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nº 275 du 7 au 20 avril 2016

Pour vos annonces dans le journal Atlas.Mtl:

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Politique Entretien avec François Legault

La Coalition Avenir Québec à cœur ouvert…

Journées Culturelles Marocaines 2016

Plusieurs centaines de maroco-ontariens font la fête

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Revenu Québec : Des vérifications fiscales de plus en plus nombreuses

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«Affaire Sam Hamad» : le ministre quitte ses fonctions …

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Hommage

Les sept vies de Jean Lapierre

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222 453$ à 78 organismes communautaires Page 33

Vos impôts 2015

Ce que vous allez gagner… … et ce que vous risquez de perdre

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Editeur : Abdelghani Dades. Directeur Général Rachid Najahi. Rédaction : Abdelghani Dades, Narjisse El-Bakkali, Zahira Ellahgui, Mona Doutabaa, Said Chayane, Reda Benkoula Publicité : Agence Odyssée Conception et Réalisation Graphique : Atlas Média Atlas.Mtl est un produit du. GROUPE ATLAS MEDIA Inc Editeur de. * La Voix des Marocains à Montréal et du site web: www.atlasmedias.com

(514) 962-8527 (514) 994-9582 Courriel: admin@atlasmedias. com Site web: www.atlasmedias.com https://www.facebook.com/Nachid. Najahi?ref=hl

Depuis 2002 Groupe Atlas Media Treize ans, c’est… • 273 numéros du bimensuel Atlas.Mtl, soit plus de 7780 articles exprimant la sensibilité maghrébine et valorisant la dimension maghrébine de la société dans laquelle nous vivons; • Une cinquantaine d'événements identitaires, artistiques, culturels et politiques; • De nombreux débats, colloques, séminaires et conférences, • 116 reportages sur la communauté pour les chaînes de télévision 2M, AlMaghribia, Ai Aoula, Arrayadia; • 365 émissions radio (de 2002 a 2009); • Un site web ayant accueilli plus de 9.1 millions de visiteurs depuis 2003 et qui dans sa nouvelle version (mise en ligne début 2012) et qui reçoit en moyenne 2500 visiteurs par jour.

Éditorial

Édito

Politique : Faire ce que l’on dit; dire ce que l’on fait… Toute la semaine écoulée, et certainement tout au long des prochaines semaines, c’est la politique qui dans le collimateur des observateurs et des analystes. Pas pour les bonnes raisons cependant. Entre allégations et révélations, l’impression qui prévaut est celle d’un grand déballage, d’un grand lavage – public – de «linge sale»; rien pour redorer l’image de ceux qui nous gouvernent ou dissiper le cynisme qui fait boule de neige depuis quelques législatures déjà.

Cela commence par des «bilans» sans complaisance, livrés par des sondages d’inspiration assurément politique; donc – peut-être – un peu moins scientifiques que la science de la mesure de l’opinion publique ne le laisserait espérer et qui ne cachent pas qu’ils se livrent à une «lecture» des impressions des personnes sondées plus qu’à des analyses factuelles quantifiables. Au premier rang de ces bilans : notre vécu de ces dix dernières années. On en apprend que nos concitoyens pensent « que le temps d’attente dans les urgences a augmenté (54 %) ; que la qualité des services offerts dans les écoles s’est détériorée (61 %) ; que la situation économique du Québec a subi le même sort (68 %) ; que les impôts et les taxes ont augmenté plus vite que les revenus (69 %) ; et que la situation de la langue française s’est détériorée (51 %)». Au final, moins de 10 % des répondants ont vu des améliorations quelque part. Voilà bien un premier constat d’échec… Des actes qui contredisent (trop) souvent les discours… Second bilan : les deux années du gouvernement. À ce sujet, M. François Legault, Chef de la CAQ, deuxième parti d’opposition, croit dur comme fer que (…) «Entre les augmentations des tarifs de garde, d’électricité, des taxes scolaires et taxes sur l’essence, nous avons cal-

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culé qu’il y avait 1200 $ d’augmentation annuelle par famille. Autrement dit, après 2 ans de régime libéral, les familles québécoises ont 1200 $ de moins dans leurs poches chaque année». Et c’est au surcroît «un montant net». «Lors de la dernière campagne électorale M. Couillard s’était engagé, ajoute M. Legault, à ne pas augmenter les tarifs de garde, il les a augmentés. Il s’était engagé à ne pas augmenter les tarifs d’électricité, il les a augmentés. Il s’était engagé à remettre l’argent des taxes scolaires de l’année précédente. Il a augmenté ces taxes», avant de conclure en jugement couperet que «Ce sont toutes là des promesses rompues par Monsieur Couillard». Mais si vous croyez que le gouvernement Libéral est le seul à avoir fauté, détrompez-vous. Dominique Lebel, conseiller de la première ministre Pauline Marois pendant les 19 mois de son gouvernement minoritaire, vient de publier un ouvrage - «Dans l’intimité du pouvoir: journal politique 20122014» - dont la lecture laisse l’impression que l’équipe de Mme Marois était «Un gouvernement dans l’urgence constante, parfois en panique, très perméable à l’opinion publique. Et qui n’a donc jamais pu asseoir correctement sa stratégie».

On apprend aussi que « ses propres ministres n’étaient pas au courant de négociations (…) en cours et que « Tout (pouvait parfois se faire) fait en catimini, et placer les ministres devant le fait accompli»; que Mme Marois n’aimait pas certains de ses ministres ni leurs projets; qu’elle avait renoncé à l’idée d’organiser un référendum etc.; c’est-à-dire tout le contraire du discours qu’on lui a entendu tenir. Aux antipodes de la transparence? Si l’on considère que la gestion

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d’un État ressemble à celle d’une entreprise, et si l’on retient pour vrai ce que disent les spécialistes du management – qui recommandent aux patrons de toujours «faire ce que l’on dit, toujours dire ce que l’on fait» pour conserver la confiance des ressources humaines qu’ils dirigent et leur motivation - force est alors de constater que nous sommes ici aux antipodes de la transparence. Comment alors s’étonner que le cynisme civique et citoyen soit désormais l’appartenance politique majoritaire? On peut bien sûr faire référence à Machiavel et rejoindre Dominique Lebel qui, en début de livre affirme que «L’art de se taire est l’arme suprême en politique». Mais nous aurions aimé qu’il réponde à la question « Jusqu’à quelle dose ce silence est-il utile et à partir de quelle dose devient-il nocif?». Réinventer le Québec Peut-être avons-nous d’ailleurs déjà dépassé la dose prescrite. Nous n’en voudrons pour preuve que la prise de position récente de M. Camil Bouchard (pas le premier venu en politique québécoise!). Ou celle de Paul St-Pierre Plamondon : « Il faut se rendre à l’évidence : le Québec se trouve dans un cul-de-sac démocratique. Les libéraux peuvent demeurer au pouvoir jusqu’en 2022, et peut-être même jusqu’en 2026, parce qu’aucun des autres partis politiques ne semble capable de gagner contre le PLQ ». Ce dernier, par ailleurs fondateur du Mouvement des Orphelins Politiques, envisagerait même de créer un nouveau politique pour «réinventer le Québec». Dommage toutefois que, dans ces deux cas, on ne se préoccupe que d’éviter « un monopole libéral au Québec»; pas d’explorer les voies cers une nouvelle Révolution tranquille…

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Argent

Vos impôts 2015 Ce que vous allez gagner… … et ce que vous risquez de perdre L’année fiscale 2015 pourrait passer à l’histoire pour deux raisons: la mort des «garderies à 7 $» au Québec et la dernière année de plusieurs mesures fiscales signées Harper au fédéral.

remboursable pouvant atteindre 2 000 $. Le conjoint au salaire le plus élevé peut fractionner son revenu et attribuant jusqu’à 50 000 $ à son conjoint, ce qui baisse le taux d’imposition applicable. • du crédit pour activité artistique des enfants (jusqu’à 75

«En effet, au provincial, la seule grande nouveauté cette année est le début du versement de la contribution additionnelle pour les services de garde subventionnés», explique Sylvain Moreau, associé en fiscalité au cabinet Raymond Chabot Grant Thornton, au bureau de St-Jérôme. C’est le grand coup

à la déduction pour frais de garde pour toutes les tranches d’âge: • pour les enfants âgés de 6 ans ou moins, les frais déductibles sont majorés de 7 000 $ à 8 000 $; • pour les enfants âgés entre 7 ans et 16 ans, les frais déductibles sont majorés de 4 000 $

Allocations familiales fédérales : un petit «plus»

• Le montant maximum accordé pour avoir fréquenté un pensionnat ou une colonie de vacances passe de 175 $ à 200 $ par semaine pour un enfant de moins de 7 ans, de 100 $ à 125 $ Selon Ottawa, les familles avec près de pour un enfant âgé entre 7 d’éclat du tout premier familles admissibles 200 000 $ de revenu et 16 ans et de 250 $ à 275 Du côté du fédéral, c’est budget du gouvernerecevront 2 300 $ de annuel ne recevront $ par semaine pour un le calme avant la tempête. ment Trudeau: avec plus en moyenne pour à elles pratiqueenfant atteint d’une défi«Le premier ministre enfants, 9 familles sur 2016-2017 et ces nou- quant ment rien. 10 recevront plus velles sommes seront cience grave et prolongée. Justin Trudeau a promis d’argent de la part du libres d’impôts. • Le crédit pour la condition de baisser les impôts de la Fait à noter: fédéral. Les libéraux physique des enfants deviclasse moyenne, de taxer canainjecteront 9,8 milTel que promis lors de l’Allocation ent remboursable (jusqu’à davantage les riches et de dienne pour enfants liards de plus sur deux la dernière campagne 150 $). remplacer toutes les press’avère légèrement ans pour soulager électorale, le gouvermoins généreuse que Au niveau provincial : Une tations visant les familles financièrement les nement réduit par la promise par Justin ombre au tableau établies par le gouverneparents du pays. même occasion son Trudeau lors de la Au provincial, en 2015, les ment Harper. Mais ce ne soutien aux familles dernière campagne familles profitent aussi de sera effectif que pour Dès le 1er juillet, le les plus aisées. De électorale. Les ces changements: l’année fiscale 2016.» gouvernement cessera façon générale, les familles plus nomde verser la PFCE et couples gagnant au• Québec a adopté la même breuses, avec trois la PUGE, l’Allocation delà de 150 000$ par Au niveau fédéral : renou plus, recev- majoration de la déduction canadienne pour année recevront moins enfants dez-vous en 2016 ront notamment moins pour frais de garde que le enfants prendra alors d’argent gouvernement fédéral relaEn ce qui concerne 2015, que prévu. le relais. qu’auparavant pour tivement aux enfants âgés des petits changements leurs enfants. Les entre 7 et 16 ans (passant de fiscaux favorisent tout de 4 000 $ à 5 000 $), ainsi même certains conque pour ceux atteints d’une tribuables, notamment les à 5 000 $. La même limite est incapacité grave (passant de $) familles (ménages avec 10 000 $ à 11 000 $). En ce applicable si l’enfant est âgé En 2015, elles profitent aussi enfants mineurs), souligne le de plus de 16 ans et est atteint qui a trait aux enfants âgés de des changements suivants: fiscaliste. moins de 7 ans, le montant d’un handicap qui n’est pas • majoration de la Prestation accordé est de 9 000 $, tout considéré comme étant grave universelle pour la garde Depuis 2014, au fédéral, les comme en 2014; et prolongé; d’enfants (PUGE) jusqu’à familles bénéficient déjà de: • majoration des dépenses 1920 $ par enfant de moins de • pour les enfants atteints • la Baisse d’impôt pour les d’une déficience grave et pro- admissibles au crédit pour 6 ans et jusqu’à 720 $ par familles, qui, permet aux activités des enfants (jusqu’à longée, la limite des frais familles avec enfants mineurs enfant âgé de 6 à 17 ans; déductibles est majorée de 10 60 $ et 120 $ dans le cas d’un • augmentation de 1000 $ du de fractionner leur revenu enfant atteint d’une défimontant déductible applicable 000 $ à 11 000 $. pour obtenir un crédit non

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cience). «Même si rien ne s’adresse spécifiquement aux familles monoparentales, elles sont tout de même gagnantes puisqu’elles profitent aussi de toutes ces mesures, explique Sylvain Moreau. Elles seront toutefois aussi assujetties à la nouvelle contribution additionnelle pour services de garde.» Mais il y a une ombre au tableau: la cotisation additionnelle pour frais de garde En effet, «ce qui surprendra plus d’une famille», dit le fiscaliste, c’est le dégel des frais de garde au provincial. En plus du tarif journalier de base de 7,30 $ par enfant en services de garde subventionnés, les parents doivent désormais verser une contribution additionnelle modulée selon leurs revenus. Comme elle est entrée en vigueur en avril 2015, la contribution additionnelle exigée ne sera que partielle cette année (182 jours). Pour le premier enfant, elle variera de 0,70 $ à 12,70 $ par jour. Ainsi, elle variera de 128 $ (0,70 $ X 182) pour les

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Résistance

Continuer de croire en un bonheur possible… Suite de la page 5

ménages ayant des revenus familiaux supérieurs à 50 000 $ à 2 311 $ (12,70$ X 182) pour les ménages gagnant plus de 155 000 $ par an. Cependant, lors du dépôt du budget en le 17 mars 2016, le gouvernement du Québec a annoncé réduire de 50 % la contribution additionnelle exigée pour un second enfant en services de garde subventionnés. Cette réduction s’applique aussi pour l’année 2015. «À titre d’exemple, pour un couple ayant un revenu de 100 000 $ qui paie une contribution additionnelle pour deux enfants, la réduction de 50 % à l’égard du deuxième enfant aura pour effet de réduire le tarif quotidien de 11,41 $ à 9,36 $.Pour l’ensemble de l’année 2015, la contribution additionnelle sera réduite de 374 $, lit-on en page 123 du du document de présentation du budget. Pour un couple qui paie une contribution additionnelle maximale à l’égard d’un deuxième enfant, le tarif quotidien passera de 20,00 $ à 13,65 $, soit une économie de 1 156 $ pour 2015.» À noter qu’aucune cotisation additionnelle n’est exigible pour un troisième enfant ou plus – seul le tarif journalier de base continue alors de s’appliquer pour ces derniers. Autre bonne nouvelle: la contribution additionnelle pour frais de garde subventionnés peut être déduite à titre au

fédéral, indique Sylvain Moreau, ce qui réduit son coût net pour les familles selon les taux d’imposition appliqués à leurs revenus.

