GHANA BLUES Raphael Adjetey Adjei Mayne,
Kofi Bright Awuyah, Maxwell Boadi Exposition — Vente à prix fixe Du 27 au 30 mai 2022 7 Rond-Point des Champs-Élysées Marcel Dassault 75008 Paris
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Kofi Bright AWUYAH Né en 1988 - Ghana
The arrest, 2022 Huile sur toile Signée, datée et titrée au dos 152 × 181 cm Oil on canvas Signed, dated and titled on the back 59,84 × 71,26 in. 12 000 €
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ENTRETIEN AVEC Kofi Bright Awuyah Fr
Il semble y avoir des emprunts au cubisme dans votre travail, cela vous a-t-il influencé ? C'est plutôt une influence des masques traditionnels africains. Parce qu'il y a une impression de terreur et de beauté en eux, tout comme dans le cubisme. Ils permettent de voir les différents angles du visage. Dans le cubisme, vous donnez différentes formes pour exprimer le visage, et la personnalité humaine aussi. Cela montre les multiples personnes que nous avons toutes en nous. Il y a un mélange d'une abstraction très singulière et de figuratif dans votre travail. D'où cela vient-il ? J'ai travaillé sur la technique que j'applique sur la toile depuis 8 ans. C'est la mosaïque que j'adore qui m'a inspiré. Je voulais créer une peinture basée sur ces aspects si particuliers de la structure de la mosaïque. J'ai expérimenté différentes choses au fil des ans, et après une longue pratique de paysages et de portraits, j'ai décidé que j’allais maîtrier et être reconnu pour cette technique spécifique qui est une combinaison entre la mosaïque et l'empâtement.
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La mosaïque est née entre la Mésopotamie et l'Égypte, elle fait partie de la culture égyptienne. C'est donc quelque chose qui a toujours été présent en Afrique. L'Égypte est liée au monde arabe. Elle a voyagé depuis le continent africain et est entrée dans le monde arabe grâce au commerce. Vous savez, en tant qu'Africains, nous ne sommes jamais assez fiers de ce que nous avons, mais le monde devrait savoir que nous avons toujours eu des mosaïques et des céramiques. Les fissures des peintures sur le mur ressemblent à la mosaïque. C'est une sorte de mosaïque. Un hommage à la culture donc ? La culture définit qui nous sommes. En tant que peuple, vous ne pouvez pas connaître quelqu'un sans connaître sa culture. Tout est question de culture. Si je suis un Africain, la culture africaine aura une influence certaine sur mon travail. En termes de développement ou de civilisation, nous avons des racines, puis une première couche et une deuxième. Cela crée un mouvement de civilisation. Cela nous donne aussi une sorte de vibration.
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Certains artistes utilisent des motifs floraux en arrière-plan, dans votre travail, la référence à la mosaïque sous entend-elle que les scènes se passent dans la ville ? En effet, les scènes se déroulent à l'extérieur, dans les rues. La ville est le contexte. A Accra, comme dans d'autres villes africaines, les murs des immeubles bon marché sont recouverts de tuiles, afin de protéger les façades. Elles sont parfois très bleues, beiges, brillantes ou non, dans les mêmes teintes de couleurs que j'utilise dans mes œuvres. Pouvez-vous nous en dire plus sur les œuvres qui traitent des violences policères ? La série fait référence aux événements qui se produisent depuis quelques années à travers le monde. C'est un phénomène mondial. Il y a quelques mois, au Ghana, nous avons eu une manifestation, la campagne " fix the country ". Les gens étaient dans une situation difficile et la corruption augmentait dans le pays. Les gens sont sortis dans les rues pour protester contre le gouvernement, car nous n'avons aucun pouvoir sur les affaires du pays. Au Nigeria, il y a un conflit sans fin, en Amérique, il y a la brutalité policière et le
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mouvement Black Lives Matter, en Syrie, il y a la guerre qui a raflé de nombreuses vies. C'est un phénomène mondial, et maintenant c'est l'Ukraine et la Russie. Les gens ont le droit d'être civilisés, le devoir de se mettre d'accord et de défendre la paix. Votre travail est très narratif, croyez-vous au pouvoir de l'art éducatif ? L'art est éducatif, il soulève beaucoup de questions. Lorsque le spectateur admire mes peintures, un débat et une discussion s'engagent. Sans sensibilisation, il n’y a pas de diffusion de l’information et personne ne saurait ce qu’il se passe. Nous devons écouter les nouvelles. En retour, elles nous donnent beaucoup d'informations. L'art est un complément à l'actualité, la littérature, le cinéma. La dénonciation est-elle utile ? S'il n'y a pas de thérapie, il n'y a pas de guérison. L'œuvre est là pour provoquer un engagement citoyen et pour questionner la réalité et ce qui se passe et penser juste. C'est comme mettre les gens face à ce qu'ils sont, et leur demander "est-ce que c'est ce que vous voulez être ?".
