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nº 271 11 au 24 février 2016

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Un nouveau péril nommé jeu en ligne…

Surveillez vos cartes de crédit, vos enfants et leur ordinateur!

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Santé : Un nouvel Ennemi public numéro Un

Le prix des produits de première nécessité au plus bas depuis 2009… … mais pas pour les consommateurs!

Le virus Zika, une «urgence mondiale»Page 16 Cultures : Retour des Nuits andalouses de Montréal

Derrière le rideau…

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Un monument du patrimoine théâtral universel disparaît

Tayeb Saddiki quitte la scène…

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«The Voice» Québec

Derrière Ania El Maachir, la Marocaine qui a séduit le jury…

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«Pegida Québec» tente à nouveau de manifester à Montréal

No Pasaran!

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Editeur : Abdelghani Dades. Directeur Général Rachid Najahi. Rédaction : Abdelghani Dades, Narjisse El-Bakkali, Zahira Ellahgui, Mona Doutabaa, Said Chayane, Reda Benkoula Publicité : Agence Odyssée Conception et Réalisation Graphique : Atlas Média Atlas.Mtl est un produit du. GROUPE ATLAS MEDIA Inc Editeur de. * La Voix des Marocains à Montréal et du site web: www.atlasmedias.com

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Depuis 2002 Groupe Atlas Media Treize ans, c’est… • 268 numéros du bimensuel Atlas.Mtl, soit plus de 7560 articles exprimant la sensibilité maghrébine et valorisant la dimension maghrébine de la société dans laquelle nous vivons; • Une cinquantaine d'événements identitaires, artistiques, culturels et politiques; • De nombreux débats, colloques, séminaires et conférences, • 116 reportages sur la communauté pour les chaînes de télévision 2M, AlMaghribia, Ai Aoula, Arrayadia; • 365 émissions radio (de 2002 a 2009); • Un site web ayant accueilli plus de 8.9 millions de visiteurs depuis 2003 et qui dans sa nouvelle version (mise en ligne début 2012) et qui reçoit en moyenne 2500 visiteurs par jour.

Éditorial

Édito

Sous le radar

Immigrants et politique d’intégration Au début de l’année 2013, M. JeanFrancois Lisée, alors ministre des Relations Internationales et ministre en charge de la Région de Montréal déclarait, à propos d’emploi chez les communautés culturelles, que «Le problème auquel on est confrontés est un problème d’emploi d’une partie de la population immigrante»; qui débouche sur un «taux de chômage inacceptable» alors que, toujours selon le ministre «on a une dette envers ceux qui sont là; (et) il faut réparer».

peuvent bénéficier au mieux, dans les attentions du gouvernement, que d’une partie des 30% du restant des budgets consacrés à l’intégration.

Rarement auparavant, constat n’avait été aussi clairement énoncé. Explorant les raisons qui peuvent être à l’origine de d’une telle situation, M. Lisée citait essentiellement la question linguistique. «40% des immigrants au point d’entrée n’ont aucune connaissance du français» déclare-t-il.

Les choses en fait ne sont pas aussi simples. Car les difficultés d’intégration ne résultent pas uniquement d’une question de budget. Comme il ne suffira pas en effet de franciser les nouveaux arrivant pour régler le problème, il ne suffira pas d’injecter de l’argent – un argent par ailleurs rare – pour le solutionner.

Cette déclaration nous interpelle d’autant plus que, c’est un fait avéré, la communauté des originaires du Maghreb qui est la plus cruellement affectée par ce problème de difficulté à l’accès au marché du travail. De ce fait, si nous ne pouvant qu’agréer le caractère «inacceptable» du taux de non-emploi dans la population active d’origine maghrébine, nous ne pouvons nous faire à l’idée qu’il résulterait uniquement de l’ignorance de la langue nationale du Québec. Soyons clairs : nous ne remettons pas en cause ici la primauté du français dans la province; bien loin de là. Mais, sachant que - D’une part - et c’est une déclaration d’une autre ancienne titulaire du portefeuille ministériel de l’immigration et des communautés culturelles - quelque 70% des budgets consacrés à l’intégration des immigrants sont consacrés à la francisation; - D’autre part que 85% des nouveaux arrivants d’origine maghrébine sont francophones et qu’une bonne part d’entre eux a même choisi de s’installer au Québec principalement pour vivre en français; Il est évident que les originaires du Maghreb, soit le tiers de l’immigration québécoise de la dernière décennie, ne

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Calcul sommaire, voire simpliste : la population des originaires du Maghreb – 30% de l’immigration – ne bénéficierais donc que de 10% des ressources consacrées à l’intégration. Serait-ce là l’explication de la situation de précarité qui est le lot de ce segment de la population du Québec?

Théories et pratiques D’autres facteurs entrent en ligne de compte. L’un de ces facteurs à d’ailleurs fort justement mis en avant le jour-même de la déclaration de M. Lisée, par une autre déclaration ministérielle, celle de Mme Diane de Courcy, ministre de l’immigration et des communautés culturelles. Mme de Courcy estimait en effet que si, officiellement, 85% des immigrants ont obtenu la reconnaissance de leurs acquis par les ordres professionnels «ceci c’est de la théorie, en pratique, c’est très différent». D’où, à son initiative, la mise en place d’un programme «Intégration par les compétences» qui pourrait «outiller les PME pour faciliter» la traduction de la reconnaissance en recrutements. L’un dans l’autre, quatre mois après l’entrée en fonction du gouvernement Marois, on voit donc ainsi se dessiner une politique qui pourrait porter, à terme, une solution à un problème qui n’a que trop duré. Nous continuons cependant de croire que LA solution n’est pas uniquement entre les mains de l’Exécutif. En fait il y a place aux apports, du

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moins dans la réflexion, de tout le monde y compris les communautés culturelles premières concernées. Cet apport pourrait se faire dans le cadre du rétablissement d’une structure, disparue en 2007 sans raison matérielle (elle n’avait aucune imputation budgétaire) : celle des tables communautaires (Table Maghreb, Table Asiatique etc.) de concertation réunissant sous les auspices du MICC différents acteurs et chercheurs pour émettre des avis sur les questions liées à l’intégration. Cette structure n’aurait évidemment pas pour but de prôner des politiques d’intégration «à la carte»; tâche impossible à la dimension d’un État, mais de conseiller utilement le gouvernement, de l’aider à évaluer l’efficacité de ses politiques. Elle aurait également pour effet de confirmer qu’il y a une volonté politique réelle de régler le problème de l’emploi dans les communautés culturelles et par là même, de solutionner à la fois une injustice faite aux compétences immigrantes et un problème de rareté (ou de raréfaction) grandissante de main d’œuvre qui hypothèque incontestablement notre avenir commun. Sous le radar Pourquoi en reparlons-nous aujourd’hui? Parce que, vous vous en souvenez peutêtre, dans notre précédent numéro, nous avions annoncé que tous nos éditoriaux 2016 seraient consacrés aux sujets d’intérêt public qui passent «sous le radar» des grands média nationaux. Et celui-ci en est un, récurrent, lancinant, moins attrayant que le procès Ghomeshi, mais pas moins d’actualité puisque, au menu de la nouvelle session parlementaire figure la politique migratoire du Québec pour les prochaines années. Alors, oui, nous en parlons. Et nous espérons aussi que nous ne resteront pas seuls à en parler publiquement…

Abdelghani Dades


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Dérives

No Pasaran!

«Pegida Québec» tente à nouveau de manifester à Montréal Pour sa première tentative de manifestation à Montréal en mars 2015, l’avatar montréalais du groupe raciste, fascisant, islamophobe et anti-immigrant Pegida – créé il y a un peu plus d’un an en ex-Allemagne de l’est – avait réussi à mobiliser… deux «manifestants». Après une seconde tentative mort-née en septembre 2015, Pegida Québec a tenté un troisième essai le 6 février dernier et a battu un record : quatre de ses membres sont venu troubler la paix du quartier Villeray.

Cette nouvelle tentative de manifestation de Pegida Québec faisait partie d’une journée internationale d’action décrétée par Pegida et qui devait donner lieu à défilés dans plusieurs grandes villes d’Europe et d’Amérique du Nord. Comme à Montréal cependant, les tentatives et les vociférations racistes de Pegida ont été noyé par les protestations de groupes antifascistes et antiracistes partout.

sociale les attendaient en effet à l’angle des rues Drolet et Jarry; ce qui les a conduit à battre piteusement en retraite, sous la précaution au demeurant inutile de quelques 100 policiers mobilisés pour l’occasion. Ils auront cependant eu le temps avant de s’enfuir, de lire (pour euxmêmes!), une brève déclaration, devant le bureau de circonscription de Justin Trudeau.

À Montréal, près de 200 défenseurs des droits de la personne et de la paix

«Les fascistes ne marcheront pas!» Si cette déclamation est restée inaudi-

Chronique d’un non-événement MONTRÉAL - La manifestation du mouvement «antiislamisation» Pegida Québec prévue samedi (ndlr : 6 février 2016) dans le quartier montréalais de Villeray n'aura finalement pas eu lieu: ce sont plutôt une centaine de contre-manifestants qui se sont rassemblés près de la station de métro Jarry sous haute supervision policière. La branche québécoise de Pegida devait se regrouper vers 15 h non loin du bureau de circonscription du premier ministre Justin Trudeau, situé en face de la station Jarry. Ils voulaient ainsi répondre à l'appel du groupe Pegida en Europe - une organisation qualifiée là-bas d'extrême droite et qui lutte contre l'immigration islamique en Occident - qui avait organisé ce samedi des rassemblements dans plusieurs pays «contre l'immigration de masse et l'islamisation». À Montréal, au moment prévu de la rencontre, des manifestants qui se proclamaient «antifascistes» se trouvaient plutôt sur place, scandant des slogans contre Pegida. Quelques personnes de Pegida sont venues un peu plus tard, ont lu un texte et sont parties.

Les policiers ont bloqué les autres manifestants afin d'éviter de possibles escarmouches. Le reste de la manifestation s'est poursuivi calmement. Vers 16 h 30, les contre-manifestants se sont dispersés, mais quelques-uns sont restés un peu devant le bureau du premier ministre. Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) n'avait pas lésiné sur les moyens pour assurer le calme: plusieurs escouades de policiers antiémeutes, des agents à vélo, une caméra montée sur une nacelle et des agents de l'équipe de médiation ont été déployés. Pour le militant Jaggi Singh, présent à l'événement, le fait que le rassemblement de Pegida n'ait pas eu lieu est considéré comme un succès. «Malheureusement, il y a des gens qui essaient d'instrumentaliser la peur et la haine. On voit une augmentation de ça dans les dernières années, surtout dans les derniers mois. On va rester vigilants, surtout quand ils essaient de manifester dans les quartiers populaires et immigrants comme Villeray.» Source : Agence QMI

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ble et n’a eu aucun écho, en revanche un manifeste distribué par les antifascistes a connu une large diffusion. Ses auteurs affirment notamment : «Nous serons toujours présents pour nous opposer à Pegida - organisation protofasciste acronyme allemand pour Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident - ainsi qu’à toute autre organisation ou personne épousant le racisme et l’islamophobie. Nous seront également présent-e-s pour montrer notre solidarité et notre support envers toutes les personnes ayant été marginalisées par le climat actuel de peur et de racisme qui cible spécifiquement les musulman-e-s. Nous voulons nous assurer que PEGIDA – qui a des orientations antiimmigration et d’extrême droite et

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dont les leaders sympathisent ouvertement avec les néo-nazis et le Front national de France – ne manifesteront pas et feront face à une opposition vigoureuse. La provocation tentée par PEGIDAQuébec aujourd’hui représente un problème plus vaste : la normalisation croissante du racisme envers les minorités musulmanes. Nous affirmons que les racistes et les fascistes ne devraient avoir aucun espace pour s’organiser à Montréal et ailleurs.» «Plutôt que de faire confiance aux politiciens ou à la police, nous nous appuyons sur le pouvoir collectif au sein de nos rues et de nos quartiers afin de nous organiser avec efficacité contre toutes formes de racisme et ainsi les mettre à bas» conclut le manifeste.


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Emploi

Héritage des années Harper

Citoyens espionnés et in formations personnelles «coulées» Les espions des réseaux électroniques du pays ont non seulement épié des Canadiens, mais ils ont en outre partagé des informations sur ces citoyens avec leurs alliés, a révélé le commissaire chargé de surveiller leurs opérations. L’incident — « involontaire » — a été décelé fin 2013… mais n’a été dévoilé au grand jour que deux ans plus tard.

Il aura fallu attendre le rapport annuel du commissaire surveillant les activités du Centre de la sécurité des télécommunications (CST) pour apprendre que l’organisme a transmis certaines métadonnées de Canadiens à ses alliés sans que ces informations soient « adéquatement protégées ». « Aucun nom » n’a été transmis aux partenaires du Canada et les données « en soi ne comportaient pas assez d’information pour mener à l’identification d’un Canadien », a insisté un fonctionnaire du CST en présentant les conclusions du rapport du commissaire Jean-Pierre Plouffe. Une infraction grave à la Loi Mais reste que ce partage d’informations — qui n’ont pas été rendues « non identifiables » comme il se doit par le CST avant d’être envoyées à ses agences alliées — a enfreint la Loi sur la protection des renseignements personnels de même que la Loi sur la défense nationale, qui oblige l’organisme d’espionnage à protéger la « vie privée des Canadiens lors de l’utilisation et de la conservation des renseignements interceptés ». Le même article de la Loi sur la défense empêche en outre les espions des réseaux de télécommunications de « viser des Canadiens ». Mais le CST fouille dans « l’infrastructure mondiale d’information » et il « n’y a pas d’endroit où il est inscrit “Ici les Canadiens ne sont pas” », a fait valoir le fonctionnaire du CST lors d’une séance d’information avec les médias. « Évidemment, quand vous récoltez des métadonnées […] vous allez accessoirement récolter des métadonnées sur des Canadiens », a-t-il admis.

