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nº 283 du 11 au 24 août 2016

Pour vos annonces dans le journal Atlas.Mtl:

(514) 962-8527 Courriel: admin@atlasmedias.com Site Web: www.atlasmedias.com

Élections partielles à l’automne Trois circonscriptions devront se choisir un nouveau député

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L’économie canadienne perd plus de 30 000 emplois

Disparition de 4000 emplois au Québec Page 27 Démographie

Le Québec peine à retenir ses immigrants francophones

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Le Parc Jarry en fête

Comme un immense cri de joie, de confiance et d’espoir…

Forum Social Mondial 2016

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Pour qu’un Autre Monde devienne possible…

Talents

Salma Rehimini, étudiante et citoyenne

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Transport: Taxelco achète Taxi Diamond..

… et constitue une flotte de plus de 1700 taxis

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Editeur : Abdelghani Dades. Directeur Général Rachid Najahi. Rédaction : Abdelghani Dades, Narjisse El-Bakkali, Zahira Ellahgui, Mona Doutabaa, Said Chayane, Reda Benkoula Publicité : Agence Odyssée Conception et Réalisation Graphique : Atlas Média Atlas.Mtl est un produit du. GROUPE ATLAS MEDIA Inc Editeur de. * La Voix des Marocains à Montréal et du site web: www.atlasmedias.com

Éditorial

Édito

Le Parc Jarry en fête

Une image vaut mille mots…

Photo: Lahkim

(514) 962-8527 (514) 994-9582 Courriel: admin@atlasmedias.com Site web: www.atlasmedias.com https://www.facebook.com/ AtlasMedia1

Depuis 2002 Groupe Atlas Media Quatorze ans, c’est… • 283 numéros du bimensuel Atlas.Mtl, soit plusieurs milliers d'articles exprimant la sensibilité maghrébine et valorisant la dimension maghrébine de la société dans laquelle nous vivons; • Une cinquantaine d'événements identitaires, artistiques, culturels et politiques; • De nombreux débats, colloques, séminaires et conférences, • 118 reportages sur la communauté pour les chaînes de télévision 2M, AlMaghribia, Ai Aoula, Arrayadia; • 365 émissions radio (de 2002 a 2009); • Un site web ayant accueilli plus de 11 millions de visiteurs depuis 2003 et qui dans sa nouvelle version (mise en ligne début 2012) et qui reçoit en moyenne 2500 visiteurs par jour.

Photo: Boussayri

Comment dire toute la signification du rassemblement, le samedi 6 août au Parc Jarry de Montréal, de ces dizaines de milliers de citoyens, en majorité originaires de l’immigration et plus particulièrement de la région Maghreb, venus fêter outre leur citoyenneté, la diversité et le vivre ensemble? Au lieu de mille mots, nous

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avons choisi une image. Ce choix ne doit rien aux circonstances qui auraient justifié l’absence de cette réflexion – baptisée Éditorial - que nous vous avons proposé, sans jamais déroger, à chacune de nos éditions depuis le numéro Un, paru il a un peu plus de treize ans, le 15 mai 2003.

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Regardez bien cette photo; Scrutez-en les détails; Mesurez-en la signification. Vous écrirez ainsi votre propre éditorial et, sans aucun doute, y inclurez vous toutes ces choses qui font notre vie, expriment nos attentes, nos espoirs et nos vœux; pour nous, nos enfants, nos concitoyens et nos pays…. Abdelghani Dades


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Célébrations

Le Parc Jarry en fête

Comme un immense cri de joie, de confiance et d’espoir… Dans une ambiance festive et conviviale, des milliers de Marocains établis au Canada ont afflué en compagnie de leurs familles, proches et amis, samedi 6 août 2016 au Parc Jarry à Montréal, pour célébrer dans la joie et l’allégresse, le 17ème anniversaire de la glorieuse Fête du Trône, Fête nationale du Maroc. Organisé à l’initiative du Groupe Atlas Media en collaboration avec un collectif d’associations et de médias marocains et maghrébins au Canada, ce grand rassemblement a été l’occasion pour les membres de la diaspora marocaine de célébrer, dans un élan fédérateur, un moment fort dans l’histoire du Royaume, de partager la joie et la liesse de l’ensemble du peuple marocain en cette heureuse occasion, et d’exprimer leurs sentiments de fidélité et de loyalisme à l’auguste personne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.

sation constante derrière leur Souverain pour la défense des intérêts suprêmes de la nation.

Au pays de la feuille d’érable Brandissant les couleurs nationales, ces expatriés établis au “pays de la feuille d’érable” ont voulu s’associer à leurs compatriotes au Maroc pour réaffirmer leur indéfectible attachement au glorieux Trône Alaouite et à la Mère-Patrie ainsi que leur mobili-

Ce rendez-vous, qui est à sa 4ème édition, a été aussi une expression solennelle par les Marocains du Canada de leur attachement à leur Roi, porte-drapeau du Maroc moderne, attaché à ses valeurs authentiques et pleinement engagé sur la voie du progrès et du développe-

Photo: Lahkim

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ment, et une opportunité aux convives issus des autres communautés, de se joindre à eux pour célébrer cette grandiose fête. Cette manifestation, qui a connu la présence de l’ambassadeur du Maroc à Ottawa, Mme Nouzha Chekrouni, de la Consule générale du Royaume à Montréal, Mme Habiba Zemmouri, du Directeur du centre culturel marocain “Dar

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Al-Maghrib”, Jaâfar Debbarh, du Maire de la ville de Montréal, Denis Coderre, du Président du Conseil de Ville de Montréal, Franz Benjamin, du Maire de Villeray-Saint MichelParc Extension Mme Anie Samson, du Maire de Montréal Nord Mme Christine Black, M Andrés Fontecilla, porte-parole et président de Québec solidaire et de plusieurs

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Le Parc Jarry en fête

Comme un immense cri de joie, de confiance et d’espoir… Suite de la page 5

autres responsables montréalais et québécois, a été également l’occasion pour les membres de la communauté de réitérer leur attachement immuable à leur identité marocaine qu’ils expriment haut et fort dans une société canadienne cosmopolite. Une communauté doublement engagée… Intervenant à cette occasion, Mme Chekrouni a salué l’organisation de cet événement qui coïncide avec la célébration de la fête du Trône et qui permet de resserrer les liens profonds qui unissent l’ensemble des ressortissants marocains établis au Canada et la Mère-Patrie. Soulignant l’excellence des relations maroco-québécoises et maroco-canadiennes, elle a ajouté que la communauté marocaine demeure la meilleure manifestation de ces liens historiques, tout en se félicitant de la présence de plusieurs Québécois et Canadiens, ainsi que des membres d’autres communautés, en particulier maghrébine, venus partager ces moments de joie avec leurs frères et amis marocains. La diplomate a, en outre, indiqué que la communauté marocaine, toujours engagée, demeure une partie prenante dans l’édification et l’épanouissement du grand Montréal et la consolidation des principes de coexistence et du vivre-ensemble, notant que ces valeurs demeurent la devise de chaque Marocain et du Maroc tout entier, un pays tolérant, carrefour de toutes les religions et des civilisations, ouvert sur son environnement euro-méditerranéen et attaché profondément à ses racines africaines et à son ancrage arabo-musulman. Cette magnifique cohésion entre les différentes composantes de la société marocaine a fait du Royaume un havre de paix et de stabilité sous le leadership visionnaire et clairvoyant

Photo: Lahkim de SM le Roi Mohammed VI, a-telle affirmé. … vouée à la coexistence et au vivre-ensemble De son côté, Mme Zemmouri a indiqué que ce rassemblement offre l’occasion de célébrer une fête chère aux coeurs de tous les Marocains, d’exprimer haut et fort l’attachement indéfectible de la communauté marocaine au Canada à son pays d’origine et à son Souverain, et sa grande fierté des avancées réalisées par le Royaume dans tous les domaines sous la conduite éclairée de SM le Roi. La présence massive des ressortissants marocains à cet événement, a-t-elle précisé, témoigne, si besoin est, de leur amour inconditionnel pour leur Patrie et des efforts consentis par ces expatriés pour le rapprochement entre le Maroc et le Canada, relevant que la participation d’autres communautés à cette mani-

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festation démontre leur amour manifeste envers le Royaume et l’importance de la solidarité, de la coexistence et du vivre-ensemble dans le monde d’aujourd’hui. Un moment privilégié Pour sa part, M. Coderre s’est dit très fier de participer à cette manifestation, qui connaît un grand succès année après année, et de partager avec les Marocains la célébration d’une fête qui leur est très chère, ajoutant que la présence d’autres communautés pour partager ces moments privilégiés est le plus bel exemple du vivre-ensemble et de l’ouverture qui caractérise la ville de Montréal, riche de sa diversité. Le public, qui a assisté à ce grand rassemblement, a été gratifié par plusieurs spectacles et activités artistiques, agrémentés d’une panoplie de chansons, notamment patriotiques et populaires, et de morceaux de musique “Aissaoua”.

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Dans des déclarations à l’agence Maghreb Arabe Presse, plusieurs ressortissants marocains ont exprimé leur joie d’assister à cet événement, ajoutant que ce rendez-vous leur offre l’opportunité de venir partager des moments inoubliables dans un cadre chaleureux et convivial. Ils ont aussi tenu à souligner la haute sollicitude dont SM le Roi ne cesse d’entourer les Marocains du monde et Son souci permanent de satisfaire leurs doléances, tout en implorant le Très-Haut de préserver le Souverain, de l’entourer de Sa divine protection, de lui accorder santé et longue vie et de couronner de succès Ses actions inlassables au service de la grandeur du Maroc et de la prospérité de l’ensemble du peuple marocain. Source : Maghreb Arabe Presse


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Célébrations

Le Parc Jarry en fête

Une occasion unique de rapprochement

Photo: Boussayri Par Réda Benkoula L’ambiance était à la fête au Parc Jarry le 6 août dernier où la communauté Marocaine a célébré la fête du Trône en présence de nombreuses personnalités politiques venues à la rencontre du public. C’est le cas du Maire de Montréal Monsieur Denis Coderre (qui s’amuse à se faire appeler Denis Kader) qui avouait aimer partager l’ambiance de la fête. On notait d’ailleurs la présence de Madame Nouzha Chekrouni Ambassadeur du Roi du Maroc au Canada, Madame Habiba Zemmouri, Consule Générale du Royaume du Maroc à Montréal, Monsieur Frantz Benjamin, Conseiller de la Ville de SaintMichel et Président du Conseil de Ville de Montréal, Madame Anie Samson, Maire de l'arrondissement de Villeray-Saint-Michel-ParcExtension et première Vice présidente du Comité Exécutif de la Ville, Madame Christine Black, Maire de l’arrondissement de Montréal Nord, M Andrés Fontecilla, porte-parole et président de Québec solidaire et de représentants de députés fédéraux et provinciaux ainsi que de représentants de membres du Gouvernement

du Québec et notamment de Mme Rita de Santis, ministre responsable de l'Accès à l'information et de la Réforme des institutions démocratiques. Une occasion unique de rapprochement En effet, ce rendez-vous annuel de la communauté Marocaine auquel prend part le Groupe Atlas Média, ainsi que de nombreuses associations Marocaines telles que : Soleil des Orphelins, Racines, le Forum des Compétences CanadoMarocaines, l'association musulmane de Montréal-Nord, l'asociation solidarité Canada-Maroc, l'association des marocains de Toronto, l'association, le Centre Culturel Islamique de Roussillon…, est une occasion unique de rapprochement des membres de la communauté et de plusieurs autres communautés pour célébrer la diversité et le vivre ensemble, un message que soulignait Madame Anie Samson. Une quinzaine d’exposants étaient présents lors de cette journée pour présenter leurs produits ou pour faire découvrir leurs services a des visiteurs friands de nourriture et avides

Photo: Boussayri d’information comme on pouvait le constater au niveau du stand du Centre Culturel Marocain à Montréal. Monsieur Jaafar Debbarh, Directeur de Dar Al-Maghrib en a profité d’ailleurs pour inviter le public à découvrir la programmation du Centre qui s’étale jusqu’au 20 août prochain dans la cadre des Journée du Maroc au Canada.

Tout le Maghreb sur la scène Sur scène, ce sont les artistes Said El Ouazzani, Issawa Rachid Bassmat, Bhiri et DJ Sofiane qui se sont succédés durant cette journée, qui a fini en apothéose avec des jeunes brandissant des drapeaux Marocains, Algériens, Libanais et Tunisiens pour chanter et danser sur les rythmes du répertoire du Rachid

henné…Autant dire que le public de Québec a fait une immersion dans le patrimoine d’un pays millénaire et méconnu dans cette partie du globe.

