Voyage en Méditerranée

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Voyage en Mediterranee

Septembre 2010

Entre exotisme(s) & paysages naturels

Ecole Nationale SupĂŠrieure de la Nature & du Paysage 2010-2011

Amiot Antonin 4a


* Géograph ie * Clim at * Le * S s étage trat s bio égi clim es a atiqu Pa dap es y En sa t ativ tre ge e *L s che es forêt (s) n z le for p a s vé ma rima ture gét i aux re, l(s tio ns ga ) rri vé gu gé ee tal tm es aq uis :

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Introduction

Entre paysages importés et paysages naturels, quelle identité pour un territoire construit et transformé par l’homme?

La Méditerranée par bien des aspects nous suggère l’exotisme, le voyage et la quête de paysages nouveaux. Son climat favorable et son littoral à la robe azure font rêver quiconque s’y laisse attraper. Aujourd’hui, les côtes méditerranéennes sont habitées, façonnées, composées, au bon vouloir de l’homme, qui au cours de l’histoire a strictement modifié ses formes, ses milieux, ses paysages primitifs. Cette immersion au coeur du bassin méditerranéen nous révèle une cohabitation sensible et fragile entre paysages naturels et paysages habités. Le cliché «carte postale» que l’on a de la Côte d’Azur est le reflet d’une image de marque, construite sur l’histoire, où les modifications des pratiques liées au territoire ont évolué. Les plantes ramenées d’Amérique, d’Australie, d’Extrême-Orient ont construit l’image type que l’on a aujourd’hui. On n’habite plus la Méditerranée comme avant. Le tourisme de masse impose un standing et un regard nouveau sur le territoire. Les interactions entre les pratiques sociales des paysages et la nature transforment les paysages et en retour, les transformations des paysages modifient les

manières de les penser. La douceur du climat a permis l’installation d’une nouvelle flore, qui en moins d’un siècle a habillé le littoral et qui coexiste avec les zones naturelles composées pour la plupart de garrigues et de maquis. Les palmiers d’abord importés dans certains jardins privés, se sont répandus à l’espace public pour être utilisés dans de nombreux aménagements. Le commerce qui règne autour de ce symbole permet de véhiculer une image de marque, élément attractif pour le touriste à la recherche d’exotisme. Au cours de ce voyage nous avons soulevé certaines problématiques qui concernent de près ou de loin notre futur métier d’ingénieur paysagiste. Quelle place donner au paysage naturel, quelle image? Quels sont les acteurs de ces territoires protégés, sensibles aux catastrophes climatiques? Comment faire cohabiter l’urbanisation galopante avec ces espaces sensibles? Nous parlerons aussi de quelques joyaux de la Côte d’Azur, des jardins d’une extrême richesse, plantés d’espèces naturalisées, souvent importées d’ailleurs. Ces jardins sont souvent une porte d’entrée vers un voyage lointain, tournés sur une mer au reflet azur où la rêverie n’est jamais tarie.

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la mediterranee *Géographie

Aire générale de l’Olivier dans le bassin méditerranéen

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Le bassin méditerranéen s'étend entre la zone tempérée de l'Europe moyenne et les régions désertiques du Proche Orient et de l'Afrique du Nord. Selon la tendance générale, la zone méditerranéenne correspond globalement à l'aire de répartition de l'olivier, Olea europea. Le bassin méditerranéen englobe donc les régions suivantes : le sud du Portugal, le sud de l'Espagne centrale, la côte méditerranéenne espagnole et française, l'ensemble de la péninsule italienne, au sud de la vallée du Pô, quelques territoires du sud des Alpes les plus favorisés climatiquement. Il longe l'Adriatique par une bande étroite, jusqu'à la Grèce et gagne Israël par une bande côtière plus ou moins profonde. Il comporte également l'ouest de la Lybie,

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le nord de la Tunisie, de l'Algérie et du Maroc. Les côtes de l'Égypte et la partie orientale des côtes de la Lybie sont trop sèches pour déterminer une végétation méditerranéenne. En règle générale, la végétation de type méditerranéen, caractérisée par les forêts de ligneux persistants à feuilles coriaces et leurs stades de dégradation, reste cantonnée aux régions côtières. On y inclut en général les régions subméditerranéennes aux fortes proportions d'éléments floristiques méditerranéens. Ce sont notamment les montagnes de ces régions et leurs différentes ceintures végétales qui rappellent, pour partie, des zones de végétation plus septentrionales.

Olea europea L.


la mediterranee *Climat Le climat méditerranéen nous évoque généralement un été chaud et sec propice au farniente sur les plages à la robe azurée. Cependant le cliché doit être contrasté. Le climat se caractérise par un automne pluvieux et doux, de plus en plus sec chaque année ; un hiver généralement pluvieux et moyennement froid ; un printemps humide et doux et un été sec et chaud. Les températures baissent au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la frange littorale. Les températures mensuelles ne descendent jamais ou très rarement en-dessous de 0°C (valable sur le littoral). Le maximum thermique est bien sûr calé sur le minimum de

avant d’infléchir sa course vers l’est en traversant le département du Var. La tramontane et le mistral annoncent le beau temps, mais ils sont aussi signe de sécheresse pour les végétaux soumis à leurs bourrasques. Le Sirocco vient du sud, c’est un vent très asséchant originaire du Sahara. Le vent d’est, qui s’est chargé d’humidité dans la mer Tyrrhénienne et le golfe Ligure, est porteur de pluies, souvent violentes, responsables de crues aux proportions parfois cataclysmiques.

Le vent est un élément essentiel de la météorologie en Méditerranée. La tramontane et le mistral sont des vents froids et secs, arrivant en trombes violentes des Pyrénées et des Alpes. Le mistral suit le bassin du Rhône Nombre moyen annuel de jours de précipitations sup. à 10mm

C

,8° 12

+

,8°

C

*Cartes extraites du site de MétéoFrance

12

C

,4°

,4°

11

10

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°C

C

Températures moyennes annuelles

précipitations. Il s’ensuit une période de sécheresse pendant laquelle les plantes doivent lutter contre une importante déshydratation. L’automne et le printemps concentrent les précipitations, les périodes de pluie sont par conséquent restreintes, ce qui entraîne des pluies intenses et violentes. À titre de comparaison on observe à Blois 800 mm de précipitations annuelles et de 700 à 800 mm/an sur la Côte d’Azur.

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la mediterranee

* Les étages bioclimatiques

On peut considérer différents étages bioclimatiques, définis selon l’altitude et les températures et par conséquent le cortège floristique associé. • L’étage thermoméditerranéen ou méditerranéen vrai : Il se caractérise par une température moyenne de minima du mois le plus froid supérieure à 3°C et une température moyenne annuelle supérieure à 15 ou 16°C. C’est un étage qui se cantonne à la frange littorale. C’est l’étage de l’oléolentisque, fourré végétal à myrte, lentisque, euphorbe arborescente (Euphorbia dendroides), palmier nain, caroubier (Ceratonia siliqua)... Entre Menton et Nice on observe une bande thermophile. • L’étage mésoméditerranéen : L’altitude moyenne est d’environ 650 m, ce sont les collines du pays. Il se particularise par une température moyenne des minima du mois le plus froid situé entre 0°C et 3°C, et une température moyenne annuelle entre 12°C et 16°C. Largement présent sur la grande majorité de la Provence, c’est l’étage des futaies ou des taillis à chênes verts, à chênes blancs ou à chênes lièges, et de leur groupement de dégradation : les pinèdes à pins d’Alep, pins mésogéens ou pins parasols, le maquis bas, les pelouses sèches ou encore les garrigues, avec le gigantesque cortège floristique qui s’y rattache.

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• L’étage supraméditerranéene : Il se définit par une température moyenne des minima du mois le plus froid comprise entre -3°C et 0°C et une température moyenne annuelle entre 9°C et 12°C. Situé à plus de 100 km du littoral, son altitude oscille entre 650 et 1000 m. C’est la région des premiers contreforts montagneux avant les Alpes, des gorges du Verdon, de l’arrière-pays grassois et niçois, ou encore des pentes ensoleillées des montagnes du Midi ou des Alpilles. C’est donc la région de tous les contrastes, avec la sécheresse estivale qui est relayée par des hivers beaucoup plus rigoureux que dans la plaine. Terre des pins sylvestres et des futaies de chênes blancs, des landes à genêts cendrés, ou des forêts miniatures de buis, elle contient cachée dans les recoins mystérieux du Verdon ou dans les landes des plateaux caussenards, une extraordinaire diversité de plantes endémiques et rares. • L’étage oroméditerranéen : Situé à plus de 400 m d’altitude, il correspond aux montagnes méditerranéennes. C’est l’étage des conifères méditerranéens (cèdres, pin noir, genévriers). La topographie, perçue de façon sensible s’apparente « aux montagnes qui tombent dans la mer », à une ceinture qui décomposent les étages méditerranéens.


la mediterranee

* Stratégies adaptatives chez les végétaux

Face à la rude période de sécheresse, parfois très étalée sur l’année, les plantes ont développé une grande variété d’adaptations. Parmi les plus communes, nous trouvons, par exemple, les cryptes enfoncées dans l’épaisseur de la feuille, entièrement tapissées de poils, dans lesquelles s’effectue l’évapotranspiration de la plante, qui économise grâce à ce stratagème une bonne quantité de l’eau qui est sa disposition. La même technique se retrouve chez les plantes velues ou pubescentes. Parmi les plus originales, on pourra citer l’euphorbe arborescente qui perd ses feuilles très précocement à la fin du printemps, empêchant sa déshydratation par évapotranspiration et qui redevient active et fleurit en hiver. Les plantes de bord de mer, soumises aux continuels embruns salés (le sel est un poison pour les bourgeons), s’en protègent en prenant souvent une forme dite en drapeau, limitant l’action du vent sur leurs organismes. Dans le même ordre de défense, quelques espèces adoptent un port en coussin (ex. : le statice nain) qui donne moins de prise au vent. Beaucoup d’espèces recouvrent leurs feuilles de cire (qui les rend blanchâtres ou grisâtres), ou épaississent leurs feuilles (ex. : les orpins ne fixent le CO2 que la nuit), ou encore rigidifient leurs feuilles (buplèvre à feuilles rigides, asperge sauvage). La lutte contre les incendies trop souvent

ravageurs passe aussi pour les végétaux par une résistance naturelle grâce à des revêtements protecteurs (ex. : le chêne liège) ou encore par l’activation de nombreuses graines grâce à la chaleur du feu (ex. : ciste de Montpellier). Le passage du feu peut être néanmoins extrêmement bénéfique puisqu’il évite l’enrichissement des milieux et permet de créer une véritable explosion en terme de biodiversités à condition que les passages en questions restent réguliers (tous les 10-15 ans).

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Sur la Côte d’Azur, l’été est la mauvaise saison pour les végétaux. Le déficit hydrique élevé impose une adaptation morphologique qui permet de lutter contre l’évapotranspiration. Il faut noter que le vent a un effet desséchant et ne fait qu’accentuer le déficit hydrique. Les adaptations morphologiques donnent lieu à des végétaux aux feuilles à cuticule épaisse, coriaces, cireuses..., on parle alors de plantes sclérophylles, 2 dont la photosynthèse est ralentie en été. On trouve aussi dans le cortège les géophytes, qui réagissent aux effets phénologiques selon la saison, dont le cycle biologique des plantes est décalé par rapport au nord de la France. 1/Feuilles tomenteuses de Cistus albidus L. 2/Les feuilles du Calycotome spinosa L. se rétractent pour former des épines le long du rameau. 3/Quercus suber L. résiste aux incendies grâce à son écorce de liège protectrice.

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Paysage(s) naturel(s)

Entre forêt primaire, garrigue et maquis : La région méditerranéenne comprend un grand nombre de milieux qui, pour la plupart, semblent tout à fait naturels. En réalité, presque tous ont été modifiés par l’homme. Après des millénaires d’exploitation sous diverses formes (déboisements, incendies, pâturages, cultures), il ne reste plus grand-chose de la couverture végétale primitive, formée de forêts d’arbres sempervirents. Bien qu’il en subsiste des vestiges, les forêts actuelles ont souvent été plantées ou bien sont exploitées et leur richesse biologique est inférieure à celle des sylves originelles. De nos jours, la région méditerranéenne comprend un ensemble de milieux assez

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* Forêt dans la région de Menton// Serres de la Madone Voyage en mediterranee

* Les formations végétales

ouverts, qui occupent l’espace où se trouvaient ces forêts. Différents facteurs comme la nature du sol, les cultures pratiquées, le pâturage, qui ont agi après l’élimination des forêts, ont influencé la végétation, et par conséquent la faune associée. Paysages et végétation ont également subi des influences plus subtiles ; en effet, des arbres et d’autres végétaux considérés comme typiquement méditerranéens tels que l’olivier, le figuier, l’oranger, le caroubier et la vigne, ont été introduits ou ont été très largement répandus par la culture, et les introduction d’espèces « exotiques » se poursuivent.

