nº 288 du 20 oct au 3 nov 2016
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Nouvelle rubrique
Voix d’ailleurs, Voix d’ici L’actualité vue par nos confrères des médias ethniques
Page 12-13
Produits de grande consommation
Quand les grands épiciers font baisser les prix…
Page 18
Le Projet de loi numéro 62 sur la neutralité religieuse de l’État et l’encadrement des demandes d’accommodements religieux en discussion à l’Assemblée Nationale
Un nouvel accès de fièvre identitaire à prévoir?...
Immobilier Si vous pensez acheter bientôt un logement Les nouvelles règles hypothécaires sont entrées en vigueur… Page 30
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Points de vue Dons d’organes
Ce qu’en pensent les théologiens musulmans
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La valeur du temps et ses maladies
Le salaire minimum à 15 $
Utopie ou «catastrophe économique»?
Un premie diagnostice
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Édito
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Le Projet de loi 62 devant le Parlement
Éditorial
Editeur : Abdelghani Dades. Directeur Général Rachid Najahi. Rédaction : Abdelghani Dades, Narjisse El-Bakkali, Zahira Ellahgui, Mona Doutabaa, Said Chayane, Reda Benkoula Publicité : Agence Odyssée
Un nouvel accès de fièvre laïciste et identitaire à prévoir? Conséquence du dépôt à L’Assemblée nationale le 5 octobre dernier d’une motion pour son étude en commission, l’examen du Projet de loi no 62 – intitulée «Loi favorisant le respect de la neutralité religieuse de l’État et visant notamment à encadrer les demandes d’accommodements religieux dans certains organismes»; déposée au parlement par Mme Stéphanie Vallée, ministre de la Justice en juin 2015 – a commencé le 18 octobre.
Attendu depuis 2014, ce projet de loi concrétise une promesse électorale du gouvernement de M. Philippe Couillard, vise cependant, plus qu’à à établir les balises nécessaires à la neutralité religieuse de l’État et à encadrer les demandes d’accommodements religieux, à compléter les règles d’un Vivre ensemble auquel doivent également contribuer les Québécois de toutes origines, de toutes appartenances culturelles et de toutes confessions. Le Projet de Loi 62 est, il faut le rappeler, la quatrième tentative d’un gouvernement québécois de faire adopter un cadre légal définissant la neutralité religieuse de l’État et établissant des balises pour l’octroi d’accommodements raisonnables dans le secteur public et parapublic. Les deux projets de loi précédents, 63 et 94, présentés par le gouvernement Charest avaient été abandonnés tandis que la défaite du Parti québécois en 2014 avait mis un terme à l’épisode du projet de loi 60 sur la charte « affirmant les valeurs de laïcité » défendu par le gouvernement Marois. La ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, qui pilote cette initiative gouvernementale considéré comme «une réponse du gouvernement Couillard au projet péquiste de charte de la laïcité », a indiqué que le gouvernement avait en main « des avis juridiques solides » à l’appui de cette nouvelle tentative législative. Ce qu’en pensent les oppositions La Commission des institutions a prévu neuf jours d’audiences cet automne au cours desquelles 42 personnes, groupes et associations
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seront entendus. Ce nombre est cependant appelé à augmenter puisque l’horaire prévoit des auditions supplémentaires. On attendra cependant avec impatience les prises de positions des partis d’opposition.
On sait que pour ce qui est du PQ, tout au long de la course à la Chefferie, Jean-François Lisée le nouveau chef du parti, est resté constant; pour lui en effet le projet de loi 62 était un pas en avant et il faut l’adopter. Agnès Maltais, porteparole du parti en matière de laïcité, s’est contentée de reprendre la position de son nouveau chef : «On va en faire des amendements et on va les présenter, mais il n'y aura pas d'obstruction ni intelligente ni bête » de la part du Parti québécois; a-t-elle déclaré. Mme maltais n’a cependant pas manqué d’apporter un commentaire « Je n'ai jamais vu ça; Je n'ai jamais vu autant de groupes refuser de témoigner. C'est d'autant plus étonnant que c'est majoritairement les groupes qui ont été invités par le gouvernement». Elle n’a pas manqué non plus de souligner ce qui, à son avis, constitue des «insuffisances» dans le projet de loi : « la laïcité, le fameux principe de la séparation de l'Église et de l'État, n'est pas là. Les municipalités ne sont pas incluses. Et la recommandation de BouchardTaylor sur les signes religieux n'est pas là» a-t-elle ainsi ajouté. Le son de cloche est tout autre chez la CAQ qui, décidemment, joue sans réserve ni retenue la carte de l’identité et de la laïcité totale. « Ce projet de loi m'inquiète beaucoup parce que ce n'est pas un projet de loi sur la laïcité de l'État, c'est un projet de loi qui nous pousse dans le fond de la gorge le multiculturalisme libéral. Je peux vous dire qu'on ne fera pas comme le Parti québécois, c'est-à-dire de le laisser passer. C'est trop un sujet important. Ça fait des années qu'on niaise et qu'on tergiverse là-dessus. Il faut faire quelque chose, mais ce projet de loi n'est pas sérieux. C'est une coquille vide. » a affirmé Nathalie Roy, députée caqui-
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ste et porte-parole de son parti en matière de laïcité. Vers un nouvel accès de fièvre identitaire? Nonobstant cette attitude de la CAQ, le Projet de Loi 62 semble donc promis à une adoption facile et à un débat sans trop de «casse»; contrairement aux situations qui avaient prévalues, notamment sous le gouvernement péquiste de Pauline Marois et sa charte des valeurs. Mais en cette matière, il vaut sans doute mieux ne jamais jurer de rien. Dès en effet que certains mots sont prononcés ici, le Québec à une fâcheuse tendance à s’enflammer. Dès lors, peut-être, faut-il craindre un nouvel accès de fièvre identitaire et laïciste… Pour s’en convaincre, il n’est que de lire les brulots commis par certains pamphlétaires déguisés en chroniqueurs. Certains d’entre eux sont d’ailleurs déjà passés à l’acte : avant-hier, ils saluaient l’arrivée de M. Lisée à la tête du PQ, le présentant comme «l’homme qui allait sauver l’identité québécoise», une et indivisible, menacée de mort par la diversité honnie; aujourd’hui, ils le traitent de «girouette» (vocable interdit au lexique de l’Assemblée Nationale; soit-dit en passant) pour avoir souhaité une adoption «rapide du projet de loi 62. Gageons cependant qu’ils ne tireront pas indéfiniment leurs boulets rouges sur M. Lisée. Il est en effet trop fin politique pour prêter flan à la polémique dans laquelle on tente ainsi de l’entraîner; et le combat cessera fautes de combattants. Mais dès lors, il faut craindre, qu’ils ouvriront un nouveau front, en inventant dieu sait quel péril, pour stigmatiser les uns, allumer et enflammer les autres et créer de nouveaux incendies sociaux dont tous, nous souhaiterions plutôt que le Québec soit préservé.
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À la Une
Projet de loi numéro 62 sur la neutralité religieuse de l’État et l’encadrement des demandes d’accommodements religieux
Les débats commencent…
Mardi 18 octobre, le Projet de loi no 62 – intitulée «Loi favorisant le respect de la neutralité religieuse de l’État et visant notamment à encadrer les demandes d’accommodements religieux dans certains organismes» - présenté par Mme Stéphanie Vallée, ministre de la Justice était soumise à l’examen de la commission spécialisée de l’Assemblée Nationale du Québec. Attendu depuis 2014, ce projet de loi concrétise une promesse électorale du gouvernement de M. Philippe Couillard, vise cependant, plus qu’à à établir les balises nécessaires à la neutralité religieuse de l’État et à encadrer les demandes d’accommodements religieux, à compléter les règles d’un Vivre ensemble auquel doivent également contribuer les Québécois de toutes origines, de toutes appartenances culturelles et de toutes confessions. Les objectifs du projet Selon les Notes Explicatives
en introduisant le texte, ce projet en 6 chapitres et 18 articles a pour objet « d’établir des mesures visant à favoriser le respect de la neutralité religieuse de l’État. À cette fin, il prévoit notamment que les membres du personnel des organismes publics doivent faire preuve de neutralité religieuse dans l’exercice de leurs fonctions, ce qui implique de veiller à ne pas favoriser ni défavoriser une personne en raison de l’appartenance ou non de cette dernière à une religion. Toutefois, le projet de loi prévoit que ce devoir ne s’applique pas aux membres du personnel qui, dans certains organismes, offrent des services d’animation spirituelle ou sont chargés de dispenser un enseignement de nature religieuse. Services à visage découvert La note de présentation précise également que « Le projet de loi prévoit qu’un membre du personnel des organismes publics et de certains autres organismes doit exercer ses fonctions à
visage découvert, à moins qu’il ne soit tenu de le couvrir, notamment en raison de ses conditions de travail ou des exigences propres à ses fonctions ou à l’exécution de certaines tâches. Il prévoit également que la personne à qui est fourni un service par un membre du personnel de ces organismes doit avoir le visage découvert lors de la prestation du service. Il prévoit qu’un accommodement est possible mais doit être refusé si, compte tenu du contexte, des motifs portant sur la sécurité, l’identification ou le niveau de communication requis le justifient.» Conditions de traitement des demandes d’accommodement Le projet de loi établit également les conditions suivant lesquelles des accommodements pour un motif religieux peuvent être accordés ainsi que les éléments particuliers qui doivent être considérés lors du traitement de certaines demandes d’accommodement.
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Stéphanie Vallée, ministre de la justice du Canada «Le projet de loi spécifie par ailleurs que les mesures prévues ne peuvent être interprétées comme ayant un effet sur les éléments emblématiques ou toponymiques du patrimoine culturel du Québec, notamment du patrimoine culturel religieux, qui témoignent de son parcours historique.» précise également la note de présentation. Prévention du prosélytisme en milieu de garde Finalement « des mesures particulières dans le domaine des services de garde éduca-
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tifs à l’enfance sont prévues afin de s’assurer notamment que l’admission des enfants ne soit pas liée à l’apprentissage d’une croyance, d’un dogme ou de la pratique d’une religion spécifique et que les activités organisées par les prestataires de services de garde subventionnés soient exemptes d’apprentissage à caractère religieux ou dogmatique.»; mesure, faut-il le rappeler, entrainant des modifications à la Loi sur les services de garde éducatifs à l’enfance et notamment au chapitre, alinéa S-4.1.1 de ladite loi..
À la Une
Projet de loi numéro 62 sur la neutralité religieuse de l’État et l’encadrement des demandes d’accommodements religieux
42 témoignages au programme
Le Projet de Loi 62, est la quatrième tentative d’un gouvernement québécois de faire adopter un cadre légal définissant la neutralité religieuse de l’État et établissant des balises pour l’octroi d’accommodements raisonnables dans le secteur public et parapublic. Les deux projets de loi précédents, 63 et 94, présentés par le gouvernement Charest avaient été abandonnés tandis que la défaite du Parti québécois en 2014 avait mis un terme à l’épisode du projet de loi 60 sur la charte « affirmant les valeurs de laïcité » défendu par le gouvernement Marois. Rappelons que le projet de loi 62, une promesse de campagne du PLQ, a été déposé il y a presque un an et demi; mais c’est seulement le 5 octobre dernier qu’une motion a été soumise à l'Assemblée nationale pour procéder aux consultations en commission parlementaire.
La ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, qui pilote le projet de loi 62, a indiqué que le gouvernement avait en main « des avis juridiques solides » à l’appui de cette nouvelle tentative législative. Des points de vue opposés se feront entendre lors des consultations qui ont débuté mardi 17 octobre sur ce projet de loi qui, selon un certain nombre d’observateurs, constitue « une réponse du gouvernement Couillard au projet péquiste de charte de la laïcité ». La Commission des institutions a prévu neuf jours d’audiences cet automne au
cours desquelles 42 personnes, groupes et associations seront entendus. Ce nombre est cependant appelé à augmenter puisque l’horaire prévoit des auditions supplémentaires.
Ceux qui ne se prononceront pas Ce nombre ne tient pas compte des témoignages sollicités par les députés et dont une vingtaine ont cependant décliné l'invitation. Parmi ces derniers Gérard Bouchard et Charles Taylor, qui ont présidé la commission sur les accommodements religieux. Dans une déclaration aux media, Gérard Bouchard a ainsi expliqué sa position : « Mes idées sur la laïcité sont bien connues, et je m'en tiens toujours aux propositions que nous avons émises il y a huit ans. Je n'aurais
de signes religieux, a indiqué à cet effet Liliane Côté, porte parole du Conseil. Le CSF déposera cependant un mémoire écrit pour rappeler son avis : il approuve la notion de services publics à « visage découvert » et il
Gérard Bouchard et Charles Taylor que répété ce qui est écrit dans le rapport pour l'opposer à ce qui peut être écrit dans le projet de loi. Je ne voyais pas mon utilité, parce que je n'ai rien à ajouter », affirme M. Bouchard.
tient à ce que l'égalité entre les hommes et les femmes soit respectée lorsque vient le temps de traiter une demande d'accommodement religieux.
Le Conseil du statut de la femme qui a également décliné l'invitation. «Nous n’avons pas de « nouvelle position » à expliquer aux parlementaires sur les accommodements et le port
Malgré l'invitation des députés, l'Union des municipalités du Québec ne se présentera pas non plus en commission parlementaire, a confirmé un responsable des communications, Patrick
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Lemieux. « On a décidé de ne pas prendre position, comme on l'avait fait avec le projet de charte des valeurs. On laisse à nos membres, s'ils le souhaitent, de faire des commentaires. » La Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes considère que « l'enjeu de ce projet de loi est très éloigné de [ses] préoccupations et de [sa] mission première qui visent l'intégration des nouveaux arrivants, pour lesquels les questions de signes religieux et d'accommodements ne se posent pas vraiment ». Ceux qui apporteront leur témoignage « C’est un débat qui divise mais qui fait avancer, comme les débats sur l’avortement, sur la peine de mort ou sur l’aide médicale à mourir », a souligné la juriste Julie Latour, qui interviendra en commission parlementaire au nom du
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regroupement« Juristes pour la laïcité et la neutralité religieuse de l’État». Pour Julie Latour, le projet de loi 62 est « un jalon ». À ses yeux, il manque à la neutralité religieuse de l’État et à la laïcité un socle juridique qui passe par l’enchâssement de leur principe dans la Charte des droits et libertés de la personne. Des silences porteurs de «bonnes nouvelles»… Commentant l’attitude de certains organismes et experts que la Commission avait souhaité entendre mais qui se sont désistés, la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, voit «une bonne nouvelle» dans leurss désistements. Le refus de tous ces groupes « envoie un signal qu'ils sont confortables avec la version présentée par le gouvernement, ce qui n'était pas le cas » pour le projet de charte des valeurs du Parti québécois, a ainsi déclaré sa porte-parole, Isabelle St-Onge.