Pour un coup d’essai, c’était donc un coup de maître et Hamid Garrouma entend reconduire cette expérience dès l’année prochaine en lui conférant un éclat particulier, parallèlement à l’expansion que connait la radio locale qu’il dirige (...) . Harakat Ismail

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Cette édition de la fête du Trône est une invitation à une cinquième édition en 2017.

Le public venait de partout pour découvrir cet évènement qui était une occasion de sortie pour toute la famille sous un soleil propice aux jeux gonflables qui amusaient les enfants. On pouvait aussi rencontrer parmi les festivaliers, le Magicien Oussama qui se baladait au milieu de la foule en bon amuseur du public pour faire découvrir ses tours de magie.

Québec à l’heure marocaine

Le Carré d’Youville dans la vieille capitale a abrité dimanche 31 juillet un spectacle marocain organisé en partenariat par Vues d’Afrique, la chaîne de radio communautaire CKVL et d’autres intervenants dont l’active Association marocaine de Québec. Il s’agissait, pour l’un des maîtres d’œuvre de cette initiative, Hamid Garrouma, basé à Québec de commémorer le 17ième anniversaire de l’intronisation du Roi Mohammed VI. À cet effet, il a été décidé de mettre les petits plats dans les grands. Défilé de mode marocain brillamment organisé par Mosaïque Import Export, musique du terroir marocain,

Guendouz qui a clôturé les festivités avec les chansons : Sidi Hbibi, Dour Biha, Ach Dani, Ya Rayah, Zin Li Atak Allah.

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Photo: Boussayri


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Célébrations

Le Parc Jarry en fête 30 000 fois merci

Merci aux dizaines de milliers de citoyens qui se sont déplacés le samedi 6 août 2016 au Parc Jarry de Montréal; Merci aux Institutions Canadiennes, Québécoises, Montréalaises et Marocaines qui ont soutenu l’initiative; Merci aux partenaires qui ont tout mis au service de la réussite de l’événement; Merci aux bénévoles qui se sont dépensés sans compter pour que chacun puisse profiter de sa journée dans le confort et la sécurité; Et rendez-vous à la prochaine édition, la Vème, en août 2017.

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Hommage

Nouzha Chekrouni, diplomate chevronnée et femme d’exception

Vendredi 5 août 2016, Dar Al Maghrib, le centre culturel marocain de Montréal, accueillait une cérémonie émouvante : un hommage à Mme Nouzha Chekrouni, Ambassadeur de Sa Majesté le Roi du Maroc à Ottawa qui arrive en fin de mission au Canada.

Enseignante universitaire (linguistique) et citoyenne engagée autant dans la société civile que dans l’action politique; Mme Chekrouni à occupé d’importantes fonctions ministérielles à partir de 1998 au sein du gouvernement socialiste (dit «Premier gouvernement d’alternance»). Chargée du portefeuille de la solidarité sociale, du statut de la femme et des handicapés dans l’équipe exécutive dirigée par le premier ministre Abderrahman El Youssfi, elle fera assurément bouger les lignes dans des domaines ou le Maroc souffrait assurément de certains retards sinon de retard certains… Avec un style propre, humanisant la politique et la mettant à la portée et

au service des citoyens, elle mettra en chantier de nombreuses initiatives qui marquent encore les politiques sociales marocaines aujourd’hui. Reconduite en 2000, au portefeuille des affaires des marocains résidents à l’étranger, elle structurera un département qui jusque là était un ministère délégué, sans budget et sans moyens, avant de lancer à la force du poignet et de la conviction, un projet innovant, le projet FINCOM, qui a fortement contribué au rétablissement des liens entre ceux que depuis son magistère on appelle les Marocains du Monde, et leur pays d’origine. Nommée Ambassadeur de Sa Majesté le Roi à Ottawa en 2008, là aussi elle signera son passage par des réalisations discrètes, comme de règle en diplomatie, mais considérables et certainement durables, en matières de coopération universitaire et académique canado-marocaine, en matière d’échanges économiques et commerciaux, de transfert de technologie etc.

Mme Nouzha Chekrouni, Ambassadeur de Sa Majesté le Roi du Maroc à Ottawa Doyenne du corps diplomatique arabe accrédité au Canada, elle a fait face à cette charge avec talent tout comme elle a su inspirer le mouvement associatif à référentiel marocain, sans jamais d’ingérence aucune, l’aidant ainsi à renforcer ses capacités institutionnelles et à amé-

Avis de décès Lundi 8 août 2016, à l'heure où retentissait l'appel à la prière d'al Asr, est décédé à Casablanca Lalla Rokaya Belhadi El Youssfi El Bouyahyaoui Ep. feu Sid El Boudali Dadas Tazi Elle laisse le souvenir d’une femme qui, jusque dans ces derniers jours, a cultivé le bien et la charité. Tous ceux qui l’ont connue et aimée voudront bien avoir une pensée pour elle et prier pour le repos de son âme. Inna liLahi oua Inna ilayhi raaji'oune *Une cérémonie religieuse à la mémoire de la défunte était prévue le mercredi 10 août après la prière d’al Maghrib à la mosquée Nour Al Islam de Montréal Nord

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liorer son efficience. Mission – missions – accomplies donc pour Mme Chekrouni, qui rejoindra Rabat dans les prochaines semaines, mais qui croyons-nous, ne restera pas longtemps en réserve…


Engagement

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Pour qu’un Autre Monde devienne possible… Montréal est l’hôte, depuis mardi 9 et jusqu’au 14 août 2016, du Forum Social Mondial. C’est la première fois, depuis la création de ce forum en 2001 à Porto Alegre (Brésil), qu’il est organisé dans un pays dit du «Nord». Il est vrai que ce qui reste d’image du Canada correspond aux vues de milliers de citoyens ayant en commun de rêver et d’espérer une société plus juste et plus respectueuse de l’être humain et de l’environnement. Le Forum est ainsi une sorte de réponse populaire aux rencontres du Forum de Davos, meeting annuel réunissant les grands financiers et entrepreneurs de la planète. Sous la devise «Un autre monde est possible», le Forum entend ainsi faire entendre la voix de la société civile et contribuer, en quelques sortes, à «modérer» les initiatives des «capitalistes» de Davos et les décisions des politiciens. C’est cette maturité atteinte par les animateurs du FSM qui explique que ce rendez-vous est de moins en moins présenté comme «le sommet des altermondialiste». Avec ses 1 300 ateliers autogérés, présentés par plus de 1 000 organisations de 120 pays – en plus des conférences prononcées par de grands noms comme Naomi Klein, Riccardo Petrella, Chico Withaker ou du Maroc, Driss El Yazami –, le FSM 2016 promet des possibilités de rencontre et de discussion quasi infinies à tous ceux qui ont comme projet de changer le monde. Selon les chiffres fournis par l’organisation, 14 000 participants s’étaient déjà inscrits à la veille de l’ouverture. Les activités, qui auront lieu principalement au centre-ville, s’articuleront autour de 13 grands thèmes, comme la «défense des droits de la nature et [la] justice environnementale», les «alternatives économiques, sociales et solidaires face à la crise capitaliste» et la «décolonisation et [l’]autodétermination des peuples». Douze éditions en quinze ans Le but du Forum social mondial 2016? La discussion et les rencontres. La promotion de pistes de solution davantage que des prises de position. C’est «construire un espace pour que la société civile se rassemble et chemine vers un renforcement mutuel au niveau mondial et local», affirme la co-coordonnatrice du FSM Carminda Mac Lorin. Cette mission n’a pas changé au cours des 12 éditions du FSM en 15 ans, du premier, tenu à Porto Alegre, au Brésil, en 2001, jusqu’au précédent, à Tunis, en Tunisie, l’an dernier. Le forum montréalais bénéficie en outre d’une «mobilisation assez importante des mouvements sociaux au Québec», commente Roger Rashi, coordonnateur des campagnes pour l’organisme Alternatives, qui organise ou co-organise 16 activités pendant le FSM. «La mobilisation pourrait être plus forte, mais on a vu un

réveil dans les six derniers mois du mouvement syndical, communautaire, écologique et altermondialiste en général. Il y a une volonté de participer.» La devise des FSM est : «un autre monde est possible.» Mais est-ce qu’un autre forum est possible? D’après M. Rashi, plusieurs sujets de critique peuvent être énumérés à propos des FSM. Autocritique et réorientation «Est-ce que le forum peut continuer tel qu’il s’est constitué en 2001? Il ne prend pas de position politique ouvertement, précise M. Rashi.

D’autre part, le FSM de Montréal «soulevait dès le départ de gros problèmes d’équité pour les gens venant du sud», expose M. Rashi. Il déplore l’absence d’un fonds de solidarité qui aurait pu être mis en place afin d’aider financièrement les participants venant de l’étranger et souligne les difficultés pour ceux-ci d’obtenir des visas pour entrer au Canada. Ses craintes se sont avérées fondées, puisque plus de 200 demandes de visas ont été refusées par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC); des demandes provenant notamment de têtes d’affiche du forum, comme Aminata Traoré et

Les treize thèmes en discussions 1. Alternatives économiques, sociales et solidaires face à la crise capitaliste 2. Démocratisation de la connaissance et droit à la communication 3. Culture de la paix et lutte pour la justice et la démilitarisation 4. Décolonisation et autodétermination des peuples 5. Défense des droits de la nature et justice environnementale 6. Luttes globales et solidarité internationale 7. Droits humains et sociaux, dignité et luttes contre les inégalités 8. Luttes contre le racisme, la xénophobie, le patriarcat et les fondamentalismes 9. Lutte contre la dictature de la finance et pour le partage des ressources 10. Migrations et citoyenneté sans frontières 11. Démocratie, mouvements sociaux et citoyens 12. Monde du travail face au néolibéralisme 13. Expressions culturelles, artistiques et philosophiques pour un autre monde possible Aujourd’hui, en 2016, avec la multiplication des guerres, des conflits civils et sociaux, est-ce qu’on peut continuer en conservant cette attitude-là ou est-ce que le forum devrait regarder la réalité et prendre des positions politiques quand il le faut?»

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Imad Temiza. Pour Carminda Mac Lorin, la question de l’accès est «une problématique à laquelle doivent faire face tous les FSM», qu’ils soient organisés au Canada ou en Inde. Pour ce qui est des visas, «on savait que ça

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allait être difficile, soutient-elle. On est estomaqués de réaliser que des marchandises peuvent se déplacer librement et que des personnes ne le peuvent pas». Faible participation Ces problèmes de visas ne sont pas sans effet : les organisateurs n’ont, à aucun moment, caché leur crainte que le nombre de participants soit plus bas que prévu cette année. En théorie, plus de 50 000 personnes et près de 5000 organisations étaient attendus pour asseoir le fait que le FSM est le plus grand rassemblement citoyen - et donc non gouvernemental - visant à trouver des solutions aux enjeux avec lesquels le monde est aux prises. Ces chiffres étaient déjà bien plus bas qu’à toutes les éditions précédentes. Des « alternatives concrètes » Regroupant lors de chaque édition des dizaines de milliers de participants venus de plus d'une centaine de pays, le FSM se présente comme le pendant social du Forum économique mondial qui se déroule chaque année en Suisse. C’est «Un événement festif qui célèbre le rapprochement entre les peuples et la solidarité internationale.» explique Carminda Mac Laurin, cocoordonnatrice du FSM Il a pour objectif de trouver « des alternatives concrètes au modèle économique néolibéral et aux poli-

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Engagement

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Pour qu’un Autre Monde devienne possible… Suite de la page 14 tiques fondées sur l'exploitation des êtres humains et de la nature », est-il précisé sur son site web. Le FSM a eu lieu chaque année depuis 2001, sauf en 2008, en 2010, en 2012 et en 2014. La candidature de Montréal pour la rencontre de 2016 avait été retenue lors du FSM de 2015 à Tunis. Le tout premier FSM, à Porto Alegre, était né d'un refus de laisser les pays riches et les « seigneurs du monde » tout décider entre eux, au Forum économique de Davos, et « continuer à dominer le monde », raconte en entrevue l'un de ses cofondateurs, le Brésilien Francisco Whitaker. « Il faut aussi que nous, la société civile, ayons notre espace pour dire : "Un autre monde est possible" », affirme-t-il. « Il ne faut pas laisser les problèmes être résolus d'après la logique de l'argent. Il faut régler les problèmes d'après la logique des gens, c'est à dire des besoins humains, des aspirations humaines, insiste M. Whitaker. Et pas cette chose impersonnelle qui s'appelle "argent". » Les activités se tiendront cette semaine à l'Université du Québec à Montréal, au Cégep du Vieux Montréal, à l'Université McGill, à l'Université Concordia, au Quartier des spectacles, à la Société des arts technologiques, au MonumentNational et à la Maison de développement durable. Il avait été momentanément question que l'ancien rival d'Hillary Clinton, l'Américain Bernie Sanders, participe au Forum, mais Mme Mac Laurin confirme qu'il ne viendra finalement pas. Il a toutefois enregistré un message, qui devait être diffusé lors de l'événement.