La forêt primaire méditerranéenne était constituée de chênes verts sur sol calcaire, de chênes-liège sur sol siliceux. Surexploitée et victime d’incendies à répétition, elle a été remplacée par une forêt secondaire de pins (pin parasol, pin maritime, pin d’Alep...). Si la dégradation se poursuit, cette forêt secondaire cède la place à des formations végétales non arbustives (garrigue, maquis). Les forêts méditerranéennes se caractérisent par l’adaptation à la sécheresse et à la chaleur estivales. Elles restent toujours vertes (chênes verts ou liège et pins sont des arbres persistants).


• La chênaie verte : Symbole de la région méditerranéenne, cette végétation est composée en grande partie, d’essences à feuilles persistantes, qui profitent pleinement de l’ensoleillement du printemps, après le repos hivernal et avant la saison sèche ralentissant l’activité. D’une amplitude plus importante que la végétation associée au chêne liège, la chênaie verte couvre une grande partie des collines et des petits massifs de la région (jusqu’à 800 m d’altitude). Cette formation dispose d’une très bonne résistance à la sécheresse du sol et s’accommode de terrains calcifuge comme siliceux. La strate arborée est constituée principalement de Quercus ilex, Pinus halapensis, Pinus pinaster. La strate arbustive, se compose de Viburnum, Filaria, Pistacia vera. La strate herbacée compte Ruscus aculeatus, Rubia perigrina, Euphorbia chariacas. • La chênaie blanche : Située entre 800 et 1200 m sur les versants frais, ce peuplement s’avère très répandu dans la région. Il est caractéristique des milieux méso et supra-méditerranéen. Principalement composée d’essences arborescentes ou arbustives à feuilles caduques, la chênaie blanche présente des aspects différents selon les saisons. La chute des feuilles en automne permet l’éclaircissement des sous-bois, ce qui favorise le développement d’une végétation variée et au

printemps riche en floraison. La strate arborée est constituée de Quercus alba, Acer monspessulanum, Acer campestre, Sorbus aria, Robinia pseudoacacia, Sorbus aucuparia. La strate arbustive se compose de Buxus sempervirens, Corylus avelana, Prunus spinosa, Juniperus communis, Ligustrum. La strate herbacée compte Lavandula officinalis, Satureja montana, Polygonatum, Digitalis lutea, Buglosoides. • Les forêts de résineux : Les résineux colonisent chacune des séries de la végétation méditerranéenne. On observe qu’à chaque étage correspond des espèces bien particulières : - Étage méditerranéen : Pinus halapensis, Pinus pinaster, Pinus pinea - Étage collinéen : Cedrus, Pinus nigra - Étage montagnard : Pinus sylvestris, Picea - Étage subalpin : Larix Les résineux de la région constituent de belles futaies, atteignant 10 à 20 mètres de haut selon les essences. La plupart d’entre elles ont été introduites lors de reboisements : mélèze, cèdre, pin maritime... Il s’agit souvent en effet de forêts de remplacement qui se sont substituées aux forêts primaires. • Le maquis : Maquis est le nom donné en Corse au paysage caractérisé par un fouillis de

petits végétaux ligneux qui recouvre une bonne partie de l’île. On le rencontre essentiellement dans le Massif des Maures et de l’Esterel, dans les Pyrénées-Orientales ainsi qu’en Corse. Il caractérise les milieux riche en silice. Il se compose d’arbustes et d’arbrisseaux sempervirents, dont la hauteur varie entre 1 et 5 m. Il prédomine là où la pluviosité est assez forte et on le trouve donc surtout dans l’ouest de la région, où le climat est plus humide qu’à l’est. Ailleurs, il existe principalement sur les pentes orientées à l’ouest ou au nord, qui reçoivent le plus de précipitations. On le rencontre depuis le niveau de la mer jusque vers 600 m d’altitude, mais, localement, les conditions climatiques lui permettent d’atteindre 1000 m. Au-dessus, c’est le domaine d’un pseudo-maquis, souvent dominant, composé d’arbrisseaux et d’arbustes pour partie à feuilles caduques. Dans l’ouest de la région, l’Arbousier et la Bruyère arborescente sont les deux végétaux ligneux les plus caractéristiques du maquis, à côté d’autres espèces comme Rubia peregrina, Smilax aspera, le Caroublier, le Genêt d’Espagne et Myrtus communis. Dans l’est, Arbustus andrachne, le Lentisque, un autre genévrier, le Térébinthe et Ephedra fragilis sont des espèces importantes. Le pseudo-maquis est souvent dominé par le Chêne Kermès, le Buis et le Cade.

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Plusieurs espèces d’hélianthèmes vivent aussi dans le maquis et le pseudo-maquis. • La garrigue : On peut définir la garrigue comme « un habitat naturel sur terrain calcaire ou marneux, lié aux spécificités du climat méditerranéen, né de 6000 ans de pastoralisme et qui évolue de la pelouse à Brachypode à la forêt de chênes ». Le terme garrigue vient de la racine pré-indoeuropéenne kar qui signifie «pierre» ou «rocher». La garrigue est au calcaire ce que le maquis est aux terrains siliceux. Elle se caractérise par la présence d’une végétation arbustive naine, ne dépassant pas 1 m de haut et souvent moins de 50 cm. On rencontre toujours ce milieu sur les sols rocailleux brûlés par le soleil en été. Le pâturage et l ‘érosion des sols qui ont suivi l’anéantissement de la forêt primitive ont déterminé son aspect. Les végétaux ont souvent la forme de coussinets espacés, largement séparés par du sol nu. La flore comporte un grand nombre d’espèces aromatiques, dont les feuilles s’enroulent ou tombent en été, adaptations permettant de réduire les pertes d’eau. Outre les cistes, diverses espèces de thyms, sauges, lavandes, rues et le Romarin font partie des végétaux les plus typiques de la garrigue. Selon la situation géographique, le

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Chêne kermès et Euphorbia characias sont souvent présents avec des petits genévriers et le Palmier nain. Sarcopoterium spinosum a une très grande importance dans l’est de la région. Maquis et garrigue sont des termes généraux utilisés pour caractériser des types de végétation. En réalité il existe de nombreuses formes intermédiaires.

* Garrigue de la Grande Corniche, au Fort de la Revère


* Maquis du Massif de l’Esterel

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Paysage(s) naturel(s)

Entre forêt primaire, garrigue et maquis :

* Le massif de l’Esterel Subéraie et maquis

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Massif Domanial de l’Esterel

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Mont Vinaigre

Fréjus Saint-Raphël

• Géologie de l’Esterel

Le massif de l’Esterel constitue avec les massifs du Tanneron et des Maures, la Provence cristalline ou hercynienne. Ils sont composés de terrains métamorphiques très anciens, datant vraisemblablement du Paléozoïque inférieur. Entre Saint-Raphël et Cannes, l’Esterel, perle de la Côte d’Azur plonge ses falaises déchiquetées de porphyre rouge dans les eaux bleues de la Méditerranée. L’Esterel est un massif volcanique formé de plusieurs édifices éruptifs culminant au mont Vinaigre, à 614 m

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d’altitude et au pic de l’Ours, à 492 m. Tout au long de la corniche, la route du bord de mer recoupe différents horizons de roches volcaniques où prédominent les ignimbrites. Le nom d’»Esterel» pourrait provenir de la contraction du terme prélatin ester, le rocher et du latin sterilis, évoquant la pauvreté du sol. L’esterellite n’est pas une roche volcanique stricto sensu, mais une roche microgrenue ayant refroidi dans des fractures à faible profondeur sous terre. Âgé d’environ 275 Ma, le volcanisme de l’Esterel s’est développé dans une zone de fractures ayant provoqué l’effon-

drement du bassin permien (bassin sédimentaire) qui délimite et recoupe les Maures. Les volcans de l’Esterel se caractérisent par une grande diversité de manifestations éruptives, aussi bien explosives qu’effusives. Ces laves sont des roches acides ayant une composition rhyolitique, la même que celle des granites. Le massif était à l’époque beaucoup plus développé qu’aujourd’hui : une partie a disparu par érosion, une autre s’est effondré sous la mer et une dernière affleure au nord de Porto et dans le massif du Cinto en Corse.


Alpes de Provence

Mercantour Alpes Maritimes

* À l’ouest du Mont Vinaigre • Statut et gestion

Le Massif de l’Esterel représente plus de 6000 ha d’un seul tenant de nature protégée. À cheval entre les départements du Var et des Alpes Maritimes, le massif a le statut de forêt domaniale (forêt privée de l’État, plus haut niveau de protection). Il a d’abord appartenu à l’évêché de Fréjus/St Raphaël et est devenu domaine public de l’État après la Révolution. Ce statut important doit être préservé face à une tendance à la régionalisation des forêts, le risque étant de voir la région décider de l’urbaniser. Pour le moment la forêt domaniale représente un bien inaliénable qui se doit de le rester dans une région où l’urbanisation est galopante. Le massif représente un véritable poumon vert parmi les 100 000 habitations qui la cernent. Sept forestiers de l’ONF sont chargés de la gestion du site. Dans un tel milieu l’exploitation forestière n’existe

pratiquement pas à l’exception près du chêne-liège (soit 5% de sylviculture). Les fleurs et autres herbacées sont récoltées pour en faire des bouquets secs ou a des fins pharmaceutiques. La dernière exploitation qui a été pratiquée sur du pin maritime date de 1972. Les missions des forestiers sont donc différentes de celles associées aux forêts classiques : ils s’occupent de la sensibilisation du public, qu’il s’agisse des autochtones ou des touristes, ils sont chargés de conseil auprès des collectivités locales en ce qui concerne les questions d’aménagement en forêt (signalétique, parcours de santé...), ils effectuent des formations et réalisent des tours de garde à cheval (mission de surveillance). Ils assurent une cohabitation entre le milieu naturel sensible et ses usagers (travailleurs, randonneurs, chasseurs). En effet le massif de l’Esterel accueil chaque année plus de 200000 visiteurs, ce qui est non sans

impact sur le biotope. La chasse permet de réguler les populations de sangliers qui posent problème lorsqu’elles s’approchent des habitations. Quasiment aucune faune n’a été introduite en raison des parasites qui peuvent être dévastateur pour le milieu. Le Var est le premier département en France à conjuguer le débroussaillage agro-pastoral (50 ha/an et rotation sur 3 ans) et mécanique. Ce type de gestion permet de ne pas trop perturber le milieu. L’entretien est essentiel pour maintenir un maquis ouvert et pénétrable. Plus le maquis est dense plus les risques d’incendies sont majeurs du fait de la croissance rapide des petits végétaux buissonants, qui favorisent une propagation rapide du feu.

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• Le cortège végétal du maquis

Le paysage du massif présente deux faciès très distincts : -L’adret (versant sud) très ensoleillé et sec est composé d’une végétation typiquement méditerranéenne qui a dû s’adapter pour limiter l’évapotranspiration (feuilles vernissées et coriaces...). -L’ubac (face nord) est plus vert, plus frais et humide (microclimat assez proche du type alpin avec la présence de fougères, houx, bruyères...). Cette logique tend à s’inverser à partir d’Avignon où l’influence du «froid nordique» se fait ressentir sur l’ubac. La flore a dû s’adapter à des sols très pauvres : sols volcaniques, durs et acides, donc peu dégradables et lessivés par les pluies. La végétation qui occupe le Massif de l’Esterel se compose d’espèces caractéristiques du maquis méditerranéen mais compte aussi certaines plantes invasives qui ont une facilité à coloniser le territoire et étouffer les milieux. Il est important de noter que ce biotope est fragile et subit en permanence des attaques directes ou indirectes liées à l’activité humaine, comme l’urbanisation, les incendies... C’est pourquoi le travail de protection et de prévention des agents de l’ONF est indispensable a la survie du massif.

