Bernard Délicieux et l'Inquisition albigeoise (1300-1320)

Page 1

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BERNARD DÉLICIEUX

L'INQUISITION ALBIGEOISE


TABIE.

IMPRIMERIE DE

E.

MARTINET,

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MIGNON,

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BERNARD DÉLICIEUX

L'INQUISITION ALBIGEOISE 1300-1320)

PAR BfHAURÉAU MEMDRE DE L'INSTITLT

PARIS LIBRAIRIE HACHETTE 79,

BOULEVARD SAINT-GERMAIN.

ET C" 7'j.

1877 Droits de propriété et

ilc

reproduction réservés.


'^

t

THE INSTITUTE OF MFDIAEVAL S7UOl£5 10

ELMSLEV PLACE

TORONTO

6,

CANADA,

DEC -2

1931


BLHNVItl) hlÎMCllîUX ET

imaUISITION ALBli^EOISE

CHAPITRE

PREiAIlER.

LE COUVENT DES I-UKRES MINEUnS A C.VUCASSONNE.

CASTEL

Vers

la lin

FAItlU ET liEUNAIiD UKI.ICIKIX.

du mois de juin de Tanni-e loOO,

Nicolas d'Abbeville clieurs, exerçant la

dans

le

district

,

de l'ordre des frères

F*rè-

charge d'inquisiteur de

la loi

de Carcassonne, se présenle au

couvent des frères Mineurs, dans celte ville, et

En

demande que

Taisant cette

demande,

If

la itorlc lui il

est

laubourii- de

soitouverle.

dans son droit.

Anciennement tous les inquisiteurs étaient nommés par

le

pape lui-même. Une bulle d'inuocent IV, de 1


BERNARD DELICIEUX

^

Tannéo

1:245, a

Prêcheurs de

permis au minislrc général des

nommer

et

teurs de son ordre (1)

:

de révoquer

mais

les inquisi-

cette bulle contient

une délégation, non pas une abdication

;

les inqui-

siteurs désignés par le ministre général des Prê-

cheurs sont toujours apostolica

depuiaii.

donné dans tous

les

les

envoyés du pape, a sede

C'est actes.

qui leur est

titre

le

Quand donc Nicolas

d'Abbe ville enjoint à Bernard Raymond, frère gardien des Mineurs, de l'introduire dans son couvent,

il

parle au

nom du

jamais refusé l'accès

Cependant

la

pape, à qui ne peut être

d'une

maison religieuse.

porte reste fermée.

Les frères Prêcheurs

et les frères

Mineurs sont

deux ordres nés rivaux, devenus ennemis. Quand il

s'agit

muns

de faire prévaloir leurs privilèges com-

sur l'autorité des évêques,

ils

qu'une légion. En tout autre cas, chent, c'est pour se combattre.

même, dans totc

diversement interprété.

s'ils

Ils

l'université de Paris,

ne forment se recher-

se combattent

au

nom

d'Aris-

Un Prêcheur ne

peut

donc vouloir à bonne intention entrer dans

(1)

IMiilippc (Je Limborcli, Hist. inqiiisit., p. 107.

uii


ET i;iNQUlSniON ALBIGEOISE. couvent de Mineurs. (Vosl a compris sans

ce

(jiio le

3

lièrc gardien

secours de personne. Nicolas

le

d'Abbevillc insistant, iiKMiarant, alléguant les droits

d'un ([ui

coiniiiissairc apostolique,

le

frère gardien,

confesse n'être pas canoniste, va,

en

dit-il,

référer au frère syndic. Bientôt après, celui-ci se présente

motif de

et

prie l'inquisiteur de

sa visite inattendue.

lui dire

le

L'explication est

sincèrement donnée. Dans un récent vovaue en Italie,

qui

l'a

Nicolas d'Abbeville a vu le pape Boniface,

chargé de faire une enquête sur un certain

Castel Fabri, très-riche bourgeois de Carcassonne,

accusé d'avoir fréquenté, vers

la fin

de sa

vie,

gens réputés hérétiques. Les morts ont, les vivants,

des

comme

des comptes à rendre au tribunal de

ne saurait être contesté

l'inquisition; cela

ce Castel Fabri, grand

ami des Mineurs,

(1). Or,

est

mort

dans leurs bras, a été enterré dans leur cimetière. L'inquisiteur vient donc interroger les témoins de sa mort, de ses funérailles, et leur qu'il recherche, les

demander

ce

preuves de l'hérésie dénoncée

au pape Boniface. (1)

Voyez tous

ad Décret.,

lib.

les canoiiistes, et

V.

lit.

7.

£)

notanamcnt Zocsius, Comment.

QX

.H3


BEUiNARI) DÉLICIEUX

k

Plus cauouislc que

le

frère gai'dien, le IVèrc

même pour

syndic voit que l'affaire est grave, confrères. c'est

En effet,

les articles

se rendre fauteur,

que de prêter

hérésie,

de

sont précis

la loi

sinoii

ses

complice,

:

d'une

mains à Tensevelisse-

les

merit d'un hérétique (1). Si donc Castel Fabri fut

vraiment hérétique,

Mineurs de Carcas-

les frères

sonne, qui l'ont déposé dans leur cimetière, pour-

mandé par

ront tous être excommuniés. Aussitôt, le frère syndic, arrive le frère lecteur

Bernard Délicieux,

un des

il

il

s'empresse de répondre. Oui, sans doute,

a connu Castel Fabri

hommes,

de Castel

apprend ce qu'on de-

Fabri. Dès que Bernard

mande,

du couvent,

familiers

le

;

il

l'a

connu

plus charitable,

le

le

meilleur des

plus scrupuleux

observateur de la règle des mœurs, et de plus l'a

il

vu mourir très-bon catholique. Ayant appris donner

la

commission

de défendre sa mémoire. Déjà, dans

les derniers

qu'on l'accusait,

jours

il

s'est fait

du mois passé, sur

le

bruit de quelques pro-

pos tenus en pleine chaire contre

rendu dans

la ville

le

de Marseille où

défunt,

il

s'est

les frères

Prê-

I (1) Zocsius,

Comment, ad Décret.,

lib. V, lit.

nistes s'accordent avec lui sur ce point.

7.

Les autres caiio-


ET I/INQUISITION AI.nifiEOISE. dîcurs avaient leurrliapilro général,

11

5

s'engageait

à prouver au chapitre la vanité de l'acrusation et la

méclianreté notoire des accusateurs. Pourquoi n'at-on pas voulu l'entendre ? Si l'on a changé d'avi:, soit

on l'entendra. En tout

!

cas, frère Nicolas n'a

point alïaire au couvent des Mineurs, car il n'y peut rien apprendre de particulier. Est-il

dans toute

la

une personne,

province de Narbonne, qui ne con-

naisse les détails de la vie, de la

mort de Gastel

Fahri? Toutes enquêtes sont inutiles; instruite.

se plaide.

Elle est à plaider, Il

est prêt,

pour sa

mandat comme avocat de signe

et

si

cause est

la

l'on veut qu'elle

part, à remplir son

cette cause.

Qu'on

l'as-

on l'entendra.

Nicolas d'Abbeville

Délicieux quel est ce

demande

mandat dont

alors à Bernard il

parle.

Bernard

répond que son provincial, Arnauld de Roquefeuille, l'a

la foi

chargé d'être en tous lieux

le

garant de

de Gastel Fabri, Sur cette assurance,

l'in-

quisiteur lui donne rendez-vous, en son logis, le

A

juillet, et se retire

sans avoir franchi le seuil

du couvent. Mais, en se retirant, Nicolas d'Abbeville se sent

troublé par

un scrupule. N'a- 1- il pas

été

trop


BERNARD DÉLICIEUX

6

Quelle valeur

fticile?

dans

a,

le cas

mandat d'un ministre provincial? Les

présent, ce droits d'un

inquisiteur ne peuvent être limités, sa procédure

ne peut être contrariée,

comme

semble, par un

il

tel

mandat. Nicolas d'Abbeville va donc consulter

un

juriste, et l'avis de ce juriste est

doit pas être entendu. se

rend au

logis

salle ordinaire

Le

4 juillet arrive, et Bernard

de Nicolas.

il

demande

un ton léger

et

le

Il

trouve dans

de ses audiences, en

d'un de ses confrères, l'un

quand

que Bernard ne

et

la

la

compagnie

l'autre debout, et,

à parler, Nicolas lui répond, sur

dédaigneux, qu'il peut rentrer à son

couvent, qu'on ne l'écoutera pas. Bernard proteste

au jour

dit,

à l'heure dite,

il

:

est venu, et non-seule-

ment on

refuse de l'entendre, mais on joint encore

l'offense

au déni de

justice. S'il veut déclamer,

il

déclamera seul. Nicolas se détourne pour rentrer dans ses appartements intérieurs. »

s'écrie Bernard, faites écrire

»

assigné, que j'ai

»

voulu

«

comparu et que vous n'avez pas

me donner

audience.

A

»

Nicolas a quitté

la place sans

mot

gne; mais

revient vers le soir pour

il

Au moins,

que vous m'avez

dire.

son tour Bernard

s'éloi-

demander

acte de son intervention en faveur de Castel Fabri.


ET !;iNonismo\ aumckoise. Nicolas lui

irpondrc

l'ail

n'a [)as d'acte à lui

CiCpcndanl ([ni

[»oids,

qu'on a étant

lait

donner.

demandé

conseil.

docleur en

à .jcaii (le l'ena,

grand

(pTil \)rn\ sa iiciiic, (jii'oii

y a d'autres juristes ([ue ceux à

il

Nicolas a

7

et,

Bernard s'adresse

di'ci'ets,

sur son avis,

il

canonisie (rnii

appelle

du relus

de l'entendre. L'instrument de l'appel Bernard, accompagné de quel({ues

rédigé,

amis, va de nouveau trouver l'inquisiteur. Mais Nicolas d'Ahbeville ne veut ni de controverse ni

de pourparlers, et sa

suite,

il

et,

ferme sa maison. On

pièce en pleine rue,

et,

donc

lit

non sans tumulte

la

et sans

parchemin sur

la porte

se retirer (1). Telle est la

première

bravade, on affiche

dose avant de

voyant de loin venir Bernard

le

scène d'un long drame dont nous nous proposons

de raconter gnages

ici,

d'après

de

nombreux témoi-

(2), les incidents variés.

Voyez awK Pièces justilicatires, n° 1. La plupart de ces térnoignai^es nous sont ofTerts par un pri'cii'ux manuscrit de la Bibliothèque nationale, inscrit dans le fonds latin sous le n" 4^70. Il contient les pièces du procès com(1)

(ij

mencé en 1318, continué en

1319,

contre Bernard Délicieux, et

porte ce titre: Processus insignis contra fratrem

Bemardum Deli-

un volume souvent mentionné par Et. Baluze, qui l'a fait copier sur un manuscrit de Carcassonnc et en a publié quelques tiosi. C'est


BERNARD DELICIEUX

H

dans

Délicieux

la

s'est

do

ville

engagé

Montpellior,

dans

François en l'année 1^84, ftiit

différents voyages

et

depuis ce temps,

et,

en France, en

de couvent en couvent avec

de son ordre,

Bernard de Sainl-

l'ordre

la liberté

il

a

Italie, allant

des religieux

partout recherchant, selon son

inclination personnelle, les gens les plus signalés

par

la vivacité

de leur

esprit.

A

tré le très-docte et très-bizarre est resté il

a

Milan,

il

a rencon-

Raymond Lulle,

qui

son ami. Ailleurs, peut-être à Montpellier,

connu maître Arnauld de Villeneuve, médecin, lequel

alchimiste célèbre, avec lettres. Si

Raymond

il

échange des

Lulle ainsi qu'Arnauld de Vil-

leneuve ont déjà l'un et l'autre

la réputation

de

penser avec beaucoup d'indépendance sur toute matière, et

si

excommunié, Bernard.

même

l'un d'eux est

publiquement

cela ne paraît pas trop

On accuse Arnauld

inquiéter

d'avoir tenu sur le

compte du pape des propos injurieux; mais accusation vient de

extraits dans son recueil col.

Rome, où intitulé

:

cette

l'on feint encore de

Vitœ papar. Avenion.,

t.

II,

341 et suiv. Pour ne pas toujours renvoyer à ce volume, nous

nous contenterons d'indiquer les documents, imprimés ou manuauxquels nous emprunterons des détails qu'il ne nous aura

scrits,

pas fournis.


RT i;iNOUTSlTION

On ajoute

ros|K'rlPr 1rs papns. inai^i('i(Mi

;

mais

qu'à

la

n'y

lait

aucun

lîmiard |)his

est est

aux

magie. L'ordre de Sainl-Francois

novateur des ordres nouveaux.

est d'ailleurs le plus

On

ri

ne croient pas

noiid)r(.',

(|irAiii;nil(l

bien des i^cns,

(l('jà

peuL-èlrc de ce nias,nci(îns

A ÏJilf.KOlSE.

état des

opinions traditionnelles.

Ce sont des prophètes de cet ordre qui ont annoncé prochaine de toutes

la fin

établies.

Un jeune

les

franciscain,

d'ardeur native, doit être complice, de tous

puissances autrefois

les

le

si

peu

qu'il ait

confident, sinon le

audacieux qu'il rencontre

sur son chemin.

Puisque

pour

les confrères

lecteur,

fesseur, la écoles,

les

de

il

de Bernard

est savant.

méthode

l'ont choisi

Lecteur veut dire pro-

alors pratiquée dans toutes

dominicaines ou franciscaines, étant

d'abord un texte ))our l'expliquer ensuite.

lire

Ainsi la charge de lecteur conventuel imposait à

Bernard l'obligation d'instruire les novices ce qu'il ;

devait tant

fiiire,

selon la

quelque

mode du temps, en

livre d'Aristote

interpré-

pour confirmer

les

opinions théologiques, philosophiques, des plus

grands maîtres dire

s'il

avait

franciscains.

Nous ne saurions

un uiand fonds de science. Dans

les


BERNARD DÉLICIEUX

10

rouvents ainsi que dans

monaslèivs, tous

los

lecteurs n'étaient pas docteurs

pas

même

degré

avait

ennemis comme

au plus haut

ses

ses amis,

contempo-

nous

attestent

puissance vraiment extraordinaire de sa parole.

Oiiand

il

juge

missantes,

il

utile

de contenir les multitudes fré-

paraît, conseille la patience et se fait

même, quand

écouter; de

au moment d'agir,

il

Sous ce rapport,

nature

sa

il

beaucoup n'élaienl

don de l'éloquence; tous

le

rains, ses la

bacheliers. Mais

;

les

la

il

trouve hésitantes

les

enlève et les précipite.

les

l'a si

bien doué, que

conversation ordinaire est elle-même d'une

séduction irrésistible. Les gens qu'il aborde disent qu'il les enchante, et qu'il suffit de l'écouter

pour

être à lui.

On

le

verra persuader, entraîner

les plus habiles conseillers

du

lui-même;

lettres publiques,

il

mandements

dictera des particuliers,

roi Philippe, le roi

que

le

des

roi regrettera

plus tard d'avoir signés.

Désormais compromis

avec

l'inquisition

et

sachant tout ce qu'il doit redouter de ses ressenti-

ments, cet alors

qu'on

homme véhément

une des entreprises ait

jamais tentées

:

il

et persuasif

les plus

forme

considérables

osera se lever seul,

et.


ET L'INQUISITION AKHIGEOISR. conli'i'

oi'di'i'

iiii

loiil

l'iilii'i'.

ordres, engager seul nu (Ira-l-oii

mais sans

il

coiiil);!!

|>liis

imissanL

sait

(les

di-scspéré. Yicn-

de quelque part à sou aide?

pili('

11

l'ignore;

que depuis trop loni^temps on opprime

ces pauvres gens de Carrassonne, d'Alhi,

de Toulouse,

([ui

suivant tous les

sont i^cus de sa langue, et que,

auteurs sacrés ou profanes,

devoir d'un patriote s'il le

II'

Il

faut,

est

le

de eombattre, de mourir,

pour son pays.


CHAPITRE

II.

ARniVÉE DES RÉFORMATEURS DU LANGUEDOC.

Bernard attendra toutefois, pour commencer l'attaque,

dre, les

il

une occasion favorable,

et,

s'éloignera quelque lemps. Les

plus maltraités par

le zèle

pour

l'atten-

deux diocèses

furieux des inquisi-

teurs, les diocèses de Carcassonne et d'Albi, fai-

saient alors partie de la

bonne le

province, et Nur-

commune

métropole. Cependant

ville n'avait

pas encore été troublé.

était leur

repos de cette

même

Le dernier archevêque de Narbonne, Pierre de Montbrun, n'aimait pas il

ne

les

agents du saint-office;

les avait pas laissés tout faire

cèse; on dit

même

qu'il aurait fini,

longtemps vécu, par réprimer dans province les

])liis

dans son dios'il

avait plus

le reste

de sa

intolérables excès de la perse-


i;iNOlI|SITI0N AMMC.KOlSi:. culinn. lJcrn;ii'd se rend

vons

hMieiii'

;'i

Naiboimc

11!

.Nous

U'.

trou-

au (^ouvonl de Narbonne dans

premiers mois de l'année 1801. Peut-eMre y fut-il envoyé par ses supérieurs.

Comme

les

même on

le

verra, Bernard trouvera loujoui-s un asile sûr dans les

couvents de son ordre;

y pourra toujours

il

recevoir ses partisans, former des eonventicules, l)réparer les plus ha'sardeuscs agressions. Si toutefois cette elle sera

complicité doit être

souvent active,

rarement avouée. Le prieur de Carcas-

sonne a donc pu conseiller amicalement à Bernard, dans son intérêt et celui de l'ordre, d'aller quelque

temps vivre en paix dans

Eu son absence, débat

et

le

couvent de Narbonne.

Castel Fabii

fut

condamné sans

sans bruit, suivant les formes de la pro-

cédure inquisitoriale,

et ses

immédiatement confisqués revenir; frère Nicolas est

un devoir de

vaincre.

grands biens furent

(1).

Mais Bernard doit

un ennemi

qu'il s'est fait

L'occasion espérée se pré-

senta bientôt. (I) On les voit fiLturer pour une forte sonunc dans un îles comptes présentés par le procureur ilu roi au séuéciial de Carcassonne (Colloct. Doat, t. XXXIV). Une semblable enquête fut faite longtemps après, en 1328, sur la vie et les doctrines de défunte

dame Rixcnde, fenune de Castel exhumés et

ses ossements furent

Fabri, et, à la suite de son procès,

brûlés

(même tome,

fol.

236-241).


BERNARD DÉLICIEUX

14

Vers

mois d'août de l'année 1301 arrivent à

le

Toulouse Jean de Picquigny, vidame d'Amiens,

et

Richard Leneveu, archidiacre d'Auge dans l'édise

de Lisieux,

nommés

par

le roi

réformateurs du

Languedoc. Le Languedoc ne reconnaissait

comme

de France

1271,

l'année

le roi

seigneur immédiat que depuis cette

et

province, nouvellement

annexée au domaine royal, avait eu dès l'abord à subir les charges d'une

Pour ce qui regarde encore.

Oiiaud

le

si

glorieuse annexion.

les profits, elle les attendait

présent

attriste,

la

jeunesse

espère en l'avenir; mais la vieillesse regrette

le

passé, et ce regret peut facilement devenir séditieux.

Averti que Toulouse commençait à parler

de ses anciens comtes, Philippe

le Bel y envoyait

deux hommes d'une expérience

et

ment éprouvés, avec un naître leur

commun, ordres, les

mandat.

Ils

litre

qui

venaient

d'un dévouefait

assez con-

réformer en

l'un laïque et l'autre clerc, tous les dés-

et,

sinon corriger tous les abus, du moins

reconnaître et les signaler.

Dès que à Toulouse,

l'on il

fut

informé de leur présence

y eut dans tout l'Albigeois la plus

grande agitation. La moindre de ces villes antiques,


KT l/INQLUSrnON Mnn.KOISR.

15

Albi, Carcassonnc, Castres, Cordes, Linioux, élail

nulrofois

une

appelait, au

cité libre et puissanle.

temps d'Auguste, Mordania, avait eu

(|ualre enceintes

la

de remparts

ou quatre grandes voies

li'ois

Cordes, qu'on

(I).

Au même temps,

})arlai('nl

v{>rdoyante, vers Rodez, vers

de Castres

Narbonne, vers

Toulouse. Durant une longue suite de siècles, ces villes

disait

avaient conservé leur vieux

encore fortes

et riches

renom; on

les

avant Tannée 1:229,

c'est-à-dire avant la fin des croisades entreprises

pour

les

soumettre à l'orthodoxie romaine. Mais

depuis, constamment appauvries, dépeuplées par l'inquisition, quelle opinion p(uivent-elles avoir

fcs réformes qu'on leur

Aucune ne

de

promet au nom du roi?

doit leur sembler plus désii'able, plus

urgente que de purger le pays de ses exécrables tyrans. 11

existe

dans

la ville d'Albi

un couvent de

frères

Pi'èchcurs où les fonctions de prieur ont été quel(pu'.

temps exercées par Foulques de Saint-George,

élu

récemment inquisiteur de Toulouse. F'oulques

avait des droits à cette

rapide promotion. La

d'Albi ne possédait pas (1) CroBc,

un inquisiteur

Répert. archéol. du Tarn, p. 87.

ville

particu-


BERNAIU) DELICIEUX

16

privée de ce privilège, elle élait dans

lier, et,

la

dépendance de Nicolas d'Abbevillc, inquisiteur de Carcassonne; mais celui-ci, ne pouvant suflire à l'administration d'un aussi vaste territoire, s'était

adjoint

comme

ce vicariat

vicaire le prieur d'Albi. C'est dans

que Foulques de Saint-George

montré digne d'une plus haute fonction. laissait

s'est Il

ne

pas écouler une semaine sans faire incar-

cérer par le sénéchal quelques gens d'Albi, choi-

parmi

sis

les plus notables.

Dans tous ces gens

d'Albi, qu'il prétendait bien connaître, disait-il,

des

hérésies.

comme

la quantité

hérétiques, nous

sur la qualité de ces

sommes exactement informés.

Leurs noms, leurs interrogatoires

ment de

ne voyait,

que des mécréants, apôtres ou sectateurs

mômes

Sur

il

et

le

recense-

leurs possessions territoriales se lisent

encore en d'effroyables registres

(1).

En

effet,

ces

hérétiques sont nombreux, et leurs crimes les voici.

(1)

Quelques-uns, parmi les gens du

commun,

Les registres originaux ont été perdus ou dispersés.

Ou eu

trouve la copie daus plusieurs volumes du fonds Doat, à la Biblio-

thèque nationale. Voyez aussi Liinborcli, el Inventaire inédit

Ilisl. inquisU.,'2,°

partie,

des archives de l'inquisil. de Carcass., dans

tome IV des Mémoires de

la

Société archéol. de Montpellier.

le


KT I/INOIISITION AI.IUr.EOISE. les

|ii'lit('s

^rr

(Ir la

Ils

li'iMis,

chair,

auraiciil

|iai'

dt'^oùt

juivor

|iar

iudicpii'

|)ii

;

nMils,

mais

du

(|ui (".c

Icuravail n'csl

jouis (pi'cjlc

iiiaii-

du IVumago.

hfiini-,

pas iiiaiiyvr

ifcii

vtM'Iu'.'

li's

de jamais

sT'Iaiciil iiilcrdil ili's

17

iiiisrro

pai'

iMiscigiu''

ou

do s'en

pas rKgHse. L'Eglise

a cru devoir consacrer

au jcùnc, à l'abslinence; mais celle abstinence de tous les jours, ce n'est pas elle qui (les

prescrite,

l'a

gens étaient donc hérétiques, puisqu'ils obéis-

saient

à d'autres

commandements qu'à ceux de

rKglisc. D'autics, pourvus en naissant dcipielques biens, en avaient

imiter

la

})auvrelé

l'ail

du

rentier abandon, Christ, vivaient

et,

pour

d'aumônes.

Mais puisque ces mendiants n'étaient pas d'un ordre

i)ubliquement institué par

leur était venu le conseil de mendier,

démon? De

pape, d'où

le si

ce n'est

du

plus subtils, des clercs, dos maîtres,

avaient osé, dissertant sur le mystère de

la

consé-

cration, exprimer quelques doutes sur la présence réelle.

Des doutes! Sur ce que l'Eglise enseigne

un chrétien

a-t-il le

droit de douter? Des doutes!

L'engagement du baptême complète de (l)

«

la

n'est-il

pas l'abdication

raison personnelle (1)? Enfin, des

Hœreticiis CîI qui errorem aliqueni iiertiiiaciter défendit


IJEKNARD DELICIECX

18

des consuls, d'aiTogants citadins avaient

jiiristo?,

mal parlé

l'inquisition, des

ai',

Foulques de Saint-George être pardonné.

De

;

ce qui ne pouvait leur

propos n'avaient-ils

tels

de

inquisiteurs,

i)as

excité déjà })lus d'une révolte?

Un de

donc été dénoncé,

ces crimes ayant

par un seul témoin, l'accusé

soumis à noncée,

la

le

La condamnation pro-

torture (1).

coupable,

n'était

s'il

juge séculier, qui devait était jeté

vie dans

même

était pris, incarcéré,

renvoyé devant

brûler ou

le

pour un temps ou pour

le

pendre,

le reste

de sa

une prison appelée «mur», que nous

minutieusement décrite

le

a

l'historien le plus fidèle

de l'inquisition, Philippe de

Limborch. Cette pri-

son se composait de deux cachots superposés dont les

murs avaient cinq pieds

d'épaisseur. Dans le

cachot supérieur,

le

étroite et grillée;

mais

le

souterrain, sans himièi'e.

cachot inférieur était

Deux

portes, séparées

l'une de l'autre par l'épaisseur du les

mur, fermaient

deux cachots. On communiquait avec

sonnier par un guichet pratiqué dans » ))

coiilra Ecclt'siîC profossionein, post liilei in

[{}

une baie

jour pénétrait par

baptisnio.

l'iiil.

»

(Zoesiiis,

de Liniborcli, Uisl.

la

le pri-

seconde

fartain tainon professioiiein

Comment, ad iiKiiiisil.,

p.

Décret., lôT, 270.

lih.

V,

lit. 7.)


KT i;iNQ(IISITION |>orh\

Par ce gnirlief on

des vivres

A

lui

MUGEOISE.

19

donnail du linge et

(JneLs vivres! L'entretien de cha-

(1).

que prisonnier coûtait

clia((ue

jour Imit deniers, suivant les comptes des gardiens, qui ne sont peutêtre pas des comptes honnêtes Tels étaient

(2).

h's délits et telles étaient les peines.

pas

d.>

dire

que

.'onfisqués au

1rs

profit

biens des

commun

N'omettons

condamnés

étaient

de l'Église et de

TKtat,

leurs femmes, leurs fils, les plus scrupuleusement orthodoxes, ne devant être admis dans (I)

Phil. <le

r /"L^i""' loi. ÏJ27, ce

Limborch,

^'"^P''""'°"*

p.

•'"

151).

tome XXXIV

compte de dépenses

de la collection Doat

:

Expensœfactœ per magislrum Jacobum de Poloniacho, mun Carcassonœ, personis infra scriptis, anle earum custodem condemnalwnem, mandalo domini inquisitoris. Raymundo de Fromigoriis, presbytoro, qui fuit in muro Carcas-

sona?

m

captus vigilia B. iMarci evan-elistœ anni 13:>1 ubi fuit per duosannos, usque ad dominicam ante dictum festum anni VS^'S qua condemnatus fuit; per annum, 12 libr oj, j^r' Item Pclro Juliani de Narbona, qui fuit in dicto muro per .

usque ad dictam dominicam qua fuit combustus diem, 8 don . jq ^^^^, ^ Item Petro Truchal, conmioranti Bitérris'

oO.. dics,

qui fuit'in dicto

per 30o d.es, usque ad dictam

fm ;perd.em,8den

per '

,

muro

dominicam qua cruce signatus 10 libr. 3 sol. i den.

Item Johanni Conilli, commoranti Bitérris, qui fuit in dicto muro per 30o dies, usque ad dictam dominicam qua fuit combustus; per diem, 8 den lOiibr. 3 sol. 4 den Item Ahoni Veyrerii de Secenone, qui fuit in dicto muro per <.0 dies, usque ad dictam dominicam qua fuit immuratus- per diem, 8 den ,A

40

,

sol.


BERNARD DÉLICIEUX

20

quelconque de aucun temps à réclamer une part la longue biens (i). Cela explique pourquoi ces

des condamnés nous offre les

liste

noms des

plus

riches citoyens d'Albi.

tempérer l'huL'évêque d'Albi, qui aurait dû de Saintmeur vraiment farouche de Foulques George, ne

s'était

employé qu'à

le

seconder. Cet

issu d'une famille évoque, Bernard de Castanet, détestait les bourconsidérable de la province, l'abord soulevés contre geois d'Albi, qu'il avait dès le intolérables exactions. Élevé sur

par ses

Uii

siège épiscopal en mars

1^76,

il

avait vu, dès

envahi, sa vie menacée. l'année 1^277, son palais guère mieux choses depuis ce temps n'avaient

Les

été.

Après avoir

fait

connaître l'avide convoitise

Castanet n du chef temporel, Bernard de

avait

pu

apreté du chef longtemps dissimuler l'implacable prieur Ayant toujours en sa compagnie le spirituel.

et le lecteur des sait

lité,

(1)

et saisissait

sans attendre les

Summa

(2),

il

se fai-

«lieutenant de l'inquisiteur»

appeler

son diocèse,

dominicains d'Albi

Raymundi,

(2) E. d'Auriac,

Ilist.

lui-même en

cette

dans

qua-

mandements de son géné-

lib.^I, lit. 5, cap. iv.

de l'Eglise dWlbi,

p.

1

iO-


KT i;iN(juisrnoN les iKM-soniics

l'ai,

(lo

les

cl

Ai.itir.Koisi:.

biens (1).

-21

l/ifKiiiisiloiir

Ciarcassonne avait donr, en Ocrnanl de Castanet

im rollaboralcur, un (Munlc plein de

durement

traitée par l'un et

heureuse

ville d'Albi,

vains ajjpels à

par l'autre,

qui avait

la justiec

Son dernier espoir

III,

la pitié

était

et,

la

si

mal-

autrefois de

fait

de Philippe

maintenant réduite à invoquer lip|)e IV.

zèle,

dans

en

était

de Phile succès

d'une humble suppUque.

La

ville

de Carcassonne n'avait pas été plus

éj)argnée. Elle ne se plaignait pas,

son évèque; mais

elle

est vrai,

il

de

se plaignait beaucoui» de

son inquisiteur, car à tous ses anciens griefs contre les ministres

du

saint-office

s'en joignaient de

nouveaux. Quelques années auparavant, en 1295,

deux de ses

illustres professeurs

Guillaume Garric

et

de droit romain,

Guillaume Brunet, poursuivis

condanmés comme hérétiques, avaient pu sou-

et

lever toute la ville et faire reculer

(1)

un

instant leurs

L'évèquo d'Albi avait un privilège particulier sur les biens

des hérétiques de son diocèse. Tous les immeubles formant la part

du

roi,

s'ils

n'avaient pas été vendus dans l'année

avaient été confisqués, passaient, à la les il

mains de l'évèque

fut

Doat,

confirmé, t.

XXXIV,

le fol.

d'Albi.

17

août

Ce

même

ils

de cette année, entre

privilég'e lui venait

1300,

131, 133.)

fin

par Philippe

de saint Louis

le

;

Bel. (CoUect.


BERNARD DÉLICIEUX

22

ennemis devant

cette

de la colère publique

manifestation

redoutable

Mais l'inquisiteur avait

(1).

bientôt repris l'avantage. Ayant donc assigné les rebelles devant la cour de

de France,

il

avait

Rome

et

devant

tences sévères, et leur avait ensuite imposé

pénitence, outre

le

la

cour

obtenu contre eux deux sen-

comme

supplice du mur, une contri-

bution de quatre-vingt-dix livres tournois, imputables à l'érection d'une chapelle dans le couvent

de Garcassonne. La

somme

avait été payée, la cha-

pelle avait été construite sous le vocable saint Louis, fondateur

du couvent

et

du

roi

patron laïque

des inquisiteurs, et les religieux venaient d'en faire la dédicace

en narguant

les

bourgeois plus

humiliés que repentants. (1) Bernardus Guidonis, clans le Recueil des historiems de la France, t. XXI, p. 743. Guillaume (larric fut mis en liberté quelques années après. Mais quand, Philippe le Bel et Clément Votant

morts, rinquisition, affranchie de

toute surveillance, sévit avec

une nouvelle fureur, Guillaume Garric, seconde

fois

emmuré,

alors très-âgé,

et réduit par la dureté

fut

du supplice à

une faire

un aveu quelconque d'hérésie. En ces circonstances, le li juillet 1321, il fut absous et réconcilié avec l'Église. Cependant les inquisiteurs Bernard Gui et Jean de Beaune ne le relâchèrent pas sans ravoir fait jurer de fournir à ses frais un soldat pour la plus prochaine expédition en terre sainte,

et,

provisoirement, de quitter

la

France dans le délai de trente jours. Cette sentence a été publiée par Philippe de Limborch, Liber sentent, inquisit. Tolosanœ,

p. 282.


F/r

i;i\oiMsmoN

Ayant appris (pic

et vient s'établir

citoyens d'Albi

les

et dcjà se concerlcnl,

Bernard quitte

nion conmiunc

)tar le

vidame

s'ai;ilciil

iNai'honn(!

est bientôt visili-e. 1/opi-

est ({u'il

laut allei' au-devant des

rclormateurs. Bernard part

des consuls de

la ville,

le

premier, avec un

Guillaume Fransa. Reçus

et rarcliidiaere, ils

s'engagent à les

éclairer eom])létement sur l'état des clioses; ils

demandeut pour

cela, sinon

même,

mencer

la

s'ils

mais

un mandai formel,

du moins des lettres de sauvegarde. raient pas

^r,

an eoiivent de son ordre, dan?

Sa cellule

la ville d'Albi.

\f,i:ir,i:oisK.

Ils

ne })Our-

n'avaient ces lettres,

com-

recherche des preuves qu'ils doivent

fournir. Ces lettres obtenues, Bernard et Fransa

regagnent Albi, font des assemblées, envoient des députations. Par leurs soins arrivent à Toulouse

auprès des réformateurs un grand nombre de

femmes

d'Albi séparées de leurs maris

emmurés,

qui racontent avec des larmes les atroces pratiques

de leur inquisiteur, de leur évèque. Arrivent en

même temps

de Carcassonne

notables citoyens, et conseillent

autorité,

s'ils

(pii

et

des lieux voisins de

(b'noiiccnl d'antres niclaits

aux envoyés du

roi d'interposer leur

veulent |>révenir un éclat nouveau


l!Ell\Ai;i)

2i (le.

Bernard

poj)ulaii'c.

l'iiidii^JiaLioii

de près, pour

DELICIEUX les a

suivis

pour conlii'mer leurs

les dii'iger cl

témoignages par ses diseours,

Bernard

de

bail

Nicolas, leurs

cliel's

son cœur Foulques

toiil,

agents de l'inquisition dominicaine. Cependant n'oublie pas qu'il

est

religieux,

moyens canoniques. L'inquisition voirs de Borne; c'est donc à

comment

elle

Rome

en use.

tous les lidèles est de révéler tient le

le

recours aux

lient ses

pou-

qu'il l'aul l'aire

Si le devoir

le

il

doit

qu'il

et

d'abord, on cette qualité, proposer

connaître

et

et leurs subalternes, tous les

mal,

de

n'appar-

il

qu'au cberdc l'Eglise de trouver el d'appliquer

lemèdc. Ouc

jiarloul

on lasse des enquêtes, on

rassemble des témoignages. Voilà présenlemenl l'avis

robe

de et

son

tilrc

de sa i)arole conseiller, le

avoir entendu à

respect qu'inspirent

se joint

facile,

l'irrésistible

animée.

Il

est

sa

influence bientôt le

procureur des femmes d'Albi. Après le détail

Pierre Conseil,

d'articles

Au

Bernard.

de leurs doléances,

il

dicte

son clerc familier, une série

dans lesquels sont résimnés tous

les actes

de violence imputés à Foulques de Saint-George, et

il

remet lui-même ces

articles

au vidame. Les


KT i;iNoiiisiTin\ Aunr.RoisE. (Miv(ty(''s (le c(inli-t;

("iinTassoimc

Nicolas d'AhlicvilIc.

(Icvcmis les amis

jugomenl sur (lédaïc

lard

Il

va

l(Mnj»s

en Tannée :

son

à

l'ont

est

IJeiiiaid

i^rande conspiration qui

va bientôt éclater.

ne

l'on

aucun. 1;:{01,

Aj)pelé de

s'étonnerail

disaient si

même

dans

liuère

de

les

n'en

modérés de Toulouse,

Les

eux-mêmes, parlant du

loin, le

lard; sans l'atiendre^

poussait

la

1rs excite.

(^oniiiic

léiiioins,

toujours des modérés,

rencontrer

pa|)e

cl

divers

il

n'I'èieiil

plaintes,

les

de

l'artisan principal

se prépare

cl

t\r\\\ n'Inniialciirs,

\j'>.

Itcinard, s'en

{\i'

loiiles

plus

xisilcnl,

le

25

médecin viendia bien

l'aut

il

moins vivement

les

ai^ir.

Ainsi Bernard

rélbrmatem^s. Mais

ces modérés, qui demandaient certaines mesures

promptes, immikliates, étaient des depuis quelque temps, tion

parmi

les laïques

il

y avait

laïques,

et,

beaucoup d'émo-

du comté de Toulouse. Le

nouvel inquisiteur. Foulques de Saint-George, ne distinguait ni la condition, ni

personnes,

et,

1(^

sexe

ni l'Age des

sévissant })artout avec

fureur, dans les villes

et

les

la

même

bourgs, dans

riches hôtels, les châteaux et les chaumières, était

les il

partout également abhorré. C'est pourquoi les


lîERNARD DÉLICIEIX

26

modérés, redoutant

l'éclat subit

de tant de ven-

geances, sollicitaient, en vue de la paix publique,

qu'un terme fût mis à ses exploits. Les réformateurs entendaient aussi murmurer

quelques membres du clergé séculier ou régulier.

On se trompe quand on suppose que étaient,

tous les clercs

au moyen âge, des fanatiques, comme-

par exemple, l'évêque clercs, puissants,

peine dévots.

Beaucoup de ces

d'xVlbi.

riches et mondains, étaient à

Si, d'ailleurs, ils étaient

pourvus de

quelques dignités, pouvaient-ils facilement supporter ce

mépris de leurs

droits,

de leurs

titres, qu'af-

fectaient avec tant d'arrogance les moindi'es agents

d'un ordre nouveau?

lement une

Ils

telle patience.

n'avaient pas généra-

De

des conflits, des

querelles, des inimitiés fréquentes. Les dignitaires séculiers se disaient les

Assurément

:

choses ne vont pas mieux dans l'Église depuis

que

l'autorité des

méconnue. Avec

commencer elles

le

ici-bas

désordre

réiormateuis ils

donc entre eux

arrogé

la

:

pouvoirs anciens est partout les

nouvelles

religions

une ère de paix s'est

accru.

devait

Ils

céleste, et par

disaient aux

Pourquoi ces étrangers se sont-

police de nos

églises;

avec leurs


KT l/INOUISITION poiirsuiles voit bien, la vieille

Qu'on

oiiti'.incc

;i

l;i

le

la

loi

;

scrvciil

liberté

n'y a pas

il

T,

prts,

(mi

If

iV-coïKlrnt |)liilùl

ils

l'Iiéiésie.

remarque, dans tous

au\ réformateurs de

la

ISK.

l,l!l(iF':o

na

ils

de

caiisc

semence de

A

discours tenus

les

un mot en faveur

de conscience. Ce droit de croire ou

de ne pas croire, de raisonner ou librement sur toute question

déraisonner

de;

métaphysique, ce

droit abdiqué par quelques lidcles dès les premiers

temps de

l'Eglise, aboli

dans

la suite

par

de Constantin, personne ne l'invoque,

le

les décrets

sentiment

s'en est perdu, et plusieurs siècles s'écouleront en-

core avant qu'il se retrouve au fond des àiues. Tous les griefs sont

des condamnations

ini((U('s,

de scan-

daleuses spoliations. Bien peu de gens osent

même

prétendre que l'inquisition n'est pas nécessaire; on accuse simplement

la

conduite des inquisiteurs.

Toutefois cette accusation étant presque générale

très-passionnée, c'en est assez pour que les

et

réformateurs veuillent intervenir.

en

elïet, et i-echei"client les

si

juste courroux. Mais

le

mandat de réformer

lière, l'Église n'est

ils

Ils

le

veulent,

moyens de calmer nn

ne sont pas venus avec

l'Eglise.

Uégulièreou sécu-

pas de leur ressort, puisqu'ils


BERNARD DÉLICIEUX

28

un

sont commissaires du roi. Bernard conseille

Rome.

appel à

venir d'eux

il

;

Mais cet appel ne peut pas

Soit!

n'appartient qu'au roi de se porter

Rome

devant la cour de Il

sition soit

mal vue du

son confesseur,

d'agir,

ils ils

roi Philippe.

n'est-il

mateurs sont venus, choses,

ils

il

l'inqui-

Frère Nicolas,

pas dominicain? Les réforont vu

le

pitoyable état des

en feront un exposé fidèle

prendront

Chargés,

que

n'est pas sûr, d'ailleurs,

religieux.

ordre

accusateur d'un

les

mais, avant

;

ordres du roi.

y a quelque temps, d'instruire

le

pro-

cès de Bernard Saisset, évêque de Pamiers, accusé

de trahison

(1),

Jean de Picquigny et Richard Le-

neveii l'ont assigné devant la cour

d'octobre. justifier

quête.

Ils

le

mois

doivent eux-mêmes aller à cette date

devant

le roi les

Quand donc on

un coup d'autorité annoncent

pour

les

qu'ils vont

passe, ajoutant,

conclusions de leur en-

les sollicite

de prévenir par

tumultes qu'on redoute,

informer

pour modérer

le roi

ils

de ce qui se

les plus vives ar-

deurs, qu'ils reviendront bientôt avec les instructions qui leur

manquent.

(1) Voy. l(!s principaux détails du procès de Bernard Saisset dans VHisloire littéraire de la France, t. XXVI, p. 540.


CHAPITRE

III.

lîEUNAUU DIXICIEUX A LA COl'K DU

La nouYollc de leur prochain répandue, et d'Albi

voyage

les

IlOI.

départ

s'étanl

premiers liabilanLs de Garcassonne

désignent pour les accompagner dans ce considérables ou les

les plus

}»lns lialiiics

de leurs concitoyens. Bernard Délicieux conduira l'ambassade. La

ville d'Albi

sera représentée par

Guillaume Fransa, un de ses consuls

;

par Pierre

de Castanet, de lamille consulaire, un des parents

de l'évêque

et

son adversaire résolu; par maître

Arnauld Garcia tres, (1)

docteur es En

latin

il

et

maître Pierre Pros

lois.

est

(1),

de Cas-

Ces deux derniers sont des

ordinairement

appelé

notaires de l'inquisition ont latinisé tous les

Petrus Probi'. Les noms, et nous ne

pouvons garantir l'exartitude de nos traductions.


