L’annÊe agricole 2012 dans la Manche Bilan 2012 et perspectives 2013
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Ça s’est passé en 2012 Future PAC : pas de décisions en 2012… et 2014, année de transition Le processus de décision européen pour la nouvelle PAC 2014-2020 a continué à prendre du retard. Les présidences danoise et chypriote n’ont pas réussi à établir un compromis au Conseil, le Parlement Européen a dû traiter une avalanche d’amendements (plus de 9 000 !) et les chefs d’Etats et de gouvernements n’ont finalisé un accord que le 8 février 2013 sur le cadre financier pluriannuel des 7 prochaines années. Ce compromis acte un budget global en baisse tout en conservant un budget agricole assez proche de la proposition initiale car il ne baisserait que de 3,4 %. Tout ceci a conduit au report d’un an de l’application des nouvelles mesures de la PAC : 2014 sera une année de transition.
Régulation des marchés financiers : l’Europe avance Le règlement européen sur le marché des produits dérivés est entré en vigueur le 15 août 2012. Cet outil, conforme aux souhaits du G20, est porté par Michel BARNIER, commissaire européen au marché intérieur. Il accroît la transparence et la sécurité de la gestion des positions sur ce marché. Il devrait permettre de mieux comprendre ce qui se passe (et qui fait quoi) sur le marché des matières premières agricoles. La mise en œuvre effective débutera en juillet 2013.
Présidentielles : produire plus et produire autrement François HOLLANDE, élu Président de la République, a choisi un ministre de l’agriculture au fait des dossiers : Stéphane LE FOLL était député européen, membre de la Commission agriculture, et très impliqué dans les questions agricoles. Les positions du nouveau ministre sont souvent en continuité de celles de son prédécesseur : PAC, contractualisation, gestion des marchés. Il veut impulser de nouvelles façons de pratiquer l’agriculture, plus respectueuses des rythmes naturels, moins dépendantes de la chimie… Ce sera l’objet de la loi d’avenir de l’agriculture programmée pour fin 2013.
Les aléas climatiques s’invitent à nouveau sur les marchés agricoles Les Etats-Unis ont connu en 2012 la «pire sécheresse depuis deux décennies». En Europe, la pluie ayant succédé au printemps très sec a rendu les conditions de récoltes très difficiles voire impossibles. Ces aléas climatiques s’additionnent à des besoins croissants en produits agricoles végétaux (bio-carburants, demande des pays émergents…) poussant les marchés à la hausse.
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L’élevage en alerte Le niveau historiquement haut des prix de l’aliment du bétail met les élevages en difficulté. La répercussion des hausses au consommateur n’est pas facile. Les céréaliers proposent un fonds de modernisation céréaliers-éleveurs sur la base de cotisations volontaires. Sa mise en œuvre effective est attendue pour l’été 2013. Le ministre de l’agriculture a annoncé un plan d’urgence pour les filières animales.
Tour de vis sur les pratiques anticoncurrentielles Les services de l’Etat en charge de la concurrence ont lancé en 2012 de nombreuses actions visant à stopper des pratiques considérées comme préjudiciables pour le consommateur. Des procédures contre les producteurs d’endives, des laiteries et des abattoirs sont en cours. L’interprofession laitière, qui chaque trimestre organisait des réunions régionales de concertation sur le prix du lait, était jusqu’ici protégée par un décret de Michel BARNIER. Elle a été contrainte au silence. Le prix du lait est en conséquence de plus en plus différent d’une laiterie à l’autre.
Croissance zéro L’INSEE estime que la croissance française a été nulle en 2012. Après la chute de 2009, l’économie française s’était redressée en 2010 (+ 1,6 %) et en 2011 (+ 1,7 %). 2012 marque une rechute dans la crise économique. La situation française est proche de la moyenne européenne, où le PIB est en recul de 0,3 % selon Eurostat. Cette conjoncture difficile influe sur les débouchés de l’agriculture normande. En 2012, la demande en produits alimentaires a stagné. Elle est même en recul en fin d’année.
Suppression des pénalités laitières Les quotas laitiers seront supprimés le 31 mars 2015. La suppression des Taxes Fiscales Affectées sonne comme un avant-goût de la sortie des quotas. Jusqu’à leur suppression en septembre, la France était le seul pays européen à pénaliser les éleveurs laitiers qui dépassaient leur référence, même si le quota français n’était pas dépassé. Suite à la pression européenne, et au procès en cours, le ministre a jugé qu’il n’était plus possible juridiquement de maintenir ce système. Cela ne devrait pas poser de difficultés pour la campagne 2012-2013, tant les sous-réalisations sont importantes. Pour les campagnes laitières suivantes, cela libère de fait les éleveurs de la contrainte quotas. La plupart des laiteries privées avaient anticipé cette disparition, en créant dans leurs contrats laitiers des pénalités «maison», se substituant plus ou moins au système public.
