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Course à la succession de Stephen Harper Kellie Leitch, la candidate par qui le scandale arrive Page 11
Politique Municipale Qui veut affronter Denis Coderre? Page 15
Vivre ensemble Série de conférences de Abdennour Bidar De la modernité en Islam Page 16
Éducation Ces milliers d’enfants qui n’iront pas à l’école cette année encore… Page 23 Niveaux de vie 40% de la population canadienne a du mal à joindre les deux bouts du mois Page 27
Santé : Québécois sans carte de la RAMQ Le peuple invisible… Page 29
Derrière ses «Propos sur le burkini»
Ce que cherche vraiment François Legault…
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Édito Editeur : Abdelghani Dades. Directeur Général Rachid Najahi. Rédaction : Abdelghani Dades, Narjisse El-Bakkali, Zahira Ellahgui, Mona Doutabaa, Said Chayane, Reda Benkoula Publicité : Agence Odyssée Conception et Réalisation Graphique : Atlas Média Atlas.Mtl est un produit du. GROUPE ATLAS MEDIA Inc Editeur de. * La Voix des Marocains à Montréal et du site web: www.atlasmedias.com
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Débats
Derrière ses «Propos sur le burkini»
Ce que cherche vraiment François Legault… On pensait que la sauce n’allait pas prendre et que le «débat» sur le burkini ne ferait les choux gras de personne au Canada et au Québec. Mais c’était faire fi du «politicardisme» qui, comme chacun le sait, est la qualité la mieux distribuée de bien de nos élus et aspirants hommes d’État. Car, on le sait depuis toujours, le vêtement des uns et des autres ou des unes et des autres n’est en fait que la mèche d’allumage et le prétexte utilisé par d’aucuns pour diffuser des messages peu qui, sans une telle introduction, ne seraient pas forcément bien accueillis… De cette manière, pendant que tout le monde déchire sa chemise sur un détail – textile en l’occurrence – d’autres idées, autrement plus dangereuses, sont implicitement disséminées dans les esprits. Les «Tests de valeurs Québécoises» en filigrane Un exemple récent de cette technique vient de nous être donné par François Legault, chef de la Coalition Avenir Québec (CAQ). En suscitant, une controverse «à la française» sur les tenues estivales des femmes, il fait l’économie d’un véritable débat sur ses vues quand à l’immigration notamment en matière de volume global et de sélection des candidats à l’installation au Québec. Non seulement, de son point de vue, il faudra réduire le nombre des nouveaux arrivants, mais il faudra également leur imposer des «tests de valeurs québécoises»,
afin de déterminer s’ils peuvent devenir de «bons québécois» où si, au cas où on les accepterait quand même, ils viendraient inévitablement renforcer les rangs des «mauvais québécois». Bien sûr, les «tests de valeurs» restent en filigrane; et l’argumentaire se déploie autour essentiellement de la politique migratoire défaillante… Le raisonnement de M. Legault Ainsi, en conférence de presse au terme du caucus pré-sessionnel de son parti, M. Legault a expliqué que le processus d'intégration des immigrants connaît de « sérieux ratés » depuis quelques années et qu'il importe donc de procéder à un « gros rattrapage » avant toute chose. Selon lui, les immigrants reçus à l'heure actuelle n'ont pas le soutien nécessaire pour réussir, notamment en ce qui concerne leur francisation et leur intégration au marché du travail. Il y a donc lieu de s'inquiéter quant à l'avenir de la langue française et des valeurs essentielles de la société québécoise, dit-il. Depuis que les libéraux ont pris le pouvoir en 2003, affirme François Legault, le seuil d'immigration préconisé par Québec a bondi de 25 %, alors que le budget qui est consacré à leur intégration a diminué, si l'on tient compte de l'inflation. Selon le chef de la CAQ, 41 % des immigrants arrivés au Québec en 2014 ne parlaient pas français, de sorte qu'à
l'heure actuelle, 200 000 immigrants établis dans la province ne maîtrisent pas la langue française. Qui plus est, le taux de chômage des immigrants atteint 18 %, le pire résultat au Canada. «On a une proportion importante des immigrants au Québec qui ne s'intègrent ni au marché du travail, ni à la majorité francophone. Donc, il faut s'ouvrir les yeux. On a un vrai problème.» a-t-il affirmé. En réduisant le seuil d'immigration tout en maintenant les budgets actuels, a-t-il poursuivi, le Québec pourrait consacrer « plus de moyens pour l'intégration de chaque immigrant », et continuerait malgré tout d'accueillir plus d'immigrants, proportionnellement, que la France ou les États-Unis. « Le Québec est accueillant et doit rester accueillant », a plaidé M. Legault. « C'est un
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sujet sensible, mais ce n'est pas parce que c'est un sujet sensible qu'on ne doit pas en discuter calmement et de façon responsable. » «On maintient le budget, mais on réduit le nombre d'immigrants de 20 %. Donc chaque immigrant va avoir plus de ressources pour s'intégrer, donc plus de cours de français, entre autres, plus de cours d'accompagnement individuels vers l'emploi.» a également dit François Legault
seuils d'immigration, il m'a [accusé] de "souffler sur les braises de l'intolérance". S'il a de la misère à parler d'immigration, le problème, c'est pas de mon côté. C'est son problème. » «Wedge politic» et calculs électoraux cyniques « C'est la technique de M. Legault. Quand ses arguments sont mis à mal et qu'il est peinturé dans le coin, il insulte », a répliqué le bureau du premier ministre Couillard. « Qu'il nous explique plutôt pourquoi il fait du wedge politic, pourquoi il cherche à créer deux sortes de Québécois, le bon et le mauvais, pourquoi cherche-t-il à opposer les gens? Sa politique en matière d'immigration est un cynique calcul électoral. François Legault soustrait, divise. Le premier ministre additionne et rassemble. »
Le chef de la CAQ s'est par ailleurs attaqué au premier ministre Philippe Couillard, après que ce dernier l'eut assimilé à Donald Trump en commentant le projet de la CAQ d'imposer des tests de valeurs contraignants aux nouveaux arrivants. « M. Couillard, à chaque fois que je parle d'immigration, il pète les plombs. Rappelez-vous, quand j'ai juste suggéré de maintenir les Suite à la page 6
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Rétro-regards
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Ce que cherche vraiment François Legault… Suite dà la page 5
Le chef par intérim du Parti québécois, Sylvain Gaudreault, s'est aussi moqué de l'approche de M. Legault. Selon lui, le chef de la CAQ « prend le problème à l'envers ». Il conviendrait plutôt à son avis de maintenir la cible de 50 000 immigrants, mais en bonifiant les ressources consacrées à leur intégration. « Essayez de me dire où il a pris ce chiffre-là, M. Legault, de 40 000 immigrants? Il a pigé ça dans une boîte de céréales, comme une surprise, et il a dit : "tiens, ça va être 40 000". Alors, ce n'est pas sérieux », a-t-il commenté. Une approche qui suscite des questions L'avocat Stéphane Handfield, spécialisé dans les questions d'immigration, a convenu que la structure d'accueil des nouveaux arrivants est déficiente à l'heure actuelle, et qu'il importe de l'améliorer. Il se demande cependant comment M. Legault a pu établir son seuil d'immigration souhaitable. « Pourquoi pas 45 000? Pourquoi pas 30 000? Pourquoi pas 35 000? », a-til argumenté. « J'ai de la difficulté à saisir comment M. Legault en arrive au chiffre
de 40 000. Il ne l'explique pas. »
Selon M. Handfield, le Québec est déjà en position d'exclure en bonne partie les immigrants qui ne parlent pas français, puisque c'est lui qui répond aux demandes de certification que lui soumettent les travailleurs qualifiés qui veulent immigrer au Québec. « Il y a une grille de pointage et si on ne maîtrise pas le français, ou si on n'a pas une connaissance suffisante de la langue française, on n'atteindra pas le seuil minimum de pointage, donc, ce sera impossible d'immigrer au Québec », souligne-t-il. Il note également que depuis quelques années, beaucoup d'immigrants proviennent de la France, ou de pays du Maghreb, où le français est utilisé couramment. « Alors, est-ce que M. Legault parle des réfugiés, des demandes de réunification familiale, donc, de parrainage? », demande-t-il. « On a beau vouloir instaurer des programmes de maîtrise ou de connaissance de la langue française, il n'en reste pas moins que c'est le fédéral qui a le dernier mot dans ces dossiers. » M. Handfield admet cependant que Québec n'en fait pas assez pour bien intégrer ses immi-
grants. « Ça, c'est indéniable. [...] On n'a pas assez investi dans les ressources matérielles et financières au sein du ministère de l'Immigration du Québec », affirme-t-il.
Un changement de cap La nouvelle position en matière d'immigration de la CAQ constitue un changement de cap pour le parti. Lorsque le gouvernement Couillard avait laissé planer la possibilité de hausser le seuil d'immigration à 60 000 le printemps dernier, M. Legault avait plutôt plaidé pour qu'il demeure inchangé, mais sans évoquer l'idée de l'abaisser. « On n'arrive pas à bien intégrer les 50 000 migrants, il ne faut surtout pas, à court terme, penser à augmenter ce chiffre », avait déclaré le chef de la CAQ, après que la ministre de l'Immigration, Kathleen Weil, eut finalement annoncé que Québec allait conserver cette cible. Le débat qui avait eu cours dans les semaines précédentes avait donné lieu à des échanges acerbes, M. Couillard accusant la CAQ de « souffler sur les braises de l'intolérance », après que M. Legault eut émis des craintes sur la capacité du Québec à accueillir ses immigrants. En juin, la ministre Weil a
François Legault finalement déposé un document présentant les orientations retenues par son gouvernement quant aux seuils d'immigration pour la période 2017-2019. Le gouvernement propose de hausser le seuil d'immigration à 51 000 au cours des deux prochaines années, puis à 52 500 en 2019. Lorsque la Coalition avenir Québec a fusionné avec l'Action démocratique du Québec en janvier 2012, elle a proposait de faire plafonner le seuil d'immigration à 45 000 personnes par année, pendant deux ans. Ce seuil était celui qu'avait précédemment défendu le chef de l'ADQ, Gérard Deltell. Dans sa plateforme électorale publiée lors de la dernière
élection générale, au printemps 2014, la CAQ n'avait fait aucune proposition à ce sujet. Au Parti québécois, tous les candidats dans la course à la direction en cours affirment que le Québec doit mieux accueillir les immigrants, en mettant notamment l'accent sur leur francisation, mais aussi sur leur intégration sur le marché du travail. Seul Jean-François Lisée propose de réduire le seuil actuel de 50 000 immigrants. Il refuse cependant d'avancer un nouveau chiffre; il propose que la cible du gouvernement soit établie par la vérificatrice générale du Québec. Source : Presse Canadienne
Burkini et «Tests de valeurs» Le chef de la CAQ, François Legault, veut ouvrir les portes du Québec seulement aux nouveaux arrivants réussissant un « test de valeurs », dans lequel ils seraient invités à livrer le fond de leur pensée sur le principe « fondamental » de l’égalité homme-femme. Les libéraux et les solidaires se sont empressés de dénoncer une « trumperie » : une proposition digne du candidat controversé à la présidence des ÉtatsUnis, Donald Trump. « S’il est prouvé qu’une personne qui veut venir vivre au Québec ne croit pas en l’égalité homme-femme, je pense qu’on ne devrait pas accepter cette personne-là », a affirmé M. Legault en
marge du caucus présessionnel de sa formation politique lundi à Saint-Jérôme.
Du coup, les adeptes du burkini auraient du mal à obtenir un certificat de sélection du Québec et, ultimement, la citoyenneté canadienne, sous un gouvernement caquiste puisque le maillot de bain intégral islamique heurte de plein fouet les valeurs communes de la société québécoise, a laissé entendre M. Legault, se défendant toutefois de vouloir soumettre les immigrants à un test « sur [leurs] vêtements ». « Je n’aime pas le burkini, le message que ça envoie sur l’égalité homme-femme. Pour moi, au Québec, c’est clair que c’est une valeur
fondamentale l’égalité entre les hommes et les femmes.
Puis, demandons-nous : les femmes qui portent le burkini, est-ce que c’est leur mari ou leurs parents qui peut-être les forcent à porter le burkini, est-ce que ce sont des personnes qui croient à l’égalité homme-femme ? J’ai un problème », avait-il déclaré en début de journée flanqué de son candidat dans la circonscription de SaintJérôme, Bruno Laroche. La CAQ n’entend pas interdire le port du burkini sur les plages et aux abords des piscines publiques québécoises. « Ce n’est pas une question légale. C’est une question de volonté. […] Il y
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a une différence entre avoir un malaise, ne pas aimer le
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burkini, et l’interdire », a précisé M. Legault.
