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Dans l’esprit du Ramadan
Une campagne pour combattre la faim au Canada
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Citoyenneté
Le projet C‑24, la loi de tous les périls
Voyages
Attention aux mauvaises surprises!
Un passeport valide plus de trois mois requis pour pouvoir embarquerPage 15
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Nuits d’Afrique
Les artistes maghrébins en première ligne Page 33 Coupe du monde 2014
Le Petit Thomas Mulcair Maghreb «La Loi sur la citoyenneté nécessite des réformes en liesse encore mais ce qui est proposé change complètement une fois Page 39 les règles du jeu»
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Editeur : Abdelghani Dades. Directeur Général Rachid Najahi. Rédaction : Hassan Boutabssil, Narjisse El-Bakkali, Zahira Ellahgui, Wahid Megherbi, Mona Doutabaa, Said Chayane, Reda Benkoula Publicité : Agence Odyssée Conception et Réalisation Graphique : Atlas Média Atlas.Mtl est un produit du. GROUPE ATLAS MEDIA Editeur de. * La Voix des Marocains à Montréal et du site web: www.atlasmedias.com
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Éditorial
Éditorial
Citoyenneté
C-24 : une loi plus qu’inquiétante
L’été est enfin là, avec sa chaleur et ses épisodes de canicule. Avec ses hausses saisonnières des prix, qui dérangent certes, que l’on finit cependant par accepter comme on accepte un fruit de saison. Mais aussi avec ses fêtes; la Saint Jean, la fête du Canada; avec ses festivals qui remplissent les rues de cultures, de diversité et de métissages. Avec également ses loisirs et ses plaisirs. Avec tout ce qui nous fait oublier l’hiver, nous rempli de joie et d’optimisme et, en fin de compte, nous fait aimer ce pays. Mais dans cet été 2014, un nuage vient assombrir le tableau. La Loi C-24. Bien peu d’entre nous en avaient entendu parler, et pourtant, elle est au feuilleton depuis le mois de février dernier. Quatre mois sans communication sur le sujet, dans une «discrétion» qui ressemble à une omission volontaire de mauvais aloi. Et pour cause! Cette loi vient profondément changer les règles entourant la nationalité canadienne. D’une part, elle sera plus difficile, plus longue et plus chère à obtenir; et là passe encore. Mais d’autre part, elle sera bien plus facile à perdre, et dans des conditions qui sont loin de rassurer. Car, au lieu de demeurer dans le giron de la loi et de la justice, la procédure de déchéance de citoyenneté va passer dans le domaine du règlement et devenir une prérogative de fonctionnaires; qui pourront décider de cet acte gravissime sans que les personnes concernées n’en soient préalablement informées, ni ne puissent entrer en contact avec le fonctionnaire qui décident de leur sort, ni, encore moins pouvoir faire recours de la décision prise à leur encontre. Ainsi, si vous bénéficiez d’une autre nationalité, vous pourriez vous
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coucher canadien et vous réveillez étranger, sans le savoir et sans avoir la moindre occasion de vous défendre. Tollé Naturellement, cette évolution provoque des réactions. Un véritable tollé dans la classe politique, dont l’un des membres les plus éminents, M. Thomas Mulcair, chef de l’opposition officielle à Ottawa, nous déclare : «La Loi sur la citoyenneté nécessite des réformes parce qu’il y a des failles dans le système actuel, mais les articles proposés par les conservateurs changent complètement les règles du jeu et nous nous devons de les dénoncer. Nous espérions que le ministre s'engage à travailler en collaboration avec nous pour réellement améliorer nos lois en matière d'immigration, mais il a choisi d’aller de l’avant avec un projet de loi fort probablement anticonstitutionnel.» Comme chez les juristes d’ailleurs. «l’Association du Barreau canadien a ouvertement laissé entendre que C-24 pourrait menacer certains droits fondamentaux protégés par la Charte canadienne des droits et libertés et qu’il serait donc, comme d'autres projets de loi conservateurs déposés avant lui, inconstitutionnel. L’Association du Barreau canadien, l’UNICEF, l'Association canadienne des avocats et avocates en droit des réfugiés, Amnistie Internationale, le Conseil canadien pour les réfugiés, le Constitutional Rights Centre et de nombreux universitaires chevronnés ont tous indiqué que ce projet de loi ne respecte pas la Charte ou les engagements internationaux du Canada. Le Constitutional Rights Centre a d’ailleurs déposé une contestation de la constitutionnalité de C-24 devant les tribunaux.» relève M. Mulcair à ce sujet
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Demi-citoyenneté? Ainsi donc, ce que vient de faire le gouvernement, de fait, crée une citoyenneté de second ordre, voire une demi-citoyenneté, que l’on octroie comme une faveur et que l’on se réserve le droit de retirer au gré de personnes qui n’ont jamais vu ou rencontré ceux qu’ils sanctionnent ainsi suprêmement, sans recours et sans espoir. De plus, lorsque le gouvernement a fait adopter son texte, il est apparu bien clair, à travers une déclaration du ministre concerné, M. Alexander, que C-24 est «la première réforme d’envergure depuis 1977». Première? Est-ce à dire que d’autres surprises nous attendent? De quelle nature? Avec quelles nouvelles restrictions et contraintes? Nul ne le sait; et cette incertitude est grosse de menaces. Irons-nous jusqu’à donner corps à ce vœux des extrêmes droites européennes qui ne cessent de réclamer la prohibition des doubles appartenances nationales? Avec la loi C-24, on pourrait ne pas avoir à aller aussi loin dans la législation formelle pour en arriver à une telle extrémité. Et dans ce processus, qui fait dire à bien des gens «qu’ils ne reconnaissent plus le Canada», on oublie une chose; que nous rappelle encore une fois M. Mulcair : «Tout le monde s’entend pour dire que la citoyenneté canadienne revêt une valeur considérable, mais il est inadmissible d’instrumentaliser cette question», comme il est inadmissible de réduire les droits des minorités et ce d’autant moins que «Le droit canadien comporte déjà des mécanismes permettant de punir les gens qui commettent des actes illégaux.»
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Solidarité
Dans l’esprit du Ramadan
Une campagne pour combattre la faim au Canada La 3e édition de la campagne nationale Donnez/Give 30 au profit des banques alimentaires à travers le Canada dont le réseau des Banques alimentaires du Québec, a débuté le 18 juin dernier et se poursuivra jusqu’au 27 juillet 2014. Donnez/Give 30 a été fondé en 2012 afin de soulager la faim à travers le pays. L’idée de la campagne Donnez/Give 30, est que chacun, indépendamment de sa foi, puisse faire un don à des banques alimentaires au Canada pendant le mois de Ramadan sur le site www.give30.ca afin de lutter contre la faim dans la communauté. « Donnez/Give 30 a été créé pour motiver les gens qui jeunent durant le Ramadan à donner une partie de l’argent qu’ils destinent aux actes de charité recommandés durant ce mois. Les gens qui ne jeunent pas peuvent également participer» a déclaré le fondateur de Donnez/Give 30, M. Ziyaad Mia en précisant que les dons peuvent provenir de tout le monde, peu importe leur croyances et leurs valeurs. “Donnez la valeur économisée en apportant votre lunch pour un mois ou encore
l’équivalent de 30 jours de l’argent alloué à votre café. Peu importe le geste, ça peut faire la différence dans la vie de ceux qui n’ont pas assez à manger, » explique M. Mia.
400 000 personnes par mois au Québec « Chaque geste compte pour nous aider à nourrir plus de 400 000 personnes par mois au Québec qui parfois n’ont pas le choix de jeuner car elles n’ont rien à manger. Chaque 1 $ de don au réseau des Banques alimentaires du Québec permet de donner une valeur de 12 $ de nourriture à ceux dans le besoin. La campagne Donnez/Give 30 s’inscrit bien dans l’esprit de partage de notre réseau et peut faire une réelle différence dans les communautés. » a déclaré Zakary O. Rhissa, directeur général des Banques alimentaires du Québec. « Ce mouvement populaire remporte plus de succès que nous l’avions jamais imaginé » ajoute M. Mia. L’avocat de Toronto qui est très engagé envers des causes sociales attribue la forte croissance de la campagne à la simplicité de l’idée et au pouvoir des médias
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sociaux. « Le Ramadan est à propos de donner au suivant, bâtir des communautés et comprendre les défis liés à la faim. C’est pourquoi il est facile de motiver les gens à donner. Tous peuvent participer à cette campagne dans l’esprit du Ramadan. La faim touche toute sorte de personnes et c’est pourquoi il est important que tous participent à Donnez/Give 30. » conclu M. Mia. Dans sa première année, la campagne Donnez/Give 30 a amassé près de 40 000 $. L’an dernier, des banques alimentaires de trois provinces canadiennes dont les Banques alimentaires du Québec, on reçu plus de 90 000 $ pour combattre la faim. Cette année, Donnez/Give 30 prend encore plus d’expansion et soutient 9 banques alimentaires dans 5 provinces canadiennes.
Les Banques alimentaires du Québec Depuis bientôt 25 ans, le réseau des Banques alimentaires du Québec soutient et représente à travers le Québec 18 Moissons (banques alimentaires) qui approvisionnent quelque 1 064 organismes communautaires répondant à plus de 1,5
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million de demandes d’aide alimentaire d’urgence par mois. Les Banques alimentaires du Québec veille au partage équitable des denrées entre les Moissons à travers le Québec, s’assure de mettre en commun des ressources, de l'expertise et des informations afin de répondre de façon plus efficace aux Québécois en situation de pauvreté. www.banquesalimentaires. org La campagne Donnez / Give 30 La campagne 2014 se déroulera du 16 juin au 5 septembre au Québec, à Toronto, Edmonton, Calgary, Mississauga, Ottawa, Vancouver et Winnipeg. Le Ramadan se déroule du 28 juin au 27 juillet 2014. Informations et dons: www.give30.ca
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Citoyenneté
Le projet C‑24, la loi de tous les périls Si cette loi passe, la citoyenneté deviendra plus difficile à acquérir et très plus facile à perdre
Le 6 février 2014, le gouvernement fédéral a déposé le projet de loi C‑24 qui modifie la Loi sur la citoyenneté au Canada. La nouvelle loi remaniera des aspects fondamentaux de la citoyenneté canadienne telle que nous la connaissons.
S’il est adopté, le projet de loi C‑24 rendra plus difficile pour de nouveaux immigrants d’acquérir la citoyenneté canadienne et plus facile pour beaucoup de Canadiens de la perdre, surtout s’ils ont la double citoyenneté. La plupart des Canadiens ne comprennent pas bien de quelles façons le projet de loi C‑24 compromettra leurs droits fondamentaux d’être citoyens canadiens. L’Association canadienne des avocats et avocates en droit des réfugiés résume les changements les plus importants apportés à la Loi sur la citoyenneté. Si la perte pour beaucoup de Canadiens des droits liés à leur citoyenneté vous préoccupe, nous vous pressons de contacter votre député avant que le projet de loi C‑24 soit adopté. Au Canada, la citoyenneté a toujours été une chose sûre. Qu’une personne soit née au pays ou qu’elle soit immigrante, dès que la citoyenneté canadienne lui est accordée, elle a l’esprit tranquille. Selon le système actuel, celle-ci ne peut pas perdre sa citoyenneté à moins de l’avoir acquise par la fraude et même là, un juge de la Cour fédérale doit prendre cette décision après une audience en bonne et due forme. Selon le système actuel, si la personne est en désaccord avec la décision du juge, elle dispose d’un droit d’appel. Selon la nouvelle loi, une personne peut perdre sa citoyenneté de plusieurs manières. De plus, la décision de retirer ou non la citoyenneté à un individu sera prise par un bureaucrate du gouvernement qui l’informera par écrit sans qu’il ait la possibilité de se défendre lors d’une audience. Pourquoi la citoyenneté sera-t-elle plus difficile à obtenir? Les nouveaux immigrants devront attendre plus longtemps avant de pouvoir demander la citoyenneté. Les personnes plus âgées et plus jeunes devront maintenant passer des tests linguistiques et de connaissances pour demander leur citoyenneté. Les droits à acquitter pour la demande de citoyenneté ont triplé et
les personnes qui se voient refuser leur demande n’ont aucun droit d’appel.
