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Pauvreté
Dresser le portrait réel de l’itinérance à MontréalPage 13 Droits & Liberté
La discrimination à l’emploi n’est pas une fiction !
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Naissance à Montréal de la Fondation Samy Elmaghribi
Hommage
Les Grands-mamans de l’émigration
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Sports
L'Impact réalise un exploit en terre mexicaine
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Il était 100 fois MontréalNord
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Climat social
Actions à répétition contre la politique de rigueur
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nº 248 du 26 février au 11 mars 2015
Enjeux
Conception et Réalisation Graphique : Atlas Média Atlas.Mtl est un produit du. GROUPE ATLAS MEDIA Inc Editeur de. * La Voix des Marocains à Montréal et du site web: www.atlasmedias.com
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Depuis 2002 Groupe Atlas Media Douze ans, c’est… • 244 numéros du bimensuel Atlas.Mtl, soit plus de 6120 articles exprimant la sensibilité maghrébine et valorisant la dimension maghrébine de la société dans laquelle nous vivons; • Une cinquantaine d'événements identitaires, artistiques, culturels et politiques; • De nombreux débats, colloques, séminaires et conférences, • 84 reportages sur la communauté pour les chaînes de télévision 2M, AlMaghribia, Ai Aoula, Arrayadia; • 365 émissions radio (de 2002 a 2009); • Un site web ayant accueilli plus de 6.9 millions de visiteurs depuis 2003 et qui dans sa nouvelle version (mise en ligne début 2012) et qui reçoit en moyenne 1400 visiteurs par jour.
Le défi du Vivre Ensemble
Éditorial
Editeur : Abdelghani Dades. Directeur Général Rachid Najahi. Rédaction : Hassan Boutabssil, Narjisse El-Bakkali, Zahira Ellahgui, Mona Doutabaa, Said Chayane, Reda Benkoula Publicité : Agence Odyssée
Triste spectacle que l’actualité, telle du moins que se plaisent à nous la présenter les medias; actions, réactions, protestations et au bout, un spectacle fait de violences, de degrés divers; violence des mots, violence des actes, violences engendrées par l’ignorance, l’incompréhension, la peur, l’insatisfaction ou la frustration; d’inspirations nombreuses et diverses. Fureurs plurielles au surcroît, puisque chacun à les siennes, motivées par et exprimées selon les appartenances forgeant son entité et les référentiels culturels, socioéconomiques etc. Ce spectacle d’un monde dominé par les émotions, tout à fait logiquement, répudie la raison et le raisonnement, avec pour double effet de faire oublier des questionnements essentiels et de rendre inaudible toute parole de mesure et de raison en dissolvant dans la transparence les faits, gestes et actes qui pourraient calmer les appréhensions, rassurer et rasséréner, redonner ses droits à une sagesse et une mesure, nécessaires autant que salvatrices. Ce sont ces pensées qui nous agitent depuis un certain 7 janvier 2015. Éclaircie Un peu moins prégnantes cependant aujourd’hui; grâce, disons-le tout de suite, à l’initiative du Conseil de la Communauté Marocaine à l’Étranger (CCME) qui a décidé de place sa participation au XXIème Salon International de l’Édition et du Livre (Casablanca; Maroc; 12-22 février 2015) sous le thème «Migration-Diversité-Citoyenneté : Le défi du Vivre Ensemble».
Sous cette enseigne, des gens venu d’horizons divers, ont tenté l’espace de quelques jours, de réflechir ensemble aux moyens de concilier entre l’émotion et la raison, de partager (et autant que possible faire partager) des connaissances pouvant servir d’antidote ou de remède aux dérives dont jaillit la fureur et son cortège de sang et de larmes. On a pu entendre ainsi des conférenciers tels - entre autres - Francois Burgat, Jean Bastianelli, Rachid Benzine, Rachid Id Yassine, Tareq Oubrou, Farhad Khosrokhavar, Michel Wieviorka etc., redire ce qu’ils prévoyaient depuis dix, vingt ou trente ans; avec cette différence que cette fois, par la grâce d’une demande de comprendre assurément nouvelle qu’ils se font entendre malgré le vacarme déchainé par les événements tragiques récents et leurs corollaires de tourments et tourmentes déclenchés par le mésusage fait d’une diversité qui pourrait être féconde et enrichissante mais qui n’est plus que source de mésententes et de conflits.
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Risques et périls Ne nous laissons cependant pas assoupir par ce semblant de détente. Car les crispations identitaires ontelles aussi aussi gagné en force, leurs portes parole ne reculent plus devant les anathèmes et d’aucuns parmi eux ne lésinent même pas sur des appels à peine voilés, à l’exclusion de segments ethnoculturelles ou confessionnels entiers issus de l’immigration, qui ne demandent pourtant qu’à vivre sereinement leur différence et à accéder à une citoyenneté utile. Car la stigmatisation de ces population issues donc de la diversité va désormais jusqu’à leur assimilation encore implicite mais qui pourrait bien muer - à un «ennemi intérieur» perfide et sournois contre lequel le pays est en guerre et qu’il pourrait même être nécessaire, comme pendant la seconde guerre mondiale, de banir ou d’interner. Nulle part on n’est à l’abri de tels excès. Au Québec on s’en est déjà parfois approché de bien près, comme lors des débats autour de feu le Projet de Charte des Valeurs. Et il n’est même pas hors de propos au de croire que, lorsque par exemple, le projets de loi sur la neutralité de l’État sera à l’ordre du jour, les positionnements - idéologiques ou partisans - puissent sacrifier à la surenchère au point de faire oublier une nécessaire retenue et une obligatoire réserve. À moins que les quelques voix qui appellent déjà à la sagesse ne soient plus nombreuses et plus audibles, à chaque jour qui nous sépare encore des débats qui comme la diversité, peuvent être selon l’usage que l’on en fait, féconds ou destructeurs.
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Lorsque la peur gouverne… Une municipalité québécoise refuse une mosquée par "peur" La nouvelle a fait grand bruit : Selon son maire, Michel Angers, la ville de Shawinigan a refusé les autorisations pour l'ouverture d'une mosquée, car bon nombre des 80 000 habitants de la cité sont "habités par la peur" de l'islam. Cette peur, selon l'édile, a été alimentée par un amalgame entre menaces terroristes et religion musulmane, principalement depuis les deux attaques contre des militaires perpétrées en octobre 2014 par de jeunes canadiens radicalisés et sensibles aux idées jihadistes. Pour la première de ces attaques, un Québécois avait tué un militaire avec son véhicule au sud de Montréal. Deux jours plus tard, un jeune Canadien, en rupture avec la société, avait assassiné un soldat aux abords du Parlement d'Ottawa, avant d'être abattu au coeur de l'enceinte fédérale. «À l’encontre des valeurs»… "Quand systématiquement les gens écoutent les médias, ils ont l'impression que le terrorisme est à
nos portes", a souligné Michel Angers qui estime que ce refus est à l'encontre de ses "valeurs personnelles". En conférence de presse, le maire a rappelé que le projet de mosquée du Centre culturel musulman de Shawinigan avait été accepté dans un premier temps. Les responsables de la communauté musulmane avaient demandé l'installation de cette mosquée dans une zone industrielle, pour une question de facilité de stationnement. L'obtention du permis était la ville de Shawinigan "pour nous, une formalité légale. Nous n'avons pas responsable en rappelant que la trenvu venir le coup", a regrettaine de familles musulmanes voulait té Philippe Bégin Garti, président du "simplement avoir un endroit pour Centre culturel musulman, au journal prier". local, L'Hebdo du St-Maurice. «Peur de ce qui peut venir d’ailleurs»… "Si les gens basent leur idée de notre Pour le maire de Shawinigan, ses religion par les gestes radicaux que administrés "n'ont pas peur des nous voyons, je peux vous dire qu'il musulmans (...), ils ont peur de ce qui est normal qu'ils aient peur, car nous pourrait provenir d'ailleurs". avons également peur", a ajouté ce
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Cette décision est venue nourrir le débat sur la laïcité au Québec, question sur laquelle le gouvernement de la province francophone doit présenter un projet de loi à l'automne. Fin janvier, le maire de Montréal, Denis Coderre, avait également refusé l'ouverture d'un centre communautaire à un imam qu'il avait qualifié d'"agent de radicalisation".
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Le «niqab» de la controverse Ottawa n’entend pas se plier à la récente décision de la Cour fédérale qui autorise une femme à conserver son voile intégral lorsqu’elle prête serment pour devenir citoyenne canadienne. Le gouvernement conservateur portera la cause en appel. « Nous comptons déposer un avis d’appel concernant cette décision », a indiqué le premier ministre Stephen Harper lors de son récent passage à Victoriaville. « La plupart des Canadiens trouveraient offensant qu’une personne cache son identité au moment même où elle souhaite se joindre à la famille canadienne. Ce n’est pas notre façon de faire et ce n’est pas acceptable. » Une controverse née en 2011… Cette cause prend ses racines en décembre 2011, lorsque Jason Kenney, grand responsable du dossier multiculturel dans l’équipe conservatrice, était également ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration. Il avait fait adopter une directive (et non une loi) stipulant que les gens doivent se dévoiler lorsqu’ils prêtent allégeance à la reine au cours de la cérémonie officielle de citoyenneté canadienne. « Le serment de citoyenneté est un geste essentiellement public, avaitil expliqué à l’époque. C’est une déclaration publique qui démontre que vous rejoignez la famille canadienne et qui doit être faite de façon libre et ouverte, pas cachée. » M. Kenney en avait fait une « question de pur principe », soit le respect « de nos valeurs en matière d’ouverture et d’égalité ». Mais voilà que la Torontoise Zunera Ishaq, une femme d’origine pakistanaise arrivée au Canada en 2008, a contesté cette directive. La Cour fédérale lui a donné raison
début 2015. Le magistrat a rappelé à cette occasion que selon le Règlement sur la citoyenneté, les juges de citoyenneté doivent « faire prêter le serment de citoyenneté avec dignité et solennité, tout en accordant la plus grande liberté possible pour ce qui est de la profession de foi religieuse ou l’affirmation solennelle des nouveaux citoyens ». Le juge Keith Boswell estime que cela n’est pas possible si une directive oblige des candidats à la citoyenneté à « renoncer à un élément fondamental de leur religion ». Le juge tranche que c’est la signature des documents officiels par le nouveau citoyen qui confirme son allégeance au Canada et non le fait de voir ses lèvres bouger pour prononcer le serment. Car sinon, note-t-il, ce ne sont pas seulement les femmes portant un voile intégral qui seraient interdites de citoyenneté, mais aussi les personnes muettes et les moines ayant fait voeu de silence.
Les faits Zunera Ishaq demande que sa cérémonie de citoyenneté ait lieu et qu’elle devienne donc une citoyenne canadienne à part entière. « Le bien-fondé de ma contestation a été avéré », a-t-elle confié au National Post. La déclaration du premier ministre compromet ce plan. Fait à noter : Mme Ishaq avait accepté de se dévoiler avant de passer son test de citoyenneté question qu’on puisse l’identifier. Mais elle refusait de se dévoiler pendant la cérémonie qui se tient généralement devant public (composé des proches des nouveaux citoyens). Elle a refusé l’accommodement proposé de l’asseoir à côté d’une femme tout à l’avant ou à l’arrière
de la salle pour que le moins de personnes possible la voient. Elle a refusé parce que des hommes et des photographes auraient quand même pu la voir. Elle porte le niqab, ce voile qui ne laisse paraître que les yeux, depuis l’âge de 15 ans.
diennes. Plusieurs conservateurs ont milité — par le dépôt de projets de loi — en faveur de l’obligation de voter à visage découvert. Cette option n’a finalement pas été retenue puisqu’aucun électeur n’a l’obligation de s’identifier visuellement avec une photo.
Son avocat, Lorne Waldman, a indiqué que le gouvernement n’avait pas le choix de reculer. La cour, a-t-il expliqué, juge illégal de forcer une femme à retirer son voile si la sécurité n’est pas en jeu ou s’il n’y a pas un besoin d’identification.
M. Kenney s’était toutefois opposé avec véhémence à la charte des valeurs québécoises péquiste qui aurait obligé les fonctionnaires à remiser tous leurs symboles religieux. « Nous allons la contester [si elle est adoptée], avait-il dit. Nous allons défendre vigoureusement la liberté de religion des Canadiens. » Le ministre n’avait pas autant de réticence face à une charte libérale, version Philippe Couillard. Il a indiqué qu’il n’aurait aucun problème à obliger les citoyens à recevoir et à prodiguer les services de l’État à visage découvert. « J’ai toujours dit que ce serait inadmissible pour un fonctionnaire fédéral de traiter un client, un citoyen à visage couvert. »
Le Parti libéral a refusé de se mouiller sur cette question. « Nous sommes d’avis que c’est au gouvernement de répondre à cette décision », a fait savoir la porte-parole de Justin Trudeau, Mylène Dupéré. Et la Charte ?... Il est intéressant de noter les nombreuses nuances dans la position conservatrice sur les questions relevant du respect des valeurs cana-
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Francois Legault monte en ligne
«Offensive identitaire» de la CAQ La Coalition avenir Québec veut interdire les prêches intégristes au Québec. D’aucuns y ont vu une atteinte à la liberté d’expression, protégée par la Charte des droits et libertés de la personne, une prohibition aussi inacceptable qu’inapplicable. D’autres croient que la formation politique, menacée par l’irruption d’un Pierre Karl Péladeau, tente de se démarquer à tout prix. Or il s’agit d’une position qui est en tout point fidèle à la tradition caquiste, voire adéquiste.