De l’avis du fiscaliste, avec l’entrée en vigueur de la cotisation additionnelle, il y a des gagnants et des perdants au sein de l’ensemble des familles. Les gagnantes sont celles dont le revenu familial n’excède pas 50 000 $ car elles n’ont pas à payer de cotisation additionnelle et continuent donc de débourser que le tarif de base journalier, soit 7,30 $ pour 2015 et 7,55 $ pour 2016. Les familles bien nanties dont le revenu excède largement 155 000 $, sortent aussi gagnantes. «Par exemple, une famille empochant 500 000$ par an profitent d’une contribution additionnelle plafonnée au montant maximum de 12,70 $ par jour, soit le même montant que doit payer une famille empochant 155 000 $. Or, proportionnellement, cette contribution est beaucoup plus importante pour la dernière que pour la première», explique Sylvain Moreau. Il ajoute que les familles perdantes sont celles dont le revenu est de 155 000 $ ayant deux enfants fréquentant une garderie subventionnée. Sur la base de 182 jours de garderie en 2015, le coût de cette contribution additionnelle est de 2311 $ pour le premier enfant et de 1156 $ pour le second enfant, soit une dépense de 3467 $ (avant le crédit

fédéral).

«Cette cotisation sera calculée à partir des informations inscrites sur le relevé 30 que la garderie a dû remettre aux parents avant le 29 février 2016», précise Sylvain Moreau. Toute stratégie permettant de réduire le revenu net familial sera utile pour réduire la contribution additionnelle à payer, par exemple une contribution importante au REÉR», ajoute-t-il. Les parents peuvent estimer leurs frais de garde et faire des provisions pour l’an prochain, en déposant l’argent dans un compte d’épargne ou augmentant leurs retenues à la source à chaque paye. Quatre mesures Âge d’or En plus du crédit pour activités des aînés (jusqu’à 40 $) qui reste le même pour 2015, plusieurs mesures provinciales avantagent les aînés, qui ont dorénavant droit à: • la nouvelle subvention aux aînés de 65 ans et plus qui subissent une hausse significative des taxes municipales – seules unités résidentielles d’un seul logement, dont la valeur a augmenté d’au moins 28,12 % au dernier rôle d’évaluation foncière sont admissible; • augmentation du montant déductible donnant droit au crédit remboursable pour maintien à domicile des aînés, qui permet à une personne autonome de 70 ans et plus de déduire jusqu’à 6 435 $ de dépenses visant à entretenir sa demeure; • augmentation du crédit pour les travailleurs de 65 ans et plus (jusqu’à 601 $);

• bonification du crédit pour aidant naturel prenant soin de son conjoint de 70 ans et plus (jusqu’à 915 $) À noter: au fédéral, le crédit pour aidant familiaux reste le même (jusqu’à 314 $). Les perdants de l’année Pour 2015, un étudiant à temps plein n’a plus le droit au crédit provincial relatif à la prime au travail sauf s’il est parent d’un enfant résidant avec lui. De leur côté, les travailleurs qui versent des cotisations syndicales et professionnelles perdent la moitié du crédit applicable à cette dépense. Autre «oubliés» des bonbons fiscaux en 2015: les personnes vivant seules, qui font pourtant face à une hausse considérable du coût de la vie, et dont le nombre ne cesse de croître au Québec. Selon l’Institut de la statistique du Québec, 16,5 % des Québécois vivent seuls, et à Montréal, cette proportion grimpe à une personne sur cinq.

«La seule mesure visant spécifiquement ces contribuables est le crédit provincial pour personnes vivant seules qui est d’un maximum de 268 $. Mais il faut gagner moins de 42 078 $ pour y avoir droit», souligne Sylvain Moreau. Dans les politiques fiscales, ces personnes ne semblent pas être une préoccupation, probablement parce qu’elles ne sont pas considérées comme étant des personnes défavorisées.» Si vous rénovez votre demeure, c’est votre dernière chance pour profiter du crédit d’impôt remboursable LogiRénov allant jusqu’à 2 500 $, qui sera aboli l’an prochain. Si vous possédez un immeuble locatif, vous devez désormais produire un relevé 31 et le remettre au locataire avant la fin février. Les renseignements fournis sur ce relevé seront utilisés par le locataire pour compléter sa demande de crédit d’impôt pour solidarité.

Revenu Québec : Des vérifications fiscales de plus en plus nombreuses

Depuis un an, le nombre de vérifications fiscales chez Revenu Québec est passé de près de 47 770 en 2013-2014 à 65 557 en 2014-2015. Cette hausse est expliquée en partie par le recrutement de près de 1100 nouveaux vérificateurs au cours des dernières années, mais également par le nombre de dénonciations qui reste élevé. C'est tout le contraire qui s'est produit pendant la même période à l'Agence du revenu du Canada (ARC), où le nombre de vérifications est en baisse. Selon des données obtenues

par la Direction générale des programmes d'observation, l'Agence du revenu du Canada a effectué 127 504 vérifications et examens pendant l'exercice financier 2014-2015, comparativement à 144 013 vérifications et examens en 2013-2014 et 157 296 en 2012-2013. Ces chiffres de l'ARC ne comptabilisent pas les vérifications fiscales au niveau de l'observation des employeurs et l'examen des comptes en fiducie. Dénonciations Revenu Québec a reçu 8994

dénonciations en 2013-2014 et 8187 dénonciations en 20142015. Depuis 2012-2013, l'Agence du Revenu du Canada a quant à elle reçu annuellement près de 30 000 « indices ». La situation du Québec détonne par rapport au reste du pays, explique Paul Ryan, avocat-fiscaliste. « Ça me surprend toujours. 8000 dénonciations par année [au Québec], c'est un chiffre énorme», affirme-t-il. 3,3 milliards récupérés Vérifications et dénonciations, Revenu Québec a récupéré 3,3

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milliards de dollars en 20142015. C'est près d'un milliard de dollars de plus qu'en 20092010, alors qu'on avait récupéré cette année-là 2,35 milliards de dollars. Si l'organisme récolte plus d'argent, ses vérifications fiscales à grande échelle ont fait l'objet de nombreuses critiques dans le plus récent rapport annuel de la protectrice du citoyen, publié en septembre 2015. Le porte-parole de Revenu Québec, Stéphane Dion, affirme que l'organisme a changé ses façons de faire. « Il y a un virage à Revenu

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Québec qui se prend, soulignet-il. On veut travailler sur notre relation avec la clientèle et sur notre approche avec les entreprises. » Malgré la hausse des vérifications, Revenu Québec affirme que c'est plus de 95 % des contribuables qui respectent leurs obligations fiscales. Sur le site Internet de Revenu Québec, il est écrit qu'« il importe de préciser que lorsqu'un vérificateur communique avec vous, cela ne signifie pas que vous contrevenez à vos obligations fiscales. »


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Paradis exotiques et évasion fiscale

«Panama Gate» : 11,5 millions de documents et une secousse mondiale

Une nouvelle brèche - la plus grande à ce jour - vient de s'ouvrir dans l'univers secret des paradis fiscaux. Une fuite de 11,5 millions de documents étale au grand jour les structures offshores confidentielles de milliers de clients bien nantis, y compris celles de plusieurs chefs d'État.

Le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung a obtenu les données grâce à une source confidentielle. Il les a partagées avec le Consortium international des journalistes d'enquête (ICIJ) et avec ses partenaires médias dont Radio-Canada, le Toronto Star, Le Monde, The Guardian et la BBC. Plus de 370 journalistes de 76 pays ont collaboré à cette vaste enquête surnommée « Panama Papers ». Truands et chefs d’États dans le même sac! « C'est la plus grosse fuite de l'histoire », dit Frederik Obermaier, un des journalistes allemands qui a obtenu les données. « On y trouve non seulement des gens qui font de l'évasion fiscale, mais aussi des criminels tentant de dissimuler leurs crimes, des dictateurs et des autocrates transférant des fonds publics à l'étranger et des collectionneurs d'art cherchant à camoufler la propriété de certains tableaux », dit-il. La fuite de données provient d'un des plus importants fournisseurs de sociétés-écrans au monde, le cabinet panaméen Mossak Fonseca. On y trouve des courriels, des certificats d'incorporation et des transactions bancaires allant de 1977 jusqu'au mois de décembre 2015. Bien que l'utilisation de paradis fiscaux n'est pas illégale en soi et peut être effectuée à des fins légitimes, les données démontrent qu'ils sont encore utilisés par certains comme paravent pour dissimuler des activités illicites. « Ces révélations montrent comment des pratiques néfastes

et la criminalité sont profondément ancrées dans le monde des paradis fiscaux », estime Gabriel Zucman, un économiste à l'Université de la Californie à Berkeley. Il croit que la publication de cette fuite devrait pousser les gouvernements à imposer des sanctions contre les juridictions et les institutions qui rendent ces pratiques possibles. 128 politiciens et quelques canadiens L'émission Enquête, la CBC et le Toronto Star sont les seuls médias canadiens à avoir eu accès à l'énorme masse de données. La fuite contient plusieurs centaines de passeports canadiens mais pas de personnalités de premier plan.

On y trouve un assortiment hétéroclite de clients canadiens dont des avocats, des dirigeants de sociétés minières et pétrolières, des entrepreneurs et même plusieurs fraudeurs. Le premier ministre de l'Islande, Sigmundur David Gunnlaugsson, fait partie des 128 politiciens dont les noms ont été identifiés par les journalistes qui ont fouillé les données. Lors de sa première élection comme député au parlement islandais en 2009, lui et son épouse contrôlaient, en secret, une société enregistrée aux Îles vierges britanniques. Les fichiers confidentiels révèlent aussi l'existence de sociétés contrôlées par le premier ministre du Pakistan, le roi d'Arabie Saoudite, des membres de la famille du leader chinois Xi Jinping et du président ukrainien Petro Poroshenko. Même le père du premier ministre David Cameron possédait des sociétés dans les paradis fiscaux. On y découvre un réseau de proches du président russe Vladimir Poutine qui ont déplacé en secret plus de deux milliards de dollars entre des sociétés-écrans et des banques russes. La semaine dernière, un porte-parole du Kremlin a accusé l'ICIJ et ses partenaires d'être en train de préparer des attaques mensongères à

l'endroit du président et de son entourage. 29 milliardaires et plusieurs banques Vingt-neuf milliardaires figurant sur la liste annuelle du magazine Forbes des 500 personnes les plus riches du monde se retrouvent dans les données. L'ancien joueur de soccer français Michel Platini, de même que l'un des meilleurs joueurs de soccer au monde, Lionel Messi, y figurent aussi. Messi et son père étaient propriétaires d'une société enregistrée au Panama. L'attaquant au FC Barcelone fait déjà l'objet d'une enquête pour évasion fiscale en Espagne. Les grandes banques jouent un rôle de premier plan dans la création de sociétés-écrans dans les paradis fiscaux. Selon les données de la fuite, elles ont fait créer plus de 15 600 sociétés pour leurs clients grâce aux services de Mossak Fonseca. La Banque Royale du Canada a fait régulièrement appel aux services du cabinet panaméen. RBC et ses filiales ont fait créer plus de 370 sociétésécrans, principalement au Panama et aux îles Vierges britanniques. En réponse à ces révélations, une porte-parole de RBC, Tanis Feasby, écrit que la banque a

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mis en place des processus pour détecter l'évasion fiscale et qu'elle effectue une vérification approfondie de l'identité de chacun de ses clients. Elle ajoute que RBC « ne procède à aucune transaction » avant d'avoir effectué ces vérifications. De grandes institutions financières qui ont elles-mêmes fait l'objet de fuites dans le passé, comme UBS et HSBC, ont aussi une présence importante dans les données. UBS a utilisé Mossak Fonseca afin de créer des sociétés pour le prince héritier d'Arabie Saoudite et Marco Tulio Henriquez, un banquier vénézuélien accusé par le Département de la justice des États-Unis de blanchiment d'argent pour les cartels de la drogue. Le cabinet Mossak Fonseca est un des plus grands fournisseurs de sociétés-écrans au monde. Les données montrent qu'il a créé plus de 214 000 sociétés dans 21 paradis fiscaux pour des clients situés aux quatre coins de la planète. Il offre aussi un service procurant des directeurs et des actionnaires de paille. La fuite révèle que Mossak Fonseca offrait régulièrement d'antidater des documents pour ses clients. Selon des documents et des courriels internes,

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le cabinet a même fait effacer les données des ordinateurs et des téléphones de sa filiale du Nevada, aux États-Unis, afin d'éliminer des preuves qui auraient pu servir contre un de ses clients lors d'une poursuite. En réponse à l'enquête de l'ICIJ, Mossak Fonseca nie catégoriquement avoir caché ou détruit des documents qui pourraient être requis pour une enquête ou des procédures légales. Le cabinet écrit qu'il « n'incite pas à commettre des actes illégaux. Vos allégations que nous fournissons des actionnaires et des structures dans le but de cacher l'identité des vrais propriétaires sont complètement fausses ». Lors d'une entrevue récente à la télévision panaméenne, Ramon Fonseca, le cofondateur du cabinet, a déclaré n'être aucunement responsable de ce que leurs clients font avec les sociétés offshores qu'elle leur vend. La liste complète des sociétés révélées par cette fuite - et les personnes qui y sont liées sera publiée sur le site web de l'ICIJ le mois prochain. Source : Consortium international des journalistes d'enquête (ICIJ)


Politique

«Affaire Sam Hamad» : le ministre quitte ses fonctions …

… le temps de l'enquête du commissaire à l'éthique

Sam Hamad, le président du Conseil du Trésor, se retire de ses fonctions, le temps de l'enquête du commissaire à l'éthique de l'Assemblée nationale à son sujet, a annoncé le premier ministre, Philippe Couillard, samedi 2 avril 2016. « J'ai confiance en Sam Hamad. Ma confiance en lui n'est pas diminuée par les évènements des derniers jours », a déclaré Philippe Couillard. Il a ajouté qu'il croit que l'enquête « confirmera son intégrité » et que son départ n'est que temporaire. Sam Hamad a confirmé dans un communiqué qu'il se retire de ses fonctions afin « d'éviter toute distraction à la poursuite du mandat gouvernemental ».

Il a de nouveau réfuté les allégations à son égard et remis en doute la place de la présomption d'innocence dans l'espace public. « Je ne peux accepter que ce genre de reportage, fondé sur des amalgames non vérifiés, entache ma réputation et remette en question l'honnêteté avec laquelle j'exerce mes fonctions depuis toujours », écrit-il dans le communiqué. «Je n'ai fait que mon travail de ministre» «On attaque injustement mon intégrité. Je répète que je n'ai rien à me reprocher et que je n'ai fait que mon travail de ministre», affirme pour sa part Sam Hamad.

