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Refus de service et expulsions de clients de «type arabe»

«Délit de faciès» dans un café montréalais

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Intolérances : L’extrémisme exclusif québécois continue de se développer dans l’ombre

La Meute compte désormais 43 000 membres…

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Plus diplômés, mais sans emploi

La «situation intolérable» des immigrants qualifiés

Noël à la mosquée … pour défendre l’inclusion et le vivre ensemble

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Coût de la vie

Le panier d’épicerie, 420 $ plus cher en 2017…

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Sports - Cristiano Ronaldo

Beaucoup d’or … et aussi beaucoup d’argent caché

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Aïd al Mawlid Nos meilleurs vœux

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Édito

Conception et Réalisation Graphique : Atlas Média Atlas.Mtl est un produit du. GROUPE ATLAS MEDIA Inc Editeur de. * La Voix des Marocains à Montréal et du site web: www.atlasmedias.com

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Depuis 2002 Groupe Atlas Media Quatorze ans, c’est… • 291 numéros du bimensuel Atlas.Mtl, soit plusieurs milliers d'articles exprimant la sensibilité maghrébine et valorisant la dimension maghrébine de la société dans laquelle nous vivons; • Une cinquantaine d'événements identitaires, artistiques, culturels et politiques; • De nombreux débats, colloques, séminaires et conférences, • 118 reportages sur la communauté pour les chaînes de télévision 2M, AlMaghribia, Ai Aoula, Arrayadia; • 365 émissions radio (de 2002 a 2009); • Un site web ayant accueilli plus de 11 millions de visiteurs depuis 2003 et qui dans sa nouvelle version (mise en ligne début 2012) et qui reçoit en moyenne 2500 visiteurs par jour.

43 000 adversaires pour le vivre ensemble

Éditorial

Editeur : Abdelghani Dades. Directeur Général Rachid Najahi. Rédaction : Abdelghani Dades, Narjisse El-Bakkali, Zahira Ellahgui, Mona Doutabaa, Said Chayane, Reda Benkoula Publicité : Agence Odyssée

Le cas La meute On a eu la Charte d’Hérouxville et le débat sur la Charte des valeurs; et l’histoire a tourné court.

Puis on a eu PEGIDA Québec, organisation xénophobe certainement, un peu raciste peutêtre, certainement islamophobe. Mais l’inspiration germanique et «aryenne» - au sens que donnait à ce concept le national socialisme allemand des années 1930 – 1940 - de ce mouvement a fait que les limites de l’acceptation sociale de sa «philosophie» a vite atteint son terme. Et aujourd’hui, on a La «Meute», un groupe extrémiste québécois dont la page Facebook compte 43 000 «Like», qui veut «grandir» en créant une vingtaine de directions régionales (appelés «clans» comme dans Ku Klux Klan) à travers la Province, qui est capable de lever des fonds et qui l’a prouvé en amassant environ 11 000 $ en trois rencontres. La «Meute» veut maintenant «exercer une influence politique», «créer des alliances, se rapprocher des gens qui ont du pouvoir et s'impliquer dans la politique locale». On veut conscientiser les gens qu'ils ont du pouvoir». et attirer l'attention sur le danger que représente, selon ses membres, l'islamisme radical au Québec. Entre «valeurs» et délire… Pourquoi un tel activisme? Parce que « J'ais pas envie de vivre sous la charia. J'ai pas envie de vivre sous un régime totalitaire islamique », explique l’un des fondateurs du mouve-

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ment. Et comme ça ne suffit pas, il tiens a dire Sa grande crainte : « On s'en va vers ça. Ça a l'air de rien en 2016, mais demain, le monde va faire comme 'Oh', et il va être trop tard.» Le risque est d’autant plus pressant, estime ce grand penseur, que «le Québec est déconnecté de son histoire et de ses valeurs ce qui le rend vulnérable à une montée de l'islamisme radical». Voyez-vous ça! «Québec, Afghanistan; même combat!» serions-nous tentés d’écrire si le sujet incitait un tant soit peu à l’humour ou à l’ironie… Un tel délire serait risible si la Meute - comme PEGIDA Québec et à la multitude de groupuscules actifs sur les réseaux sociaux de même essence - restait confinée dans le monde virtuel sans perspective de croissance. Mais la meute agit et croît : En août, des dépliants sont distribués à plusieurs endroits du Québec. Quelques semaines plus tard, des membres du groupe perturbent une session d'information organisée par des bénévoles qui souhaitent accueillir une famille syrienne. En automne, Des levées de fonds rencontrent une «générosité» qui manque pourtant cruellement lorsque c’est au nom de la solidarité avec les plus vulnérables et les plus démunis qu’on appelle à la générosité des gens. Une affaire sérieuse L’affaire est donc sérieuse. Elle démontre un fait avéré dans de

