Jean-Joseph Sanfourche 1929 – 2010 Exposition du 14 mars au 8 avril 2011 Hall de l’Hôtel de Région Commémoration à l’occasion de la première année de la disparition de l’artiste. Œuvres de la collection de la Région Limousin et du FACLIM, présentées par le FRAC-Artothèque du Limousin. Horaires d’ouverture : Du lundi au vendredi de 8h30 à 12h30 et 13h30 à 17h30 Contact presse : Marie-Pierre Boisserie - 05 55 45 17 18 – mp-boisserie@cr-limousin.fr
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Exposition « Jean-Joseph Sanfourche, 1929-2010 » Communiqué de synthèse
L’artiste Né à Bordeaux, Jean-Joseph Sanfourche commence très tôt à peindre, suivant les enseignements de son père. Celui-ci, résistant, disparaît durant la seconde guerre mondiale, durant laquelle le Limousin devient la terre d’accueil de la famille Sanfourche. C’est là que le jeune Jean-Joseph étudiera le dessin et la peinture à l’Ecole Nationale Professionnelle de Limoges. Puis, le cheminement de l’artiste se poursuit à Paris durant une vingtaine d’années, intimement lié à ses échanges avec d’autres artistes et à la maladie incurable qui l’avait rendu presque aveugle. Dès 1975, il s’installe à nouveau en Limousin où son œuvre singulière se développe entre Solignac, Limoges et Saint-Léonard-de-Noblat. C’est à partir de cette époque que l’audience de Sanfourche s’étend, avec une œuvre « à michemin entre l’artiste, l’enfant et le chaman », portée par un homme qui a toujours refusé les étiquettes.
L’exposition Un an après sa disparition, cette exposition présente, autour d’une trentaine d’œuvres de l’artiste, une vision renouvelée de l’œuvre de Jean-Joseph Sanfourche. Issues des collections du FRAC, du FACLIM et de l’Artothèque du Limousin, les pièces présentées appartiennent principalement aux œuvres de jeunesse de cet illustre limousin, extrêmement populaire en son pays mais paradoxalement assez peu connue hors de ses frontières. Commissariat : Catherine TEXIER, directrice de l’artothèque du Limousin Yannick Miloux, directeur du FRAC du Limousin A cette occasion, la rubrique « Une semaine, Une œuvre », sur le site de la Région, sera consacrée à l’œuvre de Sanfourche. Lancée depuis septembre 2010, cette initiative vise à présenter chaque semaine une nouvelle œuvre issue des collections appartenant à la Région et valorisées par le FRAC-Artothèque du Limousin.
Exposition du 14 mars au 8 avril 2011
Hall de l’Hôtel de Région 27 boulevard de la Corderie 87 000 LIMOGES Horaires d’ouverture : du lundi au vendredi, de 9h à 12h et de 14h à 17h30
SOMMAIRE
L’artiste
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L’exposition
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Ils ont dit…
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Crédits photos : En couverture et page 5 : photo de Xavier LAMBOURS Portrait de Jean-Joseph Sanfourche, série Figures du Limousin, 1985-87. Septembre 1986. Photographie noir et blanc Collection Frac Limousin - © photo, E.Ardouin / société Imagine’in Page 3 : sans titre, 1990 - acrylique sur papier - 65 x 50 cm Collection de l’Artothèque du Limousin-Faclim
Page 6 : détail de l’oeuvre de Jean-Joseph SANFOURCHE Sanfourche de Solignac en Limousin. Sans date. Acrylique sur bois. Collection Frac Limousin - © photo, Freddy Le Saux Page 7 : Moi, acrylique sur papier - 65 x 50 cm - Collection de l’Artothèque du Limousin-Faclim
L’artiste Jean-Joseph Sanfourche Eléments biographiques 1929 : Naissance le 25 juin à Bordeaux. 1933 : Départ des Sanfourche pour Rochefort. Jean-Joseph Sanfourche commence très tôt à peindre, suivant les enseignements de son père. Celui-ci, mécanicien d’essai en vol et résistant, disparaît durant la seconde guerre mondiale (1943).
