De Gaulle : Une succession pour l’Histoire | 16.12.2024

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Une succession pour l’Histoire

Lundi 16 décembre 2024 - 14h

7 rond-point des Champs-Élysées Marcel Dassault 75008 Paris

A RTCURIAL DE GAULLE

DE GAULLE Une succession pour l’Histoire

Lundi 16 décembre 2024 - 14h

7 rond-point des Champs-Élysées Marcel Dassault

75008 Paris

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DE GAULLE

Une succession pour l’Histoire vente n° 6145

Stéphane Aubert Frédéric Harnisch

EXPOSITION PUBLIQUE

Téléphone pendant l’exposition

Tél. : +33 (0)1 42 99 16 58

Samedi 7 décembre 11h - 18h

Dimanche 8 décembre 14h - 18h

Du lundi 9 au samedi 14 décembre 11h - 18h

Dimanche 15 décembre 14h - 18h

Contact pour la vente degaulle@artcurial.com

Couverture

Général Charles de Gaulle - 1944

©Paris Musées / Musée

Carnavalet - Histoire de Paris

Photographes

Sylvain Rousseau

Fanny Adler

Stéphanie Toussaint

Emmanuelle Foussat

Graphiste

Elodie Boissau

Remerciements

Théo-Paul Boulanger

Pauline Hartwig

Margot Mazin

Théophile Piquemal-Tabou

VENTE AUX ENCHÈRES

Lundi 16 décembre 2024 - 14h

Commissaire-priseur

Stéphane Aubert

Directeur Livres et Manuscrits

Frédéric Harnisch

Tél. : +33 (0)1 42 99 16 49 fharnisch@artcurial.com

Commissaire-priseur

Inventaires & Collections

Maxence Miglioretti

Tél. : +33 (0)1 42 99 20 02 mmiglioretti@artcurial.com

Administratrice Livres et Manuscrits

Emeline Duprat

Tél. : +33 (0)1 42 99 16 58 eduprat@artcurial.com

Experts

Thierry Bodin

Expert en manuscrits

Membre du SFEP

Les Autographes

Tél. : +33 (0)1 45 48 25 31 lesautographes@wanadoo.fr

Arnaud de Gouvion Saint-Cyr

Expert en art militaire, armes anciennes et souvenirs historiques

Membre du SFEP

Tél. : +33 (0)6 70 75 01 05 arnaud.gouvionstcyr@gmail.com

Geoffroy Ader

Ader Watches

Expert horlogerie & montres de collection geoffroy.ader@icloud.com

Catalogue en ligne www.artcurial.com

Reproduction de l’intégralité des lots consultable sur internet

Comptabilité acheteurs

Tél. : +33 (0)1 42 99 20 71 salesaccount@artcurial.com

Comptabilité vendeurs

Tél. : +33 (0)1 42 99 17 00 salesaccount@artcurial.com

Transport et douane

Marine Renault

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Ordres d’achat, enchères par téléphone

Kristina Vrzests

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Emeline Duprat
Maxence Miglioretti
Détail d’un manuscrit des Mémoires

DE GAULLE Une succession pour l’Histoire

Parce qu’il considérait que sa mémoire appartient à tous les Français, le général de Gaulle s’est efforcé, outre la publication de ses œuvres littéraires, Mémoires, Discours et Messages , de mettre à la disposition du public l’ensemble des textes qu’il a produits au cours de son existence au service de la nation.

Dès 1956, il fit ainsi don à la Bibliothèque nationale des manuscrits de la première partie de ses Mémoires de guerre auxquels il travaillait depuis son retrait de la vie politique en janvier 1946. Il s’était également dessaisi, à partir de 1953, de nombreux dossiers produits à Londres, Alger, puis Paris, couvrant les cinq années 1940-1945. De même, devenu Président de la République, le fonds des archives relatif à la période 1958-1969 fut déposé à la Bibliothèque nationale. Dans les années qui suivirent, l’amiral Philippe de Gaulle remit à la Bibliothèque les manuscrits et dactylographies des Mémoires d’espoir inachevés ainsi que de très

nombreux brouillons des écrits de son père antérieurs au 18 juin 1940. Il le fit aussi pour ses discours prononcés pendant la guerre et publia la grande collection des Lettres, notes et carnets écrits par le général dès sa jeunesse jusqu’à ses derniers jours.

La présente vente ouvre une nouvelle étape en offrant une double opportunité : celle de proposer au public des pièces et documents originaux le plus souvent déjà connus mais qui étaient conservés dans un coffre depuis près de quarante ans, en même temps que celle d’enrichir à nouveau les collections publiques de documents historiques gardés par notre famille, dont certains sont très emblématiques, et qui seront probablement versés à terme aux Archives nationales.

Yves de Gaulle

BIBLIOGRAPHIE

– Ouvrage collectif, Charles de Gaulle, La Conquête de l’Histoire. Exposition, 16 juin – 14 juillet 1990, à la Bibliothèque nationale de France, Paris, Bibliothèque Nationale, 1990 ;

– GAULLE, Charles de, Lettres, notes et carnets, Tomes I, II et III, Paris, Bouquins, 2020.

CHRONOLOGIE

1890

22 novembre : Naissance de Charles de Gaulle à Lille.

1908

1er octobre : Entrée au collège parisien Stanislas, en classe préparatoire à l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr.

1912

1er octobre : Charles de Gaulle sort de Saint-Cyr 13e sur 211. 9 octobre : Affectation au 33e régiment d’infanterie, placé sous le commandement de Philippe Pétain.

1916-1918

Après sa blessure au combat, à Douaumont, de Gaulle est fait prisonnier en Allemagne (Osnabrück, Ingolstadt, Wülzburg…).

Durant sa détention, qui dure trente-deux mois, il tente de s’évader à cinq reprises.

1919-1920

Détaché auprès de l’armée polonaise, de Gaulle s’illustre comme commandant de bataillon contre l’Armée Rouge, sur la Vistule.

1921

Février : De Gaulle est nommé professeur d’histoire militaire à Saint-Cyr.

6 avril : Mariage de Charles de Gaulle et d’Yvonne Vendroux. 28 décembre : Naissance de Philippe de Gaulle.

1922

3 novembre : Entrée de Charles de Gaulle à l’École Supérieure de Guerre.

1924

1er mars : Parution de La Discorde chez l’ennemi, premier ouvrage de Charles de Gaulle.

1932 et 1934

Parution du Fil de l’Épée et de Vers l’Armée de métier.

1936

Octobre : De Gaulle présente son projet de loi sur l’organisation de la nation en temps de guerre.

1938

27 septembre : Parution de La France et son armée.

1940

26 avril : Affectation au commandement par intérim de la 4e division cuirassée.

17 juin : De Gaulle quitte Bordeaux pour Londres, où il est reçu par Winston Churchill.

18 juin : Appel à la Résistance sur les ondes de la B.B.C. 28 juin : Le Général est reconnu « chef des Français Libres » par le gouvernement britannique.

31 août : De Gaulle s’embarque pour l’Afrique occidentale afin de la rallier à la France Libre.

1943

24 janvier : Charles de Gaulle participe à la Conférence de Casablanca, entouré de Giraud, Roosevelt et Churchill. 15 mai : Constitution du Comité National de la Résistance, avec le Général à sa tête.

3 juin : le Comité Français de Libération Nationale est fondé à Alger. De Gaulle en devient seul président, au détriment de Giraud, le 3 octobre.

1944

3 juin : le C.F.L.N. devient Gouvernement Provisoire de la République Française.

6 juin : Débarquement en Normandie.

14 juin : le Général débarque à son tour, et prononce son discours de Bayeux.

25 août : la 2e Division Blindée libère Paris. Le lendemain, de Gaulle descend les Champs-Élysées.

1945

8 mai : signature à Berlin de la capitulation de l’Allemagne nazie.

1946

20 janvier : Charles de Gaulle se retire du pouvoir, puis s’installe à La Boisserie où il entame la rédaction de ses Mémoires de Guerre

1947

14 avril : De Gaulle annonce la création de son parti politique, le Rassemblement du Peuple Français.

1948

6 février : mort prématurée d’Anne de Gaulle, dernière fille du Général.

1954

22 octobre : Parution de L’Appel, premier tome des Mémoires de Guerre. Les tomes suivants, L’Unité et Le Salut, paraîtront respectivement en 1956 et 1959.

1958

13 mai : Insurrection d’Alger. Le lendemain, le Comité de salut public lance un appel au Général qui, le 15 se déclare « prêt à assumer les pouvoirs de la République ».

2 juin : L’Assemblée nationale accorde à de Gaulle les pleins pouvoirs et le charge de la réforme constitutionnelle. Il part pour l’Algérie, où il lance un appel à la réconciliation.

28 septembre : Approbation du projet constitutionnel par référendum.

21 décembre : Élection de Charles de Gaulle à la Présidence de la République.

1960

23 mars au 3 avril : Voyage officiel de Nikita Khrouchtchev en France.

1962

8 avril : Approbation par le peuple français des accords d’Évian, mettant fin au conflit et à la colonisation française en Algérie.

14 avril : Charles de Gaulle nomme Georges Pompidou Premier ministre.

22 août : Attentat manqué contre de Gaulle au Petit-Clamart.

LEXIQUE

L. A. : Une lettre autographe (L. A.) est une lettre entièrement écrite par une personne, mais non signée.

L. A. S. : Lettre autographe signée, la lettre est entièrement écrite par son signataire. Celui-ci peut signer de son prénom, de ses initiales ou de son nom.

L. S. : Lettre signée (L. S.) : ce terme est utilisé pour désigner une lettre simplement signée.

1964

19 décembre : Célèbre discours d’André Malraux pour l’entrée au Panthéon des cendres de Jean Moulin.

1966

19 décembre : De Gaulle est réélu Président de la République avec 54 % des voix.

1968

3 mai : La Sorbonne est investie par les étudiants.

29 mai : Au plus fort de la crise sociale, de Gaulle part secrètement pour Baden-Baden. Le surlendemain, il est acclamé dans toutes les grandes villes de province.

23 et 30 juin : L’U.D.R., parti gaulliste, remporte la majorité absolue lors des élections législatives.

1969

28 avril : Après la victoire du « non » lors du référendum sur la réforme du Sénat et des régions, de Gaulle quitte ses fonctions présidentielles. Il se retire à La Boisserie.

1970

23 octobre : Parution du premier tome des Mémoires d’Espoir, Le Renouveau

9 novembre : Mort du Général à la Boisserie, à sept heures et demie du soir.

12 novembre : Obsèques à Colombey-les-Deux-Églises, après une messe solennelle à Notre-Dame de Paris. L’événement est suivi par des millions de personnes, dans le monde entier.

P. A. S. : Pièce autographe signée, il s’agit de documents qui ne sont pas des lettres.

P. A. : Une pièce autographe (P. A.) est un document entièrement écrit de la main d’une personne, mais non signé. Cela désigne très souvent des brouillons, des manuscrits ou des annotations en marge d’un document. Oblong : Qui est plus large que haut.

ARBRE GÉNÉALOGIQUE SIMPLIFIÉ DE LA FAMILLE DU GÉNÉRAL

Henri Charles Alexandre de GAULLE (1848-1932)

Xavier Joseph Marie de GAULLE (1887-1955)

Marie Agnès Caroline Julie de GAULLE (1889-1982)

Jeanne Caroline Marie MAILLOT (1860-1940)

Jacques de GAULLE (1893-1946)

Pierre Julien Joseph de GAULLE (1897-1959)

Charles, Jacques, Xavier et Pierre de Gaulle en 1919.

Charles André Joseph Marie de GAULLE (1890-1970)

Henriette de MONTALEMBERT de CERS (1929-2014)

Jacques Philippe VENDROUX (1868-1931)

Philippe Henri Xavier Antoine de GAULLE (1921-2024)

Marguerite FOREST (1875-1933)

Yvonne Charlotte Anne Marie VENDROUX (1900-1979)

Elisabeth Jacqueline Marie Agnès de GAULLE (1924-2013)

Anne Suzanne Jacqueline Marie de GAULLE (1928-1948)

Rapport de condition général

Sauf mention contraire, les documents manuscrits présentent les traces d’usure habituelle : plis, petites déchirures marginales, légères salissures du papier…

Provenance

Sauf mention contraire la provenance des lots du catalogue s’établit comme suit : – Charles de Gaulle (1890 – 1970) ; – Puis Philippe de Gaulle (1921 – 2024) ; – Puis descendance.

Charles de GAULLE (1948)
Yves de GAULLE (1951)
Jean de GAULLE (1953)
Pierre de GAULLE (1963)
Gaulle
Charles de Gaulle jeune bachelier.

PremièreAnnéespartie. de jeunesse

Lots 1 à 22

GAULLE Charles de.

Manuscrit autographe, Origines de notre famille ; 3 pages petit in-4. Esquisse généalogique, rédigée vers 1935, selon une note de l’amiral Philippe de Gaulle. « Nous ne pouvons pour le moment établir de filiation absolument certaine et authentique (acte de l’état civil, extrait des registres paroissiaux) qu’à partir de la fin du XVIIe siècle.

En 1713 Antoine de Gaulle (son nom est dans le même acte orthographié Gaulle et Gaule) veuf de Marie Buat, épouse en secondes noces à Châlons sur Marne Anne Regnault. Il a de ce mariage : Jean-Baptiste de Gaulle né en 1720 Procureur au Parlement de Paris mort en 1798. Jean-Baptiste a pour fils Philippe de Gaulle né en 1756 Avocat au Parlement de Paris, puis à partir de 1812 attaché au service des Postes de la Grande Armée […] Les de Gaulle apparaissent en Champagne à la fin du XVIIe siècle à l’époque où on ne les trouve plus en Bourgogne ; entre l’apparition des uns et la disparition des autres il existe une lacune de 30 ans environ, mais il y a similitude absolue de nom (et je ne sache pas que ce nom ait été porté dans d’autres provinces) »… Etc. de Gaulle ajoute, à la fin de cette note : « D’après la note de mon père répondant aux questions de M. Bernizet professeur au lycée de Gap ».

Philippe de Gaulle a noté au crayon : « Mon Père s’est trompé », et il dresse lui-même une généalogie sur la 4e page.

On joint une enveloppe portant cette note autographe du général de Gaulle : « Copies d’actes d’Etat Civil concernant ma famille. C. de Gaulle ». Petites taches de graisse au dos de l’enveloppe.

1 000 - 1 500 €

2

MAC CARTAN Louis (1770-1855).

3 L. A. S. et une P.A., 1838-1847 ; 10 pages in-8, une adresse.

Médecin, membre de l’Académie de Médecine, Louis Mac Cartan était le frère d’Andronic Mac Cartan, l’ancêtre du général de Gaulle du côté maternel. C’est des Mac Cartan que venaient les racines irlandaises du Général, qu’il retrouvera à la fin de sa vie, lors de sa retraite en Irlande, après avoir abandonné le pouvoir. Nouvelles familiales à son neveu et à sa nièce Julia Delannoy (l’adresse est à Mme Marie Delannoy née Mac Cartan à Lille). Une note autographe, du 15 novembre 1846, accompagne et juge sévèrement une longue notice biographique manuscrite rédigée par E. Pascallet, de la Revue générale biographique et nécrologique

On joint – une L. A. S. de Mme M.L. Delannoy-Vaudrey au général de Gaulle, 17 février 1953, lui transmettant ces documents familiaux. – une L. A. S. de MarieCaroline d’ H ardivillier à son oncle, Montmorency janvier 1856 ; – une liste dressée par Julia Maillot, née Delannoy (grand-mère du général), de parents et parentes, avec leur date de décès (Jeanne de Gaulle y a ajouté le nom de sa mère et la date de décès 18 juin 1912). Taches brunes et petite déchirure marginale.

400 - 500 €

3

GAULLE Charles de. 2 cartes et une gravure.

2 cartes de visite autographes de félicitations à Henri et Jeanne de Gaulle pour la naissance de Charles, novembre 1890 : abbé J. ricHard, doyen-curé de Saint-André de Lille ; Monseigneur de SuSSex à Montmorency.

Maison natale du général de Gaulle à Lille. Gravure par Fernand Bourguignon, 1967, signée par l’artiste en bas à droite, avec son tampon au dos ; 32 x 24 cm

200 - 300 €

4

SOLDAT DE PLOMB DU GÉNÉRAL DE GAULLE

Début du XXe siècle

Petit cavalier en plomb peint (de marque CBG) représentant un hussard ayant appartenu à Charles de Gaulle enfant ; usures.

H. : 5 cm

Contenu dans un reste d’enveloppe avec annotation de la main de Philippe de Gaulle « Petit soldat de plomb ayant appartenu à mon père enfant ».

Historique

« L’enfant joue aux soldats de plomb, à dix ans l’écolier apprend l’Histoire de France, à quinze ans l’adolescent aspire à un grand destin. »

POUGET Jean, Un certain capitaine de Gaulle, Fayard, 1973.

Philippe de Gaulle, dans un livre d’entretiens, revient longuement sur la passion de son père pour les soldats de plomb :

« Il [le général de Gaulle] a évoqué, pour eux aussi, la belle collection de soldats de plomb ou plutôt d’étain qu’il s’était constituée. Il devait alors avoir sept ou huit ans. J’en ai d’ailleurs hérité. Elle a malheureusement disparu pendant la guerre avec bien d’autres choses. Elle était composée d’au moins mille huit cents figurines accompagnées de bateaux de guerre en plomb. Ses frères et lui-même se livraient bataille en se répartissant ces soldats miniatures. »

300 - 400 €

GAULLE Charles de.

Manuscrit autographe pour la nouvelle Campagne d’Allemagne, [1905] ; 53 pages d’un petit carnet in-12 (27 ff. sur 64 ff.), plus loin 4 pages de notes au crayon disparates.

Très précieuse et touchante nouvelle écrite par Charles de Gaulle alors âgé de 14 ans, élève au collège de l’Immaculée-Conception, dans laquelle il décrit un certain « général de Gaulle », officier de l’armée française, qui contribue à repousser l’ennemi allemand hors du territoire national.

Ce récit d’imagination commence « en 1930 », alors que « l’Europe, irritée du mauvais vouloir et des insolences du gouvernement, [déclare] la guerre à la France. »

Très rapidement le décor est planté par le jeune écrivain : « Trois armées allemandes [franchissent] les Vosges. L’une de 200 000 soldats et de 500 canons [doit] longer la frontière Suisse, et ensuite marcher sur Paris par Belfort.

La seconde [franchit] directement les montagnes et [marche] sur Nancy. Cette armée [comprend] 175 000 hommes et 480 canons. Le général Bismarck [a] donné à la IIIe formée de 100 000 soldats, l’ordre de soutenir la IIe. Le commandant de l’armée la plus forte [est] confié au général Manteuffel. Le feld-maréchal et prince Frédéric-Charles se [met] à la tête de la seconde. Quant à la IIIe armée allemande elle [reçoit] comme chef le général Mak.

Le 18 janvier 1931, le ministre de la Guerre en France [reçoit] de la part des souverains réunis à Vienne la promesse de garder la neutralité.

En France, l’organisation [est] faite très rapidement. Le général de Gaulle [est] mis à la tête de 200 000 hommes et de 518 canons, le général de Boisdeffre [commande] une armée de 150 000 soldats et 510 canons.

Le 10 février, les armées [entrent] en campagne. »

Dans cette situation périlleuse et prémonitoire, il est indiqué que « de Gaulle [a] vite pris son plan, il fallait sauver Nancy, puis [donner] la main à de Boisdeffre, et écraser les Allemands avant leur jonction qui […] serait sûrement funeste. »

Il s’ensuit le récit des différentes attaques et contre-attaques dans lesquelles le général de Gaulle et son armée jouent un rôle capital : « […] de Gaulle savait qu’il jouait la partie décisive, car c’est sous les murs de Metz que l’Europe entière attachait ses regards. » Le texte de l’adolescent est accompagné d’un petit croquis illustrant la ville lorraine encerclée des armées françaises et ennemies.

Le manuscrit s’arrête assez sèchement et le récit ne semble pas aller jusqu’à son terme, toutefois, l’ensemble des évènements militaires décrits dans les dernières pages semblent tourner à la faveur des Français, ce qui laisse présager, ainsi qu’au général de Gaulle, une grande et belle victoire.

Bibliographie :

GAULLE (Charles de). Lettres, notes et carnets [LNC], tome 1, Paris, Bouquins éditions, 2023, p. 1 à 14.

10 000 - 15 000 €

6

GAULLE Charles de.

Livret scolaire de l’élève Charles de Gaulle, 1902-1907 ; cahier gr. in-8 (23 x 17,3 cm) en partie impr. de 8 ff., couverture cartonnée.

Livret scolaire de Charles de Gaulle de la troisième aux mathématiques élémentaires.

Charles de Gaulle est alors scolarisé à l’École libre de Vaugirard. En troisième, il obtient 4 accessits (en version latine, en français, en allemand, et en vers latins).

En classe de seconde, il est noté « bon élève » et « très bon élève », avec l’appréciation du professeur de sciences : « très intelligent et bien doué ».

En rhétorique, en 1905, n’ayant pu obtenir la dispense d’âge, il est apprécié : « Bon élève. Intelligent et laborieux » (lettres), « Excellent élève » (histoire), « Très bon élève, intelligent » (sciences) ; et en 1906, il remporte le 1er prix en mathématiques, un prix d’excellence, un prix en version latine, en thème latin, en français, en histoire-géographie, un accessit en version grecque, en langue vivante, en physique, avec d’excellentes appréciations des professeurs.

En philosophie, il remporte le 1er prix de dissertation française, et le second prix en histoire ; il est apprécié comme un « bon élève », avec quelques appréciations particulières : « A suivi avec succès la classe de Philosophie en 1905-1906 (trop jeune alors pour se présenter à l’examen).

Cette année, n’a cessé de tenir la tête de son cours » (philosophie)  ; « Élève sérieux et intelligent » (mathématiques) ; « Bon élève, très sérieux, a travaillé beaucoup » (physique)…

En mathématiques élémentaires, il remporte le 1er prix de dissertation française, le second prix en histoire et un accessit en physique ; bon élève, il est notamment apprécié comme « très appliqué et très consciencieux » (sciences) et « le premier de son cours » (philosophie).

1 500 - 2 000 €

GAULLE Charles de.

L. A. S., Antoing 30 novembre 1907, à son père Henri de Gaulle ; 6 pages pet. in-8.

Toute première lettre connue à son père. [Le jeune Charles, âgé de 17 ans, est alors élève au collège jésuite du Sacré-Cœur d’Antoing en Belgique.]

Il remercie son « cher Papa » de ses souhaits « pour mes dix-sept ans. […] Les deux francs que vous aviez joints à votre lettre ont, comme de juste, été les bienvenus. » Son frère Jacques est « remis de sa récente indisposition. Elle n’a pas eu pour cause a dit le médecin un excès de travail, mais un prosaïque dérangement d’estomac. D’ailleurs, j’ai toujours été persuadé que le travail même très consciencieux d’un élève de Rhétorique, intelligent comme Jacques, n’a rien de surmenant. Vous savez bien aussi qu’il n’est pas précisément porté à se forcer quand il ressent de la fatigue. Il ne faut pas non plus s’exagérer le chagrin qu’il éprouve à son peu de succès présent en Mathématiques. C’est encore absolument un enfant, et pour peu qu’on lui parle d’autre chose ou qu’il joue au ballon, il n’y pense plus du tout. Au reste, il commence à aller mieux en Mathématiques. Cette semaine, il a récité deux fois sa leçon par écrit et a eu un 5 et un 6. Pour cette dernière leçon, on leur avait demandé le volume du segment sphérique : il le savait bien mais n’a pas eu absolument le temps de finir, car il n’est pas prompt du tout. Néanmoins, avec la façon dont cote son professeur, 6 n’est pas une mauvaise note. 2 élèves seulement ont eu plus que Jacques, l’un a eu 10, l’autre 8. Plusieurs ont eu moins de 6. […] Il y a cependant un certain progrès sur la dernière fois. Mais il n’a eu comme note de lettres que 9 de latin et 9 de français. Cela tient à ce qu’il ne sait pas suffisamment ses leçons. […]

Quant à moi, j’ai eu cette semaine un grand malheur. Dans la composition de mathématiques que nous avons faite le mercredi 20, j’ai été douzième. Cette composition portait sur l’algèbre que je savais très bien, mais le Père Vitterant a demandé entre autres choses un certain théorème relatif à la résolution d’un système d’équations du premier degré à deux inconnues, sous un titre très ambigu. Et moi, maladroit, j’en ai démontré un autre. C’était d’autant plus vexant que je savais parfaitement bien le théorème qu’il avait demandé. Sur cinq questions j’en avais réussi quatre, ce qui fait qu’au lieu d’avoir un 16 j’ai eu un 12, et comme les 15 premiers se suivent toujours d’extrêmement près j’ai eu tout de suite une très mauvaise place. Et puis, comme décidément la Fortune n’était pas avec moi durant ce mois-ci, je viens d’être second en Physique et Chimie et naturellement avec la même note que le premier. […] Il n’en est d’ailleurs pas de même du tout pour les Mathématiques. […] Nous avons fini l’Algèbre jeudi dernier, sauf les dérivées et les variations des fonctions que nous ne verrons qu’au cours du prochain trimestre. J’ai été surtout satisfait de pouvoir apprendre à fond les progressions, les théorèmes sur les logarithmes, les intérêts composés, les annuités. Nos devoirs de cette semaine consistaient exclusivement en annuités, dettes, taux, capitaux, etc., à calculer par logarithmes. […] Nous sommes actuellement plongés dans le troisième livre de Géométrie. Ce sera notre chant du cygne avant le classement du Jour de l’An »…

Lors d’une « bonne colle de mathématiques », il a passé une demi-heure au tableau à faire « une foule d’exercices sur le second degré, sur les progressions », mais a eu « un 13 seulement, ce qui était d’ailleurs la meilleure note. […] J’attribue cette note assez peu brillante à ce qu’il est beaucoup moins commode de trouver a priori des problèmes au tableau, que de donner une question de cours. »

Il fait « toujours beaucoup d’Histoire et d’Histoire naturelle, et surtout beaucoup d’allemand ».

La fin du trimestre approchant, il va revoir « bientôt toute la famille ». On leur a lu « le récit des derniers combats qui ont eu lieu sur la frontière d’Algérie », où a été tué le lieutenant de Saint-Hilaire, cousin d’un de ses camarades… Il signe : « Votre fils respectueux et affectionné Charles de Gaulle »

LNC, I, p. 15.

3 000 - 4 000 €

Henri de Gaulle, vers 1890.

8

GAULLE Charles de.

P. S., Paris 16 décembre 1907 ; 1 page oblong in-4 en partie imprimé, encadrement gravé, cachets encre du Ministère de l’Instruction publique.

Diplôme de Bachelier de l’Enseignement secondaire, décerné à Charles de Gaulle à la suite du certificat d’aptitude obtenu le 3 juillet 1907, avec mention en Latin, Grec, Philosophie et Mathématiques ; l’impétrant a signé : « Charles de Gaulle ».

On joint 2 bulletins de notes (in-8) de l’élève « de Gaulle Charles » pour novembre et décembre 1908, au Collège Stanislas, en « Classe de St Cyr » (4 p. in-8 chaque en partie impr.). Sur le bulletin de décembre, le directeur A. Pautonnier a porté ses observations : « Charles est un excellent élève, mais il devient un peu bavard, et s’il continue, il perdra ainsi du temps. Ce serait fâcheux, car s’il veut, il peut réussir brillamment ».

800 - 1 000 €

9

GAULLE Charles de.

2 manuscrits autographes signés, Composition d’Histoire, [1908] ; 12 pages grand in-8 chaque.

Deux devoirs d’histoire sur la période napoléonienne, faits au collège Stanislas, en classe préparatoire à Saint-Cyr.

Ces compositions, signées en tête « Charles de Gaulle », sont annotées et commentées au crayon par le professeur.

Alexandre 1er. Caractériser les grandes phases de sa politique à l’égard de Napoléon, jusqu’à la rupture d’avril 1812.

« La politique du czar Alexandre au cours du Premier Empire présente un intérêt particulier. Outre qu’Alexandre était après son rival le plus puissant des souverains du Continent, par cela surtout que la situation géographique de ses états le rendait peu vulnérable, c’est lui qui, en se mettant à la tête de la Coalition des peuples depuis 1812, amena plus directement qu’aucun autre gouvernement la chute de l’Empire français. D’ailleurs, c’est à sa politique que se rattachent directement les deux grandes questions d’Orient et de Pologne, qui prirent alors plus d’importance que jamais. Enfin, l’alliance russe seule pouvait permettre à Napoléon de garder en toute sécurité toutes ses conquêtes, et le trône même de France, en contenant les révoltes nationales toutes prêtes à éclater depuis les premiers revers en Espagne. »

Après cette introduction, la composition est divisée en trois parties : I Hostilités, « de l’avènement d’Alexandre en mars 1801 jusqu’à Tilsit (juillet 1807) », ; II Les débuts de l’alliance, jusqu’à « l’entrevue d’Erfurt (27 juillet 1808) » ; III Les préliminaires de la rupture, « où les causes de rupture s’accumulent des deux côtés ».

Citons la Conclusion : « Ainsi, après une période d’hostilités et une alliance, la France et la Russie se retrouvaient debout l’une contre l’autre. Mais cette fois, les peuples européens, alliés en apparence à Napoléon, n’attendaient plus qu’un revers pour l’écraser. L’alliance avait donné au tsar des avantages considérables et il s’apprêtait à la rompre à son plus grand profit au moment précis où Napoléon en avait le plus besoin. » En tête, le professeur a noté : « Plan judicieux et net. Connaissances étendues et précises. Vs auriez pu, en conclusion, analyser les raisons qui rendaient l’alliance fragile et la rupture inévitable. Qq. lacunes secondres ». La note obtenue est 15, et la copie est marquée au classement « 1er », au crayon rouge.

La France en 1802. Situation en Europe. Étendue territoriale. Gouvernement et administration.

Introduction. « L’année 1802 fut dans l’Histoire de France au XIXe siècle le début d’une période nouvelle à tous points de vue ; année capitale parce qu’elle marque la victoire définitive des principes révolutionnaires. La paix, consacrée en 1801 par le Traité de Lunéville, et en 1802 même par la Paix d’Amiens, mettait fin à un état de lutte qui durait sans interruption depuis 1792, – l’Europe renonçait à rétablir en France l’ancien Régime, et reconnaissait, outre la conquête des frontières naturelles françaises, les effets de la propagande révolutionnaire en Hollande, en Italie, en Allemagne. D’ailleurs, 1802 est, précisément à cause de la paix qu’il rend complète, la consécration définitive du pouvoir personnel de Bonaparte. C’est pour cette raison que commence à fonctionner l’administration nouvelle, que se signe le Concordat, et qu’en général se décident ou s’appliquent les principales et les plus durables des réformes accomplies par Bonaparte. »

La composition est ainsi divisée : I Situation en Europe ; II Étendue territoriale ; III Le Gouvernement en 1802 ; IV L’administration Citons la Conclusion générale : « Ainsi donc en 1802, la France recouvrait la paix à l’extérieur, en voyant consacrer ses conquêtes, et reconnaître sa situation prépondérante en Europe. D’autre part, si l’œuvre politique jusque là accomplie par Bonaparte était le rétablissement d’un pouvoir absolu que ne limitaient pas les traditions de l’A[ncien] Régime, son œuvre sociale devenait féconde, et rendait à l’intérieur la tranquillité et l’ordre dont la patrie était privée depuis 13 ans. »

En tête, le professeur a noté : « Plan net et connaissances étendues. Qq. petites erreurs ou confusions. Conclon un peu superficielle ». La note obtenue est 15, et la copie est marquée au classement « 1er », au crayon rouge.

LNC, I, p. 17 et p. 27.

4 000 - 5 000 €

GAULLE Charles de.

2 manuscrits autographes signés, Composition d’Histoire, [1908] ; 10 et 11 pages grand in-8.

Deux devoirs d’histoire, sur l’Ancien Régime et sur la guerre de 1870, faits au collège Stanislas, en classe préparatoire à Saint-Cyr.

Ces compositions, signées en tête « Charles de Gaulle », sont annotées et commentées au crayon par le professeur.

L’administration provinciale sous l’Ancien Régime. Nouvelles institutions administratives créées par l’Assemblée constituante. Leur fonctionnement. Leurs transformations sous le gouvernement révolutionnaire.

« L’une des caractéristiques les plus nettes de la Révolution française fut l’extension considérable que prit la vie municipale et locale dans le pays. Sous l’ancien régime cette vie n’existait pas, et d’autre part, l’administration émanant du pouvoir central était aussi surannée et incomplète que possible. »

La composition est divisée en trois parties : I L’Administration provinciale sous l’Ancien Régime ; II Institutions administratives créées par la Constituante ; III Transformation sous le gouvernement révolutionnaire

Conclusion : « Ainsi donc, on voit se dégager de l’étude des transformations administratives de 1789 à 1795, ce principe qu’à une centralisation exagérée, rendue d’ailleurs plus lourde encore par un système suranné d’administration, et une absence à peu près totale de vie locale, succéda d’abord une décentralisation excessive. Cette décentralisation, de caractère fédéraliste avant tout, ne fut pas inutile dans l’ensemble mais un état de choses particulièrement périlleux pour la nation et un désir de dictature du seul pouvoir réel de ce temps : la Convention amena sous le gouvernement révolutionnaire un nouveau mouvement centralisateur, d’autant plus que la France, nation unie et homogène, ne pouvait s’accommoder d’une trop grande absence de cohésion. »

En tête, le professeur a noté : « Ds l’ensemble bien vu et clair[emen]t disposé surtout les 2 1ères parties, la 3e + confuse. Qq. parties inutiles. Au total résultat satisfaisant ». La note obtenue est 15, et la copie est marquée au classement « 1r », au crayon rouge.

Le traité de Francfort et les conséquences européennes de la guerre de 1870-1871. « Avec les traités de 1815, et comme eux, au désavantage de la France, le traité de Francfort est la convention internationale qui modifia le plus profondément l’équilibre de l’Europe, la situation de chacune des puissances à l’intérieur comme à l’extérieur. Outre qu’il consacre la fondation définitive d’un Empire d’une puissance économique et militaire prépondérante, il abaisse au second rang la France, depuis vingt ans à la tête de la politique européenne, et achève la défaite de l’Autriche-Hongrie en la privant désormais de tout droit d’intervenir dans les affaires allemandes. La politique de chacune des puissances européennes est, depuis le Traité de Francfort, radicalement changée, et leur développement économique subit les plus grandes modifications. Les conséquences du traité régissent depuis quarante ans la politique des nations, soit que cette politique concentre ses efforts sur le Continent comme celle de l’Autriche, soit qu’elle cherche dans les colonies des débouchés commerciaux nouveaux (Angleterre, Allemagne) ou un moyen de retrouver une importance et une gloire perdues en Europe même (France). »

La composition est divisée en quatre parties : I L’armistice et le traité de Francfort ; II Conséquences directes du traité et de la guerre de 1870-1871 ; III La question d’AlsaceLorraine ; IV La question d’Orient

En tête, le professeur a noté : « Vs connaissez beaucoup de choses, mais av qq lacunes ou confusions qui eussent été faciles à éviter. L’interprétation généralt passable, est sommaire pr la question principale […] Vs poussez trop loin l’examen des conséquences ». La note obtenue est 15, et la copie est marquée au classement « 1r », au crayon rouge.

LNC, I, p. 22 et 39.

4 000 - 5 000 €

GAULLE Charles de.

Manuscrit autographe signé, La Pologne depuis 1814, [1908] ; 12 pages grand in-8.

Devoir d’histoire sur la Pologne, fait au collège Stanislas, en classe préparatoire à Saint-Cyr.

Cette composition, signée en tête « Charles de Gaulle », est annotée et commentée au crayon par le professeur.

« L’histoire de la Pologne au dix-neuvième siècle est celle d’une nationalité qui, bien que partagée entre trois états beaucoup plus puissants, a su se maintenir intacte. Les Polonais n’ont perdu ni leur langue, ni leur religion, ni leur culture générale malgré les malheurs qu’elles ont attirés sur eux. La vitalité durable de cette nation se manifeste depuis 1814 à deux reprises différentes en 1830-1831 et en 1863, par des révolutions générales, mais à aucun moment, même aux époques où l’ordre y fut le moins troublé, l’ensemble des traditions et des sentiments nationaux ne perdit du terrain en Pologne. »

La composition est divisée en cinq parties : I État de la Pologne après le Congrès de Vienne ; II La Révolution de 1830-1831 ; III La Révolution de 1863 ; IV La Russification en Pologne ; V Les Polonais en Prusse et en Autriche

Conclusion : « Ainsi donc, après un siècle de malheurs, de compression violente, de tentatives d’assimilation de la part de leurs dominateurs, malgré la rupture de leur territoire en trois morceaux chacun occupé par un état absolument différent des deux autres dans sa manière de procéder, la nationalité polonaise se maintient, aussi vivante que jamais.

Cela tient, sans doute, en dehors du patriotisme ardent des Polonais, à ce qu’ils ont su garder leur unité de langue, de religion et de tradition. »

En tête, le professeur a noté : « La question est très bien sue, sauf qq. petites omissions de détail, et bien comprise ; vous en montrez passablt l’intérêt et la haute portée générale. Vous auriez pu insister, en conclon, sur l’admirable force de résistance du peuple polonais et la survivance du droit à la force ». La note obtenue est 15, et la copie est marquée au classement « 1r », au crayon rouge.

LNC, I, p. 32.

3 000 - 4 000 €

Charles de Gaulle au collège Stanislas pendant son année de préparation à Saint-Cyr, en 1908 (dernier rang, troisième en partant de la gauche).

GAULLE Charles de.

2 L. A. S., Riedern 23 juin et 3 juillet 1908, à ses parents

Henri et Jeanne de GAULLE ; 4 et 3 pages pet. in-8. Vacances en Allemagne.

23 juin, à son « cher Papa ». Il évoque d’abord le succès de son frère Xavier à ses examens… « Vous me demandez si j’ai poussé mes promenades jusqu’à l’autre versant de la Forêt Noire : non, pas encore, mais avec votre autorisation, j’irai passer quelques heures à Fribourg que tout le monde dit être une ville remarquable. Le temps, pour le moment, ne s’y prête pas : il s’est complètement gâté cette nuit, ce qui cause aux paysans beaucoup de plaisir, et à moi beaucoup d’ennui ». Il parle d’un commissionnaire qui a participé au siège de Strasbourg et « parle du bombardement de Strasbourg avec un enthousiasme fanatique. Il est vrai que le jour où je lui ai parlé, il avait, je crois, bu un peu trop de schnaps. Il y a dans le village un vieux soldat bavarois, qui a, paraît-il, fait les deux campagnes de 66 et de 70. Mais je n’ai pas encore eu l’occasion de le faire causer. Les Badois ont perdu beaucoup de monde pendant la campagne de France », comme le montrent les plaques commémoratives. Les journaux allemands « sont assez montés contre nous. […] Évidemment, il y a quelque chose de changé en Europe depuis trois ans et, en le constatant, je pense aux malaises qui précèdent les grandes guerres, notamment celle de 70. J’espère toujours que cette fois, les rôles seraient renversés »… Il ajoute : « Au point de vue chrétien, j’entends généralement à sept heures la messe du vicaire. Le Dimanche, grand-messe à 8 heures ½ ; vêpres à 1 h. ½, salut à 8 heures »…

3 juillet, à sa « chère Maman ». Il est revenu de Fribourg, enchanté de son voyage. Avec le vicaire , il a « visité à fond la ville. Nous sommes montés jusqu’au haut du clocher de la cathédrale et, de là, l’on découvre la plaine du Rhin d’abord et les Vosges ensuite, ce qui est magnifique. Une hauteur abrupte nommée le Lillisberg domine Fribourg. Il y avait là autrefois un vieux château féodal que nos canons ont démoli et qu’a remplacé une forteresse construite par Vauban et en grande partie détruite maintenant. De là-haut, on voit la France par la trouée de Belfort, et c’est par là aussi que je vous ai salués de loin ». Le curé veut l’emmener à un pèlerinage en Suisse, « disant que c’est une excursion magnifique, une occasion unique de voir les Alpes suisses » ; il prie sa mère de lui avancer ses étrennes, afin qu’il puisse faire ce voyage…

LNC, I, p. 44 et 46.

2 000 - 3 000 €

13

GAULLE Charles de. Manuscrit autographe signé « Charles de Lugale », Zalaïna, [1908] ; 6 pages in-8.

Nouvelle exotique de jeunesse.

Cette nouvelle, marquée par la lecture de Pierre Loti, est située en Nouvelle-Calédonie. Un jeune officier de l’armée coloniale tombe amoureux de la belle Zalaïna, fille d’un sorcier. L’officier échappera de peu à la mort, à laquelle Zalaïna a succombé : elle avait apporté des fleurs vénéneuses, espérant que leurs deux âmes « iraient rejoindre les ancêtres et vivraient ensemble éternellement »…

LNC, I, p.47.

4 000 - 5 000 €

GAULLE Charles de.

Poème autographe signé « Charles de Lugale », Je voudrais !…, [1908] ; 1 page in-8.

Poème de jeunesse.

Il est composé de trois sizains (18 vers).

« Quand je devrai mourir, j’aimerais que ce soit Sur un champ de bataille ; alors qu’on porte en soi

L’âme encor tout enveloppée

Du tumulte enivrant que souffle le combat, Et du rude frisson que donne à qui se bat Le choc mâle et clair de l’épée »…

LNC, I, p. 50.

BnF, Charles de Gaulle,n° 26.

1 500 - 2 000 €

15

GAULLE Charles de.

Note autographe signée pour La Fille de l’Agha, 1910 ; sur couverture cartonnée grise (1 page) d’une plaquette grand in-4.

Écrit de jeunesse.

Sur la couverture de cette plaquette, de Gaulle a inscrit le titre La Fille de l’Agha, et rédigé cette note : « Nouvelle publiée par moi en 1910 dans “le Journal des Voyages”, C. de Gaulle ».

La plaquette contient la reproduction photographique du texte paru dans le numéro du 6 février 1910 de l’hebdomadaire Journal des voyages et des aventures de terre et de mer (p. 155-156), signé du pseudonyme Charles de Lugale, et portant le surtitre Le Secret du spahi. Affecté dans le sud de l’Algérie, l’officier Meillan, lieutenant du 5e spahis, s’éprend de la belle Medella, fille de l’agha des BeniMatar dont il doit empêcher les pillages.

LNC, I, p. 57-61.

500 - 800 €

16

GAULLE Charles de.

Manuscrit autographe, [vers 1910] ; 4 pages in-8, avec ratures et corrections.

17

Nouvelle de jeunesse, inédite.

« Le général russe S… à la retraite depuis bientôt dix ans, tient, malgré son grand âge, à venir passer chaque année un mois à Paris où il compte quelques amis et une foule de relations »… Il conte au narrateur une aventure survenue en 1858 lors d’une campagne dans le Caucase. Après la disparition nocturne de deux sentinelles, il décide de monter lui-même la garde ; il entend un chant de femme, « très doux » et étrange, « d’une mélancolie immense », et croît en lui « le désir âpre, lancinant, irrésistible de voir l’ange ou la femme qui chantait ». Bientôt apparaît « une forme vague, imprécise, féerique » ; et il se met à suivre cette apparition, qui l’entraîne devant une grotte, refuge de Tcherkess. Grâce à un vieux sergent, il échappe à la mort ; ce fut son baptême du feu.

On joint un fragment de scène rassemblant un maire, la famille du bedeau et les pompiers (demi-page in-4) ; – et l’ébauche d’une autre nouvelle contant la visite d’un nouveau prétendant à la main d’une fille difficile à marier, et qui s’achève par « une 25e désillusion » (5 pages et quart in-4).

3 000 - 4 000 €

GAULLE Charles de.

Manuscrit autographe signé « Charles de Lugale », Le couvent thibétain, [vers 1910] ; 2 pages et demie in-8, avec ratures et corrections ; incomplet (p. 1-2 et 10).

Nouvelle de jeunesse, inédite.

Le narrateur rencontre son ami « le capitaine Wolfton de l’armée anglaise des Indes », et s’étonne de voir que ses cheveux sont devenus blancs. Le capitaine raconte alors l’aventure survenue, lors d’une mission, à Tchang-la-tsé au Thibet ; atteint d’une fièvre, il va loger dans un couvent bouddhiste abandonné… La fin évoque un « vieux moine, dernier survivant d’un ordre éteint, et qui, déjà à demi-saisi par la mort, sortait de la niche de momie où il s’était placé pour l’attendre, afin de punir l’étranger violateur de son couvent »…

On joint 2 feuillets d’une première version, inachevée.

1 500 - 2 000 €

Charles de Gaulle en uniforme de Saint-Cyrien, en 1910.

Les montres du général de Gaulle

Cet ensemble de montres variées, à découvrir chronologiquement au fil du catalogue, à la fois objets personnels et objets symboliques, est un souvenir émouvant d’une figure historique de la France du XXe siècle. Ces objets sont un témoignage de la vie de celui qui incarne encore aujourd’hui « Le Prestige de la France », le général de Gaulle.

Ces montres, qui racontent chacune à leur manière « la petite histoire dans la grande histoire », sont émouvantes, car elles matérialisent un moment qui nous touche chacun au plus profond de nous-mêmes. Face à ces objets, c’est l’émotion qui prime, et mettre des mots sur cet ensemble ayant appartenu au général de Gaulle devient presque impossible.

Le général de Gaulle, qui n’a jamais accordé de valeur particulière aux objets « de luxe », était en revanche sensible aux marques et aux signatures emblématiques du savoir-faire français. La maison Lip, souvent représentée à son poignet ou exposée sur son bureau, est l’une des marques qu’il avait fièrement choisies pour représenter la France.

Lip est la marque française qui incarna comme aucune autre le savoir-faire horloger national au siècle dernier. Toujours à la pointe de l’innovation, notamment avec les montres électroniques, la manufacture annonça dans les années 1960 les prémisses d’une nouvelle ère, celle du quartz.

Parce que Lip était l’une des marques horlogères fétiches du général de Gaulle, deux objets en particulier sont extrêmement touchants dans cet ensemble : une montre bracelet de type R27 portant la mention « Patent Pending » (lot n° 318) et une pendulette chronomètre de marine certifiée

par l’Observatoire de Besançon, qui lui fut offerte par Fred Lip et qu’il prit soin d’installer dans son petit bureau à l’Élysée (lot n° 340).

Faisant écho au prestige de l’industrie Française, Lip était un choix évident pour le premier Président de la nouvelle Ve République. Discrète, innovante et fabriquée en France, la montre Lip reflète le rapport qu’entretenait le général de Gaulle avec l’horlogerie : la recherche d’un accessoire idéal pour affirmer son soutien à l’industrie française.

Depuis le début de son histoire, il y a plus de 500 ans, la montre a une dimension personnelle, intime et symbolique. Souvent utilisée comme présent et offerte en remerciements, elle peut également, comme la montre de famille offerte en 1944 par le Bey de Tunis au général de Gaulle, être le témoignage précieux d’une amitié ou d’une reconnaissance extrême (lot n° 174).

L’année 1944, qui représente la liberté retrouvée pour la France, avec le débarquement des forces alliées sur les plages de Normandie le 6 juin puis la Libération de Paris le 25 août, est figée au dos de cette montre. Aussi historique que symbolique, la gravure qui figure sur le fond du boîtier est sans équivoque et prend tout son sens :

« En souvenir au général de Gaulle Tunis 7 Mai 1944 ».

À travers cet ensemble, les amateurs pourront découvrir les montres et pendulettes (dont lot n° 361) qui ont accompagné le général de Gaulle tout au long de sa vie. Intimement liés à l’homme providentiel de l’Appel du 18 juin 1940, ces objets sont aussi personnels qu’historiques et indissociables de la France du XXe siècle.

L. LEROY ET CIE

No. 11038

Montre de gousset en or jaune 18k (750)

Boîtier rond sur charnière, cuvette en or portant la mention « L. Leroy & Cie Horlogers de la Marine 7 Bd de la Madeleine Paris No. 3874 », le dos avec des initiales gravées (couronne de remontoir avec bélière manquante).

Cadran émail blanc avec chiffres romains pour les heures et arabes pour les minutes, minuterie de fer et trotteuse excentrée, signé.

Mouvement mécanique avec remontage à couronne (prévoir une révision complète).

D. : 50 mm

Poids brut : 85 g

L. Leroy est une maison horlogère française de luxe fondée en 1785 par Basile-Charles Le Roy à Paris. Dès ses débuts, la marque s’est distinguée par la qualité et la précision de ses montres, attirant une clientèle prestigieuse, notamment la famille impériale française et d’autres cours européennes.

Au fil des générations, l’entreprise a évolué sous la direction des descendants de Basile-Charles. En 1828, son fils Charles-Louis rejoint l’entreprise, qui devient alors « Le Roy & Fils ». Plus tard, en 1892, Louis Leroy, petit-fils du fondateur, prend la direction et renomme la société « L. Leroy & Cie », période pendant laquelle cette montre a dû être produite.

Parmi les réalisations notables de la maison, la montre « Leroy 01 », présentée en 1900 lors de l’Exposition universelle de Paris, est considérée comme la montre la plus compliquée du monde à l’époque, elle est aujourd’hui exposée au Palais Granvelle à Besançon. Au cours du XXe siècle, L. Leroy a continué d’innover, notamment en installant en 1910 le premier système de transmission de signaux horaires radiotélégraphiques au sommet de la Tour Eiffel.

400 - 600 €

19

ANONYME

No. 10913

Montre de gousset savonnette en argent accompagnée d’une chaine et deux clefs de montres

Boîtier rond sur charnière, cuvette en métal doré, deux carrés de remontage, le recto et verso sont décorés de motifs de fleurs ciselés et d’agrafes feuillagées

Cadran émail blanc avec chiffres romains et minuterie chemin de fer

Mouvement mécanique avec remontage à clef (prévoir une révision complète)

D. : 45 mm

Poids brut : 47 g

200 - 400 €

20

GAULLE Charles de. Carnet de dessins.

Vers 1910.

In-8 oblong (12,7 x 21 cm), bradel toile grège, fermant par un élastique, avec porte crayon sur la tranche supérieure.

Le carnet, exécuté vers 1910, alors que Charles de Gaulle est à Saint-Cyr, renferme 4 dessins au crayon : – paysage fluvial avec église en bordure de bois et constructions (fortifications ?) au premier plan, – village vraisemblablement fortifié (avec chapelle et donjon) dans un paysage de plaine, – habitations au pied d’une colline, avec mur d’enceinte, – village avec usine (grande cheminée), dans un paysage de plaine.

Le carnet était présenté dans l’exposition de la BnF, Charles de Gaulle, la conquête de l’histoire (1990), sous le n° 30, avec le premier dessin reproduit au catalogue.

Touchant témoignage des années de formations de Charles de Gaulle, tout à la fois intéressé par les arts, la littérature et l’art militaire. À notre connaissance, c’est ici l’unique trace de ses talents de dessinateur, si l’on excepte les croquis pour ses évasions et pour des études militaires.

BnF, Charles de Gaulle, n° 30.

1 500 - 3 000 €

GAULLE Charles de.

2 L. A. S. et carte postale a.s., 1910, à ses parents Henri et Jeanne de Gaulle ; 2 pages et demie in-8 à en-tête 33e Régiment d’Infanterie avec vignette aux drapeaux (petites taches), carte postale illustrée avec timbre et adresse écrite au crayon, 3 pages in-8 avec vignette aux drapeaux.

Lettres du jeune officier saint-cyrien à ses parents.

Il a été d’abord affecté au 33e régiment d’infanterie, cantonné à Arras, et a été promu caporal.

Arras 12 janvier 1910. Il écrit à son « cher Papa » de la « Coopérative » de son quartier, dans une salle « réservée aux épistoliers »… « D’ici à dix jours (quinze jours au plus tard), aura lieu l’examen des élèves-caporaux qui sont susceptibles de passer à quatre mois. La préparation de cet examen nous occupe réellement beaucoup. Outre ce que nous avons à savoir en théorie (et ce n’est pas à dédaigner), nous étudions aussi la pratique, c’est-à-dire l’art de faire bonne figure devant la troupe et de la commander comme il convient ; qu’il s’agisse de l’école du soldat ou de l’école de section. » Il doit faire samedi une conférence devant tout le bataillon. « Nous revenons d’une marche de vingt-quatre kilomètres qui a été assez fatigante à cause de la pluie et de la boue des chemins. C’est d’un bon entraînement pour les marches d’épreuve qui se feront bientôt, et qui, paraît-il, sont un exercice assez dur. Jusqu’à présent, d’ailleurs, la marche ne m’a jamais paru difficile, même avec notre chargement actuel qui ressemble fort au chargement complet : c’est effectivement du côté du sac que j’attendais, pour mon compte, les ennuis. Ils ne se sont pas produits »…

11 août 1910. La carte postale représente « ma section entrant dans le village de Sissonne ; le lieutenant Riquier la commande. Si nos hommes sont fatigués, songez que nous avons déjà 25 km avec le sac dans les jambes et sans grand’halte ». Charles de Gaulle est repéré sur la photo, le plus à gauche du rang.

Saint-Cyr 20 octobre 1910, à sa mère. « La première semaine de mon séjour à SaintCyr s’achève, au milieu de la pleine activité qui y régnera désormais pour moi. Nos journées sont mieux que remplies avec nos cours, nos études, nos exercices militaires, l’escrime, le cheval, l’astique, la gymnastique, etc., et nous sommes, en dépit d’un an de régiment, un peu courbaturés par ces débuts très brusques d’occupations si diverses ». Il s’inquiète de la santé de son frère Pierre… « Le temps ici est abominable depuis deux jours et a changé en un cloaque le plateau de Satory où nous pataugeons de une à quatre pour l’exercice. Notre sortie de dimanche sera subordonnée à deux questions, celle des grèves qui me semble-t-il est résolue et celle de l’habillement qui ne l’est pas tout à fait »…

LNC, I, p.54, 55 et 56.

On joint une carte postale a.s. à sa mère, de Nancy [1911 ?] ; plus la reproduction d’une carte postale à son père (11 mars 1911).

3 000 - 4 000 €

GAULLE Charles de. Manuscrit autographe, [Du patriotisme, 1913] ; 9 pages petit in-8 (pag. 1-10, le 2e f. manque).

Beau texte de jeunesse sur le patriotisme.

Le titre a été donné par l’amiral Philippe de Gaulle, lors de l’édition dans les Lettres, notes et carnets, avec cette note : « Cette conférence a probablement été prononcée au cours de l’année 1913 ». Le manuscrit présente des ratures et corrections ; il est paginé 1-3 à 10, mais le 2e feuillet a dû être supprimé et remplacé par une addition en tête de la page 3 ; la fin manque, ou le texte est resté inachevé. Cette conférence sur le patriotisme s’inscrit, comme l’indique le premier paragraphe, dans le cadre d’« essais oratoires » faits devant des camarades. De Gaulle souligne que son propos n’est pas puisé dans les livres, mais « au plus intime de mes propres convictions ».

Le patriotisme est d’abord « une sorte de patrimoine de race, qui porte l’homme à préférer tel peuple plutôt que tel autre ; on peut l’attribuer ensuite à l’amour naturel de chacun pour le sol qui l’a vu naître et grandir, pour les objets qui ont entouré son enfance et sa vie, pour la terre qui contient les cendres de ses aïeux ; une autre raison est encore la préférence de chacun pour les hommes dont le caractère, la langue, les mœurs, les traditions sont les mêmes que les siens. Enfin, surtout pour ceux qui, comme vous, ont le privilège d’étudier plus que d’autres les grands exemples de l’Histoire, notre patriotisme est un amour profond pour une nation qui, à toute époque, a tiré son épée, enfanté ses savants et ses théosophes, versé le plus pur de son sang pour toutes les grandes causes et renversé les obstacles que les peuples et les individus avaient jetés au travers de la civilisation »

C’est un sentiment réellement généreux et désintéressé, qui a inspiré de magnifiques exemples : Jeanne d’Arc, Duguesclin ou Montcalm… De Gaulle cite Michelet, avant d’affirmer : « Dans toutes les sociétés où la valeur morale décroît, l’amour de la patrie s’émousse car il est impossible que, dans le cœur d’hommes corrompus, germe et se développe un sentiment capable d’enfanter des héros. C’est l’histoire des Perses, des Égyptiens, des Grecs, de Rome même. Pouvons-nous penser sans frissonner que demain peut-être ce sera celle de la France, si nous, qui représentons ce que la jeunesse a de plus enthousiaste et de plus généreux, si nous ne développons chaque jour dans nos âmes la foi sacrée du patriotisme, afin d’en enflammer les autres ? »… Il faut certes combattre le chauvinisme. « Mais il faudrait encore savoir si l’on aimera jamais assez sa patrie, si l’on chérira suffisamment sa mère. Et que l’on songe d’autre part que c’est cet ardent amour, jugé excessif par quelques-uns, qui a créé la France et qui l’a défendue depuis quatorze siècles. Il fallait bien que Vercingétorix, que Jeanne d’Arc, que Villars fussent des chauvins pour avoir accompli les exploits que l’Histoire nous a transmis ; et ce ne sont certes pas des sentiments patriotiques raisonnés et discutés qui dirigèrent le bras de Duguesclin ou de Bayard. Le patriotisme est une véritable foi, il ne peut s’accroître en discutant, on ne doit pas lui commander mais on a le devoir de lui obéir »… Etc.

De Gaulle fustige au passage les antimilitaristes : « Certes, la guerre est un mal, je suis le premier à en convenir, mais c’est un mal nécessaire. La guerre est une de ces grandes lois des sociétés auxquelles elles ne peuvent se soustraire et qui les chargent de chaînes en les accablant de bienfaits. Rien ne sait davantage réveiller dans un peuple les mâles vertus et les nobles enthousiasmes que le sentiment de la patrie en danger. Rien ne porte à sa valeur morale de plus funestes coups qu’une longue paix, et des coups d’autant plus terribles qu’ils sont moins soudains et peu sûrs. C’est l’histoire des Perses, efféminés et affaiblis par leur mépris du métier des armes et chez qui les vices régnaient en maîtres. L’explication de ces faits historiques n’est pas difficile à fournir. Les vertus d’un guerrier, tout en pouvant paraître brutales à certains, n’en sont pas moins absolument généreuses et désintéressées. En voyant sa patrie menacée par des ennemis ambitieux, le citoyen comprend de suite la nécessité où il se trouve de rester viril pour la mieux défendre. Tandis qu’une paix prolongée provoque l’amour du gain et le désir du vice. Certes, la guerre traîne après elle bien des maux ; certes ce serait un grand crime pour un peuple que de la déchaîner sans raison, mais c’en serait un autre que de vouloir la détruire […] La guerre est une loi de la nature, et la nature ne veut pas qu’on porte atteinte à ses lois »…

LNC, I, p. 70-77.

4 000 - 6 000 €

Le capitaine Charles de Gaulle en 1915.

DeuxièmePremièrepartie.Guerre mondiale

Lots 23 à 61

GAULLE Charles de.

L. A. S., 7 août 1914, à sa mère Jeanne de Gaulle ;

1 page pet. in-4 (lég. mouill. et petit trou).

Début de la guerre.

« Ma bien chère Maman, Nous voici en pleine campagne, pleins d’entrain et de confiance. Les troupes sont absolument admirables.

Vous devez être bien sevrés de nouvelles car il me semble que l’état-major de l’armée arrête toute espèce de renseignements militaires. [Quant] à moi, je n’ai aucune lettre de vous ni de personne depuis le 1er août.

Nous sommes actuellement aux environs de Mézières. Mais notre destination est inconnue.

Mille baisers à vous et à tous.

Charles de Gaulle »

LNC, I, p. 78.

On joint une L. A. S. de l’ex-caporal Henri Forgeois, Cambrai 30 juillet 1914 (1 p. pet. in-4 à en-tête des assurances La Confiance, enveloppe), au lieutenant de Gaulle, sous les ordres duquel il avait servi ; « réformé pour affection cardiaque », il aimerait faire casser cette réforme : « ce qu’il y aurait à craindre pour moi c’est que mon cœur se resserre de trop en voyant partir les camarades »…

1 000 - 1 500 €

MÉDAILLE DE TABLE RECTANGULAIRE PROVENANT DU GÉNÉRAL DE GAULLE

En bronze, l’avers au fantassin chargeant, le revers marqué « Hommage à la vaillance française. Amitiés françaises Dinant 11.9.27 »

65 × 46 mm

B. E.

On joint une médaille figurant une allégorie de l’Alsace et de la Lorraine, ayant appartenue à Charles de Gaulle avant la Première Guerre mondiale.

Historique :

Par tradition familiale, cette médaille aurait été offerte le 15 août 1970 au Général en souvenir de sa blessure à Dinant, reçue au bas de la jambe le 15 août 1914. Une statue du général commémore de nos jours l’endroit où il fut blessé.

150 - 300 €

Jeanne de Gaulle, née Maillot, vers 1890

GAULLE Charles de.

2 L. A. S., Lyon 12 et 18 septembre 1914, à sa mère Jeanne de Gaulle ; 6 et 8 pages pet. in-8 ; quelques taches brunes.

Lettres de l’officier blessé, écrites de l’hôpital, et analysant les débuts de la guerre.

Blessé le 15 août sur le pont de Dinant, il a été évacué et opéré à Paris, puis soigné à l’hôpital Desgenettes à Lyon. Il rejoindra l’armée au début d’octobre.

12 septembre. « Les jours s’écoulent ici bien lentement, illuminés quant aux derniers, par le ton de plus en plus satisfait des communiqués officiels. Il paraît certain, à présent, que la grande bataille recommencée sur la Marne et sur nouveaux frais va être une pure et simple victoire, revanche méritée de nos premiers échecs en Belgique. Ensuite il s’agira de gagner la belle et la question sera tranchée. Tous les officiers blessés qui remplissent Lyon et qui viennent de tous les points du champ de bataille sont d’accord sur les raisons profondes de nos échecs du début : partout des offensives trop rapides de la part de notre infanterie que l’artillerie n’avait pas le temps de soutenir et qui nous faisaient perdre un monde énorme ; insuffisance, depuis longtemps connue du reste, d’un trop grand nombre des généraux de division, ou de brigade qui ne savaient pas utiliser les différentes armes en liaison les unes avec les autres. Enfin, au point de vue stratégique, retard sensible de notre mobilisation sur la mobilisation allemande et surtout, retard grave des Anglais précisément au point décisif, à notre extrême gauche. Heureusement l’extrême sang-froid et la décision de notre haut commandement et la valeur incomparable de notre artillerie et de notre infanterie nous ont permis de rétablir les affaires et, maintenant, instruits par l’expérience, nous trouverons nécessairement le succès. Du reste, de l’avis général, les Allemands ont eux aussi bien souvent gaspillé leur infanterie et fait des pertes énormes pour des résultats médiocres : seulement, la chance les a servis au début – si tant est que la chance existe »… Il s’impatiente de la guérison de son pied : « On va me faire suivre un traitement à l’électricité pour rendre la vie au nerf abîmé »…

18 septembre. « Les jours s’écoulent ici bien monotones et bien tristes, et vraiment je commence à croire que mon pied va rester indéfiniment comme il est. On me fait subir depuis quatre jours un traitement par électricité et massages cela va bien bien lentement. […]

Après la bataille de l’Aisne qui, j’en suis persuadé, va se terminer à notre avantage, et quel que soit l’état de l’armée ennemie, je crois que la nôtre sera absolument obligée de suspendre quelques semaines ses opérations actives, car les pertes de l’infanterie sont maintenant fantastiques. Nous nous heurtons au très grave inconvénient de l’épuisement momentané. Après les efforts gigantesques de ces premières semaines de campagne il faudra, pour reprendre des opérations à grande envergure en pays ennemi, attendre que la classe 1914 et les engagés volontaires soient instruits et puissent remplir un peu nos régiments, et aussi reconstituer des cadres. Il faudra surtout durcir son cœur pour que les propositions de paix que l’ennemi ne manquera pas de nous faire soient rejetées d’une seule voix par l’opinion publique. Outre une loyauté élémentaire, c’est notre intérêt le mieux entendu qui nous oblige à ne pas déposer les armes avant d’avoir rejoint les troupes russes à travers l’Allemagne. Sinon, ce serait à recommencer dans dix ans »…

LNC, I, p. 89 et 91.

4 000 - 5 000 €

26

GAULLE Charles de.

L. A. S., Lyon 14 septembre 1914, à son père Henri de Gaulle ; 8 pages petit in-8 (petits manques marginaux).

Chant de victoire après la bataille de la Marne.

« Voici donc que s’achève – et de quelle façon ! – la première partie de la campagne de la Revanche. L’ennemi, plus insolent que jamais de ses succès du début, voit sa volonté brisée et la nôtre s’imposer à lui ; il est contraint de fuir devant nos troupes. Nos morts de Montmirail, de La Fère Champenoise, de Craonne ont dû tressaillir dans leurs tombeaux comme le grenadier de Heine, en entendant le pas victorieux de nos soldats et le roulement terrible de nos canons. La France reprend conscience d’ellemême : elle l’avait perdue depuis ses désastres, et pour ceux-là surtout qui comme vous y avaient assisté, quelle immense, quelle indicible joie ! De tels moments éteignent dans un peuple les égoïsmes des individus, y embrasent l’esprit de sacrifice, en font jaillir à flots le courage, en faisant sentir à tous que nul ne vaut en dehors de la patrie. Et pourtant, gloire suprême et inattendue, la France célèbre son triomphe en silence, resserrant encore la discipline qu’elle s’impose ; telle une troupe mobile et bruissante à qui un chef commande : “Garde à vous !”

Et pourtant, il est manifeste que l’ennemi avait sur nous bien des avantages militaires : ils l’ont du reste servi au début. Stratégiquement il avait l’initiative des armements et en particulier de la mobilisation, il avait surtout cette décision prise d’avance de violer la neutralité belge avec presque toutes ses forces, décision que nous ne pouvions avoir sans la sienne ; décision qu’il fallait prévoir, mais que l’on pouvait également considérer comme une feinte. Cela a certes pesé d’un poids très lourd sur la répartition initiale de nos forces qui certes était défavorable. Enfin, lourde faute du gouvernement anglais ne se décidant à la guerre qu’à la toute dernière limite, et s’y trouvant très mal préparé au point de vue de son armée. Retard considérable des troupes anglaises sur ce qui était prévu et promis, et retard justement au point décisif à notre extrême gauche. Je ne parle pas de leur nombre bien modeste (70 000 hommes au plus) par rapport à ce que notre opinion publique espérait.

Au point de vue tactique, les Allemands se sont trouvés servis au début par l’excès de nos qualités. Sur tous nos champs de bataille du début l’infanterie a attaqué furieusement et d’ailleurs inconsidérément. D’autre part un commandement de corps d’armée et surtout de divisions et de brigades trop souvent vieilli, sans grande initiative et sans décision suffisante ne sut pas donner à l’artillerie et au génie les ordres qu’il fallait pour l’appuyer au moment voulu. D’où sur presque tous les points des pertes terribles et immédiates provoquant un très petit nombre de défaillances mais arrêtant surtout nos élans.

L’expérience cruelle une fois faite, notre armée était par ailleurs suffisamment instruite pour en profiter sur-le-champ. Le généralissime [JoFFre] a tout de suite limité les frais en ne s’acharnant pas à la bataille décisive sur la Meuse. Il a choisi un nouveau terrain, échappé sans à-coups à l’étreinte ennemie et modifié complètement la disposition défectueuse de ses forces. D’autre part, sur la Marne, de l’avis de tous les blessés qui nous arrivent, le combat fut beaucoup mieux coordonné, l’offensive plus raisonnée, la liaison des armes meilleure. La victoire nous a souri aussitôt. L’ennemi ne pourra pas arrêter notre poursuite avant la Meuse et le Luxembourg au plus tôt, et nous aurons toute la gloire d’avoir, sans que les Russes nous aient été indispensables, battu dans la grande et décisive bataille l’armée qui se considérait comme la première du monde »…

LNC, I, p. 90.

4 000 - 5 000 €

GAULLE Charles de.

2 manuscrits autographes, Le Baptême, [1914] ; 20 pages in-4 et 17 pages in-fol.

Nouvelle autobiographique.

Différente des récits de 1908 ou 1910, cette nouvelle autobiographique, composée à Lyon pendant son hospitalisation, en septembre 1914, « qui évoque le désarroi d’un soldat de vingt-trois ans blessé dès le début de la guerre et ainsi privé d’une aventure dont il avait tant “rêvé”, témoigne de qualités romanesques plus authentiques » (Jean-Luc Barré).

Le récit s’ouvre sur l’agitation du bataillon se rassemblant « dans la cour du Quartier Vauban […] pour le grand départ ». Le lieutenant Langel est là, inquiet et mélancolique : « Mon Dieu ! Cette guerre, l’avait-il rêvée ! D’abord par imagination d’enfant, puis par ambition aventureuse de jeunesse, enfin par impatience de sa capacité professionnelle. Et maintenant que la guerre était là, l’inquiétude saisissait l’officier : Seraitil brave, lui qui rêvait de l’être tant ? »… Soucieux de ne pas donner un mauvais exemple à ses hommes, il ne jette pas un regard à l’amie venue lui dire adieu. Le combat a lieu dans une petite ville belge ; avant l’attaque, le capitaine, se doutant qu’il sera tué, confie à Langel, pour qu’il le remette à sa femme, son portefeuille ; en montant à l’assaut, Langel, qui a appris la mort de son capitaine, est gravement blessé. À l’hôpital militaire de Lyon, où « la bataille des frontières déversait sans cesse des blessés », Langel repose : « Opéré la veille, le cerveau brumeux encore d’éther, une seule pensée l’occupait, celle de ses armées ; la même qu’il lisait dans tous les yeux et qu’il sentait monter de la ville. Il n’était pas question d’autre chose dans les conversations des quatre officiers couchés dans la chambre. Nos armées, depuis deux semaines, reculaient devant l’ennemi. La capitale était menacée. Chacun savait qu’un suprême effort était en cours pour endiguer l’invasion »… La femme, dans ses voiles noirs, vient visiter son amant, qui lui remet le portefeuille confié par son mari ; le soir même, Langel écrit à sa maîtresse une lettre de rupture. Le lendemain matin, les journaux apportent la nouvelle de la victoire : « L’ennemi se repliait devant nos armées. C’était l’invasion endiguée, l’avenir de la patrie certain.

Dans l’hôpital, ce jour-là, on eût dit que la douleur s’était éteinte. […] Langel tâchait d’adoucir du même baume la blessure de son amour arraché. Parmi tant de sacrifices, dont la victoire était pétrie, qui sait si celui-là n’avait pas compté ? ».

Le manuscrit de premier jet (20 pages grand in-8), à l’encre noire, est surchargé de ratures et corrections, à l’encre ou au crayon, avec de nombreux passages entièrement biffés et supprimés, et d’importantes variantes. Le héros n’a pas encore de nom. La conclusion n’a pas encore trouvé sa forme définitive : « X. pensait. Le faisceau de ce qu’il venait de voir à la lueur brutale du drame lui apparut comme uni d’un évident lien. De tout son esprit sincère il comprit la Vérité éternelle : il eut l’inoubliable certitude que l’existence de sa race avait une fois de plus triomphé grâce à la discipline féconde du Sacrifice. »

Le manuscrit définitif, à l’encre noire sur un papier de plus grand format (17 pages grand in-4), est écrit avec soin à l’encre noire, et présente encore des ratures et corrections. Le héros a trouvé son nom, et la conclusion a trouvé sa formulation.

LNC, i, p. 93-100.

On joint le tapuscrit (12 pages grand in-4) ; à la fin, signature autographe « Charles de Gaulle », et adresse autographe : « M. de Gaulle, 14 Square Desaix, Paris XIVe » (son adresse de 1921 à 1931).

15 000 - 20 000 €

28

GAULLE Charles de.

3 L. A. S. (la 3e incomplète du début), octobre 1914, à sa mère Jeanne de Gaulle ; 4 pages in-12 (un bord rogné), 8 pages in-12 (manques marginaux), 5 pages in-12.

Lettres du lieutenant qui se rétablit à Cognac avant de repartir pour le front. Cognac, 3 octobre. Il est arrivé la veille. « Cognac est une très gentille ville et contrairement à la plupart des villes du Sud-Ouest une ville opulente et propre. Un bon nombre de maisons superbes y sont à présent disponibles, celles des Allemands qui résidaient habituellement ici et y fabriquaient ou y maquillaient nos eaux-de-vie. Le Dépôt du Régiment y est admirablement installé et accueilli. Il regorge d’hommes en ce moment, car un bon nombre de soldats blessés achèvent de s’y rétablir. Le capitaine Bataille, encore incomplètement remis, y est arrivé hier, de Marenches et de Saxcé y sont aussi ; le commandant Batbedat vient de partir pour le front, remplacé par un chef de bataillon en retraite dans le commandement du dépôt. Comme je le pensais notre régiment a beaucoup souffert. Il reste au feu de ceux qui sont partis parmi les officiers de l’active : un chef de bataillon, trois capitaines et deux lieutenants (Corbeil et Rives). Une nouvelle m’a fait plaisir, j’ai été après Dinant proposé par le colonel pour la Légion d’Honneur. Mais qu’est-ce devenu ? Je ne me fais aucune illusion. On ne décore pendant la guerre que les officiers anciens et sur le point de l’être de toute façon, ou bien quelques-uns de plus jeunes qui ont décroché la lune. […] La bataille de l’Aisne continue à se développer lentement mais sûrement en notre faveur »…

Cognac 5 octobre. « Il fait ici un temps superbe, et d’après les dires des blessés et évacués qu’on amène ici, la pluie n’est pas tombée depuis plusieurs jours sur le pays. En ce moment, le 33e est dans les tranchées près de Reims à quatre ou cinq cents mètres des tranchées ennemies. Quelques actions de nuit peu importantes à entreprendre ou à repousser et un bombardement sans trêve à subir mais qui ne fait pas grand mal, voilà leurs occupations actuelles. Tous s’accordent à dire que tout le monde est en excellente humeur. Ils mangent par jour 700 gr. de viande par homme, font du café toute la journée. On leur distribue force cognac, cigares même. Bref pour nous les agréments de la campagne sont venus après la victoire, naturellement. La grande bataille se déroule sans que notre succès puisse faire de doute. Les deux gros efforts de l’ennemi sur la Meuse d’une part et dans la région de Roye d’autre part ont été brisés. Au contact notre volonté se réalise sans arrêt. Nous avons construit de toutes pièces jusque vers Béthune la deuxième branche d’un formidable compas. À présent, de Noyon à Arras toute notre aile gauche va marcher vers l’Est, enfonçant l’aile droite ennemie. La décision ne tardera plus guère. Les Allemands se préparent à attaquer Anvers avec fureur, et, si on y laisse les Belges livrés à eux-mêmes, je ne doute pas de la capitulation prochaine de

Deuxième partie. – Première Guerre mondiale

la place. […] Namur [s’est] rendu immédiatement au moment de la bataille de Charleroi, alors qu’on comptait sur la place pour flanquer l’aile droite de notre armée ; voyant cela, le général Franchet d’Esperey a jeté dans la ville deux régiments disponibles dont le 148e (Régiment de Givet). Ces deux régiments ont été détruits entièrement, partie par l’ennemi, partie par la masse des fuyards belges affolés. Ce ne fut pas la moindre raison de l’échec de notre offensive sur la Sambre. À Anvers, l’armée belge se trouve paralysée, incapable maintenant d’une résistance sérieuse, noyée d’ailleurs au milieu d’une population innombrable et terrorisée […] À chaque sortie, les Belges n’ont pas pu tenir malgré les efforts désespérés du Roi Albert qui tâche de leur inspirer un peu de confiance. […] Tout cela explique l’insistance des Allemands à offrir la paix à la Belgique. […] Il n’est pas vrai que les Belges ont sauvé la France. La France s’est sauvée toute seule. D’autre part, je trouve dans ces défaillances la confirmation absolue de mes affirmations d’autrefois : en faisant de la politique flamingante, en refusant de renforcer leur armée, en faisant des sourires à l’Allemagne et des grimaces à la France, les Belges tournaient le dos à leur histoire et s’en trouvent châtiés »… Il annonce qu’il marche « deux heures par jour et j’entrevois comme prochain mon retour au front. Ce sera au meilleur moment »…

[Octobre 1914 ?]. « En réalité, selon moi tous nos malheurs sont venus d’une première offensive trop hardie en Lorraine où après quelques succès nous nous sommes heurtés à une contre-attaque allemande forcenée et inattendue (24 août). Nous avons eu là un gros échec qui a obligé le Généralissime [Joffre] pour rétablir les affaires à y engager la réserve qu’il destinait à sa gauche vers Charleroi. Ce malheur, combiné avec le retard imprévu des Anglais à notre gauche, a permis aux Allemands de développer leur mouvement débordant. Le général Joffre n’a pas voulu compromettre ses troupes dans une partie mal engagée. Il a préféré se replier où il est maintenant et y livrer bataille dans de bien meilleures conditions. Selon les dires de tous, partout les Allemands qui attaquent en masses et avec fureur ont eu des pertes épouvantables. Mais hélas ! nous en avons eu aussi de très cruelles. Les régiments d’infanterie d’active sont tous terriblement touchés surtout en fait d’officiers »… Etc.

LNC, I, p. 100-104.

On joint un fragment de lettre autographe (4 p. in-12) : « Il est d’une lumineuse clarté que la victoire finale est à nous et que la France a dans les mains l’occasion d’une fortune nouvelle ». Il évoque la mort d’Albert de Mun (6 octobre 1914), et commente la « prise d’Anvers »…

4 000 - 5 000 €

GAULLE Charles de.

L. A. S., 15 novembre 1914, à son père Henri de Gaulle à Paris ; 8 pages petit in-8 au crayon sur papier ligné, enveloppe.

Longue lettre écrite des tranchées.

Il n’est « toujours pas capitaine », car on ne remplace que les officiers « tués, disparus, ou promus à un grade supérieur. Les blessés ne sont pas remplacés […]. Quand je suis revenu au 33e, le colonel a de suite adressé une proposition pour moi, mais on la lui a retournée, car les nominations à titre temporaire venaient d’être suspendues »…

Quant à la situation militaire : « Ici nous ne perdons jamais un pouce de terrain, mais nous en gagnons souvent un peu. Mais c’est bien la guerre de siège. Nous attendons paisiblement la décision dans le Nord où avec une ténacité sans faiblesse nous repoussons et contre-attaquons l’ennemi. Les Allemands ont mis sur pied depuis le 1er novembre une sorte d’armée nouvelle », avec des recrues vite formées pour combler leurs effectifs : « Ils disposent ainsi pour le moment d’une certaine supériorité numérique dont ils usent avec fureur. Mais ils n’ont nulle part acquis le moindre résultat. Tout ce qu’ils ont pu nous prendre (passage de l’Yser, Wailly, Dixmude) leur a été repris aussitôt. […] pour nous contenir ils doivent dépenser contre nous ce qu’ils destinaient aux Russes. La victoire ne fait aucune espèce de doute, et si l’on s’impatiente parfois, que l’on pense à la certitude que nous avons de l’alliance du Temps. Pourtant, il ne faut pas se dissimuler que l’Allemagne, même envahie – et elle l’est –, résistera sur son territoire avec la dernière énergie. Elle dispose d’un gouvernement très solide et très résolu, d’un commandement extrêmement actif, de grosses réserves d’hommes (bien diminuées maintenant il est vrai), de places solides et de lignes de défense préparées de longue main, mais la solution est moins que jamais douteuse. Il fallait aux Russes pour entrer en action trois mois au moins ; durant ces trois mois les Allemands et les Autrichiens avaient bien espéré s’emparer de toute la ligne de la Vistule et y attendre l’écrasement des Français. Rien de tout cela n’a réussi. […]

Notre existence ici est assez monotone. Nous passons la majeure partie de nos jours dans les tranchées que nous aménageons de notre mieux. L’ennemi attaque très rarement et quand il le fait n’insiste pas car nos fils de fer, trous à loups, grilles etc. l’arrêtent avant même souvent que nous puissions le voir. De notre côté nous faisons la guerre de sape et occupons de temps en temps une tranchée ennemie, mais cinquante mètres derrière il y en a une autre. De temps en temps, la nuit surtout, ou au moment des relèves, fusillades épouvantables d’une tranchée à l’autre, sans aucun résultat bien entendu. Des deux côtés, le reste du temps, des observateurs derrière des créneaux qui voient surtout ce qui dépasse le parapet de l’ennemi, et par-ci par-là dans les bois où nous sommes un bon tireur monté la nuit dans un arbre et caché dans les feuilles, qui, le jour venu, tire quelques coups de fusil dans la tranchée adverse, descend bien vite. En première ligne, très peu d’obus, car les artilleries craignent d’attraper en même temps les leurs. Mais en deuxième ligne et en réserve, force coups de canon dont on se gare le mieux possible en s’enfonçant sous terre. Tout le monde est gaillard et disposé à l’offensive. Je vous assure que nous n’avons pas du tout des âmes de vaincus »…

LNC, I, p. 109.

On joint une L. A. S. d’Henri de Gaulle à son fils Charles, Paris, 4 août 1914 (4 p. in-8), donnant des nouvelles de ses autres fils au front.

3 000 - 4 000 €

GAULLE Charles de.

4 L. A. S., 17, 18, 20 et 22 novembre 1914 à sa mère Jeanne de Gaulle à Paris ; 4 pages in-8 avec enveloppe, 1 page in-12 avec adresse au verso (Carte postale militaire, Troupes en campagne), 4 pages in-8 avec enveloppe, 1 page in-12 avec adresse au verso (carte de Correspondance militaire) ; au crayon-encre.

Quatre lettres des tranchées.

17 novembre. « Tous ces jours-ci le temps est bien mauvais. Il pleut souvent à verse et dans nos tranchées il est bien difficile d’avoir les pieds secs. Nous aspirons à une gelée qui nous permettra de marcher sur un sol ferme, car, couverts comme nous le sommes, nous ne craignons pas le froid.

L’ennemi est bien sage en face de nous, sauf quelques bourrasques de coups de canon d’heure en heure. Il donne l’impression de vouloir avant tout qu’on lui fiche la paix par ici. Mais nous le dérangeons de notre mieux. D’après les renseignements que nous avons, les attaques furieuses qu’il dirige depuis quinze jours successivement sur chaque point d’appui de Nieuport à Arras ont régulièrement échoué, et dans de telles conditions que chacune de nos contre-attaques nous livrait des prisonniers. Enfin la supériorité d’artillerie nous est désormais acquise grâce à l’entrée en ligne récente de nos canons lourds tout neufs, et cela suffit à rendre vains ses efforts désespérés pour obtenir par ici un succès décisif au mois de novembre afin de commencer une nouvelle campagne contre les Russes. Ces derniers ne peuvent du reste prendre une vraie offensive avant le mois de décembre où les gelées permettent à leurs canons et à leurs voitures de traverser sans s’embourber la Pologne et la Prusse orientale. En effet, une fois entrés chez l’ennemi, ils ne doivent plus compter sur leurs chemins de fer.

Décembre verra donc sans doute la suprême grande bataille des Russes contre les Allemands renforcés et les Autrichiens reformés. Il est certain que ce sera pour nos alliés une troisième victoire suivie d’une invasion désormais rapide »… Il s’inquiète des nouvelles de Charleroi.

18 novembre. « Ma bien chère Maman, Rien de bien nouveau en ce qui me concerne, sinon que notre repos relatif de ces derniers jours se termine ce soir. La nuit prochaine, nous passons de nouveau en première ligne, mais cette fois en dehors des bois, ce qui nous enchante. Il gèle le matin maintenant. Puisse-t-il geler désormais tous les jours et tout le temps pour que nous soyons débarrassés de la boue, ennemi redoutable des troupes qui ne bougent guère. Le moral de tous continue d’être excellent. Il est dorénavant établi à la face du monde que notre armée, plus puissante que jamais moralement et physiquement après quatre mois de guerre bientôt, est un instrument merveilleux et elle le fera de mieux en mieux sentir »…

20 novembre. Il remercie de l’envoi de paquets : « Papier à lettres, cigares, lampe électrique, bloc-notes, cure-dents ont été les très bienvenus. Vous mettriez un comble à votre bonté en m’envoyant une paire de gants fourrés, car ceux que j’avais sont déchirés et usés complètement. Il nous arrive plusieurs fois par jour en effet d’user de la marche à quatre pattes, ce qui n’arrange pas les gants. Prenez-les-moi, chauds bien entendu, mais aussi fort grands, 8 au minimum. Rien de bien nouveau par ici en ce sens que les fronts ne changent guère, mais cela pourrait bien ne plus durer beaucoup. Dans tous les cas, nous tenons le bon bout. […] Ici, toujours le froid. Il gèle fort jour et nuit et comme le temps est fort clair nous ne pouvons faire de feux en première ligne sous peine d’être aussitôt repérés et criblés d’obus. Nous devons donc battre la semelle et souffler sur nos doigts. L’ennemi en est bien entendu au même point que nous. C’est une grande consolation. Pourtant nous préférons de beaucoup ce froid sec à la gadouille de ces derniers jours. Ce que nous savons des Russes nous prouve que ce faisceau de forces immenses s’applique de plus en plus vigoureusement aux frontières de l’ennemi. Grâce à leur extrême activité militaire servie par de très bonnes communications, les Allemands ont parfois remporté contre les Russes de vrais succès. Ils en remporteront encore d’autres ; mais rien ne peut en définitive arrêter cette marée montante, et quant à nous, nous continuons de détruire l’ennemi, moralement et matériellement. Depuis le début de l’actuelle bataille, nous n’avons perdu en somme qu’un seul point d’appui, Dixmude, et nous en avons pris beaucoup d’autres »…

22 novembre. « Aujourd’hui j’ai 24 ans, et comme de juste, cet anniversaire est salué par une canonnade épouvantable toute la nuit et tout ce matin. Il continue de faire froid, mais un beau froid sec très supportable. Le seul ennui est que dans nos tranchées, on ne peut faire de feu en première ligne, car toute fumée se voit très bien aux jumelles dans le ciel pur et est saluée immédiatement d’une volée de coups de canon. Mais quand on est porté en 2e ligne (tous les 6 jours) la situation est plus agréable. […] Les Russes sont engagés avec les Austro-Allemands dans une bataille suprême. Il n’y a pas de doute qu’ils ne la gagnent. Mais il faut patienter quelques jours »…

LNC, I, p. 111, 112 et 113.

On joint une L. A. S. de Jeanne de Gaulle à son fils Charles, Paris, 10 août 1914 (7 p. in-8, enveloppe), disant son inquiétude alors que son fils a dû déjà prendre contact avec l’ennemi.

5 000 - 6 000 €

GAULLE

Charles de.

3 L. A. S., 2, 4 et 7 décembre 1914, à sa mère Jeanne de Gaulle à Paris ; deux sur 1 page in-12 avec adresse au verso (carte de Correspondance militaire), et 7 pages in-8 ; au crayon-encre.

Trois lettres du front à sa mère.

2 décembre. « Ici toujours une situation identique avec une sagesse de l’ennemi chaque jour plus exemplaire. Son artillerie toujours bavarde commence à se calmer grâce aux grosses pièces qui nous arrivent constamment. Son infanterie ne veut rien savoir pour sortir de ses trous »…

4 décembre. « Maintenant c’est le calme sur toute la ligne, mais je ne serais pas étonné qu’il soit précurseur de grands orages. Nous avons un nouveau colonel, un colonial du nom de Claudel extrêmement jeune (43 ans). Nous verrons ce qu’il saura faire »…

7 décembre. Les lettres de ses parents lui « montrent qu’à l’intérieur du pays on s’impatiente de la lenteur des opérations et que les faibles progrès des Russes causent à l’opinion une désillusion. Et pourtant, ce demi-mécontentement est bien injustifié. En ce qui nous concerne, tout le monde sait que depuis le début de septembre nous avions sur les bras des forces allemandes très supérieures en nombre et en matériel et que nous les avons d’abord battues sur la Marne, ensuite repoussées partout sur l’Aisne et dans le Nord. Bien entendu ce n’a pas été pour nous aussi sans de cruelles pertes. À l’heure qu’il est, les deux adversaires sont momentanément à bout de souffle. Il faut néanmoins que les Allemands envoient contre les Russes une partie notable de leurs forces. Grâce à cet appoint, à leurs chemins de fer (les Russes n’en ont que de très insuffisants, ne l’oublions pas), à leurs capacités manœuvrières (leur commandement a montré depuis le début qu’il valait presque le nôtre, et ce n’est pas peu dire), et surtout à l’armée autrichienne que l’on oublie toujours et qui très nombreuse et très vaillante retient dans des combats acharnés la majeure partie des Russes, grâce à tout cela, les Allemands ne cèdent le terrain que pas à pas à leur frontière orientale. Tout cela est vrai, mais qu’est cette guerre sinon une guerre d’extermination ? Le vaincu sera celui qui aura le premier épuisé tous ses moyens moraux et matériels. Je crois qu’à cet égard nous tenons le bon bout. […] même au point de vue du terrain conquis, nous ne sommes pas en désavantage. N’oubliez pas que du côté oriental, l’offensive russe est venue du Niémen et de la frontière de Galicie. Elle a passé le Niémen et la Vistule. Elle a pris Lemberg, assiégé Przemysl, franchit les Carpathes, presse Cracovie. Elle tient une partie appréciable de la Russie orientale. Les Allemands ont pris l’offensive sur Lodz avec l’énergie, la ténacité et le coup d’œil que nous leur connaissons. Mais nous verrons bien comment se terminera la bataille. Elle se terminera bien, et c’est parce qu’on le sait que notre offensive générale est différée jusqu’à son issue qui amènera nécessairement une diminution nouvelle des forces ennemies qui nous sont opposées. Déjà nous avançons tous les jours en Alsace et d’une façon appréciable. […] soyons résolus et patients. Une guerre pareille qui dépasse en portée et en acharnement tout ce que l’Europe a jamais vu ne se fait pas sans des sacrifices formidables. Et puis, que l’on soit content ou pas, cela n’a aucune valeur. Il faut vaincre. Le vainqueur est celui qui le veut le plus énergiquement »…

LNC, I, p. 114-116.

4 000 - 5 000 €

GAULLE Charles de.

3 L. A. S., 12, 22 et 27 décembre 1914, à sa mère Jeanne de Gaulle ; 4 pages in-8 à l’encre, 1 page in-12 au crayon avec adresse au verso (carte de Correspondance militaire), et 3 pages et quart in-8 à l’encre.

Trois lettres du front à sa mère.

12 décembre. Il est sorti des tranchées : « on nous a mis au repos à l’arrière pendant quelques jours avant de passer à un autre genre d’exercice. L’impression générale est que l’on va à très bref délai prendre l’offensive sur toute la ligne, et je vous assure que les Allemands vont nous sentir passer. En ce qui nous concerne (le 1er Corps), nous avions une fois déjà – il y a plusieurs semaines – failli partir, mais l’échec de Wailly nous a fixés sur place. Des régiments de réserve, les communiqués officiels vous l’ont appris, avaient perdu là pas mal de terrain et c’est le 1er Corps qui fut chargé de le reprendre et de le garder. Du reste le 33e n’eut pas à bouger. […] Pour la première fois depuis le 15 octobre j’ai pu dormir déshabillé et dans un lit. Cela nous fait un effet très bizarre d’être sortis de la zone dangereuse et de ne plus nous attendre à recevoir soudain une balle dans la peau ou à perdre un membre du fait d’un obus.

L’arrêt des Russes ne doit ni nous étonner ni nous inquiéter. Si l’on voulait d’après leur Histoire définir leur caractère militaire on dirait qu’ils sont très lents et très tenaces. Encore une fois leurs ressources sont illimitées et celles de leurs adversaires s’épuisent peu à peu. Je vous accorde qu’on s’est trop hâté de célébrer leur triomphe : cela a causé à l’opinion publique une désillusion inutile. De même que l’on a le plus grand tort de parler de l’héroïsme des Belges, des millions d’hommes que l’Angleterre met soidisant sous les armes, et de la famine imminente en Allemagne. La reprise de l’offensive de notre côté arrive exactement à son heure. Il faut se montrer confiants, résolus et patients. Depuis que la bataille de la Marne a montré la supériorité française, la guerre est décidée en notre faveur. Le reste est une question de temps et de sacrifices à consentir. Sachons, donc attendre et souffrir »…

22 décembre. « À l’offensive, pas bien loin d’avant mais plus près de Xavier [son frère]. Tout va bien. Mille affections ».

27 décembre. « Noël s’est passé pour nous au milieu d’une très violente canonnade, car de notre côté on a fait ces jours-ci de gros efforts pour percer la ligne ennemie et on a gagné pas mal de terrain. Par malheur, les Allemands sont très fortement retranchés, et on ne peut les chasser de leurs trous que grâce à une artillerie formidable. Il faut à celle-ci pas mal de temps pour rendre une zone intenable, et une immense consommation de projectiles. C’est ce qui explique la lenteur de nos progrès. Du reste, le 1er Corps est demeuré jusqu’à présent en réserve, et nous n’avons pas eu d’engagement jusqu’à cette heure sur notre nouveau terrain ».

Le colonel Claudel l’a pris « comme adjoint. Ces nouvelles fonctions me plaisent beaucoup : d’abord à cause de leur importance, ensuite en raison de leur intérêt, car on voit beaucoup plus de choses que comme commandant de Compagnie. Cela m’a pourtant fait quelque peine de quitter ma 7e Compagnie. Je ne l’avais commandée que dans les tranchées mais elle m’y avait pleinement satisfait. En deux mois déjà, elle avait perdu sous mes ordres 27 tués et blessés, ce qui n’avait rien d’excessif. […]

Les événements ne se précipitent certes pas. Les Russes continuent d’être empêtrés par leur manque de chemins de fer. Mais l’usure est à leur avantage. De notre côté, nul ne doute que l’offensive que nous prenons avec toute la sagesse et toute la résolution accumulées par des leçons nombreuses ne réussisse bientôt sur toute la ligne »…

LNC, I, p. 116 et 124.

4 000 - 5 000 €

GAULLE Charles de.

4 L. A. S., 11, 17, 19 et 28 janvier 1915, à sa mère Jeanne de Gaulle à Paris ; 1 page in-12 à l’encre avec adresse au verso (carte de Correspondance des Armées de la République), et 8, 2 et 1 pages in-8.

Quatre lettres du front à sa mère.