1. Tests linguistiques et de connaissances du Canada Selon la nouvelle loi, tous les candidats âgés de 14 à 64 ans devront passer des tests linguistiques et de connaissances du Canada en anglais ou en français. Actuellement, seules les personnes âgées de 18 à 55 ans doivent prouver leurs connaissances et leurs compétences linguistiques. Si le projet de loi C‑24 est adopté, bon nombre d’immigrants plus âgés auront beaucoup de difficulté à passer les tests linguistiques. De plus, en l’absence de documents prouvant leurs compétences linguistiques, tous les enfants et grands-parents devront payer les frais des tests linguistiques. 2. Augmentation des droits à acquitter Depuis l’an dernier, le gouvernement impose des frais pour les tests linguistiques. Les droits à acquitter pour la demande de citoyenneté vont maintenant tripler et seront maintenant quatre fois plus élevés qu’en 2006. 3.Retard – Aujourd’hui, les candidats attendent de quatre à six ans avant de devenir citoyens canadiens en raison du retard et de l’inefficacité du gouvernement. Avec la nouvelle loi, une personne devra attendre de huit à dix ans en totalité avant de devenir citoyen canadien à partir du moment où elle devient un résident permanent. 4. Exigences plus difficiles en matière de résidence La nouvelle loi exigera qu’une personne ait vécu au Canada pendant au moins quatre ans comme résident permanent avant de pouvoir demander sa citoyenneté. La règle actuelle est de trois ans. Selon la nouvelle loi, tout le temps passé au Canada avant de devenir un résident permanent (à titre d’étudiant, de travailleur ou de réfugié) ne comptera plus pour l’exigence de quatre années en matière de résidence. 5. Aucun droit de faire appel devant les tribunaux Si un candidat se voit refuser sa demande de citoyenneté, il n’aura plus droit d’en appeler à la Cour fédérale pour contester ce refus. Une révision judiciaire sera possible, mais il ne s’agira pas d’un appel en bonne et due
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forme. Pourquoi la citoyenneté sera-t-elle plus facile à perdre? La nouvelle loi divise les Canadiens en deux classes de citoyens : les Canadiens de première classe qui n’ont aucune autre citoyenneté et ceux de deuxième classe, les citoyens ayant la double nationalité, qui peuvent se voir retirer leur droit de vivre au Canada. Même si une personne est née au Canada, elle est menacée de perdre sa citoyenneté si elle a la double citoyenneté ou une possible double citoyenneté. Elle pourrait ne même pas savoir qu’elle possède une autre citoyenneté. Si celle-ci a un conjoint, un parent ou un grand-parent qui est citoyen d’un autre pays, elle pourrait obtenir la citoyenneté sans jamais l’avoir demandée. La loi proposée la menacerait de perdre sa citoyenneté canadienne si le Ministre allègue qu’elle a ou pourrait avoir une autre citoyenneté. Il lui reviendrait alors de convaincre le Ministre du contraire. La nouvelle loi rendra plus facile pour le gouvernement de retirer le droit à la citoyenneté des manières suivantes : 1. Tous les citoyens naturalisés sont concernés Un fonctionnaire fédéral pourra révoquer la citoyenneté d’un citoyen naturalisé s’il croit qu’il n’a jamais eu
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l’intention de vivre au Canada. Cela pourrait se produire si celui-ci décide de faire des études, d’occuper un emploi ou de résider dans un autre pays. Par contre, les citoyens canadiens nés au Canada ne pourront pas perdre leur citoyenneté s’ils résident à l’extérieur du pays. 2. Les Canadiens ayant une possible double citoyenneté Un fonctionnaire pourra retirer la citoyenneté à un Canadien à la suite d’une condamnation criminelle dans un autre pays, même si ce pays est antidémocratique ou qu’il ne reconnaît pas la primauté du droit. Le fonctionnaire pourra aussi lui retirer sa citoyenneté pour certaines condamnations criminelles graves au Canada, même s’il a déjà purgé sa peine au pays. 3. Le pouvoir de révocation aux mains des fonctionnaires Les fonctionnaires de Citoyenneté et Immigration Canada auront la latitude de retirer la citoyenneté. La décision pourra être prise par écrit sans possibilité de contact avec les fonctionnaires. Selon la loi actuelle, pour retirer la citoyenneté à un individu, le gouvernement doit présenter une demande à un juge de la Cour fédérale. La demande est ensuite entendue lors d’une audience où l’intimé peut défendre son droit à la citoyenneté.
Immigration
Thomas Mulcair
chef de l’Opposition officielle :
«La Loi sur la citoyenneté nécessite des réformes ce qui est proposé change complètement les règles du jeu»
Présenté par le gouvernement comme «l’une des premières réformes d’envergure de la Loi sur la citoyenneté depuis 1977», le projet de loi C-24 qui rend plus difficile l’acquisition de la citoyenneté et sa perte plus facile, n’est de ce fait, semble-t-il, que le début d’un processus dont on ne voit encore ni les tenants, ni les aboutissants et à propos duquel d’ailleurs, les informations ont été parcimonieuses.
Cette discrétion, alors que le feuilleton à commencé en février dernier, ont fait que nous n’avons depuis lors rien publié ou commenté. Nous devons à la vérité de dire que ce sont les députés de l’opposition officielle, formée par le Nouveau Parti Démocratique (NPD), qui ont attiré notre attention sur les dangers portés par le texte. Et c’est au plus haut niveau du parti, son chef M. Thomas Mulcair, qu’on nous a répondu lorsque nous avons demandé des commentaires sur cette question. Entretien. Question: Bonjour M. Mulcair. Tout d’abord merci de nous accorder un peu de votre temps pour parler de la réforme de la Loi sur la citoyenneté. À la mi-juin, les conservateurs ont utilisé leur majorité pour faire adopter leur projet de loi C-24 sur l’immigration. Le ministre Chris Alexander a déclaré que ce projet représente l’une des premières réformes d’envergure de la Loi sur la citoyenneté depuis 1977. Le Nouveau Parti démocratique s’est vigoureusement opposé à ce projet de loi. Pourquoi? Thomas Mulcair: Tout le monde s’entend pour dire que la citoyenneté canadienne revêt une valeur considérable, mais il est inadmissible selon nous d’instrumentaliser cette question, de la politiser pour obtenir des bénéfices politiques et de plaire aux partisans conservateurs. Cela s’est produit trop
souvent depuis 2006 et c’est ce à quoi on assiste à nouveau aujourd’hui.
Qu’est-ce qui vous fait dire cela ? Les conservateurs ont refusé de nous écouter et d’écouter les nombreux experts qui ont tenté de corriger les grandes faiblesses de leur réforme. Ils ont refusé tous les amendements proposés à la Chambre des communes. Ils ont coupé court aux débats en plus d’ignorer les processus normaux du comité de l’immigration. La Loi sur la citoyenneté nécessite des réformes parce qu’il y a des failles dans le système actuel, mais les articles proposés par les conservateurs changent complètement les règles du jeu et nous nous devons de les dénoncer. Nous espérions que le ministre s'engage à travailler en collaboration avec nous pour réellement améliorer nos lois en matière d'immigration, mais il a choisi d’aller de l’avant avec un projet de loi fort probablement anticonstitutionnel. Qu’est-ce qui, selon vous, ne va pas avec cette réforme? Plusieurs éléments! Les articles visant à concentrer le pouvoir entre les mains du ministre m’inquiètent tout particulièrement. Que voulez-vous dire ? Cette loi concentre beaucoup de nouveaux pouvoirs directement entre les mains du ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration. Il peut maintenant révoquer la citoyenneté canadienne aux détenteurs d’une double citoyenneté. Donner ce genre de pouvoir à une personne, c’est lui offrir la possibilité de prendre des décisions arbitraires. Au NPD, nous condamnons ce genre de pratique. Mais ce nouveau projet de loi devrait réduire les délais d’attente? Un important problème pourrait être ainsi réso-
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M Thomas Mulkair
lu… En effet, c’est un problème de taille. Les délais n’ont jamais cessé d’augmenter depuis l’arrivée au pouvoir des conservateurs. Malheureusement, C-24 ne réglera pas la situation. Il ne prévoit aucune solution réelle pour réduire les retards et les délais de traitement des demandes de citoyenneté. Les conservateurs proposent essentiellement de réduire les intermédiaires dans le traitement des dossiers. Pourtant, rien ne prouve que cette modification administrative sera suffisante pour réduire significativement les temps d’attente. En 2013, leur plan d’action prévoyait 44 millions sur deux ans pour régler ce problème: Plus de 320 000 personnes attendent toujours de voir leur demande être traitée et les délais sont aujourd’hui de 31 mois. C’est 15 mois de plus qu’en 2009!
problème de notre système actuel de citoyenneté et jusqu’à maintenant, force est de constater que les conservateurs ont échoué à le régler.
Il s’agit clairement du plus important
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Cette réforme rendra plus difficile pour les immigrants de répondre aux exigences relatives à l’attribution de la citoyenneté, notamment pour les étudiants étrangers. Dans l’actuelle loi, le temps passé au Canada avant l’obtention de la résidence permanente pouvait être comptabilisé dans le calcul de l’obligation de résidence au Canada, qui est utilisé comme critère pour l’obtention de la citoyenneté. Maintenant, la durée du séjour au Canada des résidents non permanents n’entrera plus en ligne de compte. Leur plan de vie pour devenir citoyens canadiens et contribuer à la société sera d’autant repoussé.
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Thomas Mulcair
chef de l’Opposition officielle :
«La Loi sur la citoyenneté nécessite des réformes ce qui est proposé change com‑ plètement les règles du jeu»
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Beaucoup d’intervenants ont remis en doute la constitutionnalité même de ce projet de loi. Vous en pensez quoi? Tel qu’adopté, le projet de loi à des failles majeures et comme vous l’avez mentionné, nous ne sommes pas les seuls à le dénoncer. Le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), par exemple, s’est publiquement inquiété des impacts négatifs que le projet de loi pourrait avoir sur «les droits et le bien-être de groupes d’enfants particulièrement vulnérables». Amnistie internationale a, pour sa part, relevé les «nombreux accrocs aux droits humains» qu’il présente. De son côté, l’Association du Barreau canadien a ouvertement laissé entendre que C-24 pourrait menacer certains droits fondamentaux protégés par la Charte canadienne des droits et libertés et qu’il serait donc, comme d'autres projets de loi conservateurs déposés avant lui, inconstitutionnel.
L’Association du Barreau canadien, UNICEF, l'Association canadienne des avocats et avocates en droit des réfugiés, Amnistie Internationale, le Conseil canadien pour les réfugiés, le Constitutional Rights Centre et de nombreux universitaires chevronnés ont tous indiqué que ce projet de loi ne respecte pas la Charte ou les engagements internationaux du Canada. Le Constitutional Rights Centre a d’ailleurs déposé une contestation de la constitutionnalité de C-24 devant les tribunaux. Je pense qu’il est inacceptable de ne pas écouter nos experts et de réduire les droits des minorités. Pouvez-vous nous donner un exemple de mesure qui ne serait pas constitutionnelle? Le projet de loi rend possible la révocation de la citoyenneté comme conséquence pénale pour les personnes détenant une double citoyenneté. Il y a plusieurs problèmes juridiques avec une telle mesure. Premièrement, nous ne pouvons pas traiter les personnes ayant
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une double citoyenneté différemment en les exposant à la perte possible de leur statut. Il s’agirait d’une sanction additionnelle à leur sentence pénale. Un système avec deux poids, deux mesures donc et qui soulève clairement des questions constitutionnelles. En gros, que voudrait le NPD? Nous croyons à un système d’immigration équitable, efficace, transparent et responsable. Le gouvernement ne devrait donc pas adopter des mesures d’immigration de plus en plus restrictives fondées sur des décisions arbitraires prises derrière des portes closes. Depuis 2008, plus de 25 changements importants ont été apportés aux méthodes, aux règles, aux lois et aux règlements relatifs à l'immigration. Nous n’avons qu’à penser au moratoire sur le parrainage pour parents et grandsparents, à la diminution de la réunification des familles, à la punition des réfugiés vulnérables et à l'augmentation du nombre de travailleurs étrangers temporaires. Les changements considérables que les conservateurs ont
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apportés au système d'immigration canadien n'ont amélioré ni l'efficacité ni l'équité du système. Nous croyons qu’il faut des mesures concrètes pour la réunification des familles, je pense sincèrement que cela devrait figurer au sommet des priorités de la politique canadienne en matière d’immigration. Et pour revenir aux aspects liés à la constitutionnalité, nous reconnaissons bien entendu que les citoyens ayant commis des actes criminels doivent être tenus responsables de leurs gestes, par contre, nous croyons à notre système juridique et nous pensons que tous les citoyens doivent avoir droit à un traitement juste et équitable aux termes de la loi. Le droit canadien comporte déjà des mécanismes permettant de punir les gens qui commettent des actes illégaux. Il ne devrait pas revenir au ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration de prendre ces décisions si nous ne voulons pas de débordement.