Sommaire Ça s’est passé en 2012. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 Lait : Conjoncture heurtée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Bovins : prix à la hausse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Porcs : hausse des coûts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Légumes : redressement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Pommes à cidre : faible récolte. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Céréales : toujours plus haut. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Assolement départemental. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Charges : surcoûts en hausse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Aides Directes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 Revenu départemental. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Compte départemental 2012 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 Autres revenus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 Indicateurs départementaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Zoom sur la dispersion des résultats . . . . . . . . . . . . . . 20
En 2012, le revenu de la Ferme Manche a reculé de 11,3% par rapport à 2011 Le prix du lait demeure le baromètre de l’agriculture manchoise : En 2012, le prix du lait a été orienté à la baisse (-3,1%) combinée à un recul des livraisons laitières (-1,8%). Le secteur des viandes s’est mieux comporté avec une hausse des prix de la viande bovine de 11,3% et une hausse de prix du porc de 10%. Mais la rentabilité des élevages a été dégradée par la forte hausse du prix des aliments achetés : +6% sur l’année, avec une hausse concentrée sur la fin de l’année (+26%). Globalement toutes les charges sont à la hausse (+8%), emmenées par le prix des carburants (+15%). Malgré la hausse des ventes de produits agricoles (+3,4%), le revenu est en baisse. L’indicateur de revenu par actif non-salarié, en terme réel, ressort à -10,4%.
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Lait conjoncture heurtée Prix du lait : moins 3% en 2012 En moyenne annuelle 2012, le prix du lait payé aux éleveurs manchois, toutes primes et plus-values comprises, recule de 3,1% par rapport à 2011, passant de 358 euros pour mille litres à 347 euros (- 11 euros).
Prix du lait dans la Manche (prix final payé net de taxes)
Évolution des prix trimestriels par rapport à 2011 : 1er trimestre : + 4 % 2ème trimestre : - 4 % 3ème trimestre : - 9 % 4ème trimestre : - 5 % Le prix manchois a suivi l’évolution du prix français (-4%) lui-même en accord avec l’évolution du prix européen (-4%). Tendance 2013 : Au premier trimestre, le prix de base interprofessionnel recule encore de 6%. Le recul devrait être plus limité le reste de l’année.
Prix des produits laitiers : de nouveaux sommets Cotation Beurre-Poudre
Les prix des produits laitiers ont beaucoup baissé entre la fin 2011 et l’été 2012, en particulier le beurre qui a reculé de 25% ! Les cours des poudres n’ayant pas connu une flambée comme celui du beurre, elles n’ont pas subi la même désaffection. A partir de l’automne, le prix des laits en poudre a connu une belle hausse, sous l’effet du recul de la collecte européenne.
Les prix des fromages ont aussi connu une dégradation en début d’année, suivie d’une stabilisation, voire d’une reprise pour certains, qui se poursuit au début 2013.
Pénalités laitières : remboursées En septembre 2012, le Ministre de l’agriculture a décidé que les pénalités laitières ne seraient plus prélevées pour les campagnes où la France ne dépasse pas son quota national, ce qui a été le cas en 2011-12 et le sera encore en 2012-13. Ce revirement a pour origine une plainte auprès de la justice européenne sur leur légalité. La plupart des laiteries privées avaient prévu dans leurs contrats des pénalités-maison se substituent aux pénalités officielles, avec des modalités parfois différentes, mais répondant toutes au même souci de maîtriser la production de leurs éleveurs. 4
Lait conjoncture heurtée Livraisons : recul de 1,8% Après 2 années de hausses successives de près de 6%, la collecte de lait auprès des éleveurs manchois a marqué le pas en 2012 en reculant de 1,8%.
Volume de lait collecté dans la Manche
Après un premier semestre du même niveau que 2011, les livraisons ont ensuite décroché de près de 5% pendant l’été avant de limiter la baisse à 3% en fin d’année. Si la collecte française est aussi en recul de moins 0,7%, la collecte européenne est en hausse de 0,6% par rapport à 2011. Cette hausse fut même très vive en début d’année, poussant les prix des produits laitiers à la baisse. Le reflux de fin d’année a permis aux prix de se redresser.