Une motion à l’Assemblée Nationale Premier pas de l’offensive caquiste : l’Assemblée nationale a été saisie d’une motion reprenant la proposition de François Legault de modifier la Charte des droits et libertés de la personne afin d’interdire « les expressions qui font le déni des valeurs inscrites » dans cette charte, une interdiction qui vise essentiellement à museler les intégristes musulmans radicaux comme Hamza Chaoui qui a récemment défrayé la chronique. Tant le Parti libéral du Québec que le Parti québécois ont voté contre. À la CAQ, on juge que la motion, qui voulait que les élus reconnaissent « la nécessité de défendre les valeurs que la nation québécoise a choisi de consacrer dans la Charte des droits et libertés de la personne face à l’intégrisme religieux et au radicalisme », était « raisonnable ». Si les stratèges caquistes s’attendaient au rejet de la motion par les libéraux, ils ont été étonnés que les péquistes ne votent pas en sa faveur. Le PQ prend ses distances Il faut dire que le PQ, privé de chef, fait des pieds et des mains pour prendre ses distances de la charte des valeurs québécoises que défendait vaillamment Bernard Drainville il n’y a pas si longtemps. Lors du débat sur cette motion, l’état-major péquiste avait dépêché, pour appuyer la leader parlementaire et porte-parole en matière de laïcité, Agnès Maltais, le candidat
Alexandre Cloutier, en sa qualité de critique pour la justice. Or ce dernier a toujours eu de fortes réserves à l’endroit du projet de charte péquiste. Alexandre Cloutier s’est d’ailleurs attaqué avec plus de virulence que la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, à la proposition de la CAQ, qui « n’est rien d’autre que du dérapage et un laisser-aller qui doit absolument être condamné et dénoncé ». « C’est sur le bord du maccarthysme », ajoutait Agnès Maltais pour faire bonne mesure. Une «hiérarchisation» des droits… Or il faut rappeler que le projet de charte du PQ modifiait aussi la Charte des droits ; il accordait une prévalence sur les autres droits à la protection de l’égalité entre les femmes et les hommes. Il va sans dire que la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) s’était vivement opposée à cette hiérarchisation des droits, tout comme tous les chartistes entendus en commission parlementaire. À trois ans et demi des prochaines élections, la CAQ, affligée par sa situation de tiers parti et préoccupée par l’arrivée d’un nouveau chef au PQ, cherche à se positionner comme étant résolument nationaliste. « Le but, c’est de se distancer du Parti libéral, pas du Parti québécois », confie-t-on dans l’entourage de François Legault. Et de rappeler qu’au moment de la course à la chefferie au Parti libéral, Philippe Couillard affirmait qu’il fallait définir une nouvelle identité québécoise basée sur « l’unité de toutes les communautés culturelles » sans que la majorité francophone impose sa vision. Ce propos signifie pour M. Legault que « Pour lui (M. Couillard), on parle français et on est tous des citoyens du monde. Il n’a pas d’attachement très, très fort aux spécificités de la nation québécoise », croit-on à la CAQ.
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Francois Legault
François Legault estime de ce fait que Philippe Couillard «fait fausse route» en limitant l’enjeu de l’intégrisme à une question de sécurité publique. « Ce n’est pas seulement la responsabilité de la police, ça demande aussi au gouvernement une intervention politique, a-t-il dit cette semaine. C’est aussi une question de cohésion sociale. » À l’appui de sa position, la CAQ signale le cas du maire Denis Coderre qui a pris décidé d’empêcher Hamza Chaoui d’ouvrir un centre islamiste dans l’est de Montréal, ou encore la décision de l’arrondissement d’Outremont d’interdire la tenue d’une cérémonie musulmane dirigée par deux imams intégristes. Les autorités municipales limitent ainsi la liberté d’expression des intégristes, note-ton. « Est-ce qu’on dit qu’on laisse cet arbitraire-là aux municipalités ? » Avec une intervention de Québec pour contrer les intégristes radicaux, la population serait rassurée : on éviterait qu’une municipalité comme Shawinigan empêche, de façon arbitraire, l’ouverture d’une mosquée par une petite communauté musulmane que l’on juge modérée, avance-t-on. Un terreau fertile
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nº 248 du 26 février au 11 mars 2015
L’intégrisme, « c’est une question qui préoccupe la nation québécoise », juge-t-on à la CAQ. Le 450, où la CAQ a fait des gains importants aux dernières élections, serait d’ailleurs un terreau fertile pour ce genre de préoccupations. Selon une étude parue en juin dernier d’Antoine Bilodeau, professeur à l’Université Concordia, et de Luc Turgeon, de l’Université d’Ottawa, si c’est à Montréal que les francophones se sentent le moins menacés par l’immigration, c’est dans la périphérie de Montréal (le 450) qu’ils se sentent le plus menacés, et non pas dans les autres régions du Québec, comme on aurait pu le croire à la suite de l’épisode burlesque d’Hérouxville. Cette idée d’interdire les prêches intégristes, « c’est en droite ligne avec ce qu’on a déjà mis en avant », souligne-t-on. Il est vrai qu’en novembre 2006, quand l’Action démocratique du Québec n’allait nulle part, Mario Dumont, profitant de l’occasion qui se présentait, avait fait des accommodements « déraisonnables » son cheval de bataille. Quatre mois plus tard, l’ADQ devenait l’opposition officielle. Source : Presse canadienne
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Médailles de l’Assemblée Nationale à trois personnalités de la communauté noire
«Faire avancer et reconnaître la contribution de la diversité au développement du Québec» La ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, Mme Kathleen Weil, a récompensé le lundi 23 février 2015, trois personnalités du Québec en leur décernant une médaille de l’Assemblée nationale. Au cours de cette cérémonie publique tenue dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs, la ministre a souligné l’engagement de Mme Fabienne Colas et de MM. Noël Alexander et Benoît Songa à faire avancer et reconnaître la contribution des personnes et des communautés noires au développement du Québec.
« Avec le Mois de l’histoire des Noirs, je devais saisir l’occasion de reconnaître le remarquable travail réalisé au quotidien par ces personnes. Mme Colas, M. Alexander et M. Songa contribuent à faire avancer la lutte contre le racisme et la discrimination au Québec et à resserrer les liens de solidarité qui unissent les Québécoises et Québécois de toutes origines. Ce type d’engagement mérite d’être souligné, car il change le monde », a déclaré la ministre. Les récipiendaires La Médaille de l’Assemblée nationale du Québec est remise par les députés à titre de reconnaissance à des personnes de leur choix. Les trois personnalités honorées par la ministre Kathleen Weil sont représentatives de la diversité des communautés noires au Québec. Mme Fabienne Colas, d’origine haïtienne, est arrivée au Québec en 2003. Actrice, réalisatrice et productrice, elle dirige la Fondation Fabienne Colas, un organisme qui fait la promotion du cinéma, des arts et de la cul-
ture, ainsi que sa propre maison de production, Zaza Production. En 2005, Mme Colas a organisé le Festival international du Film Black de Montréal, le premier événement culturel voué à la promotion de la culture et des talents des communautés noires. Mme Colas a aussi joué dans plusieurs productions québécoises diffusées tant au cinéma qu’à la télévision. En 2008, elle a réalisé son tout premier film, Minuit, où elle tenait le rôle principal. Conférencière, consultante et mentore auprès des jeunes entrepreneurs, Mme Colas a été lauréate du Mois de l’histoire des Noirs en 2010 dans la catégorie « Événements culturels ». M. Noël Alexander, d’origine jamaïcaine, est arrivé au Québec en 1974. Peu de temps après son arrivée, il s’engage, dans l’Association jamaïcaine de Montréal et en devient le président en 1980. Il a occupé cette fonction pendant presque 35 ans. Important porte-parole de la communauté noire anglophone, M. Alexander s’est également fait connaître par son engagement à défendre la cause des jeunes et à encourager l’intégration des personnes des communautés noires anglophones à la société québécoise. M. Alexander a reçu récemment le Dr Clarence Bayne Community Service Award, lors du Gala Vision Célébration qui récompense la contribution à la vie culturelle montréalaise. M. Benoît Songa, d’origine congolaise, est arrivé au Québec en 1988. Il est devenu directeur général du Centre RIRE 2000 de Québec en 1996. Souvent cité comme un modèle de réussite, il fut l’un des lauréats du Top
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Remise des médailles par Mme Katheleen weil à Noël Alexander, Fabienne colas et Benoît Songa 20 des Personnalités de la Diversité de l’année 2012, décerné par Médiamosaïque. En plus de recevoir le prix Anne-Greenup en 2004 pour la lutte contre le racisme et pour la promotion de la participation civique, le quotidien Le Soleil lui a décerné le prix Olivier-Lejeune en 2008 pour souligner sa contribution à l’intégration des personnes de la communauté noire à Québec. Le Centre RIRE 2000 est un partenaire du ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion qui œuvre à l’intégration professionnelle des personnes immigrantes. Il est l’organisme mandataire de la campagne Du monde à connaître, à Québec. Le Centre RIRE 2000 a reçu le Prix de l’organisme de l’année 2013 décerné par la Caisse Desjardins de Québec en reconnaissance de son soutien aux personnes immigrantes nouvellement arrivées, en particulier pour son projet de conversation française.
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nº 248 du 26 février au 11 mars 2015
Protagonistes de l’histoire du Québec La ministre Kathleen Weil a souligné l’importance de se rappeler que les Québécoises et les Québécois des communautés noires sont au Québec depuis plus de quatre siècles et qu’ils participent depuis ce temps à son histoire et à son développement. « La diversité est indissociable de l’histoire du Québec et de son évolution. Nous devons non seulement nous souvenir des événements marquants de notre histoire mais aussi de ses protagonistes, parmi lesquels figurent de nombreuses personnes des communautés noires. Certaines ont réalisé de grandes choses dans leur sphère d’activité. D’autres ont marqué l’histoire des collectivités par leur engagement social et communautaire. Toutes ces personnes ont pris part à l’essor du Québec et à son rayonnement dans le monde », a conclu la ministre.
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Climat social
Actions à répétition contre la politique de rigueur
«Sous les pavés, la plage»… La Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics plaide pour un changement de cap qui permettrait au contraire de maintenir, voire de hausser les dépenses en trouvant de nouvelles sources de revenus auprès des grandes entreprises et des mieux nantis. Groupes sociaux, associations étudiantes et syndicats promettent une semaine mouvementée, chargée d’actions contre l’austérité. Plus de 35 événements de « mobilisation et de visibilité publique » seront organisés dans les prochains jours, partout au Québec, pour dénoncer les « torts » causés par le gouvernement Couillard. Le rassemblement initial a réuni quelques dizaines de personnes pour un « craie-in contre l’austérité », dimanche 22 février au parc ÉmilieGamelin de Montréal. Les manifestants étaient invités à écrire leurs critiques et leurs revendications à la craie, sur des tableaux noirs. Le ministre de l’Éducation, Yves Bolduc, était traité de « cancre » dans plusieurs commentaires. Au micro, la première intervenante, Lucie Ste-Marie, enseignante membre du collectif Profs contre l’austérité, l’a rebaptisé « sinistre de la déséducation ». Pendant ce temps, dans l’est de la ville, l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSE) fourbissait ses armes en prévision d’un printemps qu’elle souhaite chaud. La Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics à l’origine de l’événement de ce dimanche après-midi dénonce les compressions budgétaires en cours ou à venir. Elle plaide pour un changement de cap qui permettrait au contraire de maintenir, voire de hausser les dépenses en trouvant de nouvelles
sources de revenus auprès des grandes entreprises et des mieux nantis. « La crise des finances publiques est en bonne partie la conséquence de choix politiques qui nous ont privés de revenus importants dans la dernière décennie, affirme Véronique Laflamme, la porte-parole de la Coalition. Ce sont des milliards de dollars qui dorment actuellement dans les coffres des grandes entreprises et des individus très riches, et qui permettraient à l’État de renflouer ses coffres. Le gouvernement doit aller chercher l’argent là où il est. » Les femmes «premières victimes de l’austérité»? La présidente de la Fédération des femmes du Québec, Alexa Conradi, a expliqué que les compressions s’attaquent directement et davantage aux femmes. « Les femmes sont déjà beaucoup plus pauvres que les hommes dans la société québécoise, a dit Mme Conradi. Une femme sur deux au Québec gagne 20 000 $ par année. Et là, on est en train d’appauvrir les plus pauvres de la société que ce soit avec l’augmentation des tarifs, la fin du soutien pour le logement social ou la modulation des services de garde. » Les manifestations à venir vont répéter le message de toutes sortes de manières. Huit rassemblements sont prévus lundi, dont un devant le bureau du premier ministre Couillard à Montréal. La Coalition annonce pour mardi une intervention à SaintFélicien « à la manière » du film pour enfant La guerre des tuques. Il y aura aussi, d’ici vendredi, construction d’un mur de glace à La Baie, trois sorties éclair à Rimouski et une action tintamarre à Sherbrooke. Grèves étudiantes au programme Dès lundi 23 février, des groupes étudiants devaient être de la partie. Les associations étudiantes de sociol-
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ogie premier cycle et de langue et communication de l’Université du Québec à Montréal seront en grève. Au moins six associations, totalisant 12 800 étudiants, auraient adopté un mandat de grève reconductible à partir du 23 mars. Tout cela devrait déboucher sur une vaste manifestation, le 2 avril prochain, aux allures d’ultimatum pour l’ASSE, qui tenait ce week-end un congrès en prévision de la contestation du printemps 2015. « Une chose est claire : après cette semaine d’actions, on ne ralentira pas la cadence. Puis, à partir du 21 mars, on va appeler à des mobilisations multiples, intensives. La manifestation du 2 avril, c’est un avertissement final qu’on envoie au Parti libéral », a affirmé Camille Godbout, porteparole de l’ASSE, en entrevue au Devoir. Sans changement de cap, l’ASSE promet de travailler avec acharnement avec d’autres groupes de
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la société civile pour « construire un mouvement qui va mener à une grève générale illimitée ». Journées de grèves, manifestations, coups d’éclat sont à prévoir à la suite de cet « avertissement final », a prévenu Mme Godbout. Le plan d’action de l’ASSE s’articulera également autour de revendications incluant l’abrogation de la loi 10 sur la réforme du système de santé et l’arrêt de l’ensemble des projets d’exploitation et transport d’hydrocarbures. Soulignons que les congressistes de l’ASSE avaient choisi d’exclure les médias du rassemblement de cette fin de semaine, « pour ne pas nuire aux interventions des délégués ». Les résolutions adoptées samedi et dimanche n’avaient pas été rendues publiques au moment de mettre cette édition sous presse, l’ASSE invoquant des motifs logistiques.