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Kofi Bright AWUYAH Né en 1988 - Ghana
Soul 28/02/1948, 2022 Acrylique sur toile Signée et datée au centre vers la droite "AWUYAH - 22" Contresignée, datée et titrée au dos 187,50 × 242 cm Acrylic on canvas Signed and dated toward right center "AWUYAH - 22" Signed, dated and titled on the back 73,82 × 95,28 in. 18 000 €
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Kofi Bright AWUYAH Né en 1988 - Ghana
The invasion, 2022 Acrylique sur toile Signée et datée au centre sur la droite "AWUYAH - 22" Contresignée, datée et titrée au dos 167,50 × 202,50 cm Acrylic on canvas Signed and dated right center "AWUYAH - 22" Signed, dated and titled on the back 65,94 × 79,72 in. 15 000 €
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INTERVIEW WITH Kofi Bright Awuyah En
There seems to be some takes from cubism in your work, has it influenced you?
Mosaic actually originated between Mesopotamia and Egypt, it’s part of the Egyptian culture. So, it is something that has always been in Africa. Egypt is connected to the Arab world. It travelled from the African continent and entered to the Arab world because of the trade. You know, we, as Africans are never proud enough of what we have, but the world should know that we’ve always had mosaic and ceramics. The cracks of the paintings on the wall resemble the mosaic. That’s a sort of mosaic.
It’s more an influence of the African traditional masks. Because there is a feeling of terror and beauty in them, just like in cubism. It allows to see the different angles of the face. In cubism, you give different forms and shapes to express the face, and the human personality too. It shows the multiple people we all have inside of us. There is a mix of a very singular abstration and figurative in your work. Where does this come from? I have been working on the technique I apply on the canvas over the last 8 years. It’s mosaic that I love that inspired me. I wanted to create a painting based on the aspects of the mosaic structure. I have experimented different things over the years, and after a long practice of landscapes and portraits, I have decided that I wanted to master and be recognised for this specific technique that is a combination between mosaic and impasto.
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You’re making your canvas as a tribute to culture?
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Culture is one of the things that defines who we are. As a people, you can’t know somebody without knowing his culture. It is all about culture. If I am an African, its culture has an influence on my work. In terms of development or civilization, we have roots, then a first layer and a second one. It creates a movement of civilization. It also gives us some kind of a vibration.
Often artists use flower patterns in the background, in your work, the reference of mosaic shows that the scenes take place in the streets right ? Indeed, the scenes take place outside, in the streets. The city is the context. In Acrra, like in other african cities, the walls of cheap building are covered with tiles, in order to protect the facades. Sometimes they are very blue, beige, shiny or not, like the colors I use in my works. Is your series is about police brutality ? The series refers to the events happening over the years worldwide. It’s a global thing. Some months ago, in Ghana we had protest, the « fix the country » campaign. People were going through hardship, and the corruption was increasing in the country. People went on the streets to protest against the government, as we don’t have any power on the affairs of the country. We go to Nigeria, there is endless conflict, in America, there is the police brutality and the Black Lives Matter movement, you go to Syria, there’s
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the Syrian war where so many lives were taken. It is a global thing, and now it’s Ukraine and Russia. People have the right to be civilized, to come to an agreement and stand for peace. Your work is very narritive do you believe in the power of educational art ? Art is educational, it raises a lot of questions. When the viewer sees my the paintings, it raises a lot of questions and a debate and discussion engage. With no awareness, people wouldn’t know what’s going on. We need to listen to the news. In return, it gives us a lot of information. Art is a complement to the news, the literature, the cinema. Does denounciation helps? If there is no therapy, there is no healing. The work is here to engage and to question the reality and what is happening and think right. It’s like putting people in front of what they are, and asking them “is this what you want to be ?”
