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Pour vos annonces dans le journal Atlas.Mtl:

(514) 962-8527

«Affaire» des associations subventionnées

Huit questions pour voir plus clair Page 13 Un an après le meurtre d’Amine Belguedari

Parc Jarry 2015

Courriel: admin@atlasmedias.com Site Web: www.atlasmedias.com

Célébration de la Fête nationale du Maroc au Parc Jarry

35 000 cris du cœur

L’enquête est-elle enterrée ?

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Mort en voulant sauver un enfant de 5 ans

À la mémoire de Benaissa Nouali

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Media

Mabi TV, votre nouveau rendez-vous quotidien

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La fin de la «liste Basri»

Marocains du monde : Votre prénom vous appartient!

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La plus longue campagne de l'histoire du pays 78 jours pour un choix

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Le taxi, entre ébullition et révolution

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Enjeux

Conception et Réalisation Graphique : Atlas Média Atlas.Mtl est un produit du. GROUPE ATLAS MEDIA Inc Editeur de. * La Voix des Marocains à Montréal et du site web: www.atlasmedias.com

(514) 962-8527 (514) 994-9582 Courriel: admin@atlasmedias. com Site web: www.atlasmedias.com https://www.facebook.com/Nachid. Najahi?ref=hl

Depuis 2002 Groupe Atlas Media Treize ans, c’est… • 257 numéros du bimensuel Atlas.Mtl, soit plus de 6260 articles exprimant la sensibilité maghrébine et valorisant la dimension maghrébine de la société dans laquelle nous vivons; • Une cinquantaine d'événements identitaires, artistiques, culturels et politiques; • De nombreux débats, colloques, séminaires et conférences, • 116 reportages sur la communauté pour les chaînes de télévision 2M, AlMaghribia, Ai Aoula, Arrayadia; • 365 émissions radio (de 2002 a 2009); • Un site web ayant accueilli plus de 8.3 millions de visiteurs depuis 2003 et qui dans sa nouvelle version (mise en ligne début 2012) et qui reçoit en moyenne 2500 visiteurs par jour.

Entre l’essentiel et le futile, le cynisme

Éditorial

Editeur : Abdelghani Dades. Directeur Général Rachid Najahi. Rédaction : Abdelghani Dades, Narjisse El-Bakkali, Zahira Ellahgui, Mona Doutabaa, Said Chayane, Reda Benkoula Publicité : Agence Odyssée

Fascinante autant qu’inquiétante, cette incroyable capacité de l’être humain à se concentrer, jusqu’à la dernière énergie, sur le futile et à se complaire dans les détails, quant il siérait plutôt d’aller à l’essentiel. Déplaisante également cette propension au voyeurisme, qui nous fait tous un peu honte mais qu’on pare de vertu en se persuadant qu’en bon chevalier de la justice, en le pratiquant, on redresse des torts quand en fait on ressemble plutôt à un certain Don Quichotte aux lubies duquel la toile donne une dimension universelle que le ridicule ne tue plus. Indicible légèreté, incroyable vanité de tous ceux qui, parce qu’ils n’ont pas la force d’agir et de ce fait d’être utiles, se lance dans les anathèmes et les vaines imprécations! De ce travers – le mieux partagé du monde – chaque jour nous donne au moins un exemple; prenons-en deux parmi les plus récents. L’ «Affaire des subventions» D’abord à l’intérieur de notre communauté. Vous le savez sans doute, ne serait-ce que parce que la rémanence du propos ne peut pas avoir manqué d’éclabousser votre intelligence : Le landerneau du Web bruisse, depuis plusieurs jours maintenant, de propos divers sur les subventions octroyées entre 2009 et 2010, par les autorités marocaines à un certain nombre d’associations agissant au Canada, au bénéfice réel ou supposé, des originaires du Maroc ayant choisi de vivre ici. Comme il est de règle sur la toile cependant, on trouve dans ce fatras du vrai et du faux, du bon et du moins bon. Disons pour résumer la situation, que les informations colportées, reprises, commentées, amplifiées partent peutêtre de bons sentiments; mais que leur traitement se fait aux détriments des règles de base de l’information : s’informer, recouper ses informations, recueillir tous les points de vue et exposer les faits, sans juger ni préjuger. Mais le web et l’éthique ne faisant généralement pas bon ménage, ce qu’il nous a été donné de lire nous fait penser immanquablement aux rumeurs malveillantes dont on ne sait jamais à qui elles profitent réellement et aux ragots de café du commerce, aussi vains qu’inutiles, sachant cependant qu’il y a vraiment un problème en matière de soutiens matériels des pays d’origines à un certain nombre d’associations – et parfois de structures aux contours indéfinissables – s’occupant ou prétendant s’occuper de notre bonheur d’émigrés et donc que l’affaire devrait être traitée avec un peu plus de sérieux. Élections Canada 2015

À ce petit exemple, petit par l’influence qu’il peut exercer sur nos existences, ajoutons-en un, qui se passe à un niveau bien plus déterminant : le contenu de la campagne électorales pour le choix du (futur) gouvernement du Canada. Posons d’abord le décor : Nous sommes en pleine campagne pour le choix du parti qui, à partir du 19 octobre prochain, gérera notre quotidien et dessinera notre futur et celui de notre pays. C’est rappelons-le, la plus longue campagne électorale de l’histoire récente du Canada, puisqu’elle va durer 78 jours et ce sera aussi, la campagne la plus chère puisque avec des dépenses autorisées avoisinant les 675 000 $ par jour pour chaque parti politique et pour chaque candidat, 2700 $ par jour. Sachant qu’environ la moitié de cette somme sera remboursée aux partis et aux candidats par les contribuables canadiens, on est en droit de s’attendre à en avoir pour notre argent. En lieu et place de quoi, au tiers de la campagne, notre billet ne nous a donné droit qu’au triste spectacle du procès Duffy, accommodé à toutes les sauces, par les chefs et les médias. Foin de grands débats, et encore moins d’informations fiables sur ce que nos politiciens feront pour nous et pour notre pays. Comment alors s’étonner du peu d’intérêt suscité par une campagne que d’aucuns n’hésitent plus à caricaturer, comme ce pince-sans-rire que l’on interrogeait sur l’affaire Duffy et qui pour montrer toute son irritation n’a pas hésité à répondre «Me parlez-vous du personnage inventé par Walt Disney?», plus exactement de ce Daffy, le canard noir, roi de la gaffe et de la roublardise? Cette manière d’apparier la campagne et son plus haut fait en date à une bande dessinée, fut-elle à succès, est un summum de dérision; or, en politique, rien n’est plus insidieux et délétère que la dérision, mère du désenchantement qui génère toutes les dérives, mère aussi du cynisme qui est en train de détruire la citoyenneté. Comment raison garder? Face à ces deux exemples, loin d’être exemplaires uniques hélas!, comment ne pas être tenté de se demander comment raison garder? Comment ne pas succomber à la tentation de se détacher de ce monde des vanités et de la vacuité? Pourquoi continuer de défendre des principes et des valeurs alors qu’il serait si simple et bien plus reposant d’adhérer au Parti des Rieurs, de commencer à faire aussi dans l’ironie et la dérision? Mais alors qui garderait la boutique?

Abdelghani Dades

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Rentrée

À suivre

Vous êtes revenus de vacances, nous aussi; Les écoles ont rouvert leurs portes, le gouvernement du Québec vient de tenir un premier conseil de ministres du nouvel exercice; ça y est! La rentrée est là. À titre de preuve : notre photo; prise le 22 août au Parc Sainte Lucie, à l’occasion de cette rencontre traditionnelle marquant le retour aux affaires, la Fête de la rentrée du District de Saint Michel. Pour sa énième édition, à laquelle les élus du district – David Heurtel, député et ministre; Franz Benjamin, conseiller de ville et président du Conseil de Ville; Anie Samson, mairesse de Villaray-Saint Michel-Parc Extension et Mohamed Maazami, commissaire scolaire – conviaient tous les michelois, grands et petits, à

se retrouver, partager un moment de joie et de liesse, avant qui de reprendre son cartable, qui le chemin de la garderie, du bureau ou de l’usine… Tout le monde n’était cependant pa s en vacances. La vie a continué et, du coût, vous avez raté quelques épisodes de l’été montréalais. D’où le sommaire assez particulier de ce numéro 260 de votre journal, Atlas.Mtl, qui vous permettra de vous mettre à jour, de vous informer de ce qui c’est passé pendant votre absence mais également de ce à quoi il faut vous attendre dans les jours et semaines à venir et ainsi de faire que votre retour au quotidien se passe en toute connaissance de causes. Bonne lecture et bonne rentrée!

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Festivités

Célébration de la Fête nationale du Maroc au Parc Jarry

35 000 cris du cœur Dans une ambiance de joie et de communion, plus de 35.000 Marocains établis au Canada se sont donné rendez-vous, dimanche 2 août 2015 au Parc Jarry à Montréal, afin de célébrer, dans un cadre festif et convivial, la Fête du Trône qui coïncidait cette année avec le 16ème anniversaire de l'accession de SM le Roi Mohammed VI au Trône de Ses glorieux ancêtres. Une célébration multiculturelle Cette manifestation, qui a connu la présence de plusieurs responsables montréalais, dont le Maire de la ville M. Denis Coderre, de députés fédéraux et de personnalités représentant différentes communautés ethnoculturelles installées au Canada, a permis aux Marocains expatriés de commémorer cette Fête qui incarne la profondeur et la pérennité des liens symbiotiques d'allégeance qui unissent indéfectiblement l'ensemble des Marocains au Trône Alaouite. Organisé à l'initiative d'une trentaine d'associations, organismes et institutions marocaines et canadiennes, ce grand rassemblement ambitionnait, comme lors de ses deux précédentes éditions, d'offrir à la composante marocaine de la population québécoise et canadienne l’opportunité de célébrer son attachement à son pays d’origine et ses valeurs ainsi que sa volonté d’intégration dans son pays d'accueil et de contribution à son développement et à son devenir. Cet événement, qui a commencé à prendre ses quartiers dans le calendrier dans festivités qui animent la métropole montréalaise, se veut aussi une expression solennelle par les Marocains expatriés de leur attachement à leur Roi et à leur marocanité qu'ils expriment haut et fort dans un environnement multiculturel et multiethnique. Brandissant les drapeaux marocains, ils ont aussi tenu à exprimer, à l’unisson, leur attachement viscéral à leur Mère Patrie qui a réussi, sous la conduite éclairée du Souverain, à tracer son chemin avec détermination vers le progrès et le développement, ainsi que leur engagement constant pour la défense des grandes causes sacrées de la nation et à leur tête la question du Sahara marocain. Cette commémoration a aussi offert à la communauté marocaine installée dans le «pays d'érable» l'opportunité de réaffirmer leur mobilisation inconditionnelle derrière leur Souverain dans Son action inlassable, depuis le début de son Règne, pour concrétiser les aspirations de son peuple à davantage de progrès et de prospérité et consolider la place du Maroc en tant que partenaire respecté et acteur écouté au concert des Nations. Les significations profondes de la fête Intervenant à cette occasion, l’ambassadeur du Maroc à Ottawa,

Mme Nouzha Chekrouni a mis en exergue les significations profondes de la Fête du Trône qui constitue une occasion pour renouveler le pacte scellé entre le Roi et son peuple, tout en saluant l’organisation de tels rassemblements qui permettent de resserrer les liens entre l'ensemble des ressortissants marocains établis au Canada. Elle a aussi souligné que ces festivités témoignent sans ambages de l’attachement indéfectible des Marocains du Canada au glorieux Trône Alaouite et leur mobilisation permanente derrière SM le Roi dans Son œuvre pour assurer le développement socio-économique durable du Royaume et la consécration des fondements d’un Maroc fort, prospère et moderne. Elle a, par ailleurs, mis en avant la

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forte teneur du discours royal qui a tracé une nouvelle feuille de route où les préoccupations des Marocains Résidant à l'Étranger ont été placées au coeur des priorités de SM le Roi. Denis Coderre : «Une manifestation pour le vivre-ensemble» De son côté, le Maire de Montréal, Denis Coderre s'est dit très fier de se joindre à la communauté marocaine pour partager une telle célébration si chère au cœur des Marocains, soulignant que la présence de plusieurs membres d'autres communautés vivant à Montréal à cette magnifique manifestation atteste du vivre-ensemble qui caractérise la métropole québécoise. Des rythmes, des goûts et des couleurs Au menu de cette grande cérémonie figuraient une panoplie de spectacles

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et d’activités artistiques agrémentés de morceaux de musique exécutés avec brio par des troupes d'"Aïssaoua" et de «Gnawa» ainsi que de chansons interprétées par de jeunes artistes marocains établis au Canada. De leurs côtés, plusieurs ressortissants marocains se sont dits très heureux et très fiers de participer à de tels événements qui célèbrent l'une des journées les plus mémorables dans l’histoire du Royaume, ajoutant, dans des déclarations à la MAP, que ces rassemblements spontanés constituent aussi un moment unique pour exprimer leurs remerciements pour la haute sollicitude dont SM le Roi entoure Ses fidèles sujets là où ils vivent et Son souci permanent d'être à l'écoute de leurs doléances et préoccupations. Source : Maghreb Arabe presse

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Festivités

Célébration de la Fête nationale du Maroc au Parc Jarry

35 000 cris du cœur

M Coderre, maire de Montréal et Mme Chakrouni, ambassadeur du Maroc lors de la visite des stands de nos partenaires

Forum des compétences marocains au Canada

Banque marocaine du commerce extérieur

Industrielle Alliances

Caisse Desjardins

Banque Scotia

Desjardins, Caisse cité-du-Nord de Montréal

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Festivités

Célébration de la Fête nationale du Maroc au Parc Jarry

Une organisation transparente

Jeudi 13 août 2015, les organisateurs de la célébration de la fête du Trône, tenue le 2 août précédent au parc Jarry de Montréal, ont présenté devant une cinquantaine de personnes, un bilan de cette activité qui a réuni plus de 35 000 personnes.

