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Québec prévoit accueillir plus d’immigrants Page 20
Au nom de tous les oubliés de notre système de santéPage 25
Un projet maroco-canadien Faciliter la vie des personnes à mobilité réduite
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Plan d'action 2015 – 2018 pour la prévention de la radicalisation menant à la violence et le renforcement du vivre-ensemble
Un projet de société
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Coût de la vie Payez-vous votre loyer plus cher que le voisin?
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Logement La guerre contre l’insalubrité est déclarée! Page 35
Conférence de M. André Azoulay
« Au pays de la diversité et de l’altérité»…
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Enjeux
Plan d'action 2015-2018 pour la prévention de la radicalisation menant à la violence et le renforcement du vivre-ensemble
Éditorial
Editeur : Abdelghani Dades. Directeur Général Rachid Najahi. Rédaction : Abdelghani Dades, Narjisse El-Bakkali, Zahira Ellahgui, Mona Doutabaa, Said Chayane, Reda Benkoula Publicité : Agence Odyssée
Pourquoi il faut y croire... Toute la semaine Durant, à la veille du début du mois de Ramadan 1436-2015, le cœur de Montréal - mais plus exactement celui du Québec - a battu au rythme du Vivre ensemble.
Conception et Réalisation Graphique : Atlas Média Atlas.Mtl est un produit du. GROUPE ATLAS MEDIA Inc
Avec d’abord l’annonce par le gouvernement du Québec du très attendu «Plan d'action 2015-2018 pour la prévention de la radicalisation menant à la violence et le renforcement du vivre-ensemble» et avec, parallèlement, la réunion du Sommet des Maires du Monde voulu et mis sur pied par M. Denis Coderre.
Editeur de. * La Voix des Marocains à Montréal et du site web: www.atlasmedias.com
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Une approche globale des actions transversales
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Depuis 2002 Groupe Atlas Media Treize ans, c’est… • 325 numéros du bimensuel Atlas.Mtl, soit plus de 6260 articles exprimant la sensibilité maghrébine et valorisant la dimension maghrébine de la société dans laquelle nous vivons; • Une cinquantaine d'événements identitaires, artistiques, culturels et politiques; • De nombreux débats, colloques, séminaires et conférences, • 116 reportages sur la communauté pour les chaînes de télévision 2M, AlMaghribia, Ai Aoula, Arrayadia; • 365 émissions radio (de 2002 a 2009); • Un site web ayant accueilli plus de 8.3 millions de visiteurs depuis 2003 et qui dans sa nouvelle version (mise en ligne début 2012) et qui reçoit en moyenne 2500 visiteurs par jour.
Le plan d’action gouvernemental était attendu depuis des années; avec d’autant plus d’impatience depuis le séisme provoqué par le «débat» sur la Charte des valeurs et encore avec plus de fièvre depuis l’apparition ici, chez nous, de nouvelles formes de radicalisation chez les jeunes. Tout ce temps durant, nous n’avons cessé d’affirmer que les nouvelles réalités démographiques au Québec généraient des situations sociales complexes, dont il conviendrait pour peu que l’on soit le moindrement soucieux d’harmonie sociale, de vivre-ensemble et de futur équitable et partagé de mieux connaitre afin d’en mieux prévenir des conséquences potentiellement explosives. Une fois cet exercice d’affinement des savoirs terminé, notre vœu était que soit développée une approche globale des problèmes constatées et des dysfonctionnements détectés, précédant la mise en place d’actions publiques transversales, d’une politique à même de résoudre véritablement les difficultés d’intégration (ou de rupture social) rencontrées autant par des néo-québécois que par des québécois plus anciennement installés au pays. Longtemps, en réponse à cette attente, nous n’avons eu droit qu’à des réponses stéréotypées, stigmatisant, excluant et parfois ghettoïsant, en tout ou en partie, à tort ou à raison, tous ceux qui, issus de la diversité, prétendaient à une citoyenneté pleine et entière. En ce sens, le Plan d’action 2015-2018 apporte du nouveau. En engageant onze membres du gouvernement dont le Premier ministre, il apporte une approche globale, qui n’accuse pas de tous les maux un supposé «choc des cultures» (façon politiquement correcte de rejeter la diversité et d’exprimer une xénophobie cachée) et qui permet d’identifier clairement d’autres causes et d’autres raisons à ces colères de nos jeunes - mais pas seulement eux - qui s’expriment parfois de manière violente.
réitéré, du Maire Denis Coderre, selon lequel la radicalisation s’exprime aussi bien à travers un «militantisme» violent à référent religieux qu’à travers la criminalité de type «gangs de rue». Et c’est aussi en ce sens qu’il faut prendre l’explication donnée par Mme Lise Thériault selon laquelle le Plan d’action annoncé «dé-policise» le traitement des dérive sociales constatées; en sortant ainsi de la fixation du «tout sécuritaire» sans exclure toutefois le souci de sécurité pour tous, le Plan d’action rompt avec les pratiques antes qui ont d’ailleurs largement montré leurs limites, ici et ailleurs. Ainsi s’ouvrent de nouvelles voies, décrites par Mme Kathleen Weil, qui nous rassurent et nous rassérènent. Tout aussi satisfaisante est la mise en place des premiers outils de cette nouvelle approche, avec le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence de la Ville de Montréal, comme avec l’Observatoire international des maires sur le vivre-ensemble, mis en place à l’issue du Sommet des maires du Monde organisé par la Ville de Montréal ces derniers jours, qui apporte au surplus, une dimension internationale et de coopération à la démarche québécoise (et montréalaise) innovante. «Un travail qui commence» … Faut-il cependant se satisfaire de ces premiers pas? Certes non; car, et la Vice Première Ministre Lise Thériault n’est pas la dernière à le dire : l’adoption du Plan d’action, fruit déjà d’un long, serein et patient travail, n’est pas la fin, mais le début du travail. C’est en effet là un large pan d’un projet de société qui n’ira pas sans rencontrer de résistances. Des résistances qui ont d’ailleurs déjà commencé à se manifester. Le Plan a en effet ses opposants. Ceux qui rejettent encore son volet idéel continuent de vouloir parler de laïcité lorsque le gouvernement parle de neutralité en matière de rapports entre l’État et les religions; ceux aussi qui au lieu de regarder le projet dans son ensemble pour ne parler que d’hypothétiques «tchadors», tous ceux qui ne veulent pas démordre de certaines fixations obsessives de nature textile ou autre, qui ne veulent pas sortir de leurs symptômes transitionnels hérités de lectures immatures de Huxley et de guerre des mondes. Le travail n’est pas fini non plus pour ceux qui sont convaincus que nous avons enfin trouvé le bon chemin; car pour Agir, détecter, prévenir et vivre ensemble, il y a encore à faire, beaucoup, avec de nombreux partenaires dont certains trop souvent silencieux ou amuis par un contexte défavorable…
C’est dans ce sens qu’il faut comprendre le propos, souvent
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Plan d'action 2015 – 2018 pour la prévention de la radicalisation menant à la violence et le renforcement du vivre-ensemble
Un projet de société C’était dans l’air depuis la dernière campagne électorale, c’est une réalité depuis ce mercredi 10 juin 2015. Ce jour en effet, la vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique, Mme Lise Thériault et la ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion, Mme Kathleen Weil ont présenté, en présence du maire de Montréal, M. Denis Coderre, le Plan d'action gouvernemental 2015-2018, visant à apporter une réponse concertée au phénomène de la radicalisation menant à la violence. Sous le nom de «La radicalisation au Québec : agir, prévenir, détecter et vivre ensemble», ce programme doté d’un budget de 10 millions de dollars, concerne 10 ministères et prévoit 59 mesures qui, selon le gouvernement devraient «qui permettront d’assurer la sécurité des Québécoises et Québécois et de favoriser la cohésion sociale en matière de diversité ethnoculturelle». Plus qu’un plan d’action, il s’agit de ce fait d’un engagement du gouvernement, dans la voie d’un projet de société, auquel souscrit d’ailleurs le Premier ministre, qui préface le document de présentation en ces termes : «Conjuguer une identité d’accueil for
te avec une diversité croissante, nécessaire et bénéfique»
Par Philippe Couillard, Premier Ministre « Chez nous au Québec et partout ailleurs, la radicalisation, avec en miroir la crainte de l’autre et l’intolérance, est un phénomène contre lequel nous devons, comme société, faire front commun. Nous avons tous en mémoire des événements tragiques, motivés par la violence aveugle et la haine, qui ont brisé irrémédiablement des vies et marqué à jamais l’histoire de villes et de populations entières. C’est ensemble que nous devons faire face à celles et ceux qui menacent notre sécurité, nos droits et libertés, notre démocratie. Le défi est donc de savoir conjuguer une identité d’accueil forte avec une diversité à la fois croissante, nécessaire et bénéfique. En ce sens, le plan que nous vous présentons vise à la fois à assurer la sécurité de la population québécoise et favoriser le mieux vivre-ensemble. Le Québec est une société moderne, pluraliste, ouverte sur le monde. À titre de premier ministre et de citoyen québécois, mon souhait le plus cher est
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M Philippe Couillard, premiér ministre du Québec que toutes les Québécoises et tous les Québécois, incluant celles et ceux qui sont venus d’ailleurs pour construire le Québec avec nous, puissent vivre ici en sécurité et s’épanouir pleinement en
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partageant nos valeurs et en contribuant au développement de notre société. Nous avons raison d’espérer un monde meilleur pour toutes et tous.»
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Un projet de société
Lise Thériault : «Comprendre pour agir efficacement»
aux intervenants des services correctionnels d’être outillés davantage pour reconnaître les signaux de la radicalisation.
Présentant le Plan d'action gouvernemental 2015-2018 titré «La radicalisation au Québec : agir, prévenir, détecter et vivre ensemble», « La radicalisation menant à la violence est une préoccupation de première importance pour notre gouvernement» Lise Thériault a planté le décor : le gouvernement n’entend pas céder à la tentation du «tout sécuritaire» ni stigmatiser une communauté. La radicalisation a-t-elle déclaré, est «un phénomène complexe qui nécessite une compréhension approfondie et une grande concertation de tous les acteurs sociaux pour assurer la sécurité des Québécoises et Québécois. Nos mesures visent à la fois à enrichir nos connaissances et à outiller le personnel qui intervient dans le domaine de la sécurité publique, de l’enseignement, et de la santé et des services sociaux, entre autres, afin qu'il puisse agir efficacement et au moment opportun».
Afin de comprendre davantage le phénomène, mieux le reconnaître et, ultimement, le contrer plus efficacement, des partenariats de recherche seront instaurés pour documenter la problématique. D’ailleurs, le gouvernement du Québec contribuera financièrement à une recherche-action en partenariat avec le Collège de Maisonneuve, dont l’objectif sera d’identifier les facteurs de radicalisation chez les jeunes qui sont à risque.
59 mesures et quatre axes d’intervent ion
Mme Lise Thériault, vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique du Québec Agir Les mesures de cet axe visent à permettre au personnel des divers secteurs concernés d’intervenir promptement lorsqu'une situation l’exige en raison des risques pour la sécurité nationale ou la sécurité des personnes. Prévenir Les mesures comprises dans cet axe permettront notamment aux familles et à leurs proches, aux éducateurs et intervenants scolaires, aux intervenants du réseau de la santé et des services sociaux ainsi qu’aux corps policiers et
Par ailleurs, une ligne téléphonique sans frais (514 687-7141 et 1 877 687-7141), soutenue par des ressources multidisciplinaires, sera mise en service sur l’ensemble du territoire québécois, en partenariat avec le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence de la Ville de Montréal. La contribution du gouvernement du Québec pour sa mise en oeuvre s’élève à un million de dollars. Détecter Des moyens seront mis en place pour permettre au public et aux intervenants de détecter rapidement, de façon précoce, les signes de comportements radicaux prônant la violence ainsi que les propos haineux et de les signaler aux autorités compétentes. Parmi les mesures, mentionnons notamment l’instauration d’une vigie des médias sociaux. Nous souhaitons aussi augmenter la capacité de détection et d'anticipation des menaces afin d'identifier les personnes qui pourraient causer un risque pour la sécurité. Vivre ensemble Bien que la radicalisation soit influencée par plusieurs facteurs, elle semble toucher en particulier les jeunes nés au Québec de parents immigrants, qui développent un sentiment d’impuissance, individuelle ou collective, à l’égard de l’exclusion qu'eux et leurs proches vivent dans la société québécoise. Par conséquent, il est important de lutter contre les préjugés, la discrimination et le racisme, de renforcer l’estime de soi, le sentiment d’appartenance et la participation à la société québécoise des personnes immigrantes et des minorités ethnoculturelles. Cet axe du plan d’action comporte donc des mesures visant notamment la promotion des
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droits et libertés et l’édification d’une société inclusive, exempte de préjugés, de discrimination et de racisme.
Premières mesures : Un projet de loi
Mme Kathleen Weil, Ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion Parallèlement à la présentation du Plan d’action, la ministre de la Justice, procureure générale et ministre responsable de la Condition féminine, Mme Stéphanie Vallée, a déposé le même jour à l'Assemblée nationale un projet de loi portant sur les propos haineux et les règles renforçant la protection des personnes. Ce projet comprend des dispositions législatives qui, conditionnellement à son adoption par l’Assemblée nationale, permettraient d'assurer la protection des personnes et de sanctionner la diffusion de propos haineux ou incitant à la violence. Les dispositions proposées visent notamment à : ■lutter contre le mariage forcé; ■prévenir les crimes basés sur une conception de l’honneur; ■implanter un outil de protection immédiate pour les personnes dont la sécurité pourrait être menacée; ■et mieux protéger les élèves dans les établissements d’enseignement subventionnés.
«Un plan contre la radicalisation, les préjugés, la discrimination et le racisme» Le Plan d'action 2015-2018 La radicalisation au Québec : agir, prévenir, détecter et vivre ensemble est le résultat du travail d'un comité interministériel mis sur pied par le premier ministre du Québec, M. Philippe Couillard, afin de
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répondre efficacement au phénomène de la radicalisation menant à la violence. Coordonné par le ministère de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion, le comité comprend aussi huit ministères, en plus de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse et du Secrétariat à la condition féminine. Les ministères et organismes gouvernementaux poursuivront leur engagement dans le but de réaliser les mesures qui concernent plus particulièrement leur champ d'expertise. « Les familles, les parents et les jeunes sont au coeur de nos préoccupations. Notre plan, en s'appuyant sur une concertation de tous les acteurs des milieux concernés, tant au sein du secteur public que de la société civile, aidera à prévenir la radicalisation menant à la violence et à renforcer la lutte contre les préjugés, la discrimination et le racisme. Nous nous devons d'agir pour intervenir et informer les personnes touchées par ce phénomène nouveau. Nous travaillerons pour aider nos jeunes, nos familles à vivre ensemble dans une société moderne, pluraliste et ouverte sur le monde », a tenu à préciser la ministre Kathleen Weil lors de la présentation du Plan qui, rappelons-le, engage le gouvernement et en particulier dix départements ministériels. Les ministres et ministères engagés - Philippe Couillard, Premier ministre - Lise Thériault, vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique - Stéphanie Vallée, ministre de la Justice, procureure générale et ministre responsable de la Condition féminine - Kathleen Weil, ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion - Gaétan Barrette, ministre de la Santé et des Services sociaux - François Blais, ministre de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche - Francine Charbonneau, ministre de la Famille - Lucie Charlebois, ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse et à la Santé publique - Sam Hamad, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale - Pierre Moreau, ministre des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire - Christine St-Pierre, ministre des Relations internationales et de la Francophonie
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Un projet de société
Premier outil : Le Centre montréalais de prévention de la radicalisation menan à la violence Montréal aura un rôle central dans le déploiement du Plan d'action 2015 – 2018 pour la prévention de la radicalisation menant à la violence et le renforcement du vivre-ensemble; la Métropole assumera ce rôle à travers le «Centre montréalais de prévention de la radicalisation menant à la violence» annoncé le 9 mars dernier mais pourra désormais répondre aux demandes provenant de l'ensemble du territoire québécois. Grâce à un investissement à part égale de 2 M$ provenant de la Ville de Montréal et du gouvernement du Québec, le centre sera géré par un organisme à but non-lucratif et aura comme mandat de favoriser les actions préventives afin de contrer l'endoctrinement aux idéologies menant à la violence. Il sera dirigé par M. Herman Okomba-Deparice, qui a travaillé pendant 10 ans au SPVM en tant que spécialiste des relations interculturelles, et plus récemment des questions de radicalisation.