La grande marche d’ouverture Près de 5000 personnes, ont défilé mardi 9 août à Montréal pour l'ouverture du Forum social mondial (FSM) qui se tient pour la première fois dans un pays riche afin de dépasser la traditionnelle fracture nord-sud. Parfois venus en famille ou en petits groupes réunis sous la bannière d'une association militante, les manifestants ont gagné la place des festivals où, pendant six jours, des ateliers débats vont se multiplier au gré des stands des organisations non gouvernementales (ONG). «L'engagement c'est pour un changement de politique sociale» ont peint sur une bannière de jeunes participants dans le cortège coloré et bruyant, où un camion-sono diffuse des rythmes jamaïcains. Si au cours des grands rassemblements

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de Porto Alegre (sud du Brésil), où s'est tenu le premier Forum social mondial en 2001, les altermondialistes fustigeaient les pays riches, ils préfèrent maintenant s'attaquer à des problèmes communs aux sociétés comme les inégalités ou l'environnement en refusant le clivage nord-sud. Réduire la fracture Nord-Sud «Il faut dépasser la fracture entre le nord et le sud, (...) les inégalités sociales s'accroissent partout», explique Raphaël Canet, coordonnateur du FSM 2016. Le militant brésilien Chico Whitaker, co-fondateur du FSM, convient de la nécessité de trouver des solutions face à des problèmes dans les pays émergents «vécus de la même manière dans les pays industrialisés».

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Plus de 300 originaires du Maroc défilent… Si le FSM a pris ses quartiers à Montréal c'est en raison d'une société civile animée et militante, selon les organisateurs. De plus, avec 4% de la population canadienne, les Amérindiens, Inuits ou Métis trouvent une tribune de choix. «Le Forum social mondial est un bon endroit pour porter notre message et c'est définitivement une opportunité que l'évènement soit ici au Canada», confie Jocelyn Lahtail, un responsable Algonquin venu en voisin de la capitale fédérale Ottawa. Ce message a été très largement entendu dans la communauté des originaires du Maroc : plus de 300 d’entre eux ont en effet tenu à être de la partie et ont participé à la marche d’ouverture.


Visas

Forum Social Mondial 2016

Plus de 200 personnes privées de participation

Les services canadiens de l'immigration ont refusé de délivrer leur visa d'entrée à plus de 200 participants au Forum social mondial (FSM) et un certain nombre de conférenciers étaient toujours en attente du précieux sésame à la veille de l’ouverture de la rencontre. «234 invités ont été refusés, et le nombre augmente de jour en jour», a expliqué Safa Chebbi, porte-parole du FSM.

une assistance dédiée aux organisateurs pour faciliter les démarches administratives pour l'entrée des visiteurs.

Les voyages antérieurs du demandeur, sa situation financière ou l'incertitude quant à son retour dans son pays d'origine, sont les trois motifs de refus principalement invoqués par le gouvernement canadien, selon les réponses données aux organisateurs par les participants déboutés. Les organisateurs avaient adressé des lettres d'invitation à 2000 personnes dans le monde afin de leur permettre d'engager les démarches auprès des services consulaires des ambassades canadiennes.

«Les formulaires de visa sont traités au cas par cas» sur des éléments précis fournis par le demandeur, comme l'état de santé, l'antécédent judiciaire ou les ressources financières nécessaires au séjour, a-t-elle poursuivi.

Pour les événements internationaux organisés sur le sol canadien, le ministère de l'Immigration propose

«Depuis que l'événement a été enregistré, aucun contact n'a été établi entre les organisateurs (du FSM) et l'unité spéciale événements» d'Immigration Canada, a indiqué pour sa part Nancy Caron, porte-parole du ministère.

Les refus de visas touchent en majorité les pays d'Afrique et du Moyen-Orient, comme les citoyens de la République démocratique du Congo, du Maroc, du Nigeria ou d'Iran, mais aussi des Népalais ou des Haïtiens. Des personnalités comme la militante altermondialiste malienne Aminata Traoré, qui a posé symboliquement sa candidature au poste de

secrétaire générale des Nations unies, le président du syndicat palestinien des postiers Imad Temiza, ou Rogerio Batista du syndicat brésilien CUT, ont vu leur demande de visa rejetée. C'est la première fois que le FSM est organisé dans un pays du nord et du

G7. Loin des grands rassemblements du FSM au Brésil lors de la dernière décennie, avec souvent 100 000 personnes, l'édition 2016 à Montréal ne devrait en attirer que moins de la moitié, selon les dernières estimations des organisateurs.

Forum Social Mondial Six députés déboutés Ottawa en a-t-il contre les élus de la gauche et leurs idées progressistes ? C’est la question que se posent les organisateurs d’un sommet parlementaire qui devait se tenir mercredi 10 août 2016 à Montréal, en marge du Forum social mondial (FSM). C’est qu’en plus d’avoir refusé l’entrée au pays à l’ex-ministre malienne Aminata Traoré, les autorités canadiennes ont rejeté les demandes de visa d’au moins six parlementaires étrangers, venant du Népal, de la Colombie, de la Malaisie, du Mali et de la Palestine. Ce geste hautement inhabituel a été expliqué dans un avis leur annonçant que leur demande de visa avait été refusée, au motif qu’ils n’auraient pu démontrer qu’ils venaient au pays « sur une base temporaire ». Des arguments qui consternent autant les organisateurs du FPM que les parlementaires canadiens qui participent à l’événement, lequel permet à ces acteurs d’échanger sur les défis auxquels font face la gauche politique et les mouvements sociaux. « On parle de parlementaires, d’élus

démocratiques chez eux. Pourquoi resteraient-ils au Canada ? C’est extrêmement malheureux comme situation, et le signal que cela envoie au monde, c’est que des députés élus démocratiquement sont des indésirables ici, au Canada », a estimé la députée de Québec solidaire Françoise David. Elle n’a pas manqué de relever la contradiction entre ces décisions et le message d’ouverture sur le monde de Justin Trudeau lors de son élection à la tête du pays, l’an dernier. Député montréalais du Nouveau Parti démocratique, Alexandre Boulerice qualifie quant à lui d’« indécentes et honteuses » ces décisions des autorités. « Je comprends tout à fait qu’on puisse avoir, parfois, peur que certaines personnes refusent de retourner dans leurs pays. Mais dans le cas présent, c’est complètement loufoque comme argumentaire. Ces personnes participent régulièrement à des forums internationaux », fait-il valoir. À la tête de l’événement, André Fontecilla, de Québec solidaire, voit

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carrément dans ces décisions un « ciblage » des élus de la gauche. Parmi les gens à qui on a refusé un visa figurent notamment l’un des coorganisateurs de l’événement de même qu’un ancien candidat à la présidence du Mali, qui n’ont aucun intérêt à rester ici, dit-il. « C’est sûr que, si c’était un forum prônant le libre-échange, la réponse aurait été tout autre. Ces gens-là auraient pu entrer au pays sans problème. » Le cabinet du ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, John McCallum, a offert bien peu de détails pour expliquer ces refus, invoquant la protection des renseignements personnels. On rappelle que les demandes de visa sont évaluées au cas par cas et que les décisions sont prises par des fonctionnaires conformément à la loi canadienne, et non par le personnel politique. « Qu’ils soient parlementaires ou pas, s’ils ne remplissent pas les critères, ils ne peuvent pas [venir]. On ne peut tout simplement pas savoir qui sont ces gens », malgré le poste qu’ils occupent, a indiqué Félix Corriveau, un porte-parole du ministre McCallum.

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Le ministre aurait pu intervenir s’il avait été avisé de ces problèmes, a-t-il laissé entendre. Il est toutefois peu probable que les six parlementaires puissent être admis au pays à temps pour la tenue du FPM. Les défis conjoints de la gauche et des mouvements sociaux, la lutte contre l’austérité et la justice environnementale figurent parmi les thèmes qui doivent être abordés lors de ce sommet qui accueillera une quarantaine de parlementaires de différents pays, autant de l’Europe que des pays du Sud. Si les trois élus de Québec solidaire et deux des quatre députés montréalais du NPD seront présents, une seule députée du Parti québécois, la candidate à la chefferie Martine Ouellet, sera présente au FPM. D’autres députés péquistes participeront toutefois à certaines activités du FSM, selon un porte-parole. L’absence d’une délégation plus importante du PQ au forum parlementaire en a fait sourciller plus d’un au sein de l’organisation de l’événement.


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Environnement

Le «jour du dépassement»

Lorsque la Terre commence à vivre à crédit… Le 8 août marque le « jour du dépassement », c'est-à-dire le jour où l'humanité a épuisé l'ensemble des ressources que lui fournit la planète en une année.

Karel Mayrand, directeur général pour le Québec à la Fondation David Suzuki, explique que pour arriver à la date symbolique du 8 août, il faut d'abord calculer l'ensemble des ressources que l'humanité utilise pour sa consommation et pour l'économie. Il faut ensuite déterminer le nombre de « planètes Terre » nécessaires pour soutenir l'ensemble de ces activités. La planète bleue à bout de souffle Selon l'ONG Global Footprint Network, il faudra, en 2016, l'équivalent de 1,6 planète pour alimenter notre consommation puisque l'utilisation de la nature par les humains est 60 % plus élevée que le taux de régénération. Si l'ensemble des humains de la planète consommaient autant que la population nord-américaine, il faudrait cinq planètes pour répondre aux besoins de l'humanité. En comparaison, un Indien utiliserait 0,7 planète. Ces données sont finalement reportées sur 365 jours, ce qui permet d'identifier le « jour du dépassement ». Ainsi, lorsque la Terre a atteint les limites de ce qu'elle peut produire, on emploie l'expression « vivre à crédit » puisque les activités humaines se poursuivent en puisant dans le capital écologique des générations futures. Le jour du dépassement arrive de plus en plus rapidement chaque année depuis qu'un seuil, considéré comme critique, a été dépassé en 1971. Selon les groupes écologistes, cette année-là marque le moment où l'humanité est entrée en « déficit

écologique ».

Si le déficit continue de se creuser depuis les 40 dernières années, c'est d'abord en raison de l'accroissement de la population mondiale, mais aussi à cause de la société de consommation, indique M. Mayrand. « Depuis 1950, la population de la Terre a été multipliée par deux ou trois et l'économie mondiale a été multipliée par 19, tout ça en restant dans une planète qui elle, n'a pas grossi. » «C'est évident que l'on a atteint les limites de nos ressources. Et pour l'instant, on compense en puisant dans des ressources qui ne reviendront plus.» —Karel Mayrand, directeur général pour le Québec à la Fondation David Suzuki. Un calcul qui dérange Le calcul du « dépassement » a ses détracteurs, qui estiment que la consommation ne peut excéder l'offre. Mais le calcul prend aussi en considération la pollution émise par les activités humaines, notamment dans l'eau et dans l'atmosphère. « C'est évident que les changements climatiques, ce n'est pas une ressource qu'on est en train d'épuiser, ce qu'on est en train de faire, c'est transformer le climat d'une manière qui va transformer l'ensemble des systèmes naturels sur Terre, et ça, c'est une hypothèque sur l'avenir aussi », explique M. Mayrand. Ce dernier explique que pour bien

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des gens, le discours sur le déficit écologique est alarmiste et redondant. « Les gens disent : "on entend ça depuis 40 ans", mais justement, ça fait 40 ans qu'on vit à crédit! », s'exclame-t-il. Pour le directeur de la division québécoise de la Fondation David Suzuki, il est impossible de prédire combien de temps encore la Terre pourra supporter le système actuel. «Vous savez, si on ajoute un solde impayé chaque mois à sa carte de crédit, on peut tenir quand même longtemps avant de tomber en faillite... c'est la même chose à l'échelle de la planète.» —Karel Mayrand, directeur général pour le Québec à la Fondation David Suzuki. Pour M. Mayrand, il faut donc revenir à une forme d'équilibre et réévaluer nos habitudes de consommation, plus spécifiquement de remettre en

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question la surconsommation, pour nous permettre de « gagner du temps ». Il estime toutefois qu'il faut également revoir nos façons de définir et de calculer la croissance. Pour ce faire, il avance qu'il faudrait prendre en compte le capital écologique dans le modèle économique. Cette opinion est partagée par le directeur de l'institut des sciences de l'environnement à l'UQAM, René Audet. Ce dernier croit que le « jour du dépassement » marque effectivement les esprits, mais que la sensibilisation ne suffit pas pour éviter de frapper un mur. « Le vrai défi, ce ne sont pas les gestes concrets, c'est de transformer en profondeur le modèle qui nous a amenés dans cette situation-là », conclut-il.


