Bruxelles, ville productive Fabrication de la ville dans le territoire du Canal
Bruxelles, ville productive Fabrication de la ville dans le territoire du Canal
Anne-Sophie Vanhelder
Mémoire de fin d’études du Master de Spécialisation en Urbanisme de la Transition sous la direction de Geoffrey Grulois Université Libre de Bruxelles - Faculté d’Architecture La Cambre Horta. Année académique 2017-2018
LISTE DES ABRÉVIATIONS INTRODUCTION
(p4-5)
(p6-13)
I- Retour à des configurations qui intègrent les activités productives
(p14-25)
A) Dualité entre mixité des fonctions et monofonctionnalité des zones B) Rapport de force entre une fonction forte et une fonction faible C) La ville productive comme réconciliation urbaine
1. Conception de la ville-productive 2. Définition d’ «activité productive»
II – Un territoire productif aux abords du canal
(p26-53)
A) Une présence industrielle depuis le XIIIe siècle
1. Construction de la ville autour de l’axe de la Senne 2. Du Canal de Willbroek au Canal de Charleroi 3. Croissance économique fulgurante 4. Désindustrialisation
B) État des lieux du territoire du canal C) Atouts et obstacles à l’implantation des futures activités industrielles en RBC
1. Atouts 2. Obstacles
D) Particularités du territoire du canal
1. Zone Nord 2. Zone Centre 3. Zone Sud
III – Gouvernance et fabrication de la ville productive
(p-54-85)
A) Processus de développement et mise en application d’une vision
1. Ligne du temps: construction progressive de la ville-productive 2. Hiérarchie des plans 3. Vue d’ensemble des acteurs régionaux
B) Définition d’un périmètre régional
1. Premier Schéma Directeur Canal 2. Les plans de développement régionaux et internationaux 3. Plan Canal d’Alexandre Chemetoff 4. Plan Canal 2015-2025 5. 10 sites prioritaires de développement
C) De la planification à l’action 1. Une équipe Canal: un urbanisme de projet négocié 2. PRAS démographique et périmètre opérationnel 3. PAD, CQD et CRU: des outils au service d’une vision 4. Le plan de qualité paysagère: couture entre espace ouvert et espace construit
IV – Construction urbanistique et architecturale de la ville productive: entre rêve et réalité (p86-117) A) Expérimentations autour de la ville productive
1. Expérimentations bruxelloises 2. Expérimentations internationales 3. Rêve ou réalité ?
1. Interbéton 2. Urbanities
B) Concrétisation de la ville productive
V – Ville productive et réalités urbanistiques, économiques et sociales A) Réalités urbanistiques et désirs des porteurs de projet
1. Une définition du PRAS souple et englobante ? 2. Arrangements et détournements des règles 3. Facteurs de réussite pour la réalisation des ZEMU
B) Réalités économiques et besoins des entreprises
1. Nécessité d’une analyse du tissu économique 2. Déterminer les besoins des travailleurs et des habitants
C) Réalités sociales et besoins des habitants
1. Ville productive et profil des demandeurs d’emploi 2. Nécessité d’avoir une main-d’œuvre locale 3. Des formations pour créer une diversité de l’emploi
CONCLUSION
(p-138-140)
BIBLIOGRAPHIE / ICONOGRAPHIE
(p142-149)
(p118-137)
LISTE DES ABRÉVIATIONS
ADT : Agence de Développement Territorial BBP : Bureau Bruxellois de Planification (anciennement ADT) = Perspective BKP : Beeldkwaliteitsplan (Plan de qualité paysagère) bMa : bouwmeester Maître architecte BUP : Bruxelles Urbanisme et Patrimoine CA : Comité d’Accompagnement CEE : Contrat d’Economie et Emploi CP : Comite de Pilotage CRU : Contrat de Rénovation Urbaine CQD : Contrat de Quartier Durable CoBAT : Code Bruxellois de l’Aménagement du Territoire DU : Direction de l’Urbanisme (unité opérationnelle de BUP) EIE : Études d’Incidences Environnementales FEDER : Fonds Européen de Développement Régional IEB : Inter-Environnement Bruxelles MIPIM : Marché International des Professionnels de l’Immobilier PAD : Plan d’Aménagement Directeur PCD : Plan Communal de Développement PDI : Plan de Développement International PME : Petite et Moyenne Entreprise PPAS : Plans Particuliers d’Affectation du Sol PRAS : Plan Régional d’Affectation du Sol PRD : Plan Régional de Développement PRDD : Plan Régionale de Développement Durable (anciennement PRD) RBC : Région Bruxelles Capitale RCU : Règlement Communal d’Urbanisme RIE : Rapports d’Incidences Environnementales RRU : Règlement Régional d’Urbanisme SAU : Société d’Aménagement Urbain SIAMU : Service d’Incendie et d’Aide Médicale Urgente STIB : Société des Transports Intercommunaux de Bruxelles TIR : Transport International Routier ZAPT : Zone d’Activité Portuaire et de Transport ZEMU : Zone d’Entreprise en Milieu Urbain ZFM : Zone de Forte Mixité ZIU : Zone d’Industrie Urbaine ZRU : Zone de Revitalisation Urbaine (anciennement EDRLR)
INTRODUCTION
La ville a pour vocation d’être multifonctionnelle. La régénération urbaine des villes européennes de ces dernières décennies a d’ailleurs intégré et appliqué l’idéologie de la ville mixte. Mais de quelle mixité s’agit-il? Les projets urbains des villes post-industrielles ont sagement ajouté aux logements quelques bureaux, équipements et espaces publics dans le but de créer des quartiers dynamiques et attractifs. Cependant, une fonction a été jusqu’à présent écartée des programmes urbains: l’activité productive. Les villes ont pendant longtemps porté peu d’attention aux activités économiques des secteurs primaires et secondaires telles que l’industrie ou l’artisanat. Les enjeux urbains étaient ailleurs, davantage tournés vers les activités de bureaux, en pleine expansion dans les années 1960. Ainsi, cette tertiairisation progressive des villes d’Europe de l’Ouest, a eu des conséquences désastreuses envers l’industrie. Devenue trop contraignante pour les activités urbaines, l’industrie a progressivement quitté la ville vers la périphérie, bénéficiant ainsi du réseau autoroutier et de parcelles plus grandes et moins coûteuses. Chacun y trouva finalement son compte. Les bureaux, fonction parfaitement compatible avec le logement, trouvèrent leur place dans la ville. L’industrie quand a elle profita de l’espace de la périphérie pour s’étendre et exercer son activité sans peur de causer de nuisances. Cependant, cette mutation urbaine n’a pas été sans conséquences. En effet, faire tourner cette économie en périphérie demande beaucoup de moyens comme la construction d’autoroutes où de parcs industriels. L’éloignement des sites industriels a rallongé les trajets de livraison et généré des congestions automobiles. La mise en place de telles infrastructures a progressivement dévoré notre territoire. En plus d’être chassée en périphérie, la production s’est naturellement tournée vers les pays à bas salaires qui ont ensuite déversé sur nos marchés des biens de consommation à des prix défiants ceux de nos produits locaux devenus trop chers. Bruxelles n’a pas échappé à ce phénomène. Après avoir connu une croissance industrielle fulgurante au 19ème siècle, elle a subi, à partir de la fin des années 1960, une désindustrialisation radicale.1 Le plein emploi et la tertiarisation rapide et croissante, ont permis d’offrir des emplois moins pénibles et un pouvoir d’achat plus important.2 Suite à cette période, les bureaux ont connu une telle croissance que l’offre dépasse aujourd’hui amplement la demande. En 2016, on comptait plus d’un million de mètres carrés de bureaux vides dans la Région de Bruxelles Capitale.3 Ce rejet de l’industrie a donc entraîné une certaine monoculture de l’emploi, tournée vers l’économie du savoir plutôt que vers l’économie manufacturière. S’ajoute a cela, une croissance démographique dans les années 2000, mettant au premier plan des préoccupations des institutions régionales le logement. «Production, recyclage, activité d’entretien et de réparation...Toutes ces activités qui font également partie de la vie d’une ville sont rapidement refoulées par les nouveaux projets d’habitat»4
1. VANDERMOTTEN,C.; LECLERCQ,E.; CASSIERS,T. et WAYENS,B., États généraux de Bruxelles. L’économie bruxelloise, Brussels Studies, Note de synthèse n°7, 26 janvier 2009. 2. WAYENS,B., Territorialité et quartiers: mise en place et (re-)production de la mosaïque urbaine, issu du livre Bruxelles [dans] 20 ans, Cahier de l’ADT n°7, janvier 2009, p-85. 3. Citydev, Observatoire des Bureaux, 2016 4. WAMBACQ, J., La ville productive pour les rêveurs, les réalistes, les audacieux et les penseurs, issu du magasine A+ n°262, [RE]WORK, p-40, octobre/novembre 2016
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Cependant, depuis quelques années, le secteur industriel revient au cœur des préoccupations. Soucieux de réintroduire une vision supra-locale pour la ville, les pouvoirs publics visent à réintroduire des activités productives dans Bruxelles et à préserver les activités encore en fonctionnement, plus particulièrement autour du canal. Cette zone, historiquement connue pour être le bassin économique et productif de la ville, prévoit d’être au cœur des préoccupations gouvernementales. Ainsi, Bruxelles projette une nouvelle vision pour les prochaines années à venir, celle d’une ville productive. Cette dernière prévoit la conservation et la mutation de l’activité économique en ville ainsi que de renforcer son intégration urbaine. Elle prévoit également le création de nouveaux logements qui répondront à l’essor démographique constant ainsi que de nouveaux espaces publics qui valoriseront l’axe du canal ou permettront la redécouverte de la Senne. Le but étant de créer et de favoriser une mixité fonctionnelle et sociale en expérimentant des typologies qui permettent la compatibilité des fonctions tout en rationalisant l’usage du sol. Cette vision s’est concrétisée très récemment dans le dernier PRDD approuvé par le Gouvernement le 12 juillet 2018. Ce dernier définit un périmètre prioritaire de développement, le territoire du canal, conduit par l’Équipe Canal, créée en amont en 2015. Même si la ville productive apparaît comme un moyen efficace de lutter contre les problèmes économiques et démographiques, est-elle en mesure d’appréhender chacune des réalités de la ville ? En effet, la ville productive implique la prise en compte de nouveaux paramètres. Elle n’est pas une continuité des industries manufacturières du 19ème siècle mais plutôt une volonté de retrouver une maîtrise économique en créant une industrie innovante. Ainsi, quels types d’emplois découleront de cette nouvelle industrie ? Les défis sur ce territoire sont nombreux et complexes du fait qu’il soit traversé par différentes communes qui ont des objectifs parfois très différents. Ce travail aura pour but de comprendre l’émergence de cette notion de la ville productive en construction, de voir sa mise en œuvre à Bruxelles ainsi que ses premières expérimentations. Questions principales: Qu’est-ce que la ville productive ? Quelle cohabitation sous-tend elle ? Quel est son territoire et son histoire en RBC ? Quelle vision sociale la ville productive sous-tend elle ? Questions secondaires: Quelles sont les conditions d’existence de la ville productive ? Quel urbanisme (prospectif, stratégique, réglementaire, opérationnel) est mis en place pour soutenir la ville productive ? Quels impacts urbanistiques, environnementaux, économiques et sociaux peuvent entraîner le maintien de l’activité productive en Région bruxelloise?
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MÉTHODOLOGIE Ce mémoire tentera d’éclaircir la notion de ville productive tout en réalisant un état des lieux de la Zone Canal, périmètre de l’étude établi par la Région de Bruxelles. Le travail consistera également à analyser les différents outils de planification urbaine mis en place par la Région qui visent à maintenir et perpétuer l’activité productive dans la zone du canal. Le mémoire abordera le concept de ville productive à travers différentes études typo-morphologiques bruxelloises et internationales, afin de voir différentes expérimentations de cohabitation entre ville et production. Enfin, le travail abordera les réalités sociales et économiques souvent en retrait des différentes approches de la ville productive. Les différents propos tenus dans ce travail ont été enrichis grâce aux différentes expériences et rencontres vécues durant le master de spécialisation en urbanisme ainsi que durant mon stage réalisé au sein de l’équipe du bMa dans le pôle Research by Design. En effet, j’ai eu l’opportunité d’être plongée durant 3 mois dans la gestion et l’accompagnement des projets publics et privés qui se trouvent dans la Zone Canal, me permettant d’appréhender davantage certaines réalités.
STRUCTURE DE L’OUVRAGE I- La première partie définit le cadre du thème. Elle visera à comprendre le contexte global des villes post-industrielles ainsi que le passage d’une forme urbaine qui intègre les activités productives vers les zonings. Nous verrons également qu’il y a toujours eu une certaine dualité entre une fonction forte (les bureaux et les logements) et une fonction faible (activités productives). L’analyse des différents PRD montrera la hiérarchie des préoccupations régionales depuis 1989. Enfin, nous expliquerons la notion de «ville productive» et définirons ce qu’est une «activité productive». II- La seconde partie est plus descriptive. En effet, elle expliquera l’essor des industries aux abords du canal, la désindustrialisation progressive de la ville (passé). Ensuite, un état des lieux des activités productives présentes actuellement dans la Zone Canal sera effectué afin de mieux comprendre les spécificités de l’économie bruxelloise (présent). Par la suite, nous verrons quels sont les atouts et les inconvénients à l’implantation des futurs activités industrielles en RBC (futur). Enfin, un relevé photographique non exhaustif des différentes zones du canal (nord, centre, sud) permettra de relever les différentes particularités du paysage industriel bruxellois. III- La troisième partie traite de la gouvernance et de la fabrication de la ville productive. Il s’agira de comprendre l’émergence de cette vision ainsi que son organisation à travers une ligne du temps et des schémas. Une analyse des différents outils et plans réglementaires et stratégiques permettra de mieux comprendre le rôle des différents acteurs de la Zone Canal.
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IV- La quatrième partie analysera différentes expérimentations bruxelloises et internationales de la ville productive. Cette nouvelle notion a en effet été l’occasion pour les concepteurs de créer de nouvelles typologies innovantes pour la ville. Nous verrons qu’un soin particulier a été accordé aux techniques de communications pour transmettre cette vision au public. Nous verrons des applications à la fois spéculatives et concrètes. V- La dernière partie, plus critique, s’interrogera sur l’importance des considérations sociales, économiques et urbanistiques de la ville productive. Nous verrons que ces réalités urbanistiques et économiques se sont confrontées aux premières réalisations dans le site témoin de Biestebroeck. Nous nous interrogerons également sur les réels besoins des entreprises et des habitants, plus particulièrement en terme d’emploi. PÉRIMÈTRE D’ÉTUDE Nous considérerons le périmètre actuel du territoire du canal, autrement dit le périmètre opérationnel du Plan Canal 2015-2025 approuvé par le Gouvernement.
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PARTIE I - Retour à des configurations urbaines qui intègrent l’activité productive
A) Dualité entre mixité des fonctions et monofonctionnalité des zones B) Rapport de force entre une fonction forte et une fonction faible C) La ville productive comme réconciliation urbaine
1. Conception de la ville productive 2. Définition d’«activité productive»
A) Dualité entre mixité des fonctions et monofonctionnalité des zones L’industrie qui s’est développée à Bruxelles au 19ème siècle s’intégrait directement au tissu urbain offrant à la ville une certaine mixité des fonctions. En effet, jusqu’en 1950, les usines et les fabriques possédaient un caractère plus urbain. Elles étaient disposées sur leur parcelle de manière à éviter le gaspillage foncier. Ces configurations permettaient de disposer les bâtiments productifs en fond de parcelle, autour d’une cour intérieure, elle même productive (manutention, entreposage provisoire etc.). Généralement, les administrations et bureaux liés aux bâtiments productifs se retrouvaient en front de voirie. Le tout étant accessible depuis la rue par une grande porte cochère. Les bâtiments industriels étaient fortement intégrés dans la trame urbaine, dans un parcellaire serré qui permettait la rationalisation de l’usage du sol.5 La vision hygiéniste du modernisme a cependant totalement modifié cette planification. Cette dernière a imposé une réglementation visant à disperser les ateliers et les entrepôts. Progressivement, les bâtiments industriels se sont entourés de zones tampons et de zones de recul. Ce modèle s’est fortement développé en Belgique à partir des années 1960.6 S’est développé en même temps dans les années 1950, le transport individuel, modifiant totalement la perception des distances. 7 Les zones industrielles se sont alors de plus en plus étendues, s’adaptant aux capacités des véhicules motorisés qui peuvent désormais parcourir de longs trajets. Le choix des implantations industrielles s’est donc justifié par la proximité du réseau autoroutier et par un besoin d’espace. Les bâtiments pouvaient ainsi profiter de parcelles plus grandes permettant des typologies de «boîte à chaussures». Ainsi, les zonings industriels se sont fortement démocratisés. Cependant, ce modèle n’est pas à rejeter totalement. En effet, il est clair que les entreprises ont besoin d’espace, d’un certain recul pour pouvoir manœuvrer, stocker ou tout simplement exercer certaines activités sans causer de nuisances.
FABRINO X E/S = 54 %
FABRINO X E/S = 54 %
Atelier
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Réalisé avec Brussels UrbIS®© - Distribution & Copyright CIRB
Fig 1. A gauche, «extrait d’une annonce publicitaire, montrant la disposition des lieux, pour Manufacture BelgeCIRBde Réalisé avecla Brussels UrbIS®© - Distribution & Copyright Porcelaines blanches». A droite, implantation typique des zonings industriels. Scanned by CamScanner
0 10 20 30 40 m
5. Société Royale Belge de Géographie, La Fonderie, Commission Française de la Culture, Itinéraire du paysage industriel bruxellois, ed. Hommes et Paysages, 1989, p-17 6. Citydev.brussels, Bruxelles développement urbain, Observatoire des activités productives. Terrains pour entreprises 19972013, p-19. 7. Citydev.brussels, Bruxelles développement urbain, Observatoire des activités productives, Terrains pour entreprises 19972013, p-19. 0 10 20 30 40 m
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Cependant, les zonings industriels actuels ressemblent à des zones de «no man’s land» où les parcelles s’enchaînent de manière chaotique, sans réel ordre et sans prise en compte du contexte. La propriété s’arrête à la limite de tonte de l’espace tampon ou à la grille de séparation entre espace public et privé. La zone industrielle d’Anderlecht est caractéristique de ce phénomène. En effet, cette dernière a la particularité d’être délimitée par deux éléments d’échelle territoriale, le canal et les rails de chemin de fer, renforçant son isolement du reste de la ville. La Senne est actuellement à ciel ouvert dans la zone. Elle coule à travers un paysage de hangars, d’entrepôts et d’infrastructures routières et ferroviaires qui lui tournent le dos. Cette enclave a le potentiel de devenir une zone d’activités ouverte à ses éléments structurants (Canal et Senne) et à la ville dans une plus large mesure.
Fig 2. A gauche, la Senne qui coule à travers la zone industrielle d’Anderlecht entourée par le canal et les voies de chemin de fer. A droite, les espaces logistiques et les espaces tampons consommateurs d’espace, typiques des zonings industriels
Ces modèles sont totalement dépourvus de qualité urbaine. Le résultat de cette urbanisation diffuse est un appauvrissement de la planification spatiale entraînant un désintérêt pour ces espaces monofonctionnels ainsi qu’une dégradation du bâti. De plus, la tentation est grande pour les chefs d’entreprises de délocaliser leurs activités en périphérie afin de rentabiliser les terrains qu’ils possèdent en ville, fortement convoités par d’autres fonctions.8 En effet, la ville offre un prix du foncier plus élevé qu’en périphérie, justifiant ainsi la délocalisation des activités productives en dehors du centre-ville. Le prix de l’immobilier des bureaux bruxellois témoigne de cette différence puisque le prix d’un terrain s’élève à 185€/ m² dans le quartier Midi, à 275€/m² dans le quartier européen et à 165€/m² en périphérie.9 8. Société Royale Belge de Géographie, La Fonderie, Commission Française de la Culture, Itinéraire du paysage industriel bruxellois, ed. Hommes et Paysages, 1989, p-18 9. VANDERMOTTEN,C., L’état de l’économie bruxelloise, vingt ans après la création de la Région, issu du livre Bruxelles [dans] 20 ans, Cahier de l’ADT n°7, janvier 2009, p-284.
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Fig 3. « Le zonage est l’opération faite sur un plan de ville dans le but d’attribuer à chaque fonction et à chaque individu sa juste place. Il a pour base la discrimination nécessaire entre les diverses activités humaines réclamant chacune leur espace particulier : locaux d’habitation, centres industriels ou commerciaux, salles ou terrains destinés aux loisirs. » (Le Corbusier, 1971 : 15). Image : «La mixité des fonctions et la monofonctionnalisation par zones». A gauche «10 minutes de marche», à droite «90 minutes en voiture».
Jane Jacobs dans son ouvrage Déclin et survie des grandes villes américaines, regrettait déjà dans les années 1960 ce modèle de zoning monofonctionnel, une dizaine d’années après son apparition. Selon elle, le mélange de fonctions et la diversité dans une ville assure «la survie de sa propre civilisation».10 «‘‘Les mélanges de fonctions sont affreux, ils sont la cause des encombrements, ils favorisent la présence des fonctions nuisibles.’’ Voilà quelques-uns des épouvantails qui font que les cités rejettent Scanned by CamScanner la diversité, et qui contribuent à l’élaboration des règles de zonage urbain. Ces croyances erronées ont aidé à normaliser la rénovation des villes, avec le résultat stérile, rectiligne, dénué de chaleur que nous connaissons, et s’opposent à un urbanisme qui pourrait encourager délibérément la naissance de la diversité, en créant au départ les conditions nécessaires à son développement.»11 Ces modèles de zonings monofonctionnels sont obsolètes puisqu’ils répondent à des besoins purement fonctionnels. Ils deviennent de moins en moins applicables. Le but n’est pas de revenir aux modèles du passé, qui ne seraient plus adaptés. Il s’agit plutôt de préserver les activités qui sont encore parfaitement intégrées dans le tissu et de créer de nouvelles typologies adaptées aux situations urbaines actuelles. Ces typologies seraient moins gourmandes en foncier et correspondraient davantage aux prescriptions du CoBAT qui édicte depuis plus de vingt ans dans son article 2, une utilisation parcimonieuse du sol bruxellois. 12 10. JACOBS, J., Déclin et survie des grandes villes américaines, collection Eupalinos, ed. Parenthèses, 1961 pour la version anglaise, 2012 pour la version françaises, p-134. 11. Ibidem p-20. 12. Citydev.brussels, Bruxelles développement urbain, Observatoire des activités productives, Terrains pour entreprises 19972013, p-19.
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B) Rapport de force entre fonctions fortes et fonctions faibles Dans l’optique de devenir la future capitale européenne, Bruxelles a défini à partir des années 1960 les activités de bureaux comme étant sa fonction forte. C’est dans cette optique que se sont développés les quartiers d’affaires comme le quartier Manhattan. Cet engouement vers la spéculation immobilière n’a été régi par aucune planification d’ensemble entraînant la destruction du patrimoine architectural ainsi que de nombreux quartiers d’habitations. Cette politique destructrice d’aménagement du territoire, plus connue aujourd’hui sous le nom «Bruxellisation», a fortement marqué les esprits. Pour éviter les erreurs du passé, la Région a décidé de mettre en place un «projet de ville» en instaurant son premier Plan Régional de Développement, basé sur une politique d’amélioration du cadre de vie, de protection du patrimoine et d’embellissement de la ville.13 Lorsque l’on regarde l’évolution des différents PRD on remarque une volonté d’affaiblir les activités de bureaux. En effet, le premier PRD de 1995 présentait une politique stratégique de reconquête du centre ville et de la première couronne. En effet, la ville est à cette époque confrontée à de nombreux problèmes comme une population migrante vers la périphérie, des quartiers à l’abandon suite à l’émergence des bureaux, un développement des shoppings en périphérie au détriment des commerces centraux et un manque d’investissement dans les espaces publics. Ainsi, le PRD «désigne le logement et l’industrie comme fonctions faibles, à protéger de la fonction tertiaire au développement invasif».14 Le PRD de 2002 introduit le concept de Zones Levier. Ces dernières sont à mettre en œuvre par le biais de schémas directeurs. Le PRD propose douze priorités dont la première consiste à développer «l’attractivité résidentielle».15 Il tente également de favoriser le développement d’une économie durable génératrice d’emploi en évitant une sur-spécialisation de l’économie régionale dans les fonctions administratives. On remarque donc un intérêt naissant envers les activités économiques même si on parle davantage d’«industrie de précision», «de la santé» ou encore «de l’environnement» que d’industrie manufacturière.16 Le dernier PRDD approuvé par le gouvernement le 12 juillet 2018 tend à revaloriser les activités productives au sein d’un périmètre clairement défini: le territoire du canal. Désormais, les activités productives représentent la fonction faible à défendre contre le logement, qui a retrouvé sa place de fonction forte puisqu’il est devenu plus rentable que les bureaux. En 2011, un quart de la superficie utilisée pour les activités productives a été converti en d’autres usages.17 Cette situation est particulièrement observable aujourd’hui dans les Zones de Forte Mixité (ZFM). En effet, les industries s’étant intégrées parfaitement dans le tissu urbain, 13. LEVY, S., La planification sans le plan. Règles et régulation de l’aménagement du territoire bruxellois, ed. VUBPRESS, 2015, p-152. 14. BRUXELLES URBANISME ET PATRIMOINE, Bruxelles. Histoire de planifier. Urbanisme aux 19e et 20e siècles, ed. MARDAGA, collection Architecture et Urbanisme, 2017, p-430. 15. MORITZ, B., Comment construire Bruxelles? Une mise en question des outils contemporains de planification et de fabrication de la ville dans le cadre de l’Ecole d’été 2009 des séminaires llya Progogine, le 26 août 2009. 16. Arrêté du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale du 12 septembre 2002 arrêtant le plan régional de développement, Les priorités, p-29. 17. REGION BRUXELLES-CAPITALE, SOCIETE DE DEVELOPPEMENT POUR LA REGION BRUXELLESCAPITALE, Observatoire des activités productives. Évolution 1997-2011, p-4
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46 %
1.974.800
42 %
2.145.796
Ateliers Werkplaatsen Workshops
586.538
Entrepôts Opslagplaatsen Warehouses
Vides Leegstaand Vacant
4.707.134
Total (m²) Totaal (m²) Total (m²)
il est plus facile 46 de %les transformer en un nouvel immeuble de logements ou en lofts au 80.000 caractère industriel. Selon l’observatoire des activités productives en 2017, 47% des vacances industrielles se sont reconverties en logement sur l’ensemble de la Région et plus de 70% en 18 ZFM.70.000 1.974.800
2.145.796
586.538
4.707.134
80.000
60.000
70.000
50.000
Logement Woongelegenheid Housing
60.000
Equipements Logement Woongelegenheid Voorzieningen Housing Facilities
50.000
40.000
Equipements Commerce Voorzieningen Handel Facilities
40.000
Trade
30.000
Commerce Handel Bureaux Trade
Kantoren
30.000
Bureaux Offices Kantoren Offices Autres
20.000 20.000
10.000
Andere Autres Other Andere Other
10.000
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Fig 4. Conversion par zones d’affectation du PRAS (m²)
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«La séparation des fonctions qui s’est développée dans la ville à donné forme à un secteur immobilier cloisonné se concentrant sur un produit unique (résidentiel, tertiaire, etc.)»19 VACANCE • LEEGSTAND • VACANT PREMISES
C) La ville productive réconciliation urbaine VACANCE • LEEGSTANDcomme • VACANT PREMISES
A vendre / à louer Te koop / te huur For sale / For rent
Projet à l’étude Project in studiefase Project under study
A vendre / de la ville productive 1. Conception à louer Te koop / te huur For sale / For rent
Projet à l’étude Project in studiefase Project under study
Ni sur le marché ni en projet Niet op de markt, geen project le marché Not on Ni thesur market, no ni project en projet
Niet op de markt, geen project Not on the market, no project
Total (m²) Totaal (m²) Total (m²)
Total (m²) Totaal (m²) Total (m²)
La ville productive apparaît donc comme la réconciliation entre les différentes fonctions. Elle serait la ville où l’on produit, travaille et vit; la ville où le zonage serait certes encore présent Equipement Projet économique administrativement, mais non Logement visible pour les habitants et les usagers. Dans son livre Déclin Woning Voorziening Economische project Housing Facility Economicque projectpour comprendre ce qu’est une et survie des grandes villes américaines, Jane Jacobs explique ville il faut considérer tous les mélanges de fonctions et non les fonctions séparément. Selon 98.078 86.722 58.844 elle, il faut que la ville soit le résultat d’un mélange riche pouvant créer des enchevêtrements 173.499 243.644 169.395 586.538 d’activités et ainsi de la diversité.20 C’est d’ailleurs le sujet de la deuxième partie de son livre intitulé La diversité urbaine et ses conditions où elle développe quatre critères pour assurer une diversité dans une ville: 1. Les quartiers doivent posséder plus d’une fonction primaire, 2. Les «blocks» (ou îlots) doivent être de petites dimensions, 3. Les quartiers doivent être composés d’un mélange d’immeubles d’époques différentes et 4. La ville doit avoir une densité suffisamment élevée. Ces quatre conditions peuvent s’appliquer à la ville productive. Elle serait un espace qui conjuguerait ceux hérités du passé et ouvrirait la voie à une organisation Logement Woning Housing
98.078
173.499
Equipement Voorziening Facility
86.722
243.644
Projet économique Economische project Economic project
58.844
169.395
586.538
18. Perspective.brussels, Bruxelles Mobilité, Citydev.brussels, Observatoire des activités productives. Immobilier logistique et état des lieux 2017, p-64 19. LACASSE,G., COLLET,J., Fabriquer le ville productive, A+ n°262, [RE]WORK, octobre/novembre 2016, p-88. 20. JACOBS,J., Déclin et survie des grandes villes américaines, collection Eupalinos, ed. Parenthèses, 1961 pour la version anglaise, 2012 pour la version françaises, p-133 à 134
20
territoriale nouvelle où pourrait se mêler habitat, travail et activités productives (production, artisanat, logistique, commerce etc.) dans un espace accueillant et ouvert. 21 «Pas une cité dortoir, un paradis du shopping ou un musée, mais une ville où vivre et travailler, pas uniquement dans des bureaux, mais aussi dans des ateliers et des industries. C’est également comme cela que naît l’innovation: la ville est le lieu de rencontre des rêveurs, réalisateurs, audacieux et penseurs»22 Le défi de la ville productive est de réinventer des proximités proactives, des nouvelles alternatives de production ainsi que des économies circulaires. Le but serait de re-mélanger ville et production pour améliorer «le processus d’hybridation entre économie locale et mondiale, entre micro et macro stratégie». Réintroduire la production dans la ville permettrait de rendre la ville plus durable, en créant des nouvelles opportunités pour le recyclage par exemple. Le but est d’atténuer les effets néfastes des mutations économiques des cinquante dernières années qui ont bouleversés la place de l’industrie dans nos sociétés et notamment dans les villes. Même s’il est peu probable d’intégrer au système urbain traditionnel l’industrie lourde, trop exigeante en terme de place et inadaptée au développement urbain, il est envisageable de mêler à la ville une industrie plus légère tournée vers les besoins urbains.23 Bruxelles a déjà un grand potentiel productif: elle possède déjà dans ces ZFM des activités productives à préserver, des Zones d’Industries Urbaines (ZIU) à diversifier en terme d’équipement et d’offre de transport en commun, des Zones d’Activités Portuaires et de Transports (ZAPT) à développer et des Zones d’Entreprises en Milieu Urbain (ZEMU) à inventer.