Citoyenneté
«Une conception contraire aux valeurs canadiennes»
Par Vincent Valaï et Jean-François Minardi*
Alors que nous célébrerons la fête du Canada, la nature même de la citoyenneté canadienne est remise en question par l’adoption récente du projet de loi C-24, la Loi renforçant la citoyenneté canadienne. Cette loi ouvre en effet une brèche dans la protection des droits fondamentaux des Canadiens et constitue une forme certaine de discrimination entre Canadiens. Selon le gouvernement Harper, les modifications apportées à la Loi sur la citoyenneté ont notamment pour objet de permettre « au Canada de rattraper son retard par rapport à la plupart de ses pairs, en prévoyant que puisse être révoquée la citoyenneté des personnes affichant une double nationalité qui sont reconnues coupables de terrorisme, de haute trahison ou d’espionnage ». Le ministre Alexander ne cesse par ailleurs de répéter depuis l’annonce du projet de loi, le 6 février 2014, que la citoyenneté n’est « pas un droit, mais un privilège ». Tout citoyen canadien qui commet des crimes graves doit être jugé dans le cadre des lois existantes et puni s’il est déclaré coupable. Ce qui pose problème dans la loi C-24, c’est que, pour la première fois dans l’histoire de la citoyenneté canadienne, l’on fait preuve de discrimination entre citoyens canadiens.
On crée en effet une nouvelle classe de citoyens, ceux ayant plus d’une nationalité, qui n’auraient pas les mêmes droits que les autres Canadiens.
Ainsi à la lumière de cette vision manichéenne de la citoyenneté, un Canadien né au Canada dont les parents sont nés au Canada pourrait perdre sa citoyenneté canadienne s’il affiche une double nationalité et s’il est reconnu coupable au Canada et à l’étranger de crimes liés notamment au terrorisme et à l’espionnage. Cela signifie qu’en vertu de la législation adoptée, les Canadiens ayant la double nationalité sont susceptibles de perdre leur citoyenneté canadienne s’ils sont accusés à tort d’être des terroristes après un simulacre de procès dans un pays dans lequel il n’y a pas d’état de droit. C’est ce qui vient d’arriver au journaliste Canado-Égyptien d’Al Jazeera, Mohamed Fahmy, qui vient d’être reconnu coupable de terrorisme par un tribunal égyptien à la suite d’une parodie de justice. Même si les crimes mentionnés dans la nouvelle législation sont des crimes abjects qui doivent être punis avec toute la sévérité nécessaire, la révocation de la citoyenneté d’un Canadien – né au Canada ou à l’étranger – représente un précédent grave pour notre état de droit. La loi C-24 contrevient en effet aux principes de notre Constitution garantissant, entre autres, le droit à l’égalité
et elle constitue un déni du corpus législatif existant au Canada pour condamner les personnes reconnues coupables de crimes les plus odieux. La conception de la citoyenneté véhiculée par le gouvernement Harper nous semble contraire aux valeurs canadiennes et fragilise la citoyenneté qui se voit ainsi réduite à un super visa accordé à des citoyens de seconde classe.
Tous les Canadiens sont titulaires des droits fondamentaux protégés par notre état de droit. Exclure certains citoyens de cette sphère de protection et remettre en question leur identité constitue un danger pour notre démocratie, et rappelle des heures tragiques de l’histoire contemporaine. *respectivement avocat et analyste en politique publique
Ce qu’en pense Marine Le Pen… "Il faut maintenant mettre fin à la double nationalité" et "arrêter l'immigration", a déclaré Marine Le Pen ce matin en réaction aux incidents qui ont suivi la qualification de l'Algérie pour les 8e de finale du Mondial de football. Devant les médias, la présidente du Front national a vu dans ces incidents et dans les précautions policières prévues pour la rencontre Algérie-Allemagne, "la démonstration de l'échec total de la politique de l'immigration et le refus exprimé, par un certain nombre de binationaux de l'assimilation". "Il faut choisir, être français ou être autre chose", a-t-elle ajouté. Pour Algérie-Allemagne, "nous allons aligner dans les rues françaises des dispositifs de police aussi importants que le 14 juillet", a affirmé la dirigeante du parti d'extrême droite. "C'est la démonstration de l'échec total de la politique de l'immigration dans notre pays, le
refus exprimé, par un certain nombre de binationaux de l'assimilation à laquelle je suis particulièrement attachée". «Mettre fin à la double nationalité» "C'est clairement la volonté de la part d'un nombre non négligeable d'exhiber leur choix de l'Algérie plutôt que de la France", a-t-elle poursuivi. Donc à ses yeux, "il faut maintenant mettre fin à la double nationalité. Il faut choisir, on est algérien ou français, marocain ou français, mais on ne peut pas être les deux". "Il faut que l'État retrouve son autorité", a-t-elle demandé. "Il n'y a pas un pays au monde qui accepterait de subir ce que nous subissons sur notre territoire". Ramadan, «une danse de la pluie»? Comme on lui demandait si le ramadan allait calmer les esprits, elle s'est insurgée: "il faut que nous attendions de subir, comme on fait la danse de la pluie, pour espérer que le ramadan va régler le problème de la multiplication récurrente des agressions, des atteintes
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Marine Le Pen
lors des matches de football de l'Algérie?" "Non, c'est à l'État de régler, il faut supprimer la double nationalité, il faut arrêter l'immigration", a-t-elle insisté en citant le chiffre de 800.000 inscrits
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en France pour les élections algériennes. "Il faut supprimer l'acquisition de la nationalité automatique au motif qu'on naît sur le territoire français". Source : Presse française
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Voyages
Attention aux mauvaises surprises! Un passeport valide plus de trois mois requis pour pouvoir embarquer La saison des voyages, en en Europe et ailleurs, est commencée pour les Canadiens et les Québécois, et certains voyageurs ont la très mauvaise surprise de ne pas pouvoir monter à bord de leur avion, malgré un billet et un passeport canadien valide.
C'est ce qui vient d'arriver à Catherine. Elle devait prendre un vol MontréalBruxelles d'Air Transat lorsqu'on lui a refusé l'accès. Raison: son passeport expire à la fin du mois d'août, moins de trois mois après la date de son retour. Depuis l'été dernier, l'Allemagne, la Belgique, l'Espagne, la France et l'Italie demandent un passeport valide au moins trois mois après la date de retour prévue. La Grèce, les Pays-Bas et le Portugal ont aussi ce critère d'admissibilité, malheureusement méconnu de nombreux voyageurs. Les douaniers européens peuvent néanmoins admettre un voyageur ayant un passeport valide mais qui
expire plus tôt que trois mois avant le retour. C'est d'ailleurs ce qui est arrivé à Catherine très récemment, avec ce même passeport. D'où sa surprise de se faire refuser l'accès à son avion cette fois-ci. Votre responsabilité! Le transporteur aérien est responsable de ramener un passager qui est refusé à la douane, à destination, si son passeport n'est pas valide, explique la porte-parole d'Air Transat, Debbie Cabana.
Pour éviter des problèmes à destination, Air Transat n'accepte donc pas les passagers dont le passeport n'est pas conforme au règlement à leur départ. Comme il est de la responsabilité des voyageurs de connaître les règles en cours dans les pays qu'ils visitent, le billet perdu n'est ni remboursable ni échangeable. Air Transat, comme Air Canada par ailleurs, n'envoie pas de note à ses clients qui achètent des billets pour les destinations qui appliquent maintenant cette règle. Tous les détails sont affi-
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chés sur le site de l'entreprise. Sur le billet électronique, on indique que certains pays exigent que le passeport soit valide six mois après la date de retour, mais rien sur cette nouvelle règle. Pour Catherine, c'est un voyage raté. À ses frais: elle a dû acheter un nouveau billet aller-retour vers Bruxelles.
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Et obtenir un nouveau passeport. Pour savoir si vous avez en main les documents nécessaires pour votre voyage ou connaître les conditions d'admission du pays que vous allez visiter, consultez le site de l'Association internationale du transport aérien: iatatravelcentre.com
Éducation
Commissions scolaires
Une rentrée difficile… Les contribuables québécois recevront leur avis d'imposition scolaire en retard, cette année, mais il s'agit d'un inconvénient mineur pour les commissions scolaires québécoises qui devront composer avec de nouvelles compressions budgétaires. Le retard dans l'envoi des comptes de taxes scolaires s'explique par l'absence de budget provincial. Élu en mai dernier, le gouvernement de Philippe Couillard doit faire adopter son premier budget à la mi-juillet. Ce n'est qu'à ce moment que les Commissions scolaires obtiendront confirmation de leurs crédits budgétaires. Elles pourront ensuite eux-mêmes procéder à l'adoption de leur budget respectif, une étape qui devrait être franchie au début du mois d'août. « Ça complique les choses parce qu'on a déjà préparé la rentrée scolaire », explique la présidente de la Commission scolaire des Patriotes, Hélène Roberge, en entrevue à RadioCanada. « Quand on arrive avec des informations très tardives du gouvernement, et qu'on ne peut adopter notre budget, oui, ça complique l'organisation. » Nouvelles compressions budgétaires Le délai dans l'adoption du budget est
toutefois un bien petit caillou dans le soulier des commissions scolaires qui doivent encaisser de nouvelles compressions budgétaires. « Nous savions qu'il y aurait des compressions additionnelles, mais jamais nous n'avions anticipé des compressions de cette ampleur », déplore Mme Roberge. « C'est vraiment un casse-tête parce qu'à la Commission scolaire des Patriotes nous avons vraiment un fonctionnement décentralisé, l'argent est dans les écoles, on garde un minimum dans les centres administratifs », poursuit-elle. Mme Roberge souligne que la moyenne des coûts administratifs des commissions scolaires s'élève à 5 % et il est de 3,8 % à la Commission scolaire des Patriotes. « Nous en sommes très fiers », souligne-t-elle. Elle ajoute toutefois qu'il est devenu impossible de faire davantage d'économies dans les services administratifs de la commission scolaire. Des choix difficiles « Les compressions au niveau administratif ont les faits depuis plusieurs années, on est rendu à un niveau où on ne peut plus couper davantage. On va quand même regarder ce qu'on peut faire pour diminuer le moins possible le
service aux élèves. » « On ne peut pas toucher les services essentiels », souligne Mme Roberge. Les écoles devront donc trouver des façons de réduire leur budget sans toucher à l'essentiel de leur mission. « Ça peut être des livres de bibliothèques [qui ne seront pas achetés] », illustre-telle. Ce sont des choix qui appartiennent aux écoles. »
Les budgets alloués aux commissions scolaires ont été diminués au cours des dernières années par les gouvernements qui se sont succédé à Québec. Les libéraux de Philippe Couillard ont imposé une réduction supplémentaire de 5,8 millions de dollars à la commission scolaire des Patriotes, une réduction budgétaire qui porte le total des compressions à 16 millions de dollars au cours des dernières années.
Conseil municipal de Montréal
Deux élèves à la défense de leur école
La Commission scolaire de Montréal presse la Ville d'accorder des permis de démolition des écoles Saint-Gérard et Baril. Deux élèves de quatrième année de l'école primaire St-Gérard ont interpellé le maire Coderre lors de la séance du conseil municipal. Elles le prient d'intervenir pour qu'elles retrouvent leur école, aux prises avec des problèmes de moisissures.