Ouvrant la rencontre, M. El Mahdi Ziani, co-coordinateur de l’événement à l’organisation duquel ont participé une trentaine d’associations et institutions à référentiel marocain, est d’abord revenu sur le lieu qui a accueilli la fête. Le Parc Jarry, a-t-il souligné, est placé sous un moratoire qui en limite rigoureusement l’utilisation collective. «La dérogation dont nous avons bénéficié, a-t-il affirmé, est d’une part une marque d’estime pour notre pays d’origine le Maroc et, d’autre part, un acte de confiance des autorités municipales montréalaises à l’endroit des organisateurs de la célébration du 2 août dernier. Nous avons le plaisir de déclarer que cette confiance était méritée puisque, malgré l’affluence exceptionnelle, aucun incident n’a été signalé par les autorités en charge de la sécurité du lieu. De même, grâce aux bénévoles qui dès la fin de la fête, ont procédé au nettoyage du parc, les lieux ont été restitué en parfait état; ce qui ne manquera pas de se répercuter favorablement sur l’image collective de la communauté des originaires du Maroc vivant à Montréal» a-t-il ajouté. Répondant à une question sur le nombre de participants, M. Ziani a répondu que l’évaluation a été faite par les organisateurs selon la méthode Corp. «Fait rare,

a-t-il tenu à souligner, nos chiffres ont été corroborés par les services de police montréalais affectés à notre activité».

Prenant la parole à son tour, M. Rachid Najahi, cheville ouvrière de la célébration, a présenté le bilan financier de l’opération. «Ce genre d’activité nécessite en moyenne 70 à 80 000 $ de financement. Grâce aux bénévoles, dont les artistes qui ont animé la fête, qui ont gracieusement offert leurs services, nos dépenses n’ont pas dépassé 19 000 $. Nos donateurs, essentiellement des entreprises et des commerces ethniques, et les recettes sur vente de produits sur site, nous ont rapporté environ 21 000 $. Sur ce montant, une partie a été versée, comme le faisons à chaque occasion, à une œuvre caritative et le reste sera consacré à la préparation de l’édition 2016 de la Fête du Trône».

Mahdi Ziani et Rachid Najahi

Interrogé sur l’absence de soutiens institutionnels à cette activité, M. Najahi a répondu : «Par principe, nous considérons que la célébration de notre attachement à notre pays d’origine et à nos valeurs doit être spontanée. Cette spontanéité inclut principalement l’aspect financier, c’est pourquoi nous ne demandons aucun appui financier ni au Maroc, ni ici au Canada. La spontanéité est également de mise dans le volet animation culturelle et c’est pourquoi notre programmation fait appel exclusivement aux artistes marocains et maghrébins membres de notre communauté».

Nourredine Sedfi et Abdelhaq Boussayri,

Parc Jarry le 2 août 2015

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Droits et libertés

Ils n’iront pas à l’école en cette rentrée 2015

Les enfants sans papiers encore exclus...

À la veille de la rentrée scolaire, des Montréalais(e)s devaient se rassembler mercredi 26 août à 11h du matin devant la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys pour demander le droit à l’éducation gratuite pour toutes et tous au Québec. La loi sur l’instruction publique au Québec va certainement être modifiée dans les prochaines semaines et le Collectif Éducation sans frontières estime que cette refonte représente une opportunité cruciale dans la lutte pour la reconnaissance du droit à l’éducation pour tous, quel que soit le statut migratoire.

Plus de 1000 enfants privés de leurs droits élémentaires La reconnaissance de ce droit ouvrirait les portes des écoles québécoises à plus d'un millier d’enfants contraints de rester à la maison parce que leurs parents sont sans-papiers, selon un estimé de la Protectrice du citoyen (1) . La Commission scolaire MargueriteBourgeoys (CSMB) – la deuxième au Québec par l’importance de ses effectifs – est un exemple criant de l’actualité des problèmes d’exclusion des enfants sans-papiers des écoles québécoises. « Bien que cette commission administre un territoire sur lequel des centaines de familles immigrantes résident, elle n’a adopté aucune politique claire pour favoriser l’accès à l’éducation dans les cas de familles sans statut » déplore Steve Baird du Collectif Éducation sans frontières. Il ajoute : « Ces derniers mois, nous avons recensé de nombreux problèmes dans cette commission : non-respect de la confidentialité, exigence de frais exorbitants (plus de 6000$ par enfant et par année), ignorance fréquente des mesures d’exemption, refus d’inscription…». Une situation à l’échelle du Québec Les organisateurs du rassemblement rappellent que ce problème continue

de se poser, dans cette commission en particulier comme ailleurs dans la province. Le système tel qu’il est actuellement maintenu par les autorités produit de l’exclusion dans l'ensemble du Québec. Au mépris des recommandations de la Protectrice du citoyen qui a rendu public un rapport sur le sujet, demandant des modifications majeures (2) et malgré le fait que le Parti Libéral du Québec lui-même a, lors de son conseil général en 2014, passé une « résolution visant l’intégration des enfants sans-papiers à la société québécoise » (3), les autorités nient l’importance du problème ou prennent des positions un

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peu vague, qui ne les engagent jamais. Rien n’a changé depuis juin 2013 « Les mesures prises en juin 2013 qui étaient censées régler le problème l’ont en réalité très peu changé. Il s’agit d’un pansement sur une jambe de bois. Combien de temps ces familles vont devoir attendre pour que le gouvernement prenne enfin les choses au sérieux ? Comment peuvent-ils justifier cette inaction inadmissible ? » se questionne Anne Buisson du Collectif Éducation sans frontières. Références : (1) La protectrice du citoyen s'inquiète du manque de suivi de l'école à la

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maison. La Presse Canadienne. 28 avril 2015. (2) Accès à l’éducation publique pour les enfants en situation d’immigration précaire. Rapport du Protecteur du citoyen. Québec, le 7 novembre 2014. (3) Cahier du Participant, Conseil Général 2014, Parti Libéral du Québec, octobre 2014, page 23. Pour plus d'informations : Collectif Éducation Sans Frontières (www.collectifeducation.org); Solidarité sans frontières (www.solidarityacrossborders.org)

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Droits et libertés

«Affaire» des associations subventionnées

Huit questions pour voir plus clair

Le landerneau du Web bruisse, depuis plusieurs jours maintenant, de propos divers sur les subventions octroyées entre 2009 et 2010, par les autorités marocaines à un certain nombre d’associations agissant au Canada, au bénéfice réel ou supposé, des originaires du Maroc ayant choisi de vivre ici.

Comme il est de règle sur la toile cependant, on trouve dans ce fatras du vrai et du faux, du bon et du moins bon. Disons pour résumer la situation, que les informations colportées, reprises, commentées, amplifiées partent peutêtre de bons sentiments; mais que leur traitement se fait aux détriments des règles de base de l’information : s’informer, recouper ses informations, recueillir tous les points de vue et exposer les faits, sans juger ni préjuger. Mais le web et l’éthique ne faisant généralement pas bon ménage, ce qu’il nous a été donné de lire nous fait penser immanquablement aux rumeurs malveillantes dont on ne sait jamais à qui elles profitent réellement et aux ragots de café du commerce, aussi vains qu’inutiles, sachant qu’il y a vraiment un problème en matière de soutiens matériels des pays d’origines à un certain nombre d’associations – et parfois

de structures aux contours indéfinissables – s’occupant ou prétendant s’occuper de notre bonheur d’émigrés. Devant le triste spectacle de cette foire d’empoigne numérique, un ilot de bon sens, sous forme d’une série de questions posées par notre confrère Abderrahman El Fouladi (Maghreb Canada Express), que nous vous proposons de lire ci-après. «Des subventions octroyées à des associations MRE entre 2009 et 2010 refont surface sous la plume de certains internautes. Ce qui nous amène à (nous) poser certaines questions : 1. Pourquoi ces internautes allèguent-ils que les associations représentent les MRE ? Alors que les chartes des associations précisent que toute association ne peut représenter que ses membres; et n’est membre que celui qui adhère à la charte (statuts) de l’association et s’acquitte de sa cotisation. Affirmer le contraire, relèverait de la désinformation, voire de la diffamation; 2. Pourquoi avoir attendu trois ans pour parler de ce problème ? Alors que les subventions auxquelles font allusion ces internautes ont été mises à jour depuis 2012 . Voir : http://www.maghreb-cana-

da.ca/edito/edito108.pdf; 3. Les subventions sont accordées aux associations en respect d’une convention les liant à l’organisme qui pourvoie les fonds. Ne serait-il pas plus « professionnel » de commencer d’abord par vérifier si les subventionnés ont oui ou non respecté la convention et rempli la mission avant de commencer par lancer des accusations ?

M Ameur, ex ministre des marocains du monde

4. Pourquoi parler du passé et oublier ce qui serait entrain de se faire dans le présent ? 5. Pourquoi ne pas demander à chaque organisme dont le logo apparait dans toute activité associative de publier en toute transparence les sommes engagées dans cette activité et publier par la suite un rapport concernant le retour sur investissement ? 6. Pourquoi vouloir qu’une association paie pour les activités qu’elle organise ? Alors que le bénévolat signifierait : donner de son temps, ne pas faire de bénéfice mais ne signifierait pas de

payer de sa poche ! 7. pourquoi ne pas poser la question d’abord aux associations pointées du doigt et attendre leur réponse avant de commencer à les trainer dans la boue ? 8. Pourquoi s.’acharner à détruire tout l’édifice associatif pour en chasser une vermine ? Sachant qu’en fin de compte, on aura sur les bras un édifice détruit alors que la VERMINE aura tout son temps de se faufiler entre les décombres pour aller nuire ailleurs !»

Transport aérien

Manifestation devant Royal Air Maroc Montréal «Du nouveau» en septembre?

Plusieurs dizaines de membres de la communauté des originaires du Maroc résident dans la grande métropole montréalaise ont manifesté, début août 2015, devant les locaux de la compagnie aérienne Royal Air

Maroc, rue Sherbrooke.

Objet de la colère des manifestants : le coût du voyage, jugé exorbitant; la qualité des services rendus au sol ou en vol; le problème du surbooking,

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les retards et les annulations de vols etc. Le directeur régional Canada de la compagnie a fini par entendre la voix des manifestants. Il est même sorti à

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leur rencontre, écouté leurs doléances et annoncé à tous que «dans un délai d’un mois», la compagnie aurait du «nouveau» à annoncer à sa clientèle.

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Droits et libertés

Droits de la pessonne

La place et les droits des Marocains du Monde

Selon le Centre Accompagnement juridique et Droits de l’Homme

À l’initiative du Groupe atlas Media, Maghreb Canada Express et le Forum des compétences marocaines au Canada, mettant à profit la visite au États-Unis et au Canada d’une délégation représentant l’association Centre d’Accompagnement juridique et Droits de l’Homme (CENAJDH), une rencontre a eu lieu jeudi 13 août 2013 au Centre Saint Pierre de Montréal, au cours de laquelle, une cinquantaine de marocains résidents au Canada, ont pu échanger sur l’évolution du Maroc en matière de respect des droits fondamentaux des citoyens.

Ouvrant la rencontre, le Dr Ahmed Kaileche, président du CENAJDH a déclaré que le cadre juridique marocain en matière de droits de la personne humaine a atteint un stade sans précédent. «Notre pays, a-t-il déclaré, s’est doté d’une Constitution et de lois qui garantissent le respect des droits de chacun, quel que soit son genre, son âge, sa condition ou son statut social. Le Maroc a également adhéré à l’ensemble des accords et conventions internationales en la matière». «Cette situation ne se traduit cependant pas encore dans les faits pour diverses raisons, a ajouté M. Kelaiche, expliquant que, dans le public, la compréhension des principes fondant les droits reste encore floue; de ce fait, indépendamment du niveau d’instruction ou de la fonction des personnes concernés, trop souvent, soit on en fait un usage erroné, soit on renonce à en bénéficier». « Du fait de la situation décrite par M. Kelaiche, nous avons considéré comme nécessaire de mettre sur pied une structure émanent de la société civile et dont

l’objectif est d’abord vulgarisatrice et pédagogique» a précisé le Pr Hassan Zerdani, membre du comité exécutif du CENAJDH chargé des relations publiques et des communications. «Nos instances, qui regroupent un grand nombres de magistrats, d’avocats, de juristes, d’universitaires et d’étudiants, organisent ainsi, en relation avec l’Université de Genève pour les Droits de l’homme et différentes universités marocaines, sessions de formation et campagnes d’information dans différentes régions du pays où d’ailleurs nous avons mis sur pied ses sections de notre association pour mieux répondre aux besoins des citoyennes et citoyens». Outre ce volet pédagogique, le Centre apporte son appui aux citoyens en butte à des problèmes et difficultés liées aux droits de la personne. Conseils et accompagnement juridique sont dispensés gratuitement, notamment là ou les besoins sont les plus criants : en milieu rural et périurbain. «De nombreux membres des instances de notre Centre ont constatés que les besoins auxquels nous tentons de répondre se manifestent avec acuité dans nos communautés expatriées. D’où notre visite aux ÉtatsUnis et au Canada» a ajouté M. Kelaiche. Un débat a suivi ces exposés. L’assistance a notamment interrogé les conférenciers sur les moyens de recourir à l’appui et aux services du CENAJDH. Le Pr Zerdani a répondu que «l’objet principal de la tournée nord-américaine était justement de mettre sur pied des structures-relais qui feraient la jonction entre les citoyens en besoins de conseils et d’aide et le

Dr Ahmed Kaileche, Abdelghani Dades et le Pr Hassan Zerdani

Centre. Nous avons eu à cet égard des contacts intéressants qui nous laissent penser qu’une telle structure pourrait voir le jour dans un très proche avenir. En attendant, il est toujours possible de

nous joindre soit par Internet sur notre site www.cenajdh.org, soit par le biais des journaux de la communauté Atlas. Mtl et Maghreb Canada Express».

