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Pourquoi notre journal est censuré par le Consulat général du Maroc ? Page 5

Budget

Ce que 2015 - 2016 (et le gouvernement) nous réservent…

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Qui espionne vos courriels ? et comment vous prémunir contre les «pixels invisibles»

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Clichés

Bilan

Philippe Couillard, un an à la barre

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Saint-Laurent change son zonage

Le problème de la Mosquée Al Andalous résolu

Comment reconnaît-on un terroriste (dans un aéroport américain) Page ? 29 Ligue des Champions des Amériques

L'Impact écrit une page d’histoire

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Qui espionne vos courriels ?

et comment vous prémunir contre les «pixels invisibles»

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Idées & points de vue

Cinquante nuances de musulmans

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Enjeux

Conception et Réalisation Graphique : Atlas Média Atlas.Mtl est un produit du. GROUPE ATLAS MEDIA Inc Editeur de. * La Voix des Marocains à Montréal et du site web: www.atlasmedias.com

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Depuis 2002 Groupe Atlas Media Douze ans, c’est… • 250 numéros du bimensuel Atlas.Mtl, soit plus de 6210 articles exprimant la sensibilité maghrébine et valorisant la dimension maghrébine de la société dans laquelle nous vivons; • Une cinquantaine d'événements identitaires, artistiques, culturels et politiques; • De nombreux débats, colloques, séminaires et conférences, • 92 reportages sur la communauté pour les chaînes de télévision 2M, AlMaghribia, Ai Aoula, Arrayadia; • 365 émissions radio (de 2002 a 2009); • Un site web ayant accueilli plus de 7.6 millions de visiteurs depuis 2003 et qui dans sa nouvelle version (mise en ligne début 2012) et qui reçoit en moyenne 2500 visiteurs par jour.

«Ce n’est que de la politique!»…

Éditorial

Editeur : Abdelghani Dades. Directeur Général Rachid Najahi. Rédaction : Hassan Boutabssil, Narjisse El-Bakkali, Zahira Ellahgui, Mona Doutabaa, Said Chayane, Reda Benkoula Publicité : Agence Odyssée

Une grosse partie de ce numéro est consacrée au bilan de la première année au pouvoir du Gouvernement Couillard et au projet de budget québécois 2015 2016. À priori, rien de tout cela ne relève de l’information de proximité qui est la marque de fabrique du journal. Détrompez-vous; cela à tout à voir.

Car si le budget concerne ce qui va toucher notre vie, au quotidien, tout au long de l’année à venir, le bilan d’un an de Gouvernement Couillard illustre ce qu’est la politique du Premier ministre élu il y a un an et préfigure ce que sera son action dans les trois prochaines années au moins, c'est-à-dire ce qui va dessiner, en grande partie, et notre futur immédiat et l’avenir de nos enfants. De ce fait, ces sujets ce n’est pas «que de la politique». S’y intéresser permet en outre aux membres de la communauté culturelle à laquelle nous appartenons de faire montre de cette disposition à la citoyenneté, certes grandement perturbées par de pénibles débats – non exempts de relents racistes et islamophobes – sur la diversité et ses droits mais aussi, avouons-le, nous ne marquons pas toujours une réelle dilection. Car c’est cela la citoyenneté : s’intéresser à ce qui nous touche directement certes; mais sans jamais oublier de faire place dans nos préoccupations aux causes communes, aux intérêts collectifs de la société dans laquelle nous vivons et évoluons. Ces considérations nous ont ainsi amené à vous informer non seulement de l’actualité immédiate et à moyen terme; mais aussi à faire un voyage dans l’histoire; dans l’histoire du Modèle québécois en particulier. Ce modèle, forgé à la faveur d’une période faste, est de ce fait fort libéral. La Révolution tranquille ayant correspondu non seulement à une période féconde en idée mais également à une période de croissance économique remarquable qui a favorisé toutes les générosités et permis la mise en place de filets sociaux protégeant tout le monde, surtout les plus vulnérables d’entre nous. Mais ce modèle est-il à l’abri des soubresauts et aléas de la conjoncture? Certes non. Le risque est de ce fait grand qu’au gré des cycles économiques, la tentation

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de l’austérité puisse en réduire la portée. Le fait n’est au demeurant pas récent. En 1986 déjà, le Premier ministre de l’époque, Robert Bourassa avait envisagé un tel scénario. À la fin des années 90, Lucien Bouchard s’était rendu à la nécessité de compressions budgétaires qu’on nous décrit aujourd’hui comme drastiques. Dans la première décennie du nouveau siècle, Jean Charest avait tenté d’aller dans le même sens à la faveur de sa politique de «réingénierie» de l’État. Indépendamment de leurs appartenances politiques les trois Premiers ministres avaient dus revoir leurs copies devant les réactions des syndicats, de l’opinion publique et même parfois des milieux d’affaires. Les idées de rigueur ont donc été tablettées; mais pas la nécessité de protéger le modèle, dont ils avaient également excipés. Le défi de Philippe Couillard est donc aujourd’hui d’aller au bout de l’idée; mais à la différence de ses prédécesseurs, avec l’appui de la population et à défaut, au moins, dans la transparence et le débat. C’est à cette fin, pour que notre place dans le débat ne reste pas inoccupée, que nous avons choisi de vous proposer ces lectures. Faisons-en bon usage… Post Scriptum Au moment ou nous finissons de rédiger cet éditorial, nous apprenons que la chaîne de télévision internationale TV 5 à été la cible d’un piratage informatique qui a stoppé ses émissions plusieurs heures durant. Cette opération se situe dans le droit fil des multiples attentats qui depuis près de trente ans portent atteinte à des journalistes, des artistes, des penseurs. Mais également à des universités, des musées, des sites archéologiques et des institutions culturelles, dans différents pays du monde, du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest. Il s’agit d’un nouvel épisode de la lutte que mènent des forces obscurantistes contre le savoir, l’intelligence, la culture et la mémoire de l’humanité. Encore un fait qui nous désole, que nous ne saurions comprendre ou excuser; contre lequel nous ne pouvons que nous élever avec vigueur.

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Abdelghani Dades


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Censure

Pourquoi notre journal est censuré par le Consulat général du Maroc ? «Tâalimat»!

Juridiquement, censurer un journal au Maroc est une pratique qui n’a plus cours. Au terme de la loi en vigueur - qui reste certainement à parfaire - interdire la parution, la distribution ou la distribution d’une publication en raison de son contenu ou des opinions qu’il héberge dans ses colonnes, nécessite une décision de justice. Cette loi s’applique et doit s’appliquer partout au pays. , y compris dans les espaces dits extraterritoriaux, c’est-à-dire les immeubles propriétés du Maroc, situés hors du territoire national, par exemple les ambassades, les consulats et les centres culturels. Pour diverses raisons, ces principes ne font évidemment pas l’affaire de tous les marocains, simples citoyens comme cadres de l’État, investis soient-ils d’un large pouvoir ou d’une parcelle d’autorité et parmi lesquels une grande méfiance reste et souvent hostilité à l’encontre des journalistes - souvenir de temps heureusement révolus assez largement répandue. Tous ne se laissent cependant pas aller au trouble plaisir de «sanctionner», de «punir», de censurer; même si pour cela, ils doivent dépenser un temps et une énergie autrement plus utiles dans d’autres démarches et actions entrant plus productivement dans les prérogatives qui leurs sont confiées, à imaginer des explications et des prétextes pouvant justifier l’injustifiable : l’arbitraire. Notre confrère Abderrahmane El Fouladi, dans le plus récent numéro de son remarquable journal Maghreb Canada Express nous rappelle qu’i Il y a un peu plus d’un an aujourd’hui, treize mois très exactement, l’arbitraire des forces les plus rétrogrades qui se manifestent encore dans le Maroc démocratique du XXIème siècle, pouvaient avoir droit de cité même dans ce petit bout de territoire marocain hôte de Montréal, au Canada, terre de liberté et de libre expression (Lire texte ci-contre). Il y a treize mois en effet, les journaux de la communauté marococanadienne du Québec ont été interdits de distribution dans les locaux du Consulat général du Royaume du Maroc et de Dar Al Maghrib, centre culturel marocain de Montréal. Cette censure à été notifiée aux éditeurs de Atlas.Mtl puis quelques semaines plus tard de Maghreb Canada Express, par… un agent de sécurité, appliquant, selon ses dires, une «instruction orale», c’est-àdire en application d’une méthode qui a connu son apogée au Maroc durant les Années de plomb de sinistre mémoire. Et pour cause! Une «Instruction» («Tâalimat» en langue arabe) lorsqu’elle est orale, ne laisse pas de traces et rend impossible toute imputabilité à son auteur, comme elle peut lui permettre, au prix d’une simple dénégation, de s’assurer l’impunité. Les «Tâalimat» de l’agent de sécurité ne nous ont cependant pas empêchés de chercher à en savoir plus sur les raisons de notre «disgrâce»: appels téléphoniques, courriels et lettres ont à cet effet été adressées aux «qui-de-droit», avec l’effet naturel en pareil cas : le silence. Il a fallu attendre un an pour entendre, de la bouche de la Consule générale en exercice, lors d’une manifestation publique réunissant plus de 300 personnes, devant un membre du gouvernement du Maroc et plusieurs personnalités de haut rang, une «explication» pour le moins diffamatoire qui selon elle, justifiait une décision digne d’un «patriot act» personnel. Cette déclaration nous a bien sûr amenés à formuler une plainte auprès des autorités marocaines compétentes, en l’occurrence le ministère des affaires étrangères et la direction des affaires consulaires et, vous vous en doutez certainement, cela fait maintenant quatre mois que nous attendons - à défaut de nous rendre justice et de redonner ses droits à la démocratie dans les locaux consulaires et culturels du Maroc à Montréal - ne serait-ce qu’un accusé de réception! Dans de pareilles conditions que reste-t-il à espérer sinon qu’au Consulat les services aux citoyens, unique responsabilité de l’Institution, ne soient pas dispensés dans le même esprit que le rapport aux média. Rachid Najahi Directeur Général Groupe Atlas Media

«Voilà un peu plus d’une année que les journaux communautaires marocains du Canada sont interdits au Consulat général du Maroc . Le premier numéro de notre journal jeté à la poubelle le fut en mars 2014. Les faits : En entrant déposer à la salle d’attente le numéro de mars 2014, l’agent de sécurité est venu me signifier l’ordre qu’il à reçu de ne plus laisser un journal entrer au consulat. J’ai alors pris mon cellulaire et j’ai appelé devant lui l’un des vice-consuls. Ne l’ayant pas trouvé, je lui ai laissé un message dans sa boîte vocale lui précisant que je laisse les journaux à l’agent de sécurité au cas où ce serait une mauvaise interprétation de sa part des ordres reçus.

Et de conclure (ce que Mme Zailachi considère comme une insulte méritant la censure d’un journal, son exclusion des activités consulaires et je ne sais quoi encore) : « Notre espoir est grand de voir les responsables (Consuls, ambassadeurs ou ministres concernés) nous confirmer que de tels consulats relèveraient plutôt du symbole (que le Maroc n’oublie pas ses ressortissants, même les plus isolés) et non du remède-miracle à un problème qu’ils savent être beaucoup plus complexe». En clair, nous croyons qu’une grande partie

J’ai laissé donc une centaine de copies à la réception et je suis parti. Le lendemain comme je n’ai pas reçu de retour d’appel, j’ai envoyé un courriel à ce viceconsul dont voici un extrait copié-collé: Je vous serais reconnaissant de bien vouloir me faire part de la suite qui a été réservée à mon message téléphonique d’hier; message par lequel je vous avais signalé l’interdiction (qui m’a été signifiée) de déposer le journal au consulat. Il va de soit que je me plierais à toute décision venant de la part de Madame la Consule Générale. J’aimerais juste voir le numéro de ce mois-ci profiter d’une exception. Le numéro en question n’a pas profité de l’exception escomptée et je n’ai plus reçu d’explication jusqu’au mois de septembre dernier lors d’une rencontre organisée, à la maison du Maroc de Montréal, avec la communauté et M. Anis Birou, ministre chargé de la communauté marocaine à l’étranger.

de la solution, pour répondre aux attentes des ressortissants marocains éloignés des consulats, résiderait dans le développement des NTI, dans la création de permanences les jours de congé et (pourquoi pas?) dans la délégation de certaines opérations consulaires à des présidents d’associations assermentés.

Aux limites de la diffamation Devant une audience nombreuse de marocains et marocaines, Madame Zailachi, consule générale du Royaume du Maroc expliqua que les journaux communautaires marocains furent interdits parce que l’un (Atlas-Mtl pour ne pas le citer) est financé par un pays étranger et l’autre (le notre) a insulté le consulat.

C’est notre opinion; que nous exprimons en tant que citoyens d’un Maroc Nouveau promoteur de toutes les libertés et droits y compris la liberté d’expression et du droit de ne pas voir sa renommée, ses intérêts et ses biens menacés après avoir usé de cette liberté qui caractérise toute vraie démocratie.

« L’insulte » Dans un de ses articles, notre journal avait défini les consulats mobiles comme étant : «un ensemble d’agents consulaires, en mal de déplacement pour échapper à la routine quotidienne, qui donnent l’ordre aux problèmes de tous les ressortissants MRE, installés dans des villes lointaines, d’arriver tous en même temps (les problèmes bien-sûr) afin de pouvoir aller sur place les résoudre d’un coup et en un seul jour» (Fin de citation)

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Droit de réponse Mme Zailachi est libre, en tant que citoyenne, de juger comme une insulte, ce que nous croyons être une liberté d’expression. Elle est libre à ce titre de nous bouder et de refuser de nous voir. Mais en tant que Consule, elle aurait dû avoir la présence d’esprit d’exiger un droit de réponse pour mettre les pendules à l’heure, expliquer la nature réelle des consulats mobiles à notre lectorat, descendre notre thèse en flammes… Et non de céder à des reflexes

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Censure

Pourquoi notre journal est censuré par le Consulat général du Maroc ? Suite de la page 5 anachroniques dans ce Maroc Nouveau qui se veut tout changement et dont nous saluons et défendons tous les acquis démocratiques qu’il a pu capitaliser ces dernières décennies ! La charrue avant les boeufs L’explication avancée par Mme Zailachi pour justifier la censure des journaux maroco-canadiens n’est hélas pas convaincante, ne serait qu’en ce qui concerne notre journal. Mme Zailachi a eu, en effet, ce qui semble être un trou de mémoire quant à l’insulte : L’article incriminé n’a été publié hélas qu’au mois de juillet 2014. Comment pourrait-il alors justifier une interdiction qui a eu effet à partir de mars 2014; soit 4 mois auparavant! À ce que je sache, personne au Consulat n’est extra-lucide et l’interdiction de notre journal aurait donc d’autres raisons. Notre espoir est donc grand de voir la plainte que nous avions déposé auprès de qui de droit aboutir afin que nous puissions nous consacrer, dans le respect mutuel et la sérénité à ce qui nous rassemble : Le bien de notre communauté et le rapprochement entre le Maroc et le Canada. Affaire à suivre… Par Abderrahman El Fouladi (Référence : Maghreb Canada Express, Vol. xii, N°04, page 5. Avril 2015)

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Gouvernance

Petite histoire de l’austérité au Québec

Le troisième essai libéral Un an après avoir accédé au pouvoir à Québec, le premier ministre Philippe Couillard semble en voie de réussir là où bon nombre de ses prédécesseurs ont échoué. Dans l’histoire contemporaine du Québec en effet, un certains nombre de Premiers ministres ont tenté de « réinventer l’État » avec une constante : des politiques de rationalisation des finances publiques plus communément appelées «austérité».