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Kofi Bright AWUYAH (Né en 1988 - Ghana)
The clash, 2022 Huile sur toile Signée, datée et titrée au dos 152 × 181 cm Oil on canvas Signed, dated and titled on the back 59,84 × 71,26 in. 12 000 €
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Kofi Bright AWUYAH Né en 1988 - Ghana
The guitarist, 2022 Acrylique sur toile Signée et datée en bas à droite "AWUYAH - 22" Contresignée, datée et titrée au dos 117 × 91 cm Acrylic on canvas Signed and dated lower right "AWUYAH - 22" Signed, dated and titled on the back 46,06 × 35,83 in. 4 000 €
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Kofi Bright AWUYAH Né en 1988 - Ghana
Agony of war, 2022 Pastel gras sur papier Signé, daté et titré au dos 101,50 × 76,50 cm Oil pastel on paper Signed, dated and titled on the back 39,96 × 30,12 in. 3 000 €
Kofi Bright AWUYAH Né en 1988 - Ghana
The bereaved (I), 2022 Acrylique, pastel gras et fusain sur papier Signé en bas à droite "Awuyah 2022" Contresigné, daté et titré au dos 101,50 × 76,50 cm Acrylic, oil pastel and charcoal on paper Signed lower right "Awuyah 2022" Signed, dated and titled on the back 39,96 × 30,12 in. 3 000 €
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Kofi Bright AWUYAH Né en 1988 - Ghana
Agony of war, 2022 Pastel gras sur papier Signé et daté en bas à droite "Awuyah - 22" Titré au dos 101,50 × 76,05 cm Oil pastel on paper Signed and dated lower right "Awuyah - 22" Titled on the back 39,96 × 29,94 in. 3 000 €
Kofi Bright AWUYAH Né en 1988 - Ghana
Mother and Child, 2022 Pastel gras, fusain et crayon sur papier Signé et daté en bas à droite "Awuyah - 22" Contresigné, daté et titré au dos 102 × 76,50 cm Oil pastel, charcoal and pencil on paper Signed and dated lower right "Awuyah - 22" Signed, dated and titled on the back 40,16 × 30,12 in. 3 000 €
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Kofi Bright AWUYAH Né en 1988 - Ghana
The bereaved (III), 2022 Acrylique, pastel gras et fusain sur papier Signé et daté en bas à droite "Awuyah 2022" Contresigné, daté et titré au dos 101,50 × 76,50 cm Acrylic, oil pastel and charcoal on paper Signed and dated lower right "Awuyah 2022" Signed, dated and titled on the back 39,96 × 30,12 in. 3 000 €
Kofi Bright AWUYAH Né en 1988 - Ghana
The bereaved (II), 2022 Acrylique, pastel gras et fusain sur papier Signé et daté en bas à gauche "Awuyah - 22" Contresigné, daté et titré au dos 101,50 × 76,50 cm Acrylic, oil pastel and charcoal on paper Signed and dated lower left "Awuyah - 22" Signed, dated and titled on the back 39,96 × 30,12 in. 3 000 €
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Raphael ADJETEY ADJEI MAYNE Né en 1983 - Ghana
Naa Adoley, 2021 Acrylique et tissu wax sur toile (présentée libre) Signée et datée en bas à droite "adjetey 21" Contresignée, datée et titrée au dos 170 × 130 cm Acrylic and wax fabric on canvas (unstretched) Signed and dated lower right "adjetey 21" Signed, dated and titled on the back 66,93 × 51,18 in. 12 000 €
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ENTRETIEN AVEC Raphael Adjetey Adjei Mayne Fr
