Construction Ahead

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C o n-s tr u c-ti O n A - H e a d


Construction Ahead Valerie Jouve, Zhenfei Wang, Amaury Wenger, Gordon Matta-Clark, Didier Faustino CA’ASI, VeniCe, 2013


Préface AS.Architecture-Studio

p.3 / p.5 Préface/ Preface AS.Architecture-Studio

L’idée d’une exposition qui interrogerait à nouveau l’avenir, l’Art, et notre cadre de vie procède d’une logique s’installant au fil et au rythme des manifestations que la CA’ASI organise. Trois ans après son ouverture, la CA’ASI accueille CONSTRUCTION AHEAD durant la 55e biennale d’Art de Venise dont le thème est «The Encyclopedic Palace ». Face à la dimension des grandes métropoles, face à cette inéluctable mondialisation, Venise s’est imposée comme l’emblématique contrepoint aux grandes villes sauvages et énergiques qui se développent. Paradoxalement, ou peutêtre simplement dans la continuité de son histoire, Venise est devenue une ville culturelle qui accueille de nombreuses manifestations contemporaines, dont les biennales d’Art et d’Architecture. AS.ARCHITECTURE-STUDIO, depuis quatre décennies, repense le cadre construit de la vie des hommes. Qu’il soit urbain, architectural, vide, patrimonial, découpé, morcelé…, AS.ARCHITECTURE-STUDIO retisse l’espace, lui donne du sens, de la contemporanéité, du souffle tout simplement. AS. ARCHITECTURE-STUDIO, dont la présence à Venise a débuté par la rénovation du Palazzo Santa Maria Nova, exprime son intérêt pour la ville historique et sa volonté d’intervenir dans les bâtiments vénitiens. Au cœur des changements actuels et intenses dans notre environnement, AS. ARCHITECTURESTUDIO questionne la ville, l’architecture, l’art autour de problématiques larges telles que l’Homme, la lumière, le temps.

p.9 / p.13 Construction Ahead Vanessa Clairet & Anne Davidian p.49 / p.52 Conversation avec/ with AS.Architecture-Studio p.55 / p.63 Propos d’artistes/ ARTISTs’ WORD p.71 INDEX p.72 COLOPHON

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Préface AS.Architecture-Studio

p.3 / p.5 Préface/ Preface AS.Architecture-Studio

L’idée d’une exposition qui interrogerait à nouveau l’avenir, l’Art, et notre cadre de vie procède d’une logique s’installant au fil et au rythme des manifestations que la CA’ASI organise. Trois ans après son ouverture, la CA’ASI accueille CONSTRUCTION AHEAD durant la 55e biennale d’Art de Venise dont le thème est «The Encyclopedic Palace ». Face à la dimension des grandes métropoles, face à cette inéluctable mondialisation, Venise s’est imposée comme l’emblématique contrepoint aux grandes villes sauvages et énergiques qui se développent. Paradoxalement, ou peutêtre simplement dans la continuité de son histoire, Venise est devenue une ville culturelle qui accueille de nombreuses manifestations contemporaines, dont les biennales d’Art et d’Architecture. AS.ARCHITECTURE-STUDIO, depuis quatre décennies, repense le cadre construit de la vie des hommes. Qu’il soit urbain, architectural, vide, patrimonial, découpé, morcelé…, AS.ARCHITECTURE-STUDIO retisse l’espace, lui donne du sens, de la contemporanéité, du souffle tout simplement. AS. ARCHITECTURE-STUDIO, dont la présence à Venise a débuté par la rénovation du Palazzo Santa Maria Nova, exprime son intérêt pour la ville historique et sa volonté d’intervenir dans les bâtiments vénitiens. Au cœur des changements actuels et intenses dans notre environnement, AS. ARCHITECTURESTUDIO questionne la ville, l’architecture, l’art autour de problématiques larges telles que l’Homme, la lumière, le temps.

p.9 / p.13 Construction Ahead Vanessa Clairet & Anne Davidian p.49 / p.52 Conversation avec/ with AS.Architecture-Studio p.55 / p.63 Propos d’artistes/ ARTISTs’ WORD p.71 INDEX p.72 COLOPHON

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Préface—FR

PrEface AS.Architecture-Studio

AS.ARCHITECTURE-STUDIO a créé la CA’ASI à Venise, lieu d’échanges afin d’assurer un relais d’idées pour les artistes et les architectes. Après une première exposition dédiée au photographe urbain Alex Mac Lean sur le quartier parisien de la Défense en 2010, d’autres expositions sont organisées : la Nouvelle Architecture Chinoise toujours en 2010, « Nel Palazzo di Cristallo » en 2011, Ferruccio Bortoluzzi, la Nouvelle Architecture Arabe en 2012. Parallèlement et au fil de ses projets, AS. ARCHITECTURE-STUDIO a constitué un fond photographique atypique, base documentaire et esthétique, laquelle prend tout son sens aujourd’hui. Dans cette tradition du reportage, la CA’ASI présente le résultat d’une commande passée à trois artistes : Valérie Jouve, Zhenfei Wang et Amaury Wenger, lesquels photographient respectivement trois bâtiments d’AS. ARCHITECTURE-STUDIO en chantier : en Jordanie, en Chine, en France. Le thème de la biennale d’Art de Venise 2013 — the Encyclopedic Palace- est mis en perspective, questionnant la place du corps et l’œuvre en construction. L’exposition CONSTRUCTION AHEAD à Venise donne à voir ces regards d’artistes, ces prises de vues aiguës sur un monde en train de se fabriquer : la Tour de l’Hôtel Rotana à Amman, le Centre culturel de Jinan, la Maison de Radio France à Paris. Les chantiers sont en route. Bientôt ces architectures seront habitées pour longtemps. Les corps y prendront vie, y prendront leur place, dans un quotidien rythmé.

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The idea for an exhibition which, once again, questions the future, art and the framework of our lives, developed slowly from the logic which pervades all of the work which CA’ASI organises. Three years after opening, CA’ASI welcomes Construction Ahead during the 55th Biennale of Art in Venice, the theme of which this year is “The Encyclopedic Palace”. Confronted with the dimensions of large metropolises and confronted by inevitable globalization, Venice has established itself as an emblematic counterpoint to the large, wild and energetic cities which are developing. Paradoxically, or simply following its history, Venice has become a cultural city which welcomes a number of contemporary events, including the Biennales for Art and Architecture. AS.ARCHITECTURE STUDIO, for the past four decades, has rethought the framework of people’s lives. Be it urban, architectural, empty, a legacy, cut up, fragmented…, AS.ARCHITECTURESTUDIO weaves spaces from scratch, giving them meaning, contemporaneity, a new lease of life simply put. AS.ARCHITECTURESTUDIO, whose presence in Venice began with the renovation of the Palazzo Santa Maria Nova, demonstrates a great interest for this historic city and a desire to work on Venetian buildings. At the heart of the current, intense changes in our environment, AS.ARCHITECTURE-STUDIO questions the city, architecture and art from the perspective of larger issues such as Man, light and time.

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Préface—FR

PrEface AS.Architecture-Studio

AS.ARCHITECTURE-STUDIO a créé la CA’ASI à Venise, lieu d’échanges afin d’assurer un relais d’idées pour les artistes et les architectes. Après une première exposition dédiée au photographe urbain Alex Mac Lean sur le quartier parisien de la Défense en 2010, d’autres expositions sont organisées : la Nouvelle Architecture Chinoise toujours en 2010, « Nel Palazzo di Cristallo » en 2011, Ferruccio Bortoluzzi, la Nouvelle Architecture Arabe en 2012. Parallèlement et au fil de ses projets, AS. ARCHITECTURE-STUDIO a constitué un fond photographique atypique, base documentaire et esthétique, laquelle prend tout son sens aujourd’hui. Dans cette tradition du reportage, la CA’ASI présente le résultat d’une commande passée à trois artistes : Valérie Jouve, Zhenfei Wang et Amaury Wenger, lesquels photographient respectivement trois bâtiments d’AS. ARCHITECTURE-STUDIO en chantier : en Jordanie, en Chine, en France. Le thème de la biennale d’Art de Venise 2013 — the Encyclopedic Palace- est mis en perspective, questionnant la place du corps et l’œuvre en construction. L’exposition CONSTRUCTION AHEAD à Venise donne à voir ces regards d’artistes, ces prises de vues aiguës sur un monde en train de se fabriquer : la Tour de l’Hôtel Rotana à Amman, le Centre culturel de Jinan, la Maison de Radio France à Paris. Les chantiers sont en route. Bientôt ces architectures seront habitées pour longtemps. Les corps y prendront vie, y prendront leur place, dans un quotidien rythmé.

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The idea for an exhibition which, once again, questions the future, art and the framework of our lives, developed slowly from the logic which pervades all of the work which CA’ASI organises. Three years after opening, CA’ASI welcomes Construction Ahead during the 55th Biennale of Art in Venice, the theme of which this year is “The Encyclopedic Palace”. Confronted with the dimensions of large metropolises and confronted by inevitable globalization, Venice has established itself as an emblematic counterpoint to the large, wild and energetic cities which are developing. Paradoxically, or simply following its history, Venice has become a cultural city which welcomes a number of contemporary events, including the Biennales for Art and Architecture. AS.ARCHITECTURE STUDIO, for the past four decades, has rethought the framework of people’s lives. Be it urban, architectural, empty, a legacy, cut up, fragmented…, AS.ARCHITECTURESTUDIO weaves spaces from scratch, giving them meaning, contemporaneity, a new lease of life simply put. AS.ARCHITECTURESTUDIO, whose presence in Venice began with the renovation of the Palazzo Santa Maria Nova, demonstrates a great interest for this historic city and a desire to work on Venetian buildings. At the heart of the current, intense changes in our environment, AS.ARCHITECTURE-STUDIO questions the city, architecture and art from the perspective of larger issues such as Man, light and time.

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PrEface—EN

AS.ARCHITECTURE-STUDIO established CA’ASI in Venice, a hub whose aim is to create dynamic exchanges between artists and architects. After the first exhibition dedicated to the urban photographer Alex Mac Lean’s work on the Parisian area La Défense in 2010, other exhibitions followed: New Chinese Architecture, also in 2010, “Nel Palazzo di Cristallo” in 2011, Ferruccio Bortoluzi and New Arabic Architecture in 2012. In parallel and throughout its projects, AS.ARCHITECTURE-STUDIO has put together a unique photographic database, both documental and aesthetic which today has certainly found its raison d’être. With this tradition of reporting in mind, CA’ASI presents the results of commissions made to three artists: Valerie Jouve, Zhenfei Wang and Amaury Wenger, each of whom photographed three AS.ARCHITECTURE-STUDIO buildings in construction: in Jordan, China and France. The theme of the Venice Biennale in 2013 - the Encyclopedic Palace — is put into perspective, questioning the place of the body and the work in construction. The exhibition Construction Ahead in Venice allows us to see through the eyes of the artists, sharp eyes hooked on a developing world: the Tower of the Hotel Rotana in Amman, the Cultural Centre of Jinan, the Maison de Radio France in Paris. The construction sites are in development. Soon these buildings will be inhabited for years to come. The bodies will come to life, taking their place in a daily rhythm.

6

Créée à Paris en 1973, AS.ARCHITECTURE-STUDIO regroupe aujourd’hui, autour de douze archi­tectes associés, une équipe d’architectes, urbanistes, designers et architectes d’intérieur de vingtcinq nationalités différentes, implantée à Paris, Shanghai, Beijing et Venise. AS.ARCHITECTURE-STUDIO définit l’architecture comme «un art engagé dans la société, la construction du cadre de vie de l’homme» fondé sur le travail en groupe et le savoir par­tagé. La volonté de dépasser l’individualité au profit du dialogue et de la confrontation transforme l’addition des savoirs individuels en un potentiel créatif démultiplié. Porté par cette volonté d’ouverture, le collectif s’est progressivement étoffé. Son fondateur Martin Robain, a ainsi été rejoint par Rodo Tisnado en 1976, Jean-François Bonne en 1979, Alain Bretagnolle et René-Henri Arnaud en 1989, Laurent-Marc Fischer en 1993, Marc Lehmann en 1998, Roueïda Ayache en 2001, Gaspard Joly, Marica Piot, Mariano Efron et Amar Sabeh El Leil en 2009. Leurs architectures s’offrent à leurs habitants et à la ville comme des «énigmes».