Julia Myles et Shanti Proulx ont demandé au maire ce qu'il comptait faire pour régler le problème d'ici septembre 2016. « On a envie de retrouver notre école au plus vite. On sait que ce sera long parce qu'on doit la démolir et la reconstruire »,
explique Julia Myles. Depuis deux ans et demi, ces deux jeunes élèves de l'école St-Gérard sont déménagées dans une école secondaire en attendant que leur école soit reconstruite. « Nous sommes entourés d'élèves du secondaire. On ne se sent pas vraiment chez nous », ajoute Chanti Proulx. Le maire Coderre s'est engagé à rencontrer la présidente de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), Catherine Harel-Bourdon, pour faire avancer le dossier. « On a besoin qu'il y ait un leadership politique qui soit pris par la ville de
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Montréal », explique Philippe Bussière, père d'un élève. « Nous ne sommes pas ici pour montrer les élus du doigt, mais il faut intervenir. Il fallait que la ville s'engage », précise-t-il. La CSDM presse la ville de Montréal d'agir La CSDM demande aux élus municipaux d'accorder rapidement les permis de démolition des écoles Saint-Gérard, de Villeray, et Baril, d'Hochelaga Maisonneuve. Les deux écoles contaminées par les moisissures sont fermées depuis trois ans.
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Le 3 juin dernier, le Conseil du patri moine de Montréal a rendu un avis défavorable à la démolition et la reconstruction des écoles qui ont une valeur patrimoniale, et suggère de les décontaminer. La présidente de la CSDM estime que le Conseil du patrimoine ne peut émettre que des recommandations et que les élus municipaux peuvent décider de passer outre et d'accorder les permis de démolition. La décision doit être prise cet été pour une rentrée dans des écoles neuves en septembre 2016.
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Infrastructures
Dévoilement du design du futur pont Champlain
«Embrasser les deux rives»… Les premières maquettes du futur pont Champlain ont récemment été dévoilées par le ministre fédéral de l'Infrastructure, Denis Lebel.
Les plans présentés ont été élaborés par un comité d'examen architectural auquel participaient notamment les architectes Claude Provencher et Poul Ove Jensen, en collaboration avec la firme Arup, la firme d'ingénieurs-conseils chargée de tout le projet de corridor du nouveau pont. « Contrairement à notre pont existant, on crée un geste unique, qui embrasse les deux rives », a expliqué Claude Provencher, architecte et associé principal de la firme Provencher Roy, qui pilotait un comité aviseur sur l'architecture du nouveau pont. « Il y a une géométrie qui est produite [...] Le pont est courbé et il est en ascension constante. Donc, c'est deux mouvements qui travaillent ensemble, de façon à créer cette dynamique-là dans le pont. » « Ce qui est particulier ici, c'est qu'on a trois segments. Il y a un segment pour la voie centrale, qui se trouve à être le segment pour le transport collectif et les deux segments pour le transport régulier, plus la voie cyclable », a poursuivi M. Provencher. « Cette combinaison de ces trois volets [...] nous a amenés à regarder plusieurs aspects du support. [...] Ce qu'on a cherché, c'est vraiment de retrouver un support simple, très simple, et élégant. Et quand vous le voyez de la rive, vous voyez immédiatement que les supports ont une qualité architecturale intéressante et en même temps une distance ». Selon Claude Provencher, il était « absolument nécessaire » qu'une partie du pont soit haubanée, étant donnée sa portée de 240 mètres au-dessus de la voie maritime, mais sans plus. « La façon technique de réaliser cette portée oblige nécessairement à un système de haubans. Mais pour le reste ce n'est pas justifié », a-t-il expliqué.
« Le reste, c'est une forme d'autoroute au-dessus de l'eau. [...] Il n'y a pas de justificatif de créer artificiellement un pont haubané sur la longueur. Je dirais que ce n'est même pas une réflexion qu'on a eue. » Les consortiums devront respecter la vision architecturale du pont présentée ce matin, mais ils bénéficieront tout de même d'une certaine marge de manoeuvre en ce qui concerne les matériaux utilisés et sur les méthodes de construction. « Le partenaire privé aura le choix du type de matériau à utiliser pour la construction du pont. Pour nous, ce qui est important, [c'est d'avoir] une durée de vie de 125 ans pour le pont », a fait valoir Marc Brazeau, directeur général des grands projets de ponts pour Transports Canada. « On a des designs pour des conceptions tant en acier qu'en béton dans nos plans ». Six candidats, trois offres
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Selon le ministre Lebel, six consortiums ont répondu à l'appel de qualification en vue de la construction du nouveau pont Champlain. Les trois consortiums qui auront obtenu les meilleures notes seront invités à déposer une proposition en bonne et due forme « dans les prochaines semaines ». Le contrat sera attribué au soumissionnaire qui, tout en respectant les critères techniques dévoilés ce matin, présentera la proposition offrant le prix le moins élevé. Le ministre Lebel a aussi indiqué qu'Ottawa devra se porter acquéreur « de plusieurs terres » pour mener à bien le projet. Plus de 99 % d'entre elles appartiennent au gouvernement du Québec ou à la Ville de Montréal, a-t-il précisé, et leur acquisition va bon train. Cependant, 16 propriétés résidentielles et la cour arrière d'un autre immeuble devront être expropriées
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pour que le projet d'élargissement de l'autoroute 15 puisse aller de l'avant. Des négociations sont déjà en cours à ce sujet, a dit le ministre Lebel, et elles se poursuivront pour les prochaines semaines. Ottawa estime que la facture du nouveau pont pourrait atteindre de 3 à 5 milliards. Le quotidien La Presse affirme que le directeur parlementaire du budget, Jean-Denis Fréchette, enquête à ce sujet, afin de parvenir à une estimation plus précise. Le ministre des Transports du Québec Robert Poëti a demandé à Ottawa il y a un mois de livrer un tablier hybride permettant de faire fonctionner un système d'autobus dès 2018 et de préserver l'option d'instaurer un Système léger sur rail (SLR). Il a indiqué qu'il attendra de connaître les résultats de l'étude du bureau de projet de l'AMT, à l'été 2015, avant de prendre une décision finale à ce sujet.
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Sécurité
Protection de la vie privée
Un outil en ligne disponible sur le Web
Les Canadiens ont maintenant un nouveau moyen pour vérifier si leur fournisseur de télécommunications collecte des informations et les partage avec des entités extérieures telles que les gouvernements. Grâce à ce nouvel outil, développé par certains des plus grands experts du pays en matière de vie privée, les Canadiens peuvent plus facilement obtenir de leurs fournisseurs qu'ils révèlent leurs pratiques.
Selon Christopher Parsons, de l'école d'études internationales Munk, à Toronto, c'était un des buts des chercheurs, en plus d'identifier quel genre d'information les compagnies de télécommunications canadiennes collectent et partagent avec de tierces parties. L'outil en ligne « Access My Info » aide donc les utilisateurs à écrire une lettre formelle à laquelle les compagnies sont obligées de répondre en moins de 30 jours, selon le droit canadien relatif au respect de la vie privée. Les utilisateurs doivent fournir
quelques détails de base sur euxmêmes et leur fournisseur de télécommunications. Ce processus peut être fait de manière confidentielle, précise le site web de l'outil.
Ce projet, développé par OpenMedia. ca, le laboratoire interdisciplinaire Citizen Lab de l'université de Toronto et l'organisme de recherche et développement Digital Stewardship Initiative, survient alors que de plus en plus de questions se posent, au sein de la population canadienne, sur le respect de la vie privée sur Internet. Le directeur d'OpenMedia.ca, un organisme qui fait la promotion d'un système de communications ouvert et transparent, considère que les procédés de collecte et de partage d'information dans les télécommunications demeurent entourés de mystère. « Nous n'en savons pas énormément, mais ce que nous savons est plutôt alarmant », a affirmé Steve Anderson. En avril, le commissariat à la protection de la vie privée du Canada a révélé que le gouvernement fédéral récla-
mait aux fournisseurs des informations confidentielles sur leurs clients environ 1,2 million de fois par année. Les compagnies y auraient répondu 784 756 fois, selon des informations de 2011. Christopher Parsons affirme que l'outil
« Access My Info » aidera les Canadiens à mieux comprendre l'étendue des procédés de collecte de leurs informations personnelles et pourrait révéler qui a potentiellement accès aux banques de données des compagnies de télécommunications.
Taxis montréalais
Caméras de surveillance obligatoires…
Montréal va rendre obligatoire l'installation de caméras de surveillance à l'intérieur des taxis, a annoncé le maire Denis Coderre. Une mesure qui vise à accroître la sécurité des chauffeurs après le meurtre de l'un d'entre eux, en novembre dernier. L'assassinat avait laissé l'industrie du taxi sous le choc, et poussé Montréal à entreprendre des consultations auprès des chauffeurs et du public. Le maire Coderre a présenté son plan lundi.
Outre l'installation de caméras vidéo, la Ville veut aussi rendre obligatoires les systèmes de géolocalisation et le paiement électronique. Les chauffeurs se sont généralement dits en faveur des caméras de surveillance, mais certains s'inquiétaient du coût. Sur ce point, la Ville dit travailler à des scénarios de financement pour alléger le fardeau financier des chauffeurs.
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Par ailleurs, pour assurer le respect de la vie privée, les vidéos seront uniquement accessibles aux fins d'enquêtes policières. « Je salue le geste de la Ville de Montréal et du maire pour la rapidité d'exécution et tout ce qu'il est en train de faire pour l'industrie. C'est une grosse victoire pour l'industrie du taxi », a réagi un chauffeur présent lors de l'annonce, Mohammed Taibi.
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« À long terme, c'est un projet qui est très satisfaisant et les chauffeurs vont comprendre que c'est très sécuritaire pour eux », a estimé président du Comité provincial de l'industrie du taxi du Québec, Dory Saliba. La politique du taxi adoptée en août Lors des consultations, certains chauffeurs avaient suggéré la mise en place d'une vitre entre eux et les clients, ou encore un d'« bouton d'urgence ». Ces options n'ont pas été retenues
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Votre argent
Prix de l'essence
Un été très chaud…
Il faudra attendre la fin de la saison estivale et une atténuation des violences en Irak avant de voir les prix de l'essence redescendre au Canada, selon les observateurs et les analystes en énergie consultés par CBC, le réseau anglais de Radio-Canada. C'est donc dire que les automobilistes s'arrêtant pour faire le plein devraient rager au moins jusqu'en septembre, lorsque la période des vacances et des longs déplacements qui en découlent sera terminée. Le prix moyen de l'essence a atteint des niveaux records la semaine dernière dans plusieurs provinces du Canada. À Montréal, par exemple, certains détaillants demandaient 1,53 $ pour chaque litre d'essence ordinaire, jeudi. D'importantes hausses ont également été enregistrées à Toronto, Vancouver et Ottawa, notamment. Depuis, les prix n'ont pas baissé ou presque. Selon le site essencemontreal. com, le prix du litre d'essence ordinaire oscillait entre 1,45 $ et 1,51 $ dans la nuit de samedi à Montréal. Il était de 1,43 $ à l'échelle du Québec. La faute à l'Irak
Dan McTeague, qui opère le site web Tomorrow's Gas Price Today blâme la nervosité des marchés et la spéculation financière excessive causées par l'instabilité au Moyen-Orient qui, selon lui, « déforment » les prix de l'essence. Entre-temps, remarque-t-il, l'approvisionnement en brut ne s'est jamais mieux porté. Laura Lau, vice-présidente principale en gestion de portefeuilles pour le Brompton Group, atteste que l'augmentation des prix est le reflet direct des manchettes internationales. Elle remarque que la prime de risque pour le pétrole a grimpé, même si les troubles en Irak n'ont pas empêché le brut de couler à flot. « On pourrait voir un allégement, mais ça dépendra de ce qui se passera en Irak, soutient-elle. Les prix continueront probablement de grimper si on assiste à une escalade des violences ». Mais l'inverse est aussi vrai, selon elle. Mme Lau note qu'aucune pénurie n'a été rapportée jusqu'à maintenant, même si les pétrolières de la région ont commencé à évacuer du personnel jugé « non essentiel » après le siège de la raffinerie de Baïji par des combattants sunnites en Irak. « Est-ce que la production pourrait baisser? Oui », reconnaît-elle. « Mais
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actuellement, il s'agit plus d'une menace que de la réalité. » Baisse anticipée à l'automne Selon le cofondateur du site GasBuddy. com Jason Toews, il faudra attendre jusqu'en septembre pour voir les prix de l'essence diminuer substantiellement. « Ce sera la fin de la saison des grands déplacements, explique-t-il. Les températures seront à la baisse, les enfants seront de retour à l'école, les vacances familiales seront terminées et on se remettra en mode travail ». Les prix devaient alors redescendre autour de 1,30 $, prédit-il, rappelant qu'à la même période l'an dernier, le prix moyen du litre d'ordinaire était de 1,23 $. Concernant l'agitation en Irak, M. Toews prévoit que le prix moyen de l'essence au Canada ne devrait gagner que deux ou trois cents le litre dans les prochaines semaines, pourvu que la situation ne dégénère pas.