REIINAIU)

30

DKMCIEUX

jurisconsultes très-dévoués à la cause albigeoise

Un

avec l'inquisition.

et tout à fait brouillés

des

proches parents de Pierre Pros, Jean Bauderie, est

au nondore des emmurés (1);

une des plus riches

la

d'Albi, habite depuis l'année

1252 l'ancien palais des vicomtes,

menace déjà dont

le frère

elle doit

famille Garcia,

et l'inquisition

Raymond

d'Arnauld,

Garcia,

confisquer plus tard tous les biens.

Enfin, Carcassonne a choisi pour son ambassadeur principal Élie Patrice ou Pacci,

homme

fier, actif,

audacieux, jouissant du plus grand crédit dans

bourg

et

dans

la ville,

le

qu'un chroniqueur domini-

cain appelle, avec plus d'indignation que d'cm])hase, le « petit roi »

quand du la

les

de Carcassonne

réformateurs seront admis à l'audience

roi et lui raconteront tout ce

conduite des inquisiteurs,

des témoins.

A

dire, s'enjoint

ils

(1)

un autre qui

l'est

il

faut tout

beaucoup moins.

avait

un

grief par-

Foulques de Saint-George;

elle

Pièces justificatives, n" H.

(2) «

dans

contre

qu'on blâme dans

pourront produire

ce grave cortège, car

Une femme nommée Navenias ticiilier

(2). Ainsi,

le

Qui rogulus Carcassononsis

vidolialiir.

Hecueil des liistorieus

France,

le la

t.

»

{Rem.

XXI,

p.

Guid07iis,

743.)


KT

i;i\(JI'ISITIO.\ Al.liKlEOISE.

l'arcusait de lui

(i'All)i

dt'penses,

roiulm'

l'avoir

(lounciil

uu

livres

ili\

clicval

nièro.

Los consuls

pour

loiirriois

pour luonlutv,

31

ses

rtuivoifiil.

t'I

à Paris, avec leurs aulros dépub'-s, déposer devant

sur

le roi

avec

laiil

j)ecl

dans

luœurs de

les

de rigiKMU' ce les

de raulorili- royale ils

pcnl

y avoir de sus-

légion des accusateurs,

la

ne tiennent pas,

ieui'

estvrai,

sont la vaillante ndlice des papes.

nes des deux pouvoirs qui régissent le

il

juridiction sui' les con-

ne peuvent toutefois se dissimuler que

dans

recherche

ipii

de leur côté, se rassemblent et pré-

])arenl leur délense. Ils

sciences;

liouuuc

doctrines de son prochain.

Tandis que se forme les accusés,

ci'l

(|u'il

le

les

Ils

domai-

monde

sont

présent assez mal déterminés, et que l'ex-

presse approbation du pape ne saurait les protéger efficacement contre

la

malveillance du

roi.

enverront donc à Paris, eux aussi, des députés,

Ils

et

à

leur tète le plus vivement accusé des inquisiteurs.

Foulques de Saint-George. Leur cause sera leurs, l(^s

ils

l'espèrent,

nombreux anus

que

]iar

côl('',

se

Tf-vèque

rend à

la

d'ail-

énergiquement défendue par

qu'ils ont di'

auprès du

Toulouse,

cour, où

il

qui,

est aj)pclé

roi, ainsi

de

son

connue uu


BERNARD DELICIEUX

32

des témoins les plus importants de

la

trahison de

Pamiers.

La cour

à Senlis, où Bernai'd Saisset

était

bientôt se rendre et comparaître

comme

d(3vail

accusé.

La députatiou albigeoise s'arrête néanmoins à Paris, et

Bernard va prendre domicile dans

vent de son ordi'e, sous les

de

la

Gomme

rue du Paon.

murs de il

le

cou-

la ville,

près

dirige tous les

vements de l'ambassade, sa chambre visitée.

Ce

n'est pas,

en

effet,

mou-

est

souvent

une de ces

cellules

bénédictines où ne pénètrent jamais les gens du

dehors.

On ne

professe pas dans les ordres nou-

veaux l'horreur du

désœuvrement de la

siècle

chambre de Bei-nard

mais

il

;

on n'y encourage pas

la vie solitaire.

est

le

Non-seulement

ouverte à tout venant,

en sort fréquemment lui-même pour

aller

à Senlis voir le roi, la reine, les réformateurs du

Languedoc, peut

les

le servir.

seigneurs de la cour, quiconque

Au

retour,

il

rédige les mémoires

qui seront présentés par ses compagnons de voynge.

Son

zèle

ne connaît pas

le

repos.

Nous avons un compte rendu, de son premier colloque avec

fait

par lui-même,

le roi

dans

le

châ-

teau de Senlis, en présence du vidame d'Amiens,

i


ISITIUN AI.IMCKOISK.

l,IN(ll

Kl'

du eomlt'dt'

Saiiit-lVil

gueurs. Informé

di'-jà

de

et

autics

(jiiclqiics

vidamojn

pni'lo

:!.",

roi

^i:\-

demande

à Bernard des détails nouveaux, i'.rrnaid raconti^('s

riiistoii-e

se proposant

j)récédentes années,

que rodieusc oppression contre

de démontrer

peu près éga-

laquelle rAlhigcois se révolte est à

lement

impulal)l(' à tous les ministres

silion.

Ils

sont,

l'st

il

vrai, suivant la diversité

leurs caractères, plus ou

ou moins rapaces; mais

même

le

à

uns

et

de

plus

ni les autres ne

doivent tous prati-

ils

système, qui consiste à dominer par

donc aux uns

la terreur. Il faut

nombre

moins cruels

ni les

peuvent être humains, car

quer

de rin(pu-

peu près

éi^al

et

aux autres un

de vieliines.

On

dit (pi'il

est resté dans le Toulousain quelques gens atta-

chés aux anciennes erreurs, qui les propagent en secret

et

fomentent ainsi

le

trouble dans TEglise,

dans l'État; ce que ni l'Eglise ni supporter. Le

teurs prétendent,

nommés,

ne peuvent

il

est vrai,

que deux individus,

l'un Guillaume Pages, l'aulre

Coste, sont

semer

l'État

semble douteux. Les inquisi-

fait

un jour venus dans

l'ivraie

persécutions.

de l'hérésie. Voilà Ils

Bernard

l'Albigeois le

pour

prétexte

ont prèehé, dil-nn; donc

ils

y

îles

ont


BERNARD DÉLICIEUX

34

eu des auditeurs, des prosélytes. Mais quels sont ce Guillaume, ce Bernard? Connaît-on leur pays,

leur langue?

Que

les a-t-on

On ne

disaient-ils ?

vus? En quel temps?

les a pas arrêtés et l'on

ignore ce qu'ils sont devenus.

prouver,

comme

il

Il

d'abord

i'audiait

semble, que ce Bernard

et ce

Guillaume ne sont pas des personnages imaginaires.

On assure que

témoins.

les faits sont attestés

renoncer à

les contrôler.

professeurs d'hérésie,

démasquer,

celle

qu'on

et leurs dépositions,

sont tellement vagues, qu'il a lallu

a produites,

le

liuit

Mais ces huit témoins sont demeurés

également mystérieux,

nard

par

les

il

laul

encore des

existe

S'il

les rccjiercher,

convaincre d'erreur.

reconnaît, qu'une religion légale

du pape

et

du

loi. Soit!

que

les

n'y a, Ber-

Il

l'on

:

c'est

poursuive

les hérétiques et que l'on triomphe de l'hérésie

Mais, puisque les

moyens

!

jusqu'alors employés

n'ont pas réussi, qu'on y renonce,

et,

]»uisque les

religieux de Saint-Dominique n'ont qu'une

mé-

thode, la violence, que d'aulres religieux soieni

mis à leur place

et priés d'agir

autrement.

Rome

elle-même, à qui sont déjà parvenues tant de plaintes, se laissera

facilement persuader que ce change-


ET F.INOnSITlON

\

I.Bir.EOISE.

X,

monleslnt'Cossairo.Si pourtant

le

cnnsont pas,

consulter, [irendiv

le roi priit,

une luosure qui

(

sans

li?

i)a|ioBonirafe n'y

alniora l'agitation des esprits;

il

peut suspendre pour quelque temps, en invoquant à propos la raison d'Etal, rexerrire des pouvoirs

attribués par privilège aux religieux

de Sainl-

Douiinique. Durant cette suspension, l'inquisition elle-inèine, alîranchie des craintes qui l'obscdenl,

s'adoucira.

Philippe

une

Bel prêtait au discours de Bernard

oreille attentive, l'approuvant, et

jrardant la

le

ce prudent

silence

qu'impose toujours

commandement, quand

responsabilité du

jiorle di' la salle

néanmoins

d'audience, qui

était

à

ouverte, pa-

rurent, conduits par frère Nicolas, confesseur roi, les inquisiteurs

la

du

de Toulouse, de Carcassonne,

de Pamiers, que suivaient plusieurs dignitaires de leur ordre. Philippe, élevant la main, leur enjoignit par

un geste de

aux gens de

sa suite

se retirer :

«

puis, s'adressant

;

Je comprends,

honnête lecteur m'a

toute

dit-il,

que

;)

cet

»

comme je comprends que ces jacobins, qui cha-

»

que jour assiègent

»

songes sur mensonges pour dissimuler leurs

ma

dit

porte,

me

la

vérité,

content rnen-


BERNARD DÉLICIEUX

36 »

trahisons.

qu'il parlait

»

Le

roi

ne savait pas encore, lors-

de trahisons, qu'on avait sur ce point

d'autres révélations à lui faire.

«

Sire, dit alors

bon de vous

»

maître Arnauld Garcia,

»

apprendre comment l'évêque d'Albi choisit ses

il

est

»

victimes. La religion n'est pour lui qu'un pré-

»

texte

»

ques, ce sont les fidèles sujets du roi.

;

ceux

qu'il fait

n'était pas vrai, cela

semblable.

Il

emmurer comme

hérétiSi cela

»

ne pouvait paraître invrai-

n'y avait

aucune raison pour que

l'évêque d'Albi fût plus français que l'évêque de

Pamiers.

La porte du

roi

fut

donc interdite, pendant

quelques jours, aux inquisiteurs

et à leur cortège.

Cependant ces jacobins avaient de trop puissants amis pour être longtemps exclus du

un simple

palais,

quand

appuyé de quelques consuls, y pouvait, disaient-ils, pénétrer librement pour les lecteur,

diffamer. Appelés enfin, admis à se faire entendre, ils

affectent de

mépriser

la

cohue de leurs accu-

sateurs et ne s'emploient qu'à compromettre, le

peuvent, dans l'esprit du roi

rable d'entre eux,

le

le

s'ils

plus considé-

vidame d'Amiens.

Il

leur fut

alors proposé par le roi de paraître devant le cou-

J


ET l/INOUISITION AIJMf.EOISE. seil, le vid.'une étant assigiir.

débat ou plutôt tent,

saint-office,

confesseur du roi.

et le

sent avant de s'excuser; mais

preuves, et

le

la

connétable de France.

pour

la

accusent sans

rarchevêque de Nar-

cette cause est entendue, et trop

produits à

accu-

cause à deux de ses amis,

laïque,

l'autre

et le

Ils

longtemps écoutés, remet

roi, les ayant assez

bonne

ils

Foulques

du dossier formé par Bernard.

l'examen impartial de l'un clerc,

le.

vidame leur répond en produisant

toutes les pièces

Le

jour ((nivciiii,

conibat s'ongaye. Se présen-

le

comme champions du

de Saint-George

An

37

En deux

de

faits

jours

ont été

charge de l'inquisition albigeoise

qu'il soit possible de la justifier.

C'était

au

de

conclure.

Contre l'évêque

ou complice de

tant de violences,

roi

d'Albi, coupable

Philippe le Bel prend une mesure comminatoire.

Pour mal

l'avertir qu'il a

faire, le roi le

mende.

C'est

mal

fait et

condamne

une part de

l'engager à ne plus à

2000

livres d'a-

ses exactions qu'il ver-

sera dans le trésor du roi. Mais contre l'ancien

assesseur de Nicolas d'Abbeville, le terrible Foul-

ques de Saint-George, façon plus efficace

:

il

le

roi voudrait agir d'une

voudrait, suivant les conseils


BERNARD DELICIEUX

38

de Bei'nard, l'éloigner du

de ses méfaits.

tli(''âlrc

Toutefois, dans l'état de ses rapports avec le pape,

l'impétueux Boniface, peut-il

demander un

service? ou bien })eul-il prononcer

tel

lui-môme

suspension d'un inquisiteur, s'attribuant ainsi

la

l'autorité

du juge suprême de

Code tbéodosien le

lui

et contre les

T'Eglise, contre

le

canons? Philippe

Bel était assurément capable de beaucoup oser

au détriment de qu'un

pas plus dévot

l'Église, n'étant

qu'un

légiste. Mais, autant

prudent. Plus d'une

fois,

même

légiste,

il

était

après avoir été

personnellement offensé par des religieux, par des évoques, l'injure.

il

feignit par

Quel que

soit

contre les Prêcheurs,

couvent principal,

il

le

prudence de pardonner donc son présent dépit

invite les supérieurs

de leur

couvent de Paris, à révo-

quer eux-mêmes Foulques de Saint-George, dont les

abominables pratiques ont à

l'État, l'Église et

son ordre,

et

la fois

en

compromis

même

temps

il

écrit à l'évêque de Toulouse, lui faisant connaître

entre quelles limites doivent être, suivant

tenus

le zèle et le

lui,

cou-

pouvoir, jusque-là discrétion-

naire, des inquisiteurs.

Nous avons

cette lettre à l'évêque

de Toulouse,


ET [/INQUISITION ALHICEOISF. datée de Fontainebloaii, S

dans

roi s'exprime d'abord

durs sur

le

I.KII

(l('C('iiil)ir li.'s

0!)

plus

les

Iciiiies

Le

(I).

compte de Foulques de Saint-George

:

u

Oiiaud son devoir était d'extirper les erreurs et

»

les vires,

»

sous

»

des choses complètement

y>

renée de

fait

»

avait à défendre la foi catholique,

»

des forfaits horribles, exécrables.

1('

il

ne

employé

s'est

couverl d'une

la piété,

(pi'à les eutreteiiii';

i(''[)r('ssioii

licite,

il

a

sous l'appa-

illicites;

des choses impies et tout à

inhumaines; enfin, sous ce prétexte

mesures

roi prescrit les

osi'-

il

»

a

qu'il

commis

Ensuite

seront prises par

(pii

vèque de Toulouse pour calmer

le pays.

le l'é-

Aucune

arrestation ordonnée par l'inquisiteur ne sera faite

désormais par

les

sénéchaux sans

de l'évêque diocésain,

et,

le

consentement

lorsque l'évèque et

l'in-

quisiteur seront divisés d'opinion sur l'opportunité d'une poursuite, l'examen de l'atlaire seni

soumis à une commission de quatre personnes, prieur et le

le lecteur

gardien

Ainsi

le

et le lecteur

du couvent des Mineurs.

roi, sans restreindre

(1) Vaissctc, /7iA<.

le

du couvent des Prêcheurs,

du Languedoc,

t.

par une définition

iV, pr., col. 118.


liKIl.NAUl)

40

nouvelle cice.

les

DÉLICIEUX

dmils de l'inquisition, en gène

l'exer-

Ce qui déplaît tant aux religieux de tous

les

ordres, voilà nos fiers dominicains obligés de subir le

contrôle de l'ordinaire,

encore davantage

ce qui doit humilier

et,

de Toulouse et

les inquisiteurs

de Carcassonne, deux

l'rères

Minevu's peuvent être

appelés dans certains cas au partage de leur autoEnfin, de ces deux Mineurs, l'un sera peut-

rité.

être

leur

ardent

plus

ennemi, frère Bernard

Délicieux, présentement,

il

lecteur

est vrai,

de

Narbonne, mais n'ayant quitté Carcassonne qu'avec l'intention d'y revenir.

Le lendemain du jour où

roi

le

faisait

cette lettre à l'évcque de Toulouse,

une autre de ce

il

prélat, qui contenait

tout à fait inattendue. Celui-ci lui

porter

en recevait

une nouvelle

mandait que

frères Prêcheurs de Paris s'étaient réunis

les

au cou-

vent de Saint-Jacques en assemblée capitulaire, et

qu'après avoir délibéré sur

Foulques de

le

de

Saint-George,

ils

la

révocation de

avaient

résolu

maintenir quelque temps encore dans son

emploi. Et l'évêque ajoutait qu'il conseillait au roi de s'en tenir

La réponse de

là.

Pliilipj)c

le

Bel ne

se

lit

j)as


ET i;iNQUISlTION altciidre (I).

rd'iisc'',

il

un

avait dciiiandr' siniplrniciit

Il

aveu; ce drsavou

une

A I.nir.EOISE.

(lis-

loid iiu ordic, approuvait

série d'actes jugV'S, après euquète, odieux et

un

véritable

auquel s'associait par surcroît

ri'vécjuc

criminels par aflront,

lui-même.

le roi

chargé de négocier répondit

l'atïaire. «

(Triait

Que

votre sagesse,

apprécier

veuille bien

)>

lui

»

vous avez scrupuleusement rempli votre

»

envers nous...

»

conspecte aurait dû s'abstenir de nous donner

roi,

le

En

tout cas, votre prudence cir-

»

en cette occasion un conseil qui ne

»

demandé.

»

si

dcvoii-

Quelques jours après,

pas

lui était

le

16 décem-

bre, étant alors à Montargis, Philippe écrit à Guil-

laume Peirc de Godin, de l'ordre des Prêcheurs, son chapelain

(2)

:

«

Pour ce qui regarde

la déli-

»

bération qui a eu lieu dernièrement dans

»

couvent des Prêcheurs de Paris touchant l'afïîiire

(1)

Cette lettre a été publiée par Vaissètc, Ilist.du Latuj.,

t.

le

IV,

pr., col. 119. (2) Elle est adressée à Guillaume P., chapelain du roi, que, par une fausse interprétation de la lettre P., Vaissètc appelle Guillaume de Paris. Son nom latin est Guillehnus Pétri, ou Guillelmus Pétri de Godino. 11 était alors chapelain du roi, et, en outre, le

plus ordinaire, fois ainsi

le

plus familier de

ses courriers.

désigné dans les lettres du

Guillelmus

Pétri,

ordinis

(Baluze, Vilœ pap. Avenion.,

roi

Prœdicatorum t.

II,

II

est plusieur.s

publiées par Baluze

passim.)

,

capellanus

:

noster.


BERNARD DELICIEUX

42

personne de Irèrc Foul-

»

de l'inquisition et

»

qiies,

»

connue, nous estimons que

»

résolution se sont plutôt proposé pour but notre

»

déshonneur

la

résolution qui

la

suivie

l'a

nous étant

les auteurs

et la flétrissure

de cette

de tout un peuple

le profit de l'Église et la punition des excès

»

que

»

commis. Nous sommes en

»

avoir traité cette affaire, le prieur dudit cou-

»

vent et les religieux présents ont arrêté que

»

ledit frère

»

que frère du

effet

informé qu'après

Foulques, à qui l'on adjoindra qucl-

même

ordre, conservera son titre

du

»

d'inquisiteur au moins jusque vers le milieu

»

prochain carême, pour qu'il continue durant ce procès commencés et les termine par

))

temps

))

des arrêts, glorifiant ainsi de toutes leurs forces

»

ledit frère et

»

même

))

rien d'obvier aux graves périls, au scandale

»

public,

»

toute cette conduite. Aurait-on osé croire, frère

»

Guillaume, qu'un luiuistre provincial de notre

»

royaume

»

auraient eu de notre temps,

»

d'avoir lieu, la hardiesse de soutenir contre

les

son ordre, nous faisant à nous-

injure sur injure et ne s'inquiélant en

qui

doivent être

la

conséquence de

et les autres religieux

de son ordre

comme

cela vient


'

'

nous,

i.iN(U isiTioN

r

i:

|»ers(nnii' si

dim

ropiiiidii

(•(iiilic

AMiic.EOisK. |i('ii|)lc

accusée de

(l(''leslal)le,

nilirr, niic (l'iiira-

Uiiil

de eiinies? C'est en diic assez. Kn

»

mies,

^'

peu de mots, mais avec beaneonp

(le laiil

i:;

(ralVeclion.

vous prie de vouloir bien encore engager

'

je

"

|)i'o\ iiicial

»

lut

ion qu'ils ont prise, et à rcnK'dicr par

»

le

mieux

»

choses

et ses

Le

roi ne pouvait

quel point

à

on

la

le

i'(''so-

là,

au iirésent état des

qu'ils pourront,

(1)... »

vivement

confrères à uKidilicr

exprimer plus mais,

blessé;

l'avait

après quelques jours de réflexion,

avait

il

cru

devoir encore, par égard pour un ordre })uissant, |)roposer

un moyen de conciliation

et })iomeltre

Toubli de l'injure.

Cependant

démarche

cette

sera

vaine.

Tordre de Saint-Dominique s'émeut

Céder à

la

requête du roi

et

déposer

menl l'inquisiteur de Toulouse,

et se

comme malgré

les ])rières

c'est se

du

roi.

de Saint-George fut maintenu. Philippe alors

un

(l) Hist.

accès de colère.

du Long.,

t.

11

éciivit

IV, pr., col. 120.

ligue.

inmn''(Jiate-

condam-

ner soi-même. On ne cédera pas. Malgré dres

Tout

les or-

Foulques le

Bel eut

aux sénédtaux


BERNARD DÉLICIEUX

41

de Toulouse, de Carcassonne

d'Agen, leur en-

et

joignant de mettre la main du roi sur les prisonniers de l'inquisition, d'interdire à Foulques toute

gages

grand et les

poursuite

Ce

(;l).

effet

:

nouvelle et de

fut

supprimer ses

une grande mesure

l'inquisition, intimidée, cessa d'agir,

populations l'cspirèrent.

Foulques de Saint-George conserva son

môme

d'un

et

après

le

carême,

même

cales de l'année suivante.

Il

titre,

après les fêtes pas-

ne

fut

remplacé que

29 juin 1302. Philippe étant alors très-cour-

le

roucé non-seulement contre

le

pape, mais encore

contre tous les clercs et tous les religieux suspects d'approuver en secret cet arrogant contemp-

teur de l'autorité royale,

il

était

devenu vraiment

périlleux pour les Prêcheurs de résister plus long-

temps. La révocation de Foulques de Saint-George fut

prononcée par un chapitre général siégeant

à Paris, et Guillaume de Modères, prieur

du cou-

vent d'Albi, lui fut donné pour successeur. Dans les

premiers jours de

sénéchaux de Toulouse

(1) Hist.

du Languedoc,

t.

juillet, et

IV,

le

roi écrivit

aux

de Cairassonne une noii-

ji.

106.


KT i;iNOl ISITION li'tlrc

vi'lli'

i)Oiir

naîtiv (îuillaunic

ilu

45

donner rdidic de rccon-

de Morièros

cl

des prisons ainsi

radiiiiiiistralion

sance

leur

\LI;|(;E()ISK.

de

lui

([ne

rendre jouis-

la

Irailemenl supprimé (I).

Les dcpulés albigeois étaicnl encore à Paris.

Ayant

maître Arnauld Garcia, Pierre de Caslanel

(leoiiic, et

destitution de Foulques de Saint-

ajii^iis la

Élie Patrice se rendent enseni])lc au couvent des

Mineurs pour y voir Bernard. pas, car

ne

tri(>m|ilir'

connaît Guillaume de Morières

il

délie de lui. lait.

Ilernaiil

11

regrette

que

le roi n'ait

homme, que

se sont

mandat, bonne.

homme

cet

voir de nuire, d'Albi

dénoncer

et

les est

méfaits

comme

d'un

seul

désormais sans pou-

que par conséquent

les déjtulés

heureusement acquittés de leur

s'éloigne de Paris et retourne à Nar-

il

Si ses déiiances sont injustes,

dra bientôt.

(1) //(.^^ (lu

se

pas assez

Reconnaissant toutefois qu'il est venu

député (TAlbi

et.

Languedoc,

t.

IV, pr., en).

1-21.

on l'appren-


CHAPITRE L'iNQUISITEUn GEOFFROI d'ABLIS.

ÏV.

— AHriESTATIONS NOUVELLES.

PRÉDICATIONS DE BERNARD.

L'inquisition voulut pcndani quelque temps se

montrer modérée. Après

les

échecs qu'elle avait

éprouvés dans

les conseils

du

roi, elle devait

coup redouter

la surveillance

beau-

du vidame, qui

venu reprendre à Toulouse ses fonctions de

mateur. C'était presque une nécessité pour d'affecter

visage

un humble maintien

même

peut-il se tenir Il

pour

du mal

il

lui rendit

Un peuple longtemps opprimé satisfait

se souvient,

justes rancunes;

elle

de faire bon

aux hérétiques. Mais on ne

pas ses politesses.

se relâche?

et

était

réfor-

déteste à

qu'il a subi, qu'il a

dès que l'oppression

lia des rancunes, de

bon droit

les

auteurs

vu cesser, mais qu'il


M

i;i.\OlIlSITIO\ ALHIGEOISE. n'a pas

vu n'parei'. D'ailleurs

se sont

arrèl{''es.

les itoiirsiiilcs seules

L'iiKinisilioii

n'a

làclié

aucune

proie; tous les nialheuroux (pTeile a eonflamnés, (pi'elle a

séparés du inonde,

|)0ur leur vie,

soi!

Le

cliols.

roi n'a i)n

reur de poursuivre; (les

o-ens

pabli's.

Il

que mettre un il

n'a

el

dit

|)as

elles ont été

que toute justice émane du

encore,

la liberté

ju<iés rou-

prononcées

relève pas de lui. Ce prin-

au delà des causes

d'Albi a

ses ca-

savoir qu'il y a eu des con-

un magistrat qui ne

cipe,

leMi])s,

frein à la fu-

pu rendre à

qu'un tribunal souverain a sail

un

]>our

demeurés dans

soni

damnations iniques; mais |>ar

soil

civiles.

ne s'étend

roi,

Ainsi le peu})Ie

beaucoup trop de raisons pour ^n\\\v pour détester encore

ministres anciens ou nouveaux,

l'inquisition,

leurs

tous

ses fau-

teurs et tous leurs complices.

A leur retour, d'Albi,

les

deux avocats de

la

connnune

maîtres Arnauld Garcia et Pierre Pros,

recurent de tous côtés des témoignages de reconnaissance; mais on s't'doigna de plus en plus des inquisiteurs et de tous les religieux de leur robe

on ne leur donna plus d'aumônes, on assister

au service divin dans leur

:

n'alla plus

église,

on ne


BERNARD DÉLIGIEllX

/p8

voiihil plus

de leur ministère pour

les funérailles.

Voici d'autres outrages. Le premier dimanche de

de l'année i302, des religieux domini-

l'Avent cains,

étant allés prêcher aux églises de Saint-

de Sainte-Martianne, furent accueillis au

Salvi et

retour par des huées et des cris de mort. Vers

même la

temps,

le

eux-mêmes

les consuls leur firent

plus cruelle avanie. Sur une des portes de

la

qui était proche de leur couvent, les Prè-

ville,

cheui'S avaient placé l'image de leur patron, saint

Dominique. Les consuls y su])stituer les portraits

la firent enlever,

pour

du vidame d'Amiens, de

l'archidiacre d'Auge, d'Arnauld Garcia et de Pierre

Pros. les libérateurs de la ville (1). L'inquisition fut alors

persuadée que sa modération encoura-

geait ses ennemis, et de nouvelles rigueurs furent

jugées nécessaires. Nicolas d'Âbbeville n'était plus à Carcassonne.

en avait

Il

l(M

été, dit-on, chassé.

Nous croyons plu-

que, las de sévir sans profit

et

vengeances qu'il avait provoquées, remplacer. Son successeur (1) t.

Bernard Gui, dans

XXI,

p.

747, 748.

le

craignant les il

s'était fait

était Geoffroi d'Ablis,

Hecueil des

Iiistor.

de la France,


KT i;iNniiisrrioN amikieoisf-:. |»iot'ès

couvcnl de Cliarircs

(lu

que Nicolas, GeolïVoi

peut-èlrc

(1).

i9

Moins ardent,

s'éUiil,

néanmoins

annonrô coninio un lionnne jaloux do remplir son mandat.

11

avait éciil en arrivant

deux

lettres vé-

liémenles, l'une àl'offîeial de Carcassonne, l'autre et

recteurs de Carcassonne, de

et d'Albi,

pour leur enjoindre de sui-

aux archiprètres

Toulouse veiller

sans relâche

de

tous les lauteui's

résie (2), et, afin de leur

donner l'exemple,

rii<'-

avait

il

opéré lui-même un certain nombre d'arrestations dans

diocèse

le

d'Albi,

en respectant l'ordou-

nancc, bien entendu, c'est-à-dire avec l'assenti-

ment

et le

concours de l'évèque. Mais, i)our par

été laites selon les Ibi'mes indiciuées

ces arrestations n'avaient pas été et

femmes,

les

le

roi,

mieux agréées,

chaque jour arrivaient à Carcassonne

les

avoii-

les

mères,

des suspects emmurés, qui

fils

venaient gémir ou menacer au seuil du tribunal sinistre.

Cependant,

incarcérer, elle brûler.

si

l'inquisition peut toujours

ne peut plus

Vainement en

effet elle

pendre ou

faire

prononce des ren-

vois au juge séculier; le juge supérieur à tous les

(1)

Quétif et Écliard, Scriplor. ord. Prœdic.,

(2) Collection

Doat,

t.

XXXll,

fol.

1

t.

1,

p. 53:2.

13.

4


S

BERNARD DÉLICIEUX

50

juges séculiers, c'est

le

vidame, qui ne brùie

et

ne

pend personne. Bernard avoir

est

toujours à Narbonne;

constamment occupé sa

cliaire,

il

au couvent

de Narbonne, du mois de juillet 130:2 à d'avril

parait

1303. Mais à cette dernière date

il

la

lin

arrive

auprès du vidame

et

à Toulouse, envoyé,

dit-il,

chargé de

en laveur d'un ancien tréso-

lui parler

rier de l'église d'Agen, alors prisonnier d'État.

vidame, en revoyant Bernard,

lui dit

que

Le

la persé-

cution sévit de nouveau, que le trouble est partout, et qu'il faut

retourner vers

connaître le vain résultat

Bernard, qui

sait

le roi

des

pour

lui faire

mesures

prises.

quelle force a sur l'esprit du roi

l'argument de l'émotion publique, conseille au

vidame d'ajourner son voyage

et d'attendre

événement favorable. Pour ce qui croit devoir rester dans le pays, et,

d'apprendre que vers la fin de

les

le

quelque

regarde,

comme

il

il

vient

mécontents doivent se réunir

mai dans

la ville

de Carcassonne,

il

va présentement de ce côté. Quelque temps après, le

vidame vient

lait,

le

rejoindre, pour voir ce qu'on

entendre ce qu'on

dit, et

besoin, selon les intentions

du

pour intervenir au roi,

près de l'inqui-


i;inouisition Ai.nir.KoisE.

i:t siliMif,

|)i'("'s

vainement. |)ar

(le ri''vr(|iic.

Si

Il

iiilrrviciil cii olVcl,

Gcolfroy d'Ablis ne se laissa

aucune prière, Bernard ne

doute de

lui

trouver celle

.s'alllit^ea

humeur

Le vidame pensait-il de

même?

mais

fl/'cliii'

pas sans

intraitable, qui

provo(juait de nouvelles et plus vives

t[u'il

si

Il

inimitiés.

moins

parlait

n'observait.

De Carcassonnc, Bernard

et

le

vidame vont à

Cordes, où venaient d'être exécutés d'autres enlè-

vements de suspects. De Cordes

le

vidame, pressé

d'avertir le roi, se rend à Paris. Le

vidame

parti,

lîernard harangue la foule assemblée dans Li mai-

son

commune de

Cordes.

Il

parle du roi,

il

parle

surtout du vidame, disant qu'une cause plaidée

par un j)as

tel

avocat doit être gagnée. Mais

donc opportun d'entretenir de l'augmenter, il

il

aussi convaincu qu'il veut le paraître.

s'il

l'agitation

est possible.

n'en est Il

juge

du pays

et

Dans ce dessein,

va prêcher à Alet, à Cannes, à Grasse, à Gaillac,

à Rabastens. Ces villes étaient assez tranquilles; ailleurs très-occupée, l'inquisition les négligeait.

Après toutes '

Bourgeois

les

et

messes, Berna'd monte en chaire.

manants, présentement vous vivez

en paix. On vous en

félicite.

Mais écoutez celui qui


BERNARD DÉLICIEUX

55

d'xMbi. Lù-bas sévit la vient de Carcassonnc et entrailles de la persécution la plus acharnée. Des s'élève pour vous raconterre la voix de vos frères qu'on leur fait endurer. Yenez-leur

ter les tortures

comme

en aide,

comme

l'intérêt

vous

la charité

vous

le conseille.

bigeois cruellement opprimé. est accueilli

même sermon

les familles

Pour secourir

le

»

commande,

Délivrons

l'Al-

Presque partout le

de la

même

manière.

des emmurés, les gens

parisis d'or; de Rabastens donnent quatre-vingts une ligue dont ceux de Gaillac aulant. Il se forme

Bernard

chef reconnu.

est le

Au mois

levidame reparaît à CarcasPersonne plaidé la cause des proscrits?

de

sonne. A-t-il

juillet,

n'en doute; mais pas.

l'a-t-il

Bernard a promis

gagnée? le

Il

ne s'en vante

succès et le promet

écoutées. mais ses promesses ne sont plus chimériques espérances? N'ont-elles pas donné de

encore

;

Le vidame étant de retour, connue. Pour

la

la

vérité

peut être

connaître lui-même, Bernard vient

à Carcassonne. Mais

il

n'y vient pas seul;

un grand

sur ses pas, nombi-e de gens se sont précipités devant ne peut se défendre de les conduire

et

le

il

vidame.

Comme

le

i)rouvent les réponses

embar-


FT I/INOriSITION AI-HIGEOISE. son commissaire,

l'assi'cs (le

même

(l('|it'ii(iant r.e

t'Irr

lonjonrs espérer, à

ealmer

eommissain-, qui a vu la siiicrrité

iccomniande

soupçonnée,

drcidr.

le roi n'a rien

nom, donl

parle en son

(jui

53

([u'il

le roi,

peu!

ni',

vivement

si

encore une

j)nrvi('nl

de ibis

la Ibule.

Jean de Picquigny s'éloigne ensuite de Carcassonne. Mais Bernard demeure dans cette

ville,

entouré des mécontents. Les circonstances ne

lui

commandent-elles pas beaucoup de ré'^erve?

Si

pourtant sition,

il

modère

le

ton de ses paroles, Tinqui-

qui est aux écoutes, va se glorifier d'un

succès et se croire tout permis.

du

leurs commissaire sabilités

roi,

il

Il

n'est pas d'ail-

n'a pas la respon-

du vidamc. Quelles que soient donc

circonstances,

parlera

il

comme

il

a

les

toujours

parlé'. S'il

peut être dangereux d'exciter encore les

esprits,

il

peut être malhabile de les apaiser trop.

Sans

constante

la

menace d'une

sédition,

on n'ob-

tiendra rien du roi Philippe.

Le

,"3

pul)lic,

août, Bernard fait proclamer par le crieur

dans toute

prêchera

le

la

ville

de Carcassonne,

jour suivait. Voici

])i"o<lamalion

:

«

le

Au nom de Dieu et

texte

qu'il

de cette

notre Seigneur


BERNARD DÉLICIEUX

54 »

Jésus-Christ, frère Bernard Délicieux à tous les

»

habitants de Carcassonne!

»

dimanche, une ou deux personnes de chaque

»

maison

»

pour l'honneur de Dieu,

»

Carcassonne

»

d'oc, l'exaltation

»

de Dieu

rendent au cloître des frères Mineurs,

se

!

Que demain, jour de

»

et

de tout de

l'utilité

le

la foi et

de

la ville

pays de

de

la

de

langue

la sainte Église

Ainsi Bernard annonce qu'il traitera

dans son sermon des choses humaines choses divines,

et

il

convie

la

comme

des

multitude à venir

recevoir au couvent des Mineurs les instructions diverses qui lui seront données, dans l'état présent

des affaires, par

le

religieux patriote, son orateur

favori.

Les ennemis de Bernard nous ont aussi con-

De

servé quelques passages du sermon.

ces pas-

sages, quelques-uns sont d'une grande violence.

Cependant

ils

nous paraissent dans

temps. Dans tous

les

temps, d'ailleurs,

le

goût du

les

orateurs

qu'on appelle sacrés ont exprimé leur avis sur questions civiles dans

un langage qu'on peut

d'intempérance. Le style propre de

l'emphase; l'emphase est

le

Bernaid commence par

la

les

taxer

chaire est

ton des mystiques. ces mots, empruntés


KT i;iN(>riSITION AMIIC.KOISK. à

r(''vaiig"ilt' (lu

juiir

Lorsque Jcsas s'approrluiU

:

Jénisalem, contem plant

lie

sur

elle.

se

lait,

incline

(ît's

n")

celle ville,

pleura

il

mois lentement prononcés, Beniaid

promène la tète et

ses

rassemblée,

sur

regards

pleure. Ensuite

il

dit

:

Ainsi je

«

»

pleure sur vous, gens de Carcassonue, envoyé

»

vei"s

»

pour défendre votre honneur

»

foi

»

revêtus de l'habit des frères Prêcheurs.

sition

vous par Jésus depuis déjà bien des années, et justifier votre

contre les calomnies de quelques traîtres

répond àl'exorde. Ayant raconté

diverses de la persécution

avec tant de patience,

lermes

:

«

si

»

L'expo-

phases

les

longtemps endurée

Bernard continue en ces

Qu'avons-nous maintenant à faire? Ce

au temps où

»

que

»

parlaient.

»

dans une verte

»

divers ruisseaux aux ondes limpides,

»

jour venaient de

»

qui enlevaient dans

»

béliers.

»

leur nombre, les béliers se dirent entre eux

»

— Ces bourreaux

»

notre peau et

firent les Il

béliers

y avait

les

bétcs

un grand troupeau de béliers

et

riche prairie qu'arrosaient

la ville voisine la

prairie

Voyant donc chaque

et

chaque

deux bourreaux

un ou deux

jo\H'

diminuer :

nous écorchenl pour vendre

manger notre

chair, et

nous n'a-


BERNARD DELICIEUX

56 »

vons ni maître ni protecteur qui nous défende

»

mais notre front

»

Dressons-nous donc tous à

»

bourreaux, frappons-les de nos cornes,

»

les

n'est-il

pas

arm(''

contre nos

la fois

chasserons de cette prairie,

;

de cornes?

et

nous

nous aurons

et

»

sauvé notre vie ainsi que

la vie

»

Or qui sont, mes

»

seigneurs, ces gras béliers, sinon les habitants

»

de Garcassonne, ce pré dont

»

romaine entretient l'opulente verdeur et qu'ar-

»

rosent tant de sources de prospérité spirituelle

»

et

»

les riches citadins

C'est

ce qu'ils

firent.

la foi

des nôtres.

catholique

temporelle? Qui sont ces gras béliers, sinon

de

de Garcassonne,

la ville

écorchés par des bourreaux qui les enlèvent tour à tour, tantôt celui-ci, tantôt celui-là, pour s'approprier leurs richesses? N'est-ce pas un gras bélier que cet

homme

si

considérable,

le

père du seigneur Aimeric Gastel, que les traîtres

Prêcheurs accusent d'hérésie? Et

Guillaume Garric n

est-il

le

seigneur

pas aussi hérétique

parce qu'il est \m gras bélier? Et pareillement le

seigneur Guillaume Brunet

Raymond de (1)

Voyez

et le

seigneur

Gazilhac (1), et tant d'autres

les recettes faites

au

profit

du

roi,

durant

les

em-

années


ET i;iNQUisrrio.\ amiiceoise. voyons rnii-llnnciil

iimis

57

(l(''|i(Miill(''s

»

iiiiiit's (iiir

«

do lours

»

qui nous diMcndc conlrc nos boiiri'oanx?

liiciis

(|ii('

nous n'avons itorsonno

oc discours nous nianjjue

pt'-ronùson de

l'oratour n'a

icinc

;

»

I^ii

mais

pu ronrluro sans rappeler Tlieureuse

issue de la conjuration des liéliers; et en effet les

auditeurs de Bernard se portèrent, après son discours, aux maisons d'anciens consuls qui avaient favorisé l'inquisition

ou ses ministres,

et les dé-

truisirent.

Le souvenir de

cette

émeute dura longtemps,

entretenu par

le

spectacle des ruines.

pas,

de

santi"

il

est vi'ai,

Il

n'y eut

versé; cepcndanl plusieins

de ces anciens consuls, Bernard Isarn, Barllié-

lemy Rey, Gui en prenant

la fuite.

tante, ce

ajoutait f[ue

cassonne.

la

le

libert(''

texte

de tous

donc

C'était

altéré

dé cette pièce

les habitants

faire

et

de Car-

un acte de simple

que de ruiner leurs maisons. Dans tous

1322 et 1323, sur Cazillac.

assurait qu'ils avaient aidé

que nous appelons un papier public,

menaçait

justice

On

d'Abbeville à falsifier une pièce impor-

Nicolas

l'on

Sicredi, se montrèrent prudents

les

biens de Guill. P.rimet et

(Coliect. Doat,

t.

XXXIV.)

«le

Raymond de


1

HERNAUn DELICIEUX

r»s

les

temps

et

dans tous

permis contre

les lieux

on a

dit

:

Tout

est

les traîtres.

Trois jours après cette émeute, au logis épiscopal

du bourg, deux autres sermons sont pronon-

cés,

l'un par l'évêque, l'autre par l'inquisiteur

Geoffroi d'Ablis.

A

ces

deux sermons, comme à

celui de Bernard, le crieur public a

foule

;

mais

elle est

convoqué

la

venue moins nombreuse au

qu'au cloître des Mineurs. La

ville

de Garcassonne respecte son évêque, qu'elle

sait

logis épiscopal

doux, modéré

;

mais

elle

n'aime pas

compagnie d'un inquisiteur. leurs,

l'oreille

le voir

en

la

Elle n'a plus, d'ail-

ouverte aux discours pacifiques.

L'état présent est l'état de guerre.

I


CHAPITRE L\ FAl'SSE PIÈCE.

— NOUVEAU

V.

TUMULTE.

LE VIDAME

D'AMIENS EST EXCOMMUNIÉ.

Elle Patrice se

attribuée la police de

sergents

du

nno milice.

lait

la ville et

roi se présentent,

A

cette inilicc est

du bourg. Quand on

les

les

désarme. Les

insignes de la justice royale, auparavant suspen-

dus au bâtiment du marché, sont enlevés placés par les insignes de la justice

Quelquefois

même

et

rem-

communale.

la milice d'Elie Patrice va faire

des reconnaissances assez loin de Carcassonne, et

attaque ou arrête les gens d'armes qu'elle rencontre.

de

Ces rencontres sont rares,

la ville,

dans l'intérieur

on ne signale habituellement ni

ni désordres. C'est

Bernard

et,

néanmoins une

et les ])liis

ville

rixes,

insurgée.

prudents de ses amis,

lais-


BERNARD DELICIEUX

60

sanlau

l)elliqiieiix Elie

Patrice le soin de gouver-

ner sa milice, songent à profiter des circonstances

pour obtenir l'annulation de la pièce

qu'ils arguent

de faux. C'est une affaire de grande importance.