Secteur 137, 11 janvier. « Nous sommes ici dans une mer de boue, aussi y a-t-il pas mal de malades. Avant-hier combat assez dur où le Régiment a perdu quelques plumes (5 officiers et 300 hommes). Les Allemands sont bien retranchés, mais nous les aurons quand même. Le Colonel Claudel a quitté le commandement du Régiment pour prendre une Brigade. Nous sommes commandés par le lieutenant-colonel Boudhors dont je demeure l’adjoint. À part cela tout va bien. Il faut que cette guerre finisse à notre avantage »…

17 janvier. Il est au repos : « nous en avions besoin après trois semaines passées dans une boue effroyable et un combat où nous avons laissé quelques plumes. Le Régiment ne contient plus que bien peu d’officiers, car outre ceux que nous perdons au feu, il y en a de plus en plus qui tombent malades, ne pouvant supporter cette existence fort dure il est vrai, physiquement et moralement. […] Et pourtant, il n’y a pas à dire, il faut absolument tenir le coup ». Il pensait « que le général Joffre allait prendre sur toute la ligne une offensive décisive, et son succès ne nous semblait pas douteux. Mais il n’en a encore rien fait. Beaucoup d’actions de détail, toujours très âpres, il est vrai ; mais pour des raisons de nous inconnues, aucune action d’ensemble encore. Du reste, les terrains sont dans un tel état, surtout par ici, qu’il y a pour le moment de très grosses difficultés de ce fait à des actions de grosses forces. Mais la boue séchera, et alors nous verrons bien. Les Russes sont actuellement sur tout leur front aux prises avec des difficultés du même ordre et plus considérables encore. Mais là aussi, tout cela aura une fin ».

Le colonel Claudel, qui l’avait pris pour adjoint, « a passé comme un météore […] Après le combat du 9 janvier où nous avions attaqué, du reste sans grand résultat, un ennemi très fortement retranché, j’ai été proposé pour une citation à l’ordre de l’Armée. Mais cette citation n’a pas encore paru, car il faut au moins une quinzaine de jours, — à condition bien entendu qu’elle me soit accordée. Quant à mon troisième galon, je prends patience. […] si je continue de vivre, la guerre obligera bientôt impérieusement à des nominations de gens tout jeunes, car ici, les vieux ne restent pas. Tout cela du reste a bien peu d’importance générale.

Il me semble désormais probable que le printemps va apporter à l’Allemagne et à l’Autriche de nouveaux ennemis. Sans doute la Roumanie et l’Italie se décideront-elles à marcher. La guerre ne serait pas finie pour cela d’ailleurs, car nous avons à faire à un ennemi acharné au point de jeter dans la balance son dernier homme et son dernier sou ; mais du moins recevrait-elle une décision certaine et plus rapide. Dans tous les cas, je ne tiens d’aucune façon à voir les Japonais débarquer chez nous : ce serait trop humiliant ! Du reste nous n’en avons aucun besoin du moment que nous prenons notre courage à deux mains et que nous nous décidons aux suprêmes sacrifices pour arracher l’ennemi de ses positions et le poursuivre »…

19 janvier. « La neige tombe aujourd’hui à gros flocons. Elle nous laisse indifférents, mais nous souhaitons qu’elle amène une forte gelée permettant de sortir de la boue effroyable où nous pataugeons au grand dommage de notre offensive ». Il a été « cité à l’ordre de la Division. J’espérais un peu l’être à l’ordre de l’armée, mais par malheur, le 33e était pour le combat du 9 janvier rattaché à un autre corps d’armée que le sien. Il s’en est suivi que ce corps d’armée-là nous a naturellement fort peu appuyés, et qu’on n’a cité à l’ordre de l’armée pour cette affaire que les officiers tués à l’ennemi. Telle qu’elle est, cette récompense m’est cependant très sensible »…

28 janvier. « Nous sommes je crois à la veille de très importants événements militaires. Voyons-les venir avec calme et résolution. Il s’agit cette fois je crois d’une vigoureuse offensive. Tout ira très bien.

LNC, I, p. 129-133.

5 000 - 6 000 €

34

GAULLE Charles de.

2 L. A. S., 2 et 9 mai 1915, à sa mère Jeanne de Gaulle à Paris ; 6 pages in-12 avec enveloppe (marque postale militaire), et 4 pages in-8 (mouillures sur les bords) avec enveloppe (à en-tête Grand Café du Globe Clermont-Ferrand).

Lettres de l’hôpital, après une nouvelle blessure. Blessé à la main le 10 mars, le capitaine de Gaulle a été évacué, et hospitalisé au Mont-Dore.

Mont-Dore, 2 mai. « C’est hier que j’ai été admis à rentrer dans l’Humanité. Ceci ne change guère mon existence du reste, car je suis le seul officier à l’hôpital 38, et à part les sorties, je vis tout seul. Aussi suis-je d’autant plus pressé de partir pour Paris… Demain, on demandera à Clermont, à la direction du Service de Santé de la région, d’autoriser mon départ. Il faudra ensuite que j’aille à cette même direction à un jour qu’elle me fixera, passer une dernière visite médicale et recevoir mon congé de convalescence »… Il s’inquiète pour ses parents de Dunkerque, bombardée par les Allemands. « Du coup les Anglais la trouvent mauvaise et commencent à s’inquiéter sérieusement pour leurs propres côtes. Espérons, sans trop y croire, que cela les décidera à envoyer en Flandre toutes leurs nouvelles troupes qu’ils gardent jusqu’ici soigneusement chez eux.

Voici donc le corps expéditionnaire débarqué sur les deux rives des Dardanelles. De ce côté, tout en pensant que les opérations seront longues, je crois que le succès complet est assuré ; les Turcs étant excellents pour résister, mais ne disposant pas des moyens ni du tempérament voulu pour obtenir des victoires, du moment bien entendu que les effectifs, l’artillerie et les munitions prévus pour les Anglais, et pour nous, sont très considérables. Les choses iraient naturellement beaucoup plus vite, si les Bulgares, les Grecs, séparément ou ensemble, se joignaient à nos troupes. Quel rôle odieux jouent les Allemands dont toute la politique en Orient tend à diviser les Chrétiens contre les Musulmans ? Et comment est-il possible que le Pape favorise — il n’y a pas à dire — les infidèles au détriment des Croisés ; ou du moins hésite entre eux ? Je veux bien admettre que les motifs qui portent nos troupes sur Constantinople sont médiocrement chrétiens ; mais il n’est pas douteux que notre succès sera avant tout un succès chrétien, et que

la destruction de l’Empire Turc sera un coup terrible porté à l’Islamisme à l’avantage de la Chrétienté. Les répercussions en seront immenses, en particulier aux Indes et surtout en Afrique où la doctrine de Mahomet s’étend avec une rapidité effrayante, interdisant ainsi pour des siècles le succès des missionnaires catholiques et protestants et aussi le progrès de notre Civilisation »…

[Clermont-Ferrand], 3 mai. Il a quitté le Mont-Dore et raconte ses démarches administratives pour obtenir son congé de convalescence… « Les événements vont, je crois bien, se précipiter. Voici que pour la première fois on peut avoir confiance dans l’intervention très prochaine de l’Italie, car pour la première fois, il apparaît qu’elle charge ses fusils, et par le temps qui court on ne reste pas longtemps le fusil chargé. Cette intervention hâtera évidemment beaucoup la solution décisive, non pas que la force militaire italienne soit bien redoutable, mais elle rompra l’équilibre que l’ennemi est parvenu à maintenir jusqu’à présent et précisément au moment où il aura le plus de mal à tenir le coup. D’ailleurs, il paraît très vraisemblable qu’au moins la Roumanie suivra l’Italie, et surtout l’effet moral sera immense, donnant à l’ennemi la certitude de la défaite et nous confirmant dans celle de la Victoire. Néanmoins, je demeure persuadé que les Italiens ne cueilleront pas des lauriers faciles. Je vois fort bien un Hindenburg quelconque ramassant sur les deux fronts une dizaine de corps d’armée et mettant en fuite les troupes royales italiennes. Seulement pendant ce temps, ces dix corps d’armée ne seront pas ailleurs »…

LNC, I, p. 157-159.

On joint une L. A. S. de Xavier de Gaulle à son frère Charles, 17 mai 1915 (12 pages grand in-12, enveloppe) ; il évoque la campagne de Charles, qui n’a pas volé son repos forcé, puis il commente l’évolution de la guerre.

2 000 - 3 000 €

Deuxième

GAULLE Charles de. Manuscrit autographe pour une nouvelle intitulée « l’Artilleur ». [fin juin 1915]. Carnet in-12 (14 × 9,2 cm) en toile camel, avec élastique, 11 pages manuscrites (6 ff.) sur environ 75 ff.

La première partie du carnet regroupe les commentaires personnels et quotidiens du jeune officier Charles de Gaulle. Ces derniers sont assez brefs et descriptifs. Le 11 juillet il indique reprendre son « carnet interrompu longtemps puisque toujours rien de saillant ne se passe. » Toutefois, il reçoit les « compliments du patron, de Spitz, etc. » à propos des « Ouvrages de Gaulle. » Il ajoute avoir « un harmonium et une mandoline. »

La seconde partie du carnet est consacrée à une petite nouvelle particulièrement savoureuse écrite dans une tranchée de l’Aisne, probablement à la fin du mois de juin 1915. Intitulée « L’Artilleur », le ton y est volontiers cabotin, puisqu’il oppose l’artilleur « qui est un malin » et « un taupin » aux soldats de l’infanterie qui sont « humbles et presque honteux qu’on pense à eux. » « L’existence de l’artilleur est confortable. » Il « ne porte rien sur son dos. Il a pour lui force chevaux et voitures […] il s’occupe avant tout de manger, boire et dormir. Sortant de table et bien disposé, il va faire un tour de ses pièces. Il envoie quelques rafales sur les fantassins ennemis, rend compte qu’il a bombardé des tranchées et détruit un blockhaus. Puis il va faire un bridge. Car l’artilleur ne perd pas son temps. Il n’est pas comme ces sauvages de fantassins qui dorment dès qu’ils ont une minute. Non. Non ! Les loisirs sont bien remplis. Il lit beaucoup, rédige ses observations et fait de la photographie. […] »

Ce carnet permet de percevoir l’attente du soldat dans les tranchées ainsi que ses effets. La guerre est une longue attente ponctuée de brèves offensives ou ripostes. Le soldat est donc confronté à l’ennui qui entame son moral, use ses sens, le poussant à envisager les plus funestes scénario. Il permet aussi d’aiguiser son imagination, comme le montre cette courte histoire concernant le comportement des soldats et les différences de risques perçus selon que l’on se trouve à l’avant ou à l’arrière, dans l’infanterie ou l’artillerie…

LNC, I, p. 159-163.

4 000 -6 000 €

36

GAULLE Charles de.

3 L. A. S., 18, 23 et 29 novembre 1915, à sa mère Jeanne de Gaulle à Paris ; 4 pages in-12 avec enveloppe, 8 pages in-12 (légères mouillures avec quelques légères fentes et petits manques marginaux), et 6 pages in-8.

Trois longues lettres du front à sa mère, commentant la mondialisation de la guerre et critiquant les politiques.

18 novembre. « Tout va bien par ici. Quelques petits incidents de relève dans la région ont interrompu notre repos commencé, et on nous a soudain remis en ligne. Mais ce ne sera pas long, nous comptons retourner en arrière d’ici très peu de temps, et pour une dizaine de jours. L’intervention probable de la Grèce contre nous me comble de satisfaction. C’est qu’en effet, la force des choses va nous contraindre à renoncer à l’expédition d’Orient, et bon gré mal gré nous ne persévérerons pas dans cette erreur qui aurait pu nous être fatale. Nous voilà empêchés, par nos propres ennemis, d’aller engloutir là-bas la belle et bonne infanterie et les excellents obus dont nous aurons tant besoin bientôt pour chasser l’ennemi sur la Meuse et sur le Rhin. Évidemment, les Serbes sont perdus jusqu’à ce qu’une paix victorieuse les ressuscite, mais il était certain d’avance que leur perte se trouvait décidée par le destin, et il n’y avait là aucune raison pour nous perdre avec eux. Évidemment, les cent mille soldats que nous avons eu le tort d’expédier là-bas auront beaucoup de mal à se rembarquer, mais de toute façon nous ne les aurions jamais revus, et du moins seront-ils que cent mille ! Empochons la déception d’amour-propre, subissons les pertes gratuites que l’insuffisance cruelle de notre régime nous ont values. Mais croyons bien que nos malheurs auraient pu être beaucoup plus graves de ce côté. Et maintenant que nous avons l’esprit libre de cette erreur, préparons de toutes nos forces la prochaine et décisive victoire, celle qui affranchira notre territoire à nous, celle qui chassera l’ennemi de la Belgique et nous permettra si nous avons quelque audace de nous y installer à sa place, celle qui nous rendra, si nous sommes capables de le vouloir, notre frontière naturelle : le Rhin. Tout le reste est du temps, de l’argent et des fantassins perdus. M. Denys Cochin est un brave homme, mais c’est un parlementaire : il ne comprend rien à

l’action ! Je suis sûr qu’il est étonné de la prochaine intervention des Grecs contre nous ! Quant à Briand, il doit avoir le nez dans ses souliers, maintenant qu’il en a. Pourtant je ne souhaite aucunement son départ. À quoi bon ? »…

23 novembre. Il évoque le sort de leurs parents en Belgique. « Car la guerre n’est pas à sa fin, et il ne faut pas qu’elle y soit. Il faut qu’elle ne se termine que par la Victoire absolue, définitive de nos armes ; la Paix ne saurait être dictée que par nous, et il faut durcir nos cœurs et concentrer nos énergies pour repousser les tentations multipliées qu’un ennemi avisé commence à nous offrir. Quant à cette victoire elle est moins que jamais douteuse. Le jour où nos splendides armées, nos auxiliaires anglais, nos alliés russes, nos associés italiens, munis des moyens formidables qu’ils accumulent, attaqueront tous ensemble et sur tous les fronts un ennemi lassé et épuisé, j’en ai la conviction absolue, inébranlable, cet ennemi détruit sera rejeté d’un bloc sur son territoire où nous le suivrons et de quel élan ! Ces moyens nous pouvons les avoir et nous les aurons. Notre artillerie est servie, si l’on tient compte de l’Angleterre, par une métallurgie cinq fois supérieure à celle de l’adversaire et les mers sont à nous. Notre infanterie n’a jamais été plus disciplinée – quoi qu’en pense ce cavalier de Général Cherfils –et mieux disposée moralement. Nous savons, nous sentons chaque jour, que la valeur de l’ennemi baisse tandis que la nôtre augmente. La preuve c’est que sans vouloir naturellement en avoir l’air, il désire ardemment la paix tout de suite. Il ne faut pas qu’on la lui donne et il ne l’aura pas ». Il donne ensuite des renseignements sur la mort du souslieutenant Desmoulins, tué le 15 août 1914 près de Dinant, et évoque d’autres officiers tués ou blessés…

29 novembre. « On est assez nerveux pour l’instant dans notre Secteur, si bien que ce qui devait être un repos pour le Régiment n’en est pas un en réalité. Nous passons notre temps en alertes de toutes les sortes. Au point de vue général du reste, je ne suis nullement inquiet des résultats que pourrait avoir pour nous une grosse attaque de l’ennemi. Il dispose évidemment d’une artillerie suffisante pour nous prendre s’il veut y mettre le prix en hommes et obus telle ou telle de nos positions, mais il la perdra huit jours après, et de toute manière ses tentatives n’auront aucun avenir. Il n’a plus la supériorité en moral, en matériel et en effectifs qui est nécessaire pour triompher dans une guerre de positions. J’avoue même que je verrais venir des attaques allemandes d’un œil favorable, car elles causeraient évidemment quelque émotion en haut lieu et achèveraient de nous détourner de cette absurde et lamentable équipée de Serbie. Ainsi que c’était certain, nous n’avons en rien empêché les Allemands de s’unir aux Bulgares et d’aller se promener à Constantinople si cela leur fait plaisir, nous n’avons d’aucune façon sauvé les Serbes dont le territoire est entièrement conquis par l’ennemi et dont l’armée est hors de cause, et nous voici obligés sous peine d’un désastre de repasser la Cerna, nous infligeant ainsi à nous-mêmes une défaite d’amourpropre absolument gratuite. J’oubliais de dire que naturellement ni les Roumains ni les Grecs ne marchent avec nous. Bien heureux sommesnous encore de ne pas voir les troupes du roi Constantin attaquer dans le dos l’armée du Général Sarrail. Ce qui me stupéfie absolument, c’est que tout cela n’ait pas paru clair comme le jour à tout le monde au moment où on commençait l’expédition. On ne parlait rien moins que d’empêcher les Bulgares et les Allemands de se joindre, de rejeter Mackensen en Autriche, de faire marcher un demi-million de Roumains et un quart de million de Grecs !!… Tout cela est de la fantasmagorie,

je le répète pour la centième fois. Il y a une solution à la guerre et une seule, c’est l’affranchissement par la force de nos départements envahis et de la Belgique et l’envahissement du territoire allemand ; nous ferons cela bien entendu, aidés de tout ce que les Russes pensent mettre d’hommes sur pied, d’un nombre appréciable d’Anglais, et d’une offensive italienne croissante. Tant que nous ne sommes pas prêts à cet effort restons tranquilles et préparons-nous. Instruisons nos armées, remanions notre commandement, dressons nos états-majors, accumulons un matériel formidable que la métallurgie anglaise et la nôtre nous permettent de fabriquer ; et quand nous serons prêts, attaquons tous ensemble. Les Allemands qui pourraient à ce moment se promener vers Sofia, Constantinople ou Calcutta reviendront tout seuls. Je vous en réponds, et nos succès véritables feront marcher sans hésitation les Grecs, les Roumains et tout le reste. Voilà la vérité et la vie. L’opinion publique doit en être persuadée, et ne pas permettre au premier vidangeur venu installé ministre de n’importe quoi de se détourner de ce programme »…

LNC, I, p. 199, 203 et 207.

On joint des journaux : 2 numéros de La Voix du Pays (16 novembre 1915) et 8 numéros du journal allemand Die Feldpost (8, 23 novembre et décembre 1915).

5 000 - 6 000 €

GAULLE

Charles de.

L. A. S., 23 décembre 1915, à sa mère Jeanne de Gaulle ; 4 pages in-12 (traces de réactif de la censure militaire, légères mouillures marginales).

Lettre des tranchées, critiquant violemment le personnel politique.

Il a reçu le colis avec caoutchouc, bottes, gilet et lampe, « le tout très bienvenu et très pratique. Nous vivons dans l’eau comme des grenouilles, et pour en sortir, il nous faut nous coucher dans nos abris sur nos lits suspendus. Du reste, il n’y a rien à y faire car cette eau provient de la crue de l’Aisne et de ses affluents, et pour rien au monde on ne nous fera quitter le terrain que nous tenons ici. Nous attendons donc que ça baisse avec un stoïcisme facile à des gens qui ont 17 mois de campagne…

Le Parlement devient de plus en plus odieux et bête. Les ministres ont littéralement toutes leurs journées prises par les séances de la Chambre, du Sénat, ou de leurs commissions, la préparation des réponses qu’ils vont avoir à faire, la lecture des requêtes ou des injonctions les plus saugrenues du premier marchand de vins venu que la politique a changé en député. Ils ne pourraient absolument pas, même s’ils le voulaient, trouver le temps d’administrer leur département, ou l’autorité voulue pour galvaniser leurs subordonnés. Nous serons vainqueurs, dès que nous aurons balayé cette racaille, et il n’y a pas un Français qui n’en hurlerait de joie, les combattants en particulier. Du reste l’idée est en marche, et je serais fort surpris que ce régime survive à la guerre »…

LNC, I, p. 231.

On joint une L. A. à un ami, 18 décembre 1915 (2 p. in-8) ; il se faisait une fête d’aller le voir et manger le cuissot de chevreuil et les ortolans, mais « voici un contre-temps nouveau et désespérant. Les Boches m’ont vigoureusement torpillé ce matin. Il a fallu faire donner l’artillerie »…

2 000 - 3 000 €

GAULLE Charles de.

L. A. S., 31 décembre 1915, à son père Henri de Gaulle à Paris ; 8 pages in-8 (trace de réactif de la censure militaire, mouillures avec petit trou et légers manques marginaux).

Longue lettre faisant le bilan de la guerre en attendant la victoire.

Il envoie à son « bien cher Papa » ses vœux pour « l’année 1916, en même temps que toute ma profonde et respectueuse affection, le seul souhait qu’il puisse vous convenir de recevoir : celui de la Victoire française… 1915 aura été pour nos armées une année de sévères et utiles leçons. Nous avons appris la valeur des moyens, nous nous sommes contraints à les avoir, nous avons fait l’apprentissage de leur usage, nous avons enfin discipliné l’ensemble, coordonné les efforts épars de nos spécialistes et habitué jusqu’à un certain point notre commandement et nos états-majors à comprendre la forme nouvelle de la guerre et à se servir des moyens non au hasard mais d’une manière raisonnée. Par ailleurs, la force morale des troupes n’est d’aucune façon atteinte, malgré les immenses pertes éprouvées. La volonté d’en finir par la victoire, le sentiment de notre valeur, l’esprit de sacrifice n’ont vraiment fait que s’accroître dans nos rangs. Les trois grands efforts faits par nos armées pour chasser l’ennemi de notre sol et le poursuivre sur le sien : en Champagne, janvier-février-mars ; en Artois, mai et juin ; en Artois et Champagne, septembreoctobre ne nous ont pas donné certes les résultats décisifs que nous en avons espérés. Mais ils ont montré dans notre force un progrès immense et constant. Ils nous ont prouvé à nous-mêmes, ils ont prouvé à nos ennemis, ils ont prouvé au monde que notre résolution de vaincre ne faiblit pas, que nos moyens s’accroissent sans cesse, et que grandit en même temps notre science de leur emploi…

L’issue de la lutte est moins que jamais douteuse. Sans doute l’ennemi pourra la prolonger encore grâce à son énergie et à sa discipline, grâce surtout à l’extrême et irrémédiable infériorité de notre régime républicain-parlementaire. Mais sa défaite est certaine. Un jour ou l’autre nous l’écraserons, et nous irons sur son territoire le contraindre à réparer le tort qu’il a fait à la Patrie depuis des siècles. Et puis, il semble bien que la Providence soit pour nous : elle évite de nous faire payer cher nos plus lourdes fautes. C’est ainsi par exemple que l’expédition de Serbie qui était une monstruosité stratégique, et qui normalement aurait dû se terminer par un désastre à Strumnitza, se termine simplement en eau de boudin, et c’est bien là n’est-ce pas le moindre prix qu’à la guerre, avec

un pareil adversaire, on puisse payer une pareille sottise ?… Je suis persuadé que la sagesse finira par l’emporter dans cette affaire comme dans les autres, et qu’au jour prochain de l’offensive sur notre front qui est le seul important, nous aurons le simple bon sens de ramener de Salonique les bons soldats et les excellents obus que nous avons eu la sottise d’y entasser à la grande joie de nos ennemis. Le but de la guerre n’est pas de creuser des tranchées sur tous les points du globe où il plaira à l’Allemagne de nous faire courir. Le but est de détruire l’ennemi en concentrant tous nos moyens –et nous n’en avons pas trop ! – sur le théâtre d’opérations décisif. Renoncer à l’enfoncer en France et en Belgique, renoncer à repasser la Meuse et à dépasser le Rhin, c’est renoncer à la Victoire. Et puisque, grâce à Dieu, nous n’y renonçons aucunement, la vérité logique et stratégique est de ne pas distraire de ce but essentiel le fantassin ou l’obus qui nous manqueront peut-être pour l’atteindre le jour où nous l’aurons résolu »…

LNC, I, p. 236.

On joint la photocopie d’une lettre à un ami, 29 novembre 1915.

5 000 - 7 000 €

39

GAULLE Charles de.

L. A. S., 15 janvier 1916, à sa mère Jeanne de Gaulle ; 8 pages in-12 (petites taches, légers manques marginaux, le 2e feuillet troué en son centre).

Longue lettre de tranchée dans laquelle le jeune officier brocarde la position de son état-major.

Il rassure sa « bien chère Maman », à propos d’une lettre précédemment envoyée, peut-être trop alarmante sur son état : « N’allez pas croire surtout que je me porte mal ou même médiocrement. Je vais réellement le mieux du monde […]. Seulement j’ai eu huit jours de fatigue et de fièvre, écot payé à ce deuxième hiver de guerre. Me demandant chaque soir si je n’allais pas consentir à me laisser évacuer le lendemain, je différais de vous écrire avant de savoir à quoi m’en tenir. Maintenant, je suis complètement remis et fort content d’en être quitte pour rien du tout. »

Bilan de la situation militaire : « Les événements sont pour le moment sans grand intérêt. On a évacué Gallipoli, et l’on a bien fait. On aurait mieux fait encore de n’y aller jamais. Un jour on évacuera Salonique pour venir attaquer par-ci ou se défendre par-là, et j’en dirai la même chose. Pour le moment, je ne veux plus rien en dire sinon ceci : Songez que les gens qui nous y font rester sont les mêmes qui nous ont fait aller en Serbie, sous prétexte d’empêcher la jonction des Allemands et des Bulgares et de sauver l’armée serbe. Car il faut avoir assez de mémoire pour se souvenir maintenant du but que notre absurde gouvernement donna naguère à cette lamentable expédition. Ils n’ont bien entendu empêché aucune jonction ni sauvé un bataillon serbe ; ils nous ont fait infliger le camouflet bien inutile de cette retraite de Serbie qui eût fort bien pu – ils en conviennent maintenant – finir par un désastre. Alors, aujourd’hui, pour ne pas être obligés d’avouer qu’ils sont des ânes, ils nous font demeurer à Salonique 20 000 hommes de belles et bonnes troupes et combien de millions d’obus, qui, je continue de l’affirmer, n’y servent absolument à rien et ne tuent pas un Allemand. Les Français qui ont pourtant au fond de l’âme quelque bon sens militaire essaient de torturer leur propre raison et de se persuader que c’est un coup superbe que d’être à Salonique à ne rien faire, et comme on ne découvre tout de même aucune raison stratégique valable d’engouffrer là-bas tant

d’hommes et tant d’obus, on se console en cherchant à penser que du moins cela ennuie l’ennemi !!! D’abord, je n’en crois pas un mot ! Ensuite quelle stratégie ! Quels principes dans la conduite de la guerre qui consistent à déposer six corps d’armée dans les villes… où on suppose que cela va ennuyer l’ennemi de les y voir !!!

Puissions-nous aux prochains et décisifs assauts des positions allemandes en France et en Belgique, ne pas nous tordre les mains comme nous l’avons fait plusieurs fois déjà – je l’ai vu – devant une dernière ligne de tranchées, en criant “Ah ! si nous avions encore 20 000 hommes d’infanterie fraîche et 3 millions d’obus de plus à leur jeter dessus, nous les enfoncerions !” Et ces 20 000 hommes, et ces 3 millions d’obus sont à Salonique ! contenant à ce moment je le veux bien les assauts de quelques Bulgares ou Turcs que les Allemands leur opposeront alors pour les amuser, tandis qu’eux-mêmes en gens raisonnables ramèneront sur notre front pour nous contenir tout ce qu’ils auront de troupes et de canons disponibles !

Une dernière fois, il n’y a pas plusieurs vérités stratégiques, il y en a une seule qui n’est pas d’ennuyer l’ennemi, mais de le vaincre à l’endroit le plus sensible c’est-à-dire chez nous »…

LNC, I, p. 247.

On joint le n° 1 (Numéro-Programme) du journal Le Lion d’Arras, 1er janvier 1916. Plus un document polycopié, Prescription en cas d’attaque par les gaz, 15 janvier 1916 (une lettre jointe à ce sujet par A. Buquet ?).

5 000 - 6 000 €

40

GAULLE Charles de.

2 L. A. S., 14 et 24 février 1916, à sa mère Jeanne de Gaulle ; 4 pages in-12 chaque.

« Où es tu mon petit Charles ? »

— Jeanne de Gaulle à son fils, 29 février 1914

Correspondance entre le capitaine Charles de Gaulle et ses parents avant et pendant la bataille de Verdun lors de laquelle il est blessé puis capturé par les Allemands. Il sera porté disparu et cité le 7 mai 1916 à l’ordre de l’armée.

14 février. Il commence par évoquer l’état physique et moral de ses troupes : « Nous sommes actuellement au repos à une très petite distance du front, mais nous devons à bref délai nous en écarter davantage pour aller passer une quinzaine de jours dans une sorte de camp d’instruction. Là nous pourrons reprendre en main nos unités un peu abruties par un séjour de tranchées très prolongé. Enfin nous serons conduits réellement à l’arrière pour nous refaire matériellement et nous grandir moralement. […]

Si j’ai eu, et si je continue d’avoir lieu de pousser de profonds soupirs à propos de l’expédition de Salonique, je n’ai au contraire que des éloges à formuler pour la ténacité et pour l’habileté énergique qui nous ont permis de transporter à Corfou l’armée serbe. Et la gloire en revient uniquement à nous Français, car les Italiens se sont montrés dans la circonstance, comme dans toutes les autres, d’un égoïsme féroce. Comme les Serbes ne sont pas des Belges, j’espère que nous arriverons à refaire quelque chose de leurs bataillons disloqués »… 24 février. Lettre écrite pendant la bataille de Verdun. Il s’agit de la dernière lettre avant la blessure de Charles de Gaulle et sa captivité. « L’ennemi se décide donc à nous attaquer une dernière fois. Il va le faire de toute la vigueur d’un commandement résolu, d’une infanterie très énergique, et de moyens matériels puissants. Ma conviction, au début de la furieuse bataille qui s’engage, est que l’ennemi va y éprouver une ruineuse et retentissante défaite. Sans doute, il nous prendra des tranchées et des positions un peu partout, quitte à les perdre plus tard ; sans doute ses coups seront durs, et il faudra faire appel à toutes les ressources morales et matérielles de nos armées pour les supporter sans faiblir ; mais notre succès n’est pas douteux, pour ces bonnes raisons que nous sommes bien résolus à vaincre, quoi qu’il doive nous en coûter, et que nous en avons les moyens ». Il prévient sa « bien chère Maman » : « Ne vous alarmez pas si dans les jours et les semaines qui vont suivre, vous ne recevez de moi que des nouvelles irrégulières. Je vous en enverrai sans doute le plus souvent possible, mais vous savez que dans les périodes de crise et de mouvements de troupes, les correspondances du front sont fort aléatoires »… LNC, I, p. 257 à 259.

On joint 4 L. A. S. de Jeanne de Gaulle à son fils Charles, Paris 26 février-13 mars 1916 (20 pages in-12). – 26 février, évoquant « les événements qui commençaient seulement à se dessiner lorsque tu écrivais ont pris une tournure bien grave, aussi craignons nous que tu aies été appelé à ce poste de péril et d’honneur que tu entrevoyais. Cette éventualité augmente encore et de beaucoup nos terribles anxiétés. […]

Si l’effort allemand est brisé ce sera bien la preuve que l’ennemi ne peut plus rien sur notre front, mais s’il arrivait à prendre Verdun il pourrait alors concevoir tous les espoirs, il serait prouvé qu’il peut tout du moment qu’il y met le prix. Naturellement cela lui donnerait une force morale énorme ». Elle termine sa lettre en donnant à Charles des nouvelles de ses frères Xavier et Jacques et conclut : « Au revoir, mon très cher enfant, je ne doute pas que tu sois bien en règle avec ta conscience ; que le bon Dieu et la Ste Vierge te protègent ! Nous te bénissons ton père et moi ». – 29 février. « Où es tu mon petit Charles ? […] nous sommes bien anxieux car tu nous laissais entendre que tu pouvais d’un moment à l’autre être engagé dans la bataille qui commençait ; depuis, cette bataille a pris une ampleur et un caractère d’acharnement qu’on ne pouvait prévoir, alors, où s’arrêtera-t-elle ? Dans quelle angoisse nous vivons et pour notre pays et pour toi ! »… – 9 mars. « Les journaux sont pleins de vos gigantesques et hélas ! très sanglants combats et nous te cherchons cent fois par jour sans pouvoir te situer ; es-tu au centre, à l’Est ou à l’Ouest ? C’est d’ailleurs partout le même acharnement de l’ennemi à nous enlever nos positions et le même héroïque effort de nos troupes pour les garder. Que Dieu leur vienne en aide et ne permette pas l’insolent triomphe des Allemands ! Ce qu’ils ont pris ils le doivent à leur formidable artillerie qui paraît malheureusement bien supérieure à la nôtre et à leurs chemins de fer qui sonts également beaucoup mieux organisés. Espérons que votre héroïsme leur en fera perdre le bénéfice. Nous attendons anxieusement par chaque courrier un mot de toi qui nous rassurer […] Nous sommes très fiers de nos fils et nous demandons instamment au bon Dieu de nous les garder pour être après la guerre les instruments de relèvement moral et matériel de la France »… – 13 mars.» Nous sommes sans nouvelles de toi depuis ta carte datée du 1er Mars et tu as eu beau nous recommander de ne pas nous alarmer des retards, nous sommes très inquiets »… Elle termine en donnant de bonnes nouvelles de Jacques et de Xavier qui a reçu la croix de guerre et a été cité à l’ordre de la brigade d’artillerie.

6 000 - 8 000 €

GAULLE Charles de.

2 L. A. S., 11 et 29 juillet 1916, à sa mère Jeanne de Gaulle ; 6 pages in-12 chaque au crayon avec cachet à l’encre allemand (légers défauts : traces, pliures, quelques infimes manques marginaux).

Lettres de captivité, où le capitaine de Gaulle fait le récit de son assaut et rend hommage à son commandant mort au combat.

11 juillet. « Ici rien de nouveau pour nous. Notre physique et notre moral sont excellents. Je vous disais dans ma dernière lettre que les Allemands ne nous distribuaient pas les paquets que l’on nous envoyait. Ils le font maintenant et je suppose qu’ils continueront à le faire.

Mais comme nos cœurs battent en ce moment avec ceux de tous les Français. Comme le mien s’unit de près avec les vôtres, avec ceux de Xavier, de Jacques, de mes chers cousins, de Pierre peut-être un de ces jours. Nous sommes ici bien renseignés car nous recevons tous les journaux ennemis que nous demandons et ils ont jusqu’à présent publié tous les communiqués de la France et de ses alliés.

Vous m’avez à plusieurs reprises demandé ce que je savais de la mort du commandant Cordonnier. Je n’étais pas auprès du Commandant le jour du combat de Douaumont, en ce sens qu’il était à l’extrémité est du village et moi à l’extrémité ouest. Mais j’ai vu ensuite son adjudant de bataillon, l’adjudant Bacro (je ne sais où il est à présent en Allemagne), et je ne puis vous renseigner exactement. Pendant l’inénarrable bombardement auquel nous avons été soumis avant l’assaut de l’infanterie allemande, le Commandant est demeuré à son poste de commandement, d’un calme et d’un courage admirables, encourageant dans les très rares moments où il put le faire voir et entendre les quelques hommes qui se trouvaient à ce moment autour de lui. Il fit tout ce qu’il avait à faire, outre l’exemple à donner, chercha à se mettre en communication avec le colonel et cela à plusieurs reprises, sans y parvenir naturellement jamais, car tous les agents de liaison envoyés étaient tués avant d’avoir fait dix pas. Je vous ai déjà écrit que l’infanterie ennemie se présenta à nous par notre droite d’abord (c’est-à-dire du côté de notre ligne où se trouvait le Commandant), et par surprise en ce sens qu’elle apparut à vingt mètres des survivants du bombardement et les couvrit de grenades avant qu’ils aient pu pour la plupart reprendre leurs esprits. Le Commandant dès qu’il vit l’ennemi saisit le fusil d’un mort et tira une ou deux cartouches sur les assaillants. Il tomba aussitôt frappé de plusieurs balles à bout portant dont l’une lui traversa la tête. Il fut donc tué raide et sans agonie. Après le corps-à-corps, l’adjudant Bacro prisonnier recommanda le corps du Commandant aux fantassins allemands qui étaient là. Mais, naturellement, même s’ils l’avaient voulu, ceux-ci n’auraient rien pu faire pour lui, car sitôt le village perdu par nous commença notre bombardement à nous sur les assaillants, et ils ont eu depuis sur le même terrain d’autres préoccupations. Peut-être ont-ils pu cependant trouver moyen depuis lors d’enterrer au moins quelques-uns des milliers de cadavres entassés là. Dans ce cas ils l’auront fait à proximité immédiate des débris du village. […]

Les jours qui précédèrent le combat de Douaumont, notre Régiment fut employé à des travaux nombreux et périlleux où le commandant Cordonnier se montra l’homme de devoir et de discipline qu’il était pardessus tout. »

29 juillet. Il évoque sa captivité et se veut rassurant quant à sa santé : « Soyez absolument sans inquiétude sur ma santé physique et morale. Je me porte le mieux du monde et je vois l’avenir du plus beau rose ! »

Il se félicite ensuite des « gloires récentes » de ses frères Jacques et Xavier qui sont de nouveau engagés. Il ne « cesse de penser à eux et de les envier ».

Il termine en détaillant certaines petites vexations imposées par sa situation et fait même un peu d’humour : « Si l’on ne nous a pas privés de dessert, c’est parce qu’on ne nous en a jamais donné ». Quant aux gardiens, « dans l’armée allemande comme du reste dans toutes les autres, ceux qui gardent les prisonniers sont bien rarement ceux qui les font… »

LNC, i p. 260-261 et 263-264.

On joint une L. A. S. d’Henri de Gaulle à son fils le capitaine Charles de Gaulle, prisonnier à l’Offizierkriegsgefangenenlager à Osnabrück, Paris 23 avril 1916 (3 p. in-8, cachet à l’encre P12). Il a lu avec émotion les détails du combat et recopie l’ordre du jour de l’Armée concernant Charles : « Commandant de Compagnie réputé pour sa haute valeur intellectuelle et morale ; alors que son bataillon, subissant un effroyable bombardement, était décimé, et que les Allemands atteignaient sa compagnie de tous côtés, a enlevé ses hommes dans un assaut furieux et un corps-à-corps farouche, seule solution qu’il jugeait compatible avec ses sentiments de l’honneur militaire. Est tombé dans la mêlée. Officier hors de pair à tous égards ».

5 000 - 6 000 €

GAULLE Charles de.

L. A. S. « Charles », 15 juillet 1916, à son père Henri de Gaulle ; 6 pages in-12 au crayon (pliures), avec le cachet encre de l’Offizier-Gefangenenlager

Lettre du camp de prisonniers, après la découverte d’une tentative d’évasion. Il souhaite ses « plus respectueux et tendres souhaits de fête » à son « bien cher Papa ». Il relate ensuite les quelques incidents qui ont marqué les deux derniers jours : « Les Allemands ont découvert dans un mur un trou qui leur a paru déceler une tentative d’évasion de certains d’entre nous. Mais comme ils ignorent de qui il s’agissait, ils ont pris le parti de châtier tout le monde. Ils nous ont donc enfermés dans la chambre commune, sauf une heure par jour, et nous ont interdit le tabac et les journaux. En ce qui me concerne personnellement, ce régime me va fort bien. L’interdiction de sortir me détermine à travailler mon allemand et à relire la plume à la main l’Histoire grecque et l’Histoire romaine [Celles-là même dont nous retrouvons les notes dans son carnet de citations (voir lot suivant)]. J’aurais bien voulu écrire mes souvenirs de la campagne. Mais comme j’avais commencé de le faire à Osnabrück, les Allemands me les ont pris un jour de fouille. Je ne recommencerai donc pas ici, je les écrirai plus tard, en y ajoutant quelques petites choses…

Quant à la privation de tabac, je m’en réjouis car elle va achever de me faire perdre l’habitude de fumer récemment prise, et d’ailleurs les cigarettes qu’on nous vend ici ne valent rien.

En ce qui concerne les journaux, je m’explique fort bien que l’ennemi nous empêche de les lire maintenant où leur lecture nous réjouit tant, et pour cause. Il faudrait en effet avoir le caractère particulièrement élevé pour nous les donner tout de même, et on ne peut en conscience exiger que les Allemands aient une élévation de caractère supérieure à la moyenne de l’humanité. Aussi ne trouvons-nous là rien d’extraordinaire. Nous nous consolons amplement en pensant au motif qui les détermine à nous priver de nouvelles »…

Après avoir demandé des nouvelles de M. Boud’hors [lieutenant-colonel qui commandait le 33e R.I. à Douaumont] et de ses frères, et évoqué la mort de sa tante Ghesquière, il conclut : « Je fais revivre la mémoire de mon brave et excellent chef de bataillon le commandant Henri Cordonnier mort au champ d’honneur au nord de Verdun. Dans mon lamentable exil, c’est ma meilleure consolation de penser que les heures de l’Histoire autrefois écoulées et où j’ai eu l’honneur immense de prendre part sont pour quelque chose dans les heures qui s’écoulent à présent et où je ne suis plus rien »…

LNC, I, p. 261 à 263.

4 000 - 6 000 €

43

GAULLE Charles de.

Carnet autographe de notes personnelles. Commencé à l’été 1916, se poursuivant pendant ses années de captivité, puis repris en janvier 1919. Carnet in-8 (18,2 × 11,5 cm), 152 pages manuscrites (76 ff.) sur 80 feuillets.

Très important et riche carnet de notes et de citations de Charles de Gaulle, nous renseignant sur ses lectures, recherches et pensées durant cette période d’inoccupation forcée.

« Et dans l’action, il ne faut rien dire. Le chef est celui qui ne parle pas. »

— Charles de Gaulle, vers 1916

La première partie du carnet correspond à une prise de notes liée à la lecture d’un ouvrage sur l’Histoire Grecque. Sont notamment évoquées des considérations géographiques de la région hellénistique, les guerres médiques (490-479), Salamine et Platées (480-479), la suprématie d’Athènes (479-431), la jalousie de Sparte (431-404), la guerre du Péloponnèse.

Ces propos sont suivis d’un pèle-mêle de notes historiques diverses, concernant principalement le début du XIXe siècle et les personnages significatifs de l’épopée napoléonienne : Berthier, Clarke, Oudinot, Lannes, Augereau, Gouvion Saint-Cyr, Lefebvre, Siéyès, Duroc, Mortier, M. de Rémusat, M. de Narbonne, Madame de Staël, Benjamin Constant, Mme Tallien, Chateaubriand, Garat – qui fut Grand-Juge sous Napoléon -, Lacépède, le cardinal Fesch, Fouquier-Tinville… mais aussi du SecondEmpire : l’impératrice Eugénie, la duchesse d’Albe, le prince Napoléon dit « Plon-Plon », la princesse de Metternich, la reine Victoria, Mme de Castiglione…, puis la Troisième République : Gambetta, Grévy, le duc d’Audiffret-Pasquier, Ledru…

Sont également évoqués, dans une tonalité d’Ancien Régime : le marquis de Laborde, le marquis de Piennes, le duc de Broglie, le duc de Richelieu…

Charles de Gaulle intègre également de brefs résumés biographiques de personnages historiques. Nous pouvons par exemple citer « le père Lacordaire […] qui prononce à Saint-Roch un sermon fameux sur “la dignité du caractère”, qui agita pas mal l’opinion. […] il accepte la direction du collège de Sorèze reconstitué […], est reçu à l’Académie française vers 1860, au fauteuil de Tocqueville, […] avait pour Chateaubriand une admiration extrême […] » Il évoque encore, dans un tout autre registre, le peuple

des Aryens qui « vinrent dans l’Inde en descendant des plateaux de l’Iran […] sont conduits par Rama […], ont comme prêtres les brahmanes […] » Il ajoute : « ce qui fut merveilleux dans cette religion des trois dieux, c’est qu’elle s’adapta parfaitement à la forme de la société par castes telle que les Indiens, sous l’influence des brahmanes, la concevaient. »

Une partie importante du carnet est dédiée aux notes de lecture et à l’analyse de l’ouvrage L’Allemagne et la prochaine guerre de Friedrich von Bernhardi (1912). Il effectue un bref résumé de chaque chapitre, ces derniers s’intitulent : Le Droit à la guerre, le Devoir de la guerre ; Court aperçu sur le développement historique de l’Allemagne ; la Mission historique de l’Allemagne ; Être une puissance mondiale ou disparaître ; Importance sociale et politique de la préparation de la guerre ; Le Caractère de notre prochaine guerre ; La prochaine guerre sur mer ; De quoi il s’agit ; Considérations sur l’organisation de l’armée ; L’Instruction ; Préparation de la guerre navale ; Force militaire et éducation publique ; Préparation financière et politique de la guerre.

Friedrich von Bernhardi (1849-1930) est un écrivain et général allemand, théoricien du pangermanisme.

Il met d’ailleurs en évidence que « la guerre est menée maintenant avec des masses et sur d’immenses espaces. Mais la victoire s’obtenant toujours par la concentration au point et au moment décisifs de forces supérieures à celles de l’adversaire, le vainqueur sera celui – à commandement d’une valeur égale – qui aura des masses plus aisément maniables. […] Enfin, il est essentiel que tous ceux qui commandent, du haut en bas, aient une personnalité très marquée, de l’initiative et du caractère. »

D’autres considérations, laissant présager ses thématiques futures, apparaissent à plusieurs endroits du carnet. Ainsi, par exemple : « Il faut être un homme de caractère. Le meilleur procédé pour réussir dans l’action et de savoir perpétuellement se dominer soi-même, ou mieux c’est une condition indispensable.

Mais se dominer soi-même doit être devenu une sorte d’habitude, de réflexe moral obtenu par une gymnastique constante de la volonté, notamment dans les petites choses : tenue, conversation, conduite de la pensée, méthode recherchée et appliquée en toutes choses, notamment dans le travail.

Il faut parler peu, il le faut absolument. L’avantage d’être un causeur brillant ne vaut pas au centième celui d’être replié sur soi-même, même au point de vue de l’influence générale. Chez l’homme de valeur, la réflexion doit être concentrée. Autrui ne s’y trompe pas.

Et dans l’action, il ne faut rien dire. Le chef est celui qui ne parle pas. »

Notre précieux document nous renseigne également sur les lectures de Charles de Gaulle durant cette période, il évoque ainsi les ouvrages suivants (énumérés ici de façon non exhaustive) : Le Rouge et le Noir de Stendhal (« Caractère du héros bien marqué et intéressant quoique vraiment compliqué et trop machiavélique pour son âge. […] ») ; l’Éducation sentimentale de Gustave Flaubert ; Les sables mouvants de Colette Yver ; En ménage de Huysmans ; Le Salon du Quai Voltaire de Jules Case ; un article de Gaston Rageot sur Lloyd George ; La Veillée des armes de Marcelle Tinayre…

Il est intéressant de voir apparaître des commentaires sur l’art en général - terrain sur lequel nous nous attendons moins à trouver Charles de Gaulle - (« L’architecture seule engendre les arts mineurs. Un meuble n’a jamais d’autre style que celui du monument contemporain. ») et la sculpture en particulier. Ainsi, dans « des causeries de Rodin sur l’art », il note que l’artiste « aime faire ressortir cette idée que l’œuvre d’art, tout en s’en tenant à reproduire la nature, ne doit pas servilement copier une attitude. En effet, dit-il, l’art n’existe pas sans le mouvement et le mouvement est le passage d’une attitude à une autre. Mais si l’œuvre se borne à en reproduire une seule comme dans la photographie, elle ne donne pas l’impression du mouvement et n’est donc pas une œuvre d’art. »

Enfin, ce manuscrit laisse apparaître quelques pensées ou citations fulgurantes : « L’indéfinissable splendeur de ceux qui sont destinés aux grandes entreprises » (Flaubert) ou encore « Le chant du coq gaulois a fait jaillir enfin le soleil des revanches. »

Ce formidable document, éclectique et foisonnant, qui a survécu aux fouilles successives des gardiens allemands, nous renseigne sur les goûts historiques, géographiques, artistiques, politiques, philosophiques et littéraires de Charles de Gaulle.

Bibliographie :

LNC, I, p. 267 à 326 puis p. 444 à 446.

10 000 - 15 000 €

44

GAULLE Charles de.

2 L. A. S., [camp de Scuczyn] 6 et 17 septembre 1916, à sa mère Jeanne de Gaulle à Paris ; 6 pages in-12 chaque au crayon, la 1ère avec son enveloppe autographe signée portant des cachets et marques postales allemandes de l’Offizier-Gefangenenlager

Lettres du camp de prisonniers, évoquant des nouvelles familiales et militaires.

6 septembre. Après avoir évoqué « un temps chaud et assez orageux », il développe le fond de sa pensée, résigné de ne pas pouvoir combattre : « Ma pensée s’unit si complètement aux vôtres dans ces jours décisifs !… Elle se porte notamment sans cesse sur mes frères et mes cousins combattants. Combien je pleure dans mon cœur, de cette odieuse captivité, vous le savez ma si chère petite Maman ! Mais qu’importe mon cas particulier ! Qu’elle dure autant de mois qu’il faudra pour que le résultat à atteindre soit atteint d’une façon complète, écrasante ! Le reste n’a aucune importance. »

Plus loin, à propos de la naissance prochaine de l’enfant de sa sœur Marie-Agnès : « que de beaux et bons petits Français vont être nécessaires pour remplacer ceux qui sont morts pour la patrie ». Il évoque ensuite ses frères, « heureux et fier d’apprendre la nomination de Jacques au grade de lieutenant sur le champ de bataille. Je lui souhaite maintenant de tout mon cœur quelque belle citation, déjà méritée du reste » ; et plus loin, du fait d’un prochain séjour à Wismes : « J’espère aussi qu’il va achever de fortifier Pierre et qu’il pourra à bref délai commencer à son tour son apprentissage du métier des armes. Il aura sans doute la gloire de porter à l’ennemi les derniers coups, gloire pour laquelle j’aurais donné n’importe quoi. Pourtant, il y en a de plus à plaindre que moi : ceux par exemple qui ont été ramassés par l’ennemi sur le champ de bataille au début de la campagne, dans les jours si lointains où les Français reculaient »…

17 septembre. Après avoir évoqué sa sœur Marie-Agnès et quelques considérations matérielles il écrit : « Ici, les jours s’écoulent pareils les uns aux autres, illuminés toutefois par les nouvelles excellentes que les journaux nous apportent chaque jour. Nous espérons bien que les centaines d’officiers allemands faits prisonniers sur la Somme en si peu de semaines soient au fur et à mesure délicatement expédiés au Dahomey par exemple. C’est à mon avis la seule façon de contraindre l’ennemi à nous donner ici ce qu’il nous doit. Vous allez rire, si je vous dis qu’il y a parmi les Allemands qui nous entourent une foule d’individus – et le plus souvent instruits – qui ont l’audace de venir de temps en temps nous parler d’une alliance de leur race avec la nôtre après la paix !!! Il n’y a rien à répondre sur ce chapitre, n’est-il pas vrai ? sinon un pur et simple haussement d’épaules, seule réponse qu’ici nous soyons en mesure de leur faire et contraints de compter sur les camarades restés au feu pour achever de leur faire comprendre quelle est à cet égard la manière de voir de notre glorieuse France… »… LNC, i, p. 264 à 267.

On joint une enveloppe adressée au capitaine de Gaulle par M. Averlant de Paris, envoyée au camp d’officiers d’Osnabrück, et réexpédiée vers les camps de Neisse puis Ingolstadt, avec de nombreuses marques postales militaires.

5 000 - 7 000 €

Le capitaine de Gaulle servant la soupe à ses camarades d’infortune (camp de prisonniers de Sczuczyn, Biélorussie).

GAULLE Charles de.

2 L. A. S., Ingolstadt 18 et 21 mars 1917, à sa mère Jeanne de Gaulle à Paris ; 1 page in-12 au crayon sur Postkarte avec adresse au verso (cachets et marques postales), et 4 pages in-8 au crayon à en-tête Fort 9 Ingolstadt (Bayern) avec son enveloppe (marques postales).

Sur ses conditions d’incarcération et les techniques d’évasion.

Dans Lettres, notes et carnets, l’amiral Philippe de Gaulle précise : « En mars 1917, il est toujours à Ingolstadt, d’où il a fait une première tentative d’évasion le 29 octobre 1916 et où il a été ramené début novembre. »

18 mars. « Votre lettre du 5 me demande avec une ombre d’inquiétude des nouvelles de ma santé : elle est excellente. Quant à me faire photographier, je le puis très certainement, mais dans ma lamentable situation actuelle, je m’y refuse absolument. Oui, nous avons ici un prêtre français qui remplit les fonctions d’aumônier »…

21 mars. Après s’être inquiété de ne pas avoir de nouvelles de sa sœur Marie-Agnès il poursuit en évoquant son quotidien de prisonnier : « L’hiver est décidément fini. À part de fréquentes giboulées la température est devenue clémente. Vous me demandez souvent si je me promène. Oui, deux heures par jour au moins à l’intérieur du fort. Le plus réconfortant dans notre situation est l’excellente camaraderie qui règne entre nous, ce qui nous empêche d’être jamais seuls même moralement. Nous avons d’ailleurs une bibliothèque assez bien fournie. […] Nous avons d’ailleurs au Fort 9 des cours assez grandes pour pouvoir y faire du sport. »

Il poursuit en évoquant les vivres et effets personnels envoyés par sa mère : « Vos paquets m’arrivent d’une façon régulière, ma bien chère Maman, y compris votre pain qui est excellent. Les chaussures sont arrivées et me vont fort bien. Je vous répète que cela m’est indifférent de recevoir des boîtes de conserve faites à la maison ou d’autres : je pensais que cela serait plus économique. Merci également pour vos cigarettes. Encore une fois, ne vous préoccupez d’aucune façon de ma santé qui est fort bonne. Du reste, mon sort ne présente aucun intérêt puisque je ne suis bon à rien. »

L’outillage nécessaire à ses évasions était caché dans cinq boîtes de conserve truquées.

LNC, I, p. 326-328.

On joint une L. A. S. du capitaine Bataille au commandant de Gaulle, Jarnac 18 mars 1917 (4 p. in-8), donnant des nouvelles des officiers du 33e, dont Charles « signalé prisonnier »…

5 000 - 7 000 € 46

GAULLE Charles de.

2 L. A. S. « Charles », Ingolstadt 8 et 22 avril 1917, à sa mère Jeanne de Gaulle ; 1 page in-12 chacune au crayon sur Postkarte avec adresse au verso (cachets et marques postales),

Cartes du prisonnier sur les effets de l’éloignement familial.

15 avril. « Voici passé la deuxième fête de Pâques de ma captivité. Je ne veux pas vous dissimuler que j’en éprouve une immense et inexprimable tristesse. Mais cela n’a aucune importance générale, n’est-il pas vrai ? En tout cas, ces jours-ci plus et mieux que jamais mon cœur est avec les vôtres. »…

22 avril. « Une carte que je reçois de M. A. [Marie-Agnès, sa sœur] m’apprend que notre pauvre chère Marie-Lucie a succombé le 16 mars. J’en suis comme vous profondément ému. M.A. en est elle-même extrêmement attristée. Vous me demandez inlassablement de mes nouvelles. Une fois de plus, je vous répondrai qu’elles sont excellentes. Mais je voudrais être bien certain que vous-même, ma bien chère petite Maman et que Papa, allez bien malgré ce rude hiver et tous vos soucis. J’aurai bientôt besoin d’une paire de bottines pour remplacer mes bottines à élastiques qui sont bien usées, et d’une feuille de cuir pour les ressemelages éventuels »…

LNC, I, p. 328 et 329.

On joint une L. A. S. à son frère Pierre de Gaulle, 15 avril 1917 (sur Postkarte), dans laquelle il évoque ses profondes pensées pour les siens, l’encourage à réaliser ses désirs et évoque la mort de Marie-Lucie.

2 500 - 3 000 €

BridgemanGiraudon
Le capitaine de Gaulle avec le lieutenant-colonel Boud’hors dans une tranchée.
Deuxième partie. – Première Guerre mondiale

GAULLE Charles de.

L. A. S. « Charles », Kronach 21 juillet 1917, à sa mère Jeanne de Gaulle à Paris ; 1 page in-12 sur Postkarte avec adresse au verso (cachets et marques postales).

Lettre de son nouveau camp de Rosenberg. « Je vous écris du nouveau camp où j’ai été envoyé hier. Toujours en Bavière comme vous voyez. Bien que cela soit d’un intérêt pire que médiocre, je puis vous dire que l’on est ici mieux qu’au Fort d’Ingolstadt sous le rapport de la nourriture et du logement ». Il s’inquiète d’être sans nouvelles.

LNC, i, p.330.

On joint un menu humoristique manuscrit et aquarellé, daté « 14 juillet 1917 / Ingolstadt / Fort 9 / Chambre 13 », et listant « Omelette aux pointes d’asperges / Poulet à la gelée / Côtelettes de porc, haricots verts / Salade de fruits variés / Confiture d’oranges / Vrai café », et les vins « Mariani / St Julien / Moselle » ; la partie supérieure accueille un petit dessin figurant un soldat Allemand famélique regardant à travers une fenêtre de prison une table dressée et ornée de mets appétissants. Devant la fenêtre est suspendue une pancarte « Verboten ! » [Interdit !]

2 500 - 3 000 €

48

GAULLE Charles de.

2 L. A. S., [camp de Rosenberg-Kronach] 5 et 22 août 1917, à sa mère Jeanne de Gaulle à Paris ; 6 pages pet. in-8 (cachet de censure du camp) avec son enveloppe (cachets et marques postales), et 1 page in-12 d’une Postkarte avec adresse au verso.

Intéressante lettre codée envoyée à sa mère afin de préparer sa future évasion. 5 août. Il commence sa lettre en souhaitant une bonne fête à sa « bien chère Maman », puis il évoque la carrière de Pierre et prédit « que le temps ne lui manquera pas pour y briller comme il le désire »…

Il raconte son transfert dans son nouveau lieu d’incarcération (camp de RosenbergKronach) : « Je ne suis pas mécontent d’avoir changé de camp, bien que je regrette un peu les excellents camarades que j’avais à Ingolstadt. Mais ici je suis sensiblement mieux logé — en tout cas nous sommes dans de vraies chambres. Vos paquets sont toujours les bienvenus. Je dirai même qu’ils le sont de plus en plus. Vous savez sans doute qu’au lieu de pain je reçois maintenant de Suisse des espèces de galettes biscuitées. Elles sont du reste fort bonnes. Je crois qu’il faut d’ici à l’hiver renoncer tout à fait aux boîtes de viande cuites à la maison, car elles n’arrivent pas en bon état en cette saison »…

La dernière partie de la lettre, banale en apparence, comporte un certain nombre de mots soulignés, formant un code pour l’envoi de vêtements civils afin de préparer une évasion : « Nous voilà encore dans la pluie, ce qui nous tient enfermés ensemble Je vous écris après avoir une heure recousu des boutons !… Un civil – ou presque –, je le deviendrais sans les nouvelles que vous m’envoyez ! Il me faut parfois regarder mes galons pour me souvenir que je porte l’uniforme. J’ai reçu les passepoils. Dans le prochain paquet, mettez-moi des boutons de toute sorte, et aussi de quoi coudre. Car enfin, c’est dans trois mois l’hiver ! Pour nous qu’arrivera-t-il ensuite ? Simple question de pardessus… À ce propos vous pourrez d’abord m’envoyer un pantalon. Puis en même temps une simple veste d’intérieur ou un gilet ; mais que tout cela n’ait rien de civil !… Vous savez que, sauf celui d’agir hélas ! Je garde mes principes complets Pour mes frères, je suis bien content des nouvelles reçues hier de leur part. À l’un et à l’autre, je vous en prie, envoyez mille pensées pour moi ».

22 août. Après avoir évoqué le temps et la bonne santé de sa famille, le post-scriptum fait référence à la lettre précédente et à ses velléités d’évasion : « Pour le complet et le pardessus, il va sans dire que ce n’est pas à quelques semaines près. Je vous écris à Paris, ne sachant au juste quand ma carte vous arrivera ».

LNC, I, p. 330 à 332.

4 000 - 6 000 €

GAULLE Charles de.

L. A. S., [Rosenberg-Kronach] 8 septembre 1917, à sa mère Jeanne de Gaulle à Paris ; 6 pages in-8 avec cachet de censure du camp, enveloppe avec cachets et marques postales.

Lettre du prisonnier commentant l’évolution du commandement français.

Sa « bien chère Maman » est « désormais seule avec Papa, puisqu’à l’heure qu’il est Pierre a dû vous quitter. Lui n’avait encore jamais quitté la maison paternelle, et la première fois qu’il le fait c’est pour remplir le plus grand et le plus rude des devoirs.

Aussi ma pensée ces jours-ci va peut-être davantage à vous et à Papa qu’à notre cher Pierre. Du moins lui, a-t-il pour le soutenir la satisfaction d’un généreux désir enfin réalisé et bientôt la réalité continue et absorbante de l’action. […]

Je reçois toujours assez régulièrement vos lettres, ma bien chère Maman, qui sont pour moi l’unique réconfort extérieur que je reçoive, la seule façon qui me reste de communiquer – et encore de quelle incomplète façon – avec la pensée française. »

Il informe que « depuis près d’un mois les paquets n’arrivent pour ainsi dire plus, sans que nous sachions au juste à quoi attribuer ces retards. Et même, à ce propos, je me vois obligé de vous prier, ma bien chère Maman, de faire suspendre une fois de plus l’envoi du Pain de Suisse. Tantôt pour une raison, tantôt pour une autre il m’arrive toujours complètement gâté et immangeable »…

Suit une intéressante considération à propos du commandement : « Avec ma manie de généraliser, j’en renforce ma conviction qu’on s’est enfin mis à un régime et à une méthode économiques. Nous sommes débarrassés maintenant du règne de l’École polytechnique dont une des funestes influences sur l’esprit de ceux qu’elle a formés est de leur donner le seul goût des jugements a priori, et de leur faire croire à la valeur absolue des hommes et des moyens. Soyez assurée comme je le suis que nous nous trouverons le mieux du monde de ce changement »…

Il ajoute : « Je vois arriver l’hiver sans alarme, bien que dans ma situation ses tristesses soient plus poignantes que dans aucune autre, mais je sais hélas ! que matériellement je n’aurai guère à en souffrir, et cela redouble mon chagrin. Vigny conseille de faire énergiquement sa lourde et rude tâche, mais moi je n’ai même pas à déplacer un fardeau. Il est vrai que tout cela n’a aucune importance générale et que “l’ensemble” est la seule question qui doive compter »…

LNC, I, p. 333-334.

On joint une L. A. S. de Jeanne de Gaulle à son fils Charles, du 4 septembre 1917 (4 p. in8, enveloppe), dans laquelle elle évoque le départ de tous ses enfants qui la laisse seule, s’inquiète de savoir si son fils a bien reçu ses colis : « Je crains que non d’après ce que disent les journaux » ; elle poursuit : « de tous mes enfants tu es celui qui a la plus grande place dans mes pensées et dans mes prières parce que tu souffres beaucoup plus. »

4 000 - 6 000 €

50

GAULLE Charles de.

2 L. A. S., Ingolstadt [novembre ou début décembre] et 9 décembre 1917, à sa mère Jeanne de Gaulle à Paris ; 3 pages et demie in-8 à en-tête Fort 9. Ingolstadt (Bayern), et 1 page in-12 d’une Postkarte avec adresse au verso et cachets et marques postales. Après ses tentatives d’évasion.

Le capitaine de Gaulle s’évade du camp de Rosenberg le 15 octobre avant d’être repris dix jours plus tard. Il est alors puni de soixante jours d’arrêts et de trois semaines de prison à la prison militaire de Passau. Le 30 octobre, il essaie une nouvelle fois de s’échapper mais est repris aussitôt. Il est alors transféré dans le camp de prisonnier d’Ingolstadt en novembre 1917.

[Novembre ou début décembre]. « Comme vous le voyez à l’en-tête de ma lettre, je suis revenu à Ingolstadt et au Fort 9. Je m’y attendais du reste depuis plusieurs semaines et vous l’avais fait pressentir. Ce changement ne me chagrine aucunement, au contraire. J’ai retrouvé ici un grand nombre des bons camarades que j’y avais laissés, et nous verrons venir l’hiver sans excès de tristesse et d’ennui, ce qui, dans notre situation, est, n’est-il pas vrai ? l’essentiel. »

Plus loin, il avoue avoir « des préoccupations à votre sujet, ma bien chère Maman, et aussi au sujet de Papa. Je voudrais être certain que vous vous fatiguez physiquement et moralement le moins possible, et que vous vous accordez à cause de cela plus de repos qu’en temps de paix. Je pense le cœur serré que vous allez passer cet hiver bien seuls à la maison »…

La dernière partie de la lettre comporte des mots soulignés au crayon ; il s’agit probablement d’un code afin de se faire expédier des éléments nécessaires à une future évasion : « Nous voilà encore, d’après ce que je vois, préoccupés d’examens nouveaux dans la famille. Notre Pierre, m’écrivez-vous, travaille beaucoup et vous craignez que sa fatigue augmente, cela ne me surprend guère, car je sais par expérience combien il est malaisé de réussir cet examen. Un jour sans doute son application et sa confiance en lui croissant avec le succès, il pourra nourrir l’espoir de mener vraiment le train. Il est en garde maintenant contre le surmenage et n’y sera pas repris j’espère. Dans votre lettre du 27 octobre vous vous inquiétez du paquet de nouilles, mais ma carte envoyée le 19 novembre vous apprendra qu’il est sauvé. Par contre j’attends encore l’uniforme annoncé »…

9 décembre. « Nous continuons ici d’être sans nouvelles régulières de vous et sans paquets. J’ai toutefois reçu de M.A. un mot du 25 novembre où elle m’annonce que le petit Michel a dû subir une nouvelle intervention du chirurgien et un mot du 28 où elle me dit que tout va bien maintenant pour le cher bébé. » Il demande également à ses parents de faire parvenir 100 Marks « calculés sur le change du jour, car je les ai empruntés au Capitaine pour ce que vous savez [probablement son évasion] et je suis séparé de lui. »

LNC, i, p. 334 à 336.

3 000 - 4 000 €

51

GAULLE Charles de.

3 L. A. S., Ingolstadt 21 janvier, 6 et 26 février 1918, à sa mère Jeanne de Gaulle à Paris ; 3 pages et demie in-8 à en-tête Fort 9. Ingolstadt avec son enveloppe, et deux sur 1 page in-12 d’une Feldpostkarte avec adresse au dos.

Lettres du camp de prisonniers d’Ingolstatdt.

21 janvier. « Je n’ai rien de nouveau à vous annoncer pour moi. J’ai reçu enfin de vous toutes les lettres écrites en novembre et décembre. Elles m’annoncent la mort d’Anne-Marie Kolb… que de chagrins affreux pour sa pauvre maman et pour ses sœurs ! Cette mort fera sans doute de la peine à notre cher Xavier à qui je pense tant… Pierre a pris je le vois le meilleur chemin : j’en suis heureux et fier »…

6 février. Il évoque ses bonnes conditions de captivité : « Mais à ce propos comme à tous les autres, je vous conjure, ma bien chère Maman, de ne pas vous préoccuper outre mesure de ce qui m’advient. Ce n’est pas à mon âge et avec ma très bonne santé que quelques semaines d’un menu réduit peuvent avoir quelque importance, et l’hiver – qui d’ailleurs touche à son terme – n’est vraiment pas assez rigoureux pour qu’on puisse en souffrir sérieusement dans la situation où je me trouve. J’aimerais mille fois mieux évidemment avoir froid pour quelque chose comme Xavier, Jacques, Pierre et mes cousins… » Et, à propos de ceux qui combattent : « Au fur et à mesure que s’accroît la puissance des moyens, le danger relatif auquel ils sont exposés grandit beaucoup pour les artilleurs. J’espère du moins que la gloire ne diminue pas en proportion comme elle a parfois coutume… »

26 février. [Timbrée le 28 juillet par les Allemands sans indication de lieu, parvenue à La Ligerie en Dordogne le 31 juillet] « L’époque de ma permission est encore retardée par suite de circonstances fortuites. Il m’est impossible de vous en annoncer la date approximative : il faudrait d’abord pour cela que le régime des permissions fût rétabli. Or il n’en est rien pour le moment. Je vous embrasse cent fois vous et Papa »…

LNC, i p. 405 à 407.

On joint L. A. S., Paris, 20 janvier 1918, d’Henri de Gaulle, son père, à un colonel, 20 janvier 1918 (4 p. pet. in-8). Il le félicite pour « la promotion de la Légion d’Honneur » de son fils Médecin principal. Un passage concerne Charles de Gaulle : « Charles en est à sa sixième tentative d’évasion ! On l’a ramené à Ingolstadt dans un certain fort n° 9, qui est spécifiquement affecté aux officiers récidivistes »…

3 000 - 4 000 €

GAULLE Charles de.

3 L. A. S., Ingolstadt 17 mars, 14 et 17 avril 1918, à sa mère Jeanne de Gaulle ; 1 page in-12 d’une Feldpostkarte avec adresse au dos pour le deux premières, et 4 pages in-8 à en-tête Fort 9. Ingolstadt avec son enveloppe.

Nouvelles tentatives d’évasion.

17 mars. Sur son frère : « Hourra ! pour le capitaine Xavier à qui je vous prie d’envoyer mes compliments et mes vœux de ne point s’arrêter en si bonne voie. Son 3e galon va sans doute recevoir un fameux baptême »…

14 avril. « Je suis de nouveau revenu ici après deux mois d’absence du même genre que précédemment et pour un motif identique [nouvelle tentative d’évasion]. J’y resterai sans doute jusqu’à nouvel ordre. […] Je n’ai pas besoin de vous dire que ma manière de voir au point de vue général n’a pas changé d’une ligne. À mon point de vue particulier elle est plus nette que jamais »…

17 avril. Après s’être inquiété de la santé de ses parents et de ses proches et avoir rassuré sur la sienne, il évoque avec admiration l’engagement d’un de ses cousins Maillot, jeune volontaire pour l’infanterie : « Ce que vous m’avez dit de la résolution de Joseph et de la façon désintéressée jusqu’à l’extrême dont il l’a mise à exécution achève de me prouver sa haute morale. Je le dis très simplement mais de toute ma conviction émue ; après toutes les expériences accumulées, un jeune homme qui, sans aucune obligation, multiplie par cent le péril qu’il va courir, par mille la fatigue, la boue, la contrainte, réalise sur lui-même l’effort le plus méritoire, je crois, que l’on puisse imaginer. D’autant que dans l’infanterie la gloire du soldat n’est pas - vous le savez –à beaucoup près mesurée à ses larmes »… Il reproduit, « y compris l’orthographe enfantine », un petit mot reçu du « petit Joseph » (fils de sa sœur Marie-Agnès).

LNC, i, p. 408 à 410.

On joint une L. A. S. de Jeanne de Gaulle à son fils Charles, Paris 9 mars 1918 (4 p. in-8) : « Nous ne nous doutions pas que tu eusses été l’objet de mesures si rigoureuses et pourtant j’avais deviné qu’il se passait pour toi quelques chose d’anormal, le cœur maternel a de ces présentiments qui ne le trompent pas »… Plus 2 bulletins de nouvelles en langue allemande.

3 000 - 4 000 €

53

GAULLE Charles de.

3 L. A. S., Ingolstadt et Wülzburg 5, 15, 19 et 31 mai 1918, à sa mère Jeanne de Gaulle, à La Ligerie (Dordogne) : 1 page in-12 sur Postkarte avec adresse au dos, 4 pages in-8 à en-tête Fort Prinz Karl, Ingolstadt, 1 page in-12 sur carte postale avec adresse au dos, les 3 au crayon, et 5 pages et demie in-8 à en-tête Kriegsgefangener Offiziergefangenenenlagen, Wülzburg avec son enveloppe.

Au sujet d’un possible échange de prisonniers.

5 mai : « je n’ai rien reçu de vous ni de personne et tous mes camarades en sont au même point. Sans doute les fermetures de frontières en sont-elles la cause principale. J’ai reçu le superbe colis de ma tante Alix. C’est admirable et évidemment elle et vousmême avez reçu une salutaire inspiration. Je trouverai certainement à tout employer du contenu dans le courant de l’année »…

15 mai. « Comme vous le voyez et vous en doutiez peut-être déjà, me voici changé de fort. […] Les journaux de l’ennemi nous apprennent la signature d’un accord concernant entre autres choses l’échange des prisonniers de guerre et l’internement en Suisse des officiers dans certaines conditions [il s’agit en réalité d’une fausse information diffusée à dessein par les Allemands]. Pourriez-vous vous renseigner à cet égard et m’écrire si moi personnellement dans les conditions de durée de captivité

où je me trouve, je suis intéressé par l’accord en question ! Il ne vous échappera pas qu’il s’agit d’un échange nombre pour nombre, et que par conséquent la condition de 18 mois de captivité au minimum n’est pas nécessairement suffisante. […] Quant à un internement en Suisse en qualité de malade, il est inutile de vous dire que je n’y pense d’aucune façon. D’abord parce que je ne suis pas malade. Ensuite et surtout parce que ce serait renoncer définitivement à combattre un jour de nouveau »…

19 mai. indiquant sa nouvelle adresse : « OffizierKrieggef.lager Wülzburg bei Weissenburg im Bayern ».

31 mai. « Je n’ai rien de nouveau à vous apprendre en ce qui me concerne. D’ailleurs en ce moment, tout disparaît devant le drame général dont un acte nouveau se déroule. Je n’ai pas besoin de vous renseigner une fois de plus sur mes sentiments. » Il fait ensuite référence à ce soi-disant échange de prisonniers et demande à ses parents de se renseigner. Il y voit une opportunité pour retourner au combat : « Oui, si la question se pose pour moi j’accepterai, je ne puis croire qu’on laisse ensuite se démoraliser en Suisse dans l’inaction et les tentations de toutes sortes des officiers français et ennemis en bonne santé et échangés tête à tête alors que le sort de leur patrie se jouera à côté d’eux »… Et il conclut : « Je me sens littéralement honteux d’avoir à penser et à écrire des sottises de ce genre à l’heure qu’il est. Pourtant il y a maintenant une lueur d’espérance dans la nuit qui m’enveloppe. La guerre se prolongeant plusieurs années encore, je reprends espoir d’y participer encore »…

LNC, i p. 410 à 414.

On joint le manuscrit d’un jugement pour sa tentative d’évasion, en allemand, Ingolstadt 30 avril-2 mai 1918 (2 p. gr. in-4).

3 000 - 4 000 €

54

GAULLE Charles de.

2 L. A. S., Wülzburg 20 et 30 juin 1918, à sa mère Jeanne de Gaulle à La Ligerie (Dordogne) ; 1 page in-12 d’une carte postale avec adresse au dos, et 4 pages in-8 avec enveloppe (cachets et marques postales).

À propos de l’échange de prisonniers, et lettre codée dans la perspective d’une nouvelle évasion.

20 juin. Il est sans nouvelle de ses parents. « J’espère que notre cher Pierre se remet vite et bien de son accident en service commandé. Pour moi je suis rempli d’espoir et de confiance au point de vue général et à mon point de vue particulier »…

30 juin. Dans cette lettre codée, le capitaine demande à ses parents des effets personnels truqués dans la perspective d’une future évasion : « je me vois obligé de vous demander, ma bien chère Maman, une vareuse et un pantalon exactement pareils à ceux que vous m’avez envoyés au mois d’avril de La Belle Jardinière. Cela me servira de réserve pour les quelques mois qui viennent. » Il évoque une fois de plus ces hypothétiques échanges de prisonniers : « Vous avez l’air d’avoir quelque confiance dans les échanges. Tout ce que je puis vous dire, c’est qu’ils ne sont pas commencés et qu’il n’est aucunement question qu’ils commencent »…Il termine en codant sa lettre par des soulignements : « Nous voilà encore revenus aux longs jours où nous vivons surtout dans la cour. Du moins ici l’air est-il bon à cause de l’altitude. Je le respire donc, et au point de vue physique, c’est la meilleure manière que j’ai de m’aider. En cela, croyez-moi de toute façon je suis résolu à arriver en France un jour en bon état. Pour y réussir, j’économise mes moyens comme un failli. Quant à ma carrière, il sera temps encore de prendre par ti »…

LNC, i, p. 414 à 416.

3 000 - 4 000 €

L. A. S., Wülzburg, 16 juillet 1918, à son père Henri de Gaulle, à La Ligerie (Dordogne) ; 4 pages in-8 à en-tête, enveloppe, avec cachets et marques postales.

Sur une nouvelle tentative d’évasion.

Il écrit à son « bien cher Papa » et commence par évoquer, sans le dire, son évasion du 7 juillet et pour laquelle il sera repris trois jours plus tard. Cette tentative le soumet à 120 jours d’arrêts qui seront finalement écourtés par l’Armistice : « Je m’y prends un peu tard pour vous envoyer mes plus ardents et mes meilleurs souhaits de fête. Mais quand, un jour, vous saurez pourquoi, je suis certain que vous m’en excuserez… » Puis, après avoir constaté l’espérance des Français, il explique les concours moraux qui sont les siens et qui lui permettent de tenir : « C’est d’abord, mon bien cher Papa, l’exemple jamais oublié que vous avez donné d’avance à vos fils au début de votre vie, en combattant avec honneur le même ennemi qu’ils combattent aujourd’hui à leur tour. Ce sont encore les précieuses leçons que vous m’avez données tout le long de mon enfance à ce propos et à propos de tout ce qui s’y rapporte. C’est aussi la pensée qui ne me quitte pas de rester, même ici, digne de vous et de ma bien chère Maman ; digne de l’estime de mes vaillants et glorieux frères. C’est, enfin, l’orgueil raisonné et profond d’appartenir dans le passé et dans l’avenir à l’admirable armée française contre qui rien ne peut prévaloir, modèle impérissable de courage, de science du combat et de volonté de vaincre »…

LNC, i p. 416-417.

On joint une L. A. S. à sa mère, 26 juillet 1918 (carte postale, 1 p. in-12 avec adresse au dos). Il écrit à sa « bien chère Maman » et l’informe qu’il « n’y a rien de nouveau ici ni pour moi ni pour personne et aucun de mes camarades, même les plus anciens prisonniers, ne sont partis ni sur le point de partir. J’y trouve une justification de mon scepticisme – fait d’une longue expérience de la captivité et de l’ennemi »…

2 500 - 3 000 €

56

GAULLE Charles de.

4 L. A. S., Wülzburg 1er, 10, 20 et 25 août 1918, à sa mère Jeanne de Gaulle à La Ligerie (Dordogne) ; 4 pages in-8 à en-tête Kriegsgefangener Offiziergefangenenlager Wülzburg avec enveloppe, et 3 sur carte postale (1 p. in-12) avec adresse au verso, cachets et marques postales.

Bel ensemble où grandit l’espoir de la Victoire.

1er août. Il écrit à sa « bien chère Maman » pour sa fête, formant « le seul souhait que puisse formuler actuellement un Français, qui nous réunit tous, en dépit des exils et des périls, dans la même volonté et la même certitude ! […] Demain part pour la Suisse, le capitaine Brillat-Savarin du 20e bataillon de chasseurs à pied, prisonnier depuis le 10 août 1914, et que j’ai intimement connu au Fort 9, puis ici. C’était le plus ancien officier de ma chambre. […] Mais lui non plus ne désespère pas qu’un jour, on comprenne d’un côté comme l’autre qu’il n’y a qu’une vérité militaire en ce qui concerne les officiers prisonniers, c’est de les échanger de façon à ce qu’ils puissent de nouveau combattre, et non point achever de se démoraliser et de se déshonorer dans l’inaction en Suisse !!! C’est l’avis de beaucoup d’entre nous ici, et nous avons la ferme intention de le faire savoir au fur et à mesure que nous serons intéressés »… N’ayant aucune nouvelle de sa sœur Marie-Agnès, il lui semble indispensable qu’elle rejoigne ses parents : « La guerre devant, à mon avis, se prolonger encore littéralement des années, j’estime que sa situation risque de devenir intolérable. »

Il évoque sa vie quotidienne : « Vous me demandez de vous donner des détails sur le camp de Wülzburg. Il est en somme comme tous les camps ni meilleur ni pire. Pourtant vous savez que depuis quelques semaines nous pouvons, en donnant notre parole d’honneur de ne pas nous évader à cette occasion, faire aux environs, des promenades. C’est une grande amélioration physiquement et moralement, et j’en profite de temps en temps ; le pays est d’ailleurs joli »…

Il termine, enthousiaste et résolu : « Il faut élever son cœur à la hauteur de circonstances uniques dans l’histoire des hommes, mais d’où notre France éternelle sortira retrempée et redressée, à la place qui lui revient, je parle de la première »…

10 août. « Comme vous, je ne pense littéralement qu’à notre glorieuse armée »…

20 août. « Les jours pour moi se suivent et se ressemblent et c’est bien là le pire de mon état. Je suppose que vous expliquez maintenant mon scepticisme à propos d’un proche départ. J’ai lieu de penser néanmoins que les difficultés actuelles dont vous connaissez l’origine finiront par s’aplanir [allusion aux 120 jours d’arrêts de rigueur à la suite de ses tentatives d’évasion] »…

25 août. « Je commence à entrevoir le moment où j’aurai le très grand bonheur de vous revoir. D’après mes calculs ce serait vers la fin du mois de novembre, au plus tôt [toujours à cause de sa mise aux arrêts]. Pouvez-vous me faire faire le plus tôt possible une capote bleu horizon identique à celle d’il y a 2 ans et m’envoyer une Croix de guerre avec une palme et une étoile d’argent »…

LNC, i, p. 418 à 421.

4 000 - 5 000 €

«  je suis un enterré vivant »

— 1er septembre 1918

« […] notre France éternelle sortira retrempée et redressée, à la place qui lui revient, je parle de la première »

— 1er août

1918

GAULLE Charles de.

3 L. A. S., 1er, 10 et 30 septembre 1918, à sa mère Jeanne de Gaulle à La Ligerie (Dordogne) ; 4 pages in-8 à en-tête Kriegsgefangener Offiziergefangenenlager Wülzburg avec enveloppe, et 2 sur carte postale (1 p. in-12 avec adresse au dos, cachets et marques postales).

Sur ses conditions de détention, et évocation pessimiste de sa carrière après la guerre. 1er septembre. « Je n’ai pas besoin de vous dire que pour moi il ne se passe rien… Je suis un enterré vivant. Lisant l’autre jour dans quelque journal le qualificatif de “revenants” appliqué à des prisonniers rentrés en France, je l’ai trouvé lamentablement juste. […] Vous me proposez de m’envoyer des livres ! Hélas ! Je voudrais que vous sachiez, car le savez-vous ? dans quelles conditions matérielles je suis ici pour travailler, et n’ai jamais cessé d’être. Du reste, quand bien même ces conditions seraient radicalement différentes ! Travailler à quoi ? Travailler pour quoi ?… Pour travailler, il faut avoir un but. Or quel but puis-je avoir ? Ma carrière, me direz-vous ? Mais, si je ne peux combattre à nouveau d’ici la fin de la guerre, resterai-je dans l’armée ? et quel avenir médiocre m’y sera fait ? 3 ans, 4 ans de guerre auxquels je n’aurai pas assisté, davantage peut-être ! Pour avoir quelque avenir dans la carrière, en ce qui concerne les officiers de mon âge et qui ont quelque ambition, la première, l’indispensable condition sera d’avoir fait la campagne, d’avoir, au fur et à mesure qu’elle changeait de forme, appris à la juger, formé ses raisonnements, trempé son caractère et son autorité. Au point de vue militaire je ne me fais aucune illusion, je ne serai moi aussi qu’un ‘‘revenant’’ »…

10 septembre. Après avoir évoqué sa sœur Marie-Agnès : « Malgré les nouvelles et ce que vous m’écrivez, je persiste à penser que nos affaires ne réussiront pas de la manière complète qu’il faut, d’ici à un certain temps encore »…

30 septembre. « Je suis ici [à Magdeburg] pour quelques jours et ne m’y trouve pas plus mal qu’ailleurs. Il est probable que je retournerai à Wülzburg au début de la semaine prochaine. Dans tous les cas, ne changez pas l’adresse de mes lettres ni de mes paquets, et continuez de me les expédier à Wülzburg. Ici, du matin au soir, nous n’avons qu’une pensée en tête : vous savez laquelle, et elle est réconfortante. » […]

LNC, I, p. 421, 422 et 424.

2 500 - 3 000 €

d’Ingolstadt pendant la Première Guerre mondiale.

GAULLE Charles de.

L. A. S. (minute), camp de Wülzburg bei Weissenburg 12 septembre 1918, à Son Excellence M. l’ambassadeur d’Espagne à Berlin ; 1 page et demie grand in-4.

Très intéressante lettre priant l’ambassadeur d’Espagne à Berlin de faire appliquer immédiatement sa condamnation.

[Il est à noter qu’il revient à l’ambassadeur d’Espagne (pays neutre) à Berlin de se charger des intérêts des ressortissants français au pouvoir de l’ennemi. La condamnation évoquée sanctionne une « injure » faite aux gendarmes allemands lors de son arrestation après son évasion en novembre 1917. On peut penser que cette hâte à faire appliquer sa condamnation s’explique par sa crainte, le cas échéant, de ne pouvoir faire partie des officiers sélectionnés pour un échange de prisonniers si celle-ci est encore en suspens. Cette démarche entreprise auprès de l’ambassadeur d’Espagne semble avoir porté ses fruits puisque la lettre à sa mère datée du 30 septembre 1918 est adressée depuis Magdeburg.]

« J’ai l’honneur d’appeler la haute attention de Votre Excellence sur les faits suivants :

Le Conseil de Guerre d’Ingolstadt m’a condamné le 18 avril dernier à 14 jours de prison. Le jugement se rapportait à un fait survenu le 23 novembre 1917.

Votre Excellence voudra bien remarquer, en passant, qu’il a fallu cinq mois à l’autorité allemande pour terminer une instruction, limitée à la déposition écrite d’un seul témoin, et à mon propre interrogatoire. Le jugement une fois prononcé en première instance, j’ai renoncé à interjeter appel, en particulier dans l’intention d’en avoir fini au plus tôt avec la peine qu’il m’infligeait.

À la date d’aujourd’hui, ces deux semaines de prison ne sont toujours pas faites… J’ai adressé à l’autorité allemande plusieurs demandes à cet égard : elles n’ont eu aucun résultat.

L’Accord de Berne du 26 avril 1918 porte (article 34) : “[…] Les prisonniers condamnés seront immédiatement transférés dans un camp spécial”, etc. Un camp spécial a, d’ailleurs, été constitué à cette intention à Magdeburg. […]

Votre Excellence me permettra d’attendre de sa bienveillance : 1° que l’ambassade d’Espagne à Berlin cherche à obtenir des autorités allemandes qu’elles n’attendent point pour me faire exécuter ma punition »… Etc.

LNC, i, p. 423-424.

On joint un brouillon autographe de lettre en allemand, demandant de faire parvenir cette lettre à l’ambassadeur (1 page et demie in-8 au crayon).

2 000 - 2 500 €

Fort

GAULLE Charles de.

2 L. A. S., 15 octobre et 1er novembre 1918, à sa mère

Jeanne de Gaulle ; 4 pages in-8 chaques à en-tête Kriegsgefangener Offiziergefangenenlager Wülzburg, enveloppes avec cachets et marques postales.

Fin de captivité avec le regret de n’avoir pu prendre part à la Victoire. 15 octobre. « Comme vous voyez me voilà revenu de Magdebourg où j’ai été passer quelque temps. Malgré les circonstances qui ont amené ce voyage [l’application de sa condamnation], je ne suis pas fâché de l’avoir fait. Voyager, pour un prisonnier, c’est l’occasion de voir et de juger bien des choses, et précisément le moment était bien choisi. Ai-je besoin de vous dire, qu’en dépit de ma situation personnelle lamentable, je savoure en ce moment les plus douces journées de ma vie ? Il n’y a point de chagrins, de souffrances, de déceptions, de sacrifices, qui vaillent de loin ces satisfactions-là et celles qui vont suivre. Comme mes frères doivent être heureux, qui peuvent en outre exprimer leurs sentiments par l’organe de leurs canons ! »…

1er novembre. « Je n’ai pas à vous dire que ma pensée appartient tout entière aujourd’hui à nos chers morts, et particulièrement à ceux de nos parents, de nos amis qui sont morts pour la France, et dont le sacrifice sanglant a assuré l’existence de la patrie et cimenté le monument de sa gloire victorieuse. Du moins depuis le lointain début de cette guerre inouïe, est-ce la première fois que nous pouvons célébrer la fête de Toussaint, le cœur illuminé de certitude et rempli de la fierté grave et résolue du vainqueur. Sans doute aujourd’hui le couronnement de tant d’efforts est-il bien proche. Une fois de plus, après un long chemin dans la nuit, des séries d’espoirs déçus, des illusions innombrables écroulées,

des lassitudes furieusement vaincues, le succès a souri à la plus forte volonté !… À l’immense joie que j’éprouve avec vous des événements, se mêle il est vrai pour moi, plus amer que jamais, le regret indescriptible de n’y avoir pas pris une meilleure part. Il me semble qu’au long ma vie qu’elle doive être courte ou prolongée – ce regret ne me quittera plus. Que du moins il me serve d’aiguillon à penser et à agir mieux et davantage pour tâcher de remplacer, par beaucoup d’heures obscurément utiles, les quelques heures décisives et triomphantes que je n’aurai point vécues ! »…

On joint une L. A. S. par Xavier et Charles de Gaulle à leur père, 23 décembre 1918 (3 p. in-12, enveloppe). La guerre est finie ; le capitaine de Gaulle (au début de décembre) a retrouvé sa chère France. Il écrit à son « cher Papa » qu’il « compte aller voir Xavier à l’Hôpital Temporaire n° 64 de l’asile Vésinet cet après-midi » Ce mot est écrit à la suite d’une lettre de Xavier adressée à son cher papa et l’informant qu’il est hospitalisé.

LNC, i, p. 425 à 427 et 443-444.

3 000 - 4 000 €

« Chacun sent que cette paix n’est qu’une mauvaise couverture jetée sur des ambitions non satisfaites.  »
— Novembre 1918

60

GAULLE Charles de.

Manuscrit autographe, [La limitation des armements, novembre ? 1918] ; 11 pages in-8.

Conférence donnée à ses codétenus officiers à la fin de sa captivité.

Le manuscrit, sans titre, à l’encre violette ou noire, présente des ratures et corrections.

« Un sentiment commun apparaît pourtant chez tous les peuples belligérants, l’horreur des massacres commis. Pour réduire au maximum possible les occasions de conflits armés entre les patries, le monde entier veut aujourd’hui voir grandir et devenir obligatoire l’arbitrage international. Pour contraindre les ambitions à demeurer dans le devoir et y faire rentrer les pervers, chacun désire que soit établi effectivement ce que le président W. [Wilson] a appelé le Tribunal des Nations. Enfin une résolution domine, celle de mettre un terme à ce que la masse considère comme la cause essentielle de la guerre présente – et qui est en effet l’une de ses causes : la folie des armements sans limites en temps de paix ».

De Gaulle se propose d’examiner « dans quelle mesure et sur quelles bases est pratique et par conséquent probable la réalisation après la guerre de la limitation des armements par voie d’entente internationale, en admettant que soient constitués et fonctionnent l’arbitrage obligatoire des conflits d’une part et le Tribunal des Nations d’autre part. Nous étudierons ensuite comment une fois ces bases de limitation posées, la France pourra constituer ses forces militaires et quelle forme elle sera sans doute amenée à leur donner »… Etc.

Et il conclut ainsi : « L’Allemagne pardonnera-t-elle à l’Angleterre ?

La Belgique à l’Allemagne, la Serbie à la Bulgarie, l’Italie à l’Autriche ? Évidemment, pliant sous le poids des sacrifices, menacés d’une destruction totale les uns par les autres, guettés par la famine et tous les bouleversements sociaux qu’elle amènerait, les peuples de la Vieille Europe finiront par signer une paix que leurs hommes d’État appelleront paix d’entente ! et qui sera de fait une paix d’épuisement. Mais chacun sait, chacun sent que cette paix n’est qu’une mauvaise couverture jetée sur des ambitions non satisfaites, des haines plus vivaces que jamais, des colères nationales non éteintes. »

LNC, i p.427-432.

10 000 - 15 000 €

Deuxième partie. – Première Guerre mondiale

GAULLE Charles de.

2 manuscrits autographes, [Conditions du conflit et retour à la paix, 1918] ; 3 pages in-8 chaque.

Deux projets de conférences à la fin de sa captivité.

[Conditions du conflit et retour à la paix].

L’exposé est divisé en six points numérotés.

1. Il semble définitif que tous les peuples ont reconnu la folie des armements exagérés et ont résolu d’y mettre un terme après la guerre.

2. Mais la course aux armements d’avant la guerre ne s’est pas produite toute seule. Elle avait des raisons profondes »…

De Gaulle examine les raisons du conflit en Allemagne, en Russie, en Serbie, et le rôle des « nationalités non achevées ou considérées comme telles, ainsi que la formation des alliances…

Il s’inquiète d’un double danger : « A. Économiquement la rivalité des peuples ne cessera point. […] B. Politiquement, la rivalité des peuples va être exaspérée car aucune question ne sera sans doute résolue »… D’où « idée de l’arbitrage obligatoire pour les conflits avec comme corollaire la limitation obligatoire des armements »…

Le 6e point sert de conclusion : « Alors pour la limitation des armements, les grands peuples, surtout ceux qui ont beaucoup souffert, l’accepteront, mais aucun prévoyant l’avenir n’acceptera de désarmer tout à fait. »

LNC, I, p. 433-435. [Principes généraux des institutions militaires d’un État].

Ce projet se présente sous forme de canevas destiné à être développé oralement.Les institutions militaires d’un État doivent répondre : 1° à « ses mœurs (politiques, sociales) qui déterminent le caractère du recrutement. 2. À sa position géographique, sa politique extérieure, qui déterminent l’étendue des moyens (effectifs, moyens matériels). 3. À la forme que l’on attribue à une guerre possible d’après l’expérience faite dans la guerre ou les guerres précédentes, avec toutefois des dispositions suffisantes pour parer aux situations imprévues où la guerre revêt une forme différente (qui détermine la préparation à l’emploi des moyens : choix du commandement, nature de l’instruction, accumulation des moyens matériels ou dispositions). »

En ce qui concerne la France après la guerre, une « tendance démocratique générale » impose de maintenir le « principe du service militaire obligatoire égal pour tous ». Le voisinage de l’Allemagne et ses nombreuses colonies oblige la France à avoir « une armée nationale suffisante pour ôter à nos voisins l’envie de recommencer la guerre ; et une armée coloniale pouvant contribuer à la défense du sol et également défendre nos colonies toute seule ».

La nouvelle forme qu’a prise la guerre, mobilisant « toutes les forces du peuple en guerre sans exception, morales, sociales, économiques (industrielles, agricoles, communications) », et devenue « en grande partie une guerre de positions ou à peu près et une guerre de moyens matériel variés et se créant au fur et à mesure (effectifs nouveaux, artillerie lourde, aviation, sous-marins) », autorisera « en temps de paix une réduction des armements », pour éviter notamment d’entretenir des effectifs énormes, et d’accumuler des moyens matériels considérables… « Aussi les grands États européens s’entendront-ils sans doute assez facilement pour réduire leurs armements du temps de paix. Les effectifs présents en temps de paix sous les drapeaux se laisseront fort bien réduire et l’instruction aussi. […] Pour le matériel également. »

LNC, I, p. 435-436.