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Politique

Des élections partielles à l’automne Trois circonscriptions devront se choisir un nouveau député Les électeurs de trois circonscriptions québécoises seront conviés aux urnes à l’automne, selon toute vraisemblance aux environs de la Toussaint, pour combler des sièges vacants à l’Assemblée nationale. La loi accorde au premier ministre un délai de six mois pour remplir les sièges laissés vacants au parlement de Québec. Philippe Couillard pourrait donc techniquement attendre jusqu’au 2 novembre pour déclencher l’élection partielle dans SaintJérôme, nécessaire en raison de la démission du chef du Parti québécois, Pierre Karl Péladeau, le 2 mai dernier, et quelques mois de plus pour les circonscriptions de MarieVictorin et d’Arthabaska. Il est toutefois d’usage de tenir tous les scrutins partiels nécessaires au même moment, et c’est ce qu’escompterait faire le premier ministre Couillard. Il s’assurerait également d’attendre la sélection d’un nouveau chef du PQ par les partisans de cette formation avant d’aller de l’avant avec le déclenchement du scrutin, pour des raisons stratégiques. «On se tient prêts!» Suivant ce scénario, les élections elles-mêmes auraient lieu soit à la fin novembre, soit au début du mois de décembre.

« C’est le gouvernement qui déclenche, souligne le porte-parole de la Coalition avenir Québec (CAQ), Thomas Verville. Nous, on se tient prêts. Ça signifie que si des élections sont déclenchées aussi tôt qu’en septembre, on sera prêts. » Le bureau du premier ministre s’est gardé de commenter les rumeurs de partielles, rappelant uniquement que le choix de la date « est la prérogative du premier ministre ». Premières candidatures Sur le terrain, malgré la pause estivale, plusieurs des partis sont à pied d’oeuvre. C’est particulièrement le cas dans Saint-Jérôme, fief, le temps d’un mandat, de la Coalition avenir Québec. Après la démission de Pierre Karl Péladeau, la formation de François Legault pense être en mesure de reprendre la circonscription. Les deux principaux partis d’opposition y présentent tous deux des candidats issus du monde municipal, le conseiller Marc Bourcier, pour le PQ, et Bruno Laroche, maire de Saint-Hippolyte et préfet de la MRC Rivière-duNord, pour la CAQ. Bastion péquiste, Marie-Victorin est chaudement disputé… au sein des rangs souverainistes. Pour l’heure,

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pas moins de six personnes ont exprimé le souhait de succéder à l’ex-ministre Bernard Drainville, notamment l’animatrice Sophie Stanké, et l’ex-candidate du Bloc, Catherine Fournier. « On est très heureux qu’il y ait autant de candidats qui s’intéressent à ce siège, a souligné Yanick Grégoire, du PQ. On a des gens qui sont issus de plusieurs milieux, avec des profils très intéressants. C’est encourageant. » Le PLQ et la CAQ n’ont pas arrêté leur choix sur un candidat pour

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l’instant. La situation est plus délicate dans Arthabaska, sans député depuis le décès de l’indépendante Sylvie Roy, le 31 juillet, à la suite d’une hépatite aiguë. Par respect pour la défunte, aucun parti n’a jusqu’à maintenant entamé les démarches visant à la remplacer. Mais la CAQ, l’ancienne formation de Mme Roy, espère bien gagner de nouveau ce siège entouré de circonscriptions caquistes et libérales.


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Perspectives

Trump Président ? « Danger »

Selon des experts républicains de la sécurité Cinquante responsables républicains de la sécurité nationale, dont un ancien directeur général de la CIA, ont estimé lundi 8 août 2016, que Donald Trump, le candidat de leur parti, n'avait pas les qualifications nécessaires pour diriger le pays, ajoutant qu'il serait « le président le plus imprudent de l'histoire américaine ». Cette déclaration, qui se distingue par la dureté des termes choisis, est le dernier rejet en date de la candidature de l'homme d'affaires à la présidence des États-Unis par des spécialistes de la sécurité du Parti républicain. Ni valeurs, ni expérience… « Il manque à M. Trump le caractère, les valeurs et l'expérience pour être président. Il affaiblit l'autorité morale des États-Unis en tant que chef de file du monde libre. Il semble ne pas avoir de connaissance minimale [...] de la Constitution américaine, des lois américaines, des institutions américaines, dont la tolérance religieuse, la liberté de la presse et une justice indépendante », est-il précisé dans la déclaration.

« Aucun de nous ne votera pour Donald Trump », ajoutent les signataires de la déclaration dans un communiqué, soulignant que certains d'entre eux nourrissent également des doutes au sujet de la candidate démocrate Hillary Clinton. Manque de qualifications « D'un point de vue de politique étrangère, Donald Trump n'a pas les qualifications requises pour être président et chef des armées », est-il encore écrit dans la déclaration, d'abord publiée par le New York Times. « En effet, nous sommes convaincus qu'il serait un président dangereux et qu'il mettrait en péril la sécurité nationale de notre pays ainsi que son bienêtre. » De son côté, la sénatrice républicaine du Maine Susan Collins a également dit qu'elle ne voterait pas pour Donald Trump le 8 novembre, estimant qu'il ne représentait pas les « valeurs républicaines historiques ». Même la CIA et la NSA… Parmi les signataires figurent

de nombreux responsables qui ont servi sous des présidents républicains, dont l'ancien directeur de la Central Intelligence Agency (CIA) Michael Hayden, qui a également été à la tête de l'Agence de la sécurité nationale (NSA). On trouve également Michael Chertoff, secrétaire à la Sécurité intérieure sous George W. Bush, John Negroponte, ancien directeur du renseignement national ainsi que deux anciens représentants du commerce américain Carla Hills et Robert Zoellick. À l'origine de cette déclaration, il y a Philip Zelikow, qui fut l'un des principaux conseillers de l'ancienne secrétaire d'État Condoleezza Rice. Donald Trump a réagi à cette déclaration en qualifiant les signataires de membres de « l'élite de Washington » qui a échoué et qui « doivent être montrés du doigt pour avoir rendu le monde si dangereux ». « Ces gens du système - en même temps qu'Hillary Clinton - sont à l'origine des décisions catastrophiques qui ont mené à l'invasion de l'Irak, qui ont lais-

Cherchez l’animalité; elle est dans la photo… sé des Américains mourir à Benghazi [en Libye, NDLR] et sont ceux qui ont permis l'avènement d'ISIS », a ajouté Donald Trump, utilisant un des acronymes pour désigner l'organisation État islamique.

sité de l'OTAN, a exprimé son admiration pour le président russe Vladimir Poutine et a appelé à une interdiction temporaire de l'entrée de musulmans sur le territoire américain.

La déclaration des responsables républicains ne fait pas référence à des propos spécifiques du magnat de l'immobilier, mais elle constitue de toute évidence une réponse à une série de déclarations du candidat à la MaisonBlanche.

Au cours de la même journée, Donald Trump a dévoilé son programme économique pendant un discours prononcé à Détroit, promettant notamment des réductions d'impôts pour les ménages et les entreprises et une déréglementation s'il est élu président des États-Unis le 8 novembre.

Une proximité avec Vladimir Poutine Donald Trump a, entre autres, soulevé la question de la néces-

Les Marocains dans la mire du candidat à la drôle de tête…

Une nouvelle fois, les Marocains ont été pris pour cible par le candidat contesté des Républicains à la présidentielle aux Etats-Unis, Donald Trump.

Lors d’un rassemblement organisé à Portland, dans le Maine, Trump s’est attaqué « aux terroristes » autorisés à entrer aux États-Unis. « Nous laissons des gens venir de nations terroristes alors qu’ils ne devraient pas être autorisés, parce que nous ne pouvons pas vérifier », a-t-il déclaré, n’hésitant pas à citer le Maroc dont les ressortissants pourraient mener

des attaques terroristes sur le sol américain. Donald Trump n’hésite pas à les qualifier « d’animaux », rapporte l’Agence France Presse. Ce n’est pas la première fois que le candidat républicain cible le Maroc. En janvier dernier, il n’a pas hésité à utiliser une vidéo montrant des migrants africains au nord du Maroc franchissant la frontière avec Sebta en déclarant que c’était la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Trump avait reconnu à demi-mots son erreur, mais n’avait pour autant pas présenté ses excuses.

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Économie

L’économie canadienne perd plus de 30 000 emplois

Au Québec, la disparition de 4000 emplois laisse cependant le taux de chômage inchangé à 7 %

En juillet, l’emploi a baissé chez les jeunes de 15 à 24 ans, alors qu’il a peu varié dans les autres groupes démographiques.

Le marché du travail canadien a enregistré en juillet 2016 sa pire contre performance en près de cinq ans, l’économie ayant affiché une perte nette de 31 200 emplois — tous des emplois à temps plein —, a indiqué début août Statistique Canada. Au Québec, quelque 4000 emplois ont disparu, cela permettant au taux de chômage de se maintenir à 7 %. En tout, le marché canadien a vu disparaître 71 400 emplois à temps plein en juillet, ce qui a été contrebalancé en partie par la création de 40 200 emplois à temps partiel, a précisé l’agence fédérale. La pire dégringolade depuis 2011 L’emploi à temps plein au Canada n’avait pas connu une telle dégringolade depuis la disparition de 80 300 postes en octobre 2011. Ces changements ont fait grimper le taux de chômage à 6,9 % le mois dernier, par rapport à celui de 6,8 % en juin. Le nombre d’employés rémunérés a diminué de 28 400 le mois dernier, tandis que le nombre de travailleurs autonomes — des emplois souvent considérés comme plus précaires — a reculé de 2700.

Les économistes s’attendaient en moyenne à la création de 10 000 emplois le mois dernier et à un taux de chômage de 6,9 %, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters. « Malgré la progression décevante du marché du travail, la Banque du Canada devrait garder le cap au chapitre de sa politique monétaire », a écrit un économiste du Mouvement Desjardins, Benoit P. Durocher, dans une note d’analyse. « En outre, les résultats de l’emploi aux États-Unis sont très bons depuis deux mois, ce qui semble signaler un rebond de la croissance en Amérique du Nord au troisième trimestre. » Les industries productrices de services ont perdu 26 900 emplois le mois dernier, tandis que celles qui offrent des biens en ont échappé 4300. L’Ontario souffre… Les pires pertes d’emplois ont été observées en Ontario, où le marché du travail a abandonné 36 100 emplois. Quelque 18 900 de ces emplois étaient à temps plein. De son côté, la Colombie-Britannique a accueilli 12 100 nouveaux travailleurs le mois dernier, mais la province a malgré tout perdu 21 800 emplois à temps plein. Dans l’ensemble, le nombre d’emplois au Canada a progressé de 0,4 % par

rapport à il y a 12 mois. Dans la même période, le nombre d’emplois à temps plein a cependant reculé de 0,2 %, tandis que ceux à temps partiel ont avancé de 3,1 %. Dans la catégorie des travailleurs âgés de 15 à 24 ans, le nombre d’emplois a diminué de 28 400 en juillet. Ce recul net a fait grimper le taux de chômage de cette catégorie à 13,3 %, par rapport à 13,0 % pour le mois précédent. Déficit commercial : un autre record… Par ailleurs, Statistique Canada a aussi dévoilé les plus récentes données sur le commerce international de marchandises, faisant état d’un déficit commercial

record de 3,6 milliards pour le mois de juin. Les exportations canadiennes ont échappé 4,7 % au deuxième trimestre pour se chiffrer à 124 milliards. Il s’agissait du plus important recul trimestriel depuis le deuxième trimestre de 2009 — soit pendant la Grande Récession. Conséquemment, le déficit commercial trimestriel du Canada s’est élargi à 10,7 milliards pour la période d’avril à juin, en hausse par rapport à celui de 6,4 milliards du premier trimestre.

Sécurité

Démystifier l’assurance auto

Prévention des vols et des accidents : testez vos connaissances!

Êtes-vous du type prévoyant ou plutôt négligent? Quel que soit votre type, il n’y a rien de mieux que d’être bien informé pour faire face aux aléas de la vie. Voici 6 questions pour tester vos connaissances en matière de prévention et d’assurance auto!

