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Budget du Québec

Attentes et supputations…

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Impôts : Comment remplir votre déclaration vous-mêmes

sans trop d’erreurs ou d’omissions

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Affaires

Québec résolu à faire le ménage dans les contrats informatiques

Le Québec a une conscience

Une offensive anti-Pegida s’organise

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Découverte : Le Chômage tue!

10 000 et 20 000 personnes par an

en seraient victimes Page 27

Marococanadiennes à l’œuvre

Un rôle incontournable Page 30

Islamophobie

Opposer l’espoir Rejeter la politique à la haine

axée sur la peur Par Justin Trudeau

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Par Françoise David et Andrés Fontecilla

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Enjeux

Conception et Réalisation Graphique : Atlas Média Atlas.Mtl est un produit du. GROUPE ATLAS MEDIA Inc Editeur de. * La Voix des Marocains à Montréal et du site web: www.atlasmedias.com

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Depuis 2002 Groupe Atlas Media Douze ans, c’est… • 250 numéros du bimensuel Atlas.Mtl, soit plus de 6210 articles exprimant la sensibilité maghrébine et valorisant la dimension maghrébine de la société dans laquelle nous vivons; • Une cinquantaine d'événements identitaires, artistiques, culturels et politiques; • De nombreux débats, colloques, séminaires et conférences, • 92 reportages sur la communauté pour les chaînes de télévision 2M, AlMaghribia, Ai Aoula, Arrayadia; • 365 émissions radio (de 2002 a 2009); • Un site web ayant accueilli plus de 7.6 millions de visiteurs depuis 2003 et qui dans sa nouvelle version (mise en ligne début 2012) et qui reçoit en moyenne 2500 visiteurs par jour.

Appel au Québécois bien pensants

Éditorial

Editeur : Abdelghani Dades. Directeur Général Rachid Najahi. Rédaction : Hassan Boutabssil, Narjisse El-Bakkali, Zahira Ellahgui, Mona Doutabaa, Said Chayane, Reda Benkoula Publicité : Agence Odyssée

Tous les ingrédients sont réunis pour mettre un peu plus mal à l’aise un large segment de la population du Canada et du Québec, le segment musulman bien sûr. L’identité nationale Le premier de ces ingrédients est constitué par les maladresses, plus ou moins volontaires de personnalités politiques qui ne parviennent pas à échapper à la tentation d’user et d’abuser du thème de l’identité nationale pour donner ou redonner vie aux partis politiques dont ils se réclament. Il en va ainsi de la CAQ et de son leader François Legault comme du Parti québécois et de son aspirant chef Pierre Karl Péladeau. Plus sûrs du tout, devant les réformes économiques et financières mises en train par le gouvernement, de pouvoir à court terme disputer une majorité au Parti Libéral, il ne peuvent que chercher un bouc émissaire et qui de mieux que l’immigration peut être utilisé à cette fin? Mais ce que tous deux oublient, c’est que «immigration», malgré tous les efforts fournis depuis des décennies, dans la pensée profonde du Québec, ne signifie pas seulement «nouveaux arrivants» mais bien plus sûrement tous les originaires de l’immigration, fussent-ils de la seconde, la troisième ou la quatrième génération et peu de monde accepte de considérer comme des citoyens. La stratégie de la peur Le second ingrédient est la «stratégie de la peur» qui nous vaut au fédéral un projet de loi, le C-51, dont les effets pourraient être pervers au point - d’une part d’ouvrir la voie, au Canada, à des pratiques arbitraires que les canadiens ont fortement décriés lorsqu’elles ont été pratiquées aux États-Unis par une CIA forte du Patriot Act; - d’autre part de conforter de larges pans de l’opinion publique dans l’idée d’un «ennemi intérieur», musulman évidemment. Le lever de l’extrême droite Ces deux faits en génèrent un troisième : Une «droite» extrémiste qui se décomplexe, jette le masque et passe en mode action en se réclamant d’un mouvement européen ouvertement islamophobe, Pegida pour ne pas le nommer. Pegida Québec, va ainsi manifester publiquement ce 28 mars au cœur de Montréal. Petite manifestation certes, puisqu’elle ne devrait pas mobiliser plus qu’une petite centaine de «sympathisants»; mais qui le fait avec un art consommé de l’«agit prop» et de la provocation. Ainsi le mouvement a-t-il choisi, dans un premier temps, un itinéraire traversant un quartier à forte concentration

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musulmane, le Petit Maghreb, avec sans aucun doute le secret espoir soit de se faire interdire par les autorités publiques, soit de se donner des «martyrs» en se faisant agresser par quelques uns de ces «ennemis» qu’ils venaient ainsi narguer sur le seuil de leur maison. Dans l’un ou l’autre de ces deux cas, Pegida ne peut qu’engranger des bénéfices sympathies, puisque, d’une manière ou d’une autre, ils trouveraient matière à justifier leurs messages pervers. Aux dernières nouvelles, l’itinéraire de la manifestation aurait changé; mais certainement pas les intentions de ses promoteurs… Sonnez tocsin!... Tout ceci est bien inquiétant. Mais bien décevant d’abord. Car, mise à part une motion parlementaire initiée par le gouvernement, condamnant Pegida et sa pseudo-idéologie, peu de monde a exprimé son rejet des idées fascistes ainsi importées chez nous. Seules quelques organisations d’extrême gauche se sont levée pour constituer un «front anti-Pegida» qui - paradoxalement - risquent de faire plus de bien que de mal à ceux qu’ils veulent combattre, ne serait-ce que parce qu’elles n’ont pas forcément bonne presse dans l’opinion publique. Mais où sont tous ces journalistes «bien pensants» jusque là si prompts à faire des procès d’intention à ceux de leurs concitoyens qui tiennent à leur foi, à stigmatiser la «différence négative»? Bien inquiétant surtout parce que tout se passe comme si l’on ne prenait pas le péril Pegida au sérieux. Or l’histoire est riche d’épisodes pénibles dans lesquels on a ainsi laissé faire… Par exemple, la montée de ce nazisme dont se réclame, à mots couverts, Pegida. Plus prêt de nous dans le temps, nous gagnerions à méditer le cas français. Dans l’Hexagone, on ne prenait pas le Front national vraiment au sérieux. On a commencé à s’en préoccuper lorsqu’il a commencé à peser 10% de l’électorat; on a commencé à s’en inquiéter lorsqu’il a franchi la barre des 20% et accédé au second tour d’une élection présidentielle, et on n’a pas commencé pas encore commencé à agir qu’il pèse déjà 32% de l’opinion publique… Or, quoi que vous pensiez, nous sommes certains que vous ne nous disconviendraient pas qu’une telle évolution serait - est - indigne du Québec…

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Abdelghani Dades


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Débats

Immigration & inclusion

Ce que veut François Legault

Trois ans de probation, sous menace constante de renvoi… Le débat sur l’immigration, la diversité et l’inclusion, mis sous éteignoir par l’actualité budgétaire et les manifestations étudiantes, se poursuit pourtant. La discrétion qui l’entoure de ce fait permet tous les excès puisque- sûrement- ceux qui professent des idées extrêmes sont quasiment assurés que leurs propos, mêmes les moins mesurés, ne soulèveront pas la tempête qu’ils méritent. Il en est ainsi notamment du «Plan» de la Coalition Avenir Québec, récemment dévoilé par François Legault afin de «resserrer les conditions d'admission des immigrants». Selon le chef de la CAQ en effet, une fois admis les immigrants auraient à se soumettre à une sorte de période probatoire de trois années à l’issue de laquelle, à défaut de «maîtriser le français et comprendre les valeurs québécoises», ils seraient renvoyés vers leur pays d’origine.

Concrètement, cela reviendrait pour un candidat à l’immigration – qui a déjà mis sa vie entre parenthèses depuis cinq ans, délai actuellement nécessaire pour obtenir un CSQ – à vivre un purgatoire de huit ans avant de savoir si oui ou non, il peut commencer une nouvelle vie.

Outil de cette politique : Un «Certificat d'accompagnement transitoire» remplacerait le Certificat de sélection du Québec* et l’IMM fédéral, accordant le titre de résident permanent, ne serait accordé qu’à l’issue de la période pro batoire.

Populisme et stigmatisation Pressé de questions, M. Legault a expliqué fini par livrer le véritable fond de sa pensée : un certain populisme. Surfant sur une actualité de mauvais aloi, il ne résiste pas à la tentation de dire que «ses propositions visent égale-

En conférence de presse, M. Legault a affirmé que son parti serait prêt à investir 80 millions $ pour atteindre ces objectifs. Mais ses réponses sur les différents autres aspects et conséquences de sa proposition ont été tout sauf satisfaisantes. Il a notamment cafouillé sur le sort des familles dont certains membres satisferaient aux conditions posées, mais pas d’autres. Comme il n’a pas vraiment convaincus sur les mesures pratiques de mises en œuvre de son «projet».

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ment à répondre aux préoccupations soulevées par les attentats de djihadistes à Paris».

«Il y a actuellement une inquiétude fondée au Québec, a-t-il affirmé. Veut-on avoir des futurs immigrants qui pourraient devenir des prédicateurs, qui viendraient dénigrer des valeurs fondamentales comme l'égalité entre les hommes puis les femmes? Je pense que les Québécois ne souhaitent pas ça, donc je pense que c'est important.» Les vraies choses sont ainsi dites : ce n’est pas toute l’immigration qui M François Legault est visées par ce plan, mais seulement certains candidats à la résidence permanente, qui seraient donc *Actuellement, les personnes qui soudiscriminés en raison de leurs origines haitent venir s'établir au Québec doiculturelles et de leurs appartenances vent faire au préalable une demande de confessionnelles. certificat de sélection au gouvernement du Québec, qui met au moins un an Exclusif, stigmatisant et pour tout dire avant d'être traitée. Une fois le certifihonteux, ce point de vue n’a cependant cat obtenu, cela permet de faire une soulevé aucune réaction. Il est vrai qu’il demande de statut de résident permaest moins dolosif que les actions que nent auprès des autorités fédérales. Pegida s’apprête à entreprendre au Québec; mais…

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Débats

Immigration & inclusion

La «phrase inappropriée» de Pierre Karl Péladeau Le député de Saint-Jérôme, Pierre Karl Péladeau, a fini par ce rendre compte de son erreur et a présenté ses excuses pour ses propos sur l'impact électoral de la démographie et de l'immigration et l'urgence de réaliser le projet souverainiste, qu'il a tenus lors d'un débat organisé par le Comité national des

jeunes du Parti québécois, à l'Université Laval, dans le cadre de la course à la direction du PQ. Dans un message publié sur sa page Facebook, M. Péladeau affirme que « cette phrase était inappropriée et ne reflète pas ma pensée ». « Le succès

de notre projet collectif dépend de notre capacité de rassembler l'ensemble des Québécois de toutes origines. J'entends faire preuve de leadership sur cette question, poser des gestes concrets pour maintenir le dialogue avec les communautés et travailler fort pour mieux expliquer

La forme et le fond

Les torts de PKP Pour justifier son propos, le candidat à la direction du Parti québécois Pierre Karl Péladeau a prétendu que c'est le gouvernement fédéral et non celui du Québec qui prend en charge les immigrants qui s'installent dans la province. A-t-il raison? Vérification faite : il n'a pas raison.

En vertu de l'entente Canada-Québec de 1978, l'immigration est une juridiction partagée entre les deux gouvernements. Québec choisit ses immigrants selon une grille d'analyse

qu'il peut modifier, lui-même, à tout moment. Ottawa tient compte de l'avis du Québec sur le nombre d'immigrants que la province souhaite accueillir. Le candidat à l'immigration doit cependant passer des tests imposés par le fédéral, dont un examen médical et une vérification de sécurité. C'est aussi le Québec qui s'occupe de franciser et d'intégrer les immigrants qui s'établissent sur son territoire. Le gouvernement québécois reçoit une

Gilles Duceppe : «Une erreur d’ordre politique» L'ex-chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, soutient que Pierre Karl Péladeau a commis une erreur d'ordre politique en faisant cette déclaration, comme l'avait fait l'ex-chef péquiste Jacques Parizeau dans sa déclaration sur « l'argent et le vote ethnique » après la défaite référendaire de 1995. En entrevue à Radio-Canada, il a toutefois estimé qu'il importait de faire la distinction entre les observations, les analyses, l'attribution de la responsabilité, et les solutions proposées.

« En termes d'analyses, ce que M. Parizeau a dit, et ce que M. Péladeau dit, c'est que les allophones appuient plutôt les partis fédéralistes. Or, toutes les maisons de sondage font cette distinction », a-t-il déclaré, en précisant que les deux hommes ne pouvaient être qualifiés de xénophobes ou racistes. Pour M. Duceppe, le Québec se doit en effet de bouger « dans les prochaines décennies », au risque de connaître le même sort que les francophones hors Québec et les Acadiens. « Il ne faut pas se leurrer, ils subissent, malgré tous leurs louables et courageux efforts, une assimilation fulgu-

aide fédérale de 320 millions de dollars annuellement pour leur intégration.

M Pierre Karl Péladeau

En moyenne, 50 000 immigrants entrent au Québec chaque année. Pour pouvoir voter, ces nouveaux arrivants doivent d'abord devenir citoyens canadiens, soit en moyenne cinq ans après leur arrivée. C'est à ce moment qu'ils prêtent un serment d'allégeance à la reine.

le projet et les bénéfices de l'indépendance du Québec », ajoute-til. Pierre Karl Péladeau conclut son message en disant qu'il travaille avec le député de Bourget, Maka Kotto, Québécois d'origine camerounaise, « pour que nous engagions un dialogue constant, riche et convergent de nos expériences respectives ».

«Positions extrêmes» Dissensions entre Cloutier et Drainville

M Nernard Drainville

M Gilles Duceppe rante, c'est ça, la réalité », croit-il. «Pas d’accord!» « Maintenant, attribuer la responsabilité d'une victoire ou d'une défaite à un groupe particulier, là, je ne suis pas d'accord, c'est une erreur », précise M. Duceppe. Pour lui, l'erreur est en fait de partir d'une analyse, et d'en faire porter la responsabilité à une partie de la population,« alors que le vote est un acte individuel ». Gilles Duceppe juge néanmoins que les choses doivent être relativisées. « Ne tombons pas dans l'enflure verbale comme M. Couillard, qui parle d'un nationalisme ethnique », déclare l'exchef bloquiste.

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M. Drainville a affirmé que M. Cloutier avait tort de qualifier d'extrêmes ses positions sur la laïcité de l'État, qui reprennent le contenu du projet de loi 60 qu'il a porté alors qu'il était ministre dans le dernier gouvernement péquiste. « C'est bien clair qu'il n'y a rien d'extrême là-dedans, dans une charte qui a été votée par les membres, qui fait partie du programme du Parti québécois, qui a été défendue par le PQ dans deux élections, a-t-il dit. Je ne vois pas ce qu'il y a d'extrême làdedans ». Après avoir proposé une interdiction des symboles religieux dans l'ensemble

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de la fonction publique, avec le projet de loi 60, M. Drainville a atténué sa position, en janvier dernier, en ajoutant un droit acquis pour les fonctionnaires en poste actuellement. M. Cloutier avait accusé M. Drainville de glisser vers des « raccourcis » et des « positions extrêmes » en insistant sur l'importance des enjeux identitaires. Plus tôt, M. Drainville avait estimé que les enjeux identitaires, comme la laïcité de l'État, étaient déterminants pour la pertinence du PQ, alors que M. Cloutier avait invité les autres candidats à adopter des positions plus consensuelles dans ce dossier.