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Des espèces invasives : -Le mimosa des jardins (Acacia dealbata) est devenu envahissant dans le massif. Cette plante qui est à l’origine de nombreuses festivités au début de l’année sur la Côte d’Azur est aujourd’hui indésirable dans la nature, alors qu’elle a été importée d’Australie à la fin du XIXè siècle pour orner les jardins. Quand le mimosa est sec, il favorise le feu. Paradoxalement le feu permet une germination en masse des graines restées en latence dans le sol, ce qui constitue un véritable cercle vicieux pour la dissémination de cette plante qui se propage déjà facilement par le vent et le ruissellement. De nombreuses coulées de mimosa visibles dans les fonds de vallons menaces la flore locale fragile. Le mimosa est une plante buissonnante très résistante. Elle aime la chaleur, mais supporte aussi le gel jusqu’à moins 8°C. L’éradiquer n’est pas possible parce qu’il colonise rapidement par voie végétative, il reste contrôlable sur 100 m2. Ce type d’invasion est extrêmement dommageable pour la Côte d’Azur. La plante est à l’origine d’une diminution de la biodiversité. Dans une plantation de chêne-liège on observe 24 espèces différentes alors qu’on en relève seulement 10 dans les endroits où pousse le mimosa. Celui-ci forme des taillis

impénétrable avec des arbres qui font entre 2 et 3 m de racines par an et colonisent rapidement les sols. En outre, ils l’acidifient quand la litière de feuilles se dépose sur le sol. Le mimosa modifie toute la structure et la dynamique de l’écosystème mais il ne fait pas appel à une réglementation particulière. -L’eucalyptus pose beaucoup moins de problèmes et ne se montre pas particulièrement invasif comme dans d’autre régions de type méditerranéen à travers le monde (Californie). Il est ici cultivé pour son feuillage bleu glauque très esthétique dans les compositions florales ainsi que pour son bois, sa croissance est extrêmement rapide. Il a été introduit entre 1978 et 1999 de manière abondante. Si l’eucalyptus ne pose pas ici de problèmes majeurs, c’est parce qu’il nécessite de grandes quantités d’eau pour se développer correctement. Si le climat lui est favorable il peut s’avérer hautement invasif comme le mimosa. Ses graines se dispersent à un rayon de 10 km. Il profite du nettoyage opéré par les incendies pour s’installer en masse. Il est lui-même hautement inflammable et à tendance à créer des boisements mono-spécifiques en déposant autour de lui une litière épaisse contenant des substances nocives pour les autres végétaux.

Taillis d’Acacia dealbata

Eucalyptus viminalis

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Strate arborée

Quercus suber L. Chêne liège FAGACEAE

Petit arbre de 10 à 15 m, thermophile et très gélif, appréciant l’humidité. Il pousse uniquement sur des sols acides de manière post-pionnière. Son écorce le protège du feu ainsi que sa forte capacité à drageonner.

Le Chêne-liège occupe une place bien particulière au sein de la forêt méditerranéenne. Son écologie le cantonne aux sols dépourvus de calcaire, aux conditions climatiques relativement modérées du littoral : hivers doux, sécheresse estivale tempérée par une certaine humidité atmosphérique. Il est présent dans l’étage thermoméditerranéen de la frange littorale, il occupe tout l’étage mésoméditerranéen et parvient quelquefois à se maintenir dans le supraméditerranéen.

Form ation

du li ège f

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La principale menace pour la suberaie est la dynamique végétale naturelle qui, en cas de non-gestion, a tendance à fermer le couvert et à éliminer le Chêneliège ainsi que la flore héliophile qui lui est associée. La suberaie a besoin de l’homme ; c’est là sa grande originalité mais aussi sa faiblesse.

Voyage en de mediterranee 16 * Ambiance maquis bas dans l’Esterel

De plus, traditionnellement, les forestiers gèrent les suberaies en «futaie jardinée», c’est à dire en faisant cohabiter des arbres de tailles et d’âges variés. Cette structure horizontale et verticale variée introduit une grande hétérogénéité dans l’éclairement du sol. Ainsi sous la suberaie peut se développer un sous-bois assez riche : arbustes et petits ligneux du maquis, nombreuses espèces herbacées, comportant à la fois des espèces sciaphiles (d’ombre) et des espèces héliophiles (de lumière).


Pinus pinaster L. Pin Maritime PINACEAE

Troncs après démasclage Le chêne-liège est un des rares arbres à pouvoir régénérer son écorce, c’est à dire à la reconstituer après qu’elle ait été enlevée. Sur un même arbre on peut observer au cours de sa vie deux types de liège : le liège mâle et le liège femelle. Le liège mâle : il s’agit de l’écorce qui se développe naturellement sur le tronc et les branches de l’arbre. Cependant il se crevasse fortement en vieillissant, il devient compact, siliceux et dépourvu d’élasticité, ce qui ne permet pas de l’utiliser en bouchonnerie. Le liège femelle: liège qui se développe après le démasclage. Contrairement au liège mâle, il est moins crevassé, plus homogène et plus élastique.

Matsucoccus feytaudi

Ce conifère mesure de 20 à 30 m, il préfère les sols siliceux même si il survit en milieu basique et se développe mieux sur les ubacs où se rencontrent les chênaies pubescentes. Les incendies favorisent sa régénération. On le retrouve jusqu’à 1600 m ainsi que très largement sur la côte Atlantique. Il est présent dans le massif depuis 4500 ans, amené par des peuplades préhistoriques nomades. Il a longtemps été exploité, aujourd’hui il est atteint d’une maladie, le Matsucoccus feytaudi ou Cochenille du pin. Le grand gel de 1956 qui a couvert toute la Provence a affaiblie les arbres, qui n’étaient plus habitués au froid d’où l’apparition de parasites ravageurs. Les pins du massif ont entre 25 et 30 ans. Les vieux pins qui ont résisté au grand froid et aux parasites ont entre 150 et 160 ans. Pour rétablir ce déséquilibre, les forestiers mixent avec les pins maritimes locaux des pins de Tamjoute et de Covicant (Maroc).

Le chêne liège est souvent associé au pin maritime ainsi qu’au châtaignier plus au Nord.

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Strate arbustive

Calycotome spinosa L. Calicotome épineux, cytise épineux FABACEAE

Phyllyrea angustifolia L. Filaire à feuilles étroites OLEACEAE

Arbustus unedo L. Arbousier, arbre aux fraises ERICACAEAE

Plante vivace, arbustive, moyenne à grande (80 à 200 cm), très épineuse, à rameaux dressées et relativement serrés. Feuilles à 3 folioles obtuses, accompagnées à leur base d’une très forte épine. Fleurs moyennes, jaunes, par groupes de 4 ou 5 dans la partie supérieure de la plante. Le calicotome épineux est un sous-arbrisseau commun des milieux arides, ouvert ou semi-ouverts méditerranéens, garrigues ou maquis bas, ou forêts clairsemée de chênes verts ou chêneslièges.

Sous-arbrisseau, moyen à grand (de 60 à 200 cm), sempervirent, très rameux et à rameaux dressés. Feuilles vertes, opposées, lancéolées, étroites et entières. Fleurs blanchâtres, petites, disposées en petites grappes presque sessiles à l’aisselle des feuilles, au sommet des rameaux. Fruit noirs à reflets bleuâtres. La filaire à feuilles étroites est un arbuste de la forêt sclérophylle méditerranéenne ou des formations de dégradation qui en découlent comme le maquis bas ou plus rarement la garrigue. L’espèce pousse sans distinction sur roches calcaires ou siliceuses. Comme toutes les Oléacées, les filaires sont de très bons combustibles utilisées autrefois par les charbonniers.

Arbrisseau ou arbre, de grande taille (de 1 à 5 m), à tiges dressées et à rameaux de l’année rougeâtres, sempervirent, à écorce écailleuse rousse. Feuilles vertes, grandes, coriaces, lancéolées et bordées d’une marge denticulée. Fleurs blanches, verdâtres au sommet, petites, en cloche, disposées en grappes. Fruits très caractéristiques (les arbouses), sphériques, rouges, hérissés de petits grains, à chair orange, farineuse, légèrement sucrée. L’arbousier affectionne les sols assez épais du maquis haut ou de la forêt dense sclérophylle méditerranéenne. C’est une plante qui, sans être complètement associée au terrains siliceux, montre une préférence certaine pour les terrains neutres ou acides. On en trouve cependant ça et là sur calcaire, souvent dans des combes ou des sols calcaires épais.

18 Voyage en mediterranee


Erica arborea L. Bruyère arborescente ERICACEAE

Erica scoparia L. Bruyère à balai ERICACEAE

Calluna vulgaris L. Callune ERICACEAE

Arbuste vivace, de grande taille (de 1 à 3 m), à tiges dressées, très rameuses et à écorce fragile se délitant en lanières qui tombent. Jeunes rameaux recouverts de petits poils dressés donnant une couleur blanchâtre aux jeunes tiges. Feuilles vertes, petites, verticillées par trois ou quatre, linéaires, étroites. Fleurs roses ou blanches, petites, en cloche, disposées en grandes panicules fournies. La bruyère arborescente affectionne les sols assez épais du maquis haut. C’est une plante calcifuge qui ne trouve son plein développement que sous l’ombre protectrice des chênes-lièges ou des chênes verts. Le bois des racines est précieux et est utilisé notamment dans la confection des pipes.

Cette espèce, contrairement à la bruyère arborescente, ne reste pas cantonnée à la Méditerranée et se retrouve jusqu’en Sologne sous nos climats plus froids. Bien que thermophile, elle est très restante au froid. C’est une espèce acidicline qui se développe aussi bien dans la lande, qu’en forêt, pinède, bois clair ou maquis. On la différencie grâce à ses petites aiguilles (de 4-5 mm) vert clair, luisantes sur la face supérieure et dotées de deux sillons sur le dessous.

Des trois arbustes de la famille des Ericaceae que nous avons observé, la callune est sans commune mesure la plus largement répandue sur le territoire français. Cette espèce acidiphile pionnière se différencie grâce à ses petites fleurs roses disposées en longues grappes terminales. Elle est également très mellifère et possède des qualités pharmaceutiques.

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Strate herbacée

Cistus albidus L. Ciste blanc, ciste cotonneux CISTACEAE

Cistus monspeliensis L. Ciste de Montpellier, ciste collant CISTACEAE

Cistus salviifolius L. Ciste à feuilles de sauge CISTACEAE

Plante vivace, moyenne à grande (de 40 à 100 cm), peu odorante, à rameaux dressés, recouverte d’un feutrage de poils blancs. Feuilles sans pétiole, tomenteuses, ovales ou oblongues, plus ou moins obtuses. Fleurs rose plus ou moins foncé, grandes, très fragiles à pétales tombant facilement, formant une ombelle de quatre à sept fleurs. Le ciste blanc est une plante commune dans toutes les garrigues et maquis bas du sud-est de la France. Il aime les sols rocailleux peu profonds. On le trouve de façon de façon égale sur calcaire et sur sol siliceux. L’un des principaux intérêts est d’ordre esthétique : les fleurs roses du ciste blanc ont cet aspect de fleurs en papier qui lui donne immanquablement un caractère fragile et beau.

Plante vivace moyenne à grande (de 30 à 12 cm), dressée et habituellement très rameuse et très odorante (par frottement des feuilles). Feuilles sans pétiole, lancéolées, pourvues de trois nervures saillantes, rugueuses, très glanduleuses et laissant les mains qui «pèguent» (signifie en provençal «qui collent»). Fleurs blanches, assez grandes, à l’extrémité tronquée, en grappes fournies. La ciste de Montpellier est un arbrisseau très classique de la flore provençale. Il constitue parfois de véritables landes dans les grandes surfaces dévastées par le feu, plus particulièrement sur silice, bien qu’on puisse également la trouver sur calcaire. Sa régénération est très vive. C’est l’un des végétaux repoussant après le passage du feu. Par ailleurs, la germination de ses graines est activée après l’incendie.

Plante vivace, moyenne à grande (de 30 à 80 cm), légèrement odorante par friction, à rameaux dressés. Feuilles à court pétiole, à surface réticulée, ovales ou oblongues, plus ou moins obtuses. Fleurs grandes à pétales blancs et onglets jaunes, sur des pédoncules axillaires allongés. La ciste à feuilles de sauge est un sousarbrisseau commun des milieux ouverts ou semi-ouverts méditerranéens, garrigues ou maquis bas. Plus fréquent sur silice que sur calcaire. Il affectionne les sols rocailleux en surface. Il est réputé pour la beauté des massifs fleuris qu’il égaie par les mouchetures blanches de ses fleurs.