Les habitants de Garcassonne, lés

ayaiit

eu des démê-

avec Nicolas d'Abbeville, se sont ensuite accor-

dés avec

l'instrument de cet accord que

lui. C'est

l'on a clandestinement altéré

pour en

faire

un

acte

d'absolution. Ainsi, le texte modifié dit que les

habitants de Garcassonne, justement

excommuniés

par Nicolas d'Abbeville, l'ont prié de leur pardonner; ce qu'il a

fait

de bonne grâce, à

la sollicita-

tion des consuls. Or, cela change tout à fait la condition légale des habitants de Garcassonne. effet, voici la loi

:

En

Les hérétiques pénitents peu-

vent, ayant abjuré leurs erreurs, être réconciliés

avec l'Église;

quant aux hérétiques relaps,

ils

doivent être livrés, sans autre forme de procès,

au bras séculier

:

Sœcularijudiciosunt, sineulla

penitus audientia, relinquendi

(1). Si

donc

les

habitants de Garcassonne ont été déjà retranchés

de

(1)

la

communion

Raijmundi

Summa,

des fidèles,

lib.

I, lit.

[)uis

5, cnp. v.

absous

et,


ET i;iNQUlSiTION AIJUGKOISK. on

coiiiiiKi

dit,

nouvelle poni-

loiilc

rL'concili<''s,

<il

suile sera laite, la loi le veut, contre des relaps.

Ce qui

remplit d'épouvante,

les

})ouvant

roi

le

envoyer d'autres instruelions au vidauie, ou sim-

plement

le

rappeler.

Les nouveaux consuls de Carcassonne vont, eu ec péril, trouver des légistes.

une province où plupart

ils

sont de cœur,

ennemis de

les

soumise,

ils

la

abondent,

comme

est

pour

et

la

avec

})atriotes,

l'inquisition. L'alVaire leur étant

Texaminenl

que

avis est

les légistes

Le Lani^uedoe

et

pièce est

habitants de Carcassonne,

donnent un

un

Cet

avis.

de paix. Les

traité

qui s'étaient montiés

favorables aux hérétiques, ont pris l'engagement

de ne ont

les

lait

plus servir. Voilà l'objet du contrat qu'ils

avec Nicolas d'Abbeville. Mais

présente, ce contrat a été dénaturé

dont

il

mière

se

les

;

compose ne s'accordent pas,

est sincère, la

seconde

C'est là, d'ailleurs, ce

l'inquisition

tel

pre-

et, si la

est frauduleuse.

que tout

le

monde

sait, et

elle-même voudrait anéantir

dez-vous est pris pour résoudre les

le

deux parties

pièce, dont elle n'oserait plus faire usage.

jour marqué,

qu'on

nouveaux consuls

la

Un

cette

ren-

question.

Au

se rendent chez


BERNARD DÉLICIEUX

62

Geofîroi d'Ablis et reproduisent à son audience

arguments des

les

solennelle

de

:

une audience

C'est

l'inquisiteur est assisté de l'évêque,

l'official et

de Sicard de Lavaur, docteur es

juge-mage dans et

légistes.

les

lois,

sénéchaussées de Garcassonnc

de Béziers. Les consuls entendus, leurs argu-

ments sont jugés tels

valables, et Geoffroi les déclare

dans un acte du 10 août

Quoi et elle

qu'il

en

(1).

soit, l'échec est

pour

voudrait promptement

donc appris que l'évêque

le

l'inquisition,

réparer. Ayant

et Geoffroi s'efforcent

de

soulever contre lui les gens, toujours nombreux,

qui n'ont d'autre règle de conduite que

le

res-

pect des autorités établies, Bernard va chercher

du renfort au quartier général des mécontents, Albi.

Nous

l'y

trouvons

15 août, prêchant au

le

couvent de son ordre. Puis

à

il

revient à Garcassonnc,

entraînant à sa suite une foule prête à tout oser. D'autres lieux viennent on

même

sonnc des syndics députés par

temps à Garcasles consuls,

avocats chargés d'exposer les griefs des et

des

communes

de quelques particuliers, parents de suspects

(1) Collection

Ooat,

t.

XXXIV,

fol.

21.

I


KT I/lNOriSlTlON OU

(le

les

douleurs s'associcut et

Si

rnndaninés. Toutes

le

vidame, qui

pas bientôt,

est

Al.liir.KOISK.

iV.\

les iiniiiif'lMdes et toutes

s'ai|;uilloniieut.

encore absent, n'anive

nouvelle sédition éclatera. Pres-

utie

sés par Bernard de liàler leur venue,

vidame

le

et

son collègue rarchidiaere se rendent en lin à Carcassonne.

Ils

n'étaient pas entrés dans cette ville

qu'ils pouvaient juger

Kn

trouver.

effet,

en quel état

une grande

à leur i-eneontre, les arrête et leur cric »

l'allaient

ils

foule, s'étant portée :

«

Mcssires,

niessires, par la miséricorde de Dieu, faites-nous

«justice des traîtres trent

dans

En

grave.

les la

Au moment où

»

!

murs, nouveau tumulte

compagnie du vidame

pénè-

ils

et

était

plus

maître

Guirauld Gahlard, avocat et juge, ami des Prêcheurs. «

On

A mort!

que, sans

la

se précipite sur son cheval, on crie

à mort!

»

furieuse

massacré. Quand enfin les rélbrma-

leursdu Languedoeont les

si

présence du vidame, Guirauld Gahlard

éiait peut-être

on

L'agression est

:

IVanclii les

portesdela

ville,

entraine aussitôt aucouvent desMineuis. où

sont assemblés et délibèrent les principaux citoyens

de Carcassonne, avec et d'autres villes.

Ce

les

députés d'Albi, de Cordes

n'est plus la foule

ameutée

;


BERNARD DELICIEUX

64

cependant, quelle que soil

condition des per-

la

sonnes, la réunion est tumultueuse. L'avis com-

mun, que chacun exprime avec véhémence,

est

qu'il faut agir, et sans délai, qu'il faut se porter

aux cavernes de l'inquisition, en

tirer les prison-

niers et les transférer dans la citadelle. Puisqu'ils

ont été condamnés, on ne peut les rendre lihres

mais on peut leur épargner Des

de l'emmurement. il

n'y

du

a

roi; mais que,

revoir ces

du moins,

malheureux à

de leur parler,

de

de l'inquisition

arrêts

commissaires

devant les

d'appel

pas

mortel

le

les

la

;

supplice

soit

permis de

lumière

du jour,

il

entendre,

et

de

savoir

d'eux par quelle série de tortures on les a contraints à faire l'aveu

dus crimes.

mensonger de leurs préten-

Une autre assemblée

se tient en

même

temps dans une maison qu'avait autrefois possédée

Raymond

Costa, évoque d'Elne. Les réforma-

teurs y trouvent d'autres personnes qui leur don-

nent le

même

plus attendre

;

si

l'on

cer aux souterrains,

qui concerne

Le peuple,

conseil.

dit-on, ne veut

ne se presse pas de il

y va courir.

le

devan-

Pour tout ce

les affaires de l'inquisition, les réfor-

mateurs se sont contentés jusqu'à ce jour d'encou-


KT i;iNOUISlTI0N

Al.r.K'.KOlSE.

rainer kis plaiiUcs, di; les recueillir,

à la connaissance

du

roi et

Or on leur demande

lui.

mêmes, stance

puis

et à

la

les |iorlei'

les justifier

devant

aujoiiid'liui d'ai^ir eux-

connue en

luitc,

pareille circon-

peut-ètie pas. Us hésitent,

le roi n'agirait

ils

de

de

6.'»

promettent; mais

ils

promettent de ma-

nière à laisser croire qu'ils hésitent encore.

Quelques jours après,

le

vidame

est

circonvenu

par une multitude de femmes qui se précipitent à sa rencontre, poussant des cris de désespoir. Ce

femmes des emmurés

sont les

par Bernard.

Gomme

elles

menacent môme, dans

l'égarement de leur douleur, roi, Bernard s'efforce de il

d'Albi, conduites

le

commissaire du

les contenir, et

pour

supplie le vidame, disant ({ue l'heui-e de

la

elles

jus-

a déjà trop tardé. Le vidame voudrait cepen-

tice

dant

retarder encore

la

;

mais l'émotion gagne

toute la ville. Sortant de leurs maisons, les enne-

mis

les plus déclarés

de l'inquisition se portent

à l'église des frères Mineurs pour délibérer une dernière les

fois.

La délibération

n'est ]tas longue. Si

réformateurs, pressés par les fennnes, leur ré-

sistent,

si

dans ce jour

même

ils

ne vont pas aux

cachots en ouvrir les doubles |)ortes, leur besogne 5


BERiNARD DÉLICIEUX

66

sera faite par les citoyens réunis en ce lieu. Les chefs et

de

sont

de

Gastanet

environ quatre-vingts conjurés,

et,

dans

nombre, des gens de métier déjà pourvus des

instruments à l'aide desquels

tement briser tous ils

Pierre

Guillaume Fransa. Avec eux s'enferment dans

l'église

ce

l'entreprise

pourront promp-

ils

les obstacles.

Les portes closes,

attendent, silencieux et résolus, les nouvelles

du dehors. Enfin, vers le milieu du jour, levidame, vaincu par cellules des

tant de prières,

condamnés.

Il

dirige vers les

se

encourt assurément

une bien grande responsabilité; mais en cédant à la contrainte des événements,

il

en préviendra

de plus graves. Voilà ce qu'il pourra dire, roi, soit

au pape, pour s'excuser. Quand

est arrivé près

le

soit

au

vidame

du mur, Gahlard de Blumac,

frère

Prêcheur, paraît derrière les barreaux de fer d'une

somme

des fenêtres et le juridiction

du

roi.

de s'arrêter où

En même temps

lance au vidame un papier, un

contre la violence qui

le

écrit

finit la

ce religieux

menace. Mais

proteste

il

le

vidame

ordonne aux geôliers d'ouvrir immédiatement

les

portes, et pénètre dans l'intérieur de la prison, suivi

de Bernard, d"Arnauld Garcia, de Pierre


ET

i;i.\Qi;iSIT[0.\ AI.DKiKOISE.

IVos, après lesqu.^ls se prr(i|.iio

carhots

sont. vi.Irs,

.-l

67

la iiiuliinHl,..

|,„is 1rs iiialliriiivnx

Los

drposés

vivants dans ces noirs sépulcres sont Iransf.'Tés

dans

les

tours de la ville de Carrassonne.

Nous n'avons sous

les

yeux, pour raconter ces

événements, que des pièces rédigées par taires

du

On

saint-oflice.

détail des scènes d'attendrissement qui

rent cette

les

no-

n'y peut donc trouver le

terminè-

mémorable journée.

Elles ne nous apprennent pas non plus quelles furent, en même temps, les alarmes des Prêcheurs dans

leur couvent et celles de l'inquisiteur dans son logis. On

peut seulement supposer ce qu'elles taisent. Les derniers jours du mois d'août

paraissent avoir été paisibles. La population d'Albi retourne

dans ses foyers cette

et

porte aux pai-enis des

bonne nouvelle

:

ils

emmurés

vivent encore, on a

pu

lour parler, on les a vu transférer hors de terre dans une prison spacieuse et saine. A

Carcassonne,

une

sorte de stupeur succède à l'enivrement du succès. Cependant il y a toujoui-s au fond des

cœurs beaucoup de haine,

et le

moindre incident peut provoquer d'autres tumultes. Bernard prêchant dans les premiers jours de septembre à Car-


BERNARD DÉLICIEUX

68

cassonnc, ses auditeurs s'enflamment de nouveau,

courent au couvent des Prêcheurs, dévastent

le

portail de leur église et en brisent les fenêtres

Évidemment

vitrées.

l'inquisition n'est plus pro-

tégée; elle est à la merci de Bernard, qui pourrait la

supprimer,

un jour

lui

pape,

si le

pape

le

raître

ne devaient

monde en

et le roi feraient

est-il

cette

à dire

sagement de repa-

en scène, d'écarter leurs subalternes

eux-mêmes

prévenir voit.

le roi

demander un compte sévère de

suppression. Aussi tout le

que

si

Mais

le

pape

malheurs qu'on pré-

les

et le roi sont

affaires plus graves

de

et

occupés d'autres

encore, et présentement

n'ont pas les yeux tournés vers l'Albigeois.

ils

Les

subalternes continueront d'agir sans instructions nouvelles. C'est

l'inquisition

Après avoir pris

qui

l'avis

recommence

la

lutte.

de ses confrères, Geoffroi

d'Ablis prononce contre le

vidame une sentence

d'excommunication. Suivant

les

termes de cette

sentence, Jean de Picquigny, commissaire du roi, s'est

rendu coupable de deux graves

délits.

Il

a

d'abord refusé plus d'une fois au juge d'Église le

concours du bras séculier; en d'autres termes,

N i


i;iNOl ISITION AM'.ir.EOISE.

FIT

a rcfusr de hrùlcr ou

il

vsignalés

que

brûle pas, ne pend a pris

une part

i^as

active

hérétiques

(If i)nncir(' les

l'Église, ayant

fiO

horreur du sang, ne

elle-même

(1).

Ensuite

il

aux rébellions ])opulaires

;

a pénétré dans les prisons de l'Eglise et lui

il

a ravi ses prisonniers.

tranché de

la

En conséquence,

communion

il

est re-

voué dès

des fidèles et

ce jour à toutes les peines qu'une telle sentence

emporte

av(N' elle (2).

C'était le droit de l'Église

de

faire publier

tous lieux ces solennels décrets. C'était

de l'excommunié d'en déférer à l'examen

la

droit

cour de

Rome

Le vidame

et la révision.

en

le

fait

donc ré-

diger son acte d'appel et se rend à Montpellier

réclament d'autres

le

affaires. C'est à

qu'est confié le soin de tout préparer (1)

Ce grief aurait

suffi.

Bernard

pour que

L'engagement d'exterminer tous

les

hérétiques condamnés et livrés par l'Église était pris par les rois

eux-mêmes. Raymond de Pcnafort

dit d'abord

:

«

Damnali

princi-

pibus sœcularibus, potestaltbus et eorum baillivis relinquantur

animadversione débita puniendi. Il

dit

ensuite

:

«

(Summa,

I,

lit.

5, cap. ii.)

Motieautur sœculi potestaies,

et,

si

)

iib.

necesse

per censuram ecclesiaslicam compellanlur omnes hœrettcos ab Ecclesia damnatox de suis provinciis pro L'irihus siiis exterminare; et quum quis de novo eligitur in potestatem sive peiest,

peluam,

sive

temporalem, débet

lioc

(Ibid., cap. IV.) (2)

CoUect. Doat,

t.

XXXIV,

fol.

115.

ipso

juramenlo finnare.


BERNARD DÉLICIEUX

70

l'appel arrive à la

qui peut

le

cour de

Rome muni

de tout ce

recommander.

Bernard va d'abord porter la nouvelle de l'excommunication aux consuls d'Albi, et s'entendre avec

eux sur

la

conduite qu'il faut tenir. Son avis est

qu'il convient

une

de venir en aide au vidame par

plainte où seront dénoncés tous les méfaits

des inquisiteurs, où une enquête judiciaire sera

demandée par

les consuls,

de Carcassonne

et d'Albi. Ainsi

à

bourgeois

la fois intentés à l'inquisition

Rome,

deux procès seront devant

du vidame,

l'un sur l'appel

plainte des citoyens persécutés. Or,

en cour de Rome, Il

il

en faut pour solder

dure,

il

manants

et

la

cour de

l'autre sur la

pour plaider

faut avant tout de l'argent. les

dépenses de

la

procé-

en faut encore pour se concilier un des

sourires de la justice. C'est une expérience faite, la

cour de

Rome

ne donne pas gain de cause à un

plaideur avant de l'avoir ruiné. Les généreux habitants de Carcassonne et d'Albi laisser à la charge

ne voudront pas

du vidame, excommunié pour

eux, à cause d'eux, les frais considérables de son appel.

Il

faut

donc beaucoup d'argent,

propose en conséquence

la

et

Bernard

levée d'un subside qui


KT I;1NOUIS1TION seni

i(''|)arli,

srlmi

A MlliiEOlSt:.

ûos conliilmlioiis

loniic

la

71

volontaires, entre les villes dont

li'

vidaiiie a le

plus mérité la reconnaissanee.

Assurément aiieime doit autant

que

ville

du Languedoc ne

celle d'Albi.

C'est

lui

de

roi)inion

tiahlard Etienne, juge royal, et de Guillaume de

Pesencs, sergenl et

d'armes du

roi,

vi<;uier d'Albi

de l'Albigeois, garde du grand sceau de

la

cour

d'Albi. Cette opinion n'est pas, suivant les inquisiteurs, entièrement désintéressée, car et l'autre

ils

sont l'un

de lamille bérétique. Quoi qu'il en

Guillaume de Pesencs

et

premiers magistrats de agissent en son

nom;

soit,

Gablard Etienne sont

les

la ville; ils parlent,

ils

ils

viennent donc en sou

nom, accompagnés de plusieurs notaires et d'autres olliciers

et

du roi, trouver Bernard au couvent d'Albi,

s'engagent à fournir la

somme

demandée. On s'entendra sur

qui leur sera

du

le chiffre total

subside dans une réunion de délégués qui aura lieu

prochainement à Carcassonne.

Ayant reçu leur promesse, Bernard et va tenir ailleurs les

on

le

mêmes

les quitte

discours. Partout

comprend, partout on s'empresse de

dire qu'on fournira l'argent nécessaire.

lui

Comme

il


BERNARD DÉLICIEUX

72

s'adresse aux premiers citoyens des villes,

il

n'a

pas besoin de beaucoup parler. Des viguicrs, des consuls savent tous combien la justice romaine

A

dispendieuse.

est

Mineurs, dans

la

réunis au jour

Carcassonne, au couvent des

chambre de Bernard,

marqué

se trouvent

Barthélémy Salvi

:

,

de

Cordes; Grégoire Malier et Guillaume Fransa, d'Albi; Arnauld Terrien et

Carcassonne. sité

la

Comme on

Beleth, de

est d'accord sur la néces-

d'une contribution,

somme.

Raymond

il

Elle sera de

ne

que d'en

s'agit

3000

fixer

livres tournois, et

Carcassonne en donnera 1500, Albi 1000, Cordes 500.

C'est

une

somme,

forte

entièrement fournie

elle

mais, pour

;

le

ne sera pas présent, on

a tant d'ardeur qu'on ne recule devant aucun

engagement.

Cependant

Rome

ne

il

d'excommunier

le

suffit

de son jugement,

elle le

pour que

cette dénonciation

résultat,

elle

fait

pas

à

l'inquisition

vidame. Tandis qu'il appelle à

dénonce au

roi, et,

ne demeure pas sans

auprès de

la

reine

d'activés

démarches. La reine, qui a pour confesseur un religieux de Saint-François, frère Durand, a sou-

vent entretenu

le roi

de

la

misérable condition des


ET

i;

jions (l'All)i

INQUISITION ALBIGEOISE. elle

;

s'csl

dtTlaréc contre les

ainsi

ministres de l'inquisition,

qui,

le

sachant, tra-

puissante ennemie.

vaillent à se concilier cette

Inibrmrs de leur intrigue

73

les

,

gens d'Albi

l'ont

parvenir à la reine, avant la fin de septembre, une

où nous

supplicpie

lisons

:

«

Lorsque notre

ému

sei-

»

gneur

»

de son cœur d'une pieuse sollicitude pour ses

»

sujets,

»

réformateurs, les vénérables

roi très-clément,

le

dans

envoya dans ce pays, avec

le

fond

le titre

de

seigneurs Jean,

Richard

»

vidame d'Amiens, sieur de Pirquigny,

et

»

Leneveu, archidiacre d'Aude dans

l'église

»

Lisieux, personnages d'une conscience pure et

»

sereine,

»

nance de leur vie, de leurs

t>

prévoyance

»

pratiquant la justice, et en conséquence aimés

recommandés par

et

la

parfaite conve-

mœurs, doués de

de prudence, pratiquant

pays, auquel

de

la vertu,

ont rendu d'inappré-

»

de tout

»

ciables services, notre seigneur le roi voulut

»

enfin mettre

le

un terme

»

longues

»

ment de

»

d'hui

»

supportent pas

afflictions, et

ils

à nos agitations, à nos

nous accorder

sa protection paternelle

que certaines l'éclat

;

le soulage-

mais aujour-

gens... dont les

yeux ne

de la vérité, des gens qui


BERNARD DÉLICIEUX

74

obscures où se

»

se complaisent dans les voies

»

trament leurs

»

d'odieux complots contre ces honorables per-

»

sonnes, essayant de les diffamer par leurs pro-

'^

pos

et

forfaits,

machinent, nous dit-on,

remplissant de fausses allégations les

du

nous ne savons

roi notre seigneur,

»

oreilles

»

quel secours implorer,

»

miséricorde habituelle. Nous vous invoquons

»

donc tous ensemble,

»

mes, elles jeunes gens

»

vieillards et les enfants,

))

vous l'ancre

»

espérance, et nous

»

céder auprès du roi pour que sa bonté nous con-

»

serve ces respectables protecteurs...

si

ce n'est celui de votre

et les

hommes

et les

jeunes

et les

fem-

filles, et les

nous vous invoquons,

plus valide rempart de notre

et le

vous demandons d'inter-

de cette véhémente missive,

c'est

»

L'auteur

Bernard. Les

té-

moins qui l'ont déclaré nous paraissent en cela dignes de contiance. Bernard devait écrire, il

comme

parlait, sur ce ton passionné.

Quoi

qu'il

en

soit,

Bernard

et le

vidame partent

bientôt pour Paris, ayant pour escorte une foule

d'hommes et de femmes de Carcassonne, de Castres, de Cordes

et d'Albi.

Dans

cette foule,

nous retrou-

vons Guillaume Fransa, Pierre de Castanet, Ar-


KT

I.

n;uil(i (larcia,

I.NOI ISITIO.N

Klic Patrice.

ordinaires de Bernard.

ne

voiil [tas

sent.

Il

sans lui; mais

AIJ;l(ii:OISE.

Ce bOUl

les lieiilenaiils

ne va pas sans eux, il

commande

Cependant à ces noms déjà

75

ils

et ils oli(''is-

cités

nos pièces

en ajoutent deux nouveaux, ceux de Jean Hector et

de Bertrand de Yillardel, frères Mineurs. Ainsi

Bei'uard n'a plus seulement dans son ordre des

complices discrets, en voilà deux qui se déclai-enl

ouvertement.


CHAPITRE BERNARD A PARIS.

VI.

VOYAGE DU ROI DANS LE LANGUEDOC.

Us étaient rendus à Paris vers

Nous avons en Paris, le

effet

une

mardi avant

lettre

la

le

milieu d'octobre.

du vidame, datée de

Toussaint, dans laquelle,

s'adressant aux capitouls de Toulouse, aux consuls

de Carcassonne, deMontauban, d'Albi, de Pamiers,

de Béziers,

etc., etc.,

réclame leur concours

il

leurs services, c'est-à-dire leur Qu'ils disent

on

s'il

s'est

et

bon témoignage.

comme

partout montré,

l'assure, l'ennemi le plus ardent de l'Église, de

ses ministres, le fauteur le plus zélé des hérétiques.

Quant

à lui, sa conscience

qu'il a fait à Carcassonne,

religion,

il

ne

l'a

pas

fait

ne il

lui

ne

pour

reproche rien. Cf

l'a

pas

fait

l'hérésie;

contre la

il

est

sim-


l/INuriSITION AI.IUr.EOlSE.

77

son devoir, à

plciiicnL inlci'vcnii, (•onime c'élail

l;i

icquêtc des bons citoyens, pour mettre un terme à des vexations

non moins atroces

qu'inutiles (1).

Voilà ce qu'ils peuvcnl Iriiioit^ner.

En attendant reine, qui

fit

accueil aux

l'elVet

comme

de cette

de coutume

opprimés d'Albi. On

on

lettre, le

plus p'acieux ensuite

vit

Mais on ne put cette fois rien obtenir de

deux partis av;ucnt à

la

cour

également considérables,

et

même

juononcé contre

On

si

Les

diiïérenls,

Quand

à conclure.

les ministres

lui dit

lui.

Philippe le Bel recevait

avait espéré pacifier le pays,

violences.

le roi.

des adhérents

des uns et des autres des rapports qu'il devait hésiter

vit la

il

s'était

de l'inquisition,

il

troublé par leurs

maintenant

qu'il a

l'audace aux hérétiques et causé

donné de

lui-même des

troubles nouveaux. Ce qui est évident, c'est que le

pays n'est aucunement pacihé.

prouver que l'agitation

s'est

On

peut

môme

accrue, et que la ré-

sistance à tous les décrets de l'inquisition se croit

légitime, étant ordinairemeni excusée, fois

(1)

môme

provoquée par

Pièces justificatires, n°

III.

les ofiicicrs

du

(juelquerui.


BERNARD DÉLICIEUX

78

Ainsi la ville de Castres vient d'être le Ihéàlre

d'un étrange abus de pouvoir. La sentence d'ex-

communication rendue contre régulièrement publiée dans

le

vidame

la ville

avait été

de Castres par

Jean de Recoles, prêtre conducber

de

l'église

A quelque temps de

Sainte-Marie de la Place.

Pierre Nicholaï, lieutenant du viguierd'Albi, le

mander

et lui dit

:

«

là.

fait

Je m'étonne fort de ton impu-

»

dence. Oser lire en public une sentence rendue

»

contre ce vidame qui représente

»

de notre seigneur

le roi

!

»

ici la

personne

Le prêtre s'excuse,

alléguant les ordres qu'il a reçus de l'archiprêtre

de Castres. Le lieutenant du viguier l'arrête conduit prisonnier dans

le

et le

couvent des Mineurs.

La foule ayant à leur suite envahi ce couvent, un grand tumulte commence. On insulte, on frappe Jean de Recoles.

Il

faut qu'il rétracte sa procla-

mation. Les Irères Mineurs joignent eux-mêmes les

menaces aux prières pour

ce qu'on lui

demande,

et,

décider à faire

quand Pierre Nicholaï

devrait du moins protéger son prisonnier contre la

multitude de ses agresseurs, c'est

raille, l'injurie

lui fait les

de la plus haute voix;

sommations

les

lui

qui le

c'est lui

plus brutales

les

qui

plus


ET i;iNQl ISITIUN prossirrns haine,

la

(1

).

Donc, toute

do droit les

voilà les magistrats

donnant l'exemple du les

iv<ili'

juste liaino qu'inspirent

l'inquisition, et

par

A l.liKiEOISE.

7!)

crdo, à la

suppôts de

eux-mêmes

un-pris de ees lois dictées

papes, jurées par les rois, qui doivent

à la fois protépfer TKtat contiv rKtilise et l'Eglise

contre l'Etal.

Cela se passait dans

la

ville

de Easires vers

commencement du mois de novembre, Bernard

et

tandis que

ses amis sollicitaient le roi de leur

venir en aide.

II

par cet incident.

muler que, vers

on

le

n'y devait pas être encouragé Il

ne pouvait toutefois se dissi-

les

premiers jours de novembre,

savait certainement, dans la ville

de Castres,

ce qui avait eu lieu, le 8 septembre, dans la ville

d'Anagni. D'ailleurs Philippe ne voulait pas se

retourner vers l'inquisition, qu'il n'aimait guère. Etant donc très-incertain sur jirendre,

il

allait

le

parti qu'il devait

de Paris à Pierrefonds, de Pierre-

fonds à Compiègne, suivi du vidame et de Bernard,

Enfin

(I)

et il

ne leur faisant aucune réponse précise. leur dit

(pi'il

Pièces juslificatives. n"

avait résolu d'aller visiter

II


BERNARD DÉLICIEUX

80

lui-même son comté de Toulouse, vers

fêtes

les

de Noël,

jusque-là ne pas recevoir tumultes.

ne

Il

mois environ

qu'il

et

espérait bien

nouvelle

la

s'agissait plus

l'arrêt

qu'il y sérail

que d'attendre un

de sa justice.

peu près

Les ambassadeurs se retirèrent à

La reine leur

satisfaits.

assistance, et la elle

d'autres

a positivement promis son

venue prochaine du

pas avoir pour

roi

ne

doit-

conséquence nécessaire

confusion de leurs persécuteurs? Cependant

la

ils

se

disent entre eux, chemin faisant, qu'il ne faut rien

négliger pour assurer le succès de leur entreprise

sonne

;

et déjà,

le crédit

connaissant

et l'habileté

Bernard déUbère sur ce réception du roi.

du pays

mieux que per-

de ses adversaires,

qu'il doit

Quand on

commune

préparer pour

la

a Iranchi les frontièi'es

albigeois, Bernard

donne quelques

structions aux gens de Carcassonne,

in-

promet de

les revoir bientôt et se dirige sur Albi. Il

y arrive à cheval, suivi d'un clerc, et va

s'établir

au couvent de son ordre. Quelques jours

aj)rès,

convoque dans ce couvent

il

les habitants

de

la ville, et,

les

consuls

et

devant une assemblée

d'environ cinq cents personnes,

il

prononce un


KT I/INOUISITION AI.HIGEOISE. discours.

Gomme

on

le sail,

il

81

vient de Paris et

il

a vu le roi, la reine, celle autre Esther, qui tou-

jours intercède pour

le

pauvre peuple d'Albi. Mais

grande nouvelle

voici la

:

un rendez-vous

à Toulouse le jour de Noël. C'est

donné pour de solennelles avocats ne ils

promis d'être

roi a

le

Assurément

les

bonne cause,

et

assises.

manqueront pas à

la

auront à faire valoir d'irréfutables arguments.

Cependant

il

faut leur venir en aide, et

deux choses sont à l'argent,

puisque

faire

c'est le

:

pour cela

d'abord recueillir de

nerf de toute pi'océdure

;

ensuite avertir les populations des villes décimées

entraîner à Toulouse,

et les

hommes, femmes,

enfants et vieillards, pour émouvoir le

roi,

la

reine, les jeunes princes par le concert de toutes

douleurs. Tel est le discours de Bernard. Aus-

les

sitôt

et

sans hésitation, l'argent est promis

:

le

notaire royal d'Albi, Arnauld Gallinier, enregistre toutes les promesses, et des émissaires vont dans les

bourgs voisins préparer

la

manifestation con-

venue. D'Albi Bernard se rend à Castres. le

dimanche de rAvont,

et,

Il

est à Castres

ayant assemblé vers

soir les habitants de cette ville dans

le

le

vieux cime6


BERNARD DÉLICIEUX

82 tièrc

moines

des

d'adhérer à

de Saint-Benoît,

la ligue.

Toute

la

les

il

prie

puissance des inqui-

siteurs tient à ce qu'on n'ose pas les combattre. Il

faut oser et ne pas s'inquiéter

de

lui,

par exemple, qu'il

le dise et

injure.

qu'on

Pour

le

répète

;

du

il

grave, puisqu'il est

dit

Qu'on

bien de cette vaine

rit

vidame, pense- 1- on,

le

On

reste.

est l'Antéchrist.

excommimié; mais

c'est plus la

sentence

sera déclarée nulle. Toute sentence prononcée par l'inquisition depuis vingt ans a le nullité. Singulier tribunal qui

même

vice de

rend des arrêts sur

des crimes qu'il invente! Le roi soupçonne qu'il

en

est ainsi;

convaincu

il

si le

faut le convaincre.

vidame, suivant

le

Il

serait déjà

conseil de quel-

ques honnêtes gens, avait immédiatement conduit devant lui tous ces infortunés qu'il a

tirés

du mur

de Carcassonnc. L'accusation de faux portée contre l'inquisiteur par

une

si

grande multitude d'inno-

centes victimes aurait levé tous les doutes dans la

conscience du roi. Mais voici une autre occasion

de

lui faire connaître la vérité.

lui-même rendre aux

fêtes

de Noël

visite il

Ce bon roi vient

à son peuple calomnié;

sera dans les

murs de Tou-

louse. Qu'il y soit entouré, pressé, supplié; qu'à


ET i;iNQllISITION ALBIGEOISE. r(''rl;iiit'r

jour do Plii

dans

Ir

Idiit

le

la ville

di'iiiier

l<'

Bel arrivait en effet le jour de Noël

de Toulouse, accompagné de

Jeanne de Navarre,

de ses trois

et

Philippe et Charles. et

l'I

venu.

l'inqiiisilion sera

lippe

gneurs

conspii'c,

iiioiidi^

83

la reine,

Louis,

fds,

Un grand nombre de

sei-

de prélats, parmi lesquels on distingue

Guillaume de Nogaret

et

Guillaume de Plasian,

l'archevêque de Narbonne et

le

docte évéque de

Uéziers, Bérenger de Frédol, forment son cortège royal. les

Lorsqu'à

rues de

la tête

la ville,

de ce cortège

sur son passage, et crie la

le roi traverse

une immense foule se précipite «

:

Justice

!

justice

!

»

C'est

manifestation que Bernard a demandée.

Tandis qu'il l'observe

provoquée,

un complot

et se félicite

se

trame contre

Sachant tout ce que peuvent sur les

du

roi

de

et Geoffroi

l'écarter.

roi,

l'esprit

d'Ablis cherchent le

Ayant donc appris que, dans

des étrangers attirés à

du

lui.

habiles discours de Bernard, Guillaume

Morières

de

de l'avoir

se trouve

un

Toulouse par

la

moyen la foule

présence

dignitaire de l'ordre des

Mineurs, Bernard d'Ortholan, ministre provincial

1

d'Aquitaine,

ils lui

dénoncent Bernard

comme


U

BERNARD DELICIEUX

un turbulent qui

empêche, par

les

ses

menées,

d'exercer librement leur ministère. Cette dénonciation reçue, le provincial d'Aquitaine

ne peut se

défendre d'assigner Bernard et de l'interroger.

Une

Bernard comparaît de-

nuit, après matines,

vant ses juges, dans

la salle capitulaire

de Toulouse, s'explique, s'excuse

des Mineurs

et se fait ab-

soudre. Ainsi les Prêcheurs ont perdu leur peine;

Bernard pourra voir

le roi.

Philippe ne tarda pas trop à donner audience

aux envoyés de Carcassonne

et d'Albi. Ils vinrent

en grand nombre. Nous revoyons à leur

Arnauld Garcia, syndic des consuls tants d'Albi; maître Pierre Pros,

et

tête

maître

des habi-

avocat spécial

de Carcassonne, de Cordes

et d'Albi; le

Gahlard Etienne

Bernard. Avant qu'ils

et frère

juge royal

soient séparément entendus, le vidame prend la

parole au

nom

leurs griefs

de tous

les

plaignants et va résumer

communs mais ;

il

est

interrompu par

Guillaume Peire de Godin, ancien chapelain du roi, futur

cardinal-évêque de Sabine, alors ministre

provincial des Prêcheurs, qui récuse son témoi-

gnage

comme

étant celui d'un

excommunié. Pierre

Pros parle ensuite. Entre autres

faits

à

la

charge


ET i;iN0tIISITION M.RIGEOISE. r^vêquo Bornnrd

d(>

qu'ayant procès sur

naslaiicl

di^

(l(^s

trois

il

rappnrio

droits liscaux avec les con-

suls cl les habitants dWlIti, cet

lyranniqne arrogance

,

85

honinic

iU' la |)lus

arrcter, dans l'espace de

(it

mois, trente des plus honnêtes et des plus

riches citadins, les accusant faussement d'hcrésie,

quand

ctaient notoirement de vrais catholiques,

ils

assidus à tous les offices, dociles observateurs de tons les

commandements de

Quand Arnauld Garcia parole,

l'Église.

obtient à son tour la

décrit les tortures infligces par les inqui-

il

siteurs à leurs prisonniers, et supplie le roi de se laisser

persuader

qu'il raconte la

simple vérité.

trompent, ce sont ceux qui, pour jus-

Ceux qui

le

tiller les

bourreaux, calomnient

les victimes.

Le

syndic en était à ce point de son discours, quand liernard, qui se tenait derrière lui, l'interrompt et lui dit f>

>^

avec force

:

«

Maître Arnauld,

nommez

calomniateur, nommez-le. Dites au roi

:

frère Nicolas, votre confesseur. Et ajoutez

:

le

vous ne devez pas croire aux propos de ce qui

Sire, traî-

connaître aux Flamands toutce qu'on

»

tre,

»

décide contre eux dans

fait

C'est

le conseil. »

Ces paroles,

entendues par une partie de l'assistance, causé-


BERNARD DÊIJCIEUX

86

rent une vive émotion. Arnaiild Garcia les ayant

demanda

répétées, Guillaume de Plasiau lui

pouvait fournir trahison,

la

preuve d'une

si

Bernard, ce que je tiens de

« C'est, dit

»

maître Jean Lemoine, qui m'a raconté

»

à

Il

s'agit

moi-même, dans

l'église Sainte-Geneviève.

bien instruit de leurs secrets.

exprimé de l'affaire

le fait, »

du cardinal Jean Lemoine, personnage

de très-grand poids, répandu dans toutes et

s'il

criminelle

cette façon sur

le

S'il s'est

les

cours

vraiment

confesseur du roi,

doit être sérieusement examinée. Elle le

fut sans doute, car

en l'année 4306 frère Nicolas

du

n'avait plus le titre de confesseur

roi (1).

Arnauld Garcia ayant achevé son discours en priant le roi de prendre enfin à l'égard de l'inquisition des

mesures

efficaces,

Guillaume Peire

de Godin demande la permission de justifier ses confrères,

si

violemment accusés,

et plaide

pour

Foulques de Saint-George; mais Gahlard Etienne, juge d'Albi, recommence devant

le roi le récit

toutes les actions malhonnêtes reprochées

inquisiteur;

il

(1) Histor. (le la

de

à cet

parle de sa vie dissolue, de ses

France,

t.

XXII,

p. 767.


ET i;iNOUlSITI0N ALRIOEOISK. prort'diuvs iniinics, porlrait celui de

cl,

l'ail

collcgues,

si'^

terminant conuncnt

;iy;uil

siirccder à son se

il

peuple a pu

le

87

dcinandc en

longlemps

si

supporter ces pestes publiques. h]nlin les trois

orateurs de

commun

picsenlent en

la

leurs conclusions. Leurs

demandent à vivre

concitoyens, bons catholiques,

en paix. Que

cause albigeoise

réduise les perturbateurs

le roi

de mal

pays à l'impuissance

du

C'est leur

faire.

unique vœu.

A quelques le

accusé.

jours de

Bernard parut devant

là,

non comme accusateur,

roi,

On

mais

avait dit à Philippe le Bel

»

est troublé, voici l'artisan

)->

c'est frère

Bernard.

défendre devant

de tous

:

«

comme

Si le

pavs

les troubles,

Bernard vient donc se

»

du

le conseil

roi,

solennellement

convoqué. Aux membres ordinaires du conseil ont été priés de se joindre l'archevêque de

révêque de Béziers, et le

Narbonne,

capitouls de Toulouse

les

provincial des Mineurs d'Aquitaine. Oui,

Bernard

le confesse,

l'inquisition.

A bon

sieurs années,

même tant

crié

il

il

est l'adversaire déclaré d(î

droit

on

dit

que, depuis plu-

ne cesse de crier contre

que

sa voix

en

est

elle.

Il

a

devenue rauque.


BERNARD DÉLICIEUX

88

Oui,

si

la

de Toulouse

ville

est

heure

cette

;i

remplie de gens venus de toutes parts pour

Le

lui-même Ta chargé d'annoncer à tout

roi

peuple d'Albi

arrivée prochaine

sron

à cette nouvelle il

le

peuple agité

:

s'est

il

justice.

Ce peuple, que

animé des sentiments

Frère

Prêcheurs, a

;

mais

demander

comme

l'on représente

les plus

pose de fidèles sujets

le

l'a fait, et

calmé

vient aujourd'hui, le roi présent, lui

liques.

té-

l'inquisition, c'est son ouvrage.

moigner contre

dangereux, se com-

et d'irréprochables

catho-

Guillaume Peire, provincial des

dit,

il

y a peu de jours, devant le roi,

qu'on ne trouverait pas un seul hérétique dans tout le

Languedoc

d'Albi, de Cordes

ailleurs et

que sur

de Carcassonne,

dénombrement de tous

ensuite le

les territoires

répandus en ces lieux,

il

les

et, faisant

hérétiques

n'en a pu compter plus

de quarante ou cinquante. Pourquoi donc tant d'enquêtes et depuis tant d'années tant d'incarcérations,

de tortures, de violences? Ce qu'a

Guillaume la

n'est pas d'ailleurs,

il

dit frère

s'en faut bien,

pure vérité; ces nombres de quarante, de cin-

quante, sont imaginaires. Depuis longtemps a plus

un

il

seul hérétique dans tout l'Albigeois.

n'y


KT L'INOIIISITION AÏ.RIGEOISK. l/ai'(lievr((ii('

/iers

X;iil)(»iin('

<li'

à

récliiiiit'iil

luis

la

df

et l'rvr'qiu'.

coiilif

ccltt'

y a ou, disonl-ils, dos cas (rii(''rôsio

Il

SI»

!>(''-

assertion.

avoués

ol

prouvés, rîornard reprend qu'il faut se méfier df

Les bienheureux

ces prétendus aveux.

Paul, (raduits conune hérétiques devant

Pi('rr(;

le

el

tribunal

de l'inquisition, sciaient eux-mêmes, à son avis, bien empêchés de

de justice quand

se justilicr.

des pièges où trébuchent à

subtil de tendre

On demande

crime.

et le

llernard de quels inquisiteurs ainsi la procédure.

Il

On

lui

noumie Jean

les

abus

»

tez,

»

le

que

qu'il signale.

entendez

conseil

du

»

a trouvé le

>

le

mal.

que

roi, selon

le

alors à

et

(laland, Jean

Foulques do

répond que plusieurs de ces

inquisiteurs sont morts, placés, et

la

entend incriminer

il

de Saint-Seine, Nicolas d'Abbeville Saint-George.

s'agit plus

d'interroger est devenu Tari

l'art

fois l'innocence

ne

Il

son pouvoir, a corrigé

Bernard réplique

les plaintes, et

roi, quelle

remède

le

rem-

les autres sont

:

«

Ecou-

vous apprendrez

que

soit sa

si

prudence,

plus propre à guérir

»

Le système ne

fut pas

limitant les pouvoirs

toutefois

changé.

du juge enquêteur, en

En l'as-


BERNARD DÉLICIEUX

90

au contrôle de l'évêque diocésain,

sujettissant

Philippe est le droit

liers,

de

dont

persuade qu'il a

fait

faire. L'Eglise a ses la

compétence

est

tout ce qu'il avait

tribunaux particu-

reconnue. Des con-

damnations pour hérésie l'appel se pape, non devant

le

le roi,

et,

quand

devant

fait il

se plaint

encore des empiétements que

le

a tentés sur le domaine

de

puissance

Philippe ne croit pas

moment opportun pour

le

la

dernier pape civile,

toucher d'une main plus dure aux libertés de

En conséquence, par une ordonnance du

l'Eglise.

lo janvier 1304,

il

confirme toutes les prescriptions

contenues dans ses lettres du 8 décembre 1301, et,

quelle que soit la vivacité des .dernières sup-

pliques, )>

foi ».

il

maintient l'inquisition

C'est

l'abolir. C'est

au pape de décider

«

au profit de

s'il

la

convient de

encore au pape qu'il appartient de

statuer en dernier ressort sur les causes jugées, et

d'annuler ou d'atténuer les peines prononcées.