5 000 - 7 000 €

Le capitaine Charles de Gaulle à l’École supérieure de Guerre, 44ème promotion, 1922-1924.

Troisième partie. De Gaulle théoricien

Lots 62 à 135

62

GAULLE Charles de.

Carte postale autographe signée, 1er décembre [1918], au lieutenant Pierre Digier ; carte illustrée (vue du port suisse de Romanshorn), texte et adresse au verso

Retour en France après sa captivité.

« Du sol de France, meilleurs souvenirs et remerciements C. de Gaulle Capitaine au 33e R.I. »

[Le lieutenant Digier avait pourvu le capitaine de Gaulle du 1,90 franc suisse nécessaire au surclassement en 2e classe du billet de chemin de fer de 3e classe qui lui avait été remis et qu’il avait refusé en sa qualité d’officier.]

LNC, I, p. 437.

On joint le billet de chemin de fer de Romanshorn à Genève, avec le tampon de supplément de 1,90 ; plus un numéro du journal Münchner Neueste Nachrichten du 13 novembre 1918, et le bulletin d’information bilingue allemand-français Information de la Nachrichtenstelle du Arbeiter- und Soldatenrat, Frankfort-sur-le-Mein (vers le 15 novembre 1918, 2 p. in-8).

1 000 - 1 500 €

« Commander : en vue d’une fin, utiliser les hommes et les choses. »

— Vers 1918

GAULLE Charles de.

Manuscrit autographe, [Du Commandement, vers 1918 ?] ; environ 35 pages petit in-4.

Brouillons pour un essai sur le commandement, resté inédit.

Ce travail théorique, abondamment raturé et corrigé, se rattache par l’écriture aux années 1918-1920, peut-être à l’époque des camps de prisonniers allemands. Resté inédit, c’est une intéressante réflexion sur le commandement et l’art de commander.

On distingue deux ensembles, tous deux sur un petit papier carré : * Première version, très raturée et corrigée : 19 feuillets rassemblés sous un double feuillet servant de couverture (tache en forme de rond : bouteille d’encre ou tasse de café ?), chiffrés de 1 (et 1 bis) à 17 (dont un 10 bis), écrits principalement au recto (avec quelques versos écrits). D’importants passages ont été biffés. Citons le début : « 1° Définition de commander, explication de la définition.

Commander : en vue d’une fin, utiliser les hommes et les choses.

L’objet et le motif d’exister du commandement est l’action pratique. Pratique c’est-àdire qui a pour objet la réalisation de la fin, de la catégorie à laquelle appartient le chef. Pour un chef d’industrie c’est la production, pour un chef d’orchestre c’est le concert, pour un militaire c’est l’action de guerre.

L’action pratique n’est pas permanente. L’industriel ne produit pas, le chef d’orchestre ne donne pas d’auditions, le militaire ne se bat pas, – en permanence. Mais, en dehors de l’action pratique il y a le dressage, l’instruction.

Le commandement consiste donc à agir et à instruire pour agir.

Un chef est un homme d’action et un instructeur »…

Le cahier se termine ainsi :

« Dans les fonctions sociales où le gain n’est pas la fin habituelle de l’autorité du chef, et surtout dans la fonction sociale militaire, l’expérience humaine intervient pour le déterminer à élaborer des conceptions rationnelles. Son intervention se manifeste par des règlements.

Le règlement d’une spécialité a pour premier objet de déterminer les capacités de cette spécialité : personnel et matériel, c’est-à-dire d’établir ce que le chef peut attendre d’elle et par conséquent aussi ce qu’il ne doit pas lui demander ».

* Seconde version, à l’encre violette, sur 13 feuillets (dont 3 écrits aussi au verso), chiffrés 1 à 6, 6B, 6C, 6, 6 bis, et 7 à 9.

Le premier feuillet est une mise au net appliquée et développée du début du précédent cahier, la suite est très raturée et corrigée, avec des passages biffés. Le début, numéroté I, se présente d’abord comme un sommaire : « Définitions. Du commandement en général. De l’ordre général des actions. De la nature des actions.

Dans une hiérarchie, l’ordre et la nature des actions dét. par le fait même.

L’action pratique.

Les caractères de l’action pratique : espèce ; dimension ; forme. Les opérations de l’action pratique : conception, préparation, exécution.

Commander c’est : en vue d’une fin, utiliser les hommes et les choses.

La Fonction sociale d’une catégorie d’hommes détermine l’ordre des actions qui sont la raison d’être et l’objet du général de leur activité. Exemple. Pour un Industriel, l’ordre général de ces actions est la Fabrication.

Pour un chef d’orchestre le Concert.

Pour un militaire : La guerre »…

Et de Gaulle conclut (p. 8-9) :

« La forme de l’action pratique est déterminée par la manière dont se comporte le groupement qui la réalise.

L’action pratique d’une division qui attaque tel morceau de la position ennemie à telle heure prend sa forme d’après le rôle joué par l’artillerie, la disposition de l’infanterie, l’emploi du génie etc.

Dans l’action pratique d’un groupement on s’accorde à distinguer 3 phases : la conception, la préparation, l’exécution. Dans chacune de ces 3 phases, le rôle du chef est différent. Il convient d’étudier successivement chacune de ces phases et le rôle qu’y doit jouer le chef ».

15 000 - 20 000 €

FOCH Ferdinand (1851-1929).

P. A. S. ; 1 page in-12 oblong.

Belle pensée pré-gaullienne.

« Les peuples énergiques exigent des chefs réalisateurs de leurs volontés ».

400 - 500 €

« Nous aurions grand besoin d’un Richelieu ou d’un Louvois ! »

— 29 janvier 1919

GAULLE Charles de.

L. A. S. (brouillon), [début 1919], au ministre de la Guerre ; 1 page grand in-4. avec ratures et corrections.

Brouillon de sa demande d’engagement dans l’armée polonaise.

« Le Capitaine de Gaulle, du 33e Régiment d’Infanterie » sollicite son « affectation à l’armée polonaise. Ayant été blessé au combat de Douaumont le 2 Mars 1916, et resté sur le terrain, j’ai eu le malheur de tomber entre les mains de l’ennemi après dix-neuf mois de campagne, 2 blessures antérieures et 2 citations, dont 1 à l’ordre de l’armée pour ma conduite à Douaumont. J’ai été nommé capitaine à titre temporaire le 10 Février 1915 et à titre définitif le 9 Septembre 1915. Je me permets d’exprimer mon désir d’autant plus ardent de faire à nouveau campagne au plus tôt. »

Il ajoute avoir « une connaissance approfondie de la langue allemande », et souhaite « partir avec les premières unités polonaises éventuellement destinées à l’expédition ».

LNC, I, p. 444.

1 000 - 1 500 €

66

GAULLE Charles de.

3 L. A. S., Saint-Maixent, 21, 25 et 29 janvier 1919, à ses parents ; 3, 4 et 4 pages petit in-8.

En stage à Saint-Maixent ; le capitaine de Gaulle entrevoit son avenir militaire et s’intéresse aux engins nouveaux.

Le capitaine de Gaulle est affecté à un stage pour commandants de compagnie à l’École militaire de Saint-Maixent au mois de janvier 1919.

21 janvier. Il évoque pour sa « bien chère Maman » sa nouvelle affectation : « Mon installation est terminée. Elle est aussi bien que possible. […] Les cours n’ont pas encore commencé. Sans doute sera-ce pour demain : mais on ne manifeste aucune hâte. Saint-Maixent est un trou où il n’y a rien à faire absolument que rentrer chez soi aussitôt le service terminé. » Il prie de s’informer sur sa demande à la Direction de l’Infanterie : « Je bous dans ma peau. »

25 janvier. « Tout va bien ici pour moi. Au point de vue moral, je renais en quelque sorte, me voyant rentré dans l’existence militaire […] Le cours n’est suivi que par des officiers revenant de captivité mais tous de l’active : chefs de bataillon et capitaines. Quelques lieutenants. Je m’y trouve être un des plus jeunes mais non pas des moins anciens. Le cours est convenablement fait […] J’y ai beaucoup de choses à apprendre, mais je m’aperçois avec une très grande satisfaction que la forme de la guerre n’a pas changé depuis 1916. Ce qui est apparu comme engins nouveaux et leur emploi, tel est l’objet de mes études. Quand elles seront terminées, je me vois d’avance parfaitement apte au commandement sans aucune infériorité d’aucune sorte.

Le Colonel (Augier) qui commande le cours nous a reçus individuellement. Il m’a demandé dans la visite que je lui ai faite quelles étaient mes intentions et de lui indiquer mes états de services. Il m’a dit textuellement : “Jeune comme vous l’êtes, vous avez absolument raison de demander à faire campagne. […] Avec les beaux états de service que vous avez déjà vous pouvez, si vous le voulez, vous faire un très bel avenir !” Je ne vous cacherai pas, ma bien chère Maman, que cette appréciation – évidemment impartiale – d’un chef qui connaît fort bien les cadres d’aujourd’hui m’a définitivement remonté moralement parlant. Aussi ai-je une grande hâte d’être fixé en ce qui concerne l’armée polonaise »…

29 janvier. Il écrit à son « cher Papa » : « Je me heurte à un nouveau contretemps pour l’armée polonaise. […] je reçois un mot du capitaine Chassepot, m’annonçant que la Direction de l’Infanterie a renvoyé ma demande parce qu’elle n’est pas passée par la voie hiérarchique. […] Tout cela ne va pas vite ! […] Plus nous allons, plus la France s’enfonce dans un océan de sottise, de paresse et d’insolence administratives. Les choses les plus simples deviennent ridiculement compliquées. […] Nous aurions grand besoin d’un Richelieu ou d’un Louvois ! »…

LNC, I, p. 446 à 449.

4 000 - 6 000 €

GAULLE Charles de.

2 L. A. S., Saint-Maixent, 11 et 26 février 1919, à sa mère Jeanne de Gaulle à Paris ; 6 pages petit in-8 avec enveloppe et 2 pages petit in-8.

Sur un engagement dans les armées d’Orient et sur son rôle présumé.

11 février. « Le ministère de la Guerre a fait demander hier par télégramme le nom des officiers du CICC [Centre d’instruction des chars de combat] qui désireraient partir pour l’armée d’Orient. J’ai donné mon nom aussitôt, et avec joie. Comme je vous l’ai dit déjà, je n’avais demandé l’armée polonaise que comme un pis-aller pour faire campagne […] La dépêche ministérielle ajoutait que les officiers qui seraient désignés pour l’Armée d’Orient auraient à se tenir prêts à partir le 20 Février. Je suis prêt à partir demain si l’on me désigne. Mais je suis assez vieux routier pour ne pas m’émouvoir de cette date du 20 Février. Elle changera encore plusieurs fois. Sur 200 que nous sommes ici, une vingtaine à peine se sont fait inscrire. Et pourtant d’une manière générale, les officiers rapatriés qui se trouvent au premier cours sont les plus ardents ! En ce qui me concerne personnellement je me félicite de cette lassitude générale, car elle va, j’en suis convaincu, me permettre de me séparer à bref délai de ce triste peloton de coureurs.

Quel rôle est destinée à jouer cette armée d’Orient que l’on renforce sans cesse ? À mon avis, elle aura d’abord à tenir en respect les peuples balkaniques, et ceux qui sont issus du démembrement de l’Autriche et de la Russie : Ukraine, Pologne, Don, Roumanie, Serbie, Turquie, Grèce, Hongrie, Autriche allemande, Tchèques, à les empêcher autant que possible, de s’entre-dévorer de trop bonne heure, à y appuyer la formation de gouvernements qui nous soient favorables, à les contraindre de respecter les frontières qu’on leur tracera. Il s’agira encore de menacer le cas échéant la frontière Sud de l’Allemagne, à conserver nos communications directes avec la Pologne et la Russie, à barrer définitivement aux Allemands le chemin l’Orient. Un peu plus tard, les troupes que nous aurons là-bas auront sans doute à appuyer un mouvement des états conservateurs limitrophes de Russes (Finlande, Lithuanie, Pologne, Ukraine, Don, Roumanie, Sibérie), contre les foyers d’émeutes et de désordres, Moscou et Pétersbourg.

Ici, l’état moral est bon et à l’orage. On dit couramment que le Maréchal Foch va porter les armées en avant à bref délai »…

26 février. « Pas de changements ici. On dit maintenant presque officiellement que le cours se terminera le 15 mars. Je vous écris à la hâte avant de me rendre au cours pour que ma lettre puisse partir ce matin, car ici, il n’y a qu’une levée par jour »…

LNC, I, p. 449 à 451.

3 000 - 5 000 €

GAULLE Charles de.

3 L. A. S., Saint-Maixent, 5, 10 et 12 mars 1919, à ses parents Henri et Jeanne de Gaulle à Paris ; 2 pages petit in-8 (fente réparée au scotch), 3 pages et demie in-8, 6 pages pet. in-8 avec son enveloppe.

À propos de sa Légion d’honneur et du rôle de l’armée française en Europe.

5 mars. « Ma bien chère Maman, Retour sans incidents, qui m’a permis de faire un tour à Poitiers, gêné d’ailleurs par une pluie battante ». Il a demandé au lieutenant Répessé « si ma proposition à la Légion d’honneur était passée au Régiment. D’après ce qu’il m’écrit, je reprends quelque espoir. Mais que de temps il faut pour les choses qui paraissent les plus simples ! »…

10 mars. « Un camarade qui avait, lui aussi, demandé l’armée polonaise vient d’apprendre officiellement qu’il était désigné depuis le 4 mars par la Direction de l’Infanterie du Ministère de la Guerre. Il est donc probable que je le suis également, car toutes les affectations ont dû se faire ensemble. En tout cas, aucune – la sienne non plus – n’est publiée officiellement »… Il termine, à propos de ses frères : « Ce que vous m’écrivez de la nomination de Pierre m’étonne et m’agace. La question est-elle tranchée ? Jacques a dû reprendre ses cours à l’École des Mines et renouer la chaîne des temps. Cela doit lui paraître assez bizarre de redevenir étudiant après avoir vécu quatre ans et demi aussi agités et commandé des hommes ! »…

12 mars. Il remercie son « bien cher Papa » de lui avoir envoyé « la Note de la Mission franco-polonaise […] Les choses étant ce qu’elles sont, il ne me paraît plus douteux que je vais être désigné d’un moment à l’autre pour aller rejoindre à Sillé-le-Guillaume quelque division polonaise en formation. […] Mon opinion est que l’on attend, pour rendre officielles ces affectations – la mienne en particulier –, une décision quelconque de la Conférence des Alliés et un moment opportun. Vous avez dû lire dans les journaux la récente déclaration à la Chambre du Sous-Secrétaire d’État à la Guerre, qui annonce la formation et l’entretien en Orient d’une armée française de 150 000 hommes, formée autant que possible de volontaires. Il a ajouté : “Le rôle militaire de l’armée d’Orient n’est pas terminé.” D’autre part, on demande des officiers pour constituer en Europe Centrale, en Orient, etc., des commissions de chemins de fer. C’est donc que notre gouvernement a l’intention de conserver des années durant la surveillance et sans doute la direction des chemins de fer de presque toute l’Europe. Enfin, on continue d’envoyer du monde en SibérieOural, et cette fois-ci non plus par les États-Unis, mais bien par Suez. Personne ne doute plus, dans nos milieux, que l’on envisage et prépare une grande expédition en Russie. Les amabilités que nous prodiguons actuellement à la Reine de Roumanie indiquent peut-être que la Roumanie – comme la Pologne – devra nous servir dans l’opération de place d’armes et d’auxiliaire. En ce qui concerne l’Allemagne, il apparaît bien décidément que la politique de la France et de Clemenceau l’emporte parmi les Alliés, et que c’est un écrasement complet, politique, militaire et économique, que l’on va imposer à l’odieux vaincu. Il est moins douteux que jamais que pour soutenir une politique pareille, il ne nous suffit point d’avoir – ce qui est fait – la première armée du monde ; il nous faut aussi et surtout un mouvement de natalité considérable. La victoire nous est venue à point. Je veux croire que le reste nous viendra par surcroît »…

LNC, I, p. 451 à 454.

4 000 - 6 000 €

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GAULLE Charles de.

4 L. A. S. « Charles », 9, 24 et 26 avril 1919, à ses parents Henri et Jeanne de Gaulle à Paris ; 4 et 6 pages avec leur enveloppe, une carte postale illustrée avec texte et adresse au verso, et 1 page in-8 au crayon (carte de correspondance) avec adresse au dos.

Belles lettres du capitaine envoyé en mission en Pologne.

Lorrez-le-Bocage (Seine-et-Marne), 9 avril, à sa mère. « Je suis affecté définitivement à ce que l’on appelle pour le moment le Régiment-École. Cela signifie que l’on me destine à faire partie d’une école d’officiers et de cadres polonais. Personnellement je suis affecté à l’instruction des officiers. Je vais avoir, par cours de deux mois, tous les officiers de l’armée polonaise successivement, à qui je serai chargé (avec quelques autres bien entendu) d’enseigner nos règlements et nos doctrines de guerre. Nous partirons pour la Pologne dès que sera partie la 1ère Division, c’est-à-dire, pense-t-on ici, dans quelque quinze jours.

D’ici là, j’aurai fort à faire pour me préparer à ma tâche nouvelle. Je ne suis pas mécontent de commencer mes aventures en Pologne par l’enseignement. D’abord me voici contraint de travailler et par suite d’apprendre beaucoup moi-même. Ensuite, une fois là-bas, je me trouverai près du soleil, et pourrai aisément je pense me faire mettre où il me conviendra. Il vaut mieux partir du Centre que de la Périphérie. J’ai pris pour ordonnance un soldat polonais. Étrange retour du Destin ? Il a servi dans l’armée allemande pendant la campagne […]. Il a été longtemps en ligne devant Berryau-Bac, c’est-à-dire devant moi même, et me tirait des coups de fusil ! À présent, il cire mes souliers avec un entrain dont je n’ai qu’à me louer. C’est en allemand que nous nous entendons ! »…

20 avril. « De passage à Metz où nous passons 15 minutes ».

Varsovie, 24 avril 1919, à son père. « Nous arrivons ici ce matin sans aucun incident en route. Je profite d’un retour de train pour vous envoyer mes affections. Nous irons sans doute à Modelin (Nowa Georgiewsk). Charles ».

Modlin 26 avril. « Ma bien chère Maman, Notre voyage s’est effectué d’un bout à l’autre sans aucun incident notable. Les Boches à vrai dire – en Prusse surtout – nous regardaient passer avec des regards chargés de haine et de fureur. Mais ils se gardaient de rien dire, tant sont profonds les sentiments de défaite et de crainte où ils sont plongés.

En territoire polonais, c’est-à-dire à partir de Lissa (exclus), nous fûmes reçus avec enthousiasme naturellement »… Il est envoyé à Modlin, « une gigantesque place forte au

confluent de la Narew et de la Vistule, comprenant une sorte de gros village pour les civils, et d’innombrables casernes, casemates, forts etc. pour les militaires. […] D’ici à une dizaine de jours, nous recevrons nos élèves, c’est-à-dire une division polonaise complète que nous alllons avoir mission de former en deux mois, ou mieux de reformer. […]

En attendant, les divisions dites du Général Haller arrivent à leur tour. Dès qu’elles seront entièrement rassemblées, fournies de tout et renforcées de quelques divisions nouvelles, personne ne doute ici qu’elles prendront contre les Bolchevistes russes une offensive à grande envergure »…

La Pologne manque de pittoresque : « Grandes plaines plates de sable plus ou moins bien cultivées. […] Ce pays est vraiment épuisé par la guerre, non point en hommes certes, car ils abondent, mais en ressources autres que les ressources strictement agricoles. […]

Je vous embrasse mille fois, ma bien chère Maman. C’est au fond une destinée mélancolique que celle du soldat, toujours errant. Mais il faut accepter sa destinée. C’est le plus bel effort à faire sur soi-même, c’est aussi le plus indispensable »…

LNC, I, p. 454 à 457.

5 000 - 7 000 €

« C’est au fond une destinée mélancolique que celle du soldat, toujours errant. Mais il faut accepter sa destinée. »

— 26 avril 1919

70

GAULLE Charles de.

3 L. A. S., Modlin (Pologne), 9, 23 et 27 mai 1919, à ses parents Henri et Jeanne de Gaulle à Paris ; 4, 4 et 2 pages in-8, 2 enveloppes.

Intéressantes lettres sur la situation en Pologne.

9 mai. « La réalité est que la Pologne, et jusqu’à un certain point son gouvernement, sont satisfaits de voir arriver les divisions Haller, bien encadrées des officiers français, bien pourvues de matériel français, et qui constituent en ce moment la seule force organisée du pays. Mais en revanche, il y a dans la cohue militaire qui remplit tout ici, et dont les officiers proviennent de trois origines, différentes au moins (russes, autrichiens, allemands), beaucoup de résistance à accepter notre tutelle. Ajoutez à cela que de graves dissentiments d’ambitions contraires, d’orgueils opposés, divisent ici les principaux généraux et les hommes politiques.

Chacun regarde de travers et attaque en dessous celui dont il craint de voir le prestige balancer le sien. C’est ainsi que le chef de l’État, général Pilsudski ne peut voir même en peinture le général Haller et inversement. De là des tiraillements assez nombreux et dont nous subissons quelques contrecoups »…

Il termine en mentionnant sa volonté de quitter le régiment-école pour intégrer l’étatmajor d’une division Haller en campagne, et sa candidature à une promotion de l’École Supérieure de Guerre sans concours mais « sans aucun espoir d’ailleurs de réussir, car il y a énormément de candidats »…

23 mai. « Ma bien chère Maman, Toujours rien de vous ! Ici la poste est inexistante comme le reste. Littéralement tout est à faire depuis la base jusqu’au sommet. Les Russes, du temps qu’ils occupaient le pays, avaient soigneusement empêché les Polonais de faire quoi que ce fût, dans le commerce, l’industrie, l’administration, l’armée. Ces gens livrés à eux-mêmes ne sont bons à rien, et le plus terrible est qu’ils se croient excellents en tout. […] Et pourtant il y a pour nous un tel intérêt à y parvenir que la chose vaut d’être tentée. Varsovie est une ville sans cachet et sans caractère, assez agréable pourtant et très animée, remplie pour le moment d’une foule de gens plus ou moins décorés venus de Russie, de Russie-blanche, de Lithuanie, où les bolchevistes occupent leurs terres, et qui malgré leurs malheurs s’amusent frénétiquement. Les bonnes familles varsoviennes […] les y aident de tout leur pouvoir et les imitent. Tout ce monde est d’ailleurs très aimable pour nous, et nous reçoit plus encore que nous le désirons. Tout coûte extrêmement cher […] et la bonne société ne se refuse rien. En bas, grouillent dans la ville cinq cent mille miséreux dont on se demande de quoi ils peuvent vivre, attendu qu’il n’y a pas d’usines en action, ni de trafic commercial, ni de travaux en cours. »…

27 mai. « Ma bien chère Maman, Voici enfin des lettres de vous. Elles me sont arrivées toutes ensemble, après avoir parcouru une notable partie de la Pologne. Elles m’apportent deux bonnes nouvelles », de Xavier qui « est maintenant sur pied », de Pierre qui a « la Croix de Guerre », de Marie-Agnès et de Jacques…

LNC, I, p. 457 à 459.

4 000 - 5 000 €

« Heureusement nous tenons, et il nous faut absolument garder, la rive gauche du Rhin. »

— 25 juin 1919

GAULLE Charles de.

3 L. A. S., [Modlin], 7, 18 et 25 juin 1919, à ses parents Henri et Jeanne de Gaulle à Paris ; 4, 4 et 8 pages petit in-8, enveloppes jointes.

Sur l’état de la Pologne, et sur la signature et les conditions de la Paix.

7 juin, à son père. Il commence par évoquer la promotion sans concours de l’École de Guerre dans laquelle il ne croit pas sérieusement être pris. Ses élèves n’arrivent toujours pas. De fait, il cherche à rejoindre « l’État-major du 3e Corps d’armée polonais, 2e bureau (opérations) ». Il considère que « l’armée Haller (dont l’État-major est lui-même français aux trois quarts) représente une force vraiment sérieuse, et fort capable le cas échéant de refouler les Bolcheviks ou de contribuer à calmer les Boches. Pour le moment quelques-unes des divisions Haller, apparues en Galicie, progressent sans effort contre les Ukrainiens, dont l’armée polonaise de Pilsudski ne parvenait pas à se dépêtrer. »

Il termine par cet amer constat : « Tandis que quinze cents officiers français combattent, ou s’apprêtent à le faire, dans les rangs des troupes polonaises, accourent à Varsovie des Américains, des Anglais et des Italiens ! qui y promènent leur insolence et leur inutilité. Ils font partie de vagues missions dont la tâche la plus apparente, mais non avouée, est de nouer des affaires de toute espèce. Tout ce monde est bien entendu cousu d’or, par opposition aux Français, dont la cherté incroyable de la vie ici a vite fait de réduire la double solde. Ainsi que la plupart de mes compatriotes, je finis la guerre, débordant des sentiments d’une xénophobie générale, et pénétré de la conviction qu’il faut revenir pour nous faire respecter à l’emploi raisonné de notre force militaire, aujourd’hui la première du monde »…

18 juin, à sa mère. Il commence par évoquer la grève générale en France, en pensant « qu’il y a au fond de ce mouvement beaucoup de vilaines intentions et très probablement de sournoises menées des pseudo-socialistes Allemands, actuellement au pouvoir chez l’ennemi », mais que le gouvernement de Clemenceau et les maréchaux conservent leur prestige et leur influence, repoussant ainsi le risque d’un mouvement révolutionnaire sérieux. Mais « il est de la dernière urgence de signer la paix ou de reprendre la guerre si l’ennemi se refuse à se plier à nos volontés. Il faut convenir que les journaux allemands que je lis affirment que les conditions de l’Entente sont inacceptables et ne seront pas acceptées. Mais je connais cette chanson pour l’avoir entendue au moment de l’armistice et sur le même ton. Pourtant ils ont signé l’armistice, et mon avis est qu’ils signeront aussi la paix avec force larmes et protestations »…

25 juin à sa mère. « Voici donc la paix signée. Il reste à la faire exécuter par l’ennemi, car tel que nous le connaissons, il ne fera rien, il ne cédera rien, il ne paiera rien, qu’on ne le contraigne à faire, à céder, à payer, et non pas seulement au moyen de la force, mais bien par la dernière brutalité. C’est le seul procédé à employer à son égard. Ses engagements sont une fumée, sa signature une mauvaise plaisanterie. Heureusement nous tenons, et il nous faut absolument garder, la rive gauche du Rhin. Les motifs d’y demeurer ne manqueront certes pas, car je ne crois pas une seconde à des paiements

sérieux d’indemnités de la part de l’Allemagne. Non pas certes qu’elle ne puisse payer, mais parce qu’elle ne le veut pas. Nous allons donc nous heurter de suite à toute cette science de chicanes gémissantes, de délais prolongés, d’entêtements sournois, qui est la plus claire aptitude de cette race. […] Au fur et à mesure des années, l’Allemagne se redressant deviendra plus arrogante, et finalement ne nous paiera pas, à beaucoup près, ce qu’elle nous doit. Il faut craindre du reste que nos alliés ne soient d’ici à très peu de temps nos rivaux et ne se désintéressent de notre sort. La rive gauche du Rhin devra donc nous rester »…

Il serait étonné de voir aboutir sa proposition pour la Légion d’honneur : « On vient de me faire demander du QG (1er Bureau, Décorations) si mes blessures équivalaient à la perte de l’usage d’un membre. Naturellement j’ai répondu que non… »

En Pologne, c’est le calme plat : « les combats contre les Ukrainiens ou les Bolcheviks ne sont qu’une aimable plaisanterie. Chaque parti y avance à son tour sans pertes ni dommages. Il est exceptionnel que quelqu’un y soit tué ou blessé. L’armée Haller maintenant assez nombreuse, commandée et encadrée par des Français et bien fournie de matériel, est le seul élément militaire sérieux existant entre la Prusse et la Sibérie. Elle apparaît donc aux ministres et généraux d’ici comme une empêcheuse de danser en rond, et on redoute d’elle par-dessus tout une victoire retentissante qui pourrait avoir comme contre-coup quelque coup d’État. Aussi n’a-t-on qu’une idée : la disperser aux quatre coins du pays pour l’empêcher d’agir sérieusement, et on y arrive en effet. La mission française fait de grands efforts pour prendre en main la direction militaire d’ensemble : opérations et organisation, mais elle n’y parvient pas jusqu’à nouvel ordre. Il faudrait aux Polonais, pour qu’ils se fassent souples à notre égard, ce qui vient d’arriver aux Tchèques avec les Hongrois. La marche en avant des troupes magyares les a jetés dans les bras du Général Pellé »…

LNC, I, p. 460 à 463.

4 000 - 6 000 €

GAULLE Charles de.

3 L. A. S., [Rembertov par Modlin], 13, 17 et 19 juillet 1919, à ses parents Henri et Jeanne de Gaulle à Paris ; 4, 8 et 4 pages in-8, 2 enveloppes.

Mission en Pologne ; le capitaine de Gaulle songe à ses fiançailles.

13 juillet. Vœux à son « bien cher Papa », bien différents de ceux des années précédentes : « Alors chacun, et vous-même plus que personne, s’efforçait de discerner, à travers un lourd et sanglant nuage, quelles seraient les Destinées de la patrie. Aujourd’hui l’angoisse affreuse a disparu. La Victoire est venue combler nos cœurs. Mais nul ne peut mieux que vous en éprouver la douceur magnifique. Votre enfance n’avait connu d’autres souvenirs que ceux de la gloire française, et soudain le deuil odieux de notre abaissement avait enveloppé votre jeunesse. Depuis lors, malgré le temps, malgré les désillusions, malgré les lassitudes, l’espoir d’assister à la sainte revanche ne cessa point d’être votre premier espoir. Combien de fois y ont pensé vos fils au cours des récentes épreuves ! »…

Cours des officiers de Rembertov, 17 juillet. « Ma bien chère Maman, Nous sommes actuellement très occupés, car notre École d’officiers polonais fonctionne, et c’est un gros travail d’étudier, de traiter et de présenter toutes les questions que nous avons à leur apprendre. Je dois dire pourtant que nos efforts ne sont pas vains. Peu à peu la vérité se fait jour, et nous inculquons sans beaucoup de peine, à cette jeune armée, les doctrines et les méthodes de notre vieille armée victorieuse. Pour moi, j’apprends en travaillant beaucoup de choses, et tout cela me sera de première utilité pour les examens futurs de l’École de Guerre ».

Il apprend avec joie les fiançailles de son frère Xavier et poursuit, pour son compte : « Vous m’invitez à suivre la même voie. Vous savez, ma bien chère Maman, que j’y suis tout décidé. Mais pour le moment, je ne suis qu’un exilé. Lorsque j’aurai terminé l’année de séjour en Pologne que j’ai résolu d’accomplir, alors je ne chercherai rien de mieux. Vous me citez dans votre dernière lettre le nom de ma cousine Thérèse Kolb. Je suppose que c’est sans aucune intention particulière. Pourtant, puisque vous en dites un mot, je n’hésite pas à vous répondre que naguère elle m’avait produit une vive impression. Mais il y a des années que je ne l’ai vue, et je ne puis croire qu’elle se souvienne de ma modeste personne autrement que de la façon la plus imprécise. Pour moi j’ai gardé d’elle un souvenir très particulier, celui d’une jeune fille en effet charmante, comme vous le dites, et dont l’intelligence réservée et la délicate finesse m’avaient très sérieusement frappé »…

Il annonce qu’il va « être nommé chef de bataillon à titre polonais au commencement du mois prochain », et demande à sa mère de lui envoyer des képis et une fourragère…

19 juillet, à sa mère. « Il vient de m’arriver l’incident le plus désagréable du monde. J’ai été purement et simplement cambriolé. Hier au soir, en allant dîner à notre popote, j’avais comme d’habitude laissé mon appartement fermé à clef et emporté ma clef. En revenant, j’ai trouvé ma serrure dévissée. Avaient disparu sans laisser de traces mon porte-cartes contenant deux billets de mille marks que j’avais laissés suivant l’usage dans la poche de ma meilleure tunique, deux paires de chaussures (heureusement dans mon malheur je portais mes bottes) et presque tout mon linge, ainsi que différents objets sans grande valeur », sans espoir de rien retrouver : « Ma maison est assez écartée dans le camp (car Rembertov est un camp) […]. Je suis à la fois furieux, humilié et très embarrassé »… Il prie ses parents de lui avancer 500 F…

LNC, I, p. 463 à 466.

6 000 - 8 000 € 73

GAULLE Charles de.

Pièce autographe, Ordre n° 20.654, [23 juillet 1919] ; 2 pages in-12 (pliures).

Copie par le capitaine de Gaulle de l’extrait le concernant pour sa nomination de chevalier dans la Légion d’honneur.

[Le capitaine de Gaulle, commandant la 10e compagnie du 33e régiment d’infanterie, est blessé le 2 mars 1916, puis capturé par les Allemands au sud de l’église de Douaumont. Son corps n’ayant pas été retrouvé, il est donné pour mort par le lieutenant-colonel Boud’hors à la fin de la journée. Le général Pétain reprendra le rapport du colonel et devra prononcer l’éloge funèbre de l’officier de Gaulle. Le 7 mai 1916, sa citation à l’ordre de l’armée sera publiée au Journal officiel.]

De Gaulle a copié cet extrait le concernant de l’ordre du maréchal Pétain pour sa nomination de chevalier, lui accordant également la croix de guerre avec palme : « À Douaumont, le 2 Mars 1916, sous un effroyable bombardement, alors que l’ennemi avait passé la ligne et atteignait sa compagnie de toutes parts, a organisé après un corps-à-corps farouche, un ilot de résistance où tous se battirent jusqu’à ce que fussent dépensées les munitions, fracassés les fusils et tombés les défenseurs désarmés ; bien que grièvement blessé d’un coup de baïonnette, a continué à être l’âme de la défense, jusqu’à ce qu’il tombât inanimé sous l’action des gaz. – 2 blessures antérieures – (2 citations). » Est également copiée la signature : « Le Mal de France Cdt en chef des Arm. Franç. de l’Est. Pétain ».

Les plis montrent que de Gaulle a dû garder ce document sur lui.

LNC, I, p. 463 à 466.

2 000 - 3 000 €

GAULLE Charles de.

3 L. A. S., Rembertov, 5, 26 et 30 août 1919, à ses parents Henri et Jeanne de Gaulle ; 4 pages petit in-8 chaque.

Sur sa mission en Pologne, sa décoration de la Légion d’honneur et le ressentiment des Allemands envers les Français.

5 août, à sa mère. Il espère pouvoir venir bientôt l’embrasser à Paris. « Enfin, je me trouve peu à peu tel que je me suis connu avant cette abominable captivité. La confiance en moi-même et en l’avenir m’est revenue. Ceci est dû pour beaucoup au fait que je me trouve dans cette école d’officiers tout à fait dans mon élément. En dehors de l’obligation où je me trouve de travailler beaucoup, j’en retire de grandes satisfactions. Au point de vue général, il n’est pas douteux que les préventions des officiers polonais contre les Français – très grandes au début – se sont très atténuées.

Au point de vue particulier, j’ai le grand bonheur d’être apprécié de mes chefs, et je crois que, tout compte fait, j’ai tiré un bon numéro en me voyant affecté à ce régiment-école »…

26 août. « Mon bien cher Papa, J’ai la grande joie et la fierté de vous annoncer que je suis décoré de la Légion d’Honneur. Le Colonel vient de me faire appeler pour me le dire et me communiquer le texte de la citation qui accompagne ma nomination. Voici ce texte : “À Douaumont le 2 mars 1916, sous un effroyable bombardement, alors que l’ennemi avait percé la ligne et attaquait sa compagnie de toutes parts, a organisé, après un corps à corps farouche, un îlot de résistance où tous se battirent jusqu’à ce que fussent dépensées les munitions, fracassés les fusils, et tombés les défenseurs désarmés ; bien que grièvement blessé d’un coup de baïonnette, a continué à être l’âme de la défense, jusqu’à ce qu’il tombât inanimé sous l’action des gaz. 2 blessures antérieures, 2 citations.” L’ordre est daté du 23 juillet, et signé du Maréchal Pétain. » Et il ajoute : « Je ne puis dissimuler ni aux autres, ni à moi-même, que cette citation dépasse de beaucoup les faits. Ce n’est point pour eux-mêmes que j’accueille avec bonheur la distinction qui m’est conférée, mais bien comme témoignage de l’estime générale où mes chefs ont bien voulu me tenir au cours de la campagne, et qui est la meilleure et la plus sincère récompense »…

30 août, à sa mère. Il vient de terminer son premier cours. Après avoir évoqué l’impression favorable de sa première série d’auditeurs polonais, il prévoit « que l’Allemagne remettra en question et par les armes les résultats de la guerre en ce qui concerne la France et la Pologne dès que les circonstances lui paraîtront favorables. Je suis d’assez près l’opinion allemande pour pouvoir déclarer qu’il s’annonce dans l’âme des vaincus une haine formidable, non point contre l’Entente en général, ni surtout contre l’Angleterre ou l’Amérique à qui ils ont déjà pardonné, mais bien contre nous »…

LNC, I, p. 467, 468 et 470-471.

4 000 - 5 000 € 75

GAULLE Charles de.

3 L. A. S., Rembertov, 15 septembre, et Nowy Dwor 18 novembre et 9 décembre 1919, à sa mère Jeanne de Gaulle ; 4 pages in-8 chaque, les 2e et 3e avec leur enveloppe.

Bel ensemble dans lequel le capitaine dessine son avenir. 15 septembre. « J’ai ma permission et puis par conséquent me mettre en route quand l’occasion s’en présentera. Je parle de l’occasion, car les trains de permissionnaires qu’on forme ici pour la France partent au petit bonheur. Leur itinéraire du reste n’est guère tracé d’une façon précise. […] L’Orient-Express est réservé aux officiers supérieurs (je parle des vrais), ou aux gens qu’une raison pressante appelle. Je ne puis le prendre. La douce perspective de ces longs jours de route dans de rudes conditions de chaleur et d’installation n’est rien en comparaison de la joie que j’éprouve à bientôt vous revoir et à assister à la grande cérémonie de famille », le mariage de son frère Xavier…

18 novembre. « Me voici changé encore une fois de logement, mais pas de destination. Je suis chargé de diriger ici (près de Modlin) un cours de 100 officiers polonais. Durée du cours : un mois. Mes élèves commencent à arriver. Au point de vue de l’emploi c’est un gros avancement. Mais c’est aussi un gros travail, et cela ne va pas m’aider à préparer tranquillement l’École de guerre, comme j’en avais l’intention, et comme j’avais commencé à le faire. Je me présenterai toutefois aux environs du mois de Mars, mais sans grand espoir. L’armée de Pologne aura été – ce que je la destinais à être –une restauration militaire pour moi. Cette restauration est dans la meilleure voie. Ensuite, je travaillerai pour mon propre compte »… Il évoque le jeune ménage de son frère Xavier : « je souhaite que cette année m’apporte à moi-même : une famille, et dans la tranquillité d’un amour profond et sanctifié, le pouvoir de donner à quelque autre tout le bonheur qu’un homme peut donner »…

9 décembre. « Je suis nommé en effet directeur d’un cours d’officiers supérieurs à Rembertov, ce qui est un très grand honneur qu’on me fait et une lourde tâche que l’on m’impose »…

LNC, I, p. 471 à 473.

4 000 - 5 000 €

GAULLE Charles de.

3 L. A. S., Rembertov, 27 janvier, 17 et 24 février 1920, à sa mère Jeanne de Gaulle à Paris ; 4 pages in-8 chaque, enveloppe de la 2e jointe.

Sur son séjour militaire en Pologne, l’idée d’un futur mariage, et interrogations sur sa carrière militaire.

27 janvier. « Ma bien chère Maman, L’hiver bat son plein ici, mais nous n’en souffrons pas trop, car nous avons fini par organiser notre chauffage et d’autre part le froid est sec et le temps très beau ».

L’élection de Paul descHanel à la Présidence a étonné tout le monde : « Tout le monde pensait depuis le Rhin jusqu’au Bug que du moment que clemenceau acceptait d’être élu, il ne pourrait manquer de l’être. Au reste, l’élection de Deschanel ne m’attriste pas. Je crois qu’il a toutes les aptitudes à la fonction. Et d’abord il est marié avec des enfants »…

Quant à un projet de mariage : « Je ne puis dire ni oui ni non, n’ayant de motifs à pencher dans aucun sens. Sachez que je rentre dès mon cours fini ; c’est-à-dire au plus tard à Pâques, et que c’est à ce moment-là seulement que je pourrai voir et être vu, juger et être jugé. D’ici là je n’ai d’objection de principe contre rien ni contre personne. […] J’aurai en Pologne refait ma situation militaire et me voici en très bonne voie pour préparer les difficiles examens auxquels je pense »…

17 février. « Ma bien chère Maman, Voici que s’approche très sérieusement le moment où je vais vous revoir. […] Le revers de la médaille, en ce qui concerne le retour en France actuellement, c’est l’ennui de l’existence militaire dans la métropole. […] On valse de garnison en garnison, et il est vraisemblable, pour beaucoup de raisons, que cet état de choses se prolongera jusqu’à la fin de l’année. Ce qu’il me faudrait, c’est trouver quelque poste où je sois parfaitement tranquille pour travailler et préparer l’École de guerre. Ainsi que je vous l’ai écrit déjà je ne me présente décidément pas au concours de cette année. La Pologne ne m’aura pas été inutile. J’en reviendrai avec d’excellentes notes, et j’y ai repris le goût et l’habitude du travail quelque peu dissipés par la vie menée depuis 1914 ! […] Les Polonais sont très perplexes sur la question de faire ou non la paix avec les Russes. Je dis les Russes, car en ce qui concerne la Pologne, c’est toute la Russie – ou du moins ce qui en reste – qui est d’accord avec les Bolcheviks pour l’écraser à la première occasion. Si la paix se signe, c’est quelques mois, peut-être quelques années de tranquillité pour la Pologne. Sinon, c’est la bataille au printemps et très probablement l’obligation pour la France d’intervenir par les armes »…

24 février. « Les Polonais sont en train d’avoir des négociations avec la Russie, mais en même temps ils ont fort peur d’une offensive ennemie au printemps. […] On attend d’un moment à l’autre l’arrivée du maréchal Foch… La semaine dernière le général Henrys est venu à Rembertov. Il a assisté à l’un de mes exercices. Après quoi il a bien voulu me faire de grands compliments et m’a interrogé sur mes intentions. Je lui ai franchement répondu que j’avais celle de quitter la Pologne en avril. Il a poussé les hauts cris et m’a formellement demandé de rester, ajoutant que toutes facilités me seraient données pour préparer à loisir l’École de guerre. J’ai pris congé en déclarant que je réfléchirai. […] J’ai ici une situation relativement fort en vue, qui me fait connaître de beaucoup de gens. Il est regrettable à cet égard que je ne sois pas encore dans les conditions d’âge voulues pour être nommé chef de bataillon, car je le serais très probablement avec un choix que je n’aurai jamais en France. Enfin, la France n’est pas drôle en ce moment pour les militaires »…

LNC, I, p. 491-494.

4 000 - 5 000 €

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GAULLE Charles de.

3 L. A. S., Rembertov, 4 et 24 mars et 4 avril 1920, à ses parents Henri et Jeanne de Gaulle à Paris ; 4 pages in-8 chaque, les 2e et 3e avec leur enveloppe.

Bilan de sa mission en Pologne, et interrogations sur son avenir.

4 mars, à son père. « Le cours que je dirige se termine le 1er Avril. Je pense donc rentrer en France vers le 15 avril, à une semaine près, pourvu sans doute d’un mois de permission. Je quitterai la Pologne pourvu, je puis le dire, de notes tout à fait exceptionnelles et qui m’ont refait complètement la situation militaire que la captivité odieuse m’avait enlevée. Si même j’étais quelque peu plus ancien, je resterais ici, certain d’y être promu chef de bataillon au choix. Mais je n’y puis penser avant deux

ans au moins et dans ces conditions, je n’ai plus aucun avantage appréciable à attendre de cette mission. Comme, d’autre part, elle devient de plus en plus difficile, et qu’elle menace de tourner à bref délai au désagréable, je rentre décidément fort honoré du reste de l’insistance mise par mes chefs, et même par le général Henrys en personne, à m’inviter à rester ici.

Et maintenant que faire ? Trouver un poste qui me permette d’être aussi tranquille que possible un an pour travailler en vue de l’École de guerre, concours de 1921. Évidemment ce qui m’irait le mieux ce serait d’être professeur (non pas instructeur) à Saint-Cyr. Tous les avantages y seraient pour moi réunis. Est-ce possible ? Je n’ai aucune idée du Saint-Cyr actuel. Et pour y devenir professeur quelles sont les conditions à remplir ? »…

24 mars. « Ma bien chère Maman, Les jours passent fort vite à présent, et je vois très proche le moment de mon départ. On fait ici, sans se lasser, pour me retenir à la Mission, de très flatteurs efforts. Mais c’est en vain. Ma résolution est prise et je demeure décidé à ne pas revenir en Pologne. J’en partirai d’ailleurs la conscience tranquille, car je n’y aurai vraiment pas perdu mon temps. Près de deux cents officiers polonais me sont passés successivement par les mains dans les différents cours où j’aurai servi comme instructeur, et en dernier lieu comme directeur, et je pense leur avoir appris quelque chose. J’aurai d’autre part fait mon possible pour établir entre cette jeune armée et la nôtre les meilleurs rapports de camaraderie. Et je vous assure que cela n’est pas facile. Les influences hostiles à la France (autrichiennes surtout) sont ici très nombreuses et particulièrement puissantes dans l’armée. Que vais-je faire en rentrant ? Je ne le sais pas »…

4 avril. « Mon cours est terminé, et je fais mes préparatifs de départ ». Il a obtenu de pouvoir prendre l’Orient-Express… « Tout le monde fait ici des efforts dont je suis littéralement confus, pour que je revienne un ou deux trimestres encore après ma permission. J’ai fini par répondre que je reviendrai peut-être si en France je ne trouve rien de pratique ni d’intéressant »…

LNC, I, p. 494-496.

6 000 - 8 000 €

« L’avenir de la Pologne m’apparaît donc comme fort sombre si quelque fait nouveau ne vient pas à bref délai bouleverser la situation. »

— 3 juillet 1920

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GAULLE Charles de.

2 L. A. S., Varsovie, 13 juin et 3 juillet 1920, à sa mère Jeanne de Gaulle ; 4 pages in-8 et 4 pages in-4 avec enveloppe.

Retour en Pologne, où le capitaine est affecté auprès de l’armée polonaise qui se bat contre les Russes.

13 juin. « Ici tout le monde m’a accueilli parfaitement bien. […] pour l’instant, comme il n’y a pas d’élèves à Rembertov, on m’installe à Varsovie avec la mission d’y préparer et d’y faire quelques conférences. Mon impression générale est médiocre, en ce qui concerne ce pays. Sans doute avezvous pu discerner à travers les communiqués orientaux de fond et de forme l’échec de l’offensive sur Kiev, la perte de l’Ukraine, et la menace croissante aux frontières actuelles de la Pologne d’une armée russe où renaît contre un ennemi séculaire le sentiment national. D’autre part la situation économique est fort inquiétante. La misère ne cesse de s’étendre. La vie double de prix tous les trois mois. Le mark polonais est la plus basse unité monétaire du monde actuellement (à l’exception du rouble) et rien ne fait prévoir qu’il va remonter. J’estime que si la Pologne veut vivre il est grand temps qu’elle se modère, qu’elle signe la paix avec les Russes et modestement qu’elle s’entende avec ses voisins Lithuaniens, Allemands et Tchèques et qu’elle se mette au travail »…

3 juillet. « Les Russes ont gagné largement la première manche contre les Polonais. Ils vont entamer la seconde d’un jour à l’autre, sans doute sous la forme d’une offensive dans la direction de Minsk cette fois. Ce qu’il y a de plus inquiétant ce n’est pas tant le recul des troupes polonaises, que le désarroi de l’esprit public. Le monde politique en particulier, au lieu de se mettre d’accord et de soutenir un gouvernement quel qu’il soit jusqu’à la fin de la crise, ne fait que redoubler ses divisions et ses intrigues. Depuis la perte de Kiev il y règne une amertume croissante, les ambitions et les rancunes apparaissent au grand jour, et il n’y a pas moyen littéralement depuis un mois de constituer un ministère qui tienne trois jours debout. D’autre part, la rupture des négociations avec Krassine nous ôte la possibilité de tirer la Pologne d’affaire – au cas où sa situation se gâterait complètement – par la voie diplomatique. Alors ? Allons-nous être amenés à intervenir ici les armes à la main contre les Russes ? C’est bien scabreux, d’autant que nous avons fort à faire ailleurs, et que nous serons seuls ici. L’avenir de la Pologne m’apparaît donc comme fort sombre si quelque fait nouveau ne vient pas à bref délai bouleverser la situation »…

LNC, I, p. 498-499.

4 000 - 6 000 € ★ 79

[REVUE DE PARIS].– [GAULLE Charles de].

La revue de Paris. Vingt-septième année. Tome sixième. Paris, Bureaux de la Revue de Paris, 1920.

Gr. in-8 (24,6 × 16,2 cm), broché, couverture jaune imprimée.

Numéro 21 de la Revue de Paris, paru en novembre 1920 et comportant, parmi les 10 articles, une intervention anonyme, intitulée « la Bataille de la Vistule » et sous-titrée « Carnet de campagne d’un officier français ». Cet article de Charles de Gaulle, qui occupe les p. 35 à 52, se fonde sur une lettre qu’il a adressée au commandant Henri Carré relatant son expérience de témoin oculaire de la bataille de la Vistule qui a permis à la Pologne de conserver ses frontières mises à mal par l’armée soviétique.

Accrocs à la couverture, avec quelques petits manques ; papier uniformément bruni, avec quelques petites déchirures sans gravité.

100 - 200 €

« La France est redevenue pour l’Europe le bras puissant et désintéressé, que l’on invoque dans la détresse »

— 8 juillet 1920 80

GAULLE Charles de.

Manuscrit autographe, La Bataille de la Vistule. Carnet de campagne d’un Officier français, [1920] ; 35 pages grand in-4 sous chemise titrée « Pour la Revue de Paris ».

Important récit de sa campagne en Pologne pour la défendre contre la cavalerie rouge du général Boudienny.

Ce récit a été publié, sous l’anonymat d’« un Officier français », dans la Revue de Paris du 1er novembre 1920 (p. 35-52). Le manuscrit, à l’encre noire, présente d’importantes ratures et corrections, à l’encre ou au crayon. Ce journal ou « carnet de campagne » comprend XVI entrées, chacune correspondant à un jour, du 1er juillet au 26 août 1920.

Il commence par le retour en Pologne, le 1er juillet : « Me voici revenu de France et, dès mes premiers pas hors de la “Gare de Vienne”, j’éprouve quel changement profond les graves événements de ce mois ont imprimé sur tous les traits. Varsovie ! Je commence à vous connaître, car voici plus d’un an que j’observe votre visage ! Au printemps de l’année dernière, j’ai vu Varsovie soulevé d’enthousiasme. La Mission militaire française du général Henrys et l’armée franco-polonaise du général Haller arrivaient en Pologne. […] Et puis, au long des mois, le visage de Varsovie s’assombrit. De la guerre, nul ne voyait la fin »… De Gaulle dit les inquiétudes des Polonais, la « détresse économique », et l’espoir renaissant au printemps après l’offensive de Kiew.

Le 4 juillet, il décrit une « cérémonie patriotique » en l’honneur des volontaires.

8 juillet : « Les nouvelles du front sont de plus en plus mauvaises. Le front Nord (au nord du Pripet) ne présente plus aucune consistance : des deux armées qui le composent, l’une, qui vient de perdre Vilna, bat en retraite sans combattre et dans la plus extrême confusion. L’autre, sans cesse débordée par le repli de sa voisine, ne cesse point de reculer. […] Cette fois la lutte est portée sur le territoire vraiment national. […] Nous, officiers de la Mission militaire, nous suivons les événements décisifs avec un intérêt passionné, le cœur rongé de n’y pouvoir prendre une part directe »…

Il relate des conversations avec des officiers, et dit l’espoir que les Polonais fondent en la France : « La France est redevenue pour l’Europe le bras puissant et désintéressé, que l’on invoque dans la détresse »…

16 juillet. « Voici venu l’ordre tant attendu : le gouvernement français autorise ses officiers à prêter leur concours direct pour la défense du territoire polonais. Le général Henrys ne se le fait pas dire deux fois. La nuit même, il part pour le front et il détache un certain nombre d’entre

nous auprès de chaque unité importante. Je fais partie de ces favorisés, j’accompagne le général B. qui doit donner ses conseils au front du Sud »…

Suit le récit des premiers combats contre les cosaques de Boudienny…

17 août : « L’offensive a commencé brillamment. Le groupe de manœuvre, que commande le chef de l’État, Pilsudski, rassemblé entre Srangorod et Chelm, avance rapidement vers le Nord. L’ennemi, complètement surpris de voir tomber dans son flanc gauche les Polonais qu’il croyait désespérés, ne résiste sérieusement nulle part, fuit en désordre de tous côtés, ou capitule par régiments entiers. En même temps d’ailleurs l’effort des Russes sur Varsovie s’est brisé sur les tranchées qu’enfin nos alliés ont consenti à creuser, tandis qu’une armée de manœuvre, préparée par le général Haller, à l’abri des défenses de la capitale, en sort brusquement par le Nord et court à la frontière prussienne pour couper la retraite a l’ennemi aventuré jusqu’à Thorn »… Etc.

20 août. « Oui : c’est la victoire, la complète, la triomphante victoire. Des autres armées russes qui menaçaient Varsovie, il ne reviendra pas grand’chose. Si vite qu’elles battent en retraite, les Polonais les devancent et gagnent leurs derrières. L’ennemi est dispersé par bandes dans les bois où on le cueille »… Etc.

80 Troisième partie. – De Gaulle théoricien

26 août. « Le général B. rentre à Varsovie, sa tâche terminée. Tout le long de la route, où gisent de loin en loin des podwodas brisées et des chevaux morts, les paysans nous tirent leur chapeau. […] Voici la capitale enfin, que traverse justement un cortège interminable de prisonniers. La foule gronde d’une joie contenue. Dans les yeux de ce peuple on sent la juste fierté de la première grande victoire nationale remportée par la Pologne renaissante. […] La foule qui voit nos uniformes poussiéreux s’avance autour de nous. De toutes ces poitrines monte un cri : “Vive la France” ».

Et il conclut : « La France ! Ah ! Nous ne l’avons pas oubliée. Mais de l’entendre acclamer ici, nous la sentons tout à coup présente. La France ! Elle était ici avec nous, ardente, sage et résolue. Nous nous regardons du même regard. Et, soudain, chacun des Français qui sont là, frissonnants d’un enthousiasme sacré, sent battre contre son cœur d’homme qui passe, le cœur éternel de la Patrie. »

On joint le tapuscrit (double carbone, 17 pages grand in-4). Traces de trombone, avec déchirure dans la partie supérieure ; pliures.

Articles et écrits (Plon, 1975), p. 33-55. Le Fil de l’épée et autres écrits (Omnibus/Plon, 1994), p. 565-583.

20 000 - 25 000 €

« Dans les yeux de ce peuple on sent la juste fierté de la première grande victoire nationale remportée par la Pologne renaissante. »

— 6 août 1920

81

GAULLE Charles de.

Carnet personnel autographe de notes et citations ; commencé en avril 1920 et se poursuivant, de façon discontinue, jusqu’en 1927. Carnet in-8 (21 × 13,5 cm), 32 pages manuscrites sur 16 feuillets.

Précieux carnet faisant état des lectures, réflexions et commentaires de Charles de Gaulle et accompagné des citations recueillies de façon discontinue entre avril 1920 et 1927.

Reprenons ici quelques éléments :

Mai 1920 : « […] Maginot n’a aucun caractère. C’est un pur politicien. Il surcharge personnellement les listes de Légion d’honneur, etc. » « Lu le livre de G. Lecomte sur Clemenceau. C’est un panégyrique, et un panégyrique du moment (1918). L’Histoire dira plus juste et plus net. G. Lecomte a bien compris cependant la grande, l’irrésistible force du Clemenceau de 17-18-19. Il fut la France. »

« Vu le maréchal Pétain. Causé avec lui trois minutes. »

1921 : « G. de la Révolution. La plupart doivent leur carrière rapide à leur mérite certes, mais aussi à quelque avantage particulier qui attire aussitôt l’attention sur eux. Beauté de Hoche, Marceau, Kléber. Occasion pour Davout qui a fait tirer sur Dumouriez. »

« Pour la race française : “La fusion de trois races devait finir par former chez nous une harmonie rare et précieuse, une sorte d’accord parfait où le Celte donne la tonique, le Méditerranéen la médiante et le Germain la dominante” (M. Tarde). »

« Les officiers espèrent la revanche et la gloire. Qu’importe alors la médiocrité de leur existence. Du reste, on leur accorde considération. Mais à partir de l’affaire Dreyfus, affaiblissement de l’idéal militaire. Un soi-disant idéal social le remplace. Le pacifisme fait aussi ses ravages. »

Août 1923 : « La paix est le rêve du sage – La guerre est l’histoire des Hommes. »

Octobre 1923 : « Dans les moments de péril national, après les défaites qui ont épuisé les armées expérimentées et dressé à leur place des armées neuves, les gouvernements cèdent toujours à la tendance de donner à ces armées-là des chefs vieillis et plus recommandables par leur expérience que par leur enthousiasme. D’où manque d’entente des chefs et des troupes. Ceux-là perdant vite confiance dans des soldats dont ils ne voient que les défauts, celles-ci promptes à accuser leurs

généraux de mollesse et de découragement. C’est l’histoire de Villeneuve à Trafalgar, de d’Aurelles sur la Loire, de Linievitch en Mandchourie. »

« Nous autres soldats, nous sommes comme des manteaux. On ne se souvient de nous que quand vient la pluie. » (Maréchal de Saxe)

1924 : « Il faut au grand chef moins de vertu que de grandeur. »

1926 : « “Louvois que personne n’aimait / Et que tout le monde regrette.” (Anonyme) Voilà la belle épitaphe d’un homme d’État. » « C’est par le travail qu’on règne » (Louis XIV).

1927 : « Il y a trois choses dans la guerre : l’art, la science, le métier. » (Gouvion Saint-Cyr) « Une grande crainte fait taire toutes les petites craintes ». (Kipling)

« Lu Zita de Rédier. » « Lu livre de G. de Pourtalès Nous à qui rien n’appartient. » « Lu Verlaine de P. Martino. […] “Les sanglots longs / Des violons / De l’automne / Bercent mon cœur / D’une langueur / Monotone…” »

« Notre histoire militaire, c’est toujours l’histoire “d’un contre cent”. Notre Histoire navale c’est un bateau qui tient tête à toute la flotte anglaise et finit par couler. Une bonne stratégie veut qu’on soit dix contre un au bon moment. » (Paul Morand) Oui, et que veut une bonne politique ? »

« De 40 à 50 ans : la garde-robe bien garnie, les cuisines fines, les amours de qualité. De 50 à 60 : les secrétaires actifs, les larges dépenses, les amples commodités. Après : la quiétude des loisirs, les honneurs reçus, les médecins habiles. »

« Dans la philosophie de la France. Faire un chapitre sur les atmosphères. Les diverses atmosphères de la France, milieux, régions. »

« Tout événement de l’Histoire dans lequel la technique et les engins jouèrent le moindre rôle ne peut plus désormais servir de modèle ou d’exemple à qui que soit. » (Paul Valéry).

« N’oubliez rien de ce qui peut vous faire grand. » (Stendhal à Delacroix).

« Comment avais-tu pris un essor aussi haut dans le siècle des petitesses ? » (Vauvenargues pleurant un de ses compagnons).

« Celui qui s’habitue à suivre ne passera jamais devant. » (Michel-Ange).

Page de garde et dernière page manquantes, 3 feuillets laissés vierges (déchirés).

LNC, I, p. 497-498 (avril 1920), p. 500 (juillet et août 1920), p. 519 à 524 (1921), p. 598-599 (août 1923 et suivant), p. 600 à 603 (1924), p. 661 (décembre 1926), p. 662 à 671 (1927).

10 000 - 15 000 €

INSIGNE DE LA MISSION FRANÇAISE EN POLOGNE AUPRÈS DE L’ARMÉE DU GÉNÉRAL HALLER, DU CAPITAINE CHARLES DE GAULLE

Vers 1920

En métal blanc ; numéroté au revers n° 1362 Fabrication en plusieurs parties ; attache à molette. 51 × 36 mm

T. T. B.

Historique :

Les deux séjours du capitaine de Gaulle en Pologne d’avril 1919 à mai 1920, puis de juin 1920 à la fin du mois de janvier 1921 sont une partie assez méconnue de sa vie.

Dans le cadre de la mission du général Henrys visant à former l’armée polonaise, il est instructeur à l’école d’infanterie de Rembertów. Lors de son dernier séjour, il prendra part aux opérations de la guerre russo-polonaise, au sein du 3e bureau du groupe d’armées Sud (puis Centre) commandé par le général polonais Rydz-Smigły.

500 - 600 €

GAULLE Charles de.

Document le concernant, 13 janvier 1921 ; accompagné d’une Nota autographe ; 1 page in-fol. dactylographiée à en-tête du Ministère de la Guerre avec cachet encre, et 1 page in-12 autographe. Citation à l’ordre de l’Armée.

Le 13 janvier 1921, le ministre de la Guerre cite à l’ordre de l’Armée : « M. Gaulle, Charles, André, Joseph, Capitaine au 124e Régiment d’Infanterie, détaché à la Mission Militaire Française en Pologne : “Détaché à l’État-Major du Général accrédité auprès du Groupe d’Armées polonais du Sud, puis du Centre, a rendu des services signalés comme officier du 3ème Bureau. S’est fait remarquer tout particulièrement par la façon brillante dont il a accompli, dans des conditions très pénibles, plusieurs missions auprès des Armées durant les opérations offensives d’Août 1920. Faisant preuve d’un sens très net des situations, d’un jugement sûr, s’exposant au contact même de l’ennemi pour se documenter avec précision (opération contre l’armée de Boudienny du 30 juillet au 2 août, prise de Hrubieszow–13 et 14 août), il a été pour son chef l’auxiliaire le plus précieux et pour ses camarades polonais l’exemple d’un officier de guerre accompli”. Cette citation ne comporte pas l’attribution de la Croix de guerre ».

Le document est dactylographié, et certifié conforme par le Sous-directeur. Il a été délivré à de Gaulle à Saint-Cyr le 12 février 1921, comme en témoigne le tampon au bas du document.

De Gaulle a rédigé cette note : « Nota. Un décret du Ministre de la guerre en date de… 1921 prescrit que les citations à l’ordre de l’armée obtenues au cours des opérations sur différents théâtres énumérés, et parmi lesquels figure la Pologne, donnent droit à la Croix de guerre des Théâtres Extérieurs d’opérations ».

1 000 - 1 500 €

Capitaine Charles de Gaulles en Pologne.

Yvonne Vendroux à Calais , le 6 avril 1919

GAULLE Charles de.

2 L. A. S., Varsovie, 20 et 26 décembre 1920, à M. et Mme Jacques Vendroux à Calais ; 4 pages in-8 chaque, enveloppe à la 1ère avec cachet encre de la Mission militaire française en Pologne À ses futurs beaux-parents.

[Charles de Gaulle épousera Yvonne Vendroux le 6 avril 1921 à Calais.]

Varsovie, 20 décembre 1920, à Mme Jacques Vendroux (née Marguerite Forest). « Il m’est impossible de vous dire à quel point m’a ému votre lettre. En me faisant bien voir votre immense tendresse pour Yvonne, elle m’a montré aussi quel lourd sacrifice ce sera pour vous et pour son Papa, de vous séparer d’elle. » Son retour est fixé au 10 janvier. « Le général Niessel m’avait dit dès mon retour de Paris, et répété depuis à plusieurs reprises, qu’il comprenait parfaitement l’étendue du sacrifice qu’il me demandait, mais qu’il y avait en jeu des intérêts généraux assez graves pour que je le fasse. Il venait d’arriver en Pologne. Il lui fallait prendre contact avec des gens et des choses que je connais particulièrement bien, et cela à un moment très critique pour cette pauvre Pologne. La récompense sera d’autant plus douce, n’est-il pas vrai, chère Madame ? qu’elle aura été plus chèrement achetée »…

Varsovie, 26 décembre 1920, à ses « chers parents » : « C’est de toute mon affection respectueuse, très sincère et déjà profonde, que je vous adresse, mes chers parents (permettez-moi de vous donner ce nom), mes vœux de Nouvel An. Au moment d’entrer dans cette année, je me sens pénétré à votre égard d’une immense reconnaissance, en pensant au trésor que vous acceptez de me donner. Cette reconnaissance durera aussi longtemps que durera ma vie. […] J’aurai passé bien tristement les deux derniers mois de 1920. Jamais l’exil ne m’a paru plus mélancolique et pour de plus chères raisons. Il faut dire du reste que cette pauvre Pologne est toujours bien inquiète et bien à plaindre. En la quittant définitivement j’emporterai comme résumé de mes impressions qu’il sera bien difficile de la faire vivre »…

LNC, I, p. 509-510.

On joint la carte de faire-part des fiançailles [11 novembre 1920] : Monsieur & Madame Jacques Vendroux ont l’honneur de vous faire part des fiançailles de leur fille

Mademoiselle Yvonne Vendroux avec Le Capitaine de Gaulle.

2 000 - 3 000 €

ENSEMBLE DE DEUX MÉDAILLES QUI PROVIENDRAIENT

DU BUREAU DU COLONEL DE GAULLE, AVANT LA 2e GUERRE MONDIALE

Comprenant :

- Médaille satyrique allemande du naufrage du Lusitania par Goetz

En fer, l’avers représentant la mort vendant des tickets aux passagers, le revers au naufrage du bateau

D. : 55 mm

- Plaque « La défense du foyer (1915) »

En bronze, l’avers à la légende « Halte-là », le revers à la devise « SI VIS PACEM PARA BELLUM »

71 × 56 mm

Avec enveloppe manuscrite de la main de Philippe de Gaulle authentifiant ces deux médailles comme provenant du bureau de son père, avant-guerre.

Cet ensemble est hautement symbolique.

450 - 650 €

GAULLE Charles de.

L. A. S., Saint-Cyr, 22 mars 1921, au général commandant l’École de Saint-Cyr ; 1 page grand in-4, légère déchirure à la pliure centrale.

Demande de permission pour son mariage.

« Le Capitaine de Gaulle, professeur adjoint d’Histoire Militaire […] J’ai l’honneur de vous prier de bien vouloir m’accorder une permission de trois semaines du 1er au 21 Avril, à l’occasion de mon mariage, et pour me rendre à Nice »…

Le général Albert TananT apostille la permission : « Accordé A. Tanant », avant de la remettre à de Gaulle.

On joint l’extrait de la décision ministérielle, admettant le capitaine de Gaulle à l’École Supérieure de Guerre, 8 juin 1922 (1 p. gr. in-4).

1 000 - 1 500 € 87

GAULLE Charles de.

2 cartes postales a.s., 31 [juillet] et 30 août [1923], à ses parents Henri et Jeanne de Gaulle à Sainte-Adresse ; cartes postales photographiques avec texte et adresse au dos (au crayon), timbres.

Meaux, Mardi 31 [juillet] (Boulevard Jean Rose, le Monument des Enfants de Seine-et-Marne et la Cathédrale). « Mille respects et affections, ma bien chère Maman. Je dinerai Jeudi à Paris avec Pierre. Charles ».

Bouillon 30 août (le Château et la Semoy). « Mon bien cher Papa, Voici Bouillon, Bouillon français, que nos folles secousses révolutionnaires ont eu pour résultat d’exclure de nos frontières. Yvonne et moi vous envoyons, ainsi qu’à Maman nos respectueuses tendresses. Mille affections à tous. Charles de Gaulle ».

LNC, I, p. 598.

500 - 700 €

88

GAULLE Charles de.

Carte postale A. S., 27 juillet 1924, à son fils Philippe de Gaulle à Septfontaines (Ardennes) ; carte photographique (Chien du Petit St-Bernard) avec texte et adresse au dos, timbre.

À son jeune fils.

« C’est un gros chien que Papa a vu aujourd’hui. Mille baisers de son Papa au petit Philippe et à sa petite sœur. C. de Gaulle ».

On joint le faire-part de naissance de Philippe de Gaulle, le 28 décembre 1921.

500 - 700 €

Mariage de Charles et Yvonne de Gaulle à Calais, le 6 avril 1921.

La Discorde chez l’ennemi

La Discorde chez l’ennemi parait en 1924, alors que Charles de Gaulle est encore élève à l’École de Guerre. Pour ce premier livre, le jeune officier analyse l’effondrement de l’Empire Wilhelmien pendant la première Guerre mondiale.

Lors de ses trente mois de captivité en Allemagne il rumine et s’imprègne, nourrit son esprit à défaut de combattre physiquement, improvise de petites conférences géopolitiques à ses camarades d’infortune, se tient au courant de l’actualité - malgré la censure progressive des journaux à mesure que les victoires de la TripleEntente se font plus fortes -, rentre en France en décembre 1918 seulement, enrage de ne pas avoir pu combattre, s’engage en Pologne au début de l’année 1919 comme enseignant instructeur auprès de l’infanterie polonaise avant de combattre aux côtés de ses « amis polonais » contre les armées soviétiques en 1920, lui offrant une forme de résurrection militaire. Il rentre en France en 1921 où il se marie, avant d’intégrer l’école supérieure de Saint-Cyr comme professeur d’Histoire.

Nous pourrions résumer l’esprit de son livre par ces quelques lignes de Sun Tzu :

« Qui connaît l’autre et se connaît lui-même, peut livrer cent batailles sans jamais être en péril. Qui ne connaît pas l’autre mais se connaît lui-même, pour chaque victoire, connaîtra une défaite. Qui ne connaît ni l’autre ni lui-même, perdra inéluctablement toutes les batailles. »

Suivant cette idée, Charles de Gaulle analyse les raisons de la défaite allemande, cherchant à mettre en évidence les divisions internes du IIe Reich malgré son apparente solidité. Il organise son propos autour de quatre grandes parties : la désobéissance du général von Kluck ; la déclaration de guerre sous-marine renforcée ; les relations avec les alliés ; la chute du chancelier Bethmann-Hollweg.

Le premier chapitre met en évidence l’action solitaire du général Alexander von Kluck en septembre 1914, chef de la première armée allemande lors de la bataille de la Marne, qui ne tient pas compte du « plan Schlieffen » préconisé par son État-Major et qui a pour principe de déborder l’armée française par le Nord en violant la neutralité belge. Dans une initiative personnelle malheureuse,  le général cherche à appliquer les recettes victorieuses du passé – celles de la guerre de 1870 – sans analyser les circonstances du présent. L’échec est à l’issue.

Le second chapitre souligne le mauvais choix stratégique de l’amiral von Tirpitz qui souhaite renforcer la guerre sous-marine contre l’avis de son chancelier, ce qui a pour effet « malheureux » de précipiter l’entrée des États-Unis dans le conflit.

Le troisième analyse la mésentente entre les états-majors allemands et austro-hongrois et leur absence de coordination, notamment lorsque les Autrichiens connaissent de sérieux revers sur le front oriental.

Le quatrième décortique la chute du chancelier Bethmann-Hollweg en juillet 1917 qui s’oppose à son Amirauté, et pâtit des déséquilibres de l’organisation constitutionnelle et politique du II e Reich.

La Discorde chez l’ennemi illustre l’originalité et l’indépendance d’esprit de l’officier de Gaulle, qui porte un regard critique sur le hautcommandement allemand, fouille dans les entrailles historiques et constitutionnelles de l’Empire germanique, brosse le portrait psychologique de ses chefs et met en évidence les causes de cette débâcle. Il est difficile de ne pas faire d’analogie avec les futures bévues de l’état-major et de la classe politique française en amont de la seconde Guerre mondiale aboutissant aux conséquences funestes du mois de mai 1940.

1 500 - 2 000 € ★ 89

GAULLE Charles de.

La Discorde chez l’ennemi. Paris, Berger-Levrault, 1924.

Gr. in-8 (26,4 × 16,7 cm), broché, couverture imprimée.

Édition originale très rare du premier livre de Charles de Gaulle, alors capitaine. Il n’a pas été tiré de grand papier.

Charles de Gaulle, fait prisonnier pendant la Première Guerre mondiale, met à profit sa captivité (quand il ne tente pas de s’évader) pour s’informer sur la vie politique et militaire allemande. Il fait des conférences sur ce sujet à ses camarades de détention. Il poursuivra d’ailleurs cette activité de conférencier et de formateur dans la suite de sa carrière militaire. Lors de son internement à la forteresse d’Ingolstadt, il côtoie Étienne Répessé, connu au régiment d’infanterie d’Arras et qui deviendra son éditeur chez Berger-Levrault. L’ouvrage contient cinq conférences : « la Désobéissance du général von Kluck », « la Déclaration de guerre sous-marine renforcée », « les Relations avec les Alliés », « la Chute du chancelier Bethmann-Hollweg », « la Déroute du peuple allemand ».

Accrocs au dos de la couverture, légères décharges des remplis de celle-ci sur les gardes.

400 - 600 €

★ 90

GAULLE Charles de.

La Discorde chez l’ennemi.

Paris, Berger-Levrault, 1924.

Gr. in-8 (24,2 × 15,5 cm), bradel, basane caramel, dos à nerfs avec auteur et titre dorés, couvertures et dos conservés (reliure de l’époque)

Édition originale très rare du premier livre de Charles de Gaulle, alors capitaine. Il n’a pas été tiré de grand papier.

Précieux exemplaire portant cet émouvant envoi du général de Gaulle : « à mon fils Philippe, témoignage de mon affection profonde et de mes confiantes espérances », daté du 11 mars 1924. Philippe de Gaulle (1921-2024), premier enfant d’Yvonne et Charles de Gaulle, n’avait alors qu’un peu plus de deux ans et ni lui ni son père n’avaient encore connu le destin qui les attendait.

Bel exemplaire malgré une bande insolée en tête du premier plat et de très légers frottements.

GAULLE Charles de.

La Discorde chez l’ennemi. Paris, Berger-Levrault, 1924.

Gr. in-8 (25,1 × 16,3 cm), broché, couverture imprimée.

Édition originale très rare du premier livre de Charles de Gaulle, alors capitaine.

Il n’a pas été tiré de grand papier.

Charles de Gaulle, fait prisonnier pendant la Première Guerre mondiale, met à profit sa captivité (quand il ne tente pas de s’évader) pour s’informer sur la vie politique et militaire allemande. Il fait des conférences sur ce sujet à ses camarades de détention. Il poursuivra d’ailleurs cette activité de conférencier et de formateur dans la suite de sa carrière militaire.

Lors de son internement à la forteresse d’Ingolstadt, il côtoie Étienne Répessé, connu au régiment d’infanterie d’Arras et qui deviendra son éditeur chez Berger-Levrault. L’ouvrage contient cinq conférences : « la Désobéissance du général von Kluck », « la Déclaration de guerre sous-marine renforcée », « les Relations avec les Alliés », « la Chute du chancelier Bethmann-Hollweg », « la Déroute du peuple allemand ».

Précieux exemplaire corrigé et annoté de la main du général de Gaulle, avec 7 feuillets manuscrits (eux mêmes corrigés) se rapportant au texte. Les corrections au crayon dans le texte (majoritairement des suppressions) ne semblent pas avoir été retenues pour les rééditions de 1972 chez Plon et de 2018 chez Perrin.

Envoi caviardé au verso du titre. Une note dactylographiée indique « Prêt de l’amiral de Gaulle », daté du 20 décembre 1982.

En partie débroché, couverture décollée, dos un peu déchiré avec léger manque ; déchirures marginales à quelques feuillets.

1 500 - 2 000 €

« Dans la récente guerre des peuples, la France a fini par arracher la Victoire. […]. Ses soldats ne s’enivreront pas de leurs gloires » — 1924

92

GAULLE Charles de.

Manuscrits autographes pour La Discorde chez l’ennemi, [1924] ; 106 pages in-fol.

Important ensemble de brouillons pour son premier livre, analysant la défaite de l’Allemagne en 1914-1918.

Premier livre de Charles de Gaulle, La Discorde chez l’ennemi parut en mars 1924 chez Berger-Levrault. En cinq chapitres, il y analyse les causes de la défaite de l’Allemagne en 1918. Ces brouillons, à l’encre noire, sont abondamment raturés et corrigés, avec d’importants passages biffés, et des variantes avec le texte définitif.

Le dossier comprend les brouillons suivants :

* [Avant-propos] (2 pages in-fol.) : « La défaite allemande ne saurait empêcher l’opinion française de rendre à nos ennemis l’hommage qu’ils ont mérité par l’énergie des chefs et les efforts des exécutants »… Au dos du 2e feuillet, de Gaulle a tracé le plan du livre : « 1) La désobéissance du Gal von Kluck. 2) Le déclenchement de la guerre sousmarine. 3) [Le commandement biffé] 4) La chute du Chancelier Bethmann-Hollweg. 5) La déroute du peuple allemand ».

* [I La désobéissance du général von Kluck]. (18 pages in-fol.) « Rentré à Berlin empereur et victorieux, Guillaume Ier, recevant au nom de l’Allemagne les félicitations de ses sujets, disait en public : “Vous, Moltke, grâce à votre labeur du temps de paix et à vos méthodes du temps de guerre, vous avez conduit nos armées à la victoire” »… La conclusion est restée inédite : « Dans la récente guerre des peuples, la France a fini par arracher la Victoire. Qu’elle glorifie maintenant son triomphe et célèbre ses lauriers. Mais qu’elle ne commette point l’erreur, sous le prétexte des succès, de laisser pétrifier des méthodes. Ses soldats ne s’enivreront pas de leurs gloires ».

* [II La déclaration de guerre sous-marine renforcée], ici intitulée La fatale querelle d’un Chancelier et d’un Amiral, et datée « Novembre 1922 ». (titre et 40 pages in-fol. pag. [3]-3-33 avec des ff. ajoutés). « Étant donné que la proclamation du blocus sous-marin sans restriction devait entraîner nécessairement les conséquences extérieures les plus graves, il n’est pas douteux qu’en la matière, c’est au Chancelier de l’Empire, chef du gouvernement, exerçant la conduite politique de la guerre qu’eût dû logiquement revenir la décision »… La conclusion est restée inédite : « De ces récentes et formidables leçons l’opinion française éclairée ne manquera pas de tirer des conclusions utiles. À la lumière de ces événements, les esprits réfléchis sauront préciser et compléter en eux-mêmes cette philosophie supérieure de la guerre sans laquelle les plus rudes efforts d’un peuple peuvent être ruinés, mais qui connue et pratiquée constitue la garantie la plus générale et la plus sûre des destinées de la patrie ».

* [III Les relations avec les Alliés] (46 pages in-fol.). Le début est resté inédit : « Les passions et les intérêts des peuples de l’Europe sont depuis longtemps à ce point enchevêtrées que presque toutes les guerres modernes livrées sur le sol du vieux continent furent des guerres de coalition. Il y a un intérêt d’ordre général et pratique à étudier les procédés qu’appliquent les groupes de puissances pour assurer la coordination de leurs efforts »… Le dernier feuillet, très raturé, donne une conclusion restée inédite : « En constatant l’incapacité des Puissances centrales à régler de bon accord la collaboration nécessaire des armées combattant sur les mêmes champs de bataille, et à établir une autorité unique au-dessus des forces de leur coalition, l’opinion menacera même sans doute le mérite des chefs militaires français qui, dans des circonstances infiniment plus malaisées, surent constamment réaliser cette collaboration et finalement obtenir cette autorité. Nos officiers, convaincus qu’une guerre nouvelle mettrait sans doute des armées alliées à côté des nôtres ne négligeront pas ces études d’une histoire récente, préparation incomparable aux devoirs que peut leur inspirer un prochain avenir. »

Plus les tapuscrits suivants :

* Conclusion, première version, plus courte, de l’Avant-propos (1 p.), avec un mot corrigé.

* Introduction, non retenue, sur « l’influence de Nietzsche sur l’esprit allemand » (4 p. , la dernière en double).

* Avant-propos (4 p.).

* Le crépuscule d’un dieu (12 p. sous couv. titrée), correspondant au chap. I.

* Fragment écarté (4 p. , 24-27).

50 000 - 60 000 €

[REVUE]. GAULLE colonel Charles de. Revue militaire française. N° 45. Paris, Librairie militaire Berger-Levrault, 1er mars 1925.

In-8 (21,7 × 13,5 cm), reliure janséniste chagrin rouge, dos à nerfs, petite dentelle intérieure dorée, tête dorée, couvertures et dos conservés.

Numéro 45 (1er mars 1925) de cette revue « publiée avec le concours de l’État-Major de l’Armée, fusion du Journal des sciences militaires, de la revue militaire des armées étrangères et de la Revue d’histoire ». Le numéro renferme six articles dont celui du capitaine de Gaulle « Doctrine a priori ou doctrine des circonstances ». S’appuyant sur son expérience de la Première Guerre mondiale, il s’interroge, comme souvent, sur le rôle du chef et les choix tactiques qu’on peut faire face à l’ennemi : « Confondant la fortification qui nous était opposée avec l’ennemi qui l’utilisait, beaucoup crurent que tout le problème de la victoire consistait à traverser la zone des tranchées adverses. La percée devint une entité suprême et comme divine. Et notre effort consista longtemps à accumuler d’abord une puissante artillerie et une nombreuse infanterie dans un secteur du front choisi à priori et à tâcher d’y enlever les tranchées allemandes sur toute leur profondeur, admettant que la victoire serait acquise dès que nos vagues d’assaut auraient atteint le “terrain libre”. »

L’exemplaire, relié par le beau-père de Charles de Gaulle, Jacques Vendroux, comporte une lettre autographe signée du général à celui-ci (Mayence, 17 mars 1925) : « Je suis heureux, mon cher Père, que l’étude de La Revue militaire vous ait plu. Elle fait en ce moment pas mal de bruit dans les milieux et cénacles guerriers parce qu’elle s’en prend à la doctrine naissante de I’École de guerre à laquelle j’avais en mon temps refusé de me rallier. Beaucoup de gens, et non des moindres, pensent comme moi et le disent. »

LNC, I, p. 606 (l’exemplaire est cité).

Précieuse provenance pour cette étude militaire qui annonce déjà le désastre de 1940.

Dos un peu passé.

Provenance

– Jacques Vendroux (cité dans LNC, I, p. 606).

– Philippe de Gaulle et par descendance.

800 - 1 200 €

★ 94

[REVUE]. GAULLE colonel Charles de. Revue militaire française. N° 45. Paris, Librairie militaire Berger-Levrault, 1er mars 1925.

In-8 (22,9 × 14,1 cm) broché, couverture ocre imprimée.

Numéro 45 (1er mars 1925) de cette revue « publiée avec le concours de l’État-Major de l’Armée, fusion du Journal des sciences militaires, de la revue militaire des armées étrangères et de la Revue d’histoire ». Le numéro renferme six articles dont celui du capitaine de Gaulle « Doctrine a priori ou doctrine des circonstances ».

Précieux exemplaire portant cet envoi autographe signé du commandant Duchemin sur la couverture : « Remerciements et hommage ».

Le texte de Charles de Gaulle a été abondamment corrigé de sa main, des paragraphes entiers supprimés, certains réécrits. Le plan a également été modifié et surtout le titre devient « De la doctrine ».

800 - 1 200 €

GAULLE Charles de.

Manuscrit autographe, Doctrine a priori ou doctrine des circonstances ?, 1924 ; 34 pages gr. in-4 sous chemise titrée.

Importante étude militaire, qui sera reprise dans Le Fil de l’épée.

Cette étude, rédigée à la fin de 1924, a été publiée dans la Revue militaire française le 1er mars 1925 (p. 306-328). Elle sera remaniée en 1932, avec notamment quelques suppressions, pour former le chapitre « De la Doctrine » du Fil de l’épée

L’étude est divisée en VI parties. Le manuscrit, à l’encre noire, présente quelques ratures et corrections. On relève d’importantes variantes avec le texte du Fil de l’épée

« Les principes qui régissent l’emploi des moyens : économie des forces ; nécessité de procéder par concentration et, en conséquence, par phases ou bonds ; surprise pour l’ennemi ; sûreté pour soi-même, n’ont de valeur, – combien l’ont professé déjà !, – que par la façon dont ils sont adaptés aux circonstances. Cette constatation n’a, d’ailleurs, rien de spécifiquement militaire et domine tout ordre d’action, guerrière, politique, industrielle. Apprécier les circonstances dans chaque cas particulier, tel est donc le rôle essentiel du chef. Du fait qu’il les connaît, qu’il les mesure, qu’il les exploite, il est vainqueur ; du fait qu’il les ignore, qu’il les juge mal, qu’il les néglige, il est vaincu. C’est sur des contingences qu’il faut construire l’action. Tel général, disposant d’une armée excellente et l’ayant minutieusement rangée en bataille, est battu parce qu’il n’est pas renseigné sur l’ennemi. Tel politique, ayant la volonté, la durée, disposant des ressources d’un grand pays et d’un solide système d’alliances, échoue parce, qu’il ne discerne pas le caractère de son temps. Tel industriel, puissamment outillé, se ruine pour avoir méconnu l’état du marché. Il semble que l’esprit militaire français répugne à reconnaître à l’action de guerre le caractère essentiellement empirique qu’elle doit revêtir. Il s’efforce sans cesse de construire une doctrine qui lui permette, a priori, d’orienter tout au moins l’action et d’en concevoir la forme, sans tenir compte des circonstances qui devraient en être la base. Il tente perpétuellement de déduire la conception de constantes connues à l’avance, alors qu’il faut, pour chaque cas particulier, l’induire de faits contingents et variables »…

La partie II étudie la tactique au XVIIIe siècle, les guerres de la Révolution et de l’Empire, où les chefs surent s’adapter aux circonstances et les exploiter. Le désastre de 1870 s’explique par « l’arbitraire de la théorie » (III). Une

nouvelle doctrine s’élabore, portée sur l’offensive (IV) : « Le colonel Pétain prétendait qu’on construisît d’après les circonstances la conception d’une manœuvre et que la concentration des moyens, notamment celle des feux, fût à la base de l’exécution. On préféra orienter l’action a priori vers l’offensive immédiate et irraisonnée par système ; on voulut faire du combat la ruée désordonnée vers l’avant. »

V « On connaît les conséquences tactiques qu’entraînèrent, lors des batailles des frontières, ces principes métaphysiques », au début de la guerre de 1914. « La victoire de la Marne vint couvrir d’une gloire magnifique le chef qui sut s’affranchir des théories construites dans l’abstraction et induire sa conception des circonstances dont son esprit embrassait l’ensemble »… De Gaulle détaille les différentes phases de la guerre, les succès venant de « l’inspiration d’un grand chef, affranchi des doctrines a priori »…

VI « De Gaulle conclut : « Ulysse, regagnant, après une longue guerre, Ithaque sa patrie, se fit attacher au mât du navire pour éviter de céder aux séductions des Sirènes et de rouler dans l’abime des mers. Ainsi le prudent Achéen put-il, après mille dangers, recouvrer son royaume et y jouir d’un glorieux repos. Puisque le moment est venu, où la pensée militaire française reconstitue la philosophie de ses doctrines, puisset-elle ne pas succomber à l’attrait séculaire de l’a priori, de l’absolu et du dogmatisme ! Puisse-t-elle, pour n’y point céder, s’attacher à l’ordre classique suivant d’illustres et récents exemples ! Elle y puisera ce goût du concret, ce don de la mesure, ce sens des réalités qui éclairent l’audace, inspirent la manœuvre et fécondent l’action. »

On joint : – le tapuscrit ([1]-27 p. in-4) avec quelques corrections, et additions autographes : l’épigraphe empruntée au maréchal Bugeaud, et la signature à la fin : « Capitaine de Gaulle 14 Square Desaix Paris (15e) », avec timbre à date 7 nov. 1924  ; – une note autographe d’Henri de Gaulle faisant quelques remarques sur ce texte (1 p. ½ in-fol.) ; – une étude dactylographiée Observations sur une étude intitulée : « Doctrine a priori ou doctrine des circonstances » (4 p. in-4), 13 novembre 1924, annotée par de Gaulle au crayon : « Colonel laure à qui le Maréchal avait demandé de rédiger son avis sur l’étude ».

15 000 - 20 000 €

GAULLE Charles de.

2 manuscrits autographes, dont un signé « C.G. », Rôle historique des places françaises, [1925] ; 37 feuillets grand in-4 sous chemise titrée, et titre et 41 pages in-fol.

Étude militaire appelant à la fortification de la France pour défendre son territoire. Le capitaine de Gaulle a publié cette étude dans la Revue militaire française du 1er décembre 1925 (p. 356-382). Il l’a recueillie dans Trois Études (Berger-Levrault, 1945). Inspirée par les idées du maréchal Pétain sur le développement d’un système défensif pour assurer l’inviolabilité du territoire français, l’étude est divisée en VIII parties. De Gaulle célèbre notamment le « travail gigantesque » de Vauban ; il souligne que la vulnérabilité du territoire a été la cause des premières défaites de 1914, et que la « confiance du vainqueur de Verdun [Pétain] dans la fortification permanente » a permis la victoire… Citons la conclusion de la première partie, qui résume le sens de l’étude : « La fortification de son territoire est, pour la France, une nécessité nationale permanente ».

Deux manuscrits témoignent de la mise au point de cette étude :

* Manuscrit de premier jet, sous une chemise portant le titre À propos de la Fortification de nos frontières, abondamment raturé et corrigé ; aux 33 feuillets de l’étude, sont joint 4 feuillets de notes et plans, plus un plus petit feuillet de notes historiques.

* Manuscrit soigneusement mis au net à l’encre noire, il présente cependant quelques ratures et corrections. Sur la page de titre, on relève cette note à l’intention de la dactylographe : « Note pour Mlle Clouet : Ne pas mettre mon nom ni sur la couverture, ni comme signature. C.G. »

On joint : – un texte en partie autographe (5 p. in-4 et 3 p. dactyl.), sur les fortifications, probablement retranché de l’étude : « Après sa victoire, la France épuisée de sang et de dépenses, contrainte de reconstruire par ses propres moyens tout ce que la guerre avait ruiné sur son territoire, en proie à une crise financière tragique, voyant au reste ses ennemis abattus pour longtemps et tenant ses troupes aux frontières naturelles, la France ne discerna pas aussitôt l’éternelle leçon des siècles et la nécessité de se refaire une ceinture de forteresse »… etc. ; – le tapuscrit (titre et 27 p. in-4, ruban adhésif), avec un mot autographe ajouté (p. 13) et signature à la fin : « C. de Gaulle E. A. Armée du Rhin (4e Bureau) » ; – brouillon de lettre autographe à Joseph PaulBoncour, 9 mai 1925, au sujet de cette « modeste étude » (3 p. in-12, LNC, I, p. 608) ; – 2 L.S. de Joseph Paul-Boncour, 17 avril et 15 mai 1925 (1 p. in-8, en-tête Chambre des députés), félicitant le capitaine de Gaulle de son étude et le remerciant d’une autre « très remarquable étude » (plus une carte de visite) ; un projet de loi impr. « sur l’organisation générale de la nation pour le temps de guerre » (1926) avec note autogr. 20 000 - 25 000 €

GAULLE Charles de.

Brouillon autographe de 6 lettres, [vers le 5 mars 1925] ; 5 pages in-8 (bords inf. et sup. lég. effrangés).

Brouillons de lettres pour l’envoi de ses études.

À Joseph Paul-boncour, lui envoyant son « étude sur les bases de notre doctrine de guerre »…

Au maréchal PéTain, lui envoyant « le 1er chapitre du Soldat [à travers les âges]. Il vous permettra d’apprécier si je suis ou non dans la bonne voie, si l’esprit, le genre et le style répondent à vos intentions », et esquissant un plan de l’ouvrage…

À Reginald kann, lui envoyant son « étude sur les bases de notre doctrine de guerre », où il exprime « les préoccupations que causent à un certain nombre d’officiers, – dont je suis, l’orientation trop dogmatique et absolue que prend une fois de plus, notre haute pensée militaire » ; il dénonce l’« excès de dogmatisme » de l’enseignement de l’École Supérieure de Guerre… (LNC, I, p. 604).

À un général et à un colonel, leur envoyant son étude sur la doctrine militaire… À un général, commentant la brochure d’un colonel.

500 - 700 €

98

MAYER Émile (1851-1938).

5 L. A. S., mars 1925 et mai 1928, à Charles de Gaulle ; 5 pages in-8 à son adresse 84, rue du Ranelagh.

Très intéressante correspondance commentant les écrits de son camarade de Gaulle. L’ex-lieutenant colonel mayer, chassé de l’armée pour son anti-conformisme, fut pour de Gaulle un maître à penser dans son cheminement militaire et politique et un soutien ; c’est lui qui présentera de Gaulle à Paul Reynaud.

9 mars 1925. Commentaire de l’article sur la doctrine ; il parle de sa Psychologie du commandement, et évoque le capitaine Nachin qu’il considère « comme un maître » – 4 mars, félicitations pour la Discorde chez l’ennemi ; il signale des fautes d’impression. –[Mars]. Selon lui, « l’existence de l’armée est condamnées à bref délai : la hiérarchie, le commandement, tout ce qui a fait ma vie et autour de quoi gravite votre esprit, tout cet appareil antique, prestigieux, va prochainement disparaître. […] La guerre de demain différera de celle d’hier »… Il a exposé dans La guerre d’hier et l’armée de demain « une esquisse de réorganisation militaire »… – 25 mars, continuant sa réflexion sur « la guerre de demain »…

14 mai 1928, à son « cher “disciple” », sur le général andré et sur PéTain : « Le capitaine Pétain a pu être ambitieux lorsque, au sortir de l’école de guerre, il a vu s’ouvrir un bel avenir devant lui. Il avait cessé de l’être alors que, commandant le 33e, il savait, de façon certaine, qu’il prendrait sa retraite comme colonel. Il s’était résigné à son sort avec philosophie ou avec amertume. Mais il ne rêvait pas l’impossible – qui s’est produit »…

500 - 700 €

Colonel Émile Mayer, vers 1935

99

[GAULLE Charles de].

16 L. A. S., la plupart de mars 1925, adressées à Charles de Gaulle

Très intéressante correspondance commentant les écrits de son camarade de Gaulle.

