique, ironique ou provocatrice. Ils développent ainsi l’idée d’une circulation dans laquelle vient se greffer des cellules. Celles-ci se « pluguent », se branchent les unes aux autres. La ville est itinérante et elle suit les flux de l’événement et de la circulation de l’information. " Occurrence p. : 31 ; 32 ; 39 BOITARD Daniel : C’est un « Enseignant nomade pour les élèves du voyage ». Il est professeur des écoles, et enseigne depuis huit ans dans un camion école auprès des enfants du voyage dans le département des Yvelines. Il est également responsable de l’Association d’Aide à la Scolarisation des Enfants Tsiganes sur le département et occupe le poste de médiateur pour la préfecture avec la communauté des gens du voyage. " Occurrence p. : 14 BOUCHAIN Patrick: Né le 31 mai 1945 à Paris (Seine), il est architecte et scénographe français. Il est un pionnier du réaménagement de lieux industriels en espaces culturels, à partir de 1985 et la réhabilitation du Magasin à Grenoble en centre d'art contemporain, suivi de La Ferme du Buisson, Le Lieu unique, et la Condition publique, à Roubaix.

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" Occurrence p. : 10 ; 33 ; 61 BRANZI Andréa: C’est un architecte et designer italien né à Florence en 1938. Entre 1964 et 1974, Andrea Branzi appartient au groupe d'avantgarde Archizoom composé également des architectes Gilberto Corretti, Paolo Deganello et Massimo Morozzi ainsi que des designers Dario et Lucia Bartolini. Archizoom est à l'origine de l'architecture radicale au même titre que le groupe Superstudio avec lequel ils exposent à Pistoia en 1966 (exposition « Superarchitettura »), ou le groupe anglais Archigram. Dans les années 1980, Branzi fait partie du Groupe de Memphis fondé par l'architecte et consultant Ettore Sottsass. Depuis 1967, Andrea Branzi travaille dans les domaines du design alimentaire, de l'architecture et du planning urbain. Il est lauréat en 1987 et en 1995 du Compasso d'Oro, attribué par l'ADI (Associazione per il Disegno Industriale) . A.Branzi enseigne à l'École polytechnique de Milan. " Occurrence p. : 81 CASSOU-SCHOTTE Sylvie : Adjointe à la cohésion sociale à la mairie de Mérignac en 2010. " Occurrence p. : 75 CLEMENT Gilles: Né le 6 octobre 1943 à Argenton-sur-Creuse (Indre), il est jardinier, paysagiste, botaniste, entomologue, écologue et écrivain français. Après une formation comme ingénieur horticole (1967) et comme paysagiste (1969), il enseigne depuis 1979 à l'École nationale supérieure du paysage de Versailles, en parallèle de son activité de concepteur. Son intervention au parc AndréCitroën à Paris, inauguré en 1992, l'exposition spectaculaire sur Le Jardin planétaire dont il a été commissaire en 1999 à la Grande halle de la Villette et ses nombreux écrits, qui constituent une œuvre à la fois théorique et littéraire, l’ont rendu célèbre auprès du grand public. En 2011-2012, il est titulaire de la Chaire annuelle de Création artistique au Collège de France, avec une Leçon inaugurale prononcée le 1er décembre 2011 sous le titre Jardins, paysage et génie naturel. Gilles Clément est l'auteur de plusieurs concepts qui ont marqué les acteurs du paysage de la fin du XXe siècle ou le début de ce XXIe siècle, dont notamment : le « jardin en mouvement » « faire le plus possible, avec le moins possible contre » ; le « jardin planétaire » ; nous vivons sur une planète qui est ou peut être une sorte de jardin sans mur mais néanmoins fini : l'enclos planétaire, qui n'est autre que la biosphère, dans un monde spatialement et volumétriquement fini et limité, occupé par des jardiniers plus ou moins bons et responsables (l'humanité), le « Tiers paysage ».Ces concepts découlent de l'observation qu'un paysage naturel n’est jamais figé, que les espèces et les gènes doivent circuler. " Occurrence p. : 61 CRAWFORD Margaret: Elle est professeur à l’université de Berkely, et est spécialisé dans l’Histoire d'Architecture et de l’Urbanisme, L’Histoire Urbaine et Théorie ainsi que dans la conception de Design Urbain. Sa recherche se concentre sur l'évolution, des utilisations et les significations d'espace urbain. Son livre, Construisant le Paradis de Workingman : la Conception des Villes de Société américaines, examine l'essor et déclin d'environnements industriels professionnellement conçus. On connaît aussi Crawford pour son travail sur l'Urbanisme Quotidien, un concept qui encourage l'enquête proche et la compréhension ouverte à autrui des détails de vie quotidienne comme la base pour la théorie urbaine et la conception. En 2005, Doug Kelbaugh a caractérisé l'Urbanisme Quotidien comme un de trois paradigmes contemporains d'urbanisme à la pointe de l'activité théorique et professionnelle. " Occurrence p. : 66 DELANCHY Pascal: Il est chargé de Mission Cohésion Urbaine et Sociale à Mérignac en 2012-2013. " Occurrence p. : 78 DELEUZE Gilles & GUATTARI Félix : Gilles Deleuze est un philosophe français né à Paris le 18 janvier 1925 et mort à Paris le 4 novembre 1995. Des années 1960 jusqu'à sa mort, Deleuze a écrit de nombreuses œuvres philosophiques très influentes, sur la philosophie, la littérature, le cinéma et la peinture notamment. D'abord perçu comme un historien de la philosophie, Deleuze proposera pourtant une nouvelle définition du philosophe, "celui qui crée des concepts". Aussi se révèle-t-il vite un créateur en philosophie : il s'intéresse tout particulièrement aux rapports entre sens, non-sens et événement (à partir de l'œuvre de Carroll et du stoïcisme grec). Il développe une métaphysique et une philosophie de l'art originales. Avec Félix Guattari, il crée le concept de déterritorialisation, menant une critique conjointe de la psychanalyse et du capitalisme. " Occurrence p. : 83 ; 84

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DUS architects : Composé d’Hedwig Heinsman, Martine de Wit et Hans Vermeulen, ce collectif hollandais est basé à Amsterdam où il développe ses projets depuis 2004. Ils étaient présents à l’exposition Ré-architecture. " Occurrence p. : 85 FRIEDMAN Yona: Né en 1923 à Budapest, Y.Friedman est un architecte français d'origine hongroise. Yona Friedman est un « architecte de papier » aux conceptions futuristes. Sa production en plans, maquettes (dont certaines sont à échelle 1:1 et peuvent être visitées) et autres moyens de communications (bande dessinée...) font l’objet d’expositions artistiques ; de ce point de vue, il est plus considéré comme un artiste que comme un architecte, pour une production de pièces d’un « art qui est porteur de message ». Il est notamment connu pour son projet de la ville spatiale qu’il a décliné sur de nombreuse capitale. " Occurrence p. : 31 ; 33 ; 34 ; 35 GUIHEUX Alain: Architecte Dplg, Urbaniste diplômé de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, Docteur en sociologie urbaine, Alain Guiheux est associé-gérant de l’agence d’architecture et d’urbanisme Architecture Action sarl. Il est architecte et urbaniste-conseil de la ville de La Roche-sur-Yon (Vendée). Professeur titulaire à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture Paris-Val de Seine, il a également enseigné dans le programme master d’aménagement de l’Université Paris Dauphine, dans le département d’Ingénierie civile de Paris VI-ENS Cachan et à l’Ecole du Fresnoy, Studio Nationale d’Arts Contemporains. Ancien Conservateur en chef du département d’architecture du Centre Georges Pompidou, il y a créé la Collection d’architecture en 1992. Il a été commissaire de nombreuses expositions et dirigé leurs catalogues. Il publie la Collection des projets d’architecture du Centre G. Pompidou en 1998 et Architecture instantanée en 2000. Alain Guiheux est également l’auteur de plusieurs ouvrages critiques et théoriques. w Occurrence p. : 47 ; 48 Indensitat, PARRAMON Ramon : Ramon Paramon travail dans le champ de la critique, ancien directeur d’un secteur de l’école de Design à Barcelone, il est également directeur d’un centre d’art. Il travail depuis deux ans avec des artistes et des architectes pour transformer l’espace public, espace physique, virtuel, social et politique au sein d’Indensitat. Il n’a pas pour finalité l’œuvre ou l’édifice. Indensitat c’est une plateforme à volonté interdisciplinaire pour travailler en confiance avec les habitants. Il est venu présenter ce travail lors du colloque Démocracité organisé à l’ENSA Paris-Malaquais en Décembre 2011. http://www.idensitat.net/ " Occurrence p. : 53 KROLL Lucien: Lucien Kroll est un architecte belge né à Bruxelles le 13 mars 1929. Il est notamment l'auteur d'une partie importante du campus de Woluwe-Saint-Lambert de l'Université catholique de Louvain. Le bâtiment principal du site est la Maison Médicale, "la mémé", qui rappelle un bidonville par l'utilisation de multiples matériaux, d'absence de symétrie, un aspect chaotique et des couleurs différentes. En 1982, il a également réalisé la station de métro Alma. Il est l'un des rares architectes à trouver grâce aux yeux du créateur autrichien Hundertwasser, célèbre pour ses architectures et ses manifestes écologiques radicaux. " Occurrence p. : 33 L’association De l’aire : De l'aire est une association loi 1901 qui conçoit et met en oeuvre des projets créatifs et participatifs pour apporter des réponses sur des enjeux d’aménagement du territoire et de développement de la vie publique. http://www.delaire.eu " Occurrence p. : 43 ; 60 ; 78 Le Cabanon vertical : Cette association est fondé en 2003 à Marseille et regroupe des architectes, éclairagistes, graphistes, photographes, scénographe etc. Ils ont notamment travaillé avec le collectif Bruit du Frigo à Bordeaux. http://lecabanonvertical.com/ " Occurrence p. : 49 Le Fabricatoire : Le Fabricatoire est l’union de deux graphistes basé à Rennes qui développe leurs projets souvent en partenariat : Avoir conscience de sa place dans le corps social. Vouloir y inscrire sa pratique de l’image. Tenter de construire un rapport sain entre graphiste et citoyen. C’est sur cette base que nous développons notre travail. En passant par la mise en forme d’objets imprimés, le dessin de caractères typographiques, l’animation d’ateliers participatifs ou encore la mise en espace de contenus, les outils et les actions que nous développons sont divers. Pour autant, notre pratique se veut joyeuse, réfléchie, ouverte et

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responsable. À ce titre nous nous faisons un point d’honneur à refuser les pratiques du marketing qui sont l’antithèse de notre démarche. Il nous faut y adjoindre la curiosité, le partage et le plaisir. Voilà ce que les formes doivent provoquer ! Pour cela nous invitons parfois certaines personnes à nous épauler. Dessinateurs de caractères, photographes, imprimeurs, éditeurs, sociologues, historiens, architectes, designers, travailleurs sociaux et développeurs, tout ceux-là, et d’autres encore, font partie de ceux qui enrichissent notre travail. Nous aurions donc tort de nous en passer ! http://www.le-fabricatoire.org " Occurrence p. : 45 LEFEBVRE Henri: Henri Lefebvre, né le 16 juin 1901 à Hagetmau (Landes) et mort en 1991 à Navarrenx (Pyrénées-Atlantiques), est un universitaire français, sociologue, géographe et philosophe. Il a étudié la philosophie à la Sorbonne, diplômé en 1920. De 1930 à 1940, il est professeur de philosophie. En 1940, il rejoint la Résistance. De 1944 à 1949, il est le directeur de la station de Toulouse de la Radio-diffusion française (R D F). Son évolution au cours des années 1950 concernant la théorie marxiste, en particulier son rejet sans concession du stalinisme, lui vaut d’être exclu du PCF en 1958. En 1960, il signe le manifeste des 121 pour le droit à l'insoumission dans la guerre d'Algérie. En 1962, il devient professeur de sociologie à l'Université de Strasbourg, puis à Université de Paris X-Nanterre de 1965 à 1968. Il influence directement les étudiants qui initieront le mouvement de Mai 68, puis livre une analyse à chaud des évènements. Il finit son parcours à l'Institut d'urbanisme de Paris. Dans son hommage, le magazine Radical Philosophy écrit : « Le plus prolifique des intellectuels marxistes français, est décédé dans la nuit du 28 au 29 juin 1991, peu après son 90e anniversaire. Pendant sa longue carrière, son travail a été plusieurs fois à la mode ou non suivant les périodes, et a influencé non seulement le développement de la philosophie, mais aussi celui de la sociologie, de la géographie, des sciences politiques et de la critique littéraire. » " Occurrence p. : 67 ; 69 ; 70 Les Arpenteurs : «arpenteurs» se positionne comme animateur de la participation avec pour objectifs d’améliorer l’égalité sociale, politique et écologique. La ville avec son espace public est notre territoire de projet. Notre ambition est de permettre à chacun d'y tenir son rôle, de pouvoir agir sur son devenir, d'être acteur de son évolution. Dans une société où l'entre soi et les logiques économiques sont dominants, nous avons la conviction que la rencontre de l'autre, le débat public, la délibération collective sont capables de créer la cohésion sociale, de "faire société". http://www.arpenteurs.fr/ " Occurrence p. : 29 Les Situationnistes : L’internationale situationniste représentait à ses débuts l'expression d'une volonté de dépassement des tentatives révolutionnaires des avant-gardes artistiques de la première moitié du xxe siècle, le dadaïsme, le surréalisme et le lettrisme. Formellement créée en juillet 1957 à la Conférence de Cosio di Arroscia, l'Internationale situationniste est née du rapprochement d'un ensemble international de mouvements d'avant-garde, dont l'Internationale lettriste (elle même issue d'une rupture avec le Lettrisme d'Isidore Isou), le Mouvement international pour un Bauhaus imaginiste, le Comité psychogéographique de Londres et un groupe de peintres italiens. Son document fondateur, Rapport sur la construction de situations..., a été rédigé par Guy Debord en 1957. Dans ce texte programmatique, Debord pose l'exigence de « changer le monde » et envisage le dépassement de toutes les formes artistiques par « un emploi unitaire de tous les moyens de bouleversement de la vie quotidienne ». L'un des principaux objectifs de l'Internationale situationniste était l'accomplissement des promesses contenues dans le développement de l'appareil de production contemporain et la libération des conditions historiques, par une réappropriation du réel, et ce dans tous les domaines de la vie. Le dépassement de l'art fut son projet originel. Aux débuts, les Situationnistes firent parler d'eux par l'utilisation du calembour comme arme politique, tournant en dérision l'art contemporain pour démontrer l'inanité et le superficiel d'une culture dite bourgeoise. Puis l'IS s'est rapidement orientée vers une critique de la société du spectacle, ou société « spectaculaire-marchande », accompagnée d'un désir de révolution sociale. L'année 1962 voit la scission entre « artistes » et « révolutionnaires » et l'exclusion des premiers. " Occurrence p. : 31 MATTA CLARK Gordon: Gordon Matta-Clark (22 juin 1943 – 27 août 1978) est un artiste américain connu pour ses œuvres sur site spécifique réalisées dans les années 1970. Il est célèbre pour ses « coupes de bâtiment» une série de travaux dans des bâtiments abandonnés dans lesquels il a enlevé des morceaux de planchers, de plafonds, et de murs et notamment "Conical Intersection" que la Biennale de Paris 1975 avait organisée : une percée architecturée dans le vif d'un immeuble rue Beaubourg, à la fois en face du Centre Georges Pompidou en construction et de l'appartement de Ghislain Mollet-Viéville. " Occurrence p. : 31

