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45 28 juin - 4 juillet 2013
Une semaine
Vade… retro Verax Véracité, nom féminin, du latin verax. Verax, nom de code de l’espion contre-espion le plus traqué au monde. Verax, alias Edward Snowden, idole des geeks (j’en suis !) et des défenseurs des libertés individuelles (j'en suis aussi !). Verax, désormais citoyen du monde, a dévoilé à la planète entière que « Big Brother is watching you » : nul n’échappe au PRISM et la lumière, fragmentée, révèle nos mots en arc en ciel, dans les bureaux de la NSA. Dans le ciel de nulle part pourtant, Snowden est accueilli. « Vade retro Verax ! », hurlent en cœur nos couards de chefs d’États, eux-mêmes espions et paniquant aux rumeurs d’une fuite bolivienne. Alors, Snowden erre. Il erre dans nos contradictions, erre dans nos hontes et dans nos peurs. Il erre dans un monde où la real politik a pris le pas sur la politique. Il erre entre Europe, Asie et Amérique du sud, réfugié éthique dans aucun pays, sa vingtaine de demandes d’asile balayée d’un revers de la main. Pendant ce temps-là, PRISM poursuit son ouvrage méticuleux et les négociations commerciales entre Europe et États-Unis sont maintenues. Ni Obama, ni l’Europe ne sont là dignes de leur prix Nobel. 2
Signez la pétition pour demander à la France, pays des droits de l’homme, d’accorder l’asile politique à Edward Snowden :
http://www.avaaz.org/fr/petition/La_France_doit_offrir_lasile_politique_a_Edward_Snowden/?fuMlvdb&pv=14
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L’urgence poétale Morsi est tombé. Exit les Frères musulmans, adieu la Charia. Sur la place Tahrir, la liesse est immense. Les yeux des femmes scintillent, éclairés de bonheur : la liberté est reconquise. Là, en cette place de victoire, d’autres femmes saignent, dénudées, tuméfiées, déchirées… Leur corps en lambeaux voudraient disparaître, n’avoir jamais lutté, n’avoir jamais vécu. Sur la place Tahrir, des dizaines de femmes ont été violées, tenues par les uns, pénétrées par les autres. Des dizaines, vous dis-je : plus de cent ! Toutes, victimes de viols collectifs demeurés impunis. L’armée ne se soucie pas des femmes… Je ne suis pas sûre que la liberté ait gagné place Tahrir. Mais qui gagne quoi en ces temps si troublés ? À Sofia, les Bulgares entament leur troisième semaine de manifestation contre l’opacité du pouvoir et la corruption galopante… Tout le monde s’en fout. Au Portugal, la rigueur met sur la paille vieillards et familles. Le Ministre des finances — surnommé monsieur Austérité — jette l’éponge, au grand dam de Merkel. D’autres voudraient suivre… Entrefilets. 4
Au Mali, un accord est trouvé avec les Touaregs et les élections se préparent : 36 candidats sous le regard des casques bleus. Les hommes en bleu, eux, s’en désintéressent. Le Mali n’est plus vraiment leur pays… Entrefilet. En Syrie, 2500 civils sont prisonniers de Homs, pilonnée par l’armée ; Ban Ki-Moon implore — en vain — un accès pour acheminer l’aide humanitaire. Alep est en ruine et les voitures ne sont plus que des porteuses de bombe à Damas… Silence sur les ondes ou presque. Entrefilets sur papier.
… Il est temps ! Il est temps d’écouter ce monde qui vacille, d’exercer sur ses égarements une infinie vigilance. Il est temps d’observer en poésie pour voir au-delà des faits : la vie qui vibre, se bat, souffre et reconquit. Temps de sentir son souffle et ses râles… son inspiration. Il est temps d’inventer un temps pour la vie qui demeure, un temps audelà de nos chairs. Un temps de désir pour terrasser l’envie. Un temps qu’éclairerait le passé et que guiderait le futur. Je veux, sinon, je meurs, plonger dans ce long fleuve : « il change seulement de lèvres et de terre ».* * Pablo Neruda. « Mon amour, si tu meurs et que je ne meurs pas ». Poésie. 5
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Egypte
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* Non Ă la corruption ! 8
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Europe
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Mali, Syrie
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L’affreux de la semaine
En 1982, Hissène Habré a pris le pouvoir par coup d’État au Tchad. S’en sont suivies huit années d’une dictature brutale. Hissène Habré est ainsi soupçonné d’être responsable de la mort de plus de 40 000 personnes. Réfugié au Sénégal, il avait été condamné par contumace par un tribunal de N’Djamena. Devant la protestation internationale, un tribunal spécial créé par le Sénégal et l’Union africaine l’a inculpé le 2 juillet, de crimes de guerre, crime contre l’humanité et torture. Le procès est prévu avant la fin 2015. En attendant, l’affreux échappe à la prison : celle qui doit l’accueillir n’est pas encore terminée.
Après le boulot
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Quand enfin l’été est venu — le week-end dernier —, j’ai posé mes feutres et mes pinceaux, laissé dans mon atelier mes encres et mes pigments. J’ai pris ma besace, chaussé mes baskets, rempli ma gourde et j’ai filé en forêt. Là, j’ai glâné des petits bouts de nature, cueilli des grains de sable gris et observé, gourmande, les muscles qui roulaient sur les bras de mon homme quand il tirait, tenace, sur une prise ronde d’un bloc de grès… à gré. Ses chaussons sentaient la résine, les miens la poudre d’escampette. Lors, quand je suis rentrée retrouver mes encres et mes pinceaux, j’avais dans ma besace des petits bouts de rien : des restes de l’automne, des rescapés de l’hiver, des éphéméres du printemps. Le vent les avait posés sur le sable gris sombre, en forêt de Fontainebleau. La vie, toujours, et bientôt les vacances. Mais j’ai eu beau tenter, je n’ai pu effacer ni les dormeurs du val, ni les familles en fuite. 15
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Il y a 14 mois Nicolas Sarkozy perdait les élections présidentielles. Ce n’était pourtant pas faute d’y avoir mis les moyens. Jeudi, le Conseil consitutionnel a invalidé ses comptes de campagne. Trop dispendieuse, celle-ci ne sera pas remboursée. Furieux, l’ancien président a “démissionné” de cette institution. Au bord de la faillité, l’UMP fait donc la manche… après avoir perdu la partie.
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