Un an après le meurtre d’Amine Belguedari

L’enquête est-elle enterrée ? Le mardi 19 août 2014, le corps du jeune marocain Amine Belguedari, 23 ans, a été découvert à l'intérieur d'une voiture dans l'arrondissement de SaintLéonard, à Montréal. La police n’avait pas tardé à confirmer que la victime a bel et bien été assassinée. Les policiers avaient été appelés vers 7h35 après avoir été informés qu'un corps se trouvait dans un véhicule garé en bordure de la rue Michelet, près de l'intersection de la rue Jean-Talon. C'est un passant qui aurait alerté les autorités après avoir aperçu le corps dans la petite voiture. Sur place, les policiers ont constaté que l'homme âgé d'une vingtaine d'années était mort. Son corps portait

des marques évidentes de violence. Le SPVM a d'abord traité le dossier comme une mort suspecte, mais certains éléments trouvés sur la scène leur ont permis d'établir qu'un meurtre avait été commis. Les enquêteurs des crimes majeurs s’étaient alors chargés de ce qui était considéré comme le 19e meurtre à survenir à Montréal depuis le début de l'année 2014.

Amine Belguedari

Mais un an plus tard, jour pour jour, il n’y a toujours pas eu de nouveau. Pire encore, la famille de la victime, qui avait maintenu des rela-

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tions suivies avec les enquêteurs du SPVM, ne reçoivent plus aucune réponse à leurs questions depuis «plusieurs mois maintenant» nous

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disent-ils. Est-ce à dire que l’affaire a été enterrée et que l’assassinat du jeune homme, venu poursuivre ses études supérieures à Montréal, va rester impuni?

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Drame

Mort en voulant sauver un enfant de 5 ans

À la mémoire de Benaissa Nouali

La nouvelle a eu l’effet d’un coup de foudre parmi les élus, fonctionnaires et employés de l’arrondissement Villeray -Saint Michel - Parc Extension : «Benaissa et décédé». Et chacun de se souvenir de Benaissa Nouali, chargé de l'inspection dans le secteur de Parc-Extension depuis 2013, collègue efficace et de commerce agréable,; et d’avoir un mot de compassion pour son épouse, Karima Bousmaha, qu’il laisse dans le deuil et une solitude d’autant plus pénible qu’elle est nées de circonstances dramatiques.

avait une possible noyade. C’est un secteur où on ne va jamais, mais là on s’est précipité», raconte la jeune femme de 19 ans.

Un sauvetage qui tourne au drame Dimanche 9 août 2015, deux pères de famille, Nouali Benaissa, 50 ans, et Meloua Blaha 53 ans, qui voulaient porter secours au fils de l’un d’entre eux, ont été emportés par les courants au parc des Chutes-Dorwin.

C’est au moment où ils sortaient le petit de l’eau que les deux étudiants ont vu un homme flotter. Là encore, ils sont allés le récupérer.

Ils avaient pris un sentier escarpé non balisé avec un petit garçon de cinq ans et sa sœur d’une dizaine d’années. Ils se trouvaient sur des berges normalement interdites d’accès. Il n’était pas possible de savoir exactement si le petit garçon avait échappé à la surveillance des adultes où si les quatre personnes avaient décidé de se baigner. Toujours est-il que lorsque les deux hommes ont sauté à l’eau pour venir en aide au bambin, ils ont perdu pied et ont été incapables de regagner la rive. Première répondante Charlène Desrosiers, étudiante en technique policière employée par le parc, a été la première à se rendre sur les lieux avec son collègue Gabriel Roy. «Nous avons reçu un appel comme quoi il y

En arrivant sur les lieux, ils ont vu le petit garçon se débattre encore un peu dans l’eau. «Il était en étoile, la tête presque recouverte», se rappelle-t-elle. Ils ont sauté pour lui porter secours et le ramener sur la rive. «Heureusement le garçon n’était pas près des chutes sinon on n’aurait rien pu faire», dit Charlène Desrosiers.

La sœur qui se trouvait sur la rive criait toutefois qu’il manquait son père. Les secours sont arrivés à ce moment-là pour prendre le relais et s’occuper des enfants. Pour Charlène, même si la journée était teintée de tristesse, elle essayait de garder le moral. «C’est sûr qu’on aurait aimé tous les sauver. Mais au moins on a pu sauver l’enfant. On a fait ce qu’on a pu étant donné les circonstances», dit-elle. Recherches rapides La Sûreté du Québec avait mobilisé un hélicoptère et des plongeurs lundi pour retrouver le corps de l’homme de 53 ans. Après à peine une heure de recherches, les autorités l’avaient repéré et ont pu le sortir de l’eau. «Ç’a été assez rapide. Il n’y avait pas de courant dans le fond. Il se trouvait là, pas très loin», raconte Daniel Dionne, plongeur pour la Sûreté du Québec.

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Le maire de Rawdon, Bruno Guilbault, avoue qu’il ne sait plus quoi faire pour éviter encore que ce genre d’accidents ne se reproduise. «C’est dramatique ce genre de chose. Malheureusement, il y a toujours des accidents aux chutes. Même si on met des pancartes pour interdire les baignades ou pour interdire les accès, il y a toujours des gens qui y vont», déplore le maire. La municipalité dit pourtant avoir mis beaucoup de mesures en place pour éviter les tragédies. En plus des indications, deux agents sillonnent les rives en permanence pour dire aux baigneurs de sortir. «On offre même l’accès à la plage municipale aux gens qui ont payé leur entrée aux chutes si jamais ils veulent se baigner», précise M.

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Guilbault. Il faut dire que les noyades sont malheureusement monnaie courante aux chutes Dorwin. «Chaque année, on en a au moins une», indique le maire. Les habitués de Rawdon sont eux aussi bien conscients des dangers même si le décor est idyllique. Ils évitent tous de s’approcher trop des chutes. «C’est vraiment triste. La dernière fois, c’est une mariée qui était tombée dans l’eau. Les gens ne sont pas prudents. Tout le monde le sait ici qu’il ne faut surtout pas se baigner», déplore Sylvain Marion, 56 ans, qui profite du camping de Rawdon pour l’été. En 2012, une jeune femme nouvellement mariée avait effectivement été emportée par les courants lors d’une séance photo avec sa robe. «On se met à la place des familles, ça doit être terrible», confie M. Marion.

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Société

Les identités de la discrimination

Se prénommer Jean ou Marie permet-il de mieux s’intégrer? Selon le Centre Accompagnement juridique et Droits de l’Homme Les immigrés qui choisissent d'appeler leurs enfants Jean ou Marie sont-ils mieux intégrés que les autres? A priori, on pourrait le croire. Sur ce sujet sensible, la réalité est beaucoup plus complexe, comme le démontre cette enquête réalisée en France mais qui pourrait s’appliquer ailleurs aussi, au Québec par exemple…

"Ménard contre Ménard" Si c'était un film, il pourrait s'appeler "Ménard contre Ménard". Le 4 mai 2015, le maire de Béziers, Robert Ménard, proche du Front national, établit un lien entre le prénom des enfants et leurs convictions religieuses. "Dans ma ville, il y a 64,6% des enfants qui sont musulmans dans les écoles primaires et maternelles", lance-t-il. Comment le sait-il? "Les prénoms disent les confessions, argumente-t-il. Dire l'inverse, c'est nier une évidence..." En clair, Yanis égale musulman. Lucas égale catholique. Un fichier illicite sur les enfants dans une mairie française? Tollé général. Enquête préliminaire classée sans suite début juillet. Et innombrables réactions, dont celle de Malika... Ménard. La jeune femme avec laquelle le maire de Béziers n'a aucun lien de parenté - est furieuse. Selon elle, ce n'est pas parce qu'elle porte un prénom arabe qu'elle n'est pas intégrée. La preuve: elle a été élue Miss... France en 2010. "Je suis fière de mon nom de famille et désolée qu'il m'associe à Robert Ménard, écrit-elle sur les réseaux sociaux. Je suis également fière de mon prénom, qui fait écho aux années passées au Maroc par mes grands-parents. Je laisse à Robert Ménard son dangereux processus de comptage." Cette polémique le rappellera à ceux qui l'auraient oublié: en France, le choix des prénoms n'est pas un simple enjeu privé, il est une question politique. Et cela ne date pas d'hier. "Jusqu'en 1792, seule l'Église était autorisée à donner des "noms de baptême", rappelle le sociologue Baptiste Coulmont, auteur d'une étonnante Sociologie des prénoms [éd. La Découverte] et d'un blog passionnant sur le sujet. Le nouveau régime a rompu avec cette tradition." Dans un premier temps règne la liberté la plus totale: naissent des bambins appelés Robespierre, Marat, Paix ou Constitution... Le mouvement reste toutefois marginal et, en 1803, Napoléon siffle la fin de la récréation en limitant le choix aux "personnages connus de l'histoire ancienne" et aux "noms en usage dans les différents calendriers". L'Etat reprend la main. Et ne la lâchera pas avant longtemps. Ce n'est pas la première fois que la droite nationaliste s'empare de ce sujet sensible. Pendant la campagne présidentielle de 2012, déjà, Marine Le Pen

avait estimé que les immigrés devaient donner à leurs enfants des prénoms français. "Il s'agit d'un des éléments qui ont très bien fonctionné dans l'histoire de France pour que l'assimilation se fasse très rapidement, assure alors la présidente du Front national. Cela a été le cas pour les Italiens, les Portugais, les Espagnols, les Polonais [...]. Ce n'est plus le cas aujourd'hui."

Mettre en lumières les discriminations Reconnaissons-le: a priori, tout porte à croire que les appellations choisies pour les enfants constituent un bon indicateur de l'intégration des immigrés. Un signe: les trois quarts des parents algériens choisissent un prénom traditionnel, alors que leurs descendants nés en France optent de préférence pour des prénoms français ou internationaux, comme l'a constaté Patrick Simon, de l'Institut national d'études démographiques (Ined). Résultat corroboré par une enquête menée auprès des Arméniens de Saint-Etienne: dans les années 1920, cette communauté donnait à ses enfants des prénoms typiques de sa région d'origine. Or, dès les années 1960, celui-ci n'apparaissait plus qu'en troisième position, les deux premières places étant occupées par des prénoms français. Comme si, au fil des générations, les immigrés puisaient dans le "catalogue" du pays d'accueil. Recourir aux prénoms pour observer la société française n'est donc pas absurde en soi. De nombreux chercheurs utilisent ce moyen sans forcément partager les idées du Front national. Avec cet indicateur, le sociologue de l'éducation Georges Felouzis a pu mettre en lumière le cumul des inégalités (retard scolaire, origines sociales défavorisées...) de certains collèges de l'académie de Bordeaux. Un autre sociologue, Fabien Jobard, et la statisticienne Sophie Névanen ont repéré la "discrimination irréfutable et systématique" subie par les Maghrébins et les Noirs dans le système judiciaire français. Il en va de même sur le marché de l'emploi. Avoir un nom à consonance arabe "se traduit par une perte de seize mois de salaire sur l'ensemble de la carrière", a calculé Laurent Licata, professeur à l'Université libre de Bruxelles. Raison pour laquelle, en France, "plus de 45 % des parents" dans cette situation donnent un prénom européen à leurs enfants, indique-t-il sur le site Atlantico. Et pourtant, Robert Ménard et Marine Le Pen ont tort. Malgré les apparences, on ne peut ni établir un parallèle entre prénom et religion ni mesurer le degré d'intégration d'une population immigrée selon la proportion de prénoms "français" ou "traditionnels". Et cela pour au moins quatre raisons.