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Communications
Le gouvernement veut contrôler sa communication
Une directive du Premier ministre enjoint aux ministres «d’être informés de la position officielle du gouvernement avant de répondre aux questions des journalistes» C’est un spectacle familier que celui de journalistes interpellant les ministres, dans les couloirs de l’Assemblée Nationale ou avant, ou à l’issue d’un caucus libéral, de recueillir leurs réactions à un sujet d’actualité ou un autre. Les ministres avaient le loisir d’accepter ou de refuser de s’arrêter devant eux. Ce ne sera désormais plus le cas. Durant les derniers jours du mois de février 2015, il semble en effet qu’une «directive» ait été donnée aux membres du gouvernement, ou qu’une nouvelle procédure ait été mise en place. De ce fait, à la demande du bureau du premier ministre semble-t-il, tous les élus libéraux , esquivent désormais toutes les questions. Cette consigne aurait été donnée quelques jours après que le ministre de l’Éducation, Yves Bolduc, se soit retrouvé au cœur d’une nouvelle controverse ; les « fouilles à nu respectueuses » dans les écoles. « Il n’y a aucun lien sinon le fait qu’on veut que le Philippe Couillard, premier ministre du Qu.bev message gouvernemental soit informé sur les faits », a fait valoir M. Couillard lors d’un point de presse. une réponse faite sur cette nouvelle démarche que Le bureau du premier ministre commande aux élus libéraux de faire la sourde d’oreille aux questions des (les journalistes) « n’ont jamais eu de gouvernement aussi accessible que le nôtre ». journalistes parlementaires, au moins jusqu’à ce qu’ils aient été informé des positions officielles du «Harperisation»? gouvernement sur les questions d’actualité. La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) s’est répandue en reproches. Elle a «Bien connaître les faits»… « Il y a beaucoup de choses à faire pour les ministres déploré la directive qui aurait été donnée aux ministres puisqu’elle « nuit fortement à l’information du quand ils arrivent le matin à leur bureau, on veut public ». s’assurer que tout le monde s’entend sur les faits, qu’on a les faits réels avant de faire les commentaires « Refuser de répondre aux questions des journalistes », a expliqué M. Couillard. « [Il est] normal que les gens comprennent les faits, connaissent les faits avant est une tactique d’obstruction qui compromet l’accès de répondre à des questions sur des sujets d’actualité. du public à l’information. Le renvoi aux porte-parole, qui s’en tiennent à la version officielle et qui, souJe pense que c’est le minimum requis », a-t-il pourvent, ne connaissent pas bien les dossiers, en est une suivi. autre », a-t-elle indiqué par voie de communiqué. Les journalistes doivent désormais solliciter une entPhilippe Couillard manque à sa promesse de revue auprès d’un attaché de presse afin de s’imposer comme le chef du « premier gouvernement s’entretenir avec un ministre avant la fin du caucus. véritablement ouvert et transparent de l’Histoire du Québec », ont déploré tour à tour les partis Il s’agit d’un «recul» dans l’accès aux membres du Conseil des ministres par la Tribune de la presse par- d’opposition. lementaire estime-t-on dans les milieux professionnels. Ce qui n’est pas l’avis de M. Couillard qui dans « Il fait totalement le contraire. Encore une promesse brisée ! Très décevant », a affirmé la leader par-
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lementaire de l’opposition officielle, Agnès Maltais. Selon elle, M. Couillard muselle ses ministres afin de masquer les handicaps de son gouvernement. « Il fait ça parce que ses ministres sont incapables actuellement d’affronter la situation. Regardez ce qui se passe avec Yves Bolduc, depuis trois jours, c’est catastrophique comment il répond. Je pense à [la ministre l’immigration Kathleen] Weil. Je pense à [la ministre de la Famille, Francine] Charbonneau. Son équipe est faible. Il ne veut plus la laisser parler aux Québécois », a soutenu Mme Maltais. « M. Couillard semble vouloir agir comme Monsieur Harper. Je ne pense pas que ce soit souhaitable pour la démocratie », a dit le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault. Il soupçonne le chef du gouvernement de vouloir taire toute expression de dissension au sein d’un caucus libéral « divisé » sur une série d’enjeux. De son côté, le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) montre du doigt la « harperisation » des communications.
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Pauvreté
600 bénévoles quadrilleront les rues le 24 mars pour
Dresser le portrait réel de l’itinérance à Montréal
À l’instar de plusieurs autres grandes métropoles du Canada et du monde, Montréal procédera à un premier dénombrement des personnes itinérantes sur son territoire le 24 mars prochain. Plus de 600 bénévoles et des dizaines de travailleurs de rue quadrilleront coins de rue, refuges et souterrains en soirée afin de tracer le portrait le plus fidèle de l’itinérance dans la métropole.
« Bonjour Monsieur, êtes-vous en situation d’itinérance ? » À leur grande surprise, bien des Montréalais pourraient se faire aborder ainsi le 24 mars par les centaines de bénévoles du YMCA, qui seront à l’affût toute la soirée et une partie de la nuit pour traquer une réalité urbaine dont on tarde à saisir l’ampleur et le visage exact. Des centaines de personnes seront notamment postées au coin des rues pour interpeller les passants et savoir s’ils disposent d’un toit où passer la nuit. En cas de réponse positive, les personnes seront questionnées sur la fréquence de leurs « expériences » d’itinérance, leur situation économique ainsi que leur profil personnel. Un décompte fiable Si la méthode peut surprendre, elle n’en reste pas moins la façon éprouvée de mesurer ce phénomène urbain difficilement quantifiable, et néanmoins très visible dans les métropoles. Plusieurs autres villes canadiennes comme Vancouver, Calgary, Ottawa usent de cette méthode bénévole depuis plusieurs années, avec des résultats probants. La Ville de New York fait appel chaque année à quelque 3000 bénévoles pour mener une telle opération. « Il y a beaucoup de gens sur la rue qu’on ne soupçonnerait jamais être en situation d’itinérance. Mais c’est pourtant le cas pour des personnes qui
arrivent à la fin du mois et qui sont arrivées au bout de leur chèque d’aide sociale. C’est pourquoi toutes les personnes croisées se feront poser la question », explique James McGregor, expert du Centre de recherche en santé mentale de l’Institut Douglas et cogestionnaire de ce projet, mené en tandem avec le YMCA, Convercité et divers refuges, à la demande de la Ville de Montréal.
Dernier décompte : 1995 « Les chiffres que l’on utilise datent d’il y a 20 ans et se fondent sur une méthodologie de la fréquentation annuelle des refuges. Aujourd’hui, ces nouvelles méthodologies préconisent un décompte ponctuel, doublé d’enquêtes qui permettent de dresser le profil précis des personnes en situation d’itinérance. Ces enquêtes nous aident à savoir si les services existants répondent aux besoins réels », ajoute M. McGregor. Ce grand coup de sonde est la première mesure concrète découlant du Plan d’action montréalais en itinérance, annoncé l’automne dernier par l’administration du maire Denis Coderre. Les plus récents portraits de l’itinérance, qui datent de 1995, évaluent à entre 20 000 et 25 000 le nombre de sans-abri dans la métropole. Bénévoles et travailleurs de rue Le YMCA vient de faire appel au grand public pour recruter les quelque 600 personnes qui se posteront à divers endroits de la ville pour questionner les passants entre 19 h et 23 h. Une seconde ronde aura lieu à 1 h du matin. Outre les refuges et les corridors du métro, ciblés comme autant de points de ralliement des personnes cherchant un gîte d’occasion, les principaux coins de rue des quartiers centraux de Montréal, ainsi que de Hochelaga-Maisonneuve, du SudOuest, du Plateau-Mont-Royal, de Côte-des-Neiges, de Notre-Dame-deGrâce, de Rosemont et d’Ahuntsic
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seront sillonnés par les équipes de bénévoles. Les bénévoles recevront une courte formation de la part de travailleurs sociaux sur les mesures à prendre en cas de crise. Toutefois, ce sont des dizaines de travailleurs de rue qui seront dépêchés dans les points chauds de la métropole, considérés comme plus à risque, pour y faire le décompte des itinérants. Dans la journée 25 mars, le dénombrement se poursuivra dans les soupes populaires et les centres de jour pour personnes sans domicile fixe. Questionné sur la difficulté de la tâche, le cogestionnaire du projet assure que la plupart des personnes itinérantes sont bien plus faciles d’approche que ce que s’imaginent bien des gens. « En fait, la plupart des itinérants sont contents qu’on leur parle, puisque d’ordinaire, ils sont tout simplement ignorés. Et même si le taux de réponse n’est de 50 %, ce sera déjà suffisant pour alimenter nos données et orienter de futures mesures », soutient James McGregor.
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Selon ce chercheur, ce type de dénombrement a été probant à Vancouver et à Toronto, deux villes qui étaient aux prises avec une montée spectaculaire des cas d’itinérance. Ce décompte annuel a permis aux autorités municipales de suivre l’évolution du phénomène et d’enclencher des mesures préventives ciblées qui ont aidé à stopper rapidement des augmentations palpable du nombre des itinérants dans les deux villes. Ainsi À Toronto, on a constaté ces dernières années une baisse des itinérants dans la rue, et une hausse de la fréquentation des refuges. Si l’on a choisi le 24 mars pour mener cette opération d’envergure, c’est qu’il s’agit d’un des sommets de fréquentation des refuges constatés dans la métropole, ainsi que dans d’autres villes canadiennes. La fin du mois permet aussi d’inclure les sans-abri « d’occasion », prestataires, propulsés dans la rue par manque de ressources. « Ce ne sera sûrement pas un chiffre parfait, ajoute M. McGregor, mais ça nous donnera un portrait crédible. »
Droits & Liberté
La discrimination à l’emploi n’est pas une fiction !
