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Entreprises Entrepreneuriat et productivité, clés de la prospérité Page 12
Immigration
Les délais de traitement des dossiers Mis à jour en avril 2014
Philippe Couillard présente son équipe
«Un gouvernement pour l’économie, le redressement et l’inclusion»
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Jeunesse
Sixième université d’été pour les Jeunes Marocains du Monde
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La nouvelle équipe; portrait de groupe
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Editeur : Abdelghani Dades. Directeur Général Rachid Najahi. Rédaction : Hassan Boutabssil, Narjisse El-Bakkali, Zahira Ellahgui, Wahid Megherbi, Mona Doutabaa, Said Chayane, Reda Benkoula Publicité : Agence Odyssée Conception et Réalisation Graphique : Atlas Média Atlas.Mtl est un produit du. GROUPE ATLAS MEDIA Editeur de. * La Voix des Marocains à Montréal et du site web: www.atlasmedias.com
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Éditorial
Éditorial
Le gouvernement de l’économie, du redressement et de l’inclusion Au moment ou un nouveau gouvernement prend en charge les affaires publiques du Québec, il n’est sans doute pas inutile de revenir sur les idées, la manière de faire, qui ont permis à M. Philippe Couillard de devenir le 31e Premier ministre de la Belle Province.
Tout à commencé au lendemain de son choix à la tête du Parti Libéral du Québec. Au lieu de se précipiter au devant de la scène, de chercher à se faire élire au Parlement comme indispensable complément à son nouveau statut, il a préféré «passer sous le radar», sillonner la province, écouter les gens parler de leurs vrais problème et de leurs doléances, se faire ainsi une idée du rôle qu’il aurait à jouer advenant un retour aux affaires de son parti. Un style résolument nouveau De cet exercice est né ce que l’on a cru être un slogan électoral, «les vrais affaires» mais en cours de campagne, s’est avéré un parler vrai dénotant une parfaite connaissance du pays et de ses espérances. Le tout s’est transformé en une victoire électorale, que M. Couillard a rapidement présentée comme une charge, une lourde charge, à assumer non dans une sorte de tour d’ivoire, dans la solitude du pouvoir, mais dans la poursuite de l’écoute. Ainsi, dès l’assermentation des députés libéraux nouvellement élus, il annonçait une révolution dans les mœurs politiques, curieusement passée inaperçue. Ainsi, a-t-il affirmé, le rôle principal du député consistait à écouter ceux qui les ont élus et à faire remonter le résultat de cette écoute vers les centres de décision. Le citoyen passait ainsi avant la raison du gouvernement, alors que très longtemps, trop longtemps, la raison du parti et la solidarité partisane donnaient l’impression de faire passer l’attente du citoyen loin derrière la politique politicienne,
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l’installation de l’appareil dans la durée, même au détriment de la fonction principale, fondamentale, de tout gouvernement : le bien-être du plus grand nombre et autant que possible, de toutes et tous.
Cette approche a encore été développée tant à travers la composition du nouveau gouvernement que dans la feuille de route dressée par le chef du gouvernement aux nouveaux titulaires de maroquins. Six principes et deux objectifs Avec six principes de base : Intégrité, transparence, équité, respect, fierté, confiance. Des principes qui n’excluent personne, ni autochtones, ni anglophones, ni nouveaux arrivants, également cités. Avec deux objectifs : emploi et redressement, politiques menées par un «état pertinent et efficace», transparent aussi. Et une vision à plus long terme, explicité dans l’adresse de cadrage à deux des 14 nouveaux ministres, les plus jeunes, Stéphanie Vallée et David Heurtel, qui auront à incarner la transition entre générations et entre époques, vers le futur, vers une nouvelle ère et un monde nouveau et renouvelé. Les portefeuilles des «vrais affaires» Et tout ceci prend corps dans un fait d’apparence bénigne : les changements dans les appellations données à certains portefeuilles ministériels. On a vu ainsi apparaitre la lutte contre l’intimidation comme action gouvernementale. Tout comme «l’évaluation permanente des programmes gouvernementaux», qui formalise la conviction de M. Couillard, de répondre aux besoins d’ajustements structurels, pour préparer les années et les décennies à venir, qui sont ceux du Québec. La place des communautés cul-
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turelles Les néo-québécois et les nouveaux arrivants n’ont pas été oubliés. Il est vrai que lors du scrutin du 7 avril 2014, les taux de participation de certaines communautés culturelles ont largement dépassé, contrairement à une longue tradition d’indifférence, les 70%. Ils n’ont certes pas ainsi changé le résultat de la consultation, mais plutôt éloquemment démontré leur adhésion à un Projet Québec, inclusif et équitable, et leur volonté de participation à sa réalisation, ne serait-ce que pour mettre fin à cette intolérable injustice qui les exclue plus que tous autres, du marché de l’emploi. Premier signal : exit le «ministère de l’immigration et des communautés culturelles», pas mal exclusif; c’est désormais, en plus de l’immigration, le ministère de la diversité et de l’inclusion. Il est de surcroît confié à Kathleen Weil, qui avant le portefeuille de la justice dans un ancien gouvernement, avait été en charge du MICC, avait aimé son travail, l’avait bien fait et laissé de très bons souvenirs dans de nombreuses communautés culturelles. Deuxième signal : dans sa feuille de route, telle que présentée par M. Couillard, il a été explicitement dit : l’immigration étant un impératif pour le Québec, il faut savoir accueillir, or «accueillir, c’est grandir et s’ouvrir. C’est une société ouverte et inclusive (…). La diversité est un atout pour le Québec, une force à mobiliser pour le succès commun», avec comme outils, une meilleur adéquation entre l’immigration et le marché du travail et un véritable effort de reconnaissance des compétences des nouveaux arrivants. Troisième signal : Guérir les blessures récemment infligées à cer-
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Éditorial
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taines communautés culturelles. Elles seront du ressort de la nouvelle ministre de la justice. Cela mérite explication. Longtemps, les gouvernements du Québec, ont fait de la culture et de la religion des affaires strictement privées, ne relevant en aucun cas de domaine de l’État. De la sorte, comme Ponce Pilate, on s’en lavait les mains. Mais à tort, puisqu’ainsi, on laissait se développer, hors tout contrôle, des manifestations sociales délétères, antiinclusives à tout le moins. Il s’agira pour la nouvelle ministre non pas de contrôler le champ culturel et religieux et de l’enfermer dans des lois et des règles, mais de mettre en place les moyens d’un vivre-ensemble qui tient compte des croyances des uns et des autres, mais dans l’harmonie. Cette tâche est de plus confiés à l’un des membres du gouvernement chargé d’ouvrir les yeux de tous sur ce que l’évolution des sociétés humaines amènera comme changements dans nos vies. Quatrième signal : la Vice-première ministre, Madame Lise Thériault, a été, il y a quelques années, titulaire du portefeuille de l’immigration et des
communautés culturelles. Elles avait assumé la responsabilité avec une sensibilité qu’elle a développé depuis, ce qui laisse croire que l’œuvre d’inclusion à mener, peut être non un portefeuille mais une responsabilité interministérielle, impliquant tous les niveaux de gouvernement. Rendez-vous dans quatre ans et demi… Dans les principes généraux, comme dans le volet diversité et inclusion, c’est là un bien généreux programme. Un programme généreux au point de placer haut la barre des attentes qu’il va susciter chez la majorité des citoyens. Trop généreux pour être réalisable sachant les contraintes économiques et financières auxquelles sera soumis le gouvernement? On peut le penser. Mais pas assez fort pour croire qu’il ne s’agit que d’une déclaration d’intentions. Ce qui nous rassure le plus, c’est que le Premier ministre est parfaitement conscient de la difficulté de la tâche et il l’a démontré en déclarant que le moment était aux décisions difficiles. Et dans une sorte de codicille, parlant un peu auparavant de l’évaluation permanente des programmes public, il a
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dit, à mi-voix, qu’aucun nouveau programme ne serait autorisé, si des économies d’un montant équivalent n’étaient pas réalisées ailleurs. Concrètement cela revient à dire qu’on assistera à une réallocation des ressources de l’État, voir à une réingénierie de l’État, une forme de politique d’austérité rationnalisée, un genre de programme qui n’est pas toujours accueilli avec joie, même - et surtout - lorsqu’il est nécessaire et incontournable. C’est cette précaution
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qui peut passer pour une clause de garantie que l’on n’est pas seulement dans les vœux pieux. Impression semble-t-il largement partagée puisque les premières réactions à la composition et au format du cabinet Couillard 1, semblent, sinon plutôt favorables au moins sans trop d’hostilité. Mais on jugera sans doute mieux de ces perspectives dans quatre ans et demi, à la lumières de faits et effets et non seulement sur des conjectures… Abdelghani Dades
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Faits
Les adieux de Pauline Marois
«J’avais encore envie de servir le Québec»
Pauline Marois s’est adressée mercredi 16 avril 2014 aux médias pour la première fois depuis la défaite du Parti Québécois le 7 avril dernier. Elle a livré un discours d’adieu empreint d’émotion. La première ministre sortante, Pauline Marois, prie les Québécois de ne pas renoncer à la «possibilité» de faire un pays. Il s’agit toujours, à son sens, d’un projet «important» et «nécessaire».
« Je vous enjoins à continuer de vous tenir debout, la tête haute, pour protéger ce qui vous tient à cœur. De continuer à chérir le précieux trésor que nous avons reçu de nos mères et de nos pères, et qui fait de nous un peuple différent. De ne jamais tourner le dos à la possibilité que nous nous donnions un jour un pays à nous. Un pays pour décider pour nous-mêmes, par nous-mêmes », a-telle déclaré mercredi après-midi à l’occasion de sa première sortie médiatique depuis le scrutin. La défaite électorale du Parti québécois ne signifie pas à ses yeux la mort du projet du « pays du Québec ». « Je ne sais pas quand. Je ne sais pas comment [le Québec pourrait devenir un État indépendant]. Mais, une chose que je sais, nous serions dans une meilleure situation si nous étions indépendants. Je suis sûre et certaine de cela », a-t-elle dit, se refusant à analyser publiquement les raisons de la chute du PQ, qui a récolté à peine 25 % du vote populaire le 7 avril. Malgré tout, l’« avenir appartient » à la population québécoise. Pauline Marois mettait ainsi fin à plus de 30 ans de vie politique - qui « n’ont pas toujours été de tout repos » - avec le « sentiment du devoir accompli ». « Je suis encore émue que les citoyens du Québec m’aient permis d’être leur première ministre », a-t-elle affirmé, la
voix étranglée par l’émotion. La défaite électorale a fait mal. « Ça fait vingt fois que je le lis [le discours], je ne réussis pas encore à passer au travers », a-t-elle soufflé derrière un lutrin installé dans le hall de l’édifice Honoré-Mercier dans lequel se trouvent les bureaux du premier ministre. Elle a repris son souffle.