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Robert Ménard

La loi a changé depuis 1993. "Une certaine libéralisation dans le choix des prénoms est intervenue à partir de 1966, quand une circulaire a demandé aux officiers d'état civil d'interpréter avec tolérance la législation établie sous Napoléon en 1803, souligne Baptiste Coulmont. Mais c'est vraiment à partir de 1993 que la situation a évolué." Cette année-là, la liberté des parents devient presque totale. Conséquence concrète? Dans les années 1950 et 1960, il était quasiment impossible à un Portugais d'appeler son fils Ricardo. En 2015, si un Sénégalais entend prénommer sa fille Fatoumata, on l'accepte sans aucune difficulté. Conclusion: la règle du jeu ayant changé du tout au tout, il est impossible de comparer les dénominations choisies par les immigrés arrivés en France après-guerre avec celles des Algériens et des Maliens d'aujourd'hui. Le choix d'un prénom ne reflète pas seulement la volonté de s'intégrer. Bien d'autres facteurs interviennent à la naissance d'un enfant. La proximité linguistique, d'abord: opter pour Marie à la place de Maria ou Juan à la place de Jean est facile; abandonner Yanis pour Arthur représente un coût psychologique plus lourd. L'histoire coloniale, ensuite: chez certains Algériens, donner un prénom français revient en partie à trahir leur pays, ce qui n'est pas vrai pour un Belge ou un Chinois. La pression des grands-parents, enfin: quand ceux-ci sont proches géographiquement, leurs enfants ont plus de mal à s'affranchir de la tradition. "Le choix des Algériens émigrés aux Etats-Unis diffère de ceux vivant en France pour cette raison", illustre Baptiste Coulmont. Toutes les études menées en France, en Allemagne ou en Amérique concordent. Un immigré donne plus facilement à ses enfants un prénom "local" quand certaines conditions sont réunies: une arrivée ancienne,

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des études supérieures, une bonne insertion sur le marché du travail, un mariage mixte... La nationalité et la volonté d'intégration ne constituent que deux éléments parmi d'autres. L'état civil a pris une importance croissante. "Longtemps, le prénom et le nom inscrits sur un document officiel n'avaient guère d'importance, reprend Baptiste Coulmont. Ce qui comptait, c'était l'usage. Le fils d'immigrés espagnols s'appelait officiellement Serge, mais, dans la vie de tous les jours, il restait Sergio et cela ne posait aucun problème. Désormais, c'est très différent. Entre la Sécurité sociale, la fiche de salaire ou l'abonnement à EDF, nous sommes sans cesse rappelés à notre identité officielle, ce qui crée des difficultés pratiques quand elle ne correspond pas à notre appellation quotidienne. Cela incite les immigrés d'aujourd'hui à faire coïncider les deux, ce qui était moins nécessaire pour leurs devanciers." Louis, Enzo, Inès et Yasmine… On ne sait pas ce qu'est un prénom français. Un inventaire officiel est bien établi par l'administration, mais il est en décalage avec les moeurs. On y trouve Gisèle et Maurice, pas Chloé ni Léo, pourtant plébiscités par les parents d'aujourd'hui. Et quand bien même on déciderait de limiter la liste au répertoire en vigueur au début du XIXe siècle, avant que notre pays ne devienne une terre d'immigration, le raisonnement serait un peu court... "Nathan était alors réservé aux juifs et Nadine perçue comme russe. Quant à Hugo, il était à cette époque exclusivement destiné aux... chiens", indique Baptiste Coulmont. Même Louis, porté par nombre de nos rois, est d'origine germanique (c'est une déformation de Clovis). Tous ces prénoms appartiennent pourtant à présent au patrimoine national. Qu'en sera-t-il demain d'Enzo, d'Inès ou de Yasmine?

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78 jours pour un choix

La plus longue campagne électorale de l'histoire du pays

La plus longue campagne de l'histoire moderne du pays est entrée dans son deuxième tiers. Le premier ministre Stephen Harper s'était en effet rendu à Rideau Hall dimanche 2 août 2015 pour demander au gouverneur général David Johnston de dissoudre le Parlement, pour un scrutin qui n’aura lieu, loi sur la date fixe des consultations obligent, que le 19 octobre prochain.

partis en lice seront déterminantes. Mais qu’en est-il à ce niveau?

Bien que la campagne électorale n’ait été officiellement lancée que le 2 août, tous les partis politiques, y compris les conservateurs, avaient commencé à bombarder les ondes de publicité pour mettre en valeur leur propre plan ou critiquer leurs adversaires plusieurs semaines auparavant.

Une analyse du financement au niveau le plus local, effectuée par La Presse Canadienne, montre que les coffresforts des candidats conservateurs sont bien remplis, beaucoup plus que ceux de leurs rivaux. En fait, les plus récents états financiers déposés à Élections Canada démontrent que les candidats du Nouveau Parti démocratique (NPD), du Parti libéral du Canada (PLC), du Bloc québécois (BQ) et d'autres petits partis n'ont tout simplement pas les moyens de concurrencer leurs adversaires du Parti conservateur du Canada (PCC).

La loi sur les élections à date fixe présentée par le gouvernement Harper en 2007 prévoit que les Canadiens se rendront aux urnes le 19 octobre. La loi stipule qu'une campagne doit durer au moins 37 jours, mais ne donne pas de limite maximale. Cela n'est pas sans importance. Chiffres et enjeux Le 19 octobre, les Canadiens éliront 338 députés fédéraux. C'est 30 de plus qu'en 2011, la carte électorale ayant été redessinée. Au Québec, ce sera 78 circonscriptions plutôt que 75. À la dissolution de la Chambre, les conservateurs comptaient 159 députés, le NPD, 95, le Parti libéral 36, le Bloc québécois 2, les Verts 2, Forces et Démocratie 2. Il y avait aussi 8 indépendants et 4 sièges vacants. D'ici le vote du 19 octobre, chaque parti politique aura le droit de dépenser 675 000 $ par jour, chaque candidat 2700 $ par jour. Environ la moitié de cette somme sera remboursée aux partis et aux candidats par les contribuables canadiens. Autant dire que les finances des

Affaire d’argent Les élections fédérales engendreront donc plus de dépenses que jamais auparavant au Canada, mais le plus grand impact d'une campagne prolongée se fera sentir sur les candidats des circonscriptions.

Les rapports financiers de 2014 de chacune des 338 circonscriptions du pays disent que les actifs du PCC s'élevaient à plus de 19 millions de dollars à la fin de l'année. C'est plus que ceux des libéraux, des néo-démocrates, des verts et des bloquistes réunis. Les associations de circonscriptions libérales ont rapporté un total de 8 millions de dollars d'actifs nets; celles du NPD, plus de 4,4 millions de dollars; celles du Parti vert, près de 1,2 million de dollars; et le Bloc québécois, 410 000 $.

Un parti comptant un candidat dans toutes les circonscriptions peut dépenser près de 25 millions de dollars pour une campagne de 37 jours. Chaque jour supplémentaire, la limite de dépenses nationales augmente de 675 000 $, et celle d'un candidat ayant droit à 100 000 $ de dépenses augmente de 2700 $. Stephen Harper ayant déclenché les élections à la mi-août, cela augmenterait la limite de chaque parti de 19,6 millions de dollars, et celle de chaque candidat de 78 300 $.

D'après la nouvelle loi sur l'intégrité des élections, à chaque jour qui excède la typique campagne de cinq semaines, la limite de dépenses pour les partis et leurs candidats augmente de 2,7 %, ce qui donne un avantage clair aux partis ayant les comptes en banque les mieux garnis.

En plus de ce net avantage dans le financement, le gouvernement conservateur a imposé au niveau local de nouvelles lois sur les prêts, qui rendent plus difficile pour les candidats sousfinancés de dépenser un montant qui s'approche de celui de leurs concurrents. Les conservateurs ont non seulement le luxe de n'avoir pas besoin de prêt, ils peuvent en plus transférer de l'argent des circonscriptions les plus riches à celles plus pauvres ou au parti. Lors d'une récente entrevue, le chef libéral Justin Trudeau admettait luimême que les réserves des libéraux seraient à sec après les prochaines élections.

78 300 $ par candidat

« Lorsque le Parti conservateur a réécrit

les lois électorales sans demander l'avis d'Élections Canada, des autres partis politiques ou des électeurs eux-mêmes, ils l'ont fait avec une chose en tête: les intérêts du Parti conservateur », a exprimé Jeremy Broadhurst, le directeur national du PLC. «Mais l’argent n’est pas tout» La directrice nationale de campagne pour le NPD, Anne McGrath, a affirmé de son côté que son parti s’était préparé à l'éventualité d'une campagne prolongée. Cela dit, elle souligne que les conservateurs ont dépensé cinq fois plus que le NPD aux récentes élections provinciales en Alberta, et ça n'a pas empêché les néo-démocrates de prendre le pouvoir. « La vérité, c'est que l'argent est très important en campagne, mais ce n'est pas tout », a-t-elle dit. Les conservateurs ne présentent pas d'excuse pour leur avantage financier. « Les Canadiens donnent plus au Parti conservateur parce que notre leader, Stephen Harper, est le choix évident », a indiqué un porte-parole, Cory Hann.

Elle aura dix huit le 19 octobre prochain

Casandra Poitras, la plus jeune candidate Même pas 18 ans et candidate aux élections Elle s'appelle Casandra Poitras. Elle a 17 ans et va à l'école secondaire. Et elle pourrait aussi porter le titre de la plus jeune candidate aux élections fédérales de l'histoire du Canada. Celle qui soufflera ses 18 bougies le 19 octobre, jour du scrutin, souhaite briguer les couleurs du Parti vert dans la circonscription de Longueuil-SaintHubert. La jeune Longueuilloise doit encore obtenir les signatures d'au moins 100 électeurs pour déposer sa candidature. Ce qu'elle est déterminée à obtenir.

Depuis toute petite, elle s'intéresse aux causes écologiques. C'est lors d'un discours du Daniel Green, chef adjoint du Parti vert et candidat dans Ville-MarieLe Sud-Ouest-Île-des-Sœurs, qu'elle a réalisé qu'elle avait un « intérêt présent et concret pour la nature et l'environnement ». Casandra se lance sans hésiter dans cette campagne électorale. Lorsqu'elle a appris que sa candidature était acceptée, elle a eu l'impression de sauter en parachute, avoue-t-elle. « Mais maintenant, j'ai les deux pieds sur terre, je suis prête à affronter ma campagne, mes responsabilités, et à vraiment militer pour les élections », explique-t-elle.

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Casandra Poitras

Et la jeune fille n'a pas peur d'affronter

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des adversaires plus expérimentés.

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Premier coup de sonde

Remue-ménage dans les intentions de vote Le Parti conservateur poursuit sa dégringolade dans les intentions de vote, a révèlé le premier sondage Léger-Le Devoir-Le Journal de Montréal-Le Journal de Québec mené depuis le déclenchement des élections. La course qui s’amorce s’effectuera donc bel et bien à trois à l’échelle du pays, tandis qu’au Québec, les électeurs semblent déterminés à revenir à la charge avec une seconde vague orange.

observée depuis le début des élections, qui placent le Parti conservateur et le NPD à égalité, le PLC traînant de quelques points.

Réalisé auprès de plus de 2000 répondants de partout au pays, le sondage accorde le tiers des intentions de vote des Canadiens au Nouveau Parti démocratique (NPD) de Thomas Mulcair. Les libéraux doublent les conservateurs pour la première fois depuis le mois de mai, pour se hisser au second rang, avec 28 % des voix, un bond de trois points depuis le précédent sondage Léger, mené avant le déclenchement des élections. Les conservateurs tombent de 5 points, pour obtenir 27 % d’appuis. Les Canadiens ne semblent pas avoir digéré d’être projetés en élections au beau milieu de l’été.

Six Canadiens sur dix et les trois quarts des Québécois sont aujourd’hui convaincus de la nécessité de changer de gouvernement. « On voit que les conservateurs s’éloignent du pouvoir », résume le président de Léger Marketing.

Au Québec, le NPD se retrouve bien en selle avec 40 % des intentions de vote, sa plus forte performance à l’échelle du pays, et pratiquement autant qu’aux élections générales de 2011, alors que Jack Layton avait récolté 43 % des suffrages à l’échelle de la province. Les libéraux obtiennent 21 % d’appui et le Parti conservateur 17 %, ce qui représente pour ce dernier une chute de 6 points de pourcentage. Après avoir vu ses appuis monter, puis fléchir, le Bloc québécois de Gilles Duceppe voit son soutien croître doucement pour atteindre 21 %, contre 19 % au précédent coup de sonde. Si des élections avaient été tenues au cours des derniers jours, le Canada se serait vraisemblablement retrouvé avec un gouvernement minoritaire. Ces sondages s’inscrivent dans la tendance

Volonté de changement? Au-delà de leur positionnement dans les intentions de vote, les troupes conservatrices ont plusieurs raisons de s’inquiéter, croit le sondeur Jean-Marc Léger.

