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BERNARD DÉLICIEUX
L'INQUISITION ALBIGEOISE
TABIE.
—
IMPRIMERIE DE
E.
MARTINET,
U
'J
E
MIGNON,
î
BERNARD DÉLICIEUX
L'INQUISITION ALBIGEOISE 1300-1320)
PAR BfHAURÉAU MEMDRE DE L'INSTITLT
PARIS LIBRAIRIE HACHETTE 79,
BOULEVARD SAINT-GERMAIN.
ET C" 7'j.
1877 Droits de propriété et
ilc
reproduction réservés.
'^
t
THE INSTITUTE OF MFDIAEVAL S7UOl£5 10
ELMSLEV PLACE
TORONTO
6,
CANADA,
DEC -2
1931
BLHNVItl) hlÎMCllîUX ET
imaUISITION ALBli^EOISE
CHAPITRE
PREiAIlER.
LE COUVENT DES I-UKRES MINEUnS A C.VUCASSONNE.
CASTEL
Vers
la lin
FAItlU ET liEUNAIiD UKI.ICIKIX.
du mois de juin de Tanni-e loOO,
Nicolas d'Abbeville clieurs, exerçant la
dans
le
district
,
de l'ordre des frères
F*rè-
charge d'inquisiteur de
la loi
de Carcassonne, se présenle au
couvent des frères Mineurs, dans celte ville, et
En
demande que
Taisant cette
demande,
If
la itorlc lui il
est
laubourii- de
soitouverle.
dans son droit.
Anciennement tous les inquisiteurs étaient nommés par
le
pape lui-même. Une bulle d'inuocent IV, de 1
BERNARD DELICIEUX
^
Tannéo
1:245, a
Prêcheurs de
permis au minislrc général des
nommer
et
teurs de son ordre (1)
:
de révoquer
mais
les inquisi-
cette bulle contient
une délégation, non pas une abdication
;
les inqui-
siteurs désignés par le ministre général des Prê-
cheurs sont toujours apostolica
depuiaii.
donné dans tous
les
les
envoyés du pape, a sede
C'est actes.
qui leur est
titre
le
Quand donc Nicolas
d'Abbe ville enjoint à Bernard Raymond, frère gardien des Mineurs, de l'introduire dans son couvent,
il
parle au
nom du
jamais refusé l'accès
Cependant
la
pape, à qui ne peut être
d'une
maison religieuse.
porte reste fermée.
Les frères Prêcheurs
et les frères
Mineurs sont
deux ordres nés rivaux, devenus ennemis. Quand il
s'agit
muns
de faire prévaloir leurs privilèges com-
sur l'autorité des évêques,
ils
qu'une légion. En tout autre cas, chent, c'est pour se combattre.
même, dans totc
diversement interprété.
s'ils
Ils
l'université de Paris,
ne forment se recher-
se combattent
au
nom
d'Aris-
Un Prêcheur ne
peut
donc vouloir à bonne intention entrer dans
(1)
IMiilippc (Je Limborcli, Hist. inqiiisit., p. 107.
uii
ET i;iNQUlSniON ALBIGEOISE. couvent de Mineurs. (Vosl a compris sans
là
ce
(jiio le
3
lièrc gardien
secours de personne. Nicolas
le
d'Abbevillc insistant, iiKMiarant, alléguant les droits
d'un ([ui
coiniiiissairc apostolique,
le
frère gardien,
confesse n'être pas canoniste, va,
en
dit-il,
référer au frère syndic. Bientôt après, celui-ci se présente
motif de
et
prie l'inquisiteur de
sa visite inattendue.
lui dire
le
L'explication est
sincèrement donnée. Dans un récent vovaue en Italie,
qui
l'a
Nicolas d'Abbeville a vu le pape Boniface,
chargé de faire une enquête sur un certain
Castel Fabri, très-riche bourgeois de Carcassonne,
accusé d'avoir fréquenté, vers
la fin
de sa
vie,
gens réputés hérétiques. Les morts ont, les vivants,
des
comme
des comptes à rendre au tribunal de
ne saurait être contesté
l'inquisition; cela
ce Castel Fabri, grand
ami des Mineurs,
(1). Or,
est
mort
dans leurs bras, a été enterré dans leur cimetière. L'inquisiteur vient donc interroger les témoins de sa mort, de ses funérailles, et leur qu'il recherche, les
demander
ce
preuves de l'hérésie dénoncée
au pape Boniface. (1)
Voyez tous
ad Décret.,
lib.
les canoiiistes, et
V.
lit.
7.
£)
notanamcnt Zocsius, Comment.
QX
.H3
BEUiNARI) DÉLICIEUX
k
Plus cauouislc que
le
frère gai'dien, le IVèrc
même pour
syndic voit que l'affaire est grave, confrères. c'est
En effet,
les articles
se rendre fauteur,
que de prêter
hérésie,
de
sont précis
la loi
sinoii
ses
complice,
:
d'une
mains à Tensevelisse-
les
merit d'un hérétique (1). Si donc Castel Fabri fut
vraiment hérétique,
Mineurs de Carcas-
les frères
sonne, qui l'ont déposé dans leur cimetière, pour-
mandé par
ront tous être excommuniés. Aussitôt, le frère syndic, arrive le frère lecteur
Bernard Délicieux,
un des
il
il
s'empresse de répondre. Oui, sans doute,
a connu Castel Fabri
hommes,
de Castel
apprend ce qu'on de-
Fabri. Dès que Bernard
mande,
du couvent,
familiers
le
;
il
l'a
connu
plus charitable,
le
le
meilleur des
plus scrupuleux
observateur de la règle des mœurs, et de plus l'a
il
vu mourir très-bon catholique. Ayant appris donner
la
commission
de défendre sa mémoire. Déjà, dans
les derniers
qu'on l'accusait,
jours
il
s'est fait
du mois passé, sur
le
bruit de quelques pro-
pos tenus en pleine chaire contre
rendu dans
la ville
le
de Marseille où
défunt,
il
s'est
les frères
Prê-
I (1) Zocsius,
Comment, ad Décret.,
lib. V, lit.
nistes s'accordent avec lui sur ce point.
7.
Les autres caiio-
ET I/INQUISITION AI.nifiEOISE. dîcurs avaient leurrliapilro général,
11
5
s'engageait
à prouver au chapitre la vanité de l'acrusation et la
méclianreté notoire des accusateurs. Pourquoi n'at-on pas voulu l'entendre ? Si l'on a changé d'avi:, soit
on l'entendra. En tout
!
cas, frère Nicolas n'a
point alïaire au couvent des Mineurs, car il n'y peut rien apprendre de particulier. Est-il
dans toute
la
une personne,
province de Narbonne, qui ne con-
naisse les détails de la vie, de la
mort de Gastel
Fahri? Toutes enquêtes sont inutiles; instruite.
se plaide.
Elle est à plaider, Il
est prêt,
pour sa
mandat comme avocat de signe
et
si
cause est
la
l'on veut qu'elle
part, à remplir son
cette cause.
Qu'on
l'as-
on l'entendra.
Nicolas d'Abbeville
Délicieux quel est ce
demande
mandat dont
alors à Bernard il
parle.
Bernard
répond que son provincial, Arnauld de Roquefeuille, l'a
la foi
chargé d'être en tous lieux
le
garant de
de Gastel Fabri, Sur cette assurance,
l'in-
quisiteur lui donne rendez-vous, en son logis, le
A
juillet, et se retire
sans avoir franchi le seuil
du couvent. Mais, en se retirant, Nicolas d'Abbeville se sent
troublé par
un scrupule. N'a- 1- il pas
été
trop
BERNARD DÉLICIEUX
6
Quelle valeur
fticile?
dans
a,
le cas
mandat d'un ministre provincial? Les
présent, ce droits d'un
inquisiteur ne peuvent être limités, sa procédure
ne peut être contrariée,
comme
semble, par un
il
tel
mandat. Nicolas d'Abbeville va donc consulter
un
juriste, et l'avis de ce juriste est
doit pas être entendu. se
rend au
logis
salle ordinaire
Le
4 juillet arrive, et Bernard
de Nicolas.
il
demande
un ton léger
et
le
Il
trouve dans
de ses audiences, en
d'un de ses confrères, l'un
quand
que Bernard ne
et
la
la
compagnie
l'autre debout, et,
à parler, Nicolas lui répond, sur
dédaigneux, qu'il peut rentrer à son
couvent, qu'on ne l'écoutera pas. Bernard proteste
au jour
dit,
à l'heure dite,
il
:
est venu, et non-seule-
ment on
refuse de l'entendre, mais on joint encore
l'offense
au déni de
justice. S'il veut déclamer,
il
déclamera seul. Nicolas se détourne pour rentrer dans ses appartements intérieurs. »
s'écrie Bernard, faites écrire
»
assigné, que j'ai
»
voulu
«
comparu et que vous n'avez pas
me donner
audience.
A
»
Nicolas a quitté
la place sans
mot
gne; mais
revient vers le soir pour
il
Au moins,
que vous m'avez
dire.
son tour Bernard
s'éloi-
demander
acte de son intervention en faveur de Castel Fabri.
ET !;iNonismo\ aumckoise. Nicolas lui
irpondrc
l'ail
n'a [)as d'acte à lui
CiCpcndanl ([ni
[»oids,
qu'on a étant
lait
donner.
demandé
conseil.
docleur en
à .jcaii (le l'ena,
grand
(pTil \)rn\ sa iiciiic, (jii'oii
y a d'autres juristes ([ue ceux à
il
Nicolas a
7
et,
Bernard s'adresse
di'ci'ets,
sur son avis,
il
canonisie (rnii
appelle
du relus
de l'entendre. L'instrument de l'appel Bernard, accompagné de quel({ues
rédigé,
amis, va de nouveau trouver l'inquisiteur. Mais Nicolas d'Ahbeville ne veut ni de controverse ni
de pourparlers, et sa
suite,
il
et,
ferme sa maison. On
pièce en pleine rue,
et,
donc
lit
non sans tumulte
la
et sans
parchemin sur
la porte
se retirer (1). Telle est la
première
bravade, on affiche
dose avant de
voyant de loin venir Bernard
le
scène d'un long drame dont nous nous proposons
de raconter gnages
ici,
d'après
de
nombreux témoi-
(2), les incidents variés.
Voyez awK Pièces justilicatires, n° 1. La plupart de ces térnoignai^es nous sont ofTerts par un pri'cii'ux manuscrit de la Bibliothèque nationale, inscrit dans le fonds latin sous le n" 4^70. Il contient les pièces du procès com(1)
(ij
mencé en 1318, continué en
1319,
contre Bernard Délicieux, et
porte ce titre: Processus insignis contra fratrem
Bemardum Deli-
un volume souvent mentionné par Et. Baluze, qui l'a fait copier sur un manuscrit de Carcassonnc et en a publié quelques tiosi. C'est
BERNARD DELICIEUX
H
Né
dans
Délicieux
la
s'est
do
ville
engagé
Montpellior,
dans
François en l'année 1^84, ftiit
différents voyages
et
depuis ce temps,
et,
en France, en
de couvent en couvent avec
de son ordre,
Bernard de Sainl-
l'ordre
la liberté
il
a
Italie, allant
des religieux
partout recherchant, selon son
inclination personnelle, les gens les plus signalés
par
la vivacité
de leur
esprit.
A
tré le très-docte et très-bizarre est resté il
a
Milan,
il
a rencon-
Raymond Lulle,
qui
son ami. Ailleurs, peut-être à Montpellier,
connu maître Arnauld de Villeneuve, médecin, lequel
alchimiste célèbre, avec lettres. Si
Raymond
il
échange des
Lulle ainsi qu'Arnauld de Vil-
leneuve ont déjà l'un et l'autre
la réputation
de
penser avec beaucoup d'indépendance sur toute matière, et
si
excommunié, Bernard.
même
l'un d'eux est
publiquement
cela ne paraît pas trop
On accuse Arnauld
inquiéter
d'avoir tenu sur le
compte du pape des propos injurieux; mais accusation vient de
extraits dans son recueil col.
Rome, où intitulé
:
cette
l'on feint encore de
Vitœ papar. Avenion.,
t.
II,
341 et suiv. Pour ne pas toujours renvoyer à ce volume, nous
nous contenterons d'indiquer les documents, imprimés ou manuauxquels nous emprunterons des détails qu'il ne nous aura
scrits,
pas fournis.
RT i;iNOUTSlTION
On ajoute
ros|K'rlPr 1rs papns. inai^i('i(Mi
;
mais
qu'à
la
n'y
lait
aucun
lîmiard |)his
est est
aux
magie. L'ordre de Sainl-Francois
novateur des ordres nouveaux.
est d'ailleurs le plus
On
ri
ne croient pas
noiid)r(.',
!»
(|irAiii;nil(l
bien des i^cns,
(l('jà
peuL-èlrc de ce nias,nci(îns
A ÏJilf.KOlSE.
état des
opinions traditionnelles.
Ce sont des prophètes de cet ordre qui ont annoncé prochaine de toutes
la fin
établies.
Un jeune
les
franciscain,
d'ardeur native, doit être complice, de tous
puissances autrefois
les
le
si
peu
qu'il ait
confident, sinon le
audacieux qu'il rencontre
sur son chemin.
Puisque
pour
les confrères
lecteur,
fesseur, la écoles,
les
de
il
de Bernard
est savant.
méthode
l'ont choisi
Lecteur veut dire pro-
alors pratiquée dans toutes
dominicaines ou franciscaines, étant
d'abord un texte ))our l'expliquer ensuite.
lire
Ainsi la charge de lecteur conventuel imposait à
Bernard l'obligation d'instruire les novices ce qu'il ;
devait tant
fiiire,
selon la
quelque
mode du temps, en
livre d'Aristote
interpré-
pour confirmer
les
opinions théologiques, philosophiques, des plus
grands maîtres dire
s'il
avait
franciscains.
Nous ne saurions
un uiand fonds de science. Dans
les
BERNARD DÉLICIEUX
10
rouvents ainsi que dans
monaslèivs, tous
los
lecteurs n'étaient pas docteurs
pas
même
degré
avait
ennemis comme
au plus haut
ses
ses amis,
contempo-
nous
attestent
puissance vraiment extraordinaire de sa parole.
Oiiand
il
juge
missantes,
il
utile
de contenir les multitudes fré-
paraît, conseille la patience et se fait
même, quand
écouter; de
au moment d'agir,
il
Sous ce rapport,
nature
sa
il
beaucoup n'élaienl
don de l'éloquence; tous
le
rains, ses la
bacheliers. Mais
;
les
la
il
trouve hésitantes
les
enlève et les précipite.
les
l'a si
bien doué, que
conversation ordinaire est elle-même d'une
séduction irrésistible. Les gens qu'il aborde disent qu'il les enchante, et qu'il suffit de l'écouter
pour
être à lui.
On
le
verra persuader, entraîner
les plus habiles conseillers
du
lui-même;
lettres publiques,
il
mandements
dictera des particuliers,
roi Philippe, le roi
que
le
des
roi regrettera
plus tard d'avoir signés.
Désormais compromis
avec
l'inquisition
et
sachant tout ce qu'il doit redouter de ses ressenti-
ments, cet alors
qu'on
homme véhément
une des entreprises ait
jamais tentées
:
il
et persuasif
les plus
forme
considérables
osera se lever seul,
et.
ET L'INQUISITION AKHIGEOISR. conli'i'
oi'di'i'
iiii
loiil
l'iilii'i'.
ordres, engager seul nu (Ira-l-oii
mais sans
il
coiiil);!!
|>liis
imissanL
sait
(les
di-scspéré. Yicn-
de quelque part à sou aide?
pili('
11
l'ignore;
que depuis trop loni^temps on opprime
ces pauvres gens de Carrassonne, d'Alhi,
de Toulouse,
([ui
suivant tous les
sont i^cus de sa langue, et que,
auteurs sacrés ou profanes,
devoir d'un patriote s'il le
II'
Il
faut,
est
le
de eombattre, de mourir,
pour son pays.
CHAPITRE
II.
ARniVÉE DES RÉFORMATEURS DU LANGUEDOC.
Bernard attendra toutefois, pour commencer l'attaque,
dre, les
il
une occasion favorable,
et,
s'éloignera quelque lemps. Les
plus maltraités par
le zèle
pour
l'atten-
deux diocèses
furieux des inquisi-
teurs, les diocèses de Carcassonne et d'Albi, fai-
saient alors partie de la
bonne le
province, et Nur-
commune
métropole. Cependant
ville n'avait
pas encore été troublé.
était leur
repos de cette
même
Le dernier archevêque de Narbonne, Pierre de Montbrun, n'aimait pas il
ne
les
agents du saint-office;
les avait pas laissés tout faire
cèse; on dit
même
qu'il aurait fini,
longtemps vécu, par réprimer dans province les
])liis
dans son dios'il
avait plus
le reste
de sa
intolérables excès de la perse-
i;iNOlI|SITI0N AMMC.KOlSi:. culinn. lJcrn;ii'd se rend
vons
hMieiii'
;'i
Naiboimc
11!
.Nous
U'.
trou-
au (^ouvonl de Narbonne dans
premiers mois de l'année 1801. Peut-eMre y fut-il envoyé par ses supérieurs.
Comme
les
même on
le
verra, Bernard trouvera loujoui-s un asile sûr dans les
couvents de son ordre;
y pourra toujours
il
recevoir ses partisans, former des eonventicules, l)réparer les plus ha'sardeuscs agressions. Si toutefois cette elle sera
complicité doit être
souvent active,
rarement avouée. Le prieur de Carcas-
sonne a donc pu conseiller amicalement à Bernard, dans son intérêt et celui de l'ordre, d'aller quelque
temps vivre en paix dans
Eu son absence, débat
et
le
couvent de Narbonne.
Castel Fabii
fut
condamné sans
sans bruit, suivant les formes de la pro-
cédure inquisitoriale,
et ses
immédiatement confisqués revenir; frère Nicolas est
un devoir de
vaincre.
grands biens furent
(1).
Mais Bernard doit
un ennemi
qu'il s'est fait
L'occasion espérée se pré-
senta bientôt. (I) On les voit fiLturer pour une forte sonunc dans un îles comptes présentés par le procureur ilu roi au séuéciial de Carcassonne (Colloct. Doat, t. XXXIV). Une semblable enquête fut faite longtemps après, en 1328, sur la vie et les doctrines de défunte
dame Rixcnde, fenune de Castel exhumés et
ses ossements furent
Fabri, et, à la suite de son procès,
brûlés
(même tome,
fol.
236-241).
BERNARD DÉLICIEUX
14
Vers
mois d'août de l'année 1301 arrivent à
le
Toulouse Jean de Picquigny, vidame d'Amiens,
et
Richard Leneveu, archidiacre d'Auge dans l'édise
de Lisieux,
nommés
par
le roi
réformateurs du
Languedoc. Le Languedoc ne reconnaissait
comme
de France
1271,
l'année
le roi
seigneur immédiat que depuis cette
et
province, nouvellement
annexée au domaine royal, avait eu dès l'abord à subir les charges d'une
Pour ce qui regarde encore.
Oiiaud
le
si
glorieuse annexion.
les profits, elle les attendait
présent
attriste,
la
jeunesse
espère en l'avenir; mais la vieillesse regrette
le
passé, et ce regret peut facilement devenir séditieux.
Averti que Toulouse commençait à parler
de ses anciens comtes, Philippe
le Bel y envoyait
deux hommes d'une expérience
et
ment éprouvés, avec un naître leur
commun, ordres, les
mandat.
Ils
litre
qui
venaient
d'un dévouefait
assez con-
réformer en
l'un laïque et l'autre clerc, tous les dés-
et,
sinon corriger tous les abus, du moins
reconnaître et les signaler.
Dès que à Toulouse,
l'on il
fut
informé de leur présence
y eut dans tout l'Albigeois la plus
grande agitation. La moindre de ces villes antiques,
KT l/INQLUSrnON Mnn.KOISR.
15
Albi, Carcassonnc, Castres, Cordes, Linioux, élail
nulrofois
une
appelait, au
cité libre et puissanle.
temps d'Auguste, Mordania, avait eu
(|ualre enceintes
la
de remparts
ou quatre grandes voies
li'ois
Cordes, qu'on
(I).
Au même temps,
})arlai('nl
v{>rdoyante, vers Rodez, vers
de Castres
Narbonne, vers
Toulouse. Durant une longue suite de siècles, ces villes
disait
avaient conservé leur vieux
encore fortes
et riches
renom; on
les
avant Tannée 1:229,
c'est-à-dire avant la fin des croisades entreprises
pour
les
soumettre à l'orthodoxie romaine. Mais
depuis, constamment appauvries, dépeuplées par l'inquisition, quelle opinion p(uivent-elles avoir
fcs réformes qu'on leur
Aucune ne
de
promet au nom du roi?
doit leur sembler plus désii'able, plus
urgente que de purger le pays de ses exécrables tyrans. 11
existe
dans
la ville d'Albi
un couvent de
frères
Pi'èchcurs où les fonctions de prieur ont été quel(pu'.
temps exercées par Foulques de Saint-George,
élu
récemment inquisiteur de Toulouse. F'oulques
avait des droits à cette
rapide promotion. La
d'Albi ne possédait pas (1) CroBc,
un inquisiteur
Répert. archéol. du Tarn, p. 87.
ville
particu-
BERNAIU) DELICIEUX
16
privée de ce privilège, elle élait dans
lier, et,
la
dépendance de Nicolas d'Abbevillc, inquisiteur de Carcassonne; mais celui-ci, ne pouvant suflire à l'administration d'un aussi vaste territoire, s'était
adjoint
comme
ce vicariat
vicaire le prieur d'Albi. C'est dans
que Foulques de Saint-George
montré digne d'une plus haute fonction. laissait
s'est Il
ne
pas écouler une semaine sans faire incar-
cérer par le sénéchal quelques gens d'Albi, choi-
parmi
sis
les plus notables.
Dans tous ces gens
d'Albi, qu'il prétendait bien connaître, disait-il,
des
hérésies.
comme
la quantité
hérétiques, nous
sur la qualité de ces
sommes exactement informés.
Leurs noms, leurs interrogatoires
ment de
ne voyait,
que des mécréants, apôtres ou sectateurs
mômes
Sur
il
et
le
recense-
leurs possessions territoriales se lisent
encore en d'effroyables registres
(1).
En
effet,
ces
hérétiques sont nombreux, et leurs crimes les voici.
(1)
Quelques-uns, parmi les gens du
commun,
Les registres originaux ont été perdus ou dispersés.
Ou eu
trouve la copie daus plusieurs volumes du fonds Doat, à la Biblio-
thèque nationale. Voyez aussi Liinborcli, el Inventaire inédit
Ilisl. inquisU.,'2,°
partie,
des archives de l'inquisil. de Carcass., dans
tome IV des Mémoires de
la
Société archéol. de Montpellier.
le
KT I/INOIISITION AI.IUr.EOISE. les
|ii'lit('s
^rr
(Ir la
Ils
li'iMis,
chair,
auraiciil
|iai'
dt'^oùt
juivor
|iar
iudicpii'
|)ii
;
nMils,
mais
du
(|ui (".c
Icuravail n'csl
jouis (pi'cjlc
iiiaii-
du IVumago.
hfiini-,
pas iiiaiiyvr
ifcii
vtM'Iu'.'
li's
de jamais
sT'Iaiciil iiilcrdil ili's
17
iiiisrro
pai'
iMiscigiu''
ou
do s'en
pas rKgHse. L'Eglise
a cru devoir consacrer
au jcùnc, à l'abslinence; mais celle abstinence de tous les jours, ce n'est pas elle qui (les
prescrite,
l'a
gens étaient donc hérétiques, puisqu'ils obéis-
saient
à d'autres
commandements qu'à ceux de
rKglisc. D'autics, pourvus en naissant dcipielques biens, en avaient
imiter
la
})auvrelé
l'ail
du
rentier abandon, Christ, vivaient
et,
pour
d'aumônes.
Mais puisque ces mendiants n'étaient pas d'un ordre
i)ubliquement institué par
leur était venu le conseil de mendier,
démon? De
pape, d'où
le si
ce n'est
du
plus subtils, des clercs, dos maîtres,
avaient osé, dissertant sur le mystère de
la
consé-
cration, exprimer quelques doutes sur la présence réelle.
Des doutes! Sur ce que l'Eglise enseigne
un chrétien
a-t-il le
droit de douter? Des doutes!
L'engagement du baptême complète de (l)
«
la
n'est-il
pas l'abdication
raison personnelle (1)? Enfin, des
Hœreticiis CîI qui errorem aliqueni iiertiiiaciter défendit
IJEKNARD DELICIECX
18
des consuls, d'aiTogants citadins avaient
jiiristo?,
mal parlé
l'inquisition, des
ai',
Foulques de Saint-George être pardonné.
De
;
ce qui ne pouvait leur
propos n'avaient-ils
tels
de
inquisiteurs,
i)as
excité déjà })lus d'une révolte?
Un de
donc été dénoncé,
ces crimes ayant
par un seul témoin, l'accusé
soumis à noncée,
la
le
La condamnation pro-
torture (1).
coupable,
n'était
s'il
juge séculier, qui devait était jeté
vie dans
même
était pris, incarcéré,
renvoyé devant
brûler ou
le
pour un temps ou pour
le
pendre,
le reste
de sa
une prison appelée «mur», que nous
minutieusement décrite
le
a
l'historien le plus fidèle
de l'inquisition, Philippe de
Limborch. Cette pri-
son se composait de deux cachots superposés dont les
murs avaient cinq pieds
d'épaisseur. Dans le
cachot supérieur,
le
étroite et grillée;
mais
le
souterrain, sans himièi'e.
cachot inférieur était
Deux
portes, séparées
l'une de l'autre par l'épaisseur du les
mur, fermaient
deux cachots. On communiquait avec
sonnier par un guichet pratiqué dans » ))
coiilra Ecclt'siîC profossionein, post liilei in
[{}
une baie
jour pénétrait par
baptisnio.
l'iiil.
»
(Zoesiiis,
de Liniborcli, Uisl.
la
le pri-
seconde
fartain tainon professioiiein
Comment, ad iiKiiiisil.,
p.
Décret., lôT, 270.
lih.
V,
lit. 7.)
KT i;iNQ(IISITION |>orh\
Par ce gnirlief on
des vivres
A
lui
MUGEOISE.
19
donnail du linge et
(JneLs vivres! L'entretien de cha-
(1).
que prisonnier coûtait
clia((ue
jour Imit deniers, suivant les comptes des gardiens, qui ne sont peutêtre pas des comptes honnêtes Tels étaient
(2).
h's délits et telles étaient les peines.
pas
d.>
dire
que
.'onfisqués au
1rs
profit
biens des
commun
N'omettons
condamnés
étaient
de l'Église et de
TKtat,
leurs femmes, leurs fils, les plus scrupuleusement orthodoxes, ne devant être admis dans (I)
Phil. <le
r /"L^i""' loi. ÏJ27, ce
Limborch,
^'"^P''""'°"*
p.
•'"
151).
tome XXXIV
compte de dépenses
de la collection Doat
:
Expensœfactœ per magislrum Jacobum de Poloniacho, mun Carcassonœ, personis infra scriptis, anle earum custodem condemnalwnem, mandalo domini inquisitoris. Raymundo de Fromigoriis, presbytoro, qui fuit in muro Carcas-
sona?
m
captus vigilia B. iMarci evan-elistœ anni 13:>1 ubi fuit per duosannos, usque ad dominicam ante dictum festum anni VS^'S qua condemnatus fuit; per annum, 12 libr oj, j^r' Item Pclro Juliani de Narbona, qui fuit in dicto muro per .
usque ad dictam dominicam qua fuit combustus diem, 8 don . jq ^^^^, ^ Item Petro Truchal, conmioranti Bitérris'
oO.. dics,
•
qui fuit'in dicto
per 30o d.es, usque ad dictam
fm ;perd.em,8den
per '
,
muro
dominicam qua cruce signatus 10 libr. 3 sol. i den.
Item Johanni Conilli, commoranti Bitérris, qui fuit in dicto muro per 30o dies, usque ad dictam dominicam qua fuit combustus; per diem, 8 den lOiibr. 3 sol. 4 den Item Ahoni Veyrerii de Secenone, qui fuit in dicto muro per <.0 dies, usque ad dictam dominicam qua fuit immuratus- per diem, 8 den ,A
40
,
sol.
BERNARD DÉLICIEUX
20
quelconque de aucun temps à réclamer une part la longue biens (i). Cela explique pourquoi ces
des condamnés nous offre les
liste
noms des
plus
riches citoyens d'Albi.
tempérer l'huL'évêque d'Albi, qui aurait dû de Saintmeur vraiment farouche de Foulques George, ne
s'était
employé qu'à
le
seconder. Cet
issu d'une famille évoque, Bernard de Castanet, détestait les bourconsidérable de la province, l'abord soulevés contre geois d'Albi, qu'il avait dès le intolérables exactions. Élevé sur
par ses
Uii
siège épiscopal en mars
1^76,
il
avait vu, dès
envahi, sa vie menacée. l'année 1^277, son palais guère mieux choses depuis ce temps n'avaient
Les
été.
Après avoir
fait
connaître l'avide convoitise
Castanet n du chef temporel, Bernard de
avait
pu
apreté du chef longtemps dissimuler l'implacable prieur Ayant toujours en sa compagnie le spirituel.
et le lecteur des sait
lité,
(1)
et saisissait
sans attendre les
Summa
(2),
il
se fai-
«lieutenant de l'inquisiteur»
appeler
son diocèse,
dominicains d'Albi
Raymundi,
(2) E. d'Auriac,
Ilist.
lui-même en
cette
dans
qua-
mandements de son géné-
lib.^I, lit. 5, cap. iv.
de l'Eglise dWlbi,
p.
1
iO-
KT i;iN(juisrnoN les iKM-soniics
l'ai,
(lo
les
cl
Ai.itir.Koisi:.
biens (1).
-21
l/ifKiiiisiloiir
Ciarcassonne avait donr, en Ocrnanl de Castanet
im rollaboralcur, un (Munlc plein de
durement
traitée par l'un et
heureuse
ville d'Albi,
vains ajjpels à
par l'autre,
qui avait
la justiec
Son dernier espoir
III,
la pitié
était
et,
la
si
mal-
autrefois de
fait
de Philippe
maintenant réduite à invoquer lip|)e IV.
zèle,
dans
en
était
de Phile succès
d'une humble suppUque.
La
ville
de Carcassonne n'avait pas été plus
éj)argnée. Elle ne se plaignait pas,
son évèque; mais
elle
est vrai,
il
de
se plaignait beaucoui» de
son inquisiteur, car à tous ses anciens griefs contre les ministres
du
saint-office
s'en joignaient de
nouveaux. Quelques années auparavant, en 1295,
deux de ses
illustres professeurs
Guillaume Garric
et
de droit romain,
Guillaume Brunet, poursuivis
condanmés comme hérétiques, avaient pu sou-
et
lever toute la ville et faire reculer
(1)
un
instant leurs
L'évèquo d'Albi avait un privilège particulier sur les biens
des hérétiques de son diocèse. Tous les immeubles formant la part
du
roi,
s'ils
n'avaient pas été vendus dans l'année
avaient été confisqués, passaient, à la les il
mains de l'évèque
fut
Doat,
confirmé, t.
XXXIV,
le fol.
d'Albi.
17
août
Ce
même
où
ils
de cette année, entre
privilég'e lui venait
1300,
131, 133.)
fin
par Philippe
de saint Louis
le
;
Bel. (CoUect.
BERNARD DÉLICIEUX
22
ennemis devant
cette
de la colère publique
manifestation
redoutable
Mais l'inquisiteur avait
(1).
bientôt repris l'avantage. Ayant donc assigné les rebelles devant la cour de
de France,
il
avait
Rome
et
devant
tences sévères, et leur avait ensuite imposé
pénitence, outre
le
la
cour
obtenu contre eux deux sen-
comme
supplice du mur, une contri-
bution de quatre-vingt-dix livres tournois, imputables à l'érection d'une chapelle dans le couvent
de Garcassonne. La
somme
avait été payée, la cha-
pelle avait été construite sous le vocable saint Louis, fondateur
du couvent
et
du
roi
patron laïque
des inquisiteurs, et les religieux venaient d'en faire la dédicace
en narguant
les
bourgeois plus
humiliés que repentants. (1) Bernardus Guidonis, clans le Recueil des historiems de la France, t. XXI, p. 743. Guillaume (larric fut mis en liberté quelques années après. Mais quand, Philippe le Bel et Clément Votant
—
morts, rinquisition, affranchie de
toute surveillance, sévit avec
une nouvelle fureur, Guillaume Garric, seconde
fois
emmuré,
alors très-âgé,
et réduit par la dureté
fut
du supplice à
une faire
un aveu quelconque d'hérésie. En ces circonstances, le li juillet 1321, il fut absous et réconcilié avec l'Église. Cependant les inquisiteurs Bernard Gui et Jean de Beaune ne le relâchèrent pas sans ravoir fait jurer de fournir à ses frais un soldat pour la plus prochaine expédition en terre sainte,
et,
provisoirement, de quitter
la
France dans le délai de trente jours. Cette sentence a été publiée par Philippe de Limborch, Liber sentent, inquisit. Tolosanœ,
p. 282.
F/r
i;i\oiMsmoN
Ayant appris (pic
et vient s'établir
citoyens d'Albi
les
et dcjà se concerlcnl,
Bernard quitte
nion conmiunc
)tar le
vidame
s'ai;ilciil
iNai'honn(!
est bientôt visili-e. 1/opi-
est ({u'il
laut allei' au-devant des
rclormateurs. Bernard part
des consuls de
la ville,
le
premier, avec un
Guillaume Fransa. Reçus
et rarcliidiaere, ils
s'engagent à les
éclairer eom])létement sur l'état des clioses; ils
demandeut pour
cela, sinon
même,
mencer
la
s'ils
mais
un mandai formel,
du moins des lettres de sauvegarde. raient pas
^r,
an eoiivent de son ordre, dan?
Sa cellule
la ville d'Albi.
\f,i:ir,i:oisK.
Ils
ne })Our-
n'avaient ces lettres,
com-
recherche des preuves qu'ils doivent
fournir. Ces lettres obtenues, Bernard et Fransa
regagnent Albi, font des assemblées, envoient des députations. Par leurs soins arrivent à Toulouse
auprès des réformateurs un grand nombre de
femmes
d'Albi séparées de leurs maris
emmurés,
qui racontent avec des larmes les atroces pratiques
de leur inquisiteur, de leur évèque. Arrivent en
même temps
de Carcassonne
notables citoyens, et conseillent
autorité,
s'ils
(pii
et
des lieux voisins de
(b'noiiccnl d'antres niclaits
aux envoyés du
roi d'interposer leur
veulent |>révenir un éclat nouveau
l!Ell\Ai;i)
2i (le.
Bernard
poj)ulaii'c.
l'iiidii^JiaLioii
de près, pour
DELICIEUX les a
suivis
pour conlii'mer leurs
les dii'iger cl
témoignages par ses diseours,
Bernard
de
bail
Nicolas, leurs
cliel's
son cœur Foulques
toiil,
agents de l'inquisition dominicaine. Cependant n'oublie pas qu'il
est
religieux,
moyens canoniques. L'inquisition voirs de Borne; c'est donc à
comment
elle
Rome
en use.
tous les lidèles est de révéler tient le
le
recours aux
lient ses
pou-
qu'il l'aul l'aire
Si le devoir
le
il
doit
qu'il
et
d'abord, on cette qualité, proposer
connaître
et
et leurs subalternes, tous les
mal,
de
n'appar-
il
qu'au cberdc l'Eglise de trouver el d'appliquer
lemèdc. Ouc
jiarloul
on lasse des enquêtes, on
rassemble des témoignages. Voilà présenlemenl l'avis
robe
de et
son
tilrc
de sa i)arole conseiller, le
avoir entendu à
respect qu'inspirent
se joint
facile,
l'irrésistible
animée.
Il
est
sa
influence bientôt le
procureur des femmes d'Albi. Après le détail
Pierre Conseil,
d'articles
Au
Bernard.
de leurs doléances,
il
dicte
son clerc familier, une série
dans lesquels sont résimnés tous
les actes
de violence imputés à Foulques de Saint-George, et
il
remet lui-même ces
articles
au vidame. Les
KT i;iNoiiisiTin\ Aunr.RoisE. (Miv(ty(''s (le c(inli-t;
("iinTassoimc
Nicolas d'AhlicvilIc.
(Icvcmis les amis
jugomenl sur (lédaïc
lard
Il
va
l(Mnj»s
où
en Tannée :
son
à
l'ont
est
IJeiiiaid
i^rande conspiration qui
va bientôt éclater.
ne
l'on
aucun. 1;:{01,
Aj)pelé de
s'étonnerail
disaient si
même
dans
liuère
de
les
n'en
modérés de Toulouse,
Les
eux-mêmes, parlant du
loin, le
lard; sans l'atiendre^
poussait
la
1rs excite.
(^oniiiic
léiiioins,
toujours des modérés,
rencontrer
pa|)e
cl
divers
il
n'I'èieiil
plaintes,
les
de
l'artisan principal
se prépare
cl
t\r\\\ n'Inniialciirs,
\j'>.
Itcinard, s'en
{\i'
loiiles
plus
xisilcnl,
le
25
médecin viendia bien
l'aut
il
moins vivement
les
ai^ir.
Ainsi Bernard
rélbrmatem^s. Mais
ces modérés, qui demandaient certaines mesures
promptes, immikliates, étaient des depuis quelque temps, tion
parmi
les laïques
il
y avait
laïques,
et,
beaucoup d'émo-
du comté de Toulouse. Le
nouvel inquisiteur. Foulques de Saint-George, ne distinguait ni la condition, ni
personnes,
et,
1(^
sexe
ni l'Age des
sévissant })artout avec
fureur, dans les villes
et
les
la
même
bourgs, dans
riches hôtels, les châteaux et les chaumières, était
les il
partout également abhorré. C'est pourquoi les
lîERNARD DÉLICIEIX
26
modérés, redoutant
l'éclat subit
de tant de ven-
geances, sollicitaient, en vue de la paix publique,
qu'un terme fût mis à ses exploits. Les réformateurs entendaient aussi murmurer
quelques membres du clergé séculier ou régulier.
On se trompe quand on suppose que étaient,
tous les clercs
au moyen âge, des fanatiques, comme-
par exemple, l'évêque clercs, puissants,
peine dévots.
Beaucoup de ces
d'xVlbi.
riches et mondains, étaient à
Si, d'ailleurs, ils étaient
pourvus de
quelques dignités, pouvaient-ils facilement supporter ce
mépris de leurs
droits,
de leurs
titres, qu'af-
fectaient avec tant d'arrogance les moindi'es agents
d'un ordre nouveau?
lement une
Ils
telle patience.
n'avaient pas généra-
De
là
des conflits, des
querelles, des inimitiés fréquentes. Les dignitaires séculiers se disaient les
Assurément
:
choses ne vont pas mieux dans l'Église depuis
que
l'autorité des
méconnue. Avec
commencer elles
le
ici-bas
désordre
réiormateuis ils
donc entre eux
arrogé
la
:
pouvoirs anciens est partout les
nouvelles
religions
une ère de paix s'est
accru.
devait
Ils
céleste, et par
disaient aux
Pourquoi ces étrangers se sont-
police de nos
églises;
avec leurs
KT l/INOUISITION poiirsuiles voit bien, la vieille
Qu'on
oiiti'.incc
;i
l;i
le
la
loi
;
scrvciil
liberté
n'y a pas
il
T,
prts,
(mi
If
iV-coïKlrnt |)liilùl
ils
l'Iiéiésie.
remarque, dans tous
au\ réformateurs de
la
ISK.
l,l!l(iF':o
na
ils
de
caiisc
semence de
A
discours tenus
les
un mot en faveur
de conscience. Ce droit de croire ou
de ne pas croire, de raisonner ou librement sur toute question
déraisonner
de;
métaphysique, ce
droit abdiqué par quelques lidcles dès les premiers
temps de
l'Eglise, aboli
dans
la suite
par
de Constantin, personne ne l'invoque,
le
les décrets
sentiment
s'en est perdu, et plusieurs siècles s'écouleront en-
core avant qu'il se retrouve au fond des àiues. Tous les griefs sont
des condamnations
ini((U('s,
de scan-
daleuses spoliations. Bien peu de gens osent
même
prétendre que l'inquisition n'est pas nécessaire; on accuse simplement
la
conduite des inquisiteurs.
Toutefois cette accusation étant presque générale
très-passionnée, c'en est assez pour que les
et
réformateurs veuillent intervenir.
en
elïet, et i-echei"client les
si
juste courroux. Mais
le
mandat de réformer
lière, l'Église n'est
ils
Ils
le
veulent,
moyens de calmer nn
ne sont pas venus avec
l'Eglise.
Uégulièreou sécu-
pas de leur ressort, puisqu'ils
BERNARD DÉLICIEUX
28
un
sont commissaires du roi. Bernard conseille
Rome.
appel à
venir d'eux
il
;
Mais cet appel ne peut pas
Soit!
n'appartient qu'au roi de se porter
Rome
devant la cour de Il
sition soit
mal vue du
son confesseur,
d'agir,
ils ils
roi Philippe.
n'est-il
mateurs sont venus, choses,
ils
il
l'inqui-
Frère Nicolas,
pas dominicain? Les réforont vu
le
pitoyable état des
en feront un exposé fidèle
prendront
Chargés,
que
n'est pas sûr, d'ailleurs,
religieux.
ordre
accusateur d'un
les
mais, avant
;
ordres du roi.
y a quelque temps, d'instruire
le
pro-
cès de Bernard Saisset, évêque de Pamiers, accusé
de trahison
(1),
Jean de Picquigny et Richard Le-
neveii l'ont assigné devant la cour
d'octobre. justifier
quête.
Ils
le
mois
doivent eux-mêmes aller à cette date
devant
le roi les
Quand donc on
un coup d'autorité annoncent
pour
les
qu'ils vont
passe, ajoutant,
conclusions de leur en-
les sollicite
de prévenir par
tumultes qu'on redoute,
informer
pour modérer
le roi
ils
de ce qui se
les plus vives ar-
deurs, qu'ils reviendront bientôt avec les instructions qui leur
manquent.
(1) Voy. l(!s principaux détails du procès de Bernard Saisset dans VHisloire littéraire de la France, t. XXVI, p. 540.
CHAPITRE
III.
lîEUNAUU DIXICIEUX A LA COl'K DU
La nouYollc de leur prochain répandue, et d'Albi
voyage
les
IlOI.
départ
s'étanl
premiers liabilanLs de Garcassonne
désignent pour les accompagner dans ce considérables ou les
les plus
}»lns lialiiics
de leurs concitoyens. Bernard Délicieux conduira l'ambassade. La
ville d'Albi
sera représentée par
Guillaume Fransa, un de ses consuls
;
par Pierre
de Castanet, de lamille consulaire, un des parents
de l'évêque
et
son adversaire résolu; par maître
Arnauld Garcia tres, (1)
docteur es En
latin
il
et
maître Pierre Pros
lois.
est
(1),
de Cas-
Ces deux derniers sont des
ordinairement
appelé
notaires de l'inquisition ont latinisé tous les
Petrus Probi'. Les noms, et nous ne
pouvons garantir l'exartitude de nos traductions.