À la Une
Projet de loi numéro 62 sur la neutralité religieuse de l’État et l’encadrement des demandes d’accommodements religieux
Ce qu’en pensent les partis de l’opposition Quelle attitude les partis d’opposition adopteront-ils lorsque leur tour sera venu de se prononcer sur le Projet de loi 62?
On avait eu des indications sur ces prises de position, du moins pour ce qui concerne le PQ tout au long de la campagne pour la chefferie du parti. Mais des avis plus précis ont été annoncés ce mardi. Parti Québécois : «Des amendements, mais pas d’obstruction» Pour ce qui est du PQ, tout au long de la course à la Chefferie, Jean-François Lisée, est resté constant; pour lui en effet le projet de loi 62 était un pas en
avant et il fallait l’adopter. Agnès Maltais, porteparole du parti en matière de laïcité, s’est contentée de reprendre la position de son nouveau chef : «On va en faire des amendements et on va les présenter, mais il n'y aura pas d'obstruction ni intelligente ni bête » de la part du Parti québécois; a-t-elle déclaré.
Mme maltais n’a cependant pas manqué d’apporter un commentaire « Je n'ai jamais vu ça; Je n'ai jamais vu autant de groupes refuser de témoigner. C'est d'autant plus étonnant que c'est majoritairement les groupes qui ont été invités par le gouvernement». Elle n’a pas manqué non plus de souligner ce qui, à son
avis, constitue des «insuffisances» dans le projet de loi : « la laïcité, le fameux principe de la séparation de l'Église et de l'État, n'est pas là. Les municipalités ne sont pas incluses. Et la recommandation de Bouchard-Taylor sur les signes religieux n'est pas là» a-t-elle ainsi ajouté. CAQ : «On ne laissera pas passer»! Le son de cloche est tout autre chez la CAQ qui, décidemment, joue sans réserve ni retenue la carte de l’identité et de la laïcité totale.
« Ce projet de loi m'inquiète beaucoup parce que ce n'est pas un projet de loi sur la laïcité de l'État,
Agnès Maltais c'est un projet de loi qui nous pousse dans le fond de la gorge le multiculturalisme libéral. Je peux vous dire qu'on ne fera pas comme le Parti québécois, c'est-à-dire de le laisser passer. C'est trop un sujet important. Ça fait des années qu'on niaise et
Des mesures contestables ? Pour Louis-Philippe Lampron, professeur de droit à l’Université Laval, le projet de loi 62 consiste pour l’essentiel en « une redite » du projet de loi 94 présenté en 2010. « C’est essentiellement une codification du droit canadien actuel sur la neutralité religieuse de l’État », estime-t-il.
À cela s’ajoute la même disposition que dans le projet de loi 94 sur l’obligation d’avoir le visage découvert pour fournir ou recevoir des services de l’État, que ce soit dans les écoles, dans les centres de la petite enfance (CPE) et les garderies subventionnées, dans le réseau de la santé et pour les autres services publics. Un accom-
modement à ce sujet devra être refusé pour « des motifs portant sur la sécurité, l’identification ou le niveau de communication requis ». Mentionnons qu’il n’est aucunement question de signes religieux.
Au moment des consultations sur le projet de loi 94, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) avait exprimé un « malaise » relativement à cette interdiction qui portait, sans le dire, sur des signes religieux. « On peut même dire que ça vise explicitement un symbole religieux d’une religion, en l’occurrence l’islam », a fait observer Louis-Philippe Lampron. « Il y a des raisons
de croire que ça pourrait être contesté. » Ou que l’interdiction ne s’applique pas en raison de l’octroi d’accommodements. Pour sa part, Me Julius Grey, bien qu’il s’oppose au multiculturalisme et qu’il soit en faveur de la laïcité, est contre l’interdiction des signes religieux, sauf pour les agents de l’État qui détiennent un pouvoir de coercition (juges, policiers, agents correctionnels, etc.), comme le recommandait la commission Bouchard-Taylor. Il trouve inconcevable qu’on puisse priver quelqu’un de soins médicaux, quelles que soient les circonstances.
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qu'on tergiverse là-dessus. Il faut faire quelque chose, mais ce projet de loi n'est pas sérieux. C'est une coquille vide. » a affirmé Nathalie Roy, députée caquiste et porte-parole en matière de laïcité.
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Politique Québécoise
Qui est Jean-François Lisée, le nouveau chef du PQ? Journaliste, écrivain, homme politique, JeanFrançois Lisée a porté plusieurs chapeaux avant d'être élu comme chef du Parti québécois. Mais qui est l'homme qui dirigera désormais le PQ?
beaucoup appris de cette expérience. Les leçons à en tirer. Les erreurs à ne pas commettre. Savoir quand être prudent et quand être audacieux », écrit JeanFrançois Lisée dans son blogue de campagne.
Le neuvième chef du PQ, (après René Lévesque, Pierre-Marc Johnson, Jacques Parizeau, Lucien Bouchard, Bernard Landry, André Boisclair, Pauline Marois et Pierre Karl Péladeau) Jean-François Lisée, 58 ans, est né à Thetford Mines et représente les électeurs de la circonscription de Rosemont depuis 2012.
Jean-François Lisée a par ailleurs été ministre des Relations internationales, de la Francophonie et du Commerce extérieur dans le gouvernement Marois.
Ce père de cinq enfants possède une licence en droit et une maîtrise en communications de l'Université du Québec à Montréal, ainsi qu'un diplôme en journalisme du Centre de formation des journalistes de Paris. Il a été conseiller pour les premiers ministres Jacques Parizeau et Lucien Bouchard (1994-1999). M. Lisée avait travaillé étroitement avec M. Parizeau à l'époque du référendum de 1995 pour mettre en œuvre la stratégie référendaire. « J'ai participé à organiser la plus grande coalition de l'histoire du Québec. J'ai
Auteur de plusieurs essais et ouvrages politiques, il a notamment été pigiste pour plusieurs grands médias, puis chroniqueur et blogueur à L'Actualité de 2005 à 2012. Il a également cofondé et dirigé le Centre d'études et de recherches internationales de l'Université de Montréal (CERIUM) en 2003. M. Lisée a à son actif de nombreux ouvrages et essais, dont «Comment mettre la droite K.-O. en 15 arguments», «Le Journal de Lisée», «Le petit tricheur : Robert Bourassa derrière le masque» et «Dans l'œil de l'Aigle». Sur son profil Twitter, il se décrit comme « partisan de la gauche efficace, de l'écologie, de l'indépendance
et du sens de l'humour ». En 2015, il s'était retiré de la course à la direction du parti avec le constat que Pierre Karl Péladeau avait déjà remporté la victoire. « Le Parti québécois veut vivre son moment Pierre Karl Péladeau jusqu'au bout. Il faut l'accepter et souhaiter que ce moment nous mène à des victoires », avait-il conclu. Et pourtant, en octobre 2014, Jean-François Lisée s'était durement attaqué à Pierre Karl Péladeau, en raison du conflit d'intérêt qu'il représente en sa qualité d'actionnaire majoritaire dans le groupe Québecor. « Si des gens ne voient pas aujourd'hui la bombe à retardement que c'est pour le Parti québécois, pour sa capacité à prendre le pouvoir [...] je serais le seul à le dire que je continuerais à le répéter. » Ses déclarations avaient soulevé un tollé au sein du Parti québécois. L'ancienne ministre péquiste Louise Beaudoin avait même prédit la fin de la carrière politique de Jean-François Lisée au PQ. Cette même année, il avait déclaré que le PQ doit mettre de côté toute manœuvre référendaire s'il veut reprendre le pouvoir au
Jean-François Lisée scrutin de 2018 et proposait d'entreprendre un « important travail de reconstruction de l'opinion souverainiste ». « À moins d'un imprévisible retournement de situation d'ici 2018, j'estime que les Québécois fermeront les portes du pouvoir à un PQ qui voudrait mettre, au prochain rendez-vous électoral, l'État au service de son option. » Le 16 mai 2016, JeanFrançois Lisée annonce qu'il se lance de nouveau dans la course à la direction du PQ en promettant « un ostie de bon gouvernement », après l'élection de 2018, et en reportant toute possibilité de référendum au mandat de 2022. Pendant la campagne, JeanFrançois Lisée avait dressé
Lisée et la laïcité
Ou la «nouvelle stratégie» du PQ Jean-François Lisée souhaite l'adoption rapide du projet de loi,62 qui propose que les services de l'État soient donnés à visage découvert. Il badine déjà avec l'idée d'un affrontement Québec-Ottawa dans le contexte où Justin Trudeau a permis une cérémonie de citoyenneté à visage couvert. Le PQ entend d'ailleurs alimenter la dispute en martelant que le gouvernement ne va pas assez loin, qu'il écarte la recommandation de Bouchard-Taylor sur l'interdiction des signes religieux aux officiers de l'État. « On verra à le modifier plus tard », a dit le nouveau chef péquiste. Il faut probablement comprendre que le chef de l'opposition officielle entend en faire un enjeu électoral. La « discussion » concernant l'interdiction de la burqa dans l'espace public sera visiblement
aussi dans sa plateforme électorale. Ce sont là les grands traits de la «nouvelle stratégie» du PQ, qu’il incombe désormais à Agnès Maltais, tout récemment nommée porte-parole du parti en matière de laïcité. Lisée a ainsi donné à cette joueuse d'équipe un dossier majeur, le dossier qui l'a aidé à gagner la direction du parti, celui de la laïcité. On peut voir dans cette décision «un geste de réconciliation» à l'issue d'une course particulièrement acrimonieuse. Agnès Maltais n'avait en effet pas ménagé le candidat Lisée, quand il a présenté l'idée d'interdire dans l'espace public burqas et niqabs, ces grandes robes, avait-il précisé, qui peuvent cacher les armes des terroristes.
Maltais l'a accusé de clientélisme en répétant qu'il voulait « faire peur au monde pour gagner des votes ». Elle n'avait probablement pas tort, puisque, la course finie, Lisée annonce qu'il veut « rééquilibrer » sa position sur la laïcité. Maintenant que les militants péquistes, plus vieux et plus à droite, ont été séduits, Lisée doit s'intéresser à la population générale en vue du scrutin de 2018. En bonne soldate, Agnès Maltais sera sous les feux de la rampe rapidement, puisque les travaux sur le projet de loi du gouvernement Couillard sur la neutralité de l'État sont le premier grand dossier de la nouvelle législature. Elle devra manœuvrer ferme et cravacher fort pour mener à bien la « nouvelle stratégie » de son parti…
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un parallèle entre lui et Bernie Sanders, candidat malheureux à l'investiture démocrate en vue de la présidentielle américaine. « J'aime penser que je suis le Bernie Sanders de la course. C'est quelqu'un qui a des cheveux blancs, c'est quelqu'un qui est audacieux, c'est quelqu'un qui parle à la jeunesse, c'est quelqu'un qui a des idées pour transformer les choses, c'est quelqu'un qui voit la réalité en face et qui propose des façons de la changer. » M. Lisée a reconnu que l'abandon de la candidate Véronique Hivon, pour des raisons de santé, a eu un impact sur sa campagne, puisque quatre députés qui l'appuyaient sont passés dans son camp.
Baromètre Le PLQ garde les faveurs des sondages (37%) mais le PQ se rapproche (30%) - Si des élections générales avaient eu lieu cette semaine au Québec, le Parti libéral (PLQ) aurait été reporté au pouvoir, selon la maison de sondage CROP, mais le Parti québécois (PQ) aurait affiché une remontée. Le sondage réalisé du 12 au 17 octobre auprès de 1000 internautes accorde 37 % des suffrages aux libéraux, soit le même score que le mois précédent. Le PQ aurait récolté 30 % de la faveur, trois points de plus qu'en septembre.
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La Coalition avenir Québec (CAQ) aurait subi un recul de 4 %, à 22 %, devant Québec solidaire (QS), à 9 %. Le président de CROP croit qu'avec de tels résultats, quelques jours après l'accession de JeanFrançois Lisée aux commandes du PQ, il est clair que l'opposition officielle a le potentiel pour mettre le PLQ en danger. Il estime qu'il est néanmoins trop tôt pour savoir s'il s'agit d'une lancée qui sera durable.
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Politique Fédérale
Gouvernement Trudeau: Une année entre grande séduction et petites désillusions
La lune de miel se poursuit mais les premières critiques commencent à poindre... Mercredi 19 octobre 2016, un an se sera écoulé depuis la victoire électorale décisive de Justin Trudeau. Treize pleines lunes de miel, aimerait-on dire, tellement les libéraux caracolent en tête dans les sondages. Pourtant, sous ce vernis d’un gouvernement suscitant l’approbation généralisée, sourdent quelques égratignures. L’usage du pouvoir commence à laisser des marques. Le conflit le plus important qui se profile à l’horizon est sans conteste celui avec les provinces en matière de santé. À compter de 2017, les transferts que verse Ottawa croîtront de 3 % par année, alors qu’ils augmentaient plutôt de 6 % depuis 2004. Le manque à gagner s’élève à un milliard de dollars par an (écart qui ira grandissant à la longue). Les provinces ont déjà, dans une lettre, laissé planer la menace de ne pas collaborer avec Ottawa sur le front des changements climatiques si le dossier de la santé ne se règle pas en leur faveur. Un premier différend avec les Provinces L’écart monétaire entre les positions des deux clans est moins grand qu’il n’y paraît. Car Justin Trudeau mettra par ailleurs sur la table une somme de trois milliards (sur trois ou quatre ans, il subsiste une ambiguïté à ce sujet) destinée aux soins à domicile. Ce montant compense presque entièrement les transferts moins généreux pendant le mandat libéral… Le problème réside plutôt dans le fait que les provinces seront obligées de diriger
l’argent vers une activité particulière. « On doit d’abord financer les services déjà offerts avant de se lancer dans de nouveaux programmes », a résumé le ministre québécois Gaétan Barrette. Cette adoption par les libéraux du taux de croissance de 3 % décrété par les conservateurs amène le NPD à reprocher au nouveau gouvernement de n’être qu’une version plus sympathique du régime de Stephen Harper. Il en a pour autre preuve le dossier des changements climatiques. Justin Trudeau a certes entériné l’Accord de Paris, mais il n’a pas changé la cible fixée par M. Harper — et jugée ridiculement timide à l’époque — de réduire de 30 %, d’ici 2030, les émissions de gaz à effet de serre (GES) du Canada par rapport à leur niveau de 2005. En la matière, il faut dire que les actions comme les inactions d’Ottawa suscitent de vives critiques. Ainsi, l’engagement d’imposer une taxe de 50 $ la tonne de carbone, d’ici 2022, dans les provinces qui ne se seront pas dotées d’un mécanisme de tarification des GES en irrite certaines. En Saskatchewan, Brad Wall menace de s’adresser aux tribunaux pour stopper Ottawa. Les écologistes insatisfaits L’insatisfaction commence aussi à se manifester chez les écologistes. La refonte du processus d’évaluation des projets d’oléoduc n’a pas été faite et c’est en vertu des anciennes règles qu’Énergie Est sera évalué.