Rappelons que le commissaire à l'éthique de l'Assemblée nationale avait annoncé vendredi qu'il se pencherait sur les révélations de l'émission Enquête au sujet de Sam Hamad, montrant l'accès privilégié dont a bénéficié MarcYvan Côté auprès de lui alors qu'il était ministre au sein du gouvernement de Jean Charest. M. Hamad a réfuté les révélations, mais avait demandé au commissaire à l'éthique de faire la lumière sur cette affaire, à l'instar des partis d'opposition. Selon Enquête, des courriels démontreraient que Sam Hamad était « une source d'information stratégique » et qu'il faisait avancer au gouver-

M Sam Hamad, le président du Conseil du Trésor nement les dossiers de MarcYvan Côté, alors vice-président du C. A. de Premier Tech, une entreprise de Rivière-du-Loup en quête de subventions. Quant à Marc-Yvan Côté, il s'activait pour récolter du financement politique.

Selon l'opposition, l'intervention de Sam Hamad, qui s'est déroulée sous le règne de Jean Charest, viole le code d'éthique de l'Assemblée nationale, et particulièrement ses articles 16 et 17.

Éthique

Les partis d’opposition montrent les dents l est (temporairement) parti, mais la polémique demeure. Le retrait de Sam Hamad du Conseil des ministres — et le soutien affiché par Philippe Couillard à son endroit — n’a aucunement calmé les ardeurs de l’opposition, qui continuent à demander son renv oi pur et simple du cabinet.

Au lieu d’apaiser la situation, les derniers développements ont donné l’impression d’apporter de l’eau au moulin de l’indignation des partis d’opposition. « Philippe Couillard lui donne sa confiance, il lui laisse sa limousine… Ce n’est pas une

grosse sanction », déclare le député péquiste Bernard Drainville.

Bernard Drainville est donc loin d’avoir été rassuré par la sortie de M. Hamad et M. Couillard. « On sent plutôt un endossement, comme si le premier ministre passait l’éponge avant même que le Commissaire ait commencé son enquête. J’ai l’impression que l’amitié de Philippe Couillard pour Sam Hamad prend le dessus sur la recherche de la vérité et sur l’intérêt public. » Selon M. Drainville, « M. Couillard paraît mal à l’aise à chaque rendez-vous avec l’éthique et l’intégrité. Il a

de la difficulté à prendre ses distances d’avec l’héritage des années Charest », que l’arrestation de l’ex-ministre Nathalie Normandeau a ramené à l’avant-plan. Le député maintient que l’Unité permanente anticorruption (UPAC) devrait faire enquête sur les allégations contenues dans le reportage d’Enquête. « Les faits sont accablants, pense Bernard Drainville. Il y a apparence de trafic d’influence. » Cynisme Pour le chef caquiste François Legault, l’attitude de Philippe Couillard dans le dossier Hamad témoigne d’un « grand manque de

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jugement. Il ne semble pas comprendre qu’en réitérant sa confiance en Sam Hamad, il accroît le cynisme de la population à l’égard du Parti libéral, mais aussi de la classe politique », dit-il en faisant référence à un sondage Léger récemment publié. On y apprenait que 72 % des gens croient que la corruption est un « phénomène répandu au Québec », qu’une personne sur trois croit qu’une « majorité » de politiciens est corrompue, et que huit personnes sur dix ont « peu ou pas confiance du tout » envers les « politiciens en général ».

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«Nettoyer le cabinet» Pour Amir Khadir, de Québec solidaire, Philippe Couillard a « été très malhabile » dans sa gestion de l’affaire Hamad. « Je lui suggère d’arrêter le déni et d’admettre qu’il y a un grand problème qui ne se résume pas à Sam Hamad. C’est un problème d’ensemble, un problème d’équipe, parce qu’il y a d’autres ministres à 100 000 $ au sein du cabinet. Au lieu de nous imposer le supplice de la goutte semaine après semaine, il devrait nettoyer son cabinet, sa députation et son parti. »


Politique

Entretien avec François Legault

La Coalition Avenir Québec à cœur ouvert…

Le chef de la CAQ, François Legault Un sondage Léger commandé par la Coalition Avenir Québec (CAQ) et dévoilé dimanche 3 avril 2016, indique que les Québécois portent un jugement sévère sur la dernière décennie d’action politique. Dans les dix dernières années, les gens estiment que le temps d’attente dans les urgences a augmenté (54 %) ; que la qualité des services offerts dans les écoles s’est détériorée (61 %) ; que la situation économique du Québec a subi le même sort (68 %) ; que les impôts et les taxes ont augmenté plus vite que les revenus (69 %) ; et que la situation de la langue française s’est détériorée (51 %). Au final, moins de 10 % des répondants ont vu des améliorations quelque part. Pour le chef de la CAQ, François Legault, qui multiplie depuis les sorties politiques, c’est la preuve que la « dernière décennie a été un véritable gâchis sur le plan politique ». Il remarque que, malgré ce bilan négatif, le Parti libéral du Québec continue de mener dans les sondages. « C’est pour une seule raison, dit-il : la question nationale. Et c’est notre défi, à la CAQ, de dire à la population qu’il y a une autre alternative constitutionnelle que celles du Parti québécois et des libéraux, si on veut briser le monopole libéral sur le pouvoir», dit-il. Atlas.Mtl l’a rencontré pour aller encore plus dans le détail de ces positions avec, bien sûr, un accent particulier sur les questions migratoires. Entrevue réalisée par Wahid Megherbi Wahid Megherbi : Avant d’entrer dans les détails, voulez-vous nous rappeler les questions que la CAQ place aux premiers rangs de ses préoccupations et priorités? François Legault : Nos principales priorités sont l’éducation, l’économie, l’Immigration et l’Intégrité. A la CAQ, nous proposons d’investir davantage en éducation, entre autre, pour que toutes les écoles du Québec soient ouvertes de 9H du matin jusqu’ à 17H. On propose, également, d’ajouter une heure à 1 heure et demie par jour pour faire du Sport, des Arts et de l’Aide aux devoirs. Deuxièmement, il est dans nos objectifs de créer des emplois de qualité. Cela passe en particulier par l’éducation mais à court terme, on pense qu’il faut

réduire le fardeau fiscal, réduire les impôts de la classe moyenne. Pour le volet de l’Immigration, de l’Intégration et de la Protection de la langue française, ce que nous souhaitons, c’est un projet à l’intérieur du Canada où le Québec obtiendrait plus de pouvoirs en matière d’immigration et de langue pour, essentiellement, protéger la langue française qui sera toujours vulnérable en Amérique du Nord mais, aussi, une meilleure intégration des nouveaux arrivants.

Il est inacceptable que le taux de chômage soit le double, chez les immigrants, de la moyenne québécoise. C’est, également, inacceptable, qu’un grand nombre d’immigrants ne parlent pas français. On a besoin de récupérer certains pouvoirs tout en restant à l’intérieur de l’ensemble canadien. Nous n’avons pas de projet souverainiste. La 4ème priorité, c’est l’Intégrité. Nous devons lutter contre cette espèce de monopole du parti libéral du Québec, qui depuis, trop longtemps, est au pouvoir. Ce parti se rapproche, de plus en plus, des mauvaises façons de faire qu’on ne veut pas au Québec. Vous avez cité, précédemment, les 3 actions principales pour donner un nouvel élan au monde de l’éducation. Pour cela, il faut lui allouer un budget conséquent. Mais comment financer ce volet ? Si on regarde le budget de cette année, nous avons 2 milliards de $ de surplus. Le gouvernement a fait le choix de mettre cette somme en entier pour rembourser le fardeau de la dette. À la CAQ, on pense qu’actuellement il y avoir deux priorités : réduire les impôts et investir en éducation. Une importante partie des 2 milliards aurait du être utilisée pour investir en éducation et pour réduire les impôts des Québécois. C’est comme ça que l’on va stimuler l’économie québécoise. Ce qui est important à moyen terme, c’est de réduire la dette en pourcentage du PIB. Il ne faut pas, uniquement, agir sur le volet dette mais il faudrait agir ainsi sur l’économie qui ne croit pas à un rythme assez élevé. Actuellement, l’économie du Québec croit à la moitié de la vitesse de celle de l’Ontario.

M François Legaut, chef de la CAQ lors de l'entretien avec M Wahid Megherbi

Que préconisez-vous comme actions pour apporter des solutions à la vétusté de nombreuses écoles au Québec ? Selon un inventaire qui a été fait, il faudrait 3 milliards de $ d’immobilisation pour mettre à niveau les écoles du Québec. Le gouvernement libéral du Québec a annoncé seulement 500 millions de $ sur plusieurs années. Cela ne sera pas suffisant. C’est inacceptable qu’en 2016 dans une société moderne, on demande à des enfants de fréquenter des écoles qui présentent des risques pour leur santé. Il faut investir dans nos écoles. Cela est urgent. Votre seconde priorité c’est l’économie. Qu’est ce qui vous différencie du PLQ en cette matière ? Il faut faire le bilan du gouvernement Couillard des deux dernières années. Les augmentations de tarifs sont en contravention avec les promesses électorales. Entre les augmentations des tarifs de garde, d’électricité, des taxes scolaires et taxes sur l’essence, nous avons calculé qu’il y avait 1200 $ d’augmentation annuelle par famille. Autrement dit, après 2 ans de régime libéral, les familles québécoises ont 1200 $ de moins dans leurs poches chaque année. C’est un montant net. Nous proposons une diminution de la taxe santé de 50 $ et une réduction des tarifs de garde pour le 2ème enfant. Dans les milieux d’opposition on affirme que ces augmentations n’étaient pas prévues dans le programme électoral du PLQ. Qu’en dites-vous ? Lors de la dernière campagne électorale M. Couillard s’était engagé à ne pas augmenter les tarifs de garde, il les a augmentés. Il s’était engagé à ne pas

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augmenter les tarifs d’électricité, il les a augmentés. Il s’était engagé à remettre l’argent des taxes scolaires de l’année précédente. Il a augmenté ces taxes. Ce sont toutes là des promesses rompues par Monsieur Couillard. Dans votre programme, vous préconisez une relance de la consommation. Comment cela peut- il être possible si les gens ont moins d’argent ? Il faudrait réduire les impôts de la classe moyenne. Il faut au effacer les 1200 $ d’augmentation que les familles québécoises endurent depuis 2 ans et ceci dans le but de réduire leur fardeau fiscal et leur donner, ainsi, une marge de manœuvre pour consommer. Vous savez bien que 60 % de l’économie, c’est la consommation. L’immigration et la langue française sont partie de votre 3ème priorité. Pouvez-vous nous éclairer davantage làdessus ? Nous sommes une société unique en Amérique du Nord. Nous sommes un peuple qui parle français dans une mer d’anglophones. Pour moi, c’est important de préserver, à long terme, ce caractère particulier. Cela fait partie de nos valeurs, de ce que l’on est. Je suis toujours heureux de voir les nouveaux immigrants maîtriser cette langue et voir d’autres prendre l’initiative de l’apprendre Si on veut mieux intégrer les nouveaux arrivants dans notre société francophone , il faut augmenter les budgets alloués pour cette cause .Cela leur permettra de mieux évoluer dans le monde du travail et de trouver , ainsi, un bon emploi.

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Vous avez dit qu’il n’était pas nécessaire de se séparer du Canada pour protéger la langue française. Qu’est-ce à dire au juste ? On doit bien expliquer que le parti québécois, les souverainistes n’ont pas le monopole de la protection de la langue française. Il y en ceux qui aiment plus ou moins ce mot et dans certains pays il peut , également , y avoir une certaine connotation mais nous, nous nous définissons comme étant des nationalistes qui s’activent pour protéger la nation québécoise qui parle français tout en restant à l’intérieur du Canada. Tous les partis politiques font des sondages à l’interne et lorsqu’ on demande aux québécois qu’est-ce que vous préférez : le statu-quo constitutionnel, la séparation du Québec ou un Québec avec plus de pouvoirs mais à l’intérieur du Canada?, la grande majorité des québécois choisissent la 3ème option qui est également celle de la CAQ. C’est possible de protéger le français sans être séparatistes. Immigration : Une priorité et des problèmes De très nombreux immigrants maîtrisant correctement le français peinent à trouver un emploi. Cela concerne plus particulièrement les Maghrébins qui trônent au palmarès du chômage au Québec. Comment pensezvous remédier à cette situation ? Il est inacceptable que le taux de chômage chez les Maghrébins vivant au Québec soit le double de la moyenne québécoise. Nous préconisons un accompagnement personnal-

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Votre argent

Entretien avec François Legault

La Coalition Avenir Québec à cœur ouvert… Suite de la page 11

isé pour chaque demandeur d’emploi via Emploi Québec et une meilleure reconnaissance des diplômes et de l’expérience professionnelle acquis ailleurs. Nous avons besoin d’avoir des accompagnateurs qui vont suivre chacun des nouveaux immigrants auprès des futurs employeurs. On va s’assurer qu’on élimine carrément cet écart de taux de chômage. J’en ferai une priorité. Je vous le promets. On va y mettre les ressources nécessaires. Nous avons une proposition d’augmenter les budgets alloués pour solutionner l’épineux problème de la reconnaissance des diplômes obtenus à l’étranger. Il faut mettre le budget adéquat et pas seulement des paroles. À moyen terme, ça va être payant pour le gouvernement car si l’on réussit à réduire, de façon substantielle, le taux de chômage chez les immigrants, ces citoyens vont avoir des revenus, vont payer des impôts et vont pouvoir consommer. Nous sommes tous gagnants à mieux intégrer les immigrants. Vous avez dit que vous étiez pour l’immigration et qu’il fallait mettre plus d’emphase sur une meilleure intégration de ces immigrants plutôt que d’en augmenter le nombre comme le prévoit le gouvernement libéral. Quelle est votre position sur cette épineuse question ? D’abord, M. Couillard a dit qu’il voulait augmenter de 20 % par année le nombre d’immigrants dès 2016. Nous pensons que cela n’est pas réaliste parque nous avons déjà des difficultés à intégrer ceux qui arrivent et qui se trouvent confrontés au problème du chômage en plus d’avoir un trop grand pourcentage parmi les nouveaux arrivants qui ne connaissent pas du tout ou maîtrisent pas bien le français. Nous sommes pour l’immigration, nous sommes prêts à augmenter le nombre de nouveaux arrivants à condition de s’occuper d’abord du sort de

celles et ceux qui sont déjà installés chez nous.

Il faut reconnaître qu’on a un problème. Le taux de chômage est trop élevé parmi les immigrants et l’intégration ne se fait pas de façon idéale. M. Couillard ne veut pas reconnaître qu’il y a un problème. Il refuse d’augmenter les budgets pour l’intégration des immigrants. On ne peut pas dire qu’on augmente de 20 % le nombre d’immigrants chaque année sans en augmenter les budgets pour cela. On va seulement accentuer les problèmes déjà existants .Commençons par mieux investir pour mieux intégrer les 50 000 immigrants qu’on reçoit chaque année. «Solutionnons d’abord les problèmes présents» Vous me disiez avant l’entrevue que vous étiez content de voir les immigrants qui réussissent au Québec et vous me parliez d’actions phares que vous avez l’intention de mettre en pratique une fois que la CAQ arrivera au pouvoir pour favoriser cette intégration. Quelles sont ces actions ? Ce que l’on voit depuis trop longtemps, c’est le régime des petits amis. Les gens qui ont des postes importants au Québec, ce sont les petits amis du parti libéral .Je souhaite que les nominations se fassent sur la base de la compétence plutôt que le système des amis. Il faut que les communautés culturelles soient représentées partout à tous les niveaux de responsabilités, dans les postes clés de la fonction publique et dans les sociétés d’état et, aussi, comme députés, de préférence dans les rangs de la CAQ, à l’Assemblée Nationale du Québec. En 2018, on va réserver des comtés dans les régions prenables pour la CAQ pour favoriser l’élection de candidats issus de l’immigration .On veut une société inclusive, on veut travailler sur du positif.

