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Le père de la batterie au lithium à Montréal Page 5
Santé Faut-il bannir la «chicha»? Page 25
600 emplois d’été offerts aux jeunes issus de la diversité culturelle montréalaise Page 13
UQTR : Comment Nadia Ghazzali a été poussée vers la sortie…
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Élargissement du paysage médiatique communautaire
MABI TV entre en scène!...
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Ramadan 2015 – 1436 débutera le 18 juin
Humour : Gad El Maleh à Montréal L’Appel du 18 juin
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Enjeux
Conception et Réalisation Graphique : Atlas Média Atlas.Mtl est un produit du. GROUPE ATLAS MEDIA Inc Editeur de. * La Voix des Marocains à Montréal et du site web: www.atlasmedias.com
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Depuis 2002 Groupe Atlas Media Douze ans, c’est… • 254 numéros du bimensuel Atlas.Mtl, soit plus de 6260 articles exprimant la sensibilité maghrébine et valorisant la dimension maghrébine de la société dans laquelle nous vivons; • Une cinquantaine d'événements identitaires, artistiques, culturels et politiques; • De nombreux débats, colloques, séminaires et conférences, • 92 reportages sur la communauté pour les chaînes de télévision 2M, AlMaghribia, Ai Aoula, Arrayadia; • 365 émissions radio (de 2002 a 2009); • Un site web ayant accueilli plus de 7.6 millions de visiteurs depuis 2003 et qui dans sa nouvelle version (mise en ligne début 2012) et qui reçoit en moyenne 2500 visiteurs par jour.
Une "gouvernance" de l'exclusion?...
Éditorial
Editeur : Abdelghani Dades. Directeur Général Rachid Najahi. Rédaction : Abdelghani Dades, Narjisse El-Bakkali, Zahira Ellahgui, Mona Doutabaa, Said Chayane, Reda Benkoula Publicité : Agence Odyssée
À tous ceux qui croyaient que l’exclusion de la différence et de la diversité était le sort commun des seuls «nouveaux arrivants» (pour ne pas dire «immigrants» ou «importés»), ayant acquis leurs qualifications académiques ou professionnelles en dehors du Canada; sachez que le talent et la compétence, même développés ici, ne vous protègent pas vraiment contre la mesquinerie et la vindicte de bons nombre d’esprits chagrin qui se croient, on ne sait pour quelle raison objective, seuls ayants droits légitimes de ce que notre société offre d’opportunités. Ce qui vient de se produire, dans le cas de Mme Nadia Ghazzali, rectrice démissionnaire de l’Université du Québec à Trois-Rivières le démontre de manière significative et significativement inquiétante. Depuis sa nomination en effet, Mme Ghazzali à constamment été en butte à une campagne soigneusement orchestrée de salissage et de harcèlement qui, naturellement, a trouvé écho dans les colonnes d’une certaine presse pour parfois friser au lynchage médiatique. La raison? Une gestion des affaires de l’université supposément mauvaise bien que rien ne vienne étayer cette hypothèse et, bien sur!, des insinuations récurrente de malversations à propos du rapatriement de sa chaire de recherche à Trois-Rivières que les gens bien intentionnés n’hésitent pas à reconnaitre comme «un réel bénéfice» pour l’université trifluvienne. Pourquoi? Mais pourquoi donc a-t-«on» déclenché cette pénible controverse autour de Mme Ghazzali? Au départ, sans doute, y avait-il sur place, à Trois-Rivières, quelqu’un qui se croyait en droit d’être nommé au rectorat. Un tel vœu déçu n’en a pas moins trouvé à s’alimenter dans plusieurs faits.
D’abord, incontestablement, parce que c’est une femme qui a finalement remporté la course, bénéficié de la confiance du Conseil des ministres et été nommée au poste convoité. Donc un peu de misogynie… Ensuite parce qu’elle a beau avoir parachevé sa formation au Québec, elle est originaire de l’immigration. Et donc un peu de xénophobie… Puis parce qu’au moment de sa nomination, elle officiait comme enseignante à Laval. C’est, avec une pointe d’orgueil mal placé, comme si le gouvernement inféodait l’UQTR à la grande université de Québec… Enfin, parce que, en bonne statisticienne Mme Ghazzali est extrêmement rigoureuse et qu’elle a son franc parler; son caractère peut donc irriter quiconque loin de regarder au fond des choses, ne voit que la forme.
Comment? Dans pareil cas, l’autorité tutélaire des universités, le gouvernement veille au grain et protège ceux qu’il a nommés contre toutes formes d’abus. Ce fut le cas, il y a quelques mois lorsque, d’une manière enragée, une campagne hystérique à accueilli une autre originaire de l’immigration, Mme Najat-Vallaud Belkacem, à sa nomination à la tête du ministère français de l’Éducation Nationale. Le Président de la République n’avait alors pas hésité le moins du monde à se porter à la défense de sa ministre. Il est vrai que dans ce cas, céder à la pression aurait pu avoir de graves conséquences politiques et être considéré comme une «faiblesse». Dans le cas québécois, parce qu’il ne s’agit «que» d’une présidence d’université, il fallait s’attendre a un profil bas. De par le monde en effet, les gouvernements n’aiment rien de moins que la polémique et le bruissement des rumeurs dans les chaumières. En pareil cas, tous les gouvernements du monde – qui vous passeront tout, même le pire, tant que ça passe sous le radar – n’hésiteront pas à pendre le barbier avant même de s’assurer que le minaret s’est réellement écroulé. On pourra objecter ici que l’UPAC à «visité» l’UQTR. Certes; mais l’UPAC a le devoir de vérifier toute information qui lui parvient – y compris lorsque, comme cela à du être le cas à Trois-Rivières, lorsqu’elle reçoit une lettre de «dénonciation» anonyme et qu’aucune preuve n’est avancée par cette dénonciation – et que ses vérifications ne permettent en rien d’anticiper de culpabilité ou d’innocence. Résultat Sachant le caractère de Mme Ghazzali, il est certain que les pressions quelles que soient leurs natures, n’ont pas de prise sur elle. Cependant, le sens du devoir qui est une de ses marques de commerce l’a sans doute amenée à considérer que sa nomination avait pour finalité de gérer et développer une université et non pas a courir les prétoires. De ce fait, ne pouvant remplir sa mission faute de temps, elle a préféré se démettre. Tout à son honneur aussi, elle renonce volontairement à des indemnités de départ auxquelles elle a droit et déclare assumer l’entière responsabilité de toute décision de gestion prise durant son mandat. Conclusions Hors l’élégance de Mme Ghazzali et la petitesse de ses détracteurs, quelles leçons tirer de toute cette affaire? Essentiellement que - malgré les lois et règlements qui abondent en ce sens- le chemin qui mène vers le plein droit des femmes, de la diversité, de tous les groupes minoritaires aussi, est encore bien long…
Abdelghani Dades
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Rencontres
Il a changé nos vies…
Le père de la batterie au lithium à Montréal
Il donne une conférence sur «Brève histoire et impact de l’invention de la batterie au lithium » le 5 juin à l’École Polytechnique de Montréal En 1980, alors en première année de thèse à l'Institut national polytechnique et dans un laboratoire du CNRS, à Grenoble (France), Rachid Yazami travaille sur le pôle positif, la cathode. Lors d’une expérience «un peu en dehors de mon sujet» dit-il, c'est l'anode - le pôle négatif des batteries rechargeables au lithium de nos (alors futurs) téléphones portables - qu’il met au point. Dans le même temps, une cathode était mise au point par l’américain John Goodenough, ce qui a permis au japonais Akira Yoshino, cinq ans plus tard, de réaliser le premier prototype de la batterie à ions lithium puis à Yoshio Nishi de l’introduire sur le marché en 1991. Ces travaux ont conjointement permis la mise au point de la première batterie lithium rechargeable. Depuis, les batteries Li-Ion n'ont cessé d'évoluer en termes de composition chimique, de densité énergétique, etc. Les batteries lithium ont révolutionné le monde de l’électronique portable. Il s’en est fabriqué 12 milliards d’exemplaires dans le monde rien qu’en 2012. Commercialisée pour la première fois en 1991 la batterie lithium-ion occupe aujourd'hui une place prédominante sur le marché de l'électronique portable. Le marché est considérable: rien qu’en 2012, plus de 12 milliards de batteries lithium ont été produites dont l’écrasante majorité utilise l’anode en graphite mise au point par Rachid Yazami. Et ce n’est pas fini, notamment grâce à l’essor des batteries pour l’automobile et pour le stockage industriel. Selon une étude
publiée le 21 février 2013 par le cabinet Frost & Sullivan, les batteries lithium-ion ont représenté en 2012 un marché de 11,7 milliards de dollars, et le chiffre devrait doubler d’ici à 2016. Trente ans plus tard, en 2014, avec les Japonais Akira Yoshino et Yoshio Nishi et l’Américain John Goodenough, Rachid Yazami obtient le Prix Draper - également appelé «Nobel des ingénieurs» - pour «avoir joué un rôle essentiel dans le développement des premières batteries lithium rechargeables». Cette histoire sera racontée par Rachid Yazami lui-même dans une conférence intitulée «Brève histoire et impact de l’invention de la batterie au lithium »
M Rachid Yazami
Cette conférence, suivie d’échanges avec l’assistance, aura lieu le vendredi 5 juin 2015, de 15 heures à 17 heures, à l’auditorium M-1020, Pavillon Lassonde, École Polytechnique, Montréal.
Elle est organisée en partenariat entre le Département de génie chimique de l’École Polytechnique de Montréal, le Comité Provincial pour le Développement de l’Industrie du
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Taxi (CPCDIT), le Forum des Compétences Marocaines Résident au Canada et le Groupe Atlas Media et Maghreb Canada Express. L’entrée libre (dans la limite des places disponibles)
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Ramadan
Nos meilleurs vœux
La date du début du mois de Ramadan 2015, 1436 du calendrier hégirien, n’est connue que le 29e jour du mois précédent, le mois de Châabane. Bien que des modes de calcul Cette date est déterminée par l’apparition du «hilal», premier croissant de la lune. Bien que des méthodes de calcul performante du début de la nouvelle lune ait été mises au point par les scientifiques – arabes et persans – depuis plusieurs siècles, les musulmans préfèrent en constater l’apparition par observation du ciel à l’œil nu. Ainsi, au 29e jour de ce mois Châabane, les musulmans, et notamment ceux qui font autorité religieuse, se mobilisent-ils au coucher du soleil, pour scruter le firmament aux fins de voir ce «croissant aussi fin qu’un cil» qui ne fait au surplus qu’une fugace apparition, dans ce qui s’appelle «la nuit du doute». Si l’apparition est constatée, le mois de ramadan débute le lendemain. Sinon, le mois de Châabane comptera un jour de plus et le mois de ramadan débutera le surlendemain. On sait cependant, à un jour près quand débute le Ramadan. Pour cette année 2015 – 1436, il commencera ainsi aux alentours du 18 juin suivant. Un moment de recueillement Nombreux sont ceux qui s’interrogent
sur la persistance de cette méthode de détermination du calendrier. Les théologiens expliquent qu’il s’agit d’une tradition établie par le Prophète Sidna Mohamed, bénis soit-Il, et que son maintien fait de ce fait l’unanimité au sein des quatre grandes écoles rituelles musulmanes. Les musulmans pour leur part, considèrent qu’il s’agit d’un moment de recueillement, propice aux réunions familiales et qui les prépare à un mois de haute spiritualité au cours duquel ils doivent se questionner sur la nature et l’utilité de leurs actes et comportements sociaux. Durant le mois de Ramadan, la prescription du jeun n’est accomplie que leur lorsque, en tout temps, le jeuneur adopte, vis-à-vis de lui-même, des autres et de la société dans laquelle il vit ; que lorsque, de cette réflexion, il tire des enseignements dont il fera usage tout au long de l’année qui suit. Nos vœux Sous ces prémisses, le Groupe Atlas media, le journal Atlas.Mtl et l’ensemble de leurs équipes rédactionnelles et administratives, ont l’honneur de présenter tous leurs vœux à leurs lecteurs, partenaires et annonceurs. Ils expriment l’espoir que tous, nous
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accomplirons ces prescriptions dans les meilleures conditions, pour nous-mêmes comme pour tous ceux qui partagent
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nos vies et notre quotidien ; de toutes appartenances culturelles et confessionnelles.
Disparition
Décès de Jacques Parizeau
Un homme d’État On a beau ne pas avoir partagé ses vues sur l’avenir du Québec – Son Québec – ou ne retenir que sa fameuse phrase sur «L’argent et le vote des immigrés» au lendemain du référendum de 1995, il n’en demeure pas moins que comme québécois, on lui doit beaucoup. Cet économiste distingué fut un redoutable politicien et un véritable homme d’État. Il a entre autres contribué à la nationalisation d’Hydro Québec, l’institution de la CDPQ, le Régime des rentes du Québec, les pensions familiales etc. Significatif de ces apports sont ainsi les très nombreux hommages qui lui ont été rendus, aussitôt connue la nouvelle de son décès. On retiendra ainsi les mots prononcé par son adversaire politique et idéologique, le premier ministre Philippe Couillard, devant l'Assemblée nationale. « Tous les Québécois et Québécoises sont aujourd'hui en deuil, privés d'un homme d'État exceptionnel », a commenté M. Couillard. « [C'est] un homme qui a consacré sa vie au Québec et au service public, un des grands bâtisseurs du Québec moderne, notamment de la prise en mains, par les Québécois, des outils financiers et économiques nécessaires à notre développement. « Je pense entre autres à la Caisse de dépôt et placement du Québec, devenue si importante, si utile à notre progrès », a-t-il ajouté. « Son message politique lui appartient, mais son legs principal est un legs économique de confiance pour nous, les francophones, qu'il était possible dans ces années, avec ses compagnons de l'époque, de prendre en main les outils de notre développement » a aussi dit le premier ministre du Québec, en le qualifiant de « grand bâtisseur de la Révolution tranquille ». Hommages et mémoire Philippe Couillard a fait savoir qu'il a proposé la
tenue de funérailles d'État à la famille de M. Parizeau, et que cette offre a été « accueillie favorablement ». « On m'a indiqué également que le premier ministre Parizeau avait laissé des instructions détaillées sur la tenue de ses funérailles. Nous resterons bien sûr en contact avec la famille pour la suite des choses » , a-til ajouté. « Il faut que ça se marie et que ce soit cohérent avec ce qu'il a réclamé lui-même. » Le premier ministre du Québec a aussi annoncé « l'intention du gouvernement » de renommer le siège social de la CDPQ « Édifice Jacques Parizeau ». « Il est clair que l'État québécois de 2015 qui lui doit tant doit trouver une façon durable de prolonger sa mémoire », a-t-il expliqué à l'appui de cette proposition. Un homme de conviction « Ce que je retiens de lui, c'est la sincérité et l'honnêteté dans ses convictions », a aussi affirmé
Philippe Couillard sur une note plus personnelle. Il a également souligné « son ton respectueux en vers les adversaires politiques » ainsi que « son élégance [...] un peu britannique, et un flegme de la même nature. » Le premier ministre a dit qu'il ne connaissait M. Parizeau personnellement, mais qu'il le croisait à l'occasion. La dernière fois, a-t-il raconté, il avait proposé de s'asseoir avec lui pour discuter de l'avenir du Québec. M. Couillard estime qu'il s'agissait là d'une offre élégante, et dit regretter que cette rencontre ne se soit pas concrétisée. À une journaliste anglophone qui soulignait que Jacques Parizeau était plutôt perçu comme l'homme qui a failli briser la fédération canadienne avec le référendum de 1995, Philippe Couillard a répondu qu'il fallait aujourd'hui s'élever au-dessus de cette histoire.