En outre, le premier projet d’oléoduc à avoir été présenté au gouvernement Trudeau a été approuvé en septembre. S’il est réalisé, la conduite de gaz liquéfié Pacific Northwest, en Colombie-Britannique, deviendra à elle seule un des plus grands émetteurs de GES au Canada et fera augmenter ses émissions annuelles de 0,75 %. « Ce projet nous fait reculer alors qu’on ne peut plus se le permettre », se désole Patrick Bonin, porte-parole chez Greenpeace. Des relations de travail tendues Les fonctionnaires ont aussi leurs raisons de déchanter. Oui, les libéraux ont renoncé au pouvoir, que s’étaient octroyé les conservateurs, de désigner unilatéralement ce qui constitue un service essentiel dans la fonction publique et, du coup, les employés ont perdu l’exercice du droit de grève. Mais les conventions collectives échues depuis 2014 ne sont toujours pas renouvelées. « On a encore sur la table l’offre du gouvernement Harper, soit une augmentation salariale de 0,5 % par année pendant quatre ans », déplore Debi Daviau, présidente de l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada. L’affrontement sur les congés maladie se poursuit aussi. Les conservateurs voulaient mettre un terme à leur accumulation pour la remplacer par une couverture en cas de maladie prolongée. Les libéraux n’ont pas abandonné cette idée, au grand dam de l’Alliance de la fonction publique du Canada. La grogne se fait aussi
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Justin Trudeau, premier ministre du Canada entendre du côté des autochtones, où on peine à faire respecter son opposition aux divers projets d’oléoducs. On déplore aussi le refus, signifié cet été, de transposer intégralement la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones en une loi canadienne. « Il y a un grand fossé entre ce qu’il a promis et ce qu’il fait », conclut Russell Diabo, de Defenders of the land. Avions, amiante et boîtes à lettres On pourrait aussi parler de la déception des anciens travailleurs d’Aveos envers le projet de loi C-10, qui lève l’obligation pour Air Canada de faire l’entretien de ses appareils dans certaines villes. «C’est clair qu’on a été trahi par le gouvernement Trudeau», lance leur porte-parole, Jean Poirier. Pour leur part, les militants contre l’amiante n’en peuvent plus d’attendre que Justin Trudeau réalise sa promesse d’en interdire l’importation et l’utilisation. Chaque jour de délai voit
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l’arrivée de produits amiantés au pays, ce que Kathleen Ruff qualifie de «bombe à retardement». Enfin, il y a tous ces citoyens qui croyaient que la livraison de leur courrier à domicile était sauvée par l’élection des libéraux et qui se rendent compte que tel ne sera peut-être pas le cas. Le gouvernement a commandé un rapport d’experts, en admettant que tout était sur la table. « Je pense que beaucoup de candidats libéraux ont tenté de jouer sur les deux tableaux, lance Mike Palecek, président du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes. La plateforme disait une chose, mais les gens en campagne disaient autre chose. Alors, nous ne sommes pas surpris. Nous critiquions la position libérale, nous faisions pression pour qu’ils s’engagent à restaurer la livraison à domicile, mais je crois que le public, lui, est surpris. » Comme quoi la déception est souvent proportionnelle aux attentes créées en premier lieu.
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Élections législatives au Maroc
Faut-il (encore) avoir peur du PJD ? Le 7 octobre 2016, le Maroc vivait à l’heure de la 10ème consultation législative de son histoire contemporaine. Ces élections ont débouchés sur une nouvelle majorité du parti à référentiel religieux, le PJD (Parti Justice et Développement), dont le chef, Abdelillah Benkirane est – de par les dispositions constitutionnelles en la matière, appelé à constituer un nouveau gouvernement dont il sera le Premier ministre. Politologue et conférencier en études politiques et internationales, Moulay Hicham Mouatadid, analyse les conséquences des résultats des dernières élections législatives marocaines à la veille de la composition du nouveau gouvernement. Comment analysez-vous les résultats des dernières élections législatives marocaines? Nous pouvons clairement interpréter les résultats de ces élections législatives marocaines sur une base à la fois culturelle, politique mais aussi de leadership. La saillie socio-politique a influencé fortement le choix des électeurs lors de ses législatives. Or, ces résultats ne traduisent pas simplement une certaine polarisation politique, entre un parti conservateur à savoir le PJD et son concurrent le PAM, mais aussi une certaine polarisation socio-culturelle qui commence a caractérisé foncièrement le peuple marocain soit la tradition et la contemporanéité. Outre cette polarisation politique et socio-culturelle, un certain leadership politique a joué un rôle cheville dans le choix politique des électeurs. Il s’agit bien d’un
leadership politique qui repose sur une certaine technique de discours qui puise son contenu dans la linguistique culturelle et religieuse de la grande masse composante du peuple marocain. Autrement dit, parler la politique autrement, c’est ce qui a constitué le point fort du discours politique PJDiste. En revanche, à mon sens, je conjecture que ceux qui ont voté PAM, ils l’ont fait pour plusieurs raisons et non seulement suite à une conviction partisane à ses valeurs. Entre autres, comme vote sanction contre le PJD, ou parce que tout simplement ils n’avaient pas aucun autre voie sérieuse autre que le PJD dont ils ne partagent pas forcement la vision. S’attendait-on à ce résul-
par une base militante plus au moins organisée et très motivée, spécialement dans les grandes villes. Le PAM, qui avait beaucoup compté sur son relationnel avec les notables-candidats, pylône de la vie politique marocaine, effectue une progression mais insuffisante pour rattraper le PJD.
La phénoménologie politique qui a caractérisée le déroulement de ces élections législatives a bien démontré depuis le début une certaine distinction de ces deux partis politiques. Or, si le secrétaire général du PJD a su comment séduire oralement et affectueusement les électeurs à partir d’une certaine stratégie de communication et marketing comportemental, Ilyas El
Moulay Hicham Mouatadid candidats. Ces résultats du PJD sont-ils de nature à inquiéter les décideurs? À ce stade, j’inviterai à faire une distinction entre la mission, la vision et les valeurs. Le PJD pourrait inquiéter sur certains dossiers au niveau de sa vision
Abdelillah Benkirane , premier ministre du Maroc tat de la part du PJD et le PAM? Si le PJD est sorti grand triomphateur c’est parce que tout simplement il est porté
Omari, le secrétaire général du PAM, quant à lui, fondait sa stratégie sur la critique du bilan gouvernemental piloté par le PJD, et sur son réseau de notables
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des choses, mais étant donné que la majorité des grands secteurs sont pilotés par des stratégies sectorielles déjà instaurées, ils auront moins de flexibilités
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à agir à la hauteur des objectifs stratégiques dont le Maroc est déjà engagé. En revanche, en ce qui concerne la mission, je ne vois aucune crainte quant à son rôle d’assumer sa responsabilité et rassurer des collaborateurs et toutes les parties prenantes. D’autre part, à propos des valeurs, ils seront invités à les adapter à la formation gouvernementale. Par ailleurs, le changement toujours incommode, mais le régime au Maroc développe une approche politique très pragmatique. Depuis l’arrivée de Mohammed VI au trône, l’institution monarchique a modifié sa gestion relative à la vie politique en générale et les élections en particulier. Techniquement, les observateurs ont pu confirmer cette évolution dans le processus démocratique au Maroc. Aussi théoriquement, le Maroc n’a pas cessé de démontrer sa volonté de démocratiser davantage ses textes législatifs et son arsenal juridique.
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Éducation- Échec scolaire dans la communauté Maghrébin
L’alarme est sonnée… Serait-il temps de rendre compte des résultats alarmants des quelques années précédentes et de celle-ci, pour avertir la communauté marocaine du danger encouru par l’échec scolaire de certains élèves et étudiants ? Devrait-on garder le silence sur une réalité qui fait dévier les trajectoires de réussite scolaire d’élèves immigrants au Québec. Toutes les études de cas ont révélé un taux édifiant d’enfants récalcitrants et réticents quant à l’apprentissage et à la discipline pédagogique en vigueur au Québec. Les parents sont pour le moins dépassés par ce phénomène. Il ne s’agit pas uniquement d’enfants et de jeunes adolescents issus de milieux touchés par la précarité, mais aussi de ceux qui viennent d’un niveau social assez confortable. Les parents, face aux incessantes sollicitations de la part des enseignants et éducateurs, pour essayer de trouver des solutions dont ils ne disposent pas,
se voient souvent pris dans les mailles d’un filet dont il est presque impossible de s’extriquer. Pour la majorité, il s’agit de cas refusant l’autorité pédagogique et les encadrements des spécialistes. L’on croit parfois à l’acharnement contre les étudiants issus de l’immigration maghrébine. Mais nous ne pouvons pas, simplement nous confiner dans la victimisation en omettant de trouver des solutions concrètes et relativement radicales. Les études globalement tenues à cet effet révèlent trois niveaux de recherche de réussite scolaire : réussite-continuité, réussite-promotion, réussite pour la famille. Certains cas issus de la communauté marocaine s’attellent à la réalisation d’une réussite platoniquement basée sur la réussite pour la famille. Les efforts fournis en sont éphémères et ne mènent pas le navire au bon port.
La réussite-continuité n’est respectée que par les quelques cas repêchés par des parents avertis. Ces derniers ne ménagent aucun effort pour trouver les solutions d’accompagnement nécessaires pour le sauvetage scolaire de leurs enfants. Sacrifiant ainsi, temps, moyens et patience pour transgresser à la loi du destin d’un immigrant lambda, condamné aux petits emplois connexes. Le processus d’encadrement de ses enfants, demande une longue haleine et beaucoup de volonté pour ne jamais s’avouer vainqueur devant une moissonneuse batteuse sociale qui ne permet pas l’échec et écrase les maillons faibles. Ne nous privons pas de le dire, explicitement, que même en extrapolant toutes les données sociales pouvant générer cet échec scolaire. Nous aurons de sérieux soucis à éradiquer ce phénomène qui prolifère tel un champignon vénéneux dans notre commu-
nauté. Nous faisons face à une entrave tangible à l’intégration de toute une génération dans la vie active décente au Québec. Cette intégration est l’hyponyme même de la réussite sociale, dont nos futures générations ont besoin pour participer à l’effervescence économique et sociale du pays d’accueil. Ainsi, le vécu scolaire des enfants de la communauté marocaine devrait être modélisé par une typologie constante de la mobilisation des instances connexes. Cette mobilisation serait initiée par des pédopsychiatres, des
travailleurs sociaux, des pédagogues et des spécialistes bénévoles et issus de la communauté qui œuvreraient, en connivence avec les spécialistes locaux, dans l’encadrement des jeunes enfants et des adolescents en difficulté scolaire. Cette action devrait avoir comme mission, la promotion de la réussite continue. Nous devrions crever l’abcès avant que le mal ne prolifère et ne gagne l’ensemble du corps d’une communauté qui mérite de voir ceux pour lesquels elle se sacrifie, constituer une relève solide de son éducation académique et des valeurs de sa culture.
Monde
Clinton – Trump : Débats à couteaux tirés Un Ping-Pong d’accusations pour sortir de l’ornière, un Trump dont les propos polémiques récemment divulgués sur les femmes lui valent la colère des américains. Il aurait été rattrapé par une ancienne conversation obscène et machiste de vestiaire; résultats immédiats : Il a été lâché par ses proches. Les condamnations de ténors du clan Républicain se sont succédées en soirée avant le deuxième débat Clinton/Trump ce 09 Octobre. Jeb Bush, Mitt Romney, Ted Cruz, Marco Rubio et d'autres élus ont véhiculaient le message qu'ils ne voteraient pas pour Donald Trump. Tous ont désavoué le candidat sur les réseaux sociaux. Trump, à court d’argumentation, se retour-
nait souvent contre Bill Clinton et les accusations de viol dont il avait été accablé avant et pendant sa présidence. Le dossier ambigu des emails supprimés a aussi resurgi comme à chaque fois que Donald Trump ne trouve pas d’issu de sortie de son labyrinthe argumentatif mal peaufiné.
Un débat qualifié par les spécialistes d’âpre et de virulent, nous avions un Trump s’insurge aussi contre l’Obamacare qu’il trouve une loi inutile et trop coûteuse, un régime de santé dont il ne justifie pas l’efficacité. Le sujet du terrorisme a pris un long moment d’échanges et chacun des candidats tenaient à mettre la faute sur les idéologies et positions l’un de l’autre. « Je serais le président de tous les
américains », Donald Trump, en lançant cette phrase sème le doute sur l’équilibre de sa position et de ses propos. Depuis le début de cette campagne, Trump avançait le contraire de ses dires de circonstances. Hillary quant à elle mettait l’emphase sur le fait que Trump ne se soit jamais excusé pour ses propos offensants envers les afro-américains, les musulmans et les hispaniques. La dernière question du public autour des points positifs que l’un trouvait chez l’autre a adouci l’atmosphère tendue entre les deux candidats. Clinton a souligné le soutien remarquable des enfants Trump pour leur père durant cette campagne électorale. Trump a avoué que Hillary est une persévérante qui ne lâchait jamais ce qu’elle défendait. Cette
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Clinton vs Trump soirée aurait été à rebondissements horizontaux sans aucun effet de surprise, que du prévu et du prévisible. Les américains auront encore une fois rendez-vous avec un débat ce
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19 Octobre 2016…des vrais shows à l’américaine!
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Transports
Comment mieux se déplacer à Montréal?