Les enjeux mis de l’avant par M. Harper depuis le déclenchement des hostilités semblent par ailleurs peu coller aux priorités des électeurs. Qui plus est, les personnes ayant l’intention de voter pour le NPD et le PLC semblent très peu enclines à offrir leur soutien au Parti conservateur lorsqu’on leur demande de nommer un second choix de parti. «Cela signifie que la réserve d’électeurs potentiels des conservateurs est extrêmement faible. Non seulement leurs votes baissent, mais en plus ils n’ont qu’un potentiel de croissance faible. Ils ne peuvent espérer de monter qu’à 34% seulement en ce moment, alors que les autres partis, même le Bloc, ont un potentiel de hausse [plus important].» Pire encore pour M. Harper, 43 % des répondants affirment qu’ils «ne voteraient jamais» pour le Parti conservateur, plus du double de réponses obtenues que toute autre formation politique. Mince consolation pour les conservateurs : leurs appuis au Québec semblent se concentrer dans la région de la capitale nationale et de la Beauce, ce qui laisse croire qu’ils pourraient reprendre,

dans ces secteurs, certains des sièges perdus aux mains de néodémocrates en 2011. Deux ou trois sièges de plus seraient à portée de main de M. Harper, qui détient un appui de 37 % actuellement dans la région de Québec, selon le sondeur. Le PCC ne compte que cinq sièges au Québec à l’heure actuelle. Trudeau en hausse La situation est nettement plus positive pour Justin Trudeau et les libéraux, qui accusaient depuis de nombreux mois du retard face à ses adversaires. La popularité du PLC a comme particularité d’être associée principalement à celle de son chef. « Il faut bien surveiller la performance des libéraux, particulièrement en Ontario et aussi au Québec, dit Jean-Marc Léger. Mais le NPD se montre très résistant face aux attaques. » La question est donc de savoir qui, des formations de Justin Trudeau et de Thomas Mulcair, incarne véritablement ce changement tant souhaité par les

électeurs. À cette question, le tiers des répondants répondent en désignant les troupes de Thomas Mulcair, contre seulement 19 % pour le PLC. « C’est là que le NPD se distingue royalement du PLC, par exemple en ce qui concerne son contenu. Le NPD est clairement davantage en symbiose avec les priorités des Canadiens que ne l’est le PLC. » Thomas Mulcair est également nettement en avance quand vient le temps de choisir celui qui ferait le meilleur premier ministre. 28 % des répondants lui auraient accordé leur confiance, contre seulement 20 % pour MM. Harper et Trudeau. Précisons que ce sondage a été mené sur Internet auprès de 2095 répondants, dont 987 au Québec, entre le 10 et le 12 août 2015. Un échantillon probabiliste de taille identique aurait comporté une marge d’erreur de plus ou moins 2,1 %, 19 fois sur 20

À suivre

Les quatre débats des chefs Il y aura deux débats des chefs en français au cours de la présente campagne électorale, et le premier aura lieu le jeudi 24 septembre à 20 h, dans les studios de Radio-Canada à Montréal. Le Parti conservateur a confirmé mardi soir que Stephen Harper acceptait d'y participer. Les chefs du Nouveau Parti démocratique (NPD), du Parti libéral, du Bloc québécois et du Parti vert y seront également. Ce débat de deux heures sera présenté par un groupe de diffuseurs, auquel se joint pour la première fois La Presse. Il sera diffusé et webdiffusé par RadioCanada, Télé-Québec et les chaînes

anglophones CBC, Global et CTV..

tenait le NPD, a-t-il fait valoir.

Par ailleurs, le groupe de diffuseurs poursuit les discussions afin de produire un autre débat des chefs en anglais, le 8 octobre.

En fin de soirée, la directrice de campagne de Justin Trudeau a confirmé que le chef libéral prendra aussi part au Munk Debate, à condition que la chef du Parti vert, Elizabeth May, y participe.

Stephen Harper a aussi accepté de participer au débat sur les affaires étrangères et le rôle du Canada dans le monde, organisé par les Munk Debates le 28 septembre. M. Mulcair a également confirmé sa participation mardi. Parce qu'il comportera une composante en français, il répond au critère de bilinguisme auquel

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Les débats programmés •17 septembre : Calgary, débat en anglais organisé par le Globe and Mail et Google Canada. Participants confirmés : Stephen Harper (PCC), Thomas Mulcair (NPD), Justin Trudeau (PLC) •24 septembre : Montréal, débat en français organisé et diffusé par Radio-

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Canada, Télé-Québec, CBC, Global, CTV et La Presse. Participants confirmés : Stephen Harper (PCC), Thomas Mulcair (NPD), Justin Trudeau (PLC), Gilles Duceppe (BQ), Elizabeth May (PVC) •28 septembre : Toronto, débat bilingue organisé par les Munk Debates. Participants confirmés : Stephen Harper (PCC), Thomas Mulcair (NPD) et Justin Trudeau (PLC) •2 octobre : Montréal, débat en français organisé et diffusé par TVA. Participants confirmés : Stephen Harper (PCC), Thomas Mulcair (NPD), Justin Trudeau (PLC) et Gilles Duceppe (BQ)

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Économie

Éclatement de la bulle boursière

Une Berezina à la chinoise

Par Naoufal RHOUDA

qui a été annoncé et prévu.

La place financière chinoise s'est de nouveau effondrée, entraînant une forte chute pour le marché des actions au niveau mondial, Le marché européen n'a pas tardé à enregistrer des mouvements baissiers ce qui crée une véritable situation de panique pour tous les intervenants boursiers.

La seconde cause est rien d'autre que le prix du baril de Brent qui a chuté à moins 44 Dollar (43,60$ à 19h GMT).

On assiste, sans aucun doute, à un vrai Krach boursier planétaire durant ce jour lundi 24 août 2015. Shanghai baisse de 8,5%, Taiwan 7%, Paris 7% , Bruxelles 4%, Londres 2,5%, Francfort 3,15%, Madrid 2,52%, Milan 2,72%... «Les entreprises européennes cotées en bourse ont perdu 230 milliards d’euros de leur valeur ce matin à 9h30 GMT» selon Daily Telegraph. Quelles sont les causes de ce Krach boursier? Deux facteurs sont derrière cette débâcle, la première étant la croissance chinoise qui reste largement en deçà de ce

Lesdits facteurs peuvent facilement engendrer un réel cataclysme financier puis une crise économique mondiale. Cette crise va-t-elle durer? Aucun signe favorable n'est pas pour le moment donné par la Banque centrale ou le gouvernement chinois, du coup, on a qu'à s'attendre à des mouvements baissiers continus au niveau de la place chinoise ainsi que les places financières mondiales. Que faire face à ce nouveau krach? Jusqu'à maintenant aucune mesure n'a été prise en compte par le gouvernement chinois, afin que l'État chinois prenne le contrôle de la situation. Afin d'amortir le choc de cette débâcle la banque centrale est obligée d'injecter l'équivalent de 7,5 Milliard d'Euro dans les marchés. (Ca reste insuffisant pour contrer le bombardement financier que

ce krach peut créer). Il faut aussi diminuer le loyer de l'argent ainsi que les niveaux des réserves obligataires des banques. Si la tendance baissière s'aggrave, on

assistera à ce qui a été prévenu par le quotidien China Daily, ca fait 23ans: «La Bourse chinoise sera vraiment à maturité lorsque des gens auront sauté par les fenêtres».

Quels impacts pour le Canada? En pleine dégringolade, l'indice Shanghai Composite a donc chuté de 37 % en deux mois et dans tout le pays, l'économie continue de tourner au ralenti. Le Canada doit-il craindre la contagion? Décryptage en deux questions. Quelles répercussions aura la chute de la Bourse de Shanghai sur la place de Toronto et sur l'économie canadienne? Les secteurs de l'énergie et miniers composent 30 % de l'indice canadien S&P/TSX. Or, ce sont justement ces secteurs qui souffrent le plus du ralentissement de la Chine et de sa dégringolade boursière. Comme il y a peu d'investisseurs étrangers sur la Bourse de Shanghai, les entreprises canadiennes en lien avec le secteur minier et de l'énergie sont celles qui vont le plus subir les impacts financiers de cette chute, ainsi que tous les secteurs connexes, comme le marché immobilier à Calgary. « Ce n'est pas le fait que la Chine ne consomme pas beaucoup de matières premières, explique un spécialiste. Elle en consomme encore beaucoup, mais d'année en année,

l'augmentation de leur consommation descend », surtout pour ce qui est des métaux de base, comme le cuivre. Le prix du pétrole est lui aussi en forte chute, bien que son prix dépende aussi des surplus de production des pays de l'OPEP et de la Russie. Les États-Unis, malgré des marchés à la baisse de près de 8 % par rapport à leur sommet cette année, s'en tireront mieux que le Canada parce qu'ils ont un énorme marché de consommation interne, note-t-il. À quoi faut-il s'attendre sur les marchés boursiers au cours des prochaines semaines? « On peut s'attendre à beaucoup de volatilité. Ça ne veut pas dire que ça va continuer descendre à ce rythme-ci, mais une chose qui est claire, c'est qu'il va y avoir beaucoup de volatilité », estime-t-on au Canada. Et comme la bourse précède souvent l'économie réelle de six à neuf mois, il est probable que l'économie chinoise continue de tourner au ralenti. La trajectoire est à la baisse et jusqu'à nouvel ordre, c'est comme ça qu'on devrait penser à l'économie chinoise.

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Emploi

Le marché du travail face à l’«économie de partage» ou la liberté de se faire exploiter… Chauffeurs pour Uber, hôtes pour Airbnb, livreurs pour Instacart, coursiers pour TaskRabbit, les acteurs de la nouvelle "économie partagée" sont-ils des travailleurs qui sont leurs propres maîtres ou au contraire exploités par les entreprises? Ces nouveaux emplois offrent une grande liberté pour ceux qui les occupent mais, en contrepartie, aucune sécurité ni prestations sociales. Près de 18 millions de personnes aux États-Unis tirent désormais une part significative de leurs revenus d'emplois non-traditionnels et ils sont 12,5 millions à avoir ce genre d'emploi à temps partiel, selon MBO Partners, une entreprise qui apporte ses services à des sous-traitants. Une autre étude, réalisée par le groupe de logiciels financiers Intuit, indique que de 25% à 30% de la population active américaine est précaire et que 80% des grandes entreprises ont l'intention de développer leur utilisation de la "main d'oeuvre flexible". Selon cette étude, 40% de la population active américaine pourrait être en situation de précarité en 2020. Pas de couverture sociale Mais des fissures apparaissent dans ce nouveau modèle. Plusieurs procès sont en cours opposant des travailleurs estimant qu'une partie des coûts liés à l'exercice de leur fonction doit être assumée par les entreprises qui les emploient et qu'ils ont droit à une certaine forme de protection sociale. "Ces entreprises ont choisi d'ignorer le problème car elles se considèrent comme un marché et non comme un employeur mais cela revient maintenant les hanter", estime le fondateur et PDG

de MBO, Gene Zaino. Les hommes politiques en sont conscients, comme la candidate démocrate à l'élection présidentielle Hillary Clinton qui a affirmé récemment qu'elle "prendrait des mesures contre les patrons qui exploitent les travailleurs en les désignant comme des sous-traitants". "Cette économie à la demande, que l'on appelle aussi la +gig+ économie, favorise l'innovation", a déclaré Mme Clinton en juin "mais elle soulève aussi des questions difficiles sur la protection des travailleurs et sur ce à quoi ressemblera un bon emploi à l'avenir". La nuisible «flexibilité» Mais sans la flexibilité des emplois, "l'économie partagée pourrait être stoppée net", affirme Christopher Koopman, chercheur au centre Mercatus de l'université George Mason en Virginie. Selon lui, ceux qui choisissent ces emplois obtiennent en échange une grande flexibilité et se voient offrir la possibilité de "travailler quand on veut, comme on veut". Il faut néanmoins, selon lui, des règles claires pour éviter les conflits et l'incertitude. Homejoy, un site en ligne de services de nettoyage, a dû fermer en juillet après avoir été poursuivi par des travailleurs qui demandaient à être considérés comme des employés. Selon Simon Rothman de la firme de capital-risque Greylock Partners, il faut dissocier certaines prestations comme la couverture-santé, la retraite et l'assurance de l'emploi lui-même. "Le temps n'existe plus où l'on signait un contrat avec un employeur pour la

vie. Il y a un changement en profondeur qui va toucher tout le monde", affirmet-il sur un blog. Mais Robert Reich, un ancien ministre du Travail sous l'administration Clinton aujourd'hui professeur à l'université de Californie, affirme que c'est en fait un retour à l'époque où il n'y avait pas de normes sociales. "Le nouveau modèle transfère complètement le risque sur le travailleur et élimine les normes minimum", affirmet-il dans un blog intitulé "l'économie partage-miettes". "Le travail à la demande est un retour au XIXe siècle quand les travailleurs n'avaient pas de pouvoir, prenaient tous les risques et travaillaient des heures interminables pour pratiquement rien." Mais Gene Zaino souligne que les études de MBO montrent que plus les travailleurs sont indépendants, plus ils sont heureux. "Ce n'est pas tant pour l'argent mais le segment qui croit le plus vite est celui des gens gagnant plus de 100.000 dollars (90.000 euros) par an", indique-t-il.

Il représenterait aujourd'hui 2,9 millions de personnes, selon MBO. Quels avantages ? Arun Sundararajan, qui dirige un département de recherches sociales à la New York University, estime que les responsables politiques devraient "découpler" les avantages traditionnels liés à un emploi pour favoriser les "gig workers", ainsi appelés car ils travaillent comme un musicien va sur scène et fait un "gig". "Ils ne cherchent pas à devenir des employés à plein temps", dit-il à l'AFP, "mais seulement à en avoir certains des avantages comme la stabilité des revenus et les prestations sociales qui y sont attachées". L'une des solutions aux États-Unis est le "401k" qui permet au travailleur de "transporter" son plan épargne-retraite d'un emploi à un autre avec une cotisation partagée entre lui et l'employeur. "Il faudrait penser à des structures similaires pour d'autres aspects de la protection sociale", souligne Arun Sundararajan.

Le Québec veut taxer Airbnb... comme les hôtels Dès cet automne, le Québec compte adopter une loi pour légaliser les locations entre particuliers de type Airbnb. Avec à la clé plus de contraintes et de taxes pour les loueurs. Jusqu’où la vague Airbnb et autres sites de location de logements entre particuliers se poursuivra-t-elle? Alors que le phénomène touche désormais même les palaces (voir ici), plusieurs gouvernements à travers le monde s’affairent à donner un cadre juridique à cette activité. Dernier en date, le Québec, qui compte présenter un texte

sur le sujet cet automne. Selon un article du quotidien local Le Soleil, il s’agirait de mettre au point «un type d’encadrement qui va être quelque chose d’unique au monde». Rien que cela.