2. Définition «activité productive»
Avant d’aller plus loin, il faut s’attarder sur la définition des activités productives. En effet, quelles activités regroupent-elles ? L’utilisation du terme «activité productive» est plus approprié que celui d’«activité industrielle» puisqu’aujourd’hui la ville doit considérer d’autres fabrications moins traditionnelles, de nature plus immatérielles comme la production audiovisuelle par exemple.24 L’observatoire des activités productives de la Région de Bruxelles considère que les activités productives comprennent «tant le secteur industriel ou artisanal que la production audiovisuelle ou le traitement et le recyclage des déchets, tout comme les ateliers de fabrication et de réparation liés aux transports publics ou les ateliers des garages privés.»25
21. KLOUCHE,J., Architecte l’AUC, ancien lauréat Europan, Comment réconcilier l’habitat et l’activité économique dans un même espace, au cœur de la métropole, texte issu du cahier des charges de l’E14, 2017, p-6 22. WAMBACQ,J., La Ville productive pour les rêveurs, les réalisateurs, les audacieux et le penseurs, article issu du magasine A+ n°262, [Re]Work, octobre/novembre 2016 23. REGION BRUXELLES-CAPITALE, SOCIETE DE DEVELOPPEMENT POUR LA REGION BRUXELLESCAPITALE, Observatoire des activités productives. Évolution 1997-2011, p-2. 24. Ibidem p-4. 25. Ibidem p-2.
21
La glossaire du PRAS défini les activités productives de la manière suivantes: Activités productives «Activités artisanales, activités de haute technologie, activités industrielles, activités de production de services matériels et de biens immatériels. Sont assimilés aux activités productives, les travaux de gestion ou d’administration, l’entreposage et les commerces qui en sont l’accessoire.»26 Cette définition entraîne donc les suivantes: Activités artisanales: «Activités de production où la création, la transformation ou l’entretien de biens meubles s’exerce principalement de manière manuelle et pouvant s’accompagner d’une vente directe au public.»27 Activités industrielles: «Activités de production mécanisée portant sur la fabrication ou la transformation de biens meubles ou sur l’exploitation de sources d’énergie.»28 Activités de hautes technologies: «1° Recherche en laboratoire ou conception utilisant et mettant en œuvre de manière significative des technologies avancées ; 2° Activités productives de biens et de services recourant de manière significative au transfert de technologies en provenance des universités et des instituts supérieurs d’enseignement ou au résultat des recherches d’un laboratoire ou d’un bureau d’études.»29 Activité de production de biens immatériels: «Activités de conception et/ou de production de biens immatériels fondées sur un processus intellectuel ou de communication ou liées à la société de la connaissance (production de biens audiovisuels, de logiciels, studios d’enregistrement, formation professionnelle spécialisée, services pré‐presse, call centers, …) ou encore relevant des technologies de l’environnement.»30
26. Gouvernement de la Région Bruxelles-Capitale, PRAS, Plan régional d’affectation du sol, Dispositions relatives à l’affectation du sol, version coordonnée, août 2017, p 68. 27. Ibidem. 28. Gouvernement de la Région Bruxelles-Capitale, PRAS, Plan régional d’affectation du sol, Dispositions relatives à l’affectation du sol, version coordonnée, août 2017, p 68. 29. Ibidem. 30. Ibidem.
22
Activités de production de services matériels: «Activités de prestation de services ou liées à la prestation de services s’accompagnant du traitement d’un bien indépendamment de son processus de fabrication (ex. : transport de documents, entreposage de biens, services de nettoyage, de dépannage et d’entretien...).»31 L’étude réalisée en décembre 2017 par Alexandre Orban et Claire Scohier, intitulée Évolution des activités productives en Région de Bruxelles-Capitale et besoins des habitants: les discours institutionnels à l’épreuve des faits, a interrogé différentes personnes d’horizons très différents (acteurs institutionnels, chercheurs etc.) en leur posant comme questions: avec vos propres mots, comment définiriez-vous une activité productive ? Qu’est-ce qui la caractérise ? La même question avait été posée au sujet des activités non productives. Voici ce qu’ils ont pu observer : «L’ensemble des acteurs interrogés a répondu. En guise d’exemple d’activités productives, ont été cités la construction d’automobiles, la transformation de viande, l’impression de livres, la réalisation de films, la fabrication de vêtements de mode et d’objets de design, la chocolaterie, la brasserie, la menuiserie, la réparation de vélos, la ferronnerie d’art et les «fablabs». Ce résultat semble relativement correspondre aux activités reprises par le premier rapport de l’Observatoire des activités productives (2012). Du côté des exemples d’activités non productives, on retrouve les cabinets d’avocats (plusieurs fois cités), les administrations et les commerces. Dans le cas de cette question subsidiaire, une forme d’opposition entre activités productives et tertiaires s’exprime plus nettement que dans le PRAS.»32 Il est également important de ne pas négliger les activités logistiques puisque se sont elles qui prennent en charge et organisent les échanges entre producteurs, fournisseurs, intermédiaires et clients finaux.
31. Gouvernement de la Région Bruxelles-Capitale, PRAS, Plan régional d’affectation du sol, Dispositions relatives à l’affectation du sol, version coordonnée, août 2017, p 68. 32. ORBAN, A., SCOHIER, C., Évolution des activités productives en Région de Bruxelles-Capitale et besoins des habitants: les discours institutionnels à l’épreuve des faits, p- 9.
23
Conclusion intermédiaire n°1 Le concept de la ville productive est un concept récent et en construction. Ayant par le passé privilégié les fonctions de bureaux puis de logements, Bruxelles tente de réintégrer une mixité des fonctions. Le but étant d’écarter les systèmes de zonings obsolètes pour favoriser la mixité et créer des espaces urbains de qualité où l’activité productive est assumée et valorisée. Avant d’appréhender les instruments de planification mis en place par le Gouvernement pour atteindre cette vision de la ville-productive à Bruxelles, il est important de comprendre quels sont les types d’activités productives que l’on retrouve dans la zone du canal. Quelles sont les spécificités économiques et productives de Bruxelles ? Après avoir rappelé comment s’est développé le bassin industriel bruxellois, la prochaine partie tentera de dresser un état des lieux des activités productives dans le territoire du canal. Nous verrons également les atouts et les inconvénients à l’implantation des futures activités productives en RBC. Enfin, un catalogue non exhaustif des typologies du bâti présentera les spécificités urbaines de chaque zone du canal (Nord, Centre et Sud).
Partie II – Un territoire productif aux abords du Canal
A) Une présence industrielle depuis le XIIIe siècle
1. Construction de la ville autour de l’axe de la Senne 2. Du Canal de Willebroek au Canal de Charleroi 3. Croissance économique fulgurante 4. Désindustrialisation
B) État des lieux des activités productives C) Atouts et obstacles à l’implantation des futurs activités industrielles en RBC
1. Atouts 2. Obstacles
D) Particularités du territoire du canal 1. Zone Nord 2. Zone Centre 3. Zone Sud
A) Une présence industrielle depuis le XIIIe siècle
1. Construction de la ville autour de l’axe de la Senne
Avant que le canal ne devienne l’élément structurant qu’il est aujourd’hui, c’est la Senne qui endossait ce rôle. En effet, la Senne constitue le berceau de la ville de Bruxelles mais aussi des premières implantations industrielles. La ville serait apparue vers le 10ème siècle dans la zone marécageuse de l’île Saint-Géry. C’est sur ces terres que ce sont érigés les premiers moulins hydrauliques. C’est également dans cette zone que s’effectuait les transbordements des marchandises. Cependant, la Senne était difficilement praticable en amont du fait de ses méandres et ensablements causés par les bas-reliefs.33
2. Du Canal de Willebroek (1550-1560) au Canal de Charleroi (1830-1870)
À partir du 14ème siècle, Bruxelles commence à spécialiser son économie dans les produits de luxe. On y confectionne par exemple le drap le plus fin du pays.34 Son port est alors aménagé au niveau de l’actuelle place Sainte-Catherine. D’ailleurs de nombreuses rues portent des noms qui évoquent ce passé commercial et fluvial (quai du Commerce, quai aux Briques etc.). Cette expansion économique pousse le port à se développer. La Senne n’est alors plus une voie d’eau adaptée à l’exportation et l’importation des marchandises. Charles Quint décide alors d’y remédier en initiant les travaux du Canal de Willebroeck qui relie désormais Bruxelles à Anvers en 30 km au lieu des 120 km en passant par la Senne. 35 Au 15ème et au 16ème siècle, Bruxelles se spécialise dans la tapisserie. Les échanges commerciaux sont en hausse et les cours d’eau deviennent de réels axes structurants pour le transport de marchandises. Cependant la montée progressive de l’industrie lourde implique une meilleure connexion avec les autres villes industrielles. C’est pour cette raison que le tracé du canal est prolongé au 19ème siècle, en direction de Charleroi. Ce dernier est inauguré en 1832 est marque «l’aboutissement de 300 ans de lobbying.».36
3. Croissance économique fulgurante
L’industrie bruxelloise a connu une grande croissance économique à partir du 19ème siècle. Cette Révolution Industrielle a eu pour conséquence de profondes modifications urbaines et sociales: croissance de population, modifications des tracés et industrialisation de la vallée. Bruxelles s’est donc géographiquement et socialement divisée en deux parties : une partie basse et une partie haute, créant ainsi une ségrégation sociale. En effet, les usines se sont implantées en partie basse de la ville pour des raisons topographiques, financières (maind’œuvre et terrains moins chers) et géographiques (proches des canaux et plus tard, du réseau de chemin de fer). ² 33. ADT, Agence de développement territorial ASBL, Canal, vous avez dit Canal?, p-19 à 18 34. JACOBS,R.., Hymne au compromis, propos recueillis par VANDENBERGH,S., issu du livre Bruxelles [dans] 20 ans, Cahier de l’ADT n°7, janvier 2009, p-35. 35. Ibidem. 36. Ibidem
28
Fig 5. «Carte figurative des entreprises industrielles dans bruxelles (1910), dessinée par A. Verwest et F. xhardez. Les vignettes sont gravées par M. Vandroost. Cette carte, produite à l’occasion de l’Exposition de 1910 à l’initiative des industriels bruxellois, illustre à la fois le souci de la qualité architecturale des bâtiments industriels et leur localisation privilégiée dans le bas de la ville et les faubourgs proches (© La Fonderie).» (http://patrimoine.brussels.be)
29
0m
0m
-1 00 m 011 0m 11 012 0m 12 013 0m 10
90
0m
0m
0m -8
-9 80
70
0m
0m
-5
-6
-3
-2
-4
30
40
20
50
60
10
m 0m 20m 30m 0m 30m 40m 50m 60m 70m 80m 90m 100 11 1 1 -2 00080 30 40 10 90 10 11 12 20 50 60 70
La Région connaît des dénivelés importants entre le point le plus élevé qui culmine à 131 mètres d’altitude et le point le plus bas situé dans la vallée
de la Senne à seulement 15 mètres. La courbe de niveau de 20 mètres limite les portions de la vallée autrefois sujettes à débordements, celle de 30 mètres délimite le fond de vallée alluviale. Source: Institut géographique national
de la Senne à seulement 15 mètres. La courbe de niveau de 20 mètres limite les portions de la vallée autrefois sujettes à débordements, celle de 30 mètres délimite le fond de vallée alluviale.
La Région connaît des dénivelés importants entre le point le plus élevé qui culmine à 131 mètres d’altitude et le point le plus bas situé dans la vallée
Source: Institut géographique national
-7 0m
«L’industrie et l’habitat ouvrier, imbriqués, s’étendent progressivement dans l’axe du canal et sur les très faibles pentes de la rive gauche, essentiellement à Molenbeek-Saint-Jean et Anderlecht.»37
Fig 6. «La Région connaît des dénivelés importants entre le point le plus élevé qui culmine à 131 mètres d’altitude et le point le plus bas situé dans la vallée de la Senne à seulement 15 mètres. La courbe au niveau des 20 mètres limite les portions de la vallée autrefois sujettes à débordements, celle de 30 mètres délimite le fond de vallée alluviale.» (ADT, Canal, vous avez dit canal ? p-19)
La Région, dans ses limites actuelles, est devenue dès 1920 la ville la plus industrialisée du pays, passant devant Liège (par son volume d’ouvriers) et Charleroi, déjà devancée depuis la veille de la guerre 14-18. Bruxelles disposait d’une main-d’œuvre diversifiée et souvent qualifiée. L’innovation technologique définissait Bruxelles jusqu’à la seconde guerre mondiale.38 L’une des spécificités de Bruxelles est que la ville possédait à la fois des industries typiques avec des localisations urbaines (comme des brasseries, des fabrications de tabac, de vêtements ou de cuirs, des imprimeries, des cartonneries ou encore des industries pharmaceutiques) et de l’industrie lourde avec une implantation au cœur des grands bassins de main-d’œuvre qualifiée et des marchés (comme la construction mécanique, électrique ou automobile).39 L’entreprise familiale D’Ieteren (actuellement Audi), fondée par Joseph D’Ieteren en 1805, a connu les deux types d’implantation. D’abord installée en centre-ville pour la confection de carrosses, l’entreprise s’est ensuite délocalisée à Forest en 1949 pour y construire la grande usine que l’on retrouve aujourd’hui pour se consacrer à l’assemblage de voiture (on y montait à l’époque les Coccinelles Volkswagen).40 37. WAYENS, B., Territoire et quartiers: mis en place et (re-)production de la mosaïque urbaine, issu du livre Bruxelles [dans] 20 ans, Cahier de l’ADT n°7, janvier 2009, p-90. 38. Société Royale Belge de Géographie, La Fonderie, Commission Française de la Culture, Itinéraire du paysage industriel bruxellois, ed. Hommes et Paysages, 1989, p-3 39. VANDERMOTTEN,C., L’état de l’économie bruxelloise, vingt ans après la création de la Région, issu du livre Bruxelles [dans] 20 ans, Cahier de l’ADT n°7, janvier 2009, p-265 40. REGION BRUXELLES-CAPITALE, SOCIETE DE DEVELOPPEMENT POUR LA REGION BRUXELLESCAPITALE, Observatoire des activités productives. Évolution 1997-2011, p-6
30
Après la première guerre mondiale, Bruxelles était la première ville industrielle de Belgique devant Anvers jusqu’au début des années 1970. Le secteur comptait 166.000 emplois industriels manufacturiers en 1947 et 158.000 en 1970. Bruxelles représentait durant cette période, 12% de l’emploi manufacturier national. En 1991, les chiffres chutent significativement et annoncent la future désindustrialisation puisqu’on ne recense plus que 67.000 emplois manufacturiers. De plus, 45% de ces derniers sont employés, autrement dit des personnes qui travaillent dans des sièges sociaux et non dans des activités productives à proprement parlé.41
4. Désindustrialisation
Les causes de cette désindustrialisation bruxelloise peuvent s’expliquer pour diverses raisons. D’une part, du fait que les activités productives se sont progressivement transférées vers la périphérie pour répondre au développement du transport automobile, aux difficultés de circulation, aux prix bas du foncier que proposent les terrains en périphérie. D’autre part, et c’est l’une des principales raisons, il s’agit de fermetures pures et simples des activités industrielles liées à une recomposition globale du tissu économique.42 On peut également considérer que la désindustrialisation s’est accompagnée par une tertiarisation progressive de l’économie du travail, proposant ainsi des emplois moins pénibles. «La mécanisation impose aussi une architecture industrielle horizontale consommatrice d’espace, alors que le travail de bureau peut se faire dans des bâtiments en hauteur, qui rentabilisent bien plus les coûts du terrain. Dès lors, les industries vont avoir tendance à quitter la ville centrale et à s’installer en périphérie, dans des parcs industriels. La ville dense se désindustrialise, tant du fait de l’évolution de sa part dans l’économie que des contraintes de l’espace urbain.»43 Aujourd’hui, l’emploi manufacturier ne représente plus que 5% de l’emploi total de la Région (soit 38.000 emplois) et l’usine d’Audi à Forest reste l’une des seules grandes entreprises industrielles dans le territoire Régional. Sa localisation intra-urbaine est d’ailleurs une exception et on peut s’interroger sur ses chances de maintien. Cette désindustrialisation a provoqué l’apparition de friches industrielles ainsi qu’une détérioration du bâti aux abords du canal, plus particulièrement dans sa partie centrale. Cette dégénérescence s’est accompagnée d’une dégradation sociale, notamment en terme de revenu et d’emploi. Lors de la création de la Région en 1989, le Gouvernement a voulu multiplier les initiatives pour endiguer ce phénomène par le biais de contrats de quartier ou encore par la créations de Zones de Revitalisation Urbaines qui ont permis de revitaliser certains quartiers. Cependant, beaucoup d’autres, restent en difficulté malgré leurs grands potentiels.44 41. VANDERMOTTEN,C., L’état de l’économie bruxelloise, vingt ans après la création de la Région, issu du livre Bruxelles [dans] 20 ans, Cahier de l’ADT n°7, janvier 2009, p-265 et 266 42. Ibidem, p-266. 43.WAYENS, B., Territoire et quartiers: mis en place et (re-)production de la mosaïque urbaine, issu du livre Bruxelles [dans] 20 ans, Cahier de l’ADT n°7, janvier 2009, p-93. 44. http://canal.brussels/fr/territoire/histoire
31
«“Cela vaut-il encore la peine de se battre pour conserver un ancrage industriel belge, alors que le centre de gravité de l’économie glisse de plus en plus vers le secteur tertiaire ? […] Il faut briser le fatalisme qui voudrait que l’industrie manufacturière soit condamnée à la disparition, à l’image de ce qui est arrivé à l’agriculture au siècle dernier. Cette vision est erronée. [...]En Allemagne au contraire, chacun est imprégné de la nécessité vitale de préserver un ancrage industriel fort, et ce quel que soit le prix qu’il en coûte.”»45
B) État des lieux des activités productives La désindustrialisation n’est pas à prendre comme une fatalité. En effet, Bruxelles a la possibilité de rebondir et surtout de développer de nouvelles activités économiques. L’activité industrielle ne peut plus être celle du passé. Elle doit se réinventer et s’adapter aux défis contemporains. Pour cela, il faut établir un bref état des lieux de la situation économique bruxelloise afin d’en établir ses spécificités. Tout d’abord en terme de surface, on peut noter le fait que le nombre de mètres carrés des locaux consacrés aux activités productives a progressivement baissé depuis 1999 et a tendance a se stabiliser depuis 2011 (même si on constate une diminution en 2017 d’environ 7 000 m²). Il est important de noter que l’ensemble des données qui suivent ne prennent pas en compte les bureaux accessoires aux ateliers et entrepôts. Années m²
1999 5.777.412
2011 4.714.077
2017 4.707.134
Fig 7. Évolution des locaux industriels de Bruxelles
L’observatoire des activités économiques de 2017 répertorie les locaux industriels en différentes catégories : 12 % 42 %
Ateliers Werkplaatsen Workshops
46 %
1.974.800
- ateliers (42% soit 1.974.800 m²), - entrepôts (46%, soit 2.145.796 m²), - vides (12% soit 586.538 m²).46
Entrepôts Opslagplaatsen Warehouses
Vides Leegstaand Vacant
2.145.796
586.538
Total (m²) Totaal (m²) Total (m²)
4.707.134
80.000
45.70.000 NOELS,G., Il reste de l’avenir pour l’industrie en Belgique, L’Écho, 8 septembre 2010, p. 3 issu de l’Observatoire des activités productives. Évolution 1997-2011, p-6. 46.60.000 Perspective.brussels, Bruxelles Mobilité, Citydev.brussels, Observatoire des activités productives. Immobilier logistique et Logement Woongelegenheid état des lieux 2017, p-41. Housing 50.000
40.000
32
30.000
20.000
Equipements Voorzieningen Facilities Commerce Handel Trade Bureaux Kantoren Offices
CARTE 5 : ÉVOLUTION 2011-2017 PAR QUARTIER INDUSTRIEL CARTE 6 : ATELIERS ET ENTREPÔTS EN 2011 ET 2017
250.000 m
500.000 m²
100.000 m 50.000 m 25.000 m
250.000 m²
2
2 2 2
100.000 m²
0
1
2
3
4
km
0
Activités productives en 2011
Démoli
Activités productives en 2017
Nouveau
43
1
2
3
4
km
45
Évolution 2011-2017
Superficie 2017
Quartier industriel
Quartier industriel
Fig 8. A gauche, l’évolution du nombre de m² dédiés aux activités productives entre 2011et 2017 par quartier industriel . A droite, les ateliers et entrepôts en 2011 et 2017.
Une grande majorité des activités productives se retrouvent dans l’axe historique de 1,5 km du canal. Le choix géographique des entreprises est notamment dû, comme nous l’avons expliqué plus haut, à la proximité des axes ferroviaires et routiers ainsi qu’aux besoins d’espaces (bâtiments, espaces de manœuvre, espaces de chargement/déchargement etc.) Ainsi, on retrouve dans la partie centrale du canal, un tissu industriel qui s’immisce dans un parcellaire serré composé de constructions anciennes datant de la fin du 19ème siècle jusqu’aux alentours de 1960. Dans les zones plus périphériques, le long du canal, on trouve un ordre plus ouvert avec de larges parcelles regroupant ainsi des typologies telle que le parc d’activités. 47 On remarque que dans la partie centrale du canal, le nombre de mètres carrés dédiés aux activités productives est en baisse depuis 2011. Une attention particulière est donc à apporter dans ce quartier industriel. En revanche, on note une légère augmentation des surfaces dans les parties nord et sud du canal (Fig.8). Chaque quartier possède ses propres spécificités en terme d’activités et de typologies de bâti industriel. En effet, le centre du canal comprend davantage d’entrepôts que d’ateliers, notamment dans le secteur du commerce de gros. C’est d’ailleurs la partie de la ville où l’on retrouve le plus de surfaces d’entreposage. Ces résultats sont notamment dus au projet du Transport International Routier (TIR) qui possède une surface de 160 000 m². On retrouve 47. Perspective.brussels, Bruxelles Mobilité, Citydev.brussels, Observatoire des activités productives. Immobilier logistique et état des lieux 2017, p-44.
33
CARTE 7 : ATELIERS, PAR SECTEUR D’ACTIVITÉS ET PAR QUARTIER INDUSTRIEL
0
Q S
1
2
3
CARTE 8 : ENTREPÔTS, PAR TYPE D’OCCUPATION ET PAR QUARTIER INDUSTRIEL
4
km
0
1
2
3
4
km
Transformation alimentaire
Réseaux
Construction
Réseaux
Transformation du papier/ carton et édition/imprimerie
Autres ateliers
Commerce de gros
Autres entrepôts
Fabrication métallique construction mécanique
Quartier industriel
Transport
Quartier industriel
et
Fig.9. A gauche, la part des ateliers par secteur d’activité et par quartier industriel. A droite, la part des entrepôts, par type d’occupation et par quartier industriel.
également une grande surface d’entreposage dans la partie nord du canal. Quant aux ateliers, ils se situent davantage dans la partie sud et sont surtout affectés à la fabrication métallique et à la construction mécanique. On remarque que le commerce de gros est le secteur qui consomme le plus de superficie d’entreposage dans tous les différents quartiers industriels.48 C’est données sont intéressantes pour se faire une idée de la situation globale de l’emploi dans les différents secteurs d’activités. En ce qui concerne les bâtiments vides, plusieurs catégories de vacances sont à prendre en compte : - les bâtiments qui sont à vendre ou à louer (concerne les bâtiments modernes qui peuvent facilement être réutilisés à des fins économiques ou à d’autres fonctions urbaines); -les projets à l’étude (concerne les bâtiments ou surfaces vides qui font l’objet d’une étude en vue d’une transformation ou d’une démolition); - les abandons et les abandons prolongés (concerne les surfaces vides qui ne sont ni en projet, ni sur le marché. Cette catégorie regroupe les bâtiments abandonnés et en mauvais état. La plupart de ces derniers ont un caractère patrimonial, ce qui peut constituer un frein pour les rénovations lourdes).49 48. Perspective.brussels, Bruxelles Mobilité, Citydev.brussels, Observatoire des activités productives. Immobilier logistique et état des lieux 2017, p-46 et 47. 49. Ibidem p-59.
34
Vacances A vendre / à louer
Projet à l’étude
Ni sur le marché, ni en projet
Logements
Équipements
Projets économiques
98.078
86.722
58.844
173.499
243.644
169.395
Total
586.538
Fig.10 . Vacance immobilière en RBC en m²
Depuis 2011, un grand nombre d’anciens bâtiments industriels ont été convertis50 en d’autres fonctions. En effet, on dénombre 434 126 m² de surfaces reconverties en différentes catégories:
- logements - commerces - bureaux - équipements51
Comme nous avons pu l’expliquer plut tôt, ce sont les ZFM qui sont le plus touchées par ce phénomène, où les anciens locaux industriels ont surtout été convertis en logements (plus de 70%). Beaucoup d’anciens bâtiments industriels se sont également transformés en bureaux, en équipements ou en commerces (plus ou moins 30% pour les trois fonctions). C’est également le cas en ZEMU mais en proportion moindre (environ 25% se sont transformés en logement, moins de 5% se sont transformés en bureaux). En ZIU, la majorité des anciens sites industriels se sont principalement transformés en commerces (environ 30%). Ces derniers sont généralement des grands bâtiments horizontaux en rez-de-chaussée, comme on peut trouver dans le zoning industriel d’Anderlecht.