Certaines de vos œuvres portent des noms de personnes, pouvezvous nous dire qui sont les personnages que vous représentez sur vos tableaux ? Je prends des photos de personnes que je connais, avec lesquelles j'ai une relation. Ce sont des enfants qui vivent dans le quartier où j'habite à Accra, où j'ai maintenant mon studio. Au début, j'entame une conversation avec eux. Je pose des questions comme "es-tu heureux ?". Nous parlons et ils me racontent leurs histoires. Puis je leur dis : "Votre histoire et la mienne se ressemblent, et je vais vous photographier et vous peindre, puis vous montrer au monde entier". C'est comme ça que je crée une interaction avec eux. Ensuite, ils sont très excités de voir le résultat sur la toile. Ce que je fais normalement, c'est que je prends plusieurs photos de leurs situations, 15 à 20 au moins. Ensuite, je retourne dans mon studio et je choisis celle que je veux vraiment utiliser pour le portrait. Je prends beaucoup de photos avant de choisir celle qui reflétera la posture ou la perception du moment présent que je vis avec ces enfants. Pour ce qui est des titres, je choisis entre les noms des enfants, et parfois je nomme la situation, car dans la plupart de mes images, les modèles ont un profil particulier, prennent une pose. Pourquoi ne montrez-vous pas leur visage ? Garder mes images sans visage a une signification très forte pour moi. Il s'agit de laisser les gens lire les portraits. Parfois, lorsque je peins des personnalités populaires, les gens les reconnaissent vraiment, même sans les traits du visage. Si c'est Obama, ou moi ou quelqu'un
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que vous connaissez par exemple. Si le spectateur ne connaît pas cette personne, alors il est de son devoir de réimaginer et de fixer les traits du visage. Nous avons tous une identité particulière. Mes visages sans traits laissent la possibilité aux gens de réinsérer leur visage. C'est comme un devoir de mettre quelqu'un dans cette image lorsqu'on la regarde. Cela offre un effet de miroir. En ne peignant pas les traits du visage, je peux recréer ma noirceur et avoir mon identité sur un personnage noir. C'est très intense et cela envoie un message très fort aux gens : "nous sommes noirs, et nous avons le sens de l'humour, nous avons des moments de joie, nous sommes pleins de vie". On a l'impression qu'il y a tellement de choses qui vont au-delà du simple fait d'être noir. Dans certaines de vos œuvres, il y a un fond de fleurs, pouvez-vous nous parler de sa signification ? Je prends des photos de ces enfants dans mon quartier, cela me rappelle l'époque où je vivais au Ghana, où les gens se faisaient photographier dehors. Ils regardent autour d'eux et voient quelle maison a les plus belles fleurs et se placent devant pour les photos. Ce n'est pas tout le monde qui a les moyens d'avoir un studio photo, c'est assez cher, et ça l'a toujours été. Les gens regardent simplement autour d'eux et voient quelles sont les plus belles fleurs. Les personnages sortent des fleurs comme du béton, c'est un fond très fort et une belle image, ils sont beaucoup plus joyeux. Cela donne beaucoup plus de liberté et de réalisation. J'ai choisi le violet parce que je l'aime beaucoup et parfois, je l'utilise sur un fond de fleurs rouges. J'essaie d'introduire d'autres couleurs comme l'orange ou le jaune.