Appel à la participation des citoyens à une étude de grande ampleur sur le sujet Le 17 octobre 2016, La Ville de Montréal a invité tous les citoyens de la Communauté métropolitaine de Montréal à participer à une vaste étude sur les déplacements en téléchargeant gratuitement la nouvelle application MTL Trajet. Les données qui seront recueillies au cours de cette enquête d’une durée d’un mois, et qui se poursuivra donc jusqu’au 17 novembre 2016, contribueront à mieux planifier le développement du réseau de transport urbain. « Dans un contexte où les chantiers sont nombreux, nous déployons tous les efforts nécessaires pour faciliter les déplacements à Montréal. C’est pour cette raison que nous lançons l’application MTL Trajet, un projet pilote, qui permettra notamment d’optimiser la mobilité dans la grande région métropolitaine, et ce, en tenant compte des besoins de tous les usagers », a souligné Aref Salem, élu responsable du transport au comité exécutif de la Ville de Montréal. «L’étude MTL Trajet, est l’un des 70 projets du Plan d’action, Montréal ville intelligente et numérique 2015-2017. En
téléchargeant l’application, les citoyens deviennent des acteurs de changement de la société. Voilà un bel exemple de toute la portée que peut avoir un projet de mobilité grâce aux nouvelles approches numériques », a déclaré M. Harout Chitilian, vice-président du comité exécutif et responsable de la Ville intelligente ainsi que des technologies de l'information. Comment participer? Pour participer à ce vaste projet de recherche, les répondants doivent : - Être âgé de 18 ans et plus; - Habiter la Communauté métropolitaine de Montréal et se déplacer régulièrement sur l’île; - Télécharger gratuitement, sur leur téléphone intelligent, l’application MTL Trajet disponible sur l’Apple Store ou Google Play; - Enregistrer 25 déplacements, entre le 17 octobre et le 17 novembre 2016. Les données qui seront colligées seront rendues anonymes et confidentielles. Elles seront également diffusées sur le portail des données ouvertes de la Ville
de Montréal. Mesures incitatives Par ailleurs, ceux et celles qui auront enregistré 25 déplacements pourraient gagner l’un des prix suivant : une carte OPUS à l’année, un iPad, des paires de billets pour les Canadiens de Montréal et l’Orchestre symphonique de Montréal, deux cartes-cadeaux de 250$ dans une boutique de plein air et cinq abonnements annuels BIXI. Un projet développé avec l’Université Concordia La Ville de Montréal tient à souligner l’apport de l’Université Concordia et son Transportation Research for Integrated Planning (TRIP) lab, le développeur de l’application MTL Trajet. « Cette application donne aux Montréalais la possibilité de contribuer directement à la planification des transports dans la ville grâce à leur téléphone intelligent », affirme Zachary Patterson, professeur agrégé au Département de géographie, d’urbanisme et d’environnement de Concordia et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les liens entre le transport et l’utilisation des
terres pour la durabilité régionale. « Les données transmises par les citoyens nous permettront de cartographier leurs trajets et de calculer leurs temps de déplacement. Nous pourrons ainsi élaborer des systèmes de transport plus efficaces à l’aide d’un modèle susceptible d’être adopté par les villes intelligentes du monde entier. » Enfin, la Ville de Montréal et l’Université Concordia remercient tous les partenaires en transport qui font la promotion de l’application MTL trajet : Société de transport de Montréal (STM), Agence métropolitaine de transport (AMT), BIXI Montréal, Réseau de transport de Longueuil (RTL), Société
de transport de Laval (STL), Ville de Longueuil, Ville de Laval, CAAQuébec, Vélo-Québec et Stationnement de Montréal. Montréal, Ville intelligente Le Plan d’action 2015-2017 Montréal, ville intelligente et numérique présente 70 projets, répartis en 6 chantiers, qui ont été choisis en fonction de leurs impacts directs sur la population, le retour sur l'investissement et leurs délais de réalisation. La version intégrale est accessible sur le web. Infos : villeintelligente.montreal.ca et fairemtl.ca MTL Trajet : ville.montreal. qc.ca/mtltrajet
Circulation automobile
L’enfer commence à l'échangeur Turcot …
Un cauchemar de deux ans vient de s’amorcer pour les automobilistes de l'ouest de l'île qui se dirigent vers le centre-ville de Montréal. Les travaux de réfection de l'échangeur Turcot sont entrés dans leur phase la plus aiguë avec le retranchement d'une voie à la bretelle reliant l'autoroute 20 est à l'autoroute Ville-Marie. Transport en commun renforcé Les automobilistes empruntant cette bretelle sont invités à se convertir au transport en commun ou à prendre leur mal en patience. L'objectif des travaux est de raccorder à cette bretelle les deux voies de la nouvelle route 136, qui remplacera, au terme des travaux, l'autoroute
720 est.
La Société de transport de Montréal (STM) a ajouté un train sur la ligne verte du métro aux heures de pointe. La mesure permettra d'ajouter 4000 places à sa capacité. La STM a également acquis 25 autobus qu'elle entend affecter à la bonification de 13 circuits d'autobus du réseau desservant le secteur. Le consortium qui dirige les travaux de quelque 3,67 milliards de dollars estime qu'il s'agit de la moins mauvaise des solutions pour les 3600 automobilistes à l'heure qui empruntent la bretelle aux heures de pointe. Des bouchons de 8 km à
prévoir Le consortium s'attend à ce que des bouchons de circulation de 5 à 8 km de longueur se forment lors des heures de pointe quotidienne. Les automobilistes rencontrés par Radio-Canada, hier, lors de la fermeture de la voie de la bretelle en question, se sont dit exaspérés par la lourdeur de la circulation. Un conseiller de la Ville de Montréal dans le secteur, Craig Sauvé, estime que la Ville a eu une bonne idée en incitant les gens à utiliser le transport en commun, mais il croit que c'est insuffisant. « Les gens de Lachine et de La Salle le savent, on a besoin de quelque chose de
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plus de qualité », explique M. Sauvé. Les automobilistes qui ne peuvent faire autrement que d'utiliser leur voiture sont invités
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à emprunter la rue Saint-Patrick ou la rue Notre-Dame afin d'éviter la zone où se déroulent les travaux.
Qualité de vie
Des villes et des femmes
Quatre villes québécoises dans le top 10 canadien Les villes de Québec, Gatineau, Montréal et Sherbrooke font partie des meilleures villes canadiennes pour les femmes. C'est toutefois la ville de Victoria, en ColombieBritannique, qui prend le premier rang du palmarès dressé par Kate McInturff, chercheuse principale du Centre canadien de politiques alternatives, qui a classé les plus grandes régions métropolitaines du pays.
respectivement en cinquième, sixième et septième positions. Victoria (CB) au premier rang Selon Mme McInturff, la première place de Victoria est attribuable en majeure partie à la représentation des femmes en politique. La ville compte une femme à sa tête et est la seule municipalité de l'étude à avoir plus de femmes que d'hommes dans son conseil. Victoria avait d'ailleurs pris le premier rang en 2015 également.
Ontario, qui se classe au 25e et dernier rang, en raison du peu de femmes dans des rôles de leadership, un écart plus grand que la moyenne dans l'accès à l'emploi et le pourcentage de femmes vivant dans la pauvreté, comparativement aux hommes. L'étude révèle par ailleurs que les femmes ont plus de risques que les hommes d'être victimes de crimes violents.
«Pour la première fois depuis Mme McInturff a expliqué que c'est étudié, les femmes avoir examiné l'écart entre les courent maintenant plus de risC'est la ville de Windsor, en hommes et les femmes ques que les hommes pour ce qui est de l'accès d'être victimes de crimes à la sécurité économique, violents, en raison des la sécurité personnelle, taux toujours aussi l'éducation, la santé et les 1. Victoria élevés d'agressions sexpositions de leadership uelles», a expliqué Mme 2. Kingston, Ontario dans les grandes villes McInturff. 3. London, Ontario canadiennes. 4. Québec Selon elle, les statis5. Gatineau La ville de Québec est la tiques citées dans l'étude 6. Montréal mieux classée dans la marquent «le début de la 7. Sherbrooke province, au quatrième conversation, et non la 8. Saint-Jean, Terre-Neuve-et-Labrador rang du palmarès canafin» et «les villes en ont 9. Vancouver dien. Gatineau, Montréal 10. Halifax beaucoup à apprendre les et Sherbrooke suivent unes des autres».
Le Top 10
Les écarts se réduisent L'étude indique également que certains écarts se referment. Les femmes forment maintenant 48 pour cent de la maind'oeuvre au Canada et elles ont la même probabilité d'avoir fait des études postsecondaires que les hommes.
Le rapport souligne aussi que des projections de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) indiquent que la réduction de l'écart entre les hommes et les femmes en matière d'emploi pourrait ajouter 160 milliards $ au produit intérieur brut (ou 8 pour cent) d'ici 2030.
Ascenseurs pour le métro
14 stations montréalaises équipées d’ici 2022 Quatorze stations supplémentaires du métro de Montréal seront dotées d'ascenseurs d'ici 2022, vient d’annoncer le maire de Montréal Denis Coderre. D'ici cinq ans, 31 des 68 stations seront ainsi accessibles aux personnes se déplaçant en fauteuil roulant et à tous ceux et celles dont la mobilité est réduite. Cet investissement de 213 millions de dollars est rendu possible grâce à l'entente CanadaQuébec sur les infrastructures de transport en commun signée le 5 juillet. L'accord prévoit qu'Ottawa assume la moitié de la facture des travaux admissibles, Québec réglant l'autre moitié avec la municipalité concernée. «On ne vous a pas oubliés. Vous êtes des citoyens à part entière et nous allons remplir nos engagements de faire de Montréal une ville accessible à tous.» s’est réjoui Denis Coderre, maire de Montréal « Je sais que nos citoyens réclament depuis longtemps des améliorations à cette situation. Comme dans bien d'autres domaines où on aimerait avancer vite, les fonds n'étaient tout simplement pas au rendez-vous », a expliqué le maire Coderre
en conférence de presse. « Les investissements nécessaires pour l'installation d'ascenseurs dans les stations de métro étaient beaucoup trop élevés pour permettre de procéder à des travaux à grand déploiement », a-t-il ajouté. « En fait, les ressources humaines et financières ne nous permettaient pas avant aujourd'hui d'installer plus d'un
ascenseur en moyenne par année. » « Par contre, a-t-il poursuivi, nous avons toujours maintenu que l'accélération de l'installation d'ascenseurs dans les stations de métro était possible si la STM obtenait un apport supplémentaire et dédié de la part des gouvernements. » «Ce n'est pas encore parfait, j'en
L’état des lieux
Stations déjà accessibles •Montmorency (depuis 2007) •De la Concorde (2007) •Cartier (2007) •Lionel-Groulx (2009) •Berri-UQAM (ligne orange; depuis 2009) •Henri-Bourassa (2010) •Côte-Vertu (2010) •Champ-de-Mars (2014) •Jean-Talon (ligne orange; depuis 2015) •Snowdon (2016) Travaux en cours •Rosemont (Inauguration : 2016) •Place-d'Armes (2017) •Honoré-Beaugrand (2017) Travaux planifiés •Du Collège (Inauguration : 2018) •Bonaventure (2018)
•Viau (2019) •Vendôme (2019) •Berri-UQAM (ligne verte; 2019) •Mont-Royal (2020) Horizon 2022 •Jean-Talon (ligne bleue) •Jean-Drapeau •Angrignon •Jolicoeur •Place-des-Arts •Namur •Outremont •Université de Montréal •Radisson •Place-Saint-Henri •Préfontaine •McGill •Villa-Maria •D'Iberville
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suis bien conscient, mais c'est une très nette amélioration.»— Denis Coderre Le président du conseil d'administration de la STM, Philippe Schnobb, a expliqué que les stations choisies pour l'installation d'ascenseurs sont celles où les travaux sont «les plus faciles à réaliser». On y est allé avec cette mesure : quelles sont les stations [avec les travaux] les plus simples, où les travaux coûteraient le moins cher, de manière à maximiser les sommes disponibles », a-t-il expliqué. «Ça aura pris 50 ans pour rendre 10 stations accessibles. En 5 ans, on va en rajouter 21.»
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a-t-il ajouté. Un métro «entièrement accessible en 2038 Dans un communiqué publié dans le cadre de cette annonce, M. Schnobb dit espérer que la STM pourra « accélérer le rythme des travaux afin que tout le réseau soit accessible d'ici 2038 ». Les deux premières stations visées par l'installation d'ascenseurs seront Jean-Talon (ligne bleue) et Jean-Drapeau. La mise en service des nouvelles installations y est prévue pour 2019.
Prévention
Simulation de situation sismique au Québec
Le sol a " tremblé " au Québec jeudi 20 octobre… Un exercice pour cultiver les réflexes qui peuvent vous sauver la vie Chaque année, plusieurs centaines de séismes sont recensés au Québec. Si une majorité de ces tremblements de terre sont de plus faible intensité, certains ne passent pas inaperçus. Les zones d'activité sismiques les plus importantes au Québec se situent dans les régions de CharlevoixKamouraska, de l'ouest du Québec et du Bas-SaintLaurent-Côte-Nord. En 1732 cependant, c'est Montréal qui subissait un séisme de magnitude 5,8 sur l'échelle de Richter. Plus récemment, en 1988, le Saguenay a été secoué par une secousse de
5,9. La plupart de ces tremblements de terre ne causent aucun dommage important, mais qui dit zone sismique, dit aussi risque de séisme plus grave qui lui pourrait laisser des traces. La «Grande secousse» du 20 octobre 2016 C’est pour se préparer à un séisme majeur que sont périodiquement organisés des exercices de préparation à une éventuelle catastrophe sismique. L'évènement, baptisé « la Grande Secousse» est organisé au Québec
depuis trois ans par l'Association de la Sécurité Civile du Québec; sur un modèle créé en Californie en 2008. L'État américain est réputé pour son emplacement le long d'une faille propice aux tremblements de terre. L'évènement vise à simuler un tremblement de terre afin d'encourager les gens à avoir les bons réflexes : s'abaisser, s'abriter et s'agripper. En 2015, ce sont 35 000 personnes qui ont participé. Au Québec, la simulation a eu lieu le jeudi 20 octobre à
10 h 20. Les écoles, les entreprises, les municipalités, les hôtels et même les
familles étaient invités à participer.
Risque sismique au Canada
La Colombie Britannique sous forte menace… Il n’y a pas que la Californie au-dessus de laquelle se balance une épée de Damoclès : la Colombie-Britannique est aussi à risque de voir un séisme majeur frapper d'ici les 50 prochaines années. Et selon la Commission géologique du Canada, ce risque augmenterait tous les 14 mois. Sismologue à la Commission géologique du Canada, Alison Bird évite les stationnements souterrains pendant environ deux semaines, tous les 14 mois. Selon une découverte récente, ce ‘rendez-vous’ sismologique représente une période de risques accrus
de voir se produire un tremblement de terre majeur. Mme Bird explique que la découverte a été faite suite à l’observation d’une irrégularité des sismographes. En effet, environ tous les 14 mois, un nombre accru de tremblements imperceptibles est observé; selon les scientifiques de la commission, il semblerait qu’un phénomène de glissade lente ait lieu. Le mouvement des plaques tectoniques qui se rencontrent sous l’île de Vancouver s’inverse momentanément et s’immobilise pendant environ deux semaines. Selon Mme Bird, cette immobilisa-
tion soudaine cause plus de stresse sur la faille, qui accumule l’énergie. C’est ce qui pourrait éventuellement causer une rupture et un tremblement de terre sévère. Des observations similaires ont aussi été faites au Japon, où ces périodes de risques accrus se présentent tous les un à six ans. Une étude récente associe d’ailleurs une majorité de leurs tremblements de terre les plus sévères à une glissade lente. Les dernières observations du phénomène datent de décembre 2015
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et de janvier 2016 ce qui signifie que la prochaine devrait avoir lieu en février 2017. Mme Bird explique que chez elle, tous les membres de sa famille ont à portée de main une paire de chaussures et une lampe
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de poche. Elle recommande d’ailleurs aux résidents de préparer un ensemble et un plan d’urgence en cas de séisme. Selon elle, un tremblement de terre même moyen pourrait se produire à tout instant.