Une approche de partenariat « En mars dernier, nous avons posé un geste concret permettant aux citoyens d'agir afin de prévenir les phénomènes de radicalisation. Les investissements que nous annonçons aujourd'hui démontrent notre volonté commune de contrer ce phénomène en faisant bénéficier tout le Québec de l'expertise montréalaise en matière de détection et de prévention de la radicalisation. En privilégiant une approche de partenariat, cette structure contribuera à mobiliser des intervenants déjà impliqués dans tous les milieux et favorisera des actions préventives tout en offrant un soutien psychosocial confidentiel. La prévention et l'accompagnement seront au cœur du mandat du centre afin que, collectivement, nous puissions intervenir le plus efficacement possible pour
protéger les Montréalais et l'ensemble des Québécois », a déclaré M. Coderre. Une ligne téléphonique permet dès maintenant à la population de joindre un intervenant, sans frais, et ce, de partout au Québec. Le numéro à composer pour la région de Montréal est le 514 687-7141, tandis que celui pour l'ensemble du Québec est le 1 877 6877141. Une première en Amérique du Nord Ayant comme objectif la prévention, en amont, des actes de violences liés à la radicalisation, le centre aura également comme mandat d'accompagner les familles et les proches d'individus radicalisés ou en voie de radicalisation. Une plateforme d'information dédiée à la prévention offrira un service d'écoute et de conseils pratiques et permettra de signaler toute situation inquiétante. Un volet prévention permettra de sensibiliser et de mobiliser les ressources de la communauté tout en offrant une plateforme d'échange sur les meilleures pratiques. Le volet intervention assurera quant à lui la prise en charge professionnelle et psychosociale des individus en déconstruisant les idéologies menant à la violence. La mise sur pied du Centre de prévention vient concrétiser les ressources mises à la disposition des citoyens en mars dernier. « Il est évident que le Centre de prévention de la radicalisation répond à un besoin essentiel. Face à ces phénomènes complexes, les parents, amis et intervenants peuvent être démunis. C'est toute la société qui doit se mobiliser pour les soutenir, et c'est pourquoi il est important pour la Ville de Montréal d'agir avec le gouvernement du Québec en concertation avec les intervenants de tous les milieux. À l'aube du Sommet international des maires sur le vivre ensemble, il s'agit d'un élément supplémentaire pour nous permettre de préserver la qualité de vie qui fait la fierté des Montréalais », a conclu M. Coderre.
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M Denis Coderre, Maire de Montréal
En cas de besoin Téléphonez au 514 687-7141 ou au 1 877 687-7141
Une ligne téléphonique permet dès maintenant à la population de joindre un intervenant, sans frais, et ce, de partout au Québec. Le numéro à composer pour la région de Montréal est le 514 687-7141, tandis que celui pour l'ensemble du Québec est le 1 877 687-7141.
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Sommet des Métropoles du Monde
La Déclaration de Montréal Vingt-trois maires, dont ceux de Paris, de Washington, de Casablanca et de Beyrouth avaient répondu à l’invitation du maire Denis Coderre pour discuter d’enjeux liés à la radicalisation, la sécurité et l’inclusion. À l’issue du sommet, qui se déroulait au siège de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), les maires ont signé la Déclaration de Montréal. Ils ont ainsi entériné la création d’un Observatoire international des maires sur le vivre-ensemble, une plateforme Internet dont la direction a été confiée à Raymond Chrétien. L’Observatoire permettra de mettre en commun les informations pour lutter contre la radicalisation, et des universités y collaboreront. À l'issue du Sommet sur le Vivre ensemble qui s'est tenu à Montréal les 10 et 11 juin, les maires des villes et métropoles participantes ont signé à l'unanimité la Déclaration de Montréal. Ce document, une première pour les gouvernements locaux, énonce les principes et engagements généraux sur le Vivre ensemble dans les villes. De plus, la déclaration prévoit la création de l'Observatoire international des maires sur le Vivre ensemble, et convient que les maires poursuivront les discussions entamées à Montréal. En adoptant ce texte fondateur, les maires signataires ont réaffirmé leur engagement à promouvoir le vivre ensemble au sein de leur communauté respective, à assumer leurs responsabilités dans ce domaine et à partager leurs expériences et leurs
connaissances. Une nouvelle ère « Avec la tenue de ce premier Sommet sur le Vivre ensemble et la signature de la Déclaration de Montréal, notre métropole est entrée dans une nouvelle ère en ce qui a trait au développement de ses relations internationales et au leadership qu'elle exerce sur la question du vivre ensemble. Lors des discussions et échanges qui se sont déroulés lors de ce Sommet, les maires ont clairement exprimé leur volonté de s'unir et d'agir afin de favoriser l'accueil et l'inclusion de tous les citoyens et ainsi lutter contre la discrimination», a déclaré le maire de Montréal. Le projet initial de Déclaration proposé par le maire de Montréal a fait l'objet
d'échanges et de discussions. Les participants ont convenu de diverses bonifications dans le cadre d'échanges constructifs.
tral de l'Observatoire sera situé à Montréal pour les cinq prochaines années. Il sera dirigé par M. Raymond Chrétien.
Création d'un Observatoire international Les maires se sont également engagés à créer un Observatoire international des maires sur le Vivre ensemble, auquel les villes pourront adhérer sur une base volontaire. Cet observatoire, une première au sein des gouvernements locaux, travaillera en étroite collaboration avec les universités et autres centres de recherches des villes membres sur toutes les questions qui l'interpelleront. Il permettra notamment de documenter les nouveaux défis de même que les pratiques et initiatives innovantes du vivre ensemble à l'échelle mondiale. Le secrétariat cen-
Prochain Sommet à Casablanca en 2017 Les maires se sont également engagés à poursuivre les discussions entamées à Montréal, le partage de leurs réflexions stratégiques et l'échange d'information en décrétant le Sommet international des maires sur le Vivre ensemble. La tenue de ce Sommet se tiendra tous les deux ans, dans différentes villes membres ou adhérentes. Les maires ont convenu que le prochain Sommet se tiendra en 2017 dans la Ville de Casablanca, au Maroc, sous la responsabilité du maire M. Mohamed Sajid.
Les signataires de la Déclaration (par ordre alphabétique des villes) •Montréal : Monsieur Denis Coderre •Bamako (Mali) : Monsieur Adama Sangaré •Beyrouth (Liban) : Monsieur Bilal Salim Hamad •Bruxelles (Belgique) : Monsieur Yvan Mayeur •Casablanca (Maroc) : M. Mohamed Sajid •Dakar (Sénégal) : Monsieur Khalifa Ababacar Sall •Douala (Cameroun) : Monsieur Fritz Ntoné Ntonè •Fès (Maroc) : Monsieur Hamid Chabat •Genève (Suisse) : Monsieur Sami Kanaan •Halifax (Canada) : Monsieur Mike Savage •Hiroshima (Japon) : Monsieur Kazumi Matsui •Île-de-France (France) : Monsieur Jean-Paul Huchon
•Johannesburg (Afrique du Sud) : Monsieur Mpho Franklyn Parks Tau •Lac-Mégantic (Canada) : Madame Colette Roy Laroche •Miami (États-Unis) : Monsieur Tomás Regalado •Monterrey (Mexique) : Madame Margarita Alicia Arellanes •Mulhouse (France) : Monsieur Jean Rottner •Paris (France) : Madame Anne Hidalgo •Québec (Canada) : Monsieur Régis Labeaume •St. Petersburg (États-Unis) : Monsieur Rick Kriseman •Thiès (Sénégal) : Monsieur Talla Sylla •Victoria (République des Seychelles) : Madame Jacqueline Moustache-Belle •Washington (États-Unis) : Madame Muriel Bowser
Un Observatoire sur le vivre-ensemble pour permettre aux villes d’assurer «L’équilibre entre l’ouverture et la vigilance» L’ancien diplomate Raymond Chrétien dirigera l’Observatoire des maires sur le vivre-ensemble, dont la création a été officialisée jeudi à l’issue d’un sommet traitant de la radicalisation qui s’est tenu à Montréal.
« C’est un travail que je vais faire bénévolement. C’est avec plaisir que je le fais, car j’aime l’ensemble des questions qui relèvent maintenant de l’autorité des maires, a commenté M. Chrétien. Il y a 20 ans, les villes n’avaient pas beaucoup de pouvoir. Le
pouvoir venait d’en haut. Maintenant, le pouvoir va vers les villes. »
L’idée de ce sommet avait été lancée par Denis Coderre en janvier dernier, dans la voie d’une recherche de «L’équilibre entre l’ouverture et la vigilance», se plaît à répéter le maire de Montréal depuis des mois pour résumer le défi des villes face à la montée du radicalisme. Selon les maires, les villes ont un rôle important à jouer pour contrer ce phé-
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nomène. Les solutions peuvent emprunter plusieurs voies, dont la lutte contre la pauvreté et l’accès à des logements, estime la mairesse de Washington, Muriel Bowser. De son côté, la mairesse de Paris, Anne Hidalgo, a évoqué l’éducation et la lutte contre les inégalités dans son discours prononcé à l’heure du midi. Prévenir la radicalisation, c’est savoir anticiper, a pour sa part souligné le maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, même si pour cela, on doit pratiquer
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une forme de profilage. Le maire Coderre, comme son collègue de Casablanca, Mohamed Sajid, a insisté sur l’importance d’éviter les « amalgames » qui tournent les projecteurs sur la communauté musulmane. Les maires ont convenu de faire du Sommet sur le vivre-ensemble un événement récurrent. Ainsi, ils se rencontreront à nouveau dans deux ans, à Casablanca.
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Conférence de M. André Azoulay, Conseiller de Sa Majesté le Roi du Maroc
« Au pays de la diversité et de l’altérité»…
M. André Azoulay, Conseiller de Sa Majesté le Roi du Maroc, a mis en exergue, lundi 16 juin 2015 à Montréal, les liens séculaires entre l’Islam et le Judaïsme au Maroc, ainsi que la singularité et la richesse de l'identité plurielle marocaine, nourrie et forgée par la convergence de ses différents affluents et composantes.
M. Azoulay, qui intervenait lors d'une conférence sous le thème «le Maroc, une autre histoire pour un autre futur en terre d'Islam», organisée par l'Association «Mémoires & Dialogue», a souligné que le Maroc est «riche d'une grande histoire juive», enrichie par le partage, l'échange et le contact naturel et permanent depuis des siècles entre imams et rabbins, ajoutant qu'«au delà du lien du sol, les juifs marocains, là où ils sont présents, se réclament de leur attachement au Royaume et se revendiquent de cette fidélité à leur identité, leur héritage et leur culture marocaines». Un exemple de «Diversité voulue et assumée» Devant un aréopage de personnalités issues de divers horizons, M. Azoulay a insisté sur cette «exception marocaine», tout en déclarant sa fierté de partager sa Marocanité, riche d'une grande diversité «voulue et assumée», et d'être à la fois arabe, berbère et juif, «en ces temps de recul collectif, de repli identitaire et d'archaïsme qui minent la communauté des Nations», rappelant que l'Islam et le Judaïsme ont coexisté plus d'un millénaire dans le Royaume, et se sont enrichis, nourris, modelés et façonnés mutuellement. Dans ce sens, il a indiqué que le Marocain de confession juive n'a aucune «frilosité ou état d'âme» quand il revendique son identité ou ses racines marocaines, soutenant que personne ne peut nier les différentes facettes de l'identité marocaine ou ignorer cette diversité, altérité et complexité qui caractérisent la société marocaine. Il a, à ce propos, rappelé que l'aide au peuple juif pendant la seconde guerre mondiale est venue du Maroc en premier lieu, avant que d'autres pays comme la Tunisie et la Turquie ne lui emboîtent le pas, ajoutant que durant la période de l'inquisition, les familles juives ont aussi trouvé refuge auprès
des familles marocaines musulmanes.
Une réalité nationale consensuelle Le Conseiller du Souverain a saisi également l'occasion pour mettre en relief la teneur de la Constitution de 2011, qui est «la seule au monde» à dire que l'histoire d'un pays a été écrite par la contribution de l'identité berbère, de la grande civilisation arabo-musulmane, la civilisation juive, et les divers autres affluents, notamment andalous et africain, précisant que «nous sommes aujourd'hui devant une réalité consensuelle au niveau national qui a trouvé sa traduction dans le vote massif des Marocains en faveur de cette nouvelle Loi fondamentale». Selon M. Azoulay, cette «réalité constitutionnelle», qui est inscrite dans la Loi fondamentale du Royaume, constitue une «percée exceptionnelle de la modernité sociale» réalisée par les Marocains qui, par ce long parcours, ont fait triompher «l'irréfragabilité» de l'histoire du Royaume afin de «ne pas ignorer, marginaliser ou stigmatiser le Maroc dans l'une de ses composantes» et résister
ligné la particularité du Maroc, «terre de tolérance et de dialogue intercommunautaire», relevant que «dans un contexte régional caractérisé par les déchirements et les incertitudes et face aux risques de repli identitaire et les fractures civilisationnelles, on ne peut qu'être fier de notre appartenance au Maroc, dont la diversité culturelle et spirituelle constitue un atout majeur et dont l'attachement aux valeurs d'ouverture, de tolérance et de dialogue lui confère singularité et reconnaissance». Elle a affirmé, dans ce sens, que le Maroc, «attaché à son histoire, son unité nationale et son intégrité territoriale, sous la conduite ingénieuse d'un Roi fédérateur, engagé dans la démocratie et la modernité», s'est attelé à son développement économique, politique et social, ainsi qu'à une modernisation profonde de ses structures à tous les niveaux et ce, dans le respect de son identité nationale fondée sur l'unité et le pluralisme. Mme Chekrouni a rappelé que l'histoire
M André Azoulay d'importantes avancées, indiquant que ces acquis qui constituent le socle de sa stabilité lui permettent de faire face aux nouveaux défis auxquels est exposée la communauté internationale, notamment l'extrémisme religieux et le terrorisme et d'appréhender sereinement son futur pour le bien-être et la prospérité de ses
M André Azoulay avec les membres de l;'association mémoires & dialogue ainsi à toute forme de manipulation ou d'instrumentalisation. Et le Conseiller de SM le Roi de conclure qu'«il est du devoir de chacun de nous d'agir et de participer pour préserver et pérenniser cette dynamique» et de mobiliser les générations montantes pour «résister à l'amnésie des uns et aux tentations des autres».
du Royaume, caractérisée par la coexistence et la cohabitation entre les Marocains de différentes origines et confessions, a vu sa consécration dans la Constitution de 2011 qui a confirmé cette philosophie du Maroc, fier de ses afflux musulman, juif, berbère, arabe et saharo-hassani, nourri de ses affluents africain, andalou et méditerranéen, une richesse indéniable et gage de l'ouverture de la société marocaine.