Débats

Immigration & inclusion

Philippe Couillard : Une « dérive vers le nationalisme ethnique»… Les propos controversés de Pierre Karl Péladeau sur l'immigration confirment le glissement du Parti québécois vers le nationalisme ethnique, a déclaré jeudi le premier ministre Philippe Couillard. M. Couillard a affirmé que la controverse suscitée par M. Péladeau, dans un débat de la course à la direction du PQ, témoigne d'une dérive entamée avec le projet de charte de la laïcité du précédent gouvernement péquiste.

« Depuis la charte, il y a une dérive très malheureuse. Il n'y a plus d'arguments financiers, il n'y a plus d'arguments économiques pour la séparation du Québec. Ce qui fait qu'on essaie de s'accrocher à n'importe quoi, a-t-il fait valoir. Alors, ce qu'on a actuellement, c'est une déviation claire vers le nationalisme ethnique, depuis l'époque de la charte, qui d'après moi doit faire frémir ceux qui ont fondé ce parti-là. »

Interrogé sur le sujet le Premier Philippe Couillard a déclaré qu'il ne voulait pas commenter « spécifiquement » les propos de M. Péladeau, mais « plutôt parler du Parti québécois, parce que c'est lui qui est en cause ici ».

Selon le premier ministre, la direction du parti et son chef intérimaire, Stéphane Bédard, auraient dû condamner immédiatement ces propos. Les réactions des autres aspirants chefs, qui se sont dissociés de ces paroles, ne suffisent pas, dit-il. « Ça devrait aller plus loin que ça », croit-il.

Jean-Marc Fournier : «Irrespect»

Kathleen Weil : «Une semaine désolante»

M Philippe Couillard

Françoise David : «Il ne comprend rien!»…

Mme Katheleen Weil M Jean Marc Fournier Le leader parlementaire du PLQ, Jean-Marc Fournier, voit dans ces propos la preuve que le PQ n'aspire plus à représenter tous les Québécois, mais seulement certains d'entre eux. Pour ce parti, « tous les autres sont une menace », a-t-il dit. « Cet irrespect de ceux qui ne partagent pas leur point de vue me semble une atteinte à la démocratie et même une atteinte à l'idée initiale du Parti québécois. Je ne pense pas que René Lévesque et Gérald Godin seraient très heureux de voir ce qu'il est advenu de ce parti », a-t-il laissé tomber.

« Quelle semaine désolante pour les personnes courageuses qui choisissent le Québec, qui veulent contribuer au développement du Québec », a commenté la ministre de l'Immigration Kathleen Weil, rappelant du même coup les propositions de la Coalition avenir Québec en matière d'immigration. « J'entends beaucoup de désarroi actuellement. Il faut changer de ton. C'est très néfaste », a dit Mme Weil, pour qui les propos de M. Péladeau sont « choquants ».

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Mme François Davide Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a pour sa part dénoncé des « propos malhabiles ». Selon lui, cela « vient confirmer que le projet de souveraineté s'en va nulle part » et que le Parti québécois « se cherche des boucs émissaires ». « Il ne comprend rien à l'immigration. Il faut qu'il fasse ses classes », a déclaré la porte-parlementaire de Québec solidaire, Françoise David.

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Islamophobie

Le Québec a une conscience

Une offensive anti-Pegida s’organise Pendant que l’arrivée au Québec d’organisations islamophobes préoccupe les autorités et la classe politique, des groupes de la gauche radicale préparent leur propre remède à cette nouvelle mouvance. La tenue d’une manifestation anti-musulmane samedi 28 mars 2015, au cartier Rosemont, sera mouvementée, promettent-ils.

Un groupe inquiétant Né en Allemagne à l’automne, le groupe Pegida (« Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident ») inquiète les gouvernements des nombreux pays dans lesquels il s’est implanté depuis. Le groupe originaire de Dresde tient depuis octobre des « promenades du soir », tous les lundis, auxquels participent chaque fois des milliers de personnes, particulièrement en Allemagne. Pegida Québec, créé à la mi-janvier, serait la première section du mouvement en Amérique du Nord. Le groupuscule tiendra son premier rassemblement au coeur du petit Maghreb samedi prochain aux environs de 16 h. Le rassemblement prévu est une « action citoyenne », « dont le seul but est de réunir un maximum de personnes de toutes origines […] qui veulent sauvegarder nos valeurs démocratiques face à l’islamisation, c’est-à-dire l’introduction progressive de la charia dans notre pays », s’est défendu dimanche l’un des artisans du groupe sur le réseau Facebook. L’Islam en ligne de mire Alors qu’on lui demandait pourquoi Pegida Québec, qui revendique plus d’un millier de membres, avait choisi de manifester dans ce quartier multiculturel plutôt qu’au centre-ville, la personne se cachant derrière la page Facebook de Pegida Québec a offert ceci comme réponse : « Pourquoi aller manifeste[r] au centre-ville ? [...] Depuis quand existe-t-il un quartier maghrébin, islamisé au Québec ? » Plus d’une centaine de personnes avaient confirmé leur présence à cette manifestation dimanche. Parallèlement, d’autres groupes organ-

isent eux aussi leur rassemblement, en riposte à celui de Pegida. Se réclamant du féminisme, de l’anarchisme, du communisme, de l’anti-fascisme ou plus généralement l’extrême gauche, ils promettent d’être présents pour bloquer le chemin à Pegida. Contre la peur et l’intolérance « Le climat actuel qui règne au Québec n’est pas étranger [au] choix de Pegida [d’organiser ce rassemblement] », affirme le Front féministe prolétarien de Montréal, dans un communiqué diffusé au cours des derniers jours appelant à l’« auto-défense populaire ». « Ce groupe sème la peur de l’autre, l’intolérance et, surtout, des mensonges, en prétendant que l’Europe serait présentement en plein processus d’islamisation et qu’il faut donc stopper la venue de l’immigration musulmane. » Qu’on soit d’accord ou non avec le voile, il faut défendre le droit des musulmans, disent-ils. Dans une lettre envoyée au Devoir et publiée dans l’édition tablette et sur le site Internet du quotidien, les co-porteparole de Québec solidaire, Françoise David et Andrés Fontecilla,

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s’interrogent pour leur part sur les mesures à prendre afin d’encadrer le groupuscule, dans le contexte actuel, « marqué par des inquiétudes légitimes » et une « montée de l’intolérance envers la communauté musulmane ». « Si la Ville de Montréal a pu refuser à l’imam Chaoui l’ouverture d’un local pour prêcher l’intolérance, pourquoi Pegida aurait-il la permission de manifester de manière provocante au coeur du petit Maghreb ? », écrivent-ils. Une question délicate, convient Françoise David en entrevue. De nombreux Montréalais se sont réjouis lorsque la Ville « s’est arrangée pour ne pas que l’imam Chaoui ouvre un local de prêche et de prière dans Hochelaga-Maisonneuve », admet-elle. « Si on était content que la Ville fasse ça pour l’imam, comment doit-elle se comporter ici ? J’espère que M. Coderre et la police vont se poser des questions. » Le Service de police de la Ville de Montréal a confirmé dimanche soir avoir cette activité à l’oeil, mais n’a pas offert davantage de détails sur sa présence samedi. De nouveaux groupes xénophobes Même s’ils se décrivent comme non violents, l’apparition de groupes comme Pegida et Ligue de défense juive (une

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organisation ultranationaliste) crée un malaise au sein de la classe politique québécoise, comme en témoignent les réactions depuis l’annonce de la création d’une section locale en janvier. Les rassemblements les plus courus de Pegida, en Allemagne, ont rassemblé près de 25 000 manifestants venus dénoncer la prétendue islamisation des pays occidentaux, au grand dam de la chancelière allemande, Angela Merkel. Selon un sondage publié en janvier, 29 % des Allemands trouvent justifiées les préoccupations de Pegida. Dans ses voeux du Nouvel An, Mme Merkel avait d’ailleurs appelé ses concitoyens à rejeter le mouvement xénophobe. « Je dis à tous ceux qui vont à ces manifestations : ne suivez pas ceux qui appellent à y participer ! Car trop souvent, leurs coeurs sont remplis de préjugés, de froideur, voire de haine. » Comme d’autres, la chancelière se dit troublée de l’utilisation par les manifestants de Pegida du slogan de la révolution de 1989, « nous sommes le peuple ». « En réalité, ils veulent dire : vous n’appartenez pas au peuple, à cause de la couleur de votre peau ou votre religion », a-t-elle déploré.


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Islamophobie

Manifestation de Pegida Québec

Opposer l’espoir à la haine Par Françoise David et Andrés Fontecilla Pegida est en ville. Qui ? Pegida Québec, un clone du grand frère allemand qui rassemble là-bas des milliers de citoyens opposés à ce qu’ils appellent « l’islamisation de l’Occident ». Des racistes, xénophobes et haineux, qui ont même amené la conservatrice Angela Merkel à mettre ses concitoyens et concitoyennes en garde contre l’islamophobie. Quel rapport avec le Québec ? Un chapitre de Pegida est né à Montréal il y a quelques semaines. Il se dit non-islamophobe et appelle à manifester « pour la protection de nos valeurs, de notre langue, de notre culture et de nos coutumes ». Manifester où ? À Montréal, en plein petit Maghreb, le 28 mars à 16 heures ! Appelons un chat un chat. Sur son site, Pegida Québec se définit comme un « Regroupement québécois en soutien à l’Allemagne, contre l’islamisation de l’Occident et des Amériques ». Son action vise directement la communauté musulmane. Parmi ses adeptes, on retrouve des chrétiens fondamentalistes et des adhérents du Front national du Canada, un mouvement clairement contre l’immigration et férocement antiislam. À Québec solidaire, nous ne mangeons pas de ce pain-là et sommes convaincus que l’immense majorité des Québécoises et Québécois rejettent catégoriquement ces extrémismes. Alors pourquoi en parler ? Parce qu’une certaine inquiétude règne dans la population québécoise. Presque à chaque semaine, la télévision nous montre des images terrifiantes témoignant des exactions du groupe État islamique, implanté en Irak et en Syrie, et de Boko Haram au Nigeria. Les attentats de St-Jean-sur-Richelieu et d’Ottawa, de Paris contre les journalistes de Charlie Hebdo et plus récemment au Danemark, sont venus troubler notre relative quiétude. Puis, nous avons appris que quelques jeunes Québécois seraient partis pour la Syrie combattre aux côtés des djihadistes. Enfin, un imam fondamentaliste a voulu ouvrir un

centre de prêche et de prières à Montréal. Nous découvrons alors que les fondamentalismes islamistes ont pignon sur rue chez nous et nous cherchons comment agir. Et voilà que d’autres extrémistes, ceux de Pegida, qui prêchent l’islamophobie, tentent de nous séduire en prétendant défendre nos « valeurs ». Tout cela exige une réflexion posée et une action conséquente contre les fondamentalismes et les extrémismes de tout acabit. Depuis sa fondation, Québec solidaire lutte avec ardeur contre l’intégrisme, contre tous les intégrismes, sans céder aux amalgames et à la stigmatisation de certaines communautés. Rappelons que toutes les religions et idéologies politiques ont leurs intégristes. Chez certains pasteurs évangélistes, les minorités sexuelles et les femmes n’ont pas une grande valeur. Est-il nécessaire de rappeler la proximité des sectes évangélistes avec le gouvernement Harper, celui-là même qui a coupé les subventions étatiques aux ONG travaillant dans des pays du Sud et favorisant l’accès de méthodes contraceptives aux femmes ? Face à l’intégrisme islamiste, face à sa capacité de séduction auprès de plusieurs jeunes, l’intensification de la répression ne peut, à elle seule, garantir un résultat positif et par-dessus tout, permanent, contre la radicalisation djihadiste. Elle donne surtout au gouvernement Harper la capacité de renforcer son arsenal judiciaire et policier, lui octroyant la possibilité de brimer de façon arbitraire les droits fondamentaux de tous les citoyens et citoyennes. Cela dénature notre État de droit. L’interdiction de la prise de parole estelle une avenue ? Au moment où nous discutons jusqu’à plus soif de liberté d’expression dans une société réputée pour sa liberté de parole, comment nous assurer que ce droit garanti par les chartes ne devienne pas un instrument d’intolérance et de haine ? Qui doit décider de ce qui peut ou ne peut pas être déclamé, prêché, diffusé dans un pamphlet ou dans un lieu de culte ? Le

Pegida au Canada

Maria Mourani interpelle Harper La députée indépendante d’Ahuntsic, Maria Mourani, a interpellé le gouvernement conservateur lundi concernant la manifestation anti-musulmane prévue par le groupe Pegida Québec samedi prochain dans le « quartier petit Maghreb » de l’arrondissement Villeray–Saint-Michel– Parc-Extension. L’ex-bloquiste, qui sera candidate du NPD aux prochaines élections, a demandé à Stephen Harper d’emboîter le pas à la chancelière allemande, Angela Merkel, qui a demandé à son peuple de ne pas participer aux activités de Pegida. Steven Blaney, ministre de la Sécurité publique, a répondu que « bien que les citoyens soient libres de participer à des manifestations », ils sont « encouragés » à respecter la loi.

Françoise David et Andrés Fontecilla code criminel canadien sanctionne l’incitation à la haine et à la violence contre des groupes identifiables. On dit que cette incitation doit être réprimée lorsqu’elle « est susceptible d’entraîner une violation de la paix ». Justement, dans le contexte troublé que nous connaissons, marqué par des inquiétudes légitimes, mais aussi par une montée de l’intolérance envers la communauté musulmane vivant au Québec, nous sommes en droit de nous poser cette question : si la ville de Montréal a pu refuser à l’imam Chaoui l’ouverture d’un local pour prêcher l’intolérance envers les femmes, pourquoi Pegida aurait-il la permission de manifester un samedi après-midi, de manière provocante, au coeur du petit Maghreb ? Ce groupe à l’idéologie raciste -même s’il s’en défend- ne risque-til pas « d’entraîner une violation de la paix » dans ce quartier de Montréal ? Au lendemain de la tuerie de 2013 en Norvège, perpétrée par un intégriste antimusulman d’extrême droite, le maire de la ville d’Oslo a eu une parole inspirante : répondre aux actions inté-

gristes violentes par encore plus de démocratie. C’est par là que nous devons aller, ensemble ! À la haine, opposons la vie, la justice et l’espoir. Faisons le choix de la démocratie et de la responsabilité citoyenne plutôt que de la peur et le refus de l’autre. Marchons vers un vrai vivre-ensemble en construisant notre culture de demain, pluraliste et inclusive, reposant sur une langue et des valeurs communes. Mettons l’accent sur un meilleur soutien à l’intégration des personnes immigrantes, à leur accès au travail, à leur francisation. Débusquons les discriminations, souvent ferments du repli sur soi et de l’adhésion à des valeurs conservatrices qui visent à séparer au lieu d’unir. Valorisons surtout l’éducation puisque l’école est et doit rester un lieu de préparation à la citoyenneté, rassemblant toute la jeunesse, au-delà des différences. Travaillons dans toutes les communautés, dans toutes les régions qui peuplent le Québec, pour que chaque personne, jeune et adulte, s’engage dans un projet social centré sur le bien commun.