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Quel effet cela fait-il de vivre en Allemagne ? J'ai quitté le Ghana en 2010, en septembre. Maintenant, je voyage dans le monde entier, j'ai un studio au Ghana, j'y vais le plus souvent et je rentre en Allemagne. Je vais d'ailleurs y retourner très bientôt. Au début, c'était étrange, il m'a fallu du temps pour comprendre que c'était un autre monde et une autre culture. Je suis allé à l'école, j'ai étudié la religion, j'ai vécu ces aventures au Ghana et je vis maintenant en Allemagne. Cela me donne beaucoup plus d'inspiration de mélanger les deux cultures ensemble. Cela a également renforcé mon lien avec le Ghana. J'essaie d'être très concentré sur ce que je fais. Parce que ce sont deux choses différentes, les gens pensent que vous êtes comme ci ou comme ça, trop européen ou trop africain. Maintenant, je suis entre les deux et les gens me voient différemment. C'est ainsi que j'ai réussi à assortir le textile africain au textile européen. Je ne comprenais pas pourquoi les Africains voulaient intégrer la culture européenne, maintenant je le fais, parce que maintenant je vis ici et je suis d'Afrique, je suis entre ces continents. Mélanger les textiles de ma culture africaine avec des couleurs vives rapproche vraiment les deux continents. L'un de vos récentes expositions s'appelait "la joie de ma peau", pourquoi ce titre ? "Joy of my skin" était une exposition qui a été reportée à cause du COVID, également au moment où le mouvement "black lives matter" a surgi. Je me suis dit "qu'est-ce que je peux faire pour contribuer à cela ?" Alors, j'ai créé une série d'œuvres d'art pour célébrer la négritude,
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pour faire dire aux gens que nous ne sommes pas nuisibles, que nous sommes joyeux, que nous sommes très aimants. Je veux célébrer ma couleur, et faire savoir aux gens que je suis très heureux d'être noir, puis d'être vu. Je célèbre ma couleur pour que les gens sachent que je ne suis pas nuisible. J'ai créé une série d'œuvres d'art qui montrent les moments de joie de chaque image que j'ai peinte, et le titre est apparu et je l'ai choisi. L'exposition a eu beaucoup de succès. Vous avez créé la Fondation AFUTUMIX, à quoi sert-elle ? Les trois premières lettres "AFUTU" dans ma langue maternelle signifient "mélanger". Cela signifie donc que vous mélangez quelque chose. Et puis l'anglais "mix". En gros, je mélange et je mélange encore des choses. Je mélange les cultures européennes et africaines, et mon travail est un mélange de tout cela. Ça peut se traduire en "mix-mix". Mélange de mélange, c'est l'esprit. Je fais aussi de la mode et du T-shirt et je couds ces T-shirts. Ce sont des T-shirts très colorés et vibrants. J'utilise le même nom pour la marque. Les T-shirts sont sur le site de la Fondation. Lorsque je vends les œuvres, je mets un pourcentage de côté pour soutenir les plus démunis de ma communauté. Je travaille tellement avec les enfants que je les vois venir me voir et me dire qu'ils ont besoin d'argent. Je me suis dit "il est temps de le faire savoir". Moi et mon équipe avons mis des œuvres aux enchères. Nous avons donné 100% à la Fondation. Parfois, je crée une œuvre et je dis que 50% de cette œuvre ira à ma fondation, pour qu'ils puissent payer les frais de scolarité. Ça marche bien et les gens aiment ça.
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INTERVIEW WITH Raphael Adjetey Adjei Mayne En
Some of your works bear the names of people, can you tell us who are the characters that you depict on your paintings?
If the viewer doesn’t know that person, then it is the viewer’s duty to reimagine and set facial features. We all have a special identity. My featureless faces leave room for people to reinsert their facia. It’s like a duty to put someone in that image when looking at it. It offers a mirroring effect.
I take photographs of people I know, people I have a relationship with. They are children living in my neighborhood where I live in Accra, where I have my studio now. At first, I start entering in a conversation with them. I ask questions like “are you happy?” We talk and they tell me their stories. Then I tell them, “Okay your story and mine are kind of similar, and I’m going to photograph you and paint you, and then show you to the world”. That’s how I get the interaction with them. Then they are very excited to see the result on the canvas. What I do normally is that I take multiple photos of their situations, 15 to 20 of them. Then I go back to my studio, and I choose the one I really want to use to portray. I take a lot of photos before I pick the one that will catch the actual position or the actual feeling of the moment that I have with these children. When it comes to the titles, I choose between the names of the children, and sometimes I name the situation as in most of my images, the models have a silhouette, strike a pose, have a certain position.
There is an idea of me keeping blank features as to recreate my blackness and to have my identity on a black. It’s kind of a very intense and it sends a very strong message to the people “we are black, and we have a sense of humor, we have joyful moments, we are full of life”. It operates like it has so much to go into that than just being black. In some of your work, there is a flower background, can you tell us about its meaning?
Why don’t you show their faces? Keeping my images faceless has a very strong meaning to me. It is about letting people read the portraits. Sometimes, when I paint popular figures, people really recognize them, even without facial features. If it’s Obama, or me or somebody you know for instance.