Une vie consacrée au service public Jacques Parizeau, né le 9 août 1930 et mort le 1er juin 2015 à Montréal est un économiste, haut fonctionnaire, professeur et homme politique québécois. Il a été ministre des Finances du Québec de 1976 à 1984, puis le 26e premier ministre du Québec du 26 septembre 1994 au 29 janvier 1996.
Dalpé (dit Parizeau), député à l'Assemblée législative du Québec de 1892 à 1897. Diplômé des Hautes études commerciales de Montréal, de l'Institut d'études politiques de Paris et de la Faculté de droit de Paris, Jacques Parizeau obtient aussi le titre de Ph.D. de la London School of Economics.
Issu d'un milieu aussi aisé que cultivé, fils de Gérard Parizeau (homme d'affaires, grand assureur, historien), et de Germaine Biron, Jacques Parizeau est aussi l'arrière-petit-fils de Damase
Partisan de l'intervention de l'État dans l'économie, il fut un des conseillers les plus influents du gouvernement du Québec durant les années 1960, jouant un rôle-clé en coulisses pendant la
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Révolution tranquille, notamment dans la nationalisation de l'électricité et dans la création du Régime des rentes du Québec. Il fut conseiller économique auprès des premiers ministres des partis successifs au pouvoir, dont : Jean Lesage (Parti libéral du Québec) et Daniel Johnson (Union nationale) et l'un des principaux acteurs de la création de la Société générale de financement (SGF) en 1962 et de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) en 1965.
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À titre de haut commis de l'État, il a été intimement lié à plusieurs des initiatives-phare de la Révolution tranquille : la nationalisation de l'électricité, l'abolition du monopole des syndicats financiers torontois sur l'émission des obligations du gouvernement du Québec, la création de la Caisse de dépôt et placement du Québec et la mise en place de la Régie des rentes du Québec.
Économie
Selon le Conference Board
L’économie québécoise va rebondir…
… si la «paix sociale» est au rendez-vous L’activité économique devrait rebondir au Québec cette année et l’année prochaine même si l’on ne pourra pas compter sur la contribution des gouvernements, ni celle du secteur immobilier ni celle de l’investissement des entreprises, prédit le Conference Board du Canada. Après plus de trois ans à végéter à un taux moyen 1,3 %, la croissance réelle de l’économie québécoise devrait remonter à 2,2 % cette année, et 2,6 % l’année prochaine, a annoncé jeudi la firme de recherche. Ce sera mieux que l’économie canadienne, qui a connu une croissance de 2,4 % l’an dernier, mais qui ne devrait pas pouvoir faire mieux que 1,9 % cette année, et 2,2 % l’an prochain, plombée notamment par la performance des provinces pétrolières. Le rebond de la croissance au Québec s’y répercutera sur la situation de l’emploi, entre autres, le taux de chômage devant reculer d’une moyenne de 7,8 % l’an dernier, à 7,4 % cette année.
Ce retour à une croissance plus vigoureuse au Québec sera d’autant plus remarquable qu’elle devra se passer de la contribution des gouvernements, dont la croissance des dépenses reculera de 2,1 % à 1,2 % cette année. Il ne faudra pas non plus compter sur le secteur immobilier, où les constructions neuves comme la revente semblent avoir atteint leur limite avec une croissance qui devrait être presque nulle (0,3 %) en 2015. Le principal moteur de l’expansion économique restera la consommation des ménages, prévoit le Conference Board, à la faveur de l’amélioration de la situation de l’emploi et de la marge de manoeuvre financière supplémentaire apportée par la baisse des prix de l’essence. Les exportateurs québécois et l’ensemble du secteur manufacturier profiteront aussi de l’effet combiné de l’accélération de l’activité économique aux États-Unis et de la baisse de la valeur du dollar canadien.
entre autres attribuable à l’augmentation du prix relatif des équipements produits à l’étranger avec la dépréciation du huard, mais aussi à « un pessimisme grandissant au sein des entreprises ».
La reprise des exportations et le rebond de la croissance économique en général devraient normalement se traduire par une augmentation de l’investissement des entreprises. C’est le contraire pourtant qui va se produire, pense le Conference Board, avec non pas une hausse, mais un recul d’un peu plus de 3 % cette année aussi bien dans les dépenses en bâtiment qu’en machinerie et en équipement de production.
Le Conference Board voit un facteur qui pourrait nuire au rebond qui se dessine dans l’économie québécoise. Il s’agit des négociations dans le secteur public et du risque qu’elles mènent cet automne « à une mobilisation syndicale à grande échelle qui perturberait l’économie ».
Ironiquement, cette désaffection serait
En raison de la chute des prix du pétrole
Canada: 185.000 emplois en moins La chute des prix du pétrole et la baisse des investissements dans le secteur pétrolier vont entraîner la suppression de 185.000 emplois au Canada cette année, selon une étude publiée début mai. C'est l'équivalent de 10% de la population active canadienne, dont le taux de chômage est actuellement de 6,8%, selon les chiffres de Statistique Canada. Sur un an fin avril, l'économie avait créé un total de 139.100 emplois
nets. La société de conseils en ressources humaines Enform a estimé dans son étude que la réduction des investissements de 31 milliards de dollars dans l'exploration et la production pétrolières au Canada cette année se traduirait par la perte de 185.000 emplois directs et indirects. C'est la province canadienne de l'Alberta (ouest), dont l'économie
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repose sur l'exploitation du pétrole des sables bitumineux, qui subira la plus importante saignée avec la perte d'environ 60.000 emplois. Les compagnies pétrolières et les sociétés d'ingénierie pétrolière seront les plus touchées. Enform estime que ces entreprises réduiront leurs effectifs d'environ 75.000 personnes au Canada. Depuis l'été dernier, le prix du pétrole a été pratiquement divisé par deux sur
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les marchés mondiaux et se négociait autour de 58 dollars mardi. L'Alberta a enregistré plus de 20.000 licenciements dans le secteur pétrolier entre septembre et la fin de l'hiver. La chute du brut a aussi déstabilisé l'économie de la province où le gouvernement conservateur, battu dans les élections locales début mai, avait présenté un budget déficitaire de 5 milliards de dollars canadiens (3,7 milliards d'euros).
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Emploi
Le Québec recrute à Paris…
29 entreprises québécoises en France pour combler leurs besoins en main-d’œuvre spécialisée La 12e édition des Journées Québec battait son plein à Paris au moment ou 29 employeurs québécois rencontraient, les 30 mai et 1er juin 2015, des candidates et candidats potentiels pour combler leurs besoins de main-d'œuvre spécialisée. Les entreprises qui participent à cette mission de recrutement proviennent de plusieurs régions du Québec et leurs secteurs d'activité sont l'aérospatiale, l'ébénisterie, l'électromécanique et l'automatisation, la finance, le génie mécanique, les jeux vidéo, la restauration, la santé, les technologies de l'information et des communications, la tôlerie et l'usinage. Manque de main-d’œuvre locale… « De nombreux postes sont à pourvoir dans plusieurs régions du Québec Les personnes sélectionnées pendant les Journées Québec occupent des emplois qui demeureraient sinon vacants par manque de main-d'œuvre locale. Elles participent activement au développement du Québec, de ses entreprises et de ses collectivités », explique la ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion, Mme Kathleen Weil. Pour Romain Thomas, analyste-développeur recruté lors d'une édition précédente, les Journées Québec ont été le tremplin qui lui a permis de réaliser son projet de migration vers le Québec. C'est aussi le cas pour Nicolas Sigalo, gestionnaire de développement des systèmes chez Wolters Kluwer. Il affirme que l'offre d'emploi lui a fourni un
milieu de travail et un réseau social, ce qui a accéléré et facilité son intégration. Angel Alvarez-Perez, régleur-opérateur chez Soucy Rivalair, qui lui aussi a trouvé un emploi grâce aux Journées Québec, a bien apprécié que les employeurs se soient déplacés pour venir rencontrer les candidats. Formules clés en main Pour les employeurs, c'est la formule de recrutement clés en main offerte par les Journées Québec qui est surtout appréciée, comme en témoignent David Da Costa, recruteur chez Ludia, et Sophie Savage, conseillère en acquisition de talents chez Industrielle Alliance. « Le développement économique du Québec passe, entre autres, par la formation et l’attraction des travailleurs d’ailleurs, aux compétences précises et rares, afin de répondre aux besoins du marché du travail. Les opportunités d’emploi au Québec sont nombreuses dans plusieurs créneaux d’avenir et c’est pourquoi nous encouragerons des talents d’ailleurs à s’intégrer à la société québécoise, où la qualité de vie est enviable », a indiqué le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale et ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale, M. Sam Hamad. « Dans un contexte où des centaines de milliers d’emplois seront à pourvoir au Québec au cours des prochaines années, nous devons mettre en place une combinaison de moyens permettant de
M Sam Hamad, ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale favoriser l’attraction et la rétention d’une main-d’œuvre compétente et prête à relever les défis du marché du travail. Grâce aux Journées Québec, des employeurs auront la possibilité de pourvoir certains postes spécialisés pour lesquels il devient difficile de trouver des candidats au Québec », a ajouté M. Hamad. Les Journées Québec Rappelons que les Journées Québec sont des missions de recrutement international qui visent à répondre aux besoins de nombreuses entreprises du Québec qui ne parviennent pas à pour-
voir leurs postes avec de la maind’œuvre locale. Elles sont organisées par le ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion et le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale en collaboration avec leurs partenaires québécois Montréal International, Québec International, Sherbrooke Innopole et la Société de développement économique de Drummondville, ainsi qu'avec des partenaires étrangers dont Pôle emploi, Actiris, le Forem et VDAB. La délégation du Québec à Paris contribue également à la promotion de cet événement.
Déficit compétences
Un problème universel Au cours des dernières années, il y a eu de nombreux débats au sujet de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée et de l'existence de cette problématique. Un nouveau sondage international sur la main-d’œuvre prétend que le problème est réel, mais, au Canada, on constate que le manque est minime en comparant avec d’autres pays. Selon le sondage Talent Shortage Survey de ManpowerGroup, 32 pour cent des employeurs canadiens disent avoir de la difficulté à combler certains postes. Les chiffres sont les mêmes aux États-Unis. Les deux pays se
retrouvent donc en deçà de la moyenne internationale de 38 pour cent. La pénurie la plus importante de maind’œuvre qualifiée apparait au Japon où 83 pour cent des employeurs rapportent éprouver des difficultés à trouver les personnes qualifiées pour l’emploi. À l’opposé, en Irlande, seulement 11 pour cent des entreprises soulèvent une telle problématique à l’embauche. Alors, que se cache-t-il derrière ce phénomène mondial? «La population active est en déclin, ce
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qui contraint les employeurs à sélectionner leurs futurs employés dans un bassin beaucoup plus restreint», écrit Jonas Prising, PDG de ManpowerGroup. «La technologie évolue plus rapidement que jamais, transformant les compétences requises pour un emploi et réduisant le cycle de vie de celles-ci. Nous observons aussi une bifurcation dans la main d’œuvre. On retrouve des candidats possédant les aptitudes requises versus ceux hautement qualifiés.»
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Au Canada, les employeurs peinent principalement à trouver des gens de métiers compétents. Les chauffeurs et dirigeants d’entreprises sont aussi rarissimes, selon le sondage. La situation semble similaire ailleurs dans le monde. Les postes vacants dans le secteur des métiers spécialisés sont les plus difficiles à pourvoir, toujours selon le sondage. Les ingénieurs et les représentants de ventes complètent le top 3.