Le

roi répète dans les termes les plus acerbes

que

la conduite des ministres de l'inquisition a trop

longtemps scandalisé avertit le le

pape mais il ;

les

honnêtes gens,

s'arrête là, réservant

et

il

en

au pape

plein exercice de son droit. Cependant, pour


ET L'INQUISITION ALI5IGE0ISK. qu'il no- soit ville (le

niers

pas

Pliilippca quitta sn l)onno

Toulous(i saus oirrir du moins aux piisoii-

du juge d'Kglise un témoignage de

pathies royales,

mais

dil qiio.

traités

dit-il,

!)l

demande

il

sym-

ses

qu'ils soient désor-

avee moins de rigueur. Les prisons,

ont été laites pour séquestrer les coupables,

non pour

pœnam.

les

C'est

torturer

une

belle

:

Ad custodiam non ad

maxime, exprimée en des

termes excellents. Si vieille

même

qu

elle soit, est-elle,

de nos jours, partout admise? Avant

la lin

de janvier les lettres du roi furent présentées par consuls de Carcassonne, Élie Patrice, Arnauld

les

Terrien,

Raymond

Beleth, Guillaume Laurent, à

Guillaume de Rabastens, sénéchal de Bigorre

et

régent de la sénéchaussée de Carcassonne. Nous

avons

l'acte

de cette présentation. On n'y trouve

pas le témoignage d'une vive reconnaissance.

Au commencement de de Toulouse,

Carcassonne

ment

:

février,

allant à Béziers

s'était

parée pour

roi s'éloigna

par Carcassonne. le

recevoir digne-

partout des banderoles et de splendides

tapisseries.

Élie Patrice, le premier de la ville,

conduisit Philippe au château ci,

le

rendu près du grand

;

mais quand celui-

escalier, allait en gravir


BERNARD DÉLICIEUX

92 les mai-ches

Roi de France

«

:

forte Élie Patrice, »

plez cette

»

royaume,

«

détournez-vous,

misérable et

que

d'une voix

», lui dit

ville,

l'on

et conteni-

qui est de

traite

si

votre

durement!

»

L'irrévérence de ce langage blessa le roi, qui donna l'ordre d'écarter l'importun. Retournant

bourg de Garcassonne en pressant

le

donc au

pas de son

cheval, Élie Patrice dit aux premiers citoyens qui

vinrent à sa rencontre, lui demandant des nouvelles

:

Allez par les rues, par les chemins,

«

»

détachez les drapeaux flottants et enlevez à

»

ville ses habits

»

de deuil.

il

de

fête,

car ce jour est

Ce qui veut dire

»

:

la

un jour

plus d'illusions;

ne faut plus rien attendre du roi de France Élie !

Patrice va-t-il

donc cesser de combattre, ayant

perdu

de vaincre? Aux

l'espoir

tempérament

le

hommes de

son

désespoir ne conseille jamais

la

résignation.

Le

roi

se rendit

ensuite

à Béziers.

Bernard

l'accompagna dans ce voyage, suivi lui-même par sa propre cour, Pierre d'Arnauld, Arnauld Garcia,

Arnauld Terrien, Pierre Pros, Guillaume de SaintMartin, Élie Patrice. Assurément

le

grand agita-

teur n'était point non plus satisfait, car

il

avait


KT l/INOI ISITION M.lîKiHOISK. bcauroiip plus |)roinis au

oblenu

;

homme

nom du

mais

le roi l'avait

dont

les

conseils

Oiî

roi ((u'il n'avait

bien traite,

commo un

doivent toujours être

entendus, mrinc loisipTils ne doivrnl pas être suivis, et,

Ion

dans une

coui' jdt'ine

Taisait pioi'essiou

selon leur mérite, jiersonuage.

suivant

le

Ne

il

de jiarvenus, où

de n'estimer les gens que avait acquis l'autorité

d'un

se proi)Ose-t-il pas d'ailleurs,

roi, d'exercer

veillance la plus active,

autour de de

lui la sur-

parler

lui

en

encore,

de hâter l'expédition des pièces qui doivent être envoyées à Rome, enfin d'enlever à ses adversaires de s'attribuer à lui-même tout

et

le

profit

des

éventualités? Pour sa part, Elie Patrice ne croyait

plus au succès des

néanmoins

et

il

moyens employés par Bernard,

le suivait

encore, parce qu'il en

avait pris l'habitude et parce

que

ses

amis

l'en-

traînaient avec eux, espérant toujours. Cependant il

se

les

lit

à Béziers

un changement notable dans

sentiments de cette compagnie.

On

y éprouva

des mécomptes qui portèrent au crédit de Ber-

nard un grave dommage,

et

tournèrent bien des

gens du côté d'Élie Patrice, qui désespéré.

le

premier avait


lîERNAni) DÉLICIEUX

94

A

Bézioi'S, étant

au

})alais

de révêqiic avec

cour, Bernard aborda Guillaume de Nogaret,

la et,

en présence d'Elie Patrice, de Pierre d'Arnauld et

de quelques autres,

de

faire

il

pria ce puissant favori

promptement parvenir

les justes

Nogaret

à la cour de

Rome

requêtes de l'Albigeois. Guillaume de

lui

repondit

:

«

Oui, sans doute, on y son-

))

géra, mais plus tard. Le roi a beaucoup d'autres

»

affaires, plus

»

à régler avec la cour romaine, et d'ailleurs le

»

nouveau pape (Benoît XI

»

face VIII le

))

vent de Prêcheurs, ardent ami de son ordre, ne

»

touchera jamais à ses privilèges, ne condara-

»

nerajamais ses ministres. Tenez cela, messieurs,

»

pour

»

râbles

personnelles et plus considérables,

avait

22 octobre 1303),

remplacé Bonisorti

d'un cou-

certain, et sachez attendre de plus favo-

circonstances.

Guillaume de Nogaret,

»

C'était

le triste

sagement

dit.

héros d'Anagni, ne

pouvait être suspect de quelque penchant pour les ministres du saint-office

deux cours,

;

mais

il

connaissait les

les desseins et les soucis

de l'autre, et prévoyait ce qu'il

Cependant ce simple aveu de

la

de l'une

fallait

vérité

beaucoup ceux qui l'entendirent. Avant

et

prévoir.

troubla la fin

de


KT I/INOnSITION In

l'icirc

joiiiiKM',

rendent.

l;i

;i

(rAiM;nilil

(lenieiin-

Le

»

Soiiinies-noiis perdus, on

»

avons-nous encore?

dit-il,

l'ilir

<'l

de IJeinard

«

nous al)andonne,

roi

AI.I'.IC.KOISK.

»

0.'.

l'nliin'

se

cL lui disent

:

pape nous trahira.

le

(|ii('l

espoir de salut

Bernard leur conseilla,

de ne pas douter de

la

Providence.

licsilons à croire qu'il ait relevé

Nous

beaucoup par ce

conseil leur confiance abattue. Quoi qu'il en soit,

l'événement après non

aggraver

le

plus inattendu vint quelques jours

jtas

seulement confirmer, mais encore sinistres pressentiments d'Élie

les plus

Patrice.

Arnauld

Terrien,

Pierre

dWrnauld

et

Elie

Patrice ont été chargés par leurs concitoyens d'of-

hir deux vases d'argent, l'un au reine. et,

Le

quand

roi n'a fait il

loi,

l'autre à la

que traverser Carcassonne,

quittait cette ville, les vases n'étaient

pas achevés. La cour étant encore à Béziers, ces vases arrivent, et l'on s'empresse de les porter au palais. Mais,

si

la

reine accepte le présent, le roi

le refuse. Ainsi, tout

va de mal en

jtis.

11

de jours Guillaume de Nogaret avertissait de Carcassonne que

pour

le roi

y a les

peu gens

négligerait leurs affaires

les siennes. Voici déjà la

confirmation de ces


BERNARD DELICIEUX

96

paroles

:

repousse leur présent pour leur

le roi

témoigner son mépris. Bernard étant au couvent des Mineurs, Arnauld Garcia et

vont

le

trouver.

»

Bernard, que

»

vases.

ne

Il

«

Raymond Baudier

Vous avez appris, leur

le roi n'a ])as

voulu recevoir

dit les

par Dieu! rien de bien.

fera,

»

Élie Patrice et Guillaume de Saint-Martin étant

venus ensuite, s'est-il

passé

le

colloque

depuis

fut

l'entrevue

Tous l'ignorent, Bernard comme il

est

sur

Que

ses

amis; mais

le roi.

15

partie de Béziers, était à Montpellier

février.

Les consuls de Garcassonne se sont

acheminés vers

cette ville sur les traces

désireux d'obtenir une audience et de Or,

vif.

de Toulouse?

bien évident qu'ils ne peuvent plus compter

La cour, le

plus

quand

ils

sollicitent cette faveur et

croire autorisés à l'espérer, affront.

Le

ils

du

roi,

se justifier.

peuvent se

reçoivent un nouvel

roi leur fait rendre à Montpellier le

vase accepté par la reine, et sur les motifs de cette

que

le précé-

même silence.

Bernard,

restitution, plus injurieuse encore

dent refus, le roi garde

le

toujours consulté, n'a plus de conseils à donner.

Gependant Pierre d'Arnauld, Pierre Pros, Élie


KT i;i.\oiiisrnoN amugkoise.

ot

Patrice el les autres (^ompaynons de Hernard jtersisteiil

à suivre

quel dessein? attendant

le roi,

ne

ils

([u'ils

qui se rend à Mines. Dans le

savent guère; mais, en

obtiennent

ne croit pas devoir leur donner,

ils

se plaignent,

de jour en jour plus vives,

leurs plaintes,

et

qu'on

les ("xplications

vont frapper d'autres oreilles que celles du roi Pliilip{)e.

A

ce

moment

nouveau,

un personnage

parait en scène

prince Fernand, troisième

le

fils

du

roi

de Mayorque, âgé d'environ vingt-quatre ans, un

jeune étourdi qui, prétondant jouer ambitieux, va profit d'un

Jayme roi

d'activés

l'aire

d'un tirer

mécontentement trop divulgué.

II,

de

maison souveraine d'Aragon,

la

de Mayorque,

en

est

même

temps, depuis

1292, un des vassaux immédiats de

l'année

comme

couronne de France, Pliilippe

pellier.

Montpellier,

et

côtés son

mencent

l'a fils

le

Jayme

devoir, lui rendre nelle,

le rôle

démarches pour

Bel

est

seigneur de Mont-

étant

venu,

donc

comme

l'hommage d'une

suivi jusqu'à

la

Nîmes

,

arrivé c'était

à

son

visite solen-

ayant à ses

Fernand. C'est à Nîmes que com-

les intiigues

de Fernand. Dans 7

le

palais


BERNARD DÉLICIEUX

98

même il

qu'habite le roi de France, en pleine cour,

serait

qu'il

Philippe ne

de l'inquisition et

lui parle

aborde Bernard,

heureux de fait pas.

faire

Bernard

le

comprend,

sans l'encourager, sans le repousser,

rendez-vous pour

le

dit

lui-même ce que

donne

lui

il

et,

lendemain dans un lieu moins

public que le palais, dans sa chambre, au couvent

Au même

des Mineurs.

convoque Élie Patrice

Guillaume de

et

Martin. Dès qu'il s'agissait de tramer

Bernard

s'effaçait

;

aux uns

En le

et

d'Arnauld dit à

jeune

le

savait être agréable

aux autres.

effet,

refus

il

Saint-

un complot,

mais en présentant

prince aux deux consuls,

Bernard

rendez-vous

pendant

le

séjour à Bézicrs, après

de leur présent, Élie Patrice, Pierre et

Bernard

Guillaume de Saint-Martin avaient qu'ils voulaient

renoncer désormais

à de vaines requêtes et pourvoir autrement au salut

du pays. Ce discours

Bernard, mais ne la plupart des

taient la

l'avait

avait

pu contrarier

pas surpris.

Il

savait

que

mécontents du Languedoc détes-

domination française

et parlaient

vent de s'en affranchir. C'était le

^rand nombre de bourgeois;

vœu d'un

c'était aussi

le

souassez

vœu


ET l.'INOI.ISITION AI.niGEo'iSE. ''"

<l""'n"<'> -^eiHn,.,,-. ,|;,|o„x

,1,.

99

,...,„„v,v,.

|,.„r

"''';'':''''''''••

'-""'^'"''-'-l"in,.,,.oaso„Uut l';'»"''ln=résonlc.|,.,. un,,.,,,. ;,'".""

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"." '•»'

l"" françaises

<» 'f»'"""»". e'

UémumoiU

rai,.

la

d-„„,o„ue Je

>e,Tou.. des

il

;"'

''^''''"'''=

zélé:

naise, et

armes

avait seule en,pèc],é qu'il „V,-„ beau-

coup de complices. Bernard l„i-,„Cme ne l'nme pasavee franchise quand '•'•ançais

l'ù-

pour

P'^'-aîfe

''"^

il

est

lui,

un

s'ev-

allecte devant le

sujet confian,,

de Montpellier,

un

ville ara..o-

comme

pour les bourgeois'de l^arcassonneetd-Albi, ses amis, les Français sont eu-angers du Kord, les vainqueurs ^^ de Muret, es dominateurs de la patrie languedocienne

U^pendant consuls.

il

n'a pas approuvé les discours des

Ae pouvant

se dissimuler le médiocre sucées de ses plaintives remontrances, il n'en 'edige plus de nouvelles,

mais

il

eroit

moins

encore au succès de l'entreprise dont on est venu

Ini

révéler

le

dessein. C'est

devoir observer devant

que devant de

les

les consuls.

le

pour

prince

cela qu'il a cru la

mèn,e réserve

ne refuse pas toutefois rapprocher. Puisqu'ils ont pour coramtme Il


BERNARD DÉLICIEUX

100

intention d'affranchir le

la tyrannie

Languedoc de

dominicaine, qu'ils se voient et se concertent,

il

sera leur témoin.

Nous n'avons pas férence de Nîmes

;

le

procès-verbal de cette con-

nous savons du moins que

les

interlocuteurs ne se séparèrent pas sans avoir pris

l'engagement de se revoir. Ne pouvant disposer seuls de la ville de Carcassonne, les

deux consuls

veulent aller trouver leurs collègues et s'entendre

avec eux. C'est, d'ailleurs, une affaire considérable qu'une défection. cès.

Quand on

faut en préparer le suc-

brusquement, par un coup

s'y jette

de désespoir, l'échec

Il

est certain. Élie Patrice et

de Saint -Martin quittent

Guillaume

Fernand sans rien

lui

prince

le

promettre encore. Bernard

ira plus tard visiter le prince à

Perpignan

et lui

dire ce qui aura été résolu.

Tel sera' pour quelque temps le rôle de Ber-

nard. Toutes les délibérations seront faites en sa

présence ou

lui seront

communiquées,

et,

conjurés le chargent de quelque mission, remplira. Sans offrir son concours,

il

ne

si les il

la

le refu-

sera point mais Élie Patrice sera le chef de la nou;

velle entreprise.

Bernard laissera passer devant


KT '"'

'•'''

i;iN(.t||SIT|()\

lioMimc

(l'aciioij,

cn'-dii

oscia

d.''l;nil

cl,

par

dence, |)n(lra sa cause,

ri

1(11

pkujant une égalo

((iii,

confiance dans son loiil,

ALHKIEOISE.

dans son courage,

de iialicnce, de prusi

bonne

n'ayant poiiitaiil à e(ein' (pie de

la

(iifrllc servii'.

soil,


CHAPITRE

VTI.

CONSPIRATION AVEC LE FILS DU ROI DE MAYORQUE.

Philippe, le Bel, quittant avec sa

de Nîmes; va traverser l'Auvergne Carcassonne Garcia

et

et les

;

cour

les

la ville

députés de

deux syndics albigeois, Arnauld

Pierre Pros, retournent à Carcassonne

par Montpellier; Bernard se dirige sur Albi. informé que

le

de Rome.

donc

Si

vidame

Il

est

doit bientôt plaider en cour

le roi tarde trop à porter l'affaire

de l'inquisition devant le pape, elle peut être pro-

chainement résolue sans

le

concours du

roi, et, le

condamnée. Ber-

vidame absous,

l'inquisition est

nard

encore cette solution alors invrai-

espère-t-il

semblable?

quand

Il

veut être,

dit-il,

dans

les

murs

d'Albi

partira la députation chargée d'accompa-


I/INQÏUSITON ai.imceoisf;. liiKT le

\i(l;iiiii\

pn'lcxlc,

cl,

(li)iiii;iiil

se iiioiilre

il

par une aniic

|)icssi''

ikm'Ic (|ne ses

1():J

raison on ce

n'Ilc

de soilir de Mines

rompagnons.

Tandis que ceux-ci s'acheminent vers Montpellier, Elie

Patrice et fiuillaume de Saint-MaiMin, se

rapprocliant d'Arnaidd Clarcia et de Pierre Pros, leur disent

:

«

Le

roi

de France nous a mal reçus

sommes

;

»

mais, étant à Nîmes, nous nous

»

tenus, ainsi

»

avec

»

qui nous a promis d'en finir avec les inquisi-

le

jeune Fernand, fds du roi de Mayorque,

nous voulons

»

tours,

»

Que vous en semble?

si

accueillie sans surprise.

périlleux de se choisir

le choisir

et

répondent

pour maître.

confidence est

Cette

»

Cependant

il

est toujours

un maître. Avant de

gager dans cette entreprise, hésitent

entre-

que frère Bernard, notre grand ami,

les

qu'ils

s'en-

syndics albigeois

veulent

consulter

Bernard.

Le 15 mars, jour de

la

Passion, Bernard prê-

chait au couvent d'Albi devant un peuple nom-

breux. Nous avons l'analyse de son sermon. conseille encore la patience.

Du

roi

Il

de France

pas un mot, aucune allusion à ce qu'il aurait du faire et n'a pas fait

;

il

ne

s'agit

que du vidame,


r.ERNARD DÉI.ICIECX

104

de son appel, des nouvelles favorables qu'on a reeues de Rome. Encore un peu de temps, les

et, si

bons citoyens ne se laissent pas désunir,

ils

seront au terme de leurs généreux efforts. Quel-

ques jours après, Bernard prêche dans

il

Rameaux.

Il

l'église

est à

Carcassonne, où

de son ordre,

le

jour des

n'a pas, dit-il, de récentes nouvelles.

L'appel n'est pas encore jugé. Mais présentement

pas de conflits, pas de violences. Jusqu'à ce qu'on ait

appris la résolution des commissaires qui se-

ront chargés par

du pays

albigeois,

Ensuite,

s'il

le

pape de connaître

le

les griefs

faut savoir tout supporter.

il

n'est pas fait justice à tant de plaintes,

temps sera venu de prendre des résolutions circonstances veulent des

nouvelles,

et,

martyrs,

y en aura.

il

si

Arnauld Garcia

les

Pierre Pros vont alors trou-

et

ver Bernard, lui rapportent leur entretien avec Élie Patrice,

opinion sur

répond

:

«

et

lui

demandent quelle

Et vous, quelle est la vôtre?

Arnauld Garcia,

»

mienne,

»

soustraire aux mains de ses ennemis,

» l'aide

est

dit

son

défection projetée. Bernard leur

la

de Dieu,

soit

— La

c'est qu'il faut se

avec l'aide du diable.

soit »

avec

Pierre


ET I/INOIJISITIUN AI.Uir.EOlSE Prns ajouto venus,

:

« (-'est

la

niicnno aussi.

question

(|u'ils lui

pusciit

un

Ayant

vœu

les

avis.

l'ail

comme

de toutes

lui seul

il

m

de défection n'est pas venu de

lui.

;

snnl

sur

pas

les coui-

mais ce projet

Que

les syndics

d'Albi s'adressent aux consuls de Carcassonne

prennent avec eux

le

Arnauld Garcia

et

vers la maison

la

coiiiliMllaiil

sera de tous

les balailles

Il<;

et,

ii'cxpiiiiu'

de numiir

ennemis de son pays,

plots

>

lîcinaid

coiisnllcr

(lis(Mil-ils,

Kl.'.

et

meilleur parti. Pierre Pros se dirigent alois

commune du

les consuls, délibérant

sur

la

bourg, où se trouvent

grande

affaire. Assis-

tent et participent à cette délibération les consuls Élie Patrice, leth,

Arnauld Terrien, Raymond Be-

Guillaume de Saint-Martin, Raymond du Puy,

Guillaume Laurent, Guillaume de Montolieu, Barthélémy Calverie, Raymond André,

et

avec eux

divers conseillers et notables habitants de la ville,

Raymond

Propris,

le

notaire maître Bernard Amat,

maître Bernard Jean, Pierre Record, Guillaume du

Puy,

Raymond Bena, Raymond

Vital. Élie Patrice est l'orateur

Soqueri, Bertrand

de

la

réunion.

Il

expose que, livrés en proie par le roi de France à d'odieux tyrans, quelques citoyens de Carcas-


BERNARD DÉLICIEUX

J06

sonne ont formé à son obéissance

le ;

dessein de soustraire leur pays

puis, racontant les propos échan-

gés à Nîmes avec le prince Fernand,

il

que ce

dit

jeune homme, animé des meilleurs sentiments, lui

paraît mériter toute la

confiance des gens

de bien. Élie Patrice avait une grande autorité. Si

quelques-uns des assistants trouvent son des-

sein téméraire,

lanimes

et

ils

gardent

ne veulent pas paraître pusille secret

Le vote en faveur de

de leurs inquiétudes.

la défection est

unanime. La

séance levée, les consuls de Carcassonne se ren-

dent à il l'a

la

chambre de Bernard.

Cette délibération,

provoquée, puisqu'il a voulu savoir

si

l'en-

treprise était approuvée par tous les mandataires

de

la

commune. Quand

qu'ils sont d'accord,

il

ils

viennent lui témoigner

n'a donc plus d'objection

à leur présenter. Cependant

il

rappelle que jus-

qu'à ce jour, dans toutes les affaires, les gens de

Carcassonne

donc

et d'Albi se sont

qu'il serait sage

entendus;

de consulter, cette

il

croit

fois en-

core, les consuls d'Albi et de ne rien décider avant

d'avoir reçu leur réponse. C'est

que Bernard propose. Peut-être refusera d'entrer dans

un ajournement

espère-t-il qu'Albi

la ligue, et

qu'ainsi le pro-


ET F;JN011|S1TION AIJtlGEOISE. jet (le dcloclioii, dont, tera.

Kn

les ,i;ens d'Albi.

partant, Arnauld Gareia la

semaine qui suivra

mais, cette semaine écoulée, et

n'a pas faut

qu'il

donné de toujours

promet de revenir

le il

jour de Pâques;

n'est pas

ses nouvelles.

l'attendre,

et

de retour

Bernard

dit

continue ses

Le dimanche de Quasimodo, dans

prédications. le

avor-

On décide d'envoyer sur-le-champ Arnauld

Gareia vers

dans

l'cdoiilc les suites,

il

107

couvent de son ordre,

il

déclare que

de

le roi

France, en laissant à l'inquisition libre carrière,

manque loin.

à ses devoirs.

Il

Contre l'inquisition

contre

le roi

n'avait pas encore été il

si

tout dit, mais

avait

de France rien encore. Ce sermon,

qui diffère de tous

les autres,

Bern;u(l Ta-l-il

pour complaire à Elie Patrice? On peut

fait

le croire.

Élie Patrice n'est pas en effet content de Bernard,

que, depuis lesse.

trice

le

retour de Nîmes,

il

accuse de mol-

Bernard, de son côté, se plaint d'Élie Padont

les

imprudences l'épouvantent.

devant témoins,

ils

menacent. C'est après de réconcilier,

concessions.

on

Même

s'interpellent, s'injurient, se tels éclats

que, pour se

se tait d'ordinaire les plus

grandes


BERNARD DÉLICIEUX

108

Arnauld Garcia ne revint pas d'Albi, n'ayant pas réussi dans son ambassade. Deux des consuls, Philippe Oalric et Guillaume Salvi, le juge royal

Gahlard Etienne, ainsi que

le

viguier Guillaume de

Pesencs, s'étaient déclarés en faveur de la ligue;

mais

les autres

C'était

un échec grave pour

Ce qui

tion.

qu'on

avaient été d'un avis différent. parti

de

la défec-

grave encore,

c'est

en cherchant des complices, confié

avait,

le secret

le rendait plus

le.

de l'entreprise à des gens qui, ne l'ap-

prouvant pas, pouvaient

la révéler. Il fallait

donc

renoncer au projet ou en précipiter l'exécution. Élie

Patrice et

prononcés pour envoyé vers

le

la

plupart de ses amis s'étant

l'action

immédiate, Bernard

fut

prince Fernand, avec une lettre de

créance qui l'autorisait à

proposer

les

conditions

auxquelles Carcassonne entendait se donner un

maître nouveau. Il

partit

aux approches du second dimanche

après Pâques, accompagné d'un de ses confrères,

Raymond

Etienne, jeune religieux déjà distingué

dans son ordre, qui devait être un jour gardien du couvent de Carcassonne. à Perpignan,

comme

il

Ils

se rendirent d'abord

avait été convenu. Mais la


KT i;iNOI ISITION roiir (le .Mayoi'(nn' Ihi

Perpignan

p.is

ti'(''l;iit

ils

100

\l,i;ir,EOISE.

alois dans ccllu ville.

dînent aller

la

eherchcr à

hi

frontière d'Espagne, à travers les gorges des Pyré-

nées, à Saint-Jean Pla-de-Cors,

ne

sait plus

même

humble

village qui

son histoire, quoiqu'on y re-

trouve les grandes ruines d'un rhâteau construit vers la fin du xir siècle. Ce château Tut autrefois

un château

une des résidences préférées

royal,

des rois de Mayorque.

Suivant des routes

difficiles,

à peine tracées,

allant tantôt à pied, tantôt à cheval, les

geurs s'acheminent lentement vers

Bernard

est soucieux. A-t-il craint

mission, intimidé d'Élie Patrice?

})ai'

les

deux voyamonts.

les

de refuser cette

menaces quotidiennes

Nous croyons plus volontiers

a mieux aimé s'en charger lui-même que confier à d'autres. Sans être dèle,

il

infi-

les

proposer ou accepter des atermoie-

en tout cas,

s'il

d'un plan de conduite, la

un ambassadeur

de l'entreprise, suggérer lui-même des

objections, ;

la voir

peut ne pas dissimuler au jeune prince

difficultés

ments

qu'il

ne il

s'est

pas tracé

le détail

a pris le parti d'agir avec

plus grande circonspection.

Elant donc arrivé près de Saint-Jean Pla-de-


BERNARD DELICIEUX

110

Cors,

il

descend de cheval,

cavité creusée par

un

sol

pour y enfouir

de

créance.

Celte

cl,

pcnclranl dans une

torrent d'hiver,

les débris lacérés letti'c,

restée

fouille le

il

de sa

lelti-e

aux inains de

Fernand, pourrait être quelque jour une preuve accablante. Son premier soin est de la supprimei'.

Les deux voyageurs rendent ensuite

du bourg.

Il

visite

au curé

ne faut pas qu'on se demande, en

les

voyant aller directement au château, quelle affaire d'Etat les le

amène. Ensuite Bernard va seul trouver

jeune prince,

et entre

en matière par un discours

rigoureusement conforme aux instructions reçues. Les consuls et les conseillers de la

qu'il a

commune

de Carcassonne sont décidés à ne plus reconnaître l'autorité

du

roi

de France, qui ne veut pas agir

contre les inquisiteurs part,

l'engagement de

;

si

donc

il

les chasser

prend, pour sa

du pays,

il

peut

venir sur-le-champ prendre possession d'une ville

dont les chefs se donnent à

que

lui.

Bernard supposait

cette déclaration serait suivie d'un colloque

;

il

pensait qu'avant de tout promettre aux gens de

Carcassonne,

le

jeune prince voudrait au moins

interroger leur ambassadeur l'entreprise.

Mais

cette

sur les risques de

supposition

se

trouva


laussc. |»ri)Miil

plus délibérer

v*^;lMs

(Télic hionlôt

cassoiuie.

Il

Il

Kcriuiiul ucccpla, oL

rendu dans

les nuu\s

de Cai-

plus alors à Ikrnard (jiruiie

ni' icsiail

cliance d'insuccès.

m

amugkoisk.

i;inqmisitio.n

i:t

dit à

Fcinaud

(pril

ne

(irul

se relirer sans voir le roi, qui l'a toujours liouoié

de ses bonnes

i^râccs, el se

rend en conséquence,

malgré l'opposition de Fcruand, à l'apparlenienL

du

roi.

Jayme

savait tout et surveillait son fds. Étant

informé de l'arrivée de Bernard, appeler près de

lui.

On

il

l'avait déjà

l'ait

doit prévoir tous les détails

de leur entrevue. Le roi demande à Bernard ce qu'il

est

venu

faire

à Saint- Jean Pla- de-Cors.

Bernard répond avec embarras que

le

voyage n'est en rien blâmable. Le

roi,

motif de son sans faire

aucun mystère de sa mauvaise humeur, exige de Bernard

qu'il répète ce qu'il a dit à

Bernard, confondu ou feignant de silence.

Le

roi lui

commande

Fernand,

et

garde

le

l'être,

alors d'attendre ses

ordres, et se rend à la hâte près de son

fils.

Plu'

sieurs témoins rapportent qu'après avoir reçu sa visite,

Fernand

sortit

du château

la tête

nue,

les

cheveux en désordre. Son père ne l'avait pas seule-

ment admonesté;

il

l'avait

encore battu de sa main,


BERNARD DELICIEUX

11-2

en

la

présence de plusieurs seigneurs, sans aucun

souci d'une majesté depuis longtemps majeure.

Bernard ne revit pas Fernand;

ne revit pas

il

même

le roi.

lui

dire par son chancelier de quitter aussitôt

fit

le pays,

et,

Rentré dans ses appartements,

craignant à bon droit d'être arrêté,

Comme

Bernard s'empressa d'obéir. fin

du jour,

il

ne put dépasser

le

on

sur Perpignan en toute hâte,

gagna Carcassonne par

le

et,

était à la

Boulou avant

nuit close; mais, dès le lendemain,

il

le roi

la

se dirigea

il

sans y séjourner,

chemin

le

plus court.

Le prince Fernand n'essaya plus de renouer

la

négociation interrompue. Les gens de Carcassonne,

ayant appris de Bernard qu'ils ne devaient rien attendre de ce côté, n'envoyèrent à Fernand aucune

autre ambassade. L'affaire étant avortée, bientôt

on n'en parla

plus.

Élie Patrice a

donc tristement

Bernard recouvre toute sa l'état

lini

son rôle,

liberté d'action.

et

Mais

des esprits n'est plus ce qu'il était autrefois.

Depuis

le

voyage du

roi,

dont on espérait tant

et

dont on n'a presque rien oblenu,

le

groupe des

conspirateurs s'est seul agité pour

la

cause, et le

voilà

lui-même découragé. La confiance

est

main-


KT

h'iiaiil (liez les

jours

amuc.f.oise.

i;i.\(M isrri(»N

raiiltMiisdr riiKjuisiliim. Aiii>i tou-

succrdcul

iuix f^randcs (''molions

latijjfuos

;

ou

itsIc

silencieux; en

11:5

mais

nif'foiih'ul,

|)roit'

li's

«irandcs

ou devient

au sonlimcnt douloureux de

riinpuissance, les auies s'atlristcnt. C'est le uient où

les

ambitieux elianfient de parti. Mais

llcinard n'était pas

homme

à faire

versions intéressées. Loin de

eompte

mo-

:

une de ees ron-

(juand

il

a

rendu

de son inlVui tueuse mission, quand

est

bien eoiiveuu (|ue

est

abandonut".

il

tout

il

projet de défection

recommence

à prêcher.


CHAPITRE

YIII.

SUITE DE LA CONSPIRATION AVEC LE PRINCE FERNAND.

Le 3 mai 1304, Bernard prêche à Toulouse, dans

l'église

Saint-Sernin.

La chaire de

Sernin n'est pas une chaire franciscaine, sulat

de Toulouse n'est pas animé des

ments que ceux de Carcassonne les moindres bourgeois de

Saintle

con-

mêmes senti-

et d'Albi, et,

parmi

la ville, les inquisiteurs

ont un parti considérable. Bernard paraît donc

téméraire lorsqu'il choisit Toulouse

comme le

pre-

mier théâtre de sa prédication nouvelle. Mais, ayant dit

quelques mots sur

resse,

il

s'arrête.

long sermon,

il

Venu,

l'affaire dit-il,

qui seule l'inté-

pour

apprend que, dans

faire

un plus

l'auditoire, se

trouvent des espions chargés de l'interrompre et


l'INQlIISITION ALHIGEOISE.

«iH'anvU^r on pl.ino

rliairr.

||

s.

l.-.il

115

.Ion,-

pour

l">'voniri.n o-rand sca„,lalc, et, partant aussitôt de loulouso, il va choirhiH- dans les murs d'AIbi de plus sûrs confidents. Devant les Albigeois, il s'ex-

prime

ainsi

j„„r d.

Ir

*

gens, quelques

»

que

* » »

j'avais fait

lils

la

J>entecôte :«' Bonnes

d'iniquité vous ont assuré

une

honteuse retraite en Catalogne, avec rargent, avec les chevaux que j'ai reçus de vous pour en faire un tout autre usage Quelques-uns vous ont même conté

que

'

été

»

le

pendu

dans

une

cordon que je porte à voyez,

il

est

ville

ma

j'avlis

d'Espagne' ceinture.

avec

Or vous

bien évident qu'ils ont menti

»

1<^

»

VOICI

»

contre votre évêque et vos inquisiteurs, toujours prêt à dire, à prouver qu'ils ont injustement

»

» »

de retour,

toujours

prêt

Me

à témoigner

condamné ceux de vos concitoyens nent emmurés. Non, je ne fuirai

qu'ils ticn-

pas, et je n'hé-

»

siterai pas,

soyez-en bien persuadés, à engager

»

ma

»

suis appelé devant le

»

été le constant adversaire de vos coupables per-

» r>

vie

même

au service de votre cause si^'je pape comme accusé d'avoir

sécuteurs.Maisjenel'aipas encore reçue assignation tant de fois annoncée.

»

cette

Et puis

il


BERNARD DÉLICIEUX

116

ajoute

:

«

Nos communs ennemis vont disant que

de vos deniers. En cela du moins

»

je vis

»

se

»

étant obligé

trompent pas. Je

vis

pour vos

en

effet

affaires

ils

ne

de vos deniers, à de fréquents

»

voyages, et n'ayant plus rien à moi, ayant tout

))

vendu,

»

ai-je

»

fices? Soit!

»

demande de

»

mande de

»

gestion de vos biens, d'abandonner vos femmes,

»

vos enfants, et de vous répandre en tous lieux,

»

criant

»

poitrines contre les détestables gens qui se sont

»

acharnés à

même mes

livres,

pour vous

imposé jusqu'à ce jour de grands

Eh

Yous

servir.

sacri-

bien! maintenant je vous en

plus grands encore; je vous de-

laisser vos métiers, vos boutiques, la

comme moi la

de toute

puissance de vos

la

ruine de votre pays.

»

Jamais peut-être Bernard n'avait été plus véhé-

ment. L'inquisition prévoyait sans doute que cet éclat viendrait après le silence forcé

Aussi n'avait-elle pas

de Toulouse.

manqué d'envoyer

à la suite

de Bernard des gens chargés de l'écouter recueillir ses paroles. pliait le

Depuis longtemps

pape d'intervenir

et

pape dominicain devait enfin

Le 16

avril 1304-, Benoît

XI

de lui

elle

et

de

sup-

le faire taire.

Un

rendre ce service.

écrit

au ministre pro-


KT i;iN()(nslTI()N AIJ'.KIKOISK. \

117

iiK ial (les Miiiciir.s (l'A(|iiil;iinc, lui (loiiiiaul

runiH'l d'aiTêltM' l'obsliné (létraclciiisilioii, rrèreUeiiiartl Drliciciix,

Itouiie '^iwdo à la coui'

disait

au peuple, d'Alhi

devanl

le

ilenient

(pi'il

qu'ils

H) avril niaîli'c

mais Bernard il

jusqu'alors

mandement

clTorccs d'obtenir, ce si},nié;

altendait,

l'ijinorait

à j.imoux,

était

Pierre Couronne,

Bernard

pour

pape eonrondre ses aceusalcui's, s'ékiienl

rin(|iii-

di;

chic renvoyer sous

Rome (1). Quand

do

l'oidic

aller

man-

le

vainenieiil

venait

d'clre

encore. Vers le

l'un des notables,

l'avait

prié de venir.

Cette petite ville a déjà Iburni plus d'une victime

à l'inquisition

elle doit

;

C'est pourquoi,

donc en fournir d'autres.

selon Pierre Couronne, elle est

dans l'obligation de s'unir à Carcassonne

et

contribuer honnêtement aux Trais de toutes

ambassades vers

le

pape, vers

néanmoins

Bernard entendu,

entre eux et refusent de s'engager.

Limoux

s'était

raffaire de

la

(1) Pièces justificatives, n» IV.

celle

délibèient

La

ville

montrée pleine d'ardeur défection;

les

le roi. C'est aussi

l'opinion de Bernard. Ce n'est pas

des consuls, qui,

de

mais on ne

de

dans

croit plus


118

BERNARD DELICIEUX

maintenant à

la réussite finale

de Bernard, on sent que

donne, avec

et l'on hésite à se

compromettre davantage

en rentrant à Carcassonne, après cette à Limoux,

course

envoyé par

le

faveur des dieux l'aban-

lui.

C'est

pas.

la

des i^rands projets

Il lit

pape.

le

plus,

que Bernard connut l'ordre Il

pouvait fuir,

ne

il

second dimanche après l'octave de

que son heure

était

venue,

et qu'il

au peuple de Carcassonne pour Devant être bientôt iinés et

le

voulut

annonça publiquement en chaire,

il

saisi

la Trinité,

s'adressait

la dernière

fois.

par des gardes déjà dési-

conduit prisonnier devant

le

pape,

il

re-

commandait son Ame aux prières des honnêtes gens. Intimidés par foule, les gardes s'était

l'altitude

menaçante de

la

ne parurent pas ce jour-là. On

promis de l'arrêter sans bruit, sans témoins,

hors des murs. Informé de ce dessein, Bernard ne quitta pas la ville. Quelques jours après, au

mencement de

juillet,

Jean Rigaud, vicaire du

provincial d'Aquitaine, pénétra dans la

de Bernard,

le saisit

de sa main

venir en cour de

Rome.

Ayant repoussé

la

com-

Il

et le

chambre

somma

de

aurait fallu des gardes.

main de

l'agresseur, Bernard


lui (It'claia l'I

liùs-ltTinomeiil

Jean lli^aud en

Mais cela ne (le

le

ne

le siiiviail,

pas,

l'excomniunier.

Iroubla guère; on avait laul abusé

ne blessait plus.

amis restaient fidèles; (lillicile

(iiTil

lui récluil à

rcxcommunication,quc

l'uneste,

im

i/iNoiusrnoN aijuchoisi:.

i:t

il

celte

arme, autrefois

Aux excommuniés était

même

si

leurs

devenu bien

de leur interdire l'entrée des églises et

Tusage des sacrements. Les seules excommunications qu'on eût alors à redouter étaient celles

elle-même

que

Topinion publique

avait

Quant

prononcée par Jean Rigaud,

elle

à la sentence

l'ut

sollicitées.

d'abord méprisée, puis cassée. Peu de

temps après,

le

ministre d'Aquitaine, reprenant sa

place mal occupée par son vicaire, et les déliniteurs

du chapitre provincial assemblé dans

la ville

d'Albi, la déclarèrent nulle et sans effet. Ainsi le

mandement du pape

n'obtint qu'un simulacre

d'exécution, et Bernard,

demeuré

en chaire. Benoît XI n'eut pas

le

libre, reparut

temps de prendre

d'autres mesures contre Bernard et contre ses supérieurs, devenus ses complices.

Le 6 juillet 1304,

mourut à Pérousc, âgé de soixante-quatre

il

ans, des

suites d'une indigestion.

Quand

la

nouvelle de sa mort parvint àBei'nai'd,


BERNARD DÉLICIEUX

120

comme un heureux

l'annonra paitoul

il

ment. Les Prêcheurs ont eu leur pape les

Mineurs peuvent en espérer un de leur robe.

faut

Il

;

événe-

maintenant

donc se réjouir de

la

mort de Benoît XI On .

s'étonne peut-être aujourd'hui de voir ainsi traiter

un pape. Les accusateurs de Bernard

se contentent

de rappeler en quelques mots, dans une phrase

mort de Benoît XI

incidente, qu'il publia la »

des moqueries»,

cum

dicando. C'est un pas.

de

Dans

l'Église

la nôtre,

bien que

il

les

dans leurs

fait

du

était

«

avec

derisionibus imhlicè prœ-

auquel

ils

ne s'arrêtent

xiv' siècle, qui différait tant

commun

de voir les clercs aussi

moines injurier dans leurs discours,

écrits, les

papes avec lesquels

ils

n'é-

taientpas d'accord. Ainsi frère JeanSalimbene, du

même

ordre que Bernard, avait exprimé sa grande

satisfaction en

apprenant

la

mort d'Honorius

IV,

«

ce goutteux que les cardinaux avaient fait leur

»

pape, personnage de médiocre valeur, Romain,

»

avare, tout à fait méprisable (1).

»

L'Eglise, alors

agitée par plus de partis qu'il n'en existe aujour-

d'hui dans l'État,

(1)

Chronicon

fralr.

parlait

Sahmbene, ad

de ses papes,

aiin. 1:286.

même


KT i;i\oi;isiTio.\

.\i-i;iiii:oisii:.

nous parlons (h nos

vivanls, aussi libreiiK'iil ([uu rois,

porlc donc

Bt.'inanl

nouvelle de

la

bourgs

est

partout

Espérons,

mort du pape, dans

lait

dioeèses de

qu'il visite.

L'argument de ses discours

même

le

et,

Le pape

:

est

mort, espérons!

pour que Dieu nous aide, agissons.

rien à l'aire?

homme

les

la

montant enehaire dans tous

Vous avez déjà beaucoup t-il

bonne nouvelle,

la

et d'Albi,

Carcassonne les

1:21

Il

fait

;

mais ne vous restc-

aucun

y a ([uelques années,

de cette province n'osait en sortir

se cacher d'être Albigeois

:

il

fal-

à l'étranger, tout

;

Albigeois était infâme. Partout maintenant on sait

que

les seuls

infâmes de ce malheureux pays sont

([uelques inquisiteurs et

un évêque. Ces

traîtres

dit-on, en cour de Rome.

d(3masqués sont

allés,

Eh bien

trouveront en présence d'un nou-

!

ils s'y

veau pape et du vidame, qui ne les ménagera guère. La justice romaine va lentement en beso-

gne

;

cependant

cette cause tant

il

de

faut qu'elle soit bientôt gagnée fois

remise

!