Robert Bourassa et l’«État business» De mémoire d’homme, la première tentative en ce sens a été menée à partir de 1986. À la demande de Robert Bourassa, trois « comités des sages » émettent une série de recommandations, largement inspirées des réformes entreprises par Margaret Thatcher au Royaume Uni et Ronald Reagan aux USA, préconisent toutes une série de privatisations et de suppression d’organismes et d’institutions publiques. Objectif : éliminer le gaspillage, réduire la bureaucratie et rendre l’État plus « productif ». Dans le public, ces recommandations sont aussitôt considérées comme un «massacre à la tronçonneuse» puisqu’ils prévoient, entre autres des privatisation d’hôpitaux, la fermeture d’une faculté de médecine, des hausse drastiques des droits de scolarité, abolition de la Régie du logement, du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement et de l’Office de la langue française, et ainsi de suite. Le tout pour que l’État cesse d’être une Dame Providence et soit géré, a-t-on dit à l’époque «comme une business ». Trop draconien, le projet à été ajourné et les rapports des comités des sages «tablettés». Bourassa procédera néanmoins à quelques privatisations – test, dont celle de Québecair. Fin politique,

il reculera là aussi pour calmer la colère des syndicats et de la société civile, fortement mobilisés contre une volonté de réforme du premier ministre qu’ils considéraient plutôt comme un plan de «démantèlement du modèle québécois». Jean Charest et la « réingénierie » de l’État

Jean Charest a vécu le même chemin de croix avec son projet de « réingénierie » de l’État en 2003. Inspiré par l’expremier ministre ontarien Mike Harris, qui avait mis la hache dans la bureaucratie et réduit les impôts à la fin des années 90, M. Charest cherchait à son tour à alléger l’État québécois. Il a frappé un mur. Encore une fois, les syndicats et leurs alliés sont venus à bout des plans du gouvernement libéral, à coups de manifestations dans les rues. Monique Jérôme-Forget, alors présidente du Conseil du Trésor, considérée comme la « dame de fer » du gouvernement Charest et responsable de la « réingénierie » de l’État en 2003 explique dans son autobiographie que Jean Charest avait eu beau demander à ses ministres de préparer des compressions, ils ont désobéi aux ordres. La résistance la plus importante à la réingénierie est venue du Conseil des ministres, explique-t-elle. « Mes collègues ministres choisirent de passer leur tour. Aucun ne voulait que l’on touche à “ ses” programmes », écrit-elle sur cet épisode de la carrière de M. Charest. Il est normal que les gens — citoyens, mais aussi députés et ministres — résistent au changement, explique Monique Jérôme-Forget. C’est dans la nature humaine. « Un gouvernement doit savoir jauger la capacité de la population à accepter le changement et à ajust-

er ses interventions en conséquence, ce qui veut même parfois dire reculer devant l’ampleur des réactions. Ce n’est pas un sacrilège de faire marche arrière. […] Il n’en reste pas moins que la difficulté de prendre des décisions impopulaires, mais importantes pour l’économie du Québec, s’avère le grand dilemme des politiciens. Souhaitant se faire réélire au terme de leur mandat — ce qui est parfaitement légitime —, ils évitent de déplaire à une frange ou l’autre de l’électorat », explique l’exdame de fer. La formule Couillard Ces faits d’histoire signifient-ils que M. Couillard lui aussi devra renoncer, à court ou moyen terme, à tout ou partie des projets de réformes dont il a confié la responsabilité à un «battant», en l’occurrence Martin Coiteux? Peut-pas, pense Monique Jérôme-Forget qui croit que «la population est « plus prête » qu’à son époque à accepter des changements». « La crise économique de 2008 a fait tellement de mal à beaucoup de monde que les gens sentent que ça ne peut plus être l’abondance comme ça a déjà été, qu’il y a des limites. En plus de ça, le Québec vit une période épouvantable, dans le sens qu’on a commencé à avoir une population vieillissante. […] Deux travailleurs par retraité, je vous assure que c’est affolant », dit Monique Jérôme-Forget en entrevue. Une conjoncture favorable Le discours sur l’assainissement des finances publiques est en train de s’incruster dans le paysage politique, note de son côté Alain-G. Gagnon, professeur de science politique à l’UQAM. La Coalition avenir Québec (CAQ) de

M Jean Charest ex premier ministre du Qu.ébec François Legault et son ancêtre, l’ADQ de Mario Dumont, pressent même les libéraux d’y aller encore plus fort avec l’austérité. Et l’opposition s’est affaiblie et morcelée à l’Assemblée nationale : le Parti québécois, sans chef depuis sa défaite historique de l’an dernier, semble incapable de présenter une position cohérente face aux compressions du gouvernement. La seule voix claire contre l’austérité est celle des deux élus de Québec solidaire. Une « majorité silencieuse » appuie en effet la politique de rigueur du gouvernement, un gouvernement apparemment peut atteint, un an après son arrivée aux affaires, aux critiques et aux sombres pronostics d’opposants pensant dur comme fer que «les compressions budgétaires vont finir par faire mal. Des gens vont perdre leur emploi. Et les surplus créés par les coupes de budget iront au remboursement de la dette, à une offre réduite de services publics et à des baisses d’impôt qui semblent rarement destinées à la classe moyenne».

Le PQ aussi s’est frotté à l’austérité…

Les «compressions» du gouvernement Bouchard Présentant le bilan de la première année au pouvoir de son gouvernement Philippe Couillard n’a pas manqué de rappeler que la rigueur et l’austérité ne sont pas l’apanage du Parti Libéral et d'affirmer que les restrictions budgétaires du gouvernement péquiste de Lucien Bouchard en 1997-1998 étaient pires que celles qu'il préconise.

Et de fait, en 1997-1998, dernière année

de sa poursuite du déficit zéro, le gouvernement Bouchard a comprimé les dépenses de presque trois milliards de dollars, soit pratiquement 7,5 % par rapport à l'année précédente. Tous les ministères ont écopé, dont celui de la Santé et des Services sociaux, qui a perdu 2 %, et celui de l'Éducation, 1 %. En 2015, les manifestations se multiplient alors que le gouvernement Couillard ne réduit pas les dépenses de

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l'État, mais en limite la progression à 1,5 %. Elles augmenteront tout de même de plus d'un milliard de dollars. Par contre, le budget de la Santé n'augmente que de 1,4 %, et celui de l'Éducation, que de 0,2 %. Ces hausses prévues sont bien sous le taux d'inflation de 2 % prévu par le gouvernement

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M Lucien bouchatd ex premier ministre du Qu.ébec


Bilan

Philippe Couillard, un an à la barre … et douze autres mois de vaches maigres à venir La première année du gouvernement Couillard a été marquée par d'importantes compressions de dépenses, des choix budgétaires douloureux et un bouleversement des structures administratives. Les décisions difficiles se sont succédé, braquant au passage les groupes de pression, notamment les syndicats et les associations communautaires et étudiantes. Mais pour parvenir au déficit zéro à la fin de la présente année financière et maintenir l'équilibre par la suite, le gouvernement n'entend pas relâcher la pression, a affirmé le Premier ministre le 7 avril 2015, un an jour pour jour après son accession à la magistrature suprême du Québec. «Pour que le Québec arrive à bon port» C'est sans états d’âme que le premier ministre du Québec a dressé le bilan de la première année au pouvoir de son gouvernement. Entouré des membres de son cabinet, Philippe Couillard a répété que le but poursuivi par ses troupes n'allait pas changer : rétablir l'équilibre budgétaire en 2015-2016. Certes, entre compressions de dépenses, choix budgétaires douloureux et bouleversement des structures administratives, le virage imprimé par le gouvernement au Québec n'a pas fait que des heureux. Mais « Le chemin vers l'équilibre budgétaire n'est pas facile, je le sais, je le vois. Je sais combien cet effort est exigeant pour nous tous. » a déclaré M. Couillard. « C'est un tournant important dans l'histoire du Québec. C'est la prise de conscience de la réalité, économique, financière, démographique et des obstacles qui sont sur la voie de notre prospérité et qu'on doit lever. C'est, je crois, ce qui aura caractérisé notre gouvernement autant sur le plan de la rigueur budgétaire que de la prospérité économique. » Mais c’est le prix à payer dit-il, pour « rendre viable le modèle québécois». «Repartir du bon pied» Pour M. Couillard, l'exercice auquel se livre son gouvernement n'a pas l'ampleur que celui qu'avait mené, en 1997-1998, le gouvernement péquiste de Lucien Bouchard. À ce moment-là, dit Philippe Couillard, on avait sabré dans les dépenses publiques « de 5 à 6 % en termes réels». « Ce qu'on fait actuellement c'est une pause, explique Philippe Couillard. On maintient les enveloppes, on les augmente très légèrement, c'est vrai, mais ça nous permet de repartir sur un meilleur pied après. Je le répète la plus grande menace pour nos services publics, l'éducation, la santé, c'est le déséquilibre chronique de nos finances publiques. » «Avoir les moyens d'être généreux » Pour M. Couillard, l'austérité n'est pas un régime interdisant toute justice sociale. Au contraire, dit-il, « je veux avoir les moyens d'être généreux ».

M Philoppe Couillard et quelques membres du gouvernement du Québec « En 2025, notre dette ne représentera plus que 45 % de notre richesse collective », a affirméle premier ministre, s'appuyant sur les efforts menés par son gouvernement et sur le fonds des générations pour garantir la faisabilité de cet objectif. Par des choix difficiles mais nécessaires, Philippe Couillard estime que son gouvernement fait prendre au Québec la voie de la prospérité. Et ce, de manière différente de ce qui a été fait par le passé. « [...] En avril 2014, si rien n'avait été fait, nous nous serions dirigé vers un trou financier de plus de 7 milliards de dollars. [...] En fait, 22 des 30 derniers budgets du Québec ont été dans le rouge. Pensez-y! Pendant 22 ans nous avons systématiquement dépensé plus que ce que nous avons gagné. » Pendant les 34 jours de la campagne électorale au Québec en 2014, le chef du Parti libéral avait présenté plus de 80 engagements. Ce que les journalistes n’ont pas manqué de lui faire remarquer en suggérant qu’il avait manqué à ses promesses. « C'est une occasion où je dis aux Québécois : j'ai fait différemment de ce que j'avais dit en raison des circonstances, affirme le premier ministre libéral. Mais, je ne le regrette pas parce que je pense que c'est plus équitable. »

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En ce qui a trait aux promesses lancées en campagne électorale et qui ne se matérialisent jamais, le premier ministre Couillard a espoir que le projet de loi 28, déposé par son gouvernement, règlera leur cas. « Je ne veux plus que ça arrive parce que moi aussi je suis tanné de ça. Et je sais que les gens n'aiment pas ça. Le gouvernement arrive et dit ¨bon finalement c'est pire qu'on pensait ¨. Ça n'arrivera plus, parce que le projet de loi 28 fait en sorte qu'il sera obligatoire maintenant, dans les semaines qui précéderont une élection générale, que tous les états financiers du gouvernement, revenus et dépenses, vérifiés, soient publiés. » Une vision économique pour le Québec Philippe Couillard affirme que depuis mai dernier, près de 52 000 emplois ont été créés. Il assure que la préoccupation de son gouvernement demeure « les travailleurs et leur famille ». « Dans nos régions, nous avons notamment annoncé 10 projets majeurs et ententes permettant 5 milliards d'investissement et la création ou le maintien de plus de 5000 emplois directs ou indirects. » Le premier ministre promet que son gouvernement mettra tout en oeuvre pour que les entreprises puissent compter sur une main d'oeuvre qualifiée. À cet effet, le Québec aura à pourvoir 725 000 emplois d'ici 2017.

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Bilan

Philippe Couillard, un an à la barre

Ce qui a été fait et ce qui reste à faire

Le 7 avril, le gouvernement Couillard célébrait l'anniversaire de sa première année au pouvoir. Pendant les 34 jours de la campagne électorale au Québec en 2014, le chef du Parti libéral a présenté plus de 80 engagements. Lesquels a-t-il respectés? Une relecture du programme électoral permet de voir quelles promesses ont été tenues jusqu'à maintenant. Les promesses réalisées

1. Un ministre délégué aux PME •Les libéraux ont promis le 3 avril 2014 de créer ce poste ministériel pour appuyer le développement des petites et moyennes entreprises. Une promesse tenue le 23 avril 2014. 2. Un forum contre l'intimidation •Philippe Couillard promet le 12 mars 2014 que les libéraux lutteront contre toutes les formes d'intimidation, avec un forum instauré dans les 100 premiers jours d'un gouvernement libéral. Un engagement réalisé le 2 octobre 2014. 3. L'atteinte de l'équilibre budgétaire •Promis le 18 mars 2014. Une promesse tenue au dépôt du budget le 26 mars 2015. 4. L'élimination graduelle de la taxe santé •Promis le 18 mars 2014. Un plan d'élimination progressive jusqu'en 2019 a été présenté au dépôt du budget, le 26 mars 2015. 5. L'abolition des directions régionales de l'Éducation •Une promesse faite le 10 mars 2014. La mesure a été confirmée le 3 mars 2015, mais les économies estimées à 15 millions de dollars par année sont plutôt de l'ordre de 8 millions de dollars. 6. Les régimes de retraite municipaux •Les libéraux promettent le 23 mars 2014 de légiférer pour assurer la pérennité des fonds de pension municipaux. Une promesse tenue le 4 décembre 2014 avec l'adoption du projet de loi 3. 7. Un crédit d'impôt à la rénovation •Ils promettent le 24 mars 2014 un crédit d'impôt remboursable de 20 % pour soutenir les familles qui désirent rénover leur domicile. Un engagement réalisé le 24 avril 2014. 8. Les droits de scolarité •Les libéraux s'engagent le 25 mars 2014 à revoir les droits de scolarité des

étudiants issus de la Francophonie, afin qu'ils paient l'équivalent de ce que paient les étudiants canadiens. Une promesse tenue le 12 février 2015, avec exception pour les Français déjà inscrits et ceux qui sont au 2e ou 3e cycle.