« Il y aura donc bientôt sept ans, je suis sortie de mon jardin après une courte retraite parce que j’avais encore envie de servir le Québec. Depuis, il s’en est passé, des choses», a-t-elle poursuivi, observée par des dizaines de journalistes et de collaborateurs. Après 18 mois à la tête de l’État, Mme Marois cédait le pouvoir, mais non sans inquiétude à l’égard de l’avenir de la langue française. « Nous sommes suffisamment forts comme peuple pour vivre, nous développer en Amérique, et le faire en français. Mais nous avons besoin de protection. Il n’y a aucun gouvernement qui a échappé à cette obligation », a-t-elle affirmé à la presse. « À titre de première ministre sortante et de citoyenne du Québec », Mme Marois en a d’ailleurs glissé un mot à son successeur, Philippe Couillard, lors d’un bref entretien en matinée. Elle lui a également exprimé ses « souhaits » de voir le projet de loi sur les soins de fin de vie être adopté, et la stratégie d’électrification des transports déployée. « C’est l’avenir du Québec. » La chef du Parti québécois démissionnaire dit léguer une « maison en ordre » à l’équipe libérale. Avec la loi 1 sur l’intégrité en matière de contrats publics, la loi 10 permettant de relever pro-
Mme Pauline Marois
visoirement de ses fonctions un élu faisant face à des accusations criminelles, mais aussi en donnant les coudées franches aux forces policières et à la commission Charbonneau et en assurant un financement essentiellement public des partis politiques québécois, le gouvernement péquiste a fait avancer l’intégrité et fait reculer la corruption, selon elle. En 18 mois, son équipe a pu « redonner aux Québécois le contrôle de leurs institutions », dont la « crédibilité » était sérieusement écorchée. « Nos institutions politiques sont aussi vitales pour l’avenir du peuple québécois que notre langue, notre culture et notre identité. Elles sont le reflet de notre volonté collective », a-t-elle insisté mercredi. « Changer le monde » Madame Marois, âgée de 65 ans, quitte la scène politique québécoise « très fière d’avoir enfin complété le réseau de services de garde ». « Jeune femme, je rêvais de changer le monde.
Aujourd’hui, je me permets humblement, bien humblement de penser que j’y ai contribué, grâce à vous. Merci. » Mme Marois demeurera chef du Parti québécois jusqu’au 7 juin, date butoir à laquelle la formation politique doit tenir une conférence nationale des présidents d’association de circonscription. D’ici là, elle espère que la poussière tombe, afin qu’elle puisse « paisiblement » dire « au revoir » aux militants avant de s’effacer de la politique québécoise. Après sept années à la tête du PQ - et quelques coups de gueule de dissidents -, Mme Marois s’astreindra à un strict devoir de réserve. « Ils pourront compter sur moi comme militante, mais je n’ai pas l’intention de m’ingérer dans quelque processus que ce soit », a-t-elle indiqué. Elle léguera un parti politique « en très bonne santé démocratique », « financière », « organisationnelle » dans lequel elle fonde encore de grands espoirs. « De l’espoir au cœur, j’en ai pour le pays. »
Ceux dont on ne parle jamais
450 nouveaux chercheurs d’emploi
La première ministre Pauline Marois a perpétué la tradition de nommer une poignée de proches collaborateurs au sein de l’administration publique. Elle a soumis courte liste au premier ministre désigné, Philippe Couillard. Les noms de Marie Barrette (attachée de presse), Stéphane Dolbec (directeur du contenu) et Marc-André Beaulieu (conseiller politique aux relations internationales) y figureraient, selon des informations obtenues par les médias.
La première ministre sortante souhaite voir reclasser ses trois fidèles collaborateurs à des échelons supérieurs dans l’appareil étatique. « Si je me réfère à ce qui s’est passé avec Jean Charest, le premier ministre sortant propose deux ou trois personnes à “placer” à la nouvelle équipe, qui donne son accord. À ce moment-là, il y a un décret qui est adopté. Je pense que c’est comme ça que ça va se produire », a indiqué un membre de la garde rapprochée de
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Mme Au moment de son départ, le chef de gouvernement libéral Jean Charest avait demandé à sa successeure de désigner son secrétaire général, Gilles Paquin, à la tête de Revenu Québec, en plus d’élever ses conseillères Chantal Landry et Isabelle Jean au rang de sous-ministres adjointes.
Pour leur part, Dominique Lebel (directeur de cabinet adjoint) et Julien Lampron (directeur des communica-
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tions) ont été sollicités par le chef intérimaire, Stéphane Bédard, afin de mettre sur pied une opposition officielle vigoureuse. À côté de cela, 450 personnes constituant depuis un an et demi les cabinets des ministres et de la première ministre, sont à la recherche d’un nouvel emploi.
Faits
Philippe Couillard, 31eme Premier ministre du Québec
L’homme et le style
Sans tambour ni trompettes, Philippe Couillard est parvenu à remporter une nette victoire, formant un gouvernement solidement majoritaire. La population ne s’est pas spontanément identifiée à ce fort en thème et, pour plusieurs, il demeure énigmatique. Quelle sorte de premier ministre se révélera-t-il ? Chose certaine, il a toute la légitimité pour imposer sa manière, dont il a promis qu’elle se démarquera. Pauline Marois a répété tout au long de la campagne électorale que voter pour les libéraux de Philippe Couillard, c’était voter pour un retour à l’ère Charest. S’il est vrai qu’une quinzaine de ses 70 députés furent ministres dans le gouvernement Charest, dont celui qui l’a étroitement conseillé durant la campagne, Jean-Marc Fournier, Philippe Couillard ne cherche pas à s’inscrire dans la continuité de son prédécesseur. Pour des raisons politiques, assurément, et c’est certainement un avantage pour lui, qu’il ait quitté le gouvernement Charest en juin 2008. Mais c’est aussi une question de style : Philippe Couillard ne veut pas être le « politicien jusqu’au bout des ongles » que personnifiait à merveille Jean Charest. Le nouveau premier ministre répugne à recourir à d’habiles calculs politiques ; il préfère les idées aux tactiques, veut s’adresser à l’intelligence des citoyens et préconise une approche franche et directe, assure-t-on dans son entourage. « Pour nous, ce n’est pas le quatrième gouvernement libéral en 12 ans. Pour nous, c’est le premier gouvernement Couillard. Ce n’est pas la continuité de quelqu’un », illustre un de ses proches collaborateurs. Dans son allocution livrée au moment de l’assermentation de ses députés, Philippe Couillard a insisté pour qu’ils adoptent un ton respectueux à l’Assemblée nationale : la civilité et la bonne foi doivent primer dans les échanges. On verra à l’usage. Mais que ce soit lors de la course à la chefferie ou lors des débats des chefs, quand il a fait l’objet d’attaques personnelles, ses liens d’amitié avec Arthur Porter servant de munitions à ses adversaires, il s’est donné comme ligne de conduite de ne pas répliquer par la pareille. Pas de partisannerie Se posant en premier ministre de tous les Québécois, il a dit vouloir s’élever au-dessus de la bête partisannerie. « Être majoritaire ne donne pas droit à l’arrogance », a-t-il rappelé à ses députés. L’état dans lequel se trouve l’opposition péquiste lui facilitera sans aucun doute les choses. La douloureuse
introspection à laquelle sont forcés les péquistes les rendra moins incisifs, même si la députation, réduite et déprimée, faut-il le rappeler, est dirigée par Stéphane Bédard, dont les talents oratoires sont incontestables.
Il est facile de faire preuve de magnanimité quand l’adversaire est terrassé. La situation du Parti québécois s’apparente à celle qui a suivi la déroute de 1985 quand Pierre Marc Johnson, qui a connu son Waterloo avec l’affirmation nationale, avait laissé un parti en miettes. Robert Bourassa disait alors : « On ne tire pas sur une ambulance. » Évidemment, le choix de son Conseil des ministres sera déterminant. Il se doit de se composer d’un mélange d’élus expérimentés et de nouvelles figures, a-t-il dit. Le choix du leader parlementaire donnera le ton Les risques associés aux allégations à venir à la commission Charbonneau, voire à des accusations que porterait l’Unité permanente anticorruption (UPAC), ont rendu l’exercice délicat. Philippe Couillard a affirmé qu’il procéderait à des vérifications approfondies avant de nommer chacun des ministres : plus facile à dire qu’à faire. De surcroît, est-ce à dire qu’il garderait au sein du caucus libéral un député ainsi écarté en raison d’une enquête de l’UPAC ? En juin dernier, il affirmait qu’il accueillerait à bras ouverts Nathalie Normandeau si elle souhaitait se porter candidate. Et on apprend qu’elle a donné des leçons de communications à des candidats libéraux en vue des élections. « Que je sache, il n’y a pas d’illégalités avérées qui ont été mises en évidence », disait-il au sujet de l’ancienne ministre, tout comme de Jean-Marc Fournier, dont le nom a surgi à la commission Charbonneau. Philippe Couillard, qui a promis de s’occuper des « vraies affaires », a présenté une plateforme électorale assez simple : l’atteinte de l’équilibre budgétaire en 2015-2016 et la relance de l’économie par un crédit d’impôt à la rénovation et une hausse des dépenses en infrastructures de 9,5 à 11 milliards par an financée par la dette. Son plan est basé sur une croissance économique dopée par la « confiance intangible » que retrouveront les milieux d’affaires nationaux et multinationaux avec l’arrivée d’un gouvernement stable et fédéraliste. En santé, il a promis la création de 50 supercliniques privées durant le mandat et le recours aux cliniques privées pour l’imagerie médicale, ce qui réduira l’attente, améliorera l’efficacité du système de santé et, accessoirement, enrichira les radiologistes déjà sur-
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M Philippe Couillard
payés. «Le progrès de l’individu et le progrès de la société» Comme premier ministre, Philippe Couillard se rendra compte assez vite qu’il ne pourra pas s’en tenir aux seules « vraies affaires » de son slogan électoral. Déjà, il devra prendre position sur l’obligation imposée par l’Office québécois de la langue française aux Walmart et Best Buy de ce monde d’affubler leur marque de commerce d’un nom générique en français. La Cour supérieure a invalidé ce règlement adopté sous le gouvernement Charest. De même, les « problèmes imaginaires » que la charte de la laïcité du PQ cherchait à régler, selon les mots mêmes de Philippe Couillard, ont fait irruption dans la réalité. Des sikhs poursuivent l’Assemblée nationale, qui a interdit le port du kirpan dans l’enceinte du parlement pour des raisons de sécurité. Contrairement à Jean Charest, Philippe Couillard est libéral jusqu’à la moelle, de père en fils, adoptant les vues du « fier libéral » qu’était Pierre Couillard plutôt que celles de sa mère, Hélène Pardé, aux mauvaises fréquentations séparatistes du temps du RIN de Pierre Bourgault. Le référendum de 1995, il l’a vu de loin, alors qu’il travaillait en Arabie saoudite. Il va sans dire que Philippe Couillard accorde beaucoup d’importance à la réussite individuelle : il en est un parangon. L’élection, il la voyait comme un « examen » qu’il devait réussir comme il a réussi, avec talent et une bonne dose de travail et d’application, les autres examens qu’il a dû subir tout au long de son éminente carrière. « La réussite du Québec est la somme des réussites personnelles de millions de Québécois », déclarait-il en décembre lors de son assermentation comme député d’Outremont. Il a à cet effet repris les propos plus nuancés de Claude Ryan : « Être libéral, c’est vou-
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loir en même temps le progrès de l’individu et le progrès de la société. » Il ajoutait toutefois : « Dans mon esprit, dans notre esprit, il n’y a pas de contradiction entre les deux. Au contraire, ils vont de pair. » De là sa défense du bilinguisme individuel : dans un contexte de mondialisation où l’anglais est devenu la langue du commerce et de la science, le bilinguisme est devenu « indispensable » pour les Québécois, croit-il. Philippe Couillard promet toutefois que son gouvernement « défendra et fera la promotion de notre langue commune, le français ». Il a parlé du « devoir unique, historique d’assurer la pérennité de notre langue et de notre culture ». Reste à savoir quelle forme prendra cette défense dans la mesure où le chef libéral estime que l’équilibre linguistique est atteint au Québec et que péril il n’y a pas. Une «nouvelle identité québécoise» Au moment de la course à la chefferie libérale, Philippe Couillard souhaitait que son parti lance un mouvement d’idées dans le but de définir une « nouvelle identité québécoise » que la communauté francophone, bien que majoritaire, se garderait d’imposer aux autres communautés. Il n’en parle plus. De même, son intention de signer la Constitution canadienne où seraient inscrites les conditions de l’accord du lac Meech a pris le chemin des oubliettes. En revanche, Philippe Couillard veut jouer un rôle actif dans la fédération canadienne. Jean Charest, ce Red Tory, n’avait pas d’excellentes relations avec le gouvernement allianciste de Stephen Harper. Philippe Couillard n’a pas ces réserves : il prendra le bâton du pèlerin pour « assurer notre pleine participation à la fédération canadienne ». À entendre le chef libéral, le régime fédéral canadien ne présente que des avantages pour le Québec. Il s’évertuera à en faire la démonstration.