Manche : 4 020 élevages – Livraison annuelle 350 000 litres
Nombre d’éleveurs laitiers manchois (en avril)
Production laitière moyenne Milliers de litre
En janvier 2012, on comptait 4 020 élevages laitiers manchois. Ce nombre est passé sous la barre des 4 000 durant l’année 2012. Le rythme de recul du nombre d’élevages ne faiblit pas, restant ces dernières années proche de 5% par an. Chaque élevage a livré en moyenne 350 000 litres de lait en 2012.
Robots de traite : Début 2013, on compte 160 élevages manchois équipés d’un robot de traite contre la moitié (80) 4 ans plus tôt en 2009. Ces 160élevages représentent aujourd’hui 4% des élevages manchois.
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Bovins les prix à la hausse Gros bovins : prix + 14,4 % Pour la seconde année consécutive, le prix des viandes bovines augmente : +9.6% en 2011, puis +14.4% en 2012.
Prix des viandes bovines
En europe la production de viande bovine a reculé de 4% en 2012. Face à la baisse d’achats des consommateurs européens : -3%. Pour produire davantage de lait, les éleveurs laitiers ont réformé moins de vaches laitières : voila la cause principale de cette baisse de production de viande. Tendance 2013 : les prix continuent de s’améliorer début 2013 et devraient plafonner ensuite.
Vaches de réforme : prix + 17 %
Cotation Vache O
Le prix des vaches a grimpé de 17% en 2012 après une hausse de 11% l’année précédente. Le phénomène se poursuit début 2013. En 2012, les éleveurs manchois ont réformé 74 800 vaches contre 79 400 l’année précédente. Fait rare, le troupeau laitier a augmenté au long de l’année pour atteindre 234 000 vaches soit 3 000 têtes de plus qu’en janvier. Le troupeau allaitant est stable à 51 000 vaches.
Cotation Taurillon R
Taurillons : prix +10,6% Les jeunes bovins mâles (ou taurillons) ont connu une hausse de prix pour la seconde année consécutive, 11.8% en 2011 puis 10.6 %. La Manche a produit 51 300 taurillons en 2012 (moins 500 par rapport à 2011); chiffre stable depuis 4 ans. Le département a aussi produit 19 900 bœufs (moins 2 900), production dont on observe un recul rapise depuis 3 ans : -25%
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Bovins les prix à la hausse Veaux de 8 jours : prix + 7 %
Cotation Veau de 8 jours
Le prix des veaux de 8 jours a gagné 7% en 2012. Profitant d’une baisse des vêlages au printemps, le prix a connu une embellie à cette époque. Par contre l’automne a été moins bon et cette conjoncture médiocre s’est poursuivie au début 2013. Les effectifs de veaux présents dans les élevages manchois en fin d’année montrent une hausse des petites femelles (+4 500) et un recul des mâles (-2 500).
Cotation Veau de Boucherie
Veaux de boucherie : prix +2 % Les prix de début d’année 2012 ont été très stables. Les intégrateurs ont organisés une baisse des mises en place à partir de l’été, qui a permis la hausse des prix à partir de l’automne, malgré une baisse de la consommation. En 2012, les éleveurs de la Manche ont engraissé 60 600 veaux, soit 2 000 de moins qu’en 2011.
Production départementale de bovins La production départementale de gros bovins à raison de 159 900 têtes est en recul de 7 500 têtes. Les effectifs d’animaux présents dans les élevages en fin d’année sont en baisse de seulement 1 000 têtes.
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Porcs hausse des coûts Prix du kilo de porc : la flambée fut brève A partir de juillet-août 2012, les baisses d’abattages dans les principaux bassins d’élevage européens, y compris l’Ouest français, ont sonné le signal de la hausse. Le seuil d’1,70 euro le kilo a été franchi début septembre. Cette flambée fut néanmoins de courte durée et les cotations ont rapidement reculé au dernier trimestre.
Porc - Prix au cadran
Sur l’ensemble de l’année 2012, la hausse des prix à la production a été de 10%. Cette augmentation pose la question de la répercussion des hausses le long de la filière. Les abattoirs en particulier ne peuvent répercuter la hausse des prix auprès de la grande distribution.
Production manchoise de porcs : stabilité
Production manchoise de porcs charcutiers
La production porcine manchoise est restée très stable en 2012 avec 724 000 porcs charcutiers produits, alors que la production française a reculé de 2%. Le recul de la production européenne (1%) a été parallèle à celui de la consommation; en revanche les ventes sur le marché mondial se sont bien tenues. Tendance 2013 : la baisse des volumes devrait se poursuivre en Europe. Les débouchés, notamment asiatiques, devraient permettre une hausse de prix de 5 à 10% sur l’année (prévision FranceAgriMer).