Oui, sans doute,

bonnes gens, ayez une entière contiance dans votre vaillant

champion, excommunié comme vous

et

pour vous. Mais pensez qu'à Rome on ne réussit à rien sans argent.

Donc,

vendez

ces

vignes.


BERNA r.D DELICIELX

l;22

ces maisons, ces jardins qui seront contisqiiés

si

Rome

de

votre évêque revient absous, et envoyez à

beaucoup d'argent. Voilà ce

l'argent,

qu'il

vous

reste à faire.

Sur ces entrefaites, on apprend que a,

comme

tembre dans

les

le

les

cessé de

pape,

uns disent à

le

vivre, le

vidame 29 sep-

Pérouse, les autres

Abruzzes, son procès nullement terminé.

Les dominicains, ajoutant leurs commentaires au

simple récit de l'événement, racontent qu'il est

mort sans

l'assistance d'un prêtre, dans l'horrible

solitude de ces grands pécheurs

que

l'Eglise

a

retranchés de la société des tldèles. Doit-on les croire? Les Mineurs d'Albi ne manqueront pas du

moins de contribuer de tout leur pouvoir au de son âme.

En l'honneur de

mort avec ou sans prêtre, dans leur couvent,

et,

ils

cet

salut

excommunié,

célèbrent une messe

après la messe, Bernard

prononce une oraison funèbre. Venu dans ce pays qu'il est,

ne connaissait pas,

le

vidame

l'a

vu

comme

il

un beau pays, peuplé d'honnêtes gens, et il s'est

empressé d'aller vers

pour

les

le roi

de France témoigner

persécutés contre les persécuteurs. Le roi

de France n'ayant pu réparer tout

le

mal,

il

est


KT

plaindre au

all('' s(^

do ce

Le

pa|)('.

Dieu

funèbre d'un Bernard,

du

se |)laindre

12:5

|)apu n'ayaiiL rien lait

qu'il devait faire, enfin le

«li'vaiil

mais

rin\ alkickoisk.

i;i.\<,u'isi

|ki|i(3.

vidamc

est allé

C'est l'oraison

iiuii lyr.

comme on

demeurait en scène

le voit,

;

plupart de ses amis l'avaient abandonné,

la

lorcés de reconnaître que, depuis quelque temps,

leurs affaires n'allaient pas bien. Elie Patrice lui-

même

a cessé de l'accompagner dans ses courses

loi'aines s'aiiite

et

plus,

de seconder sa propagande. On

velles, et l'on n'en reçoit

comme

ne

on attend. On attend de bonnes nou-

celle-ci,

guère que de mauvaises;

par exemple Le roi vient d'écrire :

aux sénéchaux de Toulouse

et

de Carcassonne

;

il

destitue de toute chai'ge publique non-seulement les

hérétiques condamnés, mais encore leurs fds

cl

leurs neveux

en outre,

;

il

interdit toutes les

associations et toutes les collectes de deniers faites

pour venir en aide aux adversaires du

saint-office.

Ces lettres portent la date du mois de juin 1305

Ce sont

là,

Elles sont,

(1) Collection

dit le roi, il

est vrai,

Doat,

t.

(1).

d'anciennes ordonnances.

de saint Louis. Mais

XXXIV,

loi.

81.

c'est


BERNAKD DELICIEUX

124

pour complaire à

l'inquisition

que Philippe

les

renouvelle.

Quelque temps après, d'autres nouvelles Garcassonne

à

vent

plus

,

graves

du vidame, Guillaume de Picquigny,

même

que Bernard

fils,

est

s'il

peut se jus-

doit se hâter de le faire, le roi Philippe

il

étant fort irrité et parlant d'obtenir tice.

livré

accusé d'avoir été l'agent

principal de cette trahison, et que, tifier,

fils

écrivent

de Mayorque a

roi

le

le

de certaines négociations entamées avec

le secret

son

temps que

Le

encoi'C,

confesseur de la reine, frère Durand, et

en

arri-

Bernard n'avait jamais

Le projet

révélation.

confidents

,

qu'il

prompte jus-

été sans redouter

avait

en devait

eu de

si

une

nombreux

ti'anspirer

quelque

chose; mais, ayant pris soin d'anéantir les preuves écrites

du complot,

il

pensait pouvoir tout contester

avec avantage. Ses espérances étaient maintenant déçues. lité

Quand

il

était

du dénonciateur ne

le fait;

il

lui permettait

roi, la

Il

communique donc

personnes qu'il juge compromises

sements qui

lui

qua-

pas de nier

ne pouvait plus s'efforcer que d'en

nuer l'importance. les

dénoncé par un

atté-

à toutes

les avertis-

sont parvenus, et délibère secrè-


ET L'INQUISITION ALBIGEOISE. tf^mcnt avec elles sur la conduito liicnlùl

(ju'il

informô do co qui se passe,

l.nil

125 lonir.

le si'iirclial

Carcassonne, Jean d'Aunay, (hMend à Bernard trée de la ville. n'(^s(

l'en-

Cependanl. aucun ordre du roi

venu prescrire de commencer des poursuites.

Cet ordre,

il

prévenir. C'est pourquoi

laul le

résolution est prise en

parler,

Fransa

et

commun

l'éclairer

et

le

la

d'envoyer une

Avec Bernard iront voir

(lépulation à Paris. lui

de

le roi,

supplier, Guillaume

Pierre Etienne, alors consuls, pour les

gens d'Albi

;

Jean Marcend

et

Bernard-Jean Servi-

nier pour ceux de Carcassonne

ceux de Castres,

et

;

Pierre Pros pour

Bernard Pannat pour ceux de

Cordes.

Bendue à

Paris, l'ambassade sollicite le roi, sol-

licite la reine,

mais vainement;

le

roi n'écoute

aucune explication, aucune prière. Plus

il

s'est

montré jusqu'alors bienveillant pour Bernard les siens, plus

il

est

impatient aujourd'hui de voir

châtier leur félonie.

Il

écrit

donc à Clément V,

nouveau pape, pape de sa façon, qui ne lui refuser,

et

doit rien

de faire immédiatement arrêter frère

Bernard, son justiciable;

il

écrit

en

même

temps

au sénéchal de Carcassonne, Jean d'Aunay, d'ar-


BERNARD DÉLICIEUX

126

rêter

lui-même Elie Patrice avec

civils, et

pape,

nard

le

de

les

ses complices

juger sans délai. Sur

ordres du

les

gardien du couvent de Paris apprit à Ber-

qu'il était prisonnier, et plaça

dans sa cham-

bre quelques religieux chargés de veiller sur

En môme temps,

le

24 du mois d'août,

lui.

les autres

conjurés signalés par le roi furent incarcérés à

Carcassonne. Leur procès ne traîna pas en lon-

gueur. Le sénéchal Jean d'Aunay

les

jugea vers

le

milieu de septembre, assisté d'Amalric, vicomte

de Narbonne, Ils

et

de douze autres barons terriens.

avaient nié d'abord avec constance une trahi-

son plutôt essayée que manquée été bientôt

confondus par

les

;

mais

ils

avaient

aveux arrachés au

messager du consulat, Guillaume Brunel. Seize des accusés furent condamnés à mort, parmi lesquels nous pouvons citer dics

Barthélémy

:

Élîe Patrice, les syn-

Calverie et Pierre d'Arnauld-

Guillaume, Bernard Marseille, Guillaume du Puy,

Guillaume Roger de Bruco folio ou de Burcafollo, Guillaume de Saint-Martin lieu (1). Ils furent conduits

(1) Maluil,

Ponce de Monto-

et

au supplice,

Cartulaire de Carcassonne,

l.

VI, p. 11.

le

28 du


I:T

iiK'ine

F/INOriSITION AMUCROISE.

mois, hors des

neufs avaient

de

la voie

.'té

murs do

dressés à

la

la ville

;

soizo gibels

sur

JiAte,

publique, pour recevoir un

127

les

bords

nombre

égal

de condamnés. Un d'eux, qu'on nommait Aimeri Castel, prit la fuite. Arrêté

dans

le

quelque temps après,

Limousin, à Pierre-Buffière,

jeté dans les prisons

du

roi.

Mais

il

il

fut aussitôt

avait, outre

beaucoup d'amis, beaucoup d'argent. Ses amis oflrirent son argent, et, au prix d'une forte rançon,

il

fut libre (1).

Le 29 novembre,

supplice fut infligé dans le

même

ville d'Albi

ne fournit pas une seule victime

à cette expiation. Averti

que

pas voulu prendre part à et

satisfait

même

*

habitants de Limoux.

La

le

lieu à quarante

de leur

les

consuls n'avaient

la ligue,

fidélité,

le roi,

surpris

n'avait rien prescrit

pora n, un Prêcheur, un inquisiteur très-zélé, Bernard Gui « Detecto proditionis tractatu et veritate comperta per inquisitionena cnruP comprehonsifuerunt in malis suis priditoros pi •

_

'.

••

'n v,g>l.a B.

-.

xrv alM proditoros simul

'

; ..

Bartholomei apostoli, dictusque Elias Patrk tracti

..

e

per villam et suspens!

fuerunt ad solem, .n pafbulis de novo et solemniter erectis juxta viam J-^»'^'^ «^.-^--^"'e, in vigilia S. Michaelis, .anno Dom [ '?'^;';'' l^Uo. Et qui prius insaniendo contra fratrcs Prœdicatores voce corvina crocitabant corvis fuerunt expositi crocitandi nani postea in patibulo corvi visi fuerunt picantes et crocitantes in cervicbus eorumdem, sicut testati sunt qui viderunt; pluresque •

»

es


BERNARD DÉLICIEUX

i2S

à Jean d'Aunay touchant cette ville. Cependant elle

ne

fut

pas assez protégée par

le silence

du

roi.

Le

sénéchal, ayant achevé le procès de Garcassonne, fit

savoir qu'il allait

commencer

celui d'Albi, Les

consuls, alarmés par cette nouvelle, chargèrent alors

Guillaume de Pesencs

d'aller porter

en leur

et

Gahlard Etienne

nom à Jean d'Aunay 500 livres

de monnaie courante, s'engageant à

peu de temps après

pareille

lui

somme,

compter voulait

s'il

s'abstenir de toute poursuite; mais Jean

d'Aunay

déclara que l'action de la justice ne pouvait être

suspendue par des promesses,

et

ne donna que

cinq jours aux consuls d'Albi pour compléter leur présent de 1000 livres. Dans les cinq jours,

le

complément fut porté par Guillaume Amat et Pierre de Castanet, alors consuls. Voilà comment

la ville

d'Albi fut épargnée.

similes in culpa fuissent ad

pœnani similem condemnati,

»

alii

))

nisi D.

H

intervenlssent. Aimericus vero Castelli, fiigœ praesidio évadants,

»

captus fuit in Petra Bufferia, Lemovicensis diocesis, et diu in

»

carcere régis tentus precibusque

»

ereptus a mortis supplicio. Pius autem rex Philippus inlervenlu

)i

papae pepercitmuUitudini a morte et exilio, non tamen a muleta.

Clementis papœ V apiid regem clcmenlia et compassio

multorum

et

pecunia mulfa

Unde communitasCarcassonœ privata fuit consulatu et condemnatainmaximapecuniœquantitate. » (IIistor.de laFrance, t. XXI, Mahui, Cartul. de Carcass., t. VI, 1'^ pari., p. -iïS.) p. 744. »

»


KT

ISITION Al.llIGEOISK.

1,'INOI

l'uTiiaid iir jioinail r-lic

.iiissi |ii(tiii|>l('iiiriil jiinV-

qu'Klie Palricc. La

f(iiir loiiiaiiit'

Iraclé ceshabitiulcs

(le Iciniioiisalioii cl

ciiTonspccto

(lu'oii lui a

Au mois

<'Iit'('s.

(If

ii()VGiiil)rL',

dans celte

IJei'nard fut transféré

jiardc, (|u'on n'en

serviteur tel

<jui

du

roi

doute pas

:

avail i\r\\

Uiiil

(li'[iiii.>;

couronner dans

allanl se Taire

129

un

le

de

cun-

de

li'iileur

fois

repro-

nouveau pape

la ville ville.

de Lyon,

Sous bonne

j)ape aussi fidèle

ne ])ouvait laisser échapper

un

prisonnier. Cependant ce pape et ses cardinaux, tous avaient une éyale passion pour la magni-

ticence,

ne devaient

i)as,

à une enquête judiciaire

on le

le

comprend, employer

temps que leur deman-

daient les laborieux préparatifs d'un couronne-

ment;

et, le

couronnement achevé, trop de repos

était nécessaire

aux cardinaux anciens, trop

faires étaient à la fois

rience des nouveaux.

recommandées à

d'af-

l'inexpé-

Du mois de novembre 1305 resta, comme la

au mois de février 1300, Bernard cour du pape, dans

la ville

de Lyon, réclamant des

juges, mais n'en obtenant pas. le

Au mois de

février,

pape, s'éloignant de Lyon, visita Mâcon, Ne-

vers, Bourges,

Limoges, Périgueux,

à Bordeaux. Bernard

fit

avec

lui ce

et

se

voyage.

rendit

A

Bor-


BERNARD DÉLICIEUX

13J deaiix, la

mois

cour du pape séjourna jusque vers

d'avril

captif,

1307. Bernard, toujours

y

le (il

mois d'avril, un aussi long séjour. Cependant au devait quand le pape vint à Poitiers, où le roi le

couvent de rejoindre, Bernard fut conduit au

Depuis Saint-Junien, dans le diocèse de Limoges. on ne parlait plus de le juger, peut-

longtemps être

pour n'avoir pas à

25 novembre, une

le

lettre

condamner. Enfin,

le

du pape enjoignit aux

Poitiers. Mineurs de Saint-Junien de l'envoyer à prochain retour Philippe avait fait annoncer son

dans cette

et

ville,

le

pape

hésitait,

après un

si

chose dans long ajournement, à décider quelque mis en auparavant de Bernard, sans avoir l'affaire

présence l'accusateur

et l'accusé.

Bernard ne se pressa guère pape.

On ne

le vit

d'aller trouver le

pas à Poitiers avant la première

Le pape, semaine du carême de l'année 1308. Résidant informé de son arrivée, n'y prit garde. chaque jour au couvent de son ordre, il assistait comme aux offices. Il lui plaisait de se montrer,

Le roi venu, n'ayant rien à craindre de personne. c'est

Bernard qui va se présenter à

s'excuser, mais

lui,

non pour

pour se plaindre du sénéchal Jean


" '''•^""^'5

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l-IV',M

ISlriOX AMIICKOISE.

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™'"l'li«, ,,»on a olunilaUc"en. ,.pa,-,n,K Le roi ne croyait plus llernard

-

;-.-.nai,,, I,.;

il

oublier.

I

li.T„a,-d

pouvait

7.''"" :

donc se ,roiro libre;

-

'l"'il

'''r"'»'

'"l'PP-,

seloignam

,.,

|,,i,,a,.clonnai.e, voulait

de

'V.,ait

pas tout à

Poitiers,

n>ais fai,'

négli^ea-t-il

;'-'-;;Clé.ne„t,u-il„avaitp,„s,.i„;i::d

™ard?Quo,,,ui,ensoi,,Ber„ardai :;"''""''""-'''^''''»-Mlluifutsi,niné<,u-il ''^

au M„vre partout

la

eour du pape; mai en

'-"ete.psiUu,,„tdit,ue,aper„'i'i;nd"i:: l

<

Je >.„u.

en.anda,t.

lui serait il

la

sans doute aeeordée,

demanda

s'il la

bientôt après, a cou

eaoda„slavilled-.Vvi.uon.Lecardi„aMv;: Tu.ulu„,,p„ avait toujours eu pour

""" ".'":' bienveillance,

lui

donna par

BernL écrit la

l-e.m,ss,on de s'éloi,„er pour quelque temps


BEHNAKD DÉLICIEUX

132

en profila pour aller à Toulouse, puis à Carcassonne. Qu'y venait-il faire?

Il

y venait recueillir

de nouveaux témoignages contre Jean d'Aunay. Ses amis étant morts,

il

doit,

lui

vivant,

les

venger.

En son absence ibis

l'état

changé dans

d'Albi.

Il

liance

des choses avait plus d'une

de Carcassonne

les districts

avait laissé l'inquisition reprenant con-

recommençant à menacer. Les

et

justes

ressentiments du roi l'ayant rendue tout à libre,

elle n'avait

menace;

et

pu

fait

s'en tenir longtemps à la

l'action avait suivi.

Nous avons, sous

la

date de l'année 1305, plusieurs lettres de Geoffroi d'Ablis qui contiennent des ordres d'une atroce

Un

rigueur. dit-il,

réfugiés en des cavernes

faire la chasse à ces les

nombre d'hérétiques

certain

exterminer

«

(1).

;

il

bêtes cruelles

se sont,

faut sans délai », et

sans pitié

Mais ces violences nouvelles

avaient eu pour effet de mécontenter le pape et le roi. Prié

par

le

pape d'accorder une grâce entière

aux habitants de Carcassonne qui n'avaient pas été jusque-là poursuivis,

(1) t.

Plécen justificatives,

XXXIV,

fol.

85.

n° V.

le

roi l'avait accordée,

— Voyez

aussi

Collection Doat,


KT l.INOriSITION mais

ajirrs avoir

.iImiI'i

lr ((hiniiI.iI

(l'une l'orle

l'avoii' jircvéi^

AI.I'.K'.EOISE.

de (cilc

amende

(I).

élail ensuile iiU(M'venii liii-inènie, selon

ot

son droit,

lelli'e

et,

13:5

ville

l'I

CI/'Hienl

son

df.'voir

uno

|iailiridièrenient informé par

descliaiioines d'.\ll)i,des chanoines de Saint-

de

moines de

(laillae,

(|ne

roii|iine de Ions les troubles de l'Albiiieois

ét;iit

Sal\i,

et

Tidiln''

{\t'^

imputable aux ministres justement rin(piisilion,

dans

du

le

titre

il

avait,

le

détestés

de

13 mars 1300, envoyé

pays Bérenger de Fn'dol, cardinal-prêtre des saints Nérée

et Acbillée,

Chapelle, cardinal de Saint-Vital,

et le

Pierre de

la

célèbre abbé

de Fonfroide, Arnauld de Novelli, avecle mandat de visiter

les prisons

vérifier si tant

de Carcassonne

et d'Albi,

de plaintes étaient sincères,

et

de de

rélormer, cbemin Taisant, les plus grands abus (2).

Les cardinaux, arrivés ont aussitôt

commencé

eux-mêmes dans

les

le

15 avril à Carcassonne,

leur enquête,

et,

descendus

prisons des inquisiteurs,

ont mis en liberté quarante prisonniers, lesquels Jean Baudier, Bérengei-

(I)

Mahul, Cartul. de Carcassonne, Pièces justificatives, ii^VI.

t.

VI,

parmi

Fumet, Pierre

Adbémar, (îuillaume Fenasse, Pierre

('2}

ils

1'"

Tailhafer,

part., p. 12.


BERNARD DÉLICIEUX

13i

Raymond Garcia

(i);

ont onsuilc dosliliié les

ils

gardiens de cette geôle souterraine, prescrivant à ceux qu'ils ont mis à leur place l'observation

d'un règlement nouveau

(5).

Quelques jours après,

ont visité la prison de l'évêque d'Albi, où

ils

trouvé

ont

en des

enchaînés

des mallieureux

ils

cellules étroites, sans air, sans lumière, attendant

depuis cinq ans

plus leur jugement. Les chaî-

et

nes ont été rompues,

noires cellules fermées

les

Leurs biens demeurèrent néanmoins confisqués au

(1)

l'évêque et du roi (voyez

;

profit

comptes de l'année 1323, nu tome XXXIV de la Gnllcct. Doat). La fortune de Guill. Fenassc devait être considérable. Le roi eut, sur ses biens, en 1305, de

fi06 livres 13 sous 2 deniers;

les

de 1305 à 1309, 1197

livres.

(Voyez

tome XXXllI de la même collect.) (2) Parmi les emmurés dont les cardinaux adoucirent le supplice, sans les rendre libres, nous tiouvons Guillaume Garric et Raymond Lemaislre ou Magistri. Ce Raymond Lemaistrc ne rjuilla son cachot, en l'année 1322, que pour être brûlé. Le même bûcher reçut, le même jour, quatre victimes, et voici le compte des « Expensœ factœ pro comburendis frais de leur exéculion de villa Monstantione, Bernardo de Bosco « Raymundo Magislri de Bitterris, Petro Joannis de ISarbona, et Joanne Gonilli, habi» tatoribus Bitorris, qui eailem die combusli fuerunt in gi'ava » pro lignis grossis, 55 sol. (5 don.; propc burgum Garcassonœ

le

:

>i

:

»

item pro vilibus, 21

»

pro (juatuor palis, 10

)i

fuerunt, 4 sol. 7

Il

20

solid.

cureur du fol.

223.)

sol.

sol.

den.

— Summa, 8

roi,

Arnauld

3 den.

;

;

9 den.

item pro paleis, 2 ;

pro cordis

sol.

Il

cum quibus

dcn.

:

ligali

item carnasserio, pro qualiljct persona, libr.

Il

Assaillit,

sol.

dans

7

den.

»

(Compte du pro-

la Collection Doat,

t.

XXXIV,


KT Idiil

i;iN(.)ijisrriON ai.iiic.eoise.

ri'^iiiic

II'

lionilili'

crlli'

(II'

\?,:>

j)ii>oii

a

l'Ii;

(I).

rli;in}it'

Ainsi llcniard pont so dire, on rovonanl à Car-

cassonnc,

Co

lanocs. lîonoît

i\u'\\

XI

n'osl pas

torriblo

(pi"

on ûc

n'a pas

si

cliiniôriipics cspé-

avait domandf''

il

s'est fait

vainomonl sous

sons Cjr'nn'nt V. I/inqnisition

enooro abolie,

mandai; mais

elle

clic est

son procès s'instruit,

et

poss('.'(li'

son

lonjuni-s

du moins contenue,

doux cardinaux, l'un

et

Tautre de yrand renom, se sont publiquement pro-

noncés contre lornif'' Cl'

si

Ton

elle. Si

donc Élie Patrice n'avait pas

dessein insensé de précipiter les choses,

n'avait pas eiitaino cette vaine négociation

avec un prince qui pouvait tout vouloir, mais ne

pouvait rien oser,

la satisfaction

des honnêtes gens

ne serait pas aiijourd'hui mêlée d'amers regrets, et

Hernard, ayant remporté sur ses adversaires

avantage signalé, n'aurait

]»lus

d'autre souci

d'achever sa victoire. Quoi qu'il en

soit,

un devoir à remplir. Des innocents ont ciés

en

même

chercher

(1)

les

temps que des coupables.

il

t.

WXIV,

fui.

5'2-7i

que

lui reste

été suppliIl

est

preuves de l'erreur commise.

CoUoct. Doat,

un

venu


BERNARD DÉLICIEUX

136

Cette enquête ne lui sera pas facile. le

En

effet,

sénéchal Jean d'Aunay ne désire pas qu'il ap-

prenne toute

la vérité.

point d'entrer dans la

rencontre sur

le

Bernard étant donc sur ville, le

pont de bois

le

sénéchal vient à sa et lui dit

:

Oses-tu

«

»

bien, traître, venir ici? Je te défends de paraître

»

désormais dans

cette ville.

»

Et sur-le-champ les

gardiens des portes eurent l'ordre de ne pas recevoir. Bernard le

bourg, dont on ne pouvait

et recueillit

lui

fermer l'accès,

quelques témoignages; puis, croyant

qu'ils

pouvaient suffire pour éclairer

lippe,

il

le roi

pria le pape de l'autoriser à faire

veau voyage en France. Cela

Le

le

demeura quelque temps dans

lui fut

roi se trouvant à Chartres,

en celte

ville

Comme

tous les

et

lit

Phi-

un nou-

accordé.

Bernard se rendit

avertir le roi de sa présence.

hommes constamment occupés

de quelque nouveau dessein, mait pas qu'on vînt

le

le roi

distraire

Philippe n'ai-

d'une affaire

actuelle en lui parlant d'une affaire réglée.

Il

con-

gédia Bernard sans vouloir l'entendre. Mais, en le

congédiant de cette manière, en qu'il était

per de

lui,

lui

faisant dire

importun, qu'on ne voulait plus s'occune

lui

rendait-on pas sa liberté? C'est


KT i;iN<.H!SITin\ AIJiir.EOISE.

du moins, que lîrrnaid vduint coinitiTndrc

ainsi,

rordnulu y

le

vit

pape le

137

roi.

pajM'

i);nlildonc aussilùl |toiiiA\ij^non,

Il

lui

cl

demanda

la

roi,

rnèinf

l'cnlia, inal^n'' le

l'crnai'd

sou couvent de Carcassonne.

Il

Le

p;i-àfp.

mal accueilli

ne l'ayant ni niii'Mx ni plus

cpic

dans

s(''n('clial,

reçnl bientôt

y

après une heureuse nouvelle.

I^e

les cardinaiiv ont enfin statué

sur l'appel interjeté

par

le

vidame d'Anui'Us,

proeédure, annulé tous

el

Ainsi Bernard ne sera pas,

de Jean d'Aunay; mais

ils

les ellets

il

il

juillet

l.'>08,

oui cassé toute

de

la

sentence

le regrette

l'est

ques de Sainl-Geoi'ge, de

^.'J

la

(1).

bien, vengé

assurément de Foul-

(jeoffroi d'Ablis et

Guillaume de Morières. L'inquisition paraît

de

déli-

nitivemcnt vaineui'.

Mais tandis que llernard, croyant n'avoii- plus rien à redouter, revoit ses amis, s'entretient avec

eux du passé,

et

les

console d'avoir beaucoup

soulîertpour une cause gagnée, d'autres incidents surviennent et changent tout à cou|» choses. Clément S'il

(I)

s'était

V

t.

face des

n'avait ni passion ni système.

prononcé contre

Collecl. Doat,

la

WXIV,

fol.

les inquisiteurs albi-

\li-\±l.


BERNARD DELICIEIX

13S

pour l'opinion

geois, c'était \)nv condescendance

publique. Tout

le

monde

que

disait

l'excès

de

leur zèle nuisait à la religion. Us faisaient d'ailleurs Irop de bruit aux oreilles d'un pape

ami de

la paix.

Mais, peu de temps après avoir blâmé les procédés

des inquisiteurs albigeois, Clément a requis les services des inquisiteurs lombards, qui ont

pour

lui

combattu dans

les

bandes redoutées de l'hérétique Dulcino. C'est

pourquoi,

loiu*

les

gorges des Alpes

devant beaucoup,

On apprend

rien leur refuser.

sonne qu'une bulle du 27

il

ne

et

vaincu

sait

plus

bientôt à Carcas-

juillet

dulgence des cardinaux, absout

les

censure

l'in-

cruautés de

l'évoque d'Albi et garantit la protection du saintsiége à ces bons serviteurs de l'Eglise, indit-ne-

ment calomniés,

bilitée n'aura plus le droit

qui portent l'habit

les religieux

de frère Dominique. Dès de

lors l'inquisition réha-

frein.

faudra, pour avoir

11

de vivre en paix, mériter sa pitié par des

actes publics de repentir. ^

Tous

les

anciens complices de Bernard qui n'ont

pas été pendus ou qui ne sont pas encore

emmurés

se soumettent les uns après les autres. Guillaume

de Pesencs

et

Gahlard Etienne, destitués de leurs


ET i.'iMjnsiTioN voulu

«•Ii;ii"^('s, (Mil

\i,I!H;eoisk.

(niillrr Allti

mais

;

sriiéclial h'iica (loniir l'ordro

<lii

Icinps onroro

Ne

(1).

comptes

à itMidre à la

d'aliord

rt'l'ii^ii'

eiisiiilc

rendu

lioiivé

riiiillanine

à

juslict'?

liculcnaiil

le

de rester

peuvonl-ils

i;i!)

|tas

(|iicl(|ii('

des

a\(iii'

l'irnc l'nis

s'f'-lail

sur les terrils jiasconiics. S T'Iaiil

Lyon, près de Clémenl V,

Pieiic

il

avait

de Caslanet, Arnauld (larcia,

Fransa,

Borel

(liiillaimie,

llaudeiie, Jean de Caranian,

Raymond

,

divers aiilres no-

<M

laldes de (lareassomie, d'AIlti, de I/imoiix, venus

à

eour du nouveau pape dans

la

lieitcr

le

dessein de sol-

son intercession auprès du roi.

On no pou-

parvenir jusqu'au pape sans passer par les

vait

<'ardinaux. Les cardinaux ayant,

comme

couluine, taxé leurs bons olliees selon

du

lait et la

c'/'lait la

la i;ravil(''

qualité des personnes, les solliciteurs

avaient dû eonqiter au cardinal de Sainte-Croix -2000 livres, à lîayniond de Goth, neveu -JOOO si

livi'es,

à Pierre

ilorins, et,

somme

versée, les

considérable (ju'eùl été

solliciteurs n'avaient

cardinaux

(I)

les

du pape,

de Colonna 500 la

obtenu

cpie des paroles

:

les

avaient volés. C'est pourquoi, ren-

Pièces justilicatires, n'Vll.


lîEHNARD DÉLICIEUX

UO

très chez eux, ils avaient,

blement accepté toutes

pour

plupart, miséra-

la

les conditions, toutes les

peines et les pénitences que l'inquisition leur avait elle n'avait plus rien à leur

imposées, et désormais

demander,

ce n'est

si

devaient plus avoir

le

un honteux

service qu'ils ne

courage de

lui refuser (1).

Bernard ne se résigne miliation.

(1)

Il

excepter du

faut

})as

aune

voudrait pourtant,

Il

nombi-o

aussi grande hu-

même à la condition

de ces pénitents Guillaume

exhumés en 1322 d'hérétiques. Nous avons

et livrés aux le compte des flammes comme restes dépenses de cette abominable cérémonie. Le voici, tel qu'il nous — est offert par le registre du procureur du roi, Arnauld Assaillit « Expensœ factœ proexhumandis ossibus Guillelmi Andreoe, Guil-

Borel,

dont

les

restes

lurent

:

« 1)

))

lelmi Borelli et Pétri

P.orelli, in

claustro fratrum

Minorum con-

ventus Carcassouœ sepultis. Quatuor hominibus, cuilibet 15den. 5 so!. Item duobus j.eyreriis qui aperierunt tumula lapidea ubi :

»

dictus Guillelmus Andreoe, Guillelmus Borelli et Petrus Borelli

»

sepulti fuerant

»

cuni quibus dicta

» Il

Il

ji

;

cuiquc 2

sol.

exhumatione

tardo Tonditori, Joanni de

)i

Item pro uno sacco

et cordis

burgum Carcassonaî

:

fuerunt in

»

sol.

:

»

»

i

usque ad dictam gravam ubi combusta fuerunt 4 sol. 6 den. Item duobus animalibus quœ dictaossa traxerunt de domo fratrum Minorum per burgum Carcassonic usque ad dictam gravam 4 sol. 5 den. Item servienlibus de dicta civitale qui prœsenles

Il

)i

:

ossa tracta fuerunt per

et

cxecutione pnrdictis, vidclicct LiS. Floro,

Adœ

de Bovcrayo, Joanni

de Croco, Joanni Gauclicrio, Joanni de .4gunessa, Joanni Baudeli, Raynaldo de Gonessa, Bernardo Imbaudi, Raynerio de Ausurra, Joqueto de Gonessa, Petro Bélier, Guillelmo de Morlanis, Bcrnardo Perrini, Gaufrido Pietondiloris, Joanni Paulerii, pro ex-

»

pensis ipsorum, 31

)i

sona, 20 sol

:

70

sol.

sol. »

den. Item carnasserio (Collection Doat,

t.

;

pro qualibet per-

XXXIV,

fol.

221.)


ET I.'INQIlSITinN (le iir |iliisrii'ii

avcc Ions (If la

de

an

riinlillV-iciirc

connnnnc, aclH'ver sa

vie

lail

ilaus

du bien, où

il

s|)r'(laclf

si loni;tf

(rouldrc dans ce jkivs où su conscience a

lil

(If lie |>|iis lii'inliic, (l.issisici-

l'iiiii',

It's (l('li(irs

lionlr

.M.I'.KiKOISi:.

nips

lui dit qu'il

a conservé des amis, au moins

son ordre. Ur, connue

ne peut pas

il

sa relraile sans être affranchi dr^

clioisii'

cnliavcs

ciui

m

I.UO,

près du roi, puis à Avii^non, près du i»apc,

cl, les

j^cncnl encore sa liberlé,

ayant il

fait

supi>licr i)ar

obtient enlin

le

à Carcassonne ou sur

tiques

môme

;

l'aile

de |)uissants personnages,

droit d'aller

d'établir sa résidence.

(juisilion était

il

se rend à

Il

il

lui

conviendra

demeura quelque temps

le territoire albigeois.

L'in-

revenue à toutes ses anciennes pra-

elle arrêtait,

elle

faire brûler et

emmurait,

pendre

:

on ne

elle

pouvait

lui refusait

plus rien. Dans tous les esprits règne l'abattement

ou

Les plus fermes ne peuvent eux-

la terreur.

mêmes, en de

telles

circonstances, résister long-

temps aux

atteintes

s'alYaissent

chaque jour davantage.

croit avoir trop les autres,

du mal

:

ils

s'attristent,

ils

Comme on

de bonnes raisons pour mépriser

on se

fait solitaire

et l'on s'abstient,

d'abord par dépit, ensuite par système. Retiré dans


DELICIEUX

liEIlNAIlD

142

quelque couvent de

.son

ordre, Bernard s'abslenait.

De l'année 1310 à l'année 1315, quelle a résidence ordinaire

?

On ne

le dit

été sa

pas; nous n'ap-

prenons rien à cet égard ni de lui-même, ni des témoins qui ont raconté

on retrouve en 1315 Alors, après la le Bel,

dans

la

il

est

de sa

vie.

pour

et

de IMiilippe

aller se confinei'

maison de son ordre que possède Il

la ville

n'a plus d'emploi, plus de dignité

redevenu simple frère

son âge,

Enfin

de cet exilé morose.

la trace

mort de Clément Y

quitte l'Albigeois

de Béziers. il

le reste

comme

:

le

à l'état de son

le silence et l'obscurité.

;

repos convient à

âme conviennent


CIIA1>1TUE IX.

LES SPIRITLELS A LA COUIl D AVIGxNON.

— CONDAMNATION

DE lîKUNAlUt.

Mais

il

y a

des

hommes qui ne

mourir dans leur

lit.

Après avoir échoué dans

([iielque i;rande entreprise,

péré de tout,

Eh hien

!

sont pas nés pour

ils

et ils le croient

disent avoir déses-

comme

ils le

disent.

qu'un changement s'opère dans

les cir-

constances, qu'on s'agite autour d'eux, que des

gens émus viennent

les entretenir

d'un grief et

l)rendre les conseils de leur expérience, aussitôt ils

se réveillent

;

la

passion des autres les gagne,

les entraîne, et les voilà prêts à

courir de nouvelles

aventures, à chercher de nouveaux périls.

Bernard

vivait

donc

très-retiré

dans son couvent


BERNARD DÉLICIEUX

\U

de Béziers, quand survint une reprise d'hostilités entre les deux partis qui divisaient depuis long-

temps l'ordre de Saint-François. Ceux qu'on nommait injurieusement

relâches,

les

ayant repris

suprême conseil de

l'avantage dans le

l'ordre,

parlaient hautement d'en linir avec leurs adver-

nommés

saires,

les rigides

ou

les spirituels.

nard devait être un des rigides

:

les

Ber-

religieux

de ce caractère ne sont pas ceux qui prônent ou justifient le luxe, la mollesse; sévères

mêmes,

ils le

quefois

le

pour eux-

sont encore pour les autres, et quel-

sont trop.

Informés qu'on

menace d'une persécution

les

nouvelle, des frères spirituels de Béziers et de Nar-

bonne

se concertent

d'aller

trouver

le

prennent

la

résolution

pape. Bernard les

conduira.

et

Après avoir déposé tout ce

qu'il possédait

en pro-

pre, plusieurs caisses de livres, entre les mains de .lean

de

]»artit

la

Couture, notaire de Béziers, Bernard

de cette

ville le

10 mai

l.jl8,

ayant pour

escorte soixante-quatre religieux de son ordre. avait,

de

les

Il

on ne peut s'en étonner, accepté l'honneur conduire, et

chemin

il

les

menait par

à la cour d'Avignon.

le

plus court


K

r

I.

I

N

l

(J

:

I

s IT

bicnvL'illaiilr

de

qui

passer après

toul

fiiil

que touchent

(lli'iiiciil

jx'u

I

('.

K

Jean Wll, n'a

n'^iiiiiil,

Lt' jta|ti'

A IJ!

N

I

les

(Tcsl

V.

( )

I

S K.

lo res|)('ct

vrai

cl(3

i."»

riiuiiKîur

|ias

un

1

1

pape,

autorité,

accusaliuns portées

pai'

de

simples frères contre quelques dignitaires hautains et laslueux,

que touchent beaucoup, au contraire,

les plaintes

de ceux-ci contre leurs subordonnés

habituellement inquiets,

nard SIX

et ses confrères

souvent rebelles. Ber-

arrivant le 22 au soir, après

jours de marche, aux portes du palais ponti-

pape refuse de

hcal, le

Un pape

tardive.

a,

les

admettre à cette heure

comme

tout autre mortel,

besoin de repos. Qu'ils se retirent, qu'ils aillent

dormir en paix au couventde leur ordre; entendus Mais

le

ils

seront

lendemain à l'heure des audiences.

ne veulent pas suivre ce conseil. Puis-

ils

qu'on ne peut

les

recevoir aux approches de la

nuit,

ils

attendront au seuil du palais

jour.

On

le voit, c'est

le

lever

du

une bande de mutins. Com-

bien de bonnes causes ont été perdues par ces ^ens-là

!

Le lendemain, l'audience ouverte, Bernard va discourir

le

des apôtres,

premier sur et

la

pauvreté du Christ et

reproduire toute

la série

des argu10


BERNARD DÉLICIEUX

146

mcnts connus contre Mais à peine

rompu. qui a

si

a-t-il

propriété personnelle.

la

pris la parole qu'il est inter-

Bernard, ce fanatique

C'est, dit-on, frère

longtemps troublé l'Albigeois. Coupable

de tant de méfaits,

c'est lui qui vient

accuser ses

supérieurs d'irrégularités imaginaires.

impudence ne peut

telle

être tolérée. Qui parle ainsi?

Ce sont des religieux de la

mais d'un autre

Une

parti.

leurs confrères dans les

môme robe que Bernard,

Ayant appris l'arrivée de

murs d'Avignon,

présentés avec eux devant

le

ils

se sont

pape pour répondre à

leurs censures. Qu'on n'en doute pas, ces relâcbés

sont gens de bonne et

foi,

comme

le

sont les rigides

cependant, l'esprit de parti faisant taire tous les

scrupules, voilà des franciscains qui, pour écarter leur plus éloquent adversaire, lui reprochent avec

indignation les déplaisirs qu'il a causés à des inquisiteurs

Bernard pour arrêter, et,

dominicains la

première

(i).

Jean XXII voyait

fois. Il

peu de jours après,

Méchin, évêque de Troyes,

il

et

le fait aussitôt

charge Guillaume Pierre Letessier,

abbé de Saint-Sernin, d'instruire

le

procès de ce

fameux agitateur. (1)

L.

Wadding, Annal. Minonim, ad ann. 1318.


i:t

s'(''tonn('

()ii

nos

[.•in(jiisition

ivj>l('s,

domirs,

(4

s;ms

on èln;

loi.

iii('|iris di^

crinics pai-

lU^^

l'accomplissement

doivenl

de

iît

iTCommtMiccr une procédure treize

après

l'objet.

même

des

Comme

nous aimons

se fonde notre foi,

vérité

devoir, .m

inslniiiK'iilcr coriln!

années

\('i ilr,

(loiilc

amucfoise.

nous aimons

la

Sur

la

justice.

la

sur

Cela veut dire qu'en nous

qui

faits

la

justice notre

vit

l'esprit

mo-

derne. Mais, en ces temps anciens dont nous écri-

vons l'histoire, on ne savait pas rechercher la vérité, Il

justice

la

pour elles-mêmes.

y avait des lois ecclésiastiques et des lois ci-

viles

de

pratiquer

;

cependant

l'État et

l'intérêt

bien ou mal entendu

de l'Eglise passait avant toutes ces

Ainsi Clément

V

l'Église lorsqu'il

croyait

servir les

lois.

intérêts

de

pardonnait à Bernard, instigateur

avoué d'une sédition qui n'était pas encore calmée maintenant Jean XXII croit mieux qu'il

commande de

ni le

pouvoir ni

la

le

Bernard ne

doit-il

juger, bien qu'il n'ait plus

volonté d'agiter,

personne. Envoyé par

le

d'inquiéter

pape devant des juges

pas être condamné, et

damnation de Bernard

une égale

satisfaction

;

les servir lors-

la

con-

ne doit-elle pas causer

aux supérieurs des deux


DERNARI) DELICIEUX

U8

qui

congrégations puissantes,

romaine sous

l'Éolise

çois et de saint

les

servent à l'envi

enseignes de saint Fran-

Dominique

?

L'enquête de l'évêque de Troyes Saint-Sernin

commença

articles sur lesquels

et

de l'abbé de

vers la fin de juin. Les

Bernard

fut interrogé sont

nombre de soixante; mais ces soixante

au

articles

relatent le détail des faits et des discours incri-

minés; de

crimes ne dépassent pas

les

trois.

Ces trois crimes,

de tous ses

efforts,

les voici

:

i"

le

nombre

Bernard

durant plusieurs années,

a,

lutté

contre l'inquisition, soulevé contre elle les villes et les 2"

du

n

bourgs, gêné l'exercice de son ministère.

a conspiré contre le roi de France avec

de Mayorque.

roi

pape Benoît

3"

Il

a

fait

le fils

empoisonner

le

XL

Nous n'avons pas encore parlé de ce troisième crime. Nous ne pouvions en parler, puisqu'il n'a été plus tôt

découvert, c'est-à-dire inventé. Des

sept articles qui

concernent ce crime,

trois

contiennent qu'un verbiage inutile; mais lire les

quatre suivants

:

«

faut

Bernard a envoyé à

»

cour romaine un messager,

»

un

petit coffret

il

et

ne

la

par ce messager

entouré de linges

fermé avec


KT

ISITION AI.IlIC.KOiSK.

i;iN(JI

pai-devors

1

19

conservé

»

une

»

la rlé, el

»

eour romaine des préparations, des potions, des

»

|)Oiidres, el uin' Irliic ('crite

»

au moyen desquelles eiioses ledit frère Bernard

»

a

»

Item,

»

(pics

»

mourir

»

qu'il disait ainsi

»

coup de caractères

»

rées de diverses écritures. Item,

»

préparations ci-dessus dites à maître Arnauld

»

de Villeneuve

»

la

sciTiirc doiil

dans

ledit frère

vie

le

il

lui

a fait parvenir à la

de sa propre main,

dudit scifjneur Benoît.