à travers le monde pour indiquer une évolution de ses conditions générales. Il est désormais possible, techniquement du moins, à chaque loueur d’ajouter les taxes locales aux factures de leur logement.

Au Québec, le ministère du Tourisme envisage d’aligner les obligations des propriétaires de ces logements sur celles des hôteliers. Ce qui signifierait: payer les mêmes taxes et être soumis aux mêmes contraintes réglementaires qu’eux. Airbnb a d’ailleurs envoyé un courrier dès juillet à tous ses membres

Seulement 2 agents pour les contrôles Une évolution législative qui s’accompagnerait d’un renforcement des contrôles et du nombre d’inspecteurs sur le terrain. Il est vrai que l’article au passage que la province canadienne ne dispose actuellement

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que de deux agents chargés d’effectuer des contrôles à travers tout le Québec! Des changements qui ne pourraient que satisfaire les hôteliers qui se plaignent de plus en plus de certaines formes de concurrence déloyale ou d’hébergements illégaux. Quant aux représentants locaux d’Airbnb, ils estiment officiellement qu’un cadre réglementaire est le bienvenu pour légaliser leur activité, comme ils l’avaient déjà fait en France.

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Technologies

Votre «smartphone» vous rend vulnérable…

Boom du mobile et piratages téléphoniques

Bourrés d'informations personnelles, emmenés partout y compris au travail, les «smartphones» peuvent être une cible de choix pour les cyber-pirates, susceptibles d'exploiter les failles laissées par la course à l'innovation sur ce marché très concurrentiel. "Les appareils mobiles prennent de plus en plus de place dans les entreprises et dans nos vies", déclare Avi Bashan, de la société de cybersécurité Check Point Software Technologies, lors de la conférence du secteur Black Hat à Las Vegas. "Comme davantage de gens les utilisent pour faire davantage de choses, ça devient intéressant pour les attaquants."

Check Point a constaté ces trois dernières années une augmentation des attaques contre les deux systèmes d'exploitation mobile dominants: iOS, qui fait fonctionner l'iPhone et l'iPad d'Apple, et Android, le logiciel de Google utilisé par la majorité des fabricants de smartphones et de tablettes dans le monde. Dans une étude publiée début juin, et basée plus de 900.000 appareils mobiles connectés à des réseaux wifi d'entreprises dans une centaine de pays, Check Point estimait qu'un appareil sur 1.000 était infecté. Selon elle, quand une organisation compte plus de 2.000 appareils mobiles connectés à son

réseau, il y a même une chance sur deux qu'au moins 6 soient infectés (avec une répartition à 60-40 entre Android et iOS).

Texto - piratage Des chercheurs de Check Point ont notamment dévoilé à Las Vegas une faille permettant de prendre le contrôle de smartphones Android par l'intermédiaire d'un outil préinstallé dans le système, prévu au départ pour permettre d'accéder à l'appareil pour de l'assistance technique. "Cela affecte toutes les versions d'Android", a assuré Ohad Bobrov, en charge de la prévention des menaces mobiles chez Check Point. Il a expliqué que le pirate pouvait exploiter la faille en amenant par la ruse le propriétaire du téléphone à installer une application manipulée pour se connecter à l'outil d'assistance technique. Dans certains cas, le piratage peut se faire avec un simple texto, que le destinataire n'a même pas forcément besoin d'ouvrir. Le message est conçu pour faire croire au téléphone qu'il émane d'un centre d'assistance technique légitime, quand en réalité il est lié à un serveur en ligne contrôlé par un hacker. "J'ai besoin de votre numéro de téléphone, et c'est tout", souligne Avi Bashan. Une autre société de sécurité, Zimperium,

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avait déjà lancé un avertissement la semaine dernière sur une autre vulnérabilité d'Android, elle aussi exploitable en envoyant au smartphone un simple message. Elle repose sur une fonctionnalité baptisée "Stagefright", qui pré-télécharge automatiquement les extraits vidéo attachés à des textos pour éviter à leur destinataire d'avoir à attendre pour les regarder. Les pirates n'ont qu'à camoufler un programme malveillant dans un fichier vidéo, puis l'envoyer par texto pour l'activer. D'après Zimperium, quelque 95% des smartphones opérant sous Android, soit environ 950 millions d'appareils, sont à risque. Les chercheurs ont informé Google, qui a décidé cette semaine de proposer désormais des mises à jour de sécurité mensuelles pour ses appareils Nexus utilisant Android. La première, intervenue mercredi, incluait un patch pour StageFright. Pour la plupart des appareils, ce sont toutefois les fabricants voire les opérateurs téléphoniques qui contrôlent quelle version d'Android est utilisée. Parmi eux, les groupes sud-coréens Samsung et LG Electronics ont aussi dit adopter ces mises à jour mensuelles. Expansion trop rapide?

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Rien que depuis le début de cette année, environ 80 failles ont été découvertes dans iOS, et une dizaine dans Android, a estimé jeudi à Las Vegas le spécialiste danois de la cybersécurité Secunia. Pour les chercheurs, c'est le contrecoup d'une course à l'innovation dans l'écosystème mobile, qui pousse à ajouter des fonctionnalités aux téléphones sans toujours prendre le temps d'en vérifier la sécurité. "Quand il y a un grand boom, les gens prennent des raccourcis" sur le plan technique, et se retrouvent à revenir en arrière après coup pour réparer des bugs, souligne Joshua Drake, un chargé de recherche chez Zimperium. "Les systèmes d'exploitations se sont développés trop vite", juge aussi Avi Bashan. "Et quand on se développe vite, il y a des choses qui sont mal développées".

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Dossier

Le taxi, entre ébullition et révolution

Les dessous de la manifestation du mardi 25 août 2015

Un peu partout au Québec, les chauffeurs de taxi ont manifesté le mardi 25 août 2015, leur colère face à UberX et à la position du gouvernement, qu'ils aimeraient voir être clarifiée. À Québec, les chauffeurs de taxi se sont garés devant l'Assemblée nationale. Ils se également rendu devant les bureaux du ministre Sam Hamad. À Montréal, ils se sont réunis dans un stationnement pour ne pas perturber la circulation. Ils sont ensuite allés livrer une lettre avec leurs demandes au bureau du premier ministre. Robert Poëti se range derrière les taxis Le ministre des Transports, Robert Poëti, s’est rangé derrière les chauffeurs de taxi. « Il y a un endroit où je les comprends. Ils se sentent menacés par une concurrence tout à fait déloyale », a déclaré le ministre. M. Poëti a profité de cette tribune pour tenir un discours ferme à l'endroit de cette multinationale du covoiturage. Malgré l'apparence d'ouverture du premier ministre Philippe Couillard, il n'est pas question de légaliser le service

UberX dans sa forme actuelle, a-t-il martelé.

de taxi. Une proposition restée lettre morte.

« Ça démontre à quel point ils sont alignés pour fonctionner dans l'illégalité », a-t-il relevé à propos de l'initiative d'UberX d'offrir des déplacements gratuits en ce jour de manifestation des chauffeurs de taxi.

« Et pour UberX (NDLR : le service de covoiturage commercial qui permet à des individus de transporter des clients avec leur voiture personnelle), ils n'ont jamais fait de proposition. »

Une aumône de 10 sous au gouvernement « Je ne suis pas contre la compétition ou la modernisation, au contraire. Mais quand Uber propose de verser 10 sous par course au gouvernement, ce n'est pas sérieux », a-t-il lancé. Une volonté délibérée de violer les lois Le ministre a déploré le manque de collaboration de l'entreprise. Il dit avoir rencontré son représentant, Jean-Nicolas Guillemette, en décembre, et a qualifié sa proposition de l'époque de « nulle ». « Il est venu à mon bureau avec un document de deux pages. Honnêtement, un chiffon. » M. Poëti a alors proposé à Uber, un service qui fait appel à des chauffeurs de taxi qui répondent aux normes gouvernementales, de se procurer un permis pour devenir officiellement un intermédiaire

Pour Uber, pas question de rentrer dans le rang. L'entreprise exige une modification des lois. L’évasion des ressources financières du Québec « Cette compagnie-là, qui se vante de faire des millions, dépose en Hollande les revenus de son travail au Québec, a poursuivi le ministre. C'est comme si un restaurant décide d'ouvrir, ne paie pas les permis, ne s'occupe pas de la qualité de la nourriture, ne s'occupe pas de la réglementation et ne s'occupe pas du salaire des employés. »

Robert Poeti

« Ce que les gens aiment, à mon avis, c'est la technologie qui vous permet de ne pas avoir à sortir de l'argent de votre poche et de savoir où est rendu votre taxi sur une application. » Une telle application est déjà en service dans la ville de Québec. À Montréal, tous les taxis

Le ministre a d'ailleurs convoqué tous les acteurs de l'industrie du taxi au début du mois de juillet. Leurs recommandations ont été déposées à la mi-août. Une nouvelle rencontre devrait avoir lieu cet automne après que le ministre aura évalué leurs propositions.

offriront le paiement électronique à compter du 15 octobre. « Ce qu'ils aiment aussi, c'est que le chauffeur soit poli, que le véhicule soit propre, qu'il ait un GPS, qu'il sache où il s'en va, a poursuivi le ministre. C'est une menace pour l'industrie? Non, c'est une opportunité, prenez-la. »

La vérité sur Uber et Uber X

Dans l’«affaire Uber», la désinformation bat son plein. Difficile en effet de se faire une religion sur la question tant la multinationale milliardaire fait de «pub» et exerce de pressions tant sur la classe politique que sur les médias.

Notre consoeur Josée Boileau du journal Le Devoir n’est cependant pas tombée dans le piège. Elle vient dans un éditorial d’une grande justesse, de dresser le portrait exact de cette entreprise californienne qui incarne tout le mal que l’on peut penser du «capital sauvage», dont le seul but est le profit ; aux détriments de tous et de tout. Voici le texte qu’elle vient de publier. «Il faut bien cadrer le débat quand on parle de la confrontation entre les taxis et Uber. Éviter de se laisser tourner la tête par une entreprise qui sait exactement sur quels mots à la mode appuyer pour cacher sa vraie nature, celle du capitalisme sauvage. Heureusement, le ministre des Transports tient une ligne ferme. Qu’il n’en dévie pas ! En entrevue à Radio-Canada mardi (25 août 2015) à propos de la mobilisation des chauffeurs de taxi contre le service UberX, le ministre des Transports Robert Poëti a cité son collègue de l’Assemblée nationale… Amir Khadir. Fait rare, on en conviendra ! Mais fait justifié, car le député de Québec Solidaire a l’art des questions précises et des phrases qui font mouche. En commission parlementaire en juin, M. Khadir avait amené le directeur général de Uber, Jean-Nicolas Guillemette, à confirmer que l’entreprise

ne paie pas d’impôts au Québec, fait qu’elle ne met jamais de l’avant quand elle se fait l’apôtre de « l’économie de partage » qu’elle prétend pratiquer. Le député avait par ailleurs eu ce commentaire : «Je n’ai pas l’habitude de voir une telle unanimité chez les parlementaires contre un modèle d’affaires. C’est très rare ; habituellement, c’est moi qui soumets ce genre de critique […]. » Et il ajoutait, à l’endroit de M. Guillemette : « Je pense que vous devez saisir ce que ça signifie sur le plan politique. » Cette mise en garde, on l’aura compris, n’a rien à voir avec le fait que les élus, à l’Assemblée nationale ou à Montréal, où le maire Denis Coderre est lui aussi monté au créneau contre le service UberX, soient des dinosaures que la nouveauté rebute. Elle tient simplement au respect des lois et de la réglementation qui font en sorte que les milieux de travail ne sont pas des zones de non-droit, même si un certain type de consommateurs aimeraient bien, dans leur désir de toujours payer moins cher, que les normes, les taxes et les impôts n’existent pas. Uber et toutes les déclinaisons derrière lesquelles se trouvent ses offres de transport n’ont rien à voir avec l’entraide qu’implique le covoiturage ; rien à voir non plus avec une idée de « partage », dont le concept relève d’une économie solidaire avec l’ensemble de la société. Il s’agit plutôt de nourrir une très commerciale et très richissime entreprise américaine. Pour arriver à percer le marché du transport par taxi dans des centaines de grandes villes du monde, celle-ci s’y

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prend toujours de la même manière : en amadouant les autorités en offrant d’abord le service Uber, moins menaçant puisque ce sont des chauffeurs de taxi professionnels qui vont cueillir des clients qui ont utilisé son application à partir de leur téléphone intelligent. Puis, rapidement, en lançant son produit UberX, où n’importe qui peut s’improviser chauffeur en dehors de toutes les règles, ce qui permet, évidemment, de casser le prix d’une course. Seule contrainte : le chauffeur doit remettre 20 % du montant récolté à Uber, qui fait cheminer le tout vers des paradis fiscaux. Le tout en cultivant — ce qui n’est pas un mince exploit dans ce monde où l’évasion fiscale fait normalement sourciller — une image de progressisme qu’il serait inimaginable d’entraver. Jeune, hip, hop, quoi. Et tant pis pour les vrais chauffeurs de taxi, dont les gains sont bien en deçà du salaire minimum et qui se voient présentement affublés de tous les défauts : négligés, pas branchés, pas fiables, autos sales… Pas jeune, hip, hop, quoi. Pauvres eux, ils ne font que gagner durement leur vie, et pas qu’arrondir les fins de mois pendant leurs

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heures de loisir. Heureusement, en dépit du lobby intense mené par la compagnie sur toutes les tribunes, le ministre Poëti reste ferme. UberX n’est pas une solution de remplacement à l’auto solo, comme Uber le prétend, mais un service de taxis qui entend échapper aux règles actuelles à moins qu’elles soient réécrites à sa convenance. Il s’agit bel et bien, comme le dit le ministre, d’« une concurrence tout à fait déloyale ». Bravo, si tout ceci incite le monde du taxi montréalais à se moderniser en offrant des applications pour obtenir un taxi, le paiement électronique dans toutes les voitures, la géolocalisation de celles-ci… Notons toutefois qu’à Québec, le secteur n’a pas attendu Uber pour bouger. Et au-delà de la quincaillerie, il reste des normes qui doivent s’appliquer à tous. Pour faire du taxi, il faut un permis et il y a des taxes à payer. Sinon, cela s’appelle bel et bien de l’illégalité. Robert Poëti fait très bien de continuer à le marteler sans compromis.»