Tolérance et dialogue De son côté, l'ambassadeur du Maroc à Ottawa, Mme Nouzha Chekrouni a sou-
La diplomate marocaine a, en outre, soutenu que sous l'impulsion de SM le Roi Mohammed VI, le Maroc a réalisé
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citoyens. Mme Chekrouni, qui a précisé que la communauté marocaine au Canada constitue un trait d'union solide entre son pays d'origine et son pays d'adoption, a conclu que le Maroc est fier de cette communauté aussi bien musulmane que juive, qui représente la résultante d'un flux d'immigration de qualité, une particularité et une vertu lui permettant de bien s'intégrer dans le pays d'accueil et de participer activement à sa réussite et à sa richesse identitaire. Source : Maghreb Arabe Presse
Vivre-Ensemble
Rêvons un peu…
Pourquoi pas des lieux de culte partagés ? Dalil Boubakeur, le président du Conseil français du culte musulman, a évoqué récemment l'idée d'un partage des lieux de culte entre chrétiens et musulmans, et déjà certains imaginent le temple unique du « vivre-ensemble » qui servirait de mosquée le vendredi, de synagogue le samedi et d'église le dimanche. Partager les lieux de culte, est-ce une bonne idée? Interrogé sur la possibilité de récupérer des églises vides pour les transformer en mosquées, Dali Boubakeur n'a pas écarté l'éventualité. «C'est le même Dieu, ce sont des rites qui sont voisins … je pense que musulmans et chrétiens peuvent coexister» a-t-il affirmé. Pour remédier à la crise des lieux de culte et améliorer le dialogue entre les religions, certains avancent l'idée d'un «partage» des lieux de cultes dans des espaces multiconfessionnels. Une sorte de temple unique du «vivre-ensemble» qui servirait de mosquée le vendredi, de synagogue le samedi et d'église le dimanche. Vraie solution ou utopie? De tels endroits existent déjà dans les aéroports et les hôpitaux. Souvent assez neutres et dépourvus de symboles, ces lieux aseptisés restent des espaces de passage, temporaires et mal aménagés. S'il n'est pas rare qu'un édifice change de confession, les lieux multicultuels sont quasiment inexistants. Les initiatives, isolées, restent rares et symboliques. Le temple libre de Moncton, au Canada, a été ainsi un des rares exemples de lieu de culte interconfessionnel. Construit en 1921 pour accueillir les croyants des différentes religions en attendant que leurs lieux de cultes respectifs ne soient construits, il a fonctionné jusqu'en 1963, avant de devenir
un monument historique.
«Mosquée le vendredi, synagogue le samedi et église le dimanche» A Berlin, l‘idée d'une“Maison de l'Unique ” qui réunirait les trois monothéismes a été lancée en juin 2014 par le pasteur Gregor Hohberg, le rabbin Tovia Ben-Chorin et l'imam Kadir Sanci. Ce projet, qui devrait voir le jour en 2018, réunirait en un seul édifice trois salles de prières de dimensions égales, donnant sur une salle commune où les fidèles pourraient échanger. Ce projet d'églisemosquée-synagogue serait érigé sur les ruines de «Petrikirche», la plus vieille église de Berlin, découverte par des archéologues en 2009. Le montant des travaux s'éleverait à 43,5 millions d'euros. Une collecte de dons a été lancée, et les travaux devraient débuter en 2016, si suffisamment d'argent a été récolté. Autre initiative: à Londres, le projet «Friday, Saturday, Sunday», lancé par trois architectes britanniques (un juif, un chrétien et un musulman) prévoit de construire un lieu unique pour le culte des trois religions monothéistes. «Mosquée le vendredi, synagogue le samedi, église le dimanche. Parfaitement imaginé pour respecter à la lettre les trois pratiques religieuses!», promettent les architectes. En France, une seule initiative de ce genre a pour le moment vu le jour. A Bussy-Saint-Georges, en Seine-etMarne, un projet de «quartier multicultuel» a vu le jour: il s'agit d'un ensemble de bâtiments composé de deux temples bouddhistes, une mosquée, une synagogue et une église évangélique
protestante chinoise, construits côte-àcôte pour favoriser le dialogue interreligieux. «Un maire se doit de garantir la cohésion sociale. Je crois en une laïcité apaisée respectant les religions, qui peuvent être le ciment de la société et élever l'homme.» confiait le maire Hugues Rondeau au JDD pour justifier son projet en 2012. Du syncrétisme à la fin des différences Si ces projets semblent de beaux symboles, il n'est guère sûr qu'ils puissent être généralisés. Interrogé par Radio Vatican sur le projet de lieu de culte multi-confessionel de Berlin, l'architecte jésuite Andréa Dall'Asta, directeur de la Galerie San Fedele à Milan, trouvait intéressant d'essayer «de faire tomber les murs, les divisions
entre les différentes religions, qui sont considérées comme égales.» Mais il s'inquiétait aussi du «renoncement au caractère symbolique de l'édifice église, synagogue, ou mosquée. En considérant aussi la tendance de l'architecture chrétienne contemporaine à construire toujours plus d'églises qui ressemblent à des maisons parmi d'autres pour favoriser et exalter la dimension relationnelle, on peut se demander dans quelle direction nous conduira ce manque de symboles.» Ce syncrétisme poussé jusqu'au bout risque en effet d'aboutir à l'uniformisation des cultes dans un grand «supermarché des religions», qui pourrait nuire à la diversité culturelle et religieuse.
Islam et occident sont-ils incompatibles ? La réponse de Manuel Valls, Premier ministre français Le gouvernement français a organisé ce lundi 15 juin sa première instance de dialogue avec l’islam. Devant les 150 participants dont une centaine de représentants de l’islam dans l’hexagone, le premier ministre, Manuel Valls a tenu à avoir un discours rassurant, appelant tous les acteurs politiques et religieux à « démontrer que l’islam et la France sont compatibles ». Détails. « L'islam est en France pour y rester. C'est la deuxième religion de notre pays. Il faut donc mener le combat des consciences, et faire jaillir au grand jour ce qu'est la réalité de l'islam de France. Et pour gagner ce combat, c'est à chacun de prendre ses responsabilités ». C’est avec ces mots que le Premier ministre français Manuel Valls s’est exprimé à l’ouverture de la première
rencontre de « L’instance de dialogue avec l’islam de France » ce lundi 15 juin place Beauvau, rapporte Le Monde.
cipent de cette entreprise criminelle, qui font partir des centaines de jeunes au djihad.[…] Il faut le dire, tout cela n’est pas l’islam », a-t-il martelé.
«L’islam et la France sont compatibles » Devant 120 représentants de l’islam dont le Conseil français du culte musulman (CFCM) et une cinquantaine de représentants des pouvoirs publics, le Premier ministre a reconnu les « incompréhensions, à priori, rejet d’une partie de nos concitoyens, amalgames dont sont victimes » les musulmans de France renforcés depuis les attentats de Paris en janvier dernier. Il a ainsi appelé à éviter les amalgames et à « nommer l’ennemi » tel qu’il est. « Les imams autoproclamés qui, dans nos quartiers, nos prisons, font l’apologie de la violence, du terrorisme, qui parti-
Invitant à ne plus faire de confusion entre les musulmans pacifiques et les adeptes de l’islam radical et du jihadisme, Manuel Valls insiste : « Je ne veux plus qu’on se sente accusé d’être complice d’actes qu’on n’a jamais voulus ni soutenus, bien sûr ! ».
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Manuel Valls a également souhaité que « l’islam s’épanouisse dans notre pays », appelant tous les responsables politiques et religieux présents à « faire la démonstration pour le monde entier que la France et l’islam sont pleinement compatibles ». Inspirée de l’instance pour l’Église
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catholique mise en place en 2002, « L’instance de dialogue avec l’islam de France » avait été annoncée en janvier dernier, juste après les attentats de Paris. Outre les membres du CFCM, elle a réuni tous les courants de l’islam présents dans l’hexagone : soufis, salafistes, Frères musulmans et mouvement prosélyte du Tabligh. Lors de cette rencontre, qui devrait se reproduire une à deux fois par an, plusieurs questions prioritaires devaient être abordées, notamment l’image de l'islam, la construction de mosquées, formation des imams, ainsi que les pratiques rituelles. Ces quatre thématiques examinées en ateliers donneront lieu à des rapports qui seront ultérieurement rendus publics.
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Politique
Jean Charest: Le retour... Une rumeur «absolument fausse» ? L'ancien premier ministre Jean Charest nie catégoriquement les rumeurs d'un passage imminent en politique fédérale pour les conservateurs, a déclaré vendredi son conseiller. La rumeur qui court à ce sujet depuis que l'animateur Jean Lapierre l'a lancée en ondes au 98,5 FM est «absolument fausse» et «ne tient à rien», a tranché Grégory Larroque. Il a ajouté que M. Charest n'avait «aucun plan à l'heure actuelle» de retourner en politique et qu'il était par ailleurs «très heureux» au sein de la
firme McCarthy Tétrault, où il travaille actuellement. Le Parti conservateur, de son côté, ne «commente pas les rumeurs», s'est contenté d'écrire l'un de ses porte-parole, Marc-André Leclerc. Jean Charest a démissionné de son poste de premier ministre du Québec après la défaite de son parti aux élections générales de septembre 2012. Au cours d'une entrevue avec le service anglais de Radio-Canada, en août dernier, il a répondu qu'il ne fallait «jamais
dire jamais» lorsqu'on lui a demandé s'il comptait faire un retour en politique. Selon Grégory Larroque, certains observateurs de la scène politique interprètent souvent à tort certaines apparitions publiques ou rencontres avec des politiciens toujours actifs comme autant de signes d'un retour. Mais «il n'a pas l'intention, il n'a pas le projet, de se relancer en politique, que ce soit au fédéral ou au provincial, au moment où on se parle», a-t-il martelé à l'autre bout du fil.
M Jean Charest
François Legault égratigne Gérard Deltell
Règlement de compte à CAQ Corral… L'heure des règlements de compte semble avoir sonné à la Coalition avenir Québec (CAQ), alors que le chef, François Legault, s'en est pris à l'exdéputé de Chauveau, Gérard Deltell, qui était une des figures de proue du parti avant de quitter pour la scène fédérale en avril 2015. À l'occasion du bilan de la présente session parlementaire, M. Legault a soutenu qu'il avait eu raison de démettre M. Deltell de ses fonctions de leader parlementaire du deuxième groupe d'opposition. En conférence de presse, il a dit avoir agi ainsi pour le bien du parti et du caucus.
Il a cependant refusé d'élaborer pour dire quelles étaient les raisons ayant motivé son geste. Plus tôt cette semaine, c'était au tour de la candidate défaite de la CAQ dans Chauveau, Jocelyne Cazin, d'attribuer en partie son échec à M. Deltell, parce qu'il ne l'avait pas appuyée lors de l'élection complémentaire dans cette circonscription. Un chef doit être capable «de prendre des décisions difficiles», a dit M. Legault, laissant place à toutes les interprétations quant aux «bonnes raisons» invoquées. «Je n'entrerai pas dans les détails», a-t-il dit.
Gérard Deltell était le chef de l'Action démocratique, au moment de la création de la CAQ. MM. Legault et Deltell avaient négocié le mariage entre les deux formations. Par la suite, M. Deltell, qui récoltait de très fortes majorités dans Chauveau, avait toujours joué un rôle de premier plan, avant d'être tassé de son rôle de leader parlementaire, dans des circonstances nébuleuses. Après des mois de tergiversations, M. Deltell a annoncé quelques mois plus tard qu'il serait candidat pour le Parti conservateur aux prochaines élections fédérales.
Québec
Un remaniement ministériel en vue?
Selon la Presse Canadienne, le Premier ministre, M. Philippe Couillard aurait récemment laissé planer la possibilité d'un remaniement ministériel.
En point de presse à l'occasion de l'ajournement des travaux parlementaires pour la saison estivale, le premier ministre n'a pas écarté l'éventualité d'un brassage de cartes au sein de son équipe ministérielle.
Lorsqu'un reporter lui a demandé s'il fermait la porte à un remaniement d'ici l'automne, M. Couillard a répondu qu'il était «toujours en réflexion sur les façons d'améliorer son gouvernement». Fort d'une double victoire dans les élections complémentaires du 8 juin dernier, les membres gouvernement libéral n’auront donc pas a eu le temps de festoyer, ni de songer aux prochaines vacances...
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Le chef caquiste a paru désenchanté par le climat actuel, au point de demander aux représentants des médias sur place de l'aider à mieux transmettre son message dans l'avenir. Il a attribué à la polarisation du débat politique entre libéraux et péquistes, autour de la question nationale, les déboires de son parti. Cette polarisation a été accentuée selon lui par la récente course au leadership au Parti québécois, qui a mené à l'élection de Pierre Karl Péladeau. M. Legault se dit tout de même convaincu plus que jamais qu'il y a place au Québec pour une troisième voie et que l'attrait actuel pour le bipartisme n'était qu'éphémère.
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Hommage
Jean Doré, 39ème maire de Montréal
L’homme qui a changé le visage de la Métropole…
ean Doré, 39e maire de Montréal, est décédé, des suites d'un cancer du pancréas découvert à l'automne 2014. Il avait 70 ans. Il avait été maire de Montréal de 1986 à 1990 puis de 1990 à 1994. Ses deux mandats à la mairie de Montréal lui ont permis de changer le visage de la métropole. Voici, en partie, son héritage légué aux Montréalais. Porté par un raz-de-marée, Jean Doré arrive à la mairie de Montréal en 1986. Le départ à la retraite du très populaire Jean Drapeau, aux commandes de la ville depuis 1960, lui permet d'entrer à l'hôtel de ville avec 55 conseillers de son parti, le Rassemblement des citoyens de Montréal (RCM). Pour le RCM, la priorité est de se rapprocher de la population, de démocratiser les institutions politiques et décentraliser la ville. Après 25 ans de règne du très autocratique maire Drapeau, c'est un vent de renouveau qui souffle à l'hôtel de ville. « On va commencer à vivre une autre époque à Montréal [...] On va procéder au changement dont Montréal a besoin. » avait d’ailleurs déclaré Jean Doré, le 9 novembre 1986 Nouvelles installations culturelles En 1992, le maire Doré profite du 350e anniversaire de la fondation de Montréal pour doter la ville d'installations culturel-
les d'envergure.