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Emploi
600 emplois d’été
offerts aux jeunes issus de la diversité culturelle montréalaise Valorisation Jeunesse – Place à la relève permet à 600 jeunes, plus particulièrement celles et ceux issus de l’immigration et des minorités visibles, d’occuper un emploi d’été formateur et valorisant. Pour une septième année, les employeurs sont invités à participer et à accueillir les jeunes qui ont été sélectionnés par le programme. Près de 100 postes restent à pourvoir. Ce programme est réalisé en collaboration avec Intégration Jeunesse du Québec, agissant à titre de mandataire, le ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, la Ville de Montréal, le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, le ministère de l’Éducation, de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Science, le Secrétariat à la région métropolitaine et le Forum Jeunesse de l’île de Montréal. «Une expérience unique» « Place à la relève est une initiative qui s'avère souvent déterminante pour l'intégration professionnelle future de ces jeunes, une expérience unique qui leur donne l'élan et la confiance nécessaires pour faire valoir leurs talents. Par ailleurs, la participation active des entreprises, municipalités, organismes gouvernementaux et communautaires au projet contribue à bâtir une société plus juste et plus ouverte », a souligné la ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, Mme Kathleen Weil. « Le programme permet aux jeunes provenant des quartiers défavorisés de la région de Montréal de vivre une expérience de travail enrichissante. Une telle initiative, représentative des valeurs d’ouverture largement partagées dans la métropole, valorise
l’apport de ces jeunes issus de la diversité ethnoculturelle à la collectivité. Je leur souhaite bon succès cet été et je salue les organisateurs qui mènent à bien ce projet alliant progrès social et inclusion », a fait savoir M. Robert Poëti, ministre des Transports et ministre responsable de la région de Montréal. « En plus de favoriser le développement de l'estime de soi des jeunes, Valorisation Jeunesse – Place à la relève permet aux participants d’accéder à un premier emploi d’été formateur et valorisant. S’adressant principalement à des jeunes qui représentent l’avenir de notre métroMme Kathleen weil, ministre de l'Immigration de la Diversité et de l'Inclusion pole, ce programme est souvent un encouragement à la persévérance sco- à poursuivre leurs études. leur relève. Nous soutenons les jeunes laire et un premier pas vers des peret les employeurs dans cette expérispectives de carrière intéressantes », Un tremplin professionnel ence enrichissante », a indiqué Mme a indiqué M. Dimitrios (Jim) Beis, « Il est primordial pour le FJÎM Sylvie Baillargeon, directrice générale membre du comité exécutif de la Ville d’investir et de soutenir l’intégration de l’organisme Intégration Jeunesse de Montréal, responsable de en emploi des jeunes adultes en leur du Québec (IJQ). l’approvisionnement, des sports et loi- offrant une expérience professionnelle sirs ainsi que des communautés déterminante, qui assurera une relève IJQ coordonne depuis quatre ans la d’origines diverses. diversifiée et mieux préparée au mise en œuvre de l’ensemble des monde de l’emploi. Au cours des édi- activités de Place à la relève. Cet Provenant de quatre commissions sco- tions précédentes, nous avons pu con- organisme avait été sélectionné par le laires de Montréal et de quartiers stater que le programme est un vérita- ministère de l’Immigration, de la défavorisés, les jeunes, âgés entre 16 ble tremplin pour les jeunes Diversité et de l’Inclusion pour sa et 18 ans, ont été sélectionnés pour Montréalais et Montréalaises et leur compréhension du programme et son leur réussite scolaire et leur motivapermet d’acquérir de nouvelles comefficacité à mobiliser le secteur privé. tion. Durant sept semaines, ils seront pétences, de mettre à profit leurs habiaccueillis, conseillés et formés dans letés, d’avoir accès à un réseau de Les entreprises intéressées à participer des entreprises et des organismes gou- contacts, mais surtout, d’accroître leur à Place à la relève peuvent obtenir vernementaux et communautaires de sentiment de compétence, ayant un plus d’information dans le site www. différents secteurs d’activité, ainsi impact constructif dans la poursuite ijq.qc.ca ou communiquer avec qu'à la Ville de Montréal. Valorisation de leurs études » a déclaré M. Intégration Jeunesse du Québec par Jeunesse – Place à la relève est une Santiago Risso, président du Forum téléphone au 514 598-7319 ou par occasion unique pour ces jeunes, car jeunesse de l’île de Montréal. courriel à valorisationjeunesse@ijq. en plus de leur offrir un emploi d’été, qc.ca. ce programme leur donne une pre« Plus que jamais, il faut soutenir les mière expérience sur le marché du jeunes dans leur avenir ! Les entretravail, peut faire naître de nouvelles prises ont tout à gagner en préparant passions ou carrières et les encourage
Réforme fédérale du Programme des travailleurs étrangers temporaires
« Une entrave à la croissance économique » La ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, Mme Kathleen Weil, a participé à la Conférence fédérale, provinciale et territoriale sur l’immigration qui s’est tenue le 22 mai 2015 à Toronto. Elle a rencontré son homologue fédéral, M. Chris Alexander, ainsi que le ministre ontarien des Affaires civiques, de l’Immigration et du Commerce international, M. Michael Chan, pour échanger avec eux sur les questions d’immigration. Lors de sa rencontre avec M. Alexander, la ministre a sensibilisé ce
dernier aux demandes du Québec et lui a demandé d’intervenir pour que la mise en œuvre des nouvelles mesures du Programme des travailleurs étrangers temporaires respecte l’Accord Canada-Québec ainsi que les spécificités de l’économie et du marché du travail québécois. Le ministre Alexander s’est montré ouvert aux préoccupations du Québec. « Les changements apportés au PTET par le gouvernement fédéral entravent la croissance économique de certaines régions, de certains secteurs d’activité et de certaines entreprises », a déclaré
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la ministre Kathleen Weil. Rappelons que le 12 mai dernier, l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité une motion demandant au gouvernement fédéral de s’entendre avec le Québec sur des modalités visant à reconnaître les spécificités de l’économie du Québec dans l’application des nouvelles règles relatives au PTET.
Des régions et des secteurs économiques du Québec font face à des pénuries de main-d’œuvre. Le PTET devrait permettre à des employeurs québécois d’embaucher temporairement des travailleurs étrangers
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lorsque la main-d’œuvre locale n’est pas suffisante pour répondre à leurs besoins. « Le Québec a toujours géré le programme de façon rigoureuse en s’assurant de privilégier l’embauche de travailleuses et de travailleurs québécois », a souligné la ministre Weil. « Nous poursuivons les discussions avec les représentants du gouvernement fédéral. Nous demandons à ce que des aménagements soient apportés au programme pour assurer la croissance des régions et des entreprises », a-t-elle conclu.
Enjeux
Quelles libertés à l’ère du «tout informatique»? Les démocraties occidentales et le «Syndrome Big Brother»
Le Patriot Act, en vigueur depuis les lendemains du 11 septembre 2001, symbole de tous les excès que l’on sait, est en passe d’être remplacé par un Freedom Act, qui va interdire l’espionnage de personnes privées… aux États-Unis. Le projet de loi sur le renseignement, porteur de ce changement est examiné au Sénat américain depuis le 2 juin 2015.
En l’espace de quelques années, l’Internet est devenu l’épine dorsale de nos sociétés ainsi qu’un levier majeur de transformation économique, sociale et culturelle. Les révélations d’Edward Snowden et les attaques menées sur les réseaux ont mis en lumière les nouveaux défis auxquels sont confrontés les États, les acteurs économiques et les citoyens eux-mêmes, pour préserver leur souveraineté numérique. Les débats autour de la loi sur le renseignement aux États-Unis ont mis en évidence la nécessaire maîtrise que devront acquérir les responsables politiques pour faire face aux enjeux issus des technologies. En effet, les architectes du réseau pourraient bientôt faire évoluer les formes mêmes de nos sociétés et à terme modifier le modèle démocratique européen. Au moment où les instruments de la souveraineté sont devenus indiscernables des outils technologiques, développer auprès des citoyens une culture des choix technologiques deviendra une exigence démocratique. Une culture d’autant plus nécessaire qu’elle sera seule à même d’éviter que les mécanismes qui régissent nos sociétés ne deviennent à leur tour des «boîtes noires» pour les citoyens. La «crise Snowden» En France, le débat sur le projet de la loi sur le renseignement intervient après deux ans durant lesquels ont été distillées les révélations sur les mesures de surveillance de masse mises en place par la National Security Agency (NSA). Ces révélations d’une ampleur inédite ont été à l’origine d’une remise en cause des «piliers fondamentaux» de la confiance sur Internet. Or la confiance constitue la clé de voûte du fonctionnement économique de l’Internet mais elle constitue aussi l’épine dorsale du fonctionnement des démocraties. En effet, parallèlement aux questions liées aux libertés publiques, avec la surveillance de masse, l’affaire Snowden a été à l’origine d’une remise en cause de la confiance dans les technologies de sécurité du réseau et en particulier dans la confidentialité des échanges. Ainsi, la création de failles ou de portes dérobées dans les algorithmes cryptographiques a créé de nouveaux risques pour l’ensemble des usagers de l’Internet. En effet, une fois qu’elles ont été conçues, ces failles sont «agnostiques» et sont aussi accessibles aux agences de sécurité… qu’aux cybercriminels. Comme le note Edward Snowden, les programmes de la NSA ont fragilisé les dispositifs de sécurité de l’Internet et ont rendu encore plus vulnérables nos entreprises, nos infrastructures critiques… et
donc nos données. Pour établir une meilleure transparence pour les usagers ainsi qu’une meilleure protection de leurs données, il convient de développer une culture technologique qui aille au-delà de la maîtrise des usages Comme le résume la revue de la Harvard Kennedy School: «Une mauvaise crypto est mauvaise pour vous et très bonne pour les «méchants»… ». Les conséquences économiques liées à cette crise de confiance sur Internet sont devenues telles que l’agence fédérale américaine chargée d’élaborer les standards de chiffrement (NIST ou National Institute of Standards and Technology), souhaite désormais s’émanciper de la NSA. Dans le même temps, les industriels des technologies, qui ont déjà perdu d’importants contrats internationaux, en particulier en Chine, se sont adressés au gouvernement américain pour qu’il «mette fin de façon claire, nette et définitive à la surveillance de masse».
La découverte de failles introduites dans les matériels informatiques eux-mêmes pose des difficultés nouvelles. En effet, à la différence des «backdoors» [portes dérobées informatiques] présents dans les dispositifs logiciels, ces failles «hardware» nécessitent, pour être détectées, un niveau d’expertise beaucoup plus élevé et la mise en œuvre de technologies plus coûteuses. Armes de surveillance massive La surveillance de masse a aussi pour conséquence l’établissement de nouvelles formes d’autocensures. Ainsi, comme l’ont démontré la Chine et plus récemment les États-Unis, la défiance envers les intermédiaires technologiques (comme les fournisseurs d’accès ou les fabricants de matériels informatiques) génère une autocensure diffuse et généralisée. Les conséquences de cette autocensure correspondent à un appauvrissement du débat dans les sociétés démocratiques auxquels viennent s’ajouter des effets économiques encore imprévisibles sur le développement et la diffusion des innovations. Ce que le créateur du Web, Tim Berners-Lee nomme «Les insidieux effets de refroidissement de la surveillance sur Internet…». En plus de leurs effets corollaires politiques et économiques, les mesures de surveillance de masse ne semblent pas avoir prouvé leur efficacité dans la lutte contre le terrorisme. Si l’opinion publique française a semblé être en retrait en termes de réactions aux révélations Snowden, la montée en puissance des interrogations sur ces questions pourrait intervenir avec le débat sur la discussion sur le projet de loi sur le Renseignement et ce d’autant plus que des programmes de recueil en masse des métadonnées ont été découverts en France en amont du débat parlementaire. Une autre conséquence de cette crise aura été de démontrer l’importance stratégique des structures chargées d’élaborer les
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normes et technologies de l’Internet. Ce constat doit désormais pousser les acteurs européens à coordonner leurs actions dans ce domaine. Ainsi, comme le rappelait Sigmar Gabriel, le ministre fédéral allemand de l’économie et de l’énergie, les acteurs européens des technologies doivent être en mesure d’élaborer les normes sur lesquelles reposeront demain les activités des entreprises européennes et ce d’autant plus que ces technologies auront progressivement un impact sur l’ensemble des secteurs économiques. «Boites noires» et métadonnées L’un des points qui a soulevé le plus de controverses lors de la préparation du projet de loi sur le renseignement est lié à l’usage par les agences de sécurité des dispositifs de «boîtes noires» permettant de collecter les métadonnées. Ces métadonnées ou «données sur les données» correspondent aux informations liées à l’activité des usagers de l’Internet. Au départ associées aux informations relatives aux données des communications téléphoniques, elles ont trop longtemps été perçues comme un sous-produit «technique» d’une importance moindre que celles des contenus transmis. La particularité de ces métadonnées est que, du fait de leur structure, elles sont plus facilement intégrables dans des algorithmes informatiques que les messages écrits ou les conversations enregistrées. En raison de la montée en puissance des capacités de traitement des données en masse (big data), ces métadonnées sont devenues plus révélatrices du comportement des usagers que le contenu de leurs courriers électroniques. Le développement des algorithmes de traitement des données en masse dans la quasi-totalité des activités quotidiennes pourrait accentuer la perception d’une «société boîte noire» auprès des citoyens Ces métadonnées sont désormais au cœur des modèles économiques des acteurs de l’Internet et bientôt de l’Internet des objets. Ainsi, à partir des métadonnées comme la géolocalisation, l’adresse, l’heure et la durée de connexion, et bientôt la consommation énergétique, l’activité physique ou encore les habitudes de conduite d’un véhicule, il devient possible d’établir des profils psychologiques d’utilisateurs, mais aussi de déduire leurs convictions philosophiques, religieuses ou encore leur origine ethnique… De nouvelles générations d’algorithmes peuvent ainsi être créées pour analyser ces données et aider à prévoir le comportement des usagers. Ainsi, pour l’expert en cybersécurité Bruce Schneier, la surveillance des métadonnées a beaucoup plus d’intérêt dans le cadre de la surveillance de masse des populations que lors d’enquêtes ciblées où le contenu des messages doit être analysé. Or dans le cadre d’enquêtes criminelles, ces messages sont le plus souvent analysés in fine par des opérateurs humains. Risque de capture du pouvoir
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M Edgar Snowden La localisation géographique des données personnelles ainsi que leurs modalités de traitement par les entreprises, restent le plus souvent inconnues des usagers. Or cette opacité devient à la fois un facteur d’incertitude et elle représente un risque d’intrusion par des acteurs étatiques dans des pays où les législations sont différentes de celle des usagers. De plus, les mutations technologiques liées à la montée en puissance des objets connectés et le développement des algorithmes de traitement des données en masse dans la quasi-totalité des activités quotidiennes, pourraient accentuer la perception d’une «société boîte noire» auprès des citoyens. Les politiques publiques en matière de technologies doivent permettre aux citoyens d’acquérir la maîtrise des technologies de protection de la vie privée tout en permettant que les préoccupations légitimes des services de sécurité puissent coexister avec les libertés publiques sur Internet. Pour établir une meilleure transparence pour les usagers ainsi qu’une meilleure protection de leurs données, il convient de développer une culture technologique qui aille au-delà de la maîtrise des usages mais qui prenne en compte les évolutions politiques et technologiques de nos sociétés. Le risque de capture du pouvoir par une techno-élite industrielle et politique, seule à même d’établir les règles des sociétés numériques, doit aussi conduire les responsables politiques à favoriser une plus large maîtrise des enjeux de ces technologies par l’ensemble des citoyens. Il s’agit d’aider les citoyens, les entreprises ainsi que l’ensemble des acteurs publics à comprendre et maîtriser les mécanismes qui régissent l’écosystème des technologies de l’Internet. Cependant, à la différence des règles qui régissent les écosystèmes environnementaux, les éléments qui constituent l’architecture des écosystèmes technologiques sont susceptibles d’évoluer à mesure que les acteurs industriels ou les États en ressentent le besoin ou l’intérêt. Dans les pays démocratiques, la souveraineté du peuple doit ainsi s’exercer sur l’ensemble des technologies qui auront un impact sur les évolutions culturelles, sociales, économiques et politiques de nos sociétés.
