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LE BOIS, L’AVENIR DE LA VILLE

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RHÔNE-ALPES

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Le matériau bois gagne du terrain dans le secteur de la construction tandis que les villes se végétalisent.

IIl est toujours plus présent autour de nous, pour capter plus de carbone, pour assainir l’atmosphère et dépolluer la planète. On parle de prouesse technologique, de matériau du futur ! Pourtant, il suffit de regarder autour de nous pour comprendre que le bois a toujours été là, dans notre habitat, en structure, en chauffage, ou en ameublement. Jadis matériau " exotique " typé pour chalet ou logement de vacances, il est aujourd’hui promu au rang de produit de haute technologie, qui dispose de toutes les qualités pour son utilisation en immeuble de plus ou moins grande hauteur, à destinations multiples et pour tout public.

Un matériau extraordinaire Et c’est vrai que ce matériau est extraordinaire, à commencer par sa capacité à stocker le carbone tout au long de son existence, un idéal en cette période de transition écologique et environnementale. En une vingtaine d’années, l’ossature bois, le poteau-poutre et le CLT ( cross laminated timber - lames de bois assemblées compressées ), préfabriqués en ateliers, se sont introduits dans nos villes. Silencieusement. Comme une métaphore du chantier bois, peu bruyant. « A la création de notre établissement public d’aménagement ( EPA ) en 2010, nous n’avions pas d’obligation à utiliser du matériau bois. Il y avait juste une réflexion autour des matériaux bas-carbone dans le cadre de la ville durable. Et un objectif : accueillir 50 000

Après des décennies d’exil à l’extérieur de nos villes, le bois est de retour habitants et 30 000 emplois sur les 738 ha que composent Bordeaux, Bègles et Floirac » , rappelle Valérie Lasek, la directrice générale de l’EPA Bordeaux-Euratlantique. Et de poursuivre son idée : « Nous avons donc cherché à être exemplaires sur la dimension environnementale et innovants pour répondre aux enjeux climatiques. Mes prédécesseurs ont eu l’intuition qu’il fallait s’appuyer sur la ressource locale pour développer une vraie filière bois et essayer de tester des procédés constructifs plus cohérents par rapport aux objectifs bas carbone » . Une ambition concrétisée par des immeubles démonstratifs de plus en plus hauts : Perspective ( groupe Pichet / architecte Dimitri Roussel ), premier immeuble à vocation tertiaire, passif, en ossature bois et poteaux poutre, de 31 m de hauteur et 7 étages, tout en bois des Landes et du Limousin ; la tour Hyperion ( Eiffage / architecte Jean-Paul Viguier ), 55 m de hauteur et 16 étages, livré en 2021 ; bientôt l’ensemble Silva ( Kaufmann&Broad ) qui regroupe 3 bâtiments dont une tour de 50 m.

Des immeubles bois pour tous

Aujourd’hui, l’EPA Bordeaux Euratlantique est passé à l’étape de la massification. « Cela signifie d’avoir une capacité de produire de manière presque générique des immeubles, des quartiers et des équipements en bois. Et donc de diversifier les destinations, avec les contraintes que cela comporte sur les établissements recevant du public ( ERP ) ou les équipements liés aux bureaux » . Le projet d’Armagnac Sud prévoit une quinzaine d’immeubles en bois, dans la continuité d’autres immeubles bois déjà opérationnels, dont un équipement rare, un parking en bois réversible, Woodstone. Un projet tellement innovant que les niveaux du parking sont potentiellement transformables en plateaux de bureaux, si le besoin s’en faisait ressentir à l’avenir. « C’est un bâtiment qui a vocation à être pérenne dans les bilans carbone à venir. Le propos est, à chaque fois que ce sera possible, de ne plus déconstruire pour conserver le coût carbone de la construction » , conclut Valérie Lasek.

Pas d’innovations sans obstacles

Mais l’aventure du bois en ville n’a pas été un long fleuve tranquille. Il a fallu vaincre les préjugés, notamment en matière de sécurité incendie.

« Dans l’agglomération bordelaise, nous avons dû renforcer les équipements pour répondre au risque incendie dans toutes nos immeubles en bois » . Comment prévenir un incendie dans un quartier tout bois ? « C’est la densité qui inquiète. Il ne s’agit plus seulement de sécuriser le bâtiment lui-même, mais aussi ses accès. D’où ce paradoxe: nous devons parfois retirer des arbres de l’espace public, de la végétalisation » . Et désormais, il faut faire face à une autre problématique : l’inflation. « Ce qui complique l’équation, c’est l’envolée des coûts du BTP », explique encore Valérie Lasek. « La hausse des prix concerne tous les matériaux mais la construction bois a toujours signifié un coût de construction plus élevé. Difficile à absorber aujourd’hui. Et il faut rajouter des coûts complémentaires, tels ces avis techniques nécessaires lorsqu’on utilise un nouveau procédé pour garantir la sécurité des systèmes constructifs. » Autant d’obstacles qui ne remettent pas en question les projets de l’établissement public. Le nombre d’immeubles bois a beau être encore restreint, la directrice générale est optimiste : « Désormais, par rapport à la montée en puissance de nos ambitions, la capacité que nous avons à mener à bien ces

Vidéo : Webinaire de restitution du Lab2051 : Accélérer le développement de l’usage du bois dans la construction projets, nous pouvons nous appuyer sur la filière et ses différentes organisations. Au début, tout était plus compliqué » .