7

Le Parlement Européen à Strasbourg, l’Institut du Monde Arabe et l’Eglise Notre Dame de l’Arche d’Alliance à Paris figurent parmi les réalisations symboliques de l’agence, laquelle travaille actuellement à la restructuration de la Maison de Radio France et du Campus de Jussieu dans la capitale. AS.ARCHITECTURE-STUDIO développe également son activité sur le plan international, tout particulièrement en Chine et au MoyenOrient. Après la création, dès 2003, d’une agence à Shanghai, c’est à Beijing qu’une nouvelle agence s’est ouverte. Le Théâtre National du Royaume de Bahreïn est livré depuis quelques semaines, la tour de l’Amman Rotana Hotel en Jordanie, le Centre culturel de Jinan en Chine, la Maison de Radio France à Paris, le seront prochainement.

Créé par AS. ARCHITECTURESTUDIO, CA’ASI est un lieu dont la vocation est de promouvoir le dialogue autour de l’art et de l’architecture contemporaine dans un espace culturel dédié : le Palazzo Santa Maria Nova à Venise. Située non loin du Rialto et du Palazzo Boldù, la CA’ASI investit trois niveaux de cette belle maison médiévale. Erigée en plein coeur du Cannaregio, elle est à proximité immédiate du Corte Secundo del Million, où se situe la demeure de Marco Polo dont elle partage d’ailleurs la typologie. Architectes, urbanistes, paysagistes, designers, photographes, plasticiens, écrivains ou philosophes y trouvent les outils nécessaires pour partager leurs idées et leurs expérimentations durant le temps nécessaire à leur diffusion.


PrEface—EN

AS.ARCHITECTURE-STUDIO established CA’ASI in Venice, a hub whose aim is to create dynamic exchanges between artists and architects. After the first exhibition dedicated to the urban photographer Alex Mac Lean’s work on the Parisian area La Défense in 2010, other exhibitions followed: New Chinese Architecture, also in 2010, “Nel Palazzo di Cristallo” in 2011, Ferruccio Bortoluzi and New Arabic Architecture in 2012. In parallel and throughout its projects, AS.ARCHITECTURE-STUDIO has put together a unique photographic database, both documental and aesthetic which today has certainly found its raison d’être. With this tradition of reporting in mind, CA’ASI presents the results of commissions made to three artists: Valerie Jouve, Zhenfei Wang and Amaury Wenger, each of whom photographed three AS.ARCHITECTURE-STUDIO buildings in construction: in Jordan, China and France. The theme of the Venice Biennale in 2013 - the Encyclopedic Palace — is put into perspective, questioning the place of the body and the work in construction. The exhibition Construction Ahead in Venice allows us to see through the eyes of the artists, sharp eyes hooked on a developing world: the Tower of the Hotel Rotana in Amman, the Cultural Centre of Jinan, the Maison de Radio France in Paris. The construction sites are in development. Soon these buildings will be inhabited for years to come. The bodies will come to life, taking their place in a daily rhythm.

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Créée à Paris en 1973, AS.ARCHITECTURE-STUDIO regroupe aujourd’hui, autour de douze archi­tectes associés, une équipe d’architectes, urbanistes, designers et architectes d’intérieur de vingtcinq nationalités différentes, implantée à Paris, Shanghai, Beijing et Venise. AS.ARCHITECTURE-STUDIO définit l’architecture comme «un art engagé dans la société, la construction du cadre de vie de l’homme» fondé sur le travail en groupe et le savoir par­tagé. La volonté de dépasser l’individualité au profit du dialogue et de la confrontation transforme l’addition des savoirs individuels en un potentiel créatif démultiplié. Porté par cette volonté d’ouverture, le collectif s’est progressivement étoffé. Son fondateur Martin Robain, a ainsi été rejoint par Rodo Tisnado en 1976, Jean-François Bonne en 1979, Alain Bretagnolle et René-Henri Arnaud en 1989, Laurent-Marc Fischer en 1993, Marc Lehmann en 1998, Roueïda Ayache en 2001, Gaspard Joly, Marica Piot, Mariano Efron et Amar Sabeh El Leil en 2009. Leurs architectures s’offrent à leurs habitants et à la ville comme des «énigmes».

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Le Parlement Européen à Strasbourg, l’Institut du Monde Arabe et l’Eglise Notre Dame de l’Arche d’Alliance à Paris figurent parmi les réalisations symboliques de l’agence, laquelle travaille actuellement à la restructuration de la Maison de Radio France et du Campus de Jussieu dans la capitale. AS.ARCHITECTURE-STUDIO développe également son activité sur le plan international, tout particulièrement en Chine et au MoyenOrient. Après la création, dès 2003, d’une agence à Shanghai, c’est à Beijing qu’une nouvelle agence s’est ouverte. Le Théâtre National du Royaume de Bahreïn est livré depuis quelques semaines, la tour de l’Amman Rotana Hotel en Jordanie, le Centre culturel de Jinan en Chine, la Maison de Radio France à Paris, le seront prochainement.

Créé par AS. ARCHITECTURESTUDIO, CA’ASI est un lieu dont la vocation est de promouvoir le dialogue autour de l’art et de l’architecture contemporaine dans un espace culturel dédié : le Palazzo Santa Maria Nova à Venise. Située non loin du Rialto et du Palazzo Boldù, la CA’ASI investit trois niveaux de cette belle maison médiévale. Erigée en plein coeur du Cannaregio, elle est à proximité immédiate du Corte Secundo del Million, où se situe la demeure de Marco Polo dont elle partage d’ailleurs la typologie. Architectes, urbanistes, paysagistes, designers, photographes, plasticiens, écrivains ou philosophes y trouvent les outils nécessaires pour partager leurs idées et leurs expérimentations durant le temps nécessaire à leur diffusion.


Construction Ahead Vanessa Clairet & Anne Davidian

Created in Paris in 1973, AS.ARCHITECTURE-STUDIO today brings together around twelve partners, a team of architects, town planners, designers and interior designers from twenty nationalities, working in Paris, Shanghai, Beijing and Venice. AS.ARCHITECTURE-STUDIO defines architecture as “an art committed to society and the construction of the surroundings of mankind”, founded on teamwork and a shared knowledge. The desire to go beyond individuality and to favour discussions and confrontation transforms individual knowledge into incalculable creative potential. Carried by this openness, the collective has gradually expanded. The founder Martin Robain was joined by Rodo Tisnado in 1976, JeanFrançois Bonne in 1979, Alain Bretagnolle and René-Henri Arnaud in 1989, LaurentMarc Fischer in 1993, Marc Lehmann in 1998, Roueïda Ayache in 2001, Gaspard Joly, Marica Piot, Mariano Efron and Amar Sabeh El Leil in 2009. Their designs present themselves to the inhabitants and to the cities as “enigmas”

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The European Parliament of Strasbourg, the Institut du Monde Arabe and the church of Notre Dame de L’arche d’Alliance in Paris are amongst the symbolic works of the agency, which is currently working on the restructuration of the Maison de Radio France and the Capus de Jussieu in Paris. AS.ARCHITECTURE-STUDIO is also developing its activities on an international scale, particularly in China and the Middle East. Since its creation in 2003 of an agency in Shanghai, a new agency in Beijing has opened. The National Theatre of the Kingdom of Bahrain was opened a number of weeks ago whilst the tower of the Amman Rotana Hotel in Jordan, the Cultural Centre of Jinan in China and the Maison de Radio France in Paris will open soon.

Established by AS.ARCHITECTURE-STUDIO, CA’ASI is a place whose aim is to promote a dialogue between art and contemporary architecture in a cultural space: the Palazzo Santa Maria Nova in Venice. Situated not far from the Rialto Bridge and Palazzo Boldú, CA’ASI occupies three floors of this beautiful mediaeval building. In the heart of Cannaregio, it is next to the Corte Secundo del Million, where Marco Polo lived, and with which CA’ASI shares a typology. Architects, town planners, landscape architects, designers, photo-graphers, artists, writers and philosophers can find there all of the necessary tools to share their ideas and their experiments during however long it takes to circulate them.

CONSTRUCTION AHEAD annonce une zone de chantier. Titre choisi pour l’exposition à la CA’ASI d’AS.Architecture Studio, il définit le chantier comme un espace du possible où les narrations, les réflexions et les interrogations peuvent se déployer. A travers les œuvres de Valérie Jouve, Amaury Wenger, Zhenfei Wang, Didier Faustino et Gordon Matta-Clark, l’exposition aborde plusieurs thématiques : la relation de l’architecture au temps, au corps humain, au corps social, et son rapport complexe à l’image. Cette publication réunit les réflexions des architectes et des artistes, prolongeant le dialogue entre architecture et art contemporain initié dans l’exposition. Au XIXe siècle, la naissance de l’urbanisme souleva de nouvelles préoccupations artistiques. Les avant-gardes poussèrent ainsi l’art à quitter l’atelier et à se mesurer à l’espace de la ville. La question urbaine occupe depuis une place prépondérante dans l’art contemporain : elle synthétise les utopies artistiques, formelles et politiques d’aujourd’hui. Lieu du transitoire, la ville excède les représentations que chacun peut en avoir et déroge aux formalismes conceptuels. Marquée par l’histoire, elle est une accumulation de couches plus ou moins enfouies : « la forme d’une ville change plus vite, hélas! que le cœur d’un mortel » (Julien Gracq). La ville s’impose comme un territoire de confrontation des regards et de lutte esthétique. Outil de production de concepts et d’organisation spatiale, l’architecture offre sans cesse de nouveaux objets de réflexion, tel un laboratoire de la perception. L’art y effectue un travail politique et esthétique, il définit et déplace en permanence le 9


Construction Ahead Vanessa Clairet & Anne Davidian

Created in Paris in 1973, AS.ARCHITECTURE-STUDIO today brings together around twelve partners, a team of architects, town planners, designers and interior designers from twenty nationalities, working in Paris, Shanghai, Beijing and Venice. AS.ARCHITECTURE-STUDIO defines architecture as “an art committed to society and the construction of the surroundings of mankind”, founded on teamwork and a shared knowledge. The desire to go beyond individuality and to favour discussions and confrontation transforms individual knowledge into incalculable creative potential. Carried by this openness, the collective has gradually expanded. The founder Martin Robain was joined by Rodo Tisnado in 1976, JeanFrançois Bonne in 1979, Alain Bretagnolle and René-Henri Arnaud in 1989, LaurentMarc Fischer in 1993, Marc Lehmann in 1998, Roueïda Ayache in 2001, Gaspard Joly, Marica Piot, Mariano Efron and Amar Sabeh El Leil in 2009. Their designs present themselves to the inhabitants and to the cities as “enigmas”

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The European Parliament of Strasbourg, the Institut du Monde Arabe and the church of Notre Dame de L’arche d’Alliance in Paris are amongst the symbolic works of the agency, which is currently working on the restructuration of the Maison de Radio France and the Capus de Jussieu in Paris. AS.ARCHITECTURE-STUDIO is also developing its activities on an international scale, particularly in China and the Middle East. Since its creation in 2003 of an agency in Shanghai, a new agency in Beijing has opened. The National Theatre of the Kingdom of Bahrain was opened a number of weeks ago whilst the tower of the Amman Rotana Hotel in Jordan, the Cultural Centre of Jinan in China and the Maison de Radio France in Paris will open soon.