Statistiques
Politique et mensonges chiffrés
Ou comment la réforme de l’appareil statistique canadien va nuire à l’efficacité des politiques publiques Cinq ans après la disparition du recensement dans sa version longue, les pires craintes exprimées par la communauté scientifique se confirment, constatent les media. La décision du gouvernement Harper d’alléger la portée du questionnaire prive non seulement les chercheurs de données fiables, mais enlève aussi des références essentielles aux gouvernements pour l’élaboration des politiques publiques. «Un désastre» « J’ai rarement vu une décision donner lieu à une critique aussi unanime, résume la présidente de l’Acfas, Louise Dandurand. On avait sonné l’alarme et là, on constate l’ampleur du désastre. » Au Congrès de l’Acfas, l’Institut de la statistique du Québec devait présenter un rapport accablant sur les dommages causés par cette ponction subie par le recensement. Si la recherche en souffre, la qualité des décisions gouvernementales y perd aussi. Où doit-on installer les nouvelles garderies ? L’état des appartements locatifs s’est-il amélioré ? Les programmes d’aide économique aux régions fonctionnent-ils ? L’étude de l’ISQ démontre aussi que l’Enquête nationale sur les ménages (ENM), qui a remplacé l’ancien recensement en 2011, est non seulement faible, mais aussi plus coûteuse à utiliser. Concrètement, le changement fait en sorte que les gens qui reçoivent le formulaire long ne sont plus obligés de répondre à ses 53 questions. Seules les quelque dix questions du formulaire court demeurent obligatoires. Les questions rendues optionnelles touchent notamment aux habitudes de vie, au travail, et documentent la réalité des minorités immigrantes et autochtones. À l’époque, le gouvernement Harper avait justifié ce virage par la nécessité de protéger la vie privée. La décision avait suscité un tollé et le patron de Statistique Canada, Munir Sheikh, avait démissionné. Cinq ans plus tard, l’ex-statisticien en chef dit qu’il est impossible de faire confiance à la nouvelle enquête. « Les gens qui tentent de faire des études sur les personnes à faible revenu découvrent que les données ne sont pas fiables », a expliqué M. Sheikh en entrevue au Devoir. La pauvreté «disparue»… Il fait état d’une blague qui circule désormais dans le milieu. « Savez-vous quoi ? Le Canada a réussi à éliminer toute la pauvreté ! Comment s’y est-il pris ? En éliminant le recensement obligatoire, tout simplement. » Pourquoi ? Parce que plus les revenus des gens sont faibles, moins ils répondent au questionnaire volontaire. Et, paradoxalement, les gens aux revenus les plus élevés ont eux aussi tendance à moins répondre. « Le nombre de millionnaires au Canada a diminué de façon assez substantielle aussi ! »
M. Sheikh fait en outre cette mise en garde : il sera impossible, aujourd’hui comme plus tard, de trouver des exemples très précis de l’impact de ces données de moins bonne qualité. « Ce serait difficile de trouver un cas où une décision n’a pas été prise par manque de données du recensement. La plupart des décideurs vous diront que la décision a été prise quand même, mais sans données pour l’appuyer. » Le dirigeant actuel de Statistique Canada, Wayne Smith, voit les choses autrement. Dans une entrevue accordée au Globe and Mail la semaine dernière, il affirme que l’Enquête de 2011 est un « succès » et dit ne pas comprendre pourquoi autant de gens s’en plaignent. Le statisticien en chef reconnaît que la qualité des données de 2006 était meilleure. « Mais de là à balancer toutes les données à la poubelle, ça n’a pas de sens », a-t-il dit. Il affirme que les résultats de l’ENM ont même dépassé ses attentes. Les données sur les personnes à faible revenu concordent selon lui avec d’autres études et il constate que malgré le caractère volontaire du questionnaire long, une forte majorité de gens y ont répondu. En 2006, le taux de réponse au recensement long obligatoire était de 94 %. Comme il était envoyé à un foyer sur cinq, cela représentait 18,8 % de tous les Canadiens. La nouvelle enquête (ENM) a été envoyée à un ménage sur trois avec un taux de réponse de 68 % (22,4 % de la population). On remarque que davantage de personnes y ont répondu. Mais comme l’échantillon n’est plus probabiliste, cela crée toutes sortes de biais. Dans le domaine de l’habitation, par exemple, un organisme a trouvé d’étonnantes données sur la ville de Québec. « Ça suggère que l’état des logements se serait amélioré entre 2006 et 2011. Or, les groupes de propriétaires et de locataires s’accordent pour dire que la situation s’est détériorée, explique François Saillant du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU). À Québec, les ménages issus de l’immigration seraient ceux qui auraient les meilleures conditions de logement, alors que c’est le contraire. On n’avait jamais vu ce genre de distorsion-là par le passé. » Dans le milieu de la recherche en science sociale, le découragement est palpable. « Dans cinq ans, toutes les enquêtes vont être biaisées », croit Alain Bélanger de l’INRS, un spécialiste de l’étude des populations, de la langue et de l’immigration. « Ça fait cinq ans que je me demande si je continue à faire de la recherche en sciences sociales ou si je m’arrête. Les données sont biaisées dans tous les sujets qui m’intéressent. »
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Le milieu des affaires affecté Par ailleurs, nul besoin d’être un chercheur spécialisé en démographie pour en prendre ombrage. Dans les milieux d’affaires aussi on s’estime perdant. « Ça peut avoir des impacts sur les études de marché. […] Quand vous voulez vous localiser quelque part, vous allez regarder le niveau de revenu des ménages sur votre territoire, la composition sociale et économique », signale Martine Hébert porteparole de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI). « Ça a des répercussions beaucoup plus grandes qu’on le pense […] De meilleures données conduisent à de meilleures décisions de la part des gouvernements, et l’ensemble des politiques publiques affecte le tissu économique. » C’est aussi une référence qui disparaît, selon JeanPierre Aubry, économiste au CIRANO. « On a tendance à oublier que le recensement est souvent utilisé comme cadre de référence pour d’autres études, d’autres données. » Désormais, les chercheurs sont en quête d’autres sources d’information pour valider… le recensement. Certains comme Alain Bélanger espèrent que Statistique Canada partagera avec les chercheurs son accès aux données administratives du gouvernement (sur l’impôt, l’état civil, citoyenneté et immigration). Déjà, en avril, le statisticien en chef a annoncé qu’on éliminerait des questions sur le revenu dans l’enquête de 2016 pour utiliser les données de l’Agence du revenu. Si certains s’en réjouissent, plusieurs y voient une contradiction. Pour Louise Dandurand, de l’Acfas, « ça défait tout l’argument que le gouvernement avait évoqué » pour changer le recensement. « Si on va creuser dans les données de l’Agence du revenu du Canada et tout et tout, ce sont des données beaucoup plus sensibles en termes de vie privée que celles qui se trouvaient dans le questionnaire du recensement ! »
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Gouvernance
UQTR : Comment Nadia Ghazzali a été poussée vers la sortie… Le ministre de l’Éducation, François Blais, a retiré sa confiance à la rectrice de l’Université du Québec à TroisRivières (UQTR), Nadia Ghazzali. « Dans les circonstances, c’est un dénouement nécessaire », a-t-il déclaré, après avoir pris connaissance d’un « rapport accablant » sur la gestion de l’établissement d’enseignement. Après trois années tumultueuses à la barre de l’UQTR, Mme Ghazzali a été poussée vers la sortie. « Il fallait absolument passer à autre chose pour l’UQTR », a déclaré M. Blais à la sortie de la séance hebdomadaire du Conseil des ministres. Dans son tout premier rapport, la nouvelle vérificatrice générale du Québec, Guylaine Leclerc, a constaté des problèmes de gouvernance « préoccupants » à l’UQTR. Elle soupçonne notamment la direction de l’établissement de ne pas allouer les ressources financières « aux projets les plus pertinents » pour la communauté universitaire. L’équipe de la VG a relevé « des lacunes » dans la gestion de projets immobiliers, dont l’établissement d’un campus à Drummondville. Celle-ci a recensé « six contrats totalisant 266 000 dollars accordés de gré à gré et de façon simultanée à la même firme d’experts en gestion de projet » à l’automne 2013
par l’UQTR, et ce, même si la Loi sur les contrats des organismes publics interdit à une université de « scinder ou de répartir ses besoins et ainsi éviter de recourir à la procédure d’appel d’offres public ». Par ailleurs, « le besoin » d’un campus pouvant accueillir plus de 1000 étudiants à Drummondville — moins d’une heure de route de Trois-Rivières — « n’a pas été justifié adéquatement », a souligné Mme Leclerc. Elle a également noté l’absence de politique afin d’encadrer la délocalisation des activités des universités au sein du ministère de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MEESR). Selon M. Blais, la rectrice démissionnaire « n’a pas réussi à rassembler autour d’elle ». « [Comme gestionnaire], si vous n’êtes pas en mesure de rassembler les gens autour d’une vision […] toute l’énergie va à des contestations. À ce moment-là, vaut mieux laisser sa place », a-t-il affirmé. La VG, Guylaine Leclerc, a aussi jugé Yves Tousignant inhabile à diriger le CA de l’UQTR. Celui-ci ne peut cumuler les fonctions de président du CA de l’UQTR et de maire de la municipalité de Saint-Pierre-les-Becquets, a-t-elle tranché. M. Blais s’est rallié à son avis, et M. Tousignant a démissionné.
Le réseau de l’Université du Québec (UQ) et le MEESR ne sont pas à l’abri des reproches de la VG. Ils ont laissé faire les choses, a-t-elle fait remarquer dans son rapport de vérification d’optimisation des ressources. Par exemple, « le MEESR n’a pas donné suite aux problèmes qui ont été maintes fois soulevés concernant la gouvernance des universités ». Trop long Le gouvernement libéral a « laissé pourrir trop longtemps » la situation à
l’UQTR, selon la Coalition avenir Québec. Le député caquiste JeanFrançois Roberge a même réclamé la mise sous tutelle de l’université plongée dans la controverse depuis près de trois ans. « À notre connaissance » ni Mme Ghazzali ni M. Tousignant ne toucheront d’allocations de transition, a indiqué le ministre Blais en fin de journée. La désignation d’un nouveau recteur suivra la « procédure normale », a-t-il précisé
Éclairages
"Comment pourrir la vie de son patron "
Au moment même ou «L’affaire UQTR» connaissait le dénouement que l’on sait, un livre paraissait en France. Sous le titre de "Comment pourrir la vie de son patron ", il examine 150 façons de ruiner la carrière d’une personne que, à tort ou à raison, on se met à détester. En voici la présentation liminaire. Si vous reconnaissez quelqu’un dans ces ligne, gardez-le pour vous; sinon vous pourriez perdre votre emploi sans indemnités… «Vous considérez votre patron comme
tyrannique, désagréable et de mauvaise foi? Vous vous êtes souvent demandé en secret par quels moyens décrédibiliser votre manager, et s’il existe des techniques infaillibles, et inavouables, pour se faire respecter par son supérieur.
Comment pourrir la vie de son patron, c’est 150 sales coups destinés à ruiner la santé mentale de son boss : que ce soit sa carrière, sa vie privée, son quotidien, sa réputation, une simple réunion de travail ou un voyage d’affaires. Vous y trouverez aussi un
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éventail de recettes et d’astuces – des plus potaches aux plus radicales – pour saboter une boite entière. Le tout sans arme ni explosif. En vous montrant comment faire de la vie de son patron un enfer, ce livre émaillé de récits vécus est aussi une formidable remise en cause du harcèlement au travail. Sous le pseudonyme des Vengeurs masqués se cache un collectif de cinq personnes (responsable de ressources humaines, consultant, cadre supérieur,
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dirigeants), qui préfèrent garder l’anonymat. Tous ont connu au quotidien la réalité de ce dont ils témoignent, soit directement, soit par le récit des salariés qu’ils ont conseillés.» "Comment pourrir la vie de son patron " est sorti cette semaine aux Éditions Fayard ;juste à temps pour nous permettre d’en partager la teneur avec vous et pour mieux comprendre «l’affaire UQTR»…
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Éducation
Dictée PGL 2015
Un écolier marocain consacré à Montréal
Le jeune Tarik Cherifi compte parmi les heureux gagnants de la 24ème édition de la grande finale internationale de la Dictée P.G.L. qui s’est déroulée le 24 mai dernier, à la salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau de l’UQAM à Montréal.
L’écolier marocain, qui étudie au complexe scolaire Al Qalam d’Agadir, s’est adjugé la troisième place dans la catégorie «Français langue seconde », derrière Kate Savard (École Saint-Mary's, Longueuil) et Jonathan Nakata (Bayside Middle School, Brentwood Bay). Concernant la catégorie « francophone », les trois places du podium sont revenues respectivement à Émile Boulanger (Ecole de l'Aquarelle, Mont-SaintHilaire), Sophie Arnaud (École Carrefour de l'Acadie, Dieppe, Nouveau-Brunswick) et Stéphanie Deloumeau (Ecole Lajoie – Montréal). Organisée par la Fondation Paul GérinLajoie sur le thème « L’éducation pour un monde meilleur », cette édition a réuni près d’une centaine candidats (93 finalistes, précisément) de 5e et 6e année provenant du Canada, des EtatsUnis, du Sénégal, du Maroc et, pour la première fois, de l’Algérie.
Il est à souligner que le Maroc était présent à ce grand rendez-vous des amoureux de la langue française et de ses espiègleries avec Mme Sanae Haddoun. Chargée de la Dictée P.G.L Maroc, cette dernière est aussi la présidente de l'Association marocaine pour l’éducation et la solidarité (AMES). Notons que cet événement, animé par le diplômé François-Étienne Paré (M.A. art dramatique, 2000), porte-parole de la Fondation, et par son fils Arno Paré, a été marqué par la présence de nombreuses personnalités nationales et locales, dont la doyenne de la Faculté des sciences de l'éducation, Monique Brodeur, le recteur, Robert Proulx, et le ministre de l’Education, François Blais. A propos de la compétition proprement dite, les promoteurs ont indiqué que celle-ci « visait à aider les enfants du primaire à améliorer leur français, tout en les sensibilisant à l’importance de la solidarité internationale et de l’éducation pour tous ». Par ailleurs, précise-t-on, « l'épreuve comportait aussi des activités intégrant des notions d’éducation financière ayant pour but, entre autres, de sensibiliser les enfants à l’épargne et au budget ».