20 Voyage en mediterranee


Lavandula stoechas L. Lavande camphrée LAMIACEAE

Genista hispanica L. Petit genêt d’Espagne FABACEAE

Euphorbia spinosa L. Euphorbe épineuse EUPHORBIACEAE

Plante vivace, grande (de 20 à plus de 80 cm), très rameuse, très odorante, tomenteuse. Feuilles dressées, linéaires, souvent en faisceau, très odorante à la friction, blanchâtres car recouvertes de poils. Fleurs petites d’un violet foncé, très odorantes, en épi très dense formant un manchon au bout des rameaux, surmonté d’un toupet de bractées violettes. La lavande à toupet, plante calcifuge par excellence, est un sous-arbrisseau des maquis bas et des pelouses rocailleuses et arides sur sols siliceux. Cette lavande doit son nom à la fragrance de ses fleurs où domine très nettement le parfum si particulier du camphre.

Plante vivaces, petite à moyenne (de 10 à 30 cm), pubescente, très épineuse (sauf les rameaux de l’année), très rameuse, à rameaux étalés. Feuilles simples, lancéolées, les inférieures transformées en épines ramifiées. Fleurs jaunes, petites, en têtes globuleuses, terminales. Fruit (gousses) petits, à une ou deux graines. Le petit genêt d’Espagne est une plante des sous-bois secs de chênes-lièges, chênes pubescents ou verts, ou des chênaies mixtes à pins d’Alep, parfois plus en altitude à pins sylvestres.

Sous-arbrisseau de 10-20 cm, glabre, dénudé intérieurement, très rameux en buisson, les anciens rameaux desséchés simulant de longues épines ; feuilles éparses, petites (1 cm environ de long), lancéolées ou lancéolées-linéaires, très entières, les ombellaires ovales ou oblongues ; ombelle jaune, à 1-3 rayons courts et uniflores ; bractées obovales; glandes entières ; capsule d’environ 3 mm, globuleuse, glabre, à sillons peu profonds, couverte de tubercules cylindriques saillants ; graines ovoïdes, brunes, lisses, caronculées. Lieux secs et pierreux du Midi ; Provence, Roussillon ; Corse. Europe méditerranéenne.

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Iberis amara L. Ibéris amer BRASSICACEAE

Scilla autumnalis L. Scille d’automne LILIACEAE

Daphne gnidium L. Daphné gnidium THYMELEACEAE

Plante annuelle ou bisannuelle ; tige de 10-40 cm, rameuse ; feuilles spatulées, oblongues ou lancéolées, à 2-4 dents de chaque côté, ciliées ou pubéruelents; fleurs blanches ou lilacées ; grappe fructifère à la fin allongée et lâche, à pédicelles étalés ; silicules suborbiculaires, arrondies à la base, rétreécies au sommet, à échancrure étroite, à lobes triangulaires ; style plus court ou un peu plus long que les lobes. Polymorphe. Champs et coteaux dans presque toute la France. Europe centrale et méridionale ; Algérie.

Plante vivace, petite à moyenne ( de 10 à 25 cm), à bulbe ovoïde gros, glabre et à tige grêle dressée. Feuilles peu nombreuses, linéaires, très allongées, uniquement à la base, disparaissant à la floraison, légèrement en gouttière. Fleur d’un beau violet ou d’un bleu lilas, en grappe courte puis allongée. Fruits plus ou moins globuleux à 2 graines noires. La scille d’automne affectionne les maquis bas, les garrigues, les lisières de forêts ou les pelouses sèches. Elle fuit en général les lieux trop arides et ensoleillés. Elle fait partie du cortège des plantes à floraison très tardive qui égayent les garrigues lorsque la sécheresse a roussi ou fait jaunir tous les autres végétaux.

Plante vivace, moyenne à grande ( de 60 cm à plus de 200 cm), sempervirente, rameuse à la base, à rameaux fortement dressés. Feuilles coriaces, linéaires à lancéolées, aiguës, dressées. Fleurs petites, blanches, odorantes, en panicule au bout des rameaux. Le daphné des garrigues est un sousarbrisseau poussant en touffe dans les rocailles, les garrigues ou les maquis bas du sud de la France. On peut aussi le retrouver dans les sous-bois clairs de chênes verts ou blancs, ou encore dans les futaies de chênes-lièges. C’est une plante vénéneuse qu’il ne faut surtout pas consommer.

22 Voyage en mediterranee


Odontite luteus L. Odontite jaune SCROPHULARIACEAE

Helicrysum stoechas (L.) Moench. Immortelle des îlex d’Hyères ASTERACEAE

Smilax aspera (L.) Link Salsepareille d’Europe SMILIALACACEAE

Plante annuelle de 10 à 50 cm, finement pubérulente ou glabrescente, inodore, à tige dressée, raide, à rameaux étalés-ascendants ; feuilles rapprochées, linéaires ou linéaires-lancéolées, acuminées, ordinairement entières, à 1 nervure ; fleurs d’un beau jaune, en grappes serrées et allongées ; bractées linéaires, entières, un peu plus courtes que les fleurs ; calice pubescent, fendu jusqu’au tiers, à lobes triangulairesaigus ; corolle de 6 à 7 mm, pubescente et à bords ciliés-barbus, à lèvres très ouvertes, la supérieure droite et tronquée ; anthères glabres et libres, très saillantes, ainsi que le style ; capsule ovale, à la fin dépassant le calice. Lieux secs et arides, dans une grande partie de la France ; Corse. Europe centrale et méridionale ; Caucase, Asie mineure, Syrie ; Algérie.

Plante vivace, moyenne (de 15 à 60cm), tomenteuse, très odorante au frottement, ligneuse à la base et très rameuse, à rameaux dressés. Feuilles linéaires, très étroites, tomenteuses, blanchâtres sur les deux faces, enroulées sur elles-mêmes. Fleurs petites, jaunes, réunies en capitules globuleux, reliés en têtes plus ou moins denses. L’immortelle affectionne les rochers et les coteaux arides, les garrigues ou les maquis bas et secs, depuis le bord de mer jusqu’aux premiers contreforts des Alpes en exposition sud. Plante héliophile par excellence, elle évite les terrains trop fermés ou les sous-bois. Elle utiliser dans l’alimentation comme condiment, les eaux de cuisson (céréales, légumes..).

Liane vivace, moyenne à grande (de 50 à plus de 100 cm), très rameuse, à rameaux en zigzag, glabre, fortement épineuse. Feuilles épineuses ovales, aiguës, souvent en fer de lance, coriaces à pétiole muni de vrilles. Fleurs petites, blanche-jaunâtre, parfois verdâtre, en grappes flexueuses. La salsepareille est une liane touffue très commune dans les garrigues ou maquis bas, ou les sous-bois clairs de chênes verts ou blancs, ou encore dans les futaies de chênes-lièges. Sa fleur et ses fruits sont utilisés dans la préparation de breuvages, rafraîchissement, liqueurs...

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Le feu est un élément caractéristique des milieux secs. Mais aujourd’hui nous sommes très loin de la fréquence des feux «naturels». La fréquentation élevée du massif et la pression de l’activité humaine sur le milieu favorisent les incendies accidentels ou criminels. Le risque d’incendie, toujours élevé dans ces forêts, a poussé les forestiers et les aménageurs du territoire (la DFCIS : organisme de défense contre les incendies ) à installer des pares-feux et des grandes coupures en réhabilitant localement une forme de pastoralisme très favorable sur le plan de l’esthétique des paysages et du maintien de la diversité de la strate herbacée.


Les sites peu touchés par le passage d’incendies réguliers sont mis en valeur par l’aménagement s’une sylviculture pure (chêne liège, etc.). Il existe dans la région différents types de forêts : la forêt domaniale de l’Esterel, les forêts privées plus au sud ; il est ainsi très difficile de s’harmoniser dans la lutte contre les incendies, qui quant à eux, ne connaissent pas de frontières de propriétés. Après un incendie, la strate herbacée est la première à réapparaître : les graines en dormance dans le sol en sortent par le passage du feu. Apparaissent ensuite le pin maritime et surtout le mimosa qui repousse de plus belle après le passage du feu. Depuis la 2nde guerre mondiale, le massif de l’Esterel a brûlé deux fois entièrement et d’autres endroits plus de quatre fois. Certes, le passage du feu est inévitable pour un tel milieu et a même certains effets bénéfiques. Néanmoins, un passage de feu «naturel» dans un tel milieu devrait avoir lieu en moyenne tous les 10 ans. Le fond de vallée témoigne d’un

développement urbain non négligeable principalement constitué de résidences secondaires. La forêt de fond de vallée est un site classé et a le statut de forêt domaniale. Elle permet ainsi de contenir l’urbanisation mais constitue par la même occasion un danger en cas d’incendie. Quelles sont les mesures prises? Le Conseil Général des Alpes-Maritimes milite dans la prévention contre les incendies auprès des habitants. Une loi a rendu obligatoire le débroussaillement autour des lieux d’habitation sur un périmètre de 50 m afin d’en limiter la propagation et de créer une protection pour les habitants. En 2003, un incendie brûle environ 900 ha de territoire, les pins maritimes sont totalement détruits, le massif se retrouve alors à nu. Les conséquences de «l’après incendie» sont souvent catastrophiques, en effet, à l’automne les orages (régime torrentiel) sont à l’origine d’une érosion forte des versants. Les agents de l’ONF agissent alors dans l’urgence (15 jours), généralement ils utilisent des fascines construites avec les souches et les troncs brûlés, positionnées en travers de

la pente, elles permettent retenir la terre et former ainsi des zones de reprise pour la végétation.

Fascine construite à partir de souches de pins

* Versant sud-ouest 25


Paysage(s) naturel(s)

Entre forêt primaire, garrigue et maquis :

* Le Mont Vinaigrier

Beausoleil

Yeuseraie et garrigue

Parc Départemental de la Grande Corniche

Parc Départemental du Mont Vinaigrier

Monaco Eze Eze-Bord de Mer

Nice

Beaulieu-sur-Mer Villefranche-sur-Mer St-Jean-Cap-Ferrat

Aéroport de Nice

26 Voyage en mediterranee

Cap d’Ail


Le Vinaigrier, véritable fenêtre ouverte sur Nice, nous offre la possibilité de lire la ville autrement, de la comprendre. Cette ville contenue qui a explosé de ces limites géomorphologiques et qui ne cesse de gagner du terrain sur des milieux sensibles, les parcs régionaux, constituant de véritables poumons mis en danger. Le nom du massif du «Vinaigrier» viendrait du fait qu’on y faisait du mauvais vin. Le Mont Vinaigrier, cet ancien domaine agricole a su préserver ses terrasses, qui constituent un patrimoine fragile constitutif d’un paysage habité et façonné. Le site est constitué de trois entités paysagères : -Le plateau sommital avec sa forêt entrecoupée de prairie fauchées. -La falaise, milieu sensible -L’ancienne exploitation agricole en terrasses dominant la ville. Les citadins venaient autrefois s’y approvisionner en lait, huile, légumes et fruit. Les restanques sont toujours plantées d’oliviers et de fruitiers de variétés anciennes. Les vestiges du réseau d’irrigation, composé de puits verticaux et horizontaux destinés à récupérer les eaux pluviales, l’ancienne ferme de style italo-provençal sont des témoignages

de l’activité passée. Aujourd’hui ces vestiges sont restaurés et protégés. Le domaine du Vinaigrier est la propriété du Conservatoire du Littoral (bien que le site ne soit pas en bord de mer, il existe un lien paysager avec le littoral) et est géré par le Conseil Général des AlpesMaritimes, avec le concours financier de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Le rôle du Conseil Génral est de protéger le milieu et d’accueillir/informer le public. Il possède la compétence de Plan départemental des itinéraires de promenade et de randonnée (PDIPR). Les éléments acquis par le Conseil Général (des Alpes Maritimes) sont inaliénables. Le Conservatoire du Littoral est un bon acquéreur mais n’a pas les moyens d’en assurer une bonne gestion, il compte seulement 150 employés à l’échelle de la France, dont 62 pour les parcs naturels. Le département des Alpes Maritimes est couvert par 3500 ha de parcs naturels. On dénombre 62 personnes directement impliquées dans la préservation de ces milieux : 32 agents d’entretien/15 gardes forestiers/3 animateurs pédagogiques. Le parc a été acquis en 1988 et en 1992, attribution du label de «paysage de reconquête» par le Ministère de l’Environnement.