Established by AS.ARCHITECTURE-STUDIO, CA’ASI is a place whose aim is to promote a dialogue between art and contemporary architecture in a cultural space: the Palazzo Santa Maria Nova in Venice. Situated not far from the Rialto Bridge and Palazzo Boldú, CA’ASI occupies three floors of this beautiful mediaeval building. In the heart of Cannaregio, it is next to the Corte Secundo del Million, where Marco Polo lived, and with which CA’ASI shares a typology. Architects, town planners, landscape architects, designers, photo-graphers, artists, writers and philosophers can find there all of the necessary tools to share their ideas and their experiments during however long it takes to circulate them.

CONSTRUCTION AHEAD annonce une zone de chantier. Titre choisi pour l’exposition à la CA’ASI d’AS.Architecture Studio, il définit le chantier comme un espace du possible où les narrations, les réflexions et les interrogations peuvent se déployer. A travers les œuvres de Valérie Jouve, Amaury Wenger, Zhenfei Wang, Didier Faustino et Gordon Matta-Clark, l’exposition aborde plusieurs thématiques : la relation de l’architecture au temps, au corps humain, au corps social, et son rapport complexe à l’image. Cette publication réunit les réflexions des architectes et des artistes, prolongeant le dialogue entre architecture et art contemporain initié dans l’exposition. Au XIXe siècle, la naissance de l’urbanisme souleva de nouvelles préoccupations artistiques. Les avant-gardes poussèrent ainsi l’art à quitter l’atelier et à se mesurer à l’espace de la ville. La question urbaine occupe depuis une place prépondérante dans l’art contemporain : elle synthétise les utopies artistiques, formelles et politiques d’aujourd’hui. Lieu du transitoire, la ville excède les représentations que chacun peut en avoir et déroge aux formalismes conceptuels. Marquée par l’histoire, elle est une accumulation de couches plus ou moins enfouies : « la forme d’une ville change plus vite, hélas! que le cœur d’un mortel » (Julien Gracq). La ville s’impose comme un territoire de confrontation des regards et de lutte esthétique. Outil de production de concepts et d’organisation spatiale, l’architecture offre sans cesse de nouveaux objets de réflexion, tel un laboratoire de la perception. L’art y effectue un travail politique et esthétique, il définit et déplace en permanence le 9


Construction Ahead—FR

Construction Ahead—FR

sensible. Face à l’architecture, les artistes traquent les anfractuosités où s’exprime l’expérience esthétique du quotidien, dans l’antagonisme, le grandiloquent, ou le résiduel urbain.

Amaury Wenger s’intéresse ainsi aux moments de transition plutôt qu’à l’architecture finie. Dans sa série sur le chantier de la Maison de la Radio à Paris, il envisage la photographie du bâti comme la somme de perceptions de moments, de lumières, d’atmosphères et s’efforce de saisir l’essence même du lieu. Mutation du paysage urbain, le chantier est aussi un miroir des transformations sociales, comme en témoigne le travail de Zhenfei Wang sur la construction du Centre Culturel à Jinan en Chine.

L’architecture et son image L’architecture constitue une réalité donnée mais malléable, un chantier sémantique où l’artiste dérive, crée, installe son œuvre. La naissance de la photographie d’architecture au siècle dernier favorisa les collaborations entre artistes et architectes. Les photographes capturaient et sublimaient l’essence des constructions, et participèrent à l’invention et à la diffusion du langage moderniste. 
 A l’heure d’Internet et des banques d’images en ligne, l’information visuelle remplace de plus en plus l’expérience du lieu. Omniprésente, facilement accessible, multiple, la photographie façonne notre perception et notre relation à l’architecture. Enseignée dans les écoles à l’environnement bâti, considérée comme une source d’imagination et un outil de reconstruction spatiale, la photographie influence-t-elle la manière dont les architectes conçoivent et construisent aujourd’hui ? Rassemblant une masse inestimable d’informations, jouant de la désinformation et de la surinformation, l’architecture s’expose de plus en plus souvent par elle-même. « Le paysage n’existe pas en lui-même comme une quelconque morphologie, il n’existe qu’avec le regard de celui qui sait le reconnaître. » (Augustin Berque).

Le corps et l’architecture L’exposition a CA’ASI met délibérément en jeu le corps du spectateur dans un espace à la fois contraignant et ouvert à de multiples possibilités. L’artiste architecte Didier Faustino signe une installation – scénographie composée de panneaux pivotants réalisés en matériaux de chantier. Elle invite le spectateur à interroger et à prendre en charge l’espace, à prendre conscience de son corps et de son rapport à l’environnement construit. Dans ce même rapport de force, le travail fondateur de Gordon Matta-Clark met en danger le corps de l’artiste, il s’attaque à l’autorité de l’architecture en opérant des coupes dynamiques sur le bâtiment. La vidéo – documentation de sa performance Conical Intersect en 1975 rue du Renard à Paris, souligne la dimension physique de l’acte artistique. Visible depuis l’extérieur de la CA’ASI, cette œuvre introduit le geste transgressif de l’artiste qui fragilise l’architecture et génère des nouvelles potentialités, un nouvel ordre esthétique. Le mouvement des corps est au centre du travail de Valérie Jouve : une nouvelle série de photographies produite sur le chantier de la Tour Rotana à Amman en Jordanie questionne les corps qui habitent et construisent la ville, constituant ce corps populaire, social, en interaction avec l’architecture. L’architecture est toujours plus que l’addition des objets urbains qui la composent. Même au temps du tout économique, elle est plus que l’ensemble des relations de pouvoir et de marché qui s’y déterminent. De cette versatilité résulte une heureuse faiblesse : la ville, comme forme vivante, est toujours

Le temps du chantier A l’invitation d’Architecture Studio, Valérie Jouve, Amaury Wenger et Zhenfei Wang se sont penchés sur ce moment particulier qu’est l’architecture en construction. Le chantier, lieu de potentialités par excellence, devient une métaphore de l’espace urbain envisagé comme un work in progress. Sur un chantier, le photographe saisit cette mutation. En travaillant sur les traces, il produit une mémoire du lieu et une réflexion sur la manière dont le temps sédimente l’espace. 10

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Construction Ahead—FR

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sensible. Face à l’architecture, les artistes traquent les anfractuosités où s’exprime l’expérience esthétique du quotidien, dans l’antagonisme, le grandiloquent, ou le résiduel urbain.

Amaury Wenger s’intéresse ainsi aux moments de transition plutôt qu’à l’architecture finie. Dans sa série sur le chantier de la Maison de la Radio à Paris, il envisage la photographie du bâti comme la somme de perceptions de moments, de lumières, d’atmosphères et s’efforce de saisir l’essence même du lieu. Mutation du paysage urbain, le chantier est aussi un miroir des transformations sociales, comme en témoigne le travail de Zhenfei Wang sur la construction du Centre Culturel à Jinan en Chine.

L’architecture et son image L’architecture constitue une réalité donnée mais malléable, un chantier sémantique où l’artiste dérive, crée, installe son œuvre. La naissance de la photographie d’architecture au siècle dernier favorisa les collaborations entre artistes et architectes. Les photographes capturaient et sublimaient l’essence des constructions, et participèrent à l’invention et à la diffusion du langage moderniste. 
 A l’heure d’Internet et des banques d’images en ligne, l’information visuelle remplace de plus en plus l’expérience du lieu. Omniprésente, facilement accessible, multiple, la photographie façonne notre perception et notre relation à l’architecture. Enseignée dans les écoles à l’environnement bâti, considérée comme une source d’imagination et un outil de reconstruction spatiale, la photographie influence-t-elle la manière dont les architectes conçoivent et construisent aujourd’hui ? Rassemblant une masse inestimable d’informations, jouant de la désinformation et de la surinformation, l’architecture s’expose de plus en plus souvent par elle-même. « Le paysage n’existe pas en lui-même comme une quelconque morphologie, il n’existe qu’avec le regard de celui qui sait le reconnaître. » (Augustin Berque).

Le corps et l’architecture L’exposition a CA’ASI met délibérément en jeu le corps du spectateur dans un espace à la fois contraignant et ouvert à de multiples possibilités. L’artiste architecte Didier Faustino signe une installation – scénographie composée de panneaux pivotants réalisés en matériaux de chantier. Elle invite le spectateur à interroger et à prendre en charge l’espace, à prendre conscience de son corps et de son rapport à l’environnement construit. Dans ce même rapport de force, le travail fondateur de Gordon Matta-Clark met en danger le corps de l’artiste, il s’attaque à l’autorité de l’architecture en opérant des coupes dynamiques sur le bâtiment. La vidéo – documentation de sa performance Conical Intersect en 1975 rue du Renard à Paris, souligne la dimension physique de l’acte artistique. Visible depuis l’extérieur de la CA’ASI, cette œuvre introduit le geste transgressif de l’artiste qui fragilise l’architecture et génère des nouvelles potentialités, un nouvel ordre esthétique. Le mouvement des corps est au centre du travail de Valérie Jouve : une nouvelle série de photographies produite sur le chantier de la Tour Rotana à Amman en Jordanie questionne les corps qui habitent et construisent la ville, constituant ce corps populaire, social, en interaction avec l’architecture. L’architecture est toujours plus que l’addition des objets urbains qui la composent. Même au temps du tout économique, elle est plus que l’ensemble des relations de pouvoir et de marché qui s’y déterminent. De cette versatilité résulte une heureuse faiblesse : la ville, comme forme vivante, est toujours

Le temps du chantier A l’invitation d’Architecture Studio, Valérie Jouve, Amaury Wenger et Zhenfei Wang se sont penchés sur ce moment particulier qu’est l’architecture en construction. Le chantier, lieu de potentialités par excellence, devient une métaphore de l’espace urbain envisagé comme un work in progress. Sur un chantier, le photographe saisit cette mutation. En travaillant sur les traces, il produit une mémoire du lieu et une réflexion sur la manière dont le temps sédimente l’espace. 10

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Construction Ahead Vanessa Clairet & Anne Davidian

en situation critique, en perpétuel remodelage par ceux qui la parcourent autant que par ceux qui la bâtissent. Elle représente l’espace interstitiel des possibles dans lequel tout peut advenir. L’architecture fait figure de terrain d’expérimentation d’un art global. Si l’art et l’architecture sont liés par la ville, c’est sur la base de deux possibles – le critique et l’utopique – que leurs relations s’intensifient. Conceptuelle, formaliste, narrative parfois, l’architecture s’enrichit du regard singulier de l’artiste qui questionne les rapports qu’elle produit avec son environnement. Les artistes de l’exposition et les architectes d’Architecture Studio sont ainsi invités à porter un regard sur leur pratique à travers une discussion dispersée dans cet ouvrage. Leurs réflexions empruntent les multiples trajectoires qui se sont dessinées au cours de l’exposition.