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Mais le plus grand défi était que les candidats parviennent à « faire le moins de fautes possibles afin de remporter l’une des deux bourses d’études de 2000 dollars », précise-t-on. Il faut toutefois souligner que ce concours est bien plus qu'une activité pédagogique. En effet, en marge de cette compétition, une «cueillette du partage» a été organisée, « ce qui a permis aux enfants de solliciter des dons d’encouragement auprès de leur famille pour chaque mot bien orthographié ».
Par ailleurs, « chaque école participante pouvait conserver jusqu’à la moitié des sommes recueillies pour ses propres projets scolaires, l’autre moitié étant remise à la Fondation Paul Gérin-Lajoie. Un montant de plus d'un million de dollars a été collecté, dont 582.520 dollars iront à la Fondation pour soutenir ses programmes d’éducation, d’alphabétisation et de formation profes-
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sionnelle au Bénin, au Burkina Faso, en Haïti, au Mali et au Sénégal ». Selon les organisateurs, plus de 300.000 élèves de classes francophones et d'immersion française s’étaient manifestées cette année pour participer à ce grand concours. Soulignons que la prochaine édition, qui sera parrainée par l’Unesco, aura pour thème: « Vivre ensemble dans la diversité», ont annoncé Line Beauchamp de l'Unesco et Paul Gérin-Lajoie de la Fondation.
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Perspectives
Voyager à travers l’histoire…
Une redécouverte des routes migratoires marocaines vers le Brésil Les occupants portugais des comptoirs implantés sur les côtes atlantiques du Maroc aux XVIème et XVIIème siècles de notre ère, une fois chassés du pays, sont-ils tous retournés au Portugal? À cette question les historiens répondent non. Et, de fait, on retrouve aujourd’hui leurs traces… au Brésil. Des noms de lieu ou de villes, des descendants de familles portugaises du Maroc ou de familles qui les ont accompagnés dans leur exode en attestent de manière éloquente. Cette page méconnue de l’histoire des migrations humaines est au cœur des voyages d’une globe trotter marocaine. Houda Chaloun, informaticienne de profession, a en effet décidé de tout quitter pour «partir, un an durant, à la rencontre d'autres pays et d’autres cultures». Elle a d’abord visité l’Antarctique et d’autres contrées moins glaciales. Puis l’amérique du Sud où, au cours des derniers mois, elle a découvert le Nicaragua, le Costa Rica, la Colombie, l’Équateur, le Pérou, la Bolivie, le Chili et l’Argentine. Les routes de Mazagao Dernière étape en date : le Brésil, et plus exactement la ville de Mazagao. Peu connue des touristes, cette ville a ceci de particulier qu’elle porte un nom qui parle aux marocains comme aux historiens. Mazagao (ou Mazagan) est en effet le nom, aussi, de la grande ville marocaine située sur la Côte Atlantique, ancienne place forte portugaise et point
de départ des tentatives lusitaniennes de colonisation du Royaume, qui porte aujourd’hui le nom de El Jadida. Pour Houda Chaloun, comme pour les historiens d’ailleurs, un cas de toponymie comme celui là ne suffit pas à établir une filiation historique. Mais en l’espèce, d’autres arguments viennent étayer l’existence d’un lien entre les deux «Mazagao». La mémoire de la population du site brésilien n’est pas le moindre de ces arguments. Écoutons à ce sujet l’exploratrice Houda Chaloun. Ruines et mémoire vivante “Pendant de longues années, les vacances annuelles rimaient avec un départ suivant une direction qu’on déterminait à la sortie d’El Jadida et sans aucune destination finale”, à-t- elle confié en entrevue à l’agence Maghreb Arabe Presse. Cette «stratégie familiale», elle l’a portée à une plus vaste échelle, celle de la planète. Mais revenons à l’étape brésilienne. Au Brésil, après Rio, elle traverse l’Amazonie. Pas n’importe comment : en suivant des chemins qui, il y a quelques siècles, ont été empruntés par des originaires de la Mazagao marocaine, portugais et marocains, jusque sur les rives de l’Amazone où ils fondent la Mazagao brésilienne. “En arrivant à Mazagao la brésilienne ce sont, quelque part, des gens de chez moi que je retrouve. Rien qu’en prononçant le mot Maroc tout le monde se montrait enthousiaste”, raconte-t-elle avec
d'émotion ; surtout après avoir vu un drapeau marocain flotter sur les restes de la vieille ville, fondées il y a plus de 230 ans.
m’ont toujours poussé de l’avant. Il y a des choses et des richesses qui ne se voient pas mais qui se vivent et qui marquent », conclue-t-elle.
“En un an j'ai vécu ainsi de formidables aventures et des rencontres d'une grande richesse. Il y a toujours une image, une odeur et un son qui se grave dans ma mémoire, des êtres qui me bouleversent par leur belle âme, leur humanité. Ces rencontres m'ont beaucoup apporté,
A quelques semaines de son retour à Mazagan - Maroc, Houda planifie déjà son prochain voyage. Vers où cette fois? Elle n’en dit rien, mais c’est sur, l’Histoire ne sera pas étrangère à son choix.
En marge des conflits irakien et syrien
Pourquoi les vieilles pierres émeuvent-elles plus que les vies humaines ? En quatre ans de guerre, une grande partie du patrimoine syrien a été détruit dans une relative indifférence. Pire : les centaines de milliers de morts n’ont pas autant ému les opinions occidentales que le sort de la cité antique de Palmyre, déplore The National d’Abou Dhabi. “Nos valeurs communes se perdent dans les ruines de Palmyre”, déplore The National, quotidien d’Abou Dhabi. “Deux cent mille personnes ont été tuées” en quatre années de guerre civile en Syrie, observe l’éditorialiste. Pourtant ce n’est qu’avec la prise ce 21 mai du site historique de Palmyre par l’organisation Etat islamique que “l’indignation monte”.“C’est d’autant
plus étonnant qu’on s’est relativement peu indigné de la destruction d’autres sites du patrimoine syrien, dont la vieille ville d’Alep n’est pas le moindre.”
“Beaucoup de gens en Occident objectent que des conflits qui se passent ailleurs ne les concernent pas : pourquoi un Américain ou un Européen devraient-ils se sentir responsables de ce qu’un despote syrien inflige à son peuple ?La question paraît justifiée”, admet The National, mais elle contient une contradiction : “Comment prendre au sérieux la défense des valeurs de liberté et d’humanisme chez soi si l’on est, par ailleurs, indifférent à la manière dont ces valeurs sont appliquées à l’extérieur ?” C’est d’autant plus contradictoire,
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poursuit l’éditorialiste, que ce sont ces mêmes valeurs qui sont invoquées par ceux qui s’inquiètent du sort des ruines de Palmyre, héritage de l’humanité aujourd’hui menacé de destruction par
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l’EI. Source : Courrier International Courrier international
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Société
Enfance
La CDPJ enquête
sur des cas de maltraitance d’enfants placés en famille d'accueil
La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse a autorisé une enquête de sa propre initiative à la suite de la condamnation d'un responsable de famille d'accueil qui a été trouvé coupable de nombreuses infractions criminelles à l'endroit d'un enfant qui lui avait été confié par le Centre jeunesse du Bas-St-Laurent.
En 2014, la Commission avait mené une enquête sur le Centre jeunesse du Bas-St-Laurent qui a relevé plusieurs lacunes importantes dans le suivi des familles d'accueil et dans l'application de la Loi sur la protection de la jeunesse (LPJ). L'un des dossiers étudiés concernait le responsable d'une famille d'accueil, mais une enquête plus approfondie avait dû être suspendue en raison du déclenchement des procédures judiciaires en Chambre criminelle et pénale. Droits de l’enfant « La présente enquête a essentiellement pour objectif de vérifier les faits, le respect des droits de l'enfant, les orientations ministérielles sur le suivi des familles d'accueil et de compléter
l'analyse de la situation de cet enfant lors de notre enquête de 2014 », a précisé Camil Picard, vice-président de la Commission.
Considérant la nature et la gravité des allégations, la Commission effectuera cette enquête conformément à l'article 23 (b) de la LPJ, ayant raison de croire que les droits de cet enfant ont pu être lésés. Au Québec, les enfants et adolescents de moins de 18 ans sont aussi protégés par la Charte des droits et libertés de la personne et la Convention relative aux droits de l'enfant. La LPJ « s'applique à un enfant dont la sécurité ou le développement est ou peut être considéré comme compromis ». La Commission exerce un rôle de surveillance et reçoit les demandes d'intervention concernant les services de tout établissement, organisme ou personne chargés de veiller au respect des droits des enfants et des jeunes qui font l'objet d'un signalement ou qui sont pris en charge en vertu de la LPJ ou de la
Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents. La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse assure le respect et la promotion des principes énoncés dans la Charte des droits et libertés de la personne du Québec. Elle assure aussi la protection de l'intérêt de l'enfant, ainsi que le respect et la pro-
motion des droits qui lui sont reconnus par la Loi sur la protection de la jeunesse. Elle veille également à l'application de la Loi sur l'accès à l'égalité en emploi dans des organismes publics. Source Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse
Santé
Faut-il bannir la «chicha»? Il faut bannir la chicha, selon la santé publique de Toronto La santé publique de Toronto demande à la Ville d'interdire l'usage des pipes à eau houka dans les cafés de la métropole. Le médecin-hygiéniste en chef de la métropole fait valoir que ceux qui fument la chicha s'exposent à des risques de maladies du coeur et des poumons. Selon le Dr David McKeown, la consommation est en hausse chez les jeunes. La métropole a recensé 71 commerces où on propose de fumer avec des narguilés. Une dizaine de propriétaires interrogés par un consultant mandaté par la Ville ont estimé que 70 % à 90 % de leurs revenus provenaient de la vente de chicha. Ils croient qu'ils devront fermer leur commerce si Toronto interdit la pratique. « Ça fermerait tous les cafés à chicha,
affirme Younes Regragui, propriétaire du Desert Rose Cafe. Ce serait vraiment injuste. » Plusieurs propriétaires soulignent l'importance de cette tradition dans plusieurs cultures au Moyen-Orient et en Afrique. À l'heure actuelle, seules les chichas à base d'herbes, qui ne contiennent pas de tabac, sont permises dans les établissements de la métropole. Toutefois, la santé publique explique que ces produits contiennent tout de même de la nicotine et dégagent du monoxyde de carbone, une fois fumés. Le Dr McKeown ajoute que les étiquettes des emballages sont souvent vagues et qu'il est difficile de déterminer ce que le produit contient vraiment.
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La commission municipale de la santé publique se penchera sur la question lors d'une première rencontre lundi. Le médecin-hygiéniste en chef souhaite
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que la nouvelle interdiction entre en vigueur en octobre
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Société
Né sans visage
Un enfant marocain opéré en Australie se fait voler ses équipements orthopédiques
Alors que ses parents commençaient à reprendre espoir après une intervention chirurgicale, Yahya El Jabaly, l’enfant marocain né sans visage a été victime d’un vol. Son appareil qui lui permet de se déplacer a été dérobé dans une église. Suite à l’évocation de son cas il y a quelques mois dans les media, Yahya El Jabaly, enfant marocain né sans visage et sans mobilité, a été opéré avec succès en Australie. Cette intervention a été rendue possible grâce à
l’intervention de Mme Fatima Baraka, une Marocaine établie en Australie, que le cas à ému et s’était mobilisée pour la cause. Depuis, le petit garçon avait repris une vie presque normale, puisque outre la chirurgie faciale, il avait reçu un déambulateur fait spécialement pour lui et commençait à apprendre à marcher. Sauf que, l’appareil a été volé dans une église à Saint Kilda en avril dernier.
Les parents restent encore sous le choc d’autant plus qu’ils dépendent en grande partie des dons récoltés pour les soins de Yahya. L’appareil volé coûte en effet un peu plus de 1.000 dollars. « Nous avons été très choqués que quelqu'un prenne ce qui est évidemment la mobilité d'un enfant », déplore Fatima Baraka. « C’est vraiment un acte insensé et voler cela dans une église est assez troublant ».
Samedi 13 juin 2015
« C’est comme prendre le fauteuil roulant d'une personne âgée », affirme-t-elle avec un grand désespoir. La marche est l’une des étapes importantes de son processus de récupération. « Avant l'opération, il n’avait jamais marché », explique Fatima Baraka. « Nous étions si excités quand nous sortions pour nous promener. Il venait juste de commencer à marcher avec ses propres moyens et nous avons vraiment besoin de construire sa confiance », a-t-elle ajouté.
La Ronde des enfants du CCI Roussillon Comme à chaque fin d’année scolaire à l’école de la mosquée Attawassol, le Centre Culturel Islamique de Roussillon invite les élèves et les familles a participer à une sortie prévue le samedi 13 juin prochain à La Ronde. Rappelons que le CCIR profite de tarifs préférentiels pour ses jeunes, puisque les frais d’admission pour cette activité
seront de $30 au lieu des prix réguliers qui varient entre 45 et 60$. Les familles intéressées devront réserver leurs places au plus tard le samedi 6 juin; directement au siège de l’association ou par courriel à l’adresse info@centreccir.org ou via le site Web www.centreccir.org
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Société
Association de la Sépulture Musulmane
au Québec
Inauguration du carré musulman du cimetière de Laval
L'inauguration du premier carré musulman offert au québécois et québécoises de confession musulmane par les maisons funéraires Magnus Poirier aura lieu le 7 juin prochain au Cimetière Magnus Poirier de Laval. La cérémonie inaugurale se déroulera sur le site du carré musulman, à partir de 13 h 30 selon le programme suivant : 14h00: Mot de bienvenue de la présidente de l'ASMQ Mme Hadjira Belkacem 14h05: Mot de Mr Jaques Poirier, président et chef de la direction de Magnus Poirier 14h10: Mot du cheikh Wissam El-Tom, professeur, titulaire d'une maîtrise en études islamiques 14h15: Mot Mr Paolo Galati représentant de monsieur le maire de la ville de Laval 14h20: Inauguration symbolique du terrain (plantation d’un arbre) 14h40: Remise d’un trophée commémoratif à Mr Hicham Ayoub pour avoir sauvé la vie d'un père de famille qui se trouvait dans une maison en flammes 14h45: mot de Mr Alain Tremblay directeur de la corporation Ecomusée de l'au-delà
14h50: Mot du docteur Brahim Benyousef, Sociologue. (La mort à l'épreuve de l'exil.) 15h00: Présentation d’un poème slam par le jeune Yasser Sabsabi 14h05: Expositions et présentations: - Exposition des tableaux de peinture de l’artiste Mr Miloud Boukhira. (Calligraphie et Architecte arabo-
musulmane) - Exposition et vente des produits artisanaux de la part des membres de l’ASMQ. - Présentation de calligraphie arabo-musulmane par deux experts 15h15: Couscous pour tous. 16h: Fin de la cérémonie.