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NICOLAS-LE-STRAT Pascal: Pascal NICOLAS-LE STRAT est un politiste et sociologue, d’une cinquantaine d’année. Il est maître de conférences en sociologie à l'Université Paul Valéry - Montpellier 3 Ses thèmes de recherche concernent a) les micropolitiques de création ou de résistance; b) les formes d'expérimentation politique, artistique ou sociale; c) les politiques du savoir; d) le "travail du commun" comme nouveau champ de pratiques professionnelles et citoyennes, transversal à l'art, à l'urbain, au social... (agir le commun / agir en commun). Il poursuit par ailleurs une réflexion méthodologique et politique sur La recherche en situation d'expérimentation (sociale, artistique ou politique). Il était anciennement membre du comité de rédaction de la revue Futur antérieur, dirigée par Jean-Marie Vincent et Toni Negri, et participe actuellement au comité de lecture de la revue Multitudes. " Occurrence p. : 15 No Mad’s Land : Association fondé par Julien Beller et Daniel Boitard. " Occurrence p. : 14 Pola : POLA est une fédération artistique et culturelle qui vise à engager un projet de développement fondé sur une économie plurielle et solidaire pour le secteur culturel. Gabi Farage et Yvan Detraz de Bruit du Frigo en sont également les membres fondateurs. http://www.pola.fr " Occurrence p. : 9 ; 60 Recetas Urbanas, CIRUGEDA Santiago : Santiago Cirugeda est un architecte de Séville en Espagne. Diplôme en 1996 à Barcelone après s’être « ennuyé » (comme il dit) à Séville. Il participera à l’événement EME 3 « the first architactural market » organisée par ADN, une association culturelle multidisciplinaire, où il présentera ses « Stratégies d’occupation subversives » qui lui valent une reconnaissance dans le milieu de l’architecture et de l’art contemporain. Ces travaux seront récompensés et publiés en 2001 par la revue Quaderns. En 2007, il publiera aux éditions Tenov, une monographie de son travail et de ses recherches : Situaciones urbanas, présenté comme un manuel à l’usage de tous. La même année, il recevra le prix « ojo critico » décerné par la Radio Nacional Espanola « pour (selon le jury composé de journalistes et de critiques d’art) sa capacité critique pour mettre en relation son travail créatif avec la réalité sociale urbaine ; pour son originalité dans la recherche de nouvelles propositions qui peuvent se convertir en solutions tant pour l’espace public que privée, et pour avoir intégré dans ce processus des collectifs d’habitants, de professionnels et de théoriciens. En définitive, pour rapprocher l’architecture de la rue.» " Occurrence p. : 16 RELAIS, BOUBEAUD Gaël & BOUQUEY Laurent: Relais est une agence d’architecture composée de deux architectes et un ingénieur. Se spécifiant de ce qu’elle qualifie d’écologique atypique http://www.relaisae.fr/ " Occurrence p. : 80 RIZZOTTI Philippe: C’est un des membres fondateurs d’Exyzt qui aujourd’hui a développer sa propre agence d’architecture. Il est lauréat du Prix des Albums des Jeunes Architectes et Paysagistes, AJAP, en 2012. " Occurrence p. : 9 ; 13 Saprophytes : C’est un collectif pluridisciplinaire réuni depuis 2007, hybride entre agence d'architecture et de paysage, plateforme de création, atelier de construction et structure d'éducation populaire. Il développe une réflexion active et expérimentale sur la place et l’implication de l’Homme dans son milieu. http://www.les-saprophytes.org " Occurrence p. : 25 ; 27 ; 28 ; 53 SMITHSON Robert: Robert Smithson (2 janvier 1938 – 20 juillet 1973) est un artiste américain lié, entre autres, à l'art minimal et au Land Art. Auteur de nombreux textes critiques et théoriques1 largement diffusés par les revues d'art américaines (parfois en collaboration, avec Mel Bochner par exemple), le médium imprimé lui donne la possibilité de développer les aspects discursifs, spéculatifs et documentaires de son travail. " Occurrence p. : 31 Stalker : Stalker est un laboratoire d'art urbain, créé en 1994, à Rome, par Francesco Careri, un architecte italien. Il a mis en place

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l'Observatoire Nomade réunissant divers artistes et architectes. Ils ont pour but de redécouvrir, définir et comprendre les marges et les friches des métropoles contemporaines. Ils arpentent donc de grandes villes (Berlin, Paris, Istanbul, Milan etc.) tels des cartographes. Leur processus implique autant le corps par la marche que l'esprit par la mémoire et la perception des lieux traversés. Ils reprennent d'une certaine manière le principe de la psychogéographie définit par Ralph Rumney (Comité psychogéographique de Londres), et repris par Guy Debord. " Occurrence p. : 21 ; 31 Supergraphic, BURBAN Gilles : Supergraphic est un laboratoire numérique visant les technologies de la représentation.Il produit des images, aussi bien pour des agences d’architectures que de paysages etc. Supergraphic a été monté par Gilles Burban, un des membres fondateurs d’Exyzt. http://www.supergraphic.fr " Occurrence p. : 9 ; 13.

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Lexique : Mots-clés & Notions

Activisme: n. m. étym. 1911 ; de activisme 1. philos. Attitude morale consistant à rechercher l’efficacité, les réalisations ; forme de pragmatisme. « La psychanalyse débouche […] sur un activisme animé de charité » (Lacan) 2. (1916-1918) polit. Mouvement des Flamingants partisans de l’action en faveur de la langue flamande qui soutenait l’occupant allemand. Doctrine qui préconise l’action violente (en politique) > Extrémisme, terrorisme. Alternatif, ive : adj. étym. 1375 ; du latin alternatum > alterner 1. Qui présente une alternance. > périodique, successif. Présidence alternative, exercée alternativement. « Le choc alternatif des rames » (Hugo). (XVIIIe) Mouvement alternatif : mouvement régulier qui a lieu dans un sens puis dans l'autre (piston, pendule, etc.). (fin XIXe) Courant alternatif, dont l'intensité varie selon une sinusoïde (opposé à continu). Cycles, fréquence d'un courant alternatif. 2. LOG. Qui énonce deux assertions dont une seule est vraie. Proposition alternative. > 1. alternative. DR. Obligation alternative, offrant le choix entre deux prestations. 3. (Emploi critiqué) Qui constitue une solution de remplacement. Peines alternatives. SPÉCIALT Qui, par sa pratique, propose d'autres choix que ceux imposés par les sociétés industrielles et technologiques, par la société de consommation. Médecine alternative. > doux, parallèle. Mondialisation alternative (> altermondialisme). POLIT. Mouvements alternatifs. SUBST. Les verts et les alternatifs. 4. Qui s'oppose au courant majeur d'un style, d'une mode. Le rock alternatif. « Lower Main Street, qui concentrait bars et restaurants alternatifs » (C. Férey). Appropriation : n.f. étym. XIVe ; du bas latin appropriatio, famille étymologique > propre 1. DIDACT. Action d'approprier, de rendre propre à un usage, à une destination. > adaptation. « Ce qui fait un chef-d'œuvre, c'est une appropriation ou un appariement heureux entre le sujet et l'auteur » (Gide). 2. DR. Action de s'approprier une chose, d'en faire sa propriété. Les choses sans maître sont susceptibles, par nature, d'appropriation. Appropriation par expropriation, par nationalisation (> acquisition). Appropriation par occupation. > occupation, prise, saisie. Appropriation par violence ou par ruse. > conquête, usurpation, 2. vol. Citoyen(s) : n. étym. XVIe « concitoyen » puis sens 2°; adj. en ancien français de cité, famille étymologique > cité. 1. N. m. (XVIIe) HIST. Celui qui appartient à une cité* (1°), en reconnaît la juridiction, est habilité à jouir, sur son territoire, du droit de cité et est astreint aux devoirs correspondants. « On reconnaissait le citoyen à ce qu'il avait part au culte de la cité » (Fustel de Coulanges). « Dans un si pressant danger, il convenait qu'ils fussent d'abord citoyens. Ils avaient préféré demeurer artistes » (Caillois). 2. VIEILLI Habitant d'une ville. > bourgeois. « Un citoyen du Mans, chapon de son métier » (La Fontaine). 3. (1751) MOD. Être humain considéré comme personne civique. > ressortissant. ! SPÉCIALT Personne ayant la nationalité d'un pays à régime républicain. > national. Un citoyen français et un sujet britannique. Jean-Jacques Rousseau, le citoyen de Genève. La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Être déchu de ses droits de citoyen. Accomplir son devoir de citoyen : voter. « Aux armes, citoyens ! » refrain de « La Marseillaise ». Citoyen d'honneur d'une ville. Citoyen du monde, qui met l'intérêt de l'humanité au-dessus du nationalisme. 4. (1790) Sous la Révolution, Appellatif remplaçant Monsieur, Madame, Mademoiselle. La citoyenne Tallien. Personne. Un

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citoyen exemplaire. Adj. Un roi citoyen, démocrate. 5. (1694) FAM. Un drôle de citoyen : un individu bizarre, déconcertant. > oiseau, type, zèbre. 6. Adj. Relatif à la citoyenneté, à l'esprit civique. L'entreprise citoyenne, qui a un rôle à jouer dans la société. Collectif(s): adj. et n. m. étym. XIVe ; du lat. collectivus « ramassé », de colligere, famille étymologique > cueillir. 1. Qui comprend ou concerne un ensemble de personnes. Travail collectif, en équipe, en collaboration. Cours collectif. Œuvre, entreprise collective. > commun. Démission collective. Contrat collectif. Convention* collective. Responsabilité collective. >1. général. Imaginaire collectif, inconscient collectif, mémoire collective, du groupe social, de la collectivité. > social. « Il n'y avait plus de destins individuels, mais une histoire collective » (Camus). Propriété collective. > collectivisme, copropriété. Antenne collective. Billet collectif, de groupe. Sports collectifs, d'équipe. 2. LOG. Se dit d'un terme singulier et concret représentant un ensemble d'individus. « Peuple, foule, ensemble, dizaine » sont des termes collectifs. Sujet collectif, pris au sens collectif : sujet représenté par un terme pluriel ou par plusieurs termes réunis, lorsque la proposition est indivise (opposé à distributif). N. m. Terme collectif. 3. N. m. VIEILLI Collectif budgétaire : loi de finances rectificative, rassemblant les modifications apportées à la loi de finances initiale. 4. N. m. (1936) Groupe de personnes réunies pour délibérer et prendre des décisions. Les locataires expulsés ont formé un collectif. Délaissé(s): adj. étym. XIIe s.; de délaisser 1. (PERSONNES) Laissé sans secours, sans affection. Enfant délaissé, épouse délaissée. Mourir délaissé. > abandonné. Dont on ne s'occupe pas, qu'on néglige. « Elle se souvenait d'avoir été une enfant malheureuse et délaissée » (Sand). 2. (CHOSES) Abandonné. Une profession un peu délaissée. Détournement : n.m. étym. 1538 ; hapax XIIIe destournement « endroit écarté » ; de détourner, famille étymologique > tourner. Action de détourner. 1. Action de changer le cours, la direction. Détournement d'un cours d'eau. > 1. dérivation. (v. 1967) Détournement d'avion : action de contraindre l'équipage d'un avion de ligne à changer de destination. > déroutement; piraterie (aérienne). 2. RÉGION. (Belgique) Déviation de la circulation routière. Emprunter le détournement. Entredeux ou entre-deux : n. m. invariable. étym.1160 ; de entre- et deux 1. VX Espace, partie qui est entre deux choses. « Dans les entre-deux de vos doigts » (Descartes). 2. (ABSTRAIT) Espace, état, capacité entre deux extrêmes. Nous « végétons comme nous pouvons, dans l'entre-deux de la vérité et du mensonge, le clair-obscur de la justice et de l'injustice mêlées » (Guéhenno). Ephémère : adj. étym. 1560 méd.; effimère 1256 ; du grec des médecins ephêmeros « qui dure un jour », de epi « pendant » et hêmera « jour » 1. Adj. Qui ne dure ou ne vit qu'un jour. « Une mouche éphémère naît à neuf heures du matin dans les grands jours d'été, pour mourir à cinq heures du soir » (Stendhal). 2. PAR EXT. COUR. Qui est de courte durée, qui n'a qu'un temps. > 1. court, momentané, passager, temporaire. Gloire, succès éphémère (cf. Sans lendemain). Bonheur éphémère. > fragile, fugace, précaire. Apparition éphémère.> fugitif, rapide. « Une foule de publications éphémères […] paraissaient et disparaissaient » (Valéry). Espace social Espace urbain Expérimentation: n. f. étym.1834 ; de expérimenter, famille étymologique >péril 1. Action d'expérimenter (2°). L'expérimentation d'un nouveau produit, d'un médicament sur des animaux. > essai, expérience. Champ d'expérimentation. 2. SC. Emploi systématique de l'expérience scientifique. Expérimentation animale. L'expérimentation est essentielle en physique, en chimie. Exploration : n.f. étym. 1455, repris 1797 ; du lat. exploratio