50. On entend par conversion le fait qu’un permis d’urbanisme ait été délivré. 51. Perspective.brussels, Bruxelles Mobilité, Citydev.brussels, Observatoire des activités productives. Immobilier logistique et état des lieux 2017, p-62
35
C) Atouts et obstacles à l’implantation des futurs activités productives en RBC 1. Atouts
- Une position stratégique
Bruxelles détient une place centrale au sein d’un espace fortement urbanisé en Europe du Nord-Ouest. Son statut de capitale fait qu’on y retrouve de nombreuses organisations internationales et offre une proximité avec les grands centres économiques. De plus, elle possède une excellente connexion avec les différents réseaux de transports vers l’extérieur (TGV, avion, canal, autoroutes etc.)
- Des espaces historiquement industriels
Le passé industriel de la ville permet de profiter d’un maintien d’une certaine activité déjà présente et de bénéficier d’un foncier adapté à l’implantation de nouvelles activités économiques. De nouvelles synergies pourraient être ainsi créées entre les différentes entreprises.52
- Une réserve de main d’œuvre importante
Bruxelles peut profiter de sa démographie dynamique et de sa population jeune. Elle dispose d’une réserve de main-d’œuvre abondante et en croissance. De plus, cette dernière est variée et qualifiée. «Moyennant une offre de formations appropriées, la Région peut (pourrait) facilement répondre aux besoins en main-d’œuvre de son économie. Reste à créer l’emploi.»53
- Des universités et hautes écoles
Bruxelles bénéficie de trois universités (ULB, VUB, FUSL), de filières et de formations assez développées ainsi qu’une forte présence de centres de recherches dans le secteur public et dans l’enseignement. Ainsi, Bruxelles s’est spécialisée ces dernières années dans le domaine de la connaissance et plus particulièrement dans «la technologie de l’information (+111% entre 1996 et 2014) ou encore de la santé et du travail social (+57% entre 1998 et 2014)»54
- La perspective d’une économie circulaire
Bruxelles compte 93.000 entreprises actives et détient le plus haut taux de création d’entreprises en Belgique. Sa position stratégique en Europe, ses projets de structure d’incubation (comme Greenbiz par exemple), sa politique environnementale active en font la parfaite candidate pour devenir la «ville pilote» pour le développement d’une économie circulaire. 55 52. REGION DE BRUXELLES CAPITALE, Plan Régional de Développement Durable 2018, p-117. 53. CEPAG asbl, Centre d’éducation populaire André Génot, Un plan industriel bruxellois, fiche d’actualité 2016-3, octobre 2016, p-7. 54. Ibidem, p-8. 55. Ibidem.
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2. Obstacles
- Un manque de place et une pression foncière
Même si Bruxelles possède un tissu qui peut profiter de son passé industriel, il n’en demeure pas moins que les limites régionale ne sont pas extensibles. Selon les besoins des entrepreneurs bruxellois en 2016, il existerait trop peu d’espaces pour accueillir des activités productives. De plus, le PRAS démographique ne prévoit selon eux pas assez d’espaces pour ces dernières. Fait contradictoire, Citydev a relevé que 8500 m² d’activités productives disparaissent chaque mois alors que la Région n’arrive pas à satisfaire toutes les demandes d’implantation des nouvelles entreprises qui ne cessent d’augmenter (62% en 2009, 84% en 2012). De plus, «quatre demandes de relocalisation sur cinq émanant des entreprises concernent une relocalisation intra-bruxelloise.» Il existe donc bien une demande importante d’implantation en RBC qui ne correspond pas à l’offre de terrains. De plus, nombreux sont les propriétaires désireux de rentabiliser d’avantages leurs parcelles en y construisant du logement, plus rentable que l’activité productive.56
- Les problèmes de mobilité
Bruxelles dispose également de problèmes liés à une mobilité qui n’est pas utilisée dans ses capacités maximales. Par exemple, les réseaux ferroviaires et fluviaux sont sous utilisés alors qu’une péniche équivaut à trente camions. 57 De plus, une grande partie des travailleurs bruxellois sont des navetteurs ayant pour conséquence une congestion automobile qui rend difficile les transports de marchandises ainsi qu’une difficulté pour les travailleurs de rejoindre leur lieu de travail.58
56. CEPAG asbl, Centre d’éducation populaire André Génot, Un plan industriel bruxellois, fiche d’actualité 2016-3, octobre 2016, p-6 57. BABAR, L., SCOHIER, C., L’impact des projets immobiliers dans la zone industrielle d’Anderlecht, réalisée en 2013 58. Ibidem
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D) ParticularitĂŠs du territoire du Canal.
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Le territoire du canal est difficile à cerner à cause de sa diversité et sa complexité. De plus, c’est un territoire en perpétuel changement. C’est un espace qui est marqué par sa topographie puisque la Zone Canal est ancrée dans la vallée de la Senne. En fonction que l’on soit dans la partie nord, centrale ou sud, les industries adoptent des implantations différentes et peuvent se regrouper le long des berges ou s’immiscer dans le tissu urbain plus ou moins serré.
ZONE NORD 800 77
Industrie Nord Heembeek ZONE CENTRE
18 21 20
Partie Nord Quartier Maritime Quartier Nord Vieux Laeken Est
2 3 10
Partie Est Dansaert Begquinage – Dixmude Anneessens
14 16 805
Partie Ouest Duchesse Molenbeek Historique Industrie Birmingham Partie Sud
12 13
Cureghem Vétérinaire Cureghem Rosee ZONE SUD
50 51 52 53 58 803
Bas-Forest Van Volxem – Van Helen Veewyde - Aurore Biezt - Roue - Ceria Anderlecht centre - Wayez Industrie Sud
39
Tournée vers la mer, cette partie du canal possède encore une activité portuaire importante, avec de grands espaces de transbordement et de stockage liés au transport de matériaux lourds ou au commerce de gros. On y retrouve le quartier du port de Buda, à la limite entre la Région de Bruxelles-Capitale et la Région Flamande. Plus on avance sur la chaussée de Vilvorde, plus on a l’impression de quitter la ville. Ce sentiment se confirme lorsque l’on croise les grandes plate-formes portuaires ou lorsque l’on veut se rapprocher du pont levant de Buda. On retrouve la Senne côté rive droite, qui traverse la station d’épuration de Bruxelles Nord, visible seulement par les curieux qui osent s’aventurer. Grues, minoterie, entrepôts, ponctuent ce panorama aéré de la zone nord du canal
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Landmark Formes industrielles spécifiques Bâtiments historiques et remarquables Typologies habitat Espacs ouvert Traversées Canal
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42
43
Espace ouvert
Typologies habitat
Bâtiments historiques et remarquables Formes industrielles spÊcifiques Landmark
La partie centrale du canal a une vocation plus urbaine. Elle est caractérisée par un tissu mixte et dense composé d’ateliers et d’habitations, procurant une certaine tension positive entre les différentes fonctions. C’est une partie très bien desservie par les transports en commun, proche du centre historique. Vers Birmingham, la canal traverse un tissu industriel remarquable qui se mêle aux autres fonctions de la ville, offrant un mélange de styles et d’époques jusqu’au quartier Heyvaert. Les jours de marchés, les abattoirs se réveillent et offrent un lieu de sociabilité à l’échelle de la ville. Le quartier de Sainclette est marqué par les bassins, Béco et Vergote. Le premier promis à la culture et aux loisirs, le second dédié au ciment et à la ferraille. Est-il envisageable de réunir les deux ? Hangars, usines à béton et ponts roulants ornent encore trop timidement les berges du canal. Cette esthétique industrielle historiquement intégrée dans le tissu traditionnel n’attend plus qu’à être révélée.
LM
Landmark Formes industrielles spécifiques Bâtiments historiques et remarquables Typologies habitat Espace ouvert Traversées Canal
LM
46
47
Espace ouvert
Typologies habitat
Bâtiments historiques et remarquables Formes industrielles spÊcifiques Landmark
La partie Sud du canal débute aux alentours du pont de Cureghem. Ses abords présentent côté rive gauche des quartiers résidentiels (anciennes maisons ouvrières et tour de logements Etrimo) et rive droite des entreprises (qui perdent progressivement leur caractère industriel). Le canal se compose de deux bassins, le bassin de Batelage et le bassin de Biestebroeck. Plus au sud se trouve la zone industrielle d’Anderlecht. On y retrouve majoritairement des bâtiments économiques avec des typologies de bâtiments différentes comme des entrepôts, des usines, des showrooms, des bâtiments commerciaux ou encore des bureaux. L’ancienne lainière d’Aoust, présente sur le site depuis 1830, représente un élément de patrimoine industriel à préserver et à valoriser. La Senne, peu visible et difficile d’accès, coule à travers un paysage de hangars et d’entrepôt. Pourtant, c’est l’un des seuls endroits où elle est encore à ciel ouvert. Lorsque l’on traverse un des ponts de la zone sud, la vue se dégage sur les tours du campus Ceria, véritables points de repère dans le paysage.
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Landmark Formes industrielles spécifiques Bâtiments historiques et remarquables Typologies habitat Espace ouvert Traversées Canal
LM
LM
LM
50
51
Espace ouvert
Typologie habitat
Bâtiment historiques et remarquable Forme industrielle spÊcifique Landmark
Conclusion intermédiaire n°2 Le territoire du canal est riche et chargé d’histoire. Il est propice à l’implantation des activités productives en zone urbaines malgré quelques inconvénients liés aux nuisances de certaines. Il est nécessaire d’intégrer une certaine urbanité pour les zonings, afin d’améliorer le cadre de vie des travailleurs et des habitants. Pas nécessairement en y introduisant du logement mais plutôt des équipements, de l’espace public ou de l’espace ouvert qui dialogueraient davantage avec le contexte. Pour entreprendre ce type de démarche, il est important de développer une vision claire et innovante pour Bruxelles. C’est pour cette raison que le Gouvernement bruxellois s’est doté d’une vision pour le territoire du canal, celle d’une ville productive. La prochaine partie nous aidera à comprendre comment le périmètre régional de la Zone Canal s’est dessiné au fur et à mesure des différentes politiques urbaines et analysera les différents outils qui permettent la mise en œuvre de cette vision.
Partie III – Gouvernance et fabrication de la ville productive
A) Processus de développement et mise en application d’une vision
1. Ligne du temps: construction progressive de la ville-productive 2. Hiérarchie des plans 3. Vue d’ensemble des acteurs régionaux
B) Définition d’un périmètre régional
1. Premier Schéma Directeur Canal 2. Les plans de développement régionaux et internationaux 3. Plan-Canal d’Alexandre Chemetoff 4. Plan-Canal 2015-2015 5. 10 sites prioritaires de développement
C) De la planification à l’action: outils stratégiques et réglementaires
1. Une équipe Canal : un urbanisme de projet négocié 2. PRAS démographique et périmètre opérationnel 3. PAD, CQD et CRU : des outils au service d’une vision 4. Le plan de qualité paysagère: couture entre espace ouvert et espace construit
A) Processus de développement et mise en application d’une vision 1993 Création Beliris FEDER Urban I
1989 Schéma Directeur Canal
1994 Création Contrat de Quartier
1995
1990
1985
1980
1995 PRD I
1989 Création de la Région Bruxelles-Capitale
19 communes à Bruxelles
Gouvernance urbaine
instruments de planification urbaine à valeur: - stratéGique - réGlementaire - transversale
projets emblématiques zone canal: - nord (1 - 3) - centre (4 - 6) - sud (7 - 9)
1 Parc à conteneurs, Be Exemplary 16 (PU: 2017)
4 Village de la construction (2017)
2 Terminal à passagers (inaug. : av. 2018)
5 Intégration du site InterBéton (PU: 2018)
3 Roll-on / Roll-off (récep. offre: août 2018)
6 Kanal (concours remporté: 2018)
MO / MOe : Bruxelles Propreté / A229 MO / MOe : Port de Bruxelles MO / MOe : Port de Bruxelles
contexte économique, politique et social
MO / MOe : Port de Bruxelles / TETRA architecten
MO / MOe : Interbéton / BC architects, Jasper-Eyers MO / MOe : SAU / noA, EM2N, Sergison Bates
jusqu’en 1994 Mauvaise image de l’urbanisme de la ville: fraude, favoritisme...
2000 FEDER Urban II
2012 Plan Canal Chemetoff
2004 CoBAT 19 PCD réalisés
mai 2001 PRAS I 2002 PRD II
2005 CEE / CET 2006 FEDER 2007 PDI
2013 PRAS démographique
2016 CRU 2020
2015
2010
2005
2018 PRDD vII
2014 PRDD vI 2009
2000
2017 CoDT PAD
2013 FEDER Objective 2013
oct. 2012 Désignation de l’équipe Chemetoff et Associés
fév. 2015 Création équipe Canal oct. 2015 SAU désigne 3 chefs de projet
sept. 2013 Approbation Plan Canal mars 2014 Développement Zone Canal
Suite à une consultation internationale pour la réalisation du plan directeur
Le gouvernement RBC approuve le rapport intermédiaire et sélectionne 6 sites témoins: Biestebroeck, Birmingham, Heyvaert, Béco, Vergote, Buda
Le Ministre-Président de la RBC présente à l’occasion du Mipim à Cannes, les options du développement de la zone du Canal (Biestebroeck, Birmingham et Vergote) bMa : pilote de la vision canal
Adoption par le gouvernement de la méthodologie du Plan Canal et définition d’un plan opérationnel sur 10 ans Trois chefs de projet désignés pour le développement du périmètre opérationnel
déc. 2014 - 2019 Kristiann Borret nommé Maître architecte 2015 - 2025 Plan Canal
7 Urbanities (concours rendu : mars 2018)
1 4
MO / MOe : Rivand / MSA, plusofficearchitects, B2Ai
8 Nautilus (livraison prévue 2019)
MO / MOe : Eaglestone
9 CityDox (déb. trav. 2016, fin prévue 2019)
MO/MOe:Atenor/architectesassoc.,ETAU,Art&Built 1/5 des habitants de Bruxelles vivent dans la zone du canal
2 3 5 6 7
8 9
Zone Canal : Plus haut taux de chômage du pays, principalement chez les jeunes
58
2. Hiérarchie des plans
Région Communes
Plans stratégiques
Plans réglementaires
PRDD PCD
PRAS PPAS
Plans stratégiques et réglementaires PAD
Autres plans
RRU RCU
3. Vue d’ensemble des acteurs régionaux
Développement économique et emploi
Port et canal Développement urbain et statistique
Logement (classe moyenne et logements sociaux) Développement environnemental Transports publics Tourisme
- citydev.brussel - Actiris - finance.brussel -impulse.brussel - Atrium - Port de Bruxelles - perspective.brussel - Équipe-Canal - citydev.brussel - SLRB - Bruxelles environnement - STIB - visit.brussel
59
B) Définition d’un périmètre régional
1. Le premier Schéma Directeur Canal Le Schéma directeur Canal date de la création de la Région en 1989. Il avait pour périmètre d’application une zone qui s’étendait du pont Paepsem à Anderlecht jusqu’au square Jules de Trooz au Nord.59 «Fortement imprégné par l’imaginaire londonien des Docklands, le ‘‘Schéma directeur Canal’’ tente de réaliser une synthèse entre des questions liées au logement, à l’économie et au cadre de vie. Son intérêt principal réside dans le fait de décliner une vision régionale claire tant sur le devenir du canal en tant que voie d’eau que par rapport au devenir des quartiers situés de part et d’autre de celui-ci»60
Ce dernier abordait des thématiques très actuelles comme le développement de l’axe nordsud du canal, la multiplication les continuités urbaines pour réduire la rupture entre les deux rives engendrée par le canal, la création d’un nouveau front bâti continu qui donnerait une nouvelle façade urbaine au canal, la densification et le remaillage le tissu urbain, la création d’une mixité entre les activités économiques et l’habitat. Ce Schéma directeur Canal n’a pas été réellement réalisé faute de volet opérationnel performant. Le manque de moyens financiers, de concertations et de partenariats Région/Communes, ont fait tomber ce plan dans l’oubli puisqu’aucun des futurs PRD n’en fait mention. Seuls quelques interventions timides restent de ce projet.61
2. Les plans de développement régionaux et internationaux
- PRD I
PIR n° 7
Le premier Plan Régional de Développement n’identifie plus de périmètre autour du canal. Comme nous l’avons expliqué plus haut, les objectifs en 1995 sont de lutter contre l’exode urbain et de protéger le logement. Ce plan introduisait la notion de Périmètre d’Intérêt Régional. Seul le PIR n°7 de la Porte de Ninove est en lien direct avec le canal. Ce périmètre est affecté en zone administrative et en zone d’espaces verts.
59. MORITZ,B., Une vision d’ensemble nécessaire: petite histoire de la planification autour du canal, issu de la publication de l’ADT, Canal, vous avez dit Canal?, 2015, p-205. 60. Ibidem. 61. Ibidem.
60
- PRD II
En 2002, on remarque qu’une zone se dessine progressivement autour du canal même si cette dernière est encore discontinue. Le PRD II définit plusieurs Zones Leviers ainsi que des Zones d’Intérêt Régional (définies dans le PRAS de 2001). C’est le temps des planifications urbaines avec les schémas directeurs, instruments de base qui organisent les Zones Leviers. Plusieurs d’entre-elles concernent le canal comme la zone de Tour&Taxi ou celle de Willebroeck. Ces Zones Leviers arrivent après le PRAS de 2011. De ce fait, elle ne peuvent pas avoir de valeur juridique. On notera également que la carte «Projet de ville» du PRD identifie une «zone du canal» ainsi qu’une «zone objectif» qui entourent la zone centrale du canal. Cependant, on ne peut pas encore parler d’une réelle vision.
- PDI Le Plan de Développement International est également un document d’orientation. Il a été adopté par le Gouvernement fin 2007. Ce dernier vise à encourager une dynamique internationale autour de Bruxelles et à développer son caractère européen. Ce dernier définit dix zones stratégiques qui se superposent aux Zones Leviers du PRD II et aux ZIR du PRAS (destinées à accueillir des équipements collectifs d’envergure régionale ainsi que de grandes infrastructures). Plusieurs de ces zones concernent le canal: Schaerbeek Formation, Héliport, Willebroeck et Tour&Taxi. Le PDI ne mentionne ni Biestebroeck, ni la Porte de Ninove.
3. Le plan-Canal d’Alexandre Chemetoff
Consciente du potentiel du canal et des enjeux autour de ce dernier, la Région décide en 2012 de s’investir dans le développement d’une vision et d’une stratégie d’intervention cohérente sur l’ensemble du territoire du canal.62 Cette dernière sera pilotée par Alexandre Chemetoff, architecte urbaniste et paysagiste notamment connu pour son intervention sur l’île de Nantes. Il sera accompagné par une équipe pluridisciplinaire internationale.
62. HEUGHEBAERT,C., Le Plan Canal, un «domaine régional» au service de l’action, issu de la publication de l’ADT, Canal, vous avez dit Canal?, 2015, p-231.
61
Ce Plan Canal vise à relever trois défis majeurs: - Répondre au boom démographique ainsi qu’aux besoins en logements et équipements qui en découlent. - Créer une nouvelle centralité urbaine ainsi qu’un lien entre les différents quartiers par l’espace public.
- Redéployer l’activité économique urbaine porteuse d’emploi.63
Cette nouvelle dynamique marque la naissance du principe de la ville productive à Bruxelles. En effet, c’est à ce moment qu’il y eut une réelle prise de conscience du potentiel industriel. L’objectif principal de ce plan stratégique est de prouver qu’il est possible de faire coexister des fonctions urbaines différentes, plus particulièrement le logement et les activités portuaires. Le plan prévoit également de revaloriser les abords du canal en créant de l’habitat abordable et qualitatif. «Comment la ville pourrait-elle cesser d’être le lieu où se côtoient et sont associés les activités économiques, les ateliers, les chantiers, les logements, les promenades et les musées, sans se renier elle-même ni renoncer à sa vocation première ?»64 L’étude souhaite profiter de l’ancrage du canal dans le pays. En effet, la zone du canal est rattachée à un territoire plus grand qui s’étend d’Anvers à Charleroi. Ainsi, c’est une zone stratégique aux dimensions métropolitaines.65 Durant 9 mois, l’équipe de Chemetoff a parcouru le territoire pour en connaître ses spécificités et ainsi identifier des pistes de projets. L’étude a permis de relever de multiples endroits aux qualités paysagères jusqu’alors insoupçonnées et d’accumuler de la connaissance à travers la réalisations de différentes cartes thématiques et par la pratique du projet in situ.66 Afin d’éviter les erreurs commises durant le Schéma Canal de 1989, l’équipe de Chemotoff a organisé plusieurs ateliers mobilisant les acteurs publics concernés par les portions de territoire utilisées, dans le but d’anticiper le volet opérationnel. Ces derniers avaient également pour but l’élaboration d’une vision commune du territoire non pas par une approche «top-down» mais plutôt par une concertation des acteurs autour des ressources existantes.67 Le processus du Plan Canal a permis d’aboutir à : - une cartographie de la situation existante, ainsi que des potentiels de projets pour chaque zone; - la définition d’un «domaine régional»; 63. bMa - Présentation 24 avril 2017. 64. CHEMETOFF,A. & ASSOCIES, Plan Canal 01, 2013 p 56. 65. Ibidem, p 18 à 20. 66. HEUGHEBAERT,C., Le Plan Canal, un «domaine régional» au service de l’action, issu de la publication de l’ADT, Canal, vous avez dit Canal?, 2015, p-233. 67. Ibidem, p-233.
62
Fig 11. Plan Canal Alexanddre Chemetoff & Associés
- la définition de 12 sites pilotes, territoires stratégiques d’intervention pour la Région («Pont de la Petite île - bassin de Biestebroeck; Rue de Birmingham – quai Demets; quartier Heyvaert – îlot de la hale Libelco ; bassin Vergote ; TIR ; pont de Buda – rive droite et gauche»).68
4. Plan Canal 2015-2025 La Plan Canal de 2015 a été élaboré à partir du Plan Canal de Chemetoff et s’inscrit dans une suite logique. Le 5 février 2015 la phase de conception du Plan Canal a été validée par le Gouvernement qui a décidé d’entamer sa mise en œuvre.
Ce territoire de 14 km dispose de 700 ha de périmètres opérationnels et pourrait à terme, accueillir jusqu’à 25 000 logements et 7 500 emplois. La Plan Canal propose de se saisir de la désindustrialisation comme une opportunité foncière résidentielle mais aussi et surtout économique, en réintroduisant des activités productives dans le tissu urbain. Le Gouvernement s’est donné dix ans pour mettre en place cette vision.69 Cette dernière est clairement exprimée dans le nouveau PRDD, (qui s’est ajouté un D pour «durable»), approuvé par le Gouvernement le 12 juillet 2018. Le Plan Régional de Développement Durable est un plan à valeur stratégique et n’a donc qu’une valeur indicative, mais il met, pour la première fois, le canal au cœur du développement régional et donne une direction claire pour ce territoire en indiquant les objectifs à suivre à long terme.70
68. HEUGHEBAERT,C., Le Plan Canal, un «domaine régional» au service de l’action, issu de la publication de l’ADT, Canal, vous avez dit Canal?, 2015, p-233 69. BRUXELLES URBANISME ET PATRIMOINE, Service régional Bruxelles, Bruxelles, Histoire de planifier, Urbanisme aux 19e et 20e siècles, ed. Mardaga, 2017, p-455 70.ADT, Agence de développement territorial ASBL, Canal, vous avez dit Canal?, 2015, p-225
63
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Avant-Port ZIR 4 Tour&Taxi Birmingham Biestebroeck
SchaerbeekFormation
Vergote BĂŠco Porte de Ninove Heyvaert
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1
Fig 12. A gauche, le PRDD 12 juillet 2018. A droite, la densitĂŠ de population et Zone Canal (droite)
Ce document dÊfinit le territoire du canal comme Êtant le berceau du passÊ industriel bruxellois. Il s’agit maintenant de le prÊserver et le rÊinventer. Après plusieurs essais et abandons, cette zone fait aujourd’hui l’objet de nombreux projets publics ou privÊs, bÊnÊficiant parfois d’aides publiques rÊgionales (contrat de quartier, contrat de rÊnovation urbaine...) et europÊennes (projet FEDER). Cette zone de dÊveloppement prioritaire reprÊsente tous les futurs enjeux du dÊveloppement rÊgional:
 - dÊfis socio-Êconomiques; - croissance dÊmographique; - atouts paysagers; - recherche de mixitÊ fonctionnelle; - augmentation de la densitÊ; - Êvolution des modes de production davantage compatibles avec le milieu urbain; - dÊlocalisations industrielles; - valorisation des infrastructures de transport 2 .2 ) (voie d’eau et chemin de fer);+ % 22 3 - opportunitÊ de dÊveloppement de nouvelles activitÊs portuaires liÊes au recyclage. 71 4 ' $ 5
La zone du canal est dÊjà dense, plus particulièrement dans sa zone centrale oÚ l’on retrouve un bâti du XIXe siècle offrant une ville au tissu homogène et multifonctionnel. On y retrouve Êgalement un patrimoine architectural en adÊquation avec le canal et les activitÊs Êconomiques. Dans les parties moins denses, le PRAS a prÊvu dans sa nouvelle version de 2013, d’intÊgrer une nouvelle forme de typologie qui correspond à la vision de la ville productive. Les ZEMU prÊvoient en effet de dÊvelopper des bâtiments qui intègrent à la fois la fonction logement et la fonction productive. La RÊgion de Bruxelles-Capitale a dÊjà entamÊ des dÊmarches concernant ce territoire, qui visent à l’intÊgration de la fonction rÊsidentielle dans certaines anciennes zones industrielles par l’intermÊdiaire des ZEMU du PRAS dÊmographique, mais Êgalement par l’intermÊdiaire du Plan Canal, qui vise à donner une cohÊrence au territoire du canal dans sa totalitÊ. Il s’agit de garantir 71. RÉGION DE BRUXELLES CAPITALE, Plan RÊgional de DÊveloppement Durable 2018, p-27.
64
le maintien des activités économiques urbaines dans ce territoire, tout en assurant une meilleure intégration de celles-ci avec les autres fonctions urbaines, et résidentielles notamment.»72 En résumé, avant 2012, le canal était un territoire en effervescence et on pouvait pressentir l’amorce d’une transition. En 2012, une ambition métropolitaine se dessine progressivement avec le Plan Canal de Chemetoff. Enfin, en 2015, le lancement de la phase opérationnelle lance le début de l’application de cette vision in situ avec les différents porteurs de projet.73
5. Dix sites prioritaires de développement
La Plan Canal propose une phase opérationnelle sur 10 ans. Dix sites prioritaires ont été choisis afin d’ériger les premiers projets de la ville productive. Chaque zone est différente et présente des objectifs distincts.
- Le Bassin de Biestebroeck
Le site possède une bonne accessibilité routière et détient une position de porte d’entrée dans la ville. Beaucoup d’entreprises sont déjà présentes, notamment grâce à la présence de la ZIU d’Anderlecht. L’un des principaux objectifs de la zone est de développer une mixité en redéployant des activités résidentielles et productives via des formes innovantes qui permettront de mieux intégrer les activités portuaires et productives en milieu urbain. Le but est de revitaliser ce territoire qui aujourd’hui est très peu urbanisé en y introduisant du logement combiné aux activités productives en rez-de-chaussé (notamment par la biais des ZEMU).74 «En termes de structure urbaine le développement de la rive gauche favorisera son intégration avec la trame urbaine traditionnelle, tandis que la rive droite favorisera l’établissement d’un ensemble en ordre ouvert sur le canal et intégré par un réseau d’espaces verts.»75
- Le site Birmingham
La zone présente également une bonne accessibilité en terme de mobilité, notamment grâce au réseau de métro. On retrouve sur cet îlot une partie des entreprises qui sont des services pour la ville (entrepôt STIB, Vivaqua etc.). Cet îlot est pratiquement exclusivement industriel. Les zones de manœuvre, de stockage ou de parking des industries, situées en front de canal, n’offrent pas une façade qualitative pour ce dernier. Actuellement, aucune règle n’organise cette épaisseur entre le bâti et le canal. On retrouve déjà la présence de plusieurs projets qui ont pour ambition de développer l’économie circulaire comme le Recy-K, et un projet culturel, le COOP (projet FEDER) Cette zone est stratégique en terme de développement urbain. Il est important de la revitaliser puisqu’elle constitue aujourd’hui une fracture urbaine. 72. RÉGION DE BRUXELLES CAPITALE, Plan Régional de Développement Durable 2018, p-27. 73. HEUGHEBAERT,C., Présentation donnée dans le cadre de l’atelier de Master de Spécialisation en Urbanisme à l’ULB La Cambre-Horta le 26 septembre 2017. 74. RÉGION DE BRUXELLES CAPITALE, Plan Régional de Développement Durable 2018, p-29. 75. Ibidem.