Bernard a prédit devant quel-

personnes d'Albi

le

dans un

el à

et

même

jour

pape Benoît. Item,

où devait

avait appris ce

il

livre

où étaient beau-

beaucoup de roues entouil

envoya

les

quelques autres pour abréger

dudit seigneur Benoît.

tions nécessaires,

le

vie

la

Bernard a fabriqué

tion

a

ledit eoffiel

abréger

fait

il

le

poison

et

comme on

du crime. Ce crime,

»

donné dit,

c'est le

En résumé, les instiuc-

à la perpétra-

médecin du pape,

docte, Tillustre Arnauld de Villeneuve qui

l'a

exécuté.

Bernard, interrogé, refusa d'abord de répondre, et

fut

ensuite

immédiatement excommunié. sur

Il

répondit

quelques articles, mais avec

dédaigneuse réserve, se plaignant d'avoir été

une Ira-


BERNARD DÉLICIEUX

150 (luit

devant des commissaires de médiocre auto-

rité,

des

affaires

hommes nouveaux,

par

la

appelés la veille aux

faveur du pape, quand

il

y avait à la

cour d'Avignon quatre ou cinq cardinaux mieux instruits

que personne des

sur lesquels

faits

il

avait à s'expliquer.

Furent ensuite entendus, à siteurs avec

eux réconcilies,

la

les

requête des inqui-

témoins Guillaume

Fransa, Pierre de Castanet et Bernard Bet, citoyens d'Albi, qui, rappelant toutes les circonstances

ces luttes anciennes auxquelles si

ils

de

avaient pris une

grande part, conûrmèrent par des preuves

fisantes les articles qui se rapportaient

suf-

aux deux

premiers chefs de l'accusation. Ces détails sont connus. C'est leur déposition sur

le

troisième chef

qu'on doit être plus curieux d'entendre. En peu de mots,

la voici.

Un jour,

vers le temps où

mou-

rut Benoît XI, Bernard, en la présence de Guillaume Fransa,' envoie Bernard Bet chercher de la cire et

de

la toile,

charge Bet et Fransa d'enduire

la toile

de cire, puis leur présente un coffret de cuir et les prie

cirée

;

viteurs

enfin

d'envelopper ce coffret avec la il

remet

nommé

le

coffret à l'un

Etienne, et

le

toile

de ses ser-

charge de

le

porter


KT i;iNoriSITl()N à

iiiaîlrt' Arii;iiil(l

et

(l'est un(; lellre

»

velles de la eoui' (.les

|)as

;

à DiiMiard

iiiriiie

peul eontenir; mais

le eolVrel

«

réeil

simjdeuicnt, qu(î

l'ail si

Kiausa ne deiiiaudenl

ee que

loi

de Villeneuve, au delà des nionls,

eu cour roiuaiue. Cela se lîi'l

AI.I'.IC.KOISK.

Icin'

il

dit

:

nous aurons bientùl des nou;

bonnes,

j'esy)ère.

Tel est le

»

témoins.

mort de

Que. ces ficns, ayant plus lard appris la

Benoît XI, aient alors imaginé quelque mystérieuse

coïncidence entre cette mort subite coffret

et 1^ iivoi

d'un

de cuir au médecin du pape, cela se conçoit

sans beaucouj) de peine j^ens crédules

;

on

sait

en

que

effet

les

ne manquaient pas en ce temps-là.

Mais peut-on excuser aussi facilement l'auteur des articles qui furent la inalière de l'enquête,

on

le

voit s'ingéniant à

tirer

quand

de ces fables

les

circonstances graves, précises, concordantes d'un

crime prouvé

?

L'auteur de ces articles

nement un menteur des plus

l'ut

certai-

effrontés. Or,

pape n'a pas lui-même suggéré ce mensonge, feint d'y croire.

Jean XXII

est

mort Benoît XI. Ce

de

liasaid,

doute

comme

sait très-bien

tant d'autres.

Il

il

a

comment

n'est pas d'ailleurs

infaillible, puisqu'il doit être

le

si

un pape

n'est pas sans

convaincu d'à-


BERNARD DELICIEUX

152

voir professé des opinions nouvelles et fausses sur

un des points importants du dogme chrétien mais ;

c'est

a

un homme instruit,

le faire

naïf.

On

sourire en lui disant qu'Arnauld

('e

éclairé,

nullement

Villeneuve avait eu besoin, pour empoisonner un

pape, des conseils el des onguents de Bernard.

Eh bien le

!

Jean XXII, instituant après l'enquête qui doit juger Bernard,

tribunal

reproduira

hii-même, de sa main, dans une pièce par signée, cette absurde imputation

Operam

:

lui

dedii

ut veneni poculo necaretur. Cet accusé justement populaire, que des commissaires choisis vont

trancher du monde,

il

faut diffamer sa

un empoisonneur;

C'est

et,

en matière de poisons que

en savait plus

s'il

le

i"e-

mémoire.

docte Arnauld de

Villeneuve, c'est qu'il avait des rapports familiers

avec

le diable.

N'est-ce pas vraiment trop d'impu-

dence que d'accuser un n'a jamais,

on

le sait,

homme

d'un crime qui

existé?

L'enquête dura bien longtemps. Elle

achevée vers le

10

mois de juin de l'année 1319,

le

juillet,

était enfin et,

Jean XXII chargeait l'archevêque

de Toulouse, l'évoque de Pamiers Saint-Papoul de

commencer le

et

Tévêque de

procès. Bernard fut


KT i;iNorisrnoN ai.imc.koisk. alors

jii^csj'ii

Languedoc, sous

(lui, séiinlial

de Toulouse. On

lransl(''i(''(lf'v;iiil >»•>

^ardc de diiiaid

la

a (|u<'l(|urs rcnscijinonipnts sur re voyafre. rpii

iii'

tVanchisf dauun''.

donlcr du soii

pi'ul

le

ri Il

([u'oii

le

de route,

le

le serjicut

non sur ses propres

juge royal de Rivière, notaire Arnauld de

le

du pape Pierre de Pradelles,

alTaires,

dont

détourner son esprit, mais sur jour ses

et

Bernard,

ivsorvc, a la

sénéchal cl ses autres

maître llayuiond Leeourt, Noujiarède,

lui

calnic d'un iMtiiurlr liouunc con-

rausc iwcc

(•oiniia<,qions

des derniers temps

;

il

les

il

désire plutôt

événements du

leur déclare

opinions personnelles sur quelques

douteux de

l'histoire

scolastique. Des

153

même points

sacrée ou de la théologie

événements contemporains, celui

qui l'intéresse et

l'aftlige le

de Marseille, terminé,

le

plus, c'est le procès

7 mai de cette année, par

supplice de quatre religieux de son ordre.

le

tous ces frères, partis des couvents de

de Narbonui', que nous avons vus venir à

la

cour

d'Avignon pour y dénoncer en vrais mendiants

moMus été

les

relâchées de leurs supérieurs, quatre ont

retenus,

comme

De

Bézicrs,

emprisonnés, condamnés

et brûlés

hérétiques. Bernard, qui les connaît, qui


liERXARD DELICIEUX

454

les a présentés

au pape,

étaient importuns,

on

les justifie.

Parce qu'ils

les a taxés d'hérésie.

hérétiques sont de nouveaux martyrs que

Ces

para-

de recevoir.

dis vient

Le

le

trajet

barque sur

de Portet à Toulouse se la

fit

dans une

Garonne. Durant cette navigation,

Bernard, continuant ses libres discours, parla de l'abbé de Fiore, Joachim, qui, ~

un autre réformateur,

plus d'un siècle auparavant, ne s'était pas

contenté de signaler les désordres tous les jours croissants de la cour de

prédit la

lin.

ner; mais soudre.

Ses ennemis l'ont

si

On

Rome, mais en avait encore

Bernard

était

fait aussi

pape,

il

condamab-

le ferait

reconnaît qu'il était bon théologien,

puisqu'il a redressé Pierre

le

Lombard. Ainsi

Pierre le Lombard, distinguant en Dieu la trinité de l'unité, s'était

n'est pas,

en

confond avec

gravement trompé. Cette distinction effet,

la

recevable

;

trinité. C'est

en Dieu l'unité se ce qu'a fort bien

prouvé l'abbé Joachim. On l'accorde, mais on ne lui

pardonne pas d'avoir eu

et d'avoir

le

don de prophétie,

annoncé des changements qui ne se

fe-

ront pas à l'avantage des cardinaux et des papes.

N'y

a-t-il

pas eu d'autres prophètes,

comme, par


ET l/FNOriSITION AIJ'.IGEOISK. cxemplr,

IsaïeV Kl les choses

pouvait-on prendre plaisir à pas tliéolojiiens,

N''''laiii

claienl

iH'iriai'd

nion

jieii

ciiiifiix

([iic

les

Isaïe,

?

compagnons de

(rapprciKlic son o\n-

lahltc .loacliiin.

Itiucjianl

disait

entendre

les

I.m

Ils

l'interrogent

avec plus d'intérêt sur ses aventures avec l'inquisition.

répond au

Il

ju|ïe

ori<;ine des troubles

I

d'un

titre falsifié

et «piil la

i'aul

Raymond Lecourt que

de Carcassonnc estrinsertion

dans

saint-office,

rejeter sur de misérables faussaires

responsabilité de tous les malheurs survenus.

Arnauld de Nougarède

que

coup trop

lui

alors

fait

titre falsifié les

loin. Si,

mur pour en

»

Bernard,

»

j>renve au vidame.

ils

a menés ensuite beau-

du moins, on

le

n'avait pas envahi

tirer les prisonniers!

— La meilleure de

»

réplique Arnauld de Xougarède, cette

somme

»

de

main.

9

nard

;

le

«

étaient innocents; j'en ai

»

ta

remarquer

de Carcassonnc

])rotestation des gens

cette

contre un

»

du

les registres

de 1 000 livres que

— Tu mens par

vidame

était

la

donné

la

preuves,

a été sans doute

le

vidame a reçue

gorge

un homme

les

Mais, dit

!

s'écrie

Ber-

d' honneur (l).»

(1) « Bernardus rcspoiidit qiiod ipsc mcntirctur per gulam et quod dictus vicedominus erat probus hoino. » (Fol. 263 du n'UlO.)


BERNARD DÉLICIEUX

156

Conduit d'abord à Toulouse, Bernard

fut trans-

ieré peu de temps après à Castelnaudary.

à Castelnaudary que les juges de blent pour la première fois,

le

l'affaire

C'est

s'assem-

3 septembre 1310,

au logis de l'archevêque. Sont présents

:

Jean

Raymond de Gomminges, archevêque de Toulouse

;

Ja.cques Fournier,

Raymond de les

évêque de Pamiers;

Monstuéjols, évêque de Saint-Papoul

;

deux nouveaux réformateurs du Languedoc,

Raoul, évêque de Laon, et Jean, comte de Forez; l'inquisiteur Jean de Beaune, le sénéchal de

louse Guiard Gui,

Aimeri de Gros, et

et

le

sénéchal

quelques autres ecclésiastiques

seigneurs importants.

pourra pas

Tou-

de Carcassonne

se plaindre

de

Le sénéchal de Toulouse,

Cette fois Bernard ne la qualité

de ses juges.

s'étant levé, présente les

pièces du procès, et Bernard les déclare authentiques.

Le sénéchal présente ensuite, au nom du

pape, l'accusé lui-même. Chacun des assistants

remplit un rôle quelconque dans

Après

le

nom du

la

procédure.

sénéchal se lèvent les réformateurs, au roi, lesquels

employer leur temps, l'affaire traîner

invitent les juges à bien c'est-à-dire à

ne pas laisser

en longueur. Enfin l'inquisiteur


ET I.INOrismON Jean de l(^s

|{(';uiii<'

|ii("'('('s

\)H'iu\ la pai'oli' ni'

|>ro(liiil('s

prouvci"

iiKMil

AF.IilC.FOFSK.

coiilii' riiKpiisilioii,

loiUelbis pii'iuli'c

il

dire (|in%

poiii'

si

pas siillisain-

paraissi'iil

lio^lilcs

iiKMii'cs

li's

157

licriiaid

(le

en louniira (raiilrcs, sans

la (jiialiir'

de pailic (aMTcsl pas

rincpiisition qui poursuil IJernard

c'i'st

;

le

jiapo,

vcniicur do rKi^lisc outraiiéc.

Le lendemain, rarehevèque de Toulouse s'excuse de ne pouvoir assister plus longtemps au procès des alVaircs nombreuses tropole.

Il

se relire et

déjuger sans

lui.

le

rappellent dans sa mé-

charge ses deux suflragants

De Casteinaudary

transporte ensuite à Carcassonne.

eassonne

le

:

13 septembre, dans

Les jours suivants, de

le

Il

le

tribunal se

siège à Gar-

palais épiscopal.

nombreux témoins sont

introduits par les inquisiteurs dans la salle d'an-

dience. L'interrogatoii'e de

Bernard commence

le

:2

oc-

tobre.

Sur

le

premier chef d'accusation

explications vaillé roi,

complètes.

de tous ses

du pape

et

On

efforts à

du peuple

il

donne des

l'accuse d'avoir tra-

perdre dans

l'esprit

du

d'Albi les ministres de

l'inquisition dominicaine. Oui, c'est ce qu'il a fait.


IJEnNAIlD DÉLICIEUX

458

La mémoire des témoins entendus par

commis-

les

saires apostoliques ne les a pas toujours heureu-

sement servis

:

temps passées, le vrai,

racontant des choses depuis longont mêlé

ils

le

Bernard

loin de le contester,

C'est le mérite de sa vie d'avoir

sants persécuteurs

enfin

obtenu

tyrannie,

il

la

faux au vrai; mais

du peuple

le

proclame.

combattu

d'Albi, et,

les puis-

s'il

n'a pas

suppression de leur détestable

le regrette.

Les premières déclarations de Bernard sur trahison concertée avec

pas aussi sincères. le

raconte de

louLo

la

il

Il

le

prince Fcrnand ne sont

ne nie pas

telle sorte qu'il

vérité.

ses aveux.

rément

Il

la

le fait,

mais

il

ne paraît pas dire

Les juges l'invitent à compléter

répond

qu'ils sont complets.

Assu-

n'espère plus rien de ses juges; puis-

qu'il s'est déclaré l'ennemi persévérant

quisition,

ils

doivent

le

traiter,

sans aucune miséricorde. Mais

il

il

le

lui

de

sait

l'in-

bien,

est pénible

de s'avouer complice d'une machination miséra-

blement avortée. Les juges mandent alors cien officiai de feuille, et le

emploiera

l'an-

Limoux, maître Hugues de Bada-

chargent de faire parler Bernard.

la torture

;

ils lui

Il

recommandent, toute-


KT lois,

i;iNoi'isiTi().N Ai.ithiKoisi;.

d'avoii"

rcslroitior,

(''«^ai'cl

;'i

Tà^ic

do ne pas

le

de

Uwv

de ne pas

ractiis)'!, :

Il benc cavercl

(piod ex hujiismodi qiiœstionibus frater (lus uiorletit,

aul

iitenthri

i:,o

Berna v-

amissionem, seu perpe-

hiam debilitatem incurrere quoquomodo On

t'iniiiônc

donc

l'acnij^^c,

nolairos, Guillaume Pieire Baillio et

Rosières,

cliarjiV'S

Guillaume de

de recueillir, durant

les

lions de la torture, ses trop tardifs aveux. •'lait

le

possel.

qn'aorompa^ncnt doux

opéra-

Bernard

un de ces hommes dont on ne doit pas mettre

courajie à de telles épreuves. Pourquoi douter

qu'ils saillent souffrir?

Ce doute

les révolte, ils se

loidissent contre la douleur et l'on se fait vaincre

par leur indomptable constance. Bernard, torture, ne

dit rien;

mais

devant ses juges, contrainte,

le il

récit

le

lendemain, quand

de toute

n'en est pas l'inventeur, il

y a toutefois,

a déjà

cour du

il

à

la

reparaît

il

la

sans

conspiration.

Il

ne Ta pas approuvée

en convient, participé. Mais

rendu compte de roi,

il

commence de lui-même,

;

il

cette participation à la

cour du pape. Peut-il appartenir

à des juges d'Eglise de s'attribuer la poursuite

d'un délit

civil

dont l'autorité civile a notoirement

absous l'auteur?


BERNAKU DÉLICIEUX

im

Quant au troisième

clu'l

do l'accusation, l'em-

poisonnement du pape Benoît, Bernard s'indigne

même

qu'on ose d'un à

tel

produire contre

lui

le

soupçon

crime. De nouveau les juges ont recours

la torture.

C'est,

on

la

le sait,

pratique ordi-

naire. Tout accusé doit avouer son crime. Lors-

que

savamment augmentée par

douleur,

la

des

diversité

supplices,

l'accusé préfère mouiir,

une grâce; mais clarer coupable est

la loi.

il

il

est

devenue

telle

invoijue la mort

la

que

comme

ne peut l'obtenir sans se dé-

du crime dont on

Cependant

les

l'accuse. Telle

bourreaux chargés de

torturer Bernard ont en vain recours à tous leurs artifices, et les

notaires qui les ont assistés doi-

vent, en paraissant de

dire

nouveau devant

que l'accusé n'a voulu

faire

le tribunal,

aucun aveu.

besoin d'ajouter qu'il n'en fera pas cette

fois

Est-il

après

la torture ?

L'audition

des témoins succède aux premiers

interrogatoires. Comparaissent les uns après les

autres

:

Bernard Amat, Jean

et

Arnauld Marsend,

Raymond du Puy, Raymond Bauderie, Bernard Fenasse, Guillaume Fransa, Pierre Pros, Arnauld Garcia,

et

divers

aulres habitants,

conseillers,


Kl'

d'Alhi,

aiuicns

(•(uisiils di- (îai(as>()iiiii' rt

|i|iil»ail

aiilrrrois associrs à loulrs

lirniaid,

lit'

KH

i;iN(jriSIT10N AMîlC.KOlSK.

iiiaiiih'iiaiil

l'aiic |)(nnin(''rilor

pirts à

Toiihli de,

loiil

Itnii'S

|i(tiir

la

rnlicpriscs

li's

(liic, à loiil

erreurs jiassées.

S'ils

venaient simplement, pai- (rimmhles prières,

par

(les actes

de houleuse pénitt-nee, en se pros-

lernant aussi has (pTun iu([uisili'ur peut l'exiger, sollieiler le droit, d'aelii-ver

ne leur

Mais

il

voi\

ils

suflit

aeeusent Bernard,

temps abusés,

ils

en paix leur

tiiste vie!

pas de s'cxcuseï'; d'une seule

comme

si,

trop long-

reconnaissaient enfin dans

le

chef qu'ils ont suivi quelque envoyé du sombre

abîme. Le l'ont

'23

octobre, les témoins entendus, les juucs

remettre à Bernard une pièce appelée moni-

toire.

Ce moniloire

lui rajipi^lle

que, suivant les

canons, tout lauleur iriiéréliques est ipso facto

exc'ommunié lait

ne

;

que tout excommunié doit

absoudre dans l'a

pas

fiiit,

il

le délai

s'il

sera, portant l'habit religieux,

solennellement dégradé

que tout

s'être

d'une année; que,

liéréti({ue,

s'il

comme

hérétique

,n'oflre

sants de son parfait )-epentir,

;

enlin

des gages

suffi-

sera livré par le

juge d'Église au bras séculier. Bernard

est il

donc


BERNARD DÉLICIEUX

i6'2

charitablement averti qu'il doit s'humilier, se soumettre, ou qu'il sera brûlé. Le 25,

répond à

il

ce monitoire par une rédulo qui figure dans les

pièces du procès. Tous ses précédents aveux

mais 'sans y rien ajouter.

les renouvelle,

pas hérétique

du plus

fidèle chrétien.

Cependant,

il

si il

il

n'a

de l'Eglise, n'ayant

triomphe de

le

trompé, très-humblement son pardon,

Jamais d'ailleurs

l'intérêt

eu jamais à cœur que la justice.

n'est

sa doctrine a toujours été celle

;

sciemment agi contre

de

Il

il

la vérité,

l'on juge qu'il s'est se repent,

s'offre tout prêt à

sollicite

il

subir la péni-

tence qui lui sera imposée.

Les jours suivants, quelques explications sont encore demandées. Enfin, les

samedi 8 décembre,

juges rendirent leur sentence. Des trois chefs

d'accusation, les

le

un

fut écarté. Si précis

termes du réquisitoire apostolique,

que fussent les

juges ne

crurent pas pouvoir condamner Bernard

auteur ou

comme

complice de l'empoisonnement

supposé de Benoît XI; mais

comme ennemi envers

le roi

comme

ils

le

condamnèrent

comme

traître

de France, et par surcroît

comme

nécromancien, à

de Tinquisition,

la

prison perpétuelle. Ayant été.

1


F/r

la st'iilt'iicc,

(lit

lalt',

il

Icr

le

sa

vit^

il

de l'eau

jour

(l(''|><)iiill(''

sera déposr

ili'

le

l'INOriSITION AMîIGEOISE.

tiaiis

liciiilidiii

(le

la

103

di^nitc sac(3r(lo-

un racliol où des cliaînes

caplil',

jusqu'à

et

la

de

lin

n'aura pour nourriture cpie du pain (I).

La

même

sonne. Outre

d/'j^radation de

sur les

la

place

Bernard eut

(M

lieu

du marché de Carcas-

juges et leurs assesseurs, furent

présiMils à celte expiation solennelle

:

les

évoques

de Carcassonne, de Mirepoix et d'Alet, les abbés

de

la

de

l.évis,

ziac,

Grasse et de Montolieu,

les sieurs

François

Guillaume de Voisins, Dalmace de Mar-

Raymond

d'Accural, divers autres chevaliers

et

une véritable foule d'avocats du

et

de légistes. La cérémonie terminée, Bernard

lut

roi,

de juges

conduit aux cachots de Tinquisition, hors de

l'enceinte de Carcassonne, sur les bords de l'Aude, l'I

mis sous

la

garde de l'inquisiteur Jean de

Beaune.

Le croira-t-on? deux magistrats

civils s'inscrivi-

rent contre celte sentence, la trouvant trop douce.

Le lendemain

du jour où Bernard

était

entré

dans son cachot, dans sa lomhe, Pierre Lerouge,

(1)

Pièces justificalives, n" VIII.


RERiNARD DÉLICIEUX

IGl

de

Toulouse

à

notaire

,

cause et leur faisait lecture d'un

la

au pape,

signifié

par

Raymond

chaussée de Garcassonne. la dignité

»

peuple fidèle

est

Benoît. Ce crime, dit

nement prouvé

scandalisée.

les

est violée,

»

Ainsi

s'exj)ri-

;

y ajoutent l'assassinat de

la

sentence, n'a pas été plei-

mais, répondent les appelants,

ils

vement offensé soustrait le

devaient réserver au

de statuer sur ce chef;

en leur pouvoir d'absoudre. la justice

Ils

il

n'était pas

ont de plus gra-

du roi lorsqu'ils ont

condamné, malgré l'énormité de

méfaits, à la juridiction

l'hérétique,

le

du glaive rebelle,

civil.

Quoi!

ses le

l'empoisonneur

Bernard, qui auiait mérité plusieurs si

par

séné-

juges ne trouvaient pas suffisante la

la liberté

traître,

la

ils

preuve du crime dihioncé,

pape

La justice

en

appelants. Reprenant donc la série des

crimes condamnés,

puisque

roi

royale est offensée, la conscience d'un

))

les

«

appel

I.ccouit et

Raymond Foucauld, procureur du

ment

aux juges

présentait

se

fois la

l'on pouvait plusieurs fois mourir, si

mori

naiurœ

eonditio paleretur, n'aura pour punition qu'une prison perpétuelle! Cette inique pitié révolte les magistrats,

et,

persuadés qu'elle révoltera

comme


i:t

eux en

saiiit-prif,

If fait

F/iMjrisiTKVN

Ilayinond Lccoiiil

stMroiiipaii'nl, rt ji'nr (•il

ne

sail

de son

ordi'e,

Luc

liiiil

vivait

enrore

Jean XXII

UayiiiontI

ol

F(tii<aiilil

dcinoura vain.

écrit

avec sa vie. L'iiislorien

Wadilin;.;,

le -25

si'

trompe

lorsipTil

pié-eéda sa eondaiiinalion.

suj)pose (|ne sa mort Il

ri

a|»|ii'l

drdit

Kii

pas cxacliMiionl on quelle année le

de Bernard

sii|>plire

(h.

;i|i|M'llriii

ils

ifô

Ai.r.ic.Foisr..

A

février 13-20.

celte

aux évèques de Pamiers

date, et

de

Saint-PaponI que l'inquisition traite son prisonavec des éj^ards inonïs en lui conservant ses

nier-

habits religieux;

il

ordonne donc avec

indijjrnation

qu'on dépouille Bernard de ces habits qu'il déshonore

('2).

qu'il

mourut avant

Le chroniqueur Jean de Saint-Yictor la lin

signifie sans doute, poiu"

veau |)as

style,

que

la vie

compter suivant

du martyr ne

se

nou-

prolongea

Vitœ papar. Avenion.,

t.

I, col.

358.

(2) IbitL, col. SKÔ. (3)

le

au delà des fêtes pascales de l'année 1320.

(1) Baluze,

Recueil des hisfor. de

la

dit

de l'année 1319 (3). Cela

France,

t.

\XI,

p.

60 1.


4

I


/

PIÈCES JUSTIFICATIVES

INSTnL'MENTL'M APPELLATIONIS ItEUNAUUI DELITIOSI.

(litiii

titiani

opprcssis in jiiro ol

extra

ai;i;ravatis appcllatioiiis

jus

et

reniediiim

contra jussit

indiiltum

secumluni canoiiicas sanctiones de IMacentia, œconoinus,

prot'urator et

ministrator syndicus, sive actor

iiomiiiatiis a reliirioso viro IVatre

inonte, custode fratriiin |)ro

Minonua

dicti conventiis

iiegotiis

Heleazaro de Claroin custodia

Narbonœ,

peragendis et specialiter

super deleusione Castelli Fabri, quoudani burgensis Carcassouic, noniine dictorum custodis et conventns et

eoruni auctoritate, et ego frater IJernardns Delitiosi,

leclor dicti pati'is

conventns Carcassona», noniine reverendi

iVatris

Arnaldi,

minislri fratrnni .Minorum

in

^


PIECES JUSTIFICATIVES.

168

|»rovincia Proviiici;»', ({ui

niilii

super

lioc plciiarie coin-

vices suas, nos, inqnani, pr.TdicIi, scutientes nos

niisit

nostruni

et oi'dincni

et

Iratres nostros et

conventiim Carcassona>

(licluni

specialitei'

ai;i;i'avatos

contra

et

justitiani oppressos a vobis religioso viro t'ratre iSicolao (le

Abhatisvilla, in(jnisitore liœretica? pi-avilatis in par-

tibus Carcassoiuo,

vobis et corani

eo

videlicet

inaii;islio i*etro

proposneriinns,

tenente, custodis

ex

quod cum corani

Uadulli, vestrùm locuni-

noniine

dictoruni

ministri

coiiventns, ad defensionein Castelli Fabri

et

faniam, nonieii et bonorem

et

et

dii>nitateni ordinis fra-

IruMi Minoriun servandnni, et ostendeiidnm aperte

et

manifeste dictnm Castellnni Fabri, sepuitinu in cœnieterio dictoruni t'ratruni

conventus (^arcassona^, non esse

hœreticnni in morte, sed quandiu vixerit ipsum pie,

(knote

et biudabiliter

tidelis

ac

post

semper

vixisse

catbolicus christianns (1),

tanqnani verns

nec in vita nec

mortem contra dictmn f.asteHnm Fabri

iiieril

orta aliqua sinistra suspicio de tide catbolica, nec in

lama

ali({noejus

fuerit (k'uiijrata; proposnerinnis

etiam

(juod pnedictus Castelhis Fabri quandiu vixit fuit bonne

famrc et conversatiouis catbolica» ac devota» nionis erga

quod de

(Ij

et Cbristi

praîdictis est

Narbonœ,

nale.

Deum

et

vox

pauperes

et

piœ opi-

et relijiiosos, et

et fania publica in provincia

quod dictus Castellus Fabri quandiu

vixit

Cette incorrection n'était pout-ètre pas dans la pièce origi-

Nous

défectueuse.

n'en

avons qn'nnc copie

sous

bien

des

rapports


(i

PIÈCES .ll'STiriCVTIVKS. cl

liDiiiiiiiltus

:il)

(lioccsiiiiii

iiliiiniiii

i('|iiil.iliis cl

t|iiaii*liii

rouira

vi\il

ciiiii

orla

calliolinis

cl

A*'

dicliis (lasl(dliis

iicc ctiaiii |)Osl inurlciii

vi\il

est

itiicdiclis

in dicla pioviiicia Naiiioiia'

Kabii,

fuit

;

coiilra

siispicio

siiiistia

ali(|iia

tiiiMi|iiaiii

(-lirisliaiiiis

laudaliililcr ((Uivcrsaliis, et

iiilcr uciilcs

fiiil, cl

et luit

vcfiis cl ciillioliciis clirisliaiiiis, et

lidclis

liilciii callitilii aiii (|iianiliii

siiaiii

CarciSMiiiii' iciiintiiniin

et

|iro|>iii(|ii,'iniiii

h.iliiliis

vcnis,

l:iiii|iiaiii

dincrsis

iiiiilici'iliiis

169

vo\

cl

lama

pioposiiciimiis

(|iiaii(liii

vi\it

pidilii a

ctiaiii iiiiod

vcnis

callio-

et

clirisliamis. excrcuil opcra caiilalis, eicciiiosynas

liciis

iiiidlas (llirisli paiipcrihiis erojiaiido,

orpliaïuis

et

alias

vidiias,

[nipillos,

persoiias iiiiserabiles

sustentando,

l'ra'(liratorilju<,Miiioi'il)iis cl aliis reliiriosis

paupertatis

|trocuratioiies et siistentationes pliiiimas (Ihrisli dovo-

lione tribiiendo, cl de pr;edictis est vox et faiiia pnhlica in

dicta proviiicia Narhoiieiisi

quod

dictiis

lïastelliis

proposiicriiniis

;

eliaiii

Faini. (luaiuliii vixit taïKiiiam

venis, lidelis et eallioliciis clirisliaiuis, piolessiis

sanctaint eatliidicain

tenere

et

Kcclesia, Iki'c

senare, quani tenet

et

tïiit

credere,

sénat sanrta Roinana

mater omnium ecclesiarum

et

magistra,

et

s;rpissime oonfess\is est in locis pluribus et diver-

sis et

eoram

diversis et pluribus personis,

ii>iendit se tenere et servare t

se

christiaiiaiii

tideiii

\liibita,

iliclis est

nensi;

ut supra

vox

et

proximo

est

lama pnblica

propcKucrimus etiam

quam

fiden»

per opéra caritatis ab eo

expressum,

et

de pr»-

in dicta j)rovincia

qnod

dictus

^arbo-

Castellus


PIÈCES JUSTIFICATIVES.

170 Fabi'i,

de

iiiliiiiiit;it(»

iii

(idclis ac callioliciis

paiTocliiali

prcsbytoro

peccata sua

et in

tissiiiie

ohiil,

laiiqiiam

et

etiam

Minorihiis

(ïatribiis

eadeiu iiifirmitate recepit pie

clausit

tVatniin

et

devo-

aliarum persoiiaruin,

pliiriiini

publiée est

extreumm

confessus,

dictiis

et,

quousque

mitate adstiteriint usque ad obituin ejus,

obitum sicut

veriis

et catboliciis

ejiis infir-

et post ejiis

cbristianus sepultus

in cœmeterio eorunuiem, proptor quod

manifeste dinoscitur apparere quod,

si

liqiiido et

aiiqua sinistra

suspicio de fide catholica contra ipsuin orta

non terio

est verisiinile dictos fratres ipsuni in

ad sepulturani récépissé,

fama publica

diein

GastellusFabri, fratres Minores

coiiventus Carcassonte sex continue eidem in

et

et

recepit verissiinuni corpus Christi, articulos fidei

catholic»

fuit

vfiiis,

eeelesiastica sacramenta, neciion in pra'seiUia

<lictonim

cum

({lia

christiaiins roiircssiis est pliiries

et

in dicta provincia

fiiisset,

eorum cœme-

de praîdictis est vox

Narbonœ proposue;

rimus etiam quod dictus Castelhis Fabri toto teinpore vita^ sufc vixit

laudabiliter et ut veriis lidelis catbolicus

chrislianus, et

nunquam

repertum quod aiiqua

reperiri (potuit) née etiam fuit sinistra

suspicio

processerit

contra ipsuin de tide catholica, ex causa probabili vel

non probabili,

in

quo casu,

si

ex causa probabili sus-

picio processisset, esset tune purgatio

nes indicenda, et <nii

cum

secundum cano-

vos frater iNicolaus, salvis honore

reverentia vestrœ personœ et

ofiicii

inqiiisitionis,

non intendimus derogare sed potius obsequi

et


l'IKCKS .MISTIl IC ATIVKS.

171

l'iivri'c (iilclilcr

cl Imiiiililcr, iiosir'is Iniiicii niii-^riciitiis

sciiipcr s.iKis,

lion coiisiillc

l'ccislis

ilciniiiliai'i

soiuf

|)ra>ili<'liiiii

(lastclliiiii

(Ucio nimiiie,

iiatioiHMii faclani vitatis,

olim

|)i'r

iionicn

siint

non vocatis

et

niiims

nos et

zelo

li.i'rclica^

(loiiiiiiuiii

pra-

piovincia'

et

roiinani

lioiiiraciniii

inlcresl (Iclcii-

(^-astclli

Fahii taïuniani

apparcal dictani

esse

pi'ovide

pi()|)tec

laclani,

proposneriiims

;

etiaiii

aninianim nostrariini protestât! fiierimus, nos paratos jnrare

pra'Iati ijnardiamis et iector,

qnantiim

nioti

i)iiri,Mri

et onli-

evideiittM'

lainam dicti

<|uod potierimiis eain revocari ot in jiidicio

pctssct

pia'i;ilos

illis (iiioi iiiii

veri et catholici clirisliani,

denimlialioiHMii

an

roniiam jniis

cl

pcr

(jiKiii

(larcas-

iiiorliiiiiii cssi* litfM'P-

in(|nisilor(*s

vcsfros,

co

in

Iniriii

contra oniiiiatioiicm

statnta

|>apani VIII, et «Icrc

est contra

cliam

ac

qna>

Falni

(|iio(l

|)i\t(1p('(»ssoits

Narhona', coniin

('cclcsijis

roiislart'l voliis

iH-aliim, aiile(iuam «If

[iroccssciilis

(tiiiiics

|)('r

oporleret (piod

veritalis

|)i;e(li(la

illnccscend;e

ceiuem injuste procederetnr,

et

et

si

propoiicbainus

ne contra

qnod oinnia

inno-

pranlicta

parali eianiiis prohare de piano, sine strepifn et dilTnirio,

per persoiias

veslrîB

religionis

rimos sœculares

reliiriosas,

qnain fide

graves

aliarum,

dignes

;

et

lionestas,

tam

ac etiani per plu-

proposiierimus etiam

«jucd non soliim parati erainus et

sumus probare

prse-

dicla, sed etiam excludere depositiones testiuni recep-

torum contra dictuni

Castelliiin et prol)areeas esse fal-

sas et indebite et violenter extortas et Calso et nialitiose


PIĂˆGES JUSTIFICATIVES.

172

proposuerimus

adinventis

cl coinposit;is;

ista falsitas

nobis nota est viis miiltiplicibiis, por qn,T

oiniiia petieriiiiiis tatis,

nos admitti,

ad probauduiii cain

ot |)iobaii(la

;

taiif|iiaiii

ci alla

iii

quod

zolatoros veri-

supra scripta pariter

quod

pi'opostieiiimis otiain

probationeiu babel)amu.s

etiani

proinpUi

et

|U'aHlictorniii

super

isla veri-

tate intendchainus dictiun iuquisitoreni inforniare et

nastras

coiiscientias

exonerare, ne

iijiiorantiam dictus Castellus

propter veritatis

quondam, ouin

cens, condeumaretur iudebite et injuste

mus etiam quod

si

sit

inno-

proposueri-

;

eoram dicto

in propositis per nos

iiifuisitore vel ejus locunilenente erat ali(|uod propositiiui

quod nou

proponi,

esset ))roponenduin vel aliter deberet

parati

dum quod

eramus mutare

nieliorare secun-

vel

coituoscerelur esse juris

rationis,

vel

et

super bujus cogiiitione prtesentaverinius dicto inqiiisitori

non paratos

stare cognitioni plane et suniniarie

doniini electi CarcassonÂť et venerabilium in Christo

patrum domini arcbiepiscopi Narbonensis

rum

episcoporuui Tolosani, Biterrensis et

et abbatis S. Ponlii

de Tlionieriis,

et

domino-

j\]aiialonia^

vel alirujus

eorum,

vosque, dicte inquisitor, die assii;nala per vos ad deli-

beranduni siqier Jidii,

pranliclis, scilicet

quarta die mensis

anno Domini millesimo trecentesimo, nobisque

ad dictam diem

in

domo

vestra apud

comparentibus, dixeritis quod nulla via seu ritis

Carcassonam

modo

audie-

nos super pnemissis, seu aliquo eorum informa-

tionem nostram receperitis, sed, cum staretis erectus


PI K CE s .llISTirir,.\TI\ KS. cl

sdliis

niiii

iinincdiiilc Icvilcr cl (•(Hilcmpli-

rcccilcrt'imis, cl

(|U(>(I

imliis

(li\ciiti<

oïdiiiis,

vcslii

r'.iliMMic,

I7:î

bililcr nos dimi'^crilis,

(joimis scii ad caiiic-

.id iiitciiitia

rani vesliaiii iiitia\ciilis ciiin iiclcrcimis (piod l'accrclis coiiiparilioiicni iiosiraiii

soi'ihi

tnmi, ciim ad noliicrilis,

dics

illiid

itiio

(|iiiii

cl

dirli (laslidli iiciii

vcsliimi

iiOij:avciilis

et

imo

iusciis,

iiislantia potie-

sciipscial, cl

pi'a'dicta

maiidaslis

FalcoiuMii, liée ex

inus,

ciiiii

iiohis laccrclis licri coitiaiii (]iit

mis aiidiic

por nos cofaiii voliis super

acnlalorii

iil

cl

ad doiiiuiii vcstiaiii ipsa

ciiiii

die, liora vcspiTliiia, rcdiciiiniis cl

rimus

dicliini vcs-

cl

iicciioii

i'iiisscl assijiiiala,

tiiiie

iiobis

per

l'acto

pcr labcUiol'accrc

lia'C

dictuin IVatroin

vesiri eopiain liaberc potiicri-

a die supra dicla

iid'ia

quiiique dies, nobis

ad partes loniçinquas recesseritis, ciim imlliiin

uotariiim vel tabellionem in tota Garcassoiia vel in loeis

babere potiierinms,

«•ircmiijaceiitibiis

aetor

de

seii

loiiire

qiiod dnrius

aliqiiein qui vellet cssc syiidicus,

proenrator

dicti eoineiiliis, doiiee. aliiiiide et

syiulieiim veiiire tVciimis, nec testeni aliqiieni

habere potueiiunis inoninin perbibere, <lieto

et,

nec

et erudeliiis est,

([ni dietaî

appellationi valciet lesti-

qnod aUcirabant

inqiiisitore si nobis aliquid

se

capi a vobis

seriberent,

assisti;-

rent, consukM'ent seu dictarent, cnni linior vestei* in

tantuni oadat in coiistantem

virumquod vestruni

reni pra}l'erunt veritati, licet dicta die antedicto

vestro

immédiate

appellationem

viva voce

tinio-

domino

appeUaverimns, dictam

in scriptis per tabellionem uscjuc

nunc,


PIÈCES JUSTIFICATIVES.

174 scilitt'l

die

decimo

lueiisis Jiilii,

mus. Haec ergo omnia gravainina

necnon

dérantes,

tiare

et

potueri-

alia consi-

pmejudicinm

advertentes

et

iioii

multa

fieri

veritati et per consequens nobis periculiim iinniinere

ex eo quod hanedibus dicti Castelli seu ejus quîsestioais adinisistis

sionis,

(

defensionem prœcluditur via defen-

1) ;ul ejiis

cum non

eis copia

liât

nominuni

tamen certissininm

sit

testiuni et sic

eorum

per consequens non possit ostendi

falsitas,

cum

quod propter timorem ejus con-

quem in((uiritur seu delensoruni suorum non mus grave pericuhnn imo nuUuni periculuni

tra

testibus inimineat, et ex eo

testium suniptœ sunt de

quod

dicaipsis

attestationes dictoruni

libris suspectis,

cum

contra

eos laboret lama publica, necnon est et probari possit

per personas fide dignas quod dicti

habeantur fide

et

liabiti

sunt suspecti,

cum

pontificis

quod ex

inerito

etiam relatn

dignissimorum didicerimus quod non

domini nostri summi

et

libri

est voluntas

diclis libris,

donec ipse aliud ordinaverit, procedatur, omnia grava-

mina supradicta

et

plurima

inferenda, de quibus parati

alia illata nobis

sumus

per vos

et

facere lidem per

publica instrumenta et alia documenta sub loco et tem-

pore proponenda, appellamus, nominibus quibus supra et

nominibus eorum quorum interest

potest, ad

vel

sedem apostolicam,solemniterin

interesse

bis scriptis

(1) Ce texte est évidemment corrompu. Il faut peut-être lire Ejus quœsliouis administris, et traduire par « Les personnes chargées de son enquête. « :

:


.irSTiriCATlVKS.

l'IKr.KS jM'lciilt'S

et,

aposldlos cimi

ne vidcaiiuir

Oiiiiiiiiiii

ilcriiiii

connu

imliis d.iri cl coiiccdi,

rcinissi

cl

a|)|>cllamiis, cl,

vcrilis, ilcniiu ai»|it'IIaiiiiis tjiiilHis siipiM, poiiciilcs

modo,

nos

iioslia

iii

a|)ns[ol(is

si

loniia cl

(lciic_i;a-

iioiiiiiiiliiis

IValres iiosiros cl

cl

t'I

jiislilia |)ci°sc(|iicii(la,

iiilci'cst

(|iiiiniiii

ilcniiii

cl

iiisl:iiili;i

iiciili^ciilt's

175

lociiiii

dicloniiii rralniiii iioslronim (larcassoiue et oiiiiics Iniic

appellalioni adhiorcre volentes, fautores pf consiliaforcs

sub

protoclioiit'

pra-sidio dictœ sedis, assercntes et

el

nos

|)rolcslaiilcs

nos

nol)is illata posse

pi'oljaic,

nos ad oninia

adsiliniliniiis

lanliini ipue neirolio ntilia

el

protestantes quod non

singula prohanda, scd ea

seu neccssaria videl)\intnr,

assercntes nos |M;edi(li i^iianlianiis

rredere

esse

vera

parati liœc jurare

bonestum,

et

si,

in

seu gravainina

proposita

pra'ditta

jndicio

et lector

pnedicta

aniniarnni nosiraiiini,

quaniloeliibi videbitur debituiuet

ego prœdictus syndicus afliimo

me credere

prœdicta esse vera proprio juramento, inbibentes nos preedicti,

nominibus qiiibus supra, vobis dicto inqui-

sitori, salva vestra reverentia, ex parte

lenus possunius, ne contra nos

diebe sedis, qua-

et dictos fratres

nec loeuni fratruni Minoiuni Carcassona'

noslros

ncc eliain

contra tlicluni Caslelluni Fabri, (pioiMbini catbolicnni cbristiannni, ncc contra illos

esse

polest

vel

quorum

interestvel intcr-

eorum bona penibMite

appelbilionc

I

hujusmodi (luidquam debeatis ulterius innovare (!)