REIINAIU)
30
DKMCIEUX
jurisconsultes très-dévoués à la cause albigeoise
Un
avec l'inquisition.
et tout à fait brouillés
des
proches parents de Pierre Pros, Jean Bauderie, est
au nondore des emmurés (1);
une des plus riches
la
d'Albi, habite depuis l'année
1252 l'ancien palais des vicomtes,
menace déjà dont
le frère
elle doit
famille Garcia,
et l'inquisition
Raymond
d'Arnauld,
Garcia,
confisquer plus tard tous les biens.
Enfin, Carcassonne a choisi pour son ambassadeur principal Élie Patrice ou Pacci,
homme
fier, actif,
audacieux, jouissant du plus grand crédit dans
bourg
et
dans
la ville,
le
qu'un chroniqueur domini-
cain appelle, avec plus d'indignation que d'cm])hase, le « petit roi »
quand du la
les
de Carcassonne
réformateurs seront admis à l'audience
roi et lui raconteront tout ce
conduite des inquisiteurs,
des témoins.
A
dire, s'enjoint
ils
(1)
un autre qui
l'est
il
faut tout
beaucoup moins.
avait
un
grief par-
Foulques de Saint-George;
elle
Pièces justificatives, n" H.
(2) «
dans
contre
qu'on blâme dans
pourront produire
ce grave cortège, car
Une femme nommée Navenias ticiilier
(2). Ainsi,
le
Qui rogulus Carcassononsis
vidolialiir.
Hecueil des liistorieus
France,
le la
t.
»
{Rem.
XXI,
p.
Guid07iis,
743.)
KT
i;i\(JI'ISITIO.\ Al.liKlEOISE.
l'arcusait de lui
(i'All)i
dt'penses,
roiulm'
l'avoir
(lounciil
uu
livres
ili\
clicval
nièro.
Los consuls
pour
loiirriois
pour luonlutv,
31
ses
rtuivoifiil.
t'I
à Paris, avec leurs aulros dépub'-s, déposer devant
sur
le roi
avec
laiil
j)ecl
dans
luœurs de
les
de rigiKMU' ce les
de raulorili- royale ils
pcnl
y avoir de sus-
légion des accusateurs,
la
ne tiennent pas,
ieui'
estvrai,
sont la vaillante ndlice des papes.
nes des deux pouvoirs qui régissent le
il
juridiction sui' les con-
ne peuvent toutefois se dissimuler que
dans
recherche
ipii
de leur côté, se rassemblent et pré-
])arenl leur délense. Ils
sciences;
liouuuc
doctrines de son prochain.
Tandis que se forme les accusés,
ci'l
(|u'il
le
les
Ils
domai-
monde
sont
présent assez mal déterminés, et que l'ex-
presse approbation du pape ne saurait les protéger efficacement contre
la
malveillance du
roi.
enverront donc à Paris, eux aussi, des députés,
Ils
et
à
leur tète le plus vivement accusé des inquisiteurs.
Foulques de Saint-George. Leur cause sera leurs, l(^s
ils
l'espèrent,
nombreux anus
que
]iar
côl('',
se
Tf-vèque
rend à
la
d'ail-
énergiquement défendue par
qu'ils ont di'
auprès du
Toulouse,
cour, où
il
qui,
est aj)pclé
roi, ainsi
de
son
connue uu
BERNARD DELICIEUX
32
des témoins les plus importants de
la
trahison de
Pamiers.
La cour
à Senlis, où Bernai'd Saisset
était
bientôt se rendre et comparaître
comme
d(3vail
accusé.
La députatiou albigeoise s'arrête néanmoins à Paris, et
Bernard va prendre domicile dans
vent de son ordi'e, sous les
de
la
Gomme
rue du Paon.
murs de il
le
cou-
la ville,
près
dirige tous les
vements de l'ambassade, sa chambre visitée.
Ce
n'est pas,
en
effet,
mou-
est
souvent
une de ces
cellules
bénédictines où ne pénètrent jamais les gens du
dehors.
On ne
professe pas dans les ordres nou-
veaux l'horreur du
désœuvrement de la
siècle
chambre de Bei-nard
mais
il
;
on n'y encourage pas
la vie solitaire.
est
le
Non-seulement
ouverte à tout venant,
en sort fréquemment lui-même pour
aller
à Senlis voir le roi, la reine, les réformateurs du
Languedoc, peut
les
le servir.
seigneurs de la cour, quiconque
Au
retour,
il
rédige les mémoires
qui seront présentés par ses compagnons de voynge.
Son
zèle
ne connaît pas
le
repos.
Nous avons un compte rendu, de son premier colloque avec
fait
par lui-même,
le roi
dans
le
châ-
teau de Senlis, en présence du vidame d'Amiens,
i
ISITIUN AI.IMCKOISK.
l,IN(ll
Kl'
du eomlt'dt'
Saiiit-lVil
gueurs. Informé
di'-jà
de
et
autics
(jiiclqiics
vidamojn
pni'lo
:!.",
roi
^i:\-
demande
à Bernard des détails nouveaux, i'.rrnaid raconti^('s
riiistoii-e
se proposant
j)récédentes années,
que rodieusc oppression contre
de démontrer
peu près éga-
laquelle rAlhigcois se révolte est à
lement
impulal)l(' à tous les ministres
silion.
Ils
sont,
l'st
il
vrai, suivant la diversité
leurs caractères, plus ou
ou moins rapaces; mais
même
le
à
uns
et
de
plus
ni les autres ne
doivent tous prati-
ils
système, qui consiste à dominer par
donc aux uns
la terreur. Il faut
nombre
moins cruels
ni les
peuvent être humains, car
quer
de rin(pu-
peu près
éi^al
et
aux autres un
de vieliines.
On
dit (pi'il
est resté dans le Toulousain quelques gens atta-
chés aux anciennes erreurs, qui les propagent en secret
et
fomentent ainsi
le
trouble dans TEglise,
dans l'État; ce que ni l'Eglise ni supporter. Le
teurs prétendent,
nommés,
ne peuvent
il
est vrai,
que deux individus,
l'un Guillaume Pages, l'aulre
Coste, sont
semer
l'État
semble douteux. Les inquisi-
fait
un jour venus dans
l'ivraie
persécutions.
de l'hérésie. Voilà Ils
Bernard
l'Albigeois le
pour
prétexte
ont prèehé, dil-nn; donc
ils
y
îles
ont
BERNARD DÉLICIEUX
34
eu des auditeurs, des prosélytes. Mais quels sont ce Guillaume, ce Bernard? Connaît-on leur pays,
leur langue?
Que
Où
les a-t-on
On ne
disaient-ils ?
vus? En quel temps?
les a pas arrêtés et l'on
ignore ce qu'ils sont devenus.
prouver,
comme
il
Il
d'abord
i'audiait
semble, que ce Bernard
et ce
Guillaume ne sont pas des personnages imaginaires.
On assure que
témoins.
les faits sont attestés
renoncer à
les contrôler.
professeurs d'hérésie,
démasquer,
celle
qu'on
et leurs dépositions,
sont tellement vagues, qu'il a lallu
a produites,
le
liuit
Mais ces huit témoins sont demeurés
également mystérieux,
nard
par
les
il
laul
encore des
existe
S'il
les rccjiercher,
convaincre d'erreur.
reconnaît, qu'une religion légale
du pape
et
du
loi. Soit!
que
les
n'y a, Ber-
Il
l'on
:
c'est
poursuive
les hérétiques et que l'on triomphe de l'hérésie
Mais, puisque les
moyens
!
jusqu'alors employés
n'ont pas réussi, qu'on y renonce,
et,
]»uisque les
religieux de Saint-Dominique n'ont qu'une
mé-
thode, la violence, que d'aulres religieux soieni
mis à leur place
et priés d'agir
autrement.
Rome
elle-même, à qui sont déjà parvenues tant de plaintes, se laissera
facilement persuader que ce change-
ET F.INOnSITlON
\
I.Bir.EOISE.
X,
monleslnt'Cossairo.Si pourtant
le
cnnsont pas,
consulter, [irendiv
le roi priit,
une luosure qui
(
sans
li?
i)a|ioBonirafe n'y
alniora l'agitation des esprits;
il
peut suspendre pour quelque temps, en invoquant à propos la raison d'Etal, rexerrire des pouvoirs
attribués par privilège aux religieux
de Sainl-
Douiinique. Durant cette suspension, l'inquisition elle-inèine, alîranchie des craintes qui l'obscdenl,
s'adoucira.
Philippe
une
Bel prêtait au discours de Bernard
oreille attentive, l'approuvant, et
jrardant la
le
ce prudent
silence
qu'impose toujours
commandement, quand
responsabilité du
jiorle di' la salle
néanmoins
d'audience, qui
était
à
ouverte, pa-
rurent, conduits par frère Nicolas, confesseur roi, les inquisiteurs
la
du
de Toulouse, de Carcassonne,
de Pamiers, que suivaient plusieurs dignitaires de leur ordre. Philippe, élevant la main, leur enjoignit par
un geste de
aux gens de
sa suite
se retirer :
«
puis, s'adressant
;
Je comprends,
honnête lecteur m'a
toute
dit-il,
que
;)
cet
»
comme je comprends que ces jacobins, qui cha-
»
que jour assiègent
»
songes sur mensonges pour dissimuler leurs
ma
dit
porte,
me
la
vérité,
content rnen-
BERNARD DÉLICIEUX
36 »
trahisons.
qu'il parlait
»
Le
roi
ne savait pas encore, lors-
de trahisons, qu'on avait sur ce point
d'autres révélations à lui faire.
«
Sire, dit alors
bon de vous
»
maître Arnauld Garcia,
»
apprendre comment l'évêque d'Albi choisit ses
il
est
»
victimes. La religion n'est pour lui qu'un pré-
»
texte
»
ques, ce sont les fidèles sujets du roi.
;
ceux
qu'il fait
n'était pas vrai, cela
semblable.
Il
emmurer comme
hérétiSi cela
»
ne pouvait paraître invrai-
n'y avait
aucune raison pour que
l'évêque d'Albi fût plus français que l'évêque de
Pamiers.
La porte du
roi
fut
donc interdite, pendant
quelques jours, aux inquisiteurs
et à leur cortège.
Cependant ces jacobins avaient de trop puissants amis pour être longtemps exclus du
un simple
palais,
quand
appuyé de quelques consuls, y pouvait, disaient-ils, pénétrer librement pour les lecteur,
diffamer. Appelés enfin, admis à se faire entendre, ils
affectent de
mépriser
la
cohue de leurs accu-
sateurs et ne s'emploient qu'à compromettre, le
peuvent, dans l'esprit du roi
rable d'entre eux,
le
le
s'ils
plus considé-
vidame d'Amiens.
Il
leur fut
alors proposé par le roi de paraître devant le cou-
J
ET l/INOUISITION AIJMf.EOISE. seil, le vid.'une étant assigiir.
débat ou plutôt tent,
saint-office,
confesseur du roi.
et le
sent avant de s'excuser; mais
preuves, et
le
la
connétable de France.
pour
la
accusent sans
rarchevêque de Nar-
cette cause est entendue, et trop
produits à
accu-
cause à deux de ses amis,
laïque,
l'autre
et le
Ils
longtemps écoutés, remet
roi, les ayant assez
bonne
ils
Foulques
du dossier formé par Bernard.
l'examen impartial de l'un clerc,
le.
vidame leur répond en produisant
toutes les pièces
Le
jour ((nivciiii,
conibat s'ongaye. Se présen-
le
comme champions du
de Saint-George
An
37
En deux
de
faits
jours
ont été
charge de l'inquisition albigeoise
qu'il soit possible de la justifier.
C'était
au
de
conclure.
Contre l'évêque
ou complice de
tant de violences,
roi
d'Albi, coupable
Philippe le Bel prend une mesure comminatoire.
Pour mal
l'avertir qu'il a
faire, le roi le
mende.
C'est
mal
fait et
condamne
une part de
l'engager à ne plus à
2000
livres d'a-
ses exactions qu'il ver-
sera dans le trésor du roi. Mais contre l'ancien
assesseur de Nicolas d'Abbeville, le terrible Foul-
ques de Saint-George, façon plus efficace
:
il
le
roi voudrait agir d'une
voudrait, suivant les conseils
BERNARD DELICIEUX
38
de Bei'nard, l'éloigner du
de ses méfaits.
tli(''âlrc
Toutefois, dans l'état de ses rapports avec le pape,
l'impétueux Boniface, peut-il
demander un
service? ou bien })eul-il prononcer
tel
lui-môme
suspension d'un inquisiteur, s'attribuant ainsi
la
l'autorité
du juge suprême de
Code tbéodosien le
lui
et contre les
T'Eglise, contre
le
canons? Philippe
Bel était assurément capable de beaucoup oser
au détriment de qu'un
pas plus dévot
l'Église, n'étant
qu'un
légiste. Mais, autant
prudent. Plus d'une
fois,
même
légiste,
il
était
après avoir été
personnellement offensé par des religieux, par des évoques, l'injure.
il
feignit par
Quel que
soit
contre les Prêcheurs,
couvent principal,
il
le
prudence de pardonner donc son présent dépit
invite les supérieurs
de leur
couvent de Paris, à révo-
quer eux-mêmes Foulques de Saint-George, dont les
abominables pratiques ont à
l'État, l'Église et
son ordre,
et
la fois
en
compromis
même
temps
il
écrit à l'évêque de Toulouse, lui faisant connaître
entre quelles limites doivent être, suivant
tenus
le zèle et le
lui,
cou-
pouvoir, jusque-là discrétion-
naire, des inquisiteurs.
Nous avons
cette lettre à l'évêque
de Toulouse,
ET [/INQUISITION ALHICEOISF. datée de Fontainebloaii, S
dans
roi s'exprime d'abord
durs sur
le
I.KII
(l('C('iiil)ir li.'s
0!)
plus
les
Iciiiies
Le
(I).
compte de Foulques de Saint-George
:
u
Oiiaud son devoir était d'extirper les erreurs et
»
les vires,
»
sous
»
des choses complètement
y>
renée de
-»
fait
»
avait à défendre la foi catholique,
»
des forfaits horribles, exécrables.
1('
il
ne
employé
s'est
couverl d'une
la piété,
(pi'à les eutreteiiii';
i(''[)r('ssioii
licite,
il
a
sous l'appa-
illicites;
des choses impies et tout à
inhumaines; enfin, sous ce prétexte
mesures
roi prescrit les
osi'-
il
»
a
qu'il
commis
Ensuite
seront prises par
(pii
vèque de Toulouse pour calmer
le pays.
le l'é-
Aucune
arrestation ordonnée par l'inquisiteur ne sera faite
désormais par
les
sénéchaux sans
de l'évêque diocésain,
et,
le
consentement
lorsque l'évèque et
l'in-
quisiteur seront divisés d'opinion sur l'opportunité d'une poursuite, l'examen de l'atlaire seni
soumis à une commission de quatre personnes, prieur et le
le lecteur
gardien
Ainsi
le
et le lecteur
du couvent des Mineurs.
roi, sans restreindre
(1) Vaissctc, /7iA<.
le
du couvent des Prêcheurs,
du Languedoc,
t.
par une définition
iV, pr., col. 118.
liKIl.NAUl)
40
nouvelle cice.
les
DÉLICIEUX
dmils de l'inquisition, en gène
l'exer-
Ce qui déplaît tant aux religieux de tous
les
ordres, voilà nos fiers dominicains obligés de subir le
contrôle de l'ordinaire,
encore davantage
ce qui doit humilier
et,
de Toulouse et
les inquisiteurs
de Carcassonne, deux
l'rères
Minevu's peuvent être
appelés dans certains cas au partage de leur autoEnfin, de ces deux Mineurs, l'un sera peut-
rité.
être
leur
ardent
plus
ennemi, frère Bernard
Délicieux, présentement,
il
lecteur
est vrai,
de
Narbonne, mais n'ayant quitté Carcassonne qu'avec l'intention d'y revenir.
Le lendemain du jour où
roi
le
faisait
cette lettre à l'évcque de Toulouse,
une autre de ce
il
prélat, qui contenait
tout à fait inattendue. Celui-ci lui
porter
en recevait
une nouvelle
mandait que
frères Prêcheurs de Paris s'étaient réunis
les
au cou-
vent de Saint-Jacques en assemblée capitulaire, et
qu'après avoir délibéré sur
Foulques de
le
de
Saint-George,
ils
la
révocation de
avaient
résolu
maintenir quelque temps encore dans son
emploi. Et l'évêque ajoutait qu'il conseillait au roi de s'en tenir
La réponse de
là.
Pliilipj)c
le
Bel ne
se
lit
j)as
ET i;iNQUISlTION altciidre (I).
rd'iisc'',
il
un
avait dciiiandr' siniplrniciit
Il
aveu; ce drsavou
une
A I.nir.EOISE.
(lis-
loid iiu ordic, approuvait
série d'actes jugV'S, après euquète, odieux et
un
véritable
auquel s'associait par surcroît
ri'vécjuc
criminels par aflront,
lui-même.
le roi
chargé de négocier répondit
l'atïaire. «
(Triait
Que
votre sagesse,
apprécier
veuille bien
)>
lui
»
vous avez scrupuleusement rempli votre
»
envers nous...
»
conspecte aurait dû s'abstenir de nous donner
roi,
le
En
tout cas, votre prudence cir-
»
en cette occasion un conseil qui ne
»
demandé.
»
si
dcvoii-
Quelques jours après,
pas
lui était
le
16 décem-
bre, étant alors à Montargis, Philippe écrit à Guil-
laume Peirc de Godin, de l'ordre des Prêcheurs, son chapelain
(2)
:
«
Pour ce qui regarde
la déli-
»
bération qui a eu lieu dernièrement dans
»
couvent des Prêcheurs de Paris touchant l'afïîiire
(1)
Cette lettre a été publiée par Vaissètc, Ilist.du Latuj.,
t.
le
IV,
pr., col. 119. (2) Elle est adressée à Guillaume P., chapelain du roi, que, par une fausse interprétation de la lettre P., Vaissètc appelle Guillaume de Paris. Son nom latin est Guillehnus Pétri, ou Guillelmus Pétri de Godino. 11 était alors chapelain du roi, et, en outre, le
plus ordinaire, fois ainsi
le
plus familier de
ses courriers.
désigné dans les lettres du
Guillelmus
Pétri,
ordinis
(Baluze, Vilœ pap. Avenion.,
roi
Prœdicatorum t.
II,
II
est plusieur.s
publiées par Baluze
passim.)
,
capellanus
:
noster.
BERNARD DELICIEUX
42
personne de Irèrc Foul-
»
de l'inquisition et
»
qiies,
»
connue, nous estimons que
»
résolution se sont plutôt proposé pour but notre
»
déshonneur
la
résolution qui
la
suivie
l'a
nous étant
les auteurs
et la flétrissure
de cette
de tout un peuple
le profit de l'Église et la punition des excès
»
que
»
commis. Nous sommes en
»
avoir traité cette affaire, le prieur dudit cou-
»
vent et les religieux présents ont arrêté que
»
ledit frère
»
que frère du
effet
informé qu'après
Foulques, à qui l'on adjoindra qucl-
même
ordre, conservera son titre
du
»
d'inquisiteur au moins jusque vers le milieu
»
prochain carême, pour qu'il continue durant ce procès commencés et les termine par
))
temps
))
des arrêts, glorifiant ainsi de toutes leurs forces
»
ledit frère et
»
même
))
rien d'obvier aux graves périls, au scandale
»
public,
»
toute cette conduite. Aurait-on osé croire, frère
»
Guillaume, qu'un luiuistre provincial de notre
»
royaume
»
auraient eu de notre temps,
»
d'avoir lieu, la hardiesse de soutenir contre
les
son ordre, nous faisant à nous-
injure sur injure et ne s'inquiélant en
qui
doivent être
la
conséquence de
et les autres religieux
de son ordre
comme
cela vient
'
'
nous,
i.iN(U isiTioN
r
i:
|»ers(nnii' si
dim
ropiiiidii
(•(iiilic
AMiic.EOisK. |i('ii|)lc
accusée de
(l(''leslal)le,
nilirr, niic (l'iiira-
Uiiil
de eiinies? C'est en diic assez. Kn
»
mies,
^'
peu de mots, mais avec beaneonp
(le laiil
i:;
(ralVeclion.
vous prie de vouloir bien encore engager
'
je
"
|)i'o\ iiicial
»
lut
ion qu'ils ont prise, et à rcnK'dicr par
»
le
mieux
»
choses
et ses
Le
roi ne pouvait
quel point
à
on
la
le
i'(''so-
là,
au iirésent état des
qu'ils pourront,
(1)... »
vivement
confrères à uKidilicr
exprimer plus mais,
blessé;
l'avait
après quelques jours de réflexion,
avait
il
cru
devoir encore, par égard pour un ordre })uissant, |)roposer
un moyen de conciliation
et })iomeltre
Toubli de l'injure.
Cependant
démarche
cette
sera
vaine.
Tordre de Saint-Dominique s'émeut
Céder à
la
requête du roi
et
déposer
menl l'inquisiteur de Toulouse,
et se
comme malgré
les ])rières
c'est se
du
roi.
de Saint-George fut maintenu. Philippe alors
un
(l) Hist.
accès de colère.
du Long.,
t.
11
éciivit
IV, pr., col. 120.
ligue.
inmn''(Jiate-
condam-
ner soi-même. On ne cédera pas. Malgré dres
Tout
les or-
Foulques le
Bel eut
aux sénédtaux
BERNARD DÉLICIEUX
41
de Toulouse, de Carcassonne
d'Agen, leur en-
et
joignant de mettre la main du roi sur les prisonniers de l'inquisition, d'interdire à Foulques toute
gages
grand et les
poursuite
Ce
(;l).
effet
:
nouvelle et de
fut
supprimer ses
une grande mesure
l'inquisition, intimidée, cessa d'agir,
populations l'cspirèrent.
Foulques de Saint-George conserva son
môme
d'un
et
après
le
carême,
même
cales de l'année suivante.
Il
titre,
après les fêtes pas-
ne
fut
remplacé que
29 juin 1302. Philippe étant alors très-cour-
le
roucé non-seulement contre
le
pape, mais encore
contre tous les clercs et tous les religieux suspects d'approuver en secret cet arrogant contemp-
teur de l'autorité royale,
il
était
devenu vraiment
périlleux pour les Prêcheurs de résister plus long-
temps. La révocation de Foulques de Saint-George fut
prononcée par un chapitre général siégeant
à Paris, et Guillaume de Modères, prieur
du cou-
vent d'Albi, lui fut donné pour successeur. Dans les
premiers jours de
sénéchaux de Toulouse
(1) Hist.
du Languedoc,
t.
juillet, et
IV,
le
roi écrivit
aux
de Cairassonne une noii-
ji.
106.
KT i;iNOl ISITION li'tlrc
vi'lli'
i)Oiir
naîtiv (îuillaunic
ilu
45
donner rdidic de rccon-
de Morièros
cl
des prisons ainsi
radiiiiiiistralion
sance
leur
\LI;|(;E()ISK.
de
lui
([ne
rendre jouis-
la
Irailemenl supprimé (I).
Les dcpulés albigeois étaicnl encore à Paris.
Ayant
maître Arnauld Garcia, Pierre de Caslanel
(leoiiic, et
destitution de Foulques de Saint-
ajii^iis la
Élie Patrice se rendent enseni])lc au couvent des
Mineurs pour y voir Bernard. pas, car
ne
tri(>m|ilir'
connaît Guillaume de Morières
il
délie de lui. lait.
Ilernaiil
11
regrette
que
le roi n'ait
homme, que
se sont
mandat, bonne.
homme
cet
voir de nuire, d'Albi
dénoncer
et
les est
méfaits
comme
d'un
seul
désormais sans pou-
que par conséquent
les déjtulés
heureusement acquittés de leur
s'éloigne de Paris et retourne à Nar-
il
Si ses déiiances sont injustes,
dra bientôt.
(1) //(.^^ (lu
se
pas assez
Reconnaissant toutefois qu'il est venu
député (TAlbi
et.
Languedoc,
t.
IV, pr., en).
1-21.
on l'appren-
CHAPITRE L'iNQUISITEUn GEOFFROI d'ABLIS.
ÏV.
— AHriESTATIONS NOUVELLES.
PRÉDICATIONS DE BERNARD.
L'inquisition voulut pcndani quelque temps se
montrer modérée. Après
les
échecs qu'elle avait
éprouvés dans
les conseils
du
roi, elle devait
coup redouter
la surveillance
beau-
du vidame, qui
venu reprendre à Toulouse ses fonctions de
mateur. C'était presque une nécessité pour d'affecter
visage
un humble maintien
même
peut-il se tenir Il
pour
du mal
il
lui rendit
Un peuple longtemps opprimé satisfait
se souvient,
justes rancunes;
elle
de faire bon
aux hérétiques. Mais on ne
pas ses politesses.
se relâche?
et
était
réfor-
déteste à
qu'il a subi, qu'il a
dès que l'oppression
lia des rancunes, de
bon droit
les
auteurs
vu cesser, mais qu'il
M
i;i.\OlIlSITIO\ ALHIGEOISE. n'a pas
vu n'parei'. D'ailleurs
se sont
arrèl{''es.
les itoiirsiiilcs seules
L'iiKinisilioii
n'a
làclié
aucune
proie; tous les nialheuroux (pTeile a eonflamnés, (pi'elle a
séparés du inonde,
|)0ur leur vie,
soi!
Le
cliols.
roi n'a i)n
reur de poursuivre; (les
o-ens
pabli's.
Il
que mettre un il
n'a
el
dit
|)as
elles ont été
que toute justice émane du
encore,
la liberté
ju<iés rou-
prononcées
relève pas de lui. Ce prin-
au delà des causes
d'Albi a
ses ca-
savoir qu'il y a eu des con-
un magistrat qui ne
cipe,
leMi])s,
frein à la fu-
pu rendre à
qu'un tribunal souverain a sail
un
]>our
demeurés dans
soni
damnations iniques; mais |>ar
soil
civiles.
ne s'étend
roi,
Ainsi le peu})Ie
beaucoup trop de raisons pour ^n\\\v pour détester encore
ministres anciens ou nouveaux,
l'inquisition,
leurs
tous
ses fau-
teurs et tous leurs complices.
A leur retour, d'Albi,
les
deux avocats de
la
connnune
maîtres Arnauld Garcia et Pierre Pros,
recurent de tous côtés des témoignages de reconnaissance; mais on s't'doigna de plus en plus des inquisiteurs et de tous les religieux de leur robe
on ne leur donna plus d'aumônes, on assister
au service divin dans leur
:
n'alla plus
église,
on ne
BERNARD DÉLIGIEllX
/p8
voiihil plus
de leur ministère pour
les funérailles.
Voici d'autres outrages. Le premier dimanche de
de l'année i302, des religieux domini-
l'Avent cains,
étant allés prêcher aux églises de Saint-
de Sainte-Martianne, furent accueillis au
Salvi et
retour par des huées et des cris de mort. Vers
même la
temps,
le
eux-mêmes
les consuls leur firent
plus cruelle avanie. Sur une des portes de
la
qui était proche de leur couvent, les Prè-
ville,
cheui'S avaient placé l'image de leur patron, saint
Dominique. Les consuls y su])stituer les portraits
la firent enlever,
pour
du vidame d'Amiens, de
l'archidiacre d'Auge, d'Arnauld Garcia et de Pierre
Pros. les libérateurs de la ville (1). L'inquisition fut alors
persuadée que sa modération encoura-
geait ses ennemis, et de nouvelles rigueurs furent
jugées nécessaires. Nicolas d'Âbbeville n'était plus à Carcassonne.
en avait
Il
l(M
été, dit-on, chassé.
Nous croyons plu-
que, las de sévir sans profit
et
vengeances qu'il avait provoquées, remplacer. Son successeur (1) t.
Bernard Gui, dans
XXI,
p.
747, 748.
le
craignant les il
s'était fait
était Geoffroi d'Ablis,
Hecueil des
Iiistor.
de la France,
KT i;iNniiisrrioN amikieoisf-:. |»iot'ès
couvcnl de Cliarircs
(lu
que Nicolas, GeolïVoi
peut-èlrc
(1).
i9
Moins ardent,
s'éUiil,
néanmoins
annonrô coninio un lionnne jaloux do remplir son mandat.
11
avait éciil en arrivant
deux
lettres vé-
liémenles, l'une àl'offîeial de Carcassonne, l'autre et
recteurs de Carcassonne, de
et d'Albi,
pour leur enjoindre de sui-
aux archiprètres
Toulouse veiller
sans relâche
de
tous les lauteui's
résie (2), et, afin de leur
donner l'exemple,
rii<'-
avait
il
opéré lui-même un certain nombre d'arrestations dans
diocèse
le
d'Albi,
en respectant l'ordou-
nancc, bien entendu, c'est-à-dire avec l'assenti-
ment
et le
concours de l'évèque. Mais, i)our par
été laites selon les Ibi'mes indiciuées
ces arrestations n'avaient pas été et
femmes,
les
le
roi,
mieux agréées,
chaque jour arrivaient à Carcassonne
les
avoii-
les
mères,
des suspects emmurés, qui
fils
venaient gémir ou menacer au seuil du tribunal sinistre.
Cependant,
incarcérer, elle brûler.
si
l'inquisition peut toujours
ne peut plus
Vainement en
effet elle
pendre ou
faire
prononce des ren-
vois au juge séculier; le juge supérieur à tous les
(1)
Quétif et Écliard, Scriplor. ord. Prœdic.,
(2) Collection
Doat,
t.
XXXll,
fol.
1
t.
1,
p. 53:2.
13.
4
S
BERNARD DÉLICIEUX
50
juges séculiers, c'est
le
vidame, qui ne brùie
et
ne
pend personne. Bernard avoir
est
toujours à Narbonne;
constamment occupé sa
cliaire,
il
au couvent
de Narbonne, du mois de juillet 130:2 à d'avril
parait
1303. Mais à cette dernière date
il
la
lin
arrive
auprès du vidame
et
à Toulouse, envoyé,
dit-il,
chargé de
en laveur d'un ancien tréso-
lui parler
rier de l'église d'Agen, alors prisonnier d'État.
vidame, en revoyant Bernard,
lui dit
que
Le
la persé-
cution sévit de nouveau, que le trouble est partout, et qu'il faut
retourner vers
connaître le vain résultat
Bernard, qui
sait
le roi
des
pour
lui faire
mesures
prises.
quelle force a sur l'esprit du roi
l'argument de l'émotion publique, conseille au
vidame d'ajourner son voyage
et d'attendre
événement favorable. Pour ce qui croit devoir rester dans le pays, et,
d'apprendre que vers la fin de
les
le
quelque
regarde,
comme
il
il
vient
mécontents doivent se réunir
mai dans
la ville
de Carcassonne,
il
va présentement de ce côté. Quelque temps après, le
vidame vient
lait,
le
rejoindre, pour voir ce qu'on
entendre ce qu'on
dit, et
besoin, selon les intentions
du
pour intervenir au roi,
près de l'inqui-
i;inouisition Ai.nir.KoisE.
i:t siliMif,
|)i'("'s
vainement. |)ar
(le ri''vr(|iic.
Si
Il
iiilrrviciil cii olVcl,
Gcolfroy d'Ablis ne se laissa
aucune prière, Bernard ne
doute de
lui
trouver celle
.s'alllit^ea
humeur
Le vidame pensait-il de
même?
mais
fl/'cliii'
pas sans
intraitable, qui
provo(juait de nouvelles et plus vives
t[u'il
si
Il
inimitiés.
moins
parlait
n'observait.
De Carcassonnc, Bernard
et
le
vidame vont à
Cordes, où venaient d'être exécutés d'autres enlè-
vements de suspects. De Cordes
le
vidame, pressé
d'avertir le roi, se rend à Paris. Le
vidame
parti,
lîernard harangue la foule assemblée dans Li mai-
son
commune de
Cordes.
Il
parle du roi,
il
parle
surtout du vidame, disant qu'une cause plaidée
par un j)as
tel
avocat doit être gagnée. Mais
donc opportun d'entretenir de l'augmenter, il
il
aussi convaincu qu'il veut le paraître.
s'il
l'agitation
est possible.
n'en est Il
juge
du pays
et
Dans ce dessein,
va prêcher à Alet, à Cannes, à Grasse, à Gaillac,
à Rabastens. Ces villes étaient assez tranquilles; ailleurs très-occupée, l'inquisition les négligeait.
Après toutes '
Bourgeois
les
et
messes, Berna'd monte en chaire.
manants, présentement vous vivez
en paix. On vous en
félicite.
Mais écoutez celui qui
BERNARD DÉLICIEUX
55
d'xMbi. Lù-bas sévit la vient de Carcassonnc et entrailles de la persécution la plus acharnée. Des s'élève pour vous raconterre la voix de vos frères qu'on leur fait endurer. Yenez-leur
ter les tortures
comme
en aide,
comme
l'intérêt
vous
la charité
vous
le conseille.
bigeois cruellement opprimé. est accueilli
même sermon
les familles
Pour secourir
le
»
commande,
Délivrons
l'Al-
Presque partout le
de la
même
manière.
des emmurés, les gens
parisis d'or; de Rabastens donnent quatre-vingts une ligue dont ceux de Gaillac aulant. Il se forme
Bernard
chef reconnu.
est le
Au mois
levidame reparaît à CarcasPersonne plaidé la cause des proscrits?
de
sonne. A-t-il
juillet,
n'en doute; mais pas.
l'a-t-il
Bernard a promis
gagnée? le
Il
ne s'en vante
succès et le promet
écoutées. mais ses promesses ne sont plus chimériques espérances? N'ont-elles pas donné de
encore
;
Le vidame étant de retour, connue. Pour
la
la
vérité
peut être
connaître lui-même, Bernard vient
à Carcassonne. Mais
il
n'y vient pas seul;
un grand
sur ses pas, nombi-e de gens se sont précipités devant ne peut se défendre de les conduire
et
le
il
vidame.
Comme
le
i)rouvent les réponses
embar-
FT I/INOriSITION AI-HIGEOISE. son commissaire,
l'assi'cs (le
même
(l('|it'ii(iant r.e
t'Irr
lonjonrs espérer, à
ealmer
eommissain-, qui a vu la siiicrrité
iccomniande
soupçonnée,
drcidr.
le roi n'a rien
nom, donl
parle en son
(jui
53
([u'il
le roi,
peu!
ni',
vivement
si
encore une
j)nrvi('nl
de ibis
la Ibule.
Jean de Picquigny s'éloigne ensuite de Carcassonne. Mais Bernard demeure dans cette
ville,
entouré des mécontents. Les circonstances ne
lui
commandent-elles pas beaucoup de ré'^erve?
Si
pourtant sition,
il
modère
le
ton de ses paroles, Tinqui-
qui est aux écoutes, va se glorifier d'un
succès et se croire tout permis.
du
leurs commissaire sabilités
roi,
il
Il
n'est pas d'ail-
n'a pas la respon-
du vidamc. Quelles que soient donc
circonstances,
parlera
il
comme
il
a
les
toujours
parlé'. S'il
peut être dangereux d'exciter encore les
esprits,
il
peut être malhabile de les apaiser trop.
Sans
constante
la
menace d'une
sédition,
on n'ob-
tiendra rien du roi Philippe.
Le
,"3
pul)lic,
août, Bernard fait proclamer par le crieur
dans toute
prêchera
le
la
ville
de Carcassonne,
jour suivait. Voici
])i"o<lamalion
:
«
le
Au nom de Dieu et
texte
qu'il
de cette
notre Seigneur
BERNARD DÉLICIEUX
54 »
Jésus-Christ, frère Bernard Délicieux à tous les
»
habitants de Carcassonne!
»
dimanche, une ou deux personnes de chaque
»
maison
»
pour l'honneur de Dieu,
»
Carcassonne
»
d'oc, l'exaltation
»
de Dieu
rendent au cloître des frères Mineurs,
se
!
Que demain, jour de
»
et
de tout de
l'utilité
le
la foi et
de
la ville
pays de
de
la
de
langue
la sainte Église
Ainsi Bernard annonce qu'il traitera
dans son sermon des choses humaines choses divines,
et
il
convie
la
comme
des
multitude à venir
recevoir au couvent des Mineurs les instructions diverses qui lui seront données, dans l'état présent
des affaires, par
le
religieux patriote, son orateur
favori.
Les ennemis de Bernard nous ont aussi con-
De
servé quelques passages du sermon.
ces pas-
sages, quelques-uns sont d'une grande violence.
Cependant
ils
nous paraissent dans
temps. Dans tous
les
temps, d'ailleurs,
le
goût du
les
orateurs
qu'on appelle sacrés ont exprimé leur avis sur questions civiles dans
un langage qu'on peut
d'intempérance. Le style propre de
l'emphase; l'emphase est
le
Bernaid commence par
la
les
taxer
chaire est
ton des mystiques. ces mots, empruntés
KT i;iN(>riSITION AMIIC.KOISK. à
r(''vaiig"ilt' (lu
juiir
Lorsque Jcsas s'approrluiU
:
Jénisalem, contem plant
lie
sur
elle.
se
lait,
incline
(ît's
n")
celle ville,
pleura
il
mois lentement prononcés, Beniaid
promène la tète et
ses
rassemblée,
sur
regards
pleure. Ensuite
il
dit
:
Ainsi je
«
»
pleure sur vous, gens de Carcassonue, envoyé
»
vei"s
»
pour défendre votre honneur
»
foi
»
revêtus de l'habit des frères Prêcheurs.
sition
vous par Jésus depuis déjà bien des années, et justifier votre
contre les calomnies de quelques traîtres
répond àl'exorde. Ayant raconté
diverses de la persécution
avec tant de patience,
lermes
:
«
si
»
L'expo-
phases
les
longtemps endurée
Bernard continue en ces
Qu'avons-nous maintenant à faire? Ce
au temps où
»
que
»
parlaient.
»
dans une verte
»
divers ruisseaux aux ondes limpides,
»
jour venaient de
»
qui enlevaient dans
»
béliers.
»
leur nombre, les béliers se dirent entre eux
»
— Ces bourreaux
»
notre peau et
firent les Il
béliers
y avait
les
bétcs
un grand troupeau de béliers
et
riche prairie qu'arrosaient
la ville voisine la
prairie
Voyant donc chaque
et
chaque
deux bourreaux
un ou deux
jo\H'
diminuer :
nous écorchenl pour vendre
manger notre
chair, et
nous n'a-
BERNARD DELICIEUX
56 »
vons ni maître ni protecteur qui nous défende
»
mais notre front
»
Dressons-nous donc tous à
»
bourreaux, frappons-les de nos cornes,
»
les
n'est-il
pas
arm(''
contre nos
la fois
chasserons de cette prairie,
;
de cornes?
et
nous
nous aurons
et
»
sauvé notre vie ainsi que
la vie
»
—
Or qui sont, mes
»
seigneurs, ces gras béliers, sinon les habitants
»
de Garcassonne, ce pré dont
»
romaine entretient l'opulente verdeur et qu'ar-
»
rosent tant de sources de prospérité spirituelle
»
et
»
les riches citadins
C'est
ce qu'ils
firent.
la foi
des nôtres.
catholique
temporelle? Qui sont ces gras béliers, sinon
de
de Garcassonne,
la ville
écorchés par des bourreaux qui les enlèvent tour à tour, tantôt celui-ci, tantôt celui-là, pour s'approprier leurs richesses? N'est-ce pas un gras bélier que cet
homme
si
considérable,
le
père du seigneur Aimeric Gastel, que les traîtres
Prêcheurs accusent d'hérésie? Et
Guillaume Garric n
est-il
le
seigneur
pas aussi hérétique
parce qu'il est \m gras bélier? Et pareillement le
seigneur Guillaume Brunet
Raymond de (1)
Voyez
et le
seigneur
Gazilhac (1), et tant d'autres
les recettes faites
au
profit
du
roi,
durant
les
em-
années
ET i;iNQUisrrio.\ amiiceoise. voyons rnii-llnnciil
iimis
57
(l(''|i(Miill(''s
»
iiiiiit's (iiir
«
do lours
»
qui nous diMcndc conlrc nos boiiri'oanx?
liiciis
(|ii('
nous n'avons itorsonno
oc discours nous nianjjue
pt'-ronùson de
l'oratour n'a
icinc
;
»
I^ii
mais
pu ronrluro sans rappeler Tlieureuse
issue de la conjuration des liéliers; et en effet les
auditeurs de Bernard se portèrent, après son discours, aux maisons d'anciens consuls qui avaient favorisé l'inquisition
ou ses ministres,
et les dé-
truisirent.
Le souvenir de
cette
émeute dura longtemps,
entretenu par
le
spectacle des ruines.
pas,
de
santi"
il
est vi'ai,
Il
n'y eut
versé; cepcndanl plusieins
de ces anciens consuls, Bernard Isarn, Barllié-
lemy Rey, Gui en prenant
la fuite.
tante, ce
ajoutait f[ue
cassonne.
la
le
libert(''
texte
de tous
donc
C'était
altéré
dé cette pièce
les habitants
faire
et
de Car-
un acte de simple
que de ruiner leurs maisons. Dans tous
1322 et 1323, sur Cazillac.
assurait qu'ils avaient aidé
que nous appelons un papier public,
menaçait
justice
On
d'Abbeville à falsifier une pièce impor-
Nicolas
l'on
Sicredi, se montrèrent prudents
les
biens de Guill. P.rimet et
(Coliect. Doat,
t.
XXXIV.)
«le
Raymond de
1
HERNAUn DELICIEUX
r»s
les
temps
et
dans tous
permis contre
les lieux
on a
dit
:
Tout
est
les traîtres.
Trois jours après cette émeute, au logis épiscopal
du bourg, deux autres sermons sont pronon-
cés,
l'un par l'évêque, l'autre par l'inquisiteur
Geoffroi d'Ablis.
A
ces
deux sermons, comme à
celui de Bernard, le crieur public a
foule
;
mais
elle est
convoqué
la
venue moins nombreuse au
qu'au cloître des Mineurs. La
ville
de Garcassonne respecte son évêque, qu'elle
sait
logis épiscopal
doux, modéré
;
mais
elle
n'aime pas
compagnie d'un inquisiteur. leurs,
l'oreille
le voir
en
la
Elle n'a plus, d'ail-
ouverte aux discours pacifiques.
L'état présent est l'état de guerre.
I
CHAPITRE L\ FAl'SSE PIÈCE.
— NOUVEAU
V.
—
TUMULTE.
LE VIDAME
D'AMIENS EST EXCOMMUNIÉ.
Elle Patrice se
attribuée la police de
sergents
du
nno milice.
lait
la ville et
roi se présentent,
A
cette inilicc est
du bourg. Quand on
les
les
désarme. Les
insignes de la justice royale, auparavant suspen-
dus au bâtiment du marché, sont enlevés placés par les insignes de la justice
Quelquefois
même
et
rem-
communale.
la milice d'Elie Patrice va faire
des reconnaissances assez loin de Carcassonne, et
attaque ou arrête les gens d'armes qu'elle rencontre.
de
Ces rencontres sont rares,
la ville,
dans l'intérieur
on ne signale habituellement ni
ni désordres. C'est
Bernard
et,
néanmoins une
et les ])liis
ville
rixes,
insurgée.
prudents de ses amis,
lais-
BERNARD DELICIEUX
60
sanlau
l)elliqiieiix Elie
Patrice le soin de gouver-
ner sa milice, songent à profiter des circonstances
pour obtenir l'annulation de la pièce
qu'ils arguent
de faux. C'est une affaire de grande importance.