Centre Communautaire Al Bayane 5865 Boulevard Saint-Michel H1Y 2E3 QC Montréal
Nous offrons plusieurs services au sein de la communauté musulmane et maghrébine : - Plusieurs activités pour les adultes et ainsi que pour les jeunes. - Aide spécial fournis aux jeunes, femmes, ainés, spécialistes, psychologues, médiateurs et etc... - Résoudre des problèmes sociaux de type familiale et de couples. - Aide aux nouveaux immigrés pour s'intégrer dans la société canadienne (québécoise). - Dépannage Alimentaires. - Aide aux devoirs pour les jeunes enfants. - Cours d'apprentissage de base et de niveau expert de la langue arabe pour tous ages . - Cours d'apprentissage de langue française - espagnole - anglaise. Nous sommes aussi a la recherche de bénévoles. Pour tous informations veuillez communiquez avec Mr Naim au (438) 877-8389 ou par couriel au suivante cci.al.bayane07@gmail.com
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Sécurité
Nouveau durcissement des conditions d’accès au Canada
Même avec leur visa, les visiteurs devront se faire «biométriser» à leur arrivée…
Les visiteurs étrangers qui proviennent d'un pays où un visa est nécessaire pour entrer au Canada devront désormais fournir leurs données biométriques avant de mettre les pieds au pays. Le gouvernement conservateur de Stephen Harper justifie la mesure par le besoin de prémunir les Canadiens contre le renforcement de la menace terroriste. La mesure, qui est déjà en place pour les ressortissants provenant d'un groupe de 29 pays - dont l'Afghanistan, l'Égypte, le Pakistan, la Somalie, la Syrie et le Yémen - sera ainsi étendue aux ressortissants de 150 pays. Les visiteurs devront fournir leurs empreintes digitales et des photos numériques. Le gouvernement croit que cette nouvelle mesure lui permettra de mettre la main au collet de terroristes, d'immigrants illégaux et de «djihadistes» revenant au Canada. Les Américains, les Britanniques, les Français et les Japonais en seraient notamment exclus.
Une procédure qui coûtera 85 $ à chaque visiteur Les coûts entourant cette mesure de sécurité sont refilés aux visiteurs, qui doivent eux-mêmes payer - 85 $ par personne et 170 $ par famille - pour la prise des empreintes digitales et des photos.
Le premier ministre, Stephen Harper, en fera l'annonce en fin d'avant-midi à Toronto, dans la circonscription du ministre des Finances, Joe Oliver. Le gouvernement amorcera la collecte des données dans les plus gros aéroports du Canada. Une soixantaine de pays imposent de telles mesures à leurs visiteurs. Des dizaines de vols ont été retardés ou annulés à l'aéroport Pearson de Toronto (archives). Photo : PC/Nathan Denette La politique s'inscrit dans le thème de la sécurité, cher au gouvernement conservateur, à l'aube de l'élection fédérale prévue pour le mois d'octobre. L'imposition d'un visa pour les voyageurs mexicains avait toutefois provoqué un froid entre le Mexique et le
Canada. La nouvelle mesure pourrait froisser certains pays et provoquer des tensions diplomatiques similaires. Le Canada étudiait, en 2014, la possi-
bilité de mettre en place un système de partage des données biométriques avec des pays comme le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande et l'Australie.
Informatique
Vos mots de passe vous protègent-ils vraiment ? Une étude de Google montre que la réinitialisation des mots de passe par des questions de sécurité est plutôt inefficace voire même risquée si elles sont utilisées comme seule moyen de protection.
Quel est le prénom de votre mère ? Ou quel est votre lieu de vacances préféré ? Ce genre de question pour réinitialiser un mot de passe perdu ne devrait plus être utilisé ou en tous cas pas comme seul moyen de protection. C’est ce que préconise une recherche menée par Google intitulée « Secrets, Lies and Account Recovery ». Elle a été menée sur un large panel des comptes Google (soit des millions de personnes) et montre que ces interrogations sont loin de garantir une sécurité optimale. Ainsi, la banalité des questions et des réponses favorisent les attaques. Dans leur étude, les chercheurs ont réussi dans 20% des cas à répondre dès la première proposition à la question « Quel est votre plat favori ? » pour les utilisateurs de langue anglaise. Ce taux monte à 39% au bout de 10 tentatives pour les clients coréens se protégeant avec la question « Quelle est votre ville
de naissance ? ». Pour les français, le taux de succès est relativement faible, car il faut une centaine d’essais sur la question « Quel est le nom de votre meilleur ami ?» pour atteindre 23,6%. Un petit tour sur les réseaux sociaux permet de glaner des informations précieuses pour répondre aux questions « secrètes ».
Des mensonges et des oublis L’étude montre aussi le développement préjudiciable des fausses réponses. Pour être plus en sécurité, les utilisateurs choisissent de mentir à la question posée. Cela a une double conséquence. La première est l’oubli de la réponse et la seconde est le choix d’une réponse commune et donc facile à trouver. Ce dernier point est important, car l’oubli de la réponse est très rapide. Par exemple sur la question « Plat favori ? », l’étude montre que 74% des personnes se rappellent de leur réponse après 1 mois, 53% après 3 mois et 47% après un an. Le choix d’une question plus compliquée pourrait de la même façon se heurter au problème de mémorisation, ainsi qu’à des considérations techniques (car tous les fournisseurs ne proposent pas l’option de choisir sa question).
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Les auteurs de l’étude soulignent que l’usage du SMS et de l’email revendique des taux de succès plus important pour la récupération des mots de passe. Même si chacun des outils à ses avantages et ses inconvénients. Le SMS est de plus en plus utilisé dans le cadre de la double authentification, mais peut s’avérer compliqué quand l’utilisateur est en
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déplacement dans des zones non ou peu couvertes. L’email secondaire est une autre voie intéressante, à condition que l’utilisateur regarde régulièrement son compte. In fine, le support des questions secrètes peut dans ce cas trouver sa place dans l’arsenal de protection. Pour les chercheurs de Google, la question reste ouverte.
Cultures
Cinquième soirée des mille et une soirées littéraires E-Passerelle
Textes et contextes amérindiens Par Kamal Benkirane* L’organisme E-Passerelle, en collaboration avec le Conseil des arts de Montréal, a organisé le jeudi 21 mai à 18h une conférence-débat au Studio Musique du Conseil des Arts de Montréal dans le cadre du projet les mille et une soirées littéraires, et qui a porté sur les spécificités de littérature de consonance amérindienne sous le thème : Textes et contextes amérindiens. Ont participé à cette rencontre des auteurs de renom : Isabelle St-Amand auteur du livre ( La crise d’Oka en récits), Moe Clark ( poète, conteuse), Véronique Hebert ( auteure, femme de théâtre) et Bob Bourdon ( conteur traditionnel). Lors de cette rencontre, ponctuée d’abord par un mot de la responsable du département littérature et cinéma du Conseil des arts de Montréal Mme Réjane Bougé, et animée par Kamal Benkirane, directeur général de l’Association Culturelle Passerelle et Fayrouz Fawzi doctorante en sociologie littéraire, l’accent a été mis sur les spécificités des expressions culturelles et les mouvements de contestation qui suscitent de plus en plus d’interrogations au sujet des cultures autochtones. Des questionnements ont été abordés portant, entre autres, sur les genres littéraires en vogue dans cette littérature, sur les discours sociaux et
historiques à travers lesquels il faudrait comprendre la posture des écrivains autochtones du Québec et du Canada, sur l’attitude des auteurs et artistes autochtones quant à l’universalité, ainsi que sur le rôle que peut jouer la littérature pour contribuer à la transmission des récits de génération en génération. Pour les œuvres qui ont été fondateurs de cette littérature amérindienne au Québec, mentionnons, entre autres, ceux écrits en français tels que La saga des Béothuks (1996) de Bernard Assiniwi et Ourse bleue (2007) de Virginia Pésémapéo Bordeleau. La jeune auteure innue, Naomi Fontaine, émerge par son œuvre (Kuessipan) en 2011 allant de pair avec l’œuvre dénonciateur et revendicateurs d'An Antane Kapesh, ces écrits donc témoignent avec force des réalités autochtones contemporaines et militent pour la préservation de leur langue et de leur culture. Pour Rita Mestokosho par exemple qui a été porte-parole de l’opposition au projet de détournement de la rivière Romaine, la préservation de la culture va de pair avec celle du territoire. Aussi, avec le mouvement Idle No More lancé dans l'Ouest du Canada par quatre femmes : Nina Wilson, Sylvia McAdam, Jessica Gordon et Sheelah McLean, certains auteurs y sont complètement engagés tels que Natasha Kanapé Fontaine. Ce mouvement a été
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déployé en réaction à l'adoption par le gouvernement Harper de la loi omnibus C-45 et qui avait entraîné, selon les manifestants, la violation des traités ancestraux. L’apport de la littérature de consonance amérindienne au Québec et au Canada a toujours été primordial pour l'enrichissement de l’imaginaire collectif des Amériques. Mauricio Gatti, auteur de (La littérature amérindienne au Québec) croit que « tant que la littérature amérindienne sera en période de constitution, elle sera subordonnée à d’autres forces telles que la politique, les revendications territoriales, l’ethnicité, et formera un champ
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général de connaissance mélangé à l’histoire et l'anthropologie. Dans le projet (Les mille et une soirées littéraires) mandaté par l’organisme E-Passerelle, il s’agit d’organiser des rencontres littéraires thématiques qui ont trait aux littératures francophones du Québec ainsi qu’à la littérature québécoise. Ces rencontres, qui répondent à un besoin du public montréalais, ont pour but de faciliter les échanges culturels et de favoriser l’intégration des écrivains québécois issus de toutes les origines. *Directeur général de l’Association Culturelle Passerelle
Cultures
Festival International Nuits d’Afrique
Rythmes et chaleurs du Continent Soleil Par Réda Benkoula
La 29ème édition des Nuits d’Afrique qui aura lieu du 7 au 19 juillet prochain proposera un programme qui transportera les estivants pendant plus de dix jours dans les rythmes endiablés de l’Afrique, des caraïbes, d’Europe et du Québec. En effet, plus d’une cinquantaine de spectacles gratuits et seront programmés pour découvrir et redécouvrir des artistes de renom tels que « Le Grand Méchant Zouk » avec les membres de la formation Kassav’. Le groupe Zebda fera l’ouverture du festival le 7 juillet prochain au Métropolis de Montréal. Le groupe Toulousain qui nous a fait dansé au rythme de « Tomber la chemise », « y'a pas d'arrangement », « Le Bruit et l'Odeur » et « Motivé » revient avec son nouvel album « Comme des Cherokees » ou l’on peut entendre leur titre « Les petits pas de danse ». Black Umfolosi qui était venu à Montréal le 9 novembre dernier reviendra à la métropole le 9 juillet pour interpréter son répertoire qui mélange les sons de la savane africaine tels que la
fameuse reprise « The Lion Sleeps Tonight ».
Particularité du groupe, ils dansent le Gumboots de manière athlétique, avec des casques de mineur et des bottes en caoutchouc qui sont ornées de petites clochettes et des bouchons à la manière des rituels traditionnels des régions minières sud-africaines. Gypsy Kumbia Orchestra que l’on avait vu lors de l’édition 2014 de Mundial Montréal, fera vibrer les spectateurs dans la section des évènements gratuits qui sont programmés au quartier des spectacles du 15 au 19 juillet. La formation qui se compose de dix-sept membres ne manquera pas d’électrifier la scène avec les percussions et les fanfares gitanes. Le festival des Nuits d’Afrique ne serait pas complet sans la touche maghrébine avec les sons de la musique Gnawi. Marocouleur qui a fait un show remarquable le 29 mars dernier lors du Festival de Musique du Maghreb reviendra le 9 juillet prochain lors au Club Balattou. Salamate Gnawa que nous avons découvert lors de la quatrième édition du fes-
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tival Orientalys sera présent le 19 juillet et s’ajoutera au groupe Berbanya qui nous fera vibrer avec la musique Kabyle. De plus, plusieurs activités culturelles
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et sociales seront offertes dans le quartier des spectacles avec des activités pour familles et enfants, des ateliers de danse et un marché à ciel ouvert qui rappellera le marché de Tombouctou.
Media
Élargissement du paysage médiatique communautaire
MABI TV entre en scène!...
Le ministre marocain de la Communication, Mustapha el Khalfi, s’est personnellement rendu au Canada pour le lancement de la chaîne de télévision Mabi tv. Elle est destinée aux Marocains installés dans ce pays mais aussi dans toute l’Amérique du Nord.