Collcct. Doat,

t.

XWIV.

fol.

1-23 et suiv.

(1).


PIECES JUSTIFICATIVES.

17G

II

DEPOSITIO FACTA CORAM GAUFFRIDO DE ABLUSIIS DE INJURIIS

JOANNI DE RECOLES ILLATIS.

Aiino (lomiiiicœ

quarto

id.

pariter et

Incariiatioiiis

lunœ post

siino tertio, die

t'cbriiarii. l'iitnri,

millesimo trecente-

festuin S. Agathse, intitulata

Noverint

luiiversi,

praesentes

qiiod vocatus doiniiuis Joannes de

Recoles, sacerdos conductitiiis (1) parrochialis ecclesia^ B. Mariœ de Platea vilke Gastrensis, diocesis Albiensis,

per religiosum virum fratreiu Gaufridum de Ablusiis,

fratrum ordinis Prœdicatoruin, inquisitorem haereticic pravitatis in

regno Franciœ a sede apostolica deputa-

tum, jiiratusqiie super captione

Joanne

t'actis,

vice-dominum sitoris,

purauî

quia

et arrestatione

denuntiaverat

de ipso

excoinniunicaluiii

Anil)iaiuMiseni de uiandato dicti iiiquiet

merani dicere veritatem, interrogatus,

requisitus et in judicio in donio fratrum Prœdicatorum

Castrensiuni coram dicto inquisitore personaliter oonstitutus,

sub virtute ab ipso pncstiti juramentidixit

asseruit

quod

cuni,

niea circa festuni S.

(Ij

anno prœdicto, quadam Martini

Conduclicr. Voyez du Caiige, au

vel

S.

et

die doini-

Cecilia*,

denun-

mol Conductitius.

i


l'IKCKS tiassct

iii(|iiisilMiis

Alliiciisis

sitMiii

crastiiio

Iiiiia' iit

iHii'l'iili,

l'clnis .Ni(linl,i\

doiiiiiii

ciiiii ilic

ruruiii se apiid (îaslras ail liospiliiiin (iiiilli'lnii sis,

cl jiixla

aille

l'iiissct i|)si

liM|iiitiii'

(|iii

«

:

aiulax

(|iii)(l

»

stMilal

pcrsimaiii

»

cxcoinimiiiioaliim. »

quod

.Miior

(loiiiiiii

cl,

ciiiii

dixit

iiiiilliiiii

Tune

iiostii

lliii'i^'on-

((iiiiiiiiiialoiiis

fuisses

i|iii)il

vicc-ildiiiiiiiiiii,

(loiiiiiiiiiii

illuil

vcl•|)i•^

iiiiillis

»

dixit

rialniiii MiiKniiiii,

(Imiiiiiiii

|)i"a'sciis,

ilii

viMiin*

IVcil

<-t

t-l

Iniciis-

,

cilavii

rciiis,

su|ii'aili<-ta>

(loiiiiiii( :r

177

jhcImijImIc

vicr-doiiiiiiiiiii

('\n)iiiiiiiiiii(':iliiiii

iii;iiiil:itii

liM'iiiii

STiriCATIVKS.

.11

ila

i'c|)i'iP-

(|iii

(Icmiiitiavcris

rci;is,

i>ra'ilirtiis (loiiiiiiiis

Joamies

piw-

lecerat de niandalo iiuiiiisitoris

dicti«*tarc-liiprpsbyteriCasfreiisis,etcuiiulicliisdoiniiius

Joaniips dixissetriuod liabchatiiecesse irepro

unopuero

baptizaiulo, et qiiod postealibenter reverteretur, dictus

lociuntenens

dixit

reniaiieret ibi.

loeuinteneiiti

Tune

:

cuiiis

quod non recederet sed

dictus doniinus Joannes dixit dicto

Anestatis vos

a

leiieiis rcsj)on(lit »

cidciii

:

« lia,

me?

»

(hii

locuni-

arresto vos, (juia volo scire de

maiidato fecistis banc (b'niiiiliationein.

<licluin doniinuiii

Joanueni

lespoiuU'iiteiii

Tune

»

((iiod

lioc

feeerat de niandato inquisitoris et archipresbyteri

prœ-

<UetoiMini

ob hoc dictus Petnis Nioliolay in doino prœ-

dicta per bonani partein diei tenuil arrestatum, donec,

dicto

archipresbytero

per

vocato et in doino IVatiuin

doininuin

locuintenentem

Minorum présente,

dictus

locumtenens dictiim domimini Joannein duxit seciim

ad doniuin

IVatruni

Minorum dictorum,

et

tune dictus 12

,


l'IKCKS .lUSÏIFlCATIVES.

!7S

lociiiiitciKMis icqiiisivil et iiHjuisivit pr.-cseiilihiis pliis(jnain

lj\l','ro,

tal.' iiiaii(latiiiii

.loaiiiii

de dicta

;i

dicto arcliipres-

coiitum

])orsoiiis, iitniin

dciiiiiilialioiic l'acliMula

domino

pianlicto l'ccisscl. llcin dicit ([iiod pliiribns cIp-

licis, laicis ot fratribus

Miiioribus pra'S(Mitil)iis

iii

doino

pia'dieloniiii (lic('Mlil)usqii(' ci (|iiod dciiuiilia-

.\iiiioiaiiii

lioiuMii qiiaiii l'cccrat rcvocarct, ipsoipic iioiciite in

hoc aii(|natcmis

ddiniiiojoamic

coiisoiilirc, dixil

iniiK) Joaiuii lociiiidcnciis pia'dicliis (|iiod

cideni do-

siipsedonii-

]iiis,loaiiiicshabor(d bonuiii j)alcfrcdiimvelboiiuinpali'i-

inoiiiuin in terra, cuni eodcni aliter lo(|uerelur; et

c'idem inliibuit Albifio

non

tune

quod idem dominiis Joannes vicariam

exiret, phires

minas eidem domino Joanni

plnries l'aciendo, et de ista inhibitione dictas locumle-

nens per notarium quem

secum dncebat

cliartam levari. Interrogatns (lonio

(Inillelmi Biiriicnsis,

(jni

pr.esentes in

l'nei'nnf

ies])ondit

([nod

]lui:o Boneti, rector ecclesia' S. Stepliani

dominns .loannes de Deo sacerdos j'erie,

diaconus

et

j)liires

el Cinillelnuis IJai-

Raymundus Faber mercator alii de quorum nominibus non

(îastrensis

3k)iinerii

^lichaelem

llonorati,

i;uai'dianuni, et

.lacobuni

île

,

nnum

Aniiliano

nibus non recordatur.

arcliipresbyternm IVati'es

el

recordatur. In

vero Minornni dicit fuisse prœsentes

Joannem

dominiis

de Teisoib's,

dericiis ipsius domini Joannis qui

loqnitnr,

domo

requisivil

dominum

siipradictum

Bertranduin

Vilarzeiii,

IVatrem MinoiMim Vasconensem, et

pinces alios de

quorum nomi-


l'IKCKS Ilii'c (li'posiiit

loco

priPdirlis,

STIFICATIVES.

.11

cl iccitala siiiil in viili,'ari, aiiiio, die ft

(iatalaiio,

Dco

di'

occlesi.p

nolaiio

villa»

piihlico |iiililic(t

Item,

aiiiio,

Cas-

Sicardo de Poinorio, Alberto

de Ciirvala

l'cfro

.loaiiiii'

Aiixioli, iTctorc

iiolarid

IValiilnis

Ciiiidonis, prioi'c rtalniiii Pra'dicalo: uni

Bcniardo

doiiiiiio

viiis

icliiiiosis

pi'ii'stMililms

IrtMisiiim, .lacobo liuri^ciisi,

de

17!)

ordiiiis

sacerdotc,

,

S.

Prjrdicatonim, l'elro

doiiiiiio

Cecilia' di>

Lcslori^uc et

me

l'etro Hoeiii,

Castrciisis, et

iiilVa sciiplo.

die et loco

pra'dielis,

doniiiiiis

Wus^o

Honeti, rector ecclesiac S. Stepliaiii de Tcisodes, dioresis Alhiensis, vocatiis, coiislilutns, jiiraliis, iiitenoi;atus et re(|iiisitiis

lit

supra, dixit quod anno pra'dicto,

circa festuui S. CeciliiP, quadaui die lunœ, tras,

.loaunis,

IMalea

qui

ipso

loquitur

et

quodain

apud Cas-

clerico

villa?

Castreiisis, et

(luihusdam

nouiinibus non recordatur ad

videntibus et audieniibus,

iii

aliis

pra;'s?ns,

quodam

domini

Mari» de

sacerdotis condiiclifii ecclesisB B.

de quorum

prœsentibus,

hospitio ante do-

nuim fi'atrum Minoruni Castrensium, Petrus

^'i('lloIay,

tenons locuni vicarii Albiensis domini régis, arrestavil

ibidem prœdictumdominum Joannem, sacerdotem conductitium ecclesi» B. Mari;iede Platea vil!» Castrensis, asserens

dictus Petrus locnnitenens

dominus Joannes, de mandata

inquisitoris

dennntiaverat

praedicli

Amltianensem

,

excominunicatum,

locumtenens quod,

I

causam arresta-

tionis esse quia dirtus

nisi

et

vice -

doniinum

addidit

dictus

revocarel id ([uod fecerat con-


PIKCES JUSTIFICATIVES.

i80

tra vico-doiiiimiiii supradicliiiii, ([iiod iiiamissiias pone-

supra

ret

(iicliiiii

alias

siiierct

(loiniiiuiii

s(^ciiriiiu

.loiiiinciii,

starc in

et

non

(jiiod

vicaria Albiciisi. Ilom

addidit idem locmnteiif'iis ({iiod non dal)aid dicfo do-

mino Joanni bonum

consiliuni qui consuluerant ei ut

prœdictani denuntiationem faceret vel fecisset. Hapc

deposuit dictus dominas

IIug;o,

pncsentibus religiosis

4lictis,

anuo, die

et loco

viris fratribus

pr»-

Hernardo

Guidonis, prioie IVatrum Pncdicatoruni Castrensium,

Sicardo de Pomerio, Alberto de (jatalano, ordinis

trumPrœdicaloriun, magisti'o Petro Galliacho, et

me

fra-

Aui^eiii, pbysico

de

Pelro Boerii, publico notario infra

scripte.

Item, anno, die et loco prœdictis, dominus Joannes

de Deo, sacerdos de

Gastris, vocatus, constitutus, jura-

tus, interrogatus et requisitus ut supra, dixit et asseruit

quod, quadam

dominicam dos

die

in ([ua

lunœ

immédiate

sequente

post

dominus Joannes de Recelés, sacer-

condnctitius parrochialis

ecclesise B.

J\lariœ

de

Platea de Gastris, denuntiaverat excoinmunicatumvice-

dominum And)ianensem de mandato inquisitoris pra;dicti, quod ipse personaliter cum domino llugone Boneti, rectore ecclesias S. Stephani de Teisodes, in

domo

seu hospitio Guillelmi Burgensis, juxta et ante

fratres

Minores de Gastris, ubi erat Petrus JNicbolay,

locumtenens verat dictum

vicarii Albiensis

dominum de

domini

régis,

({ui

cita-

Recoles, rogatus a dicte

domine Jeanne de Recoles qued secum remaneret hac


IMKCKS .nSTIFICATIVKS. (If ciiis;! ut jiivart'l

ciitii,

i|uia

l(M-iiiiit<>ii('iit(>iii

1S1

pcr dictiini

(iliiliis (M.it

(|iii;i

(li'iiiiiilia\('i';il

virc-doiiii-

(li(-liiiii

iiiiiii

rxcoiniiiiiiiiratiiiii .iiK-liiiilalt' cl iiiaiidato iii(|iiisi-

toris

|)i':nli(-|i,

lltM-oli's cl

capi,

et

liiiichat

tlictns

.loaiincs dt*

iloiiiiiius

v(d iiijiiiiaiii vcl ii;noiiiiiiiaiii sihi inl'crri,

lune, cimi dicliis doniiims .loaiincs de Rccoles vpllct

riH'pdt'i'c, ni iliccltat, dicliis

non

lociiiiitciiciis

scd rcniancrcl.

l'cccdci'cl,

Tnnc

dixit oi

quod

dictns doniinns

.loanncs de |{ccolcs dixil dicio locnndiMicnti :« Domine, »

arreslatis vos nn-? « Dictns locninlcncns dixit

ancslo

» hiMic,

locundenciiti

dicIo

(plia ipsc vci

stahat

«M-at

dixit

«

»

vos.

:

Et tnnc

qnod ipse

:

« Ita

iileni (|ni lo(|nitiir dixit

oxconiinnnicatus,

erat

(inicnmque sacerdotem vel clericuin arre-

e.xcoinninnicatns.

Tune

exeominnnicatus

Si suin

ad vos;

Niliil

»

dictns locnmtenens beiie, absolvani

dominus .Toannes de Deorespondit

me.

loco suo? » Qui

velletis vos esse in

(iiiod,si

taleinanda-

tnin pervenisset ad enni, fecisset sicnt doniinns.Toannes

de Uecoles snpra dictns; ipsi i|ni lo(|nitnr

:

et

« l'er

Denni

voltis

eqnus

dictns locnintenens dixit 1

si l'ecissetis

«

non renianeret

»

niuin, nec aliud quin nos ponerenius ad

»

tram.

»

in stabnio,

vel l'aceretis,

nec |)atrinio-

nianuninos-

Item dixit quod audivit dictum locumtenentem

inhibentem ibidem dicto dominoJoannideRecoIesquod ipse

non recederet de vicaria Albiensi,

dictus

et

boc quia

dominus .Toannes de Recoles nolebat, ad requi-

sitionem instantem

dicti

nem (]nam

vice-dominum

contra

locumtenentis, denuntiatiofecerat

revocare.


PIÈCES JUSTIFICATIVES.

182

qui

Interrogatiis

quando pnodicta Ilui^o JJoiicti,

cus

ruonmt

pnosentes

fiicnmt,

lacla

dicta

in

dixit

doiiu»

doinimis

qiiod

JJarrerie, diaconus et cleri-

Giiiilcliiius

Joannis de Recoles supradicti, Jacobiis de

doiiiiiii

Gausser, clericus,

de Veteribus

Viiieis

iiotariiis

de

Laiitrii;esio,

Sycardiis

de Lautrii^esio, Ilayinuudus Fabri,

mercator Castrensis, Guillelinus Burijensis de Castris et

de quorum

inulti alii

erat vox pii-

quod dictus doniinus Joannes

blica et fania coninninis

de Recoles

non recordatur.

iioiniiiibus

quod per villam Castrenseiu

Dixit etiam

erat captus et arrestatus per dictuui locuni-

tenentein quia de niandato intiuisiloiis dictuin vice-

dominuni denuntiav(>rat exeonuiiunicatuin.

lla-c

dcpo-

suit dictus doniiniis Joaiines de Deo, et recitatafuernnt

anno, die IVatribus

et loco praîdictis,

pnesentibus

relii^iosis viris

Bernardo Gnidonis, priore (ratrum Pniedica-

toruni Castrensiuni, Joanue Hatberti

rum fratrum Castrensium,

subpriore dicto-

Alberto de Gatalano, ordinis

fratrum Prœdicalorum, domino Petro Aurioli, rectore ecclesiœ S. vilLie

CeciliiP,

Castrensis, et

de

Lestorgue

me

Petro

et

P)Oerii,

notario publico notario publico

infra scripto.

Item,

anno quo supra, die Yeneris post Cineres,

Raymundus

Fabri de

Castris,

personaliter in judicio in

domo

vocalus et constitutus

Iratrum Praidicatorum

Castrensium coram dicto inqnisitore, juratus, inteirogatus

et requisitus

super pra'dictis,

dixit et assueruit

<luod boc anno, circa leslum S. Andréa) apostoli, die et


IMKflES .UISTIIIC \T1VES. non

si>|)liiiiaiia

llccolt's, sia'

U. Maiia'

Icliiii

ilc

(|iia

(li)iniiii

tValrcs Minores de

.luaiiiicni

tlniniiiiiiii

iitmliiclitimii

IMaliM

ISiiiiifiisis,

loi'iiiuli'iiciis

iinciiil

rccolit,

saccrdotciii

IH'.!

tli'

('cclr-

|i;irnicliialis

Casirciisis, in (lniiio (iiiil-

\ilLt'

cial iccciiliis

(lastii-:,

Mcliolay,

l'cliiis

Alliifiisis, jiivta

viraiii

se

(|iii

iliidciii

cl

aiil(>

(lictiiiii

|i;'i-

lociiinlciKMilcin aircslaliiin diccliat quia dciiiiiitiavcrat

Item

vicc-doiiiimmi AinhiaiUMiscm ('xcoimmiiiicMliiin (licit i|iiod

cadcni die vidit

in diiiiii) IValniiii craiif

pia'sciitcs

consid Alhia' ivror<lalnr,

riiiii

iulcr ((nos

ptM'i'utiM'c

l'ctiais

piins

ni

arrcstaliiiii

Nicliolay pra'dictns

;

et

il)i

iimis

cf

sorio sno de (|nornMi noniinihns

iValrcs

Ai'naldns Aniiciii laini,

Miiioniiii

dicliiiii doiiiiiiiiiii .loaiiiiciii

non

Itcilrandns Vilarzclli, !^n;ii-dianus,

o[ (|iiidani

alii

ciat

ipii

iiniis

doniinnni .loanncni

ordinis IValiMini .Mino-

cnni

nuiiis vidcbatiir

ina'diclnni.

Item

dicit

ipiod IN'trus Nicholay, IVatros Minores, consnl et sociiis siius niiiltuin

dure reprehendernnt dictnni dominuin

.loaniieni (juia exconiniuiiicaverat vice-doniiniini supradirtiini,

dicentes eidein

lenles ({uod ipsi

et

cuni

volebant ([uod,

niinis

phiries

repe-

sicnt exconnnnniea-

verat publiée viee-dominuni supra dietuin, ita volebant «'t

oportebal

liaret

([iiod facerel qiiod

non excoiuniunieatnni,

et erat t'actuni

ipsemet eumdcni pronnncl

qnod

qnod

illnd

l'eeerat

eontra vice-doniinnni indebite l'eeerat et

erat indebite l;utnni.Dieel>ant etiain([uod noncredebant

([uod dictns vice-doniinuspropteraliquod

quod

fecisset

osset excoMinuinieatus, neccredebant nec eis videbatur


PIECES .USTIFICATIVES.

181 (juod

proptor en qnjp

ilebcict

;ili(iiiis

excommunicare. Et |)r;p(lictus iiollel

cinii

lacère

(loiiiiiius

cmii

et iiialo vultii, (lixit doiniiio

(liiod,

iiisi

Joaiiiii

(|iiani ipsi

et

iiiiiiis

loco

sacerddti pnodicto

faceret revocationeiii pnedictani,

ipse

proiit et

quod

pete-

terioribus

quod

citaret et l'aceret euni diui Albiaiu et poneret tali

ipsuiii

sacerdos

Joaiiiies

revocatioiiem

haiit, dicliis Petriis ^'icliolay,

ftM-orat

ipse

euin in

ipse dominiis Joaiinos- libenter revocaret,

locumtenens

et

alii

prœdidi petebaiit,

si

quaiulo eidein dicereiit vel eisdem placeret, anle-

quain evaderet

mamis

eoruiii. Iiiterrogatiis

super coni-

motioiie et causa couinintioiiis poj)uli contra (lominum

episcopiun Albienseni,

fi-atres Pia-dicatores, in(iuisito-

reset onicluni inqnisitionis hreretica' pravitatis,et coniniotoribus seu concitatoribus conunotionis pnedictae, dicit

quod

iiunquani alias vidit vel audivit siniileni

connnotioneni in populo Albigesii propter fachun inqnisitionis vel inquisitoris; dicit etiani ({uod causain coni-

niotionis crédit esse criinine

quod

supradicio,

vel

illi

qui sunt lœsi vel rei de

facta

inqnisitionis

portant

aniare, sunt causa coniniolionis islius, quia vellent, ni crédit,

quod

alii

ad adjutoriuni sua.

Item

et

dicit

essent conimoti sicut et ipsi, et quod

expensas alioruni posseut facere

quod

inter

principales

lama communis, quam crédit veram magistrum Petrum Probe, de

esse,

Castris,

l'acla

concitatores dicit esse

quia Joannes

Banderii, frater uxoris Joannis de Albia, fratris maifistri

Pétri prsedicti, est

condemnatus pro

facto haresis.


l'IKCKS .irSTIlICATIVES. ILiM- (Icposiiit (licliiN KayiiMiiidiis niiit in liii>

.iiiiio,

\iili;;ii'i,

(li(>

|''iil)ri,

Ion»

*!

cl

I^n.'.

rcril.'il.-i

|ii-:nli('lis,

l'iic-

piii'Si'iiii-

ri'lijiidsis vii'i> t'iatnlMis lici'iianli» (iiiiilmiis,

[niorc

Sycardo de

l'oiiic-

rialniiii l'ra'dicaliiiiiiii (iasliciisiiiiii, lid.

de (lalalamt, ordiiiis

Allit'ito

loniiii, doiiiiiio l'clin Mcli'li,

ciirva, ilioccsis Albicnsis,

l'ia-dica-

IValniiii

rcrinrc ccrlcsia' de Hiipc-

et

me

iiidaiio

lînciii,

l'cli'o

inlVa stii|»l(). Itt'rii,

aiiiio,

dif

loco

cl

1».

.MaiiiO

(iiiillcliiiiis

saccrdotis

Itaii'ciic, clcriciis doiniiii .Idaiiiiis,

|tan'otliialis ccrlcsia-

diclis,

|)i'u\iiiic

de

(•(Hidiiclilii

l'iaica vilLc (iaslrcii-

sis, vocaliis, consliluliis, jiiiatns, iid('ri()i:aliis cl rcipiisitiis sii|»cr pra'inissis

iit

((iiadaiii die, aiiiio isto, C'olil,

nisi

incd'pit

hoc

ipitMl

leiii

supra, dixil cl asscniil (piod

de tenipore circa

liiit

ih-leciiiiiiato

Scntentianuii

(piaitiis

Piu'ilicatorum Castreiisinin, cilatns .loaniics reiïis,

{\('

donio

in luit

Iratinni

dicins doininns

per ((nenidani scrvicnteni doniiiii

llec'oles

de niandalo

non re-

lenipns (juando

illnd

dicii l'etri

Nicliola\

(|nod nianda-

;

tnni cl cilationcni a dicto servicnlc dicil dicliis

lolmiis

([iii

lo(|uitur

Juannc pncdicto,

in

quadani

expressa ncuidna citaidis ilicto tioniino.loaiine

récépissé,

se

absente

({ua

erant

pi;cdicloiiiin.

Iiinc,

littcra

et citali

(liiil-

domino

in

coniparcntc coraniPctro MicJiolay,

lociiintenente [ua-diclo, reqnisivit eiini doininns l'etrus, et se scire veile

dicebat quo niandato

soil

qua auctori-

tate exconinninicaverat vice-(b)niiiinMi Andjianensein; et ilictns doMiiiiiis .loanncs

rcspondil qiiod de inaiidato


186

PIÈCES JISTIFICATIVKS.

iiiqiiisitoris

h;rreticaî pravitatis, et

quia in littera

iiiqiiisitoriserat appensasigilla ecclosiariunS. et

15.

MariiO Dcainatœ de

dicJi

Stephani

Tolosaetpluriumaliorumetde

inaiidaloarcliiprosbytori Casfrensis qui dictain litteram sigillavcrat. (Mi;e r(M[iiisilio

Burgensis, auto treiisiiim,

et jiixta

fada

liospitaliatnr

in (jna

donio

{liiillelini

Minorum Cas-

Petrns Mcholay prœ-

domino Joanne volcnto venire ad

dictus. Dicto vero

officialem Albiaî existentem in

torum de

fuit in

doimiin IVatnnn

domo IVatrnm Prœdica-

Castris, niandanteni pro eo,

Petrns

dictns

Nicholay arrestavit doniinnni Joanneni priedictnni,

et

arrestatnni, ([uandiii luit in liospitio supra dicto, duxit

euni ad doninni iVatruin

Minonun d'

Castris, ubi

lus fuit ai'chipresbyter Castrensis et re((nisitus si

ci

ta-

man-

datuni dederat dicto domino Joanni de dicta excom-

municatione denuntianda. Item ibiibMU dictns Peti'us Nicholav, auctoritate vicarii Albiensis, utendo oflicio suc,

ut videtur ipsi

qui

loquitur,

dominum Joauuemseniel, secundo,

requisivit tertio,

dictuiu

quod

diclani

excommunicationem, quam dicebat diclus Petrus indebitam

et

indebite lactani, revocaret; alias dictus Petrus

appellabat, et requirebat notarium ibidem pra^sentem

quon

t'aceret

j»ublicnm iiistrumentum. Et

cnm

dictus.

sacerdos nollet consentire requisitioni de revocalione prsedicta facienda,

minaci,

modo

prsedicto dixit

et

dictus Petrus locumtenens,

verbis comminatoriis,

quod

si

ipse baberet

vultu

domino Joanni

bona mobilia

vel

immobilia, qnod ipse per occupationem bonorum face-


PIÈCES JUSTIFICATIN rct

laiiliiiii

loi'iliilIciKMis

i|ii(mI

|):'i-('i|)iM'('l

tiilciii

li;il)cli,'il

(licliis riiiillclimis

U;ii-i('ri(',

cJ

(V.ilfc

llcniardo (îiiidmiis, priorc

Sycanio de

iValrc

domino

IN'lio

l'oincrio,

Iratiiiiii

Allicito oi'diiiis

do

et

iiKiuisitioiiis

me

de lliipccMiiva,

Petro

IJooiii, iio-

hœretica'

|»iavitatis,

cl rcqnisitioncni dicli inipiisiloris liane et

(lalalaiid,

doposilioiiibus intorfni et ad inandaliun

(jni in praMiiclis

sci'ipsi

onliiiis l'ra'-

de

Moiilillis, rcclorc eccicsia' vS.Pclri

dv Masscriis, dioccsis Albionsis, tario piiblico oriicii

.iiiiki,

l*i;i'dic;it(iiiiiii,

Mcli'ti, rcclorc ccclcsiai

doiiiiiio ("luillcliiio

i|is('

(l('|insiiil

rcliuMtsis viris

|tr;i'S('iililiiis

IValrc

ijikmI

II.im-

rnci-iiiit

rcciliit.i

loco uroxiiiic dictis,

IS7

s'iiliicl

\(>l

|)i)i('sl;il(>iii.

(lie cl

iliraloniin Casirciisiiiiii,

KS.

sii^no inco

signavi,

donnno

chailani rcccpi, l'Iiilippo,

rcgc

Krancornni, rcynante (1).

m EPISTOLA

JOANNIS,

AUJLTOUILM A

VICK-DOMINL

C.IVIBL'S

AMIilANKNSIS,

TOLOS.E, CARCASSO.N.E

REQllUKNTIS ET ALIORLM

LOCOIIUM.

Viris venerabilibus et discretis, amicis nostris carissirnis,

(I)

,

capitolio

Oollccl. Doat,

rei;i;«

t.

civitalis

XWIV,

loi. -20,

Tolosin,

37.

consnlibns


PIÈCES JISTIFICATIVES.

188 civilalis cl

sihus

<'t

l)iiii;i

Rapistaiiiio,

Monte

Alhaiio, Albion-

r(Misil)iis,

do Galliaco, de

(laicassaiijc, ilo

Appainionsihiis, Bitci

deCordua

dictaiMim civi-

et iinivorsilatilnis

tatuni et loeoriini, et aliis oiunibus probis viris ad quos

prœsentes litteiw pervenerint, Joaimes, vice-doininus

Ambianensis, dominus de Pinconio, miles domini nostri

régis Franciœ, salutem in

Evangelium,

via, veritas

eo

atqne

neque serniones quibus

qui

est, secuiuhnii

vila. jNon siint loqiielfe

explicare

possemus

quani

iieqniter, qiiani iiefaiitei", qnaiii liorribiliter, quani dolose,

viri

mendaces,

sub vesti-

porlidi et iiiiqni, qui

lueutis oviuui lupoi'uui iutrinsecus rapacitatem occultant,

nos absentes apud dominuni nostrum regeni ac

doniinaui reginain et oui nés magnâtes curiir citer

detulenmt

linguarum

meiula-

videlicet

gladiis,

frater

Gaufridus de Ablusiis, inquisitor lueretic» pravitatis,

cum

quibusdani

toribus,

aliis

iVatribus,

non

veris prredica-

divin» ac

sed vérins pra>varicatoiibus legis

ineffabilis veritatis,

([ui,

relribuentes nobis mala pro

bonis et odiuni pro dileclione reddentes, concepto dolore pro eo quia

boni

viri

dominus rex ac ejus

consiliarii et alii

tidem speratam non exhibebant eorum rela-

tibus venenosis, posuerunt videlicet ad

manum

ad

i'ortia et

fortiora,

excommunicalionis mmroneni, cujus abu-

tentes |)otenlia, a veritate aversi et ad errorem conversi,

tan([nain

publico,

insani

Parisius,

et

stolidi,

nos

apud Pnedicatores, de

in

sermone

facto,

non

sine ofl'ensa domini régis et domina) reginœ et consilii,


l'IKC.KS .IISTIKIC. \l'l\ «Iciiiiiiliavcniiil niiii r.'iiitorciii cl n-iii,

ad

et

|)()sl

srilciii

(Nt'oiiiiiiiiiiic.iliiiii

rioniiii

('()iili':i

iiilciicclaiii,

ad nostiaiii

luoiil In

a|)|ii>llaiidiiiii,

iii

hoc

iiiaiiircslt'

loin cl (tlTciidcidcs jiisliliaiii

jiulox, ciijus ociilis oinnia

a

iioliis

ilriiiiiilia-

iioliliaiii diixiiinis

iiiiltiiiiiis

mida smit

piciiiiis

laMli-iilcs vciita-

iiovil ciiiiii

;

favimus

luiiiqiiain aliciii li;vrclico

qiia

a

lillciis >i^illi) ollicia-

Parisiiis sii;illalis (|iias vol)is

vidrliitis coiiliiicii,

liirli.ito-

(-aiiuiiicaiii

.'i|)|i(-ll;iti()ii('iii

aposliilicaiti

iiujuisilioiiis

liiiiflicii-

liiiii|ii;iiii

nlïicii iii<|iiisili()iiis iioltiridiii

lioiic (|iiaiu cito pci'vciiit

caiiDiiirc

IS!»

i;s.

illc siipi-ciiiiis

cl apcrla,

([iiod

iicc uii([iiaiii oriicimii

turbaviimis, iinpcdiviiinis, iicc diiiiiimi-

nius publiée vel occiilto, scd malis iiialonini opciihus et

socimdmn

l)«Mim opcrain dcdiiiius,

iil,

scpnllis

talibus et vcrsiiliis, siiscitarctur vcrilas (|iue

conunnni jactura habcbat \'/\{\\v

pro icronHalionc

licicnlibus a

l'alsi-

non sine (Imn

in ahditis sc|)iiiliirain.

])alria'

domino nostro

vcstnc, nobis licct insiil-

reijc coniniissa, diligentes

sollieiludiues cl laborcs inipcndeiinins

absque

nostrflp.

conscientiie corruptela, nec pro uostra privala utilitate

labôraverinins, scd pro vobis universalité!' sinifulis singularité!'

univei'sis,

disci-etionein

veslrain

rogauius (juatenus conipatiainii!i nobis in tanta injuria nobis in pci'sona nostra tacla p.

cl

attente jni'is

r illos (jui

non

quieinnf (pue Dci snnt scd ad exiinclioncni singnlonini aspi!'anl, cl, abci'i'antcs

omnibus

i!isnpc!'abilitci'

unusciuisque

ab

oi'diiic |)an|'crlalis,

dominari. l

aii!ia lidei et

clypeum

ci'cdnnl

n(b' appi'cheiHlal

vcritatis cl exsui'gat


PIÈCES JUSTIFICATIVES.

190 iiohis tciii.

iii

advcrsiis inalii;nanli\iin tempesta-

jKljiitdriimi

YalcU' in Domino.

— DatuniParisiis, dioMartisanti'

Oniuimn Sanctorum, anno Doniini

ft'sUuii

niillesimo

Ireceiitesinio tertio.

IV

I.nTEfi.E BENEDICTI PAl'.E

BERNAUDl'M DELITIOSI AD SE DEFERHI JUBENTIS.

Benedictus opiscopus, serviis servorum Dei, dilecto filio

ministro IVatriim

vel pjiis

Minonim

in provincia Aquitania»,

vices gerenti, salutem et apostolicam benedic-

tiononi.

Ea

iiobis

referunliir

de fratre Bernardo Delitiosi,

quœ non

nius, salteni

tui

ordinis,

intendinius, prout etiani nec debe-

jiropter

exoinpli

perniciem,

si

veritate

niîanlur, aliquatenus relinquere incorrecta. Ipso naniut accepinuis, contra oriiciiini inqnisitoruiii Ikt-

({ue,

reticfc

forsitan

pravitalis

pravitate

prai'dictos

livoris

iUariun

impodire concitando in

curia

vel

eoruni

fidcliiini

carissinii

in

tanquani

eadeni

contra inquisilores

ardore succensus,

publiée pnvdicare et

tara

partium,

respersus,

non

pro suo

est veritus

posse ofticiuui

populos contra eos ipsos, (Ihristo

fdii

nosfri

resis


l'IKCKS .ICSI'II illiisli'is

l'Vaiii'i;)'

in

liKi

li.ic

l'Diiiinissi

cl

.'iilniiiii>liMli()iics

picndo

<I(M'(>

•(iioil

ipse

cl suit

potcrit,

ad

iitthis

id

ipsit

lida

(pialcnns

pia'sciilirc

cnslodia,

oii;--

:iii:i

olliciii

cl

l'acld

niaiidaliiin

si

licniardiini

|)i':i'ratiMM

non

possil, c(>in|»ii'lieii-

i|iianliiiii

id

liei'i

coininodc

procures,

ita

vel camcrarii) iiostro pcrsoiialiler |)r;eson-

noslniin in liac parte (aliter iiiiple-

non solmii

ol)i'dieiilia

coiniiiciulari

(I)

oiiinia

;ui

voliiiniis

tiiriis (|iiod

aiiiio

ilhiiii

>;iinl;i'

ordinc snpi'adiclo jxcnis,

iiosiraiii pra'senliaiu dcsliiiai'c

lelnr. inandatiiiii

Vilerliii,

iKilciitcs

.\c

l'xli.i

Niilnic

in

tii;i',

iiili.ihilil.ilis

inandannis ni

niii|ii;iiii

s.>

|ii;r-

non diixcris adiinplcndiini, dislricic pia-ci-

liiijnsMiodi

caille,

iic|^(iliiiiii

olilincndii in

iiiciiiTcrc

le

(|u;is

.iiiti'iii,

(li-iciciitcs,

rt

cxcnniniMnicilioiiis cl |)ri\,ilioni> oKicii

(lirnliii', et snli lilii

ilill'.iiii.iiHli)

t'oniiiMlcm. .Nus

iliscrclidiii

(•(iiiiiiiillcrc,

1!l|

ordiiii

p.'ii'lc

liiiiiisiiiodi

|)i°(i|)lri'('a

ri\ KS.

iiiM|iiili'r

iililti

|tni('.'ssiliiis

(•ji|)(Micii<l()

ilicti)

t|ii;iiii

IC. \

pti'iias

pra'dielas évites, ^vd de

j)()tiiis

inerearis.

Datiiiii

deciiuo sexto caiend. niaii, iionlilicatus nostri

primo

(

I).

CoUccl. Doat,

t.

\\\iV.

loi.

li.


1

92

I

'

I

K

ES

( ;

j

UTTKn.E GAUFRIDI DE

i :

v e s.

S ri kicati

QUOSDAM INSTITURNTIS

ABfX'SIIS

PROCURATOFiES QUI LATENTES H/ERETICOS DETEGANT.

Frator

riaiifridiis

de Abltisiis, ordiiiis Pr(pdicatoruni,

iiiquisitor hœrelicaj piavitatis

rei^iio

iii

Franci» a sede

apostolica deputatus, religiosis viiis ot in Chrislo sibi

de Falgosio

carissiiuis fratribus Joaiuii

Bluinaco, ordinis iVatriini

cum

lervore

caritatis

et

Geraldo de

Prœdicatorum, salutem

zcliiiii

di|;noriiiii Icstiinoiiio cerliorali

et

Fide

christianœ.

lidei

didicimus, qiiod ainaro

corde referiimis, quod inodeniis teniporibus, in vicinis partibus, Sanisoiiis viilpeculœ, ba^retici scilicet, in spe-

luncis et cavernis dilituere diiitius, et amplius solito

satagunt vineam

satagenint

et

ortbodoxœ

lidei

dolosis dogmatibus veritatis; et,

cum

demoliri ac

ac suis falsis et

depravare sinceritalem

catholicœ

vires incendia neglecta capiant,

est sa'pibus et clausuris, sitis

Doniini

puritateni mordere,

remediis obvielur,

et

({uod, quia latebras taies

agendum quœrunt

aniici priucipis tenebraruni,

est solerti studio

sicut noctis

(ilii

et

babeant ocuhitum specu-

hitoreni et providuni et sollicituni venatoreni.

cum

opus

ne his horrendis bestiis exqui-

ex injuncto nobis inquisitoribus officio

Yeruni contra


l'IKCKS .IISTIKICATIVES.

193

ha'n'licain iiravilalciii nos piiiicipalili-r iirciiiat

ad

i(l

ad piioscns

omis

iiiloiidcrt' m'ijiicaiiuis, ardiiis cl

et

cre-

bris ipsius iiiquisitoris oflicii ncgotiis occiipali, dczclo, discrotioiic ot

sollicitiidiiio

lidnciani obtinontos, daniiis

qnateniis,

proniiilioncni iiiaïuni,

vcstra phMiani in

Domino

pnoscntium vobis auctoiilalc nian-

babi'utes j)rœ

oculis soliim

Deum,

ac salutoni lidoliiim ani-

lidoi catbolico}

ad extirpationoni tam crudelium bostiarum et

sollii'if»'

inlendatis ac oa qiia^ sunt ipsius

oflicii

loco

nostri prosequaniini dilijîenter. Vobis etiam et vestruin cuilibet in solidum,

secunduni tenorem rescripti apo-

stolicijOommirtimus vices nostras donec cas duxerimus

revocandas, omnes Christi

fidèles

quos requirendos

duxeritis siib pœnis canonicis requirentes quatenus in prœiuissis et in prœmissa tangentibus vobis ut nobis

pareant, et intendant in tantuni quod non possint de negligentia reprebendi, sed potius de zelo fidei

mendari.

— Datuni Lugduni,

trecentesimo quinto (1). (I)

CoUcct. Doat,

t.

XXXIV,

fol.

83.

13

I

com-

anno Domini millésime


PIECES JUSTIFICATIVES

194

VI

LITTER.E CLEMEN'TIS PAP.E V OUIBUS JUBETUR UT

TANDEM

IXQL'I-

SITORES JUDICIU.M FERANT DE QUIBUSDAM AI.Br.E CIVIBUS JAM DIU CARCERI MANCIPATIS.

Clenieus episcopus, serviis servoriun Dei, veiierabili

Bertrando,

fratri

episcopo Albieiisi

et

dilectis

filiis

inquisitoribus hgereticse pravitatis in partibus Albiensil)iis

saluteiii et apostolicain

riiiit

nobis Isanuis

Colli,

benedictionem.

Sigiiifica-

Fransa, Jo. de Porta,

V.

Joannes Pays, Petrus de Raissaco, B. Casas, G. Salavert, G. de

Landas, Isarmis de Gardalhaco, G. Borelli,

cives Albienses, qiiod ipsi olini de niandato venerabilis fratris B. Aniciensis, sitoris illis,

seii

tune Albiensis episcopi,

inquisitoruni qui

et inqui-

erant tune in parlibu^^

oceasione eriminis hœreseos fuerunt carceri man-

eipati,

quam sicut fuerit

et

jam per

octo annos vel ampiius tani Albiie

Carcassouiie diu carceris anguslias sustinuerunt

adhuc sustinent, quamvis nulla super hoc condemnatio de eisdeni.

Cum autem

facta

ex parte

dietorum eivium pluries fuerinius cuni instantia requisiti

ut ad

condemnationemvelabsolutionemeorumdem,

sicut jus exigit,

circa illos

faeeremus procedi, nos, volentes quod

vestri officii

debitum exsequaniini,

sicut


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Il

SriKICATIVKs.

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lin.liS. Vilali.

I

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i„„

.

;r'""


PIÈCES JUSTIFICATIVES.

196

plene

fiicrit

iiiquisitum, ad sentenliam ratione pracvia

procedatis, et alias contra illos vestri

oflicii

debitum

exequeniini prout fuerit rationis, communicato tamen

processu ^.rimitus et

inquisitione

praîdictis

prœfatis

eorum

consiliis

Tusculano episcopis

Prœnestino

et

inhœrentes.

Per hoc

taineii

,

(luoad

alios ordinationi

nostro,

tam Garcassonae

factse

dudum, de mandato

quam

Albiœ, per dictos Prœnestinum et Tnsculanum

episcopos tune, ut prœ dicitur, presbyteros cardinales,

ex commissione seu commissionibus tam per nos per prœdictum prœdecessorem nostrum tis et

quibuscumque

habitis per

Albia

et

aliis

eosdem super

factis

quam

prœdic-

cardinalibus, et processibus facto

hominum

illorum de

de diocesi Albiensi, contra quos per dictum

Bernardum Aniciensem, tune Albiensem, episcopum et inquisitorem seu inquisitores prœdictos tionis sententia lata fuit, nullatenus

cium generari. rii,

volumus

— Datuni Avenioni, sexto

ponlificatus nostri

anno quinto.

condemnaprsejudi-

idus februa-


PIÈCES

.n

STII K.ATIVKS.

107

Vil

I.ITTEH.K l'KTItl

DK MACIIEIilNO, CONSTAIiLI.ARIl CAIICASSONENSIS,

DE OLINQUAGESIMA A

GLII.I..

DE

l'EZENCllIS ET

C.AlII.AnDO

STEPHANI l'EUAf.ENDA.

Petrus lariiis

Maclierino, miles, domini régis constabu-

(le

CareassoïKO teiieiis(|ue lociim nobilis

.loannis de Aliieto, militis, ejiisdein scalli

Carcassonaî

et Jîilenis, noliili

oomilatus de Lautrieo et Albigesii et judici

vel

eoium

et

viro rectori vice-

Lanlriguesio ae vicario Albiœ

locorum istorum pro domino rege,

loca tenentibus salutem et dilectionem.