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CONSTRUCTION AHEAD announces a site, a work zone. The title chosen for the exhibition at CA’ASI defines the construction area as a space for possibilities from which stories, reflections and questions can emerge. Through the work of Valérie Jouve, Amaury Wenger, Wang Zhenfei, Didier Faustino and Gordon Matta-Clark, the exhibition takes on a number of themes, exploring the complex relationship of architecture with image, time and body. This publication gathers reflections of the invited artists and architects, drawing out a dialogue, initiated in the exhibition, between architecture and contemporary art. In the 19th century, the birth of modern urbanism raised new artistic preoccupations. The avant-garde movements forced art out of the studio to confront the city. Since then the urban space has held a leading place in contemporary art: it sums up a number of today’s artistic, formal and political utopias. A place of transition, the city exceeds its representations and breaks away from any conceptual formalities. Marked by history, the city is an accumulation of layers which are more or less buried: “the shape of a city changes more quickly, alas! than the human heart” (Julien Gracq). The city imposes itself as an area of a confrontation of viewpoints and an aesthetic struggle. Architecture is a tool for the creation of concepts and spatial organisation, continuously offering new objects of reflection, like a laboratory of perception. In this space, art carries out an aesthetic and political work, constantly defining and shifting the sensible. Confronted with architecture, artists hunt down anfractuosities where aesthetic experiments of daily life express themselves in the antagonism, the overblown, or in urban remains. 13


Construction Ahead—FR

Construction Ahead Vanessa Clairet & Anne Davidian

en situation critique, en perpétuel remodelage par ceux qui la parcourent autant que par ceux qui la bâtissent. Elle représente l’espace interstitiel des possibles dans lequel tout peut advenir. L’architecture fait figure de terrain d’expérimentation d’un art global. Si l’art et l’architecture sont liés par la ville, c’est sur la base de deux possibles – le critique et l’utopique – que leurs relations s’intensifient. Conceptuelle, formaliste, narrative parfois, l’architecture s’enrichit du regard singulier de l’artiste qui questionne les rapports qu’elle produit avec son environnement. Les artistes de l’exposition et les architectes d’Architecture Studio sont ainsi invités à porter un regard sur leur pratique à travers une discussion dispersée dans cet ouvrage. Leurs réflexions empruntent les multiples trajectoires qui se sont dessinées au cours de l’exposition.

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CONSTRUCTION AHEAD announces a site, a work zone. The title chosen for the exhibition at CA’ASI defines the construction area as a space for possibilities from which stories, reflections and questions can emerge. Through the work of Valérie Jouve, Amaury Wenger, Wang Zhenfei, Didier Faustino and Gordon Matta-Clark, the exhibition takes on a number of themes, exploring the complex relationship of architecture with image, time and body. This publication gathers reflections of the invited artists and architects, drawing out a dialogue, initiated in the exhibition, between architecture and contemporary art. In the 19th century, the birth of modern urbanism raised new artistic preoccupations. The avant-garde movements forced art out of the studio to confront the city. Since then the urban space has held a leading place in contemporary art: it sums up a number of today’s artistic, formal and political utopias. A place of transition, the city exceeds its representations and breaks away from any conceptual formalities. Marked by history, the city is an accumulation of layers which are more or less buried: “the shape of a city changes more quickly, alas! than the human heart” (Julien Gracq). The city imposes itself as an area of a confrontation of viewpoints and an aesthetic struggle. Architecture is a tool for the creation of concepts and spatial organisation, continuously offering new objects of reflection, like a laboratory of perception. In this space, art carries out an aesthetic and political work, constantly defining and shifting the sensible. Confronted with architecture, artists hunt down anfractuosities where aesthetic experiments of daily life express themselves in the antagonism, the overblown, or in urban remains. 13


Construction Ahead—EN

Construction Ahead—EN

Architecture and Its image Architecture constitutes a given but malleable reality, a semantic construction site where the artist derives, conceives and creates a work. The birth of architectural photography in the last century favoured strong collaborations between artists and architects. The photographers captured and sublimated the essence of the structures, whilst participating in the invention and the diffusion of modernist ideas and language. At the time of the internet and online image banks, visual information replaces ever more the experience of a place. Omnipresent, easily accessible and multiple, photography shapes the way we perceive and relate to architecture. Taught in schools, considered as a source for the imagination and a tool for spatial reconstruction, how does photography influence the way architects conceive and build today? Bringing together an inestimable mass of information, playing with disinformation and an information overload, architecture is exposed more and more often by itself. “ The landscape does not exist in itself as an ordinary shape, it only exists in the gaze of those who recognise it” (Augustin Berque).

social transformations, as seen in Zhenfei Wang’s work on the Cultural Centre in Jinan, China. Architecture and Body The exhibition at CA’ASI deliberately brings into question the body of the spectator in a space which is both constraining and open to multiple possibilities. The artist-architect Didier Faustino has created a scenographic installation composed of revolving panels made from building site materials. He asks the spectator to question and to “take charge” of the space in order to make them aware of their body and of their relationship with the constructed environment, the architecture of the place. In the same spirit, the seminal work of Gordon Matta-Clark puts the body, that of the artist, in danger, attacking the authority of architecture. The video documentation of his performance Conical Intersect from 1975, on rue du Renard in Paris, underlines the physical dimension of the artistic act. Visible from outside CA’ASI, this work introduces the transgressive act of the artist, who weakens architecture, and generates new potentialities, a new aesthetic order. The movement of bodies is central to Valérie Jouve’s work: a new series of photographs produced on the construction site of the Rotana Tower in Amman, Jordan, questions the bodies that inhabit and build the city, forming this social body interacting with architecture. Architecture is always more than the sum of the urban objects it is composed of. Even in the time of the all-economic, it is more than simply a collection of relationships of power and the market which determines it. From this versatility a happy weakness emerges: the city, as a living shape, is always in a critical situation, perpetually remodelled by those who move around it as much as by those who build it. It represents the interstitial space of possibilities in which anything can happen. Architecture can be seen as a playing field for the experimentation of global art. If art and architecture are linked by the city, it’s on the basis of two possibilities – the critical and the utopian – that their relationship intensifies.

Construction Time At the invitation of Architecture Studio, Valérie Jouve, Amaury Wenger and Zhenfei Wang have focused on a particular moment: architecture under construction. The building site, the ultimate place for possibilities, becomes a metaphor for the urban space, viewed as a work in progress. On a building site, the photographer seizes mutations and examines traces, producing the memory of a place and a reflection on the way in which time sediments space. Amaury Wenger is interested in moments of transition rather than in the finished product. In his series on the construction site of the Maison de la Radio in Paris, he sees his photographs as bringing together the perceptions of moments, the lights, the atmosphere and he endeavours to seize the real essence of the place. Mutating the urban landscape, a construction site is also a mirror that reflects 14

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Construction Ahead—EN

Construction Ahead—EN

Architecture and Its image Architecture constitutes a given but malleable reality, a semantic construction site where the artist derives, conceives and creates a work. The birth of architectural photography in the last century favoured strong collaborations between artists and architects. The photographers captured and sublimated the essence of the structures, whilst participating in the invention and the diffusion of modernist ideas and language. At the time of the internet and online image banks, visual information replaces ever more the experience of a place. Omnipresent, easily accessible and multiple, photography shapes the way we perceive and relate to architecture. Taught in schools, considered as a source for the imagination and a tool for spatial reconstruction, how does photography influence the way architects conceive and build today? Bringing together an inestimable mass of information, playing with disinformation and an information overload, architecture is exposed more and more often by itself. “ The landscape does not exist in itself as an ordinary shape, it only exists in the gaze of those who recognise it” (Augustin Berque).

social transformations, as seen in Zhenfei Wang’s work on the Cultural Centre in Jinan, China. Architecture and Body The exhibition at CA’ASI deliberately brings into question the body of the spectator in a space which is both constraining and open to multiple possibilities. The artist-architect Didier Faustino has created a scenographic installation composed of revolving panels made from building site materials. He asks the spectator to question and to “take charge” of the space in order to make them aware of their body and of their relationship with the constructed environment, the architecture of the place. In the same spirit, the seminal work of Gordon Matta-Clark puts the body, that of the artist, in danger, attacking the authority of architecture. The video documentation of his performance Conical Intersect from 1975, on rue du Renard in Paris, underlines the physical dimension of the artistic act. Visible from outside CA’ASI, this work introduces the transgressive act of the artist, who weakens architecture, and generates new potentialities, a new aesthetic order. The movement of bodies is central to Valérie Jouve’s work: a new series of photographs produced on the construction site of the Rotana Tower in Amman, Jordan, questions the bodies that inhabit and build the city, forming this social body interacting with architecture. Architecture is always more than the sum of the urban objects it is composed of. Even in the time of the all-economic, it is more than simply a collection of relationships of power and the market which determines it. From this versatility a happy weakness emerges: the city, as a living shape, is always in a critical situation, perpetually remodelled by those who move around it as much as by those who build it. It represents the interstitial space of possibilities in which anything can happen. Architecture can be seen as a playing field for the experimentation of global art. If art and architecture are linked by the city, it’s on the basis of two possibilities – the critical and the utopian – that their relationship intensifies.

Construction Time At the invitation of Architecture Studio, Valérie Jouve, Amaury Wenger and Zhenfei Wang have focused on a particular moment: architecture under construction. The building site, the ultimate place for possibilities, becomes a metaphor for the urban space, viewed as a work in progress. On a building site, the photographer seizes mutations and examines traces, producing the memory of a place and a reflection on the way in which time sediments space. Amaury Wenger is interested in moments of transition rather than in the finished product. In his series on the construction site of the Maison de la Radio in Paris, he sees his photographs as bringing together the perceptions of moments, the lights, the atmosphere and he endeavours to seize the real essence of the place. Mutating the urban landscape, a construction site is also a mirror that reflects 14

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Construction Ahead—EN

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Conceptual, formalist, sometimes narrative, architecture is enriched by the singular regard of the artist who questions the place of architecture and the way it relates to its environment. The artists in the exhibition and the architects at AS.ArchitectureStudio are thus invited to reflect on their practices via a “dispersed” discussion in this book. Their thoughts borrow from these multiple trajectories which are drawn on throughout the exhibition.

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DIDIER FAUSTINO Hand Architecture, 2009

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Construction Ahead—EN

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Conceptual, formalist, sometimes narrative, architecture is enriched by the singular regard of the artist who questions the place of architecture and the way it relates to its environment. The artists in the exhibition and the architects at AS.ArchitectureStudio are thus invited to reflect on their practices via a “dispersed” discussion in this book. Their thoughts borrow from these multiple trajectories which are drawn on throughout the exhibition.

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DIDIER FAUSTINO Hand Architecture, 2009

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Valerie Jouve Tour de l’Hôtel Rotana, Amman, Jordanie, 2013 Rotana Hotel Tower, Amman, Jordan Architecte/Architect: AS.ARCHITECTURE-STUDIO


Valerie Jouve Tour de l’Hôtel Rotana, Amman, Jordanie, 2013 Rotana Hotel Tower, Amman, Jordan Architecte/Architect: AS.ARCHITECTURE-STUDIO










Zhengfei Wang Centre culturel, Jinan, Chine, 2013 Cultural Centre, Jinan, China Architecte/Architect: AS.ARCHITECTURE-STUDIO


Zhengfei Wang Centre culturel, Jinan, Chine, 2013 Cultural Centre, Jinan, China Architecte/Architect: AS.ARCHITECTURE-STUDIO










Amaury Wenger Maison de Radio France, Paris, 2013 Radio France Headquarters, Paris Architecte/Architect: AS.ARCHITECTURE-STUDIO


Amaury Wenger Maison de Radio France, Paris, 2013 Radio France Headquarters, Paris Architecte/Architect: AS.ARCHITECTURE-STUDIO










Conversation avec AS.Architecture-Studio Roueïda Ayache, Martin Robain, Amar Sabeh el Leil, Rodo Tisnado

GORDON MATTA-CLARK Cornical Intersect, 1975

Quel est le rapport entre l’image et l’architecture ? Comment l’image influence la conception architecturale ?

L’Architecture et son image Nous concevons un projet architectural comme un déploiement spatiotemporel qui peut paraître à l’opposé de la fixité des images. Néanmoins, il peut être demandé à un architecte de concevoir un bâtiment iconique. Comme un arrêt sur image chargé de sens, à même de représenter une institution, une ville, un commanditaire. Mais cela ne veut pas dire que le projet se réduit à cette fixité d’icône. Inversement, une photographie peut révéler l’invisible, la part conceptuelle d’un bâtiment. Elle peut ainsi donner à voir le réel à travers la pensée du projet.

Quelle relation entretiennent les architectes avec la photographie ?