M François Legaut, chef de la CAQ avec M Wahid Megherbi

Arrêtons de nous déchirer sur la question constitutionnelle. Il faut faire un consensus sur le fait qu’on reste à l’intérieur du Canada et qu’on protège le français. Nous allons travailler tous ensemble, sans exclusion aucune, pour faire du Québec une société prospère, fière de ses atouts et qui rayonne partout dans le monde. Éthique et politique Certaines personnalités politiques dont l’objet de plusieurs accusations. Quelle est votre position la dessus ? Je trouve malheureux ce que l’on vit actuellement; je trouve cela gênant. On n’a jamais vu ça dans l’histoire du Québec. L’ancien vice premier ministre du gouvernement libéral Mme Normandeau a été arrêté et des accusations contre sa personne émanent de l’UPAC. Des accusations graves de corruption et de trafic d’influence. J’espérais que le Québec soit à l’abri de ce genre de corruption. Il faut être complètement transparent. Je me suis impliqué en politique par conviction; je suis indépendant financièrement et comme on dit en québécois, je ne suis pas achetable. A la CAQ, je vous promets qu’il y a un mur entre nous et ces affaires. On a besoin que le Québec soit géré par des gens compétents et transparents et on a besoin d’arrêter ces fameux retours d’ascenseurs avec les petits amis du parti. Les Québécois souhaitent un Québec intègre, respectueux de

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l’argent pour qu’il soit géré d’une manière rigoureuse. «Les Maghrébins ont leur place au Québec» La CAQ n’est pas, c’est un fait, assez visible chez les immigrants. Comment présenteriez-vous votre parti pour cette frange de la population québécoise ? Lorsqu’on regarde la dynamique politique au Québec, les élections provinciales, depuis 40 ans, se jouent sur la question constitutionnelle. Si l’on est fédéralistes, on vote libéral et si l’on est souverainiste, on vote pour le parti québécois. La CAQ n’existe que depuis 4 ans. C’est rien comparé avec 40 ans de polarisation politique de la part des deux partis québécois, le PQ et le PLQ. Il faut expliquer justement qu’on a besoin au Québec de mieux protéger notre langue mais que cela peut se faire à l’intérieur du Canada et qu’il y a une alternative pour ceux qui veulent rester dans l’ensemble canadien. Depuis 40 ans il n’y avait pas d’alternative au Québec pour celles et ceux qui souhaitent rester à l’intérieur du Canada. Je souhaite que lors de l’élection générale de 2018, on fasse un débat en la CAQ et le PLQ pour déterminer qui a le meilleur programme surtout en économie. On a besoin de se donner les moyens de pouvoir être ambitieux pour avoir les meilleurs programmes sociaux, les meilleures écoles, les meilleurs hôpitaux. Pour cela ça prend un plan économique qui

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nous donnera les moyens nécessaires pour accomplir cela. Malheureusement, le Parti libéral n’a pas de plan économique, n’a pas de de plan d’investissement en éducation, n’a pas de vison à long terme pour la société québécoise mais il gagne les élections parque la majorité des québécois veulent rester à l’intérieur du Canada. Mais là on leur dit qu’ils ont un 2ème choix, alternatif au PLQ, notre parti la CAQ qui a un ambitieux plan en économie et en éducation. La communauté maghrébine au Québec est francophone, qualifiée mais elle subit un fort taux de chômage. Quel message lui adresseriez-vous? C’est beaucoup de travail de démarrer un nouveau parti. Nous sommes heureux, rendus à cette étape, de faire un clin d’œil aux communautés culturelles du Québec. Pourquoi? Parce que nous croyons fermement que tous ceux qui habitent au Québec sont Québécois. On a besoin que ces personnes participent activement à la société québécoise. On a tout à gagner de s’y intéresser pour le bien et de la société québécoise et celui des nouveaux arrivants. Les nouveaux immigrants ont beaucoup à apporter pour le Québec et le fait que certaines communautés comme la communauté maghrébine maîtrisent le français, cela est extraordinaire. Les Maghrébins ont toute leur place au Québec. Et on va travailler fort pour cela.


Idées

Bouillonnement et bruissements politiques

Comment «refonder» le Québec?

Coup sur coup, deux appels à « refonder » la politique québécoise viennent de résonner. Devant la domination sans partage du Parti libéral du Québec (PLQ), l’ancien député péquiste Camil Bouchard invite même le Parti québécois (PQ) à mettre en veilleuse la souveraineté pour se concentrer sur la rénovation du modèle québécois issu de la Révolution tranquille. Un nouveau parti pour sortir du «Monopole Libéral»? L’ex-universitaire et député péquiste croit que le Québec doit sortir du débat sur l’indépendance pour régler de toute urgence les problèmes sociaux qui s’aggravent sous le gouvernement libéral, selon lui. Par un curieux hasard, l’avocat et auteur Paul St-Pierre Plamondon, cofondateur du groupe Génération d’idées, tient exactement le même discours : il s’apprête à lancer un mouvement politique voué à devenir un parti en bonne et due forme, croient savoir les media nationaux.

Le «Mouvement des orphelins politiques» Le mouvement des orphelins politiques — qui cherche à mettre fin à l’hégémonie du PLQ mais ne se reconnaît dans aucun autre parti — doit tenir un premier rassemblement le 19 avril à Montréal. Paul St-Pierre Plamondon et une dizaine de ses proches présenteront ce qui se veut un projet de société progressiste et nationaliste, sans être indépendantiste. Un peu comme la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault, mais de centre gauche plutôt que de centre droit. Ce mouvement des « orphelins » vise à fédérer les six électeurs sur dix qui ont tourné le dos au

PLQ lors de l’élection générale d’avril 2014 (le PLQ de Philippe Couillard a été élu avec 41,5 % des voix). Cela passe nécessairement par un projet plus rassembleur que l’indépendance du Québec, qu’une majorité d’électeurs rejette sans équivoque, estime Paul St-Pierre Plamondon. « Il faut se rendre à l’évidence : le Québec se trouve dans un cul-de-sac démocratique. Les libéraux peuvent demeurer au pouvoir jusqu’en 2022, et peutêtre même jusqu’en 2026, parce qu’aucun des autres partis politiques ne semble capable de gagner contre le PLQ », dit le fondateur du mouvement des orphelins. « On a aussi constaté, dans les sondages publiés cette semaine, que les électeurs sont désabusés. Le niveau de confiance envers la classe politique est tellement bas que les candidats potentiels hésitent à se lancer en politique. Il y a plus de talent à l’extérieur des partis que dans les partis. On doit fonder un mouvement dans lequel la population peut avoir confiance », ajoute Paul St-Pierre Plamondon. Le référendum sur la voie d’évitement L’ancien péquiste Camil Bouchard, qui a siégé entre 2003 et 2010 à l’Assemblée nationale, fait le même diagnostic. Il est lui aussi convaincu que le Québec a besoin d’un parti progressiste qui mettrait de côté le projet souverainiste, seule façon de déloger les libéraux, selon lui. « Je pense qu’on a besoin d’une nouvelle proposition politique. Il faut se sortir de cette dynamique où on a un parti qui peut faire à peu près n’importe quoi et qui va être réélu, [même] en pleine commission Charbonneau », a

dit Camil Bouchard lors d’une émission télévisée. Il a décrit lui-même sa sortie comme un « cri du coeur ». Il n’a pas donné suite à nos demandes d’entrevue. L’ancien député péquiste reste indépendantiste, mais « la population n’est pas là présentement », estime-t-il. Au scrutin d’avril 2014, il a suffi que Pierre Karl Péladeau lève le poing en l’air en promettant un pays pour que les électeurs se réfugient au PLQ. La menace d’un référendum, même hautement hypothétique, est le meilleur argument électoral des libéraux, déplorent Camil Bouchard et Paul St-Pierre Plamondon.

« Il faut avoir le courage de reconnaître qu’on est rendus là. Deuxièmement, il faut que le Parti québécois puisse se pencher sérieusement sur la question et se dire : “Est-ce que mon article numéro 1 [qui prône un référendum sur l’indépendance au moment jugé approprié par le gouvernement] est toujours correct ?” », a dit l’ex-député à Bazzo.tv. « Camus disait : “Si j’ai à sauver ma mère ou l’idéologie, je vais sauver ma mère.” Je pense qu’il faut sauver le bien-être des concitoyens québécois, ça presse. On a un gouvernement qui est fichûment à droite et au centre droit. Ce n’est pas un gouvernement du PLQ, c’est un gouvernement du PLQ et de la CAQ. Il y a trois ministres qui nous viennent de la CAQ et les deux plus gros ministères sont gérés par des caquistes », a ajouté Camil Bouchard. Protéger le modèle québécois Paul St-Pierre Plamondon a évoqué l’idée de lancer un mouvement politique dans son essai Les orphelins politiques,

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M Camil Bouchard publié à l’automne 2014 chez Boréal. En entrevue avec Le Devoir, l’avocat aujourd’hui âgé de 38 ans avait souligné l’urgence de reconstruire la société québécoise en faisant de l’éducation la priorité absolue. Le Québec est une société analphabète : près d’un Québécois sur deux a de la difficulté à lire un simple article de journal. Malgré le soi-disant « réinvestissement » du gouvernement Couillard en éducation, les libéraux sont en train de sacrifier le modèle québécois, estime Paul St-Pierre Plamondon. « On a un besoin urgent de trouver une solution au cul-de-sac démocratique du Québec. Il faut être proactif par rapport au démantèlement des piliers de la société québécoise — les écoles, les CPE, le système de santé et les petits organismes qui font un travail très important, notamment dans les régions », dit-il. Le politologue Guy Laforest n’est pas étonné par le bouillonnement qui secoue le monde politique québécois. Un sondage Léger a révélé cette semaine qu’une forte majorité

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de Québécois a perdu confiance envers la classe politique. L’arrestation de l’ex-ministre Nathalie Normandeau et de six autres personnages politiques proches du PLQ et du PQ a porté un dur coup à la crédibilité des élus. Signe que la crise de confiance fait mal aux libéraux, une coalition entre le PQ et un autre parti d’opposition aurait remporté un scrutin qui aurait eu lieu dans la dernière semaine, selon le sondage. Un attachement substantiel à la fois au Canada et au Québec Un nouveau parti aurait davantage de chance de gagner s’il prône le maintien du lien avec le Canada, estime Guy Laforest (qui a été candidat et vice-président de l’Action démocratique du Québec entre 2002 et 2004). « Entre 70 et 75 % des Québécois ont un attachement substantiel, très fort ou fort envers le Canada, en plus de leur attachement au Québec », indique-t-il.


Mémoires

Dans l’intimité du pouvoir

Les coulisses du gouvernement Marois; entre les idées et les actes

Un gouvernement dans l’urgence constante, parfois en panique, très perméable à l’opinion publique. Et qui n’a donc jamais pu asseoir correctement sa stratégie. C’est un peu cette image qui ressort de «Dans l’intimité du pouvoir: journal politique 20122014», le récit de Dominique Lebel, conseiller de la première ministre Pauline Marois pendant les 19 mois de son gouvernement minoritaire. L’auteur a eu le luxe de la proximité, «l’oxygène du conseiller», explique-t-il.

Rien n’est oublié dans ce journal quotidien, ni même ses lectures et ses week-ends en ski. Mais il s’agit surtout d’un exercice très instructif sur les coulisses du pouvoir en situation minoritaire. Jacques Parizeau était «Monsieur». Tout au long du livre, Pauline Marois devient «Madame». Lebel décrit l’obsession de «Madame» de toujours paraître en contrôle, «une façon de s’imposer et un mécanisme de défense». Elle cherche l’équilibre, toujours l’équilibre. «Elle fait peu de fautes, mais elle réussit peu de coups de circuit», avance-til. Ses alliances surprenantes, notamment avec la première ministre de l’Alberta, font mouche. Elle déteste se tromper de mot ou de chiffre. Il y a d’ailleurs beaucoup de travail sur ses mots, ses formules, ses discours. On reprochait pourtant beaucoup à Mme Marois son manque de spontanéité. «Elle a l’énergie, la résilience, l’entêtement. Mais elle est aussi capable de finesse. Elle peut être dure, et se rattraper sur un bon mot dans la minute qui suit.» Et on sent chez elle

un immense besoin d’être aimée.

Quelques bons coups et beaucoup d’échecs Comme il le précise, un gouvernement improvise beaucoup plus que les observateurs politiques le croient. «Prévoir est une chose impossible en politique», estime-t-il. De l’effervescence des premiers jours, avec la fermeture de la centrale nucléaire de Gentilly à Bécancour, la fin de l’amiante et l’abolition de la loi 78, jusqu’aux bons coups, comme le sommet sur l’Éducation et la réponse immédiate à la tragédie de Mégantic, il reste peu. Il reste surtout les revers: la taxe santé qui n’est pas abolie comme promis, les critiques venant de Bécancour, les compressions à l’aide sociale, qui vont les suivre pendant un an. On apprend aussi que ses propres ministres n’étaient pas au courant de négociations avec Pétrolia pour l’exploration pétrolière sur l’île d’Anticosti. Tout s’est fait en catimini, et ils ont été placés devant le fait accompli. D’ailleurs, les rencontres avec des dirigeants d’entreprises foisonnent: les représentants de Mittal, Alcoa, SNC-Lavalin et Résolu, les Desmarais, Michael Sabia, Marcel Aubut, Alain Bouchard, etc. Que ce soit dans les sommets ou au club 357C, tous ont un accès aisé à la première ministre. Il en ressort une fonction plus économique que politique. Au plan politique, Dominique Lebel raconte que Pauline Marois était «prête à tout» pour ramener Jean-Martin Aussant au PQ. Ce qui était aussi l’idée fixe de son ministre Pierre Duchesne.