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I take photos of these children in my neighborhood, it reminds me of the time where I was living in Ghana, when people took their photos outside. What they do is that they look around and see which house has the best flowers planted and stand in front of it for the photos. It is not everyone who has the means for a photo studio, it is quite expensive, and has always been. People just look around and see what the most beautiful flowers are. The figures are coming out of the flowers like some concrete, it’s a very strong background and nice presented image, they are much more joyful. It gives much more freedom and realization. I chose purple because I like it so much and sometimes, I use it on a red flower background. I am trying to introduce other colors like orange or yellow.
How does it feel living in Germany? I moved in from Ghana in 2010, in September. Now, I travel around the world, I have a studio in Ghana, I mostly go there and then go back to Germany. I’m going back there very soon. Initially, it was strange, during the time it took to understand that it’s a different world and a different culture. I went to school, I studied religion, I have those adventures in Ghana and now live in Germany. It gives me a certain kind strong connection, much more inspiration from mixing the two cultures together. It has also strengthened my connection with Ghana. I try to be very focused on what I’m doing. Because it is two different things, people think you are like this, too much European or too African. Now, I’m in between the two and people see me differently. That’s how I got to match the African textile with the European one. I didn’t understand why Africans wanted to incorporate European culture, now I do, because now I’m living here and I’m from Africa, I am between those continents. Mixing the textiles of my African culture with vibrant colors really brings two continents together. One of your recent shows was called “the joy of my skin”, why this title? “Joy of my skin” was an exhibition that has been postponed because of the COVID, also at the time when the movement of “black lives matter” arose. I said to myself “what can I do to contribute to this?” What I did is that I created a series of artworks to celebrate blackness to let people say that we’re not harmful, we’re
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joyful, we are very loving. I want to celebrate my color, and let people know that I am very happy to be black, then being seen. I celebrate my color so that people must know that I’m not harmful. I created a series of artworks that show the joyful moments of every single image that I have painted, and the title came up and I chose it. The exhibition was very successful. You have created the AFUTUMIX Foundation, what does it do? The first three letters “AFUTU” in my mother tongue mean “mix”. So, it means you’re mixing something. And then the English “mix”. Basically, I mix and mix things again. I’m mixing European and African cultures, and my work is a mixture of this. It can translate in “mix-mix” happening. Mixture of mixture, that’s the spirit. I also do fashion and T-shirt and I sew on these T-shirts. They are very colorful vibrant T-shirts. I use the same name for the brand. The T-shirts are on the foundation website. What I do is when I sell the works, I put some percentage aside, to support the more needy of my community. I work around children so much; I see them come with me and saying that they’re in need of money. I said to myself “it is time to let people know about it”. Me and my people we are putting works in auction. We used the 100% proceedings for the foundation. Sometimes, I create a work and I say 50% of this work will go to my foundation, for them to pay school fees. It has been going well and people have been loving it.
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Raphael ADJETEY ADJEI MAYNE (Né en 1983 - Ghana)
Boys Boys, 2021 Acrylique et tissu wax sur toile (présentée libre) Signée et datée en bas à droite «adjetey 21» Contresignée, datée et titrée au dos 149 × 159 cm Acyrlic and wax fabric on canvas (unstretched) Signed and dated lower right «adjetey 21» Signed, dated and titled on the back 58,66 × 62,60 in. 13 000 €
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Raphael ADJETEY ADJEI MAYNE Né en 1983 - Ghana
My cool, 2022 Acrylique et tissu wax sur toile (présentée libre) Signée et datée en bas à droite "adjetey 22" Contresignée, datée et titrée au dos 139 × 103 cm Acrylic and wax fabric on canvas (unstretched) Signed and dated lower right "adjetey 22" Signed, dated and titled on the back 54,72 × 40,55 in. 12 000 €
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Raphael ADJETEY ADJEI MAYNE Né en 1983 - Ghana
Sharon, 2021 Acrylique et tissu wax sur toile (présentée libre) Signée et datée en bas à droite "adjetey 21" Contresignée, datée et titrée au dos 119 × 100 cm Acrylic and wax fabric on canvas (unstretched) Signed and dated lower right "adjetey 21" Signed, dated and titled on the back 46,85 × 39,37 in. 12 000 €
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Maxwell BOADI
Né en 1982 - Ghana
Polygamist, 2022 Acrylique sur toile Signée en bas à gauche "BOXDI" Contresignée, datée et titrée au dos 176 × 171 cm Acrylic on canvas Signed lower left "BOXDI" Signed, dated and titled on the back 69,29 × 67,32 in. 6 000 €
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ENTRETIEN AVEC Maxwell Boadi
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D'où vient la forme des visages que vous peignez ? Je suis parti de ce que nous avons au Ghana, la poupée Akuaba. On pense qu'il s'agit d'une poupée de fertilité. À l'époque, les femmes qui ne pouvaient pas tomber enceintes recevaient une poupée de fertilité, croyant que cela améliorerait leur situation. C'est tout le concept de mes visages. Les visages de mes personnages viennent des poupées de cette partie du monde, le Ghana. Alors que je peignais une série avec ces visages de poupées Akuaba, des gens sont venus attirer mon attention sur le fait que cela ressemblait à des visages des maîtes anciens. Je me suis rendu compte que c'était vrai, mais je n'en étais pas conscient. Lors de ma première exposition, en passant d'un domaine à un autre, j'ai pris une poupée Akuaba pour que les gens puissent la connaître et savoir qu'elle a été la principale source d'inspiration de mes visages.