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nombreux pays du monde mais dont nous nous sommes toujours refusé à croire l’existence au Québec : la montée de l’intolérance et la capacité de nuisance que sont capable de développer des tendances anti vivre ensemble lors qu’elles sont capables de s’organiser. L’affaire, redisons-le, est sérieuse. Mais est-elle prise au sérieux? L’observatoire du SPVM sur les discours haineux s’y intéresse-t-il? Le Centre de Prévention de la Radicalisation menant à la Violence – tout les indices laisse penser que la Meute est l’une des formes de dérives qui sont au cœur de sa mission – documente-t-il le cas? Les autres autorités compétentes québécoises s’en préoccupent-elles? On n’en sait strictement rien; et cette absence d’informations inquiète plus peut-être que l’existence même de la Meute. Au-delà de la Meute Plus fondamentalement, que faisons-nous, collectivement, pour soustraire le Québec à ces tentations d’extrémisme récurrente? Où est, entre autres, le Plan d’action gouvernemental annoncé en juin 2015, pour la prévention des radicalisations et le vivre ensemble qui engageait 11 départements ministériels sous la gouverne du Premier Ministre lui – même? Et comme il est triste d’en être réduit à des questionnements lorsque c’est le devenir d’une société qui est en jeu…

Abdelghani Dades


Célébrations

Noël à la mosquée

… pour défendre l’inclusion et le vivre ensemble Le Centre communautaire Laurentien (CCL) et sa mosquée Al Rawdah, à Cartierville, réuniront musulmans, chrétiens et juifs sous un même toit dans le cadre des festivités de Noël. L’événement intitulé «Célébration de la lumière» permettra aux réfugiés syriens de prendre part au temps des Fêtes. L’initiative est venue de la mosquée Al Rawdah. «Nous avons voulu offrir aux nouveaux arrivants de Syrie un moment de festivités», indique Mehdi Jouhri, chargé de projet et membre de la Muslim Association of Canada (MAC).

ment pour venir en aide aux réfugiés syriens», assure la révérende Paule Klein, directrice de la MCM.

L’idée a été favorablement accueillie par la Mission communautaire de Montréal (MCM) qui dépend de l’église Saint-James. «Nous travaillons souvent avec le MAC qui sont nos partenaires notam-

«Un prêtre catholique d’une mission religieuse de Kahnawake sera également présent. Il présentera un chant de Noël dans une langue des Premières Nations», annonce M. Jouhri.

Selon les initiateurs, la «Célébration de la lumière» est un moment pour consacrer «les valeurs qui nous unissent». «Nous voulons nous réunir pour défendre l’inclusion et le vivre ensemble», indique M. Jouhri. L’événement qui aura lieu le 17 décembre est ouvert à tous. Il réunira un pasteur de l’église protestante SaintJames, un prêtre catholique, un représentant de la communauté musulmane et un rabbin.

Proximité Ce rapprochement entre diverses fois monothéistes à Montréal a pris de plus en plus d’ampleur avec l’arrivée des réfugiés syriens qui sont eux-mêmes issus de différentes communautés religieuses. «Nous avons toujours voulu nous rassembler, mais la présence des réfugiés a été certainement un catalyseur pour réaliser des choses concrètes», convient Mme Klein. Les deux organismes avaient mis sur pied un iftar (la rupture du jeûne durant le mois de ramadan) à l’église SaintJames, cet été. Pour Anwar Alhjooj, un musulman d’origine palestinienne, employé de la MCM et organisateur de l’événement, toutes les bonnes volontés sont bienvenues. «Les besoins des

réfugiés sont immenses et nous ont obligés à ne plus travailler chacun dans son coin et à associer nos efforts.» Mme Klein est convaincue que cette collaboration se poursuivra. «Si par la grâce de Dieu, d’Allah ou de Jéhovah nous sommes encore de ce monde, oui, il faudra que nous continuions à travailler en com-

mun pour le bien de tous», dit-elle. Le Centre communautaire Laurentien et la mosquée Al Rawdah sont affiliés au MAC. Cette association est souvent pointée du doigt pour ses liens avec les frères musulmans d’Égypte. Un lien totalement assumé, mais en réfutant toute accusation de soutien aux groupes extrémistes.