Les réalisations en cours 1. Le financement des infrastructures •Le PLQ promet le 18 mars 2014 de rétablir le financement pour l'entretien et la modernisation des infrastructures, avec un budget qui passe de 9,5 à 11 milliards de dollars. Un engagement réalisé en partie le 4 juin 2014, avec le dépôt du budget. Le financement n'est pas récurrent sur 10 ans, comme le PLQ le promettait. 2. Des trains de banlieue au pont Champlain •Les libéraux s'engagent le 26 mars 2014 à compléter les projets des trains de l'Ouest et de l'Est, ainsi qu'à parachever le remplacement du pont Champlain dans les meilleurs délais, en assurant que celui-ci sera sans péage et doté d'un système de transport en commun adapté. Le 13 janvier 2015, Québec annonce une entente avec la Caisse de dépôt et placement du Québec pour la réalisation de deux projets : le développement du transport collectif sur le pont Champlain et le système de transport collectif reliant le centre-ville de Montréal à l'aéroport MontréalTrudeau et l'Ouest-de-l'Île. 3. Le projet de l'échangeur Turcot •Le PLQ s'engage le 26 mars 2014 à accélérer les travaux. Le 18 décembre 2014, le ministre des Transports, Robert Poëti, signe un contrat pour la conception et la construction des infrastructures principales de Turcot avec le consortium KPH Turcot. 4. Les statuts de Montréal et Québec •Les libéraux promettent les 2 et 23 avril 2014 de conférer un statut particulier de métropole à Montréal, et de capitale nationale à Québec. Des discussions sont en cours. Les promesses non tenues 1. Les tarifs des services de garde •Le PLQ promet le 18 mars 2014 que ces tarifs seront indexés à compter de 2015. Le 20 novembre 2014, Québec annonce une modulation des tarifs en fonction du revenu familial. Le tarif

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quotidien passera dans certains cas de 7 à 20 $ par jour. 2. Des surplus prévus dès 2015-2016 •Les libéraux prennent cet engagement le 18 mars 2014, lors de la présentation du cadre financier. Le 26 mars 2015, aucun surplus n'est dégagé dans le deuxième budget Leitao. 3. Les commissions scolaires En vertu de la promesse libérale du 10 mars 2014, les commissions scolaires continueront d'offrir des services aux écoles de leur territoire. À voir avec la réforme, qui comprend la fusion de commissions scolaires. 4. La neutralité de l'État •L'équipe libérale promet le 4 avril 2014 le dépôt d'un projet de loi pour affirmer la neutralité de l'État et baliser les accommodements religieux. Le gouvernement s'est engagé à présenter ce projet de loi d'ici juin 2015. Les projets à terme 250 000 emplois en 5 ans Une promesse faite le 6 mars 2014. Les supercliniques et superinfirmières Le 11 mars 2014, le PLQ promet de créer 50 supercli-

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niques dans tout le Québec et 2000 postes d'infirmières praticiennes spécialisées. L'échéancier est toujours inconnu. Le Plan Nord + Une promesse faite le 14 mars 2014. Le gouvernement en a parlé ici et à l'étranger, mais l'échéancier et les détails demeurent inconnus. Une stratégie maritime Un engagement pris le 15 mars 2014. Le gouvernement en fait la promotion ici et à l'étranger, mais l'échéancier et les détails restent inconnus. Des compressions en éducation Le 10 mars 2014, le PLQ promet de réduire de 100 personnes par année pendant cinq ans les effectifs administratifs.

Ce qu’il faudra garder à l’œil

•La hausse des tarifs des services de garde; •250 000 emplois : promesse ou cible? Carlos Leitao laisse entendre que ce n'est qu'une cible; •Les négociations avec le secteur public qui s'annoncent houleuses; •Les grèves et les manifestations des étudiants. Un nouveau printemps érable; •Un menu législatif costaud : les réformes de la santé et de l'éducation, le projet de loi sur la neutralité de l'État, le Plan Nord et la stratégie maritime, la nouvelle politique de l'immigration.

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Budget

Ce que 2015-2016

(et le gouvernement) nous réservent… Les exposés politiques, qu’ils parlent d’austérité, de rigueur, de libéralités ou d’État providence restent des discours tant que le projet de budget ne vient pas leur donner corps. C’est sans doute pour cela que le gouvernement Couillard à tenu à déposer son projet de budget au moment ou il s’apprêtait à célébrer sa première année au pouvoir. De ce fait, la lecture de ce projet de budget permettra sans aucun doute de mesurer, mieux que toute analyse de discours, le chemin parcouru en douze mois par l’Exécutif québécois et ce qu’il compte faire au cours de l’année qui s’annonce. En voici les grands traits. Des revenus de près de 100 milliards $ Les revenus de l'État québécois devraient totaliser 99,7 milliards $, apprenait-on lors du dévoilement du budget 20152016 du gouvernement Couillard; 80,5 milliards $ proviendront de ses propres perceptions fiscales et 19,2 milliards $ de transferts fédéraux. Selon ses prévisions, Québec recueillera 28,4 milliards $ grâce à l'impôt des particuliers. Les taxes à la consommation compteront pour 18,4 milliards $ de ce qu'il percevra. Environ 6,3 milliards $ viendront de l'impôt des sociétés. Les intérêts que le Québec paie sur sa dette devraient s'élever à 11milliards $ durant l'année qui vient. «L'effort» en chiffres Le 4 décembre, Philippe Couillard a soutenu que 81 % de l'effort pour parvenir au «déficit zéro» avait jusque-là été réalisé par le gouvernement lui-même; qu'une part de 11 % provenait de mesures fiscales touchant les entreprises, tandis que les contribuables n'avaient «pris en charge que 8 %». Le premier ministre promettait alors ceci : «Le chemin qui reste à faire ne sera pas fait par les contribuables.» En fin d'année dernière, le Parti québécois a évalué à 800 millions $ la hausse du fardeau fiscal depuis l'arrivée au pouvoir des libéraux. Aujourd'hui, il la chiffre à près de 1 milliard $. En décembre, le ministre des Finances a déclaré que «près de 85 % des mesures nécessaires au retour à l'équilibre budgétaire» avaient été «identifiées» (bien que pas toutes annoncées). Il restait 1,1mil-

liard $ à dénicher. Pour mettre cette somme en perspective, notons que l'impact de la modulation du tarif des services de garde subventionnés sera d'environ 190 millions $ par année. Équilibre et surplus Le document Le point sur la situation économique et financière indique que le déficit pour l'année en cours, celle se terminant le 31mars, sera de 2,3 milliards $. Le «déficit zéro» sera au rendez-vous pour l'année financière débutant le 1er avril. En décembre, le gouvernement prévoyait dégager des surplus budgétaires de 455 millions $ en 2017-2018. Effets à venir Il y a quatre mois, Québec a annoncé quelque 600 millions $ en réduction de «dépenses fiscales» et «autres mesures relatives aux revenus» pour la nouvelle année financière.

M. Carlos J Leitão, ministre des Finances du Québec sance de ses coûts à 2,7 % en 20152016; le secteur de l'Éducation, à 1,9 %.

revenu de moins de 50 000 $ par année à partir du 1er avril.

•Le gouvernement a alors décidé de réduire de 20 % à 10 % le taux du crédit d'impôt pour les cotisations syndicales et professionnelles. •Il augmentera le droit d'immatriculation pour les véhicules munis de moteurs de forte cylindrée. •Le taux de taxe sur les primes d'assurance automobile grimpera de 5 % à 9 %, ce qui correspondra à 20 $ par an pour un véhicule de promenade. •Le gouvernement introduit des seuils de dépenses minimales pour les entreprises désireuses de bénéficier de crédits d'impôt en recherche et développement. •Il impose une surtaxe temporaire aux banques et aux institutions financières.

Il était alors prévu que tous les autres ministères réduisent carrément leurs dépenses de 1,5 % en 2015-2016. Ces mêmes prescriptions figureront-elles dans le budget présenté aujourd'hui par Carlos Leitão?

Il sera modulé à 8 $ par jour par enfant pour une famille gagnant 75000 $, à 11,41 $ pour celle ayant un revenu de 100 000 $ et à 14,41 $ pour celle touchant 120000 $. En tenant compte de la déduction fédérale, le coût réel pour un ménage gagnant 100000 $ ne sera pas de 11,41 $ par jour, mais de 9,09 $.

Les défis à relever Les chiffres inscrits dans le budget 20142015 donnaient la mesure du défi. La croissance des dépenses de l'État s'était élevée à 4,2 % en 2013-2014. Pour l'année en cours, elle devait être réduite à 1,8 %, un chiffre corrigé à 2,1 % par la suite.

Le salaire des fonctionnaires Les salaires des quelque 540 000employés de l'État comptent pour près de 60 % des dépenses des programmes gouvernementaux.

La croissance des dépenses doit être abaissée à 0,7 % pour l'année financière à venir, du jamais-vu! Selon le budget de l'an dernier, le ministère de la Santé et des Services sociaux est appelé à contenir la crois-

Deux chiffres à retenir En décembre, le ministère des Finances tablait sur une croissance économique de 1,9 % au Québec en 2015 (et de 2,5 % au Canada). La dette brute du Québec caracolera à 206 milliards $, ce qui correspondra à 55,1 % du PIB. Un sommet. Il est prévu que cette dette fonde un peu au cours des années suivantes.

Québec a programmé un gel salarial les deux premières années de leur prochain contrat de travail et une hausse de 1 % annuellement les trois suivantes. Il veut faire passer l'âge de leur retraite de 60à 62ans. Les tarifs de garde Si le projet de loi 28 est adopté à temps, le tarif de garde à 7,30 $ par jour ne subsistera que pour les ménages ayant un

Les Québécois acquitteront cette contribution additionnelle lorsqu'ils produiront leur déclaration de revenus. Lorsqu'il était au pouvoir, le Parti québécois entendait faire passer les tarifs de 7 $ à 9 $ par jour pour tous. La fiscalité et la révision des programmes Lors de la présentation du budget 20142015, Québec avait annoncé la création de la Commission d'examen sur la fiscalité québécoise et de la Commission de révision permanente des programmes. Celle sur la fiscalité devait générer 650millions $ d'économies en 20152016. L'autre devait en identifier pour 3,2 milliards $. Le gouvernement Couillard a leurs recommandations en main. Il s'en est inspiré et continuera de s'en inspirer d'ici la fin de son mandat, sans nécessairement aller jusqu'à toutes les mettre en oeuvre.

Il sera déposé le 21 avril

Budget fédéral : «L'équilibre, coûte que coûte!»… Stephen Harper a réitéré sa promesse de rétablir l'équilibre budgétaire cette année, coûte que coûte. De passage à Vancouver, le premier ministre du Canada a rejeté la possibilité d'adopter un plan de relance pour l'économie canadienne qui a été durement éprouvée dans les derniers mois par la chute des prix du pétrole.

M. Harper a indiqué qu'il ne serait pas viable à long terme de lancer un tel programme de relance qui replongerait le pays dans un déficit budgétaire, alors que l'économie canadienne croît légèrement. Le gouvernement Harper a annoncé qu'il vendait ses 73,4 millions

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d'actions qui lui restaient dans l'entreprise General Motors. Le montant obtenu par cette transaction devrait aider le ministère des Finances à rééquilibrer le budget, une promesse de longue date des conservateurs. Le premier ministre et ses ministres ont répété dans les derniers mois qu'ils allaient respecter leur engage-

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ment malgré les difficultés du secteur pétrolier canadien. Le budget sera déposé le 21 avril, ce sera le dernier à être présenté avant les élections fédérales prévues en d'octobre2015.


Votre argent

Ménages Québécois : 1,46$ de dette pour chaque dollar de revenu

L’ampleur de la dette par rapport au revenu des ménages québécois a atteint un sommet en 2014, mais le Mouvement Desjardins est tout de même d’avis que la situation « semble sous contrôle pour l’instant ».

de la dette par rapport aux revenus des ménages a atteint 163,3 % à la fin de 2014. Cela signifie que, pour chaque dollar de revenu gagné en 2014, un ménage faisait face à une dette de 1,63 $.

Dans une note de recherche qui survient moins d’un mois après les plus récentes données de Statistique Canada, les économistes du Mouvement Desjardins disent qu’il faut également mesurer la place qu’occupent les paiements mensuels dans le portrait financier des ménages.

Au Québec, ce ratio est de 146 %, a indiqué le Mouvement Desjardins. Non seulement est-il inférieur à la moyenne canadienne, mais il est nettement plus bas que celui de l’Ontario, où il oscille autour de 170 %. Cela s’expliquerait principalement par les prix de l’immobilier plus élevés en Ontario et ailleurs, qui mènent à des emprunts hypothécaires plus costauds.

« Bien que les dettes continuent de grimper plus rapidement que les revenus, la faiblesse des taux d’intérêt permet de maintenir le poids des paiements mensuels des ménages à un niveau raisonnable », a écrit l’établissement financier. « L’importance des emprunteurs à risque de ne pas rencontrer leurs obligations financières est demeurée assez stable depuis dix ans. Cependant, la capacité de faire face à un événement qui entraîne une baisse de revenus, comme une perte d’emploi ou une maladie grave, a diminué », ajoute-t-il. Il est convenu que la popularité des hypothèques à taux variable fait en sorte qu’une partie des ménages serait vulnérable si jamais les taux d’intérêt se mettaient à grimper. Or cette perspective ne s’inscrit pas dans le court terme puisque la Banque du Canada a récemment causé la surprise en diminuant son taux directeur pour que l’économie puisse encaisser l’effondrement des cours du pétrole. Dans l’intervalle, le Mouvement Desjardins croit que les ménages devraient tenter d’« assainir leur bilan ». Sommet d’endettement Statistique Canada a indiqué le 12 mars que le ratio

Les économistes reprochent souvent à ce ratio d’être passablement réducteur, car il compare une dette à un revenu et ne dit rien sur le taux d’intérêt des emprunts effectués. L’agence fédérale avait ajouté qu’une autre mesure, celle du service de la dette par rapport aux revenus, a augmenté légèrement à la fin de 2014 mais qu’elle a « continué à osciller autour du plus bas niveau jamais observé ». Selon Desjardins, le « ratio du service de la dette » ne s’est pas beaucoup éloigné de 16 % depuis 2004. Il affirme que le seuil critique est de 40 %, une situation qui touche un ménage sur 20. La Banque Royale avait indiqué au moment des données de Statistique Canada concernant le ratio dette-revenu que celles-ci « ne feront rien pour apaiser les craintes selon lesquelles les déséquilibres des ménages s’approchent d’un point de non-retour ». Cela dit, la Royale avait déclaré que « le ratio

dette-revenu n’est pas notre mesure préférée de la situation car elle ne tient compte que d’un côté des choses ». Elle préconise notamment de considérer le rapport entre la dette et les actifs. C’est exactement ce qu’avait souligné l’Institut de la statistique du Québec au mois de février. De 1999 à 2012, la dette moyenne des ménages est passée de 35 100 $ à 69 200 $ (en dollars constants de 2012), avait-il indiqué. Or la valeur des actifs est passée de 295 900 $ à 544 800 $. Les ratios se sont maintenus autour de 12 % et « tendent à se comparer avantageusement à ceux des ménages ontariens et canadiens », selon l’ISQ. Le Mouvement Desjardins a estimé qu’environ 4 % des ménages québécois se trouvent vis-à-vis du « seuil critique » lorsqu’on compare la taille colossale de leur dette face aux actifs.

Épargne

Un canadien sur 5 ne met pas un sou de côté! Près de 20 pour cent des Canadiens interrogés dans le cadre d'un sondage n'ont pas mis un cent de côté en 2014, tandis qu'un autre 40 pour cent avaient l'impression de ne pas être en voie d'atteindre leurs objectifs d'épargne pour la prochaine année. Selon les résultats du rapport annuel de la Banque de Montréal sur l'épargne des ménages, 31 pour cent des répondants avaient un plan d'épargne fixe avec des contributions mensuelles.