Motion unanime à l’Assemblée Nationale

Le gouvernement dénonce le groupe Pégida Québec et sa manifestation

Le mardi 24 mars 2015, à l’Assemblée nationale, les parlementaires ont adopté à l’unanimité une motion pour manifester leur profonde préoccupation à l’égard de Pégida Québec qui prévoit organiser un rassemblement anti‑musulman dans le Petit Maghreb, à Montréal, le 28 mars prochain. Le gouvernement du Québec dénonce avec vigueur la tenue de ce rassemblement. « Nous invitons les Québécoises et les Québécois à rejeter tout geste, tout propos et toute action qui prônent la haine, le racisme et la discrimination », a déclaré la ministre de l’Immigration, de la

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Diversité et de l’Inclusion, madame Kathleen Weil. Rappelons que le groupe Pégida Québec fait l’apologie du rejet de l’islam et s’inspire d’une idéologie xénophobe. Cette tentative d’implanter au Québec un tel groupe fondé sur la haine est inacceptable. Les Québécoises et les Québécois, qu’ils soient nés ici ou ailleurs, sont des Québécois à part entière. Il ne saurait y avoir de distinction de valeur entre les Québécois, qu’elle soit fondée sur l’origine, la race ou la religion.

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Idées

Semaine d'actions contre le racisme 2015

L’islamophobie au Québec et en Occident

Un racisme dont on ne peut prononcer le nom ?

Un débat public, dans le cadre de la Semaine d'actions contre le racisme 2015 se tiendra le vendredi 27 mars 2015, à partir de 18 h sous le thème «L’islamophobie au Québec et en Occident: un racisme dont on ne peut prononcer le nom ? Mettre fin aux discours islamophobes Depuis le 11 septembre 2001, les minorités musulmanes sont davantage sujettes à la discrimination, à l’exclusion et à la stigmatisation partout en Occident. Dans les débats publics sur l’islam et les musulmans qui surgissent périodiquement dans les espaces médiatiques nationaux, une constante se dégage : l’islam y est souvent représenté comme insoluble dans le creuset des « valeurs » nationales, lire occidentales, valeurs qui tour à tour s’incarnent dans la laïcité, l’égalité des sexes, la non-violence, la démocratie, la liberté d’expression, etc.

Chaque fois qu’un attentat terroriste est commis en Occident au nom de l’islam, on observe, non seulement une recrudescence d’actes discriminatoires et d’agressions commis contre les minorités musulman-e-s et leurs lieux de culte, mais un regain de popularité des discours publics décrétant l’échec du multiculturalisme ou encore des modèles nationaux d’intégration ; chaque fois que des hommes musulmans défraient la manchette pour cause de violence domestique ou sexuelle, les médias cherchent la clef explicative de leur geste dans leur « culture ». Comment interpréter ce type de phénomènes et de réactions ? Relèvent-ils de la grammaire du racisme ou, dit autrement, faut-il y voir l’empreinte d’une certaine islamophobie ? Doit-on alors revisiter le concept même de racisme afin de le rendre apte à mieux rendre compte de la réalité de l’islamophobie ? Enfin, quels sont les facteurs sociopolitiques, idéologiques, économiques et géopolitiques, tant au niveau national qu’international, qui créent les conditions favorables au succès et à la légitimation de discours islamophobes — parfois assortis de passages à l’acte —, souvent présentés comme des réactions de (légitime) défense contre la menace d’islamisation qui planerait sur la nation? À l’occasion de l’édition 2015 de la Semaine d’action contre le racisme, l’Observatoire international contre le racisme et les discriminations a invité des conférenciers et conférencières pour débattre et analyser ces questions brûlantes d’actualité dans le cadre d’un panel public. Les conférences programmées • L’islamophobie au Québec : «white supremacy» et systèmes d’oppression Par Leïla Benhadjoudja, doctorante, Département de sociologie, UQAM

Au Québec, la peur de l’islam connaît une forte recrudescence particulièrement suite aux évènements de Saint-Jean-surRichelieu et d’Ottawa. Plusieurs manifestations expriment cette peur et l’idée que la nation serait menacée par un islam « violent ». Je suggère une analyse des différents procédés qui consolident une altérité musulmane menaçante où la « radicalisation » et le terrorisme semblent en constituer des fondements. Cette rhétorique de la peur laisse place à une banalisation du racisme et à la mise-en-place de dispositifs sécuritaires et de surveillance tel que le projet de loi C-51 du gouvernement Harper. Dès lors, une analyse imbriquée de l’islamophobie où plusieurs enjeux sont à l’œuvre à un niveau global (géopolitique) et locale, permet de mettre en évidence les mécanismes qui sous-tendent le langage de ce racisme. Je propose ici une réflexion où l’islamophobie s’inscrit dans le langage de la white supremacy au Québec et au Canada où se conjuguent plusieurs systèmes d'oppression. • Islamophobie : Apprendre des erreurs de l’Amérique. Par Nadia Zouaoui, journaliste et réalisatrice Après les attaques terroristes du 11 septembre 2001, le gouvernement Américain s’est aussitôt doté de lois anti-terroristes très strictes pour éviter d’autres attentats. Le Patriot Act a donné carte blanche au FBI pour faire sa guerre contre le terrorisme. Ce dernier a ratissé large et a du même coup violé les libertés civiles. Les communautés musulmanes américaines ont subi de plein fouet ces exactions dans le silence le plus abject. Peur, Colère et Politique raconte les dérapages de ces lois anti-terroristes aux États-Unis et met des visages sur l’islamophobie. Lors de cette présentation, je vais montrer des extraits de ce documentaire qui lève le voile sur les dommages collatéraux des lois antiterroristes aux États- Unis. Ce film d’investigation dénonce aussi des groupes qui ont profité de l’après 11 septembre pour mousser l’islamophobie dans le but de faire avancer l’agenda politique de la droite américaine. Ici, au Québec, les débats sur les accommodements raisonnables et, plus récemment, le débat sur la Charte des valeurs québécoises ont plus particulièrement ciblé les communautés musulmanes et surtout les femmes voilées. Quelques médias ont favorisé un discours islamophobe en donnant la parole à des «personnes» qui ont déversé leurs mépris envers les musulmans sans laisser place à la nuance. Cet amalgame musulmans-intégristes-terroristes a favorisé un climat de peur des musulmans au Québec. Au Canada, en cette année d’élection, le

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premier ministre Harper semble vouloir surfer sur la vague de la peur des musulmans en proposant sa loi C-51. La guerre contre le terrorisme est une carte gagnante qui fait grimper les sondages du premier ministre; bien plus que l’économie ou la santé. Une étude canadienne révèle que 54 % des Canadiens sont pour le renforcement des lois et la restriction des libertés individuelles dans la guerre contre le terrorisme. Comment se battre contre la radicalisation sans favoriser l’islamophobie et sans limiter les libertés individuelles ? Les États-Unis ont commis beaucoup d’erreurs avec leur Patriot Act. Est- ce que le Canada s’aligne pour refaire les mêmes erreurs ? Comment éviter les injustices de l’islamophobie et la diabolisation des femmes voilées tout en menant une guerre efficace contre le terrorisme ? Comment éviter que des musulmans radicaux ne profitent de cette vague d’islamophobie pour cultiver le sentiment de haine envers la société d’accueil et les empêcher d’endoctriner nos jeunes ? Ma présentation vise à démontrer que miser sur les lois anti-terroristes et diminuer nos droits et libertés individuelles n’ont pas fait leurs preuves selon les experts. Aujourd’hui, les jeunes de ISIS sont Canadiens, Américains, Norvégiens, Français... ils peuvent voy-

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ager partout. • L’islamophobie entre complexe colonial et ethnicisation des enjeux sociaux. Par Vincent Romani, Professeur régulier, Département de science politique, UQAM Le propos montrera la série d’occultations qui permettent de produire l’islamophobie, de la justifier et de la nier. L’hypothèse générale est d’admettre l’autonomie de la dynamique islamophobe, en la reliant toutefois à des processus et stratégies qui permettent de culturaliser les questions sociales au Québec et ailleurs. Construire un « problème musulman » passe notamment par l’activation constante du fantasme contrarié de la domination blanche ; par l’occultation des rapports sociaux concrets de genre, de classe, d’ethnie ; et par la naturalisation de la frontière partout fluctuante et poreuse entre religieux et politique. La rencontre, organisée par le CRIEC (Université du Québec à Montréal) se tiendra à l’Hôtel Gouverneur (Place Dupuis, 6e étage, Salle Sherbrooke 1-2, 1415 Rue St-Hubert, Montréal,QC H2L 3Y9); les inscriptions, gratuites, sont obligatoires, à l’adresse : criec2@uqam. ca


Idées

À l’initiative du Bloc québécois

Un rassemblement interculturel et souverainiste

Le chef du Bloc québécois, Mario Beaulieu, annonce que sa formation prépare un grand rassemblement interculturel pour l’indépendance.

En entrevue à La Presse canadienne, M. Beaulieu explique que le Bloc veut ainsi démontrer qu’un grand nombre de personnes issues de l’immigration sont favorables à la souveraineté du Québec. Pierre Karl Péladeau a affirmé la semaine dernière que l’immigration représentait une menace pour le projet souverainiste. Le député péquiste de Saint-Jérôme et candidat à la direction du PQ a par la suite présenté ses excuses, soutenant que ses propos avaient été inappropriés et ne reflétaient pas sa pensée. L’affaire de tous Sans commenter directement les propos de M. Péladeau, Mario Beaulieu estime qu’il « faut aller au-devant » de tous les Québécois, et ce, de toutes origines, pour les convaincre des bienfaits de l’indépendance. Il précise que la question nationale est « l’affaire de tous les Québécois, sans exception ». Le chef bloquiste rappelle que son leitmotiv est « parler, sortir et convaincre ».

M Mario Beaulieu

Mario Beaulieu déclare par ailleurs que les nouveaux arrivants « davantage francisés » ont un comportement électoral similaire à l’ensemble des Québécois francophones, alors que les immigrants « davantage anglicisés » ont un comportement électoral inverse.

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Le chef bloquiste considère enfin qu’il devrait appartenir au Québec de décider de ses politiques d’immigration et de son modèle d’intégration des nouveaux arrivants

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Perspectives

Projet de loi C-51

Voie ouvertes vers des méthodes ultra sécuritaires controversées?

Les déportations et détentions secrètes pratiquées par la CIA pourraient devenir une réalité toute canadienne si le projet de loi antiterroriste du gouvernement conservateur est adopté tel quel. C’est du moins ce que conclut un avocat spécialisé dans les causes de nature sécuritaire à la lecture du nouveau pouvoir de « perturbation » accordé au service d’espionnage canadien. « Ces pouvoirs n’ont pas vraiment de limites, a expliqué Paul Champ en comité parlementaire. Cela peut inclure la détention, des lieux secrets de détention comme la CIA en avait». Dans la foulée des attentats terroristes de 2001, la CIA a développé un système par lequel des gens soupçonnés de terrorisme, mais contre qui aucune accusation n’était déposée, étaient arrêtés secrètement et déportés vers des prisons secrètes à l’étranger pour y être interrogés, parfois sous la torture. Cinquante-quatre pays ont été complices de ces transferts arbitraires (extraordinary rendition). Le Canadien Maher Arar a goûté à cette médecine. M. Champ base son propos sur le pouvoir accordé au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) d’infiltrer les activités de personnes surveillées pour les faire dérailler. Moyennant l’aval d’un juge, ces moyens pourront être contraires aux lois. Brûler des granges ? Voler de la dynamite ? Une seule limite est précisée dans le projet de loi : il ne faut pas causer de lésions corporelles, la mort ou porter atteinte à l’intégrité sexuelle d’un individu. Quand le député conservateur LaVar Payne a ricané à la suggestion de M. Champ, celui-ci a répliqué du tac au tac : « Si ce n’est pas l’intention, écrivez-le dans le projet de loi». En soirée, Craig Forcese, un des meilleurs experts au Canada en matière de

loi sur la sécurité, a tiré la même conclusion que M. Champ. « On ne peut pas courir le risque d’un système parallèle de détention géré par une agence clandestine qui s’en prendrait à des gens qui n’ont commis aucun crime. »

Peu d’appuis Paul Champ faisait partie de la première fournée de six témoins - outre les ministres entendus- convoqués pour l’étude du projet de loi antiterroriste C-51. Celui-ci n’a pas récolté beaucoup d’appuis. Même les deux témoins qui devaient en théorie être favorables aux conservateurs ont mis en lumière d’importantes lacunes. C’est le cas de Ronald Atkey, un ancien M Steven Blaney ministre progressiste-conservaactivités de perturbation ou à l’échelle teur sous Joe Clark et le preinternationale tout en figeant le chien mier président en 1984 du Comité de de garde dans le passé. » Ce besoin de surveillance des activités de renseiplus de surveillance du SCRS était gnement de sécurité (le CSARS, partagé par l’autre témoin censé être organisme indépendant qui surveille favorable aux conservateurs, le proaprès coup le SCRS). fesseur de l’Université de Calgary Barry Cooper. M. Atkey a dénoncé la dilution, contenue dans C-51, des critères pour Le NPD s’est régalé de cette absence déterminer qu’une publication cond’appui pour les conservateurs. « La stitue de la propagande terroriste illéchose la plus intéressante ce matin gale. Il s’en est surtout pris au pou[jeudi] est que les six témoins, voir de perturbation du SCRS. Il proindépendamment de qui les a invités, pose de l’encadrer en instaurant un demandent que le projet de loi soit mécanisme d’« avocats spéciaux » qui, comme dans le cas des certificats rejeté ou que des amendements substantiels y soient apportés », a soude sécurité, pourraient voir la preuve secrète ayant justifié les activités de « ligné Randall Garrison. perturbation » afin de défendre les Désobéissance civile personnes qui en ont fait l’objet. Greenpeace, l’Assemblée des Premières Nations et l’Association M. Atkey estime aussi, comme tous des libertés civiles de Colombieles partis d’opposition et à peu près Britannique sont venues dire en tous les experts en la matière, que les mécanismes de surveillance du SCRS choeur que ce projet de loi, malgré les assurances données par le ministre de doivent être renforcés. « Il serait injuste d’étendre grandement les pou- la Sécurité publique, Steven Blaney, ciblerait les activistes s’adonnant à la voirs du SCRS d’entreprendre des

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désobéissance civile. Joanna Kerr, de Greenpeace, a rappelé que l’Agence du revenu du Canada s’était lancée dans une vaste traque contre les organismes de bienfaisance « qui ne sont pas d’accord avec les politiques du gouvernement ». Elle a rappelé un récent rapport de la Gendarmerie royale du Canada parlant de la montée dans le milieu environnementaliste d’une « frange extrémiste et violente pan-nationale opposée idéologiquement à l’industrie du pétrole ». « Le gouvernement dit que les vastes nouveaux pouvoirs du SCRS ne seront pas utilisés pour cibler ses opposants politiques. Si c’est vrai, en tant que législateurs, vous avez l’obligation d’écrire la loi de façon à ce qu’elle ne puisse en effet pas être utilisée à cette fin », a conclu Mme Kerr. Le chef autochtone Perry Bellegrade a promis que le projet de loi sera contesté devant les tribunaux s’il est adopté, au motif que les Premières Nations n’ont pas été consultées au préalable.


Points de vue

Rejeter la politique axée sur la peur

Par Justin Trudeau*

Le gouvernement conservateur fait de beaux discours sur la liberté, mais il ne joint pas l’action à la parole. Son instinct le pousse maintenant à se méfier des gens qui n’ont pas les mêmes croyances pour faire ressortir les divisions avec ceux dont le point de vue est différent du sien. Ce n’est là que le résultat de la politique de Stephen Harper axée sur la peur et la division. Les conservateurs ont accusé deux dirigeants du NPD de sympathiser avec des terroristes, qualifié d’antisémite l’activiste en droits de la personne et ancien ministre de la Justice Irwin Cotler, et déclaré ce qui suit : « vous êtes soit avec nous, soit avec les pornographes infantiles ». Un tel discours peut fonctionner en votre faveur politiquement à court terme, mais avec le temps, cela devient destructeur. Il engendre l’anxiété et fomente la peur. Ce n’est pas ainsi que nous agissons au Canada. Bien que notre histoire soit émaillée de périodes sombres, comme l’internement

d’Ukrainiens et de Canadiens d’origine japonaise ou italienne pendant la Première et la Seconde Guerres mondiales, nous comptons des millions d’autres moments plus prometteurs et favorables — comme le chemin de fer clandestin ou la Loi sur le multiculturalisme — qui nous définissent en tant que pays.