Au volant, la fatigue est dangereuse. Lequel des moyens suivants ne suffit pas à prévenir les accidents? • Éviter de conduire la nuit, entre 1 h et 7h • Prendre un taxi ou covoiturer • Avaler un ou deux cafés avant de prendre la route • Faire une pause à intervalles réguliers, par exemple aux deux heures, lors de longs trajets Réponse : c. Avaler un ou deux cafés avant de prendre la route ne vous garantit en rien de rester éveillé et attentif sur la route. Mieux vaut reporter votre voyage si vous vous sentez fatigué. Combien de vols de biens se trouvant à l’intérieur d’automobiles sont commis

chaque année au Québec? Réponse : 40 000.

Plusieurs de ces vols auraient pu être évités si les propriétaires avaient pris certaines précautions, comme verrouiller les portes de leur véhicule, éviter de laisser des biens de valeur à la vue et choisir un espace de stationnement sécuritaire et éclairé. Sachez aussi que la portion de prime reliée au vol peut diminuer jusqu’à 25 % si vous munissez votre véhicule d’un système antivol. Un voleur a fracassé la vitre de côté de votre automobile pour voler les biens qui s’y trouvaient. Avec qui communiquer pour faire votre réclamation? Réponse : Vous devrez faire deux réclamations. - L’une auprès de votre assureur automobile, pour les dommages causés au véhicule. - L’autre auprès de votre assureur habitation, pour le vol de votre équipement électronique. Si vous vous faites arrêter alors que

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vous conduisez en état d’ébriété, vous serez obligé d’aviser votre assureur. Vrai ou faux? Réponse : Vrai.

Ce n’est pas si simple! Sachez que les portes se fermeront une à une lorsque vous tenterez d’obtenir des soumissions, à moins bien sûr de vous tourner vers un assureur spécialisé. L’idée de cacher cette information à votre assureur vous effleure l’esprit? Advenant un sinistre, votre passé viendra vous hanter. Vous devrez alors vivre avec les conséquences supplémentaires d’une fausse déclaration. Le plus grand nombre d’accidents de la route surviennent dans les zones de… • 30 km/h • 50 km/h • 70 km/h • 100 km/h Réponse : b) 50 km/h La boîte magnétique fixée à votre véhicule est le meilleur endroit pour conserver la clé de réserve. Vrai ou faux?

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Réponse : Faux. La boîte magnétique est un endroit trop prévisible et bien connu des voleurs. Mieux vaut éviter de conserver votre clé de réserve à l’intérieur de votre véhicule ou sur ses parois extérieures. Vous avez d’autres questions sur l’assurance auto? Afin d’y voir clair dans toutes les protections d’assurance disponibles et de vous assurer d’être bien protégé, prenez le temps de vous informer auprès d’un agent en assurance de dommages. En tant qu’experts dans le domaine, nous sommes en mesure de vous conseiller sur la prévention des sinistres et de vous recommander les protections répondant le mieux à vos besoins! Abderrazzak Charef Agent en assurance de dommages Affilié à La Capitale assurances générales Cabinet en assurance de dommages 514 402-4261 – assurancecharef.com


Démographie

Le Québec peine à retenir ses immigrants francophones

Ils sont nombreux, ceux et celles qui ont rêvé de s'établir au Québec afin de se refaire une vie en français. Les publicités gouvernementales laissent miroiter des possibilités d'avenir assuré dans leur langue maternelle, avec un processus de sélection qui les avantage. Rendus ici, ils sont dans bien des cas confrontés à une tout autre réalité. « Au Québec, j'ai été immédiatement mis dans une boîte : celle de l'immigrant francophone, chose que je n'ai pas vécue ici, à Toronto avec les anglophones, même si j'ai un accent en anglais », se souvient George Achi, un Libanais d'origine, naturalisé Français. Même s'il occupait un bon emploi, il a quitté le Montréal qu'il aimait, mais qui lui rappelait un peu trop les questions identitaires de son passé franco-libanais. «À Toronto, je suis anonyme et je n'ai pas à me poser toutes ces questions que je fuyais et qui finissent par être difficiles à vivre.» affirme George Achi. Le couple Sibileau-Brossas, originaire de France, a immigré il y a quelques mois à Mississauga, la banlieue de Toronto. L'entreprise de Thomas Brossas a déménagé ses activités aéroportuaires vers l'aéroport international Pearson de Toronto, le plus important au pays. Et son épouse, Marine, l'a accompagné. «Au Québec, les gens sont toujours en mode défensif pour la protection de la langue. C'est bien, mais il y a une carapace dure à percer. On laisse moins entrer d'autres cultures.» estime Marine Sibileau. « Toronto est la ville de plein de communautés alors que le Québec est aux Québécois de souche »,

déplore-t-elle. Des emplois difficiles à trouver Une récente étude de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) abonde dans le même sens. Même s'il y a deux fois moins d'immigrants à Montréal qu'à Toronto, où ils représentent plus de 46 % de la population, ils ne trouvent pas d'emploi à leur mesure ou, pire, pas d'emploi du tout, constatent ses auteurs. Cette « métropole de talent », notent-ils, est pourtant une ville francophone, jeune, universitaire, innovatrice et culturellement vivante. Un paradoxe, conclut l'étude de l'OCDE. Selon l'OCDE, le taux de chômage des immigrants arrivés à Montréal il y a moins de cinq ans dépasse 18 %, alors qu'il se situe à un peu plus de 14 % chez ceux qui se sont établis dans la Ville Reine. Après 10 ans, les immigrants torontois ont cependant un taux de chômage com-

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parable à l'ensemble de la population montréalaise. Statistique Canada fait par ailleurs état de disparités linguistiques : 16 % des immigrants unilingues anglophones récemment arrivés au Québec sont chômeurs, un chiffre qui grimpe à 23 % chez ceux qui ne parlent que le français. Un « francoboom » tout près de Toronto À Mississauga, l'école primaire catholique Saint-Jean-Baptiste vit un véritable « francoboom ». Sur ses terrains, de grands espaces ont été bétonnés pour accueillir six classes mobiles qui répondront aux nouvelles inscriptions. Les élèves proviennent autant des familles anglophones-francophones mixtes que de celles des nouveaux immigrants désireux de voir leurs enfants apprendre le français, un net avantage en Ontario. C'est là que Patrick Bertolin, un

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Camerounais d'origine sélectionné par le gouvernement du Québec, a trouvé un emploi à la hauteur de ses compétences. Une expérience qu'il n'a pas vécue au Québec. « Si j'avais eu un emploi à ma mesure ou qu'on m'avait appelé ne serait-ce que pour une ou deux entrevues, je serais resté en me disant qu'un jour je vais avoir ma chance », regrette l'enseignant. «Tout ce que j'ai trouvé [au Québec], c'est un emploi la nuit dans les usines ou chez Dollarama à 10 $ l'heure.» déclare Patrick Bertolin « C'est triste, conclut-il. Le gouvernement québécois devrait réaliser qu'il y a un problème. » Au total, près du quart des immigrants québécois partent vers d'autres provinces canadiennes, principalement l'Ontario


Défis

Diplômés, issus de l'immigration et en recherche d’emploi…

De nombreux diplômés issus de l'immigration peinent à trouver du travail. Le taux de chômage est deux fois plus élevé chez les minorités visibles (13,3 %) que dans la population générale (7,2 %), selon les données de Statistique Canada pour 2011.

La situation d'Arnaud Djintchui Ngongang illustre bien ce problème. Ce jeune diplômé d'origine camerounaise de 36 ans a beaucoup de mal à se trouver un emploi malgré ses qualifications. Titulaire d'un doctorat en chimie, il est installé au Québec depuis décembre 2011. À l'époque, le Canada recherchait des chimistes, sa demande d'immigration a été accélérée, et il a obtenu sans problème la citoyenneté canadienne. Son doctorat de l'Université de Munich en Allemagne est reconnu ici. En 2013, il devient membre de l'Ordre des chimistes du Québec. Il entame même un post­doctorat à l'Université de Montréal pour mettre toutes les chances de son côté. Mais le temps passe et toujours pas d'offre d'emploi. « Je me sens une personne vide qui ne sert à rien. c'est difficile à vivre, se lever le matin et on ne sert à rien, malgré nos études et qualifications », dit Arnaud Djintchui Ngongang. À contrecoeur, il s'inscrit dans une agence de placement et travaille sur appel dans une usine de matelas à Montréal, où il s'occupe de l'entretien ménager.

«Je me pose toujours la question : qu'est-ce que je fais ici, c'est pas ma place, mais c'est ce qu'il y a de facile à trouver, il faut bien payer ses factures.»—Arnaud Djintchui Ngongang Cela fait quatre ans qu'il cherche un emploi dans son domaine. Arnaud Ngongang envoie son curriculum vitae tous les jours à divers organismes, dont la Société des alcools du Québec et la CNESST (Commission des normes, de l'équité,de la santé et de la sécurité du travail), mais toujours rien.

Quand il a une réponse, c'est souvent la même : « Vous avez toutes les qualifications, mais votre candidature n'a pas été retenue pour le poste. On conserve votre CV et on vous contactera ultérieurement si on en a besoin. » Dans sa recherche sur la persévérance universitaire des étudiants immigrants, la professeure Fasal Kanouté de l'Université de Montréal note que « plusieurs parlent de phénomènes discriminatoires, subtils ou flagrants, qui ont jalonné leur recherche ou leur expérience d'emploi ». Le professeur titulaire de chimie Sébastien Sauvé affirme qu'il faudrait que les nouveaux arrivants aient une formation dans la recherche d'emploi au Québec. Selon lui, le diplôme n'est pas suffisant, il faut que chacun développe un réseau et comprenne mieux le fonctionnement du marché du travail. Un problème récurrent Doudou Sow, conseiller en emploi à l'organisme Carrefour jeunesse emploi à

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Montréal­-Nord, affirme que le cas d'Arnaud Ngongang n'est pas unique. Beaucoup sont confrontés à un mur lorsqu'ils recherchent un emploi, malgré leur diplôme. « On ne voit pas la lumière au bout du tunnel, les jeunes étudient, obtiennent des diplômes et sont confrontés à une discrimination », dit-il. Selon lui, la fonction publique doit donner l'exemple et représenter la diversité de la société. « Les personnes issues des minorités ne demandent pas d'être embauchées selon leur origine, mais elles ne veulent pas que leur origine ethnique devienne un handicap », dit-il.

Le président de la Commission des droits de la personne du Québec, Jacques Frémont, dénonce ces situations. Malgré la loi sur l'équité, les mentalités ne changent pas. «Avec les lois, on ne change pas nécessairement les mentalités, il faut que les employeurs comprennent qu'ils ont tout avantage d'avoir des employés diversifiés.»—Jacques Frémont, président de la Commission des droits de la personne Des tests de la commission ont montré que si une personne a un nom à consonance étrangère, elle a 15 fois moins de chance d'avoir des entrevues. Arnaud Ngongang affirme qu'il ne baissera pas les bras, même si faire des

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travaux ménagers dans une usine n'était pas le parcours qu'il espérait. Il se demande parfois s'il ne serait pas plus utile au Cameroun avec ses diplômes, mais il a choisi le Québec comme terre d'adoption. « Je reste positif, je ne baisse pas les bras, je veux juste qu'on me donne la chance », dit-il. Aux dernières nouvelles, il a commencé un emploi sur appel comme opérateur d'instrument d'analyses chromatographiques. Les horaires sont variables dit-­il, mais c'est déjà un début. Il manque plus de 25 000 employés issus des minorités visibles dans les organismes publics du Québec, selon une compilation réalisée par RadioCanada.


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Consommation

Une taxe sur les boissons gazeuses en projet ? … Le sucre ajouté, ennemi des diététiciens Le cabinet du ministre des Finances, Bill Morneau, avait commandé une analyse interne, l'hiver dernier, sur les effets d'une éventuelle taxe sur les boissons gazeuses. C'est ce qu'indique une note informative rédigée par le sous-ministre Paul Rochon à l'attention de M. Morneau en date du 29 janvier et obtenue par La Presse Canadienne en vertu de la Loi d'accès à l'information. À pareille date, le ministre des Finances préparait le premier budget du gouvernement libéral. L'analyse demandée par le gouvernement a été complétée en mars. La note interne de janvier relevait que de nombreuses associations du milieu de la santé réclamaient l'adoption d'une taxe sur les boissons sucrées dans l'optique de diminuer les cas d'obésité. Une recommandation de la Fondation des maladies du coeur était d'ailleurs mentionnée. Cette dernière proposait que le gouvernement mette en place une taxe de 5 % sur chaque quantité de 100 millilitres de boisson sucrée vendue. Une telle

mesure générerait des revenus de 1,8 milliard de dollars à l'État, faisait valoir l'organisme.