65
Les principaux objectifs à développer sur ce site sont : créer des connexions vers le canal, coordonner les initiatives privées et publiques pour rationaliser l’usage du sol, créer de nouvelles typologies pour la ville productive et ainsi redynamiser ce quartier.76
- Le quartier Heyvaert
Ce quartier se situe en périphérie, à l’ouest de la petite ceinture de Bruxelles. On y trouve une forte mixité de fonctions, notamment liées aux activités de commerce automobile depuis la fin des années 1970. C’est un quartier dynamique avec un grand potentiel de développement, notamment avec le futur projet mixte des abattoirs. Les défis pour ce quartiers sont de faire en sorte que sa reconversion soit en adéquation avec les objectifs environnementaux et urbains pour augmenter la qualité de vie des habitants. Actuellement un Plan d’Aménagement Directeur (PAD) ainsi qu’un Contrat de Revitalisation Urbaine (CRU) sont en cours de réalisation sur ce territoire («Heyvaert-Pointcaré»).77
- La Porte de Ninove
Proche du quartier Heyvaert, cette zone constitue une charnière entre l’est et l’ouest de la ville, puisque c’est à cet endroit que le canal forme un coude et que l’on retrouve la présence d’une écluse. «Il s’agit de répondre à plusieurs enjeux de taille pour revaloriser un espace situé à la fois en bordure de l’épicentre urbain et sur le chapelet des «Portes» qui forment la Petite Ceinture.»78 Actuellement, un PAD est en cours de réalisation sur la zone et prévoit le développement de 370 logements, d’équipements, d’espaces verts ainsi que la création d’une passerelle dédiée aux modes actifs. Une partie du CRU Heyvaert-Pointcaré se superpose avec le PAD «Porte de Ninove» sur la zone. 79
- Le Bassin Béco
Le Bassin Béco profite de sa proximité avec le centre-ville. Ce dernier est étroitement lié au site Tour & Taxis. Plusieurs projets sont actuellement en cours afin de réintégrer les activités portuaires à l’habitat et à l’espace public. Ainsi, cette zone prévoie plusieurs projets comme la remise à ciel ouvert de la Senne, une rénovation du parc Maximilien, la création d’une passerelle pour les modes doux et les transports en commun, des nouveaux logements, des nouveaux équipements etc. L’acquisition des anciens garages Citroën par la Région permettra le développement du «Kanal», un nouveau centre culturel.80 76. RÉGION DE BRUXELLES CAPITALE, Plan Régional de Développement Durable 2018, p-29. 77. Ibidem, p-29. 78. Ibidem, p-31. 79. Ibidem. 80. Ibidem.
66
- Le bassin Vergote
Le bassin Vergote regroupe un ensemble d’entreprises spécialisées dans les matériaux de construction. Les principaux objectifs à développer sur ce site sont le maintien de la vocation portuaire, le travail vers une intégration plus durable et plus qualitative à long terme, favoriser l’implantation des entreprises dans le nouveau Village de la Construction, revaloriser le transport fluvial et travailler sur la qualité visuelle et environnementale des entreprises et des infrastructures pour assurer leur cohésion avec l’espace public. Actuellement, le PAD «Maximilien-Vergote» est en cours de réalisation sur cette zone.81 - L’avant-port Situé à l’extrême nord du canal cette zone regroupe beaucoup d’activités industrielles, logistiques et portuaires, cette dernière étant à revaloriser. Récemment, l’inauguration du terminal passager offre des perspectives vers le tourisme fluvial. L’un des principaux objectifs de la zone et de prévoir le déménagement des activités de vente de véhicules du quartier Heyvaert pour les centraliser au nord dans le but de supprimer les nuisances envers les habitants.82 - Schaerbeek-Formation Réserve foncière importante, le site de Schaerbeek-Formation est accessible par de nombreux moyens de transport (route/rail/eau), ce qui peut représenter un réel intérêt économique. En 2013, le site avait fait l’objet d’un Schéma directeur qui prévoyait de mettre en évidence 3 zones: - Au nord, la plateforme logistique (Cargovil et Brucargo), endroit stratégique, lie l’aéroport de Bruxelles-National, Bruxelles et le port d’Anvers. Le but et de développer cette zone afin qu’elle devienne un nouveau pôle modal qui va réorganiser les flux (regroupement d’activités logistiques). Le schéma prévoit également la création d’un maillage vert ainsi qu’une continuité écologique qui renforcera le lien avec la Senne.
- Au centre, la gare de Schaerbeek deviendra un futur pôle urbain.
- Au sud, le schéma prévoit le déplacement des marchés matinaux, une déviation du trafic routier pour que le quartier s’ouvre davantage sur le canal ainsi que la création d’une connexion entre les quartiers «Masui», «Cage aux Our» et «Harmoir-Helmet».83
81. RÉGION DE BRUXELLES CAPITALE, Plan Régional de Développement Durable 2018, p-31. 82. Ibidem. 83. Ibidem, p-33.
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- Tour & Taxi
Ce site à grande valeur patrimoniale est en pleine mutation, et ce depuis plusieurs années. Prochainement, 45 ha viendront densifier et animer le quartier. Ce dernier s’articulera autour d’un parc qui traversera le site. La passerelle Picard améliorera la connexion vers la Gare du Nord. Plusieurs projets ont déjà été réalisés dans cette zone comme les projets Tivoli ou encore Greenbizz. Actuellement le site est régi par le Schéma directeur en date de décembre 2008, par le PPAS datant de mai 2017 ainsi que par le CRU Bassins Vergote et Béco.84
- Zone d’intérêt régional n°4 (ZIR 4)
C’est une zone qui est principalement affectée aux espaces verts et aux logements mais également à d’autres activités comme le commerces, les activités productives ou les équipements. 85 Cette zone est caractérisée par le quartier Neder-Over-Hembeek, proche du Domaine royal et par l’Hôpital Militaire Reine Astrid ainsi que par la présence de Solvay. Le foncier y est majoritairement public, mais présente actuellement des lacunes en terme d’équipements et de transports. L’objectif est de développer un quartier mixte en favorisant implantation des activités économiques, en créant une promenade verte et en renforçant les connexions entre le canal et les quartiers environnants.86
C) De la planification à l’action : outils stratégiques et réglementaires
1. Une Équipe Canal: un urbanisme de projet négocié
- Composition de l’équipe En 2015, le Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale a mandaté une équipe afin de mettre en œuvre sa vision sur le territoire du canal. Cette équipe est composée de différents acteurs publics : - Le Bouwmeester, Maître architecte (bMa), Kristiaan Borret depuis 2015, garant de la vision du Plan Canal. Il exerce une mission de conseil pour garantir la qualité architecturale et urbaine de la ville. Au sein du bMa, l’équipe Research by Design applique la méthodologie de la recherche par le projet en retranscrivant les ambitions du Plan Canal et en contribuant à l’évolution des projets ; - Le Bureau Bruxellois de la Planification (BPP) ou perspective.brussels, planifie, élabore et assure le suivi du cadre réglementaire ; 84. RÉGION DE BRUXELLES CAPITALE, Plan Régional de Développement Durable 2018, p-33. 85.http://urbanisme.irisnet.be/lesreglesdujeu/les-plans-daffectation-du-sol/le-plan-regional-daffectation-du-sol-pras/ prescriptions/j.-programmes-des-zones-dinteret-regional 86. Ibidem.
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- La Direction de l’Urbanisme de la Région (DU), s’occupe (en l’amont et jusqu’à la délivrance des autorisations) des instructions et des demandes de permis régionaux dans le périmètre du Plan-Canal ; - La Société d’Aménagement Urbain (SAU), coordonne les projets et le montage de certains KANAAL PLAN projets publics (comme se fut le cas pour le projet Citroën-Yser, dont la SAU avait la maîtrise foncière).87 EQUIPE CANAL Cabinet(s)
BMA
DU
RESEARCH BY DESIGN
Cadre légal
Commune(s) DMS
MAÎTRE D’OUVRAGE PUBLIC OU PRIVÉ
Port
SAU Coordination
BBP Planification
Acteurs sectoriels …
Fig 13. Composition de l’Équipe Canal et liens avec les différents acteurs
- Méthode
«Le Plan Canal constitue avant tout une démarche de projet.»88 Ainsi, la construction des différents projets qui se trouvent sur le périmètre opérationnel du Plan Canal s’effectue avec les porteurs de projets (publics et privés) et les autorités compétentes. Cette équipe conseille et guide les maîtres d’ouvrages en amont des projets. Elle renseigne sur la vision et les législations. Ainsi, ensemble, le maître d’ouvrage et l’Équipe Canal conçoivent le projet jusqu’à la déposition du permis. 89 La mission de l’Équipe Canal peut se résumer en quelques mots: - ÉVALUER : hauteurs, gabarits de la proposition. - NÉGOCIER : l’espace ouvert, les accès d’un projet. - OPTIMISER : favoriser la mixité programmatique, rationaliser l’utilisation du sol. - CONVAINCRE : montrer des références, proposer plusieurs solutions alternatives. - SENSIBILISER : notes, articles dans des revues, proposer une vision globale. - INITIER : créer des principes typologiques. - ANTICIPER : dessiner les mauvais exemples pour convaincre. 90
87. http://www.sau.brussels/fr/sites/citroen-yser 88. http://perspective.brussels/fr/projets/territoire-du-canal 89. HEUGHEBAERT,C., Présentation donnée dans le cadre de l’atelier de Master de Spécialisation en Urbanisme à l’ULB La Cambre-Horta le 26 septembre 2017 90. LACASSE, G., VANDENBROUCKE, T., Présentation donnée dans le cadre des Open Portes pour la présenter l’équipe Research By Design le 28 février 2018
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«Comment aller vers la ville mixte de demain, qui intégrerait les activités productives ? Négociation, mix de compétences, hauteurs de vues : c’est la recette de l’Équipe Canal qui sensibilise les acteurs sur le terrain.»91 Cette équipe constitue un réel outil pour fabriquer la ville productive. Elle représente «une structure innovante dans la fonction publique bruxelloise puisqu’elle met en synergie différentes compétences au sein d’une même équipe.»92 L’équipe Research By Design teste la validité de la vision de la ville productive via le dessin. Autrement dit, le Plan Canal n’est pas figé, il évolue en fonction des situations et des projets. «Évaluer, tester et confronter des scénarios lors d’ateliers de travail transversaux: c’est de cette manière que l’équipe Research by Design construit un dessin fédérateur, qu’elle s’attelle à faire évoluer les projets et permet à l’autorité publique de se forger un avis sur base de variantes de projets concrets.»93
- Processus de co-production
L’équipe Canal intervient lors de projets ponctuels mais également lors de l’élaboration de planification. Prenons l’exemple du PAD Heyvaert en cours de réalisation. Lors de mon stage, j’ai eu l’occasion d’assister à des Comités d’Accompagnement (CA), des Comités de Pilotage (CP) et des séances de Workshop. Ces réunions ont pour but de réunir l’ensemble des acteurs en lien avec le périmètre, ici celui du PAD Heyvaert. Ainsi, les bureaux d’études en charge de la réalisation du PAD ont la possibilité de montrer l’état d’avancement de leur étude et d’avoir un retour sur ce qu’ils présentent. C’est un processus de co-production du projet.
- De la valeur stratégique à la valeur réglementaire
Il est important de noter que l’Équipe Canal est un outil stratégique et n’a pas de valeur réglementaire. Autrement dit, le porteur de projet n’est pas tenu de respecter la vision défendue par l’Équipe Canal. D’ailleurs, lors des premières rencontres entre l’équipe et les porteurs de projets, ces derniers proposent la plus souvent des projets déjà formalisés par leurs architectes, sans avoir pris connaissance de la vision Régionale. En effet, les porteurs de projets (particulièrement les privés) ont tendance à penser qu’ils peuvent disposer de leur foncier sans se préoccuper des visions, soit parce qu’ils n’ont pas connaissance de leur existence, soit parce qu’ils les jugent trop encombrantes et contraignantes.94 «Souvent, il arrive que le projet présenté ne réponde pas aux objectifs. Dans ce cas, la discussion s’anime. Si le porteur de projet accepte de s’inscrire dans la démarche, alors la collaboration commence en amont de l’instruction de la demande de permis.»95 91. LACASSE,G., COLLET,J., Fabriquer le ville productive, A+ n°262, [RE]WORK, octobre/novembre 2016, p-87 92. Ibidem. 93. Ibidem. 94. Ibidem p-88. 95. Ibidem p-88.
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Cela sous-entend que si le porteur de projet ne tient pas compte des recommandation de l’Équipe-Canal, sa demande de permis aura plus de chance d’être refusée.
- Entre rêves de densité et d’étalement urbain
Généralement, l’Équipe Canal est confrontée à deux types de porteurs de projets aux intentions totalement différentes: les développeurs immobiliers et les acteurs économiques. Les premiers visent à atteindre une rentabilité du foncier, autrement dit, obtenir sur la parcelle la plus étroite le nombre de mètres carrés le plus grand. Les seconds s’inscrivent dans une vision d’expansion économique. «Si le développeur est gourmand en densité, l’acteur économique est, lui, gourmand en foncier.» Ainsi, deux types de négociations s’opèrent en fonction de ces deux types d’acteurs: d’un côté, il faut sensibiliser les acteurs économiques à développer des typologies d’activités productives qui utilisent le sol avec parcimonie, de l’autre, endiguer les rêves de densité maximale des promoteurs immobiliers.96
- Un Rapport de confiance
Cette collaboration serait inenvisageable sans l’établissement d’un rapport de confiance entre les acteurs. Cette condition et d’autant plus légitime lorsqu’il s’agit des acteurs économiques, puisqu’ils tiennent à garantir leur exclusivité sur le marché. En ce qui concerne les développeurs immobiliers, ils préfèrent divulguer le plus tard possible leurs programmes de projet pour garder main mise sur la densité et ainsi sur leur rentabilité.97 «Lors de nos ateliers, les développeurs sont plus fréquemment accompagnés de leur conseil juridique que de leur architecte. Et même si celui-ci est généralement présent, il n’a que très rarement voix au chapitre. C’est souvent le porteur de projet qui prend les rênes de la présentation. Nous devons réussir à les convaincre de faire évoluer leur projet et activer le mécanisme de la négociation.»98 C’est donc un système de donnant-donnant basé sur des promesses et sur un maintien de ces dernières afin d’instaurer un rapport de confiance. Tout ça dans le but de la délivrance du permis.
- Appliquer la vison de la ville-productive: mixité, intégration, densité
«L’approche Research by Design a permis de rendre la ville productive possible.»99 La recherche par le projet développée par l’équipe Research by Design a permis d’introduire une pratique réelle et concrète de l’urbanisme. En effet, chaque projet est confronté à des contraintes qu’il faut savoir appréhender: des délais souvent courts, des coups financiers etc. Il est important de faire face aux exigences parfois infondées des porteurs de projets qui, de 96. LACASSE,G., COLLET,J., Fabriquer le ville productive, A+ n°262, [RE]WORK, octobre/novembre 2016, p-88, citations et propos du paragraphe. 97. Ibidem. 98. Ibidem. 99. Ibidem.
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part leur expérience, prétendent connaître le métier d’aménageur mieux que personne.100 «Un porteur de projet nous a un jour expliqué qu’il se moquait d’être publié dans une revue d’architecture, que son projet devait être fonctionnel et rentable car son core buisness était le stockage et non l’architecture.»101 Il est important de ne pas s’arrêter à ce genre de discours et de considérer chaque concession de la part des porteurs de projet comme une victoire essentielle au développement futur du territoire. 102 «Nous sommes optimistes quant à l’intégration urbaine des fonctions productives. Les acteurs économiques sont des entrepreneurs qui surpassent facilement la peur du risque pour innover. Grâce à la recherche par le projet, l’innovation peut aussi se réaliser au niveau spatial.»103 BIESTEBROECK - Relevé de projets – « CTU »
- Exemples de projets accompagnés par l’équipe-Canal
NÉGOCIER ACCES
1ER TEMPS
NÉGOCIER ACCES NEGOTIËREN TOEGANGEN
Fig 14. Recherche par le projet pour leTEMPS projet du CTU RESEARCH BY1DESIGN ER
NEGOTIËREN TOEGANGEN
2deRESEARCH STAP BY DESIGN
Le projet du Centre de Transbordement Urbain (CTU) à Biestebroeck, le long de la Digue du Canal, illustre bien le travail de l’équipe canal ainsi que le rôle de l’équipe Research by Design. En effet, le porteur de projet, ici le port de Bruxelles, proposait dans un premier temps un projet qui empêchait l’accès aux quais au public. L’équipe Research by Design a proposé une autre solution, celle de mutualiser les espaces pour ainsi valoriser les activités du CTU et les mettre en lien avec le canal et l’espace public. 100. LACASSE,G., COLLET,J., Fabriquer le ville productive, A+ n°262, [RE]WORK, octobre/novembre 2016, p-88, citations et propos du paragraphe. 101. Ibidem. 102. Ibidem. 103. Ibidem.
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2de STAP
Ainsi, la proposition introduisait des temporalités différentes, permettant durant la semaine (du lundi au vendredi de 6h à 22h) un partage de l’espace entre le CTU et le public. Lors des déchargements (x heures/mois), l’espace est entièrement réservé aux activités de déchargement et fermé au public. Le reste du temps (en semaine à partir de 22h et le week-end), l’espace est entièrement dédié au public. OPTIMISER MIXITÉ
UPGRADEN MIXITEIT
UPGRADEN MIXITEIT
OPTIMISER MIXITÉ RESEARCH BY DESIGN
Fig 15. Recherche par le projet sur la parcelle de Vivaqua, tests de volumétrie, de gabarits, de densité etc.
Autre exemple, celui le l’usine Vivaqua à Birmingham. En effet, cette entreprise prévoit d’installer une usine à coque et de rentabiliser une partie de son terrain en y construisant du logement, ce qui constitue un projet en parfaite adéquation avec la vision de la ville productive. Ce projet a donc été encouragé par l’Équipe Canal. Cependant, ce dernier ne prenait pas en compte les principes directeurs prévus sur l’îlot Birmingham ainsi que le CRU 3 qui prévoyait l’implantation d’une passerelle le long de celle de Vivaqua. L’équipe Research by Design a donc proposé de réorganiser la parcelle en tenant compte des prescriptions 1ER TEMPS urbanistiques prévues sur l’îlot (logement le long de la rue Birmingham, activités productives en contrebas de la rue etc.) et en incorporant directement la passerelle au projet afin de lui 2DE STAP offrir une meilleure intégration. Rappelons une fois de plus que les nombreux dessins réalisés par l’équipe Research by Design n’ont pas de valeur réglementaires. Ils sont un support de discussion et de négociation entre le porteur de projet et l’Équipe Canal. Cette méthode permet de faire avancer le débat plus rapidement et de manière plus constructive. C’est aussi le moyen de convaincre par l’utilisation de références qui illustrent les différentes propositions.
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RESEA
Figure 9 – L’inversion programmatique vers des espaces de sociabilité
Het
ZFM
ZIU 32
ZAPT
winnende
team
stelt
een
project
voor
dat
de
als een kwaliteit voor het project in zijn geheel.
stedenbouwkundige en verordenende vereisten op een overtuigende manier inlost.
ZEMU
Zo wordt de overdekte productiekoer beschouwd als het hart van de activiteiten in het stratenblok. De productieruimtes rond de
Zo verleent het project het complex een sterke nieuwe
koer zijn flexibel en modulair en zijn rondom het hele stratenblok
stedenbouwkundige identiteit, die past tussen het toekomstige
toegankelijk voor voetgangers. Ze beschikken over een centrale
park en het kanaal en die zich verankert in de omgeving en
laad- en losruimte. Deze organisatie zorgt ervoor dat een actieve
ermee in dialoog gaat. Het voorstel van de architecten bestaat uit
productiesokkel gecreëerd wordt, zowel in het centrum van
de bouw van drie volumes aan het kanaal, enkele gebouwen in de
het stratenblok als aan het kanaal. De binnenstraat is afgezet
Dantestraat, en een nieuwe binnenstraat en enkele gebouwen
met bomen en zorgt voor de voetgangersdistributie tussen de
aan het park. Deze gehelen vormen families die elk individueel
woningen en de activiteiten die aan weerszijden ervan liggen.
beschikken over elementen die hen onderscheiden, maar die vallen onder een vergelijkbare architecturale typologie. Hierdoor
De kwaliteit van de woningen wordt versterkt doordat ze
ontstaat een homogeen en coherent stadsproject met een sterke
allemaal een vrij uitzicht hebben, hetzij op het kanaal, hetzij op
architecturale identiteit.
het toekomstige park. Ze hebben ook bijna allemaal ramen aan
De diverse gebouwen zijn onderling verbonden door een
flexibel zijn en dat een grote variatie van woningtypes mogelijk
twee zijden. De bouwstructuur zorgt ervoor dat de plateaus heel
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uitgestrekt plateau dat de woningen distribueert en dat het
is. De plannen zijn op een compacte manier georganiseerd met
gesloten dak van de productiesokkel vormt. Dit plateau is gericht
een logische en doeltreffende circulatie.
naar het kanaal en wordt ingericht als een siertuin voor de bewoners, met ruimte voor stadslandbouw, een serre en diverse aanplantingen. Ook het antwoord op de programmatische vereisten is zorgvuldig uitgewerkt, waarbij de opstapeling van productieactiviteiten en woningen niet worden behandeld als een belemmering, maar
BOUWMEESTERMAITREARCHITECTE
2. PRAS démographique et périmètre opérationnel du Plan-Canal
Contrairement au PRDD ou à l’Équipe Canal, le PRAS est un outil réglementaire. Certaines zones du PRAS encouragent le développement des activités productives. Les premières prescriptions du PRAS des ZFM, des ZIU, des ZAPT et des ZEMU stipulent que «ces zones sont affectées aux activité productives» (et à d’autres fonctions). On peut également retrouver des activités productives dans d’autres zones prévues par le PRAS mais ce n’est pas leur affectation principale. C’est pour cette raison que les zones mixtes ne seront pas prises en considération dans les propos qui vont suivre puisque sa première prescription stipule que «ces zones sont affectées aux logements.»104 Lors de mon stage, j’ai pu constater que chaque zone du PRAS entraînait une manière différente de faire le projet. En effet, en fonction des zones, les porteurs de projets, la taille des parcelles, les propositions de projets sont radicalement différentes. Ainsi, l’Équipe Canal doit s’adapter.
- Zone de Forte Mixité (ZFM)
«4.1. Ces zones sont affectées aux logements, aux équipements d’intérêts collectifs ou de services publics, aux bureaux et aux activités productives. La superficie de plancher de l’ensemble des fonctions autres que le logement ne dépasse pas, par immeuble, 1.500 m² dans lesquels les bureaux ne peuvent dépasser 1.000 m².» 105 Il existe déjà une forte mixité dans ces quartiers qui sont adaptés au développement d’une ville productive à échelle humaine. Les parcelles affectées en ZFM sont de petites tailles et s’insèrent parfaitement dans le tissu de la ville traditionnelle du 19ème siècle et sont donc parfaitement adaptées à l’implantation des PME. Cependant, comme nous avons pu le voir précédemment, cette grande qualité peut s’avérer être une faiblesse puisqu’elles sont facilement convertibles en projet de logement. Généralement, les porteurs de projet rencontrés dans ces territoires sont des propriétaires privés qui possèdent du foncier anciennement industriel et qui souhaitent rentabiliser et convertir leur parcelle en projet 100% logements. L’attention doit donc être particulière pour ces situations. L’exemple du projet de l’ancienne halle Libelco est un bon exemple de projet mixte en ZFM. En effet, ce bâtiment accueille actuellement un commerce de voitures de seconde main, et sera transformé prochainement en jardin d’hiver public, ce qui permettra la traversée de l’îlot. Le projet s’articulera autour de différents programmes comme une ressoucerie, une crèche, des ateliers d’artistes, un café-lecture etc.
104. GOUVERNEMENT DE LA REGION DE BRUXELLES-CAPITALE, PRAS, Plan Régional d’Affectation du Sol, Dispositions relatives à l’affectation du sol, version coordonnée, Août 2017, p-19. 105. Ibidem, p-22.
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Fig 16. Carte représentant les activités liées à l’artisanat, l’industrie et les îlots mixtes en ZFM
- Zone d’Industrie Urbaine (ZIU)
«5.1. Ces zones sont affectées : 1° aux activités productives ; 2° aux activités logistiques ; 3° aux activités ayant pour objet l’amélioration de l’environnement telles que l’épuration des eaux, les processus d’élimination, de traitement, de recyclage et de collecte des déchets ;»106 Les ZIU sont des zones entièrement consacrées au développement des activités productives. Il est important de les préserver et de ne pas laisser la spéculation immobilière atteindre cette réserve foncière qui permet aux entreprises de profiter des prix bas de la périphérie. Généralement, les porteurs de projets rencontrés sont des développeurs privés, qui construisent leur propre usine (comme l’usine de Viangro par exemple). Cependant, comme nous l’avons vu précédemment, le modèle de zoning industriel moderniste incluant des typologies de bâti de «boîte à chaussures» tend à devenir obsolète. La question des parcs industriels est également préoccupante. En effet, «l’étalement de leurs bâtiments pose de plus en plus question face à la pénurie de terrain constatée.»107 106. GOUVERNEMENT DE LA REGION DE BRUXELLES-CAPITALE, PRAS, Plan Régional d’Affectation du Sol, Dispositions relatives à l’affectation du sol, version coordonnée, Août 2017, p-25. 107. Citydev.brussels, Bruxelles développement urbain, Observatoire des activités productives, Terrains pour entreprises 19972013, p-19. 76
C’est pour cette raison que l’Équipe Canal tente d’encourager des projets qui s’intègrent dans le tissu urbain et qui prennent davantage en considération le contexte. L’objectif est d’insérer une certaine urbanité à ses quartiers monofonctionnels et ainsi offrir une meilleure qualité de vie aux travailleurs et aux habitants des quartiers environnants.
- Zone d’activité portuaire et de transport (ZAPT)
«6.1. Ces zones sont affectées : 1° aux activités portuaires et logistiques, notamment le transbordement, la distribution, le conditionnement, le commerce de gros, le transport et l’entreposage ; 2° aux activités industrielles ou artisanales ayant pour objet la production ou la transformation de biens meubles sur le site ; 3° aux activités ayant pour objet l’amélioration de l’environnement telles que l’épuration des eaux, les processus d’élimination, de traitement, de recyclage et de collecte des déchets.»108 Ces zones contiennent des terrains qui appartiennent au Port de Bruxelles, autrement dit, chaque activité qui souhaite s’installer en ZAPT devra payer un loyer. Les tarifs des contrats de baux sont dégressifs en fonction de la surface que l’entreprise souhaite louer. À titre d’exemple, la location d’un terrain pour la construction d’un hangar entre 0 et 500 m² s’élève à environ 54 €/m²/an alors que pour un hangar de plus de 4000 m², le loyer est de 29 €/ m²/an.109 Ces prix attractifs poussent généralement les porteurs de projet à s’étaler sur les parcelles louées, sans réelle préoccupations urbanistiques et sans rationalisation du sol. Or le PRAS indique que ces activités doivent traiter leurs abords de façon à s’intégrer dans l’environnement. De plus, les terrains situés à quai doivent prioritairement utiliser le canal.110 Le Village de la Construction, réalisé par TETRA architecten et situé dans le bassin Vergote le long de l’avenue du Port, va dans ce sens. En effet, ce dernier est un espace multifonctionnel et modulaire comprenant des espaces de stockage, des showrooms et des bureaux au sein de 7.000 m² d’entrepôts. Ce complexe héberge des activités de commerce de gros qui souhaiteraient développer la vente de matériaux. De plus, ce dernier propose un centre de transbordement urbain lié aux marchandises de construction. Ce projet est une valeur ajoutée pour le quartier en terme d’emploi et d’intégration urbaine.111 «Le village de la construction embrasse donc une vision globale pour le Port et la Région, et permet la mise en œuvre du Plan Canal, visant entre autres à développer l’activité économique dans les territoires du canal tout en favorisant une meilleure intégration urbaine de celle-ci.»112
108. GOUVERNEMENT DE LA REGION DE BRUXELLES-CAPITALE, PRAS, Plan Régional d’Affectation du Sol, Dispositions relatives à l’affectation du sol, version coordonnée, Août 2017, p-30 109. https://www.port.brussels/fr/espace-entreprises/grille-tarifaire-et-conditions 110. GOUVERNEMENT DE LA REGION DE BRUXELLES-CAPITALE, PRAS, Plan Régional d’Affectation du Sol, Dispositions relatives à l’affectation du sol, version coordonnée, Août 2017, p-30 111. https://www.port.brussels/fr/content/village-de-la-construction 112. Ibidem.