Grâce au fonds photographique immense, accessible en ligne, se constitue une véritable culture photographique de l’architecture. Dans le processus allant de la conception à la réalisation architecturale, la photographie suit un cycle : il y a d’abord les images du site avant sa métamorphose par le bâtiment ; il est important de l’identifier, d’en capter des points de vue et de laisser le vide, en négatif, révéler le projet. Ainsi, il y a d’abord ce préalable à l’architecture. Ensuite, il y a les photos de chantier, qui vont fixer tout ce qui ne sera plus jamais là, ce qui se transforme. ll y a, enfin, les photos qui confirment les images produites dans notre imaginaire d’architecte. Une fois le bâtiment achevé, s’ouvre

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Conversation avec AS.Architecture-Studio Roueïda Ayache, Martin Robain, Amar Sabeh el Leil, Rodo Tisnado

GORDON MATTA-CLARK Cornical Intersect, 1975

Quel est le rapport entre l’image et l’architecture ? Comment l’image influence la conception architecturale ?

L’Architecture et son image Nous concevons un projet architectural comme un déploiement spatiotemporel qui peut paraître à l’opposé de la fixité des images. Néanmoins, il peut être demandé à un architecte de concevoir un bâtiment iconique. Comme un arrêt sur image chargé de sens, à même de représenter une institution, une ville, un commanditaire. Mais cela ne veut pas dire que le projet se réduit à cette fixité d’icône. Inversement, une photographie peut révéler l’invisible, la part conceptuelle d’un bâtiment. Elle peut ainsi donner à voir le réel à travers la pensée du projet.

Quelle relation entretiennent les architectes avec la photographie ?

Grâce au fonds photographique immense, accessible en ligne, se constitue une véritable culture photographique de l’architecture. Dans le processus allant de la conception à la réalisation architecturale, la photographie suit un cycle : il y a d’abord les images du site avant sa métamorphose par le bâtiment ; il est important de l’identifier, d’en capter des points de vue et de laisser le vide, en négatif, révéler le projet. Ainsi, il y a d’abord ce préalable à l’architecture. Ensuite, il y a les photos de chantier, qui vont fixer tout ce qui ne sera plus jamais là, ce qui se transforme. ll y a, enfin, les photos qui confirment les images produites dans notre imaginaire d’architecte. Une fois le bâtiment achevé, s’ouvre

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CONVERSATION—FR

CONVERSATION—FR

alors le cycle inachevable de ses interactions avec la vie et le monde, et leurs saisies photographiques infinies. Comment l’architecture s’inscrit-elle dans la durée ? Quelles traces peuvent subsister de l’architecture ?

Le temps de l’architecture L’architecture est produite pour les individus et la société en réponse à une demande réelle. C’est la société qui la protège, voire la transforme en objet artistique. C’est l’amour ou le désamour que porte une population pour un bâtiment qui amène à le conserver, le démolir, le brûler, le changer, le réhabiliter, le laisser mourir, ou encore transformer son usage…

similitudes entre des chantiers avec des cultures et des manières de faire différentes, ayant la même finalité de bâtir. Quelle place accordez vous au corps – individuel et social – dans vos projets architecturaux ?

Le bâtiment dépasse l’échelle d’un corps humain, il interagit avec son environnement. Ce corps social, le corps même de la ville, le corps urbain, nous intéresse beaucoup en tant qu’architectes.

Les civilisations parfois disparaissent, l’architecture – ou la ruine  – en constitue la dernière trace. C’est une forme d’archéologie. Comment aborder le chantier, espace de potentialités et de mutations par excellence ?

Le chantier est le lieu des possibles. Comme cet appartement pas tout à fait achevé où se déroulent les premières scènes du Mépris de Godard : cet espace non encore complètement installé, est ancré nulle part, ouvert au possible, celui du couple qui va se faire ou se défaire. Les photos de chantier suggèrent cette idée d’utopie : un lieu non défini car non achevé.

Propos recueillis par Vanessa Clairet et Anne Davidian

La photo a un statut très particulier, ambiguë : elle révèle l’éphémère de ce qu’elle fixe. Au cours d’un chantier, on s’attache parfois à des lumières, des sonorités, des matières transitoires qui ne seront plus quand le bâtiment sera achevé. Et la photo se situe dans ces moments fugaces. C’est l’absence, ce qui disparait pour devenir autre chose. C’est la métamorphose. C’est probablement les ruines qui se rapprochent le plus des chantiers. Seulement, sur un chantier, chaque chose a une nécessité, une finalité, c’est un système avec un ordre caché, alors que la démolition est toujours un peu aveugle. C’est cette part de hasard qui fait la beauté des ruines. Il y a une prégnance entre le chantier et le monde qui l’entoure. Le chantier est un monde clos qui fonctionne comme un miroir ; les photographies de l’exposition révèlent les différences et les 50

L’Architecture et le corps Le rapport entre le corps et l’architecture est fondamental : l’architecture est faite pour protéger les humains, les rassembler, leur permettre d’évoluer.

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CONVERSATION—FR

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alors le cycle inachevable de ses interactions avec la vie et le monde, et leurs saisies photographiques infinies. Comment l’architecture s’inscrit-elle dans la durée ? Quelles traces peuvent subsister de l’architecture ?

Le temps de l’architecture L’architecture est produite pour les individus et la société en réponse à une demande réelle. C’est la société qui la protège, voire la transforme en objet artistique. C’est l’amour ou le désamour que porte une population pour un bâtiment qui amène à le conserver, le démolir, le brûler, le changer, le réhabiliter, le laisser mourir, ou encore transformer son usage…

similitudes entre des chantiers avec des cultures et des manières de faire différentes, ayant la même finalité de bâtir. Quelle place accordez vous au corps – individuel et social – dans vos projets architecturaux ?

Le bâtiment dépasse l’échelle d’un corps humain, il interagit avec son environnement. Ce corps social, le corps même de la ville, le corps urbain, nous intéresse beaucoup en tant qu’architectes.

Les civilisations parfois disparaissent, l’architecture – ou la ruine  – en constitue la dernière trace. C’est une forme d’archéologie. Comment aborder le chantier, espace de potentialités et de mutations par excellence ?

Le chantier est le lieu des possibles. Comme cet appartement pas tout à fait achevé où se déroulent les premières scènes du Mépris de Godard : cet espace non encore complètement installé, est ancré nulle part, ouvert au possible, celui du couple qui va se faire ou se défaire. Les photos de chantier suggèrent cette idée d’utopie : un lieu non défini car non achevé.

Propos recueillis par Vanessa Clairet et Anne Davidian

La photo a un statut très particulier, ambiguë : elle révèle l’éphémère de ce qu’elle fixe. Au cours d’un chantier, on s’attache parfois à des lumières, des sonorités, des matières transitoires qui ne seront plus quand le bâtiment sera achevé. Et la photo se situe dans ces moments fugaces. C’est l’absence, ce qui disparait pour devenir autre chose. C’est la métamorphose. C’est probablement les ruines qui se rapprochent le plus des chantiers. Seulement, sur un chantier, chaque chose a une nécessité, une finalité, c’est un système avec un ordre caché, alors que la démolition est toujours un peu aveugle. C’est cette part de hasard qui fait la beauté des ruines. Il y a une prégnance entre le chantier et le monde qui l’entoure. Le chantier est un monde clos qui fonctionne comme un miroir ; les photographies de l’exposition révèlent les différences et les 50

L’Architecture et le corps Le rapport entre le corps et l’architecture est fondamental : l’architecture est faite pour protéger les humains, les rassembler, leur permettre d’évoluer.

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CONVERSATION—en

Conversation with AS.Architecture-Studio Roueïda Ayache, Martin Robain, Amar Sabeh el Leil, Rodo Tisnado

How does architecture deal with time, with duration? What traces may remain from architecture?

Architecture and Time Architecture is produced for individuals and society in response to a real demand. It is society that protects it or transforms it into an art work. It is love, or a lack of love for a building, that incites people to keep, demolish, burn, restore, let it die, or change its purpose ... Civilizations sometimes disappear; architecture – or its ruins – is their last trace. It is a form of archaeology.

What is the relationship between image and architecture? How does image affect an architectural design?

Architecture and Image We view an architectural project as a spatio-temporal extension, which may seem to be the opposite of a fixed image. Nevertheless, an architect may be asked to design an iconic building, like a snapshot, producing a meaningful image, able to represent an institution, a city, a sponsor. But that does not mean that the project is reduced to the fixed state of an icon.

How do you approach a construction site, a space for mutations and potentialities ?

Conversely, a photograph can expose the invisible, the conceptual side of a building, revealing reality through the concept of the project. What relationship do architects have with photography?

Photography has a very special, ambiguous status: it reveals the ephemeral of what it captures. During a construction, we sometimes get attached to lights, sounds, transient materials that will no longer be there when the building is completed. And photography is situated in these fleeting moments. It is the absence, it is what disappears to become something else. It is the metamorphosis.

Nowadays, architects can build a true photographic culture based on the vast database of photographs which is available online. In the architectural process, from design to construction, photography follows a cycle: first, there are the pictures of the site before the building metamorphoses it; it is important to identify, to capture points of view and let the void, in negative, reveal the project. So, this must take place prior to the architecture. Then there are the photos of construction, they establish things that will no longer be there, things being transformed. And finally, come the photos that confirm the images that we as architects have produced in our imaginations. Once the building has been achieved, there opens up an endless cycle of its interactions with life and the world, and the infinite photographic records of this.

52

The construction site is a space for possibilities. Like the not quite finished apartment which hosts the first scenes of Godard’s Contempt: the space, not yet fully installed, is anchored nowhere, open to possibilities, that which will make or break a relationship. Pictures of construction sites suggest this idea of an utopia: a place which is undefined because it is unfinished.

Ruins are probably the closest we get to construction sites. But on a site, everything has a necessity, a goal, it is a system with a hidden order, whilst the demolition is always a little blind. It is this element of chance that gives ruins their beauty. There is a period of gestation between the construction site and the world around. The site is an enclosed world that functions as a mirror, and in the exhibition the photographs reveal the differences and similarities between the sites, their cultures and their way of doing things, whilst all having the same purpose – to build. 53


CONVERSATION—en

Conversation with AS.Architecture-Studio Roueïda Ayache, Martin Robain, Amar Sabeh el Leil, Rodo Tisnado

How does architecture deal with time, with duration? What traces may remain from architecture?

Architecture and Time Architecture is produced for individuals and society in response to a real demand. It is society that protects it or transforms it into an art work. It is love, or a lack of love for a building, that incites people to keep, demolish, burn, restore, let it die, or change its purpose ... Civilizations sometimes disappear; architecture – or its ruins – is their last trace. It is a form of archaeology.

What is the relationship between image and architecture? How does image affect an architectural design?

Architecture and Image We view an architectural project as a spatio-temporal extension, which may seem to be the opposite of a fixed image. Nevertheless, an architect may be asked to design an iconic building, like a snapshot, producing a meaningful image, able to represent an institution, a city, a sponsor. But that does not mean that the project is reduced to the fixed state of an icon.

How do you approach a construction site, a space for mutations and potentialities ?

Conversely, a photograph can expose the invisible, the conceptual side of a building, revealing reality through the concept of the project. What relationship do architects have with photography?

Photography has a very special, ambiguous status: it reveals the ephemeral of what it captures. During a construction, we sometimes get attached to lights, sounds, transient materials that will no longer be there when the building is completed. And photography is situated in these fleeting moments. It is the absence, it is what disappears to become something else. It is the metamorphosis.

Nowadays, architects can build a true photographic culture based on the vast database of photographs which is available online. In the architectural process, from design to construction, photography follows a cycle: first, there are the pictures of the site before the building metamorphoses it; it is important to identify, to capture points of view and let the void, in negative, reveal the project. So, this must take place prior to the architecture. Then there are the photos of construction, they establish things that will no longer be there, things being transformed. And finally, come the photos that confirm the images that we as architects have produced in our imaginations. Once the building has been achieved, there opens up an endless cycle of its interactions with life and the world, and the infinite photographic records of this.