Il s'agit d'une augmentation considérable par rapport aux résultats de l'année précédente, qui avaient révélé que seulement 26 pour cent des répondants utilisaient une telle stratégie d'épargne. L'enquête de la Banque de Montréal a en outre signalé que les épargnes d'un tiers des personnes interrogées s'élevaient à moins de 10 000 $. L'épargne en vue de vacances est

l'objectif le plus courant des Canadiens qui mettent de l'argent de côté, tandis que 43 pour cent d'entre eux épargnent pour la retraite et 40 pour cent, pour les imprévus.

Selon Statistique Canada, le taux d'épargne des ménages a atteint, au quatrième trimestre de 2014, le creux de cinq ans de 3,6 pour cent. Au cours des 10 dernières années, le taux d'épargne des ménages moyen s'est élevé à quatre pour cent, en

baisse par rapport à celui de 7,9 pour cent des années 1990. Le sondage de la Banque de Montréal a été réalisé en ligne entre le 13 et le 16 mars, auprès d'un échantillon de 1002 Canadiens. Selon le regroupement professionnel de l'industrie des sondages, l'Association de la recherche et de l'intelligence marketing, les sondages réalisés en ligne ne peuvent pas avoir de marge d'erreur puisque leur méthode d'échantillonnage est non probabiliste.

Baisse du dollar canadien

Un effet imprévu : 400 000 touristes chinois vont nous rendre visite La demande de visas de tourisme par des Chinois a augmenté de 51 % en janvier par rapport à la même période l’an dernier. Les services consulaires, débor-

dés, ont dû ajouter du personnel pour traiter les requêtes.

Le nombre de visiteurs venus de l’Empire du Milieu avait déjà triplé depuis 2009, année où Pékin

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a accordé au Canada le statut de « destination approuvée ». La baisse du dollar canadien — qui a fait grimper la valeur du yuan chinois de 12 % en six mois — a fait exploser la demande.

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Selon les prévisions du Conference Board du Canada, environ 400 000 Chinois devraient débarquer au pays cette année.


Impôts

Comment remplir votre déclaration vous-mêmes sans trop d’erreurs ou d’omissions Si vous décidez de ne pas faire appel à un expert en la matière et d’établir vous-même votre déclaration fiscale annuelle faites-le bien. Et pour bien faire, lisez et observer les quelques conseils ci-après qui portent sur les rubriques les plus fréquemment rencontrées. Ainsi pourriez-vous éviter, comme cela est plutôt courant, de commettre quelques erreurs qui peuvent s’avérer coûteuses et qui au lieu de vous faire économiser quelques dizaines de dollars, pourraient vous en coûter quelques centaines. Bien se documenter Peu importe le crédit ou la déduction que l'on veut demander, le fait de bien classer et conserver sa documentation peut grandement faciliter le fait de prouver que ces demandes sont justifiées. Un dossier bien documenté peut éviter bien des problèmes lorsqu'il s'agit d'établir les éléments admissibles Ne pas produire en retard La plupart des gens ne sont pas sans savoir que les déclarations de revenus doivent habituellement être produites avant minuit le 30 avril. Il est cependant important de savoir que le fait de produire après cette date peut avoir des impacts financiers assez importants. En effet, si une personne doit payer de l'impôt et que celle-ci produit sa déclaration, ne serait-ce que quelques heures après la date limite, elle s'expose à devoir payer une pénalité équivalente à 5% des sommes impayées. En d'autres mots, si une personne ne peut, pour une raison ou une autre, payer le solde dû, elle devrait quand même produire sa déclaration de revenus selon les délais. Ce faisant, seuls les intérêts périodiques seraient exigibles. Maximiser la valeur d'une déduction Étant donné la présence des paliers d'imposition dans le paysage fiscal canadien et québécois, il ne faut jamais perdre de vue que plus les revenus d'un contribuable sont élevés, plus le taux d'imposition qui lui est applicable sera élevé. Si cela vaut pour les revenus, le même principe s'applique également pour les déductions. Ainsi, il est toujours préférable de faire en sorte d'appliquer les déductions discrétionnaires comme les REER par exemple, dans le dossier du conjoint ayant le revenu le plus élevé. Par exemple, si un couple dont les conjoints gagnent respectivement 80 000$ et 30 000$ veu-

lent cotiser une somme globale de 5 000$ à leurs REER, il sera plus payant que ce soit le premier conjoint qui cotise à son régime. Frais médicaux: choisir sa propre période de référence Contrairement à la plupart des crédits d'impôt dont l'application se fait sur une base d'année civile, il en va de façon un peu différente pour le crédit pour frais médicaux. En effet, puisque ce crédit ne s'applique que sur les montants admissibles qui dépassent le seuil de l'année en cours, il pourrait arriver qu'un contribuable n'ait droit à aucun crédit car ses frais médicaux de l'année ne sont pas assez élevés. Ce dernier pourrait donc lui-même choisir une période de référence de douze mois qui se termine au cours de l'année. Cette façon de faire peut entre autres être rentable si de nombreux frais médicaux ont été payés sur une courte période qui chevauche un 31 décembre. Utiliser le fractionnement de revenus Les lois fiscales font en sorte, à cause de la présence des paliers d'imposition, qu'un couple ayant un seul revenu de 80 000$ payera beaucoup plus d'impôts qu'un couple dont les deux membres gagnent chacun 40 000$. Sachant cela, il est toujours préférable, dans la mesure du possible, de tenter d'équilibrer les deux revenus. Si certains y parviennent en utilisant leurs revenus d'entreprises, les retraités peuvent également le faire de façon assez simple en fractionnant leurs revenus de pension. Ce simple choix annuel peut donner lieu à des économies extrêmement importantes. Vérifier si son déménagement est admissible Chaque année, spécialement aux alentours du 1er juillet, de nombreux Québécois changent d'adresse. Même si dans la plupart des cas, ces déménagements ne sont pas admissibles d'un point de vue fiscal, il pourrait en être autrement lorsqu'un contribuable déménage afin d'exploiter une entreprise, d'occuper un emploi ou encore de poursuivre ses études, en plus de se rapprocher d'au moins 40 kilomètres du lieu de cette nouvelle activité. Lorsque quelqu'un se qualifie, de nombreuses dépenses peuvent ainsi être admissibles en déduction, que ce soit les frais de déménageurs, les frais d'agent d'immeuble à la vente de l'ancienne

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résidence ou encore les droits de mutation sur la nouvelle maison, pour ne nommer que ceux-là. Ne pas sous-estimer un avantage fiscal Même si pour bien de gens, les CÉLI ne sont pas une panacée, il faut tout de même rendre à César ce qui lui appartient. Ainsi, tous les contribuables qui étaient âgés de 18 ans et plus au début de l'année 2009 ont maintenant cumulé des droits de cotisation CÉLI de 31 000 $ (moins ce qu'ils ont réellement cotisé entre temps). Une personne qui aurait eu la chance de pouvoir cotiser au maximum durant toutes ces années éviterait donc de s'imposer sur une somme de 620$ en 2014, si ces sommes étaient placées à 2% d'intérêt. Si le contribuable en question est imposé à 45%, on parle ici d'une économie de 280$. Pourquoi payer ces impôts si vous n'y êtes pas forcés? Garde d’enfant Le gouvernement fédéral permet qu'une personne monoparentale qui a la garde d'un enfant pour lequel il ne paie pas de pension alimentaire puisse désigner cette personne comme étant un équivalent de conjoint. En agissant de la sorte, le contribuable pourra doubler son crédit d'impôt de base si l'enfant en question n'a aucun revenu. Selon les montants établis pour 2014, ce seul élément pourrait permettre de réduire l'impôt à payer de 1 640$.

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Travailleurs autonomes et entrepreneurs Les travailleurs autonomes et autres entrepreneurs savent généralement qu'ils ont jusqu'au 15 juin pour produire leur déclaration de revenus de l'année précédente. Il ne faut toutefois jamais perdre de vue que dans tous les cas, les soldes dus doivent être payés en date du 30 avril afin d'éviter des intérêts. Les contribuables dans ces circonstances devraient donc estimer la charge à payer et régler le tout avant le 1er mai. Dans le cas des déclarations qui seraient produites après le 15 juin, celles-ci seraient sujettes aux mêmes pénalités et intérêts que dans le cas des salariés. Vente d'une résidence On entend souvent la phrase suivante : il n'y a pas de gain en capital sur la vente d'une résidence personnelle ». Même si le résultat est souvent le même, cette affirmation n'est pas totalement vraie. Il faut effectivement calculer un gain en capital lors de la disposition d'une résidence. Les lois fiscales permettent toutefois de demander une exemption pour résidence principale lorsque les critères sont respectés. Les véritables questions se posent lorsqu'un contribuable est propriétaire de plus d'une résidence admissible (une maison et un chalet par exemple). Dans cette situation, quelques calculs devraient être faits afin de rentabiliser cette exemption. Dans tous les cas cependant, il est préférable de déclarer la vente en question dans sa déclaration de revenus, même si le résultat final est nul.


Emploi

Travailleurs étrangers temporaires

Le 1er avril, jour maigre…

Des milliers de travailleurs étrangers temporaires doivent quitter le Canada, alors qu'expiraient mercredi 1er avril les permis de travail de ceux qui sont au pays depuis plus de quatre ans.

En 2011, le gouvernement conservateur a choisi la date du 1er avril 2015 comme échéance pour les travailleurs étrangers peu qualifiés: ils devaient alors devenir des résidents permanents ou rentrer à la maison. Immigration Canada n'a pas révélé le nombre de travailleurs qui doivent quitter, mais les experts sur le marché du travail estiment que des dizaines de milliers de personnes sont touchées. Ceux qui partent et ceux qui restent… En Alberta, 10 000 travailleurs étrangers temporaires ont demandé à rester au Canada.Richard Kurland, un avocat en droit de l'immigration de Vancouver, affirme que des travailleurs ayant obtenu de l'aide juridique ont trouvé le moyen de rester après cette date butoir, avec des options permettant de faire le pont avec l'application pour demander la résidence permanente.

qué l'imposition de cette échéance. «La limite de quatre ans vise délibérément et injustement les travailleurs les moins bien payés et les moins qualifiés. Les cadres et les ingénieurs ne seront pas affectés», dit-elle. «Plutôt que d'offrir à ces gens qui travaillent fort une voie vers la résidence permanente, ce qui leur permettrait de continuer d'occuper ces postes peu qualifiés dont personne ne veut, le public canadien s'est fait dire que d'échanger une cohorte de travailleurs à chaque quatre ans pour un autre groupe est une solution», fait-elle valoir. Le ministre fédéral de l'Emploi, Pierre Poilievre, a défendu la position du gouvernement. «Priorité aux canadiens» «Notre politique est que les Canadiens devraient passer en premier pour les emplois», a déclaré M. Poilievre mercredi, après la réunion de son caucus. «L'échéance du premier avril est connue depuis longtemps et le but du programme est d'être temporaire. Voilà pourquoi ils sont appelés «travailleurs étrangers temporaires'.»

Mais beaucoup de travailleurs ne peuvent utiliser cette méthode, dit-il, parce qu'ils n'ont pas accès à un avocat spécialisé en immigration.

Les entreprises devraient augmenter les salaires des employés et embaucher des Canadiens s'ils ont de la difficulté à recruter, a-t-il ajouté.

De son côté, Vanessa Routley, une avocate en immigration de Toronto, a criti-

Le ministre de l'Immigration, Chris Alexander, a déclaré que les résidents

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permanents n'ont jamais été si nombreux au pays. La porte-parole en matière d'immigration du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jenny Simms, affirme que l'échéance pourrait forcer des travailleurs à se cacher et à vivre dans l'illégalité. Quant au chef libéral Justin Trudeau, il en a profité pour accuser les conservateurs d'être de mauvais gestionnaires du programme de travailleurs temporaires. «Il s'agit là d'un autre exemple d'un gouvernement qui manque de compassion et de sens commun quand il s'agit de soutenir des entreprises canadiennes et l'industrie et aussi des gens vulnérables qui continuent d'espérer d'obtenir leur citoyenneté», a-t-il déclaré. De son côté, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI)

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demande encore une fois au gouvernement fédéral de réviser sa position concernant la date limite du 1er avril 2015. Elle estime que les travailleurs peu spécialisés - à l'emploi notamment dans les restaurants, les commerces de détail, les hôtels - sont très en demande au Canada: «Nous en aurons toujours besoin puisque les employeurs de plusieurs secteurs d'activité n'arrivent pas à combler leurs besoins de main-d'oeuvre avec les travailleurs locaux», explique la vice-présidente de la Fédération, Martine Hébert, dans un communiqué. La FCEI demande l'abolition de la distinction faite entre les travailleurs peu spécialisés et ceux qui le sont, ces derniers ayant plus de possibilités en vertu de la loi à obtenir leur résidence permanente.


Entreprises

L’Événement Carrières

Rendez-vous des Alliés 2015

Pour un monde de l’emploi inclusif

PME : pratiques, défis et opportunités en immigration

L’ouverture officielle de L’Événement Carrières a eu lieu le mercredi 8 avril au Palais des congrès de Montréal.

L’Événement Carrières est un salon de l’emploi grand public auquel le CAMO pour personnes handicapées s’est associé cette année pour un monde de l’emploi inclusif. Le salon constitue une précieuse occasion pour les employeurs présents de découvrir les compétences et le potentiel des personnes handicapées et de tirer profit d’une main-d’œuvre qualifiée et diversifiée. 2015 est la troisième année durant laquelle le CAMO pour personnes handicapées s’associe à L’Événement Carrières pour rendre un salon de l’emploi d’envergure inclusif et accessible aux personnes handicapées. L’objectif est de permettre aux personnes

handicapées d’avoir accès à un grand nombre d’employeurs, à une grande diversité de secteurs d’emploi et de faire connaître leurs compétences. Renseignements : Comité d'adaptation de la main-d'oeuvre (CAMO) pour personnes handicapées Téléphone sans frais : 1 888 522-3310 Courriel: camo@camo.qc.ca Site Web: www.camo.qc.ca

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Dans le cadre de la 5e édition du Rendez-vous des Alliés, la CRÉ de Montréal organise une conférence sur le thème de l’immigration et de l’emploi dans les PME, avec M. François Vincent, directeur des affaires provinciales à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI). Cette activité sera animée par M. René Vézina, chroniqueur au journal Les Affaires. Elle aura lieu le Jeudi 16 avril 2015 de 17 h 30 à 19 h 30 au Musée Pointe-à-Callière (165,

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Place D’Youville, VieuxMontréal).

Initiative de la Conférence régionale des élus (CRÉ) de Montréal, ce projet est financé par la CRÉ et le ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion (MIDI) et est réalisé dans le cadre de l’Entente administrative et du Plan d’action de la région de Montréal en matière d’immigration, d’intégration et des relations interculturelles (PARMI), piloté par la CRÉ de Montréal.


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Entreprises

Future Shop met la clé sous le paillasson 1500 emplois perdus…

Best Buy ferme 66 magasins Future Shop au pays et les 65 succursales restantes porteront désormais l'enseigne Best Buy, a annoncé l'entreprise samedi.