Le site à le statut de Parc Naturel Départemental, espace naturel sensible. Ces milieux font l’objet d’une taxe départementale (TDENS), aboutissement d’une réflexion menée dès les années 60, sur l’urbanisation des espaces naturels aux abords de Nice. Chaque nouvelle construction doit financer un parc, 2% sont prélevés sur les installations privées et publiques. Quarante millions d’euros ont été récoltés sur les années 1990/2000. Mais avec la crise, les taxes ont baissé. L’objectif d’acquisition pour sauvegarder le site de la pression foncière est de 20 000 ha, 3 300 ha ont déjà été acquis. Cette politique en matière d’urbanisme s’explique notamment par le manque d’espace, une problématique liée à la topographie qui prend de plus en plus d’importance en terme de d’infrastructures. On assiste à une superposition des voies rapides et ferroviaires afin de faciliter le trafic vers l’Italie et l’Europe de l’Est, ainsi que les flux générés par les migrations pendulaires. La gestion des espaces naturels (Opération d’Intérêt National) amène à la protection de la plaine du Var déjà bien défigurée par l’implantation de l’aéroport en polder ainsi que l’urbanisation sur les crêtes. Il faut noter que le site mène des actions de réinsertion sociale (par le biais du CCAS) par la culture de l’olivier, la production de miel (association «Arbre»).

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Trois ensembles végétaux s’étagent entre le plateau du Vinaigrier, la falaise et son talus. L’orientation du versant par rapport au soleil et la nature du sol influent sur la répartition. Le rebord du plateau sud-ouest est constitué d’un sol peu profond, ou l’on trouve une forêt ouverte, composée de pins d’Alep et de chênes verts. Sur la falaise abrupte et exposée au soleil on rencontre quelques chênes verts rabougris, végétant dans des anfractuosités de la roche. À son pied, le talus nord-ouest est recouvert d’un sol plus épais et plus humide, où s’est installée une forêt dense et sombre : composée de frênes à fleurs et ponctuée de pin d’Alep. Il faut noter que le frêne à fleurs est une espèce rare dans les Alpes-Maritimes.

Le plateau sommital calcaire, haut de 350m, peuplé de chênes verts et de pins d’Alep (Yeuseraie)

La falaise calcaire occupée par le thym, la fougère, le nombril de Vénus, des espèces thermophiles, les frênes à fleurs en contre-bas accompagnés du chêne vert.

Frêne à fleurs

Les restanques, terrasses calcaires cultivées depuis le XIXe sous la forme de vergers (oliviers…)

28 Voyage en mediterranee

Illustration extraite des panneaux d’information édités par le Conservatoire du Littoral


Sous le Vinaigrier se cache un système hydraulique qui se traduit en surface par la résurgence de puits ou de citernes ; il recèle en fait un véritable réseau de galeries et de conduites dont le seul but est d’assurer des réserves d’eau toute l’année. Non seulement les paysans qui vivaient sur ces terres se sont échinés à construire des terrasses mais ils ont creusé dans le talus des dizaines de mètres de souterrains horizontaux en direction du centre de la colline. Ils les ont ensuite renforcés de murs intérieurs en pierre parfois enduits de ciments. Ces constructions ne sont pas rares dans la région, mais l’ensemble du réseau du Vinaigrier est unique par son importance.

-Le système de captage, galerie horizontales ou «drains» qui permet d’intercepter l’eau à l’intérieur du talus. -Le système de conduites ou canalisations qui amène l’eau aux fontaines ou aux bassins. -Le système de conservation par citernes et réservoirs qui permet de stocker l’eau en prévention des périodes sèches. Ce système, déjà utilisé par les romains, pourrait dater du XVIIIe siècle, il servait encore il y a une cinquantaine d’années.

L’aéroport de Nice : un territoire gangé sur la mer

Le réseau se décompose en trois systèmes :

Le Paillon : une rivière oubliée des niçois

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Paysage(s) naturel(s)

Entre forĂŞt primaire, garrigue et maquis :

* La Grande Corniche au Fort de la Revère Yeuseraie et garrigue

Nice

Le Cap Ferrat Baie de Villefranche

Beaulieu-sur-Mer

Eze

30 Voyage en mediterranee


Parc Départemental de la Grande Corniche Parc Départemental du Mont Vinaigrier

Beausoleil

Monaco Eze

Cap d’Ail

Eze-Bord de Mer Beaulieu-sur-Mer

Nice Villefranche-sur-Mer

St-Jean-Cap-Ferrat

Aéroport de Nice

La Grande Corniche se présente sous la forme d’un énorme plateau karstique né d’un plissement géologique initié par l’orogénèse des Alpes. Sa position stratégique en fait depuis l’époque des celto-ligures un objet de convoitise. Au XIXe siècle, sur la route stratégique de Forna, les architectes militaires y érigent des murs de soutènements ainsi que des parapets de pierre de taille. Le parc occupe une surface de 600 ha et se définit par son plateau calcaire bordé de falaises ou «baous». On trouve ici un paysage où l’eau a sculpté la roche et dégagé des formes typiques, tels les grottes et les gouffres. Ce parc et l’une des dernières zones possédant une végétation de garrigues caractéristique des écosystèmes littoraux des Alpes-Maritimes. On y recense 450 espèces de végétaux et 117 espèces

protégées au plan national (faune et flore). Un certain nombre d’enjeux sont liés à la garrigue : -Le feu et le pâturage peuvent être considérés comme des outils de maintenance des espace ouverts, où la pratique ancestrale et la notion de biodiversité sont mis en avant. -La gestion des eaux pluviales, de ruissellement, issues de la consommation. -La prise en compte du morcellement foncier et de la spéculation qui freinent les projets de territoire. -L’implantation de nouveaux vignobles dans des espaces de garrigues -L’urbanisation rapide et la nécessité environnementale et sociale de recréer du lien entre espaces de garrigues, vignobles et villages péri-urbains pour les usagers du territoire.

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Rhamnus alaternus L. Nerprun alaterne RHAMNIACEAE

Phillyrea latifolia L. Filaire à feuilles larges OLEACEAE

Pistacia lentiscus L. Pistachier lentisque ANACARDIACEAE

Arbrisseau grand (jusqu’à 5 m), sempervirent, sans épine, très rameux. Feuilles coriaces, alternes, ovales à lancéolées à bord rigides et denticulé. Fleurs petites, rougeâtres ou jaunâtres, en épi dense et serré au sommet des rameaux supérieurs. L’alaterne est un buisson des garrigues et des maquis bas. Il fait partie du cortège de sous-arbrisseaux qui rendent le maquis bas ou haut totalement impénétrable. On le rencontre aussi bien sur sols calcaires que sur sols siliceux. L’alaterne doit son nom à ses feuilles alternes sur les rameaux. Ce détail permet une distinction immédiate avec la filaire à feuilles larges qui lui ressemble parfois.

Arbrisseau ou petit arbre atteignant 6 à 8 m, à rameaux robustes et raides ; feuilles inférieures larges, ovales ou elliptiques-oblongues, légèrement en coeur à la base, courtement petiolées, dentées-épineuses, les supérieures plus étroites et finement dentées, à nervure dorsale saillante ; fleurs en grappes courtes et peu fournies ; drupe de la grosseur d’un pois, noire, globuleuse, obtuse, ombiliquée, non apiculée, à noyau globuleux. Bois et coteaux pierreux de la région méditerranéenne ; Alpes-Maritimes, Var, Aude, Pyrénées-Orientales ; Corse. Espagne et Portugal, Baléares, Sardaigne, Sicile, Italie, Istrie et Dalmatie ; Afrique septentrionale.

Arbrisseau vivace, grand (de 1 à 3 m), sempervirent, sans épine, très rameux, très odorant. Feuilles découpées en folioles toujours en nombre pair, ovales obtuses, luisantes en dessus, à pétiole ailé et dégageant une très forte odeur d’essence térébenthine à la friction. Fleurs petites, rougeâtres ou brunâtres, en glomérules serrées à l’aisselle des feuilles. Fruit rouge globuleux. Le pistachier lentisque est un grand classique de la flore des garrigues. Les terrains acides sont sa prédilection. On peut le rencontrer aussi bien sur sol calcaire que sur sous-sol siliceux.

32 Voyage en mediterranee


Osyris alba L. Osyris blanc SANTALACEAE

Echium vulgare Vipérine BORAGINACEAE

Thymus vulgaris L. Thym sauvage LAMIACEAE

Sedum nicaeense L. Orpin de Nice CRASSULACEAE

Ruta graveolens L. Rue odorante RUTACEAE

Linum corymbulosum Lin LINACEAE

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Le biome méditerranéen dans le monde Qu’est ce qu’un biome? «Un biome est un ensemble écologique présentant une grande uniformité sur une vaste surface». Le biome, également appelé écozone ou écorégion, caractérise une aire biogéographique. Celle-ci est définie par un lieu et son sol associé, ainsi que par un climat spécifique (températures et précipitations). Ces trois critères mettent en place des conditions écologiques particulières et donc une faune et une flore qui se sont adaptées à ce milieu et qui le caractéri-

sent dans sa spécificité. En plus du bassin méditerranéen, d’autres régions du monde sont soumises au climat méditerranéen : les îles Canaries, la Californie, l’Australie, le Chili central, le Cap en l’Afrique du Sud et la Nouvelle-Zélande. Elles se trouvent toutes entre le 30e et le 40e parallèle, hémisphère nord et sud. Chacune de ces régions méditerranéennes présente une inhabituelle richesse spécifique et un fort taux d’endémisme. On parle de «syndrome

d’insularité», car ces régions au climat méditerranéen fonctionnent un peu comme des îles (l’isolement favorisant l’endémisme). La plupart d’entreselles sont en effet prises en sandwich entre des zones plus humides et plus arides, ce qui favorise un brassage des plantes de communautés voisines. Cette position de «transition» a également permis la diversification des plantes survivantes lors des changements climatiques des âges glaciaires.

Le Bassin méditerranéen : forêts sclérophylles, maquis et garrigues Chaparral californien

Mattoral chilien

34 Voyage en mediterranee

Fynbos sud africain

Bush & mallee scrub australiens


Bien que ces régions appartiennent à un même biome caractérisé par des plantes résistant à une période de sécheresse ainsi qu’à des passages exceptionnels d’incendies, chaque région possède ses propres spécificités. En effet, les formations végétales présentent des adaptations similaires aux conditions climatiques, mais sont représentées par des espèces très différentes d’un milieu à un autre. Les deux régions qui sont incontestablement les plus riches en termes de diversité sont les formations australiennes ainsi

is ilens

Le matoral chilien, très proche en typologie du chaparral californien, s’étend sur une longue et fine bande de terre le long des côtes (10 km en largeur). La région couverte est relativement isolée, entourée par le désert Atacama, des forêts de Valdivian, des Andes et de l’Océan Pacifique à l’Ouest. Il s’agit de la seule écorégion de type méditerranéen de toute l’Amérique du Sud.

is ch

Exemple du matorral chilien

Escollonia pulverulenta (Escalloniaceae) En fourrés épineux et xérophiles : Puya caerulea, Puya chilensis (Broeliaceae) Echinopsis chilensis et E. litoralis (Cactaceae) En palmier : Jubea chilensis

nops

que le fynbos sud-africain. Ce dernier enregistre 68% de ses 8 600 espèces de plantes endémiques et ce, sur une superficie de seulement 90 000 km2.

Echi

La biodiversité des régions méditerranéennes est remarquable car elles abritent 10% des plantes à fleurs, sur seulement 2% de la surface terrestre. Au niveau de la Méditerranée on trouve environ 13 000 plantes endémiques, soit 50% de la flore totale méditerranéenne. C’est au niveau mondial, la deuxième région en terme de richesse pur les plantes endémiques. Parmi les biomes terrestres constituant la biosphère, en climat tempéré, le biome : forêts, bois et broussailles méditerraéennes, ou forêt sclérophylles comprend, selon la localisation géographique, les formations végétales de type maquis, garrigue, bush, fynbos, matorral, chaparral. Ces formations végétales présentent des similitudes physionomiques et adaptatives, alors que les cortèges floristiques sont très différents.