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- Zone d’Entreprise en Milieu Urbain (ZEMU)
«9 bis.1 Ces zones sont affectées aux activités productives et aux services intégrés aux entreprises, à savoir les services « business to business », dont la superficie de plancher est limitée à 2.000 m² par immeuble. L’augmentation de la superficie de plancher affectée aux activités productives et aux services intégrés aux entreprises peut être autorisée après que les actes et travaux auront été soumis aux mesures particulières de publicité.»113 LE PRAS DÉMOGRAPHIQUE - BROCHURE EXPLICATIVE
Création d’un nouveau type de zone : la Zone d’entreprises en milieu urbain (ZEMU) Une des principales nouveautés apportées par le PRAS démographique est la création d’un nouveau type de zone, la Zone d’entreprises en milieu urbain (« ZEMU »). La création de cette zone répond à la nécessité d’envisager une mixité fonctionnelle au sein de zones aujourd’hui monofonctionnelles, et en particulier au sein des Zones d’Industrie Urbaine (ZIU).
GAND
BRUXELLES
250.000 x
950.000 +250.000
Six pôles de ZEMU ont été ainsi identifiés : l le pôle « Quai des Usines » à Bruxelles ; l le pôle « Haren » à Bruxelles ; l le pôle « Reyers » à Evere et Schaerbeek ; l le pôle Birmingham à Anderlecht et Molenbeek-Saint-Jean ; l le pôle Biestebroeck à Anderlecht ; l le pôle Erasme à Anderlecht ;
Pour rappel, le logement n’est aujourd’hui pas autorisé dans les ZIU. Une série de zones ont été identifiées comme pouvant potentiellement accueillir du logement. Il s’agit de zones qui présentent une ou plusieurs des caractéristiques suivantes : l elles sont accessibles en transports publics ; l elles sont situées au sein ou à proximité de tissus urbains habités et peuvent facilement être rattachées à ceux-ci ; l elles ne sont que très partiellement bâties aujourd’hui et l’introduction de logements pourrait se faire sans mettre en péril la fonction économique principale ; l les zones présentent des possibilités d’amélioration qualitative passant par une recomposition urbaine d’ensemble ; l les activités économiques qui y sont implantées aujourd’hui ne produisent pas de nuisances rendant incompatibles la cohabitation avec la fonction logement. D’autre part, certaines zones de forte mixité ont également été examinées afin d’identifier celles qui pouvaient être réaffectées en ZEMU avec pour objectif d’y renforcer et préserver leur vocation économique tout en y maintenant les possibilités de mixité.
=1.200.000 x 9
Fig 17. A gauche, la croissance démographique prévoit que Bruxelles devra accueillir 250.000 nouveaux habitants, soit l’équivalent de la ville de Gand. A droite, l’emplacement des ZEMU en RBC.
En 2013, le PRAS démographique a pour ambition de répondre à la croissance démographique qui prévoit l’arrivée de 250 000 nouveaux habitants dans Bruxelles. Les ZEMU sont des parcelles anciennement affectées en ZIU. Leur création permettra d’introduire une mixité fonctionnelle au sein de ces zones qui n’en ont aucune aujourd’hui. Ces dernières permettent également de proposer une nouvelle typologie pour la ville mêlant activités productives et habitat. Ainsi, une série de zones ont été identifiées comme pouvant potentiellement accueillir du logement. Ces zones devaient cependant répondre à une série de critères : - une bonne accessibilité aux transport publics ; - une proximité avec le tissu urbain habité ainsi qu’un potentiel d’attache avec ce dernier ; - l’introduction de logements ne doit pas mettre en péril les activités économiques déjà en place ; - la possibilité d’une amélioration qualitative des quartiers par le biais de recomposition urbaine d’ensemble ; - une compatibilité envisageable entre les futurs logements et les activités économiques déjà présentes (pas de nuisance). 114 «9bis.3 Les rez-de-chaussée des immeubles sont affectés aux activités productives, aux services intégrés aux entreprises, aux commerces et aux commerces de gros.»115 113. GOUVERNEMENT DE LA REGION DE BRUXELLES-CAPITALE, PRAS, Plan Régional d’Affectation du Sol, Dispositions relatives à l’affectation du sol, version coordonnée, Août 2017, p-33 114. BUUR, MSA, IDEA CONSULT, ARIES, étude relative à l’opérationnalisation des ZEMU du PRAS en 2015. 115. GOUVERNEMENT DE LA REGION DE BRUXELLES-CAPITALE, PRAS, Plan Régional d’Affectation du Sol, Dispositions relatives à l’affectation du sol, version coordonnée, Août 2017, p-33
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Logements Commerces, de gros, et spécialisés
01. Projet portant sur moins de 10 000 m2 de super cie plancher 01. Projet portant sur moins de 10 000 m2 de super cie plancher
02. Projet portant au moins sur 10 000 m2 de super cie plancher 02. Projet portant au moins sur 10 000 m2 de super cie plancher A. mixité verticale A. mixité verticale
9bis.3 9bis.1 9bis.2 9bis.2 9bis.1 9bis.1 2000 m2 s.p. max. 9bis.2 2500 m2 s.p. max. 2000 m² s.p max. 2500 m² s.p max. 2000 m2 max. s.p. max. commerce de gros act.s.p. productives et 2500 m2 act. productives et commerce de gros b2b et b2b act.productives commerce de gros b2b
9bis.3
9bis.4 1° s.p = min 90% de l’e.s 9bis.4 1°
9bis.4 s.p. 1° = min. 90% de l’e.s. s.p. = min. 90% de l’e.s.
9bis.4 2° min 40% de la s.p
9bis.4 2° 9bis.4 min. 2° 40% de la s.p. min. 40% de la s.p.
0 m2 (0%)
Super cie plancher Logements Activités prod., b2b, et commerces
Logements
02. Projet portant au moins sur 10 000 m2 de super cie plancher B. mixité horizontale
9bis.4 1° s.p = min 90% de l’e.s 9bis.4 1°
s.p. = min 90% de l’e.s.
9bis.4 2°
9bis.4 min. 2° 40% de la s.p. min 40% de la s.p
9bis.3
Légende :
Emprise au sol Activités prod., b2b, et commerces Logements
Activités productives et b2b Commerces, de gros, et spécialisés
Super cie plancher Logements Activités prod., b2b, et commerces
Logements Légende : Légende :
Emprise au sol 6 000 m2 (100%) Emprise au sol prod., b2b, et commerces 6 000 m2 (100%) Activités 6 000 m2 (100%) Activités prod., b2b, et commerces 6 0000m2 Logements m2(100%) (0%) Logements 0 m2 (0%) Super cie plancher 12 000 m2 (100%) Super Logements cie plancher 12 0006m2 000(100%) m2 (50%) 9bis.4 2° min 40% Logements 9bis.4 2° min1° 40% Activités prod., b2b, et commerces 6 000 6 m2 000(50%) m2 (50%) 9bis.4 min 90% e.s. Activités prod., b2b, et commerces 6 000 m2 (50%) 9bis.4 1° min 90% e.s.
Activités productives et b2b Activités productives et b2b Commerces, de gros, et spécialisés Commerces, de gros, et spécialisés Logements Logements
02. Projet portant au moins sur 10 000 m2 de super cie plancher B. mixité horizontale
6 000 m2 (100%) 6 000 m2 (100%) 0 m2 (0%) 12 000 m2 (100%) 6 000 m2 (50%) 9bis.4 2° min 40% 6 000 m2 (50%) 9bis.4 1° min 90% e.s.
Emprise au sol Activités prod., b2b, et commerces Logements Super cie plancher Logements
5 700 m2 (100%) 4 500 m2 (79%) 1 200 m2 (21%) 12 000 m2 (100%) 6 000 m2 (50%) 9bis.4 2° min 40%
prod., b2b, et commerces 000 m2 (50%) 9bis.4 1° min 90% e.s. Fig 18. Trois cas de figure des ZEMU : respectivement de gauche à droite, 1. Les Activités projets de moins 6de 10 000m² de superficie de plancher, 2. Les projets de plus de 10 000 m² de superficie de plancher qui envisagent la mixité verticale, 3. 02. Projet portant au moins sur 10 000 m2 de super cie plancher 02. Projet portant au moins sur 10 000 m2 de super cie plancher horizontale horizontale Les projets de plus deB. mixité 10B. mixité 000 m² de superficie de plancher qui envisagent la mixité horizontale.
9bis.4 1° 9bis.4 2° s.p. =9bis.4 min l’e.s. 2° 90% min. 40% dede la s.p.
9bis.4 1° 9bis.4 s.p. 1° = min 90% de l’e.s. s.p. = min 90% de l’e.s.
9bis.4 2° min. 40% de la s.p.
La prescription 9 bis offre trois cas de figure décrit par BUUR, MSA, IDEA CONSULT et ARIES dans leur étude relative à l’opérationnalisation des ZEMU du PRAS en 2015 : min. 40% de la s.p.
«1. Les projets de moins de 10 000 m2 de superficie plancher. Pour ces projets, l’imposition d’un plafond de superficie de plancher de 2 000 m² par immeuble pour les activités productives et les services intégrés aux entreprises au sein de la nouvelle zone d’affectation est motivée, d’une part, par le constat que les entreprises de taille plus réduite permettent de générer plus d’emplois au m² (Etude masterplan Canal, 2010, commanditée par la commune de Molenbeek) et d’autre part, par le souci d’accueillir prioritairement au sein des ZEMU des activités compatibles avec le logement. Citydev a relevé une importante demande de locaux dédiés à des activités économiques d’une surface de 250 à 1 000 m². 2. Les projets de plus de 10 000 m2 de superficie plancher et qui envisagent de façon verticale (et donc superposée) la cohabitation entre fonctions activités économiques / logements. Emprise au sol 5 700 m2 (100%) Emprise au sol prod., b2b, et commerces 5 700 m2 (100%) Activités 4 500 m2 (79%) Activités prod., b2b, et commerces 4 5001m2 Logements 200(79%) m2 (21%) Logements 1 200 m2 (21%) Super cie plancher 12 000 m2 (100%) Super Logements cie plancher 12 0006m2 (100%) 000 m2 (50%) 9bis.4 2° min 40% Logements 9bis.4 2° min1° 40% Activités prod., b2b, et commerces 6 000 6 m2 000(50%) m2 (50%) 9bis.4 min 90% e.s. Activités prod., b2b, et commerces 6 000 m2 (50%) 9bis.4 1° min 90% e.s.
3. Les projets de plus de 10 000 m2 de superficie plancher et qui envisagent de façon horizontale la cohabitation entre fonctions activités économiques / logements.» Pour les cas 2 et 3, les projets devront prévoir d’affecter «aux activités productives, aux services intégrés aux entreprises, aux commerces ou aux commerce de gros une superficie de plancher qui correspond, au minimum, à 90% de l’emprise au sol du projet» et 40% de la superficie de planche au logement.116 116. GOUVERNEMENT DE LA REGION DE BRUXELLES-CAPITALE, PRAS, Plan Régional d’Affectation du Sol, Dispositions relatives à l’affectation du sol, version coordonnée, Août 2017, p-33 Emprise au sol Activités prod., b2b, et commerces Logements Super cie plancher Logements Activités prod., b2b, et commerces
5 700 m2 (100%) 4 500 m2 (79%) 1 200 m2 (21%) 12 000 m2 (100%) 6 000 m2 (50%) 9bis.4 2° min 40% 6 000 m2 (50%) 9bis.4 1° min 90% e.s.
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12 000 m2 (100%) 6 000 m2 (50%) 9bis.4 2° min 40% 6 000 m2 (50%) 9bis.4 1° min 90%
Généralement, l’Équipe Canal rencontre des développeurs immobiliers qui développent des projets de grandes envergures sur les ZEMU, plus particulièrement dans le bassin de Biestebroeck, qui offre des grandes parcelles et donc des projets de plus de 10 000 m². Leur principal but est de construire des immeubles pour vendre les cellules de logements, d’activités commerciales ou d’activités productives. Ils n’ont pas de mission de gestion, et nous verrons par la suite que cette configuration pose notamment problème dans les choix programmatiques des rez-de-chaussée productifs. Plusieurs projets ont déjà été réalisés à Biestebroeck comme CityDox (Atenor), Nautilus (Eaglestone) ou encore Urbanities (M-SA, plusofficearchitects, B2Ai). Ces derniers seront développés plus bas. 3. PAD, CQD, CRU: des outils au services d’une vision - PAD: une planification réglementaire et stratégique La Plan d’Aménagement Directeur est un outil réglementaire de compétence régionale qui contient à la fois un volet stratégique (grands principes pour l’aménagement du périmètre considéré) et un volet réglementaire (éléments qui doivent être réglementés et qui s’imposent tant aux autorités publiques qu’aux particuliers). Il possède une place importante dans la hiérarchie des plans régionaux. D’ailleurs, il s’inscrit dans les orientations du PRDD.117 Ce dernier détermine: «les affectations et les superficies qui doivent leur être dédiées, la trame générale des espaces publics, les caractéristiques des constructions, l’organisation de la mobilité et du stationnement.»118 Ces plans sont élaborés par perspective.brussels, qui s’associe parfois avec des bureaux d’études. Une dynamique participative avec les habitants est également mise en place. Plusieurs PAD sont en cours d’élaboration sur le territoire du canal (la carte qui les recense n’est pas encore disponible). Ils retranscrivent à l’échelle d’un périmètre plus restreint la vision du PRDD tout en considérant les particularités des quartiers.
117. http://perspective.brussels/fr/plans-reglements-et-guides/plans-reglementaires-et-strategiques/plans-strategiques-etreglementaires 118. Ibidem.
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- CRU et CQD
Fig 19. CQD (gauche) et CRU (droite) dans la Zone Canal
Les Contrats de Quartiers Durables (CQD) et les Contrats de Revitalisation Urbaine (CRU) sont des outils opérationnels qui permettent d’activer des budgets conséquents sur une durée plus ou moins courte (7 ans pour le CRU et 5 ans pour les CQD). Jusqu’à présent, 110 millions d’euros leurs ont été consacrés. 119 Instauré en 1994, le CQD est un plan d’action limité dans le temps et correspond a l’espace conclu entre la Région, la commune et les habitants d’un quartier bruxellois. Il fixe un programme à réaliser avec un budget défini.120 Depuis 2010, les CQD ont intégré une dimension environnementale et sont devenus des CRU.121 Le CRU est une opération de revitalisation urbaine qui regroupe plusieurs domaines: immobilier, socio-économique, l’espace public. Les CRU se trouvent dans des ZRU (Zone de Revitalisation Urbaine) et sont pilotés par la Région. 122 Trois CRU se retrouvent en partie sur le périmètre de la Zone Canal: - le CRU 3: Gare de l’Ouest (AM 1010 Architecture Urbanism / Taktyk / Petra Pferdmenges) - le CRU 5: Heyvaert-Pointcaré (JNC International SA) - le CRU 1: Citroën-Vergote (Citytools / Studio 016 Paola Vigano) Les CRU ont une action limitée dans le temps et s’étendent sur un territoire qui regroupe plusieurs communes.
119. http://perspective.brussels/fr/plans-reglements-et-guides/plans-reglementaires-et-strategiques/plans-strategiques-etreglementaires 120. http://quartiers.brussels/1/ 121. Fabienne Lontie, Les Contrats de Quartiers, instruments historiques de la rénovation urbaine, issu du livre Canal, vous avez dit Canal?, 2015, p-210 122. http://perspective.brussels/fr/projets/perimetres-dintervention/contrats-de-renovation-urbaine-cru
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4. Le Plan de Qualité Paysagère ou BKP (Beeldkwaliteitsplan) : couture urbaine entre espace ouvert et espace construit. La zone du canal est traversée par différentes communes qui ont toutes leur propre vision en terme d’espace public. Jusqu’à présent, aucun plan n’a eu l’ambition d’offrir une vision globale et régionale au sujet des espaces ouverts. C’est ce que compte apporter le BKP en créant une identité paysagère propre au canal et en offrant aux porteurs de projets publics et privés un guide qu’ils pourront utiliser lors de la réalisation de leurs projets. L’espace public permettra ainsi d’assurer la cohérence entre les futurs projets.123 LAURÉAT Les lauréats du concours sont les bureaux d’études ORG² et Bureau Bas Smets. Ces derniers LAUREAAT ont réussi à combiner «à la fois une identité globale et un caractère spécifique. Par une approche
linéarités-surfaces-singularités, les lauréats arrivent à un juste équilibre entre unité (continuité des lignes parallèles), diversité (plans-caméléons des quartiers du canal) et singularité (points charnière et espace publics).»124 ORG², BUREAU BAS SMETS
De opmaak van het beeldkwaliteitsplan kadert in één van de expliciete doelstellingen van het gewestelijke kanaalplan, met name het ontwikkelen van een samenhangende eigenheid en identiteit voor de publieke ruimtes over de gehele lengte van het kanaal, en werken aan de connecties met de omliggende wijken om een wisselwerking te bewerkstelligen tussen deze verschillende schaalniveaus. Het team ORG² en BBS stellen een methodiek en ontwerp voor dat deze ambitie nagenoeg feilloos weet in te vullen. Het voorstel combineert een overkoepelende identiteit met een strategisch karakter. Via een lijnvlak-punt benadering een goed evenwicht tussen eenheid (continuïteiten van parallelle lijnen), diversiteit (vlakken - kameleon van kanaalwijken) en punten (scharnierplekken en bijzondere publieke ruimten). Het team biedt bij uitstek een realistische methodiek ten opzichte van de korte uitvoeringstermijn voor de eerste fase. De eenvoudige en begrijpbare systematiek maakt het instrument op lange termijn bruikbaar, en is voor elke opdrachtgever hanteerbaar. De methodiek is zeer gepast voor de kanaalzone, want ze laat toe om op de opportuniteiten van het project in te zetten en niet louter een orde van acties toe te passen die al op voorhand vast ligt
Fig 20. Beeldkwaliteitsplan – Plan de qualité paysagère et urbanistique
123. bMa, bouwmeester, Maître architecte de Bruxelles, Beeldkwaliteitsplan – Plan de qualité paysagère et urbanistique, Factsheet, mars 2018. 124. Ibidem.
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Conclusion intermédiaire °3 Nous avons compris les différents processus de fabrication de la ville productive à Bruxelles. On était mis en valeur l’importance des nouveaux outils stratégiques et réglementaires comme l’Équipe Canal, le PRAS, les PAD ou encore le BKP pour mettre en œuvre cette vision sur le long terme. Cependant, il est intéressant de voir à quoi peut ressembler concrètement l’application de cette vision de la ville productive à l’architecture. Peu de temps après l’introduction du PRAS démographique en 2013, plusieurs études, principalement typo-morphologiques, ont été réalisées à Bruxelles. Ces dernières proposèrent à différents architectes, urbanistes et paysagistes de réfléchir à la question de la ville productive in situ. Quoi de plus stimulant pour des architectes que de réinventer de nouvelles typologies pour la ville? A quoi peuvent ressembler les espaces de la ville productive de demain ? Quelles valeurs ses projets défendent-elles ? Sont-ils des projets ancrés dans la réalité ou une communication graphique simplement efficace ? La prochaine partie analysera différents projets qui ont pour thème la ville productive ou des questions qui s’y rattachent. Nous analyserons deux études bruxelloises ainsi que trois résultats du concours Europan 14. Ces derniers seront ensuite comparés à deux projets en cours de réalisation à Bruxelles. L’analyse prendra la forme de fiches descriptives de projets qui permettront ensuite de les comparer. Trois approches seront ainsi étudiées: urbaine, paysagère et architecturale.
Partie IV – Construction urbanistique et architecturale de la ville productive : entre rêve et réalité
A) Expérimentations autour de la ville productive
1. Expérimentations bruxelloises 2. Expérimentations internationales 3. Rêve ou réalité ?
B) Concrétisation sur le territoire du canal
1. Interbéton 2. Urbanities
A) Expérimentations autour de la ville-productive
1. Expérimentations bruxelloises
- Good city has industry
Cette exposition qui eu lieu au BOZAR de Bruxelles s’est déroulée du 26 Octobre 2016 au 15 janvier 2017. Cette dernière avait pour but d’élaborer une réflexion urbaine et architecturale de la ville productive. Ainsi, architectes, décideurs politiques, promoteurs immobiliers, entrepreneurs et experts ont œuvré ensemble pour élaborer des projets in situ et mettre en espace la vision de la ville productive. La première question posée était la suivante: pourquoi avons-nous besoin d’industries dans la ville? Plusieurs pistes de réponses amorcent donc le sujet en expliquant que notre modèle économique est obsolète et qu’il nous rend dépendant des pays à bas salaires. En effet, à force d’avoir voulu faire de la ville européenne un lieu «attrayant où il fait bon vivre et travailler», nous avons poussé notre industrie à se délocaliser d’abord vers les périphéries, puis vers d’autres pays où la main-d’œuvre est bon marché. Nous avons donc perdu le contrôle sur nos activités et nos emplois, d’autant plus que ces derniers sont tournés vers l’économie de service et du savoir. Il est donc important de «combler l’abîme entre penseurs et faiseurs, de revaloriser la production locale et artisanale et d’entrer dans la nouvelle aire de l’économie circulaire.»125 Cette exposition présentent alors dix clefs pour construire la ville-productive de l’avenir : «1. Construire la ville productive requiert une représentation plus fine de l’économie urbaine. 2. Chérissez la générosité des bâtiments industriels et des infrastructures. 3. Des initiatives modestes et nombreuses façonneront l’économie du futur. 4. Développez les logements à l’échelle des espaces industriels, et non l’inverse. 5. Associer le logement à l’industrie requiert de nouvelles compositions architecturales. 6. Rendez l’industrie urbaine visible dans l’espace public. 7. L’espace public penseurs et faiseurs dans une ville solidaire. 8. Le partage de l’infrastructure et des équipements libère plus d’espace pour l’économie urbaine. 9. Les alliances entre entreprises optimisent l’espace raréfié. 10. Une économie urbaine circulaire offre une plus-value plus élevée pour la ville.»126 Les points 3, 7 et 8 seront développés à travers la description des projets. Les propos et citations tenus dans les pages qui suivent ont été inspirés par le feuillet explicatif de l’exposition.
125. BOZAR, A Good City Has Industry, Exposition du 26 octobre 2016 au 15 janvier 2017. 126. Ibidem.
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Hinterhof (Arrière-cour) Plusoffice architects, WRKSHP collectif Le projet s’inscrit dans le quartier Masui en ZFM. Ce dernier est un quartier industriel qui baigne encore dans son tissu 19e composé parcelles de tailles très variables (0-200m² ; 200500m² ; 500-2000m² ; 2000-7000m²). Généralement, les rez-de-chaussée sont consacrés aux activités de commerce ou de production. Les arrières-cours extérieures servent d’espace de stockage. A deux pas du Bassin Vergote, ce quartier est confronté à différents problèmes sociaux socio-économiques et possède un taux de chômage important. Ce quartier est en pleine reconversion et va être prochainement sujet à de nombreuses modifications. En effet, l’ancien tracé de la Senne, qui serpentait auparavant à travers les îlots, va être réaménagé en espace de parc ouvert au public. L’équipe de recherche s’est donc saisie de cette opportunité pour y réimplanter de l’économie manufacturière et ainsi créer un îlot mixte qui propose un école productive, un atelier de charpente, des espaces logistiques et de stockage etc. Après concertation avec les différents acteurs publics, Citydev exprima le besoin de créer du logement dans le projet en intérieur de l’îlot. Le projet «Hinterhof» propose de repenser la conception de l’îlot 19ème. Le cœur du projet est le développement d’une école productive qui pourra profiter de son implantation stratégique dans le quartier pour créer différentes interactions avec les entreprises déjà présentes. Cette école propose d’offrir des formations dans l’industrie manufacturière ou alimentaire. «École et entreprises partagent espace, infrastructures, machines et savoir-faire. Les ateliers et le parc machines haut de gamme sont disponibles.» Ainsi, l’école peut également utiliser les matériaux résiduels des entreprises comme matière de travail et d’exercice pour les étudiants.
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Maison de Quartier Productif Plusoffice architects, WRKSHP collectif
RDC
R+1
Actuellement, les quais de Biestebroeck côté rive gauche sont occupés par un grossiste en matériaux. Ce dernier a pour projet d’agrandir son entreprise mais se dit prêt à se défaire d’une partie de son terrain en contrepartie. Ce scénario a permis aux bureaux d’études de proposer un parc et une maison de quartier sur ce nouvel espace libéré. La maison de quartier est productive, autrement dit c’est un incubateur pour strat-up spécialisé dans l’industrie manufacturière. On y retrouve un restaurant social tenu par des personnes peu qualifiées du quartier, des espaces de co-working, un espace polyvalent et un toit accessible au public offrant un belvédère sur le canal. Au rez-de-chaussée, le projet prévoit des «garages strat-up» donnant un nouveau souffle à «l’archétype du box de garage».
«De nombreuses entreprises innovantes sont naît dans une arrière-cour ou un garage. Pour rendre la ville productive et inclusive, de tels petits espaces d’entreprises sont d’une importance capitale. Tenant à la fois de l’incubateur et du centre de quartier, elles offrent espaces et appui aux nouvelles formes d’entreprises.»