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1. Action d'explorer (un pays, une région). L'exploration de l'Afrique, du Congo à l'Éthiopie, par la mission Marchand. Partir en exploration. > découverte, expédition, voyage (scientifique). Exploration sous-marine, spatiale. Exploration ethnologique. ◆ PAR EXT. L'exploration d'un terrain, d'une forêt, d'une caverne. > examen. ◆ PAR ANAL. Exploration d'une bande de fréquence. > balayage. 2. (ABSTRAIT) L'exploration systématique d'un sujet, d'un problème.> approfondissement. L'exploration de la vie intérieure, du subconscient. > introspection, psychanalyse. Frange(s): n. f. étym. fin XIIe ; du latin populaire °frimbia, métathèse du latin classique fimbria 5.FIG. Limite imprécise entre deux états, deux notions. >marge. Frange de conscience (entre la conscience claire et la conscience obscure). « une frange où se rencontraient le rationalisme du XVIIIe siècle et le romantisme du XIXe » (Maurois). Friche(s): n.f. étym.1251; moyen néerlandais versch « frais », famille étymologique > frais. 1. Terre non cultivée. Faire paître du bétail dans une friche. > pâtis. La friche reste inculte plus longtemps que la jachère*. « les longues friches où foisonnent les bruyères » (Genevoix). ◆ Friche industrielle : terrain occupé autrefois par des bâtiments industriels et leurs annexes, aujourd'hui à l'abandon. Les friches industrielles de Lorraine. « une côte bordée d'entrepôts désaffectés, une friche industrielle » (Th. Jonquet). Friche urbaine : terrain vague*. 2. Loc. adv. et adj. EN FRICHE : inculte. Pré qui tombe en friche. Désherber un jardin en friche. Terres en friche (cf. À l'abandon). ◆ FIG. EN FRICHE, se dit de ce qu'on laisse sans soins, inemployé, et SPÉCIALT d'un esprit dont on a négligé de développer les dons. « Il ne faut jamais laisser en friche les facultés de la nature » (Flaubert). Gentrification : n.f. étym. 1984 ; mot anglais (1963), de gentry > gentry, famille étymologique> gens. SOCIOL. Processus par lequel la population d'un quartier populaire fait place à une couche sociale plus aisée. « la “gentrification”, l'embourgeoisement d'arrondissements autrefois populaires et ouverts à la diversité sociale » (Libération, 2010). Interdisciplinaire / Pluridisciplinaire : Interstice(s) : n.m. étym. XVIe; intertisse « intervalle de temps » 1495 ; du lat. interstitium, famille étymologique > station. Très petit espace vide (entre les parties d'un corps ou entre différents corps). > hiatus, intervalle. Les interstices d'un plancher, d'un pavage. > fente. « Le pâle petit jour du matin […] filtra dans la chambre par les interstices des rideaux » (Villiers). Lien social : Marge : n. f. étym. 1521; marce XIIIe ; du latin margo, marginis « bord, marge », famille étymologique > marcher 1. Espace blanc autour d'une page de texte écrit ou imprimé. > bord, bordure. Un livre à grandes marges. Rogner les marges à la reliure (> émarger). Corriger dans la marge. ! SPÉCIALT L'espace blanc laissé sur le bord extérieur d'une page imprimée, à droite du recto, à gauche du verso; l'espace blanc à gauche d'une page manuscrite. Laisser une marge. Notes, rectifications en marge (> marginal). 2. FIG. Intervalle d'espace ou de temps, latitude dont on dispose entre certaines limites. Marge de liberté. Marge de réflexion. > délai. Prévoir une marge d'erreur dans une évaluation. >1. écart; différence. ! SPÉCIALT Possibilité d'action entre une limite pratique et une limite théorique, absolue. Marge de tolérance*. Marge de sécurité : disponibilités dont on est assuré au-delà des dépenses prévues. > 2. volant. Marge de manœuvre. ! De la marge : de la distance; des possibilités d'action. « Ça nous laisse de la marge pour manœuvrer » (Romains). > facilité, latitude. Il y a de la marge : il s'en faut de beaucoup. 3. EN MARGE DE : en dehors de, mais qui se rapporte à. Information en marge de l'actualité. « mes idées me mettaient en marge du monde » (Mauriac). ABSOLT Vivre en marge, sans se mêler à la société ou sans y être accepté (> marginal). Un homme en marge. Mobilité(s): n.f. étym. v. 1200 ; du lat. mobilitas. Famille étymologique > mouvoir. 1. Caractère de ce qui peut se mouvoir ou être mû, changer de place, de position > mobile. Mobilité d’un membre, d’un organe > mobilité. Personnes à mobilité réduite, qui ont des difficultés à se déplacer du fait de leur été physique, d’un handicap. 2. Caractère de ce qui change rapidement d’aspect ou d’expression. La mobilité d’un visage, d’une physionomie. « Une mobilité de l’intelligence qui se règle exactement sur les mobilité des choses » (Bergson). Participation : n.f. étym. v. 1170 ; du latin participatio

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1. Action de participer à qqch.; son résultat. « La démocratie est la participation à droit égal, à titre égal, à la délibération des lois et au gouvernement de la nation » (Lamartine). La participation de femmes à un nouveau gouvernement. Acteur qui promet sa participation à un gala. > collaboration, concours. Avec la participation de… « Rostopchine a décliné toute participation à l'incendie de Moscou » (Chateaubriand). > complicité, connivence. SPÉCIALT Le fait de se prononcer aux élections, de voter. Taux de participation et taux d'abstention. ABSOLT (1968) Droit de regard, de libre discussion et d'intervention des membres d'une communauté. Tous les professeurs « déplorent l'inertie de leur classe, son absence de participation » (Beauvoir). 2. Action de participer à (un profit, la gestion); son résultat. Participation aux bénéfices. DR. COMM. Participation financière : détention d'une part (inférieure à 50 %) du capital d'une société par une autre société. Prise de participation. DR. TRAV. Participation des salariés. > intéressement. Participation du personnel à la gestion de l'entreprise. > actionnariat, cogestion. 3. Action de participer à (une dépense). Participation aux frais. > contribution, 1. écot, quote-part. Politique: n.f. étym. 1265, rare avant XVIIe ; du lat. politicus « relatif au gouvernement » et « d’un homme d’Etat », de la famille du grec polis « cité » 1. Art et pratique du gouvernement des sociétés humaines (Etat, nation). « La politique, art de tromper les hommes » (d’Alembert). « Quant à la politique ? […] – Ah ! c’est l’art de créer des faits, de dominer, en se jouant, les évènements et les hommes » (Beaumarchais). « La politique consiste dans la volonté de conquête et de conservation de pouvoir. » (Valéry). 2. Manière de gouverner un Etat (politique intérieure) ou de mener les relations avec les autres Etats (politique extérieure ou politique étrangère). Politique conservatrice, libérale, de droite, de gauche. Politique étrangère pragmatique > réalpolitique. Politique de coexistence pacifique > pacifisme. Politique de neutralité, de non-intervention (> neutralisme), d’intervention (> interventionnisme), d’agression. Politique expansionniste (> expansionnisme), colonialiste (> colonialisme). Politique fondée sur la primauté de la nation > nationalisme. > Dispositions prises dans certains domaines par le gouvernement. Politique culturelle, sociale, agricole. Politique de l’emploi, des prix. Politique économique, financière, fiscale. Politique douanière, commerciale > libre-échange, protectionnisme 3. (XVIIe) Manière concertée de conduire une affaire. Une bonne, une mauvaise politique > stratégie, tactique. Politique commerciale d’une entreprise. Pratique la politique de l’autruche, du moindre effort, du pire. Absolt C’est une politique, une façon d’envisager les choses. Résistance(s): n.f. étym. fin XIIIe ; du lat. du Ve resistentia, de resistere > résister Fait de résister, d’opposer un force (à une autre), de ne pas subir les effets (d’une action). Résistance d’un corps au choc, d’une pierre à l’érosion, d’un textile à l’usure. Action humaine (1527) Action par laquelle on essaie de rentre sans (une action dirigée contre soi). La résistance à l’oppression est un des droits de l’homme. « Quand l’autorité devient arbitraire et oppressive […] ma résistance est le devoir et ne peut s’appeler révolte » (Mirabeau). Résistance passive : refus d’obéir. « Les instructions du syndicat sont formelle : résistance passive ; éviter soigneusement tout conflit. » (Gide) > non-violence. Résistance active : action de s’opposer activement > désobéissance, insurrection, rébellion, sédition. « D’ailleurs, il n’était pas un homme de résistance. Il n’aimait lutter contre personne. » (Maupassant). Opposer une résistance farouche, opiniâtre à qqn. Il « fut emmené sans résistance par les soldats » (Mériméé). 2. (début XVe) Action de s’opposer à une attaque par les moyens de la guerre. Résistance armée d’une place assiégée > Défense. « Un peuple dont la résistance aux armées hitlériennes fut exemplaire. » (Malraux). > Opposition des habitants d’un pays à l’action d’un occupant. La résistance palestinienne, afghane. Rhizome : n.m. étym. 1817; du grec rhizôma « ce qui est enraciné », famille étymologique > racine BOT. Tige souterraine des plantes vivaces qui porte des racines adventives et des tiges feuillées aériennes. Rhizomes d'iris. La métaphore du rhizome en philosophie (Deleuze et Guattari). Sauvage : adj. étym. v. 1130 salvage ; du bas latin salvaticus, classique silvaticus, de silva « forêt », famille étymologique > sauvage. Qui est à l’état de nature ou qui n’a pas été modifié par l’action de l’homme. 3. Qui pousse et se développe naturellement sans être cultivé (végétaux, et particulièrement variétés qui sont par ailleurs cultivées). Plantes, fleurs, fruits sauvages. Ail sauvage. Rosier sauvage (>églantier). Cerisier sauvage (>merisier) PAR EXT. Un jardin sauvage. 4.LIEUX Que la présence ou l’action humaine n’a pas marqué ; peu accessible, d’un aspect peu hospitalier, parfois effrayant. >1. désert, inhabité; hostile. Une côte sauvage. « Le versant espagnol, exposé au midi, est tout autrement abrupt, sec et sauvage » (Michelet). Territoire sauvage et préservé. 5. (v. 1965) (Choses) Qui surgit spontanément, se fait de façon anarchique, indépendamment des règles. Grève* sauvage. Urbanisation, industrialisation sauvage, non planifiée. Marché sauvage. Immigration sauvage. > clandestin, illégal, illicite. Faire du camping sauvage, en pleine nature, hors des terrains prévus à cet effet. Psychanalyse sauvage : interprétation spontanée par

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un non-spécialiste. Stratégie(s): n.f. étym. 1803 ; « gouvernement militaire » 1562 ; du grec strategia > stratège 1. (Opposé à tactique) Art de faire évoluer une armée sur un théâtre d’opérations jusqu’au moment où elle entre en contact avec l’ennemie. « la tactique ruine la stratégie. La bataille d’ensemble gagnée sur la carte est perdue en détail sur les coteaux » (Valéry). > (1876) Partie de la science militaire qui concerne la conduite générale de la guerre et de l’organisation de la défense d’un pays (opérations de grande envergure, élaboration des plans.) Stratégie opérationnelle. Stratégie atomique, nucléaire. Stratégie navale, aérienne. 2. Fig. Ensemble d’actions coordonnées, de manœuvres en vue d’une victoire. La stratégie d’un parti politique. Stratégie électorale, parlementaire > tactique. Une bonne, une mauvaise stratégie. Temporaire (Temporalité): adj. étym. 1556, rare avant XVIIIe relig. : répandu fin XVIIIe admin. ; du lat. temporarius ; de tempus « temps », famille étymologique > temps. 1. Qui ne dure ou ne doit durer qu’un temps limité > momentané, passager, provisoire. Fonctions, pouvoirs temporaires. Nomination à titre temporaire. Travail temporaire. Exposition temporaire. 2. Qui n’exerce ses activités que pour un temps. Président temporaire. Personnel temporaire > intérimaire. Usage(s) : n.m. étym. milieu XIIe ; au sens de « coutume » (II,1°) ; du lat. usus > us , famille étymologique > us. Action d’utiliser, d’exploiter qqch. 1. (fin XIIe) Le fait d’appliquer, de faire agir (un objet, une matière), pour obtenir un effet, que cet objet, cette matière subsiste (utilisation), disparaisse (consommation) ou se modifie en se dégradant (2.usure). aussi application ; dépense, emploi, service. Connaître, ignorer l’usage d’un outils, d’un instrument. Des livres « brochés, tous écornés par l’usage » (Lacretelle). Seringue, gants à usage unique. Usage répété, régulier. Usage immodéré du café, de l’alcool. Didact. Emploi (d’un procédé, d’une technique) par un groupe social. utilisation. L’usage de la roue, de la boussole. 2. Mise en activité effective (d’une faculté). activité, exercice, fonctionnement. « On ne doit pas juger du mérite d’un homme par ses grandes qualités, mais par l’usage qu’il en sait faire » (La Rochefoucauld) L’usage des sens : le fait de sentir, de percevoir. Perdre l’usage de la parole. Il n’a plus l’usage de ses jambes depuis son accident. 3. Loc. Faire usage de : se servir de, user (de), utiliser ; employer. Faire usage de faux noms. Faire mauvais usage de qqch. mésuser. A l’usage : lorsqu’on s’en sert, lorsqu’on l’utilise. « On s’aperçois, à l’usage, que le nouveau régime crée de nouveaux abus » (Martin du Gard). En usage : qui est habituellement employé. Technique encore, toujours en usage. Usager(s) / Habitant(s) Urbain: adj. étym. 1725; hapax 1354 ; du latin urbanus « de la ville (Urbs, Rome) » I.1. ANTIQ. De Rome. 2. (v. 1768) Qui est de la ville, des villes (opposé à rural). > aussi rurbain. Transports urbains. Éclairage, chauffage urbain. Populations urbaines. Communauté urbaine. « l'imprécis grandiose des horizons urbains » (Larbaud). Paysages urbains. GÉOGR. (En France) Commune urbaine, comprenant une agglomération urbaine de plus de 2 000 habitants (opposé à commune rurale). Démographie, sociologie urbaine. 3. LITTÉR. Qui témoigne, fait preuve d'urbanité. Un homme très urbain. II. (calque de l'anglais urban, de même origine latine) Lié à la culture hip-hop. Mode urbaine. Le slam, poésie urbaine. Vague : adj. et n. m. étym. 1589; vake de « dénué de » 1230 ; du latin vacuus « vide », famille étymologique > vain. Terrain vague : terrain vide de cultures et de constructions, dans une ville. « Et puis il y avait énormément de terrains vagues : la ville était pleine de trous » (Y. Haenel). N. m. VX Espace vide. « Le vague de l'air » (Buffon). MOD. Espace indéterminé, sans limite précise. Regarder dans le vague; avoir le regard perdu dans le vague, les yeux dans le vague : ne fixer aucun objet précis. Vivre ensemble:

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Crédits photographiques

" p.20:Le Détour de France, Collectif ETC, in dossier de présentation du Détour de France, p.9. En ligne : http://www.collectifetc.com/wp-content/uploads/Divers/DetourDeFrance_CollectifETC.pdf et Carte répertoriant les différentes associations et collectifs rencontrés par le collectif Etc. durant leur Détour de France en 2011-2012, tiré de leur site internet : http://www.collectifetc.com/le-detour-de-france-du-collectif-etc/ " p.22:Carte du relevé non-exhaustif des espaces délaissés de la périphérie de Bordeaux, in La ville en creux, morceaux choisis, Bruit du Frigo, Repérage Bordeaux agglomération, Mutations (événement culturel de la ville) contemporaine, Arc en Rêve centre d’architecture, 2001, p.82, Repris dans la présentation de leur projet Zone Sweet Zone " p.24:Rendu d’un Atelier d’Urbanisme Utopique réalisé par le collectif Bruit du Frigo, à Bordeaux dans le quartier Saint-Michel, image téléchargeable sur leur site : http://www.bruitdufrigo.com/assets/files/dossiers_pdf/atelier_d_urbanisme_utopique_bordeaux_saint_michel.pdf " p.26:Projet de la Salle UN:UN, réalisé à Brest par le collectif Etc. avec l’association Vivre la rue lors de leur Détour de France. Issu de leur site internet. " p.28:Le Jardinier-voyageur des Saprophytes dans le cadre du projet du Germoir à Bezons, ainsi que la carte subjective du quartier réalisé par la suite avec les habitants. Issu de leur site internet : http://www.les-saprophytes.org/fichiers/la-cartefinale.pdf " p.32:1.Archigram, Plug-in City, Peter Cook, 1964. & 2. Archigram, Control choise, 60’, internet : www.archigram.net/projects_pages/control_choice_5.html ; 3. EKTOP #1, projet d’Exyzt. Photo de 1024 architecture : http://www.1024architecture.net/fr/2010/02/ektop-1/; 4. Bruit du Frigo, Atelier d’Urbanisme Utopique, 2006 http://www.bruitdufrigo.com/index.php?id=112 " p.34:Manuel d’autoplanification dans Théorie & Image et Le Flatwriter de 1969 issu de Une utopie réalisée par Yona Friedman. " p.36:Rendu du collectif Etc. au concours lancé par EPASE pour le projet de La place du changement. Téléchargeable en ligne. " p.38:Outils mis en place par le collectif Etc. pour la construction de la belle échappée à l’hôpital La Colombière à Montpellier, http://www.collectifetc.com/ " p.40:Atelier d’Urbanisme Utopique à Bordeaux. http://www.bruitdufrigo.com/index.php?id=112 " p.42: La Plage, Mirage à Beaudésert. Episode 1 de Lieux Possibles #02 Bruit du Frigo, à Mérignac près de Bordeaux & Atelier d’Urbanisme Utopique à Mazières-en-Gâtine, www.bruitdufrigo.com " p.44:L’architecture du RAB près de la Villette, www.exyzt.org et Sur la place publique à Saint-Jean-en-Royans, www.delaire.eu " p.46: Place du changement & Au four banal http://www.collectifetc.com/ " p.54:Point Chaud ! , Exyzt, Sur la place publique à Saint-Jean-en-Royans, http://www.delaire.eu/albums/gallery/7# " p.56:Exemple de Cartes sensibles du collectif Etc.1-2: Légendes Urbaines 3-5: Voyons-voir ! http://www.collectifetc.com/ " p.58:Peinture sur les façades abandonnés pour interpeller le passant. Collectif Etc., La Place du changement à Saint-Etienne, http://www.collectifetc.com/place-au-changement-chantier/ " p.60:Sur la place publique, Exyzt & l’assocaition De l’aire à Saint-Jean-en-Royans 1.Le Tunnel, 2.La Revue 3. Chaux Devant! 4.& 5. Le Kiosque, http://www.delaire.eu/albums/gallery/7# " p.66:Collectif Etc., Au four banal à Busséol, http://www.collectifetc.com/ " p.70:Couverture du n° 368 de la revue L’architecture d’aujourd’hui, Participer, de Janvier-Février 2007 " p.76: La Plage, Mirage à Beaudésert. Episode 1 de Lieux Possibles #02 Bruit du Frigo, www.bruitdufrigo.com " p.78:Affiche d’annonce du casting pour le projet de La Plage, mirage à Beaudésert du collectif Bruit du Frigo. http://beaudesert-bruitdufrigo.blogspot.fr/ " p.80: 1. & 6, Vue google earth 2013 ; 2-5, PLU et photo issu du site www.delaire.eu Vue " p.84:Exposition Re-Architecture au Pavillon de l’Arsenal en 2012, photo de Vincent Fillon, http://www.pavillonarsenal.com/expositions/thema_modele.php?id_exposition=246

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07_ Annexes

Fiche de présentation des collectifs: Bruit du Frigo 104 Exyzt 106 Etc. 107 Colloque Démocracité

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Exposition Re-Architecture

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Conférence Bellastock

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Vitrolles-Echangeur _ Interview

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Collectif # BRUIT DU FRIGO Statut : collectif Hybride entre bureau d’étude urbain, collectif de création et structure d’éducation populaire.

Date de création : 1997 Membres : Gabi FARAGE, Yvan DETRAZ archi DPLG Gwenaëlle LARVOL, Anne-Sophie HANSCH, Céline VANDEN-BOSSCHE, Samuel BOCHE, Elodie CASANAVE dit BERDOT.

LIEUX POSSIBLES # 1_Bordeaux Juin 2008 Ville créative et développement désirable. Commanditaire: BdF LIEUX POSSIBLES # 2 _ Mérignac, Eté 2010 Episode 1: La Plage, Mirage à Beaudésert, Commanditaire: Ville de Mérignac, Collaboration: Coloco LIEUX POSSIBLES # 2_ Bordeaux, Eté 2010 Episode 2: Le Jardin des remparts, Collaboration: Le Cabanon Vertical (www.lecabanonvertical.com) LIEUX POSSIBLES # 2_ 2&3 Oct 2010 Episode 3: Panoramas, Commanditaire: Grand Projet des villes de Bassens, Cenon, Floirac et Lormont. ATELIER D’URBANISME UTOPIQUE_ Bordeaux, en cours depuis 2006 ATELIER D’URBANISME UTOPIQUE_ Paris XXe, Paris Habitat 2010 et en cours, Commanditaire: Ville de Paris ATELIER D’URBANISME UTOPIQUE_ Mazières en Gâtine, 2009, Commanditaire: Commune de Mazières en Gâtine (79) en partenariat avec l’agence d’architecture et d’urbanisme Traverses (Bordeaux) LE BISTROt_ Nantes, Avril-Mai 2008 Commanditaire: Mire LE JARDIN DIFFUS_ Plan D’Aou, 2006-2008 Commanditaire: Théatre de la Gare Franche / Cie Cosmos Kolej Marseilles DE-CI DE-Là_ Cobonne (Drôme), 2007-2008 Commanditaire: Asso «De l’aire» et un collectif d’habitants de Cobonne MAISON DE CHANTIER & ATELIERS URBAINS_ Bègles, 2005-2008, Commanditaire: Ville de Bègles (33) JARDIN DE TA SOEUR_ Bordeaux, en cours depuis 2003 Commanditaire: Collectif «Jardin de ta soeur» (habitants et acteurs du quartier Bordeaux-Nord) PASSE MURAILLE_ Bordeaux, 2005-2009 Atelier public d’exploration urbaine SESSIONS PERIURBAINES_ Boulazac, 2001-2005 Commanditaire: Contrat de ville de l’agglomération Périgourdine ITINERAIRE BIS_ Boulazac, 2003 Etude pour un réseau de cheminements piétons Commanditaire: Contrat de ville de l’agglomération Périgourdine ATELIERS URBAINS DE CERTE_ Trignac, depuis 2007 Commanditaire: Ville de Trignac

Objectif : « Mettre en lien ceux qui font la ville et ceux qui la vivent» Si le développement des projets démocratiques reste un enjeu de nos sociétés alors de nouvelles formes d’urbanités sont à inventer. Un nombre croissant d’individus devrait trouver les possibilités d’avoir prise sur la fabrique permanente du monde où l’on vit.

Lieux Possibles #1 Bordeaux, Juin 2008

Projets

Le Jardin des Remparts

Atelier d’Urbanisme Utopique


PÔLE CULTUREL DES ABATTOIRS_ Pau, 2003 Assistance à la programmation du projet d’équipement public Commanditaire: Communauté d’agglomération de Pau Pyrénées (64) ZONE SWEET ZONE_ Bordeaux, 1999-2001 RANDONNEES PERIURBAINES_ Multisites, depuis 2000 ATELIERS URBAINS_ Floirac, 2002 Commanditaire: Ville de Floirac (33) AVEQ_ Lormont, 2001-2002 Ateliers Ville et Quotidien, Commanditaire: Ville de Lormont (33) BIBLIOTHÈQUE EPHEMÈRE_ Bordeaux, Juin 2007 Commanditaire: Association le Quai aux Livres GRADIN_ Saint-Médard en Jalles, 2007 Commanditaire: Conseil Général de la Gironde, Collège Hastignan Collaboration: Zebra3/Buysellf JARDIN PAYSAGER_ Bommes, 2004 Commanditaire: Lycée Professionnel La Tour Blanche CAPTURES14_ Royan, Mai 2005 Commanditaire: Association Echancrures PAR 4 CHEMINS_ Bordeaux, Avril 2006 Workshop sur la déambulation urbaine PIQUE-NIQUES PERIURBAINS_ Bordeaux, depuis 1999 ACTIONS DE CONVIVIALITE URBAINE_ Bordeaux, dps 2002 WORKSHOP EN MARGE DU WUF_ Vancouver, Juin 2006 World Urban Forum, Commanditaire: Environmental Youth Aliance (ONG) STRAIGHTMANN_ Saint-Nazaire, 2003 Commanditaire: VEIT STRATMANN Grand Café Centre d’Art Contemporain FRIPERIE_ Marseille-Royan-Artigues, depuis 2005 ATELIERS PEDAGOGIQUES D’EXPLORATION URBAINE_Multisites, en cours depuis 1995 Commanditaire: Etablissements Scolaires, Centres Sociaux et Culturels, Communes LES TICKARTES DU TRAMWAY_ Bordeaux, 2004 Commanditaire: Communauté urbaine de Bordeaux, dans le cadre de la commande publique artistique sur l’aménagement du tramway. Mandataire: Zebra3/Buysellf COMMANDITAIRES :

FINANCEURS :

BUREAU DES COMPÉTENCES ET DÉSIRS_Marseille UNION EUROPÉENNE CAPC MUSÉE D’ART CONTEMPORAIN_Bordeaux DRAC AQUITAINE CENTRE SOCIAL ET FAMILIAL_Bordeaux Nord PRÉFECTURE DE LA GIRONDE CENTRE D’ANIMATION BASTIDE QUEYRIES_Bordeaux FONDATION DE FRANCE COLLECTIF JARDIN DE TA SOEUR_Bordeaux CAISSE DES DÉPÔTS DE L’AIRE_Crest CONSEIL GÉNÉRAL DE LA GIRONDE GRAND CAFÉ CENTRE D’ART CONTEMPORAIN_St Nazaire CONSEIL RÉGIONAL AQUITAINE ECHANCRURES - Résidences Captures_Royan COMMUNAUTÉ URBAINE DE BORDEAUX EMMETROP_Bourges COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DE PAU PYRÉNÉES ENFIN LE JOUR_Pau VILLE DE BÈGLES (33) EYA_Vancouver,Canada VILLE DE BORDEAUX (33) GPV-GIP_Grand projet des villes, Floirac, Cenon, Lormont, Bassens VILLE DE FLOIRAC (33) HDFS_Toulouse VILLE DE CENON (33) LA SOURCE DU LION_Casablanca, Maroc VILLE DE LORMONT (33) LYCÉE PROFESSIONNEL LA TOUR BLANCHE_Bommes (33) VILLE DE MÉRIGNAC (33) MIRE_Nantes VILLE DE PARIS (75 MAISON FOLIE DE MOULINS_Lille THÉATRE DE L’ARPENTEUR_Rennes THÉATRE DE LA GARE FRANCHE - Cie Cosmos Kolej_Marseille LA 27EME RÉGION BEYNEL COMMUNE DE MAZIÈRES EN GÂTINE (79) LUNATICCONSTRUCTION VILLE DE TRIGNAC (44) CEDEO VILLE DE BOULAZAC (24) WURTH COMMUNE DE COBONNE (26)

PRINCIPAUX PARTENAIRES PRIVES :

Références (selon moi) Stalker (Zone Sweet Zone, relevé des délaissés) Superstudio (photomontage des Atelier d’Urbanisme Utopiques)

Zone Sweet Zone

Friperie, depuis 2005

Les Tickartes du Tramway

Revue de Presse > D’A, fev 11 > AA’, nov 10 > AMC, n°200, oct 10 > Ecologik n°10, oct/nov 10 > A vivre n°55, juillet / Juillet-août 10 > Urbanaccion, La casa Encendida, Espagne, 09 > Paisea n°12, «low cost», Espagne, 03/10 > Au nord de Marseille, une pépinière culturelle entre béton et mauvaises herbes, Le Monde, 27/05/07 > Bruit du Frigo à l’écoute de la ville, L’Architecture d’Aujourd’hui n°368 «participer», janvier 2007 > Le bruit du frigo, Le Nouvel observateur, juin 05 > Le silence du ghetto, Cassandre, octobre 02 > Freezer sur la ville, Territoires, janvier 02 > Le frigo ne ronronne pas, Cassandre, juin 01 > Bordeaux selon Bruit du frigo, Technikart, janvier 01 > Zone sweet Zone, Le passant ordinaire N°37


Collectif # EXYZT Objectif :

Statut : association loi 1901 Plateforme de crÊation pluridisciplinaire. Actions construites ou construction de plateformes d’actions.

Date de crÊation : 2003 Membres Fondateurs: Philippe RIZZOTI, Nicolas HENNINGER (tjrs là ), François WUNSCHEL, Pier SCHNEIDER, Gilles BURBAN

ÂŤ Action, vie et ĂŠchange Âť semblent les trois mots clĂŠs pour aborder l’approche du collectif. Concevoir une architecture Ă travers l’action ou des actions, charger l’architecture de la vie, d’usages mulWLSOHV HW GLYHUV HW XWLOLVHU OĹ?DUFKLWHFWXUH PÂŹPH FRPPH PÂŤGLXP DĹ°Q GH promouvoir des rencontres et de l’Êchange. Dans son manifeste, EXYZT se proclame comme une ÂŤplate-forme pour la crĂŠation multidisciplinaireÂť dont le but est de contester le point de vue de l’architecture comme un champ de pratique autonome. Au lieu de cela, ils se lancent dans des projets de vie expĂŠrimentaux construits collectivement.