Contrairement à bien d’autres, nous avons bâti notre pays sur des valeurs communes et notre valeur intrinsèque est profondément ancrée dans l’idée que les Canadiens se font de la liberté, et elle fait partie intégrante de nos institutions pubM Justin Trudeau liques. Qu’il s’agisse de la protection des deux langues officielles ou Nous avons récemment entendu notre de l’accueil des réfugiés fuyant la perpremier ministre dire aux femmes ce sécution, il faut rendre hommage au qu’elles peuvent et ne peuvent pas porcaractère inclusif de la société canater sur leur tête lors de cérémonies pubdienne. liques. Il ne devrait pas se mêler de cela. Qu’est-il advenu du fait de pouDans ce pays, nous savons que les gens voir être en désaccord avec les choix sont définis à la fois par les points qui d’autrui, mais de défendre le droit de les unissent et les distinguent les uns choisir? des autres. Le premier ministre ne devrait jamais En dépit de ces traditions, il faudra un estomper la distinction entre une menréel leadership politique pour garantir ace authentique pour la sécurité et le les libertés au Canada. simple préjudice. La peur est un sentiment dangereux.

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Une fois officialisée par un gouvernement, elle n’a plus de limites. Nous devons rejeter la politique axée sur la peur prônée par M. Harper. Le Canada est un pays qui est fort non pas en dépit de ses différences, mais grâce à celles-ci. Nos leaders doivent chercher à unir les Canadiennes et les Canadiens, et non pas à les dresser les uns contre les autres. *Chef du Parti libéral du Canada


Économie & Finances

Budget du Québec

Attentes et supputations… Les petites et moyennes entreprises (PME) demandent au gouvernement libéral de ne pas se laisser distraire par les « discours alarmistes sur l'austérité » et de garder le cap sur l'équilibre budgétaire. La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) a ainsi accentué la pression sur le gouvernement à quelques jours du dépôt du budget du ministre des Finances, Carlos Leitao, en principe le premier budget équilibré depuis 2008.

propres choix comme chefs d'entreprises'' », a dit Mme Hébert.

L’opposition craint des coupes « sévères » Sur le plan politique, l'opposition péquiste demande au ministre Leitao d'assortir son budget d'un plan solide de relance pour doper la croissance économique.

L'organisme a à cette fin remis au premier ministre Philippe Couillard près de 7500 lettres signées par autant de propriétaires de PME exhortant le gouvernement à ne pas dévier de sa route vers l'équilibre budgétaire.

Le porte-parole du Parti québécois en matière de finances, Nicolas Marceau, estime que l'année budgétaire à venir, celle du retour à l'équilibre budgétaire, sera marquée par des coupes « sévères » dans les services publics.

En point de presse, la vice-présidente principale de la FCEI, Martine Hébert, a soutenu que le Québec ne pouvait plus se permettre de vivre au-dessus de ses moyens.

Avec un taux de croissance des dépenses à 0,7 %, le gouvernement n'aura d'autre choix que de sabrer encore davantage en santé et en éducation, selon lui.

En outre, les PME invitent Québec à ne pas céder aux exigences des syndicats du secteur public qui réclament des hausses salariales de 13,5 % sur trois ans, soit 4,5 % par année.

Le député de Rousseau redoute aussi que le gouvernement libéral utilise le récent rapport Godbout sur la fiscalité comme prétexte pour augmenter la TVQ, une option à laquelle s'oppose catégoriquement le PQ.

La FCEI demande cependant au ministre Leitao d'alléger le fardeau fiscal des PME en échange d'un « grand ménage » dans la liste des crédits d'impôt et des programmes de subvention aux entreprises.

De plus, M. Marceau s'inquiète de l'utilisation que fera le gouvernement des « réserves » de 881 millions $ pour l'année 2015-2016 et de 1,4 milliard $ pour l'année suivante qu'il a engrangées.

« Plutôt que ce soit le gouvernement qui nous dicte, à travers des mesures ciblées comme des crédits d'impôt et des subventions, là où on devrait investir, (on dit) : ''donnez-nous la marge de manœuvre fiscale nécessaire pour que nous soyons en mesure de faire nos

La CAQ veut relancer le secteur manufacturier De son côté, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, a reproché au gouvernement libéral d'avoir poursuivi son objectif de retour à l'équilibre budgétaire « sur le dos de la classe moy-

M Carlos Leïtao enne en reniant des promesses concernant les augmentations de taxe municipale, taxe scolaire, tarif de garderie (et) tarif d'électricité ». M. Legault souhaite que le ministre Leitao fasse maintenant preuve « d'ambition » et qu'il profite de la baisse du dollar canadien pour adopter des mesures de relance du secteur manufacturier. La recette gagnante de Québec solidaire Chez Québec solidaire, les priorités sont entendues : le gouvernement libéral doit enfin se préoccuper des populations les plus vulnérables. L'achat groupé de médicaments par l'État et un retour de la taxe sur le capital des institutions financières et des banques dégageraient une marge de manœuvre de plus de 2 milliards $ par année, selon Françoise David

Réforme de la fiscalité

Hausser la TVQ et réduire les impôts recommande le Rapport Godbout Le budget de M. Leïtao donnera, à coup sûr, des indications précieuses sur les prochaines initiatives du gouvernement en matière d’assainissement des finances de l’État, de rationalisation des dépenses et de développement des ressources. Mais des signes de piste ont été fournis, déjà, par le Rapport Godbout, résultat des travaux de La Commission d'examen sur la fiscalité québécoise, déposé lui aussi, à la veille de la présentation de la Loi de Finances. Dans son volumineux rapport de six volumes tel que rendu public, la Commission présidée par le fiscaliste Luc Godbout suggère de faire passer à 11 % le taux de la TVQ - qui frôle les 10 % à l'heure actuelle - et le taux de la taxe sur les primes d'assurance. Elle recommande une augmentation du prix de l'électricité patrimoniale de même que la création d'une nouvelle taxe à la surconsommation d'électricité pour le secteur domestique. 71 recommandations Parmi ses 71 recommandations, le rapport propose d'abolir la « détaxation » des livres de la TVQ et d'allouer les sommes prélevées à l'industrie du livre et à sa promotion.

Les fumeurs seraient de nouveau mis à contribution tout comme les automobilistes avec l'augmentation graduelle sur cinq ans des taux sur les produits du tabac, l'alcool et les carburants.

En contrepartie, le rapport préconise une « réforme majeure du système fiscal » avec la réduction sur une base annuelle de l'impôt sur le revenu des particuliers de près de 4,4 milliards de dollars, une baisse de l'impôt sur le revenu des sociétés de 1,1 milliard de dollars et la diminution de la taxe sur la masse salariale d'environ 400 millions de dollars. Pour les particuliers, la Commission plaide pour l'élimination de la taxe santé, une majoration du montant personnel de base et une baisse généralisée de l'impôt jumelée à un barème plus progressif. Le réaménagement, souligne le rapport, profiterait surtout aux contribuables de la classe moyenne dont les revenus varient entre 40 000 $ et 100 000 $. «Bouclier fiscal» Pour accroître l'incitation au travail, la Commission Godbout croit nécessaire de mettre en place un « bouclier fiscal » pour mettre à l'abri d'une « forte hausse de leur fardeau fiscal » les

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ménages qui parviennent à augmenter leur revenu de travail. De fait, des ménages se retrouvent privés de certains crédits d'impôt parce qu'ils ont augmenté leur revenu. Le « bouclier » permettrait à ces ménages de conserver en partie les avantages fiscaux. Les travailleurs âgés sont aussi dans la mire : le rapport suggère au gouvernement du Québec d'offrir une « prime aux travailleurs d'expérience » pour favoriser le maintien ou le retour sur le marché du travail des travailleurs approchant la retraite. En ce qui concerne les entreprises et les sociétés, la Commission recommande la réduction du taux général d'imposition et dans le cas des PME, la création d'une prime à la croissance. Elle propose aussi l'abaissement de la taxe sur la masse salariale dont le seuil, pour l'ensemble des PME et non pas uniquement celles du secteur manufacturier, passerait de 2,7 à 1,6 %. Le grande ménage fiscal recommandé par la Commission entraînerait, d'après les auteurs du rapport, une augmentation de 2 milliards de dollars du PIB du Québec et de près de 600 millions de

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dollars du revenu personnel disponible. Le rapport évoque la création de 20 000 emplois à terme. Création de richesse Selon la Commission, la réforme aurait un effet « significatif sur la création de richesse » tout en étant à coût nul pour les contribuables et neutre pour les finances publiques. Le groupe de travail de M. Godbout s'inquiète de l'érosion de l'assiette fiscale et souhaite que le gouvernement intensifie sa lutte contre l'évasion fiscale tant par les entreprises que par les particuliers. La Commission recommande en outre que le Québec établisse « un centre de savoir-faire » concernant l'évasion fiscale, l'évitement fiscal et les « planifications fiscales agressives » sur le plan international. Le rapport juge aussi qu'il y a « urgence d'agir » pour colmater les brèches ouvertes par la croissance du commerce électronique. Pour s'assurer que la taxe de vente n'échappe pas au fisc, la Commission est d'avis qu'Ottawa devrait prélever la TVQ, au nom du Québec, auprès des entreprises canadiennes situées à l'extérieur du Québec.


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Économie & Finances

Les Villes se portent bien… 96 % des 1131 municipalités du Québec avaient un excédent budgétaire en 2013

Selon les états financiers remis au ministère des Affaires municipales, 96 % des 1131 municipalités de la province avaient un excédent budgétaire en 2013. Elles ont affiché des surplus totalisant 1,262 milliard de dollars, en baisse de 5 % par rapport à l'année précédente. Pour Vincent Morin, professeur de finance à l'Université du Québec à Chicoutimi, les municipalités n'ont pas le choix : elles doivent avoir une marge de manoeuvre pour faire face aux imprévus. « C'est sûr que pour eux, c'est important d'avoir des coussins de sécurité. Ils vont essayer de se garder des marges de manoeuvre, puis ces marges de manoeuvre peuvent s'accumuler sur quelques années, alors les petits surplus finissent par devenir des gros surplus. » La présidente de l'Union des municipalités du Québec (UMQ), Suzanne Roy, affirme quel les événements survenus au cours des derniers mois à Longueuil prouvent l'importance pour les villes d'avoir des surplus. « Je pense que la Ville de Longueuil, malgré elle, nous a donné plusieurs exemples de ce à quoi peuvent servir les surplus lorsqu'elle a eu la crise de l'eau potable et qu'elle s'est retrouvée d'un coup avec de grandes dépenses non prévues au budget. La Ville a aussi eu des déboursés à faire lorsqu'une passerelle piétonnière est tombée ».

2013. Ses surplus sont de 117,1 millions de dollars, en hausse de 8 % par rapport à l'année précédente. La Ville de Gatineau a également affiché d'importants surplus, totalisant 56,9 millions de dollars.

Selon la présidente de l'UMQ, Suzanne Roy, il s'agit d'un signe que les marges de manoeuvre des municipalités diminuent.

44 municipalités déficitaires Malgré le fait qu'elles soient dans l'obligation de présenter des budgets équilibrés, 44 municipalités ont affiché un déficit totalisant 13,3 millions de dollars en 2013. Quatre municipalités n'avaient ni excédents ni déficits d'accumulés.

Laval en tête du palmarès Laval demeure la championne des surplus. Elle est la Ville qui a enregistré les excédents budgétaires les plus élevés en

« Globalement, dans l'ensemble des municipalités au Québec, on trouve des surplus qui équivalent à peu près à un mois de fonctionnement des municipali-

En novembre 2014, le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, critiquait publiquement la décision de Laval et de Longueuil d'augmenter leur impôt

Le maire de Laval, Marc Demers, se défend de rouler sur l'or, lui qui a augmenté les impôts fonciers de ses citoyens et qui a été critiqué par le ministre Pierre Moreau. « On a 117 millions de liquidités, mais au niveau des infrastructures nous avons quelques années de retard qui va faire que la liquidité dont nous disposons ne sera pas suffisante pour mettre à niveau, et ce qui m'agace, c'est que le ministre ait l'impression que Laval roule sur l'or, alors que ce n'est pas le cas. » Les données du ministère des Affaires municipales indiquent également que plusieurs municipalités ont vu le montant de leurs surplus accumulés fondre en 2013. Plus des deux tiers des 20 municipalités qui affichaient les plus importants excédents accumulés en 2012 ont vu leur excédent fondre en 2013, notamment Montréal (-77 %), Brossard (-66 %), Dorval (-63 %), Vaudreuil-Dorion (-59 %) et Longueuil (-57 %).

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tés. Dans le meilleur des mondes, on devrait avoir deux mois en surplus budgétaires », soutient la présidente de l'UMQ.

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foncier. « Nous avons demandé aux municipalités de participer à l'effort de redressement des finances publiques sans augmenter le fardeau fiscal de leurs citoyens en comprimant leurs dépenses et en utilisant leurs surplus, ce que, clairement, les maires de Longueuil et de Laval peuvent faire. Ils ont choisi de faire autrement », disait-il. Or, Laval affichait toujours fin 2013 l'excédent accumulé le plus élevé au Québec, tandis que Longueuil voyait le sien fondre de plus de la moitié. Une rencontre doit avoir lieu dans deux semaines entre le maire de Laval et le ministre des Affaires municipales.