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The construction site is a space for possibilities. Like the not quite finished apartment which hosts the first scenes of Godard’s Contempt: the space, not yet fully installed, is anchored nowhere, open to possibilities, that which will make or break a relationship. Pictures of construction sites suggest this idea of an utopia: a place which is undefined because it is unfinished.

Ruins are probably the closest we get to construction sites. But on a site, everything has a necessity, a goal, it is a system with a hidden order, whilst the demolition is always a little blind. It is this element of chance that gives ruins their beauty. There is a period of gestation between the construction site and the world around. The site is an enclosed world that functions as a mirror, and in the exhibition the photographs reveal the differences and similarities between the sites, their cultures and their way of doing things, whilst all having the same purpose – to build. 53


CONVERSATION—en

What place does the body – individual and social – have in your architectural projects?

Valérie Jouve, Zhengfei Wang, Amaury Wenger, Gordon Matta-Clark, Didier Faustino Propos d’artistes

Architecture and body The relationship between the body and architecture is fundamental: architecture is there to protect humans, to bring them together, allow them to evolve. The building exceeds the scale of a human body, it interacts with its environment. We, as architects, are very interested in this social body, the body of the city, the urban body. L’architecture et la photographie Interviews by Vanessa Clairet and Anne Davidian

— La photographie est un outil de mise en perspective, une critique constructive. Ainsi, elle permet, à travers le regard porté sur une réalité, ici une architecture, d’ouvrir des discussions, par exemple avec les architectes, afin que chacun puisse avancer dans ses propres recherches, sur notre façon d’accompagner ce monde. La photographie est un outil de reconstruction spatiale car l’espace tri-dimensionnel devient un espace plan. A travers sa composition, elle organise les relations entre les éléments et les pense différemment. VJ

— Dans une photographie, le rapport d’échelle est avant tout un ordonnancement des relations que je construis entre les différents éléments de l’image, par exemple, les corps, dans une égalité de présence. L’image change donc la nature du dialogue, nous ne sommes plus dans la matérialité des éléments mais dans la matérialité de l’image, pour construire une pensée de notre rapport au monde. VJ 54

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CONVERSATION—en

What place does the body – individual and social – have in your architectural projects?

Valérie Jouve, Zhengfei Wang, Amaury Wenger, Gordon Matta-Clark, Didier Faustino Propos d’artistes

Architecture and body The relationship between the body and architecture is fundamental: architecture is there to protect humans, to bring them together, allow them to evolve. The building exceeds the scale of a human body, it interacts with its environment. We, as architects, are very interested in this social body, the body of the city, the urban body. L’architecture et la photographie Interviews by Vanessa Clairet and Anne Davidian

— La photographie est un outil de mise en perspective, une critique constructive. Ainsi, elle permet, à travers le regard porté sur une réalité, ici une architecture, d’ouvrir des discussions, par exemple avec les architectes, afin que chacun puisse avancer dans ses propres recherches, sur notre façon d’accompagner ce monde. La photographie est un outil de reconstruction spatiale car l’espace tri-dimensionnel devient un espace plan. A travers sa composition, elle organise les relations entre les éléments et les pense différemment. VJ

— Dans une photographie, le rapport d’échelle est avant tout un ordonnancement des relations que je construis entre les différents éléments de l’image, par exemple, les corps, dans une égalité de présence. L’image change donc la nature du dialogue, nous ne sommes plus dans la matérialité des éléments mais dans la matérialité de l’image, pour construire une pensée de notre rapport au monde. VJ 54

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Propos d’artistes—FR

Propos d’artistes—FR

— Même si il utilise le vocabulaire du banal propre au style documentaire, mon travail a toujours été éloigné d’une quelconque notion d’objectivité. C’est même un des caractères importants de mon travail que de mettre à mal ce rêve d’objectivité en photographie. Pour la simple raison qu’une pensée est le fruit de notre rapport aux choses et que cette relation est foncièrement subjective même si elle participe en premier lieu de la mémoire et la pensée collective. VJ — Je travaille à questionner une architecture parce que je trouve important que l’architecte puisse sortir de l’image mentale qu’il a de sa création. Je suis l’autre qui ne répond pas à la demande mais repose des questions, et même peut-être ailleurs. VJ

—Un chantier est un terrain en mutation constante, où chaque élément est traité de façon individuelle et non dans son ensemble. On se retrouve donc souvent dans des débuts d’espace, des lieux ni tout à fait définis ni tout à fait inexistants. Cela offre au photographe des jeux de perspectives, des occasions de tromper l’œil du spectateur, qui amènent parfois à une désorientation, à un questionnement. AW

— La photographie fixe ce moment particulier lorsque j’ai été touché, surpris, ému par l’architecture. Ce moment n’a pas été forcément prévu par l’architecte, mais il intervient au sein de son architecture. La photographie est une reconstruction de différents moments, l’architecture est juste l’un d’entre eux. Il ne s’agit pas de représenter l’architecture mais de trouver le moment où l’architecture advient. ZW

—La photographie apporte un plan de lecture supplémentaire à l’architecture. Elle contribue à la documentation du bâti comme à la perception de moments, de lumières, d’atmosphères et s’efforce de saisir l’essence même du lieu. AW 56

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Propos d’artistes—FR

Propos d’artistes—FR

— Même si il utilise le vocabulaire du banal propre au style documentaire, mon travail a toujours été éloigné d’une quelconque notion d’objectivité. C’est même un des caractères importants de mon travail que de mettre à mal ce rêve d’objectivité en photographie. Pour la simple raison qu’une pensée est le fruit de notre rapport aux choses et que cette relation est foncièrement subjective même si elle participe en premier lieu de la mémoire et la pensée collective. VJ — Je travaille à questionner une architecture parce que je trouve important que l’architecte puisse sortir de l’image mentale qu’il a de sa création. Je suis l’autre qui ne répond pas à la demande mais repose des questions, et même peut-être ailleurs. VJ

—Un chantier est un terrain en mutation constante, où chaque élément est traité de façon individuelle et non dans son ensemble. On se retrouve donc souvent dans des débuts d’espace, des lieux ni tout à fait définis ni tout à fait inexistants. Cela offre au photographe des jeux de perspectives, des occasions de tromper l’œil du spectateur, qui amènent parfois à une désorientation, à un questionnement. AW

— La photographie fixe ce moment particulier lorsque j’ai été touché, surpris, ému par l’architecture. Ce moment n’a pas été forcément prévu par l’architecte, mais il intervient au sein de son architecture. La photographie est une reconstruction de différents moments, l’architecture est juste l’un d’entre eux. Il ne s’agit pas de représenter l’architecture mais de trouver le moment où l’architecture advient. ZW

—La photographie apporte un plan de lecture supplémentaire à l’architecture. Elle contribue à la documentation du bâti comme à la perception de moments, de lumières, d’atmosphères et s’efforce de saisir l’essence même du lieu. AW 56

57


Propos d’artistes—FR

Propos d’artistes—FR

— L’architecte crée un espace et attend que la scène idéale se déroule dans son bâtiment, le photographe doit lui transmettre plus que cela. Il doit surprendre l’architecte en lui présentant un moment qu’il n’aurait jamais imaginé, le potentiel de l’architecture. Pour moi la photographie a toujours à voir avec la narration, le story telling. Il s’agit d’une fiction particulière montrée par les images. Le regardeur doit être capable de lire différentes histoires à partir d’une même image, selon sa propre vision. ZW

Le temps du chantier

58

— Le photographe rend compte d’un état à un moment précis, ce qui a disparu n’est plus là et ainsi, n’existe pas à l’image et ce qui va arriver n’est pas encore visible. Je saisis donc une situation à un moment donné et en donne mon point de vue. Dans cette nouvelle série autour du chantier de la Tour Rotana à Amman, j’ai construit toutes les images sur le dialogue qui existe entre l’ancien et le nouveau monde qui arrive. Tout mon travail est dans la conversation entre l’identité de cette ville et l’identité du bâtiment. VJ

— J’ai voulu aborder le chantier de la Maison de la Radio par un travail de documentation du bâtiment, moins pour une vision synoptique que pour en saisir le détail. Ces pièces de puzzle mises bout à bout donnent une idée de l’atmosphère du lieu, de sa vie, sans en donner forcément une vue d’ensemble, descriptive, neutre. Dans mon travail, je suis moins amené à documenter une évolution qu’à montrer la naissance d’un espace, ou sa mort — pour les lieux abandonnés. Le spectateur est libre de s’imaginer son devenir ou sa vie passée, sans que le photographe n’ait à les documenter de façon ostensible. AW

L’architecture et le corps

59

— Si vous étudiez la question de la durée sur le long terme, tout est provisoire, l’architecture aussi. Sa vie débute quand le croquis est dessiné, elle naît avec le démarrage de la construction, grandit quand le chantier se termine, vit et meurt à travers la démolition. Le chantier est le lieu où elle grandit. Le photographe capture ce processus. ZW

— L’architecture prend vie avec les gens, elle fait partie de la vie humaine. A Jinan, l’ouvrier, le vigile, l’architecte, le vendeur de nourriture, le cuisinier… deviennent «les Acteurs» de mon histoire. ZW


Propos d’artistes—FR

Propos d’artistes—FR

— L’architecte crée un espace et attend que la scène idéale se déroule dans son bâtiment, le photographe doit lui transmettre plus que cela. Il doit surprendre l’architecte en lui présentant un moment qu’il n’aurait jamais imaginé, le potentiel de l’architecture. Pour moi la photographie a toujours à voir avec la narration, le story telling. Il s’agit d’une fiction particulière montrée par les images. Le regardeur doit être capable de lire différentes histoires à partir d’une même image, selon sa propre vision. ZW

Le temps du chantier

58

— Le photographe rend compte d’un état à un moment précis, ce qui a disparu n’est plus là et ainsi, n’existe pas à l’image et ce qui va arriver n’est pas encore visible. Je saisis donc une situation à un moment donné et en donne mon point de vue. Dans cette nouvelle série autour du chantier de la Tour Rotana à Amman, j’ai construit toutes les images sur le dialogue qui existe entre l’ancien et le nouveau monde qui arrive. Tout mon travail est dans la conversation entre l’identité de cette ville et l’identité du bâtiment. VJ

— J’ai voulu aborder le chantier de la Maison de la Radio par un travail de documentation du bâtiment, moins pour une vision synoptique que pour en saisir le détail. Ces pièces de puzzle mises bout à bout donnent une idée de l’atmosphère du lieu, de sa vie, sans en donner forcément une vue d’ensemble, descriptive, neutre. Dans mon travail, je suis moins amené à documenter une évolution qu’à montrer la naissance d’un espace, ou sa mort — pour les lieux abandonnés. Le spectateur est libre de s’imaginer son devenir ou sa vie passée, sans que le photographe n’ait à les documenter de façon ostensible. AW

L’architecture et le corps

59

— Si vous étudiez la question de la durée sur le long terme, tout est provisoire, l’architecture aussi. Sa vie débute quand le croquis est dessiné, elle naît avec le démarrage de la construction, grandit quand le chantier se termine, vit et meurt à travers la démolition. Le chantier est le lieu où elle grandit. Le photographe capture ce processus. ZW

— L’architecture prend vie avec les gens, elle fait partie de la vie humaine. A Jinan, l’ouvrier, le vigile, l’architecte, le vendeur de nourriture, le cuisinier… deviennent «les Acteurs» de mon histoire. ZW


Propos d’artistes—FR

— Je me suis intéressé au cadre de vie de l’architecture — le tissu urbain et la relation entre le corps individuel et le corps collectif. L’architecture ne peut pas é-mouvoir sans les gens, la connection entre ces deux mouvements est essentielle. ZW

Propos d’artistes—FR

— Dans un film, il y a toujours un générique avec les noms de ceux qui y ont travaillé, depuis le réalisateur jusqu’au dernier technicien. Sur un chantier, c’est beaucoup plus anonyme. On ne voit jamais ces corps en action, ces figures tendues, ces mouvements répétitifs, réguliers, cette monotonie quotidienne, cette fatigue et cette lassitude. AW