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Dossier

Le taxi, entre ébullition et révolution

Le plan Coderre pour la modernisation du taxi

Dans son plan d'action sur la politique du taxi 2015-2017 dévoilée jeudi 20 août 2015 par le maire Denis Coderre, la Ville de Montréal veut améliorer la qualité du service des taxis et mettre les chauffeurs d'UberX au pas. Le plan d'action prévoit l'« intensification de la lutte contre le transport illégal », une référence à peine voilée au service d'Uber X, de l'entreprise américaine Uber, que le maire Coderre a déjà qualifié d'illégal. « Je n'ai aucun problème à ce qu'il y ait de la compétition et un marché à Montréal », a nuancé M. Coderre. Se disant en faveur de la technologie et de la concurrence, le maire de Montréal a livré un plaidoyer en faveur de l'équité dans l'industrie du transport. « [...] à Montréal comme partout dans le monde, on a besoin d'encadrement où tout le monde travaille sur le même pied. » a-til complété. Lutte contre l’illégalité « Ça ne veut pas dire qu'on doit nécessairement s'ajuster à un (acteur de l'industrie), poursuit-il. Ça ne veut pas dire non plus qu'on doit arriver GrosJean comme devant et dire que ce qui se faisait avant n'est pas bon et vous allez faire comme je veux. On doit travailler ensemble pour créer un environnement

propice. »

Le Bureau du taxi a d'ailleurs ajouté deux postes temporaires d'inspecteurs qui seront spécifiquement dédiés à Uber, au sein d'une équipe déjà formée de 12 personnes. Une initiative que le maire Coderre n'a pas manqué de rappeler dans son allocution. « Nous avons intensifié la lutte contre le transport illégal afin de faire échec à une concurrence déloyale qui fait fi des lois et obligations qui s'appliquent à tous. » a précisé le Maire. Qualité de service et sécurité Dans la rubrique de l'amélioration de la qualité et la sécurité du service, le maire Coderre imposera aux chauffeurs de taxi : •Un code vestimentaire; •Un taximètre directement relié à Revenu Québec; •Une caméra de surveillance dans chaque véhicule; •Le paiement électronique obligatoire •Un ordinateur de bord La présence d'une caméra assurera la sécurité des clients et des chauffeurs, selon le maire Coderre, qui lance un appel d'offres international pour munir les véhicules d'un tel dispositif. La réticence de certains chauffeurs de

taxi, le maire Coderre a été très clair : « La question, ce n'est pas de dire ça me tente ou ça ne me tente pas », a-t-il précisé.

« Tous les taxis vont avoir une caméra de sécurité », insiste-t-il en précisant que des études américaines et une autre réalisée à Montréal ont démontré que la présence d'une caméra fait baisser le taux de criminalité [dans les taxis] de 100 %. Les ordinateurs de bord permettront de géolocaliser les taxis en plus d'être muni d'un bouton d'urgence pour alerter la police en cas de besoin. Un module d'information et de publicité sera également installé dans les véhicules afin de guider les usagers dans leur visite de la Ville. Une «Signature» pour Montréal Le maire Coderre annonce également un programme d'évaluation permanent du service à la clientèle afin d'améliorer la qualité du service. « Les travailleurs du taxi sont des ambassadeurs de premier plan qui ont le droit de gagner dignement leur vie dans un cadre où les mêmes règles du jeu s'appliquent à tous. » a ajouté M. Coderre.

Doenis Coderre, maire de Montréal

Le maire de Montréal veut que l'industrie du taxi se modernise afin d'en faire une signature de la Ville sur la scène internationale. Il souhaite ainsi mandater une firme de design pour concevoir une image de marque uniformisée pour l'industrie du taxi. Afin de financer tous ces changements dans l'industrie du taxi, le maire Coderre a annoncé la création d'un fonds de développement auquel le gouvernement du Québec sera invité à participer. « Ce fonds, alimenté notamment par des revenus publicitaires, sera dédié à l'autofinancement des projets prévus pour améliorer l'industrie », a précisé M. Coderre.

Démarche de progrès

Taxi Hochelaga passe au vert Le dragon Alexandre Taillefer achète l’entreprise et misera sur les voitures électriques

Alexandre Taillefer souhaite que plus de 2000 taxis électriques sillonnent les routes de Montréal d’ici 2019. MarieÈve Dumont Alexandre Taillefer, connu comme l’un des fameux «dragons», se porte acquéreur de Taxi Hochelaga, la deuxième plus grande flotte de Montréal. Son objectif: mettre sur la route plus de 2000 taxis électriques à Montréal d’ici 2019. «Taxi Hochelaga devient une filiale de Taxelco. C’est le premier jalon qui démontre l’importance qu’a pour nous l’industrie du taxi et ça prouve notre volonté de livrer aux Montréalais une industrie du taxi renouvelée», a déclaré Alexandre Taillefer. Les dirigeants actuels de Taxi Hochelaga, Dory Saliba et Mohammed Jaouad, deviennent donc des actionnaires de Taxelco, l’entreprise fondée par XPND Capital, dont l’associé principal est M. Taillefer, pour implanter le projet de taxis électriques. Il n’a pas été possible de connaître le montant de la transaction ni même les parts de chacun puisqu’il s’agit d’une transaction privée.

«Quand Alexandre est venu me voir la première fois pour me parler de son projet, je me disais qu’il rêvait en couleurs, a lancé en riant M. Saliba. Mais ma mentalité a changé. Je crois que c’est un projet innovateur et qui va amener l’industrie à la hauteur de ce que les clients demandent.» Pas peur d’uber La flotte de 500 taxis que possède Taxi Hochelaga sera transformée de manière progressive en voitures électriques. Les premiers véhicules «verts» devraient commencer à sillonner la ville à la minovembre. Taxelco en sera le propriétaire et offrira des permis aux chauffeurs qui voudront les conduire. L’entreprise compte y investir plus de 200 millions $, notamment pour l’entretien des automobiles. «Si on n’améliore pas les conditions socio-économiques des chauffeurs, on n’arrivera jamais à améliorer l’industrie du taxi. On veut vraiment changer l’expérience taxi et tout le monde y gagne», explique M. Taillefer. L’homme d’affaires espère que d’autres entreprises du milieu se lieront au projet. Il souhaite d’ailleurs agrandir la flotte à plus de 1000 taxis à temps pour le 375e anniversaire de Montréal en 2017.

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M Mohamed Jaouad

M Dory Saliba Même si les services de covoiturage offerts par Uber deviennent de plus en plus populaires, M. Taillefer ne considère pas qu’il s’agit de réels compétiteurs. «On ne fait pas concurrence à Uber, Car2go, Bixi, ou autres, on veut être une alternative à la deuxième automobile et même à la première. On va diminuer le trafic sur les routes et la pollution», mentionne-t-il. « Une fierté » M. Taillefer souhaite que les taxis deviennent une véritable «fierté» pour les Montréalais, lui qui effectue tous ses

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déplacements à bord de ces voitures. L’entreprise compte aussi fournir tous les outils technologiques que demandent les usagers. Le paiement électronique, «c’est la base», selon M. Taillefer. «Il y aura des uniformes pour nos chauffeurs, du Wi-fi gratuit dans les véhicules. On aurait aussi une flotte unifiée en termes de couleur. Un taxi normal vaut entre 12 000 et 15 000 $ et un véhicule électrique en vaut 50 000 $, ce sera complètement différent», assure-t-il.

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Cultures

Les minorités culturelles et le théâtre

Comment attirer les jeunes sur scènes?

L'an dernier, l'École nationale de théâtre du Canada, à Montréal, a accueilli seulement 17 étudiants issus des minorités, 14 au programme anglophone et 3 au francophone. La faible représentation au Québec, sur les scènes de théâtre comme à l'écran, des comédiens et comédiennes issus des minorités décourage les jeunes à tenter leur chance à l'institution fondée en 1960. Parmi les 729 candidatures pour l'année 2015-2016, une cinquantaine provenait de minorités, dont 46 au programme anglophone et 9 au programme francophone.

«Tout le monde est blanc»… « Si on regarde dans les écoles secondaires, c'est une communauté mixte. Puis quand on regarde les scènes, la télévision ou le cinéma, tout le monde est blanc, explique Denise Guilbault, directrice artistique de la section française de l'École nationale de théâtre du Canada. Il

y a le préjugé que les blancs vont avoir plus de chance que les autres, ou que comme ils ne sont pas sur scène, on ne s'intéresse pas à eux. » Pour casser cette image, l'École a lancé il y a trois ans le stage Horizons Diversité, qui vise à faire connaître le théâtre auprès des jeunes issus de différentes communautés culturelles. Du 20 au 23 août, 24 stagiaires, soit 11 garçons et 13 filles de 18 à 26 ans, vivaient de près l'expérience de l'École nationale de théâtre. L'institution espère ainsi que plusieurs de ces jeunes soumettront leurs candidatures dans les années à venir. D'origine atikamekw, algérienne, haïtienne, laotienne, cubaine, iranienne, congolaise, chinoise et turque, les stagiaires auront la chance de mieux connaître la discipline théâtrale avec des professeurs tels qu'Éric Jean, directeur artistique du Théâtre de Quat'sous, Denise Guilbault et Hélène Mercier (interprétation), Dany Boudreault (lecture et écriture) et

Catherine Gadouas (chant).

«Quand ils viennent ici, ils se rendent compte des exigences du métier d'acteur. Ils voient de quoi l'école est faite, alors ils se préparent mieux et se présentent aux auditions.» affirme Denise Guilbault. Horizons Diversité Pour cette troisième année, Horizons Diversité a reçu 70 candidatures, près du double de l'an dernier. Les 24 stagiaires retenus sont divisés en deux groupes, une première dans le programme. « On a décidé de poser un geste concret et dire "voilà, ici vous êtes chez vous". C'est pressant que la culture qu'on représente inclue tous ceux qui en font partie. » annonce la directrice artistique de la section française de l'École nationale de théâtre du Canada Après le premier stage, en 2013, 6 étudiants sur 17 se sont inscrits à l'École nationale de théâtre, qui en a retenu 1. Le premier étudiant de l'École à être

Denise Guilbault

passé par Horizons Diversité, Étienne Lou, amorce sa deuxième année en interprétation. Il enseignera également la danse aux 24 stagiaires de cette année. « J'avais fait des auditions en anglais, je ne voyais pas d'issue dans le milieu francophone, pas de débouchés. Je ne voyais pas d'Asiatiques à la télé [québécoise francophone] », explique d'abord l'étudiant d'origine chinoise. « Le stage, c'était la première connexion avec l'École. Tu te fais voir et si tu donnes une bonne première impression, les gens se souviennent de toi. Puis quand tu reviens, les gens savent déjà comment tu travailles. »

La réponse de Raphaël Lévy

Une pièce de théâtre et une troupe multiculturelle De Raphaël Lévy, on connaissait un combat de plusieurs décennies pour l’émergence d’un nouveau théâtre, moins exclusif et plus représentatif de la réalité démographique de Montréal. On connaissait aussi ses oeuvres « L’homme qui voulait changer le monde » et « David, la vie fabuleuse du berger devenu roi... ». Il se rappelle à nous aujourd’hui avec une pièce de théâtre, La Rédemption sous titrée «le repentir peutil ressusciter un amour perdu?» qui à partir de début septembre, sera présentée cinq fois à l’Auditorium de la Maison de la Culture CDN (5290 Chemin de la Côte des Neiges), par une troupe de 11 acteurs. Une troupe pour le moins surprenante. Elle réunit en effet des professionnels tels Najat El Wafi comédienne et pour l’occasion assistante productrice et metteuse en scène et des amateurs dont Faysal Boutayeb, architecte dans le civil qui complète une distribution où l’on retrouve aussi Raymonde

Abenaïm, Jean Drolet, Benjamin Segal, Christiane Paillé, Patrick Dorval, Richard Letendre, Yoane Oziel, et Suzy Sitbon; soit donc au moins trois appartenance ethniques et trois appartenances religieuses réunies dans un même amour de la scène. Et un thème, pour cette Rédemption, qui tutoie l’art sans limites. Et une performance à laquelle le public devrait adhérer également sans limites. Le calendrier des représentations, qu’il ne faudra rater sous aucun prétexte : Jeudi 3 septembre 2015, 20 heures - Première représentation Vendredi 4 septembre 2015, 20 heures Deuxième représentation Samedi 5 septembre 2015, 20 heures - Troisième représentation Dimanche 6 septembre 2015, 15 heures et 20 heures, Quatrième et Cinquième représentation

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Cultures & Langues

Un parler universel, bientôt une réalité ?