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Impôts

Comment remplir votre déclaration vous-mêmes sans trop d’erreurs ou d’omissions Si vous décidez de ne pas faire appel à un expert en la matière et d’établir vous-même votre déclaration fiscale annuelle faites-le bien. Et pour bien faire, lisez et observer les quelques conseils ci-après qui portent sur les rubriques les plus fréquemment rencontrées. Ainsi pourriez-vous éviter, comme cela est plutôt courant, de commettre quelques erreurs qui peuvent s’avérer coûteuses et qui au lieu de vous faire économiser quelques dizaines de dollars, pourraient vous en coûter quelques centaines. Bien se documenter Peu importe le crédit ou la déduction que l'on veut demander, le fait de bien classer et conserver sa documentation peut grandement faciliter le fait de prouver que ces demandes sont justifiées. Un dossier bien documenté peut éviter bien des problèmes lorsqu'il s'agit d'établir les éléments admissibles Ne pas produire en retard La plupart des gens ne sont pas sans savoir que les déclarations de revenus doivent habituellement être produites avant minuit le 30 avril. Il est cependant important de savoir que le fait de produire après cette date peut avoir des impacts financiers assez importants. En effet, si une personne doit payer de l'impôt et que celle-ci produit sa déclaration, ne serait-ce que quelques heures après la date limite, elle s'expose à devoir payer une pénalité équivalente à 5% des sommes impayées. En d'autres mots, si une personne ne peut, pour une raison ou une autre, payer le solde dû, elle devrait quand même produire sa déclaration de revenus selon les délais. Ce faisant, seuls les intérêts périodiques seraient exigibles. Maximiser la valeur d'une déduction Étant donné la présence des paliers d'imposition dans le paysage fiscal canadien et québécois, il ne faut jamais perdre de vue que plus les revenus d'un contribuable sont élevés, plus le taux d'imposition qui lui est applicable sera élevé. Si cela vaut pour les revenus, le même principe s'applique également pour les déductions. Ainsi, il est toujours préférable de faire en sorte d'appliquer les déductions discrétionnaires comme les REER par exemple, dans le dossier du conjoint ayant le revenu le plus élevé. Par exemple, si un couple dont les conjoints gagnent

respectivement 80 000$ et 30 000$ veulent cotiser une somme globale de 5 000$ à leurs REER, il sera plus payant que ce soit le premier conjoint qui cotise à son régime. Frais médicaux: choisir sa propre période de référence Contrairement à la plupart des crédits d'impôt dont l'application se fait sur une base d'année civile, il en va de façon un peu différente pour le crédit pour frais médicaux. En effet, puisque ce crédit ne s'applique que sur les montants admissibles qui dépassent le seuil de l'année en cours, il pourrait arriver qu'un contribuable n'ait droit à aucun crédit car ses frais médicaux de l'année ne sont pas assez élevés. Ce dernier pourrait donc lui-même choisir une période de référence de douze mois qui se termine au cours de l'année. Cette façon de faire peut entre autres être rentable si de nombreux frais médicaux ont été payés sur une courte période qui chevauche un 31 décembre. Utiliser le fractionnement de revenus Les lois fiscales font en sorte, à cause de la présence des paliers d'imposition, qu'un couple ayant un seul revenu de 80 000$ payera beaucoup plus d'impôts qu'un couple dont les deux membres gagnent chacun 40 000$. Sachant cela, il est toujours préférable, dans la mesure du possible, de tenter d'équilibrer les deux revenus. Si certains y parviennent en utilisant leurs revenus d'entreprises, les retraités peuvent également le faire de façon assez simple en fractionnant leurs revenus de pension. Ce simple choix annuel peut donner lieu à des économies extrêmement importantes. Vérifier si son déménagement est admissible Chaque année, spécialement aux alentours du 1er juillet, de nombreux Québécois changent d'adresse. Même si dans la plupart des cas, ces déménagements ne sont pas admissibles d'un point de vue fiscal, il pourrait en être autrement lorsqu'un contribuable déménage afin d'exploiter une entreprise, d'occuper un emploi ou encore de poursuivre ses études, en plus de se rapprocher d'au moins 40 kilomètres du lieu de cette nouvelle activité. Lorsque quelqu'un se qualifie, de nom-

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breuses dépenses peuvent ainsi être admissibles en déduction, que ce soit les frais de déménageurs, les frais d'agent d'immeuble à la vente de l'ancienne résidence ou encore les droits de mutation sur la nouvelle maison, pour ne nommer que ceux-là. Ne pas sous-estimer un avantage fiscal Même si pour bien de gens, les CÉLI ne sont pas une panacée, il faut tout de même rendre à César ce qui lui appartient. Ainsi, tous les contribuables qui étaient âgés de 18 ans et plus au début de l'année 2009 ont maintenant cumulé des droits de cotisation CÉLI de 31 000 $ (moins ce qu'ils ont réellement cotisé entre temps). Une personne qui aurait eu la chance de pouvoir cotiser au maximum durant toutes ces années éviterait donc de s'imposer sur une somme de 620$ en 2014, si ces sommes étaient placées à 2% d'intérêt. Si le contribuable en question est imposé à 45%, on parle ici d'une économie de 280$. Pourquoi payer ces impôts si vous n'y êtes pas forcés? Garde d’enfant Le gouvernement fédéral permet qu'une personne monoparentale qui a la garde d'un enfant pour lequel il ne paie pas de pension alimentaire puisse désigner cette personne comme étant un équivalent de conjoint. En agissant de la sorte, le contribuable pourra doubler son crédit d'impôt de base si l'enfant en question n'a aucun revenu. Selon les montants établis pour 2014, ce seul élément pourrait permettre de réduire l'impôt à payer de 1 640$. Travailleurs autonomes et entrepre-

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neurs Les travailleurs autonomes et autres entrepreneurs savent généralement qu'ils ont jusqu'au 15 juin pour produire leur déclaration de revenus de l'année précédente. Il ne faut toutefois jamais perdre de vue que dans tous les cas, les soldes dus doivent être payés en date du 30 avril afin d'éviter des intérêts. Les contribuables dans ces circonstances devraient donc estimer la charge à payer et régler le tout avant le 1er mai. Dans le cas des déclarations qui seraient produites après le 15 juin, celles-ci seraient sujettes aux mêmes pénalités et intérêts que dans le cas des salariés. Vente d'une résidence On entend souvent la phrase suivante : il n'y a pas de gain en capital sur la vente d'une résidence personnelle ». Même si le résultat est souvent le même, cette affirmation n'est pas totalement vraie. Il faut effectivement calculer un gain en capital lors de la disposition d'une résidence. Les lois fiscales permettent toutefois de demander une exemption pour résidence principale lorsque les critères sont respectés. Les véritables questions se posent lorsqu'un contribuable est propriétaire de plus d'une résidence admissible (une maison et un chalet par exemple). Dans cette situation, quelques calculs devraient être faits afin de rentabiliser cette exemption. Dans tous les cas cependant, il est préférable de déclarer la vente en question dans sa déclaration de revenus, même si le résultat final est nul.


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Affaires

Contrats publics

Québec résolu à faire le ménage

Québec est résolu à faire place nette dans ce que d'aucuns ont appelé le « fiasco des contrats informatiques ». Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, qui se dit « interpellé » par les huit arrestations récemment effectuées par l'UPAC, n'a pas ménagé ses formules, affirmant qu'il allait « prendre le taureau par les cornes » et « faire le ménage ».

Deux étapes Le gouvernement de Philippe Couillard pose deux gestes : d'abord il confie à la vérificatrice générale du Québec, Guylaine Leclerc, le mandat d'examiner les contrats pour lesquels les prévenus du secteur privé, mis en état d’arrestation, font face à des accusations de fraude, de complot pour fraude et d'abus de confiance. La vérificatrice générale devra vérifier si les contrats en question ont été octroyés de manière conforme. Mme Leclerc examinera non seulement les contrats en cours mais aussi ceux des trois dernières années. Ensuite le gouvernement confie à l'Unité permanente anticorruption (UPAC) le mandat de « formuler au gouvernement des recommandations pour lutter encore plus efficacement contre les pratiques illégales rencontrées dans l'octroi et la gestion des contrats informatiques du secteur public. Le commissaire à l'UPAC devrait formuler ses recommandations au gouvernement d'ici le 30 juin ». Pour Martin Coiteux, les arrestations des derniers jours soulèvent « des questions importantes » notamment quant à l'éthique des employés ou des entreprises qui font affaires avec le gouvernement et, de façon plus générale, sur « l'application des règles de la loi sur les contrats d'organismes publics ». Rappels de faits Rappelons les faits : L'UPAC a arrêté le 11 mars dernier sept personnes soupçonnées d'avoir trempé dans un stratagème visant à favoriser un consortium dans l'obtention d'un contrat informatique de

24 millions de dollars accordé par Revenu Québec. Ces sept personnes feront face à des accusations de fraude, de complot pour fraude et d'abus de confiance.

Un autre suspect dans cette affaire, Daniel Létourneau, a également été arrêté. Il fera aussi face à des accusations de fraude, de complot pour fraude et d'abus de confiance. Les arrestations ont eu lieu dans la région de Québec, ainsi que dans la grande région montréalaise. Les faits qui sont reprochés aux suspects se seraient produits de mars 2011 à juin 2014. À la lumière de nouvelles informations, Martin Coiteux a été en mesure de dire que les prévenus avaient été impliqués dans 11 contrats totalisant 34 millions de dollars. Outre les mandats confiés à la vérificatrice générale et à l'UPAC, Martin Coiteux, qui est aussi ministre responsable de l'Administration gouvernementale, affirme avoir dès le 11 mars demandé à l'Autorité des marchés financiers de procéder à une réévaluation des dossiers des entreprises qui auraient reçu de l'information stratégique de la part des prévenus, soit un consortium formé des fournisseurs informatiques EBR et IBM. Le consortium aurait utilisé ces informations pour élaborer leur appel d'offres, afin de s'assurer d'obtenir le contrat de Revenu Québec. « Aujourd'hui même, l'AMF a annoncé qu'elle retirait son autorisation de contracter à la firme EBR », a annoncé Martin Coiteux. Un inventaire des contrats en cours Le jour des sept premières arrestations, le ministre Coiteux a demandé au soussecrétariat des marchés publics de faire l'inventaire auprès des ministères et des organismes des contrats en cours, de même que ceux des trois dernières années, qui impliquent les prévenus. Pour les contrats en cours, les informations ont été transmises à l'UPAC. En ce qui concerne les trois années antérieures,

le travail de recensement est toujours en cours, a indiqué Martin Coiteux. Au Québec, la valeur annuelle des contrats en technologies de l'information (TI) du secteur public représente quelque 1,2 milliard de dollars. Martin Coiteux rappelle que le Centre de services partagés du Québec (CSPQ) « est le plus grand donneur d'ouvrage en technologie de l'information du gouvernement du Québec ». Le 10 décembre dernier, le gouvernement du Québec a nommé Denis Jean à titre de PDG du CSPQ. En février dernier, un collectif composé de groupes tels que la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), la Coalition des tables régionales d'organismes communautaires (CTROC) et la Fédération interprofessionnelle de la santé au Québec (FIQ) avaient montré du doigt « certains stratagèmes collusoires » qui ont fait l'objet d'enquêtes par l'UPAC et qui « prouvent que la collusion fait bel et bien partie du problème informatique au gouvernement du Québec ». Ces problèmes récurrents coûtent cher au gouvernement, soutenait la coalition. Et, puisque Québec procède à l'exercice d'austérité devant mener à l'équilibre

budgétaire, il s'avère essentiel de mettre un terme aux « fiascos informatiques ». Le collectif dénonçait notamment le recours à la sous-traitance pour des travaux récurrents en informatique, comme le soutien aux usagers, par exemple. Une nouvelle stratégie informatique en chantier Or le ministre Coiteux dit maintenant s'attaquer à ce problème. Martin Coiteux a aussi expliqué que le gouvernement procédait à un audit du projet SAGIR (Solutions d'affaires en gestion intégrée des ressources). La vérification porte sur « une douzaine de contrats informatiques qui totalisent 100 millions de dollars », a précisé le ministre. En mars 2014, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, avait qualifié la gestion des projets en technologie de l'information de source « intarissable d'histoire d'horreur et de gaspillage » M. Legault avait donné en exemple le programme SAGIR, dont le coût serait passé de 83 millions de dollars à 1 milliard en seulement quelques années. D'ici la fin de juin, le gouvernement Couillard annoncera une stratégie gouvernementale en matière de technologies de l'information

Transport illégal

Des chauffeurs Uber plaident coupables … à Toronto

Pour la première fois depuis l'arrivée de la compagnie Uber à Ottawa, trois chauffeurs ont plaidé coupables, jeudi 19 mars 2015, pour avoir contrevenu au règlement sur le taxi de la Ville d'Ottawa. Les trois chauffeurs en question, qui

officient au sein du service de covoiturage commercial Uber, sont les premiers à avoir reçu des contraventions et à se présenter à la cour municipale. Deux des trois chauffeurs d'Uber ont écopé d'amendes totalisant 875 $ chacun. Le troisième devra s'acquitter d'un

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montant de 600 $. La comparution de sept autres chauffeurs, qui était prévue jeudi, a été reportée au 26 mars. Le syndicat des chauffeurs de taxi, qui conteste l'arrivée d'Uber, se dit encoura-

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gé par ces déclarations de culpabilité. Mais il considère néanmoins que les amendes ne sont pas assez élevées. Au total, 50 contraventions ont été émises depuis l'automne, contre 24 chauffeurs d'Uber à Ottawa.


Entreprises

Prix Desjardins Entrepreneurs

Une 10ème édition prometteuse

La période des candidatures aux Prix Desjardins Entrepreneurs 2015, ouverte le 2 février sera close le 30 mars 2015. Cette 10ème édition propose de distinguer des entreprises évoluant dans les 10 catégories suivantes : - Innovation et productivité, - Transfert d’entreprise, - Jeunes entrepreneurs, - Entreprises agricole, - Commerce international, - Développement durable, - Coopératives, - Femmes d’influence, - Fonds coopératif d’aide à la relève agricole, - Immobilier.

Mettre des parcours entrepreneuriaux en lumière L’édition 2014 a été un vif succès et, cette année encore, des gagnants régionaux seront sélectionnés pour les secteurs Est du Québec, Centre du Québec et Ouest du Québec/Ontario. Ceux-ci recevront la visite d’une équipe de tournage dans leur entreprise afin de réaliser une vidéo mettant en valeur les réalisations exceptionnelles à l’origine de leur nomination pour ces prix prestigieux. Une excellente occasion de donner de la visibilité à votre entreprise et

de constater tout votre parcours entrepreneurial!

En plus de la visibilité offerte sur le Web et sur de nombreuses publicités imprimées notamment dans le journal Les Affaires, les gagnants régionaux seront invités, le 14 octobre 2015, à un gala où le gagnant national de chaque catégorie sera couronné. Pourquoi participer? Une nomination aux Prix Desjardins Entrepreneurs est une excellente occasion : - d'augmenter la notoriété et la crédibilité de votre entreprise auprès du public, de votre marché cible et du milieu des affaires en général - de favoriser le développement des affaires de votre entreprise - de valoriser votre entreprise et vos employés, et de contribuer à la mobilisation de ceux-ci - de démarquer votre entreprise comme employeur dynamique et comme employeur de choix pour attirer et conserver la main-d'œuvre qualifiée et spécialisée - de bénéficier de nombreuses occasions d'affaires et de contacts intéressants - de réaliser une vidéo portant

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sur votre entreprise qui sera diffusée sur Desjardins.com, YouTube, Facebook, etc. - de jouir d'une tribune médiatique offerte gracieusement par le journal Les Affaires - et, certaines catégories en concours, de recevoir une bourse en argent. Processus de sélection Les Prix Desjardins Entrepreneurs sont attribués sur la recommandation d'un jury composé d'experts du Mouvement Desjardins et de représentants du monde des affaires et du milieu universitaire. Le jury choisit les gagnants régionaux et nationaux parmi les candidatures reçues sur la base des dossiers soumis et selon les critères spécifiques à chaque prix.

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Toutefois, si les candidatures reçues ne rencontrent pas les critères de sélection, le comité se réserve le droit de ne pas remettre de prix, et ce, pour toutes les catégories. Les Prix Desjardins Entrepreneurs sont ouverts aux membres et aux non-membres. Desjardins garantit la confidentialité des renseignements inscrits aux dossiers de candidature. Les renseignements transmis seront étudiés de façon confidentielle lors du processus d'évaluation. Aucun renseignement concernant les entreprises candidates ne sera divulgué sans le consentement préalable de ces dernières, et ce, ni pendant ni après le concours. Informations : http://www.desjardins. com/coopmoi


Emploi

Découverte : Le Chômage tue! 10 000 et 20 000 personnes par an en seraient victimes

Malgré le chômage de masse, la santé des chômeurs reste un "trou noir" de la connaissance scientifique. Mais même partielles, toutes les études convergent vers une réalité: le chômage tue. Partie émergée de l'iceberg, les suicides de chômeurs font régulièrement l'actualité. Entre 2008 et 2010, 584 suicides pourraient être attribués à la hausse du chômage, selon une étude de l'Institut français pour la santé et la recherche médicale (Inserm).Mais au-delà de ces actes exceptionnels, la réalité est encore plus glaçante.