La plupart des plates que l’on y trouve sont adaptées au climat tropical, arctique et andin. 95% d’entre elles sont endémiques du Chili, comme Gomortega keule, Pitavia punctata, Nothofagus alessandrii et Jubea chilensis. Plusieurs d’entre elles sont menacées ou en voie de disparition comme Adiantum gertrudis, Avelleanita bustillosii et Beilschmiedia berteroana. Les plantes rencontrées : En forêts : Cryptocarya alba (Rosaceae) Peumus blodus (Monimaceae) Acacia caven (Mimosaceae) Sophora macrocarpa (Fabaceae) En matorral bas : Lithreae caustica (Anacardiaceae)

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Exotisme(s)

Des paysages importĂŠs & habitĂŠs :

36 Voyage en mediterranee


La région méditerranéenne, habitée depuis 8 000 ans environ, fut une source d’inspiration pour des générations de jardiniers. «L’homme ne rêvait pas que de culture nourricière mais aussi de jardins, de plantes cultivées juste pour le plaisir des yeux» (Jean-Paul Pigeat, Jardins de la Méditerranée). Les jardins méditerranéens existent depuis un certain temps déjà : des jardins de villas romaines aux palais italiens, espagnols en passant par les superbes jardins maghrébins. Il ont bercé la culture méditerranéenne de tout temps en évoluant avec son histoire. Ils constituent un patrimoine identitaire fort pour les paysages qu’ils façonnent. Nous nous attacherons plus particulièrement aux jardins issus du XIXe siècle, époque qui a composé l’écrin artificiel de la Riviera, teinté d’exotisme et de voyages. Nous illustrerons notre propos à travers les exemples du Jardin de Thuret, des Serres de la Madone, du jardin de la Villa «Les Cèdres» ainsi que le jardin botanique de Hambury. Les jardins que l’on rencontre aujourd’hui puisent leur origine au XIXe siècle, où l’intérêt grandissant pour la diversité du monde végétal donne naissance à une nouvelle tendance. Les lignes classiques et la symétrie ne satisfaisant plus les jardiniers, un style «naturel» se développe, introduit la plupart du temps par des paysagistes

dont l’apprentissage s’est déroulé dans les régions du Nord. Il y a 150 à 200 ans, les Européens établissent des colonies dans les quatre coins du globe. Les Français ainsi que les Anglais, de retour de ces voyages, ressentent le besoin de retrouver l’exotisme vécu ainsi que les paysages parcouru. Ils s’installent progressivement sur la Côte d’Azur afin d’y retrouver le climat agréable expérimenté outremer. Pour créer ce qu’ils ont vécu, ils commencent à constituer des jardins pleins de trésors qu’ils ont pu ramener au cours de leur pérégrination à l’étranger. Ils reconstituent ainsi des paysages et des ambiances vécus, d’un ailleurs qui incite à la rêverie et qui façonne le visage que l’on connaît aujourd’hui de la Côte d’Azur. Des âmes de collectionneurs se lancent dans l’acclimatation effrénée d’un grand nombre d’espèces plus belles et plus intrigantes les unes que les autres. Le palmier en sera l’emblème la plus prégnante.

voyages. Le bassin méditerranéen offre un climat doux et sec, très différent de la pluvieuse Angleterre et de la période froide et humide de la France tempérée. La Côte d’Azur a constituée un lieu d’accueil privilégié pour ces plantes importées. Les pépiniéristes contribueront par la suite au phénomène de diffusion.

Le second grand facteur qui a permis la propagation de si nombreuses plantes à travers le monde est la maîtrise complète de la culture en serre qui permet d’acclimater un panel de plantes beaucoup plus riche qu’auparavant. Étant donné les limites de ces structures (coût et capacité de stockage), les passionnés de plantes de l’époque ont tenté d’adapter en plein air un maximum d’espèces rapportées de

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Exotisme(s)

Thuret, jardin d’acclimatation Des paysages importés & habités : Une porte ouverte sur l’exotisme

St-Laurent_du-Var

Sophia-Antopolis

Antibes

Jardin de la Villa Thuret Mandelieu-laNapoule

Cannes

38 Voyage en mediterranee

Nice


Thuret est un jardin botanique, dans lequel des plantes méconnues en France sont introduites par graines, expérimentées en pépinière, puis dans le jardin. Créé en 1857 par le scientifique Gustave Thuret, ce jardin est propriété de l’État français depuis 1878. Il est actuellement géré par l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) dont le siège est à Sophia-Antipolis. Cependant la structure reste instable car la grande époque des acclimatations est révolue. C’est un jardin classique du XIXe siècle, mais aussi un arboretum, en raison de ses collections ligneuses expérimentales. Les collections se composent essentiellement d’arbres et arbustes exotiques, originaires de différentes régions du monde présentant un climat de type méditerranéen ou tempéré chaud. Elle comprennent 2500 individus appartenant à 1600 espèces sauvages et 145 familles botaniques. Depuis 1980 un programme de rénovation du jardin permet chaque année d’introduire en moyenne 200 nouvelles espèces. Ce jardin de 3,5 ha est constitué d’un sol d’origine volcanique, profond, argileux et pauvre en matière organique. Le pH 7/8 et l’hygrométrie de 800 mm/an permettent l’implantation de nombreux végétaux des climats méditerranéens.

Gustave Thuret (initialement algologue), assisté de son ami Edouard Bornet, se consacrera plus particulièrement à l’acclimatation des plantes de milieux méditerranéens. Charles Naudin (qui introduit les Cystes) et Georges Poirault (qui introduit les Cupressus) poursuivront ses travaux. On compte déjà 80000 végétaux introduits depuis l’origine du jardin. Certains végétaux qui constituent l’ossature du jardin (pins, eucalyptus) ont été conservés.

tions locales (climat, sol...). L’arrosage se fait manuellement les premières années après plantation et pendant les périodes de sécheresse estivale exceptionnelles. La pépinière produit entre 50 et 100 nouveaux sujets qui sont plantés tous les ans. Certains sujets s’éliminent d’eux-mêmes par leur manque de résistance, d’autres sont tout bonnement enlevés afin de faire de la place pour de nouvelles expérimentations. Les litières d’écorces et de feuilles sèches, ainsi que de bois mort, sont conservés afin de favoriser la constitution d’humus et de préserver l’équilibre biologique. Les formes naturelles des arbres sont également respectées et les rares activités de taille ou d’élagage sont destinées à assurer a sécurité des visiteurs et la libre circulation dans les allées.

Le jardin de Thuret n’est pas pensé à l’origine comme un jardin d’ornement ou paysager mais comme un laboratoire végétal, où l’on acclimate des espèces des milieux méditerranéens. Son organisation se fait de manière spontanée, les massifs et bouquets regroupant plusieurs espèces de même genre. Des modalités d’entretien particulières permettent de tester la capacité des plantes introduites à tolérer les condi-

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«La timidité des cimes» Allongé sous la pinède, à l’ombre des pins parasol (Pinus pinea), notre regard se porte soudainement sur le jeu des cimes, vu d’en bas, elles dessinent un puzzle! Le botaniste Francis Hallé nommera ce phénomène «la timidité des cimes». Certains arbres de la même espèce, poussant côte à côte, déclenchent un mécanisme qui permet d’éviter que leur cime ne se touchent, laissant entre elles une «fente de timidité» d’environ 1 m de large. La canopée prend alors l’allure d’un puzzle. Les arbres, en majorité ne sont pas timides : deux voisins de même espèce entremêlent libéralement leurs branches et, en sous-sol, leurs racines. La timidité ne concerne que quelques familles d’arbres - Fagaceae, Myrtaceae, Malvaceae, Diptercarpaceae, Vochysiaceae, Pinaceae ; dans ces familles, elle semble ne concerner que les espèces atteignant les plus grandes dimensions : les plus grands arbres seraient donc les plus timides. Lorsqu’un arbre timide grandit, que sa cime s’étale et devient énorme, tout en continuant à s’exprimer vis-à-vis de ses voisins, la timidité apparaît au sein de sa propre couronne. Il se comporte comme un groupe de jeunes arbres de même espèce.

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Les palmiers Les palmiers sont sans aucun doute le symbole le plus fort et le plus représentatif de l’exotisme importé dans le paysage méditerranéen. Le jardin de Thuret présente une belle collection de ces végétaux très graphiques, structurant l’espace avec leurs stipes élancés, des palmes découpées aux reflets vertd’eau. Ils ont constitué le support d’une identification des différentes espèces de la famille des Arecaceae. Dans leur région d’origine, les palmiers sont souvent loin d’être des plantes ornementales comme chez nous. La plupart du temps ce sont des plantes agricoles de la plus haute importance pour les économies locales. Ces plantes sont très utilisées pour leur fibre, leur huile, leur noix, leur fécule, leur sucre, leur cire... On les rencontre dans toutes sortes de milieux : forêts hygrophiles des zones tropicales, mais aussi au coeur des savanes, des steppes et des oasis des régions subtropicales. La particularité commune à toutes les espèces de cette vaste famille, est que contrairement aux arbres, leur tronc ne croît pas en épaisseur mais peu uniquement gagner en hauteur. Leur nombre de feuilles reste globalement constant au cours de la vie du sujet et ces dernières sont les plus grandes du règne végétal.

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Syagrus romanzoffiana

Palmiers à feuilles pennées

Palmier reine ARECACEAE Uruguay, Paraguay, Argentine nord

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Ce palmier au stipe caractéristique peut atteindre jusqu’à 15 m. Les feuilles sont très engainantes et peuvent recouvrir plus de la moitié du stipe lorsque le sujet est jeune. Celui-ci peut alors également être vert. Les feuilles laissent des cicatrices circulaires très marquées lorsqu’elles se détachent. Les palmes sont longues (3 m) et présentent des pinules dans tous les plans conférant au palmier un aspect plumeux très esthétique. Le palmier reine est une espèce ornementale qui peut supporter des sécheresses passagères même s’il préfère un apport en eau régulier. Il supporte le gel jusqu’à -6°C mais le feuillage est atteint dès -3°C.


Butia capitata

Palmier à gelées ARECACEAE Brésil, Urugay, Argentine Ce palmier monostipe n’atteint pas une grande hauteur (6 m seulement et plus généralement 4 à 5 m). La palme arquée mesure en moyenne 3 m de long et présente une coloration presque bleue très décorative. Les fruits se forment en grappes intrafoliaires et sont comestibles (la chair et juteuse, riche en vitamine C et entre dans la composition de vin). Il s’agit d’un palmier à feuilles pennées le plus résistant au froid. Il résiste également au gel très passager ainsi qu’au vent.

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Jubaea chilensis Cocotier du Chili ARECACEAE Chili

Ce palmier est très facilement reconnaissable par son stipe unique massif, gris et lisse qui peut atteindre de 1 à 2 m de diamètre pour 25 m de hauteur. Sa couronne de feuille est particulièrement dense (environ 50 feuilles). Cette espèce ne commence à fleurir qu’à un âge avancé (environ 60 ans). Ses fruits, les coquitos, sont jaunes et comestibles. Il supporte correctement le froid mais pas les sols où se présentent une trace de salinité. Au Chili, il était exploité pour sa sève sucrée (miel et vin de palmier) et a ainsi failli disparaître de son aire d’origine.

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Phoenix dactylifera Palmier dattier ARECACEAE

Le Palmier datier est un très grand palmier qui peut atteindre des hauteurs de 30 m. Il est très répandu en Afrique du Nord ainsi qu’au Moyen-Orient où il est cultivé pour ses fruits très goûteux et très nutritifs : les dattes. Le stipe est ici plus fin que chez l’espèce canariensis de mêmeque les palmes sont plus grêles et la couronne moins dense. Les cicatrices foliaires sont également très différentes ; ici elles sont circulaire. Il s’agit de l’un des Phoenix les plus résistant au froid et au gel. On peut donc très bien l’introduire sous climat tempéré mais sa fructification n’arrivera pas à maturité car elle demande une longue période de chaleur.