— Le corps est la pierre fondatrice de mon travail. Je crée des dialogues entre les corps, entre un corps humain et un bloc bâti, entre une image et une autre, entre le corps du spectateur et le corps photographique. Cet entre-deux instable refuse l’affirmation, l’état de fait. Les images, ensemble, rejouent continuellement le sens qu’elles portent dans leur rencontre en questionnant le lieu qu’elles viennent habiter. Le terme « habiter » est primordial car il rassemble à lui seul l’ensemble des conditions physiques nécessaires à une expérience de l’espace. VJ — Le matériau que j’utilise, le film argentique, participe aussi de ce travail du corps. Je commence, à l’ère du tout numérique, à travailler d’une manière très brute le film et ainsi à affirmer ce matériau comme un corps en soi. VJ 60

— A Amman, je me suis attachée à photographier les corps au travail, en mouvement, dans le chantier mais aussi dans la ville. Et c’est un choix qui insiste sur le décalage des mondes : nous voyons là les corps des travailleurs et des habitants, montés, au sens vraiment cinématographique, avec les images de l’architecture. Ainsi, ces corps populaires font un contre poids de ce quartier en pleine expansion de l’hôtel Rotana et ses architectures très technologiques. Notre époque voit ce corps populaire disparaître. Donc je photographie cette culture laissée pour compte dans les plans de restructuration des villes. VJ — La ville est un réceptacle, le creuset d’une alchimie entre des corps aux natures innombrables — les corps d’architectures et corps humains. En mouvement, ces corps produisent des interactions, changent, s’influencent mutuellement, se transforment pour accoucher du corps vivant de la ville. L’architecte contribue au mouvement de la ville ; et la ville, à l’image de notre société, fabrique des cadres de normalisation très puissants. Dès lors, comment l’architecte peut-il aider à imaginer une société qui puisse se nourrir de ses singularités, qui puisse considérer un hors norme comme un levier et non comme un repoussoir ? VJ

61

—Mon travail est donc un travail non pas seulement sur l’objet architectural mais bien plus sur sa présence et la nature de son activité sur la ville. VJ


Propos d’artistes—FR

— Je me suis intéressé au cadre de vie de l’architecture — le tissu urbain et la relation entre le corps individuel et le corps collectif. L’architecture ne peut pas é-mouvoir sans les gens, la connection entre ces deux mouvements est essentielle. ZW

Propos d’artistes—FR

— Dans un film, il y a toujours un générique avec les noms de ceux qui y ont travaillé, depuis le réalisateur jusqu’au dernier technicien. Sur un chantier, c’est beaucoup plus anonyme. On ne voit jamais ces corps en action, ces figures tendues, ces mouvements répétitifs, réguliers, cette monotonie quotidienne, cette fatigue et cette lassitude. AW

— Le corps est la pierre fondatrice de mon travail. Je crée des dialogues entre les corps, entre un corps humain et un bloc bâti, entre une image et une autre, entre le corps du spectateur et le corps photographique. Cet entre-deux instable refuse l’affirmation, l’état de fait. Les images, ensemble, rejouent continuellement le sens qu’elles portent dans leur rencontre en questionnant le lieu qu’elles viennent habiter. Le terme « habiter » est primordial car il rassemble à lui seul l’ensemble des conditions physiques nécessaires à une expérience de l’espace. VJ — Le matériau que j’utilise, le film argentique, participe aussi de ce travail du corps. Je commence, à l’ère du tout numérique, à travailler d’une manière très brute le film et ainsi à affirmer ce matériau comme un corps en soi. VJ 60

— A Amman, je me suis attachée à photographier les corps au travail, en mouvement, dans le chantier mais aussi dans la ville. Et c’est un choix qui insiste sur le décalage des mondes : nous voyons là les corps des travailleurs et des habitants, montés, au sens vraiment cinématographique, avec les images de l’architecture. Ainsi, ces corps populaires font un contre poids de ce quartier en pleine expansion de l’hôtel Rotana et ses architectures très technologiques. Notre époque voit ce corps populaire disparaître. Donc je photographie cette culture laissée pour compte dans les plans de restructuration des villes. VJ — La ville est un réceptacle, le creuset d’une alchimie entre des corps aux natures innombrables — les corps d’architectures et corps humains. En mouvement, ces corps produisent des interactions, changent, s’influencent mutuellement, se transforment pour accoucher du corps vivant de la ville. L’architecte contribue au mouvement de la ville ; et la ville, à l’image de notre société, fabrique des cadres de normalisation très puissants. Dès lors, comment l’architecte peut-il aider à imaginer une société qui puisse se nourrir de ses singularités, qui puisse considérer un hors norme comme un levier et non comme un repoussoir ? VJ

61

—Mon travail est donc un travail non pas seulement sur l’objet architectural mais bien plus sur sa présence et la nature de son activité sur la ville. VJ


Propos d’artistes—FR

— J’ai conçu la scénographie de l’exposition comme un dispositif d’occupation temporaire du territoire. Je m’intéresse à ces unités de passage, à ces interstices, dans lesquelles le visiteur est actif. J’aime beaucoup les dessins de flèches de Gordon Matta-Clark, véritables réseaux de forces et d’énergie, ces trajectoires des corps dans l’espace a nourri ma réflexion. DF

Valérie Jouve, Zhengfei Wang, Amaury Wenger, Gordon Matta-Clark, Didier Faustino Artists’ word — Dans ses interventions, Gordon MattaClark se met lui-même en danger : il opère un basculement et travaille la notion de vertige. Quand il découpe un bâtiment, il détruit l’architecture, il s’attaque à elle. Il est en quelque sorte David contre Goliath, il est ce corps fragile qui ose s’attaquer au titan de l’architecture. En travaillant cette idée du vide, des interstices, il réussi à fragiliser l’architecture. Plus il se met en danger, plus il lutte, et plus l’architecture devient fragile, dénudée. DF

— Mon travail ouvre une confrontation physique et brutale, mais aussi sociale. La première chose que les gens remarquent, c’est que la violence a été faite. Ensuite, cette violence se transforme en un ordre visuel, et, j’espère, en une prise de conscience accrue. J’aime à penser les œuvres comme des questions détournées qui proposeraient des moyens de repenser ce qui existe déjà. GMC

62

Architecture and Photography

— Photography is a tool which offers perspective and constructive criticism. Thus, via a vision of reality, in this case architecture, it opens the way for discussions, for instance with architects, allowing everyone continue their research about the way in which we go through this world. Photography is a tool for spatial reconstruction as the three dimensional space becomes flat. Through its composition, it organizes relationships between elements and rethinks them. VJ

63

— In a photograph, the scale ratio is before all else a sequencing of the relationships which I construct between different elements in the image, for example the bodies, by order of equality of presence. The images thus change the nature of the conversation — we are no longer looking at the materiality of elements but at the materiality of the image — to construct an idea of our relationship with the world. VJ


Propos d’artistes—FR

— J’ai conçu la scénographie de l’exposition comme un dispositif d’occupation temporaire du territoire. Je m’intéresse à ces unités de passage, à ces interstices, dans lesquelles le visiteur est actif. J’aime beaucoup les dessins de flèches de Gordon Matta-Clark, véritables réseaux de forces et d’énergie, ces trajectoires des corps dans l’espace a nourri ma réflexion. DF

Valérie Jouve, Zhengfei Wang, Amaury Wenger, Gordon Matta-Clark, Didier Faustino Artists’ word — Dans ses interventions, Gordon MattaClark se met lui-même en danger : il opère un basculement et travaille la notion de vertige. Quand il découpe un bâtiment, il détruit l’architecture, il s’attaque à elle. Il est en quelque sorte David contre Goliath, il est ce corps fragile qui ose s’attaquer au titan de l’architecture. En travaillant cette idée du vide, des interstices, il réussi à fragiliser l’architecture. Plus il se met en danger, plus il lutte, et plus l’architecture devient fragile, dénudée. DF

— Mon travail ouvre une confrontation physique et brutale, mais aussi sociale. La première chose que les gens remarquent, c’est que la violence a été faite. Ensuite, cette violence se transforme en un ordre visuel, et, j’espère, en une prise de conscience accrue. J’aime à penser les œuvres comme des questions détournées qui proposeraient des moyens de repenser ce qui existe déjà. GMC

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Architecture and Photography

— Photography is a tool which offers perspective and constructive criticism. Thus, via a vision of reality, in this case architecture, it opens the way for discussions, for instance with architects, allowing everyone continue their research about the way in which we go through this world. Photography is a tool for spatial reconstruction as the three dimensional space becomes flat. Through its composition, it organizes relationships between elements and rethinks them. VJ

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— In a photograph, the scale ratio is before all else a sequencing of the relationships which I construct between different elements in the image, for example the bodies, by order of equality of presence. The images thus change the nature of the conversation — we are no longer looking at the materiality of elements but at the materiality of the image — to construct an idea of our relationship with the world. VJ


Artists’ word

Artists’ word

— Even if I use banal vocabulary in keeping with a documentary style, my work has always been very distant from any notion of objectivity. I’d even say that one of the important characteristics of my work is jeopardizing this dream of objectivity in photography. For the simple reason that a thought is the fruit of our relationship with things and that this relationship is fundamentally subjective, even if, initially, it is part of a general opinion. VJ

— I aim to question buildings because I find that it is important that the architects be allowed to escape from the mental image they have of their creation. I am the other, who does not respond to the question but who re asks it, maybe even elsewhere. VJ

— Photography can freeze the special moment of architecture when the photographer was touched, surprised, moved. This moment is not necessarily designed by the architect, but occurred in his architecture and found by the photographer. Photography is a reconstruction of different essential elements within which architecture is just one. It is not about a simple representation of the architectural space but about finding the moment the architecture could become, the virtual could be actualized. ZW

— The architect creates the space and expects the ideal scene to appear in his building, the photographer should give him more than that. He should surprise the architect by showing him the moment he has never imagined, the potential of the architecture. For me, photography is always about narrative, storytelling. It is a special fiction shown by images. The reader should be able to tell different stories from the same image according to their vision. ZW

— Photography offers another dimension to architecture. It contributes to the documentation of a building as much as to the perceptions of moments, lighting, atmosphere and it endeavors to grasp the very essence of a place. AW Construction Time — A building site is a place in constant mutation, where every element is treated in an individual way and not as part of a whole. We thus find ourselves at the start of a space, a place which isn’t completely defined nor completely inexistent. This offers the photographer a chance to play with perspectives, a chance to cheat the spectator, which often leads to disorientation or questioning. AW 64

65

— The photographer captures the state of things at a precise moment. That which has disappeared is no longer there and so does not belong to the image, and that which is going to happen is not yet visible. I grasp a situation at a particular moment and give it my own point of view. In this new series on the Rotana Tower in Amman, I’ve based my images on a dialogue which exists between the ancient and modern worlds. All of my work looks at the exchange between the identity of this city and the identity of the building. VJ


Artists’ word

Artists’ word

— Even if I use banal vocabulary in keeping with a documentary style, my work has always been very distant from any notion of objectivity. I’d even say that one of the important characteristics of my work is jeopardizing this dream of objectivity in photography. For the simple reason that a thought is the fruit of our relationship with things and that this relationship is fundamentally subjective, even if, initially, it is part of a general opinion. VJ

— I aim to question buildings because I find that it is important that the architects be allowed to escape from the mental image they have of their creation. I am the other, who does not respond to the question but who re asks it, maybe even elsewhere. VJ

— Photography can freeze the special moment of architecture when the photographer was touched, surprised, moved. This moment is not necessarily designed by the architect, but occurred in his architecture and found by the photographer. Photography is a reconstruction of different essential elements within which architecture is just one. It is not about a simple representation of the architectural space but about finding the moment the architecture could become, the virtual could be actualized. ZW