Ensemble de lettres reçues par le capitaine de Gaulle, après la publication de son article « Doctrine a priori ou doctrine des circonstances » (dans la Revue militaire française, le 1er mars 1925).

La plupart proviennent d’amis officiers. Certaines sont fort longues et intéressante, et commentent l’étude.

Colonel Alléhaut (d’Athènes), capitaine Bridoux, capitaine M. Collignon, capitaine Damidaux, capitaine Georges-Picot (de Beyrouth), E. Gillard, Réginald Kann, colonel de Lannurien, capitaine Laurent, commandant Mehot (de Prague), colonel Moyrand, capitaine Lucien Nachin (très intéressante), général E. Putois…

Paul Keller 21 mai 1928 « Vous faites honneur à l’Armée […] Vous connaissez le “Chef” aussi bien que le Maréchal connait “le Soldat” »…

George Loustanau-Lacau (2) : Athènes 12 février [1931] sur Du Caractère (6 p.) ; Avril [1927 ?], au sujet de son « étude sur le rétablissement de la situation militaire sur le front français du Maroc de juillet 1925 à janvier 1926 ».

On joint une carte postale photographique de Wissant (Intérieur d’une cabane de pêcheurs) et un billet intitulé « Plaidoyer ».

500 - 700 €

100

GAULLE Charles de.

Manuscrit autographe, [Du prestige, 1925] ; 2 pages et demie in-8.

Ces notes constituent les prémices du chapitre Du prestige dans Le Fil de l’épée (1932), publié d’abord dans la Revue militaire française le 1er juin 1931. Le manuscrit, d’une écriture cursive, présente de nombreuses ratures et corrections. Le texte est inachevé. Elles sont intitulées « Éléments du prestige, réserves faites des qualités de savoir, d’intelligence, de volonté, de succès préalable ». Ces éléments sont énumérés en tête, au nombre de trois :

« 1° L’éloignement. — L’empire sur soi. Être froid.

2° La représentation.

3° L’intervention soudaine et rare (miracle des religions). » « L’éloignement est indispensable. Il y a un élément d’ordre religieux dans la confiance des hommes en un autre homme. Il faut que les subordonnés aient la croyance que le chef est comme d’une essence supérieure à la leur et, quelle que soit la valeur du chef, cette croyance disparaît quand les masses qui lui obéissent le voient de trop près réfléchir, hésiter, changer d’avis, reconnaître une erreur, bref être un homme à tout prendre comme les autres. […] dans l’ordre d’idées militaire notamment, ce n’est point surtout un éloignement d’ordre matériel qu’il faut que le chef s’impose. D’abord la nécessité de voir pour agir lui impose souvent sa place ». Il doit se montrer aux masses… « ce qu’il doit réaliser est l’éloignement moral. […] Autrement dit, il doit garder sur lui-même l’empire suffisant pour ne point laisser voir les mouvements de son âme ». Etc.

LNC, I, p. 642-644.

4 000 - 6 000 €

GAULLE Charles de. Manuscrit autographe, Télémaque, [1925 ?] ; 4 pages grand in-8.

Amusant conte fantaisiste.

Fantaisie, à la manière d’un Offenbach transposant avec humour les légendes antiques. Le manuscrit, peut-être inachevé, présente des ratures et corrections. « Télémaque et Pisistrate arrivèrent enfin à Lacédémone et firent arrêter leur voiture à la porte de la superbe maison du colonel Ménélas. Le colonel Ménélas donnait justement son grand dîner en l’honneur des deux mariages de son fils et de sa fille qu’il venait de faire célébrer. Pour sa fille, Mlle Hermione, il ne faisait là que réaliser une promesse qu’il s’était faite au cours de sa campagne de Troie, de la marier s’il en revenait au fils du commandant Achille. La voiture qui devait emmener les jeunes mariés était prête. D’autre part, le colonel Ménélas mariait son fils Mégaponthe, lieutenant au 20e bat. de chasseurs, à Mlle Alastor, fille d’un gros industriel de Sparte. À vrai dire, le jeune Mégaponthe était né d’une de ses maîtresses et Ménélas l’avait reconnu par la suite, jugeant que la conduite d’Hélène, sa femme, à son égard pouvait le dispenser de scrupules. D’ailleurs, après la naissance d’Hermione, Hélène s’était bien juré de n’avoir point d’autre enfant, elle tenait trop à la finesse de sa taille »…

LNC, I, p. 644-646.

1 000 - 1 500 €

GAULLE Charles de.

Manuscrit autographe signé, Mon rapport sur mes évasions, janvier 1927 ; 23 pages et demie grand in-4, avec enveloppe autographe « Mon Rapport sur mes évasions ».

Récit de ses cinq tentatives d’évasion pendant sa captivité en Allemagne de 1916 à 1918.

Brouillon, avec ratures et corrections, de la note rédigée par de Gaulle en vue de l’obtention de la médaille des Évadés. La demande officielle, dactylographiée, certifiée par les témoins et apostillée par le maréchal Pétain, a été envoyée le 30 janvier 1927 au ministre de la Guerre (exposition BnF, 1990, n° 43 ; photocopie jointe, avec note dactyl.). La médaille des Évadés lui sera décernée en octobre 1927.

« Le Capitaine breveté : de Gaulle, de l’État-major du Maréchal Pétain », rend compte au ministre des « cinq évasions que j’ai accomplies au cours de ma captivité en Allemagne, en 1916, 1917, et 1918 ». Capitaine, commandant la 10e compagnie du 33e Régiment d’infanterie, il est « tombé, blessé, aux mains de l’ennemi, le 2 mars 1916, au village de Douaumont ». Évacué sur la citadelle de Mayence, il fut « expédié, à la fin de mars, au camp d’Osnabrück (Westphalie). Soupçonné de préparer une évasion, je fus, ensuite, envoyé au camp de représailles de Sczuczyn (Lithuanie) où je passai cinq mois ». Il fut ensuite expédié au fort n° IX d’Ingolstadt en Bavière. « Ce fort, réservé aux officiers qui avaient tenté de s’évader, était l’objet d’une surveillance renforcée ». En septembre 1916, il fait sa première tentative en avalant « une forte dose d’acide picrique », pour se faire admettre à l’hôpital militaire. Avec le capitaine Dupret habillé en infirmier, il rejoint l’hôpital allemand ; puis, habillés en civil, tous deux sortent « de l’hôpital devant le poste indifférent et nous voilà en ville, libres, au milieu de la foule d’un dimanche soir ». Ils se dirigent vers la Suisse, mais ils sont arrêtés à Pfaffenhofen, et renvoyés à Ingolstadt. Transféré en juillet 1917 au château-fort de Rosenberg près de Kronach (Franconie), il fait une nouvelle tentative le soir du 15 octobre, avec quatre autres officiers, franchissant sous une pluie battante remparts et fossés ; ils sont repris « après dix nuits de marche ».

Ramené à Rosenberg, il tente une nouvelle évasion le 30 octobre, et est arrêté alors qu’il allait prendre le train à la gare de Lichtenfels, et renvoyé au fort d’Ingolstadt, condamné aux arrêts de rigueur et à trois semaines de prison.

En mai 1918, il est transféré « au camp de Wülzburg près de Weissenburg (Bavière). Ce camp était installé dans un ancien château fort, sur un piton rocheux. L’ennemi avait pris, pour notre garde, des dispositions telles qu’on ne pouvait guère penser à sortir autrement que par la porte ». Le 10 juin, conduit par le lieutenant Meyer qui a revêtu un uniforme d’officier allemand, il peut franchir les grilles du fort ; ils sont arrêtés le lendemain. Il fait une cinquième tentative au début de juillet en se cachant dans un panier de linge sale ; ayant réussi à prendre le train à Nuremberg, il est arrêté dans le train.

Il ajoute : « Après chacune de mes évasions du camp de Wülzburg, on me notifia une “punition” de 60 jours d’arrêts de rigueur. Mais je n’eus pas à les subir, car l’armistice fut signé avant que l’exécution de ces arrêts eût commencé ».

Un croquis original traçant le plan des deux évasions de Rosenberg et deux croquis reproduits.

LNC, I, p. 673.

On joint la copie dactylographiée et signée (6 fois), signée également par les témoins avec légalisation des signatures, datée du 30 janvier 1927, avec 2 croquis originaux faisant le plan des évasions. Plus la photocopie d’une fiche administrative de la sous-commission de la médaille le concernant ; et une liste dactyl. des lieux d’internement.

15 000 - 20 000 €

« J’avais remarqué que, chaque lundi matin, un vaste panier contenant le linge sale quittait le camp de Wülzburg […]. Ne pourrais-je pas prendre la place du linge et me trouver déposé hors du camp. »

— De Gaulle en captivité, Juillet 1918

103

GAULLE Charles de.

L. A. S., Paris, 3 mars 1927, à son père Henri de Gaulle ; 3 pages in-8 à en-tête Le Maréchal de France Inspecteur général de l’Armée Vice-président du Conseil supérieur de la Guerre (légères taches).

Au sujet de ses conférences à l’École supérieur de guerre.

Il envoie à son « bien cher Papa », sa deuxième conférence, « pour critique et correction »… « La première, que présidait le Maréchal, a fait une très grosse impression. Les partisans jubilent, les neutres font des sourires et les requins qui nagent autour du navire en attendant que je tombe à l’eau pour me dévorer se sont écartés à bonne distance ». Il a retrouvé avec joie sa mère « en bonne santé malgré sa mauvaise vue »…

LNC, I, p. 686.

On joint une L. A. S. d’Henri de Gaulle à son fils Charles, Sainte-Adresse 5 octobre [1928] (3 p. in-8), au sujet du général Clément Thomas et du 13e mobiles.

1 000 - 1 500 €

★ 104

GAULLE capitaine Charles de.

Le Flambeau.

Nancy-Paris-Strasbourg, Imprimerie Berger-Levrault, 1927.

In-8 (22,7 × 14,2 cm), reliure souple en cahier unique, basane caramel, auteur et titre dorés sur le plat supérieur, couverture conservée (reliure moderne)

« L’esprit militaire, voilà la flamme qui ne doit pas s’éteindre ! »

Tiré à part de la Revue militaire française (n° 69 et 70, mars et avril 1927).

Passionné d’histoire et de littérature le jeune capitaine Charles de Gaulle, alors au service du maréchal Pétain, s’exerce au genre dramatique. En trois scènes historiques situées entres les guerres révolutionnaires et la seconde Restauration, il s’intéresse ici à la grandeur et la servitude du soldat qui transmet aux plus jeune le flambeau de l’esprit militaire.

Précieux exemplaire portant cet émouvant envoi du général de Gaulle : « À mon fils Philippe, ce modeste travail d’Histoire. 29/4/27. »

Philippe de Gaulle (1921-2024), premier enfant d’Yvonne et Charles de Gaulle, avait alors à peu près six ans.

Léger pli angulaire en tête.

1 000 - 2 000 €

Le Flambeau

Le commandant Charles de Gaulle en 1920.

105

GAULLE Charles de.

2 manuscrits autographes et 3 tapuscrits avec additions et corrections autographes pour Le Flambeau, [1927] ; 10 et 13 pages in-fol. autographes, 9, 29, 30 et 30 pages in-fol. dactylographiées. Évocation des guerres de la Révolution et de l’Empire, sous forme dialoguée.

Ces trois dialogues sont issus du projet historique du Soldat à travers les âges, que de Gaulle devait rédiger à la demande du maréchal Pétain. On retrouvera certains thèmes du Flambeau dans La France et son armée Le capitaine de Gaulle a publié sous son nom les deux premiers dialogues dans la Revue militaire française de mars et avril 1927 ; le troisième a été publié posthumément.

A. 2 manuscrits autographes du dialogue III entre Canrobert et le capitaine Coignet, dialoguant sur l’esprit militaire. – Version de premier jet, abondamment raturée et corrigée (10 p.). – Mise au net avec quelques ratures et corrections, située « (Au mois d’Août 1826, à Auxerre) ». Citons la conclusion de Canrobert, qui explicite le titre : « Vous, les grognards, nous en passez le flambeau, comme d’autres vous l’ont passé, naguère. Certes, il brûlera moins vif dans nos casernes qu’au grand air de vos campagnes. Tout de même, nous l’entretiendrons ! »

B. Tapuscrit du dialogue II entre le sergent Fricasse et le grenadier (et futur capitaine) Coignet, le 16 juin 1800 à Alexandrie de Lombardie. Le tapuscrit (9 p.) présente de nombreuses ratures et corrections, et des passages biffés (et 2 annotations de la main d’Henri de Gaulle). Page 3,

une longue réplique de Fricasse est ajoutée sur un béquet : « J’ai connu : Jourdan, parti chef de bataillon, commandant en chef un an plus tard ; Moreau, sorti pour se battre d’une étude de notaire, et dont on dit que la réputation porte ombrage à Bonaparte ; Marceau, simple soldat qui devint général en deux ans, tué à l’ennemi ; Kléber, ci-devant officier, aujourd’hui en Égypte : avec la peste, les Turcs et les Anglais n’aura-t-il pas le sort de son brave camarade Desaix dont nous pleurons la mort ? Ces chefs ont mis à la mode républicaine les vertus militaires des temps anciens ». Les deux répliques finales ont été biffées et remplacées par une dernière phrase de Fricasse. En bas de la 1ère page, Henri de Gaulle a ajouté une note historique sur le siège de Gênes.

C. 2 dactylogrammes complets du Flambeau , en 3 parties. – Sur le premier (29 p.), de Gaulle a ajouté 2 notes autographes concernant Thouvenin et le capitaine Coignet ; cette première version du 3e tableau, situé à Bourges, le 1er janvier 1816, met en scène Coignet et Bugeaud. – 2 tapuscrits de 30 p. avec la version Coignet-Canrobert du 3e tableau, dont un avec quelques corrections autographes. Plus un tapuscrit de la première version du dialogue III, avec annotations autographes d’Henri de Gaulle (8 p.).

Articles et écrits, p. 69-92.

5 000 - 7 000 €

106

GAULLE Henri de (1848-1932).

3 L. A. S. et 4 notes autographes, Sainte-Adresse 1927, à son fils Charles de Gaulle ; 28 pages formats divers.

Remarques et commentaires sur les travaux de son fils.

5 février 1927, après la lecture des dialogues du Flambeau, et les « belles et fortes synthèses où revivent les soldats de la Révolution et de l’Empire »… – 24 août, évoquant le 13e mobile, ainsi que les combats de Dinant en 1914. – 19 novembre, lui envoyant des notices sur les maréchaux d’Empire. Notices sur le Combat de Stains, le 21 décembre 1870 (6 p.), et sur la Promotion de 1804 (9 p.)

Remarques et commentaires sur Le soldat de l’ancien régime et sur Le soldat de la Révolution (3 p. chaque).

On joint une L. A. S. de Jeanne de Gaulle à Charles, SainteAdresse 21 novembre 1933 (4 p. in-8 deuil), évoquant la naissance de son mari et celle de Charles le 22 novembre… « J’ai maintenant la douce confiance que ton bon Père jouit de la récompense de toute une vie consacrée à l’accomplissement du Devoir sous toutes ses formes, de sa Foi, de ses grands exemples, du bien qu’il a fait à tant de jeunes âmes en les dirigeant vers les voies de la vérité et de la lumière surnaturelle »…

600 - 800 €

★ 107

[REVUE

BLEUE].–

GAULLE capitaine Charles de. La Formation militaire supérieure. Paris, Revue bleue, 1927.

ln-4 (27,9 × 20,8 cm), demi-maroquin marron à coins, dos lisse avec titre doré en long, couverture conservée, tête dorée (Barnicaud)

N° 3, du 5 février 1927, de la Revue bleue, revue politique et littéraire. Le numéro renferme, p. 84-87 l’article la Formation militaire supérieure

Deux corrections à l’encre, vraisemblablement de la main de Charles de Gaulle. On a relié à la suite de ce numéro 24 ff. blancs, peut-être en prévision d’ajouts ou commentaires.

Pli vertical médian aux ff. de la revue.

100 - 200 €

108

GAULLE Charles de.

2 tapuscrits signés « Capitaine de Gaulle », La Formation militaire supérieure, [1926] ; 7 pages grand in-4 chaque.

Article pour la Revue Bleue sur la formation militaire.

« Notre enseignement militaire supérieur a célébré, récemment, ses cinquante années d’existence. La fierté des services rendus dominait cet anniversaire »… Il conclut : « Ainsi, la haute formation guerrière a commencé sous nos yeux une évolution profonde. Gardant leur place aux études d’ordre tactique et historique qui ont fait leurs preuves, voici qu’elle prétend embrasser, en outre, la connaissance raisonnée du temps présent. Réforme, sans doute, et non bouleversement, car il n’est de progrès que dans le continu ; mais réforme méritoire et malaisée. […] Mais l’ordre militaire, se contraignant à l’audace, dominant ses doutes, passant outre aux objections, saura tailler, à la demande des temps nouveaux, les études qui préparent au Commandement. Celles-ci, rajeunies, poussant dans toute l’activité nationale de fortes racines, se couvriront d’une floraison gonflée d’espoirs. C’est Minerve, experte en arts, instruite des science, habile à l’industrie, qui présidait à la guerre. »

Le tapuscrit envoyé à la Revue Bleue porte quelques infimes corrections ; il est signé à l’encre à la fin « Capitaine de Gaulle ». Un autre tapuscrit est signé et annoté au crayon en tête : « Capitaine de Gaulle pour la Revue Bleue, politique et littéraire » ; en marge, le général Pierre Hering a noté « Cum laude » et signé. Le général Pierre HerinG (1874-1963) commandait l’École supérieure de guerre.

On joint la plaquette illustrée du Cinquantenaire de l’École Supérieure de Guerre, 8 mai 1926 (2 exemplaires).

800 - 1 000 €

109

LAURE Émile (1881-1957).

8 L. A. S., 1927-1935, au commandant Charles de Gaulle ; 17 pages in-12 et in-8, plusieurs à en-tête.

Correspondance amicale entre les deux officiers, faisant allusion à la brouille de Pétain avec de Gaulle.

Le général Émile laure fut chef de cabinet du maréchal Pétain.

27 septembre 1927, Laure félicite de Gaulle pour sa nomination et son affectation (comme chef du 19e bataillon de chasseurs à Trèves).

Nice 4 juin 1929, lettre amicale en espérant retrouver son ami : « on ne rencontre pas tous les jours des officiers de votre trempe » ; il a déjeuné avec Pétain qui songe à son discours à l’Académie : « Il m’a semblé aussi, qu’il avait quelque idée de vous tâter, pour la mise au point, un jour ou l’autre, de son discours »… – 28 mars 1930 : « La maison militaire du Maréchal tient toujours, mais, pas plus que vous, je ne peux y revenir ». Il est heureux d’avoir été dispensé de collaboration au discours académique…

Paris 5 août 1932 (il est chef d’État-major du maréchal Pétain), remerciant de Gaulle de ses félicitations. – 8 juin 1933, commentant l’article Vers l’armée de métier : « Vous ne soulignez pas assez que votre “armée de métier” n’est qu’une partie des éléments de défense nationale à entretenir, par nous, en temps de paix »… – 3 octobre 1934 (il est chef de cabinet de Pétain, ministre de la Guerre), leurs relations personnelles ne sauraient souffrir des « circonstances qui se rapportent au Maréchal, non à moi »…– 13 janvier 1935, le nom de de Gaulle a été « prononcé dans les lettres récemment échangées entre le Président du Conseil et le ministre de la Guerre, celui-ci ayant témoigné effectivement quelque mécontentement de ce qu’on ait mis ce nom en avant… C’est la rançon de la notoriété »… – 10 mai 1935, mariage de sa fille.

500 - 700 €

★ 110

GAULLE Charles de.

Frankreichs Stoßarmee. Das Berufsheer - die Lösung von morgen. Deutsch von Gallicus. Potsdam, Ludwig Voggenreiter Verlag, 1935.

In-12 (18,4 × 11,2 cm), demi-chagrin noir, dos à nerfs, tête rognée,

Édition originale allemande, traduite par un certain Gallicus.

Précieux document montrant l’impact des idées nouvelles du lieutenant-colonel de Gaulle, mieux compris en Allemagne qu’en France.

« Le livre paraît en Allemagne au début de 1935. La traduction, dotée d’une très intéressante préface, a été faite sous le pseudonyme de Gallicus. Les chapitres purement techniques ont été écourtés, et toutes les références à l’histoire militaire française ont été supprimées. C’est un recueil de 96 pages, assez loin des 211 pages de l’original. […] Vers l’Armée de métier, à peine sorti en France, est aussitôt repéré par les dirigeants du IIIe Reich. Hitler se le fait lire, et Philippe Barrés, lors de ses voyages en Allemagne de 1934, est sidéré d’entendre Ribbentrop ou Huenhlein faire allusion au “meilleur technicien” des tanks en France ou parler du “grand collègue français, spécialiste de la motorisation”. » (Binoche).

Accompagné d’une note manuscrite de l’amiral Philippe de Gaulle : « […] publié en 1935 postérieurement à l’ouvrage “Vers l’armée de métier” (1934) preuve que le colonel de Gaulle avait conçu le Corps Cuirassé avant les Allemands. »

Bibliographie

BINOCHE Jacques, « L’Allemagne et le lieutenant-colonel Charles de Gaulle », in Revue Historique, T. 248, Fasc. 1 (503) (juillet-septembre 1972), p. 107-116.

150 - 250 €

111

DEUX INSIGNES DU 19e BATAILLON DE CHASSEURS À PIED AYANT APPARTENU

AU COMMANDANT CHARLES DE GAULLE

En laiton argenté (usures à l’un), le revers marqué « ARTHUS BERTRAND PARIS DÉPOSÉ »

B. E.

Historique :

Le commandant Charles de Gaulle est à la tête du bataillon du 15 octobre 1927 au 25 octobre 1929.

300 - 400 €

112

GAULLE Charles de.

Manuscrit autographe et tapuscrit corrigé, [Philosophie du recrutement, 1929] ; 19 et 21 pages grand in-4, légèrement effrangé en tête, trace brune, ruban adhésif.

Intéressant dossier sur l’élaboration d’un article sur le citoyen-soldat et le militaire. Cet article publié dans la Revue de l’Infanterie le 1er avril 1929 a fait l’objet d’une mise au point complexe.

* Manuscrit de premier jet et de travail, à l’encre noire et violette, abondamment raturé et corrigé, avec d’importants passages biffés ; presque chaque phrase a été rayée puis refaite. Il est paginé 1-20 ; la page 2 manque. C’est une première version, plus longue et très différente du texte définitif. Citons le début, difficilement mis au point : « Pas un siècle ne s’est écoulé, sans que le monde ait reçu la détestable visite de la guerre. Pas un peuple n’a pu naître, grandir, mourir sans porter le fardeau des armes. Hélas ! la lutte est l’Histoire des hommes. Mais on ne s’habitue pas au malheur »…

* Tapuscrit de travail avec d’importantes additions autographes, paginé de 0 à 22 (avec quelques pages non chiffrées ; manquent les p. 4, 5, 15), avec 5 pages entièrement autographes ajoutées. Le texte est encore très différent de l’article. Certaines pages du tapuscrit ont été découpées, d’importants passages ont été biffés, de nombreuses corrections et additions autographes ont été portées sur la dactylographie, avec des développements importants sur des feuillets autographes, comme celui-ci : « C’est donc des forces morales du soldat que vont sortir cette acceptation du sacrifice, cette constance dans l’épreuve, cette liaison de l’effort à celui des autres qui sont le ressort de l’action guerrière. Mais les sources du moral sont extrêmement variées, et on ne peut prétendre imposer au combattant des tâches identiques – quelle que soit son origine. S’il est vrai qu’à la guerre l’emploi des moyens est dominé par quelques principes valables en tous temps et en tous pays, il ne l’est pas moins qu’on n’aurait pu faire combattre un Athénien du Ve siècle avant notre ère comme un Immortel de Darius, un légionnaire de César comme un Gaulois de Camulogène, un milicien de Philippe-Auguste comme un mercenaire allemand, un Autrichien de Cobourg comme un volontaire de 93, un mobile de 1870 comme un zouave de Magenta, un Anglais de 1914 comme un Français de la Marne. Les dispositions prises par le chef : missions données, choix du lieu, du moment, de la mesure, de la forme de l’effort, sont constamment dominées par les dispositions morales du soldat ».

On joint un autre tapuscrit avec quelques corrections et additions autographes au crayon, et des corrections et annotations par Émile Mayer (14 p.).

Un titre « Introduction » a été porté en tête au crayon ; peut-être de Gaulle songeaitil à mettre ce texte en tête de Vers l’armée de métier

Articles et écrits, p. 131-141. Le Fil de l’épée et autres écrits, p. 649-657.

8 000 - 10 000 €

113

PÉTAIN Philippe (1856-1951).

L. A. S., Chantilly, 25 juillet 1929, à Charles de Gaulle ; 2 pages et demie in-8 à en-tête Musée Condé, Chantilly (fente au pli).

Sur la préparation de son discours de réception à l’Académie.

25 juillet 1929. Il a parlé avec le général du GranruT des affaires de Syrie : « Il est enchanté de la politique suivie par le Ht Commissaire et des crédits qui lui sont accordés pour l’entretien de l’armée ; ce qui va lui permettre de réaliser d’importantes réformes. Le général vous apprécie et compte sur votre collaboration » ; aussi Pétain renonce à faire abandonner son poste à de Gaulle : « Pour gravir en temps de paix les divers échelons de la hiérarchie il est nécessaire de se distinguer par des services exceptionnels. Une occasion vous est offerte, ne la négligez pas. Voilà le conseil que je vous donne et il est bien désintéressé. Quant au discours académique, il n’a qu’une importance relative. Je vais me remettre à écrire, je n’y réussissais pas trop mal autrefois. Comme c’est Paul Valéry qui me répondra, je ne serais pas fâché de mettre mon style, dépouillé à vif, en opposition avec le sien où la pensée disparaît sous l’amoncellement des fioritures (voir son discours sur Anatole France) »…

1 000 - 1 500 €

GAULLE Charles de.

L. A. S., 2 novembre 1929, à son père Henri de Gaulle ; 4 pages in-12 à vignette et en-tête des Messageries Maritimes

Sur le bateau qui le mène au Liban.

Le 18 octobre, le commandant de Gaulle est mis à la disposition du général commandant les troupes du Levant.

« Nous voici au large du Cap Matapan, et nous longeons toute la côte méridionale du Péloponnèse, tandis qu’au lointain, à notre “tribord”, nous apercevons la Crète. Nous avons avant-hier fait à Naples une escale d’une journée. Nous avons, le matin, Yvonne, moi-même, Philippe et Élisabeth, visité Pompéi qui nous a fort impressionnés. L’après-midi, musée des antiques et ascension au Pausilippe. Demain matin nous serons au Pirée et notre journée se passera à visiter Athènes.

La TSF nous apprend que le ministère Tardieu est en formation. C’est le tour de Tardieu. Qu’il joue sa chance ! et puisse ce négociateur du traité de Versailles et cet élève de Clemenceau redresser à l’intérieur et à l’extérieur notre politique que briand et ses lâches admirateurs dénationalisaient honteusement. La seule vue de la mer et de celle-là rend plus claires et plus profondes les idées et les espérances et l’on admire Thémistocle qui fit placer la tribune de l’Agora de telle façon que les orateurs eussent toujours sous les yeux la Méditerranée.

Nous n’avons point laissé passer les journées d’hier et d’aujourd’hui sans penser à nos morts et prier pour eux. Ceux de notre famille nous lèguent l’héritage de la fidélité et pour moi je suis résolu à le conserver quelque tournure que puissent prendre les combinaisons laïques ou cléricales »…

LNC, I, p. 723.

On joint 6 cartes de visite du Commandant de Gaulle, avec les mots autographes « pour prendre congé » au crayon, avec leurs enveloppes.

1 500 - 2 500 €

115

CASQUE ADRIAN MODELE 1926, AVEC

ATTRIBUT DE L’INFANTERIE COLONIALE

PROVENANT DE LA FAMILLE DE GAULLE

Couleur bleu repeint en kaki vert ; jugulaire en cuir brun (petits usures) ; coiffe intérieure en cuir noir, à six dents (avant 1940)

Marqué à la peinture blanche sur la nuquière « 682 » et au fond « n° 773 »

Fabrication JAPY

A. B. E. (Petits coups).

Historique :

L’absence de l’attribut à l’ancre modèle 1929 qui se généralise à partir de 1930 permet de dater ce casque vers 1926-1930. Après des affectations à l’état-major du maréchal Pétain puis au commandement du 19e bataillon de chasseurs à pied, Charles de Gaulle, en novembre 1929, est affecté à l’État-major des Troupes du Levant à Beyrouth où il est responsable des 2e et 3e bureaux (renseignement militaire et opérations). Accompagné de sa famille, il y demeure jusqu’en janvier 1932.

200 - 300 €

116

GAULLE Charles de.

L. A. S. « Charles », Beyrouth, 21 novembre 1929, à son père Henri de Gaulle à Sainte-Adresse ; 2 pages petit in-4.

Sur son installation à Beyrouth et sa mission au Liban.

Il évoque d’abord la naissance de son neveu Denys et la santé de son frère Jacques… « Notre installation matérielle est, comme vous le savez, en très bonne voie. Maison spacieuse, neuve, bien située. Mobilier, naturellement des plus sommaires mais qui ira se perfectionnant. Philippe est entré en huitième chez les Pères Jésuites (dernière classe faite par les sœurs dans le Collège. La 7e est faite par un père). Élisabeth commence à lire dans le très beau et ancien couvent des Dames de Nazareth. La petite Anne se porte bien et fait quelques progrès. Yvonne est pleine de courage et contente de l’ensemble.

Pour moi, j’ai pris mes fonctions de chef des 2e et 3e Bureaux. Je crois que tout ira très bien. Dès lundi prochain je pars pour Alep d’où j’irai sur l’Euphrate et au-delà visiter nos postes à la frontière turque. Ensuite j’irai à Damas, puis dans le Djebel-Druse. Une troisième randonnée me mènera à Palmyre par Baalbek. Le pays est calme pour le moment. Bonne impression militaire. Moins bonne impression politique, le H[au]t Commissaire (M. Ponsot) paraissant peu décidé quant à la conduite à suivre et d’ailleurs mal éclairé et point soutenu par Paris.

Le 19e Bataillon vient d’être sauvé in extremis. Le premier acte de M. maGinoT (député de la Meuse) a été de conserver le Bataillon de Verdun et 2 autres Btons de chasseurs du Rhin »…

LNC, I, p. 724.

2 000 - 3 000 €

© Archives de GaulleBridgeman Images
Le commandant Charles de Gaulle et son épouse au Liban.

117

GAULLE Charles de.

L. A. S. « Charles », Alep mardi [26 novembre 1929], à sa femme Yvonne de Gaulle à Beyrouth ; 3 pages et demie in-8 à en-tête Réunion des officiers d’Alep.

Tendre lettre à sa femme lors d’une mission en Syrie.

« Ma chère petite femme, je ne rentrerai à Beyrouth que lundi ou mardi prochain, voulant accomplir mon inspection militaire aussi complète que possible avant les pluies. Hier, route jusqu’à Rayak où j’ai pris un avion jusqu’à Alep. Arrivé à Alep l’aprèsmidi. […] Ce matin tournées des corps de troupe et des services. Cet après-midi reconnaissance sur la direction d’Antioche après avoir déjeuné chez le général PichotDuclos. Demain matin départ pour l’Euphrate en auto. Coucher à Deir-ez-Zor. Jeudi Hassenelé et Kamechlié (coucher). Vendredi, visite des postes à la frontière turque. Samedi et dimanche retour par Ras-el-Ain et Tell-Ahiad. Coucher à Alep dimanche soir. Puis retour à Beyrouth par Lattaquié et Tripoli. […] Les gens d’Alep sont assez contents de leur sort, mais ils se trouvent beaucoup plus campés que ceux de Beyrouth. Il fait froid le soir et je pense qu’il en est de même à Beyrouth.

Je t’aime de tout mon cœur. Tout le monde ici me demande : “Et Madame de G. n’a pas été trop impressionnée par cette entrée en campagne ?” Je réponds la vérité c. à. d. “non” et je pense à part moi qu’elle l’a peut-être été mais qu’elle est si brave et courageuse qu’elle a fait semblant d’être contente. Et je l’aime si tant, si tant ! Jamais je n’oublierai combien tu m’as soutenu et dans un moment en somme difficile »…

LNC, I, p. 725.

2 000 - 3 000 €

GAULLE Charles de. Manuscrit autographe, [Beyrouth, 3 juillet 1930] ; 6 pages grand in-4 avec ratures et corrections.

Discours prononcé pour la distribution des prix à l’université Saint-Joseph à Beyrouth. « Une assemblée est un concert de sentiments. La belle cérémonie qui nous réunit aujourd’hui ne laisse pas d’en susciter de nombreux : chez les maîtres, juste fierté de l’œuvre accomplie ; chez les disciples, joie du repos bien gagné ; chez les parents satisfaction du savoir acquis par leurs fils et sollicitude pour demain […] Quels que soient nos âges et nos fonctions, nous ressentons tous une émotion pareille à la vue de la belle jeunesse dont voici les rangs pressés. La jeunesse répand autour d’elle la contagion de l’ardeur. Imprégnée d’espérances, elle s’embellit par surcroît de toutes celles que ses aînés reportent sur elle. Après les épreuves traversées, nous mesurons mieux que jamais tout ce qu’il y a de précieux dans cette réserve de forces où la race des hommes puise pour se renouveler. Certes c’est bien d’un renouveau qu’a besoin le monde. Jeunes gens de quel cachet marquerez-vous votre temps ? […] L’Hellénisme, la force romaine, la diffusion du Christianisme, l’ordre classique, la Révolution française, l’impérialisme récent, l’évolution sociale d’aujourd’hui, n’ont pas tenu seulement aux circonstances. Ces grands mouvements ne se concevraient point sans la flamme des esprits et des âmes, la passion pour un idéal. […] Oui, le dévouement au bien commun, voilà ce qui est nécessaire, puisque le moment est venu de rebâtir. Et justement, pour vous, jeunesse libanaise, ce grand devoir prend un sens immédiat et impérieux, car c’est une patrie que vous avez à faire. Sur ce sol merveilleux et pétri d’histoire, appuyés au rempart de vos montagnes, liés par la mer aux activités de l’Occident, aidés par la sagesse et par la force de la France, il vous appartient de construire un état. […] Point d’état sans sacrifices ! D’ailleurs, c’est bien de sacrifices qu’est sorti l’État du Liban. Le Beyrouth nouveau le sait, qui a consacré ses deux premiers monuments à la mémoire de vos Martyrs et à la gloire des soldats français. […] Oui, la jeunesse libanaise, qui demain sortira d’ici, sera bien préparée à sa tâche nationale. […] cette élite sera le ferment d’un peuple chargé désormais des lourds devoirs de la liberté. »

LNC, p. 728.

On joint le tapuscrit avec des corrections autographes (3 pages in-4).

5 000 - 6 000 €

GAULLE Charles de.

Manuscrit autographe, [Leçons de la Grande Guerre, vers 1930] ; 47 feuillets grand in-4, légère déchirure en tête.

Manuscrit d’un article inédit sur les leçons de la guerre 14-18.

De Gaulle y poursuit l’analyse de La Discorde chez l’ennemi, dont ce texte pourrait être une conclusion abandonnée. Il développera les thématiques de cet article dans ses ouvrages Le Fil de l’épée (1932) et Vers l’armée de métier (1934).

Le manuscrit, soigneusement mis au net, présente d’importants passages biffés au crayon bleu. Il est écrit à l’encre noire au recto des feuillets avec quelques additions sur des versos en regard.

« La grande guerre ne fut pas une guerre d’armées, elle fut une guerre de peuples. » Après cette phrase liminaire, un long passage est biffé en bleu : « Les peuples s’y heurtèrent de toutes leurs forces militaires, morales, politiques, économiques. Ce n’est point tant en brisant la volonté du commandement de l’ennemi, ce n’est pas en détruisant ses moyens que les grands Alliés parvinrent à saisir la victoire. Ils la remportèrent seulement du jour où les peuples qu’ils combattaient eurent perdu l’espoir et la volonté de triompher, où la somme de souffrances morales et matérielles imposées aux peuples centraux ont excédé leur capacité de souffrir. Ce jour-là, les armes tombèrent d’elles-mêmes des mains des vaincus. À l’intérieur d’abord, les fureurs politiques, les haines sociales, les lassitudes mortelles crevèrent d’un seul coup les digues où la discipline et le patriotisme cimentées par l’espérance les avaient jusqu’alors contenues. C’est par la Révolution que les masses déchaînées exprimèrent leur volonté d’en finir à n’importe quel prix. Désordre et révolte gagnaient les armées. La déroute militaire était imminente. Elle avait commencé déjà. Seule la capitulation à la merci du vainqueur pouvait l’enrayer. L’ennemi capitula… »

De Gaulle continue : « Cette forme nouvelle de la guerre n’en a pas changé l’essence. Comme autrefois elle demeure un choc de volontés ; choc de volontés nationales, au lieu d’être seulement un choc de volontés militaires. Comme autrefois, ce sont les idées qui mènent la guerre. Comme autrefois ces idées ne s’improvisent point : elles ne jaillissent au moment de la crise qu’à la suite d’un long, d’un patient effort. Nous allons étudier comment ont été conçues, comment se sont développées de 1871 à 1914, chez les deux principaux adversaires : France et Allemagne, les idées qui ont, au cours de la grande guerre dominé leur action »…

Le texte est divisé en quatre parties : I Généralités, II De 1871 à 1889, III De 1889 à 1905, IV De 1905 à 1914. Et de Gaulle conclut : « Une nouvelle période de paix a commencé pour la France. Que durera-t-elle ? Peut-être peu d’années. Plus heureux que nos Anciens de 1871 à 1914, nous aurons à y travailler dans les rangs d’une armée victorieuse, de la plus puissante armée du monde. Nous n’aurons pas à rencontrer les difficultés et les amertumes qu’ils ont si souvent connues. Que leur exemple nous soit présent ! Ils ont été les bons et loyaux ouvriers d’une tâche parfois bien ingrate. C’est de leurs efforts du temps de paix en même temps que de leurs sacrifices du temps de guerre que la France a cimenté l’édifice de sa Victoire ».

15 000 - 20 000 €

120

AUDET Sylvestre-Gérard (1883-1972).

2 L. A. S., Paris, janvier-mars 1931, à Charles de Gaulle ; 8 pages in-8 à en-tête (biffé) Le Maréchal de France Inspecteur-général de l’Armée Vice-Président du Conseil supérieur de la Guerre, et 2 pages in-4.

Lettres amicales du collaborateur de Pétain, et futur général.

2 janvier. Vœux. Il évoque le séjour du commandant de Gaulle au Levant, et l’incite à faire des projets pour son retour en France. « Le Maréchal inclinait à vous reprendre en prévision du discours de réception à l’Académie », puis pour reprendre le Soldat. Audet l’en a dissuadé : « C’était vous donner définitivement l’étiquette d’écrivain et de philosophe, qui est sans doute assez flatteuse, mais qui, pour un officier de votre mérite, pouvait vous nuire. L’École de guerre vous conviendrait mieux »… Il parle du général WeyGand qui va succéder au maréchal, du discours de réception du Maréchal… « Le Soldat reste dans les cartons »…

30 mars. Sur le changement d’affectation du Maréchal, qui va s’occuper de la défense aérienne, et la prochaine arrivée de Laure au cabinet… Le Maréchal va tâcher d’obtenir pour de Gaulle une place de professeur d’histoire à l’École de guerre…

300 - 500 €

GAULLE Charles de.

Manuscrit autographe, [Combats du « Temps de paix », 1932] ; 32 pages gr. in-4.

Manuscrit complet de cette chronique des combats des troupes françaises au Levant.

L’article Combats du « Temps de paix » a été publié dans la Revue d’Infanterie le 1er mai 1932 ; il s’inscrit dans le prolongement de l’Histoire des troupes du Levant, rédigée en 1931 en collaboration avec le commandant Louis Yvon. Il a été recueilli dans Articles et écrits, p. 237262.

Le manuscrit, abondamment raturé et corrigé, comprend une introduction et quatre chapitres :

[Introduction] (6 p.) « Une fois de plus, les armes ont retaillé la figure du monde. Ressuscités ou mutilés, agrandis ou réduits, les peuples doivent leur destin à la fortune des combats »… De Gaulle veut célébrer l’effort des soldats envoyés hors de la métropole « pour garder au-delà des mers les territoires dont elle a la charge », en retraçant quelques épisodes des campagnes de Syrie.

I Aïn-Tab (11 p.). En tête, une note (1 p. in-12) précise : « Les récits qui vont suivre sont extraits, pour leur plus grande partie, des documents officiels ou des souvenirs écrits par les acteurs mêmes des faits rapportés ». Le récit commence ainsi : « La Grande Guerre vient de se terminer. […] C’est alors que quelques soldats mènent en Cilicie la plus ingrate campagne »…

De Gaulle retrace cette bataille pour Aïn-Tab qui aura duré plus d’un an, de février 1920 au printemps 1921. On a joint le tapuscrit, portant quelques annotations et corrections autographes (11 p.).

II Kafer (5 p.) : « Le 20 juillet 1925, une petite troupe quitte la citadelle de Soueida et se dirige vers le Sud. Depuis plusieurs jours, une agitation intense règne dans le Djebel Druze »… On joint le tapuscrit corrigé (4 p.).

III Rachaya (7 p.) : « Dans l’automne de 1925, la Syrie tout entière est agitée profondément. L’insurrection a commencé au Djebel Druze par le massacre du détachement Normand, le 20 juillet, et l’investissement de la citadelle de Souieda »… On joint le tapuscrit corrigé (8 p.).

IV Aéré (3 p.) : « Au mois d’avril 1926, le commandement entreprend dans le Djebel Druze, insurgé depuis neuf mois, un effort décisif »…

On joint un tapuscrit, La guerre au Levant (juillet-décembre 1925) (6 pages in-fol. avec quelques corrections et un petit plan annoté à la fin, peutêtre par Louis Yvon).

15 000 - 20 000 €

GAULLE Charles de.

Manuscrit autographe, [Les États du Levant, vers 1932] ; 15 pages in-fol. avec de nombreuses ratures et corrections

Étude géopolitique inédite sur l’avenir des États du Levant.

Elle est probablement contemporaine de l’article des Combats du « temps de paix  » (1932), dont elle est en quelque sorte le prolongement, et comme la conclusion. Elle est restée inédite.

L’article, abondamment raturé et corrigé, a été donné à dactylographier, comme l’indiquent les mentions en tête au crayon : « Ni titre ni en tête – 4 ex. »

« Le projet de substituer au Mandat un autre régime établi par traité entre la France et les États du Levant et dont le but serait l’indépendance reconnue à ceux-ci, implique des considérations d’ordre militaire. Ces considérations sont capitales, car les États du Levant créés par la guerre n’ont pu jusqu’à présent durer que par la force dynamique et statique des armes. L’avis du Commandement est donc essentiel quant aux clauses des futurs traités pour ce qui concerne la sécurité au-dedans et au dehors. Pour juger de la matière en connaissance de cause, il convient d’abord d’examiner les conditions générales dans lesquelles se trouvent à l’intérieur et à l’extérieur les États du Levant, ensuite les moyens militaires qu’ils sont capables de se donner et d’entretenir, enfin la nature et le degré des obligations que nous conserverons en fait à leur égard, quelles que puissent être la rédaction des documents diplomatiques à établir. La conclusion sortira d’elle-même. »

Suivent cinq parties numérotées, dont nous citerons le début :

I « Dans l’ordre intérieur, il s’agit de pays dont l’unité morale n’est pas faite, où le sens national n’existe que sous la forme d’une xénophobie intermittente, où les races sont multiples et hostiles les unes aux autres, les religions âprement opposées, les intérêts contradictoires, où l’on discerne de puissants courants séparatistes et aucun instinct centralisateur ; pays sans dynastie, sans élite, sans traditions propres, sans idéal commun ; pays qui jamais, depuis qu’on écrit l’histoire, n’ont connu l’indépendance ni même paru la vouloir, changeant de maîtres au long des siècles sans autre réaction que l’intrigue ou la révolte locale »…

II « Cette faiblesse sert aux voisins d’appât séculaire, et les convoitises extérieures visà-vis des pays du Levant demeurent actives »…

III « Ces États si faibles à tout point de vue et si menacé du dehors, quelles forces pourront-ils lever et entretenir pour assurer l’ordre à l’intérieur et au besoin leur indépendance ? »…

IV « En somme, en supposant les états du Levant livrés quelque jour à eux-mêmes, et étant donné l’opposition brutale des familles et des intérêts à l’intérieur, les appétits chroniques qui les menacent du dehors, enfin la médiocrité des moyens militaires dont ils pourront disposer, il y a lieu de penser que l’ère de l’ordre au-dedans et de la parfaite sécurité des frontières ne coïncidera pas avec celle de notre retraite »…

V « Ainsi la situation générale résultant des futurs traités ne réduira guère, vraisemblablement, le degré de nos obligations militaires au Levant. Il est même possible qu’ils y ajoutent. Si donc nous voulons nous assurer de bonnes conditions pour y satisfaire il convient de dire nettement que seul le statu quo militaire correspond aux nécessité et qu’il faudrait le maintenir »…

Et de Gaulle de conclure avec force : « Dans l’état présent des choses, et pour n’envisager que l’ordre militaire, ce serait un risque grave que de nous enchaîner par des clauses restrictives. Quand on a fait l’expérience de Marasch et d’Aïn-Tab on ne quitte point Alep sans garantie. Avant d’évacuer Damas il faut être bien certain de n’avoir plus à livrer jamais la bataille de Khan Meisseloun, et si nous venions à nous replier du Djebel-Druze ayons soin auparavant de marquer à Kafer, à Mezraa, à Souieda des emplacements convenables pour les futurs monuments aux morts ».

On joint le diplôme de la Médaille commémorative des opérations effectuées en Syrie et en Cilicie délivrée au chef de bataillon de Gaulle, Beyrouth avril 1931.

10 000 - 15 000 €

De Gaulle - Une

Le Fil de l’épée

« Au reste, dominer les événements, y imprimer sa marque, en assumer les conséquences, c’est bien là ce qu’on attend avant tout du chef. »

Le Fil de l’épée, paru en 1932, représente sans doute l’ouvrage le plus important écrit par Charles de Gaulle pendant la période d’entre-deux guerres. Les idées qui y sont développées apparaissent déjà dans ses carnets de notes en 1916 alors qu’il est en captivité. À cet égard, son propos semble nourri de nombreuses lectures, et notamment de celle de L’Allemagne et la prochaine guerre publiée par Friedrich von Bernhardi en 1912.

Charles de Gaulle y étoffe sa pensée sur le rôle du « chef » et y adjoint l’expérience de son commandement pendant la Première Guerre mondiale. Sa thèse part d’un constat simple repris au cardinal de Retz : « Les lois désarmées tombent dans le mépris ». Il ressent, dans son for intérieur, les ferments du conflit à venir.

Il s’intéresse dans un premier temps aux qualités du chef et à l’importance qu’il faut accorder à son « instinct » qu’il convient toutefois de tempérer d’intelligence et d’une juste méthode. Cette qualité permet aux hommes de s’adapter aux circonstances plutôt que de les subir.

Il insiste ensuite sur l’incidence qu’a le sentiment national d’une population sur les performances de son armée. Lorsqu’il fait défaut, le corps militaire peut-être galvanisé par le caractère de son chef. Il doit alors s’imposer dans l’action en endossant des responsabilités hors du commun. De cette sorte, le commandement impose son autorité, non plus par le seul principe hiérarchique, mais en cultivant une certaine distance, un éloignement salutaire qui permet aux hommes de l’admirer ; en d’autres termes, il doit cultiver son prestige. Ce silence dans l’action doit être contrebalancé par des qualités personnelles élevées. Ainsi, « on ne fait rien de grand sans les grands hommes et ceux-ci le sont pour l’avoir voulu. » Il est particulièrement intéressant d’appliquer ces principes aux actions du général de Gaulle en 1940 mais aussi à sa conception, plus tardive, de l’homme présidentiel.

Plus tard, il oppose la doctrine « a priori », c’est-à-dire celle qui conçoit des stratégies militaires sur des circonvolutions intellectuelles abstraites, à la doctrine « des circonstances » qui s’adapte aux évolutions techniques et aux surprises de la réalité, sans dogmatisme. Il reprend les mots du général Bugeaud : « À la guerre il y a des principes, mais il y en a peu. »

Il exalte enfin la nécessaire collaboration du militaire et du politique qui doivent s’élever et se comprendre mutuellement pour anticiper les écueils à venir : ainsi, il constate « qu’il n’y a pas dans les armes de carrière illustre qui n’ait servi une vaste politique, ni de grande gloire d’homme d’État que n’ait doré l’éclat de la défense nationale. »

123

GAULLE Charles de. Manuscrits autographes, tapuscrits et documents pour Le Fil de l’épée, [1932].

Intéressant dossier sur la préparation du Fil de l’épée

Le Fil de l’épée, publié en juillet 1932, comprend cinq chapitres, précédés d’un Avant-propos : De l’Action de guerre, Du Caractère, Du Prestige, De la Doctrine La Politique et le soldat. Le livre rassemble des études déjà publiées, et très remaniées pour le volume, dont les manuscrits ont été décrits ci-dessus (voir les nos 95 et 100).

* Manuscrit autographe, brouillon très raturé et corrigé de ce qui semble être une première version de De l’Action de guerre, très différente du texte final (28 ff. in-fol.) : : «Surprise pour l’ennemi, sûreté pour soimême. Les principes qui régissent l’emploi des moyens n’ont de valeur que par la façon dont ils sont adaptés. [...] Apprécier les circonstances, dans chaque cas particulier, tel est donc le rôle essentiel du chef »...

* L. A. S. d’Henri de Gaulle, Sainte-Adresse 13 février [1932], avec remarques sur Du Prestige ; il ajoute : « je persiste à me demander si ces

études, formulées avec tant d’autorité, ne te susciteront pas des jaloux dangereux » (3 pages et quart in-8) ; et note autographe : « Observations à L’Action de guerre et le chef » (note marginale de Charles de Gaulle) (2 p. in-fol).

* Du Caractère, tapuscrit avec corrections autographes (14 ff. in-fol.).

* Du Prestige, manuscrit autographe de premier jet, abondamment raturé et corrigé, avec d’importantes variantes avec le texte final (32 ff. in-fol.).

* Du Prestige, 2 tapuscrits avec quelques corrections autographes, dont un annoté par Henri de Gaulle (21 ff. chaque).

* Le Politique et le soldat, manuscrit autographe de premier jet, abondamment raturé et corrigé, avec d’importantes variantes avec le texte final (21 ff. in-fol., le 1er réparé au scotch).

* Notes diverses préparatoires (10 ff.).

« Le cavalier est flatté sans doute de se présenter au Concours hippique montant un animal robuste (8 ff., 1-8).

15 000 - 20 000 €

124

PÉTAIN Philippe (1856-1951).

L. A. S., 22 août 1932, à Charles de Gaulle ; 2 pages in-8 à son en-tête Le Maréchal Pétain

Au sujet du Fil de l’épée, et de sa dédicace.

L’édition originale du Fil de l’épée était dédiée « Au Maréchal Pétain. Cet essai, Monsieur le Maréchal, ne saurait être dédié qu’à vous, car rien ne montre, mieux que votre gloire, quelle vertu l’action peut tirer des lumières de la pensée. » Cette dédicace disparaîtra des éditions ultérieures.

« Mon cher de Gaulle Je viens de terminer la lecture de votre livre : le Fil de l’Épée que je trouve tout-à-fait remarquable dans le fond et dans la forme. Je réserve toutes mes sévérités pour la dédicace, que je vous demande instamment de modifier. Rien n’est plus facile que de coller un papier sur les mots “mieux que votre gloire” ou simplement un trait noir sur les volumes qui sont encore chez l’éditeur. Remarquez que la phrase gagnera beaucoup à cette suppression, elle me situera dans un cadre plus simple où je me sens mieux à l’aise et par conséquent plus sympathique »…

1 000 - 2 000 €

125

GAULLE Charles de.

Tapuscrit signé, Le Soldat de l’Antiquité, 1933 ; 19 feuillets in-4.

Cet article historique a été publié dans la Revue de l’Infanterie le 1er avril 1933. Le tapuscrit est signé en fin « Commandant de Gaulle », avec son adresse « Commandant de Gaulle, 19e B. C. A. Secteur 22 » ; il présente quelques petites corrections.

On joint 2 autres tapuscrits, non corrigés.

1 000 - 1 500 €

127

GAULLE Charles de.

Manuscrit autographe, [vers 1930 ?] ; 8 feuillets grand in-4.

GAULLE Charles de. Trois études.

Paris, Berger-Levrault, 1945.

In-12 (18,6 × 11,9 cm), broché, non coupé, couverture imprimée.

Édition originale en un volume, exemplaire sur papier d’édition, bien complet du bandeau vert complétant le titre : « suivies du texte intégral du mémorandum adressé au Haut Commandement et au Gouvernement le 26 janvier 1940. »

L’ouvrage renfermes les textes suivants :

– « Rôle historique des places française », d’abord publié dans la Revue militaire française, le 1er décembre 1925 ; – « Mobilisation économique à l’étranger », également publié dans la Revue militaire française, le 1er janvier 1934 ;

– « Comment faire une armée de métier », publié pour la première fois le 12 janvier 1935, dans la Revue hebdomadaire

« Sans avoir, dans son œuvre, l’importance capitale de ses autres livres, notamment Vers l’armée de métier ou La France et son armée, ces Trois Études révèlent les mêmes hautes qualités de pensée lucide et réalisatrice. Ce petit livre contient, en outre, publié in extenso, le mémorandum adressé par le colonel de Gaulle aux généraux Gamelin, Weygand, Georges, à MM. Daladier et Reynaud. C’est comme un cri d’alarme passionné, malheureusement in extremis, à l’adresse de tous ceux qui n’avaient voulu ni voir, ni comprendre à temps. » (Revue de défense nationale, n° 16, septembre 1945).

Cette édition est précédée d’un avant-propos de Lucien Nachin qui avait connu de Gaulle en 1923. Il sera directeur d’une collection consacrée aux classiques de l’art militaire chez Berger-Levrault, dont il préface certains ouvrages. Il fréquenta, avec Charles de Gaulle, le salon d’Émile Mayer.

Petit pli angulaire à la couverture inférieure. Papier uniformément et très légèrement bruni, couverture et bandeau légèrement piqués.

100 - 200 €

Brouillon pour un article, resté inédit ; abondamment raturé et corrigé, il est paginé de 1 à 8.

Il se rattache aux idées développées en 1932 dans Le Fil de l’épée sur l’action du chef, et sur le politique et le soldat.

« Le cavalier est flatté sans doute de se présenter au concours hippique montant un animal robuste, aux formes harmonieuses, mais quand il pénètre dans l’arène ce qui lui parait essentiel, c’est la hauteur des obstacles et l’aptitude du cheval à les franchir. Le chef qui conduit l’armée dans la guerre ressemble à ce cavalier. Il mesure fort bien la nécessité d’une adaptation complète de la force militaire aux institutions et aux mœurs du pays et du temps, et se réjouit le premier, – et franchement, – si le politique a su résoudre ce problème. Mais chargé d’agir il ne s’inquiète pas moins de ce que peut valoir l’instrument qu’on lui donne par rapport à ce qu’il faut accomplir. La proportion entre les moyens dont il dispose et le résultat qu’il doit atteindre le préoccupe surtout, il compare les aptitudes du soldat avec l’enjeu de la guerre et la puissance de l’ennemi. »…

Et de Gaulle termine sur l’évocation d’Annibal en Italie : « L’aristocratie marchande ne se résigne pas à prendre les armes, et, devant cette abstention, la plèbe des artisans, et des matelots, n’accepte point d’être incorporée. À Rome le poids de cette erreur nationale paralyse le génie d’Annibal. Plus tard, Scipion revenu devant Carthage pour la détruire, la malheureuse cité, désespérée par la trahison et galvanisée par la terreur se décide à défendre elle-même ses murailles. Mais il est trop tard. L’assaut rapide des Romains n’accorde pas le délai nécessaire pour dépouiller de sa confusion […] cette levée en masse improvisée. Et Carthage périt, comme naguère Capoue et Tarente, faute d’avoir fait de ses citoyens des soldats quand son indépendance était l’enjeu de la lutte.

Vous avez la Grèce au moment de la conquête romaine, l’Empire à l’époque des invasions barbares ».

1 500 - 2 000 €

128

NACHIN Lucien (1885-1951).

Manuscrit autographe signé, Les origines de l’armée française, 24 avril 1936 ; 4 pages grand in-4.

Commentaire détaillé d’un article de Charles de Gaulle.

Officier et historien, Lucien Nachin était un ami du capitaine de Gaulle, qu’il introduisit chez Émile Mayer ; il dirigeait une collection d’art militaire chez Berger-Levrault.

Il commente ici longuement et dans le détail l’article sur Les Origines de l’armée française, publié par de Gaulle dans la Revue de l’Infanterie le 1er janvier 1936, et qui sera repris en 1938 en tête de La France et son armée

Il commente, parfois longuement, 28 passages de l’étude. Ainsi, à propos de la phrase liminaire « La France fut faite à coups d’épée » : « Peut se dire, d’une manière générale, de tous les pays d’Europe mais, pour la France, il semble néanmoins que la plus grande partie du royaume a été constituée par la diplomatie. Les plus belles provinces de France sont fruit d’héritage et non butin de guerre : Provence, Auvergne, Dauphiné, Bretagne, Champagne, Lorraine, etc. Les clercs des Capétiens et les commis des Bourbons firent une œuvre plus considérable que l’épée des barons ». De Gaulle ne modifia pas sa phrase.

300 - 500 €

DELAGE Edmond.

Chroniques de la mer. Précédé de Une politique française de la mer par François Piétri Paris, Bernard Grasset, 1936.

Pet. in-8 (18,7 × 11,5 cm), demi-chagrin bleu foncé, dos à nerfs, couvertures et dos conservés (reliure de l’époque)

Envoi autographe signé d’Edmond Delage « Au Colonel Ch. de Gaulle, apôtre de l’armée qu’il faut à la France et à son fils Philippe, futur marin, très amical hommage. » Philippe de Gaulle, futur amiral, n’a alors que 15 ans.

Dos légèrement insolé, papier très légèrement bruni, poinçon en forme de cœur à la couverture inférieure.

300 - 500 €

130

GAULLE Charles de.

L. A. S. « Charles », Paris, 20 décembre 1936, à sa mère Jeanne de Gaulle ; 4 pages in-8.

Très intéressante lettre sur Hitler et sur la nécessité de se préparer à la guerre.

Ils fêteront Noël « de la façon la plus simple », à la maison. Il donne son opinion sur le « pacte franco-russe » : « Nous allons rapidement à la guerre contre l’Allemagne et, pour peu que les choses tournent mal pour nous, l’Italie ne manquera pas d’en profiter et de nous donner le coup de pied de l’âne. Il s’agit de survivre, tout le reste est littérature. Or, je vous le demande, sur qui pouvons-nous compter pour nous aider les armes à la main ? La Pologne n’est rien, et d’ailleurs elle joue le double jeu. L’Angleterre a sa flotte, mais pas d’armée et une aviation actuellement très en retard. Nous n’avons pas les moyens de refuser le concours des Russes, quelque horreur que nous ayons pour leur régime. C’est l’histoire de François 1er allié aux Musulmans contre Charles Quint.

Je sais bien que la propagande acharnée et très habile de HiTler a réussi à faire croire à beaucoup de braves gens en France qu’il ne nous en voulait nullement et qu’il suffisait, pour lui acheter la paix, de le laisser faire la conquête de l’Europe Centrale et de l’Ukraine. Mais personnellement, je suis convaincu qu’il n’y a là qu’hypocrisie et qu’il a pour principal but d’écraser la France après l’avoir isolée, comme il le dit dans Mein Kampf. Dès lors tout ce qui peut nous aider contre l’Allemagne est bon à prendre, même les forces militaires russes.

D’ailleurs quand bien même Hitler voudrait nous laisser d’abord tranquilles et établir son hégémonie sur tout le reste de l’Europe, comment pourrions-nous imaginer que, cela fait, et sa puissance ainsi doublée, il nous laisserait l’Alsace et nos colonies ? Nous nous trouverions face à lui, sans concours possible, et contraints de nous asservir à lui, sauf à succomber sans espoir sur les champs de bataille. Il faut avoir le courage de regarder les choses en face. Tout doit être en ce moment subordonné à un seul plan : grouper contre l’Allemagne tous ceux qui lui sont opposés pour quelque raison que ce soit, la détourner ainsi de faire la guerre et, si elle la fait, la vaincre. Si, dans l’impossibilité d’entreprendre la lutte avec assez de chances de succès, elle veut causer avec nous sincèrement, causons ! mais sans nous laisser tromper par de belles paroles comme Napoléon III le fut par Bismarck avant Sadowa »…

LNC, I, p. 828.

6 000 - 8 000 €

La France et son armée

« Ce livre est une biographie. Son sujet, c’est la France, militante, souffrante et triomphante, dont il évoque la vie millénaire dans le but de la faire aimer. »

1938

131

GAULLE Charles de.

Manuscrit autographe pour La France et son armée, 1938 ; 2 pages in-fol.

Projet inédit d’avant-propos, non retenu dans l’édition.

« Ce livre est une biographie. Son sujet, c’est la France, militante, souffrante et triomphante, dont il évoque la vie millénaire dans le but de la faire aimer. Mais, comme nous n’aimons que ce qui nous émeut, La France et son armée s’applique à mettre en relief ce qu’il y a d’émouvant dans le destin d’une nation qui s’élève et s’abaisse en même temps que sa force militaire, et pour d’immuables raisons. Certes, les conditions, – avant tout géographiques –, dans lesquelles tout peuple est placé, lui imposent une vie exceptionnellement dangereuse. Certains rochers sont toujours battus par la mer. Mais c’est dans ce peuple lui-même qu’il faut chercher l’explication de ses gloires et de ses douleurs, comme, pour un homme, le secret de son bonheur ou de ses larmes.

Puisque les grandes menaces planent à nouveau sur la patrie, puisse cet ouvrage humblement la servir, en contribuant à montrer quelles prodigieuses ressources a su, de tous temps, malgré d’immenses erreurs, déployer son génie dans les épreuves de la guerre. Le moment est venu de nous rappeler qu’au total, depuis Brennus jusqu’à Foch, aucune épée n’a pesé plus lourd que notre épée. »

1 200 - 1 500 €

★ 132

GAULLE Charles de.

La France et son armée. Paris, Librairie Plon, 1938.

In-12 (17,7 × 11 cm), maroquin gris éléphant, sur les plats décor de V à l’œser rouge et de croix de Lorraine dorées, dos lisse orné d’une croix de Lorraine mosaïquée de maroquin rouge et dorée, doublures et gardes de papier marbré bleu avec croix de Lorraine dorées, tranches rognées (reliure anonyme du milieu du XXe siècle)

Édition originale.

« Malgré son relatif succès avec plus de 6 000 exemplaires vendus, la France et son armée ne suffit pas à la prise de conscience des dirigeants. La modernisation de l’armée que de Gaulle appelle de ses vœux n’aura pas lieu. » (Fondation Charles de Gaulle).

Exemplaire sur papier d’édition revêtu d’une curieuse mention manuscrite sur la première garde blanche : « France, ô mon autel, Croix de Lorraine mon drapeau :…“S’il l’on [sic] n’est plus que mille, eh bien j’en serai, de même s’ils ne sont plus que cent je brave encore Laval, s’il en demeure dix, je serai le dixième, s’il n’en reste qu’un, je serai celui-là !” », signée Jeannine Pards (?), Mexico, Septembre 1942.

Curieuse reliure revêtue de V de la victoire et de croix de Lorraine semblant flotter dans les airs. L’exemplaire a pu être offert au Général en témoignage d’admiration.

Dos insolé.

1 000 - 1 500 €

L’affaire de « La France et son armée »

« Moralement, j’ai reçu des blessures, – même de vous, Monsieur le Maréchal –, perdu des illusions, quitté des ambitions. Du point de vue des idées et du style, j’étais ignoré, j’ai commencé de ne plus l’être. »

— De Gaulle à Pétain, le 18 août 1938

133

PÉTAIN Philippe (1856-1951).

L. A. S., 12 janvier 1938, à Charles de Gaulle ; 1 page et demie in-8.

« Merci de vos bons vœux, mon cher de Gaulle, et recevez les miens sincères et cordiaux. Vous faites, en ce moment, votre deuxième expérience de chef de corps. Vous êtes en pleine possession de vos moyens et dans une ambiance favorable. Vous devez donc réussir. Je continue à suivre votre carrière avec beaucoup d’intérêt et souhaite de ne pas être déçu. Pour que la chaîne de mes informations ne soit pas rompue venez me renseigner vous-même lorsque vous viendrez à Paris. Vous serez le bienvenu à mon bureau »…

LNC, I, p. 828.

1 000 - 2 000 €

Philippe Pétain vers 1930.
Charles de Gaulle.

GAULLE Charles de.– PÉTAIN Philippe.

Ensemble de 11 lettres : 5 de Charles de Gaulle (L. A., 2 L. S. et 2 copies), 4 du maréchal Pétain (2 L. A. S. et 2 L. S.), et 2 de tiers, août-octobre 1938 ; le tout sous chemise cartonnée avec note autographe de de Gaulle : « Lettres du Maréchal Pétain / Affaire de “La France et son Armée” »

Intéressant échange concernant la publication de La France et son armée, sa dédicace, et la brouille définitive survenue entre le maréchal et son ancien collaborateur.

* Charles de Gaulle. L. A. (minute), Metz 2 août 1938, au maréchal Pétain (2 p. in-4 à en-tête 507e Régiment de chars. Le Colonel). [LNC, I, p. 856]. « J’ai l’honneur de vous rendre compte de la publication prochaine d’un ouvrage de votre serviteur : La France et son armée. Je m’y suis efforcé de réaliser cette synthèse, dont vous m’aviez naguère chargé, et qu’a visée, de son côté, dans son livre récent, le général Weygand. J’ai pu, en d’autres temps, Monsieur le Maréchal, espérer pour cette étude une destinée plus éclatante. Mais, douze années écoulées m’ont amené au renoncement. D’ailleurs, l’attitude de réserve impassible que vous avez adoptée relativement à la Grande Guerre rendrait inconcevable l’aboutissement de l’ancien projet. Il reste, Monsieur le Maréchal, que ce travail fut entrepris sous votre impulsion. Peut-être voudrez-vous accepter que cela soit dit, par exemple sous la forme d’un avant-propos, pour lequel je me permets de vous soumettre, ci-joint, un projet »…

* Philippe PéTain. L.S., Paris 4 août 1938, au colonel de Gaulle (4 p. in-8 à son en-tête). Il est étonné de l’annonce de son « cher de Gaulle », et rappelle qu’il avait pris en 1925 « la décision de rédiger un ouvrage intitulé Le Soldat et destiné à laisser trace de mes idées personnelles sur la tactique et la conduite des hommes », qu’il avait fait choix de de Gaulle qu’il a fait affecter à son état-major : « vous avez été chargé uniquement de travailler à cet ouvrage » ; lorsque le maréchal a proposé à Payot d’éditer l’ouvrage, « vous avez déclaré que l’œuvre était votre propriété littéraire, et que j’avais le devoir d’annoncer soit sur la couverture, soit dans un avertissement, votre part dans la rédaction de l’ouvrage. Devant cette attitude, j’ai pris la décision de serrer le manuscrit dans mes tiroirs. Et cette situation fausse dure depuis 11 ans. Aujourd’hui, vous vous proposez de la dénouer en utilisant le travail de 1925-1927 sous votre signature personnelle ». Pétain considère que ce travail lui appartient « personnellement et exclusivement », et s’oppose à sa publication par de Gaulle.

* Charles de Gaulle. Lettre dactylographiée (double carbone), avec quelques corrections et la mention autographe « à copier », Metz 18 août 1938, au maréchal Pétain (3 p. in-fol.). [LNC, I, p. 858]. « L’ouvrage que je projette de publier sur La France et son Armée doit comporter, en deux volumes, quelque 600 pages. 480 de ces pages, qui traitent : des origines, de la guerre de Cent Ans, de l’Armée permanente (depuis Charles VII jusqu’à Louis XIV), de l’avant-guerre (1871-1914), de la Grande Guerre, de l’après-guerre, du présent, de l’avenir, sont le fruit d’études et de réflexions faites par moi bien après que j’eus quitté votre cabinet. Le reste (soit 120 pages environ) se rapporte, il est vrai, à des sujets historiques auxquels j’ai eu à travailler lorsque j’étais auprès de vous. Mais les chapitres en cause ont été profondément modifiés dans le fond et dans la forme par rapport aux textes que vous aviez jadis examinés et amendés. En ce qui concerne le fond, j’ai presque entièrement laissé libre la voie dans laquelle vous entendiez autrefois engager Le Soldat. » Et, après avoir cité deux extraits de lettres de Pétain, de Gaulle poursuit : « J’ai donc, précisément, accentué le caractère historique et philosophique de ce quart de mon livre et, au contraire, effacé presque tout ce qui avait trait à la stratégie et à la tactique. D’autre part, j’ai altéré d’une manière notable mon texte primitif et renoncé radicalement, – non, certes, sans dommage pour l’ouvrage, –aux corrections, observations, suggestions, que vous aviez faites […] Sans nullement méconnaître, Monsieur le Maréchal, le rôle que jouèrent dans l’élaboration d’une partie de mon livre l’impulsion que vous m’aviez jadis donnée et l’ambiance dans laquelle vous m’aviez

placé, je ne puis, je l’avoue, concevoir que cette impulsion, cette ambiance, suffiraient à faire d’une telle synthèse “un travail d’État-Major”. Sa nature littéraire, historique, philosophique, le tour extrêmement personnel de la pensée et du style, le fait qu’elle vise essentiellement les 17e et 18e siècles, et non pas les événements dans lesquels votre activité militaire s’est si glorieusement déployée, ni les problèmes actuels de Défense nationale qui sont du ressort de vos hautes fonctions, donnent à l’étude en question un caractère tout à fait différent de celui que revêt et doit revêtir un travail d’État-Major. […] sans épiloguer sur les raisons qui vous firent, voici onze ans, mettre fin à ma collaboration, il ne vous échappera certainement pas qu’au cours de ces onze années les éléments de cette affaire ont changé pour ce qui me concerne. J’avais 37 ans ; j’en ai 48. Moralement, j’ai reçu des blessures, – même de vous, Monsieur le Maréchal –, perdu des illusions, quitté des ambitions. Du point de vue des idées et du style, j’étais ignoré, j’ai commencé de ne plus l’être. […] Il n’en reste pas moins, Monsieur le Maréchal, que vous fûtes à l’origine de cet ouvrage et qu’à beaucoup d’égards votre influence s’est exercée sur une large partie du premier volume (lequel traite du passé). Je ne désire rien tant que de la reconnaître nettement et publiquement. S’il était affirmé, – par exemple dans un avantpropos, – (ou sous tout autre forme que vous jugeriez préférable) que ce premier volume fut entrepris sur votre initiative, bâti d’après un plan arrêté par vous, composé dans l’esprit qui est le vôtre et, pour plusieurs chapitres, avec le bénéfice de vos directives et observations, il me semble que votre part serait sauvegardée. […] Le fait que vous paraîtriez patronner un talent, et non point l’absorber, serait tenu pour une habile et généreuse discrétion qui recueillerait tous les suffrages »…

* Philippe PéTain. L. A. S., Les Eaux-Bonnes 22 août 1938, à Ch. de Gaulle (3 p. in-8). Il lui reproche de l’avoir mis devant le fait accompli, et propose de lui confier « votre travail pour quelques jours, ce qui me permettrait d’apprécier la part qui pourrait m’être attribuée dans l’élaboration de votre ouvrage »…

* Philippe PéTain. L. A. S., Paris 5 septembre 1938, à Ch. de Gaulle (2 p. in-8 à son en-tête, enveloppe). Il lui envoie « un projet de dédicace » à imprimer en tête du volume : « J’ai tenu à ménager votre susceptibilité et il n’est fait allusion dans le projet que de “conseils” pour la “préparation” du travail »… Avec le « Projet de dédicace. A Mr le Maréchal Pétain – qui a bien voulu, au cours des années 1925-1927, m’aider de ses conseils pour la préparation des chapitres II à V de ce volume (Ancien Régime, Révolution, Napoléon, D’un désastre à l’autre) – j’adresse l’hommage de ma reconnaissance ».

* Philippe PéTain. L.S., Paris 6 octobre 1938, au colonel de Gaulle (1 p. ¼ in-4 à son en-tête). Recevant La France et son armée, il est mécontent que la dédicace qu’il avait rédigée n’ait pas été imprimée ; il rejette les termes de la dédicace du livre, exigeant qu’on y substitue le texte envoyé le 5 septembre.

* daniel-roPs. L. A. S., 6 octobre 1938, au colonel de Gaulle (1 p. in4). Plon a reçu la visite d’un officier « protestant, de la part du Maréchal, contre le libellé de votre dédicace, et demandant une autre rédaction. Cela n’a qu’une importance limitée et je pense qu’il s’agit d’un retournement de vieillard sous l’influence de son entourage ». Il voudrait savoir la position de de Gaulle.

* Charles de Gaulle. L.S., 7 octobre 1938, à Maurice Bourdel, de la Librairie Plon (1 p. in-fol. dactyl. avec ajouts autographes) [LNC, I, p. 868]. Au sujet de la dédicace, que le maréchal voudrait qu’on remplace. « En réalité, il n’y a là que l’effet d’une petite intrigue d’entourage qui ne saurait avoir grande portée. Néanmoins, il convient, à mon avis, que vous répondiez à la démarche que le Maréchal a fait faire auprès de vous, d’une manière

très empressée dans la forme mais évasive dans le fond. S’il devait arriver que vous rééditiez mon livre, il serait temps d’adopter, pour déférer au soi-disant désir du Maréchal, un nouveau texte de dédicace. D’ici là il n’est que de “noyer le poisson” »…

* Charles de Gaulle. L.S. « signé : de Gaulle » (double carbone), Metz 7 octobre 1938, au maréchal Pétain (1 p. in-fol.). [LNC, I, p. 867]. Il n’a pas cru devoir « être tenu de reproduire mot pour mot le “projet” que vous m’aviez adressé, et je ne pensais pas que la dédicace, qui a paru à la première page de mon livre, fût de nature à encourir votre désapprobation. Mais, bien entendu, vos désirs sont, pour moi, des ordres. Je vais donc faire procéder à la substitution que vous voulez bien demander et j’écris dès aujourd’hui à Plon pour que les exemplaires non encore distribués et, en tout cas, ceux d’un tirage ultérieur, soient rectifiés en conséquence »…

* Maurice bourdel. L.S., Paris 10 octobre 1938, au colonel de Gaulle (1 p. in-4 à en-tête Librairie Plon). Devant l’insistance du maréchal, il va « faire imprimer une nouvelle dédicace sur un feuillet qui serait collé en fond à la place de la dédicace actuelle »…

* Charles de Gaulle. Lettre dactyl. (double carbone), 11 octobre 1938, « à M.M. Bourdel Librairie Plon » (mention autographe au crayon en tête) (1 p. in-fol.) [LNC, I, p. 868]. Il demande qu’on remplace la dédicace par celle rédigée par le maréchal.

6 000 - 8 000 €

GAULLE Charles de.

L. A. S., Metz, 30 avril 1938, à Philippe de Gaulle ; 2 pages in-4 à en-tête 507e Régiment de chars. Le Colonel. Lettre à son fils en classe de première au collège Stanislas.

Il lui souhaite « une bonne fête. Je crois bien que c’est la première fois qu’il m’arrive de te la souhaiter de loin. Ainsi va notre vie. Ton dernier “galop” avant la course est donc entamé. Concentre-toi. Va au fond des choses, qu’il s’agisse du français, du grec ou des mathématiques. Maman se remet progressivement. […] Anne va bien. […] Il me semble que peu à peu la France se redresse. En tout cas on a l’impression qu’appuyés sur l’Angleterre et mieux éclairés, nous n’accepterons plus d’humiliations nouvelles »…

LNC, I, p.852.

On joint une L. A. S. de Jeanne de Gaulle à son petit-fils Philippe de Gaulle, SainteAdresse 2 janvier 1938 (2 p. in-8), vœux : « Tout ce qu’une bonne maman peut désirer pour un petit fils qui lui est très cher, je le désire pour toi »…

1 000 - 1 500 €

De Gaulle - Une
Le général de Gaulle, chef des Forces Françaises Libres, vers 1942.

Quatrième partie. Seconde Guerre mondiale

Lots 136 à 187

136

INSIGNE DU 507e RCC (RÉGIMENT DE CHARS DE COMBAT) AYANT APPARTENU AU GÉNÉRAL DE GAULLE, SECONDE GUERRE MONDIALE, VERS 1938

En métal, ovale, à décor de feuilles de laurier, d’un heaume sommant un écu chargé d’une salamandre, au-dessus d’une croix de Lorraine

Fabrication « AB rue de Rennes »

B. E.

Historique :

Charles de Gaulle nommé commandant du régiment lorsqu’il était colonel le 13 juillet 1937 jusqu’en 1939. Cet insigne aurait été créé par le colonel : la partie supérieure porte un heaume de chevalier sur deux bombardes entrecroisées au-dessous duquel on trouve une salamandre et une croix de Lorraine. Ce dernier symbole fera son chemin par la suite.

200 - 300 €

GAULLE Charles de.

3 L. A. S. « C. », Metz, [fin septembre] et 1er octobre 1938, à sa femme Yvonne de Gaulle ; 2 pages in-4 chaque, la dernière à en-tête 507e Régiment de chars. Le Colonel.

Vive réaction aux accords de Munich.

[Fin septembre]. « Ma chère petite femme chérie, Comme d’habitude, nous capitulons sans combat devant les insolentes exigences des Allemands et nous livrons à l’ennemi commun nos alliés les Tchèques. L’argent allemand et la monnaie italienne ont coulé à flots ces jours-ci dans toute la presse française, surtout dans celle qui est dite “nationale” (Le Jour, Gringoire, Le Journal, Le Matin, etc.) pour persuader notre pauvre peuple qu’il fallait lâcher et le terroriser par l’image de la guerre. La série des humiliations se poursuit. Elle continuera par l’abandon de nos colonies, puis par celle de l’Alsace, etc. etc., à moins qu’un sursaut d’honneur réveille la nation et mène les traîtres à la caponnière. À la faveur de la capitulation d’aujourd’hui nous connaîtrons un court répit  »…

«La France a cessé d’être une grande puissance. »

— 1er octobre 1938, à propos des accords de Munich

1er octobre. « Ma chère petite femme chérie, Voici donc la détente. Les Français, comme des étourneaux, poussent des cris de joie, cependant que les troupes allemandes entrent triomphalement sur le territoire d’un État que nous avons construit nous-mêmes, dont nous garantissions les frontières et qui était notre allié. Peu à peu nous prenons l’habitude du recul et de l’humiliation, à ce point qu’elle nous devient une seconde nature. Nous boirons le calice jusqu’à la lie ». Il tâchera de venir « passer quelques heures à Colombey. […] La France et son armée est en librairie à Paris depuis jeudi. Plon fait une forte réclame, ce qui semble indiquer qu’il croit au succès. En tout cas, le moment est opportun »…

6 octobre. « Ma chère petite femme chérie, Le Régiment a réintégré son casernement. Les réservistes sont partis ou partent. On libérera la classe le 15 octobre. Bref, détente. Mais la France a cessé d’être une grande puissance ». Il espère venir à la Boisserie…

LNC, I, p. 864 et 866.

5 000 - 7 000 €

« Les Français, comme des étourneaux, poussent des cris de joie. »

1er octobre 1938

138

RARE CARTE D’IDENTITÉ DONNANT DROIT AU TARIF

MILITAIRE SUR LES LIGNES DE CHEMIN DE FER

Au nom du colonel Charles de Gaulle (507e régiment de chars) pour l’année 1939

Petit livret de quatre pages. Les pages internes avec numéro de la carte (n° 16425), identité, affectation et grade du titulaire, et signature autographe du titulaire « C. de Gaulle ».

Griffes du fonctionnaire délégué du ministère et du délégué pour le directeur général de la SNCF.

Photographie du colonel Charles de Gaulle avec cachet sec « CARTE D’IDENTITE ». La dernière page avec extrait du règlement.

B. E. Année 1939.

Durant l’année charnière de 1939, le colonel de Gaulle se voit confier en septembre le commandement des chars de la Ve armée, « poste qui aurait du échoir à un officier général s’il s’en était trouvé un d’assez compétent », précise son fils Philippe dans ses Mémoires. Le général voyage à cette époque entre le quartier général de cette armée à Wangenbourg, la Boisserie et Paris.

1 000 - 1 500 €

INSIGNE

DE MARRAINE DU CHAR LE « REDOUTABLE » DU COLONEL

DE GAULLE

Ayant appartenu à Yvonne de Gaulle, épouse de Charles de Gaulle

Ruban en moire rouge portant l’insigne des chars de combat et une barrette gravée « REDOUTABLE », retenant quatre breloques (carreau, cœur, pique et trèfle) en clinquant rouge

7 × 4 cm

Avec étiquette en plastique annotée au stylo par Yvonne de Gaulle « Insigne du char 507 dont j’étais marraine » et annotation de Philippe de Gaulle sur une enveloppe « Insigne du char de mon père au 501 R « Le Redoutable » dont ma mère était la marraine »

A. B. E.

On retrouve dans les correspondances du colonel Charles de Gaulle, l’affirmation suivante :

« Un char doit avoir sa personnalité comme un bateau, déclare-t-il. On peut mourir pour le Redoutable ou pour le Wagram, et non pour le 027.D2 »

On retrouve sur la liste des 44 chars en dotation au 507 RCC que la majorité portait des noms de victoires françaises, comme le Wagram (n° 2005). Certains noms de ces chars nous sont encore inconnus.

Le baptême des chars du 507e régiment de chars de combat fut organisé le 26 juin 1938 par le colonel de Gaulle à l’occasion de la fête du régiment, sous la présidence du général Giraud, gouverneur militaire de Metz. On retrouve une lettre du colonel à l’épouse du colonel Noettinger l’invitant à devenir la marraine de « l’Insidieux » :

« Votre filleul lancé à travers les terrains variés des champs de manœuvre - et peutêtre demain des champs de bataille - rendra hommage à sa marraine en servant la France de son mieux. »

Provenance

- Yvonne de Gaulle (1900-1979), épouse de Charles de Gaulle - puis l’amiral Philippe de Gaulle (1921-2024), leur fils.

- puis descendance.

300 - 500 €

140

ENSEMBLE DE SOUVENIRS PROVENANT DU GÉNÉRAL DE GAULLE

- Insigne de la IVe Division cuirassée de réserve ayant appartenu au colonel Charles de Gaulle (1940) Émaillé (éclats), dos avec attache, marqué : « P. LESELLIER Dess A.AUGIS Ed LYON »

- Quatre boutons des régiments de chars de combat provenant d’un uniforme du colonel Charles de Gaulle Deux de grand module et deux de petit module

200 - 300 €

142

INSIGNE DE LA IVe DIVISION CUIRASSÉE DE RÉSERVE

Ayant appartenu au colonel de Gaulle, 1940

Emaillé bleu clair opaque, avec attache

Dos avec marque : « P. LESELLIER Dess A.AUGIS Ed LYON » B.E.

150 - 250 €

143

INSIGNE DE LA IVe DIVISION CUIRASSÉE DE RÉSERVE

Ayant appartenu au colonel de Gaulle, 1940

Émaillé bleu foncé translucide ; l’attache manquante

Dos avec marque : « P. LESELLIER Dess A.AUGIS Ed LYON »

Avec enveloppe marquée au crayon par l’amiral Philippe de Gaulle « Insigne IVe Div cuir 1940 de mon Père. »

Historique :

Le 11 mai 1940, le colonel de Gaulle reçoit le commandement de la 4e Division Cuirassée de Réserve ou 4e DCR, en cours de formation. Avec des moyens limités, de Gaulle va, notamment à la bataille de Montcornet faire

INSIGNE DE BÉRET DES CHARS DE COMBAT

Provenant du colonel Charles de Gaulle, commandant du 507e RCC

En métal argenté, revers à épingle 40 × 22 mm B.E.

150 - 250 €

142

plus que résister à l’avancée inexorable des divisions blindées allemandes. Le 1er mars 1941, alors à Londres, le général évoquait encore cette division chère à son cœur :

« Je connais une certaine division cuirassée, improvisée en plein combat, qui infligea aux Allemands le même traitement que leurs 11 Panzerdivisions nous infligèrent. »

80 - 120 €

144

GAULLE Charles de.

L. A. S., 11 février 1940, à son ami Étienne Répessé ; 2 pages in-4 (légères fentes aux plis).

Lettre de guerre, alors qu’il commande les chars de la Ve armée. De Gaulle est alors, comme il l’inscrit en tête, au « Commandement des Chars d’une Armée Sect. 100 » ; il écrit à son ami Étienne Répessé (18901975, écrivain et directeur aux éditions Berger-Levrault) pour demander de ses nouvelles… « Par ici, rien de neuf, comme vous savez. Malgré les périodiques alarmes, je suis, pour ma part, convaincu qu’il n’y aura, sur notre front, – faute de moyens mécaniques appropriés, – aucune grande entreprise terrestre ni d’un côté ni de l’autre cette année ». Il demande « quelques bouquins », dont Le Voyage du Centurion et L’Appel des armes d’Ernest Psichari, et « les livres de Pourtalès sur les grands musiciens »…

LNC, I, p. 918.

1 200 - 1 500 €

Le colonel de Gaulle, en tenue de combat, présente son unité de chars au président Albert Lebrun, le 23 octobre 1939.
© Archives de Gaulle
Bridgeman

GAULLE Charles de.

6 L. A. S. « C. » et un billet, 8-27 mai 1940, à sa femme Yvonne de Gaulle ; 2 pages in-4 chaque, et une enveloppe.

Lettres de guerre à sa femme, pendant les combats à la tête de ses chars, alors qu’il est promu général.

8 mai. « Ma chère petite femme chérie, […] Toujours rien de neuf par ici. J’y passe des jours qui seront, je pense, les derniers dans mon poste actuel. J’aurai à me trouver à Poissy (?) vers la fin de ce mois (entre le 20 et le 30 probablement). Mais d’ici là, j’aurai à faire une tournée à travers la France pour aller voir où en sont les éléments en formation. Je compte donc passer à Colombey le 13.

L’issue de l’affaire de Norvège va créer, sans doute, des difficultés à Paul REYNAUD, bien qu’il n’y soit pour rien, au contraire. On avait compté sur la flotte anglaise qui, au total, n’a pas fait grand-chose parce que les vieux messieurs de Londres (tel Chamberlain) ont empêché CHURCHILL de risquer. Je crois, cependant, que P. R. s’en tirera »…

10 mai. « Voici donc la guerre, la véritable guerre, commencée. Je serais, cependant, assez surpris si les opérations actuelles de Hollande et de Belgique devaient constituer vraiment la grande bataille francoallemande. Cela viendra, à mon avis, un peu plus tard. Je voudrais bien, en tout cas, que la 4e Division Cuirassée soit prête le plus tôt possible. En tout cas, il faut s’attendre à une activité croissante des aviations et, par

conséquent, prendre des précautions ». Il recommande de faire très attention à Colombey : « Fais donc bien attention, de jour à rentrer et faire rentrer s’il y a alerte, et le soir à bien éteindre les lumières. […] Je te prends dans mes bras et t’embrasse de tout mon cœur qui t’aime »…

15 mai. « Me voici en pleine bagarre. Appelé hier d’extrême urgence pour constituer une Division. À ce point de vue, tout va bien. On m’a donné tout ce qu’on pouvait me donner. Nous verrons bientôt la suite. Les événements sont très sérieux. J’ai confiance que nous parviendrons à les dominer. Cependant, il faut s’attendre à tout. Rien de bien urgent, d’ailleurs, pour toi quoi qu’il arrive. Mais il faut te tenir au courant, si possible par le Général Bret, afin de n’être pas surprise, si jamais… »…

21 mai. « Je t’écris au sortir d’une longue et dure bagarre qui s’est, d’ailleurs, très bien déroulée pour moi. Ma Division se forme en combattant et l’on ne me refuse pas les moyens, car si l’atmosphère générale est mauvaise, elle est excellente pour ton mari.

Je ne sais où vont les événements. Cependant j’ai aujourd’hui une impression un tantinet meilleure que notre commandement commence à se ressaisir. Cependant sois prête à te replier si cela devenait nécessaire. […] Le jour de ta fête, j’étais en plein combat et ce combat – chose rare depuis le début de cette guerre – fut un combat heureux. Dans la pensée je t’ai envoyé mes vœux les plus tendres, Vonne »… Il donne son adresse : « Colonel de Gaulle Commandant la Division, Sect. 15.231 ».

24 mai. « Toujours la bagarre. Mais les choses, de mon côté, ne vont pas mal. J’ai comme l’impression que la surprise est surmontée et que nous allons vers le rétablissement. Mais que de plumes nous aurons laissées et laisserons encore ! Je suis Général depuis hier. Je l’ai appris par une lettre que Paul Reynaud, ministre de la Guerre, m’a fait porter en ligne et par laquelle il m’annonçait qu’il avait signé ma promotion sur proposition du Gal Weygand »… 24 mai. Sur une enveloppe, il note : « Rien de bien neuf, mais cela barde… Mille tendresses à ma petite femme chérie. C. »

27 mai. « Nous nous trouvons (la Division) pour le moment dans un répit relatif. Je pense beaucoup à toi et à nos enfants. […] Je t’ai écrit que j’étais promu Général depuis le 24 de ce mois ». Il recommande à sa femme de ne pas rester à la Boisserie : « Mais tu devrais tâcher d’y faire prendre ton argenterie, car les maisons non habitées risquent – je le vois – le pillage non pas tant des troupes que des réfugiés. »…

LNC, I, p. 928-933.

7 000 - 8 000 €

« Ce combat – chose rare depuis le début de cette guerre – fut un combat heureux. »

— Charles à sa femme, le 21 mai 1940

146

GAULLE Charles de.

L. A. S. « Ton mari C. », 2 juin 1940, à sa femme Yvonne de Gaulle ; 2 pages in-4.

Derniers combats de Juin 1940, alors qu’il faut sauver la France.

2 juin 1940. « Ma chère petite femme chérie, La 2e grande bagarre que j’ai menée avec ma Division s’est terminée par un grand succès vers Abbeville. Tu as dû en voir l’écho au communiqué (400 prisonniers, beaucoup de matériel pris). Je viens d’être cité à l’ordre de l’armée pour cette affaire. Actuellement, repos et reconstitution dont nous avions un extrême besoin. Je crois qu’il vaudrait mieux que tu trouves quelque chose de meublé pour attendre la fin de la crise. Ce serait, de préférence, soit Charente, Dordogne, HauteVienne, soit Bretagne (vers Brest) […] Depuis le 15 Mai je n’ai pas dormi trois nuits. Je t’embrasse de tout mon cœur qui t’aime, ma chère petite femme. Rien ne compte plus que ceci : il faut sauver la France »…

LNC, I, p. 935.

BnF, Charles de Gaulle, n° 92.

« Rien ne compte plus que ceci : il faut sauver la France. »

— Charles à sa femme, le 21 mai 1940

5 000 - 7 000 €

Le général de Gaulle marchant dans Londres en 1940.
« Les renforts des corps de troupe n’arrivent pas. Pourquoi ? » —

Vers mai 1940

147

GAULLE Charles de.

Carnet de notes personnelles à la volée. Carnet pet. in-12 (13,8 × 8,3 cm), basane brune, tranches dorées.

Précieux carnet de réemploi utilisé tête-bêche par le général de Gaulle en 1940, au moment crucial où il organise la France libre depuis Londres.

Composé de 52 feuillets, le carnet comporte environ 60 pages d’annotations de la main du Général, à l’encre bleue et noire, au crayon. Sur ce même carnet, sont notées des adresses et coordonnées téléphoniques, de la main d’Yvonne. Sur d’autres pages, on trouve quelques annotations antérieures au crayon, d’une autre main. Quelques feuillets sont restés vierges.

Commencé en France, vraisemblablement au début de l’année 1940, on y trouve quelques repères datés : « mercredi 27 [mars] », « 9 juin, Londres », « 12 juin », etc. Puis le Général est à Londres, comme en attestent certaines notes relatives à ses logements et aux contacts qu’il noue alors sur place.

Ainsi, il note sur une page, d’une écriture tremblante, le nom de son premier logement à Londres : « Seamore », pour le 7-8 Seamore Grove (devenu 7 Curzon Place), proche de Hyde Park. Il s’installe en effet, au premier étage de cette maison confortable, dans un petit appartement prêté par Jean Laurent qui était son chef de cabinet civil à Paris. On retrouve cette même mention, barrée, sur une autre page

Ce carnet qui, vraisemblablement ne le quitte pas, garde la trace de ses préoccupations, pour sa famille et ses proches, mais également pour la France et la poursuite du combat : « Jaulet et ses 2 compagnons à faire libérer » ; sur une page : « Cada, Yvonne, Philippe, Elisabeth, Anne, Brise-du-Soir Carentec Finistère » ; « Les renforts des corps de troupe n’arrivent pas. Pourquoi ? » ; « Replier sur Afrique du Nord, personnel des troupes mécaniques et y organiser éléments de fabrication nécessaires pour blindés » ; « aviateurs allemands prisonniers en France, ne peut-on les envoyer en Argentine ? (question de Churchill) » ; « il y a en France des pilotes sans avion, on pourrait les envoyer en Angleterre où il y a des avions sans pilotes »

Pour la Bretagne, qui lui semble un bon levier pour organiser la lutte armée, il a divers plans… Le « Réduit breton » revient ainsi à plusieurs reprises.

Le sort des réfugiés le préoccupe également : « Les enfants français en Amérique en commençant par ceux des régions envahis », « Cela doit faire 7 ou 8 millions d’enfants, total environ 7000 bateaux Y-a-t-il du fret au retour des bateaux d’Europe en Amérique N C’est par Hesinbath (?) », « il faudrait un délégué aux réfugiés ».

À côté des indications d’adresses et de coordonnées téléphoniques (Palewski, Spears, Pierre [son frère], Joseph, Michel, Charles Caillau, Xavier [son frère], Daniel Rops, Joseph Maillot, divers généraux et officiers supérieurs), d’horaires de train… pour Bordeaux, on trouve les noms de code pour le Cameroun (?) : « Leclerc = Sullivan Pleven = Douglas Boislambert = Charles ».