Faits
Philippe Couillard, 31eme Premier ministre du Québec
L’équipe
Spéculations et conjectures alimentaient les nouvelles tout au long d’un début de semaine, entièrement dominé par l’imminente annonce de la composition du premier gouvernement Couillard. Seule certitude à ce stade : le cabinet Couillard 1 ne sera pas réduit et se composera de 26 ministres, alors qu’en 2007 Jean Charest n'avait nommé que 18 ministres et qu’en 2012, Pauline Marois s'était entourée de 23 ministres. Pour ce qui est de la composition de l’exécutif, on annonçait Jean-Marc Fournier, leader du gouvernement et ministre responsable des Affaires intergouvernementales; Pierre Moreau, ministre des Affaires municipales; Martin Coiteux, président du Conseil du trésor; Jacques Daoust, ministre du Développement économique; Carlos Leitao, ministre des Finances et Sam Hamad, ministre du Travail. Selon ces mêmes pronostics, Lise Thériault, Pierre Paradis et Francine Charbonneau devaient accéder au Conseil des ministres, mais on ne savait pas encore à quel ministère. De même que Pierre Arcand, Yves Bolduc, Christine St-Pierre, Kathleen Weil et Dominique Vien. En revanche Marguerite Blais, Julie Boulet et Gilles Ouimet ne figuraient pas dans ces prévisions. Ceci dit, on n’excluait pas quelques «surprises»… L’Équipe À 15 h 30, fin du suspens. Sur les 26 ministres assermentés, huit femmes, donc assez loin de la parité genre que tout le monde attendait, mais aussi 14 nouveaux ministres sur 26, une équipe économique complètement renouvelée et de nombreux portefeuilles restructurés, incluant de nouveaux champs d’intervention gouvernementale, sur des thématique prenant de plus en plus de place dans les préoccupations des citoyens. Mais tout de même un certain équilibre entre les anciens et nouveaux députés, entre les hommes et les femmes et entre les élus de Montréal et ceux des régions. Philippe Couillard a effectivement créé plusieurs surprises en dévoilant la composition de son conseil des ministres mercredi. Yves Bolduc est nommé à l'Éducation et à l'Enseignement supérieur, et Robert Poëti aux Transports. En plus des Transports, M. Poëti sera responsable de la région de Montréal.
Lise Thériault prend du galon. L'ancienne ministre du Travail dirigera le ministère de la Sécurité publique et devient vice-première ministre. Christine St-Pierre hérite du prestigieux ministère des Relations internationales et de la Francophonie. La nouvelle venue Hélène David hérite du ministère de la Culture en plus de la Protection de la langue française alors que l'ancien président de la Régie des installations olympiques David Heurtel est nommé au Développement Durable, à l'Environnement et à la Lutte aux changements climatiques.
Mme Lise Thériault
M Jean Marc Fournier
Une autre recrue, François Blais, se voit confier l'Emploi et la Solidarité sociale. Paradis fait un retour Pierre Paradis a terminé son purgatoire sur les banquettes arrières. Il revient au conseil des ministres à l'Agriculture. Pierre Moreau s'en va aux Affaires municipales, Kathleen Weil devient responsable de l'Immigration, «de la diversité et de l'inclusion», un clin d'œil à la charte de la laïcité du PQ.
M Sam Hamad
M David Heurtel
Le bras droit de Philippe Couillard pendant la campagne électorale, Jean-Marc Fournier, hérite d'un titre relativement long : ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, de la Francophonie canadienne et ministre responsable de l'accès à l'information et des réformes des institutions démocratiques. Laurent Lessard devient ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Arcand s'en va à l'Énergie et aux Ressources naturelles. Geoffrey Kelley reprend le collier aux Affaires autochtones alors que Francine Charbonneau devient ministre responsable des Aînés, de la Famille et de la Lutte à l'intimidation, et responsable de la région de Laval. Dominique Vien est au Tourisme. Barrette à la Santé D'autres choix ne surprendront toutefois personne. Comme prévu, le Dr Gaétan Barrette hérite de la Santé. M. Couillard a réservé une place de choix à ses trois recrues économiques dans son conseil des ministres. L'économiste de renom Carlos Leitao succède à Nicolas Marceau aux Finances. Martin Coiteux tiendra les cordons de la bourse au Trésor en plus de s'occuper de
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Mme Christine Saint Pierre
l'Administration gouvernementale et de la «révision permanente des programmes». Jacques Daoust devient ministre de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations. Le député de TroisRivières Jean-Denis Girard accède au conseil des ministres. Il sera délégué aux PME, à «l'Allègement réglementaire et au Développement économique régional». Luc Blanchette devient ministre délégué aux Mines alors que Jean D'Amour sera délégué aux Transports et à l'Implantation de la stratégie maritime. Enfin, Lucie Charlebois sera déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeu-
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Mme Kathleen Weil
nesse et à la Santé publique. Hamad au Travail Comme le révélait le «Journal de Québec» mercredi matin, Sam Hamad hérite du ministère du Travail, poste qu'il a déjà occupé en 2009 et 2010. Il aura une mission délicate à gérer dans les prochains mois alors qu'une menace de grève plane à nouveau dans le secteur de la construction. Il sera responsable de la région de la Capitale-Nationale. Le premier ministre Couillard assumera également la tâche de ministre responsable du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il a confié l'Outaouais à l'avocate Stéphanie Vallée qui hérite de la Justice et de la Condition féminine. Stéphane Billette devient whip en chef du gouvernement alors Nicole Ménard présidera le caucus libéral.
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Actes
À la veille de l’assermentation du nouveau gouvernement
Manifestation contre l'austérité
Les nouvelles se succèdent, faisant état de drames sociaux créés par l’attitude rigoriste des administrations en charge du soutien aux plus démunis d’entre nous. Au point qu’un avocat appelle à une ré-humanisation de l’administration qui sous la pression de politiques de restrictions budgétaires et de coupes sombres dans les fonds sociaux, deviennent de plus en plus attachée au formalisme et aux procédures pour se défendre (ou se donner bonne conscience) de l’intransigeance qui marque désormais ses actes et décisions, frisant parfois l’absence de toute empathie et de toute compassion. Cet appel fait écho à une réelle émotion dans l’opinion publique qui s’est exprimée avec force lorsque quelques centaines de personnes ont manifesté contre les mesures d'austérité imposées par les gouvernements provincial et fédéral dans les rues de Montréal jeudi 17 avril 2014. La manifestation organisée par le Comité d'action solidaire contre l'austérité (CASA) s'est déroulée dans le calme. Les manifestants se sont rencontrés au carré Saint-Louis sur la rue Saint-Denis
vers 18 h 30. Ils se sont ensuite déplacés d'est en ouest pour terminer devant le Cégep du Vieux-Montréal vers 21h.
Des étudiants, des groupes communautaires et des représentants syndicaux ont pris part à la manifestation. Ils voulaient notamment dénoncer l'appauvrissement de la population et les compressions gouvernementales dans les services sociaux. La manifestation a été déclarée illégale une dizaine de minutes après le début du rassemblement puisque les organisateurs n'avaient pas remis leur itinéraire aux autorités policières. Celles-ci ont tout de même permis aux manifestants de circuler au centre-ville. Il n'y a eu aucun blessé, aucune arrestation ni aucun méfait. Et le message est là, dans ce calme résolu, adressé au pre-
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mier ministre assermenté huit jours plus tard, à son ministre en charge des affaires sociales et de la solidarité mais également aux ministres tenant les cordons de la bourse, le ministre des finances et le président du conseil du trésor.
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Nul besoin, compte tenu de l’état des finances publiques et des défis qu’ils posent que l’équation ne se laissera pas facilement résoudre et en conséquence, que des manifestations telles celle du 17 avril dernier, devraient se reproduire…
Entreprises
Entrepreneuriat et productivité, clés de la prospérité
selon un «Appel à l’action» de Desjardins et du CIRANO circuler une pétition
Décidément, le gouvernement Couillard, en matière économique du moins, est bien dans l’air du temps. Son projet de développement de l’esprit d’entreprise et de développement de la PME vient de recevoir un appui de taille.
Il est impératif que les entreprises et le gouvernement du Québec se mobilisent dès maintenant pour faire face au vieillissement de la population et au manque de relève qui l’accompagne. C’est en stimulant l’entrepreneuriat et en augmentant la productivité qu’ils parviendront à assurer la prospérité de l’économie québécoise à long terme, affirme la p.-d.g. de Desjardins, Monique Leroux, dans un « appel à l’action ». Une tendance à renverser « Le Québec n’est pas le terreau le plus fertile pour l’entrepreneuriat. Il faut renverser cette tendance », a déclaré Mme Leroux devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), faisant écho au plus récent rapport de Desjardins sur l’état de l’environnement entrepreneurial québécois rendu public au même moment. Cette nouvelle étude réalisée en collaboration avec le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO) cerne une série de défis à relever. Ses auteurs concluent que la création de nouvelles entreprises et l’augmentation de la productivité des compagnies existantes et naissantes sont des objectifs prioritaires. « Avant de déterminer quels sont les meilleurs moyens d’assurer la prospérité des entreprises québécoises, il faut d’abord et avant tout stimuler leur création », écrit-on. Pour y parvenir, on conseille au gouvernement de faciliter l’accès au financement, tout particulièrement pour favoriser le démarrage, et de simplifier la réglementation afin qu’il soit facile et économiquement rentable de s’y conformer.