Dès que le CST s’est aperçu qu’il avait partagé des informations critiques sur des Canadiens avec ses partenaires des Five Eyes (Canada, Royaume-Uni, États-Unis, Australie et Nouvelle-Zélande), il a suspendu le partage de façon proactive, a noté le CST. L’erreur — attribuée à des « lacunes techniques » — a été détectée fin 2013 et le partage a cessé début 2014. Et le transfert de ces métadonnées ne reprendra pas tant que le ministre de la Défense ne donnera pas le feu vert. « Cette portion [du partage] a été suspendue depuis ce moment-là, et ne sera pas réactivée tant que je n’aurai pas eu l’assurance que les protections à la vie privée seront assurées », a promis le ministre Harjit Sajjan.

Inquiétudes sur la protection de la vie privée Ces informations — comme des numéros de téléphone, des adresses courriel, ou des adresses IP — ontelles toutefois été redistribuées par les agences d’espionnage américaine, britannique, australienne ou néo-zélandaise ? « En termes de garanties, il n’y a jamais de garanties », a consenti le fonctionnaire du CST. Mais l’agence canadienne s’est dite convaincue que ses alliés respecteront leur obligation de demander au Canada avant de partager des informations sur ses ressortissants. Le CST n’a pas précisé combien de Canadiens auraient été touchés ni pendant combien de temps ces métadonnées ont été diffusées. Des spécialistes de la protection de la vie privée arguent depuis des années que les métadonnées sont plus que suffisantes pour identifier un individu en recoupant des adresses IP, des données de géolocalisation ou d’activité Internet. Le commissaire à la protection de la vie privée, Daniel Therrien, devait rencontrer le CST, car il aimerait lui aussi savoir « la nature et [le] volume de renseignements personnels communiqués et ce qu’il est advenu de cette information », a indiqué son

bureau par courriel. M. Therrien n’exclut pas de se pencher sur la question.

Le SCRS aussi blâmé Et le CST n’est pas le seul à avoir erré dans sa récolte de métadonnées. Un second rapport, du Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité cette fois-ci, s’est étonné de constater que le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) conserve des métadonnées récoltées pour une durée indéterminée, sans jamais les détruire. Le comité a recommandé au SCRS d’aviser à l’avenir la Cour fédérale de l’utilisation qu’il entend faire de ces données lorsqu’il réclame un mandat au tribunal. Le SCRS a décliné, estimant que la loi « ne confère aucun pouvoir général de surveillance aux juges ». Le SCRS s’est en outre vu reprocher de « multiples cas » où il a obtenu sans mandat des renseignements sur les contribuables auprès de l’Agence du revenu. Une réforme à l’étude Le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, a tenu à rappeler que le gouvernement libéral « a entrepris

une révision complète du cadre de renseignement et de sécurité ». L’objectif : s’assurer que les agences parviennent à protéger les Canadiens, tout en respectant leurs droits et libertés, a-t-il résumé. « Et cette révision amènera un lot de changements. » Mais les libéraux ont refusé d’indiquer s’ils serraient la vis à l’espionnage de ressortissants canadiens. Le chef du NPD s’est montré impatient de voir l’issue de cette réforme

libérale. « C’est un problème de base au Canada. Pendant que les conservateurs étaient là, la protection de notre information confidentielle n’a jamais été une priorité », a dénoncé Thomas Mulcair. Les conservateurs, qui étaient au fait du problème au CST depuis deux ans, n’ont pas commenté.

Contrepoint Le gouvernement Trudeau met fin aux vérifications politiques des organismes de bienfaisance Mise à jour le mercredi 20 janvier 2016 à 14 h 38 HNELa Presse Canadienne L'administration centrale de l'Agence du revenu du Canada, à Ottawa. Photo : Radio-Canada Le gouvernement de Justin Trudeau mettra fin aux vérifications des activités politiques des organismes de bienfaisance qu'avaient imposées les conservateurs. Il terminera malgré tout les vérifications des 24 organismes actuellement en cours par l'Agence du revenu du Canada (ARC). La ministre du Revenu national, Diane Lebouthillier, a indiqué par communiqué, mercredi20 janvier 2016, que les résultats des vérifications précédentes permettaient de conclure que les organismes « observaient de manière substantielle les règles relatives à leur participation aux activités politiques ». En 2012, les troupes de Stephen Harper avaient accordé

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un budget spécial à l'ARC pour des enquêtes visant à s'assurer que les organismes de bienfaisance se plient à la règle des 10 %. Cette règle veut que les organismes de charité ne puissent consacrer plus de 10 % de leurs ressources à des activités politiques ou partisanes. L'exercice avait été accueilli avec anxiété par les organismes de bienfaisance, qui craignaient de se voir couper les vivres si elles critiquaient le gouvernement conservateur. Ottawa indique que l'ARC a déterminé que l'enregistrement de 5 des 30 organismes qui ont fait l'objet d'un audit devrait être révoqué, mais pour des raisons allant « au-delà » de leurs activités politiques. Sans statut officiel d'organisme de bienfaisance, les organismes ont bien plus de mal à solliciter les donateurs, puisqu'elles ne peuvent remettre des reçus aux fins d'impôt.

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Droits

Projet de loi no 70

Une approche plus respectueuse des droits de la personne… … souhaitée par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse

La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse estime que l'approche de lutte à la pauvreté préconisée dans le projet de loi n° 70, Loi visant à permettre une meilleure adéquation entre la formation et l'emploi ainsi qu'à favoriser l'intégration à l'emploi, est contraire aux droits et libertés de la personne.

Dans son mémoire présenté le 9 février 2016 à la Commission de l'économie du travail de l'Assemblée nationale, la Commission rappelle que l'objectif d'insertion à l'emploi au marché du travail est louable et que l'offre de mesures d'aide pour y arriver est nécessaire. La Commission recommande néanmoins de modifier le projet de loi afin que l'octroi d'une aide financière de dernier recours ne soit pas soumis à des conditions, pour certaines catégories de personnes, qui ne tiennent pas compte de leurs besoins, parce que cela reviendrait à leur nier certains droits protégés par la Charte des droits et libertés de la personne. Pour une perspective systémique « La Commission n'a cessé de souligner l'importance d'aborder la pauvreté dans une perspective systémique, a déclaré Renée Dupuis, viceprésidente de la Commission en faisant allusion aux nom-

breux travaux réalisés par la Commission sur la pauvreté et l'exclusion sociale au cours des 40 dernières années. « Le Programme objectif emploi n'adopte cependant pas une telle perspective et il risque d'accroître la discrimination systémique vécue par les personnes visées sur la base de leur condition sociale ».

Madame Dupuis a cité en exemple le cas d'une femme, mère de famille monoparentale, contrainte de demander une prestation d'aide sociale, mais dont les obligations familiales ne lui permettraient pas nécessairement de garder un emploi pourtant jugé « convenable » au sens du projet de loi.

Elle a aussi rappelé les résultats d'un rapport de recherche (http://www.cdpdj.qc.ca/fr/ droits-de-la-personne/sondage-2015/Pages/constats.aspx) qui confirme l'ampleur des préjugés et stéréotypes ciblant déjà les personnes en situation de pauvreté et, plus particulièrement, celles inscrites à un programme d'aide sociale. En effet, ce rapport révèle que 49,1 % des Québécois affirment entretenir une opinion négative à l'égard des prestataires de l'aide sociale et que la figure de « l'assisté social » fait l'objet d'une forme de stigmatisation.

La Commission s'est ainsi dite préoccupée par les impacts discriminatoires de la mise en œuvre du Programme objectif emploi, notamment à la lumière de l'article 10 de la Charte qui interdit toute discrimination dans la reconnaissance et l'exercice du droit à un niveau de vie décent, notamment sur la base de la condition sociale.

Préjugés et discrimination Ces préjugés constituent une toile de fond à la discrimination que ces personnes vivent, notamment en matière d'assistance financière, d'emploi, de logement et de services. Les personnes visées par le Programme objectif emploi doivent donc faire face à de nombreux obstacles discriminatoires et systémiques pour se sortir de la pauvreté.

La Commission souligne aussi que les mesures d'aide à l'emploi doivent être conçues dans le respect du droit au travail et des droits et libertés de la personne applicables en matière d'emploi. L'obligation d'accepter tout emploi convenable sous peine de sanction contrevient d'abord au droit à la liberté de sa personne qui, dans le contexte du travail, se traduit par la liberté du travail. Trois recommandations Ainsi, la Commission recommande que, sans préjudice à leur droit à des mesures financières et à des mesures sociales qui leur assurent un niveau de vie décent, les participants

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au Programme objectif emploi puissent a) contribuer à la détermination du caractère convenable de l'emploi qui leur est offert, notamment en fonction de leurs caractéristiques et situation personnelles, b) conserver leur faculté de démission sans pénalité sous réserve des dispositions du droit du travail applicables et c) jouir des normes minimales de travail et du droit d'appartenir à un syndicat. Toujours dans le cadre d'une approche d'intégration à l'emploi fondée sur les droits et libertés de la personne, la Commission est d'avis que les mesures d'aide à l'emploi doivent être définies en tenant compte des facteurs d'ordre systémique qui caractérisent le marché de l'emploi et constituent des obstacles pour les personnes inscrites à un programme d'aide sociale. Les préjugés qui ciblent les

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personnes inscrites à un programme d'aide sociale s'expriment notamment par des pratiques discriminatoires en embauche, alimentés par des employeurs qui entretiennent des préjugés à leur égard. Dans cet esprit, la Commission réitère ses recommandations faites dans le passé concernant le renforcement des programmes d'accès à l'égalité, l'implantation élargie de ceuxci à la fonction publique du Québec et aux entreprises privées. Source : Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse Références Mémoire de la Commission sur le projet de loi n° 70: http://www.cdpdj.qc.ca/ Publications/memoire_ PL_70_emploi_pauvrete.pdf Rapport sur la discrimination fondée sur la condition sociale : http://www.cdpdj.qc.ca/fr/ droits-de-la-personne/motifs/ Pages/condition-sociale.aspx


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Politique

Gouvernement Couillard; Prise deux… … et un slogan : «Finie l’austérité, en route vers la prospérité»

Après presque deux ans au pouvoir, le gouvernement libéral de Philippe Couillard fait peau neuve grâce à un premier remaniement ministériel d'envergure, dont les détails ont été dévoilés il y a une dizaine de jours au Salon rouge de l'Assemblée nationale.

Le nouveau Conseil des ministres, qui doit donner un « nouvel élan vers la prospérité » du Québec, selon les termes utilisés par Philippe Couillard, comprend 28 ministres, soit 2 de plus qu'auparavant. Quatre nouveaux et deux recalés Plusieurs ténors du gouvernement, dont Pierre Moreau, Martin Coiteux et Sam Hamad, changent de fonction, tandis que quatre nouvelles recrues, Dominique Anglade, Sébastien Proulx, Rita de Santis et Luc Fortin, viennent injecter du sang neuf au Conseil des ministres. Robert Poëti et JeanDenis Girard redeviennent de simples députés. François Blais cède sa place au ministère de l'Éducation à Pierre Moreau, qui délaissera donc son poste de ministre des Affaires municipales et celui de ministre de la Sécurité publique, dont il a hérité après le départ en congé de maladie de Lise Thériault. M. Moreau, qui s'est fait remarquer pour avoir piloté la réforme des régimes de retraite dans le secteur municipal et pour avoir conclu un nouveau pacte fiscal avec les municipalités, n'était cependant pas présent pour la cérémonie, en raison d'un malaise. Il a été assermenté hors caméras. Les fonctions qu'il occupait sont confiées à Martin Coiteux, qui quitte ainsi le Conseil du Trésor, où il a été sous les feux de la rampe lors des difficiles négociations avec les quelque 500 000 employés du secteur public et parapublic. M. Coiteux sera aussi responsable de la région de Montréal. Sam Hamad devient le nouveau président du Conseil du Trésor.

Les fonctions qu'il occupait au Travail ont été attribuées à Dominique Vien, qui était ministre du Tourisme.