Analyse
François Legault, entre perceptions et slogans Par Michel C. Auger*
En soi, il n'y a rien de mal à discuter des seuils d'immigration. Tous les pays le font à un moment ou à un autre et ce n'est ni un signe de fermeture ni un signe de rejet. Mais, le sujet étant nécessairement émotif, il importe de le faire en utilisant des faits plutôt que des perceptions et en évitant de se tirer dans le pied avec des slogans plutôt que des solutions. François Legault et la Coalition avenir Québec (CAQ) semblent avoir choisi les raccourcis. Ça commence dès le premier énoncé de M. Legault : le Québec accueille 50 000 immigrants par année, ce qui est trop. Il propose plutôt 40 000, encore qu'on ne sache pas d'où il sort ce chiffre. M. Legault ne tient compte que de ceux qui arrivent et pas de ceux qui partent. Ainsi, en 2014 - dernière année pour laquelle les chiffres sont disponibles et une année qui n'a rien d'exceptionnel - il y a eu effectivement un peu plus de 50 200 immigrants au Québec. Mais quelque 4900 personnes ont quitté le Québec pour un pays étranger et 13 700, pour une autre province canadienne. Des faits et des chiffres Le solde net, les immigrants qu'on a réussi à garder au
Québec, est donc de 31 600 nouveaux résidants, bien moins que la cible de 40 000 de François Legault ou que les 50 000 immigrants qu'on ne saurait accueillir convenablement. Ce que M. Legault ne dit pas, c'est qu'un solde net inférieur à 32 000 nouveaux arrivants signifie une baisse continuelle du poids du Québec au sein du Canada. Pour un parti fédéraliste comme celui de M. Legault, ce devrait pourtant être un enjeu majeur. Le maintien du poids démographique et politique du Québec dans le Canada était une véritable obsession pour feu Robert Bourassa, qui avait même fait inscrire dans l'accord de Charlottetown que le Québec ne pourrait jamais recevoir moins du quart des immigrants qui viennent au Canada. Si on appliquait ce critère, c'est plus de 62 000 immigrants par année qu'on devrait accueillir. M. Legault dit aussi que si les milieux d'affaires veulent plus d'immigration, c'est tout simplement qu'ils veulent plus de « cheap labor ». Pourtant, parmi les immigrants choisis par le Québec, 79 % ont plus de 14 années d'études et 44 % en ont plus de 17. On ne parle pas ici de travailleurs à bon marché et s'il existe encore beaucoup de freins à l'entrée sur le
marché du travail, c'est bien plus à cause du protectionnisme de nos corporations professionnelles que la faute des immigrants. « Pour faire peur... » Par ailleurs, M. Legault utilise des chiffres hors de tout contexte, essentiellement pour faire peur. Ainsi, il est exact que 40 % des nouveaux arrivants - surtout dans les catégories de la réunification des familles et des réfugiés, qui ne sont pas choisis par le Québec - ne parlent pas français. Mais ce chiffre n'est pas figé dans le temps. Ce n'est quand même pas vrai qu'il ne se fait aucune francisation après leur arrivée. Grâce à la loi 101, tous les enfants iront nécessairement à l'école française et presque
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tous les adultes finiront par apprendre le français, que ce soit au travail ou dans des salles de cours.
si facile de contourner qu'on se demande quelle est sa véritable utilité.
Actuellement, plus de 94 % des résidents du Québec sont capables de soutenir une conversation en français, le nombre le plus élevé de notre histoire. Mais François Legault prétend tout de même que l'immigration menace le français au Québec.
Ce serait très injuste de comparer François Legault à un Donald Trump ou à une Marine Le Pen. Quiconque le connaît sait qu'une telle comparaison ne tient pas la route.
Mais à la fin, ce qu'il y a de plus détestable dans la nouvelle politique de la CAQ, c'est qu'elle est emballée dans un discours identitaire à la sauce burkini, où on exploite la peur de l'étranger, comme en faisant rimer immigration avec taux de chômage et l'imposition d'un « test de valeurs », qu'il sera
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Mais la politique est aussi une question de « timing » et de perceptions. M. Legault ne peut pas ignorer que cette idée de restreindre l'immigration est actuellement le grand thème de la droite populiste, un peu partout dans le monde occidental. Et force est de constater que M. Legault a choisi de chanter dans cette chorale. *Animateur de Midi Info
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Politique
Parti Québécois
La course se corse… Après le retrait de Véronique Hivon, ils ne sont plus que quatre candidats à la direction du Parti Québécois et les premiers sondages commencent à faire leur œuvre. Alexandre Cloutier caracolant seul en tête (39% des intentions de vote), comme il fallait s’y attendre, il devient la cible de toutes les attaques. Au point peut-être que les débats vont quelque peu occulter l’essentiel…
Voici en tout cas un compterendu du premier débat des aspirants chefs; à vous d’en juger la teneur. Tirs croisés contre Alexandre Cloutier L’exploitation du pétrole dans l’île d’Anticosti et la stratégie référendaire ont donné lieu à des échanges musclés, mardi 6 septembre 2016, au cours du premier débat de la course à la chefferie du Parti québécois (PQ). Le meneur, Alexandre Cloutier, a été la cible de critiques de ses adversaires. Le député de Lac-Saint-Jean s’est retrouvé sur la défensive pour sa position au sujet de l’exploration pétrolière à Anticosti. Il a aussi dû justifier sa stratégie d’attendre six mois avant les prochaines élections pour décider s’il tiendrait ou non un référendum sur l’indépendance du Québec au cours d’un premier mandat. Les quatre aspirants-chefs du Parti québécois croisaient le fer pour la première fois depuis le début de la course à la chefferie. Ils ont débattu d’éducation, d’économie et de souveraineté devant une salle comble, à l’Université de Montréal, à l’invitation du Comité national des jeunes du Parti québécois. Alexandre Cloutier, qui domine la course avec 39 % des intentions de vote chez
les sympathisants péquistes, s’est retrouvé au centre des échanges. Il a contre-attaqué en remettant en question des positions passées de son collègue Jean-François Lisée, qu’il a qualifié de « machine à idées » — de bonnes et de moins bonnes idées, selon M. Cloutier.
vote à l’Assemblée nationale. L’ancienne ministre des Ressources naturelles dans le gouvernement Marois rompait ainsi avec la position du parti, qui était de faire respecter le contrat signé par son propre gouvernement.
M. Lisée a déjà évoqué l’idée de tripler les droits de mutation immobilière (aussi appelés « taxe de Bienvenue ») dans les banlieues, pour freiner l’étalement urbain, et de hausser les droits des garderies publiques à 60 $ par jour pour les familles les plus riches, a rappelé Alexandre Cloutier.
« La seule raison pour laquelle le caucus du Parti québécois a voté pour, c’est parce que, dans le contrat, on a présumé qu’il y aurait aussi des clauses de résiliation. Pour moi, le gouvernement doit résilier le contrat, ce n’est pas un bon contrat », a dit Alexandre Cloutier aux journalistes, après le débat.
Débats … La députée Martine Ouellet a été la première à passer à l’attaque en invitant son collègue Cloutier à clarifier sa position sur l’exploration pétrolière à Anticosti. M. Cloutier répète qu’il est contre toute forme d’exploitation pétrolière ou gazière au Québec. Il a pourtant appuyé une motion, en février dernier, demandant au gouvernement de respecter ses engagements et de permettre trois forages exploratoires sur l’île d’Anticosti. Martine Ouellet, elle, s’est absentée au moment du
Martine Ouellet n’a pas été convaincue par l’argument de son adversaire. Elle voit là une contradiction dans le discours du député de LacSaint-Jean. … et positions unanimes Mis à part cet échange, les quatre aspirants-chefs du Parti québécois ont parlé d’une même voix au sujet de l’exploitation du pétrole et du gaz : ils sont tous contre. Sous Pauline Marois, le parti cherchait pourtant à tirer profit du potentiel en hydrocarbures de la vallée du Saint-Laurent, pour
financer les programmes sociaux. Les quatre candidats sont aussi d’accord pour investir massivement en éducation, qui est une de leurs priorités. Fait à noter, les quatre candidats se sont aussi prononcés contre les clauses de disparité de traitement (souvent appelées « clauses orphelins »), qui accordent des avantages moindres aux nouveaux employés d’une unité de travail. « J’ai trouvé intéressant d’entendre les candidats parler d’investissements en éducation et contre les clauses orphelins. C’est quand même rare qu’il y ait unanimité au Parti québécois », a réagi Julien Nepveu, un étudiant rencontré après le débat.
La course en bref Droit de vote Qui peut voter? Seuls les membres en règle du Parti québécois Combien sont-ils? 70 000
Déroulement du vote • Chaque électeur inscrit reçoit par la poste un NIP et l’information détaillée concernant le vote téléphonique et par Internet. • Au moment du vote, les électeurs inscrivent leur choix sur le bulletin (possibilité d’inscrire un premier, un deuxième et un troisième choix). • S’il n’y a pas de majorité absolue dès le premier décompte, la candidature ayant obtenu le moins de votes ainsi que toutes les candidatures n’ayant pas obtenu 10 % des voix seront éliminées. Au deuxième décompte, les votes de deuxième choix des candidats éliminés seront reportés sur les candidatures toujours en lice. Dates Scrutin Du 5 au 7 octobre Dévoilement des résultats 7 octobre
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De toute évidence, plusieurs étudiants venus assister au débat n’avaient aucune affiliation politique. Ils étaient venus écouter Paul St-Pierre Plamondon, seul candidat issu de l’extérieur des rangs du PQ, qui en a profité pour marteler son message. Il a été l’un des plus applaudis. Après le débat, il a dit être convaincu d’avoir davantage d’appuis que le 1 % indiqué par le sondage Léger publié le week-end dernier dans Le Devoir. Le sondage place Alexandre Cloutier à 39 %, JeanFrançois Lisée à 23 % et Martine Ouellet à 18 %. Mme Ouellet a rappelé qu’elle est la seule candidate à s’engager à tenir un référendum sur l’indépendance dans un premier mandat péquiste. JeanFrançois Lisée insiste pour reporter un référendum à l’année 2022, parce que les Québécois ne veulent tout simplement pas en entendre parler pour le moment, selon lui. Alexandre Cloutier laisserait les membres du PQ trancher la question, six mois avant les élections. Paul St-Pierre Plamondon, lui, estime que « le troisième référendum se doit d’être gagnant ». Le PQ doit se montrer davantage rassembleur et pertinent d’ici là, selon lui.
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Politique Fédérale
PCC : Dans la course à la succession de Stephen Harper
Kellie Leitch, la candidate par qui la controverse arrive Il n’y a pas que François Legault qui songe à sonder les valeurs des nouveaux arrivants. La députée et aspirante chef conservatrice Kellie Leitch s’interroge également sur la pertinence de détecter en amont les « valeurs anticanadiennes » des immigrants et des réfugiés. Seul un de ses adversaires dans la course la blâme, les autres refusant de se prononcer, trop heureux de la laisser défendre seule son idée. «Valeurs anti canadiennes»? Dans le cadre de sa campagne pour succéder à Stephen Harper, la députée ontarienne a fait parvenir à des militants conservateurs un sondage. Une des questions demande si « le gouvernement canadien devrait chercher à détecter des valeurs anticanadiennes auprès des immigrants potentiels dans son processus normal de sélection des réfugiés et des immigrants reçus ». Le sondage, révélé par La Presse canadienne, a enflammé certains esprits. Au moins un stratège conservateur ayant oeuvré à la campagne électorale de 2006, Chad Rogers, a invité Mme Leitch à se retirer de la course. Loin de s’exécuter, la députée en a remis une couche vendredi.
«Filtrage» et intolérance « Filtrer les immigrants potentiels pour détecter des valeurs anti canadiennes qui pourraient inclure l’intolérance envers les autres religions, cultures ou orientations sexuelles, les comportements violents et/ou misogynes, ou encore le manque de respect envers notre tradition canadienne de libertés personnelles et économiques constitue une position politique qui me tient très à coeur », écrit-elle dans un communiqué de presse. «Identité unifiée» Mme Leitch indique que, pendant la campagne à la chefferie, elle « mettra en avant des politiques qui rendront le Canada plus sécuritaire, plus fort et qui consolideront une identité canadienne unifiée ». Le mot « unifiée » n’est pas anodin. Dans son sondage initial, Mme Leitch demandait aussi si les politiciens « devraient encourager le multiculturalisme qui célèbre nos différences » ou s’ils « devraient encourager une identité canadienne unifiante fondée sur les valeurs canadiennes historiques ». C’est donc dire que dans son esprit, la réponse à cette question est déjà claire. Dans son communiqué, Mme
Leitch reconnaît que ces « questions complexes nécessitent des conversations difficiles » et affirme qu’elle n’aura pas peur d’aller au-delà des « étiquettes simplistes ». Elle termine en mentionnant qu’elle parlera encore plus de ce sujet dans les mois à venir. Elle n’a pas accordé d’entrevue. Réactions inclusives Aucun de ses quatre adversaires dans la course n’a accordé d’entrevue. Comme l’explique le conseiller d’un des candidats, « on la laisse se détruire elle-même ». Seul l’Ontarien Michael Chong a répondu à sa collègue, par voie de communiqué.
« Suggérer que certains immigrants sont anti canadiens ne représente pas notre vision du Parti conservateur ou du Canada, écrit-il. Pour gagner en 2019, nous devons construire un Parti conservateur moderne et inclusif qui se concentre sur les questions économiques qui préoccupent les Canadiens et non nous attarder à des enjeux qui dressent les Canadiens les uns contre les autres. » M. Chong est cet ancien ministre qui avait démissionné du cabinet Harper en 2006 par refus de soutenir la notion
Kellie Leitch d’ethnicité, qu’il estimait sousjacente à la reconnaissance de la nation québécoise. Tony Clement n’a pas voulu commenter, pas plus que Maxime Bernier. Pendant la campagne électorale de 2015, c’est Mme Leitch qui était allée au front pour défendre la promesse conservatrice de mettre sur pied une ligne téléphonique de dénonciation des « pratiques culturelles barbares ». Participant à un bilan électoral, Mme Leitch avait presque pleuré sur les ondes de CBC pour s’excuser. Elle soutient toujours que l’idée d’origine était bonne — dénoncer les mariages forcés imminents —, mais qu’elle a été mal expliquée aux électeurs.