« Politiquement, la grande réussite de l'administration, c'est d'avoir utilisé le 350e anniversaire de la ville pour aller chercher de l'argent supplémentaire pour transformer différents lieux de Montréal en des attraits de différents ordres », soutient Benoît Gignac, qui était le chef de cabinet responsable des communications du maire Jean Doré. « Il y a toute une série de transferts fédéraux et provinciaux qui ont été faits dans le but de fêter cet anniversaire. » Les grands travaux de Jean Doré Parmi les grands travaux réalisés sous sa houlette ont citera : - le square Berri (devenu la place Émilie-Gamelin); - le jardin de l'hôtel de ville; - la place Charles-De-Gaulle au parc Lafontaine; - le Biodôme; - le jardin chinois du Jardin botanique; - le Musée d'archéologie de la Pointe-à-Callière; - le réaménagement du Vieux-Port, du parc des îles et de la plage de l'île Sainte-Hélène. Démocratisation de la vie municipale Le programme du RCM est axé sur les besoins de la population. L'administration Doré tente donc de décentraliser la ville et d'augmenter la participation des citoyens dans le proces-
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sus politique. Cela se matérialise par la mise en place des conseils d'arrondissement et des bureaux AccèsMontréal, qui visent à faciliter les contacts des Montréalais avec l'administration municipale. « Une des grandes réalisations de Jean Doré, c'est d'avoir dirigé un véritable parti politique municipal. Sous M. Drapeau, il n'y avait pas de parti politique. Il y avait un nom, mais c'est tout. Jean Doré a géré la ville avec un parti, avec un programme et avec des débats. » — Benoît Gignac, ex-chef de cabinet responsable des communications du maire Jean Doré Modernisation de l'administration « Le RCM et Jean Doré ont doté Montréal d'une administration moderne », explique Benoît Gignac. « Quand M. Drapeau a quitté son poste, en 1986, il n'y avait pas beaucoup d'ordinateurs dans la ville. Il y avait encore beaucoup de retard de ce point de vue. Ce changement-là n'est pas spectaculaire, mais ça a créé une fonction publique plus organisée, plus performante. C'était une mise à jour totale des pratiques. » L'administration Doré est la première à mettre en place un plan d'urbanisme pour la ville de Montréal. Jean Doré en quelques dates Né à Montréal en 1944, Jean Doré étudie le droit à l'Université de Montréal avant de devenir directeur général de la
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M Jean Doré Fédération des associations d'économie familiale (1972-1975). Il est un des fondateurs du Rassemblement des citoyens et des citoyennes de Montréal (RCM). En 1982, il se présente comme candidat à la mairie contre Jean Drapeau. Défait, il fait son entrée à l'hôtel de ville comme conseiller municipal deux ans plus tard. En 1986, alors que Jean Drapeau se retire, il est élu maire Il est réélu en 1990, mais perd en 1994 face à Pierre Bourque. Il tente un retour en politique en 1998 sous la bannière d'Équipe Montréal, mais est défait à nouveau par M. Bourque. Par la suite, il a été directeur au développement des affaires à la Caisse Desjardins, en plus de poursuivre un engagement communautaire en tant que président du C. A. et porte-parole de la Fondation des Auberges du cœur.
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Immigration
Québec prévoit accueillir plus d’immigrants
En marge du 32ème congrès des membres du Parti libéral du Québec (PLQ), le premier ministre Philippe Couillard a annoncé que le Québec allait bientôt accueillir davantage d’immigrants. Pour combler ses besoins de maind’oeuvre, le Québec devra ouvrir ses portes aux étrangers, particulièrement à ceux inscrits dans la catégorie économique, a-t-il dit, sans préciser
dans quelle mesure les seuils actuels seraient rehaussés.
Selon M. Couillard, une telle mesure «paraît nécessaire» compte tenu du faible taux de naissances enregistré au Québec et de la diminution croissante de la population active, une «réalité implacable». La hausse du nombre d’immigrants devra être accompagnée d’une bonne stratégie d’intégration à
l’emploi, a-t-il ajouté. Le Québec accueille environ 50 000 immigrants chaque année.
d’assainissement des finances publiques, tout en conduisant le Québec sur la voie de la prospérité.
Une commission parlementaire pour revoir les seuils Plus tôt dans son discours de clôture, M. Couillard s’est engagé à changer en profondeur le fonctionnement de l’État québécois. Il s’est montré déterminé à mener à bien son projet
Il s’est montré tout aussi déterminé à faire adopter ses projets de loi sur la lutte à la radicalisation et sur la neutralité religieuse de l’État, selon ce dernier projet, le port de signes religieux serait permis pourvu que le visage reste découvert.
Canada : 44 202 Immigrants illégaux «perdus de vue» Alors que le gouvernement fédéral a perdu la trace de 44 202 immigrants faisant l'objet d'un mandat de renvoi, le ministre fédéral de la Citoyenneté et de l'Immigration, Chris Alexander, affirme qu'il n'est pas question d'imiter Washington en régularisant d'un coup leur situation. En 2014, président américain Barack Obama a régularisé le cas de 5 millions de personnes vivant sans papier en sol américain. « On renvoie entre 10 000 et 15 000 personnes par année. Aux États-Unis, récemment, c'était 300 000 par année. Et même à ça, ils ont plus de 10 mil-
Immigrants illégaux ayant des antécédents criminels selon la région supposée de leur établissement Ontario : 1 159 Québec : 542 Pacifique : 195 Prairies : 141 Atlantique : 6 Inconnue : 1 Source: Agence des services frontaliers du Canada
lions de personnes, et certaines estimations vont jusqu'à douze, quinze millions de gens illégaux, donc ils pensent à de nouvelles politiques », explique le ministre Alexander. « Notre défi à cet égard reste gérable si on le compare à la situation en Europe ou aux États-Unis, où la population d'immigrants illégaux est très très grande », a-t-il poursuivi.
Le ministre Alexander ajoute que le Canada a déjà sa propre voie de régulariser les immigrants illégaux. « Nous avons cette voie humanitaire, ce programme à motif humanitaire. Des milliers de gens sans statut l'utilisent à tous les ans s'ils peuvent nous démontrer qu'ils ont des liens durables avec le Canada et que c'est logique d'un point de vue humanitaire qu'ils restent ici au Canada », souligne-til. Le ministre croit par ailleurs que le fait d'avoir réduit le sursis accordé aux gens dont les demandes ont échoué lors des audiences de détermination de statut de réfugiés permettra de diminuer la « population de cas échoués au Canada », et que
Clandestin jusque dans la mort…
Un voile de secret entoure la mort d'un homme détenu par les services d'immigration, alors que seules des informations fort vagues ont été communiquées, mais pas son identité ni sa nationalité.
après son décès, ne donne aucune information sur qui il était, d'où il venait ni sur les circonstances de sa détention et de son décès. Il est toutefois indiqué que sa famille a été contactée.
Dans un très bref communiqué diffusé par l'Agence des services frontaliers du Canada a fait savoir que l'homme est mort à l'hôpital à Peterborough, en Ontario.
Des informations ont ensuite coulé au compte-goutte quelques heures plus tard, lorsque l'unité spéciale d'enquêtes de la province, qui se penche sur les décès et les blessures graves qui surviennent lorsqu'une personne est détenue par la police, a
Le communiqué, transmis 18 heures
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la réforme « a réussi à cet égard ». 2000 clandestins avec antécédents criminels Selon l'Agence des services frontaliers du Canada, au moins 2000 des 44 202 immigrants illégaux ont un dossier criminel. Le ministre n'a cependant pas pu préciser combien d'entre eux pouvaient avoir des liens avec une organisation terroriste. Il a plutôt rappelé qu'Ottawa travaille « pour arrêter ceux et celles qui sont ten-
tés par cette idéologie », notamment avec l'adoption de la loi C-51. « On a aussi adopté une loi sur le renvoi plus rapide des criminels dangereux. Par le biais de cette loi, on a réussi à renvoyer des dizaines de criminels très, très sérieux, et avec nos mesures pour cueillir des données biométriques, on va se permettre de ne plus avoir de criminels qui reviennent [au pays] avec des nouvelles identités », fait-il valoir.
déclaré dans son propre communiqué qu'elle enquêtait sur cette affaire.
2015, l'homme est devenu agité», a écrit l'unité spéciale.
L'unité spéciale a dit que l'homme était âgé de 39 ans et était détenu au Centre correctionnel du Centre-Est à Lindsay, en Ontario.
«À la demande du personnel médical, il a été maîtrisé par les agents et par des professionnels de la santé. Peu après, l'homme n'avait plus de signes vitaux et a ensuite été déclaré mort.»
Il a été admis au centre médical régional de Peterborough pour des raisons médicales sous escorte de la police locale et provinciale. «Vers 1 h du matin, le jeudi 11 juin
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Le Service correctionnel du Canada ne dévoile pas le nom des personnes qui meurent en détention.
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Migrations
En marge de la Journée mondiale des réfugiés
Au nom de tous les oubliés de notre système de santé Par Hasnaa Kadiri Sans conteste la santé est essentielle pour tout le monde d’autant plus pour les personnes, qui affluent au Québec de provenance de pays de guerre, de famine ou de catastrophes naturelles. La longue liste des «oubliés» Dans la catégorie des non assurés par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) se trouvent les demandeurs de statut de réfugiés, les réfugiés politiques, les personnes parrainées, les étudiants avec un visa d’étude, les conjoints de ces étudiants, les travailleurs temporaires , les immigrants dans un délai de carence et tout immigrant reçu à qui la RAMQ refuse la carte d’assurance maladie pour différentes raisons. Par conséquent, ces personnes non assurées n’ont pas droit aux soins de santé selon la RAMQ, soutient Dr Michel Welt, gynécologue à la Clinique médicale « Le Plein ciel » à Ville SaintLaurent. Dans sa pratique quotidienne, et ce, depuis des années, Dr Michel Welt voit défiler des centaines de malades non assurées et particulièrement des femmes enceintes. Il trouve que c’est si grave au Canada, car l’état a le monopole des soins de santé, contrairement à la France et aux USA où différentes organisations prennent le relais à la place de l’état telles que des organisations privées, charitables ou communautaires. Ces personnes non assurées se trouvent coincées si malades. En principe dans d’autres pays, toute personne démunie qui se présente pour avoir des soins dans les services publics doit être prise en charge par l’état. Or, au Québec, les non assurés doivent débourser euxmêmes les frais de consultation s’ils n’ont pas une assurance privée. Beaucoup d’assurances privées, précise Dr Michel Welt, ne couvrent pas tous les actes médicaux comme l’accouchement par exemple. Aussi, combien de personnes non assurées peuvent-elles s’offrir une assurance. Il s’avère de plus que bon nombre de ces personnes ne sont même pas au courant de la possibilité de se faire assurer. Les médecins au Québec sont payés à l’acte et non pas à un salaire forfaitaire. Chaque consultation de patient compte dans leur salaire, d’où la difficulté de traiter tous les malades non assurés.
Certes, les médecins ont une obligation éthique de soigner tous les malades, mais les commis dans les cliniques et hôpitaux ne se sentent pas concernés par cette obligation, d’où leur refus de soins aux personnes non assurées, qui se fait régulièrement et dans certains endroits systématiquement. Par contre, quand le médecin est au courant d’une situation délicate, il peut accepter de ne pas être payé ou de recevoir une somme symbolique. Aux bons soins de Médecins du monde au Canada D’après Dr Michel Welt, il est bien clair que l’organisme humanitaire « Médecins du monde au Canada » offre des services gratuits aux personnes non assurées, mais quand il s’agit d’hospitalisation, cela devient impossible. D’ailleurs, peu de personnes sont au courant de l’existence de cet organisme, qui est formé de médecins bénévoles. Sous la bannière de Médecins du monde au Canada, le « Projet Montréal » a vu le jour en 1999 pour venir en aide aux personnes vulnérables à Montréal. Son objectif principal est d’ « améliorer les conditions de santé des populations démunies, itinérantes, marginalisées et exclues des soins de santé, et [de] permettre aux intervenants communautaires œuvrant auprès de cette clientèle d’accéder à une meilleure qualité de vie professionnelle et émotionnelle » (Site de Médecins du Monde Canada). D’où un service assuré aux personnes vulnérables de Montréal par les médecins bénévoles de « Projet Montréal ». Aux USA, avec des millions d’immigrants dont beaucoup sont illégaux, une loi fédérale a été appliquée au niveau de la santé pour les immigrants, qui oblige les urgences des hôpitaux à soigner toute personne qui s'y présente quelque soient son statut et ses capacités financières. Fait saillant souligne Dr Michel Welt que les immigrants reçus, qui sont dans un délai de carence, peuvent bénéficier d’un soin médical que dans ces cas précis : grossesse, accouchement, urgence ou violence conjugale. Un exemple qui a marqué Dr Michel Welt est le cas d’une immigrante reçue qui s’est vu refuser la carte d’assurance maladie, car elle a signalé aux autorités canadiennes qu’elle était venue au Canada dans l’intention d’accoucher et de retourner dans son pays d’origine pour revenir ensuite s’installer définitivement au Canada avec sa famille. Des médecins frileux Historiquement, continue Dr Michel
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Welt, avant les conservateurs, tous les demandeurs du statut de réfugié à travers le Canada étaient couverts par le Programme fédérale de santé intérimaire, qui donnait droit aux mêmes soins que la carte d’assurance maladie. Mais tout d’un coup, les conservateurs ont privatisé ce service et ont légué le soin à la Croix bleue de statuer si les demandes de remboursement des soins devaient être prises en considération ou non. Conséquemment, une lourdeur administrative et bureaucratique rend les usagers de ce service et les médecins frileux à faire des demandes. Par ailleurs, devant les protestations dans tout le Canada face aux refus de remboursement de la Croix bleue, le gouvernement provincial du Québec et celui de l'Ontario ont instauré un système de remboursement complémentaire. « Cruel and inusuel » Le collectif des avocats d’immigrations et des médecins ont fait un recours légal contre le gouvernement fédéral en 2012 en ce qui a trait à cette mesure pour restreindre les soins de santé aux demandeurs du statut de réfugié. La cour a rendu son jugement signalant que cette restriction était « cruel and inusuel ». Or le gouvernement fédéral a fait appel de ce jugement. D’après Dr Michel Welt, en août 2014, l’Association médicale canadienne a reçu les deux motions suivantes : Motion 1 L’Association médicale canadienne est d'avis que les provinces et les territoires devraient avoir l’obligation légale de fournir des soins de santé dès le premier
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trimestre de grossesse. Motion 2 L’Association médicale canadienne recommande au gouvernement fédéral d’instaurer un fonds d’aide médicale afin de permettre aux personnes qui résident au Canada et qui n’ont aucune couverture médicale de recevoir les soins de santé urgents et essentiels. Les deux motions ont été soumises au conseil général de l'AMC. La première motion a été acceptée à l'unanimité et la seconde a été référée au Conseil d'Administration Nous convenons que se faire soigner au Canada est une tâche difficile pour toute personne, qu’en est-il alors pour les personnes non assurées ? Il est clair que le tourisme médical existe très peu au Canada vu l’accès difficile aux soins et le prix faramineux à débourser pour chaque soin. Par contre, le trafic de la maternité donnant accès à la citoyenneté canadienne est monnaie courante, car d’un côté, la citoyenneté est très prisée dans certains pays et d’autre part, elle génère une entrée d’argent aux hôpitaux et aux médecins, généralement non déclarée aux impôts ! Grande question qui se pose : pour une bouteille d’eau de moins de 50 ml, la douane canadienne fait tout un drame, mais pour des centaines de ml de liquide amniotique, elle n’intervient pas ! Pourquoi? Pour échanges, suggestions ou raconter votre histoire d’immigration, écrire à hasnaa.kadiri@gmail.com.
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Solidarité
Un projet maroco-canadien
Faciliter la vie des personnes à mobilité réduite
Omar Lachheb, jeune Marocain résidant au Canada, vient de créer "J'accède", une association qui compte améliorer l'accessibilité des bâtiments aux personnes handicapées en fabriquant des rampes en bois qu’il compte offrir gratuitement aux commerces. «J’accède» Faciliter l’accès des bâtiments et des commerces aux personnes handicapées circulant en fauteuil, tel est l’objectif d’Omar Lachheb, Marocain résidant au Canada. Omar, 37 ans, a perdu l’usage de ses jambes à l’âge de 16 ans suite à un accident de plongeon dans une piscine publique qui a endommagé sa moelle épinière. Depuis cet instant tragique et après des mois de rééducation, il ne se déplace plus qu'en fauteuil roulant. En 2004, il quitte Meknès pour aller étudier à Montréal au Canada où son frère s’était installé un an plutôt. Un pari fou pour ses proches qui le taquinaient affectueusement en lui lançant : « Tu seras obligé de mettre des chaînes aux roues de ton fauteuil roulant » fait-il savoir au journal Métro
qui avait dressé son portrait.