M. Blais retrouve quant à lui son poste de ministre de l'Emploi, qu'il avait quitté il y a moins d'un an pour remplacer Yves Bolduc à l'Éducation. Le ministre Blais, qui est déçu selon nos informations, vient tout juste de présenter un projet de réforme des commissions scolaires qui soulève la controverse. Dominique Anglade, ministre vedette Par ailleurs, la nouvelle recrue libérale Dominique Anglade fait son entrée au Conseil des ministres à titre de ministre de l'Économie, des Sciences et de l'Innovation. Elle déloge du coup Jacques Daoust, qui a essuyé les tirs croisés de l'opposition après avoir injecté 1 milliard de dollars américains dans la CSeries de Bombardier. M. Daoust a été nommé ministre des Transports. Robert Poëti, qui occupait cette dernière fonction et celle de ministre responsable de la région de Montréal, redevient simple député. Il en va de même pour Jean-Denis Girard, qui était ministre délégué aux Petites et Moyennes Entreprises, à l'Allègement réglementaire et au Développement économique régional. Le retour de Lise Thériault Les fonctions qu'occupait M. Girard sont confiées à Lise Thériault, qui effectue un retour au Conseil des ministres, après un congé de maladie de plusieurs semaines. Mme Thériault hérite aussi de la Condition féminine, et conserve ses fonctions de vice-première ministre. Elle a été ovationnée par ses collègues avant d'être assermentée. Sébastien Proulx, élu à la faveur d'une partielle dans Québec l'an dernier, se voit confier le ministère de la Famille, que dirigeait Francine Charbonneau. Cette dernière conserve un siège au Conseil

des ministres, comme ministre responsable des Aînés. M. Proulx est un ancien député de l'Action démocratique du Québec, tandis que Dominique Anglade a déjà été présidente de la Coalition avenir Québec. Rita de Santis entre au cabinet Deux autres recrues font leur entrée dans l'équipe ministérielle, soit Rita de Santis, ministre responsable de l'Accès à l'information et de la Réforme des Institutions démocratiques, et Luc Fortin, ministre délégué au Sport et au Loisir. Julie Boulet, qui était retournée sur les banquettes arrière avant d'être appelée à comparaître devant la commission Charbonneau, effectue un retour au Conseil des ministres, en devenant ministre du Tourisme. Elle sera aussi ministre responsable de la Mauricie, une fonction qu'occupait M. Girard. Une douzaine de ministres conservent leurs fonctions, dont Gaétan Barrette, à la Santé et aux Services sociaux, Carlos Leitao, aux Finances, Stéphanie Vallée, à la Justice, Kathleen Weil, à l'Immigration, David Heurtel, à l'Environnement, et Hélène David, à la Culture. Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, était pratiquement inamovible, dans la mesure où

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la réforme du système de santé, qui a déjà donné lieu aux projets de loi 10 et 20, reste inachevée. Il en va de même pour Carlos Leitao, qui doit déposer un budget dans les prochaines semaines.

ministérielle lui permet d'atteindre des objectifs qu'il s'était fixé, en faisant une meilleure place aux femmes, aux jeunes et en offrant une meilleure répartition des responsabilités régionales.

«Un nouvel élan pour le Québec» Interrogé par les journalistes après la cérémonie, le premier ministre Couillard a dit que ce nouveau Conseil des ministres permettra de donner un nouvel élan à son gouvernement. « L'économie va demeurer notre premier dossier, avec l'éducation », a-t-il précisé. « La rigueur, elle va toujours être là. [...] On va toujours chercher à dépenser moins que ce qu'on gagne. C'est l'erreur que le Québec a fait au fil des années, de trop souvent [...] dépenser plus que les prévisions les plus optimistes de revenus. Ça, c'est la recette pour le déficit chronique et l'endettement. » a déclaré Philippe Couillard.

Le premier ministre a aussi dit vouloir envoyer le message que « tout n'est pas chiffré, tout n'est pas dans un PIB » et qu'il importe d'en « prendre conscience ». Il a évoqué dans un même souffle la créativité des Québécois, leurs inventions et la beauté des paysages.

« L'assainissement des finances publiques était indispensable pour donner les libertés d'action, que maintenant on a retrouvées. Il est temps de passer à un nouvel élan maintenant, une nouvelle phase de notre gouvernement» a-t-il également fait valoir. Selon lui, la nouvelle équipe

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Philippe Couillard a convenu qu'un remaniement ministériel n'est « jamais un exercice facile », puisqu'il donne lieu à des moments « exaltants, mais difficiles, douloureux également, et même injustes » dans certains cas. Le premier ministre a défendu « le travail de qualité » accompli par MM. Girard et Poëti. Ce dernier, a-t-il précisé, a été victimes des« conséquences presque mathématiques de représentations régionales ». M. Couillard espère « que la poussière tombe » pour lui et qu'il continue de travailler avec le gouvernement. Il n'a par ailleurs pas exclu de procéder à d'autres changements d'ici la fin de son mandat, en 2018.


Coût de la vie

Le prix des produits de première nécessité au plus bas depuis 2009… … mais pas pour les consommateurs! La production de céréales dans le monde atteint des sommets selon la FAO. Il n'y a pas que les prix du pétrole qui baissent depuis plusieurs mois. Ceux des denrées de base suivent le même chemin, à en croire l'indice des prix alimentaire établi par l'organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO). Cet indice, qui mesure la variation mensuelle des céréales, viandes, produits laitiers, huiles végétales et sucre, s'est établi en janvier dernier à 150,4 points, soit une baisse de 16% en un an. Il affiche un recul de 35% par rapport à son dernier record établi en 2011 (229,9 points). Tous les indices de prix ont baissé: -4,1 % pour le sucre, -3% pour les produits laitiers, -1,7% pour les céréales et les huiles végétales. L'indice des prix de la viande affiche la plus faible baisse (-1,1%), freiné dans sa chute par les prix du porc dont les cours restent soutenus par l'ouverture de l'aide au stockage privé dans l'UE. La cause de cette baisse générale est la même que celle qui pénalise aujourd'hui le pétrole et les métaux industriels: une offre abondante. Pour le sucre, par exemple, la production s'annonce meilleure que prévu au Brésil, premier producteur et exportateur mondial. Même chose pour les produits laitiers. Comme ne cesse de le répéter le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, lorsqu'il évoque les racines de la crise qui touche les producteurs français, l'offre

laitière est surabondante dans le monde, notamment dans l'Union européenne et en Océanie. Le mot «abondance» revient aussi lorsque la FAO parle des céréales. Avec 2531 millions de tonnes, la production mondiale se situe proche des records de la campagne 2014/2015 (2561 millions). En cause: une forte production de blé au Canada et en Russie et de maïs en Chine, Canada et Paraguay. L'indice des prix pour les céréales est au plus bas depuis 2006, avec des stocks mondiaux qui devraient atteindre 642 millions de tonnes sur la campagne 2015/2016. En face, la demande est atone. Elle est même «léthargique» en ce qui concerne les produits laitiers et «morose» pour ce qui est de la volaille et de la viande bovine, souligne l'organisation onusienne. Les importations souffrent aussi du raffermissement du dollar, qui pénalise les achats réalisé en billet vert sur les marchés mondiaux. Notamment ceux de nombreux pays émergents -qui sont aussi de gros importateurs (comme la Turquie ou l'Afrique du Sud)-, impactés par la chute de leur devise. Pas sûr toutefois que cette baisse se retrouve dans les rayons des magasins. «Les prix des matières premières sont extrêmement volatils. Cette haute volatilité empêche les industriels d'avoir une bonne visibilité sur leurs approvisionnements et entraîne une grande tension sur leurs niveaux de trésorerie», explique Stéphane

Dahmani, directeur économie au sein de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania). «À titre d'illustration, entre 2009 et 2013 les prix agricoles à la production ont augmenté de 23% alors que les prix alimentaires dans la grande distribution n'ont augmenté que de 5%. Depuis 2013, les prix agricoles à la production baissent de 6% alors que dans les rayons la baisse est plus modérée (-1%), tout en restant persistante», explique-t-il. De plus, «les prix alimentaires demeurent à un niveau encore historiquement élevé car la hausse cumulée depuis 2004 atteint près de +150 %», note le spécialiste. El Niño joue les trouble-fête La volatilité pourrait d'ailleurs être de retour sur les marchés agricoles cette année en raison

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d'El Niño. Ce phénomène climatique perturbe déjà les récoltes céréalières en Afrique (avec une baisse «probable» de la production de blé de 25% en Afrique du Sud). Les semis d'hiver ont baissé aux États-Unis et en Ukraine et seront certainement mauvais en Inde en raison de la mousson médiocre. Quant au riz, «les perspectives 2016 le long et au sud de l'équateur sont sombres à cause du manque de précipitations ou de pluies excessives», déplore l'organisation. Selon la FAO, «il faudra puiser dans les stocks mondiaux de riz pour combler le déficit escompté entre la production et la consommation mondiales, essentiellement pour l'Inde et la Thaïlande, les deux principaux exportateurs». Pour rappel, le riz est la céréale la plus consommée au monde.

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L'an dernier, le directeur général de la FAO, Graziano da Silva, rappelaient que les phénomènes climatiques étaient l'une des principales causes des turbulences sur les marchés alimentaires mondiaux. D'après lui, dans les pays en développement, 80% des aliments consommés sont produits par des petits exploitants, les plus exposés aux dangers. Ces aléas climatiques, couplés à un phénomène de spéculation sur les marchés, avaient déjà eu pour conséquence dramatique une explosion des prix en 2008 et des émeutes de la faim dans une trentaine de pays. Malgré une situation un peu plus apaisée, la FAO rappelle que près de 800 millions de personnes souffrent encore de malnutrition dans le monde.


Argent

Une mort annoncée du papier-monnaie?

La Banque Nationale appelle à la généralisation de la monnaie électronique La plus importante banque au Québec veut éliminer l’argent liquide. Dans un appel à l’action passé inaperçu en novembre dernier, la Banque Nationale (BN) a incité le gouvernement du Québec à imiter des pays comme la Suède ou le Danemark en accélérant le virage vers la monnaie exclusivement électronique. En novembre dernier, les principales banques du Québec ont été convoquées par la Commission des finances publiques pour répondre aux questions des élus au sujet des paradis fiscaux. Les quelque cinq heures d’échanges sur cette délicate question n’ont pas permis d’en apprendre beaucoup sur les pratiques d’évitement fiscal, mais à leur tour au micro, les représentants de la Banque Nationale y sont allés d’une suggestion inattendue. « Nous estimons judicieux de soumettre à votre considération une idée importante, a expliqué aux parlementaires le vice-président aux affaires publiques de la BN, Claude Breton. Il s’agit d’assurer une meilleure traçabilité des transactions, de lutter contre l’évasion fiscale et de réduire les coûts de transaction des acteurs économiques en éliminant l’argent dans sa forme physique, le papier-monnaie. » « Nous estimons que la réflexion en cours sur le phénomène des paradis fiscaux ne saurait être complète sans s’interroger sur des moyens supplémentaires de réduire l’évasion fiscale,

a-t-il poursuivi. Le retrait du papier-monnaie fait partie, à notre avis, des pistes de solution à évaluer et à propos desquelles le Québec peut exercer un leadership certain. » Le prix de la monnaiepapier La Banque Nationale est ainsi devenue la première institution financière canadienne à prendre position publiquement en faveur de la mort de l’argent sonnant. M. Breton sait que les billets de banque ne disparaîtront pas du jour au lendemain, mais il croit fermement que le Québec est un « terreau fertile » pour ce genre d’idée « novatrice », qui fait déjà son chemin à travers la planète. Les avantages d’une telle révolution sont considérables, à la fois pour les banques, les gouvernements et les commerçants, concluait un rapport de la firme McKinsey publié en 2013. Dans un monde sans billets ni monnaie, nul besoin de produire, de récolter ou de conserver de l’argent. Le paiement électronique fait diminuer les coûts de transaction et permet aux autorités de consacrer à d’autres fins les sommes investies pour freiner la contrefaçon, soulignait-on.

En lançant le débat sur le futur de nos transactions, la Banque Nationale espère que le Québec empruntera la voie tracée récemment par deux pays scandinaves. Il y a d’abord la Suède, le pays qui se rapproche le plus d’une économie sans argent liquide. Les Suédois utilisent beaucoup moins de billets de banque et se tournent de plus en plus vers le paiement électronique pour régler leur facture au restaurant, mais également pour prendre l’autobus ou acheter leur journal au coin de la rue. Au Danemark, le gouvernement a pour sa part annoncé l’an dernier son intention de permettre aux stations-service, aux restaurants et aux boutiques de vêtements de refuser les paiements en argent liquide. Au bénéfice des banques… Ces changements font miroiter une réduction des vols de banque et une importante diminution du commerce au noir, mais certaines voix s’élèvent pour dénoncer une transformation réalisée au profit des banques, qui peuvent imposer des frais sur les transactions effectuées par carte.

McKinsey a calculé qu’entre 2007 et 2011, les « coûts de l’argent » représentaient 0,47 % du PIB des ÉtatsUnis, soit une facture de 490 $US par ménage.