« Best Buy [...] qui possède et exploite les magasins des marques Best Buy et Future Shop - a annoncé dernièrement son intention de regrouper ses magasins et sites web Future Shop et Best Buy sous la marque Best Buy et a dévoilé un plan visant à développer une expérience client multicanal hors pair », a-t-on pu lire dans un communiqué de Best Buy. « En raison de ce regroupement, environ 500 postes à temps plein et 1000 postes à temps partiel seront éliminés ». Certains des employés touchés pourront être réembauchés dans un Best Buy, assure l'entreprise. « Les employés touchés bénéficieront d'une indemnité de départ, de programmes d'aide aux employés et de transition professionnelle. » Des affiches ont été placées à l'entrée de magasins pour informer les clients, qui se sont butés à des portes fermées. Des employés ont appris la nouvelle en arrivant au travail. Les 65 succursales qui migreront sous l'enseigne Best Buy devaient rester inaccessibles pendant une semaine, le temps d'effectuer les changements. L'entreprise entend procéder à des investissements pouvant atteindre 200 millions de dollars dans les magasins restants. Elle consacrera une partie de cette somme à son site Internet. Dans les secteurs où les deux enseignes sont présentes, le magasin Future Shop disparaîtra au profit de celui de Best

Buy. Best Buy dit avoir pris cette décision « après avoir effectué un examen approfondi de son parc immobilier ». Antonio Filato, président du Conseil provincial du syndicat des Travailleurs et Travailleuses unis de l'alimentation et du commerce, se dit « très triste » pour ces travailleurs, qui ne sont pas syndiqués. Pour M. Filato, il s'agit d'une tendance en Amérique du Nord : « N'oubliez pas que l'Internet est en train de transformer [le commerce] du détail au Canada. » Le président du TUAC se dit toutefois

déçu de la manière dont les travailleurs sont traités « dans cette industrie ». Il déplore la méthode utilisée pour annoncer cette restructuration, une méthode semblable à celle utilisée par Target. Il qualifie les deux entreprises de « compagnies antisyndicales et antitravailleurs ». C'était passablement prévisible, voire inévitable, selon Jacques Nantel du Département de marketing de HEC Montréal : « C'est un réseau qui avait pris un sérieux retard en matière de commerce électronique. Il perdait des parts de marché. »

Jacques Nantel croit toutefois que la fermeture de dizaines de magasins Future Shop au Canada pourrait avoir des répercussions sur le « bas de laine » des Québécois. Il affirme qu'Ivanhoé Cambridge, la filiale immobilière de la Caisse de dépôt et placement du Québec, sera « heurtée » par ces fermetures. La chaîne Future Shop compte actuellement 140 magasins au Canada et emploie plus de 10 000 personnes. Best Buy avait acquis Future Shop en 2001 pour 580 millions de dollars.

Transports illégal

Des véhicules UberX saisis à Québec Contrôle routier Québec continue de garder un œil sur les activités du service de transport illégal UberX à Québec. Quatre nouveaux véhicules ont été saisis soir dans la région. Cette nouvelle opération portait à 14 le nombre de voitures de chauffeurs d'UberX saisies à Québec depuis l'arrivée du service le 12 février. En tout, 17 constats d'infraction ont

également été remis à des chauffeurs.

Les amendes distribuées varient entre 350 $ et 1050 $. D'autres frais s'ajoutent pour récupérer le véhicule saisi qui est remorqué à la fourrière. Les propriétaires doivent aussi se présenter devant un juge. Sans vouloir dévoiler les stratégies

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utilisées pour retracer les chauffeurs fautifs, Contrôle Routier Québec indique que les dénonciations en font partie.

« C'est sûr et certain que les plaintes et dénonciations qu'on peut recevoir du public ou encore de chauffeurs de taxi qui sont témoins de l'offre de service Uber vont nous aider à intervenir », affirme Éric Santerre, porte-parole

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Contrôle Routier Québec. Éric Santerre rappelle que cette forme de transport est illégale. « C'est considéré comme une forme de transport illégal étant donné que c'est un transport qui est rémunéré, mais les gens qui offrent le service n'ont pas les permis de taxi nécessaires pour opérer », explique-t-il.


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Réseaux

Qui espionne vos courriels ? et comment vous prémunir contre les «pixels invisibles» Vous pensez être seul à lire vos courriels ? Détrompez-vous. En ce moment même, votre boîte de messagerie regorge de mouchards numériques prêts à transmettre vos informations. Ces mouchards portent le nom de «pixels invisibles» et prennent la forme d’une minuscule image translucide insérée dans un courriel. Lors de l’ouverture du message, le pixel envoie une requête à un serveur, qui enregistre alors l’heure et le lieu de consultation, ainsi que l’appareil utilisé. Pas besoin d’être un agent du SCRS ou un pirate informatique pour utiliser un pixel invisible. Cette technologie, facile d’accès et légale, est abondamment utilisée par les entreprises de marketing Web, notamment pour mesurer l’efficacité de leurs infolettres. La collecte d’information s’effectue cependant à votre insu, et sans votre consentement. Si cela vous choque,

sachez que deux applications Web permettent de vous en prémunir. La première, Ugly Email, ajoute un symbole en forme d’œil dans l’objet des courriels qui renferment un pixel invisible. Ce dernier demeure actif, mais vous savez à quoi vous attendre en ouvrant le message. La seconde, PixelBlock, désactive tous les mouchards. Vous pouvez alors lire vos courriels sans craindre de transmettre des informations contre votre gré. Pour le moment, Ugly Email et PixelBlock ne fonctionnent toutefois qu’avec la messagerie Gmail, sur le navigateur Chrome. Si vous n’utilisez pas ces services, vous pouvez toujours désactiver le téléchargement automatique des images dans la section «Paramètres» de

votre adresse de messagerie. Les pixels invisibles — des images — seront neutralisés. Hélas ! les autres photos que vous recevrez n’apparaîtront plus également. Rien ne vous empêche aussi de prendre une page du livre de ceux qui vous

espionnent. Les applications Web Bananatag, Streak et Yesware permettent d’insérer gratuitement des pixels invisibles dans les courriels que vous envoyez. Vous saurez enfin si votre patron n’a réellement «pas eu le temps» de lire vos messages.

Le Projet Spartan

Ou comment Microsoft veut «réinventer» la notion de navigateur Le projet Spartan, du nom du nouveau navigateur de Microsoft, vient de faire son apparition dans Windows 10 à l'occasion de la mise à disposition de la Build 10049 pour les utilisateurs testeurs du programme "Insider" de Microsoft. Présenté le 21 janvier 2015, Spartan est censé prendre le relais d'Internet Explorer et réinventer la notion même de navigateur afin d'aller concurrencer des outils aussi innovants que Chrome et Firefox. Toujours au stade expérimental, ce navigateur au nom de code Spartan propose une refonte totale d'Internet

Explorer avec un nouveau moteur HTML de rendu des pages, l'intégration de l'assistant vocal intelligent Cortana et surtout des fonctionnalités inédites permettant par exemple d'annoter des pages ou de sauvegarder et partager des notes. Ce nouveau navigateur va ainsi permettre de surligner ou d'entourer du texte, mais aussi de commenter des pages, le tout pouvant ensuite être partagé par email ou via les réseaux sociaux. Sur les smartphones et tablettes, cette fonctionnalité sera facilitée par l'utilisation d'un stylet par

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exemple. En l'état actuel, Spartan propose également un mode lecture ainsi qu'une liste de lecture, facilitant la consultation de longs articles par exemple. En ce qui concerne Cortana, il sera à terme capable de fournir des informations contextuelles, indiquer le temps qu'il fera ou bien encore des informations pratiques sur des boutiques ou des restaurants. C'est en janvier 2015 que le projet Spartan, intégré au futur système d'exploitation Windows 10, a été présenté. Il se veut plus léger et simple

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à appréhender, assez proche dans l'esprit de Chrome ou Firefox. Cela fait 20 ans qu'Internet Explorer est le navigateur emblématique de Microsoft. Après avoir longtemps été incontournable, il n'est désormais que le troisième navigateur le plus populaire en France (19,6%), derrière Chrome (33,6%) et Firefox (22,2%) et tout juste devant Safari (18,1%), selon les chiffres d'octobre 2014 d'AT Internet. Windows 10 et la version définitive de "Spartan" seront disponibles dans 190 pays et en 110 langues dès l'été 2015.


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Idées & points de vue

Cinquante nuances de musulmans

Par Samir Ben

Aller vers l’autre pour le connaître audelà des clichés et des préjugés. C’est ce que tente de promouvoir une exposition photos itinérante qui va parcourir le Québec durant les douze prochains mois. Bienvenue dans Québécois(e)s, Musulman(e)s …et après ? Elisabeth Garant, directrice du centre Justice et foi, n’aime pas les stéréotypes et les préjugés. Elle a mobilisé une équipe pluridisciplinaire pour aller à la chasse et à la déconstruction de cet obstacle à un vivre-ensemble harmonieux avec les musulmans du Québec. Avec l’organisme LaVoiEdesFemmes, elle a mis en place une exposition de 24 photos d’autant de musulmans ou de personnes de culture musulmane. Des scènes et des clichés, sans jeu de mots, de la vie quotidienne d’hommes ou de femmes, ne portant pas forcément le voile comme on aurait pu s’y attendre – un stéréotype ! La première escale se tient jusqu’au 4 avril dans le hall du Gesu au centre-ville de Montréal. « Les personnes qui ont accepté d’être pris en photo, ont des postures différentes les uns des autres. Nous avons essayé de montrer qu’il y a une diversité, des réalités différentes dans le mot musulman », explique celle qui se défend de présenter les musulmans comme victimes mais qui veut « changer un regard et un stéréotype qui s’enracine malheureusement ». Autant de musulmans que de façons d’être musulman. «Certains ont un rapport à l’islam dans une foi active; d’autres cultivent une attache plus culturelle, affective, de mémoire relativement à l’héritage qu’ils portent. D’autres, laïcs, ont un lien critique avec cette tradition et à la façon dont elle doit s’enraciner au Québec », nuance-telle. Cette diversité « se décline à travers les 24 clichés qui montrent la rencontre avec l’autre, le rapport avec la société québécoise. Nous avons essayé de montrer les musulmans et les musulmanes comme des acteurs réels qui font face à des obstacles dans leur désir de participation. C’est davantage cette figure que nous voulions mettre de l’avant et non pas la victime », nous dit Elisabeth Garant quand on lui parle de risque de victimisation et de singularisation qui entoure les musulmans. Le livret très instructif qui accompagne l’exposition est truffé de chiffres et d’explications de concepts et de notions et permet d’aller au-delà des photos. On y apprend que la présence musulmane au Québec ne date pas de quelques années mais remonte à 1870, même si elle n’était pas très visible à l’époque.

En 2011, au Québec, 243 430 personnes ont déclaré être musulmanes. On découvre aussi que la première mosquée au Québec a été construite en 1964 à Ville Saint-Laurent. Nous sommes loin de l’actualité tumultueuse qui entoure sur les mosquées du Québec où certaines sont menacées de fermetures quand d’autres donnent lieu parfois à des moments frôlant l’hystérie collective, comme lors de la séance publique du conseil municipal de Shawinigan au début du mois de février. L’influence du contexte international sur la perception qu’ont les Québécois du musulman ou du supposé musulman fait l’objet d’un tableau chronologique qui nous mène de la crise pétrolière de 1973 jusqu’à l’attentat contre Charlie Hebdo. Le clou de cette exposition reste la bibliothèque humaine, un concept né au Danemark et déjà utilisé par les communautés autochtones. « Une bibliothèque humaine pour déconstruire les préjugés. », explique la directrice du centre jésuite. « C’est une méthode d’animation qui passe par le partage. A toutes les demi-heures, les gens peuvent ‘emprunter’ une personne qui devient ainsi un livre. Pendant cette demi-heure, il y a un échange entre trois ou quatre personnes et ce livre ». Les sujets peuvent aller de son expérience de vie à la spiritualité », dit-elle. L’image du musulman « L’image du musulman est détériorée par des amalgames. J’espère que l’exposition va en défaire quelques uns, qu’elle permette la reprise de la réflexion loin de la vision imposée par le discours de la lutte anti-terroriste. Beaucoup de gens au Québec ont amorcé leur réflexion sur la présence des musulmans après les événements de septembre 2001. Et, malheureusement, elle a été fortement influencée par des discours politiques et publics basés sur la lutte au terrorisme ». Interrogée dans un autre contexte qui n’était pas en lien avec l’exposition, Rachida Azdouz, psychologue spécialisée en relations interculturelle à l’Université de Montréal trouve que lorsqu’il s’agit de musulmans «le Québec est divisé en deux camps, autour desquels gravitent des positions marginales ou extrêmes ». Il y a « la vision des inclusifs dont la thèse soutient que les musulmans sont ciblés, ostracisés et diabolisés plus que les autres groupes en ce moment et qu’il faut nommer l’islamophobie comme un phénomène en soi, pas la diluer dans un tout raciste ou xénophobe ». L’autre vision est celle des « identitaires

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» qui trouve que « le multiculturalisme canadien exacerbe tellement le droit à la différence qu’il ruine toute chance d’intégration autour de valeurs communes et qu’il dilue le fait canadien français dans un tout multiethnique ; avec la conséquence selon eux , que les groupes religieux, incluant les musulmans , « censurent » toute critique de l’orthodoxie et de ses excès au nom du droit à la différence , de la liberté d’expression ou de la dénonciation de l’islamophobie ». La troisième voix est celles des « nuancés » comme les appelle Rachida Azdouz. Ils « dénoncent sans équivoque l’islamophobie tout en se donnant le droit de critiquer aussi sans équivoque les dérives communautaristes, le repli et les interprétations radicales ou décontextualisées de l’Islam : ils sont peu audibles dans les medias et souvent attaqués des deux bords pour « double discours » ou « ambigüité idéologique ».» Et en marge des positions dominantes, Rachida Azdouz observe aussi des visions plus extrêmes : « franchement racistes, xénophobes et antireligieuses primaires ou encore archi-libérales qui prônent une conception absolue, jusqu’au-boutiste de la liberté

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d’expression religieuse , incluant celle des musulmans : par exemple, les musulmanes ont le droit de porter un niqab pour enseigner si les femmes occidentales ont le droit de porter une jupe courte pour enseigner, un juge peut porter un signe religieux très visible comme le turban ou le niqab en autant que ses jugements soient équitables ». Lucide, Elisabeth Garant conclut que « l’exposition ne peut pas tout faire mais elle participe à déconstruire certains discours qui nuisent à une compréhension juste. Je pense qu’il y a des musulmans et des musulmanes qui appartiennent à des courants différents. L’effet pervers du jeu médiatique met la marge la majorité et la minorité devient le centre de l’attention. » QuébécoisEs, musulmanEs… et après? Est préparée par le Centre justice et foi et l’organisme LaVoiEdesFemmes . Avec la collaboration des Productions Pied-de-biche et d’Espace Nodal et a bénéficié du financement de la Fondation Béati et de la Ville de Vaudreuil. Comité organisateur : Elisabeth Garant, Mouliud Idir, Eve Torres et AndréannePâquet.