Prix de l’aliment porc : de nouveaux records La hausse du prix des matières premières (céréales et tourteaux) a porté l’aliment porc à des niveaux jamais connus jusqu’ici. De 2009 à 2012, le prix de l’aliment porc a augmenté de 35% atteignant de 50% en ce début 2013. L’aliment porc représentant les 2/3 du coût de production d’un porc charcutier, cette nouvelle flambée compromet la rentabilité de nombre d’élevages.
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Prix de l’aliment porc
Légumes redressement La valeur des ventes de légumes augmente de 13% sur l’année civile 2012. Les tonnages vendus reculent de 7 % alors que les prix se redressent de 21%, après une mauvaise année 2011. Avec 39 % du chiffre d’affaires départemental, le poireau est le leader de la production manchoise de légumes : ses tonnages sont en hausse sur l’année civile de 29% et ses prix de + 27%. Les carottes constituent le second poste en légumes avec 22 % du chiffre d’affaires.
Légumes : surfaces 2010 (en hectare)
Pommes à cidre : faible récolte
Pommes commercialisées
La récolte de pommes a été en forte baisse de volumes. Les conditions climatiques au printemps et à l’automne 2012 ont provoqué une chute de rendement significative faisant reculer les quantités vendues de 38% ! Le prix des pommes augmente de 4% pour les bassetiges (dont la majorité est en contrat pluriannuel) et de 8% pour les haute-tiges.
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Céréales toujours plus haut Prix du blé : +15%
Prix du blé (départ ferme Manche)
Le prix moyen du blé payé dans la Manche s’établit autour de 204 euros par tonne (+15%) pour la récolte 2012. Ce chiffre est une moyenne pondérée entre les ventes par contrat avant moisson (peu développées dans notre département), les ventes à la récolte au prix ferme ou au prix campagne et les ventes de blé stocké pendant l’hiver.
Sécheresse aux USA La sécheresse qu’ont connue les Etats-Unis, a conduit à une forte baisse des rendements en maïs et en soja. Même situation pour les pays de la Mer Noire.
Cotations du blé (commerce)
Les cotations du blé se sont donc envolées à la récolte jusqu’à un pic en novembre à 260 euro, par tonne rendu Rouen. Depuis les prix reculent quelque peu mais restent à des niveaux élevés. Tendance 2013 : Les prévisions pour la prochaine récolte, bonnes jusqu’ici, tendent à détendre les prix. Les cotations du marché à terme sont inférieures de 10% pour la prochaine récolte.
Livraisons Pour la récolte 2012, les livraisons de céréales aux collecteurs restent à un haut niveau, proche de la récolte précédente. Le blé est la céréale qui représente de loin le plus gros volume de ventes (220 000 tonnes) devant le maïs-grain (56 000 tonnes) et l’orge (41 000 tonnes). Les producteurs manchois ne stockent presque pas de blé pour la vente : chaque année moins de 10 % de la moisson sont stockés pour être vendus pendant les mois suivants.
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Manche : Vente de blé
Céréales toujours plus haut Rendements stables
Rendement moyen départemental du blé
Les conditions fraîches et arrosées du début d’été ont conduit à un rendement historiquement bas pour le blé : 66 quintaux pour le département. Le record historique (75 quintaux en 1996) est donc bien loin. Dans la Manche comme à l’échelle française, le rendement du blé plafonne ces dernières années.
Assolement départemental
Assolement départemental 2012
Les surfaces en céréales à paille ont gagné 3 000 hectares en 2012 atteignant 54 000 hectares. La surface de maïs (ensilage+grain) augmente de 2 000 hectares tant les besoins en alimentation sont élevés, pour le lait notamment. La qualité des maïs-ensilages récoltés n’a pas été bonne ce qui a posé des problèmes cet hiver notamment en freinant la production par vache.
Surfaces de cultures
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Charges surcoûts en hausse En 2012, les achats de consommations intermédiaires par les agriculteurs manchois ont augmenté de près de 8%, faisant suite à une précédente augmentation de 14% en 2011 ! Ce niveau des charges est un handicap pour l’agriculture départementale, principalement du fait des prix élevés des charges, qui ont grimpé de 16% en 2 ans.