Projets L’Architecture du RAB_La Villette Projet de diplĂ´me de 5 ĂŠtudiants de la Villette qui formeront eXYZt. RĂŠpublique ĂŠphĂŠmère_ Roubaix, 2004 xxxxx EKTOP #1_ Paris, Oct 2005 Satellite de Jardin (sur les Halles), lors de la Nuit Blanche. S.E.T ÂŤStation Extra TerritorialeÂť_ Barcelone, 2005 EME3 festival, ÂŤla quatrième dimensionÂť, architecture performative. MĂŠtavilla _10e Biennale d’architecture de Venise, 2006 Appel Ă collaboration de la part de Patrick BOUCHAIN, avec Daniel Buren + Liliana Motta + Jean Lautrey + Igor Dromesko SUB-Cs_ Lassay les chateaux, 2006 Sous-Marin champĂŞtre pour le Festival des 3 Elephants. SQUARE Cube_ 2007 Etienne de Crecy ÂŤBeats and CubesÂť Live Show MUSHROOFB .$5267$ /LHSĂƒMD /DWYLD Festival du Champignon. Southwark Lido_ Londres, Juillet 2008 Installation temporaire avec pataugeoire. Social Club_ Paris, 2008 Dalston Mill_ Londes, 2009 Barbican Gallery Installation temporaire d’un moulin Ă grain... CITY ISLAND / ISLA CIUDAD_ Madrid, 2010 Commande de ÂŤla Noche en BlancoÂť Point Chaud _ Saint-Jean en Royan, Juin 2010 Kiosque construit avec les matĂŠriaux de la dĂŠmolission du premier LPPHXEOH GX VLWH DĹ°Q GĹ?HQ IDLUH XQ HVSDFH GĹ?ÂŤFKDQJH VXU OH GHYHQLU du quartier. COMMANDITAIRES :

RAB

Southwark Lido

MĂŠtaVilla

Dalston Mill

SET

FINANCEURS : PRINCIPAUX PARTENAIRES PRIVES :

RĂŠfĂŠrences Archigram

Revue de Presse > > > >

D’A, n°192, Juin - Jullet 2010 AMC, n°165, Novembre 2006 AMC, n°178, 2008 AMC, n°200, Octobre 2010


Collectif # ETC Statut : collectif association d’intÊrêt gÊnÊral de droit local (statut assoFLDWLI VSFLŰTXH DX[ GSDUWHPHQWV GX %DV 5KLQ +DXW 5KLQ HW 0RVHOOH GSRVH GHSXLV MDQYLHU

Date de crĂŠation : Septembre 2009 Membres : 3RXU OD SOXSDUW GHV DQFLHQV ÂŤWXGLDQW GH OĹ?,16$ 6WUDVERXUJ

La place du changement_Saint-Etienne, 2011-12 Suite au concours d’amĂŠnagement d’espace public temporaire de l’EPASE [Etablissement Public d’AmĂŠnagement de St-Etienne] en PDUV m 'ÂŤIULFKH] O¢ } SURMHW GĹ?XQH GXUÂŤH GH DQV Le DĂŠtour de France_6HSW 6HSW 1)Recensement & Analyse des pratique de participation crĂŠative 5ÂŤDOLVDWLRQ GĹ?HVSDFHV SXEOLFV GĹ?ÂŤYÂŞQHPHQWV - STRASBOURG_avec Coloco DĂŠtournez ! lors du festival Perffusion. - STRASBOURG_ Le Parking - CHĂ‚LON-SUR-SAĂ”NE_ X. Juillot & M. Goffe L’immobilier s’envole travail de mĂŠmoire du site, pont de levage du port. - BUSSEOL_S.Thuillier‌ association PIXEL Au four banal rĂŠactivation d’anciens lieux de sociabilitĂŠ avec une projet en 5 temps : 1)TĂŠmoignage 2) Chantier 3) Mise en scène 4) SoirĂŠe 5) Maintien - SAINT-ETIENNE_EPASE Voyons-voir ! atelier (Histoire / RĂŞves / IdĂŠes), signalĂŠtique, cartographie sensible - GRENOBLE_Les arpenteurs La Piscine ÂŤ Fabrique de solution pour l’habitat Âť AmĂŠnagement du local & Implications des futurs usagers. Atelier / RĂŠserve / Cuisine ‌ - MARSEILLE Place du refuge rendre visible une concertation urbaine, craie / cagette / peinture. - MONTPELLIER La Belle EchappĂŠe espace public ÂŤruban d’Êquipement avec banc, rampe d’accès etc. Âť - BORDEAUX_ Yakafaukon CafĂŠ sur Place initiative des habitants ! -BREST La salle 1 :1 AmĂŠnagement d’un ĂŽlot en ruine, transformĂŠ en thÊâtre de verdure

COMMANDITAIRES et FINANCEURS : le MEDDTL dans le cadre de l’appel à proposition Paysage et dÊveloppement durable-PDD2, portÊe par le Pôle dÊveloppement durable et territoires mÊditerranÊens de l’UniversitÊ d’Aix Marseille.

RĂŠfĂŠrences

1RQ PHQWLRQQÂŤHV

Objectif : La manière de faire la ville aujourd’hui en France suit essentiellement une logique verticale et hiĂŠrarchique faisant intervenir les diffĂŠrents acteurs de l’amĂŠnagement urbain dans des temps et GHV HVSDFHV GÂŤWHUPLQÂŤV HW Ĺ°JÂŤV 1RXV SHQVRQV TXH OHV GLIIÂŤUHQWV usagers de la ville (habitants et professionnels) peuvent tous ĂŞtre DFWHXUV GH VRQ DPÂŤQDJHPHQW ¢ GHV ÂŤFKHOOHV WUÂŞV YDULÂŤHV 1RXV VRXhaitons nous immiscer dans cette structure verticale en mettant en place un rĂŠseau souple d’interactions artistiques et sociales, de renFRQWUHV HW GH GÂŤEDWV

Projets

La Place du changement La Piscine

Au four banal

Salle UN:UN

Revue de Presse > URBANISME Qr 1RYHPEUH 'ÂŤFHPEUH > AlterArchitectures, Manifesto, ouvrage collectif, VV GLU 7KLHUU\ 3$4827 <YHWWH 0$6621 =$1866, HW 0DUFR 67$7+2328/26 ÂŤGLWLRQV ,QIROLR 2FWREUH



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Colloque Démocracité # Département AAP,

Le Vendredi 9 Décembre 2011, à Paris-Malaquais

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11 équipes invitées

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Stalker (Madrid) AAA- Atelier d’Architecture Autogérée (Paris) Recetas Urbanas Santiago Cirugeda (Séville) Idensitat Ramon Parramon (Barcelone) Mérédith TenHoor (New York) Rotor Maarten Gielen (Bruxelles)

Multitudes Yann Moulier Boutang (Paris) Raumlabor Markus Bader (Berlin) Publicworks Andreas Lang (Londres) Coloco Nicolas Bonnenfant, Pablo Georgieff (Paris) Anne Debarre (Paris)

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Architecture négative » ! Recetas Urbanas, Santiago Cirugeda (Séville) prescriptions urbaines / recettes. Travail personnel et politique, intérêt pas que pour l’architecture. Projet illégale puis auto-dénoncé dans la presse. # Un homme autrichien qui travail dans les chemins de fer, mais qui se construit sa propre maison/république. > L’inspiration vient de la rue, bien qu’en tant qu’architecte on regardera toujours les « grands » bâtiments. > Bataille constante avec les politiciens. Peinture dans l’espace public : Passage clouté, piste cyclable… Citoyen > Architecte, tjrs on utilise la ville, où tout change. Evaluer comment les choses évoluent. Travail seul puis de plus en plus collectif. Micro intervention dans l’espace public : exemple donné, à interpréter (idée de « recette ») Collectif, réseau, mise en commun : Evaluation des lois, Table ronde, possibilité de détournement. Le réseau ne se constitue pas que d’architecte, mais aussi de sociologue, d’avocat, etc. Cela permet plus de crédibilité et évite les reports pour fausses excuses.

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Cities communities and artistic practices » ! Idensitat, Ramon Parramon (Barcelone) Lui travail dans le champ de la critique, ancien directeur d’un secteur l’école de Design à Barcelone, directeur d’un centre d’art. Projet depuis 2 ans. Travail avec des artistes et des architectes pour transformer l’espace public, espace physique, virtuel, social et politique. Il n’y a pas pour finalité l’œuvre ou l’édifice. C’est une plateforme à volonté interdisciplinaire pour travailler en confiance avec les habitants. > Projet avec les enfants, dessin sur un grand plan de la ville, vidéo, rencontre. Une autre approche pour connaître la ville. Structure: [Topic] + [Place + Production] 111


[Place] + [Seminar + Workshop] + [Production + Itinerary Device] [Place] + [Residency + Production + Educative Action] Projets : > iD#06_ Ceci n’est pas une voiture. Projet de mobilité (ressemble beaucoup à Big Mama et NCOV de Bellastock) Can Xalant, Makéa (Ikéa) Spot. Workshop avec de la récup, idée d’un atelier mobile. Exposition Générale : Martin Peran. > Wikipolis_ > Expo Mobiles_ Plateforme, mise en relation : collectifs, population, politique

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Espaces empruntées, Lieux inventés » ! Meredith TenHoor, Chercheuse et enseignante activiste au Pratt Institute (New York) Architecture et logique de distribution alimentaire. Micro-initiative à NY. Embourgeoisement de NY, mais avec la crise il y a moins de construction. > Comment s’approprier ces friches de façon temporaire ? # Dekalb Market City Point, Urban space, Inc. Downtown Brooklyn # Hudson Square # Common Room (groupe d’architecte) # Fultall Mall (projet de publication à elle) Street Value Cité culture Hip-Hop # Brooklyne Exchanges (M.TenHoor)

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Préoccupations… » ! Rotor, Maartin Gielen (Bruxelles) Association depuis 2005 Installation, Expo, Problématique des ressources, Ré-emploi Recherche de matériaux très « calculable », spéculables. Projet éphémère d’architecture. Matériaux industriels de la déconstruction et de la démolition. Travail d’expo : - Les coulisses des défilés de Prada - Travail de l’agence OMA, Rem Koolhass.

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Wiki - architecture » ! Multitudes, Yann Moulier Boutang (Paris) Revue politique et artistique. YMB : Professeur de Sc. Eco à l’UTC. Wiki-architecture, cités pollen : flux 2.0 Bottom up vs Top Down « pollinisation » Eliner Ostrom, prix nobel il y a 3 ans.

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Total freedom is no freedom at all ?

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! Raumlabor, Markus Bader (Berlin) # Cape Fear « A result does not have to fulfill your intentions to be relevant. » # Eichbaumoper Concert d’opéra dans une station de rer, situé entre des bretelles d’autoroutes.

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Local cultural production and co - authoship ! Publicworks, Andreas Lang (Londres) Archi & Art dans l’espace public. www.publicworksgroup.net

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# Chompost Bar # Batterie : Objet d’espace public, structure modulable.

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Actions territoriales, la pioche vs Google Earth » !Coloco, Nicolas Bonnenfant et Pablo Georgieff (Berlin) Anciens étudiants de Malaquais, il y a 10-15 ans. # Mur à Pêche à Montreuil. Idée non pas de « participation » mais de contribution. # Projet à Dunkerque, Wagon 712, Coloco puis SaproPhytes. > Inscrire un usage dans un lieu. « On ne se place pas contre les urbanistes, mais laisse pace à d’autres initiatives et usage de la ville.» # Projet « Jardin DeMain 1.0 » www.coloco.org travail en commun avec le collectif ETC.

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Activations, acteurs, interactions » ! Anne Debarre, Chercheuse et enseignante à Paris-Malaquais (Paris) # Jean Louis Cohen Du décentrage des formes « classiques » > action collective. Les politiques sont plus intéressés par le côté communication que par la réelle participation. « Créative City » Il s’agit d’arrêter d’opposer le Bottom Up et le Top Down pour réussir à les croiser. Médiateur, un nouveau rôle, pas celui de l’architecte mais une redéfinition de celui-ci. Prolifération des collectifs, attention de ne pas rentrer en compétition mais réussir à mettre en réseau les processus. Mutualisation. Regarder le projet du parc Laumel gagné au concours par les SaproPhytes, Il s’agit là non pas d’un projet mais d’un processus de projet.

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Conclusion de Anne Debarre :

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J’ai essentiellement travaillé sur les collectifs français. Mais finalement je pense qu’on pourrait étendre

la réflexion à nos amis européens et nord américains. Donc ces collectifs sont d’abord des structures inédites par rapport aux parcours de leurs fondateurs, dans leur constitution et aussi dans leur façon de travailler. L’un d’eux dit : « ce sont des postures pour des figures ». C’est un peu ce que nous disait tout à l’heure Nicolas et un des autres. De dire qu’on ne signe pas, qu’on n’a pas une signature personnelle. En quoi ces caractéristiques vont participer aussi à la dimension novatrice des projets ? Ensuite les habitants qui sont mis en avant comme nouveaux participants de ces projets à dimension participative. En fait, quels sont-ils ? On a pu voir là des projets qui s’adressent à des populations assez différentes. Et puis, c’est une question qui a été notée un peu en filigrane dans les interventions, cette question de la participation des habitants. Elle occulte assez souvent la connaissance des commanditaires, qui sont aussi de fait les participants à ces projets de professionnels. Donc on peut voir aussi quels étaient ces commanditaires et quelles étaient leurs attentes vis- à-vis de ces actions urbaines. Interaction donc la vision du faire ensemble, telle qu’elle nous est exposée là, on ne peut pas la réduire à celle du consensus, collectif, habitants, commanditaire, tous ces acteurs sont mis dans des situations d’interaction, donc d’accord, confrontation, coordination, négociation, et il me semble que dans toute entreprise collective, il y a ces moments de négociation très importantes. Donc, si un accord préalable est nécessaire pour qu’un projet soit lancé dans les actions urbaines, on voit bien que les missions peuvent avoir des distorsions, des distances entre les attentes de chacun, qui ne se recouvrent pas forcément. Dans quel type de participation le collectif implique les habitants ? Et comment tiennent-ils leur projet face à leurs commanditaires ? Alors, je pense que là on évoquait le cas de cette idée de projet inachevé, ca je crois que c’est une notion très importante, dans cette approche. En fait, la réactivation, c’est le terme qui est souvent utilisé pour désigner ses actions sur le territoire, donc qui serait le moment d’un projet en devenir. Si l’objectif est bien de construire à partir de telles activation de tels projet donc qui serait indéterminé parce qu’issu d’une convulsion, quelle suite on peut imaginer à ces activations ? Et souvent éphémères, ont-elles un impact durable ? Alors, pour toutes ces questions, je vais vous proposer quelques pistes de réponses, qui resteront partielles, faute d’avoir suivi en direct ces projets, j’ai essentiellement mené quelques entretiens, regardé les traces que ces projets ont laissé, et il me semble que là, pour le chercheur que je suis, c’est extrêmement important de suivre, véritablement tout le processus de projet, puisqu’on a bien vu que là, dans l’acception du projet, ce n’est pas quelque chose de chimique, auquel on veut arriver, et donc si c’est un processus, le chercheur doit aussi accompagner toute cette durée là. Donc c’est ce que j’ai pu faire pour les quelques projets de Patrick Bouchain, que j’ai suivi extrêmement régulièrement, donc j’ai pu voir des choses qui ne sont pas mises en avant dans la communication des projets : on met en avant tout ce qui est participation des habitants, mais j’ai vu les négociations avec les élus, avec le directeur de l’ASEME, avec l’urbaniste en chef et je vous assure que là c’est des moments très importants de fabrication du projet et qui restent invisibles. Voilà, et puis je terminerai avec un certain nombre de questions que j’espère qu’on pourra débattre, même si là, l’amphi s’est bien vidé. Alors, les architectes de ces collectifs, qui, en sont souvent les fondateurs, on a vu que beaucoup sont architectes, se sont engagés, et là j’emploie le terme engagé au sens fort du social, dans des pratiques alternatives à l’exercice traditionnel de l’architecture et cela souvent, dès leurs études. Quand on regarde leur diplôme, ils sont souvent hors normes, encadrés par des enseignants qui eux mêmes n’exercent pas l’architecture de façon traditionnelle, (ca peut être des urbanistes des programmistes, des artistes, etc. ) des diplômes qui sont aussi parfois obtenus de façon un peu difficile par rapport à l’institution qu’est l’école, ancré dans la réalité des territoires situés, souvent des délaissés, comme on l’a vu après, pardon sur la suite des projets, avec des vrais habitants, c’est une première expérimentation donc sur deux fronts,