Le quatrième adversaire de Mme Leitch dans la course au leadership, Deepak Obhrai, est justement l’un de ceux qui, après coup, se sont plaints de cette promesse électorale. « Plusieurs personnes se sont senties exclues du parti, a-t-il confié au Globe and Mail en juillet en annonçant sa candidature à la chefferie. Personne ne s’est donné la peine de me demander si c’était bon ou pas. Je leur aurais dit absolument que ce ne l’était pas. » Néanmoins, M. Obhrai n’a pas commenté la sortie de Kellie Leitch. Il a fait savoir qu’il n’était pas disponible parce qu’il participait à des cours de français à Québec.
NPD : Des militants veulent…
Le retour de Mulcair!
La course à la direction du NPD n’a pas encore décollé, et les premiers appels du pied pour qu’un candidat se présente s’adressent à… Thomas Mulcair. Un militant de la première heure tente de convaincre le député d’Outremont de rester à la tête du parti en se portant candidat à sa propre succession. Le principal intéressé n’est, justement, pas intéressé. La page Facebook « Tom Mulcair, we want him back ! » (On veut ravoir Tom Mulcair) a été créée le 26 août dernier et compte déjà 1546 sympathisants. « Les pragmatiques dans ce parti savent très bien que le NPD fédéral siégera dans l’opposition pour un bon bout de temps, y est-il écrit. Et à cause du désastre total qu’a été le congrès d’Edmonton, nous avons pendu celui qui était notre meilleure et plus brillante gâchette. Nous devons convaincre Tom de rester en poste pour le bien du parti et du pays. » La page a été créée par Dale
Jackaman, un militant néodémocrate de longue date. Il a été candidat dans Richmond (Colombie-Britannique) en 2004, 2008 et 2011 au fédéral et en 2005 au provincial. En 2015, il a été directeur de campagne de deux candidats de Richmond. « Il s’agit d’une initiative qui vient de la base, tient à préciser M. Jackaman en entrevue avec Le Devoir. Elle n’est reliée d’aucune façon à Thomas Mulcair ou au NPD. Nous sommes un groupe de personnes fâchées du fait que moins de 1 % des membres du parti a voté lors de ce congrès raté. »
grès (contre 10 % pour les Québécois).
Selon M. Jackaman, les délégués qui ont convergé vers Edmonton en avril dernier n’étaient pas représentatifs de l’ensemble du parti. Trop d’entre eux étaient des militants albertains, des gens s’étant joints au parti dans la foulée de la victoire inattendue du NPD au provincial mais n’y ayant pas de racines profondes. Ils représentaient 25 % de tous les délégués au con-
Au Québec Le député et président du caucus québécois, Robert Aubin, n’était pas au courant de l’initiative Facebook, mais elle ne le surprend pas. « Il est vrai qu’au Québec, c’est quelque chose qu’on entend fréquemment dans les circonscriptions », dit-il.
M. Jackaman suggère à M. Mulcair de se porter candidat à sa succession. Croisé à Montréal mardi, le chef intérimaire a rejeté cette possibilité. « Ça me fait chaud au coeur. Je me suis dévoué corps et âme depuis dix ans à cette cause-là, a indiqué M. Mulcair au Devoir. J’ai répondu à la demande du caucus et du parti [de rester] jusqu’à ce que mon successeur soit choisi dans un an et c’est précisément ce que je vais faire. […] Ma décision est claire : moi, je passe à autre chose dans un an. »
Des militants s’interrogent sur la procédure par laquelle
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Thomas Mulcair Thomas Mulcair s’est fait montrer la porte en avril, explique-t-il. « Il y a des gens qui pensent que les choses sont peut-être allées un peu vite au congrès d’Edmonton ou à tout le moins remettent en question la façon dont ça s’est fait. Entre autres, le fait qu’au moment où on élit un chef, on l’élit au suffrage universel de tous les membres, mais au moment de lui renouveler notre confiance, cela se fait selon les membres présents à une assemblée. Et comme le Canada est immense, peu importe où cela aura lieu, il y aura toujours des gens qui ne
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pourront pas s’y rendre. […] Ça, je l’ai entendu souvent cet été. » Encore personne ne s’est porté candidat dans cette course à la chefferie officiellement ouverte le 2 juillet. Nathan Cullen et Megan Leslie ont annoncé qu’ils n’en seraient pas. Même la députée provinciale ontarienne Cheri DiNovo, qui comptait être une candidate non officielle, a renoncé à son plan. Le nouveau chef doit être choisi quelque part à l’automne 2017.
Politique Fédérale
Limousines, photographes, dépassements de coûts et autres broutilles… Cette semaine, pendant que le Québec travaillait fort à résister aux hordes de burkinis venues islamiser la province à grand coup de wet suits ostentatoires, Ottawa s’enflammait pour les dépenses de deux ministres libérales.
d’autres), ainsi que les 520 dollars d’un abonnement annuel aux salles d’attente privées d’Air Canada. Parce que le Canadien tient à ce que ses ministres voyagent dans les conditions les plus misérables possible.
Vous n’en avez peut-être pas entendu parler, les protestations des partis d’opposition étant couverts par les cris de frayeurs des Québécois confrontés à des femmes trop habillées pour se baigner. Voici de quoi il s’agit
Comment peuvent-ils représenter le peuple s’ils n’ont pas eux aussi envie de mourir en attendant leur avion, je vous le demande.
Limousines … Tout d’abord, il y a la ministre de la Santé Jane Philpott, qui aurait payé trop cher des services de limousine à plusieurs reprises. Et parce que dépenser 1700 dollars pour une seule journée de déplacement, ça ne paraît pas assez mal, l’entreprise de limousine appartient à un militant libéral. Beau doublé. Pour 1200 dollars, on peut faire un aller-retour Montréal-Kuala Lumpur. Pour 1700 dollars, Jane Philpott s’est contentée de se promener dans la région de Toronto. Je suis presque plus fâché par le manque d’envergure et d’ambition que par la facture. Finalement, la ministre a promis de rembourser 3700 dollars des dépenses de limousine (car il y en a eu
… et photographe personnel Puis, on a appris qu’une autre ministre, Catherine McKenna, à l’Environnement, a payé un photographe 6632 dollars pour qu’il immortalise son passage à la COP 21, à Paris, l’automne dernier. Ces photos ont ensuite été déposées sur le compte Flickr de la ministre, où elles ont cumulé à peu près autant de visionnements qu’il y a de femmes en burkini sur les plages de la Montérégie. En réaction à la nouvelle, le premier ministre s’est inscrit au concours de l’euphémisme de la semaine en déclarant que ce n’était « peut-être pas la meilleure utilisation de fonds publics ». Peut-être pas, non. Peut-être pas. Mais, en même temps… ce n’est pas grand-chose. 6600 dollars et 3700 dollars, c’est une demie de la moitié d’un pour cent
d’une fraction d’une miette du budget annuel fédéral où l’on dépense 289 milliards. Si une dizaine de hauts fonctionnaires prenaient le temps de lire ce billet de blogue sur leurs heures de travail, on perdrait probablement autant en salaire versé dans le vide. Dépassement de coûts Et pourtant, ces broutilles génèrent bien plus de colère populaire que, par exemple, une histoire de dépassement de coûts de quelques millions sur un chantier naval. Qu’est-ce que c’est, un million et demi de dollars ? On sait que le chiffre existe. On sait qu’on aimerait posséder un million et demi de dollars. On a vu dans Breaking Bad qu’il est possible d’empiler ce genre de somme dans une petite remise. Mais… à quel point est-ce révoltant quand on parle d’un gros projet hors de notre expertise ? Tout ça devient rapidement très abstrait. Difficile de rester fâché contre une abstraction. Mais si on parle d’une ministre qui paye 16 dollars pour un verre de jus d’orange ? Oh, ça, je sais à quoi ça ressemble. J’en achète toutes les semaines à l’épicerie et je sais qu’à 16 dollars le verre, t’es mieux de pouvoir garder le verre après. Ce genre de petit scandale
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Jane Philpott
Catherine McKenna revient à intervalle régulier en politique, comme si personne n’apprenait jamais. Il se trouve toujours un député ou un sénateur pour croire que le citoyen moyen va applaudir le 4500 dollars qu’il vient de dépenser pour un ananas dans lequel on a sculpté le visage du premier ministre. Est-ce l’air d’Ottawa ? Estce un effet secondaire de l’important salaire, un étourdissement constamment renouvelé chaque fois qu’on regarde le solde de son compte ? Mystère.
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C’est fâchant, et on ne s’en prive pas : on se fâche… pour des broutilles. Ça ne veut pas dire que l’on ne devrait pas se fâcher, par contre. Au contraire. Mais il faut que ces colères soient un tapis roulant du pas content, sur lequel on s’entraîne pour un marathon de l’indignation. Il faut voir ces petits scandales comme des tricycles de la colère, qui nous préparent au vélo sur lequel on fera le tour de France d’un vrai scandale.
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Politique Provinciale
Projet Montréal se cherche un chef Fin des mises en candidature le 15 octobre prochain Projet Montréal a officiellement lancé sa course à la chefferie le lundi 5 septembre 2016. « La course à la chefferie de Projet Montréal est une occasion unique de plonger dans la politique municipale. Aucun parti montréalais n’a tenu de course à la chefferie depuis près de 20 ans. C’est le moment de découvrir un parti qui compte sur une base militante solide, fière et engagée, et qui a véritablement l’intérêt de Montréal à cœur », a déclaré Nathalie Goulet, présidente de Projet Montréal. Verdict le 4 décembre Le chef intérimaire de Projet Montréal souhaite que la course à la chefferie, qui se conclura le 4 décembre, soit l’occasion pour les Montréalaises et Montréalais de discuter des enjeux qui leur tiennent à
cœur. « Le municipal est certainement le palier de gouvernement qui a l’impact le plus direct sur la population. Le transport, l’habitation, le développement économique et l’environnement sont devenus des enjeux fondamentaux du palier municipal. D’où l’importance d’élire des hommes et des femmes qui ont une vision claire et porteuse pour la ville. Montréal a besoin de leaders forts, inspirants, passionnés et compétents pour lui permettre d’atteindre de nouveaux sommets. Je suis convaincu que la personne qui prendra la tête de Projet Montréal répondra à ces critères », a affirmé Luc Ferrandez. 1200 membres en règle Les Montréalais qui souhaitent prendre part au vote du 4 décembre doivent être membres de Projet
Montréal. Le parti compte présentement près de 1200 membres en règle et à renouveler. « Nous encourageons les Montréalaises et les Montréalais à participer à cette course. Ils ont jusqu’au 4 novembre pour devenir membre ou jusqu’au 19 novembre pour renouveler leur adhésion », a souligné le président d’élection et président de la Ligue d’action civique, Frédéric Lapointe. La période des mises en candidature prendra fin le 15 octobre et sera suivie, le 30 octobre, d’un grand débat qui permettra à la population montréalaise de mieux connaître les candidats et candidates ainsi que leurs visions respectives pour l’avenir de Montréal. « Nous souhaitons que cette course soit un moment emballant pour nos membres ainsi que pour la population de
Montréal. Projet Montréal est un parti démocratique, transparent et participatif; cette course nous permettra de débattre de propositions
concrètes et structurantes pour Montréal, et de mettre la table pour 2017 », a conclu Nathalie Goulet.
Qui veut affronter Denis Coderre? Fondation David Suzuki, estimait quant à lui qu'il n'avait pas une connaissance assez fine des enjeux municipaux pour devenir chef du parti. Quant à l'entrepreneur Alexandre Taillefer, il convient que son nom a été évoqué, mais affirme n'avoir jamais eu l'intention de devenir chef de Projet Montréal.
Denis Coderre C'est en sachant que la bataille sera difficile et que l'adversaire sera coriace que les membres du parti politique Projet Montréal devront choisir leur prochain chef, le 4 décembre 2016. Qui peut réellement faire le poids contre un Denis Coderre dont la cote de popularité a fait un bond spectaculaire à la suite de son élection en 2013. À l'heure actuelle, seul le conseiller municipal François Limoges a officiellement fait part de ses intentions de devenir le prochain chef de Projet Montréal. Deux autres conseillers municipaux, Valérie Plante et Guillaume Lavoie, sont en sérieuse réflexion et se préparent à faire le saut. Les candidats potentiels ontils peur d'affronter Denis Coderre? Chez ceux qui ont refusé de se lancer dans la course, on concède que le maire fait partie des éléments dans l'ensemble de la réflexion, mais qu'il n'est pas la raison principale. Le cofondateur d'Équiterre Steven Guilbeault a invoqué
le contexte familial pour refuser de participer à la course même s'il y a réfléchi sérieusement (sa conjointe et lui ont six enfants). Le député Alexandre
Denis Coderre, un «colosse»? Dans les rangs de Projet Montréal, on reconnaît que Denis Coderre est un sérieux adversaire tout en affirmant qu'il n'est pas infaillible. « Je pense que nous sommes
François Limoges Contrairement à 2013, la formation politique pourra cette fois-ci attaquer le bilan de l'administration Coderre. En matière de stratégie poli-
Déjà dans la course François Limoges En annonçant ses intentions en mai 2016, le conseiller municipal François Limoges a envoyé le signal à ses collègues qu'il n'y aurait pas de couronnement du prochain chef de Projet Montréal et qu'il y aurait des débats. En réflexion Valérie Plante Seule femme à envisager de faire le saut, la conseillère municipale est reconnue par ses collègues comme une travailleuse acharnée sur le terrain et plusieurs rappellent qu'elle a battu Louise Harel dans son district en 2013. Guillaume Lavoie Alors que tout le monde s'attendait à ce qu'il soit de la course, le conseiller municipal n'a envoyé aucun signal à cet égard dans les derniers mois. De récents appels à ce qu'il se lance l'auraient incité à entamer une réflexion sérieuse.