Une page porte cette note un peu plus longue que les autres : « est chargé de régler sur place et au mieux des circonstances la destination et l’emploi des éléments des forces terrestres, navales et aériennes françaises, ainsi que les rapatriés et (?) qui se trouvent ou viendraient à se trouver en territoire britannique… »

Bien que le carnet soit resté inédit, une page avait été reproduite dans le livre de Philippe de Gaulle, De Gaulle mon père, montrant le nom de son hôtel et les numéros de de téléphone de sa chambre et de celle de la gouvernante d’Anne, Mlle Potel.

Certains cahiers fragilisés, petits frottement aux coins, mors et coiffes ; brochage faible. Conservé dans une enveloppe portant cette inscription de la main de Philippe de Gaulle : « Carnet personnel de mon père en 1940. G. B. »

30 000 - 50 000 €

148

POIGNARD « LE VENGEUR DE 1870 » OFFERT PERSONNELLEMENT AU GÉNÉRAL CHARLES DE GAULLE EN JUIN 1940

Poignée en bois ; croisière en fer ; lame à arête médiane, poinçonnée au talon « LE VENGEUR DE 1870  » ; sans fourreau B.E.

L.  :  28,5 cm

Accompagné de sa lettre de remise (3 p. manuscrites) de Miss Rose Graham au général de Gaulle le 26 juin 1940.

En-tête « 12 Ladbroke Gardens W.1 » avec annotation au crayon « R(ecu) 4-7-40 »

« A Monsieur le Général de Gaulle, Je vous prie d’accepter ce poignard (d’un turco), qui est inscrit le Vengeur de 1870. C’est un souvenir de la guerre de 1914-1918. Je vous l’offre en vous témoignant mon espoir et ma confiance que vous serez le Vengeur de 1940. Madame ma mère et moi, nous aimons tellement la France, et ses villes des provinces, où nous avons voyagé si heureusement et nous sommes désolées des malheurs de nos amis et alliés. […] »

La missive est signée « Miss Rose Graham C.B.E.  »

Extraordinaire symbole de la clairvoyance des soutiens de la 1ère heure du général de Gaulle, ce poignard démontre que déjà, dans les heures de la défaite de juin 1940, le général est encouragé en plus des autorités britanniques par des anonymes et des intellectuels dans sa volonté de combattre et de venger la défaite.

Le fait qu’il ait été conservé par le général montre aussi son profond attachement à ces premiers soutiens.

La femme qui rédige cette missive est loin d’être une anonyme comme nous le montre son titre « C.B.E. » (« Commander of the Most Excellent Order of the British Empire ») mentionné à la fin de la missive : il s’agit de l’historienne Rose Graham (1875-1963), spécialiste de l’histoire des églises, et qui avec sa mère Jane, a parcouru la France pour ses recherches.

Docteur en lettres en 1929, elle devint également présidente de la British Archaeological Association en 1945.

2 000 - 3 000 €

149

FRANCE - ORDRE DE LA LIBÉRATION

Croix de compagnon modèle de la Monnaie de Paris, ayant appartenu au général de Gaulle

En bronze ; la poignée du glaive striée sur les 4 faces

Croix de Lorraine émaillée noire

Ruban du 2e type

Poinçon sous l’écu de la Monnaie de Paris « Corne BRONZE » ; T.T.B.

Reprise du modèle anglais de Pinches, notre exemplaire fait partie des premières fabrications de la Libération exécutée par la Monnaie de Paris en 1944-1945.

800 - 1 200 €

150

FRANCE - MÉDAILLE DE LA RÉSISTANCE FRANÇAISE

Médaille de la Résistance provenant du bureau du général de Gaulle

En bronze ; non poinçonnée ; ruban ; T.T.B.

La médaille de la Résistance française fut la deuxième et dernière décoration créée par le général de Gaulle durant la guerre, afin de « reconnaître les actes remarquables de foi et de courage qui, en France, dans l’Empire et à l’étranger, auront contribué à la Résistance du peuple français contre l’ennemi et contre ses complices depuis le 18 juin 1940 ». Il est à noter que ni le général, ni son fils n’étaient titulaires de cette médaille.

300 - 400 €

151

FRANCE - ORDRE DE LA LIBÉRATION

Rare insigne de compagnon ayant appartenu au général de Gaulle

En vermeil

Poinçon tête de sanglier et d’orfèvre Arthus Bertrand

Poignée du glaive striée sur les 4 faces

Ruban du 2ème type (légèrement insolé à l’avant)

56 × 30 mm - Poids net : 40 g

Gravé sur le côté de l’écu : « L. LUNEVILLE » - T.T.B.

Si on ne connait pas les circonstances de la remise ou du don de cet insigne de compagnon au général de Gaulle, il s’agit d’un des seuls exemplaires connus de taille ordonnance en métal précieux, en plus de sa prestigieuse provenance.

Les photographies et représentations du général portant la croix de la Libération sont particulièrement rares. On peut toutefois noter qu’il portait l’insigne de l’ordre qu’il avait fondé le 14 juillet 1941 à Brazzaville (ruban du 1er type). D’après les études actuelles, il s’agit de la seule occasion où il porta l’insigne de compagnon. Il portera également le collier de l’ordre, notamment sur son portrait officiel comme président de la République.

2 000 - 3 000 €

152

FRANCE LIBRE

Médaille commémorative des services volontaires de la France Libre provenant du général Charles de Gaulle

En bronze argenté, accompagnée d’un rappel de la médaille et d’une réduction émaillée pour boutonnière ; dans son écrin marqué à l’or « MÉDAILLE DE LA FRANCE LIBRE ».

Le général de Gaulle et son fils Philippe furent tous les deux décorés de cette médaille créée en avril 1946, et qui commémore l’engagement au sein de la France libre avant 1943. Charles fut le premier français libre dès 1940 et son fils le rejoint peu après.

600 - 800 €

153

DEUX INSIGNES DES FORCES FRANÇAISES LIBRES PROVENANT DU GÉNÉRAL DE GAULLE

- Insigne des forces françaises libres (FFL)

En laiton émaillé, le revers non marqué ; crochet légèrement déformé 33 × 20 mm

- Insigne des forces navales françaises libres

En laiton émaillé, le revers marqué horizontalement « REGd n° 83830 » 32 × 16 mm

Le Général porte durant la guerre, deux insignes, sans aucune décoration (qu’il cesse a priori de porter en 1940) : l’insigne des FFL sur le côté droit et l’insigne de la France libre à la croix de Lorraine, sans légende.

1 000 - 1 500 €

154

ENSEMBLE

DE SOUVENIRS DU GÉNÉRAL CHARLES DE GAULLE

- Sept boutons de général. Quatre de gros module, trois de petit module. Fabrication Maurice BouRdon Paris ;

- Une étoile d’uniforme de général en métal argenté ;

- Insigne à la croix de Lorraine

En laiton doré, attache bijoutier

H. : 2,4 cm

Après la mort du Général, Madame de Gaulle a fait brûler à la Boisserie une grande partie des uniformes de son époux (un uniforme sera donné au musée de l’Armée, quelques effets dont le casque et la veste de tankiste seront également préservés).

500 - 800 €

155

PREMIÈRE DFL

Étui à cigarettes offert par la 1ère division française libre au général de Gaulle

En argent poinçonné tête de Minerve. Intérieur en vermeil. Le couvercle gravé d’une carte de l’Europe et de l’Afrique, marquée de points émaillés rouges rappelant les faits de gloire de la division.

Bir Hakeim est le seul point émaillé bleu.

Le coin supérieur droit gravé de l’insigne de la 1ère division française libre. 13 × 8 cm - Poids brut : 145 g

B.E.

« Ce qu’a su faire, pour la France, la 1ère Division française Libre, ce qu’elle a su faire par le cœur, le corps, les armes, de ceux qui en étaient, ce qu’elle a su faire avec ses chefs, KOENIG, BROSSET, GARBAY, ses officiers et ses soldats, c’est un des plus beaux morceaux de notre grande Histoire, c’est un rocher que les vagues du temps ne pourront détruire jamais. C’est, pour toujours, un défi lancé à ceux qui doutent de la France. »

Charles de Gaulle - 27 février 1946

500 - 600 €

156

GAULLE Charles de.

L. A. S., [Freetown], 28 septembre [1940], à sa femme Yvonne de Gaulle, à Pettswood ; 3 pages et demie in-4.

Sur l’internationalisation du conflit, lors de son voyage en Afrique pour tenter de rallier les colonies à la France Libre. [Le 23 septembre, une tentative de débarquement à Dakar a échoué.]

« Ma chère petite femme chérie, Comme tu l’as vu l’affaire de Dakar n’a pas été un succès. Vichy, qui s’y attendait, avait pris des mesures extraordinaires de défense, envoyé une escadre sûre, des renforts, et bouclé d’avance mes partisans. Comme je ne voulais pas de bataille rangée entre Français j’ai retiré mes forces à temps pour l’éviter. Les Anglais ont alors donné. Pour le moment, tous les plâtras me tombent sur la tête. Mais mes fidèles me restent fidèles et je garde bon espoir pour la suite. […] Je ne compte pas revenir à Londres avant quelque temps. Il faut patienter et être ferme. Combien j’ai pensé à toi et pense toujours à toi et aux babies dans tous ces bombardements ! […]

Je considère que la “bataille d’Angleterre” est maintenant gagnée. Mais je m’attends à la descente en Afrique des Allemands, Italiens et Espagnols. L’intervention américaine me semble désormais certaine.

C’est le plus grand drame de l’Histoire et ton pauvre mari y est jeté au premier plan avec toutes les férocités inévitables contre ceux qui tiennent la scène. Tenons bons !

Aucune tempête ne dure indéfiniment.

Je t’embrasse de tout mon cœur comme je t’aime »…

LNC, I, p. 1045.

5 000 - 6 000 €

NÉCESSAIRE DE BUREAU

AYANT APPARTENU

AU GÉNÉRAL DE GAULLE

En cuir fauve ; griffures et usures d’usage.

Comprenant :

- un sous-main orné en son centre d’un insigne « moustique » de la France Libre et de deux insignes des Forces Navales de la France Libre (FNFL) sur les côtés, la partie centrale escamotable, l’intérieur tendu de tissu vert ; Dimensions : 40 × 65 cm

- un serre-papier, orné d’un insigne des Forces Navales de la France Libre (FNFL), composé de quatre compartiments. H. : 19,5 cm - l. : 31 cm - P. : 17 cm

2 000 - 3 000 €

« Aucune tempête ne dure indéfiniment. »

— De Gaulle, le 28 septembre 1940, après l’échec du ralliement de Dakar

158

GAULLE Charles de.

L. A. S. « Ton mari C. », Douala, 22 octobre [1940], à sa femme Yvonne de Gaulle, à Pettswood ; 2 pages in-4.

Lors de sa tournée en Afrique.

« Ma chère petite femme chérie, Je t’écris d’ici, après un grand tour par avion dans tous les points importants du Cameroun et du Tchad. L’esprit est excellent. Demain j’irai à Bangui et, de là, à Brazzaville où je resterai quelque temps.

Tout va bien. Mais la tâche est lourde matériellement et moralement. Il faut accepter –et je les accepte, – toutes les conséquences de ce drame dont les événements ont fait de moi l’un des principaux acteurs. Celui qui saura vouloir le plus fermement l’emportera en définitive, non seulement en fait mais encore dans l’esprit des foules moutonnières »… Il espère revenir à Londres à la fin novembre…

LNC, I, p. 1063.

2 000 - 3 000 €

159

GAULLE Charles de.

L. A. S. « Ton mari C. », [Londres], 8 décembre 1940, à sa femme Yvonne de Gaulle, à Pettswood ; 2 pages in-4 à en-tête Le Général de Gaulle.

Il n’a pu écrire à sa « chère petite femme chérie » : « Ma semaine a été une terrible bousculade ». Il a pu voir, vendredi, à Portsmouth, leur fils Philippe : « Il était très bien. On l’avait mis comme l’homme de droite (le plus grand) de la garde d’honneur qui me présentait les armes sur le Théodore Tissier. J’ai pu lui parler ensuite quelques minutes. L’École m’a fait bon effet. Le milieu est bon et je sais que Philippe y réussit. C’est tout de même un choix hasardeux que d’entrer en ce moment dans la Marine Française ! Mais quoi ? Que ferait-il de mieux ? »… Il espère venir samedi passer le week-end…

LNC, I, p. 1095.

2 000 - 3 000 €

« Celui qui saura vouloir le plus fermement l’emportera en définitive. »

Douala, le 22 octobre 1940

160

GAULLE Charles de.

2 L. A. S., [Londres], 18 et 29 décembre 1940, à son fils Philippe de Gaulle (à l’École navale à Portsmouth) ; 2 pages in-4 chaque à en-tête Le Général de Gaulle, la 2e avec l’adresse 4, Carlton Gardens Lettres de Londres à son fils, sur Pétain et Vichy.

18 décembre. « Mon cher Philippe, […] Ton papa ne t’oublie certes pas et je pense souvent à la vie courageuse et intéressante dans laquelle tu t’es engagé.

Je crois que l’équivoque Pétain-Vichy est en train de se dissiper même pour les aveugles-nés. Bientôt les fantômes et les rêves auront disparu et l’on verra partout, même en Angleterre (!), qu’entre la France vraie et nous les “gaullistes” il n’y a que l’ennemi. Alors, sans doute, il nous sera plus facile de faire ce que nous avons à faire, je veux dire combattre pour la patrie »…

29 décembre. « Mon cher Philippe, J’ai bien pensé à toi, mon fils dont je suis fier, le jour de tes 19 ans. J’ai formé beaucoup de souhaits à ton intention et tu peux imaginer comment ces souhaits se résument dans l’immense drame que nous vivons.

Je pense que tout va bien à l’École Navale et que votre bateau navigue maintenant à ses heures. […]

Les gens de Vichy sont en train de choisir décidément entre le crime et le salut. D’après mes renseignements l’opinion française et même les hommes de Pétain ont fait des progrès dans le bon sens au cours de ces dernières semaines. Mais tels que je les connais, personnages au fond falots et d’ailleurs très compromis par leurs précédents abandons, je serais surpris qu’ils adoptent une attitude vraiment nationale et rentrent dans la guerre. Pourtant, c’est toute la question ! »…

LNC, I, p. 1109 et 1116.

4 000 - 5 000 €

162

GAULLE Charles de.

161

GAULLE Charles de.

L. A. S. « Ton mari C. », [Londres], 6 janvier 1941, à sa femme Yvonne de Gaulle, à Ellesmere (Shrosphire) ; 1 pages et quart in-4 à en-tête Le Général de Gaulle 4, Carlton Gardens

« Ma chère petite femme chérie, […] Viens à la fin de la semaine et téléphone-moi le jour et l’heure. J’ai beaucoup à faire en ce moment et me trouve dans de grandes difficultés. Les Anglais sont des alliés vaillants et solides, mais bien fatigants. Je te brosse tout mon cœur, tout moi. […] Le colonel Petit est arrivé. J’en suis content car j’avais besoin d’un chef d’état-major expérimenté et sûr »…

LNC, I, p. 1120.

2 000 - 2 500 €

« Les Anglais sont des alliés vaillants et solides, mais bien fatigants. »

— Le 6 janvier 1941

L. A. S. « Ton mari C. », Brazzaville, 13 mai [1941], à sa femme Yvonne de Gaulle (à Ellesmere) ; 2 pages in-4 à en-tête Le Général de Gaulle.

Au Congo belge.

« Ma chère petite femme chérie, Je t’aime et dans la dure mission que je me suis donnée, je pense bien bien bien souvent à toi. Mais je n’ai aucune nouvelle depuis mon départ et cela m’est cruel. Je penserai beaucoup à Vonne le jour de sa fête. Sache-le, même si cette lettre t’arrive après. Ici les affaires vont bien pour notre bloc combattant d’Afrique. Mais en Orient, la partie devient très rude. […] Je ne crois pas pouvoir rentrer à Londres avant quelque temps »…

LNC, I, p. 1203.

1 500 - 2 000 €

163

GAULLE Charles de.

L. A. S. « Ton mari C. », [Le Caire] 2 juillet 1941, à sa femme Yvonne de Gaulle (à Ellesmere) ; 2 pages in-4 à en-tête Le Général de Gaulle

Lettre du Caire, lors de sa tournée en Orient.

Il écrit à sa « chère petite femme chérie […] au milieu de l’épreuve décisive. Si pénible qu’elle soit, elle était nécessaire et je crois que, maintenant, la fin est en vue. Mais quel drame ! […]

En tout cas, tout va aussi bien que cela peut aller. Mais il faut en fait une âme de fer, tant les événements sont cruels et les responsabilités lourdes »…

Il a reçu « une magnifique photo de défilé de Jeanne d’Arc à Londres, avec Philippe superbe au premier rang de l’École Navale ! Je pense beaucoup à lui, comme à ma fille Élisabeth et au tout petit ». Il ne sait quand il pourra rentrer à Londres, « peut-être dans quelques semaines ».

Il ajoute : « Rien n’est étonnant et réconfortant comme l’esprit, l’ardeur, le courage de tous nos gens ici, militaires et civils. Les religieuses sont les plus “gaullistes” ! »

LNC, I, p. 1241.

2 000 - 3 000 €

Gaulle - Une succession
2024, 14h. Paris
© Hans WildTime Inc
Philippe de Gaulle et son père, lors d’une permission à Londres en 1941.

GAULLE Charles de.

L. A. S., [Londres], 17 novembre 1941, à son fils Philippe de Gaulle (à l’École navale à Portsmouth) ; 2 pages in-8 à en-tête

Le Général de Gaulle 4, Carlton Gardens.

Belle lettre à son fils, sur la France Libre et sa confiance en la victoire.

« Mon cher Philippe, […] Je pense que tu travailles. Ce que tu fais est une base nécessaire pour devenir un bon officier de marine pour le présent et pour l’avenir.

Sache te défendre contre un excès d’invitations (je ne parle pas naturellement de celles qui te sont faites par tes chefs).

Les affaires de la France ne vont guère. Elles n’iraient pas du tout sans la France Libre. Notre devoir sacré consiste, par conséquent, à continuer de marcher fort et droit.

Mais l’ignominie de Vichy dépasse tout ce qu’on peut imaginer. Et cependant, quelle occasion s’offre à l’Afrique du Nord ! Tout de même nous gagnerons la guerre…

Je t’embrasse de tout mon cœur. Ton Papa : Charles de Gaulle ».

LNC, I, p. 1331.

2 000 - 3 000 €

165

GAULLE Charles de.

2 L. A. S., [Londres], 6 juillet et 31 octobre 1942, à son fils Philippe de Gaulle (aspirant de marine) ; 2 pages in-4 et 2 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle 4, Carlton Gardens, enveloppe pour la 1ère lettre (dans laquelle la signature a été découpée).

6 juillet. « Mon cher Philippe, De tout mon cœur je te félicite d’avoir reçu le commandement d’un navire de guerre. Si petit qu’il soit, il est important et c’est un morceau de la force française. Je suis sûr que tu le commanderas comme il faut, c’est-à-dire avec décision, courage et attention. Son destin et celui des braves gens de l’équipage sont sous ta responsabilité.

La guerre continue de ne pas nous [lacune] réjouissantes. Cependant, je persiste à croire que, si les Allemands ne remportent pas cette année des succès vraiment décisifs contre les Russes et en Orient, leur compte est bon pour l’année prochaine. En tout cas, l’esprit en France ne cesse de s’améliorer, malgré les souffrances ou peutêtre à cause de ces souffrances »…

31 octobre. « Mon inspection de la Marine se continuera le mois prochain. Ce que je vois me donne, en général, satisfaction. Il y a progrès certain et constant. Ce qu’il faut c’est que tout cela devienne non seulement plus “marin”, mais aussi plus “militaire”. Nous espérons aboutir dans peu de temps pour Madagascar. Mais naturellement nous voulons que la France y soit chez elle »…

LNC, II, p. 109 et 207.

1 500 - 2 000 €

166

GAULLE Charles de.

L. A. S. et L. A., [Londres], 23 février et 25 mars 1943, à son fils Philippe de Gaulle (enseigne de vaisseau, à Dartmouth) ; 2 pages in-8 chaque à en-tête Le Général de Gaulle 4, Carlton Gardens.

23 février. « Ce mot sans autre objet que de te dire mon affection et aussi ma satisfaction de te savoir à l’œuvre dans des conditions périlleuses et, par conséquent, glorieuses. Je crois que l’affaire d’Afrique du Nord, si mal engagée par les autres, commence à se dégager un peu. Nous sommes patients mais résolus »…

25 mars. « Mon bien cher Philippe, J’ai été, naturellement, au courant du combat du 11 Mars auquel tu as participé. Je sais que tu t’y es bien comporté et tiens à te dire que j’en suis heureux et fier.

Je t’adresse en même temps mes félicitations pour ta promotion au grade d’enseigne que je viens de prononcer. Enfin, comme il est vraisemblable que je doive prochainement me rendre en Afrique du Nord et que mon séjour en Afrique pourra être prolongé, j’ai dit qu’on te donne une permission incessamment pour que je puisse te voir avant mon départ.

Au revoir, mon cher vieux garçon »…

LNC, II, p. 284 et 308.

1 500 - 2 000 €

s 167

PORTE-DOCUMENTS AYANT APPARTENU

AU GÉNÉRAL DE GAULLE, VERS 1940

En cuir de crocodile cognac, orné d’une croix de Lorraine et chiffré « C de G », l’intérieur en cuir brun ; petites usures, petites griffures du cuir au dos.

23 × 38 cm

2 000 - 3 000 €

s 168

PORTEFEUILLE AYANT APPARTENU

AU GÉNÉRAL DE GAULLE, VERS 1940.

En cuir de crocodile teinté brun foncé, l’intérieur gainé de cuir beige dévoilant cinq compartiments dont un à rabat. Monogrammé « C. DE G » en creux ; usures et salissures.

16,5 × 10,5 cm

Accompagné d’un mot manuscrit de Philippe de Gaulle « Portefeuille de mon père. Offert par ma mère en GrandeBretagne au temps de la France Libre » sur carton à en-tête Philippe de Gaulle / Amiral (R).

800 - 1 200 €

« Il faut avoir le cœur bien accroché et la France devant les yeux pour ne pas tout envoyer promener. »

— Le 14 juin 1943

169

GAULLE Charles de.

2 L. A. S. « C. », [Alger], 14 et 24 juin 1943, à sa femme Yvonne de Gaulle (à Berkhamsted) ; 2 pages petit in-4 et 2 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

Lettres d’Alger, évoquant ses rapports difficiles avec les Américains, notamment à propos du général Giraud.

14 juin. « Ma chère petite femme chérie, […] Ici, grande bataille comme il était à prévoir. Mais nous avançons. Opinion presque entièrement favorable et, pour la masse, enthousiaste. Résistance acharnée des Vichystes, Giraudistes et du “vieux” [le général Georges ?]. Si cela s’arrange finalement (nous le verrons dans les huit jours) tu devras venir à Alger. Je te donnerai alors toutes indications par télégraphe. Tu ne peux te faire une idée de l’atmosphère de mensonges, fausses nouvelles, etc. dans laquelle nos bons alliés et leurs bons amis d’ici (les mêmes qui leur tiraient naguère dessus) auront essayé de me noyer. Il faut avoir le cœur bien accroché et la France devant les yeux pour ne pas tout envoyer promener. […] Ton pauvre mari C. »

24 juin. « Ici, comme prévu, je me trouve en face de l’Amérique et d’elle seule. Tout le reste ne compte pas. L’Amérique prétend imposer le maintien de GIRAUD dont aucun Français ne veut plus, ni ici, ni ailleurs. Elle prétend m’empêcher de gouverner. L’opinion ne cesse pas de monter en notre faveur dans toute l’Afrique du Nord. Il s’agit de savoir si les faits finiront par amener le Gouvernement de Washington à changer sa politique. En attendant, comme tu dois le voir, tous les reptiles à la solde du State Department et de ce pauvre ChuRChill hurlent et bavent à qui mieux mieux dans la presse anglo-saxonne. Tout cela est méchant, idiot, mais quoi ! c’est toute cette guerre.

Le terrain que j’ai choisi pour la lutte et l’indépendance française à propos de la rénovation militaire, je crois ce terrain bon. En tout cas, tous les “gaullistes”, innombrables à travers le monde, ont très bien compris quelle est la partie et me soutiennent avec passion »…

LNC, II, p. 364 et 367.

2 000 - 3 000 €

170

MÉDAILLE DE TABLE EN OR JAUNE DE L’ASSOCIATION

DES CORSES DE MADAGASCAR

Rendant hommage au général de Gaulle

L’avers figurant un mouflon sur un rocher au-devant d’une carte de la Corse et sous l’écu de Corse, inscrit « d’après Patriarche » et « par M. Diego » ; le revers légendé « Association des Corses de Madagascar » ; Au bas : « Libération / 4 oct. × 1943 »

D. : 38 mm

Poids : 42 g

1 000 - 1 500 €

★ 172

GAULLE Charles de.

La France et son armée. Paris, Librairie Plon et éditions Berger-Levrault, 1945.

★ 171

[MAILLES Jacques de].

Histoire du chevalier Bayard […] et plusieurs choses mémorables advenues en France, Italie, Espagne, & és Pays bas. Paris, Abraham Pacard, 1619.

Pet. in-4 (25,5 × 18,5 cm), cartonnage d’attente bradel papier caillouté, dos muet, tranches rognées (reliure du début du XIXe s.).

Portrait, [9] ff., 468 p. , [8] ff.

Seconde édition publiée trois ans après la première. Elle est annotée et modernisée par Théodore Godefroy.

Portrait du chevalier Bayard gravé sur cuivre hors texte.

Exemplaire en grand papier offert au général de Gaulle et portant cet envoi : « Le livre est présenté en hommage au Général de Gaulle par des Anglais reconnaissant en lui le Loyal Serviteur de la France éternelle, le onze février MCMXLIII. »

Ex-libris manuscrit Nicolas Godefroy Kraenner sur la première garde blanche, initiales P. G. sur le feuillet de titre.

Note manuscrite volante, en anglais, sur le chevalier Bayard et l’ouvrage.

Reliure un peu frottée, plus particulièrement les mors et le dos, lanières de coutures cassées après le f. de titre, mais corps d’ouvrage solide et solidaire.

Bibliographie : Brunet, III, 183.

500 - 600 €

In-4 (27,2 × 19,9 cm), demi-toile rouille, auteur et titre dorés au dos, tête rognée, premier plat de couverture conservé.

Première édition illustrée, comportant de nombreuses planches de documents reproduits en héliogravure, parfois recto-verso. La première édition, parue en 1938, n’était pas illustrée. Bel exemplaire malgré le papier uniformément et légèrement bruni.

On joint :

– GAULLE général Charles de. Appels et discours du général de Gaulle. 1940-1944. [Paris], s. n., août 1944.

Pet. in-12 carré (13,2 × 10,2 cm), reliure amateur toile bordeaux, pièce de titre de maroquin bordeaux sur le plat supérieur.

« Troisième édition publiée en France sous l’Occupation allemande ».

– LA SAINT-CYRIENNE. Société Amicale de Secours des Élèves et anciens Élèves de Saint-Cyr. Les promotions de Saint-Cyr de 1818 à 1912, 1er Bataillon de France.

In-8 (20,5 × 13 cm) demi-chagrin marron, dos lisse.

Fac-similé de la couverture collé sur le premier plat. Les XXXXII et 66 premières pages sont également en fac-similé.

Charles de Gaule (sic) apparaît aux pages 556, pour la promotion 1909-12, et 637 pour la table.

Réunion de 3 ouvrages.

200 - 300 €

« Il faut que la guerre se termine au plus tard dans le courant de l’année prochaine car la France s’épuise. »

Le 26 octobre 1943

GAULLE Charles de.

3 L. A. S., Alger, 27 août, 26 octobre, et 20 décembre 1943, à son fils Philippe de Gaulle (enseigne de vaisseau) ; 2 pages in-8 chaque à en-tête Le Général de Gaulle.

Lettres d’Alger à son fils, où il entrevoit la fin de la guerre.

27 août. « Tout en comprenant fort bien ton désir d’entrer dans l’aviation – navale en outre, – je pense que ce n’est pas le moment. En effet, la guerre va se précipiter, et suivant toute apparence, la fin est en vue maintenant, pour l’année prochaine peut-être. Tu regretterais beaucoup de ne pas être en mesure de participer aux actions finales qui nous mèneront en France d’abord, en Allemagne ensuite. Or c’est ce qui t’arriverait si tu entreprenais maintenant une instruction d’aviation (il y en a pour plus d’un an, sans compter des délais de transport aux écoles, etc.). Par contre, il peut être intéressant pour toi de poursuivre ton métier sur d’autres navires que des vedettes. Je vais m’occuper de cela. Ici, les marins vont cahin-caha »…

26 octobre. « Je te félicite de l’embarquement qui t’est attribué. Le Commandant Querville est un chef éminent et la frégate neuve [La Découverte] à bord de laquelle tu vas servir est un navire intéressant et de première utilité. Ici les choses vont mieux chaque jour. Il faut que la guerre se termine au plus tard dans le courant de l’année prochaine car

la France s’épuise. Si tu passais dans l’aviation tu ne serais pas, je crois, présent au dernier combat »…

20 décembre. « Je sais que la frégate à bord de laquelle tu sers est un beau, bon et brave navire, un navire moderne aussi. Je vois aussi que tu as une tâche très importante et une responsabilité étendue. De tout cela je te félicite de tout mon cœur. Ma pensée te suit dans les missions atlantiques ou arctiques qui vont t’incomber. Que Dieu te garde ! Toutes les difficultés que beaucoup d’étrangers, convaincus d’être très malins, accumulent sans relâche sous mes pas ne nous empêchent pas de nous redresser de plus en plus vigoureusement. Il sera fâcheux pour eux que nous nous soyons relevés sans eux. Mais le résultat final est certain »…

LNC, II, p. 386, 413 et 433.

3 000 - 4 000 €

TRAVAIL SUISSE

No. 242802

Montre de gousset savonnette en or jaune 18k (750) offerte par le Bey de Tunis au général de Gaulle

Boîtier rond sur charnière, cuvette en or avec mentions techniques et numérotation, l’ensemble recto et verso gravé avec des motifs feuillagés et stylisés, inscription « Muhammad Al Amin Pasha 1298 » au dos et mention manuscrite « En souvenir au Général De Gaulle Tunis 7 Mai 1944 » gravée à l’intérieur du couvercle.

Cadran émail blanc avec chiffres romains, aiguilles stylisées, minuterie chemin de fer et petite trotteuse, signé.

Mouvement mécanique avec remontage à couronne (prévoir une révision complète).

D. : 60 mm

Poids brut : 136 g

Par tradition familiale, cette montre aurait été offerte par le Bey de Tunis au Général de Gaulle le 7 mai 1944 pour célébrer le premier anniversaire de la libération de la ville de Tunis. Cette pièce de fabrication suisse, vers la fin du XIXe siècle, est typique des montres suisses produites spécialement pour le marché de l’empire Ottoman et porte l’inscription « Muhammad Al Amin Pasha 1298 » au dos.

La calligraphie correspond à celle des Sultans de l’empire Ottoman, la date de 1298 correspond à celle du Sultan Abdülhamid II, en revanche ce Thugra ne correspond pas à celui d’un Sultan, mais peut-être à celui d’un Pacha local en Tunisie à la fin du XIXe siècle, car la Tunisie faisait alors partie de l’empire Ottoman.

Le titre de « Bey », remonte à l’époque de l’empire Ottoman (1299-1923), et pourrait être traduit aujourd’hui comme « Préfet de la région ».

Grand amateur de montres, le Bey de Tunis offrit également au général de Gaulle une montre-bracelet avec cadran émaillé cloisonné à son effigie. Cette montre, sur laquelle il apparaît en tenue d’apparat, est aujourd’hui conservée au Patek Philippe Museum (Inv. P-841).

4 000 - 8 000 €

175

LE BAUBE Claude. (1919-2007)

Torpilleur « La Combattante »

Aquarelle et gouache

Signée « Claude Le Baube » en bas à gauche et légendé « Torpilleur La Combattante Ayant à son bord le Général de Gaulle arrivé le [illisble] des côtes Normandes »

37,5 × 57,5 cm

(Petites taches, insolation)

Provenance :

- L’amiral Philippe de Gaulle (1921-2024)

- Puis par descendance

Commentaire :

Le navire La Combattante est un torpilleur anglais offert aux Forces navales françaises libres en 1942. Il participe au débarquement du 6 juin 1944 en bombardant les forces allemandes du secteur de Courseullessur-Mer. Le 14 juin 1944, La Combattante débarque le général de Gaulle sur la terre de France. Il sombre le 23 février 1945, au large des côtes anglaises, après avoir touché une mine sous-marine.

300 - 600 €

« Tout

va très bien. Hier, manifestation inouïe. Cela s’est terminé à Notre-Dame par une sorte de fusillade qui n’était qu’une tartarinade. »

— Le 27 août 1944, au lendemain de la Libération de Paris

GAULLE Charles de.

2 L. A. S. « Charles » et « C. », Paris, 27 et 31 août 1944, à sa femme Yvonne de Gaulle (à Alger) ; 2 pages in-8 et 2 pages in-4 à en-tête Le Général de Gaulle. Au lendemain de la Libération de Paris.

27 août. « Ma chère petite femme chérie, J’ai vu Philippe qui va parfaitement et s’est très bien battu et se bat encore. Tout va très bien. Hier, manifestation inouïe. Cela s’est terminé à NotreDame par une sorte de fusillade qui n’était qu’une tartarinade. Il y a ici beaucoup de gens armés qui, échauffés par les combats précédents, tirent vers les toits à tout propos. Le premier coup de feu déclenche une pétarade générale aux moineaux. Cela ne durera pas. Je suis au ministère de la Guerre, Rue St Dominique. Mais c’est provisoire. Quand tu viendras, nous prendrons un hôtel avec jardin du côté du Bois de Boulogne pour habiter et j’aurai mes bureaux ailleurs »…

31 août. « Les choses continuent à s’arranger ici d’une manière satisfaisante. Naturellement, certains éléments ont essayé de tirer parti de la confusion inévitable du début, et au besoin de la créer, pour tirer à eux la couverture. Mais cela ne peut et ne pouvait avoir grande portée, car l’esprit public est magnifique et tout à fait orienté comme il faut. Philippe est venu dîner avec moi hier soir, puis il a regagné son régiment

qui est au Bourget après avoir contribué à le prendre. Ils sont maintenant au repos et l’ont bien mérité. Leurs combats à Alençon, puis à Argentan, puis au Sud de Paris (Antony – Porte d’Orléans) pour entrer dans la ville, puis dans Paris (École Militaire, Palais-Bourbon, Rue Royale, Luxembourg, Gares du Nord et de l’Est) où l’ennemi était retranché ont été durs. Après ce n’était pas fini car il leur fallut reprendre St Denis, Le Bourget, Stains, etc. Philippe s’est parfaitement bien conduit. Nous pouvons en être fiers »…

LNC, II, p. 554 et 556.

On joint une L. A. S. d’Yvonne de Gaulle, [Alger] 14 octobre [1944], au capitaine Boissière à Londres (1 p. et demie in-8), le priant de trouver « une paire de bottes réclamée par mon fils. Ici c’est introuvable » … (et lettre de B. Lorin de Reure transmettantcette lettre à Philippe de Gaulle en 1981).

4 000 - 5 000 €

177 FRANCE

MÉDAILLE MILITAIRE

Médaille Militaire modèle de la IIIe République, offerte à Charles de Gaulle en 1944

En métal argenté, doré et émail bleu ciel. Ruban. Avec barrette de port et rappel de décoration. 45 × 27 cm

On joint l’enveloppe d’envoi adressée au général de Gaulle à deux adresses (une barrée : Ministère de la Guerre, boulevard St Germain 231, Quai Branly Paris VII et Colombey les 2 églises) ainsi qu’une enveloppe de la main de Philippe de Gaulle annotée « Médaille militaire envoyée à mon père peu après la libération de Paris 1944. »

Cette médaille militaire, marque d’honneur extrêmement rare quand elle est attribuée à un officier général, aurait été vigoureusement refusée par l’intéressé.

On retrouve effectivement trace d’une volonté de décorer le général de Gaulle de la médaille militaire le 8 mai 1945, ce que ce dernier aurait refusé.

On ne connaît pas les raisons de ce refus, toutefois plusieurs faits peuvent l’expliquer : la grande sobriété du général (que l’on retrouve également dans le domaine de la phaléristique) ; on peut également supposer que la mise en accusation à la même époque du plus important médaillé militaire, le maréchal Pétain (qui n’apparaîtra à la barre qu’avec cette seule décoration), ait expliqué ce choix.

400 - 600 €

178

FRANCE LIBRE

Écrin de deux médailles offertes par la 5e division blindée au général de Gaulle

Recouvert de cuir rouge marqué à l’or « Au Général de Gaulle / Libérateur de la Patrie / La 5e D.B. »

Intérieur du couvercle en soie ivoire marqué à l’or « CETTE MEDAILLE A ÉTÉ OFFERTE AUX FAMILLES DES 1160 MORTS DE LA 5e D.B. TOMBES POUR QUE LA FRANCE VIVE. GÉNÉRAL DE VERNEJOUL »

Il contient deux médailles rondes en argent par Rivaud.

Une des deux médailles attribuée au revers « AU GÉNÉRAL DE GAULLE »

Chaque médaille : 35 mm.- Poids net : 22 g Poinçons d’argent de la Monnaie.

Écrin : 15 × 8,5 cm.

B.E.

Biographie :

Henri de Vernejoul (1889-1969). Pendant la Seconde Guerre mondiale, il commande la 5e division blindée (5e DB) lors de la Libération de la France et de l’Alsace en 1944-1945.

600 - 800 €

179

FÉDÉRATION NATIONALE DES COMBATTANTS VOLONTAIRES

DES GUERRES 1914-1918 & 1939-1945

Insigne de la Fédération offert au général de Gaulle

En or. Poinçon tête d’aigle.

D. : 20 mm

Poids brut : 7,3 g.

Dans son écrin bleu de la Maison G. Mahieux marqué à l’or « Fédération Nationale des Combattants Volontaires des Guerres 1914-1918 & 1939-1945 »

B.E. Vers 1944-1945

La dénomination de l’association sur l’écrin permet de dater la remise de cet insigne au général avant septembre 1945 date à laquelle l’association devient la « Fédération Nationale des Combattants Volontaires des guerres 14-18, 39-45 et des Forces de la Résistance. »

600 - 800 €

180

FRANCE

ORDRE DE LA LIBÉRATION

Rare étui-reliure contenant l’annuaire des compagnons de la Libération offert au général Charles de Gaulle par le Conseil de l’Ordre de la Libération le 29 janvier 1945 Travail de la Maison Cartier à Londres

En argent orné sur le premier plat d’un insigne de compagnon de l’Ordre de la Libération en vermeil émaillé. Dos à nerfs.

Ouvert, il est gravé à l’intérieur de la devise de l’ordre « PATRIAM SERVANDO VICTORIAM TULIT » et de la dédicace : « Au Général de Gaulle / Fondateur de l’Ordre de la Libération / Hommage de respectueuse fidélité de ses Compagnons / 29 janvier 1941- 29 janvier 1945 / Au nom du Conseil / Le Chancelier / Signé : G d’Argenlieu »

Travail anglais. Poinçons de titre pour Londres 1944. Poinçon d’orfèvre « J.C » de la branche londonienne de la Maison Cartier. 24 × 16 cm. Poids brut : 1073 g.

Il contient :

- un annuaire des compagnons de la Libération de 36 pages, orné sur la couverture de l’insigne de l’ordre et fac similé de la lettre du chancelier d’Argenlieu au général en date du 29 janvier 1944 ; - d’un livret de 14 pages avec les compagnons de la Libération de l’année 1944 ; - d’un livret de 35 pages avec les compagnons de la Libération de l’année 1945 ; - d’un « Addenda – corrigenda » de 2 pages ; - d’une note à en-tête « LE GÉNÉRAL DE GAULLE » avec annotation manuscrite

« À la date du 20 février 1946 il existe 1012 compagnons de la Libération dont 219 à titre posthume. »

Lors de la réunion du conseil de l’Ordre de la Libération du 29 janvier 1945, commémorant les quatre ans de l’organisation de l’ordre (l’ordre ayant été créé « stricto sensu » le 16 novembre 1940), présidée par le général de Gaulle en personne, cette reliure lui est offerte à titre personnel.

De cette réunion ressortiront quelques considérations du général sur l’ordre, notamment qu’il envisageait un nombre idéal de « compagnons » entre 2 000 et 3 000 et que le siège soit fixé rue François Ier

La réalisation de cet étui écrin par la branche londonienne de la Maison Cartier ne doit rien au hasard : si les croix de compagnons furent réalisées par la Maison Pinches, la maquette fut exécutée par la succursale londonienne du joaillier Cartier, à partir des dessins du capitaine des Forces françaises libres Tony Mella.

Le directeur de la succursale londonienne est Alfred Etienne Bellenger qui, avec son épouse Madeleine, sont des soutiens des premiers heures de la France libre à Londres et des amis personnels du général.

8 000 - 12 000 €

Le général de Gaulle, accompagné de Leclerc et Koenig, le 26 août 1944, s’apprêtant à descendre les Champs-Élysées.

182

Le général de Gaulle portant ses insignes dans son bureau londonien.

181

ORDRE DE LA CROIX DE LORRAINE

Plaque de chevalier du général Charles de Gaulle

En bronze argenté émaillé, le revers à épingle et crochet.

78 × 53 mm

Dans un écrin

Avec son brevet à en-tête imprimée « Chevaliers de la Croix de Lorraine et Compagnons de la Résistance » et annotations manuscrites :

« Offrent à Monsieur le Général de Gaulle 1er résistant de France l’insigne des chevaliers en hommage très respectueux au Libérateur de la Patrie, avec leur filial dévouement. A. Cohen Bougerolle. Président. 24/8/1946 »

T. T. B.

L’ordre de la Croix de Lorraine est un ordre associatif présidé par Albert Bougerolle inspecteur général du Corps des volontaires Lazaristes pour la zone Sud. Ce Corps de volontaires (reprenant l’esprit de l’Ordre des hospitaliers de Saint-Lazare de Jérusalem) se distingue pendant la guerre pour l’assistance qu’il porte aux blessés.

800 - 1 000 €

INSIGNE DE LA FRANCE LIBRE AYANT APPARTENU AU GÉNÉRAL CHARLES DE GAULLE

En laiton, émaillé à la croix de Lorraine, sans inscription « France libre », le revers avec inscription verticale « REGd n° 83830 » ; B.E. 34 × 16 mm

Avec papier de provenance « Croix de Lorraine. Insigne ayant appartenu et porté par le Général de Gaulle. Lui seul portait cet insigne qui m’a été offert par Mme de Gaulle. »

On peut voir ce modèle d’insigne, sans mention « FRANCE LIBRE », sur le portrait du général de Gaulle à Edimbourg (Écosse) en 1942 ainsi que sur la photographie du général devant le micro de la BBC servant à illustrer l’appel du 18 juin 1940.

Provenance : Famille de Gaulle

600 - 800 €

183

ENSEMBLE DE CINQ SOUVENIRS AYANT APPARTENUS AU GÉNÉRAL DE GAULLE

Comprenant :

- Insigne des forces navales de la France libre (FNFL) de petit module, en laiton émaillé, le revers avec attache marqué horizontalement « REG 83830 »

H. : 32 cm

T.T.B.

- Barrette de rappel de la médaille des services volontaires de la France libre, émaillée ;

- Porte-écu en laiton ;

- Petite Jeanne d’Arc commémorative en étain

H. : 4 cm.

- Petit Opinel « 1er choix la main couronnée » Manche en bois marqué L. (ouvert) : 9,5 cm

800 - 1 200 €

185

JUIN Alphonse (1888-1967).

L. A. S., Paris, 4 février 1946, au général de Gaulle ; 3 pages et demie in-4 à son en-tête Le Général Juin

Tableau alarmant de l’état de la France après le départ de de Gaulle du pouvoir. « Il y avait sous ton règne une volonté unique à laquelle tout se raccrochait et qui entraînait l’ensemble du Jeu. Elle a fait place, en disparaissant, à des volontés larvaires qui s’opposent par endroits et s’efforcent à trouver une composante. C’est une bonne fortune pour elle que le “trou financier” se soit découvert fort à propos pour leur tendre un programme et leur donner une première raison de s’exercer. Il n’est donc actuellement question que de finances c’est-à-dire de restrictions et naturellement la défense nationale en prend un sérieux coup ». Juin indique les coupes importantes faites dans le budget de la Défense. Puis il expose la situation inquiétante en Indochine et en Afrique du Nord… Et il conclut : « Nous sommes en plein Directoire au temps de sa mauvaise passe avec des caisses vides et l’ennemi aux frontières. Ça ne peut finir que comme tu penses. En attendant tire des lapins et des sangliers et refais tes forces. Tu n’as pas mieux à faire »…

700 - 800 €

184

COOPER Alfred Duff (1890-1954).

L. A. S., Paris, 23 janvier 1946, au général de Gaulle ; 2 pages petit in-4 à en-tête British Embassy, Paris ; en français.

Intéressante lettre après la démission du Général, dont il espère le retour au pouvoir.

Duff CoopeR, ancien ministre de l’information du cabinet de Churchill pendant la guerre, où il fut chargé de faire la liaison entre le gouvernement britannique et les Forces Françaises Libres ; il fut ensuite ambassadeur du Royaume-Uni en France de 1944 à 1947.

Il évoque le « soudain départ » du Général (qui démissionne de sa fonction de Président du gouvernement provisoire le 21 janvier 1946) qu’il n’a pu saluer. « Nous avons été associés si longtemps – je me souviens de votre première visite au Ministère de l’Information à Londres en juin 1940 »… Il veut lui dire, « à titre personnel, combien je suis triste de la décision que vous avez prise » ; et il espère qu’ils se rencontreront « de nouveau avant longtemps ».

« La politique est une prison dont il est difficile de s’évader. Ceux qui parviennent à le faire sont presque toujours, après un court intervalle de liberté, recapturés et reconduits à la servitude.

Depuis 1940 j’ai eu la conviction constante que l’avenir de la France était entre vos mains. C’est un point de vue que j’ai maintenu même, parfois, contre l’avis de certains de mes compatriotes. Pendant ces deux dernières années j’ai eu pour but constant d’améliorer encore et de resserrer les liens entre nos deux pays. Je regrette de n’avoir pas eu plus de succès. Je continuerai à travailler dans le même sens et j’espère que le temps viendra où de nouveau nous travaillerons ensemble pour la même cause »…

600 - 800 €

186

KOENIG Pierre (1898-1970).

L. A. S., [mars 1946 ?], au général de Gaulle ; 4 pages in-4 à en-tête Le Général Koenig.

Problématiques liées à l’ordre de la Libération et de la Résistance

Au Général qui vient de quitter ses fonctions politiques, son fidèle compagnon évoque « quelques vétilles » à propos de la croix de Libération de deux ministres ; « un projet d’une fourragère aux couleurs de la croix de la Libération » (sur ce point il ajoute que : « L’idée est excellente et a séduit le conseil de l’ordre. ») ; dans un troisième point il soulève les « difficultés de logement du Conseil de l’ordre de la Libération et [les] difficultés financières de la médaille de la Résistance » ; dans un quatrième point, il pose la question de sa présence à une manifestation à Bordeaux ; enfin, dans un cinquième point, il souhaite trouver un moment pour venir voir le général : « j’aurais été tellement heureux d’être reçu par vous. »

300 - 400 €

187

BERNANOS Georges (1888-1948).

L. A. S., Bandol, 6 avril 1946, au général de Gaulle ; 2 pages in-4.

Importante lettre sur son refus de la Légion d’honneur, avec un bel hommage au Général.

Bernanos a reçu « une lettre de la Grande Chancellerie de la Légion d’Honneur » qui lui apprend que c’est le général qui a bien voulu signer le décret de sa nomination : « L’honneur aujourd’hui, pour un français, n’est pas de recevoir la Légion d’honneur, c’est de la recevoir de votre main. »

Toutefois, il vient demander au général « la permission de persister dans [son] refus. » Il précise qu’il ne s’agit pas du premier (déjà en 1926, en 1937 et en 1940) : « J’arrive à l’âge où un écrivain doit éviter jusqu’au moindre soupçon d’équivoque. Il en est pour moi de la Légion d’honneur comme de l’Académie, que je viens de refuser aussi. Je ne me permets nullement de les dédaigner, je ne crois pas leur convenir, et je ne crois pas qu’elles me conviennent. » À cet égard, il a « toujours pensé, d’ailleurs, que la Légion d’honneur devait être réservée aux militaires. » Il poursuit : « J’aurais été trop heureux de la gagner au combat, comme ma modeste croix de l’autre guerre, et sous votre commandement, c’est-à-dire sous le commandement de celui qui sera sans doute le dernier grand soldat de l’Histoire de France. À moins que… Mais on ne parle pas de l’avenir à qui l’a peut-être entre les mains »…

En tête, de Gaulle a noté : « J’ai répondu C. G. »

On joint la photocopie de la réponse du général de Gaulle : « J’espère que vous retiendrez de mon intention ce qu’elle contenait essentiellement, je veux dire l’hommage public et le mien à votre personne et à vos “services”. Cela admis, – si vous voulez bien – je m’incline devant votre refus »…

800 - 1 000 €

© DR
Lors du discours de Bayeux, le 16 juin 1946, exposant son projet politique.

CinquièmeL’attentepartie.

Lots 188 à 315

« Peu de gens comprennent que la France est, avant tout, une idée et que l’amour de cette idée n’est point souriante comme un amour de Boucher.  »

— Henry Bernstein au Général, le 19 mars 1948

188

JEAN XXIII Angelo Giuseppe RONCALLI, futur (1881-1963).

L. A. S., Paris, 21 avril 1946, au général de Gaulle ; 2 pages et demie in-4 à en-tête Nonciature Apostolique en France et aux armes du Vatican ; en français.

Avec L. A. S. (minute) de réponse du général de Gaulle, 7 mai 1946 ; 2 pages in-4 à en-tête Le Général de Gaulle.

Bel échange illustrant les liens précoces entre le nonce Angelo Roncalli, futur Jean XXIII et le général de Gaulle.

« Permettez-moi qu’à la lumière de la Résurrection du Christ, je vienne frapper à votre solitude, et à vous dire que je n’oublie pas, ni votre personne, ni les grands services par elle rendus à la patrie Française, ni la haute signification de votre silence ». Il lui exprime, à l’occasion du « jubilé nuptial » du général, ses souhaits et ses vœux, qu’il adresse également à « toutes les bonnes familles – aussi bien les riches que les pauvres – de cette terre de France toujours si vivante et si chrétienne »…

L. A. S. (minute) de réponse du général de Gaulle, le 7 mai 1946, remerciant le nonce de ses souhaits du jour de Pâques… « Je ne serais pas surpris que les jours que nous traversons marquent une étape importante dans le redressement de notre Europe, si essentielle à la Chrétienté. […] Puisse ce redressement se poursuivre, malgré tant de germes mauvais jetés dans nos pauvres peuples déchirés par la crise terrible dont nous sortons. Un tel souhait répond, n’est-il pas vrai ? au désir de Notre Saint-Père le Pape, dont je suis l’action avec un extrême et filial intérêt. »

LNC, II, p. 794.

On joint une carte de visite de Mgr Achille Ratti, Archevêque de Lépante, Nonce Apostolique, (le futur Pie XI), avec note autographe au crayon « M. le Comm. De Gaulle ».

2 000 - 2 500 €

189

VANIER Georges (1888-1967).

L. A. S., 8 mai 1946, au général de Gaulle ; 1 page pet. in-4 à en-tête de l’Ambassade du Canada

Georges VanieR, général de division et diplomate, est envoyé à Londres par le gouvernement canadien en 1942 comme ministre plénipotentiaire auprès des gouvernements en exil, et notamment auprès de la France libre. Il sera nommé ambassadeur du Canada en France de la Libération jusqu’en 1953. En 1959, il devient le premier Québécois à être nommé gouverneur général du Canada.

Dans cette lettre personnelle, Georges Vanier rend hommage au Général : « Grâce à vous, la France fut présente à la Victoire – aujourd’hui tous ceux qui l’aiment pensent à vous. Vous fûtes l’artisan de cette participation qui sauva l’honneur de la Patrie, qui rendra à la Nation Française son rôle séculaire de défenseur des libertés humaines. Je vous adresse mes vœux les meilleurs et l’expression de ma vive admiration. » […]

En tête, de Gaulle a noté : « J’ai répondu C. G. »

300 - 400 €

190

BERNSTEIN Henry (1876-1953).

4 L. A. S. et 8 L. S., 1946-1951, au général de Gaulle ; 22 pages in-4 et in-8 divers, 4 à en-tête Théâtre des Ambassadeurs, Henry Bernstein ; 10 avec apostille autographe de de Gaulle, plus 2 minutes de réponses du Général en partie autographes.

Très riche ensemble s’étendant sur plusieurs années et témoignant de la fidélité du dramaturge au général de Gaulle.

Henry Bernstein, exilé aux États-Unis durant l’Occupation, avait écrit Portrait d’un défaitiste, brocardant le maréchal Pétain, et avait été déchu de sa nationalité française par le gouvernement de Vichy en 1941.

30 septembre 1946. Bernstein dit sa vive admiration pour le Général, qui a quitté le pouvoir : « Votre discours d’Épinal s’incorpore déjà à l’Histoire de France. Comme toutes vos grandes paroles, c’est un acte – et lourd de destinée. La page est superbe : toutes les réponses s’y enchaînent, éclatantes de vérité, en un raccourci de grand style »… Il dénonce « les partis » et tous ceux qui « n’ont rien tiré de votre leçon d’énergie sublime, de votre exemple, quoiqu’ils vous aient chanté. Le désastre ne leur a rien appris – ni la Résistance, ni la Libération ! 1937 est revenu »… En tête, de Gaulle a noté : « Je lui ai envoyé un mot ». – 19 février 1947 : « Avant de quitter Paris pour trois mois laissez-moi vous dire que je vous suis aujourd’hui plus attaché même qu’aux grands jours, aux jours d’angoisse et d’ardeur de Londres, d’Alger, de Normandie… Qu’il était exaltant ce temps terrible, à côté surtout de celui que nous vivons, si sordide qu’il cesse, on ne sait comment, d’être effrayant. »… En tête, de Gaulle a noté : « J’ai répondu »

22 février 1948. Bernstein indique avoir écrit « une lettre qui a paru à la page éditoriale de la section politique du New-York Times […] sous ce titre choisi par la rédaction du journal : France and de Gaulle ». Il estime « que cet article a été lu et commenté à Washington et à New York et qu’il n’aura pas été tout à fait inutile ». En tête de la lettre, de Gaulle a noté : «  Moi ». Une note dactylographiée présente l’article (non joint). – 19 mars, le dramaturge évoque un discours prononcé par le Général à Compiègne qui l’a « pris par surprise » et estime qu’il est « le plus beau » qu’il ait prononcé : « votre parole sérieuse et raisonnable demandait le cœur. » Il poursuit, admiratif : « Rien ne vous décourage de la France. Vous la protégez, la portez et la projetez bien au-delà des Français. » Il poursuit, toujours féroce avec les détracteurs du Général : « il y a un sentiment autrement viril et désintéressé dans votre humanisme que dans leur ridicule impatience de retrouver le plus tôt possible ce qui est à jamais perdu. » Il termine : « Peu de gens comprennent que la France est, avant tout, une idée et que l’amour de cette idée n’est point souriante comme un amour de Boucher. » De Gaulle a noté : « J’ai répondu C. G. »

– 9 novembre. « Une lueur d’espérance s’insinue dans le cauchemar. Si la France ne se donne pas au printemps un Gouvernement, enfin – en d’autres termes, si vous ne devenez pas le Chef de l’État, je me sens incapable d’imaginer ce que sera un an plus tard le sort de notre pays. Je demeure plein de surprise devant les personnes qui ne partagent pas mon anxiété et ne se soucient point de notre politique. Sur quoi, mon Dieu, peuvent-elles compter ? Je n’ai jamais oublié ce que vous m’avez dit à Blair House en 1945 sur l’affaissement intellectuel d’un certain nombre de nos concitoyens »… De Gaulle a noté : « Moi ». – 17 décembre, éloge du discours du Vel d’Hiv prononcé par le Général : « C’était dans le même temps aristocratique et populaire et plein d’humour. » De Gaulle a noté : « Moi ».

17 mars 1949. Il remercie le Général de lui avoir fait « le grand honneur de vouloir [qu’il] fasse partie du Conseil National. » Il évoque également une cabale entreprise par certains journaux à son encontre, et notamment de certaines revues « gaullistes » ce qui le surprend. En tête, de Gaulle a noté : « moi. M. Pompidou ».

1er janvier 1950, vœux malgré de sombres perspectives pour l’Europe occidentale… « Mon Général, je garde pour vous la même amitié profonde, la même gratitude. J’ai aimé les femmes avec persévérance, mais votre nom me représente la grande aventure passionnelle de ma longue vie. […] Une destinée, c’est quelque chose de très monotone et généralement d’ennuyeux, et l’on n’oublie pas l’être à qui l’on doit quelques années de pulsations accélérées, de rêve, d’intensité. De surcroît, vous m’avez toujours témoigné une sympathie particulière dont je demeure profondément touché »… De Gaulle a noté : « Moi ». Dans les lettres de 1951, Bernstein renouvelle une fois de plus son admiration pour le Général, malgré le temps qui passe et l’avènement national du général toujours repoussé. Il se remémore un entretien à Marly au début de 1946 et des paroles chargées « de visions » et « de sens » sur l’avenir du général. Il affirme ailleurs : « Vos discours sont des actes »…

Deux réponses du général de Gaulle, en partie autographes sur texte dactylographié (1 p. in-4 chaque à en-tête Le Général de Gaulle). –12 octobre 1948, il dit avoir « été très sensible à la lettre » écrite « à l’occasion des récentes élections » ; il aura « grand plaisir à vous voir ». – 12 avril 1949. Il remercie Bernstein de sa fidélité : « Vous êtes un homme de combat »…

800 - 1 000 €

191

CHABAN-DELMAS Jacques (1915-2000).

2 L. A. S., La Ligerie et Paris, 25 septembre et 15 novembre 1946, au général de Gaulle ; 1 page in-4 à en-tête de La Ligerie, et 4 pages pet. in-8.

Le château de la Ligerie, en Dordogne, avait été acheté par Henri de Gaulle en 1900 pour en faire une résidence de vacances. Il fut revendu en 1920 puis racheté en 1940 par l’ébéniste Maurice Legendre, beau-père de Jacques Chaban-Delmas.

25 septembre. Chaban-Delmas évoque la Ligerie et le voyage de ses parents en Lorraine qui ont déposé à l’attention du Général des produits du domaine à Colombey : « L’eau de vie de cerises provient de trois arbres que vous avez certainement connus ». Il évoque ensuite, comme en pendant, La Boisserie et le « souvenir trop précis » qu’il en garde.

15 novembre. Après avoir mené « une campagne électorale [qu’il s’est] efforcé de maintenir sur un plan aussi élevé que possible », il se défend d’une rumeur, venant notamment de Georges Bidault, l’accusant d’avoir divulgué des « confidences » que le général lui aurait faites « au sujet du M. R. P. et de ses chefs »… Il affirme : « Quant aux “confidences” que vous avez bien voulu me faire, mon Général, vous savez que je les ai gardées pour moi selon la plus élémentaire correction »…

300 - 400 €

Depuis le XVIIIe siècle, la cristallerie Baccarat fait l’honneur de la France par la maîtrise de son savoir-faire. Une petite anecdote, reprise par l’amiral Philippe de Gaulle dans ses Mémoires y reste attachée : alors que la bataille d’Alsace fait rage, la 2e DB libère la ville de Baccarat le 31 octobre 1944 : « La célèbre cristallerie, qui a pu ainsi être épargnée, offre une scène digne du Pont de la rivière Kwai. Quand nous nous présentons pour visiter l’usine, le gardien nous en interdit fermement l’entrée : « Vous allez perturber la fabrication d’une collection de verres d’art commandée par le maréchal Goering », nous déclare-t-il sans rire. Ce service ira finalement au général Leclerc. »

COQ EN CRISTAL AYANT APPARTENU

AU GÉNÉRAL DE GAULLE

Travail de la Maison Baccarat

En cristal ; cachet sous la base

H. : 30,5 cm - l. : 43,5 cm - P. : 13,5 cm

400 - 600 €

Gaulle
© Bridgeman Images
Churchill et de Gaulle durant la Seconde Guerre mondiale.

193

CHURCHILL Winston (1874-1965).

L. S. avec 2 lignes autographes, Chartwell, Westerham (Kent), 1er novembre 1946, au général de Gaulle ; 2 pages petit in-4 à son adresse ; en anglais.

Inquiétudes à l’égard des forces armées soviétiques.

« I have received from various quarters disquieting information about the Soviet mobilized strength in the occupied territories of Europe. »
— Churchill à de Gaulle, le

1er novembre

1946

Dans cette lettre « privée et confidentielle », Churchill indique avoir reçu de divers côtés des informations inquiétantes sur la force mobilisée par les Soviétiques dans les territoires occupés d’Europe et sur l’immense disproportion qui existe entre les forces soviétiques et celles de leurs États satellites, d’une part, et celles des autres Alliés, d’autre part. « I have received from various quarters disquieting information about the Soviet mobilized strength in the occupied territories of Europe and of the immense disproportion which exists between the Soviet forces and those of their satellite states, on the one hand, and those of the other Allies, on the other hand. There is very little doubt in my mind that it is in the power of the Soviet armies to advance westward with considerable rapidity: This does not of course prejudge the question of whether they would wish to do so. »

Il a entendu dire que le Général était inquiet de la situation. Il lui propose une rencontre entre un ami de confiance et son gendre, Duncan Sandys, qui a été ministre et membre du Parlement sous son administration. Un échange de vues dans la plus stricte intimité pourrait être avantageux pour les deux pays. Toutefois, Churchill comprendrait parfaitement et ne serait nullement offensé si de Gaulle estime qu’un tel contact n’est pas souhaitable…

En tête de la lettre, Churchill a écrit de sa main : « My dear de Gaulle, », et ajouté avant de signer : « Yours sincerely ».

1 500 - 2 000 €

« What do you think about the danger of a Soviet advance westward to the sea? »

— Churchill à de Gaulle, le 26 novembre 1946

194

CHURCHILL Winston (1874-1965).

L. S. avec 2 lignes autographes, Chartwell, Westerham (Kent), 26 novembre 1946, au général de Gaulle ; 2 pages petit in-4 à son adresse ; en anglais.

Interrogations sur le danger soviétique et les États-Unis d’Europe.

Il lui a envoyé Duncan Sandys à Colombey, et souhaite connaître, pour sa propre gouverne, et en toute confidentialité, l’opinion du Général sur deux points :

– le danger d’une avancée soviétique vers l’ouest jusqu’à la mer ; il est évident qu’ils ont le pouvoir de le faire à tout moment ; mais la fin pourrait ne pas être aussi agréable que le début ; c’est en tout cas l’expérience d’Hitler et cela peut avoir un effet dissuasif. Churchill pense qu’il y a plus de deux millions de soldats soviétiques dans les territoires occupés d’Europe ou en réserve immédiate dans les régions de Leningrad et d’Odessa. Leur organisation, leur mobilité et leur efficacité ne peuvent être mesurées avec précision. « First, what do you think about the danger of a Soviet advance westward to the sea? It is evident that they have the power to do it at any time. On the other hand the end might not be so agreeable as the beginning. This was certainly Hitler’s experience and it may be a deterrent. Sandys will give you various information which I have received from Continental sources. My own view is that there are over two million Soviet troops in the occupied territories of Europe or in immediate reserve in the Leningrad and Odessa regions. Their exact organization, mobility and efficiency cannot be accurately measured. » – les États-Unis d’Europe. Il rappelle son discours de Zurich et se dit convaincu que si la France pouvait prendre l’Allemagne par la main et, avec la pleine coopération de l’Angleterre, la rallier à l’Ouest et à la civilisation européenne, ce serait en effet une victoire glorieuse qui réparerait tout ce que nous avons enduré et nous éviterait peut-être d’avoir à endurer encore beaucoup d’autres choses. « The second point is about the United States of Europe. You will have seen my speech at

Zürich and it is my conviction that if France could take Germany by the hand and, with full English cooperation, rally her to the west and to European civilization, this would indeed be a glorious victory and make amends for all we have gone through and perhaps save us having to go through a lot more. »

Il a suivi avec la plus grande attention l’évolution de la politique française. La principale caractéristique de l’actuel gouvernement Socialist-Labour en Angleterre est sa haine du communisme et des communistes. En cela, ils seront bien sûr soutenus par le parti conservateur…

En tête de la lettre, Churchill a écrit de sa main : « Private / My dear General de Gaulle, », et ajouté avant de signer : « Yours sincerely ».

2 000 - 2 500 €

« It is my conviction that if France could take Germany by the hand and, with full English cooperation, rally her to the west and to European civilization. »

Churchill à de Gaulle, le 26 novembre 1946

195

GAULLE Charles de.

L. A. S., 2 décembre 1946, à son fils l’enseigne de vaisseau Philippe de Gaulle (à Meknès) ; 2 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle, taches bleutées en tête du verso.

Félicitations du Général à son fils, jeune chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur.

« Toutes mes félicitations définitives pour ta Légion d’Honneur dont tu as été reconnu officiellement et réglementairement Chevalier. J’en éprouve, sois-en sûr, une grande fierté paternelle, d’autant plus que c’est par ton seul mérite et ton seul courage au feu que tu as gagné cette distinction. Ainsi en fut-il de ton Bon-Papa lors de la guerre de 70, de ton Père lors de celle de 14-18. Mais des trois tu auras été le plus jeune décoré… Tel est le destin d’une fière et noble famille française, – la nôtre, – destin très symbolique de celui de la France elle-même »…

LNC, II, p. 806.

1 000 - 1 500 € 196

« Tel est le destin d’une fière et noble famille française, – la nôtre, –destin très symbolique de celui de la France elle-même. »

— À son fils, le 2 décembre 1946

JEAN XXIII Angelo Giuseppe RONCALLI, futur (1881-1963).

L. A. S., Paris, 30 décembre 1946, au général de Gaulle ; 2 pages in-4 à en-tête Nonciature Apostolique en France et aux armes du Vatican ; en français.

Belle lettre de vœux.

« Mon Général, Nous vivons à distance : mais nos esprits se rencontrent bien souvent. Dans le deuxième anniversaire de mes premiers vœux présentés à votre personne, qu’il me soit permis de vous renouveler l’expression cordiale et chaleureuse de mes sentiments de grande estime et des meilleurs souhaits pour vous, et pour tout ce que votre nom contient de bonheur pour la France. Le bon Dieu vous garde, Lui qui donne aux siens force, succès et bénédiction »…

En tête, de Gaulle a noté : « J’ai répondu »

1 000 - 1 500 €

197

198

GAULLE Charles de.

L. A. (minute avec ratures et corrections), 24 février 1947, à Mme Xavier LanGlois ; 2 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

Belle lettre illustrant la piété du général et l’attention porté à l’entourage de ses anciens compagnons.

Xavier langlois, compagnon de la Libération, avait été tué le 23 novembre 1944 dans le Haut-Rhin. Sa veuve entre en religion.

Le Général s’adresse à Mme Langlois qui « prend le voile » : « Permettez-moi de vous dire, du plus profond de mon respect, combien j’admire et combien j’envie la vocation de renoncement humain que vous avez choisi d’écouter. Le sacrifice de votre mari, cher et brave officier de France, comment pourriez-vous le glorifier et le compléter mieux ? Le 19 mars prochain, ma pensée fervente se joindra à celles qu’il vous adressera depuis son séjour d’immortelle lumière. Et moi je remercierai Dieu de la leçon de si pure humilité que, de sa part, vous me donnez en même temps qu’à tous »…

LNC, II, p. 815.

700 - 800 €

197

JUIN Alphonse (1888-1967).

L. A. S., Paris, 31 décembre 1946, au général de Gaulle ; 4 pages in-8 à son en-tête Le Général Juin.

Belle lettre de vœux.

Vœux, avec l’expression de son fidèle attachement : « je pense depuis longtemps que tu es le meilleur de nous tous et le seul capable de nous sortir du bourbier si nous devons en sortir un jour. La situation internationale donne actuellement des signes de détente, mais nous n’en demeurons pas moins, intérieurement, sur la pente du gâchis. Je dirais mieux que nous y allons à grandes jambes. L’heure sonnera donc bientôt, mais il est à craindre qu’à ce moment les positions ne soient prises et mises de force contre le vœu du Pays par ceux qui sont restés dans leur foulée alors que la masse et singulièrement les bourgeois sont d’une incurable veulerie »…

Puis il évoque « le grave problème d’Indochine »…

En tête, de Gaulle a noté : « J’ai répondu. C. G. »

500 - 700 €

« Votre

fidèle et sale Gaulliste soldat Josephine Baker. »

— Josephine Baker à de Gaulle, le 8 juin 1947

199

BAKER Josephine (1906-1975).

L. S., Château des Milandes, 24 décembre 1957, au général de Gaulle à Colombey-les-Deux-Églises ; 2 pages in-8.

Sa nomination dans la Légion d’Honneur.

Elle est pleine de joie de sa nomination. « Étant donné que cette nomination m’a été faite au titre militaire c’est-à-dire pour la résistance je vais vous demander le grand honneur de me décorer vous-même le jour que cette cérémonie devra se passer. […] Je voudrais mettre mon uniforme de la F. F. L. pour l’occasion, est ce que ceci est permis généralement ? […] Ce sera un grand jour pour moi »… En tête, de Gaulle a écrit : « Moi – aimable et naturellement négatif ».

600 - 800 €

Josephine Baker, sous lieutenant de l’armée des F.F.L., à Alger en 1944.

200

BAKER Josephine (1906-1975).

L. A. S., Neuilly, Samedi 5 [mars] 1947, au général et à Mme de Gaulle ; 2 pages in-8 à en-tête Maison de chirurgie Ambroise Paré (une petite déchirure marginale, sans atteinte au texte).

Touchante lettre de Joséphine Baker hospitalisée dans le souvenir de la Résistance.

« General et Madame de Gaulle Comme je regret que vous été si loin car j’aurez tant voulu que vous me ferais un si grand honneur de venir pour la décoration de la Resistance je suis tellement heureuse que je ne tien plus au lit car je suie toujours au lit. Je vous embrasse bien fort comme je vous aime » Elle fait suivre sa signature: « Votre Joséphine Baker » d’une croix de Lorraine.

En tête, de Gaulle a noté : « J’ai répondu CG ».

600 - 800 €

201

BAKER Josephine (1906-1975).

L. A. S., Paris, Dimanche 8 juin [1947], au général de Gaulle ; 2 pages in-8 oblong à en-tête de l’Hôtel Claridge.

Elle va s’envoler pour l’Amérique du Sud, en pleine forme, sa santé étant revenue. « Inutile de vous dire que je foncerai pour mon grand Charles ». Elle avertit le Général des « efforts que font en ce moment le Gouvernement Américain pour libérer le Maréchal Pétain. Ne croyez-vous pas que ce serai un coup de maître de le libérer vous-même car votre geste abattrait toutes les barrières dressées entre les Français et qui font obstacles à vous en même temps, les Américains ne pourront pas exploiter plus tard le succès de ce qu’ils font pour Pétain »… Et elle signe : « votre fidèle et sale Gaulliste soldat Josephine Baker ».

600 - 800 €

BELGIQUE Charles de (1903-1983).

L. A. S., Bruxelles, 11 mars 1947, au général de Gaulle ; 3 pages in-8 à en-tête couronné du Palais de Bruxelles.

Charles de Belgique, régent du royaume de Belgique, remercie le général de Gaulle de sa lettre et de « ses souhaits de bienvenue si personnels et si spontanés ». Il lui adresse à son tous ses vœux les plus sincères « pour votre bonheur personnel et celui de votre pays » et poursuit : « Grâce aux efforts dont vous avez été le principal animateur, mon cher Général, la France a mérité de reprendre dans le monde et dans la famille européenne la place qui lui revient. Mon souhait est qu’elle y joue le rôle qu’elle seule, parmi les Nations Unies et avec elles, peut concevoir et mener à bien »…

On joint : – une carte de vœux autographe signée « Charles Prince Régent », janvier 1948, annotée par de Gaulle « J’ai répondu C.G. » ; – une carte signée et datée « Comte de Flandre 30 décembre 1950 », annotée par de Gaulle « Moi ».

400 - 500 €

« La France a mérité de reprendre dans le monde et dans la famille européenne la place qui lui revient. »

— Le prince Charles de Belgique au général de Gaulle, le 11 mars 1947

203

CHABAN-DELMAS Jacques (1915-2000).

3 L. A. S., 1947-1948, au général de Gaulle ; 4 pages in-8 ou in-4.

6 mai 1947, Chaban-Delmas propose au Général de venir loger à la Ligerie (ancienne propriété de la famille de Gaulle) qui lui « est ouverte en tout temps », et qui sera à sa disposition lors de sa venue à Bordeaux. « La précaution politique comporte, sans doute, qu’aucune publicité ne soit faite sur votre venue, en raison de ma qualité actuelle ; mais il serait, sans doute, aisé d’observer une discrétion sérieuse, surtout si votre pinçage se produisait après les cérémonies, c’est-à-dire à un moment où vous échapperiez normalement aux divers cortèges »… En tête, de Gaulle a noté : « J’y ai été. Inutile de répondre. C G ».

[Juin 1947]. Il regrette de ne pouvoir se rendre à Lille dimanche (pour une réunion du R. P. F.) à cause d’un congrès du parti-radical auquel « il est bon [qu’il] assiste ».

15 janvier 1948. Vœux. « Votre déplacement à Saint-Étienne et le séjour prolongé à Bordeaux que m’ont valu mes nouvelles fonctions, ne m’ont pas permis de demander à être reçu par vous »…

300 - 400 €

« Jean Moulin, votre héroïque frère, était par excellence, mon bon compagnon et mon ami. »

— Le Général à Laure Moulin, le 8 avril 1947

204

GAULLE Charles de.

L. A. (minute), 8 avril 1947, à Laure Moulin ; 2 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

Brouillon très raturé et corrigé à la sœur de Jean Moulin.

« Votre lettre m’a vivement touché. Jean Moulin, votre héroïque frère, était par excellence, mon bon compagnon et mon ami. C’est parce que nous avions l’un et l’autre et en toute connaissance de cause une confiance entière que je l’avais choisi et désigné pour agir et parler, en mon nom et au nom du Gouvernement dont il était membre, sur notre territoire non encore libéré. C’est pour la même raison qu’il avait, de toute sa foi, accepté de le faire. Nos entretiens et nos travaux communs à Londres, comme les rapports qu’il m’adressait de France et les instructions que je lui envoyais, jusqu’au jour même où l’ennemi l’a saisi pour le torturer et l’abattre, ont été l’expression éclatante de cet accord et de cette confiance. C’est dire quel mépris méritent les contorsions calomnieuses de ceux qui, aujourd’hui, voudraient exploiter à leur profit de partisans ou d’arrivistes, contre nos compagnons et moi-même, la pure gloire de Jean Moulin »…

LNC, II, p. 816.

4 000 - 5 000 €

Portrait de Jean Moulin par le studio Harcourt en 1937.

205

GAULLE Charles de.

L. A. S. (minute), 1er août 1947, à Paul Reynaud ; 2 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle

Commentaire du livre de Paul Reynaud sur les journées de juin 1940.

« Avant même d’ouvrir : La France a sauvé l’Europe, je savais y trouver un indicible intérêt. À cet égard, ma lecture a dépassé mon attente.

Pour ce qui est de votre action, si clairvoyante et si courageuse, avant et pendant la tempête jusqu’au grand drame de la mi-juin 1940, vous savez que je l’ai toujours approuvée, au point de m’y associer dans la mesure de mes moyens. C’est vous dire qu’à part quelques détails, je souscris, aujourd’hui encore, à ce que vous en exposez. […] Vous me laisserez, toutefois, ajouter que mon exceptionnelle estime pour votre valeur et ma fidèle amitié pour votre personne sont demeurées ce qu’elles étaient. »

LNC, II, p. 820.

On joint la L. S. de réponse de Paul Reynaud, 5 août 1947 (1 page et demie in-4 à en-tête Assemblée nationale). Il remercie le Général de sa lettre : « Le travail fait en commun, pour le bien public, avec un homme qui s’est taillé depuis une telle place dans l’histoire de France est un point lumineux de ma carrière. […] Quant à l’armistice, l’histoire dira si, en présence de l’hostilité des ministres les plus importants de mon cabinet, un remaniement ne s’imposait pas, pour éviter des démissions qui eussent moralement déchiré la France envahie ». Et il rappelle qu’il n’a jamais été question entre eux de l’armistice…

3 000 - 4 000 €

207

CLAUDEL Paul (1868-1955).

GAULLE Charles de. Manuscrit autographe, [Présentation des Discours et messages, 1947] ; 1 page in-4.

Brouillon pour l’avertissement placé en tête de l’édition de ses Discours et Messages 1940-1946 (Berger-Levrault, 1947). Le manuscrit est abondamment raturé et corrigé.

« Nous publions dans le présent recueil ceux des discours que le Général de Gaulle a prononcés entre le 18 juin 1940 et le 1er janvier 1946 dans des circonstances déterminées d’avance et dont le texte exact a pu être conservé, soit écrit de sa main pour ses allocutions radiodiffusées, soit noté par sténographie officielle pour ses discours en réunion publique ou aux assemblées consultative et constituante. Ne figurent pas dans ce recueil les multiples allocutions (plusieurs centaines) improvisées par le Général de Gaulle au cours de la même période soit en France, soit dans les territoires d’outre-mer, soit à l’étranger, dans les circonstances les plus diverses et dont les textes n’ont été recueillis que d’une manière incertaine ou incomplète, ainsi que certaines de ses déclarations à la presse et de ses interventions accessoires au cours des débats des assemblées. »

1 800 - 2 000 €

L. A. S., Paris [8 ? octobre 1947], au général de Gaulle ; 3 pages in-8.

Admiration pour le général de Gaulle après son discours du 5 octobre à l’hippodrome de Vincennes.

De retour à Paris, il apprend par le journal « la splendide manifestation de Vincennes, la reconstitution du Komintern, et le plébiscite de la Sarre. Excellentes, merveilleuses nouvelles ! » Il regrette que son éloignement, dans son village de Brangues, ne lui ait pas permis d’assister aux « manifestations récentes au premier rang de vos partisans. La déclaration des Neuf est merveilleuse. […] Ma grande joie, c’est que non seulement nous avons en nous un chef, c’est de sentir que dans tout l’Occident, à cette heure solennelle, il n’y a pas un homme à votre taille et que vous êtes appelé à prendre le commandement de la barrière (?) internationale. La situation politique est maintenant claire. Il n’y a plus lieu de s’attarder aux défiances mesquines et aux rancunes périmées. L’ennemi n° 1 est la barbarie soviétique, et que cela nous soit agréable ou non, c’est l’Allemagne qui a situation de bouclier. Quand on a un bouclier, il faut que ce bouclier soit solide »…

En tête, de Gaulle a noté : « J’ai répondu C. G. »

600 - 800 €

208

GAULLE Charles de.

L. A. (minute avec ratures et corrections), 26 octobre 1947, à la maréchale FRanchet d’espèRey ; 2 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle

Sur le maréchal Franchet d’espèrey (à l’occasion de ses obsèques aux Invalides ; il était décédé en 1942).

« C’est l’hommage d’un esprit et d’un cœur fidèles que j’ai silencieusement adressé avant-hier au maréchal Franchet d’Espèrey. Les circonstances m’empêchaient de figurer en public à Paris pour l’accompagner à sa dernière demeure. Mais ma pensée était avec sa glorieuse mémoire, tandis que sa dépouille mortelle prenait place aux côtés de celles de Turenne, de Napoléon et de Foch et que la France évoquait sa grande âme entrée maintenant dans la divine lumière. Combien souvent j’ai pensé au maréchal Franchet d’Espèrey pendant la guerre récente en m’aidant dans ma dure tâche des leçons et de l’exemple qu’il m’avait naguère donnés ! Tout se rejoint. Le service de la patrie est une chaîne dont tous les anneaux se tiennent »…

LNC, II, p. 824.

1 000 - 1 500 €

Réunion d’état-major lors de la Libération de paris.

209

LUXEMBOURG Félix de BOURBON-PARME, prince de (1893-1970).

L. S., Luxembourg, 4 décembre 1947, au général de Gaulle ; 2 pages in-8 à la couronne gravée.

Sur la mort du général LecLerc.

Il a appris avec douleur la mort tragique de Leclerc, « ce grand chef qui incarnait les plus hautes vertus françaises, amour du devoir, bravoure, esprit de sacrifice, ténacité et au-dessus de tout le génie du commandement […] J’ai eu le privilège de suivre la division Leclerc dans sa marche triomphale sur le continent, de voir son Général dans la fureur des batailles aussi bien que dans l’animation de son Quartier Général »…

En tête, de Gaulle a écrit : « J’ai répondu. C. G. »

500 - 700 €

« Amour du devoir, bravoure, esprit de sacrifice et au-dessus de tout le génie du commandement. »

— Le prince de Luxembourg à propos du général Leclerc, 1947

210

JEAN XXIII Angelo Giuseppe RONCALLI, futur (1881-1963).

L. A. S., Paris, 1er janvier 1948, au général de Gaulle ; 2 pages in-4 à en-tête Nonciature apostolique en France et aux armes du Vatican ; en français.

Lettre de vœux.

« Tout récemment j’ai vécu avec votre famille en communion de souhaits et de prières, lorsque la bénédiction du bon Dieu s’épanchait sur la branche vigoureuse, qui porte le nom de votre fils Philippe, pousser vers une germination nouvelle qui sera votre honneur et votre consolation. Aujourd’hui il m’est bien agréable de renouveler mes vœux cordiaux pour votre Personne, pour Madame votre si digne épouse, et pour tout ce qui est plus près de votre esprit à l’occasion de ce mystérieux 1948 qui va commencer »…

En tête, de Gaulle a écrit : « J’ai répondu. C. G. »

1 000 - 1 500 €

211

BAKER Josephine (1906-1975).

L. A. S., samedi 1er mai [1948], au général de Gaulle ; 3 pages in-8.

Elle regrette de ne pouvoir participer à la fête [fête du Travail organisée par le R. P. F. au parc de Saint-Cloud], mais ses médecins se sont opposés à sa sortie. « C’est la rage au cœur ne me sentant pas très mal, que je subi leur diagnostic de prudence, car vous le savez bien mon Général répondre “Présent” à l’appel de mon Chef reste pour moi le plus noble des devoirs qui aujourd’hui aurait été récompensé magnifiquement par l’espoir de vous apercevoir quelques instants »…

600 - 800 €

FARRÈRE Claude (1876-1957).

L. A. S., Paris, 18 juin 1948, au général de Gaulle ; 2 pages in-4

À propos de l’Appel du 18 juin.

« Celui qui vous écrit, –alors trop vieux et trop infirme déjà pour se battre, – avait pensé dès le 1er ou le 10 juin 40 ce que vous nous avez crié si magnifiquement le 18. C’est vous dire quelle fut, quelle sera toujours sa gratitude infinie. Et soyez sûr qu’il marchera toujours derrière vous, – son stylo, à défaut de ses jambes, – vers le but que vous commanderez d’atteindre. Si bien qu’il y a huit ans que je retiens cette lettre, bien superflue, et absolument personnelle […] Pourquoi avez-vous lancé votre appel à la France le 18 juin, et de Londres ? […] Le 18 juin, c’est l’anniversaire de Waterloo ! Je sais bien que les Français sont oublieux. Mais, Waterloo, ce n’est pas seulement la défaite de l’Empereur Premier, ni de la France, ni de la Révolution […] C’est aussi la défaite de tous les peuples libres, l’Angleterre en tête ! Car ce fut la victoire de la Sainte Alliance des roitelets contre les peuples »…

250 - 300 €

213

CLAUDEL Paul (1868-1955).

2 L. A. S., Brangues, 15 juillet 1948, Paris 17 avril 1949, au général de Gaulle ; 1 page et demie, et 1 page in-8.

Château de Brangues 15 juillet 1948. Le général l’ayant « désigné comme membre du Conseil National » [du R. P. F.], il est convoqué à la session du Conseil. « Mais à mon vif regret, en raison de mon état de santé, il me sera impossible de me rendre à Paris le 19 juillet et de prendre part aux délibérations du Conseil National »…

Paris 17 avril 1949. Il est convoqué à la session du Conseil National du 20 au 22 mai : « Je ferai de mon mieux pour me rendre à votre aimable invitation, bien que mon âge et ma surdité ne me permettent guère de jouer un rôle effectif »…

300 - 400 €

CHURCHILL Winston (1874-1965).

L. A. S., Cap d’Antibes, 12 septembre 1948, au général de Gaulle ; 1 page in-8 à en-tête La Croë Cap d’Antibes ; en anglais.

Souvenir de leur association et de leur camaraderie pendant la guerre. Il lui adresse ses salutations et ses bons vœux. Il se souvient souvent de leur association pendant les années du temps de la guerre, et trouve beaucoup de solidité dans leur camaraderie : « I often recall our association during the war-time years & find much foundation for our comradeship »…

3 000 - 4 000 €

« You yourself made your famous broadcast from London in the night of the 18 th. So much was happening in those frantic days that there is confusion about the records. »

— Churchill à de Gaulle, le 14 octobre 1948

215

CHURCHILL Winston (1874-1965).

L. S. avec 2 lignes autographes, Chartwell, Westerham (Kent), 14 octobre 1948, au général de Gaulle ; 2 pages petit in-4 ; en anglais.

Rédigeant ses Mémoires, Churchill demande des précisions sur les journées de Juin 1940. Il regrette de n’avoir pu se rendre à l’invitation du général à séjourner à Colombey-lesdeux-Églises. Il fait relier pour le général un exemplaire du premier volume de son livre [The Second World War] ; le second volume est presque terminé, et Churchill a besoin d’éclaircir un point, au sujet de l’entretien qu’il eut avec de Gaulle et Jean Monnet dans la Cabinet Room pendant la crise de l’armistice (the armistice crisis). Monnet s’employa à arranger le transfert des contrats américains d’armement du crédit de la France à celui de la Grande-Bretagne, et de Gaulle le soutenait. Churchill n’arrive pas à se rappeler la date de cette conversation, probablement le 15 ou le 16, avant que de Gaulle reparte de nuit pour Bordeaux, ou le 18, ou même le 19, après son retour. Il prie le Général de lui donner la date exacte de son vol de retour en Angleterre avec Louis Spears. Il pense que c’était le matin du 18. D’autre part, de Gaulle a lancé son fameux appel radiophonique de Londres dans la nuit du 18. Tant de choses sont arrivées pendant ces journées agitées qu’il y a un peu de confusion : « you yourself made your famous broadcast from London in the night of the 18th. So much was happening in those frantic days that there is confusion about the records »…

De sa main, Churchill a ajouté en tête de la lettre : « Private. My dear de Gaulle », et à la fin, avant de signer « yours sincerely ».

On joint un télégramme de Churchill au général de Gaulle, [22.XI.1948].

2 500 - 3 000 €

GAULLE Charles de.

L. A. S. « Ton Papa C. », 11 novembre 1948, à son fils Philippe de Gaulle ; 2 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

11 novembre. « Mon bien cher Philippe, Merci de tes vœux pour ma fête. J’en ai été bien touché. Cette année même, comme tu l’avais prévu à pareille époque, un magnifique petit-fils était présent le 4 novembre auprès de son grand-père et lui a offert des fleurs par l’intermédiaire de sa Maman ! Merci. […]

Les élections ont été un triomphe. Le pays se rassemble vraiment, même dans les milieux les plus difficiles que sont les “notables” locaux, électeurs du 7 Novembre »…

LNC, II, p. 891.

1 500 - 2 000 €

217

CATROUX Georges (1877-1969).

8 L. A. S., 1948-1949, au général de Gaulle ; 10 pages in-8 ou in-4, 4 à son en-tête Le Général d’armée Georges Catroux ; 6 avec apostille autographe du général de Gaulle.

Au temps du R. P. F.

6 décembre 1948, il dit sa reconnaissance d’avoir été « désigné pour participer à titre personnel aux travaux de la 3e session du Conseil national du R. P. F. » – 26 décembre. Vœux au « chef du Rassemblement et à la cause qu’il défend, qui est celle de notre pays. En reprenant à cette occasion le vieux cri de guerre de nos pères “Dieu aide !” je suis convaincu que les hommes aideront votre lutte parce que de mieux en mieux ils comprennent le devoir patriotique que vous leur tracez » ; il s’occupera volontiers « des questions de l’Union française »… En tête, de Gaulle a écrit : « J’ai répondu C.G. »

16 mars 1949. « J’ai omis ce matin de vous dire que si les groupes parlementaires du R. P. F. avaient à désigner un ou plusieurs conseillers à

l’Assemblée de l’Union française et si vous jugiez utile au Rassemblement et à la France que je sois un de ceux-là, j’entrerais volontiers dans la dite Assemblée, en attendant que s’ouvrent d’autres perspectives »… En tête, de Gaulle a noté : « à communiquer à M. Soustelle qui est prié de m’en parler C.G. » – 29 mars. « Ma femme et moi avons enregistré avec grande joie les importants succès du R. P. F. aux élections et nous désirons vous en féliciter. C’est un nouveau pas en avant qui nous remplit d’espoir ». Il aimerait voir le Général lors de son passage à Paris. En tête, de Gaulle a noté : « Oui C.G. » – 1er mai. Il ne pourra venir à la session de mai, trop occupé par la rédaction de son livre. En tête, de Gaulle a noté : « J’ai répondu ». – 29 septembre. Il ne peut se rendre à la prochaine session, devant terminer son livre. En tête, de Gaulle a noté : « J’ai répondu C.G. » – 28 décembre. Vœux pour le Général et pour le pays : « Je crois que la grande épreuve et les grandes décisions sont à nos portes que l’heure approche où il faudra ou donner le coup d’arrêt à la décomposition ou périr, où en un mot vous devrez prendre en mains les affaires de la France. […] L’échéance de la dissolution paraît se rapprocher et je crois que le pays devra se prononcer dans peu de mois. Il sera alors nécessaire qu’il vous trouve »… En tête, de Gaulle a noté : « J’ai répondu ».

700 - 800 €

INSIGNE DE BOUTONNIERE DU RASSEMBLEMENT DU PEUPLE FRANÇAIS (RPF) DU GÉNÉRAL DE GAULLE, FONDATEUR DU MOUVEMENT

Vers 1947

En or ; fabrication R. EDET

Poids brut : 4,2 g B.E.

Au printemps 1947, le général de Gaulle crée le Rassemblement du peuple français (R. P. F).

Résolument hostile à la IVe République, il défend le renforcement des prérogatives du pouvoir exécutif, ainsi qu’un programme favorable à une troisième voie entre capitalisme et communisme. Après d’importants succès électoraux, le parti déclinera et sera mis en sommeil en 1955. Le général sera rappelé au pouvoir en 1958.

JEAN XXIII Angelo Giuseppe RONCALLI, futur (1881-1963)

L. S., Paris, 11 janvier 1949, au général de Gaulle ; 1 page in-4 dactyl. à en-tête Nonciature apostolique en France et aux armes du Vatican ; en français.

Vœux : « La succession des années et des événements n’en enlèvent rien à la vision tranquille et sereine de votre honorable personne devant mes yeux et dans mon cœur ». Il associe ses vœux pour le Général et sa famille « à ceux que je confie au bon Dieu pour la prospérité de la France ». En tête, note autographe du général de Gaulle : « Moi. lui faire une réponse de totale indifférence et banalité. C.G. »

800 - 1 000 €

BAKER Josephine (1906-1975).

2 L. A. S., [1949], au général de Gaulle et à « Jac » [Jacques abtey] ; 2 et 3 pages in-8.

Elle est confuse de la publication, sans autorisation, « dans un ouvrage qui est censé relater mes mémoires » d’une lettre du Général, « lettre personelle, qui m’est très précieuse […] Cette publication s’est faite contre mon gré et en surprenant ma bonne foi ». Elle joint sa lettre au commandant Jacques Abtey à verser au dossier pour d’éventuelles poursuites. « Il n’est pas assez de dire mon Général que ma modeste personne n’a jamais souhaité que de s’effacer devant la cause magnifique que vous défendez et qu’elle essaye de servir avec toute son cœur »…

Lettre à Jacques aBtey [commandant des services secrets, qui avait enrôlé Josephine Baker au service de la France Libre], lui reprochant d’avoir publié la lettre du Général sans avoir demandé l’autorisation : « tu sais très bien que le Général déteste cette façon d’agir, d’autant que pour un Gaulliste fervent comme toi je suis certaine que non seulement le Général n’aurait pas refusé mais que tu aurais pu avoir un mot personnel, mais au lieu de tout ceci tu fais une gaffe de plus et tu me mets moi dans une fausse et très délicate situation. Le comble de cette maladresse c’est la publication de la lettre et son annonce en 1ère page qui donne l’impression d’une propagande forcée qui est du plus mauvais goût »… Elle craint de perdre la confiance du Général : « je t’en voudrais terriblement car tu sais que pour moi cela est sacré ».

800 - 1 000 €

221

HASSAN II

Prince Moulay El-Hassan futur (1929-1999).

L. S. « Cherif », [Casablanca, janvier 1949], au général de Gaulle ; 1 page oblong in-12 au dos d’une carte postale illustrée en couleurs Le Prince Moulay-Hassan et la Musique de la Garde Noire.

« Le Chérif Moulay Hassan prie Monsieur le général de Gaulle de bien vouloir accepter tous les vœux qu’il forme pour sa personne et pour la prospérité de la France et du Maroc unis dans l’amour d’un même idéal ».

En tête, note autographe du général de Gaulle   : Moi. Voir avec M. Pompidou ».

400 - 500 €

222

GAULLE Charles de.

L. A. (minute), 12 mars 1949, à M. Armand GéRaRd à Cuisery [Saône-et-Loire] ; 2 pages in-8 à en-tête

Le Général de Gaulle.

Il lui répond avec retard : « Je voulais auparavant remettre la main sur une note que mon père avait rédigée naguère au sujet de notre famille. J’ai pu retrouver cette note et en fais prendre une copie que je vous enverrai incessamment. Vous savez mieux que personne quels liens ont attaché les miens à Cuisery. C’est vous dire combien sont sincères les vœux que je forme pour la ville et pour le musée qu’elle consacre à sa propre histoire »…

LNC, II, p. 910.

400 - 500 €

223

CHABAN-DELMAS Jacques (1915-2000).

6 L. A. S., Paris ou Bordeaux, 1949-1953, au général de Gaulle ; 8 pages formats divers, quelques en-têtes ; 4 avec apostille autogr. du général de Gaulle.