« L’avantage [pour les banques] est là, concède Claude Breton, de la Banque Nationale, en entrevue au Devoir. Mais il est relativement marginal parce que le passage au paiement électronique est déjà en train de se faire. »

Des précédents

Sur ce dernier point, le

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sondage mené l’an dernier au Canada par la firme de gestion de transactions Moneris lui donne raison. Plus de 75 % des personnes interrogées disaient préférer payer avec une carte de crédit ou de débit et 65 % des répondants affirmaient ne pratiquement plus rien acheter avec de l’argent sonnant. Le plus récent bilan effectué par l’Association canadienne des paiements révèle par ailleurs qu’en 2014, 35 % des paiements au Canada ont été effectués avec des billets ou de la monnaie, ce qui surpasse les cartes de débit (24 %) et de crédit (21 %). La proportion de paiements en argent a cependant chuté de 16 % par rapport à 2011, comparativement à une hausse de 18 % pour les cartes de débit et de 26 % pour les cartes de crédit. Des laissés-pour-compte… Si le souhait de la Banque Nationale se réalise, il ne fera cependant pas l’affaire de tous. La présidente de l’Association québécoise de

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défense des droits des personnes retraitées et préretraitées, Judith Gagnon, y voit une « menace » pour les aînés et les personnes vulnérables. « Même avec l’argent papier, des personnes âgées sont dépendantes de leurs enfants ou des étrangers pour faire des transactions. Si c’est seulement électronique, certains vont s’adapter, mais ce sera très difficile. On va en échapper », affirme-t-elle. Mme Gagnon craint notamment une multiplication des cas d’abus financiers envers des personnes âgées larguées par un nouveau système qu’elles ne maîtrisent pas. « On ne peut pas empêcher la société d’évoluer, mais certains vont écoper », ditelle. « On aura besoin d’un débat public, admet Claude Breton. La solution sera sans doute d’effectuer une transition par étapes. »


Société

Un nouveau péril nommé jeu en ligne… Surveillez vos cartes de crédit, vos enfants et leur ordinateur!

Le jeu en ligne, qui gagne en popularité au Québec, est plus nocif que le jeu traditionnel au casino ou en salle de bingo. Les adeptes de jeux d’argent sur le Web souffrent davantage de problèmes de sommeil, d’anxiété ou de productivité, et ont plus de difficulté à payer leurs factures ou leur hypothèque que les autres joueurs. Le jeu en ligne peut même déranger les proches des joueurs et perturber « le bienêtre, la santé ou la réussite scolaire de leurs enfants », révèle une nouvelle étude obtenue par Le Devoir. « Le jeu en ligne accentue des impacts qu’on observait sur des joueurs hors ligne. Ce n’est pas inoffensif », dit Élisabeth Papineau, chercheuse à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), qui a dirigé l’étude. Deux professeurs de l’Université Laval, Guy Lacroix et Serge Sévigny, ont aussi collaboré à l’enquête datée de décembre 2015. Le jeu en ligne connaît une croissance fulgurante au Québec. Les revenus du site Espacejeux de Loto-Québec — le seul site de jeu légal au Québec — ont augmenté d’entre 12 % et 20 % par année depuis trois ans, tandis que l’achalandage a augmenté d’entre 6 % et 18 % par an. Les revenus des jeux de hasard traditionnels dans les casinos et les salles de bingo sont plutôt à la baisse.

Une bonne proportion des 96 000 joueurs en ligne du Québec joue sur des sites étrangers, tous illégaux ici. Le jeu en ligne, notamment le poker, serait un marché de 41 milliards de dollars par année dans le monde. « Le jeu sur Internet devient tellement populaire qu’il devient important d’en mesurer les effets sur les joueurs », estime Élisabeth Papineau. Problèmes d’argent Cette recherche a été menée auprès de 826 joueurs assidus (qui jouent au moins une fois par mois sur une période d’un an) recrutés par une firme de sondage via un panel Web. Certains jouaient uniquement en ligne, d’autres uniquement hors ligne et une troisième catégorie jouait autant sur le Web que dans des maisons de jeu.

Ces joueurs « mixtes », qui jouent sur Internet et hors ligne, ont dit subir les impacts négatifs les plus nombreux et les plus intenses. Un des désavantages les plus évidents est financier : les joueurs en ligne ont déclaré qu’ils dépensent trois fois plus que les joueurs hors ligne (152 $ par mois contre 53 $). Les joueurs sur Internet (et les joueurs mixtes) sont plus nombreux à rapporter des dettes de jeu, une mauvaise situation financière et des difficultés à payer leurs factures ou leur hypothèque. Ils consomment davantage d’alcool et de marijuana. Ils disent aussi être en moins bonne forme physique et mentale

que les joueurs hors ligne.

« Globalement, nos données démontrent que le jeu en ligne en soi ou additionné au jeu hors ligne ajoute une dimension de risque supplémentaire qui ne concorde pas avec l’image d’innocuité qui accompagne sa mise en marché », écrivent les chercheurs. « À la lueur de ces résultats, on peut penser que la nature et l’ampleur des préjudices du jeu sur les joueurs en ligne, leur entourage et la communauté restent sousestimées au Québec », précise l’étude. Un joueur en ligne sur cinq (20 %) est considéré comme problématique. Les jeux d’argent sur Internet sont accessibles jour et nuit. Les joueurs se trouvent généralement seuls devant leur écran. Comme ils ont davantage tendance à boire de l’alcool et à fumer du cannabis, c’est un cocktail idéal pour perdre son jugement, estiment les chercheurs. Ils croient toutefois que les impacts du jeu en ligne sur le sommeil peuvent aussi être causés par l’exposition aux écrans d’ordinateur, de téléphone mobile ou de tablette. La simple exposition à un écran — sans que le jeu en ligne soit en cause — peut perturber le sommeil, rappelle Élisabeth Papineau. Mieux encadrer Les chercheurs invitent le gouvernement à encadrer la commerciali-

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sation du jeu et à « imposer des restrictions sur la promotion similaires à celles implantées pour d’autres produits à risque ». C’est justement ce que tente de faire le gouvernement Couillard, indique-t-on à Québec. Le projet de loi 74, déposé en novembre dernier, ouvre la voie à des sites privés de jeu en ligne qui seraient certifiés par Loto-Québec. Le projet vise aussi à dresser une liste de sites illégaux que les fournisseurs de services Internet auraient l’obligation de bloquer. Chez Loto-Québec, on accueille favorablement l’étude sur les impacts du jeu en ligne. « A priori, les grandes conclusions de l’étude — démontrant les risques d’excès potentiels plus grands en matière de jeu en ligne que de jeu terrestre — sont liées à d’autres conclusions d’études effectuées sur

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le sujet. C’est notamment pour ces raisons que LotoQuébec a mis en place une série de mesures favorisant le jeu responsable sur son site espacejeux.com, ce qui ne se trouve aucunement sur les autres sites de jeu en ligne illégaux », indique Patrice Lavoie, directeur des communications à la société d’État. Il rappelle certaines mesures prises pour limiter les risques financiers des joueurs en ligne : ils peuvent dépenser un maximum de 10 000 $ par semaine ; ils peuvent s’imposer (de façon facultative) une autre limite de dépenses ou de temps sur le site Espacejeux ; un rappel régulier (chaque heure) informe le joueur du temps exact en jeu et des sommes gagnées ou dépensées ; une horloge permanente sur le site permet de ne pas perdre la notion du temps.


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Santé

Nouvel Ennemi public numéro Un

Le virus Zika, une «urgence mondiale»

Le virus Zika a été découvert en 1947 dans une forêt de l’Ouganda. Environ 80 % des gens infectés ne ressentent aucun symptôme.

Au pays, l’Agence de la santé publique rappelle que le risque d’infection pour la population canadienne est faible. « Les agents de transmission connus du virus, des moustiques, ne sont pas établis au Canada et ne sont pas bien adaptés à notre climat », peut-on lire sur le site de l’agence gouvernementale. Femmes enceintes et Jeux olympiques À l’échelle mondiale, cependant, le virus Zika fait d’importants dommages : l’OMS a déclaré lundi qu’elle redoute quelque quatre millions d’infections dans les Amériques au cours de l’année. Au Brésil, où 1,5 million de cas ont été recensés par l’agence onusienne, le gouvernement a carrément déconseillé aux femmes enceintes de se rendre aux Jeux olympiques, qui auront lieu à Rio de Janeiro en août. En réponse à cet avertissement, le président du Comité international olympique, Thomas Bach, a rappelé que les Jeux olympiques auront lieu pendant l’hiver brésilien, une saison qui n’est pas privilégiée pour la reproduction des moustiques. « […] toutes les mesures ont été prises, car le Brésil est déterminé, car il reste six mois encore pour régler le problème

», a-t-il affirmé.

Depuis que le Brésil a sonné l’alarme sur le Zika en octobre, la hausse du nombre d’enfants naissant avec une microcéphalie inquiète. Dans les quatre derniers mois, 270 cas de microcéphalies ont été confirmés dans ce pays, tandis que 3448 cas suspects ont été enregistrés. À ce jour, le lien direct entre le virus et la naissance d’enfants aux crânes anormalement petits n’a toujours pas été établi. Malgré l’absence de conclusions scientifiques, le groupe d’experts mandaté par l’OMS a conclu que « les grappes de microcéphalie et autres complications neurologiques constituaient un événement extraordinaire et une menace à la santé publique dans d’autres parties du monde », a déclaré la directrice générale de l’agence, Margaret Chan. Ainsi, la déclaration par l’OMS d’une « urgence de santé publique de portée internationale » doit servir à confirmer ce lien et à réduire le nombre de nouvelles infections, a observé Eric Frost, professeur de microbiologie et d’infectiologie à l’Université de Sherbrooke. « La meilleure façon d’établir le lien [entre l’infection au Zika et la microcéphalie], c’est d’accorder plus d’attention au virus », a-t-il résumé. La déclaration d’urgence mondiale par l’OMS vise à alerter

le monde sur la situation du Zika, à recueillir de l’argent pour ralentir l’épidémie et à accélérer les recherches sur la maladie pour développer des traitements et vaccins. À court terme, la stratégie risque de passer par le contrôle des moustiques (aedes aegypti ou albopictus) qui sont porteurs du virus, croient les experts. « Il faudra généraliser l’utilisation des moustiquaires, protéger les habitations, traiter les habitations et leurs environs avec des agents chimiques anti-moustiques », a énuméré Lionel Berthoux, professeur au Département de biologie médicale de l’Université du Québec à Trois-Rivières. « On a beaucoup d’expérience avec ces produits antimoustiques en Afrique en raison de la malaria. Ce ne sera pas difficile », a-t-il prédit.

Les agissements du Brésil semblent donner raison au chercheur québécois : pas moins de 220 000 soldats ont déjà été mobilisés pour combattre le moustique aedes aegypti, qui propage non seulement le virus Zika, mais aussi la dengue, la fièvre jaune et le chikungunya. Stratégies à long terme Là où les choses risquent de se complexifier, c’est à plus long terme, a déclaré M. Berthoux. « Il sera important d’avoir un moyen de prévenir ou de traiter le Zika. Idéalement, ça prendra les deux », a-t-il affirmé. Selon lui, le développement d’un vaccin, doublé d’un traitement contre l’infection, équivaudrait à une situation idéale. Pendant que les gouvernements brésilien, américain et cana-

Quatre cas au Canada, dont un au Québec 30 janvier 2016 | Marie Vastel - Correspondante parlementaire à Ottawa | Canada Au 30 janvier dernier, le Canada comptait quatre cas d’infections au virus Zika, dont un au Québec. Mais l’Agence de la santé publique se veut rassurante : tous ont attrapé la maladie après avoir voyagé dans des régions touchées en Amérique du Sud, le moustique porteur du virus n’est pas présent au Canada et les risques au pays sont « très, très faibles ».

argué le Dr Gregory Taylor, administrateur en chef de la Santé publique du Canada. « Quoiqu’il soit possible que des personnes ayant voyagé à l’étranger aient attrapé le virus et soient revenues ensuite au Canada, le virus Zika ne présente pas de risque important à la santé publique des Canadiens. »

Santé Canada a fait le point sur la propagation du virus, notamment parce qu’il « faut rassurer les Canadiens », a

Une Québécoise a contracté la maladie lors d’un voyage dans un pays où circule le virus Zika, a-t-on indiqué au

Le Dr Taylor a rapporté deux cas d’infection confirmés en Colombie-Britannique, un en Alberta et un au Québec.

ministère de la Santé du Québec, sans vouloir préciser quel pays ni l’âge de la voyageuse pour des raisons de confidentialité. Mais la dame — qui n’est pas enceinte — est « complètement rétablie ». Québec s’attend à voir d’autres cas dans la province, mais il n’est pas garanti que le gouvernement en soit avisé, car il ne s’agit pas d’une maladie à déclaration obligatoire et les symptômes sont « généralement bénins », ce qui fait qu’une personne infectée par ce virus ne sentirait pas nécessairement le besoin d’avertir les autorités. « Seuls de 20 % à 25 % des

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gens infectés du virus développent des symptômes, qui peuvent inclure un mal de tête, une fièvre, une conjonctivite, une irritation cutanée ou des douleurs musculaires et articulaires, a détaillé le Dr Taylor. La maladie est habituellement bénigne et dure seulement quelques jours. » Santé Canada a en outre assuré qu’il n’y a eu aucun cas de transmission locale au Canada. Les moustiques porteurs du virus ne vivent pas dans le climat nordique canadien. La maladie n’est pas contagieuse par l’air. Les symptômes durent habituellement de deux à sept jours, et

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dien s’attellent à développer un vaccin, M. Berthoux attend donc une réponse des instituts de recherche en santé du Canada afin de démarrer un projet de recherche sur un traitement. « Dans le cas du vaccin comme dans celui du traitement, il n’y a pas de garantie que ça fonctionne, et ça va prendre plusieurs années », a-til tout de même souligné. Entre-temps, le professeur Eric Frost suggère aux Canadiennes d’être prudentes. « J’ai l’impression que tant qu’on n’a pas une preuve formelle que ça [le virus Zika] ne cause pas la microcéphalie, les Canadiens doivent prendre plus de précautions », a-t-il avancé. « Il faut essayer d’éviter les piqûres et d’éviter de se rendre dans certains pays si on est une femme enceinte. »

la période d’incubation est de trois à douze jours. Le gouvernement canadien recommande néanmoins aux femmes enceintes d’éviter de voyager dans les régions touchées ou de retarder leurs vacances, même si le lien entre le virus Zika et des cas de microcéphalies chez les nouveau-nés de femmes infectées n’a pas été prouvé. Quant aux transmissions san guines, l’Agence de la santé publique demande aux donneurs d’attendre un mois après leur voyage, ou encore de faire un don avant de quitter le Canada.