Les habitants de Garcassonne, lés
ayaiit
eu des démê-
avec Nicolas d'Abbeville, se sont ensuite accor-
dés avec
l'instrument de cet accord que
lui. C'est
l'on a clandestinement altéré
pour en
faire
un
acte
d'absolution. Ainsi, le texte modifié dit que les
habitants de Garcassonne, justement
excommuniés
par Nicolas d'Abbeville, l'ont prié de leur pardonner; ce qu'il a
fait
de bonne grâce, à
la sollicita-
tion des consuls. Or, cela change tout à fait la condition légale des habitants de Garcassonne. effet, voici la loi
:
En
Les hérétiques pénitents peu-
vent, ayant abjuré leurs erreurs, être réconciliés
avec l'Église;
quant aux hérétiques relaps,
ils
doivent être livrés, sans autre forme de procès,
au bras séculier
:
Sœcularijudiciosunt, sineulla
penitus audientia, relinquendi
(1). Si
donc
les
habitants de Garcassonne ont été déjà retranchés
de
(1)
la
communion
Raijmundi
Summa,
des fidèles,
lib.
I, lit.
[)uis
5, cnp. v.
absous
et,
ET i;iNQUlSiTION AIJUGKOISK. on
coiiiiiKi
dit,
nouvelle poni-
loiilc
rL'concili<''s,
<il
suile sera laite, la loi le veut, contre des relaps.
Ce qui
remplit d'épouvante,
les
})ouvant
roi
le
envoyer d'autres instruelions au vidauie, ou sim-
plement
le
rappeler.
Les nouveaux consuls de Carcassonne vont, eu ec péril, trouver des légistes.
une province où plupart
ils
sont de cœur,
ennemis de
les
soumise,
ils
la
abondent,
comme
est
pour
et
la
avec
})atriotes,
l'inquisition. L'alVaire leur étant
Texaminenl
que
avis est
les légistes
Le Lani^uedoe
et
pièce est
habitants de Carcassonne,
donnent un
un
Cet
avis.
de paix. Les
traité
qui s'étaient montiés
favorables aux hérétiques, ont pris l'engagement
de ne ont
les
lait
plus servir. Voilà l'objet du contrat qu'ils
avec Nicolas d'Abbeville. Mais
présente, ce contrat a été dénaturé
dont
il
mière
se
les
;
compose ne s'accordent pas,
est sincère, la
seconde
C'est là, d'ailleurs, ce
l'inquisition
tel
pre-
et, si la
est frauduleuse.
que tout
le
monde
sait, et
elle-même voudrait anéantir
dez-vous est pris pour résoudre les
le
deux parties
pièce, dont elle n'oserait plus faire usage.
jour marqué,
qu'on
nouveaux consuls
la
Un
cette
ren-
question.
Au
se rendent chez
BERNARD DÉLICIEUX
62
Geofîroi d'Ablis et reproduisent à son audience
arguments des
les
solennelle
de
:
une audience
C'est
l'inquisiteur est assisté de l'évêque,
l'official et
de Sicard de Lavaur, docteur es
juge-mage dans et
légistes.
les
lois,
sénéchaussées de Garcassonnc
de Béziers. Les consuls entendus, leurs argu-
ments sont jugés tels
valables, et Geoffroi les déclare
dans un acte du 10 août
Quoi et elle
qu'il
en
(1).
soit, l'échec est
pour
voudrait promptement
donc appris que l'évêque
le
l'inquisition,
réparer. Ayant
et Geoffroi s'efforcent
de
soulever contre lui les gens, toujours nombreux,
qui n'ont d'autre règle de conduite que
le
res-
pect des autorités établies, Bernard va chercher
du renfort au quartier général des mécontents, Albi.
Nous
l'y
trouvons
15 août, prêchant au
le
couvent de son ordre. Puis
à
il
revient à Garcassonnc,
entraînant à sa suite une foule prête à tout oser. D'autres lieux viennent on
même
sonnc des syndics députés par
temps à Garcasles consuls,
avocats chargés d'exposer les griefs des et
des
communes
de quelques particuliers, parents de suspects
(1) Collection
Ooat,
t.
XXXIV,
fol.
21.
I
KT I/lNOriSlTlON OU
(le
les
douleurs s'associcut et
Si
rnndaninés. Toutes
le
vidame, qui
pas bientôt,
est
Al.liir.KOISK.
iV.\
les iiniiiif'lMdes et toutes
s'ai|;uilloniieut.
encore absent, n'anive
nouvelle sédition éclatera. Pres-
utie
sés par Bernard de liàler leur venue,
vidame
le
et
son collègue rarchidiaere se rendent en lin à Carcassonne.
Ils
n'étaient pas entrés dans cette ville
qu'ils pouvaient juger
Kn
trouver.
effet,
en quel état
une grande
à leur i-eneontre, les arrête et leur cric »
l'allaient
ils
foule, s'étant portée :
«
Mcssires,
niessires, par la miséricorde de Dieu, faites-nous
«justice des traîtres trent
dans
En
grave.
les la
Au moment où
»
!
murs, nouveau tumulte
compagnie du vidame
pénè-
ils
et
était
plus
maître
Guirauld Gahlard, avocat et juge, ami des Prêcheurs. «
On
A mort!
que, sans
la
se précipite sur son cheval, on crie
à mort!
»
furieuse
massacré. Quand enfin les rélbrma-
leursdu Languedoeont les
si
présence du vidame, Guirauld Gahlard
éiait peut-être
on
L'agression est
:
IVanclii les
portesdela
ville,
entraine aussitôt aucouvent desMineuis. où
sont assemblés et délibèrent les principaux citoyens
de Carcassonne, avec et d'autres villes.
Ce
les
députés d'Albi, de Cordes
n'est plus la foule
ameutée
;
BERNARD DELICIEUX
64
cependant, quelle que soil
condition des per-
la
sonnes, la réunion est tumultueuse. L'avis com-
mun, que chacun exprime avec véhémence,
est
qu'il faut agir, et sans délai, qu'il faut se porter
aux cavernes de l'inquisition, en
tirer les prison-
niers et les transférer dans la citadelle. Puisqu'ils
ont été condamnés, on ne peut les rendre lihres
mais on peut leur épargner Des
de l'emmurement. il
n'y
du
a
roi; mais que,
revoir ces
du moins,
malheureux à
de leur parler,
de
de l'inquisition
arrêts
commissaires
devant les
d'appel
pas
mortel
le
les
la
;
supplice
soit
permis de
lumière
du jour,
il
entendre,
et
de
savoir
d'eux par quelle série de tortures on les a contraints à faire l'aveu
dus crimes.
mensonger de leurs préten-
Une autre assemblée
se tient en
même
temps dans une maison qu'avait autrefois possédée
Raymond
Costa, évoque d'Elne. Les réforma-
teurs y trouvent d'autres personnes qui leur don-
nent le
même
plus attendre
;
si
l'on
cer aux souterrains,
qui concerne
Le peuple,
conseil.
dit-on, ne veut
ne se presse pas de il
y va courir.
le
devan-
Pour tout ce
les affaires de l'inquisition, les réfor-
mateurs se sont contentés jusqu'à ce jour d'encou-
KT i;iNOUISlTI0N
Al.r.K'.KOlSE.
rainer kis plaiiUcs, di; les recueillir,
à la connaissance
du
roi et
Or on leur demande
lui.
mêmes, stance
puis
et à
la
les |iorlei'
les justifier
devant
aujoiiid'liui d'ai^ir eux-
connue en
luitc,
pareille circon-
peut-ètie pas. Us hésitent,
le roi n'agirait
ils
de
de
6.'»
promettent; mais
ils
promettent de ma-
nière à laisser croire qu'ils hésitent encore.
Quelques jours après,
le
vidame
est
circonvenu
par une multitude de femmes qui se précipitent à sa rencontre, poussant des cris de désespoir. Ce
femmes des emmurés
sont les
par Bernard.
Gomme
elles
menacent môme, dans
l'égarement de leur douleur, roi, Bernard s'efforce de il
d'Albi, conduites
le
commissaire du
les contenir, et
pour
supplie le vidame, disant ({ue l'heui-e de
la
elles
jus-
a déjà trop tardé. Le vidame voudrait cepen-
tice
dant
retarder encore
la
;
mais l'émotion gagne
toute la ville. Sortant de leurs maisons, les enne-
mis
les plus déclarés
de l'inquisition se portent
à l'église des frères Mineurs pour délibérer une dernière les
fois.
La délibération
n'est ]tas longue. Si
réformateurs, pressés par les fennnes, leur ré-
sistent,
si
dans ce jour
même
ils
ne vont pas aux
cachots en ouvrir les doubles |)ortes, leur besogne 5
BERiNARD DÉLICIEUX
66
sera faite par les citoyens réunis en ce lieu. Les chefs et
de
sont
de
Gastanet
environ quatre-vingts conjurés,
et,
dans
nombre, des gens de métier déjà pourvus des
instruments à l'aide desquels
tement briser tous ils
Pierre
Guillaume Fransa. Avec eux s'enferment dans
l'église
ce
l'entreprise
pourront promp-
ils
les obstacles.
Les portes closes,
attendent, silencieux et résolus, les nouvelles
du dehors. Enfin, vers le milieu du jour, levidame, vaincu par cellules des
tant de prières,
condamnés.
Il
dirige vers les
se
encourt assurément
une bien grande responsabilité; mais en cédant à la contrainte des événements,
il
en préviendra
de plus graves. Voilà ce qu'il pourra dire, roi, soit
au pape, pour s'excuser. Quand
est arrivé près
le
soit
au
vidame
du mur, Gahlard de Blumac,
frère
Prêcheur, paraît derrière les barreaux de fer d'une
somme
des fenêtres et le juridiction
du
roi.
de s'arrêter où
En même temps
lance au vidame un papier, un
contre la violence qui
le
écrit
finit la
ce religieux
où
menace. Mais
proteste
il
le
vidame
ordonne aux geôliers d'ouvrir immédiatement
les
portes, et pénètre dans l'intérieur de la prison, suivi
de Bernard, d"Arnauld Garcia, de Pierre
ET
i;i.\Qi;iSIT[0.\ AI.DKiKOISE.
IVos, après lesqu.^ls se prr(i|.iio
carhots
sont. vi.Irs,
.-l
67
la iiiuliinHl,..
|,„is 1rs iiialliriiivnx
Los
drposés
vivants dans ces noirs sépulcres sont Iransf.'Tés
dans
les
tours de la ville de Carrassonne.
Nous n'avons sous
les
yeux, pour raconter ces
événements, que des pièces rédigées par taires
du
On
saint-oflice.
détail des scènes d'attendrissement qui
rent cette
les
no-
n'y peut donc trouver le
terminè-
mémorable journée.
Elles ne nous apprennent pas non plus quelles furent, en même temps, les alarmes des Prêcheurs dans
leur couvent et celles de l'inquisiteur dans son logis. On
peut seulement supposer ce qu'elles taisent. Les derniers jours du mois d'août
paraissent avoir été paisibles. La population d'Albi retourne
dans ses foyers cette
et
porte aux pai-enis des
bonne nouvelle
:
ils
emmurés
vivent encore, on a
pu
lour parler, on les a vu transférer hors de terre dans une prison spacieuse et saine. A
Carcassonne,
une
sorte de stupeur succède à l'enivrement du succès. Cependant il y a toujoui-s au fond des
cœurs beaucoup de haine,
et le
moindre incident peut provoquer d'autres tumultes. Bernard prêchant dans les premiers jours de septembre à Car-
BERNARD DÉLICIEUX
68
cassonnc, ses auditeurs s'enflamment de nouveau,
courent au couvent des Prêcheurs, dévastent
le
portail de leur église et en brisent les fenêtres
Évidemment
vitrées.
l'inquisition n'est plus pro-
tégée; elle est à la merci de Bernard, qui pourrait la
supprimer,
un jour
lui
pape,
si le
pape
le
raître
ne devaient
monde en
et le roi feraient
est-il
cette
à dire
sagement de repa-
en scène, d'écarter leurs subalternes
eux-mêmes
prévenir voit.
le roi
demander un compte sévère de
suppression. Aussi tout le
que
si
Mais
le
pape
malheurs qu'on pré-
les
et le roi sont
affaires plus graves
de
et
occupés d'autres
encore, et présentement
n'ont pas les yeux tournés vers l'Albigeois.
ils
Les
subalternes continueront d'agir sans instructions nouvelles. C'est
l'inquisition
Après avoir pris
qui
l'avis
recommence
la
lutte.
de ses confrères, Geoffroi
d'Ablis prononce contre le
vidame une sentence
d'excommunication. Suivant
les
termes de cette
sentence, Jean de Picquigny, commissaire du roi, s'est
rendu coupable de deux graves
délits.
Il
a
d'abord refusé plus d'une fois au juge d'Église le
concours du bras séculier; en d'autres termes,
N i
i;iNOl ISITION AM'.ir.EOISE.
FIT
a rcfusr de hrùlcr ou
il
vsignalés
que
brûle pas, ne pend a pris
une part
i^as
active
hérétiques
(If i)nncir(' les
l'Église, ayant
fiO
horreur du sang, ne
elle-même
(1).
Ensuite
il
aux rébellions ])opulaires
;
a pénétré dans les prisons de l'Eglise et lui
il
a ravi ses prisonniers.
tranché de
la
En conséquence,
communion
il
est re-
voué dès
des fidèles et
ce jour à toutes les peines qu'une telle sentence
emporte
av(N' elle (2).
C'était le droit de l'Église
de
faire publier
tous lieux ces solennels décrets. C'était
de l'excommunié d'en déférer à l'examen
la
droit
cour de
Rome
Le vidame
et la révision.
en
le
fait
donc ré-
diger son acte d'appel et se rend à Montpellier
où
réclament d'autres
le
affaires. C'est à
qu'est confié le soin de tout préparer (1)
Ce grief aurait
suffi.
Bernard
pour que
L'engagement d'exterminer tous
les
hérétiques condamnés et livrés par l'Église était pris par les rois
eux-mêmes. Raymond de Pcnafort
dit d'abord
:
«
Damnali
princi-
pibus sœcularibus, potestaltbus et eorum baillivis relinquantur
animadversione débita puniendi. Il
dit
ensuite
:
«
(Summa,
I,
lit.
5, cap. ii.)
Motieautur sœculi potestaies,
et,
si
)
iib.
necesse
per censuram ecclesiaslicam compellanlur omnes hœrettcos ab Ecclesia damnatox de suis provinciis pro L'irihus siiis exterminare; et quum quis de novo eligitur in potestatem sive peiest,
peluam,
sive
temporalem, débet
lioc
(Ibid., cap. IV.) (2)
CoUect. Doat,
t.
XXXIV,
fol.
115.
ipso
juramenlo finnare.
BERNARD DÉLICIEUX
70
l'appel arrive à la
qui peut
le
cour de
Rome muni
de tout ce
recommander.
Bernard va d'abord porter la nouvelle de l'excommunication aux consuls d'Albi, et s'entendre avec
eux sur
la
conduite qu'il faut tenir. Son avis est
qu'il convient
une
de venir en aide au vidame par
plainte où seront dénoncés tous les méfaits
des inquisiteurs, où une enquête judiciaire sera
demandée par
les consuls,
de Carcassonne
et d'Albi. Ainsi
à
bourgeois
la fois intentés à l'inquisition
Rome,
deux procès seront devant
du vidame,
l'un sur l'appel
plainte des citoyens persécutés. Or,
en cour de Rome, Il
il
en faut pour solder
dure,
il
manants
et
la
cour de
l'autre sur la
pour plaider
faut avant tout de l'argent. les
dépenses de
la
procé-
en faut encore pour se concilier un des
sourires de la justice. C'est une expérience faite, la
cour de
Rome
ne donne pas gain de cause à un
plaideur avant de l'avoir ruiné. Les généreux habitants de Carcassonne et d'Albi laisser à la charge
ne voudront pas
du vidame, excommunié pour
eux, à cause d'eux, les frais considérables de son appel.
Il
faut
donc beaucoup d'argent,
propose en conséquence
la
et
Bernard
levée d'un subside qui
KT I;1NOUIS1TION seni
i(''|)arli,
srlmi
A MlliiEOlSt:.
ûos conliilmlioiis
loniic
la
71
volontaires, entre les villes dont
li'
vidaiiie a le
plus mérité la reconnaissanee.
Assurément aiieime doit autant
que
ville
du Languedoc ne
celle d'Albi.
C'est
lui
de
roi)inion
tiahlard Etienne, juge royal, et de Guillaume de
Pesencs, sergenl et
d'armes du
roi,
vi<;uier d'Albi
de l'Albigeois, garde du grand sceau de
la
cour
d'Albi. Cette opinion n'est pas, suivant les inquisiteurs, entièrement désintéressée, car et l'autre
ils
sont l'un
de lamille bérétique. Quoi qu'il en
Guillaume de Pesencs
et
premiers magistrats de agissent en son
nom;
soit,
Gablard Etienne sont
les
la ville; ils parlent,
ils
ils
viennent donc en sou
nom, accompagnés de plusieurs notaires et d'autres olliciers
et
du roi, trouver Bernard au couvent d'Albi,
s'engagent à fournir la
somme
demandée. On s'entendra sur
qui leur sera
du
le chiffre total
subside dans une réunion de délégués qui aura lieu
prochainement à Carcassonne.
Ayant reçu leur promesse, Bernard et va tenir ailleurs les
on
le
mêmes
les quitte
discours. Partout
comprend, partout on s'empresse de
dire qu'on fournira l'argent nécessaire.
lui
Comme
il
BERNARD DÉLICIEUX
72
s'adresse aux premiers citoyens des villes,
il
n'a
pas besoin de beaucoup parler. Des viguicrs, des consuls savent tous combien la justice romaine
A
dispendieuse.
est
Mineurs, dans
la
réunis au jour
Carcassonne, au couvent des
chambre de Bernard,
marqué
se trouvent
Barthélémy Salvi
:
,
de
Cordes; Grégoire Malier et Guillaume Fransa, d'Albi; Arnauld Terrien et
Carcassonne. sité
la
Comme on
Beleth, de
est d'accord sur la néces-
d'une contribution,
somme.
Raymond
il
Elle sera de
ne
que d'en
s'agit
3000
fixer
livres tournois, et
Carcassonne en donnera 1500, Albi 1000, Cordes 500.
C'est
une
somme,
forte
entièrement fournie
elle
mais, pour
;
le
ne sera pas présent, on
a tant d'ardeur qu'on ne recule devant aucun
engagement.
Cependant
Rome
ne
il
d'excommunier
le
suffit
de son jugement,
elle le
pour que
cette dénonciation
résultat,
elle
fait
pas
à
l'inquisition
vidame. Tandis qu'il appelle à
dénonce au
roi, et,
ne demeure pas sans
auprès de
la
reine
d'activés
démarches. La reine, qui a pour confesseur un religieux de Saint-François, frère Durand, a sou-
vent entretenu
le roi
de
la
misérable condition des
ET
i;
jions (l'All)i
INQUISITION ALBIGEOISE. elle
;
s'csl
dtTlaréc contre les
ainsi
ministres de l'inquisition,
qui,
le
sachant, tra-
puissante ennemie.
vaillent à se concilier cette
Inibrmrs de leur intrigue
73
les
,
gens d'Albi
l'ont
parvenir à la reine, avant la fin de septembre, une
où nous
supplicpie
lisons
:
«
Lorsque notre
ému
sei-
»
gneur
»
de son cœur d'une pieuse sollicitude pour ses
»
sujets,
»
réformateurs, les vénérables
roi très-clément,
le
dans
envoya dans ce pays, avec
le
fond
le titre
de
seigneurs Jean,
Richard
»
vidame d'Amiens, sieur de Pirquigny,
et
»
Leneveu, archidiacre d'Aude dans
l'église
»
Lisieux, personnages d'une conscience pure et
»
sereine,
»
nance de leur vie, de leurs
t>
prévoyance
»
pratiquant la justice, et en conséquence aimés
recommandés par
et
la
parfaite conve-
mœurs, doués de
de prudence, pratiquant
pays, auquel
de
la vertu,
ont rendu d'inappré-
»
de tout
»
ciables services, notre seigneur le roi voulut
»
enfin mettre
le
un terme
»
longues
»
ment de
»
d'hui
»
supportent pas
afflictions, et
ils
à nos agitations, à nos
nous accorder
sa protection paternelle
que certaines l'éclat
;
le soulage-
mais aujour-
gens... dont les
yeux ne
de la vérité, des gens qui
BERNARD DÉLICIEUX
74
obscures où se
»
se complaisent dans les voies
»
trament leurs
»
d'odieux complots contre ces honorables per-
»
sonnes, essayant de les diffamer par leurs pro-
'^
pos
et
forfaits,
machinent, nous dit-on,
remplissant de fausses allégations les
du
nous ne savons
roi notre seigneur,
»
oreilles
»
quel secours implorer,
»
miséricorde habituelle. Nous vous invoquons
»
donc tous ensemble,
»
mes, elles jeunes gens
»
vieillards et les enfants,
))
vous l'ancre
»
espérance, et nous
»
céder auprès du roi pour que sa bonté nous con-
»
serve ces respectables protecteurs...
si
ce n'est celui de votre
et les
hommes
et les
jeunes
et les
fem-
filles, et les
nous vous invoquons,
plus valide rempart de notre
et le
vous demandons d'inter-
de cette véhémente missive,
c'est
»
L'auteur
Bernard. Les
té-
moins qui l'ont déclaré nous paraissent en cela dignes de contiance. Bernard devait écrire, il
comme
parlait, sur ce ton passionné.
Quoi
qu'il
en
soit,
Bernard
et le
vidame partent
bientôt pour Paris, ayant pour escorte une foule
d'hommes et de femmes de Carcassonne, de Castres, de Cordes
et d'Albi.
Dans
cette foule,
nous retrou-
vons Guillaume Fransa, Pierre de Castanet, Ar-
KT
I.
n;uil(i (larcia,
I.NOI ISITIO.N
Klic Patrice.
ordinaires de Bernard.
ne
voiil [tas
sent.
Il
sans lui; mais
AIJ;l(ii:OISE.
Ce bOUl
les lieiilenaiils
ne va pas sans eux, il
commande
Cependant à ces noms déjà
75
ils
et ils oli(''is-
cités
nos pièces
en ajoutent deux nouveaux, ceux de Jean Hector et
de Bertrand de Yillardel, frères Mineurs. Ainsi
Bei'uard n'a plus seulement dans son ordre des
complices discrets, en voilà deux qui se déclai-enl
ouvertement.
CHAPITRE BERNARD A PARIS.
—
VI.
VOYAGE DU ROI DANS LE LANGUEDOC.
Us étaient rendus à Paris vers
Nous avons en Paris, le
effet
une
mardi avant
lettre
la
le
milieu d'octobre.
du vidame, datée de
Toussaint, dans laquelle,
s'adressant aux capitouls de Toulouse, aux consuls
de Carcassonne, deMontauban, d'Albi, de Pamiers,
de Béziers,
etc., etc.,
réclame leur concours
il
leurs services, c'est-à-dire leur Qu'ils disent
on
s'il
s'est
et
bon témoignage.
comme
partout montré,
l'assure, l'ennemi le plus ardent de l'Église, de
ses ministres, le fauteur le plus zélé des hérétiques.
Quant
à lui, sa conscience
qu'il a fait à Carcassonne,
religion,
il
ne
l'a
pas
fait
ne il
lui
ne
pour
reproche rien. Cf
l'a
pas
fait
l'hérésie;
contre la
il
est
sim-
l/INuriSITION AI.IUr.EOlSE.
77
son devoir, à
plciiicnL inlci'vcnii, (•onime c'élail
l;i
icquêtc des bons citoyens, pour mettre un terme à des vexations
non moins atroces
qu'inutiles (1).
Voilà ce qu'ils peuvcnl Iriiioit^ner.
En attendant reine, qui
fit
accueil aux
l'elVet
comme
de cette
de coutume
opprimés d'Albi. On
on
lettre, le
plus p'acieux ensuite
vit
Mais on ne put cette fois rien obtenir de
deux partis av;ucnt à
la
cour
également considérables,
et
même
juononcé contre
On
si
Les
diiïérenls,
Quand
à conclure.
les ministres
lui dit
lui.
Philippe le Bel recevait
avait espéré pacifier le pays,
violences.
le roi.
des adhérents
des uns et des autres des rapports qu'il devait hésiter
vit la
il
s'était
de l'inquisition,
il
troublé par leurs
maintenant
qu'il a
l'audace aux hérétiques et causé
donné de
lui-même des
troubles nouveaux. Ce qui est évident, c'est que le
pays n'est aucunement pacihé.
prouver que l'agitation
s'est
On
peut
môme
accrue, et que la ré-
sistance à tous les décrets de l'inquisition se croit
légitime, étant ordinairemeni excusée, fois
(1)
môme
provoquée par
Pièces justificatires, n°
III.
les ofiicicrs
du
(juelquerui.
BERNARD DÉLICIEUX
78
Ainsi la ville de Castres vient d'être le Ihéàlre
d'un étrange abus de pouvoir. La sentence d'ex-
communication rendue contre régulièrement publiée dans
le
vidame
la ville
avait été
de Castres par
Jean de Recoles, prêtre conducber
de
l'église
A quelque temps de
Sainte-Marie de la Place.
Pierre Nicholaï, lieutenant du viguierd'Albi, le
mander
et lui dit
:
«
là.
fait
Je m'étonne fort de ton impu-
»
dence. Oser lire en public une sentence rendue
»
contre ce vidame qui représente
»
de notre seigneur
le roi
!
»
ici la
personne
Le prêtre s'excuse,
alléguant les ordres qu'il a reçus de l'archiprêtre
de Castres. Le lieutenant du viguier l'arrête conduit prisonnier dans
le
et le
couvent des Mineurs.
La foule ayant à leur suite envahi ce couvent, un grand tumulte commence. On insulte, on frappe Jean de Recoles.
Il
faut qu'il rétracte sa procla-
mation. Les Irères Mineurs joignent eux-mêmes les
menaces aux prières pour
ce qu'on lui
demande,
et,
lé
décider à faire
quand Pierre Nicholaï
devrait du moins protéger son prisonnier contre la
multitude de ses agresseurs, c'est
raille, l'injurie
lui fait les
de la plus haute voix;
sommations
les
lui
qui le
c'est lui
plus brutales
les
qui
plus
ET i;iNQl ISITIUN prossirrns haine,
la
(1
).
Donc, toute
do droit les
voilà les magistrats
donnant l'exemple du les
iv<ili'
juste liaino qu'inspirent
l'inquisition, et
par
A l.liKiEOISE.
7!)
crdo, à la
suppôts de
eux-mêmes
un-pris de ees lois dictées
papes, jurées par les rois, qui doivent
à la fois protépfer TKtat contiv rKtilise et l'Eglise
contre l'Etal.
Cela se passait dans
la
ville
de Easires vers
commencement du mois de novembre, Bernard
et
tandis que
ses amis sollicitaient le roi de leur
venir en aide.
II
par cet incident.
muler que, vers
on
le
n'y devait pas être encouragé Il
ne pouvait toutefois se dissi-
les
premiers jours de novembre,
savait certainement, dans la ville
de Castres,
ce qui avait eu lieu, le 8 septembre, dans la ville
d'Anagni. D'ailleurs Philippe ne voulait pas se
retourner vers l'inquisition, qu'il n'aimait guère. Etant donc très-incertain sur jirendre,
il
allait
le
parti qu'il devait
de Paris à Pierrefonds, de Pierre-
fonds à Compiègne, suivi du vidame et de Bernard,
Enfin
(I)
et il
ne leur faisant aucune réponse précise. leur dit
(pi'il
Pièces juslificatives. n"
avait résolu d'aller visiter
II
BERNARD DÉLICIEUX
80
lui-même son comté de Toulouse, vers
fêtes
les
de Noël,
jusque-là ne pas recevoir tumultes.
ne
Il
mois environ
qu'il
et
espérait bien
nouvelle
la
s'agissait plus
l'arrêt
qu'il y sérail
que d'attendre un
de sa justice.
peu près
Les ambassadeurs se retirèrent à
La reine leur
satisfaits.
assistance, et la elle
d'autres
a positivement promis son
venue prochaine du
pas avoir pour
roi
ne
doit-
conséquence nécessaire
confusion de leurs persécuteurs? Cependant
la
ils
se
disent entre eux, chemin faisant, qu'il ne faut rien
négliger pour assurer le succès de leur entreprise
sonne
;
et déjà,
le crédit
connaissant
et l'habileté
Bernard déUbère sur ce réception du roi.
du pays
mieux que per-
de ses adversaires,
qu'il doit
Quand on
commune
préparer pour
la
a Iranchi les frontièi'es
albigeois, Bernard
donne quelques
structions aux gens de Carcassonne,
in-
promet de
les revoir bientôt et se dirige sur Albi. Il
y arrive à cheval, suivi d'un clerc, et va
s'établir
au couvent de son ordre. Quelques jours
aj)rès,
convoque dans ce couvent
il
les habitants
de
la ville, et,
les
consuls
et
devant une assemblée
d'environ cinq cents personnes,
il
prononce un
KT I/INOUISITION AI.HIGEOISE. discours.
Gomme
on
le sail,
il
81
vient de Paris et
il
a vu le roi, la reine, celle autre Esther, qui tou-
jours intercède pour
le
pauvre peuple d'Albi. Mais
grande nouvelle
voici la
:
un rendez-vous
à Toulouse le jour de Noël. C'est
donné pour de solennelles avocats ne ils
promis d'être
roi a
le
Assurément
les
bonne cause,
et
assises.
manqueront pas à
la
auront à faire valoir d'irréfutables arguments.
Cependant
il
faut leur venir en aide, et
deux choses sont à l'argent,
puisque
faire
c'est le
:
pour cela
d'abord recueillir de
nerf de toute pi'océdure
;
ensuite avertir les populations des villes décimées
entraîner à Toulouse,
et les
hommes, femmes,
enfants et vieillards, pour émouvoir le
roi,
la
reine, les jeunes princes par le concert de toutes
douleurs. Tel est le discours de Bernard. Aus-
les
sitôt
et
sans hésitation, l'argent est promis
:
le
notaire royal d'Albi, Arnauld Gallinier, enregistre toutes les promesses, et des émissaires vont dans les
bourgs voisins préparer
la
manifestation con-
venue. D'Albi Bernard se rend à Castres. le
dimanche de rAvont,
et,
Il
est à Castres
ayant assemblé vers
soir les habitants de cette ville dans
le
le
vieux cime6
BERNARD DÉLICIEUX
82 tièrc
moines
des
d'adhérer à
de Saint-Benoît,
la ligue.
Toute
la
les
il
prie
puissance des inqui-
siteurs tient à ce qu'on n'ose pas les combattre. Il
faut oser et ne pas s'inquiéter
de
lui,
par exemple, qu'il
le dise et
injure.
qu'on
Pour
le
répète
;
du
il
grave, puisqu'il est
dit
Qu'on
bien de cette vaine
rit
vidame, pense- 1- on,
le
On
reste.
est l'Antéchrist.
excommimié; mais
c'est plus la
sentence
sera déclarée nulle. Toute sentence prononcée par l'inquisition depuis vingt ans a le nullité. Singulier tribunal qui
même
vice de
rend des arrêts sur
des crimes qu'il invente! Le roi soupçonne qu'il
en
est ainsi;
convaincu
il
si le
faut le convaincre.
vidame, suivant
le
Il
serait déjà
conseil de quel-
ques honnêtes gens, avait immédiatement conduit devant lui tous ces infortunés qu'il a
tirés
du mur
de Carcassonnc. L'accusation de faux portée contre l'inquisiteur par
une
si
grande multitude d'inno-
centes victimes aurait levé tous les doutes dans la
conscience du roi. Mais voici une autre occasion
de
lui faire connaître la vérité.
lui-même rendre aux
fêtes
de Noël
visite il
Ce bon roi vient
à son peuple calomnié;
sera dans les
murs de Tou-
louse. Qu'il y soit entouré, pressé, supplié; qu'à
ET i;iNQllISITION ALBIGEOISE. r(''rl;iiit'r
jour do Plii
dans
Ir
Idiit
le
la ville
di'iiiier
l<'
Bel arrivait en effet le jour de Noël
de Toulouse, accompagné de
Jeanne de Navarre,
de ses trois
et
Philippe et Charles. et
l'I
venu.
l'inqiiisilion sera
lippe
gneurs
conspii'c,
iiioiidi^
83
la reine,
Louis,
fds,
Un grand nombre de
sei-
de prélats, parmi lesquels on distingue
Guillaume de Nogaret
et
Guillaume de Plasian,
l'archevêque de Narbonne et
le
docte évéque de
Uéziers, Bérenger de Frédol, forment son cortège royal. les
Lorsqu'à
rues de
la tête
la ville,
de ce cortège
sur son passage, et crie la
le roi traverse
une immense foule se précipite «
:
Justice
!
justice
!
»
C'est
manifestation que Bernard a demandée.
Tandis qu'il l'observe
provoquée,
un complot
et se félicite
se
trame contre
Sachant tout ce que peuvent sur les
du
roi
de
et Geoffroi
l'écarter.
roi,
l'esprit
d'Ablis cherchent le
Ayant donc appris que, dans
des étrangers attirés à
du
lui.
habiles discours de Bernard, Guillaume
Morières
de
de l'avoir
se trouve
un
Toulouse par
la
moyen la foule
présence
dignitaire de l'ordre des
Mineurs, Bernard d'Ortholan, ministre provincial
1
d'Aquitaine,
ils lui
dénoncent Bernard
comme
U
BERNARD DELICIEUX
un turbulent qui
empêche, par
les
ses
menées,
d'exercer librement leur ministère. Cette dénonciation reçue, le provincial d'Aquitaine
ne peut se
défendre d'assigner Bernard et de l'interroger.
Une
Bernard comparaît de-
nuit, après matines,
vant ses juges, dans
la salle capitulaire
de Toulouse, s'explique, s'excuse
des Mineurs
et se fait ab-
soudre. Ainsi les Prêcheurs ont perdu leur peine;
Bernard pourra voir
le roi.
Philippe ne tarda pas trop à donner audience
aux envoyés de Carcassonne
et d'Albi. Ils vinrent
en grand nombre. Nous revoyons à leur
Arnauld Garcia, syndic des consuls tants d'Albi; maître Pierre Pros,
et
tête
maître
des habi-
avocat spécial
de Carcassonne, de Cordes
et d'Albi; le
Gahlard Etienne
Bernard. Avant qu'ils
et frère
juge royal
soient séparément entendus, le vidame prend la
parole au
nom
leurs griefs
de tous
les
plaignants et va résumer
communs mais ;
il
est
interrompu par
Guillaume Peire de Godin, ancien chapelain du roi, futur
cardinal-évêque de Sabine, alors ministre
provincial des Prêcheurs, qui récuse son témoi-
gnage
comme
étant celui d'un
excommunié. Pierre
Pros parle ensuite. Entre autres
faits
à
la
charge
ET i;iN0tIISITION M.RIGEOISE. r^vêquo Bornnrd
d(>
qu'ayant procès sur
naslaiicl
di^
(l(^s
trois
il
rappnrio
droits liscaux avec les con-
suls cl les habitants dWlIti, cet
lyranniqne arrogance
,
85
honinic
iU' la |)lus
arrcter, dans l'espace de
(it
mois, trente des plus honnêtes et des plus
riches citadins, les accusant faussement d'hcrésie,
quand
ctaient notoirement de vrais catholiques,
ils
assidus à tous les offices, dociles observateurs de tons les
commandements de
Quand Arnauld Garcia parole,
l'Église.
obtient à son tour la
décrit les tortures infligces par les inqui-
il
siteurs à leurs prisonniers, et supplie le roi de se laisser
persuader
qu'il raconte la
simple vérité.
trompent, ce sont ceux qui, pour jus-
Ceux qui
le
tiller les
bourreaux, calomnient
les victimes.
Le
syndic en était à ce point de son discours, quand liernard, qui se tenait derrière lui, l'interrompt et lui dit f>
>^
avec force
:
—
«
Maître Arnauld,
nommez
calomniateur, nommez-le. Dites au roi
:
frère Nicolas, votre confesseur. Et ajoutez
:
le
vous ne devez pas croire aux propos de ce qui
Sire, traî-
connaître aux Flamands toutce qu'on
»
tre,
»
décide contre eux dans
fait
C'est
le conseil. »
Ces paroles,
entendues par une partie de l'assistance, causé-
BERNARD DÊIJCIEUX
86
rent une vive émotion. Arnaiild Garcia les ayant
demanda
répétées, Guillaume de Plasiau lui
pouvait fournir trahison,
la
preuve d'une
si
Bernard, ce que je tiens de
« C'est, dit
»
maître Jean Lemoine, qui m'a raconté
»
à
Il
s'agit
moi-même, dans
l'église Sainte-Geneviève.
bien instruit de leurs secrets.
exprimé de l'affaire
le fait, »
du cardinal Jean Lemoine, personnage
de très-grand poids, répandu dans toutes et
s'il
criminelle
cette façon sur
le
S'il s'est
les
cours
vraiment
confesseur du roi,
doit être sérieusement examinée. Elle le
fut sans doute, car
en l'année 4306 frère Nicolas
du
n'avait plus le titre de confesseur
roi (1).
Arnauld Garcia ayant achevé son discours en priant le roi de prendre enfin à l'égard de l'inquisition des
mesures
efficaces,
Guillaume Peire
de Godin demande la permission de justifier ses confrères,
si
violemment accusés,
et plaide
pour
Foulques de Saint-George; mais Gahlard Etienne, juge d'Albi, recommence devant
le roi le récit
toutes les actions malhonnêtes reprochées
inquisiteur;
il
(1) Histor. (le la
de
à cet
parle de sa vie dissolue, de ses
France,
t.
XXII,
p. 767.
ET i;iNOUlSITI0N ALRIOEOISK. prort'diuvs iniinics, porlrait celui de
cl,
l'ail
collcgues,
si'^
terminant conuncnt
;iy;uil
siirccder à son se
il
peuple a pu
le
87
dcinandc en
longlemps
si
supporter ces pestes publiques. h]nlin les trois
orateurs de
commun
picsenlent en
la
leurs conclusions. Leurs
demandent à vivre
concitoyens, bons catholiques,
en paix. Que
cause albigeoise
réduise les perturbateurs
le roi
de mal
pays à l'impuissance
du
C'est leur
faire.
unique vœu.
A quelques le
accusé.
jours de
Bernard parut devant
là,
non comme accusateur,
roi,
On
mais
avait dit à Philippe le Bel
»
est troublé, voici l'artisan
)->
c'est frère
Bernard.
défendre devant
de tous
:
«
comme
Si le
pavs
les troubles,
Bernard vient donc se
»
du
le conseil
roi,
solennellement
convoqué. Aux membres ordinaires du conseil ont été priés de se joindre l'archevêque de
révêque de Béziers, et le
Narbonne,
capitouls de Toulouse
les
provincial des Mineurs d'Aquitaine. Oui,
Bernard
le confesse,
l'inquisition.
A bon
sieurs années,
même tant
crié
il
il
est l'adversaire déclaré d(î
droit
on
dit
que, depuis plu-
ne cesse de crier contre
que
sa voix
en
est
elle.
Il
a
devenue rauque.
BERNARD DÉLICIEUX
88
Oui,
si
la
de Toulouse
ville
est
heure
cette
;i
remplie de gens venus de toutes parts pour
Le
lui-même Ta chargé d'annoncer à tout
roi
peuple d'Albi
arrivée prochaine
sron
à cette nouvelle il
le
peuple agité
:
s'est
il
justice.
Ce peuple, que
animé des sentiments
Frère
Prêcheurs, a
;
mais
demander
comme
l'on représente
les plus
pose de fidèles sujets
le
l'a fait, et
calmé
vient aujourd'hui, le roi présent, lui
liques.
té-
l'inquisition, c'est son ouvrage.
moigner contre
dangereux, se com-
et d'irréprochables
catho-
Guillaume Peire, provincial des
dit,
il
y a peu de jours, devant le roi,
qu'on ne trouverait pas un seul hérétique dans tout le
Languedoc
d'Albi, de Cordes
ailleurs et
que sur
de Carcassonne,
dénombrement de tous
ensuite le
les territoires
répandus en ces lieux,
il
les
et, faisant
hérétiques
n'en a pu compter plus
de quarante ou cinquante. Pourquoi donc tant d'enquêtes et depuis tant d'années tant d'incarcérations,
de tortures, de violences? Ce qu'a
Guillaume la
n'est pas d'ailleurs,
il
dit frère
s'en faut bien,
pure vérité; ces nombres de quarante, de cin-
quante, sont imaginaires. Depuis longtemps a plus
un
il
seul hérétique dans tout l'Albigeois.
n'y
KT L'INOIIISITION AÏ.RIGEOISK. l/ai'(lievr((ii('
/iers
X;iil)(»iin('
<li'
à
récliiiiit'iil
luis
la
df
et l'rvr'qiu'.
coiilif
ccltt'
y a ou, disonl-ils, dos cas (rii(''rôsio
Il
SI»
!>(''-
assertion.
avoués
ol
prouvés, rîornard reprend qu'il faut se méfier df
Les bienheureux
ces prétendus aveux.
Paul, (raduits conune hérétiques devant
Pi('rr(;
le
el
tribunal
de l'inquisition, sciaient eux-mêmes, à son avis, bien empêchés de
de justice quand
se justilicr.
des pièges où trébuchent à
subtil de tendre
On demande
crime.
et le
llernard de quels inquisiteurs ainsi la procédure.
Il
On
lui
noumie Jean
les
abus
»
tez,
»
le
que
qu'il signale.
entendez
conseil
du
»
a trouvé le
>
le
mal.
que
roi, selon
le
alors à
et
(laland, Jean
Foulques do
répond que plusieurs de ces
inquisiteurs sont morts, placés, et
la
entend incriminer
il
de Saint-Seine, Nicolas d'Abbeville Saint-George.
s'agit plus
d'interroger est devenu Tari
l'art
fois l'innocence
ne
Il
son pouvoir, a corrigé
Bernard réplique
les plaintes, et
roi, quelle
remède
le
rem-
les autres sont
:
«
Ecou-
vous apprendrez
que
soit sa
si
prudence,
plus propre à guérir
»
Le système ne
fut pas
limitant les pouvoirs
toutefois
changé.
du juge enquêteur, en
En l'as-
BERNARD DÉLICIEUX
90
au contrôle de l'évêque diocésain,
sujettissant
Philippe est le droit
liers,
de
dont
persuade qu'il a
fait
faire. L'Eglise a ses la
compétence
est
tout ce qu'il avait
tribunaux particu-
reconnue. Des con-
damnations pour hérésie l'appel se pape, non devant
le
le roi,
et,
quand
devant
fait il
se plaint
encore des empiétements que
le
a tentés sur le domaine
de
puissance
Philippe ne croit pas
moment opportun pour
le
la
dernier pape civile,
toucher d'une main plus dure aux libertés de
En conséquence, par une ordonnance du
l'Eglise.
lo janvier 1304,
il
confirme toutes les prescriptions
contenues dans ses lettres du 8 décembre 1301, et,
quelle que soit la vivacité des .dernières sup-
pliques, )>
foi ».
il
maintient l'inquisition
C'est
l'abolir. C'est
au pape de décider
«
au profit de
s'il
la
convient de
encore au pape qu'il appartient de
statuer en dernier ressort sur les causes jugées, et
d'annuler ou d'atténuer les peines prononcées.