Voici pourquoi cette célébration commune est dans le bon ordre des choses

Compassion, espérance et le sens de la famille

Remona Ali, musulmane et journaliste au Guardian de Londres, vient de publier un article que tout le monde devrait lire. Elle y affirme notamment que «croire que Noël est une insulte aux autres religions relève de la paranoïa».

Le faux mythe de l’«intolérance musulmane» « Chercher à éviter d’offenser les sensibilités des autres religions en édulcorant les traditions de Noël ne fait qu’alimenter le faux mythe de l’intolérance musulmane » explique Remona Ali. Et de citer, entre autres exemples le cas de l’entreprise Starbucks qui a pro-

voqué un emballement médiatique il ya un an de cela, en retirant de ses fameux « gobelets de Noël » tout symbole chrétien. Et cette année 2016, le questionnement revient et avec lui, la peur que si l’on manifeste son identité culturelle et religieuse, on peut offenser les personnes d’une autre religion.

Noël au bureau Dans son article Remona Ali cite à titre d’exemple le cas de ces nombreux employeurs britanniques qui hésitent à organiser des fêtes de Noël dans leurs bureaux et à envoyer des cartes de vœux à leur personnel, craignant d’heurter

sérieusement la sensibilité de ceux qui, dans leur équipe, appartiennent à une minorité religieuse. Certains ont interdit toute décoration et remplacer l’appellatif « fêtes de Noël » par « fêtes de l’hiver ». David Isaac, le nouveau directeur d’Equalities and Human Right Commission, a invité les entreprises à gérer le rapport entre « travail » et « religion » en se fiant à leur « bon sens », soulignant que les employeurs « ne devaient éprouver aucun sentiment de culpabilité » à partager l’esprit de Noël avec leurs collaborateurs.

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Isaac a déclaré dans un entretien au Sunday Times que « la liberté religieuse est un droit humain fondamental que l’on ne peut faire disparaître par peur d’offenser quelqu’un ». Des «scrupules» nuisibles Il y a beaucoup de clichés, estime Isaac, quant à cette perception de la religion sur un lieu de travail. « Il n’y a rien de mal à organiser une fête ou envoyer des cartes de vœux. La plupart des juifs et des musulmans que je connais suivent les préceptes de leur religion mais ils ont conscience de ce qu’est Noël et, en un certain sens, le célèbrent aussi ». C’est la réalité,

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a conclu Isaac, « c’est ce que vivent les gens. Cela doit nous faire réfléchir ». La paranoïa d’offenser Dans ce climat d’inquiétude, un éditorial de Remona Aly sur le Guardian apporte un éclairage :« Cette paranoïa d’offenser les autres sensibilités religieuses a, paradoxalement, des effets contraires à ce que l’on attend ». La journaliste britannique est musulmane. Elle cite un épisode survenu en Suède, après la diffusion d’une nouvelle selon laquelle les décorations de Noël étaient interdites en public pour ne pas

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Célébrations

Voici pourquoi cette célébration commune est dans le bon ordre des choses

Compassion, espérance et le sens de la famille

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froisser les musulmans. Un vrai canular – devenu très vite extrêmement viral, suscitant plus de 43 000 réactions sur Facebook – qui a fait comprendre à quel point le climat était devenu tendu. Et ceci montre bien que vouloir « édulcorer » sa propre identité culturelle, au lieu de créer un climat de détente et de partage pacifique, finit par exacerber les esprits. « Quelles que soient les bonnes intentions de ces employeurs, poursuit la journaliste, leurs peurs finissent par nuire aux minorités qu’ils ne voudraient pas offenser. Sérieusement, pour moi cela n’est pas un problème. Si quelqu’un prononce le mot “arbre de Noël”, ma foi n’est en rien compromise ; si j’entends le Notre Père - que je connais par cœur depuis que je suis enfant - je n’ai pas de sueurs froides. Et je vous confie un autre secret incroyable : beaucoup de personnes qui ne sont pas chrétiennes adorent Noël ». Impossible cependant d’ignorer les

Le lundi 12 décembre 2016 (correspondant au 12ème jour du mois de rabi-a el awal du calendrier hégirien), les musulmans du monde entier célébraient Aïd al Mawlid, fête célébrant l'anniversaire de la naissance du Prophète Sidna Mohammed. La fête d'Al Mawlid n'est pas considérée comme faisant partie des traditions canoniques de l'islam, elle n'existait d’ailleurs et ne semble avoir été mise à l’honneur qu’en l’an 1207,d’abord en Égypte, puis un peu partout ailleurs.

différentes restrictions règlementaires, au goût tristement discriminatoire, mais on remarque que généralement, dans tant de pays de tradition musulmane, chrétiens et musulmans s’échangent des vœux à l’occasion de Noël ou de festivités comme l’Eid al-Adha.