Par ailleurs, si les entreprises québécoises n’améliorent pas leur productivité, elles auront beaucoup de mal à conquérir de nouveaux marchés et à affronter la compétition étrangère qui cogne à leur porte. Le rapport leur suggère donc d’innover et d’investir davantage, tout en mettant à leur disposition une main-d’oeuvre de qualité. Ce dernier objectif serait atteint en encourageant les travailleurs plus âgés à prolonger leur carrière, en simplifiant la reconnaissance des compétences des immigrants et en misant sur la formation des jeunes. Le retour d’un cours sur l’économie au secondaire figure parmi les recommandations. Une remise en question L’étude indique en terminant que le Québec doit oser remettre en question les façons de faire et s’inspirer de la capacité qu’ont eue certains États à s’ajuster à la conjoncture économique qu’ils affrontaient. « Les pays nordiques, auxquels le Québec est souvent comparé, ont mis en place d’importantes réformes afin d’assainir leurs finances publiques tout en préservant la générosité de leur système de sécurité sociale », souligne-t-on en référence au Danemark, à la Finlande et la Suède, qui présentent des indices de performance économique supérieurs à celui du Québec. Le rapport rédigé conjointement par Desjardins et le CIRANO constitue la suite logique d’un bilan semblable effectué en 2011. Celui-ci s’intéressait aux enjeux concernant l’économie québécoise de manière plus large. « Le défi majeur auquel le Québec sera confronté très bientôt consistera à s’ajuster au choc démographique », concluait-on d’entrée de jeu dans le volumineux document, en soulignant que « le bassin de main-d’oeuvre potentielle que représente [le groupe des 20-64 ans] commencera à décliner à partir de 2016 ». Cette réduction du
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Mme Monique Leroux
nombre de travailleurs aura toutes les chances d’affecter la productivité et la croissance de l’économie québécoise, mettaient alors en garde les auteurs du rapport. Un peu à la manière du président de BMO Groupe financier, Jacques Ménard, qui évoquait il y a quelques semaines le besoin de « créer un nouvel élan à Montréal », Mme Leroux estime que nous nous trouvons aujourd’hui devant une « fenêtre propice » pour donner un nouveau souffle à la métropole. « Il existe un consensus fort de la communauté d’affaires sur la nécessité d’agir pour Montréal et pour un Québec prospère, croit-elle. Notre but, c’est d’alimenter le gou vernement en place et les administrations des différentes villes pour passer à l’action et créer de l’emploi. » Des propos qui réjouissent le président de la CCMM, Michel Leblanc. « Devant nous, il y aura des décisions à prendre sur certains types d’infrastructures dont on aura besoin, sur le système fiscal, sur la gouvernance, constate-t-il. Mais ce qui
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m’inspire, c’est d’entendre des leaders de la communauté d’affaires non seulement venir parler de leur bilan d’entreprise, mais aussi venir parler d’investissement et de relance de Montréal. » Un plan pour le Grand Montréal Désirant montrer l’exemple, Monique Leroux a dévoilé le plan de développement de Desjardins pour le Grand Montréal, qui prévoit des investissements de 150 millions de dollars au cours des trois prochaines années. « On ne voulait pas lancer une étude sans action concrète », a-t-elle expliqué. Une première tranche de 50 millions sera injectée pour le « rehaussement des infrastructures » de la coopérative financière, notamment les espaces publics intérieurs du Complexe Desjardins. Une autre enveloppe de 100 millions sera utilisée pour accroître la présence de l’institution financière dans l’ouest de l’île et se rapprocher des étudiants et des communautés immigrantes. À terme, Desjardins souhaite grossir ses rangs de 200 000 nouveaux membres et ouvrir une quinzaine de nouveaux points de service dans la région métropolitaine.
Entreprise citoyenne
La culture de la solidarité
Provigo alimentation Mohamed Sbaihi et la Fondation pour les enfants le Choix du Président viennent en aide à des familles dans le besoin
« On aide les enfants à se surpasser » n’est pas juste le slogan de la Fondation pour les enfants le Choix du Président : c’est sa raison d’être. Dans ce cadre, Mohamed Sbaihi, propriétaire du magasin, a remis, le 14 avril 2014 à la famille Ahmed, un don de 10000 $ de la part de la Fondation pour les enfants le Choix du Président afin de fournir à Muhammad Faiez une thérapie Aba, de l’ergothérapie et de l’orthophonie, et 2050 $ à la famille Fourari. « C’est merveilleux de pouvoir aider un enfant à réaliser son plein potentiel. Nous sommes fiers de pouvoir faire équipe avec la Fondation pour les enfants le Choix du Président afin de soutenir les enfants de notre communauté », déclare Mohamed Sbaihi propriétaire franchisé, du Provigo. Campagne auprès de la clientèle L’équipe du magasin Provigo alimentation Mohamed Sbaihi a amassé les fonds nécessaires pour ce don grâce à des campagnes en magasin auprès de la clientèle, à des contributions de la part des employés.
La totalité des fonds amassés par la Fondation pour les enfants le Choix du Président au Québec sera versée à des familles de la province ayant un enfant atteint d’une déficience physique ou intellectuelle, ainsi qu’à des programmes de nutrition visant à vaincre la faim chez les enfants. En 2012, la Fondation est fière d’avoir remis 2,3
millions de dollars à 397 familles et à 417 programmes de nutrition, lesquels permettent d’offrir des repas et des collations à plus de 29 050 enfants au Québec. Depuis 1989, la Fondation a remis au-delà de 86 millions de dollars à plus de 1,3 millions d’enfants au pays. Investissement communautaire « La Fondation pour les enfants le Choix du Président a pour mission d’aider les enfants à réaliser leur plein potentiel. Grâce à nos dons destinés à des enfants atteints d’une déficience et à des programmes ayant pour but de combattre la faim chez les enfants, nous souhaitons aider le plus grand nombre de jeunes possible », indique Johanne Héroux, directrice de l’investissement communautaire au Québec, Provigo, membre du groupe Loblaw. Provigo, Maxi, Maxi & Cie et Loblaws sont des magasins détenus par la société et des magasins franchisés de Provigo, membre du groupe Loblaw. Les collectes de fonds au profit de la Fondation pour les enfants le Choix du Président ne sont qu’un exemple des efforts que l’entreprise et ses bannières continuent de déployer auprès des communautés à l’échelle nationale, régionale et locale. Pour en savoir plus sur les engagements de l’entreprise en matière de responsabilité sociale, visitez www.Loblaw.ca/ rse. Pour en savoir plus sur la Fondation
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Mohamed Sbaihi en compagnie de la famille Fourani
pour les enfants le Choix du Président, offrir un don en ligne ou soumettre une demande d’aide financière, visitez le www.pc.ca/fondation ou composez le 1
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800 361-1168. Renseignements : pr@loblaw.ca ou 514 383-8800
Partenariat
Fès en perspective canadienne
Conclusion d’un accord de partenariat entre La Chambre de commerce, d’industrie et de services de Fès-Boulemane et la Chambre de commerce du Canada au Maroc
La Chambre de commerce, d’industrie et de services (CCIS) de FèsBoulemane veut séduire les investisseurs canadiens. Un accord vient d’ailleurs d’être conclu avec la Chambre de commerce et d’industrie du Canada au Maroc (CCICM). Il prévoit plusieurs axes de travail, notamment approfondir les opportunités d’affaires avec la province du Québec, et explorer les pistes d’exportation vers le Canada». Mais il s’agira également d’identifier les secteurs porteurs de l’économie canadienne et pourquoi pas investir aussi dans les différences culturelles. Avalisée la semaine dernière, la nouvelle convention de coopération est destinée à développer davantage les relations entre les deux parties. Pour Fouad Zine El Filali, président de la CCIS de Fès, «cet accord s’inscrit dans le cadre de la coopération décentralisée initiée avec les Chambres de commerces étrangères au Maroc. Il a pour objectif de développer les échanges commerciaux entre les communautés d’affaires des deux territoires».
Au-delà d’une simple signature protocolaire, “nous nous engageons également à échanger régulièrement des informations sur l’économie, le commerce, la législation économique et les usages commerciaux en vigueur dans les deux pays afin de booster notre partenariat», explique Zine El Filali.
En vertu de ce partenariat, les deux parties inviteront des membres des deux Chambres aux expositions et foires ainsi qu’aux colloques et séminaires internationaux se déroulant à Fès ou au Canada. Leur accord porte aussi sur le développement de la coopération industrielle et commerciale, l’élaboration des plans d’action annuels et l’organisation des réunions de contact entre les communautés d’affaires de la région et leurs homologues canadiens, outre l’échange des délégations d’hommes d’affaires. Rappelons que la CCICM a officiellement été créée en janvier 2013. Elle compte dans ses rangs 250 membres, dont une majorité d’entreprises, petites et moyennes, mais aussi grandes et très grandes. La chambre présente juridiquement une particularité : elle est sujette de double droit, droit marocain et droit
canadien. Elle est également membre du Forum Québec-Monde, est reconnue par le MAECI et prend déjà rang de partenaire de EDC. Dans son action, elle s’intéresse essentiellement à 31 secteurs d’activité économiques porteurs dont l’aéronautique et l’aérospatiale, l’aménagement forestier,
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la chimie-parachimie, le pétrole-raffinage, le bâtiment-génie civil, la construction, les mines, les pêches-conserveries, les biotechnologies et les technologies de l’information et de la communication. Source : leconomiste.com
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Horizons
Élections présidentielles Algériennes
Ali Benflis, premier au Canada plus de 8 % en 2012, moins que les 14% de 2007.
L’enjeu pour les staffs montréalais des candidats a été de convaincre leurs supporters d’aller voter. Les partisans d’Ali Benflis ont mis en place deux permanences électorales. La première à Montréal dirigée par Nadjib Salemkour, un spécialiste dans le marketing électronique. La deuxième à Ottawa. Amel Bouazza, une femme d’affaires dans l’agroalimentaire en était la chef. Une soirée électorale ainsi qu’une conférence ont été organisées par les deux comités. Internet et les réseaux sociaux ont été utilisés à fond.
M Ali Benflis
Avec 49.01 % des votes exprimés, Ali Benflis arrive premier au Canada suivi de Abdelaziz Bouteflika qui a plafonné à 37.05 % des voix exprimées. Les bulletins nuls représentent 9% des votes. Un peu plus de 11 % des 14 000 électeurs inscrits sur les listes électorales des Consulats d’Algérie à Montréal et à Ottawa se sont déplacés aux
bureaux de vote, lors du scrutin anticipé qui a débuté samedi dernier et pris fin jeudi, jour d’élections en Algérie. Ce taux de participation n’est pas surprenant. A la dernière élection présidentielle de 2009, près de 30 % des électeurs sont allés voter. Le taux de participation a été encore plus bas pour les législatives. Il était d’à peine un peu
Le comité de campagne de Bouteflika dirigé par Said Chohra, homme d’affaires, faisaient circuler dans les rues de Montréal plusieurs camionnettes repeintes avec le portait de Bouteflika. Le candidat du Front Almoustakbal, Abdelaziz Belaid disposait lui aussi d’un comité de soutien. Il était dirigé par l’architecte Toufik Brahmi.