En dévoilant son budget, au printemps, le gouvernement libéral avait affirmé qu'il viendrait en aide aux familles pour qu'elles puissent faire de meilleurs choix alimentaires. Celui-ci avait également indiqué que de nouvelles indications allaient suivre au courant de l'année 2016-2017 en ce qui a trait à l'étiquetage. Aucune mention d'une future taxation des boissons sucrées n'apparaissait dans le budget. Une attachée politique du ministre des Finances, Annie Donolo, a confirmé par courriel que l'analyse interne avait bel et bien été demandée durant la période de prévision du budget annuel. La question d'une taxation avait été évoquée par plusieurs intervenants tant favorables que réfractaires, a écrit Mme Donolo. « C'est un enjeu important qui comporte différentes facettes. Nous nous attendons à ce qu'il soit ramené à l'avant dans les prochaines discussions sur le prochain budget. » Le rapport d'un comité sénatorial

portant sur la lutte contre l'obésité suggérait en mars dernier, qu'Ottawa impose une telle mesure.

fois par le Parti vert. Ce dernier a voté pour une résolution sur l'implantation d'une taxe sur les boissons sucrées.

Une recommandation qui a été brandie de nouveau le week-end dernier, cette

Les Canadiens, grands (et futurs gros) consommateurs de boissons sucrées Le Canada se trouve au 10e rang sur 80 pays quant à sa consommation de boissons sucrées en 2015, selon une étude menée par la Chaire internationale sur le risque cardiométabolique de l'Université Laval. Les chercheurs, qui ont établi un « Baromètre mondial des ventes de boissons sucrées », se sont penchés sur la consommation mondiale de ces boissons en 2015 et la tendance au cours des cinq dernières années. 88 litres par an et par habitant Avec une moyenne de 88 litres par habitant (LPH) l'an dernier, le Canada se situe dans le peloton de tête en ce qui a trait aux ventes annuelles de boissons gazeuses et de jus contenant du sucre ajouté, mentionne Benoît Arsenault, professeur adjoint à la

Faculté de médecine de l'Université Laval. « C'est tout à fait déplorable que le Canada se retrouve dans les 10 pays au monde où il se consomme le plus de boissons sucrées étant donné les conséquences de la surconsommation chronique de boissons sucrées sur l'incidence du diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires. » Le Mexique, le Chili et les États-Unis arrivent aux premiers rangs avec respectivement près de 147, 144 et 126 litres par habitant. Tendance à la baisse Les nouvelles ne sont cependant pas toutes mauvaises, souligne le Dr Arsenault.

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Selon l'étude, la vente totale de boissons sucrées dans le monde, y compris au Canada, est à la baisse depuis 2010. Cette diminution est marquée dans les pays industrialisés notamment en Amérique du Nord, dans l'Europe de l'Ouest et en Australie. Benoît Arsenault croit que la population des pays industrialisés est de plus en plus sensibilisée aux effets néfastes de la surconsommation de boissons sucrées. Des mauvaises habitudes qui s’«exportent» bien Toutefois, le problème tend à se déplacer vers les pays émergents, déplore Benoît Arsenault. « Notamment au Moyen-Orient, en Asie, on remarque une forte augmentation dans plusieurs pays de la consom-

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mation de boissons sucrées, ce qui est tout à fait déplorable parce qu'on semble exporter nos mauvaises habitudes de vie dans d'autres régions du monde », souligne le chercheur. D'après cette étude, la vente de boissons énergisantes au cours des dernières cinq années est quant à elle en augmentation pratiquement dans tous les pays. Au Canada, la hausse observée est de 38 %. Les résultats de cette étude ont été présentés lundi à la Société européenne de l'athérosclérose à Innsbruck, en Autriche. La Chaire internationale sur le risque cardiométabolique de l'Université Laval regroupe plusieurs chercheurs à travers le monde qui s'intéressent aux problèmes de santé reliés à l'obésité.


Santé

Les ravages silencieux de la maladie de Lyme La morsure d’une tique, ça n’a l’air de rien, mais ça peut provoquer la maladie de Lyme, une pathologie qui fait des ravages partout à travers le monde et face à laquelle "Il y a urgence à agir. Des gens se suicident. D'autres sont en chaise roulante ou internés en psychiatrie." Pour le professeur Christian Perronne, le temps est venu de "sortir du déni" entourant la maladie de Lyme, transmise par les morsures de tiques.

Cette pathologie affecte 27.000 personnes chaque année rien qu’en France, selon les statistiques officielles de ce pays. "Un nombre largement sous-estimé", estime M. Perronne, chef du service d'infectiologie de l'Hôpital RaymondPoincaré de Garches, qui évoque "un scandale sanitaire" et dénonce des "tests de diagnostic défaillants". "Le test Elisa, imposé aux médecins français, ne détecte que trois espèces de Borrelia (bactéries responsables de la maladie) alors qu'il en existe une vingtaine. Et même quand les patients sont manifestement atteints de Lyme, le test

peut s'avérer négatif", explique ce spécialiste de la maladie qui croule sous les demandes de consultations. Dès 2014, le Haut conseil de la santé publique pointait du doigt la faiblesse du diagnostic. Pourtant, les médecins ne sont toujours pas autorisés à utiliser d'autres tests comme le Western-Blot, qu'ils jugent plus fiable, même lorsque les symptômes sont observés. "Ils doivent suivre le protocole officiel. Si Elisa est négatif, on décrète que le malade n'est pas atteint de Lyme et celui-ci est exclu du traitement antibiotique. Si le test est positif, il doit être validé par Western-Blot", explique Marie-Claude Perrin, présidente de l'association Lyme Sans Frontières dont des adhérents ont décidé de porter plainte collectivement contre bioMérieux, l'un des laboratoires commercialisant Elisa. Calvaire Plus la maladie est détectée tôt, mieux elle est soignée, martèlent associations et médecins. Sinon, elle peut conduire à des complications redoutables.

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Margaux Renaud, 21 ans, a vécu quatre années de calvaire. "Je monte à cheval depuis que j'ai trois ans. Les chevaux ont tout le temps des tiques", raconte-t-elle, amère.

"Je ne sortais plus de chez moi, j'aurais préféré qu'on me diagnostique un cancer pour expliquer mes douleurs plutôt que de m'entendre dire que tout ça était dans ma tête", confie-t-elle.

Infections urinaires, vomissements, pertes de connaissance, douleurs articulaires, problèmes ligamentaires. "J'ai été plâtré 10 fois en quatre ans", dit-elle. D'hôpital en hôpital, personne ne trouve l'origine de son mal.

Un médecin lui fait une ponction lombaire pour refaire le test de Lyme, toujours négatif, "un cauchemar" pour Margaux qui a aussi des pertes de mémoire. "Il m'est arrivé de ne plus me souvenir de mon adresse", raconte-telle.

Elle en perd le sommeil, fait une tentative de suicide, est internée à SaintAnne.

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Santé

Les ravages silencieux de la maladie de Lyme Suite de la page 32

Quand elle atterrit dans le service du Pr Perronne, il y a neuf mois, Margaux Renaud est sur une chaise roulante, elle souffre d'une sciatique paralysante. Après un traitement alternant antibiotiques, antiparasitaires et anti-champignons, elle remarche, remonte à cheval, passe son permis de conduire, reprend ses études. Le parcours de Emma, 16 ans, ressemble au sien. "Tout a commencé par une très grosse grippe à dix ans, suivie d'une importante fatigue accompagnée de douleurs insupportables. Le cercle vicieux s'est installé car Emma ne présentait jamais les mêmes symptômes qui allaient crescendo année après année", témoigne sa mère, Déborah Moigeon. Au début, tout pouvait avoir une explication. Douleurs aux jambes ? La faute à la croissance. Mal au ventre ? L'arrivée des règles. En 2012, un médecin refait une batterie d'examens dont Elisa: négatif. En revanche, il trouve des infections comme la toxoplasmose ou la mononucléose.

Mais sa mère s'interroge: comment une enfant a-t-elle pu attraper autant de maladies ?

Les malaises continuent avec un pouls à 180 par minute, "des décharges électriques qui la font littéralement décoller du sol". "Les pompiers n'en croyaient pas leurs yeux", explique sa mère. Un matin, la jambe droite d'Emma se paralyse. Elle atterrit chez Christian Perronne. "Ma fille n'articulait plus un mot. Elle était en train de mourir." Après trois mois d'antibiotiques, Emma recourt. "Quand je pense à toutes ces hospitalisations, ces examens, ces médicaments, à tout ce que cela a coûté alors qu'il suffisait de boîtes d'antibiotiques à 8 euros, ça me révolte", réagit Virginie Renaud, la mère de Margaux. Une maladie insidieuse Lyme est une maladie complexe et difficile à diagnostiquer, se défend bioMérieux, qui souligne ne pas être leader sur ce marché. "Il est indispensable de replacer le résultat d'un test dans le cadre plus large d'un examen médical

complet pour la diagnostiquer", fait-il valoir.

"S'il n'y a pas de tests de diagnostic fiable, c'est parce que c'est compliqué d'en mettre au point", confirme Muriel Vayssier-Taussat, directrice de recherche à l'Institut national de Recherche agronomique (Inra), spécialiste des tiques. "Les bactéries vont transiter par le sang mais de manière très fugace". Et, dans le milieu médical, les experts des pathologies à tiques sont rares, "sans doute parce qu'on a sous-estimé l'ampleur de cette maladie", avance la chercheuse. L'Institut Pasteur a lui-même fermé en 2011 l'unité qui étudiait notamment les Borrelia.

et les premiers vecteurs chez l'homme en Europe.

malades restent séronégatifs pour Lyme", ajoute-t-elle.

Mais la morsure d'une tique est totalement indolore. Elle passe donc parfaitement inaperçue si elle ne s'accompagne pas d'un érythème migrant, cette grande tâche rouge caractéristique de la maladie.

La chercheuse fait donc l'hypothèse que dans sa forme chronique, Lyme est associée à d'autres infections qu'on ne diagnostique pas aujourd'hui. "On ne peut pas être sourds à ces malades qui vivent tous la même chose à travers le monde. Il faut absolument identifier le problème dans un contexte où l'on sait que les tests de diagnostic ne sont pas fiables", résume-t-elle. Des médecins ont lancé "L'appel des 100" à la ministre de la Santé pour exiger des "financements publics pour améliorer le diagnostic". Et "l'arrêt des poursuites contre les médecins qui ne suivent pas les recommandations officielles pour soigner leurs patients".

"Depuis peu, un groupe de travail, incluant le Pr Perronne et plusieurs responsables d’unité de Pasteur a été mis en place afin de relancer ces recherches", a toutefois indiqué une porte-parole.

Toutes les tiques ne transmettent pas Lyme mais une même bestiole peut contenir une trentaine de micro-organismes d'espèces différentes, explique Muriel VayssierTaussat. Cela peut être des bactéries, des parasites, des virus.

Pourtant, les tiques, qui sévissent de mars à octobre dans les bois, les forêts et même les parcs et jardins, sont les premiers vecteurs de maladies infectieuses chez les animaux

"Or, ces micro-organismes donnent des maladies provoquant des symptômes ressemblant à ceux de Lyme, ce qui pourrait expliquer que tant de

Comment s'en protéger, la diagnostiquer et se soigner Méconnue, cette infection transmise par les tiques fait l’objet d’une vaste polémique au sein du corps médical, divisé tant sur le dépistage que les traitements à adopter.

La maladie de Lyme s'attrape par la piqûre d’une tique, qui va transmettre une bactérie du genre Borrelia. On estime qu’environ 5 à 20% des tiques, ces parasites qui prolifèrent sur les cerfs, les chiens, le bétail, les sangliers ou les oiseaux, sont contaminées. En France, les régions les plus infestées sont l’Alsace, la Lorraine, le Limousin, l’Auvergne et la région Rhône-Alpes. Comment s’en protéger ? Un seul moyen : utiliser des répulsifs cutanés naturels (comme Care Plus ou Aries) et porter des vêtements longs et fermés lorsqu’on se promène en forêt ou dans n’importe quelle zone boisée et humide. Après une balade, bien s’inspecter le corps, sans

oublier le cuir chevelu, les parties génitales, les plis du genou.

Si l’on est quand même piqué, retirer au plus vite la tique, non pas en l’arrachant sans précaution, mais à l’aide d’un tire-tique disponible en pharmacie. Puis, se désinfecter. Plus vite la petite bête est enlevée, moins on a de chance d’être contaminé. Ces précautions sont d’autant plus importantes qu’il n’existe aucun vaccin. Quels sont les symptômes ? Dans près d’un cas sur deux, le premier signe est un érythème migrant, soit une tâche rouge qui s’étend autour de la piqûre. Celui-ci peut apparaître entre trois et trente jours après la morsure. Mais l’infection peut aussi rester souterraine pendant des années et se réveiller quand les défenses immunitaires baissent, à l’occasion d’un choc psychologique.