1er janvier 1949 : vœux, « inséparables de ceux que je forme pour le redressement de notre pay » ; de Gaulle a noté : « Merci ». – 19 août, il annonce la naissance de son fils Jean-Jacques (19 août 1949) ; de Gaulle note « j’ai écrit ».

4 janvier 1950, vœux ; De Gaulle a noté : « moi ».

1er janvier 1951 : « un souhait plus général s’impose à moi, que cette année 1951 voie la France renoncer à sa démarche hésitante, rompre avec ses incertitudes et faire face courageusement aux réalités hostiles. Pour une multitude, découragée ou effrayée, votre nom est lié à un tel espoir. Les circonstances m’ont donné la chance de figurer au petit nombre des renseignés, des informés, si bien que mon attachement ne procède pas seulement d’un mouvement des sentiment »… De Gaulle a noté : « j’ai répondu ».

Bordeaux 21 février 1952. Il regrette de ne pouvoir venir à la réunion du Vélodrome d’hiver : « j’ai à effectuer à Bordeaux un gros travail »…

300 - 400 €

KOENIG Pierre (1898-1970).

L. A. S., Paris, 17 juin 1949, au général de Gaulle ; 1 page in-4 à son en-tête Le Général Koenig.

Au sujet de l’inauguration de l’avenue du général Leclerc.

Les ministres lui ont enjoint de ne venir à la cérémonie « qu’en tenue civile. Je n’ai pu accepter qu’un officier général qui est entré à Paris, en Août 1944, derrière vous et avec Leclerc – et qui par surcroît était le gouverneur mre de Paris – soit à vos côtés demain dans une tenue aussi ridicule. – Je ne viendrai donc pas à la cérémonie […] C’est pour moi un crève-cœur : j’aurais été si fier ! […] Mais, du moins, aurai-je l’occasion de proclamer très haut au pont de Passy ce que nous vous devons et ce que vous étiez et êtes toujours pour nous ». Il verra le Général à l’Arc de triomphe et au Mont Valérien « où j’aurai l’occasion de vous dire de vive voix la fidélité de mon affection et tous les vœux respectueux que je forme pour vous »… En tête, de Gaulle a noté : « je l’ai vu. C.G. »

400 - 500 €

225

MALRAUX André (1901-1976).

L. A. S., 11 décembre [1949 ?], au général de Gaulle ; 1 page in-8.

« Je vous suis d’autant plus reconnaissant que j’ai eu l’impression d’avoir, dans ce domaine, beaucoup à apprendre… Je serai mercredi au Conseil »…

400 - 500 €

226

JEAN XXIII Angelo Giuseppe RONCALLI, futur (1881-1963).

L. A. S., Paris, 7 janvier 1950, au général de Gaulle ; 1 page in-4 à en-tête Nonciature apostolique en France et aux armes du Vatican ; en français.

« Nullement oublieux des difficultés de la première heure de la résurrection de la France, et des mérites exceptionnels et ineffaçables de Celui qui a su – selon une phrase du pape Innocent III “pollicite et potenter” tourner le destin de la grande nation vers son nouvel avenir », il lui présente ses vœux pour la nouvelle année. En tête, de Gaulle a noté : « J’ai répondu ».

1 000 - 1 500 €

227

KOENIG Pierre (1898-1970).

L. A. S., 8 janvier 1950, au général de GAULLE ; 1 page et quart in-4.

Vœux pour 1950. « Et puis, il y a la France que vous avez sauvée une première fois et qui a retrouvé, depuis quatre années, des mains trop faibles pour manœuvrer le gouvernail. Je forme des vœux très ardents pour que l’An neuf vous mette, de nouveau, à la tête de nos affaires pour le plus grand bien du pays »…

300 - 400 €

CATROUX Georges (1877-1969).

10 L. A. S., 1950-1951, au général de Gaulle ; 19 pages in-8 ou in-4 ; 6 avec notes autographes du Général.

Sur les tensions dans le R. P. F.

9 mars 1950. Il va partir pour le Maroc, et déplore de ne pas rencontrer le Général lors de sa venue à Cannes. De Gaulle a noté : «  moi ». – 3 avril. Il regrette d’avoir manqué la visite du Général, mais il avait pris des « engagements envers Juin ». De Gaulle a noté : « J’ai répondu ». – 6 mai. Il a informé Mme Éboué qu’il ne pourrait assister à la réunion de l’U. P. A. N. G., ayant promis à Chaban-Delmas d’être à Bordeaux le 11. – 11 juillet, remerciant de l’avoir « désigné comme membre du Comité National du R. P. F. » – 25 décembre. Vœux « pour l’avenir de notre pays, c’est-à-dire pour votre arrivée à la direction de ses affaires. Je crois qu’ils seront exaucés. Je souhaite qu’ils le soient le plus tôt possible. Jamais, depuis le Directoire, La France ne s’est trouvée devant de pareils périls et n’a eu autant besoin d’être éveillée, dirigée et gouvernée. Jamais elle n’a eu autant besoin de reprendre confiance en elle-même et de recouvrer la confiance de ses alliés. Mais elle n’est faible que par son régime, et de ce régime, j’en ai la conviction, elle se défera »… De Gaulle a noté : « J’ai répondu ».

13 mars 1951 S’il n’assiste pas aux prochaines délibérations du Conseil National, il reste « fidèle à votre personne ainsi qu’à vos buts nationaux. La cause de mon abstention réside dans la divergence radicale qui sépare mes conceptions touchant certains problèmes importants, de celles des commissions auxquelles je suis inscrit, Affaires étrangères et Union française. Conceptions très conservatrices chez celles-ci, très libérales par contre chez moi, avec de part et d’autre des positions trop accusées pour qu’il y ait quelque espoir de les rapprocher. Je prévoyais entre autres certitudes que l’affaire marocaine – ou plus exactement la solution

229

que Juin m’a donnée – me placerait en contradiction formelle avec la grande majorité de mes compagnons »…Puis il commente longuement la situation au Maroc… De Gaulle a noté : « J’ai répondu ». – 16 avril. Il prend acte de la décision du Général : « tout en m’inclinant, j’en éprouve quelque mélancolie parce que je conservais l’illusion que dans le combat que vous livrez, mon nom pouvait, du moins à Paris, vous être d’un secours au moins égal à celui des personnalités que vous présentez. Mais vous êtes le chef et par suite vous avez la prérogative éminente du choix des hommes et il est naturel que vos préférences aillent à des forces plus jeunes »… – 28 juin. Il ne viendra pas à la session du Conseil National. De Gaulle a noté : « Vu ». – 17 décembre. Il démissionne du R. P. F., étant en désaccord avec ses collègues sur des questions qui « reprennent un caractère de brûlante actualité, l’A. F. N. étant redevenue l’objet de nos préoccupations nationales. Vous connaissez ma façon de penser relativement au problème du Maroc et de la Tunisie », contraire à celle du Rassemblement, et qu’il veut pouvoir « professer librement »… – 28 décembre. Il ne peut accepter la proposition de rester parmi les compagnons : « Je ne puis que vous redire que je vous demeure personnellement dévoué et attaché, mais que je me sens le devoir de me retirer du Rassemblement »…

600 - 800 €

MALRAUX André (1901-1976).

2 L. A. S., 25 juillet 1950 et 7 septembre [1950 ?], au général de Gaulle ; 2 et 1 pages in-8.

25 juillet. « Mon général, Je vous suis profondément reconnaissant de l’attentive sympathie que Madame de Gaulle et vous-même avez bien voulu porter à notre étrange aventure. Les médecins se déclarent ravis d’une rechute que j’ai faite en arrivant ici, et qui les a, disent-ils, instruits. La vraie convalescence doit commencer Lundi. Rien, plus que ce que vous me dites, ne peut faire que je désire sa fin… »… – 7 septembre. Mme Éboué « m’avait écrit, en effet… »

400 - 500 €

230

GAULLE Charles de.

L. A. (minute avec ratures et corrections), 26 juillet 1950, à Winston chuRchill ; 1 page in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

Rédaction de ses Mémoires.

« Cher Monsieur Churchill, Je suis en train d’écrire mes souvenirs de la dernière guerre. Bien que je ne prévoie aucune date pour leur publication, je tiens à vous adresser ci-joint dès à présent le texte de ce que j’y dis de vous-même à l’occasion de notre première rencontre le 8 Juin 1940 dans votre bureau de Downing Street. Cette communication n’est, évidemment, destinée qu’à vous. Je voudrais que vous y voyiez, cher Monsieur Churchill, le témoignage de mes sentiments personnels de fidélité quant au passé et de confiance quant à l’avenir. »

LNC, II, p. 981.

1 500 - 2 000 €

231

GAULLE Charles de.

L. A. S. « Ton Papa », 24 octobre 1950, à son fils, le lieutenant de vaisseau Philippe de Gaulle ; 3 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

24 octobre. « La réunion du Vélodrome d’Hiver a été très bien. Tout n’est pas fini dans ce peuple et, par conséquent, pour ce peuple. Les affaires d’Indochine ont fait de l’effet, moins à cause de l’Indochine elle-même, qui intéresse au fond assez peu de gens, qu’en raison de l’incapacité et de la faiblesse qui sont apparues en plein jour. Si tu en as le loisir, écris-moi un jour ce que tu penses sur les points suivants : 1°. Quelle devrait être la composition de la force navale et aéronavale qu’il nous faut ? (Au Vél’ d’Hiv. j’ai parlé de 350.000 tonnes, mais sans détailler, naturellement.)

2°. Quelles seraient les bases navales et aéronavales où concentrer nos efforts de préparation.

3°. Quelles opérations combinées (terre, mer, air) devraient être prévues et préparées initialement pour le cas d’un conflit ? »…

LNC, II, p. 991.

1 000 - 1 500 €

INDOCHINE

Étui à cigarettes offert au général de Gaulle par Ton That Hanh

En argent ;

Couvercle gravé d’une carte représentant les différentes régions, villes et fleuves de l’Indochine ; Revers avec gravure « Au Général de Gaulle / Libérateur de la France / d’hier et de demain / Toute mon admiration. Tôn Thât Hanh / Vietnam. » ;

A l’intérieur, une carte de visite au nom de Tôn Thät Hanh marquée « Affaires politiques - Nhatrang (Indochine) » 14 x 8 cm

Poids brut : 121 g.

B.E. Vers 1950.

300 - 500 €

232

CLAUDEL Paul (1868-1955).

L. A. S., Paris, 9 novembre 1950, au général de Gaulle ; 1 page in-8 à son adresse 11, Boulevard Lannes

« Mon général, dans les circonstances difficiles que nous traversons, je crois intéressant de vous envoyer et de recommander à votre lecture le travail ci-joint de mon collègue Naggiar – un homme d’une valeur exceptionnelle qu’appréciait beaucoup Philippe Berthelot »…

200 - 300 €

233

GAULLE Charles de.

L. A. (minute avec ratures et corrections), 18 novembre 1950, au général Eugène MoRdant ; 2 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle. Sur l’Indochine.

Le général Eugène Mordant (1885-1959) avait dirigé les réseaux français de résistance en Indochine contre le Japon.

« Mon Général, Votre livre Au service de la France en Indochine m’a beaucoup intéressé et, j’ajoute, passablement ému.

Le drame historique dont vous fûtes un des principaux acteurs et que vous avez subi avec lucidité, courage et dignité, reparaît sous votre plume, “sans passion” comme vous l’écrivez mais non sans ardeur. Tout se tient. Ce qui se passe en ce moment là-bas – et qui risque de coûter cher à la France – est pour une large part la conséquence de ce cruel passé. Du moins votre conscience de soldat et de chef peut-elle se sentir en repos. Au siècle où nous sommes, c’est beaucoup et c’est assez rare ! »… LNC, II, p. 995.

800 - 1 000 €

GAULLE Charles de.

L. A. S. « Ton Papa C. », 19 et 29 novembre 1950, à son fils le lieutenant de vaisseau Philippe de Gaulle (à Port-Lyautey) ; 2 pages in-8 à en-tête

Le Général de Gaulle.

29 novembre. « L’étude que tu m’as adressée est pleine d’intérêt. C’est net, pratique et fortement pensé. Au point de vue des moyens à réaliser, il y a là tous les éléments directeurs d’une politique de Défense Nationale. Pour compléter, je voudrais avoir ton avis sur l’emploi au moins initial de ces forces en cas de guerre, compte tenu naturellement de ce que pourraient réellement faire nos alliés, bref un plan d’opérations pour le début, y compris la répartition des moyens et l’organisation du commandement ? La perspective de la 2e Flottille avec futurs Lancasters à Port-Lyautey me paraît tout à fait acceptable pour toi, surtout si elle te conduit au commandement ultérieur d’une belle flottille moderne de quadrimoteurs »…

LNC, II, p. 996.

1 500 - 2 000 €

DUHAMEL Georges (1884-1966).

9 L. A. S., 1950-1958, au général de Gaulle, et 2 L. A. (minutes) du général de Gaulle à Georges Duhamel, 1953-1954 ; 9 pages formats divers, et 2 pages in-8 chaque à en-tête Le Général de Gaulle.

Vœux et remerciements pour les lettres que Duhamel reçoit du général… – 18 septembre 1953. Apprenant que le général va publier bientôt ses mémoires, il le prie de penser au Mercure de France : « Cette maison s’est toujours tenue au dessus de toute politique. Elle est noble et pure »… – 27 décembre 1954. « Grand écrivain, vous êtes un lecteur exemplaire »… – 16 novembre 1956. « Mon général, votre lettre m’a touché le cœur. En un moment où nous vivons d’inquiétude, rien ne pouvait me donner plus de joie que ce message »… Etc.

Lettres du général de Gaulle. – 8 avril 1953. « Mon cher Maître, Les espoirs et les épreuves jettent des lumières sur votre vie, mais aussi sur beaucoup de gens qu’a distingués votre curiosité, quelquefois votre affection, et qu’aujourd’hui éclaire votre talent. Je vous en remercie vivement, pour ma part, car j’ai pris un grand plaisir à lire votre livre et renforcé, si possible, l’admiration que je vous porte depuis que j’ai rencontré – au lendemain de la première guerre, –votre pensée et votre style ». Quant au Japon décrit par Duhamel, « je pense que parmi les pauvres peuples de ce siècle il a l’une des meilleures parts, parce qu’il ne renonce pas à lui-même et que rien ne l’empêche de sourire »… – 23 avril 1954. De Gaulle a « considéré avec beaucoup d’attention et de sympathie le projet du Mercure de France quant à l’édition du premier volume de mes mémoires de guerre. Si, en définitive, je ne puis y donner suite, c’est en raison du caractère spécialement “historique” de l’ouvrage et sans doute aucunement de ce qu’il y aurait eu de hautement honorable et, sans doute, d’avantageux dans le concours du Mercure. Je tiens à vous dire, cependant, combien j’ai été frappé et touché de l’intérêt que vous-même avez porté au projet »…

On joint le double dactylographié avec corrections et additions autographes du général de Gaulle à Paul Hartmann, directeur du Mercure de France, 24 septembre 1953, et double de la lettre de la veille à G. Duhamel : il est trop tôt pour penser à l’édition de ses Mémoires.

1 500 - 2 000 €

De Gaulle - Une sucession pour l’Histoire

Mémoires de guerre

« Il s’agissait de répandre ce plan, quoiqu’à partir d’une situation infiniment plus mauvaise et avec des moyens initialement dérisoires. Le but était que la France demeurât belligérante, qu’elle remportât la victoire au même titre que nos alliés c’est-à-dire en tant qu’État et aussi qu’au terme de la guerre elle eût recouvré une unité nationale et impériale suffisante pour éviter une guerre civile, garder l’Empire, entamer sa reconstruction et prendre part comme grande puissance aux règlements de la paix. »

GAULLE Charles de.

Manuscrit autographe pour L’Appel, [vers 1950] ; 32 feuillets in-4.

Ensemble de brouillons pour le premier volume des Mémoires de guerre, « L’Appel »

Dès 1946, le général de Gaulle, ayant abandonné le pouvoir, commença à rédiger ses mémoires, d’abord sous forme de fragments sur telle affaire ou tel épisode ; il y travailla de façon continue à partir du début des années 1950. Le premier volume, L’Appel, parut en octobre 1954. Ce sont ici des manuscrits de tout premier jet, où les feuillets, écrits au recto, sont entièrement couverts, sans marge, d’une petite écriture cursive, à l’encre bleu nuit, et surchargés de ratures et corrections, avec d’importants passages biffés ; sur certains feuillets, pas une ligne qui n’ait été rayée et réécrite. Certains lieux ou dates ont été laissés en blanc, dans le feu de la rédaction. Ces fragments sont très différents de la version définitive.

Deux séries de deux feuillets semblent correspondre à deux rédactions successives d’un début abandonné ; de Gaulle évoque le moment où il a dû prendre en mains les destinées du pays en Juin 1940 : « Lorsque j’ai été amené en 1940 à prendre en main les destinées du pays c’était sur la table rase. Tandis que les conditions de l’armistice conclu par Vichy me livraient à la discrétion de l’ennemi, notre régime politique s’était dissous de lui-même et avait, par cette abdication, perdu toute légitimité. Quant à celui qui lui succédait il était dès sa naissance frappé d’infamie puisqu’il n’existait qu’en vertu de sa renonciation à l’indépendance nationale et de l’asservissement, auquel il avait souscrit, de l’État français à un ennemi. […] Il était donc d’un intérêt vital pour la France non seulement

d’être maintenue effectivement dans la lutte mais encore de transposer du côté du combat la légitimité et la souveraineté nationales. C’est par là et c’est par là seulement qu’il serait possible de recréer un effort de guerre proprement français, contribuant à la défaite de l’ennemi tout en n’étant au service et au bénéfice que de la France, de s’opposer aux abus, empiétements et intentions que nos alliés seraient tout au long du chemin tentés de commettre à notre détriment, de sauvegarder l’unité de la nation est celle de l’Empire qui ne pouvait subsister qu’en vertu et autour d’un pouvoir central unique, de soutenir nos intérêts dans les futurs règlements des conflits. Bref, il fallait, de toutes pièces, refaire l’État tout en combattant. Telle est la tâche que j’entrepris le 18 juin 1940 »…

Une suite de 23 feuillets expose le refus de la défaite, et raconte le départ pour Londres, le soutien de Churchill, l’Appel du 18 juin, et les débuts de la France Libre en Afrique (juin-novembre 1940).

« Il s’agissait de répandre ce plan, quoiqu’à partir d’une situation infiniment plus mauvaise et avec des moyens initialement dérisoires. Le but était que la France demeurât belligérante, qu’elle remportât la victoire au même titre que nos alliés c’est-à-dire en tant qu’État et aussi qu’au terme de la guerre elle eût recouvré une unité nationale et impériale suffisante pour éviter une guerre civile, garder l’Empire, entamer sa reconstruction et prendre part comme grande puissance aux règlements de la paix. […] Je ne pouvais me dissimuler que les conditions nécessaires

pour que ce but fût atteint étaient extraordinairement multiples et complexes. […] Il était clair que pour avoir une chance, si faible qu’elle fût, de mener l’affaire à son terme, il faudrait se placer une fois pour toutes au degré le plus élevé, celui du salut de l’État en ne faisant jamais à cet égard absolument aucune concession au profit de quoi et de qui que ce fût, français ou étranger »…

De Gaulle raconte sa visite à Bordeaux à Ronald Campbell, ambassadeur d’Angleterre, sa décision de partir pour Londres, la remise de 100.000 F sur les fonds secrets par Paul Reynaud, les dispositions pour faire partir sa famille… « Le 17 juin au matin je m’envolais de l’aérodrome de… avec le général Spears et mon aide de camp le capitaine de Courcel par l’avion britannique qui m’avait transporté la veille. Après un arrêt à Jersey, nous arrivâmes à Londres au début de l’après-midi. Les commencements furent difficiles. Tout était à faire et, pour le faire, nous n’avions rien. Dans l’immédiat, il s’agissait tout à la fois de constituer dans l’Empire une base belligérante sous souveraineté française, de mettre sur pied une force militaire capable de combattre, d’établir avec la France les liaisons morales et matérielles nécessaires, de faire admettre officiellement la France Libre tout au moins par les gouvernements alliés et d’abord par l’Angleterre, afin de créer une administration centrale pour diriger l’effort dans tous les domaines. […] Dès le 17, j’avais été voir M. Churchill et je l’avais mis au courant de ce qui s’était passé à Bordeaux en lui indiquant qu’il n’y avait à se faire aucune illusion sur ce qui résulterait des négociations engagées par Pétain avec Hitler. L’armistice serait signé coûte que coûte. En même temps je précisais au Premier Ministre britannique mes intentions pour le Présent et pour l’Avenir. Il me promit aussitôt son appui. […] Le 18 juin, je pus lancer de Londres mon premier appel radiodiffusé. Cet appel et ceux qui suivirent tendaient à éveiller dans la masse profonde du peuple français le sentiment national, l’horreur de la capitulation, l’espoir de vaincre et, par conséquent, la volonté de rester dans la lutte »… Il reçut de Bordeaux l’ordre de rentrer en France, et de comparaître devant un tribunal militaire… Il expose les difficultés rencontrées par les Anglais à obtenir le ralliement des gouverneurs et commandants des territoires de l’Empire, restés fidèles à Vichy ; les réactions des Français se trouvant à Londres ; le ralliement de nombreux navires français et d’aviateurs avec leurs avions ; les réticences du gouvernement anglais à son égard… « Ma pensée se concentrait sur l’Afrique. Toutefois ce n’était pas de l’Afrique du Nord qu’on pouvait attendre quelque chose de positif dans la situation générale du moment. […] Ce n’était donc pas en Afrique du Nord que nous pouvions penser établir la première base française belligérante. Il fallait commencer par l’Afrique noire. Les encouragements ne nous manquaient pas. Des télégrammes multiples et de nombreuses manifestations collectives, notamment à Dakar, St Louis, Ouagadougou, Abidjan, Lomé, Douala, Brazzaville Tananarive prouvaient que, devant l’indignation publique, l’autorité de Vichy risquait d’être balayée pourvu qu’on y aidât de l’extérieur. C’est vers ce but que furent immédiatement concentrés mes efforts »… Survient alors l’attaque par les Anglais de la flotte française à Mersel-Kébir : « c’était dans nos projets un terrible coup de hache. Le recrutement des volontaires s’en ressentit immédiatement. […] Surtout l’attitude prise à notre égard par les autorités dans l’Empire ainsi que par la plupart des éléments navals et militaires qui le gardaient passa de l’hésitation à la réprobation. Vichy, d’ailleurs, ne se fit pas faute d’exploiter à outrance l’événement. Bref, il devenait beaucoup plus difficile de rallier l’Afrique noire. […] Mon plan consistait à agir d’abord sur les colonies du groupe de l’Afrique Équatoriale : Tchad, Oubangui, Congo, Gabon et sur le Cameroun. Ces territoires nous étaient accessibles à partir de la Nigeria britannique et du Congo belge. Au contraire, leur éloignement de la Métropole et de l’Afrique du Nord lesr rendait peu perméables à l’influence de Vichy »…

De Gaulle envoie en mission René Pleven, le commandant Parant et le lieutenant Hettier de Boislambert pour obtenir le ralliement du Cameroun ; il leur adjoint le capitaine de Hauteclocque, qui venait

d’arriver de France : « L’ayant nommé chef de bataillon je ne pus lui laisser que le temps de percevoir son équipement colonial et de me faire connaître qu’il prenait le nom de guerre de Leclerc. […] La mission Pleven devait agir principalement sur le Tchad et sur le Cameroun. Mais il fallait saisir aussi le Congo lui-même, et notamment Brazzaville, capitale de l’Afrique équatoriale ; c’est de quoi je chargeai le colonel de Larminat »… Grâce à eux, « la plus grande partie du bloc Afrique ÉquatorialeCameroun se trouvait rallié sans l’effusion d’une seule goutte de sang. Malheureusement le Gabon restait détaché de l’ensemble »… De Gaulle décide alors de partir pour l’Afrique… « En dernier ressort, j’amènerais au Cameroun, par le port de Douala, toute l’expédition française afin d’y constituer des forces destinées à participer contre les Italiens à la campagne d’Érythrée et à renforcer le Tchad en vue d’opérations futures que je méditais contre la Lybie du Sud. C’est le [31] Août que nous quittâmes. Je m’étais moi-même embarqué sur le Westerland avec un état-major réduit et improvisé. Spears m’accompagnait, délégué par Churchill comme officier de liaison, diplomate et informateur. Je laissai en Angleterre un embryon d’administration centrale suffisant pour expédier les affaires courantes. »

Une page est relative à la Résistance et aux événements d’octobre 1941 : « dans l’immédiat, elle contribue à affaiblir l’ennemi par des coups de main tels que leurs effets justifiaient les pertes. Par contre, et sous peine d’être, sans contre-partie, décimée ou décapitée, elle devait éviter les attaques effectuées au hasard, au gré des individus et qui déclenchaient les réactions de l’adversaire […] Ainsi, parlant à la radio le 23 octobre, je déclarai : “Il est absolument normal et absolument justifié que les Allemands soient tués par les Français. Si les Allemands ne voulaient pas recevoir la mort de nos mains, ils n’avaient qu’à rentrer chez eux… Du moment qu’ils n’ont pas réussi à réduire l’univers, ils sont sûrs de devenir chacun un cadavre ou un prisonnier… […] dès que nous serons en mesure de passer à l’attaque, les ordres voulus seront donnés…” Deux jours après, comme l’envahisseur venait de massacrer cinquante otages à Nantes et Châteaubriant et cinquante à Bordeaux, j’ajoutais : “ En fusillant nos martyrs, l’ennemi a cru qu’il allait faire peur à la France. La France va lui montrer qu’elle n’a pas peur de lui.” Et j’invitais “tous les Français et toutes les Françaises à cesser toute activité et à demeurer immobiles chacun là où il se trouvera, le Vendredi 31 octobre de 4 heures à 4 heures 5 ; ce gigantesque “garde à vous”, cette immense “grève nationale” faisait voir à l’ennemi la menace qui l’enveloppe et prouvait la fraternité française.” De fait, la manifestation revêtit en maints endroits de la zone occupée un caractère impressionnant. Je m’en trouvai renforcé dans ma résolution d’empêcher que la résistance ne tournât à l’anarchie, mais d’en faire, au contraire, un ensemble conduit et organisé, sans y briser, toutefois, l’initiative qui en était le ressort, non plus que le cloisonnement sans lequel elle eût risqué de disparaître, à tout instant, tout entière et d’un seul coup »…

Enfin, une suite de 3 feuillets revient sur la nécessité de rassembler autour de lui la France « tout entière dans la résistance contre l’ennemi et dans l’indépendance vis-à-vis de tous autres. Dans l’extrême pénurie d’hommes et de moyens où je me tenais longtemps, cette attitude fut pénible à tenir. […] Pour réussir, il fallait, d’abord, qu’à défaut de légitimité officielle et constitutionnelle, les Français dans leur ensemble m’accordassent l’adhésion de leurs esprits et de leurs cœurs assez ferme pour résister à tous les chocs des événements, et pour me conférer l’autorité que ne m’attribuaient ni les lois ni les moyens. Cette condition fut réalisée. Il s’établit entre le peuple français et moi-même une sorte d’accord mental et moral »…

30 000 - 40 000 €

GAULLE Charles de.

Manuscrit autographe pour L’Unité, [vers 1950] ; 9 feuillets in-4.

Ensemble de brouillons pour le second volume des Mémoires de guerre, « L’Unité ».

[Dès 1946, le général de Gaulle, ayant abandonné le pouvoir, commença à rédiger ses mémoires, d’abord sous forme de fragments sur telle affaire ou tel épisode ; il y travailla de façon continue à partir du début des années 1950. Le second volume, L’Unité, parut en juin 1956.]

Ce sont ici des manuscrits de tout premier jet, où les feuillets, écrits au recto, sont entièrement couverts, sans marge, d’une petite écriture cursive, à l’encre bleu nuit, et surchargés de ratures et corrections, avec d’importants passages biffés ; sur certains feuillets, pas une ligne qui n’ait été rayée et réécrite. Certains lieux ou dates ont été laissés en blanc, dans le feu de la rédaction.

Ces fragments sont très différents de la version définitive.

Un feuillet aborde le problème du général giRaud :

« L’obstacle que représentait par lui-même le général Giraud n’a jamais eu grande importance. Je le dis sans aucune intention péjorative à l’égard

de ce vieux et très brave soldat dont la carrière militaire est si riche en actions d’éclat. Mais, après Darlan, il était forcément, sans bien s’en rendre compte, l’instrument de la politique du Président Roosevelt à laquelle, bon gré mal gré, se ralliait M. W. Churchill et le gouvernement britannique. […] Mais, quelles que fussent les intentions de nos alliés, leur initiative risquait de pousser le peuple français dans un état de division si grave qu’il y eût perdu même après sa “libération” la libre disposition de lui-même. En effet, il était bien certain qu’après l’écroulement de l’Allemagne, les deux très grandes puissances que constituaient d’une part la Russie soviétique, d’autre part le bloc anglo-saxon se trouveraient face à face, avec leurs ambitions, leurs prétentions, leurs doctrines opposées. Si le peuple français ne s’était pas, au préalable, rassemblé sur lui-même, pour son compte, il y aurait lieu de penser que chacune des masses étrangères voudrait s’assurer de lui en utilisant dans son sein le parti prêt à la servir. Pour l’une, comme pour l’autre, ce parti était d’avance trouvé. Moscou disposait de

nos communistes passés à la résistance […]. Washington pouvait s’attirer le concours d’une foule de Français qui, jusqu’alors, avaient suivi Vichy, mais qui trouvaient dans l’intervention américaine l’occasion de se tourner contre l’Allemand, désormais voué à la défaite ».

Une suite de 6 feuillets concerne le général giRaud et la conférence d’Anfa (janvier 1943).

« Le jour même où j’appris la mort de Darlan, je télégraphiai au Général Giraud pour lui proposer une rencontre. Je demandais que celle-ci eût lieu entre Français et en terre française, soit à Alger, soit à Fort-Lamy. Il s’agissait d’étudier en commun sur quelle base pouvait se faire l’union sous un seul et même gouvernement. […] À Anfa, je me trouvai devant un jeu fait d’avance. Le Général Giraud me déclara qu’il entendait prendre la tête du gouvernement commun. Il en voyait la direction sous la forme d’une sorte de “consulat” à trois têtes dont lui-même serait la première. Il m’offrait de devenir la seconde. Quant à la troisième, il laissait entendre que le Général Georges, alors en France mais que les Alliés se proposaient de faire venir, serait le meilleur choix possible. Le Président Roosevelt se montra, à mon égard, à la fois très gracieux et très réservé. Je ne manquai pas de lui marquer la même attitude. Nous conversâmes avec désinvolture sans toucher au fond du problème. Lui cherchant à me faire doucement sentir que la question était tranchée d’avance, puisqu’il en avait décidé. Moi, lui marquant avec délicatesse que cette affaire française n’appartenait qu’aux Français, et que je n’éprouvais aucune sorte d’inquiétude sur ce qu’en serait l’issue. Au fond, nous avions l’un et l’autre tout de suite jugé que nous ne pouvions nous entendre, mais qu’en vue de l’avenir il importait que nous ne nous heurtions pas de front afin de ne pas affirmer entre nous une opposition de principe qu’il serait, éventuellement, malaisé d’aplanir plus tard. Au contraire, M. Churchill, avec sa fougue coutumière, chargea sur moi à fond de train. Il m’invita, de la manière la plus pressante et sur le ton le plus vif, à me joindre immédiatement au système institué à Alger autour du Général Giraud »… Etc. De Gaulle raconte la fin de la conférence, la séance de photos où il serre la main de Giraud ; puis il rentre à Londres… Plusieurs navires de commerce rejoignent la France Libre. Des volontaires traversent dangereusement l’Espagne pour gagner l’Afrique du Nord et la France Libre, ce qui provoque l’hostilité de la presse anglo-saxonne… De Gaulle reçoit la visite de l’archevêque de New York [Mgr Spellman], envoyé par Roosevelt : « Je priai l’archevêque de New York de répondre à celui qui l’avait envoyé que la position qu’il avait prise à l’égard des affaires françaises ne pourrait être maintenue longtemps, que je déplorais, par considération pour lui-même, qu’il se fût mis dans le cas d’être bientôt contraint de céder aux événements, mais qu’à mes yeux son attitude vis-à-vis du Comité National français et de son chef, pour fâcheuse qu’elle fût, ne pouvait être qu’épisodique et qu’aussitôt qu’il l’aurait rectifiée il me trouverait prêt à discuter amicalement avec lui au nom de la France de la coopération de nos deux pays dans la guerre et, plus tard, si Dieu le voulait, dans la paix ».

Un feuillet est consacré au ralliement et à l’adhésion des Français : « Indépendamment de ce que l’on pouvait lire entre les lignes des journaux ou entendre sous les mots de la radio des deux zones, c’était un faisceau très complet de renseignements que nous offraient les compte-rendus de nos réseaux, les rapports de certains hommes en place, qui posaient déjà des jalons, les propos des volontaires qui nous arrivaient de France,

les déclarations faites par les émigrés à leur passage à Madrid, Lisbonne, Tanger, New-York, les indications provenant des postes diplomatiques, les lettres adressées à des Français libres par leur famille ou leurs amis et que mille ruses et combinaisons réussissaient à leur faire parvenir. De ce fait, j’avais dans l’esprit un tableau tenu à jour des événements et des sentiments. […] Or, ce qui en remontait, c’était la dégradation de Vichy. Les illusions qui servaient de base au régime achevaient de se dissiper. D’abord, la victoire de l’Allemagne, qu’on avait proclamée acquise pour justifier la capitulation, devenait invraisemblable, dès lors que la Russie était engagée dans la lutte, que les États-Unis entraient en ligne, que l’Angleterre et la France Libre tenaient bon. La prétention de “sauver les meubles” en se rendant à l’ennemi, s’avérait dérisoire, puisque nos 1.500.000 prisonniers ne rentraient pas, que les Allemands annexaient pratiquement l’Alsace et tenaient le Nord du pays, […] »…

Enfin, une page fustige les communistes : « Il faut être bien naïf ou bien tendancieux pour refuser de voir que les conflits dits d’idéologie ne sont, encore et toujours, que des conflits de puissance. Quand la France révolutionnaire marchait vers le Rhin, elle le faisait sous le couvert de formules nouvelles, mais, comme la France de toujours, c’est bien vers le Rhin qu’elle marchait. Quand l’Allemagne d’Hitler prétendait conquérir son espace vital, elle arborait des couleurs nazies, mais elle visait exactement aux mêmes buts géographiques, politiques, militaires, que naguère Guillaume II. Quand la Russie d’aujourd’hui se présente au monde drapée de doctrines économiques et sociales, elle n’en poursuit pas moins exactement les mêmes buts que les Czars. Depuis combien de générations, la Russie peut-elle dominer la Pologne, la Finlande, les Balkans, les détroits, l’Orient, la Mandchourie ? […] Là est l’affreuse équivoque qui étreint nos communistes, là est l’inacceptable abus qu’ils commettent à l’égard de la patrie. Soutenir, dans tous les cas, comme ils le font, l’action extérieure de la Russie soviétique, c’est soutenir, non point du tout une doctrine contre une autre doctrine, mais bien une puissance étrangère. C’est lui servir d’auxiliaires »…

15 000 - 20 000 €

239

CHURCHILL

Winston (1874-1965).

L. S. avec un mot autographe, Chartwell, Westerham (Kent), 22 août 1950, au général de Gaulle ; 1 page et quart petit in-4 à son adresse ; en anglais.

Il remercie cordialement son cher de Gaulle pour le très généreux hommage qu’il lui a rendu dans ses Mémoires : « I must indeed most cordially thank you for the very generous tribute you have paid to me in your Memoirs ».

Il est remarquable qu’en dépit de tous les durs contretemps de la guerre qu’ils ont vécus, ils aient tous deux acquis une telle compréhension de la position de chacun et conservé tout ce qui compte dans la bonne volonté fondamentale. Il regarde souvent avec plaisir le coq gaulois que de Gaulle a offert à sa femme et il se rappelle les événements historiques dans lesquels ils ont été camarades en essayant de servir leur propre pays et la cause commune de la liberté et de la tradition qui les unissait pardessus tout. Il est terrible de sentir que tout ce qu’ils ont pu réaliser est maintenant plongé dans le plus grand péril…

« It is remarkable that in spite of all the hard contretemps of War through which we lived we should both have gained so much understanding of each other’s position and preserved everything that matters in fundamental goodwill. I often look with pleasure on the gallic cock which you presented to my wife and am reminded of the historic events in which we were comrades through trying to serve our own countries and the common cause of freedom and tradition which united us and stands above all. How terrible it is to feel that all that we were able to achieve is now plunged in the greatest peril I have ever known, and that is saying a good deal »…

2 000 - 2 500 €

« It is remarkable that in spite of all the hard contretemps of War through which we lived we should both have gained so much understanding of each other’s position and preserved everything that matters in fundamental goodwill. »

Churchill à de Gaulle, le 22 août 1950

240

GAULLE Charles de.

3 L. A. S. « Ton Papa », 3 janvier, 5 février et 28 avril 1951, à son fils le lieutenant de vaisseau Philippe de Gaulle ; 2 pages in-8 chaque à en-tête Le Général de Gaulle.

Affectueuses lettres familiales.

3 janvier. Remerciements pour ses vœux, et ceux d’Henriette et du petit Charles. « Tu sais combien sont affectueux ceux que je forme pour vous trois. Nous avons, Maman et moi, le 30 Décembre, pensé avec émotion à l’anniversaire de votre mariage. Dieu l’a béni déjà. Je suis sûr qu’il le fera encore. L’année sera sévère pour le pays. Mais je veux que tu saches, qu’en dépit de l’irritation que soulève en moi la bassesse du régime, j’ai confiance dans l’élasticité et la solidité profondes de la France »…

5 février. « Demain sera l’anniversaire de la mort de la petite Anne. Nous irons, ta Maman et moi, à une messe dite par le bon curé de Colombey. Puis, nous ferons notre visite au cimetière, de notre part et de celle de nos autres enfants éloignés. Après une dure grippe qui nous a fort éprouvés, ta Maman et moi, l’activité a repris. Beaucoup de signes annoncent, dans le pays, le redressement des esprits. Les élections de cette année seront bonnes, j’en suis sûr. Après quoi, on pourra commencer à bâtir un Gouvernement »…

28 avril. « Cette année, c’est peut-être avec une émotion particulière que je t’adresse pour ta fête mes vœux les plus affectueux. Tu vas partir, emmenant les tiens. Bien que le Maroc ne soit plus loin, ce départ n’est pas moins pour tes parents une séparation. D’autre part, Henriette emporte là-bas une émouvante espérance. Enfin 1951 est pour moi-même et, je le crois pour la France, l’année d’un grand combat, décisif, qui sait ? pour l’avenir.

Je sais qu’à Port-Lyautey, comme ailleurs, tu feras honneur à tout ce que, désormais, notre famille représente et qui sera un jour sans doute ta propre charge »…

LNC, II, p. 1000, 1003 et 1012.

2 000 - 3 000 €

GAULLE Charles de.

2 L. A. S. « C. », 19 juin et 3 juillet 1951, à son fils le lieutenant de vaisseau Philippe de Gaulle (à Port-Lyautey) ; 4 pages in-8 chaque à en-tête

Le Général de Gaulle.

Élections législatives.

19 juin. Il le remercie de sa lettre, « reçue à la veille des élections et qui a touché ton Papa. Les résultats auraient pu être meilleurs. Ils ne sont cependant pas – loin de là – mauvais. En circulant dans le pays pendant ces trois dernières semaines, j’ai pu voir que le “gaullisme” était très vivant et sentimentalement très fort et très répandu. Il est plus malaisé d’en construire une force politique et électorale. Car toutes les routines, habitudes, positions personnelles jouent localement à l’encontre. D’autre part toutes les féodalités de presse, d’affaires, de syndicats, d’administration, et hélas ! de religion jouent forcément contre le mouvement qui veut redresser l’“État”.

Cependant, nous mettons dans la nouvelle Chambre 120 élus. Sans les truquages des apparentements, nous en aurions 35 de plus. Partant de là nous allons poursuivre et développer l’entreprise. Pour moi j’y suis très résolu. Il n’y a pas d’autre issue nationale possible. En outre, pratiquement, il faut bâtir un encadrement politique de la France qui remplace celui des partis »…

3 juillet. « Je comprends très bien ton actuel état d’esprit. Tout s’est en effet ligué pour te donner des motifs d’irritation et même de trouble. Au point de vue de l’idéal, du métier, de la carrière, le triste état du matériel de ta formation et l’absurde accident survenu à ton chef direct et à son équipage. Au point de vue des procédés, le fait que tu es envoyé d’office en mission au moment le plus incommode. Au point de vue de ton installation, les difficultés dans lesquelles tu te trouves encore et qui tiennent Henriette et le petit Charles éloignés et privés de confort. Mais je te sais le cœur assez ferme et l’âme assez haute pour surmonter tout cela. Une décision qui consisterait à changer ta carrière ne pourrait, s’il le fallait vraiment un jour, être prise par toi qu’après une réflexion très mûrie qui comporte la certitude de voir s’ouvrir une autre vie et aussi la pensée de toutes les répercussions que ton départ de la Marine aurait dans tous les milieux.

Ceci dit, je vais cette semaine voir avec précision ce qu’il en est des perspectives concernant ta formation, notamment quant à l’arrivée des fameux Lancaster et quant à l’emploi des vieux Wellington en attendant que leurs successeurs arrivent »… Il projette un voyage discret au Maroc à l’été…

LNC, II, p. 1023 et 1025.

1 500 - 2 000 €

242

GAULLE Charles de.

L. A. (minute avec ratures et corrections), [18 juillet 1951], à Colette becouRt-Foch ; demi-page in-4 (double dactyl. joint).

[Colette Bécourt-Foch (1913-1989), veuve de Jean BécourtFoch, petit-fils du maréchal Foch, aviateur de la France Libre, était élue gaulliste au Conseil de Paris.]

« J’apprends avec satisfaction que l’incident vraiment regrettable auquel vous-même et M. Ulver avez été mêlés au Conseil municipal de Paris est maintenant réglé. Il aurait beaucoup mieux valu, évidemment, que cet incident n’eut pas lieu. Dès lors qu’il s’était produit, vous avez bien fait […] de contribuer à en atténuer les suites »…

400 - 500 €

« Quant à la France, cette sorte de renoncement à elle-même dans lequel elle est prostrée, en ce qui concerne les grandes affaires, ne se dissipe que lentement. »

— Le 28 août 1951

GAULLE Charles de.

L. A. S. « Ton Papa », 28 août 1951, à son fils le lieutenant de vaisseau Philippe de Gaulle (à PortLyautey) ; 2 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

Sur les lourdeurs du monde.

« Je pense que les questions matérielles qui ont compliqué, pour Henriette et pour toi, les débuts de votre séjour au Maroc sont maintenant à peu près arrangées et que vous préparez sans trop de soucis la venue au monde de votre deuxième bébé. Sache que Maman a fait, pour qu’il en soit ainsi, tout ce qu’on peut imaginer. Tiens-moi au courant de ce qui se passe quant à la base et la flottille.

L’atmosphère est lourde sur le monde. Quant à la France, cette sorte de renoncement à elle-même dans lequel elle est prostrée, en ce qui concerne les grandes affaires, ne se dissipe que lentement. Pour moi, en dépit des résultats médiocres des récentes élections, je persiste à compter sur le redressement et continue à en forger l’instrument. Mais ce sont des montagnes de glu à remuer »…

LNC, II, p. 1030-1031.

1 500 - 1 800 €

244

GAULLE Charles de.

2 L. A. S. « Ton Papa », 14 septembre et 11 octobre 1951, à son fils le lieutenant de vaisseau Philippe de Gaulle (à Port-Lyautey) ; 2 et 5 pages in-8 à en-tête

Le Général de Gaulle.

Avant son voyage incognito au Maroc.

14 septembre. « Mon cher Philippe, Ma pensée va vers Henriette et toi, vers le cher et beau petit Yves, vers le noble et audacieux Charles. Tu ne saurais croire à quel point la naissance de votre second fils m’a causé de joie et de fierté ! […]

J’espère que les Lancaster commencent à arriver. Tiens-moi au courant »…

11 octobre. « Nous comptons arriver à Casablanca mercredi 24 octobre […] par un avion d’Air-Maroc (avion de fret où nous serons seuls passagers). Nous avons demandé à Mme de Montalembert s’il lui plairait, et si elle pourrait, faire le voyage avec nous. Il se trouve que la Compagnie tient à se montrer ultra-ultra-gracieuse. […] Le commandant de Bonneval doit, lui, m’accompagner. Nous comptons repartir le samedi ou le dimanche.

Tous les arrangements et les renseignements, pour l’atterrissage, le débarquement, le retour, très discrets, sont confiés au Colonel Michy, Directeur d’Air-Maroc […] Nous descendrons, Maman, moi et le commandant de Bonneval dans une propriété du bled à 40 kil. de PortLyautey, mise à notre disposition par M. et Mme Rollier, qui habitent normalement Rabat […]

Je te demande de venir à l’aérodrome à notre arrivée, en amenant une voiture que j’ai demandé à Maurice Maillot de me louer, avec un chauffeur, pour la durée du séjour. Nous voudrions dîner chez vous, ce soir-là, à Port-Lyautey, et gagner ensuite la résidence Rollier […] Pendant le séjour, nous irons voir les Maillot à Rabat et les Bouillet à PortLyautey. C’est tout. À moins que nous puissions aussi, sans trop de complications, voir Mme Chavent, si ce n’est pas trop loin.

Sache, enfin, que j’ai écrit au général Guillaume pour l’avertir, en lui disant que je tiens au secret absolu. Sans doute enverra-t-il tout de même quelqu’un de chez lui à l’arrivée »…

LNC, II, p. 1032-1033.

1 200 - 1 500 €

GAULLE Charles de.

3 L. A. S. « Ton Papa », 8 novembre, 1er et 15 décembre 1951, à son fils le lieutenant de vaisseau Philippe de Gaulle (à Port-Lyautey) ; 2, 4 et 4 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

Sur l’état du monde et la carrière militaire de son fils.

8 novembre. « Nous avons été, Maman et moi, enchantés de vous voir tous les quatre dans le cadre qui est le vôtre pour quelque temps, quoi que notre bref séjour ait eu d’improvisé et de bousculé. Je serai plus content encore quand j’apprendrai que ta formation reçoit finalement le matériel nouveau qu’elle attend.

Ici tout se concentre sur la menace de faillite monétaire et budgétaire d’une part, et d’autre part sur l’ébranlement produit dans l’alliance atlantique par plusieurs facteurs concurrents : mollesse de la 3e force française, outrecuidance des Allemands, épuisement bougon des Anglais, colère américaine, etc. »…

1er décembre. Compte rendu de son entretien avec le commandant Lahaye, au sujet des affectations possibles de Philippe de Gaulle au commandement d’une escadrille… « Comme je demandais au commandant Lahaye pourquoi, dans ces conditions, tu avais été affecté aux bombardiers lourds, il m’a répondu que tu étais, dans ton actuelle formation, à même de pratiquer beaucoup de choses relatives à la chasse anti-sous-marine et valables sur tous les appareils et qu’ainsi tu te préparais à ce dont il me parlait. Comme je lui demandais enfin pourquoi tu n’étais pas second de ton actuelle escadrille si l’on pensait à te mettre à la tête d’une Unité, il m’a répondu qu’on avait – en raison des disponibilités – été obligé de bourrer l’escadrille à laquelle tu appartiens actuellement »…

15 décembre. « Personne ne comprend, mieux que ton Papa, les sentiments de mélancolie et même d’irritation que tu éprouves –comme tant d’autres – dans la triste époque et la très pauvre Marine où tu sers. Ne crois pas, d’ailleurs, que cette nostalgie soit le lot de ceux-

là seulement qui font métier des armes. Presque toute la jeunesse en est là en France et dans beaucoup d’autres pays. Pour quelques-uns, qui sont “civils”, la réussite peut paraître facile, en admettant qu’elle soit durable. Mais, pour combien d’autres l’existence est-elle matériellement médiocre et incertaine, ou étroitement terre à terre, ou liée à un milieu professionnel sans distinction ni intérêt ! (tous tes cousins, germains, ou issus de germains, en sont là).

Ce qui se passe pour ta génération militaire s’est passé pour la mienne entre les deux guerres (quoique, il est vrai, avec moins d’acuité). Je ne connais pas un seul de mes contemporains qui, ayant quitté l’armée, n’ait regretté de l’avoir fait. Moi-même, qu’aurais-je accompli, si, le grand moment venu, j’avais été industriel, commerçant, avocat ou… député ? Ici, je touche peut-être au fond de la question pour ce qui te concerne. L’état du monde ne permet pas de croire que tout doive longtemps s’assoupir et ronronner. Il y a trop de choses qui remuent dans les cinq parties de la terre. Si cela se gâte avant que je sois mort ou hors d’état d’agir, la force des choses me rejettera, sans doute, les grandes responsabilités. Alors, pour t’employer comme j’y pense, il vaudra beaucoup mieux que tu sois resté “intact” dans une carrière où, du moins, on ne se salit pas. Si je suis mort ou hors de course lors de l’éruption du volcan, c’est toi, mon fils, qui devras devenir le de Gaulle du nouveau drame. Pour cela, il sera infiniment préférable que tu sortes d’un milieu propre, et crois-moi, respecté »…

LNC, II, p. 1037, 1041 et 1045.

2 000 - 2 500 €

CLAUDEL

Paul (1868-1955).

L. A. S., Paris, 19 décembre 1951, au général de Gaulle ; 2 pages in-4 à son adresse 11, Boulevard Lannes.

Protestation contre l’alliance du R. P. F. avec les communistes.

« Mon général, Vous savez la confiance et l’espoir que depuis le 18 Juin 1940 je n’ai cessé de placer dans le libérateur de la France, dont tous les bons Français ont le droit d’attendre beaucoup. C’est donc avec un profond chagrin, ou plutôt avec un véritable scandale, que je vois le parti qui se réclame de votre nom unir régulièrement ses votes à la Chambre avec ceux du parti communiste, de sorte que l’on pourrait parler d’un véritable amalgame. Vous savez aussi bien que moi que le parti communiste n’est pas un parti français. C’est une bande qui reçoit de l’étranger ses instructions pour faire à notre pays tout le mal possible. Le devoir de tout honnête homme est donc de s’opposer par tous les moyens à des hommes qui se déclarent ouvertement non seulement les ennemis de la France, mais de toute morale, de toute religion, de tout ce qui constitue la base d’une humanité civilisée ».

Il est indigné par un récent vote sur des « mesures de salut public » et a « éprouvé une véritable honte, ou pour mieux dire une profonde indignation, à voir le parti qui porte votre nom voter une motion hypocrite, qui en réalité cachait un ajournement définitif. On a vu les 120 députés gaullistes à l’exception de trois hommes courageux, s’engager, drapeau déployé, sous le commandement du traître Jacques Duclos ! Quelles sont les raisons de basse politique et de stratégie incompréhensible qui peuvent justifier un pareil scandale ? » Et il menace de démissionner du parti…

En tête, note autographe de de Gaulle : « J’ai préparé une réponse – avant de l’envoyer, prière à M. Malraux de m’en parler ».

600 - 800 €

247

JUIN Alphonse (1888-1967).

2 L. A. S., Paris, 31 décembre 1951 et 29 décembre 1953, au général de Gaulle ; 2 pages in-8, la 1ère à son en-tête Le Général d’armée Juin Inspecteur général des Forces armées françaises ; apostilles autographes du général de Gaulle en tête.

Protestation contre l’alliance du R. P. F. avec les communistes.

31 décembre 1951. Vœux pour le Général et les siens, et également « pour le Pays au redressement duquel tu t’es voué de toute ton intelligence et de toutes tes forces et qui est aujourd’hui inséparable de toi-même. Les voies de son destin sont encore très incertaines parce que mal entrevues dans la confusion des partis et le choc des passions. Tu le sais du reste mieux que personne »…

29 décembre 1953. Vœux pour le Général et les siens, et aussi « pour notre Pays sur lequel ta silhouette, désormais légendaire, se profilera toujours, quoi qu’il advienne. – Pauvre Pays affreusement divisé contre lui-même et en quête de son âme égarée entre les intérêts sordides de quelques-uns et l’indifférence du plus grand nombre. Le gâchis qui va en s’accentuant me désespère. Il semble que tout soit voué au pourrissement et à la paralysie générale ; tout cela parce qu’aucun gouvernement, issu du régime imbécile que nous nous sommes donné, ne trouve en soi assez de force et de continuité pour imposer une politique résolument nationale et tirer le meilleur parti des cartes qui nous restent, lesquelles ne sont pas sans valeur. Triste bilan en vérité pour une fin de septennat. Mais nous reparlerons de tout cela un jour prochain si tu le veux bien »…

Notes autographes de de Gaulle en tête de chaque lettre : « J’ai répondu ».

600 - 800 €

248

GAULLE Charles de.

2 L. A. S. « C. » et « Ton Papa », 2 et 28 janvier 1952, à son fils le lieutenant de vaisseau Philippe de Gaulle (à Port-Lyautey) ; 2 pages in-8 chaque à en-tête Le Général de Gaulle.

2 janvier, à Philippe et Henriette. « Mes vœux vont à vous du fond de mon cœur, en ce début d’année. Vous pouvez vous dire que votre jeune ménage et vos deux si beaux petits garçons sont la lumière d’une vie assez remplie, pour moi, de soucis et de mélancolie. Mais si je crois que 1952 sera assez bousculé pour l’ensemble des Français, je reste d’un optimisme inébranlable sur le destin final de notre pays »…

28 janvier. « Je suis de très près, comme tu le penses, l’affaire de ton commandement. Si catégorique qu’ait été le commandant Lahaye quand il m’a dit que tu irais commander la 6 F à Oran, je suis revenu à la charge et prierai bientôt l’amiral Auboyneau d’obtenir de l’amiral Nomy les précisions voulues. Ici l’atmosphère est plus veule que jamais. Le régime se traîne dans une odieuse impuissance, n’ayant absolument qu’un seul but : éviter de Gaulle par tous les moyens de l’inertie, de Gaulle étant symbole et synonyme de l’effort »…

LNC, II, p. 1052 et 1057.

1 000 - 1 200 €

« Inscription : Charles de Gaulle (1890-…). Rien d’autre. »

— 16 janvier 1952

GAULLE Charles de.

Manuscrit autographe signé, Pour mes obsèques, 16 janvier 1952 ; 2 pages in-4 sur un feuillet à en-tête

Le général de Gaulle, avec enveloppe autographe signée (encre légèrement passée).

Volontés du Général pour ses obsèques.

Ce manuscrit, numéroté en tête « Ex. N° 3 », est accompagné de son enveloppe : « Pour mes obsèques. C.G. Fait le 16 janvier 1952 ».

De Gaulle rédigea ce « testament » en trois exemplaires : le n° 1 était destiné à Georges Pompidou, son directeur de cabinet, le n° 2 pour sa fille Élisabeth, et le n° 3 pour son fils Philippe.

« Je veux que mes obsèques aient lieu à Colombey-lesDeux-Eglises. Si je meurs ailleurs, il faudra transporter mon corps chez moi, sans la moindre cérémonie publique.

Ma tombe sera celle où repose déjà ma fille Anne et où, un jour, reposera ma femme. Inscription : Charles de Gaulle (1890-…). Rien d’autre.

La cérémonie sera réglée par mon fils, ma fille, mon gendre, ma belle-fille, aidés par mon Cabinet, de telle sorte qu’elle soit extrêmement simple. Je ne veux pas d’obsèques nationales. Ni président, ni ministres, ni bureaux d’assemblées, ni corps constitués. Seules, les Armées françaises pourront participer officiellement, en tant que telles ; mais leur participation devra être de dimensions très modestes, sans musiques, ni fanfares, ni sonneries. Aucun discours ne devra être prononcé, ni à l’Église, ni ailleurs. Pas d’oraison funèbre au Parlement. Aucun emplacement réservé pendant la cérémonie, sinon à ma famille, à mes Compagnons membres de l’ordre de la Libération, au Conseil Municipal de Colombey. Les hommes et les femmes de France et d’autres pays du monde, pourront, s’ils le désirent, faire à ma mémoire l’honneur d’accompagner mon corps jusque sa dernière demeure. Mais c’est dans le silence que je souhaite qu’il y soit conduit. Je déclare refuser d’avance toute distinction, promotion, dignité, citation, décoration, qu’elle soit française ou étrangère. Si l’une quelconque m’était décernée, ce serait en violation de mes dernières volontés. »

LNC, II, p. 1056.

BnF, Charles de Gaulle, n° 500.

On joint une reproduction de l’exemplaire n° 1.

8 000 - 10 000 €

250

Charles de.

2 L. A. S. « C. » et « Ton Papa », 4 mars et 12 avril 1952, à son fils le lieutenant de vaisseau Philippe de Gaulle (à Port-Lyautey) ; 4 pages in-8 chaque à en-tête Le Général de Gaulle Sur la carrière militaire de son fils et la situation politique.

4 mars. Il avait demandé à l’amiral Auboyneau de suivre la question de l’affectation de son fils ; il est venu lui dire « que tu devais effectivement prendre le commandement de la 6 F à Lartigue, actuellement dotée de Bloch, mais qui recevrait bientôt des Avenger. L’amiral Auboyneau ajoutait qu’il était prévu pour toi d’y aller très prochainement comme second, d’abord parce qu’on rencontrait, à la Marine, de grandes difficultés pour l’encadrement des unités, ensuite parce que, de toute façon, avant que tu prennes le commandement en premier, tu aurais à faire une réadaptation pour les appareils embarqués et que tu la ferais à la 6 F. Je l’ai prié de faire rectifier cette affectation en second. Mais je vois qu’elle était déjà prononcée. Tu comprends certainement qu’il m’est difficile de me mêler directement de ce qui te concerne dans ces matières, d’abord parce que je ne connais pas toutes les circonstances et obligations spéciales à la branche à laquelle tu appartiens, ensuite parce que je redoute de te faire à toi-même du tort en prétendant imposer les solutions. Dans l’occurrence, il me semble que tu aurais pu – peut-être le pourrais-tu encore ? – venir toi-même à Paris t’expliquer avec ceux qui préparent ou décident les affectations et dont je sais qu’ils sont très bien disposés à ton égard. En tous les cas, je vais revoir le commandant Lahaye ces jours-ci et en obtenir sinon un changement, tout au moins des éclaircissements »… 12 avril. « Voici Pâques ! Fête éternelle de la résurrection, en même temps que du printemps. Ma pensée d’homme vieillissant va vers toi, vers Henriette, vers vos deux fils, qui êtes le présent et l’avenir. Je pense,

notamment à ta carrière, qui comme tout ce qui est exceptionnel, comporte beaucoup d’élans et d’espoirs, pêle-mêle avec de grandes impatiences et difficultés. Mais, quoi qu’il doive arriver, c’est de l’air et de la mer qu’on domine désormais la terre. Tu as choisi l’aéronavale. Je ne doute pas que les événements t’offrent un jour l’occasion de grandes actions. Il faut qu’alors tu t’y trouves préparé.

Pour moi, je mène toujours la bataille du redressement avec comme objectif n° 1 la transformation du régime. L’affaire PINAY n’est rien autre chose que l’ultime chance de la facilité, jouée par les intérêts sans aucune foi populaire. Les réalités sont trop dures pour que cela réussisse. Mais il y a, en ce moment, de l’euphorie dans certains milieux (sur un autre plan c’est assez l’entreprise Giraud). Je me tiens, pour l’instant, un peu en retrait, ne m’hypnotisant pas sur les péripéties parlementaires, même en ce qui concerne le Rassemblement, mais prêt à diriger l’offensive du “gaullisme”, c’est-à-dire de l’effort national, dès que l’échec de l’expérience en cours aura déchaîné l’angoisse.

Le jardin de la Boisserie commence à être joli. Les feuilles poussent, les fleurs apparaissent. Vous ne sauriez croire, Henriette et toi, quelle joie nous nous faisons d’avance, Maman et moi, de vous y revoir bientôt »…

LNC, II, p. 1060 et 1064.

2 000 - 2 500 €

251

GAULLE Charles de.

3 L. A. S., juin-septembre 1952, à son fils le lieutenant de vaisseau

Philippe de Gaulle (à Hyères) ; 4, 2 et 4 pages in-8 à en-tête

Le Général de Gaulle (quelques passages effacés au corrector sur la 3e lettre).

Sur la carrière militaire de son fils et la situation politique.

Philippe de Gaulle a été nommé commandant la flottille 6 F d’aviation embarquée, à la base d’aéronautique navale d’Hyères.

13 juin. « Je te suis, par la pensée, dans ton stage d’Hyères mesurant très bien ce qu’il y a, pour toi, de mérite à pratiquer l’aéronavale et notamment l’aviation embarquée, avec tout ce qu’elles présentent de difficile et de dangereux. Je ne puis que ressentir par contrecoup la mélancolie qui t’atteint, ainsi que beaucoup de tes jeunes camarades, en voyant tant d’efforts fournis dans un cadre militaire et matériel qui laisse tant et tant à désirer. Cependant, j’espère en même temps que ta carrière et ton actuelle destination t’offrent, en compensation, de l’intérêt et de l’attrait »… Il signe : « Ton Papa ».

7 septembre. « D’après ce que tu nous écris, ton nouveau poste semble te convenir. J’espère, comme toi, que la question “commandement” sera, bientôt, tout à fait réglée et que tu vas pouvoir donner ta mesure à la tête d’une très belle et bonne unité. D’autre part, il est fort satisfaisant que tu aies pu déjà trouver un logement, assez petit, il est vrai, mais digne, moderne et confortable. […]

Le pauvre M. Pinay se trouve maintenant devant le “mur du son”, c’est-àdire l’opposition de tous les intérêts. Je ne crois pas qu’il puisse le percer.

Il y faudrait un autre régime que celui qu’il chevauche. Nous allons donc à des secousses. J’aurai, bientôt, l’occasion d’en tirer les conclusions »… Il signe : « Ton Père qui t’aime et t’estime ».

16 septembre. Séjour d’Henriette et ses enfants à la Boisserie… « D’après ce que tu me dis, ton escadrille possède l’essentiel. Mais il lui manque beaucoup du secondaire. Tout de même, c’est un beau commandement. Quant aux grandes affaires, c’est la liquéfaction. Notre pays est le plus atteint. Mais beaucoup d’autres sont malades. On voit l’Europe se traîner et s’enliser sans perspective de redressement. Cela ira ainsi, sans doute, jusqu’à ce que les événements amènent quelque secousse. Car la lassitude générale est telle qu’on ne peut rien “faire” qu’à chaud. Le “Rassemblement”, dans ces conditions, devient – comme jadis la France Libre – une minorité intransigeante et rigoureuse. Mais je dis bien une minorité, au milieu d’un marécage »… Il signe : « Ton Papa très affectionné Ch. De Gaulle ».

LNC, II, p. 1072, 1083 et 1084.

2 000 - 2 500 €

GAULLE Charles de.

2 L. A. S. (la 2e « C. »), 19 octobre et 5 novembre 1952, à son fils le lieutenant de vaisseau Philippe de Gaulle (à Port-Lyautey) ; 4 et 2 pages in-8 à en-tête

Le Général de Gaulle.

19 octobre. « Mon cher Philippe, Voici qu’approche le terme du séjour d’Henriette et de vos deux petits garçons. Tu ne saurais mesurer à quel point ta Maman et moi-même avons été heureux de les avoir à Colombey. Henriette n’est pas seulement une jeune femme qui fait plaisir à voir, elle a, en outre, beaucoup de grandes qualités et nous l’aimons de tout cœur. Charles est une personnalité. Il est d’une intelligence et d’une activité remarquables et on peut augurer au mieux de son avenir. Le petit Yves est un magnifique bébé, certainement très bien doué, lui aussi.

Je pense que tu auras été, depuis ton arrivée au commandement de la 6 F, extrêmement absorbé. Je pense aussi que ton effort et ton autorité ont déjà fortement contribué à lui imprimer la marque de son chef, la tienne.

Quelles que soient les apparences, je suis certain qu’il se fait, dans les profondeurs françaises, un lent mouvement vers le redressement du sentiment national qui commande tout le reste. Les gens commencent à faire attention à la situation de la France dans le monde. D’autre part, les autres États, y compris les États-Unis et la Russie soviétique, ne paraissent décidément pas avoir les capacités nécessaires à la domination. Il en résulte que nous avons notre chance de reparaître. Je crois même qu’il est, maintenant, trop tard pour que nous disparaissions, à moins d’un choc mondial dont nul ne sait ce qui en résulterait.

Le Rassemblement a digéré sans grandes difficultés internes l’épreuve de la dissidence d’un certain nombre de ces élus. Il reprend, en ce moment, d’une manière encourageante »…

5 novembre. « L’élection d’eisenhoweR m’a fait plaisir. Il a été élu contre les politiciens et à titre d’homme d’action. Son succès est le signe que l’Amérique marche vers l’activisme.

Merci des intéressantes informations que tu me donnes sur ta flottille. C’est, je le vois, une grosse unité tant au point de vue du matériel que du personnel. J’espère qu’elle te donne satisfaction au cours des manœuvres qu’elle fait actuellement »…

LNC, II, p. 1090 et 1092.

2 000 - 3 000 €

253

HERRIOT Édouard (1872-1957).

L. A. S. et L. S., Paris, 23 octobre 1952 et 23 juin 1956, au général de Gaulle ; 1 page in-4 chaque à en-tête de l’Assemblée nationale.

23 octobre 1952. Il a été honoré et touché par la lettre du Général. « Je vous remercie d’avoir pensé que j’avais été inspiré uniquement par l’intérêt français que je mets au-dessus de tout. Le traité tout entier [projet d’armée européenne] m’apparaît inacceptable, surtout en ses articles 11, 12, 13 que j’ai relus vingt fois avant de me prononcer. J’ai vu de trop près, entre les deux guerres, l’action des États-Unis en faveur de l’Allemagne pour ne pas en reconnaître le renouvellement. Il m’est doux, Monsieur le Président, que l’amour de la France me rapproche de vous sur ce point »…

23 juin 1956. Après la publication par Match d’un extrait des Mémoires du général, « dans lequel vous relatez la décision qu’avait prise laVal de m’emmener à Paris, en vue d’obtenir de moi la convocation du Parlement de 1940. À la suite de nombreuses lettres qui me sont parvenues et afin d’éviter tout équivoque, je vous serais reconnaissant de vouloir bien mentionner dans vos Mémoires que je me suis refusé à faciliter cette manœuvre et qu’à la suite de mon refus j’ai été immédiatement emmené en Allemagne et incarcéré aux environs de Potsdam »… En tête de la lettre, de Gaulle a noté : « Moi. Je lui envoie mes mémoires ».

400 - 500 €

254

GAULLE Charles de.

L. A. (minute avec ratures et corrections), 3 décembre 1952, à René capitant ; 1 page et demi in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

« Mon cher Capitant, À quoi bon prendre avec moi ce ton ? Où voulez-vous en venir ? Pourquoi altérer vous-même vos possibilités d’action alors que le but à atteindre, quant au problème en question, vous est évidemment connu ?

Je suis, vous devez le savoir, désireux d’accorder ce qui doit l’être. En particulier, je tiens à ce que la commission constituée pour pousser l’affaire capitale que développait votre rapport aux Armées, se réunisse et aboutisse. Mais comment faire si vous-même disparaissez ou ne vous manifestez que par des lettres désobligeantes ? La cause mérite d’être autrement traitée et vous valez mieux que cela »…

LNC, II, p. 1097.

On joint une note autographe du général de Gaulle, 15 décembre [1952] (1 p. in-8 à son en-tête) : « me faire écrire un mot au Gouverneur de la Banque de France qui m’a envoyé une médaille à l’occasion du 150e anniversaire de la Banque ». (Note d’une autre main attachée par ruban adhésif.)

500 - 800 €

255

GAULLE Charles de.

L. A. S., 7 décembre 1952, à son fils le lieutenant de vaisseau Philippe de Gaulle (à Oran) ; 4 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

« J’espère que ta flottille t’aura donné satisfaction lors des récentes manœuvres en Méditerranée. En tout cas, ç’aura été pour le chef et pour la flottille une excellente occasion de se souder l’un à l’autre. J’espère aussi que l’ensemble des opérations auxquelles tu as pris part t’auront donné l’impression de la puissance et de la vigueur, compte tenu des défauts, inévitables dans toute œuvre humaine. Plus vont les choses, plus je crois que l’orientation des alliés atlantiques va se préciser vers la stratégie atomique et périphérique, avec tout ce qui s’y rattache d’aérien et de maritime. Je suis de plus en plus convaincu que la France ne doit à aucun prix se laisser séparer de l’Union Française et qu’il lui faut en première urgence une force navale et aéronavale. Je compte l’affirmer publiquement à la première occasion. Non sans peine j’aurai pu, je crois, empêcher la sottise suprême qu’aurait été l’armée dite “européenne”. Maintenant il faut construire quelque chose de tout différent.

Vous voilà donc installés dans votre appartement d’Oran et voilà le petit Charles en classe. J’en suis bien content. Rien, en effet, n’est plus important que de le mettre en avance pour ses études et, en tout cas, de ne lui laisser aucun retard. D’autre part, la “qualité” de l’enseignement qu’il reçoit et le “milieu” dans lequel il s’instruit ont une extrême importance. Il faut toujours choisir le meilleur cours puis le meilleur collège, quelles que soient les difficultés. Nous nous félicitons, Maman et moi, de l’avoir fait naguère pour toi et pour Élisabeth.

L’insigne de la 6 F est sur mon bureau, attaché au portrait du petit Charles »…

LNC, II, p. 1100.

1 000 - 1 500 €

256

GAULLE Charles de.

L. A. S. (minute), 20 décembre 1952, à Winston chuRchill ; 2 pages in-8 à son en-tête Le Général de Gaulle.

« Cher Monsieur Churchill, Je désire que vous sachiez que mes vœux très sincères vont à vous-même, aux vôtres, à la noble et vaillante Angleterre, en ce Noël d’une dure époque. Bien que par le temps qui court, on chicane la grandeur pour en avoir récemment abusé, vous savez y rester vous-même. Aussi mon amicale admiration vous demeuret-elle fidèle »…

LNC, II, p. 1101.

1 000 - 1 500 €

257

CHURCHILL Winston (1874-1965).

L. A. S., 29 décembre 1952, au général de Gaulle à Colombey-les-Deux-Églises ; 2 pages petit in-8 à en-tête et vignette Prime Minister, 10, Downing Street, Whitehall, enveloppe autographe ; en anglais.

Il a été ému par les termes de sa lettre du 20 décembre, et ce qu’il a écrit au sujet de l’Angleterre. Ils traversent une bien cruelle époque pour le monde. Mais il croit toujours que la Vérité et la Liberté vont survivre : « We are indeed living in a cruel epoch for the world. But I still believe that Truth & Freedom will survive »…

On joint une L. A. S. de Clementine S. Churchill, 13 mai 1953 (2 p. in-4, en anglais), au général de gaulle. Elle est désolée de la disparition politique du parti du Rassemblement du Peuple français ; elle souhaite que ce ne soit que momentané ; si elle était Française, elle en aurait le cœur brisé…

2 000 - 3 000 €

258

KOENIG Pierre (1898-1970). L. A. S., [fin décembre 1952], au général de Gaulle ; 4 pages in-8 à son en-tête Le Général Koenig.

Long compte rendu, en 7 points, de la situation au R. P. F.

Alors que le Général se repose de son opération de la cataracte, Koenig évoque l’attitude de Jacques Soustelle préparant un éventuel soutien à un ministère de transition. « De toute manière, le RPF fait sa rentrée parlementaire. Soustelle a été en tous points excellent ! – Mais la hargne de certains n’est pas près de désarmer… Cela nous prépare pas mal de difficultés pour demain ». Le contact avec le MRP est excellent ; détails sur les rapports avec les autres partis. Les militaires sont « satisfaits que le RPF joue un rôle et soit, qu’on le veuille ou non, au centre de la crise. Car la crise continue plus que jamais et le problème demeure celui d’une majorité à trouver, plus large. – Nous allons pouvoir fixer des conditions à un soutien possible ». On parle, pour succéder à Soustelle, de Bidault et André Marie (ou Teitgen ou R. Mayer) : « L’Élysée a donc plus d’un tour dans son sac »… Il voudrait voir rapidement de Gaulle… « J’ai peur que 1953 soit l’année cruciale pendant laquelle les dés seront jetés. Puissent les événements vous ramener à temps à la direction des affaires, pour le bien de la France »…

500 - 700 €

259

JEAN XXIII Angelo Giuseppe RONCALLI, futur (1881-1963).

2 L. S., Paris 12 et 23 janvier 1953, au général de Gaulle ; 1 page in-4 chaque à en-tête Nonciature apostolique en France et aux armes du Vatican ; en français ; infime déchirure et petite bande de ruban adhésif.

12 janvier. Avant la proclamation officielle de son départ : « je tiens à vous remercier et à vous assurer de la profonde estime et de la sympathie avec laquelle je suis vos nobles efforts pour la prospérité de la France »…

23 janvier. « Avant de quitter mon poste de Pro-Nonce apostolique à Paris pour la prise de possession du siège patriarcal de Venise, j’aimerais inviter le même jour tous les Présidents du Conseil de la République Française qui se sont succédé durant les huit années de mon séjour en France et que j’ai eu le plaisir de connaître et d’estimer »…

1 000 - 1 200 €

260

GAULLE Charles de.

2 L. A. S., 20 et 26 janvier 1953, à son fils le lieutenant de vaisseau Philippe de Gaulle (à Oran) ; 4 et 2 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

Contre le projet d’armée européenne, et au sujet du maréchal pétain. 20 janvier. « Ici, le froid, la neige, le verglas commencent à céder. Quant à moi je me remets normalement – ce qui veut dire pas très vite – de ma récente opération [cataracte], qui, avec ses suites, constitue une épreuve désagréable. Parmi les “blocages” de crédits auxquels se prépare le cabinet R. Mayer, il y a une somme concernant les bases aéronavales. J’espère que cela n’aura pas de conséquences sérieuses sur le début d’essor de notre aéronavale ? Pour R. Mayer lui-même, j’ai consenti à ce que l’investiture lui fût donnée pour que le funambulesque traité d’armée dite “européenne” soit pratiquement abandonné sous prétexte d’amendements et de protocoles. Nous surveillons de près l’opération car je ne veux pas de cette monstruosité qui consisterait à perdre l’armée française dans une hégémonie militaire allemande. Cependant, je dois dire que jamais l’opinion et la masse françaises n’ont été plus veules, plus indifférentes, plus égoïstes »…

26 janvier. « À titre documentaire, je t’envoie ci-joint le texte du discours de réception de M. François-Poncet à l’Académie Française où il a succédé au Maréchal Pétain. Cela a donné à ceux des Vichystes qui crurent, d’abord, l’être pour le bon motif, qui durent ensuite reconnaître l’erreur et la faute du Maréchal, mais qui, tout de même, après tout, pourtant… etc., l’occasion de s’exprimer une bonne fois par la voix de cet ambassadeur. Celui-ci est, d’ailleurs, convenable pour ce qui me concerne et concerne la Résistance. On peut, bien entendu, épiloguer sur les arguments de M. François-Poncet, notamment sur ce fameux “bouclier” qu’aurait été Pétain, mais qui n’a pas empêché que la France fût pillée, les Français tenus en servitude, la flotte perdue, etc. Tel quel son discours n’est cependant pas sans intérêt et reflète l’opinion profonde d’une grande partie des “notables”, y compris la plupart des officiers anciens de l’armée et de la marine »…

LNC, II, p. 1105 et 1106.

2 000 - 3 000 €

GAULLE Charles de.

L. A. S., 27 avril 1953, à son fils le lieutenant de vaisseau Philippe de Gaulle (à Oran) ; 3 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

Sur la situation politique.

« Mon cher Philippe, De tout mon cœur, je te souhaite une bonne fête. Maman et moi, ne manquerons pas ce jour-là, plus encore que les autres jours, de porter vers toi notre affection, notre fierté et notre espérance, confondant dans ces sentiments ta chère Henriette et vos beaux et bons enfants présents et à venir.

« Tôt ou tard, la culbute est au bout de ces palinodies nationales. »

— 27 avril 1953

Les élections municipales ont été ce qu’elles ne pouvaient manquer d’être. Les conservateurs (modérés et radicaux) ayant quitté le Rassemblement ont emporté les voix qui les suivent, d’autant plus que l’opinion se sent maintenant rassurée quant aux menaces communistes et, par conséquent, retourne aux habituels vomissements. La gauche m’avait abandonné au lendemain de la Libération parce qu’elle est contre l’État. La droite m’a abandonné ensuite parce qu’elle est contre le peuple. Cependant, ni la droite ni la gauche ne sont parvenues à gouverner vraiment depuis mon départ. Elles n’y parviendraient pas davantage aujourd’hui. Tôt ou tard, la culbute est au bout de ces palinodies nationales. »

LNC, II, p. 1114.

On joint une L. A. (brouillon) à Pierre Ferri (ministre des PTT), [11 août 1953] (1 p. in-8 à en-tête Le Général de Gaulle) : « je ne crois pas que l’actuel régime puisse réaliser ce qui est nécessaire et que son gouvernement – dont vous faites partie – ait des chances réelles d’efficacité »…

1 000 - 1 500 €

262

BAKER Josephine (1906-1975).

L. A. S., Vancouver, 8 juin [1953], au général de Gaulle ; 2 pages in-4, vignette et en-tête de l’Hotel Vancouver.

Elle inscrit la date « Mardi le 8 Juin – 10 jours avant le 18 ». Elle sait par son mari que le Général lui a envoyé « votre photo et une lettre pour notre musée, merci de toute mon cœur de “sale Gaulliste” ». Elle est au Canada où les gens sont très gentils… Elle signe « votre fidèle Josephine » et ajoute au-dessous : « Baker / Bouillon / Gaulliste ».

500 - 700 €

263

KOENIG Pierre (1898-1970).

L. A. S., 1er octobre 1953, au général de Gaulle ; 1 page et quart in-4.

Il le remercie de « ces quelques jours passés sous votre toit, à vivre votre vie, à vous entendre : cela fortifie vos fidèles dont je suis. – J’ai été, avant tout, extrêmement, passionnément intéressé par la première partie de vos mémoires dont vous avez bien voulu me faire lecture. Ces pages sont attendues avec impatience, leur lecture sera une leçon pour les successeurs, – et un soulagement pour vos compagnons. Il leur était difficile de publier avant vous quoi que ce fût sur les événements de 40-43. Désormais, ils pourront apporter à l’histoire leur propre contribution »…

300 - 400 €

264

GAULLE Charles de.

2 L. A. S. (la 1ère « Ton Papa »), 4 octobre et 9 novembre 1953, à son fils le lieutenant de vaisseau Philippe de Gaulle (à Oran) ; 2 et 3 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

Tournée dans l’océan Indien.

4 octobre. « Avant de partir, – avec ta maman, – pour la tournée prévue dans l’océan indien, je t’envoie pour toi, pour Henriette, pour vos petits garçons, toutes mes profondes affections. Ce voyage est pour moi une sorte de devoir. Ayant, naguère, rallié durement les territoires en question, je leur dois une visite d’amitié ». Il a été heureux de voir toute la famille cet été… « Puisse ta flottille te donner toute satisfaction dans ta deuxième année de commandement ! Quant aux affaires d’ensemble, il ne faut pas encore, je le crois, en attendre grand-chose de bon pour le moment. Mais énormément de choses évoluent par-dessous la surface et les apparences »…

9 novembre. « Je te suis par la pensée dans tes diverses manœuvres. Il est certain, d’après ce que je vois, que ton commandement aura été aussi rempli que possible. Ma fierté paternelle en conclut que l’on t’attribue un rôle en dehors de l’ordinaire parce qu’on te sait capable de le remplir. Mais ma sollicitude souhaite que l’épreuve se ralentisse. Nous comptons, ta Maman et moi, te voir pendant ton séjour à Hyères.

C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai appris l’excellent démarrage du petit Charles dans sa classe. Le voici à la tête, bien qu’il soit le plus jeune. Comme il a de l’amour-propre, il est très heureux que ses débuts soient brillants.

Le voyage dans l’Océan Indien s’est très bien passé. Grand concours d’enthousiasme partout et de la part de tous, Français et autochtones. Au point de vue général, les réalités françaises sont éclatantes, quoique assez décousues, faute d’un gouvernement à Paris. Au point de vue militaire, les positions sont magnifiques : Madagascar, les Comores, la Réunion, Djibouti. Les gens sont de bonne qualité. Il manque de l’équipement, de l’armement et un plan. L’amiral Barjot, qui m’a accompagné à la Réunion, à Diego et en Somalie, a confirmé dans mon esprit l’idée que j’avais de lui.

C’est, sans nul doute, un chef capable, plein de ressources, qui travaille et qui est apte à de grands commandements »…

LNC, II, p. 1129 et 1131.

2 000 - 3 000 €

265

BAKER Josephine (1906-1975).

2 L. S. « Josephine », Paris, 29 octobre et 20 novembre 1953, au général de Gaulle ; 1 page in-4 chaque dactyl. à son adresse 11, Avenue Bugeaud ; apostille autographe de de Gaulle en tête de chaque lettre.

Tournée dans l’Océan Indien.

29 octobre : « Mon Général, Il y a si longtemps que vous n’avez pas eu de mes nouvelles que, malgré mon silence, je voudrais que vous croyiez toujours à mon attachement. Une fois qu’on est Gaulliste on le reste toujours. Je suis de nouveau à Paris et j’ai suivi tous ces derniers temps vos voyages à travers la Presse »… En tête, de Gaulle a noté : « Moi Chère Madame ».

20 novembre. « C’est avec une grande joie que j’ai vu hier le capitaine GUY. Bien entendu nous avons longuement parlé de vous, et comme d’habitude nous avons parlé très mal parce qu’on ne vous aime pas, comme vous le savez. À votre prochain passage à Paris, je serais très honorée si vous me faites le plaisir de me recevoir »… En tête, de Gaulle a noté  : « que Guy me parle de ceci ». On joint une carte de vœux, signée « votre Josephine et ses enfants ».

400 - 500 €

266

GAULLE Charles de.

L. A. S., « C. » 15 décembre 1953, à son fils le lieutenant de vaisseau Philippe de Gaulle (à Lartigue près Oran) ; 2 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

De Gaulle termine la rédaction de L’Appel, et évoque la prochaine élection de René Coty à la présidence de la République (23 décembre).

« Mon cher Philippe, Après beaucoup de déplacements et de manœuvres, j’espère que toi-même et ta flottille aurez maintenant quelque stabilité, sinon quelques loisirs. J’ai été heureux de te voir l’autre jour, bien assuré de toi-même. Je n’ai pas été fâché, non plus, de voir de tes Avenger qui m’ont fait une solide impression. Pour moi, je suis plongé actuellement dans le premier (c’est-à-dire le dernier) chapitre de mon livre. Je voudrais avoir tout fini dans le courant de février et donner alors la chose aux éditeurs. Inutile de te dire que je ne me mêle en rien de l’élection du président du régime. Cela ne peut aboutir qu’à instaurer, une fois de plus, la médiocrité »…

LNC, II, p. 1134.

1 000 - 1 500 €

« Inutile de te dire que je ne me mêle en rien de l’élection du président du régime. Cela ne peut aboutir qu’à instaurer, une fois de plus, la médiocrité. »

— Le 15 mars 1953, à propos de l’élection du nouveau président de la IVe République

CHABAN-DELMAS Jacques (1915-2000).

5 L. A. S., Bordeaux et Paris, 1954-1955, au général de Gaulle ; 8 pages formats divers, la 1ère à en-tête de la Mairie de Bordeaux, 2 à en-tête du Ministère des Travaux publics, des Transports et du Tourisme ; 3 avec apostilles autographes de de Gaulle.

4 janvier 1954. « Chaque année, les circonstances me font déplorer davantage le manque de direction de l’État. Le récent congrès de Versailles, aux péripéties sans doute inévitables m’incite à vous exprimer avec plus de force et de conviction que jamais les vœux que je forme à la fois pour votre personne et pour votre action. Dans Bordeaux même […] la désintégration politique se précipite ; dans quelques heures le budget, pourtant sain et clair, sera sans doute repoussé et la paralysie gagnera notre cité à son tour, ce qui est particulièrement pénible après sept années de travail effectif. Ma ville, aussi, sera à sauver »… En tête, de Gaulle a noté : « J’ai répondu ».– 27 juin. Il a accepté « d’entrer dans le cabinet de Pierre Mendès-France. Demeurant sans illusion sur le système d’organisation des pouvoirs et sur la marge d’action qui subsiste, j’ai jugé convenable de ne pas me dérober à nouveau, cette fois vis-à-vis d’un homme sincère et ayant l’âme assez haut placée pour ne pas voir, au contraire, ce qu’il vous doit et ce que la France vous doit »… En tête, de Gaulle a noté : « ne pas répondre ». – 15 décembre. Il regrette de ne pouvoir « être parmi ceux qui vous entourent, ce soir, d’une telle

reconnaissance et d’un tel attachement ! Le système, une fois de plus, se manifeste, en me paralysant, entre deux séances parlementaires harassantes et bien décevantes »…

4 janvier 1955. « Chaque année, votre pronostic fatal se vérifie un peu plus et, même, beaucoup plus. Ceux qui, dans le secret de leur conscience on le sentiment profond de ne pas avoir trahi leur propre mission, ne peuvent que convenir de l’impuissance de leurs efforts. Jamais la devise du taciturne n’a été aussi compréhensible pour beaucoup de ceux qui n’avaient pas désespéré, même en 1940 »… De Gaulle a noté : «  Moi ; je ne peux lire la signature ». – 12 janvier. Il remercie le Général de son « don si généreux en faveur des familles des marins péris en mer, originaires de Bretagne. […] Cette année, si difficultueuse dès ses premiers jours, m’amène, une fois de plus, à confondre dans mes vœux ceux que je forme pour notre pays et ceux que je forme pour votre personne »…

500 - 700 €

MALRAUX André (1901-1976).

L. A. S., Boulogne s/Seine, 2 février [1954], au général de Gaulle ; 1 page in-8 à son adresse.

« Georges Pompidou me transmet votre mot. Vous n’ignorez pas combien je suis heureux que l’expérience que j’ai été contraint d’acquérir dans ce domaine puisse – si peu que ce soit – vous servir »…

400 - 500 €

© Bridgeman Images
André Malraux.

★ 269

GAULLE Charles de. Mémoires de Guerre. Paris, Librairie Plon, 1954-1959.

3 vol. gr. in-8 (23,8 x 15,3 cm), reliures jansénistes chagrin écarlate, dos à nerfs, tête dorée, témoins conservés sur les autres tranches, couvertures et dos conservés, étuis (reliure de l’époque).

Édition originale.

Tirage limité à 2044 exemplaires numérotés (plus quelques exemplaires réservés), celui-ci l’un des 69 du tirage de tête sur papier vergé de Hollande, non numéroté et « imprimé spécialement pour le généRal de gaulle », puis «  le généRal et MadaMe de gaulle »

Les exemplaires du tirage de tête contiennent 10 documents inédits reproduits en fac-similé, parmi lesquels le brouillon de l’Appel du 18 juin 1940 et la lettre de Charles de Gaulle au général Weygand lui demandant de continuer le combat (20 juin 1940), ainsi que 3 cartes en couleurs.

Envoi autographe « Pour Yvonne ma chère femme. Charles. »

Exemplaire on ne peut plus précieux et émouvant, offert par le Général à sa femme.

2 000 - 3 000 €

GAULLE Charles de. 2 L. A. S. (la 2e « C. »), 5 janvier et 3 février 1954, à son fils le lieutenant de vaisseau Philippe de Gaulle (à Oran) ; 4 et 3 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

Achèvement du premier volume des Mémoires de guerre.

5 janvier. Vœux « pour toi, pour ta chère Henriette, pour vos trois magnifiques petits garçons. Nous ne vous avons pas oubliés, Henriette et toi, dans vos anniversaires de naissance et de mariage ». Mariage de son neveu Olivier de Gaulle à Saint-Pierre-Manneville : « Il faisait froid sur la route et à l’église, mais bon et sympathique à la maison. […] La jeune mariée est gentille. Il y avait une bonne partie de la famille de notre côté. Le régime a fini par élire pour son président celui qui le représente le mieux [René coty] : un inconnu sans relief et rassurant pour les bourgeois qui veulent dormir »…

3 février. « D’après ce que tu m’as écrit, je sais à quel point ta flottille et toi-même êtes mis à contribution. S’il devait arriver que tu fusses désigné pour embarquer sur un porte-avions, avec l’Indochine comme destination, fais-le-moi savoir dès que tu t’en douteras. Il me semble que la majoration d’ancienneté, attribuée aux anciens des Forces Françaises Libres, doit te rapprocher – déjà ! – de ton 4e galon. J’achève mon premier volume de Mémoires. Ç’aura été un énorme travail. Il se termine par Bir-Hakeim, c’est-à-dire en Juin 42. Je n’ai pas encore arrêté le titre. Il en faut un, car c’est une phase très caractéristique par rapport aux deux suivantes : Alger et Paris. Pour ce premier volume je pense à L’Appel. Le titre Les tronçons du glaive est celui d’un roman de Paul Margueritte qui se rapporte à 1870. J’ai pu, naguère, utiliser l’expression. Mais je ne puis prendre le titre. Quant à Au fond de l’abîme, il est, en effet, assez désespéré : c’était l’état d’esprit de la masse française, alors. Mais il est vrai que ce n’était pas le nôtre »…

LNC, II, p. 1138 et 1143.

2 500 - 3 000 €

GAULLE Charles de.

2 L. A. (minutes avec ratures et corrections), 17 janvier et 16 mars 1954 ; 2 et 1 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

17 janvier 1954, à Jules Moch. «  La Folie des hommes m’a intéressé au plus haut point. Le sujet, aujourd’hui, domine tous les autres. Vous l’avez traité, non seulement avec une grande clarté, mais aussi en faisant sentir qu’il n’y a plus de politique qui tienne, ni au-dehors ni au-dedans, sinon en fonction de cet immense problème. Pour ma part, je crois comme vous qu’on peut et qu’on doit sauver la race des hommes, malgré leur folie ou, plus exactement peut-être, malgré la loi de leur espèce. Il y a là une sorte d’obligation qui passe très au-dessus de toutes les doctrines et de tous les impérialismes »…

LNC, II, p. 1140.

16 mars 1954, à Joseph Paul-BoncouR. « Cher Monsieur le Président, Bien que je pense pas jamais me rendre à Alger au mois de Mai, c’est naturellement avec joie que je vous verrais, ainsi que Nisse et Cerf-Ferrière, pour parler de votre projet. Le Commandant de Bonneval est à votre disposition pour fixer le jour et l’heure »…

On joint une note autographe sur une carte à en-tête de l’Institut national de la Statistique et des Études Économiques : « Moi. M. Closon, Directeur général m’a envoyé L’Annuaire statistique de la France avec une conférence qu’il a prononcée ».

500 - 700 €

272

GAULLE Charles de.

2 L. A. S., 19 mars et 8 avril 1954, à son fils le lieutenant de vaisseau Philippe de Gaulle (à Oran) ;

3 pages et demie et 2 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle ; infimes mouillures au verso de la seconde lettre

Démarches pour une prochaine affectation de son fils.

19 mars. « Je me suis enquis, comme tu le souhaitais, des possibilités de ton affectation prochaine. L’amiral Wuillaume, directeur du personnel, a dit qu’il serait tout à fait possible, a priori, de te donner le poste d’officier d’appontage à bord du Lafayette, poste qui, suivant lui, correspondrait bien à ton grade, à ton ancienneté et à ta formation. Mais je n’ai pas pu vérifier s’il s’agit là du poste de chef des services aviation du porteavions ou seulement d’un poste subordonné à celui-là (appontage). En tous cas, l’amiral d’aRgenlieu, que j’avais chargé de m’informer, m’a rapporté que l’amiral Wuillaume, qui paraît très bien disposé pour toi, a fait observer que de toute façon, il ne fallait pas tarder à faire la demande et qu’en outre, si tu passais à Paris quelque jour, lui-même serait content de te voir à son bureau. Je crois qu’il a raison et qu’à l’occasion tu devrais bien passer rue Royale. Tu es maintenant un officier d’une qualité suffisamment reconnue pour que, sans rien quémander, tu prennes le contact personnel de ceux qui ont la charge de l’administration des carrières. […] Je vais suivre l’affaire de ton affectation »…

8 avril. « On m’a fait dire, de la Marine, que si tu demandes le poste de chef des services aviation du Lafayette, il y a toutes chances pour que ce poste te soit attribué comme devant être pris à la fin de ton temps de commandement. Il y aurait donc lieu, pour toi, d’adresser sans autre délai ta demande régulière par la voie hiérarchique et de m’avertir dès que tu l’auras adressée. Une fois ta demande parvenue rue Royale, je pourrais y intervenir sur un sujet précis : “Mon fils a demandé régulièrement ceci. Je souhaite que satisfaction lui soit donnée. Quelle décision prenez-vous ?” À moins d’impossibilités techniques (ancienneté, qualification, âge, etc.) lesquelles, je crois, n’existent pas, il n’y a pas à douter qu’on fera suivant mon désir »…

LNC, II, p. 1148 et 1150.

1 000 - 1 500 €

273

« D’un siècle écrasé par la mécanique, c’est-à-dire, au bout du compte, par la guerre, mais où pleurent les âmes ! »

— le 19 avril 1954, à Jules Roy à propos de son roman Le Navigateur

GAULLE Charles de.

L. A. (minute), 19 avril 1954, à Jules Roy ; 1 page et quart in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

« Votre roman Le Navigateur est aussi humain et dramatique que possible. Comme vous êtes bien l’écrivain de votre temps, d’un siècle écrasé par la mécanique, c’est-à-dire, au bout du compte, par la guerre, mais où pleurent les âmes !

J’ai su quel témoignage vient d’être récemment rendu à votre grand talent et m’en suis réjoui pour tous ceux qui vous admirent, surtout pour les jeunes, parce qu’ils en sont satisfaits »…

LNC, II, p. 1152.

800 - 1 000 €

GAULLE Charles de.

L. A. S. « Ton Papa » et L. A., 30 avril et 30 mai 1954, à son fils le lieutenant de vaisseau Philippe de Gaulle (à Oran) ; 4 pages in-8 chaque à en-tête Le Général de Gaulle.