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Phoenix reclinata Phoenix du Sénégal ARECACEAE Afrique tropicale sud

Ce palmier possède un port buissonant à plusieurs stipes mais peut cependant atteindre 15 m de hauteur.. Le diamètre des stipes est généralement inférieur à 7 cm. Ses feuilles sont plus courtes que chez l’espèce décrite précédemment (environ 2 m). Dans son aire de répartition, il pousse dans les zones humides où la nappe est affleurante. Cette espèce supporte assez mal le gel. Le phoenix du Sénégal ressemble beaucoup à Phoenix theophrasti. Ce dernier présente juste des palmes plus petites et plus jaunes.

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Nannorrhops richiana

Palmiers à feuilles costapalmées

ARECAEAE Pakistan, Afganistan, Iran

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Ce palmier buissonnant forme plusieurs stipes massifs et gris. Il atteint rarement plus de 10 m. sa palme glauque est costapalmée et mesure 1 m de large. Le rachis est inerme. Cette espèce pousse normalement dans des zones arides à semi-désertiques jusqu’à 2000 m. Elle résiste donc parfaitement à des températures très froides (jusqu’à -20°C) et se retrouve périodiquement recouverte de neige dans son habitat naturel. Il existe deux variétés pour la même espèce dont une est plus verte et qui semblerait plus résistante au froid.


Sabal palmetto

Palmetto ARECAEAE Amérique centrale, Sud des USA, îles de Madère, îles Canaries Le palmetto est un palmier qu stipe unique pouvant atteindre 20 m de hauteur le plus souvent buissonnant. Ses feuilles sont costapalmées. Cela signifie que le râchis se prolonge jusqu’au bout de la feuille. Celui-ci est interne et peu atteindre 2 m. Les fruits noirs qu’il produit sont comestibles. Cette espèce affecte les zones humides (bord de mer, dune, le long des rivières, zones inondées...) et résiste relativement bien aux basses températures.

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Brahea armata

Palmiers à feuilles légèrement costapalmées

Blue fan palm ARECACEAE Basse Californie

Ce palmier très intéressant par les hauteurs qu’il atteint (monostipe pouvant mesurer plus de 15 m) et par sa couleur vert-glauque, presque bleue. Ses grandes feuilles dont le râchis est recouvert d’épines, sont elles aussi légèrement costapalmées. Les inflorescences intrafoliaires peuvent redescendre très bas le long du stipe (jusqu’à plusieurs mètres de long). Il résiste assez bien au gel si il est placé dans des stations sèches. En zones climatiques plus humides, il préférera les lieux aux températures plus douces.

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Brahea edulis

Palimier de Guadalupe ARECACEAE Mexique, Île de la Guadalupe, Basse-Californie Ce palmier possède un stipe pouvant être très large (40 cm) mais rarement très haut. Ses grandes feuilles légèrement costapalmées peuvent atteindre jusqu’à 1 m. Comme son nom latin l’indique, la chair de ses fruits possède une pulpe comestible. Cette espèce résiste relativement bien au gel. Le palmier de Guadeloupe est très ornemental et donc très répendu sur les côtes méditerranéennes et californiennes. Il est néanmoins menacé dans son aire de répartition naturelle.

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Washingtonia filifera

Palmiers à feuilles palmées

Palmier de Californie ARECACEAE Sud-Ouest USA, Mexique

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Ce palmier peut atteindre des hauteurs de 15 à 20 m. Le stipe est très élancé et présente une jupe à son sommet. Pour des raisons esthétiques, celle-ci est souvent coupée. Le râchis présente des épines caractéristiques. Ses grandes feuilles palmées dotées de fils, permettent de le différencier de son homologue Washingtonia robusta qui ne présente pas de fils sur ses feuilles. Ce dernier est également plus haut et plus élancé. Il est très souvent utilisé en milieu urbain comme arbre ornemental. Cette espèce supporte assez mal les hivers trop froids et trop humides.


Chamaerops humilis

Palmier nain ARECACEAE Ouest du Bassin méditerranéen et extrême ouest de la côte méditerranéenne française : il s’agit du seul palmier indigène en France Cette espèce assez petite (4 à 6 m) se développent en multistipes et se retrouve souvent buissonnant en présence de pâturage. Son râchis présente des dents acérées espacées. Ses feuilles sont constituées de pinules qui ne sont rattachées entre elles pratiquement que sur leur base et qui sont très rigides. Le palmier nain apprécie le calcaire et résiste relativement bien au froid. Il est adapté à la culture en bacs et ne prendra que peu de hauteur si il n’est pas arrosé.

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Livinstona australis

Livinstona ARECACEAE Australie Ce palmier possède un stipe très fin qui peut atteindre néanmoins des hauteurs considérables : de 20 à 25 m. Les cicatrices foliaires sur le stipe sont très régulières et nous permettent de distinguer le Livinstona chinensis qui présente des cicatrices s’insérant en spirales. Les feuilles palmées du Livinstona sont aisément reconnaissables car ses pinules retombent en crochets souples. Cette espèce est très prisée pour ses qualités ornementales. Les sujets adultes supportent de très courtes périodes de gel.

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Nolina bigelovii AGAVACEAE

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Colletia cruciata RHAMNACEAE

Corymbia citriodora MYRTACEAE


Acacia stenophylla FABACEAE-MIMOSACEAE

Toona ciliata MELIACEAE

Encephalartos longifolius ZAMIACEAE

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Exotisme(s)

Les serres de la Madonne Des paysages importés & habités : Jardin intime tourné vers son paysage Mortola Menton Roquebrune-Cap-Martin

Eze

Nice Saint-Jean-Cap-Ferrat

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La ville de Menton est aujourd’hui une ville de jardins qui a très tôt attiré les européens en mal d’exotisme. Elle est abritée par les vents du nord grâce à la retombée du Massif Alpin souligné d’une grande corniche. Les hivers y sont doux, les gels peut fréquents et les étés particulièrement chauds voir étouffants. Les pluies y sont fortes, parfois torrentielles (800 à 1000 mm selon les années) conférant à cette ville imbriquée dans les courbes de son relief, un climat presque tropical très propice à l’acclimatation d’une large palette végétale. Au cours de l’histoire, la Riviera s’est constituée un écrin de jardins, souvent de type Anglais, qui ont la réputation de renfermer des trésors botaniques inestimables. L’image actuelle que l’on a de la Côte d’Azur fausse un peu l’idée que l’on aurait pu avoir il y a 150 ans, d’une région assez pauvre et beaucoup plus agricole. Les serres de la Madone ont été créé vers 1924 par Lawrence Johnston. Ce jardin contrairement à d’autre structures que l’on pourrait croiser dans la région, a totalement été pensé en lien avec le paysage méditerranéen environnant et non la vision lointaine des tropiques, d’un autre monde. Le jardin se veut discret, il s’intègre intelligemment dans un paysage qui était autrefois un vallon agricole. Johnston y conservera

les terrasses plantées d’agrumes, de vignes, qu’il conserve tel quel et sur lesquelles il installe bassins, pergola, fontaine et jardin d’ambiance. Par ailleurs, toutes les oeuvres qui ont pu y trouver une place viennent de la région et sont souvent la création d’un artiste mentonnais. Johnston est très influencé par le mouvement Art&Craft, cela se retrouve assez bien lorsqu’il créer des chambres de verdures bordées de haies hautes et denses permettant d’y installer des plantes extraordinaires. Lawrence Johnston a beaucoup voyagé en Afrique et en Asie. Il ramènera une multitude de végétaux, ce qui n’a cessé d’enrichir son jardin, dont certaines espèces étaient encore méconnues en France. Les serres de la Madone connaîtront leur véritable essor entre 1935 et 1939. À partir de la guerre, le jardin est abandonné. Les militaires allemands et italiens s’en emparent et les botanistes italiens y font leur marché jusqu’en 1949, date à laquelle Johnston reprend possession des terres. Les plantes précieuses ont été les victimes de vols, les plus fragiles ont naturellement disparus. Les seuls sujets qui témoignent encore du jardin d’origines sont les arbres, trop gros et trop bien ancrés pour être volés. Ils constituent les plus beaux sujets de la région, ce sont les doyens de l’introduction d’espèces exotiques à Menton.

Le jardin connaît une très longue période d’abandon, jusqu’en dans les années 1980. Malheureusement il tombe dans les mains d’un promoteur immobilier qui construit une tour d’habitat collectif sur une partie du site. Finalement l’État décide qu’il devient urgent de le sauver. Il est alors classé monument historique en 1990. Il s’agit du premier jardin classé. Le jardin qui est alors très dégradé est racheté par le Conservatoire du Littoral en décembre 1999. Cet organisme permet son ouverture au public, malgré le fait que se soit un site sensible. Le Conservatoire n’en assure pas sa gestion, c’est une association des grands propriétaires de jardins de la ville de Menton qui en assurent la gestion jusqu’en 2005. La mairie en est aujourd’hui le gestionnaire. L’équipe compte 3 jardiniers, chargés de l’entretien, de la restauration, de l’accueil du public, des visites et de l’animation. L’ensemble l’enceinte du jardin couvre 6,5 ha dont 3,5 ha sont couverts par une forêt. Les subventions attribuées ne concernent que la partie jardinée du site. La restauration est toujours d’actualité. Il a fallu progressivement réinstaller la végétation originelle, parfois imaginer. Les archives se font rares et les témoins encore plus, ce qui rend la tâche ardue mais plus libre en terme de créativité.

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Un partenariat s’est établi avec le jardin de Hidcote Manor en Angleterre, également créé par Lawrence Johnston. La restauration a permis d’harmoniser le couvert arboré avec les espèces de sous-bois de la strate herbacée. Le Conservatoire du Littoral a fait appel au paysagiste Gilles Clément, concepteur du jardin du Rayol. La volonté était alors de ne pas transformer le jardin en collection botanique mais en un lieu chargé de poésie, accessible à tous, botanistes ou simple visiteur. La tâche a débuté avec le «jardinage archéologique», constituant à nettoyer le jardin en restant attentif aux arrangements de pierres, aux statues... Des plans précis ont ensuite été élaborés ainsi qu’un projet de plantation. Les priorités ont été données aux axes principaux afin de structurer clairement le site ainsi qu’au renforcement des collections déjà existantes. La serre froide n’a pas été reconstituée dans son intégralité, en effet les vitres n’ont pas été remplacées. Des palmiers ainsi que d’autres plantes exubérantes bien adaptées au climat ont été plantées, ce qui donne une atmosphère de jungle, de serre exotique. L’image de la ruine est conservé, en laissant les végétaux installés conquérir le site à leur bon vouloir. STRUCTURE DU JARDIN

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Comme cela est encore visible à Hidcote Manor, Johnston a voulu créer un jardin composé d’une succession de chambres aux ambiances différentes. L’abandon prolongé du jardin et la disparition de grand nombre de végétaux ne les rend plus aussi lisibles. Ces jardins d’atmosphère se succèdent par des chemins étroits et labyrinthiques, créant des espaces intimes et très divers. On distingue les jardins de la serre froide, les jardins d’ombre, par exemple. Dans l’interprétation qui en a été faite, le jardin est associé à une ascension au paradis. En effet, il se visite toujours de bas en haut et plus on monte, plus le jardin s’évase, plus les ambiances sont lumineuses et les panoramas ouverts sur la région. En de nombreux lieux, on trouve des petites statues religieuses ou symboliques. Le jardin des platanes, situé à côté du bassin de la Madone, reprend la configuration classique du jardin du paradis avec ses quatre parties et la fontaine de vie, en son coeur. Le jardin était à l’époque occupé par une immense volière de 1 ha qui n’a pas été reconstruite. Les oiseaux faisaient le lien entre l’âme et le ciel.

origines. Le grand bassin avec la statue constitue le coeur du jardin ainsi que son symbole. Il sert également de réserve d’eau (citerne). La villa qui domine tout le jardin est bâtie sur un ancien corps de ferme. Elle est richement décorée et sert aujourd’hui de bureaux, salon de thé et salle d’exposition. Les terrasses descendent de la villa jusqu’au bassin de la Madone. Elles sont plantées d’espèces venues d’Australie et d’Afrique du sud, qui apprécie les conditions climatique du bassin méditerranéen. Trois jardins en France présentent d’aussi belles collection de plantes similaires : les serres de la Madone, le jardin du Rayol ainsi que le jardin de Roscoff en Bretagne. Beaucoup de variétés ont été introduites afin de voir lesquelles s’adaptent le mieux à ces terrains et au climat particulier. En terme d’arrosage les jardiniers se sont inspirés du modèle des jardins sudafricains qui vaporisent tous les soir de l’eau pendant 1 heure en été. GESTION

L’entrée supérieure du jardin a été aménagée en verger sur terrasses, composée d’agrumes, à l’image des orangeraies de l’époque. Ces fruitiers avaient totalement disparus du jardin et son aujourd’hui planté dans la zone tampon du jardin, afin de rappeler ses

La petite équipe actuelle de jardiniers a mis en place un mode de gestion à la fois simple et respectueux de l’environnement. Aucun traitement phytosanitaire n’est utilisé, les mauvaises herbes sont appelées adventices et c’est


au jardinier de décider celles que l’on enlève et celles qui ont leur place dans le jardin. En jouant sur la diversité, ils arrivent à équilibrer les choses : attirer les insectes qui se nourrissent de parasites, éliminer les pucerons à l’aide d’eau sous pression... Les plantes sont arrosées le moins souvent possible, d’une part pour économiser l’eau et d’autre part pour qu’elles s’enracinent profondément. L’arrosage est manuel. AMBIANCES ET VÉGÉTATION Les serres de la Madone se présentent comme un jardin intime loin de toute prétention. Son échelle est trompeuse. Les étroits passages nous mènent à travers des ambiances contrastées. En période estivale, le couvert végétal dense et ombragé doit créer un subtile dégradé de lumière. L’ascension vers la villa permet une dilatation de l’espace, le jardin s’ouvre sur un paysage arboré, qui fait place à la rêverie et la contemplation.