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Quant à Michael Ervin, analyste en énergie basé à Calgary et président de la firme MJ Ervin and Associates, il faudra attendre après la fin de semaine de la fête du Travail pour voir l'offre surpasser la demande. Entre-temps, il est « remarquable », selon lui, que les prix n'aient pas augmenté davantage en raison des troubles géopolitiques. « Il y a 10 ans, les prix auraient grimpé encore plus haut », pense-t-il. Cette stabilité relative, selon lui, « montre que les marchés mondiaux de brut sont plutôt bien alimentés comparativement à l'époque ayant précédé la récession ».
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Cultures
Nuits d’Afrique
Les artistes maghrébins en première ligne Par Réda Benkoula Cette année encore, le festival Nuits d’Afrique sera au rendez-vous des montréalais du 8 au 20 juillet pour une 28ème édition. La programmation est riche et variée puisqu’une journée supplémentaire a été ajoutée au programme qui accueillera plus de six cent artistes en provenance de trente cinq pays. Plus d’une centaine de spectacles et activités seront présentés, incluant sept séries de concerts, dont deux nouvelles, les séries « Prestige » et « Urban Africa », dans sept salles de diffusion. La chanteuse et animatrice Bïa qui est porte-parole de cette édition confie d’ailleurs que : « le festival tient une place particulière à Montréal…on ne retrouve pas ça ailleurs…il y a une programmation très moderne et traditionnelle comme on pourra le voir la Nuit de la Kora…le public de tout âge pourra voir les spectacles…c’est un festival qui s’affirme et qui grandit…je serai présente sur les sites…je vais me régaler en tant que spectatrice et je défendrai les couleur du festival en tant que porteparole ». Parmi les artistes africains, Justin Itoko alias Just Wôan qui présentera des extraits de son second album «Ikomo » se dit : « très ému de renouveler cette invitation avec Nuits d’Afrique…l’occasion pour moi de présenter le projet du Cameroun et du Canada ». Après le premier album « des reines », Just Wôan offre au public
un second opus haut en couleur puisqu’il se compose d’un coffret de deux disques (français et Africain). D’origine camerounaise, l’artiste chantera aux cotés de deux autres artistes africains le titre « keulong-kem » qui est hymne au village et au pays dans la tradition africaine. Coté maghrébin, on retrouvera le 11 juillet les Nomadic Massive, un groupe qui mélange les sonorités Haïtiennes, Algériennes et Québécoises. Cheikh Sidi Bemol se produira le 12 juillet. On notera la participation du chanteur algérien Hamid Ouchene qui avoue que « Nuits d’Afrique est une école de la vie…c’est l’occasion d’être au contact avec d’autres artistes et de découvrir d’autres styles ». Le chanteur Algérien qui s’est installé au Québec depuis quelques mois a déjà chanté au Club Balattou où il réitèrera l’expérience le 15 juillet prochain. Enfin, seront présents aussi le groupe Labess qui achève une tournée en Europe avant de se produire le 19 juillet au Cabaret du Mile-End. Le groupe Labess qui se compose Nedjim Bouizzoul, de Pierre Emmanuel Poizat, de Takfarinas Kichou, de Guillaume Landry, de Blanche Baillargeon et de Nemo Vemba, navigue entre les rythmes Gnawa, Chaâbi, Flamenco et gitans. Tout un programme à ne pas rater en cette saison estivale!
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Cultures
Lecture de textes poétiques organisée par l’organisme E-Passerelle
Simon Bolivar ouvre ses bras aux poètes Par Kamal Benkirane
liberté».
« Quand le soleil se noie dans une mer de brume, Quand une vague de nuit déferle sur le monde, Quand la vue s'est éteinte dans les yeux et les coeurs, Quand ton chemin se perd comme dans un labyrinthe, Toi qui erres et qui cherches et qui comprends, Tu n'as plus d'autre guide que les yeux des mots. » Ahmed Fouad Negm
C’est une magnifique charge émotionnelle et poétique qui s’est dégagé ce soir là du 5 juin 2014 au Centre Culturel Simon Bolivar, lors de la lecture de textes poétiques, organisée par l’organisme E-Passerelle, et qui s’inscrivait dans un élan solidaire projeté par les poètes de Montréal et du Québec envers les poètes du monde, censurés et privés de leur liberté d’expression.
Écriture et liberté Le besoin vital de revendiquer le droit à la liberté d’expression dans l’exercice de l’écriture n’en reste pas moins un devoir de solidarité qui doit rester inébranlable. Georges Bernard Show a dit : « Liberté implique responsabilité, c’est là pourquoi la plus part des hommes la redoutent ». La démarche de la création, en étant qu’elle devrait rester libre de tous les jougs oppresseurs, devrait aussi permettre une plus grande démarche fédératrice de synergies et du respect de la liberté de l’autre. Nelson Mandela disait aussi : « Je ne suis pas vraiment libre si je prive quelqu'un d'autre de sa
Seize poètes solidaires Animé par Kamal Benkirane, poète et membre fondateur de l’organisme E-Passerelle, cette lecture de textes, ponctuée par les accords magiques au Oud de Aziz Daouni, a vu la participation de plusieurs poètes connus sur la scène montréalaise québécoise : Nora Atalla, Eric Roger, Thierno Souleymane Barry, Yvan Jean, Kamal Benkirane, Salah Beddiari, Gary Klang, Georges Amsellem, Natasha Kanape Fontaine, Taoufik Chraibi, Maelle Dupon, Vicky Laforce, Akim Kermiche, Nancy R. Lange, Laure Morali, Yvon d’Anjou. Les textes déclamés ont été majoritairement emprunts d’une grande sensibilité
et d’élans de solidarité indéfectible, dénonçant par l’intensité des écrits, toutes les formes d’oppressions qui musèlent la création littéraire et intellectuelle.
Quelques extraits de poètes connus ont émaillé les lectures par intervalles, tels que Maya Angelou récemment décédée en 2014, Hashem Shabani, Ahmed Fouad Nejm, Gaston Miron, etc.
Gary Klang, membre ancien du P.E.N Club Québec, et membre du conseil d’administration de cet organisme, a prononcé un mot à cette occasion en mettant l’accent sur la nécessité de la liberté d’expression comme levier fédérateur pour la démarche créatrice intellectuelle.
Cet événement a vu la présence d’un représentant du conseil des Arts de Montréal, du directeur de DAM, de la directrice de l’organisme Horizon D à Montréal Nord, et de plusieurs autres acteurs culturels.
Médias
Une nouvelle télé-star : Denis Coderre
Le maire de Montréal, Denis Coderre, a accepté de devenir collaborateur dans une nouvelle émission de télévision qui sera diffusée sur les ondes de LCN, à partir de l'automne.
Selon le Journal de Montréal, l'émission de 30 minutes qui s'intitulera J'ai une question, Monsieur le Maire entrera en ondes au début du mois d'octobre. La saison de cette nouvelle émission où le maire de Montréal répondra à des questions du public et de journalistes du réseau comprendra 26 émissions. Le réseau n'a pas encore annoncé qui sera l'animateur ou l'animatrice de cette
émission.
Questionné sur sa participation à cette émission de télévision, le maire Coderre a expliqué que cela contribuera à maintenir des liens directs de communication avec la population et que cette émission permettra aux citoyens de soulever des « enjeux qui les préoccupent en leur donnant accès à l'administration municipale ». Selon Véronique Mercier, vice-présidente aux communications au Groupe TVA, le maire de Montréal ne touchera aucun cachet ni salaire pour sa participation à cette émission.
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M Denis Coderre, maire de Montréal
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Cultures
Pour son 375e anniversaire
Montréal s’offre un plan de développement du tourisme culturel Tourisme Montréal a dévoilé le 18 juin 2014 la deuxième édition du Plan de développement du tourisme culturel à Montréal 2014-2017, à l'occasion d'un lancement qui s’est tenu en présence de monsieur Yves Lalumière, présidentdirecteur général de Tourisme Montréal, de madame Hélène Binette, directrice à la Direction de Montréal du ministère de la Culture et des Communications et de madame Chantal Rossi, conseillère associée à la culture, au patrimoine et au design au comité exécutif de la Ville Montréal. Plus de 150 personnes du milieu touristique et culturel étaient réunies pour la présentation de ce plan qui découle d’un partenariat liant Tourisme Montréal, la Ville de Montréal et le ministère de la Culture et des Communications dans le cadre de l'Entente sur le développement culturel de Montréal. Cette démarche s’inscrit également dans la volonté de faire de Montréal une métropole culturelle à part entière. Diversifier et maximiser l’offre Tout en reconnaissant les acquis de Montréal, cette stratégie commune fait état des principaux défis que les acteurs du tourisme culturel montréalais devront relever d’ici le 375e anniversaire de Montréal. Puisque tous les yeux seront rivés sur Montréal lors de cette année de célébrations, 2017 représente un moment phare pour le développe-
ment touristique et culturel de notre ville et tous souhaitent s’y préparer adéquatement. « Depuis mon arrivée à Tourisme Montréal, je constate chaque jour à quel point le tourisme culturel est une composante essentielle du tourisme urbain et de l’attractivité de Montréal, a souligné Yves Lalumière, présidentdirecteur général de Tourisme Montréal. Les intervenants culturels montréalais font preuve d’un dynamisme et d’une créativité hors du commun. Ce plan vise à consolider les efforts de tous afin que Montréal puisse affirmer son statut de métropole culturelle en 2017 et sa position de leader en Amérique du Nord ». Affirmer le statut métropolitain « À la veille du 375ème anniversaire de notre ville, nous devons maximiser l’offre culturelle en identifiant, avec nos partenaires, des actions créatives permettant d’exploiter notre potentiel d’attraction auprès de la clientèle touristique. Nos actions seront inspirées par notre volonté de développer nos quartiers culturels montréalais, qui sont à la base de tout rayonnement local, provincial et international », d’ajouter Mme Chantal Rossi. Si le plan de développement défini pour la période antérieure, soit de 2010 à 2013, correspondait à une phase de mise en place, cette nouvelle mouture
doit générer une phase de croissance et augmenter significativement les retombées économiques du tourisme culturel. Les axes du plan stratégique Le Plan de développement du tourisme culturel décline l’effort à poursuivre en quatre grands axes : · Renforcer et faire évoluer l’offre et l’expérience culturelles; · Intégrer l’offre culturelle montréalaise dans une expérience globale; · Intégrer, organiser, diffuser et promouvoir l’offre culturelle; · Renforcer la synergie entre les acteurs du tourisme et de la culture. L’art public, le Vieux-Montréal, les festivals, les musées, le Quartier des spectacles, la Vitrine culturelle ainsi que la créativité sont quelques exemples des secteurs porteurs dans le cadre de cette
Déménagement
N’oubliez pas vos animaux de compagnie!
Le 1er juillet est jour de déménagement pour des milliers de personnes au Québec - et jour d'abandon pour des centaines d'animaux.