Boulerice a aussi été approché, mais il aurait eu du mal à justifier l'idée de provoquer une élection partielle dans sa circonscription fédérale moins d'un an après avoir été réélu. Karel Mayrand, de la
l'alternative à Denis Coderre. Nous serons prêts à l'affronter, c'est certain. Nos appuis augmentent et les gens savent que c'est Projet Montréal qui a une vision d'avenir de Montréal », lance la présidente du parti, Nathalie Goulet.
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tique, il est clair que le prochain chef de Projet Montréal aura plusieurs objectifs : tenter de ravir la mairie à Denis Coderre, mais aussi (et certains diront surtout) de faire en sorte que les 25 élus actuels de la formation politique soient réélus.
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Projet Montréal veut prendre le contrôle politique de certains arrondissements comme Hochelaga-Maisonneuve, Verdun, Côte-des-NeigesNotre-Dame-de-Grâce en plus de conserver ses majorités de voix dans les arrondissements Le Plateau-Mont-Royal, Le Sud-Ouest et Rosemont-LaPetite-Patrie. Plus d'un an avant les élections municipales, il est toutefois difficile de faire des calculs électoraux. Vers qui se tourneront les électeurs qui ont voté pour Marcel Côté ou Mélanie Joly en 2013? Est-ce que le parti politique Vrai changement survivra au départ de sa fondatrice? Est-ce que de nouveaux joueurs-clés feront leur entrée en politique municipale ? Une chose est certaine : le prochain chef de Projet Montréal devra composer avec un adversaire qui sera de toutes les tribunes en 2017, année électorale qui marquera aussi le 375e anniversaire de Montréal. Visibilité monstre à prévoir... pour Denis Coderre.
Vivre ensemble
Série de conférences de Abdennour Bidar
De la modernité en Islam
Âgé de 43 ans, il est agrégé et docteur en philosophie, inspecteur général de l’éducation nationale (France), chargé de mission sur la pédagogie de la laïcité, essayiste et haut fonctionnaire français, connu pour sa théorie de la modernité en Islam. Il a été nommé en avril 2013 membre de l'Observatoire de la laïcité par le président de la République François Hollande. Spécialiste des évolutions de l'islam contemporain et des théories de la sécularisation, il est l’auteur de nombreux essais : • Un islam pour notre temps (Seuil, Paris, 2004), • Self Islam, Histoire d'un islam personnel (Seuil, Paris, 2006), • L'islam sans soumission, pour un existentialisme musulman (Albin Michel, Paris, 2008), • L'islam face à la mort de Dieu, Actualité de Mohammed Iqbal (François Bourin, Paris, 2010), • Comment sortir de la religion ? (La Découverte, Paris, 2012). Dans ces ouvrages ainsi que dans ses articles (revues Esprit, Diogène/Unesco), il passe la tradition théologique de l'islam au crible des valeurs modernes
des Droits de l'Homme et reconstruit les fondements d'un islam libéral pleinement compatible avec celles-ci. De sens et d’espérance Il entreprend simultanément une critique des impasses de la modernité venue d'Occident, en proposant des pistes pour sortir de la situation de "désenchantement du monde" où cette modernité a abouti. À cet égard, il a fait la théorie d'une "désoccidentalisation" des conceptions de la "sortie de la religion", et donc d'une post-sécularisation dans laquelle les autres grandes civilisations ont leur mot à dire pour interpréter le sens de cette "sortie de la religion" - il montre ainsi comment
l'islam, de façon inattendue ici en Occident, peut contribuer à repenser ce processus pour lui donner peut-être de nouveaux horizons de sens et d'espérance. Parmi ces horizons, il tente notamment d'élaborer les fondements de ce qu'il nomme "un humanisme partageable entre Orient et Occident", thème récurrent de ses livres. Son dernier ouvrage, Histoire de l'humanisme en Occident (Armand Colin, Paris, 2014), interroge dans cette logique les grandes matrices de l'humanisme occidental (monothéismes, antiquité, Renaissance, Lumières) et s'interroge sur ce qu'il en reste aujourd'hui qui pourrait
Abdennour Bidar être mobilisé dans le cadre d'un dialogue sur le sujet entre les différentes civilisations de la planète. Un «humanisme partage-
Le programme montréalais de M. Bidar Le DG du collège Dawson et le DG du Regroupement des collèges de Montréal métropolitain ont pris l’initiative d’inviter M. Abdenour Bidar, docteur en philosophie, chargé de mission sur la pédagogie de la laïcité, et essayiste connu pour sa théorie de la modernité en Islam, à venir à Montréal pour y tenir une série de conférences. Voyant une opportunité d’échanges et d’apprentissage, le Conseil interculturel de Montréal (CiM) a proposé aux organisateurs d’accompagner cette initiative afin de faire bénéficier ses partenaires des connaissances et réflexions de M. Bidar. Lors d’une réunion de travail tenue le mercredi 24 août, il a été convenu que M. Bidar interviendrait le : • Mardi 13 septembre au Dawson College , • Mercredi 14 septembre au Collège Rosemont • Jeudi 15 septembre au Collège Rosemont • Jeudi 15 en soirée aux belles soirées de l'Université de Montréal • Vendredi 16 septembre à 17h30, il sera l’invité du Conseil interculturel de Montréal
Pétition contre l’islamophobe
ONU: les arrêtés anti-burkini sont «stupides» Les arrêtés anti-burkini adoptés par plusieurs municipalités françaises représentent une «atteinte grave et illégale aux libertés fondamentales» et constituent une «réaction stupide» aux récentes attaques terroristes, selon l'agence onusienne des droits de la personne.
Le porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, Rupert Colville, a dit que l'agence demande aux responsables de mettre fin «immédiatement» à ces interdictions, en estimant qu'elles ne font rien pour rehausser la sécurité. Un tribunal français a renversé l'arrêté imposé par
une municipalité française, ce qui rend essentiellement invalides ceux adoptés partout au pays, mais plusieurs demeurent néanmoins en vigueur.
M. Colville a déclaré que de telles mesures «n’améliorent pas la situation sécuritaire; ils tendent au contraire à alimenter l’intolérance religieuse et la stigmatisation des personnes de confession musulmane en France, en particulier les femmes». Il a ajouté que les femmes qui portent des burkinis ou tout autre vêtement «ne peuvent être tenues responsables des réactions violentes ou hostiles des autres».
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able» Après avoir enseigné au cycle supérieur français (classes préparatoires aux grandes écoles, université de Nice, Sciences Po Paris), la philosophie et la pensée critique de l'islam pendant plusieurs années, il est chargé par le ministère de l'Éducation nationale, depuis 2011, d'une mission de construction d'une « pédagogie de la laïcité » au service du « vivre ensemble », de l'expression et de la conciliation des libertés et identités personnelles. Son expertise sur l'islam lui a valu d'être nommé en 2013, par le président de la République François Hollande, membre de l'observatoire national de la laïcité comme personnalité qualifiée.
Le Gouvernement du Canada est, pour la première fois, prêt à criminaliser la haine contre l'islam et l’islamophobie et à sanctionner pénalement ce type de crime. Une pétition va d’ailleurs être déposée à la Chambre des communes en ce sens. Le texte de cette pétition est accessible sur le site Web petition411.ca jusqu’au 6 octobre 2016. Consulter-le; signez la pétition et faites la signer par vos familles, amis, connaissances et relations. Vous ferez ainsi œuvre utile et contribuer à améliorer notre pays, le Canada.
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Conférence
La multiculturalité canadienne, rempart contre le terrorisme Qu’ils soient l’œuvre d’individus isolés ou organisés, des attentats terroristes sanglants font l’information chaude. Pour une multitude de raisons, comme la prise de conscience, plus de vigilance, précaution et prévention, les citoyens en tant qu’opinion publique et électeurs sont soumis à des flux/flots d’informations médiatiques de nature politique, analytique et informative desquels, généralement, ils ne retiennent que les plus sensationnelles.
Qu’en est-il réellement des causes ? Dans cette conférence,
seront abordés d’une manière simple et accessible quelques aspects liés à la reconfiguration des blocs mondiaux d’influence, quelques enjeux économiques et militaires.
abordés les aspects de la vie courante en faisant appel à des données de divers types pour cerner de manière plus pragmatique le risque terroriste et vulnérabilité de notre pays.
Développement International (ACDI), les opérations de paix et la mise en œuvre des mécanismes de régulation de la société démocratique (Élections, journalisme, formations).
Un survol des discours et production littéraires universitaires liés aux chocs/rendez-vous des civilisations ainsi que les mouvements migratoires.
Seront abordés les aspects liés aux migrations internationales : travailleurs venus d’Europe, de la région Middle East & North Africa, (MENA), Afrique et mouvements étudiants essentiellement des pays européens francophones.
Illustration à travers les exemples de Michèle Lalonde, Hocine Ait Ahmed et Lester B. Pearson. En dernière partie seront discutés les aspects liés à l’intégration, la prévention du terrorisme international au Canada et les actions citoyennes en faveur de la protection de la radicalisation.
Le Canada : données géographiques, populations et législation, objectifs et rôle. Dans cette partie, seront
Le Canada et la coopération internationale : Agence Canadienne de
Port du hijab dans les services de sécurité
Le SPVM « ouvert », la SQ au cas par cas Alors que la Gendarmerie royale du Canada permet désormais aux femmes dans ses rangs de porter le hijab, le Service de police de la Ville de Montréal et la Sûreté du Québec n'ont pas encore adopté de position sur le sujet. Les policières musulmanes de la GRC sont autorisées, depuis janvier dernier, à porter le hijab, le « voile islamique », avec l'uniforme. La police de Montréal n'a pas de politique officielle, mais est ouverte à cette idée, affirme sa porte-parole, la commandante Marie-Claude Dandenault. « Notre position n'a pas été arrêtée, il s'agit plus du sentiment que nous sommes vraiment ouverts à cela. Nous n'avons reçu aucune demande en ce sens, donc nous n'avons pas encore dû répondre à une telle question », poursuit-elle, en entrevue à CBC. Le corps policier ne conserve pas de statistiques sur les croyances religieuses de ses membres et ne sait donc pas exactement combien des 1459 femmes qui composent ses rangs sont musulmanes. De son côté, la Sûreté du Québec n'a pas non plus reçu de demande de policière qui voudrait porter le hijab, selon son porte-parole, le lieutenant Jason Allard, qui ajoute que chaque demande sera étudiée au cas par cas. De 2007 à mars 2015, la SQ a embauché 735 nouveaux agents de police, mais seulement 5 % étaient issus de ce qu'elle appelle des « communautés culturelles ». Les services de police de Toronto, Calgary et Edmonton permettent déjà le port du hijab avec l'uniforme. Plus tôt cette semaine, la députée de la Coalition avenir Québec, Nathalie Roy, s'est prononcée contre le port du voile par les policiers, en réaction à la position de la GRC. « Le voile islamique ne sert qu'à asservir et soumettre les femmes, et devrait de ce fait être banni de l'uniforme policier », selon elle.