Autre expérience vécue par la journaliste du Guardian: « De nombreuses familles musulmanes, à l’approche de Noël, créent des conversations de groupe sur WhatsApp pour parler de la “traditionnelle dinde halal”, raconte Remona. « Et d’habitude, mes amis athées sont les premiers à m’envoyer une carte de Noël. Pour ne pas parler de mon ami Sikh qui a décidé de m’offrir le film “Rogue One : A Star Wars Story”… quel meilleur cadeau de Noël un sikh pourrait-il faire à une musulmane ? ». Noël, pour unir les gens « Les traditions unissent les peuples et renforcent la société », estime Remona Aly. « Quand mes amis chrétiens, juifs, sikhs et agnostiques m’ont présenté leurs

vœux pour la fête du sacrifice (Aïd al Adha), cela ne veut pas dire qu’ils étaient confus ; ils ont tout simplement reconnu la valeur que cette fête avait pour moi. Quand je partage certains rituels du Shabbat avec mes amis juifs, ou quand je fais mes vœux à mes amis hindous pour leur Diwali, je ne perds absolument pas le sens de qui je suis ; au contraire, cela me fortifie dans ce que je crois, tout en appréciant l’ample pluralité du paysage religieux et culturel qui caractérise le Royaume Uni ». Bien entendu des non-chrétiens pourraient se sentir mal-à-l’aise à dire « Bon Noël », souligne la journaliste britannique. Et qui n’a pas envie de jouer dans une petite scène sur la Nativité, doit être compris. Mais les employeurs qui prennent « des mesures de prévention », pensant a priori que les employés non chrétiens « s’offenseront si on appelle “arbre de Noël” un arbre décoré pendant la période de Noël », ne font que jeter de l’huile sur le feu. Et cette approche, expliquet-elle, « n’aide en rien ceux qui,

comme moi, appartiennent à une minorité religieuse ». « Moi … j’aime Noël car cette fête transmet compassion, espérance, et le sens de la famille ». Et voilà pourquoi, conclut la

journaliste, « je souhaite bon Noël à tous ceux qui le célèbrent, le marquent sur son calendrier ou, tout simplement, le reconnaissent ».

Nos meilleurs vœux non, et fait l'objet d'un jour férié, ou 2 comme c'est le cas au Maroc. C'est avant tout une fête familiale, mettant les enfants à l’honneur et donnant lieu à des cérémonies durant lesquelles des poèmes («Amdah») sont chantés à la gloire du Prophète. Nos meilleurs vœux En cette heureuse occasion, le groupe Atlas media et le bimensuel Atlas.Mtl présentent leurs vœux les meilleurs à l’ensemble des canadomusulmans et prient Dieu le tout puissant d’étendre sa miséricorde à l’ensemble du pays et, dans Son infinie sagesse, de nous préserver de toute dérive.

Une fête populaire Cette fête est depuis, largement répandue dans les pays musulmans, officiellement ou

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Intolérances

Refus de service et expulsions de clients de «type arabe»

«Délit de faciès» dans un café montréalais

Trois clients parmi un groupe de consommateurs d’origine arabe qui se sont vus refuser le service puis ont été expulsés d’un Tim Hortons dans l’arrondissement de SaintLaurent, ont décidé de déposer contre le restaurant des plaintes pour discrimination raciale.

alors dans le restaurant, et il leur a enjoints de quitter les lieux, sans donner de raison.

Le 31 octobre 2016, vers midi, plusieurs clients d’origine arabe se trouvaient dans le restaurant Tim Hortons situé au 2323 boul. Marcel-Laurin. Ces clients ne se connaissaient pas tous avant l’incident et certains d’entre eux fréquentaient déjà ce Tim Hortons sans avoir jamais eu aucun problème. Ce jour-là pourtant, à leur grande surprise et sans aucune raison, le gérant a refusé qu’ils soient servis ou terminent leurs consommations.