Aliments du bétail : des prix jamais connus La hausse du prix des matières premières (céréales et tourteaux) a porté les prix des aliments du bétail à des niveaux jamais connus jusqu’ici. De 2010 à 2012, le prix de l’aliment a augmenté de 22 %.
Aliments des bétails
Les quantités achetées sont stables, notamment sous l’effet des achats d’aliments pour les bovins-lait : les ensilages de maïs de qualité médiocre nécessitant une complémentation. Tendance 2013 : Une détente est attendue sur le marché des céréales. Une autre se dessine sur le marché du tourteau de soja. Il est probable que le pic des prix des aliments est derrière nous. Au regard de la hausse que nous avons connue, la détente des prix devrait être encore limitée
Le soja, principal composant protéique des aliments achetés, a connu une explosion de son prix au cours de l’année. Pénalisé par la sécheresse américaine et toujours très demandé en Chine, le tourteau de soja a atteint des prix records : en septembre il cotait 550 euros par tonne dans les ports, montant auquel il faut ajouter 40 à 50 euros pour le prix rendu cours de ferme. Le tourteau de colza, a été entraîné dans cette hausse, de même que toutes les matières premières contenant des protéines. Tendance 2013 : une certaine détente apparaît sur le marché à terme mais le volume de la récolte américaine sera déterminant pour l’orientation des prix.
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Prix des tourteaux
Charges Toujours la hausse Engrais
Engrais : de nouveau la hausse de prix Pour la récolte 2012, les agriculteurs ont dû payer leurs engrais plus cher : + 13 % pour la seconde année consécutive de hausse. Les bons prix des céréales partout dans le monde ont conduit les fabricants d’engrais à relever leurs tarifs. Pour la campagne 2013, les prix semblent se stabiliser à ce niveau élevé.
Carburants : prix + 15% + 15% en moyenne sur 2012 : telle est la progression du prix du carburant.
Prix du fuel
L’arrivée du GNR (Gasoil Non Routier) en agriculture fin 2011 se traduit par un surcoût estimé à 5 centimes par litre. Le remboursement pour l’agriculture de 5 euros de taxe intérieure par hectolitre de fuel, créé en 2006, a été reconduit sur 2012. Tendance 2013 : le début de l’année est stable à ce niveau de prix élevé. Les prévisionnistes envisagent plutôt une détente sur le marché en cours d’année.
Fermage
Fermage : + 2.8% Depuis 2010, c’est un indice national qui fixe les évolutions de l’indice des fermages. Son augmentation est de 2,8%.
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Charges Recul insuffisant Intérêts d’emprunts : le recul se prolonge
Intérêts d’emprunts
Les intérêts d’emprunts payés par les agriculteurs manchois reculent pour la troisième année consécutives. Le blocage des investissements, en 2009 et 2010, c’est répercuté les années suivantes sur les remboursements d’emprunts.
Immatriculation tracteurs neufs dans la Manche
Achats de tracteurs : record battu Après le trou d’air de 2009 et 2010, le marché du machinisme agricole avait redre ssé la barre en 2011. L’année 2012 se termine des ventes record de tracteurs neufs, jusqu’à un niveau que nous n’avions pas encore connu : 1 026 unités. Un changement dans la fiscalité des matériels (suppression des DPI) est intervenu début 2013. Cela aura t’il un effet sur le marché du machinisme ?
Bâtiments agricoles : reprise La crise laitière de 2009 a marqué une rupture dans la dynamique d’investissement en bâtiments agricoles. Peu à peu, la situation se redresse, mais on reste loin des niveaux d’avant 2009. La surface de bâtiments agricoles commencés en 2012 augmente de 54%. La surface de bâtiments autorisés en 2012 est multipliée par 4 ! C’est le signe d’une reprise très vive pour 2013.
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m² de locaux agricoles commencés dans l’année
Aides directes Stabilité avant la réforme
Le montant total des aides directes à l’agriculture manchoise (143,1 millions d’euros) marque un petit recul en 2012 (-0,6%) par rapport à 2011.
La modulation prélevait 9% des aides en 2011 au-delà de 5000 euros par exploitation et par an, elle est passée à 10% en 2012.
Aides directes En millions d’euros
2011 définitif
2012 prévision
Primes végétales
0,1
0,1
Primes animales
6,1
6,2
Paiement Unique
126,9
126,0
autres
10,8
10,8
Total aides directes
143,9
143,1
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Revenu de la ferme Manche En recul de 11,3 % Revenu de la ferme Manche : - 25 millions (- 11,3%) En 2012, le revenu net d’entreprise de la Ferme Manche a perdu 25 millions d’euros, après avoir perdu 6 millions en 2011. C’est donc un recul du revenu global de 11,3%. La baisse est même de 12,7% par rapport à l’inflation.