On entre alors dans une seconde, phase, voire une troisième. Les symptômes sont alors multiples et très handicapants : fatigue chronique, troubles neurologiques (paralysie, atteintes des nerfs…), articulaires (douleurs au coude, au genou..), musculaires, parfois aussi cardiologiques et ophtalmologiques. Comment diagnostique-t-on Lyme ? C’est la pomme de discorde. Officiellement, le diagnostic repose sur une observation des manifestations physiques ainsi que sur la recherche d’anticorps. Le protocole consiste à pratiquer le test Elisa et ensuite, seulement si Elisa est positif ou douteux, le test Western Blot. Sauf que de l’aveu même du Haut conseil pour la santé publique (HSCP), Elisa n’est pas suffisamment sensible. "Nous avons recommandé que le test Elisa soit amélioré,

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explique Patrick Berche, directeur de l’Institut Pasteur de Lille, coauteur du rapport de l’HSCP sur le sujet, car on peut estimer qu’environ un tiers des malades ne sont pas détectés par le test."

Des associations de malades et une partie des médecins réclament d’accéder directement au Western Blot, voire à d’autres tests non reconnus en France : Elispot, PCR, utilisé en France sur les animaux… Au stade de l’érythème migrant, il est dans tous les cas inutile de pratiquer le test Elisa, puisque l’organisme n’a pas encore eu le temps de produire d’anticorps. Comment se soigne-t-on ? Là encore, la conduite officielle à tenir en cas d’infection est farouchement contestée. Définie en 2006 lors d’une conférence de consensus, celle-ci veut que l’on donne jusqu’à 21 jours d’antibiotiques lorsque la maladie en est encore au stade de

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l’érythème migrant. Quand l’infection est soignée à ce stade, on en guérit normalement très bien. Si Lyme atteint les phases secondaire et tertiaire, d’autres cures d’antibiotiques peuvent encore être prescrites, mais les médecins ne sont pas autorisés à dépasser deux mois de traitement. Les détracteurs de ces recommandations estiment au contraire que les antibiotiques doivent être pris sur une très longue durée : plusieurs mois et parfois même plusieurs années. En outre, ceux-ci estiment qu’un traitement antibiotique ne peut suffire à lui seul, qu’il est crucial d’adopter un mode de vie le plus sain possible (alimentation bio et équilibrée, sport) pour détoxifier l’organisme et renforcer ainsi son système immunitaire. Des malades s’astreignent également à un régime sans gluten et sans lactose, sans sucre, espérant ainsi enrayer l’infection.


Talents

Salma Rehimini, étudiante et citoyenne

La communauté des originaires du Maroc résident à Saint Constant (Rive Sud) ne cesse de faire parler d’elle; toujours en bien qui plus est… Et les jeunes n’ont rien à envier aux adultes sur ce plan. On n’en voudra pour preuve que le cas de la toute jeune Salma Rehimini, qui vient de quitter les bancs du collège Champlain pour ceux de l’Université Mc Gill ou elle entame des études de médecine qu’elle compte bien achever avec succès, dans un minimum de temps.

Salma aura un souci en moins : elle n'aura pas à s’embarrasser de questions d’argent pour toute la durée de son cursus. es quatre prochaines années. Elle est en effet l'une des récipiendaires de la bourse Loran 2016, qui pourvoit aux dépenses d’études de ses lauréats jusqu'à concurrence de 100 000$.

n'arrive toujours pas à croire que j'ai remporté cette bourse», affirmait Salma au moment ou, en plein travail bénévole elle a été contactée par les gestionnaires de la Bourse Loran lui annonçant la bonne nouvelle.

Donner aux autres Ce n’est pas seulement pour ses résultats académiques, par ailleurs remarquables, que Salma a reçu cette bourse. En fait, elle est récompensée aussi pour son implication – ses implications - exemplaire auprès de sa communauté, de ses pairs à Saint Laurent et Saint Constant, mais aussi à travers le Canada et le monde et en particulier dans son pays d’origine, le Maroc. Elle est notamment présidente et cofondatrice de l'organisme Exporte Supporte, qui collecte des articles scolaires afin de les redistribuer aux enfants les plus démunis.

La bourse lui permettra non seulement de payer ses frais de scolarité et ses dépenses personnelles pendant ses études universitaires, elle lui donnera aussi accès à un mentor et à des stages d'été.

«Nous avons déjà envoyé du matériel à des orphelins et des enfants démunis au Maroc, et nous comptons en envoyer cette année aux institutions scolaires autochtones canadiennes dans le besoin», affirme la jeune femme.

«Je n'ai même pas eu le temps de rêver à quelque chose comme ça! Des fois, je

Capitaine de son équipe de soccer, Salma fait aussi la promotion de saines

Salma Rehimini habitudes de vie auprès des jeunes du primaire et du préscolaire. La cause des femmes Salma Rehimini s'est aussi beaucoup impliquée auprès des adolescentes musulmanes afin de les aider à intégrer la société québécoise. «J'ai eu la chance d'avoir un encadre-

Salma : Feuille de retour Son CV ressemble à la fois à un agenda et à une feuille de route. Il est riche, très riche; en voici quelques extraits : Parcours scolaire et académique - Diplôme d’aptitude aux fonctions d’animateur (Programme DAFA; Montréal, Qc) - DES (diplôme d’étude secondaire) La Magdeleine (La Prairie, Qc) - DEC International (science santé) Collège Champlain (Saint-Lambert, Qc) - Études de médecine, Université McGill (En cours) Activités bénévoles - Entraineure de soccer à Candiac (Mini Milice Candiac) - Monitrice et animatrice Camp de jour Splash (Saint-Constant, QC) - Tutrice Indépendante (Delson, Saint-Constant, La Prairie et Saint-Lambert, Qc; Aide aux devoirs pour des enfants du primaire ou des collègues aux secondaires et CEGEP) - Bénévole First Aid team, Champlain College (Saint-Lambert, Qc) - Bénévole Société Québécoise du Cancer (Montréal) - Bénévole Fondation des jeunes pour l’environnement (St-Bruno-deMontarville) - Agente réconfortante Grand défi Pierre Lavoie (Montréal, Qc) - Bénévole Hôpital Pierre-Boucher (Longueuil, Qc) - Animatrice CHSLD Jean Louis Lapierre (Saint-Constant, Qc) - Présidente et cofondatrice Exporte supporte (Saint- Lambert, Qc) - Membre Club Terry Fox (Saint- Lambert, Qc) Distinctions et récompenses - Coupe du meilleur esprit sportif Club de Soccer de Candiac (Candiac, Qc) - Certificat du mérite en histoire Société nationale des Québécois (RichelieuSaint-Laurent, Qc) - Mai 2014 : Prix scientifique de l’université McGill (Montréal, Qc) - Médaille de la personnalité de l’école École de La Magdeleine (La Prairie, Qc) - Médaille du Lieutenant-gouverneur du Québec - Médaille académique du gouverneur général du Canada - Dean’s list Champlain College (Dean) (Saint-Lambert, Qc) - Boursière Loran 2016 Qui dit mieux?

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ment incomparable, mais je sais que ce n'est pas tout le monde qui a la même chance que moi. J'organise des conférences-activités une fois par semaine pour aider les jeunes musulmanes à intégrer notre société, à trouver leur chemin, explique-t-elle. On fait du bénévolat ensemble, par exemple.»


Cultures

Neta Elkayam, Marocaine, Israélienne et artiste La voix de cette nouvelle génération des juifs d'origine marocaine qui se battent pour préserver leur identité » Ils sont près de 800 000 juifs d’origine marocaine à vivre en Israël, disent les statistiques. La plupart d’entre eux sont encore attachés à leurs origines et à la culture marocaine, comme l’artiste israélienne Neta Elkayam. Originaire de Tinghir, la chanteuse est restée fidèle à son patrimoine et veille à présenter des chansons inspirées du Maroc en darija. Retour sur la place qu’occupe le Maroc auprès de Neta El Kayam, ses origines et ses projets. Entretien.

musique spirituelle qui module les sentiments des Marocains dans les maisons, les mosquées, les zaouïas, les places populaires et dans les rues.

Vous résidez en Israël mais vous êtes Marocaine. Quelles sont vos origines et que représente le Maroc pour vous ?

Vos origines marocaines sont-elles sources de discriminations en Israël ? Pour le racisme, je peux vous dire qu’en général, l’ensemble des juifs d’origine marocaine ont toujours vécu sous un regard discriminatoire et méprisant de la part du système politique du gouvernement israélien. Cette discrimination, qui a débuté depuis notre migration, est toujours présente.

Mes ascendants viennent de la région de Tinghir pour mon père et de Casablanca pour ma mère. Pour cette dernière, elle est originaire de la région d’Iligh (sud-est de Tiznit, ndlr) au sud du Maroc. Le Maroc représente pour nous, et spécialement pour moi, une manifestation de toutes les images qui représentent mes grands-parents et qui sont un lien entre moi et mon appartenance à l’identité et l’histoire juives et marocaines. Le Maroc est aussi l’une des plus hautes manifestations de la coexistence entre les religions et le pluralisme des cultures. Que vous vient-il à l’esprit lorsque vous pensez au Maroc ? Le fait de penser au Maroc m’inspire et m’évoque toutes sortes d'arts antiques, exceptionnels et encore présents à ce jour dans chaque allée, dans chaque ruelle. Ce pays m’évoque aussi la

Je pense aussi, toujours et à jamais, à la magnifique nature du Maroc, une nature diversifiée qui change avec les saisons, mettant l'accent sur ma passion pour la beauté du désert marocain qui enrichit mon dialogue spirituel avec le reste de l'histoire de mes ancêtres.

Ce que je constate depuis les dernières années, c’est qu’il y a un changement au niveau des idées et des mentalités des citoyens qui vivent en Israël aujourd’hui, convaincus qu’ils appartiennent au Moyen-Orient et que leur mentalité est ancrée à ses origines et ses racines anciennes. En bref, la marginalisation de notre histoire et de nos traditions existe toujours. Toutefois, la perte des vieilles personnes pousse aujourd’hui les jeunes de la nouvelle génération à préserver leur identité. Chacun de nous tente de participer à cette préservation en utilisant ses talents

Neta ElKayman artistiques ou son savoir scientifique. Moi-même je travaille dur pour chanter la musique marocaine. Vous chantez en darija. Vos chansons sont-elles populaires en Israël ? Mes chansons en darija marocaine sont très populaires. J’ai même participé et je continue de participer à des festivals, des soirées et des concerts notamment avec l'orchestre philarmonique andalou à Jérusalem. Ce qui a contribué à accroître ma réputation, ce sont mes expériences lors desquelles j’ai chanté aux côtés de grands artistes maghrébins en Israël à l’instar de Maurice El Mediouni, Raymonde El Bidaouia, Nino Elmaghribi et Robert Sghir.

A.G. du RIFE le samedi 20 aout 2016 L'assemblée générale de l'association RIFE (Rencontre Interculturelle des Familles de l'Estrie) se tiendra le samedi 20 aout 2016 à partir de 10h au Centre communautaire et culturel de l'Arrondissement de Jacques-Cartier / Salle 003 du bureau de l'Arrondissement de Jacques-Cartier : 2050-B Boul. De Portland Sherbrooke QC J1J 1T9. Le bilan des activités de l'an passé

et les projets et intérêts pour l'année 2016-2017sont à l’ordre du jour. Il sera également procédé à l'élection du Conseil d'administration. Toute personne intéressée aux questions interculturelles et aux activités de l’association est invitée à participer. Informations et inscriptions : https://www.facebook.com/ rife1993/ https://www.facebook.com/birestrie/

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Ne pensez-vous pas venir chanter au Maroc ou visiter le royaume ? J’ai participé à deux reprises au Festival des Andalousies Atlantiques et je suis actuellement en train de préparer l’Atlas Dream Project pour l’association Hiba et Karim Tayssir. C’est la preuve de ma volonté de venir faire des concerts et des soirées au Maroc. J’ai déjà visité le Maroc plusieurs fois. Mon dernier voyage, c’était pour le tournage de la deuxième saison du film marocain de Kamal Hachkar (intitulé « Retour au pays natal », il fait suite au documentaire « Tinghir-Jérusalem », ndlr) en compagnie de mon mari, originaire du Maroc et de la Tunisie. Source : Ya Biladi


Transport

Taxelco achète Taxi Diamond Et constitue une flotte de plus de 1700 taxis

« Nous avons actuellement des discussions avec d'autres compagnies à travers le Canada, a déclaré M. Taillefer en conférence de presse. Vous ne devriez pas être surpris si nous annonçons quelque chose d'ici quelques mois. » L'ancien « dragon » croit pouvoir exporter le modèle d'affaires qu'il a mis en place pour permettre à l'industrie du taxi de contrer le géant américain Uber. La clé du succès, selon lui ? Des voitures propres, une application mobile bien conçue et un service courtois assuré par des chauffeurs salariés dont l'horaire de travail est raisonnable.