1942 : Arrivée en Limousin de la famille Sanfourche, installation à Limoges, rue Montplaisir, où habite aussi un ébéniste, le père Jeanton, qui initie le jeune Sanfourche à la sculpture. Etudes à l’Ecole Nationale Professionnelle de Limoges où le professeur P. Parrot cultive et protège déjà la différence artistique de Sanfourche.
1945 : Décès de Mme Sanfourche, Jean-Joseph et sa sœur Noémie sont pupilles de l’Etat. 1948 : Victime d’une maladie incurable qui l’handicapera toute sa vie, Sanfourche perd l’usage d’un œil. Jean Lehembre, réfugié en Limousin, initie Sanfourche à la peinture. Nombreux voyages. Début des rencontres et relations épistolaires avec Arp, Mailhe, Journiac, Fischer et surtout Gaston Chaissac à l’époque soutenu par Anatole Jakovsky (1909-1988), « le pape de l’art naïf », qui deviendra un proche de Sanfourche.
1957 : Naissance de son fils, Jérôme-Arthur (suite au décès de l’artiste, des recherches ont eu lieu, mais ce fils n’a pas, pour l’heure, été retrouvé, les spécialistes qui ont travaillé sur l’artiste mentionnent cette même absence).
Années 1960 - Sanfourche s’installe à Paris. Expositions collectives au Musée d’Art Moderne, au Musée des arts décoratifs, en salons et en galeries. - Sculptures et fascination pour l’Antiquité, les civilisations pré-colombiennes, l’archéologie qui aboutissent à l’utilisation de matériaux de rebut pour des polychromies. - Epoque des portraits, notamment celui de Jouhandeau. - 1ère plaque émaillée.
Années 70 - Participation à la 1ère biennale de Paris et rencontre avec Joseph Beuys (chef de file de l’arte povera). - Rencontre avec François Mathey (Conservateur en chef du Musée des Arts Décoratifs à Paris) qui deviendra l’un de ses meilleurs amis. Il achète pour le Musée des Arts Décoratifs les premières pierres peintes de Sanfourche et conduit Gaëtan Picon (directeur du cabinet du Ministre de la culture) et André Malraux à s’intéresser au travail de l’artiste. - L’état de santé de l’artiste se dégrade. Début d’une importante correspondance avec Jean Dubuffet qui, après avoir vu quelques travaux de Sanfourche, décide d’en acquérir pour les présenter à la Compagnie de l’Art Brut. C’est grâce à lui que les œuvres de Sanfourche sont très bien représentées dans la Collection Neuve Invention attachée au Musée de l’Art Brut de Lausanne.
Dès 1975, il s’installe à nouveau en Limousin où son œuvre singulière se développe entre Solignac, Limoges et Saint-Léonard-de-Noblat.
Années 1980-2000 L’audience de Sanfourche s’étend. Il participe à de nombreuses expositions internationales. Citons, en 1990, celle de New York (Centre Culturel Suisse), présentée sous le titre « Neuve Invention », nom donné à la collection d’œuvres apparentées à l’Art Brut ou encore en Corée, au Japon, en Russie, aux Etats-Unis, au Québec... En France, le Site de la Création Franche, à Bègles, animé par Gérard Sendrey, possède de nombreuses œuvres de Sanfourche (émaux, pierres peintes, peintures…).