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Santé

Un document à consulter absolument

«Le système de santé et les assurances au Québec»

Comprendre le système de santé et les assurances au Québec est un enjeu crucial pour tous les candidats à l’immigration qui souhaitent s’installer dans la Belle Province et pour les nouveaux arrivants. ’’Comment fonctionne le système de santé ?’’,’’À quoi ai-je droit ?’’, ’’Les assurances santé privées sont-elles utiles ?’’. Autant de questions auxquelles ce nouveau dossier apportera des réponses concrètes, pour permettre aux immigrants d’opter pour des solutions éclairées, adaptées à leurs statuts et à leurs besoins. Analyses, témoignages, entrevues d’experts, fiches pratiques et carnet d’adresses composent ce nouveau dossier produit par Immigrant Québec. Éclairer les immigrants sur les sujets qui les préoccupent, c’est leur permettre d’agir en toute connaissance de cause « En Amérique du Nord, les

soins médicaux sont très chers. C’est impossible de se faire soigner sans dépenser des sommes astronomiques. Il va falloir souscrire à des assurances privées hors de prix » relatent fréquemment les immigrants au Québec. Ils ne savent pas toujours où aller chercher la bonne information. La mission d’Immigrant Québec est de les éclairer sur les sujets qui les préoccupent, et la santé en fait bien sûr partie.

« Le système de santé et les assurances au Québec » offre 28 pages de conseils et de ressources aux immigrants, adaptés à leur statut au Québec (résident permanent, travailleur temporaire, étudiant, PVT…). Ce dossier leur permettra de prendre leur santé en main dès leur arrivée au Québec et d’éviter les situations problé-

matiques. À propos d'Immigrant Québec Organisme à but non lucratif créé en 2006, Immigrant Québec est aujourd'hui le 1er média d’information destiné à toutes les personnes désireuses de s’installer au Québec – que ce soit de façon permanente ou temporaire. Immigrant Québec produit des outils d'information gratuits et de qualité, traitant des questions

d'immigration et d'installation dans la Belle Province. Immigrant Québec est également le fier organisateur du Salon de l’immigration et de l’intégration au Québec, dont la 5ème édition aura lieu les mercredi 25 et jeudi 26 mai 2016 au Palais des congrès de Montréal. Sont également disponibles en téléchargement gratuit, les guides Immigrer au Québec,

Travailler au Québec, Étudier au Québec, Entreprendre au Québec, Partir au Québec, Vivre à Montréal, Vivir en Québec, et Living in Québec et le dossier Quand l’immigration fait mal. Le dossier est téléchargeable gratuitement sur : http://www. immigrantquebec.com/telecharger-les-guides/ Source : www.salonimmigration.com

Le sirop d'érable, produit miracle… Connu pour ses propriétés thérapeutiques extraordinaires, le sirop d’érable attire l’attention des grands chercheurs dans le monde, vu ses magnifiques atouts alimentaires et plus particulièrement son efficacité contre les bactéries. Selon des expériences menées en laboratoire par des chercheurs de l’Université McGill, une dose concentrée de cette spécialité canadienne rend les bactéries pathogènes plus sensibles aux antibiotiques. Découvrons ensemble les bienfaits magiques du sirop d’érable… médicament miracle D’où vient le sirop d’érable ? Comment réagit-il ? Quels sont ses bienfaits ? D’où vient le sirop d’érable ? Le sirop d’érable est un sirop produit à partir de la sève « eau d’érable » de l’érable à sucre. On appelle sa culture « l’acériculture ». Le sirop d’érable est un produit naturel qui ne contient ni additifs, ni colorants. C’est un produit propre à

l’Amérique du Nord, et plus particulièrement, au Québec. Commercialisé dans le monde entier et populaire dans des pays comme l’Allemagne et le Japon, sa consommation est courante au Québec et en Ontario

ralentir le développement de la résistance bactérienne aux médicaments », souligne la chercheuse. Ses bienfaits

Comment réagit-il ? Dans le cadre du congrès annuel de l’American Chemical Society (ACS) organisé dernièrement à Anaheim, en Californie, des chercheurs de l’Université du Rhode Island ont révélé que le sirop d’érable agit avec le potentiel d’un superaliment, et ce grâce à certaines molécules ayant des propriétés antiinflammatoires et anticancéreuses.

En plus de sa richesse en minéraux, le sirop d’érable contient 54 antioxydants qui apportent plein de bienfaits pour les personnes diabétiques, en réduisant l’inflammation des vaisseaux sanguins.

« Nous avons enlevé l’eau et le sucre d’une boîte de 540 millilitres de sirop d’érable pour en extraire 8 à 10 millilitres de composés phénoliques », explique Nathalie Tufenkji, une des chercheurs qui ont démontré l’effet anti-cancérigène du sirop d’érable. « L’effet synergique est tellement fort, qu’on peut diminuer dans certains cas jusqu’à 90% les doses d’antibiotiques utilisées normalement et, du coup,

- Des propriétés antioxydantes

Peu de glucides: Par rapport aux autres types de glucides, le sirop d’érable contient un faible indice glycémique, tout comme le miel, la mélasse et le sirop d’agave, ce qui aide l’organisme à maintenir le taux de glycémie le plus près possible des valeurs normales. - Une belle source d’énergie Le sirop d’érable est un excellent choix nutritionnel, pour les sportifs notamment. Il apporte rapidement des glucides aux muscles et génère plein d’énergie, avant, pendant et après l’activité physique.

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Compte tenu de ses vertus uniques et étonnantes, le sirop d’érable, ou le médicament miracle, est une très bonne

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option alimentaire qui mérite d’être intégré dans la plupart de nos menus quotidiens.


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Langues & cultures

Réforme de l’orthographe française 2400 mots vont être «simplifiés» Rassurez-vous: nul besoin d’utiliser l’accent circonflexe en cachette à partir de maintenant. Il n’y aura pas non plus de marché noir pour la touche de clavier qui permet de l’utiliser. En France, à partir de septembre, les manuels scolaires prendront pour référence une nouvelle orthographe, qui préconise notamment la suppression de l’accent circonflexe sur les lettres i et u lorsqu’il n’a pas pour fonction de distinguer des sens. «Adieu, accent circonflexe», a rapidement titré le site de la chaîne de télévision BFMTV. Dans les médias et sur les réseaux sociaux, c’est avec colère, consternation et un brin de nostalgie que la francophonie a accueilli la mort annoncée de l’accent circonflexe, entre autres innovations de ce qu’il convient d’appeler l’orthographe rectifiée. Les internautes ont été prompts à créer le mot-clic #JeSuisCirconflexe pour partager leur peine, avec parfois un certain talent comique. Rassurez-vous: nul besoin d’utiliser l’accent circonflexe en cachette à partir de maintenant. Il n’y aura pas non plus de marché noir pour la touche de clavier qui permet de l’utiliser. L’accent circonflexe n’est pas près de disparaitre disparaître, puisque l’orthographe actuelle reste d’usage. Pourtant, elle n’est plus enseignée qu’au bon vouloir des enseignants français et québécois depuis des années. Surpris(e)? Il y a 26 ans de cela, l’Académie française a approu-

vé les recommandations du Conseil supérieur de la langue française au sujet de la rectification orthographique d’environ 2 000 mots, dans le but de faciliter l’apprentissage du français et de suivre l’évolution de la langue. Les modifications ont été publiées le 6 décembre 1990 dans le Journal officiel de la République française, mais ce n’est qu’en juin 2008 que le Bulletin officiel de l’Éducation nationale a fait de l’orthographe révisée «la référence». Toutefois, rien n’a alors vraiment changé, puisque les enseignants n’étaient pas tenus d’inculquer la nouvelle orthographe de ces mots aux élèves. Jusqu’à ce jour funeste du 3 février 2016, où l’accent circonflexe a vu son sort scellé, du moins dans les manuels scolaires français. «Visiblement, certains éditeurs dont la liberté est totale ont décidé de la suivre alors qu’ils ne l’avaient pas fait précédemment», a indiqué au Figaro une source au ministère de l’Éducation nationale. Sylvie Marcé, présidente de l’éditeur Belin, a pour sa part expliqué à l’Agence FrancePresse que les nouveaux manuels arboreront un macaron mentionnant l’utilisation d’une nouvelle orthographe car, a-telle dit, «on ne voulait pas qu’on pense qu’il y a des fautes». Cocasse! Pourtant, l’orthographe rectifiée est présente dans certains manuels du primaire «depuis au moins une dizaine d’années», a-t-elle précisé.

10 mots rectifiés août → aout céleri → cèleri événement → évènement igloo → iglou micro-onde → microonde oignon → ognon renouvellement → renouvèlement sécheresse → sècheresse téléphérique → téléférique va-nu-pieds → vanupied

Ces fameuses rectifications sont diverses; elles visent à simplifier des règles, à supprimer des exceptions voire à corriger des aberrations, et portent notamment sur le trait d’union, le tréma et les accents, les marques du nombre, les consonnes doubles, les mots empruntés ou encore le participe passé des verbes pronominaux (voir encadré plus bas). Certaines tournures provoquent des haussements de sourcils, alors que d’autres sont déjà familières. Rien de plus normal: les deux graphies cohabitent depuis des années! En effet, si (vraiment) peu de gens utilisent l’orthographe rectifiée paélia au lieu de paëlla, ils sont nettement plus nombreux à avoir délaissé cuiller pour employer la formulation cuillère. Ce flottement dans l’emploi des graphies traditionnelle et nouvelle démontre, selon l’Office québécois de la langue française (OQLF), que «nous sommes dans une période de transition». Et au Québec ? Dès 1991, l’OQLF s’est montré favorable à l’application de ces rectifications orthographiques, avant de jouer de prudence. Il a finalement emboîté le pas de l’Académie en française en affirmant, dans un communiqué publié le 3 mai 2004, que «ni les graphies traditionnelles ni les nouvelles graphies proposées ne doivent être considérées comme fautives». Pendant ce temps, la confusion régnait au ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS). Comme l’a attesté Mathieu-Robert Sauvé dans L’actualité, en 2007, le

ministère a longtemps refusé de prendre une position officielle sur le sujet, tout en tolérant l’utilisation de l’orthographe rectifiée dans les examens officiels, du primaire à l’université. C’est une note de service datée du 7 octobre 2009 qui a finalement rendu la chose officielle. «Veuillez prendre note qu’à la suite d’une décision des autorités ministérielles, les élèves qui utilisent les graphies traditionnelles ou les nouvelles graphies ne seront pas pénalisés dans le contexte des corrections effectuées par le Ministère. Nous encourageons donc les directions d’écoles et de centres à prendre en considération cette orientation lors de l’approbation des normes et des modalités d’évaluation des apprentissages de l’élève.» Aujourd’hui, le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur n’impose toujours pas l’apprentissage de la nouvelle orthographe, pas plus qu’elle ne l’interdit. «L’Université du Québec à Montréal enseigne l’orthographe rectifiée dans ses cours de grammaire du français écrit et l’Université de

Montréal le fait, notamment, dans les cours s’adressant aux futurs enseignants», précise l’OQLF. Quant aux maisons d’édition, elles peuvent décider de l’intégrer ou non dans le matériel pédagogique qu’elles produisent – certaines l’ont d’ailleurs fait. La décision des éditeurs de manuels scolaires français aura-t-elle des répercussions au Québec? En attendant de le découvrir, l’accent circonflexe peut continuer à être utilisé, tout comme le i dans oignon. Ou pas. Le choix vous appartient. Après tout, l’Académie française a elle-même écrit, dans son désormais fameux rapport de 1990, qu’«il ne peut être évidemment demandé aux générations antérieures de désapprendre ce qu’elles ont appris, et donc l’orthographe actuelle doit rester admise». Tellement vrai que, 26 ans plus tard, l’orthographe rectifiée est apparue comme une nouveauté pour bon nombre de francophones. Il reste à voir quelles seront les conséquences de sa généralisation dès la rentrée prochaine, en France.