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Consommation
22 000 canadiens concernés
Que faire de votre explosif Galaxy Note 7 ? Environ 22 000 téléphones Samsung Galaxy Note 7 ont été vendus au Canada et ils font tous l'objet d'un rappel. Samsung demande aux consommateurs de les éteindre et d'arrêter tout simplement de s'en servir. La pile aux ions lithium des téléphones intelligents Note 7 de Samsung peut surchauffer et brûler. Les propriétaires de téléphones Samsung Galaxy Note 7 pourront se faire rembourser, mais des questions demeurent : combien de temps cela va-t-il prendre? Comment se faire rembourser un téléphone acheté à l'étranger? Dans un bref communiqué, la compagnie parle d'une possibilité de remboursement complet pour les propriétaires canadiens de Galaxy Note 7 à l'endroit où l'appareil a été acheté, sans donner toutefois plus de détails. «Les détails concernant les
solutions offertes aux clients possédant un Note 7, lesquelles comprendront le remboursement, seront annoncés sous peu»— Samsung Canada
Nous avons appelé le service à la clientèle de Samsung au Canada, pour avoir plus de détails, étant donné que le communiqué de presse en donne peu. Voici les réponses du service à la clientèle de Samsung Canada. Échange ou rembourseent? Pour le moment, le service à la clientèle de Samsung Canada dit « travailler sur un remboursement ». - Combien de temps va prendre la procédure de remboursement? Impossible d'avoir plus de détails sur les délais de la procédure de remboursement. Ça va se faire très rapidement, assure le service à la clientèle de Samsung Canada.
- Comment allez-vous être contacté si votre Galaxy Note 7 est éteint? Vous allez recevoir un appel du magasin où vous l'avez acheté. On vous indiquera quand passer en magasin pour effectuer un remboursement. Étant donné que Samsung demande d'éteindre le téléphone défectueux, cela peut être problématique pour plusieurs. Le magasin pourra aussi vous contacter par courriel si vous l'avez fourni lors de l'achat. Sinon, vous pouvez passer vousmême au magasin pour vous informer des modalités de remboursement. - Que faire si vous avez perdu le reçu? Samsung Canada vous conseille d'avoir le reçu. Toutefois, le magasin au Canada pourrait éventuellement retracer votre achat notamment en utilisant le numéro IMEI (International
Mobile Equipment Identity), qui correspond à un numéro unique attribué à l'appareil, indique le service à la clientèle de Samsung Canada.
le service à la clientèle de Samsung. Pas plus de détails pour l'instant.
- Que faire si vous avez acheté l'appareil à l'étranger?
- Que faire si vous avez acheté votre appareil à l'étranger et que vous n'avez plus le reçu?
Il faudrait aller dans la boutique avec la facture, indique
Pas d'informations pour l'instant.
Produits de grande consommation
Quand les grands épiciers font baisser les prix… Après Loblaw avec ses supermarchés Provigo et Sobeys avec son enseigne IGA, c'est au tour de Metro de réduire les prix payés à ses fournisseurs. À compter du 5 décembre elle les diminuera en moyenne de 1 % pour faire face à la concurrence de Walmart et Costco. Cette baisse, discutée depuis des semaines, respecte les
engagements que le géant de la distribution alimentaire a pris vis-à-vis de ses partenaires d'affaires, ont indiqué ses dirigeants. Ils précisent toutefois que la baisse serait plus faible pour les petits fournisseurs que pour les grands. Si cette annonce constitue une bonne nouvelle pour les consommateurs, qui pour-
raient dépenser moins, elle l'est moins pour l'industrie de la transformation alimentaire canadienne qui depuis 10 ans a vu fermer 150 entreprises et disparaître 28 000 emplois, dont 8000, au Québec.
sont des PME [...] c'est le premier secteur manufacturier en importance au Québec », a expliqué la présidente-directrice générale du Conseil de la transformation alimentaire du Québec, Sylvie Cloutier.
Fort de ses 1600 entreprises, le secteur de la transformation alimentaire du Québec craint pour ses établissements de petite taille. « 85 %, ce
Même son de cloche chez Sylvain Charlebois, professeur de politique alimentaire à l'Université de Dalhousie, qui prédit un avenir « difficile
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» pour les transformateurs, vu la concurrence dans le marché de la distribution. Loblaw a récemment annoncé qu'elle réduirait la facture de ses fournisseurs de 1,4 % alors que Sobeys a annoncé un gel des prix payés.
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Perspectives
Nos emplois dans 20 ans
Mathématiques et compétences sociales…
… pour survivre à l’Intelligence artificielle, la robotisation et les nanotechnologies qui vont mettre 5 millions de travailleurs au chômage Dans les prochaines années, des millions d'emplois vont disparaître au profit de l'intelligence artificielle, des robots, des nanotechnologies etc. En 2020, plus de 5 millions disparaîtront selon un rapport publié par le World Economic Forum. Mais si tous ces jobs disparaissent, on aura quoi à la place? Et quels sont les compétences nécessaires pour affronter les défis de demain? La réponse du WEF: les mathématiques et les compétences sociales. Est-ce qu'un robot pourrait faire ce que fait un humain? Un algorithme peut-il écrire un texte à la place d’un rédacteur? C'est une question que des millions de personnes feraient mieux de se poser. En tout cas s'ils veulent anticiper un phénomène qui pourrait se montrer très douloureux. Parce que oui, c'est inévitable: les machines vont nous
rendre dispensables pour effectuer certaines tâches. Cela semble une évidence selon le rapport du World Economic Forum. Cette étude prévoit que 5 millions d'emplois disparaîtront dans le monde d'ici 2020 au profit d'innovation technologiques. En retour, on devrait quand même récupérer 2,1 millions de nouveaux emplois dans la transaction. Ce n'est donc pas une terrible nouvelle et c'est la preuve que la numérisation va bouleverse et va bouleverser complètement notre société. Les soudeurs disparaissent, les architectes les remplacent Sans surprise, les nouveaux emplois créés seront en rapport avec l'informatique et les mathématiques mais aussi avec l'architecture ou encore le design. Quels sont les emplois les plus menacés? Les
ouvriers, les soudeurs, les opérateurs de machine, les charpentiers, les mécaniciens ou encore les chauffeurs de camion. Il est en revanche moins étonnant de voir que les financiers ou les avocats et les législateurs garderont une place importante. Il en va de même pour les experts en informatique ou les comptables. Ce qui est encore plus intéressant, c'est que les chercheurs ont pu identifier deux compétences primordiales pour le futur: les mathématiques et les compétences sociales. Ce sont sur la base de ces deux compétences que les nouveaux emplois vont augmenter. Les autorités et les gouvernements ont donc été vivement conseillés par le WEF de prendre cet énorme défi à bras-le-corps et ce, à court terme. "Sans une action rapide et ciblée dès aujourd'hui, la transition
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sera très difficile et brutale. Nous devons bâtir une population active qui prend en compte ces nouvelles compétences", a expliqué Klaus Schwab, président exécutif du WEF. Ce qui est intéressant aussi, c'est que tu ne devras pas seulement être capable de programmer un ordinateur ou de coder via un langage qui
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est proche du charabia pour la plupart des mortels. David Deming de l'Université de Harvard a mis également en exergue les compétences sociales, indispensables pour effectuer des négociations par exemple ou pour travailler en groupe et coopérer. Une combinaison des deux compétences devraient garantir de l'emploi à profusion.
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Perspectives
Une campagne de 10 jours pour un salaire minimum à 15$
Afin de ne plus travailler «pour des pinottes»… La campagne pour obtenir un salaire minimum à 15 $ l'heure au Québec vient de franchir une autre étape, avec le lancement, vendredi 7 octobre 2016, de 10 journées d'actions dans toutes les régions pour sensibiliser la population, les employeurs et le gouvernement à cette cause.
Et pour illustrer l'idée que le salaire minimum actuel de 10,75 $ l'heure équivaut à travailler « pour des pinottes », des sacs d'arachides devaient être déposés devant les bureaux du premier ministre Couillard à Montréal et devant les bureaux de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante. Cette organisation patronale, qui représente des petites et moyennes entreprises, s'oppose farouchement à un tel rehaussement du salaire minimum, y voyant une véritable « catastrophe » pour certaines PME. « Le premier mythe qui est à abolir dans l'argumentaire contre le salaire minimum à 15 $, c'est quand on nous répète à satiété que le meilleur antidote contre la pauvreté, c'est d'avoir un travail. C'est complète-
ment faux; la restructuration du marché du travail au cours des deux dernières décennies a fait en sorte qu'on a vu croître les "working poors", ces gens qui travaillent et qui ne reçoivent pas un revenu suffisant pour leur permettre de vivre dans la dignité et le respect », a lancé François Vaudreuil, président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD).
La coalition 5-10-15 En plus de prendre diverses formes au cours de ces 10 journées, cette campagne pour le salaire minimum à 15 $ se déploie dans toutes les régions du Québec. Une table ronde est prévue à Québec, un forum de discussions à Sherbrooke, un rassemblement devant le Walmart de Gatineau et d'autres. Le tout devait culminer par une grande manifestation qui doit avoir lieu le samedi 15 octobre à Montréal. La coalition 5-10-15, qui fait partie de ce vaste mouvement, réunit la CSN, la CSD, la CSQ, le Front de défense des non-syndiqués et le Collectif pour un Québec sans pau-
vreté.
La coalition revendique non seulement que le salaire minimum soit haussé à 15 $ l'heure le plus rapidement possible, mais également le droit de disposer de 10 congés payés par année pour cause de maladie ou pour remplir des obligations familiales. Elle réclame également le droit de connaître son horaire de travail au moins cinq jours à l'avance. Jusqu'ici, le gouvernement s'est montré ouvert au débat, dans son discours et dans ses réponses aux questions des médias, mais lorsque l'opposition péquiste a voulu tenir un débat sur la question en commission parlementaire, récemment, sa motion a été battue en brèche par les députés libéraux. Philippe Couillard «ouvert à discuter» Le 22 août, le premier ministre Philippe Couillard s'était dit ouvert à discuter de la question, mais à condition que tous les points de vue soient entendus, incluant ceux des opposants. Le gouvernement semble de plus
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en plus vouloir inclure cette question du salaire minimum dans un plus vaste débat sur l'établissement d'un revenu minimum garanti, une tâche qui a déjà été confiée au ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais. Pour le vice-président de la CSN, Jean Lacharité, cela n'augure rien de bon. «Nous, on n'est pas d'accord avec ça, parce que le revenu minimum garanti, c'est la déconstruction de notre filet de protection sociale au Québec. On abolit des mesures sociales et on donne un revenu minimum à tout le monde. Et connaissant les libéraux, s'ils vont vers un revenu minimum garanti, ça va être minimum, minimum, minimum.»—Jean Lacharité, vice-président de la CSN Trudeau n'envisage pas de hausse
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Plutôt que de hausser le salaire minimum, le premier ministre Trudeau a affirmé pour sa part que son gouvernement se concentrait à aider les Canadiens par l'allocation pour les enfants, les investissements en infrastructure afin d'accroître la productivité et l'assistance aux étudiants à faible et moyens revenus pour qu'ils puissent payer leurs frais de scolarité. M. Trudeau a affirmé que le gouvernement fédéral considérait plusieurs mesures pour améliorer les conditions des travailleurs, mais la hausse du salaire minimum « n'est pas l'une de celles que l'on regarde actuellement ».
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Perspectives
Salaire minimum à 15 $
Utopie…
La mobilisation au Québec pour la hausse du salaire minimum à 15 $ l'heure soulève de l'intérêt, mais aussi bien des interrogations parmi les groupes d'aides aux démunis et les gens d'affaires de l'Outaouais. Après la décision de l'Alberta d'aller de l'avant avec une telle mesure dès 2018, des mouvements s'organisent en Ontario et au Québec. Mais cela ne provoque pas un élan d'enthousiasme généralisé dans la région de l'Outaouais.
Le gérant du restaurant Mo-Nik,
Maxime Damours, croit en effet que les petites entreprises pourront difficilement supporter une telle hausse. L’impact sur l'économie Selon le président de la Chambre de commerce de Gatineau, Jean-Claude Des Rosiers, une telle mesure ferait mal à l'économie. « Est-ce que c'est quelque chose qui peut être regardé dans le temps, d'ici 5 à 10 ans? », s'interroge-t-il. M. Des Rosiers précise qu'il ne serait pas contre une hausse graduelle, si le redressement de
l'économie est suffisant. Certains se demandent en outre si les entreprises ne devront pas aussi augmenter les salaires des travailleurs déjà payés 15 $. Une question sociétale À l'Association coopérative d'économie familiale de l'Outaouais, la réduction des inégalités semble être la question centrale dans ce dossier. Son directeur, René Coignaud, fait valoir que lorsque les travailleurs sont mal payés, c'est la société dans son ensemble qui se retrouve à en assumer les
conséquences. « Parce qu'ils sont dépendants des services sociaux, ils sont dépendants de la charité et c'est tout le monde qui paye », estime ce dernier.
… Ou catastrophe économique? Le salaire minimum à 15 $, « une bombe atomique » selon Pierre Fortin Une hausse immédiate du salaire minimum à 15 $ l'heure pourrait entraîner la perte de 100 000 emplois au Québec, selon l'économiste Pierre Fortin, de l'Université du Québec à Montréal (UQAM). « Si l'économie a la capacité financière de payer ça, 15 dollars de l'heure, évidemment, c'est du gâteau pour tous les gens qui sont payés au bas de l'échelle, a-t-il déclaré dans une entrevue à RDI économie lundi soir. C'est le cas dans des grandes villes américaines où le salaire moyen est, en moyenne, de 25 à 35 % plus élevé qu'au Québec. Mais, au Québec, ce serait vraiment une bombe atomique sur le marché de l'emploi. »
Pierre Fortin lance un appel à la prudence dans le dossier du salaire minimum, qui soulève les passions ces jours-ci. Le Québec compte 210 000 travailleurs au salaire minimum, dont 60 % ont moins de 24 ans. Ils sont également 60 % à travailler à temps partiel. Et la moitié des gens au salaire minimum vont à l'école. Or, s'il est vrai qu'un salaire minimum trop faible, dit Pierre Fortin, maintient les travailleurs dans la pauvreté, un salaire minimum trop élevé pourrait mener au décrochage et pourrait décourager l'embauche dans les PME. En offrant des salaires plus élevés à des jeunes du secondaire qui travaillent, « on accroît le risque qu'ils abandonnent l'école » selon l'économiste.