Présentation de l’exposition Un an après sa disparition, cette exposition veut présenter une vision renouvelée de l’œuvre de Jean-Joseph Sanfourche. Il paraît en effet paradoxal que la figure de Sanfourche soit extrêmement populaire en Limousin et, somme toute, peu connue nationalement et internationalement. Même s’il a eu des relations régulières avec certains professionnels (François Mathey, directeur du Musée des Arts Décoratifs de Paris, puis Gaëtan Picon, directeur de cabinet de Malraux) et avec certains artistes (Gaston Chaissac) parfois seulement sur le mode épistolaire (sa correspondance pendant quinze ans avec Jean Dubuffet, qu’il n’a jamais rencontré), Sanfourche a toujours refusé les étiquettes. Ne voulant pas être considéré comme un artiste, préférant être un « artiste comme tout le monde » selon sa formule, il était cependant sensible aux honneurs. Si l’on reprend la définition de l’Art Brut donnée par Dubuffet en 1945, à savoir « un art spontané, sans prétentions culturelles et sans démarche intellectuelle », on peut comprendre que Sanfourche n’ait pas souhaité y être associé. Dans un courrier qu’il adresse au FRAC en mai 1985, suite à l’achat d’un groupe d’œuvres l’année précédente, il précise : « Je n’ai rien à voir avec l’art brut. Je le regrette mais c’est ainsi. Vous pouvez interroger Mr Dubuffet, il vous le confirmera. J’appartiens à une forme de création artistique totalement classique. Malheureusement la plupart des gens qui se croient des spécialistes dans ce domaine ignorent tout de l’histoire de l’art…» Au début des années 70, les termes d’ « art singulier » et d’ « art hors-les-normes » apparaissent pour nuancer ces catégories jusqu’à l’exposition « Les singuliers de l’art » en 1978 à l’ARC Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris qui aura un fort retentissement à l’époque et à laquelle Sanfourche participa. Sanfourche a toujours mis en avant son éducation classique et était très fier d’avoir des œuvres dans les musées. Sa singularité est certainement due en partie au fait qu’une maladie incurable l’avait rendu presque aveugle. Sa vision réduite l’obligeait à des aplats de couleurs saturées et à des cernes épais qui sautent aux yeux du spectateur, alors qu’il avait toutes les difficultés à les percevoir. Pour cette exposition, une sélection d’œuvres de Sanfourche provenant des collections du FRAC, du FACLIM et de l’Artothèque du Limousin est présentée. Elle insiste sur les œuvres de jeunesse de Sanfourche, même si les questions de datation posent parfois problème. Sanfourche avait en effet l’habitude de ne pas dater ou d’antidater ses créations (par haine des historiens de l’art) et aimait aussi « falsifier » des œuvres du XVIIIème et XIXème siècle, notamment des manuscrits. Les œuvres sont réparties en deux ensembles : foules, familles et groupes de personnages d’une part, personnages seuls, monstres et autoportraits, de l’autre. Quelques pierres peintes sont présentées en contrepoint.
Ces ensembles permettent de montrer les « obsessions » de leur auteur pour la représentation humaine, la sienne en particulier (sa signature est omniprésente, un des films qui lui ont été consacrés s’intitule « Moi, Sanfourche »), mais également de noter comment peu à peu le dessin s’épaissit, devient un cerne omniprésent, parfois oppressant, qui donne souvent l’impression d’une caricature. Cette simplification était-elle volontaire ou liée à l’aveuglement incurable de son auteur ? Même si Sanfourche ne revendiquait pas la position d’artiste, il se retrouve contre son gré affilié à l’Art Brut (deux cents de ses dessins sont dans la collection de l’Art Brut à Lausanne). On l’affuble de qualificatifs comme « mystique à l’état sauvage ». On situe son œuvre « à mi-chemin entre l’artiste, l’enfant et le chaman ». Tous commentaires qui ne peuvent séparer l’œuvre prolifique et volontiers simplificatrice d’une personnalité contradictoire, troublante et volontairement polémique. Yannick Miloux, février 2011