La Société protectrice des animaux (SPA) répète année après année aux propriétaires d'animaux de compagnie de ne pas les abandonner en quittant leur logement. À Trois-Rivières, le directeur général de la SPA Mauricie, Serge Marquis, rapporte l'exemple d'un chien signalé à la SPA alors qu'il courait derrière le camion de déménagement à bord duquel son maître venait de prendre place. Plusieurs animaux sont aussi retrouvés souffrants ou dans une extrême maigreur. Les vétérinaires de la SPA doivent s'assurer que la santé de l'animal n'est pas compromise avant de le déclarer apte à l'adoption. Mai et juin sont les mois les plus acha-
landés aux locaux de l'organisme. L'automne est une autre période où les abandons d'animaux sont nombreux. Réfléchir avant d'abandonner ou d'adopter
Serge Marquis recommande aux locataires qui ne peuvent posséder d'animaux dans leur nouveau logement de demander d'abord à leur réseau de connaissances si quelqu'un peut prendre l'animal. S'ils ne peuvent trouver un nouveau maître à leur animal de compagnie, le directeur de la SPA Mauricie recommande aux locataires de venir porter leur chat ou leur chien aux locaux de l'organisme plutôt que de l'abandonner dans la rue ou dans leur ancien appartement. « À la base, explique Serge Marquis, il faut bien réfléchir avant même d'adopter un animal. Réfléchir aux engagements financiers, mais aussi à l'implication en termes de temps. »
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démarche. Tourisme Montréal Tourisme Montréal est l'organisme responsable d'assumer le leadership de l'effort concerté de promotion et d'accueil pour le positionnement de la destination « Montréal » sur les marchés des voyages d'agrément et d'affaires et d'orienter le développement du produit touristique montréalais sur la base de l'évolution constante des marchés. Pour plus de renseignements, visitez le www.tourisme-montreal.org. Plan de développement du tourisme culturel à Montréal 2014-2017 : www. octgm.com/toolkit/fr/tourisme_cult/ Plan_Culturel_2014_fr.pdf
Loisirs
Contre la canicule
35 plages à découvrir au Québec La canicule est parmi nous. Outre l’impératif de lutter contre la chaleur, ce fait remplit de nostalgie tous ces maghrébins qui ne parviennent pas à oublier, sous pareilles températures leurs plages méditerranéennes ou Atlantiques, dont les eaux et les vagues constituaient un grand bien-être. Montréalais en général, ils en arrivent `même à oublier qu’ici aussi, il y a des plages. En voici 35, à découvrir ou à redécouvrir cet été. Bonne baignade ! 1. Oka (Laurentides) : Pour sa grande plage couleur paille, sa proximité avec Montréal et sa section pour naturistes, surnommée « Okapulco ». 2. Vauvert (Saguenay–Lac-SaintJean) : Une immense étendue de sable blond qui borde la rive nord du lac Saint-Jean, où l’on peut séjourner dans de petits chalets en bois rond. 3. Lac Édouard (Mauricie) : Située dans le parc de la Mauricie, la longue plage cassonade de ce lac est baignée par des eaux paisibles. 4. Île Verte (Bas-Saint-Laurent) : Pour la petite plage intime située à l’est du phare de cette île, à mi-chemin de Cacouna et de Trois-Pistoles. 5. Réservoir Baskatong (Laurentides et Outaouais) : Cette mer artificielle compte 160 îles et de nombreux liserés sablonneux, entre autres au Camping de la Baie du Diable, à Ferme-Neuve, et dans les pourvoiries de Grand-Remous. 6. Lac Faillon (AbitibiTémiscamingue) : L’endroit où a été prise, en 1974, la célèbre photo qui orne la carte-soleil de la RAMQ et où s’étend une agréable plage. 7. Parc-nature du Cap-SaintJacques (Montréal) : Aux abords du lac des Deux Montagnes, une étendue de sable où l’eau est propice à la baignade donne l’impression d’être sur la côte en demeurant dans l’île de Montréal. 8. Parc régional du Lac Taureau (Lanaudière) : Formé par la création d’un barrage, ce vaste réservoir compte plus de 30 km de plages — certaines uniquement accessibles en bateau ou en kayak, sur une cinquantaine d’îles. 9. Lac Simon (Outaouais) : Le centre touristique de ce lac compte un établissement de villégiature, une plage de sable fin qui s’étend sur deux kilomètres, de l’eau bien claire et une foule d’activités familiales. 10. Pointe-Taillon (Saguenay–LacSaint-Jean) : 15 km de sable constellé de minéraux semi-précieux (grenat, zircon, magnétite…), qui lui donnent de jolies déclinaisons ocre. La dense forêt du parc attenant est sillonnée de 45 km de pistes cyclables. 11. Île Saint-Quentin (Mauricie) : À Trois-Rivières, la plage de ce parc sert de lieu de farniente au confluent du delta du Saint-Maurice et du Saint-
Laurent. 12. Camping du Lac Matagami (BaieJames) : 1,7 km de sable fin qui s’étire en un arc de cercle et qui n’est que peu fréquenté. 13. Pointe des Fortin, Portneuf-surMer (Manicouagan) : 4,5 km de sable, dont une partie est reconnue comme zone de conservation par BirdLife International pour la richesse de son avifaune. 14. Parc des Cèdres, Gatineau (Outaouais) : Sa grande étendue de sable, encadrée par la forêt du parc et la digue de la marina d’Aylmer, donne sur la rivière des Outaouais. 15. Complexe Baie-des-Sables, LacMégantic (Cantons-de-l’Est) : Vaste plage bordée d’une large pelouse au cœur d’un centre récréotouristique. 16. Plage Saint-Zotique (Montérégie) : Une ambiance familiale règne sur cette plage sablonneuse aux parasols végétaux et aux nombreux jeux d’eau, sur le lac Saint-François. 17. Pointe-auxOutardes (Manicouagan) : À marée basse, les battures de la plage du quai municipal et celles du parc nature sont chauffées par le soleil ; à marée haute, elles réchauffent à leur tour les eaux, parmi les plus chaudes de la région. 18. Franquelin (Manicouagan) : Pour s’adonner au golf de plage, activité de plus en plus prisée dans ce village nordcôtier. 19. Baie de Beauport (Québec) : On n’y fait pas vraiment trempette, mais on s’y sent un peu à la mer, sur un kilomètre de sable en bord de fleuve, à cinq minutes de la Vieille Capitale : jeux d’eau, glissades, sports nautiques, volleyball, spectacles et fêtes animées par des DJ en soirée.
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20. Lac des Sables, Sainte-Agathedes-Monts: (Laurentides) Trois plages où sont offertes plusieurs activités familiales. 21. Parc régional des îles de SaintTimothée (Montérégie) : Notamment accessible par une piste cyclable reliée au canal de Soulanges, ce paisible parc compte une étendue de sable d’où on peut pratiquer la plongée sous-marine. 22. Lac Saint-Joseph (Québec) : Étalée sur 500 m, cette plage est la seule au nord de la Virginie où on trouve d’authentiques cocotiers. Ses jours sont cependant comptés, puisqu’elle fera place à un complexe immobilier d’ici quelques années. 23. Plage Haldimand (Gaspésie) : Située près du centre-ville de Gaspé, cette longue et large étendue sablonneuse offre une vue imprenable sur Capaux-Os et Forillon, en face. Fin juillet, on y organise un concours de châteaux de sable. 24. Pohénégamook (Bas-SaintLaurent) : Un kilomètre de sable baigné d’eau douce où les activités foisonnent. 25. Éco-Parc des Etchemins (Chaudière-Appalaches) : Un parc récréotouristique qui comprend une plage surveillée, des glissades d’eau et des aménagements floraux. 26. Saint-Irénée (Charlevoix) : Le long de la route 362, la plage municipale de ce village borde le fleuve sur plusieurs centaines de mètres, où les résidants du coin piquent une tête par temps (très) chaud. 27. Carleton (Gaspésie) : Ouverte sur les eaux tempérées de la baie des Chaleurs, la plage municipale de Carleton s’étire sur un kilomètre de sable et de galets, et elle s’anime particulièrement en août, pendant le festival de blues.
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28. Saint-Gédéon (Saguenay–LacSaint-Jean) : Pour son sable fin étalé sur les rives du lac Saint-Jean, mais aussi pour l’ambiance festive et des couchers de soleil comme à la mer. 29. Pointe-aux-Anglais (Duplessis) : 11 km de sable blanc et des vestiges ensablés de la flotte anglaise de l’amiral Walker, qui y a fait naufrage en 1711. 30. Parc des Pionniers, Saint-Donat (Lanaudière) : La plage municipale du lac Archambault est à la fois vaste, sablonneuse et animée. 31. Sainte-Luce (Bas-Saint-Laurent) : Étroite et fermée par un muret soutenant la route du fleuve, la plage de l’Anse-aux-Coques est fort courue par la population locale, qui s’y masse en grand nombre par beau temps. 32. Parc Leslie, Otter Lake (Outaouais) : Une immense étendue sablonneuse aux abords du lac Leslie, à 30 km de Gatineau. 33. Natashquan (Duplessis) : La plage Les Galets, dans le village natal de Gilles Vigneault, est mouillée par les eaux les plus chaudes de la région, sur fond d’anciennes cabanes d’agrès. 34. Parc national du MontOrford (Cantons-de-l’Est) : Les plages des lacs Stukely et Fraser, toutes de sable couvertes, sont surveillées et agrémentées d’aires de jeu. 35. Les îles de la Madeleine : Les Madelinots assurent que leurs plages, qui s’étirent sur 300 km, sont toutes magnifiques, en plus d’être propices à la baignade au moins trois mois par année. Quelques incontournables : l’immense Grande Échouerie (près de 10 km), Pointe-aux-Loups (pour l’eau chaude) et Sandy Hook (pour les points de vue à presque 360° et le concours de châteaux de sable).
Santé
Le défi d’être soi au-delà des différences
ou l’image corporelle comme élément d’intégration en contexte de diversité
Dar Al Maghrib à Montréal a accueilli une rencontre de réflexion unique portant sur l’image corporelle dans un contexte de diversité le 19 juin courant. Cette rencontre a été organisée par l’Alliance des communautés culturelles pour l’égalité dans la santé et les services sociaux (ACCÉSSS), un regroupement provincial de 120 organismes desservant la population immigrante, le Forum des compétences marocaines résidant au Canada (FCMRC) et Dar Al Maghrib, ainsi que d’autres partenaires. L’Ambassade du Royaume du Maroc au Canada a délégué à cette occasion Mme Amina Rabhi, ministre plénipotentiaire et conseillère culturelle et sociale à l’Ambassade. Cette rencontre a permis de mener plus loin la réflexion sur l’impact de l’image corporelle en lien avec l’intégration et l’épanouissement des personnes issues de l’immigration, et ce, grâce à des conférencières et conférenciers experts en la matière. Mme Julie Miville-Dechêne, présidente du Conseil du statut de la femme du Québec, un organisme du gouvernement du Québec, Mme Soumya Tamouro, directrice des programmes santé d’ACCÉSSS et viceprésidente du FCMRC, Mme Hayette Boubnan, consultante transculturelle auprès des équipes du Centre jeunesse
de Montréal – Institut universitaire, M. Jérôme Pruneau, ethnologue et directeur général de Diversité artistique Montréal (DAM), ainsi Mme Fatiha Chandad, professeure titulaire, directrice du Centre de recherche de la Faculté de médecine dentaire de l’Université Laval et administratrice du FCMRC ont ainsi présenté des conférences portant sur différents aspects des enjeux sociétaux liés à l’image corporelle.
Une table ronde a ensuite permis aux participantes et participants provenant de plusieurs organismes québécois de dégager des pistes de réflexion et d’action. Parmi celles-ci, on note l’image corporelle en lien avec l’employabilité, l’obésité chez les jeunes immigrants, la représentativité des communautés ethnoculturelles dans le paysage médiatique québécois, ainsi que les défis identitaires vécus par les jeunes issus de l’immigration. Plusieurs collaborations ont été entamées suite à cet événement visant à continuer le travail sur les pistes d’action dégagées. L’événement a été suivi d’un cocktail-réseautage qui a permis d’admirer un défilé de mode mettant en vedette le caftan marocain présenté par Mme Ouafa Ameziane, organisatrice d’événements, tout en dégustant des bouchées marocaines préparées avec soin par le traiteur, Mme Rajae Aziz.
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Sports
Le Mondial 2014 donne des idées…
La Chine veut devenir une super puissance au soccer! Été 2004, Ding Xiang regarde sagement la télévision lorsqu'elle aperçoit un sport étrange à l'écran. Un ballon, deux buts immenses et des hommes vêtus de différents uniformes.