Evolution 2012/2011 en millions d’euros pour les postes supérieurs à 2 millions d’euros
Ciseau des prix et des charges La hausse de 5,1% du prix des produits agricoles et de 5,3% du prix des charges n’a pas desserré en 2012 le ciseau des prix. L’écart qui s’est créé en 2009 n’est pas comblé.
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Compte Départemental prévisionnel 2012 Produits Lait Gros bovins Porcins Légumes Céréales Veaux de boucherie Volailles Œufs Chevaux Moutons Lapins Pommes à cidre PRODUITS AGRICOLES (hors aides) Aides végétales couplées Aides animales couplées ACTIVITES DE SERVICES (agrotourisme) TOTAL PRODUCTION AGRICOLE HTVA Consommations intermédiaires Aliments pour animaux achetés Engrais et amendements Travaux par tiers Semences et plants Dépenses vétérinaires Entretien du matériel Carburants Produits de protection des cultures Electricité et gaz CONSOMMATIONS INTERMEDIAIRES HTVA
Valeur 2011
Indice
Indice prix
581,8 M€ 187,4 M€ 96,7 M€ 53,5 M€ 50,2 M€ 49,4 M€ 35,2 M€ 17,7 M€ 12,8 M€ 6,0 M€ 2,8 M€ 4,8 M€ 1 035,4 M€ 0,1 M€ 6,1 M€ 2,5 M€ 1 041,7 M€
98 99 100 93 102 97 100 100 101 97 113 62 98,4
97 114 110 121 118 102 102 165 93 105 103 105 105,1
98
102
Valeur 2011
Indice
274,1 M€ 48,0 M€ 47,0 M€ 34,1 M€ 35,1 M€ 36,8 M€ 33,2 M€ 16,8 M€ 12,4 M€ 644,6 M€
Indicateurs de revenu Production agricole (hors TVA) - Consommations intermédiaires (hors TVA) + Subventions d'exploitation - Amortissement - Salaires & Charges salariales - Impôts fonciers - Intérêts - Fermages
Valeur 2012
Indice valeur
494,1 M€ 212,1 M€ 106,5 M€ 60,3 M€ 60,1 M€ 48,6 M€ 35,9 M€ 29,2 M€ 12,7 M€ 6,1 M€ 3,3 M€ 3,1 M€ 1 070 ,3 M€ 0,1 M€ 6,2 M€ 2,4 M€ 1 076,6 M€
95 113 110 113 120 99 102 165 99 102 116 65 103,4 56 101 99 103,4
Indice prix
Valeur 2012
Indice valeur
101 99 102 101 103 118 106 104 103
106 113 102 103 103 103 115 100 103
293,5 M€ 53,7 M€ 49,0 M€ 35,5 M€ 37,2 M€ 44,7 M€ 40,5 M€ 17,4 M€ 13,2 M€
107 112 104 104 106 122 122 104 106
102,4
105,3
694,8 M€
107,8
Valeur 2011 Indice valeur Valeur 2012 1 041,7 M€ 644,6 M€ 137,7 M€ 154,1 M€ 59,3 M€ 16,3 M€ 28,4 M€ 51,7 M€
103,4 107,8 99 104 105 101 95 103
1 076,6 M€ 694,8 M€ 136,8 M€ 160,3 M€ 62,1 M€ 16,4 M€ 27,0 M€ 53,2 M€
REVENU NET D'ENTREPRISE DE LA FERME DE LA MANCHE
224,9 M€
88,7
199,3 M€
RNE des Exploitations Professionnelles (euros courants) RNE des Exploitations professionnelles (valeur constante) UTA Non Salariés des Exploitations professionnelles RNE par UTANS professionnelle valeur constante
216,7 M€ 216,7 M€ 8 028 27 327 €
88,7 87,3 97,5 89,6
192,2 M€ 189,2 M€ 7 827 24 560 €
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Revenus des départements normands Les autres départements normands connaissent une évolution plus favorable du revenu en 2012 : Plus la part de Grandes Cultures est élevée dans le produit agricole, plus la progression du revenu est importante !
Normandie : revenu par équivalents-temps plein non salarié des exploitations professionnelles (Avant cotisations sociales, en milliers d’euros)
Méthode Comment sont élaborés les comptes départementaux ? Les résultats de la “ Ferme Manche ” sont calculés par les Chambres d’agriculture de Normandie suivant une méthode très proche de celle définie par l’INSEE.