Le projet est également intéressant du fait qu’il libère de l’espace public en lien avec le canal. Ce dernier s’anime au rythme de temporalités différentes: pendant les heures de fonctionnement de l’entreprise, l’espace est privatif et sert de surface de manœuvre, le week-end et les soirées, l’espace redevient ouvert au public permettant d’offrir un espace aux habitants du quartier pour flâner ou bien faire du vélo dans ce paysage industriel. Actuellement, un concours est en cours de réalisation sur cette parcelle. En effet, la brasserie bruxelloise Brussels Beer Project souhaite y développer une brasserie qui incarnera l’identité du nouveau quartier sud du canal. 93
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Rambla Productive CENTRAL L’îlot Birmingham se situe en Zone d’Entreprise en Milieu Urbain. J’ai eu l’occasion de travailler sur ce site lors de mon stage au sein de l’équipe Research by Design. Le bMa a transmis les principes à développer sur ce site au bureau CENTRAL qui les a retranscrit graphiquement. Cet îlot est confronté à une forte pression foncière due à la demande importante en logements. Ce phénomène s’est intensifié depuis son changement d’affectation en ZEMU. L’îlot est actuellement en pleine mutation. L’idée du projet est d’établir une stratégie urbaine sur l’ensemble de l’îlot afin de réguler l’implantation des logements et de préserver et perpétuer l’implantation industrielle. Le site dispose d’une topographie en pente vers le canal. Le projet compte tirer les avantages de cette caractéristique pour créer une mixité par juxtaposition. Ainsi, on retrouvera en partie haute, le long de la rue de Birmingham, une mixité verticale qui insérera les fonctions productives en contrebas de la rue, libérant ainsi les rez-de-chaussée et offrant des logements avec vue aux étages. Le reste des activités productives seront concentrées principalement en contrebas de la pente, le long du canal, pour faciliter l’accès aux entreprises. Actuellement, une partie des espaces logistiques des entreprises sont en lien direct avec les quais du canal. De plus, la limite parcellaire est matérialisée par une clôture créant une séparation manichéenne entre l’espace public et l’espace privé. Aucune règle ne régie cette épaisseur entre le bâti et le canal. Le projet propose de remédier à ce problème en instaurant le principe d’une Rambla productive. Cette dernière est un espace négocié et partagé entre l’espace public et l’espace privé qui se trouve devant les bâtiments. Cette épaisseur varie en taille et en nature en fonction des situations. Elle propose une mixité des usages ainsi qu’une nouvelle vision de l’espace public. «Flâner le long d’un centre de recyclage, un hall logistique, demande un langage visuel tout nouveau et même une nouvelle compréhension de ce que l’espace public peut encore signifier.» 95
1. Expérimentations bruxelloises
- Metropolitan Landscape
L’étude Metropolitan Landscape a été réalisée en 2016. Elle explore le rôle structurant de l’espace le paysage ouvert. Elle prend pour périmètre métropolitain enla zone métropolitaine de Bruxelles ainsi que sa périphérie. tant que coalition Elle est une initiative commune entre différentes institutions wallonnes et flamandes comme Bruxelles Environnement, la Vlaamse Landmaatschappij, le Maître architecte bruxellois ou encore le Maître architecte flamand. Comme pour l’exposition Good city has industry, elle METROpOLITAAN 127 inclutLANDSCHAp également une ALSméthodologie de recherche par le projet. JuLIE MABILDE & ELKE VANEMpTEN
COALITIE
Fig 21. Metropolitan Landscape
La métropole incite à considérer les préoccupations à une échelle plus grande. En effet, la ville ne s’arrête généralement pas aux frontières. D’ailleurs, les habitants vivent, travaillent, se déplacent et se détendent en ne tenant pas compte de ce découpage administratif. La continuité des espaces ouverts ne dépend pas non plus des limites régionales. C’est pour cette raison qu’il est intéressant d’introduire une réflexion sur une éventuelle collaboration transfrontalière. L’étude explore les changements du paysage, pas de le but d’aboutir à un projet concret mais plutôt pour proposer de nouvelles idées en matière d’aménagement. Ainsi, l’étude ne fournit pas de réponse définitive mais à le mérite de poser des questions et de faire avancer le débat.128 Twee lezingen van één territorium, één landschap, Bureau Bas Smets en LIST
deux lectures d'un territoire, un paysage, Bureau Bas smets et list
Dans un contexte ou les villes focalisent davantage sur l’urbanisation, l’espace ouvert vient à jouer un rôle passif. En effet, étant un produit non marchant, l’espace ouvert devient généralement l’espace disponible et non l’espace à préserver. 129 Or, ce dernier n’est pas à négliger dans la vision de la ville productive. Il est la couture qui crée la cohérence entre espace bâti et espace non bâti. C’est pour cette raison que nous verrons deux zones de projet proposées par l’étude qui se situent dans la zone du canal, une à l’extrême sud, l’autre à l’extrême nord. Les propos et citations tenus dans les pages qui suivent ont été inspirés par du livre Metropolitan Landscape. 127. http://urbanisme.irisnet.be/actualites-accueil/metropolitan-landscapes 128. DELVOLDER, S., BORRET, K., Avant-propos du livre Metropolitan Landscape, 2016, p7-8. 129. MABILDE, J. VANEMPTEN, E., Le paysage métropolitain en tant que coalition, issu du livre Metropolitan Landscape, 2016, p 12.
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Vier pilootprojecten illustreren het samenspel van natuur en cultuur in het metropolitane landschap. In elk van de pilootprojecten is de activering en transformatie van de open ruimte aanleiding voor nieuwe samenwerkingen.
Quatre projets pilotes illustrent l’alliance de la nature et de la culture au sein du paysage métropolitain. L’activation et la transformation de l’espace ouvert donnent lieu à de nouvelles coopérations dans le cadre de chacun de ces projets.
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de transformatie van een ‘eiland’
Biogas aan de zenne
zenneBeemden
ruisBroeKs achtertuin verKavelen
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ven en ook de ecologische continuïteit van de vallei kan worden verbeterd. In dit collectief is er dus een bijzondere rol weggelegd voor de publieke sector, die zijn taak van visiehouder opneemt om de industriezone te transformeren tot een efficiënter ingerichte, beboste zone die het hitte-eilandeffect verzacht.
HUIDIG
les entreprises qui y sont implantées, ce qui permet également d’améliorer la continuité écologique de la vallée. Ce collectif réserve donc un rôle spécial au secteur public qui assume sa tâche de porteur d’une vision en vue de transformer la zone industrielle en une zone boisée, aménagée de manière plus efficace, qui atténue l’effet d’îlot de chaleur urbain.
GEMEENTE ANDERLECHT
ELK BEDRIJF
INFRASTRuCTuuRBEHEER
GROENBEHEER
WEGENIS Brach 4 schrijnwerkerij
abel)
(leefmil ieu Bru ssel)
zuideliJKe zennevallei ∙ sud de la vallée de la senne
perceel in ontwikkeling
GEMEENTE ANDERLECHT GROENBEHEER
gemeenteweg GEMEENTE ANDERLECHT
HUIDIG
ELK BEDRIJF
INFRASTRuCTuuRBEHEER
WATER
GROENBEHEER
WEGENIS
WATER PARKING
zenne
voetgangersnetwerk
WIT Architectenle, OSA , Annabelle Blin, Philip Stessens indust rie (gewestw laan eg)
case 01
NIEUW
BUFFER/GROEN saint - gobain glasproducent
BUFFER/GROEN
industrielaan GEMEENTE ANDERLECHT (gewestweg)
NIEUW
GROENBEHEER
EILAND COLLECTIEF vag security systems
WATER
BIM
WEGENIS
BIM
Kantoor
aa docks conference center INFRASTRuCTuuRBEHEER PARKING
BUFFER/GROEN
loods
PARKING Le paysage aquatique du sud de la BUFFER/GROEN vallée de la Senne (Case 04)
r.delleuse Bouwmaterialen
lud (infr
wegta
spoor
77
piette & cie visgroothandel
loods + kantoor
+
Kantoor loods
loods
Kantoor
tramlijn
uitbreiding showroom
EILAND COLLECTIEF
La zone se situe dans la vallée de la INFRASTRuCTuuRBEHEER Senne et s’étend de Drogenbos à la gare PARKING de Bruxelles-Midi. L’équipe a formulé WEGENIS cinq défis pour constituer le paysage métropolitain de demain: + GOMB
GOMB
Bestaande toestand
gedeelde cafetaria aan de zenne
WATER
flexibel loodsgebouw
Kantoortoren
- identifier le caractère et les potentiels de l’espace ouvert ; - organiser une alliance entre nature et culture ; - repenser et réorganiser la périphérie de la ville productive ; - utiliser la diversité des paysages comme matière première ; - créer un espace de transition entre la ville et l’arrière pays.
Le cas d’étude n°4 se situe dans le périmètre du Plan Canal. Ce dernier consiste à remédier à l’aménagement chaotique des implantations des bâtiments de la zone industrielle d’Anderlecht. En effet, comme nous l’avons expliqué plus tôt, les hangars tournent le dos à la Senne qui n’est donc pas mise en valeur. Cette dernière se retrouve enclavée alors qu’elle pourrait constituer un réel atout pour améliorer la continuité écologique mais aussi le cadre de vie des travailleurs et des habitants des quartiers environnants. Une des propositions de l’équipe pour revaloriser la Senne serait de créer un «collectif d’îlot». Ce dispositif propose de rassembler les différents propriétaires et gestionnaires des sites industrielles pour qu’ils puissent ensemble revoir l’organisation de leur parcelle. Le but étant d’abandonner les logiques de gestion manichéennes qui opposent public et privé pour instaurer une gestion collective des parcelles. Ainsi, l’îlot n’est plus vu comme une somme de parcelles mais plutôt comme une seule et même entité avec des allées paysagères communes et un système de mutualisation des espaces de manœuvre et de parkings. Les infrastructures et les voiries sont gérées par les collectivités et l’autorité communale devient responsable des espaces verts. Ce dispositif permet d’améliorer et de valoriser la continuité écologique de la vallée de laKantoortoren Senne gedeelde cafetaria aan de zenne uitbreiding showroom flexibel loodsgebouw et d’offrir aux travailleurs et aux habitants du quartier, un cadre de vie de qualité. transformatie
99 transformatie
tramlijn
kanaalzone ontWerpend onderzoeK ∙ recherche par le proJet : LOLA LANDSCApE ARCHITECTS, FLORIS ALKEMADE & GRONTMIJ
De infrastructuur in de vallei is sterk noord-zuid gericht. In totaal zijn er zeven unieke lijnen te onderscheiden: het kanaal, de Zenne, de Harensesteenweg, de Schaarbeeklei, de spoorwegen, de Nijverheidsstraat en de Woluwelaan. Langs deze lijnen kan met een gericht plan van regels en ingrediënten een aantrekkelijke mix van wonen, werken en recreëren worden gerealiseerd.
Het kanaal De Zenne Harensesteenweg Schaarbeeklei
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L’infrastructure de la vallée a une nette direction nord-sud. Au total, on peut distinguer sept lignes uniques : le canal, la Senne, la Harensesteenweg, la Schaarbeeklei, les voies ferrées, la Nijverheidsstraat et la Woluwelaan. Le long de ces lignes, il est possible de réaliser un mix attractif d’habitat, de travail et de loisirs, à condition d’adopter un projet ciblé de règles et d’ingrédients.
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Spoorweg Nijverheidsstraat Woluwelaan
Bomenlaan
GEN fietsnetwerk
L’infrastructure en tant que paysage dans le nord de la zone canal LOLA Landscape Architects, Floris Alkemade, Grontmij
nieuwe bedrijven
fietspad naar Brussel
verbinding naar Brussel opstappunten water taxi
meer kansen voor recreatie
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Het natuurlijke karakter van de Zenne kan opnieuw versterkt worden, zodat ze de pieken in waterafvoer kan opvangen. Door het voorzien van een aantal bruggen, wandelpaden en terrassen aan de oevers worden de Zenneboorden ook een aangename plek voor recreanten en omwonenden.
case 04
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case 04
De groenstroken langs de spoorwegen kunnen uitgroeien tot sterke ecologische verbindingen. Eenvoudige ingrepen – zoals een ander groenbeheer en het weghalen van hekken of hindernissen – kunnen hiertoe bijdragen. Door de afrastering twee meter op te schuiven, kan er bovendien ook plaats gemaakt worden voor een fietsverbinding tussen de bestaande stations Vilvoorde en Haren en het geplande GENstation (Gewestelijk Expresnet).
hekwerk
ecologische verbindingszone
Le caractère naturel de la Senne peut de nouveau être renforcé, ce qui permet de compenser les pics d’évacuation d’eau. En l’équipant d’un certain nombre de ponts, de sentiers de promenade et de terrasses sur ses rives, les bords de la Senne deviennent un endroit agréable pour les touristes et les riverains.
Les couloirs verts le long des voies ferrées peuvent se développer pour devenir des liaisons écologiques fortes. Des interventions simples, comme une gestion différente de la verdure et la suppression des barrières et obstacles, peuvent y contribuer. En poussant le grillage de 2 mètres, il est, en outre, possible de faire de la place pour une liaison cyclable entre les gares existantes de Vilvorde et de Haren et la future gare RER (Réseau express régional).
fietsverbinding tussen haren en vilvoorde
café/restaurant
recreatieve verbinding
toegankelijkheid water
hekwerk
ecologische verbindingszone op het talud
fietspad (onderdeel fiets-gen)
recreatieve verbinding Brug over de zenne
L’équipe a axée le projet sur la question de l’infrastructure post-industrielle de la zone entre Bruxelles, Machelen et Vilvore. «Comment une infrastructure peut-elle créer du paysage qui réserve de la place à un développement futur flexible et à une meilleure conciliation de l’écologie, de l’économie, du logement et des loisirs?» La vallée de la Senne, avec sa faible topographie, s’est transformée en une vallée d’infrastructures, propice au développement d’activités productives. La zone se partage entre une zone résidentielle côté ouest et une zone réservées aux activités économiques et industrielles côté est. L’équipe considère que le paysage métropolitain doit permettre un maximum d’usages pour répondre aux besoins des habitants, qu’ils viennent de Bruxelles ou de sa périphérie. La pression exercée sur l’espace ouvert doit renforcer son ménagement en prouvant sa valeur.
woningbouw
«Plus la valeur est reconnue, plus sa survie est assurée.» Pour cela, il faut identifier et révéler l’identité de ce territoire. Sa diversité est à voir comme une force, permettant d’aboutir à des formes intermédiaires intéressantes, mêlant caractère villageois et fonctions métropolitaines. Le projet prévoie la réalisation de liaisons écologiques, une «green grid», permettant de structurer ce paysage métropolitain en resserrant le maillage des axes routiers. Ainsi, le nord de Bruxelles ambitionne de devenir la nouvelle destination de loisir. Sa proximité avec l’aéroport, l’autoroute, le canal et les voies de chemins de fer rend cette zone très accessible. L’infrastructure s’oriente en fonction de sept lignes: «le canal, la Senne, la Harensesteenweg, la Schaarbeeklei, les voies ferrées, la Nijverheidsstraat et la Woluwelaan.» Le but du projet est d’intégrer le long de ces lignes une mixité de fonctions entre travail, habitat et loisirs. Ainsi, le canal peut garder sa dominance industrielle tout en intégrant une liaison plus efficace depuis Bruxelles (pistes cyclables, bateaux bus...). La Senne avec son caractère naturel peut intégrer différentes fonctions récréatives comme des sentiers de promenade, des terrasses sur les rives etc. Des couloirs verts peuvent longer les voies ferrés et renforcer les connexions écologiques.
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2. Expérimentations internationales
- Europan 14
La question de la ville productive n’est pas propre à Bruxelles. En effet, elle concerne l’ensemble des villes post-industrielles européennes. C’est pour cette raison qu’en 2017, après deux sessions sur le thème de la ville adaptable, le concours international de l’Europan 14 s’est concentré sur le thème des villes productives. Le choix de ce thème est le résultat d’un consensus entre les 13 structures européennes participantes. Sur les 353 équipes inscrites, 136 équipes on été primées. «Par production on entendra activités productives, et donc quelle place, quelle architecture, quelles interactions et associations urbaines, quelles productions contemporaines de la ville»130 Le concours propose notamment de s’interroger sur des sites de deux types différents: des sites en situation urbaine et des sites péri-urbains en mutation. Trois projets seront analysés sur un même site qui se trouve en France, à Bègles, près de Bordeaux. L’objectif est de voir quelles peuvent être les différentes approches de la ville productive en fonction des affinités des différentes équipes. L’ensemble des analyses des projets ont été réalisées grâce aux conférences Rencontres Nationales Villes Equipes qui se sont déroulées entre le 28 février et le 1er mars 2018 à la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris.
130. Europan 14, Rapport du jury français, octobre-novembre 2017, p-4
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La grande mine Jeanne Gerbeaud, Armelle Goyon Lauréats Au 18e siècle, Bègles tirait partie de sa géographie et de sa position stratégique au bord de la Garonne. Ainsi, le projet propose de prendre en compte l’histoire sociale et industrielle qui s’est construite autour de ce fleuve pour la réinventer et faire face à la pression immobilière. Le quartier du grand port est constitué de petites et moyennes entreprises ainsi que de deux enclaves: le site de Coliposte et une papeterie, toujours opérationnelle aujourd’hui. L’objectif consiste à maintenir cette économie déjà présente et de la revaloriser. Les principales problématiques du site sont que la papeterie doit créer les conditions de son maintien et que Coliposte doit réinventer son activité. L’équipe de projet propose d’axer le projet sur les espaces entre les différentes entreprises du site notamment sur l’espace qui sépare ces entreprises de la Garonne, aujourd’hui réservé à l’automobile. L’idée est de concevoir un quartier mixte où cohabitent habitat et espaces productifs en s’appuyant sur une trame urbaine et paysagère. L’équipe a porté sa réflexion autour de cinq grands axes: 1. La consolidation des quais de la Garonne pour faire du quartier du grand port une entrée de ville à l’échelle de la métropole. 2. La rationalisation des flux logistiques liés aux entreprises en créant un réseau. Ainsi, la Garonne pourra retrouver son rôle historique de transport de marchandises. 3. Des espaces de production visibles depuis l’espace public mais aussi depuis l’espace privé, dans un intérêt esthétique et éducatif. Cela participe à la nouvelle identité du quartier. 4. La proposition d’un travail typologique hybride qui mêle habitat et travail pour définir le quartier comme signe d’une innovation afin d’améliorer la qualité de vie et de travail. 5. La mise en place d’une nouvelle organisation des acteurs en créant une société coopérative d’intérêts collectifs. Ainsi, entreprises, habitants et institutions s’organisent au sein d’un projet commun. Par exemple, la poste devient le gestionnaire à l’échelle de Coliposte et offre un service de conciergerie d’entreprise.
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Bègles et les machines urbaines Rosalie robert, Pauline Percheron Finalistes Pour aborder la question de la ville productive, l’équipe a voulu réquisitionner les capacités de l’architecture à faire la ville. Elle s’est alors intéressée à la dimension des bâtiments présents sur le site, à leur «taille démesurée» ainsi qu’à leur capacité à accueillir dans leur enceinte des activités très riches et des interactions denses entre les machines, les véhicules et les humains. A contrario ces bâtiments mettent à distance les espaces extérieurs qui eux sont des zones de circulation en friches dédiées à la logistique. Actuellement, la fonction productive produit les formes. L’équipe propose alors de générer l’urbanité par des interventions architecturales plutôt que par un plan directeur. Est-ce que ces grands bâtiments peuvent contenir toute la mixité nécessaire dont a besoin la ville? L’équipe part alors du principe que si on construit chaque bâtiment comme une usine, ce dernier peut accueillir n’importe quelle activité. Elle a donc créé le concept de «bâtiment machine», une super structure où cohabitent bureaux, logements, logistiques et activités industrielles. Le bâtiment machine possède plusieurs caractéristiques: 1. Remettre à sa juste place l’activité productive en la montrant et en créant des interactions entre travailleurs et passants. 2. L’espace public rend le bâtiment perméable et peut accueillir les manifestations de la vie collective (coursives, rooftops etc). 3. L’espace est adaptable et correspond autant à l’industrie qu’au logement. Sa super structure offre aux habitants des espaces de vie hors norme; 4. La cohabitation d’usages variés permet la rencontre d’usagers qui n’ont pas l’habitude de se côtoyer, c’est une architecture qui fabrique l’imprévisible, où macro et micro échelles ne sont plus incompatibles. Puisque les interactions de la ville traditionnelles sont contenues à l’intérieur de l’enveloppe des bâtiments, les espaces extérieurs sont libérés de leurs obligations sociales et ne sont plus des espaces publics au sens traditionnel du terme. Ces derniers sont libérés de tous les artifices qui segmentent la ville traditionnelle. Ainsi la nature redevient sauvage. Les principes du bâtiment machine peuvent s’adapter au site existant en profitant des mutations des activités industrielles. Ainsi, Coliposte peut conserver son enveloppe et y insérer des espaces publics et des nouveaux usages. La papeterie conserve son unité de production mais avec une nouvelle enveloppe qui intègre des espaces de recherches et des espaces de stockage. On trouve également des nouveaux bâtiments machines comme un bâtiment quai pour gérer le transport fluvial. Le but étant de créer un réseau de bâtiments qui se complètent les uns aux autres et non un bâtiment qui contiendrait toutes les activités. 107
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Toolkit City François Lepeytre, Hector Hernandez Carillo, Cinthia Aguirre Veiga, Gaël Brulé, Ernesto Mention spéciale Le projet vise à mettre en relation la production avec l’innovation et à inclure les habitants dans l’élaboration du projet. Le site est marqué par une faible maîtrise du foncier et par la présence d’entreprises qui ont pour intention de rester. L’enjeu de la ville productive est d’amener tout ce qui fait la ville dans un site productif. Le projet vise à combiner une vision urbaine avec un processus de concertation. Ainsi, les acteurs sont intégrés dès le début de la réflexion. Il est apparu important pour l’équipe de souligner l’importance du rôle des associations locales, indispensables pour l’appropriation du site et l’activation de ce type de projet urbain. Ainsi, le projet est une solution qui propose à la fois des projets de nature tangibles et des projets de l’ordre de l’informel et du service. L’équipe a également voulu mettre en place un dispositif de protection contre la gentrification, phénomène qui se développe a proximité de Bègles. Le but étant de préserver l’identité ouvrière et historique du site. Aujourd’hui le site est adapté aux semi-remorques, le piéton y est exclut. Le site Coliposte est le lieu idéal pour renverser ce phénomène et inclure une mutualisation des espaces qui offrirait une nouvelle qualité de vie. Les logements et services sont reliés par des liaisons douces. Chacune des centralités créées offre une densité qui s’adapte aux problématiques des acteurs locaux tout en gardant une cohérence d’ensemble. Le projet débouche sur la Garonne et propose de mettre à distance la voiture en décalant la voirie carrossable sur l’eau pour aménager un paysage aquatique et redonner une qualité aux rives. Le site Coliposte devient un lieu d’hybridation d’usages, avec une gestion de la logistique, des bureaux éclairés par des patios, des pépinières d’entreprises etc. Ce bâtiment qui donne face à la Garonne devient un signal mettant en lien entreprises et habitants en favorisant les fablabs, la production numériques etc.
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3. Rêve ou réalité ?
Après analyse des différents projets on remarque qu’une grande énergie a été déployée dans la construction de l’image de la ville productive. L’exposition Good city has industry propose des projets très précis, avec des maquettes à des niveaux de détail qui permettent de se projeter dans l’univers productif. Les trois projets de l’Europan proposent des approches totalement différentes, ne serait-ce que dans le vocabulaire utilisé: on parle de «conserver l’économie dans un nouveau centre urbain», de «bâtiment machine» ou encore de «vision urbain avec un processus de participation». Ainsi, nous avons une vision urbaine et architecturale plutôt classique (lauréats), une proposition radicalement typo-morphologique (finalistes) et une vision participative avec une équipe pluridisciplinaire (mention spéciale). Après analyse de ces différents projets, on peut dire que ces derniers perçoivent la ville productive comme étant : - une ville qui tire partie de son passé industriel pour se réinventer et créer de nouveaux modes de production, notamment basés sur l’économie circulaire ; - une ville qui profite des avancées technologiques pour créer une nouvelle industrie performante et innovante ; - une ville hédoniste, où les habitants profitent des loisirs et aiment vivre proche de leur lieu de travail; et où les gens sont heureux de travailler ; - une ville qui utilise le paysage naturel comme support ; - une ville qui met en scène son industrie dans l’espace public ; - une ville qui crée des emplois diversifiés etc. En d’autre terme, une ville où il fait bon vivre. Cependant, on peut s’interroger sur les innovations en terme d’activités productives proposées. En effet, les «garages à start-up», les «fablabs», ou la «production numérique» sont certes des concepts intéressants mais ne reflètent-ils pas plus un phénomène de mode plutôt qu’une proposition d’emploi en adéquation avec les réalités sociales ? Ne seraient-ils pas des emplois tertiaires 4.0 dissimulés, réservés finalement aux «thinkers» ? Ces questions soulèvent le fait qu’il faut garder un certain recul par rapport à la quantité de travail fourni et la qualité graphique de ces rendus. En effet, globalement, les projets manques de dimensions sociales. Même si ces projets sont purement spéculatifs, ils semblent tous effleurer la question. Certaines études sont d’ailleurs conscientes de ce manque. En effet, la conclusion du livre Metropolitan Landscape rappelle le fait que la manipulation de telles échelles ne permet pas d’entrer en profondeur dans les mécanismes d’un territoire.
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«Dans sa forme actuelle, cette recherche par le projet est composée d’exercices qui testent, bousculent légèrement les idées reçues, mettent en lumière des potentialités, mais, pour l’instant, ne portent pas sur la dimension sociale.»131 Ces études et concours, sont avant tout à prendre comme des exercices menées par des experts. Il convient donc de ne pas poser la question de la ville productive qu’aux concepteurs. Lors de la conférence Villes Productives et architecture enregistrée le 16 mai 2018 à l’ENSA Paris-Val de Seine à l’occasion de l’inauguration de l’exposition nationale des résultats Europan 14 en France, Myrto Vitart, membre du jury Europan 14, a relevé également le fait que la majorité des propositions privilégiaient davantage le processus par rapport au produit final. En effet, selon elle l’architecture a été traitée comme un logo, une marque de fabrique. Les participants ont simplifié l’architecture à son maximum en vue de mieux la communiquer. Ainsi, les maisons sont souvent dessinées avec des toitures à deux pans, les industries avec des toitures en shed. Elle nota aussi le fait que la mixité est souvent vue comme un «joyeux mélange où tout ce mélange», et qu’il y a eu un manque de réflexion sur la cohabitation entre logements et industries, notamment sur les questions de nuisances et de pollution. 132
131. CORIJN, E. LOECKX, A., PERSYN, F., Metropolitan Landscapes: regarder autrement 9+1 fois, un commentaire critique par les experts externes, issu du livre Metropolitan Landscape, 2016, p 12. 132. https://europanfrance.org/actualite/villes-productives-et-architecture-167
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B) Concrétisations sur le territoire du canal
Interbéton BC architects & studies, Jasper Poesen L’usine d’Inter-Béton se situe au cœur de la Zone Canal, à proximité du site de Tour & Taxi. Actuellement, l’usine constitue une nuisance pour les habitants du quartier (nuisances sonores, émissions de poussières). Or, cette entreprise est un acteur économique important de la Région puisque cette dernière livre 170.000 m² de béton par ans, qu’elle représente 220 camions de livraison quotidiens et 100 emplois directs et indirects. Afin que cette activité puisse rester en ville, l’équipe du bMa a organisé un concours pour envisager sa reconversion en vue d’une meilleure intégration urbaine. L’équipe a séduite le jury (présidé par le bMa et composé par le Port de Bruxelles, la SAU et InterBéton) par leur volonté de travailler sur la manière dont l’entreprise pourrait devenir un atout pour le quartier. Le projet prévoit plusieurs modifications comme: - une réorganisation de la circulation des camions ; - un repositionnement des zones de stockage ; - un recouvrement des zones de chargement par un auvent qui permettra de réduire les nuisances ; - ce auvent permettra d’accueillir des nouveaux bureaux pour les employés avec une vue sur le canal ; - une partie de ce même auvent sera accessible au public et offrira une vue panoramique sur le canal ; - la tour sera revalorisée comme landmark, comme balise urbaine. Les bureaux seront réalisés en deuxième phase et abriteront les services administratifs de la centrale ainsi que des espaces fonctionnels dédiés aux riverains. https://www.interbeton.be/fr/node/9371 http://canal.brussels/fr/content/inter-beton-un-concours-pour-repenser-son-implantation-le-long-du-canal
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Het
winnende
team
stelt
een
project
voor
dat
de
als een kwaliteit voor het project in zijn geheel.
stedenbouwkundige en verordenende vereisten op een overtuigende manier inlost.
Zo wordt de overdekte productiekoer beschouwd als het hart van de activiteiten in het stratenblok. De productieruimtes rond de
Zo verleent het project het complex een sterke nieuwe
koer zijn flexibel en modulair en zijn rondom het hele stratenblok
stedenbouwkundige identiteit, die past tussen het toekomstige
toegankelijk voor voetgangers. Ze beschikken over een centrale
park en het kanaal en die zich verankert in de omgeving en
laad- en losruimte. Deze organisatie zorgt ervoor dat een actieve
ermee in dialoog gaat. Het voorstel van de architecten bestaat uit
productiesokkel gecreĂŤerd wordt, zowel in het centrum van
de bouw van drie volumes aan het kanaal, enkele gebouwen in de
het stratenblok als aan het kanaal. De binnenstraat is afgezet
Dantestraat, en een nieuwe binnenstraat en enkele gebouwen
met bomen en zorgt voor de voetgangersdistributie tussen de
aan het park. Deze gehelen vormen families die elk individueel
woningen en de activiteiten die aan weerszijden ervan liggen.
beschikken over elementen die hen onderscheiden, maar die vallen onder een vergelijkbare architecturale typologie. Hierdoor
De kwaliteit van de woningen wordt versterkt doordat ze
ontstaat een homogeen en coherent stadsproject met een sterke
allemaal een vrij uitzicht hebben, hetzij op het kanaal, hetzij op
architecturale identiteit.
het toekomstige park. Ze hebben ook bijna allemaal ramen aan
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twee zijden. De bouwstructuur zorgt ervoor dat de plateaus heel De diverse gebouwen zijn onderling verbonden door een
flexibel zijn en dat een grote variatie van woningtypes mogelijk
uitgestrekt plateau dat de woningen distribueert en dat het
is. De plannen zijn op een compacte manier georganiseerd met
gesloten dak van de productiesokkel vormt. Dit plateau is gericht
een logische en doeltreffende circulatie.