Le chômage tuerait "entre 10 000 et 20 000 personnes par an", selon une estimation de Pierre Meneton (Inserm), auteur d'une étude sur la santé des chômeurs. Entre 1995 et 2007, le scientifique a suivi 6000 volontaires âgés de 35 à 64 ans pour observer les effets du chômage sur la santé cardiovasculaire et la mortalité globale. Les résultats ont été publiés en décembre dans la revue International Archives of Occupational and Environmental Health. Accidents cardiovasculaires et pathologies chroniques L'étude met en évidence une "surmortalité très importante" chez les chômeurs, presque trois fois supérieure à celle des non-chômeurs. Le chômage a notamment "des effets majeurs sur la survenue d'accidents cardiovasculaires et de pathologies chroniques". "Ces effets sont bien liés à la condition de chômeur, parce que les retraités ou les personnes volontairement inactives ne

sont pas touchées", précise le professeur Meneton.Les chômeurs ont des "comportements à risque", explique-t-il. En moyenne, "ils consomment plus d'alcool, moins de fruits et légumes, et ont un apport calorique (hors alcool) très significativement plus élevé que la moyenne". Mais ces résultats sont probablement "une sous-estimation de la réalité", de l'aveu même de son auteur.

Ils se basent en effet sur un échantillon de personnes plus favorisées que la moyenne et ne tiennent pas compte des effets de la crise économique. Aucune étude ne donne, pour l'heure, de vision plus précise de la situation. Très peu de données sur le sujet La santé des chômeurs est un "véritable 'trou noir' de la connaissance scientifique et médicale", déplore le psychiatre Michel Debout dans son livre intitulé Le traumatisme du chômage. "C'est vrai qu'en France, on a très peu de données", confirme Pierre Meneton. Paradoxal dans un pays qui connaît le chômage de masse depuis des décennies. Fin janvier, Pôle emploi recensait 3,7 millions de chômeurs en France, 5,5 millions en comptant ceux ayant une petite activité. "La santé des chômeurs semble n'intéresser personne", dénonce Michel Debout, "ni les professionnels de santé", "ni les chercheurs", "ni surtout les pou-

voirs publics, toutes sensibilités confondues".C'est une "problématique importante à nos yeux", dément le ministère du Travail, qui a récemment confié à l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) une mission "sur la prise en compte des problématiques de santé dans l'accompagnement des demandeurs d'emploi". Dans son plan de lutte contre le chômage de longue durée présenté début février, François Rebsamen prévoyait, en outre, de "renforcer la possibilité de déclencher un bilan de santé du demandeur d'emploi dans le cadre de son accompagnement" . Comment mieux soigner les chômeurs? Pour l'heure, le service public de l'emploi intègre peu les questions de santé, qui ne font l'objet, par exemple, d'aucun module spécifique dans la formation initiale des conseillers Pôle

Montréal: la crème des immigrants au chômage Le Québec doit absolument faciliter l’intégration au travail des immigrants s’il veut maintenir une croissance économique, plaide l’économiste et stratège en chef de la Banque Nationale, Stéfane Marion.

Invité à livrer ses prédictions pour 2015 devant le Cercle finance du Québec et l'Association des économistes québécois section capitale nationale, M. Marion s’est inquiété de la faiblesse de la croissance économique, avec un PIB nominal qu’il anticipe sous la barre des

2% cette année.

Il croit davantage à l’immigration qu’à l’augmentation de la productivité pour stimuler l’économie de la province. «Dans un contexte de vieillissement, les immigrants compteront pour 80% de l’augmentation de la population québécoise au cours des prochaines années», dit-il. Plus que toutes les autres provinces, Montréal a la chance d’accueillir des immigrants éduqués, car 60% d’entre eux possèdent un diplôme universitaire.

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Mais ce sont aussi les plus pauvres du pays car leur intégration sur le marché de l’emploi est difficile. Les statistiques suscitent la honte : un immigrant francophone a plus de chances de se trouver un emploi à Toronto qu’à Montréal! Le taux de chômage de ces immigrants de langue française atteint 27% à Montréal, tandis qu’il se situe à 14% dans la ville reine. «Il faut une politique modulée pour éviter de faire rentrer des gens ici pour les perdre ensuite, a fait valoir

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emploi. Mais ces derniers, "qui viennent souvent de la sphère sociale, portent une attention particulière aux questions sociales, notamment de santé", assure-ton chez l'opérateur public, qui dispose également de "procédures d'alerte, qui peuvent être activées quand un demandeur d'emploi menace de se suicider par exemple".Pour des cas moins graves, les conseillers peuvent aussi "les orienter vers les bilans de santé gratuits de la caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM)", proposés partout en France, indique Laurence Boulieu, conseillère dans le Val-d'Oise, qui est toutefois "rarement" confrontée à ce type de situations. Le psychiatre Michel Debout souhaite, lui, généraliser une "médecine préventive des chômeurs", sur le modèle de la médecine du travail. "L'idée, plaide-t-il, c'est que la société dise aux chômeurs: 'On ne vous abandonne pas! Votre santé nous intéresse!'"

l’économiste. La reconnaissance des compétences des immigrants est cruciale et les ordres professionnels font partie de la solution.» Le Québec perd au profit des autres provinces canadiennes de 20 à 25% des immigrants qu’il accueille chaque année parce que ceux-ci peinent à se faire embaucher ici. Source: lesaffaires.com


Initiatives

Télévision Du Grand Maghreb Arabe à Montréal

Une première bougie…

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Nominations

Belgacem Rahmani à la tête du Conseil interculturel de Montréal

Le comité exécutif de la ville de Montréal vient d’entériner la nomination de M. Belgacem Rahmani en qualité de président du Conseil interculturel de Montréal. M. Rahmani venait d’achever un premier mandat à la Vice-présidence de cet organisme , créé pour émettre des avis et conseils au conseil municipal de la Ville et au comité exécutif sur toute question d’intérêt pour les communautés culturelles ou sur toute autre question relative aux relations interculturelles. Douze ans sur le front des relations interculturelles Institué en vertu d’une loi de l’Assemblée nationale du Québec, le Conseil Interculturel de Montréal (CiM) est un organisme de consultation et d’échanges en matière de relations interculturelles.

Le CiM existe maintenant depuis douze ans. Fondé en 2003, le CiM est constitué de quinze membres bénévoles, dont un président et deux vice-présidents représentant la diversité culturelle de Montréal et provenant de milieux professionnels différents. Depuis sa création, le CiM a participé activement à de nombreuses réalisations, dont le mémoire de la Ville sur le profilage racial (2010) et le Symposium sur l’interculturalisme (2011). Au cours de ces dernières années, le CiM a participé à de nombreux projets sur divers sujets tels que l’égalité en emploi, l’inclusion sociale, la gestion municipale des lieux de cultes minoritaires et le plan de développement de Montréal. Le CiM travaille présentement sur un projet d'avis sur le Musée de l'immigration. Le mandat du CIM Le CiM conseille et donne son avis au conseil municipal de la Ville et au comité exécutif sur toute question d’intérêt pour les communautés culturelles ou sur toute autre question relative aux relations interculturelles. Il sollicite des opinions, reçoit et entend des requêtes et

suggestions de toute personne ou tout groupe sur les questions relatives aux relations interculturelles. Il effectue ou fait effectuer les études et les recherches qu’il juge utiles ou nécessaires à l’exercice de ses fonctions.

Vision et engagements Conscients de leur mandat, les membres du CiM sont donc engagés à ce que: - La Ville de Montréal ressemble à l’ensemble de ses citoyens et reflète leur diversité ethnoculturelle à tous les niveaux, dont celui de l’embauche. Le CiM s’attend à ce que le Ville adopte une politique d’embauche et de gestion du personnel qui assure une équité en emploi dans la fonction publique municipale. - La Ville de Montréal adapte ses différents services à la diversité ethnoculturelle afin de les rendre plus accessibles et plus efficaces auprès des citoyens issus des communautés ethnoculturelles. M Belgacem Rahmani - La Ville de Montréal s’enrichisse de fonctionnaires possédant des compétences culturelles et Montréal; qu’elle s’investisse dans la sensibilisation interculturel- - La gestion municipale des lieux de cultes le de son personnel. minoritaires à Montréal; - La Ville de Montréal joue un rôle de chef de - Les contributions municipales et la gestion des file dans le domaine de la lutte contre toutes les formes programmes de lutte contre la pauvreté (avis prélimide racisme et d’exclusion. naire); - La Ville de Montréal s’attache à promouvoir et Collaborations à défendre l’inclusion sociale comme un principe qui favorise pour chaque citoyen la disponibilité des moyLe CIM a par ailleurs contribué par ses commentaires ens d’agir et de participer de façon démocratique à la et suggestions au projet de politique gouvernementale vie publique. contre le racisme et la discrimination et produit un Contributions mémoire dans le cadre du témoignage de la Ville de Depuis son lancement, le CIM a produit des avis traiMontréal sur les pratiques d'accommodement reliées tant de projets de politiques portant notamment sur : aux différences culturelles ainsi que sur l'entente entre - L’accès à l’égalité en emploi, l’adaptation des la Ville de Montréal et le ministère de l'Immigration et services municipaux aux besoins des communautés des Communautés culturelles (MICC) sur les niveaux ethnoculturelles et la formation ethnoculturelle; d'immigration. - La politique culturelle de la Ville de Montréal; - La politique du patrimoine de la Ville de Source : www.ville.montreal.qc.ca/cim Montréal; - La problématique du profilage racial à

35 ans au service de la diversité et de son inclusion Maître d'enseignement attaché au Service de l’Enseignement des Affaires Internationales de HEC Montréal, le nouveau président du Conseil interculturel de Montréal réside au Canada depuis plus de trois décennies et demi. Il enseigne depuis 1996 à HEC Montréal et à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Il a été chargé de cours à l’université de Montréal (département de science politique) et l’École Nationale d’Administration Publique. Il est diplômé de HEC Montréal et de l’ÉNAP.

Avant d’embrasser la carrière d’enseignant, il a œuvré dans le secteur privé durant près de deux décennies et a été directeur général et associé d’une entreprise de génie-conseils dans le domaine des sciences de la terre, opérant à l’échelle domestique et internationale. Bénévole au long cours Son implication à titre de bénévole remonte à plus de deux décennies, il a été président de l’association des étudiants de HEC, membre fondateur et président, durant deux mandats, du

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Regroupement des universitaires et chercheurs d’origine algérienne du Canada (www.rauc-dz.ca), secrétaire général de la Fondation Club Avenir (www.clubavenir.com) une fondation qui encourage l’intégration par l’excellence des membres de la communauté maghrébine du Québec et du Canada, membres du conseil d’administration du Réseau des diplômés HEC et président du Comité international de ce même Réseau (www. reseauhec.ca). Il est également président du Club HEC international (http:// international.clubhec.ca), membre fon-

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dateur et participant actif à la première conférence de l’Association des compétences d’origine algérienne à l’étranger (http://aca-dz.org), membre d’honneur du REAGE (Réseau des diplômés d’origine algérienne des grandes Écoles et Universités françaises (http://www.reage.org). Il a été représentant des chargés de cours à l’Assemblée départementale de science politique de l’Université de Montréal (2004-2006) et membre du conseil d’administration de la chambre de commerce canado-algérienne (20042005).


Apports

Maroco-canadiennes à l’œuvre

Une activité du Forum des Compétences marocaines résidant au Canada

L'apport remarquable des femmes issues de l'immigration marocaine au Canada a été mis en avant lors d'une rencontre organisée, samedi à Dar Al-Maghrib à Montréal, en présence d'une importante assistance féminine venue célébrer ces femmes, leurs sacrifices et leurs riches contributions au développement de la société canadienne. Intervenant à cette occasion, l'ambassadeur du Maroc à Ottawa, Mme Nouzha Chekrouni a salué l'organisation de cette rencontre, initiée par le Forum des Compétences marocaines résidant au Canada, qui se veut une célébration des femmes issues de l'immigration marocaine et de leurs contributions à l'enrichissement de la société canadienne, ajoutant que la reconnaissance et la valorisation des différentes cultures est un moyen efficace contre le déracinement et pour une meilleure intégration dans la société d'accueil. Les trois grandes sphères de l’intégration L'intégration des immigrants dans les sociétés d'accueil relève d'un processus qui implique une insertion dans trois grandes sphères : institutionnelle, économique, sociale et communautaire, a précisé Mme Chekrouni, soulignant que les femmes marocaines ont fait

preuve, au fil des années, d'une capacité d'intégration exemplaire dans ces trois sphères. Dans ce sens, Mme Chekrouni a précisé que le Canada compte bon nombre de femmes marocaines immigrantes ayant réussi à graver leurs empreintes dans différentes domaines (académique, économique, politique, médiatique, social ou culturel), relevant que les femmes marocaines (musulmanes ou de confession juive) contribuent, de par leur apport, les réseaux qu'elles tissent et leur implication dans le tissu associatif et les activités socioculturelles, à l'émancipation, au développement et à l'ouverture de la femme marocaine et arabe en général. Ces femmes marocaines immigrantes constituent une «force active» pour la promotion des principes et valeurs universelles, a-t-elle soutenu, ajoutant qu'elles ont démontré leur capacité à s'adapter, à produire et à contribuer à l'essor économique et à l'enrichissement culturel de leur pays d'accueil. Leur succès est le fruit d'un dur labeur et d'une persévérance et témérité remarquables, s'est-elle félicitée, estimant que ces femmes doivent servir de modèles aux autres qui ont choisi d'immigrer au Canada à la recherche d'une vie meilleure mais qui se heurtent à des prob-

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lèmes de non-reconnaissance de diplômes, de manque d'expérience, de difficulté à percer les ordres professionnels, ce qui se traduit par un taux de chômage plus élevé chez les femmes immigrantes en général. Face à cette situation où les femmes se trouvent dans des situations de nonintégration et de marginalisation dont l'impact se fait ressentir, Mme Chekrouni a appelé à explorer tous les moyens pour les sortir de leur isolement et leur offrir une chance pour devenir des acteurs de développement. La rencontre a également été une opportunité pour Mme Chekrouni de mettre en exergue les efforts significatifs déployés par le Maroc dans le cadre de sa nouvelle politique migratoire, initiée par SM le Roi Mohammed VI, et qui constitue un modèle dans la région. Elle a aussi rappelé les réformes substantielles engagées sous le leadership du Souverain pour la promotion des droits de la femme, ajoutant que cette dynamique, qui a abouti en 2011 à l'adoption d'une nouvelle Constitution ayant posé les fondements de la parité homme/femme, vient s'ajouter aux autres acquis en faveur de la femme (Code de la famille, code de la nationalité etc.).

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Des apports remarquables Pour sa part, la ministre québécoise de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion, Kathleen Weil a salué l'apport remarquable de l'immigration à la société québécoise grâce au fort potentiel des immigrants dont font partie ces femmes marocaines talentueuses qui contribuent au développement du Québec, dont la richesse réside dans sa diversité. Elle a en outre mis en exergue la nouvelle politique du Québec en matière d'immigration et d'inclusion, insistant sur la nécessité de la pleine participation de tous et de l'action collective pour transcender les barrières qui nuisent à l’intégration des personnes immigrantes, en particulier sur le marché de l’emploi. Cette rencontre a été ponctuée par des témoignages de femmes marocaines immigrantes au Canada ayant réussi à se démarquer chacune dans son domaine d'action, au cours desquels elles ont partagé avec l'assistance leur parcours, les obstacles qu'elles ont dû aplanir pour mieux s'intégrer et être reconnue dans le pays d'accueil. Source : Maghreb Arabe Presse


Apports

Maroco-canadiennes à l’œuvre

Un rôle incontournable

Par Nafissa Abarabch*

jeux olympique en 1984.