Les résultats publiés ici sont des chiffres prévisionnels. Ils sont établis avec des statistiques couvrant 9, 10 ou 11 mois.
La différence la plus importante porte sur les fourrages, pailles et céréales auto consommées par les animaux : l’INSEE les valorise dans le produit, puis les retire en charges. Dans nos calculs, ils ne sont comptabilisés ni en produit, ni en charge.
Ces chiffres doivent être pris avec précaution, C’est particulièrement vrai pour le revenu qui est une différence très sensible à de petites erreurs d’estimation des postes de produits ou de charges.
La définition de la branche d’activité « agriculture » est plus large que les seuls agriculteurs : elle regroupe aussi la production agricole des retraités ou des double-actifs.
L’expérience montre qu’un écart de 5 % sur le revenu peut exister, entre le prévisionnel présenté ici, et le chiffre qui sera retenu en définitif un an plus tard, lorsque toutes les données statistiques seront disponibles.
Remerciements aux organismes qui ont fourni des données pour la réalisation de ce document : le Ministère de l’agriculture (le SRISE, la DDTM, FranceAgriMer), la MSA, le Ministère des Finances, l’AIAM, les groupements de producteurs de porcs, de bovins, AGRIAL et tout particulièrement le centre de gestion ASManche.
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Indicateurs clés de la Manche Nombre de Dotations Jeunes Agriculteurs agréées 111
02
%
Emplois totaux dans le département 189 045 100% Emplois dans l'agriculture 11 541 6,1% Emplois dans l'industrie alimentaire 7 692 4,1%
112
03
125
04
156
05
Années
2010
% France 100% 2,4% 2,1%
117
06
142
07
147
08 102
09
Source : INSEE* 31 décembre, tableaux économiques
90
10
128
11
166
12
Baisse du nombre d’exploitations depuis 2000 Nombre 2010 5 439 5 889
Exploitations moyennes et grandes Exploitations petites1
0
Tendance SAU par an moyenne (2010-2000) 2010 -3,2% 71 ha -5,8% 7 ha
* Production brute standard < à 25 000 €
RA 2000 et 2010
Des exploitations de polycultures élevage Polyculture élevages
249
Grandes Cultures
46
Autres herbivores Bovin viande
338
3196
353
100
150
200
Nombre Les démarches d’exploit. CBPE Charte de bonnes pratiques d'élevage 2012 4 086 PMPOA 1&2
Cumul des dossiers soldés fin 2010
PPE
Plan bâtiment : cumul des engagements 2007-2012 (nb dossiers) Plan végétal environnement : cumul des engagements 2007-2012 (nb dossier) Plan de performance énergétique 2012
MAER2
Surface contractualisée en 2010
MAE-T DCE
Directive cadre sur l'eau : Nb de contrats 2012
PMBE PVE
2 561 1 110 302 162
647,0 K€ 3 300 ha
0
0
MAE-T 76 1 251 ha Programme Natura 2000 : Nb de contrats Natura 2012 2000 MAE-T Enjeux biodiversité hors zone Natura 2000 5 74 ha biodiversité contrat 2012 Systèmes fourragers économes en intrants 4 283 ha SFEI 2012 Prime Herbagère Agri-Environnementale 20 800 ha PHAE (ha 2011 - calcul) Agriculture biologique : nombre d'exploita303 13 425 ha AB tions et surface (yc conversion) en 2011 Sources :DRAAF, DDT, Chambres d'agriculture
290
Légumes, Fruits, Horticulture
50
Source : Chambres d'agriculture
19 200 emplois dans l’agriculture et l’agroalimentaire
Bovin lait
Porcs & volailles
431
Bovin lait - viande
536
valeur
Sources : RA 2010, 19 879 exploitations moyennes et grandes
Pâturage permanent : le Limousin et la Normandie tirent le ratio national* vers le bas
Effectifs animaux
Vaches laitières Vaches allaitantes
Effectifs Densité/ Evolution annuelle Densité présents km2 de moyenne des France (têtes) SAU effectifs 2008-2011 232 830 51 -1,3% 13 49 170
11
0,1%
14
Autres bovins
463 639 101
-1,5%
38
Ovins (Basse Normandie) Porcins
107 903
8
-3,1%
26
415 850
91
0,7%
48
Poulet de chair 4 121 000 317 (Basse Normandie) Equins (Basse 76 100 6 Normandie)
2,5%
509
0,1%
2
Source : SAA 2011
<à-9% de - 9 % à - 7 % de - 7 % à - 5 % de - 5 % à - 3 % de - 3 % à - 1 % de - 1 % à 1 % >à1% Pâturage permanent : ratio de référence Manche : 48,93 % ratio 2012 (Ministère de l'Agriculture) : 42,23 % (*) : PP/SAU : surface déclarée à la PAC en Pâturage permanent (yc pr. temporaires de plus de 5 ans) divisée par la surface totale déclarée (déclaration S2 jaune)
Répartition de la surface Hectare SAU département Dont surface toujours en herbe Autres surfaces Dont surfaces boisées Surface Totale
Evolution annuelle 2000-2012 en ha/an 457 000 -1 533 223 300 -3 933 142 156 68 500 599 156 2012
Source : SAA
19 19
Zoomsur...