Un an d’efforts, 100 CV envoyés, 0 entrevues Un immigrant marocain de l’arrondissement de Saint-Laurent soupçonne être victime de discrimination à l’emploi. Depuis qu’il a obtenu son diplôme universitaire québécois en comptabilité en janvier 2014, l’homme a envoyé plus d’une centaine de curriculum vitae. Plus d’un an après, aucun employeur ne l’a contacté afin de le convoquer en entrevue, a-t-il confié aux medias. À son arrivée au Québec, en 2011, Mohammed, qui a préféré taire son nom de famille, a fait de son mieux pour s’intégrer à sa nouvelle terre d’accueil. Détenteur d’un diplôme universitaire en comptabilité, il a cumulé près de 10 ans d’expérience dans son domaine au Maroc. Dès son immigration, il choisit tout de même de faire une formation de mise à niveau dans une université à Montréal afin d’obtenir le maximum de qualifications requises ici, avant de commencer à chercher activement un emploi. Les efforts n’ont cependant pas porté leurs fruits. «Je n’ai reçu aucune réponse, autre que des messages automatiques de réception, se désole Mohammed. J’ai pourtant utilisé plusieurs stratégies. J’ai appliqué à des postes affichés, j’ai fait des envois spontanés, je me suis présenté en personne, j’ai demandé l’aide d’une agence de placement. Rien n’y fait.» Depuis, Mohammed n’a que le revenu fourni par l’aide sociale afin de subvenir aux besoins de sa famille. Devant son manque de succès, l’homme a réfléchi plusieurs fois à changer de domaine ou à retourner au Maroc. Il craint toutefois de revivre le même scénario. «C’est une décision extrêmement difficile à prendre. Même si je retourne au Maroc, je ne suis pas certain d’y retrouver un boulot, comme j’ai perdu beaucoup d’années d’expertise en immigrant ici. Et puis, je ne suis pas seul dans cette décision. Il y a ma famille.» Phénomène généralisé L’homme est loin d’être seul dans sa situation. Selon le recensement cana-
dien de 2006, le taux de chômage le plus élevé au Québec s’observe chez les Arabes (16,7%). La situation tend à être encore plus préoccupante pour ceux qui détiennent un diplôme universitaire. Le taux de chômage s’élève à 10,5%, soit plus de trois fois celui des natifs du Québec détenteurs d’un diplôme universitaire (3,1%). Ce taux de chômage catastrophique chez les Arabo-Québécois surprend d’autant plus que 89% d’entre eux parlent le français. «Au début, j’ai cru que le problème se trouvait peut-être dans mon CV, raconte Mohammed. J’ai pourtant consulté le centre local d’emploi dès la fin de mes études afin qu’on me conseille pour adapter mes documents le mieux possible au contexte québécois. Tous les professionnels du milieu que j’ai contactés m’ont assuré qu’il n’y avait pas de problèmes évidents qui pourraient expliquer que je sois éliminé dès le départ.» Discrimination à l’emploi Mohammed craint fortement que le problème soit plutôt relié à son nom à sonorité maghrébine. Une hypothèse étudiée en 2013 par le sociologue Paul Eid, dans une étude intitulée «Mesurer la discrimination à l’embauche subie par les minorités racisées: résultats d’un « testing » mené dans le grand Montréal.» En appliquant un «testing» par envoi de CV fictifs, l’auteur a pu mesurer, dans le contexte montréalais, l’ampleur de la discrimination à l’embauche subie par les minorités racisées dans cinq domaines professionnels distincts, dont trois correspondent à des emplois qualifiés (marketing, communications et ressources humaines, service à la clientèle et secrétariat). Tant pour les postes qualifiés que non qualifiés, l’étude a déterminé qu’ «un peu plus du tiers des refus essuyés par les candidats des minorités racisées pourraient être attribuables à la discrimination.»
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«À profil et à qualifications égales, un Tremblay ou un Bélanger a au moins 60% plus de chances d’être invité à un entretien d’embauche qu’un Sanchez, un Ben Saïd ou un Traoré, et qu’environ une fois sur trois (35 %), ces derniers risquent d’avoir été ignorés par l’employeur sur une base discriminatoire», conclut l’étude. Cette discrimination systémique pourrait avoir différentes causes, selon Sid Ahmed Soussi, directeur du Centre de recherche en immigration, ethnicité et citoyenneté (CRIEC) de l’UQAM. «C’est notamment dû au fait que les employeurs ne sont pas formés pour reconnaître la validité de l’expérience professionnelle et de la qualification acquise par les immigrants avant leur arrivée au pays. Sans compter la discrimination religieuse, qu’on peut appeler l’islamophobie, où on écarte d’emblée des immigrants du MoyenOrient et de pays assimilés à la religion musulmane», explique-t-il à TC Media. Pour remédier à la situation, le chercheur considère qu’une multitude de solutions sont envisageables. Il est d’avis que le gouvernement fédéral devrait continuer de créer des liens entre le marché du travail local et la formation des immigrants que l’on
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souhaite recruter, notamment avec un effort de reconnaissance des diplômes. «Nous devons mettre en place des politiques publiques pour inciter les grands ordres professionnels, qui sont les véritables gestionnaires du marché de l’emploi qualifié, à mieux reconnaître la formation des immigrants. Il en va de l’avenir de ce pays que cette immigration extrêmement couteuse devienne le bénéfice qu’elle devrait déjà être», ajoute-t-il. Une priorité pour le ministère Au ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale, on assure que les personnes immigrantes sont une des clientèles prioritaires. «En plus d’avoir accès à l’ensemble des services publics d’emploi, elles ont aussi accès à des programmes et des mesures qui sont mis en place spécialement pour elles, explique David McKeown, directeur des communications. Par exemple, le programme d’aide à l’intégration des immigrants et des minorités visibles en emploi (PRIIME) les aide à obtenir une première expérience de travail au Québec dans leur domaine de compétence, à l’aide d’une subvention salariale.» Source : TC Media - 24 février 2015
Droits & Liberté
Courriels sous haute surveillance !
400 000 courriels par jour sont «complètement» scannés au Canada et conservés «pendant des mois» Les services canadiens du renseignement recueillent chaque mois des millions de courriels échangés par des Canadiens et les conservent pendant « des mois », alors que leurs activités concernent officiellement l’étranger, selon des documents confidentiels récemment dévoilés. Le Centre de la sécurité des télécommunications (CST, équivalent canadien de la NSA aux États-Unis) surveille et retrace toutes les visites sur les sites Internet du gouvernement fédéral et de ses agences, y compris celles provenant de l’intérieur du pays, et collecte tous les courriels envoyés aux autorités, indiquent des documents marqués « Top Secret » obtenus par l’ancien consultant du renseignement américain Edward Snowden. Quelque 400 000 courriels sont ainsi scannés « complètement » chaque jour par le CST qui déplore de devoir par la suite traiter « trop de données » ainsi obtenues, selon ce rapport qui date de 2010, diffusé par le site américain The Intercept et la chaîne publique CBC.
Un volume sans doute en hausse « Le volume intercepté est sans doute bien plus important aujourd’hui en raison de la hausse du trafic » sur Internet, relève CBC.
Des « cybermenaces » potentielles ne sont identifiées que dans 1 % des courriels analysés par les services canadiens, dont le mandat interdit officiellement l’espionnage de Canadiens sans mandat judiciaire. De fait, le CST recueille chaque jour, grâce à son logiciel espion « PonyExpress », quelque 10 teraoctets de données, soit l’équivalent de 26 millions de livres ou, par exemple, les trois quarts de la bibliothèque du Congrès américain.
quotidiennement sont elles gardées « des années ».
Ceci est réalisé grâce au « trafic réseau sur écoute », est-il indiqué dans le document, laissant suggérer que le CST siphonne les opérateurs téléphoniques canadiens, comme la NSA aux États-Unis.
« La cybersécurité n’oblige clairement pas à garder les informations privées des gens pour des mois et des années », s’est offusqué un porteparole de l’association Open Media, David Christopher, appelant à un « contrôle indépendant et démocratique du CST ».
Ces informations sont conservées « des mois », tandis que la centaine de gigaoctets de métadonnées obtenues
Pas de loi pour encadrer le CST ! Créé pendant la seconde guerre mon-
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diale, le CST est la seule agence du renseignement canadienne à ne pas être encadrée par une loi. Avec un budget annuel de 850 millions de dollars, elle emploie plus de 2000 personnes, dans son siège d’Ottawa, mais aussi dans des dizaines d’ambassades canadiennes où des centres d’interceptions électroniques ont été établis en coordination avec les agences partenaires des Five Eyes, soit la NSA, le GCHQ britannique, l’ASD australien et le GCSB néo-zélandais.
Culture Web
YouTube a 10 ans! La plate-forme de vidéos de Google fête ses 10 ans. Figure de proue de la culture Web, elle a lancé les vidéos sur Internet et a fait naître des nouvelles stars.
On ne peut pas plaire à tout le monde, surtout lorsqu'on connaît un succès aussi insolent que YouTube. La plateforme de vidéos de Google fête samedi son dixième anniversaire. Le 14 février 2005, ses trois cofondateurs déposaient le nom de domaine «youtube.com». Chad Hurley, Steve Chen et Jawed Karim, anciens de Paypal, ont eu l'idée de créer une plate-forme où l'on peut héberger et chercher très facilement des vidéos en ligne. Un an plus tard, Google rachète la plate-forme pour 1,65 milliard de dollars. Une somme colossale pour l'époque, mais le jeu en vaut la chandelle: Google y voyait une belle opportunité d'innover sur le Web et de développer de nouveaux formats publicitaires. Aujourd'hui, YouTube est la référence des vidéos en ligne. Plus de 300 heures de vidéos y sont publiées chaque minute, consultées par plus de 1 milliard d'utilisateurs par mois. Le site ne crée pas lui-même sa richesse: ses utilisateurs s'en chargent à sa place. La plate-forme dispose d'une véritable communauté avec ses propres règles et ses stars: les «youtubeurs». Cette poignée d'internautes attire des millions de spectateurs depuis leur chambre ou leur salon. Les youtubeurs français s'illustrent plutôt dans le domaine de l'humour, comme Cyprien et ses 6,7 millions d'abonnés. Les sketchs se font depuis son salon, mais avec une prise de son et une qualité d'image dignes d'une émission de télévision. Pour attirer les spectateurs, les vidéos doivent garder leur aspect
«fait maison», tout en étant réalisées avec des moyens professionnels. YouTube a compris ce besoin et a ouvert cinq studios dans le monde pour tourner des vidéos sur de vrais plateaux. Ces célébrités calibrées pour le Web ont augmenté l'attractivité de la plateforme. Lors du YouTube Brandcast, son événement annuel pour les annonceurs, c'est EnjoyPhoenix (1,3 million d'abonnés) qui monte sur scène en compagnie des représentants de L'Oréal. La jeune femme de 19 ans s'est fait connaître grâce à ses vidéos consacrées à la beauté. Aujourd'hui, elle fait la promotion de plusieurs grandes marques de cosmétiques. Les youtubeurs sont des porte-parole efficaces, habiles avec le Web et surtout très écoutés par les jeunes consommateurs. Leur célébrité rencontre tout de même un obstacle: celui des écrans de nos ordinateurs et de nos téléphones portables. Difficile de s'imposer dans les médias classiques très codifiés quand on a l'habitude de la flexibilité du Web. En France, Norman Thavaud - 5,6 millions d'abonnés sur YouTube - a fait un bide avec son premier film, Pas très normales activités (170.000 entrées). Il s'est depuis rattrapé avec un one-manshow qui affiche complet à Paris. Le passage à la télévision est lui aussi complexe. Un succès jalousé YouTube a longtemps fait peur aux chaînes, qui voyaient en la plate-forme un pilleur de contenus et d'audience. Néanmoins, le site représente aussi une belle opportunité pour la télévision en recherche d'une audience jeune. «YouTube et la télévision, ce sont un peu les meilleurs ennemis», résume un
dirigeant de chaîne au Figaro. Les chaînes ont finalement investi dans la création de compte et le recrutement de talents. Début 2014, Canal + a racheté Studio Bagel, un réseau de vidéos humoristiques. Il produit aujourd'hui des pastilles pour «Le Grand Journal» et «Le Before». Canal + est aussi entré au capital de l'américain Maker Studios, qui a ensuite été racheté par le géant Disney pour 500 millions de dollars. Mais des millions de vues sur YouTube ne se traduisent pas forcément par des millions de dollars de revenus. Il est difficile de monétiser cette audience: il faut 1 million de vidéos vues pour générer 1000 euros. Officiellement, YouTube ne craint pas la concurrence des médias traditionnels. «Un youtubeur qui passe à la télévision, c'est un youtubeur qui élargit encore plus son audience!», expliquait Robert Kyncl, directeur des opérations commerciales du site, au Figaro. Pour la
plate-forme de vidéos, la concurrence la plus féroce vient plutôt du Web. Ces dernières années, d'autres grands groupes ont porté leurs efforts sur la vidéo, comme Facebook. Le réseau social revendique aujourd'hui 1 milliard de vues quotidiennes. Jusqu'ici, il s'agissait surtout de permettre à ses utilisateurs de filmer et de publier des vidéos le plus facilement possible, notamment sur mobile. Néanmoins, les vidéos de vacances ne suffiront pas à Facebook. Le réseau social cherche désormais à séduire les stars de YouTube. Cette stratégie est également celle de Tumblr, autre site très populaire chez les jeunes internautes. Fidèles mais pas exclusifs, Norman, Cyprien et les autres ont déjà investi Facebook pour y publier des courts extraits de leurs vidéos et récolter les mentions «J'aime» comme ils accumulent les vues. La culture YouTube est avant tout une culture Web…
Attention, texter en marchant peut être dangereux Les dangers de texter au volant ne sont plus à démontrer, mais faudrait-il aussi s'inquiéter pour la sécurité de ceux qui envoient des textos en marchant? Quelques villes américaines imposent déjà des amendes à ceux qui textent en marchant, et certains États songent même à interdire cette pratique.
Au Québec, entre 2011 et 2013, pas moins de 27 piétons ont été blessés dont cinq gravement - dans des incidents où l'inattention des marcheurs qui textaient est la cause probable de l'accident. Texter en marchant causerait ainsi de plus en plus d'accidents. Au Tech3Lab de HEC Montréal, le chercheur postdoctoral François
Courtemanche s'intéresse au phénomène.