Pourtant, relevant le défi le jeune Omar s’adapte à la vie montréalaise en faisant du bénévolat dans plusieurs associations de soutien aux personnes en situation de handicap. Alors titulaire d’une maîtrise en Administration des Affaires, c’est grâce au bénévolat qu’Omar rencontre son futur employeur à la Banque Royale. Comme s’il était né sous une bonne étoile, il est recruté le jour de son anniversaire. Des rampes d'accès Conscient des difficultés d’accéder aux commerces et aux magasins de la ville québécoise, Omar Lachheb vient de lancer, « J’accède », une association à but non lucratif. Son idée qu'il a expliquée au «Montreal Gazette», est de faire don de rampes de 15 centimètres aux magasins, commerces et bâtiments. Fidèle à sa fibre associative, Lachheb a noué un partenariat avec l’association « Le Boulot vers » qui aide des jeunes ayant quitté l’école à trouver un travail. Les jeunes de cette association fabriqueront des rampes de bois mobiles. Ils seront aussi chargés de les peindre et d’y
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fixer une plaque métallique lisse pour permettre l’accès facile aux fauteuils roulants. Assortis de poignets sur les côtés, les rampes pourront être déplacées dans et en dehors du magasin. Elles peuvent servir aussi bien aux fauteuils roulants qu’aux parents avec des poussettes ou encore à des chariots de livreurs. Le modèle Luke Anderson Selon toujours The Montreal Gazette, Omar s’est inspiré de Luke Anderson, qui a été handicapé à l’âge de 24 ans
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suite à un accident de vélo en montagne. Ce Canadien résidant à Toronto a lancé l’association «Stopgap Foundation» qui construit des rampes d’accès pour les personnes à mobilité réduite grâce aux dons de matériels et au travail de volontaires. Depuis son lancement il y a 4 ans, «Stopgap Foundation» a réussi à placer plus de 500 rampes dans Toronto. Omar lui espère équiper une cinquantaine de commerce dans un premier temps avant de se lancer dans une production plus importante.
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Enfance
Bilan annuel de la DPJ: hausse de 4,8 % des signalements
238 cas par jour !
Chaque jour, 238 enfants sont signalés aux directions de la protection de la jeunesse (DPJ) du Québec. Cette année seulement, un peu plus de 86 800 signalements ont été traités, une hausse de 4,8% par rapport à l'an dernier, révèle le dernier bilan des DPJ de la province.
d'agressions sexuelles: 3378 - Mauvais traitements psychologiques: 5016 - Négligence et risques sérieux de négligence: 12 321 - Trouble de comportement sérieux: 3422
Les causes La négligence demeure le principal motif de signalement, mais une hausse constante est constatée pour des raisons comme les mauvais traitements physiques ou psychologiques. «Il y a beaucoup trop d'enfants en détresse», affirme Michelle Dionne, directrice de la protection de la jeunesse du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Estde-l'Île-de-Montréal.
Les années passent, la hausse demeure Maryse Davreux, directrice de la protection de la jeunesse au CISSS de la Montérégie-Est, précise que depuis 1979, les signalements ont connu une hausse de 189% au Québec. Mme Davreux indique qu'il est difficile d'expliquer cette hausse, mais qu'une analyse de la situation serait «une bonne idée». «Différentes raisons peuvent expliquer cette hausse, comme le contexte socio-économique, politique, familial... C'est inquiétant de voir cette augmentation, et on invite les chercheurs qui seraient intéressés par ce genre d'étude à se manifester», dit Assunta Gallo, directrice de la protection de la jeunesse du CIUSSS de l'Ouest-de-l'Îlede-Montréal.
Principaux motifs de signalement - Abandon: 90 - Mauvais traitements physiques et risques de mauvais traitements physiques: 10 466 - Agressions sexuelles et risques
Différentes régions, différentes réalités La région de Laval a enregistré une hausse des signalements de 16% cette année, alors que Montréal n'a subi aucune augmentation. Le directeur de la protection de la jeunesse du CISSS de Laval, Jacques Dubé, ne s'explique pas cette hausse. «Mais je ne m'en alarme pas pour autant», dit-il. M. Dubé indique que le fait que la population et les intervenants du milieu soient mieux informés de l'existence des DPJ peut notamment expliquer cette hausse. Augmentation des signalements des DPJ de la région de Montréal - Centre jeunesse et de la famille Batshaw: +10% - Centre jeunesse de Montréal, Institut universitaire: 0% - Laval: + 16% - Lanaudière: + 9% - Montérégie: 0% Contexte budgétaire serré Sans critiquer les mesures de restric-
tions budgétaires du gouvernement, Mme Davreux signale que «les services aux enfants et aux adolescents doivent être considérés comme un investissement vers l'avenir». Les DPJ ignorent pour l'instant les efforts budgétaires qui seront demandés aux établissements de santé cette année. «Les budgets de protection à l'enfance sont protégés. On ignore toutefois l'ampleur des restrictions dans les secteurs cliniques», explique Mme Dionne, qui ajoute que la création des CISSS avec le projet de loi 10 «aidera les DPJ à améliorer la prévention». Fausses alertes Les signalements envoyés aux DPJ ne sont pas tous retenus. - Nombre de signalements reçus: 86 861 - Nombre de signalements retenus: 34 693 - Nombre d'enfants dont la situation a été prise en charge par les DPJ: 31 935
Le «6@8» 2015 de l’Association Soleil des Orphelins Un assistance nombreuse à participé le vendredi 12 juin 2015 au «6@8» organisé par l’Association soleil des orphelins (SDO). Au cours de ce rassemblement communautaire, l’association à permis à bons nombre de nos concitoyens de découvrir l’environnement social dans lequel évolue SDO et de répondre à leurs questionnements. Lors de cette rencontre, le président de l’association SDO a pris la parole quelques instants pour parler de l association qui célébrait à cette occasion le dixième anniversaire de sa création. Questionnements et actions Les principales questions posées par les participants dénotent un intérêt certain pour la cause défendue par SDO. Comment devenir bénévole?, comment devenir parrain ?, comment parrainer un orphelin ?, comment les fonds réunis sont-ils acheminés aux orphelins ?, comment peut-on faire le suivi de ces opérations? Tels sont quelques uns de ces questionnements, auxquels toutes les réponses ont été apportées, de manière convaincante sans doute, puisque, dès la fin de la rencontre, l’association a fait un bon nombre de recrues.
citons celui de Nada, venue en curieuse et repartie avec une charge de marraine : «Ce fut un énorme plaisir pour moi et mes parents d être parmi vous hier soir (6@8); un grand merci aux membres de l’association pour le travail et les efforts fournis afin que de nombreux orphelins puissent bénéficier d’une aide qui améliore grandement leur vie et qui leur permet surtout de trouver les chemins de l’école. Vous pouvez dorénavant compter sur moi; à partir d aujourd'hui je serai votre ambassadrice» écritelle. Information : www.Soleildesorphelins.org
Tél. : 1 855 677 4354
Parmi les nombreux messages de soutien reçus dès le lendemain,
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Âge d’or
La retraite bientôt à 67 ans? pour repousser l'âge de la retraite au Québec de 65 à 67 ans a été adoptée par les militants libéraux lors de leur dernier congrès à Montréal. Des amendements feront toutefois en sorte que certains emplois ne seront pas touchés. Plus tôt, le président du Conseil du Trésor, Martin Coiteux, avait affirmé que ce report de l'âge de la retraite était « inévitable ». «Utiliser toutes nos forces vives» « Les gens ont une espérance de vie plus longue, ils sont beaucoup plus longtemps à la retraite par rapport aux années de travail qu'auparavant. On a une société qui est vieillissante. Ça a des conséquences sur les coûts des régimes. Et ça nous impose aussi, comme société, d'utiliser toutes nos forces vives. Le fait que les gens partent très tôt à la retraite, ça nous enlève de l'expertise, du savoir, et des gens qui sont très importants pour contribuer à l'économie, notamment dans le secteur public. », a-t-il soutenu. « Si les gens partent à 55-56 ans et sont à la retraite jusqu'à 90 ans, vous comprendrez bien que ce n'est pas la même situation qu'à une époque où les gens partaient à 65 ans puis l'espérance de vie était dans les 70 ans.». Toutes les sociétés du monde qui vivent le même défi démocratique que le Québec
adoptent ce genre de mesure, assure le ministre.
« On ne peut plus se payer ce genre de luxe là. Il faut être certain de garder les gens au travail le plus possible, mais il ne fait pas en faire une solution mur à mur. Les emplois ne sont pas les mêmes, les exigences physiques des emplois ne sont pas les mêmes », a ensuite déclaré, en point de presse, le premier ministre Philippe Couillard. « Avoir 62 ans dans un métier ne veut pas dire la même chose qu'avoir 62 ans dans un autre métier. » a précisé le Premier ministre. Réforme de la fiscalité Les Québécois devront par ailleurs s'attendre à ce que le gouvernement procède dans le futur à une réforme majeure de la fiscalité. Le débat le plus houleux du congrès a tourné autour du rapport Godbout qui prône une révision majeure de la fiscalité. La salle était divisée quant à savoir s'il fallait ou non encourager le gouvernement à hausser la taxe de vente tout en baissant les impôts, comme le recommande la commission Godbout. Le vote a finalement été positif. Les tarifs gouvernementaux pourraient quant à eux augmenter plus vite que prévu, puisque le PLQ suggère que les
divers tarifs des services publics évoluent en fonction de leur coût réel.
la création d'un nouveau service ou d'un nouveau programme.
Le parti voudrait aussi forcer le gouvernement, par voie législative, à se doter d'un « cran d'arrêt », soit un mécanisme de réduction de dépense équivalente à toute nouvelle dépense occasionnée par
De plus, Québec devrait davantage investir dans les soins à domicile apportés aux personnes âgées et dans le soutien aux aidants naturels, selon les libéraux.
Argent Des aînés lourdement endettés… Istock La plus importante firme spécialisée dans la faillite et l'insolvabilité de ménages en Colombie-Britannique, Sands & Associates, s'inquiète du nombre croissant d'aînés endettés. Son vice-président, Blair Mantin, remarque une hausse de clients âgés de 60 ans et plus dont les dettes écrasantes les poussent à faire appel à leurs cartes de crédit et à des sociétés de prêt sur salaire. « C'est le groupe démographique [endetté] qui croît le plus vite. Il a augmenté de 200 % en 3 ans, affirme M. Mantin. Je vois des aînés qui ont 5, 6 et même 10 différentes sociétés de prêt sur salaire. » Les raisons, dit-il, varient de l'obligation de s'occuper de parents âgés ou d'enfants adultes. Ces personnes sont parfois parties à la retraite alors qu'elles avaient encore des dettes à régler. Par conséquent, en se rabattant sur des sociétés de prêts sur salaire, leurs dettes explosent, car l'argent prêté par ces compagnies coûte très cher. « Le taux d'intérêt qu'elles
proposent peut être de l'ordre de 20 à 30 %, mais, si vous rajoutez tous les frais, [le taux] arrive à dépasser 100 % » par an, dit Blair Mantin. M. Mantin s'attend à ce que la situation empire, car l'accès au crédit reste si facile.
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Coût de la vie
+ 40 % en trois ans
… et les prix du bœuf continuent de grimper
Cet été, le mercure ne sera pas le seul à grimper puisque les prix du boeuf observent la même tendance, une situation qui pourrait refroidir l'ardeur des amateurs de barbecue.
Plusieurs experts de l'industrie l'avaient prédit : une pénurie de bétail devrait faire grimper les prix de la viande à des sommets cette année. « Quand on parle de barbecue, c'est la principale préoccupation en ce moment », a observé Sylvain Charlebois, un professeur de l'institut alimentaire de l'Université de Guelph. Une pénurie de bétail qui se confirme Les prix du boeuf au détail ont augmenté d'environ 40 % ces trois dernières années, a souligné M. Charlebois, et cette tendance à la hausse s'est maintenue à chaque mois de janvier à avril, selon les plus récentes données compilées par Statistique Canada sur les prix des aliments. «Cet élan à la hausse est toujours là. Je crois que nous n'avons pas encore atteint le sommet.» affirme-t-il. Une opinion que partage Kevin Grier. L'analyste indépendant de l'industrie alimentaire de Guelph, en Ontario, a observé que les troupeaux de bétail nord-américains connaissaient un déclin depuis environ 15 ans. Mais selon lui, 2014 et 2015 représentent, en quelque sorte, « un moment charnière. » M. Grier affirme avoir été récemment inondé d'appels au sujet des prix du boeuf, qu'il étudie, tout comme ceux du poulet. Les circulaires d'épiceries faisaient la promotion, il n'y a pas plus de deux ans, de populaires coupes de bifteck à 4,99 $ la livre (environ 11 $ le kilo). C'était avant la récente flambée des prix. « Aujourd'hui, on voit [la livre] à 7,99 $, 8,99$, 9,99 $. Et ce sont les prix soldés. » Phénomène international Même si ce nouvel environnement de prix est un choc pour les amateurs de boeuf canadiens, le phénomène est observé partout dans le monde occidental.
« Aux États-Unis, par exemple, depuis 2009, les prix du boeuf ont presque doublé. Alors la hausse aux États-Unis est encore plus forte que celle que nous avons eue au Canada », a expliqué M. Charlebois avant de préciser que « Les troupeaux aux ÉtatsUnis sont bien plus épuisés qu'au Canada, et c'est pourquoi les prix ont grimpé de façon significative. En Europe, c'est encore pire. » L'Union européenne a mis fin à ses quotas sur les produits laitiers en avril, ce qui a entraîné une incertitude accrue pour les agriculteurs, a-t-il expliqué. « Alors plusieurs agriculteurs quittent l'industrie, tant celle des produits laitiers que celle du bétail. Il y a de moins en moins de stocks en Europe. Les réserves sont plus faibles, alors les prix ont grimpé. »
M. Charlebois souligne que les propriétaires de bétail et les agriculteurs canadiens profitent de la hausse des prix pour leurs produits, mais ils font preuve de prudence par rapport à l'expansion de leurs troupeaux en raison des coûts, du temps et des risques potentiels.
Selon Brenna Grant, du groupe Canfax Research Services, un groupe de Calgary qui recueille de l'information au sujet du marché pour le secteur canadien du bétail, l'industrie se trouve « au tout début » d'une période d'expansion à la suite d'une décennie « très difficile » pour les producteurs de bétail.
Au sujet de ces risques, il rappelle que les prix du bétail avaient plongé de 70 % d'un jour à l'autre le 20 mai 2003, après qu'une épidémie de la maladie de la vache folle eut fait fuir les consommateurs et fermé les portes des marchés d'exportation.
Problèmes de main d’œuvre aussi… « Plusieurs n'ont pas la main-d'oeuvre disponible ou la volonté d'augmenter leur charge de travail », a expliqué Mme Grant.
« Cela a tué beaucoup d'activités à travers le pays », a noté M. Charlebois. « Ces risques existent toujours aujourd'hui. On ne sait jamais. » Un «mieux» à partir de 2018 M. Grier s'attend à ce que l'effet des pénuries perdure au moins jusqu'en 2018, parce qu'il peut prendre jusqu'à trois ans pour produire une nouvelle génération de bétail. « Au Canada, nous n'avons pas encore commencé à augmenter la taille des troupeaux », a-t-il expliqué.
