Maquette numérique de la Cité des civilisations du vin (Bordeaux). X-TU Architects
44 POINTS DE VUE Michel Droin, chef d’entreprise 45 MÉTIERS C'est le moment de passer au Bim ! 46 USAGES Cité des civilisations du vin à Bordeaux 48 DOSSIER Les leaders passent à l’action 52 BONNES PRATIQUES
Photo : Aurblanc
BIMétré : une opération pilote exemplaire
LES LEADERS PASSENT À L'ACTION
53 ENJEUX Maîtrisez le risque numérique ! 54 ACTUALITÉS
Depuis quelques années, les « grands » de la construction préparaient leur entrée dans le numérique. En 2015, ils passent à l'action ! Comment cette transition va-t-elle se concrétiser sur le terrain, et que peut-elle changer dans le quotidien des petites entreprises ?
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ÉDITO
Récupérer les métrés et d'autres informations techniques contenues dans la maquette numérique puis les intégrer à leurs devis. C'est ce que sont aujourd'hui capables de faire douze dirigeants de petites entreprises normandes du bâtiment. Il leur aura suffit de quelques journées de formation et d'un peu de travail à la maison pour s'approprier un nouveau protocole d'échange de données qui leur permet désormais d'accéder au modèle 3D d'un bâtiment. Outre qu'elle leur permet de gagner un temps précieux et d'en finir avec les erreurs de ressaisies, l’accès à la maquette numérique fait d'eux de véritables « acteurs » d'un projet en Bim. Assez peu convaincus lors du lancement de l'opération pilote de formation, les dirigeants sont désormais conquis par cette démarche. Au point d'en faire la promotion autour d'eux ! Comme le montre bien cette action, le numérique et les démarches collaboratives dans le bâtiment ne sont pas seulement l'affaire des « grands » : ils sont à la portée de tous. Grâce à la diversité, à l’ergonomie et à la baisse des prix des outils du Bim, tous les acteurs de la construction, même les moins convaincus par le numérique, peuvent participer à une démarche de projet, ne serait-ce que pour consulter la maquette. Il est d'ailleurs important qu'ils le fassent ; plus la maquette est utilisée à chaque étape du projet de construction, plus l'investissement financier qu'elle représente est amorti rapidement. Ne campons pas sur nos principes. Le sujet est crucial car l'avenir du marché du Bim et sa réussite passent par une appropriation de cette démarche de progrès. Tous les acteurs de la filière sont concernés, y compris les plus petits.
Photo : Fotolia
Le numérique est à votre portée
BIM Bang passe un cap. Grâce au partenariat noué avec le magazine Planète Bâtiment, le numéro que vous tenez en mains, a été diffusé à plus de 10 000 professionnels du secteur de la construction. Cette année sera aussi l'occasion de « verdir » votre revue et de montrer combien la maquette numérique est efficace pour optimiser la performance environnementale et énergétique des bâtiments. BIM Bang poursuit son rôle fédérateur des acteurs économiques du Bim. Plus d'infos ? Bim-bang.com Début 2015 Bim-bang.com devient la première plateforme communautaire d'information sur le BIM. Outre la publication des marchés, vous y trouverez l'actualité de la construction numérique et de nombreuses rubriques : BIM au service de l'environnement, technologies, formations, carrières, agenda. Inscrivez-vous ! Et recevez gratuitement une synthèse hebdomadaire de l'actualité. Éditeur : Éditions des Halles • Directeur de la publication : Bernard Lechevalier • Rédacteur en chef : Clément Mabire • Rédaction : Michel Queruel • Conseil éditorial : Stéphane Miget • Maquette : Papaye Communication • Impression et routage : Imprimerie de Champagne 52200 Langres • Publicité : Rive Média, Julien Bricaud, 01 42 21 89 06, j.bricaud@rive-media.fr
Clément Mabire Directeur d'Astus Construction
Le cahier BIMBANG Magazine ne peut être vendu séparément de Planète Bâtiment en version papier. Une version numérique est néanmoins disponible sur kiosque21.com et astus-construction.fr
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POINT DE VUE
Michel Droin, chef d’entreprise, référent Maquette numérique, Fédération française du bâtiment « Il faut faire entrer le secteur du bâtiment et de la construction dans l'ère du numérique. » être réalisés. Nous allons organiser des opérations pilotes mettant en œuvre la maquette numérique de la conception à la réalisation du chantier puis à l’exploitation avec remise de la maquette au maître d’ouvrage. Une opération destinée à promouvoir le format BIMétré est en cours. Elle devrait favoriser le développement des échanges de fichiers entre les logiciels de gestion de chantier, de métré et de CAO.