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Cette conférence aura le 6 octobre 2016 à 19h au collège André-Grasset (1001, boul. Crémazie E. , H2M 1M3) Elle est organisée par Cherif Aissat (Contributeur en analyses pour le Centre de recherche sur la mondialisation.) avec le Comité Interculturel de TVQ SJV dont sont membres Norma Miranda, Ilaj Naima, Audrey Beauchemin, Noureddine Sedfi, Gabriel Bérubé et Alexandra Tanguay. Info : http://conferaclub.com
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Éducation
Ces milliers d’enfants qui n’iront pas à l’école cette année encore…
« C'est l'inertie totale en cette matière. Un à la suite de l'autre, les ministres de l'Éducation n'ont jamais réglé le problème. C'est pourtant simple : on veut que tous les enfants aillent à l'école », a lancé Anne Buisson, membre du Collectif éducation sans frontières, lors d'un petit rassemblement à Montréal à la veille de la rentrée scolaire dénonçant à nouveau le fait que les enfants d'immigrants sans statut ne puissent pas, cette année encore, bénéficier de leur droit à l’éducation. 5657 à 7075 $ pour faire valoir un droit supposément inaliénable… Mme Buisson et son collègue Steve Baird ont rappelé que l'éducation est « un droit inaliénable » et que peu importe la situation de leurs parents, les enfants doivent pouvoir prendre le chemin de l'école. Sans documents prouvant leur statut, les parents doivent payer des droits de scolarité de 5657 $ par année, par enfant, au primaire, et de 7075 $ par année au secondaire. Ce qui va à l'encontre de la Convention relative aux droits de l'enfant des Nations unies, signée par le Québec en 1991, qui prévoit l'éducation gratuite pour tous les enfants, sans égard à leur origine ou à leur statut. Toutefois, la Loi québécoise sur l'instruction publique n'a pas été modifiée et exclut toujours les enfants d'immigrants sans papiers. De surcroît, les familles con-
cernées vivent généralement dans la précarité et ne peuvent pas assumer de telles factures, plaide M. Baird. Une mère immigrante de trois jeunes enfants a pris la parole, avec un masque sur le visage par crainte de représailles, pour témoigner de sa situation, qu'elle qualifie de « valse des martyres ». Après avoir fait une demande de résidence permanente depuis son pays d'origine, cette dame est venue au Québec avec un visa de visiteur en poche. Une fois le visa expiré, elle est restée et a tenté de convaincre, mais en vain, la commission scolaire du Chemin-du-Roy, à Trois-Rivières, d'accueillir ses enfants. L'année suivante, la Commission scolaire de
Montréal a accepté de scolariser gratuitement les enfants pour une seule année. En 2015, la dame a changé de territoire et a inscrit ses enfants à la Commission scolaire de la Pointe-de-l'Île, qui leur a ouvert la porte. Au cours des derniers mois, elle a fait une demande d'asile, qui a été acceptée. Un cas réglé, des centaines en souffrance Mais pour un dossier qui se règle, il y aurait des centaines sinon des milliers d'enfants sans-papiers qui ne vont pas à l'école. C'est du moins ce qu'indique le Protecteur du citoyen dans son rapport de 2014 en soulignant la grande difficulté d'avoir une évaluation juste du phénomène compte tenu de la clandestinité dans laquelle vivent
certaines familles immigrantes sans
Le collectif Éducation sans frontières
Actif depuis l’automne 2011, le collectif Éducation sans frontières réunit des migrant-e-s et leurs allié-e-s — parents, étudiant-e-s, enseignant-e-s, chercheurs et chercheuses, militant-e-s — qui se sentent concernés par le problème du non-accès à l’éducation publique en raison du statut d’immigration. Le collectif est relié à Solidarité sans frontières, un réseau impliqué dans les luttes immigrantes depuis 2003 et revendiquant la régularisation des sans-papiers et la fin des détentions, des déportations et de la double peine. La formation du collectif est issue de la campagne « Cité sans frontières » qui se propose de faire de Montréal une ville où quiconque, peu importe son statut d’immigration, pourrait avoir accès aux services essentiels tels que les soins de santé gratuits, l’éducation, les logements sociaux, les banques alimentaires et les refuges pour personnes victimes de violence.
statut. Le Protecteur du citoyen recommandait alors au gouvernement de faire preuve d'une certaine souplesse, comme en Ontario et en ColombieBritannique. Agir autrement constitue « un déni du droit fondamental de ces enfants à l'éducation, qui contrevient à la Convention relative aux droits de l'enfant qu'a ratifiée le gouvernement du Canada et à laquelle le Québec s'est déclaré lié ». Une loi à l’étude Depuis, le projet de loi 86 est à l'étude à l'Assemblée nationale. Il prévoit élargir le principe de la gratuité scolaire en limitant les exclusions à trois catégories d'élèves non résidents du Québec. Le projet de loi a franchi l'étape de l'étude en commission parlementaire.
AVIS À tout organisme à la recherche de financement pour une activité visant à encourager la persévérance scolaire d’enfants vivant sous le seuil de la pauvreté dans la grande région de Montréal,
La fondation Actions Enfance pourrait vous aider
Depuis 2011, Actions Enfance, une fondation basée sur le bénévolat, a octroyé 732 000$ en argent et en biens pour soutenir quelques 6 000 jeunes défavorisés en plus de 15 000 familles dans le besoin, de la grande région de Montréal où un enfant sur trois vit sous le seuil de la pauvreté. L’objectif premier de la fondation est de soutenir des projets communautaires qui visent à encourager la persévérance scolaire et la lutte contre le décrochage et la délinquance, en offrant un encadrement stimulant et des moyens efficaces, tels le soutien académique, l’initiation à la saine alimentation, la pratique des sports et loisirs ainsi que du soutien personnalisé aux jeunes faisant face à des situations critiques. D’autre part, quelques 14 500 produits neufs et de qualité ont été remis à des dizaines d’organismes pour soutenir leurs activités de collecte de fonds et de services à leurs membres.
Date limite de réception des demandes: 31 octobre 2016 Informations : www.actionsenfance.org.
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Enfance
Allocation fédérale pour enfants
Un miroir aux alouettes?
«Généreuse» aujourd’hui mais pas indexée, elle deviendra de moins en moins intéressante… Le gouvernement libéral de Justin Trudeau a fait table rase des anciens programmes d’appui aux familles pour les remplacer par une seule allocation qu’il dit plus généreuse. Mais un rapport du Directeur parlementaire du budget (DPB) confirme qu’en l’absence d’indexation, ce nouveau programme ne restera pas éternellement plus intéressant que l’ancien. Sa prodigalité déclinera à partir de 2018 jusqu’à devenir moins avantageux pour les familles que l’ancien régime dans huit ans. L’Allocation canadienne pour enfants (ACE) a commencé à être versée aux parents en juillet. Elle a remplacé trois programmes d’aide aux familles dont un seul — la PUGE — avait été instauré par les conservateurs de Stephen Harper. Environ les trois quarts de toute l’aide fédérale versée aux familles auparavant étaient indexés au coût de la vie. Ce n’est pas le cas de la nouvelle ACE. Elle est non imposable et modulée selon les revenus de la famille, mais les montants prévus ainsi que les seuils de revenus à partir desquels les réductions s’appliquent ne suivent pas l’inflation. Le résultat est que l’ACE atteint son sommet de générosité à sa première année complète de mise en vigueur, soit en 201718. Les parents admissibles recevront alors un total de 22,4 milliards de dollars, contre 18,1 milliards si l’ancien système était encore en place (soit en moyenne 1054 $ de plus par famille qu’avant). Inflation oblige, à mesure que le temps passera, les revenus des parents augmenteront. Le montant de leur chèque d’ACE diminuera alors et il deviendra
même nul pour certains parents qui étaient déjà en haut de l’échelle salariale. Tout basculera à partir de 2024-2025 quand le nouveau système deviendra moins généreux que l’ancien, calcule le DPB. Manque à gagner La différence ne sera que de 45 millions de dollars cette année-là. « On n’a pas évalué ce que ça ferait par famille. Pas grand-chose », admet lui-même le DPB, JeanDenis Fréchette. Mais en 20262027, le manque à gagner sera beaucoup plus marqué : le nouveau programme versera 1,5 milliard de moins aux familles que ne l’aurait fait l’ancien régime. Cette année-là, une ACE indexée aurait versé presque 33 milliards et non les 20 milliards prévus. « Oui, il [le nouveau programme] est plus généreux au départ, le coût net est supérieur », a expliqué M. Fréchette en conférence de
presse. « Mais avec le temps, le programme tend à diminuer en terme de valeur. Jusqu’à ce qu’il soit moins [généreux] en 20242025. C’est le moment où les deux courbes se croisent et l’ancien système deviendrait plus généreux, essentiellement à cause de l’indexation et du nombre de familles qui seraient admissibles. » Au bureau du ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, JeanYves Duclos, on répond que ces prévisions ne s’avéreront pas. « C’est l’intention du gouvernement de mettre en place l’indexation », et ce, « dès 2020?», assure le porte-parole du ministre, Mathieu Filion. Si tel est le cas, alors le point de bascule où le nouveau programme devient moins généreux que
l’ancien ne sera jamais atteint. En 2020, le nouveau programme versera encore environ 3 milliards de plus que ne l’aurait fait l’ancien. Mais il versera quand
Et pour 3,4 milliards $ de plus … Le Directeur parlementaire du budget (DPB) estime que les sommes octroyées en 2016-2017 par le nouveau programme fédéral d'allocations aux enfants coûteront au gouvernement du Canada 3,4 milliards $ de plus que celles prévues dans le système qui avait été établi par l'ancien gouvernement conservateur.
le coût financier net de l'Allocation aura diminué pour s’établir à 2,5 milliards $. À plus long terme, l’inflation réduira la valeur réelle de la prestation mensuelle du nouveau programme, selon le rapport. En 2024-2025, les dépenses nettes totales qui y sont liées devraient correspondre à celles de l’ancien système s’il n’avait pas été annulé.
Le 1er juillet dernier, le gouvernement libéral a mis en oeuvre la nouvelle Allocation canadienne aux enfants (ACE), non imposable. Elle remplaçait la Prestation universelle pour la garde d’enfants (PUGE), la Prestation fiscale canadienne pour enfants (PFCE) et le Supplément de la prestation nationale pour enfants (SPNE). Le DPB ajoute dans son rapport qu'en 2020-2021,
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L’analyse du DPB ajoute que le montant moyen par ménage canadien augmentera de 1858 $ mais que ce montant varieront en fonction du revenu des ménages. Ceux ayant un revenu net ajusté de moins de 30 000 $ toucheront les montants les plus élevés sous le nouveau système.
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même 4 milliards de moins aux familles que si l’indexation avait été instaurée au premier jour. Et 27 000 familles auront perdu leur allocation parce que leurs revenus auront dépassé les seuils d’admissibilité inchangés. Il faut noter que cette intention d’indexer à compter de 2020 n’est écrite dans aucun document officiel : ni dans le budget ni dans le site Internet expliquant l’Allocation canadienne pour enfants. On n’en connaît donc pas les paramètres. Le programme électoral libéral de 2015 stipule que l’ACE serait « non imposable et indexée sur le revenu », ce qui en a amené certains à croire que les libéraux promettaient la pleine indexation, mais il s’agissait d’une erreur de traduction — comme la plateforme libérale en contient quelques-unes. En anglais, on lit plutôt que l’allocation serait « tied to income », soit « modulée selon le revenu ».
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Niveaux de vie
40% de la population canadienne a du mal à joindre les deux bouts du mois
Vivre d'une paie à l'autre sans mettre de l'argent de côté Une grande partie de la population active vit d'un chèque de paie à l'autre au Canada et est incapable d'épargner, selon un sondage que l'Association canadienne de la paie (ACP) a récemment publié.
Pour près de la moitié des 5629 répondants, il serait difficile de remplir les obligations financières si le chèque de paie était reporté ne serait-ce que d'une semaine. Quarante pour cent des participants au sondage affirment dépenser la totalité de leur paie nette ou davantage, et 47 % sont en mesure d'épargner
seulement 5 % ou moins de leurs gains.
Par ailleurs, 24 % des gens estiment qu'ils auraient de la difficulté à obtenir 2000 $ si une urgence survenait au cours du prochain mois, ce qui illustre à quel point certains sont serrés financièrement. D'ailleurs, 39 % des travailleurs canadiens se sentent dépassés par leur niveau d'endettement. Des revenus stagnants et des dettes Les données du sondage révèlent aussi que le revenu des ménages a stagné, le nombre de répondants ayant déclaré
un revenu supérieur à 100 000 $ ayant à peine augmenté en cinq ans. En tenant compte de l'inflation, les revenus réels ont donc diminué. Les types de dettes les plus communes sont les prêts hypothécaires (26 %), les cartes de crédit (18 %), les prêts automobiles (17 %) et les lignes de crédit (16 %). Les dettes contractées par carte de crédit sont les plus difficiles à rembourser, avec 22 % des répondants choisissant cette option.
La plupart des travailleurs canadiens ont pris beaucoup de retard quant à leurs objectifs de retraite, 76 % affirmant qu'ils
ont épargné seulement le quart ou moins de ce dont ils auront besoin au moment de se retirer. Patrick Culhane, président et chef de la direction de l'ACP, conclut qu'en cette période d'incertitude, les gens doivent reprendre le contrôle de leurs
Initiative gouvernementale Le projet «Combattons ensemble la pauvreté»
finances en épargnant davantage. Le sondage a été réalisé en ligne entre les 27 juin et 5 août derniers par la firme Framework Partners. Sa marge d'erreur est de plus ou moins 1,3 %, 19 fois sur 20.
Neuf municipalités québécoises osent le Bus gratuit pour tous!
Jean-Yves Duclos, ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, a annoncé le 2 septembre 2016, la mise en place du projet «Combattons ensemble la pauvreté» qui orientera l’élaboration de la nouvelle stratégie canadienne de réduction de la pauvreté.
important pour réduire la pauvreté au Canada. C’est de cette façon que nous pourrons réaliser notre vision d’un pays diversifié, prospère et réellement inclusif – un pays dans lequel tout le monde peut réaliser son plein potentiel. » a déclaré JeanYves Duclos,
La ville de Beauharnois, en Montérégie, vient de se joindre au club sélect des municipalités où le transport en commun est gratuit. Pour le maire, Claude Haineault, cette mesure aidera à «relancer l’activité économique du centre-ville». Coût de cette décision: 360 000 dollars par année, dont la moitié vient du Fonds vert du gouvernement du Québec.
Ce projet consistera à effectuer des études de cas dans six collectivités afin d’obtenir une perspective régionale et une meilleure compréhension de la pauvreté dans les collectivités du pays. Il permettra également au gouvernement de recueillir directement les commentaires des Canadiens vivant dans la pauvreté et de recevoir les recommandations des organismes offrant des programmes de réduction de la pauvreté.
Trois millions de Canadiens dans le dénuement Au Canada, le taux de personnes à faible revenu tourne autour de 9 % depuis 10 ans. Cela signifie que chaque jour, trois millions de Canadiens vivent dans la pauvreté.
Beauharnois n’est pas seule à faire le pari de la gratuité. Richelieu, Carignan, Chambly, Sainte-Julie, Candiac, La Prairie, Saint-Philippe et Saint-Joseph-du-Lac, notamment, font de même.