Pauline Marois peut aussi se montrer implacable, même avec ses amies. Insatisfaite de la gestion de Marie Malavoy dans le dossier des commissions scolaires, elle lui annonce, tout juste avant les élections, qu’elle ne sera plus ministre en cas de réélection. «À toi de choisir si tu veux rester simple députée.» On découvre d’ailleurs une chef de parti impatiente de retourner en élections dès que les sondages seront favorables. La campagne électorale, comme on sait, sera désastreuse. Les députés voient le bateau couler et ne savent pas comment réagir. Pauline Marois, qui espère jusqu’à la toute fin que les libéraux ne soient pas majoritaires, en sortira démolie. Et battue dans sa propre circonscription. Lisée, Breton et les autres Dominique Lebel écorche quelques têtes sans les nommer. Une députée qui affirme que lui refuser un poste de ministre serait un affront à la nation. Des anciens ministres qui appellent au bureau de la première ministre pour réclamer d’être nommés quelque part. Plutôt sidérant! Jean-François Lisée, lui, est décrit comme une «tête bien faite» qui a beaucoup d’idées, peut-être trop. «C’est le conseiller qui ne s’est pas encore mué en député», juge-t-il. Le statut minoritaire l’obsède tant qu’il propose de faire entrer Françoise David et François Legault au conseil des ministres. «Il a un esprit frondeur qui l’amène parfois à faire des bêtises», précise Lebel. Comme proposer à brûle-

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M Pauline Marois , ex première ministre du Québec pourpoint, devant les journalistes, de vendre la résidence du délégué du Québec à Londres pour contrer la baisse de budget des Relations internationales. Ou déclarer sans consulter que le Québec va soutenir des programmes de l’ACDI, parce que le fédéral vient d’annoncer des compressions. «Lisée a une conscience aiguë de sa valeur qui le place audessus de la mêlée. Il n’y a rien là pour le rendre populaire auprès des députés de son parti.» De son côté, Martine Ouellet apparaît comme une députée assez difficile à gérer. «Martine, elle est bien intelligente, mais son défaut, c’est qu’elle pense qu’elle peut faire tout, toute seule», lance Pauline Marois à son conseiller. Ouellet détestait le Plan Nord. Elle tient donc en horreur tout ce qui peut s’en rapprocher, y compris le Nord pour tous du Parti québécois. Elle fait pression pour qu’Hydro-Québec prenne le contrôle de la filière éolienne, envers et contre tous. Son collègue Daniel Breton, poussé à la démission deux mois après sa nomination comme ministre, apparaît

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d’abord comme un «être blessé et abattu». Mais plus le livre avance, plus le tempérament difficile de l’ex-ministre refait surface. À un moment il prépare sa «rentrée médiatique»; à un autre, il est contrarié de ne pas être consulté pour tel projet. Même s’il a un accès privilégié à la PM, «chaque fois, il rate ses occasions», écrit Lebel. La charte des valeurs Quant à Bernard Drainville, sa passion semble être son point faible. «L’exercice du pouvoir, comme le fait de vieillir, grossit les caractères des gens comme la loupe ceux d’un livre», écrit le conseiller à son sujet. Même si la Charte des valeurs suscite une vive opposition au sein du conseil des ministres, Pauline Marois y adhère complètement. Et personne, précise l’auteur, ne lui a imposé. «L’art de se taire est l’arme suprême en politique», affirme Dominique Lebel en début de livre. Heureusement, il a décidé de ne pas suivre son conseil. Dans l’intimité du pouvoir: journal politique 2012-2014, Dominique Lebel, Boréal, 2016.


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Hommage

Les sept vies de Jean Lapierre Notre confrère Jean Lapierre se rendait aux Îles-de-laMadeleine pour y célébrer les obsèques de son père. L’avion qui le transportait s’est écrasé. Il a perdu la vie dans l’accident qui a fait six autres victimes : son épouse Mme Nicole Beaulieu, sa soeur Mme Martine Lapierre, ses frères M. Marc Lapierre et M. Louis Lapierre ainsi que MM. Pascal Gosselin et Fabrice Labourel, membre. Avec la disparition de M. Jean Lapierre, c’est en fait une des plus belles pages de l’histoire du Québec, mais également du Canada, qui est tournée mais qui ne sera jamais ni ternie, ni froissée, ni déchirée. Ce n’est pas une vie qui s’est éteinte, mais sept vies, celles d’un homme qui croyait en l’humanité et en ce qu’il faisait; un homme qui menait toutes ces vies avec force, courage et confiance. Qui était Jean Lapierre? « Homme de terrain, curieux de

tout, amateur de bonne bouffe et de bon vin, trippeux d'automobile, joueur de golf social ». Ainsi se décrivait-il sur son compte Facebook. Mais il a aussi été avocat, député fédéral, ministre et chroniqueur politique. Voici les moments forts de sa vie. Le Petit gars des Îles-de-laMadeleine Jean Lapierre est né le 7 mai 1956 à Bassin, aux Îles-de-laMadeleine. L’époux, le père et le grandpère Il adorait sa famille et en parlait souvent. L'avocat Il obtient un diplôme de droit de l'Université d'Ottawa en 1979 et devient membre du Barreau du Québec. Le député Il est élu à 23 ans, en 1979, député libéral de Shefford à la Chambre des communes. Il est réélu en 1980, 1984 et 1988.

Le ministre Il est nommé ministre d'État à la Jeunesse, à la Condition physique et au Sport amateur en 1984 dans le cabinet de John Turner. Il devient ainsi à 28 ans le plus jeune ministre de l'histoire de la Chambre des communes. En 2004 il devient ministre des Transports du Canada et lieutenant politique du Québec dans le cabinet de Paul Martin. Il est réélu en 2006. Le politicien Il démissionne du Parti libéral du Canada en 1990 à la suite de l'élection de Jean Chrétien à la tête de la formation politique. Il tient ce dernier responsable de l'échec du lac Meech. Il siège comme indépendant. Il cofonde le Bloc québécois avec Lucien Bouchard en 1991, et devient député bloquiste la même année. Il retourne en politique active

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en 2004 à la demande du premier ministre libéral Paul Martin. Jean Lapierre décrit alors son passage au Bloc comme « son pas de côté ». Il se fait ensuite élire député libéral d'Outremont en juin 2004. Le journaliste Il quitte son poste de député du Bloc en juillet 1992 pour entreprendre sa carrière d'animateur de radio et de télévision, notamment à CKAC et à TQS.

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En 2007, il retourne dans les médias. Il devient chroniqueur politique à la radio, notamment à l'émission de Paul Arcand. Il travaille aussi avec TVA, CTV et CJAD. Mais avant tout cela, c’était un homme qui aimait les gens et qui savait déceler leurs préoccupations; qui savait trouver les mots justes devant les caméras et les micros, comme dans sa vie de tous les jours. Salut, salut, Jean Lapierre!


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Immigration

Les élites immigrantes au chômage…

… un phénomène aussi nocif pour l’économie canadienne que la crise des prix du pétrole

Invité à livrer ses prédictions pour 2015 devant le Cercle finance du Québec et l'Association des économistes québécois section capitale nationale, M. Marion s’est inquiété de la faiblesse de la croissance économique, avec un PIB nominal qu’il anticipe sous la barre des 2% cette année.

Le Québec doit absolument faciliter l’intégration au travail des immigrants s’il veut maintenir une croissance économique, plaide l’économiste et stratège en chef de la Banque Nationale, Stéfane Marion. L’intégration aura plus d’effets que l’augmentation

de la productivité Il croit davantage à l’immigration qu’à l’augmentation de la productivité pour stimuler l’économie de la province. «Dans un contexte de vieillissement, les immigrants compteront pour 80% de l’augmentation de la population québécoise au cours des prochaines années», dit-il. Plus que toutes les autres provinces, Montréal a la chance d’accueillir des immigrants éduqués, car 60% d’entre eux possèdent un diplôme universitaire.

Mais ce sont aussi les plus pauvres du pays car leur intégration sur le marché de l’emploi est difficile. Les statistiques suscitent la honte : un immi-

grant francophone a plus de chances de se trouver un emploi à Toronto qu’à Montréal! Le taux de chômage de ces immigrants de langue française atteint 27% à Montréal, tandis qu’il se situe à 14% dans la ville reine.

«Il faut une politique modulée pour éviter de faire rentrer des gens ici pour les perdre ensuite, a fait valoir l’économiste. La reconnaissance des compétences des immigrants est cruciale et les ordres professionnels font partie de la solution.» Le Québec perd au profit des autres provinces canadiennes de 20 à 25% des immigrants qu’il accueille chaque année parce que ceux-ci peinent à se faire embaucher ici.

L’effet pétrole À l’échelle canadienne, Stéfane Marion est préoccupé par la baisse des prix du pétrole car elle peut provoquer un ralentissement important de l’économie des provinces de l’ouest, ce qui aurait un impact de taille sur l’économie canadienne. Les provinces de l’Ouest ont généré 71% des 200 000 emplois créés au Canada en 2014 (bilan négatif au Québec pendant ce temps). Au total, elles comptent pour 36% des ventes au détail et 42% du PIB national.

L’économiste espère que les exportations canadiennes compenseront le ralentissement causé par une offre de pétrole qui en fait chuter les prix. Le dollar canadien a perdu 20% de sa valeur au cours des 24 derniers mois et, avec une valeur autour de 0,80$, cela procure aux exportateurs un net avantage compétitif. La reprise américaine et mondiale, à l’exclusion de l’Europe, peut mener à de belles occasions selon M. Marion

Santé

Les spécialistes français goûtent à leur tour à la médecine québécoise… Il y a un mois, Radio-Canada révélait que les facultés de médecine du Québec refusent des médecins étrangers compétents, dont les diplômes sont reconnus, même s'il y a des besoins et des places vacantes en résidence. Nous apprenons maintenant que les médecins français ont aussi beaucoup de difficultés à pratiquer au Québec, malgré l'entente France-Québec signée en 2008, qui devait faciliter l'intégration des médecins des deux côtés de l'Atlantique.

Malgré l’entente de 2008… L'entente permet aux médecins québécois d'obtenir un permis et de travailler en France en moins de deux mois. Pour les médecins français, les démarches au Québec prennent souvent plus de deux ans et elles n'aboutissent pas toujours. « En fait, vous nous prenez encore pour ces "maudits Français" », dit en boutade le secrétaire général adjoint de l'Ordre national des médecins français, le docteur Jackie Ahr. Qui ne rit plus quand il affirme que la confiance réciproque prévue à l'entente n'est pas respectée. Les compétences

des médecins français sont mises en doute.

Il y a une mise en doute de toutes les études. On a même eu le problème que le ministère de la Santé du Québec demandait les notes des deux premières années de médecine. Ils étaient très suspicieux. Ce n'est pas du tout l'esprit de l'entente. 22 ans d'expérience par pertes et profits Le docteur Gilles Carruel est omnipraticien en France depuis 22 ans quand il lance les démarches pour obtenir son droit de pratiquer au Québec, en novembre 2014. Il a une pratique variée, dans les urgences, au sein des services ambulanciers (SAMU) et il a toujours conservé une garde de nuit pour traiter des patients de milieux défavorisés. Dix-huit mois plus tard, il attend toujours de pouvoir faire un stage d'adaptation de trois mois dans un hôpital, une exigence que le Québec impose aux médecins français. Le docteur Carruel n'a rien contre l'idée du stage, mais il se demande pourquoi l'imposer

si on n'a pas les moyens de l'offrir? « Les autorités, les facultés, le Collège des médecins donnent priorité aux Québécois, ce qui me paraît tout à fait logique, explique-til. Ce que je ne comprends pas, c'est que, sur des postes vacants, pourquoi ne pas les ouvrir un peu plus simplement, entre guillemets, aux médecins étrangers dont le diplôme est reconnu? » Pour le secrétaire du Collège des médecins du Québec (CMQ), le docteur Yves Robert, c'est un problème de ressources. Le nombre d'étudiants en médecine a doublé depuis 10 ans, mais pas celui des professeurs. Il manque de maîtres de stage pour superviser résidents et stagiaires, selon lui. On peut dire "Vous avez juste à en prendre plus", mais il faut de la supervision. S'il y a plus de candidats par professeur, la supervision va être un peu moins serrée. Un argument critiqué Cette supervision étroite qui perdure cinq ans choque. Ce qui me dérange surtout, c'est qu'on se comporte avec

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eux comme si c'était des étudiants, alors que ce sont des médecins confirmés qu'on leur envoie.Le Dr Jackie Ahr, secrétaire général adjoint de l'Ordre national des médecins français

Les médecins français qui obtiennent et réussissent un stage doivent ensuite travailler en milieu hospitalier pendant cinq ans. « La notion de travailler en établissement, c'est pour établir une pratique dite supervisée, explique le docteur Robert. On veut juste s'assurer qu'ils exercent exactement comme les autres. » Ce à quoi réplique son vis-àvis français : « Ils sont traités comme des élèves qui n'ont pas le droit de faire grandchose, alors qu'ils pourraient être très utiles tout de suite ». D’autres problèmes à l'horizon La réforme Barrette vise à sortir les médecins de famille des hôpitaux pour les diriger vers les groupes de médecins de famille. Or, cela crée un nouveau problème pour certains médecins français. Une dizaine d'omnipraticiens français ont obtenu ces derni-

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ers mois un permis restrictif les obligeant à travailler en établissement. Ils se font aujourd'hui dire que les hôpitaux n'embauchent plus. Après des années de démarches, ils pourraient devoir repartir en France : sans emploi, ils sont incapables de faire prolonger leur visa ou d'obtenir un statut de résident. Le Collège des médecins du Québec se dit ouvert à la possibilité d'assouplir cette obligation de travailler cinq ans en milieu hospitalier. « Avec l'avenir qui s'en vient en médecine de famille, on va vouloir surtout les confiner en cabinet pour faire du suivi de maladies chroniques. Il y aurait certainement une possibilité de faire des ajustements, compte tenu du changement d'environnement qui ne va pas être celui qu'on avait en 2008 », avance le docteur Robert. Quant aux stages qui ne sont pas disponibles, le CMQ renvoie la balle au gouvernement : « Si on avait l'investissement proportionnel à la volonté politique qui est exprimée en paroles par les politiciens, ça irait très bien », conclut M. Robert.