/plusofficearchitects plusofficearchitects/ /B2Ai B2Ai
stiques nistiques etet
LAURÉAT LAUREAAT
rbanistique urbanistique al,s’ancrant s’ancrant
elui-ci. Les celui-ci. Les mergences émergences
Urbanities M-SA, plusofficearchitects, B2Ai MSA / plusofficearchitects / B2Ai
L’équipe lauréate répond aux enjeux urbanistiques et
Dante Danteetetdede ués lele long itués long
réglementaires de façon convaincante.
es desfamilles familles rités laritésmais mais
forte, s’insérant entre le futur parc et le canal, s’ancrant
enen résulte Il résulte te identité orte identité
r ununvaste par vaste ntlalatoiture toiture
Ainsi, le projet apporte une nouvelle identité urbanistique dans le territoire qui l’entoure et dialoguant avec celui-ci. Les architectes proposent la construction de trois émergences le long du canal, d’immeubles le long de la rue Dante et de la nouvelle rue intérieure et enfin de bâtiments situés le long du parc. Ces différents ensembles constituent des familles disposant individuellement d’éléments de singularités mais relevant d’une typologie architecturale similaire. Il en résulte un projet urbain homogène et cohérent, à forte identité architecturale.
rs lele canal, ers canal, ants, sera bitants, sera
Les différents bâtiments sont reliés entre eux par un vaste
erre, serre,d’une d’une
couverte du socle productif. Ce plateau, orienté vers le canal,
tiques est matiques est sroductives productives
rainte mais ntrainte mais e. ble.
plateau distribuant les logements et constituant la toiture est aménagé en jardin d’agrément pour les habitants, sera doté d’espaces pour l’agriculture urbaine, d’une serre, d’une végétation variée. En outre, la réponse aux enjeux programmatiques est également judicieuse, la superposition des activités productives et de logements n’étant pas traitée comme une contrainte mais comme une qualité pour le projet dans son ensemble.
Ainsi, lala cour productive couverte est lele cœur des activités dede Ainsi, cour productive couverte est cœur des activités l’îlot. Ces espaces productifs, disposés autour dede lala cour quiqui l’îlot. Ces espaces productifs, disposés autour cour comprend unun quai dede déchargement central, sont flexibles etet comprend quai déchargement central, sont flexibles modulaires etet ont des accès piétons tout autour dede l’îlot. Cette modulaires ont des accès piétons tout autour l’îlot. Cette organisation permet dede créer unun socle productif actif, tant auau organisation permet créer socle productif actif, tant centre dede l’îlot, que lele long dudu canal. LaLa rue intérieure, bordée centre l’îlot, que long canal. rue intérieure, bordée d’arbres, d’arbres,permet permetquant quantà àelle elleune unedistribution distributionpiétonne piétonnedes des logements etet activités dede part etet d’autre dede celle-ci. logements activités part d’autre celle-ci. Les Leslogements, logements,dont dontlalaplupart plupartsont sontdotés dotésd’une d’unedouble double orientation, bénéficient tous d’une vue dégagée, soit sur le le canal, orientation, bénéficient tous d’une vue dégagée, soit sur canal, soit sur le le futur parc. LaLa trame structurelle permet une grande soit sur futur parc. trame structurelle permet une grande flexibilité des plateaux etet une variété des typologies dede logements. flexibilité des plateaux une variété des typologies logements.
Suite à l’acquisition d’une parcelle le long du canal dans le bassin de Biestebroeck, la société RIVAND s’est associée au développeur BW Promo afin d’organiser un concours en vue de créer un projet à l’image de la ville productive, composé de 62.000 m² de logements et de 15.000 m² d’activités productives. Le projet se situe en ZEMU et doit donc prendre en compte tous les enjeux liés à cette récente affectation du sol: mixité verticale, socle productif, logements aux niveaux supérieurs. Cette grande parcelle permet d’être le terrain de l’expérimentation pour offrir une vision novatrice de la vie urbaine tout en prenant conscience des besoins des futurs et actuels habitants. Le projet doit également prendre en compte Ainsi, la cour productive couverte est le cœur des activités de le PPAS en cours sur cette zone. l’îlot. Ces espaces productifs, disposés autour de la cour qui comprend un quaiLes de déchargement central,ont sont flexibles et lauréats réussi à apporter une modulaires et ont des accès piétons tout autour de l’îlot. Cette nouvelle identité urbanistique au quartier organisation permet de créer un socle productif actif, tant au centre de l’îlot, que le long du canal. La rue intérieure, bordée tout en dialoguant avec le contexte du d’arbres, permet quant à elle une distribution piétonne des logements et activités de part et d’autre de celle-ci. propose l’implantation canal. L’équipe de trois tours le long de ce dernier, Les logements, dont la plupart sont dotés d’une double orientation, bénéficient tous d’une vue dégagée, soit sur le canal, d’immeubles plus bas le long de la rue soit sur le futur parc. La trame structurelle permet une grande Dante etdesde la denouvelle rue en intérieur flexibilité des plateaux et une variété typologies logements. Les plans sont organisés de façon compacte avec des circulations logiques et efficaces.
d’îlot ainsi que des bâtiments en lien avec le parc. Le projet propose différents gabarits de bâtiments appartenant à la même typologie, permettant ainsi un traitement homogène tout Les plans sont organisés dede façon compacte avec des circulations Les plans sont organisés façon compacte avec des circulations MAITRE ARCHITECTE logiques etet efficaces. logiques efficaces. au long de l’îlot. Le socle productif se creuse en son centreBOUWMEESTER et offre une cour productive couverte. Les espaces dédiés aux futurs entreprises modulaires s’organisent autour de cette cour qui sert de zone logistique et de quai de déchargement. Une rue productive intérieure permet l’accès aux logements et MAITRE aux activités BOUWMEESTER ARCHITECTE BOUWMEESTER MAITRE ARCHITECTEproductives. Des logements de qualité offrent une double orientation ainsi qu’une vue sur le canal ou sur le parc. La flexibilité de la trame proposée permet une grande variété de typologies de logements ainsi qu’une circulation efficace. Ce projet ne voit pas la superposition des logements et de l’activité productive comme une contrainte mais plutôt comme une qualité. Ce dernier constitue une réponse en adéquation avec les enjeux programmatiques de la ville productive à Bruxelles. bMa, bouwmeester, Urbanities, Factsheet, mars 2018.
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Conclusion intermédiaire n°4 Les projets concrets montrent que la ville productive peut s’incarner dans des objectifs simples comme le fait de vouloir maintenir des activités en les intégrant mieux dans la ville. La ville productive peut également s’identifier à des grands projets urbains qui impliquent la construction d’îlots entiers. Les projets spéculatifs ont certes également permis de tester différentes typologies de la ville productive mais ces derniers s’écartent parfois trop des réalités liées au territoire. En effet, la mise en place d’une vision productive sur le long terme nécessite de questionner toutes les dimensions afin d’éviter une vision simplificatrice. Ainsi, la prochaine partie tentera de confronter la ville productive aux réalités bruxelloises. Elle abordera les difficultés urbanistiques auxquelles elle a déjà pu se confronter, les besoins des entreprises bruxelloises et la question de l’emploi.
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V – Ville productive et réalités urbanistiques, économiques et sociales
A) Réalités urbanistiques et désirs des porteurs de projets
1. Une définition du PRAS souple et englobante ? 2. Arrangements et détournements des règles 3. Facteurs de réussite pour la réalisation des ZEMU
B) Réalités économiques et besoins des entreprises
1. Nécessité d’une analyse du tissu économique 2. Déterminer les besoins des travailleurs et des habitants
C) Réalités sociales et besoins des habitants
1. Ville productive et profils des demandeurs d’emploi 2. Nécessité d’avoir une main-d’œuvre locale 3. Des formations pour créer une diversité de l’emploi
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A) Réalités urbanistiques et désirs des porteurs de projet 1. Une définition du PRAS souple et englobante? Pour rappel, le glossaire du PRAS définit les activités productives comme étant des «activités artisanales, activités de haute technologie, activités industrielles, activités de production de services matériels et de biens immatériels. Sont assimilés aux activités productives, les travaux de gestion ou d’administration, l’entreposage et les commerces qui en sont l’accessoire.»133 Cette définition englobe beaucoup de disciplines différentes et ne se limite pas à la dimension manufacturière. La frontière entre les activités productives et les activités tertiaires est donc parfois mince puisque la définition accepte également la gestion et l’administration accessoire. «L’usage du terme «produire» entretient un flou sémantique.» 134 La ZIU d’Anderlecht est notamment victime de ce phénomène de tertiarisation. En effet, on constate la présence de bureaux liées aux entrepôts et aux usines, mais également des parcs d’entreprises qui consomment beaucoup d’espace. On peut relever le Paepsem Business Park et le Riverside Business Park. Ce dernier est particulièrement gourmand en utilisation du sol alors que le Didier Gosuin, Ministre bruxellois de l’Emploi et de l’Économie, affirme qu’il y a trop peu d’espace pour accueillir les activités productives.135
Entrepôts
Usines
Showrooms
Commerces
Bureaux
Fig 21. A gauche, typologie des bâtiments de la zone industrielle d’Anderlecht. A droite, plan du Riverside Business Park 133. Gouvernement de la Région Bruxelles-Capitale, PRAS, Plan régional d’affectation du sol, Dispositions relatives à l’affectation du sol, version coordonnée, août 2017, p 68. 134. ORBAN, A., SCOHIER, C., Evolution des activités productives en Région de Bruxelles-Capitale et besoins des habitants: les discours institutionnels à l’épreuve des faits, p- 8. 135. CEPAG asbl, Centre d’éducation populaire André Génot, Un plan industriel bruxellois, fiche d’actualité 2016-3, octobre 2016, p-6
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Ces douze immeubles (Fig. 21) répartis sur 26 826 m² accueillent 9 immeubles de bureaux et 3 unités semi-industrielles.136 Leur implantation ne profite pas de leur position privilégiée en bordure de canal. Même s’il est clair que les entreprises ont parfois besoins de ces activités «accessoires», elle ne doivent pas prendre le dessus sur l’espace dédié aux activités productives. Les ZIU ne doivent pas devenir des quartiers de bureaux. Cependant, il est également important que la définition du PRAS des activités économiques ne prenne pas le risque d’exclure certains secteurs, ce qui serait très négatif. Cette définition doit pouvoir garder une certaine souplesse pour garder un caractère évolutif et ainsi inclure les évolutions de la ville productive.137 2. Arrangements et détournements des règles «Les opérateurs privées […] sont prêts à utiliser les failles des réglementations et les hésitations des politiques»138 Certains porteurs de projets se sont cependant déjà saisis de ce flou pour interpréter à leur manière la définition d’activité productive. C’est particulièrement le cas dans les ZEMU à Biestebroeck. En effet, comme nous avons pu l’expliquer, Biestebroeck est l’un des premiers sites témoins du Plan Canal. Auparavant zone monofonctionnelle, on y retrouve aujourd’hui beaucoup de friches, ce qui constitue une opportunité de créer un quartier mixte mêlant activités productives et logements. Cependant, cette mixité s’est retrouvée mise à mal pour plusieurs raisons. Premièrement, les terrains ont été achetés par les promoteurs au prix fort. En effet, avec le changement d’affectation du sol, il ne s’agissait plus d’ériger une industrie ou un entrepôt avec un seul propriétaire mais bien un programme intégrant du logement, les terrains ont donc inévitablement pris de la valeur. De plus, ces terrains accueillaient auparavant des activités industrielles et sont par conséquent très pollués, engendrant des coûts importants d’excavation. Or, le RRU oblige de prévoir une place de parking par logement. Par conséquent, les porteurs de projets préfèrent disposer les parkings dans les socles censés être productifs plutôt que de créer des parkings souterrains.139 Rappelons les règles dictées pas le PRAS des ZEMU en terme d’organisation: «9 bis.1Ces zones sont affectées aux activités productives et aux services intégrés aux entreprises, à savoir les services « business to business », dont la superficie de plancher est limitée à 2 000 m² par immeuble. [..] 9bis.3 Les rez-de-chaussée des immeubles sont affectés aux activités productives, aux services intégrés aux entreprises, aux commerces et aux commerces de gros. 136. https://www.leasinvest.be/fr/portfolio/10/riverside-business-park/ 137. CEPAG asbl, Centre d’éducation populaire André Génot, Un plan industriel bruxellois, fiche d’actualité 2016-3, octobre 2016, p-6 138. GENARD,J-L., Préface de la thèse La Planification sans le plan. Règlement et régulation de l’aménagement du territoire bruxellois de Sarah Levy, VUBPRESS, 2015, p- 8. 139. LACASSE,G., COLLET,J., Fabriquer le ville productive, A+ n°262, [RE]WORK, octobre/novembre 2016, p-91.
121
9bis.4 La réalisation d’un projet portant au moins sur 10 000 m² de superficie de plancher peut être autorisée moyennant le respect des conditions suivantes et après que les actes et travaux auront été soumis aux mesures particulières de publicité : 1° Le projet prévoit d’affecter aux activités productives, aux services intégrés aux entreprises, aux commerces ou aux commerces de gros une superficie de plancher qui correspond, au minimum, à 90% de l’emprise au sol du projet ; 2° Le projet prévoit d’affecter au logement au minimum 40 % de la superficie de plancher.»140 Une autre des raisons de la perte en qualité de la mixité est due aux services B2B décrits dans le point 9 bis 1. Ces dernières semblent être en vogue chez les porteurs de projet puisque les activités productives sont remplacées par ces dernières. En effet, il n’est pas rare de voir dans les projets des rez-de-chaussée commerciaux plutôt que des rez-de-chaussée productifs. D’ailleurs les sites d’informations des projets City Dox et Nautilus traduisent cette mixité encore trop timide, pas encore à la hauteur des ambitions de la ville productive.
Nautilus - Eaglestone
CityDox - Atenor
«Le Nautilus est un ensemble immobilier mixte et urbain imaginé par le bureau d’architecte Axent. Le projet compte 4 bâtiments articulés autour d’une vaste esplanade verdurisée permettant la cohabitation harmonieuse de logements, de commerces et d’une crèche.» (https://www. nautilusbyeaglestone.be/)
«Appartements neufs à prix accessibles pour les familles, résidence-services, maison de repos et de soins, commerces de proximité, école, entreprises de services innovantes, jardins et parcs aménagés… City Dox privilégie le bien-être et la convivialité.» (https://www.citydox.be/fr/le-projet)
140. GOUVERNEMENT DE LA REGION DE BRUXELLES-CAPITALE, PRAS, Plan Régional d’Affectation du Sol, Dispositions relatives à l’affectation du sol, version coordonnée, Août 2017, p-33
122
En anticipant les réticences d’habiter au dessus des activités productives des futurs habitants, les promoteurs préfèrent intégrer des fonctions qui n’ont aucune chance de causer des nuisances. Ainsi, les projets Nautilus et City Dox proposent tous les deux dans leur rez-dechaussée des Carrefour alors qu’ils ne se trouvent qu’à 1 km l’un de l’autre. «Claire Heughuebaert et Charlotte Kokken (SAU) se sentent en effet relativement démunies dans les négociations en aval lorsqu’elles essaient d’intégrer telle ou telle clause favorable aux activités productives dans un projet immobilier face aux volontés des propriétaires qui prédominent.»141 De plus, les locaux qui se situent au rez-de-chaussée sont trop subdivisés, sûrement dans l’optique d’avoir plusieurs locataires et donc une rentabilité toujours plus grande. En effet, les projets financiers des promoteurs ne tiennent pas compte des activités productives. «À titre d’exemple, dans un projet dont la parcelle a une superficie de 14 000 m² et initialement majoritairement bâtie, la plus grande unité au rez-de-chaussée a une superficie de 1 800 m² ; c’est trop petit. De plus, ce même projet propose un local pour une brasserie de 300 m², alors que la demande existe mais pour des superficies de 4 000 m².» 142 «[...] Bruxelles, la Région, ne paraît, à l’heure de l’efflorescence des partenariats publics-privés, être un rempart suffisant à l’encontre d’intérêts privés pour lesquels une planification obéissant à des grands principes organisateurs réfléchis sous l’horizon du bien commun s’avère potentiellement encombrante.»143
3. Facteurs de réussite pour la réalisation des ZEMU
L’étude relative à l’opération des ZEMU du PRAS réalisée par les bureaux d’études BUUR, MSA, IDEA CONSULT et ARIES propose différents facteurs qui pourraient éviter ce type de déviations : - les rez-de-chaussée productifs doivent de préférence être occupés par un seul exploitant et ce dernier doit être connu dès la phase de conception du projet ; - il faut privilégier le développement des logements locatifs ou encore des logements étudiants (qui ne nécessitent pas de copropriété) ; - le foncier doit être unique, ce qui permet la réalisation de projets qui intègrent une mixité verticale pour les grandes parcelles ; - il ne doit y avoir qu’un maître d’ouvrage par projet ainsi que la mise en place d’une gestion de l’ensemble après la réalisation du projet ; 141. ORBAN, A., SCOHIER, C., Evolution des activités productives en Région de Bruxelles-Capitale et besoins des habitants: les discours institutionnels à l’épreuve des faits, p- 8. 142. LACASSE,G., COLLET,J., Fabriquer le ville productive, A+ n°262, [RE]WORK, octobre/novembre 2016, p-91. 143. GENARD,J-L., Préface de la thèse La Planification sans le plan. Règlement et régulation de l’aménagement du territoire bruxellois de Sarah Levy, VUBPRESS, 2015, p- 8.
123
- une réglementation qui privilégie la mixité verticale doit être mise en place afin de permettre la création de gabarits d’immeubles assez grands ; - une réglementation incendie (SIAMU) doit être en adéquation avec la juxtaposition verticale ; - un paysage qualitatif propice à la vente et à la location de logements ; Cities of Making 02 Brussels - favoriser le logement étudiant qui a des règles plus souples en terme de 37parkings.
B) Réalités économiques et besoins des entreprises et des travailleurs
Intra-Brussels relocations have increased steadily (62% in 2009 and 84% in 2012)15. So there are currently more than 4 out of 5 requests from companies looking to find a better location than their current location. This represents more than 200 applications per year. In 2012, 234 new applications were registered, totaling 8,956 jobs. The main reason cited is accessibility: Brussels’ is also a European capital for traffic congestion while car parking is considered limited where many businesses want it. In other words, one of the most present factors in terms of business relocation is the question of mobility. Another key question is the availability of m² to satisfy all the applications. Out of the 700,000 m² of buildings (above 1,000 m²) listed as empty, only 223,000 m² (33%) are on the market16. However, these 223,000 m² represent only 5% of the existing stock. Based on feedback from Citydev, the regional developer of new industrial spaces, the market for semi-industrial is currently in great demand and particularly for smaller sites (150-300sqm). Moreover,
among the 5% of buildings available on the market, many owners prefer to use their property for a housing project that has become much more remunerative, leading to a real and serious shortage in solutions for establishing businesses in the Brussels Region. In Brussels and its fringes there is a constellation of activities that can fall into the definition of “urban manufacturing”. Over the following pages, we will present a number of sectors based on a combination of their theme, type of skilled workers and knowledge workers including: vehicle industry, agro-food, construction and material recycling, printing and bio-tech/ chemical. Furthermore, with Brussels’ focus on the Circular Economy and the fundamental mobility challenge, there are a number of related services that cannot cleanly be treated as manufacturing but for which Brussels based manufacturing is dependent on, including recycling, repairs and logistics.
1.Nécessité d’une analyse du tissu économique
Pour permettre une mutation de l’industrie vers la ville productive, il est important d’avoir une bonne connaissance du territoire productif et d’analyser les besoins des entreprises en fonction de leur secteur d’activité. En effet la connaissance de ces besoins permettra d’établir les conditions d’existence de la ville productive. Dans le cas des ZEMU, cela permettrait d’anticiper et de placer les entreprises en fonction de leurs besoins en terme de surface et de connaître l’exploitant des rez-de-chaussée productifs en amont des projets (comme l’indique l’étude relative à l’opération des ZEMU du PRAS réalisée par BUUR, MSA , IDEA CONSULT et ARIES). Quels sont les besoins des entreprises en terme de surface ? Il y a t-il un lien entre la dimension des entreprises et leur localité ? À partir de quelle dimension une entreprise ne peut plus s’intégrer en ZFM ? Les prochaines cartes analysent la taille des entreprises en fonction de leur secteurs d’activités et de leurs emplacements dans le territoire du canal. Ne sont considérés que les principaux secteurs d’activités de Bruxelles.144
The diversity of Brussels’ actors
Fig 22. Schéma issu de l’étude de City of Making montrant la relation entre taille de l’entreprise et affectation du sol. 144. Perspective.brussels, Bruxelles Mobilité, Citydev.brussels, Observatoire des activités productives. Immobilier logistique et état des lieux 2017, p-50.
124
Activités en dehors de la Zone Canal Activités dans la Zone Canal Activités sélectionnées Zone Canal
250.000 m2 100.000 m2 50.000 m2 25.000 m2
Fabrication métallique et construction mécanique
ZONE NORD :
160 m2 2 900 m2 8 800 m2
ZONE CENTRE :
350 m2 1 250 m2 5 950 m2
ZONE SUD :
215 m2 735 m2 1 740 m2
On remarque que dans le secteur de la fabrication métallique et de la construction mécanique, les entreprises ont besoin d’une surface moyenne de 2 455 m². Les entreprises les plus grandes se retrouvent surtout en partie nord de la zone du canal même si on y trouve également des entreprises de petites tailles. On trouve dans la zone centrale du canal des entreprises qui sont parfois plus grandes que dans la partie sud.
125
Type de réseau
Type de réseau Eau
Eau
Energie
Energie
Recyclage
Recyclage
Transport
Transport
Telecom
Telecom
250.000 m2 100.000 m2 50.000 m2 25.000 m2
Réseaux
ZONE NORD : -
70 m2
1 115 m2
355 m2
-
11 745 m2
-
435 m2
-
11 745 m2
-
61 510 m2
-
1 255 m2
-
61 510 m2
-
215 m2
1 410 m2
525 m2
110 m2
355 m2
ZONE CENTRE : 110 m2
525 m2 1 410 m2
355 m2
1 115 m2
4 445 m2
1 410 m2
355 m2
-
-
1 255 m2
32 130 m2
-
-
-
70 m2
9 195 m2
9 195 m2
-
-
-
280 m2
-
-
-
-
-
1 115 m2
-
-
-
ZONE SUD :
9 195 m2
Dans le secteur des réseaux, ce sont les entreprises de recyclage qui ont besoin du plus d’espace (la plus importante possède une superficie de 61 510 m²). Ces dernières sont principalement regroupées dans la partie nord de la Zone Canal. Les entreprises liées au transport se retrouvent quant à elles plutôt dans la partie centrale de la zone. L’entrepôt de la STIB, situé à Birmingham est l’entreprise la plus grande de la zone. Les entreprises liées à l’énergie possèdent des entrepôts d’une taille inférieure à 1 500m². Enfin, les activités liées au réseau télécom sont sous représentées dans l’ensemble de la zone.
126
Activités en dehors de la Zone Canal Activités dans la Zone Canal Activités sélectionnées Zone Canal
250.000 m2 100.000 m2 50.000 m2 25.000 m2
Transformation alimentaire
ZONE NORD :
530 m2 2 950 m2 19 550 m2
ZONE CENTRE :
110 m2 13 170 m2 18 125 m2
ZONE SUD :
280 m2 2 500 m2 27 870 m2
Les entreprises de transformation alimentaire se retrouvent sur l’ensemble de la zone mais sont tout de même centralisées. On retrouve des petites structures comme des ateliers de boulangerie, des ateliers de traiteurs (de 110m² à 280 m²) ainsi que des grandes usines comme Viangro à Anderlecht (27 870 m²)
127
Activités en dehors de la Zone Canal Activités dans la Zone Canal Activités sélectionnées Zone Canal
250.000 m2 100.000 m2 50.000 m2 25.000 m2
Construction
ZONE NORD :
495 m2 2 725 m2 7 330 m2
ZONE CENTRE :
280 m2 980 m2 3 420 m2
ZONE SUD :
215 m2 2 310 m2 7 695 m2
Les entreprises de construction se retrouvent sur l’ensemble de la zone du canal. Dans le centre, il y a une grosse concentration au niveau du bassin Béco-Vergote. En moyenne, ces entreprises demandent une surface de 2 830 m².
128
Activités en dehors de la Zone Canal Activités dans la Zone Canal Activités sélectionnées Zone Canal
250.000 m2 100.000 m2 50.000 m2 25.000 m2
Transformation du papier/carton et édition/imprimerie
ZONE NORD :
110 m2 1 265 m2 6 660 m2
ZONE CENTRE :
-
ZONE SUD :
1 265 m2 5 360 m2 12 295 m2
Les entreprises liées à la transformation de papier, carton et édition ainsi qu’à l’imprimerie ne sont pas représentées dans la zone centrale du canal. Au nord elles sont centralisées en un seul endroit et au sud plutôt dispersées sur la zone. Les surfaces des locaux varient entre 110m² à 12 295 m².
129
Ces informations sont à mettre en relation avec une carte qui recense l’ensemble des parcelles vacantes du territoire qui indique leurs dimensions pour prévoir quel type d’implantation est possible sur telle parcelle. L’étude réalisée par Louise Babar en 2013 sur la zone industrielle d’Anderlecht a relevé plusieurs raisons pour lesquelles les entreprises préfèrent être dans une ZIU:
«- les espaces permettent des possibilités d’extension ; - un prix du foncier bon marché ou des loyers raisonnables ; - une proximité avec les transporteurs ; - proximité des sorties de ville, une proximité avec le Ring ; - l’absence de voisinage, la tranquillité.»145
«Les entreprises voulant s’implanter à Bruxelles sont, en effet, souvent à la recherche d’une place au sein d’un véritable zoning industriel et ne désirent pas toutes se retrouver dans une zone mixte.»146 A contrario, d’autres entreprises recherchent une implantation en centre ville en zone mixte pour:
- bénéficier d’une proximité avec le centre ville ; - avoir une proximité du marché ; - profiter du passage de la ville, de son dynamisme, de sa fréquentation ; - avoir une bonne accessibilité aux réseaux de transports etc.
La connaissance des besoins des entreprises permettrait également de créer des synergies entre les différentes activités qui seraient complémentaires les unes aux autres. C’est seulement après avoir pris connaissance des besoins de ces acteurs que l’architecture peut commencer. A cet égard, un inventaire des activités économiques est en cours de réalisation en partenariat avec la Vlaamse Overheid. Ce «Mapping economic activities» pourrait permettre une meilleure connaissance du territoire économique de Bruxelles. 147
2° Déterminer les besoins des travailleurs et des habitants
Il est important aussi d’analyser les besoins des travailleurs. En effet, alors que ces derniers peuvent profiter du dynamisme et de l’offre abondante d’équipements du centre ville, les travailleurs trouvent quelques inconvénients aux zones industrielles comme: «- l’insécurité (vandalisme, braquage), qui s’ajoute à un sentiment global d’insécurité renforcé par l’absence de passage ou de fréquentation après les heures de travail.»148 145. BABAR, L., SCOHIER, C., L’impact des projets immobiliers dans la zone industrielle d’Anderlecht, réalisée en 2013 146. CEPAG asbl, Centre d’éducation populaire André Génot, Un plan industriel bruxellois, fiche d’actualité 2016-3, octobre 2016, p-6 147. RÉGION DE BRUXELLES CAPITALE, Plan Régional de Développement Durable 2018, p-118. 148. BABAR, L., SCOHIER, C., L’impact des projets immobiliers dans la zone industrielle d’Anderlecht, réalisée en 2013
130
- «le manque de restaurants, de snacks, le manque de vie et d’animation dans la zone.»149 L’analyse des équipements liés au «welfare» (crèches, aires de jeux, terrains de sports, commerces, laveries, restaurants, cafés etc.) nous montre que les zones industrielles sont généralement dépourvues de ces derniers.