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expérimentation sur d’autres formes de pratiques pour l’architecte, et expérimentation sur d’autres modalités d’intervention sur la ville. Ensuite, ils ne vont pas forcément choisir la voie du salariat en agence, et quand ils le font c’est une activité nourricière, mais vont plutôt développer des activités dans l’enseignement scolaire, dans la médiation culturelle, la scénographie, les pratiques artistiques. Donc on parlait tout à l’heure de savoir si c’était de l’art ou de l’architecture, ce n’est effectivement pas la question, mais il y a quand même une inscription dans le champ de l’architecture ou de l’art , où les frontières de l’architectures sont floues, donc on est dans des attitudes hybrides, toujours entre architecture, art et médiation culturelle. Et d’autres disent avoir changé de métier, Nicolas dit « je suis maintenant paysagiste, jardinier et on voit bien que l’architecture c’est plutôt de l’urbanisme ». Stani Cambo de Échelle inconnue dit qu’il est reconnu aujourd’hui plutôt dans le champ de l’art contemporain, et là je renvoie un peu au travail du sociologue Olivier Chadoin qui vente, met en avant, les vertus de l’indétermination d’être architecte aujourd’hui, j’en déduis en montrant que ces architectes développent une multipositionnalité qui est liée à une grande faculté d’adaptation et qui donc là, vouloir s’engager c’est aussi possible dans cette visée. Et puis on a vu que les collectifs, donc là ce sont leurs représentants qui sont venus nous parler s’associent des compétences multiples, du costume à la cuisine, des disciplines diverses, de la photographie à la musique, et surtout ils ne sont jamais figés, souple dans leur compositions, ouverts à des collaborations artistiques et culturelles ponctuelles, selon les projets en cours. Du coté des commanditaires, on peut dire qu’il y a choix par les collectifs, même si à l’inverse, après ces collectifs vont être retenus dans un second temps. On peut dire que l’accès à la commande relève de deux postures : soit fabriquer les objets de la commande, soit répondre à des appels d’offre. Dans le premier cas, « fabriquer les conditions de la commande », ils vont démontrer l’opportunité d’une intervention en l’initiant en amont. Les politiques vont suivre après pour financer, eux directement ou des habitants regroupés en association. Donc c’est bien une satisfaction plutôt de militants qu’ils peuvent retirer de cette reconnaissance, qui est plutôt d’ordre symbolique que financière, avec une ouverture possible auprès d’institutions culturelles et de pouvoirs publics pour potentiels commanditaires ou pourvoyeur de subventions si le collectif est une association. Dans le second cas, répondre à des appels d’offres, les projets vont s’inscrire dans le développement d’actions artistiques et culturelles en faveur d’un public élargi, donc objectif soutenu par les politiques publiques. On voit comment la participation, ce mot valise, mais devenu un impératif : aujourd’hui « démocratie participative » est inscrite dans la plupart des programmes des collectivités, des villes ou des communautés d’agglo, et ça, quelle que soit leur couleur politique. Donc démonstratif de cet engagement, les activations urbaines sont modérées pour ces collectivités, c’est ce que tu soulignais tout à l’heure, c’est-à-dire, vous nous coutez pas cher et vous êtes très démonstratifs, et bien sûr il y a des sources de rémunération pour les collectifs pour assurer leur existence. D’autres vont faire de ces pratiques des sujets de recherche et le partenariat avec des universités sans doute leur donne davantage de liberté pour expérimenter, tandis que d’autres qui vont insister sur la démarche sociale ou artistique vont préférer travailler pour des fondations, des centres d’art. Donc on voit aussi que ces commanditaires finalement sont aussi, appartiennent à un large spectre du monde des financements. Les collectifs vont aussi honorer des commandes plus traditionnelles qu’elles soient privées ou publiques, mais plus rentables, en maintenant l’objectif autant que faire ce peut à la participation des futures réalisations. Et disposer aussi de la plus grande liberté pour s’engager sur des installations, des workshops à vocation sociale, ne s’obtient que grâce à des chantiers plus importants, qu’ils assurent parallèlement et qui permet d’assurer un équilibre financier. Mais en fait ce qu’ils revendiquent c’est d’être les mêmes, quel que soit le type de commandes, donc ce qui, finalement, comme les gens comme Coloco, les oblige parfois à faire le grand écart, mais c’est un souhait assumé. Enfin, les habitants impliqués dans les actions urbaines, ne vont pas être les mêmes quand il s’agit d’aller vers ou de travailler dans des délaissés urbains avec des résidents, ce qui ne s’expriment que peu, faute de ressources, ou quand pour convier à, il s’agit de proposer des dispositifs appropriable par tous les 115


citadins, dans les lieux de la ville, plus en vue, on n’a pas beaucoup vu ici par exemple d’images de nuits blanches, donc d’événementiel qui mobilise des foules importantes, sans doute parce que la question du politique était posée dans l’intitulé, mais beaucoup de collectifs participent aussi à ces événements. Deuxième point la question des interactions. Ces différents protagonistes vont être mis en situation de collaborer à des actions urbaines avec des rôles qui sont à définir et à accepter. Les collectifs sont entrepreneurs, ils élaborent de façon plus ou moins précise des cadres, pour que les habitants puissent s’exprimer de manière organisée. Les institutions, maitres d’ouvrages, ont aussi des attentes qui ne sont pas toujours celles des collectifs, et on peut voir qu’il y a des tensions qui émergent parfois. Les habitants, des citoyens vont être invités à des participants à des installations conçues par les collectifs qui sont un dialogue à la cohabitation, de l’auto construction au jardinage, de la déambulation à la fête. Donc, j’ai regardé l’analyse qu’avait faite Jean-Louis Cohen, qui est historien, qui s’était intéressé à ces pratiques architecturales de décentrage par rapport aux figures savantes et il dégageait deux postures sur tout le XXème siècle. La première consistait en une référence aux formes vernaculaires, réinterprétée pour proposer des dispositifs familiers des destinataires. La deuxième explore des modalités de participation de la population à la production architecturale en laissant les habitants intervenir en décidant des formes. La il me semblait que c’était une troisième voie, finalement, ou c’était moins une conception participative, au niveau des formes, qui étaient centrales, mais vraiment les actions collectives qui occupaient les devant de la scène. Et ce qui était réalisé l’était sur le dessin souvent viennent des collectifs avec des matériaux dits pauvres, on a parlé beaucoup de matériaux de récupération mais souvent avec une esthétique savante. On a vu comment beaucoup de personnes restaient dubitatives devant ce qui était produit. Pour d’autres, ceux qui proposent des manifestations publiques, là les participants sont supposés réagir dans le même temps, voire a posteriori, donc c’est poser des choses dans l’espace public pour ensuite susciter débat, la discussion ,la confrontation, l’échange. Encore Heureux ou exyzt disent eux, s’installer sur place pour vivre insitu dans leurs installations, et inviter ainsi les visiteurs à être partie prenante du projet. Donc on voit bien que ces engagements différents, manifestent tous quand même l’dée d’une possibilité d’expression, de la part de ces, je ne sais pas comment on les appelle, habitants, citoyens, grâce à des dispositifs d’interaction, en tout cas qui sont des démarches alternatives aux pratiques actuelles de concertation que évidemment tout le monde critique aujourd’hui, concertation organisée par les institutions. Les actions qui peuvent être l’expression d’une idée de la démocratie participative, qui ne soit pas ces dispositifs habituels. il y a bien l’idée d’aller au-delà de la demande qui peut être faite par les élus, avec des objectifs propres, le plus de participation citoyenne, donc cela nécessite souvent un investissement sur l’ensemble du processus, dans la durée, on a vu comment certains insister sur vraiment des durées très, très longues, qui partent des mobilisations de tous, de déambulations urbaines pour établir des états des lieux, après aller retour sur la formulation d’un projet, mais qui met du temps à se mettre en place. Donc un projet évolutif. Donc on voit bien ici l’idée que le projet c’est une entreprise relationnelle, organisationnelle, autant que matériel dans ce qui est produit. Donc son devenir repose bien sur les interactions qui se déploient tout au long du processus, entre les acteurs, futurs habitants, professionnels et qui les soutiennent (services techniques). De telles pratiques ne sont pas toujours suivies par les élus, ils fonctionnent souvent pour les maires en cas de mandats électoraux . Les administrations reprennent en main les projets, en les confiant à des techniciens et des professionnels. Donc cette position c’est travailler pour les villes, pour les communautés d’agglo, mais en même temps c’est toujours une tension qui est présente et là, Bruit du Frigo, j’ai trouvé ca sur un blog, raconte bien toutes les difficultés qu’il avait eu à mener à bien leurs actions dans une commune de la région bordelaise, et je trouve cela intéressant car ils sont toujours perçus comme subversifs, mais ils continuent à travailler localement et aussi nationalement et internationalement. Alors certains disent que dans la mesure où il n’y a pas garantie de non instrumentalisation de ce qui a été produit, restent dans des positions de méfiance, par rapport aux institutions et méfiance par exemple aussi par rapport à ces actions participatives, et donc, là je pense à Echelle Inconnue, qui réalise des projets artistiques seulement dans le cadre de 116


demandes de subventions, et qui l’obtient grâce à leur médiatisation. Rester dans l’indépendance des villes, pour ne pas susciter la méfiance des populations des quartiers sensibles avec les quels travailler, c’est aussi pour un autre une nécessité. Ces interactions entre protagonistes de ces projets urbains, relèvent encore d’un modèle top down vis-à-vis des habitants, situe une phase de prise de conscience, d’expressions préalable à la formulation d’une demande. Quant aux administrations de la gestion urbaine, elles n’entendent pas être remises en cause dans leur organisation. Donc, je trouve très intéressant par exemple le travail que fait Coloco, de travailler avec les institutions mêmes, à la réorganisation des administrations, c’est ce que disait Nicolas, « décloisonner les services administratifs, reformuler les commandes publiques ». Donc on voit bien que là on est plutôt dans des modèles de gestion de proximité, de démocratie de proximité, qui n’implique guère d’effet distributif, et vise avant tout à manier une paix sociale, lutter contre l’exclusion, dans le meilleur des cas par une solidarité qui consiste surtout à ne mas accompagner les logiques segrego spatiales, que génèreraient spontanément le marché. Politiquement, elles valorisent le dialogue entre représentants et représentés, tranchant par là des formes élitistes de la démocratie. Dernière question sur les activations : Le dialogue ce construit toutefois au delà de ces activations ponctuelles. Le terme activation me semble effectivement pertinent, pour designer le caractère un peu éphémère, donc on se pose la question de leur développement dans un projet qui se voudrait durable. Premier point, les indications politiques. On a vu comment ces actions pouvaient avoir des fins de communication pour les villes qui les soutiennent, et que souvent les politiques, ce qui les intéresse c’est pas vraiment la participation mais plus la communication, hein, mettre les gens dans la rue. On a évoqué tout à l’heure ce concept de Richard Florida sur la creative city qui s’appuie qui s’appuie sur les positions de Jacobs, mais le problème c’est que creative city c’est devenu une sorte de produit commercialisé qui sont mis à l’œuvre dans de nombreuses métropoles aujourd’hui. Il y a l’idée d’intégrer dans la planification urbaine tout ces pôles jugés porteur de créativité, ca va du monument culturel, là je reviens de Hambourg, la philharmonie de Herzog et de Meuron, mais à côté on a un squat d’artistes qui là aussi inscrit au pole générateur de créativité. C’est un peu l’idée qui a été développée tout à l’heure, et voire aussi l’animation dans les quartiers sensibles : l’animation culturelle. Donc, comment dépasser ces recettes de fabrication de villes gentrifiées en poursuivant des projets qui n’oublient pas ceux qui sont là, d’abord ? Deuxième question, quel rôle pour les habitants ? On a vu comment certains projets étaient repris par les habitants eux-mêmes, Ecobox de l’Atelier Autogéré a été repris, à Montpellier le jardin de Coloco a été repris par l’association qui le gère. Donc, là on est vraiment dans des modèles « botta up », mais qui sont aussi confrontés aux expertises professionnelles, qui vont être requises, des projets d’envergure, sur des durées longues. On voit bien que les savoirs des habitants, d’abord ici des savoirs profanes, qui relèvent de l’usage et d’expérience ; donc question : comment les associer dans des projets durables, alors qu’ils sont alors qu’ils sont essentiellement considérés comme des experts immédiats et locaux, sans connaissance techniques. Enfin, dernier point, cette question renvoie à la conduite des projets urbains : si les collectifs ont acquis une expertise de médiateur, dans les actions urbaines et participative, j’ai trouvé que vraiment à chaque fois vous étiez un peu des passeurs, des médiateurs entre ce que seraient les habitants et ceux qui décident, les décideurs. Le processus engagé dans cette phase, ne se poursuit pas souvent dans la conduite de projets qui pourraient être coproduits par les différents acteurs, le projet comme processus se conduirait alors dans une série d’actes mesurés, enrichis par les apports des acteurs profanes, l’expertise des médiateurs, Coloco, vous êtes là, et qui peuvent aussi, les collectifs ou autres, être les concepteurs qui réaliseraient le projet à des étapes ultérieures. Et c’est sans doute là que se concrétiserait une démocratie participative, qui se fait dans la rencontre et le débat entre acteur et politique, professionnel et société civile, à mon avis, pour que se croisent les dynamiques top down et bottom up et je crois qu’il faut arrêter de valoriser seulement ce modèle bottom up. Voilà, je vous remercie. » 117


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Exposition Re-Architecture

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Re-cycler, Ré-utiliser, Ré-investir, Re-construire Nouvelles fabriques de la ville européenne Du 12/04/12 au 20/08/12, au Pavillon de l’Arsenal.