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Immigration

Mois de la prévention de la fraude 2016

CRCIC : Une campagne couronnée de succès Lancement d’un micro site Web pour la sensibilisation du public Burlington (Ontario) – Le CRCIC a terminé sa campagne réussie du Mois de la prévention de la fraude 2016 en lançant un micro site Web destiné à alerter le public à propos de la fraude à l’immigration. Ce site; www. fraudealimmigration.ca; présente de l’information importante aux personnes souhaitant venir au Canada pour qu’elles puissent prendre des décisions éclairées. Le Mois

de la prévention de la fraude est une campagne annuelle menée par les entreprises, les organisations et le gouvernement visant à attirer l’attention sur les dangers liés à la fraude. Un symposium à Toronto Plus tôt dans la journée, le CRCIC a participé à un symposium sur la fraude à l’immigration, à Toronto, organisé par la Gendarmerie

À propos du CRCIC

Désigné par le ministre d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), le CRCIC est l’organisme de réglementation national qui régit les consultants en immigration et en citoyenneté ainsi que les conseillers d’étudiants étrangers canadiens. La Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés (LIPR) et la Loi sur la citoyenneté prévoient que les personnes fournissant des conseils en immigration ou en citoyenneté moyennant des frais ou une autre forme de rétribution doivent être réglementées par le CRCIC à titre de consultants réglementés en immigration canadienne (CRIC) ou de conseillers réglementés en immigration pour étudiants étrangers (CRIEE), exception faite des membres en règle d’un barreau provincial ou territorial ou de la Chambre des notaires du Québec.

royale du Canada (GRC). À l’occasion de cet événement destiné à sensibiliser davantage la population et fournir de l’information préventive à propos des fraudes, notamment sur les fraudes propres à l’immigration qui ciblent les nouveaux arrivants au pays, le CRCIC était à la disposition des médias pour répondre aux questions sur l’immigration au Canada et sur la fraude. « Les consommateurs gagnent à être vigilants et à se protéger », a affirmé Christopher Barry, président et chef de la direction intérimaire du CRCIC, lors du lancement du Mois de la prévention de la fraude en début de mars. «Si cela semble trop beau pour être vrai, c’est probablement le cas. Nous demandons donc l’aide du public pour nous assurer que les immigrants arrivent à bon port au Canada.» Avec l’aide du public… La campagne du Mois de la prévention de la fraude 2016

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du CRCIC s’est déroulée quotidiennement sur les médias sociaux où des messages, envoyés au public du monde entier, mettaient l’accent sur le besoin d’être vigilant au moment de retenir des services professionnels en vue d’immigrer au Canada. Le CRCIC a également fait de la publicité dans des journaux locaux partout au Canada et a participé à plusieurs initiatives, notamment une con-

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férence nationale sur l’immigration. Le CRCIC est membre du Forum sur la prévention de la fraude du Bureau de la concurrence. Renseignements : Conseil de réglementation des consultants en immigration du Canada (CRCIC); courriel : communications@iccrc-crcic.ca; www. fraudealimmigration.ca


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Communautés

Journées Culturelles Marocaines 2016 à Toronto

Plusieurs centaines de marocoontariens font la fête

Samedi 2 avril 2016, dès les premières heures de la matinée, bravant le froid et les distances, quelque deux cents torontois d’origine marocaine ont afflué vers l’Hôtel de Ville de North York, où s’ouvrait le second weekend des Journées culturelles marocaines 2016, organisées au bénéfice des marocains résidant dans la Province de l’Ontario par l’Association Marocaine de Toronto (AMDT). Cet afflux confirme ainsi les prémisses de succès enregistrées depuis le début de ce programme, le 19 mars avec pour finalité, annonçait un communiqué de l’AMDT de « créer un environnement d’échanges et de partage entre les Marocains du Canada et entre les Marocain et les Canadiens» et ce «dans le triple objectif de - renforcer l’attachement et la contribution des Marocaines et Marocains du Canada à leur pays d’origine sur la base de leur intégration dans le pays d’accueil ; -permettre aux jeunes d’origine marocaine qui sont nés au Canada découvrir la riche histoire du Maroc ; - Promouvoir et renforcer les échanges et la coopération entre le Maroc et le Canada dans les domaines prioritaires». Rapprocher le Maroc des marocains d’ici… Outre les activités culturelles inscrites au programme de ces Journées, l’initiative de l’association faisait belle place à une action concrète : rapprocher le Maroc, son administration et ses institutions des Marocains résidents en Ontario. À cet effet, l’AMDT et l’unique représentation consulaire marocaine au Canada, ont collaboré à la réalisation de deux journées Consulat Mobile, dans le cadre de laquelle le personnel consulaire, y compris Mme Habiba Zemmouri, Consule Générale, se sont déplacés à Toronto pour y offrir l’ensemble des prestations administratives qui auraient autrement nécessité un long déplacement vers Montréal. Pour la même raison, la présence à ces Journées des trois institutions financières marocaines représentées au Canada et du transporteur

national aérien, a été tout autant appréciée. Enfin, les maroco-ontariens ont pu à leur tour découvrir, avec la participation de la société Dyar Al Mansour, une offre immobilière répondant à leurs besoins et à leur moyens. … et soutenir une noble cause La demande et l’affluence ont été telle que les organisateurs ont du donner une suite à ce volet du programme qui a été prolongé au dimanche 3 novembre, avec une affluence tout aussi dense.

La soirée de gala, marquant la clôture des ces Journées Culturelles Marocaines 2016, a quant à elle réunit, samedi 2 novembre, quelques deux cent familles, soit plus de cinq cent personnes, dans un véritable festival culturel qui a enchanté l’ensemble de l’assistance, tous âges confondus. Au programme artistique, l’Association Marocaine de Toronto avait il est vrai tenu à associer à l’aspect festif un aspect solidarité en incluant dans son programme un défilé de mode pas comme les autres : le défilé de l’espoir. Pour ceux qui ne le sauraient pas, le Défilé de l’Espoir, initiative de Mme Nawal Naji, est une présentation de mode et de costumes traditionnels marocains comme les autres … à la différence près que cette activité – et les éventuels revenus qu’elle génère – sont consacrés à la lutte contre le cancer du sein et que, surtout, plusieurs mannequins qui défilent sont soient des femmes qui ont survécu à ce mal atroce, soit des femmes qui en sont atteintes. Le Défilé de l’espoir torontois a, et ce n’est que justice, semé l’émotion et suscité l’enthousiasme de l’assistance et a marqué l’apothéose de la soirée lorsque, à l’entrée sur la piste des costumes du Sud et du Sahara Marocain, tout le monde s’est levé et repris en chœur la musique accompagnant des mannequins, l’Hymne au Sahara. Le défilé de l’espoir a également été salué par Mme Madeleine Meilleur, Ministre déléguée aux affaires francophones et Procureure générale (Ministre de la justice) de l’Ontario, adressé à l’AMDT et à l’assistance à l’occasion de ces Journées.

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Communautés

Journées Culturelles Marocaines 2016 à Toronto

«J’aurais grandement souhaité être parmi vous»…

… écrit Mme Madeleine Meilleur, Ministre déléguée aux affaires francophones et Procureure générale de l’Ontario

Dans un message à l’occasion Gala annuel de l’Association Marocaine de Toronto, Mme Madeleine Meilleur, Ministre déléguée aux affaires francophones et Procureure générale (Ministre de la justice) de l’Ontario affirme qu’il s’agit «d’un moment privilégié pour les francophones et francophiles de découvrir la richesse et la diversité de la francophonie torontoise» et les félicitent pour leur initiative « de sensibiliser le public à la lutte contre le cancer, et surtout de mettre en lumière l’immense courage de ces femmes». Voici le texte du message de Mme Meilleur « J’aurais grandement souhaité être parmi vous à cette soirée culturelle annuelle de l’Association marocaine de Toronto pour célébrer le fait français, et pour souligner les 15 ans de l’AMDT. Année après année, je ne peux qu’être interpellée face à l’enthousiasme des organisations qui se rassemblent pour célébrer la Semaine de la francophonie. Il s’agit d’un moment privilégié pour les francophones et

francophiles de découvrir la richesse et la diversité de la francophonie torontoise. Je félicite chaleureusement les organisateurs, bénévoles et partenaires de leurs efforts, de leur engagement et de leur soutien dans l’organisation de cette soirée culturelle.

Voici une belle occasion de rendre hommage à la population marocaine de la ville et de mettre en relief son apport à la société torontoise et ontarienne. Parmi les diverses manifestations culturelles ayant lieu ce soir, je suis particulièrement touchée par le Défilé de l’espoir, un défilé de mode traditionnel qui, en plus de faire découvrir la culture de chaque région du Maroc, soutient les femmes atteintes du cancer. Au cours de ma vie professionnelle, avant la politique, j’ai exercé avec passion la profession d’infirmière pendant 25 ans. Comme citoyenne, comme infirmière, comme ministre, comme femme et comme membre du gouvernement de l’Ontario, j’accorde une priorité à la qualité de vie et au

développement humain. Je vous félicite donc de sensibiliser le public à la lutte contre le cancer, et surtout de mettre en lumière l’immense courage de ces femmes. Je tiens à saluer l’excellent travail qu’effectue l’Association marocaine de Toronto dans la promotion et dans la défense des intérêts de la population marocaine de notre ville. L’avenir de la francophonie

ontarienne dépend, en grande partie, de notre capacité individuelle et collective d’accueillir et d’intégrer des immigrants francophones et francophiles au sein de notre société.

Merci aux participants de leur soutien et de leur enthousiasme, et encore une fois, merci à tous ceux qui ont rendu possible la tenue de la 15e édition de cette soirée culturelle.

La culture et le patrimoine de l’Ontario et d’ailleurs, contribuent à enrichir la mosaïque culturelle de notre ville et à faire de l’Ontario français une communauté rassembleuse, fière et inclusive.

Je vous invite à poursuivre les célébrations au-delà de la Semaine de la francophonie et à multiplier les occasions de vous rassembler et d’exprimer votre fierté francophone. Bonne soirée à tous!

Conférence à l’initiative de l’association Maroc Développement-Canada

Changement, gouvernance et stabilité

Par Hajar Jerroumi

Sous le thème du « Gouvernement du Maroc : Réalisations et perspectives d’avenir », l’association Maroc Développement-Canada (MDC) a organisé une conférence à l’attention des MRE de Montréal et ses environs présentée par M. Abdelhaq El Arabi, membre du Secrétariat Général du PJD et conseiller du chef du gouvernement du Maroc, M. Abdelilah Benkirane. Cette conférence animée par Ali Bentaleb, vice-président de MDC, a débuté par une présentation de l’association nouvellement créée, ses objectifs d’union et d’encadrement de la communauté marocaine au Canada et ses compétences dans une optique de renforcement de son rôle primordial

dans le développement et le rayonnement du Royaume du Maroc et la défense de sa cause nationale. La conférence a tout naturellement débuté avec une mention de l’engagement du Maroc dans toutes ses composantes, Roi, peuple, gouvernement, opposition, nationaux et diaspora, d’une voix unie dans la défense de l’unité nationale et territoriale. De plus, M. El Arabi a pertinemment souligné la particularité, voire l’exception marocaine dans une région mouvementée par le dit Printemps arabe ou Printemps du changement, une période-clé qui a fait du modèle marocain, guidé par la sagesse d’un jeune monarque, un exemple salué régionalement et internationalement. Le deuxième bloc de la con-

férence consistait en la présentation des principales réalisations du gouvernement marocain guidé par le PJD qui, sous l’égide du principe du « Changement dans la stabilité », a élaboré une nouvelle logique de gouvernance active, avec un gouvernement au service de la population qui d’ailleurs représente la base des politiques et programmes de développement social. Le gouvernement a en ce sens réussi à ouvrir l’accès à une aide financière directe à quelques 37 000 veuves en situation de précarité, de même qu’en élaborant un programme socio-économique dont les bénéficiaires sont les personnes en situation d’handicap. En matière de santé, force est de constater la création d’une caisse d’assurance médicale obligatoire, l’exemption des

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patients de maladies chroniques du paiement préalable des médicaments. Quant au secteur d’éducation, il importe de noter l’augmentation de l’ordre de 50% de la bourse d’études. L’événement a été conclu avec une longue période de questions et d’échanges interactifs entre M. El Arabi et la présence qui a d’ailleurs répondu nombreuse pour exprimer ses soucis et ses inquiétudes sur des enjeux de sécurité nationale, de facilitations administratives, d’équivalence de diplômes et d’amélioration de l’accueil aéroportuaire. Cette rencontre fut également l’occasion pour la présence de témoigner de son support au gouvernement actuel dirigé par M. Benkirane qui a réussi à

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gérer le pays dans une conjoncture économique et sécuritaire des plus difficiles. La communauté marocaine au Canada a enfin profité de l’occasion pour communiquer un message-clé par M. El Arabi au gouvernement et aux leaders du PJD, à savoir la mise en oeuvre du projet de loi concernant la participation politique des MRE. À la fin, Ali Bentaleb, en sa qualité de vice-président de MDC, a réitéré la volonté et l’engagement de l’association au renforcement des échanges et opportunités constructives de nature à accélérer le développement du Maroc et le poids de sa diaspora au Canada. Infos - Maroc DéveloppementCanada : comitemdc@dmcanada.info


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Elles

Conciliation travail-famille

Affaires de femmes… Qu'en est-il de la société des loisirs qu'on nous prédisait? Gilles Pronovost, professeur émérite de l'Université du Québec à Trois-Rivières, a scruté notre quotidien dans son livre Que faisons-nous de notre temps? Vingt-quatre heures dans la vie des Québécois. Il a entre autre analysé la question de la gestion du temps et, inévitablement, abordé l’idée – le rêve? - de conciliation travailfamille. Voici ses principales conclusions, telles qu’il les a partagée avec notre consoeur Kenza Bennis du magazine Sélection.. Question : Vous observez que le plus grand changement dans la vie des Québécois est l'accroissement du temps de travail? Réponse : C'est effectivement le phénomène le plus frappant des 10 dernières années. Pendant la seconde moitié du 20e siècle, le temps de travail était en constante diminution, mais il y a eu un tournant dans les années 2000. Le nombre d'heures travaillées (en incluant le temps de déplacement) est reparti à la hausse, passant de 42,5 heures par semaine en 1992 à 45,9 heures en 2010. Du coup, les Québécois travaillent aujourd'hui davantage que les autres Canadiens et même plus que les Américains.

Qui sont les plus touchés ? D'une part, les femmes, parce qu'elles ont largement investi le marché de l'emploi. D'autre part, les personnes les plus scolarisées, comme les professionnels, les gestionnaires et les travailleurs de la santé et des services sociaux. Les jeunes parents sont également très affectés. Ils ont entre 30 et 35 ans, des enfants en bas âge, une volonté de bâtir leur carrière et des obligations financières importantes. Ils travaillent beaucoup : les pères font des semaines de 50 heures et les mères de 42 heures. Est-ce que ce sont ces derniers qui manquent le plus de temps ? Environ le tiers de la population québécoise est relativement stressée par rapport au temps (on a le sentiment de ne pas avoir pu accomplir tout ce qu'on avait à faire dans la journée ou on se considère comme un bourreau de travail). Cette proportion est deux fois plus importante chez les femmes, et particulièrement chez les pères et les mères de jeunes enfants. Et à la maison, la répartition des tâches ménagères et parentales entre femmes et

hommes est-elle plus équitable ? Il y a un point positif : aujourd'hui, les pères consacrent presque autant de temps à s'occuper de leurs enfants que les mères. Même si les parents travaillent beaucoup, ils font tout pour être en famille, quitte à rogner sur leur temps personnel, leurs loisirs et un peu sur leur sommeil. Pour ce qui est des tâches ménagères, l'inégalité persiste au Québec, il n'y a aucune évolution. Les mères en font encore 50 % de plus que leurs conjoints. Quelle est la principale conséquence de cette augmentation des heures passées au boulot ? On observe une diminution très nette du temps de loisir. Et c'est celui consacré aux activités culturelles qui connaît la chute la plus brutale : la lecture en particulier, mais aussi les sorties et la fréquentation des musées et des salles de théâtre. En réalité, presque tous les loisirs ont connu une baisse, sauf le temps passé devant la télé, qui, à ma grande surprise, est en hausse. Cela dit, le ratio de temps libre consacré au sport, lui, n'a pas diminué. L'importance de la santé et du bien-être dans notre société y est sans doute pour quelque chose.