L’Humanité na cessé de créer, élaborer et concevoir de nouvelles langues et de nouveaux langages. Cette immense richesse destinée à communiquer avec ses semblables a permis aux civilisations de se développer de façon exponentielle. À l’heure des ordinateurs toujours plus puissants et de l’Internet omniprésent, allonsnous vers une langue universelle ? La réponse n’est pas si évidente. C’est sur le site des Inrocks que l’on retrouve un long papier traitant des initiatives visant à créer une langue universelle. Pour l’occasion, Paul Egré, philosophe et spécialiste du langage s’est entretenu avec le journal et nous explique où nous en sommes aujourd’hui. Nous apprenons que des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) auraient trouvé un élément commun à tous les langages du monde. En effet, dans les 37 langues étudiées, les concepts énoncés dans une phrase sont proches les uns des autres pour une meil-

leur compréhension et assimilation du cerveau. Un trait commun qui offre la possibilité de construire des phrases dont le sens peut être perçu de façon optimale par les interlocuteurs.

Pour autant, cela ne suffit pas à poser les bases d’un langage universel. Certains ont d’ailleurs essayer de créer une langue universelle artificielle, c’est le cas de l’espéranto et du volapük. L’espéranto et le volapük Dans un élan universaliste, le Docteur polonais Ludwik Lejzer Zamenhof a créé à la fin du XIXème siècle l’espéranto. Aujourd’hui, cette langue vivante est parlée dans plus de 120 pays. En revanche, difficile d’avoir une estimation précise du nombre d’adeptes. Si l’espéranto a connu un certain succès, nous sommes bien loin d’un langage universel adopté par l’Humanité. Conçu à la fin du XIXème siècle par Johann Martin Schleyer, prêtre catholique

allemand, le volapük est une langue auxiliaire internationale qui, à l’instar de l’espéranto, a conquis un certain nombre d’individus sans pour autant s’imposer comme un véritable moyen de communication universel.

Tant au niveau politique, économique ou culturel, adopter une langue apprise et comprise de tous comporterait bien des avantages. Mais les deux exemples précédent démontrent la difficulté d’imposer une telle démarche tant les usages des différents pays sont enracinés dans leur histoire. En imaginant qu’un tel langage soit adopté, il serait également difficile que cette langue communément admise ne subisse pas à son tour les mêmes modifications, simplifications, ajustements par les peuples qui la pratiqueraient. Après tout, l’anglais de Grande Bretagne n’est pas tout à fait le même que l’anglais d’Australie. L’arabe du Maroc n’est pas le même que l’arabe du Pakistan. La volonté

de départ d’avoir un langage universel serait donc plus ou moins vite compromise. L’informatique comme solution Le salut pourrait donc venir de l’informatique. Les outils de traductions sur internet sont nombreux et souvent efficaces pour comprendre des mots ou des expressions d’une langue étrangère. Dernièrement, c’est Google Translate avec sa fonction « Word Lens » qui s’est démarqué. Cette dernière permet de traduire en temps réel un texte capté par la caméra de son smartphone, dans la même veine, Skype Translator est également à citer. Il est fort probable qu’à l’avenir ces outils continuent d’évoluer pour rendre encore plus accessible la communication entre les êtres humains.

Media

Mabi TV, votre nouveau rendez-vous quotidien Le 22 Août 2015, MABI TV a mis en onde son premier épisode de 20h à 21h et en rediffusion le lendemain de 13h à 14h.

Mabi TV fait entendre la voix de la communauté marocaine de l’Amérique du Nord, et sert de trait d’union entre les deux rives de l’océan Atlantique. Comment suivre les émissions Tous les jours de la semaine sur le canal d'ICI Télévision par voie hertzienne 47.1, Videotron Illico sur 16 et 616 (HD), Bell Fibe sur 216 ou 1216 (HD) ou en cliquant sur l’un des liens suivants : http:// icitelevision.ca/live-video/ ou www.mabi-tv.com

Équipe Mabi TV

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Carnets

Services : Un Numéro Vert pour des consulats exemplaires

Le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, Salaheddine Mezouar, a tenu mi-août 2015 à Rabat, une réunion avec les cadres de son département qui seront nommés dans certains consulats généraux du Maroc à l’étranger. Ces cadres, 40 au total, âgés de moins de 30 ans ont été retenus et vont bénéficier d’une formation de trois mois. La formation ne concerne pas uniquement les procédures consulaires, mais porte également "sur la vie communautaire et l’environnement dans lequel ces cadres vont travailler, celui où vivent les

Marocains du monde", a expliqué le ministre.

L’objectif est d’aboutir à terme au "consulat exemplaire", voulu par le roi Mohammed VI. Un deuxième groupe de cadres bénéficiera également de cette formation par la suite dans l’optique de "couvrir l’ensemble des consulats du Maroc à travers le monde", a-t-il précisé. Depuis le dernier discours royal, les dirigeants du ministère des Affaires étrangères s’activent pour tenter de colmater les brèches. Le département est clairement pointé du doigt par le sou-

verain.

communiqué.

D’après certaines sources, au moins 35 consuls généraux seront nommés en même temps avant la fin de l’année ou début 2016, soit le plus important mouvement de nominations et de mutations dans l’histoire du ministère marocain des Affaires étrangères.

Le numéro vert permettra, toujours d’après le ministère, aux Marocains du monde de transmettre toutes les réclamations concernant les services offerts par les missions consulaires. Une cellule sera mise en place prochainement pour le traitement de ces mêmes réclamations et la prise des mesures nécessaires.

Le numéro vert est opérationnel Depuis le lundi 17 août 2015, le numéro vert à l’attention des Marocains résidant à l’étranger sera lancé, vient d’indiquer le Ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération dans un

Pour l’instant, ce service est fonctionnel en France, Belgique, Allemagne, PaysBas, Espagne, Angleterre et l’Italie et peut être joint au 0080000002015.

La fin de la «liste Basri»

Marocains du monde : Votre prénom vous appartient! Moins d’une quinzaine de jours après le discours du Roi Mohammed VI dans lequel, les prestations des consulats du royaume ont été vivement critiquées, une circulaire vient d’être publiée par les ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères et de la coopération. Celle-ci est focalisée essentiellement sur le choix des prénoms, la prolongation de la durée de l’acte de naissance et la délégation de signature. Nombreux sont les Marocains du monde, que ce soit en Europe ou en Amérique du nord qui n’ont pas pu enregistrer le prénom de leur enfant sous prétexte que celui-ci n’était pas « très marocain » ou encore qu’il n’était pas dans la liste de prénoms éditée par le ministère de l’intérieur, la fameuse « liste Basri ». La nouvelle circulaire qui rentre en vigueur dès aujourd’hui en attendant la réforme de la loi, vise à donner - presque- l’entière liberté aux parents de choisir le prénom de leur enfant.

Les consulats « sont tenus de garantir la liberté des parents à choisir les prénoms de leurs enfants sans conditions », écrit le ministère dans un communiqué. Mais à y regarder de plus près, les autorités consulaires ont leur mot à dire puisque le prénom ne doit pas « attenter aux mœurs et à l’ordre public », ce qui veut dire que demain un prénom amazigh sera peut être refusé car celuici attente aux mœurs ou à l’ordre public. Les employés consulaires devront tout de même expliquer les « implications négatives du choix d’un prénom inapproprié ou non conforme à la loi lors de la déclaration de naissance » et rappeler aux Marocains du monde qu’il n’existe plus aucune liste de prénoms car celle-ci a été annulée, théoriquement, par une loi datant de 2003. Cependant, plusieurs lecteurs de Bladi. net, nous ont informés que cette fameuse liste était encore en cours au moins jusqu’en 2012 !

On note tout de même une avancée puisque cette circulaire promet de prendre en « considération le transfert des naissances inscrites préalablement auprès des officiers de l’état civil des pays d’accueil, sachant que le choix des prénoms se fait conformément à la volonté de faciliter l’intégration dans les sociétés d’accueil ».

La nouvelle circulaire donne également aux chefs des représentations diplomatiques et consulaires à l’étranger le pouvoir de « corriger ou inscrire les noms et les prénoms en latin dans l’extrait de l’état civil des citoyens marocains inscrits dans les registres de l’état civil à l’étranger ». Il ne sera donc plus nécessaire, parfois, de faire des allers-retours au Maroc pour pouvoir inscrire son enfant sur le livret de famille. La durée de validité des actes de naissance a également été prorogée par la nouvelle circulaire. Jusqu’ici, pour pouvoir faire son passeport ou sa carte

Faouzi Metouali, président de l'association des marocains de Toronto

d’identité à l’étranger, il était obligatoire de joindre un acte de naissance de moins de trois mois. Le délai est dorénavant de six mois dans tous les consulats.

DeGama, coop de solidarité, vous invite à

Oser Agir ! DeGama, coop de solidarité organise une soirée, le 26 octobre, pour mettre en avant des immigrants de première et deuxième génération qui suscitent l'admiration par leurs contributions exceptionnelles au développement économique et social du Québec. Cette reconnaissance vise à révéler ces personnes comme de véritables modèles pour l’ensemble de la population québécoise, qu’ils soient natifs d’ici ou d’ailleurs dans le monde, et plus particulièrement aux nouveaux arrivants. Les lauréats seront identifiés dans cinq catégories : • • •

Entreprise de services Manufacturier Entrepreneur

• Philanthropie et engagement social • Région • Femmes Tout le monde peut exprimer son admiration et soumettre la candidature d’une personne qu’elle admire en complétant le formulaire de cinq questions en ligne. La date limite pour déposer sa candidature est le 15 septembre. Oser Agir met sous les projecteurs des immigrants de première et deuxième génération qui suscitent notre admiration par leurs contributions exceptionnelles au développement économique et social du Québec. Ces personnes ont fait le choix du Québec

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et relèvent des défis qui deviennent vite compliqués et qui en prime s’accumulent ! Des défis qui peuvent paraitre banals comme s’habiller pour survivre au Québec en hiver, et d’autres complexes comme la reconnaissance des formations obtenues à l’étranger, se faire des amis, s’occuper des enfants… Oser Agir, c’est un pied de nez à certains propos méprisables, mais Oser Agir, c’est surtout un gros MERCI à ces personnes immigrantes qui enrichissent nos vies… A propos de DeGama, coop de solidarité Nous avons pour objectif de favoriser l'intégration des immigrants tout en

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valorisant l'offre de service des organismes et entreprises qui œuvrent auprès d'eux. Pour ce faire, nous offrons une vaste gamme d’activités touchant leur cheminement personnel, professionnel, social et familial. Notre programmation est développée en fonction des interrogations exprimées par des personnes nouvellement arrivées ainsi que par les expériences de nos partenaires. Ainsi, toutes les conférences et les ateliers proposés par DeGama sont développés suivant les besoins de notre clientèle. Informations activite@degama.ca www. DeGama.ca

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Actes

La rentrée de l’Association marocaine de Toronto

Un pique-nique et un débat politique

Le dimanche 23 août se tenait le pique-nique annuel de l’Association marocaine de Toronto (AMDT) au parc Wilket Creek à York Mills. Pour l’occasion, une centaine de personnes ont participé à un grand barbecue et de multiples activités telles que des tatouages au henné et, pour les enfants, une partie de soccer arbitrée par le trésorier de l’association, Hicham Jbara. Les festivités visent à souligner la rentrée scolaire dans un contexte convivial. Cet organisme vise surtout par ses activités à faciliter l’arrivée de nouvelles familles marocaines dans la région. La programmation générale de l’AMDT est centrée sur un principe majeur : favoriser l’intégration. « L’intégration, c’est le mot d’ordre pour nous. On veut aider les Marocains à se sentir ici chez eux. C’est un travail d’équipe », rappelle M. Jbara. Chacune des activités, dans une philosophie de partage, d’entraide et de fraternité, a vu le jour afin d’épauler les immigrants marocains dans leur acclimatation et leur épanouissement dans la société canadienne. Par exemple, l’association donne accès à un guide pour les nouveaux arrivants qui recense les étapes à suivre à partir du moment où ils mettent les pieds en sol canadien. Dans un autre contexte, deux grands buffets sont planifiés pendant le mois du ramadan, au moment de l’iftar, c’est-à-dire le repas du soir, pris au

coucher du soleil pendant le jeûne. « Cela permet aux étudiants internationaux, par exemple, ou aux Marocains dont la famille est encore au Maroc, de participer à un évènement chaleureux qui rappelle les soupers de famille », ajoute la directrice de l’AMDT, Hajar Lakrati. L’association vient aussi en aide aux femmes victimes de relations abusives, aux enfants faisant face à l’intimidation, aux familles à moindre revenu – notamment en offrant gratuitement les services de comptabilité de M. Jbara au moment de faire les déclarations de revenus – et même aux Marocains résidant encore dans leur pays d’origine. En effet, il y a quelques mois, alors qu’il y avait des inondations majeures dans certaines régions du Maroc, l’AMDT est parvenue à recueillir plus de 4000 $ pour aider les victimes de la catastrophe.

Jbara Hicham, Hajar Lakrati et Faouzi Metouali

Le prochain évènement de l’AMDT se déroulera à la fin septembre et consistera en un débat entre un membre du NPD, du Parti libéral et du Parti conservateur. La conférence vise à sensibiliser les

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Marocains aux enjeux politiques canadiens en vue des élections du 19 octobre prochain. Source : www.lemetropolitain.com

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