Le
roi répète dans les termes les plus acerbes
que
la conduite des ministres de l'inquisition a trop
longtemps scandalisé avertit le le
pape mais il ;
les
honnêtes gens,
s'arrête là, réservant
et
il
en
au pape
plein exercice de son droit. Cependant, pour
ET L'INQUISITION ALI5IGE0ISK. qu'il no- soit ville (le
niers
pas
Pliilippca quitta sn l)onno
Toulous(i saus oirrir du moins aux piisoii-
du juge d'Kglise un témoignage de
pathies royales,
mais
dil qiio.
traités
dit-il,
!)l
demande
il
sym-
ses
qu'ils soient désor-
avee moins de rigueur. Les prisons,
ont été laites pour séquestrer les coupables,
non pour
pœnam.
les
C'est
torturer
une
belle
:
Ad custodiam non ad
maxime, exprimée en des
termes excellents. Si vieille
même
qu
elle soit, est-elle,
de nos jours, partout admise? Avant
la lin
de janvier les lettres du roi furent présentées par consuls de Carcassonne, Élie Patrice, Arnauld
les
Terrien,
Raymond
Beleth, Guillaume Laurent, à
Guillaume de Rabastens, sénéchal de Bigorre
et
régent de la sénéchaussée de Carcassonne. Nous
avons
l'acte
de cette présentation. On n'y trouve
pas le témoignage d'une vive reconnaissance.
Au commencement de de Toulouse,
Carcassonne
ment
:
février,
allant à Béziers
s'était
parée pour
roi s'éloigna
par Carcassonne. le
recevoir digne-
partout des banderoles et de splendides
tapisseries.
Élie Patrice, le premier de la ville,
conduisit Philippe au château ci,
le
rendu près du grand
;
mais quand celui-
escalier, allait en gravir
BERNARD DÉLICIEUX
92 les mai-ches
Roi de France
«
:
forte Élie Patrice, »
plez cette
»
royaume,
«
détournez-vous,
misérable et
que
d'une voix
», lui dit
ville,
l'on
et conteni-
qui est de
traite
si
votre
durement!
»
L'irrévérence de ce langage blessa le roi, qui donna l'ordre d'écarter l'importun. Retournant
bourg de Garcassonne en pressant
le
donc au
pas de son
cheval, Élie Patrice dit aux premiers citoyens qui
vinrent à sa rencontre, lui demandant des nouvelles
:
Allez par les rues, par les chemins,
«
»
détachez les drapeaux flottants et enlevez à
»
ville ses habits
»
de deuil.
il
de
fête,
car ce jour est
Ce qui veut dire
»
:
la
un jour
plus d'illusions;
ne faut plus rien attendre du roi de France Élie !
Patrice va-t-il
donc cesser de combattre, ayant
perdu
de vaincre? Aux
l'espoir
tempérament
le
hommes de
son
désespoir ne conseille jamais
la
résignation.
Le
roi
se rendit
ensuite
à Béziers.
Bernard
l'accompagna dans ce voyage, suivi lui-même par sa propre cour, Pierre d'Arnauld, Arnauld Garcia,
Arnauld Terrien, Pierre Pros, Guillaume de SaintMartin, Élie Patrice. Assurément
le
grand agita-
teur n'était point non plus satisfait, car
il
avait
KT l/INOI ISITION M.lîKiHOISK. bcauroiip plus |)roinis au
oblenu
;
homme
nom du
mais
le roi l'avait
dont
les
conseils
Oiî
roi ((u'il n'avait
bien traite,
commo un
doivent toujours être
entendus, mrinc loisipTils ne doivrnl pas être suivis, et,
Ion
dans une
coui' jdt'ine
Taisait pioi'essiou
selon leur mérite, jiersonuage.
suivant
le
Ne
il
de jiarvenus, où
de n'estimer les gens que avait acquis l'autorité
d'un
se proi)Ose-t-il pas d'ailleurs,
roi, d'exercer
veillance la plus active,
autour de de
lui la sur-
parler
lui
en
encore,
de hâter l'expédition des pièces qui doivent être envoyées à Rome, enfin d'enlever à ses adversaires de s'attribuer à lui-même tout
et
le
profit
des
éventualités? Pour sa part, Elie Patrice ne croyait
plus au succès des
néanmoins
et
il
moyens employés par Bernard,
le suivait
encore, parce qu'il en
avait pris l'habitude et parce
que
ses
amis
l'en-
traînaient avec eux, espérant toujours. Cependant il
se
les
lit
à Béziers
un changement notable dans
sentiments de cette compagnie.
On
y éprouva
des mécomptes qui portèrent au crédit de Ber-
nard un grave dommage,
et
tournèrent bien des
gens du côté d'Élie Patrice, qui désespéré.
le
premier avait
lîERNAni) DÉLICIEUX
94
A
Bézioi'S, étant
au
})alais
de révêqiic avec
cour, Bernard aborda Guillaume de Nogaret,
la et,
en présence d'Elie Patrice, de Pierre d'Arnauld et
de quelques autres,
de
faire
il
pria ce puissant favori
promptement parvenir
les justes
Nogaret
à la cour de
Rome
requêtes de l'Albigeois. Guillaume de
lui
repondit
:
«
Oui, sans doute, on y son-
))
géra, mais plus tard. Le roi a beaucoup d'autres
»
affaires, plus
»
à régler avec la cour romaine, et d'ailleurs le
»
nouveau pape (Benoît XI
»
face VIII le
))
vent de Prêcheurs, ardent ami de son ordre, ne
»
touchera jamais à ses privilèges, ne condara-
»
nerajamais ses ministres. Tenez cela, messieurs,
»
pour
»
râbles
personnelles et plus considérables,
avait
22 octobre 1303),
remplacé Bonisorti
d'un cou-
certain, et sachez attendre de plus favo-
circonstances.
Guillaume de Nogaret,
»
C'était
le triste
sagement
dit.
héros d'Anagni, ne
pouvait être suspect de quelque penchant pour les ministres du saint-office
deux cours,
;
mais
il
connaissait les
les desseins et les soucis
de l'autre, et prévoyait ce qu'il
Cependant ce simple aveu de
la
de l'une
fallait
vérité
beaucoup ceux qui l'entendirent. Avant
et
prévoir.
troubla la fin
de
KT I/INOnSITION In
l'icirc
joiiiiKM',
rendent.
l;i
;i
(rAiM;nilil
(lenieiin-
Le
»
Soiiinies-noiis perdus, on
»
avons-nous encore?
dit-il,
l'ilir
<'l
de IJeinard
«
nous al)andonne,
roi
AI.I'.IC.KOISK.
»
0.'.
l'nliin'
se
cL lui disent
:
pape nous trahira.
le
(|ii('l
espoir de salut
Bernard leur conseilla,
de ne pas douter de
la
Providence.
licsilons à croire qu'il ait relevé
Nous
beaucoup par ce
conseil leur confiance abattue. Quoi qu'il en soit,
l'événement après non
aggraver
le
plus inattendu vint quelques jours
jtas
seulement confirmer, mais encore sinistres pressentiments d'Élie
les plus
Patrice.
Arnauld
Terrien,
Pierre
dWrnauld
et
Elie
Patrice ont été chargés par leurs concitoyens d'of-
hir deux vases d'argent, l'un au reine. et,
Le
quand
roi n'a fait il
loi,
l'autre à la
que traverser Carcassonne,
quittait cette ville, les vases n'étaient
pas achevés. La cour étant encore à Béziers, ces vases arrivent, et l'on s'empresse de les porter au palais. Mais,
si
la
reine accepte le présent, le roi
le refuse. Ainsi, tout
va de mal en
jtis.
11
de jours Guillaume de Nogaret avertissait de Carcassonne que
pour
le roi
y a les
peu gens
négligerait leurs affaires
les siennes. Voici déjà la
confirmation de ces
BERNARD DELICIEUX
96
paroles
:
repousse leur présent pour leur
le roi
témoigner son mépris. Bernard étant au couvent des Mineurs, Arnauld Garcia et
vont
le
trouver.
»
Bernard, que
»
vases.
ne
Il
«
Raymond Baudier
Vous avez appris, leur
le roi n'a ])as
voulu recevoir
dit les
par Dieu! rien de bien.
fera,
»
Élie Patrice et Guillaume de Saint-Martin étant
venus ensuite, s'est-il
passé
le
colloque
depuis
fut
l'entrevue
Tous l'ignorent, Bernard comme il
est
sur
Que
ses
amis; mais
le roi.
15
partie de Béziers, était à Montpellier
février.
Les consuls de Garcassonne se sont
acheminés vers
cette ville sur les traces
désireux d'obtenir une audience et de Or,
vif.
de Toulouse?
bien évident qu'ils ne peuvent plus compter
La cour, le
plus
quand
ils
sollicitent cette faveur et
croire autorisés à l'espérer, affront.
Le
ils
du
roi,
se justifier.
peuvent se
reçoivent un nouvel
roi leur fait rendre à Montpellier le
vase accepté par la reine, et sur les motifs de cette
que
le précé-
même silence.
Bernard,
restitution, plus injurieuse encore
dent refus, le roi garde
le
toujours consulté, n'a plus de conseils à donner.
Gependant Pierre d'Arnauld, Pierre Pros, Élie
KT i;i.\oiiisrnoN amugkoise.
ot
Patrice el les autres (^ompaynons de Hernard jtersisteiil
à suivre
quel dessein? attendant
le roi,
ne
ils
([u'ils
qui se rend à Mines. Dans le
savent guère; mais, en
obtiennent
ne croit pas devoir leur donner,
ils
se plaignent,
de jour en jour plus vives,
leurs plaintes,
et
qu'on
les ("xplications
vont frapper d'autres oreilles que celles du roi Pliilip{)e.
A
ce
moment
nouveau,
un personnage
parait en scène
prince Fernand, troisième
le
fils
du
roi
de Mayorque, âgé d'environ vingt-quatre ans, un
jeune étourdi qui, prétondant jouer ambitieux, va profit d'un
Jayme roi
d'activés
l'aire
d'un tirer
mécontentement trop divulgué.
II,
de
maison souveraine d'Aragon,
la
de Mayorque,
en
est
même
temps, depuis
1292, un des vassaux immédiats de
l'année
comme
couronne de France, Pliilippe
pellier.
Montpellier,
et
côtés son
mencent
l'a fils
le
Jayme
devoir, lui rendre nelle,
le rôle
démarches pour
Bel
est
seigneur de Mont-
étant
venu,
donc
comme
l'hommage d'une
suivi jusqu'à
la
Nîmes
,
arrivé c'était
à
son
visite solen-
ayant à ses
Fernand. C'est à Nîmes que com-
les intiigues
de Fernand. Dans 7
le
palais
BERNARD DÉLICIEUX
98
même il
qu'habite le roi de France, en pleine cour,
serait
qu'il
Philippe ne
de l'inquisition et
lui parle
aborde Bernard,
heureux de fait pas.
faire
Bernard
le
comprend,
sans l'encourager, sans le repousser,
rendez-vous pour
le
dit
lui-même ce que
donne
lui
il
et,
lendemain dans un lieu moins
public que le palais, dans sa chambre, au couvent
Au même
des Mineurs.
convoque Élie Patrice
Guillaume de
et
Martin. Dès qu'il s'agissait de tramer
Bernard
s'effaçait
;
aux uns
En le
et
d'Arnauld dit à
jeune
le
savait être agréable
aux autres.
effet,
refus
il
Saint-
un complot,
mais en présentant
prince aux deux consuls,
Bernard
rendez-vous
pendant
le
séjour à Bézicrs, après
de leur présent, Élie Patrice, Pierre et
Bernard
Guillaume de Saint-Martin avaient qu'ils voulaient
renoncer désormais
à de vaines requêtes et pourvoir autrement au salut
du pays. Ce discours
Bernard, mais ne la plupart des
taient la
l'avait
avait
pu contrarier
pas surpris.
Il
savait
que
mécontents du Languedoc détes-
domination française
et parlaient
vent de s'en affranchir. C'était le
^rand nombre de bourgeois;
vœu d'un
c'était aussi
le
souassez
vœu
ET l.'INOI.ISITION AI.niGEo'iSE. ''"
<l""'n"<'> -^eiHn,.,,-. ,|;,|o„x
,1,.
99
,...,„„v,v,.
|,.„r
"''';'':''''''''••
'-""'^'"''-'-l"in,.,,.oaso„Uut l';'»"''ln=résonlc.|,.,. un,,.,,,. ;,'".""
''"'•'""^'^--'vouh,
"." '•»'
l"" françaises
<» 'f»'"""»". e'
UémumoiU
rai,.
la
d-„„,o„ue Je
>e,Tou.. des
il
;"'
''^''''"'''=
zélé:
naise, et
armes
avait seule en,pèc],é qu'il „V,-„ beau-
coup de complices. Bernard l„i-,„Cme ne l'nme pasavee franchise quand '•'•ançais
l'ù-
pour
P'^'-aîfe
''"^
il
est
lui,
un
s'ev-
allecte devant le
sujet confian,,
de Montpellier,
un
ville ara..o-
comme
pour les bourgeois'de l^arcassonneetd-Albi, ses amis, les Français sont eu-angers du Kord, les vainqueurs ^^ de Muret, es dominateurs de la patrie languedocienne
U^pendant consuls.
il
n'a pas approuvé les discours des
Ae pouvant
se dissimuler le médiocre sucées de ses plaintives remontrances, il n'en 'edige plus de nouvelles,
mais
il
eroit
moins
encore au succès de l'entreprise dont on est venu
Ini
révéler
le
dessein. C'est
devoir observer devant
que devant de
les
les consuls.
le
pour
prince
cela qu'il a cru la
mèn,e réserve
ne refuse pas toutefois rapprocher. Puisqu'ils ont pour coramtme Il
BERNARD DÉLICIEUX
100
intention d'affranchir le
la tyrannie
Languedoc de
dominicaine, qu'ils se voient et se concertent,
il
sera leur témoin.
Nous n'avons pas férence de Nîmes
;
le
procès-verbal de cette con-
nous savons du moins que
les
interlocuteurs ne se séparèrent pas sans avoir pris
l'engagement de se revoir. Ne pouvant disposer seuls de la ville de Carcassonne, les
deux consuls
veulent aller trouver leurs collègues et s'entendre
avec eux. C'est, d'ailleurs, une affaire considérable qu'une défection. cès.
Quand on
faut en préparer le suc-
brusquement, par un coup
s'y jette
de désespoir, l'échec
Il
est certain. Élie Patrice et
de Saint -Martin quittent
Guillaume
Fernand sans rien
lui
prince
le
promettre encore. Bernard
ira plus tard visiter le prince à
Perpignan
et lui
dire ce qui aura été résolu.
Tel sera' pour quelque temps le rôle de Ber-
nard. Toutes les délibérations seront faites en sa
présence ou
lui seront
communiquées,
et,
conjurés le chargent de quelque mission, remplira. Sans offrir son concours,
il
ne
si les il
la
le refu-
sera point mais Élie Patrice sera le chef de la nou;
velle entreprise.
Bernard laissera passer devant
KT '"'
'•'''
i;iN(.t||SIT|()\
lioMimc
(l'aciioij,
cn'-dii
oscia
d.''l;nil
cl,
par
dence, |)n(lra sa cause,
ri
1(11
pkujant une égalo
((iii,
confiance dans son loiil,
ALHKIEOISE.
dans son courage,
de iialicnce, de prusi
bonne
n'ayant poiiitaiil à e(ein' (pie de
la
(iifrllc servii'.
soil,
CHAPITRE
VTI.
CONSPIRATION AVEC LE FILS DU ROI DE MAYORQUE.
Philippe, le Bel, quittant avec sa
de Nîmes; va traverser l'Auvergne Carcassonne Garcia
et
et les
;
cour
les
la ville
députés de
deux syndics albigeois, Arnauld
Pierre Pros, retournent à Carcassonne
par Montpellier; Bernard se dirige sur Albi. informé que
le
de Rome.
donc
Si
vidame
Il
est
doit bientôt plaider en cour
le roi tarde trop à porter l'affaire
de l'inquisition devant le pape, elle peut être pro-
chainement résolue sans
le
concours du
roi, et, le
condamnée. Ber-
vidame absous,
l'inquisition est
nard
encore cette solution alors invrai-
espère-t-il
semblable?
quand
Il
veut être,
dit-il,
dans
les
murs
d'Albi
partira la députation chargée d'accompa-
I/INQÏUSITON ai.imceoisf;. liiKT le
\i(l;iiiii\
pn'lcxlc,
cl,
(li)iiii;iiil
se iiioiilre
il
par une aniic
|)icssi''
ikm'Ic (|ne ses
1():J
raison on ce
n'Ilc
de soilir de Mines
rompagnons.
Tandis que ceux-ci s'acheminent vers Montpellier, Elie
Patrice et fiuillaume de Saint-MaiMin, se
rapprocliant d'Arnaidd Clarcia et de Pierre Pros, leur disent
:
«
Le
roi
de France nous a mal reçus
sommes
;
»
mais, étant à Nîmes, nous nous
»
tenus, ainsi
»
avec
»
qui nous a promis d'en finir avec les inquisi-
le
jeune Fernand, fds du roi de Mayorque,
nous voulons
»
tours,
»
Que vous en semble?
si
accueillie sans surprise.
périlleux de se choisir
le choisir
et
répondent
pour maître.
confidence est
Cette
»
Cependant
il
est toujours
un maître. Avant de
gager dans cette entreprise, hésitent
entre-
que frère Bernard, notre grand ami,
les
qu'ils
s'en-
syndics albigeois
veulent
consulter
Bernard.
Le 15 mars, jour de
la
Passion, Bernard prê-
chait au couvent d'Albi devant un peuple nom-
breux. Nous avons l'analyse de son sermon. conseille encore la patience.
Du
roi
Il
de France
pas un mot, aucune allusion à ce qu'il aurait du faire et n'a pas fait
;
il
ne
s'agit
que du vidame,
r.ERNARD DÉI.ICIECX
104
de son appel, des nouvelles favorables qu'on a reeues de Rome. Encore un peu de temps, les
et, si
bons citoyens ne se laissent pas désunir,
ils
seront au terme de leurs généreux efforts. Quel-
ques jours après, Bernard prêche dans
il
Rameaux.
Il
l'église
est à
Carcassonne, où
de son ordre,
le
jour des
n'a pas, dit-il, de récentes nouvelles.
L'appel n'est pas encore jugé. Mais présentement
pas de conflits, pas de violences. Jusqu'à ce qu'on ait
appris la résolution des commissaires qui se-
ront chargés par
du pays
albigeois,
Ensuite,
s'il
le
pape de connaître
le
les griefs
faut savoir tout supporter.
il
n'est pas fait justice à tant de plaintes,
temps sera venu de prendre des résolutions circonstances veulent des
nouvelles,
et,
martyrs,
y en aura.
il
si
Arnauld Garcia
les
Pierre Pros vont alors trou-
et
ver Bernard, lui rapportent leur entretien avec Élie Patrice,
opinion sur
répond
:
«
et
lui
demandent quelle
Et vous, quelle est la vôtre?
Arnauld Garcia,
»
mienne,
»
soustraire aux mains de ses ennemis,
» l'aide
est
dit
son
défection projetée. Bernard leur
la
de Dieu,
soit
— La
c'est qu'il faut se
avec l'aide du diable.
soit »
avec
Pierre
ET I/INOIJISITIUN AI.Uir.EOlSE Prns ajouto venus,
:
« (-'est
la
niicnno aussi.
question
(|u'ils lui
pusciit
un
Ayant
vœu
les
avis.
l'ail
comme
de toutes
lui seul
il
m
de défection n'est pas venu de
lui.
;
snnl
sur
pas
les coui-
mais ce projet
Que
les syndics
d'Albi s'adressent aux consuls de Carcassonne
prennent avec eux
le
Arnauld Garcia
et
vers la maison
la
coiiiliMllaiil
sera de tous
les balailles
Il<;
et,
ii'cxpiiiiu'
de numiir
ennemis de son pays,
plots
>
lîcinaid
coiisnllcr
(lis(Mil-ils,
Kl.'.
et
meilleur parti. Pierre Pros se dirigent alois
commune du
les consuls, délibérant
sur
la
bourg, où se trouvent
grande
affaire. Assis-
tent et participent à cette délibération les consuls Élie Patrice, leth,
Arnauld Terrien, Raymond Be-
Guillaume de Saint-Martin, Raymond du Puy,
Guillaume Laurent, Guillaume de Montolieu, Barthélémy Calverie, Raymond André,
et
avec eux
divers conseillers et notables habitants de la ville,
Raymond
Propris,
le
notaire maître Bernard Amat,
maître Bernard Jean, Pierre Record, Guillaume du
Puy,
Raymond Bena, Raymond
Vital. Élie Patrice est l'orateur
Soqueri, Bertrand
de
la
réunion.
Il
expose que, livrés en proie par le roi de France à d'odieux tyrans, quelques citoyens de Carcas-
BERNARD DÉLICIEUX
J06
sonne ont formé à son obéissance
le ;
dessein de soustraire leur pays
puis, racontant les propos échan-
gés à Nîmes avec le prince Fernand,
il
que ce
dit
jeune homme, animé des meilleurs sentiments, lui
paraît mériter toute la
confiance des gens
de bien. Élie Patrice avait une grande autorité. Si
quelques-uns des assistants trouvent son des-
sein téméraire,
lanimes
et
ils
gardent
ne veulent pas paraître pusille secret
Le vote en faveur de
de leurs inquiétudes.
la défection est
unanime. La
séance levée, les consuls de Carcassonne se ren-
dent à il l'a
la
chambre de Bernard.
Cette délibération,
provoquée, puisqu'il a voulu savoir
si
l'en-
treprise était approuvée par tous les mandataires
de
la
commune. Quand
qu'ils sont d'accord,
il
ils
viennent lui témoigner
n'a donc plus d'objection
à leur présenter. Cependant
il
rappelle que jus-
qu'à ce jour, dans toutes les affaires, les gens de
Carcassonne
donc
et d'Albi se sont
qu'il serait sage
entendus;
de consulter, cette
il
croit
fois en-
core, les consuls d'Albi et de ne rien décider avant
d'avoir reçu leur réponse. C'est
que Bernard propose. Peut-être refusera d'entrer dans
un ajournement
espère-t-il qu'Albi
la ligue, et
qu'ainsi le pro-
ET F;JN011|S1TION AIJtlGEOISE. jet (le dcloclioii, dont, tera.
Kn
les ,i;ens d'Albi.
partant, Arnauld Gareia la
semaine qui suivra
mais, cette semaine écoulée, et
n'a pas faut
qu'il
donné de toujours
promet de revenir
le il
jour de Pâques;
n'est pas
ses nouvelles.
l'attendre,
et
de retour
Bernard
dit
continue ses
Le dimanche de Quasimodo, dans
prédications. le
avor-
On décide d'envoyer sur-le-champ Arnauld
Gareia vers
dans
l'cdoiilc les suites,
il
107
couvent de son ordre,
il
déclare que
de
le roi
France, en laissant à l'inquisition libre carrière,
manque loin.
à ses devoirs.
Il
Contre l'inquisition
contre
le roi
n'avait pas encore été il
si
tout dit, mais
avait
de France rien encore. Ce sermon,
qui diffère de tous
les autres,
Bern;u(l Ta-l-il
pour complaire à Elie Patrice? On peut
fait
le croire.
Élie Patrice n'est pas en effet content de Bernard,
que, depuis lesse.
trice
le
retour de Nîmes,
il
accuse de mol-
Bernard, de son côté, se plaint d'Élie Padont
les
imprudences l'épouvantent.
devant témoins,
ils
menacent. C'est après de réconcilier,
concessions.
on
Même
s'interpellent, s'injurient, se tels éclats
que, pour se
se tait d'ordinaire les plus
grandes
BERNARD DÉLICIEUX
108
Arnauld Garcia ne revint pas d'Albi, n'ayant pas réussi dans son ambassade. Deux des consuls, Philippe Oalric et Guillaume Salvi, le juge royal
Gahlard Etienne, ainsi que
le
viguier Guillaume de
Pesencs, s'étaient déclarés en faveur de la ligue;
mais
les autres
C'était
un échec grave pour
Ce qui
tion.
qu'on
avaient été d'un avis différent. parti
de
la défec-
grave encore,
c'est
en cherchant des complices, confié
avait,
le secret
le rendait plus
le.
de l'entreprise à des gens qui, ne l'ap-
prouvant pas, pouvaient
la révéler. Il fallait
donc
renoncer au projet ou en précipiter l'exécution. Élie
Patrice et
prononcés pour envoyé vers
le
la
plupart de ses amis s'étant
l'action
immédiate, Bernard
fut
prince Fernand, avec une lettre de
créance qui l'autorisait à
proposer
les
conditions
auxquelles Carcassonne entendait se donner un
maître nouveau. Il
partit
aux approches du second dimanche
après Pâques, accompagné d'un de ses confrères,
Raymond
Etienne, jeune religieux déjà distingué
dans son ordre, qui devait être un jour gardien du couvent de Carcassonne. à Perpignan,
comme
il
Ils
se rendirent d'abord
avait été convenu. Mais la
KT i;iNOI ISITION roiir (le .Mayoi'(nn' Ihi
Perpignan
p.is
ti'(''l;iit
ils
100
\l,i;ir,EOISE.
alois dans ccllu ville.
dînent aller
la
eherchcr à
hi
frontière d'Espagne, à travers les gorges des Pyré-
nées, à Saint-Jean Pla-de-Cors,
ne
sait plus
même
humble
village qui
son histoire, quoiqu'on y re-
trouve les grandes ruines d'un rhâteau construit vers la fin du xir siècle. Ce château Tut autrefois
un château
une des résidences préférées
royal,
des rois de Mayorque.
Suivant des routes
difficiles,
à peine tracées,
allant tantôt à pied, tantôt à cheval, les
geurs s'acheminent lentement vers
Bernard
est soucieux. A-t-il craint
mission, intimidé d'Élie Patrice?
})ai'
les
deux voyamonts.
les
de refuser cette
menaces quotidiennes
Nous croyons plus volontiers
a mieux aimé s'en charger lui-même que confier à d'autres. Sans être dèle,
il
infi-
les
proposer ou accepter des atermoie-
en tout cas,
s'il
d'un plan de conduite, la
un ambassadeur
de l'entreprise, suggérer lui-même des
objections, ;
la voir
peut ne pas dissimuler au jeune prince
difficultés
ments
qu'il
ne il
s'est
pas tracé
le détail
a pris le parti d'agir avec
plus grande circonspection.
Elant donc arrivé près de Saint-Jean Pla-de-
BERNARD DELICIEUX
110
Cors,
il
descend de cheval,
cavité creusée par
un
sol
pour y enfouir
de
créance.
Celte
cl,
pcnclranl dans une
torrent d'hiver,
les débris lacérés letti'c,
restée
fouille le
il
de sa
lelti-e
aux inains de
Fernand, pourrait être quelque jour une preuve accablante. Son premier soin est de la supprimei'.
Les deux voyageurs rendent ensuite
du bourg.
Il
visite
au curé
ne faut pas qu'on se demande, en
les
voyant aller directement au château, quelle affaire d'Etat les le
amène. Ensuite Bernard va seul trouver
jeune prince,
et entre
en matière par un discours
rigoureusement conforme aux instructions reçues. Les consuls et les conseillers de la
qu'il a
commune
de Carcassonne sont décidés à ne plus reconnaître l'autorité
du
roi
de France, qui ne veut pas agir
contre les inquisiteurs part,
l'engagement de
;
si
donc
il
les chasser
prend, pour sa
du pays,
il
peut
venir sur-le-champ prendre possession d'une ville
dont les chefs se donnent à
que
lui.
Bernard supposait
cette déclaration serait suivie d'un colloque
;
il
pensait qu'avant de tout promettre aux gens de
Carcassonne,
le
jeune prince voudrait au moins
interroger leur ambassadeur l'entreprise.
Mais
cette
sur les risques de
supposition
se
trouva
laussc. |»ri)Miil
plus délibérer
v*^;lMs
(Télic hionlôt
cassoiuie.
Il
Il
Kcriuiiul ucccpla, oL
rendu dans
les nuu\s
de Cai-
plus alors à Ikrnard (jiruiie
ni' icsiail
cliance d'insuccès.
m
amugkoisk.
i;inqmisitio.n
i:t
dit à
Fcinaud
(pril
ne
(irul
se relirer sans voir le roi, qui l'a toujours liouoié
de ses bonnes
i^râccs, el se
rend en conséquence,
malgré l'opposition de Fcruand, à l'apparlenienL
du
roi.
Jayme
savait tout et surveillait son fds. Étant
informé de l'arrivée de Bernard, appeler près de
lui.
On
il
l'avait déjà
l'ait
doit prévoir tous les détails
de leur entrevue. Le roi demande à Bernard ce qu'il
est
venu
faire
à Saint- Jean Pla- de-Cors.
Bernard répond avec embarras que
le
voyage n'est en rien blâmable. Le
roi,
motif de son sans faire
aucun mystère de sa mauvaise humeur, exige de Bernard
qu'il répète ce qu'il a dit à
Bernard, confondu ou feignant de silence.
Le
roi lui
commande
Fernand,
et
garde
le
l'être,
alors d'attendre ses
ordres, et se rend à la hâte près de son
fils.
Plu'
sieurs témoins rapportent qu'après avoir reçu sa visite,
Fernand
sortit
du château
la tête
nue,
les
cheveux en désordre. Son père ne l'avait pas seule-
ment admonesté;
il
l'avait
encore battu de sa main,
BERNARD DELICIEUX
11-2
en
la
présence de plusieurs seigneurs, sans aucun
souci d'une majesté depuis longtemps majeure.
Bernard ne revit pas Fernand;
ne revit pas
il
même
le roi.
lui
dire par son chancelier de quitter aussitôt
fit
le pays,
et,
Rentré dans ses appartements,
craignant à bon droit d'être arrêté,
Comme
Bernard s'empressa d'obéir. fin
du jour,
il
ne put dépasser
le
on
sur Perpignan en toute hâte,
gagna Carcassonne par
le
et,
était à la
Boulou avant
nuit close; mais, dès le lendemain,
il
le roi
la
se dirigea
il
sans y séjourner,
chemin
le
plus court.
Le prince Fernand n'essaya plus de renouer
la
négociation interrompue. Les gens de Carcassonne,
ayant appris de Bernard qu'ils ne devaient rien attendre de ce côté, n'envoyèrent à Fernand aucune
autre ambassade. L'affaire étant avortée, bientôt
on n'en parla
plus.
Élie Patrice a
donc tristement
Bernard recouvre toute sa l'état
lini
son rôle,
liberté d'action.
et
Mais
des esprits n'est plus ce qu'il était autrefois.
Depuis
le
voyage du
roi,
dont on espérait tant
et
dont on n'a presque rien oblenu,
le
groupe des
conspirateurs s'est seul agité pour
la
cause, et le
voilà
lui-même découragé. La confiance
est
main-
KT
h'iiaiil (liez les
jours
amuc.f.oise.
i;i.\(M isrri(»N
raiiltMiisdr riiKjuisiliim. Aiii>i tou-
succrdcul
iuix f^randcs (''molions
latijjfuos
;
ou
itsIc
silencieux; en
11:5
mais
nif'foiih'ul,
|)roit'
li's
«irandcs
ou devient
au sonlimcnt douloureux de
riinpuissance, les auies s'atlristcnt. C'est le uient où
les
ambitieux elianfient de parti. Mais
llcinard n'était pas
homme
à faire
versions intéressées. Loin de
eompte
mo-
là
:
une de ees ron-
(juand
il
a
rendu
de son inlVui tueuse mission, quand
est
bien eoiiveuu (|ue
est
abandonut".
il
tout
il
projet de défection
recommence
à prêcher.
CHAPITRE
YIII.
SUITE DE LA CONSPIRATION AVEC LE PRINCE FERNAND.
Le 3 mai 1304, Bernard prêche à Toulouse, dans
l'église
Saint-Sernin.
La chaire de
Sernin n'est pas une chaire franciscaine, sulat
de Toulouse n'est pas animé des
ments que ceux de Carcassonne les moindres bourgeois de
Saintle
con-
mêmes senti-
et d'Albi, et,
parmi
la ville, les inquisiteurs
ont un parti considérable. Bernard paraît donc
téméraire lorsqu'il choisit Toulouse
comme le
pre-
mier théâtre de sa prédication nouvelle. Mais, ayant dit
quelques mots sur
resse,
il
s'arrête.
long sermon,
il
Venu,
l'affaire dit-il,
qui seule l'inté-
pour
apprend que, dans
faire
un plus
l'auditoire, se
trouvent des espions chargés de l'interrompre et
l'INQlIISITION ALHIGEOISE.
«iH'anvU^r on pl.ino
rliairr.
||
s.
l.-.il
115
.Ion,-
pour
l">'voniri.n o-rand sca„,lalc, et, partant aussitôt de loulouso, il va choirhiH- dans les murs d'AIbi de plus sûrs confidents. Devant les Albigeois, il s'ex-
prime
ainsi
j„„r d.
Ir
*
gens, quelques
»
que
* » »
j'avais fait
lils
la
J>entecôte :«' Bonnes
d'iniquité vous ont assuré
une
honteuse retraite en Catalogne, avec rargent, avec les chevaux que j'ai reçus de vous pour en faire un tout autre usage Quelques-uns vous ont même conté
que
'
été
»
le
pendu
dans
une
cordon que je porte à voyez,
il
est
ville
ma
j'avlis
d'Espagne' ceinture.
avec
Or vous
bien évident qu'ils ont menti
»
1<^
»
VOICI
»
contre votre évêque et vos inquisiteurs, toujours prêt à dire, à prouver qu'ils ont injustement
»
» »
de retour,
toujours
prêt
Me
à témoigner
condamné ceux de vos concitoyens nent emmurés. Non, je ne fuirai
qu'ils ticn-
pas, et je n'hé-
»
siterai pas,
soyez-en bien persuadés, à engager
»
ma
»
suis appelé devant le
»
été le constant adversaire de vos coupables per-
» r>
vie
même
au service de votre cause si^'je pape comme accusé d'avoir
sécuteurs.Maisjenel'aipas encore reçue assignation tant de fois annoncée.
»
cette
Et puis
il
BERNARD DÉLICIEUX
116
ajoute
:
«
Nos communs ennemis vont disant que
de vos deniers. En cela du moins
»
je vis
»
se
»
étant obligé
trompent pas. Je
vis
pour vos
en
effet
affaires
ils
ne
de vos deniers, à de fréquents
»
voyages, et n'ayant plus rien à moi, ayant tout
))
vendu,
»
ai-je
»
fices? Soit!
»
demande de
»
mande de
»
gestion de vos biens, d'abandonner vos femmes,
»
vos enfants, et de vous répandre en tous lieux,
»
criant
»
poitrines contre les détestables gens qui se sont
»
acharnés à
même mes
livres,
pour vous
imposé jusqu'à ce jour de grands
Eh
Yous
servir.
sacri-
bien! maintenant je vous en
plus grands encore; je vous de-
laisser vos métiers, vos boutiques, la
comme moi la
de toute
puissance de vos
la
ruine de votre pays.
»
Jamais peut-être Bernard n'avait été plus véhé-
ment. L'inquisition prévoyait sans doute que cet éclat viendrait après le silence forcé
Aussi n'avait-elle pas
de Toulouse.
manqué d'envoyer
à la suite
de Bernard des gens chargés de l'écouter recueillir ses paroles. pliait le
Depuis longtemps
pape d'intervenir
et
pape dominicain devait enfin
Le 16
avril 1304-, Benoît
XI
de lui
elle
et
de
sup-
le faire taire.
Un
rendre ce service.
écrit
au ministre pro-
KT i;iN()(nslTI()N AIJ'.KIKOISK. \
117
iiK ial (les Miiiciir.s (l'A(|iiil;iinc, lui (loiiiiaul
runiH'l d'aiTêltM' l'obsliné (létraclciiisilioii, rrèreUeiiiartl Drliciciix,
Itouiie '^iwdo à la coui'
disait
au peuple, d'Alhi
devanl
le
ilenient
(pi'il
qu'ils
H) avril niaîli'c
mais Bernard il
jusqu'alors
mandement
clTorccs d'obtenir, ce si},nié;
altendait,
l'ijinorait
à j.imoux,
était
Pierre Couronne,
où
Bernard
pour
pape eonrondre ses aceusalcui's, s'ékiienl
rin(|iii-
di;
chic renvoyer sous
Rome (1). Quand
do
l'oidic
aller
man-
le
vainenieiil
venait
d'clre
encore. Vers le
l'un des notables,
l'avait
prié de venir.
Cette petite ville a déjà Iburni plus d'une victime
à l'inquisition
elle doit
;
C'est pourquoi,
donc en fournir d'autres.
selon Pierre Couronne, elle est
dans l'obligation de s'unir à Carcassonne
et
contribuer honnêtement aux Trais de toutes
ambassades vers
le
pape, vers
néanmoins
Bernard entendu,
entre eux et refusent de s'engager.
Limoux
s'était
raffaire de
la
(1) Pièces justificatives, n» IV.
celle
délibèient
La
ville
montrée pleine d'ardeur défection;
les
le roi. C'est aussi
l'opinion de Bernard. Ce n'est pas
des consuls, qui,
de
mais on ne
de
dans
croit plus
118
BERNARD DELICIEUX
maintenant à
la réussite finale
de Bernard, on sent que
donne, avec
et l'on hésite à se
compromettre davantage
en rentrant à Carcassonne, après cette à Limoux,
course
envoyé par
le
faveur des dieux l'aban-
lui.
C'est
pas.
la
des i^rands projets
Il lit
pape.
le
plus,
que Bernard connut l'ordre Il
pouvait fuir,
ne
il
second dimanche après l'octave de
que son heure
était
venue,
et qu'il
au peuple de Carcassonne pour Devant être bientôt iinés et
le
voulut
annonça publiquement en chaire,
il
saisi
la Trinité,
s'adressait
la dernière
fois.
par des gardes déjà dési-
conduit prisonnier devant
le
pape,
il
re-
commandait son Ame aux prières des honnêtes gens. Intimidés par foule, les gardes s'était
l'altitude
menaçante de
la
ne parurent pas ce jour-là. On
promis de l'arrêter sans bruit, sans témoins,
hors des murs. Informé de ce dessein, Bernard ne quitta pas la ville. Quelques jours après, au
mencement de
juillet,
Jean Rigaud, vicaire du
provincial d'Aquitaine, pénétra dans la
de Bernard,
le saisit
de sa main
venir en cour de
Rome.
Ayant repoussé
la
com-
Il
et le
chambre
somma
de
aurait fallu des gardes.
main de
l'agresseur, Bernard
lui (It'claia l'I
liùs-ltTinomeiil
Jean lli^aud en
Mais cela ne (le
le
ne
le siiiviail,
pas,
l'excomniunier.
Iroubla guère; on avait laul abusé
ne blessait plus.
amis restaient fidèles; (lillicile
(iiTil
lui récluil à
rcxcommunication,quc
l'uneste,
im
i/iNoiusrnoN aijuchoisi:.
i:t
il
celte
arme, autrefois
Aux excommuniés était
même
si
leurs
devenu bien
de leur interdire l'entrée des églises et
Tusage des sacrements. Les seules excommunications qu'on eût alors à redouter étaient celles
elle-même
que
Topinion publique
avait
Quant
prononcée par Jean Rigaud,
elle
à la sentence
l'ut
sollicitées.
d'abord méprisée, puis cassée. Peu de
temps après,
le
ministre d'Aquitaine, reprenant sa
place mal occupée par son vicaire, et les déliniteurs
du chapitre provincial assemblé dans
la ville
d'Albi, la déclarèrent nulle et sans effet. Ainsi le
mandement du pape
n'obtint qu'un simulacre
d'exécution, et Bernard,
demeuré
en chaire. Benoît XI n'eut pas
le
libre, reparut
temps de prendre
d'autres mesures contre Bernard et contre ses supérieurs, devenus ses complices.
Le 6 juillet 1304,
mourut à Pérousc, âgé de soixante-quatre
il
ans, des
suites d'une indigestion.
Quand
la
nouvelle de sa mort parvint àBei'nai'd,
BERNARD DÉLICIEUX
120
comme un heureux
l'annonra paitoul
il
ment. Les Prêcheurs ont eu leur pape les
Mineurs peuvent en espérer un de leur robe.
faut
Il
;
événe-
maintenant
donc se réjouir de
la
mort de Benoît XI On .
s'étonne peut-être aujourd'hui de voir ainsi traiter
un pape. Les accusateurs de Bernard
se contentent
de rappeler en quelques mots, dans une phrase
mort de Benoît XI
incidente, qu'il publia la »
des moqueries»,
cum
dicando. C'est un pas.
de
Dans
l'Église
la nôtre,
bien que
il
les
dans leurs
fait
du
était
«
avec
derisionibus imhlicè prœ-
auquel
ils
ne s'arrêtent
xiv' siècle, qui différait tant
commun
de voir les clercs aussi
moines injurier dans leurs discours,
écrits, les
papes avec lesquels
ils
n'é-
taientpas d'accord. Ainsi frère JeanSalimbene, du
même
ordre que Bernard, avait exprimé sa grande
satisfaction en
apprenant
la
mort d'Honorius
IV,
«
ce goutteux que les cardinaux avaient fait leur
»
pape, personnage de médiocre valeur, Romain,
»
avare, tout à fait méprisable (1).
»
L'Eglise, alors
agitée par plus de partis qu'il n'en existe aujour-
d'hui dans l'État,
(1)
Chronicon
fralr.
parlait
Sahmbene, ad
de ses papes,
aiin. 1:286.
même
KT i;i\oi;isiTio.\
.\i-i;iiii:oisii:.
nous parlons (h nos
vivanls, aussi libreiiK'iil ([uu rois,
porlc donc
Bt.'inanl
nouvelle de
la
bourgs
est
partout
Espérons,
mort du pape, dans
lait
dioeèses de
qu'il visite.
L'argument de ses discours
même
le
et,
Le pape
:
est
mort, espérons!
pour que Dieu nous aide, agissons.
rien à l'aire?
homme
les
la
montant enehaire dans tous
Vous avez déjà beaucoup t-il
bonne nouvelle,
la
et d'Albi,
Carcassonne les
1:21
Il
fait
;
mais ne vous restc-
aucun
y a ([uelques années,
de cette province n'osait en sortir
se cacher d'être Albigeois
:
il
fal-
à l'étranger, tout
;
Albigeois était infâme. Partout maintenant on sait
que
les seuls
infâmes de ce malheureux pays sont
([uelques inquisiteurs et
un évêque. Ces
traîtres
dit-on, en cour de Rome.
d(3masqués sont
allés,
Eh bien
trouveront en présence d'un nou-
!
ils s'y
veau pape et du vidame, qui ne les ménagera guère. La justice romaine va lentement en beso-
gne
;
cependant
cette cause tant
il
de
faut qu'elle soit bientôt gagnée fois
remise
!
Oui, sans doute,
bonnes gens, ayez une entière contiance dans votre vaillant
champion, excommunié comme vous
et
pour vous. Mais pensez qu'à Rome on ne réussit à rien sans argent.