Comme des millions d'autres Chinois, la fillette ne sait pas ce qu'est le soccer à l'époque, mais elle est séduite sur-le-champ par le jeu. 10 ans plus tard, l'adolescente a quitté le foyer familial, elle pratique le sport quotidiennement et est devenue la capitaine de ce qui pourrait être la plus grande académie du soccer au monde. « Je veux devenir une vedette du football, s'écrit-elle. C'est mon rêve et j'espère être en mesure d'y arriver bientôt. » Située à Guangdong dans le sud de la Chine, l'école Evergrande est le projet démesuré d'un milliardaire pour faire de son pays une puissance sur la planète foot. Pour y arriver, Xu Jiayin a fait construire 50 terrains de soccer et une école aux allures de Poudlard dans Harry Potter avec ses tours, ses horloges et ses bâtiments au style médiéval. Quelque 2300 jeunes y étudient le mandarin, les mathématiques, mais surtout les rudiments du soccer. Matins et soirs, les jeunes enchaînent les bottés, apprennent à bien se positionner sur le terrain et à marquer des buts. « Ma stratégie à long terme, a expliqué M. Xu lorsqu'il a ouvert l'école en 2012, est de former suffisamment de joueurs pour créer une équipe d'ici 8 à 10 ans qui sera capable de compétitionner en Chine, en Asie et sur la scène internationale. » Regardé, mais pas pratiqué C'est un défi de taille, puisque la Chine n'a jamais vraiment connu de succès dans ce sport. Le pays a bien participé à la Coupe du monde en
2002 (sa seule participation de l'histoire), mais l'équipe n'a remporté aucun match et elle n'a même pas réussi à marquer un but. L'autre difficulté pour M. Xu risque d'être le peu d'engouement pour la discipline. Bien que l'on s'attende à ce qu'un nombre record de Chinois regardent la Coupe du monde cette année, il reste que peu de jeunes pratiquent le sport dans le pays. Des données de 2011 montrent que seulement 7000 jeunes de moins de 18 ans étaient inscrits dans l'Association de Football de Chine, un nombre anormalement bas si l'on tient compte du 1,3 milliard de personnes qui vivent dans le pays. Les Espagnols à la rescousse Qu'à cela ne tienne, le riche homme d'affaires croit à son projet et a même fait appel à la Fondation du Real Madrid, la légendaire formation espagnole, pour embaucher 24 entraî-
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neurs d'Europe. L'équipe de professionnels coûte 3 millions de dollars par année et est chapeautée par Fernando Sanchez, un ancien joueur de l'équipe nationale espagnole qui s'est donné comme défi d'exporter sa passion pour le sport en Asie. « La plus grande différence entre l'Europe et la Chine, indique Fernando, c'est que les jeunes ici n'ont jamais vraiment joué. Avec la politique de l'enfant unique, ils n'ont pas de frères pour échanger le ballon, puis il y a la mentalité stricte, pratiquement militaire d'enseigner des Chinois. » « On est donc loin de la passion et du plaisir qu'ont les Européens lorsqu'ils pratiquent le sport », ajoute l'un de ses subalternes. Renforcement positif Petit à petit, un encouragement à la fois, l'équipe d'entraîneurs tente donc d'accrocher des sourires dans les vis-
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ages des jeunes lorsqu'ils arrivent sur le terrain et il semble que la recette fonctionne. Les jeunes confirment que leur niveau de stress a baissé et surtout que les agressions physiques des entraîneurs ont pratiquement disparu. « Avant d'arriver ici, mes entraîneurs chinois me frappaient et me poussaient à l'extrême, j'étais exténuée, explique Ding. Maintenant, je me sens plus heureuse et je vois le sport différemment ». Alors que 800 nouveaux jeunes feront leur arrivée à l'Académie Evergrande l'an prochain et que 30 nouveaux terrains de soccer seront construits, Ding pense déjà à quitter l'école. Elle croit qu'un jour la Chine deviendra une puissance, mais pas avant plusieurs années. D'ici là, elle aimerait poursuivre sa carrière là où le sport est déjà à maturité. Elle espère être remarquée sous peu par une équipe en Europe.
Sports
Coupe du monde 2014
Le Petit Maghreb en liesse encore une fois
Par Réda Benkoula
Les Algériens de Montréal ont fêté dans les rues l'accession de leur équipe aux huitièmes de finale du Mondial de soccer. La participation de l'Algérie aux huitièmes de finale de la Coupe du monde de soccer a provoqué une explosion de joie dans les rues de Montréal. Des centaines de membres de la communauté algérienne ont envahi la rue JeanTalon avec fierté, après le match nul de leur équipe contre la Russie. Tout s'est passé dans l'ordre dans une rue Jean-Talon fermée de St-Michel à Pie-IX. Au tour suivant, l'Algérie affrontait l'Allemagne. Le défi était de taille pour les Fennecs qui, pour la première fois de leur histoire, jouaient une rencontre à élimination directe à la Coupe du monde. Avec en mémoire, ce fameux jour de 1982, en Espagne où, après avoir battu cette même Manschaft, les Fennecs avaient été éliminés par … l’Allemagne et l’Autriche, dont la collusion avait faussé le résultat du Groupe dans lequel ils évoluaient. C’est donc avec l’espoir de voir cette vilénie enfin punie que tout le Montréal Maghrébin a suivi cette rencontre. L’équipe Maghrébine à justifié cette attente par un match plein, qui hélas, s’est décidé en quelques minutes, contre le cours du jeu, au profit des allemands. Mais sans rien enlever aux mérites des Fennecs, ni à la satisfaction de leur public. Cette joie, Réda Benkoula nous la décrit dans le texte qui suit, écrit après la qualification.
« Pour la première fois de son histoire, l’Algérie a atteint la seconde phase de la Coupe du monde grâce au but égalisateur d’Islam Slimani contre la Russie. Il faut dire que le but d’Alexander Kokorin à la sixième minute du match a assombri les regards des supporters des verts qui suivaient la rencontre dans les cafés du Petit Maghreb. On veut y croire et le sifflet de la mi-temps donnait un coup de froid en cette journée ensoleillé à Montréal. Les services de police du poste de quartier de Saint-Michel sont disposés aux alentours du tronçon jean talon sur le coin de SaintMichel et PieIX. Le commandant du poste de quartier de Saint Michel Monsieur Marc Charbonneau qui avait rencontré les membres de la presse quelques jours quelques jours auparavant confiait que le dispositif de sécurité permettra aux citoyens de célébrer la fête du ballon rond dans le respect et la sécurité. Direction le centre-ville, autre lieu, autre ambiance. Au centre des sports sur la rue Sainte-Catherine, le décor tranche avec les cafés bondés de jean talon. La mixité est visible et les supporters des Fennecs en veulent encore plus. A chaque nouvelle action les voix crient : nahilou el baloun (enlève-lui le ballon) edreb (frappe). Le but de Slimani à 60ème minute met le feu dans le cœur des supporters qui comptent le temps restant. Plus que dix minutes avant la fin de la rencontre et les attaques répétées des russes crispent les visages des fans. On chante InchallahYa rabi l’Algérie qualifié, allez les verts.
Au coup de sifflet qui annonce la fin de la rencontre, c’est l’euphorie. Tout le monde crie : One Two Three Viva l’Algérie !! Direction le petit Maghreb pour la troisième mi-temps en compagnie des
supporters des verts qui se réunissent tout le long de la rue Jean-Talon pour célébrer ce moment historique qui permet à l’Algérie d’atteindre les huitièmes de finale de la coupe du monde.»
Vrais frères et faux jumeaux On savait que les Boateng, celui du Ghana et celui de l’Allemagne, étaient frères; comme les Touré de l’équipe de Cote d’ivoire. Mais il fallait se frotter les yeux pour faire la différence entre les gardiens de but de l’Algérie, le brillant Raïs, et celui des USA, Howard, dont le «look» était similaire jusqu’à les faire croire jumeaux; y compris dans les résultats auxquels ils ont contribué au bénéfice de leurs équipes respectives.
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Chroniques
Les Contre-courants d’Ismaïl Harakat
Aide occidentale à la rébellion syri‑ enne : Une arme à double tranchant Le président des États-Unis Barack Obama vient d’annoncer que son pays était fermement décidé à venir en aide à la rébellion syrienne modérée. A cet effet, une enveloppe généreuse sera mise sur la table pour inverser le cours des événements qui semblent assez clairement favorables à Bachar el Assad. La question est de savoir si une telle décision est bienvenue dans le contexte actuel. D’abord, de quelle opposition parlet-on? Si on fait référence au fameux Conseil national de transition – CNT – composé de figures de la diaspora et très peu représentatif et qu’on a cherché dès les premiers mois du conflit à présenter comme une alternative viable au régime de Bachar, il y a peu de chances pour que les différentes factions engagées dans le conflit se sentent engagées par les décisions prises par ledit CNT. Appuis indiscrets Quant aux « modérés » qui croient réellement au bien fondé de la révolution et qui ne cherchent qu’à se débarrasser du joug du Baas au-delà de toute obédience, que représententils au juste en termes de volume? Toute mesure à prendre doit nécessairement tenir compte de cette question car le moins qu’on puisse dire, c’est que la rébellion syrienne ne s’exprime pas d’une seule voix. Ce qui semble quasiment certain, c’est que la mouvance islamiste semble non seulement la plus influente, mais aussi et surtout la mieux préparée pour livrer bataille à long terme. Ce qui soulève tout naturellement la question de la provenance des fonds permettant à la résistance islamiste de tenir le coup. Mais avant, il faut bien rappeler que dans cette poudrière syrienne, la mouvance islamiste elle-même ne s’exprime pas d’une seule voix. Loin de là. Entre le bras armé des Frères Musulmans, celui des Salafistes et celui des infiltrés du Hezbollah libanais, les objectifs sont sensiblement différents. Les deux premiers formant partie de la rébellion et les derniers
combattent aux côtés de Bachar grâce au soutien effectif peu discret de Téhéran.
Pour les Frères Musulmans, conscients de leur implantation dans les milieux défavorisés, ils visent une prise de pouvoir politique à l’égyptienne tout en s’assurant que l’armée de va pas piper les dés, alors que pour les Salafistes, il s’agit ni plus ni moins que d’implanter un régime exclusivement inspiré du coran, d’imposer un code vestimentaire religieusement correct aussi bien pour les hommes que pour les femmes et de mettre en place une batterie d’interdits rendant la vie quasiment impossible. Voilà pour ce qui est de la rébellion islamiste. Reste l’opposition sur une base purement ethnique. Et là, les Kurdes dont on n’a pas beaucoup parlé pour l’instant pourraient profiter d’un embrasement généralisé pour réclamer à la communauté internationale - c'est-à-dire à Paris et à Washington qui prennent à eux deux toutes les décisions ou presque au nom des pays occidentaux-, l’instauration d’une zone d’exclusion comparable à celle qui a été érigée en Iraq, rendant le Kurdistan irakien indépendant de fait. On en n’est pas là pour le moment mais nul ne sait de quoi le lendemain sera fait tellement l’issue du conflit semble indécise. Au milieu de toutes ces supputations, il ne faut pas non plus écarter le scénario d’un retour à la situation d’avant mars 2011, date du coup d’envoi des hostilités. Bachar a en effet repris aux rebelles le contrôle de pas mal de zones et réussi à établir un périmètre de sécurité autour de Damas. Le tout, grâce au soutien sans faille apporté par Téhéran et Moscou alors que la France et les États-Unis tergiversent toujours à propos de la meilleure voie à emprunter pour appuyer les rebelles. Des hésitations qui ont déjà couté cher lorsque les deux alliés ont renoncé à l’action militaire en Syrie
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pour en finir avec Bachar, sous prétexte que son arsenal chimique allait être détruit sous les auspices de l’Agence internationale de l’énergie atomique.
Le précédent irakien Aujourd’hui, l’enlisement du conflit est quasiment total avec en prime une situation chaotique qui sévit chez le voisin irakien où la percée spectaculaire de l’État islamique en Irak et au Levant – EIIL – peut avoir un effet contagieux sur la Syrie rappelant l’avancée d’Al Qaida dans le Maghreb islamique – AQMIdans la région sahélienne. Un véritable appel à l’anarchie et à M. Ismail Harakat la barbarie dans l’une des régions les plus instables de la planète. Ce qui fait craindre une flambée sans précédent des prix du pétrole. L’administration Obama a raison de se montrer sceptique vis-à-vis d’un engagement militaire en Syrie. Il n’y a qu’à voir les résultats désastreux obtenus en Iraq plus de dix ans après la deuxième guerre du Golfe pour douter du bien-fondé d’une action armée. Percée de la mouvance salafiste rendue possible grâce à chaos généralisé et à l’appauvrissement de la population, régions entières qui échappent au contrôle de l’État, criminalité, pillage, drogue…l’Iraq d’aujourd’hui est devenu un pays de non loi bien parti pour une autre décennie d’anarchie. Un contre-exemple qui devrait dissuader Paris et Washington de toute implication en Syrie. Promouvoir une rébellion qui serait perçue par
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l’opinion publique syrienne comme étant à la solde de l’Occident serait une bien mauvaise idée. La solution ne peut émaner que de l’intérieur même si le prix à payer est d’ores et déjà très élevé. Aujourd’hui, le Conseil national de transition a les pires difficultés à projeter l’image d’une instance représentative de la population syrienne entre autres parce qu’il est perçu comme proche de Paris et Washington ce qui ne contribue pas vraiment à sa popularité. Il faut ratisser plus large et faire en sorte de que CNT s’ouvre à toutes les factions et à toutes les composantes ethniques. C'est-à-dire à certains individus qui ne vont probablement pas être du gout de l’Occident mais qui ont l’avantage de compter sur la loyauté de militants qui croient à leur engagement. C’est justement ça l’ouverture!