Photo : Michel Droin
Qu'attendez-vous des pouvoirs publics ?
Quelle est votre mission ? J'ai été désigné à cette fonction car notre profession croit beaucoup à la maquette numérique. En regroupant sur un même système informatique les plans, les réservations, les annotations, elle permet de faire des économies sur la construction, de réduire les erreurs et donc de construire mieux et moins cher. Je dois expliquer et promouvoir le Bim en tant qu'outil collaboratif et veiller à ce qu'il soit accessible, à moindre coût, aux PME et aux artisans. Il est important que nos professionnels conservent leur place dans la filière et qu'ils continuent à apporter leur plus-value technique en phase d’exécution. Comment allez-vous procéder concrètement ? Le Bim représentant un coût financier et humain pour les entreprises, nous devons les convaincre par l'exemple qu'elles ont plus à gagner qu'à perdre. Nous allons donc agir sur le terrain, là où des gains de productivité peuvent 4
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Qu'ils soient moteurs à travers les marchés publics. L'État doit sensibiliser certaines collectivités territoriales encore très éloignées du sujet et prendre position dans le débat national qui cherche à répondre aux problématiques que pose le Bim : qui le pilote ? Qui décide aux différents stades d'un projet ? Qui tranche ? Qui paye les surcoûts générés au stade de la conception ? Quelle place pour le ou les Bim managers ? Comment répartit-on les bénéfices
« Qui pilote ? Qui tranche ? Qui paye les surcoûts ? » obtenus à moyen et long termes ? Qui renseigne les « objets numérisés » dans le modèle, et qui est responsable en cas de dysfonctionnement ? Dans ce dernier domaine, nous pensons qu'il est nécessaire de mettre en place des bibliothèques d'objets génériques pour ne pas laisser la place aux seuls industriels et négociants. Nous suggérons aussi à l'État de promouvoir le Bim dans des domaines prioritaires comme la maison individuelle par exemple, et d'adapter le droit. Il semble nécessaire, entre autre, d'intégrer la notion de « conception collaborative » au Code des marchés publics. La réussite du Bim passe par la capacité de tous à se mobiliser. Tous les métiers de la construction, à commencer par les professionnels du bâtiment, sont concernés par cette technologie Si chacun y met les moyens et l’énergie, tout le monde sera gagnant.
MÉTIERS
La montée en puissance du numérique dans le bâtiment est désormais irréversible et concerne tous les échelons de la filière. C'est le moment où jamais d'acquérir un minimum de culture dans ce domaine. Comment prétendre répondre à un appel d'offres faisant référence au Bim si l'on ne dispose d'aucune compétence dans ce domaine ? Comment rester acteur d'un projet si l'on ne connaît rien à la 3D ? Si l'on est incapable de recevoir et d'exploiter des données numérisées ou d'en envoyer aux autres intervenants ? C'est inéluctable : dans la filière construction, la transition numérique va faire évoluer les profils de compétences. Seule solution pour pratiquement tous ceux qui travaillent dans ce secteur : s'informer, se sensibiliser, se former. Avec de réelles perspectives d'emploi à court terme : leader sur le marché de la conception 3D avec son logiciel Revit, Autodesk constate que le manque de personnel qualifié freine déjà la progression du Bim. L'offre de formation se structurant rapidement, le rattrapage devrait se faire dans les deux ou trois prochaines années. Formation généralisée et différenciée Mais la démarche impose de la méthode, selon Annalisa De Maestri, directrice du BET Bianchi/MBA-Ingénierie spécialisé dans le Bim management et la synthèse d'exécution : « Si l'on veut promouvoir efficacement le Bim, il faut agir à tous les niveaux de la filière. Rien ne sert d'avoir de bons Bim managers si le numérique est ignoré par un seul des maillons de la chaîne. » La formation ne doit pas se limiter aux outils et aux logiciels selon notre interlocutrice : « Il faut identifier avec précision les attentes spécifiques de chaque intervenant. Inutile d'exiger d'un
Photo : Autodesk
C'est le moment de passer au Bim