— The architect creates the space and expects the ideal scene to appear in his building, the photographer should give him more than that. He should surprise the architect by showing him the moment he has never imagined, the potential of the architecture. For me, photography is always about narrative, storytelling. It is a special fiction shown by images. The reader should be able to tell different stories from the same image according to their vision. ZW

— Photography offers another dimension to architecture. It contributes to the documentation of a building as much as to the perceptions of moments, lighting, atmosphere and it endeavors to grasp the very essence of a place. AW Construction Time — A building site is a place in constant mutation, where every element is treated in an individual way and not as part of a whole. We thus find ourselves at the start of a space, a place which isn’t completely defined nor completely inexistent. This offers the photographer a chance to play with perspectives, a chance to cheat the spectator, which often leads to disorientation or questioning. AW 64

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— The photographer captures the state of things at a precise moment. That which has disappeared is no longer there and so does not belong to the image, and that which is going to happen is not yet visible. I grasp a situation at a particular moment and give it my own point of view. In this new series on the Rotana Tower in Amman, I’ve based my images on a dialogue which exists between the ancient and modern worlds. All of my work looks at the exchange between the identity of this city and the identity of the building. VJ


Artists’ word

Artists’ word

Architecture and the Body

— Architecture comes alive with people, it is a part of human life. In Jinan, the builder, the guard, the architect, the food seller, the chef… they become the “Actors” in my story. ZW — I wanted to take on the construction site of the Maison de la Radio by documenting the building, not so much for a synoptic vision but rather to grasp the smaller details. These pieces of the puzzle put next to each other give an idea of the atmosphere of the place and of its life, without necessarily giving a descriptive and neutral view of its entirety. In my work, I am less tempted to document an evolution than to show the birth or a death of these abandoned places. The spectator is free to imagine its future or its past life, without the photographer having documented it conspicuously. AW

—I am also very interested in the living environment of architecture – the urban fabric, and the relationship between the individual and the collective body. Architecture will never “move” without people, so the inner connection between these two “movements” is essential. ZW

— If you look at the question of duration in the long run, everything is temporary. So is architecture. Its life starts when the sketch is drawn, born when the construction starts, grows up when the construction finishes, lives and dies through demolishment. The construction site is where it grows up. The photographer captures the process. ZW 66

—In a film, there are always the credits with the name of everyone who worked on it, from the director to the last technician. On a building site, it is much more anonymous. We never see these people in action, these tense figures, these regular, repetitive movements, this daily monotony, this fatigue and this weariness. AW 67


Artists’ word

Artists’ word

Architecture and the Body

— Architecture comes alive with people, it is a part of human life. In Jinan, the builder, the guard, the architect, the food seller, the chef… they become the “Actors” in my story. ZW — I wanted to take on the construction site of the Maison de la Radio by documenting the building, not so much for a synoptic vision but rather to grasp the smaller details. These pieces of the puzzle put next to each other give an idea of the atmosphere of the place and of its life, without necessarily giving a descriptive and neutral view of its entirety. In my work, I am less tempted to document an evolution than to show the birth or a death of these abandoned places. The spectator is free to imagine its future or its past life, without the photographer having documented it conspicuously. AW

—I am also very interested in the living environment of architecture – the urban fabric, and the relationship between the individual and the collective body. Architecture will never “move” without people, so the inner connection between these two “movements” is essential. ZW

— If you look at the question of duration in the long run, everything is temporary. So is architecture. Its life starts when the sketch is drawn, born when the construction starts, grows up when the construction finishes, lives and dies through demolishment. The construction site is where it grows up. The photographer captures the process. ZW 66

—In a film, there are always the credits with the name of everyone who worked on it, from the director to the last technician. On a building site, it is much more anonymous. We never see these people in action, these tense figures, these regular, repetitive movements, this daily monotony, this fatigue and this weariness. AW 67


Artists’ word

Artists’ word

— The body is the foundation stone of my work. I create dialogues between bodies, between the human body and a building block, between one image and another, between the body of the spectator and the photographic body. This in-between space refuses the assertion, the state of affairs. The images, when together, continually play with their meaning, questioning a place that they have just inhabited. The term “inhabit” is essential because it is brings together a collection of physical conditions which are necessary to experience a space. VJ — The material that I use, analogue film, also participates in this work on the body. I am beginning, in this digital era, to work very crudely with film and thus view this material as a body in its own right. VJ

68

— In Amman, I grew attached to photographing the body at work, in movement, in the building site but also in the city itself. And it is a choice which displays the difference between the two worlds: we can see the body of the workers and the inhabitants, edited, in the true cinematic sense of the word, amongst the architectural images. The body of these people offers a counter weight to this area which is in the middle of the expansion of the Hotel Rotana and its very technological buildings. In our time we are seeing this corps populaire, this working class body disappear, or at least it is not considered in our visions of the future for our cities. So I photograph this culture which is abandoned in the urban development plans. VJ — This work therefore does not only concentrate on the architectural object but much more on its presence and the nature of its activity in the city. VJ

— The city is a receptacle, the cauldron of an alchemist full of bodies of countless different natures – the bodies of architectural constructions and human bodies. In movement, these bodies produce interactions, change, influence each other, transform each other to bring to life the living body of the city. Architecture contributes to the movement of the city; and the city, in the image of our society, creates very strong frames of normalization. With this in mind, how can the architect help to imagine a society which can grow through its singularities, which can consider something out of the ordinary as a benefit rather than a hindrance? VJ

— I designed the scenography of this exhibition as a means of temporarily occupying the space. I am interested in these passageway norms, these cracks in which the visitor plays an active part. I very much like Gordon MattaClark’s arrow drawings, and these networks of force and energy, these trajectories of the body in space fed my ideas. DF 69


Artists’ word

Artists’ word

— The body is the foundation stone of my work. I create dialogues between bodies, between the human body and a building block, between one image and another, between the body of the spectator and the photographic body. This in-between space refuses the assertion, the state of affairs. The images, when together, continually play with their meaning, questioning a place that they have just inhabited. The term “inhabit” is essential because it is brings together a collection of physical conditions which are necessary to experience a space. VJ — The material that I use, analogue film, also participates in this work on the body. I am beginning, in this digital era, to work very crudely with film and thus view this material as a body in its own right. VJ

68

— In Amman, I grew attached to photographing the body at work, in movement, in the building site but also in the city itself. And it is a choice which displays the difference between the two worlds: we can see the body of the workers and the inhabitants, edited, in the true cinematic sense of the word, amongst the architectural images. The body of these people offers a counter weight to this area which is in the middle of the expansion of the Hotel Rotana and its very technological buildings. In our time we are seeing this corps populaire, this working class body disappear, or at least it is not considered in our visions of the future for our cities. So I photograph this culture which is abandoned in the urban development plans. VJ — This work therefore does not only concentrate on the architectural object but much more on its presence and the nature of its activity in the city. VJ

— The city is a receptacle, the cauldron of an alchemist full of bodies of countless different natures – the bodies of architectural constructions and human bodies. In movement, these bodies produce interactions, change, influence each other, transform each other to bring to life the living body of the city. Architecture contributes to the movement of the city; and the city, in the image of our society, creates very strong frames of normalization. With this in mind, how can the architect help to imagine a society which can grow through its singularities, which can consider something out of the ordinary as a benefit rather than a hindrance? VJ

— I designed the scenography of this exhibition as a means of temporarily occupying the space. I am interested in these passageway norms, these cracks in which the visitor plays an active part. I very much like Gordon MattaClark’s arrow drawings, and these networks of force and energy, these trajectories of the body in space fed my ideas. DF 69


Artists’ word

INDEX

— In his interventions, Gordon Matta-Clark puts himself in danger: he turns things on their head and works on the notion of dizziness. When he cuts a building, he destructs architecture, he attacks it. He is a sort of David against Goliath, he is a fragile body which dares to attack the titan of architecture. Working with this idea of emptiness, of cracks, he manages to weaken architecture. The more he puts himself in danger and the more he fights, the more fragile, the more naked the architecture gets. DF

p.18–27 Valérie Jouve Rotana Hôtel, Ecarts / Rotana Hotel, Margins, 4.5 inches films, 2013 Courtesy of the artist and Galerie Xippas Assistant Walid Husseini p.28–37 Zhengfei Wang Untitled, 2013 Courtesy of the artist

— My work creates a confrontation that is physical and brutal, but also social. The first thing that people notice is that violence has taken place. This violence then transforms into visual order and then, I hope, a sense of heightned awareness. I like to think of works as if they are inverted questions, which propose ways to rethink what already exists. GMC

p.38–47 Amaury Wenger Par ordre d’apparence/ In order of appearance: Untitled, 2013 Titans, 2013 Unchained, 2013 Different Worlds, 2013 Sparkler, 2013 Escape, 2013 Trail to The Past, 2013 Untitled, 2013 Untitled, 2013 Frosty End, 2013 Courtesy of the artist p.17 Didier Faustino Hand Architecture, 2009 Courtesy of the artist and Galerie Michel Rein, Paris

70

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p.48 Gordon Matta-Clark Conical intersect, 1975 Courtesy Galerie Natalie Seroussi


Artists’ word

INDEX

— In his interventions, Gordon Matta-Clark puts himself in danger: he turns things on their head and works on the notion of dizziness. When he cuts a building, he destructs architecture, he attacks it. He is a sort of David against Goliath, he is a fragile body which dares to attack the titan of architecture. Working with this idea of emptiness, of cracks, he manages to weaken architecture. The more he puts himself in danger and the more he fights, the more fragile, the more naked the architecture gets. DF

p.18–27 Valérie Jouve Rotana Hôtel, Ecarts / Rotana Hotel, Margins, 4.5 inches films, 2013 Courtesy of the artist and Galerie Xippas Assistant Walid Husseini p.28–37 Zhengfei Wang Untitled, 2013 Courtesy of the artist

— My work creates a confrontation that is physical and brutal, but also social. The first thing that people notice is that violence has taken place. This violence then transforms into visual order and then, I hope, a sense of heightned awareness. I like to think of works as if they are inverted questions, which propose ways to rethink what already exists. GMC

p.38–47 Amaury Wenger Par ordre d’apparence/ In order of appearance: Untitled, 2013 Titans, 2013 Unchained, 2013 Different Worlds, 2013 Sparkler, 2013 Escape, 2013 Trail to The Past, 2013 Untitled, 2013 Untitled, 2013 Frosty End, 2013 Courtesy of the artist p.17 Didier Faustino Hand Architecture, 2009 Courtesy of the artist and Galerie Michel Rein, Paris

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p.48 Gordon Matta-Clark Conical intersect, 1975 Courtesy Galerie Natalie Seroussi


COLOPHON

AS.ARCHITECTURE-STUDIO remercie tous ceux qui ont contribué à la réussite de l’exposition Construction Ahead/ AS.ARCHITECTURE-STUDIO would like to thank those who took part in the success of CONSTRUCTION AHEAD: Valérie Jouve, Zhenfei Wang, Amaury Wenger, Didier Faustino, Anne Davidian, Vanessa Clairet, les galeries Natalie Seroussi, Xippas et Michel Rein. Ouvrage publié à l’occasion de l’exposition CONSTRUCTION AHEAD à la CA’ASI, Venise, 2013  Published on the occasion of the exhibition CONSTRUCTION AHEAD at the CA’ASI, Venice, 2013

www.ca-asi.com / www.architecture-studio.fr

72

Commissariat d’exposition / Curators: Anne Davidian & Vanessa Clairet Editeur /Publisher: AS.Architecture-Studio Concept et suivi éditorial / Editors: Anne Davidian & Vanessa Clairet Design graphique/ Graphic design: Goda Budvytyte ˙ Traduction / Translation: Angharad Williams Imprimeur / Printer: Sint Joris, Ghent



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