Fondée en 1922, Taxi Diamond est un joueur important entreprise du secteur à Montréal. Elle donne à Taxelco un accès à un parc de plus de 1100 voitures en plein coeur de Montréal. Avec les 500 voitures de Taxi Hochelaga, acquise l'an dernier, et la centaine de Téo, un service tout-électrique lancé il y a huit mois, Taxelco peut désormais compter sur plus de 1700 véhicules, soit près du 40 % du marché montréalais. Taxelco a dévoilé hier le look qu'arboreront progressivement les voitures des entreprises acquises, inspiré du blanc et vert des véhicules Téo : blanc et noir pour Diamond, blanc et turquoise pour Hochelaga. « Certains vont nous accuser de vouloir créer un monopole dans l'industrie du taxi à Montréal », a affirmé Alexandre Taillefer. « Mais je vous l'assure : on ne fera plus aucune acquisition dans le marché du

taxi montréalais parce qu'avec 40 %, on a la densité requise pour desservir tous les Montréalais en 5 minutes ou moins. »

D'autonomes à salariés? Pour Taxelco, le défi est maintenant d'intégrer Diamond et Hochelaga, dont les chauffeurs sont des travailleurs autonomes, à Téo, qui ne compte que des chauffeurs salariés. Il faudra d'abord convaincre les propriétaires de voitures de les repeindre à leurs frais. Mais surtout, l'entreprise ambitionne de faire « migrer » la moitié de tous ses chauffeurs à Téo d'ici 2019. « À 110 voitures, on va avoir de la misère à rentabiliser Téo », a reconnu M. Taillefer. Dominique Roy, qui demeurera en poste comme PDG de Diamond, doute toutefois du réalisme de cet objectif. « C'est loin d'être certain que les chauffeurs vont vouloir devenir salariés, a-t-il confié à La Presse. Il faut les écouter. La plupart préfèrent être travailleurs autonomes, et c'est ce qui va demeurer. » La vive concurrence que livre Uber aux taxis traditionnels pourrait toutefois persuader des chauffeurs d'opter pour le modèle Téo, puisque ce sont eux qui subissent les plus fortes chutes de revenus. « Ça nous a quand même un peu touchés parce que depuis quatre ans, on n'a pas pu augmenter les cotisations [facturées aux chauffeurs pour les services de répartition offerts par Diamond] », a précisé M. Roy. Une chose est sûre, Diamond et Hochelaga bénéficieront de l'important développement technologique réalisé

pour Téo. « Attendez-vous à ce que les applications se ressemblent énormément d'une marque à l'autre. Si le délai d'attente est trop important avec Téo, on pourrait à l'avenir vous suggérer un taxi qui fait partie de Taxelco », dit Alexandre Taillefer. La valeur de la transaction n'a pas été divulguée. Aussi significative soit-elle dans le contexte montréalais, elle n'a pas à être avalisée par le Bureau de la concurrence en raison du chiffre d'affaires relativement modeste de Diamond, qui est de moins de 10 millions par année, a indiqué M. Taillefer. L'industrie a dans l'ensemble bien réagi à l'annonce. « C'est une bonne nouvelle parce qu'un tel investissement dans

l'industrie légale, ça encourage le maintien de la valeur des permis de taxi », a ainsi commenté Sabrina Ohayon, directrice générale de Taxi Coop Montréal. Propriété de la société d'investissement XPND Capital mise sur pied par Alexandre Taillefer, Taxelco entend injecter 200 millions dans l'industrie du taxi. L'entreprise prévoit être présente à Québec d'ici la fin de l'année. Qu'est-ce que XPND? Ancien de Nurun et de Stingray, Alexandre Taillefer a fondé la société d'investissement XPND Capital en 2011. Des poids lourds comme Stephen Bronfman et la Caisse de dépôt et placement y ont investi des millions. Jusqu'ici, XPND a mis sur pied Taxelco en plus d'investir dans Autobus Lion, Communications Voir et gsmprjct°.

Alexandre Taillefer

«Un modèle gagnant-gagnant» La volonté de Taxelco de bouleverser l'industrie du taxi a fait un bond important avec l'acquisition de Taxi Diamond. Entretien. Est-ce que vous avez courtisé longtemps les propriétaires de Taxi Diamond ? Oui, parce qu'ils sont attachés à leur entreprise, et c'est normal. Quand on a finalement conclu la transaction, [le copropriétaire] Philip Friedman avait une photo de son père, qui a été chauffeur de taxi après avoir immigré d'Europe de l'Est. Ce qui les a convaincus de se joindre à nous, c'est notre modèle qui respecte l'industrie. Il s'est écoulé deux ans depuis ma première poignée de main avec M. Friedman. Avec ma femme, ç'a été moins long que ça ! Comment allez-vous convaincre les chauffeurs de devenir salariés ? C'est certain qu'il va y avoir

des mécontents chez Hochelaga et chez Diamond. Ça va entraîner de l'attrition et on va être en mesure de faire migrer d'autres chauffeurs et de nouveaux chauffeurs vers le modèle Téo de façon à en arriver à une répartition à 50/50 entre travailleurs autonomes et salariés. Quel est l'avantage pour un chauffeur de devenir salarié ? Notre objectif est de diminuer le nombre d'heures que les chauffeurs doivent travailler pour faire un revenu décent. Mais on n'a pas l'intention de dire à des chauffeurs de Diamond : « Tu t'en vas chez Téo. » Il faut que ça se fasse dans le respect. Ce qu'on crée, c'est un conduit qui va permettre aux chauffeurs de faire la transition sans heurt. Maintenant qu'on fait tous partie de la même entreprise, on pense que la mobilité des chauffeurs va être plus grande entre les marques. Le modèle

Téo enlève une partie du stress aux chauffeurs. Le problème avec l'industrie du taxi aujourd'hui, c'est que tu loues ton permis à la semaine. Les chauffeurs travaillent comme des fous pour payer la location de la voiture - 500 $ par semaine environ - puis l'essence - 150 $ par semaine. En général, ils n'atteignent le seuil de rentabilité que le mercredi soir ou le jeudi matin. On veut leur donner plus de flexibilité en leur permettant de louer pour de plus petits blocs d'heures. Ne serait-il pas plus avantageux pour Taxelco d'acheter des permis de taxi plutôt que de les louer ? Non, parce que ça nous imposerait d'importants investissements en immobilisations. On paye environ 8 % de rendement sur chaque permis qu'on loue, ce qui est excellent. Pour un permis qui vaut 150 000 $, on paie donc environ 12 000 $ en frais annuels

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de location. Les propriétaires de permis nous confient la responsabilité de gérer les permis et les voitures. Je pense que c'est gagnant-gagnant. Comment a évolué la valeur des permis de taxi depuis l'arrivée d'Uber ? Les permis ont déjà valu jusqu'à 225 000 $ chacun. Aujourd'hui, c'est de 130 000 à 150 000 $. Mais à Toronto, la baisse a été encore plus drastique : les permis valent moins de 80 000 $ là-bas. Nous sommes convaincus que nos solutions innovantes à l'intérieur des règles de l'industrie ont permis de maintenir la valeur des permis de taxi. Ce ne sont pas tous les chauffeurs qui reconnaissent ça, mais il y en a plusieurs qui nous disent : « Une chance que vous êtes là parce que sinon, ç'aurait pu être la descente aux enfers. » Si on n'avait pas joué en respectant les règles, je pense qu'on aurait pu se retrouver dans une

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situation où Uber se serait fait ouvrir grand la porte. Est-ce que votre modèle d'affaires tiendra toujours la route si jamais Uber est légalisé ? On est convaincus que le gouvernement va imposer à Uber le paiement des taxes de vente et d'un droit pour chaque course. Si c'est le cas, on sera à armes égales avec eux. On va ensuite voir si Uber va tolérer ça. À plusieurs endroits, Uber a décidé de se retirer quand les autorités ont encadré plus étroitement son fonctionnement. Nous, on investit dans les voitures, dans la vraie prestation de service, ce qu'Uber ne fait pas. On pense qu'on a un grand avantage concurrentiel sur eux. Mais notre modèle d'affaires ne repose pas sur la disparition d'Uber. On les attend.


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Technologie

La zone MtlWifi voit le jour

Internet gratuit au centre-ville de Montréal Une zone de couverture sans-fil (Wi-Fi) gratuit dans le secteur du VieuxMontréal et du Palais des congrès se déploie actuellement graduellement grâce à un partenariat entre Montréal en Histoires et le Palais des Congrès. Cette première étape du projet MtlWiFi qui s’étendra aux autres zones identifiées au Plan d’action d’ici trois ans offre aux utilisateurs une connexion simple et uniforme à ses points d’accès. Ainsi, depuis le 25 juin, tout le monde aura graduellement accès à un réseau sans-fil gratuit dans cet important secteur de la ville. Il s’agit d’un usage occasionnel qui ne se substitue pas aux services sans-fil commerciaux ou résidentiels permanents. Les trois fournisseurs de bandes passantes seront Openface Internet, Fibrenoire et SBK.

Partenariat « exemplaire » Les deux partenaires ont bénéficié de l’appui du gouvernement du Québec. Le déploiement du réseau contribuera à soutenir des services utiles aux citoyens et plusieurs initiatives comme les parcours techno-historiques de Montréal en Histoires. Cet investissement est facilement justifiable quand on considère que le Palais des congrès génère à lui seul chaque année 250 millions de dollars en retombées économiques. « Notre Administration s’est engagée à positionner la métropole comme un chef de file mondialement reconnu parmi les villes intelligentes. Nous travaillons au développement de projets concrets ayant un impact direct sur la population. Le déploiement graduel du réseau sans-fil gratuit MtlWiFi s’inscrit dans le cadre du plan d’action Montréal, ville intelligente et numérique. Cette initiative contribuera à bonifier

l’expérience urbaine des citoyens, à dynamiser le tourisme d’agrément, à bonifier l’offre de services aux touristes d’affaires lors de leur passage dans la

métropole et à accélérer le développement économique de Montréal. » avait déclaré Denis Coderre, maire de Montréal à ce sujet.

Insolite

Un projet de monnaie locale à Montréal Un groupe réfléchit à la façon de mettre en place une monnaie locale à Montréal. Le projet a d'abord été conçu pour le quartier Villeray, mais il a rapidement pris de l'expansion. La mise en place pourrait se faire d'ici un à deux ans.

François Geoffroy et Amelia Zaazaa font partie de ce groupe qui mène les réflexions. « Pourquoi amener ça à Montréal? En s'inspirant des initiatives qui se font ailleurs, on se dit d'une part que ça peut être une façon d'encourager l'économie locale, donc de

limiter les achats, les transactions internationales, et limiter les transports, limiter la pollution, il y a un but écologique derrière », explique François Geoffroy, qui est l'un des instigateurs.

Tout reste encore à faire : définir la forme de la monnaie, sa valeur, son nom, qui figurerait sur les billets, etc. Des comités ont été formés pour réfléchir à plusieurs éléments qui doivent être réglés pour implanter ce système de monnaies alternatives. Les avantages sont nombreux, selon les

partisans du projet : moins de pollution, soutien de l'économie d'un quartier ou d'une ville, et même création de liens sociaux.

« C'est intéressant de faire ce travail d'éducation, de vulgarisation, et puis, plus on parle, plus les gens sont vraiment ravis de savoir que ça existe », explique Amelia Zaazaa. Plus de 150 personnes ont démontré de l'intérêt pour réfléchir à cette monnaie jusqu'à maintenant, et des experts ont aussi offert leur aide.

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La difficulté n'est pas pas que de créer une monnaie, mais aussi de la faire vivre. « Le défi est double : d'une part, avoir une masse critique assez importante pour que le réseau économique fonctionne, et d'autre part, avoir ces gens-là, ces facilitateurs qui continuent à travailler pour s'assurer que ce réseau-là ne soit jamais coupé », soutient Eve-Lyne Couturier, chercheuse à l'IRIS. D'autres exemples Un projet de monnaie locale est également en développement à Québec à l'heure actu-

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elle, et il pourrait voir le jour au printemps. Mais il y aussi plusieurs autres exemples de monnaie locale : un des plus connu dans la province est le demi en Gaspésie. Une autre monnaie est utilisée plus localement à Montréal, dans le quartier Notre-Dame de Grâce. La ville de Toulouse à une monnaie, tout comme la ville de Bristol en Angleterre. En tout, il y aurait plus de 5000 monnaies locales un peu partout sur la planète.


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