Cette campagne sur le sol canadien a fini par agacer le gouvernement Canadien qui a réagi à travers son ministère des affaires étrangères. « Le ministère s'attend à ce que tous les États étrangers respectent rigoureusement la politique canadienne en matière d'élections étrangères », a rappelé, dans une déclaration à El Watan, Béatrice Fénelon, une porte-parole du même département. Cette politique permet le vote dans les enceintes diplomatiques (consulats et ambassades) mais « n'autorise pas les gouvernements étrangers à tenir des campagnes électorales sur son territoire ni à y créer des partis ou des mouvements politiques. » Comme ses activités émanent des staffs des candidats eux-mêmes, les diplomates algériens ne peuvent être tenus pour responsables. « Nous continuons de suivre la situation de près », a conclu la porte-parole. Source: EL WATAN - Samir Ben
Une nouvelle liaison aérienne Tunis-Montréal
lancée par la compagnie privée Syphax Airlines Une ligne directe Tunis-Montréal, sera lancée officiellement, par Syphax Airlines, à partir du jeudi 24 avril 2014, de l’Aéroport Tunis-Carthage, a déclaré Mohamed Frikha, fondateur et PDG de cette compagnie privée, lors d’une conférence de presse tenue lundi, à Tunis. Ce premier vol commercial hebdomadaire dont la durée est estimée à 7,30h, sera assuré par un Airbus A-330-200 de 277 sièges, dont 250 en classe économique et 27 en classe affaires. Le départ se fera chaque jeudi, à partir de l’aéroport de Tunis-Carthage à 13h30 et le retour chaque vendredi, de l’aéroport Dorval de Montréal à 19h (heure locale). Une deuxième desserte est à l’étude particulièrement, lors de la saison estivale, pendant laquelle les membres de la col-
onie tunisienne résidente au Canada (près de 22 mille personnes) reviennent en nombre, chaque année, au pays natal, (12 mille rentrent chaque année). M. Frikha a fait valoir que ce vol marquera le début d’un développement prometteur des échanges économiques entre la Tunisie et le Canada, en offrant de nouvelles perspectives au transport des personnes et des marchandises. Il aura aussi, pour objectif de booster le flux touristique canadien, vers la destination Tunisie. D’après M. Frikha, l’ouverture de lignes long courrier s’inscrit dans le cadre de la stratégie de développement de la compagnie, en renforçant sa flotte initiale composée de deux airbus A319 et d’un airbus A330-200. Actuellement, la compagnie aérienne a signé un accord avec
la société Airbus pour l’obtention de 10 avions pour aller au-delà du marché européen, après avoir obtenu les certifications et les autorisations nécessaires pour effectuer des vols transatlantiques. Le fondateur de la compagnie aérienne privée, a fait savoir que celle-ci ambitionne d’aller vers les marchés asiatique et américain, en commençant par un vol promotionnel vers Pékin qui préparera l’ouverture d’une ligne Tunis-Pékin, au début de l’année 2015. Une ligne Tunis-New York est égale ment en cours d’étude pour un lancement en 2015 ainsi que d’autres destinations en Europe (Allemagne, Suisse ) et dans les pays du Golfe. Lancée en juin 2011 par l’homme
d’affaires Mohamed Frikha, PDG de TELNET, Syphax Airlines, annonce avoir « fini les deux dernières années par un bilan positif et réussi à réaliser 70% de son plan d’affaires en 2013, nonobstant la mauvaise conjoncture économique dans le pays ». Source : Tunis Arabe Presse
C’est avec tristesse que nous vous avons appris le décès après un long chemin de lutte et de résilience, survenu le 12 avril 2014 à l’âge de 70 ans de
Nicole Samson (née Thiffault) 18 octobre 1943 – 12 avril 2014 mère de Mme Anie Samson, vice-présidente du comité exécutif - responsable de la sécurité publique et des services aux citoyens et maire de l’arrondissement Villeray – St-Michel – Parc-Extension. À Laval, auprès de son amoureux,
Mme Anie Samson
Outre son époux Serge Samson, elle laisse dans le deuil son fils Serge Jr (Nathalie), ses filles Anie et Izabel (Reto), ses petits-enfants Marie-Hélène, Elisabeth, Matéo et Liah, son frère Jacques (Hélène), ses beaux-frères, belles-sœurs; Lise, Gilles (Thérèse), Gilbert (Francine), ses neveux et nièces ainsi que plusieurs parents et amis. Les témoignages de sympathie peuvent se traduire par des dons à l’Institut de Cardiologie de Montréal.
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Immigration
Les délais de traitement des dossiers
En vigueur depuis le mois d’avril 2014 Voici les dernières mises à jour concernant les délais de traitement des dossiers pour une demande d’immigration au Québec communiquées sur les sites web du ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles (MICC) et de Citoyenneté et Immigration Canada (CIC). Ces délais sont calculés pour une demande de résidence permanente au Québec. Demandes de résidence permanente Les délais de traitement au niveau du Québec Les délais de traitement des dossiers varient en fonction du pays dans lequel vous avez déposé votre demande, c’està-dire le pays où vous résidez habituellement, mais également en fonction des objectifs de sélection du Québec et du nombre de dossiers reçus dans les bureaux d’immigration du Québec à l’étranger. Les candidats qui ont un diplôme donnant des points au critère domaine de formation verront leur dossier traité en priorité et les délais seront plus courts que ceux indiqués ci-dessous. Vous pouvez consulter la liste des domaines de formation 2013 sur le site web du MICC. Ces délais s’appliquent à la demande de certificat de sélection du Québec (CSQ) seulement. Ils excluent ceux relatifs à la demande de résidence permanente auprès du gouvernement du Canada. À titre d’exemple, voici les délais
d’attente concernant la demande de CSQ dans certains pays : - France : sont actuellement traitées les demandes d’immigration déposées avant janvier 2012. - Algérie : sont actuellement traitées les demandes d’immigration déposées avant janvier 2009. - Maroc : sont actuellement traitées les demandes d’immigration déposées avant octobre 2010. - Tunisie : sont actuellement traitées les demandes d’immigration déposées avant mai 2010. - Sénégal : sont actuellement traitées les demandes d’immigration déposées avant décembre 2010. - Côte d’Ivoire : sont actuellement traitées les demandes d’immigration déposées avant mars 2010. - Colombie : sont actuellement traitées les demandes d’immigration déposées avant décembre 2011. - Belgique : sont actuellement traitées les demandes d’immigration déposées avant janvier 2012. - Roumanie : sont actuellement traitées les demandes d’immigration déposées avant avril 2011. - Pour les demandes depuis le Québec : sont actuellement traitées les demandes d’immigration déposées avant novembre 2012. Les délais de traitement au niveau fédéral Pour l’obtention du visa de résidence permanente, les demandes se déposent auprès du bureau canadien des visas dont votre pays dépend. Vous trouverez plus d’infos sur notre page consacrée aux bureaux d’immigration au Canada. De nouveau, des délais de traitement
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s’appliquent et vont varier en fonction du pays dans lequel vous avez déposé votre demande. À titre d’exemple, voici les délais d’attente concernant l’obtention du visa dans certains pays. Les délais sont basés sur le temps qu’il a fallu pour traiter 80 pour 100 des cas entre le 1er janvier 2013 au 31 décembre 2013. Ces délais sont sujets à changement : - France : 15 mois d’attente - Maroc : 12 mois d’attente - Roumanie : 13 mois d’attente - Sénégal : 30 mois d’attente - Mexique : 15 mois d’attente Autres catégories d’immigration Permis de travail temporaire - France : 2 mois d’attente
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- Maroc : 2 mois d’attente - Tunisie : 2 mois d’attente - Colombie : 2 mois d’attente - Pour une demande présentée au Canada : 50 jours d’attente (13 jours pour une demande en ligne) Permis d’étude - France : 4 semaines d’attente - Maroc : 8 semaines d’attente - Tunisie : 14 semaines d’attente - Roumanie : 10 semaines d’attente - Colombie : 5 semaines d’attente - Pour une demande présentée au Canada : 32 jours d’attente (14 jours pour une demande en ligne) Source: immigrantquebec.com
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Points de vue
Nouveaux immigrants au Québec
Trois étapes vers l’adaptation…
Par Danielle Elleouet*
Certains immigrants ont un mélange unique de courage, de persévérance et de résilience qui leur permet d’effectuer en douceur cette transition, d’un environnement qu’ils connaissent bien à une terre inconnue qu’ils appellent pourtant déjà, leur nouveau « chez eux ». Cependant, s’adapter à une autre culture n’est pas donné à tout le monde. Qu’est-ce qui fait qu’un nouvel immigrant s’intégrera mieux que son voisin à son arrivée au Québec ? S’adapter progressivement aux codes d’une nouvelle identité culturelle (valeurs et croyances) constitue déjà un bon départ. S’ouvrir aux personnes extérieures à votre groupe ethnique/communauté est un grand pas supplémentaire qui vous aidera rapidement à prendre vos marques dans cette nouvelle société. Les trois étapes de la relocalisation En règle générale, on observe trois étapes par lesquelles un nouvel arrivant passe avant de s’adapter réellement à sa nouvelle vie au Québec : la perte de ses repères, la transition et enfin l’adaptation. Ces étapes peuvent elles-mêmes se subdivisées en quatre sous-étapes qui chronologiquement se déclinent de la manière suivante : la joie et le soulagement, le sentiment de regret, le stress et les difficultés à faire face aux symptômes psychologiques (tels que l’anxiété ou la dépression par exemple) et enfin, l’acceptante couplée d’une bonne dose d’ajustement et de réorganisation. Cette toute dernière étape, peut souvent prendre un peu de temps pour être atteinte mais lorsqu’elle est franchie avec succès, elle fait disparaitre chez les nouveaux arrivants tout doute par rapport à leur choix d’avoir décidé d’immigrer au Canada. Une nouvelle identité Pour beaucoup d’immigrants, le succès est étroitement lié à leur habilité à adapter la perception qu’ils ont de leur identité à un nouveau contexte culturel. Lorsque ma tante et sa famille ont immigré au Canada, les croyances, les valeurs et les habitudes de ma tante ont rendu plus difficile pour elle l’adaptation et la création d’une nouvelle identité culturelle. Elle réalisa soudainement que bien qu’elle détenait un doctorat en sciences, elle devrait tout
de même compléter sa formation et acquérir une expérience de travail au Québec même si au début, il faut parfois être disposé à accepter des « petits boulots » ou des emplois n’ayant aucun rapport avec ses études ou son expérience professionnelle antérieure. Cette prise de conscience a créé un changement radical par rapport à ses premières actions, attentes et perceptions et ce fût le commencement d’un réel pas vers une franche volonté d’adaptation.
Elle a dû effectuer une transition et adapter la façon dont elle se comprenait et/ou se percevait, dans son nouvel environnement. C’est ce genre de transition que les nouveaux arrivants au Québec devront s’attendre à vivre/faire tout au long du processus de relocalisation. Éviter de s’isoler S’adapter, c’est aussi rentrer en contact avec de nouvelles personnes. Certes, il est souvent plus facile pour de nouveaux arrivants de fréquenter un public qui partage une culture ou des traditions similaires aux leurs, voire même, originaire du même pays.Or, vouloir rester dans sa « zone de confort » pourrait vous isoler de la culture dominante dans votre nouveau pays d’accueil. Cela perpétue également les stéréotypes vis-àvis de certains groupes ethniques et de ce fait, ne facilite pas l’intégration. Lorsque les nouveaux arrivants vivent en silo ethnique (géographique ou social), cela les sépare de la communauté extérieure et les isole. Par exemple, certains français immigrant à Montréal ont souvent du mal –même après des années au Québec- à se faire des amis québécois. Pourtant, nombreux sont ces français qui choisissent de vivre dans des quartiers où se trouve déjà une très forte concentration de français fraîchement débarqués au Québec (c’est le cas du Plateau MontRoyal à Montréal).
réussie ! C’est pourquoi, de nombreuses associations à but non lucratif sponsorisent des programmes encourageant diverses communautés à interagir les unes avec les autres. Quitter sa « zone de confort » pour tout recommencer dans un nouveau pays requiert une grosse dose de courage et beaucoup de volonté mais la démarche n’est complète que lorsque vous avez réussi à établir des liens avec d’autres
L’effet produit est souvent le suivant : la culture, les mœurs et les motivations de leurs choix d’immigrer au Canada les rapprochent et créent ainsi une « bulle » dans laquelle ils évoluent et qui malgré eux, les isole de cette culture québécoise qu’ils ont pourtant tant envie de découvrir ! Dans un pays multiculturel comme le Canada, ce n’est certainement pas la meilleure voie à adopter en vue de « devenir canadien ». Ici, l’ouverture d’esprit, la tolérance et la socialisation sont de mises pour une intégration
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cultures et que vous avez la nette impression de faire « partie intégrante » de cette nouvelle société ; en somme, de vous être finalement adapté. Le genre masculin est utilisé dans cet article sans aucune discrimination et dans le seul but d’alléger le texte. *Consultante Réglementée en Immigration Canadienne Info. : www.step-in-canada.com
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Société
VIIIème édition du Gala des Femmes Arabes du Québec
7ème édition du Gala d’Excellence Vision & Inspiration
Réussites et intégra- Les couleurs tions remarquables africaines du Québec, sous les angles de l’excellence et de la relève Fort de la notoriété qu’il s’est acquise au fil des ans, le Trophée Femmes arabes du Québec en est à sa huitième édition qui sera célébrée le 8 mai 2014 au Crystal (5285 Boul. Henri Bourassa Ouest, Montréal; H4R 1B7). Le Gala permettra à la population québécoise de découvrir la richesse et la diversité des communautés arabes et de rendre hommage aux femmes qui se sont illustrées dans différents domaines.