Il ajoute qu'un « salaire minimum élevé alourdit le coût d'embauche », ce qui « incite les PME à offrir moins d'emplois et moins d'heures de travail aux petits salariés. » Selon Pierre Fortin, le salaire minimum actuel au Québec permet à un travailleur à temps plein de dépasser le seuil de faible revenu. Voici son calcul pour l'année 2016 en tenant compte du fait que le salaire minimum était de 10,55 $ pour les quatre premiers mois de l'année et de 10,75 $ pour les huit mois suivants, ce qui donne une moyenne de 10,68 $ l'heure : À cela, il faut ajouter l'Allocation canadienne pour enfants et le soutien aux enfants québécois. Ainsi, selon Pierre
Fortin : Pierre Fortin affirme que le salaire minimum au Québec équivaut à 47 % du salaire moyen horaire. C'est sensiblement le même niveau depuis l'époque du gouvernement Bouchard à la fin des années 90 et c'est plus élevé qu'ailleurs, selon l'économiste. Les villes qui ont choisi de porter leur salaire minimum à 15 $ aux États-Unis dans les prochaines années vont essentiellement attendre le niveau du Québec par rapport au salaire moyen, dit Pierre Fortin. Pourquoi? Parce que le salaire moyen au Québec est plus faible que dans les grandes villes américaines. Le Québec, pour éviter de dépasser son niveau de 47 %,
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À l'appel de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), de l'initiative « Fight for 15 » et du regroupement « 5-10-15 », une grande manifestation en faveur de la hausse du salaire minimum doit avoir lieu le samedi 15 octobre à Montréal.
devrait attendre à 2029 pour porter son salaire minimum à 15 $, affirme Pierre Fortin. En attendant, dit-il, chaque fois qu'on augmente ce ratio d'un point de pourcentage, on détruit 8000 emplois et on favorise le décrochage. Selon lui, si on veut aider les travailleurs à faibles revenus, il faut baisser les impôts, améliorer la prime au travail et miser sur l'éducation et la formation avec l'école obligatoire, par exemple, jusqu'à 18 ans. Il faudrait aussi prévoir un salaire minimum plus faible chez les moins de 18 ans pour éviter de les encourager à quitter l'école. Il est d'avis que le salaire minimum devrait être plus élevé à Montréal et à Québec en raison des salaires plus élevés que dans les régions.
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Ressources
La valeur du temps et ses maladies Un premier diagnostic Par Abdelaadim El Hanchi De nos jours, toute organisation doit être capable de se prémunir contre le gaspillage subit suite à une mauvaise planification du temps du travail c’est pourquoi, la gestion du temps représente une dimension essentielle pour traiter de manière positive et délibérée la masse considérable d’information et les circonstances à mesure qu’elles surviennent. La gestion et l’aménagement du temps de travail telle qu’elle est en train de se développer aujourd’hui avec beaucoup d’intention et d’acuité dans la plupart des organisations introduit l’avenir en tant que dimension économique et managériale décisive dans notre système actuel. Présentement, l’importance de la gestion du temps est devenue un leitmotiv et représente une véritable dimension visionnaire et exploratrice de la démarche managériale qui nécessite de sortir de sa coquille, changer d’air, prendre du recul et fréquenter les terrains inconnus. Bien gérer son temps pour le maîtriser et conserver toute son énergie suppose une véritable orchestration, et une réelle volonté de progrès, car le travail peut être superbement accompli sans se faire la violence de gérer son temps, mais cela se traduit par un appauvrissement de la communication interpersonnelle, un mal vécu individuel, un sentiment de culpabilité qui peut s’étendre à tout un groupe social tel qu’une organisation. Bref un mal du temps qui engendre des overdoses de stress avec lesquelles l’individu a bien du mal, aujourd’hui à composer. Enfin, vivre son temps, c’est non seulement communiquer avec soi-même mais aussi avec autrui. Là, les questions clés concernent la propriété du temps : qu’est-ce que le temps ? À qui appartient le temps ? Qui donne le rythme ? Qui en est maître ? Comme le corps humain, la ges-
tion du temps à ses maladies avec leurs symptômes, leurs causes et leurs conséquences, on énumère quatre maladies. La chronophagie C'est la difficulté à ne pas être dérangé, chronophages = mangeurs de temps. C'est aussi une maladie très répandue dans les milieux organisationnels, qui s’explique en grande partie par des interruptions continuelles des cadres engendrant colère et perte de concentration Les symptômes les plus fréquents Les sujets atteints de chronophagie se plaignent constamment d’être fréquemment interrompus par des chronophages biologiques (patron, touristes de bureau …) et des chronophages électroniques (les appels téléphoniques intempestifs, les messages électroniques, le cellulaire …) et par conséquent, provoquent un milieu de travail peu propice aux activités de forte concentration. Les causes de la chronophagie - Imprécision ou non disponibilité de l’information nécessaire à la réalisation du travail. Informationite (tout le monde informe tout le monde sur tout) ou - Réunionite aiguë (problème-réunion ; urgence-réunion ; idée géniale-réunion...). - Manque de mécanismes formels de coordination des projets. On pratique un sport d’équipe avec des règles du jeu individuelles. Manque de respect ou de règles de courtoisie. - Multiplication inutile et mauvaise utilisation des outils de communication : téléphone, téléavertisseur, téléphone mobile, courrier électronique, télécopieur... et - Surpeuplement ou manque d’espace de travail : bureaux, salles de réunion, zone d’accueil des visiteurs... Les conséquences Manque de concentration qui engendre des erreurs et oblige de refaire le travail et un sentiment de persécution et
d’indignation lorsque les sujets n’entament leur travail que lorsque les autres s’arrêtent de le faire. La lifophilie C'est la difficulté à réaliser ses priorités et à rester concentré sur une tâche et à la compléter avant de commencer une autre. Lifophie = "Last in first out". Les symptômes Le sujet clame une journée «full-time » et se plaint de n’avoir pu réaliser ses priorités à cause de nombreux imprévus et urgences. Le lifophile est une personne qui court dans tous les coins et qui entreprend beaucoup de choses, mais en finalise que trop peu .et remet donc à plus tard les cycles non bouclés (la procrastination). Les causes de la maladie La difficulté d’établir des priorités, de distinguer entre l’urgent et l’important, de prendre une pause et à penser à long terme et à s’auto- discipliner. Les conséquences Il perd beaucoup de temps et d’énergie, épuise son entourage (mangeur d’énergie), entreprend plusieurs cycles à la fois et repousse les activités prioritaires pouvant y aider (formation en gestion du temps, le ménage des bureaux …) La ouîte C'est la difficulté à dire NON
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Les symptômes La OUÏTE est une maladie périlleuse et difficilement curable pour les personnes atteintes. Le sujet fait toujours passer les besoins des autres avant les siens surtout lorsqu’il s’agit de son patron ou de ses supérieurs hiérarchiques. Le sujet se sent obligé d’accepter les demandes telles qu’elles sont formulées même s’il est déjà surchargé et a de la difficulté à demander de l’aide quand il en a besoin. Les causes de la maladie Un manque de confiance en soi, une recherche de la valorisation au regard de l’autre, une peur irraisonnée de déplaire ou de paraître incompétent et la difficulté à s’affirmer, à négocier et à affronter les réactions de mécontentement. Les conséquences Insatisfaction chronique, baisse de l’estime de soi. Sentiment d’être dépossédé de son bien le plus précieux : son temps. Cette perception d’impuissance peut conduire au désabusement, au passéisme, au cynisme organisationnel et au burn-out. Les personnes qui souffrent de ouïte rêvent secrètement (ou à voix haute) à la retraite. La tempdinite C'est la difficulté à évaluer le temps, tempdinite = inflammation du temps autrement dit la
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tendance à sous-évaluer le temps nécessaire et à surévaluer le temps disponible. Les symptômes Le sujet se plaint continuellement de manquer de temps, ainsi sa liste de choses à accomplir s’allonge sans cesse et ses projets et mandats s’embrouillent davantage. Les causes probables Une difficulté à mesurer le temps nécessaire à la réalisation d’une activité, les délais à prévoir et les échéances à rencontrer, à évaluer la complexité et l’ampleur des mandats à réaliser et à évaluer la charge de travail quotidienne, hebdomadaire et mensuelle. Les conséquences Le sujet doit souvent faire des heures supplémentaires. Quitter tard le bureau. La fin de semaine, il apporte des dossiers à la maison au grand désespoir de ses proches. Il se sent surchargé, fatigué. Il a hâte aux vacances. En connaissant ces maladies, les personnes peuvent les diagnostiquer pour eux même et pour leurs proches, une fois ils ont cette conscience, ils peuvent chercher les remèdes. Pour connaitre les remèdes suivez nous la prochaine édition pour connaitre les stratégies de gestion du temps.
Immobilier
Si vous pensez acheter bientôt un logement
Les nouvelles règles hypothécaires sont entrées en vigueur… Une baisse conséquente de l’accès à la propriété à prévoir…
De nouvelles règles de financement hypothécaire sont entrées en vigueur lundi 17 octobre 2016 et devraient se traduire par une réduction de l’accès à la propriété. Difficile toutefois d’en mesurer l’effet réel, qui pourrait demeurer à la marge et atteindre l’objectif visant à calmer le jeu parmi les emprunteurs affichant les plus forts ratios d’endettement. En dévoilant ses données sur le marché de la revente en septembre, l’Association canadienne de l’immeuble a évoqué un climat d’hésitation. « Les récentes modifications apportées par le ministre des Finances aux règlements régissant les prêts hypothécaires ont ajouté à l’incertitude des acheteurs et propriétaires vendeurs à l’égard du marché de l’habitation. Pour les acheteurs d’une première maison, une simulation de crise des taux d’intérêt hypothécaires pour ceux qui ont besoin d’une assurance prêt hypothécaire les forcera à repenser la dépense qu’ils peuvent se permettre. » Les autres segments du marché du logement pourraient écoper. « Les acheteurs d’une première maison sont favorables à la vague de maisons qui changent de main, ce qui fait d’eux le pivot du marché de l’habitation », ajoute l’économiste en chef de l’ACI. Test pour «les hypothèques assurées» La firme de courtage Royal LePage est elle aussi revenue sur ces nouvelles règles avec des propos encore plus feutrés. Il est rappelé qu’à
compter du 17 octobre, l’amortissement brut et l’amortissement total de la dette des propriétaires ne devront pas dépasser 39 % et 44 % respectivement pour accéder à l’assurance hypothécaire. Les hypothèques assurées devront aussi passer un test de résistance rigoureux au taux d’intérêt applicable le plus élevé entre le taux hypothécaire de leur institution financière et le taux fixe conventionnel de cinq ans affiché par la Banque du Canada, présentement à 4,64 %. Soit un différentiel d’un peu plus de deux points de pourcentage par rapport au taux de cinq ans négocié. Les prêts à taux fixe de cinq ans ou plus en étaient jusqu’ici exclus. La nouvelle mesure s’étend désormais à tous les prêts assurés.
« Quoique cette nouvelle mesure soit importante, la majorité des grands prêteurs utilisent déjà des critères semblables lors de la souscription à une hypothèque depuis un bon moment. Ce qui était auparavant une disposition discrétionnaire fait aujourd’hui partie de la loi et devrait aider à prévenir l’endettement des ménages à long terme », a pris soin d’ajouter le courtier. Il faut noter que les propriétaires qui détiennent déjà une hypothèque assurée ou qui la renouvellent ne sont pas concernés par la mesure.
brandi le spectre d’une chute de 18 % des mises en chantier et une baisse de 7 % des reventes de maisons l’an prochain. Les nouvelles règles devraient retrancher 74 000 ménages locataires québécois susceptibles de se qualifier pour l’achat d’une maison à un prix moyen de 270 000 $, a calculé l’APCHQ. Pour un prix d’achat plus faible, à 200 000 $, et en supposant une mise de fonds de 5 %, le versement mensuel répondant à la qualification selon la simulation de crise est augmenté de 26 %, a déjà calculé un courtier hypothécaire. L’impact est sensible.
Chute des constructions neuves Sur le marché de la construction neuve, l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) a déjà
L’objectif est simple : protéger l’acheteur trop endetté contre sa propre impulsion d’acheter trop gros, trop cher, resserrer la protection des portefeuilles de prêts hypothécaires assurés, éviter
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une secousse à la « subprime » advenant une hausse des taux d’intérêt, et répartir les risques liés aux prêts hypothécaires assurés par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). Sans oublier la pression à la baisse sur les prix dans un marché soumis à des poches de surchauffe, sous le jeu d’une présence moindre d’acheteurs. Cela survient dans un contexte où la Réserve fédérale américaine a déjà positionné son taux directeur sur une trajectoire ascendante, ce qui ne peut qu’influencer le loyer de l’argent sur le marché obligataire, qui sert de référence aux taux hypothécaires. Les précédentes mesures de «resserrement» Ottawa n’en est pourtant pas à ses premières actions de
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resserrement. En début d’année, la mise de fonds minimale pour les nouveaux prêts hypothécaires assurés est passée de 5 % à 10 % pour la partie du prix d’une habitation qui dépasse 500 000 $. Cette intervention s’ajoutait à quatre rondes de changements depuis 2008 visant à resserrer l’admissibilité aux nouveaux prêts hypothécaires assurables. On peut penser à l’augmentation de la mise de fonds minimale de 0 à 5 %, à la diminution de la période d’amortissement maximale à 25 ans, par rapport à 40 ans précédemment, et à l’exclusion à l’admissibilité des prêts pour les maisons valant 1 million ou plus. Quant au marché de l’immobilier, il ne s’en est pas porté mal pour autant.
Immobilier
Faut-il abolir la « taxe de bienvenue » ? Constructeurs, acheteurs, courtiers, ils sont de plus en plus nombreux à remettre publiquement en question les droits de mutation immobilière qui sont réclamés aux nouveaux propriétaires. Certains y voient un frein à l'accession à la propriété, mais Québec n'a pas l'intention de la faire disparaître pour le moment. Ces droits de mutation sont loin d'être les bienvenus, c'est plutôt la goutte qui fait déborder le vase pour Sandra Lambert, une jeune maman qui doit finaliser sous peu l'achat d'un duplex de 325 000 $ à Lachine, à Montréal. Il s'agit de sa première maison. C'est également la première fois qu'elle doit composer avec les droits de mutation immobilière qui s'élèveront, dans son cas, selon les calculs de sa courtière, à 3375 $. Un montant qui s'ajoute à une série d'autres dépenses : le notaire, le déménagement et les autres taxes.