De Gaulle suit avec attention et fierté la carrière militaire de son fils. 30 avril. D’après les indications données par l’amiral d’aRgenlieu : « À bord d’un porte-avions, tel que le Lafayette, il y a, au-dessous du Commandant du navire et de son second, un “chef des services de l’aviation embarquée” du grade de capitaine de frégate ou de capitaine de corvette ancien. Le chef des services a un adjoint, chargé spécialement de tout ce qui se rapporte aux appontages et qui a, en particulier, sous ses ordres, les officiers et le personnel employés aux appontages. Cet adjoint est un capitaine de corvette ou un lieutenant de vaisseau ancien, ayant lui-même pratiqué d’une manière approfondie le service dans l’aviation embarquée, notamment, l’appontage. C’est ce poste-là qui t’est destiné et qui t’est, d’ores et déjà, virtuellement attribué. […] Quant à la date exacte à laquelle tu auras à prendre ton nouveau service (à Toulon), elle n’est pas encore fixée. Il est déjà décidé que tu devrais être remplacé dans ton actuel commandement le 1er octobre. […] À Paris, où j’étais hier, l’atmosphère est assez tendue, notamment dans les milieux militaires. Beaucoup de choses semblent remuer dans les esprits qui, l’année dernière, ne bougeaient pas. J’ai décidé d’aller dimanche en huit à l’Arc de Triomphe. L’ambiance de la cérémonie sera intéressante »…

30 mai. Nouveaux renseignements transmis par l’amiral oRtoli : « Il est certain, autant qu’une chose peut être certaine en ce monde, que tu seras affecté au Lafayette comme adjoint au chef des services d’aviation. […] il y a tout lieu que tu t’occupes de chercher un logement à Toulon. […] Tu es exceptionnellement bien noté. C’est ainsi que l’amiral Periès a porté récemment à ton dossier la mention suivante : “Hors de pair” (mention tout à fait rare, naturellement). D’autre part, on observe dans tes notes, à mesure des années, une affirmation de plus en plus nette de ta valeur, ce qui, pour les spécialistes de l’administration du personnel, est la preuve que cette valeur elle-même ne cesse pas de s’affirmer de plus en plus. Dans l’appréciation relative au “choix” éventuel, tu es porté : “grand choix”. En ce qui concerne le tableau d’avancement, tu n’es pas encore, paraît-il, dans les conditions d’ancienneté minima qui sont exigées. […] En tout cas, tout devrait se présenter très bien l’année prochaine. Pour moi, sache-le, je suis aussi content et fier que possible de cette réussite de plus en plus accentuée et reconnue de mon cher fils, de mon vieux garçon, en qui j’ai mis toutes mes espérances. D’autant plus content et fier que je mesure les conditions difficiles dans lesquelles tu tailles ta carrière à l’intérieur de cette pauvre chère vieille marine française, mise en morceaux par les événements et qu’il s’agit de refaire »…

LNC, II, p. 1156 et 1159.

1 000 - 1 500 €

275

BAKER Josephine (1906-1975).

L. S. « Josephine », Paris, 14 mai 1954, au général de Gaulle ; 1 page in-4 à son adresse.

« Cher Général, je viens de rentrer d’Indochine ; j’étais à Saigon pendant les moments tristes, comme vous pouvez l’imaginer, tous les F. F. L. ont passé des jours tristes, accablés ». Elle aimerait que le Général la reçoive. « Je chante ce soir au Moulin de la Galette où il y a une soirée sous la présidence de votre Frère, Monsieur Pierre de Gaulle »…

En tête, note autographe du Général : « l faudrait qu’elle vienne déjeuner avec son mari. Les Guy seraient là aussi ».

400 - 500 €

276

JUIN Alphonse (1888-1967).

L. A. S., Paris, 10 avril 1954, au général de Gaulle ; 2 pages in-8 à son en-tête Le Maréchal Juin

La conférence de presse de son « cher de Gaulle », le 7 avril, « a eu la meilleure résonance dans tous les milieux. Si éloigné qu’on le tienne des questions proprement nationales, le Pays ne reste pas insensible aux paroles qui attestent avec autant de force que de foi l’idée de la France éternelle. Et sur des sujets de cet ordre et de cette élévation la magie de ton verbe opère salutairement en éveillant des réminiscences dans l’âme falote des Français d’aujourd’hui.

Je te sais gré de m’avoir épaulé si vigoureusement dans le conflit qui vient de m’opposer à quelques hommes du Gouvernement à propos de ce discours d’Auxerre [condamnant le projet d’armée européenne]. Je n’avais pas d’autre moyen de forcer les consignes de l’étouffement et du silence. Merci aussi d’avoir fustigé comme il convenait l’indignité de notre représentant au Conseil atlantique. Je n’ai pu y répondre personnellement qu’en déclarant que, dans ces conditions, j’entendais rester à mon poste et que si l’on voulait me chasser de Nato il fallait que quelqu’un en prît l’initiative »…

500 - 700 €

277

MICHELET Edmond (1899-1970).

L. A. S., Paris, 3 juillet 1954, au général de Gaulle ; 1 page in-4 à en-tête du Conseil de la République.

Au sujet des entretiens du Général avec le comte de Paris.

« Mon Général, Faisant suite à l’entretien que vous avez bien voulu lui réserver jeudi dernier, votre interlocuteur me charge de vous proposer la date du 13 Juillet – mardi à 17 heures – pour la rencontre projetée et sous la forme que vous lui avez dite ». Michelet redit au Général son « affectueux et très fidèle attachement »…

200 - 300 €

278

GODFROY René-Émile (1885-1981).

L. A. S., 27 août 1954, au général de Gaulle ; 1 page et demie in-4 à en-tête Amiral Godfroy.

L’amiral godfRoy félicite le Général pour sa « déclaration relative à la situation politique créée par la perspective du prochain vote du Parlement français au sujet de la communauté européenne de défense ». Il rappelle avoir « amené une escadre entière aux forces de la Libération, deux années avant la fin de la guerre, – alors que le Conseil national de la Résistance n’existait même pas encore – et qui en a été récompensé par une mise à la retraite d’office, prononcée par vous à Alger le 9 décembre 1943, six mois après le retour de cette escadre d’Alexandrie à Dakar. Sans cette force navale, la marine française n’aurait pu, un an après, participer aux débarquements de Normandie et de Provence. Bien que rien n’eût été plus cruel pour moi que cet éloignement de l’activité à un moment où il restait encore tant à faire, je me retrouve heureux aujourd’hui, et depuis longtemps déjà, de me trouver si bien d’accord avec votre action politique »…

200 - 300 €

GAULLE Charles de.

L. A. S., 12 octobre 1954, à son fils le lieutenant de vaisseau Philippe de Gaulle (à Toulon) ; 4 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle

Sur la situation politique et l’avancement des Mémoires de guerre.

« Je pense que tu as commencé ton service à bord du Lafayette et j’espère que gens et choses t’y donnent satisfaction. […] Maman et moi irons voir votre installation. J’aurai, quant à moi, diverses choses à te dire. Je suis, souvent, par la pensée, le petit Charles dans ses études. […]

La CED [Communauté européenne de défense] a été empêchée. Mais le régime et sa politique n’en ont pas pris plus de vigueur. Mendès-fRance, comme ses prédécesseurs, cultive le compromis pour se maintenir en place. Il me semble, cependant, qu’un souffle de redressement, quoique extrêmement timide et léger, commence à rider parfois l’eau dormante qu’est notre pays.

Je suis plongé dans mon 2e volume de mémoires. Le premier paraît le 25 octobre. Nous verrons ce que cela donnera. Je parle, bien entendu, de ce qu’il donnera quant à l’effet produit dans l’opinion »…

LNC, II, p. 1166.

1 000 - 1 500 €

280

MALRAUX André (1901-1976).

L. A. S., Boulogne s/Seine, 5 novembre [1954], au général de Gaulle ; 4 pages in-8 à son adresse.

Magnifique et longue lettre sur les Mémoires de guerre [après la parution du premier volume L’Appel, le 22 octobre 1954].

« Presque tous les grands acteurs de l’histoire qui ont écrit, semblent avoir voulu rédiger des compte-rendus d’opérations même lorsque ces opérations s’appellent un règne. Que vous ayez écrit un compte-rendu de mission, chacun, déjà, l’a vu. Il ne s’agit pas ici d’une charge remplie, mais d’une France assumée : d’un dessein conçu et poursuivi “envers et contre tous” pour la communauté française, au service de ce qu’il faut bien appeler une transcendance ; vos Mémoires de guerre commencent par la France, finiront par elle. Ce qui suffit à les séparer de ceux des chefs d’État auxquels on les compare, et leur donnerait pour famille celle des fondateurs d’ordres, s’ils avaient été écrits. […] Vous les légitimez devant leur meilleure part, – en un temps où le reflux du néant la recouvre. La “résistance de gauche” dit qu’elle admire “l’Appel” malgré le ton avec lequel vous parlez de Pétain : à la vérité, elle l’admire à cause de ce dont est garant un accent qui ne change pas quand Pétain est en cause. Je sais bien que vous avez choisi d’écrire les mémoires d’une action et non d’une personne ; mais je cherche les acteurs dont le ton s’accorde à de grandes actions (j’entends celles qui servent un commencement et une transcendance) : il n’y a pas foule. Cherchez vous-même… »…

En tête, de Gaulle a noté : « je l’ai vu »…

On joint une autre L. A. S., 7 mars [1955] (1 p. in-8 à en-tête Hôtel Bellevue Palace Bern) : à son retour à Paris, il demandera un rendez-vous au Général.

1 500 - 2 000 €

281

MALRAUX André (1901-1976).

L. A. S., Autun 3 décembre 1954, au général de Gaulle ; 1 page in-4, à en-tête de l’Hôtel Moderne et de la Tête noire, Autun-la-Romaine.

Il est venu en hâte à Autun « pour remédier à un petit accident de gravure (du célèbre tympan !) au moment où mon livre est sous presse », et il ne rentrera le lendemain que tard dans la nuit. « mais je souhaite que notre conversation ne laisse place à aucune équivoque, et tiens à vous prier de me croire, demain comme les autres jours, parmi vos compagnons »…

400 - 500 €

282

CATROUX Georges (1877-1969).

3 L. A. S., 1954-1957, au général de Gaulle ; 6 pages in-8 à en-tête Le Grand Chancelier de la Légion d’Honneur ; 2 avec apostille autographe de de Gaulle.

23 décembre 1955, vœux : « En vous les adressant je ne puis pas ne pas regarder vers le passé et ne pas évoquer ces mois de décembre des années de guerre où la pensée fixée sur l’avenir, nous priions, chacun dans notre langage, pour la victoire et la résurrection de la France »… En tête, de Gaulle a noté : « j’ai répondu ».

26 décembre 1956, vœux pour le général et les siens, mais aussi pour le « pays dont vous avez sauvé l’honneur et incarné la conscience au moment où il s’abandonnait. Pour ceux qui furent alors à vos côtés, il est en effet impossible de penser à la France sans en même temps penser à vous et sentir toujours aussi vivant le lien qui les attache à votre personne »… En tête, de Gaulle a noté : « j’ai répondu ».

27 juillet 1957, au sujet de sa préface au livre de Félix Garas [Charles de Gaulle seul contre les pouvoirs], inspirée par le cœur et la raison et les sentiments « d’amitié ancienne et d’admiration et aussi de gratitude, de cette admiration et de cette gratitude que vous doit tout Français. Aussi, n’ai-je eu qu’à les écouter pour tracer à grands traits une image authentique de celui qui par l’esprit et les actes, a incarné et incarne si noblement la figure permanente de la France »…

On joint une carte de visite autographe.

400 - 500 €

GAULLE Charles de.

2 L. A. S. (la 1ère « Ton Papa »), 28 février et 5 septembre 1955, à son fils le lieutenant de vaisseau Philippe de Gaulle (à Toulon) ; 3 et 4 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle

De Gaulle suit avec intérêt la carrière de son fils et les études de son petit-fils. 28 février. « Mon bien cher Philippe, Sache que ta Maman et moi avons été très heureux de vous revoir tous. Nous pensons à toi qui, en ce moment, dois naviguer et qui, bientôt sans doute, partiras au loin. Nous pensons à Henriette qui va rester seule avec les enfants, dure épreuve pour sa jeunesse. […] Nous pensons, enfin, à vos trois garçons dont vous pouvez être fiers. […]

Dans le courant de la semaine prochaine je serai opéré de la cataracte pour mon autre œil. N’en parle pas. Quant à moi, je garderai le secret autant que ce sera possible. […] Sans cette sorte d’opération, je serais, à l’heure actuelle, un aveugle »…

5 septembre. « D’après ce que tu m’écris, il n’est pas certain que la Marine ait hâte de te voir entrer à l’École de guerre navale. Si tel est le cas, je le regrette. Mais je pense qu’il ne faut pas lui forcer la main (je parle pour moi). Comme elle t’a inscrit au tableau, elle pourrait, – dans la personne de tes chefs, – trouver mauvais qu’on fasse maintenant pression sur elle, de l’extérieur, pour autre chose. […] Mon avis est que, pour le moment, il ne faut pas la contraindre. Sans doute attend-elle pour te donner une nouvelle affectation, que tu sois promu Capitaine de corvette.

Bien entendu, il s’agit pour toi, moins que jamais, de renoncer à l’École de guerre. Au contraire, c’est le moment de travailler, en vue de l’examen futur, autant que tu pourras et quelle que doive être la date.

Pour les études du petit Charles, l’année qui commence sera décisive. C’est celle où il démarrera ou ne démarrera pas. Comme tu ne peux pas t’occuper de lui à ce point de vue d’une manière régulière, je puis te dire, par expérience, que la qualité du collège où il sera va être d’autant plus importante. […] Dis-moi quelle est, au point de vue des dépenses, la différence entre le meilleur collège possible (ce doit être celui des Maristes) et une autre solution plus “commode” (transports compris). Cette différence je te l’offre, ainsi qu’à ton cher petit garçon »…

LNC, II, p. 1180 et 1192.

1 000 - 1 500 €

284

ESCHOLIER Raymond (1882-1971).

7 L. A. S., 1955-1957, au général de Gaulle ; 22 pages formats divers ; 5 avec apostille autographe de de Gaulle.

Longues lettres littéraires et politiques, notamment sur la poétesse Marie Noël. Mirepoix 17 février 1955, sur Marie Noël, « fille de France, contemporaine de Jeanne pour l’âme, la sainteté et le génie »… – 14 septembre, citant la lettre de Marie Noël au sujet des Mémoires du général. En tête, de Gaulle a noté : « j’ai répondu ». – 7 octobre, sur le poème prophétique de Marie Noël Message, écrit à la fin de 1940, « où elle prédisait qu’un Chevalier de France devait nous venir d’Angleterre, pour sauver la patrie », alors qu’elle ignorait tout de l’appel du Général, cet Appel du 18 juin qu’Escholier a entendu ; il cite la lettre de Marie Noël, bouleversée par la lecture de l’Appel dans les Mémoires du général ; il parle encore de Weygand et recommande le Pont de la rivière Kwai de P. Boulle…

Nîmes 29 juin 1956. Sur la mort de la compagne de sa vie ; ses rapports difficiles avec la maison Plon et le nouveau directeur Orengo ; les Mémoires du général ; son nouveau livre sur Matisse… En tête, de Gaulle a noté : « j’ai répondu. Moi. Lui envoyer un exemplaire alfa que je signerai ». – Diges 1er octobre, sur son article « sur l’écrivain Charles de Gaulle, […] premier chapitre d’un essai que je compte consacrer au styliste que vous êtes »… Sur la carte, de Gaulle a écrit : « je le verrai volontiers ».

Paris 18 septembre 1957. Au sujet de « La Neige qui brûle (Vie chantée de Marie Noël) » ; son culte pour Eugène Delacroix, dont il a sauvé l’atelier ; son prochain mariage avec Claudie Léouzon-le-Duc… En tête, de Gaulle a noté : « j’ai répondu ».

16 mars 1958, sur la situation politique ; il a des révélations à faire au Général avant la chute du gouvernement… En tête, de Gaulle a noté : « Moi C. »

500 - 700 €

285

GAULLE Charles de.

L. A. (minute avec ratures et corrections), 8 mars 1955, à l’éditeur Charles oRenGo ; 2 pages in-4 à en-tête Le Général de Gaulle (copie dactylographiée jointe).

Au sujet de l’édition de L’Appel dans le Livre de Poche.

Pour cette édition, il a retenu 113 documents. « Les 113 documents choisis ont tous, en leur temps, été écrits par moi. Puisqu’il faut renoncer à en reproduire davantage, c’est le moyen de faire que leur ensemble restant soit, tout de même, “caractéristique”. Mais au lieu de les répartir par chapitres (“La France libre”, “ L’Afrique”, “ Londres” etc. comme dans l’édition complète, je désire que, dans le Livre de Poche, ils soient présentés d’un seul tenant, suivant un seul et même ordre chronologique ». Il annonce l’envoi d’un exemplaire annoté avec la liste numérotée des documents, et ajoute : « J’ai fait quelques allégements de textes, les suppressions devant être indiquées par quelques points. J’ai modifié des titres. En particulier, j’ai supprimé le nom de l’expéditeur des 113 documents puisque tous sont de moi-même. Enfin, j’ai modifié le texte de la note préliminaire portée à la page 265 de l’édition complète »…

1 000 - 1 200 €

286

GAULLE Charles de.

L. A. S. « C.G. », 30 juin 1955, à Olivier GuichaRd ; 1 page et demie in-8 à en-tête Le Général de Gaulle

Cette note « pour M. O. Guichard » est relative à Mlle Germaine MeRlange (qui avait été la secrétaire de R. PleVen à Londres) : « Je souhaiterais beaucoup qu’elle obtienne satisfaction. Car elle fut très méritante et très sûre et elle a, sans nul doute, des capacités. En outre, elle parle parfaitement bien l’anglais.

Je préfère ne pas écrire au ministre des Affaires étrangères ni à M. Massigli. Mais je vous demande de faire savoir à l’un et à l’autre (ou à l’un ou à l’autre) ce qu’il en est et ce que je crois bon que l’on fasse. »

LNC, II, p. 1190.

600 - 800 €

287

ARON Robert (1898-1975).

L. A. S., 27 juin 1955, au général de Gaulle ; 1 page in-4.

Il a appris l’avis favorable donné par le Général « sur l’objectivité de mon livre Histoire de Vichy, que j’ai réalisé en équipe avec Mademoiselle Georgette Elgey ». Mlle elgey et lui seraient heureux d’être reçus par le Général « et de pouvoir recueillir votre conseil sur les projets d’ouvrages historiques que nous nous apprêtons à réaliser à la suite de l’Histoire de Vichy »…

En tête, de Gaulle a noté : « Qu’ils viennent ».

On joint une note autographe de de Gaulle (1 p. in-8 à son en-tête) : « Je veux bien voir les auteurs de l’Histoire de Vichy. – Pour Fouchet, au mois d’Août ».

300 - 400 €

MAURIAC François (1885-1970).

L. A. S., Paris, 7 juillet [1955], au général de Gaulle ; 1 page et demie in-4 à son adresse.

Belle lettre d’admiration gaulliste [après la conférence de presse du Général, le 30 juin, à l’hôtel Continental].

« Mon général, je n’ai pas voulu que l’Express paraisse avant que vous ayez pris connaissance de ma réaction à votre conférence du Continental. J’ose espérer qu’elle ne vous blessera pas et que vous sentirez toute ma respectueuse et fidèle admiration. Mais nous nous efforçons de communiquer à notre jeune public ce qui nous paraît évident : c’est que le retour de l’actuelle majorité en 1956 précipiterait la décadence française. Tout ne sera pas sauvé, si nous l’emportons et le régime restera ce qu’il est, –mais non les hommes – et vous êtes un exemple de ce que peut un homme.

Je vous redis notre confiance en vous, le besoin que nous avons de vous, la certitude que votre avenir peut être aussi grand que votre passé »… En tête, de Gaulle a noté : « J’ai répondu ».

800 - 1 000 €

289

GAULLE Charles de.

L. A. (minute), 17 juillet 1955, à Émile henRiot ;

2 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

« Mon cher Maître, Quelle satisfaction, quel plaisir j’ai éprouvés à lire “profondément” votre très beau livre Maîtres d’hier et contemporains !

Tout se dégage, se campe, s’ordonne dans votre pensée et, par conséquent, dans votre style. Si bien, qu’en somme, les maîtres, si divers, que vous prenez pour sujets, donnent, grâce à vous, l’impression de se rejoindre et de se compléter comme s’ils étaient de la même race. Au fait, c’était bien le cas !

Ce que vous écrivez de Barrès et de Loti, voilà, laissez-moi vous le dire, ce qui m’a séduit par-dessus tout dans votre ouvrage. Je crois bien que vous n’en serez pas surpris »…

LNC, II, p. 1191.

600 - 800 €

290

GAULLE Charles de.

L. A. (minute avec ratures et corrections), 28 septembre 1955, à Lady aMeRy ; 2 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

Mort de Leopold amery (1873-1955, il avait été secrétaire d’État à l’Inde dans le gouvernement de Churchill).

« La nouvelle de la mort de M. L. Amery m’a causé une grande peine. Il était un grand serviteur de son pays. Mais il servait aussi, noblement, tout ce qu’il y a d’humain dans notre pauvre monde. Je n’oublierai jamais, quant à moi, les rapports que j’eus l’honneur d’entretenir avec lui pendant les terribles années et la haute et réconfortante sympathie qu’il montra alors à mon pays et à moi-même.

C’est vous dire, chère Madame, quelle part je prends, nous prenons, ma femme et moi, à votre immense chagrin et à celui des vôtres »…

LNC, II, p. 1194.

600 - 800 €

BOÎTE RECTANGULAIRE EN BOIS PEINT, MILIEU DU XXe SIECLE

Le couvercle figurant le général de Gaulle en buste en uniforme et képi à feuilles de chêne, portant les insignes des FFL et des FNFL

H. : 9 cm

l. : 19,5 cm

P. : 26,8 cm

100 - 200 €

292

CHURCHILL Winston (1874-1965).

L. S. avec 2 lignes autographes, Roquebrune, Cap Martin 14 janvier 1956, au général de Gaulle ; 1 page petit in-4 ; en anglais.

Il remercie le Général de ses bons vœux pour 1956, et lui envoie en retour ses vœux de bonheur et de prospérité. Churchill a écrit, de sa main, en tête : « My dear de Gaulle », et a ajouté avant de signer : « Yours sincerely ».

800 - 1 000 €

« À Paris, l’atmosphère est sombre. On a l’impression d’une espèce de gestation. »

— Le 16 mars 1956

GAULLE Charles de.

3 L. A. S. (« Ton Papa », « C. » et « C.G  »), 2 et 21 février et 16 mars 1956, à son fils le lieutenant de vaisseau Philippe de Gaulle ; 2, 4 et 2 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

Sur la situation politique et morale et sur ses Mémoires de guerre.

2 février. « Tu ne saurais croire combien j’ai été heureux et fier de te voir figurer au tableau de concours pour la rosette. Henriette nous en avait avertis. J’ai fait venir le tableau et je constate que tu y es le seul lieutenant de vaisseau auprès de tant de frégatons et corvettards. C’est la preuve par 9 de tes services de guerre et de tes vols aéronavals. À tous égards tu es lancé maintenant au point de vue de ta carrière et de ta réputation. Je n’ai pas besoin de te recommander de travailler pour le prochain examen. Mais je te vois tout à fait en tête de ta génération. Nous te suivons par la pensée dans ton actuelle croisière »…

21 février. « Peu à peu, des signes apparaissent d’un léger changement dans l’état d’esprit de la masse française quant aux affaires de la France. Chez quelques-uns, il y a, maintenant, une franche excitation. Chez la plupart, on constate moins d’indifférence et d’abandon qu’il y a quelques mois : j’en reçois moi-même des témoignages croissants. Cela ne m’empêche pas, pour le moment, de travailler dur aux Mémoires dont je suis en train d’écrire le 8e et dernier chapitre du 2e tome (L’Unité).

Nous comptons aller à Toulon, Maman et moi et, peut-être, Élisabeth pour la première communion privée du petit Charles. […] Il fait ici, depuis tantôt un mois, un froid très dur et très tenace. Je n’en

ai jamais vu en France d’aussi prolongé dans une pareille âpreté : il y a de gros dégâts, surtout dans le Midi (oliviers, orangers, fleurs, légumes).

Philomène et Louise nourrissent les oiseaux de la Boisserie qui en ont le plus grand besoin »…

16 mars. « Comme tu le sais, nous sommes allés à Toulon, ta Maman et moi accompagnés par Élisabeth, pour la première communion privée du petit Charles. Nous avons trouvé Henriette et vos trois enfants en très bonne santé et avons été ravis de les revoir. […]

Je pense à toi qui dois être encore dans les perplexités au sujet de ton retour et dans la tension d’esprit du travail préparatoire. Plus les choses sont incommodes, plus il faut être maître de soi.

À Paris, l’atmosphère est sombre. On a l’impression d’une espèce de gestation. Mais je crains que cela n’éclose qu’à l’occasion d’une catastrophe (révolte générale en Afrique) »…

LNC, II, p. 1202, 1205 et 1206.

2 500 - 3 000 €

294

GAULLE Charles de.

Notes autographes pour L’Unité, [1956] ; 3 pages et demie petit in-4 à en-tête Le Général de Gaulle.

Corrections pour le second volume des Mémoires de guerre (L’Unité paraîtra en juin 1956).

Deux séries de corrections, avec renvois aux pages des épreuves.

La première liste recense 9 corrections brèves ; ainsi : «  166 mettre : la côte du Kouang-Si au lieu de : la côte du Yunnan […] 215 la construction symbolisant le nouveau démarrage, au lieu de : symbolique du » ; la dernière est plus longue : «  269 les communistes eurent 160 élus, les socialistes 142, les résistants de l’Union démocratique 30, les républicains-populaires 152, les radicaux 29, les modérés 66 » (les chiffres ont été corrigés).

La seconde liste donne quatre corrections plus développées ; ainsi, concernant l’épuration : « Page 115 S’ils n’avaient pas servi directement et passionnément l’ennemi, je commuais leur peine, par principe. Dans un cas contraire, je ne me sentis pas le droit de gracier »…

On joint une note autographe (sur un feuillet in-8 « de la part de Bourbon-Busset ») : « mes brochures illustrées (que j’ai gardées) sur “Présence de la France”. – Accuser réception ». On joint également trois séries de corrections supplémentaires (4 pages 1/2 in-8 à son en-tête).

4 000 - 5 000 €

CATTAUI Georges (1896-1974).

Charles de Gaulle (Éditions Universitaires, 1956) ; in-8 en feuilles (8 cahiers).

Épreuves corrigées par de Gaulle.

On relève environ 75 corrections ou annotations de la main du Général, la plupart à l’encre, consistant essentiellement à relever des erreurs et inexactitudes (« non », « faux », « inexact », « oh ! oh ! »…), ou exprimant une interrogation (« ? ») ; parfois il conteste, ainsi au sujet de sa blessure à Douaumont attribuée à un éclat d’obus : « non d’un coup de baïonnette » (p. 20), ou à propos de la souveraineté française (p. 79) : « non ! c’était ma politique » ; il corrige également quelques fautes d’orthographe, et rectifie des patronymes ou des dates.

Le Général ne semble pas avoir tellement apprécié cette lecture.

Il a joint une liste autographe, relevant les numéros de pages portant des corrections.

On joint une P. A. S. du général de Gaulle, 13 septembre 1954 (1 page in-8 à son en-tête). Note pour le commandant de Bonneval : « J’ai répondu à M. G. Cattaui, en lui parlant de son livre sur Léon Bloy que Beaulaincourt m’a procuré. Je n’ai pas eu l’exemplaire qu’il m’a envoyé. Prière de lui présente celui-ci pour qu’il le signe, s’il le veut bien. C.G. »

1 500 - 2 000 €

296

GAULLE Charles de.

L. A. (minute), 5 mai 1956, au général Mac aRthuR ; 1 page in-8 à en-tête Le Général de Gaulle. Épreuves corrigées par de Gaulle.

« Mon Général, Vous vous êtes rendu au rendez-vous de l’Histoire et vous ne l’avez pas déçue. Je vous remercie de votre aimable attention et vous demande de croire à ma très haute et fidèle considération »

1 000 - 1 500 €

297

BAKER Josephine (1906-1975).

L. A. S. « Josephine », Amsterdam, 10 mai 1956, au général de Gaulle ; 4 pages in-8 avec vignette et en-tête Doelen Hotel Amsterdam

Appel au général pour qu’il revienne au pouvoir.

« Mon general, nous voici revenus en arriere de 17 an - je fait illusion de 1939 - helas, 17 an de perdu, mais, cette page d’histoire servira a ceux qui ne voulaient pas vous croire. Ces 17 prouve que vous avais eu raison sur toute la ligne. à ce moment la, j’etais activement pres de vous, aujourd’hui je suis toujours, et plus fidele que jamais.[…]

Je pense q’il faut deja commencer montree aux peuples (par la propagande) toute ce qui commence que vous avez predite, arrive - en grand train - il faut une propagande enorme, car c’est l’epoque. Mais faite attention aux journaux ennemis des idées Gaulliste - ceux qui sont sous l’influence des puissance etrangeresFaite votre propagande sur du solide, vos predictions - l’indochine - l’afrique du nord etc. il ne faut pas trop attend car l’afrique du nord est le dernier etape avant la prise de la France metropole. […]

Je quite le theatre pour mieux servir pour la dignité Française - j’attend vos ordres. Quand cela vous convien le mieux - car je pense que je peut vous etre tres tres utile –Ce nai pas une actrice du theatre qui vous parle mais une compatriote qui à la foie en son chef -

Votre Josephine »…

En tête, de Gaulle a noté : « moi – aimable et bref ».

800 - 1 000 €

298

CHABAN-DELMAS Jacques (1915-2000).

5 L. A. S., 1956-1958, au général de Gaulle ; 6 pages in-8 ou in-4, quelques en-têtes ; 2 avec apostille autographe de de Gaulle.

12 mai 1956. « Après un voyage d’information qui m’a confirmé dans la conviction que les problèmes d’Afrique du Nord sont assurément solubles à la seule condition que la résolution nationale soit simplement moyenne, j’ai eu avec M. René Coty un entretien au cours duquel il m’a été confié un certain nombre d’intentions destinées à vous être rapportées directement en raison de leur nature à la fois générale et particulière »… – Fort-de-France 11 août. Il doit partir la veille de l’arrivée du Général, à qui il souhaite un bon voyage…

3 juillet 1957. Il demande un moment d’audience pour l’entretenir de « plusieurs sujets qui me paraissent intéressants, spécialement en regard de la conjoncture »… En tête, de Gaulle a noté : «  Moi Je vous verrai volontiers un peu plus tard car, précisément, je ne veux pas de la “conjoncture” ». – Bordeaux 11 novembre. « En prenant la responsabilité de la Défense nationale et des Forces armées, je ne puis m’empêcher de vous exprimer ma reconnaissance, et doublement en ce jour-anniversaire. Le 18 juin 1940, et toujours ensuite, vous avez désigné aux Français l’espérance et, à leur cœur, l’amour de la Patrie. Particulièrement, le jeune homme que j’étais en est demeuré marqué de façon indélébile. Dans un moment difficile, dans un système déplorable, le devoir me paraît consister, aujourd’hui, à tenter de maintenir tout en conservant l’espoir en un recours salutaire »…

1er février 1958. Vœux auxquels il mêle « les inquiétudes et les espérances attachées au destin national. Chargé de veiller, au sein des Alliances, à la sauvegarde d’une liberté d’action inséparable de l’indépendance de la France, j’ai déjà eu de trop multiples occasions de mesurer à nouveau les risques et les dangers auxquels est exposé notre Pays de fait, non seulement de l’évolution mondiale, mais aussi, et très largement, des vices de notre système institutionnel pris dans le sens le plus extensif. Vous comprendrez sans doute que pas un de vos compagnons ne renonce à l’espoir de voir mis un terme à votre éloignement de la direction des Affaires »… En tête, de Gaulle a noté : « j’ai répondu ».

On joint une carte de visite avec 7 lignes ms.

400 - 500 €

GAULLE Charles de.

L. A. (minute avec ratures et corrections), 22 juin 1956, au général René bouscat ; 3 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

Brouillon très corrigé à propos de la réception de ses Mémoires de guerre. René Bouscat (1891-1970), général d’armée aérienne, fut nommé en 1943 chef d’étatmajor général des forces aériennes françaises. « Mon cher Général, On m’avait effectivement rapporté que la revue intitulée “de défense nationale” avait passé sous silence le premier volume de mes Mémoires de guerre. Étant donné l’inspiration habituelle de ce périodique, j’avais trouvé cette omission naturelle et je n’y avais pas attaché d’importance.

Mais, les choses étant ce qu’elles sont, je tiens essentiellement, désormais, à ce que la revue s’abstienne de faire un compte rendu de mes Mémoires, d’énoncer à leur sujet quelque jugement que ce soit. Toute mention qui en serait faite après deux années de silence soulignerait, par le fait même du retard, le sentiment qui anime la revue à l’égard de ce que fut la défense nationale depuis la capitulation de Juin 1940 jusqu’à la victoire de 1945. Ma volonté formelle est donc qu’elle n’en parle pas. Puisque vous vous trouvez membre de son comité d’études, je vous serais obligé de le lui faire savoir. Il va de soi, mon cher Général, que je lirai, au contraire, avec beaucoup d’intérêt votre propre appréciation au sujet du récit d’événements où vous avez vous-même joué un rôle éminent et glorieux, dès lors que vous la publieriez ailleurs.

Vous recevrez incessamment l’exemplaire de L’Unité qui vous est destiné où j’ai parlé de vous et de l’Aviation sous vos ordres comme je le pense et comme il faut »…

LNC, II, p. 1210.

1 000 - 1 500 €

300

GAULLE Charles de.

2 L. A. S. (la 2e « Ton Papa »), 15 août et 22 septembre 1956, à son fils le capitaine de corvette Philippe de Gaulle (à Hyères) ; 4 et 2 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

Tournée en Guyane, aux Antilles et dans le Pacifique ; et affaire du canal de Suez. 15 août. « Je t’écris étant depuis hier soir avec Maman à bord du “Calédonien”. La visite à la Guyane, à la Guadeloupe et à la Martinique a été très impressionnante et très émouvante. Le caractère “français” de ces terres, le sentiment national des habitants, sont évidents. Ils ont éclaté en manifestations enthousiastes. Nous allons, maintenant, naviguer – paisiblement sans doute – jusqu’à Tahiti, alors qu’à la Guadeloupe, pendant notre séjour, un dur cyclone avait ravagé l’île, brisant les bananiers, cassant les arbres et décoiffant les maisons.

Quand cette lettre te parviendra, tu te trouveras à Hyères. Nous pensons à toi, à Henriette, à vos si gentils et intelligents garçons, qui allez bientôt, tous ensemble, commencer à Paris comme une vie nouvelle.

Il y avait à Fort-de-France 3 dragueurs de mines, l’un en stationnement normal, deux de passage et venant des États-Unis. […]

Je ne vois pas de raison d’évoquer “l’affaire du Canal”, qui se déroule dans la procédure, c’est-à-dire dans la glu, comme on pouvait le prévoir ».

22 septembre. Il évoque d’abord avec tristesse la « nouvelle lamentable de la mort du petit Thierry » [de Gaulle, son petit-neveu].

« Si l’on avait mené quelque opération sur le Canal, il n’eût pas été mauvais que tu y prisses part, notamment sous la forme d’un élément d’état-major destiné à éclairer le Gal B. [Beaufre] quant à la coopération avec l’aéronavale française et britannique. Mais il était bien clair d’avance qu’on ne déclencherait rien.

Je te raconterai le voyage en Guyane, Antilles, Pacifique, Djibouti. Ce fut vraiment magnifique et très émouvant »…

LNC, II, p. 1219 et 1228.

1 000 - 1 500 €

301

GAULLE Charles de.

3 L. A. S. (minutes), 12 octobre et 6 novembre 1956 ; 1 page in-8 chaque à en-tête Le Général de Gaulle.

Brouillons de télégrammes de condoléances.

12 octobre, à Jean BoudhoRs. « La mort de mon cher et respecté Général Boudhors m’a profondément ému. Je m’associe de tout cœur, ainsi que ma femme et les miens, au chagrin et aux prières de ses enfants ».

12 octobre, au baron Jean d’astieR de la VigeRie. « Profondément ému par nouvelle de la mort du Général d’Astier de la Vigerie, mon bon compagnon et mon ami, je vous adresse, ainsi qu’aux vôtres, mes sentiments de sympathie très cordiale et très attristée ».

6 novembre, à l’archevêque de Toulouse. « Très ému par la mort du Cardinal saliège, je salue avec respect sa grande mémoire. La France gardera le souvenir de ce prélat qui l’a si bien servie aux jours des plus grands périls. J’unis mes prières à celles du diocèse de Toulouse ».

LNC, II, p. 1232.

On joint une P. A. S., brouillon au crayon de télégramme à Richard G. casey, ministre des Affaires étrangères d’Australie, en réponse à son télégramme (joint), 16 septembre 1956 : « votre aimable télégramme m’a vivement touché, mon cher Ministre. J’espère pouvoir un jour trouver l’occasion de vous revoir. J’ai gardé de vous personnellement le meilleur souvenir depuis nos entretiens au cours de la guerre dans les difficiles conditions de ces grandes années »…

On joint aussi une note autographe, signée C. G., pour le colonel de BonneVal, 11 décembre 1956 (1 p. in-8 à son en-tête), concernant un mandat pour Mme François Boudhors et l’École d’enfants de troupe des Andelys.

800 - 1 000 €

302

GUITTON Jean (1901-1999).

L. A. S., Paris, 8 décembre 1956, au général de Gaulle ; 2 pages in-8 à en-tête Université de Paris Faculté des Lettres

Il évoque la cabale dirigée contre lui, et le soutien du Général… « vous êtes, à mes yeux de philosophe, un être absolument à part et dont on pourrait dire ce que S. Thomas enseignait de l’Ange : qu’il est une espèce à lui tout seul. L’engrenage de circonstances et une conception différente du Bien commun m’ont tenu hors de votre orbe. En lisant vos Mémoires j’ai mieux compris votre pensée dominante. Puis-je avouer qu’un mystère demeure encore : c’est votre attitude, après la guerre, envers ceux qui étaient dans l’axe Pétain, qui étaient nobles, et dont l’action passive était la condition du succès de la vôtre ? Je pense que cela s’éclairera au Jour du Jugement, si les problèmes nationaux alors ne s’évanouissent pas ». Quant à son livre sur Jésus, « j’y ai employé une méthode qui vous plaira : faire face hardiment et déboucher dans la lumière, moins par la lumière que par l’impossibilité de solutions contraires à la lumière. Il me semble que l’héroïsme et la foi ont ceci de commun qu’on y est acculé »…

On joint une L. A. (minute) du général de GAULLE à Jean Guitton, 27 novembre 1956 (2 p. in-8 à son en-tête), après la lecture de son Invitation à la pensée et à la vie : « J’admire comment, de la triste captivité, vous avez su faire jaillir une philosophie d’une aussi haute qualité. Pendant la grande épreuve nationale, vous étiez, d’esprit, éloigné de moi. Peut-être l’êtes-vous moins aujourd’hui, dès lors que sont venus à vous certains cris et certaine lumière. Soyez assuré, en tout cas, que je tiens votre pensée et votre talent pour des biens précieux de la France »…

On joint aussi la brochure de J. Guitton, L’Art de penser et la conduite de la guerre (École supérieure de Guerre, novembre 1956) avec envoi autographe : « Au Général de Gaulle, avec toute ma gratitude pour sa lettre et mon respectueux hommage Jean Guitton » (de Gaulle a noté sur le titre : « Moi C. »)

800 - 1 000 €

304

KOENIG Pierre (1898-1970).

L. A. S., 26 décembre 1956, au général de Gaulle ; 1 page et demie pet. in-4 à son en-tête Le Général de Gaulle.

PARIS Henri d’Orléans, comte de (1908-1999).

3 L. S. avec compliments autographes, Paris et Louveciennes 1956-1957, au général de Gaulle ; 1 page in-4 chaque, vignettes à ses armes.

15 octobre 1956. « Je viens de terminer la lecture du second tome de vos Mémoires et je tiens à vous exprimer mes remerciements pour l’exactitude avec laquelle vous avez traduit les sentiments qui m’ont poussé à venir à Alger en novembre 1942. Tout au long de ce volume, le lecteur vibre en communion avec l’auteur à la relation de cette marche heurtée, difficile, mais triomphale en fin de compte, vers la libération du territoire »…

16 mars 1957. M. Delongraye Montier est chargé d’exposer au Général « certains problèmes touchant au mariage de mon fils »… – 9 juillet. La lettre du Général, à l’occasion du mariage du Prince Henri, lui a apporté « avec votre appréciation des efforts que j’ai entrepris depuis mon retour d’exil, le témoignage de votre estime »…

On joint : – L. A. S. de Philippe de wuRteMBeRg au général de Gaulle, 8 juillet 1957, au sujet du mariage de sa fille Marie-Thérèse avec le Prince Henri, fils aîné du comte de Paris (2 p. in-8), avec note du général : « j’ai répondu ». – L. A. S. d’Henri comte de cleRMont, 6 septembre 1957, remerciant le Général de son cadeau de mariage, et évoquant, lors de son voyage en Italie, « les traces et le souvenir des Armées Françaises parties d’Algérie sous le drapeau de la France Libre qui allaient libérer notre Pays du nazisme » (2 p. in-4).

800 - 1 000 €

Vœux pour 1957 : « Pour la France, à laquelle vos vrais fidèles persistent à vous identifier, que souhaiter ? S’il ne s’agissait que de formuler des vœux, l’affaire serait aisée. – Mais que pouvons-nous espérer ? Voici l’essentiel. – Or, je suis assez pessimiste et je ne vois rien de clair devant nous. – Tout cela est désolant ». Il a un message à lui transmettre de la part du « vieux Jacques Bardoux »…

En tête, de Gaulle a noté : « J’ai répondu ».

250 - 300 €

GAULLE Charles de.

L. A. (la fin manque), [Colomb-Béchar], 11 mars 1957, à sa femme Yvonne de Gaulle ; 2 pages in-8 à son en-tête Le Général de Gaulle.

Voyage en Algérie.

« Ma chère petite femme chérie, Ce mot t’est écrit de Colomb-Béchar. Impression assez lourde et tendue par rapport à la rébellion algérienne et par rapport au Maroc tout voisin. Mais impression qui, localement, n’est pas mauvaise. Beaucoup de troupes (relativement). Les troupes ont bon aspect. J’ai du chagrin d’être loin de toi pour la première fois depuis pas mal d’années. Mais l’ambiance d’ici, et celle qu’on me fait prévoir à Tindouf et à Atar, me confirment dans la certitude qu’il n’y avait pas d’autre possibilité. J’ai vu Lacoste et Salan »…

LNC, II, p. 1243.

1 000 - 1 500 €

GAULLE Charles de.

L. A. (minute), 29 avril 1957, au Professeur Jean-Marcel Jeanneney ; 1 page et quart in-4.

Mort de Jules Jeanneney (1864-1957, avocat, président du Sénat, il fut ministre d’État du Gouvernement provisoire sous de Gaulle).

« Mon cher Doyen, La mort du Président Jeanneney m’a causé un profond chagrin. Il était un homme pour qui j’avais la plus haute estime possible. Je l’ai connu au début du drame de 1940 et, tout de suite, je m’étais senti impressionné et réconforté par la force, la sérénité de son patriotisme. À mesure des événements, cette opinion alla se renforçant, tandis que le caractère, la “vertu” de votre père prenaient leur noble relief. Quand il devint mon collaborateur au gouvernement de la Victoire, – lui qui fit celui de Clemenceau, – je pus voir que nul ne serait plus droit, plus ferme, plus désintéressé que lui. Et vous savez combien me furent précieux les entretiens que j’eus avec lui, par intervalles, et les témoignages qu’il m’adressa, jusqu’en ces tout derniers mois. C’est vous dire, mon cher Doyen, que ma fidélité est acquise à la grande mémoire du Président Jeanneney, qui servit si bien son pays. C’est vous dire quelle part je prends à votre deuil »…

LNC, II, p. 1246.

On joint le brouillon autographe du télégramme de condoléances (1 p. in-8 à son en-tête) au même : « Profondément ému par la mort du Président Jeanneney éminent serviteur de la France, mon compagnon, mon ami »…

800 - 1 000 €

307

HAÏLÉ SÉLASSIÉ (1892-1975).

L. S., Addis Abeba 22 mai 1957, au général de Gaulle ; 1 page in-4 à ses armoiries (deuil).

« Mon cher Général : Sa Majesté l’Impératrice et moi avons été très touchés par votre message de condoléances à l’occasion du cruel deuil qui vient de frapper la famille impériale et l’Éthiopie toute entière avec la perte de notre fils bien aimé Son Altesse le Duc de Harar. Affligés de la douleur indicible que partagent les auteurs d’un enfant disparu nous sommes profondément sensibles à cette marque de sympathie et d’amitié de vous-même et de Madame la Générale ».

On joint le double dactylographié de la lettre de condoléances du Général, avec corrections et 6 lignes autographes, 15 mai 1967 (1 p. in-4) ; et une carte de vœux impr. avec signature de l’empereur Haïlé Sélassié.

1 000 - 1 500 €

308

GAULLE Charles de.

P. A. et L. A., 5 juin 1957, à Maître Michel caRlini à Marseille ; 2 pages in-4.

Refus du transfert des cendres de pétain

Michel caRlini (1889-1967), avocat, fut maire de Marseille de 1947 à 1953, et élu député R. P. F. des Bouches-du-Rhône en 1951.

La note est écrite en marge de 2 coupures de presse du Méridional des 16 et 23 mai 1957, relatant une réunion de l’Association des Anciens Combattants de Verdun, présidée par M. Carlini, annonçant que le général de Gaulle avait accepté l’idée de transférer le corps du maréchal Pétain à l’ossuaire de Douaumont. De Gaulle écrit : « C’est faux ! Je n’ai jamais dit cela et je suis tout à fait opposé à ce “transfert !” – Me faire écrire à Carlini que je n’ai jamais tenu les propos qu’il me prêterait ». En marge du projet dactylographié de lettre à M. Carlini, le 5 juin 1957, de Gaulle rédige de sa main une nouvelle version de la lettre : « On m’envoie une coupure du Méridional, relatant certains propos qui me seraient prêtés au sujet des “cendres du Maréchal” et que je n’ai jamais, ni pensés,

ni prononcés ! Comme ce journal associe votre nom à cette histoire, je serais content que vous me disiez ce qu’il en est réellement. A bientôt, je l’espère, et croyez, mon cher Carlini à mes sentiments amicalement dévoués ».

LNC, II, p. 1248.

On joint une L. A. S. de Michel carLini au général de Gaulle, Cap-Corse 13 septembre 1950, au sujet de la venue à Marseille de Gaston Defferre, ministre de la Marine marchande, et le refus de Carlini de le recevoir à la Mairie (2 p. in-4). Plus le brouillon autographe signé du télégramme de réponse du général de Gaulle : « Il faut évidemment refuser. Je répète refuser » (1 p. in-8 à son en-tête).

1 000 - 1 200 €

309

KOENIG Pierre (1898-1970).

L. A. S., 9 juillet 1957, au général de Gaulle ; 1 page et demie petit in-4 à son en-tête Le général Koenig.

On lui a rapporté que Pierre PfiMlin aurait déclaré que « “l’heure du général de Gaulle a sonné” – ou quelque chose de très proche. Je pense que ce son de cloche peut être intéressant à entendre en ce moment, car la source est des plus dignes de foi ! » Il ajoute en P. S., le 11 juillet, qu’il a rencontré Bénouville qui a parlé avec Amaury de « notre Strasbourgeois. L’impression que Bénouville a retiré de sa conversation est que Mr Pfimlin serait prêt à entrer dans la “Croisade” – si on peut dire ! – s’il était assuré que vous viendriez devant les Chambres, quitte à les mettre en vacances immédiatement après le vote de pleins pouvoirs pour 2 ans ! Ce recoupement n’est pas, lui non plus, inintéressant. »

300 - 400 €

GAULLE Charles de.

2 L. A. (minutes avec ratures et corrections), [10 septembre et 20 novembre 1957], à P. MoRel, de la Librairie générale française ; 1 page et quart in-4 et 1 page in-8.

Préparation de l’édition de L’Unité, tome II des Mémoires de guerre, en Livre de Poche.

[10 septembre]. À la demande de l’éditeur, il a « réduit de beaucoup la partie Documents destinée à l’édition de L’Unité en livre de poche ». Restent 85 documents représentant « à peu près 80 pages de l’Édition Plon ». Il avait relevé quelques erreurs dans l’édition Plon, et souhaite voir les épreuves pour pouvoir les corriger, comme cela avait été fait pour L’Appel. Le Général rédige la note de présentation de ces Documents : « Les Documents ci-après font partie de la collection des dépêches, notes, déclarations, que j’ai écrites comme Président du Comité national français, puis du Comité français de la libération nationale, enfin du Gouvernement provisoire de la République française (1942 1944). La collection complète a été déposée par moi aux Archives nationales ». (Texte dactylographié joint).

[20 novembre]. « Je vous retourne ci-joint les épreuves de L’Unité après y avoir fait quelques corrections auxquelles je tiens. Comme vous le savez, les six pages de 260 inclus à 265 inclus sont à remettre à leur place »… (Texte dactylographié joint.)

On joint 2 L. S. de P. MoRel au général de Gaulle, relatives à cette édition, 2 septembre et 13 novembre 1957, la première annotée par le Général : « j’ai répondu ». Plus le tapuscrit d’un bref « texte rectifié » concernant le débarquement de Provence.

1 500 - 2 000 €

311

MALRAUX André (1901-1976).

L. A. S., Boulogne s/Seine, 12 novembre 1957, au général de Gaulle ; 1 page et demie in-8 à son adresse. « Mon Général, Je vous suis reconnaissant d’avoir bien voulu vous intéresser à ce petit problème, et d’avoir pris la peine de m’envoyer ces textes. Il y a, dans la lettre du Professeur Vallery-Radot, un élément d’humour noir que ni vous ni moi n’avions remarqué : cette élection implique l’éloge de Claude faRRèRe »…

600 - 800 €

JUIN Alphonse (1888-1967).

L. A. S., Paris, 29 décembre 1957, au général de Gaulle ; 2 pages in-8 à son en-tête Le Maréchal Juin.

Appel au retour au pouvoir du Général.

Vœux de nouvelle année… « Quand je parle de vœux et que je m’adresse à ta personne, c’est aussi, tu n’en saurais douter, au pays que je pense avant tout. Où va-t-il ? On se le demande depuis douze ans devant les hésitations d’une ligne vacillante qui, à ce train, finira bientôt par ne plus rien nous laisser de ce que nous étions en droit de considérer comme des certitudes. – Et cependant tu nous avais habitués, il n’y a pas si longtemps, à en suivre une, la tienne, qui, par la fermeté de son trait, un trait qui ne déviait jamais, entretenait tous les espoirs quelques difficultés que nous eussions alors à surmonter. Je souhaiterais, vois-tu, que ta voix se fît encore entendre et j’imagine qu’elle en peut encore trouver l’occasion en final de tes mémoires. Ne les achève pas, de grâce, sur le tournant de ta vie qui délibérément t’a fait abandonner le pouvoir. Qu’ils se prolongent dans l’avenir et par des vues profondes. La France divisée et aujourd’hui à l’écoute attend ce cri »…

En tête, de Gaulle a noté : « j’ai répondu ».

700 - 800 €

313

CHURCHILL Winston (1874-1965).

L. S., Chartwell, Westerham (Kent), 8 janvier 1958, au général de Gaulle ; 1 page pet. in-4 dactyl. à son adresse ; en anglais.

Il remercie le Général de son message de nouvel an qu’il a reçu avec plaisir : « it gave me much pleasure to receive ». Sa femme se joint à lui pour lui adresser ses très bons vœux pour 1958. Il espère que sa santé est bonne et que tout va bien pour lui : « I trust that your health continues to improve, and that all goes well with you »…

800 - 1 000 €

314

GAULLE Charles de.

L. A. S. (minute avec ratures et corrections), 15 mars 1958, à Pierre MaRcilhacy ; 1 page et demie in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

Pierre MaRcilhacy (1910-1987), sénateur de la Charente, se présentera contre de Gaulle aux élections présidentielles de 1965.

« Mon cher Sénateur, J’ai lu votre lettre avec un grand intérêt. Les reproches que vous formulez, au sujet de mon action lors de la Libération, me touchent peu parce qu’ils vont à l’encontre des faits et de l’équité. En revanche, c’est avec émotion que je recueille l’expression des sentiments que vous inspire l’état de notre pays. Quant à ce que vous voulez bien m’écrire en ce qui concerne ce que je pourrais faire, j’y suis, croyez-le, très sensible. Cependant, il est bien tard ! »…

LNC, II, p. 1271.

700 - 800 €

315

GAULLE Charles de.

L. A. (minute), 27 mars 1958, au colonel Nicolas RouMiantzoFF ; 1 page in-8.

Le colonel commandait le groupement blindé n° 7 des Forces françaises en Allemagne.

« On me dit que ce qui vous était offert, c’était le poste occupé antérieurement par le colonel de Pontbriand (régiment et secteur), lequel est plus ancien que vous. Néanmoins, il est probable que, pour le moment, votre Groupement blindé, là où il est, conviendrait mieux »…

LNC, II, p. 1274.

500 - 600 €

Poignée de main entre le général de Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer, le 4 juillet 1963.

SixièmePrésidencepartie.et postérité

Lots 316 à 365

316

GAULLE Charles de.

2 notes autographes, 22 avril et 14 mai 1958, à Marc Hérissé ; sur 2 pages in-4.

22 avril. Marc Hérissé transmet la demande de M. Filipacchi, au nom de la librairie Hachette, priant le Général de bien vouloir écrire une page d’introduction « pour la série historique du Livre de Poche dans laquelle ont été publiés vos Mémoires »… En marge, de Gaulle écrit : « Moi aimable mais je n’écris jamais de préface ni d’introduction et ne puis commencer à le faire pour ne pas créer un précédent ».

14 mai. En marge de sa réponse dactylographiée de refus (1 p. in-4 à son en-tête), le Général esquisse cependant ces deux phrases : « J’ai souhaité que beaucoup de Français puissent connaître ces souvenirs de la grande épreuve nationale. Le Livre de Poche fait le nécessaire et je l’en remercie » (transcription dactyl. jointe, avec double dactyl. d’envoi à Ch. Orengo).

800 - 1 000 €

317

JUIN Alphonse (1888-1967).

L. A. S., Paris, 18 mai 1958, au général de Gaulle ; 1 page et quart in-4. Dernières manœuvres pour le retour au pouvoir du Général.

« Mon cher de Gaulle Je t’envoie ce mot par Marenches qui, bien informé, te mettra au courant des derniers aspects de la situation. À voir les hommes du gouvernement Pfimlin ils paraissent butés, surtout quand on vient leur dire - ce que j’ai fait avanthier et hier - que rien ne pourra s’arranger tant qu’ils seront encore en place. Mais, à la vérité, ils sont prêts à se dégonfler, n’étant plus retenus que par l’idée de ne point trop perdre la face. Les choses peuvent aller maintenant assez vite, et cela dépendra un peu de ce que tu diras demain. Pas d’ambiguïté sur la politique algérienne, je te le demande pour moi qui naturellement suis de cœur et d’esprit avec tous mes frères algériens »…

En tête, de Gaulle a noté : « J’ai répondu ».

700 - 800 €

Conférence de presse du 19 mai 1958 : « Pourquoi voulez-vous qu’à 67 ans je commence une carrière de dicateur ? »

318

LIP

Calibre R 27

«Patent Pending»

No. 17298

Montre bracelet électronique en or 18k (750) portée par le Général de Gaulle

Boîtier rond, anses stylisées et biseautées, double fond vissé pour les piles, numéroté « 17298 » avec la mention « Electronic Incabloc Patent Pending ». Cadran argenté avec index « épis » et chiffres arabes appliqués, trotteuse centrale et minuterie perlée, signé. Mouvement électromécanique équipé du calibre R 27 (prévoir une révision complète).

D. : 45 mm

Poids brut : 45 g

6 000 - 10 000 €

Cette montre-bracelet portée par le général de Gaulle, sans doute à partir de 1958 puisqu’elle fait partie des toutes premières séries produites, est certainement l’une des pièces les plus iconiques de cette vente, car elle combine tous les aspects qui concourent au « Prestige de la France ».

Patent Pending

Cette montre est issue de la série du modèle Lip équipée du calibre R 27, le modèle étant à l’époque une prouesse technologique. Cette pièce est d’autant plus intéressante qu’elle possède au dos du boîtier la mention « Patent Pending », ce qui atteste qu’il s’agit d’un modèle spécial, car cette terminologie est utilisée pour désigner les premiers exemples sortis d’ateliers.

Dans l’horlogerie, comme dans beaucoup d’industries, l’anglicisme « Patent Pending » est utilisée lorsqu’une demande de brevet a été déposée pour protéger une innovation ou une invention spécifique, mais que le brevet n’a pas été officiellement accordé.

Calibre R 27

Ce modèle équipé d’un calibre R 27, dit à 2 piles, a été commercialisé de 1958 à 1960. Le calibre R 27 est particulièrement atypique et a donné son nom au modèle. À l’époque, ce fut l’une des toutes premières innovations dans le domaine et cette prouesse du « génie français » fut mise en avant par Charles de Gaulle, alors Président de la République.

Ce mouvement horloger légendaire, introduit en 1958, est le marqueur d’une avancée significative dans l’histoire de l’horlogerie française, car il s’agit du premier mouvement électromécanique européen. Il fut entièrement conçu et fabriqué par Lip à Besançon.

Caractéristiques techniques

Ce nouveau type de mouvement électromécanique, combine des composants mécaniques traditionnels avec une alimentation électrique. Il est alimenté par deux piles fournissant l’énergie nécessaire à son fonctionnement. Les oscillations du balancier spiral, principal organe régulateur avec l’échappement, sont entretenues par un système électromagnétique polarisé.

Fonctionnement

Le balancier est mis en mouvement par un électroaimant alimenté par les piles. Un contact électrique, actionné par le balancier, ferme le circuit, permettant ainsi au courant de maintenir l’oscillation du balancier. Ce système

innovant élimine le besoin de remontage manuel, offrant une précision accrue par rapport aux montres mécaniques traditionnelles.

Impact historique

Le calibre R27 a été une prouesse d’ingénierie pour Lip, ouvrant la voie à 15 années d’avant-garde pour la marque. Il a été porté par des personnalités de renom, notamment le Général de Gaulle, dont notre exemplaire qu’il porta à son poignet est certainement une version prototype de l’époque.

Aujourd’hui, le calibre R27 est considéré comme une pièce maîtresse du patrimoine horloger français, témoignant de l’innovation et du savoirfaire de Lip à cette époque. Le calibre R27 atypique a donné son nom au modèle et fut à son époque l’une des grandes innovations dans le domaine de l’horlogerie en Europe.

Les années de recherche

Les recherches sur l’électricité appliquées au domaine de l’horlogerie débutent chez Lip dans les années 30 avec les premières expérimentations sur les pendules, puis les travaux s’appliquèrent à la montre-bracelet à la fin des années 40 dans le plus grand secret.

Dix années de recherches entre 1948 et 1958 auront été nécessaires pour mener à bien ce projet, alors que les Américains s’intéressent également à ce projet révolutionnaire de montre électrique.

Sous la direction de Jean-Georges Laviolette et Paul Dargier de Saint Vaulry, remplacé dès 1955 par Jean Pommier, la première montre bracelet électrique européenne voit le jour en 1958 sous le calibre R27.

Le Prestige de la France

Cette réalisation est sans aucun doute l’une des prouesses qui témoigne du « génie français « à la fin des années 50, alors que le Général de Gaulle établissait les institutions de la Ve République dont il fut le premier président en 1958.

Décrite dans la publicité de l’époque comme « l’une des montres les plus précises du monde » ainsi que « la première montre électrique fabriquée en Europe », elle est le témoignage le plus important de la fameuse épopée horlogère de la fabrique LIP, fleuron à l’époque de l’industrie horlogère en France.

319

MÉDAILLE DE TABLE EN OR JAUNE, PAR JOSETTE HÉBERT COËFFIN (1907-1973)

L’avers figurant le portrait du général de Gaulle, de trois-quarts, regardant vers la droite et légendé ‘Général de Gaulle / Président de la République’ ; le revers présentant une croix de Lorraine jaillissant du V de la Victoire et légendé ‘France’ ; la tranche portant l’inscription : Liberté, Égalité, Fraternité ; petites rayures

Poinçon : corne d’abondance 3 or

D. : 80 mm

Poids : 376 g

6 000 - 8 000 €

320

MÉDAILLE DE TABLE EN OR JAUNE, D’APRÈS ALFRED BORREL

L’avers figurant le buste de Rouget de Lisle et inscrit des dates ‘1760-1836’ ; le revers légendé : ‘Lons-le-Saunier Ville natale de Rouget de Lisle auteur de la Marseillaise 10 mai 1780’ et souligné d’une branche de chêne ; petites rayures

Poinçon : corne d’abondance 3 or

D. : 57 mm

Poids : 132 g

3 500 - 4 500 €

321

MÉDAILLE DE TABLE EN OR JAUNE, REFRAPPE DE LA MONNAIE DE PARIS

L’avers figurant le profil en buste de Louis XIV en armure, légendé ‘LUDOVICUS

MAGNUS REX CHIRSTIANISSIMUS’ ; le revers inscrit ‘EXERCITU.E.CASSELLENSI.PRAELIO. REDEUNTE’

Poinçon : corne d’abondance 3 or

D. : 70 mm

Poids : 244 g

7 000 - 8 000 €

ENSEMBLE DE BAGAGES AYANT APPARTENU AU GÉNÉRAL ET À MADAME DE GAULLE.

Comprenant :

– Malle rectangulaire de la marque Innovation, gainée d’un revêtement à l’imitation de la toile fauve, les angles soulignés de renforts à l’imitation du cuir brun, les cornières et serrures en laiton, les poignées en cuir, le porte-étiquette accueillant une carte de visite Madame Charles de Gaulle ; usures et salissures d’usage.

H. : 34 cm – l. : 91 cm – P. : 56 cm

– Malle à vêtements de la marque Innovation, gainée d’un revêtement à l’imitation de la toile fauve, les angles soulignés de renforts à l’imitation du cuir brun, les cornières en acier, les serrures en laiton, les poignées en cuir, le porte-étiquette d’applique contenant une carte de visite Général de Gaulle, la découpe du couvercle oblique, l’intérieur agrémenté de cintres, numérotée 4 au pochoir sur deux faces ; usures et salissures d’usage.

H. : 94 cm – l. : 59 cm – P. : 27 cm

– Malle à vêtements de la marque Innovation, gainée d’un revêtement à l’imitation de la toile fauve, les angles soulignés de renforts à l’imitation du cuir brun, les cornières et les serrures en laiton, les poignées en cuir, la découpe du couvercle oblique, l’intérieur compartimenté ; usures et salissures d’usage.

H. : 92 cm – l. : 60 cm – P. : 29 cm

- Importante malle rectangulaire de la marque Innovation, gainée d’un revêtement à l’imitation du cuir crème, les angles soulignés de renforts, les cornières et serrures en laiton, le porte-étiquette d’applique contenant une carte de visite Mme Charles de Gaulle, les poignées en cuir, l’intérieur à compartiments ; une poignée latérale retenant une étiquette « Club Militar de Colombia », l’autre retenant une étiquette avec des mentions manuscrites au crayon difficilement lisibles, probablement de la main de Madame de Gaulle et une clef légendée « malles Madame » ; usures et salissures d’usage.

H. : 47 cm – l. : 110 cm – P. : 57 cm

2 000 - 3 000 €

GAULLE Charles de.

L. A. S. « Ton Papa C. G. », 14 février 1960, à son fils le capitaine de corvette Philippe de Gaulle (à Toulon) ; 4 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

Importante lettre sur les événements d’Algérie et la force nucléaire française.

« J’ai pris à ta lettre un grand intérêt. Ton jugement sur les événements d’Algérie est le même que le mien. De toute façon, il fallait en finir avec l’outrecuidante pression des Européens d’origine à Alger, avec le noyau politicien qui se formait dans l’armée, enfin avec le mythe de “l’Algérie française” qui ne fait que couvrir la volonté des “pieds noirs” de maintenir leur domination sur les Musulmans, dût la France s’épuiser à réprimer des insurrections en série et à se faire mal voir du monde entier. L’abcès est donc crevé. On doit veiller à ce qu’il ne se reforme pas. […]

Notre bombe va changer les idées de beaucoup. C’est un succès, surtout comme preuve de notre capacité à embrasser les techniques les plus ardues et les plus compliquées et de notre résolution de suivre notre propre route sans céder aux pressions du dehors. En tout cas, nous marchons maintenant vers la constitution d’une force de frappe atomique où la marine jouera un rôle capital »…

LNC, III, p. 218.

2 000 - 3 000 €

« Notre bombe va changer les idées de beaucoup. »

Le 14 février 1960

324

TRAIN ÉLECTRIQUE OFFERT PAR NIKITA KHROUCHTCHEV AUX PETITS-ENFANTS DU GÉNÉRAL DE GAULLE

Fabrication soviétique

Comprenant : deux motrices, deux wagons de passagers et deux wagons de marchandises, une gare, un pont, un passage à niveau, un chef de gare, une station, trois lampadaires et trois feux de signalisations, un ensemble de rails, un transformateur. Dimensions indicatives : 270 x 147 cm

On joint le mode d’emploi annoté en cyrillique.

2 000 - 3 000 €

Le premier secrétaire du Parti communiste de l’Union soviétique, Nikita Khrouchtchev, est reçu en France par le général de Gaulle du 23 mars au 3 avril 1960.

« Ni l’un ni l’autre des deux rivaux ne souhaite aller à la guerre. Il faudra donc,

quelque jour, reprendre la conversation. »

— À propos de l’affaire dite « du Sommet » en mai 1960

325

GAULLE Charles de.

L. A. S. «  Ton Papa », 18 mai 1960, à son fils le capitaine de corvette Philippe de Gaulle (à Toulon) ; 4 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle. Importante lettre sur la Conférence au sommet de Paris et l’incident provoqué par Khrouchtchev.

La Conférence au sommet, organisée par la France, réunissait les chefs d’État d’Allemagne, de Grande-Bretagne, de Russie, des États-Unis. Dès l’ouverture, le 16 mai, Khrouchtchev s’en prit à Eisenhower, à propos de l’avion d’observation américain U2 abattu au-dessus du territoire russe.

« L’affaire dite “du Sommet” change d’aspect. […] Les Américains ont eu tort, à mon avis, de lancer leur U2 sur la Russie à la veille même de la réunion. (Ils l’avaient fait maintes fois auparavant). Puis, ils ont eu tort de faire, à ce sujet, des déclarations contradictoires. Les Soviétiques ont eu tort de monter l’affaire en épingle et d’en faire une machine de guerre contre Eisenhower personnellement. Cependant, ni l’un ni l’autre des deux rivaux ne souhaite aller à la guerre. Il faudra donc, quelque jour, reprendre la conversation.

En ce qui nous concerne, la conclusion à en tirer, c’est qu’il nous faut exister par nousmêmes. En particulier, une force nucléaire effective nous est nécessaire. […]

Cette absence m’a empêché de te souhaiter ta fête à la date voulue. Mais j’ai bien pensé à toi pendant ces journées-là, comme toujours »…

LNC, III, p. 238.

2 000 - 3 000 €

De Gaulle
14h. Paris
© Archives de GaulleBridgeman images
Le général à La Boisserie en 1962 entouré de sa femme, de sa belle-fille, Henriette de Gaulle, et de deux de ses petits enfants, Yves et Charles.

GAULLE Charles de.

L.S., 22 juin 1960, à Maurice Bourdel, Président-directeur général de la Librairie Plon ; 1 page in-4.

Au sujet du tome III de ses Mémoires de guerre. Il lui envoie « le texte définitivement rectifié des sept chapitres. Je demande que ce texte soit, sous cette forme, utilisé pour les tirages futurs de l’actuelle édition, ainsi que pour l’édition du livre de poche et, plus tard, pour l’édition illustrée ». Il lui envoie également un texte à ajouter dans les tirages futurs… Le texte, joint, est la copie dactylographiée d’une lettre de de Gaulle à Eisenhower du 3 janvier 1945. En tête du double dactyl. de sa lettre à Bourdel, de Gaulle a noté « copie » et au bas  : « signé : de Gaulle ».

500 - 700 €

327

GAULLE Charles de. Note autographe, août 1960 ; 1 page in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

Note de lecture concernant Colombey-les-Deux-Églises.

D’après la Toponymie de la France d’Auguste Vincent (Bruxelles 1937) : « Dans chapitre “Détermination de noms semblables”. Paragraphe : Construction Religieuse, cite Colombey-les-deux-Églises, en 1108 : “Colombei ubi duae ecclesiae sunt”. En 1203 : “Colombeium ad duas ecclesias” ».

600 - 800 €

« Je poursuis ma tâche qui consiste à “libérer” notre pays de certaines chaînes qui le tiennent encore. »

— Le 6 novembre 1960

GAULLE Charles de.

L. A. S., 6 novembre 1960, à son fils le capitaine de corvette

Philippe de Gaulle (à Toulon) ; 4 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

Sur le problème algérien.

« Mon cher Philippe, Les vœux de fête que tu m’as affectueusement adressés de ta part, de la part d’Henriette et de vos enfants m’ont vraiment touché. […]

Je suis avec attention le cours de tes croisières et exercices et me figure qu’ils comportent, moyennant beaucoup d’efforts, de puissants attraits et un grand intérêt.

Quant à moi, je poursuis ma tâche qui consiste à “libérer” notre pays de certaines chaînes qui le tiennent encore. Notre absorption par l’Algérie est de celles-là. Dès lors que nous ne sommes plus – et c’est évidemment le cas – à l’époque coloniale, il faut absolument nous dégager pour pouvoir prendre les routes nouvelles. Mais il faut le faire en menant le jeu.

On verra, en fin de compte, que toute cette Afrique du Nord a beaucoup plus besoin de nous que nous n’avons besoin d’elle. Encore faut-il faire en sorte que ce soit elle qui devienne demanderesse. Mais la bassesse des gens qui détiennent quelque mandat ou quelque feuille publique a quelque chose de monumental »…

LNC, III, p. 271.

2 000 - 3 000 €

GAULLE Charles de.

L. A. S. « Ton Papa », [Colombey-les-Deux-Églises], 22 janvier 1961, à son fils le capitaine de corvette Philippe de Gaulle (à Toulon) ; 4 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

Après le référendum du 8 janvier pour l’auto-détermination de l’Algérie. « Je t’écris de La Boisserie où nous sommes venus, ta Maman et moi, pour le week-end. Un délégué de Truffaut a fait, l’autre jour, l’inventaire des plantations, d’où il résulte qu’il faut entreprendre pas mal de choses. Les grands sapins sont, dans tout le jardin, ou morts (de la maladie) ou condamnés à plus ou moins long terme. Beaucoup d’arbres doivent être élagués, etc. L’avenue est à reconstituer en vue de l’avenir. Bref, on va s’y mettre, afin de rendre à ce modeste parc une nouvelle vie.

Je ne doute pas que tu sois, en cette période de ta carrière, entièrement absorbé par ton commandement. En particulier, je sais que toi et ton bâtiment vous vous préparez à une longue croisière. J’espère que le navire lui-même aura été bien remis en état auparavant et que l’étatmajor et l’équipage sont satisfaisants maintenant en nombre et en qualité. Quant à l’exécution de ce que Le Picard aura à faire, c’est naturellement de toi que cela dépend, de ta décision, de ton jugement, de ton calme, de ta capacité technique. Sur tout cela je n’ai pas de doute.

Les semaines récentes ont été, ce n’est guère la peine de le souligner, très importantes pour notre pays. J’ai tenu à procéder au référendum, d’abord pour vérifier l’adhésion des Français à de Gaulle, ensuite pour les embarquer, en tant que nation, dans la politique algérienne que je crois la seule pratique et la seule possible, enfin pour montrer à quelle toute petite minorité se réclamaient ceux qui s’accrochent aux chimères. Il est très probable que l’année en cours sera décisive pour cette affaire qui nous absorbe et nous paralyse, alors que nous avons tant de choses à réaliser chez nous et ailleurs ! »…

LNC, III, p. 319.

2 000 - 3 000 €

GAULLE Charles de.

L. A. S., 5 mars 1961, à son fils le capitaine de corvette Philippe de Gaulle (à Toulon) ; 4 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

Sur la situation mondiale et le développement de la France.

« Mon cher Philippe, Par la pensée, je te suis, ainsi que ton navire, dans ta croisière atlantique. Sans doute êtes-vous maintenant au début du retour. Nous comptons, ta Maman et moi, aller à Toulon pour assister à la première Communion du petit Jean. Nous descendrons, – aussi incognito que possible, – chez le Préfet maritime. Arrivant samedi soir par avion, nous repartirons de même mardi matin. Je me réjouis de voir Henriette et vos fils. Tous évidemment regretteront que tu ne sois pas présent. En attendant, le tourbillon mondial continue à s’agiter. Bien entendu, nous sommes impliqués au premier chef. Dans ce qu’il nous faut faire, notamment en Afrique et surtout en Algérie, mon effort consiste à conduire le mouvement et à tenir les rênes sans nous laisser rien dicter ni arracher soit du dedans soit du dehors. Si, comme je l’espère bien, nous y réussissons, nous pourrons sortir de tout cela dans les meilleures conditions possible. Après quoi, la grande affaire sera notre propre

développement économique, social, militaire, etc. Car c’est là qu’est la puissance. Je voudrais bien pouvoir te parler de tout cela, quant au présent et quant à l’avenir. Mais cette année ne s’y prête pas. Cependant, je te demande de continuer d’y réfléchir et, quand tu en as l’occasion, de me faire part de tes jugements. J’y tiens beaucoup, sache-le bien »… Il est à la Boisserie pour le week-end. Il y fait « entreprendre la construction d’un vrai tennis »…

LNC, III, p. 337.

2 000 - 3 000 €

« La grande affaire sera notre développement économique, social, militaire, etc. Car c’est là qu’est la puissance. »

— Le 5 mars 1961

« L’affaire d’Algérie crève un abcès qui, de toute manière, devait être vidé. »

— Le 27 avril 1961, à propos de la tentative de putsch à Alger

GAULLE Charles de.

L. A. S., 27 avril 1961, à son fils le capitaine de corvette Philippe de Gaulle (à Toulon) ; 3 pages et demie in-8 à en-tête Le Général de Gaulle

Après la tentative de putsch à Alger (22-25 avril).

« Mon cher Philippe, Je te souhaite une bonne fête. Que Dieu –le Dieu des Français – te garde et te conduise ! L’affaire d’Algérie crève un abcès qui, de toute manière, devait être vidé. Mais le redressement et le renouveau militaires sont aussi difficiles qu’ils sont indispensables. L’événement va, à cet égard, me permettre beaucoup de choses. Corrélativement, le rétablissement de l’État dans son autorité et dans sa capacité peut être, à présent, activé. Je dois dire que la Marine, quant à elle, s’est bien comportée.

Je t’ai fait retirer de Mers el-Kébir à un certain moment parce que je

me méfiais de quelque erreur ou surprise locale qui t’aurait mis à la discrétion des insurgés. Or, c’était à éviter absolument – ne fût-ce que pour mon propre “standing”.

Au revoir, mon cher Philippe. Après moi, tu auras forcément beaucoup et de grandes choses à faire »…

LNC, III, p. 357.

2 000 - 3 000 €

Marc CHAGALL (1887-1985)

Soirée (couverture de programme)

Lithographie en couleurs

Signée dans la planche et contre-signée « Marc Chagall » dans la marge en bas à droite

Justifiée « HC » en bas à gauche

Dédicacée : « Pour le Général de Gaulle et Madame / Marc Chagall / 1963 »

54 x 43,5 cm (à vue) (Insolation)

Bibliographie :

Chagall, The Lithographs, A Catalogue Raisonne, Hatje, 1999, p. 183, n° 383. [Collectif], Marc Chagall, Les livres illustrés, p. 180, n° 54.

300 - 600 €

Le sujet de notre estampe a été réalisé par l’artiste à l’occasion d’une soirée organisée au château de Versailles le jeudi 30 mai 1963 au théâtre Louis XV par le général de G aulle en l’honneur du roi et de la reine de Suède.

En 1962, André Malraux demande à Marc Chagall de réaliser une nouvelle fresque pour le plafond de l’opéra Garnier. Cette œuvre, dont les toiles viennent recouvrir sans abîmer la fresque originale de Lenepveu, sera installée et inaugurée en 1964.

333

GAULLE Charles de.

L. A. S., 12 avril 1964, à son fils le capitaine de frégate Philippe de Gaulle ; 1 page et demie in-8 à en-tête Le Général de Gaulle, avec enveloppe autographe signée.

Précieux document pour organiser sa succession politique, en songeant notamment à son fils.

« Mon cher Philippe, S’il devait arriver que je disparaisse prochainement, sans avoir directement fait connaître qui, dans les circonstances présentes, je souhaite que le peuple français élise pour mon successeur immédiat comme Président de la République, je te confie le soin de publier aussitôt la déclaration ci-jointe. Je dis : mon successeur immédiat, parce que j’espère qu’ensuite c’est toi-même qui voudras et pourras assumer à ton tour la charge de conduire la France. Ton père très affectionné C. de Gaulle ».

L’enveloppe est ainsi rédigée par le général :

« Personnelle et confidentielle. 12.4.64.

M. le Capitaine de Frégate de Gaulle Ci-inclus : Une lettre, Une Déclaration.

S’il ne “m’arrive” rien d’ici au 15 Mai prochain, garder la lettre et me rendre la Déclaration »

[Philippe de Gaulle a indiqué, en publiant cette lettre : « Ce document a été restitué, sans être décacheté, au général de Gaulle qui l’a probablement détruit ».]

LNC, III, p. 637.

3 000 - 4 000 €

ENSEMBLE NUMISMATIQUE

Comprenant : - Dans un écrin portant l’inscription « Caractéristiques des Monnaies » et dévoilant neuf éléments tels que : - Sept pièces inscrites, à l’avers : ‘Monnaie de Paris’ ; au revers : ‘essai de frappe’ ; - Une pièce de 10 Francs, l’avers au coq, daté 1958 ; - Une pièce de 100 Francs, l’avers aux épis de blé et d’olivier, inscrit ‘essai’ et daté ‘1954’.

Accompagné d’un carton explicatif décrivant les caractéristiques des monnaies : 1 c. ; 2 c. ; 5 c. ; 10 c. ; 25 c. ; 50 c. ; 1 F. ; 2 F. ; 5 F. - Dans un écrin de la Monnaie de Paris : deux épreuves spéciales ½ Franc, 1965.

100 - 200 €

Adrien HEBERT (1890-1967)

Les docks

Huile sur toile

Signée ‘adrien Hébert’ en bas à droite 92 x 61 cm

(Verni jauni, petites craquelures)

600 - 800 €

Adrien Hébert est un artiste québécois. Il est particulièrement habile pour traduire l’effervescence et le bouillonnement urbain, symptôme du monde moderne. Dans les années 1920 il s’intéresse au port de Montréal, qui fait face au fleuve Saint-Laurent. Ces docks forment un contrepoint moderne aux territoires sauvages abordés par Jacques Cartier quatre cents ans plus tôt : le village iroquoien surmonté d’une colline a depuis laissé place à la vapeur des machines.

© AgipBridgeman images

Le général de Gaulle en déplacement dans le Doubs, le 16 juin 1962.

GAULLE Charles de.

3 L. A. S. (la 2e « C. »), 16 janvier, 25 mai et 9 juillet 1967, à son fils le capitaine de vaisseau Philippe de Gaulle (à Lorient) ; 2, 1 et demie et 2 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle, enveloppe pour la 3e

16 janvier. « Mon cher Philippe, Tandis que tu commandes le Suffren, ma pensée et mon affectueuse fierté vont et seront auprès de toi. Ton navire est beau et bon. Ce qu’il peut encore laisser à désirer est une partie de l’épreuve que comporte le Commandement et que tu surmonteras, j’en suis sûr, brillamment. Du côté de la Marine, on me dit, qu’après quelques “tuyaux” reçus des Américains et le travail de Matra, les masurkas doivent marcher comme il faut vers la fin de l’année »…

25 mai. « Lundi, je pars pour Rome, avec ta Maman. Ce sera un voyage assez complexe. Ensuite ce sera la Pologne ! J’espère que tout va bien pour toi et pour le Suffren, quoique le temps soit bien mauvais »…

9 juillet. « Mon cher Philippe, te voilà Commandeur de la Légion d’Honneur ! Je t’en félicite très vivement et affectueusement. Tu es le premier de Gaulle qui se trouve honoré de ce grade. Mon père est devenu “officier”, à titre de combattant. Moi-même je n’ai jamais reçu la “cravate”. Tu as toutes les raisons d’être heureux et fier d’une dignité due à tes services de guerre et à tes risques et mérites ultérieurs »…

LNC, III, p. 861, 895 et 905.

2 000 - 3 000 €

« Mon

cher Philippe,

te voilà Commandeur de la Légion d’Honneur ! »

— À son fils, le 9 juillet 1967

337

GAULLE Charles de.

2 L. A. S., 4 octobre et 5 novembre 1967, à son fils le capitaine de vaisseau Philippe de Gaulle à Lorient ; 2 pages in-8 chaque à en-tête Le Général de Gaulle, enveloppes jointes.

4 octobre. « Mon cher Philippe, D’ici la fin de cette année, tu vas te trouver dans une période capitale de ton commandement. Inutile de te dire que ma pensée ira souvent vers toi et vers le Suffren

« Quant à l’ensemble des affaires, j’estime que leurs cours est satisfaisant en dépit des grands efforts déployés par les opposants pour faire croire

le contraire. »

— Le 4 octobre 1967

Ta future croisière : Dakar, Rio, Recife, Las Palmas, doit être, à tous égards, d’un grand intérêt. Auparavant, les tirs et exercices en Méditerranée le seront aussi. Tu me diras, le moment venu, les conclusions que tu en auras tirées.

Quant à l’ensemble des affaires, j’estime que leur cours est satisfaisant en dépit des grands efforts déployés par les opposants pour faire croire le contraire. En fait, le régime et sa politique continuent »…

5 novembre. « Mon cher Philippe, Je te remercie des vœux affectueux que tu m’as adressés pour ma fête. Tu sais que les miens ne te quittent pas et, notamment, dans l’exercice de ton actuel commandement. Tous ici, nous regarderons demain la Télévision où le Suffren doit paraître comme un des éléments caractéristiques de notre force moderne.

Me rendant bien compte des obligations particulières qui vont forcément t’incomber lors des quatre escales de ta prochaine croisière et pour aider à ce que les choses soient “bien” sans être naturellement excessives, je t’envoie quelque chose à cette intention.

Pour ce qui est des affaires générales, elles suivent leur cours sans aucun drame »… LNC, III, p. 920 et 931.

1 500 - 2 000 €

« Une fois de plus, [...] tu m’as donné toutes les raisons qui justifient ma fierté paternelle. »

— À son fils, le 19 décembre 1967

338

GAULLE Charles de.

2 L. A. S., 19 et 31 décembre 1967, à son fils le capitaine de vaisseau Philippe de Gaulle à Lorient ; 3 et 2 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle, enveloppes jointes.

« La gloire se donne seulement à ceux qui l’ont toujours rêvée. »

— Le général de Gaulle

19 décembre. « Tout ce que j’ai su, d’abord de tes tirs et exercices en Méditerranée, puis de ta croisière en Atlantique, m’a donné la meilleure impression du Suffren et de son Commandant. Une fois de plus, – et c’était en une très importante occasion – tu m’as donné toutes les raisons qui justifient ma fierté paternelle. Les ragots malveillants que certains ont tâché d’exploiter au sujet de tes propos à Rio n’ont aucune espèce d’importance. Plus tu t’élèves et parais, plus cela arrivera. Il n’y a là rien que de méprisable et d’inévitable. […]

À Paris, rien de bien nouveau. L’année politique, sociale et économique s’achève dans le calme pour ce qui concerne notre pays »…

31 décembre. « Mon cher Philippe, Je te remercie bien des vœux affectueux que tu nous as adressés. Tous les miens, les meilleurs du monde, vont à toi-même en même temps qu’ à Henriette et à vos enfants. Je ne manque pas d’y joindre ceux que je forme pour le beau, bon et puissant Suffren

Le fait est que ce navire et son commandant se sont magnifiquement comportés dans les épreuves qu’ils avaient à subir. Je te sais grand gré des nouvelles raisons de fierté paternelle et de satisfaction militaire que j’ai pu y trouver »…

LNC, III, p. 939 et 944.

1 000 - 1 500 €

RARE COFFRET COMMÉMORATIF DE LA LÉGION D’HONNEUR

Fondu et ciselé spécialement pour le général de Gaulle

Par Albert de Jaeger et la Monnaie de Paris

En bronze doré et ciselé.

Couvercle à décor de l’étoile de l’ordre, à centre au profil de Bonaparte Premier Consul signé « Jaeger ».

Le revers du couvercle orné de cinq étoiles de la Légion d’honneur et de l’inscription : « Ce Coffret dedié à l ordre de la légion d honneur à été Ciselé par albert de Jaeger et spéCialement fondu pour le général de gaulle grand maître de l ordre

mCmlxvii monnaie de paris »

Intérieur du coffret décoré d’un semis d’aigles stylisés, de bonnets phrygiens, de fleurs de lys et de monogrammes « RF ».

Les flancs du coffret présentant en alternance des vues et symboles relatifs à la Légion d’honneur (dont l’hôtel de Salm) ainsi que des citations de Napoléon Bonaparte (« On ne transige pas avec l’honneur » - « La première des vertus est le dévouement à la Patrie ») et du général de Gaulle (« La gloire se donne seulement à ceux qui l’ont toujours rêvée » - « La fonction la plus importante et la plus noble qui soit dans l’ordre temporel je veux dire le service de l’État »).

L’ensemble reposant sur dix pieds.

D. : 20 cm

H. : 9 cm

B.E.

1 000 - 1 500 €

LIP

Chronomètre Piezo-Electronique

Pendulette électronique en métal doré, ayant appartenu au général de Gaulle, dans son coffret d’origine ayant obtenu un Bulletin de Marche Chronomètre de Marine délivré par l’Observatoire National de Besançon.

Boîtier rectangulaire avec une face vitrée, le dessous portant une étiquette avec toutes les interventions faites pour l’huilage ainsi que le changement des piles avec la mention de la date anniversaire du Général de Gaulle surlignée en rouge « 22 Novembre 1968 ».

Mouvement électromécanique de précision, aux normes des chronomètres de marine, bulletin de l’Observatoire National de Besançon (prévoir une révision complète).

H. : 8,1 cm

l. : 13,5 cm

P. : 9 cm

2 000 - 3 000 €

D’après une tradition orale et familiale, cette pendulette électronique, qui se trouvait sur le petit bureau dans l’appartement de l’Élysée, fut offerte au général de Gaulle par Fred Lip le 22.11.68, jour de son anniversaire. La pendulette porte au dos une étiquette manuscrite, écrite à l’encre noire par son fils, l’Amiral de Gaulle :

« Se trouvait sur le petit bureau de mon père dans l’appartement privé de l’Élysée, lui avait été offerte à l’occasion de son anniversaire ».

Pendulette Chronomètre de Marine

Le chronomètre de marine est un instrument incontournable dans l’histoire de la navigation maritime et de l’horlogerie de précision. Son invention a permis de résoudre le problème crucial de la détermination de la longitude en mer, améliorant ainsi la sécurité et l’efficacité des voyages maritimes à une époque où les grandes découvertes géographiques et le commerce maritime jouaient un rôle majeur.

Contexte et problème de la Longitude

Pendant des siècles, les marins pouvaient déterminer leur latitude grâce aux étoiles et au soleil, mais la détermination de la longitude demeurait un défi. Une erreur dans le calcul de la longitude pouvait entraîner des déviations importantes, causant des naufrages et des pertes économiques. Pour déterminer la longitude avec précision, il fallait connaître l’heure exacte à un point de référence tout en étant en mer.

Les origines du Chronomètre de Marine

L’invention du chronomètre de marine est attribuée à John Harrison, un charpentier et horloger autodidacte anglais du XVIIIe siècle. En 1714, le Parlement britannique établit le Longitude Act , offrant une récompense considérable à quiconque pourrait résoudre le problème de la longitude. Harrison consacra sa vie à perfectionner des dispositifs permettant une mesure précise du temps en mer, sans être affectés par les mouvements du navire, la température et l’humidité.

Ces chronomètres sont aujourd’hui au musée de Greenwich à Londres, le méridien éponyme étant le point zéro pour le calcul des différents fuseaux horaires.

Chronomètres H1 à H3

Harrison a développé plusieurs prototypes de chronomètres marins, chacun améliorant la précision et la résistance aux conditions maritimes. Chronomètre H4

En 1761, Harrison présenta le modèle H4, ressemblant davantage à une grande montre de poche qu’à ses modèles précédents. Cet instrument fut le premier à répondre aux exigences de précision pour déterminer la longitude, permettant un écart de quelques secondes seulement après un long voyage en mer.

L’évolution des Chronomètres de Marine

Le succès de Harrison a stimulé l’innovation en horlogerie, et d’autres horlogers européens ont contribué au développement de chronomètres marins encore plus fiables et accessibles. Parmi eux, des noms illustres comme Ferdinand Berthoud et Pierre Le Roy ont apporté des avancées notables en France au cours du XVIII e siècle, améliorant ainsi les mécanismes pour accroître leur stabilité et précision.

Aujourd’hui, les chronomètres de marine font partie du patrimoine historique de l’horlogerie et de la navigation. Ce qui explique également que cette pendulette porte la mention de l’Observatoire de Besançon avec le bulletin de marche qui atteste de la grande précision du chronomètre.

L’Observatoire National de Besançon

L’Observatoire de Besançon, fondé en 1884, a joué un rôle central dans l’histoire horlogère de la ville, contribuant à définir son statut de capitale française de l’horlogerie. Dès sa création, l’observatoire a offert des services essentiels aux horlogers locaux, notamment la certification de la précision des montres et la fourniture de l’heure exacte. Il était le seul établissement français habilité à décerner le titre de « chronomètre » aux instruments de précision qui comme cette pendulette qui répond à des critères métrologiques stricts.

De Gaulle - Une succession pour l’Histoire

LONGINES

Li Quartz (Lithium) No. 20526337

Montre à quartz en métal doré et acier ayant appartenu au général de Gaulle.

Boîtier tonneau, la lunette en métal doré, fond fermeture à pression portant la mention « Lithium » et numéroté « 20526337 ».

Cadran patiné avec chiffres romains, minuterie chemin de fer au centre, trotteuse centrale et date à guichet, signé avec la mention « Li Quartz ». Mouvement quartz (prévoir une révision complète).

H. : 37 mm

l. : 33 mm

200 - 300 €

Les premières montres à quartz chez Longines ont marqué un tournant important dans l’histoire de la marque et de l’horlogerie en général. Longines, maison horlogère suisse de renom fondée en 1832, s’est illustrée par son rôle pionnier dans l’adoption et le développement de la technologie quartz, notamment dans la seconde moitié du XXe siècle.

Comme beaucoup de maisons suisses, Longines s’est lancé dans la course au quartz pendant les années 1960, une période où le monde horloger était en plein bouleversement en raison des avancées technologiques. En 1969, le mouvement quartz est introduit pour la première fois à grande échelle par Seiko avec l’Astron, mais Longines et d’autres marques suisses suivent rapidement.

Longines a continué à innover dans le domaine du quartz, en produisant des montres toujours plus fines et performantes, comme en témoigne notre exemple dont la numérotation correspond à l’année 1969. Aujourd’hui, Longines continue de produire des montres à quartz aux côtés de ses modèles mécaniques, combinant tradition horlogère et technologie moderne. Les modèles quartz de la marque demeurent très prisés pour leur fiabilité et leur esthétique soignée.

« Ici, tout se passe suivant le plan. C’est-à-dire que nous y sommes dans une solitude complète. »

— Le 16 mai 1969, à propos de son voyage en Irlande

343

GAULLE Charles de.

P. A. S. « C. G. », 27 juin 1969 ; 1 page in-8 à en-tête

Le Général de Gaulle

Au sujet du manuscrit de La Condition humaine d’André Malraux

« Pour le manuscrit de “La Condition humaine”, il faut dire à M. A. Malraux ce que j’ai entendu qu’il soit fait (Biblioth. Nale) ».

LNC, III, p. 1074.

800 - 1 000 €

GAULLE Charles de.

L. A. S. « Ton Papa C. G. », [Irlande], 16 mai 1969, à son fils le capitaine de vaisseau Philippe de Gaulle ; 2 pages in-8 à en-tête

Le Général de Gaulle

Séjour en Irlande.

« Mon cher Philippe, Ce mot te trouvera à ton retour. Nous pensons beaucoup à toi, à Henriette, aux enfants.

Ici, tout se passe suivant le plan. C’est-à-dire que nous y sommes dans une solitude complète. Le pays est vraiment très beau, et l’installation, suffisamment confortable, nous met en face d’un paysage grandiose : une baie de l’océan au milieu de vieilles montagnes rocheuses et désolées. Nous pensons rentrer après le 18 Juin et espérons vous revoir alors tous en bonne santé et gaillards quant à l’avenir. Pour les examens de Charles et d’Yves je ne formule aucun souhait – comme pour la chasse – mais je n’y pense pas moins »…

LNC, III, p. 1061.

1 000 - 1 200 €

GAULLE Charles de.

L. A. S. « Ton Papa », 19 juillet 1969, à son fils le capitaine de vaisseau Philippe de Gaulle à Contrexéville ; 2 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle, enveloppe jointe.

Rédaction des Mémoires d’espoir.

« Mon cher Philippe, Les nouvelles que tu nous donnes me font penser que ta cure te débarrassera décidément des séquelles de l’épreuve de santé que tu as traversée. Ainsi pourras-tu prendre ton nouveau commandement dans les meilleures conditions. D’autre part, j’imagine que ton actuelle solitude est une période de méditation, ce qu’il est excellent de pouvoir vivre par moments dans son existence. Pour moi, c’est définitivement mon lot en attendant le dernier jour. J’utilise ces loisirs en écrivant d’autres Mémoires, ceux qui se rapporteront à l’époque 1958-1969. C’est un énorme travail. Peut-être aura-t-il pour l’avenir quelque intérêt ? »…

LNC, III, p. 1078.

1 000 - 1 500 €

« [...] ton actuelle solitude est une période de méditation, ce qu’il est excellent de pouvoir vivre par moments dans son existence. »

— Le 19 juillet 1969

On joint une autre P. A. S. pour X. de Beaulaincourt, 5 novembre 1969 (demi-page in-8 à son en-tête) : « Dire de ma part à Louis Vallon que j’ai, bien sûr, lu son livre. C.G. » 500 - 700 € 344

345

GAULLE Charles de.