Cet hommage vise à souligner la contribution de femmes remarquables qui ont travaillé dans l’ombre ou au grand jour, et ont contribué au développement de la société québécoise. Il est nécessaire de souligner publiquement leur apport et d’encourager leurs efforts. Il est important pour le rêve d’un Québec inclusif de faire connaître l’apport des communautés culturelles à la société d’accueil.
Nous avons collectivement tout avantage à ce que ces succès soient reconnus sur la place publique. Cet événement prestigieux récompense l’excellence au féminin, encourage celles qui se démarquent dans leur milieu professionnel par leurs réalisations, leurs compétences, leur esprit d’innovation ou leur engagement communautaire. Il s’inscrit également dans la vision d’une société prônant une égale autonomie et une égale participation des femmes et des hommes dans la société. À la fois sources de fierté pour les lau-
réates et leurs proches et d’inspiration pour la relève féminine, les Trophées femmes arabes du Québec constituent de plus une excellente occasion de mettre de l’avant votre organisation et de rendre hommage à celles et à ceux qui vous soutiennent ou vous inspirent. Lors du Gala des trophées seront remis dans plusieurs catégories (Affaires; Art & culture; Grande bénévole ; Professionnelle&Femme de carrière ; Sciences & Technologie ; Santé; Enseignement & recherche; Associatif & communautaire).
Le gala d’Excellence Vision & Inspiration du REPAF qui s’impose depuis 2008 comme l'un des plus importants rendez-vous de la communauté africaine des affaires de Montréal, fait son retour le samedi 10 mai à l'hôtel Hilton Bonaventure du Centre-Ville de Montréal. Cet évènement d’envergure rassemble des ténors de la communauté d’affaires, du monde politique et sociale de tous les horizons. Le gala d’excellence vise à honorer l’excellence et l’exemplarité de diverses personnes et entreprises dont la vision et les actions sont une source d’inspiration pour la société québécoise dans son ensemble. Pour la 7ème édition, le célèbre animateur, journaliste et producteur télé au Québec François Bugingo sera la personnalité d'honneur du Gala. Précédée d’un cocktail de réseautage dont le cadre accueillera une exposition artistique et agrémentée d’un
Les rencontres CauseRIFE
Immigration, séparations conjugales et recompositions À Sherbrooke, les familles immigrantes font maintenant partie du paysage et du Vivre ensemble. Comme toutes les familles, elles traversent des étapes, des moments heureux et des périodes plus difficiles. Elles dépassent des obstacles, vivent des transitions et sont en projet. Certaines d’entre elles vivent des séparations conjugales et plusieurs sont aussi dans des situation de recomposition familiale avec de nouveaux conjoints. Comment viton ces situations dans une nouvelle société, comment ces séparations et recompositions affectent elles les réseaux et les liens ici et dans le pays d’origine? Pour les hommes, les femmes et les enfants? Quelles sont les difficultés rencontrées, quelles sont les forces et stratégies développées par les familles, quelles sont les ressources sur place et quels sont les besoins? Au travers d’échanges conviviaux, vous êtes
invités à répondre ensemble à ces questions dans la prochaine CauseRIFE : Immigration, séparations conjugales et recompositions familiales, organisée par l’association Rencontre Interculturelle des familles de l’Estrie, le samedi 26 avril 2014 de 14h à 17h au local 123 au Centre communautaire et culturel de l’arrondissement de JacquesCartier, lieu: https://goo.gl/maps/HzqpU Les CauseRIFEs réunissent des citoyennes et citoyens de Sherbrooke, des membres des communautés culturelles, des intervenants dans des organismes divers et toute personne intéressée à la thématique, dans des échanges d’expériences, d’informations et de savoirs. Une collation sera servie et la participation est entièrement gratuite. RIFE, Rencontre Interculturelle des Familles de l’Estrie
Site web : www.rifestrie.com Courriel : rife2007@yahoo.fr
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repas gastronomique, la soirée sera animée par Eric M'Boua et se poursuivra avec les remises de prix et hommages dans une ambiance rythmée de prestations artistiques digne de ce nom. À propos du REPAF Fondé en 2005, le REPAF est un réseau d’affaires dynamique d’entrepreneurs, de professionnels et de travailleurs autonomes majoritairement d’origine africaine, ouvert à toute personne qui adhère à ses objectifs, quelle que soit son origine. Avec plus de 425 membres, inscrits sur www.repaf.org, le REPAF se veut être un vecteur de l’excellence, de l’entreprenariat et du professionnalisme. Informations : http://repaf.org/gala
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Éclairages
La pension alimentaire au Québec
Quels critères?
Par Meriem Boudjemaï
Au Québec, lorsqu’on parle de pension alimentaire, tout le monde se rappellera du tollé médiatique qu’aura fait Éric contre Lola. Lola, ex conjointe de fait d’un prospère homme d’affaires lui réclamait une pension alimentaire pour elle-même de 56000$ par mois. N’étant pas uni par mariage ou civilement à Eric, Lola a été déboutée à la Cour Suprême du Canada. Par contre, une autre cause, rendue en juillet dernier, a permis aux tribunaux d’octroyer à l’ex épouse d’un riche homme d’affaires montréalais la somme de 45833$ par mois, après 30 années de vie commune. Bien que cette pension alimentaire demeure à tout le moins exceptionnellement élevée, elle permet de s’interroger sur les critères retenus au Québec en vue d’accorder une pension alimentaire. Il existe deux types de pensions alimen taires qui peuvent intervenir lors d’un divorce : la pension alimentaire pour enfants et la pension alimentaire pour ex époux. La pension alimentaire pour enfants, comme son nom l’indique, constitue un montant payable par l’un des parents à l’autre afin de subvenir aux besoins de l’enfant. Le parent qui a la garde de l’enfant est celui qui recevra la pension alimentaire au nom de l’enfant. Il s’agit en quelque sorte de la contribution financière de l’autre parent pour subvenir aux besoins de l’enfant, mais payable au parent qui en a la garde. Le montant de la pension alimentaire pour enfant est calculé selon une table de calcul préétabli. En général, les parents devront compléter le Formulaire de fixation des pensions alimentaires1 (aussi appelé Annexe I) pour connaître le montant de base à payer. Les critères dont le formulaire tient compte aux fins de déterminer le montant de la pension alimentaire payable sont : les revenus des parents; le nombre d’enfants pour qui la pension alimentaire est payable; les frais particuliers que peuvent nécessiter les enfants; le temps de garde et de droit d’accès de chacun des parents; la capacité de payer des parents; la situation financière des parents, à savoir les dettes et les avoirs des deux parents. Le parent gardien pourra aussi demander les frais de garde nets assumés lorsqu’il travaille, étudie, ou a des problèmes de santé. Il pourra aussi demander au nom de l’enfant les frais d’études postsecondaires, et notamment les frais de scolarité, le transport, et les frais de logement. Des frais particuliers pourront aussi être demandés pour certains besoins particuliers de l’enfant, comme les frais reliés à une scolarisation dans une école privée, aux frais médicaux, aux activités sportives ou artistiques. Si
un parent possède beaucoup d’actifs mais peu de revenus, il est possible que la pension alimentaire soit révisée à la hausse pour tenir compte de ses richesses. À l’opposé, un parent qui a beaucoup de dettes peut avoir à payer une pension alimentaire moindre. Même si les parents conviennent à l’amiable du montant de pension alimentaire payable pour enfant, le juge vérifiera que le montant payable est conforme à l’intérêt de l’enfant. La pension alimentaire pour enfants est habituellement payable pour tout enfant mineur. Il arrive cependant dans certains cas que cette pension continue à être payable à un enfant de plus de 18 ans. En effet, dans certaines circonstances, un parent peut être appelé à soutenir financièrement son enfant majeur, qui n’est pas encore autonome. La pension alimentaire pour enfant majeur est habituellement accordée au parent qui prend en charge l’enfant incapable de subvenir par luimême à ses propres besoins. À titre d’exemple, l’enfant majeur pourrait être encore aux études, souffrir d’une maladie, ou d’un handicap.
Me Meriem Boudjemaï
Finalement, lors d’un divorce, il est aussi possible de faire une demande de pension alimentaire pour l’ex époux. Cette pension sera payable en plusieurs versements mensuels, ou en un seul versement forfaitaire. Elle peut être payable pour une durée définie ou indéfinie. Lors de l’attribution d’une pension alimentaire pour l’ex époux, les facteurs suivants seront évalués : la capacité financière et les besoins des époux; la durée de la vie commune; et le rôle de chacun des époux lors du mariage. L’attribution d’une pension alimentaire pour l’ex époux devra considérer les avantages économiques qu’un époux aura tirés du mariage au détriment de l’autre. Ainsi, un époux qui se sera consacré pendant plusieurs années au ménage et aux enfants aura également contribué à la prospérité économique de son époux. Dans ces conditions, une pension alimentaire constituera une juste compensation. Cependant, les tribunaux encouragent aussi, autant que faire se peut, l’indépendance économique des époux. Il arrive qu’un changement de situation permette de mettre un terme au paiement de la pension. Par exemple, l’un des époux a vécu un changement de situation financière, ou encore un enfant est devenu indépendant financièrement. Si la pension alimentaire cesse d’être payable, il reste important de faire une demande formelle au tribunal en vue d’obtenir l’annulation. Si les deux parents s’entendent, leur accord sera rapidement homologué par le tribunal. Si les deux parents sont en
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désaccord, un juge, après avoir entendu les représentations effectuées par les deux parties, tranchera la question. S’il ne procède pas ainsi, le parent qui doit payer une pension alimentaire sera redevable de tous les paiements accumulés par le passé. En cas de non paiement, les autorités compétentes ont le pouvoir de saisir les biens et revenus du contrevenant. Le tribunal pourra aussi prononcer un jugement d’outrage au tribunal contre la personne concernée. En cas de divorce, nous recommandons aux parents de convenir à l’amiable du paiement de la pension alimentaire, s’il y a lieu. Leur entente devrait être idéalement homologuée par un tribunal. En effet, il est possible qu’à l’avenir un parent soit condamné à payer une pension alimentaire de manière rétroactive pour le passé, ce qui peut lui occasionner des soucis financiers considérables. En cas de changement de la situation des époux ou des enfants, il est cependant possible de réviser le montant de la pension payable. 1 Justice Québec. « Formulaire de fixation des pensions alimentaires» http://www.justice.gouv.qc.ca/francais/formulaires/modele/forfix.pdf (Page consultée le 17 février 2014) * Cet article explique de façon générale le droit en vigueur au Québec et n’est pas un avis ou un conseil juridique. Pour connaître les règles particulières à votre situation, il faut consulter un professionnel du droit, soit un avocat ou un notaire.