Les nouvelles règles orthographiques • le trait d’union dans les numéraux formant un nombre complexe (lier par des traits d’union tous les éléments des nombres écrits en lettres : mille-trois-centvingt-et-un, par exemple);

cèderai, je considèrerais, par exemple; supprimer l’accent circonflexe sur le i et le u lorsqu’il n’a pas pour fonction de distinguer des sens ou des temps de verbes : connaitre, voute, par exemple);

• le singulier et le pluriel des noms composés comportant un trait d’union (écrire un abat-jour, des abat-jours; un aprèsmidi, des après-midis, par exemple);

• les verbes en -eler, -eter (pour qu’ils s’écrivent tous, sauf appeler et jeter, avec un accent grave et un seul l ou un seul t, sur le modèle de peler et acheter : j’étiquète, elle ruissèle, par exemple);

• le tréma et les accents grave et circonflexe (déplacer le tréma : aigüe; remplacer l’accent aigu par l’accent grave sur certains temps de certains verbes : je

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• le participe passé du verbe laisser suivi d’un infinitif (qui devient invariable : je les ai laissé partir, par exemple);

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• le singulier et le pluriel des mots empruntés (auxquels on fait suivre la règle générale : un scénario, des scénarios; un graffiti, des graffitis, par exemple); • certaines graphies de mots composés (dont on soude les éléments : piquenique, hautparleur, chauvesouris, pingpong, par exemple); • certaines anomalies (qui se trouvent rectifiées : assoir, nénufar, charriot, exéma, ognon, joailler, par exemple). Source : OQLF


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Paysage urbain

Comment réinventer la rue Jean-Talon Est ?

Une démarche de planification participative en route Le responsable du transport au comité exécutif, M. Aref Salem et le maire de l’arrondissement de Saint-Léonard, M. Michel Bissonnet invitent les Léonardoises et les Léonardois à participer en grand nombre à une démarche participative visant à définir le futur aménagement de la rue Jean-Talon Est. La première rencontre aura lieu à la bibliothèque de SaintLéonard, le mardi 23 février 2016. « La rue Jean-Talon Est, cet important lieu d’affaires et de loisirs situé entre les boulevards Langelier et Viau, fera l’objet de travaux de réaménagement au cours des prochaines années. Notre Administration a la ferme intention de faire de ce secteur un élément phare de l’activité commerciale de l’Est de la métropole. Nous souhaitons que l’implication citoyenne dans l’élaboration de ce projet rassembleur ait un impact majeur sur la prospérité de ce milieu de vie », a indiqué M. Aref Salem. L’aménagement actuel de ce tronçon de la rue Jean-Talon Est est peu convivial : les trottoirs sont étroits, la traversée aux intersections est difficile et très peu d’arbres matures sont

dénombrés. Une meilleure identification de l'artère pour lui donner un caractère distinctif et la création d'une placette pour tenir des activités d'animation sur la rue sont autant de propositions qui pourraient émerger lors de cette rencontre citoyenne. Une première soirée d’échanges et d’idéation Une démarche de planification participative s’adressant aux citoyens, aux résidents et aux travailleurs du secteur est organisée par la Ville de Montréal. Au cours de la première soirée d’échanges, un portrait-diagnostic de la rue sera présenté et les participants seront invités à le bonifier et à se prononcer sur plusieurs enjeux qui les touchent directement, notamment, sur le partage de l’espace public, l’accessibilité, le verdissement et l’animation de la vie de quartier. La rencontre aura lieu le mardi 23 février 2016, à 18 h 30 à la Bibliothèque de Saint-Léonard (8420, boulevard Lacordaire).

lies. Les citoyens pourront identifier le scénario à privilégier lors d’une seconde rencontre prévue au printemps de telle sorte que la proposition retenue soit dévoilée à la fin de l’été 2016.

Suite à cette première soirée d’échanges, la Ville de Montréal développera deux scénarios d’aménagement à partir des informations recueil-

« Cette première soirée d’échanges est l’occasion de construire, ensemble, un projet qui répondra aux aspirations et aux besoins exprimés des

Léonardoises et Léonardois. En travaillant de concert avec la communauté, nous identifierons rapidement les pistes d’amélioration à apporter pour rendre la rue Jean-Talon Est encore plus attrayante et sécuritaire. À terme, cela favorisera l’achalandage commercial local, bonifiera l'expérience des usagers et embellira le quartier », a conclu le maire de l’arrondissement de Saint-

Léonard, M. Michel Bissonnet. Pour en apprendre davantage sur la démarche participative, consultez la page Internet dédiée au projet de réaménagement de la rue Jean-Talon Est : ville.montreal.qc.ca/ruejeantalon. Sources : Cabinet du maire et du comité exécutif

Métro de Montréal

Les voitures Azur en service Depuis le mois d’août, les nouvelles voitures de métro circulaient dans le réseau souterrain sur les lignes orange et bleue pendant les heures d’exploitation, mais les usagers ne pouvaient pas y embarquer.

Un soixantaine de tests devaient être réalisés, notamment sur la conduite automatique et le système de communication. D’autres tests doivent encore être faits au cours des pro-

chaines semaines. Lorsque les voitures Azur auront assuré un service voyageur pendant 61 jours sans qu’il n’y ait de bris ou de défectuosité, la STM en sera officiellement le propriétaire.

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C’est le consortium AlstomBombardier qui fabrique les nouvelles voitures de métro. Il a remporté en 2010 le contrat de 1,2G$ après de nombreuses péripéties. Un premier train Azur a été

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livré en 2015. La STM doit en recevoir 12 autres cette année. L’ensemble de 468 voitures qui ont été commandées rouleront dans le réseau du métro au plus tard en 2018.


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Cultures

Retour des Nuits andalouses de Montréal

Derrière le rideau…

Il fut un temps, c’était devenu un incontournable de la vie culturelle de Montréal. Puis eut lieu une éclipse… qui ne fit que mieux mettre en valeur le retour des Nuits andalouses.

Le retour de ce que la culture arabo-musulmane a sans doute fait de mieux en matière de musique et de chants : «Al Andaloussi», savante combinaison de rythmes élaborés avec un soin mathématique mais qui n’en sont pas moins d’une beauté envoutante, suffisamment déjà pour défier le temps et, dix siècles depuis, continuer de faire des adeptes passionnés; combinaisons également de voix séraphines et de paroles humaines et humanistes que l’on écoute, qui enchantent et que l’on ne peut s’empêcher de fredonner tout bas en répons au cantateur… Ce retour a été l’œuvre d’un passionné, Mohamed Lahlou. Il a eu lieu le 30 janvier 2016, avec la complicité de l’orchestre Soleil de l’Andalousie et de près de quatre cent spectateurs-participants

sublimés et conquis.

Un événement peut en cacher un autre… En arrière du concert cependant, le référentiel humaniste de la musique andalouse n’était pas absent. Une cause était là en arrière-plan : celle du soutien à la lutte contre le cancer du sein. Et cette cause a été défendue avec le concours d’une autre forme d’art andalous : la danse. Avec la troupe dirigée par Mme Khadija Jabiry. Originaire du Maroc, Mme Jabiry suit son instinct une fois arrivée à Montréal, voilà quelques années. Elle développe un art de danse engagé, qui prend plusieurs formes. Auprès des jeunes, par exemple, son art donne un sens à leur vie pendant la période d’adolescence, comme nous le savons, qui est celle de quête de soi et de questionnement perpétuel et surtout identitaire. La danse de Mme Jabiry comble ces doutes et permet aux

jeunes une ouverture sur la diversité propre à Montréal et le voyage dans les couleurs chatoyantes des costumes, et dans les chorégraphies uniques. Il faut le dire ici : malgré les mille feux sur son art, Mme Jabiry travaille dans l’ombre afin d’aider les gens. Son

engagement auprès des Québécois sans pour autant oublier ses origines marocaines mérite tout respect. En effet, son fort sentiment d’appartenance au Maroc la pousse à continuer à vouloir soulager les malades sur le sol marocain.

Et ce fut donc toute une découverte donc, que nous vous proposons d’approfondir à travers l’entretien que Mme Jabiry a bien voulu nous accorder et que nous reproduisons ciaprès.

Danser pour aider

… ou le sacerdoce de Khadija Jabiry Loin dans le temps de l’Andalousie et dans l’espace de l’Arabie et à des milliers de kilomètres de L’Égypte enivrante où l’art corporel que Mme Khadija Jabiry met en valeur par moult tableaux de danse, cette dernière continue à ravir les Québécois et Québécoises. De même avec les femmes accusant un surplus de poids, son art permet de bruler des calories avec plaisir et engouement. Récemment, Mme Jabiry a pris l’initiative de jumeler son art à la lutte contre le cancer. Intéressant jumelage qui a valu cette entrevue : Question : Généralement l’art est associé à une bonne cause pour une levée de fonds ou pour une visibilité d’une association ou d’une cause. Or vous avez opté à créer une chorégraphie, un beau tab-

leau émouvant pour encourager les personnes atteintes de cancer dans leur lutte contre le cancer. Comment vous est venue l’idée? Réponse : De plus en plus autour de nous le cancer se propage parmi nos familles, nos amis, nos proches, nos collègues, nos voisins. Pourquoi ne pas leur envoyer un message de soutien avec de la belle musique et un beau tableau de danse émouvant. Après maintes réflexions et d’après mon expérience, les manifestations artistiques sont les seules qui réunissent tout le monde et déplacent les foules. C’est là que je me suis dit mon message passera avec de la danse. Je constate qu’il s’agit d’un engagement personnel dénudé de tout intérêt pour valoriser ces personnes atteintes de cancer. Est-ce le cas?

Oui, c’est effectivement un engagement personnel, je ne cherche aucun intérêt, mon seul objectif est de dire aux personnes atteintes de cancer, vous n’êtes pas seules, nous sommes là, qui sait? On aurait pu être à votre place et vous à la nôtre, vous auriez fait plus j’en suis certaine Pourquoi la danse orientale? C’est une expression corporelle qui transporte beaucoup d’émotions. C’est le corps qui est atteint quand on a le cancer, laissons le corps s’exprimer et passer le message de la survie à toutes ces personnes Quand avez-vous commencé à donner des cours de danse orientale?

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Au Québec, cela fait 21 ans que je donne des cours de danse orientale. Dans différents centre communautaires, écoles primaires et secondaires Je sais qu’à part la symbolique de la danse orientale, vous travaillez en secret et de loin à aider les personnes défavorisée du Maroc. Pouvez-vous nous en parler davantage?

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Oui effectivement il y a surtout un sujet qui me tient à cœur c’est celui des handicapés, j’aimerai réussir, en collaboration avec mon employeur « les laboratoires Médicus », à aider avec des orthèses, prothèses, aides à la marche (usagées bien sûr) qui pourraient être ajustées sur place et fournies aux personnes démunies qui en ont besoin.


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Cultures

Un monument du patrimoine théâtral universel disparaît

Tayeb Saddiki quitte la scène… Le comédien et dramaturge marocain, Tayeb Saddiki est décédé ce vendredi 5 février 2016 à Casablanca, à l'âge de 79 ans, des suites d'une longue maladie.

Né le 5 janvier 1937 à Essaouira, Tayeb Saddiki se perfectionne dans l'art dramatique en intégrant "La comédie de l'Ouest" à Rennes puis au Théâtre national Populaire à Paris mais aussi à l'école supérieure d'art dramatique de Strasbourg. Au début des années 1960, il fonde à Casablanca Al Masrah Al Oummali, le "Théâtre ouvrier" avant d'être nommé à la direction artistique du Théâtre national Mohammed V en 1964. Il cumulera ce poste avec celui de directeur général du Théâtre municipal de Casablanca jusqu'en 1977.

Dramaturge, cinéaste et plasticien Très prolixe, le dramaturge a écrit 85 pièces de théâtre dont la plus célèbre est "Al Haraz" parmi ses 36 adaptations de pièces étrangères, 24 pièces originales et 18 pièces écrites en collaboration. Au cinéma également, Tayyeb Saddiki se découvre à l'écran dans 18 films. Homme des Arts, Tayeb Saddiki se convertit aux arts plastiques et à la calligraphie arabe notamment dans près d'une vingtaine d'expositions en Tunisie, au Koweït, au Qatar, à Oman mais aussi en France, au Canada, en Belgique... L'homme est aussi connu pour avoir traduit et adapté plusieurs oeuvres. Une étoile du théâtre et des Arts s'est éteinte. Elle laisse à la

postérité une oeuvre énorme mais aussi une fondation qui porte son nom, destinée à la promotion des jeunes artistes en leur trouvant des sponsors et des mécènes. Hommages unamimes Tant l’homme était populaire et apprécié, tant les réactions à son décès ont été nombreuses et diverses; Au Maroc, bien sûr, mais également à travers le monde arabe, l’Europe et les Amériques. On retiendra entres autres, la réaction immédiate de Gad El Maleh qui «twittait» deux heures après l’annonce de la nouvelle, ces quelques mots qui résument tout «Très triste d'apprendre la mort d'un géant du theatre marocain.Tayeb Saddiki nous a quitté.Une voix et un pilier de notre patrimoine #RIP».