Donc,
vendez
ces
vignes.
BERNA r.D DELICIELX
l;22
ces maisons, ces jardins qui seront contisqiiés
si
Rome
de
votre évêque revient absous, et envoyez à
beaucoup d'argent. Voilà ce
l'argent,
qu'il
vous
reste à faire.
Sur ces entrefaites, on apprend que a,
comme
tembre dans
les
le
les
cessé de
pape,
uns disent à
le
vivre, le
vidame 29 sep-
Pérouse, les autres
Abruzzes, son procès nullement terminé.
Les dominicains, ajoutant leurs commentaires au
simple récit de l'événement, racontent qu'il est
mort sans
l'assistance d'un prêtre, dans l'horrible
solitude de ces grands pécheurs
que
l'Eglise
a
retranchés de la société des tldèles. Doit-on les croire? Les Mineurs d'Albi ne manqueront pas du
moins de contribuer de tout leur pouvoir au de son âme.
En l'honneur de
mort avec ou sans prêtre, dans leur couvent,
et,
ils
cet
salut
excommunié,
célèbrent une messe
après la messe, Bernard
prononce une oraison funèbre. Venu dans ce pays qu'il est,
ne connaissait pas,
le
vidame
l'a
vu
comme
il
un beau pays, peuplé d'honnêtes gens, et il s'est
empressé d'aller vers
pour
les
le roi
de France témoigner
persécutés contre les persécuteurs. Le roi
de France n'ayant pu réparer tout
le
mal,
il
est
KT
plaindre au
all('' s(^
do ce
Le
pa|)('.
Dieu
funèbre d'un Bernard,
du
se |)laindre
12:5
|)apu n'ayaiiL rien lait
qu'il devait faire, enfin le
«li'vaiil
mais
rin\ alkickoisk.
i;i.\<,u'isi
|ki|i(3.
vidamc
est allé
C'est l'oraison
iiuii lyr.
comme on
demeurait en scène
le voit,
;
plupart de ses amis l'avaient abandonné,
la
lorcés de reconnaître que, depuis quelque temps,
leurs affaires n'allaient pas bien. Elie Patrice lui-
même
a cessé de l'accompagner dans ses courses
loi'aines s'aiiite
et
plus,
de seconder sa propagande. On
velles, et l'on n'en reçoit
comme
ne
on attend. On attend de bonnes nou-
celle-ci,
guère que de mauvaises;
par exemple Le roi vient d'écrire :
aux sénéchaux de Toulouse
et
de Carcassonne
;
il
destitue de toute chai'ge publique non-seulement les
hérétiques condamnés, mais encore leurs fds
cl
leurs neveux
en outre,
;
il
interdit toutes les
associations et toutes les collectes de deniers faites
pour venir en aide aux adversaires du
saint-office.
Ces lettres portent la date du mois de juin 1305
Ce sont
là,
Elles sont,
(1) Collection
dit le roi, il
est vrai,
Doat,
t.
(1).
d'anciennes ordonnances.
de saint Louis. Mais
XXXIV,
loi.
81.
c'est
BERNAKD DELICIEUX
124
pour complaire à
l'inquisition
que Philippe
les
renouvelle.
Quelque temps après, d'autres nouvelles Garcassonne
à
vent
plus
,
graves
du vidame, Guillaume de Picquigny,
même
que Bernard
fils,
est
s'il
peut se jus-
doit se hâter de le faire, le roi Philippe
il
étant fort irrité et parlant d'obtenir tice.
livré
accusé d'avoir été l'agent
principal de cette trahison, et que, tifier,
fils
écrivent
de Mayorque a
roi
le
le
de certaines négociations entamées avec
le secret
son
temps que
Le
encoi'C,
confesseur de la reine, frère Durand, et
en
arri-
Bernard n'avait jamais
Le projet
révélation.
confidents
,
qu'il
prompte jus-
été sans redouter
avait
en devait
eu de
si
une
nombreux
ti'anspirer
quelque
chose; mais, ayant pris soin d'anéantir les preuves écrites
du complot,
il
pensait pouvoir tout contester
avec avantage. Ses espérances étaient maintenant déçues. lité
Quand
il
était
du dénonciateur ne
le fait;
il
lui permettait
roi, la
Il
communique donc
personnes qu'il juge compromises
sements qui
lui
qua-
pas de nier
ne pouvait plus s'efforcer que d'en
nuer l'importance. les
dénoncé par un
atté-
à toutes
les avertis-
sont parvenus, et délibère secrè-
ET L'INQUISITION ALBIGEOISE. tf^mcnt avec elles sur la conduito liicnlùl
(ju'il
informô do co qui se passe,
l.nil
125 lonir.
le si'iirclial
Carcassonne, Jean d'Aunay, (hMend à Bernard trée de la ville. n'(^s(
l'en-
Cependanl. aucun ordre du roi
venu prescrire de commencer des poursuites.
Cet ordre,
il
prévenir. C'est pourquoi
laul le
résolution est prise en
parler,
Fransa
et
commun
l'éclairer
et
le
la
d'envoyer une
Avec Bernard iront voir
(lépulation à Paris. lui
de
le roi,
supplier, Guillaume
Pierre Etienne, alors consuls, pour les
gens d'Albi
;
Jean Marcend
et
Bernard-Jean Servi-
nier pour ceux de Carcassonne
ceux de Castres,
et
;
Pierre Pros pour
Bernard Pannat pour ceux de
Cordes.
Bendue à
Paris, l'ambassade sollicite le roi, sol-
licite la reine,
mais vainement;
le
roi n'écoute
aucune explication, aucune prière. Plus
il
s'est
montré jusqu'alors bienveillant pour Bernard les siens, plus
il
est
impatient aujourd'hui de voir
châtier leur félonie.
Il
écrit
donc à Clément V,
nouveau pape, pape de sa façon, qui ne lui refuser,
et
doit rien
de faire immédiatement arrêter frère
Bernard, son justiciable;
il
écrit
en
même
temps
au sénéchal de Carcassonne, Jean d'Aunay, d'ar-
BERNARD DÉLICIEUX
126
rêter
lui-même Elie Patrice avec
civils, et
pape,
nard
le
de
les
ses complices
juger sans délai. Sur
ordres du
les
gardien du couvent de Paris apprit à Ber-
qu'il était prisonnier, et plaça
dans sa cham-
bre quelques religieux chargés de veiller sur
En môme temps,
le
24 du mois d'août,
lui.
les autres
conjurés signalés par le roi furent incarcérés à
Carcassonne. Leur procès ne traîna pas en lon-
gueur. Le sénéchal Jean d'Aunay
les
jugea vers
le
milieu de septembre, assisté d'Amalric, vicomte
de Narbonne, Ils
et
de douze autres barons terriens.
avaient nié d'abord avec constance une trahi-
son plutôt essayée que manquée été bientôt
confondus par
les
;
mais
ils
avaient
aveux arrachés au
messager du consulat, Guillaume Brunel. Seize des accusés furent condamnés à mort, parmi lesquels nous pouvons citer dics
Barthélémy
:
Élîe Patrice, les syn-
Calverie et Pierre d'Arnauld-
Guillaume, Bernard Marseille, Guillaume du Puy,
Guillaume Roger de Bruco folio ou de Burcafollo, Guillaume de Saint-Martin lieu (1). Ils furent conduits
(1) Maluil,
Ponce de Monto-
et
au supplice,
Cartulaire de Carcassonne,
l.
VI, p. 11.
le
28 du
I:T
iiK'ine
F/INOriSITION AMUCROISE.
mois, hors des
neufs avaient
de
la voie
.'té
murs do
dressés à
la
la ville
;
soizo gibels
sur
JiAte,
publique, pour recevoir un
127
les
bords
nombre
égal
de condamnés. Un d'eux, qu'on nommait Aimeri Castel, prit la fuite. Arrêté
dans
le
quelque temps après,
Limousin, à Pierre-Buffière,
jeté dans les prisons
du
roi.
Mais
il
il
fut aussitôt
avait, outre
beaucoup d'amis, beaucoup d'argent. Ses amis oflrirent son argent, et, au prix d'une forte rançon,
il
fut libre (1).
Le 29 novembre,
supplice fut infligé dans le
même
ville d'Albi
ne fournit pas une seule victime
à cette expiation. Averti
que
pas voulu prendre part à et
satisfait
même
*
habitants de Limoux.
La
le
lieu à quarante
de leur
les
consuls n'avaient
la ligue,
fidélité,
le roi,
surpris
n'avait rien prescrit
pora n, un Prêcheur, un inquisiteur très-zélé, Bernard Gui « Detecto proditionis tractatu et veritate comperta per inquisitionena cnruP comprehonsifuerunt in malis suis priditoros pi •
_
'.
••
'n v,g>l.a B.
-.
xrv alM proditoros simul
'
; ..
Bartholomei apostoli, dictusque Elias Patrk tracti
..
e
per villam et suspens!
fuerunt ad solem, .n pafbulis de novo et solemniter erectis juxta viam J-^»'^'^ «^.-^--^"'e, in vigilia S. Michaelis, .anno Dom [ '?'^;';'' l^Uo. Et qui prius insaniendo contra fratrcs Prœdicatores voce corvina crocitabant corvis fuerunt expositi crocitandi nani postea in patibulo corvi visi fuerunt picantes et crocitantes in cervicbus eorumdem, sicut testati sunt qui viderunt; pluresque •
»
es
BERNARD DÉLICIEUX
i2S
à Jean d'Aunay touchant cette ville. Cependant elle
ne
fut
pas assez protégée par
le silence
du
roi.
Le
sénéchal, ayant achevé le procès de Garcassonne, fit
savoir qu'il allait
commencer
celui d'Albi, Les
consuls, alarmés par cette nouvelle, chargèrent alors
Guillaume de Pesencs
d'aller porter
en leur
et
Gahlard Etienne
nom à Jean d'Aunay 500 livres
de monnaie courante, s'engageant à
peu de temps après
pareille
lui
somme,
compter voulait
s'il
s'abstenir de toute poursuite; mais Jean
d'Aunay
déclara que l'action de la justice ne pouvait être
suspendue par des promesses,
et
ne donna que
cinq jours aux consuls d'Albi pour compléter leur présent de 1000 livres. Dans les cinq jours,
le
complément fut porté par Guillaume Amat et Pierre de Castanet, alors consuls. Voilà comment
la ville
d'Albi fut épargnée.
similes in culpa fuissent ad
pœnani similem condemnati,
»
alii
))
nisi D.
H
intervenlssent. Aimericus vero Castelli, fiigœ praesidio évadants,
»
captus fuit in Petra Bufferia, Lemovicensis diocesis, et diu in
»
carcere régis tentus precibusque
»
ereptus a mortis supplicio. Pius autem rex Philippus inlervenlu
)i
papae pepercitmuUitudini a morte et exilio, non tamen a muleta.
Clementis papœ V apiid regem clcmenlia et compassio
multorum
et
pecunia mulfa
Unde communitasCarcassonœ privata fuit consulatu et condemnatainmaximapecuniœquantitate. » (IIistor.de laFrance, t. XXI, Mahui, Cartul. de Carcass., t. VI, 1'^ pari., p. -iïS.) p. 744. »
»
—
KT
ISITION Al.llIGEOISK.
1,'INOI
l'uTiiaid iir jioinail r-lic
.iiissi |ii(tiii|>l('iiiriil jiinV-
qu'Klie Palricc. La
f(iiir loiiiaiiit'
Iraclé ceshabitiulcs
(le Iciniioiisalioii cl
ciiTonspccto
(lu'oii lui a
Au mois
<'Iit'('s.
(If
ii()VGiiil)rL',
dans celte
IJei'nard fut transféré
jiardc, (|u'on n'en
serviteur tel
<jui
du
roi
doute pas
:
avail i\r\\
Uiiil
(li'[iiii.>;
couronner dans
allanl se Taire
129
un
le
de
cun-
de
li'iileur
fois
repro-
nouveau pape
la ville ville.
de Lyon,
Sous bonne
j)ape aussi fidèle
ne ])ouvait laisser échapper
un
prisonnier. Cependant ce pape et ses cardinaux, tous avaient une éyale passion pour la magni-
ticence,
ne devaient
i)as,
à une enquête judiciaire
on le
le
comprend, employer
temps que leur deman-
daient les laborieux préparatifs d'un couronne-
ment;
et, le
couronnement achevé, trop de repos
était nécessaire
aux cardinaux anciens, trop
faires étaient à la fois
rience des nouveaux.
recommandées à
d'af-
l'inexpé-
Du mois de novembre 1305 resta, comme la
au mois de février 1300, Bernard cour du pape, dans
la ville
de Lyon, réclamant des
juges, mais n'en obtenant pas. le
Au mois de
février,
pape, s'éloignant de Lyon, visita Mâcon, Ne-
vers, Bourges,
Limoges, Périgueux,
à Bordeaux. Bernard
fit
avec
lui ce
et
se
voyage.
rendit
A
Bor-
BERNARD DÉLICIEUX
13J deaiix, la
mois
cour du pape séjourna jusque vers
d'avril
captif,
1307. Bernard, toujours
y
le (il
mois d'avril, un aussi long séjour. Cependant au devait quand le pape vint à Poitiers, où le roi le
couvent de rejoindre, Bernard fut conduit au
Depuis Saint-Junien, dans le diocèse de Limoges. on ne parlait plus de le juger, peut-
longtemps être
pour n'avoir pas à
25 novembre, une
le
lettre
condamner. Enfin,
le
du pape enjoignit aux
Poitiers. Mineurs de Saint-Junien de l'envoyer à prochain retour Philippe avait fait annoncer son
dans cette
et
ville,
le
pape
hésitait,
après un
si
chose dans long ajournement, à décider quelque mis en auparavant de Bernard, sans avoir l'affaire
présence l'accusateur
et l'accusé.
Bernard ne se pressa guère pape.
On ne
le vit
d'aller trouver le
pas à Poitiers avant la première
Le pape, semaine du carême de l'année 1308. Résidant informé de son arrivée, n'y prit garde. chaque jour au couvent de son ordre, il assistait comme aux offices. Il lui plaisait de se montrer,
Le roi venu, n'ayant rien à craindre de personne. c'est
Bernard qui va se présenter à
s'excuser, mais
lui,
non pour
pour se plaindre du sénéchal Jean
" '''•^""^'5
'-'
l-IV',M
ISlriOX AMIICKOISE.
I"""- 'l-'l""'l'" la n,é,„oi,v
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™'"l'li«, ,,»on a olunilaUc"en. ,.pa,-,n,K Le roi ne croyait plus llernard
-
;-.-.nai,,, I,.;
il
oublier.
I
li.T„a,-d
pouvait
7.''"" :
donc se ,roiro libre;
-
'l"'il
'''r"'»'
'"l'PP-,
seloignam
,.,
|,,i,,a,.clonnai.e, voulait
de
'V.,ait
pas tout à
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n>ais fai,'
négli^ea-t-il
;'-'-;;Clé.ne„t,u-il„avaitp,„s,.i„;i::d
™ard?Quo,,,ui,ensoi,,Ber„ardai :;"''""''""-'''^''''»-Mlluifutsi,niné<,u-il ''^
au M„vre partout
la
eour du pape; mai en
'-"ete.psiUu,,„tdit,ue,aper„'i'i;nd"i:: l
<
Je >.„u.
en.anda,t.
lui serait il
la
sans doute aeeordée,
demanda
s'il la
bientôt après, a cou
eaoda„slavilled-.Vvi.uon.Lecardi„aMv;: Tu.ulu„,,p„ avait toujours eu pour
""" ".'":' bienveillance,
lui
donna par
BernL écrit la
l-e.m,ss,on de s'éloi,„er pour quelque temps
BEHNAKD DÉLICIEUX
132
en profila pour aller à Toulouse, puis à Carcassonne. Qu'y venait-il faire?
Il
y venait recueillir
de nouveaux témoignages contre Jean d'Aunay. Ses amis étant morts,
il
doit,
lui
vivant,
les
venger.
En son absence ibis
l'état
changé dans
d'Albi.
Il
liance
des choses avait plus d'une
de Carcassonne
les districts
avait laissé l'inquisition reprenant con-
recommençant à menacer. Les
et
justes
ressentiments du roi l'ayant rendue tout à libre,
elle n'avait
menace;
et
pu
fait
s'en tenir longtemps à la
l'action avait suivi.
Nous avons, sous
la
date de l'année 1305, plusieurs lettres de Geoffroi d'Ablis qui contiennent des ordres d'une atroce
Un
rigueur. dit-il,
réfugiés en des cavernes
faire la chasse à ces les
nombre d'hérétiques
certain
exterminer
«
(1).
;
il
bêtes cruelles
se sont,
faut sans délai », et
sans pitié
Mais ces violences nouvelles
avaient eu pour effet de mécontenter le pape et le roi. Prié
par
le
pape d'accorder une grâce entière
aux habitants de Carcassonne qui n'avaient pas été jusque-là poursuivis,
(1) t.
Plécen justificatives,
XXXIV,
fol.
85.
n° V.
le
roi l'avait accordée,
— Voyez
aussi
Collection Doat,
KT l.INOriSITION mais
ajirrs avoir
.iImiI'i
lr ((hiniiI.iI
(l'une l'orle
l'avoii' jircvéi^
AI.I'.K'.EOISE.
de (cilc
amende
(I).
élail ensuile iiU(M'venii liii-inènie, selon
ot
son droit,
lelli'e
et,
13:5
ville
l'I
CI/'Hienl
son
df.'voir
uno
|iailiridièrenient informé par
descliaiioines d'.\ll)i,des chanoines de Saint-
de
moines de
(laillae,
(|ne
roii|iine de Ions les troubles de l'Albiiieois
ét;iit
Sal\i,
et
Tidiln''
{\t'^
imputable aux ministres justement rin(piisilion,
dans
du
le
titre
il
avait,
le
détestés
de
13 mars 1300, envoyé
pays Bérenger de Fn'dol, cardinal-prêtre des saints Nérée
et Acbillée,
Chapelle, cardinal de Saint-Vital,
et le
Pierre de
la
célèbre abbé
de Fonfroide, Arnauld de Novelli, avecle mandat de visiter
les prisons
vérifier si tant
de Carcassonne
et d'Albi,
de plaintes étaient sincères,
et
de de
rélormer, cbemin Taisant, les plus grands abus (2).
Les cardinaux, arrivés ont aussitôt
commencé
eux-mêmes dans
les
le
15 avril à Carcassonne,
leur enquête,
et,
descendus
prisons des inquisiteurs,
ont mis en liberté quarante prisonniers, lesquels Jean Baudier, Bérengei-
(I)
Mahul, Cartul. de Carcassonne, Pièces justificatives, ii^VI.
t.
VI,
parmi
Fumet, Pierre
Adbémar, (îuillaume Fenasse, Pierre
('2}
ils
1'"
Tailhafer,
part., p. 12.
BERNARD DÉLICIEUX
13i
Raymond Garcia
(i);
ont onsuilc dosliliié les
ils
gardiens de cette geôle souterraine, prescrivant à ceux qu'ils ont mis à leur place l'observation
d'un règlement nouveau
(5).
Quelques jours après,
ont visité la prison de l'évêque d'Albi, où
ils
trouvé
ont
en des
enchaînés
des mallieureux
ils
cellules étroites, sans air, sans lumière, attendant
depuis cinq ans
plus leur jugement. Les chaî-
et
nes ont été rompues,
noires cellules fermées
les
Leurs biens demeurèrent néanmoins confisqués au
(1)
l'évêque et du roi (voyez
;
profit
comptes de l'année 1323, nu tome XXXIV de la Gnllcct. Doat). La fortune de Guill. Fenassc devait être considérable. Le roi eut, sur ses biens, en 1305, de
fi06 livres 13 sous 2 deniers;
les
de 1305 à 1309, 1197
livres.
(Voyez
tome XXXllI de la même collect.) (2) Parmi les emmurés dont les cardinaux adoucirent le supplice, sans les rendre libres, nous tiouvons Guillaume Garric et Raymond Lemaislre ou Magistri. Ce Raymond Lemaistrc ne rjuilla son cachot, en l'année 1322, que pour être brûlé. Le même bûcher reçut, le même jour, quatre victimes, et voici le compte des « Expensœ factœ pro comburendis frais de leur exéculion de villa Monstantione, Bernardo de Bosco « Raymundo Magislri de Bitterris, Petro Joannis de ISarbona, et Joanne Gonilli, habi» tatoribus Bitorris, qui eailem die combusli fuerunt in gi'ava » pro lignis grossis, 55 sol. (5 don.; propc burgum Garcassonœ
le
—
:
>i
:
»
item pro vilibus, 21
»
pro (juatuor palis, 10
)i
fuerunt, 4 sol. 7
Il
20
solid.
cureur du fol.
223.)
sol.
sol.
den.
— Summa, 8
roi,
Arnauld
3 den.
;
;
9 den.
item pro paleis, 2 ;
pro cordis
sol.
Il
cum quibus
dcn.
:
ligali
item carnasserio, pro qualiljct persona, libr.
Il
Assaillit,
sol.
dans
7
den.
»
(Compte du pro-
la Collection Doat,
t.
XXXIV,
KT Idiil
i;iN(.)ijisrriON ai.iiic.eoise.
ri'^iiiic
II'
lionilili'
crlli'
(II'
\?,:>
j)ii>oii
a
l'Ii;
(I).
rli;in}it'
Ainsi llcniard pont so dire, on rovonanl à Car-
cassonnc,
Co
lanocs. lîonoît
i\u'\\
XI
n'osl pas
torriblo
(pi"
on ûc
n'a pas
si
cliiniôriipics cspé-
avait domandf''
il
s'est fait
vainomonl sous
sons Cjr'nn'nt V. I/inqnisition
enooro abolie,
mandai; mais
elle
clic est
son procès s'instruit,
et
poss('.'(li'
son
lonjuni-s
du moins contenue,
doux cardinaux, l'un
et
Tautre de yrand renom, se sont publiquement pro-
noncés contre lornif'' Cl'
si
Ton
elle. Si
donc Élie Patrice n'avait pas
dessein insensé de précipiter les choses,
n'avait pas eiitaino cette vaine négociation
avec un prince qui pouvait tout vouloir, mais ne
pouvait rien oser,
la satisfaction
des honnêtes gens
ne serait pas aiijourd'hui mêlée d'amers regrets, et
Hernard, ayant remporté sur ses adversaires
avantage signalé, n'aurait
]»lus
d'autre souci
d'achever sa victoire. Quoi qu'il en
soit,
un devoir à remplir. Des innocents ont ciés
en
même
chercher
(1)
les
temps que des coupables.
il
t.
WXIV,
fui.
5'2-7i
que
lui reste
été suppliIl
est
preuves de l'erreur commise.
CoUoct. Doat,
un
venu
BERNARD DÉLICIEUX
136
Cette enquête ne lui sera pas facile. le
En
effet,
sénéchal Jean d'Aunay ne désire pas qu'il ap-
prenne toute
la vérité.
point d'entrer dans la
rencontre sur
le
Bernard étant donc sur ville, le
pont de bois
le
sénéchal vient à sa et lui dit
:
Oses-tu
«
»
bien, traître, venir ici? Je te défends de paraître
»
désormais dans
cette ville.
»
Et sur-le-champ les
gardiens des portes eurent l'ordre de ne pas recevoir. Bernard le
bourg, dont on ne pouvait
et recueillit
lui
fermer l'accès,
quelques témoignages; puis, croyant
qu'ils
pouvaient suffire pour éclairer
lippe,
il
le roi
pria le pape de l'autoriser à faire
veau voyage en France. Cela
Le
le
demeura quelque temps dans
lui fut
roi se trouvant à Chartres,
en celte
ville
Comme
tous les
et
lit
Phi-
un nou-
accordé.
Bernard se rendit
avertir le roi de sa présence.
hommes constamment occupés
de quelque nouveau dessein, mait pas qu'on vînt
le
le roi
distraire
Philippe n'ai-
d'une affaire
actuelle en lui parlant d'une affaire réglée.
Il
con-
gédia Bernard sans vouloir l'entendre. Mais, en le
congédiant de cette manière, en qu'il était
per de
lui,
lui
faisant dire
importun, qu'on ne voulait plus s'occune
lui
rendait-on pas sa liberté? C'est
KT i;iN<.H!SITin\ AIJiir.EOISE.
du moins, que lîrrnaid vduint coinitiTndrc
ainsi,
rordnulu y
le
vit
pape le
137
roi.
pajM'
i);nlildonc aussilùl |toiiiA\ij^non,
Il
lui
cl
demanda
la
roi,
rnèinf
l'cnlia, inal^n'' le
l'crnai'd
sou couvent de Carcassonne.
Il
Le
p;i-àfp.
mal accueilli
ne l'ayant ni niii'Mx ni plus
cpic
dans
s(''n('clial,
reçnl bientôt
y
après une heureuse nouvelle.
I^e
les cardinaiiv ont enfin statué
sur l'appel interjeté
par
le
vidame d'Anui'Us,
proeédure, annulé tous
el
Ainsi Bernard ne sera pas,
de Jean d'Aunay; mais
ils
les ellets
il
il
juillet
l.'>08,
oui cassé toute
de
la
sentence
le regrette
l'est
ques de Sainl-Geoi'ge, de
^.'J
la
(1).
bien, vengé
assurément de Foul-
(jeoffroi d'Ablis et
Guillaume de Morières. L'inquisition paraît
de
déli-
nitivemcnt vaineui'.
Mais tandis que llernard, croyant n'avoii- plus rien à redouter, revoit ses amis, s'entretient avec
eux du passé,
et
les
console d'avoir beaucoup
soulîertpour une cause gagnée, d'autres incidents surviennent et changent tout à cou|» choses. Clément S'il
(I)
s'était
V
t.
face des
n'avait ni passion ni système.
prononcé contre
Collecl. Doat,
la
WXIV,
fol.
les inquisiteurs albi-
\li-\±l.
BERNARD DELICIEIX
13S
pour l'opinion
geois, c'était \)nv condescendance
publique. Tout
le
monde
que
disait
l'excès
de
leur zèle nuisait à la religion. Us faisaient d'ailleurs Irop de bruit aux oreilles d'un pape
ami de
la paix.
Mais, peu de temps après avoir blâmé les procédés
des inquisiteurs albigeois, Clément a requis les services des inquisiteurs lombards, qui ont
pour
lui
combattu dans
les
bandes redoutées de l'hérétique Dulcino. C'est
pourquoi,
loiu*
les
gorges des Alpes
devant beaucoup,
On apprend
rien leur refuser.
sonne qu'une bulle du 27
il
ne
et
vaincu
sait
plus
bientôt à Carcas-
juillet
dulgence des cardinaux, absout
les
censure
l'in-
cruautés de
l'évoque d'Albi et garantit la protection du saintsiége à ces bons serviteurs de l'Eglise, indit-ne-
ment calomniés,
bilitée n'aura plus le droit
qui portent l'habit
les religieux
de frère Dominique. Dès de
lors l'inquisition réha-
frein.
faudra, pour avoir
11
de vivre en paix, mériter sa pitié par des
actes publics de repentir. ^
Tous
les
anciens complices de Bernard qui n'ont
pas été pendus ou qui ne sont pas encore
emmurés
se soumettent les uns après les autres. Guillaume
de Pesencs
et
Gahlard Etienne, destitués de leurs
ET i.'iMjnsiTioN voulu
«•Ii;ii"^('s, (Mil
\i,I!H;eoisk.
(niillrr Allti
mais
;
sriiéclial h'iica (loniir l'ordro
<lii
Icinps onroro
Ne
(1).
comptes
à itMidre à la
d'aliord
rt'l'ii^ii'
eiisiiilc
rendu
lioiivé
là
riiiillanine
à
juslict'?
liculcnaiil
le
de rester
peuvonl-ils
i;i!)
|tas
(|iicl(|ii('
des
a\(iii'
l'irnc l'nis
s'f'-lail
sur les terrils jiasconiics. S T'Iaiil
Lyon, près de Clémenl V,
Pieiic
il
avait
de Caslanet, Arnauld (larcia,
Fransa,
Borel
(liiillaimie,
llaudeiie, Jean de Caranian,
Raymond
,
divers aiilres no-
<M
laldes de (lareassomie, d'AIlti, de I/imoiix, venus
à
eour du nouveau pape dans
la
lieitcr
le
dessein de sol-
son intercession auprès du roi.
On no pou-
parvenir jusqu'au pape sans passer par les
vait
<'ardinaux. Les cardinaux ayant,
comme
couluine, taxé leurs bons olliees selon
du
lait et la
c'/'lait la
la i;ravil(''
qualité des personnes, les solliciteurs
avaient dû eonqiter au cardinal de Sainte-Croix -2000 livres, à lîayniond de Goth, neveu -JOOO si
livi'es,
à Pierre
ilorins, et,
somme
versée, les
considérable (ju'eùl été
solliciteurs n'avaient
cardinaux
(I)
les
du pape,
de Colonna 500 la
obtenu
cpie des paroles
:
les
avaient volés. C'est pourquoi, ren-
Pièces justilicatires, n'Vll.
lîEHNARD DÉLICIEUX
UO
très chez eux, ils avaient,
blement accepté toutes
pour
plupart, miséra-
la
les conditions, toutes les
peines et les pénitences que l'inquisition leur avait elle n'avait plus rien à leur
imposées, et désormais
demander,
ce n'est
si
devaient plus avoir
le
un honteux
service qu'ils ne
courage de
lui refuser (1).
Bernard ne se résigne miliation.
(1)
Il
excepter du
faut
})as
aune
voudrait pourtant,
Il
nombi-o
aussi grande hu-
même à la condition
de ces pénitents Guillaume
exhumés en 1322 d'hérétiques. Nous avons
et livrés aux le compte des flammes comme restes dépenses de cette abominable cérémonie. Le voici, tel qu'il nous — est offert par le registre du procureur du roi, Arnauld Assaillit « Expensœ factœ proexhumandis ossibus Guillelmi Andreoe, Guil-
Borel,
dont
les
restes
lurent
:
« 1)
))
lelmi Borelli et Pétri
P.orelli, in
claustro fratrum
Minorum con-
ventus Carcassouœ sepultis. Quatuor hominibus, cuilibet 15den. 5 so!. Item duobus j.eyreriis qui aperierunt tumula lapidea ubi :
»
dictus Guillelmus Andreoe, Guillelmus Borelli et Petrus Borelli
»
sepulti fuerant
»
cuni quibus dicta
» Il
Il
ji
;
cuiquc 2
sol.
exhumatione
tardo Tonditori, Joanni de
)i
Item pro uno sacco
et cordis
burgum Carcassonaî
:
fuerunt in
»
sol.
:
»
»
i
usque ad dictam gravam ubi combusta fuerunt 4 sol. 6 den. Item duobus animalibus quœ dictaossa traxerunt de domo fratrum Minorum per burgum Carcassonic usque ad dictam gravam 4 sol. 5 den. Item servienlibus de dicta civitale qui prœsenles
Il
)i
:
ossa tracta fuerunt per
et
cxecutione pnrdictis, vidclicct LiS. Floro,
Adœ
de Bovcrayo, Joanni
de Croco, Joanni Gauclicrio, Joanni de .4gunessa, Joanni Baudeli, Raynaldo de Gonessa, Bernardo Imbaudi, Raynerio de Ausurra, Joqueto de Gonessa, Petro Bélier, Guillelmo de Morlanis, Bcrnardo Perrini, Gaufrido Pietondiloris, Joanni Paulerii, pro ex-
»
pensis ipsorum, 31
)i
sona, 20 sol
:
70
sol.
sol. »
den. Item carnasserio (Collection Doat,
t.
;
pro qualibet per-
XXXIV,
fol.
221.)
ET I.'INQIlSITinN (le iir |iliisrii'ii
avcc Ions (If la
de
an
riinlillV-iciirc
connnnnc, aclH'ver sa
vie
lail
ilaus
du bien, où
il
s|)r'(laclf
si loni;tf
(rouldrc dans ce jkivs où su conscience a
lil
(If lie |>|iis lii'inliic, (l.issisici-
l'iiiii',
It's (l('li(irs
lionlr
.M.I'.KiKOISi:.
nips
lui dit qu'il
a conservé des amis, au moins
son ordre. Ur, connue
ne peut pas
il
sa relraile sans être affranchi dr^
clioisii'
cnliavcs
ciui
m
I.UO,
près du roi, puis à Avii^non, près du i»apc,
cl, les
j^cncnl encore sa liberlé,
ayant il
fait
supi>licr i)ar
obtient enlin
le
à Carcassonne ou sur
tiques
môme
;
l'aile
de |)uissants personnages,
où
droit d'aller
d'établir sa résidence.
(juisilion était
il
se rend à
Il
il
lui
conviendra
demeura quelque temps
le territoire albigeois.
L'in-
revenue à toutes ses anciennes pra-
elle arrêtait,
elle
faire brûler et
emmurait,
pendre
:
on ne
elle
pouvait
lui refusait
plus rien. Dans tous les esprits règne l'abattement
ou
Les plus fermes ne peuvent eux-
la terreur.
mêmes, en de
telles
circonstances, résister long-
temps aux
atteintes
s'alYaissent
chaque jour davantage.
croit avoir trop les autres,
du mal
:
ils
s'attristent,
ils
Comme on
de bonnes raisons pour mépriser
on se
fait solitaire
et l'on s'abstient,
d'abord par dépit, ensuite par système. Retiré dans
DELICIEUX
liEIlNAIlD
142
quelque couvent de
.son
ordre, Bernard s'abslenait.
De l'année 1310 à l'année 1315, quelle a résidence ordinaire
?
On ne
le dit
été sa
pas; nous n'ap-
prenons rien à cet égard ni de lui-même, ni des témoins qui ont raconté
on retrouve en 1315 Alors, après la le Bel,
dans
la
il
est
de sa
vie.
pour
et
de IMiilippe
aller se confinei'
maison de son ordre que possède Il
la ville
n'a plus d'emploi, plus de dignité
redevenu simple frère
son âge,
Enfin
de cet exilé morose.
la trace
mort de Clément Y
quitte l'Albigeois
de Béziers. il
le reste
comme
:
le
à l'état de son
le silence et l'obscurité.
;
repos convient à
âme conviennent
CIIA1>1TUE IX.
LES SPIRITLELS A LA COUIl D AVIGxNON.
— CONDAMNATION
DE lîKUNAlUt.
Mais
il
y a
des
hommes qui ne
mourir dans leur
lit.
Après avoir échoué dans
([iielque i;rande entreprise,
péré de tout,
Eh hien
!
sont pas nés pour
ils
et ils le croient
disent avoir déses-
comme
ils le
disent.
qu'un changement s'opère dans
les cir-
constances, qu'on s'agite autour d'eux, que des
gens émus viennent
les entretenir
d'un grief et
l)rendre les conseils de leur expérience, aussitôt ils
se réveillent
;
la
passion des autres les gagne,
les entraîne, et les voilà prêts à
courir de nouvelles
aventures, à chercher de nouveaux périls.
Bernard
vivait
donc
très-retiré
dans son couvent
BERNARD DÉLICIEUX
\U
de Béziers, quand survint une reprise d'hostilités entre les deux partis qui divisaient depuis long-
temps l'ordre de Saint-François. Ceux qu'on nommait injurieusement
relâches,
les
ayant repris
suprême conseil de
l'avantage dans le
l'ordre,
parlaient hautement d'en linir avec leurs adver-
nommés
saires,
les rigides
ou
les spirituels.
nard devait être un des rigides
:
les
Ber-
religieux
de ce caractère ne sont pas ceux qui prônent ou justifient le luxe, la mollesse; sévères
mêmes,
ils le
quefois
le
pour eux-
sont encore pour les autres, et quel-
sont trop.
Informés qu'on
menace d'une persécution
les
nouvelle, des frères spirituels de Béziers et de Nar-
bonne
se concertent
d'aller
trouver
le
prennent
la
résolution
pape. Bernard les
conduira.
et
Après avoir déposé tout ce
qu'il possédait
en pro-
pre, plusieurs caisses de livres, entre les mains de .lean
de
]»artit
la
Couture, notaire de Béziers, Bernard
de cette
ville le
10 mai
l.jl8,
ayant pour
escorte soixante-quatre religieux de son ordre. avait,
de
les
Il
on ne peut s'en étonner, accepté l'honneur conduire, et
chemin
il
les
menait par
à la cour d'Avignon.
le
plus court
K
r
I.
I
N
l
(J
:
I
s IT
bicnvL'illaiilr
de
qui
passer après
toul
fiiil
que touchent
(lli'iiiciil
jx'u
I
('.
K
Jean Wll, n'a
n'^iiiiiil,
Lt' jta|ti'
A IJ!
N
I
les
(Tcsl
V.
( )
I
S K.
lo res|)('ct
vrai
cl(3
i."»
riiuiiKîur
|ias
un
1
1
pape,
autorité,
accusaliuns portées
pai'
de
simples frères contre quelques dignitaires hautains et laslueux,
que touchent beaucoup, au contraire,
les plaintes
de ceux-ci contre leurs subordonnés
habituellement inquiets,
nard SIX
et ses confrères
souvent rebelles. Ber-
arrivant le 22 au soir, après
jours de marche, aux portes du palais ponti-
pape refuse de
hcal, le
Un pape
tardive.
a,
les
admettre à cette heure
comme
tout autre mortel,
besoin de repos. Qu'ils se retirent, qu'ils aillent
dormir en paix au couventde leur ordre; entendus Mais
le
ils
seront
lendemain à l'heure des audiences.
ne veulent pas suivre ce conseil. Puis-
ils
qu'on ne peut
les
recevoir aux approches de la
nuit,
ils
attendront au seuil du palais
jour.
On
le voit, c'est
le
lever
du
une bande de mutins. Com-
bien de bonnes causes ont été perdues par ces ^ens-là
!
Le lendemain, l'audience ouverte, Bernard va discourir
le
des apôtres,
premier sur et
la
pauvreté du Christ et
reproduire toute
la série
des argu10
BERNARD DÉLICIEUX
146
mcnts connus contre Mais à peine
rompu. qui a
si
a-t-il
propriété personnelle.
la
pris la parole qu'il est inter-
Bernard, ce fanatique
C'est, dit-on, frère
longtemps troublé l'Albigeois. Coupable
de tant de méfaits,
c'est lui qui vient
accuser ses
supérieurs d'irrégularités imaginaires.
impudence ne peut
telle
être tolérée. Qui parle ainsi?
Ce sont des religieux de la
mais d'un autre
Une
parti.
leurs confrères dans les
môme robe que Bernard,
Ayant appris l'arrivée de
murs d'Avignon,
présentés avec eux devant
le
ils
se sont
pape pour répondre à
leurs censures. Qu'on n'en doute pas, ces relâcbés
sont gens de bonne et
foi,
comme
le
sont les rigides
cependant, l'esprit de parti faisant taire tous les
scrupules, voilà des franciscains qui, pour écarter leur plus éloquent adversaire, lui reprochent avec
indignation les déplaisirs qu'il a causés à des inquisiteurs
Bernard pour arrêter, et,
dominicains la
première
(i).
Jean XXII voyait
fois. Il
peu de jours après,
Méchin, évêque de Troyes,
il
et
le fait aussitôt
charge Guillaume Pierre Letessier,
abbé de Saint-Sernin, d'instruire
le
procès de ce
fameux agitateur. (1)
L.
Wadding, Annal. Minonim, ad ann. 1318.
i:t
s'(''tonn('
()ii
nos
[.•in(jiisition
ivj>l('s,
domirs,
(4
s;ms
on èln;
loi.
iii('|iris di^
crinics pai-
lU^^
l'accomplissement
doivenl
de
iît
iTCommtMiccr une procédure treize
après
l'objet.
même
des
Comme
nous aimons
se fonde notre foi,
vérité
devoir, .m
inslniiiK'iilcr coriln!
années
\('i ilr,
(loiilc
amucfoise.
nous aimons
la
Sur
la
justice.
la
sur
Cela veut dire qu'en nous
qui
faits
la
justice notre
vit
l'esprit
mo-
derne. Mais, en ces temps anciens dont nous écri-
vons l'histoire, on ne savait pas rechercher la vérité, Il
justice
la
pour elles-mêmes.
y avait des lois ecclésiastiques et des lois ci-
viles
de
pratiquer
;
cependant
l'État et
l'intérêt
bien ou mal entendu
de l'Eglise passait avant toutes ces
Ainsi Clément
V
l'Église lorsqu'il
croyait
servir les
lois.
intérêts
de
pardonnait à Bernard, instigateur
avoué d'une sédition qui n'était pas encore calmée maintenant Jean XXII croit mieux qu'il
commande de
ni le
pouvoir ni
la
le
Bernard ne
doit-il
juger, bien qu'il n'ait plus
volonté d'agiter,
personne. Envoyé par
le
d'inquiéter
pape devant des juges
pas être condamné, et
damnation de Bernard
une égale
satisfaction
;
les servir lors-
la
con-
ne doit-elle pas causer
aux supérieurs des deux
DERNARI) DELICIEUX
U8
qui
congrégations puissantes,
romaine sous
l'Éolise
çois et de saint
les
servent à l'envi
enseignes de saint Fran-
Dominique
?
L'enquête de l'évêque de Troyes Saint-Sernin
commença
articles sur lesquels
et
de l'abbé de
vers la fin de juin. Les
Bernard
fut interrogé sont
nombre de soixante; mais ces soixante
au
articles
relatent le détail des faits et des discours incri-
minés; de
crimes ne dépassent pas
les
trois.
Ces trois crimes,
de tous ses
efforts,
les voici
:
i"
le
nombre
Bernard
durant plusieurs années,
a,
lutté
contre l'inquisition, soulevé contre elle les villes et les 2"
du
n
bourgs, gêné l'exercice de son ministère.
a conspiré contre le roi de France avec
de Mayorque.
roi
pape Benoît
3"
Il
a
fait
le fils
empoisonner
le
XL
Nous n'avons pas encore parlé de ce troisième crime. Nous ne pouvions en parler, puisqu'il n'a été plus tôt
découvert, c'est-à-dire inventé. Des
sept articles qui
concernent ce crime,
trois
contiennent qu'un verbiage inutile; mais lire les
quatre suivants
:
«
faut
Bernard a envoyé à
»
cour romaine un messager,
»
un
petit coffret
il
et
ne
la
par ce messager
entouré de linges
fermé avec
KT
ISITION AI.IlIC.KOiSK.
i;iN(JI
pai-devors
1
19
conservé
»
une
»
la rlé, el
»
eour romaine des préparations, des potions, des
»
|)Oiidres, el uin' Irliic ('crite
»
au moyen desquelles eiioses ledit frère Bernard
»
a
»
Item,
»
(pics
»
mourir
»
qu'il disait ainsi
»
coup de caractères
»
rées de diverses écritures. Item,
»
préparations ci-dessus dites à maître Arnauld
»
de Villeneuve
»
la
sciTiirc doiil
dans
ledit frère
vie
le
il
lui
a fait parvenir à la
de sa propre main,
dudit scifjneur Benoît.
Bernard a prédit devant quel-
personnes d'Albi
le
dans un
el à
et
même
jour
pape Benoît. Item,
où devait
avait appris ce
il
livre
où étaient beau-
beaucoup de roues entouil
envoya
les
quelques autres pour abréger
dudit seigneur Benoît.
tions nécessaires,
le
vie
la
Bernard a fabriqué
tion
a
ledit eoffiel
abréger
fait
il
le
poison
et
comme on
du crime. Ce crime,
»
donné dit,
c'est le
En résumé, les instiuc-
à la perpétra-
médecin du pape,
docte, Tillustre Arnauld de Villeneuve qui
l'a
exécuté.