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Idées & points de vue

Entretien avec Rachida Azdouz sur l’image du musulman au Québec

«On accorde trop de visibilité à des personnalités très marginales»

Entretien réalisé par Samir Ben

L’image du musulman au Québec semble particulièrement brouillée et expose de ce fait un important segment de la population de la province à un certain nombre de désagréments. Comment modifier cette image assurément fausse? Voici les réponses à cette question de Rachida Azdouz, psychologue spécialisée en relations interculturelles à l’Université de Montréal. Samir Ben : Comme peut-on qualifier l’image du musulman au Québec? Monolithique ou nuancée ? Est-ce que les gens savent par exemple qu’il y a des musulmans athées…? Rachida Azdouz : Je crois que ça a beaucoup évolué depuis 10 ans …les Québécois ont une vision moins caricaturale des musulmans et savent qu’il y a des tendances et des variantes. Mais on a encore du mal à imaginer un athée de culture musulmane comme on imagine un athée de culture judéo-chrétienne. On le trouve suspect… S’il est athée, il doit éliminer toute référence à l’islam dans son auto-identification. Le problème vient aussi parfois des

musulmans eux-mêmes qui ont du mal à intégrer l’athée dans l’éventail des possibles, surtout dans un climat d’islamophobie: il est parfois traité d’informateur indigène, de « bon » musulman (bon avec ironie) qui montre l’image qu’on attend de lui…un musulman sans sa foi et sans sa pratique , un musulman qui montre patte blanche ….pas solidaire , qui se renie .

Est-ce que les médias au Québec participent à la construction de cette image (mauvaise ou bonne); voit-on plus d’imams radicaux que d’autres ? Oui, on accorde trop de visibilité à des personnalités très marginales… mais elles font aussi partie de la réalité, aussi marginale soit-elle, et il ne faut pas nier leur existence ni la camoufler. Les médias doivent refléter la réalité sous toutes ses formes, pas seulement les réalités dominantes ou consensuelles. Dans ce contexte, quelle image de soi peuvent avoir les jeunes issus de l’immigration musulmane, la deuxième génération? Plus la diversité interne sera reflétée à travers des visages publics, moins les jeunes auront l’impression d’être prisonniers d’un seul schéma, acculés à

l’identification par opposition et hostilité à la société d’accueil ou au contraire par assimilation et mimétisme: les jeunes de tradition musulmane ont autant besoin de s’inspirer d’un Rachid Badouri que d’un Boucar Diouf, une Nabila Benyoucef, un Akli Ait Abdallah, une Kahina Talbi, une Rachida Mfaddel, un Mohamed Lotfi, un Aziz Fares ….

Rachida Azdouz

Parmi ces personnes, certaines affichent leurs croyances religieuses alors que d’autres sont davantage reconnues pour leur identité professionnelle et on en oublie leurs origines. Tous ces cas de figure doivent pouvoir cohabiter et inspirer les jeunes. Que doivent faire les musulmans ou les personnes d’ascendance ou de culture musulmanes pour « rassurer » les Québécois? La meilleure chose à faire pour les Québécois de tradition musulmane est de se montrer dans toute leur diversité, leurs variantes, leurs débats internes, incluant les désaccords et les conflits sur la question religieuse et les straté-

Saint-Laurent change son zonage

Le problème de la Mosquée Al Andalous résolu La mosquée Al Andalous accueille jusqu'à 1000 fidèles pour la prière du vendredi. Saint-Laurent modifiera son règlement de zonage encadrant les lieux de culte. Les fidèles du Centre Al Andalous pourrront donc continuer de prier dans leur mosquée. Le Centre Islamique Al Andalous devait quitter ses locaux d’ici le 3 avril sous peine d’être expulsé par les autorités de l’arrondissement. La mosquée située sur le boulevard Décarie, se trouve dans une zone qui ne permet pas actuellement les activités liées au culte.

Montréal et l’arrondissement de SaintLaurent étaient en «mode solution» afin d’éviter l’expulsion de la mosquée. La mosquée Al Andalous se trouve au deuxième et troisième étage de l’immeuble du boulevard Décarie depuis 2012. Elle s’intègre au centre d’activités culturelles et communautaires administré par l’Association des sciences islamiques au Canada.

Le 16 mars, TC Media avait révélé que la Ville de

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gies d’intégration … Le devoir de loyauté et de solidarité ne doit pas exclure le droit à la différence et le droit à la dissidence. Éviter la dé légitimation et la diabolisation des uns par les autres qui alimente la peur chez les accueillants. Ne pas céder à l’illusion du ou des porte-parole légitimes, fédérateurs, qui porteront publiquement la voix de tous, dans un élan volontariste. Mieux vaut une multitude de musulmans « représentatifs » des divers visages de la tradition musulmane, du très orthodoxe à l’athée, que quelques « représentants » liés par des mots d’ordre, aussi nobles soient ils.


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Images

Clichés

Comment reconnaît-on un terroriste (dans un aéroport américain) ?

Reconnaître un terroriste d'un seul coup d'oeil ? Rien de plus difficile. Alors, pour aider ses agents, l'Agence nationale américaine de sécurité dans les transports, la Transportation Security Administration (TSA), a créé un document un peu spécial fin mars.

chaque comportement. Il suffit à l'agent de la TSA de cocher la case et ensuite de comptabiliser le nombre de points récoltés, pour un total de 92 points. Enfin, le "Spot" indique comment réagir en fonction du nombre de points récoltés :

Une sorte de quiz, baptisé "Spot", qui se traduit par "détecter", et qui recense les signes clés qui permettent de repérer un potentiel terroriste dans un aéroport, révèle The Intercept, le site américain d'investigation dirigé par Glenn Greenward, à l'origine des révélations d'Edward Snowden.

Le programme "Spot", qui a coûté 900 millions de dollars depuis sa création, est réservé à des agents spécialement formés, appelés agents de détection du comportement (Behavior detection officers). Ils sont en charge d'observer et d'interagir avec des passagers passant par la zone de contrôle de sécurité. «Ridicule!»

La checklist de la TSA, mise en place en 2007, se base sur trois types de comportement pour identifier les menaces : le stress, la peur et la tromperie. Pour chaque partie, plusieurs comportements sont listés et des points sont attribués à

Un ancien chef d'équipe de la TSA, interrogé par The Intercept sous couvert d'anonymat, explique que la checklist de "Spot" est utilisée pour justifier n'importe quelles interpellations plutôt

que pour identifier des menaces potentielles. "'Spot' a été conçu d'une telle manière que tous les passagers vont forcément présenter plusieurs 'comporte-

ments' à risque", fait valoir l'ancien chef d'équipe. Il estime d'ailleurs que les signes recensés "sont ridicules".

Attentats

Les racistes blancs en tête du (triste) palmarès des «Loups solitaires»

Les «loups solitaires», ces terroristes qui commettent des attentats seuls au nom d’une idéologie, ne se trouvent pas que dans le camp des islamistes.

Un document interne du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) montre que les suprémacistes blancs — qui croient en la supériorité de la race blanche — et les partisans de l’extrême droite sont plus susceptibles de perpétrer des actes terroristes en solo que les islamistes. L’automne dernier, les attentats terroristes — inspirés par une vision extrême de l’islam — commis par Martin Couture-Rouleau à Saint-Jean-surRichelieu et par Michael Zehaf-Bibeau à Ottawa ont certes marqué les esprits. Or, dans le monde, seulement 15 % des attentats perpétrés par des loups solitaires sont motivés par l’islam. Au premier rang viennent plutôt les parti-

sans de l’extrême droite et les suprémacistes blancs, responsables de 17 % des attentats. Dans les dernières années, le cas le plus médiatisé a été celui d’Anders Breivik, qui a fait 77 morts et 151 blessés en Norvège en juillet 2011.

Suivent le Black Power et l’extrême gauche, les militants antiavortements et les luttes séparatistes. Plus du tiers des attentats commis par des individus isolés ne peuvent être attribués à une motivation idéologique précise.

Idéologies et attentats dans le monde

Suprémacistes blancs et extrême droite : 17 % Islamistes : 15 % Extrême gauche et Black Power : 13 % Antiavortements : 8 % Mouvements séparatistes : 7 % Aucune idéologie précise : 40 %

«Les loups solitaires tendent à créer leur propre idéologie, qui combine leurs frustrations personnelles et les griefs qu’ils entretiennent envers des enjeux politiques, sociaux ou religieux», peut-on lire dans ce document interne destiné au directeur adjoint du

SCRS, Michael Peirce, et obtenu par L’actualité en vertu de la Loi sur l’accès à l’information.

Racisme ordinaire

Pégida Québec a fait long feu…

La manifestation de militants du groupe international PEGIDA contre ce qu’ils appellent «l’islamisation» du Québec ne s'est pas mise en branle comme prévu, le 27 mars 2015, à Montréal.

Vers 16h40, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a indiqué sur Twitter que les gens sur place pour manifester pour Pegida - au nombre de trois - avaient quitté les lieux, indiquant aux policiers que la manifestation n’aurait pas lieu. La police comptait une présence importante à l'endroit où devait se tenir la manifestation de PEGIDA. La marche de protestation devait avoir lieu dans le «Petit-Maghreb».

Une contre-manifestation prévue par des groupes de gauche qui dénoncent la montée de l’islamophobie au Québec a attiré bon nombre de gens.

Le député néo-démocrate Alexandre Boulerice déplorait cette manifestation anti-islam qui devait se dérouler dans sa circonscription de Rosemont-La Petite Patrie. Il parlait d'un «événement à caractère raciste qui attise l'intolérance». En entrevue à La Presse Canadienne, Réal Ménard, membre du conseil exécutif et maire de l'arrondissement Mercier-Hochelaga-Masonneuve, abonde dans le même sens. Il soutient qu'une telle manifestation d'intolérance doit être dénoncée vigoureusement. M. Ménard estime qu'il n'y a aucune

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raison qui justifie de «stigmatiser» une communauté.

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Éducation

Enseignement primaire et secondaire

Les choix possibles des nouveaux arrivants

Par Hasnaa Kadiri

éventualité.

Quand les blues de l’hiver montréalais plongent l’individu dans un abime sombre, le souhait d’être bien loin fait écho. Pourquoi pas dans le pays d’origine? La comparaison fait alors son chemin dans les esprits. Certes, le temps est chaud dans plusieurs pays arabes en hiver, mais l’intérieur des maisons non chauffées rend de glace tout ce qui ne bouge pas. La nuit, les mains froides et les pieds gelés empêchent forcément l’individu de dormir. On dira donc : ce qu’il fait bon de se retrouver dans un logis montréalais bien chauffé!

Combien de parents se sont posé les questions suivantes : Dois-je mettre mon enfant à l’école primaire publique ou primaire privée? Au secondaire, est-ce qu’il est préférable que mon enfant soit dans un collège privé ou public pour être mieux préparé au Cégep?

Des avantages comme cela sont nombreux. Il suffit, comme on dit, de prendre le meilleur des mondes. Les immigrants arabes ont la possibilité de choisir le meilleur des deux mondes : de chez eux et du nouveau chez eux. Parlons de l’enseignement primaire et de l’enseignement secondaire… Avantages incontestables et priorité pour chacun… Si les garderies ne sont pas une priorité gouvernementale et leur accès, ainsi que les coûts qui s’y rattachent ne sont pas à la portée de tous les parents, l’école primaire et l’école secondaire sont obligatoires pour tous les enfants de 6 ans à 16 ans. Notons que la Loi sur l’instruction publique explique l’obligation de fréquentation scolaire par tout enfant qui est résident du Québec doit fréquenter une école à compter du premier jour du calendrier scolaire de l'année scolaire suivant celle où il a atteint l'âge de 6 ans jusqu'au dernier jour du calendrier scolaire de l'année scolaire au cours de laquelle il atteint l'âge de 16 ans ou au terme de laquelle il obtient un diplôme décerné par le ministre, selon la première

Les écoles en général et privées en particulier foisonnent par leurs diversités et singularités pour attirer davantage de clients. Art, sport, science sont les thématiques de prédiction dont puisent ces écoles pour se différencier des autres. Les parents perdus dans cet éventail de gammes, qui sera décisif pour l’avenir de leurs enfants, restent indécis pour la plupart. Avec le choix d’orientation, l’avenir de leur enfant est scellé. Pas mauvaise en soit cette orientation, car elle permet à l’enfant de mettre en valeur ses talents, dans le cas où les penchants de cet enfant sont clairs dès le jeune âge. Dans le cas contraire, une orientation plus générale est mieux conseillée. À cela s’ajoute toute les sortes d’écoles spécialisées, telles que les écoles pour enfant à déficiences mentale ou physique ou les écoles de mises à niveau scolaire pour les nouveaux immigrants. Malgré certaines lacunes qu’on peut noter dans ces écoles spécialisées, elles restent néanmoins efficaces, car elles ciblent une clientèle bien spécifique. Certes, cette clientèle peut ne pas avoir les mêmes besoins, d’où un écart entre les enfants lors de l’apprentissage. Ce qui peut constituer en soit une frustration des parents. En général, les parents arabes seront mieux servis ici qu’ailleurs. Par ailleurs, si l’école de langue française est ouverte à tout le monde,

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l’école de langue anglaise est spécifique aux enfants dont les parents ont eu un cheminement scolaire dans cette langue. Afin de contourner cette condition, les parents sont prêts à sacrifier un budget et inscrire leur enfant dans une école privée de langue anglaise. Les écoles internationales sont la cible de plus d’un des parents à cause du programme enrichi offert, de sa gratuité mais surtout de sa renommée. D’autres parents Mme Hasnaa Kadiri viseront une éducation dans les écoles dites « françaises au provincial et au fédéral. » si leur travail exige des déplacements hors du Canada ou par choix Si les écoles primaires publiques de pour garantir un « bel » accent franMontréal sont reconnues être de çais à leur enfant. bonnes écoles, pour les écoles secondaires publiques, les avis sont mitigés. Les écoles arabes sont aussi un bon choix pour les parents, soucieux que Les collèges privés s’arrachent les leur enfant ait le meilleur des deux jeunes étudiants, ayant de bonnes mondes. En plus de l’enseignement notes et certains d’entre eux rappordu français et de l’anglais, l’arabe enseigné, véhicule les valeurs de chez tent la palme d’or par l’excellence de leur enseignement. Les prix de ces eux. collèges restent élevés pour la moyenne des immigrants. Ce qu’il faut Dans l’article « Parler une deuxième langue changerait notre perception du savoir que dans ces collèges des bourses d’excellence sont offerts. Des monde », paru dans À LA UNE le 23 étudiants, dont le parcours scolaire est mars 2015, explique que le fait d’être bilingue pousse l’individu à avoir une remarquable, les portes de bons collèges s’ouvrent gratuitement ou du pensée plus flexible et percevoir le moins à petit coût! monde différemment. Qu’en est-il alors quand on est trilingue? Se concentrer sur l’éducation des Polyglottes? Les études en neuroscienfants est un devoir de toute famille ences démontreront certainement des avantages incontestables à l’être. Mais arabe, car les études sont garantes dans les faits, une personne trilingue a d’une meilleure facilité à intégrer le marché du travail montréalais. Garder plus de chance de réussir dans le marché du travail. Ces écoles, qui font l’intérêt des enfants dans les études passe par des efforts soutenus des parun travail de qualité, risquent de s’évanouir dans la nature, à cause des ents et un bon choix du cadre scolaire. mesures d’austérité de plus en plus poussées des gouvernements actuels

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Cultures

Baisse marquée des achats de livres

La lecture a-t-elle toujours la côte?