P. A. S. « C.G. », 29 août 1969 ; 1 page in-8 à en-tête Le Général de Gaulle

Note pour Xavier de beaulainCourt « Dire de ma part à M. Léo Hamon : que j’ai reçu sa lettre du 24 Août et que j’en ai été touché. Que mon amitié pour lui est fidèle. »

LNC, III, p. 1082.

GAULLE Charles de.

L. A. S. « C.G. », 20 octobre 1969, à son fils le capitaine de vaisseau Philippe de Gaulle à Brest ; 2 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle, enveloppe jointe.

Rédaction des Mémoires d’espoir.

Le capitaine Philippe de Gaulle a été promu commandant de l’aéronautique navale de la 2e Région maritime à Brest. « Mon cher Philippe, Sache que je serais heureux et très intéressé d’avoir tes impressions directes au sujet de ton Commandement : personnel, matériel, organisation, etc. N’oublie pas que si je puis t’aider en ce qui concerne ton installation à Brest, je suis tout disposé à compléter. Ceci, de toutes manières, mais en outre pour “l’honneur du navire” – celui qui porte notre nom. Ici, je travaille activement. J’aborde le 4e chapitre des sept qui feront mon premier volume ! »…

LNC, III, p. 1086.

600 - 800 €

GAULLE Charles de.

L. A. S., 9 novembre 1969, à son fils le capitaine de vaisseau

Philippe de Gaulle à Brest ; 3 pages et demie in-8 à en-tête

Le Général de Gaulle, enveloppe jointe.

Intéressante lettre au sujet de ses Mémoires d’espoir.

« Mon cher Philippe, Tes souhaits de fête m’ont fait grand plaisir. Je t’en remercie. D’autre part j’ai pris grand intérêt aux indications que m’a apportées ta lettre au sujet de ton commandement. […] Plus qu’aucun autre de ceux qui sont considérés comme du même ordre, il embrasse l’ensemble et se prolonge, si on peut dire, au-delà de lui-même. C’est bien que ce soit toi qui aies à l’exercer.

J’éprouve d’autant plus de satisfaction à voir ton rôle actif s’étendre et grandir que le mien est terminé. Il me reste – si je le peux – à rendre compte par des Mémoires de ce que j’ai voulu, tenté et, peut-être, en partie réussi en temps de paix. Le jugement des contemporains – tous engagés en sens divers – me préoccupe vraiment peu. Mais je crois que ce qu’en penseront les Français de l’avenir, tout au moins les meilleurs d’entre eux, aura son importance. Dans treize jours, j’entrerai dans ma 80e année. C’est dire qu’il faut me hâter malgré les doutes et la fatigue de l’âge et des épreuves.

Ici, tout est très calme, à ceci près que la maison est en pleins travaux de remise en état (peinture, électricité, plâtres, etc.). Du côté de la famille, rien de nouveau, à part le mariage récent de Michel Anthonioz. Ta tante Marie-Agnès, qui y assistait, nous écrit que la jeune mariée (américaine) était très gentille et la cérémonie (dans l’Eure) très sympathique. […] Je suppose que la tempête souffle à Brest, car ici elle se déchaîne. La Jeanne d’Arc a commencé sa croisière sur une mer sans doute agitée »…

LNC, III, p. 1090.

BnF, Charles de Gaulle. (n° 485).

1 500 - 2 000 €

349

GAULLE Charles de.

2 L. A. S., 17 et 27 décembre 1969, à son fils le capitaine de vaisseau Philippe de Gaulle à Brest ; 1 page et demie et 2 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle, la 1ère avec son enveloppe.

Sur la promotion de Philippe de Gaulle au grade d’amiral, et l’avancement des Mémoires d’espoir.

17 décembre. Un mot de M. Tricot « me confirme que tu es inscrit sur la “liste d’aptitude”. Cela est, naturellement, secret »…

27 décembre. « Mon cher Philippe, Charles te porte cette lettre. Nous avons été très heureux de le voir. Sa personnalité continue à s’affirmer. Je lui ai donné à lire ce qui est déjà écrit de mon livre et je tiendrai certainement compte de ses jugements qui étaient justes et réfléchis.

Tu seras donc, tout le fait prévoir, amiral à 49 ans. Rien n’existe qu’en son temps et par comparaison. En notre temps et par comparaison avec d’autres, c’est une grande réussite de carrière, quoi que tu sembles en penser »…

LNC, III, p. 1097 et 1104.

1 000 - 1 500 €

348

GAULLE Charles de.

L. A. et L. A. S. (minutes), 1er et 2 décembre 1969 ; 1 page (pli réparé au ruban adhésif) et uen demi-page in-8, les deux à en-tête Le Général de Gaulle.

1er décembre, à Joseph paul-bonCour. « Cher Monsieur le Président, Rien ne pouvait me toucher et m’honorer davantage que le témoignage de votre amitié. Je vous suis profondément reconnaissant de me l’avoir adressé »…

2 décembre, au prince norodom sihanouk (brouillon de télégramme) : « Les souhaits d’anniversaire que Votre Altesse royale m’a adressés m’ont beaucoup touché et honoré. Car ils me viennent d’un souverain auquel je porte la plus haute considération et la plus sincère amitié, et dont le peuple est, pour toujours, très cher au peuple français. »

LNC, III, p. 1095.

800 - 1 000 €

« Le jugement des contemporains [...] me préoccupe vraiment peu. Mais je crois que ce qu’en penseront les Français de l’avenir [...] aura son importance. »

— Le 9 novembre 1969, à propos de son rôle en temps de paix

350

GAULLE

Charles de.

L. A. S. « Ton Père », 13 février 1970, à son fils le capitaine de vaisseau Philippe de Gaulle, à Brest ; 2 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle, enveloppe jointe.

Rédaction des Mémoires d’espoir.

« Mon cher Philippe, Tandis que tu exerces ton commandement, avec les responsabilités, les satisfactions et les soucis qu’il comporte et que je mesure de loin, la vie à Colombey est calme et, pour moi, laborieuse. Ces jours-ci, nous y avons eu la compagnie d’Élisabeth et d’Anne, celle aussi d’Alain qui est venu pour un week-end. Nous avons eu également et avec grand plaisir la présence de Jean. Il est maintenant presque un “jeune homme” et me fait l’effet de se révéler peu à peu d’une manière satisfaisante, notamment au point de vue de la curiosité d’esprit et du jugement. Si, comme je l’espère beaucoup, tu peux venir à La Boisserie le mois prochain, je te demanderai de lire les deux chapitres de mon livre consacrés à la politique étrangère : “L’Europe” et “Le monde”. Je suis maintenant attelé à l’avant-dernier chapitre (Fin de l’affaire algérienne) »…

LNC, III, p. 1123.

On joint 2 notes autographes signées (sur ff. in-8 à son en-tête) : – à propos d’une lettre de Maurice Clavel, [5 février 1970] : « ne rien répondre C. G. » (1/4 p.) ; – 12 février 1970 : « dire à M. A. Conte que j’ai reçu son livre Sans de Gaulle mais je ne donne jamais mon appréciation au sujet des ouvrages dont je suis le sujet. C. G. » (1 p.)

1 000 - 1 500 €

BULOVA

Accutron

Pendulette de présent pour Noël 1969

« Merry Christmas 1969 Eunice and Sargent Shriver » avec la mention « General and Madame de Gaulle »

Boîtier rectangulaire avec une face vitrée, porte deux plaques avec une dédicace « Merry Christmas 1969 Eunice and Sargent Shriver » avec la mention « General and Madame de Gaulle ». Mouvement électronique de type Bulova Accutron.

H. : 13,5 cm

l. : 13 cm

P. : 14 cm

2 000 - 4 000 €

Cette pendule offerte par la sœur de John Fitzgerald Kennedy, Eunice Kennedy, devenue Madame Sargent Shriver, est un souvenir historique très intéressant qui témoigne de la force de l’amitié Franco-Américaine. Son mari, Sargent Shriver, homme politique américain et diplomate présent aux côtés de JFK lors du début de son mandat, fut nommé ambassadeur des États-Unis en France en 1968, date à laquelle sa femme fonda les premiers Jeux Olympiques Spéciaux.

La relation Franco-Américaine

Le voyage du président John Fitzgerald Kennedy accompagné de sa femme, Jacqueline Kennedy (surnommée Jackie), en France du 31 mai au 2 juin 1961, est un des moments emblématiques des relations diplomatiques entre les États-Unis et la France sous la présidence du général de Gaulle. Ce voyage est souvent évoqué par le prisme du charme et de l’élégance de Jacqueline Kennedy, qui a captivé le public français et reçu un accueil chaleureux de la part du général de Gaulle. John Fitzgerald Kennedy ira même jusqu’à dire lors de son discours qu’il est « l’homme qui accompagne Jacqueline Kennedy à Paris ».

Eunice Kennedy Shriver

Eunice Kennedy Shriver était une figure influente et inspirante au sein de la célèbre famille Kennedy, reconnue pour son engagement social et ses contributions humanitaires. Elle est surtout connue pour avoir fondé les Jeux Olympiques Spéciaux en 1968, un mouvement mondial visant à offrir des opportunités sportives aux personnes ayant des déficiences intellectuelles.

Cet engagement est né de son affection pour sa sœur Rosemary Kennedy, atteinte de troubles du développement et ayant été victime d’une lobotomie infructueuse, ce qui l’inspira afin de tout faire pour améliorer la vie des personnes ayant des besoins spéciaux.

Eunice Kennedy Shriver a laissé un héritage profond qui va bien au-delà de la famille Kennedy. Son travail a changé la perception des personnes ayant des déficiences intellectuelles, les intégrant davantage dans la société et ouvrant la voie à des initiatives similaires dans le monde entier.

Distinctions et Reconnaissances

En 1984, Eunice Kennedy Shriver reçu la Médaille présidentielle de la Liberté, la plus haute distinction civile des États-Unis, en reconnaissance de son travail pour toutes les personnes handicapées.

Eunice Kennedy Shriver reste une figure exemplaire pour sa vision et sa détermination à promouvoir l’inclusion, la dignité et les opportunités pour tous, en particulier pour ceux qui étaient souvent négligés par la société. Elle est également la seule femme à apparaître de son vivant sur une pièce de monnaie aux États-Unis (le Special Olympics Silver Dollar en 1995).

Bulova : la marque horlogère des Présidents américains

La marque de montres Bulova, fondée en 1875 à New York par Joseph Bulova, a noué des liens privilégiés avec plusieurs présidents américains. Voici comment la marque s’est inscrite dans l’histoire présidentielle américaine ainsi que toute l’administration américaine dans le monde entier, comme en témoigne cette pendulette au sigle de la Présidence des Etats-Unis.

Les liens entre Bulova et les présidents américains témoignent de la reconnaissance de la marque comme un symbole de l’excellence horlogère et de l’innovation technique aux États-Unis. Que ce soit par des cadeaux diplomatiques, des choix personnels ou des contributions aux grandes avancées technologiques comme la course à l’espace, Bulova a su entretenir un lien étroit avec la Maison-Blanche, renforçant son statut de marque emblématique américaine.

GAULLE Charles de.

3 L. A. S. (« C. G. », la 3e « C. de Gaulle »), 15 mars, 20 et 29 avril 1970, à son fils le capitaine de vaisseau Philippe de Gaulle, à Brest ; 2, 2 et 3 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle, 3 enveloppes.

Sur ses Mémoires d’espoir et le sort de ses archives.

15 mars. « Je sais que l’Amiral Patou envisage de prendre sa retraite, notamment parce que le projet de transformation du Colbert serait abandonné faute de crédits. Ce départ serait très regrettable et je l’ai fait dire à l’Amiral. Mais, dans aucune affaire, je ne veux prendre aucune part. C’est avec joie que nous te verrons venir prochainement à Colombey. Je prendrai ton avis sur deux chapitres que tu n’as pas encore lus sur “L’Europe” et sur “Le monde”, peutêtre même sur un troisième que j’aurai, je l’espère, achevé, au sujet de la fin du drame de l’Algérie »…

20 avril. « Ta dernière lettre me montre que ton commandement est lourd en actions, obligations et responsabilités. Je suis sûr que tu portes allègrement le tout, bien qu’il te manque certainement ces petits quelque chose en plus qui seraient bien utiles et qui, toujours, font défaut.

Quand je te verrai, je te parlerai à loisir de la question de mes archives. Pour celles qui sont constituées par des documents d’État, il n’y a pas de question. Quand j’aurai terminé mes mémoires et, en tous cas, quand je mourrai, elles iront aux Archives nationales. […]. Encore une fois, je t’en parlerai »…

29 avril. « Tous mes vœux, très affectueux, de bonne fête vont à toi. Puisses-tu recevoir de la vie jusqu’à la prochaine Saint-Philippe tout ce qu’elle peut te donner dans ta personne, dans ta famille et dans ta carrière ! Nous savons, ta Maman et moi, qu’Henriette et Pierre, peut-être Jean ? seront auprès de toi le 1er mai. Notre pensée y sera aussi. J’achève mon livre Le Renouveau. Tu en as lu tous les chapitres à l’exception du dernier dont il me reste à écrire une vingtaine de pages. Cela paraîtra avant la fin de l’année. Quant aux Discours et messages, le premier des 5 volumes Pendant la guerre a paru la semaine dernière. J’en ai fait imprimer un exemplaire sur papier “Hollande” pour toi et Henriette et j’en expédie un sur papier courant à chacun de tes fils. […] Ici, nous sommes dans la peinture. Les peintres se sont emparés de l’escalier et abords. Puis ce sera la salle à manger, enfin les autres pièces. On n’oubliera pas, entretemps, les fenêtres, volets et balustrades »…

LNC, III, p. 1128, 1135 et 1137.

2 500 - 3 000 €

353

GAULLE Charles de.

L. A., [21 avril 1970], à André CHamson, Directeur général des Archives Nationales ; 1 page in-4 en partie dactylographiée à en-tête Le Général de Gaulle. Sur le sort de ses archives.

La lettre est élaborée sur une première version dactylographiée, largement corrigée, avec une importante addition restée inédite.

« Mon cher Maître, Mon souci de mise en ordre de mes archives, pour autant qu’elles concernent des actes officiels, me conduit à vous demander le concours des Archives Nationales. Je pense qu’il conviendrait qu’elles soient triées, répertoriées et qu’un inventaire en soit dressé. Je pense aussi que ce travail doit incomber à un spécialiste que vous auriez désigné. Celui-ci y procéderait en collaboration avec mon secrétariat, dans les meilleures conditions de discrétion. M. de Beaulaincourt pourrait, si vous en êtes d’accord, se mettre en rapport avec vous à ce sujet. […]

D’autre part, j’ai approuvé la création d’un Centre d’étude, animé par M. Pierre Lefranc, et qui pourra, avec mon autorisation, exploiter ce qui concerne mon œuvre historique et littéraire du temps de guerre et du temps de paix pour des travaux qui s’y rapporteront. Il me paraît donc utile que vous receviez M. Pierre Lefranc pour lui indiquer dans quelles conditions le Centre d’étude aurait accès aux documents qui sont déjà ou qui seront déposés par moi aux Archives Nationales et prendrait connaissance de l’inventaire qui en sera dressé »…

LNC, III, p. 1136.

1 000 - 2 000 €

GAULLE Charles de.

Ensemble de feuillets annotés au crayon répertoriant les statistiques de « réussites » du Général.

Curieux ensemble de 20 feuilles (27 x 21 cm) de papier répertoriant les statistiques de réussite du Général, à la fin de sa vie.

Les papiers sont couverts de croix et de ronds au crayon, inscrits recto-verso de manière serrée. Les ronds sont marqués sur des croix, et non à la place de croix. Nous comprenons ainsi cette notation : quand une feuille est remplie (c’est le cas de 18 d’entre elles), le Général note à l’encre le nombre de ronds (les réussites achevées), puis en calcule le pourcentage par rapport au total de réussites effectuées. Celui-ci tourne généralement autour de 30 %.

Sur un feuillet, une série de 10 ronds d’affilé est entourée à l’encre, accompagné de la mention « 10 !!!!! » Enthousiasme fort compréhensible si l’on a en tête que, la plupart du temps, les meilleures séries n’enchaînent que 3 ou 4 succès.

Objet aussi curieux qu’esthétique.

600 - 800 €

GAULLE Charles de.

L. A. S. « Ton Père C. G. », 15 juin 1970, à son fils le capitaine de vaisseau

Philippe de Gaulle à Brest ; 2 pages in-8 à son en-tête Le Général de Gaulle, enveloppe jointe.

Voyage en Espagne.

« Mon cher Philippe, Une lettre d’Henriette, reçue hier, nous donne de tes bonnes nouvelles et de celles de tous les vôtres. Les vacances sont proches. Mais les examens se poursuivent. J’y pense beaucoup pour ma part.

Le voyage en Espagne est à sa moitié. Je te dirai mes impressions quand je te verrai. Pour l’essentiel c’est très intéressant et très pittoresque. D’autre part, les gens, de haut en bas, sont empressés et aimables au maximum, tout en s’appliquant à ne pas empiéter.

J’espère que tout va bien dans ton commandement en attendant tes prochaines étoiles ! »…

LNC, III, p. 1145.

700 - 800 €

356

« Pour l’essentiel c’est très intéressant et très pittoresque.. »

— Le 15 juin 1970, à propos de son voyage en Espagne

GAULLE Charles de.

2 L. A. S. « C. G. » et « Ton Père C. », 25 août et 29 septembre 1970, à son fils le capitaine de vaisseau

Philippe de Gaulle à Brest ; 3 et 2 pages in-8 à en-tête

Le Général de Gaulle, enveloppe jointe à la 2e.

25 août. « Mon cher Philippe, Ta lettre, reçue ce matin, nous dit que tu te retrouves, avec intérêt, replongé dans les obligations de ton commandement. Ici, rien de bien nouveau. Yves travaille et nous tient compagnie, ce qui nous fait grand plaisir.

Hier, nous sommes allés avec lui dans les Vosges et en Alsace (Gérardmer, la Schlucht, Colmar, Sélestat, Obernai, SainteOdile, Wangenbourg, Dabo). Après le déjeuner à Dabo, nous sommes allés par Blamont sur ton champ de bataille que je voulais voir. J’ai vu Nonhigny et le terrain de ton approche à partir d’Ancerviller et d’Halloville, ensuite celui de ton attaque sur Montreux, puis de ta marche sur Parux, enfin de ta descente sur Cirey-sur-Vezouze, le tout plus boisé encore que je ne l’imaginais. Aussi ai-je recoupé sur place les péripéties du récit que tu m’as fait lire et que je t’engage à poursuivre pour les autres phases de ton existence de guerre »…

29 septembre. « Mon cher Philippe, Quelle bonne nouvelle Yves nous a téléphonée hier soir ! Il est excellent qu’il soit reçu aux Sciences-Politiques. Le voilà bien orienté et, en même temps, affermi vis-à-vis de lui-même. C’est un garçon de grande valeur et de grand mérite, tout comme, d’ailleurs, son aîné. Quant à celui-ci, si son stage aux États-Unis peut avoir de l’utilité, je dois dire que je souhaite ardemment que les Américains ne se l’annexent pas, notamment dans leurs affaires européennes »…

LNC, III, p. 1155 et 1162.

1 000 - 1 500 €

357

GAULLE Charles de.

2 P. A. S. « C. G. », septembre et 6 octobre 1970, à Xavier de BeaulainCourt ; demi-page et 1 page in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

À son secrétaire particulier.

Septembre, au sujet de Cyrus Sulzberger, auteur d’En observant de Gaulle : « lui dire que j’ai reçu son livre mais que je ne m’exprime pas au sujet de ce qui est écrit sur mon compte. Lui adresser mon amical souvenir ».

6 octobre. « Dire de ma part à Jacques Debu-Bridel 1° que j’ai reçu et lu son livre [De Gaulle contestataire]. 2° que je ne puis lui en écrire mon appréciation puisqu’il s’agit de moi-même. 3° que mon amitié lui est fidèle »…

LNC, III, p.1163.

500 - 700 €

GAULLE Charles de.

L. A. S. « Ton Père C. G. », [La Boisserie] 6 novembre 1970, à son fils le capitaine de vaisseau Philippe de Gaulle à Brest ; 3 pages in-8 à en-tête Le Général de Gaulle, enveloppe jointe.

« Mon cher Philippe, Tes vœux de bonne fête, que tu m’avais adressés par écrit avant de me les dire de vive voix, m’ont fait le plus grand plaisir et je t’en remercie de tout cœur ».

Pour la construction projetée, le Général met à disposition de son fils 400.000 F : « Dans mon esprit cela te met à même de payer le terrain que tu as acheté et de faire exécuter tout l’essentiel des travaux. Je ne serais certes pas surpris que le total de la dépense doive dépasser quelque peu la somme que j’ai consignée chez Me Mouton. Pour que je puisse alors fournir le complément en connaissance de cause, je te demande de me communiquer dès que possible le projet et le devis de ton architecte.

Voilà donc ton Charles parti ! Cela doit affecter quelque peu Henriette et nous pensons à elle en cette occasion. Jean est venu, comme tu le sais naturellement, nous voir ici et nous en avons été très contents. Puisse cette maison être pour notre famille un centre affectif de réunion, cela tant que nous y serons ta Maman et moi, puis ta Maman après moi, mais cela aussi, je l’espère, autour de toi et d’Henriette quand nous aurons disparu ! »…

LNC, III, p. 1169.

800 - 1 000 €

GAULLE Charles de. Manuscrit autographe, Carnet de notes et de citations ; de 1946 à novembre 1970. Carnet in 8 (21 x 13,7 cm), environ 40 pages manuscrites.

Émouvant carnet de citations ayant accompagné le Général de la fin de la guerre jusqu’au bout de sa vie.

Ce recueil manuscrit met en évidence les influences et centres d’intérêt du Général dans la seconde moitié de sa vie alors qu’il est devenu, du fait de tout ce qui n’est plus utile de préciser, le « Premier des Français ».

« Le milieu de la nuit est pour le solitaire ce que le matin est pour les autres. »
— Saint Basile

En 1946, voyant que le régime des partis, tel un mort-vivant, s’agite de nouveau en France et qu’il lui sera difficile d’imposer sa conception politique d’un exécutif fort, Charles de Gaulle démissionne de sa fonction de Président du gouvernement provisoire. Les premières citations adoptent ainsi une tonalité amère qui s’applique bien aux circonstances : « La multitude aime la pluralité dans le gouvernement. Les sages y aiment l’unité. » (Joseph Joubert) ou encore « Le pouvoir qui se dégrade n’obtient point merci de ses ennemis. » (Chateaubriand). Un peu plus loin : « Politiciens de l’impuissance, / Radiodiffuseur du sommeil, / Stylographes de la décadence, / Farfadets de la décadence. » ou « Les baladins de la politique. La politique de la guitare. » « Socialiste : Parti du lâche soulagement. Modérés : Concours à acheter. Trahisons à vendre. Radicaux : Places ! Places ! (« places » au pluriel, naturellement !) Mouvement républicain populaire : Enfants de chœur qui ont bu les burettes. »

Nous retrouvons également plusieurs considérations liées au temps qui passe, ainsi en 1953 : « J’ai soixante-trois ans. Désormais tout ce qui se rapporte à moi s’organise en fonction de ma mort. », ou encore « Instant, arrête-toi tu es si beau ! » (Faust de Goethe) et enfin, en 1967, comme pour se rassurer : « À 89 ans, Sophocle écrit Œdipe à Colone. / À 80 ans, Goethe écrit son Grand Faust. / À 97 ans, le Titien peint La Descente de la croix. / À 85 ans, Verdi compose son grandiose Te Deum. / Monet, Kant, Voltaire, Chateaubriand, Hugo, Tolstoï, Shaw, Mauriac, etc., octogénaires, poursuivent une œuvre admirable. / À 90 ans, le doge Dandolo assiège et prend Constantinople. / Ce sont des exemples qu’on se cite à soi-même pour se donner le change sur son âge ! »

Du point de vue des influences, Chateaubriand est nettement surreprésenté : « Ce n’est pas tout de naître, pour un grand homme, il faut mourir », « La politique fait des solitaires, comme la religion fait des anachorètes. », « Mener les Français à la réalité par les songes. C’est ce qu’ils aiment. » ou encore : « Tout oublier, mépriser tout et mourir. »… Notons également Charles Péguy : « Aujourd’hui n’est pas le lendemain d’hier. Il est, au contraire, la veille de demain. » ; Barrès : « Quel est donc cet appel

Sixième partie. – Présidence et postérité

au néant ? Quel est ce roi des Aulnes ? » ; Lamartine : « Le règne de Napoléon ne fut qu’une dure discipline imposée à une nation. », apparaissent également Renan, Vauvenargues, Buffon, Rivarol, Baudelaire, Pascal, Saint-Augustin, mais aussi, moins attendue, Agatha Christie : « Il n’y a que deux sortes de personnes qui se moquent absolument du qu’en dira-t-on : les vagabonds et les grands seigneurs. » ou encore Gide : « Il n’est pas d’œuvre d’art sans participation démoniaque. » auquel de Gaulle ajoute : « Cela est vrai aussi de l’action. »

Les considérations sont essentiellement historiques ou politiques, entremêlées d’une certaine contemplation romantique pour les civilisations perdues : il reprend ainsi à Chateaubriand : « Rome est toujours la grande dépouille de l’univers. » ; « Byron appelle Rome la Niobé des nations, “privée de ses enfants et de ses couronnes.” », Gobineau appelait la Méditerranée « la grande entremetteuse », « les forêts précèdent les civilisations. Les déserts les suivent. » toujours de Chateaubriand.

LNC, III, p. 1173 à 1187 10 000 - 15 000 €

« Il n’y a que deux sortes de personnes qui se moquent absolument du qu’en dira-t-on : les vagabonds et les grands seigneurs. »
— Agatha Christie

360

GAULLE Charles de.

Notes autographes, [9 novembre 1970] ; sur 1 page in-8 à en-tête Le Général de Gaulle.

Derniers mots tracés par le Général avant de mourir.

Liste de 3 noms (dédicaces à faire) : « Général Casso / Dr Guillaumat (?) / Quema ».

Au-dessous, après le mot « manuscrit ? », cette note concernant ses ministres de l’Éducation nationale (en vue des Mémoires d’espoir) : « suite des ministres de l’Ed. Nle depuis 1958 jusqu’à Fouchet – Combien de temps est resté celui-ci ? »

Au bas du document, l’amiral Philippe de Gaulle a noté au crayon : « Dernier écrit environ trois quarts d’heure avant sa mort ».

LNC, III, p. 1172.

700 - 800 €

361 Jacques FAIZANT (1918-2006)

Les chênes qu’on abat

Reproduction

Signée et datée « 10 novembre 1970 » dans la planche en bas à droite.

Dédicacée « Pour le Capitaine de Vaisseau Philippe de Gaulle » et signé « JACQUES FAIZANT » dans la marge en bas à gauche.

18,5 x 26,5 cm (à vue)

(Petites piqûres, insolation)

200 - 300 €

362

SÉRIE FRAPPÉE EN 1970 À L’ATTENTION DU GÉNÉRAL DE GAULLE

Ensemble de cinq médailles de table en or jaune par Georges SIMON (1906-1982)

Poinçon : corne d’abondance et justifiée « HC 1 »

Poids total : 135 g

Comprenant :

- 20 000 Fcs. L’avers à l’effigie de François Tombalbaye, le profil regardant par la gauche ; le revers : 10ème anniversaire de l’Indépendance

D. : 52 mm – Poids : 69 g

- 10 000 Fcs. L’avers à l’effigie du général de Gaulle, le profil regardant vers la droite (1960) ; le revers : République du Tchad et croix de Lorraine

D. : 44 mm – Poids : 36 g

- 5000 Fcs. L’avers à l’effigie du général Leclerc (1941) ; le revers : figurant un Arc de Triomphe, la cathédrale de Strasbourg et palmiers

D. : 30 mm – Poids : 18 g

- 3000 Fcs. L’avers à l’effigie du gouverneur Éboué (1940) ; le revers : Fort Lamy

D. : 25 mm – Poids : 10 g

- 1000 Fcs. L’avers à l’effigie du commandant Lamy (1900) ; le revers : Allégorie du Tchad libéré de ses chaînes

D. : 20 mm – Poids : 3 g

Dans un écrin en velours rouge « Série unique H.C. frappée par la Monnaie de Paris à l’intention du général de Gaulle »

4 000 - 5 000 €

363

HOMMAGE AU GÉNÉRAL DE GAULLE

Quatre reproductions de timbres en or jaune à l’effigie du général de Gaulle

Poinçon : 900/1000 et numéroté 1.

Comprenant :

- LACAQUE. Le général en habit portant le collier de grand chancelier de l’ordre de la Libération ;

- BEQUET. Évocation du général à Paris en 1944 ;

- BEQUET. Évocation du discours de Brazzaville en 1944 ; - BETEMPS. Paris 1940.

Dimensions de chaque : 40 x 26 mm

Poids total : 80 g

On joint un jeton hexagonal en or ; l’avers figurant une allégorie de la Tempête, légendé « Calme au milieu des orages »

Poids : 21 g

Accompagné de son certificat de garantie : « Reproduction des timbres émis par le Ministère des P et T pour commémorer le Premier Anniversaire de la mort du général de Gaulle. Émission autorisée par les P et T. » Série n° 001 en or 900/1000e

Dans son coffret en velours bleu orné en son centre d’une croix de Lorraine.

2 000 - 3 000 €

364

HOMMAGE AU GÉNÉRAL DE GAULLE

Ensemble de six médailles de table en or à l’effigie du général de Gaulle, par Albert de Jaeger (19081992)

Poinçon : corne d’abondance 1

L’avers : figurant le profil du général de Gaulle regardant vers la gauche et portant l’inscription de ses dates : « 18901970 »

Le revers : figurant la croix de Lorraine du Mémorial à Colombey-les-Deux-Églises, portant l’inscription « 18 juin 1972 »

Composé de cinq médailles en or jaune (D. : 20 à 45 mm) et une en argent (D. : 32 mm)

Poids total : 90 g

Dans un coffret en velours bleu orné d’une croix de Lorraine. 1 000 - 2 000 €

HOMMAGE AU GÉNÉRAL DE GAULLE

Onze médailles de table en or jaune 24 carats, par RAPP (XXe)

Comprenant :

- L’avers : figurant le portrait du général de Gaulle sur fond du palais de l’Élysée, légendé « 8 janvier 1959 – Ve République » ; le revers : croix de Lorraine bordée de drapeaux français, légendé « Charles de Gaulle » et « 1890-1970 »

D. : 28 mm

- Appel du 18 juin 1940 ;

- Le discours de Brazzaville – 30 janvier 1944 ;

- Descente des Champs-Élysées – 26 août 1944 ;

- Le 1er Gouvernement – 1944-1946 ;

- La traversée du désert – 1946-1958 ;

- Le retour au pouvoir – mai 1958 ;

- Référendum du 28 octobre 1962 ;

- Création du RPF – 14 avril 1964 ;

- Le discours de Pnom-Penh – 1er septembre 1966 ;

- Le terme – 9 novembre 1970 ;

Poids total : 122 g

Dans un coffret rectangulaire noir (usures)

Accompagné de son certificat d’authenticité « Le Connaisseur », société française d’édition de collections 33, rue Gallilée 75116 Paris » daté du mois de janvier 1976. Numéro d’édition 0001/3000 en or massif.

3 000 - 5 000 €

Septième partie. L’

Amiral

Lots 366 à 372

Le vice-amiral Philippe de Gaulle le 5 mars 1976 descendant du Colbert
Philippe de Gaulle en mission pendant la Seconde Guerre mondiale.

Philippe de Gaulle (1921-2024)

Il est le fils aîné de Charles et Yvonne de Gaulle.

Après des études au collège Stanislas, il rejoint la marine de la France libre en Angleterre dès 1940.

Enseigne de vaisseau en 1944, il débarque en France avec le régiment blindé des fusiliers marins de la 2 e DB. Il fera campagne avec cette division jusqu’en Allemagne.

Il poursuit sa carrière dans la marine et dans l’aéronavale, notamment en Indochine.

Capitaine de corvette en 1956, puis de frégate en 1961.

Philippe de Gaulle termine sa carrière comme amiral, inspecteur général de la Marine (1980-1982).

Il sera par la suite sénateur de Paris (1986 - 2004).

Il était notamment grand croix des ordres de la Légion d’honneur et du Mérite, croix de guerre avec trois citations, médaille de la Résistance, décoré de la médaille des services volontaires.

Le général de Gaulle accompagné de son fils Philippe de Gaulle en septembre 1962 sur le Rhin.

366

ODILÉ Claude. Alsace.

Paris, Éditions Alpina, 1934.

Gr. in-8 (24 x 17 cm), demi-basane marbrée, dos à nerfs, tête rognée (reliure de l’époque).

Édition originale.

Ouvrage orné de 7 aquarelles de Nicolas Markovitch reproduites hors texte et illustré de nombreuses photographies reproduites en phototypie.

Exemplaire de l’amiral Philippe de Gaulle, en tête duquel on a relié la composition (4 p.) de celui-ci pour le concours de l’Académie d’émulation du collège Stanislas de juin 1935. Elle est précédée d’une lettre de son camarade Emmanuel Duval-Arnould (2 p., 2 juillet [1935]) ainsi que de son rapport manuscrit du concours de 4e (13 p.).

Feuillets manuscrits légèrement rognés en gouttière au moment de la reliure.

500 - 700 €

367

PETIT ENSEMBLE AYANT APPARTENU À L’AMIRAL PHILIPPE DE GAULLE

Comprenant :

- Presse-papier en plexiglass accueillant en son sein des timbres édités en hommage au général de Gaulle « Brazzaville 1944 » et « Paris 1944 » ; jaunissement

H. : 2,5 cm – l. : 12 cm – P. : 7,5 cm

- Coupe en métal argenté, le fond orné d’une médaille du navire « Duguy Le Bourget »

H. : 3 cm – D. : 11 cm

- Reproduction commémorative de la coupe de Jefferson en métal argenté, la panse chiffrée « P.H. de G. », la base de section carrée portant l’inscription « 1776-1976 » sur une face, « Norfolk Virginia » sur l’autre. Dans son écrin.

H. : 12 cm

Provenance :

- L’amiral Philippe de Gaulle (1921-2024)

- Puis descendance

80 - 120 €

LUNETTE DE MARINE OFFERTE À L’AMIRAL PHILIPPE DE GAULLE, INSPECTEUR GÉNÉRAL DE LA MARINE (1982)

Corps en acajou et laiton. Cache oculaire à tirage.

Signée « Lincoln London »

L. : 54 cm

Dans un coffret moderne garni de velours rouge, avec cartouche d’attribution :

« Offert par Monsieur Charles HERNU Ministre de la Défense à l’Amiral Philippe de Gaulle Inspecteur Général de la Marine. Paris le 16 décembre 1982 »

Dimensions du coffret : H. : 10 cm - L. : 67,5 cm - P. : 18,5 cm

A. B. E. Début du XIXe siècle pour la lunette.

Historique :

Ce présent commémore la fin de la carrière militaire de l’amiral : il est versé dans la 2ème section des officiers généraux en décembre 1982, après avoir été inspecteur général de la Marine.

Provenance :

- L’amiral Philippe de Gaulle (1921-2024)

- Puis descendance

300 - 400 €

Jean RIGAUD (1912 – 1999)

« L’escadre à Hambourg » – juin 1969

Huile sur toile

Signée « JEAN RIGAUD » et de l’ancre des peintres de la Marine en bas à droite

Titrée, contre-signée et portant l’étiquette du salon de la Marine de 1972 au dos

50,5 x 73 cm

On joint son certificat, portant la mention : « Cette toile a été exposée au Salon de la Marine en 1972-73 / N° du catalogue : 201 »

Provenance :

- L’amiral Philippe de Gaulle (1921-2024)

- Puis descendance

800 - 1 200 €

370

André VERGER (1912-1990)

« Fête de la mer à Royan – Le Suffren » – 1969

Gouache

Signée et datée « 69 » en bas à gauche

Titrée sur une étiquette au dos

42,5 x 60,5 cm

Le capitaine de vaisseau Philippe de Gaulle est le commandant du Suffren de 1967 à 1968.

Provenance :

- L’amiral Philippe de Gaulle (1921-2024)

- Puis descendance

400 - 600 €

ENSEMBLE DE QUINZE SOUVENIRS RÉGIMENTAIRES, TAPES DE BOUCHE ET PRÉSENTS OFFERTS À L’AMIRAL PHILIPPE DE GAULLE

Comprenant :

- « Strike command. Royal air France ». Sur écu en bois, avec plaque d’attribution ;

- « Mac Carlan. The stroke of Peace ». Sur écu en bois ;

- « Le Colbert ». En bronze sur écu en bois ;

- « Aéronautique navale – Aviation de patrouille maritime ». En bronze, avec cinq insignes de l’aéronavale, sur écu en bois ;

- « Submarine force. Us Atlantic fleet ». En bronze, sur écu en bois avec cartouche d’attribution (1976) ;

- « Centre d’essais des Landes ». En bronze, sur écu en bois avec cartouche d’attribution (1979) ;

- « Gendarmerie nationale de la République de Cote d’Ivoire ». Sur écu en bois ;

- « Comando naval do continente » ;

- « Marine Nouvelle Calédonie ». En bronze sur écu en bois ;

- « Le Suffren ». En bronze sur écu en bois ;

- « Commandement des forces maritimes du Pacifique ». En bronze sur écu en bois, avec cartouche d’attribution (1982) ;

- « Marine soviétique ». En bonze sur écu en bois ;

- « 18 Group Headquarters – Royal Air Force ». Sur écu en bois avec cartouche d’attribution (1975) ;

- « United states naval academy ». En bronze, sur écu en bois avec cartouche d’attribution (1976) ;

- « Commandos Marine – Escadre de l’Atlantique. »

En bronze, sur écu en bois avec six insignes et cartouche (1976-1977)

B. E.

Provenance :

- L’amiral Philippe de Gaulle (1921-2024)

- Puis descendance

300 - 600 €

De Gaulle - Une

ENSEMBLE DE SEIZE SOUVENIRS RÉGIMENTAIRES, TAPES DE BOUCHE ET PRÉSENTS OFFERTS À L’AMIRAL PHILIPPE DE GAULLE

- « Groupe naval d’essais et de mesures ». En bronze sur écu en bois, avec cartouches (1973-1974) ;

- « Ouessant ». En bronze sur écu en bois ;

- « Aviso Second Maitre Le Bihan ». En bronze sur écu en bois ;

- « L’escadrille de SNLE ». En bronze sur écu en bois, avec cartouche d’attribution (1974) ;

- « Lavallée ». En bronze sur écu en bois ;

- « Base aéronavale Lanvéoc Poulmic ». En bronze sur écu en bois ;

- « Base aéronavale Quimper ». En bronze sur écu en bois ;

- « Le Picard ». En bronze sur écu en bois ;

- « La Marine du Ponant ». En bronze sur écu en bois avec cartouche d’attribution (1982) ;

- « Le Picard ». En bronze sur écu en bois, avec cartouche d’attribution au revers à Philippe de Gaulle, commandant le navire (1960-1961) ;

- « LV Le Henaff ». En bronze sur écu en bois ;

- « Aviso Jean Moulin ». En bronze sur écu en bois ;

- « Batral l’Elephant ». En bronze sur écu en bois ;

- « Frégate de Grasse ». En bronze sur écu en bois, avec cartouche (1976) ;

- « Fifth naval district ». Sur écu en bois avec cartouche d’attribution (1976) ;

- « Base aéronavale Dugny ». En bronze sur écu en bois

B. E.

Provenance :

- L’amiral Philippe de Gaulle (1921-2024)

- Puis descendance

300 - 500 €

De Gaulle - Une

Mon âme est une infante

Mon âme est une infante en robe de parade, Dont l’exil se reflète, éternel et royal,

Aux grands miroirs déserts d’un vieil Escurial, Ainsi qu’une galère oubliée en la rade.

Aux pieds de son fauteuil, allongés noblement, Deux lévriers d’Écosse aux yeux mélancoliques

Chassent, quand il lui plaît, les bêtes symboliques

Dans la forêt du Rêve et de l’Enchantement.

Son page favori, qui s’appelle Naguère, Lui lit d’ensorcelants poèmes à mi-voix,

Cependant qu’immobile, une tulipe aux doigts, Elle écoute mourir en elle leur mystère...

Le parc alentour d’elle étend ses frondaisons, Ses marbres, ses bassins, ses rampes à balustres, Et, grave, elle s’enivre à ces songes illustres Que recèlent pour nous les nobles horizons.

Elle est là, résignée et douce et sans surprise, Sachant trop pour lutter comme tout est fatal, Et se sentant, malgré quelque dédain natal, Sensible à la pitié comme l’onde à la brise.

Elle est là, résignée et douce en ses sanglots.

Plus sombre seulement quand elle évoque en songe Quelque Armada sombrée à l’éternel mensonge

Et tant de beaux espoirs endormis sous les flots.

Des soirs trop lourds de pourpre où sa fierté soupire, Les portraits de Van Dyck aux beaux doigts longs et purs,

Pâles en velours noir sur l’or vieilli des murs, En leurs grands airs défunts la font rêver d’empire.

Les vieux mirages d’or ont dissipé son deuil, Et, dans les visions où son ennui s’échappe, Soudain - gloire ou soleil - un rayon qui la frappe

Allume en elle tous les rubis de l’orgueil.

Mais d’un sourire triste elle apaise ces fièvres ; Et, redoutant la foule aux tumultes de fer, Elle écoute la vie - au loin - comme la mer… Et le secret se fait plus profond sur ses lèvres.

Rien n’émeut d’un frisson l’eau pâle de ses yeux, Où s’est assis l’Esprit voilé des Villes mortes ; El par les salles, où sans bruit tournent les portes, Elle va, s’enchantant de mots mystérieux.

L’eau vaine des jets d’eau là-bas tombe en cascade, Et, pâle à la croisée, une tulipe aux doigts, Elle est là, reflétée aux miroirs d’autrefois, Ainsi qu’une galère oubliée en la rade.

Mon Âme est une infante en robe de parade.

Albert SAMAIN

1858 - 1900

Winston Churchill et le général de Gaulle,

Ventes aux enchères : Mardi 17 & mercredi 18 décembre 2024 17h & 14h

7 rond-point des Champs-Élysées Marcel Dassault 75008 Paris

Contact : Charlotte Norton +33 (0)1 42 99 20 68 cnorton@artcurial.com

www.artcurial.com

BREGUET N° 793

Montre à tact en or, émail et diamants avec aiguille flèche au dos, vendue le 1er octobre 1800 à Monsieur Busty, avec une clef et une chaîne.

Estimation : 40 000 - 60 000 €

VOYAGE À TRAVERS LE TEMPS

Vente aux enchères : Jeudi 19 décembre 2024 - 14h

7 rond-point des Champs-Élysées Marcel Dassault 75008 Paris

Contact : Marie Sanna Legrand +33 (0)1 42 99 16 53 msanna@artcurial.com

www.artcurial.com

The W Collection : de Stockholm à Monaco, 100% des lots vendus pour plus de 30M€ Monaco, 9 mai 2024

RÉTROMOBILE 2025

Clôture du catalogue : Début janvier

Vente aux enchères : Vendredi 7 février 2025

7 rond-point des Champs-Élysées Marcel Dassault 75008 Paris

Contact : +33 (0)1 42 99 20 73 motorcars@artcurial.com artcurial.com/motorcars

Edgard MAXENCE (1871-1954)

Le parc au paon

Pastel gouaché et rehaussé d’une mixtion d’argent sur papier marouflé sur toile, signé ‘EDGARD MAXENCE’ en bas à droite

47 × 31 cm

Estimation : 50 000 - 80 000 €

COLLECTION GÉRARD LÉVY

Preview dans nos bureaux européens : Zurich, 6 et 7 décembre 2024 Bruxelles, 24, 25, 27 et 28 janvier 2025

Vente aux enchères : Mardi 11 février 2025 – 14h30

7 rond-point des Champs-Élysées Marcel Dassault 75008 Paris

Contact : Matthieu Fournier +33 (0)1 42 99 20 26 mfournier@artcurial.com www.artcurial.com

BIBLIOTHÈQUE JEAN BOURDEL Deuxième partie

Experts : Emmanuel Lhermitte et Philippine de Sailly

Vente aux enchères : Mercredi 19 mars 2025

7 rond-point des Champs-Élysées Marcel Dassault 75008 Paris

Contact : Frédéric Harnisch +33 (0)1 42 99 16 49 fharnisch@artcurial.com www.artcurial.com

Vénus de Milo de la collection du vicomte Marcellus

Atelier de moulage du Louvre

Seconde moitié du XIXe siècle

Vendu 57 728 €

Préemption par le Musée du Louvre

Vente aux enchères : Printemps 2025

7 rond-point des Champs-Élysées Marcel Dassault 75008 Paris

Contact : Maxence Miglioretti +33 (0)1 42 99 20 02 mmiglioretti@artcurial.com www.artcurial.com

CONDITIONS GÉNÉRALES D’ACHAT AUX ENCHÈRES PUBLIQUES

ARTCURIAL SAS

Artcurial SAS est un opérateur de ventes volontaires de meubles aux enchères publiques régie par les articles L 321-4 et suivant du Code de commerce. En cette qualité Artcurial SAS agit comme mandataire du vendeur qui contracte avec l’acquéreur. Les rapports entre Artcurial SAS et l’acquéreur sont soumis aux présentes conditions générales d’achat qui pourront être amendées par des avis écrits ou oraux avant la vente et qui seront mentionnés au procès-verbal de vente.

En tant qu’opérateur de ventes volontaires, ARTCURIAL SAS est assujetti aux obligations listées aux articles L.561-2 14° et suivants du Code Monétaire et Financier relatifs à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

1 .  LE BIEN MIS EN VENTE

a) Les acquéreurs potentiels sont invités à examiner les biens pouvant les intéresser avant la vente aux enchères, et notamment pendant les expositions. Artcurial SAS se tient à la disposition des acquéreurs potentiels pour leur fournir des rapports sur l’état des lots.

b) Les descriptions des lots résultant du catalogue, des rapports, des étiquettes et des indications ou annonces verbales ne sont que l’expression par Artcurial SAS de sa perception du lot, mais ne sauraient constituer la preuve d’un fait.

c) Les indications données par Artcurial SAS sur l’existence d’une restauration, d’un accident ou d’un incident affectant le lot, sont exprimées pour faciliter son inspection par l’acquéreur potentiel et restent soumises à son appréciation personnelle ou à celle de son expert.

L’absence d’indication d’une restauration d’un accident ou d’un incident dans le catalogue, les rapports, les étiquettes ou verbalement, n’implique nullement qu’un bien soit exempt de tout défaut présent, passé ou réparé. Inversement la mention de quelques défauts n’implique pas l’absence de tout autres défauts.

d) Les estimations sont fournies à titre purement indicatif et elles ne peuvent être considérées comme impliquant la certitude que le bien sera vendu au prix estimé ou même à l’intérieur de la fourchette d’estimations. Les estimations ne sauraient constituer une quelconque garantie. Les estimations peuvent être fournies en plusieurs monnaies ; les conversions peuvent à cette occasion être arrondies différemment des arrondissements légaux.

e) Les biens d’occasion (tout ce qui n’est pas neuf) ne bénéficient pas de la garantie légale de conformité conformément à l’article L 217-2 du Code de la consommation.

2 .  LA VENTE

a) En vue d’une bonne organisation des ventes, les acquéreurs potentiels sont invités à se faire connaître auprès d’Artcurial SAS, avant la vente, afin de permettre l’enregistrement de leurs données personnelles. Artcurial SAS se réserve le droit de demander à tout acquéreur potentiel de justifier de son identité ainsi que de ses références bancaires et d’effectuer un déposit. Artcurial SAS se réserve d’interdire l’accès à la salle de vente de tout acquéreur potentiel pour justes motifs. Une enchère est acceptée au regard des informations transmises par l'encherisseur avant la vente. En conséquence, aucune modification du nom de l'adjudicataire ne pourra intervenir après la vente.

b) Toute personne qui se porte enchérisseur s’engage à régler personnellement et immédiatement le prix d’adjudication augmenté des frais à la charge de l’acquéreur et de tous impôts ou taxes qui pourraient être exigibles.Tout enchérisseur est censé agir pour son propre compte sauf dénonciation préalable de sa qualité de mandataire pour le compte d’un tiers, acceptée par Artcurial SAS.

c) Le mode normal pour enchérir consiste à être présent dans la salle de vente. Toutefois Artcurial SAS pourra accepter gracieusement de recevoir des enchères par téléphone d’un acquéreur potentiel qui se sera manifesté avant la vente. Artcurial SAS ne pourra engager sa responsabilité notamment si la liaison téléphonique n’est pas établie, est établie tardivement, ou en cas d’erreur ou d’omissions relatives à la réception des enchères par téléphone. À toutes fins utiles, Artcurial SAS se réserve le droit d’enregistrer les communications téléphoniques durant la vente. Les enregistrements seront conservés jusqu’au règlement du prix, sauf contestation.

d) Artcurial SAS pourra accepter gracieusement d’exécuter des ordres d’enchérir qui lui auront été transmis avant la vente, pour lesquels elle se réserve le droit de demander un déposit de garantie et qu’elle aura acceptés. Si le lot n’est pas adjugé à cet enchérisseur, le déposit de garantie sera renvoyé sous 72h. Si Artcurial SAS reçoit plusieurs ordres pour des montants d’enchères identiques, c’est l’ordre le plus ancien qui sera préféré. Artcurial SAS ne pourra engager sa responsabilité notamment en cas d’erreur ou d’omission d’exécution de l’ordre écrit.

e) Dans l’hypothèse où un prix de réserve aurait été stipulé par le vendeur, Artcurial SAS se réserve le droit de porter des enchères pour le compte du vendeur jusqu’à ce que le prix de réserve soit atteint.En revanche le vendeur n’est pas autorisé à porter lui-même des enchères directement ou par le biais d’un mandataire.Le prix de réserve ne pourra pas dépasser l’estimation basse figurant dans le catalogue ou modifié publiquement avant la vente.

f) Artcurial SAS dirigera la vente de façon discrétionnaire, en veillant à la liberté des enchères et à l’égalité entre l’ensemble des enchérisseurs, tout en respectant les usages établis.Artcurial SAS se réserve de refuser toute enchère, d’organiser les enchères de la façon la plus appropriée, de déplacer certains lots lors de la vente, de retirer tout lot de la vente, de réunir ou de séparer des lots.En cas de contestation Artcurial SAS se réserve de désigner l’adjudicataire, de poursuivre la vente ou de l’annuler, ou encore de remettre le lot en vente.

g) Sous réserve de la décision de la personne dirigeant la vente pour Artcurial SAS, l’adjudicataire sera la personne qui aura porté l’enchère la plus élevée pourvu qu’elle soit égale ou supérieure au prix de réserve, éventuellement stipulé. Le coup de marteau matérialisera la fin des enchères et le prononcé du mot « adjugé » ou tout autre équivalent entraînera la formation du contrat de vente entre le vendeur et le dernier enchérisseur retenu. L’adjudicataire ne pourra obtenir la livraison du lot qu’après règlement de l’intégralité du prix. en cas de remise d’un chèque ordinaire, seul l’encaissement du chèque vaudra règlement. Artcurial SAS se réserve le droit de ne délivrer le lot qu’après encaissement du chèque. Le lot non adjugé pourra être vendu après la vente dans les conditions de la loi sous réserve que son prix soit d’au moins 1.500 euros.

h) Pour faciliter les calculs des acquéreurs potentiels, Artcurial SAS pourra être conduit à utiliser à titre indicatif un système de conversion de devises. Néanmoins les enchères ne pourront être portées en devises, et les erreurs de conversion ne pourront engager la responsabilité de Artcurial SAS.

3 .  L’EXÉCUTION DE LA VENTE

a) En sus du prix de l’adjudication, l’adjudicataire (acheteur) devra acquitter par lot et par tranche dégressive les commissions et taxes suivantes:

1) Lots en provenance de l’UE:

• De 1 à 700 000 euros: 26 % + TVA au taux en vigueur.

• De 700 001 à 4 000 000 euros: 20% + TVA au taux en vigueur.

• Au-delà de 4 000 001 euros: 14,5 % + TVA au taux en vigueur.

2) Lots en provenance hors UE : (indiqués par un ❍).

Aux commissions et taxes indiquées ci-dessus, il convient d’ajouter des frais d’importation, (5,5 % du prix d’adjudication, 20 % pour les bijoux et montres, les automobiles, les vins et spiritueux et les multiples).

3) Des frais additionnels seront facturés aux adjudicataires ayant enchérit en ligne par le biais de plateformes Internet autres qu’ARTCURIAL LIVE.

4) La TVA sur commissions et frais d’importation peuvent être rétrocédés à l’adjudicataire sur présentation des justificatifs d’exportation hors UE.L’adjudicataire UE justifiant d’un n° de TVA Intracommunautaire et d’un document prouvant la livraison dans son état membre pourra obtenir le remboursement de la TVA sur commissions.

Le paiement du lot aura lieu au comptant, pour l’intégralité du prix, des frais et taxes, même en cas de nécessité d’obtention d’une licence d’exportation. L’adjudicataire pourra s’acquitter par les moyens suivants : - En espèces : jusqu’à 1 000 euros frais et taxes compris pour les ressortissants français et les personnes agissant pour le compte d’une entreprise, 15 000 euros frais et taxe compris pour les ressortissants étrangers sur présentation de leurs papiers d’identité ; - Par chèque bancaire tiré sur une banque française sur présentation d’une pièce d’identité et, pour toute personne morale, d’un extrait KBis daté de moins de 3 mois (les chèques tirés sur une banque étrangère ne sont pas acceptés);

- Par virement bancaire ;

- Par carte de crédit : VISA, MASTERCARD ou AMEX (en cas de règlement par carte American Express, une commission supplémentaire de 1,85 % correspondant aux frais d’encaissement sera perçue).

5) La répartition entre prix d’adjudication et commissions peut-être modifiée par convention particulière entre le vendeur et Artcurial sans conséquence pour l’adjudicataire.

b) Artcurial SAS sera autorisé à reproduire sur le procès-verbal de vente et sur le bordereau d’adjudication les renseignements qu’aura fournis l’adjudicataire avant la vente. Toute fausse indication engagera la responsabilité de l’adjudicataire. Dans l’hypothèse où l’adjudicataire ne se sera pas fait enregistrer avant la vente, il devra communiquer les renseignements nécessaires dès l’adjudication du lot prononcée. Toute personne s’étant fait enregistrer auprès de Artcurial SAS dispose d’un droit d’accès et de rectification aux données nominatives fournies à Artcurial SAS dans les conditions de la Loi du 6 juillet 1978.

c) Il appartiendra à l’adjudicataire de faire assurer le lot dès l’adjudication. Il ne pourra recourir contre Artcurial SAS, dans l’hypothèse où par suite du vol, de la perte ou de la dégradation de son lot, après l’adjudication, l’indemnisation qu’il recevra de l’assureur de Artcurial SAS serait avérée insuffisante.

d) Le lot ne sera délivré à l’acquéreur qu’après paiement intégral du prix, des frais et des taxes. En cas de règlement par chèque, le lot ne sera délivré qu’après encaissement définitif du chèque, soit 8 jours ouvrables à compter du dépôt du chèque. A compter du lundi suivant le 90e jour après la vente, le lot acheté réglé ou non réglé restant dans l’entrepôt, fera l’objet d’une facturation de 50€ HT par semaine et par lot, toute semaine commencée étant due dans son intégralité au titre des frais d’entreposage et d’assurance.À défaut de paiement par l’adjudicataire, après mise en demeure restée infructueuse, le bien est remis en vente à la demande du vendeur sur folle enchère de l’adjudicataire défaillant ; si le vendeur ne formule pas cette demande dans un délai de trois mois à compter de l’adjudication, la vente est résolue de plein droit, sans préjudice de dommages intérêts dus par l’adjudicataire défaillant. En outre, Artcurial SAS se réserve de réclamer à l’adjudicataire défaillant, à son choix : - Des intérêts au taux légal majoré de cinq points, - Le remboursement des coûts supplémentaires engendrés par sa défaillance, - Le paiement de la différence entre le prix d’adjudication initial et le prix d’adjudication sur folle enchère s’il est inférieur, ainsi que les coûts générés par les nouvelles enchères.

Artcurial SAS se réserve également de procéder à toute compensation avec des sommes dues à l’adjudicataire défaillant. Artcurial SAS se réserve d’exclure de ses ventes futures, tout adjudicataire qui aura été défaillant ou qui n’aura pas respecté les présentes conditions générales d’achat.

e) Sous réserve de dispositions spécifiques à la présente vente, les achats qui n’auront pas été retirés dans les sept jours de la vente (samedi, dimanche et jours fériés compris), pourront être transportés dans un lieu de conservation aux frais de l’adjudicataire défaillant qui devra régler le coût correspondant pour pouvoir retirer le lot, en sus du prix, des frais et des taxes.

f) L’acquéreur pourra se faire délivrer à sa demande un certificat de vente qui lui sera facturé la somme de 60 euros TTC.

4 .  LES INCIDENTS DE LA VENTE

En cas de contestation Artcurial SAS se réserve de désigner l’adjudicataire, de poursuivre la vente ou de l’annuler, ou encore de remettre le lot en vente.

a) Dans l’hypothèse où deux personnes auront porté des enchères identiques par la voix, le geste, ou par téléphone et réclament en même temps le bénéfice de l’adjudication après le coup de marteau, le bien sera immédiatement remis en vente au prix proposé par les derniers enchérisseurs, et tout le public présent pourra porter de nouvelles enchères.

b) Pour faciliter la présentation des biens lors de ventes, Artcurial SAS pourra utiliser des moyens vidéos. en cas d’erreur de manipulation pouvant conduire pendant la vente à présenter un bien différent de celui sur lequel les enchères sont portées, Artcurial SAS ne pourra engager sa responsabilité, et sera seul juge de la nécessité de recommencer les enchères.

5 .  PRÉEMPTION DE L’ÉTAT FRANÇAIS

L’état français dispose d’un droit de préemption des œuvres vendues conformément aux textes en vigueur.

L’exercice de ce droit intervient immédiatement après le coup de marteau, le représentant de l’état manifestant alors la volonté de ce dernier de se substituer au dernier enchérisseur, et devant confirmer la préemption dans les 15 jours.

Artcurial SAS ne pourra être tenu pour responsable des conditions de la préemption par l’état français.

6 . PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE – REPRODUCTION DES ŒUVRES

Artcurial SAS est propriétaire du droit de reproduction de son catalogue. Toute reproduction de celui-ci est interdite et constitue une contrefaçon à son préjudice. En outre Artcurial SAS dispose d’une dérogation lui permettant de reproduire dans son catalogue les œuvres mises en vente, alors même que le droit de reproduction ne serait pas tombé dans le domaine public.

Toute reproduction du catalogue de Artcurial SAS peut donc constituer une reproduction illicite d’une œuvre exposant son auteur à des poursuites en contrefaçon par le titulaire des droits sur l’œuvre. La vente d’une œuvre n’emporte pas au profit de son propriétaire le droit de reproduction et de présentation de l’œuvre.

7. BIENS SOUMIS À UNE LÉGISLATION PARTICULIÈRE

La réglementation internationale du 3 mars 1973, dite Convention de Washington a pour effet la protection de specimens et d’espèces dits menacés d’extinction. Les termes de son application diffèrent d’un pays à l’autre. Il appartient à tout acheteur de vérifier, avant d’enchérir, la législation appliquée dans son pays à ce sujet.

Tout lot contenant un élément en ivoire, en palissandre…quelle que soit sa date d’exécution ou son certificat d’origine, ne pourra être importé aux Etats-Unis, au regard de la législation qui y est appliquée. Il est indiqué par un (▲).

8 .  RETRAIT DES LOTS

L’acquéreur sera lui-même chargé de faire assurer ses acquisitions, et Artcurial SAS décline toute responsabilité quant aux dommages que l’objet pourrait encourir, et ceci dès l’adjudication prononcée. Toutes les formalités et transports restent à la charge exclusive de l’acquéreur.

9 . INDÉPENDANCE DES DISPOSITIONS

Les dispositions des présentes conditions générales d’achat sont indépendantes les unes des autres. La nullité de quelque disposition ne saurait entraîner l’inapplicabilité des autres.

10 .  COMPÉTENCES LÉGISLATIVE ET JURIDICTIONNELLE

Conformément à la loi, il est précisé que toutes les actions en responsabilité civile engagées à l’occasion des prisées et des ventes volontaires et judiciaires de meuble aux enchères publiques se prescrivent par cinq ans à compter de l’adjudication ou de la prisée.La loi française seule régit les présentes conditions générales d’achat. Toute contestation relative à leur existence, leur validité, leur opposabilité à tout enchérisseur et acquéreur, et à leur exécution sera tranchée par le tribunal judiciaire compétent du ressort de Paris (France). Le Conseil des Ventes Volontaires, 19 avenue de l’Opéra – 75001 Paris peut recevoir des réclamations en ligne (www.conseildesventes.fr, rubrique « Réclamations en ligne »).

PROTECTION DES BIENS CULTURELS

Artcurial SAS participe à la protection des biens culturels et met tout en œuvre, dans la mesure de ses moyens, pour s’assurer de la provenance des lots mis en vente dans ce catalogue.

Banque partenaire  :

CONDITIONS OF PURCHASE IN VOLUNTARY AUCTION SALES

ARTCURIAL

Artcurial SAS is an operator of voluntary auction sales regulated by the law articles L321-4 and following of the Code de Commerce. In such capacity Artcurial SAS acts as the agent of the seller who contracts with the buyer. The relationships between Artcurial SAS and the buyer are subject to the present general conditions of purchase which can be modified by saleroom notices or oral indications before the sale, which will be recorded in the official sale record.

As a voluntary auction sales operator, ARTCURIAL SAS is subject to the obligations listed in articles L.561-2 14° and seq. of the French Monetary and Financial Code relating to the Anti Money Laundering regulation.

1.  GOODS FOR AUCTION

a) The prospective buyers are invited to examine any goods in which they may be interested, before the auction takes place, and notably during the exhibitions. Artcurial SAS is at disposal of the prospective buyers to provide them with reports about the conditions of lots.

b) Description of the lots resulting from the catalogue, the reports, the labels and the verbal statements or announcements are only the expression by Artcurial SAS of their perception of the lot, but cannot constitute the proof of a fact.

c) The statements by made Artcurial SAS about any restoration, mishap or harm arisen concerning the lot are only made to facilitate the inspection thereof by the prospective buyer and remain subject to his own or to his expert’s appreciation. The absence of statements Artcurial SAS by relating to a restoration, mishap or harm, whether made in the catalogue, condition reports, on labels or orally, does not imply that the item is exempt from any current, past or repaired defect. Inversely, the indication of any defect whatsoever does not imply the absence of any other defects.

d) Estimates are provided for guidance only and cannot be considered as implying the certainty that the item will be sold for the estimated price or even within the bracket of estimates.

Estimates cannot constitute any warranty assurance whatsoever.

The estimations can be provided in several currencies ; the conversions may, in this case or, be rounded off differently than the legal rounding

e) Second-hand goods (anything that is not new) do not benefit from the legal guarantee of conformity in accordance with article L 217-2 of the Consumer Code.

2 . THE SALE

a) In order to assure the proper organisation of the sales, prospective buyers are invited to make themselves known to Artcurial SAS before the sale, so as to have their personal identity data recorded.

Artcurial SAS reserves the right to ask any prospective buyer to justify his identity as well as his bank references and to request a deposit.

Artcurial SAS reserves the right to refuse admission to the auction sales premises to any prospective buyer for legitimate reasons. A bid is accepted on the basis of the information provided by the bidder prior to the sale. Consequently, the name of the winning bidder cannot be changed after the sale.

b) Any person who is a bidder undertakes to pay personally and immediately the hammer price increased by the costs to be born by the buyer and any and all taxes or fees/expenses which could be due. Any bidder is deemed acting on his own behalf except when prior notification, accepted by Artcurial SAS, is given that he acts as an agent on behalf of a third party.

c) The usual way to bid consists in attending the sale on the premises. However, Artcurial SAS may graciously accept to receive some bids by telephone from a prospective buyer who has expressed such a request before the sale. Artcurial SAS will bear no liability / responsibility whatsoever, notably if the telephone contact is not made, or if it is made too late, or in case of mistakes or omissions relating to the reception of the telephone. For variety of purposes, Artcurial SAS reserves its right to record all the telephone communications during the auction. Such records shall be kept until the complete payment of the auction price, except claims.

d) Artcurial SAS may accept to execute orders to bid which will have been submitted before the sale and by Artcurial SAS which have been deemed acceptable. Artcurial SAS is entitled to request a deposit which will be refunded within 48hours after the sale if the lot id not sold to this buyer.

Should Artcurial SAS receive several instructions to bid for the same amounts, it is the instruction to bid first received which will be given preference.

Artcurial SAS will bear no liability/responsibility in case of mistakes or omission of performance of the written order.

e) In the event where a reserve price has been stipulated by the seller, Artcurial SAS reserves the right to bid on behalf of the seller until the reserve price is reached. The seller will not be admitted to bid himself directly or through an agent. The reserve price may not be higher than the low estimate for the lot printed in or publicly modified before the sale.

f) Artcurial SAS will conduct auction sales at their discretion, ensuring freedom auction and equality among all bidders, in accordance with established practices.

Artcurial SAS reserves the right to refuse any bid, to organise the bidding in such manner as may be the most appropriate, to move some lots in the course of the sale, to withdraw any lot in the course of the sale, to combine or to divide some lots in the course of the sale. In case of challenge or dispute, Artcurial SAS reserves the right to designate the successful bidder, to continue the bidding or to cancel it, or to put the lot back up for bidding.

g) Subject to the decision of the person conducting the bidding for Artcurial SAS, the successful bidder will be the bidder would will have made the highest bid provided the final bid is equal to or higher than the reserve price if such a reserve price has been stipulated.

The hammer stroke will mark the acceptance of the highest bid and the pronouncing of the word “adjugé” or any equivalent will amount to the conclusion of the purchase contract between the seller and the last bidder taken in consideration.

No lot will be delivered to the buyer until full payment has been made.In case of payment by an ordinary draft/check, payment will be deemed made only when the check will have been cashed.

The lot not auctioned may be sold after the sale in accordance with the law, provided that its price is at least 1,500 euros.

h) So as to facilitate the price calculation for prospective buyers, a currency converter may be operated by Artcurial SAS as guidance. Nevertheless, the bidding cannot be made in foreign currency and Artcurial SAS will not be liable for errors of conversion.

3 . THE PERFORMANCE OF THE SALE

a) In addition of the lot’s hammer price, the buyer must pay the different stages of following costs and fees/taxes:

1) Lots from the EU:

• From 1 to 700,000 euros: 26 % + current VAT. From 700,001 to 4,000,000 euros: 20 % + current VAT.

• Over 4,000,001 euros: 14,5 % + current VAT.

2) Lots from outside the EU : (identified by an ❍).In addition to the commissions and taxes indicated above, an additional import fees will be charged (5,5% of the hammer price, 20% for jewelry and watches, motorcars, wines and spirits and multiples).

3) Additional fees will be charged to bidders who bid online via Internet platforms other than ARTCURIAL LIVE.

4) VAT on commissions and import fees can be retroceded to the purchaser on presentation of written proof of exportation outside the EU.

An EU purchaser who will submit his intracommunity VAT number and a proof of shipment of his purchase to his EU country home address will be refunded of VAT on buyer’s premium. The payment of the lot will be made cash, for the whole of the price, costs and taxes, even when an export licence is required. The purchaser will be authorized to pay by the following means :

- In cash : up to 1 000 euros, costs and taxes included, for French citizens and people acting on behalf of a company, up to 15 000 euros, costs and taxes included, for foreign citizens on presentation of their identity papers ;

- By cheque drawn on a French bank on presentation of identity papers and for any company, a KBis dated less than 3 months (cheques drawn on a foreign bank are not accepted);

- By bank transfer;

- By credit card : VISA, MASTERCARD or AMEX (in case of payment by AMEX, a 1,85 % additional commission corresponding to cashing costs will be collected).

5)The distribution between the lot's hammer price and cost and fees can be modified by particular agreement between the seller and Artcurial SAS without consequence for the buyer.

b) Artcurial SAS will be authorized to reproduce in the official sale record and on the bid summary the information that the buyer will have provided before the sale. The buyer will be responsible for any false information given. Should the buyer have neglected to give his personal information before the sale, he will have to give the necessary information as soon as the sale of the lot has taken place.

Any person having been recorded by Artcurial SAS has a right of access and of rectification to the nominative data provided to Artcurial SAS pursuant to the provisions of Law of the 6 July 1978.

c) The lot must to be insured by the buyer immediately after the purchase. The buyer will have no recourse against Artcurial SAS, in the event where, due to a theft, a loss or a deterioration of his lot after the purchase, the compensation he will receive from the insurer of Artcurial SAS would prove insufficient.

d) The lot will be delivered to the buyer only after the entire payment of the price, costs and taxes. If payment is made by cheque, the lot will be delivered after cashing, eight working days after the cheque deposit. If the buyer has not settled his invoice yet or has not collected his purchase, a fee of 50€+VAT per lot, per week (each week is due in full) covering the costs of insurance and storage will be charged to the buyer, starting on the first Monday following the 90th day after the sale. Should the buyer fail to pay the amount due, and after notice to pay has been given by Artcurial SAS to the buyer without success, at the seller’s request, the lot is re-offered for sale, under the French procedure known as “procédure de folle enchère”. If the seller does not make this request within three months from the date of the sale, the sale will be automatically cancelled, without prejudice to any damages owed by the defaulting buyer.

In addition, Artcurial SAS reserves the right to claim against the defaulting buyer, at their option :

- interest at the legal rate increased by five points,

- the reimbursement of additional costs generated by the buyer’s default,

- the payment of the difference between the initial hammer price and the price of sale after “procédure de folle enchère” if it is inferior as well as the costs generated by the new auction.

Artcurial SAS also reserves the right to set off any amount Artcurial SAS may owe the defaulting buyer with the amounts to be paid by the defaulting buyer.

Artcurial SAS reserves the right to exclude from any future auction, any bidder who has been a defaulting buyer or who has not fulfilled these general conditions of purchase.

e) With reservation regarding the specific provisions of this sale, for items purchased which are not collected within seven days from after the sale (Saturdays, Sundays and public holidays included), Artcurial SAS will be authorized to move them into a storage place at the defaulting buyer’s expense, and to release them to same after payment of corresponding costs, in addition to the price, costs and taxes.

f) The buyer can obtain upon request a certificate of sale which will be invoiced € 60.

4. THE INCIDENTS OF THE SALE

In case of dispute, Artcurial SAS reserves the right to designate the successful bidder, to continue the sale or to cancel it or to put the lot up for sale.

a) In case two bidders have bidden vocally, by mean of gesture or by telephone for the same amount and both claim title to the lot, after the bidding the lot, will immediately be offered again for sale at the previous last bid, and all those attending will be entitled to bid again.

b) So as to facilitate the presentation of the items during the sales, Artcurial SAS will be able to use video technology. Should any error occur in operation of such, which may lead to show an item during the bidding which is not the one on which the bids have been made, Artcurial SAS shall bear no liability/responsibility whatsoever, and will have sole discretion to decide whether or not the bidding will take place again.

5 .  PRE-EMPTION OF THE FRENCH STATE

The French state in entitled to use a right of pre-emption on works of art, pursuant to the rules of law in force.

The use of this right comes immediately after the hammer stroke, the representative of the French state expressing then the intention of the State to substitute for the last bidder, provided he confirms the pre-emption decision within fifteen days.

Artcurial SAS will not bear any liability/ responsibility for the conditions of the pre-emption by the French State.

6 . INTELLECTUAL PROPERTY RIGHT - COPYRIGHT

The copyright in any and all parts of the catalogue is the property of Artcurial SAS. Any reproduction thereof is forbidden and will be considered as counterfeiting to their detriment.

Furthermore, Artcurial SAS benefits from a legal exception allowing them to reproduce the lots for auction sale in their catalogue, even though the copyright protection on an item has not lapsed.

Any reproduction of Artcurial SAS catalogue may therefore constitute an illegal reproduction of a work which may lead its perpetrator to be prosecuted for counterfeiting by the holder of copyright on the work.The sale of a work of art does not transfer to its buyer any reproduction or representation rights thereof.

7 . ITEMS FALLING WITHIN THE SCOPE OF SPECIFIC RULES

The International regulation dated March 3rd 1973, protects endangered species and specimen. Each country has its own lawmaking about it. Any potential buyer must check before bidding, if he is entitled to import this lot within his country of residence. Any lot which includes one element in ivory, rosewood…cannot be imported in the United States as its legislation bans its trade whatever its dating may be. It is indicated by a (▲).

8. REMOVAL OF PURCHASES

The buyer has to insure its purchase, and Artcurial SAS assumes no liability for any damage items which may occur after the sale. All transportation arrangements are the sole responsibility of the buyer.

9.  SEVERABILITY

The clauses of these general conditions of purchase are independant from each other. Should a clause whatsoever be found null and void, the others shall remain valid and applicable.

10.  LAW AND JURISDICTION

In accordance with the law, it is added that all actions in public liability instituted on the occasion of valuation and of voluntary and court-ordered auction sales are barred at the end of five years from the hammer price or valuation.

These Conditions of purchase are governed by French law exclusively. Any dispute relating to their existence, their validity and their binding effect on any bidder or buyer shall be submitted to the exclusive jurisdiction of the Courts of France. The Conseil des Ventes Volontaires, 19 avenue de l’Opéra – 75001 Paris can receive online claims (www.conseildesventes.fr, section “Online claims”).

PROTECTION OF CULTURAL PROPERTY

Artcurial SAS applies a policy to prevent the sale of looted or stolen cultural property.

ARTS DES XXe & XXIe SIÈCLES

Art Contemporain Africain

Spécialiste junior:

Margot Denis-Lutard, 16 44

Art-Déco / Design

Directrice:

Sabrina Dolla, 16 40

Spécialiste:

Justine Posalski, 20 80

Spécialiste junior:

Edouard Liron, 20 37

Administratrice:

Domitilla Giordano

Consultants:

Design Italien: Justine Despretz

Design Scandinave: Aldric Speer

Design:Thibault Lannuzel

Bandes Dessinées

Expert : Éric Leroy

Administrateur junior: Alexandre Dalle

Estampes & Multiples

Directrice: Karine Castagna

Administrateur - catalogueur: Florent Sinnah, 16 54

Administrateur junior: Alexandre Dalle

Expert:Isabelle Milsztein

Impressionniste & Moderne

Directeur: Bruno Jaubert

Spécialiste junior:

Florent Wanecq

Catalogueurs

Recherche et certificat : Jessica Cavalero, Louise Eber

Administratrice - catalogueur:

Élodie Landais, 20 84

Administratrice junior:

Alexandra Michel

Photographie

Catalogueur:

Sara Bekhedda, 20 25

Post-War & Contemporain

Directeur: Hugues Sébilleau

Spécialiste: Sophie Cariguel

Catalogueurs

Recherche et certificat :

Jessica Cavalero

Louise Eber

Catalogueur: Sara Bekhedda

Administratrice:

Beatrice Fantuzzi, 20 34

Urban Art

Directeur: Arnaud Oliveux

Administrateur - catalogueur: Florent Sinnah, 16 54

Administrateur junior: Alexandre Dalle

Expositions culturelles & ventes privées

Chef de projet : Vanessa Favre, 16 13

ARTS CLASSIQUES

Archéologie & Arts d’Orient

Spécialiste:

Lamia Içame, 20 75

Administratrice sénior:

Solène Carré

Expert Art de l’Islam: Romain Pingannaud

Art d’Asie

Expert :

Qinghua Yin

Administratrice junior: Shenying Chen, 20 32

Livres & Manuscrits

Directeur :

Frédéric Harnisch, 16 49

Administratrice: Émeline Duprat, 16 58

Maîtres anciens & du XIXe siècle:

Tableaux, dessins, sculptures, cadres anciens et de collection

Directeur:

Matthieu Fournier , 20 26

Catalogueur: Blanche Llaurens

Spécialiste: Matthias Ambroselli

Administratrice  sénior: Margaux Amiot, 20 07

Administratrice:

Léa Pailler, 20 07

Mobilier & Objets d’Art

Directeur: Filippo Passadore

Clerc assistant

Barthélémy Kaniuk

Administratrice : Charlotte Norton, 20 68

Expert céramiques : Cyrille Froissart

Experts orfèvrerie :

S.A.S. Déchaut-Stetten & associés, Marie de Noblet

Thierry de la Chaise

Senior advisor - Spécialiste senior orfèvrerie 06 75 02 62 94

Orientalisme

Directeur : Olivier Berman, 20 67

Spécialiste junior: Florence Conan, 16 15

Souvenirs Historiques & Armes Anciennes

Expert armes : Arnaud de Gouvion Saint-Cyr

Contact : Maxence Migliorretti, 20 02

Numismatique / Philatélie / Objets de curiosités & Histoire naturelle

Expert numismatique: Cabinet Bourgey Contact: Juliette Leroy-Prost, 17 10

7, rond-point des Champs-Élysées Marcel Dassault 75008 Paris

T. +33 (0)1 42 99 20 20 F. +33 (0)1 42 99 20  21 contact@artcurial.com www.artcurial.com

2001-005

ARTCURIAL MOTORCARS

Automobiles de Collection

Directeur général: Matthieu Lamoure

Directeur adjoint: Pierre Novikoff

Spécialistes:

Antoine Mahé, 20 62

Xavier Denis

Responsable des relations clients Motorcars: Anne-Claire Mandine, 20 73

Responsable de l’administration et des opérations

Sandra Fournet +33 (0)1 58 56 38 14

Consultant : Frédéric Stoesser motorcars@artcurial.com

Automobilia

Aéronautique, Marine

Directeur : Matthieu Lamoure

Responsable : Sophie Peyrache, 20 41

LUXE & ART DE VIVRE

Horlogerie de Collection

Directrice : Marie Sanna-Legrand Expert : Geoffroy Ader

Consultant: Gregory Blumenfeld

Administratrice junior: Charlotte Christien, 16 51

Joaillerie

Directrice: Valérie Goyer

Spécialiste junior: Antoinette Rousseau

Catalogueur : Pauline Hodée

Administratrice junior: Janelle Beau, 20 52

Mode & Accessoires de luxe

Catalogueur: Victoire Debreil

Administratrice: Emilie Martin, +33 1 58 56 38 12

Stylomania

Contact:

Juliette Leroy-Prost, 17 10 Vins fins & Spiritueux Expert: Laurie Matheson

Spécialiste: Marie Calzada, 20 24

Administratrice sénior: Solène Carré

Consultant: Luc Dabadie vins@artcurial.com

INVENTAIRES & COLLECTIONS

Directeur : Stéphane Aubert

Chargés d'inventaires, Commissaires-priseurs

Juliette Leroy-Prost, 17 10

Maxence Miglioretti, 20 02

Elisa Borsik, 20 18

Administrateur: Thomas Loiseaux, 16 55

Consultante: Catherine Heim

Directrice des partenariats: Marine de Miollis

COMMISSAIRESPRISEURS HABILITÉS

Stéphane Aubert

Elisa Borsik

Francis Briest

Matthieu Fournier

Juliette Leroy-Prost

Anne-Claire Mandine

Maxence Miglioretti

Arnaud Oliveux

Hervé Poulain

Florent Wanecq

FRANCE

Cannes - Alpes-Maritimes Représentante: Eléonore Dauzet edauzet@artcurial.com

+33 (0)6 65 26 03 39

Montpellier

Geneviève Salasc de Cambiaire +33 (0)6 09 78 31 45 gsalasc@artcurial.com

Région Aquitaine

Directrice : Julie Valade jvalade@artcurial.com

Bordeaux

Marie Janoueix +33 (0)6 07 77 59 49 mjanoueix@artcurial.com

Région Rhône-Alpes

Représentant: François David +33 (0)6 95 48 92 75 fdavid@artcurial.com

Strasbourg

Frédéric Gasser +33 (0)6 88 26 97 09 fgasser@artcurial.com

Artcurial Toulouse

Jean-Louis Vedovato

Commissaire-priseur : Jean-Louis Vedovato

Clerc principal: Valérie Vedovato

8, rue Fermat – 31000 Toulouse +33 (0)5 62 88 65 66 v.vedovato@artcurialtoulouse.com

les emails des collaborateurs d’Artcurial s’écrivent comme suit : initiale(s) du prénom et nom @artcurial.com, par exemple : Anne-Laure Guérin: alguerin@artcurial.com Les numéros de téléphone des collaborateurs d’Artcurial

INTERNATIONAL

International senior advisor:

Martin Guesnet, 20 31

Allemagne

Directrice: Miriam Krohne

Assistante: Caroline Weber

Galeriestrasse 2b 80539 Munich

+49 89 1891 3987

Belgique

Directrice: Vinciane de Traux

Fine Art Business Developer: Simon van Oostende

Office Manager - Partnerships & Events: Magali Giunta 5, avenue Franklin Roosevelt 1050 Bruxelles +32 2 644 98 44

Chine

Consultante: Jiayi Li

798 Art District, No 4 Jiuxianqiao Lu Chaoyang District Beijing 100015

+86 137 01 37 58 11 lijiayi7@gmail.com

Italie

Directrice: Emilie Volka

Corso Venezia, 22 20121 Milano +39 02 49 76 36 49

Artcurial Maroc

Directeur: Olivier Berman

Directrice administrative: Soraya Abid Administratrices junior: Lamyae Belghiti

Widad Outmghart

Résidence Asmar - Avenue Mohammed VI

Rue El Adarissa - Hivernage

40020 Marrakech

+212 524 20 78 20

Artcurial Monaco

Directrice: Olga de Marzio

Assistante administrative: Mélanie Laurance

Monte-Carlo Palace

3/9 boulevard des Moulins 98000 Monaco +377 97 77 51 99

COMITÉ

Nicolas Orlowski

Matthieu Lamoure

Joséphine Dubois

Stéphane Aubert

Matthieu Fournier

Bruno Jaubert

ASSOCIÉS

Directeurs associés:

Stéphane Aubert

Olivier Berman

Sabrina Dolla

Matthieu Fournier

Bruno Jaubert

Matthieu Lamoure

Arnaud Oliveux

Marie Sanna-Legrand

Hugues Sébilleau

Julie Valade

Conseiller scientifique et culturel:

Serge Lemoine

Commissaire-priseur, Co-fondateur

Francis Briest

GROUPE ARTCURIAL SA

Président directeur général : Nicolas Orlowski

Directrice générale adjointe: Joséphine Dubois

Président d’honneur : Hervé Poulain

Conseil d’administration :

Francis Briest

Olivier Costa de Beauregard

Natacha Dassault

Thierry Dassault

Carole Fiquémont

Marie-Hélène Habert

Nicolas Orlowski

Hervé Poulain

JOHN TAYLOR

Président directeur général: Nicolas Orlowski

John Taylor Corporate, Europa Résidence, Place des Moulins, 98000 Monaco contact@john-taylor.com www.john-taylor.fr

ARQANA

Bâle

Schwarzwaldallee 171 4058 Bâle

+41 61 312 32 00 info@bbw-auktionen.com

Saint-Gall

Unterstrasse 11

9001 Saint-Gall +41 71 227 68 68 info@galeriewidmer.com

Zurich

Kirchgasse 33

8001 Zurich

+41 43 343 90 33 info@bbw-auktionen.com

Artcurial Deauville 32, avenue Hocquart de Turtot 14800 Deauville

+33 (0)2 31 81 81 00 info@arqana.com www.arqana.com

ADMINISTRATION ET GESTION

Directrice générale adjointe, administration et finances: Joséphine Dubois

Assistante: Emmanuelle Roncola

Responsable service juridique clients: Léonor Augier

Service client : Marieke Baujard, 20 71 ou 17 00

Ordres d’achat, enchères par téléphone

Directrice: Kristina Vrzests, 20 51

Adjointe de la Directrice: Marie Auvard

Administratrice: Maëlle Touminet

Administratrices junior: Charlotte Doré, Valentina Giacomel bids@artcurial.com

Comptabilité des ventes

Responsable : Nathalie Higueret

Comptable des ventes confirmée: Audrey Couturier

Comptables: Chloé Catherine

Marie Couture

Mathilde Desforges

Anne-Claire Drauge

Jessica Sellahannadi 20 71 ou 17 00

Gestionnaire de dossier: Melanie Joly

Transport et douane

Responsable: Marine Viet, 16 57

Adjointe: Marine Renault, 17 01

Assistantes spécialisées: Lou Dupont, Inès Tekirdaglioglu shipping@artcurial.com

Logistique et gestion des stocks

Directeur : Éric Pourchot

Responsables de stock: Lionel Lavergne, Joël Laviolette, Vincent Mauriol

Lal Sellahanadi

Adjoint: Clovis Cano

Coordinatrice logistique: Charline Monjanel

Magasiniers: Ismaël Bassoumba, Denis Chevallier, Adrien da Costa, Isaac Dalle, Brandon Guillemot, Côme Mallard, Brayan Monteiro, Jason Tilot

Marketing

Directrice: Lorraine Calemard, 20 87

Chef de projet: Ariane Gilain, 16 52

Chef de projet junior: Daphné Perret, 16 23

Responsable Studio Graphique: Aline Meier, 20 88

Graphiste: Rose de La Chapelle, 20 10

Graphiste junior: Romane Marliot, 64 73

Responsable CRM: Alexandra Cosson

Chargée CRM: Géraldine de Mortemart, 20 43

Relations Extérieures

Directrice: Anne-Laure Guérin, 20 86

Attachée de presse: Deborah Bensaid, 20 76

Assistante presse: Pauline Thierry

Régisseur: Mehdi Bouchekout ARTCURIAL BEURRET BAILLY WIDMER

Community Manager: Maria Franco Baqueiro, 20 82

Comptabilité générale

Responsable: Sandra Margueritat Lefevre

Comptables:

Jodie Hoang, Arméli Itoua, Aïcha Manet, Santiago Sauchelli

Aide comptable: Romane Herson

Responsable administrative des ressources humaines : Isabelle Chênais, 20 27

Bureau d’accueil

Responsable accueil, Clerc Live et PV: Denis Le Rue Mizlie Bellevue

Stéphanie Martinez Basurto

Services généraux

Responsable: Denis Le Rue

Service photographique des catalogues

Fanny Adler, Stéphanie Toussaint

ORDRE DE TRANSPORT

SHIPPING INSTRUCTIONS

Vous venez d’acquérir un lot et vous souhaitez qu’Artcurial organise son transport. Nous vous prions de bien vouloir remplir ce formulaire et le retourner par mail à : shipping@artcurial.com

Enlèvement & Transport

Je ne viendrai pas enlever mes achats et je donne procuration à M. / Mme. / La Société

pour l’enlèvement de mes lots et celui-ci se présentera avec la procuration signée, sa pièce d’identité et un bon d’enlèvement pour les transporteurs.

Merci de bien vouloir me communiquer un devis de transport :

Date Vente Artcurial :

Facture n° :

Nom de l’acheteur :

E-mail :

Nom du destinataire et adresse de livraison (si différents de l’adresse de facturation) :

Étage : Digicode  :

N° de téléphone :

Code Postal : Ville :

Pays :

Email :

Envoi par messagerie Fedex (sous réserve que ce type d’envoi soit compatible avec votre achat)*

Oui Non

*Merci de bien vouloir noter que pour des raisons de sécurité, les cadre et verre ne peuvent pas être envoyés par messagerie et seront enlevés

Instructions Spéciales

Je demande le déballage et l’enlèvement des déchets

Autres :

Conditions générales d’achats et assurance

L’acquéreur est chargé de faire assurer lui-même ses acquisitions, Artcurial SAS décline toute responsabilité quant aux dommages que l’objet pourrait encourir, et ceci dès l’adjudication prononcée. Toutes les formalités et transports restent à la charge exclusive de l’acquéreur.

J’ai pris connaissance des Conditions Générales d’Achat

Merci d’inclure une assurance transport dans mon devis.

STOCKAGE ET ENLÈVEMENT DES LOTS

Les lots de petite taille (livres, sculptures figurines, vases, tableaux) jusqu’à 1 mètre peuvent être remis après la vente à l'Hôtel Marcel Dassault sans rendez-vous. Les lots volumineux sont transportés dans nos entrepôts où ils peuvent être récupérés 72 heures après la vente. Le retrait s'effectue sur rendez-vous auprès de stocks@artcurial.com uniquement. Une confirmation vous est adressée par retour de mail avec les coordonnées du lieu d’entreposage et le créneau horaire retenu.

Stockage gracieux les 90 jours suivant la date de vente. Passé ce délai, des frais de stockage de 50 € HT à 150 € HT par lot et par semaine seront facturés par Artcurial, toute semaine commencée est due en entier. Le prix varie en fonction de la taille de chaque lot. A ces frais se rajouteront les frais de transport vers un entrepôt situé en France.

STORAGE & COLLECTION OF PURCHASES

Small items (books, sculptures, figurines, vases, paintings) up to 1 metre can be collected after the sale at the Hôtel Marcel Dassault without an appointment. Large lots will be sent to our warehouses, where they can be collected 72 hours after the sale. Purchased lots may be collected by appointment only at stocks@artcurial.com. You will receive confirmation by return with details of the storage location and the time slot selected.

The storage is free of charge over a period of 3 months after the sale. Once the period is over, Artcurial will charge a storage fee of 50 € to 150 € + VAT per lot, per week, plus shipping fees to a warehouse in France.

You have acquired a lot and you request Artcurial’s help in order to ship it. Your request has to be emailed to : shipping@artcurial.com

Shipping Instructions

My purchase will be collected on my behalf by: Mr/Mrs/ the Company

I order to collect my property, she/he will present a power of attorney, hers/his ID and a connection note (the latter applies to shipping companies only)

I wish to receive a shipping quote :

Sale date :

Invoice n° :

Buyer’s Name :

E-mail :

Recipient name and Delivery address (if different from the address on the invoice :

Floor : Digicode  :

Recipient phone No :

ZIP : City:

Country :

Recipient Email :

Integrated air shipment – Fedex (If this type of shipment applies to your purchase)* Oui Non

* Kindly note that for security reason frame and glass are removed

Liability and insurance

The Buyer has to insure its purchase, and Artcurial SAS assumes no liability for any damage which may occur after the sale.

I insure my purchase myself I want my purchase to be insured by the shipping company

Moyens de paiement / Means of payment

Aucun retrait ni transport de lot ne pourra intervenir sans le paiement intégral de la facture d'achat et de tous les frais afférents / No shipment can take place without the settlement of Artcurial’s invoice beforehand

Carte bleue / Credit card

Visa

Euro / Master cards

American Express

Nom / Cardholder Last Name:

Numéro / Card Number (16 digits): ____ / ____ / ____ / ____

Date d'expiration / Expiration date : __ /__

CVV/CVC N° (reverse of card): _ _ _

J'autorise Artcurial à prélever la somme de :

I authorize Artcurial to charge the sum of :

Nom / Name of card holder:

Date:

Signature (obligatoire) / Signature of card holder (mandatory):

Date :

Signature :

ORDRE D’ACHAT ABSENTEE BID FORM

DE GAULLE - Une succession pour l'Histoire

Vente n° 6145

Lundi 16 décembre 2024 - 14h00

Ordre d’achat / Absentee bid

Ligne téléphonique / Telephone (Pour tout lot dont l’estimation est supérieure à 500 euros For lots estimated from € 500 onwards)

Téléphone pendant la vente / Phone  at the time of the sale:

Nom / Name : Prénom / First name : Société / Compagny : Adresse / Address :

Téléphone / Phone : Fax : Email :

Paris — 7, rond-point des Champs-Élysées Marcel Dassault Lot Description du lot / Lot description

Merci de bien vouloir joindre à ce formulaire une copie de votre pièce d’identité (passeport ou carte nationale d’identité), si vous enchérissez pour le compte d’une société, merci de joindre un extrait KBIS de moins de 3 mois. Could you please provide a copy of your id or passport?

If you bid on behalf of a company, could you please provide an act of incorporation?

Après avoir pris connaissance des conditions de vente décrites dans le catalogue, je déclare les accepter et vous prie d’acquérir pour mon compte personnel aux limites indiquées en euros, les lots que j’ai désignés ci-dessous. (les limites ne comprenant pas les frais légaux).

I have read the conditions of sale printed in this catalogue and agree to abide by them. I grant your permission to purchase on my behalf the following items within the limits indicated in euros. (These limits do not include buyer’s premium and taxes).

Les ordres d'achat et les demandes d'enchères téléphoniques doivent impérativement nous parvenir au moins 24 heures avant la vente. Le service d'enchères téléphoniques est proposé pour les lots dont l’estimation basse est supérieure à 500€.

To allow time for processing, absentee bids and requests for telephone bidding should be received at least 24 hours before the sale begins. Telephone bidding is a service provided by Artcurial for lots with a low estimate above 500€.

À renvoyer / Please mail to :

Artcurial SAS 7 Rond-Point des Champs-Élysées Marcel Dassault - 75008 Paris Fax : +33 (0)1 42 99 20 60 bids@artcurial.com

Date et signature obligatoire / Required dated signature

À propos de la Fondation

Anne de Gaulle

La Fondation reconnue d’utilité publique Anne de Gaulle, créée le 30 mai 1945 à l’initiative de Charles et Yvonne de Gaulle est spécialisée dans « l’accueil et l’accompagnement pour la vie, de personne en situation de handicap en structure médico-sociale ». Anne de Gaulle, dernière fille du Général, née en 1928 était porteuse de trisomie 21.

La Fondation prend son nom en 1948 et oeuvre pour rendre la société dans son ensemble plus accessible aux personnes en situation de handicap.

www.fondation-anne-de-gaulle.org

À propos d’Artcurial

Fondée en 2002, Artcurial s’est rapidement imposée comme le leader français des enchères. Elle n’a cessé depuis d’innover avec dynamisme, lançant de nouvelles spécialités telles que le Design ou la Bande dessinée, et rencontrant rapidement un succès international.

Aujourd’hui, Artcurial se positionne comme une maison de ventes aux enchères pluridisciplinaire et consolide depuis plus de vingt ans sa place de choix sur le marché de l’art.

Avec quatre salles de vente principales situées à Paris, Marrakech, Monaco et en Suisse, la maison organise chaque année une centaine de ventes couvrant toutes les spécialités du marché, allant du mobilier ancien aux œuvres d’art anciennes et contemporaines, en passant par les automobiles de collection, le design, les livres et manuscrits, la joaillerie, l’horlogerie ou encore les vins fins et les spiritueux.

www.artcurial.com

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