Le projet Combattons ensemble la pauvreté sera lancé à Saint John au Nouveau-Brunswick au cours des prochains mois. Il sera ensuite mis en place à Trois-Rivières, Toronto, Winnipeg, Yellowknife et Tisdale. « En élaborant une stratégie canadienne de réduction de la pauvreté, nous franchissons un pas
Soixante-trois pour cent des personnes âgées à faible revenu vivant seules sont des femmes. Près de 746 000 Canadiens vivent dans un ménage où le principal salarié est un travailleur à faible revenu. En 2014, plus d’un demi-million d’enfants canadiens vivaient dans des ménages à faible revenu. Grâce à l’Allocation canadienne pour enfants instaurée récemment, qui est beaucoup mieux ciblée, environ 300 000 enfants de moins vivront dans la pauvreté en 2017 par rapport à 2014
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Mais pas Québec, ni Montréal… À Québec et à Montréal, des groupes de pression font campagne pour que le transport en commun soit gratuit pour tous. Le hic: si les usagers n’avaient plus à payer leurs titres de transport, le réseau de Québec se retrouverait avec un manque à gagner annuel de 66 millions de dollars et celui de Montréal serait amputé de 620 millions. Pour ces groupes, il suffirait d’installer plus de péages sur le réseau routier et d’augmenter les taxes sur les activités commerciales ou la taxe sur l’essence pour pallier ce manque à gagner.
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Santé
Québécois sans carte de la RAMQ
Le peuple invisible…
Les progrès réalisés par le projet de recherche sur la santé et l’accès aux soins des migrants sans assurance médicale
En Juin 2016, l'équipe de recherche du projet «Comment améliorer la santé et l'accès aux soins des migrants sans assurance médicale», coordonné par l'Institut de recherche en santé publique de l'Université de Montréal, a publié un communiqué de presse afin d’informer du début de ses activités. Aujourd'hui, 3 mois plus tard, voici ou en est le projet Réalisations o 5000 personnes ont été rencontrées et informées du projet et de la situation à Montréal. o 15 lieux de culte ont été visités o 25 espaces/stands ont été installés lors des différents événements communautaires, festivals, ventes de trottoir o 8000 personnes ont été
rejointes grâce aux pages Facebook du projet (français / anglais et espagnol)
À ce jour, 200 personnes sans assurance maladie ont été rejointes et qui accepté de participer à l’étude (sur un total requis de 900 personnes). Ces personnes ont été référées à des ressources appropriées, tels que les organismes communautaires et en particulier, Médecins du Monde - la seule clinique à Montréal offrant une consultation gratuite et confidentielle aux migrants sans assurance maladie. Premiers enseignements Les informations recueillies à ce jour montrent qu’un peu plus de la moitié des participants s’estime être en bonne santé et notamment ceux-ci se perçoivent en moins bonne santé que les canadiens de naissance et la population générale d’immigrants. Plus de la moitié de ces personnes estime avoir besoin de soins par un professionnel de la
santé, sans toutefois les recevoir. La majorité de cette population est constituée de familles de moins de 50 ans et avec un statut migratoire temporaire. De manière générale, cette population ne connait aucune ressource pouvant dispenser une consultation gratuite ou à moindre coût. Les maladies signalées sont principalement la conséquence d’un ou plusieurs problème de santé devenus chroniques, réduisant la capacité de ces personnes à mener normalement leurs activités quotidiennes. Appel au soutien de la communauté Le soutien des organisations communautaires et des parties prenantes sont des leviers fondamentaux pour aider l’équipe du projet à mieux cerner la situation des personnes sans cartes de la RAMQ et, de là, à apporter une réelle contribution – basée sur le savoir – à l’amélioration de la situation des popula-
tions de migrants en situation de précarité et vulnérabilité. Il s’agit en effet de cerner une population qui jusqu’à présent reste invisible. Il s’agit d’un problème de santé publique, qui ne peut être résolu qu’avec la participation et l’engagement des instances nationales et internationales ainsi que la collaboration et le soutien solides de toute la communauté. Comment s’impliquer ? Il est aussi important de souligner que même si de grands progrès ont été réalisés pour atteindre les migrants
Appel à solidarité
Karim; jeune, malade et sans soins… Le jeune Karim avait été appelé à subir une visite médicale pour changer de statut migratoire. Mais il est tombé malade. Hospitalisé entre le 22 mai et le 30 août 2016; il n’a pu achever cette démarche. Il reste donc avec un statut de travailleur temporaire. Son permis de travail est valide jusqu'au 11 octobre 2016. Il est donc assuré par la RAMQ jusqu'a cette date. Sa maman qui est venu du Maroc pour s'occuper de son fils très malade a déposé une demande de renouvellement du permis de travail, réponse prévue pour le début octobre. Si le permis est renouveler, la RAMQ sera reçu aussi. Pour des raisons obscures, il a dû quitter l’hôpital non sans avoir signé un document attestant qu’il le faisait de son plein gré; ce qu’évidemment il ne reconnait pas. Et ce d’autant moins que l’hôpital a émis une prescription; des médicaments très chers que quelques bonnes âmes l’aident à acquérir; mais pour combien de temps encore? Lui et sa mère sont d’ailleurs totalement désemparés et ils ont besoins d’aide pour mener les démarches administratives que leur impose la situation, mais également pour que le jeune malade puisse être diagnostiqué et soigné. Si vous êtes en mesure de l’aider, dans l’un ou l’autre des aspects de sa triste situation, contactez sa mère, Hajja Amina, au 514 465-0317.
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sans assurance médicale, les particuliers peuvent encore représenter un grand soutien pour l’équipe de recherche et, encore plus, à leurs communautés. L’équipe invite donc les particuliers à encourager toute personne sans assurance médicale, à appeler le 514-349-3098, afin d’aider à améliorer cette situation dans le court et le long-terme. Pour en savoir plus l’équipe, sa mission et ses activités : page Facebook @Santédesmigrants (français et anglais) et @Saluddelosmigrantes (en espagnol).
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Santé
Que faire quand on est encore malade et que l'assurance-emploi arrive à terme? L'assurance-emploi prévoit une période de prestations de 15 semaines. Or, lorsque la maladie et les traitements les maintiennent au chômage plus longtemps, certains travailleurs viennent rapidement à court de solutions et d'argent. H. K. a toujours travaillé. Mère d'une famille monoparentale, son emploi dans la restauration lui permet de boucler les fins de mois et de bien s'occuper de son fils. « Avant, je n'avais pas de soucis financiers, dit-elle. Cet été, tout a basculé. » Son médecin lui apprend qu'elle est atteinte d'un cancer et qu'elle doit se faire opérer. Elle se rend compte après l'intervention qu'elle est incapable de retourner travailler. « Psychiquement et physiquement, j'étais incapable de retourner au travail. Donc, depuis cette date-là, je ne travaille plus. » Comme des milliers de travailleurs, elle n'a pas d'assurance. Les normes exigent que son employeur lui accorde un congé le temps de sa convalescence, mais ce congé est
sans solde. « Alors mes copines me demandent : "Que vas-tu faire pour tes finances? ", raconte-t-elle. Je ne sais pas, je ne sais même pas comment ça se passe, j'ai toujours travaillé! » Une option temporaire Pour elle, le seul recours, c'est de demander une prestation spéciale auprès de l'assurance-emploi.
L'an dernier, 345 000 travailleurs canadiens ont eu besoin de ces prestations d'urgence parce qu'ils n'avaient aucune assurance salaire en cas de maladie. L'assurance-emploi ne couvre que 55 % du salaire. Pour les hommes, la prestation moyenne s'élève à 438 $ par semaine, alors que chez les femmes, la somme moyenne versée par semaine est de 368 $. C'est moins que le salaire minimum. Sans compter que près de 60 % des prestataires sont des femmes. Il est aussi important de spécifier que l'aide est limitée à 15 semaines de prestations. Si les traitements la forcent à s'absenter au-delà
de ces 15 semaines, elle n'aura plus de revenu.
Comment alors combattre la maladie et payer les factures? « Je ne sais pas, je ne sais pas, dit-elle. Ça ne m'a même pas passé par l'esprit. Si ça me passe par l'esprit, je sais que je vais paniquer, je vais tomber dans un autre degré d'anxiété et de peur. Ça n'arrangera pas ma maladie. » Trois cancers en cinq ans M-H. D. a dû combattre trois cancers. « C'est très dur, dit-elle. Moi, j'ai vécu ça trois fois en cinq ans. » Pour survivre financièrement, elle a dû hypothéquer sa maison et épuiser sa marge de crédit. « Qui a les moyens de tomber malade? se demande-t-elle. Au bout des 15 semaines, ça s'appelle système D, débrouille-toi. Parce qu'il n'y a rien, absolument rien. » Elle explique avoir rencontré des gens qui ont dû vendre tout. « C'est grave! Quelqu'un va se retrouver sur l'aide sociale pour une bad luck comme ça », se désole-t-elle. Elle a lancé, il y a quelques années, une
pétition pour faire changer la loi. Elle y réclame au moins 50 semaines de prestations en cas de maladie. La pétition a été signée par plus de 500 000 Canadiens. H. K.tente de ne pas trop s'en faire avec les soucis financiers et de rester positive dans son combat contre le cancer. « Tu ne peux pas te battre contre la maladie si tu as
tant de soucis, dit-elle. C'est une maladie qui va se nourrir de tes inquiétudes et de tes angoisses. Ce n'est pas de ça que j'ai besoin pour l'instant. J'ai besoin de rester forte. J'ai besoin de garder l'espoir de regarder en avant, car j'ai un enfant à faire vivre. Il m'a toujours vue forte. Il n'a jamais manqué de quoi que ce soit. »
Travailleurs agricoles étrangers
Les effets dévastateurs des migrations temporaires
La migration temporaire a des effets dévastateurs sur la santé des familles restées au pays. Des chercheurs ontariens et mexicains ont sillonné la campagne mexicaine pour les documenter. Ils invitent le gouvernement à considérer le migrant « dans son ensemble » dans la refonte à venir des programmes d’immigration temporaire. « Les deux ou trois premières années, le choc est terrible pour les enfants », constate Aaraón Diaz Mendiburo, chercheur affilié au Centre d’étude sur les migrations internationales de l’Université Wilfrid Laurier. « Les enfants tombent malades avant et après le départ des pères, surtout de dépression. Dans les cas les plus sérieux, ils doivent consulter des professionnels », renchérit Don Wells, profes-
seur de l’Université McMaster et cosignataire de l’étude à paraître cet automne. Avec deux autres spécialistes des migrations, soit Janet McLaughlin et Andre Lyn, ils ont réalisé 80 longues entrevues avec ces familles « transnationales » séparées à répétition, jusqu’à huit mois par année. C’est la première fois qu’une étude se penche autant en profondeur sur le « coût émotionnel » de la migration temporaire au Canada.
Au Mexique, le fait d’être marié et d’avoir des enfants donne plus de chances d’entrer dans le Programme des travailleurs agricoles saisonniers (PTAS). L’écrasante majorité des ouvriers agricoles temporaires, 97 %, issus de ce pays sont des hommes qui voyagent vers le Nord en moyenne de 7
à 9 ans, parfois jusqu’à 25 ans dans certains cas. « Le stress sur les mères est très important aussi. Elles se retrouvent seules du jour au lendemain, s’occupent aussi des tâches qui incombaient au père, tout en se sentant abandonnées », expose M. Wells. Les résultats scolaires des enfants ont tendance à diminuer, pendant que les dépendances aux drogues et à l’alcool augmentent chez les adolescents. Les jeunes femmes présentent également des taux de grossesse précoce plus hauts que la moyenne nationale. Jusqu’à la santé physique qui est affectée par l’absence longue et répétée du père, « une figure de poids encore aujourd’hui dans la culture mexicaine », précise M. Diaz Mendiburo.
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Après plusieurs années d’allées et venues, la migration « devient une habitude », admet-il. Lui-même d’origine mexicaine, ce chercheur effectue du travail de terrain depuis une décennie. « S’adapter ne signifie pas que la douleur ne surgit pas », tient-il à préciser, une mélancolie de l’absence qui refait surface « autour d’un café, dans la vie quotidienne ». Beaucoup des migrants euxmêmes canalisent ces émotions dans le travail : « Je travaille 14 heures, je travaille dur, je suis un bon travailleur, parce que c’est tout ce qui me reste », dit le chercheur pour résumer. De retour au pays, ils se désolent d’avoir la sensation de devenir des étrangers petit à petit. « Les enfants commencent à voir leur père comme un père Noël, qu’ils ne
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connaissent pas si bien, mais qui leur apporte des cadeaux. Mais c’est déconcertant pour le père », poursuit Don Wells. Subvenir aux besoins de leur famille signifie leur faire subir le contrecoup de leur absence. « La migration les soutient, mais ne les fait pas échapper à la pauvreté de leur milieu », décrit le professeur. « Ce n’est pas pour démoniser la migration, seulement pour mettre en évidence à quel point le bénéfice économique écrase tout, ajoute son collègue Diaz Mendiburo, pour redire qu’ils ne sont pas juste un homo economicus, un travailleur sans être un humain d’abord. » Leurs recommandations de politiques publiques vont d’ailleurs dans le même sens que celles de la campagne « Harvesting Freedom ».