Le scientifique a voulu déterminer si un piéton qui texte est aussi habile à voir le danger que celui qui ne texte pas, par exemple en prenant un escalier mécanique, en entrant dans le métro ou en traversant la rue. Il a enregistré l'activité électrique du cerveau d'étudiants pendant qu'ils textaient sur un tapis roulant. Face aux participants, on projetait un personnage qui obliquait soit vers la gauche ou vers la droite. Un signal sonore avertissait le texteur de relever
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la tête : il devait alors déterminer de quel côté le personnage se dirigeait pour l'éviter.
on relève la tête, plus les risques de se tromper sont importants.
Chaque fois, l'activité électrique du cerveau était enregistrée au moyen d'électrodes. L'équipe de chercheurs s'est intéressée à une fréquence particulière : la bande alpha.
Ce délai de quelques secondes cause en quelque sorte un aveuglement temporaire. L'expérience montre que les texteurs sont moins habiles à déterminer d'où vient le danger lorsqu'ils relèvent la tête. François Courtemanche a constaté une diminution de la performance des étudiants qui textaient sur le tapis roulant. Dans 5 à 6 % des cas, ils se trompent lorsqu'ils identifient la direction du personnage projeté devant eux. Cette étude est le début d'une série d'expériences qui pourraient mener à des recommandations.
Les variations de cette fréquence indiquent les efforts du cerveau pour se dégager d'une tâche et recentrer son attention vers une autre tâche. Cette période où le cerveau s'efforce de changer de tâche est cruciale. Plus la bande alpha augmente au moment où
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Sciences & Techniques
Web : peut-on faire confiance aux mots de passe ?
Vol d’identité, hameçonnage, intrusions: les menaces sont de plus en plus sophistiquées sur le Web. Peut-on encore se fier au bon vieux mot de passe? En matière de sécurité informatique, les manchettes donnent parfois le vertige: •Juillet 2013: un pirate s’empare des mots de passe de 1,8 million de visiteurs des forums de discussion du système d’exploitation Ubuntu. (Source: PC Magazine) •Avril 2013: tentative d’intrusion dans des millions de blogues de WordPress. (Source: ZDNet) •Avril 2011: 77 millions de mots de passe sont volés sur les serveurs du PlayStation Network, qui doit fermer pendant 24 jours. (Source: IGN)
Si un pirate obtient votre mot de passe, vous pourriez être victime d’une usurpation d’identité. Comment vous prémunir contre ce risque? Le mot de passe est-il encore sécuritaire? Si non, par quoi le remplacer? Un jeu d’enfant En mai 2013, le site spécialisé en technologies Ars Technica a soumis à trois experts une liste de plus de 16 000 mots de passe encodés. Sachez que les sites sérieux ne stockent jamais les mots de passe tels quels: ils sont plutôt convertis en une longue liste de caractères, ce qui complique le travail des pirates. Malgré tout, l’expert le moins
efficace du groupe en a déchiffré 62 % en une heure, en même temps qu’il accordait une entrevue.
Comment est-ce possible? D’abord, parce que les experts disposent d’outils puissants: un ordinateur équipé du logiciel Hashcat peut tenter de deviner des centaines de milliers de mots de passe à la seconde. Mais aussi parce que certains usagers facilitent la tâche des criminels: en 2012, pas moins de 1 666 comptes du site de contenu participatif Yahoo! Voices ciblés par une attaque étaient «protégés» par la combinaison «123456»! Et bien sûr, un mot de passe n’est d’aucune utilité si l’internaute le révèle lui-même à un pirate. En juin 2013, au Royaume-Uni, des malfaiteurs ont été emprisonnés après avoir falsifié les sites Web de banques de six pays, dont le Canada. Plus de 30 000 victimes avaient été piégées par hameçonnage. Ajoutez une étape Plusieurs sites et services Web comme Facebook, Twitter, Google (Gmail, etc.) et Dropbox offrent la vérification en deux étapes, où le mot de passe doit être combiné à un code qui vous est envoyé par messagerie texte sur votre téléphone cellulaire. Ainsi, même si un pirate obtenait votre mot de passe, il ne pourrait pas accéder à votre compte. Par ailleurs, l’iPhone 5S permet à son propriétaire de s’authentifier avec ses empreintes digitales, pour accéder à l’appareil, mais aussi pour effectuer des transactions dans l’iTunes Store,
l’App Store et l’iBooks Store. Aucune de ces technologies n’est toutefois invulnérable, et il faudra encore quelques années avant qu’elles ne se répandent à l’ensemble des services en ligne. D’ici là, le mot de passe demeure votre première ligne de défense, d’où l’importance de bien le choisir. 5 règles à suivre 1- Évitez les mots qui se trouvent dans un dictionnaire. 2- Envisagez l’utilisation d’un logiciel comme 1Password, KeyPass, LastPass ou PasswordBox, qui se souviendra pour vous de toutes vos combinaisons et qui pourra en générer automatiquement qui sont sécuritaires.
3- Privilégiez la longueur et la complexité. Par exemple, le générateur de mots de passe de 1Password estime qu’une combinaison sûre doit compter entre 20 et 30 caractères. 4- Utilisez des chiffres, des lettres en majuscules et en minuscules, ainsi que des symboles. Pour faciliter la mémorisation, vous pouvez choisir une phrase, par exemple «Ah !_c0mm3_la_ n31g3_a_n31gé!», en remplaçant les «o» par des «0», les «e» par des «3» et les «i» par des «1». 5- Sur les sites qui l’offrent, activez la vérification en deux étapes dans les réglages de sécurité : Utilisez un mot de passe différent pour chaque site.
Tendances : La biométrie vocale La biométrie vocale, qui permet de s’identifier grâce à sa voix et non avec un mot de passe, pourrait devenir une arme de plus en plus importante au cours des prochaines années pour se défendre contre les attaques informatiques. Et ce sera en grande partie grâce à des recherches effectuées ici même à Montréal.
Il n’est plus question de savoir si les mots de passe disparaîtront un jour, mais plutôt de savoir quand et par quoi ils seront remplacés. Les mots de passe sont faciles à obtenir en masse lorsqu’un site est piraté, faciles à deviner, faciles à utiliser à distance: les internautes d’aujourd’hui sont à risque, et les mots de passe sont en grande partie à blâmer. «Je ne vois pas comment on peut garder indéfiniment les mots de passe», juge Brett Beranek, directeur de la stratégie pour la biométrie vocale chez Nuance, le géant de la reconnaissance vocale et principal fournisseur de solutions de biométrie vocale dans le monde. La compagnie américaine est implantée à Montréal depuis le début des années 2000. Son plus grand centre de recherche au monde emploie quelque 550
personnes en tout, dont la majorité travaille en recherche et développement. Par exemple, en souhaitant «bonjour» à sa voiture, on pourrait être reconnu par son véhicule, qui ferait par exemple jouer la radio selon nos goûts.
Prévoir les attaques Voilà qui est prometteur, mais qu’advient-il si quelqu’un vous enregistre et utilise votre voix pour accéder à vos comptes en ligne?
Avec la biométrie vocale, inutile d’avoir à retenir 30 mots de passe complexes. Il suffit de dire une phrase simple, comme «ma voix est mon mot de passe», pour qu’un système parvienne à nous identifier.
Ce scénario, souvent utilisé au cinéma, devrait être ardu à reproduire dans la vie, grâce aux nombreux algorithmes utilisés par Nuance pour se protéger, dont la plupart ont été développés ici même à Montréal.
«On analyse plus de 100 caractéristiques spécifiques dans la voix pour la reconnaître», explique Brett Beranek. Certaines de ces données sont physiques, comme la fréquence d’un son particulier, et d’autres sont comportementales, comme l’accent, le débit, etc. Comme les empreintes digitales, les empreintes vocales sont uniques, et permettent d’identifier un individu avec précision.
«Si une banque utilise par exemple la biométrie vocale pour vous identifier, le système s’assure que la voix n’est pas diffusée par des haut-parleurs», précise Brett Beranek. Ce qui est dit ne doit pas non plus être un montage et la voix ne peut être identique à 100% à une authentification précédente (ce qui est impossible dans la vraie vie).
Si la technologie existe depuis un certain temps déjà, la biométrie vocale commence depuis quelques années à gagner en popularité dans les entreprises, tout particulièrement les banques. Au Canada, Tangerine recourt d’ailleurs actuellement à une solution du genre pour son application mobile.
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La voix n’est évidemment pas le seul élément biométrique qu’il est possible d’utiliser, puisqu’une entreprise pourrait aussi recourir aux empreintes digitales ou à la reconnaissance faciale, par exemple. Idéalement, plus d’un élément devrait en fait être proposé aux utilisateurs. Après tout, la biométrie vocale n’est pas idéale pour faire une transaction pendant une réunion, par
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exemple, et la reconnaissance faciale est impossible s’il fait noir. «En offrant deux solutions, on offre plus de flexibilité, et on ouvre la porte à l’abandon total des mots de passe. Et c’est ça l’objectif», juge le directeur de la stratégie. Aussi pour la personnalisation Même si la sécurité est l’une des applications les plus connues de la biométrie vocale, celle-ci pourrait aussi se démarquer en raison de la personnalisation qu’elle permet, croit Brett Beranek, de Nuance Canada. En souhaitant «bonjour» à sa voiture lorsqu’on la démarre, on pourrait être reconnu par son véhicule, qui ferait par exemple jouer la radio selon nos goûts, ou ajusterait aussi notre banc, notre miroir, la température, etc. Personnellement, je pense que la personnalisation pourrait être beaucoup plus importante dans le monde que la sécurité elle-même», estime Brett Beranek. Et dans les deux cas, cela aura été rendu possible en grande partie grâce à des centaines de chercheurs montréalais.
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Hommage
Les Grands-mamans de l’émigration
Si l’histoire des migrants d’origine marocaine n’a pas toujours connu le cours d’un long fleuve tranquille, si en général cette histoire est faite de chroniques de l’effort et de la sueur, il n’en demeure pas moins qu’elle a aussi, dans une fort juste proportion, proposé à nos mémoires des pages de gloire, de réalisation et de réussite. À quoi, plus exactement à qui, doiton une bonne partie des succès et des «success stories» qui, dans divers pays et continents, illustrent les apports des marocains du monde aux sociétés d’accueil?
La question méritait d’être posée et de trouver réponse, pour rendre justice, enfin, à toutes ces femmes et tous ces hommes dont la chronique ne retiendra certainement ni les noms ni les souvenirs, mais dont le rôle a été déterminant. Lorsque l’on s’enorgueillit aujourd’hui de voir certains de nos compatriote - en politique, dans les sphères culturelles ou dans le monde des affaires - atteindre des sommets d’accomplissement, l’idée nous vient-elle toujours que pour arriver là, ils ont gravi des escaliers construit pierre par pierre, par deux ou trois générations de travailleurs modestes et discrets, par des grandsparents et des parents jamais reconnus, jamais honorés, jamais récompensés? Les Mamies de l’émigration Il y avait là comme un déficit de mémoire que le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) a voulu contribuer à combler, en rendant samedi 21 février, un hommage appuyé à une dizaine de mères marocaines résidant à l'étranger en reconnaissance de leurs rôle et des sacrifices qu’elle ont consentis, de longues années durant, dans l’ombre, au service de leurs familles et de leurs patries, patrie d’origine et patrie d’adoption. Une dizaine de femmes, établies depuis plusieurs années, voire des décennies, à l'étranger, ont été les convives d'un dîner de gala riche en couleurs, qui a été l'occasion de leur rendre un vibrant hommage en reconnaissance de leur rôle fondamental dans l'éducation et la formation de générations de jeunes, qui se sont distingués au sein de leurs sociétés respectives et se sont érigés en exemples réussis d'intégration. A travers cette initiative, les responsables du CCME ont tenu à mettre en relief les efforts consentis par ces femmes, qui, à un moment donné de leur vie, ont dû quitter le Maroc vers une nouvelle destination, un nouveau destin, en Europe, en Amérique, en Asie ou en Afrique, pour y former une famille et éduquer leurs enfants dans une société différente de la leur, tout en sauvegardant les valeurs, les traditions et la culture marocaines. Ces femmes ont joué un rôle "pionnier" dans l'éducation de leurs enfants dans leurs pays d'accueil, a
affirmé le secrétaire général du CCME, Abdellah Boussouf, dans une brève allocution à l'occasion.