Selon elle, certains producteurs considèrent que les prix ont été assez élevés pendant assez longtemps pour envisager une expansion, mais lorsqu'ils regardent les prévisions météorologiques pour voir ce qui fera suite au printemps sec, ils finissent par se demander s'ils auront assez d'herbe fourragère cet été. Or, l'herbe fourragère sera nécessaire pour nourrir les troupeaux de bétail jusqu'à l'hiver prochain, que ce soit sous la forme de pâturage ou celle de foin, a souligné Mme Grant.
Comment mettre fin aux frais d’itinérance des téléphones mobiles? Les frais d’itinérance des téléphones mobiles coûtent cher aux utilisateurs. Des législateurs et des fournisseurs de services proposent des solutions pour éviter ces frais.
Luxembourg, il utilisera son numéro au Luxembourg et il sera facturé aux tarifs d’un opérateur téléphonique luxembourgeois et vice versa pour un mobinaute belge.
Les législateurs belges et luxembourgeois ont donné le feu vert à une solution technique permettant aux usagers d’avoir deux numéros de téléphone sur la même carte SIM, en leur épargnant ainsi les frais exorbitants d’itinérance (roaming) : si un Belge se trouve au pays voisin, le
Des téléphones à double carte SIM, très populaires surtout dans les pays en voie de développement permettent d’éliminer ces frais d’itinérances. Un téléphone débloqué donne également le même résultat. L’application onoff permet d’ajouter
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plusieurs numéros de téléphone sur la carte SIM et de contourner ainsi les frais d’itinérance (roaming). Le premier numéro téléphone de ce service, qui est disponible actuellement seulement en France, est gratuit. Cette application sera disponible prochainement dans d’autres pays, a déclaré son fondateur, Taig Khris. Par ailleurs, le Canadien BlackBerry va introduire cet automne sur le marché indien des téléphones intelligents qui peuvent contenir plusieurs
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numéros de téléphone (9 selon des médias indiens) sur la même carte SIM. Pour y arriver, BlackBerry utilise la technologie émergente « Virtual SIM provising » ( VSM). Pour des raisons d’affaires évidentes, les opérateurs téléphoniques ne sont pas favorables à des mesures ou à des solutions visant l’abolition des frais d’itinérance des appareils mobiles.
Coût de la vie
Payez-vous votre loyer plus cher que le voisin? Payez-vous votre loyer plus cher que les autres? Que vous habitiez un studio au centre-ville ou que vous cherchiez un 5 1/2 dans Hochelaga, comment savoir si le prix du loyer se situe dans la moyenne du quartier? Pour répondre à cette question des journalistes ont étudié près de 10 000 annonces publiées sur Kijiji pour vous guider. Les données recueillies font ressortir d'importants écarts de loyers entre les quartiers. Elles permettent aussi de mesurer l'impact des condos neufs sur les loyers et de constater que les logements affichés sont 20 % plus cher que la moyenne des appartements déjà occupés. Le prix moyen d'un appartement affiché sur Kijiji, toutes catégories confondues, était de 865 $ pour le Grand Montréal. Un chiffre qui englobe un studio à Verdun tout comme un 4 1/2 à Saint-Jérôme. Les condos neufs changent les loyers du centre-ville La zone du Centre-ville et de l'Îledes-soeurs remporte la palme de la plus coûteuse: 1349 $ en moyenne (échantillon : 677 annonces). Même pour un studio, il faut dépasser la barre du millier de dollars pour espérer pouvoir s'y établir (1101 $, 244 annonces). C'est là que le marché du condos neufs à louer y est le plus important : entre 15 et 20 % des nouvelles unités construite deviennent des appartements à louer. Ailleurs sur l'île, cette proportion passe sous la barre des 10 %. L'Association des professionnels de la construction et l'habitation du Québec reconnaît que rentabiliser des unités neuves en location est une opérations ardue. Résulat : le prix de ces loyers s'adresse à une clientèle bien particulière. « On voit le jeune professionnel qui ne veut pas nécessairement d'engagement à long terme, qui pense voyager, qui pense location, qui préfère un logement neuf, propre, qui est bien construit. Ou le baby-boomer qui a un chalet et qui veut profiter d'un pied à terre en ville. » — Marc
Savard, Directeur général, APCHQ, région du Montréal métropolitain Les autres zones où il faut s'attendre à payer plus de 1000 $ mensuellement sont : - Baie-d'Urfé/Beaconsfield/Kirkland/ Pointe-Claire/Sainte-Anne-deBellevue : 1220 $ (échantillon de 35 annonces) - Plateau-Mont-Royal : 1168 $ (828 annonces) - Notre-Dame-de-Grâce/Côte-SaintLuc/Hampstead/ Westmount/ Montréal-Ouest : 1032 $ (525 annonces) S'éloigner pour économiser Montréal-Nord arrive en tête avec un loyer moyen le moins cher, à 682 $ (échantillon de 283 annonces). Suivent : - Pointe-aux-Trembles/Montréal-Est/ Rivière-des-Prairies : 722 $ (173 annonces); - Longueuil : 748 $ (575 annonces). Devoir s'éloigner du centre pour trouver un loyer à meilleur marché n'est pas une surprise pour François Saillant, du Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU). Mais la moyenne de prix des appartements à louer, elle, le surprend. « Ce n'était pas chiffré, et là, ça chiffre un problème réel qui démontre que quand tu es à la recherche d'un logement, ce qui t'est offert, c'est du logement qui est cher. » — François Saillant, coordonnateur du FRAPRU La carte des quartiers qui changent La Société canadienne d'hypothèque et de logements (SCHL) interroge chaque année des milliers de propriétaires au pays pour connaître le taux d'occupation des appartements et le prix moyen des unités. Cette démarche décrit le marché global, que ce soit un appartement occupé depuis plus 20 ans par la même personne ou un nouveau condo à louer. Comparés aux statistiques du rapport de la SCHL de l'automne dernier, les prix annoncés sur Kijiji s'asont radicalement différents. Et l'écart s'avère important dans plusieurs cas, particulièrement dans un secteur de la ville jadis considéré comme populaire, le Sud-Ouest et Verdun.
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Pour un studio dans cette zone, le prix moyen était de 828 $ sur Kijiji, contre 486 $ pour la SCHL, soit 70 % plus cher sur Kijiji. Toutes tailles de logements confondues, le loyer s'avère 45 % plus élevé sur Kijiji (956 $, contre 660 $ à la SCHL). Les autres zones où les écarts sont les plus importants : - Le Plateau-Mont-Royal : écart de 39 % (prix moyen sur Kijiji de 1168 $, SCHL 841 $); - Hochelaga-Maisonneuve : écart de 35 % (prix moyen sur Kijiji de 907 $, SCHL 673 $). La fin des loyers à 500 $ Des résultats tout à fait compréhensibles, selon Hans Brouillette, de la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIC). Selon lui, les propriétaires abandonnent souvent l'idée de se présenter devant la Régie du logement pour faire augmenter le loyer de leur locataire. Lorsque ce dernier quitte le logement après 5, 10 ou 15 ans, ils tentent alors d'augmenter le loyer. « Les 500-600 $, c'est terminé! Vous ne verrez pas un locataire qui va abandonner un loyer à 500-600 $ et un propriétaire qui va être assez bête pour renoncer à sa chance de le mettre au niveau du marché. » — Hans Brouillette, directeur des affaires publiques, CORPIC Les conditions entourant l'augmentation du loyer pour un nouveau bail sont encadrées par la loi, les propriétaires ayant l'obligation de
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déclarer de bonne foi le loyer précédent. De leur côté, les associations de locataires réclament un registre officiel des baux. Quel avenir pour le marché locatif? Les associations de propriétaires et de locataires s'entendent sur un point : l'avenir n'est pas rose pour le marché locatif. Une conclusion semblable, mais pour des raisons opposées. Les propriétaires estiment les prix ne sont pas assez élevés pour réaliser tous les travaux nécessaires afin de conserver le parc locatif en bon état. Ils craignent aussi une hausse des taux d'intérêt qui aurait, selon eux, des conséquences catastrophiques. « Là, les taux d'intérêt sont bas, alors il n'y a pas de drame. Mais quand les taux vont remonter, c'est impossible que les proprios qui ont acheté récemment puissent arriver avec des loyers à 500-600 $ pour des immeubles payés 500 000 $. Ça ne marchera pas. » — Hans Brouillette Pour les regroupements de locataires, la hausse des prix menace plus que jamais les ménages à faibles revenus, qui sont contraints de s'éloigner du centre ou encore de quitter Montréal. « Il faut sortir de cette logique où le parc locatif est contrôlé à 90 % par le marché privé de l'habitation. Ça prend plus de logements sociaux, de logements coopératifs, sans but lucratif et publics» conclut François Saillant.
Logement
La guerre contre l’insalubrité est déclarée!
Un an après l'adoption par l'administration Coderre d'un nouveau plan d'action contre l'insalubrité des logements, des comités de logement de Montréal déplorent que la situation ne s'améliore toujours pas. Ils ont organisé une visite guidée du Montréal insalubre en autobus au début du mois de juin. Infiltration d'eau, moisissure, coquerelles, punaises : les quartiers diffèrent, mais les témoignages se ressemblent.
Selon le Regroupement des comités de logement et d'associations de locataires du Québec, des milliers de locataires vivent dans des conditions inhumaines un peu partout dans la métropole, pendant que les propriétaires demeurent majoritairement impunis. « Il y avait des moisissures cachées dans mon propre appartement, c'est ça qui me causait des problèmes de santé comme si j'avais la grippe, mais la grippe tout le temps », raconte Ricardo, qui a dû obtenir une lettre de son médecin et l'aide de son comité de logement local pour réussir à quitter son logement. Son propriétaire l'accusait de vouloir causer des problèmes. À défaut de pouvoir y entrer, des photos de l'intérieur des appartements ont été présentées pendant la visite guidée. Lioudmila, d'origine russe, a partagé son appartement avec des coquerelles et des punaises pendant des années. Son immeuble a finalement été vendu et la situation semble maintenant s'améliorer. Ricardo et Lioudmila ont participé au tour du Montréal insalubre pour que leurs voix soient entendues. Leurs immeubles sont dans ParcExtension, mais aucun quartier n'est épargné... Côtes-des-Neiges, Ahuntsic, Pointes-aux-Trembles, Saint-Léonard, etc. Chacun a ses histoires. Même dans le secteur embourgeoisé de Villeray, une mère monoparentale, Jocye O'Neill, raconte avoir dû abandonner son logement après que des moisissures eurent rendu son fils malade. Joyce O'Neill a quitté son logement en mars 2014. Un autre locataire y vit maintenant. « Ça n'a l'air de rien de l'extérieur, mais c'est pourri à l'intérieur », dit Véronique Houle, de l'Association des locataires de Villeray. Le locataire précédent avait lui-même fait une plainte à la Régie du logement pour moisissures.
L'arrondissement a finalement déclaré le logement impropre à l'habitation, mais un homme y vit toujours. « Il faut qu'il y ait des stratégies beaucoup plus sévères au niveau des logements, parce que ça met la vie d'enfants en danger. Moi, je le fais pour mon fils et j'aimerais créer un précédent pour qu'à Montréal nos enfants puissent vivre en santé », dit Joyce. La Ville trop conciliante? Le Regroupement des comités de logements et des associations de locataires du Québec demande à la Ville de Montréal d'intervenir de manière plus musclée, notamment en imposant des amendes. « Là, la Ville est plus dans une approche conciliatrice où elle émet des avis de non-conformité, comme des billets qui disent : ''vous êtes contre tel ou tel règlement'', estime sa porte-parole, Maude Bégin-Gaudette. La Ville a plein d'outils dans sa boîte. Elle doit juste les mettre en application. » Difficile de dire combien de logements sont insalubres à Montréal. La Ville avait promis un portrait du problème pour cette année, portrait qui se fait toujours attendre. « Mais ce ne sont pas des cas isolés », insiste Maude Bégin-Gaudette. Le maire Denis Coderre n'a pas voulu commenter, mais il n’a pas tardé à faire une annonce… Amendes plus salées pour les propriétaires de logements insalubres Le mardi 9 juin 2015, il annonçait que les propriétaires de logements insalubres ou non sécuritaires verront leurs amendes augmenter à compter du mois d'août prochain. Le 10 juin, il soumis au comité exécutif une grille d'augmentation des amendes minimales et maximales pour les infractions au règlement sur la salubrité, l'entretien et la sécurité des logements. Ces augmentations iront comme suit : •25 % pour une infraction mineure; •35 % pour une infraction liée à la malpropreté, à la présence de vermine ou de punaises ou dans le cas d'équipement de base inadéquat; •50 % pour une infraction liée à la sécurité et à la santé.
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À titre d'exemples, l'amende pour une première infraction dans le cas d'une personne physique qui oscillait entre 1000 $ et 4000 $ auparavant passe à une fourchette de 1500 $ à 6000 $. Dans le cas d'une récidive, ces amendes qui étaient de 2000 $ à 10 000 $ passent de 3000 $ à 15 000 $. Les amendes infligées aux entreprises passeront d'un maximum de 1000 $ à 1250 $ dans le cas d'une première infraction et de 2500 $ à 5000 $ dans le cas d'une récidive. « Ces augmentations n'ont qu'un seul but : elles serviront d'incitatif puissant pour faire pression sur les propriétaires délinquants afin qu'ils exécutent les travaux correctifs nécessaires au rétablissement de conditions conformes à la réglementation », a déclaré le maire. « Maintenant s'il faut aller jusqu'à la totale, c'est à dire à la saisie du bâtiment, on va l'envisager. Pour l'instant on étudie la situation. » a-t-il ajouté. « La population avant le béton » Le maire Coderre souligne que certains propriétaires font preuve « d'irrespect total et de négligence » envers leurs locataires, dont certains sont parmi les plus démunis. Certes, dans plus de 80 % des cas, les propriétaires corrigent le problème pour lequel ils ont eu un avertissement. Mais la Ville est bien déterminée à prendre pour cible « les autres, ceux qui n'ont aucun scrupule », comme les décrit le maire Coderre. Le plan d'action établi par la Ville de
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Montréal l'an dernier stipule que : •les corrections doivent être faites par le propriétaire; •l'amélioration des logements est encouragée; •les propriétaires délinquants doivent être punis; •les locataires démunis sont soutenus; •la stigmatisation des quartiers doit être évitée. Au terme de cette première année d'implantation, la Ville rapporte avoir inspecté 98 bâtiments et 1746 logements. Parmi les outils à la disposition de la Ville, il y a l'émission des constats d'infraction, les évacuations de logements (qui engendrent des pertes locatives immédiates pour le propriétaire), les travaux réalisés en lieu et place du propriétaires et, enfin, l'émission d'avis de détérioration, une mauvaise note en quelque sorte qui est accolée au titre de propriété lui-même. Le parc locatif de Montréal n'est pas jeune : 43 % des logements datent d'avant 1960. Et 19 % des logements datent d'avant 1946. Des inspections systématiques La Ville de Montréal a mené des inspections systématiques dans 29 bâtiments. On compte parmi ces dossiers les 21 immeubles du Domaine Renaissance dans l'arrondissement Saint-Léonard, qui compte 333 logements.