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Cultures
Rencontres littéraires
L’auteur Nord-Montréalais Kamal Benkirane face à son public
Dans le cadre des activités littéraires de Montréal-Nord, prévues dans le calendrier Culturel du printemps Hiver 2014, les bibliothèques de Montréal-Nord invitent le poète et l’auteur-éditeur Kamal Benkirane pour une rencontre avec le public ce jeudi 24 avril à 19h, et ce à la bibliothèque de la Maison Culturelle et Communautaire de Montréal-Nord. Il présentera ses œuvres, et présentera à l’aide de ses lectures choisies sa passion pour les mots tout en invitant les lecteurs à son parcours migratoire et littéraire. Kamal Benkirane est auteur éditeur, membre de l’alliance des professeurs de
Montréal. Il publie en 2005, dans les éditions Fleur de lys au Québec, un recueil de poèmes (Les ormes diaphanes), puis motivé par la fusion entre la littérature et les technologies de l’information, il fonde en 2006 une maison d’édition électronique (E-passerelle) dont l’objectif est de promouvoir la littérature maghrébine d’expression française en Amérique du nord. Il publie plusieurs auteurs et expose dans plusieurs manifestations culturelles à travers le Canada. En 2006, il publie aux éditions Harmattan en France (Culture de la masculinité et décrochage scolaire des garçons au Québec) puis en 2010 un autre recueil de poèmes aux éditions
du Cygne en France (Dans la chair du cri). Il a participé au Québec à plusieurs projets dans le cadre de la promotion de la culture marocaine au Canada, et continue aussi ses travaux sur la problématique de l’immigration, de l’exil et de la double appartenance. CALENDRIER CULTUREL AUTOMNE HIVER 2013-2014 http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/1/84824082.PDF
M Kamal Benkirane
Création
Coups de Pouce aux artistes du Festival Vue sur la Relève 2014
Montréal, le 16 avril 2014 ‒ La 19e édition du Festival Vue sur la Relève a été officiellement clôturée le 15 avril 2014 avec la soirée de remise des Coups de Pouce 2014 dans un Cabaret du MileEnd bien rempli. C’est près de 60 partenaires de l’industrie du disque et du spectacle qui sont venus remettre 73 Coups de Pouce totalisant plus de 126 000 $ aux artistes de la programmation. Ces Coups de Pouce peuvent prendre la forme de diffusion d’un spectacle, de résidence de création, de séjour de prospection à l’étranger, d’enregistrement et de matriçage en studio, d’accompagnement professionnel, etc. L’équipe de Vue sur la Relève offre à sept artistes, dont les spectacles se sont démarqués, de participer à une activité de « speed-dating » devant les gens du milieu et de présenter leur vitrine le soir de la Remise des Coups de Pouce 2014. Il s’agit, en danse, du spectacle BOW’T de Rhodnie Désir; en théâtre, de Novecento du Théâtre de la Trotteuse et de Too Big for the Stage de la compagnie belge Nous Descendrons six pieds sous terre; en jazz, du spectacle Strange Beast de Kite Trio et, en chanson, des spectacles Beau mystère de Michel
Robichaud, Les Gourmandes (chanson a capella) et Normal Human Feelings du groupe Little Suns.
Le Festival Vue sur la Relève offrira également à trois artistes de la programmation en chanson ou musique de présenter une vitrine en fin de soirée à la Bourse RIDEAU 2015, si son partenariat avec la Bourse RIDEAU est renouvelé. Les noms de ces artistes seront dévoilés en novembre ou décembre 2014 quand seront connus les cinq artistes qui bénéficieront d’une vitrine à la Bourse RIDEAU dans le cadre des Entrées en scène Loto-Québec. Le Festival Vue sur la Relève offre un accompagnement personnalisé d’un an à tous les artistes de la programmation 2014. Parmi les partenaires des Coups de Pouce 2014, MAtv remet, pour une 3e année, 25 000 $ à un artiste sous forme de campagne publicitaire, de présentation de son prochain spectacle et d’une prestation musicale dans une émission sur ses ondes. Le récipiendaire cette année est Little Suns. Loto-Québec, notre partenaire présentateur, permet à deux artistes de la programmation de
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bénéficier des Entrées en scène LotoQuébec qui consistent en leur participation à la Bourse RIDEAU 2015. Il s’agit de Michel Robichaud avec Beau Mystère et Novecento du Théâtre de la Trotteuse. Pour une 5e année, un artiste de la programmation du Festival aura la chance d’être présenté aux FrancoFolies de Montréal. Il s’agit de Shawn Jobin (Saskatchewan).
Les artistes suivants ont également bénéficié des Coups de Pouce du Festival Vue sur la Relève : Les Gourmandes (6), Les Bouches Bées (6), Navert (5), Shawn Jobin (4), Michel Robichaud (3), Little Suns (3), Quattr’Opéra (3), Maritza (3), Théâtre de la Trotteuse (2), Kite Trio (2), Caroline Dusseault / DUSSO (2), Karim Dabo (2), Nous Descendrons Sous Terre (1), Marianne Bel (1), Olivier Belisle des Rencontres qui Chantent (1), Cédric Vieno (1), Collision Collective (1), Dans Son Salon (1), Triton Trio (1), Marc-Antoine Larche (1), Rhodnie Désir (1), Philippe Dandonneau (1), T3 : Théâtre de Trois (1), Décibel et T.O.M.M (1) et Michelle Cajolet-Couture (1). Découvertes Le Festival Vue sur la Relève s’est aff-
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ché sous le thème « Découvrez-les avant que tout le monde en parle » avec un duo de porte-parole particulièrement complice, soit l’actrice québécoise Pascale Bussières et l’auteur-compositeur-interprète Alex Nevsky, qui a bénéficié du Festival à ses débuts. Rappelons-le, l’événement a servi de tremplin à plusieurs grands noms, tels que Pierre Lapointe, Daniel Boucher, Yann Perreau, Mes Aïeux, Vincent Vallières, Damien Robitaille, Lisa LeBlanc, DobaCaracol, Karkwa, Estelle Clareton, Emmanuel Jouthe, Manon Oligny, Virginie Brunelle, Rubberbandance Group, Mélanie Demers, Evelyne de la Chenelière, Fred Pellerin, Stéphane E Roy et bien d’autres. Vue sur la Relève est porté par Créations Etc..., un organisme national en développement culturel jeunesse, fondé en 1979 pour soutenir les jeunes âgés de 6 à 35 ans qui choisissent les arts de la scène comme moyen d’expression. Source : Festival Vue sur la Relève (Créations Etc…)
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Jeunesse
Sixième université d’été
pour les Jeunes Marocains du Monde La Fondation Hassan II organise chaque année des séjours culturels au Maroc pour les enfants des MRE. Pour sa part, le ministère chargé des Marocains résidant à l’étranger et des affaires de la migration organise, chaque année une université d’été pour les jeunes de 18 à 25 ans. Cette université d’été vise à répondre à la demande de plus en plus forte de la communauté MRE dans les domaines culturel et éducatif. Le but recherché porte sur la préservation de l’identité nationale des nouvelles générations de la communauté émigrée dans ses dimensions linguistique et culturelle, la propagation des valeurs civilisationnelles fondées sur la tolérance, le dialogue et la cohabitation et le renforcement de leur attachement à leur mère patrie. Suite au succès des premières éditions des universités d’été organisées depuis le mois de juillet 2009, la sixième édition destinée aux jeunes âgés de 18 à 25 ans sera organisée du 02 au 13 août 2014 pour 300 candidates et candidats de différents pays d’accueil, en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et trois universités marocaines (Abdelmalek –Essaâdi –Tétouan,
Hassan II-Casablanca, et Ibn ZohrAgadir). Les activités qui seront proposées porteront sur le perfectionnement ou l’apprentissage de la langue arabe, l’organisation des conférences et les visites à caractère culturel, économique, artisanal et artistique. Ces universités offrent non seulement un espace d’apprentissage de langue et de culture marocaines, mais également des opportunités réelles pour que ces jeunes puissent rencontrer leurs homologues et les différentes composantes de la société marocaine (des universitaires, des élus, des grands responsables du secteur économique, des professionnels, des intellectuels, des artistes, des associations culturelles …), permettant ainsi de renforcer et de créer des relations de convivialité et d’amitié entre les Marocains. Les frais de séjour, à savoir logement, nourriture, transport interne et billets d’avion sont pris en charge par le Ministère Chargé des Marocains Résidant à l’Étranger et des Affaires de la Migration. Pour participer à cette université d’été, il faut notamment être âgé de 18 à 25 ans et universitaire, appartenir à une
famille MRE et n’avoir jamais participé à une telle opération organisée par le ministère des MRE. La date limite d’inscription est le 15 mai 2014. Les frais de séjour: logement, nourriture, transport interne et les billets
Programme de la 6ème édition Samedi 2 Aout 2014 Accueil des participants à l’Aéroport
Dimanche 3 Aout 2014 Ouverture de la 6ème Edition des universités d’été Départ des participants vers les Universités organisatrices (Présentation de la 6ème édition des universités d’été, Programme, Organisation, Règlement, Présentation des Encadrants)
historiques Vendredi 8 Aout 2014 Présentation : l’Islam et la coexistence Visite du Siège du conseil local des oulémas Samedi 9 Aout 2014 Présentation : Impact des reformes politiques et des droits de l’homme au Maroc sur la société en général et sur jeunes MRE en particulier Visite du Siège du conseil de la région
Lundi 4 Aout 2014 Présentation : La richesse de la culture marocaine Atelier des langues: apprentissage Dimanche 10 Aout 2014 des langues nationales Excursion Mardi 5 Aout 2014 Lundi 11 Aout 2014 Présentation : Les grands chan: la nouvelle constitiers de développement au Maroc Présentation tution et les attentes des MRE Visite des centres régionaux Visite du Siège d’une association d’investissement ou Coopérative Mercredi 6 Aout 2014 Mardi 12 Aout 2014 Excursion Débat entre Jeunes MRE Clôture des Universités d’été Jeudi 7 Aout 2014 Activités proposées par les uniPrésentation : L’histoire du versités organisatrices: tout au Maroc long du programme Visite des Monuments et sites
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d’avion sont pris en charge par le Ministère Chargé des Marocains Résidant à l’Étranger et des Affaires de la Migration. Info: universiteete.mcmream@gmail. com
Jeunesse
Bouznika du 2 Août au 15 Août 2014
Colonie de vacances
au profit des enfants de la Communauté Marocaine Le Consulat Général du Royaume du Maroc à Montréal porte à la connaissance de l’ensemble des membres de la Communauté Marocaine du Canada, que la Fondation Hassan II pour les Marocains Résidant à l’Étranger organise en Août 2014 une colonie de vacances au profit des enfants de la Communauté. Le séjour estival aura lieu du 2 Août au 15 Août 2014 (le départ de Montréal est programmé pour le 1er Août et le retour de Casablanca est programmé pour le 15 Août 2014). Cette activité culturelle et éducative qui se déroulera au Complexe Moulay Rachid de Bouznika, vise à renforcer les liens de la communau-
té marocaine avec la Mère Patrie et à préserver l’identité culturelle des enfants en leur permettant d’apprécier la richesse du patrimoine culturel et civilisationnel de leur pays d’origine. Le quota alloué cette année à la communauté marocaine au Canada est de 10 places. La date limite de réception des dossiers de candidatures au Consulat Général du Royaume du Maroc à Montréal est le 28 Avril 2014 à 14 heures. Informations : www.consulatdumaroc.ca
Sports
Nouveaux trophées pour l’école des champions olympiques L’école des champions olympique, avec une équipe de 13 participants, a démontré encore une fois qu’elle était à même de se mesurer aux meilleurs. C’était lors du 6ème championnat de Saint-Jérôme, compétition provinciale organisée le samedi 12 avril 2014 à Saint-Jérôme.
Jaune)
Les athlètes de l’école des champions olympique ont très bien représenté leur école, ont travaillé très fort pour briller dans cet événement, et ont remporté 3 trophées pour la première position ainsi que 3 médailles d'argent, voici les résultats détaillés :
Participation (un combat et/ou plus) - Rayan Fennani (U7 Masculin Jaune) - Reda Hannouni, (U9 Masculin Jaune) - Vasile Marin, (U7 Masculin Jaune) - Ishaq Zabour, (U9 Masculin Jaune) - Ahmed Zahar, (U9 Masculin Jaune) - Zakaria Karakiss, (U9 Masculin Jaune)
Trophées pour la première position - Nizar Es Sabbar, (U9 Masculin Bleu) - Ahmed Zerrouk, (U11 Masculin Vert) - Adem Brahimi, (U13 Masculin
Médailles d’argent - Raphaëlle Dupuis, (U11 Féminin Jaune) - Andrey Martinez Cruz, (U11 Masculin Bleu) - Fadi Ferchichi, (U17 Masculin)
Source : école des champions olympiques
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Paraboles
Le voleur de données Le prix de à l'Agence du revenu l'essence atteint 1,53 $ à Montréal du Canada arrêté et à Laval La GRC a rapidement annoncé que son enquête sur la faille informatique Heartbleed et qu’elle était sur la piste de «possibles contrevenants» dans le dossier du vol de renseignements à l'Agence du revenu du Canada. Tout aussi rapidement, une arrestation a été annoncée.