Dispersion plus grande des résultats des exploitations normandes au sein des systèmes qu’entre les systèmes La différence de résultat moyen entre les systèmes agricoles est un phénomène connu et souvent analysé. La dispersion du revenu agricole avant impôts par unité de main-d’œuvre non salariée (RCAI/UTANS) à l’intérieur d’exploitations produisant le même type de productions est moins souvent soulignée. Répartition du RCAI/UTANS par systèmes en 2011/2012 Sources : CER France Normandie - Traitement Pôle Economie et prospective
0
Le graphique ci-dessus donne trois informations par système. Le revenu médian correspond au revenu qui partage les exploitations d’un système en deux groupes à effectif égal : la moitié des exploitations ont un résultat supérieur à la médiane, l’autre moitié inférieur. On retrouve ici des différences connues de résultats entre systèmes. Les barres illustrent l’écart de revenu entre les «25 % meilleurs exploitations» et les «25 % moins bonnes» en termes de revenu (écart entre quartiles). Les points haut et bas au bout des lignes illustrent la dispersion extrême du revenu dans chaque groupe (limites des 10 % meilleurs et 10 % moins bons revenus) : les dispersions de revenu dans chaque système sont fortes.
Grande dispersion dans les systèmes porcs et cultures
Les systèmes les plus homogènes (autour de 20 000 € d’écart entre quartiles) sont les bovins lait et les bovins viande. Les plus hétérogènes (plus de 40 000 € d’écart entre quartiles) sont les systèmes porcins et les systèmes cultures.
Revenu médian : 50 % des exploitations du système sont au-dessus Quartile bas : 75 % des exploitations du système sont au-dessus Limite basse : 90 % des exploitations du système sont au-dessus
-20000
Comment analyser la dispersion ?
Quartile haut : 25 % des exploitations du système sont au-dessus
Ecart inter quartile
Limite haute : 10 % des exploitations du système sont au-dessus
Tous systèmes
Polycultures-Elevage
Viandes
20000
Lait spécialisé
40000
Porc
Euros/UTANS
60000
Grandes cultures
80000
Céréales oléagineux protéagineux
100000
Les différences de résultats sont plus importantes au sein du même groupe qu’entre systèmes. Parmi les nombreuses causes
pour les systèmes cultures, on peut noter des écarts de potentiel de terre (rendement), la gestion technico-économique, la négociation des intrants et de la récolte, la productivité du travail, la taille de l’exploitation (économies d’échelles), le choix du matériel et des itinéraires culturaux, etc.
Les limites de la moyenne
Ce constat montre bien les limites de l’analyse des moyennes dans le contexte conjoncturel très fluctuant dans lequel nous sommes depuis 2007. La mise en œuvre de la réforme de la PAC 2014-2020, bien que décalée à 2015, est toute proche. Les analyses qui étayeront les choix nationaux en matière d’uniformisation des soutiens entre régions, systèmes et exploitations intégrerontelles cette réalité ?
Le groupe de travail chargé d’élaborer les Comptes de l’agriculture est composé de : Pôle économie et prospective des Chambres d’agriculture de Normandie : Julien DAURIOS, Calvados Philippe LEGRAIN, Manche Jean HIRSCHLER, Orne Marie BRETON, Eure Isabelle DE LA BORDE, Seine-Maritime Michel LAFONT, Normandie
Centre de gestion : Baptiste FOS, CER France Calvados Thierry COURVALET, AS Manche Laurence CADON, CER France Orne Mickaël CERE, AS Seine-Maritime Véronique KURASZ, CER France Seine-Maritime
MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE DE L’AGRO-ALIMENTAIRE ET DE LA FORÊT
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www.normandie.chambagri.fr
Avec la contribution financière du compte d’affectation spéciale «développement agricole et rural»