Logement
Rénovations
Encore deux semaines pour bénéficier de crédit d’impôt… On pourra encore bénéficier du programme LogiRénov jusqu’au 30 juin 2015; et profiter d’un crédit d’impôt allant jusqu’à 2 500 $ pour travaux de rénovation. En 2014, les investissements des particuliers, des entreprises et du gouvernement dans le secteur de la rénovation résidentielle ont représenté 12,2 milliards de dollars au Québec, une progression de 8 % par rapport à 2013. L’une des raisons de la bonne santé du secteur s’explique par l’engouement des Québécois pour les crédits d’impôt ÉcoRénov et LogiRénov mis en place depuis trois ans par le gouvernement provincial «afin de favoriser la relance économique tout en améliorant la qualité de vie des familles québécoises». Le programme ÉcoRénov s’est terminé en 2014, mais il est encore temps de profiter de LogiRénov. «Les propriétaires qui prévoient effectuer leurs travaux de rénovation à l’automne pourront profiter des avantages de LogiRénov lorsque les travaux auront lieu», explique François-William Simard, directeur des communications de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ). Attention toutefois: le contrat doit avoir été signé avant le 30 juin prochain avec un entrepreneur qui possède une licence de la Régie du bâtiment du Québec, et les travaux devront être terminés avant le
31 décembre 2015. Minimum de 3 000 $ Pour pouvoir bénéficier du programme, les dépenses doivent totaliser au minimum 3 000 $ ; au-delà de 15 500 $ de travaux, le crédit d’impôt est plafonné. Ainsi, le crédit d’impôt sera de 500 $ si le coût des travaux totalise 5 500 $. Pour des travaux de 10 500 $, le crédit passe à 1 500 $, alors que, pour des travaux de 15 500 $ et plus, on obtient le crédit d’impôt maximal, soit 2 500 $. Le programme est destiné aux propriétaires qui souhaitent rénover leur résidence principale, «l’agrandir, l’adapter aux besoins particuliers d’un membre de leur famille ou la transformer en maison intergénérationnelle», rappelle Revenu Québec sur son site Internet. La liste complète des travaux admissibles peut être consultée sur le site de Revenu Québec. En voici quelques exemples: • Rénovation d’une ou de plusieurs pièces de la maison • Finition du sous-sol • Remplacement du revêtement des planchers • Remplacement de la plomberie • Réfection de la toiture • Remplacement du revêtement extérieur ou des gouttières • Remplacement d’un drain agricole, sanitaire, pluvial ou de fondation
On peut également envisager d’inclure dans votre projet des rénovations «écoresponsables» qui étaient admissibles dans l’ancien programme ÉcoRénov: remplacement de portes ou de fenêtres, isolation ou remplacement du chauffage, du chauffeeau ou du système de climatisation, etc. Pour bénéficier de LogiRénov, on devra par ailleurs: • Joindre à la déclaration de revenus pour l’année d’imposition concernée le formulaire Crédit d’impôt LogiRénov téléchargeable depuis le site de Revenu Québec; • Avoir fait remplir et signer l'Attestation de conformité de biens à des normes écoresponsables par l’entrepreneur qui réalise les travaux; • Demander à l’entrepreneur un document écrit indiquant le détail des travaux effectués ainsi que les coûts qui y sont associés, en particulier si le chantier comprend d’autres rénovations que celles autorisées dans le cadre de LogiRénov; • Conserver les pièces justificatives (devis, estimations, factures) pendant six ans pour pouvoir les fournir à Revenu Québec en cas de contrôle fiscal. Vers une prolongation du programme?
L’industrie de la construction milite en faveur d’une prolongation de LogiRénov au-delà du 30 juin prochain. Par exemple, l’APCHQ considère que ce crédit d’impôt a «un impact économique majeur tant pour les consommateurs que pour le gouvernement». Un programme qui sourit également à l’industrie de la construction. Même son de cloche du côté de l’Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction qui a demandé au gouvernement de reporter d’un an l’échéance du crédit d’impôt, soit au 30 juin 2016. Le gouvernement provincial n’a pas confirmé son intention de prolonger une mesure qui avait été «instaurée sur une base temporaire.»
Centre Communautaire Al Bayane 5865 Boulevard Saint-Michel H1Y 2E3 QC Montréal
Nous offrons plusieurs services au sein de la communauté musulmane et maghrébine : - Plusieurs activités pour les adultes et ainsi que pour les jeunes. - Aide spécial fournis aux jeunes, femmes, ainés, spécialistes, psychologues, médiateurs et etc... - Résoudre des problèmes sociaux de type familiale et de couples. - Aide aux nouveaux immigrés pour s'intégrer dans la société canadienne (québécoise). - Dépannage Alimentaires. - Aide aux devoirs pour les jeunes enfants. - Cours d'apprentissage de base et de niveau expert de la langue arabe pour tous ages . - Cours d'apprentissage de langue française - espagnole anglaise. Nous sommes aussi a la recherche de bénévoles. Pour tous informations veuillez communiquez avec Mr Naim au (438) 877-8389 ou par couriel au suivante cci.al.bayane07@gmail.com
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Magazine
Chasse aux météorites dans le désert marocain
Ces fortunes qui tombent du ciel…
La fortune tombée du ciel Dans le désert marocain, c’est devenu une véritable chasse au trésor. Ceux qui arpentent les dunes à la recherche de météorites sont de plus en plus nombreux. Une quête extraterrestre qui peut rapporter gros. Quête extraterrestre Sur le marché confidentiel de la météorite, Mohamed Aid est un incontournable. Malgré son allure simple, son attitude modeste, ce marchand reconnu repose sur un petit trésor. Sa plus belle pépite se nomme « Black Beauty » : un caillou noir comme du charbon qu’il a revendu quelque 290 000 dollars. Trouvé en 2011 dans le désert marocain, dans une zone appelée Rabt Sbayta, cet éclat de Mars est la météorite la plus chère au monde. Elle est issue de la surface de la planète, et sa valeur scientifique est inestimable. Son prix d’acquisition continue d’ailleurs de grimper : en novembre 2014, une trentaine de grammes a atteint les 90 000 dollars aux enchères chez Christie’s, la célèbre maison de ventes. Lorsque Mohamed Aid évoque la pierre de sa vie, en étalant ses dernières acquisitions (diogénite, pallasite, lunaire), sur la table de son salon, ses yeux sombres scintillent : « Black Beauty, confie-t-il, c’est de loin ma plus heureuse trouvaille. »
Nous sommes dans le sud du Maroc, aux portes du grand Sahara. Dans cette zone de transit, tout s’échange, tout se vend. Dès le Moyen Age, les caravanes débarquaient chargées d’or, après des mois de voyage, écrasées sous le soleil saharien. Pourtant, depuis quelques années, une nouvelle ruée vers l’or a pris le relais : une chasse aux météorites qui captive autant les nomades, les scientifiques, les passionnés que les spéculateurs… Pour expliquer cette tendance, un argument de taille : au Maroc, les météorites appartiennent à ceux qui les trouvent et c’est le seul pays de la zone saharienne à tolérer leur vente. Dans les pays frontaliers, Algérie, Tunisie ou Libye, elles reviennent de facto à l’État. Leur exportation est interdite et parfois même passible de prison. Erfoud, plaque tournante du commerce céleste A quelques kilomètres des dunes touristiques de Merzouga, à l’extrême est du Maroc, la ville d’Erfoud est devenue la plaque tournante du commerce des météorites. Yahiya est un des nombreux intermédiaires qui en vit, attendant son jour de chance, celui où il tombera sur une pépite de valeur. Pour cela, il achète les pierres aux nomades et les revend à des Marocains ou à des visiteurs de passage. S’ils ne sont pas collectionneurs, ces acquéreurs étrangers iront eux-mêmes les écouler dans des bourses spécialisées et organisées de par le monde : Ensisheim en Alsace, Tucson en Arizona, Munich en Allemagne… Aujourd’hui, Yahiya vient de recevoir un coup de téléphone d’un de ses contacts. Mohammed, un nomade, aurait déniché une météorite précieuse, a priori une chondrite carbonée, contenant du carbone, comme son nom l’indique. Si la pièce est belle, il pourra la revendre un bon prix. Hormis quelques boutiques pour les touristes, il n’existe pas de point de vente, le réseau est organisé autrement et les négociations se font dans le désert ou chez les
particuliers. Ce sont les nomades qui récoltent le plus souvent sur le terrain. En effet, pour faire paître leurs troupeaux, ils parcourent des kilomètres.
Dès le lendemain, l’acheteur part en 4 x 4 à la rencontre de Mohammed. Après une bonne heure de trajet, Yahiya atteint le secteur où sont établis Mohammed et sa famille. Il cherche du réseau téléphonique pour appeler en même temps qu’il scrute l’horizon de son œil habitué. Il lui faut encore longer quelques dunes, traverser plusieurs oueds, ces rivières asséchées. Enfin, la frêle tente se dresse, un amas de couvertures et de tissus, maigre protection contre les intempéries. Mohammed s’est installé là avec sa femme et ses cinq enfants. Ici, il a trouvé de l’herbe pour faire paître ses troupeaux, ses treize chameaux et sa dizaine de chèvres. C’est tout ce qu’il possède avec sa moto, mais aussi une belle poignée de météorites. Pourtant, quand Yahiya arrive, un autre marchand est déjà passé par là. Il a acheté la chondrite carbonée 450 dirhams (50 dollars). C’est la règle ici. Il faut être le premier. Philosophe, Yahiya le sait bien : « Les météorites, c’est surtout de la chance et souvent tu ne trouves rien. » Pour la classification, il faut envoyer un échantillon dans un laboratoire à Casablanca, aux États-Unis ou en Europe. Le menu du jour Chaque jour apporte son lot de surprises. Ainsi un de ses amis, également revendeur, vient de remporter une affaire. Avec sa camionnette, il est parti à Laâyoune, dans le Sud. Sur plus d’un millier de kilomètres, il a emprunté la route poussiéreuse des anciens trafiquants d’épices, il a traversé les ergs jusqu’à Tata puis a rejoint la côte atlantique pour descendre à Laâyoune. De son rendez-vous avec un nomade, il a rapporté une petite pierre céleste qu’il garde contre lui, à l’intérieur de son manteau. Une vingtaine de grammes, achetée quelques dizaines de dollars et qu’il espère bien revendre 200. Au soleil, le caillou gris et argenté scintille comme une lunaire. Pourtant, il ne saura jamais si c’en est une. Pour la classification, il faut envoyer un échantillon dans un laboratoire, aux États-Unis, en Europe ou à Casablanca. Seuls les riches marchands le font. Une fois reconnue, elle peut alors être revendue à meilleur prix, souvent découpée en tranches pour un maximum de profit. « C’est ainsi ! Certains se sont enrichis. D’autres ont tout perdu. Ils n’ont pas eu le nez, ont acheté des cailloux qui n’étaient pas extraterrestres », résume Ibrahim, rencontré sur la route du retour et venu prospecter. Il habite dans le coin et chasse la météorite pour arrondir ses fins de mois. La dernière fois, il a trouvé un morceau de lunaire et l’a revendu plusieurs centaines d’euros. Tout gagner ou tout perdre… Tout gagner ou tout perdre… A Erfoud, Ahmed Lamouri en a fait l’expérience. Il a été le premier Marocain à s’intéresser aux météorites dans une région qui vit essentiellement grâce aux fossiles et aux minéraux : quartz, gypse, améthyste, calcite, argent… L’ancien se souvient : « Dans les années 1980, j’avais une autorisation pour exploiter des mines d’azurite. Un jour, un ouvrier me ramène une pierre inconnue.
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Je la montre à un bijoutier. Il me dit que ce n’est pas du minerai. Je l’apporte à un forgeron. Il me répond que ce n’est pas du fer. [...] Quelque temps plus tard, Alain Carion, un spécialiste, collectionneur et marchand français, vient me rendre visite. Il m’explique que c’est une météorite. Franchement, sur le moment, je n’ai pas compris grand-chose. Puis, peu à peu, les gens ont commencé à les ramasser et à les vendre. Il en venait de partout : de tout le Sahara, de Mauritanie, d’Algérie, du Mali… » Ahmed, lui, n’a pas fait fortune. Faute de bons placements, il a trop dépensé et laissé filer des affaires. « Une fois j’ai acheté une pierre 30 dirhams (3,25 dollars) le gramme. Je l’ai revendue le double. Mais, deux mois plus tard, elle tournait à 600 dirhams (80 dollars) le gramme avant de partir à l’étranger. C’était une eucrite, une pièce rare. » Une filière organisée Depuis les balbutiements des années 1990, la filière s’est organisée. Si les nomades restent bergers, la plupart ont dans la poche un petit aimant pour reconnaître ces pépites venues du ciel. Certains sont même devenus des experts, savent différencier une banale chondrite d’une achondrite plus remarquable. Après eux, les intermédiaires sont souvent nombreux. « La finalité, c’est de vendre à des étrangers. Or ces acheteurs se livrent à des transactions de plusieurs milliers d’euros, ils doivent être solvables et crédibles, avec un compte en banque et une solide réputation », confie un bon connaisseur du milieu. Les prix, quant à eux, varient énormément. Tout dépend si la pierre est fendue, si les rayons sont marqués, si la forme est belle. Les chondrites ordinaires oscillent entre 200 et 600 euros le kilo. Pour les pièces rares, les lunaires ou les martiennes, les tarifs s’envolent et atteignent des sommes astronomiques, notamment en cas de chute récente. Légende, réalité et fantasmes A Tata, près de Tissint, certains se sont beaucoup enrichis. Après 2011, ils ont acheté des maisons, des 4 x 4,. Mais d’autres ont vendu une pièce 20 dirhams 93 dollars) puis l’ont retrouvée quelques mois plus tard à 1500 dollars sur le marché. Ils sont devenus fous. » Légende ou réalité, le monde des météorites est plein de fantasmes. Sur une
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table basse, au fond de son magasin, au milieu des bijoux berbères, des babouches et des théières, Brahim sort ses pépites extraterrestres. « C’est un bon business, les cailloux. Ça ne se mange pas, mais ça se vend, très cher. Depuis Tissint, on a tout écoulé. On attend une nouvelle chute du ciel », souritil. Rachid Chaoui fait partie de ceux qui se sont beaucoup enrichis grâce à ce business. Dans un monde qui reste discret – et pour cause : la vente de météorites au Maroc ne fait l’objet d’aucun cadre législatif, elle n’est donc pas taxée et ses règles ne sont pas définies –, il est un des rares à accepter de parler et de raconter comment il a fait fortune. « J’ai commencé à m’y intéresser en 2008. Je m’étais endetté après mon mariage. » . Le jeune homme a besoin d’argent. « Je me suis mis à chercher des météorites. J’allais dans le désert avec ma moto. Pendant un an, je n’ai rien trouvé. Mon premier achat sérieux, c’est une lunaire, grâce à un nomade. L’essentiel dans ce commerce est d’entretenir de bonnes relations avec eux, avec du respect, car ils sont plus chanceux que nous. Ce jour-là, il m’a prévenu qu’il avait quelque chose de précieux. J’ai pris la météorite, je l’ai envoyée à l’étranger pour la faire analyser. Je lui ai dit que je le payerais en fonction des résultats et il m’a fait confiance. Il s’est révélé que c’était une très belle lunaire de 442 grammes, que j’ai vendue par la suite à un Américain. » Le trentenaire sourit, heureux. Il n’en revient toujours pas. « C’était comme dans un rêve. Tout d’un coup, j’ai dit bye-bye à la pauvreté, j’ai remboursé mon crédit, mis 40 000 dirhams (5000 dollars) de côté et j’ai pu acheter d’autres pièces pour lancer mon affaire. » Aujourd’hui, Rachid Chaoui vend essentiellement sur Internet. Il se fait construire une deuxième maison, en ville, à Ouarzazate, pour se rapprocher des commodités, des banques et des écoles pour ses enfants. De son côté, le nomade a, lui aussi, acquis une propriété. « Il s’y réfugie seulement quand il pleut, sourit Rachid Chaoui, mais, pour le reste, il préfère vivre dans le désert. » Sous le ciel qui a fait sa fortune, il peut continuer à croire en sa bonne étoile.