Les compétences et le talent qui caractérisent les jeunes générations de la communauté marocaine résidant à l'étranger sont, en premier lieu, le résultat des sacrifices consentis par les mères marocaines, qui, par leur courage et abnégation, ont donné vie à une nouvelle génération d'expatriés différente des premières générations de migrants marocains. Ces femmes sont parvenues à construire une nouvelle génération marocaine intégrée, active et citoyenne au sein de leurs pays de résidence, a souligné M. Boussouf, relevant que la femme marocaine constitue la pierre angulaire de la famille et contribue activement au façonnement de l'histoire de son pays aux côtés de l'homme. Mamies Courage Lors de ce dîner, des mères et grands-mères marocaines, venues du Canada, des États-Unis, des Émirats arabes unis, de Côte d'Ivoire, d'Espagne, des Pays-Bas, d'Italie, de Belgique, d’Angleterre et de France, se sont vu offrir un modeste hommage, un présent symbolique et, pour répondre à l’un des vœux que, prises par leurs obligations et contraintes, elles n’auraient jamais exprimé : un voyage aux Lieux saints de l’Islam pour l’accomplissement de la Omra. Le rôle de onze de ces Mamies Courage, représentant des dizaines, voire des centaines ou des milliers de leurs semblables inconnues, a ainsi pu être mis en exergue. Dans l’émotion certes; car toutes femmes de cœur, elles ne sont pas – et l’ont souvent démontré dans leur quotidien et nous en témoignons – les mères et grand- mères seulement de leurs propres enfants. Elles ont dispensé leur générosité à bien d’autres jeunes et moins jeunes, ouvrant leurs cœurs et leurs tables à tous ceux de nos jeunes concitoyens, étudiants à l’étranger, émigrés ou jeunes des sociétés d’accueil qui n’avaient pas le privilège de bénéficier ans leur entourage d’une présence familiale rassurante et utile. Pour certaines d’entre elles, ce n’était au demeurant là pas le seul rôle. À l’exemple de la Maman de France, Mme Latifa Ibn Ziaten, dont le fils a été on s’en souvient tous, tué dans l’exercice des fonctions qu’il avait choisi de remplir, lors d’un attentat terroriste de sinistre mémoire. Depuis lors, Mme Ibn Ziaten, sublimant sa douleur, s’est engagée dans l’action de prévention des dérives terroristes chez les jeunes afin qu’aucune autre mère n’ait à souffrir comme elle a souffert. Myra El Ouarad C’est Mme Myra El Ouarad, qui a représenté lors de cet événement les mamies du segment marocain de la
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Abdellah Boussouf avec les onze femmes marocaines des 4 continents
Abdelghani Dades rend homage à Mme Myra El Ouarad (mère de notre confrére Mohamed Sebbar)
population canadienne. Ce nom ne vous dit rien sans doute; dans son rôle au service de sa famille et de sa communauté, son abnégation a été telle, qu’elle-même en a peut-être oublié son identité. Pourtant, nous sommes nombreux à la connaitre, sous un surnom - «El Hajja d’Laval» - et bien plus lorsqu’on la désigne comme «La mère de Simo», «la mère de Naïma» … Partons à sa découverte. Mme Myra El Ouarad n’aurait sans doute jamais envisagé de quitter sa ville natale, Rabat. Mais l’ainé de ses sept enfants choisit un jour de s’installer à Montréal. Il est rapidement suivi par l’ainée de ses sœurs puis, un à un, tous les membres de la fratrie de sept membres se laissa gagner par l’appel de la Métropole, laissant leur maman dans une solitude dont elle s’accommodait d’ailleurs fort bien. Jusqu’à ce que l’un des siens lui fasse part de ses difficultés à faire face seul, dans une société inconnue, aux aléas de son quotidien d’émigré. Ce signal lui fit prendre conscience que tous ses enfants, même s’il n’en parlaient pas, étaient aux prises avec les mêmes contraintes, qu’ils avaient besoins de sa présence et de son support pour aller de l’avant, pour s’épanouir, pour réussir. Son rôle de mère s’étant déplacé géographiquement, elle ne pouvait se résigner à s’y soustraire même si cela lui imposait d’émigrer. Ce qu’elle fit. Passons sur tous les épisodes, tantôt tristes tantôt joyeux, qui durant ces dernières décennies ont été la vie de Mme El Ouarad, pour aller au présent, celui dans lequel il faut lui
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reconnaître d’avoir donné au Canada et au Maroc, deux bonnes citoyennes et cinq bons citoyens. Pensez-vous qu’à ce stade, son œuvre est achevée? Que non! Elle ne fait que continuer, avec quinze petits enfants à nourrir, éduquer, entourer de tendresse et chérir… Mérites discrets Comme elle, elles sont des dizaines, des centaines, des milliers peut-être, à avoir choisi de quitter le confort des sociétés natives et familières pour accomplir un sacerdoce. À Montréal, Sherbrooke, Québec, Trois-Rivières, Gatineau, Ottawa, Toronto, Edmonton ou Vancouver, on les reconnait parfois dans les commerces ethniques faisant des courses pour que leurs enfants n’aient pas à se contenter d’une pizza bon marché pour tout repas, ou à la porte des garderies où, par moins trente degrés, elles viennent recueillir leurs petits enfants. Lorsque vous les verrez, saluez-les bien bas; elles le méritent amplement pour leur rôle de transmetteurs de culture et de valeurs, de médiatrices avec un monde nouveau, de facilitatrices de l’inclusion dans une nouvelle vie et surtout de source de chaleur, d’amour et de tendresse. Reconnaissez ainsi leurs mérites immenses autant que discrets, toujours empreints d’une discrétion qui donne à l’abnégation les couleurs de la gloire.
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Femmes
Le 8 mars du Forum des compétences marocaines résidant au Canada
Contributions des femmes issues de l’immigration marocaine au développement de la société de vie Les femmes ont toujours joué un rôle important dans le développement de la société marocaine. Elles continuent de jouer un rôle primordial au sein de leur société d’accueil. Combattant les préjugées, certaines traditions archaïques et de multiples stigmatisations (femme, immigrante, musulmane, arabe,..), les canadiennes d’origine marocaines font leur entrée, dans des proportions sans précédent, sur le marché de l’emploi, dans presque tous les domaines : la santé, l’éducation, la finance et le management...etc. Elles libèrent ainsi une puissance économique nationale dormante et dissipent peu à peu quelques préjugés véhiculés par certains médias malveillants. Voulant reconnaitre et mettre en valeur cette incontournable contribution des femmes issues de l’immigration marocaine, le Forum des compétences marocaines résidant au Canada
(FCMRC), organisera le 21 mars 2015 à Dar Al Maghrib de 13h à 17h un après-midi causerie sous le Thème : Célébrons les femmes issues de l’immigration marocaine et leurs contributions à l'avancement de la société canadienne. Cet évènement sera l’occasion pour nous tous d’échanger sur leurs expériences et leurs défis au sein de la société d’accueil et de se rencontrer dans un lieu chaleureux autour d’un verre de thé. Le programme de cette rencontre est accessible via le lien suivant :
ment-de-la-societe-canadienne-tickets-15867021689
https://www.eventbrite.com/e/celebrons-lafemme-marocaine-et-sa-contribution-a-lavance-
Les inscriptions se feront via le même lien.
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Patrimoine
Naissance de la Fondation Samy Elmaghribi
Auteur-compositeur et chanteur populaire marocain de renommée mondiale, le regretté Samy Elmaghribi a joué un rôle prépondérant dans la sauvegarde et l’enrichissement du patrimoine musical arabo-andalou du Maghreb. En reconnaissance de cette insigne contribution, concomitamment à la commémoration du septième anniversaire de son décès, un Fondation Samy Elmaghribi a été officiellement lancée le Mercredi 25 février 2015 à Montréal. Cette initiative vise à immortaliser l’œuvre de l’artiste, et à promouvoir à travers elle la conciliation harmonieuse de multiples sources identitaires.
Mission La Fondation Samy Elmaghribi se donne pour mission de préserver, de mettre en valeur et de diffuser le patrimoine que constitue l’œuvre poétique et musicale de l’artiste, en tant que partie intégrante de la culture arabo-andalouse du Maghreb, et en tant que symbole d’harmonie entre ses diverses expressions, au-delà des frontières ethniques et religieuses. Objectifs 1. Fournir un service public en exploitant le patrimoine que constitue l’œuvre du regretté Samy Elmaghribi, en vue de favoriser les échanges et les liens entre les communautés culturelles de confessions musulmane et juive originaires du Maghreb, ainsi que l’intégration de ces communautés à la mosaïque culturelle canadienne. 2. Mettre en valeur et diffuser l’œuvre de Samy Elmaghribi à l’échelle mondiale. 3. Contribuer à l’appréciation de la musique araboandalouse en offrant à la population des concerts de grande qualité perpétuant le style Samy Elmaghribi. 4. Collaborer à la recherche sur la musique araboandalouse et encourager la création et l’interprétation
d’œuvres musicales dans les genres privilégiés par Samy Elmaghribi (melhoun, haouzi, ala, gharnati).
5. Promouvoir l'éducation de la relève en établissant et en exploitant un institut de musique destiné à réunir les diverses traditions musicales de l’univers arabo-andalou et à soutenir les talents émergents. Projets - Inventaire, préservation et archivage de l’œuvre - Concerts hommage (Canada, Maroc, France etc.) - Exposition itinérante : Samy Elmaghribi et son époque - Coffrets souvenir CD et DVD - Recueils (paroles et partitions) - Documentaire ou film biographique - Institut de musique Samy Elmaghribi Le Comité d’honneur de la Fondation regroupe un grands nombre de personnalités marocaines ou d’origine marocaine, ayant en commun leur admiration pour Samy Elmaghribi et leur considération pour son œuvre. De différentes appartenances confessionnelles et professionnelles, responsables politiques ou acteurs culturels, ces personnalités ont accepté de soutenir dans la réalisation de ses objectifs, un bureau exécutif et un conseil d’administration ainsi constitués : Bureau Exécutif - Yolande Amzallag, Présidente-directrice générale - Mounir Guedira, Président Pôle Maroc - Joseph Gabay, Vice-président - Gad Elbaz, Trésorier - Esther Amzallag, Secrétaire Conseil d’administration Amram Amzallag, Myriam Amzallag, Mouloud Aouaz, Sam Bellisha, Gaby Benbaruk, Khadija Erbib, Fayçal Kouch, Naima Lamrani, Albert et Sidney
Serour . La Fondation s’est également dotée d’un Conseil artistique et scientifique présidé par Mohammed El Haddaoui et regroupant Michaël Abikhzer, Yehouda Abittan, Raymond Alon, Michel Azoulay, Prof. Joseph Benchetrit, Armand Benamou, Albert Bouhadana, Maxime Ben Haïm, Prof. Yolande Cohen, Sylvain Dahan, Prof. André Elbaz, Annie Elkaim, Michaël Lévy et Claude Senouf.