D’une région à l’autre, c'est la baisse que les libraires ont enregistrée dans les achats effectués par les commissions scolaires. Sept mois après les déclarations du ministre Yves Bolduc sur les achats de livres destinés aux écoles, la controverse s’est envolée, le ministre a plié bagage et la directive ministérielle sur les acquisitions a été annulée. Mais les sommes réservées aux achats de livres semblent avoir malgré tout servi à d’autres fins, lit-on dans les colonnes du journal Le Devoir. De 20 % à 80 % Alors que le printemps donne enfin signe de vie et que la neige disparaît peu à peu des cours d’école, l’Association des libraires du Québec (ALQ) s’inquiète. Un peu partout à l’échelle de la province, les librairies constatent une baisse des acquisitions effectuées par leur clientèle des écoles primaires et secondaires. Une diminution dramatique qui atteindrait plus de 80 % par endroits. Comme si les directions de certaines commissions scolaires étaient, en fin de compte, d’accord avec les déclarations explosives de l’ex-ministre de l’Éducation. C’était à quelques jours de la rentrée scolaire, dans le contexte des compressions en éducation. Yves Bolduc jugeait qu’en période d’austérité, les achats de livres pour garnir les étagères des bibliothèques d’écoles pouvaient attendre. Alors que le gouvernement s’était jusqu’ici engagé à offrir 8,3 millions de dollars par année, en plus d’exiger des commissions scolaires un investissement de 6,7 millions pour les bibliothèques, les achats de livres se retrouveraient désormais inclus dans une enveloppe de 293 millions, incitant de nombreuses commissions scolaires à sabrer les bouquins pour financer d’autres projets. « Il n’y a pas un enfant qui va mourir de ça, parce qu’il existe déjà des livres [dans les bibliothèques]. J’aime mieux qu’elles achètent moins de livres. Elles sont déjà bien équipées », avait-il confié au Devoir. Le ministre avait fait marche arrière en exigeant des commissions scolaires qu’elles rétablissent ces fonds distincts. Mais sept mois plus tard, bibliothécaires, commissions scolaires et

libraires admettent que ce ne fut pas partout le cas. La semonce du ministre, depuis remplacé par François Blais, n’a pas eu l’effet escompté. D’une région à l’autre, les libraires enregistrent des baisses dans les achats effectués par les commissions scolaires pouvant varier de 20 % à 80 %, affirme Katherine Fafard, directrice générale de l’ALQ. « La lettre du ministre s’est rendue dans les mains des directeurs de commissions scolaires, mais pas nécessairement à ceux qui font les achats. Des [bibliothécaires] nous ont dit que l’argent avait été budgété autrement et que malgré la lettre, il n’y aurait pas autant d’achats cette année », dit-elle. La clientèle scolaire forme une part appréciable du marché des livres jeunesse, et l’industrie ne peut se passer d’une telle source de revenus fiable, laisse entendre Mme Fafard. Le pire qui pourrait arriver serait que les baisses dramatiques enregistrées cette année deviennent la norme. Marie-Hélène Charest, la présidente de l’association qui regroupe les bibliothécaires et documentalistes du réseau de l’éducation, partage cette inquiétude. « On est toujours [méfi-

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ants] par rapport aux mesures du ministère en matière de livres. Mis à part les huit dernières années, l’historique du financement des bibliothèques scolaires au Québec est loin d’être reluisant. Notre système est fragile. Il faut investir des fonds de façon récurrente pour réellement développer la collection d’une bibliothèque », dit-elle. La Fédération des commissions scolaires ne nie pas que plusieurs de ses membres aient ignoré, pour cette année du moins, les instructions du ministre. Il s’agissait de la décision « la moins pire » dans le contexte où les commissions ont eu à faire face à des compressions de 150 millions, selon la porte-parole Caroline Lemieux. « Je peux vous garantir que tout l’argent reçu [de Québec] a été dépensé. Dans certains cas, les commissions scolaires ont décidé de diminuer les achats de livres. C’était la décision la moins pire. » La directive concernant le rétablissement des enveloppes est survenue alors que certaines commissions scolaires avaient déjà bouclé leurs budgets, a-t-elle ajouté. Rétablir la lecture dans ses droits Alors que les librairies appellent à l’aide, le cabinet du ministre Blais

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semble peu disposé à se lancer dans un nouveau bras de fer. Depuis août, le ministère a fait « plusieurs appels » pour les inciter à faire l’achat de livres, soutient l’attachée de presse de M. Blais. Un processus de reddition de compte a également été instauré à la suite de la controverse, selon Julie White. « Les commissions scolaires du Québec vont devoir rendre compte [des sommes consacrées aux livres] au moment du dépôt de leur rapport annuel. » Mme White n’a pu dire si les institutions fautives feraient face à une quelconque mesure disciplinaire dans le cas de sommes utilisées à d’autres fins. Impossible de savoir, donc, si elles vont renverser la vapeur l’année prochaine. Mesures disciplinaires ou non, c’est surtout le rétablissement des budgets qui importe pour les libraires et les éditeurs de livres du Québec. « C’est alarmant de voir que les commissions scolaires se sont fait semoncer au sujet des fonds dédiés et que ça n’a pas été fait. Le ministre s’est engagé à ce qu’il y ait une reddition de compte. Il doit s’assurer que cela se fasse véritablement », estime le directeur général de l’Association nationale des éditeurs de livres, Richard Prieur.


Arts & spectacles

Habla, ou Montréal en folie Par Réda Benkoula Le 9 avril, Hamid Ouchene, Walid Gharbi et Yozart enchanteront le public pour une soirée de musique en folie (Habla) pour permettre aux spectateurs de voyager sans frontières et sans limites dans un héritage riche et varié de musique du Maghreb. Pour la petite histoire, le choix de Habla (la folie) s’est fait de manière fortuite par les membres du groupe qui ont voulu construire un univers musical avec les différents styles de musique de chacun des trois artistes. Le temps d’une soirée chaque artiste apportera sa touche personnelle à Habla, un peu comme Hamid Ouchene qui nous séduit lors de ses spectacles en jouant admirablement de sa mandole. Ce virtuose de la musique Kabyle, a débarqué à Montréal il y a peine une année et déjà, il enchaine sans relâche les spectacles et les festivals, les dernier en date, sa participation pour le Syli d’or de Nuits d’Afrique et le Festival de Musique du Maghreb. Hamid Ouchene qui mélange les rythmes traditionnels et modernes fait bouger le public à chacun de ses passages où se mêlent de manière savante les rythmes kabyles, orientaux et latinos. Habla, c’est cette touche de modernité qu’apportera

Walid Gharbi en jouant de son Rbeb électrique. L’artiste qui confie être le seule au monde à avoir développé le coté acoustique de cet instrument traditionnel, n’est pas à sa première création artistique puisqu’il a déjà collaboré avec la harpiste Christine Audrey dans le spectacle De Neige et de Sable. Suite à la révolution tunisienne de 2011, il participe au festival Orientalys avec son spectacle Le Jasmin Rouge en hommage au sang qui a été versé en Tunisie. Son spectacle Patchwork avec Jennifer Grout et Mohamed Masmoudi est une parmi les nombreux travaux artistiques que ce passionné de musique compte à son arc. Habla, c’est aussi le génie de Yousri Trabelsi alias Yozart qui se déplace souvent entre Toronto, New York. Cet organiste hors pair qui fait de la musique depuis l’âge de onze ans a enregistré plus de 500 chansons en Tunisie. Yozart qui se défini comme compositeur et arrangeur, rêve d’être un artiste reconnu pour son travail. Lui qui travaille sur la base des thèmes et des nouvelles technologies, confie que la musique est riche et qu’il faut la parler en toutes les langues. Habla, ce sera enfin la danse et l’élégance de AbirMelinda qui présentera les chorégraphies folkloriques de pays du Maghreb (Kabyle, Marocain, Tunisien).

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Musique andalouse

29ème édition du Festival International Nuits d’Afrique

Mille et une nuits montréalaises

Le Festival International Nuits d’Afrique se hisse au rang des plus grands festivals internationaux des musiques du monde !

Sept concerts de musique orientale ou à saveur orientaliste sont au programme, en accord avec l'exposition «Merveilles et mirages de l'orientalisme: Benjamin-Constant et son temps», présentée au MBAM l'hiver prochain. L'Orchestre araboandalou de Fès, l'un des plus importants et des plus anciens ensembles de musique arabo-andalouse marocaine, invitera le public à découvrir cette riche tradition musicale, sous la direction de Mohamed Briouel, le 18 avril 201 à partir de 20h, à la salle de con-

cert Bourgie L’événement est de taille; et pour cause! La ville de Fès, considérée par plusieurs comme le centre culturel et spirituel du Maroc, donne son nom à l’orchestre, dirigé par le légendaire Mohamed Briouel. L’Orchestre araboandalou de Fès emmène le public au cœur du patrimoine marocain, empreint de siècles d’échanges entre l’Afrique du Nord, l’Espagne, le Portugal et les traditions musulmanes du sud de l’Europe.

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Avec un achalandage record l’an dernier et le passage confirmé en 2015 dans la liste officielle des 11 événements majeurs de la Ville de Montréal, le festival peut se targuer d’attirer la plus grande proportion de touristes d’outre-mer. Il se hisse ainsi au rang des grands festivals internationaux de musique du monde ! 650 artistes de 35 pays Durant 13 jours, du 7 au 19 juillet 2015, la 29e édition convie le public à plus de 100 spectacles et activités. Le tout dans une incroyable diversité musicale… avec plus de 650 artistes en provenance de 35 pays de l’Afrique, des Antilles et de l’Amérique

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Latine… Le coup d’envoi du festival sera donné au Metropolis par la machine à succès Zebda, de retour sur scène après 12 ans d’absence ! Du 15 au 19 juillet, le Village des Nuits d'Afrique s’anime avec des activités et spectacles extérieurs gratuits pour toute la famille en plein cœur du centre-ville de Montréal, au Parterre du Quartier des spectacles. À ne pas rater : les grands concerts événementiels, les ateliers de danse et de musique ‘à ciel ouvert’, le fameux Marché Tombouctou, les restaurants et terrasses avec mets exotiques aux saveurs typiques. Informations : Site web : www.festivalnuitsdafrique.com


Sports

CAN 2017

Le Maroc de retour sur les pelouses africaines Repêchés suite à une décision du Tribunal arbitral du sport (TAS), les Lions de l'Atlas connaissent leurs adversaires pour les prochaines phases éliminatoires de la Coupe d'Afrique des Nations 2017 qui se déroulera au Gabon. Les protégés de Badou Zaki affronteront la Libye, le Cap-Vert et Sao Tomé et Principe dans le groupe F, selon le tirage au sort des groupes effectué au siège de la Confédération Africaine de Football, au Caire.

« Le premier de chaque groupe sera qualifié pour la phase finale ainsi que les deux meilleurs deuxièmes », a indiqué la CAF, « à l’exception de la poule dans laquelle va figurer le pays hôte », qui participera pour la première fois aux éliminatoires sans que ses résultats soient comptés.

du Sud s'annoncent particulièrement relevés. Les 13 groupes GROUPE A : Tunisie, Togo, Liberia, Djibouti GROUPE B : RD Congo, Angola, Centrafrique, Madagascar GROUPE C : Mali, Guinée équatoriale, Bénin, Soudan du Sud GROUPE D: Burkina Faso, Ouganda, Botswana, Comores

GROUPE E: Zambie, Congo, Kenya, Guinée Bissau

Gabon

Le Maroc débutera les qualifications le 12, 13 ou 14 juin 2015 face à la Libye et recevra Sao Tomé et Principe lors de la dernière journée le 2, 3 ou 4 septembre 2016.

GROUPE F : Cap-Vert, Maroc, Libye, Sao Tomé

GROUPE J : Algérie, Éthiopie, Lesotho, Seychelles

GROUPE G : Nigeria, Égypte, Tanzanie, Tchad

GROUPE K : Sénégal, Niger, Namibie, Burundi

Pour le reste des qualifications, le groupe A avec la Tunisie et le Togo, le groupe G avec le Nigeria et l'Égypte et le groupe M avec le Cameroun et l'Afrique

GROUPE H : Ghana, Mozambique, Rwanda, Maurice

GROUPE L : Guinée, Malawi, Zimbabwe, Swaziland

GROUPE I : Côte d’Ivoire, Soudan, Sierra Leone,

GROUPE M : Cameroun, Afrique du Sud, Gambie, Mauritanie

Soccer intérieur

Morroco United champion de la ligue Élite Le vendredi 27 mars dernier a eu lieu la finale de La ligue élite de soccer intérieur connait son champion, à l’issue de la finale qui a eu lieu le 27 mars écoulé et qui opposait l'équipe Morroco United à l'équipe Lakeshore. Morocco United composée de jeunes joueurs et d'autres plus expérimentés a su prendre le contrôle d'une grande partie de cette rencontre. Menée par un but (1-0) en première mi-temps, l'équipe a réplique de manière explosive en inscrivant 4 buts, dont trois marqués par les jeunes joueurs Gday Imaddine Rida, Bilal Lachouri et Othman Derrazi. Le quatrième et dernier but a été l'oeuvre de l'experimenté Aziz Sirbane . Cette victoire conclut ainsi une saison réussie qui a permis l'encadrement de jeunes joueurs talentueux qui ont pu avoir l'opportunité de jouer à un niveau très compétitif. L’effectif de Morocco United Benhamadi Nahil Loe Johann Bentaleb Yassine Saidi Mohamed Hany Derrazi Othmane Boughabi Amine Sirbane Aziz El Jamali Fouad Boukhatem Merzak Lachouri Bilal Ridouani Mohamed Madkour Rachid Chahim Ihsain Agday Imaddine Rida Responsables de l équipe : Aziz Sirbane et Ihssan Chahim Les joueurs de l'équipe Morocco United