Même son de cloche de sa courtière, Dominique Chénier. « Tout le monde y gagnerait d'abolir cette taxe, croit-elle. C'est un enjeu en ce moment pour plusieurs personnes de ne pas être capable d'acheter parce qu'il manque quelques milliers de dollars, il manque de l'argent, ils sont serrés. Qui ça sert cette taxe-là? Ça ne sert pas les acheteurs, ça ne sert pas les vendeurs, ça ne sert pas les intervenants, personne n'y gagne! » Puisque la taxe émane d'une loi, la Fédération des chambres immobilières du Québec réclame des changements législatifs pour améliorer l'accès à la propriété et parce que le regroupement considère que cette taxe est désuète. Pour une propriété qui valait 100 000 $, il y a 25 ans, le propriétaire devait verser un droit de mutation de 750 $. Aujourd'hui, cette même propriété en vaut 290 000 $ et les droits de mutation immobilière s'élèvent à
2850 $. Avec le resserrement des règles hypothécaires par le fédéral, c'est « encore plus difficile pour les acheteurs en général, mais en particulier pour les premiers acheteurs de se qualifier pour acheter », soutient Paul Cardinal, directeur du service Analyse de marché à la Fédération des chambres immobilières du Québec. Des centaines de millions dans les caisses des villes… Les droits de mutation viennent gonfler les revenus généraux des villes et servent à payer tous les services offerts aux citoyens. À Montréal, ils génèrent 5 % des revenus de la Ville cette année, soit 180 millions de dollars. Un montant qui serait plus élevé si la Ville n'avait pas instauré un programme de remboursement pour les jeunes familles. Sauf que les critères
d'admissibilité font en sorte que sur 3000 demandes, 1200 seulement ont été acceptées. Montréal, comme les autres villes, a besoin d'argent, précise Alexandre Cusson, le maire de Drummondville qui est également premier vice-président de l'Union des municipalités du Québec. « Si demain matin on dit cette taxe-là n'existe plus, il faudrait développer d'autres sources de revenus, donc ça résulterait fort probablement en hausse de taxe foncière généralisée. On
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parle de 500 millions de dollars ». L'élimination de la taxe pour les premiers acheteurs ne suscite pas l'enthousiasme et n'est pas dans les cartons du gouvernement. Car selon lui, non seulement l'abolition des droits de mutation pour les premiers acheteurs entraînerait un manque à gagner de 80 millions de dollars, mais de plus, rien ne garantit quelle stimulerait l'accession à la propriété.
Cultures
Prix Charles-Biddle 2016
Lynda Thalie, Théodore Ushev et Élage Diouf finalistes La ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, Mme Kathleen Weil, l’organisme Culture pour tous et La Fabrique culturelle de TéléQuébec viennent d’annoncer les noms des trois finalistes du prix Charles-Biddle, édition 2016. Il s’agit de l’auteure-compositriceinterprète Lynda Thalie, du cinéaste Théodore Ushev et du musicien, auteur-compositeurinterprète Élage Diouf.
Une capsule vidéo décrivant le parcours de chacun des finalistes est diffusée depuis le 19 octobre 2016 dans le site de La Fabrique culturelle. Le nom du gagnant ou de la gagnante sera dévoilé le lundi 7 novembre prochain à l’occasion du lancement de la Semaine québécoise des rencontres interculturelles (SQRI). Trois modèles de réussite « Cette nouvelle collaboration avec La Fabrique culturelle de Télé-Québec permettra d’accroître la visibilité et la notoriété du prix Charles-Biddle et de ses finalistes, tant dans le milieu des arts et de la culture que dans la sphère publique. Nous faisons le pari que de tels modèles de réussite inciteront encore plus de personnes immigrantes qui ont un talent artistique à l’exprimer et à rayonner au sein du paysage culturel québécois », a déclaré la minis-
tre Kathleen Weil.
Le Prix Charles-Biddle Rappelons que le prix CharlesBiddle, décerné par le ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion (MIDI) en collaboration avec Culture pour tous, vise à souligner l’apport exceptionnel d’une personne ayant immigré au Québec dont l’engagement personnel ou professionnel contribue ou a contribué au développement culturel
et artistique du Québec sur la scène locale, nationale ou internationale.
Travail, talent et vivre ensemble « À l’heure où tous les efforts convergent vers la recherche d’un meilleur vivre-ensemble, c’est une immense fierté pour nous que d’être associés à la remise de ce Prix. Le travail et le talent de tous les artistes et travailleurs culturels issus de
Lynda Thalie
Les finalistes
Lynda Thalie, originaire d’Algérie, l’auteure-compositrice-interprète, a fait voyager sa musique sur quatre continents, dans le cadre de festivals et d’événements tels que les Jeux olympiques, récoltant en cours de route bon nombre de nominations et de prix. En juin 2016, elle réalise son rêve d’aide humanitaire en allant visiter des camps de réfugiés en Grèce, afin de capter sur pellicule la situation invivable des personnes réfugiées bloquées en sol grec et d’en faire un documentaire. Mme Thalie présente aussi des conférences musicales pour diverses organisations, partageant son parcours d’immigrante et de réfugiée, d’humaniste et d’artiste. Elle prépare une
nouvelle collection de livres pour enfants à paraître en 2017. Élage Diouf, maître percussionniste et auteur-compositeurinterprète d’origine sénégalaise, s’installe au Québec en 1996 et s’y taille une place en travaillant avec des musiciens reconnus comme les Colocs, Loco Locass, Stefie Shock et Ariane Moffatt. Ces collaborations l’amènent à créer son premier album solo, qui lui vaudra entre autres un prix Juno pour le meilleur album de musiques du monde et un FÉLIX pour l’album de l’année dans la catégorieMusiques du monde. Théodore Ushev, né en Bulgarie, est diplômé des
beaux-arts de Sofia. Affichiste dans son pays d’origine, il s’installe à Montréal en 1999, où il acquiert une réputation de cinéaste d’animation prolifique et doué. En 2006, il amorce une trilogie sur les relations entre l’art et le pouvoir : Tower Bawher (2006), Drux Flux (2008) et Gloria Victoria (2013). Fasciné par les modes alternatifs de diffusion, il réalise des films pour Internet (Vertical, 2003) et pour les téléphones portables (Sou, 2004), de même qu’un vidéoclip (Demoni, 2012). Information : culturepourtous. ca/professionnels-de-la-culture/prix-charles-biddle
l’immigration sont essentiels à la richesse de la culture québécoise. Bravo aux trois finalistes! », a déclaré la présidente-directrice générale de Culture pour tous, Mme Louise Sicuro. La lauréate ou le lauréat du prix Charles-Biddle sera sélectionné par un jury composé de personnalités provenant du milieu des arts et de la culture ainsi que d’une personne représentant le MIDI. En plus de cette reconnaissance, la personne sélectionnée recevra une bourse de 2 000 $ ainsi qu’une sculpture de bronze et de granit, œuvre de l’artiste québécoise Danielle Thibeault. Représentant un groupe de personnages en mouvement, la sculpture symbolise l’importance des liens qui se créent entre les citoyennes et citoyens du Québec.
Arts plastiques
Naima Boutaib : «Je veux transmettre un message de paix!»
L’artiste-peintre marocaine expose à Dar Al Maghrib jusqu’au 27 novembre 2016 L’artiste peintre Marocaine Naima Boutaib est à Montréal où elle enchaîne une série d’expositions puisqu’elle participait au mois d’août à une exposition collective à la galerie Kaf Art de Montréal. Du 12 au 23 octobre elle expose ses propres œuvres à la même galerie avant de les présenter au Centre Culturel Marocain à Montréal Dar Al Maghrib du 27 octobre au 27 novembre prochain.
çoit des formes humaines qui représentent selon elle les personnes au-delà des différences comme le démontrent les toiles «L’aube De La Paix, Lumières D’âmes, Union Pour La Paix, Enfants D’univers». D’autres toiles sont influencées par les origines de l’artiste qui puise dans son identité de femme Marocaine et Amazigh au regard des motifs tifinagh que l’on observe dans les tableaux
Cette exposition d’une trentaine de tableau qui a pour thème «Tolérance & Amour» n’est qu’une halte parmi d’autres qui ont mené l’artiste a exposé ses œuvres au Maroc et dans de nombreuses villes Suédoises.
«Le Printemps, Ma Mère». C’est d’ailleurs lors du vernissage de son exposition à la galerie Kaf Art que l’artiste a bien voulu répondre à quelques questions :
Cette artiste qui se défini comme autodidacte aime partager son regard qui est empli d’espoir et de bonté à travers ses œuvres aux influences multiples. Elle utilise les techniques mixtes et s’exprime à travers des toiles colorées où l’on aper-
Atlas Montréal : Pouvez-vous nous parler de votre parcours artistique? Naima Boutaib : Je peins depuis les années quatre-vingtdix. Je dessinais sur de nombreux supports, que ce soit sur le cuire, la soie, le verre, le bois. Tous ces travaux s’accumulaient à la maison, car je travaillais en tant que professeur dans
l’enseignement, jusqu’au moment où ma famille et mes amis m’ont encouragé à sortir de l’ombre pour exposer mes œuvres.
Quelle est votre démarche artistique et quelles techniques utilisez-vous? Je suis influencé par la vie, par la société et par les couleurs de mon pays le Maroc. J’utilise l’acrylique, les techniques mixtes et les matériaux de la nature tels que le sable, les pierres, la poussière de marbre, les files les tissus comme vous pouvez le voir dans les tableaux «Racines, Racines Et Ailes». Pourquoi utilisez-vous les couleurs flamboyantes? Je dessine beaucoup avec le bleu, car pour moi c’est la couleur du repos, c’est couleur Zen. J’utilise aussi les couleurs chaudes comme le rouge et le jaune, qui sont les couleurs de mon pays, les couleurs de l’Afrique, comme on peut le voir dans les vêtements aux couleurs vives que portent des
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Naima Boutaib femmes dans les villages. Quel message souhaitez-vous transmettre? Je constate qu’il y a beaucoup de haine actuellement. Les gens souffrent des guerres et des conflits que ce soit au sein des sociétés ou dans le monde. À travers mes œuvres, je veux exprimer l’amour, le pardon, les valeurs humaines, les valeurs
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nobles. Je tente de donner vie à mes rêves d’amour, d’union, d’entraide et d’égalité comme vous pouvez le voir dans mes tableaux « L’aube De La Paix, Réflexion, Où Allons-Nous?, Everything Is Well». Propos recueillis par Réda Benkoula
Cultures
Littérature
« Nour, pourquoi n’ai-je rien vu venir ? » de Rachid Benzine Par Seydi Diamil Niane Cela fait longtemps, très longtemps, que le verbe n’arrivait plus à me faire pleurer. Le dernier texte m’ayant fait sangloter, si je ne me trompe pas, était L’écume des jours de Boris Vian ou Dou‘â’ alKarawân de Taha Husayn. Je ne sais plus. Et voilà que Rachid Benzine, dont j’ai pourtant lu tous les livres, réussit à me faire craquer cette fois. Chapeau grand.
« Nour, pourquoi n’ai-je rien vu venir ? » C’est la question que se pose un père meurtri qui croyait être à l’abri des assassins de l’aube. Le choix de Rachid Benzine, de donner la parole au père et non pas à la mère, comme c’est souvent le cas, est original. Ce père intelligent, cet intellectuel braillant nous pousse à repenser le processus de radicalisation, que l’on associe assez souvent à une prétendue ignorance des embrigadés : « Tu as à peine vingt ans, lui dit-il. Tu es brillante dans tes études de philosophie et de sciences religieuses. » Nour n’est pas une pauvre idiote. Tout le dialogue avec son père, dont nous n’avons malheureusement pas le nom, témoigne de son niveau intellectuel. Et ce père qui a fait aimer les sciences à sa Nour n’a pas pu résister au sentiment de culpabilité : « Je me sens si coupable ! », regrette-t-il. Dès la première lettre de Nour, datée du 13 février 2014, Rachid Benzine nous fait part
d’une des explications du processus d’embrigadement : « Ici, nous allons recréer la cité radieuse, un monde humain enfin à l’image d’Allah, gloire à Lui, et du Prophète, paix et salut sur lui. » C’est le fameux mythe du califat. Mythe, parce que cette citée radieuse n’a jamais existé.
Trois des quatre califes du Prophète ont été tués. Et les premiers siècles de l’islam, tant exaltés par les salafistes, ont connu une multitude de révoltes. La vision binaire du monde est l’une des caractéristiques des mouvements djihadistes. Si vous n’êtes pas avec nous et comme nous, vous êtes contre nous. Le jugement de Nour en est la preuve : « Tu es à l’image des peuples arabes, courbant la tête, dénonçant les injustices mais préférant la poésie à l’action, tes livres au glaive qui doit faire justice, écrit-elle à son père depuis Fallujah. Tu es complice de ces systèmes qui broient des femmes, des enfants, des hommes, des cultures et notre islam. L’hégémonie des peuples du Nord est telle que tu te réfères plus volontiers aux penseurs occidentaux qu’aux philosophes musulmans. » Pourtant, le fait qu’Averroès, l’un des plus grands penseurs musulmans, soit occidental, ne doit pas échapper à une brillante intellectuelle comme Nour. Mais c’est justement là, une preuve de l’aveuglement et du cynisme des djihadistes.
Et Rachid Benzine le montre très bien.