(îuilleimus

de Pezenchis, olim vicarins, Stepbani

ejnsdem domini

leximns,

et,

ipsi

magister

officiis

ex lide digiiomm relatione intel-

intendant reeedere non faeta (ininqnagein (piibns dicta oClicia

jnxta statnta domini

cialis ipsins

Cum

Albigesii

amoli fnerint ab eorum

régis,

sicut

et

olim judex Albi^e et

,

simain locispnedictis et,

domini

domini régis sene-

Gablardus

prîpdictis,

viri

l'egis, (piilil»'!

tennerunt,

haillivns et offi-

donuni régis posl deposiiionem sui

officii

teneatur per se vel per procnratorem idoneum in loco ubi jurisdictidnem et officium obtinuit facere quinqna-

gesimam,

et

ibidem suis querelantibus de bis quse in

dicto ofllcio commisit respondere

coram jndice compe-


IMEC

198 toiifi,

JUSTIFICATIVES.

:S

idcii'co vobis

niandamus quatenus ex parte

tlo-

régis prœcipiatis eisilcin Guillelino do Pezeiichis,

niiiii

oliin vicario,

etinagistroGahlardo, olimjiidici locoruni

prœdictorum, ut prsRdictani qniiiquagesimam teneanl et faciant et querelaiitibus vol)is

de

ipsis

tenorem statulornin

juxta

respondeant coram

domini régis

dicti

prout fuerit rationis. Vos vero coiiquereiites de ipsis

bénigne audiatis justitite cal.

et jiixla statuta

coniplementuin.

septembris, anno

prœdicta faciatis eisdeni

— Datuin

Dom. 1300

Carcassomo, sexto

(1).

VIII

SENTENTIA

In nomine patris et

IN

BERNARDUM LATA.

Domini, amen. Diidiim ad sanclissimi

domini nostri domini Joannis,

diviiia provi-

dentia papœ XXII, fama vel infamia vérins publica deduxit auditnm, quod frater Bernardus Delitiosi, ordinis

Minorum, sua, in

in

profunda malornm opéra obstiiians vota

mortem

felicis

recordationis domini Benedicti

papœ XI conspirando operam dederat, veneni

nus Benedictus

ut

idem domi-

poculo necaretur,

qnodque

molitus fnerat, cuni quilnisdam liominibus Carcassonœ

(1) Collect.

Doat,

t.

WXIV,

loi.

110.


''""•:(:i;s

stific ati\ ks.

.ii

m.j

<'tsvn,linsAII,iM...l,asln,|,. Conlii;,, AII.hmim. s.s,

alMMilal,.

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rojiis

Frai,,-,-;..,

casson.-,. ;„•

n',T.I<Mil..s,

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ira.lrn.,,!,

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„lïi,-iM.i,

..r.l,„,.,ii

''"''" l"-'''l''""i'"H"s

lia-n-liVa. ,.,.,•

p.avi-

suas s„l,-

nnilta niala inlr;, scriptis

haToti.is Hiau,

s,m,

mnlenliauxiliuni

ot lavore.n, plura,!,,.alia .ietestahiliaro.n.ni-

q.uo non possent absc,,,. ,|iin,sa narrationis série

recitan; propter quoil i.bMu dictis

u, .lo.ni-

IrahT Jimianl,,. nmira

in.juisilionis

ot alla,

s,hi

receptatoribus eorumde.n pra-bnulo

cons.hu.n ^>erat

ipsmn

Iralniin IVocdicatonim,

•'""•'•"'^ l'H<'ns IVcerat, 01

,(

ili,,,-,-

|'|„|,,,,,i (;,,.'

"""M assu.m.M.lo,

l>'>s

.-ivilalni.

.lunii,,,

l,,,,..,,,,,

'"M'Hsilon's e( •'••

...nnuri;..

.-ivilalnii ,-li,u„ All.i.Misn. et .•;,s(ni„,

''"'"""""'""'

'""^

r|,u-;,.

omnibus

et

sua quan, etian. sub eisdeni articulis

.lo...in.,s

papa snper prœ-

n.nltisaliisarli.ulis, lani sub bulja sigillis

diversorum judicun. super

jaunhuhun

in Ron.a.ia curia doputatorum, per euni transmissis venerabili patri do.nino Joann., arcbiepiscopo Tbolosano et nobis Jacobo

Appannensi

et

Raynmndo, Sancti

divina, episcopis, per suas litteras, «

Quatenus vos aut duo vestruni,

Papuli, miseratione

cum

iUa chiusula

etc., etc., » inquisitio-

neni contra eumdem fratrem Bernarduni Tbolosai vel ahbi, ubi nobis inagis viderelur expediens, sumniarie acde phu.o, sine strepitu et figura judicii, Aicienda.n connn.s.t, voiens et niandans

expresse quod,

liKimsitioneni

jam tune

si

per

lacta.n in curia aut per nos

etiani faciendani nobis constaret légitime

de prœdictis


PIÈCES JUSTIFICATIVES.

200

eorum

aut

dationem

aliquibus, ad

enormitas delictorum

commode

praelatis, si

tra

eumdem

debitam, etiam degra-

,

si

hoc exigeret

aliis

episcopis vel

non possint,

vocatis, con-

etiam

niillis

liaberi

fratrem Bernardum procedere curaremus

secimdum canonicas Nobis

pœnam

aliam etiam graviorem,

et

igitur,

sancliones.

cum

prœfato domino archiepiscopo,

primo super hoc ad Castrum Novum de Arrio, diocesis Sancti Papuli, convenientibus, et dictis apostolicis teris, articulis

super et

etiam

et processibiis factis in dicta curia

eis reverenter, ut decuit,

ibidem receptis, ac

nobis ex parte domini papœ, ut per

fuerat,

per

dicto fratre

eum

in judicio

lit-

sibi

eum mandatum

Bernardo personaliter

tradito, et

coram eodem domino archiepiscopo

et nobis recognitis litteris, sigillis et processibus supra-

domino archiepiscopo, ut nobis

dictis, ipso

se super

hoc excusando assuerit, hujusmodi inquisitionis negointendere non valente, quia plura et gra-

tio ulterius

viora eliam de prœmissis Carcassonse dicebantur fuisse

commissa, propter quod credebatur verisimiliter quod

eorumdem

celerius ac

veritas posset ibi

inveniri, nos illuc personaliter propter

ad dictam inquisitionem processimus,

Bernardo coram nobis ibidem de plena tate

et

dicenda

prœstitis

et

mera et

in tolo

commodius

lioc et

in judicio

venientes

dicto

fratri

constituto,

hujusmodi negotio

veri-

de calumnia etiam juramentis ab ipso

a nobis

receptis,

multis quoque inter-

rogationibus sibi per nos ac responsionibus et cou-

JS


PIÈCES .llSTiri(:\TIVKS. IVssioiiihiis |iliiiiiiiis

icrt'plis

riiiii

cor.iiii Mollis i|ist>

i-t

l'iidis ali

cli.iiii

proposilis

(Ifiiiiiiii

iii

lolo

fonciiisit iioliisciiiii

,

i|is(»

|>iil»lir,ilis, ;ic

('\liil(ilis,

^•l

liiijiisiiiodi

hxc

tis et

aitis iiule coureclis |-lenius

(lato

sivc datis

scriplis,

iii

|iio

oiiiiiia in proci'ssihiis iiostris

super

iiri^otio

coiicliiso, liis

liabi-

ac seriosius coiiti-

Ceterum venerabilibus patribus

iientur.

suis

(It'l'cnsioiiiltiis

iii(|iiisitiniiis

proiit

citiitm

lcslil)iis(jiit'

liaiiiiinnis

iios(|ii('

201

Deo-

ïloniiiiis

Caslreusi cl Bartholoniaco Electensi episcopis mul-

lis(|ue aliis uiai^nis viris el in

jure peritis ad nostrani

|ut»pler lior pra^senliani evocatis, sitionis processn

toto ejusdeni imiui-

per nos eis seriose proposilo

et

iiile-

graliter explicato, ac ipsis et specialiter confessioniljus et

defensionibus dicti fratris

et

longa cuni eis deliberatione discnssis, ac finaliter

etiani (jualis pro eo et contra

IJei'iiardi

plena, iVe(|\ienti

eunulem fratrem Bernar-

duni deberet per nos ferri sententia per maturuni ac

concorde omnino consiliuni prœordinato cuni

diem

et locuni prîesentes

ipsis,

nos

ad audiendum nostram dif-

finitivan»

sententiam super eodeni negotio dicto

Bernardo

pr;vsenti et consentienti précise ac pereinp-

torie duxinuis

fratri

assignandum.

Veruni ex supra

dictis

omnibus cuni diliirentiarecen-

sitis

inveninuis manifeste pnediclum l'ratrem Bernar-

dum

de infra scriptis criminibus

nedum

et sceleratis

operibus

propria voce confessum, sed et de plurimis et

gravioribus etiam

eorumdem

testibus superatum; videlicet

are:nnientis convictiim et

quod cum magnis pecu-


PIECES JL'STIFICATIVES.

'102

niannii quaiitifaliliiis pcr eiim super hoc

hoc

habitis, et ultra illas etiaui propter ditis

uiutuisque diversis receptis

et

dictis locis

.a

lihris suis

ven-

tanquaui

l'actis,

priucipalis director Carcassonensiuin, Alhiensiuni et

Corduensium commuuitatuni eorum,

licet

consuhim, querelas

et

non pertinentes ad ipsum,

super hoc

personaliter extitit prosecutus, illos etiani

ad invicem uniendo, consules

illis

uniri

et alias

pro

annis

inultis

etiam communitates

procurando,

viribus

et

contra ^

inquisitores

prsefatos

honœ memoriic

et

doniinuni

Bernardum, episcopum Albiehsem, ipsos eorum proatque

cessus

quasdani

contra

sententias

dictaruni

communitatum singulares personas super hœresi prolïiulgatas

in

diversis, ac

sermonibus multis ac publicis, in in

tractatibus, consiliis,

locis

propositionibus,

supplicationibus et articulis in curiis etiam sœcularibus

propositis et redditis, multipliciter, exaggerate

ac nimis diffamatorie impugnando, et libris ac processibus inquisitornm

ipsorum

suspiciones

fictiones,

ac falsitates etiam imponendo, captos pro- hœresi

etiam de haeresi condemnatos et immuratos

pœnis addictos justificando, licos,

et ipsos, licet

per tormentorum violentiam

confessos super hœresi

dicendo,

exempla

et

injuste

et

et

de

condemnatos

inquisitores

pro condemnatis ac captis praîdictis in

et

aliis

veros catho-

de se

et siniilitudines concitativas

lorum contra episcopum

et alias

et

aliis

fuisse

popu-

eosdem

et

sermonibus

proponendo, ac per modes hujusmodi

et alias


PIKCRS .IIISTII'ICATIVFS. oxqiiisifos

pr.i'l'alos

"Ml

prosciiucrciiliir

pi'optcr coraiii

lioc

simI

(jncrclas,

lixorcs

cl

et

quoipic praMlicto

rciïc

viris,

sîfcularihiis et

lilioe

asseniit

et

dictas

iil

suas

rcs

ihmIuiii

cxpoiicndo;

lihcros

miillis aliis inaj^nis

ecclesiasticis, coiislaiilei' ac

semel Tliolos»

beati

qiiocl

pii-

IN'tius

hœresi defendere se non possent,

l'auliis al)

prm-

iiKiiiisilorcs

iliclos i^ravilci' coïK-ilaiido cl aiiiiiiaiiilo ctiaiii

virililcr

singu-

coiisiilos, coiiMimiiiliilos cl

Lircs pcrsoiias coiifra cpiscniiiim cf

si

(lum tameii inquireretur de eis per inodiim

lent,

et

viveali

iiKpiisitoribus observatuin; et alias, ctiani in Francia, rei;('iii

ipsuin

vcraceni,

tavit

contra iiupiisitores

quod idem re\

inforniavit

talitei",

iumIuiii eiiiii,

iit

ut

asserit,

dicit, repii-

sed dixit etiain (piod iiuiuisitoies in

ejiis ca|)ite

suas proditioiies ponerc nitebantur, propter

quod

de (piatuor vel quinque diebus sequentibus

illos

eliani

ad se ingredi non permisit.

Iinposuit

quoque

prœdicando qnain dictis

inqnisitoribus

Carcassonse

niinis

multa

perniciosuni

iiravia

contra

contiiieri dicendo, et

sic etiani, licet

nensibns

et aliis,

» possunt j>

personas

isti

et

alibi,

uni de

quod contra connnuiiitatem Car-

cassonenseni super neirotio et

Bernardus, tani

falso ideui iVater

aliàs,

liœi'esis

conlici

(piodilam

falsuin

tecerat ihstrunientuiii,

communitatem eamdeni

in

illo

de cpiibus in ipso nientio non tiebat,

non

in

sermonibus corani Carcasso-

conclndendo quoque

:

ce

Videte quid

praedicatores facere contra singulares

quoil

contra tantam

comniuiiitateni

sic


l'IÈCES JUSTIFICATIVES.

20i

> falsum et perniciosuin confecerint et cuni iisque

instrumentum

»

;

ad tenipus verborum suorum hujusmodi

inquisitor Carcassonensis siio libère et pacifiée officio

occasione iiistrumenti bujusmodi

ex tune,

uteretur,

sic expositi, concitata niiiiimn et scandalizata

nitate

pr»dicta,

non processit hoc

sicut prius, sed fuit ex et

inquisitores et

iiif|uisitionis

inultipliciter

commuofficiiim

impedituni,

Prsedicatores facti fuerunt

fratres

burgo Carcassonœ pluriinuin odiosi, ac nihilominus per honiines Carcassoiienses diruta fuerunt hospitia multoruiii

ex

suis

concivibus

serant qure instrumentum alia phira

qui

in

illa

consen-

hujusmodi continebat,

mala, rebelliones

et

lites

et

inde subsecuta

fuerunt.

Propter

illa

etiam qua? idem frater Bernardus, dictas

prosequendo querelas,

quandoque per suluit

ordinavit

et

fecit,

se proposuit et

proponi,

dictavit,

consuluit,

interdum per

mandata

alios

et

con-

litteraloria et

ordinationes etiam a sœcularibus potestatibus proces-

serunt per qure inquisitorum potestas ac officium

ejusdem liter

officii

impedita;

exercitium restricta fuerunt et,

et

tam propter hoc quam propter

per ipsum facta, procurata

et dicta,

et

notabi-

momorato

alia

officio-

diutius impedito manente, ha?retici qui antea de patria

fugerant redierunt,

ad illam

et

et alii

etiam extranei supervenerunl

novi multiplicati fuerunt in ea, memoratis

episcopo et inquisiloribus officio, sed, ut

nedum

in suo sic impeditis

etiam ipse frater fatetur, tam ipsis

quam


l'IKCKS .USTirir.ATIVKS. rciuaiiciilihiis

|)iiict'ssil)iis

ipsoruiii

tatis et etiaiu dilTainatis,

et,

205

iiijiislilicalis,

econtra, tam captis

lui-

quam

eliain loiulcmiiatis de liaîresi apiul miiltos el praH-ipiic

(•omimiiiitatcs cl coiisulos pra^dktormii loconiiii

apiid

jiislilicatis et pliiiimuiii

nati et capti

cxcusatis, qui ctiain coiidciii-

CarcassoiiiT, ipso fratrc lît'iiiardo

d;> iiiiiro

consideiife ac pcrsiiadcidc, extracti lari

mala

fiioriiiit

et

extra

saH'iMai'i'iii

|)('i"

niaiiiiiii

ixilcstateiu

iiKpiisitoniiuiii sa'cu-

carcere positi et diu retenti; ex quo etiain pliiia et

magna

soaiidala sunt secuta.

Denique idem

Heniardus circa elTiiciiatam

IVater

prosecutionem

negotiorum

cpmmisit, nam,

eum

hujusmodi

crimen

falsi

eonsules et oommuiiitas Alhiensis

certos coiistitiiisseiit

syndieos super eisdem iiegotiis

proseqneiulis, sine dictorum oonsnlum et communitalis scientia, ad fuit in

dictamen

et

ordinationem ipsius, additum

nota super hujusmodi syndicatu

ex qua instrumentum postea lactum

fuit,

recepta, et

quod prœfati

syniUci dicta prosequendo negotia possent, pront eis et

eorum

mutua

cuilibet \ideretur, recipere

solvendis

communitatem Albiensem

et pro istis

et ipsius

singnlares

personas etiam ad tenenda liostagia obligare, quodque

iidem syndici aut eorum dictos

communitatem

et

potestas

quas habebant cum episcopo dictis fuissent totaliter

natae;

et

non deberent per

eonsules revocari donec causœ et

inqnisiloribus supra

apud sedem apostolicam termi-

hoc se fecisse confessus

est propter

dicta

negotia fortins et virilius prosequenda, et ne propter


206

I

defectum

'

I

KCKS

.1

( I

S T

F 1 C A T I V E S.

I

vol alias posscl

peciiiii;e

antc (liffuiilioiicm eonini illius

illoniin

cossare, licet

quo

tomporis

(|uoil

iii(|iusitorps

supra

ilicta li(>baiit iiulhiin iiialiiiii

prosociitio

conlessus hoec

et

sit

alia

processuin fecerant,

sed, ut dicit, piopter nialos praidecossoniin processus

ad obviaiidum

agebatnr

malis

processibus

succes-

soruin.

Saue quia par vias hujusmodi, seu dévia verius, ad

suum contra inquisitores non poterat pervenire optatum sicut clare confessus est, et, ut

tam

testes quani nego-

tiorum textura confirmant, propter inquisitorum processus et ut obviaretur et obstaretur inquisitorum ipsorum

processibus tam factis tune

quam

antea faciendis,

in

proditionem infra scriptam tractavit

et ipsius

modo inchoando processum quibusdam nensibus

et

quodaui

ex Carcasso-

Albiensibus, qui dictas prosequebantur

querelas, et qui super eisdem per

dominum regem

prœdictum optatum consequi non sperabant, prœdixit

quod nunquam rent

nisi

illa

aliquo

eorum negotia bonum fuiem habe-

magno scaudalo mediante,

nunquam per regem eumdem haberent inquisitionis negotio, sed,

talem

dominum

inquisitores

eis

si

credere

et

quod

justitiam de

sibi vellent, ipse

procuraret qui eos bene contra

defenderet et justitiam

illis

faceret

de

cum duobus ex eisdem prosecutoribus, ordinato priùs per eum de modo et ingressu hujusmodi proditionem tractandi, consequenter cum iisdem. Postque,

aliis,

nunc

istis,

nunc

illis, j)luries

et in diversis locis,

r


l'iKCKs .nsTii sod

|)i':i'(-i|)iic

Gai'cassoii:)' et (icri

in

(-;iiii('i';i

cousiiliiit ac

ctiani

siipiM'

Minonini

potciant

aliuni (loniinuin

licite

(|uo rex ipsc uiiani cis

lam,

(|iiia

scilicct

l'cccrat

ciindcni,

pcrsn.isit,

afniniaiis

cf Alhioiisibiis

ipsi

jiislitia,

iii

assumero,

silti

ex

et

transcainbatain seu vol-

non providorat

ut V(dcl)ant, aliani sibi

lini'i;i

il

(le/iciebat

factis in(|iiisitoniin

-jot

IracLiv

ox qiio ipsc vo\ Garcassoiieiisibiis

(liioil

lia

i:s.

in (Iduio

inotlilioni'ni

Icni'li.il,

cam

qii.iiii

iCAin

licii

cis ciica dicta iici;o-

cos

pci-

jnstnni

orat.

Kuit aiitcni tractains hnjnsniodi niultis vicibus, diebus.

scptiinanis

continnatns,

incnsibiis

et

in

et

caméra

piaîcipne ac pricsentia, suggestione ac consilio ipsius iVatris

Bernardi, in (bdiberationeni et deliberatum con-

sensuni dednctns,

videlicet

burgo

de

Garcassonœ

domino quondam F'errando de Majoricis per consules bnrgi ejusdem tradendo et ipso domino loci

ipsius

dominum assnmendo

,

Fcnando

quodquc

in

(piidani,

qui se pro syndico Albiensi gcrebat et in piicmissuni tractatuin conscnscrat,

sium,

ut

idem

conscnsnm consninni Alhicn-

Alliia^ et tb'

Albialleiet, piocuraret; sed

per illum consensu hujusmodi, quod apparet, non obtento, dictas frater Bernardus, (^iarcassona^

tractatum

cum

consulibus burgi

continuans,

dictavit

et

per

quemdam secum morantem clericnm scribi tecit, portandas per eum ad dictum dominum Ferrandum, ex parte

ipsorum

consubun,

litteras

continentes quod

iidem consules ipsnni dominum Ferrandum rogabant ut defensioneni

)

eorum assumeret, cum

ipsi erant parati


PIÈCES JUSTIFICATIVES.

208

eum

ciim gaudio recipere, ac pro eo et ejus honore

exponere se

et sua,

exponenda

quodque

quœ

deret super his

dicte fratri

Bernardo cre-

ex parte ipsorum sibi duceret

cum

ipse vero frater Berriardus,

;

modi

lilteris

sonœ

inclusis,

sub

sigillo

hujus-

consulatus dicti burgi Carcas-

Ferrandum

dominuni

versus dictum

accessit et credentiam sibi

commissain eidem, ut

proposuit sub his verbis

:

»

consules

»

inquisitorum,

burgi

» providere

Carcassona;

dixit,

Domine, quod

Sciatis,

«

propter

turbationeiu

quia dominus rex Franciae non vult

super

eis

factis

inquisitorum secundum

y>

voluntatem eorum, vellent vos recipere in dominum

»

et

defensorem eorum,

» venire volueritis,

sonœ;

»

sigillatas credentiîB

super hoc fecerunt

et

» vobis; sed,quia » nolui »

tradent vobis

et

»

super hoc

si

et

vobis

burgum Carcas-

supradictse,

eorum

est in litteris ostendendis,

donec viderem

vestram voluntatem.

plus

quando

litteras sigillo

»

verbum suum

et

scirem

Dominus autem

Ferrandus respondit quod plus credebat litteris

et

mihi commisse, quas portarem

periculum

eas portare

vos

et récipient

valebat

quam

sibi

quam

litteraî

quodque ipse libenter reciperet quod

offerebatur per ipsum

apud eum quod hoc litteras fregerat

fratrem Bernardum, et

fieri

procuraret. Praîdictas autem

antea ipse frater Bernardus, ut

et sub terra etiam sepeliverat

dominum Ferrandum régis prœdicti dicebant

sibi

institit

dicit,

prope locum in quo tune

invenit; et quia gentes domini

quod

dictas litterse prsesentatœl


IMKCES .irSTiriCATIVES. cxtittMMiit cl vt'iiiMMiit et

littf

osso soiobat, iiodiiin

pidditioiit'iii colavit coiistaiitt'i'

(piia

iis([ii('

ncgavit,

[lati'iitcr

isla tciiipnra

m

nolitiaiu

publiée super

ri

K\

fraelatii atitein

rogis et ollieia-

deducto, inultonmi suspendia homiiuim

liuin suoruiii

oondoinnatioHes ac incarcerationes ac

iiiulticque aliiu

mala

riiiidaiiii-iitiiiii

ad

ilieti

(piam alios exciisaiido.

laiu se

pt

cjusdciu,

tMindtMU, scd ctiam ipsaiii, ut dicil,

prodilioiiis bnjiisiiiodi,

fiiiijr

iiiaïuis régis

ipse frater Beniardiis,

lioc ralsiim

ilbi

ad

cliam propoiu'haiit in itrobatioiicin prodilioiiis

piwdictîv,

itiultiiii)

t'Iiaiii

20'.)

alia et

scaïubda processonint

procedere

et

noiuluin cessant.

Ad

ban-

iiU'iii t'iater

nis sui statiituni,

sed etiam perpetui

exeoniiniinieationis

nani

sciens

inipouit,

Bernardus, contra générale ordi-

qnod ejus transgressoribus

statutuni

iieduni

carceris

bujusniodi,

([uenidani nigromanticuni babuit, tenuit, ac per sui

partes

distinctioneni littçras

ejus

perlegit,

scivit

continentiani

ad

et

nionuni noniina, nioduni eos invocandi per eos

talitia dirueiidi,

et

eis

et

Libellus aiiteni

hujusinodi continet inultos cbaracteres,

otTereiidi,

omnes

materiaruni ipsius aliquas dictiones

niarginibus ejus scripsit.

in

pœ-

libellum

plurima dx-

et eis sacrilioia

niediantibus donios

et

t'or-

naves submergeiuli in mari, niagna-

tuui et etiani aiiormu anioreni ac crediilitatis et exauditionis gratiain

apud

istos vel iUos, iiecnon

niulieres

in conjugiuni et aliter ad actus venereos babendi, ca^citateni, cassationeni

niembroruni, inlirniilates alias ac 14

)


PIÈCES JUSTIFICATIVES.

210

mortem etiam prœsentibus imaginibiis vel

multa niala

Rursùs

nimium plus

vol ah^entibus,

aliis superstitiosis

mediantibus

actibus, inferendi, et

alia facieiuli.

ia dicto inquisitionis

extitit

quam

proiil ex

et,

proccssu calumniosus

actis

prîcdiclis apparet,

soptuagesios in ejiisdein inquisitionis nego-

Roniana curia, ut pnemittitur, incboato,

tio in dicta

inexcusabiliter dejeravit. Postremo

idem

frater Bernar-

dus, se ex multis prœmissis constifnens nianifestuni

hœreticorum fautoreni, sententiam excommunicationis a jure antiquo, et ex

illis

quœ cum consulibus

tatibus ssecularibus contra episcopum

et potes-

et inquisitores

prœfatos et inquisitionis officium, ut prœfertur, commisit et

sententiam

et consensit,

committi consuluit

aliam excommunicationis a jure novo in raliter et

promulgatam

divina

etiam

pliu-ies et

celebrando

,

taies

ut

priùs,

sententias

hujusmodi, nedum uno sed quindecim annis

animo sustinens

gene-

indubitanter incurrit,

pertinaci, fuit inde velut

et ultra,

hœreticus

condemnatus, prœsertim cùm, juxta ea quœ corani nobis confessus est, bcne sciret illis tomporibus quod talia

faciontes

scienter dictam novi juris sententiam

incurrebant.

Quia vero ex verbis ojus et

nimium

tens super dictas, et

palliatis illis

et

confessionibus diminutis

manifeste nobis apparuit impœni-

ex quibus sententias incurrerat supra

ipsum semel, secundo

et tertio, in scriptis

etiam

per diversa temporum intervalla, ac dicto jure novo

V


PIECES .UISTirir.ATIVES. oxposilo, iiisl.inlcr iiHimiiniiis

sil»i

plciiiim ol

iil

211

pcr coiitcssidiiom

iiclilioiiciii

(Icliilaiii ;il)snliili()riis

prneniissis rocoiiiiosccrcl ciilpaiii

siiaiii.

iiiirc

siipnr

;nl

iiioiii-

(jiii

lioiios nosiras hiijiisiiioili niiiu' sic, imiicalilci", et miillipliciliM"

variaiulo respoiuleiiis, ariiniiavil inlertliiiu se

nodnm non

peccasse super pracmissis

iiuiiiisitoros

tan-

liontibus, seci potius mernisge. Finalitcr tainoii a pallia-

tionihns

circa

confessioncs

oninino reciMlcns,

eum

per

snas

apposilis

siiorum pleniorein ape-

et factornni

riens vcrilateni, Iininiliter pcliit a diclis sententiis se absoÎTî; nosqne, juiaiiieiito et abjuralione consuetis et debitis priùs ab eo receptis, absolviinus eiini in

débita a sententiis memoratis. initate

criminuni pra-diclorum

secutoriim

ex

illis

forma

Verùm, qnamvis enoret ininianitate nialoriim

consideratione

diligenti

Ipsum fratrem Bernardum de

ipsis juxta

lil)ratis,

condignuni

punire nnllatenus valeamus, ne tamen, sicut nec decet nec expedit, crimina eadem omnino remaneant impunita,

ocnlis

nos, Cbristi noniine invocato,

solnm Denm,

auctoritale

et

babenles prœ

nobis in bac parte

comniissa, die ac loco pmcsentibus ad banc nosliam

sententiam peremptoriam ferendam, ut prœmiltitur, assignatis,

assistentibus nobis venerabilibns patribus

doniinis Petro Carcassonensi, et

Raymundo Mirapiscensi eum plures ad hoc

Bai-tbolomifo Electensi episcopis,

babere episcopos

commode neqniverimus,

fratrem Bernardum, juxta memoratum pétua? depositionis et degradationis

i

1

a

in

eumdem

consiliuni, per-

sacerdotali

et


PIÈCES JUSTIFICATIVES.

212

ornai alio ordiiie sententiam ferimus, in his scriptis

pronuntiantes nihilominus ipsum statim, actualiter iii

forma a jure tradita degradandum a nobis,

eum

clericali

honore, habitu

ac, postquam etiam

carceri, liter

in

quem

sibi

deputandum,

pane doloris

et

sic

exuenduni,

et privilégie

degradatus

perpetuo

fiierit,

assignanduin duxeriinus, effectuain

quo quidemsub vinculis

ferreis,

aqua angiistiœ, perpetiiam agat pœni-

tentiani de commissis; mitigationem

autem prœdictae

pœnitentite in carcere faciendœ per ipsum,

quod expédient

et

et onini

et ipse

per patientiam

et

secundum

hnmilîfatem

ac cordis contriti sacrificium hujusmodi meruerit, nobis ex causa certa et légitima reservamus.

Ceterum quia super machinatione domini Benedicti cum eodem

eum cum

in

mortem

Bernardo

et

praefati

contra

diligentia et nihil omisse de contingentibus

inquisito,

ipsum

invenire,

eum

justitia

fratre

fore

super

de ea culpabilem nequivimus illa

sententialiler

absolvimus,

mediante.

Porro ipsum fratrem Bernardum semel, secundo, tertio

ac peremptorie

el

monemus,

prœcise

virtute etiam juramenti a nobis per et

cerem

assignaverimus, ad

illum

accédât, et se etiam includat in

illo,

pœnitentiam completurus. Quod

si

modi non

et

accesserit, aut se

vel etiam aliter

sine

car-

dilatione

prsedictam in ipso

ad carcerem hujus-

non incluserit

impœnitentem

sub

prsestiti sibi

mandamus quod, postquam dictum

prœcipimus sibi

eum

in

eodem,

se exhibuerit, seu contra

r'


/ PIKCKS illa

al)jiii'a\

(|iia>

il

.IISTII

vcl

:ili(|iiuil

pra'siiinpsorit, nos ipsiiiii

jura cidcin

so(-iiii(liiin

illoi'iiiii

ultra

iiifliclas

inouitione pi;rmissa,

praMlicla calioiiis

viiiciilo

ciilciu

i;('ii(li

ICATIVKS.

prorctit'uili

et

contia

venin'

si'ii'iilri'

alias a

jiii't'

vcl

s(mi ctiaiii iiiilii^'ciulas,

ex

miiic

ciiiii,

cxcoinmuni-

piicdictas

pd'iias

iiiiioclamiis,

alias

|)(i'iias

-2i:{

ut

justum

iiifli-

fuerit,

rosorvanfos ndhis expresse pleiiariam po-

tostaleui.

Per uioduui siujiuios,

(|U(t(iue pra'uiissuui

cujusourTKiuo

uiououius ouiues et aut coiuli-

dijiuitatis, jiiadus

tionis existant, ne ipsuiu iVatreui Beruai'duni ad liujus-

modi

tiausgressioneni inducere,

uiaudali

nostri

ipsum transgredieuteiu

idt'ui

pero, seu ci auxiliuni, consiliuui vel favorem

quoquo modo pr.Tsuuiaut;

dere

coidi'ariiini

t'oceriut,

ullia

aut

niaudatum scienter reci-

pœnas

in

impen-

aulem qui

illos

alias contra

taies

a

jure stalutas, ex uunc, pra-dicta nionilione pi;euiissa, excouuuunicalioiiis sente ni iani prouiidii;auius.

Deniuni, lata per nos linjusniodi senlcidia, ut prœfertur, nos incoutiuenti ad deiîradatioiiein tValiis ejus-

dem

coraui nobis in vostibus sacerdotalibus existentis

actualiter précédentes, ornamentis qunn in ordinatione

sua rcceperat exuendo

cum

atquc privando, degrada-

tionem ipsius conclusimus sub bis verbis »

tatc

Dei onmipotcntis, Patris ac

» Sancli, ac ex potestate nobis in »

auferiuuis

»

sacerdotali

tibi

et

:

« Auctoriet

Spiritus

bac parte commissa,

babituui dericaleni alio

Filii

et

te

ab onini

quolibet ordine deponinius

et


; PIÈCES JUSTIFICATIVES.

214 »

ctiam (logradamus,

))

honore Lala

fuit

gradatio

leqviie

spoliamiis et exiiimus

et privilegio clericali.

hœc

sententia, factaque fuit aclualiter de-

pricdicta, in foro sive niercato burgi Carcas-

sonœ, anno dominicœ Incarnationis tione

omni

»

sabbati,

die

III,

M CGC octavo

scilicot

decembris, pontificatus ejusdeni D.

XIX, iudicniensis

die

nostri

Johaniiis

papœ XXII supradicti anno quarto, prœsentibus venerabilibus

in

Raymundo

Ciiristo P. P.

D.D. Petro Carcassonensi,

Mirapiscensi et Bartholoinrco Electensi epi-

scopis supra scriptis, acreligiosis et venerabilibus palri-

bus fratribus Guillelmo Crassensi, Bartholomœo Montisolivi, ordinis

S.

Benedicti, Carcassonensis diocesis,

permissione divina monasteriorum abbatibus, magnifico viro

D. Johanne, comité Forensi

D.D. Aynierico

de Croso,

;

senescallo

nobilibus viris

Carcassona^,

Francisco de Levis, Guillelmo de Vicinis, Dalmatio de

Marciacho, discretis

domini

Raymundo

viris

régis,

D. D.

Accurati Comitis, militibus, ac

Raymundo

Frisco

Ricomanni,

patrono causarum domini régis, dice Ripariœ, jurisperitis

Costa, judice Verduni

legum professore,

Raymundo

magistris Petro Vitalis,

Gurti, ju-

Petro Guilha,

Garcassonœ; Guidone Sicredi, Petro Fon-

tisgrivœ, Petro Salas, Guillelmo Montisregalis

,

Petro

Stephani de Gauchis, Arnaldo Savalli, consulibus burgi Carcassonae; magistris Assaliti,

Raymundo

Folcaudi, Arnaldo

super incursibus hœresum in senescallia Car-

cassonae et Biterris procuratoribus dicli domini régis,

(


^ l'IKCKS .mSTIFlCATIVKS. l'ciro

(le

l';ii','iti(-(),

lliipcl'orli

IN'Iro

,

.loliaiiiic Alfarici,

ad piu'inissa, cis et laicis,

(iiiillclino

liocrii, cl

Jordiiiii, l]|ii'isli;iiio

iiiiilliliidinc

Mai-aloiiensis

riiiilleliiio

,

IV'lio lleiciii^jiiii iMilariis, Icslilnis rolii;io.sis,

mniicrosa tcstibus

diocesis, .aj)ostoli('a

dcri-

et \)VX-

de

sciilihiis ail priedicla, et iiiagislris Giiillclnio riis,

de

Adiillici'li

lJ;iilli(i|(iiii;i'o

et iimllis aliis iioliililiiis, iii

"215

l'uisc-

regia,

et

et

Haila, Mirapisreiisis diocesis, rej^ia aiictori-

lalc iiolai'iis, (|ui pra'dictaiii sciilciiliaia seii iiislniiiiciiliiiii

de ea et de dei;radali()iic Imjiisinodi rccipcrc

ciiiilK'ëre

sem

recerMiit, pcr piidatos

doiiiiiios

episcopos

et

et S. Papiili

reiiiiisiti,

cl

Appaiiiicii-

me Menneto

de

Rdheiliciiro, clerico Tiilleiisis diocesis, publico iiiipeliali et rej^ia

auctoritate notario ac oHicii

iiiqiiisitioiiis

praxliefîc pravitatis haîretice, qui pra^missis interfui et

notain, in papyro scri-

piiediclam senteiitiam sive

ejiis

ptam, de maudato expresso

dicti D. cpiscopi S. Papiili,

pcr pneratniu iiiilii

ipsoiiiiii

(luillelimmi, ejiis

de verl)0 ad

iiolariiiiii,

verhiiiii, vice et noiiiiiie

ainhoniiii, in liaiic pni)licani lorniain rcdeiii,

scripsiiiiie in

ina^iislniiii

liadilaiM,

propria

manu

et signavi signo nieo ({uo ulor

pnbiicis iustrumentis, factaque prius collatione et

examine

diligenti

cum

ipsa nota seu originali.

Postqne autem eadem piwl'ati

episcopi,

domo

die, in

dicto fratre

episcopali, nos

IJernardo coram nobis

prœsentialiter conslitnto, pro carcere cui cnni in supra scripta senténtia

suam

S

efîectualiter

pronuntiavinuis posl degradalionem

deputanduni, carcerem

stricti

mûri


PIE^]CES JUSTIFICATIVES.

216 qui

csl

sitiis

r^tatcm

iiilcr

Gai'cassoii;o

et

flumen

Atacis eidein assignavinaus, et ad illuin incontinenti

eum

transinisinins,

tiirum. Aclniu

suam'ibidem pœnitentiam coniplohoc

fuit

pontiiicatii prœdictis,

aiiiio, die,

mense, indiclione

pr;^sentibus

et

religioso viio Gir-

berto de Canlobrio, eamei'aiio S. Papuli, et diserelis viris

D.D.

de Yiiidario, archidiacono Mirapis-

l'etro

censi, BertraiidoTiirqueVr, jiirisperito diocesisS. Flori,

testibus ad prœinissa, et niaijistns Guillelmo de riis

et Guillelmo Barta,

notai^iis

supra

Rose-

fuerunt requisiti facere publica instrunwnta; vttp

rum

et uiaiidalo,

supra scriptus,

(|U()-

ego McnnetusdeRoberticuro, notarius

lia3C scripsi.

JNoverint uuiversi prœsentes litteras inspecturi

cum

qui

scriptis,

quod

nos Jaeobus AppamiensisetRaymuudus S. Papuli,

niiseratione diviua episcopi, judices super iiifrascriptis

a sede apostolica delegati, fratrem Bernarduni Deliliosi, ordinis fratrum Minorum, bodie solemniter degradaveriiniis et

condemuaveriuius etiam ad perpetuuui ear-

eerem per nos eideni post nioduin assignandiuu, ex

nune

sibi

deputauius

in et

nostra super

boe constitulo pra'senlia

pro Imjusmodi carcere assignamus car-

cereni strieti mûri qui situs est inler civitatem Careas-

sonœ

et

idem

frater

et

(lumen Atacis, ac volumus

et

Bernardus ad bujusmodi

se includat

et

mandanms

murum

perpétue remaneat in eodem, sicut

in nostra super boc lata sententia continetur. et

datum sub

ut

accédât

sigillis

nostris,

in civitate

— Actum

Carcassonœ,

/


IMKCKS ;s JIISTHi^^lCATIVKS. .ii;sTi(;^i(:\TivKs. ailla opiscopali,

in

Domiiii iiis

MCCCXIX,

XXII

vin' die iiT^iisis iniiililicaliis

^217

dccciiiliris,

SS. T. et

aiiiio

IJ.J). Joliaii-

aiiiio ([iiaito.

Vciu'rabili et

r('li{4:ioso

viro IVatri

de

.loliaiiiii

iJcliia,

iiuiuisilori lucrelica'pravitatLs in rcifno FraiiciiU et spe-

eialiterin senescallia Carcassona.' auctoritate apostolica dcpiitato, Jacohns Appaiiiiea?is et Rayniuiuliis S. piili

Miiscrationc ilivina opiscopi, in

Pa-

saliilari iiostro

nos, auctoritate apostolica iiobis in hoc

salutoni. Cùni

narle coiniiiissa,

l'iaticni

Minormu, diO'daUe rimiis et

Dco

ncrnaithun

Dcliliosi,

pra'si'nliiini, soleniniter

ordinis

dcgradave-

condemnaverimus etiam ad perpetuum carce-

rem per nos eidem post moduni assignanduin, demuni(pie

silii

pro hujusniodi carccrc assip^naverinuis stricluni

niuruni qui silus est intor civitateni Carcassonœ et

nien Atacis, ut in co suh vinculis ferrois

et in

flu-

pane

et

aqua perpetuani agat j)œnitentiaui de commissis, nos atlendentes quod, proplor senectuteni ipsius.

et

specialiter de

et

debilitatem

prœsenti propter debilitatem

([uani in inanibus pati diiïuoscilur,

dispensanduui esse

videtur cuni eo super pœnitenlia in dicto carceie, ut

eum, de quo quideni

praemittitur, facienda per tra

in nos-

super prœmissis lata sententia nobis expressani

retinuimus poteslatem, prœsenlium vobis tenore comniittimus ut

cum

dicto

Iratre

Bernardo super rigore

prœdictœ pœnitentiae quantum ad vincula

et

dietam

dispensare possitis prout discretioni vestra? videbitur facienduni.

>

In

cujus rei

testinionium

sigilla

nostra


PIECES .)U$TIFICAT1VES.

218

prœseiilibus (luximusauBendenda.

Carcassonœ, viir die

MCCCXIX,

Manuscr.

(1).

in civitatc

lat.

XXII

(

de

la lîiblioth. nation., n»

Nous avons corrigé certains Liber sentent,

— Datum

decembris, anno Domini

pontificatusSS(.P. etD. Joliannispapœ

anno quarto

(I)

nîei^sis

inquisit.

Carlul. de Carcass.,

l.

pa;

sages traprès

Tolo^nœ,

p.

^209.

4270, Pliil.

fol.

171-186.

de Liniborcli,

Voyez aussi

V, p. &)o.

L Ci^

FliV.

V

Maliiil,


— .

TABLE DES MATIÈRES

i I".

C.iiAi'

>,> ^

— — —

Le coiivont

^

Casti'l

dQ,s frères

Faliri et

Mineurs à Carcassonne.

Bernard Délicieux

1

^1. Arrivée des réformateurs du Languedoc

12

in. Bernard Délicieux à la cour

29

IV. L'inquisiteur

nouvelles.

Geoffroi

V. La fausse pièce.

du

d'Ablis.

roi

Arrestations

Prédications de Bernard Le vidanie Nouveau tumulte.

d'Amiens est excommunié

VI.

Bernard à Paris.

59

Voyage

du

roi

dans

le

Languedoc

— —

76

du

VII. Conspiration avec le fds VIII. Suites

IX.

de

la

46

roi

de Mayorque.

102

.

114

conspiration

Les Spirituels à la cour d'Avignon.

— Condamna-

lion de Bernard

143

Pièces jistificatives

167

V TA

IV 1

s.

lU fUl&ii... 11.

Le

c.

i. .\

11

1

i

.Mil,

nCE UIGKO.N,

2.





c>.



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