Qu'en est-il de notre utilisation d'internet dans les temps libres ? On remarque que les heures passées devant l'ordinateur en laissent moins pour les activités culturelles, sociales et sportives. Il n'y a, en revanche, pas d'impact sur les habitudes de lecture car même si les plus scolarisés passent du temps à naviguer en ligne, cela ne les empêche pas de lire. Internet ne fait pas non plus diminuer la consommation télé, notamment parce que les personnes âgées sont moins connectées. Pensez-vous que cette tendance va durer ? Le temps de travail risque de croître ou alors de se stabiliser, car son augmentation est due à un changement de structure du marché du travail. Non seulement il y a une intensification du travail féminin, mais certains types d'emplois (professionnels, gestionnaires du secteur tertiaire, travailleurs de la santé) augmentent et ce sont ces personnes très scolarisées qui travaillent davantage. Par ailleurs, il y a de plus en plus de retraités par rapport au nombre de travailleurs, donc ces derniers auront beaucoup de pain sur la planche pour maintenir les services de santé, d'éducation, etc.

La fameuse « liberté 55 » n'est-elle donc plus qu'un rêve ? C'était possible au milieu des années 1990, mais ce n'est plus le cas. Aujourd'hui, les 55-64 ans travaillent davantage et on reporte la retraite de plus en plus tard. Une des raisons de ce changement est d'intérêt économique : il y a moins de travailleurs pour payer la pension des retraités. L'autre explication est que les gens, surtout ceux qui font des études universitaires, rentrent plus tard sur le marché du travail ; ils le quittent donc aussi plus tard. Cette augmentation du temps de travail reflète-t-elle nos valeurs ? Ce n'est pas parce que nous travaillons plus que nous sommes plus heureux ou que nous l'acceptons. En fait, comme l'explique mon collègue Daniel Mercure dans son livre La signification du travail, de jeunes parents trentenaires acceptent mal que le travail empiète autant sur leur vie privée et familiale. C'est leur réaction, à savoir s'ils vont résister ou non aux exigences du marché du travail, qui influera sur le comportement des employeurs qui devront s'adapter (ou pas).

Forum des Compétences Canado-Marocaines

Fièrement Femmes ! Le Forum des Compétences Canado-Marocaines (FCCM) organise, une rencontre pour souligner le rôle de la femme immigrante au Canada. Cette rencontre a pour objectif de mettre en valeur l’engagement et l’apport considérable des femmes immigrantes à leurs communautés et à leur société d’accueil. Impliquant des femmes de différentes origines

et intervenant dans différents domaines, "Fièrement... femmes!" sera aussi une occasion de rencontre, dialogue et rapprochement interculturel. L’événement aura lieu le samedi 9 Avril 2016, de 13h30 à 18h, à l’hôtel Dix, situé au 10 Sherbrooke ouest, Montréal, H2X 4C9, QC.

Au programmation 13 : 30 à 14 : 00 : Accueil des invités 14 : 00 à 14 :10 : Mot de Bienvenue de Mme Nafissa Abarbach-Vice-Présidente FCCM 14 : 10 à 14 :30 : Mot des officiels 14 : 30 à 14 :35 : Présentation de l’animatrice de l’après Midi : Mme Mélanie Loisel par Mme Houda Rohaimi SG –

Adjointe FCCM 14 :35 : Début de la conférence : Présentation des Panélistes: 1- Mme Fatiha Chandad 2- Mme Nahed Al Shawa 3- Mme Saloua Benkhouya 4- Mme Nedgy Augustin 5- Mme Saida El Idrissi El Maaroufi 16 : 15 à 16 :45 : Pause-Café Réseautage

16 : 45 à 17 :15 : au tour de la relève de s’exprimer, suivi d’une période de questions 1- Mlle Nour Zirat 2- Mlle Tania-Michelle Contente 17 : 15 à 17 : 30 : Mot de clôture par Mme Mariama Zhouri SG du FCCM Remise des cadeaux (aux panélistes) 17 : 30 à 18 : 00 : Réseautage

Hommage à une pionnière

Claire Kirkland-Casgrain Première femme députée, première femme ministre et première femme juge au Québec, Claire Kirkland-Casgrain vient s’est récemment éteinte à l'âge de 91 ans. Elle aura aussi été la première à se voire célébrée dans des funérailles nationales. Née au Massachussetts, cette jeune avocate n'avait pourtant pas l'intention de jouer les pionnières. C'est la mort de son père, député et médecin

qui lui fit prendre le chemin de la politique durant les années 1960. Si les Québécoises ont obtenu le droit de vote en 1940, il aura fallu attendre 21 ans avant qu'une première femme puisse s'asseoir à l'Assemblée nationale. Et cette femme, c'est Claire KirklandCasgrain. Elle allait d'ailleurs demeurer la seule femme à siéger à Québec jusqu'à son départ en 1973.

Première femme députée, mais aussi première femme ministre du cabinet Lesage, elle lutte pour améliorer le statut des femmes mariées. Elle-même avocate, elle avait dû faire signer son mari pour louer un appartement à Québec. La loi 16, adoptée en 1964, permettra aux femmes mariées de signer des contrats. Première juge à la Cour provinciale

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Claire Kirkland-Casgrain refusait l'étiquette de féministe. Pourtant, c'est elle qui a créé le Conseil du statut de la femme. Mère de trois enfants, elle faisait parfois la route de Québec à Montréal juste pour partager un repas avec sa famille, avant de retourner à ses activités ministérielles. À la tête du ministère du Tourisme, Chasse et Pêche puis des Affaires culturelles,

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au sein du gouvernement Bourassa, on lui doit, entre autres, la création de l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec et la Loi sur les biens culturels. Elle ajoutera aussi à sa carrière une autre première : elle sera la première femme à être nommée juge à la Cour provinciale, en 1973.


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Cultures

Samiha Imene Ferjani

Les coups de cœur de l’âme Par Réda Benkoula

Installée à Montréal depuis 2012, l’artiste-peintre Samiha Imene Ferjani multiplie les expositions et les œuvres d’arts qu’elle expose tantôt dans le cadre de manifestations collectives avec Vues d’Afrique, le mois de l’histoire des noirs, les journées Africaines, Art Montréal, le Salon International du Design de Montréal, le salon de l’habitation ou dans un cadre plus personnel en janvier dernier avec l’évènement « Femmes à la fin S », une occasion pour découvrir les travaux de cette designer graphique qui a fait ses études à l’Institut Supérieur des Beaux Arts de Tunis. Artiste engagée et membre fondatrice de la Ligue des Artistes Tunisiens du Canada, Samiha est partie prenante de l’exposition itinérante « Québécoises, musulmanes et après ? » qui donne un nom et un visage à des personnes musulmanes. Lorsque l’on observe les œuvres de Samiha, on reconnait sa touche personnelle qui s’imprègne des couleurs chaudes des paysages de son pays d’origine tel que nous pouvons le voir dans ces tableaux qui illustrent les portes rustiques traditionnelles. Le thème de la femme est tout aussi présent notamment dans les portraits de « Sonia », « Asma », « Hajer », « En chapeau », « Vue de loin » et la fameuse « Femme en flamme ». Elle fait preuve de créativité et illustre sur commande les prénoms de ceux et celles qui souhaitent avoir leurs noms peints avec la calligraphie arabe comme c’est le cas pour « Ghiless », « Daniel » et « Lucas » et elle n’hésite pas à sortir des sentiers battus pour peindre « Le traineau perdu » qui représente un clin d’œil à l’hiver et la manière de l’artiste de s’imprégner de son environnement d’adoption : le Québec. Samiha Imene

Ferjani qui présente ses œuvres dans le cadre de l’exposition collective Afrique Amérique du Rallye-Expos de Vues d’Afrique qui se prolonge jusqu’au 24 avril prochain a bien voulu répondre à quelques questions : Pouvez-vous décrire votre démarche artistique ?

Je suis créative, aimable et active. Mon caractère et ma personnalité ont de grandes influences sur ma gestuelle lorsque je peins. J’adore la diversité et je suis influencé par l’amour, les couleurs gaies et intenses. J’aime oser sur la toile et j’essaye de marier le portrait de la femme avec les multiples influences culturelles. Je veux toujours créer une complémentarité entre : la figuration primitive brute et la gestualité, le traditionnel des motifs et la diversité des couleurs. Je veux communiquer avec le public et provoquer son imagination et son sentiment à travers ce que j’appelle « La rencontre des âmes ». Où puisez-vous votre inspiration ? Je m’inspire de « la femme » comme thème de recherche, puisqu’elle symbolise la source de la vie, l’identité et la diversité socioculturelle. L’artiste qui est en moi gratte et peint « La Femme et la Culture » en tant qu’expression d’âme et d’identité avec l’abstraction des détails physiques classiques et à travers des portraits typiquement féministes. En fouillant dans l’histoire et la culture et en ajoutant une certaine touche d’illusion et de mystère, j’éprouve le besoin de partager l’émotion d’un art qui soit accessible, qui est teint d’émotion pour atteindre l’autre où qu’il soit à travers le monde. Tout détail que je peux observer peut faire germer l’idée d’une nouvelle toile. C’est ainsi que je commence à travailler sur l’idée en tant que sujet, puis je travaille sur le cadrage, la composition, les formes, les

Mme Samiha Imen Ferjani motifs, les couleurs, etc. Je projette l’œuvre et l’exécute sur la toile avec un certain état d’âme en utilisant des techniques mixtes en acrylique et à l’huile.

sable.

Vos sujets et vos couleurs préférées sont-ils toujours liés aux femmes ?

Ayant vécu en Tunisie qui est un pays touristique et ayant grandi à Hammamet la ville où je suis née, m’a permis d’être ouverte sur d’autres cultures. Ma culture traditionnelle m’a influencé pour développer ma démarche artistique et mon imaginaire. C’est pourquoi, je rêve de créer des toiles originales qui soient uniques et qui s’adressent à un large public. Je souhaite transmettre dans chacune de mes toiles un coup de cœur d’une âme humaine, car mon message est universel.

J’ai été élevée par trois femmes. Je me trouve toujours attachée à ce monde producteur qui est très riche. Je peins la femme en tant que thème principal et je développe d’autres sous-thèmes tels que les portes qui représentent pour moi des ouvertures vers les autres. J’aime utiliser les couleurs primaires qui en mon sens sont celles qui sont les plus proches de mes émotions. Je m’inspire aussi des couleurs de mon pays d’origine à travers la mer, le soleil et le

Quel message souhaitez-vous transmettre à travers vos œuvres ?

Expositions

«Québécois-e-s, Musulman-e-s… et après ?» L’exposition itinérante «Québécois-e-s, Musulmane-s… et après ?» faisait escale le samedi 2 avril à 14h à la bibliothèque municipale Éva Sénécal de Sherbrooke, salle 4 (entrée rue Marquette). Elle y restera jusqu’au 28 avril 2016. L’exposition a pour but de mieux comprendre la diversité

des personnes musulmanes et les enjeux du pluralisme au Québec. Deux portraits sherbrookois viennent d’y être ajoutés et seront présentés lors du lancement. Un coquetel de l’amitié sera offert par le SODRUS, centre Société, Droit et Religion de l’Université de Sherbrooke.

Cette exposition itinérante à travers le Québec a été mise en œuvre par le Centre Justice et Foi et l’organisme La VoiE des femmes. La collaboration entre l’organisme Rencontre Interculturelle des Familles de l’Estrie, le Centre d’études du Religieux contemporain, le SODRUS et plusieurs pro-

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grammes de l’Université de Sherbrooke ainsi qu’avec la Ville de Sherbrooke et la bibliothèque municipale Éva Sénécal a permis d’organiser l’accueil de l’exposition, nous mettant tous ensemble en projet pour soutenir le pluralisme et la diversité au Québec et à Sherbrooke.

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Un panel de discussion portant sur le pluralisme et l’interculturalisme à Sherbrooke en 2016 se tiendra le 20 avril de 17h à 19h à la salle 4 de la Bibliothèque municipale Éva Sénécal. Toutes ces activités sont gratuites.