Au cours de la cérémonie qui s’est déroulée ce 29 mai 2015 au Musée des Beaux Arts de Montréal, Hakam Hmiddouch, le porteur du projet, a expliqué que la nouvelle chaîne Tv se veut un trait d’union avec le Maroc. Mabi Tv est présentée comme un espace de débat et de dialogue au service de la diaspora marocaine d’Amérique du Nord, mais il s’agit aussi d’une invite à découvrir le royaume du Maroc. Mabi Tv appartient à la société MSBC (Mabni Show Broadcast Corporation). Parmi les expertises sollicitées pour le développement de la nouvelle chaîne, il y a la journaliste marocaine Yasmine Khayat qui occupe les fonctions vice présidente communication et image. Elle est connue pour avoir présenté la série documentaire intitulée « Marhaban Bikoum » qui brosse un portrait multidimensionnel du Maroc. La série a été coproduite par le Studio Via le Monde et la Société nationale de radio et télévision du Maroc (Snrt). La programmation de Mabi Tv est encore en pleine préparation. La page web est annoncée pour bientôt. La diffusion de la chaîne débute le 22 août 2015 sur Ici Télévision au cours de la tranche 20h-21h. Outil d’intégration Le lancement de la chaîne de télévision «MABI TV» destinée principalement à la communauté marocaine établie au Canada est une initiative louable qui va contribuer à la réussite du processus d’intégration des concitoyens marocains résidents dans ce pays, a affirmé, vendredi à Montréal, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi. M. El Khalfi a souligné que cette chaîne est à même de s’ériger en tant que plate-forme d’échange pour promouvoir le débat, la compréhension mutuelle, la tolérance et la lutte contre les préjugés et les stéréotypes, ajoutant que ce projet médiatique prometteur reflète une volonté commune de renforcer les relations exceptionnelles entre le Maroc et le Canada. «Dans un contexte aussi particulier marqué par de grandes mutations numériques et par le développement du rôle de la société civile, le lancement d’une telle chaîne constitue une réponse aux attentes grandissantes afin de promouvoir la cohabitation, le respect de la diversité sociale, culturelle et religieuse, et de renforcer la contribution de la communauté
marocaine qui participe pleinement au développement économique, social et culturel du Québec en particulier et du Canada en général», a indiqué le ministre, en présence de plusieurs invités et personnalités marocaines et canadiennes. Par ailleurs, M. El Khalfi a rappelé que le Maroc, en tant que «partenaire clé» pour le Canada dans la région représente un «modèle» grâce à son processus de réformes progressives dans le cadre de la stabilité, sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Un processus, a-t-il expliqué, qui se base sur la coopération entre l’ensemble des institutions nationales à travers le lancement d’une nouvelle génération de réformes, dont notamment l’adoption d’une nouvelle Constitution, la réforme de la justice, la régionalisation avancée, la réforme des finances publiques, la consolidation de la société civile et la mise en œuvre d’un plan national pour l’égalité.
M Mustapha El Khalfi, ministre de la communication, porte parle du gouvernement du Maroc, M Hakam Hmidouch, président de Mabi TV et Mme Kathleen weil, ministre de l'immgration de la Diversité et de l'Inclusion (Québec)
Il a, en outre, mis l’accent sur la deuxième génération de réformes dans le champ médiatique, notamment l’élaboration d’un projet de code de la presse prévoyant la suppression des peines privatives de liberté, l’instauration d’un mécanisme démocratique et indépendant d’autorégulation à travers le conseil national de la presse et la reconnaissance juridique de la presse numérique. Un vecteur de renforcement des relations maroco-canadiennes De son côté, l’ambassadeur du Maroc à Ottawa, Mme Nouzha Chekrouni a salué cette initiative qui se veut une fenêtre sur la communauté marocaine au Canada, dont le dynamisme et le rôle qu’elle joue au sein de la société canadienne est considérable, notant que ce projet permettra également de renforcer davantage les excellentes relations maroco-canadiennes. Dans une allocution lue en son nom, Mme Chekrouni a indiqué que le lancement de cette chaîne permettra aussi de garder vivaces les liens solides des membres de la diaspora marocaine avec la Mère Patrie et de contribuer à informer les Marocains du Canada sur les chantiers d’envergure et les débats publics et d’actualité dans le Royaume. Une contribution au développement socio-économique du Québec Pour sa part, la ministre québécoise de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, Kathleen Weil a tenu à louer ce nouveau projet et à mettre en exergue l’énorme potentiel, le dynamisme des immigrants marocains ainsi que leur contribution au développement socio-économique du Québec. Source : Maghreb Arabe Presse
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Media
MABI TV entre en scène
Hakam Hmiddouch : «Des images et des sons pour célébrer nos ressemblances et notre diversité»
Présentant le projet dont il a eu l’initiative, M. Hakam Hmiddouch a rappelé devant l’assistance quelques uns des principes qui l’ont amené à mettre MABI TV sur rails. Voici de larges extraits de son discours.
«Quel bonheur de célébrer avec vous ce soir le lancement de MABI TV, une idée qui a germé dans mon esprit voilà quelques mois et qui se concrétise par la volonté, le travail et l’adhésion de tous ceux qui ont cru à cette initiative. MABI TV, c’est d’abord un nouveau vecteur d’intégration de la communauté marocaine dans son pays d’accueil. Un trait d’union, un média rassembleur, une manière de célébrer nos ressemblances et…nos différences. Valoriser la diversité En lieu et place du repli identitaire et des crispations sociales, MABI TV offre un espace de rencontre, de débat, de dialogue et d’échange. MABI TV est le porte-voix des sans voix. Si notre objectif premier est de servir notre communauté, nous sommes animés par la volonté de nous ouvrir aux autres composantes de la diversité québécoise, canadienne et américaine. Nos ambitions sont nord-américaines mais nos racines sont québécoises.
capsules touristiques, culinaires, des émissions sociales, financières et économiques.
Prime time Dans une première phase, nous allons assurer une programmation quotidienne en prime time, de 20 h à 21h sur le canal Ici Télévision, le canal de la diversité. Nous allons augmenter progressivement notre temps d’antenne avec l’ambition de rejoindre les faisceaux satellitaires. Ce projet est l’oeuvre d’une équipe jeune et dynamique, animée par sa détermination et son professionnalisme. MABI TV existe aussi grâce au soutien, aux encouragements et à la bienveillance de personnalités qui ont cru en nous. Encouragement et larges soutiens L’équipe de MABI TV remercie particulièrement pour leur support: - M.Abdel Ilah Benkiran, Chef du Gouvernement marocain et les membres de son cabinet. - M.Mustapha Khalfi, Ministre de la Communication et Porte-Parole du Gouvernement et son cabinet
M Hakam Hmidouch, président de Mabi TV
d’exception. - Mme Kathleen Weil, Ministre de l’Immigration de la Diversité et de l’Inclusion et notre amie chère. - Mme Fatema Marouan, Ministre de l’Artisanat, de l’Économie Sociale et Solidaire. - Mme Nouzha Cheqrouni, Ambassadeur du Royaume du Maroc au Canada. - M. Nacer Bourita, Secrétaire Général du Ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération. - M. Abdellah Boussouf, Secrétaire Général du Conseil de la Communauté Marocaine à l’Étranger.
C’est pour cela que nous avons choisi d’installer nos infrastructures à Montréal. MABI TV propose un contenu généraliste, avec une grille qui reflète également toute la diversité culturelle de notre communauté dans ses composantes arabes, berbères et andalouses, toutes confessions confondues. Des formats courts, des thématiques variées, une tribune indépendante, avec des rendez-vous culturels, des magazines de débat politique, des
L'équipe de MABI TV
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- M. Denis Brott, Fondateur et Directeur Artistique du Festival de Musique de Chambre de Montréal. - M. Michael Boer, Président du Festival de Musique de Chambre de Montréal. - M. Sam Norouzi, Vice-Président de Ici Télévision. Vos mots d’encouragement ont soufflé un vent d’optimisme dans nos voiles et nous voici aujourd’hui bien arrimés et prêt à vous transporter avec nous à la découverte de qui nous sommes.»
Sports
Soccer: La FIFA dans la tourmente
Qui voudra bien succéder à Sepp Blatter?
Joseph « Sepp » Blatter dirigeait la Fédération internationale de football association (FIFA) d'une main de fer depuis 17 ans. Et ça fait 17 ans que la controverse lui colle à la peau.
En 2002, le président de la Fédération somalienne de soccer, Farah Addo, l'avait accusé de lui avoir offert un potde-vin de 100 000 $ afin qu'il vote pour lui quatre ans plus tôt (1998). En entrevue à Radio-Canada au mois d'août dernier, l'homme de 79 ans s'était défendu d'être corrompu. « Si vous parlez de corruption, donnezmoi tout de suite une preuve et personne n'a jamais trouvé une preuve. On a peut-être eu des gens qui se sont mal comportés à l'intérieur de la FIFA, mais pas le président. » De fait, pour l’instant, il ne semble pas visé par l’enquête entreprise par le FBI américain et qui a provoqué un véritable séisme dans le monde du ballon rond. N’empêche, la pression a été telle que, réélu une semaine auparavant, il a du se résoudre à démissionner. Et les questions qui se posent dès lors, sont : quel avenir pour le football-soccer? Mais d’abord, qui pourra, ou voudra, succéder à Sepp Blatter? Les candidats seront nombreux… Les candidats risquent d'être nombreux. Déjà le prince jordanien Ali a fait acte de candidature, en attendant la position de Michel Platini, le grand favori potentiel. Le président de l'UEFA est le premier nom qui revient quand il s'agit de dresser la liste des prétendants possibles au trône de la Fifa. Mais est-il prêt à laisser tomber la Confédération européenne
où il fait l'unanimité et où il a entrepris de vastes réformes pour diriger une Fédération internationale devenue un lieu d'intrigues en tout genre L'ancien capitaine de l'équipe de France, âgé de 59 ans, a incarné ces derniers mois l'opposition farouche à Sepp Blatter, qu'il avait aidé lors de sa première élection en 1998. Mais il avait finalement refusé de se porter candidat contre son ancien mentor, préférant briguer un troisième mandat à la tête de la Confédération européenne en mars avant de soutenir le prince jordanien Ali.
Michel Platini Peut-il tout d'un coup abandonner l'UEFA pour se lancer dans une entreprise périlleuse de conquête de la FIFA? Lui qui avait demandé la démission de Blatter jeudi sort assurément renforcé des derniers événements. Mais il devra avant tout tenir compte du rapport de forces au sein du congrès, le corps électoral, où l'Europe ne pèse que 53 voix sur 209. Platini sait également que les autres confédérations, bénéficiaires de l'aide au développement de la FIFA, n'accepteront pas si facilement de voir la Fédération internationale dominée par un représentant de la richissime et toute puissante UEFA. Le Prince Ali de Jordanie Inconnu au bataillon avant de mettre Blatter en ballottage, le prince jordanien Ali bin Al Hussein, demi-frère du roi Abdallah II, a été le premier à se déclarer de nouveau candidat à la succession de Blatter. A peine une demiheure après la démission du Suisse. Ali a pour lui d'avoir réuni 73 voix au premier tour et de bénéficier d'une très bonne image dans les milieux sportifs internationaux grâce à son rang de viceprésident de la Fifa pour l'Asie (20112015) et de patron de la Fédération jor-
M Sepp Blatter danienne de football.
Telegraaf.
Mais le prince Ali a aussi de sérieux handicaps. Son jeune âge (39 ans) est considéré par certains comme un signe d'inexpérience. La Confédération asiatique ne l'a en outre pas reconduit à son poste de vice-président de la FIFA et avait pris fait et cause pour Blatter jusque-là.
Ne disposant que de peu de soutiens en dehors de leur pays ou manquant de vécu dans les instances (Figo), ils n'ont quasiment aucune chance et devraient logiquement former des tickets avec les postulants les plus sérieux.
Luis Figo et les autres… On peut d'ores et déjà citer dans cette liste les deux autres candidats malheureux à la présidence, le patron de la Fédération néerlandaise Michael van Praag et l'ancienne légende portugaise Luis Figo, qui se sont retirés en faveur du prince Ali une semaine avant le scrutin. Quelle sera leur attitude alors que le Jordanien a de nouveau décidé de briguer le poste? « Je vais d'abord m'entretenir avec différentes parties prenantes la semaine prochaine à Berlin (lors du comité exécutif de l'UEFA en marge de la finale de la Ligue des champions) puis j'envisagerai quels seront mes plans », a déclaré Van Praag aux sites des journaux Algemeen Dagblad et De
Il y aussi une piste menant au chef de la puissante Fédération allemande Wolfgang Niersbach. Mais nul doute que l'Europe voudra s'avancer unie derrière un seul homme lors du prochain congrès extraordinaire. Tout dépendra donc de l'attitude de Platini. En dehors de l'Europe, le président de la Fédération américaine Sunil Gulati s'était montré très virulent à l'égard de Blatter dans la lignée des enquêtes judiciaires menées par son pays. Il faudra guetter aussi la position de David Ginola dont l'aventure folklorique, financée par un organisme de paris (Paddy Power), avait tourné court fin janvier faute de parrainages, tout comme celle du diplomate français Jérôme Champagne, ex-secrétaire général adjoint et ancien directeur des relations internationales de la FIFA.
Le «Style Blatter» L'emprise de Blatter sur la FIFA est totale. L'ancien joueur argentin Diego Maradona l'a même comparé à un dictateur. Le principal intéressé a accepté la critique sans broncher. Blatter est à la tête d'une fédération qui est composée de 209 membres. C'est davantage que l'ONU (193) et que le CIO (205).
Chaque nation, peu importe sa taille, détient un vote à l'élection présidentielle. Et justement, selon plusieurs de ses détracteurs, c'est avec le vote des pays de plus petite envergure que Blatter a maintenu son emprise. Par exemple, Blatter a visité, en avril, l'assemblée annuelle de la CONCACAF, la confédération régionale de soccer qui représente
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l'Amérique du Nord, l'Amérique centrale et les Caraïbes. Selon un dossier du magazine Bloomberg, Blatteraurait rappelé aux membres que la FIFA avait versé, depuis 1998, 330 millions de dollars aux 35 pays de la région pour des projets de développement du soccer. Le Président de la CONCACAF
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Jeffrey Webb, aujourd'hui au nombre des accusés, appuyait ouvertement Blatter. Rare voix d'opposition à la FIFA, le prince Ali de Jordanie est le seul autre candidat toujours en lice à l'élection présidentielle. Reste à voir quand elle se tiendra.
Sports
Coopération sur le terrain
Sept maroco-canadiens au service du volley-ball marocain
Le volley-ball marocain cherche tant bien que mal à trouver l’élan salvateur. Après la belle époque des années 60 et 70 qui a vu de grands joueurs de la trempe d’Abderrazak El Allam, le volley-ball a connu des hauts et des bas, chose qui n’a en aucun cas servi ce sport.