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Sports

Ligue des Champions des Amériques

L'Impact écrit une page d’histoire

L'équipe de L'Impact de Montréal L'Impact de Montréal a écrit une autre page d'histoire mardi 7 avril 2015. Le Bleu-blanc-noir s'est incliné 4-2 contre Alajuelense au Costa Rica, mais s'est qualifié pour la finale de la Ligue des Champions, l'emportant grâce à ses deux buts marqués sur la route suite à une égalité de 4-4 au total des buts. L'Impact est donc devenu la première équipe canadienne et la deuxième de l'histoire de la MLS à atteindre la finale du tournoi. Les faits saillants de la demi-finale retour « Nous savions que nous serions en territoire hostile et que nous affronterions une bonne équipe, a affirmé l'entraineur-chef de l'Impact Frank Klopas. Ils ont appliqué beaucoup de pression grâce à des joueurs de qualité et le support de leurs partisans. Nous avons marqué un but très important sur la route. Le but rapide en deuxième demie les a ramenés dans le match. C'était une excellente demi-finale et un moment mémorable pour l'équipe, la ville de Montréal et la MLS. » « Le pointage final est peu important pour moi, a noté le défenseur Bakary Soumare. C'est le résultat final qui compte. Nous étions ici pour accéder à la finale et nous avons fait le travail. Leur dernier but est survenu parce qu'ils avaient envoyé tous leurs joueurs vers l'avant pour marquer dans les derniers moments. Nous sommes très heureux de nos exploits jusqu'ici et notre but est maintenant de gagner la coupe. » Tel que prévu, l'Impact a affronté une équipe costaricaine qui a tout donné pour combler le déficit de deux buts suite au match aller au Stade olympique, en plus de jouer devant une foule hostile. Malgré tout, c'est le onze montréalais qui a eu le plus de possession en début de match. Faisant face à une équipe physique, qui a obtenu quelques occasions de marquer, l'Impact est demeuré calme et a bien réagi défensivement, notamment lorsque le gardien Evan Bush a arrêté un coup franc à la 30e minute. L'Impact a finalement ouvert la marque à la 42e minute. Sur le flanc droit, Victor Cabrera et Dominic Oduro se sont échangé le ballon, puis Oduro a centré en direction du point de penalty et de Jack McInerney,

en pleine course vers l'axe. L'attaquant américain a marqué sur sa première touche ne laissant aucune chance au gardien d'Alajuelense. « Tu sais que le match sera difficile lorsque tu joues dans un endroit comme ici, a ajouté McInerney. Nous avons de bons éléments offensifs dans cette équipe alors on peut compter sur notre défense pour faire le travail, ce qui nous permet de nous porter à l'attaque et d'avoir de bonnes occasions. » LDA a créé l'égalité tôt en deuxième demie sur un coup franc de Pablo Gabas, à la 47e minute, qui a frappé la barre transversale avant de franchir la ligne des buts. Alajuelense a continué d'appliquer de la pression sur l'Impact et malgré quelques bons jeux défensifs, a accordé un deuxième but à Gabas, qui a étiré la jambe pour marquer à la 60e minute, suite à un corner. L'Impact a ensuite apporté des changements qui ont été payants à la 72e minute. Oduro a effectué un centre au sol pour Patrice Bernier, qui a ensuite remis le ballon à Andrés Romero. Le milieu de terrain argentin a pris son temps pour déjouer la défense et le gardien, avant de marquer au poteau rapproché. Alajuelense est ensuite parvenu à marquer un troisième but lorsqu'Allen Guevara a dévié un centre à la 79e minute. Alors que toute l'équipe s'était avancé dans le territoire de l'Impact, Jonathan McDonald a inscrit le quatrième but pour les Costaricains dans les dernières secondes du match, mais l'arbitre a sifflé la fin du match tout de suite après. Finale les 22 et 29 avril L'Impact participera à la finale du tournoi les 22 et 29 avril prochains contre le vainqueur de l'autre demi-finale opposant le club mexicain America et le club du Costa Rica Herediano (0-3). Le match retour de la fina-

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le sera disputé au Stade olympique. Entre-temps, l'Impact s'envolera pour Houston demain en vue de son prochain match de saison régulière contre le Dynamo, ce samedi au BBVA Compass, à 20h30 HAE (TVA Sports, TSN Radio 690). La fin de semaine suivante, l'Impact aura la visite du Chicago Fire pour le match d'ouverture au Stade Saputo à 15h.

Fiche technique Formations MTL: G - Evan Bush; D - Dony Toia, Laurent Ciman, Bakary Soumare, Victor Cabrera; M - Calum Mallace, Nigel ReoCoker; Dilly Duka (Andrés Romero 61'), Ignacio Piatti, Dominic Oduro (Maxim Tissot 82'); A - Jack McInerney (Patrice Bernier 70') Remplaçants: G-John Smits; D-Hassoun Camara, Wandrille Lefèvre; A-Anthony Jackson-Hamel LDA: G - Dexter Lewis; D-Johnny Acosta, Kenner Gutierrez, Porfirio Lopez; M-Ariel Rodriguez (Allen Guevara 68'), Diego Calvo (Jose Ortiz 59'), Johan Venegas, Pablo Gabas, Ronald Matarrita; A-Armando Alonso (Alvaro Sanchez 81'), Jonathan McDonald Remplaçants: Alfonso Quesada, Elias Palma, Jose Salvatierra, Osvaldo Rodriguez Buts MTL : McInerney (Oduro, Piatti) 42'; Romero (Bernier, Oduro) 72'; LDA : Gabas 47'; Gabas (Ortiz, Rodriguez) 60'; Guevara (Alonso) 79'; McDonald (Venegas) 90+3' Avertissements LDA : McDonald 19'; Gabas 70' MTL : Bush 33'; Oduro 43'; McInerney 70'

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Sports

Ski alpin

Adam Lamhamedi termine sa saison en apothéose

Le jeune skieur maroco-canadien, Adam Lamhamedi (19 ans, catégorie U21), membre de l'équipe nationale de ski alpin, s’est brillamment illustré lors des finales de slalom de la "Super Série Sports Experts" de la Fédération internationale de Ski (FIS), qui se sont déroulées les 2 et 3 avril à la station de ski "Le Relais" à Québec. Ces finales de slalom de la "Super Série Sports Experts", qui demeure parmi l'un des plus importants circuits de développement de la FIS en Amérique du Nord, ont été marquées par la participation de 135 skieurs représentant outre le Maroc, le Canada, les Etats-Unis, la Suède, la France, la Grande-Bretagne et l'Australie et les compétitions ont été extrêmement relevées car les meilleurs points FIS variaient entre 8,07 et 13,69. Le classement mondial de chaque skieur se base sur les points de la Fédération Internationale de Ski (points FIS). Ainsi, par exemple, le champion du monde pour une épreuve donnée de ski alpin a zéro point FIS. Un skieur débutant commence sur le circuit de la FIS avec 999,99 points FIS. Donc, plus la performance du skieur est meilleure, plus il diminue ses points FIS. Le jeune skieur maroco-canadien a réalisé sa meilleure performance en carrière en termes de points FIS de classement de la Fédération internationale de ski en slalom, soit 18,88 points FIS, et ce malgré sa 4ème place dans le classement général des seniors (+ 21 ans) lors du premier slalom du 2 avril.

Adam a actuellement 27,32 points FIS en slalom et il est classé 2ème meilleur skieur parmi ceux de haut niveau au Canada appartenant à sa catégorie d’âge (U-21). Avec ce résultat exceptionnel, il sera classé premier au Canada dans sa catégorie d’âge.

Ainsi, lors du 1er slalom disputé jeudi, Adam Lamhamedi a réalisé le 3ème meilleur temps de la première manche (49sec 60/100è) et le 4ème meilleur temps de la deuxième manche (50sec 39/100è) avec un temps cumulatif de 1min 39sec 99/100è, soit à 49/100è du canadien Chris Steinke, vainqueur de ce slalom (1min 39sec 50/100è) et à 3/100è de la 3ème marche du podium décrochée par le canadien William St-Germain (1min 39sec 96/100è). La 2ème marche du Adam Lamhamedi podium est revenue au Canadien Phil Brown avec un temps cumulatif de 1min 39sec 87/100è. espoir marocain. Lors de la deuxième journée de compétition, Adam a chuté lors de la deuxAdam Lamhamedi a déjà marqué ième manche du slalom et n'a pas termi- l’histoire en tant que premier africain et né la compétition. arabe à titre de champion olympique et médaillé d’or des premiers JO d’hiver Adam Lamhamedi demeure un excelde la Jeunesse (Innsbruck, Autriche en lent ambassadeur du ski alpin marocain 2012). Il a été décoré par SM le Roi et se distingue par son palmarès sportif Mohammed VI, lors de la Fête du Trône et ses distinctions honorifiques excepen 2012, du Ouissam de la récompense tionnelles. En effet, durant la période nationale (Al-Moukafaâ al-wataniya) de 2011-avril 2015, il a raflé 39 médailles l’ordre d’officier. dans les catégories junior et senior pour le Maroc et également décroché plusEn juin 2014, il a été couronné par le ieurs distinctions honorifiques et titres plus grand Musée olympique de la FIS prestigieux en Amérique du Nord. au monde pour son exploit historique aux JOJ d’Innsbruck. Il est aussi récipiendaire du prix Mars d'Or au Maroc, prix décerné au meilleur Pour l’année 2014-2015, à cause de ses

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excellents résultats sportifs, Adam a été sélectionné et a rejoint le programme de sport d’excellence de l’Université Laval Rouge et Or de ski alpin depuis le début de la saison de ski 2014-15, soit le 1e juillet 2014. Il est également inscrit au programme de l’Alliance Sports-Etudes de haut niveau de l’enseignement supérieur (Québec, Canada). Adam figure, en outre, parmi les athlètes de haut niveau du ministère de la Jeunesse et des Sports, du Comité national olympique marocain et de la Fédération Royale marocaine de ski et montagne. Source : Maghreb Arabe Presse


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Associations

14ème anniversaire de l’AMDT

Les maroco-torontois en fête

Fin de semaine d’exception pour la communauté des maroco-torontois et pour cause! L’association marocaine de Toronto AMDT organisait, les 27, 28 et 29 mars2015, une série d’activités pour célébrer le 14ème anniversaire de sa création ainsi que la semaine de la francophonie 2015. Les festivités ont débuté vendredi avec une rencontre de la communauté avec le représentant de la BMCE au Canada. Au cours de cette session d'information, une initiative inédite, M. Rachid Kharoudji a présenté un certain nombre d’information sur des thèmes suscitant intérêt et curiosité chez les moroco-torontois, qui ont ainsi pu prendre connaissance des statistiques les plus récentes sur les Marocains du monde et les marocains au Canada.

les différents guides édités par les autorités marocaines à l’intention des MdM : Guide Douane MRE, Droits MRE en Douane, Droit MRE en Douane -Voiture-, Fiscalité MRE, Droits d'enregistrement etc. Le représentant de la BMCE au Canada a achevé son intervention en présentant le Groupe BMCE Bank, ses Produits et Services MRE et l’offre commerciale BMCE Bank - Mouvement Desjardins. Son intervention à donné lieu à une discussion animée et fructueuse.

Mise à jour L’exposé s’est poursuivi avec une présentation des principales actualités économiques marocaines. Les grands plans de développement sectoriels et les métiers émergents ont ainsi été passés en revue; avant que soient abordés les Investissements directs étrangers par secteur d'activité, le Fonds d'investissements MRE « MDM Invest », la politique de change MRE, Avantages MRE en termes de change, Avantages Étudiants en termes de change et au plan fiscal la contribution libératoire, la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) la Taxe d'Habitation, la Taxe des Services Communaux et l’impôt sur le Revenu (IR).

Soirée gala Les journées du samedi et du dimanche ont été Les membres du CA de l'AMDT et M Rachid Kharouji consacrées aux services consulaires mobiles (CIN (BMCE) lors de la remise d'un chèque à association, et Passeport) et aux services BMCE «Anwar’s Diabetic Children Relief Fondation» représenté par Anwar Boutahar Samedi en soirée, moment fort attendu, la soirée gala réunissait plus de 400 personnes dont 100 dotée de précieux prix dont 3 billets d’avions offert enfants, le consul Honoraire du Maroc à Toronto, l’ex par Royal Air Maroc, 3 certificats cadeaux de 100.00 maire de Toronto et candidat aux prochains élections $ offertes par Terratours et 2 cartes de membre munuciplae M Rob Ford, M Mohamed Brihmi juge de offertes par Zip Car. paix et ancien président de L’AMDT…. La soirée a également offert l’occasion aux membres La troupe Aissawa, l’Orchestre Rachid, DJ Marouane du conseil d’administration de l'association marocaine et une troupe de danse libanaise ont enchanté les par- de Toronto présidée par M Faouzi Metouali de manients après que diverse activités pour enfants et Laura fester son soutien au jeune Anwar Boutahar et à sa - Rosie The Clown aient fait, de 16h30 à 20 h, la joie fondation de lutte contre le diabète (voir article cides enfants, grands et petits. après).

-Tout au long de son exposé, M. Kharoudji a présenté

En marge du spectacle, une tombola a été organisée,

Le combat d’Anwar Boutahar C’est une communauté assurément dynamique que le segment marocain de la population de Toronto. Et ce n’est pas seulement sa progression démographique exponentielle – elle comptait une dizaine de familles en 1972, pour près de 25 000 âmes aujourd’hui – qui fait sa spécificité. C’est bien plus en effet son intégration qui la rend remarquable, son engagement dans la vie de la ville, ses apports multiformes et la réussite spectaculaire, économique et sociale de certains de ses membres, autant juifs que musulmans. On ne s’étonnera donc pas du statut enviable de la communauté dans la cité quand on aura découvert comme nous, que chez ceux de nos concitoyens qui ont choisi de vivre là-bas, la citoyenneté et l’engagement ne sont pas de vains mots et que, dans les voies de la participation, la valeur n’attend pas le nombre des années. Graines d’espoir L’un des plus beaux exemples à citer à cet effet est celui d’Anwar Boutahar. Il y a un peu plus de deux ans de cela, Anwar, alors âgé de quatre ans, a été diagnostiqué d’un diabète de type 1. Il souffrait également d’un retard de croissance. Et l’on imagine alors tout ce que les soins auxquels il a du se plier avaient de contraignants. Ce coup du sort ne l’a cependant nullement empêché de prendre la vie à bras le corps. Il a ainsi réussi à exceller à l’école; mais également dans différent sports. En Tae kwon do, il a été le plus jeune membre de son club à obtenir la ceinture noire et en soccer-football, inscrit dans une académie il a attiré par son talent, l’attention de nombreux entraîneurs et clubs; ce qui lui a valu de participer durant l’été 2014 au camp organisé par le FC Barcelone à Mississauga. Figurant parmi les trois meilleurs joueurs du camp, il a en récompense, été invité à un camp d’entraînement d’une semaine à l’académie FC Barcelone en Espagne.

devenir un grand professionnel mais surtout «de porter un jour le maillot de l’Équipe Nationale du Maroc». Mais cela ne le distrait pas de ce qu’il considère comme son principal combat. «J’ais eu beaucoup de chance» Mais cela, les soins, l’école, le sport, c’est la vie, le quotidien. Son véritable combat est d’une autre dimension. «J’ai eu beaucoup de chance, lorsque j’ai été diagnostiqué, j’ais pu bénéficier de soins approprié qui me permettent aujourd’hui de vivre normalement. Mais je sais que beaucoup de jeunes enfants n’ont pas cette chance et je veux les aider» dit-il. Il ne s’est pas contenté d’en parler. Il a agit. Il a créé, avec l’aide de ses parents et de quelques amis, une association, «Anwar’s Diabetic Children Relief Fondation» (qu’on peut découvrir à travers le site Web «www.anwarseedofhope.org»; graines d’espoir) grâce à laquelle, effectivement, il a pu venir en aide à quelques jeunes souffrant de diabète de type 1. En leur donnant accès aux soins et en leur apprenant à gérer leur diabète. Ses efforts n’ont pas tardé à être reconnus par tous ceux que cette cause intéresse. Il a en effet été nommé «ambassadeur de la FRDJ» (Fondation pour la recherche sur le diabète des jeunes), à pris cette fonction très au sérieux et s’est régulièrement impliqué dans les activités de cette fondation. Et il prend la chose d’autant plus au sérieux que, dit-il «La FRDJ ne veut pas seulement soigner les diabétiques; elles cherchent à la guérir». Petit détail, qui n’est pas sans importance, Anwar, durant notre rencontre, s’est exprimé avec aisance, dans trois langues : arabe, anglais, français; un véritable ambassadeur en somme… Informations : www.anwarseedofhope.org

Anwar Boutahar

Ces succès lui donnent des idées; celle peut-être de

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