Fig 23. Carte qui reprend les différents équipements liés au Welfare dans la zone industrielle d’Anderlecht.
Il est certes important de maintenir des zones destinées aux activités productives. Cependant, ces dernières doivent inclure une certaine forme de mixité et d’urbanité pour améliorer le cadre de vie des travailleurs mais aussi des habitants des quartiers environnants. Elles ne doivent également plus être vues comme des zones excentrées et doivent être plus accessibles, plus rattachées à la ville. L’offre en transport en commun doit donc augmenter significativement.
Serre pédagogique
Canal
Senne
Anciennes lainière d’Aoust
Industrie
Senne
Café-concert
Fig 24. Projet de fin d’année du Master de Spécialisation en Urbanisme de la Transition. Propose d’intégrer des équipements en lien avec la Senne, le Canal et le patrimoine industriel dans la ZIU d’Anderlecht: serres pédagogiques, café-concert, promenade verte etc. 149. BABAR, L., SCOHIER, C., L’impact des projets immobiliers dans la zone industrielle d’Anderlecht, réalisée en 2013
131
Fig 25. Thinkers vs Markers
132
C) Réalités sociales et besoins des habitants 1. Ville productive et profils des demandeurs d’emploi Avec la désindustrialisation qu’a connu Bruxelles, la ville a été confrontée à une tertiarisation des emplois manufacturiers. Ce phénomène a été constaté dans beaucoup de ville postindustrielles. L’ouvrage français Mutations économiques et urbanisation du Ministère de l’équipement, du Logement, de l’Aménagement du Territoire et des Transports décrivait déjà ce phénomène à la fin des années 1980: «L’évolution de l’importance respective des fonctions [...] modifie l’équilibre entre les emplois secondaires et les emplois tertiaires du secteur productif au bénéfice de ces derniers. Cette tertiairisation des emplois productifs (19,64% d’emplois tertiaires dans l’industrie en 1962, 28% en 1980) est un fait majeur sur une longue période.» 150 Cette tendance s’est accompagnée par une élévation des exigences des entreprises et donc d’une accentuation du rôle stratégique des ingénieurs, cadres, techniciens dans le processus productif. On constate également une requalification de certaines tâches ouvrières, autrement dit, une intellectualisation du travail, principalement due au développement de la robotique et l’automatisation de l’industrie. De façon générale, les entreprises exigent des savoir-faire polyvalents ainsi que des facultés d’adaptation plus grandes.151 L’étude réalisée par Louise Babar et Claire Scohier sur la zone industrielle d’Anderlecht nous montre que les exigences de qualifications des entreprises dépendent des secteurs d’activités. En effet, les secteurs offrant le plus d’emplois peu qualifiés sont la collecte et la gestion des déchets (77%), la construction (72%) et l’industrie manufacturière (69%) (Fig 24.). 152 En ce qui concerne les demandeurs d’emploi, malgré une hausse des niveaux de qualifications de la main-d’œuvre à Bruxelles, le chômage chez les faiblement qualifiés reste très important (30%), ce qui est trois fois plus élevé que le taux de chômage chez les plus qualifiés. Ce phénomène est particulièrement observable à Bruxelles (Fig 25.). 153 On constate également un chômage important chez les jeunes. En effet, il atteignait un taux de 32% en 2007. Pourtant, la durée des études s’allonge et le niveaux de scolarité n’a jamais était aussi élevé à Bruxelles. Cependant, il existe une césure entre l’enseignement technique et l’enseignement général. De plus, toujours en 2007, environ 30% des jeunes de 20 à 24 ans n’avaient pas terminé l’enseignement secondaire supérieur. S’ajoute à cela un ségrégation socio-spatiale qui touche les jeunes qui habitent les communes de la petite couronne. 154
150. Ministère de l’Equipement, du Logement, de l’Aménagement du Territoire et des Transports, Mutations économiques & urbanisation, ed. La documentation française, Octibre 1986, p -24. 151. Ibidem. 152. BABAR, L., SCOHIER, C., L’impact des projets immobiliers dans la zone industrielle d’Anderlecht, réalisée en 2013, p- 19 153. THYS, S., Réalités et défis de l’emploi et du chômage en Région de Bruxelles-Capitale, issu du livre Bruxelles [dans] 20 ans, Cahier de l’ADT n°7, janvier 2009, p-313. 154. Ibidem.
133
« employé » correspond au travail demandant peu de qualification, par exemple le travail de secrétariat et de soutien administratif, de vendeur,... 17 « qualifié » correspond aux postes nécessitant une qualification précise, un titre diplômant. Ce sont les travaux de conception, de recherche, d'administration, de conseil, d'expertises surtout développés dans les secteurs du tertiaire, mais pas uniquement.
Part de « qualifié » (%)
Part de « employé » (%)
Catégorie d'activité
Part de « non-qualifié » (%)
Nombre d'emplois
Structure des emplois par qualification
Commerce; réparation d'automobiles et de motocycles
540
34,3 18,3 47,4
Industrie manufacturière
342
68,7 25,4 5,9
Activités de services administratifs et de soutien
229
19,7
2,2 78,2
Information et communication
155
7,7
31
Construction
95
72,6 13,7 13,7
61,3
Production et distribution d'eau; assainissement, gestion des déchets et dépollution 66
77,3
7,6 15,2
Activités spécialisées, scientifiques et techniques
19
5,3
15,8
Transport et entreposage
3
Total
1449 41,5
100
79
0
0
17,9 40,6
Fig 26. Structure Sans des emplois secteur d’activité dans lasont zonelaindutrielle surprise, par les qualification secteurs offrantetlepar plus d'emplois peu qualifiés collecte et d’Anderlecht la gestion de déchets, l'industrie manufacturière et la construction, avec respectivement 77%, 69 % et 72 % de postes de ce type. En terme d'emplois peu qualifiés, le maintien des entreprises de l'industrie manufacturière à Bruxelles et dans des communes à forte population de demandeurs d'emploi, représente donc un enjeu certain. A titre de comparaison, les emplois peu qualifiés représentent seulement 17,8 % de l'emploi total en Région bruxelloise18. Origine résidentielle des travailleurs et modes de transport Dans l'ensemble, le lieu de résidence des travailleurs se partage assez équitablement entre les communes de la Région de Bruxelles-Capitale et l'extérieur 19 : 58 % habitent Bruxelles, 42 % résident à l'extérieur. 17
Assez souvent, les entreprises passent des contrats d'employés pour des postes non qualifiés (de type ouvrier-
manutentionnaire, magasinier, etc. introduit En précisantpar la demande, uneVie estimation par–type Seulement, à nouveau le biais l'équipeelle defournissait Travail & (T&V) oùd'emploi. 100 % des 18 Données 2008 de l'Observatoire bruxellois de l'emploi. travailleurs sont Bruxellois – est énorme. Si l'on enlève l'association, le rapport s'inverse : 46 % de travailleurs (soit 664 personnes) résident à Bruxelles et 54 % (784 personnes) s'y rendent chaque 19 jour de l'extérieur.
Somme Bxl+Non-Bxl
% Non-Bruxellois
% Bruxellois
Nb Bruxellois
Nb Non-Bruxellois
La moyenne par secteur pourrait apporter un peu plus de détail quant aux secteurs s'appuyant le plus sur la main d’œuvre bruxelloise. Mais il faut rester prudent puisque les secteurs sont fort inégalement représentés quequalification les valeurs neen sont pas standardisées. Fig 27. Taux de chômage selon le niveauetde 2007
Moyenne par secteur pour l'échantillon Santé humaine et action sociale
400
0
100
0
400
Transport et entreposage
3
0
100
0
3
Production et distribution d'eau, assainissement, gestion des déchets et dépollution
54
12
81,8
18,2
66
Activités spécialisées scientifiques et techniques
14
5
73,7
26,3
19
Construction
58
37
61,1
38,9
95
Activités de service administratif et de soutien
127
102
Commerce; réparation d'automobiles et motocycles
241
299
44,6
55,4
540
Industrie manufacturière
116
226
33,9
66,1
342
Information et communication
51
104
32,9
67,1
155
Total
1064
785
57,54
42,46
1849
Total (hors Travail et Vie)
664
785
45,82
54,18
1449
Scanned CamScanner 55,5 by 44,5 229
Fig 28. Pourcentage nombre de travailleurs et non bruxellois par secteur d’activité la zone industrielle Ces et résultats amènent à nuancerbruxellois un des arguments plaidant pour le maintien des «dans industries urbaines » en ville, à savoir qu'elles constituent un débouché essentiel pour une population d’Anderlecht bruxelloise en manque d'emplois puisque plus de la moitié de la main d’œuvre provient de l'extérieur de la Région. L'argument n'est pertinent que si l'on incite ces entreprises à développer une meilleure collaboration avec Actiris.
134
Néanmoins, près de la moitié des postes sont occupés par des Bruxellois, ce qui représente 664 emplois rien que pour l'échantillon (hors T&V). Si l'on extrapole cette valeur à l'ensemble de la 19
Ce qui représente également les communes à facilité du pourtour de Bruxelles.
Cependant, le futur plan industriel semble aller dans le sens de la montée des exigences des entreprises puisqu’il compte axer une partie de ses préoccupations sur «l’industrie 4.0»155 Deux façons de penser s’opposent alors dans la façon de voir l’emploi: soit il doit se faire en fonction des demandes des entreprises, soit il doit se faire en fonction des caractéristiques des demandeurs d’emploi. Doit-on sélectionner les entreprises qui désirent s’implanter à Bruxelles en fonction du fait qu’elles proposent ou non des emplois peu qualifiés ? Lors de l’interview accordée à Alexandre Orban et Claire Scohier dans le cadre de leur étude sur les activités productives et les besoins des habitants, Charlotte Kokken et Claire Heughebaert (SAU) exprimaient le fait que ce n’était pas leur rôle de «décider quelle entreprise ou filière de production devrait venir s’installer à condition qu’elle s’intègrent dans la ville. Elle n’auraient pas la légitimité ou les compétences pour se positionner sur de telles questions.»156
2. Nécessité d’avoir une main-d’œuvre locale
«Si même d’aventure des développements industriels significatifs de hautes technologies s’implantaient à Bruxelles, ils ne se contribueraient certainement que très peu à fournir de l’emploi à la population bruxelloise peu qualifiée, quand on sait que même dans le secteur comme celui de l’industrie automobile, de l’ordre des neuf-dixième de la main-d’œuvre est recrutée hors des limites régionales.»157 Six-dixième des emplois bruxellois sont occupés par des navetteurs qui proviennent de tout le pays.158 Le tableau (Fig.26) issu de l’étude sur la zone industrielle d’Anderlecht réalisée par Louise Babar et Claire Scohier, nous montrent que la provenance des salariés dépend du secteurs d’activité. En effet, le secteur de la gestion des déchets et la construction emploient une main-d’œuvre peu qualifiée et davantage bruxelloise. En revanche, l’industrie manufacturière a tendance à recruter des «non-bruxellois» (33,9% de bruxellois contre 66,1% de non-bruxellois)159 «Ces résultats amènent à nuancer un des arguments plaidant pour le maintien des «industries urbaines» en ville, à savoir qu’elles constituent un débouché essentiel pour une population bruxelloise en manque d’emplois puisque plus de la moitié de la main-d’œuvre provient de l’extérieur de la Région. L’argument n’est pertinent que si l’on incite ces entreprises à développer une meilleure collaboration avec Actiris.»160
155. GOSUIN, D., colloque du 8 juin 2017 du Conseil économique et Social 156. ORBAN, A., SCOHIER, C., Evolution des activités productives en Région de Bruxelles-Capitale et besoins des habitants: les discours institutionnels à l’épreuve des faits, p- 16. 157. VANDERMOTTEN, C., L’état de l’économie bruxelloise, vingt ans après la création de la Région, issu du livre Bruxelles [dans] 20 ans, Cahier de l’ADT n°7, janvier 2009, p-313. 158. Ibidem p-284. 159. BABAR, L., SCOHIER, C., L’impact des projets immobiliers dans la zone industrielle d’Anderlecht, réalisée en 2013, p- 20 à 21. 160. Ibidem.
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Le port de Bruxelles souhaite développer cette collaboration avec Actiris en incitant les recrutements au sein de la population bruxelloise. En effet, ce dernier s’engage à donner une prime annuelle (en fonction du niveau d’étude de la personne recrutée) aux entreprises pour chaque travailleur recruté par l’intermédiaire d’Actiris. 161
3. Des formations pour créer une diversité de l’emploi Travailler dans la ville productive nécessite une mutation de l’industrie mais aussi des emplois. Pour cela, il est primordial d’intégrer des formations à la hauteur de ses ambitions. Christian Vandermotten défend le fait que Bruxelles manque de formations techniques de qualité. Il souligne cependant le fait qu’une «amélioration de la formation ne résoudra pas tous les problèmes» puisque, comme nous l’avons vu, l’augmentation des niveaux de formation depuis 20 ans n’a pas diminué la fracture sociale, elle l’a plutôt déplacée vers le haut en relevant les exigences des employeurs. Bruxelles doit donc d’un côté revaloriser la formation technique tout en résolvant les problèmes de discrimination à l’embauche, et «la préférence souvent accordée à une main-d’œuvre ne résidant pas à Bruxelles.»162 Ainsi, Christian Vandermotten propose trois axe à développer : - revaloriser l’enseignement en général et lutter contre les inégalités que l’on retrouve dans le système scolaire ; - ne pas réserver cet enseignement à une élite ; - résorber sans rigidité le travail informel. 163 Le futur plan industriel introduira une «aide au développement des entreprises» qui soutiendra les efforts d’investissements à la formation de la part des entreprises.164 Mais quels types de formations techniques peut-on alors proposer? Le secteur industriel est parfois accessible aux populations locales et peu qualifiées puisqu’il peut proposer des formations «sur le tas» et donc sans passer par des «centres de formations professionnalisant».165 Cependant, les emplois d’ouvriers non qualifiés offre peu de perspectives d’évolution. «L’emploi des travailleurs peu qualifiés dans l’horeca, la sécurité, le commerce de détail ou les entreprises de nettoyage a lui aussi ses limites. De plus, ce sont précisément ces emplois qui sont les 161. PORT DE BRUXELLES, Règlement approuvant la grille tarifaire et les diverses ristournes de la société régionale du port de Bruxelles, avril 2013, Article n°24, p-8. 162. VANDERMOTTEN, C., LECLERCQ, E., CASSIERS, T., WAYENS, B., L’économie bruxelloise , Brussels Studies [En ligne], Notes de synthèse, mis en ligne le 26 janvier 2009, consulté le 12 janvier 2017. URL : http://brussels.revues. org/934 163. Ibidem. 164.RÉGION DE BRUXELLES CAPITALE, Plan Régional de Développement Durable 2018, p-118. 165. ORBAN, A., SCOHIER, C., Evolution des activités productives en Région de Bruxelles-Capitale et besoins des habitants: les discours institutionnels à l’épreuve des faits, p- 16
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premiers à souffrir de l’automatisation. Une économie urbaine solide exige que la ville offre de l’espace et un soutien à une vraie diversité d’activités économiques et d’emplois.»166 Certains emplois pourraient être revalorisés si un changement des mentalités s’opérait notamment vis à vis de l’obsolescence des biens. En effet, aujourd’hui il vaut mieux parfois acheter des produits neufs plutôt que de réparer un objet en dysfonctionnement. Or, de nombreuses formations et emplois pourraient être créer dans une optique d’économie circulaire : réparateur de vélo, d’électroménager etc. D’autant plus qu’il existe déjà des structure de ce type à Bruxelles. Enfin, un très bon exemple de formations liées directement aux entreprises verra le jour prochainement à Bruxelles, sur le site de la Gare de l’Ouest. En effet, Infrabel va développer sa propre «Infrabel Academy», à Molenbeek, une école pour tous les métiers du rail, permettant de centraliser en un établissement plus de 500 formations, ce qui est un concept inédit en Belgique puisqu’actuellement, il n’existe pas de filière formant aux métiers du rail.167 Ce type de formation s’inscrit tout a fait dans une vision de revalorisation des professions du secteur productif. L’important est que la ville productive puisse proposer des emplois diversifiés, en adéquation avec les mutations que vont subir son économie. Ainsi, elle se doit proposer des formations qui revalorisent le travail lié à la production de biens.
166. BOZAR, A Good City Has Industry, Exposition du 26 octobre 2016 au 15 janvier 2017. 167. http://perspective.brussels/fr/actualites/gare-de-louest-lancement-du-chantier-dinfrabel-academy
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CONCLUSION
Le territoire du canal de Bruxelles est en pleine construction. Il arbore la vision de la ville productive qui n’est pas un cas isolé et touche l’ensemble des villes postindustrielles européennes. La désindustrialisation qui les a touché dans les années 60-70 n’est pas à considérer comme une fatalité. La ville productive apparaît comme l’opportunité de se retourner vers notre économie, s’en ressaisir. «La ville n’est pas une construction neuve sur un terrain vierge».168 De ce fait, elle doit s’ériger à partir des traces du passé, tout en n’étant pas la continuité nostalgique des villes industrielles du 19ème siècle. La ville productive doit se réinventer. Elle doit être une idée nouvelle, une mutation de notre économie, de notre architecture, de nos manières de vivre et de travailler. Le territoire du canal, berceau industriel de Bruxelles, doit répondre aux grandes questions de notre temps, «celle de l’économie et de la solidarité.»169 Pour mettre en place cette vision ambitieuse, il est important d’accompagner la réalisation de ce projet en mettant en place une gouvernance efficace et un volet opérationnel performant. La Région doit ainsi développer ses propres instruments de planification, adaptés aux exigences de son territoire. La mise en place de l’Équipe Canal montre l’exemple de cette volonté d’instaurer cette vision sur le long terme. Son rôle de garant et d’accompagnateur offre une manière innovante de concevoir la ville, basée sur une coproduction entre les différents acteurs du territoire et une recherche par le projet qui s’adapte aux différentes situations. Ainsi, la vision de la ville productive a fixé ses grandes lignes directrices mais possède un cadre évolutif. Créer les conditions d’existence de la ville productive est un exercice stimulant pour les concepteurs. Concevoir de nouvelles typo-morphologies, influencer les modes de vie, créer un nouveau paysage urbain sont autant d’idées qui nourrissent les rêves des architectes. La ville productive constitue l’occasion de créer un modèle de ville où les activités productives sont assumées et où elles se donnent à voir dans l’espace public. Ainsi, la ville productive ambitionne d’offrir au canal un paysage varié composé d’une forte mixité avec des imbrications de fonctions dans sa partie centrale, de typologies innovantes qui mêlent activités productives et habitat au sud, d’industries parfaitement intégrées au paysage aéré du nord. Cependant, la ville productive ne doit pas se réduire à habiter au dessus d’un atelier de menuiserie et à travailler dans un fablab. En effet, Bruxelles doit se saisir des particularités de son économie actuelle pour créer une ville productive en lien avec les réalités de son territoire. Pour cela, il est important de connaître les spécificités productives régionales ainsi que les besoins des entreprises en fonction de leur secteur d’activité. Combien de mètres carrés doit-on prévoir pour la réalisation d’une fabrique de papier, un centre de recyclage, un entrepôt de stockage logistique, une surface de manœuvre ou encore pour la salle de fermentation d’une brasserie ? C’est en identifiant les besoins des entreprises que l’on peut commencer à dessiner, réinventer la cohabitation entre les fonctions. La ville productive présume la création de nouveaux emplois et doit donc prendre part aux réalités sociales qu’elle implique. En effet, elle peut constituer l’opportunité de remédier au taux de chômage record auquel a été confrontée Bruxelles depuis ces dernières années. Pour cela, la Région doit tout mettre en œuvre pour privilégier le marché de l’emploi aux bruxellois 168. CHEMETOFF & ASSOCIES, Plan Canal 01, 2013 p 56. 169. Ibidem.
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et permettre une revalorisation des formations liées aux activités productives, notamment pour les personnes peu qualifiées qui pourront ainsi prétendre à des perspectives d’évolutions. En effet, il ne faut plus exclure ces dernières du marché du travail. La ville productive est l’occasion de faire disparaître la ségrégation sociale qui persiste entre «thinkers» et «makers». Il est donc important que certaines professions soient revalorisées. Cette mutation de l’emploi doit s’accompagner d’un changement des mentalités. En effet, dans une société où obsolescence des biens est assimilée et intégrée, nous avons tendance à privilégier le rachat plutôt que la réparation. Or, de nombreux emplois et formations pourraient être créer et s’inscrire dans une démarche basée sur l’économie circulaire. C’est d’ailleurs l’un des thèmes de la prochaine session du concours international de l’Europan qui inclura également un volet sur la mobilité et l’intégration sociale. La ville productive doit être capable d’intégrer les réalités économiques, urbanistiques, sociales et environnementales liées à son territoire dans le but de créer une interdépendance indissociable, un système complexe et riche entre les différentes fonctions de la ville afin qu’elle devienne un organisme urbain sain et cohérent.
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ICONOGRAPHIE PARTIE I p-14, Marché aux légumes et aux volailles © Hersleven, vers 1925 © IRPA-KIK. p- 16, Fig.1 - Société Royale Belge de Géographie, La Fonderie, Commission Française de la Culture, Itinéraire du paysage industriel bruxellois, ed. Hommes et Paysages, 1989, p-17 (gauche). - Citydev.brussels, Bruxelles développement urbain, Observatoire des activités productives. Terrains pour entreprises 1997-2013, p-21 (droite). p-17, Carte réalisée à partis d’Urbis. p- 17, Fig.2 – Citydev.brussels, Bruxelles développement urbain, Observatoire des activités productives.(photos). p-18, Fig.3 - Société Royale Belge de Géographie, La Fonderie, Commission Française de la Culture, Itinéraire du paysage industriel bruxellois, ed. Hommes et Paysages, 1989, p-18. p-20, Fig.4 - Perspective.brussels, Bruxelles Mobilité, Citydev.brussels, Observatoire des activités productives. Immobilier logistique et état des lieux 2017, p-64. PARTIE II p-26 - research: Architecture Workroom Brussels, Departement Omgeving. - version: oktober 2016. - sources: Ruimte Vlaanderen & Architecture Workroom Brussels, ‘Inventory map economic activity in the Brussels. Metropolitan Area’ – version October 2016, Ruimte Vlaanderen & Architecture Workroom Brussels, 2016.; Brussels Planning Bureau (BBP), ‘Plan Régional d’Affectation du sol’, UrbIS 2, 2015.; Brugis. brussels; NGI/IGN, ‘Belgium latest – landuse – roads - railways’, 2015.; GDI-Vlaanderen, ‘bedrijven terreinen’, 2014. p-29,Fig.5 – https://lib.ugent.be/en/catalog/rug01:000774322, plan dessiné et gravé par Aug. Verwest; vignettes dessinées par F. Xhardez, gravées par M. Vanderoost. p-30,Fig.6 - ADT, Agence de développement territorial ASBL, Canal, vous avez dit Canal?, p-19 / Source Institut géographique nationale. p-32,Fig.7 - Perspective.brussels, Bruxelles Mobilité, Citydev.brussels , Observatoire des activités économiques, 2012 et Observatoire des activités productives. Immobilier logistique et état des lieux 2017, p-41.
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p-33, Fig.8 - Perspective.brussels, Bruxelles Mobilité, Citydev.brussels ,Observatoire des activités productives. Immobilier logistique et état des lieux 2017, p-43-44-45. p-34, Fig.9 - Perspective.brussels, Bruxelles Mobilité, Citydev.brussels ,Observatoire des activités productives. Immobilier logistique et état des lieux 2017, p-46 et 47. p-35, Fig.10 - Perspective.brussels, Bruxelles Mobilité, Citydev.brussels ,Observatoire des activités productives. Immobilier logistique et état des lieux 2017, p-61. p-43, Photo à droite, catégorie «espaces ouverts», © CHEMETOFF,A. & ASSOCIES, Plan Canal 01, 2013 p 85. p51, Première photo à gauche, catégorie «bâtiments historiques et remarquables», © Cocof https://bx1.be/news/une-nouvelle-ecole-secondaire-a-pedagogie-active-va-voir-le-jour-auceria-dici-2019/. PARTIE III p-54 – Carte réalisée à partir du PRAS démographique. p-56-57 – Frise réalisée à partir des sources suivantes: -VERMEULEN, S., The Brussel Canal Zone, Negotiating visions for urban planning, VUBPRESS, 2015 MSA, Évaluation des schémas directeurs, Étude réalisée pour la Région en 2010 http://canal.brussels/fr/node/8617/chronologie p- 63, Fig.11 - CHEMETOFF,A. & ASSOCIES, Plan Canal 01, p- 96 et 97. p-64, Fig.12 - RÉGION DE BRUXELLES CAPITALE, Plan Régional de Développement Durable 2018, p-30 (à guche). - Carte réalisée à partir de https://monitoringdesquartiers.brussels/ (à droite). p-69, Fig.13- LACASSE, G., VANDENBROUCKE, T., Présentation donnée dans le cadre des Open Portes pour la présenter l’équipe Research By Design le 28 février 2018, p-5, http://bma.brussels/fr/accueil/tools/#research-by-design. p- 72, Fig.14 - LACASSE, G., VANDENBROUCKE, T., Présentation donnée dans le cadre des Open Portes pour la présenter l’équipe Research By Design le 28 février 2018, p-5, http://bma.brussels/fr/accueil/tools/#research-by-design.
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p-73, Fig.15 - LACASSE, G., VANDENBROUCKE, T., Présentation donnée dans le cadre des Open Portes pour la présenter l’équipe Research By Design le 28 février 2018, p-5, http://bma.brussels/fr/accueil/tools/#research-by-design. p-74, Carte réalisée à partir d’Urbis et du PRAS démographique. p- 76, Fig.16- Illustration : B. Le Fort, http://www.metrolab.brussels/publications/le-batiexistant-comme-ressource-de-fabrication-de-la-metropole, sources : PRAS 2001, Cadmap 2009 p-78, Fig.17 - Source: BUUR, MSA, IDEA CONSULT et ARIES relative à l’opérationnalisation des ZEMU du PRAS en 2015 p-79, Fig.18- Source: BUUR, MSA, IDEA CONSULT et ARIES relative à l’opérationnalisation des ZEMU du PRAS en 2015 p- 81, Fig.19 - perspective.brussels p-82, Fig.20 - . bMa, bouwmeester, Maître architecte de Bruxelles, Beeldkwaliteitsplan – Plan de qualité paysagère et urbanistique, Factsheet, mars PARTIE IV p-86, CENTRAL, Éva Le Roi - Maxime DelvauxAtelier Brussels - The Productive Metropolis p- 90-91, Plusofficearchitects, WRKSHP collectif, Ateliers Brussel, The Productive Metropolis p-92-93, Plusofficearchitects, WRKSHP collectif, Ateliers Brussel, The Productive Metropolis p-94-95, CENTRAL, Éva Le Roi - Maxime DelvauxAtelier Brussels - The Productive Metropolis p-97, Fig.21, be.brussels, Vlaamse overheid, Metropolitan Landscape, p- 98-99, be.brussels, Vlaamse overheid, Metropolitan Landscape, p-100-101, be.brussels, Vlaamse overheid, Metropolitan Landscape, p-104-105, https://www.europanfrance.org/projet/la-grande-mine-648 p- 106-107, https://www.europanfrance.org/projet/begles-et-les-machines-urbaines-649 p-108-109, https://www.europanfrance.org/projet/toolkit-city-650
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Je tiens tout d’abord à remercier mon promoteur, Geoffrey Grulois, pour son suivi et sa bienveillance tout au long de l’année, nos discussions et ses conseils. Mes remerciements s’adressent également à Géraldine Lacasse, pour la confiance qu’elle a pu m’accorder, sa pédagogie, sa patience et le temps qu’elle m’a consacré durant ces trois mois de stage. Je tiens à remercier mon père qui m’a toujours soutenu dans mes choix et qui m’a toujours permis d’entreprendre ce que je voulais. Mes pensées vont à ma mère, sans qui je ne serais pas devenue architecte. Merci à Guillaume, évidemment.