Jusqu’au 6 mars à Montréal
Exposition Sacré-Profane Samy Elmaghribi et son époque Dans le cadre du Festival Montréal en lumière, le Musée du Montréal Juif (MMJ), en partenariat avec le Groupe de recherche Histoire, Femmes, Genre et Migrations de l’Université du Québec à Montréal (HFGM) et la Fondation Samy Elmaghribi, présente une exposition sur la vie et l’œuvre de Samy Elmaghribi (Salomon Amzallag). En prenant à témoin la carrière de l’artiste qui a réuni les genres musi-
caux sacrés et profanes dans sa pratique de chanteur, d’auteur-compositeur et de hazzan (chantre), cette exposition interactive remet en question l’opposition apparente entre ces deux pôles. L’exposition était présentée au grand public à l’occasion de la Nuit Blanche à Montréal, le samedi 28 février 2015. Au programme de cet événement mul-
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timédia : projections numériques, cartes géographiques interactives, interludes musicaux, DJ mix et dégustation de spécialités marocaines. Le programme musical de cette soirée mettait en vedette les chanteurs et chantres Henry Abittan, Élie Mellul et Orel Gozlan, et la célèbre interprète de musique marocaine au Québec, Laïla Gouchi, entourée de Yolande
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Amzallag, Hélène Engel et Marie Trezanini. Le virtuose du oûd Khalil Moqadem dirigera l’ensemble instrumental composé de Charly Edery au violon et de Samy Sebbag aux percussions. * Exposition Sacré-Profane : Samy Elmaghribi. Jusqu’au 6 mars 2015 Galerie Luz ; Immeuble Belgo, 372, rue Ste-Catherine O., Salle 418
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Cultures
Au nom des arts et du partage Lancement à Montréal du Mouvement Takafa Le vendredi 13 mars 2015, Montréal abritera le lancement du premier organisme montréalais à référentiel marocain dédié aux arts et à la littérature. « TAKAFA », de son nom, est un organisme sans but lucratif qui se revendique comme un mouvement proposant à ses différents publics des cours, des ateliers, des réunions familiales, des événements et des spectacles dans les domaines du théâtre, des beaux arts, des arts visuels, de la musique et des arts culinaires. Il propose également des colonies de vacances et des camps de jours thématiques. Ces activités et animations sont destinées aux enfants comme aux adultes et seront organisées dans différents lieux tels que des centres culturels, des cafés littéraires et des conservatoires artistiques. À l’origine du mouvement TAKAFA, des artistes, des intellectuels, des spécialistes de l’animation culturelle et des organisateurs d’événements animés par la volonté de promouvoir la culture marocaine et dont la vision est celle d’une communauté marocaine unie, soudée, cultivée et qui joue pleinement son rôle dans la promotion de son identité et de sa culture d’origine. Espaces de rapprochement Le mouvement TAKAFA est un organ-
isme indépendant, et entend se tenir loin de tout débat politique, partisan ou religieux. Le mouvement entend créer des espaces de communication et de rapprochement entre les membres de la communauté marocaine du Canada, d’une part, et entre ceux-ci et les différentes communautés culturelles canadiennes qui leur partagent un même espace de vie. Les activités du mouvement s’organisent en « pôles », et chaque pôle est géré et animé par un responsable entouré et soutenu par des compétences marocaines. Chaque pôle organise ses propres cours, ateliers et événements et bénéficie d’outils de communication et de promotion centralisés. Incubateur d’idées et d’initiatives Le mouvement TAKAFA est à la fois un incubateur d’idées, d’initiatives et d’associations, et un pourvoyeur de talents issus de la communauté marocaine du Canada. Le mouvement est également un espace qui permet aux animateurs et organisateurs marocains de mettre en pratique leurs connaissances dans les différents domaines des arts et de la production littéraire et de les mettre au service de leur
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Au Programme
Projection multimédia : •Présentation de la mission et des objectifs du mouvement ; •Présentation des pôles et des ateliers (Priorités et projections dans le temps) ; •Questions et réponses sur les activités du mouvement ; •Débat sur la culture marocaine (Si le temps le permet). communauté et acquérir ainsi une expérience à faire valoir dans leurs carrières respectives. Plusieurs entreprises et organismes on manifesté leurs soutiens moraux au mouvement TAKAFA, lequel offre de multiples espaces de visibilité à ses partenaires actuels et à ceux qui s’intéressent à la communauté marocaine du Canada ou à la diffusion et la promo-
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tion de la culture marocaine. L’événement aura lieu le Vendredi 13 mars 2015 à partir de 18h 30au Café Mazagan (5127, Rue Jean Talon Est, Saint-Léonard, Montréal, Qc, H1S 1K8) Pour plus d’informations : takafamvt@outlook.com https://www.facebook.com/ takafamvt?ref=profile
Cultures
Rallye-Expos 2015
Montréal, couleurs africaines
Par Réda Benkoula
La nouvelle édition du Rallye-Expos de Vues d’Afrique vient d’être lancée et propose aux Montréalais de découvrir près d’une vingtaine expositions dans différents endroits et gratuitement. Les amateurs d’arts et les curieux se familiariseront avec le travail des artistes Maghrébins, Africains et Québécois qui ont produit des œuvres autour de l’Afrique à l’image du tableau « La Source sauve » d’Annie Sène lauréate du concours d’affiche de l’édition 2015 du Rallye-Expos. Odile Jalbert présente au Centre Simon Bolivar « Le retour chez soi », une exposition de photos qui est consacrée à la réinsertion des enfants qui ont été victimes de traite par différentes filières d’exploitation et qui ont réussi à retourner chez eux. La photographe s’est rendu au Bénin dans le cadre du programme d’aide « Terre des Hommes » pour témoigner et illustrer
tout le processus de l’accueil des enfants, de la réintégration au suivi et sensibiliser les gens autour de la traite des enfants pour que cela ne se reproduise pas : « Terre des Hommes œuvre auprès des enfants dans les pays en voie de développement au niveau de la santé et au niveau social…leur objectif c’est toujours l’autonomisation de ces programmes afin qu’ils soient remis aux acteurs des pays où ces programmes sont mis sur pied… je suis parti à deux reprises au Bénin…je voulais présenter le processus de réinsertion pour que le message passe… j’ai été touché par la gentillesse des gens et leur éducation…le travail qui est fait est le résultat des travailleurs Béninois, des enseignants, des éducateurs et des familles qui sont impliqués dans le processus de réinsertion », dixit Odile Jalbert. Dans un autre registre, l’espace du Salon Mogador accueille une exposition de photos pour découvrir l’Algérie, le Maroc, l’Égypte et de nombreux pays d’Afrique à travers le
regard de Radu Juster, Filippo Campo, Laetitia Jourdan, Jean Terroux, Mamadou Loth Bamba, Marie-Claude Simard, Marlène Luce Tremblay, Odile Jalbert, Patrick Saad et Gunther Gamper. Le lieu offre un espace intime pour déguster les saveurs marocaines tout en profitant de la décoration et de l’exposition. À travers sa programmation diverse et variée, le Rallye-Expos propose ainsi un éventail de lieux à visiter tels que le Musée des Beaux-Arts de Montréal qui présente l’exposition « Merveilles et Mirages de l’Orientalisme : de l’Espagne au Maroc, Benjamin Constant en son temps ». Le musée accueille plusieurs événements en lien avec l’exposition. Le dernier en date, le concert didactique de musique arabo-andalou qui était présenté par l’Orchestre de Musique araboandalouse marocaine ASAM.
Les « Mille et une soirées littéraires » de E-Passerelle
Écritures et transhumances Écritures et transhumances Dans le cadre des « Mille et une soirées littéraires », l’organisme E-Passerelle organise une rencontre littéraire le vendredi 27 février 2015 à 18h à Centre Afrika sis au 1644 Rue Saint Hubert (Métro Berri), sous le thème : « Écritures et transhumances », avec comme invités le collectif d’auteurs « Moziki Littéraire », ainsi que de Félicité Mvioki, Cofondatrice de l’organisme « Femmes Africaines de Montréal », peintre et artiste multidimensionnel.
Cette rencontre littéraire, qui s’inscrit aussi dans le cadre des célébrations du mois de l’histoire des noirs, et sera suivie par une lecture de textes des auteurs invités, ainsi que d’une séance de ventes et de dédicaces du nouvel ouvrage du collectif Moziki littéraire : « Kin Kiesse » Kamal Benkirane Directeur général de E-Passerelle www.e-passerelle. ca
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Arts & spectacles
À l’initiative des Productions Sebbar
Abderrahim Souiri; Une icône de la musique andalouse sur scène à Montréal le 7 mars 2015 Abderrahim Souiri - de son vrai nom Abderrahim Aït Chelleh - est né en 1957 à Essaouira, une ville de la cote atlantique du pays qui à produit d’innombrables talents des arts, des lettres et des spectacles. Abderrahim Souiri en est une; particulièrement remarquable puisque désormais, il a statut d’icône emblématique de la jeunesse marocaine pour avoir su ramener le patrimoine andalou antique aux temps modernes. Une voix exceptionnelle Avec sa voix exceptionnelle et touchante, il a fait fondre des cœurs f et des esprits humains des plus complexes, pour les amener à entrer dans un cercle presque sacré : celui des «maoulou’ines», amateurs éclairés d’une musique classique venues de temps anciens et racontant des faits et des états toujours actuels. Le cri originel Essaouira, 1957. Un cri retentit, annonçant la naissance d'une créature dotée d'un talent exceptionnel hérité du paternel à la voix douce et frappante. On lui donna le prénom de Abderrahim pour compléter son patronyme d’Aït Chelleh. Mais il rencontrera la gloire et le renom, à l’échelle du Maroc comme au niveau international sous un pseudonyme rappelant ses origines : Abderrahim Souiri. On connait un peu moins son père; à tort, car il s’agit de nul autre que le «Maallam» (le maitre) Benjemaa Essouiri, grands parmi les grands des genres Madih et Sama’e, interprète et musicien au sein d’un inoubliable Grand Orchestre de la Musique arabo-andalouse, regroupant dans ses rangs artistes musulmans, des chrétiens et des juifs partageant leur art en parfaite entente et harmonie. Le Maalem Benjemaa ne sera cependant pas là pour les douze ans
de son fils Abderrahim. La mort le surprendra à la force de son âge et de son talent. Abderrahim jeune prodige perdit ainsi son père mais héritera de son talent; un talent que son frère ainé, désormais tuteur, fera tout pour le faire épanouir. Il l’enverra ainsi à Casablanca pour continuer ses études secondaires, brillantes jusqu'à obtenir un baccalauréat en lettres modernes, interrompues pour des raisons matérielles contraignantes au seuil de l’université. Pour gagner sa vie, Abderrahim se fera chantre dans des soirées religieuses animée par le Fqih Hayani. Mais sa voix le fait vite remarquer. Haj Driss Benjelloun Touimi, président de l'Association des amateurs de musique andalouse, n’y resta pas insensible, il le recommanda alors au Haj Abdelkrim Raïss qui le mit en orbite. À partir de 1986, en l’incluant dans un orchestre comptant dans ses rangs des artistes tels que Bajjedoub, Chekkara ou Tamsamani, autant de noms illuminant le ciel de la musique andalouse. Depuis, il a conquis les oreilles et les cœurs de trois générations d’un public chaque jour un peu plus large qui, toutes, entonnent avec lui des classiques tels que «Chems El Achiya», «la ilaha illa lah» ou «Ana mani fiach»; ou encore des chansons plus populaires comme «Amoulati a lalla» ou encore «Dour biha ya chibani». Incontestablement Souiri a marqué de son empreinte le renouveau de la musique andalouse; ce fait lui a été reconnu par des invitations à donner des spectacles sur des scènes plus prestigieuses les unes que les autres dont l’Opéra de Paris, l'Opéra du Caire, l'Université Georges Town à Washington et l'Université Harvard
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Abderrahim Souiri
à Boston. Il lui a été reconnu par les hommages que lui ont rendus, publiquement, par des personnalités telles que Koffi Anan ou Abdou Diouf. Et il sera à Montréal; une ville «que j’aime et dont j’adore le public»,
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dit-il. Sachant que lorsqu’il aime, il se transcende et performe, nous ne doutons pas que la soirée du 7 mars sera exceptionnelle, qu’elle constituera une occasion à ne rater sous aucun prétexte.
Arts & spectacles
En spectacle à Montréal le 7 mars (production RCM)
Abdelhafid Douzi, Citoyen du monde…
Abdelhafid Douzi , Citoyen du monde. Ces mots définissent parfaitement Douzi : mère algérienne, père marocain, résidant belge, voyageur infatigable; et il est comme sa musique, passeur de culture itinérant.
Entre la chaleur des sons du Maghreb et l'efficacité des rythmes pop et électro, entre les mélodies du Sud et les ambiances du Nord, Douzi ne choisit pas: il inclut, il intègre, il enrichit. Entouré de ses 6 frères et sœurs, dès l'âge de 3 ans, le petit Abdelhafid fredonne déjà des airs : à 5 ans à peine, il interprète en public sa première chanson composée par son frère Kader - ancien chanteur de Raï, auteur-compositeur et pièce maitresse de sa carrière - à l'occasion d’une émission de télévision à Rabat. La chanson s'appelle « La lilharb », c'est-àdire « Non à la guerre »… mais immédiatement, c'est un "Oui" au succès. Pendant un certain temps, Douzihésitera entre la voie du dessin - dans lequel il excelle - et celle de la musique. L'année 1993 signera son choix, quand dans le cadre de la « Fête de la jeunesse », organisée par la station radio d'Oujda (Maroc), DOUZI reçoit son premier diplôme de mérite… alors qu'il était le plus jeune chanteur de la compétition. Dès lors, la machine est lancée et Douzi devient l’enfant prodige du Raï. Ilgrandit, et son talent avec lui. En 1994, Douzi a 8 ans lorsqu'il enregistre son premier album « Goulou Imumti tjini », (Maman reviens à moi). L’œuvre fait fondre les cœurs, surtout celui
des mères de famille. Le résultat: Plus de 700,000 exemplaires vendus au Maroc.
Depuis, une dizaine d’albums ont suivi. Chanteur de Raï prodige, il n'a cessé d'ouvrir les horizons de cette musique en chantant aussi bien en français, arabe, anglais, turque, espagnol ou hindi; et créant de ce fait son nouveau style de musique. Portrait et carrière Abdelhafid Douzi est né le 30 avril 1985 dans le village Koulouche près d’Oujda (Maroc), de père marocain et de mère algérienne. Parcours En 1997, Abdelhafid Douzi participe une première fois comme invité d'honneur à l'émission télévisée Studio 5 diffusée sur la chaîne marocaine RTM. En août 1997, il participe au festival Saidia Beach et décroche le prix du plus jeune artiste ce qui lui permet également de percevoir des cachets publicitaires en signant un contrat avec la firme CocaCola dont il fait la voix-off d'un message publicitaire. En 1998, il tourne son premier clip intitulé Rouahi lia (Reviens-moi) En 2003, il s'installe avec sa famille à Bruxelles pour achever ses études secondaires. En 2011, il est sélectionné pour les Afrotainment-
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Museke Online Africa Music Awards. Il sait chanter en arabe, français, anglais, turc, hindi et espagnol. Il sera en spectacle à Montréal le 7 mars (production RCM)
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Arts & spectacles
Naima Dziria la «The Voice» du chaabi algérien Naima Dziria est une chanteuse algérienne de talent, adorée par ses compatriotes pour qui elle est l’une des artistes les plus représentatives du chaabi algérien. Cette artiste féminine a pourtant dû travailler dur pour arriver à sa place actuelle. En effet, c’est progressivement qu’elle démontrera ses capacités vocales et artistiques dans le monde du show-business musical si particulier. En outre, rappelons que le monde du chaabi était souvent représenté par des hommes, ce qui rendait la tâche plus difficile pour notre artiste. Naima réussit néanmoins son pari et devient l’une des étoiles montantes du chaabi algérien. Elle réussit à percer le cœur d’un public charmé par sa voix touchante et sincère, en se produisant dans des salles de la capitale algérienne. Alger n’aura très vite plus d’yeux que pour elle, et ce succès de s’étendre rapidement dans tout le pays, ajoutant le nom de Naima Dziria au répertoire des stars de la musique algérienne, en Algérie et à travers le monde.