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Chroniques
Le Sahara : ce que j’en sais et ce que je souhaite! Par Hakam Hmiddouch
Né au Maroc à la fin de l’année 1969, c’est-à-dire cinq ans avant l’organisation de la Marche Verte initiée par feu Sa Majesté le roi Hassan II; roi du Maroc; les répercussions de la question du Sahara font partie intégrante de mon identité. L’histoire fait suite à l’arrêt rendu par la Cour Internationale de Justice de La Haye (CIJ), stipulant que le Sahara n’est pas une terre Nulus, comme son ancien colonisateur l’Espagne et une petite partie de Sahraouis le prétendaient, affirmant que le peuples Sahraouis entretenait des relations étroites aussi bien administratives que religieuses par le truchement de la Baïa (Allégeance) aux Sultans du Maroc en tant que chefs suprême des croyants (Amir El Mouminines) et ce sans interruption alors même que le territoire était occupé et colonisé par l’Espagne depuis 1912. 1912, c’est cette même année que la France avait placé sous son protectorat le Maroc central, laissant libre la partie Nord et Sud à l’Espagne (des traités ont été établis et signés entre les deux colonisateurs à cette époque) qui les a investi en y installant des bases militaires, sans la moindre infrastructure viable profitant aux populations; d’où un exode massif de nombreuses familles Sahraouis vers les villes intérieures du Maroc où elles ont trouvé refuge et s’épanouissent désormais sans difficulté au sein de la communauté marocaine. Malheureusement, ces mêmes familles se retrouvèrent coupées des leurs, restés en territoire occupé par les Espagnols, nécessitant l’obtention d’un visa délivré par l’occupant Espagnol, alors même que le Maroc avait couvert son indépendance du colonialiste Français en 1956, soit après 44 ans d’occupation. C’est d’ailleurs la réticence de l’Espagne à rétrocéder au Maroc le Sahara occupé qui a déclenché le processus de la consultation de la CIJ, suite aux faux argumentaires révélés par les Sahraouis pro-espagnols, disant qu’il s’agissait d’un territoire Nulus. Le Maroc s’est fait fort de l’arrêt de la CIJ pour enclencher une marche pacifique, en novembre 1975, de quelques 350 000 personnes, dont une bonne partie de Sahraouis de l’intérieur, sur l’agglomération de Laayoune, siège de la base militaire espagnole. Ses occupants se sont enfuis, laissant libre accès aux marcheurs, sans réticence ni opposition, permettant l’implantation du drapeau marocain, en territoire occupé. Sur son édifice même, l’enthousiasme
et la joie se sont emparés des résidents par les retrouvailles des leurs, où festins et danses se sont organisés à l’occasion, laissant présager des jours meilleurs pour les habitants de cette région du pays.
Malheureusement, peu de temps après, les pro-espagnols, avec la connivence de lobbys influents des pays limitrophes, voyant leurs intérêts personnels (en tant que contrebandiers, marchands d’individus, de drogue et d’armes) menacés, procèdent à la formation de milices armées semant la terreur parmi les populations en forçant les gens à se rebeller et à se soulever contre les arrivants qu’ils qualifiaient d’envahisseurs et de colons, prétextant qu’ils sont un peuple distinct qui aspire à sa souveraineté. Toute personne qui n’adhérait pas à leur thèse était torturée, malmenée, ou exécutée sommairement. L’armée marocaine, au vu de l’utilisation des armes à l’encontre des populations civiles, n’avait pas de choix de que répliquer pour protéger ces populations restées fidèles à leur marocanité; là, c’est la guerre ouverte. L’Algérie de Boumediene, qui à l’époque ne voulait en aucun cas discuter de ses frontières avec le Maroc, a sauté sur l’occasion pour organiser la rébellion en leur conseillant de former un Front, qu’ils ont dénommé le Polisario; en mettant à sa tête des réfugiés politiques marocains poursuivis par les autorités marocaines et qui étaient entretenus, soutenus et hébergés par la Lybie du Colonel Kadhafi, dont l’ambition était de dominer l’Afrique. L’Algérie a alors ouvert le camp de Tindouf sur son territoire pour faciliter le repli des combattants du Polisario, agissant sous la forme de guérillas pour imposer leur opinion politique, et pour accueillir des sahraouis kidnappés et forcé à la déportation, tout en recrutant des mercenaires africains pour légitimer sa position et montrer au Monde qu’elle agit humainement pour protéger les fuyards de la guerre. Le Polisario, organisé et appuyé par l’armée algérienne utilisait l’armement lourd livré par le Colonel Kadhafi contre l’armée marocaine qui n’a ménagé aucun effort pour repousser les assauts et les neutraliser. Il s’en est suivi des morts, des blessés, et des prisonniers de part et d’autre causant des dommages collatéraux incommensurables. L’ampleur du problème a été porté
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devant les instances onusiennes d’où une résolution du Conseil de Sécurité exigeant un cessez-le-feu immédiat et l’instauration d’une mission de maintien de la Paix au Sahara occidental; la MINURSO, dont la mission était de veiller à l’apaisement des tensions, de procéder à l’organisation d’un référendum d’autodétermination après un recensement M. Hakam Hmiddouch des populations ayant droit de voter et de surveiller le cessez-le-feu C’est en l’an 2005, juste après (RES. 690 du 29 avril 1991). l’intronisation de Sa Majesté le roi La Mauritanie ayant des frontières avec Mohamed VI qu’une réflexion approfondie du problème à vue le jour par la l’Algérie et le Maroc, s’est trouvée en tenaille entre les deux pays, et a préféré proposition d’un projet de statut d’autonomie avancée pour les provinces déclarer solennellement et par écrit, sa neutralité absolue vis-à-vis du conflit, et du Sud, qui a été présentée à l’ONU et qu’elle n’aspirait à aucune prétention de à l’ensemble de ses membres, pour commentaires et remarques. À quelque nature que ce soit. Néanmoins, l’unanimité, sauf pour l’Algérie et le l’ONU a préféré la considérer comme Polisario, tous ont affirmé que la propopays observateur dans le processus sition est satisfaisante, sérieuse, cononusien. forme et crédible à la résolution du problème qui n’a que trop duré. La tenue du référendum a buté sur la composition des listes des ayants droit Le Polisario et l’Algérie tenaient le au vote dont le Polisario a gonflé le nombre en introduisant toute une flopée même discours, comme chaque fois, de mercenaires venus des pays africains tenant mordicus à leur référendum d’autodétermination; rejetant d’un moyennant finances et promesse tenrevers de main la proposition tantes : c’est d’ailleurs la commission marocaine. des chefs des tribus sahraouis (Chioukhs) désignés à qui incombait de J’ai commencé par ma date de naisreconnaitre les prétendants et de retracsance exprès pour révéler que ce prober leurs origines et c’est cette commislème du Sahara a affecté toute une sion qui a découvert le pot-aux-roses. génération d’individus comme moi, Ceci a irrité le Polisario et ses souteneurs en criants au loup et reprochant la directement et indirectement, et tout au long des années passées, affectant notre pratique aux marocains. L’ONU étant enfance, notre jeunesse, nos études et saisie, elle renouvelle le mandat de la nos esprits, sans qu’une lumière MINURSO et désigne cette fois-ci un d’espoir n’apparaisse à l’horizon pour représentant spécial pour trouver des solutions au problème et éventuellement entériner ce problème. chercher d’autres pistes au règlement du De par les deux rives, les enfants nés conflit, et ce, en commun accord avec durant cette période sont devenus les belligérants. adultes, sans doute mariés et pères ou mères d’enfants qui, si la tendance se Le mandat de la MINURSO a été maintient, subiront le même sort que renouvelé chaque année, 23 fois, jusqu’à nos jours, sans pour autant trou- leurs parents, et garderont les séquelles des dommages collatéraux, des angoissver une solution définitive. es, et du stress laissé par le conflit. Plusieurs réunions formelles et informelles se sont tenues sous l’égide Je me sens donc en droit de me poser des représentants spéciaux successiveles questions suivantes : ment désignés mais qui, à chaque fois, n’ont abouti à aucun résultat satisfaisant - Les enfants nés de parents résidents à et ce en présence de l’Algérie et de la Mauritanie. Suite à la page 46
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Chroniques
Le Sahara : ce que j’en sais et ce que je souhaite! Suite de la page 44
Tindouf, sahraouis ou non, sont-ils algériens ou marocains? Ou ni l’un ni l’autre? Doivent-ils batailler plus tard pour avoir une nationalité? - Quel droit doit-on appliquer : le droit du sang, le droit du sol ou un autre? - Comment sont élevés ces enfants dans ce camp, sans la moindre structure viable, leur procurant un épanouissement et un développement humain? - Combien sont-ils? Même le HCR n’a pu les recenser, faute de consensus. - De quel Droit doit-on parler pour eux : Droit de l’enfant et de la Femme ou Droit de l’Homme ? - Quelle éducation peuvent-ils avoir et pour quel avenir? Parait-il, dès leur début d’adolescence, on les envois à Cuba pour être scolarisés et internés jusqu’à leur retour. Dans ces conditions, quel genre d’individus seront-ils? Seront-ils porteurs des valeurs de leurs parents ou subiront ils un choc civilisationnel? - Il est certes inéluctable à ce qu’ils soient des prétendants à l’immigration clandestine, ou un terreau fertile pour le jihadisme et le terrorisme de tout bord. Toutes ces questions me taraudent sans que je puisse y répondre adéquatement et pertinemment. À l’opposé, quand je consulte ce qui s’est réalisé du côté marocain, en construction de villes entières, avec toutes les infrastructures urbaines composées d’immeubles à logements, d’écoles, de centres de formations techniques, d’espaces de loi-
sirs, de jeux et de sports, dont les résidents jouissent pleinement, se rendant à leurs occupations avec enthousiasme et en toute sécurité, avec des conditions de vie meilleures que dans certaines villes du Centre du Maroc; je me dis qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans l’esprit de ces messieurs qui dirigent le Polisario. Pourquoi diable ne veulent-ils pas faire profiter leurs administrés de cette manne d’intérêts qui s’offre à eux, surtout que le Maroc leur propose un statut d’autonomie avancée où ils peuvent s’épanouir et se développer à leur guise, en toute quiétude, avec la garantie de l’ONU!
Je ne peux admettre que les gens du Polisario ne soient conscients : leurs revendications quant à la tenue d’un référendum s’avère de plus en plus complexe et difficile à mettre en place, sans compter que la création d’un État souverain nécessite des bases, des organes et des ressources, dans le contexte politico-économique actuel du Monde, dont les pays les mieux lotis connaissent des soubresauts difficilement franchissables.
est offert par le Maroc, sous l’égide de l’ONU car ils ne seraient que gagnants, sauvant ainsi toute une génération de parents déchirés par la séparation de leurs enfants, la jeune génération montante, et finalement toute la communauté sahraoui.
En tant que citoyen canadien d’origine marocaine, j’implore, au nom de l’humanité et du bon sens, les dirigeants du Polisario à prendre leur destinée en main en laissant leur orgueil de côté et libérer leur protecteur, l’Algérie, d’un problème qui l’a plus embarrassé qu’autre chose, et accepter ce qui leur
Par ce geste, dont la portée serait mondialement reconnue, ils permettraient la consolidation de l’Union des pays du Maghreb, où ils peuvent s’intégrer, s’émanciper et se développer aisément en faisant oublier à tous le syndrome du colonialisme d’antan. La nomination récente de ma compatri-
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ote canadienne, Madame Kim Bolduc, à la tête de la MINURSO est un atout considérable pour verser dans l’application du projet marocain, sachant qu’elle possède les compétences et une large expérience dans la gestion humanitaire de ce genre de problème, vu les multiples missions qu’elle a mené à travers le monde, et depuis plusieurs années. Pour terminer avec l’espoir que mon souhait soit réalisé, je cite : un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès. À bons entendeurs, salut.
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