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Le bassin de VĂŠnus et la piscine

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Tetrapanax papyrifer ARALIACEAE Chine La piscine et le bassin de la Vénus La Vénus évoque la mère de Johnston, située au milieu du bassin ; elle semble inaccessible et inspire le rejet. En arrière plan, sont plantés des lotus et des papyrus du Nil Papyrus du Nil

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Les terrasses

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Banksia ornata PROTEACEAE Australie

Banksia ericifolia PROTEACEAE Australie

Banksia prionotes PROTEACEAE

Polygala alternifolia POLYGALACEAE Afrique du sud

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Le belvédère & l’ancienne volière

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* Vue sur les terrasses et la piscine depuis le belvédère de la propriété 68 Voyage en mediterranee


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Exotisme(s)

L’arboretum des Cèdres Des paysages importés & habités : Jardin d’extravagances

Mortola Menton Roquebrune-Cap-Martin

Eze

Nice Saint-Jean-Cap-Ferrat

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Cette région de la côte était connue au début du XIXe siècle pour son maraîchage et ses élevages. En 1850, Désiré Pollonais, dit le «Pacha du Cap Ferrat», décide d’y faire construire une grande demeure bourgeoise. Les premières introductions de végétaux exotiques ne se font pas attendre. En 1904, la demeure est vendue à Léopold II, roi des Belges. L’homme acquiert par la même occasion de nombreux terrains voisins et devient possesseur de la quasi-totalité du Cap Ferrat, la ville passant d’ailleurs sous l’autorité belge. Dès lors, il entreprend un aménagement de ces jardins. Toutes son architecture est revue par deux paysagistes, Vachereau et Péteau. De nombreuses ouvertures sont crées sur la mer et les vallons alentours. En 1909, le roi décède et la propriété est vendue aux enchères. Elle est reprise en 1918 par un riche banquier anglais, puis par la famille Marnier en 1924. Très vite, une riche collection de palmiers et autres plantes exotiques d’agrément colonisent le jardin. On y trouve également des agrumes, qui serviront dans les expérimentations pour la recherche des saveurs du Grand-Marnier. Aujourd’hui 15 jardiniers sont employés à l’entretien de ce jardin, contre 40 en 1930. Le domaine des Cèdres s’étend sur 14 ha (dont 10 ha de parc et 1 ha de serres), agrémenté de différentes ambiances remarquables par les ruptures d’échelle et la densité végétale: une large allée de pins borde la villa, une

avenue de palmiers royaux ouvre une perspective sur la baie, tandis qu’une forêt tropicale nous plonge dans un paradis exotique venu d’ailleurs. Il faut cependant noter que les végétaux cultivés s’accommodent parfaitement au climat local mais certaines essences reçoivent des quantités d’eau considérables et quotidiennes pour survivre. Ceci soulève le problème de la consommation en eau, parfois voire même abusif dans ce type de propriété où sa valeur est souvent oubliée. À l’opposé du jardin de Thuret ou même des jardins du Magreb où l’eau est maîtrisée en circuit fermé, ici des bassins, des systèmes d’arrosage automatique permettent de maintenir un milieu totalement importé et fabriqué par l’homme. Se pose alors la question de l’écologie, quelle place pour une gestion raisonnée dans ce type de structure privée? Le rôle du paysagiste est aussi de déceler ces failles, où la démesure et l’extravagance mènent simplement à la destruction des milieux de façon directe ou indirecte.

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Victoria cruziana Sud BrĂŠsil / Nord Argentine

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Euryale ferox

Alocasia macrorrhizos


Asclepias gomphocarpus

Platicerium

Cycas

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Exotisme(s)

Jardin botanique de Hambury Des paysages importés & habités : Apogée du jardin méditerranéen Mortola Menton

Roquebrune-Cap-Martin

Eze

Nice Saint-Jean-Cap-Ferrat

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Le cap de la Mortola abritait autrefois une plantation d’oliviers, ainsi que quelques élevages dispersés. Lorsque Thomas Hambury, riche financier anglais revenu d’Orient, découvre le Cap en 1867, c’est le coup de foudre. Il est charmé par cette succession de terrasses plantées d’agrumes et d’oliviers qui font face à la mer, traversées par la Via Julia Augusta qui reliait les Gaules à l’Italie romaine, encore ensevelie lors de l’acquisition. Dès lors, il achète le cap et la vallée qui l’accompagne. De nombreux travaux sont entrepris. Le grand palais est restauré, l’eau est acheminée surle cap, des clôtures sont posées à la périphérie, limitant le pâturage et ses effets dévastateur sur la végétation. Des trésors d’Orient ont ramené, la voie romaine est redécouverte et la flore spontanée reprend possession de l’espace. Daniel Hambury, frère du propriétaire des lieux est un botaniste confirmé, passionné des acclimatations. Très rapidement des plantes exotiques sont installées, réparties au quatre coins du jardin en fonction du microclimat approprié à leurs besoins. En effet, la proximité de la mer et la topographie du terrain, constituent des milieux variés sur un petit espace. En 1873, le jardin Hambury compte 65 jardiniers. Durant la première guerre mondiale, le domaine se transforme en camp d’entraînement militaire allemand. Pendant le second conflit mondial, le jardin est dévasté par les

troupes. Il est vendu à l’État italien en 1960. En 1983, la gestion des espaces est confiée à l’Université de Gênes. L’année 86 marque le début d’une restauration. La zone est classé sous protection écologique en 1990. Le parc Hambury s’étend sur un territoire de 18 ha, dont 9 sont occupés par des espèces spontanées (pins d’Alep, plantes du maquis...) et l’autre partie par une flore exotique internationale, magnifiquement mise en scène. La composition joue avec la grande pente. Le jardin est ainsi constitué de nombreux niveaux, agrémentés de percées visuelles sur la mer et ponctué d’éléments architecturaux.

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Le jardin de Hambury, situé à quelques kilomètres de la frontière française, s’inscrit sur le promontoire de la Mortola, dans un petit golf défini à l’ouest par le Cap Martin et à l’est par le Cap Sant’Ampelio de Bordighera, dont les limites naturelles sont la crêtes du Cap de la Mortala et la Latte creek, cultivée depuis l’époque romaine. Le site lui-même a été choisi pour la multiplicité de milieux qu’il présente (milieu aride, rocailleux, terrasses cultivées et plantées de Citrus, Oliviers...) et les points de vue qu’il offre sur la mer. Cet espace boisé, aux formes douce qui plonge doucement vers la mer a séduit et influencé Thomas Hambury pour y développer par la suite le jardin que l’on connaît aujourd’hui.

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* Vue depuis la demeure Hambury

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Exemple de végétaux rencontrés

Agave sebastiana AGAVACEAE Mexique

Agave bovicornuta AGAVACEAE Mexique

Plumbago auriculata PLUMBAGINACEAE Afrique du Sud

Senecio serpens ASTERACEAE Province du Cap

Aeonium arboreum CRASSULACEAE Maroc

Aenium holochrysum CRASSULACEAE Canaries

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Senecio cineraria ASTERACEAE Origine horticole

Ficus rubiginosa MORACEAE Australie

Erynthrina herbacea FABACEAE Amérique

Aloë x caesia LILIACEAE Cultivar

Portulacaria afra PORTULACACEAE Origine horticole

Crassula ovata CRASSULACEAE Origine horticole

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La famille des Rutaceae

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Citrus aurantium

Citrus sinensis

L’oranger est certainement l’agrume le plus cultivé et le plus connu au monde. Les très nombreuses variétés se regroupent en Navels pour la tables, Blondes et Sanguines pour les jus, Ultra-Douces cultivées en régions tropicales.

Citrus x paradisi

Citrus aurantium

L’oranger amer à de nombreuses qualités qui justifient son emploi très répandu comme arbuste d’ornement, mais aussi comme fruitier pour la confiture, la confiserie, certaines liqueurs, la parfumerie.

Citrus maxima

Citrus limon Citrus hystrix

La large diffusion du citronnier est due en grande partie à l’utilisation antiscorbutique qu’en faisaient les marins. Le citron est riche en vitamines et en sels minéraux. Il a des vertus antiseptiques et anti-inflammatoires.

Le combava est un petit agrume encore peu connu. On aime ou pas le parfum laissé par ses feuilles ou ses fruits dans la cuisine qui prend ainsi un goût d’exotisme.

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Bibliographie & sitographie BÄRTELS Andreas //Guide des Plantes du Bassin Méditerranéen Éditions Eugen Ulmer // ISBN 2-84138-091-2 1998 CLÉMENT Gilles ; Louisa Jones // Une écologie humaniste Edition Aubanel 2006 HOCKNEY David // Hockney’s Pictures, The Definitive Retrospective Compiled and with Commentary by David Hockney Edition Bulfinch 2004 FRANÇOIS Michel // Le tour de France d’un géologue, nos paysages ont une histoire Edition Delachaux et Niestlé + BRGM éditions. 2008 GILDEMEISTER Heidi // Jardiner sous un climat méditerranéen Editions Aubanel 2004 HALLÉ Francis //Plaidoyer pour l’arbre Edition Actes sud 2005 MÉNARD Thierry // Guide de la flore méditerranéenne de Collioure à Menton, arrière-pays et littoral Edition SUD-OUEST 2005 MORHANGE Christophe // Méditerranée, 250 millions d’années d’évolution Les éditions de la Nerthe 2007 Les écologistes de l’Euzière //Points de vue sur la garrigue//30 panoramas du Gard et de l’Hérault Editions écologiste de l’Euzière// ISBN 2-906128-26-X décembre 2006 STERRY P. //Les guides du naturaliste//Toutes la nature méditerranéenne Toute la faune et la flore en 1500 photographies // delachaux & niestlé // isbn 2-603-01217-7 2001 http://www.sophia.inra.fr/jardin_thuret http://www.serredelamadone.com http://massifdelestrel.pagesperso-orange.fr/

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Cette excursion exotique aura été un

voyage botanique mais aussi une prise de conscience sur la situation des paysages méditerranéens. En effet,en abordant des structures différentes, publiques, privées... on réalise la diversité et les formes possibles d’expression et de construction du paysage. Les milieux sauvages qui nous semblent naturels sont partiellement ou totalement anthropisés, de part le pâturage, la gestion en subéraie... Ces poches naturelles surprotégées sont finalement peu ou pas connectées à la ville et constituent des entités indépendantes. Ville explosive qui se dilate dans les creux et les crêtes de la Côte d’Azur. Dans le même sens on trouve des écrins exotiques de verdure, viviers d’une végétation importée, tels les jardins de Thuret ou Hambury. La Méditerranée impose des contraintes climatiques trop souvent contournées. Cette problématique majeure doit être prise en compte pour n’importe quel projet. Au cours de notre périple nous avons pu voir que certains jardins paradisiaques ne considèrent pas cette donnée. L’exotisme ne doit pas tomber dans la fiction ou le rêve. Le territoire est marqué par ces transformations, parfois irréversibles.

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