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Bien que ma peinture ressemble à des peintures de la Renaissance, elle est profondément enracinée au Ghana, il n'y a pas eu d'influence européenne. Je voulais m'inspirer de l'Afrique, de quelque chose qui représente la culture ghanéenne et africaine, d'où je viens. Certains de vos personnages ont des auréoles, d'autres sont des nonnes. Votre foi a-t-elle un impact sur votre processus créatif ?
foi que je prêche. En tant que pasteur laïc et pasteur adjoint, je veux projeter ce que je crois dans mes peintures et mon travail. Je ne peux pas aller partout et parler aux gens de la foi. À l'époque de la Renaissance, lorsque les maîtres peignaient, ils parlaient de leur foi. Je me suis mis en tête d'en parler d'un point de vue africain, de faire revivre cette foi qui a été oubliée par les jeunes. C'est ce que je fais ressortir avec ma foi et mes croyances pour faire revivre et ramener ces choses. Certains de vos personnages ont des têtes coupées ou des doubles têtes, de quoi s'agit-il ? J'ai une toile que j'ai peinte avec quatre têtes et une femme, j'essayais de véhiculer un message sur la façon dont les hommes recherchent la satisfaction chez une femme. Vous voyez différents hommes, certains sont mariés, ils ne sont pas satisfaits de ce qu'ils
ont. Ce qu'ils voient à l'extérieur est ce qu'ils veulent avoir. Je peins ce sujet pour créer une prise de conscience, c'est ce qui se passe sur le terrain. Les hommes cherchent de telles choses à l'extérieur, dans la rue. C'est la réalité, ce qui se passe dans le monde. Les épouses doivent être un peu plus prudentes, pour que les hommes ne les abandonnent pas. C'est un monde intéressant que je veux projeter. Petit à petit, lorsque nous nous éloignons de la réalité, lorsque quelqu'un nous informe, nous devons être prudents pour savoir quoi faire et faire quelque chose d'important de notre vie. Certains yeux regardent en bas, d'autres en haut, à gauche et à droite, ils ne sont pas concentrés.. Leur maison est en danger. Ils voient autre chose.
En raison de la tendance actuelle et de mon passé de chrétien, il y a certaines choses que je mets dans mes peintures qui définissent parfois, surtout pour moi en tant qu'artiste, le message que je veux transmettre dans mes peintures. Je suis un prédicateur laïc et un pasteur adjoint également. Ce que je prêche est ce que je veux mettre sur la toile. Dans l'un de mes tableaux, je parle des pasteurs modernes, je parle des polygames qui font également partie de la
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INTERVIEW WITH Maxwell Boadi
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Can you tell us where the specific shape of the faces you paint comes from? I started working from, what we have in Ghana, the Akuaba doll. It is believed to be a fertility doll. Those days, woman who could not get pregnant were given a fertility doll, believing that it would improve their condition. It is a whole concept of my faces. That is where I produced the faces of my characters, it comes from the dolls of this part of the world, Ghana.