Bernard, interrogé, refusa d'abord de répondre, et
fut
ensuite
immédiatement excommunié. sur
Il
répondit
quelques articles, mais avec
dédaigneuse réserve, se plaignant d'avoir été
une Ira-
BERNARD DÉLICIEUX
150 (luit
devant des commissaires de médiocre auto-
rité,
des
affaires
hommes nouveaux,
par
la
appelés la veille aux
faveur du pape, quand
il
y avait à la
cour d'Avignon quatre ou cinq cardinaux mieux instruits
que personne des
sur lesquels
faits
il
avait à s'expliquer.
Furent ensuite entendus, à siteurs avec
eux réconcilies,
la
les
requête des inqui-
témoins Guillaume
Fransa, Pierre de Castanet et Bernard Bet, citoyens d'Albi, qui, rappelant toutes les circonstances
ces luttes anciennes auxquelles si
ils
de
avaient pris une
grande part, conûrmèrent par des preuves
fisantes les articles qui se rapportaient
suf-
aux deux
premiers chefs de l'accusation. Ces détails sont connus. C'est leur déposition sur
le
troisième chef
qu'on doit être plus curieux d'entendre. En peu de mots,
la voici.
Un jour,
vers le temps où
mou-
rut Benoît XI, Bernard, en la présence de Guillaume Fransa,' envoie Bernard Bet chercher de la cire et
de
la toile,
charge Bet et Fransa d'enduire
la toile
de cire, puis leur présente un coffret de cuir et les prie
cirée
;
viteurs
enfin
d'envelopper ce coffret avec la il
remet
nommé
le
coffret à l'un
Etienne, et
le
toile
de ses ser-
charge de
le
porter
KT i;iNoriSITl()N à
iiiaîlrt' Arii;iiil(l
et
(l'est un(; lellre
»
velles de la eoui' (.les
|)as
;
à DiiMiard
iiiriiie
peul eontenir; mais
le eolVrel
«
réeil
simjdeuicnt, qu(î
l'ail si
Kiausa ne deiiiaudenl
ee que
loi
de Villeneuve, au delà des nionls,
eu cour roiuaiue. Cela se lîi'l
AI.I'.IC.KOISK.
Icin'
il
dit
:
nous aurons bientùl des nou;
bonnes,
j'esy)ère.
Tel est le
»
témoins.
mort de
Que. ces ficns, ayant plus lard appris la
Benoît XI, aient alors imaginé quelque mystérieuse
coïncidence entre cette mort subite coffret
et 1^ iivoi
d'un
de cuir au médecin du pape, cela se conçoit
sans beaucouj) de peine j^ens crédules
;
on
sait
en
que
effet
les
ne manquaient pas en ce temps-là.
Mais peut-on excuser aussi facilement l'auteur des articles qui furent la inalière de l'enquête,
on
le
voit s'ingéniant à
tirer
quand
de ces fables
les
circonstances graves, précises, concordantes d'un
crime prouvé
?
L'auteur de ces articles
nement un menteur des plus
l'ut
certai-
effrontés. Or,
pape n'a pas lui-même suggéré ce mensonge, feint d'y croire.
Jean XXII
est
mort Benoît XI. Ce
de
liasaid,
doute
comme
sait très-bien
tant d'autres.
Il
il
a
comment
n'est pas d'ailleurs
infaillible, puisqu'il doit être
le
si
un pape
n'est pas sans
convaincu d'à-
BERNARD DELICIEUX
152
voir professé des opinions nouvelles et fausses sur
un des points importants du dogme chrétien mais ;
c'est
a
un homme instruit,
dû
le faire
naïf.
On
sourire en lui disant qu'Arnauld
('e
éclairé,
nullement
Villeneuve avait eu besoin, pour empoisonner un
pape, des conseils el des onguents de Bernard.
Eh bien le
!
Jean XXII, instituant après l'enquête qui doit juger Bernard,
tribunal
reproduira
hii-même, de sa main, dans une pièce par signée, cette absurde imputation
Operam
:
lui
dedii
ut veneni poculo necaretur. Cet accusé justement populaire, que des commissaires choisis vont
trancher du monde,
il
faut diffamer sa
un empoisonneur;
C'est
et,
en matière de poisons que
en savait plus
s'il
le
i"e-
mémoire.
docte Arnauld de
Villeneuve, c'est qu'il avait des rapports familiers
avec
le diable.
N'est-ce pas vraiment trop d'impu-
dence que d'accuser un n'a jamais,
on
le sait,
homme
d'un crime qui
existé?
L'enquête dura bien longtemps. Elle
achevée vers le
10
mois de juin de l'année 1319,
le
juillet,
était enfin et,
Jean XXII chargeait l'archevêque
de Toulouse, l'évoque de Pamiers Saint-Papoul de
commencer le
et
Tévêque de
procès. Bernard fut
KT i;iNorisrnoN ai.imc.koisk. alors
jii^csj'ii
Languedoc, sous
(lui, séiinlial
de Toulouse. On
lransl(''i(''(lf'v;iiil >»•>
^ardc de diiiaid
la
a (|u<'l(|urs rcnscijinonipnts sur re voyafre. rpii
iii'
tVanchisf dauun''.
donlcr du soii
pi'ul
le
ri Il
([u'oii
le
de route,
le
le serjicut
non sur ses propres
juge royal de Rivière, notaire Arnauld de
le
du pape Pierre de Pradelles,
alTaires,
dont
détourner son esprit, mais sur jour ses
et
Bernard,
ivsorvc, a la
sénéchal cl ses autres
maître llayuiond Leeourt, Noujiarède,
lui
calnic d'un iMtiiurlr liouunc con-
rausc iwcc
(•oiniia<,qions
des derniers temps
;
il
les
il
désire plutôt
événements du
leur déclare
opinions personnelles sur quelques
douteux de
l'histoire
scolastique. Des
153
même points
sacrée ou de la théologie
événements contemporains, celui
qui l'intéresse et
l'aftlige le
de Marseille, terminé,
le
plus, c'est le procès
7 mai de cette année, par
supplice de quatre religieux de son ordre.
le
tous ces frères, partis des couvents de
de Narbonui', que nous avons vus venir à
la
cour
d'Avignon pour y dénoncer en vrais mendiants
moMus été
les
relâchées de leurs supérieurs, quatre ont
retenus,
comme
De
Bézicrs,
emprisonnés, condamnés
et brûlés
hérétiques. Bernard, qui les connaît, qui
liERXARD DELICIEUX
454
les a présentés
au pape,
étaient importuns,
on
les justifie.
Parce qu'ils
les a taxés d'hérésie.
hérétiques sont de nouveaux martyrs que
Ces
para-
de recevoir.
dis vient
Le
le
trajet
barque sur
de Portet à Toulouse se la
fit
dans une
Garonne. Durant cette navigation,
Bernard, continuant ses libres discours, parla de l'abbé de Fiore, Joachim, qui, ~
un autre réformateur,
plus d'un siècle auparavant, ne s'était pas
contenté de signaler les désordres tous les jours croissants de la cour de
prédit la
lin.
ner; mais soudre.
Ses ennemis l'ont
si
On
Rome, mais en avait encore
Bernard
était
fait aussi
pape,
il
condamab-
le ferait
reconnaît qu'il était bon théologien,
puisqu'il a redressé Pierre
le
Lombard. Ainsi
Pierre le Lombard, distinguant en Dieu la trinité de l'unité, s'était
n'est pas,
en
confond avec
gravement trompé. Cette distinction effet,
la
recevable
;
trinité. C'est
en Dieu l'unité se ce qu'a fort bien
prouvé l'abbé Joachim. On l'accorde, mais on ne lui
pardonne pas d'avoir eu
et d'avoir
le
don de prophétie,
annoncé des changements qui ne se
fe-
ront pas à l'avantage des cardinaux et des papes.
N'y
a-t-il
pas eu d'autres prophètes,
comme, par
ET l/FNOriSITION AIJ'.IGEOISK. cxemplr,
IsaïeV Kl les choses
pouvait-on prendre plaisir à pas tliéolojiiens,
N''''laiii
claienl
iH'iriai'd
nion
jieii
ciiiifiix
([iic
les
Isaïe,
?
compagnons de
(rapprciKlic son o\n-
lahltc .loacliiin.
Itiucjianl
disait
entendre
les
I.m
Ils
l'interrogent
avec plus d'intérêt sur ses aventures avec l'inquisition.
répond au
Il
ju|ïe
ori<;ine des troubles
I
d'un
titre falsifié
et «piil la
i'aul
Raymond Lecourt que
de Carcassonnc estrinsertion
dans
saint-office,
rejeter sur de misérables faussaires
responsabilité de tous les malheurs survenus.
Arnauld de Nougarède
que
coup trop
lui
alors
fait
titre falsifié les
loin. Si,
mur pour en
»
Bernard,
»
j>renve au vidame.
ils
a menés ensuite beau-
du moins, on
le
n'avait pas envahi
tirer les prisonniers!
— La meilleure de
»
réplique Arnauld de Xougarède, cette
somme
»
de
main.
9
nard
;
le
«
étaient innocents; j'en ai
»
ta
remarquer
de Carcassonnc
])rotestation des gens
cette
contre un
»
du
les registres
de 1 000 livres que
— Tu mens par
vidame
était
la
donné
la
preuves,
a été sans doute
le
vidame a reçue
gorge
un homme
les
Mais, dit
!
s'écrie
Ber-
d' honneur (l).»
(1) « Bernardus rcspoiidit qiiod ipsc mcntirctur per gulam et quod dictus vicedominus erat probus hoino. » (Fol. 263 du n'UlO.)
BERNARD DÉLICIEUX
156
Conduit d'abord à Toulouse, Bernard
fut trans-
ieré peu de temps après à Castelnaudary.
à Castelnaudary que les juges de blent pour la première fois,
le
l'affaire
C'est
s'assem-
3 septembre 1310,
au logis de l'archevêque. Sont présents
:
Jean
Raymond de Gomminges, archevêque de Toulouse
;
Ja.cques Fournier,
Raymond de les
évêque de Pamiers;
Monstuéjols, évêque de Saint-Papoul
;
deux nouveaux réformateurs du Languedoc,
Raoul, évêque de Laon, et Jean, comte de Forez; l'inquisiteur Jean de Beaune, le sénéchal de
louse Guiard Gui,
Aimeri de Gros, et
et
le
sénéchal
quelques autres ecclésiastiques
seigneurs importants.
pourra pas
Tou-
de Carcassonne
se plaindre
de
Le sénéchal de Toulouse,
Cette fois Bernard ne la qualité
de ses juges.
s'étant levé, présente les
pièces du procès, et Bernard les déclare authentiques.
Le sénéchal présente ensuite, au nom du
pape, l'accusé lui-même. Chacun des assistants
remplit un rôle quelconque dans
Après
le
nom du
la
procédure.
sénéchal se lèvent les réformateurs, au roi, lesquels
employer leur temps, l'affaire traîner
invitent les juges à bien c'est-à-dire à
ne pas laisser
en longueur. Enfin l'inquisiteur
ET I.INOrismON Jean de l(^s
|{(';uiii<'
|ii("'('('s
\)H'iu\ la pai'oli' ni'
|>ro(liiil('s
prouvci"
iiKMil
AF.IilC.FOFSK.
coiilii' riiKpiisilioii,
loiUelbis pii'iuli'c
il
dire (|in%
poiii'
si
pas siillisain-
paraissi'iil
lio^lilcs
iiKMii'cs
li's
157
licriiaid
(le
en louniira (raiilrcs, sans
la (jiialiir'
de pailic (aMTcsl pas
rincpiisition qui poursuil IJernard
c'i'st
;
le
jiapo,
vcniicur do rKi^lisc outraiiéc.
Le lendemain, rarehevèque de Toulouse s'excuse de ne pouvoir assister plus longtemps au procès des alVaircs nombreuses tropole.
Il
se relire et
déjuger sans
lui.
le
rappellent dans sa mé-
charge ses deux suflragants
De Casteinaudary
transporte ensuite à Carcassonne.
eassonne
le
:
13 septembre, dans
Les jours suivants, de
le
Il
le
tribunal se
siège à Gar-
palais épiscopal.
nombreux témoins sont
introduits par les inquisiteurs dans la salle d'an-
dience. L'interrogatoii'e de
Bernard commence
le
:2
oc-
tobre.
Sur
le
premier chef d'accusation
explications vaillé roi,
complètes.
de tous ses
du pape
et
On
efforts à
du peuple
il
donne des
l'accuse d'avoir tra-
perdre dans
l'esprit
du
d'Albi les ministres de
l'inquisition dominicaine. Oui, c'est ce qu'il a fait.
IJEnNAIlD DÉLICIEUX
458
La mémoire des témoins entendus par
commis-
les
saires apostoliques ne les a pas toujours heureu-
sement servis
:
temps passées, le vrai,
racontant des choses depuis longont mêlé
ils
le
Bernard
loin de le contester,
C'est le mérite de sa vie d'avoir
sants persécuteurs
enfin
obtenu
tyrannie,
il
la
faux au vrai; mais
du peuple
le
proclame.
combattu
d'Albi, et,
les puis-
s'il
n'a pas
suppression de leur détestable
le regrette.
Les premières déclarations de Bernard sur trahison concertée avec
pas aussi sincères. le
raconte de
louLo
la
il
Il
le
prince Fcrnand ne sont
ne nie pas
telle sorte qu'il
vérité.
ses aveux.
rément
Il
la
le fait,
mais
il
ne paraît pas dire
Les juges l'invitent à compléter
répond
qu'ils sont complets.
Assu-
n'espère plus rien de ses juges; puis-
qu'il s'est déclaré l'ennemi persévérant
quisition,
ils
doivent
le
traiter,
sans aucune miséricorde. Mais
il
il
le
lui
de
sait
l'in-
bien,
est pénible
de s'avouer complice d'une machination miséra-
blement avortée. Les juges mandent alors cien officiai de feuille, et le
emploiera
l'an-
Limoux, maître Hugues de Bada-
chargent de faire parler Bernard.
la torture
;
ils lui
Il
recommandent, toute-
KT lois,
i;iNoi'isiTi().N Ai.ithiKoisi;.
d'avoii"
rcslroitior,
(''«^ai'cl
;'i
Tà^ic
do ne pas
le
de
Uwv
de ne pas
ractiis)'!, :
Il benc cavercl
(piod ex hujiismodi qiiœstionibus frater (lus uiorletit,
aul
iitenthri
i:,o
Berna v-
amissionem, seu perpe-
hiam debilitatem incurrere quoquomodo On
t'iniiiônc
donc
l'acnij^^c,
nolairos, Guillaume Pieire Baillio et
Rosières,
cliarjiV'S
Guillaume de
de recueillir, durant
les
lions de la torture, ses trop tardifs aveux. •'lait
le
possel.
qn'aorompa^ncnt doux
opéra-
Bernard
un de ces hommes dont on ne doit pas mettre
courajie à de telles épreuves. Pourquoi douter
qu'ils saillent souffrir?
Ce doute
les révolte, ils se
loidissent contre la douleur et l'on se fait vaincre
par leur indomptable constance. Bernard, torture, ne
dit rien;
mais
devant ses juges, contrainte,
le il
récit
le
lendemain, quand
de toute
n'en est pas l'inventeur, il
y a toutefois,
a déjà
cour du
il
à
la
reparaît
il
la
sans
conspiration.
Il
ne Ta pas approuvée
en convient, participé. Mais
rendu compte de roi,
il
commence de lui-même,
;
il
cette participation à la
cour du pape. Peut-il appartenir
à des juges d'Eglise de s'attribuer la poursuite
d'un délit
civil
dont l'autorité civile a notoirement
absous l'auteur?
BERNAKU DÉLICIEUX
im
Quant au troisième
clu'l
do l'accusation, l'em-
poisonnement du pape Benoît, Bernard s'indigne
même
qu'on ose d'un à
tel
produire contre
lui
le
soupçon
crime. De nouveau les juges ont recours
la torture.
C'est,
on
la
le sait,
pratique ordi-
naire. Tout accusé doit avouer son crime. Lors-
que
savamment augmentée par
douleur,
la
des
diversité
supplices,
l'accusé préfère mouiir,
une grâce; mais clarer coupable est
la loi.
il
il
est
devenue
telle
invoijue la mort
la
que
comme
ne peut l'obtenir sans se dé-
du crime dont on
Cependant
les
l'accuse. Telle
bourreaux chargés de
torturer Bernard ont en vain recours à tous leurs artifices, et les
notaires qui les ont assistés doi-
vent, en paraissant de
dire
nouveau devant
que l'accusé n'a voulu
faire
le tribunal,
aucun aveu.
besoin d'ajouter qu'il n'en fera pas cette
fois
Est-il
après
la torture ?
L'audition
des témoins succède aux premiers
interrogatoires. Comparaissent les uns après les
autres
:
Bernard Amat, Jean
et
Arnauld Marsend,
Raymond du Puy, Raymond Bauderie, Bernard Fenasse, Guillaume Fransa, Pierre Pros, Arnauld Garcia,
et
divers
aulres habitants,
conseillers,
Kl'
d'Alhi,
aiuicns
(•(uisiils di- (îai(as>()iiiii' rt
|i|iil»ail
aiilrrrois associrs à loulrs
lirniaid,
lit'
KH
i;iN(jriSIT10N AMîlC.KOlSK.
iiiaiiih'iiaiil
l'aiic |)(nnin(''rilor
pirts à
Toiihli de,
loiil
Itnii'S
|i(tiir
la
rnlicpriscs
li's
(liic, à loiil
erreurs jiassées.
S'ils
venaient simplement, pai- (rimmhles prières,
par
(les actes
de houleuse pénitt-nee, en se pros-
lernant aussi has (pTun iu([uisili'ur peut l'exiger, sollieiler le droit, d'aelii-ver
ne leur
Mais
il
voi\
ils
suflit
aeeusent Bernard,
temps abusés,
ils
en paix leur
tiiste vie!
pas de s'cxcuseï'; d'une seule
comme
si,
trop long-
reconnaissaient enfin dans
le
chef qu'ils ont suivi quelque envoyé du sombre
abîme. Le l'ont
'23
octobre, les témoins entendus, les juucs
remettre à Bernard une pièce appelée moni-
toire.
Ce moniloire
lui rajipi^lle
que, suivant les
canons, tout lauleur iriiéréliques est ipso facto
exc'ommunié lait
ne
;
que tout excommunié doit
absoudre dans l'a
pas
fiiit,
il
le délai
s'il
sera, portant l'habit religieux,
solennellement dégradé
que tout
s'être
d'une année; que,
liéréti({ue,
s'il
comme
hérétique
,n'oflre
sants de son parfait )-epentir,
;
enlin
des gages
suffi-
sera livré par le
juge d'Église au bras séculier. Bernard
est il
donc
BERNARD DÉLICIEUX
i6'2
charitablement averti qu'il doit s'humilier, se soumettre, ou qu'il sera brûlé. Le 25,
répond à
il
ce monitoire par une rédulo qui figure dans les
pièces du procès. Tous ses précédents aveux
mais 'sans y rien ajouter.
les renouvelle,
pas hérétique
du plus
fidèle chrétien.
Cependant,
il
si il
il
n'a
de l'Eglise, n'ayant
triomphe de
le
trompé, très-humblement son pardon,
Jamais d'ailleurs
l'intérêt
eu jamais à cœur que la justice.
n'est
sa doctrine a toujours été celle
;
sciemment agi contre
de
Il
il
la vérité,
l'on juge qu'il s'est se repent,
s'offre tout prêt à
sollicite
il
subir la péni-
tence qui lui sera imposée.
Les jours suivants, quelques explications sont encore demandées. Enfin, les
samedi 8 décembre,
juges rendirent leur sentence. Des trois chefs
d'accusation, les
le
un
fut écarté. Si précis
termes du réquisitoire apostolique,
que fussent les
juges ne
crurent pas pouvoir condamner Bernard
auteur ou
comme
complice de l'empoisonnement
supposé de Benoît XI; mais
comme ennemi envers
le roi
comme
ils
le
condamnèrent
comme
traître
de France, et par surcroît
comme
nécromancien, à
de Tinquisition,
la
prison perpétuelle. Ayant été.
1
F/r
la st'iilt'iicc,
(lit
lalt',
il
Icr
le
sa
vit^
il
de l'eau
jour
(l(''|><)iiill(''
sera déposr
ili'
le
l'INOriSITION AMîIGEOISE.
tiaiis
liciiilidiii
(le
la
103
di^nitc sac(3r(lo-
un racliol où des cliaînes
caplil',
jusqu'à
et
la
de
lin
n'aura pour nourriture cpie du pain (I).
La
même
sonne. Outre
d/'j^radation de
sur les
la
place
Bernard eut
(M
lieu
du marché de Carcas-
juges et leurs assesseurs, furent
présiMils à celte expiation solennelle
:
les
évoques
de Carcassonne, de Mirepoix et d'Alet, les abbés
de
la
de
l.évis,
ziac,
Grasse et de Montolieu,
les sieurs
François
Guillaume de Voisins, Dalmace de Mar-
Raymond
d'Accural, divers autres chevaliers
et
une véritable foule d'avocats du
et
de légistes. La cérémonie terminée, Bernard
lut
roi,
de juges
conduit aux cachots de Tinquisition, hors de
l'enceinte de Carcassonne, sur les bords de l'Aude, l'I
mis sous
la
garde de l'inquisiteur Jean de
Beaune.
Le croira-t-on? deux magistrats
civils s'inscrivi-
rent contre celte sentence, la trouvant trop douce.
Le lendemain
du jour où Bernard
était
entré
dans son cachot, dans sa lomhe, Pierre Lerouge,
(1)
Pièces justificalives, n" VIII.
RERiNARD DÉLICIEUX
IGl
de
Toulouse
à
notaire
,
cause et leur faisait lecture d'un
la
au pape,
signifié
par
Raymond
chaussée de Garcassonne. la dignité
»
peuple fidèle
est
Benoît. Ce crime, dit
nement prouvé
scandalisée.
les
est violée,
»
Ainsi
s'exj)ri-
;
y ajoutent l'assassinat de
la
sentence, n'a pas été plei-
mais, répondent les appelants,
ils
vement offensé soustrait le
devaient réserver au
de statuer sur ce chef;
en leur pouvoir d'absoudre. la justice
Ils
il
n'était pas
ont de plus gra-
du roi lorsqu'ils ont
condamné, malgré l'énormité de
méfaits, à la juridiction
l'hérétique,
le
du glaive rebelle,
civil.
Quoi!
ses le
l'empoisonneur
Bernard, qui auiait mérité plusieurs si
par
séné-
juges ne trouvaient pas suffisante la
la liberté
traître,
la
ils
preuve du crime dihioncé,
pape
La justice
en
appelants. Reprenant donc la série des
crimes condamnés,
puisque
roi
royale est offensée, la conscience d'un
))
les
«
appel
I.ccouit et
Raymond Foucauld, procureur du
ment
aux juges
présentait
se
fois la
l'on pouvait plusieurs fois mourir, si
mori
naiurœ
eonditio paleretur, n'aura pour punition qu'une prison perpétuelle! Cette inique pitié révolte les magistrats,
et,
persuadés qu'elle révoltera
comme
i:t
eux en
saiiit-prif,
If fait
F/iMjrisiTKVN
Ilayinond Lccoiiil
stMroiiipaii'nl, rt ji'nr (•il
ne
sail
de son
ordi'e,
Luc
liiiil
vivait
enrore
Jean XXII
UayiiiontI
ol
F(tii<aiilil
dcinoura vain.
écrit
avec sa vie. L'iiislorien
Wadilin;.;,
le -25
si'
trompe
lorsipTil
pié-eéda sa eondaiiinalion.
suj)pose (|ne sa mort Il
ri
a|»|ii'l
drdit
Kii
pas cxacliMiionl on quelle année le
de Bernard
sii|>plire
(h.
;i|i|M'llriii
ils
ifô
Ai.r.ic.Foisr..
A
février 13-20.
celte
aux évèques de Pamiers
date, et
de
Saint-PaponI que l'inquisition traite son prisonavec des éj^ards inonïs en lui conservant ses
nier-
habits religieux;
il
ordonne donc avec
indijjrnation
qu'on dépouille Bernard de ces habits qu'il déshonore
('2).
qu'il
mourut avant
Le chroniqueur Jean de Saint-Yictor la lin
signifie sans doute, poiu"
veau |)as
style,
que
la vie
compter suivant
du martyr ne
se
nou-
prolongea
Vitœ papar. Avenion.,
t.
I, col.
358.
(2) IbitL, col. SKÔ. (3)
le
au delà des fêtes pascales de l'année 1320.
(1) Baluze,
Recueil des hisfor. de
la
dit
de l'année 1319 (3). Cela
France,
t.
\XI,
p.
60 1.
4
I
/
PIÈCES JUSTIFICATIVES
INSTnL'MENTL'M APPELLATIONIS ItEUNAUUI DELITIOSI.
(litiii
titiani
opprcssis in jiiro ol
extra
ai;i;ravatis appcllatioiiis
jus
et
reniediiim
contra jussit
indiiltum
secumluni canoiiicas sanctiones de IMacentia, œconoinus,
prot'urator et
ministrator syndicus, sive actor
iiomiiiatiis a reliirioso viro IVatre
inonte, custode fratriiin |)ro
Minonua
dicti conventiis
iiegotiis
Heleazaro de Claroin custodia
Narbonœ,
peragendis et specialiter
super deleusione Castelli Fabri, quoudani burgensis Carcassouic, noniine dictorum custodis et conventns et
eoruni auctoritate, et ego frater IJernardns Delitiosi,
leclor dicti pati'is
conventns Carcassona», noniine reverendi
iVatris
Arnaldi,
minislri fratrnni .Minorum
in
^
PIECES JUSTIFICATIVES.
168
|»rovincia Proviiici;»', ({ui
niilii
super
lioc plciiarie coin-
vices suas, nos, inqnani, pr.TdicIi, scutientes nos
niisit
nostruni
et oi'dincni
et
Iratres nostros et
conventiim Carcassona>
(licluni
specialitei'
ai;i;i'avatos
contra
et
justitiani oppressos a vobis religioso viro t'ratre iSicolao (le
Abhatisvilla, in(jnisitore liœretica? pi-avilatis in par-
tibus Carcassoiuo,
vobis et corani
eo
videlicet
inaii;islio i*etro
proposneriinns,
tenente, custodis
ex
quod cum corani
Uadulli, vestrùm locuni-
noniine
dictoruni
ministri
coiiventns, ad defensionein Castelli Fabri
et
faniam, nonieii et bonorem
et
et
dii>nitateni ordinis fra-
IruMi Minoriun servandnni, et ostendeiidnm aperte
et
manifeste dictnm Castellnni Fabri, sepuitinu in cœnieterio dictoruni t'ratruni
conventus (^arcassona^, non esse
hœreticnni in morte, sed quandiu vixerit ipsum pie,
(knote
et biudabiliter
tidelis
ac
post
semper
vixisse
catbolicus christianns (1),
tanqnani verns
nec in vita nec
mortem contra dictmn f.asteHnm Fabri
iiieril
orta aliqua sinistra suspicio de tide catbolica, nec in
lama
ali({noejus
fuerit (k'uiijrata; proposnerinnis
etiam
(juod pnedictus Castelhis Fabri quandiu vixit fuit bonne
famrc et conversatiouis catbolica» ac devota» nionis erga
quod de
(Ij
et Cbristi
praîdictis est
Narbonœ,
nale.
Deum
et
vox
pauperes
et
piœ opi-
et relijiiosos, et
et fania publica in provincia
quod dictus Castellus Fabri quandiu
vixit
Cette incorrection n'était pout-ètre pas dans la pièce origi-
Nous
défectueuse.
n'en
avons qn'nnc copie
sous
bien
des
rapports
(i
PIÈCES .ll'STiriCVTIVKS. cl
liDiiiiiiiltus
:il)
(lioccsiiiiii
iiliiiniiii
i('|iiil.iliis cl
t|iiaii*liii
rouira
vi\il
ciiiii
orla
calliolinis
cl
A*'
dicliis (lasl(dliis
iicc ctiaiii |)Osl inurlciii
vi\il
est
itiicdiclis
in dicla pioviiicia Naiiioiia'
Kabii,
fuit
;
coiilra
siispicio
siiiistia
ali(|iia
tiiiMi|iiaiii
(-lirisliaiiiis
laudaliililcr ((Uivcrsaliis, et
iiilcr uciilcs
fiiil, cl
et luit
vcfiis cl ciillioliciis clirisliaiiiis, et
lidclis
liilciii callitilii aiii (|iianiliii
siiaiii
CarciSMiiiii' iciiintiiniin
et
|iro|>iii(|ii,'iniiii
h.iliiliis
vcnis,
l:iiii|iiaiii
dincrsis
iiiiilici'iliiis
169
vo\
cl
lama
pioposiiciimiis
(|iiaii(liii
vi\it
pidilii a
ctiaiii iiiiod
vcnis
callio-
et
clirisliamis. excrcuil opcra caiilalis, eicciiiosynas
liciis
iiiidlas (llirisli paiipcrihiis erojiaiido,
orpliaïuis
et
alias
vidiias,
[nipillos,
persoiias iiiiserabiles
sustentando,
l'ra'(liratorilju<,Miiioi'il)iis cl aliis reliiriosis
paupertatis
|trocuratioiies et siistentationes pliiiimas (Ihrisli dovo-
lione tribiiendo, cl de pr;edictis est vox et faiiia pnhlica in
dicta proviiicia Narhoiieiisi
quod
dictiis
lïastelliis
proposiicriiniis
;
eliaiii
Faini. (luaiuliii vixit taïKiiiam
venis, lidelis et eallioliciis clirisliaiuis, piolessiis
sanctaint eatliidicain
tenere
et
Kcclesia, Iki'c
senare, quani tenet
et
tïiit
credere,
sénat sanrta Roinana
mater omnium ecclesiarum
et
magistra,
et
s;rpissime oonfess\is est in locis pluribus et diver-
sis et
eoram
diversis et pluribus personis,
ii>iendit se tenere et servare t
se
christiaiiaiii
tideiii
\liibita,
iliclis est
nensi;
ut supra
vox
et
proximo
est
lama pnblica
propcKucrimus etiam
quam
fiden»
per opéra caritatis ab eo
expressum,
et
de pr»-
in dicta j)rovincia
qnod
dictus
^arbo-
Castellus
PIÈCES JUSTIFICATIVES.
170 Fabi'i,
de
iiiliiiiiit;it(»
iii
(idclis ac callioliciis
paiTocliiali
prcsbytoro
peccata sua
et in
tissiiiie
ohiil,
laiiqiiam
et
etiam
Minorihiis
(ïatribiis
eadeiu iiifirmitate recepit pie
clausit
tVatniin
et
devo-
aliarum persoiiaruin,
pliiriiini
publiée est
extreumm
confessus,
dictiis
et,
quousque
mitate adstiteriint usque ad obituin ejus,
obitum sicut
veriis
et catboliciis
ejiis infir-
et post ejiis
cbristianus sepultus
in cœmeterio eorunuiem, proptor quod
manifeste dinoscitur apparere quod,
si
liqiiido et
aiiqua sinistra
suspicio de fide catholica contra ipsuin orta
non terio
est verisiinile dictos fratres ipsuni in
ad sepulturani récépissé,
fama publica
diein
GastellusFabri, fratres Minores
coiiventus Carcassonte sex continue eidem in
et
et
recepit verissiinuni corpus Christi, articulos fidei
catholic»
fuit
vfiiis,
eeelesiastica sacramenta, neciion in pra'seiUia
<lictonim
cum
({lia
christiaiins roiircssiis est pliiries
et
in dicta provincia
fiiisset,
eorum cœme-
de praîdictis est vox
Narbonœ proposue;
rimus etiam quod dictus Castelhis Fabri toto teinpore vita^ sufc vixit
laudabiliter et ut veriis lidelis catbolicus
chrislianus, et
nunquam
repertum quod aiiqua
reperiri (potuit) née etiam fuit sinistra
suspicio
processerit
contra ipsuin de tide catholica, ex causa probabili vel
non probabili,
in
quo casu,
si
ex causa probabili sus-
picio processisset, esset tune purgatio
nes indicenda, et <nii
cum
secundum cano-
vos frater iNicolaus, salvis honore
reverentia vestrœ personœ et
ofiicii
inqiiisitionis,
non intendimus derogare sed potius obsequi
et
l'IKCKS .MISTIl IC ATIVKS.
171
l'iivri'c (iilclilcr
cl Imiiiililcr, iiosir'is Iniiicii niii-^riciitiis
sciiipcr s.iKis,
lion coiisiillc
l'ccislis
ilciniiiliai'i
soiuf
|)ra>ili<'liiiii
(lastclliiiii
(Ucio nimiiie,
iiatioiHMii faclani vitatis,
olim
|)i'r
iionicn
siint
non vocatis
et
niiims
nos et
zelo
li.i'rclica^
(loiiiiiiuiii
pra-
piovincia'
et
roiinani
lioiiiraciniii
inlcresl (Iclcii-
(^-astclli
Fahii taïuniani
apparcal dictani
esse
pi'ovide
pi()|)tec
laclani,
proposneriiims
;
etiaiii
aninianim nostrariini protestât! fiierimus, nos paratos jnrare
pra'Iati ijnardiamis et iector,
qnantiim
nioti
i)iiri,Mri
et onli-
evideiittM'
lainam dicti
<|uod potierimiis eain revocari ot in jiidicio
pctssct
pia'i;ilos
illis (iiioi iiiii
veri et catholici clirisliani,
denimlialioiHMii
an
roniiam jniis
cl
pcr
(jiKiii
(larcas-
iiiorliiiiiii cssi* litfM'P-
in(|nisilor(*s
vcsfros,
co
in
Iniriii
contra oniiiiatioiicm
statnta
|>apani VIII, et «Icrc
est contra
cliam
ac
qna>
Falni
(|iio(l
|)i\t(1p('(»ssoits
Narhona', coniin
('cclcsijis
roiislart'l voliis
iH-aliim, aiile(iuam «If
[iroccssciilis
(tiiiiics
|)('r
oporleret (piod
veritalis
|)i;e(li(la
illnccscend;e
ceiuem injuste procederetnr,
et
et
si
propoiicbainus
ne contra
qnod oinnia
inno-
pranlicta
parali eianiiis prohare de piano, sine strepifn et dilTnirio,
per persoiias
veslrîB
religionis
rimos sœculares
reliiriosas,
qnain fide
graves
aliarum,
dignes
;
et
lionestas,
tam
ac etiani per plu-
proposiierimus etiam
«jucd non soliim parati erainus et
sumus probare
prse-
dicla, sed etiam excludere depositiones testiuni recep-
torum contra dictuni
Castelliiin et prol)areeas esse fal-
sas et indebite et violenter extortas et Calso et nialitiose
PIĂ&#x2C6;GES JUSTIFICATIVES.
172
proposuerimus
adinventis
cl coinposit;is;
ista falsitas
nobis nota est viis miiltiplicibiis, por qn,T
oiniiia petieriiiiiis tatis,
nos admitti,
ad probauduiii cain
ot |)iobaii(la
;
taiif|iiaiii
ci alla
iii
quod
zolatoros veri-
supra scripta pariter
quod
pi'opostieiiimis otiain
probationeiu babel)amu.s
etiani
proinpUi
et
|U'aHlictorniii
super
isla veri-
tate intendchainus dictiun iuquisitoreni inforniare et
nastras
coiiscientias
exonerare, ne
iijiiorantiam dictus Castellus
propter veritatis
quondam, ouin
cens, condeumaretur iudebite et injuste
mus etiam quod
si
sit
inno-
proposueri-
;
eoram dicto
in propositis per nos
iiifuisitore vel ejus locunilenente erat ali(|uod propositiiui
quod nou
proponi,
esset ))roponenduin vel aliter deberet
parati
dum quod
eramus mutare
nieliorare secun-
vel
coituoscerelur esse juris
rationis,
vel
et
super bujus cogiiitione prtesentaverinius dicto inqiiisitori
non paratos
stare cognitioni plane et suniniarie
doniini electi CarcassonÂť et venerabilium in Christo
patrum domini arcbiepiscopi Narbonensis
rum
episcoporuui Tolosani, Biterrensis et
et abbatis S. Ponlii
de Tlionieriis,
et
domino-
j\]aiialonia^
vel alirujus
eorum,
vosque, dicte inquisitor, die assii;nala per vos ad deli-
beranduni siqier Jidii,
pranliclis, scilicet
quarta die mensis
anno Domini millesimo trecentesimo, nobisque
ad dictam diem
in
domo
vestra apud
comparentibus, dixeritis quod nulla via seu ritis
Carcassonam
modo
audie-
nos super pnemissis, seu aliquo eorum informa-
tionem nostram receperitis, sed, cum staretis erectus
PI K CE s .llISTirir,.\TI\ KS. cl
sdliis
niiii
iinincdiiilc Icvilcr cl (•(Hilcmpli-
rcccilcrt'imis, cl
(|U(>(I
imliis
(li\ciiti<
oïdiiiis,
vcslii
r'.iliMMic,
I7:î
bililcr nos dimi'^crilis,
(joimis scii ad caiiic-
.id iiitciiitia
rani vesliaiii iiitia\ciilis ciiin iiclcrcimis (piod l'accrclis coiiiparilioiicni iiosiraiii
soi'ihi
tnmi, ciim ad noliicrilis,
dics
illiid
itiio
(|iiiii
cl
dirli (laslidli iiciii
vcsliimi
iiOij:avciilis
et
imo
iusciis,
iiislantia potie-
sciipscial, cl
pi'a'dicta
maiidaslis
FalcoiuMii, liée ex
inus,
ciiiii
iiohis laccrclis licri coitiaiii (]iit
mis aiidiic
por nos cofaiii voliis super
acnlalorii
iil
cl
ad doiiiuiii vcstiaiii ipsa
ciiiii
die, liora vcspiTliiia, rcdiciiiniis cl
rimus
dicliini vcs-
cl
iicciioii
i'iiisscl assijiiiala,
tiiiie
iiobis
per
l'acto
pcr labcUiol'accrc
lia'C
dictuin IVatroin
vesiri eopiain liaberc potiicri-
a die supra dicla
iid'ia
quiiique dies, nobis
ad partes loniçinquas recesseritis, ciim imlliiin
uotariiim vel tabellionem in tota Garcassoiia vel in loeis
babere potiierinms,
«•ircmiijaceiitibiis
aetor
de
seii
loiiire
qiiod dnrius
aliqiiein qui vellet cssc syiidicus,
proenrator
dicti eoineiiliis, doiiee. aliiiiide et
syiulieiim veiiire tVciimis, nec testeni aliqiieni
habere potueiiunis inoninin perbibere, <lieto
et,
nec
et erudeliiis est,
([ni dietaî
appellationi valciet lesti-
qnod aUcirabant
inqiiisitore si nobis aliquid
se
capi a vobis
seriberent,
assisti;-
rent, consukM'ent seu dictarent, cnni linior vestei* in
tantuni oadat in coiistantem
virumquod vestruni
reni pra}l'erunt veritati, licet dicta die antedicto
vestro
immédiate
appellationem
viva voce
tinio-
domino
appeUaverimns, dictam
in scriptis per tabellionem uscjuc
nunc,
PIÈCES JUSTIFICATIVES.
174 scilitt'l
die
decimo
lueiisis Jiilii,
mus. Haec ergo omnia gravainina
necnon
dérantes,
tiare
et
potueri-
alia consi-
pmejudicinm
advertentes
et
iioii
multa
fieri
veritati et per consequens nobis periculiim iinniinere
ex eo quod hanedibus dicti Castelli seu ejus quîsestioais adinisistis
sionis,
(
defensionem prœcluditur via defen-
1) ;ul ejiis
cum non
eis copia
liât
nominuni
tamen certissininm
sit
testiuni et sic
eorum
per consequens non possit ostendi
falsitas,
cum
quod propter timorem ejus con-
quem in((uiritur seu delensoruni suorum non mus grave pericuhnn imo nuUuni periculuni
tra
testibus inimineat, et ex eo
testium suniptœ sunt de
quod
dicaipsis
attestationes dictoruni
libris suspectis,
cum
contra
eos laboret lama publica, necnon est et probari possit
per personas fide dignas quod dicti
habeantur fide
et
liabiti
sunt suspecti,
cum
pontificis
quod ex
inerito
etiam relatn
dignissimorum didicerimus quod non
domini nostri summi
et
libri
est voluntas
diclis libris,
donec ipse aliud ordinaverit, procedatur, omnia grava-
mina supradicta
et
plurima
inferenda, de quibus parati
alia illata nobis
sumus
per vos
et
facere lidem per
publica instrumenta et alia documenta sub loco et tem-
pore proponenda, appellamus, nominibus quibus supra et
nominibus eorum quorum interest
potest, ad
vel
sedem apostolicam,solemniterin
interesse
bis scriptis
(1) Ce texte est évidemment corrompu. Il faut peut-être lire Ejus quœsliouis administris, et traduire par « Les personnes chargées de son enquête. « :
:
.irSTiriCATlVKS.
l'IKr.KS jM'lciilt'S
et,
aposldlos cimi
ne vidcaiiuir
Oiiiiiiiiiii
ilcriiiii
connu
imliis d.iri cl coiiccdi,
rcinissi
cl
a|)|>cllamiis, cl,
vcrilis, ilcniiu ai»|it'IIaiiiiis tjiiilHis siipiM, poiiciilcs
modo,
nos
iioslia
iii
a|)ns[ol(is
si
loniia cl
(lciic_i;a-
iioiiiiiiiliiis
IValres iiosiros cl
cl
t'I
jiislilia |)ci°sc(|iicii(la,
iiilci'cst
(|iiiiniiii
ilcniiii
cl
iiisl:iiili;i
iiciili^ciilt's
175
lociiiii
dicloniiii rralniiii iioslronim (larcassoiue et oiiiiics Iniic
appellalioni adhiorcre volentes, fautores pf consiliaforcs
sub
protoclioiit'
pra-sidio dictœ sedis, assercntes et
el
nos
|)rolcslaiilcs
nos
nol)is illata posse
pi'oljaic,
nos ad oninia
adsiliniliniiis
lanliini ipue neirolio ntilia
el
protestantes quod non
singula prohanda, scd ea
seu neccssaria videl)\intnr,
assercntes nos |M;edi(li i^iianlianiis
rredere
esse
vera
parati liœc jurare
bonestum,
et
si,
in
seu gravainina
proposita
pra'ditta
jndicio
et lector
pnedicta
aniniarnni nosiraiiini,
quaniloeliibi videbitur debituiuet
ego prœdictus syndicus afliimo
me credere
prœdicta esse vera proprio juramento, inbibentes nos preedicti,
nominibus qiiibus supra, vobis dicto inqui-
sitori, salva vestra reverentia, ex parte
lenus possunius, ne contra nos
diebe sedis, qua-
et dictos fratres
nec loeuni fratruni Minoiuni Carcassona'
noslros
ncc eliain
contra tlicluni Caslelluni Fabri, (pioiMbini catbolicnni cbristiannni, ncc contra illos
esse
polest
vel
quorum
interestvel intcr-
eorum bona penibMite
appelbilionc
I
hujusmodi (luidquam debeatis ulterius innovare (!)