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Cultures

Printemps des artistes 2016

Nomade; ou la caravane de l’imaginaire… Mehel, peintre et sculpteure, présente «NOMADE… Ou la caravane de l’imaginaire..», du 1er au 11 avril 2016 à l’auditoire de Radio Centre Ville à Montréal dans le cadre de l’événement, le printemps des artistes, dans la programmation du Festival Culturel Nord Africain de Montréal. Le travail récent de Méhel est représenté par 11 tableaux et 7 sculptures luminaires. Les formes qu’elle nous propose, nous invitent au voyage, des épures japonisantes aux mains stylisées, en passant par ses créations minérales abstraites. À l’image de l’artiste, ses œuvres sont libérées de la matière. Elle leur insuffle sa sérénité qui ne cesse de nous surprendre et nous émouvoir. Avec son regard sensible et son geste puissant, elle nous offre son imaginaire en teinte de monochrome et en éclat de couleurs. Ses formations successives sont au grès de ses voyages et s’étalent sur prés de 40 ans auprès d’artistes recon-

nues et d’écoles d’art ; la peinture auprès de Aïcha Haddad ( Alger) et à l’atelier Bigazzi (Florence), la sculpture florale à l’école de Junko Hitomi (Tokyo) et la peinture avec poudre de soie à l’école de Shibuya (Tokyo). À Montréal, elle parfait ses techniques en céramique avec Éva Lapka et Véra Vicente, la pâte de verre qu’elle intègre à ses sculptures luminaires, avec Annick Nabot. Méhel dit : Mon immersion dans différentes cultures, et mon acquis de liberté ont façonné mon existence et fortement influencé mon travail artistique. Je transcende les frontières de la peinture et de la sculpture en introduisant des fragments sculptés à ma peinture, et en approchant ma sculpture comme une peinture. Méhel intègre à sa peinture à l’huile sur toile des fragments de porcelaine ou de grès et de la poudre de marbre. Ses sculptures luminaires sont de porcelaine ou grès associées à la

pâte de verre Crystal de Gaffer. Méhel a reçu plusieurs distinctions lors de ses expositions : Médaille d’or en 2005 et Médaille d’argent et de bronze en 2006 par le Levant au Musée St Laurent des Maîtres et Artisans. Elle a exposé à Tokyo, Alger, Paris, Boston, Tunis et Montréal. Certaines de ses œuvres font parties de collections de particuliers et d’entreprises à Alger, Florence, Paris, Tokyo et Montréal. Le vernissage aura lieu le samedi 9 avril à partir de 18h00; l’artiste sera présente durant l’exposition les 2, 6, 7, 8, 9 et 11 avril de 13h00 à 18h00. Entrée libre. Lieu : Auditoire de Radio Centre Ville 102.3FM, 5212 Boul, St-Laurent, Montréal, Qc. H2T 1S1 (coin Fairmont). Source : festivalcna@ yahoo.ca

Programme Montréal Interculturel

222 453$ à 78 organismes communautaires Pour une meilleure harmonie interculturelle

Le maire de Montréal, M. Denis Coderre, et le responsable des communautés d’origines diverses au comité exécutif, M. Dimitrios Jim Beis, viennent d’annoncer un soutien de 222 453$ à 78 organismes communautaires dans le cadre du Programme Montréal interculturel (PMI). « Cette aide permettra à des organismes actifs dans leur milieu de mener à terme leur projet ou action visant à favoriser le développement des relations interculturelles har-

monieuses dans un arrondissement ou sur l’ensemble du territoire montréalais », a déclaré le maire de Montréal. Mis en place dans sa forme actuelle en 2013, le PMI a pour objectif d’encourager les échanges interculturels dans le respect des droits de la personne et des valeurs démocratiques. Il permet également de sensibiliser les Montréalaises et les Montréalais aux enjeux de la discrimination et du racisme. Pour l’édition 2016, les

organismes œuvrant dans le domaine interculturel ont été invités à déposer un projet, qui a été par la suite évalué par un jury ayant une solide expertise dans les relations entre les cultures. Le soutien financier accordé par projet se situe entre 2 000$ et 4 000$.

« Les projets sélectionnés doivent avant tout être novateurs, structurants et viser à renforcer les liens de solidarité entre les citoyens d’origines diverses, à court et moyen terme. Il peut

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s’agir de projets d’intégration ou d’initiatives favorisant le rapprochement entre des communautés ethnoculturelles comme la tenue d’une cérémonie de bienvenue pour les nouveaux résidents d’un quartier ou la mise en place de cuisine collective aux saveurs d’ailleurs », a précisé M. Dimitrios Jim Beis. Outre le PMI, la Ville de Montréal est à l’origine d’initiatives et d’engagements favorisant le vivre ensemble et l’inclusion sociale telles que la

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création du Conseil interculturel de Montréal ainsi que l’adoption de la Déclaration de Montréal contre la discrimination raciale, la Déclaration de Montréal pour la diversité culturelle et l’inclusion et la Charte montréalaise des droits et responsabilités. Source : Cabinet du maire et du comité exécutif


Éducation

Gouvernance des commissions scolaires

Le projet de loi 86 et ses effets discriminatoires

Le projet de loi no 86 propose certaines modifications qui risquent d'exclure certains groupes d'élèves des mesures favorisant la réussite scolaire, et d'autres modifications qui contreviendraient au droit à l'égalité des enfants ayant un statut d'immigration précaire dans l'exercice de leur droit à l'instruction publique gratuite, selon la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse.

La Commission a transmis la semaine dernière au ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport et à la Commission de la culture et de l'éducation de l'Assemblée nationale, ses commentaires concernant le projet de loi no 86, Loi modifiant l'organisation et la gouvernance des commissions scolaires en vue de rapprocher l'école des lieux de décision et d'assurer la présence des parents au sein de l'instance décisionnelle de la commission scolaire. Réussite scolaire à deux vitesses Le projet de loi propose plusieurs modifications à la Loi sur l'instruction publique (LIP) afin de favoriser la réussite scolaire

des élèves de niveau préscolaire, primaire et secondaire. Il propose notamment d'ajouter à la mission et au rôle de l'école, l'objectif de « viser la persévérance et la réussite scolaires du plus grand nombre d'élèves ». Selon la Commission, cet ajout contredit clairement le principe de l'égalité des chances des élèves inscrit dans la Loi sur l'instruction publique ainsi que le droit à l'égalité protégé par la Charte; selon elle, on doit plutôt viser la persévérance et le succès de tous les élèves, sans exception. En effet, il ne permettrait pas de tenir compte des difficultés particulières de certains groupes au regard de la réussite scolaire, notamment les élèves qui ont des besoins éducatifs particuliers, soit les élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage (EHDAA), les élèves évoluant dans un milieu défavorisé, les élèves issus de l'immigration, les élèves racisés et les élèves autochtones, ainsi que les jeunes pris en charge en vertu de la Loi sur la protection de la jeunesse ou de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents et qui sont placés

en milieu substitut. C'est pourquoi la Commission recommande d'amender la modification proposée à la LIP afin que la mission de l'école vise la persévérance et la réussite scolaires de tous les élèves plutôt que celle du plus grand nombre. Atteintes à l’égalité au détriment des groupes précaires

Dans un autre ordre d'idées, la Commission estime que les atteintes sérieuses au droit à l'égalité des enfants ayant un statut d'immigration précaire démontrent l'urgence et la nécessité pour le gouvernement de proposer dans l'actuel projet de loi une solution permanente pour mettre fin aux situations discriminatoires vécues par ces enfants. Plusieurs d'entre eux n'ont pas accès aux services éducatifs prévus à la LIP ou se voient obligés de payer des frais substantiels pour y avoir droit. En effet, le projet de loi no 86 propose des modifications qui excluraient certains non-résidents du Québec de la gratuité des services éducatifs. La Commission estime que les modifications proposées contreviendraient au droit à l'égalité de

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ces enfants dans l'exercice de leur droit à l'instruction publique gratuite, protégés par les articles 10 et 40 de la Charte. Cela aurait donc pour effet de perpétuer la discrimination exercée à leur endroit. La Commission juge qu'il est nécessaire de modifier la LIP pour permettre à toute personne qui a droit aux services éducatifs en vertu de l'article 1 de celle-ci et qui est domiciliée sur le territoire de la commission scolaire d'avoir droit à la gratuité des services éducatifs, et ce, peu importe son statut d'immigration ou celui de ses parents. Un mémoire et des propositions

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Le mémoire à la Commission de la culture et de l'éducation de l'Assemblée nationale portant sur le projet loi n° 86, Loi modifiant l'organisation et la gouvernance des commissions scolaires en vue de rapprocher l'école des lieux de décision et d'assurer la présence des parents au sein de l'instance décisionnelle de la commission scolaire est accessible dans le site Web de la Commission à l'adresse : http:// www.cdpdj.qc.ca/Publications/ memoire_PL_86_gouvernance_ com_scolaires.pdf Source : Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse


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Modes de vie

Étiquetage et publicité des produits halal

De nouvelles exigences légales

Depuis le 4 avril 2016, les nouvelles exigences relatives à l'étiquetage et à la publicité concernant les produits halal seront appliquées à la suite d'une période de transition de deux ans. Les modifications connexes apportées au Règlement sur les aliments et drogues ont été publiées dans la partie II de la Gazette du Canada le 23 avril 2014.

En date du 4 avril, toutes les allégations relatives aux produits halal sur les étiquettes et les emballages d'aliments et dans les publicités devront être assorties du nom de l'organisation ou de la personne

ayant certifié les aliments comme halal.

Cette modification régle mentaire appuie l'adoption d'une approche uniforme à l'égard des allégations « halal » sur les produits alimentaires dans le marché canadien. Elle fournit aux Canadiens les renseignements nécessaires pour prendre des décisions éclairées et acheter les aliments qui répondent à leurs besoins. L'utilisation d'allégations « halal » sur l'étiquette des aliments est facultative. Cependant, si une telle allégation figure sur l'étiquette ou

l'emballage d'un produit ou dans une publicité connexe, elle doit être conforme aux exigences réglementaires. L'ACIA prendra des mesures d'assurance de la conformité et d'application de la loi si les exigences ne sont pas respectées. Ces modifications n'ont aucune incidence sur la salubrité des aliments. Tous les aliments vendus au Canada, y compris les produits halal, doivent être conformes aux normes rigoureuses du pays en matière de salubrité des aliments.

Le retour de la cuisine de rue

La saison de cuisine de rue a débuté le vendredi 1er avril. Quelques jours auparavant, le maire de Montréal, Denis Coderre, avait annoncé la sélection des restaurateurs pour la saison 2016-2017.

« La cuisine de rue fait maintenant partie de l’identité culinaire de Montréal. Je vous invite à profiter de la belle saison et des différents événements qui mettent en valeur ces restaurateurs de rue qui nous font découvrir ainsi la grande diversité gastronomique

de Montréal. Les restaurateurs ont été choisi avec soin par notre comité de sélection formé de Christine Plante, journaliste et auteure du livre Street cuisine, d’Anne-Marie Withenshaw, animatrice du Guide resto voir et d’À Couteaux Tirés et de Pasquale Vari, chef enseignant à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec et juge à l’émission Les chefs! de 2010 à 2014 », a déclaré M. Coderre. L’offre 2016-2017 sera plus

variée que jamais avec 41 restaurateurs retenus, dont 35 déjà connus des amateurs de cuisine de rue et 6 nouveaux agréés. La Ville de Montréal rappelle à cette occasion qu’elle «évalue avec rigueur tous les dossiers de candidature et s’assure que les restaurateurs retenus proposent une offre culinaire de qualité, diversifiée, alléchante, originale et représentative des courants qui colorent la gastronomie montréalaise». Un permis unique permet à chaque véhicule-cuisine sélectionné de

profiter, en rotation, des 30 sites prévus (38 emplacements) dans les 7 arrondissements. Quand et où profiter de la cuisine de rue? La cuisine de rue sera offerte dans sept arrondissements entre le 1er avril et le 31 octobre, soit Rivière-des-Prairies– Pointe-aux-Trembles, Côtedes-Neiges–Notre-Dame-deGrâce, Le Sud-Ouest, Mercier– Hochelaga-Maisonneuve, Rosemont–La Petite-Patrie, Verdun et Ville-Marie. Au cours de la saison, d’autres

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arrondissements pourront s’ajouter. De plus, l’arrondissement de VilleMarie offre cinq sites ouverts toute l’année. Pour trouver les sites et les camions Depuis le vendredi 1er avril, une carte des sites de cuisine de rue et un calendrier de l’offre de culinaire seront disponibles sur le site ville.montreal.qc.ca/cuisinederue ainsi que le camionderue.com.


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Idées (folles)

L’«hélicoptère monétaire»… … ou si l’argent tombait du ciel En 1969, l’économiste américain Milton Friedman imaginait une méthode radicale pour lutter contre la déflation : un hélicoptère larguant depuis les airs des montagnes de billets sur les villes, afin de gonfler le porte-monnaie des consommateurs et les inciter à dépenser plus, faisant ainsi remonter les prix. Ainsi était née la notion d’« helicopter money » ou « hélicoptère monétaire ». « C’est un concept très intéressant […] mais nous ne l’avons pas encore vraiment étudié », a déclaré contre toute attente M. Draghi la semaine dernière en conférence de presse. Hétérodoxe et controversé, l’hélicoptère monétaire n’a encore jamais été utilisé à grande échelle dans l’histoire moderne. Les propos de M. Draghi ont suffi à enflammer les spéculations autour de l’usage d’un tel outil, au moment où, partout, les doutes grandissent quant à l’efficacité des politiques monétaires pour faire grimper les prix. « L’hélicoptère monétaire fait actuellement l’objet d’intenses réflexions dans les milieux universitaires et les banques centrales », estime Marcel Fratzscher, président de l’institut économique allemand DIW. « Ce serait toutefois vraiment un instrument de dernier recours, si plus rien d’autre ne fonctionnait. »

Prêts géants gratuits pour les banques, achats massifs de dettes sur les marchés à travers le programme « QE », taux au plus bas, la BCE, comme sa consoeur japonaise d’ailleurs, a multiplié les efforts ces deux dernières années pour tenter de faire remonter les prix. En abreuvant les banques d’argent frais, la BCE espère stimuler l’octroi de prêts aux ménages et entreprises, et relancer la croissance. En Europe, le financement de l’économie passe presque exclusivement par le crédit bancaire. Mais depuis trois ans, l’inflation est systématiquement sous la cible d’un taux « proche mais inférieur à 2 % », définition pour la BCE de la stabilité des prix. Lestés par l’effritement des cours du pétrole, les prix ont même reculé sur un mois en février. L’octroi de prêts ne progressant que très lentement, une grande partie de l’argent déversé par la banque centrale reste coincé dans les tuyaux du circuit financier, sans parvenir aux consommateurs. Le recours à l’hélicoptère monétaire permettrait de contourner les banques pour verser de l’argent directement dans la poche des ménages. Si les sommes actuellement injectées par la BCE « étaient réparties entre tous les habitants de la zone euro, chaque citoyen pourrait recevoir jusqu’à 175

euros chaque mois », fait valoir le collectif « QE for people », un regroupement d’associations et d’économistes favorables à cette mesure. En pratique, l’hélicoptère monétaire peut recouvrir d’innombrables formes : distribution de coupons aux citoyens à dépenser dans les magasins, programme d’investissement, ou baisse d’impôts, le tout financé par la banque centrale. Michaël Malquarti, économiste de la banque helvétique SYZ, plaide quant à lui depuis plusieurs années pour que la Banque nationale suisse puisse verser de l’argent directement aux citoyens grâce au système d’assurance-maladie du pays. « J’aimerais voir la Suisse

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comme une pionnière dans ce domaine. Cela pourrait faire tomber une barrière psychologique », déclare à l’AFP M. Malquarti. Mais en zone euro, où cohabitent 19 États et systèmes fiscaux différents, la mise en oeuvre d’une telle mesure se heurte à d’importantes difficultés techniques, logistiques et éthiques. Sans parler des obstacles légaux : si rien n’empêche en principe la BCE de verser de l’argent aux citoyens, les traités européens lui interdisent en revanche formellement de financer directement les gouvernements. « Jusqu’à présent, pour avoir de l’argent, il fallait normale-

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ment le gagner. Si la BCE se mettait à distribuer de l’argent sans contrepartie, cela constituerait un énorme bouleversement des habitudes économiques et mettrait l’économie de marché en danger », pointe également Jörg Krämer, économiste de Commerzbank. Mais « si tout le reste échoue, le débat autour de l’hélicoptère monétaire va passer à l’étape supérieure », juge Christophe Rieger. Pour Jonathan Loynes, économiste de Capital Economics, « la leçon des dernières années, c’est que des politiques qui semblaient inimaginables peuvent devenir réalité ».


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