Hommage

Instauration d’une Journée Assia Djebar … ou la mémoire du désir de lire À l’occasion de la première journée commémorant le décès, le 6 février 2015, de l’écrivaine et membre de l’Académie Française, Mme Assia Djebar, l’association Racines et Confluences en partenariat avec l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ) a le plaisir d’annoncer l’instauration de la Journée Assia Djebar qui sera célébrée annuellement le 16 juin. C’est en effet le 16 juin 2005 qu’Assia Djebar, de son vrai nom Fatima Zohra Imalayène, fut élue au fauteuil numéro 5 de l’Académie française. Par son appartenance à la grande famille de la Francophonie, son combat féministe et les sujets abordés tels que la mémoire, l'histoire et l’identité, l’œuvre d’Assia Djebar trouve naturellement écho au Québec. D’ailleurs, elle est récipiendaire d’un doctorat honoris causa de l’Université Concordia. La Journée Assia Djebar vise à rendre hommage à l’universalité de l’œuvre de cette écrivaine francophone

d’origine algérienne qui lègue au monde de la littérature un héritage considérable Lors de cette journée, c’est l’ensemble de son parcours d’écrivaine, de cinéaste et de militante pour la cause des femmes qui sera présenté et célébré par les amoureux du livre mais aussi par celles et ceux pour qui Assia Djebar a entretenu le désir de lire. Quatre organismes et une initiative Quatre organismes se sont alliés dans cette initiative. . Racines et Confluences, un organisme sans but lucratif dont la mission est de promouvoir et diffuser les arts et la culture de la communauté algérienne du Québec, et ce, sous toutes ses formes; musique, chant, peinture, livre, théâtre, films et documentaires. Dans le cadre de la promotion de

l’interculturalité au Québec et au Canada, Racines et Confluences souhaite soutenir les artistes et les créateurs québécois issus de la diversité, et initier des projets qui favorisent l’appartenance au Québec et le dialogue des cultures. . L’Union des écrivaines et écrivains québécois (UNEQ) créée en 1977, qui est un syndicat professionnel qui regroupe plus de 1600 poètes, romanciers, auteurs dramatiques, essayistes, auteurs pour jeunes publics et auteurs d’ouvrages scientifiques et pratiques. L’UNEQ travaille à la promotion et à la diffusion de la littérature québécoise, au Québec, au Canada et à l’étranger, de même qu’à la défense des droits socioéconomiques des écrivains.

. Les Éditions Mémoire d’encrier, fondées à Montréal en mars 2003 par l'écrivain Rodney Saint-Éloi, et qui se sont fixé pour mandat de réunir des auteurs de diverses origines autour d’une seule et même exigence : l’authenticité des voix. Mémoire d’encrier est ce lieu-carrefour où se tissent rencontres, dialogues et échanges pour que les voix soient visibles et vivantes.

. Et enfin, SN Production, fondé en avril 2013, une compagnie de production artistique et cinématographique qui compte à son actif plusieurs créations artistiques et productions événementielles. SN Production est partenaire de plusieurs festivals de musiques, d’arts visuels et de cinéma à l’instar du Festival International Nuits d’Afrique de Montréal, le Festival du Monde Arabe, le Festival Orientalys, le Sunfest en Ontario, et le Festival «J’écris, comme tant d’autres femmes écrivains algériennes avec un sentiment d’urgence, contre la International de Cinéma et d’Arts visuels Vues régression et la misogynie. Je me présente à vous comme écrivain ; un point, c’est tout. Je n’ai pas besoin – je suppose – de dire « femme-écrivain ». Quelle importance ? Dans certains pays, on dit « d’Afrique de Montréal. écrivaine » et, en langue française, c’est étrange, vaine se perçoit davantage au féminin qu’au masculin.» Assia Djebar

J’écris…

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Arts & spectacles

«The Voice» Québec

Ania El Maachir, la Marocaine qui a séduit le jury… Elle a séduit le jury de la quatrième saison de "La voix" ("The Voice") au Québec, avec sa reprise de "Belleville rendez-vous", un morceau qui habille parfaitement la voix de la chanteuse de 35 ans. Cette reprise aux inspirations rock et jazz a réussi à faire tourner a réussi à faire tourner le fauteuil du chanteur Pierre Lapointe lors des auditions à l'aveugle. Elle, c’est Ania El Maachir, née il y a 35 ans d’une mère roumaine et d’un père marocain. Elle passe les cinq premières années de sa vie dans les montagnes de la Roumanie. Elle part ensuite au Maroc où elle suit toute sa scolarité. Puis, en 2000, elle s'envole pour le Québec où elle poursuit ses études en

traduction, un choix imposé par ses parents pour qui la musique n'est pas une option. Très attachée à sa passion, elle s'inscrit cependant, en cachette, à un concours de chant dans lequel elle enregistre une démo qui ne verra jamais le jour. Elle finit donc par tout abandonner. À 25 ans, elle décide de se consacrer à sa deuxième passion, le cinéma, à l'université de Montréal. Aujourd'hui, elle possède sa propre entreprise dans le domaine cinématographique; ce qui ne l’a pas empêchée de se de redonner une chance à la chanson. Avec son grain de voix particulier et grâce à sa qualification à l'émission "La Voix", nul doute qu’elle ne tardera pas se faire une place dans l'industrie de la musique aussi…

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Initiatives

“Le Poste du mois” du Forum des compétences canadomarocaines

Des clés d’accès au monde des technologies de l’information

Le Forum des compétences canado-marocaines a organisé, le jeudi 28 janvier dernier, son premier évènement “Le poste du mois”. Cette rencontre sous forme de 6 à 8 visait le partage de connaissances et d’expériences entre professionnels de haut niveau dans leur métier et domaine d’expertise et immigrants établis ou nouveaux arrivants. Cette première édition proposait le secteur des technologies de l’information. Cinq panélistes étaient présents afin de communiquer les étapes à franchir vers le monde professionnel canadien, leurs parcours particuliers, leurs expériences de terrain et leurs précieux conseils. Ce domaine nécessite plusieurs compétences variées en raison de l’évolution rapide de ce secteur et sa pertinence grandissante dans l’économie numérique. Plus de soixante participants étaient présents. Des panélistes de haut niveau et de précieux conseils Le panel de ce premier 6 à 8 était constitué de cinq professionnels aux parcours divers et complémentaires: Hassan el Bouhali (Vice-président des

technologies de l’information et de la communication chez BRP), François Banville (Partenaire exécutif Programmes exécutifs « ExP » chez Gartner), Jean-Pierre Gaudreau (Directeur de projet chez Morgan Stanley), Mustapha Essalihe (Architecte de solutions et Consultant chez Via Rail) et Steve Pinard (Analyste d’affaires principal à la Banque Nationale). Plusieurs conseils ont été mentionnés, tels que la nécessité d’acquérir des compétences diverses. En effet, la polyvalence est mot d’ordre; des expériences professionnelles en dehors du cursus académique sont à privilégier. Elles enrichissent les savoirs-faire, permettent la rencontre avec d’autres parcours professionnels et complémentent les compétences individuelles.

L’insertion dans des groupes professionnels, des associations et organisations, ainsi que la participation à des évènements et conférences alimentent les réseaux de connaissances, en plus d’ouvrir les horizons. De plus, ces prises de contact permettent l’apprentissage de la culture locale et l’adaptation socioéconomique, vitale au développement professionnel.

L’apprentissage de langues constitue un atout indispensable, notamment l’anglais. En outre, l’importance des compétences transversales a été soulevée. Les sociétés et organisations priorisent l’acquisition d’habiletés et d’aptitudes complémentaires au savoir théorique, telles que la capacité de travailler en équipe et de gérer les conflits, l’art de la présentation et de la communication, la créativité et l’autonomie, la flexibilité et la polyvalence, etc. Ces capacités sont cruciales dans une candidature.

organismes canadiens et marocains en vue de faciliter l’intégration, le dialogue interculturel et l’investissement entre les deux pays. Les principaux objectifs du Forum sont d’améliorer l’employabilité et l’entreprenariat, de renforcer l’engagement citoyen, de valoriser les compétences canadomarocaines, de favoriser les liens de coopération entre le Canada et le Maroc et de répondre aux besoins de ses membres.

Les femmes possèdent les mêmes contraintes et atouts et ont toute la place qui leur est due dans ce domaine.

Selon le panéliste Mustapha Essalihe, “il faut se spécialiser dans un métier TI particulier, tel qu’analyste, directeur de projets, architecte, développeur, testeur/ assurance qualité, etc.”. La complémentarité des compétences est donc fondamentale. Le domaine des technologies de

Nominations

À propos du Forum des compétences canado-marocaines Le Forum des compétences canado-marocaines se donne comme principale mission de contribuer à l’échange de compétences entre individus et

Informations : http://fcmrc.net/.

JCCCC

Soumya Tamouro au CA de la RAMQ

Un premier gala Afro canadien «Talents et innovation»

Lors de sa réunion du 16 décembre, le Conseil des Ministre à procédé à la nomination de Mme Soumya Tamouro en qualité de membre indépendante du conseil d’administration de la Régie de l’assurance maladie du Québec.

La première édition du « Gala talents et innovations, la soif de la réussite » organisée par la Jeune Chambre de Commerce Camerounaise du Canada aura lieu à Montréal le 18 juin 2016 à 18h00 à l'hôtel de Ville de Mont Royal.

Titulaire d’un Baccalauréat en sciences biologiques (1984) et d’une Maîtrise en sciences biologiques (1996) de l’Université du Québec à Montréal, Mme Tamouro est dans la vie active depuis 1993. Sa plus récente fonction est celle de Directrice du Programmes santé, volets recherche, formation et développement à l’Alliance des communautés culturelles pour l'égalité dans la santé et les services sociaux au Québec. Elle a auparavant occupé les fonctions de Conseillère en santé globale, Conférencière et consultante en santé environnementale, Consultante en valorisation et développement et

l’information n’est pas, bien évidemment, exclusivement masculin. Que notre panel ait été masculin est le fruit du hasard.

Le domaine des technologies de l’information est un domaine polyvalent; il peut aisément être jumelé à d’autres domaines, tels que la finance, la logistique, le transport, la santé, etc.

Ce gala vise à récompenser les entreprises, professionnels et travailleurs autonomes Afro canadiens qui se sont démarqués dans leurs domaines respectifs dans le cadre du développement entrepreneurial et économique du Québec et du Canada

Professeure d'anatomie et de physiologie humaine à l’Institut de recherche Bradford du Canada.

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La remise des prix se fera dans les catégories suivantes: •

Entrepreneur talentueux /

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Entreprise de l'année • Entrepreneur innovateur / Entreprise de l'année •

Leader politique émergent

• Artiste ou Designer talentueux d'entreprise • Professionnels de l'année (Financier, Ingénierie, Juriste, Éducation & Santé) • Organisme social qui s’est démarqué en coopérative • Entreprise canadienne faisant un gros volume d’affaires avec le Cameroun Infos : www.jcccam.org/evenement


Tourisme & loisirs

Festival international des cultures nomades

Le rendez-vous de Zagora

Du 18 au 20 Mars 2016, avec le soutien de la Province de Zagora, l’Association nomades du monde présentera à M’hamid El Ghizlane, (près de Zagora au Maroc), la 13ème édition du Festival International des Nomades. Onze éditions ont ancré ce festival dans le sud-est du Maroc et ont fait de M’hamid El Ghizlane, cette commune rurale de 8000 habitants vivant aux confins du désert, un lieu de prédilection pour un voyage culturel de haute facture.

talents.

Fidèle à sa tradition, le festival promet d’enflammer de nouveau le désert par des musiques qui font la part belle à la culture nomade et ce, durant trois jours. Trois jours de convivialité, de partage, de fête et de réflexion auxquels les populations locales, les artisans de toutes corporations, les artistes locaux, nationaux et internationaux sont invités à participer avec leur savoir-faire et leurs

Dans un autre registre, le public sera emporté par le style du chanteur guitariste Malien Afel Bocoum, initié dès son enfance à la musique par son oncle Ali Farka Touré.

Musique, chants et… Hockey sur sable Comme chaque année, différents styles de musiques, de chants et danses y seront mis en exergue. Le programme prévoit une quinzaine de concerts hauts en couleurs et en émotions comme celui de Terakaft, les célèbres Touaregs spécialistes du blues du désert évoluant désormais vers des rythmes plus dynamiques voisins de la transe.

Multipliant les genres, d'autres artistes de renom se joindront à la fête, tels que La Nati dansant «Yalil Flamenca», les Norvégiennes Sapmi chantant le Joïk, les marocains Mnat

Azawan, Said Senhaji, Farid Ghannam, Said Charaadi, Kel Tamasheq Oued Noun, Dakat Sif, les groupes locaux des jeunes de M'hamid…

Le festival fait aussi la part belle à la réflexion et dans ce sens, Le Forum des Nomades présentera des conférences et débats autour des thématiques suivantes : - l’agriculture en zone oasienne, au service des nomades - le patrimoine des Kasbah de M'hamid (avec un atelier sur la réhabilitation des kasbah de Mhamid) Chaque jour, le festival proposera des activités traditionnelles nomades telles que course de dromadaires (Ellaz), match de hockey sur sable (Mokhach) et présentera à ses hôtes l’une des préparations essentielles au désert: le pain de sable (Mella).

Pendant les 3 jours, le public pourra à loisir visiter les expositions de produits du terroir, d'artisanat, de peintures, de philatélie de la Poste Maroc. Une 13ème édition du Festival International des Nomades qui

promet bien d’autres surprises… Contacts: nomadescontact@ gmail.com Infos : www.nomadsfestival. org

26e Rallye Aïcha des Gazelles

Une aventure féminine à ne pas manquer Ayant franchi le cap des 25 éditions en 2015, le Rallye Aïcha des Gazelles du Maroc reprend la route cette année avec 165 équipages et 330 femmes pour une saine compétition internationale tenue du 18 mars au 2 avril, les amenant hors des sentiers battus et vers de nouveaux horizons personnels.