Actuellement, l’avenir de la sélection nationale repose sur des jeunes joueurs et joueuses qui ne cessent de confirmer leurs atouts et s’imposent désormais comme les porte-drapeaux du volleyball au Maroc. Parmi ces éléments, ceux des Marocains résidant à l’étranger notamment les volleyeurs du Canada qui aspirent à défendre les couleurs nationales, ce qui aura un effet bénéfique pour l’avenir de cette discipline dans notre pays. Le bureau fédéral, sous la conduite de Bouchra Hajij, œuvre dans ce sens dans l’espoir de former des équipes nationales compétitives dans toutes les catégories aussi bien au niveau régional que continental. Le précédent Saad El Bekri Les exemples sont multiples et à ce propos, il y a lieu de rappeler le volleyeur Saâd El Bekri, athlète marocain
évoluant à l’Université de Montréal qui a été d’un apport tres positif lors du championnat du monde des U18 qui a eu lieu en Turquie l’été 2014. Suivant la même stratégie en vue de renforcer les équipes nationales pour les prochaines échéances continentales et mondiales, la présidente de la FRMVB n’a pas omis de contacter Kadary Abdelilah (arbitre sénior à la Fédération canadienne) afin de procéder à la prospection de jeunes volleyeuses pour renforcer la sélection marocaine devant participer au championnat d’Afrique des nations dames prévu en juin prochain au Kenya.
Siham Doukkali et Racha Kadary Suite à cette requête, la FRMVB a convoqué deux jeunes joueuses dont Siham Doukkali évoluant dans l’équipe des Griffon d’Ottawa. Née le 28 mars 1995, elle occupe les positions d’attaquante et passeuse (taille 1m77, saut d’attaque 2m90). Quant à Racha Kadary âgée de 19 ans, elle est sociétaire de l’équipe de Marianapolis de Montréal et occupe la position d’attaquante (taille 1m70). Six arbitres pour faire une différence
Dans le même contexte, le Canada dispose d’une équipe d’arbitres marocains actifs affiliés à la Fédération de volleyball qui officie dans le circuit d’élite canadien. Ce groupe d’arbitres comprend deux femmes dont notamment Racha Kadary et une des deux joueuses sélectionnées en E.N. Selon une source bien informée, ces arbitres sont prêts à collaborer avec la FRMVB en organisant des stages de formation, des sémi-
naires, des conférences, des échanges d’idées, de la prospection de nouveaux talents dans le but de développer le corps arbitral et le volley-ball au Maroc. Les principaux membres de ce groupe d’arbitres sont Kadary Abdellilah, Bouslim Boubker, Adib Jaouad, Nezha Benali, Kadary Hamid et Racha Kadary. Source : Libération
Athlétisme
Yazid Alaoui de nouveau sur le podium…
… et se qualifie pour la finale du championnat national 2015 et les jeux de Québec 2016 Yazid Alaoui est monté deux fois sur le podium le 30 mai dernier au Championnat provincial d’athlétisme 2015 olympiques spéciaux de Québec (OSQ). Il a en effet enlevé de haute lutte deux médailles de bronze et d’argent, respectivement aux 100M et 400M. de ce fait il se qualifie pour la finale du championnat national 2015 et les jeux de Québec 2016 Comme beaucoup de jeunes originaires du Maroc, Yazid est membre du club d'athlétisme Laval Olympique à Laval, dont le président et entraîneur chef n’est autre que Mustapha Alaoui, expert en entraînement sportif de haut niveau et enseignant universitaire. M. Alaoui dispose de la plus haute certification au Canada en athlétisme avec un niveau 5 de PNCE, formateur d'entraîneurs de PNCE depuis plus de 9 ans et formateur d'entraîneurs au sein de la Fédération québécoise d’athlétisme.
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Magazine
Chasse aux météorites dans le désert marocain
Ces fortunes qui tombent du ciel…
La fortune tombée du ciel Dans le désert marocain, c’est devenu une véritable chasse au trésor. Ceux qui arpentent les dunes à la recherche de météorites sont de plus en plus nombreux. Une quête extraterrestre qui peut rapporter gros. Quête extraterrestre Sur le marché confidentiel de la météorite, Mohamed Aid est un incontournable. Malgré son allure simple, son attitude modeste, ce marchand reconnu repose sur un petit trésor. Sa plus belle pépite se nomme « Black Beauty » : un caillou noir comme du charbon qu’il a revendu quelque 290 000 dollars. Trouvé en 2011 dans le désert marocain, dans une zone appelée Rabt Sbayta, cet éclat de Mars est la météorite la plus chère au monde. Elle est issue de la surface de la planète, et sa valeur scientifique est inestimable. Son prix d’acquisition continue d’ailleurs de grimper : en novembre 2014, une trentaine de grammes a atteint les 90 000 dollars aux enchères chez Christie’s, la célèbre maison de ventes. Lorsque Mohamed Aid évoque la pierre de sa vie, en étalant ses dernières acquisitions (diogénite, pallasite, lunaire), sur la table de son salon, ses yeux sombres scintillent : « Black Beauty, confie-t-il, c’est de loin ma plus heureuse trouvaille. »
Nous sommes dans le sud du Maroc, aux portes du grand Sahara. Dans cette zone de transit, tout s’échange, tout se vend. Dès le Moyen Age, les caravanes débarquaient chargées d’or, après des mois de voyage, écrasées sous le soleil saharien. Pourtant, depuis quelques années, une nouvelle ruée vers l’or a pris le relais : une chasse aux météorites qui captive autant les nomades, les scientifiques, les passionnés que les spéculateurs… Pour expliquer cette tendance, un argument de taille : au Maroc, les météorites appartiennent à ceux qui les trouvent et c’est le seul pays de la zone saharienne à
tolérer leur vente. Dans les pays frontaliers, Algérie, Tunisie ou Libye, elles reviennent de facto à l’État. Leur exportation est interdite et parfois même passible de prison.
Erfoud, plaque tournante du commerce céleste A quelques kilomètres des dunes touristiques de Merzouga, à l’extrême est du Maroc, la ville d’Erfoud est devenue la plaque tournante du commerce des météorites. Yahiya est un des nombreux intermédiaires qui en vit, attendant son jour de chance, celui où il tombera sur une pépite de valeur. Pour cela, il achète les pierres aux nomades et les revend à des Marocains ou à des visiteurs de passage. S’ils ne sont pas collectionneurs, ces acquéreurs étrangers iront eux-mêmes les écouler dans des bourses spécialisées et organisées de par le monde : Ensisheim en Alsace, Tucson en Arizona, Munich en Allemagne… Aujourd’hui, Yahiya vient de recevoir un coup de téléphone d’un de ses contacts. Mohammed, un nomade, aurait déniché une météorite précieuse, a priori une chondrite carbonée, contenant du carbone, comme son nom l’indique. Si la pièce est belle, il pourra la revendre un bon prix. Hormis quelques boutiques pour les touristes, il n’existe pas de point de vente, le réseau est organisé autrement et les négociations se font dans le désert ou chez les particuliers. Ce sont les nomades qui récoltent le plus souvent sur le terrain. En effet, pour faire paître leurs troupeaux, ils parcourent des kilomètres. Dès le lendemain, l’acheteur part en 4 x 4 à la rencontre de Mohammed. Après une bonne heure de trajet, Yahiya atteint le secteur où sont établis Mohammed et sa famille. Il cherche du réseau téléphonique pour appeler en même temps qu’il scrute l’horizon de son œil habitué. Il lui faut encore longer quelques dunes, traverser plusieurs
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oueds, ces rivières asséchées. Enfin, la frêle tente se dresse, un amas de couvertures et de tissus, maigre protection contre les intempéries. Mohammed s’est installé là avec sa femme et ses cinq enfants. Ici, il a trouvé de l’herbe pour faire paître ses troupeaux, ses treize chameaux et sa dizaine de chèvres. C’est tout ce qu’il possède avec sa moto, mais aussi une belle poignée de météorites. Pourtant, quand Yahiya arrive, un autre marchand est déjà passé par là. Il a acheté la chondrite carbonée 450 dirhams (50 dollars). C’est la règle ici. Il faut être le premier. Philosophe, Yahiya le sait bien : « Les météorites, c’est surtout de la chance et souvent tu ne trouves rien. » Pour la classification, il faut envoyer un échantillon dans un laboratoire à Casablanca, aux États-Unis ou en Europe. Le menu du jour Chaque jour apporte son lot de surprises. Ainsi un de ses amis, également
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revendeur, vient de remporter une affaire. Avec sa camionnette, il est parti à Laâyoune, dans le Sud. Sur plus d’un millier de kilomètres, il a emprunté la route poussiéreuse des anciens trafiquants d’épices, il a traversé les ergs jusqu’à Tata puis a rejoint la côte atlantique pour descendre à Laâyoune. De son rendez-vous avec un nomade, il a rapporté une petite pierre céleste qu’il garde contre lui, à l’intérieur de son manteau. Une vingtaine de grammes, achetée quelques dizaines de dollars et qu’il espère bien revendre 200. Au soleil, le caillou gris et argenté scintille comme une lunaire. Pourtant, il ne saura jamais si c’en est une. Pour la classification, il faut envoyer un échantillon dans un laboratoire, aux États-Unis, en Europe ou à Casablanca. Seuls les riches marchands le font. Une fois reconnue, elle peut alors être revendue à meilleur
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Magazine
Chasse aux météorites dans le désert marocain
Ces fortunes qui tombent du ciel… Suite de la page 36
prix, souvent découpée en tranches pour un maximum de profit. « C’est ainsi ! Certains se sont enrichis. D’autres ont tout perdu. Ils n’ont pas eu le nez, ont acheté des cailloux qui n’étaient pas extraterrestres », résume Ibrahim, rencontré sur la route du retour et venu prospecter. Il habite dans le coin et chasse la météorite pour arrondir ses fins de mois. La dernière fois, il a trouvé un morceau de lunaire et l’a revendu plusieurs centaines d’euros. Tout gagner ou tout perdre… Tout gagner ou tout perdre… A Erfoud, Ahmed Lamouri en a fait l’expérience. Il a été le premier Marocain à s’intéresser aux météorites dans une région qui vit essentiellement grâce aux fossiles et aux minéraux : quartz, gypse, améthyste, calcite, argent… L’ancien se souvient : « Dans les années 1980, j’avais une autorisation pour exploiter des mines d’azurite. Un jour, un ouvrier me ramène une pierre inconnue. Je la montre à un bijoutier. Il me dit que ce n’est pas du minerai. Je l’apporte à un forgeron. Il me répond que ce n’est pas du fer. [...] Quelque temps plus tard, Alain Carion, un spécialiste, collectionneur et marchand français, vient me rendre visite. Il m’explique que c’est une météorite. Franchement, sur le moment, je n’ai pas compris grand-chose. Puis, peu à peu, les gens ont com-
mencé à les ramasser et à les vendre. Il en venait de partout : de tout le Sahara, de Mauritanie, d’Algérie, du Mali… » Ahmed, lui, n’a pas fait fortune. Faute de bons placements, il a trop dépensé et laissé filer des affaires. « Une fois j’ai acheté une pierre 30 dirhams (3,25 dollars) le gramme. Je l’ai revendue le double. Mais, deux mois plus tard, elle tournait à 600 dirhams (80 dollars) le gramme avant de partir à l’étranger. C’était une eucrite, une pièce rare. »
Une filière organisée Depuis les balbutiements des années 1990, la filière s’est organisée. Si les nomades restent bergers, la plupart ont dans la poche un petit aimant pour reconnaître ces pépites venues du ciel. Certains sont même devenus des experts, savent différencier une banale chondrite d’une achondrite plus remarquable. Après eux, les intermédiaires sont souvent nombreux. « La finalité, c’est de vendre à des étrangers. Or ces acheteurs se livrent à des transactions de plusieurs milliers d’euros, ils doivent être solvables et crédibles, avec un compte en banque et une solide réputation », confie un bon connaisseur du milieu. Les prix, quant à eux, varient énormément. Tout dépend si la pierre est fendue, si les rayons sont marqués, si la forme est belle. Les chondrites ordinaires oscillent entre 200 et 600 euros le kilo. Pour les pièces rares, les lunaires ou les martiennes, les tarifs s’envolent et atteignent des sommes astronomiques, notam-
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ment en cas de chute récente.
Légende, réalité et fantasmes A Tata, près de Tissint, certains se sont beaucoup enrichis. Après 2011, ils ont acheté des maisons, des 4 x 4,. Mais d’autres ont vendu une pièce 20 dirhams 93 dollars) puis l’ont retrouvée quelques mois plus tard à 1500 dollars sur le marché. Ils sont devenus fous. » Légende ou réalité, le monde des météorites est plein de fantasmes. Sur une table basse, au fond de son magasin, au milieu des bijoux berbères, des babouches et des théières, Brahim sort ses pépites extraterrestres. « C’est un bon business, les cailloux. Ça ne se mange pas, mais ça se vend, très cher. Depuis Tissint, on a tout écoulé. On attend une nouvelle chute du ciel », sourit-il. Rachid Chaoui fait partie de ceux qui se sont beaucoup enrichis grâce à ce business. Dans un monde qui reste discret – et pour cause : la vente de météorites au Maroc ne fait l’objet d’aucun cadre législatif, elle n’est donc pas taxée et ses règles ne sont pas définies –, il est un des rares à accepter de parler et de raconter comment il a fait fortune. « J’ai commencé à m’y intéresser en 2008. Je m’étais endetté après mon mariage. » . Le jeune homme a besoin d’argent. « Je me suis mis à chercher des météorites. J’allais dans le désert avec ma moto. Pendant un an, je n’ai rien trouvé. Mon
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premier achat sérieux, c’est une lunaire, grâce à un nomade. L’essentiel dans ce commerce est d’entretenir de bonnes relations avec eux, avec du respect, car ils sont plus chanceux que nous. Ce jour-là, il m’a prévenu qu’il avait quelque chose de précieux. J’ai pris la météorite, je l’ai envoyée à l’étranger pour la faire analyser. Je lui ai dit que je le payerais en fonction des résultats et il m’a fait confiance. Il s’est révélé que c’était une très belle lunaire de 442 grammes, que j’ai vendue par la suite à un Américain. » Le trentenaire sourit, heureux. Il n’en revient toujours pas. « C’était comme dans un rêve. Tout d’un coup, j’ai dit bye-bye à la pauvreté, j’ai remboursé mon crédit, mis 40 000 dirhams (5000 dollars) de côté et j’ai pu acheter d’autres pièces pour lancer mon affaire. » Aujourd’hui, Rachid Chaoui vend essentiellement sur Internet. Il se fait construire une deuxième maison, en ville, à Ouarzazate, pour se rapprocher des commodités, des banques et des écoles pour ses enfants. De son côté, le nomade a, lui aussi, acquis une propriété. « Il s’y réfugie seulement quand il pleut, sourit Rachid Chaoui, mais, pour le reste, il préfère vivre dans le désert. » Sous le ciel qui a fait sa fortune, il peut continuer à croire en sa bonne étoile.
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