Santé
Les incohérences du Système
Qui a besoin d’un spécialiste des maladies génétiques de la rétine qui (parle, mais) n’écrit pas le Français comme un académicien? Amer Omar est suspendu de sa pratique, le Collège des médecins lui ayant signifié qu’il avait épuisé ses trois années de permis temporaire, octroyé pour qu’il puisse réussir le test de français. Le Québec est privé de son seul spécialiste des maladies génétiques de la rétine parce qu’il a échoué à une partie de l’examen obligatoire de l’Office québécois de la langue française (OQLF), a appris Le Devoir. Depuis le 1er juillet dernier, Amer Omar est suspendu de sa pratique, le Collège des médecins lui ayant signifié qu’il avait épuisé ses trois années de permis temporaire, octroyé pour qu’il puisse réussir le test de français. « Je veux pratiquer ici. J’aime ce pays, je suis attaché à Montréal. Ma femme est une Québécoise francophone… Mais je ne suis pas assez bon, selon l’OQLF », a dit en entrevue au Devoir le médecin spécialiste à l’Institut de la rétine de Montréal. « Tous les jours, je côtoie des médecins qui sont incapables d’interagir en français et qui même ont besoin de traducteurs quand ils s’adressent au Collège des médecins. Et il y a des gars comme moi, qu’on suspend de pratique simplement parce qu’ils ne réussissent pas une partie de l’examen », a dit Amer Omar, à qui il ne manque plus que la portion « expression écrite » du test à réussir. L’homme de 37 ans, qui est citoyen canadien depuis au moins 15 ans, répond aux questions en anglais, la langue dans laquelle, en plus de l’arabe, il s’exprime le plus rapidement et le plus clairement. Mais, vérification faite en entrevue, il converse aisément en français. Il dit n’avoir aucun problème à discuter dans la langue de Molière avec ses patients francophones. Il s’inquiète d’ailleurs pour eux. « Mes patients sont orphelins depuis deux mois ! » Un collègue doit prendre en charge son lot de patients. D’origine égyptienne mais né
au Koweït, Amer Omar est arrivé au Québec à l’âge de 18 ans, après quelques années d’études de médecine en Égypte. Il a recommencé ses études à zéro à l’Université McGill mais c’est à l’Université de Queen’s, en Ontario, qu’il a fait sa médecine. En 2004, il obtient son diplôme et revient s’installer au Québec pour faire sa résidence en médecine familiale, à l’Hôpital général de Montréal, et travaille dans la réserve de Kahnawake. M. Omar est ensuite l’un des rares médecins déjà formés à qui on a donné le privilège de faire une spécialité. Il fait donc des études en ophtalmologie de 2007 à 2011, avec un fellowship à Londres, dans le meilleur hôpital au monde pour les maladies de la rétine. Malgré qu’il y gagne bien sa vie comme consultant et chercheur, il décide de revenir à Montréal, son port d’attache, en janvier 2014. 36 % à l’examen Mais ayant déjà « gaspillé » jadis une année de permis temporaire, il ne lui reste plus que deux ans pour réussir le test de français de l’OQLF. Sur les quatre sections de l’examen de français (compréhension de l’oral et de l’écrit et expression orale et écrite), il ne lui manque d’ailleurs plus qu’à réussir la portion « expression écrite », qu’il échoue systématiquement. Peu de temps après avoir été suspendu de pratique le 1er juillet dernier, il a reçu le résultat de sa 12e et dernière tentative : 36 %. L’OQLF interdit à l’étudiant de voir sa copie, un manque de transparence qui n’a pas lieu d’être, selon M. Omar. Il a toutefois pu parler au correcteur de son examen qui a relevé des erreurs de syntaxes, un argumentaire un peu en surface et un texte de 190 mots au lieu des 200 minimum. « J’ai échoué parce qu’il m’a manqué 10 mots ! » a-t-il dit, dépité. Sandra Matos, l’une des enseignantes de Le Français en partage, une entreprise qui enseigne le français à des pro-
fessionnels régis par des ordres pour qu’ils puissent réussir l’examen de l’OQLF, s’est dite étonnée du résultat de son élève. « Il captait très vite et avait un esprit scientifique. Il avait bien compris les connecteurs et maîtrisait le passé composé », commentet-elle. Un débat à faire L’OQLF n’autorise la reprise que trois mois après l’examen. M. Omar doit donc attendre jusqu’en octobre. « Comme tout le monde, je veux mettre du pain sur la table pour ma famille », dit-il, en précisant que les coûts de sa cotisation au Collège des médecins, ses assurances et tout le tralala lui permettant de pratiquer lui ont déjà coûté cher : ce sont des milliers de dollars annuellement. « C’est le Québec qui a pourtant payé toute ma formation et ma spécialité en ophtalmologie. C’est vous qui avez payé ça et je ne peux pas vous soigner alors que c’est tout ce que je demande », déplore M. Omar. Amer Omar dit ne pas parler pour son bénéfice personnel mais espère plutôt que sa situation fera réfléchir et relancera le débat. « Voulezvous les meilleurs soins ou pas ? » lance-t-il. « Pourquoi, comme société, nous ne pourrions pas nous demander où
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sont nos valeurs ? Si le besoin de la qualité de la langue prime celui des soins, alors assoyons-nous et voyons comment vous pouvez nous aider à réussir. » Le spécialiste dit souhaiter que le mandat de l’OQLF soit plus « éducatif que punitif ». « On a tous le même objectif. Vous voulez être servis en français et moi, mon but c’est de pouvoir le faire. » Pris entre ses patients, la recherche, la formation continue, l’enseignement et ses obligations familiales, M. Omar admet avoir peu de temps à consacrer à l’étude du français. Il aurait aimé avoir pu le faire avant. Le manque d’information est un réel problème, constate Marion Weinspach, cofondatrice de Le Français en partage. « Les universités n’informent absolument pas leurs diplômés qu’ils doivent passer un examen de français pour travailler au Québec », avance-telle. Ce serait la même chose pour les cégeps et les commissions scolaires anglophones qui forment des infirmières auxiliaires, des courtiers et autres travailleurs qui auront à passer l’examen de l’OQLF pour pouvoir pratiquer. « Nous recevons chaque semaine de leurs étudiants qui n’ont peu ou pas du tout été informés [de l’examen de français]. Mais les immi-
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grants qui assistent à ces cours et qui y mettent leurs économies n’ont-ils pas le droit de savoir qu’ils ne pourront pas travailler en anglais seulement ? » L’influence de l’OQLF Amer Omar se dit « pétrifié » par la peur devant l’OQLF. Il trouve aberrant que son pouvoir soit au-dessus de celui du Collège des médecins. « Le mandat du Collège des médecins, c’est de maintenir des standards de qualité dans les soins prodigués par ses médecins et de faire en sorte qu’on n’abandonne pas nos patients. Mais l’OQLF est le juge audessus des docteurs », s’indigne-t-il. Le Collège des médecins a répondu aux questions du Devoir mais son présidentdirecteur général, Charles Bernard, a décliné une entrevue sur cet aspect plus politique. « Ce n’est pas au Collège de débattre de la pertinence d’une telle Charte », dit la relationniste de presse. Quant à l’OQLF, il a fourni des informations mais ne commente pas les cas précis. À l’instar du Collège des médecins, il dit ne pas non plus tenir de statistiques en ce qui concerne les taux de réussite et d’échecs pour les examens.
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Échanges
Festival de la S.O.U.PE. de Vaudreuil-Soulanges 2016
Une fête du rapprochement interculturel et intergénérationnel C’était le grand jour le dimanche 4 septembre, des milliers de personnes ont pu se délecter de toutes sortes de soupes aux saveurs de l’Inde, de l’Espagne, du Mexique, de l’Algérie et évidemment du Québec. Pas seulement les gouter et les apprécier, mais également déterminer les gagnants des LOUCHES si convoitées. Concours et récompenses Grâce à son velouté de choufleur et poireaux, le Collège Bourget a mérité la Louche d’Or 2016 du concours amateur La Soupe en folie. La Louche d’Argent est revenue au Cercle des fermières Vaudreuil qui a concocté une délicieuse crème de poireaux. La Louche de Bronze, quant à elle, a été décernée à Peter Schiefke qui a refait le plat le plus réconfortant de son enfance, la soupe aux haricots et chorizo espagnol.
Et pour son philtre divin, un savoureux potage de butternut (courge musquée) avec lardons à l'érable et chips de kale, Le Félix, résidence du Le Groupe Maurice s’est vu attribuer la Louche d’Or de La Soupe des Toqués, les professionnels. Les prix pour le kiosque le mieux décoré, celui qui en mettait le plus plein la vue par ses couleurs et son originalité ont été remis à Le Félix, résidence du Groupe Maurice du côté des soupiers professionnels et, pour une deuxième année, à l’Organisation Indo-Canadienne de Montréal pour les amateurs. La concurrence était féroce! Ça n’a pas été facile! 25 000 bols et saveurs Qu’ils aient gagné une Louche ou tout simplement participé, tous les soupiers étaient emballés
de leur expérience, que cela ait été leur première ou leur cinquième. Quel bonheur! Imaginer une soupe, choisir ses ingrédients, la préparer avec amour et finalement la servir au 5000 festivaliers venus encourager les 26 soupiers en compétition. En tout, ce sont quelque
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25 000 portions de soupe qui ont été servies et bues jusqu’à la dernière goutte. Un succès gargantuesque. Ce fut un succès gargantuesque qui, bien sûr, a contribué comme toujours à créer des rapprochements interculturels et intergé-
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nérationnels dans notre communauté. Et cela rejoint magnifiquement l’esprit de la S.O.U.PE., SOUPE pour Symbole d’Ouverture et d’Union des PEuples.
Échanges
Table de vie du quartier St-Jean Vianney
Couscous à Longueuil
Le quartier St-Jean Vianney de la Ville de Longueuil à vécu le 2 septembre 2016 à l’heure de la 1ère édition de la journée culturelle du couscous marocain, organisée par les membres du comité inter-culturel de la table de vie du quartier St-Jean Vianney (Madame Norma Miranda, directrice de vision inter-cultures; Audrey Beauchemin et Gabriel Bérubé de BCJ; Bruno Dioma du CDC de l’agglomération de Longueuil; Naima Ilaj et Noureddine Sedfi, citoyens actifs et impliqués).
Cette activité de rapprochement, d’échange et de partage, a permis de faire un voyage culinaire au Maroc en savourant, parmi d’autres mets marocains, un délicieux couscous fait maison. Cette rencon-
tre conviviale était honorée par la présence de Mme Josée Latendresse, conseillère municipale; Mme Colette Ethier, conseillère municipale; Mr M’Hammed Derouich, ViceConsul Général du Maroc à Montréal; Mr Mouline, ViceConsul Général du Maroc à Montréal; Mr Aziz Daouni, représentant du Centre culturel du Maroc à Montréal (Dar Al-Maghrib)
La fête a commencé par un mot de bienvenue de Mme Miranda qui a souligné le rôle important du comité inter-culturel. Madame Latendresse a précisé dans son mot que la Mairesse, Mme Caroline St-Hilaire et son équipe, travaillent fort pour que la ville de Longueuil reste toujours une ville d’accueil exemplaire. Mr Aziz Daouni a précisé que le centre culturel
marocain joue un très grand rôle dans l’intégration et l’échange. Les invités ont ensuite profité
d’un gala animé par l’orchestre Said Alouazzani, l’équipe Harmonie de la chorégraphe Khadija Jabiry et le défilé d’habits traditionnels
marocains masculins et féminins présenté par Rbia Rabia Ch et le salon marocain Arabesque.
Cultures : Les 10 ans de Diversité Artistique Montréal
Un anniversaire haut en couleurs À l'occasion de son 10e anniversaire, Diversité artistique Montréal (DAM) a vu grand en initiant un événement d'envergure, Nulle p'art ailleurs, qui sera précédé d'une soirée bénéfice hors norme, le 15 septembre 2016 à la TOHU. Marquant le coup d'envoi des célébrations, cette soirée s'avère être le grand rendez-vous des acteurs du milieu des affaires avec les décideurs et artisans du milieu culturel autour des valeurs de la diversité artistique! Pour marquer ce tournant, Danièle Henkel joint sa voix à celle de DAM, à titre de Présidente d'honneur de la soirée, pour inviter le grand public à oser la diversité et à découvrir les talents des créateurs québécois, qu'ils soient issus d'ici ou d'ailleurs. La soirée bénéfice offrira un bel aperçu de ces artistes de
haut calibre dont le Québec peut se targuer et que DAM, depuis 10 ans, a pour mission de propulser à l'avant-scène pour une pleine reconnaissance. Ainsi, des performances de cirque et de musique ponctueront le cocktail réseautage avant de laisser place à un spectacle multidisciplinaire époustouflant, alliant danse, musique, cirque et cracheurs de feu. Le tout se déploiera dans l'immense salle circulaire de la TOHU transformée pour l'occasion en une exposition atypique de 300 œuvres qu'il sera alors possible de découvrir en primeur, avant son ouverture au public. Une décennie de reconnaissance de la diversité Cette soirée d'anniversaire se veut également un moment de célébration des avancées en matière de diversité durant la dernière décennie, qui a vu naître DAM, mais aussi un
nouveau point de départ pour engager le plus grand nombre dans ce chantier des plus stimulants. Pour un organisme artistique, 10 ans d'existence, c'est l'âge de la maturité. En faisant le survol de ces dix dernières années, il est indéniable que DAM a su trouver sa place dans le milieu culturel et y susciter une préoccupation réelle pour la reconnaissance de la diversité dans les arts.