Une filière déterminée à répondre à la demande

« La filière forêt-bois en France recense aujourd’hui 51000 maîtres d’ouvrage-maîtres d’œuvre représentés au sein du Comité national pour le développent du bois ( CNDB ), 300 industriels réunis au sein de l’Union des industriels et constructeurs bois ( UICB ), de nombreux experts à l’Institut technologique forêt cellulose bois-construction ameublement ( FCBA ) » , précise Sarah Laroussi, directrice générale du CNDB. « Et pour tous, un même constat, le matériau bois en construction n’a plus à convaincre. Nous avons changé de paradigme » , confirme Dominique Cottineau, délégué général de l’UICB.

Dans les solutions

« Nous sommes passés d’un mode de construction alternatif, dont nous devions expliquer l’intérêt à la maîtrise d’ouvrage, à une méthode règlementée, stabilisée, sans équivoque. Et le bois va encore gagner en visibilité grâce aux Jeux Olympiques en 2024 et la volonté des organisateurs de mettre une majorité de bois dans nombre de bâtiments et équipements qu’ils font construire. La réglementation environnementale ( RE 2020 ), qui réduit progressivement l’impact carbone de la construction, induit un usage accru des matériaux bas carbone et biosourcés, va aussi avoir un fort impact. Enfin, le marché de la rénovation, avec la recherche d’un faible coût bas carbone, va devoir se convertir au bois. La part de marché du bois dans les volumes à construire demain est donc vouée à augmenter. Pour autant, le représentant de l’UICB rappelle que la RE 2020 va encore s’affiner : « La véritable inflexion sortira des seuils de 2028, a fortiori de 2031 » . D’autant que le marché de la construction est en pleine réorganisation. « L’Etat a lancé de nombreux travaux, à la fois sur la révision de la Stratégie Nationale Bas Carbone, sur le Plan National d’Adaptation au Changement Climatique et sur la Programmation Pluriannuelle de l’Energie. Une Stratégie Française Energie-Climat dans laquelle s’inscrivent les feuilles de route de décarbonation des différents secteurs, dont celui du bâtiment » . Pour préparer les professionnels à améliorer encore l’utilisation du matériau bois dans la ville, le CNDB démultiplie les formations à l’attention d’un public professionnel de plus

DOSSIER : LE BOIS, l’AVENIR DE LA VILLE en plus diversifié. « Aux côtés des architectes et autres maîtres d’ouvrage désireux de toujours plus se spécialiser, nous accueillons des équipes issues du monde des matériaux traditionnels, pour lesquels il est essentiel de comprendre le bois comme matériau de structure. Nos formations attirent aussi des organismes bancaires et des agences immobilières pour qui il faut encore lever certaines idées reçues. »

Mixer les matériaux pour répondre à tous les projets Le neuf, avec tous ces écoquartiers en bois qui apparaissent dans nos villes, est loin d’être le principal enjeu.

« Le gros sujet de 2023, c’est la rénovation » , avoue Dominique Cottineau. Faire avec l’existant et le bois : réhabiliter, surélever, relier, étendre, rénover… Le Conseil National de l’Ordre des Architectes ( CNOA ) met ainsi en avant que « faire la ville de demain, c’est réparer la ville d’aujourd’hui ! C’est réhabiliter l’existant de manière vertueuse » . Pour Dominique Cottineau, le délégué général de l’UICB, le message est à la complémentarité des matériaux. « Tout comme on parle du bon bois à la bonne place, il y a le bon matériau au bon endroit. Dans les solutions bois aussi, c’est la complémentarité qu’il faut viser. Tout ça sous l’angle d’une réalité économique et sous l’angle des règlementations, notamment la nouvelle règlementation incendie qui va s’imposer à nous » . Le message est arrivé jusqu’aux oreilles des grands groupes de construction traditionnelle. Le centre de formation du Centre national de développement du bois ( CNDB ) accueille désormais des professionnels venus de tous les horizons, y compris des groupes Bouygues Construction ou Icade. Motivés par la RE 2020, la démarche bas carbone et la politique environnementale, ces acteurs se sont engagés à faire monter en puissance, à hauteur de 30 % voire plus, leur production de bâtiments bois à l’horizon 2030-2050. « Il faut être à l’écoute et en veille dès lors qu’il s’agit de nouvelles associations de matériau » , rappelle Jean-Baptiste Pommepuy, du bureau d’études Origine Structures. « Il faut également être vigilant parce que ce sont des process qui méritent qu’on se penche dessus, tout en faisant extrêmement attention » . Et de citer le projet en cours, à Boulogne en région parisienne, d’un bâtiment de cinq étages en CLT avec une façade en blocs de pisé, sur lequel il travaille actuellement, « l’association est atypique mais le produit est sous avis technique » . Pour travailler sur la feuille de route de la prochaine décennie en phase avec les défis du moment, le bois a un vrai rôle à jouer « On sent bien que dans la concertation avec le public, la dimension environnementale et les choix qui seront faits sur la ville de demain, sont de vraies attentes » , témoigne la directrice de l’EPA. « Et l’emploi du bois, est indispensable pour construire une ville qui correspond aux enjeux d’actualité » . Le bois a vocation à se développer en ville. Soit dans le neuf, plus probablement en rénovation. Parce qu’il a toutes les qualités voulues par les élus en quête de transition écologique. Parce que les habitants des villes aspirent aussi à vivre dans un espace plus confortable sur le plan thermique, été comme hiver ; à respirer un air plus sain, et à profiter d’un matériau dont la vue repose, dans un univers qui, lui, est, peut-être, moins apaisant.

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Environnementale et le bois dans la construction.

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