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1024 architecture (Paris)

15 équipes invitées »

AAA- Atelier d’Architecture Autogérée (Paris) Andrés Jaque Architects (Madrid) Assemble (Londes) Bruit du Frigo (Bordeaux) Collectif Etc (France) Coloco (Paris) DUS Architects (Amsterdam) Ecosistema Urbano (Madrid) Exyzt (Paris) MUF architecture/art (Londres) Practice Architecture (Londres) Raumlabor (Berlin) Rotor (Bruxelles) ZUS [Zones Urbaines Senseibles] (Rotterdam)

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6 témoins »

Jean Blaise Directeur Général du Voyage à Nantes Michel Cantal-Dupart Architecte Urbaniste Didier Fusillier Directeur de Lillle 2004 Capital Européenne de la Culture et directeur de Lille3000 Guillaume Hébert Co fondateur d’une Fabrique de la ville Maud Le Floc’h Urbaniste, scénariste, Directrice du pOlau (pôle des arts urbaons) Thierry Paquot Philosophe de l’urbain, Professeur des universités, Editeur de la revue Urbanisme


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Présentation » Anne Hidalgo Première Adjointe au Maire de Paris, chargée de l’Urbanisme et de l’Architecture, Présidente du Pavillon de l’Arsenal « donner la parole a une nouvelle façon de « fabriquer la ville » ». « une génération d’architectes européens […] qui s’engage dans des pratiques urbaines et architecturales transversales et participatives. » « Réunies en collectifs ou associations, souvent pluridisciplinaires ces agences expérimentent la ville pour réinventer le quotidien de nos concitoyens. »

Alexandre Labasse Architecte, Directeur Général du Pavillon de l’Arsenal « ces équipes, hors normes, prennent des positions critiques. Leurs manifestes explorent le rôle de l’architecture dans l’évolution de la société. Ils prônent l’intervention comme action […] Leurs pratiques […] rendent possibles des utopies oubliées. » « Pédagogues et pragmatiques » « Cette architecture s’expose ainsi au travers de vidéos, dessins, entretient, plans et photos pour traduire ces recherches aussi expérimentales qu’innovantes. » « Ces projets transforment les sujets et territoires inoccupés en opportunité. » « Dents creuse, friches, délaissés, territoires abandonnés, … » « les nouveaux temps du projet urbain, les attentes de la commande et ses nouveaux outils pour faire autrement. » « l’exposition […] se veut une plate-forme collective d’exploration, de connaissance d’actions et de recherches autour des mutations et des pratiques culturelles, sociales et des politiques urbaines émergentes. »

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Ecosistema Urbano » ! 10 leçons que nous avons tirées de la ville 1- Prendre soin du public, concept de ville intrinsèquement lié à la création d’espaces publics. 2- Développer une critique constructive 3- S’appuyer sur le low-coast 4- Apporter le changement immédiat grâce à des actions urbaines 5- Intégrer les citoyens 6- Créer des systèmes ouverts 7- Créer des réseaux (partage connaissances et expériences) 8- Réactiver ce qui existe déjà 9- Justifier l’insaisissable 10- Garder une attitude positive

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AAA »

Paris, 2001 « démontrer les potentialités inexplorées des petits espaces et des délaissés urbains à accueillir une vie sociale de qualité dans les quartiers « sensibles » et à une reconstruire une vie sociale et culturelle ancrée localement. »

!Passage 56. Espace Culturel écologique géré par les habitants 56 rue Saint Blaise 75020 Paris Date de commande : 2005 – Date de livraison : 2006, premier usage, 2007-08 chantier, 2009 Co119


gestion.

!R-urban.

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DUS architects

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Hedwig HEINSMAN, Martine de WIT & Hans VERMEULEN Amsterdam, Pays-Bas, 2004.

!Manifeste en faveur de la « public architecture » 1234567-

Agissez, conception par l’action. Réaliser l’impensable : construisez un manifeste Soignez l’esthétique Utilisez de nouveaux vieux matériaux Cuisinez, la nourriture est un matériaux de construction sociale Créez un public Soignez les détails (attacher les boissons, un morceau de corde c’est aussi de l’architecture) Soyez spontané, reprogrammez le projet, le bâtiment et la profession. Prenez par à la vie de la société plutôt qu’à des concours 8- Soyez personnels, même langage, partage, relation 9- Réunissez tout le monde autour d’une table 10- Elaborez les règles et le jeu, des processus de planification urbaine 11- Jouez avec la ville, concevez un scénario plutôt qu’un plan 12- Montrez le génie des lieux, construire de nuit, occupation gratuite contre participation construction 13- Troublez, architecture ouverte aux interprétations multiples 14- Ayez des paris pris ! 15- Abstenez-vous de faire montre de paternité à l’égard d’un projet 16- Soyez le conservateur 17- Soyez un « urbanarchitect » , sphère publique 18- Construisez des monuments mentaux (événement) 19- Souriez !

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Bruit du Frigo »

Fondé en 95, hybride entre bureau d’étude urbain et collectif de création « si le développement des projets démocratiques reste un enjeu de nos sociétés, alors de nouvelles formes d’urbanités restent à inventer »

!La Plage. Beaudésert, Mérignac, Date de commande : 2009, Durée de montage : 2 semaine, Durée : 2 ans

!Braséro Mini-architecture [Gaël Boubeaud & Laurent Bouquey] Outil d’activation et de prospective urbaine imaginé pour ce projet. Espace multiusage. Institut du point de vue. Actualité.

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ZUS

»

Rotterdam, Pays-Bas, 2001.

!Schieblock. Projection urbaine sur 5 ans, TEST.

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Raumlabor »

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Berlin, Allemagne, 1999.

!Eichbaumoper. Métro station Eichbaum. Date de lancement Mai 2006, montage en cours, livraison de l’Opéra en Juin 2009. Projet auto-initié.

!THF Tempelhof, 2007 + évènements.

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Practice archi »

Londres, Angleterre, 2009. Bâtiments parasites.

!The Multistory Car Park : Bold Tendencies. Date de lancement 2009, Durée : 9mois

!Franck’s café. Date de lancement 2008, Montage : 25 jours, Durée : 3 mois chaque été.

!Staw auditorium. !South Kilburn studios. Date de lancement 2011, Montage : 25 jours, Durée : Permanent

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Assemble

»

Londres, Angleterre, 2010. « En ciblant en particulier les espaces urbains désaffectés et oubliés, nous nous engageons afin de dévoiler les opportunités extraordinaires, qui existent en marge du quotidien et de l’environnement construit » « Les projets intègrent de manière active le public […] comme participant […] complice dans la réalisation des travaux en cours. »

!Cineroleum transformation d’une station service en cinéma. Projet pilote visant à suggérer d’éventuelles possibilités de réutilisation des 4000 stations-services désaffectées en Grande-Bretagne.

!Folly for a flyover Aménagement d’un espace collectif sous l’autoroute A12.

«

EXYZT

»

Paris, 2003.

!Sur la place public Saint-Jean-en-Royans, 2009-2011. Projet en 4 tps : 1- Point chaud ! 2- Temps culturel et coopératif 3- Démolition 4- Dispositif temporaire test pour la futur salle communale

!UFO Projet d’été de 2 mois.

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1024 architecture »

Paris, 2008.

!Les grandes tables de l’ïle 121


Boulogne

!Up-mashroom Durée environ de 10 ans, protection d’un site archéologique Coût de 500 000 !

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Collectif Etc

»

Strasbourg, 2009. « méthodes et des outils, réinventés à chaque projet, pour laisser une marge de manœuvre à l’expression créative des passants, leur donnant la possibilité de passer du rôle de spectateur à celui d’acteur. » une évolution possible du métier d’architecte

!Place du changement St Etienne. Double ambition : W avec les habitants, et les impliquer dans la durée. Espace temporaire comme prétexte à la concertation > permet l’expérimentation.

!Le détour de France Oct 2011- Sept 2012 Mise en réseau ! Réalisation : 1- Signalétique 2- Cartographie sensible du territoire 3- Installation mobile 4- Construction pérenne Projet pas vraiment visible, voir l’expo à leur retour…

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Rotor »

Circuit des matériaux.

Bilan # Trop de texte, peu d’image Juste une photo du projet fini, type magazine. > Difficulté à communiquer ces projets. Les collectifs qu’il me semble les plus intéressants selon moi de traiter dans mon sujet sont : 1- Les projets : AAA – ZUS – Raumlabaur – Practice archi – Assemble - Exzyt 2- Manifeste et idées : Ecosistema Urbano – DUS architects 3- Les deux associés : Bruit du Frigo – Collectif Etc

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Conférence Bellastock

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Round #02_ Trans 305, Exzyt, Bruit du Frigo Le 7 mars 2012 : ROUND 2 à Ecole nationale d'architecture de Paris-Belleville, 19h Et si le réemploi pouvait aussi s’appliquer aux lieux ? Avec Exyzt, Stefan Shankland, Bruit du frigo

Deuxième round du cycle de conférence, on s’intéresse maintenant au réemploi de lieux. Première à monter sur le ring, Nancy Roquet, membre de l’équipe artistique de Stefan Shankland, venue le remplacer pour la conférence. Avec le projet TRANS305, elle illustre la démarche HQAC (Haute Qualité Artistique et Culturelle) initiée par Stefan Shankland,. Le projet prend place sur le chantier de la ZAC du Plateau à Ivry-sur-Seine. L’artiste cherche à « intégrer l’art à la ville en transformation ». L’atelier/TRANS305 se veut structure expérimentale, belvédère sur le chantier et lieu d’échange entre pouvoir publics, artistes, habitants et professionnels de l’urbain. Une belle manière d’exploiter le potentiel sociale et culturel insoupçonné d’un lieu d’habitude abandonné: le chantier. Vient ensuite Nicolas Henninger, qui nous présente le collectif EXYZT et ses travaux. L’équipe recherche des portions de ville délaissés (rab) à ré-enchanter. Ainsi à Paris, Madrid, Londres, Varsovie(…) naissent des projets aux programmes variés, toujours éphémères. Nicolas Henninger insiste sur l’importance de la dimension humaine dans le projet. « On ne se limite pas au projet dessiné ». Le réenchantement du monde passe par le réenchantement humain. Troisième intervention :Bruit du frigo, avec Gabi Farage. Tout comme EXYZT, Bruit du frigo est composé de personnes aux compétences diverses. Le collectif cherche à rendre accessible des lieux dans lesquels on ne va pas, que ce soit parce qu’ils ne sont pas accueillant ou tout simplement parce qu’on ignore leur existence. Cette fois encore plusieurs projets sont présentés, dans lesquels on fait des expérimentations sociales, artistiques ou d’usages, on teste des aménagements. Gabi Farage parle d’ « extension des possibles », aussi bien entre les gens et les lieux que les gens entre eux. On a vu la semaine dernière quel potentiel peuvent avoir les objets rebuts, on sait maintenant qu’on peut aussi ré-enchanter les lieux délaissés. C’est l’occasion de révéler la richesse du territoire, tisser des liens sociaux entre les différents acteurs du lieu (habitants, constructeurs, usagers de passage), en plus d’un regain de place publique.

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Vitrolles-Echangeur

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Projet Juin 2013, Initiative de Gabi Farage Réunion de travail et entretiens Le Lundi 29 Octobre 2012, à Bobigny.

Etaient présents : Exyzt Nicolas Henninger ETC. Victor Mahé Et François Saprophytes Marie

Bellastock Antoine Aubinais Paul Chanterau Baptiste Furic Simon Jacquemin Julie Benoît & moi même

« Contexte » Où, Quand, Qui & Comment ? Lundi 29 Octobre 2012, se réunissaient pour la journée à Bobigny, des représentants des collectifs et associations EXYZT, ETC, Saprophytes & Bellastock, pour préparer ensemble l’esquisse à rendre à la ville de Vitrolles pour le projet Vitrolles-Echangeur dans le cadre du Marseilles-Provences Capitale de la culture pour 2013. J’ai eu l’occasion de les rejoindre pour le déjeuner, et là fin de journée, profitant du café pour poser quelques questions, et écouter leurs approches du projet. Aussi, la formule non-conventionnel de cet entretien ne m’a pas permis d’enregistrer les propos, ni de prendre des notes en mangeant, mais les conversations informelles entre-eux ont également beaucoup nourri mon sujet, et permet ainsi des réponses qui ne sont pas dans la représentation ni dans la communication. Les repas furent bon et conviviaux, à l’image de leurs projets et l’ambiance détendue. Au final c’est autour de quelques bières que le repas s’est fini, et avec le dernier métro que je suis rentrée. Certains étaient déjà rentrés, prenant un train tôt le lendemain, d’autres continuaient de travailler ou échangeait des impressions.

Le Projet : Ce projet d’actions urbaines à Vitrolles est une initiative de Gabi Farage avec Bruit du Frigo dont il est le fondateur. Mais suite à son décès en Juin, le collectif s’est retiré du projet. Gabi avait cependant déjà fait des propositions à la ville en citant des noms de collectifs. C’est ainsi qu’en septembre 2012, les collectifs EXYZT, ETC, Saprophytes & Bellastock étaient appelés pour différentes actions, chacun à leur manière, pour la ville de Vitrolles. ETC. a déjà entamé un premier projet là-bas au court de son détour de France, et travaille sur un projet de cube numérique au niveau de la futur gare. Bellastock s’est vue proposé un site pour un potentiel festival comme il sait le faire, initialement pensé pour le site du stade de Ricciotti, la tournure actuelle semble abandonner ce projet. Les Saprophytes et EXYZT eux, ont été appelé, (ainsi que les deux autres collectifs) pour activer la ville dans différents sites du quartier « Echangeur » de Vitrolles durant le mois de Juin, suite au retrait de Bruit du Frigo. Le budget de la ville pour se projet s’en est vue réduit. Et chacun avec un budget de 20 000 euros doit proposer une activation. A l’initiative de Nicolas Henninger, ces 4 collectifs décident d’unir leurs forces et une partie de leur budget respectif afin de n’occuper qu’un lieu mais l’occuper bien ! Ainsi ils partent sur l’idée d’un projet de commun, au sein d’un chantier d’échange entre-eux d’une semaine à la

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suite de laquelle chacun des collectifs exprimera sa façon de faire selon son temps et sa gestion propre avec le reste de son budget.