Au nom du conseil d’administration du FCMRC et ses membres, j’aimerai tout d’abord remercier tous ceux qui ont répondu à notre appel et ont tenu à être présents pour rendre hommage à toutes les femmes marocaines immigrantes au Canada.

En 1997, quatre femmes se sont vu t attribuer par Feu Sa Majesté Hassan II le poste de secrétaire d’État :Mme Zoulikha Nasri à l’Entraide Nationale, Mme Nawal El Moutawakil au sport, Mme Aziza Bennani à la Culture et Mme Amina Benkhadra aux mines. Aujourd’hui, Mme Hind Bouhya, la directrice générale de la bourse de Casablanca figure au top 100 de Forbes des femmes les plus puissantes au monde.

En effet, le CA du FCMRC a jugé nécessaire d’organiser un tel événement d’abord pour souligner la journée mondiale de la femme et ensuite pour rappeler le rôle incontournable qu’ont joué et continuent de jouer les femmes marocaines dans la société canadienne. L’histoire du Maroc regorge d’exemples des femmes qui ont contribué au développent du Royaume et qui ont donné un poids culturel et historique au Maroc moderne et à l’échèle mondiale. Nous n’avons qu’à nous rappeler de Mme Fatéma Al Fihriya, la fondatrice d’Al Qaraouiyine soit la première Université au monde et ce en 859 Université qui a permis à Fès d’être la cité du savoir et qui continue de jouer un rôle immense dans le dialogue entre la culture islamique et les autres cultures du monde. L’Histoire écrite au féminin Nous penserons toujours à toutes ces femmes courageuses ayant combattu la colonisation française aux mêmes rangs que les hommes jusqu’à ce que notre pays obtienne son indépendance. Nous n’oublierons jamais celles qui ont militées pour les droits des femmes et pour que la Moudawana(droit de la famille) voit le jour. Survoler l’histoire au féminin ne pourrait occulter des femmes qui ont acquis le savoir religieux pour mériter le titre de savantes (faqihâtes) et de copistes (nâsikhates) et qui ont contribué à la production intellectuelle du Maroc d’aujourd’hui. L’ascension des femmes marocaines a continué aux fils des ans et le Maroc moderne est lustré par l’empreinte de femmes remarquables nous citerons à titres d’exemple Mme Touria Chaoui qui fût La première pilote d'avion marocaine,arabe et africaine et ce en 1955; Mme Nawal Moutawakil, est la première femme marocaine, arabe et africaine àobtenir une médaille d'or aux

Mais pourquoi chercher si loin, nous n’avons qu’à voir l’exemple de ces deux femmes remarquables qui sont à la tête de la diplomatie marocaine ici au Canda : Mme Nezha Chekrouni, Ambassadeur du Royaume au Canada et ancienne ministre responsable des marocains de l’étranger présente avec nous aujourd’hui et Mme Zailachi consule générale qui malheureusement n’a pas pu se joindre à nous. Ici et maintenant Il n’est donc pas étonnant de voir que les femmes marocaines immigrantes au canada soient courageuses, persévérantes, travaillantes et motivées pour réussir leur immigration, se démarquer et continuer de jouer un rôle fondamental dans la société canadienne. Nous avons et continuons de nous battre et combattre les préjugées, de multiples stigmatisations (immigrante, musulmane, arabe, soumise etc.) et nous avons réussi à faire notre entrée dans des proportions sans précédent sur le marché de l’emploi dans presque tous les domaines : la santé, l’éducation, la finance et le management, l’art etc. Nous libérons ainsi une puissance économique nationale dormante et dissipons peu à peu les préjugés véhiculés par certains médias qui alimentent les stéréotypes et la division sectaire. Nul ne peut remettre en question notre contribution à l’avancement de la société canadienne et québécoise plus spécifiquement, et à son enrichissement et ce sur tous les niveaux que ce soit économique, social, culturel, démographique etc. la source de cet enrichissement provient surement de notre différence, cette différence que

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certains, malheureusement, s’entêtent à qualifier de problématique alors que nous insistons pour dire qu’elle est tout un atout pour notre société d’accueil. Quelques profils Nous avons découvert au cours de cet après midi le profil de quelques citoyennes canadiennes d’origine marocaine qui se sont démarquées dans leurs domaines respectifs. Elles ont partagé avec nous leur parcours, secrets de réussite et l’empreinte positive et spéciale qu’elles apportent à la société. Évidement ce ne sont que des exemples parmi des milliers et j’en profite pour rendre hommage à vous toutes, à toutes les autres femmes qui n’ont pas pu se joindre à nous. En votre nom j’aimerai remercier nos panélistes qui ont accepté notre invita-

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tion et que nous avons eu le privilège d’écouter : - Mme Nadia Ghazzali : Rectrice de l’UQTR - Mme Habiba Chakir : Viceprésidente de l’association diplomatique d’ottawa et directrice partenariat international et relation avec le gouvernement Africain institue for mathematical science, Ottawa - Mme Bouchra Reggad : Médecin d’urgence et professeur de clinique à l’université Laval - Mme Bouchra M’Zali, PH.D, CFA : Professeur au département stratégie, responsabilité sociale et environnementale, ESG-UQAM - Mme Marwa Rizqy : PH.D, professeur à l’université de Sherbrooke, membre du barreau du Qc et NY. *Secrétaire Générale du FCMRC


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Idées

Langues & cultures

Montréal plurilingue et Montréalais allochtones

Par Hasnaa Kadiri*

Les rues de Montréal sont le théâtre d’échanges linguistiques sans frontières. Toutefois, confinés dans leur logis, de nombreux Montréalais et Montréalaises peinent à converser dans les deux langues officielles. À part certains, qui prononcent les salamalecs d’usage en français ou en anglais, bien d’autres en sont incapables. La barrière linguistique, et par ricochet, la barrière culturelle conduit à créer deux catégories de citoyens allochtones : ceux qui sont dans la société montréalaise et ceux qui sont à l’extérieur de la société montréalaise, mais faisant partie d’une ou de plusieurs sociétés marginales. Quand une maman ne puisse pas demander des nouvelles de son enfant à l’école ou quand un malade n’arrive pas à comprendre les explications du médecin, nous assistons à une rupture de communication, à un isolement, voire à une déconnection de la vie citoyenne. Les exemples sont multiples et multipliés avec l’arrivée en masse d’immigrants et de réfugiés politiques des pays arabes notamment. Étant donné que la nécessité est mère des inventions, ces allochtones se sont rassemblés dans aires géographiques spécifiques de Montréal afin de se sentir rassurés comme dans leur bled, de se faire servir dans leur langue maternelle et de se voir offrir des emplois par leur concitoyens. Nous pouvons aisément constater que les Moyen-orientaux sont pour la plupart installés dans les quartiers de Ahuntsic et de Cartierville ou à Ville Saint-Laurent. Les Maghrébins, moins nombreux dans ces quartiers, sont plus présents dans les quartiers Saint Michel et Côte-des-Neiges. Les plus débrouillards se retrouvent étalés à Laval ou à Saint-Léonard. La religion, débat continuel ici et ailleurs, et combat perpétuel chez les Arabes, n’est pas la source de division entre eux à Montréal. En fait, le sang arabe, qui coule dans leurs veines est garant d’une filiation qui transcende la religion. Leur union, selon eux, fait leur force. Si ces Montréalais ou Montréalaises de souche, première génération, ont choisi de respirer l’oxygène au même endroit, leurs rejetons, en quête de travail, se

tracent des chemins dans tout Montréal. Du haut de l’échelle au bas de l’échelle dans le marché du travail montréalais, les jeunes Arabes s’y trouvent.

L’immigration arabe a pour but principal, selon les dires de beaucoup d’entre eux, c’est d’offrir de meilleures conditions de vie et de travail aux enfants. Les parents, pour la plupart, hautement diplômés mais dont les diplômes ne sont pas reconnus, se contentent de petits boulots pour ramener du pain dans les assiettes et surtout permettre à leurs enfants d’aller aux universités. Les universités francophones et anglophones grouillent de jeunes et ce, dans tous les domaines du savoir. Trilingues, en général, avec un accent presque parfait d’ici, ils se fondent dans la masse et tissent des réseaux de contacts forts avec d’autres jeunes. La question qui hante : est-ce que ces jeunes diplômés de Montréal ont les mêmes chances de travail? Pas sûr, si quelques-uns accèdent à des postes de responsabilités, beaucoup d’entre eux occupent des postes de vendeur, de représentant, etc. Leur salaire, frôlant le minimum, ne suffit pas à vivre honorablement. L’expérience démontre que ces jeunes doivent faire leur place dans un monde où la concurrence exige une efficience, une efficacité et une compétence, jumelés à des diplômes reconnus d’ici. Le jeune arabe doit être meilleur que ses camarades dans tous les sens du terme pour convaincre un employeur de lui faire confiance, malgré sa tare de porter un nom arabe. Les préjugés sur les Arabes, véhiculés par les médias, ne lui sont pas favorables et surtout pas ces derniers temps ; Arabe synonyme de terroriste.

et conduit dans de nombreux couples à se séparer. La séparation, puis le divorce, force une coupure ombilicale précoce de l’enfant de ses parents. Déstabilisé par la situation, en général, cet enfant perdu entre le père et la mère, trouve refuge au sein d’amis, de gangs de rues, d’extrémisme religieux ou rentre dans un mutisme maladif. Les parents absents, à se battre, ne jouent plus le rôle de référence pour l’enfant. Ce dernier se détache de cette bulle empoisonnée et vole, à ses dépens, de ses propres ailes.

Mme Hasnaa Kadiri

Dans les différents scénarios, l’enfant court un risque énorme. S’il ne se retrouve pas dans un banc d’accusation d’une cours de jeunesse ou dans un hôpital psychiatrique, il peine à finir ses études. Son avenir devient hypothéqué et ses chances de réussites voltigent. Avant d’arriver à cet état de fait et détruire l’idéal arabe, le questionnement reste entier : Pourquoi le divorce? Quels sont les facteurs qui y conduisent? Quel le rôle des parents dans des situations

L’ouverture d’esprit de certains Montréalais transcende les préjugés et permet un contact sain avec les Arabes, qui ne sont pas des terroristes, mais une force importante dont Montréal doit en être fière. L’idéal arabe est de voir les enfants aller aux universités, se battre dans ce monde de concurrence et trouver un emploi décent pour être indépendant financièrement et vivre sainement et entièrement. Toutefois, ce n’est pas le cas dans plusieurs ménages. Le choc culturel déstabilise l’harmonie familiale

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de désaccord entre le couple? Qui bénéfice alors de divorce? Qui en pâtie? Quelles sont les leçons à en tirer? Nous tenterons d’y répondre dans les articles qui vont suivre ultérieurement. Pour échanges ou suggestions, écrire à hasnaa.kadiri@gmail.com. *Chargée de cours UdeM, Doctorante en traduction, Interprète sociale Présidente NPD Ahuntsic-Cartierville


Arts et cultures

Entre hiver Marocouleur et désert, El Dakka El Marrakchia le Maroc et ses airs... au programme La 23e édition du Festival de Musique du Maghreb débute avec trois soirées mettant le Maroc à l’honneur ! De Fès à Agadir, en passant par Essaouira et Marrakech, découvrez les couleurs et la diversité musicale de la culture marocaine ! Jeudi 26 mars au Club Balattou, on marquera le retour de LEKBIR, bien connu pour le projet Maktoub, ce duo né à Saint-Pierre et Miquelon qui unissait Lekbir et Polo des Frères à Ch’val. Samedi 28 mars, on se transporte au Théâtre Fairmount, pour célébrer au son de la musique originalement métissée et survoltée du groupe AYRAD. Puis, on clôt le festival avec la musique Gnawa et fusion de MAROCOULEURS le dimanche 29 mars au Club Balattou. La programmation de la 23e édition du Festival de Musique du Maghreb, un heureux mariage des cultures : Entre hiver et désert, venez célébrer le Maroc et tous ses airs !

Par Réda Benkoula

Installé à Montréal depuis 2010, FathAllah Laghrizmi et toute la troupe du groupe Marocouleur enivrera le public montréalais le 29 mars prochain au Club Balattou dans le cadre du Festival de Musique du Maghreb. Le jeune marocain qui est originaire de Marrakech a fait bien du chemin avant d’atterrir à Montréal où il organise son temps entre ses études en Business management à HEC, un diplôme en photographie à l’Université de Concordia et son travail dans le domaine de la restauration. Fath-Allah qui était membre Groupe Nassim au Maroc a vécu en Alberta et à Saskatchewan avant de venir à Montréal pour découvrir le potentiel de la métropole en terme de musique marocaine : « C’était difficile de créer un projet musical avant de venir à Montréal…j’ai joué dans le cadre des Nuits d’Afrique, au festival Orientalys, j’ai joué au Club Balattou et à la Place des Arts ».

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En effet, l’artiste qui vient de fonder le groupe Marocouleur, réunit Momo, Khalili, Ismail, Rachid, Simo, Walid, Ismail, Rachid, Amine. Le groupe proposera durant la soirée des rythmes qui reviennent aux origines de la musique marocaine d’une manière originale avec Fath-Allah Laghrizmi un florilège de musique Gnawa, Issawa et Dekka Triyar El Bendir el sghir : « Chaque Merakchia : « Chez nous on l’appelle El membre du groupe vient d’une région Dkitikat à Marrakech qui est différente différente du Maroc et les styles sont de la Dekka El Roudania. Ce sera difdifférents, les manières de voir le type fèrent, ce ne sera pas un seul style de de musique sont aussi différentes ». musique, cette performance va plaire au public avec du Gnawa traditionnelle, la Fath-Allah est aussi sur plusieurs proDekka El Merrakchia et pour finir de la jets puisqu’il vient de fonder le groupe musique fusion ». Wagna qui est un autre groupe de musique Gnawa fusionné : « Le style Marocouleur c’est aussi le son des électro est présent et nous avons un instruments traditionnels qui mélangent nouveau projet de neuf chansons en le Guembri, El Krakeb, El Tboula, El espérant sortir le premier album d’ici le Derbouka, El Bendir, El Taidja, El mois de mai ».

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Arts et cultures

Du 10 au 19 avril

Les Cinéfranco 2015 fêtent leurs dix-huit ans dans un feu d’artifice de 24 films Cinéfranco 2015 fête ses 18 ans dans un feu d’artifice de films venus des quatre coins de la francophonie mondiale. La richesse des cultures francophones, le talent des cinéastes et artisans du cinéma se reflètent dans une programmation de choix de films primés, prisés à travers le monde de Cannes à Locarno en passant par Venise, Berlin, Paris et autres festivals prestigieux.

La sélection de Cinéfranco 2015 offre un panorama édifiant de thèmes pertinents. Les femmes s’illustrent dans des histoires ancrées dans la réalité comme le remarquable « Party Girl » dans lequel Angélique 60 ans, doit renoncer à son métier d’entraîneuse de cabaret. Les femmes sont souvent héroïques : elles défendent leur fille bec et ongles (L’Homme qu’on aimait trop), elles se battent pour leur rêve (Maintenant ou jamais), elles vainquent l’adversité

(Marie Heurtin).