peintre, par exemple, qu'il sache utiliser un logiciel 3D, mais il devra maîtriser un logiciel dédié à son métier afin de livrer des données exploitables au niveau du modèle 3D. » L'effort de formation et de sensibilisation doit néanmoins être très large selon notre interlocutrice : « Chaque acteur d'un projet doit posséder une culture minimale du Bim et connaître ses prérequis : esprit de consensus, aptitude à partager l'information, à travailler en collaboration. » Bim manager : un métier d'avenir En principe acteur clé de la réussite d'un projet, le Bim manager est déjà très recherché. Spécialiste du sujet dans son entreprise ou sur un projet par ticulier, ce professionnel maîtrise un large panel de compétences à la fois techniques et relationnelles. Il est un technicien rigoureux contrôlant par faitement les processus de construction virtuelle et de documentation, mais aussi un communicant au sens du contac t et de l'écoute aiguisé, faisant montre de psychologie et de diplomatie. Sa mission est complexe : au centre des interactions d’un projet, il doit en effet organiser la coordination, garantir les performances, les délais et les coûts, motiver, suggérer des solutions innovantes. Il a surtout l'obligation de faire coopérer sur un même projet des professionnels qui n'y sont pas habitués. À l'heure actuelle, le Bim manager est généralement un jeune ingénieur ou un architecte ayant le goût du numérique, maîtrisant les outils et le processus de conception et de construction. 2015 • BIMBANG #3
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Photos : Aurblanc
USAGES
À la Cité des civilisations du vin à Bordeaux Les courbures ne résistent pas au Bim Avec ses formes courbes, la charpente du bâtiment rendait complexe la conception et la réalisation de la couverture et de son étanchéité. La modélisation 3D a permis de résoudre les difficultés et d’affiner les détails. C’est un chantier complexe qui a débuté fin 2013 à Bordeaux, sur les bords de la Garonne : la construction de la Cité des civilisations du vin imaginée par l’agence d’architecture X-TU. La principale difficulté de ce projet réside dans sa forme : un gros tore qui serpente et se redresse. Cette esthétique audacieuse et sophistiquée complique singulièrement la tâche de la Smac, l’entreprise chargée de réaliser l'enveloppe métallique du bâtiment. Elle doit « habiller » d'un manteau isolant et étanche une charpente en bois constituée de 574 arcs en lamellé-collé... ayant tous une courbure différente. Puis adapter au-dessus une toiture métal/verre composée de 2 256 panneaux (constitués de deux fines couches d’aluminium collées sur une plaque de polyéthylène) tous différents par leurs cintres et leurs formes afin de suivre la courbure de l’édifice et de capter la lumière ! Elle doit aussi concevoir et fabriquer des milliers de pièces destinées à assurer la liaison 6
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entre les structures bois et métal… le tout dans un contexte très exigeant en termes de résistance mécanique, de précision dimensionnelle, d'étanchéité et d'esthétique. Afin de respecter le budget et les délais impartis, la Smac a décidé de recourir à la modélisation 3D. La combinaison des logiciels Rhinoceros 3D (McNeel Software) et Revit (Autodesk) a permis de produire les arcs de charpente habillant le socle en béton, le complexe d’étanchéité, les panneaux de vêture en métal et en verre ainsi que les milliers de pièces de liaison nécessaires. « Le modèle Bim du projet contient tous les éléments des arcs de charpente jusqu'aux plus petits systèmes de fixation », explique Aurélien Blanc de l’agence Aurblanc. Un positionnement au millimètre La Smac a coopéré avec ce designer industriel spécialisé dans les formes gauches afin de modéliser divers éléments dont les milliers de tiges filetées en acier inoxydable qui permettent d'assembler la couverture extérieure et l'enveloppe du bâtiment. La conception de ces « chandelles » fixées sur les arcs de la charpente est complexe car elles sont toutes différentes les unes des autres et doivent être implantées avec une très grande précision géométrique.