Ils ont dit… Voici un extrait du dernier texte de Sanfourche qui présentait l’exposition de ses 45 dernières œuvres à la galerie Artset à Limoges : «Il y 50 ans environ, je ramassais un morceau de poutre de 15 ans et réalisais avec plâtre, coquilles d’œufs, peintures, une œuvre que je retrouve aujourd’hui dans la gazette Drouot comme figure de la société Pierre Cardin. A l’époque, l’art brut ne concernait que quelques personnes guidées par J. Dubuffet, mon ami. Je faisais partie de ce groupe de créateurs misérables, dépourvus de tout, sauf de certitudes en l’avenir d’un art dont ils étaient les pionniers. Parmi eux, Chaissac. A la fois hors et dans le commerce des œuvres d’art, les insultes étaient notre rémunération. Après 50 ans d’un acharnement sans relâche, nos œuvres occupent les musées, les grandes collections, les médias, mais pour ce qui me concerne, je me trouve dans l’obligation de revenir à mes sources, malgré mes 81 ans je n’ai pas perdu le goût de manier le pinceau. Depuis un an, je suis confronté à l’agression d’une maladie qui m’interdit de quitter ma chambre. Et dans ces 15 m², je retrouve l’art brut parce qu’il est essentiel, le besoin de créer avec ce que je peux me procurer comme matériel. Plus exactement, en utilisant un matériel que je n’ai jamais envisagé d’utiliser. Le résultat est sous vos yeux. Il est ce qu’il est. J’ai réalisé ces œuvres avec amour. J’espère que vous le trouverez dans chacun de ces tableaux. Bonne visite.» « Invitation à un parcours inhabituel, où la fraîcheur de l’inspiration s’attache avec minutie à la réalité des choses. Sanfourche vous invite à regarder le monde, la nature, les hommes, avec l’oeil neuf de l’enfant sans référence culturelle. Vision lyrique où se manifestent d’incontestables dons de coloriste. La peinture instinctive de Sanfourche est une grande variété d’expressions et une infinie poésie. » Dominique Didon, catalogue du Prieuré des arts, 1992. « (...) N’opposons pas, ne rapprochons pas ceux qui revendiquent ou ceux que l’on identifie dans le mode d’expression défini par Dubuffet comme “art brut”. Si l’œuvre de Sanfourche a des convergences avec celles de Chaissac ou de Dubuffet, et bien, comme Chaissac, Sanfourche s’affiche, s’engage, nous interpelle, nous demande de prendre position. Ils ont la même grandeur d’âme, ils sont frères en humanité, ils nous proposent de faire partie de la même équipe ». Bruno Guichard, catalogue du Prieuré des arts, 1992. “Ne jamais dire ce que l’on pense, ne jamais penser ce que l’on dit, c’est-à-dire : ne rien dévoiler de soi.” Sanfourche, “De l’art brut et autres écrits” « Avec Sanfourche on a affaire à un singulier très singulier, à un artiste plus qu’artiste (un méta-artiste) à la fois villageois et planétaire, aérien et souterrain, surréaliste et infraréaliste, opaque et extralucide... un artiste atypique qui n’était pas le fruit du système de légitimation de l’art tel qu’on le connaît : un artiste issu d’un autre mécanisme de reconnaissance, dans un champ de références et dans un rapport à l’art différents. “Comme tout le monde je suis artiste” dit Sanfourche et c’est probablement ce qui le différencie de “l’artiste” dans son concept actuel qui implique une sorte d’anormalité tristement conforme. » Pierre Souchaud Texte extrait du catalogue édité par le Conseil général de la Haute-Vienne à l’occasion de l’exposition à l’Espace Noriac en mars 1999. « Un homme de bonne volonté, venu d’ailleurs. Sanfourche existe, souffre, peint, sculpte, refuse les moules, les compressions, les idées reçues... réside le plus souvent en Limousin, dinosaure survivant à toutes les modes, les séismes économiques et culturels. Inébranlable, il constitue une lumière délicate et tenace au fil des décennies, espoir des isolés, des réfractaires, des contrebandiers de l’art. » Alain Pauzié Texte extrait du catalogue édité par le Conseil général de la Haute-Vienne à l’occasion de l’exposition à l’Espace Noriac en mars 1999