Although it looks like Renaissance paintings, it is deeply rooted in Ghana, there was no European influence. I wanted to get an inspiration from Africa, something that represent Ghanaian and African culture, where I come from. Some of your characters have halos, some are nuns. Does your faith impact your creative process?
When I was painting a series with that Akuaba doll faces, people came and raised my attention telling me that it looked like ancient faces of old masters. I realized it was true, but I was not aware of it. My first exhibition, when moving from one realm to another, I took an Akuaba doll so people can get to know it and know that it has been the primary inspiration of my faces and the way they look.
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Because of how the trending is going, and because of my background as a Christian, there are certain things I put in the paintings sometimes define, especially me as an artist, the message I want to carry in my paintings.
faith. In the Renaissance times, when the masters were paintings, they were talking about the faith. I put my mind to talk about it from an African point of view, to revive this faith that has been forgotten through the youth. That is the way I am bringing out with my faith and my beliefs to revive and bring those things back. Some of your characters have cut heads or double heads, what is this about? I have a canvas that I have painted with four heads and a woman, I was trying to spread an idea of how men are looking for satisfaction in a woman. You see different men, some are married, they are not satisfied with what they have. What they see outside is what they want to have. I am painting that subject to create an awareness, this is what is going on in the grounds.
Men are looking for such things outside, in the street. This is the reality, what is going on in the world. The wives must be a little bit cautious, so the men will not just leave them. It is an interesting world that I want to project. Gradually, when we are shifting from the reality, when somebody informs us, we need to be careful to know what to do and do something important with our life. Some of the eyes are looking down, some up, left, and right, they are not focused. They are not focused; their house is in danger. They are seeing something else. The polygamy is also a theme I paint.
I am a lay pastor and an assistant pastor as well. What I preach is what I want to put on the canvas. In one of the paintings, I talk about the modern pastors, I talk about the polygamists which is also part of the faith I preach. As a lay pastor and a pastor, I want to project what I believe in my paintings and my work. I cannot go everywhere and be talking to people about the
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27 - 30 mai 2022
Maxwell BOADI
Né en 1982 - Ghana
The skulls I choose, 2022 Acrylique sur toile Signée en bas à gauche "BOXDI" Contresignée, datée et titrée au dos 151 × 125,50 cm Acrylic on canvas Signed lower left "BOXDI" Signed, dated and titled on the back 59,45 × 49,41 in. 5 000 €
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Né en 1982 - Ghana
Divorce, 2020 Acrylique sur toile Signée en bas à gauche "BOXDI" Contresignée, datée et titrée au dos 150 × 113 cm Acrylic on canvas Signed lower left "BOXDI" Signed, dated and titled on the back 59,06 × 44,49 in. 5 000 €
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Né en 1982 - Ghana
Roses are red, 2022 Acrylique sur toile Signée en bas à gauche "BOXDI" Contresignée, datée et titrée au dos 125,50 × 100 cm Acrylic on canvas Signed lower left "BOXDI" Signed, dated and titled on the back 49,41 × 39,37 in. 4 000 €
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Né en 1982 - Ghana
Modern Pastors, 2022 Acrylique sur toile Signée en bas à gauche "BOXDI" Contresignée, datée et titrée au dos 151,50 × 126 cm Commentaire : Acrylic on canvas Signed lower left "BOXDI" Signed, dated and titled on the back 59,65 × 49,61 in. 5 000 €
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Né en 1982 - Ghana
His Just Hent, 2022 Acrylique sur toile Signée en bas à gauche "BOXDI" Contresignée, datée et titrée au dos 125 × 100,50 cm Acrylic on canvas Signed lower left "BOXDI" Signed, dated and titled on the back 49,21 × 39,57 in. 4 000 €
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EXPOSITION CULTURELLE Vendredi 27 mai, 11h - 18h Samedi 28 mai, 11h - 18h Lundi 30 mai, 11h - 18h 7 Rond-Point des Champs-Élysées Marcel Dassault 75008 Paris
Contact Christophe Person +33 (0)6 22 31 37 87 cperson@artcurial.com Margot Denis-Lutard +33 (0)1 42 99 16 44 mdenislutard@artcurial.com 28
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