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Recherches préalables Exzyt Southwark Lido

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Londres, Juillet 2008. Installation temporaire avec pataugeoire.

Dalston Mill Londres, Juillet 2009. Barbican Gallery.

Point Chaud ! Saint-Jean-en-Royan, Juin 2010. Entretien : « C’était un tout petit village alors tu as une grande accessibilité des élus, c’est le voisin d’à côté, mais du coup tu as aussi plein de petite guerre de clan ». Cf fiches projets.

ETC. La place du changement Saint-Etienne, suite au concours d’aménagement d’espace public temporaire de l’EPASE [Etablissement Public d’Aménagement de St-Etienne] en mars 2011. « Défrichez-là » projet d’une durée de 3 ans. 1) Rencontrer les acteurs 2) Construire avec…3 ateliers : menuiserie, jardinage illustration 3) Chantier-Activité (6 semaines) avec : Tables-rondes : - l’implication des habitants dans la réalisation de l’espace public ? - le partage des espaces publics Rencontre- Echange : Racollage & disponibilité

Le Détour de France 1) Recensement & Analyse des pratique de participation créative 2) Réalisation d’espaces publics & d’évènements. - STRASBOURG_avec Coloco Détournez ! lors du festival Perffusion. - STRASBOURG_ Le Parking - CHÂLON-SUR-SAÔNE_ X. Juillot & M. Goffe L’immobilier s’envole travail de mémoire du site, pont de levage du port. - BUSSEOL_S.Thuillier… association PIXEL Au four banal réactivation d’anciens lieux de sociabilité avec une projet en 5 temps : 1) Témoignage 2) Chantier 3) Mise en scène 4) Soirée 5) Maintien Le Lavoir devenu piscine, le Téléphone devenu bibliothèque, le Four à Pain devenu buvette et l’Eglise transformé en cinéma. - SAINT-ETIENNE_EPASE Voyons-voir ! atelier mobile (Histoire / Rêves / Idées) // signalétique // cartographie sensible - GRENOBLE_Les arpenteurs La Piscine « Fabrique de solution pour l’habitat » Aménagement du local & Implications des futurs usagers Atelier / Réserve / Cuisine … - MARSEILLE Place du refuge rendre visible une concertation urbaine, craie / cagette / peinture. - MONTPELLIER La Belle Echapée parking > espace public «ruban d’équipement avec banc, rampe d’accès etc. » - BORDEAUX_ Yakafaukon Café sur Place 125


initiative des habitants ! -BREST La salle 1 :1 Aménagement d’un îlot en ruine, transformé en théâtre de verdure…

Les Sapro Phytes. Le Germoir Projet à Bezons, encore en activité. Initié par un coucours d’idée « Petite Architecture Citoyenne à Bezons » oranisé par le CAUE du Val d’Oise dont le projet en 5 temps est lauréat. 1) Rencontre au moyen du « Jardinier-Voyageur » 2) Définition collective Programme / Projet / Gestion / Site 3) Demande en Mairie, par les habitants 4) Construction 5) Gestion (constitution d’une association)

! Remarques aux cours des recherches 11- ETC. et SaproPhyte possède des sites internet très documenté, associé à des blogs ou carnet de récit type blog pour quasiment chacun des projets. EXZYT à l’inverse n’a aucun menu, et une fois le projet voulu trouvé, il n’y a qu’une photo… comment communiquer ses projets ? 12- Quasiment l’ensemble des projets sont des réponses à concours, ou des invitations à participations durant des festivals. Ce type d’initiative peut-il être spontané ?

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Séance de travail – 1e partie ! Demande initiale

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Initialement, chaque collectif était appelé séparément pour faire une ou plusieurs actions dans différents sites du quartier de Vitrolles-Echangeur. La commande est très libre en terme d’action ou de rendu, un budget de 20 000 euro est attribué à chaque collectif pour cette demande-ci. En amont de cette réunion, les différents collectifs avaient commencé à échanger à distance sur ce projet au travers d’un google doc… écriture à plusieurs mains !

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Proposition de travailler ensemble

Partant du constat qu’avec un budget de 20 000!, ils ne vont pas pouvoir faire grand chose « d’efficace » de Nicolas Henninger du collectif EXYZT, la nana des SaproPhytes propose de faire un pot commun d’une partie de budget de chaque collectif pour activer un seul et même site et ainsi avoir une installation « digne » de créer quelquechose. Aussi le choix est fait de ne choisir qu’un seul et même site, et de l’activer à plusieurs dates, par différentes actions. Faire vivre un site, chacun à sa manière. Définition d’un programme commun. Chantier collectif de maximum 2 semaines puis temps d’activation variable selon chaque collectif. L’idée principale est de faire le lien entre ce qui existe déjà sur le site. L’association des lettres des collectifs donnèrent l’idée des BEES… les principes des abeilles qui butinent et fertilise un terrain avec ce qui est déjà existant. Assez rapidement se pose la question de la pérennisation du projet. Celui-ci doit-il être pérenne dans les esprits et montrer les possibles ou alors est-il nécessaire de laisser quelque chose de concret ?

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Pause Café & Questions diverses » ! Questions de communication Les collectifs ETC. et SaproPhyte, ont des sites internet très renseigné, répertoriant l’ensemble de leur projet, chacun alimenter de blog racontant l’histoire presque journalière de chacun des projets. EXYZT eux, on un site qui a première vue se résume à une image JPG reprenant la vieille typo des premiers ordinateurs en vert sur fond noir, un peu comme un jeux vidéo à l’ancienne. Cependant cela n’est pas tellement une histoire de choix. Simplement le collectif EXYZT est celui dont les membres sont les plus volatiles, et faire un site et bien ça prend du temps et communiqué sur ces projets est un véritable projet en soit nous livre Nicolas Hennegin. Hors ce temps, pour l’instant ils ne l’ont pas pris, mais il y travaille. Et puis soyons honnête, ils n’en ont pas vraiment besoin souligne la nana des SaproPhytes. Chacun travaille plus où moins de son côté et se retrouve sous le nom « EXYZT » pour des projets vivants en chantier et dans un laps de temps précis.

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Quel statut et pourquoi ?

Les 4 collectifs ici présent sont tous sous le statut d’une association, tout comme Bruit du Frigo. C’est selon eux la structure la plus libre, cependant il faut en définir les règles. Pour certains c’est là l’occasion de rédiger sa ligne de conduite (SaproPhytes), pour d’autres, bien que d’accord, ils ont tout de même l’impression que cela vient tout rigidifier…(EXZYT). Les SaproPhytes sont 5 salariés au sein de leur associations, mais réussir à salarier des membres n’est pas simple. Bellastock cherche des solutions mais celles-ci restent de l’ordre du service civique. Mais cependant il faut bien admettre que cela devient nécessaire si l’on veut pouvoir s’y consacrer entièrement. Le collectif ETC. envisage en effet de changer de statut avant la fin de l’année afin de pouvoir « s’offrir » 10 CDI pour Noël… Il envisage de passé sous le régime de la CAE, l’équivalent d’une scoop à peu près. Un compte commun pour plein de « minientreprises »

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Quel financement ?

Cette question de statuts se questionne surtout pour permettre un investissement totale de ses membres au sein d’une association. Et pour EXZYT, le fait d’être une association empêche peut être de se consacrer qu’à ça, mais permet aussi de ne pas se retrouver dans l’obligation d’accepter des projets pour « faire tourner la machine ». C’est un peu le prix de la liberté ! D’ailleurs entre eux ils se demandent si ils ont des « black list » de financement. ETC avoue avoir déjà refuser de participer à des concours car ils étaient financer par Bouygues Construction. Et ajoute que les quelques grandes enseignes monopoles du BTP font partie de leur « black list », comme Vinci ou autres. Les autres collectifs préfèrent se demander ce qu’ils font de cet argent que sa provenance réelle. De toute façon les financements publics viennent eux aussi souvent des plus ou moins même gros porte-monnaie. Aussi il devient plus intelligent de se demander si l’usage qu’on en fait est utile.

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Institutions [ Cité de l’archi & Pavillon de l’Arsenal ] & Grands noms.

Ils sont plutôt tous d’accord pour dire que les institutions se réapproprient le travail, et pas toujours avec élégance. D’un côté c’est bien, cela peut peut-être par la suite donner plus de marge de manœuvre dans des projets à venir. Cette « reconnaissance » peut éventuellement convaincre des communes que ce type de projet fonctionne et donc envisager d’y accorder de plus gros budget. Cependant Nicolas H. nous révèle que dans le cas des expos, leurs avis est à peine consulter, et malgré qu’il trouve « déjà bien » que le Pavillon de l’Arsenal les aient « dédommagé » (plus que payé) pour l’expo est un minimum d’estime. En revanche, l’expo est bidon selon lui. [ Ce qui ne l’as pas empêche de bien profiter de l’inauguration, (j’en suis témoin, j’y servais le champagne et les petits fours…) ] Patrick Bouchain, dont le travail de chacun a été rapproché au moins une fois, par un lien « paternaliste » 127


souvent employé par les institutions est quelque peu critiqué. Mais avec tout de même beaucoup d’estime. « C’est le système, ils sont entre potes » Simplement « il sait se servir de ces collectifs, mais c’est juste qu’il a compris le système » nous dit Nicolas H. C’est comme l’exemple du bouquin « Construire en Habitant » de Patrick Bouchain et EXYZT, du moins sur la couverture… en effet, seul un des membres du collectif a été interviewé, mais la participation s’arrête là. « Si j’avais écrit un bouquin sur la méta-villa, j’aurai eu plein d’autres choses à raconter, mais c’était son travail, c’était prévu bien avant, il avait sa maison d’édition etc… » Et puis surtout Nicolas admire cette « capacité qu’il a a parler simplement et a s’adresser à tout le monde ».

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Séance de travail – 2e partie » ! Zone d’activation commune Le choix est fait d’une zone d’activation commune mais que chaque collectif y développe son extension. La demande étant libre, il s’agit de définir soit même le cahier des charges. Le projet de VitrolleEchangeur s’étalant possiblement sur plusieurs années, celui-ci est donc pensé en plusieurs parties. Il s’agit dans un premier temps de rassembler et de montrer les possibles. « On ne vas pas dire comment faire la ville, mais juste montrer ce qu’il est possible de faire. » Et par la suite de diffuser ces projets, aussi le cahier des charges proposent d’autres projets pour l’avenir. Le choix est donc pour cette édition de créer un événement, quelque chose d’éphémère qui marque les esprits. Cette décision résulte du simple constat que l’ensemble des collectifs ne connaît pas assez la ville et son territoire pour y proposer des solutions. Il est nécessaire de prendre le temps d’appréhender le site et de créer des rencontres. Ce premier temps est donc celui de l’échange et de la création d’un imaginaire collectif. Il est tout de même défini un programme et des besoins pour l’espace central et commun, base pour la suite. Ceux-ci comprennent : une table, une cuisine, une scène, une réseau lumière, le wi-fi, des toilettes. Il est également souhaiter de créer un espace de projection, et un bassin d’eau. Le but est de faire de cet espace un lieu, donc un espace avec de la vie. Créer de l’interface, construire des dispositifs, et y ajouter des collages d’histoire à apporter. Créer une plateforme, un support dans la ville pour les associations locales. Il ne s’agit pas de faire à la place de , mais de donner les moyens de faire aux locaux.

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Thématiques – Point d’attraction

L’objectif de cet événement est de figurer les usages du centre urbain. Pour cela, ils décident de se répartir 4 notions clés d’activation. Exyzt souhaite travailler avec l’eau, dans l’idée de créer des activités ludiques. Les SaproPhytes souhaitent organiser « une fabrique », un atelier ouvert pour construire des meubles réparer des vélos etc. à adapter et définir selon les besoins. Le Collectif ETC s’intéresse à la question des flux, de la communication et des transports, tandis que Bellastock travaillerai d’avantage sur la notion de convivialité autour du repas. Le projet événement devient un grand workshop, l’idée est d’avoir un stock de base et de muter sa fonction chaque jour. Il s’agit de monter un dispositif collectif puis un spécifique. Il est décidé de figurer par le biais d’exemple l’ensemble des usages possibles de ce centre urbain. Un jour on construit des gradins pour faire une projection cinéma, le lendemain il se transforme en table géante pour organiser un repas… Il est décider d’instaurer en parallèle une maitrise d’usage avec un comité d’évaluation afin de répertorier toutes les utilisations et programmations définie avec cette même quantité de matière initiale, de commenter celle-ci, d’en définir les qualités et les améliorations éventuelles à y apporter. Il s’agit de constituer un journal in-situ ou in-vivo de ce qui peut et est fait durant la période d’activation (ou d’occupation) du site. Aussi la répartition par collectif du travail en amont se fait plus sur la collecte de référence. Pour des raisons budgétaires, c’est le bois qui sera retenu comme matériau initial. Il sera tout de même étudié les gisements possibles aux alentours. 128


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Calendrier

C’est peut être la définition du calendrier qui va le plus permettre de répartir les tâches entre les collectifs, par rapport à se projet devenu quasi intégralement commun, ou au moins intermêlé. -

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7-8-9 Juin : La fête des jeunes, qui est le premier évènement qui lance ce mois d’activation. Ce sera l’occasion d’occuper le site avec l’atelier « fabrique » afin d’inviter les gens à prendre par au chantier à venir. Semaine de chantier à 4 collectifs, construction et aménagement de la base-vie 3 semaines de chantier / workshop d’expérimentation d’usage, où chaque collectif à une axe de travail mais où les équipes se mêlent. Début Juillet, une semaine de « festival Bellastock » de fabrication des projets testés en amont par les équipes participantes avec les habitants motivés. Clôture collective et festive de la zone d’activation.

Bilan # Il est amusant de voir que cette idée de montage-démontage quotidien a été proposée en tout début de réunion, mais avorté par souvenir d’épuisement. Ce n’est qu’à la fin de la journée, comme relancée par la passion de l’échange que cette idée a finalement été choisie comme étant le projet proposée collectivement à la ville de Vitrolles. Affaire à suivre.

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