Ces battantes sont interprétées par des comédiennes de grand talent comme Catherine Deneuve, Isabelle Carré, Agnès Jaoui, Brigitte Pogonat et tant d’autres. Les femmes réalisatrices brillent par l’art et l’intensité dramatique des histoires qu’elles racontent : Micheline Lanctôt (Autrui) sur le thème des SDF, Kaouther Ben Hania (Le Challat de Tunis) dénonce la société du machisme oriental. Marie-Castille Mention Schaar nous plonge dans le drame d’une classe d’ados en voie de garage à la découverte d’une autre génération d’ados juifs victimes de l’Holocauste, un film plein de surprises et d’optimisme. Le choc des générations se poursuit dans Le Veau d’or de Hassan Legzouli qui réalise un « road movie » superbe

par ses paysages, touchant par la quête d’identité du jeune Franco-Marocain balloté entre deux cultures et poursuivi, pour l’heure, par deux détectives. Dans les films Guilda Elle est bien dans ma peau et Les Nuits d’été, des hommes qui aiment s’habiller en femme affrontent leur destin dans le contexte de leur époque trempée d’intolérance qui rend périlleux le droit de revendiquer son identité à contre-courant de la société, des drames poignants et très chaleureux. L’amour domine la trame de toutes les histoires dans les superbes Tokyo Fiancée ou Pas son genre, films interprétés par des comédiennes douées d’une fraîcheur et d’une énergie contagieuses. Le film de Tony Gatlif Geronimo explose dans le genre musical à la « West Side Story » gitane pour confronter deux familles prêtes à s’entretuer pour leur honneur !!!

Tournage

Le silence des mots de Najat El Wafy L’actrice Najat El Wafy vient de boucler le tournage de son premier courtmétrage en tant que réalisatrice, “Le Silence des Mots”. En avril 2013, Najat débuta à temps plein une formation de réalisatrice à Montréal à l’Institut Trebas. Après une formation intense, Najat obtient son diplôme en “Production Cinématographique et Télévisuelle”. C’est alors qu’elle planche, en tant que scénariste et réalisatrice, sur le développement de son premier courtmétrage “Le Silence des Mots”. “Robert et Hélène se sont toujours aimés. Pourtant, après près d’un demi-siècle de mariage, Robert craint que leur amour s’effrite. Il cherche à comprendre pourquoi Hélène semble s’éloigner de lui tranquillement. La vérité le bouleversera.” Avec ses producteurs Bahija Essoussi et Samuel Gagnon de la société Objectif 9, Najat peaufine son scénario, et mettent en place une équipe technique d’envergure, et un duo d’acteurs très expérimentés, formé par Gilles Plouffe, ainsi que la grande Jacqueline Laurent, qui a tourné aussi bien à Paris qu’à Montréal depuis maintenant 50 ans. Najat El Wafy, actrice d’une grande renommée au Maroc est connue pour avoir joué dans des films tel que « Les Anges de Satan », « La Grande

Villa » et « Les Bandits » pour n’en nommer que quelques uns. À la télévision, elle joue dans « Poutre de Satan », « Maison en verre », « Quitar Alhayat », « Une heure en enfer », et « Lalla Fatima », Les producteurs d’Objectif 9 ont une longue feuille de route.“Kamataki” s’est mérité une Mention Spéciale du Jury au prestigieux Festival International du Film de Berlin. “Ascension”, mettant en vedette Marie-Josée Croze a remporté le prix du Meilleur Film à Sitges, et “Looking For Anne” à Singapore. En 2014, Objectif 9 a produit le courtmétrage “Outsiders” de Faouzi Bensaidi, film qui représenta le Maroc dans la collection “Short Plays”, présentée lors de la Coupe du Monde de football en 2014.

Mme Najat El Wafy lors du tournage

La direction-photo a été assurée par Michel St-Martin, un directeur-photo avec une grande expérience qui a notamment tourné le long-métrage “Karakara” à Okinawa au Japon. Le tournage du “Silence des Mots” maintenant terminé, Najat El Wafy est présentement en montage de son film. Le film sera soumis dans les festivals au Maroc, au Canada et ailleurs dans le monde au cours des prochains mois.

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Le film de fermeture L’Art de la fugue est la synthèse des variations sur le thème de l’amour mais ce ne serait pas faire justice au programme 2015 si les films policiers n’étaient pas mentionnés. La prochaine fois je viserai le cœur basé sur l’affaire criminelle Lamare est glaçant par la justesse de Guillaume Canet, parfaite incarnation du policier assassin. Ceci n’est pas un polar marie amour et enquête policière avec des prestations solides de Roy Dupuis et Christine Beaulieu. Mais on rit quand même à Cinéfranco avec Barbecue ou Les Maîtres du suspense, Jacques a vu ou encore le film pour tous les âges Les Vacances du petit Nicolas. Informations : www.cinefranco.com


Arts et media

Télévision par cable

Un service à la carte dès 2016 décide le CRTC

Les Canadiens auront bientôt plus de flexibilité dans le choix de leur forfait de câble ou de satellite. Dans sa décision rendue publique ces derniers jours comme le rapporte Radio-Canada, le Conseil de la radio et des télécommunications canadiennes (CRTC) impose aux compagnies de câble et de satellite d'offrir à leurs abonnés la possibilité de sélectionner leurs canaux à la carte ou en groupe. L'une ou l'autre des options devra être disponible dès mars 2016. Les deux devront être offertes d'un bout à l'autre du pays en décembre 2016.

Les distributeurs devront aussi offrir à leur clientèle un forfait de base dont le prix maximum sera de 25 $ (équipement non compris). Il devra comprendre : . toutes les stations de télévision locales et régionales; . des canaux d'intérêt public comme la chaîne d'affaires publiques par câble et le réseau de télévision des peuples autochtones; . les canaux éducatifs; . le canal communautaire . et les canaux des assemblées législatives provinciales, le cas échéant. Les compagnies de câble ou de satellite pourront aussi y ajouter d'autres stations canadiennes en direct (dans les marchés qui comptent moins de 10 stations

locales ou régionales), des stations des grands réseaux américains (ABC, CBS, Fox, NBC et PBS) et des stations de radio AM et FM locales. Le président du CRTC, Jean-Pierre Blais, estime que le calendrier laisse suffisamment de marge de manœuvre à tous les joueurs. « Ces changements sont mis en place de manière responsable et calculée pour atténuer l'incidence sur l'économie canadienne et sur les emplois dans l'industrie de la télévision au Canada. Nous sommes conscients qu'il faut laisser le temps aux radiodiffuseurs d'adapter leurs stratégies d'affaires et de programmation, alors que les entreprises de distribution par câble et par satellite doivent mettre à jour leurs systèmes informatiques. » Cette décision est l'aboutissement d'un long processus de consultations entrepris par le CRTC il y a plus d'un an, pour permettre aux Canadiens et à l'industrie d'exprimer leur vision sur l'avenir de la télévision. Les doléances des Canadiens se sont rapidement retrouvées au cœur du processus. « Ce qu'on entend, ce que l'on voit aussi et ce que l'on constate dans les recherches qui sont faites là-dessus, les sondages, c'est que les consommateurs avaient des préoccupations quant aux prix, quand a la flexibilité des services de télédistribution », explique Sophy Lambert-Racine, analyste à l'Union des consommateurs.

Des diffuseurs inquiets… Mais ce qui est avantageux pour le consommateur l'est peut-être moins pour l'industrie. « L'impact pour nous, c'est naturellement les risques de perdre des abonnées », a confié en entrevue Pierre Bernatchez, directeur général du groupe Serdi, qui exploite les chaînes spécialisées Évasion et Zeste. S'il croit pouvoir tirer son épingle du jeu même avec la disparition d'un environnement protégé, il croit que l'avenir s'annonce moins rose pour certains de ses compétiteurs. « Du côté du Canada anglais, [...] il risque d'y avoir des chaînes qui vont disparaître. »

Vitrine des musiques locales métissées 2015 Appels à candidatures Deux initiatives montréalaises majeures, qui ont toujours agi dans la complémentarité, choisissent de coordonner leurs efforts pour offrir aux artistes un accompagnement et des plates-formes mettant en valeur leur talent et encourageant leur carrière professionnelle. Pour la première fois cette année, les formulaires de la Vitrine des musiques locales métissées et du Prix de la Diversité ont été uniformisés pour faciliter le dépôt des candidatures des artistes qui sont intéressés à participer à ces deux initiatives complémentaires pour les musiques locales métissées. Les artistes peuvent déposer leur candidature jusqu’au 17 avril 2015, date limite d'inscription pour les deux initiatives. La Vitrine des musiques locales métissées La Vitrine des musiques locales métissées est conçue par Vision Diversité en collaboration avec ses partenaires : le Conseil des arts et des lettres du Québec, la Ville de Montréal, le Conseil des arts de Montréal, ICI Musique, Les

Francofolies de Montréal, la Place des Arts, les Week-Ends de la chanson, le Partenariat du Quartier des Spectacles, La Vitrine culturelle, CIBL 101,5 Montréal, Mundial Montréal et Diversité artistique Montréal.

à six musiciens représentatif de la diversité. Ces musiciens doivent être citoyens canadiens ou résidents permanents et avoir une pratique professionnelle en musique du monde. Ils doivent également être au début de leur carrière à Montréal.

La Vitrine offre annuellement aux trois finalistes du Prix de la diversité ainsi qu’à 15 autres groupes d’artistes montréalais aux créations métissées, une plate-forme professionnelle lors de trois soirées à L’Astral. Le Jury, composé de représentants des partenaires, assistera à chacune des prestations pour remettre respectivement à leur groupe Coup de Cœur, une reconnaissance lui permettant de réaliser un pas de plus dans son parcours.

Le lauréat de ce prix bénéficiera, durant un an, d’un soutien et d’un accompagnement à la création, à la production, à la diffusion et à la circulation. Le Prix de la diversité inclut ainsi des services professionnels, une résidence de création et des présentations de concerts offertes par les partenaires, de même qu’une tournée montréalaise dans le cadre du Conseil des arts de Montréal en tournée.

Une occasion pour les artistes participants de se faire connaître par des diffuseurs, des producteurs, des médias, des responsables de la diffusion dans les maisons de la culture, mais aussi du grand public. Le Prix de la diversité Le Prix de la diversité s’adresse à un collectif d’artistes composé de deux

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Pour télécharger le formulaire et les critères et normes de la Vitrine des musiques locales métissées: www. visiondiversite.com/Vitrine2015.html Pour télécharger le formulaire et les critères et normes du Prix de la diversité : www.artsmontreal.org/fr/ prix/prix-diversite Date limite d'inscription: 17 avril 2015 Atlas.Mtl

Dans une étude déposée lors des audiences du CRTC en septembre dernier, Peter Miller, auteur de Environmental Scan estime que la fin des groupements de canaux pourrait causer dans le pire des scénarios la perte de plus de 10 000 emplois et une réduction annuelle du produit intérieur brut canadien d'un milliard de dollars en 2020. Si le prix de certains services à la carte pourrait engendrer des économies, d'autres services risquent de coûter plus cher. Durant les audiences, les propriétaires de chaînes sportives par exemple ont indiqué que le prix unitaire de celles-ci pourrait osciller entre 5 $ et 20 $ par mois.

Arts de la scène

Le Grand Sénébal de Montréal 2015 Le Grand Sénébal de Montréal est un évènement culturel annuel tenu durant le premier weekend du mois d’avril de chaque année pour fêter l’accession à l’indépendance du Sénégal (avril 1960) et aussi célébrer l’arrivée du printemps. C’est une occasion unique de découvrir le Sénégal dans toute sa diverscité culturelle, gastronomique et artistique. Dans le cadre de la 6ième édition, le 4 avril 2015, deux guitares, et deux voix à découvrir sur la scène acoustique du grand SENEBAL de Montréal. En première partie, la voix du fleuve, ILAM et son groupe le Kasnak, vous entrainera dans des rythmes afro-folk, reggae et blues. Gagnant de deux prix dont celui coup de cœur du public à la vitrine des musiques locales métissées de Montréal. Et la Guest star de cette soirée, l’étoile montante au Sénégal et à l’international, le guitariste et chanteur Yoro Ndiaye vous charmera avec son style particulier entre acoustique, folk et M’balakh. Son groupe Yoon Wi injecte un souffle nouveau fait de sonorités et de couleurs diverses. Pour la première fois au Canada. Informations : grandsenebaldemontreal@gmail.com

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Actes

Soleil des orphelins

330 personnes réunies pour une bonne cause

À l’occasion de son dixième anniversaire (2005-2015) l’association Soleil des orphelins (SDO) a organisé le 1er mars 2015, un souper-rencontre au Château Royal à Laval.

Quelques 330 personnes ont participé à cet évènement parmi lesquels des représentants d’associations caritatives et communautaires, des professionnels de la communauté, des parrains d’orphelins, des marraines, des donateurs, des bénévoles et membres de l’association SDO. L’évènement s’est déroulé dans un climat chaleureux et convivial marqué par l’esprit de solidarité, de partage et bienfaisance. La soirée était animée par un groupe de chant et un groupe folklorique marocain. Lors de son intervention le président a souligné l’impact de l’action de parrainage sur les orphelins et le besoin d’une relation développée de type parrain-orphelin où le filleul reçoit le soutien moral en sus du support financier. Ainsi que la nouvelle mission de l’association au Canada. Cette nouvelle mission a été saluée et appuyée par trois députés libéraux présents lors de cette soirée : Marie Montpetit députée libérale du Québec dans la circonscription de Crémazie, Rita de Santis députée libérale du Québec

dans Bourassa-Sauvé et Emmanuel Dubourg député libéral du Canada à Bourassa. 143 promesses de parrainage Pour remercier l’audience de leur présence, plusieurs prix offerts par les commanditaires ont été généreusement distribués. Le souper-rencontre était l’occasion de procéder à une levée de fonds qui s’est soldée par 143 promesses de parrainage. Comme L’évènement était consacré à la famille, les enfants ont eu droit aussi à une grande soirée d’activités avec un souper copieux, des jeux gonflables, des jeux électroniques ainsi que différents ateliers d’animation (bricolage, coloriage, ..) qui ont été mis à leur disposition et ont reçu à la fin de beaux cadeaux. Une dizaine de bénévoles ont participé à l’encadrement de nos bouts de choux. Un sondage d’opinion rempli par l’audience a démontré, un taux de satisfaction élevé au niveau de la salle de réception, l’organisation et la programmation et notamment la soirée d’activité pour enfants qui a été une grande réussite.

Un Spectacle Culturel Palestinien

Mémoire, patrimoine et avenir DSTT CULTURE, en collaboration avec la Délégation Générale Palestinienne au Canada, organise un événement festif avec la participation de plusieurs personnages du monde des arts et de la musique palestinienne. Un programme riche et varié ouvert au grand public. Cette initiative vient après le grand succès du festival de la paix en Palestine, qui a eu lieu en Mai 2014 à Montréal et auquel ont pris part plus de 1000 personnes. Rappelons qu’à cette occasion, un drapeau Palestinien de 66 mètres a été signé par plus de 30 000 personnes et a ensuite été présenté dans 70 événements et festivals différents. Ce drapeau a été déposé sur la tombe du leader Yasser Arafat à l’occasion de la célébration du dixième anniversaire de sa disparition, en Octobre 2014 dans la ville de Ramallah en Palestine. Le but de l’évènement prévu est de maintenir vivant le patrimoine palestinien et d’illustrer, dans un cadre artistique, l'identité de la jeunesse Palestinienne enracinée dans la terre de la Palestine depuis l'époque de l'ancienne civilisation cananéenne jusqu’à ce jour. Pour acheter votre billet : Tarek; par téléphone au 514 553 6460, 38

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