La GRC a révèlé dans son communiqué avoir demandé à l'agence, lorsque cette dernière lui a signalé l'infraction contre les données des contribuables, de retenir l'information au cours du week-end. Les policiers ont ainsi gagné du temps et ils ont réussi à identifier des suspects potentiels en plus de « contenir d'autres risques ». Les numéros d'assurance sociale (NAS) d'environ 900 Canadiens ont été volés à cause de la faille de sécurité Heartbleed. L'ARC a indiqué qu'elle s'est rendu compte du vol lors d'une opération de maintenance visant à protéger son site Internet contre la faille de sécurité Heartbleed, le 8 avril dernier.
Le vol s'est produit sur une période de six heures, selon les informations de l'ARC. Le site de l'agence est désormais sécurisé, les internautes peuvent l'utiliser.
Selon le site jsonline.com, une Bourse d’études lui aurait permis d’obtenir un bachelor en histoire de l’Université Clark à Worcester au Massachusetts, en 1981, puis un diplôme de droit de New York Law
Par exemple, les meilleurs prix s'élèvent à 1,35 $ dans les Laurentides, à 1,36 $ en Montérégie, à moins de 1,38 $ dans les Cantons-de-l'Est et à un peu plus de 1,41 $ dans la région de Québec.
Le prix du baril de pétrole brut de la mer du Nord se situe à 109,20 $US, en légère baisse. Le prix à la Bourse de New York s'établit pour sa part à 101,56 $US. En 2008, lorsque le litre d'essence ordinaire était vendu à 1,50 $, le prix du baril de pétrole brut était largement supérieur à son niveau actuel.
Courrier rapide…
Un Américain d’origine marocaine s’offre un club de basket-ball
Marc Lasry est né à Marrakech, au Maroc, dans une famille juive marocaine. L’immigré marocain, venu avec sa famille alors qu’il était jeune enfant, est passé de ce qu’il décrit comme une enfance pauvre à une place sur la plus récente liste de Forbes des milliardaires du monde, avec une fortune de 1,7 milliards de dollars. Il est président directeur général et co-fondateur de l’Avenue Capital Group.
Le site web essencequebec.com signale que les prix de l'essence demeurent largement inférieurs dans toutes les autres régions du Québec.
Toutes les personnes touchées seront contactées par l'ARC, qui compte leur envoyer une lettre recommandée par la poste. Personne ne sera contacté par courriel ou par téléphone, indique l'ARC. Les contribuables dont les NAS ont été volés pourront aussi téléphoner au numéro sans frais qui sera mis à leur disposition afin d'obtenir plus de renseignements, dit l'ARC.
Pour 550 millions de dollars Marc Lasry, homme d’affaires d’origine marocaine, vient de s’offrir l’équipe de basket-ball professionnel les Milwaukee Bucks, pour un montant de 550 millions de dollars. Fondée en 1968, Les Milwaukee Bucks sont une équipe de basket-ball professionnel (NBA) basé à Milwaukee, Wisconsin.
Le prix du litre d'essence ordinaire atteint un sommet mercredi 23 avril 2014 à Montréal et à Laval, à plus de 1,53 $. Ce prix est supérieur de 0,13 $ au prix minimum qui a été fixé cette semaine pour les régions de Montréal et de Laval par la Régie de l'énergie du Québec.
School en 1984. Après une période de travail dans un tribunal, Lasry a opté dans l’investissement dans les titres en difficulté. Il fonde, avec sa sœur, Sonia Gardner, l’Avenue Capital Group en 1995. La société a, au 31 mars de cette année, un portefeuille client estimé 13,6 milliards de dollars. Ce milliardaire, classé par Forbes à la 1031è position des hommes les plus riches au monde, avec une fortune estimée à 1,4 milliard de dollars, est l’un des plus gros donateurs du parti démocrate américain. Très attaché à ses origines marocaines, Marc Lasry avait tenu à appeler l’une des sociétés de son groupe "Maroc", avant de le changer en "Amroc" sur recommandation de ses conseillers, d’après sa sœur Sonia Gardner. Marc Lasry est marié et père de 5 enfants. En 2013, il était pressenti pour devenir l’ambassadeur des Etats-Unis à Paris ou à Londres.
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45 ans pour franchir 200 kilomètres Une résidente de Calgary a eu l'heureuse surprise de recevoir dans sa boîte postale une lettre de sa petite soeur, postée à 200 km de chez elle il y a 45 ans, avec les excuses de Postes Canada.
La missive avec un timbre de 6 cents, tarif en vigueur en 1969, était oblitérée avec le cachet de Lethbridge en Alberta et adressée à "M. et Mme R.D Tingle" avec pour seule destination une rue de Calgary avec un mauvais numéro et sans mention de cette ville de la province de l'ouest canadien, a raconté cette résidente à la radio publique CBC. Mme Tingle a reçu la lettre sous plastique et accompagnée d'un mot d'excuses du service des postes du Canada, non pas pour le retard mais pour les dégradations apparentes sur l'enveloppe.
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"Chère cliente, nous regrettons sincèrement que votre lettre soit endommagée. Elle a été trouvée dans cet état dans le circuit postal", a écrit Postes Canada à Mme Tingle. Cette dame, qui avait fait suivre son courrier après son déménagement, a donc enfin reçu les remerciements adressés, sous forme de poème, par sa petite soeur de 9 ans et qui était venue à l'époque passer quelques jours chez elle.
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A contre-courant
Entre langue qui tue et langue qui se meurt…
Oraison funèbre pour la presse écrite? Par Ismaïl Harakat
Avec l’émergence des nouvelles technologies de l’information et de la communication, la presse écrite, de même que le livre, sont sur la corde raide. Entre les dégâts produits par internet, la multiplication des chaines d’information en direct et l’augmentation vertigineuse du cout d’impression, il y a beaucoup de raisons de penser que l’avenir n’appartient pas à la lecture sous sa forme traditionnelle. La tendance parait d’autant plus irréversible que lorsqu’on mène une simple étude auprès de n’importe que institut supérieur de journalisme à travers le monde, on s’aperçoit que la presse écrite occupe désormais la queue du peloton dans les choix des étudiants. Sur un total de dix étudiants, peut-être deux vont opter pour la presse écrite davantage au nom de la passion qui anime encore - et heureusementquelques brebis égarées, qu’au nom d’une véritable conviction. Quant aux autres, ils composent avec les besoins du marché en se fiant aux conseils de leurs propres enseignants, de leurs parents ou en se basant sur l’expérience de leurs camarades qui les ont précédés de quelques années. Désormais, étudier le journalisme, c’est synonyme de carrière dans l’audiovisuel, l’évènementiel, les agences de communication ou encore la conception des sites web répondant à certains besoins précis. Ce qui illustre la prise de distance de plus en plus marquée par rapport à un métier passionnant synonyme de renoncement et de profession de foi. Une passion qui vous pousse à l’exercer sans regarder l’heure à laquelle vous devez quitter votre bureau pour rentrer chez vous. Que de fins de semaines sacrifiées! De jours fériés! De bouclage qui vous cloue à la rédaction jusqu’au petit matin!
D’articles qui n’obtiennent jamais votre entière satisfaction…C’est ça le journalisme dit « traditionnel » et qui laisse place progressivement à une nouvelle façon de concevoir ce métier en phase avec les mutations que connait la société moderne.
Sur la corde raide Dans un pays comme la France, avec une tradition littéraire et journalistique parmi les plus ancrées dans la société occidentale, il suffit d’observer la situation déplorable dans laquelle se trouvent certains titres prestigieux comme FranceSoir ou Libération pour se rendre compte de la gravité de la situation. Même Le Monde, l’une des toutes premières références de la presse francophone traverse une crise aigue annonciatrice d’un futur assez sombre. A 1,50 euro l’exemplaire, ce qui est franchement cher pour un quotidien en temps de crise et avec des annonces qui se font de plus en plus rares à une époque où les grandes compagnies peuvent désormais s’offrir une meilleure visibilité sans nécessairement passer par la presse écrite, on peut s’interroger sur la survie du journalisme dans version traditionnelle. Même la presse populiste française a besoin de temps à autre d’une polémique pour replacer son titre sur les devants de la scène, pour quelques jours du moins. Le cas de Charlie-Hebdo est à ce titre édifiant et l’islam semble être devenu pour lui une sorte de respiration artificielle lui permettant d’écouler quelques gribouillis de mauvais gout et de payer au passage des « journalistes » manifestement en panne d’inspiration. Mais la polémique et le populisme euxmêmes ont une durée de vie et les plus gros titres de la presse internationale ne savent quoi inventer pour « accrocher » le lecteur.
Justement parce que la réalité de la presse écrite ne prête pas à l’optimisme, les nouvelles générations préfèrent concentrer leur intérêt sur des créneaux porteurs et plus à l’air du temps.
Évidemment, ces jeunes étudient dans leurs instituts les différentes écoles de journalisme, les techniques de la rédaction et d’investigation, mais au moment de choisir une spécialité, il est clair qu’ils vont composer avec les besoins d’un marché qui leur indique clairement où se situe leur intérêt.
M. Ismail Harakat
Vers un français « virtuel »? Mais un autre problème découle de cette prise de distance avec la lecture traditionnelle : la qualité du français. On le ressent déjà partout à une époque où le moindre bidule électronique corrige vos âneries pour vous, vous mettant ainsi à l’abri du besoin de consulter un vrai dictionnaire comme au bon vieux temps où le Larousse et le Robert étaient aussi précieux chez soi que le portrait jauni de grand-père. Or, il a été démontré que la mémoire emmagasine davantage de données lorsqu’on se donne minimalement la peine d’effectuer une recherche. C'està-dire en consultant un dictionnaire, en passant quelques heures dans une bibliothèque ou en étant un habitué des bouquinistes. Et c’est bien parce que ces traditions se perdent que bien des jeunes d’aujourd’hui échangent entre eux dans un nouveau langage qui ferait volontiers se retourner dans leur tombe les grands noms de la littérature francophone. S’il est incontestable que la nouvelle génération de journalistes dispose d’outils de recherche que ses ainés n’avaient pas et qu’ils ont accès à l’information en un clic là où ceux qui les ont précédés devaient passer trois ou
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quatre coups de fil et souvent se déplacer pour l’avoir, on peut nourrir quelques craintes quant à la dégradation de la qualité du français à la lumière de la prédominance des nouveaux outils de communication. Quand un gadget électronique pense pour et quand vous vous complaisez dans la paresse intellectuelle, on peut s’interroger sur l’avenir du français dans toutes les sociétés francophones abruties par Facebook et les smartphones. Et c’est valable aussi pour toutes autres langues qui semblent toutes avoir subi une cure d’amincissement sur la foi des échanges entre les jeunes d’aujourd’hui. Les diminutifs foisonnent partant du principe que le plus important est de transmettre l’information tout court et non pas une information de qualité. Et c’est justement là où se situe toute la différence. Les établissements d’enseignement et les parents sont appelés à faire montre d’un maximum de vigilance s’ils ne veulent pas qu’un jour un français « virtuel » prenne le pas sur celui que notre génération a appris. Ce qu’en penserait un jeune d’aujourd’hui? Mdr. Traduisez, mort de rire!
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