Dix ans plus tard, DAM est devenu l'éditeur d'une revue impliquant 40 collaborateurs pour chaque numéro ; DAM a imaginé et mis en place trois programmes structurants : du mentorat professionnel pour mettre en lien des artistes dits de la diversité et des artistes bien établis au Québec ; des auditions pour accroître la visibilité de comédiens trop souvent invisibles et un service-con-
seil pour sensibiliser le milieu culturel à la diversité ethnoculturelle. En 10 ans, DAM a accompagné plus de 1000 artistes membres vivant et créant au Québec, issus de 98 pays différents et œuvrant dans 20 disciplines. L'organisme a également multiplié les partenariats, en créant des ponts à la fois au sein du milieu culturel mais aussi avec le milieu universitaire, élargissant ainsi les occasions de débat et de brassage d'idées pour faire naître les initiatives les plus éclatées. Un tournant pour l'avenir En engageant, le temps d'une soirée, les artisans du milieu, DAM émet le souhait de poursuivre ces actions essentielles, mais surtout, de mener collectivement des initiatives concrètes en faveur d’un paysage culturel plus inclusif, à l’image de sa société. DAM
en est convaincu, la diversité est le cœur et le moteur de la créativité et de l'innovation. Elle doit être au centre de toutes nos réflexions et de toutes nos actions pour penser le développement ; elle doit être un foisonnement d’intelligence créative au service des arts et de la culture, mais aussi au service de l’économie locale, nationale et internationale. Quand les artistes de DAM rayonnent, c’est le Québec qui rayonne dans une centaine de pays à travers le monde, avec des répercussions significatives ici et ailleurs. Cette créativité plurielle est source de réussite, de nouveauté et, en bout de ligne, de transformation. Ce changement sera porté par DAM qui annoncera, lors de cette soirée spectaculaire, sa vision future, garante de son avenir.
Sports : Ouverture de la saison 2016 – 2017 de l’École des champions de Taekwondo
La cérémonie d’ouverture de la saison 2016 – 2017 de l’École des Champions aura lieu le Lieu le dimanche 11 septembre 2016 de 13h00 à 16h00 au Parc Molson (2520 au, rue Beaubien E, Montréal QC H1Y 3H3; Intersection Iberville et Beaubien) Par la même occasion ceci débutera la saison d’entraînement annuelle ainsi que les inscriptions. 35
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Prévoyance
Assurance auto
Éviter une hausse de prime après une réclamation, c’est possible! Votre auto a disparu ou a été vandalisée? Votre jeune a fait un accident avec votre auto? Vous n’aviez pas vu ce nid de poule géant qui a brisé votre roue? Parmi toutes les préoccupations causées par de telles situations, il y a l’idée que votre prime d’assurance auto va gonfler au prochain renouvellement… sauf si vous avez opté pour une protection optionnelle qui pardonne vos réclamations auto! On vous explique! Pourquoi l’assurance auto coûte-t-elle plus cher après une réclamation? En cas de sinistre auto, vous devez, entre autres, communiquer avec votre assureur pour l’aviser des dommages subis ou causés, même si vous ne souhaitez pas réclamer. Malheureusement, les statistiques démontrent qu’à la suite d’une réclamation, les chances de subir un autre sinistre augmentent. C’est pourquoi les assureurs inscrivent tous les sinistres automobiles pour une période de 6 ans dans une base de données partagée : le Fichier central des sinistres automobiles (FCSA). Au moment de renouveler votre assurance auto ou d’assurer un nouveau véhicule, les assureurs se basent, entre autres, sur les sinistres inscrits dans votre dossier FCSA pour déterminer le risque que vous subissiez un nouvel accident. Plus vous avez de sinistres à votre dossier, plus ce
risque est élevé et plus votre prime augmentera. Mais il existe maintenant une manière pour les automobilistes québécois d’éviter cette hausse : la protection optionnelle « réclamations pardonnées ». Comment fonctionne l’option « réclamations pardonnées »? La protection réclamations pardonnées permet d’éviter les hausses causées par 1 ou même 2 réclamations auto, sur une période de 5 ans. Cela signifie que vos réclamations pardonnées seront inscrites à votre dossier FCSA, mais que votre assureur n’en tiendra pas compte dans le calcul de votre prime au prochain renouvellement! Votre prime pourrait tout de même augmenter légèrement pour d’autres raisons, comme une révision de tarification de la part de l’assureur ou l’inflation. Mais ces hausses potentielles sont mineures comparées à la hausse moyenne causée par une réclamation. Plusieurs variantes de cette protection existent sur le marché; informez-vous bien pour vous assurer que vous choisissez le meilleur rapport qualité-prix! En effet, certains assureurs ne pardonnent pas tous les types de réclamations ou imposent des conditions strictes. Par exemple, ils pourraient exiger que vous conserviez cette protection pendant 5 ans, ou encore l’accorder seule-
ment pour les conducteurs ayant un minimum d’années d’expérience de conduite. D’autres, comme La Capitale, offrent une version moins engageante, où les réclamations pardonnées le demeurent tant que vous restez client pour une assurance auto personnelle chez eux, même si vous décidez de retirer cette option. Un petit investissement pay-
ant! Une bonne protection « réclamations pardonnées » devrait vous revenir moins cher que la hausse de prime moyenne causée par une seule réclamation auto.
d’un accident. Pour quelques dollars par mois, vous avez l’option de protéger non seulement votre bon dossier de conducteur, mais aussi votre tranquillité d’esprit et votre compte en banque!
Vous croyez que ce type de protection n’est pas pour vous, puisque vous ne faites jamais d’accident ni de réclamation d’assurance? Dans les faits, personne n’est vraiment à l’abri
Vous avez des questions au sujet de l’assurance auto ou vous aimeriez en apprendre plus sur l’option « réclamations pardonnées »? N’hésitez pas à communiquer avec moi!
Remerciements Vous avez été nombreux à manifester votre sympathie à la famille Dades, suite à l’épreuve cruelle du décès de
Hajja Lalla Rokia Belhadi El Youssfi El Bouyahiaoui Soyez remerciés pour votre soutien et priez pour le repos de l’âme de la défunte. Associez à vos prières jeu Sid El Boudali Dadas Tazi. Inna liLlahi oua inna Ilayhi raaji’oune
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Panorama
La guerre civile en Syrie a-t-elle une fin?
La guerre civile en Syrie n'a pas d'égal, n'a pas de solution et ne se terminera probablement jamais. Ceci est la conclusion d’une analyse dramatique du journaliste Max Fisher, dans le New York Times.
La recherche universitaire montre que les conflits du même type que la guerre civile en Syrie durent en moyenne 10 ans. Les Syriens n’en seraient ainsi qu’à peine à la moitié de leur agonie. Mais un certain nombre de facteurs spécifiques peuvent rallonger la durée des conflits, et en Syrie ils sont tous présents. “C’est une dynamique sans précédent dans l'histoire”, estime Barbara F. Walter, professeur et expert dans les guerres civiles à l’université de Californie de San Diego. Par conséquent, il est probable que ce conflit ne se termine jamais. Depuis 1945, l'Organisation des Nations Unies a réussi à mettre fin à
deux tiers des guerres civiles dans lesquelles deux belligérants étaient impliqués. Mais lorsqu’il avait plus de parties concernées, comme c’est le cas en Syrie, son taux de réussite tombait à moins d'un quart. 3 raisons pour lesquelles c’est une bataille désespérée qui est livrée en Syrie
Les guerres civiles cessent habituellement en raison de l’épuisement du nombre de combattants et des munitions. Mais comme tous les groupes en Syrie sont soutenus par des forces étrangères (États-Unis, Russie, Arabie Saoudite, Iran et maintenant Turquie), ils peuvent constamment compter sur de nouvelles forces, et de l’armement. Les éléments qui ralentissent un conflit au fil du temps, sont absents ici. Les soutiens étrangers éloignent non seulement prendre les mécanismes qui pourraient conduire à la paix, mais de plus, ils installent des mécanismes d'auto-renforce-
ment qui aggravent de plus en plus le conflit.
2. Le meurtre de civils est un élément clé de la stratégie des différentes parties. Dans les guerres civiles ordinaires - qui ne mêlent pas de forces extérieures, le soutien de la population peut conduire à la victoire. Mais en Syrie, ce sont des forces étrangères qui font la différence. Ces étrangers ne partagent pas les sentiments de la population civile, et ils n’ont aucune raison de se montrer bienveillants. Le soutien de la population civile devient donc superflu et elle est prise pour cible de façon calculée. 3. Une victoire ou une perte est aujourd’hui impossible pour tous les belligérants en cause, car aucune force impliquée ne peut se permettre de concéder la victoire à l'adversaire. Cela ne ferait que conduire à une perturbation de l'équilibre régional, tandis que le camp perdant serait abattu sans pitié.
Des génocides pourraient s’ensuivre en cas de victoire d’un camp sur un autre. Il est donc important d’éviter à tout prix que l'autre partie soit gagnante. en outre, la perte de la Syrie comme bastion stratégique aurait des implications majeures pour les régimes en Arabie Saoudite ou en Iran, par exemple.
400.000 morts, plus de 4 millions de réfugiés La guerre civile a déjà fait plus de 400.000 morts en Syrie. Plus de 4 millions de Syriens ont fui leur pays, comme en témoignent les chiffres non officiels. Officieusement, car aucun camp ne peut les documenter.
Syrien et multipolaire Par David Bensoussan*
Je suis Alaouite, historiquement persécuté par les Sunnites. Ne fut la dictature du président Assad, je n’aurais pas de place en Syrie. Je m’allie à l’Iran qui subventionne mon économie et mon armement pour ses propres volontés d’expansion de son influence et accueille à bras ouverts la Russie et le Hezbollah. Mais qu’importe… La protection de la Russie me donne des moyens de perdurer. Je suis Syrien. Je vis sous la dictature des Alaouites du président Assad et aspire à le renverser et à restaurer la démocratie. Je suis un patriote syrien, je compte sur le soutien des démocraties libérales et collabore avec les Kurdes du Nord du pays sans pour cela acquiescer à leur volonté d’autonomie avancée ou d’indépendance. Je bénéficie de l’appui saoudien, jordanien et américain. Je suis Chrétien syrien. Je crains terriblement les mouvances sunnites des Frères musulmans, conscient du traitement peu enviable qu’ils me réservent. Je m’allie au président Assad car il représente ma garantie de sécurité. Je suis Druze, historiquement persécuté par les Sunnites et m’allie au président Assad pour les mêmes raisons. Je suis Sunnite et Frère musul-
man. J’aspire à une islamisation graduelle de la planète par des moyens pacifiques autant que faire se peut, ou sinon… Je compte sur l’appui de la Turquie et du Qatar pour pouvoir m’affirmer et poursuivre mon agenda.
Je suis membre d’Al Qaeda, Al-Nusra et Jabhat Fatah alSham. Mon but est l’islamisation mondiale en commençant par m’attaquer à l’Occident et à sa démocratie libérale puis aux autres musulmans déviationnistes : j’abhorre les Alaouites et les hérétiques chiites et compte sur l’appui de certains donateurs sunnites nantis. Les assassinats-suicide sont mon arme de choc. Je suis membre de l’État islamique et pour l’application à la lettre de la Charia. Mon plan est l’islamisation mondiale par la lutte armée en combattant à mort dans cet ordre : les Yazidis qui ne reconnaissent pas les Écritures, les Chiites qui incarnent le blasphème; les Sunnites corrompus qui profanent les lieux saints; puis les infidèles chrétiens et juifs. Je suis ouvert à tous les Musulmans qui veulent se joindre à ma cause et sans demi-mesure. Ma vision est donc globale et je ne reconnais pas les frontières existantes et agis en Syrie, en Irak, en Libye et partout ailleurs, offrant à la jeunesse musulmane un
endoctrinement sans compromis. Je suis Kurde, l’oublié de l’histoire, mon peuple est morcelé au sein des états de la région. Je milite pour une autonomie renforcée et pourquoi pas? L'indépendance, sachant que cela exaspère le voisin turc tant et si tant qu’il m’a pris pour cible à la place de l’État islamique. Ne fut mon efficacité à combattre l’État islamique, je n’aurai pas mérité l’appui des forces occidentales et des Américains. Je dois me méfier de toutes les minorités syriennes qui ne me font guère de place. Je suis un citoyen syrien aux prises avec un dictateur implacable faisant le jeu des ambi-
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tions hégémoniques iraniennes et russes et avec des idéologies islamiques fanatiques. Je survis entre les attentats des fous de Dieu, des barrages de tirs automatiques, les feux d’artillerie et de mortier et les bombardements aériens. Je crains les lendemains des représailles du vainqueur de la guerre civile quel qu’il soit. Je suis à la merci de la charité internationale lorsqu’elle n’est pas rançonnée en cours de route. Je ne suis qu’un pion dans la confrontation des puissances chiites et sunnites, une pièce de jeu dans le carnage qu’orchestrent les vendeurs d’armes et ceux qui adulent l’or noir. Je suis un réfugié syrien, dépla-
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cé par les tueries actuelles et je cherche refuge pour ma famille partout où on me fera de la place. Je suis Aylan Kurdi, cet enfant noyé retrouvé sur le rivage turc après que son embarcation de fortune ait échoué. Je suis Omrane Daqneesh, cet enfant hébété et ensanglanté découvert dans les décombres d’Alep suite à un bombardement aérien. Je suis citoyen du monde sans droit de cité. *L’auteur est professeur de sciences à l’Université du Québec
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