Constamment renouvelé, le Rallye fait honneur à son statut de précurseur d’un concept unique au monde : le seul raid tout terrain horspiste où les participantes s’orientent à l’aide d’une carte topographique et d’une boussole. Cette innovation perpétuelle et son écoute des préoccupations sociétales, médicales, environnementales et éducatives lui ont permis de se mériter une légitimité inégalée auprès du public, des populations du Maroc, de ses partenaires, et surtout des gazelles. Cette notoriété lui a également valu une place de choix dans le top 10 du Lonely Planet des activités féminines à ne pas rater! « Gazelles, un jour – Gazelles toujours! » Pour ces femmes, il s’agit de l’aventure d’une vie.

Cinq témoignages «Le RAG, un défi, une expérience, une aventure et des rencontres qui changeront votre vie» déclare Nathalie Leblanc, agricultrice et participante au précédent Rallye. Pour Nathalie « La Gazelle » Breton, agente correctionnelle «Le RAG est une expérience qui, en plus de nous sortir de notre zone de confort et nous faire voir des paysages inoubliables fait que notre vie est suspendue et que rien n'est plus important que le temps présent, avec soi-même dans les bons comme les moins bons moments. C'est là où tous nos sens sont importants, même le 6e...» Stéphanie Samson, infirmière clinicienne en salle d'urgence affirme : «Je n'ai jamais vécu une expérience aussi intense, spéciale et enrichissante. J'en rêve encore... Toujours! Je le referais sans hésiter une seconde! De plus, j’ai fait le rallye avec la meilleure coéquipière que je pouvais avoir! Malgré toutes les différentes épreuves vécues, nous avions une merveilleuse

complicité et nous avons eu que du plaisir! Je suis vraiment fière et heureuse d'avoir participé au rallye AÏCHA des gazelles 2015. J'ai cette expérience inoubliable tatouée pour toujours dans mon cœur... Et sur le poignet!». «Chaque jour, les difficultés techniques, la fatigue et l’ampleur du défi sont plus grands que la veille si bien qu’au bout, nous ne pouvons découvrir qu’une seule chose : il n’y a plus de limite à ce que l’on peut faire! C’est une sensation extraordinaire! » estime pour sa part Geneviève Bécotte, médecin d’urgence «Cette aventure a été une découverte à tous les niveaux; le pays, les coutumes, le dépassement de soi. Le Rallye des Gazelles est une organisation rodé au quart de tour qui veut dire que tout ce que vous avez pu lire, écouter, voir sur leur site internet ou à des colloques rendus au Maroc vous allez retrouver une organisation à la hauteur de leur image» dit enfin Guylaine Landry, représentante pharmaceu-

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tique. Une aventure humaine, sociale et environnementale L’implication du rallye-raid dans la communauté – tant marocaine qu’humaine – participe pareillement à en faire un événement incontournable du calendrier sportif annuel et un de ceux qui créent un fort sentiment d’appartenance. Depuis 2010, le Rallye Aïcha des Gazelles peut se targuer d’être le seul événement automobile au monde à avoir obtenu la certification environnementale ISO 14001. Au niveau social, son association caritative

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Cœur de Gazelles parcourt le Maroc depuis 2001 afin de prodiguer des soins médicaux, oculaires et dentaires, en plus d’accorder un soutien récréatif, scolaire et monétaire aux populations dans le besoin. Finalement, son association avec la campagne Nourrir un enfant de L’Œuvre Léger permet de remettre 1$ pour aider les familles pour chaque balise trouvée par un équipage québécois. Infos : www.rallyeaichadesgazelles.com


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Sports

Naissance d’une Fédération Royale Marocaine de Hockey sur Glace

Dix ans d’efforts et quelques résultats…

La Fédération Royale Marocaine de Hockey sur Glace (FRMHG) est née.

Cette naissance a eu lieu le 8 février 2016 à Rabat. La FRMHG va ainsi prendre la relève de l’Association Nationale Marocaine de Hockey Sur Glace (ANMHG) en tant qu’organisme régulateur de ce sport au Maroc. La FRMHG est le fruit de travail, de détermination, de la vision de quelques artisans et passionnés du Maroc et du Hockey. Bien avant

l'ouverture de la première patinoire en 2005, des pionniers marocains, passionnés de hockey, ont eu la vision de la place du Maroc parmi les grands de ce sport.

En effet, des travailleurs infatigables, à leur tête Khalid Mrini, ont amené la première équipe arabe et musulmane au prestigieux tournoi Peewee de Québec en 2006. Ils ont réussis à former une équipe en 2008 pour gagner la médaille de bronze à la Première Coupe Arabe des Nations.

L'admission du Maroc à la grande famille de la Fédération Internationale de Hockey sur Glace en 2010, fut une reconnaissance mondiale pour le Hockey Marocain. Enfin le drapeau de notre pays flotte auprès des grands du Hockey. Aujourd'hui est donc franchie une étape importante pour le hockey marocain mais le travail ne fait que commencer… Infos : www.moroccohockey. com

Khalid Mrini, président de la fédération Royale Marocaine de Hockey sur Glace

Tae kwon do - École des Champions Olympique

19 médailles à la finale régionale des Jeux du Québec MontréalConcordia 2016 Le consortium des clubs de l’école des Champions du Collège Rosemont, de l’école des champions De Salaberry ainsi que de l’école secondaire Honoré Mercier a participé avec 19 athlètes, ces derniers se sont démarqués à l’occasion de la Finale Régionale des Jeux du Québec qui s’est déroulée au Centre Sportif Côte des neiges le 31 janvier 2016.

Les jeunes engagés ont tous récolté au moins une médaille. Le palmarès : Médailles d’or - Salma Kaouba - Abderrahmane Yahya El Mahjoubi - Karim Haddadine - Lina Afkar

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Yacoub Afkar

Médailles d’argent - Khalil Ibrahim Es Sabbar - Ahmed Kossai Oudjai - Wail Oudjai - Désirée Baillargon - Lyna Mechouche - Ahmed Zerouk - Samuel Lapointe - Samuel Durocher Médailles de bronze - Amine Guernaoui - Nizar Es Sabbar - Ilyasse Zerouk - Mamadou Sileye Ba

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Écrits Libres

Les miracles de l’amour … ou comment vaincre la haine Par Jawad El Kaouny La question que toute personne sensée poserait est : Un français de la croix rouge, ancien détenu et, de surcroit, torturé physiquement et psychologiquement lors de la guerre d’Algérie, accepterait-il que l’homme de la vie de sa fille soit un Maghrébin? Cette belle histoire a pourtant bien vu le jour ; dans une bibliothèque universitaire, quand une jeune étudiante française en archéologie, absorbée par la lecture d’un livre sur l’Égyptologie attira l’intention du jeune étudiant, marocain lui, natif de la ville impériale de Fès dont les remparts et les ruelles témoignent d’une civilisation de plus de 12 siècles. Le jeune homme a retrouvé en cette jeune fille si spéciale, une interlocutrice passionnée et intéressante ! Était-ce une prémisse d’un amour impossible? Les rencontres se multiplièrent et l’archéologue passionnée par l’Égyptologie et la culture Arabe, commença à s’attacher de plus en plus à ce jeune maghrébin, qui décrivait si bien sa ville natale fondée à la fin du VIIIème siècle et considérée comme l'une des capitales de la civilisation arabomusulmane. L’art et la manière La jeune étudiante portait avec grâce le nom de “Marie”, elle avait pour elle la beauté, l’art et la manière. Elle chantait et jouait de la flute et était accompagnée et encouragée par son futur amoureux qui avait toujours, pour la conquérir, une mission plutôt impossibleà accomplir. Les liens commencèrent à se tisser à la faveur des passions qu’ils partageaient et donc la musicienne, appelée « mon ange » par le jeune Marocain, ne le quittait presque plus ; elle mentait à ses parents, prétendant qu’elle allait passer la soi-

rée ou la nuit chez ses copines par peur de son père considéré, d’avance, réfractaire à toute relation avec un maghrébin. Car ceci aurait pu lui coûter une crise cardiaque de savoir sa fille unique, amoureuse d’un arabe. Ce père, habitué à écouter sa Marie chanter tout le temps et faire ses gammes dans le jardin de leur belle demeure, n’admettrait, probablement, pas facilement un tel rapprochement. Les belles rencontres commencèrent donc chez le jeune marocain. Il avait d’ailleurs une belle vue, depuis la terrasse de son appartement au 12ème étage, donnant sur un lac et une forêt verdoyante. Les tagines aux prunes ou aux olives et le thé à la menthe, spécialités qui caractérisent les habitants de Fès reconnus pour leur hospitalité, donnaient à leurs retrouvailles un caractère de générosité des plus agréables. Pendant que les tajines mijotaient, Marie chantait Céline Dion, elle adorait fredonner la chanson-thème du film Titanic. Elle ne la chantait jamais auparavant, mais elle l’avait apprise, dès qu’elle avait su que c’était la préférée de son amoureux. Le balcon du 12ème étage était ainsi souvent transformé en proue du Titanic! Le jeune Marocain passionné aussi par le théâtre et souvent de bonne humeur, se trouvait par ailleurs dans une situation délicate : son ange aimait répéter ses exercice de flûte chez lui pendant le week-end ; et les voisins dérangés, venaient frapper à sa porte et se plaindre du bruit. Mais lorsque Marie lui posait une question sur l’objet de leurs doléances, il lui cachait la vérité pour ne pas la voir triste! Mais, malheureusement les voisins n’en pouvant plus et l’ayant fait savoir, depuis lors les répétitions de Marie se faisaient en plein air, sur les bords du lac.

De la tristesse au miracle… Les cachotteries entourant leur relation rendaient cependant Marie un peu plus mélancolique chaque jour. Tristesse et peur de perdre celui en qui elle croyait, vraiment et dont elle savait qu’il ne tolérerait pas le moindre propos raciste de la part de son père sans riposter. Le jeune homme de son côté ne pouvait plus supporter de voir son ange attristée. Il lui a donc soumis l’idée d’une rencontre avec son père ; une rencontre pour échanger et se connaître d’avantage. Le père, évidemment, refusa catégoriquement. Les jours passaient et Marie se montrait de plus en plus triste en rentrant chez ses parents. Devant l’état de sa fille, la maman prit les devants et exigea que le père de Marie rencontre le jeune homme. Papa n’avait plus le choix… La rencontre eut donc lieu. Le jeune homme, un bon orateur avec une belle capacité de conviction, pu changer l’avis d’un homme qui ne tolérait même pas de voir un Arabe dans la rue. Et à la fin de leur

entretien, le père finit par penser « mais il est gentil celui-là ! Il est différent », et demanda au surplus au jeune homme de lui parler davantage de sa ville natale. Marie s’est vue renaitre de ses cendres et ses yeux se mirent à briller… Et Marie ne pleura plus ! Enfin Marie ne pleurait plus et s’entendre chanter de très loin ; les sorties et les longs weekends se faisaient en la présence de ses parents ; Marie fera découvrir à son aimé le musée normand de la 2ème guerre mondiale, le Mont Saint Michel, les falaises d’Étretat, l’aquarium de Saint Malo, le plus grand port d’Europe, celui du Havre. Toujours dans la joie et le plaisir. Marie a enfin pu emménager chez son amoureux, les parents très attachés à leur fille passaient les voir presque tous les soirs, partager des tagines et surtout goûter au vin Sidi Brahim que le papa a dégusté et adoré bien qu’il fut de production algérienne. Tous quatre se voient désor-

mais sur une base régulière. Le jeune en vient même à «comploter» avec devenu son meilleur ami, surtout pour amener Marie à changer aux sortie et aux weekends en famille. Le père commençât à apprécier le jeune Marocain, au point où quand Marie rentrait seule chez ses parents, il s'inquiétait de savoir ou était le Prince des Arabes, petit nom qu’il lui attribuait dorénavant. Il ira encore plus loin, en jouant l’intermédiaire à l’occasion de petites mésententes qu’il effaçait le temps d’un séjour à Paris et au pied de la tour Eiffel… Saint Valentin et cultures L’amour a donc fini par gagner. Ce qui n’étonnera personne, surtout à l’approche de la fête de la Saint Valentin. Qui verra, nous l’espérons, tous les hommes de la terre, valoriser les femmes comme surent toujours le faire les arabes et leurs poètes, dont le «chantre des femmes», Nizar Qabbani, auquel on doit et devra toujours, les plus beaux chants d’amour et d’estime.

Nécrologie Bensoussan, Fiby (née Assayag) Le jeudi 4 février 2016, dans sa 96-ième année est décédée Mme. Fiby Bensoussan, épouse de feu Salomon Bensoussan, mère et belle-mère bien-aimée d’Aimé et Liliane, Raphaël et Lydia, Albert et Susan, David et Adelia, Madeleine, Michel et Perlette, Daniel et Myriam, Katia et Suli Tchernin, chère sœur de Simy Corcos, Zarie Ebguy, Hanna Lahmi, Sam Assayag, France Assayag, feu Meyer Assayag, feu Messody Benisti, feu Jacob Assayag, et feu Maurice Assayag, grand-mère chérie de 34 petits-enfants et arrière-grand-mère de plus de 60 arrière-petits-enfants. Ses nièces, neveux, sa famille, ses amis, ainsi que les familles de feu Samuel et feu Hassiba Lancry et de feu Moïse et feu Hassiba Bensoussan se souviendront d’elle avec amour et tendresse. Sa famille voudrait remercier Rachilda Flores pour ses soins et sa dévotion.

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