Environnement
Bilan du Réseau de surveillance de la qualité de l'air
Montréal respire plutôt bien… de la journée et produisent un patron différent selon les périodes d’affluence. Ces concentrations diminuent durant les fins de semaine. Ces résultats sont similaires à ceux observés dans d’autres villes canadiennes.
M. Réal Ménard, responsable du développement durable, de l'environnement, des grands parcs et des espaces verts au comité exécutif de la Ville de Montréal, a rendu public le 4 juin 2015 le Bilan du Réseau de surveillance de la qualité de l'air 2014, un bilan positif qui démontre une bonne qualité de l’air à Montréal durant une grande partie de l’année, soit pendant 302 jours. C’est la présence de particules fines qui a occasionné 63 jours de mauvaise qualité de l’air, dont 10 jours de smog observés en hiver; il n’y a eu aucun jour de smog durant l’été. « Bien que le bilan de la qualité de l’air soit généralement positif, notre effort collectif doit se poursuivre afin de maintenir, et d’améliorer davantage la qualité de l’air à Montréal. Notre Administration continue ses efforts constants en instaurant des mesures de contrôle des particules fines à la source toujours plus rigoureuses. La consultation publique sur le projet de règlement sur le chauffage au bois démontre notre engagement en matière d’environnement afin d’encadrer
l’utilisation des appareils à combustible solide », a déclaré M. Ménard. Portrait de la qualité de l’air En 2014, 63 jours de mauvaise qualité de l’air ont été enregistrés, dont 10 jours de smog. La mauvaise qualité de l’air de ces journées est attribuable à la présence de particules fines. Tel que constaté en 2013, les 10 jours de smog observés en 2014 sont enregistrés dans les mois de janvier, février, mars et décembre. Les événements responsables des jours de mauvaise qualité de l’air sont la plupart du temps reliés à des activités humaines telles que l’utilisation du chauffage au bois. D’ailleurs, les résultats démontrent que les 10 jours de smog ont eu lieu en hiver, époque de l’année où le chauffage au bois bat son plein. Le transport routier est également une source de pollution atmosphérique. Les concentrations des polluants gazeux associés à la circulation routière (monoxyde de carbone et dioxyde d’azote) varient en fonction des heures
Chauffage au bois L’impact du chauffage résidentiel au bois sur la santé et l’environnement a été un sujet particulièrement documenté en 2014. Pour la première fois, un bilan des émissions de particules fines a été réalisé pour l’agglomération montréalaise. Malgré qu’il soit établi à partir d’estimations, ce bilan indique que le chauffage résidentiel au bois serait la deuxième source d’émission des particules fines, derrière les transports, toutes catégories confondues (maritime, routier, aéroportuaire). En adoptant son règlement sur les appareils à combustible solide en 2009, Montréal a démontré qu’elle se préoccupait de la qualité de l’air respiré par ses citoyens. Un nouveau projet de règlement a fait l’objet d’une consultation publique en 2014. Le règlement final sera adopté par le Conseil municipal en 2015. Pour plus d’information, consultez le site ville.montreal.qc.ca/ chauffageaubois. Nouvelles normes de qualité de l’air ambiant De nouvelles normes canadiennes de qualité de l’air ambiant pour les particules fines et l’ozone
entreront en vigueur en 2015. Une étude comparative de ces normes et des résultats obtenus sur le territoire de l’agglomération montréalaise démontrent que ces normes sont respectées pour les années 2012-2014.
Le Réseau de surveillance de la qualité de l'air (RSQA) Afin de mesurer la qualité de l’air sur l’ensemble du territoire de l’agglomération montréalaise, le RSQA comprend 13 stations d’échantillonnage équipées d’analyseurs de toutes sortes. Certains de ces analyseurs mesurent en continu les concentrations de polluants tels que l’ozone, le monoxyde de carbone, le dioxyde de soufre, le monoxyde d’azote et les particules fines, et permettent de calculer un indice de la qualité de l’air en temps réel. Chaque année, des équipements qui ont atteint la fin de leur vie utile sont remplacés. En prévision du remplacement des appareils de mesure des particules fines, qui doit avoir lieu en 2015, de nouveaux analyseurs ont été déployés dans cinq stations. Une analyse de la performance de ces équipements sera réalisée en comparant les résultats obtenus avec ceux actuellement en opération. Pour consulter le Bilan 2014 ou les prévisions quotidiennes de la qualité de l'air à Montréal, cliquez ici ou visitez le site www.rsqa.qc.ca ou le ville.montreal.qc.ca/ environnement.
L’écologie à l’école
Les élèves de «Louis Jos» donnent un nom… … au béluga adopté par leur député
Le béluga adopté symboliquement par le ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques et député de Viau, M. David Heurtel, dans le cadre de la campagne de financement du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM), s’appellera Écho. Ce choix a été fait à l’issue d’un concours lancé par le ministre, en mars dernier, auprès des élèves de première secondaire de l’école Louis-JosephPapineau.
pour féliciter le jeune Jimmy Le, auteur du nom qui a retenu l’attention du jury.
Accompagné du président du GREMM, M. Robert Michaud, et du directeur de l’école, M. Benoît Thomas, le ministre a procédé au grand dévoilement devant les élèves du programme Science et technologie. Il a également profité de l’occasion
Le ministre Heurtel a également remercié les élèves qui ont pris part au concours. « En plus d’en apprendre davantage sur l’univers du béluga, ils ont développé un intérêt pour son avenir, actuellement menacé par les changements climatiques.
« Le nom Écho fera résonner dans le cœur des Micheloises et Michelois les enjeux autour des mammifères marins, tels que les bélugas, et l’importance de la protection de leurs milieux naturels, a indiqué le ministre Heurtel. En nommant notre béluga Écho, nous disons que nous avons entendu l'écho de son cri et qu’ensemble, nous voulons lui assurer un bel avenir. »
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Les jeunes font partie de la réflexion et de l’action nécessaires à un changement de comportements dans notre société. Ensemble, nous pouvons lutter contre les changements climatiques afin d’assurer notre qualité de vie et pour protéger notre environnement », a-t-il déclaré. Par ailleurs, notons que le ministre a souligné le travail de ces élèves devant ses collègues à l’Assemblée nationale ce vendredi à Québec. « Bien qu’il existe plusieurs mesures de protection, la population de bélugas du Saint-Laurent est encore menacée de disparition. L’avenir de ces mammifères dépend des efforts qui sont investis aujourd’hui. En prenant le temps de se renseigner sur les bélugas, les élèves ont
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franchi une étape importante, celle de la connaissance. Il s’agit d’un élément clé pour se mobiliser et réussir à mieux protéger ces mammifères marins et leurs milieux naturels », a affirmé le président du GREMM, M. Michaud. Le jury du concours était composé de M. Robert Michaud, de M. Frantz Benjamin, président du conseil municipal et conseiller municipal du district de SaintMichel, de Mme Mélissa Martel, directrice adjointe au deuxième cycle du secondaire à l’école Louis-Joseph-Papineau, et de Mme Évelyne Barrette, biologiste et chargée de projets relatifs aux espèces menacées ou vulnérables au ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.
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Arts & spectacles
Représentante du Québec au MIDEM 2015
Le fabuleux destin de Rime Salmi Finaliste 2006 de Studio 2M Rime Salmi, une chanteuse pop de Montréal a été sélectionnée pour l’édition 2015 du MIDEM, Marché International De la Musique, tenu du 5 au 8 juin, à Cannes en France. Elle y a représenté le Québec aux côtés du célèbre auteur-compositeur Mario Peluso. D’autres grands artisans canadiens de la musique ont également pris part à l’événement. Le MIDEM est un incontournable du milieu musical puisqu’il regroupe plus de 6 000 participants en provenance de 75 pays. Les marques influentes de l’industrie y sont présentes telles que Billboard, Spotify, Universal Music Group et Sony. Lors du MIDEM, Rime Salmi a offert une prestation le vendredi 5 juin au Morrison’s dans le cadre du Canadian Blast. Cette performance a donné le coup d’envoi de sa tournée Flaw’d. Rime s’est ensuite envolée vers Paris pour une prestation au Réservoir le 9 juin avant de revenir chez elle pour une prestation au Lion D’Or le 18 juin prochain (1676, Ontario est, Montréal). En novembre dernier, Rime Salmi lançait son tout premier opus au Québec. Intitulé Flaw’ d, cet album offre six pièces mariant un son pop exotique à une écriture sincère et assumée. Rime, Pop, RnB et 2M Rime est une auteure-compositriceinterprète qui vibre aux sons de la musique POP et RNB. Exposée au multiculturalisme auquel elle adhère intuitivement, elle est influencée par de
multiples sons et tendances. Rime écrit et se produit dans plusieurs langues soit le français, l’anglais, l’espagnol et l’arabe! En 2006, les portes de « Studio 2M », version marocaine de Américan Idol, s’ouvrent à elle. Armée d’une aisance notable sur scène et d’une voix puissante,, elle se qualifie parmi les finalistes. Se produisant devant plus de 20 millions de spectateurs, elle acquiert la confiance qui lui permet de faire le saut vers une carrière artistique, sa carrière professionnelle est officiellement lancée. En 2009, Rime s’envole pour Dubaï aux côtés du chanteur Karl Wolf pour la célèbre chanson « Yalla Habibi ». Cette chanson distribuée par EMI Canada et EMI Arabia obtient la mention Disque d’Or et atteint le top 20 au Canada, est no 1 au Moyen-Orient et no 4 au Japon et ce, pendant plusieurs semaines. Une vaste tournée pancanadienne suivra cette marquante collaboration. Depuis 2009, Rime ne cesse de cumuler les succès. Sa chanson « STOP » sera diffusée partout au Canada se positionnant dans les tops 100 et top 50 sur plus de 25 stations de radio commerciales. De plus elle co-écrit la chanson « Crazy Times » avec UBI et TOME, qui est distribuée par le label italien Dance and Love Records. « Crazy Times » se positionnera au top 10 de plus d’une vingtaine de radios italiennes, roumaines, russes et coréennes.
En octobre 2014, Rime Salmi a lancé son nouvel EP intitulé Flaw’d, dont le premier extrait ‘’Just Cuz I Can’’ continue de tourner sur plus d’une vingtaine de stations de radio au Canada. Influencé par ses propres expériences, son album est teinté d’une touche exo-
tique bien à elle. Présentement, Rime se consacre à son second EP qui sera lancé au printemps et qui, combiné au premier EP, deviendra un album. Infos: www.rimesalmi.com
Youssou N'dour à Montréal
Pour les 30 ans des Nuits d’Afrique Pour ses 30 ans Nuits d’Afrique, présentera des activités et concerts événementiels tout au long de l’année qui vient… Le grand retour sur scène de Youssou N'Dour, la Super Star de la musique africaine, lancera le coup d'envoi des célébrations des 30 ans de Nuits d'Afrique le jeudi 12 novembre à
l'Olympia de Montréal. Youssou N’Dour, ‘’meilleur artiste africain du siècle’’ selon le magazine Folk Roots, est le mythe de la tradition des grands cheikhs marabout, des kora, balafon et xalam. Avec Myriam Makeba, Manu Dibango et Mory Kanté, il est celui à avoir réussi le ‘’cross-over’’ de la
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musique africaine. « Les artistes africains écriront les standards de demain. Un jour, l’Afrique fera chanter le monde entier » prédisait Youssou N’Dour. Sa carrière confirme son talent et lui donne raison…Plus de 25 ans après le début d’une carrière qui l’a mené plus loin qu’aucun autre artiste africain avant lui, Youssou N'Dour continue à entraîner à sa
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suite les artistes d’Afrique de l’Ouest. La longévité de la carrière de cet artiste d’exception est à l’image de celle de Nuits d’Afrique, carrefour international des Musiques du Monde à Montréal, qui célébrera ses 30 ans jusqu’en juillet 2016… 30 ANS que les musiques se croisent et se métissent !
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Cultures
Arts plastiques
La Maison enchantée de Hayet Kichou Par Réda Benkoula C’est dans le cadre de l’exposition « Rencontre » qui était organisée par le Rallye-Expos que nous avons eu l’occasion de rencontrer Hayet Kichou, une peintre d’origine algérienne qui conserve au fond d’ellemême, sa passion pour l’art et qui dévoile le temps d’un vernissage trois de ses tableaux : « La maison enchantée », « Autochtone », « La cité mauve ». Des toiles flamboyantes Flamboyantes, les toiles sont à l’image de l’artiste qui mêle les couleurs ensoleillées de la méditerranée : « Je suis une personne colorée…je fais un mélange entre l’acrylique et les techniques mixtes…il y a un mélange de collage d’acrylique, de pastel et parfois il y a un peu d’huile ». Ce regard sur les couleurs, Hayet se l’est appropriée des années après sa venue au Canada, car le confie-telle, la première période où elle est arrivé était vraiment difficile : « L’exil était très douloureux et j’ai eu une période où je suis revenu au pays. Je suis retourné trop longtemps, pendant deux ans et j’ai failli quitter complètement le canada
avant de revenir…on m’a dit que tu vas partir puis tu vas ramener l’autre pied et revenir ici c’est ce qui s’est passé puisque je vis ici depuis presque neuf ans ». Cette difficulté à vivre loin de la terre natale, Hayet l’a fait paraitre à travers son art puisqu’elle a fait pendant un temps des peintures très sombres : « Tous mes tableaux étaient noirs avec de l’encre noir ». Toutes les couleurs de Montréal L’artiste qui a fait l’école des beauxarts en Algérie a commencé à reprendre petit-a-petit les couleurs comme elle l’aime si bien le dire, en s’intéressant aux couleurs de Montréal qui est très fleuri pendant l’été : « Ça m’a beaucoup inspiré dans mes toiles où on retrouve ce bleu qui va vers l’ensoleiller, ce qui donne des couleurs fuchsias…la rencontre des couleurs froides et chaudes donne un aspect transparent à la couleur ». Même si l’artiste a parfois du mal à finir des tableaux qu’elle entame, elle trouve dans certains autres une inspiration qui la pousse à les achever et à en entamer d’autres. La série des trois tableaux que pro-
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pose Hayet Kichou résume ainsi la fusion entre l’art algérien et canadien puisqu’elle y trouve beaucoup de similitudes dans la symbolique : « On retrouve des symboles berbères dans l’art des Amériques, notamment dans la civilisation Aztèques y compris chez les autochtones…On voit les symboles dans le tissage et le cuire …J’ai remarqué qu’il y a des symboles et des animaux qui sont stylisés chez nous et qui sont utilisés de la même façon, tels que l’utilisation du lézard chez les artistes autochtones ». Mariages de cultures Ce mariage entre les deux cultures, Hayet l’illustre dans ses toiles : « Quand je peins une maison c’est une maison berbère et une maison au Canada. Il y a beaucoup de choses qui se reviennent ». Cette rencontre des cultures qui était aussi le thème de l’exposition procurait ainsi un cadre intéressant pour des artistes venus d’horizons diverses pour partager et confronter le temps d’un vernissage les expériences de chacun.
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