Collcct. Doat,
t.
XWIV.
fol.
1-23 et suiv.
(1).
PIECES JUSTIFICATIVES.
17G
II
DEPOSITIO FACTA CORAM GAUFFRIDO DE ABLUSIIS DE INJURIIS
JOANNI DE RECOLES ILLATIS.
Aiino (lomiiiicœ
quarto
id.
pariter et
Incariiatioiiis
lunœ post
siino tertio, die
t'cbriiarii. l'iitnri,
millesimo trecente-
festuin S. Agathse, intitulata
Noverint
luiiversi,
praesentes
qiiod vocatus doiniiuis Joannes de
Recoles, sacerdos conductitiiis (1) parrochialis ecclesia^ B. Mariœ de Platea vilke Gastrensis, diocesis Albiensis,
per religiosum virum fratreiu Gaufridum de Ablusiis,
fratrum ordinis Prœdicatoruin, inquisitorem haereticic pravitatis in
regno Franciœ a sede apostolica deputa-
tum, jiiratusqiie super captione
Joanne
t'actis,
vice-dominum sitoris,
purauî
quia
et arrestatione
denuntiaverat
de ipso
excoinniunicaluiii
Anil)iaiuMiseni de uiandato dicti iiiquiet
merani dicere veritatem, interrogatus,
requisitus et in judicio in donio fratrum Prœdicatorum
Castrensiuni coram dicto inquisitore personaliter oonstitutus,
sub virtute ab ipso pncstiti juramentidixit
asseruit
quod
cuni,
niea circa festuni S.
(Ij
anno prœdicto, quadam Martini
Conduclicr. Voyez du Caiige, au
vel
S.
et
die doini-
Cecilia*,
denun-
mol Conductitius.
i
l'IKCKS tiassct
iii(|iiisilMiis
Alliiciisis
sitMiii
crastiiio
Iiiiia' iit
iHii'l'iili,
l'clnis .Ni(linl,i\
doiiiiiii
ciiiii ilic
ruruiii se apiid (îaslras ail liospiliiiin (iiiilli'lnii sis,
cl jiixla
aille
l'iiissct i|)si
liM|iiitiii'
(|iii
«
:
aiulax
(|iii)(l
»
stMilal
pcrsimaiii
»
cxcoinimiiiioaliim. »
quod
.Miior
(loiiiiiii
cl,
ciiiii
dixit
iiiiilliiiii
Tune
iiostii
lliii'i^'on-
((iiiiiiiiiialoiiis
fuisses
i|iii)il
vicc-ildiiiiiiiiiii,
(loiiiiiiiiiii
illuil
vcl•|)i•^
iiiiillis
»
dixit
rialniiii MiiKniiiii,
(Imiiiiiiii
|)i"a'sciis,
ilii
viMiin*
IVcil
<-t
t-l
Iniciis-
,
cilavii
rciiis,
su|ii'aili<-ta>
(loiiiiiii( :r
177
jhcImijImIc
vicr-doiiiiiiiiiii
('\n)iiiiiiiiiii(':iliiiii
iii;iiiil:itii
liM'iiiii
STiriCATIVKS.
.11
ila
i'c|)i'iP-
(|iii
(Icmiiitiavcris
rci;is,
i>ra'ilirtiis (loiiiiiiiis
Joamies
piw-
lecerat de niandalo iiuiiiisitoris
dicti«*tarc-liiprpsbyteriCasfreiisis,etcuiiulicliisdoiniiius
Joaniips dixissetriuod liabchatiiecesse irepro
unopuero
baptizaiulo, et qiiod postealibenter reverteretur, dictus
lociuntenens
dixit
reniaiieret ibi.
loeuinteneiiti
Tune
:
cuiiis
quod non recederet sed
dictus doniinus Joannes dixit dicto
Anestatis vos
a
leiieiis rcsj)on(lit »
cidciii
:
« lia,
me?
»
(hii
locuni-
arresto vos, (juia volo scire de
maiidato fecistis banc (b'niiiiliationein.
<licluin doniinuiii
Joanueni
lespoiuU'iiteiii
Tune
»
((iiod
lioc
feeerat de niandato inquisitoris et archipresbyteri
prœ-
<UetoiMini
ob hoc dictus Petnis Nioliolay in doino prœ-
dicta per bonani partein diei tenuil arrestatum, donec,
dicto
archipresbytero
per
vocato et in doino IVatiuin
doininuin
locuintenentem
Minorum présente,
dictus
locumtenens dictiim domimini Joannein duxit seciim
ad doniuin
IVatruni
Minorum dictorum,
et
tune dictus 12
,
l'IKCKS .lUSÏIFlCATIVES.
!7S
lociiiiitciKMis icqiiisivil et iiHjuisivit pr.-cseiilihiis pliis(jnain
lj\l','ro,
tal.' iiiaii(latiiiii
.loaiiiii
de dicta
;i
dicto arcliipres-
coiitum
])orsoiiis, iitniin
dciiiiiilialioiic l'acliMula
domino
pianlicto l'ccisscl. llcin dicit ([iiod pliiribns cIp-
licis, laicis ot fratribus
Miiioribus pra'S(Mitil)iis
iii
doino
pia'dieloniiii (lic('Mlil)usqii(' ci (|iiod dciiuiilia-
.\iiiioiaiiii
lioiuMii qiiaiii l'cccrat rcvocarct, ipsoipic iioiciite in
hoc aii(|natcmis
ddiniiiojoamic
coiisoiilirc, dixil
iniiK) Joaiuii lociiiidcnciis pia'dicliis (|iiod
cideni do-
siipsedonii-
]iiis,loaiiiicshabor(d bonuiii j)alcfrcdiimvelboiiuinpali'i-
inoiiiuin in terra, cuni eodcni aliter lo(|uerelur; et
c'idem inliibuit Albifio
non
tune
quod idem dominiis Joannes vicariam
exiret, phires
minas eidem domino Joanni
plnries l'aciendo, et de ista inhibitione dictas locumle-
nens per notarium quem
secum dncebat
cliartam levari. Interrogatns (lonio
(Inillelmi Biiriicnsis,
(jni
pr.esentes in
l'nei'nnf
ies])ondit
([nod
]lui:o Boneti, rector ecclesia' S. Stepliani
dominns .loannes de Deo sacerdos j'erie,
diaconus
et
j)liires
el Cinillelnuis IJai-
Raymundus Faber mercator alii de quorum nominibus non
(îastrensis
3k)iinerii
^lichaelem
llonorati,
i;uai'dianuni, et
.lacobuni
île
,
nnum
Aniiliano
nibus non recordatur.
arcliipresbyternm IVati'es
el
recordatur. In
vero Minornni dicit fuisse prœsentes
Joannem
dominiis
de Teisoib's,
dericiis ipsius domini Joannis qui
loqnitnr,
domo
requisivil
dominum
siipradictum
Bertranduin
Vilarzeiii,
IVatrem MinoiMim Vasconensem, et
pinces alios de
quorum nomi-
l'IKCKS Ilii'c (li'posiiit
loco
priPdirlis,
STIFICATIVES.
.11
cl iccitala siiiil in viili,'ari, aiiiio, die ft
(iatalaiio,
Dco
di'
occlesi.p
nolaiio
villa»
piihlico |iiililic(t
Item,
aiiiio,
Cas-
Sicardo de Poinorio, Alberto
de Ciirvala
l'cfro
.loaiiiii'
Aiixioli, iTctorc
iiolarid
IValiilnis
Ciiiidonis, prioi'c rtalniiii Pra'dicalo: uni
Bcniardo
doiiiiiio
viiis
icliiiiosis
pi'ii'stMililms
IrtMisiiim, .lacobo liuri^ciisi,
de
17!)
ordiiiis
sacerdotc,
,
S.
Prjrdicatonim, l'elro
doiiiiiio
Cecilia' di>
Lcslori^uc et
me
l'etro Hoeiii,
Castrciisis, et
iiilVa sciiplo.
die et loco
pra'dielis,
doniiiiiis
Wus^o
Honeti, rector ecclesiac S. Stepliaiii de Tcisodes, dioresis Alhiensis, vocatiis, coiislilutns, jiiraliis, iiitenoi;atus et re(|iiisitiis
lit
supra, dixit quod anno pra'dicto,
circa festuui S. CeciliiP, quadaui die lunœ, tras,
.loaunis,
IMalea
qui
ipso
loquitur
et
quodain
apud Cas-
clerico
villa?
Castreiisis, et
(luihusdam
nouiinibus non recordatur ad
videntibus et audieniibus,
iii
aliis
pra;'s?ns,
quodam
domini
Mari» de
sacerdotis condiiclifii ecclesisB B.
de quorum
prœsentibus,
hospitio ante do-
nuim fi'atrum Minoruni Castrensium, Petrus
^'i('lloIay,
tenons locuni vicarii Albiensis domini régis, arrestavil
ibidem prœdictumdominum Joannem, sacerdotem conductitium ecclesi» B. Mari;iede Platea vil!» Castrensis, asserens
dictus Petrus locnnitenens
dominus Joannes, de mandata
inquisitoris
dennntiaverat
praedicli
Amltianensem
,
excominunicatum,
locumtenens quod,
I
causam arresta-
tionis esse quia dirtus
nisi
et
vice -
doniinum
addidit
dictus
revocarel id ([uod fecerat con-
PIKCES JUSTIFICATIVES.
i80
tra vico-doiiiimiiii supradicliiiii, ([iiod iiiamissiias pone-
supra
ret
(iicliiiii
alias
siiierct
(loiniiiuiii
s(^ciiriiiu
.loiiiinciii,
starc in
et
non
(jiiod
vicaria Albiciisi. Ilom
addidit idem locmnteiif'iis ({iiod non dal)aid dicfo do-
mino Joanni bonum
consiliuni qui consuluerant ei ut
prœdictani denuntiationem faceret vel fecisset. Hapc
deposuit dictus dominas
IIug;o,
pncsentibus religiosis
4lictis,
anuo, die
et loco
viris fratribus
pr»-
Hernardo
Guidonis, prioie IVatrum Pncdicatoruni Castrensium,
Sicardo de Pomerio, Alberto de (jatalano, ordinis
trumPrœdicaloriun, magisti'o Petro Galliacho, et
me
fra-
Aui^eiii, pbysico
de
Pelro Boerii, publico notario infra
scripte.
Item, anno, die et loco prœdictis, dominus Joannes
de Deo, sacerdos de
Gastris, vocatus, constitutus, jura-
tus, interrogatus et requisitus ut supra, dixit et asseruit
quod, quadam
dominicam dos
die
in ([ua
lunœ
immédiate
sequente
post
dominus Joannes de Recelés, sacer-
condnctitius parrochialis
ecclesise B.
J\lariœ
de
Platea de Gastris, denuntiaverat excoinmunicatumvice-
dominum And)ianensem de mandato inquisitoris pra;dicti, quod ipse personaliter cum domino llugone Boneti, rectore ecclesias S. Stephani de Teisodes, in
domo
seu hospitio Guillelmi Burgensis, juxta et ante
fratres
Minores de Gastris, ubi erat Petrus JNicbolay,
locumtenens verat dictum
vicarii Albiensis
dominum de
domini
régis,
({ui
cita-
Recoles, rogatus a dicte
domine Jeanne de Recoles qued secum remaneret hac
IMKCKS .nSTIFICATIVKS. (If ciiis;! ut jiivart'l
ciitii,
i|uia
l(M-iiiiit<>ii('iit(>iii
1S1
pcr dictiini
(iliiliis (M.it
(|iii;i
(li'iiiiiilia\('i';il
virc-doiiii-
(li(-liiiii
iiiiiii
rxcoiniiiiiiiiratiiiii .iiK-liiiilalt' cl iiiaiidato iii(|iiisi-
toris
|)i':nli(-|i,
lltM-oli's cl
capi,
et
liiiichat
tlictns
.loaiincs dt*
iloiiiiiius
v(d iiijiiiiaiii vcl ii;noiiiiiiiaiii sihi inl'crri,
lune, cimi dicliis doniiims .loaiincs de Rccoles vpllct
riH'pdt'i'c, ni iliccltat, dicliis
non
lociiiiitciiciis
scd rcniancrcl.
l'cccdci'cl,
Tnnc
dixit oi
quod
dictns doniinns
.loanncs de |{ccolcs dixil dicio locnndiMicnti :« Domine, »
arreslatis vos nn-? « Dictns locninlcncns dixit
ancslo
» hiMic,
locundenciiti
dicIo
(plia ipsc vci
stahat
«M-at
dixit
«
»
vos.
:
Et tnnc
qnod ipse
:
« Ita
iileni (|ni lo(|nitiir dixit
oxconiinnnicatus,
erat
(inicnmque sacerdotem vel clericuin arre-
e.xcoinninnicatns.
Tune
exeominnnicatus
Si suin
ad vos;
Niliil
»
dictns locnmtenens beiie, absolvani
dominus .Toannes de Deorespondit
me.
loco suo? » Qui
velletis vos esse in
(iiiod,si
taleinanda-
tnin pervenisset ad enni, fecisset sicnt doniinns.Toannes
de Uecoles snpra dictns; ipsi i|ni lo(|nitnr
:
et
« l'er
Denni
voltis
eqnus
dictns locnintenens dixit 1
si l'ecissetis
«
non renianeret
»
niuin, nec aliud quin nos ponerenius ad
»
tram.
»
in stabnio,
vel l'aceretis,
nec |)atrinio-
nianuninos-
Item dixit quod audivit dictum locumtenentem
inhibentem ibidem dicto dominoJoannideRecoIesquod ipse
non recederet de vicaria Albiensi,
dictus
et
boc quia
dominus .Toannes de Recoles nolebat, ad requi-
sitionem instantem
dicti
nem (]nam
vice-dominum
contra
locumtenentis, denuntiatiofecerat
revocare.
PIÈCES JUSTIFICATIVES.
182
qui
Interrogatiis
quando pnodicta Ilui^o JJoiicti,
cus
ruonmt
pnosentes
fiicnmt,
lacla
dicta
in
dixit
doiiu»
doinimis
qiiod
JJarrerie, diaconus et cleri-
Giiiilcliiius
Joannis de Recoles supradicti, Jacobiis de
doiiiiiii
Gausser, clericus,
de Veteribus
Viiieis
iiotariiis
de
Laiitrii;esio,
Sycardiis
de Lautrii^esio, Ilayinuudus Fabri,
mercator Castrensis, Guillelinus Burijensis de Castris et
de quorum
inulti alii
erat vox pii-
quod dictus doniinus Joannes
blica et fania coninninis
de Recoles
non recordatur.
iioiniiiibus
quod per villam Castrenseiu
Dixit etiam
erat captus et arrestatus per dictuui locuni-
tenentein quia de niandato intiuisiloiis dictuin vice-
dominuni denuntiav(>rat exeonuiiunicatuin.
lla-c
dcpo-
suit dictus doniiniis Joaiines de Deo, et recitatafuernnt
anno, die IVatribus
et loco praîdictis,
pnesentibus
relii^iosis viris
Bernardo Gnidonis, priore (ratrum Pniedica-
toruni Castrensiuni, Joanue Hatberti
rum fratrum Castrensium,
subpriore dicto-
Alberto de Gatalano, ordinis
fratrum Prœdicalorum, domino Petro Aurioli, rectore ecclesiœ S. vilLie
CeciliiP,
Castrensis, et
de
Lestorgue
me
Petro
et
P)Oerii,
notario publico notario publico
infra scripto.
Item,
anno quo supra, die Yeneris post Cineres,
Raymundus
Fabri de
Castris,
personaliter in judicio in
domo
vocalus et constitutus
Iratrum Praidicatorum
Castrensium coram dicto inqnisitore, juratus, inteirogatus
et requisitus
super pra'dictis,
dixit et assueruit
<luod boc anno, circa leslum S. Andréa) apostoli, die et
IMKflES .UISTIIIC \T1VES. non
si>|)liiiiaiia
llccolt's, sia'
U. Maiia'
Icliiii
ilc
(|iia
(li)iniiii
tValrcs Minores de
.luaiiiicni
tlniniiiiiiii
iitmliiclitimii
IMaliM
ISiiiiifiisis,
loi'iiiuli'iiciis
iinciiil
rccolit,
saccrdotciii
IH'.!
tli'
('cclr-
|i;irnicliialis
Casirciisis, in (lniiio (iiiil-
\ilLt'
cial iccciiliis
(lastii-:,
Mcliolay,
l'cliiis
Alliifiisis, jiivta
viraiii
se
(|iii
iliidciii
cl
aiil(>
(lictiiiii
|i;'i-
lociiinlciKMilcin aircslaliiin diccliat quia dciiiiiitiavcrat
Item
vicc-doiiiimmi AinhiaiUMiscm ('xcoimmiiiicMliiin (licit i|iiod
cadcni die vidit
in diiiiii) IValniiii craiif
pia'sciitcs
consid Alhia' ivror<lalnr,
riiiii
iulcr ((nos
ptM'i'utiM'c
l'ctiais
piins
ni
arrcstaliiiii
Nicliolay pra'dictns
;
et
il)i
iimis
cf
sorio sno de (|nornMi noniinihns
iValrcs
Ai'naldns Aniiciii laini,
Miiioniiii
dicliiiii doiiiiiiiiiii .loaiiiiciii
non
Itcilrandns Vilarzclli, !^n;ii-dianus,
o[ (|iiidani
alii
ciat
ipii
iiniis
doniinnni .loanncni
ordinis IValiMini .Mino-
cnni
nuiiis vidcbatiir
ina'diclnni.
Item
dicit
ipiod IN'trus Nicholay, IVatros Minores, consnl et sociiis siius niiiltuin
dure reprehendernnt dictnni dominuin
.loaniieni (juia exconiniuiiicaverat vice-doniiniini supradirtiini,
dicentes eidein
lenles ({uod ipsi
et
cuni
volebant ([uod,
niinis
phiries
repe-
sicnt exconnnnniea-
verat publiée viee-dominuni supra dietuin, ita volebant «'t
oportebal
liaret
([iiod facerel qiiod
non excoiuniunieatnni,
et erat t'actuni
ipsemet eumdcni pronnncl
qnod
qnod
illnd
l'eeerat
eontra vice-doniinnni indebite l'eeerat et
erat indebite l;utnni.Dieel>ant etiain([uod noncredebant
([uod dictns vice-doniinuspropteraliquod
quod
fecisset
osset excoMinuinieatus, neccredebant nec eis videbatur
PIECES .USTIFICATIVES.
181 (juod
proptor en qnjp
ilebcict
;ili(iiiis
excommunicare. Et |)r;p(lictus iiollel
cinii
lacère
(loiiiiiius
cmii
et iiialo vultii, (lixit doiniiio
(liiod,
iiisi
Joaiiiii
(|iiani ipsi
et
iiiiiiis
loco
sacerddti pnodicto
faceret revocationeiii pnedictani,
ipse
proiit et
quod
pete-
terioribus
quod
citaret et l'aceret euni diui Albiaiu et poneret tali
ipsuiii
sacerdos
Joaiiiies
revocatioiiem
haiit, dicliis Petriis ^'icliolay,
ftM-orat
ipse
euin in
ipse dominiis Joaiinos- libenter revocaret,
locumtenens
et
alii
prœdidi petebaiit,
si
quaiulo eidein dicereiit vel eisdem placeret, anle-
quain evaderet
mamis
eoruiii. Iiiterrogatiis
super coni-
motioiie et causa couinintioiiis poj)uli contra (lominum
episcopiun Albienseni,
fi-atres Pia-dicatores, in(iuisito-
reset onicluni inqnisitionis hreretica' pravitatis,et coniniotoribus seu concitatoribus conunotionis pnedictae, dicit
quod
iiunquani alias vidit vel audivit siniileni
connnotioneni in populo Albigesii propter fachun inqnisitionis vel inquisitoris; dicit etiani ({uod causain coni-
niotionis crédit esse criinine
quod
supradicio,
vel
illi
qui sunt lœsi vel rei de
facta
inqnisitionis
portant
aniare, sunt causa coniniolionis islius, quia vellent, ni crédit,
quod
alii
ad adjutoriuni sua.
Item
et
dicit
essent conimoti sicut et ipsi, et quod
expensas alioruni posseut facere
quod
inter
principales
lama communis, quam crédit veram magistrum Petrum Probe, de
esse,
Castris,
l'acla
concitatores dicit esse
quia Joannes
Banderii, frater uxoris Joannis de Albia, fratris maifistri
Pétri prsedicti, est
condemnatus pro
facto haresis.
l'IKCKS .irSTIlICATIVES. ILiM- (Icposiiit (licliiN KayiiMiiidiis niiit in liii>
.iiiiio,
\iili;;ii'i,
(li(>
|''iil)ri,
Ion»
*!
cl
I^n.'.
rcril.'il.-i
|ii-:nli('lis,
l'iic-
piii'Si'iiii-
ri'lijiidsis vii'i> t'iatnlMis lici'iianli» (iiiiilmiis,
[niorc
Sycardo de
l'oiiic-
rialniiii l'ra'dicaliiiiiiii (iasliciisiiiiii, lid.
de (lalalamt, ordiiiis
Allit'ito
loniiii, doiiiiiio l'clin Mcli'li,
ciirva, ilioccsis Albicnsis,
l'ia-dica-
IValniiii
rcrinrc ccrlcsia' de Hiipc-
et
me
iiidaiio
lînciii,
l'cli'o
inlVa stii|»l(). Itt'rii,
aiiiio,
dif
loco
cl
1».
.MaiiiO
(iiiillcliiiiis
saccrdotis
Itaii'ciic, clcriciis doiniiii .Idaiiiiis,
|tan'otliialis ccrlcsia-
diclis,
|)i'u\iiiic
de
(•(Hidiiclilii
l'iaica vilLc (iaslrcii-
sis, vocaliis, consliluliis, jiiiatns, iid('ri()i:aliis cl rcipiisitiis sii|»cr pra'inissis
iit
((iiadaiii die, aiiiio isto, C'olil,
nisi
incd'pit
hoc
ipitMl
leiii
supra, dixil cl asscniil (piod
de tenipore circa
liiit
ih-leciiiiiiato
Scntentianuii
(piaitiis
Piu'ilicatorum Castreiisinin, cilatns .loaniics reiïis,
{\('
donio
in luit
Iratinni
dicins doininns
per ((nenidani scrvicnteni doniiiii
llec'oles
de niandalo
non re-
lenipns (juando
illnd
dicii l'etri
Nicliola\
(|nod nianda-
;
tnni cl cilationcni a dicto servicnlc dicil dicliis
lolmiis
([iii
lo(|uitur
Juannc pncdicto,
in
quadani
expressa ncuidna citaidis ilicto tioniino.loaiine
récépissé,
se
absente
({ua
erant
pi;cdicloiiiin.
Iiinc,
littcra
et citali
(liiil-
domino
in
coniparcntc coraniPctro MicJiolay,
lociiintenente [ua-diclo, reqnisivit eiini doininns l'etrus, et se scire veile
dicebat quo niandato
soil
qua auctori-
tate exconinninicaverat vice-(b)niiiinMi Andjianensein; et ilictns doMiiiiiis .loanncs
rcspondil qiiod de inaiidato
186
PIÈCES JISTIFICATIVKS.
iiiqiiisitoris
h;rreticaî pravitatis, et
quia in littera
iiiqiiisitoriserat appensasigilla ecclosiariunS. et
15.
MariiO Dcainatœ de
dicJi
Stephani
Tolosaetpluriumaliorumetde
inaiidaloarcliiprosbytori Casfrensis qui dictain litteram sigillavcrat. (Mi;e r(M[iiisilio
Burgensis, auto treiisiiim,
et jiixta
fada
liospitaliatnr
in (jna
donio
{liiillelini
Minorum Cas-
Petrns Mcholay prœ-
domino Joanne volcnto venire ad
dictus. Dicto vero
officialem Albiaî existentem in
torum de
fuit in
doimiin IVatnnn
domo IVatrnm Prœdica-
Castris, niandanteni pro eo,
Petrns
dictns
Nicholay arrestavit doniinnni Joanneni priedictnni,
et
arrestatnni, ([uandiii luit in liospitio supra dicto, duxit
euni ad doninni iVatruin
Minonun d'
Castris, ubi
lus fuit ai'chipresbyter Castrensis et re((nisitus si
ci
ta-
man-
datuni dederat dicto domino Joanni de dicta excom-
municatione denuntianda. Item ibiibMU dictns Peti'us Nicholav, auctoritate vicarii Albiensis, utendo oflicio suc,
ut videtur ipsi
qui
loquitur,
dominum Joauuemseniel, secundo,
requisivit tertio,
dictuiu
quod
diclani
excommunicationem, quam dicebat diclus Petrus indebitam
et
indebite lactani, revocaret; alias dictus Petrus
appellabat, et requirebat notarium ibidem pra^sentem
quon
t'aceret
j»ublicnm iiistrumentum. Et
cnm
dictus.
sacerdos nollet consentire requisitioni de revocalione prsedicta facienda,
minaci,
modo
prsedicto dixit
et
dictus Petrus locumtenens,
verbis comminatoriis,
quod
si
ipse baberet
vultu
domino Joanni
bona mobilia
vel
immobilia, qnod ipse per occupationem bonorum face-
PIÈCES JUSTIFICATIN rct
laiiliiiii
loi'iliilIciKMis
i|ii(mI
|):'i-('i|)iM'('l
tiilciii
li;il)cli,'il
(licliis riiiillclimis
U;ii-i('ri(',
cJ
(V.ilfc
llcniardo (îiiidmiis, priorc
Sycanio de
iValrc
domino
IN'lio
l'oincrio,
Iratiiiiii
Allicito oi'diiiis
do
et
iiKiuisitioiiis
me
de lliipccMiiva,
Petro
IJooiii, iio-
hœretica'
|»iavitatis,
cl rcqnisitioncni dicli inipiisiloris liane et
(lalalaiid,
doposilioiiibus intorfni et ad inandaliun
(jni in praMiiclis
sci'ipsi
onliiiis l'ra'-
de
Moiilillis, rcclorc eccicsia' vS.Pclri
dv Masscriis, dioccsis Albionsis, tario piiblico oriicii
.iiiiki,
l*i;i'dic;it(iiiiiii,
Mcli'ti, rcclorc ccclcsiai
doiiiiiio ("luillcliiio
i|is('
(l('|insiiil
rcliuMtsis viris
|tr;i'S('iililiiis
IValrc
ijikmI
II.im-
rnci-iiiit
rcciliit.i
loco uroxiiiic dictis,
IS7
s'iiliicl
\(>l
|)i)i('sl;il(>iii.
(lie cl
iliraloniin Casirciisiiiiii,
KS.
sii^no inco
signavi,
donnno
chailani rcccpi, l'Iiilippo,
rcgc
Krancornni, rcynante (1).
m EPISTOLA
JOANNIS,
AUJLTOUILM A
VICK-DOMINL
C.IVIBL'S
AMIilANKNSIS,
TOLOS.E, CARCASSO.N.E
REQllUKNTIS ET ALIORLM
LOCOIIUM.
Viris venerabilibus et discretis, amicis nostris carissirnis,
(I)
,
capitolio
Oollccl. Doat,
rei;i;«
t.
civitalis
XWIV,
loi. -20,
Tolosin,
37.
consnlibns
PIÈCES JISTIFICATIVES.
188 civilalis cl
sihus
<'t
l)iiii;i
Rapistaiiiio,
Monte
Alhaiio, Albion-
r(Misil)iis,
do Galliaco, de
(laicassaiijc, ilo
Appainionsihiis, Bitci
deCordua
dictaiMim civi-
et iinivorsilatilnis
tatuni et loeoriini, et aliis oiunibus probis viris ad quos
prœsentes litteiw pervenerint, Joaimes, vice-doininus
Ambianensis, dominus de Pinconio, miles domini nostri
régis Franciœ, salutem in
Evangelium,
via, veritas
eo
atqne
neque serniones quibus
qui
est, secuiuhnii
vila. jNon siint loqiielfe
explicare
possemus
quani
iieqniter, qiiani iiefaiitei", qnaiii liorribiliter, quani dolose,
viri
mendaces,
sub vesti-
porlidi et iiiiqni, qui
lueutis oviuui lupoi'uui iutrinsecus rapacitatem occultant,
nos absentes apud dominuni nostrum regeni ac
doniinaui reginain et oui nés magnâtes curiir citer
detulenmt
linguarum
meiula-
videlicet
gladiis,
frater
Gaufridus de Ablusiis, inquisitor lueretic» pravitatis,
cum
quibusdani
toribus,
aliis
iVatribus,
non
veris prredica-
divin» ac
sed vérins pra>varicatoiibus legis
ineffabilis veritatis,
([ui,
relribuentes nobis mala pro
bonis et odiuni pro dileclione reddentes, concepto dolore pro eo quia
boni
viri
dominus rex ac ejus
consiliarii et alii
tidem speratam non exhibebant eorum rela-
tibus venenosis, posuerunt videlicet ad
manum
ad
i'ortia et
fortiora,
excommunicalionis mmroneni, cujus abu-
tentes |)otenlia, a veritate aversi et ad errorem conversi,
tan([nain
publico,
insani
Parisius,
et
stolidi,
nos
apud Pnedicatores, de
in
sermone
facto,
non
sine ofl'ensa domini régis et domina) reginœ et consilii,
l'IKC.KS .IISTIKIC. \l'l\ «Iciiiiiiliavcniiil niiii r.'iiitorciii cl n-iii,
ad
et
|)()sl
srilciii
(Nt'oiiiiiiiiiiic.iliiiii
rioniiii
('()iili':i
iiilciicclaiii,
ad nostiaiii
luoiil In
a|)|ii>llaiidiiiii,
iii
hoc
iiiaiiircslt'
loin cl (tlTciidcidcs jiisliliaiii
jiulox, ciijus ociilis oinnia
a
iioliis
ilriiiiiilia-
iioliliaiii diixiiinis
iiiiltiiiiiis
mida smit
piciiiiis
laMli-iilcs vciita-
iiovil ciiiiii
;
favimus
luiiiqiiain aliciii li;vrclico
qiia
a
lillciis >i^illi) ollicia-
Parisiiis sii;illalis (|iias vol)is
vidrliitis coiiliiicii,
liirli.ito-
(-aiiuiiicaiii
.'i|)|i(-ll;iti()ii('iii
aposliilicaiti
iiujuisilioiiis
liiiiflicii-
liiiii|ii;iiii
nlïicii iii<|iiisili()iiis iioltiridiii
lioiic (|iiaiu cito pci'vciiit
caiiDiiirc
IS!»
i;s.
illc siipi-ciiiiis
cl apcrla,
([iiod
iicc uii([iiaiii oriicimii
turbaviimis, iinpcdiviiinis, iicc diiiiiimi-
nius publiée vel occiilto, scd malis iiialonini opciihus et
socimdmn
l)«Mim opcrain dcdiiiius,
iil,
scpnllis
talibus et vcrsiiliis, siiscitarctur vcrilas (|iue
conunnni jactura habcbat \'/\{\\v
pro icronHalionc
licicnlibus a
l'alsi-
non sine (Imn
in ahditis sc|)iiiliirain.
])alria'
domino nostro
vcstnc, nobis licct insiil-
reijc coniniissa, diligentes
sollieiludiues cl laborcs inipcndeiinins
absque
nostrflp.
conscientiie corruptela, nec pro uostra privala utilitate
labôraverinins, scd pro vobis universalité!' sinifulis singularité!'
univei'sis,
disci-etionein
veslrain
rogauius (juatenus conipatiainii!i nobis in tanta injuria nobis in pci'sona nostra tacla p.
cl
attente jni'is
r illos (jui
non
quieinnf (pue Dci snnt scd ad exiinclioncni singnlonini aspi!'anl, cl, abci'i'antcs
omnibus
i!isnpc!'abilitci'
unusciuisque
ab
oi'diiic |)an|'crlalis,
dominari. l
aii!ia lidei et
clypeum
ci'cdnnl
n(b' appi'cheiHlal
vcritatis cl exsui'gat
PIÈCES JUSTIFICATIVES.
190 iiohis tciii.
iii
advcrsiis inalii;nanli\iin tempesta-
jKljiitdriimi
YalcU' in Domino.
— DatuniParisiis, dioMartisanti'
Oniuimn Sanctorum, anno Doniini
ft'sUuii
niillesimo
Ireceiitesinio tertio.
IV
I.nTEfi.E BENEDICTI PAl'.E
BERNAUDl'M DELITIOSI AD SE DEFERHI JUBENTIS.
Benedictus opiscopus, serviis servorum Dei, dilecto filio
ministro IVatriim
vel pjiis
Minonim
in provincia Aquitania»,
vices gerenti, salutem et apostolicam benedic-
tiononi.
Ea
iiobis
referunliir
de fratre Bernardo Delitiosi,
quœ non
nius, salteni
tui
ordinis,
intendinius, prout etiani nec debe-
jiropter
exoinpli
perniciem,
si
veritate
niîanlur, aliquatenus relinquere incorrecta. Ipso naniut accepinuis, contra oriiciiini inqnisitoruiii Ikt-
({ue,
reticfc
forsitan
pravitalis
pravitate
prai'dictos
livoris
iUariun
impodire concitando in
curia
vel
eoruni
fidcliiini
carissinii
in
tanquani
eadeni
contra inquisilores
ardore succensus,
publiée pnvdicare et
tara
partium,
respersus,
non
pro suo
est veritus
posse ofticiuui
populos contra eos ipsos, (Ihristo
fdii
nosfri
resis
l'IKCKS .ICSI'II illiisli'is
l'Vaiii'i;)'
in
liKi
li.ic
l'Diiiinissi
cl
.'iilniiiii>liMli()iics
picndo
<I(M'(>
•(iioil
ipse
cl suit
potcrit,
ad
iitthis
id
ipsit
lida
(pialcnns
pia'sciilirc
cnslodia,
oii;--
:iii:i
olliciii
cl
l'acld
niaiidaliiin
si
licniardiini
|)i':i'ratiMM
non
possil, c(>in|»ii'lieii-
i|iianliiiii
id
liei'i
coininodc
procures,
ita
vel camcrarii) iiostro pcrsoiialiler |)r;eson-
noslniin in liac parte (aliter iiiiple-
non solmii
ol)i'dieiilia
coiniiiciulari
(I)
oiiinia
;ui
voliiiniis
tiiriis (|iiod
aiiiio
ilhiiii
>;iinl;i'
ordinc snpi'adiclo jxcnis,
iiosiraiii pra'senliaiu dcsliiiai'c
lelnr. inandatiiiii
Vilerliii,
iKilciitcs
.\c
l'xli.i
Niilnic
in
tii;i',
iiili.ihilil.ilis
inandannis ni
niii|ii;iiii
s.>
|ii;r-
non diixcris adiinplcndiini, dislricic pia-ci-
liiijnsMiodi
caille,
iic|^(iliiiiii
olilincndii in
iiiciiiTcrc
le
(|u;is
.iiiti'iii,
(li-iciciitcs,
rt
cxcnniniMnicilioiiis cl |)ri\,ilioni> oKicii
(lirnliii', et snli lilii
ilill'.iiii.iiHli)
t'oniiiMlcm. .Nus
iliscrclidiii
(•(iiiiiiiillcrc,
1!l|
ordiiii
p.'ii'lc
liiiiiisiiiodi
|)i°(i|)lri'('a
ri\ KS.
iiiM|iiili'r
iililti
|tni('.'ssiliiis
(•ji|)(Micii<l()
ilicti)
t|ii;iiii
IC. \
pti'iias
pra'dielas évites, ^vd de
j)()tiiis
inerearis.
—
Datiiiii
deciiuo sexto caiend. niaii, iionlilicatus nostri
primo
(
I).
CoUccl. Doat,
t.
\\\iV.
loi.
li.
1
92
I
'
I
K
ES
( ;
j
UTTKn.E GAUFRIDI DE
i :
v e s.
S ri kicati
QUOSDAM INSTITURNTIS
ABfX'SIIS
PROCURATOFiES QUI LATENTES H/ERETICOS DETEGANT.
Frator
riaiifridiis
de Abltisiis, ordiiiis Pr(pdicatoruni,
iiiquisitor hœrelicaj piavitatis
rei^iio
iii
Franci» a sede
apostolica deputatus, religiosis viiis ot in Chrislo sibi
de Falgosio
carissiiuis fratribus Joaiuii
Bluinaco, ordinis iVatriini
cum
lervore
caritatis
et
Geraldo de
Prœdicatorum, salutem
zcliiiii
di|;noriiiii Icstiinoiiio cerliorali
et
Fide
christianœ.
lidei
didicimus, qiiod ainaro
corde referiimis, quod inodeniis teniporibus, in vicinis partibus, Sanisoiiis viilpeculœ, ba^retici scilicet, in spe-
luncis et cavernis dilituere diiitius, et amplius solito
satagunt vineam
satagenint
et
ortbodoxœ
lidei
dolosis dogmatibus veritatis; et,
cum
demoliri ac
ac suis falsis et
depravare sinceritalem
catholicœ
vires incendia neglecta capiant,
est sa'pibus et clausuris, sitis
Doniini
puritateni mordere,
remediis obvielur,
et
({uod, quia latebras taies
agendum quœrunt
aniici priucipis tenebraruni,
est solerti studio
sicut noctis
(ilii
et
babeant ocuhitum specu-
hitoreni et providuni et sollicituni venatoreni.
cum
opus
ne his horrendis bestiis exqui-
ex injuncto nobis inquisitoribus officio
Yeruni contra
l'IKCKS .IISTIKICATIVES.
193
ha'n'licain iiravilalciii nos piiiicipalili-r iirciiiat
ad
i(l
ad piioscns
omis
iiiloiidcrt' m'ijiicaiiuis, ardiiis cl
et
cre-
bris ipsius iiiquisitoris oflicii ncgotiis occiipali, dczclo, discrotioiic ot
sollicitiidiiio
lidnciani obtinontos, daniiis
qnateniis,
proniiilioncni iiiaïuni,
vcstra phMiani in
Domino
pnoscntium vobis auctoiilalc nian-
babi'utes j)rœ
oculis soliim
Deum,
ac salutoni lidoliiim ani-
lidoi catbolico}
ad extirpationoni tam crudelium bostiarum et
sollii'if»'
inlendatis ac oa qiia^ sunt ipsius
oflicii
loco
nostri prosequaniini dilijîenter. Vobis etiam et vestruin cuilibet in solidum,
secunduni tenorem rescripti apo-
stolicijOommirtimus vices nostras donec cas duxerimus
revocandas, omnes Christi
fidèles
quos requirendos
duxeritis siib pœnis canonicis requirentes quatenus in prœiuissis et in prœmissa tangentibus vobis ut nobis
pareant, et intendant in tantuni quod non possint de negligentia reprebendi, sed potius de zelo fidei
mendari.
— Datuni Lugduni,
trecentesimo quinto (1). (I)
CoUcct. Doat,
t.
XXXIV,
fol.
83.
13
I
com-
anno Domini millésime
PIECES JUSTIFICATIVES
194
VI
LITTER.E CLEMEN'TIS PAP.E V OUIBUS JUBETUR UT
TANDEM
IXQL'I-
SITORES JUDICIU.M FERANT DE QUIBUSDAM AI.Br.E CIVIBUS JAM DIU CARCERI MANCIPATIS.
Clenieus episcopus, serviis servoriun Dei, veiierabili
Bertrando,
fratri
episcopo Albieiisi
et
dilectis
filiis
inquisitoribus hgereticse pravitatis in partibus Albiensil)iis
saluteiii et apostolicain
riiiit
nobis Isanuis
Colli,
benedictionem.
Sigiiifica-
Fransa, Jo. de Porta,
V.
Joannes Pays, Petrus de Raissaco, B. Casas, G. Salavert, G. de
Landas, Isarmis de Gardalhaco, G. Borelli,
cives Albienses, qiiod ipsi olini de niandato venerabilis fratris B. Aniciensis, sitoris illis,
seii
tune Albiensis episcopi,
inquisitoruni qui
et inqui-
erant tune in parlibu^^
oceasione eriminis hĹ&#x201C;reseos fuerunt carceri man-
eipati,
quam sicut fuerit
et
jam per
octo annos vel ampiius tani Albiie
Carcassouiie diu carceris anguslias sustinuerunt
adhuc sustinent, quamvis nulla super hoc condemnatio de eisdeni.
Cum autem
facta
ex parte
dietorum eivium pluries fuerinius cuni instantia requisiti
ut ad
condemnationemvelabsolutionemeorumdem,
sicut jus exigit,
circa illos
faeeremus procedi, nos, volentes quod
vestri officii
debitum exsequaniini,
sicut
''''''''^
Il
SriKICATIVKs.
,,,-
''''l.'lisnvti„„iv,.M,,,.,„.,,,|,„„„,i,.^,^,.,.
'•'"'"" ''•'"•""'•
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S.U
p,M. dilec.un,
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„„.„,„„, super fa«o J.»
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ron,,a„, ,|„a.,|,|,<.l.,
•alib". ol.orvari, co,,,,.
tfi\w
,.
ul!!::ui'z:7j:';r
loou,„ pradicii olim Albionsis
";-•:
,
,
'
ça.l„,al.„,,
cesson.,,,
l'''"»'"-
I,,
,•„,,„,..,„;
'''"i'm-,lun, All„,„,,s,,„
I'.-
™""n '1'"".
i.r-i;.
^.--™::;:,i:;:r ,„,: '"t
,a,.,i,s
lin.liS. Vilali.
I
'•'
;;'
''"
'
i„„
.
;r'""
PIÈCES JUSTIFICATIVES.
196
plene
fiicrit
iiiquisitum, ad sentenliam ratione pracvia
procedatis, et alias contra illos vestri
oflicii
debitum
exequeniini prout fuerit rationis, communicato tamen
processu ^.rimitus et
inquisitione
praîdictis
prœfatis
eorum
consiliis
Tusculano episcopis
Prœnestino
et
inhœrentes.
Per hoc
taineii
,
(luoad
alios ordinationi
nostro,
tam Garcassonae
factse
dudum, de mandato
quam
Albiœ, per dictos Prœnestinum et Tnsculanum
episcopos tune, ut prœ dicitur, presbyteros cardinales,
ex commissione seu commissionibus tam per nos per prœdictum prœdecessorem nostrum tis et
quibuscumque
habitis per
Albia
et
aliis
eosdem super
factis
quam
prœdic-
cardinalibus, et processibus facto
hominum
illorum de
de diocesi Albiensi, contra quos per dictum
Bernardum Aniciensem, tune Albiensem, episcopum et inquisitorem seu inquisitores prœdictos tionis sententia lata fuit, nullatenus
cium generari. rii,
volumus
— Datuni Avenioni, sexto
ponlificatus nostri
anno quinto.
condemnaprsejudi-
idus februa-
PIÈCES
.n
STII K.ATIVKS.
107
Vil
I.ITTEH.K l'KTItl
DK MACIIEIilNO, CONSTAIiLI.ARIl CAIICASSONENSIS,
DE OLINQUAGESIMA A
GLII.I..
DE
l'EZENCllIS ET
C.AlII.AnDO
STEPHANI l'EUAf.ENDA.
Petrus lariiis
Maclierino, miles, domini régis constabu-
(le
CareassoïKO teiieiis(|ue lociim nobilis
.loannis de Aliieto, militis, ejiisdein scalli
Carcassonaî
et Jîilenis, noliili
oomilatus de Lautrieo et Albigesii et judici
vel
eoium
et
viro rectori vice-
Lanlriguesio ae vicario Albiœ
locorum istorum pro domino rege,
loca tenentibus salutem et dilectionem.