www.atlasmedias.com
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Sports
Soccer - Ligue des Champions
L'Impact réalise un exploit en terre mexicaine
Un match-retour décisif le 3 mars à Montréal L'Impact de Montréal vient de récolter un verdict nul historique de 2-2, au Estadio Hidalgo de Pachuka au Mexique, devenant la première équipe canadienne à obtenir un aussi bon résultat en sol mexicain, à l'occasion du match aller de la série quart de finale de la Ligue des Champions. Le milieu de terrain Dilly Duka a réussi un doublé dans ce match. Un but important « C'est un très bon résultat puisque c'était notre premier match en 2015. Nous avons joué contre une excellente équipe et nous avons marqué deux buts sur la route au Mexique, a mentionné l'entraîneur-chef Frank Klopas. La mentalité du groupe et l'éthique de travail ont été excellentes. Je suis satisfaisant de la performance du groupe ce soir. Nous avons joué en équipe ce soir. Ils ne nous connaissaient pas avant le match ce soir, mais ce sera différent lors du match retour. C'était super de voir les supporters de Montréal qui avaient fait le voyage au Mexique. » L'Impact a marqué un but très important sur la route à la 25e minute lorsque le défenseur Donny Toia a empêché le ballon de sortir en touche avant de le remettre à Dilly Duka sur le flanc gauche. Après avoir coupé vers l'axe et battu deux joueurs, Duka a pris une frappe au sol au poteau opposé qui n'a laissé aucune chance au gardien de Pachuca Oscar Perez. Puis à la 53e minute, Justin Mapp a débordé deux défenseurs sur le flanc
droit, a pris une frappe qui a été bloquée par le gardien mexicain, puis Duka a sauté sur le retour pour inscrire son deuxième but du match. Pachuca a réduit l'écart à un seul but lorsque le défenseur Heriberto Olvera a marqué sur un coup franc d'environ 25 mètres, à la 57e minute. Le Joueur désigné de l'Impact Ignacio Piatti a ensuite obtenu deux occasions de marquer lors des cinq minutes suivantes. La première chance a été bloquée par le gardien Perez, alors que sa deuxième frappe est passée tout juste
au-dessus de la barre transversale. Le substitut de Pachuca en deuxième demie Ariel Nahuelpan a ensuite créé l'égalité à la 68e minute enprofitant d'un bond favorable dans la surface de réparation. L'Impact est ensuite parvenu à écouler les 20 dernières minutes de jeu pour quitter le Mexique avec un verdict nul bien mérité. Un résultat satisfaisant « Le personnel d'entraîneurs a fait un bon travail en organisant le camp d'entraînement ici, deux semaines
Fiche technique de la rencontre Les formations MTL: G - Evan Bush; D - Dony Toia, Laurent Ciman, Bakary Soumare, Victor Cabrera (Hassoun Camara 70'); M - Marco Donadel (Calum Mallace 73'), Nigel Reo-Coker; Dilly Duka, Ignacio Piatti, Justin Mapp; A - Dominic Oduro (Cameron Porter 81) PAC: G - Oscar Perez; D - Rodolfo Pizarro, Miguel Herrera, Aquivaldo Mosquera, Heriberto Olvera; M - Erick Galaviz, Diego Juarez (Rodrigo Salinas 88'), Jurgen Damm (Hector Lopez 77'), Junior Moreira (Ariel Nahuelpan 58'), Rodrigo Lozano; A - German Cano Les buts Montréal: Duka (25' et 53') PAC: Olvera (57'); Nahuelpan (68') Avertissements Montréal: Mapp (33') ; Camara (79') ; Piatti (87') PAC: Lozano (84'); Mosquera (89')
Tae kwon do - Finale Régionale des Jeux du Québec
avant le match. Notre forme physique n'a pas été un enjeu aujourd'hui, a mentionné Duka. Nous avons une nouvelle équipe et c'est un nouveau départ avec un groupe de joueurs expérimentés qui ont du leadership, entourés de jeunes joueurs. » « C'est un résultat satisfaisant, a ajouté Hassoun Camara. Nous avons bien contrôlé le jeu en fin de match en cassant leur rythme. On doit maintenant terminer le travail à Montréal. On espère que le 12e joueur sera du rendez-vous. » Le match retour de cette grande série au total des buts sera disputé le mardi 3 mars à 20h au Stade olympique (billets : marquonslhistoire.com).
L’École des Champions en Or et en Argent - l’École des champions a participé avec ses athlètes aux Finales Régionales des Jeux du Québec avec 3 athlètes (Région de Montréal-Concordia), et ce, en vue d’être qualifié pour participer aux Jeux du Québec qui auront lieu les 4,5 et 6 mars prochains à Drummondville. Elle a à nouveau obtenu de brillants résultats dont voici l’essentiel : Médaille d’or : Ahmed Zerrouk Médaille d’or : Nizar Es- Sabbar Médaille d’argent : Raphaëlle upuis, Bravo à ces trois jeunes qui ne cessent de nous étonner et félicitations à leur club, à leurs encadrants et à leurs parents.
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Carnets
Administration
Services consulaires mobiles à l’Ouest
Afin de répondre aux sollicitations des ressortissants marocains établis dans diverses provinces canadiennes, le Consulat Général du Royaume du Maroc à Montréal offrira, selon le calendrier ciaprès, des prestations consulaires se rapportant à la Carte Nationale d'Identité Électronique (CNIE) et au Passeport biométrique :
Alberta (Edmonton) Samedi 7 et dimanche 8 Mars 2015 de 9h00 à 13h00 et de 14h00 à 17h00; 9913 - 108 Avenue NW Edmonton, AB —T5H IA5 Contacts : - M. Hicham Fazry. Président Association marocaine de l'Alberta (e-mail : morocco.alberta@gmail.com) - M. Tarek Chaker, e-mail : morocco. alberta@gmail.com
Colombie Britannique (Vancouver) Samedi 25 et dimanche 26 Avril 2015, de 9h00 à 13h00 et de 14h00 à 17h00, lieu à déterminer Contact : : - M. Hamid Touisse. Président Association marocaine de Vancouver (e-mail : moroccan@gmail.com) Afin de faciliter le bon déroulement des prestations consulaires, tant pour le personnel du Consulat que pour nos compatriotes, il est impératif de respecter la procédure et les conditions suivantes : 1- la préinscription : les personnes concernées doivent adresser un courriel de notification au président de l'association précisant leur intérêt et la nature de la prestation. Un emploi du temps, heure par
heure, sera établi pour éviter les attentes.
2- L'obligation de I’immatriculation préalable au Consulat (pour les personnes non enregistrées). Cette formalité peut se faire d'avance par correspondance. (consulter le site Internet du Consulat pour connaître la procédure et les documents requis : www. Consulatdumaroc.ca) 3- La préparation, à l'avance de tous les documents réglementaires requis pour la Carte Nationale et/ou le passeport Biométrique et notamment les photos aux normes strictes en vigueur et l'extrait d'acte de naissance récent (moins d'une année) et dont les données doivent être rédigées en arabe et en français. Afin d'assurer le retour des documents,
Passeport Bénévole 2015 au Forum Jeunesse de Saint-Michel
Le Forum Jeunesse de Saint-Michel, en partenariat avec le CJE Centre-Nord, a organisé, le 27 février 2015, son Gala de Reconnaissance Passeport Bénévole 2015. Cette soirée a été l'occasion de souligner les efforts et les implications bénévoles que nos jeunes participants ont démontré chez les différents partenaires du quartier (donc peut-être chez vous!) au courant de l'année 2014. Également, les jeunes ont pu profiter de cette soirée pour s'outiller convenablement dans leur recherche d'emploi future avec l'aide de conseiller en orientation en emploi. À cette occasion, il a été rappelé que « Le FJSM veut faire des jeunes, les acteurs du quartier, les citoyens responsables de demain, inscrits et intégrés dans la dynamique communautaire, et les instigateurs du développement d’une identité de quartier. » Les fonds amassés lors de cette soirée serviront à financer les activités du Forum Jeunesse de Saint-Michel.
Associations en action
Le gala annuel de l‘AMDT
À l’occasion de la célébration du 14éme anniversaire de l’AMDT et dans le cadre de la semaine de la francophonie, l’Association Marocaine de Toronto vous invite à sa traditionnelle soirée culturelle qui aura lieu le samedi 28 mars 2015 à partir de 17h00. Durant cette cérémonie un dîner gastronomique sera servi accompagné par les prestations des troupes artistiques dont un orchestre de musique marocaine ainsi que le groupe Issawa - Dekka Marrakechya. De nombreuses activités seront également organisées notamment pour les enfants. Informations : www.amdt.ca; info@amdt.ca.
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une enveloppe Express Post devra être déposée avec chaque demande. Tout dossier incomplet ne pourra être accepté. Les documents requis, les formulaires et imprimés nécessaires sont disponibles sur le site Internet du Consulat : www.consulatdumaroc.ca Les demandes de documents qui nécessitent un traitement au Consulat ou au Maroc peuvent être également déposés auprès de la délégation consulaire. En cas de besoin, des informations complémentaires peuvent être obtenues en s'adressant avant les dates prévues et par e-mail à : info@consulatdumaroc.ca
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Faits & Images
Il était 100 fois Montréal-Nord
Célébration du centenaire d’un arrondissement pas comme les autres L'arrondissement de Montréal-Nord célébrera ses 100 ans le jeudi 5 mars prochain. Pour souligner cette importante date anniversaire, la mairie d'arrondissement ouvrira ses portes à tous les Montréalais, de midi à 15 h, pour déguster un gâteau géant. Ce sera aussi l'occasion de prendre un égoportrait avec les créateurs de ce gigantesque dessert, soit Sœur Angèle et des membres de la Société des chefs cuisiniers et pâtissiers du Québec. Pour le maire de l’arrondissement de Montréal-Nord, monsieur Gilles Deguire, « le centenaire est une opportunité merveilleuse de nous remémorer notre passé, de célébrer notre présent avec nos voisins et d’envisager l’avenir dans une vision commune et enthousiaste ». Tous les citoyens et citoyennes du grand Montréal sont donc invités à participer à la fête au 4243 rue Charleroi. Un souper-concert anniversaire La journée se terminera en beauté, dès 18 h au Costa Del Mare, alors qu’un
souper-concert quatre services célébrera en musique la date anniversaire de la fondation de Montréal-Nord. « Le baryton de renommée internationale Gino Quilico, accompagné par l'Ensemble TrioSphère, revisitera des classiques du répertoire nord-américain, français et italien, de même que de beaux airs d'Opéra. De quoi ravir les papilles et les oreilles de tous les Montréalais! », souligne Claude Poirier, président de la Société Montréal-Nord 2015, l’organisme chargé de mettre sur pied les célébrations du centenaire. La fière histoire d'une communauté 100 ans d'histoire à célébrer c'est aussi la courte capsule vidéo Il était une fois Montréal-Nord, accessible au youtube. ca/arrmtlnord. Elle présente en 4 minutes et de façon ludique ceux qui ont découvert le territoire, ceux qui ont bâti Montréal-Nord et ceux qui ont choisi d'y vivre aujourd'hui. Une année de festivités Les célébrations du centenaire de
Montréal-Nord se poursuivront tout au long de l’année avec la programmation d’une quarantaine d’activités de diverses natures (culturelle, sportive, historique, etc.) dont la très grande majorité est gratuite. Encore une fois, tous les Montréalais y sont les bienvenus et
pourront constater comme il fait bon vivre et fêter à Montréal-Nord. Pour tout savoir sur la programmation : 100ans-mtlnord.com ou facebook. com/100ansmtlnord.
Panorama
Chutes du Niagara: L’âme d’artiste de Dame Nature Les chutes du Niagara attirent déjà beaucoup de curieux habituellement, mais elles ont décidé de se faire encore plus grandioses pour l'hiver. Avec les températures très froides de cette année, l'impressionnante cascade américo-canadienne a en grande partie gelé et s'est presque totalement arrêtée.
Pas tout à fait, car l'eau coule en fait encore derrière les formations de glace. Le froid ne pouvait pas stopper les 3160 tonnes d'eau qui se déversent chaque seconde. Ce phénomène naturel exceptionnel est dû au «Siberian Express», une masse d'air froid qui a voyagé de la Russie au Pôle Nord avant de s'abattre sur le Canada. Ainsi, les deux Grands Lacs qui alimentent les chutes sont actuellement gelés à plus de 90 %. Un arrêt complet des chutes ne devrait néanmoins pas se produire. Ce n'est arrivé qu'en 1848, quand un barrage de glace avait totalement obstrué la rivière Niagara. Un spectacle naturel exceptionnel La coquetterie des chutes n'est pas
passée inaperçue, au contraire. Le site aurait enregistré une augmentation de 67 % de sa fréquentation, d'après WKBW.com, certains touristes faisant même le déplacement depuis l'Alabama, situé au sud des États-Unis, pour admirer
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le spectacle. D'autres profitent de cette occasion unique pour s'approcher au plus près des chutes, comme le grimpeur Will Gadd, spécialiste des cascades de glace. Il s'est rendu sur les chutes du Niagara et
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a ainsi pu se frotter à l'une des cascades les plus emblématiques du monde, en s'offrant une ascension de 45 mètres. Source : Presse canadienne
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