Cette vision binaire du monde, nous autres musulmans, en souffrons quotidiennement. Le père de Nour nous le rappelle : « Avant-hier, deux journaux proches des milieux islamistes ont cité mon nom en me décrivant comme un hypocrite, un kāfir, un apostat. Moi qui passe tant de temps en prière, en étude du Coran, je deviens un ennemi à abattre. » Et ce sont nous, les universitaires, qui sommes les plus visés : « Mon crime, tu le connais : chercher la vérité sur notre religion est devenu un sacrilège. » Il y a quelques années, Mohammed Arkoun dénonçait, à juste titre, « les clôtures dogmatiques. » Que faire des repentis qui souhaiteraient revenir parmi « nous » ? Les tuer, les mettre dans des camps de concentration ? Il faut certes les juger. Cependant, tant qu’il y a de l’espoir, il faut leur redonner une chance après leur jugement. Le plus ignoble parmi nous, pourrait retrouver la raison pour œuvrer en vue de la réhabilitation de l’Homme. « Il ne faut pas fixer l’Homme, disait Frantz Fanon, car son destin est d’être lâché. » C’est ce que Rachid Benzine fait dire au père de Nour à plusieurs reprises : « Je t’en supplie, reviens ma petite Nour adorée ! Reviens avec ton mari. Vous vous installerez dans la maison, et moi j’irai habiter la maisonnette au fond du jardin. »
Mais ne nous faisons pas d’illusions. Rachid Benzine nous montre à quel point il est difficile de convaincre un(e) djihadiste comme Rachid Benzine Nour qui, je le répète, est une droit en enfer ! » Ceci, la fille intellectuelle convaincue le sait très bien, disons plutôt d’œuvrer pour le bien de qu’elle s’en est rendu compte. l’humanité ! D’ailleurs, elle Mais je laisse au lecteur le n’hésite pas, dans plusieurs de plaisir de découvrir, par luises lettres, d’essayer de recrut- même, la dernière lettre de er son père : « Papa, viens ! Ici Nour. tu trouveras ton Salut ! » Face à cette idéologie, que La lutte contre le djihadisme ne faire devant l’analphabétisme se gagne pas uniquement sur le religieux qui ronge la France ? terrain militaire. Il faut aussi Que faire lorsque l’État, au mener une bataille idéologique nom de la laïcité, refuse même qui consistera à désacraliser de proposer un enseignement une bonne partie de la littéralaïc du fait religieux ? Nous ne ture religieuse. Il faut oser bris- sommes pas du tout près de er les tabous, déconstruire les sortir de l’impasse. Face à idées reçues non pas dans le l’offre idéologique de Daesh, but de profaner une religion, nous ne proposons rien. Voilà mais pour mieux s’enraciner certainement ce qu’il faut retedans notre foi. Le djihadisme nir de Nour, pourquoi n’ai-je n’est pas venu de nulle part. Il rien vu venir ? que je recomy a une idéologie derrière, mande vivement à tous les basée sur la certitude. Nour le amoureux de la littérature et à fait comprendre à son père : « toutes celles et ceux qui se Le brillant universitaire nourri questionnent sur le phénomène de raison et de spiritualité ne djihadiste. trouve plus les mots pour convaincre sa fille ! » Le seul regret que j’ai c’est de ne rien connaître sur la perPour lutter efficacement contre sonne du père. Où il vit ? le djihadisme, il faut comComment s’appelle-t-il ? « Je mencer par la lutte contre les dois passer le mois prochain certitudes. Rachid Benzine devant un tribunal pour le délit nous le rappelle : « Tu le sais d’apostasie », dit-il. Ce tribunal bien, ma petite Nour : le conse trouve dans quel État ? Si tu traire de la connaissance, ce veux bien répondre à ces quesn’est pas l’ignorance mais les tions, cher Rachid, tu sais où certitudes. Ces certitudes qui me trouver. vous mènent aujourd’hui tout
Le Nobel de littérature 2016 récompense Bob Dylan Le Nobel de littérature décerné au chanteur Bob Dylan Le prix Nobel de littérature 2016 a été attribué à l'auteur-compositeur-interprète américain Bob Dylan. L'auteur de Blowin' in the Wind, The Times, They Are A-Changin, Like a Rolling Stone et Masters of War devient le premier musicien a être récompensé par l'Académie suédoise depuis la création du prix, en 1901. Le protest singer de 75 ans est récompensé « pour avoir créé dans le cadre de la grande tradition de la musique américaine de nouveaux modes d'expression poétique », a annoncé la secrétaire générale de l'Académie, Sara Danius, sous les hourras de l'assistance
dans la majestueuse salle de la Bourse à Stockholm. « Bob Dylan écrit une poésie pour l'oreille », a ensuite expliqué Mme Danius à la télévision publique SVT. « Il est parfaitement acceptable de considérer son travail comme de la poésie. » Selon elle, les membres de l'Académie ont manifesté « une grande cohésion » dans ce choix. Le nom de Bob Dylan circulait comme possible lauréat du prestigieux prix depuis des années, mais peu d'observateurs croyaient que l'académie suédoise couronnerait un chanteur populaire, aussi influent soit-il.
55 ans de carrière Né le 24 mai 1941 à Duluth au Minnessota, Bob Dylan a grandi dans une famille juive de la classe moyenne. Arrivé à New York à tout juste 20 ans, il a rapidement signé un contrat avec Columbia Records, pour laquelle il publie un premier disque éponyme en 1962. Sa carrière a pris son envol dès son album suivant, The Freewheelin' Bob Dylan, qui s'ouvrait avec Blowin' in the Wind. Cette première époque folk, qui fait de lui une authentique icône du mouvement des droits civiques et du pacifisme, a été suivie par un virage rock au milieu des années 60, puis par une époque country quelques années plus tard.
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Bob Dylan est toujours actif aujourd'hui. Il a sorti en mai son 37e album studio, Fallen
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Angels, où il interprète des classiques américains popularisés par Frank Sinatra.
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Actes
Trône d’enfants (Children’s Throne)
Une association dédiée aux enfants signera son acte de naissance le 28 octobre 2016 à Montréal Le lancement de la Fondation Trône d’enfants aura lieu le 28 octobre 2016 sous forme de 5@7 au Desjardins–Montréal Marché Central (1020 rue du Marché Central, Montréal). Cette activité réunira un grand nombre de journalistes, politiciens et gens d’affaires. Une association dédiée aux enfants du monde entier Trône d’enfants (Children’s Throne) est une ONG dédiée aux enfants de partout dans le monde. Organisme sans but lucratif, elle se donne pour mission de soutenir les enfants de toutes les régions du monde et de s’assurer de satisfaire leurs besoins en matière d’éducation, de santé et de sécurité. Trône d’enfants tra-
vaille de pair avec Human Concern International, un organisme à but non lucratif œuvrant dans le domaine du développement durable. La Fondation Trône d’enfants organise plusieurs levées de fonds. La première action prend la forme du lancement d’une ligne de vêtements dont tous les profits iront aux enfants en Palestine. La seconde action aidera les enfants malades du Québec. Trône d’enfants (Children’s Throne) a été mise sur pied à l’initiative Imane Boudaa, 19 ans, étudiante au B.A.A (Bac en Administration des Affaires) à HEC Montréal. Imane, et ses partenaires travaillent depuis plus de 10 mois sur plusieurs
projets humanitaires dont l’association sera le bras exécutif. La relève en action « La Fondation est apolitique : nous aidons les enfants de partout dans le monde, et ce, peu importe leur origine» tiens à souligner Imane. «De plus, en assistant à l’évènement, vous encouragez non seulement une action sociale, mais également la jeunesse entrepreneuriale. Nous sommes les futurs leaders, gestionnaires et directeurs de demain, ceux qui travailleront à vos côtés d’ici quelques années et surtout votre relève. Nous sommes la prochaine génération à intégrer
le monde du travail. Ensemble, nous pourrons opérer un changement positif dans la société, et ce changement com-
Le programme Ambassade de la Jeunesse
de la Fondation Canadienne des Relations Raciales A l’occasion de sa Conférence Nationale des 26 et 27 Octobre à Toronto, la Fondation Canadienne des Relations Raciales et son programme l’Ambassade de la jeunesse recherchent des étudiantes et des étudiants âgés de 18 à 25 ans, de toutes origines, qui partagent sondésir de faire progresser le multiculturalisme, la diversité et l'inclusion dans notre pays.
tiel dans la mise en œuvre des outils d'action pour optimiser l'impact social de la Conférence. Les jeunes seront également encouragés à faire usage des médias sociaux avant, pendant et après la conférence afin d’en élargir la portée.
Les candidats participeront à l’intégralité de la Conférence, tous frais payés, y compris le transport et l’hébergement, et travailleront ensemble sous la direction d’experts reconnus comme le Dr Robert Daum pour représenter activement la jeunesse Canadienne lors des différents ateliers, présentations et autres évènements de la Conférence.
A l’issue de la conférence, les participants seront en charge de la rédaction d’un rapport qui sera soumis à toutes les personnes ayant assisté à la Conférence. Ce rapport pourra servir de point de départ à un article collectif dans la revue HYPERLINK "http://www.crrf-fcrr.ca/fr/bibliotheque/la-revue-directions" Directions ainsi qu’à des développements dans d’autres modules du projet HYPERLINK "http://www.crrf-fcrr. ca/fr/le-canada-notre-pays/sur-le-projet" Le Canada Notre Pays.
Le principal évènement auquel participeront les jeunes sélectionnés pour ce programme sera un HYPERLINK "http://www.integralvision.fr/methodes-integrales/world-cafe/worldcafe.html" Café Découverte, ou des petits groupes réunis autour de tables thématiques, génèrent, dans une atmosphère conviviale et décontractée, des dialogues collaboratifs sur le thème de l’inclusion. Les jeunes, chacun en charge d’une table, animeront ces discussions et rendront compte des idées qui ont été soulevées lors des discussions Les participants au programme seront ensuite appelés à jouer un rôle essen-
Outre la participation à l’intégralité de la Conférence, les jeunes devront être disponibles pour les évènements suivants : à la mi-octobre une téléconférence à laquelle devront impérativement participer tous les jeunes engagés dans le projet et le 25 octobre, tous les jeunes devront participer au grand dîner de l’Ambassade de la Jeunesse qui, comme la Conférence aura lieu à Toronto. Information : "http://www.crrf-fcrr.ca/ fr/le-canada-notre-pays/150histoires/150-histoires-contributeurs/ item/26315-thomas-gallezot" tgallezot@crrf-fcrr.ca" tgallezot@crrffcrr.ca
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mence maintenant, en vous présentant au lancement officiel de la Fondation Trône d’enfants», ajoute-t-elle.
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Points de vue
Dons d’organes
Ce qu’en pensent les théologiens musulmans «Sans contrepartie, non seulement licites, mais fortement encouragés»
Comme tous les pays du monde, le Maroc a célébré le 17 octobre 2016, la Journée nationale de sensibilisation au don d’organes et des tissus, qui coïncide avec la Journée mondiale du don d’organes. Si le cadre législatif avance, notamment avec la promulgation de la loi n°16-98 régissant le don et la transplantation des organes et des tissus humains, les Marocains restent encore hésitants et peu sensibilisés. Pour justifier cette hésitation, certains évoquent la position de l’islam quant à cette question. L’Islam est-il contre le don d’organes ? Les éclaircissements de Mustapha Benhamza et d’Ahmed Kafi.
Une question épineuse Sujet toujours sensible, tabou ou même inconcevable pour la majorité des Marocains, le don d’organes, même après le décès de la personne, reste une question épineuse. Certains brandissent même la position de la religion musulmane, interdisant selon eux ce genre d’opération, sans même se renseigner sur l’actualité en la matière. La Charia autorise-t-elle le don d’organes ? C’est la question que nous avons posée ce mardi à Mustapha Benhamza, président du conseil des oulémas d'Oujda et à Ahmed Kafi, professeur d’enseignement supérieur des études islamiques à l’Université Hassan II de
Casablanca.
Le premier fait un rappel historique de cette question qui s’est invitée au menu de plusieurs rencontres des Oulémas de l’Islam. « Les Oulémas de l’Islam avaient déjà sorti une fatwa sur ce sujet, qui a été abordé pas mal de fois, notamment par le cheikh Abdellah Guennoun (théologien et l’un des plus grands érudits du 20e siècle au Maroc, décédé à Tanger en 1989, ndlr) », déclare Mustapha Benhamza. Pour lui, « l’ensemble des oulémas considèrent cet acte comme un appui, un support et une forme de soutien à autrui », parce que ce genre de dons permet de sauver la vie d’une autre personne. «Hautement recommandé» Dans sa déclaration, le président du Conseil des oulémas d’Oujda insiste sur le fait que le don d’organes est une pratique courante aujourd’hui dans plusieurs pays musulmans. « La greffe, le don et la transplantation disposent actuellement de tout un arsenal du point de vue religieux afin d’encourager cette pratique ». Et d'indiquer que « le don d’organe est hautement recommandé dans la mesure où c’est un geste destiné à préserver la vie d’autrui et de l’aider. C’est un geste humain que les musulmans doivent pratiquer pour
soutenir leurs frères et sœurs. Il faut savoir que les musulmans profitent eux aussi de ces dons dans des pays européens et il y a des gens qui font don de leurs organes sans même connaître les personnes qui vont en bénéficier ».
« Systématiquement sans contrepartie» Acte de matérialisation du sacrifice et de la générosité, pour reprendre les mots de Mustapha Benhamza, notre interlocuteur insiste aussi sur le fait que « si le don intervient après le décès du donneur, il est permis à condition que la finalité soit à 100 % charitable ». A l’argument très souvent utilisé par certains musulmans qui rappellent que « le corps humains reste un cadeau de Dieu et [qu’]il faut le préserver », notre interlocuteur note que « lorsqu’une personne fait don d’un organe, elle sauve la vie et le corps d’une autre. Elle ne décide pas de pratiquer ce prélèvement pour s’en débarrasser ». Et d’ajouter que « l’humain fait ce geste lorsqu’il aime la vie et souhaite la préserver ». Ahmed Kafi, professeur d’enseignement supérieur des études islamiques à l’Université Hassan II de Casablanca, quant à lui, rappelle les conditions mises en place par la réflexion des oulémas sur cette question. « La
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vente ou l’achat d’organes est unanimement interdit. La dignité de la personne est préservée lorsqu’elle ne rentre pas dans ce processus. » Pour le don d’organes, la Charia différencie entre deux aspects : « Le don d’une personne décédée ou en mort encéphalique et le don d’une personne vivante à une autre ». Le premier est « autorisé voire même encouragé dans l’Islam mais avec des conditions », insiste Ahmed Kafi avant d’apporter les précisions. « D’abord qu’il y ait un don, promis, écrit ou déclaré à un proche. Cela doit émaner de la volonté de la personne, sans pression ni contrepartie. Les oulémas insistent sur le fait qu’en cas de contrepartie, notamment matérielle, le don reste formellement interdit par la religion », poursuit-il.
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«Sans danger pour le donneur» Pour le deuxième aspect, la personne toujours en vie et après son accord peut, elle aussi, faire don d’un organe mais avec une condition : « L’expertise médicale doit prouver que l’organe donné n’est pas un membre vital et qu’il n’y aura aucun danger pour le donneur. En cas de danger ou d’impact sur le corps du donneur ou même sur sa psychologie, le don n’est pas autorisé », précise le professeur des études islamiques. « La santé mentale et physique du donneur doit être garantie. On ne peut donc accepter de soigner un malade en rendant un autre patient tout aussi malade que lui. C’est une règle et une base doctrinale de l’Islam », conclut-il ses propos.
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