(îuilleimus
de Pezenchis, olim vicarins, Stepbani
ejnsdem domini
leximns,
et,
ipsi
magister
officiis
ex lide digiiomm relatione intel-
intendant reeedere non faeta (ininqnagein (piibns dicta oClicia
jnxta statnta domini
cialis ipsins
Cum
Albigesii
amoli fnerint ab eorum
régis,
sicut
et
olim judex Albi^e et
,
simain locispnedictis et,
domini
domini régis sene-
Gablardus
prîpdictis,
viri
l'egis, (piilil»'!
tennerunt,
haillivns et offi-
donuni régis posl deposiiionem sui
officii
teneatur per se vel per procnratorem idoneum in loco ubi jurisdictidnem et officium obtinuit facere quinqna-
gesimam,
et
ibidem suis querelantibus de bis quse in
dicto ofllcio commisit respondere
coram jndice compe-
IMEC
198 toiifi,
JUSTIFICATIVES.
:S
idcii'co vobis
niandamus quatenus ex parte
tlo-
régis prœcipiatis eisilcin Guillelino do Pezeiichis,
niiiii
oliin vicario,
etinagistroGahlardo, olimjiidici locoruni
prœdictorum, ut prsRdictani qniiiquagesimam teneanl et faciant et querelaiitibus vol)is
de
ipsis
tenorem statulornin
juxta
respondeant coram
domini régis
dicti
prout fuerit rationis. Vos vero coiiquereiites de ipsis
bénigne audiatis justitite cal.
et jiixla statuta
coniplementuin.
septembris, anno
prœdicta faciatis eisdeni
— Datuin
Dom. 1300
Carcassomo, sexto
(1).
VIII
SENTENTIA
In nomine patris et
IN
BERNARDUM LATA.
Domini, amen. Diidiim ad sanclissimi
domini nostri domini Joannis,
diviiia provi-
dentia papœ XXII, fama vel infamia vérins publica deduxit auditnm, quod frater Bernardus Delitiosi, ordinis
Minorum, sua, in
in
profunda malornm opéra obstiiians vota
mortem
felicis
recordationis domini Benedicti
papœ XI conspirando operam dederat, veneni
nus Benedictus
ut
idem domi-
poculo necaretur,
qnodque
molitus fnerat, cuni quilnisdam liominibus Carcassonœ
(1) Collect.
Doat,
t.
WXIV,
loi.
110.
''""•:(:i;s
stific ati\ ks.
.ii
m.j
<'tsvn,linsAII,iM...l,asln,|,. Conlii;,, AII.hmim. s.s,
alMMilal,.
.,.,,.,1
rojiis
Frai,,-,-;..,
casson.-,. ;„•
n',T.I<Mil..s,
pn,-
l""'''.li
H
ira.lrn.,,!,
.|„n,i i.lnn
„lïi,-iM.i,
..r.l,„,.,ii
''"''" l"-'''l''""i'"H"s
lia-n-liVa. ,.,.,•
p.avi-
suas s„l,-
nnilta niala inlr;, scriptis
haToti.is Hiau,
s,m,
mnlenliauxiliuni
ot lavore.n, plura,!,,.alia .ietestahiliaro.n.ni-
q.uo non possent absc,,,. ,|iin,sa narrationis série
recitan; propter quoil i.bMu dictis
u, .lo.ni-
IrahT Jimianl,,. nmira
in.juisilionis
ot alla,
s,hi
receptatoribus eorumde.n pra-bnulo
cons.hu.n ^>erat
ipsmn
Iralniin IVocdicatonim,
•'""•'•"'^ l'H<'ns IVcerat, 01
,(
ili,,,-,-
|'|„|,,,,,i (;,,.'
"""M assu.m.M.lo,
l>'>s
.-ivilalni.
.lunii,,,
l,,,,..,,,,,
'"M'Hsilon's e( •'••
...nnuri;..
.-ivilalnii ,-li,u„ All.i.Misn. et .•;,s(ni„,
''"'"""""'""'
'""^
r|,u-;,.
omnibus
et
sua quan, etian. sub eisdeni articulis
.lo...in.,s
papa snper prœ-
n.nltisaliisarli.ulis, lani sub bulja sigillis
diversorum judicun. super
jaunhuhun
in Ron.a.ia curia doputatorum, per euni transmissis venerabili patri do.nino Joann., arcbiepiscopo Tbolosano et nobis Jacobo
Appannensi
et
Raynmndo, Sancti
divina, episcopis, per suas litteras, «
Quatenus vos aut duo vestruni,
Papuli, miseratione
cum
iUa chiusula
etc., etc., » inquisitio-
neni contra eumdem fratrem Bernarduni Tbolosai vel ahbi, ubi nobis inagis viderelur expediens, sumniarie acde phu.o, sine strepitu et figura judicii, Aicienda.n connn.s.t, voiens et niandans
expresse quod,
liKimsitioneni
jam tune
si
per
lacta.n in curia aut per nos
etiani faciendani nobis constaret légitime
de prœdictis
PIÈCES JUSTIFICATIVES.
200
eorum
aut
dationem
aliquibus, ad
enormitas delictorum
commode
praelatis, si
tra
eumdem
debitam, etiam degra-
,
si
hoc exigeret
aliis
episcopis vel
non possint,
vocatis, con-
etiam
niillis
liaberi
fratrem Bernardum procedere curaremus
secimdum canonicas Nobis
pœnam
aliam etiam graviorem,
et
igitur,
sancliones.
cum
prœfato domino archiepiscopo,
primo super hoc ad Castrum Novum de Arrio, diocesis Sancti Papuli, convenientibus, et dictis apostolicis teris, articulis
super et
etiam
et processibiis factis in dicta curia
eis reverenter, ut decuit,
ibidem receptis, ac
nobis ex parte domini papœ, ut per
fuerat,
per
dicto fratre
eum
in judicio
lit-
sibi
eum mandatum
Bernardo personaliter
tradito, et
coram eodem domino archiepiscopo
et nobis recognitis litteris, sigillis et processibus supra-
domino archiepiscopo, ut nobis
dictis, ipso
se super
hoc excusando assuerit, hujusmodi inquisitionis negointendere non valente, quia plura et gra-
tio ulterius
viora eliam de prœmissis Carcassonse dicebantur fuisse
commissa, propter quod credebatur verisimiliter quod
eorumdem
celerius ac
veritas posset ibi
inveniri, nos illuc personaliter propter
ad dictam inquisitionem processimus,
Bernardo coram nobis ibidem de plena tate
et
dicenda
prœstitis
et
mera et
in tolo
commodius
lioc et
in judicio
venientes
dicto
fratri
constituto,
hujusmodi negotio
veri-
de calumnia etiam juramentis ab ipso
a nobis
receptis,
multis quoque inter-
rogationibus sibi per nos ac responsionibus et cou-
JS
PIÈCES .llSTiri(:\TIVKS. IVssioiiihiis |iliiiiiiiis
icrt'plis
riiiii
cor.iiii Mollis i|ist>
i-t
l'iidis ali
cli.iiii
proposilis
(Ifiiiiiiii
iii
lolo
fonciiisit iioliisciiiii
,
i|is(»
|>iil»lir,ilis, ;ic
('\liil(ilis,
^•l
liiijiisiiiodi
hxc
tis et
aitis iiule coureclis |-lenius
(lato
sivc datis
scriplis,
iii
|iio
oiiiiiia in proci'ssihiis iiostris
super
iiri^otio
coiicliiso, liis
liabi-
ac seriosius coiiti-
Ceterum venerabilibus patribus
iientur.
suis
(It'l'cnsioiiiltiis
iii(|iiisitiniiis
proiit
citiitm
lcslil)iis(jiit'
liaiiiiinnis
iios(|ii('
201
Deo-
ïloniiiiis
Caslreusi cl Bartholoniaco Electensi episcopis mul-
lis(|ue aliis uiai^nis viris el in
jure peritis ad nostrani
|ut»pler lior pra^senliani evocatis, sitionis processn
toto ejusdeni imiui-
per nos eis seriose proposilo
et
iiile-
graliter explicato, ac ipsis et specialiter confessioniljus et
defensionibus dicti fratris
et
longa cuni eis deliberatione discnssis, ac finaliter
etiani (jualis pro eo et contra
IJei'iiardi
plena, iVe(|\ienti
eunulem fratrem Bernar-
duni deberet per nos ferri sententia per maturuni ac
concorde omnino consiliuni prœordinato cuni
diem
et locuni prîesentes
ipsis,
nos
ad audiendum nostram dif-
finitivan»
sententiam super eodeni negotio dicto
Bernardo
pr;vsenti et consentienti précise ac pereinp-
torie duxinuis
fratri
assignandum.
Veruni ex supra
dictis
omnibus cuni diliirentiarecen-
sitis
inveninuis manifeste pnediclum l'ratrem Bernar-
dum
de infra scriptis criminibus
nedum
et sceleratis
operibus
propria voce confessum, sed et de plurimis et
gravioribus etiam
eorumdem
testibus superatum; videlicet
are:nnientis convictiim et
quod cum magnis pecu-
PIECES JL'STIFICATIVES.
'102
niannii quaiitifaliliiis pcr eiim super hoc
hoc
habitis, et ultra illas etiaui propter ditis
uiutuisque diversis receptis
et
dictis locis
.a
lihris suis
ven-
tanquaui
l'actis,
priucipalis director Carcassonensiuin, Alhiensiuni et
Corduensium commuuitatuni eorum,
licet
consuhim, querelas
et
non pertinentes ad ipsum,
super hoc
personaliter extitit prosecutus, illos etiani
ad invicem uniendo, consules
illis
uniri
et alias
pro
annis
inultis
etiam communitates
procurando,
viribus
et
contra ^
inquisitores
prsefatos
honœ memoriic
et
doniinuni
Bernardum, episcopum Albiehsem, ipsos eorum proatque
cessus
quasdani
contra
sententias
dictaruni
communitatum singulares personas super hœresi prolïiulgatas
in
diversis, ac
sermonibus multis ac publicis, in in
tractatibus, consiliis,
locis
propositionibus,
supplicationibus et articulis in curiis etiam sœcularibus
propositis et redditis, multipliciter, exaggerate
ac nimis diffamatorie impugnando, et libris ac processibus inquisitornm
ipsorum
suspiciones
fictiones,
ac falsitates etiam imponendo, captos pro- hœresi
etiam de haeresi condemnatos et immuratos
pœnis addictos justificando, licos,
et ipsos, licet
per tormentorum violentiam
confessos super hœresi
dicendo,
exempla
et
injuste
et
et
de
condemnatos
inquisitores
pro condemnatis ac captis praîdictis in
et
aliis
veros catho-
de se
et siniilitudines concitativas
lorum contra episcopum
et alias
et
aliis
fuisse
popu-
eosdem
et
sermonibus
proponendo, ac per modes hujusmodi
et alias
PIKCRS .IIISTII'ICATIVFS. oxqiiisifos
pr.i'l'alos
"Ml
prosciiucrciiliir
pi'optcr coraiii
lioc
simI
(jncrclas,
lixorcs
cl
et
quoipic praMlicto
rciïc
viris,
sîfcularihiis et
lilioe
asseniit
et
dictas
iil
suas
rcs
ihmIuiii
cxpoiicndo;
lihcros
miillis aliis inaj^nis
ecclesiasticis, coiislaiilei' ac
semel Tliolos»
beati
qiiocl
pii-
IN'tius
hœresi defendere se non possent,
l'auliis al)
prm-
iiKiiiisilorcs
iliclos i^ravilci' coïK-ilaiido cl aiiiiiiaiiilo ctiaiii
virililcr
singu-
coiisiilos, coiiMimiiiliilos cl
Lircs pcrsoiias coiifra cpiscniiiim cf
si
(lum tameii inquireretur de eis per inodiim
lent,
et
viveali
iiKpiisitoribus observatuin; et alias, ctiani in Francia, rei;('iii
ipsuin
vcraceni,
tavit
contra iiupiisitores
quod idem re\
inforniavit
talitei",
iumIuiii eiiiii,
iit
ut
asserit,
dicit, repii-
sed dixit etiain (piod iiuiuisitoies in
ejiis ca|)ite
suas proditioiies ponerc nitebantur, propter
quod
de (piatuor vel quinque diebus sequentibus
illos
eliani
ad se ingredi non permisit.
Iinposuit
quoque
prœdicando qnain dictis
inqnisitoribus
Carcassonse
niinis
multa
perniciosuni
iiravia
contra
contiiieri dicendo, et
sic etiani, licet
nensibns
et aliis,
» possunt j>
personas
isti
et
alibi,
uni de
quod contra connnuiiitatem Car-
cassonenseni super neirotio et
Bernardus, tani
falso ideui iVater
aliàs,
liœi'esis
conlici
(piodilam
falsuin
tecerat ihstrunientuiii,
communitatem eamdeni
in
illo
de cpiibus in ipso nientio non tiebat,
non
in
sermonibus corani Carcasso-
conclndendo quoque
:
ce
Videte quid
praedicatores facere contra singulares
quoil
contra tantam
comniuiiitateni
sic
l'IÈCES JUSTIFICATIVES.
20i
> falsum et perniciosuin confecerint et cuni iisque
instrumentum
»
;
ad tenipus verborum suorum hujusmodi
inquisitor Carcassonensis siio libère et pacifiée officio
occasione iiistrumenti bujusmodi
ex tune,
uteretur,
sic expositi, concitata niiiiimn et scandalizata
nitate
pr»dicta,
non processit hoc
sicut prius, sed fuit ex et
inquisitores et
iiif|uisitionis
inultipliciter
commuofficiiim
impedituni,
Prsedicatores facti fuerunt
fratres
burgo Carcassonœ pluriinuin odiosi, ac nihilominus per honiines Carcassoiienses diruta fuerunt hospitia multoruiii
ex
suis
concivibus
serant qure instrumentum alia phira
qui
in
illa
consen-
hujusmodi continebat,
mala, rebelliones
et
lites
et
inde subsecuta
fuerunt.
Propter
illa
etiam qua? idem frater Bernardus, dictas
prosequendo querelas,
quandoque per suluit
ordinavit
et
fecit,
se proposuit et
proponi,
dictavit,
consuluit,
interdum per
mandata
alios
et
con-
litteraloria et
ordinationes etiam a sœcularibus potestatibus proces-
serunt per qure inquisitorum potestas ac officium
ejusdem liter
officii
impedita;
exercitium restricta fuerunt et,
et
tam propter hoc quam propter
per ipsum facta, procurata
et dicta,
et
notabi-
momorato
alia
officio-
diutius impedito manente, ha?retici qui antea de patria
fugerant redierunt,
ad illam
et
et alii
etiam extranei supervenerunl
novi multiplicati fuerunt in ea, memoratis
episcopo et inquisiloribus officio, sed, ut
nedum
in suo sic impeditis
etiam ipse frater fatetur, tam ipsis
quam
l'IKCKS .USTirir.ATIVKS. rciuaiiciilihiis
|)iiict'ssil)iis
ipsoruiii
tatis et etiaiu dilTainatis,
et,
205
iiijiislilicalis,
econtra, tam captis
lui-
quam
eliain loiulcmiiatis de liaîresi apiul miiltos el praH-ipiic
(•omimiiiitatcs cl coiisulos pra^dktormii loconiiii
apiid
jiislilicatis et pliiiimuiii
nati et capti
cxcusatis, qui ctiain coiidciii-
CarcassoiiiT, ipso fratrc lît'iiiardo
d;> iiiiiro
consideiife ac pcrsiiadcidc, extracti lari
mala
fiioriiiit
et
extra
saH'iMai'i'iii
|)('i"
niaiiiiiii
ixilcstateiu
iiKpiisitoniiuiii sa'cu-
carcere positi et diu retenti; ex quo etiain pliiia et
magna
soaiidala sunt secuta.
Denique idem
Heniardus circa elTiiciiatam
IVater
prosecutionem
negotiorum
cpmmisit, nam,
eum
hujusmodi
crimen
falsi
eonsules et oommuiiitas Alhiensis
certos coiistitiiisseiit
syndieos super eisdem iiegotiis
proseqneiulis, sine dictorum oonsnlum et communitalis scientia, ad fuit in
dictamen
et
ordinationem ipsius, additum
nota super hujusmodi syndicatu
ex qua instrumentum postea lactum
fuit,
recepta, et
quod prœfati
syniUci dicta prosequendo negotia possent, pront eis et
eorum
mutua
cuilibet \ideretur, recipere
solvendis
communitatem Albiensem
et pro istis
et ipsius
singnlares
personas etiam ad tenenda liostagia obligare, quodque
iidem syndici aut eorum dictos
communitatem
et
potestas
quas habebant cum episcopo dictis fuissent totaliter
natae;
et
non deberent per
eonsules revocari donec causœ et
inqnisiloribus supra
apud sedem apostolicam termi-
hoc se fecisse confessus
est propter
dicta
negotia fortins et virilius prosequenda, et ne propter
206
I
defectum
'
I
KCKS
.1
( I
S T
F 1 C A T I V E S.
I
vol alias posscl
peciiiii;e
antc (liffuiilioiicm eonini illius
illoniin
cossare, licet
quo
tomporis
(|uoil
iii(|iusitorps
supra
ilicta li(>baiit iiulhiin iiialiiiii
prosociitio
conlessus hoec
et
sit
alia
processuin fecerant,
sed, ut dicit, piopter nialos praidecossoniin processus
ad obviaiidum
agebatnr
malis
processibus
succes-
soruin.
Saue quia par vias hujusmodi, seu dévia verius, ad
suum contra inquisitores non poterat pervenire optatum sicut clare confessus est, et, ut
tam
testes quani nego-
tiorum textura confirmant, propter inquisitorum processus et ut obviaretur et obstaretur inquisitorum ipsorum
processibus tam factis tune
quam
antea faciendis,
in
proditionem infra scriptam tractavit
et ipsius
modo inchoando processum quibusdam nensibus
et
quodaui
ex Carcasso-
Albiensibus, qui dictas prosequebantur
querelas, et qui super eisdem per
dominum regem
prœdictum optatum consequi non sperabant, prœdixit
quod nunquam rent
nisi
illa
aliquo
eorum negotia bonum fuiem habe-
magno scaudalo mediante,
nunquam per regem eumdem haberent inquisitionis negotio, sed,
talem
dominum
inquisitores
eis
si
credere
et
quod
justitiam de
sibi vellent, ipse
procuraret qui eos bene contra
defenderet et justitiam
illis
faceret
de
cum duobus ex eisdem prosecutoribus, ordinato priùs per eum de modo et ingressu hujusmodi proditionem tractandi, consequenter cum iisdem. Postque,
aliis,
nunc
istis,
nunc
illis, j)luries
et in diversis locis,
r
l'iKCKs .nsTii sod
|)i':i'(-i|)iic
Gai'cassoii:)' et (icri
in
(-;iiii('i';i
cousiiliiit ac
ctiani
siipiM'
Minonini
potciant
aliuni (loniinuin
licite
(|uo rex ipsc uiiani cis
lam,
(|iiia
scilicct
l'cccrat
ciindcni,
pcrsn.isit,
afniniaiis
cf Alhioiisibiis
ipsi
jiislitia,
iii
assumero,
silti
ex
et
transcainbatain seu vol-
non providorat
ut V(dcl)ant, aliani sibi
lini'i;i
il
(le/iciebat
factis in(|iiisitoniin
-jot
IracLiv
ox qiio ipsc vo\ Garcassoiieiisibiis
(liioil
lia
i:s.
in (Iduio
inotlilioni'ni
Icni'li.il,
cam
qii.iiii
iCAin
licii
cis ciica dicta iici;o-
cos
pci-
jnstnni
orat.
Kuit aiitcni tractains hnjnsniodi niultis vicibus, diebus.
scptiinanis
continnatns,
incnsibiis
et
in
et
caméra
piaîcipne ac pricsentia, suggestione ac consilio ipsius iVatris
Bernardi, in (bdiberationeni et deliberatum con-
sensuni dednctns,
videlicet
burgo
de
Garcassonœ
domino quondam F'errando de Majoricis per consules bnrgi ejusdem tradendo et ipso domino loci
ipsius
dominum assnmendo
,
Fcnando
quodquc
in
(piidani,
qui se pro syndico Albiensi gcrebat et in piicmissuni tractatuin conscnscrat,
sium,
ut
idem
conscnsnm consninni Alhicn-
Alliia^ et tb'
Albialleiet, piocuraret; sed
per illum consensu hujusmodi, quod apparet, non obtento, dictas frater Bernardus, (^iarcassona^
tractatum
cum
consulibus burgi
continuans,
dictavit
et
per
quemdam secum morantem clericnm scribi tecit, portandas per eum ad dictum dominum Ferrandum, ex parte
ipsorum
consubun,
litteras
continentes quod
iidem consules ipsnni dominum Ferrandum rogabant ut defensioneni
)
eorum assumeret, cum
ipsi erant parati
PIÈCES JUSTIFICATIVES.
208
eum
ciim gaudio recipere, ac pro eo et ejus honore
exponere se
et sua,
exponenda
quodque
quœ
deret super his
dicte fratri
Bernardo cre-
ex parte ipsorum sibi duceret
cum
ipse vero frater Berriardus,
;
modi
lilteris
sonœ
inclusis,
sub
sigillo
hujus-
consulatus dicti burgi Carcas-
Ferrandum
dominuni
versus dictum
accessit et credentiam sibi
commissain eidem, ut
proposuit sub his verbis
:
»
consules
»
inquisitorum,
burgi
» providere
Carcassona;
dixit,
Domine, quod
Sciatis,
«
propter
turbationeiu
quia dominus rex Franciae non vult
super
eis
factis
inquisitorum secundum
y>
voluntatem eorum, vellent vos recipere in dominum
»
et
defensorem eorum,
» venire volueritis,
sonœ;
»
sigillatas credentiîB
super hoc fecerunt
et
» vobis; sed,quia » nolui »
tradent vobis
et
»
super hoc
si
et
vobis
burgum Carcas-
supradictse,
eorum
est in litteris ostendendis,
donec viderem
vestram voluntatem.
plus
quando
litteras sigillo
»
verbum suum
et
scirem
Dominus autem
Ferrandus respondit quod plus credebat litteris
et
mihi commisse, quas portarem
periculum
eas portare
vos
et récipient
valebat
quam
sibi
quam
litteraî
quodque ipse libenter reciperet quod
offerebatur per ipsum
apud eum quod hoc litteras fregerat
fratrem Bernardum, et
fieri
procuraret. Praîdictas autem
antea ipse frater Bernardus, ut
et sub terra etiam sepeliverat
dominum Ferrandum régis prœdicti dicebant
sibi
institit
dicit,
prope locum in quo tune
invenit; et quia gentes domini
quod
dictas litterse prsesentatœl
IMKCES .irSTiriCATIVES. cxtittMMiit cl vt'iiiMMiit et
littf
osso soiobat, iiodiiin
pidditioiit'iii colavit coiistaiitt'i'
(piia
iis([ii('
ncgavit,
[lati'iitcr
isla tciiipnra
m
nolitiaiu
publiée super
ri
K\
fraelatii atitein
rogis et ollieia-
deducto, inultonmi suspendia homiiuim
liuin suoruiii
oondoinnatioHes ac incarcerationes ac
iiiulticque aliiu
mala
riiiidaiiii-iitiiiii
ad
ilieti
(piam alios exciisaiido.
laiu se
pt
cjusdciu,
tMindtMU, scd ctiam ipsaiii, ut dicil,
prodilioiiis bnjiisiiiodi,
fiiiijr
iiiaïuis régis
ipse frater Beniardiis,
lioc ralsiim
ilbi
ad
cliam propoiu'haiit in itrobatioiicin prodilioiiis
piwdictîv,
itiultiiii)
t'Iiaiii
20'.)
alia et
scaïubda processonint
procedere
et
noiuluin cessant.
Ad
ban-
iiU'iii t'iater
nis sui statiituni,
sed etiam perpetui
exeoniiniinieationis
nani
sciens
inipouit,
Bernardus, contra générale ordi-
qnod ejus transgressoribus
statutuni
iieduni
carceris
bujusniodi,
([uenidani nigromanticuni babuit, tenuit, ac per sui
partes
distinctioneni littçras
ejus
perlegit,
scivit
continentiani
ad
et
nionuni noniina, nioduni eos invocandi per eos
talitia dirueiidi,
et
eis
et
Libellus aiiteni
hujusinodi continet inultos cbaracteres,
otTereiidi,
omnes
materiaruni ipsius aliquas dictiones
niarginibus ejus scripsit.
in
pœ-
libellum
plurima dx-
et eis sacrilioia
niediantibus donios
et
t'or-
naves submergeiuli in mari, niagna-
tuui et etiani aiiormu anioreni ac crediilitatis et exauditionis gratiain
apud
istos vel iUos, iiecnon
niulieres
in conjugiuni et aliter ad actus venereos babendi, ca^citateni, cassationeni
niembroruni, inlirniilates alias ac 14
)
PIÈCES JUSTIFICATIVES.
210
mortem etiam prœsentibus imaginibiis vel
multa niala
Rursùs
nimium plus
vol ah^entibus,
aliis superstitiosis
mediantibus
actibus, inferendi, et
alia facieiuli.
ia dicto inquisitionis
extitit
quam
proiil ex
et,
proccssu calumniosus
actis
prîcdiclis apparet,
soptuagesios in ejiisdein inquisitionis nego-
Roniana curia, ut pnemittitur, incboato,
tio in dicta
inexcusabiliter dejeravit. Postremo
idem
frater Bernar-
dus, se ex multis prœmissis constifnens nianifestuni
hœreticorum fautoreni, sententiam excommunicationis a jure antiquo, et ex
illis
quœ cum consulibus
tatibus ssecularibus contra episcopum
et potes-
et inquisitores
prœfatos et inquisitionis officium, ut prœfertur, commisit et
sententiam
et consensit,
committi consuluit
aliam excommunicationis a jure novo in raliter et
promulgatam
divina
etiam
pliu-ies et
celebrando
,
taies
ut
priùs,
sententias
hujusmodi, nedum uno sed quindecim annis
animo sustinens
gene-
indubitanter incurrit,
pertinaci, fuit inde velut
et ultra,
hœreticus
condemnatus, prœsertim cùm, juxta ea quœ corani nobis confessus est, bcne sciret illis tomporibus quod talia
faciontes
scienter dictam novi juris sententiam
incurrebant.
Quia vero ex verbis ojus et
nimium
tens super dictas, et
palliatis illis
et
confessionibus diminutis
manifeste nobis apparuit impœni-
ex quibus sententias incurrerat supra
ipsum semel, secundo
et tertio, in scriptis
etiam
per diversa temporum intervalla, ac dicto jure novo
V
PIECES .UISTirir.ATIVES. oxposilo, iiisl.inlcr iiHimiiniiis
sil»i
plciiiim ol
iil
211
pcr coiitcssidiiom
iiclilioiiciii
(Icliilaiii ;il)snliili()riis
prneniissis rocoiiiiosccrcl ciilpaiii
siiaiii.
iiiirc
siipnr
;nl
iiioiii-
(jiii
lioiios nosiras hiijiisiiioili niiiu' sic, imiicalilci", et miillipliciliM"
variaiulo respoiuleiiis, ariiniiavil inlertliiiu se
nodnm non
peccasse super pracmissis
iiuiiiisitoros
tan-
liontibus, seci potius mernisge. Finalitcr tainoii a pallia-
tionihns
circa
confessioncs
oninino reciMlcns,
eum
per
snas
apposilis
siiorum pleniorein ape-
et factornni
riens vcrilateni, Iininiliter pcliit a diclis sententiis se absoÎTî; nosqne, juiaiiieiito et abjuralione consuetis et debitis priùs ab eo receptis, absolviinus eiini in
débita a sententiis memoratis. initate
criminuni pra-diclorum
secutoriim
ex
illis
forma
Verùm, qnamvis enoret ininianitate nialoriim
consideratione
diligenti
Ipsum fratrem Bernardum de
ipsis juxta
lil)ratis,
condignuni
punire nnllatenus valeamus, ne tamen, sicut nec decet nec expedit, crimina eadem omnino remaneant impunita,
ocnlis
nos, Cbristi noniine invocato,
solnm Denm,
auctoritale
et
babenles prœ
nobis in bac parte
comniissa, die ac loco pmcsentibus ad banc nosliam
sententiam peremptoriam ferendam, ut prœmiltitur, assignatis,
assistentibus nobis venerabilibns patribus
doniinis Petro Carcassonensi, et
Raymundo Mirapiscensi eum plures ad hoc
Bai-tbolomifo Electensi episcopis,
babere episcopos
commode neqniverimus,
fratrem Bernardum, juxta memoratum pétua? depositionis et degradationis
i
1
a
in
eumdem
consiliuni, per-
sacerdotali
et
PIÈCES JUSTIFICATIVES.
212
ornai alio ordiiie sententiam ferimus, in his scriptis
pronuntiantes nihilominus ipsum statim, actualiter iii
forma a jure tradita degradandum a nobis,
eum
clericali
honore, habitu
ac, postquam etiam
carceri, liter
in
quem
sibi
deputandum,
pane doloris
et
sic
exuenduni,
et privilégie
degradatus
perpetuo
fiierit,
assignanduin duxeriinus, effectuain
quo quidemsub vinculis
ferreis,
aqua angiistiœ, perpetiiam agat pœni-
tentiani de commissis; mitigationem
autem prœdictae
pœnitentite in carcere faciendœ per ipsum,
quod expédient
et
et onini
et ipse
per patientiam
et
secundum
hnmilîfatem
ac cordis contriti sacrificium hujusmodi meruerit, nobis ex causa certa et légitima reservamus.
Ceterum quia super machinatione domini Benedicti cum eodem
eum cum
in
mortem
Bernardo
et
praefati
contra
diligentia et nihil omisse de contingentibus
inquisito,
ipsum
invenire,
eum
justitia
fratre
fore
super
de ea culpabilem nequivimus illa
sententialiler
absolvimus,
mediante.
Porro ipsum fratrem Bernardum semel, secundo, tertio
ac peremptorie
el
monemus,
prœcise
virtute etiam juramenti a nobis per et
cerem
assignaverimus, ad
illum
accédât, et se etiam includat in
illo,
pœnitentiam completurus. Quod
si
modi non
et
accesserit, aut se
vel etiam aliter
sine
car-
dilatione
prsedictam in ipso
ad carcerem hujus-
non incluserit
impœnitentem
sub
prsestiti sibi
mandamus quod, postquam dictum
prœcipimus sibi
eum
in
eodem,
se exhibuerit, seu contra
r'
/ PIKCKS illa
al)jiii'a\
(|iia>
il
.IISTII
vcl
:ili(|iiuil
pra'siiinpsorit, nos ipsiiiii
jura cidcin
so(-iiii(liiin
illoi'iiiii
ultra
iiifliclas
inouitione pi;rmissa,
praMlicla calioiiis
viiiciilo
ciilciu
i;('ii(li
ICATIVKS.
prorctit'uili
et
contia
venin'
si'ii'iilri'
alias a
jiii't'
vcl
s(mi ctiaiii iiiilii^'ciulas,
ex
miiic
ciiiii,
cxcoinmuni-
piicdictas
pd'iias
iiiiioclamiis,
alias
|)(i'iias
-2i:{
ut
justum
iiifli-
fuerit,
rosorvanfos ndhis expresse pleiiariam po-
tostaleui.
Per uioduui siujiuios,
(|U(t(iue pra'uiissuui
cujusourTKiuo
uiououius ouiues et aut coiuli-
dijiuitatis, jiiadus
tionis existant, ne ipsuiu iVatreui Beruai'duni ad liujus-
modi
tiausgressioneni inducere,
uiaudali
nostri
ipsum transgredieuteiu
idt'ui
pero, seu ci auxiliuni, consiliuui vel favorem
quoquo modo pr.Tsuuiaut;
dere
coidi'ariiini
t'oceriut,
ullia
aut
niaudatum scienter reci-
pœnas
in
impen-
aulem qui
illos
alias contra
taies
a
jure stalutas, ex uunc, pra-dicta nionilione pi;euiissa, excouuuunicalioiiis sente ni iani prouiidii;auius.
Deniuni, lata per nos linjusniodi senlcidia, ut prœfertur, nos incoutiuenti ad deiîradatioiiein tValiis ejus-
dem
coraui nobis in vostibus sacerdotalibus existentis
actualiter précédentes, ornamentis qunn in ordinatione
sua rcceperat exuendo
cum
atquc privando, degrada-
tionem ipsius conclusimus sub bis verbis »
tatc
Dei onmipotcntis, Patris ac
» Sancli, ac ex potestate nobis in »
auferiuuis
»
sacerdotali
tibi
et
:
« Auctoriet
Spiritus
bac parte commissa,
babituui dericaleni alio
Filii
et
te
ab onini
quolibet ordine deponinius
et
; PIÈCES JUSTIFICATIVES.
214 »
ctiam (logradamus,
))
honore Lala
fuit
gradatio
leqviie
spoliamiis et exiiimus
et privilegio clericali.
hœc
sententia, factaque fuit aclualiter de-
pricdicta, in foro sive niercato burgi Carcas-
sonœ, anno dominicœ Incarnationis tione
omni
»
sabbati,
die
III,
M CGC octavo
scilicot
decembris, pontificatus ejusdeni D.
XIX, iudicniensis
die
nostri
Johaniiis
papœ XXII supradicti anno quarto, prœsentibus venerabilibus
in
Raymundo
Ciiristo P. P.
D.D. Petro Carcassonensi,
Mirapiscensi et Bartholoinrco Electensi epi-
scopis supra scriptis, acreligiosis et venerabilibus palri-
bus fratribus Guillelmo Crassensi, Bartholomœo Montisolivi, ordinis
S.
Benedicti, Carcassonensis diocesis,
permissione divina monasteriorum abbatibus, magnifico viro
D. Johanne, comité Forensi
D.D. Aynierico
de Croso,
;
senescallo
nobilibus viris
Carcassona^,
Francisco de Levis, Guillelmo de Vicinis, Dalmatio de
Marciacho, discretis
domini
Raymundo
viris
régis,
D. D.
Accurati Comitis, militibus, ac
Raymundo
Frisco
Ricomanni,
patrono causarum domini régis, dice Ripariœ, jurisperitis
Costa, judice Verduni
legum professore,
Raymundo
magistris Petro Vitalis,
Gurti, ju-
Petro Guilha,
Garcassonœ; Guidone Sicredi, Petro Fon-
tisgrivœ, Petro Salas, Guillelmo Montisregalis
,
Petro
Stephani de Gauchis, Arnaldo Savalli, consulibus burgi Carcassonae; magistris Assaliti,
Raymundo
Folcaudi, Arnaldo
super incursibus hœresum in senescallia Car-
cassonae et Biterris procuratoribus dicli domini régis,
(
^ l'IKCKS .mSTIFlCATIVKS. l'ciro
(le
l';ii','iti(-(),
lliipcl'orli
IN'Iro
,
.loliaiiiic Alfarici,
ad piu'inissa, cis et laicis,
(iiiillclino
liocrii, cl
Jordiiiii, l]|ii'isli;iiio
iiiiilliliidinc
Mai-aloiiensis
riiiilleliiio
,
IV'lio lleiciii^jiiii iMilariis, Icslilnis rolii;io.sis,
mniicrosa tcstibus
diocesis, .aj)ostoli('a
dcri-
et \)VX-
de
sciilihiis ail priedicla, et iiiagislris Giiillclnio riis,
de
Adiillici'li
lJ;iilli(i|(iiii;i'o
et iimllis aliis iioliililiiis, iii
"215
l'uisc-
regia,
et
et
Haila, Mirapisreiisis diocesis, rej^ia aiictori-
lalc iiolai'iis, (|ui pra'dictaiii sciilciiliaia seii iiislniiiiciiliiiii
de ea et de dei;radali()iic Imjiisinodi rccipcrc
ciiiilK'ëre
sem
recerMiit, pcr piidatos
doiiiiiios
episcopos
et
et S. Papiili
reiiiiisiti,
cl
Appaiiiicii-
me Menneto
de
Rdheiliciiro, clerico Tiilleiisis diocesis, publico iiiipeliali et rej^ia
auctoritate notario ac oHicii
iiiqiiisitioiiis
praxliefîc pravitatis haîretice, qui pra^missis interfui et
notain, in papyro scri-
piiediclam senteiitiam sive
ejiis
ptam, de maudato expresso
dicti D. cpiscopi S. Papiili,
pcr pneratniu iiiilii
ipsoiiiiii
(luillelimmi, ejiis
de verl)0 ad
iiolariiiiii,
verhiiiii, vice et noiiiiiie
ainhoniiii, in liaiic pni)licani lorniain rcdeiii,
scripsiiiiie in
ina^iislniiii
liadilaiM,
propria
manu
et signavi signo nieo ({uo ulor
pnbiicis iustrumentis, factaque prius collatione et
examine
diligenti
cum
ipsa nota seu originali.
Postqne autem eadem piwl'ati
episcopi,
domo
die, in
dicto fratre
episcopali, nos
IJernardo coram nobis
prœsentialiter conslitnto, pro carcere cui cnni in supra scripta senténtia
suam
S
efîectualiter
pronuntiavinuis posl degradalionem
deputanduni, carcerem
stricti
mûri
PIE^]CES JUSTIFICATIVES.
216 qui
csl
sitiis
r^tatcm
iiilcr
Gai'cassoii;o
et
flumen
Atacis eidein assignavinaus, et ad illuin incontinenti
eum
transinisinins,
tiirum. Aclniu
suam'ibidem pœnitentiam coniplohoc
fuit
pontiiicatii prœdictis,
aiiiio, die,
mense, indiclione
pr;^sentibus
et
religioso viio Gir-
berto de Canlobrio, eamei'aiio S. Papuli, et diserelis viris
D.D.
de Yiiidario, archidiacono Mirapis-
l'etro
censi, BertraiidoTiirqueVr, jiirisperito diocesisS. Flori,
testibus ad prœinissa, et niaijistns Guillelmo de riis
et Guillelmo Barta,
notai^iis
supra
Rose-
fuerunt requisiti facere publica instrunwnta; vttp
rum
et uiaiidalo,
supra scriptus,
(|U()-
ego McnnetusdeRoberticuro, notarius
lia3C scripsi.
JNoverint uuiversi prœsentes litteras inspecturi
cum
qui
scriptis,
quod
nos Jaeobus AppamiensisetRaymuudus S. Papuli,
niiseratione diviua episcopi, judices super iiifrascriptis
a sede apostolica delegati, fratrem Bernarduni Deliliosi, ordinis fratrum Minorum, bodie solemniter degradaveriiniis et
condemuaveriuius etiam ad perpetuuui ear-
eerem per nos eideni post nioduin assignandiuu, ex
nune
sibi
deputauius
in et
nostra super
boe constitulo pra'senlia
pro Imjusmodi carcere assignamus car-
cereni strieti mûri qui situs est inler civitatem Careas-
sonœ
et
idem
frater
et
(lumen Atacis, ac volumus
et
Bernardus ad bujusmodi
se includat
et
mandanms
murum
perpétue remaneat in eodem, sicut
in nostra super boc lata sententia continetur. et
datum sub
ut
accédât
sigillis
nostris,
in civitate
— Actum
Carcassonœ,
/
IMKCKS ;s JIISTHi^^lCATIVKS. .ii;sTi(;^i(:\TivKs. ailla opiscopali,
in
Domiiii iiis
MCCCXIX,
XXII
vin' die iiT^iisis iniiililicaliis
^217
dccciiiliris,
SS. T. et
aiiiio
IJ.J). Joliaii-
aiiiio ([iiaito.
Vciu'rabili et
r('li{4:ioso
viro IVatri
de
.loliaiiiii
iJcliia,
iiuiuisilori lucrelica'pravitatLs in rcifno FraiiciiU et spe-
eialiterin senescallia Carcassona.' auctoritate apostolica dcpiitato, Jacohns Appaiiiiea?is et Rayniuiuliis S. piili
Miiscrationc ilivina opiscopi, in
Pa-
saliilari iiostro
nos, auctoritate apostolica iiobis in hoc
salutoni. Cùni
narle coiniiiissa,
l'iaticni
Minormu, diO'daUe rimiis et
Dco
ncrnaithun
Dcliliosi,
pra'si'nliiini, soleniniter
ordinis
dcgradave-
condemnaverimus etiam ad perpetuum carce-
rem per nos eidem post moduni assignanduin, demuni(pie
silii
pro hujusniodi carccrc assip^naverinuis stricluni
niuruni qui silus est intor civitateni Carcassonœ et
nien Atacis, ut in co suh vinculis ferrois
et in
flu-
pane
et
aqua perpetuani agat j)œnitentiaui de commissis, nos atlendentes quod, proplor senectuteni ipsius.
et
specialiter de
et
debilitatem
prœsenti propter debilitatem
([uani in inanibus pati diiïuoscilur,
dispensanduui esse
videtur cuni eo super pœnitenlia in dicto carceie, ut
eum, de quo quideni
praemittitur, facienda per tra
in nos-
super prœmissis lata sententia nobis expressani
retinuimus poteslatem, prœsenlium vobis tenore comniittimus ut
cum
dicto
Iratre
Bernardo super rigore
prœdictœ pœnitentiae quantum ad vincula
et
dietam
dispensare possitis prout discretioni vestra? videbitur facienduni.
>
In
cujus rei
testinionium
sigilla
nostra
PIECES .)U$TIFICAT1VES.
218
prœseiilibus (luximusauBendenda.
Carcassonœ, viir die
MCCCXIX,
Manuscr.
(1).
in civitatc
lat.
XXII
(
de
la lîiblioth. nation., n»
Nous avons corrigé certains Liber sentent,
— Datum
decembris, anno Domini
pontificatusSS(.P. etD. Joliannispapœ
anno quarto
(I)
nîei^sis
inquisit.
Carlul. de Carcass.,
l.
pa;
sages traprès
Tolo^nœ,
p.
^209.
4270, Pliil.
fol.
171-186.
de Liniborcli,
Voyez aussi
V, p. &)o.
L Ci^
FliV.
V
Maliiil,
— .
TABLE DES MATIÈRES
i I".
C.iiAi'
>,> ^
— — —
Le coiivont
^
Casti'l
dQ,s frères
Faliri et
Mineurs à Carcassonne.
Bernard Délicieux
1
^1. Arrivée des réformateurs du Languedoc
12
in. Bernard Délicieux à la cour
29
IV. L'inquisiteur
nouvelles.
—
Geoffroi
—
V. La fausse pièce.
du
d'Ablis.
roi
—
Arrestations
Prédications de Bernard Le vidanie Nouveau tumulte.
—
d'Amiens est excommunié
—
VI.
Bernard à Paris.
—
59
Voyage
du
roi
dans
le
Languedoc
— —
—
76
du
VII. Conspiration avec le fds VIII. Suites
IX.
de
la
46
roi
de Mayorque.
102
.
114
conspiration
Les Spirituels à la cour d'Avignon.
— Condamna-
lion de Bernard
143
Pièces jistificatives
167
V TA
IV 1
s.
—
lU fUl&ii... 11.
Le
c.
i. .\
11
1
i
.Mil,
nCE UIGKO.N,
2.
c>.
ir
\