Plusieurs des clients visés ont alors quitté l’établissement, mais quatre d’entre eux sont demeurés sur place pour attendre l’arrivée des policiers. Deux policiers sont arrivés quelques instants plus tard. Après s’être entretenus avec le gérant du Tim Hortons, les policiers ont déclaré à ces quatre clients arabes qu’ils n’étaient plus les bienvenus dans le restaurant et qu’ils devaient partir. Ils ont ensuite été escortés à l’extérieur.

Propos et gestes vexatoires D’un ton agressif (« débarrasse-toé d’icitte ») et avec des gestes vexatoires, ce gérant, un individu dans la soixantaine, a ciblé environ sept personnes d’apparence arabe parmi une vingtaine de clients qui se trouvaient

Ceux-ci se sont alors rendus au poste de quartier 7, proche du Tim Hortons, pour porter plainte contre le restaurant. Cependant, étant donné qu’il ne s’agissait pas d’un acte criminel, leur plainte n’a pas été acceptée.

Lorsque certains d’entre eux ont insisté sur leur droit de rester dans le restaurant et de terminer de consommer ce qu’ils avaient commandé, le gérant a menacé d’appeler la police, et il l’a fait.

« On n’a jamais été victime de racisme d’une manière aussi publique, abusive et humiliante », lance l’une des victimes de cet acte discriminatoire par ailleurs étudiant universitaire en génie. « Le gérant du Tim Hortons n’a visé que les personnes d’apparence arabe. C’est du profilage racial pur et simple ». « J’ai presque 40 ans et je n’ai pas été traité nulle part d’une façon aussi discriminatoire et humiliante », ajoute un second plaignant, spécialiste en informatique. « On ne peut pas permettre ni tolérer un tel acte raciste dans une société civilisée, surtout dans une ville aussi multiethnique que Montréal, et en particulier dans un arrondissement à forte concentration moyenne-orientale comme Saint-Laurent ».

Plainte auprès de la Commission des droits de la personne Trois des quatre hommes ont mandaté le CRARR pour les assister dans le dépôt d’une plainte pour discrimination raciale auprès de la Commission des droits de la personne et des droits de la

jeunesse. Ils tentent de rejoindre les autres clients expulsés afin de les inviter à se joindre à eux dans la plainte. Le CRARR réclamera des dommages moraux et punitifs en faveur des trois hommes, une excuse publique ainsi que l’adoption et l’affichage public d’une politique antiraciste à l’intérieur du restaurant Tim Hortons concerné. « Il faut absolument sanctionner avec sévérité ces pratiques discriminatoires, qui ne devraient plus avoir cours au Québec en 2016. Et surtout se poser la question

de savoir si un tel incident n’est pas révélateur d’un problème plus profond, c’est-à-dire, celui du profilage racial et du racisme systémique dans les commerces », déclare M. Fo Niemi, directeur général du CRARR. « Nous faisons appel à la haute direction de Tim Hortons au Canada pour qu’elle s’assure qu’aucun racisme ni profilage racial ne soit pratiqué dans ses restaurants, et qu’elle prenne tous les moyens nécessaires pour réparer le tort causé à ces personnes par le comportement raciste d’un de ses gérants », conclut M. Niemi.

Déferlante raciste aux États-Unis

Agressions de femmes musulmanes, croix gammées et autres actes racistes en hausse de 30% Depuis la victoire de Donald Trump à la présidentielle, les actes racistes sont en hausse aux États-Unis. Derniers exemples en date: deux femmes, dont une policière, ont été agressées lors de deux incidents distincts à New York parce qu'elles étaient musulmanes, et des croix gammées ont été repérées dans le métro. Au sud-ouest du quartier de Brooklyn, l'officier de police Amal Elsokary a été apostrophée par un homme qui l'a menacée de lui couper la gorge et l'a traitée de "pute d'ISIS", l'une des appellations du groupe djihadiste État islamique. Traitée de "terroriste" L'homme a été interpellé, a indiqué la police de New York. Il a été inculpé notamment de délit à caractère raciste ou visant une religion, et placé en détention, selon Eric Gonzalez, procureur de Brooklyn. "Amal Elsokary est l'une des 900 musulmans améric-

ains de la police de New York qui nous protègent. Soyons aux côtés de sa famille", a tweeté le maire de New York, Bill de Blasio au sujet de l'incident. Deux jours plus tard, une employée de la régie des transports de New York qui se rendait sur son lieu de travail a été agressée par un homme qui l'a traitée de "terroriste", avant de la pousser dans les escaliers, occasionnant des blessures à une cheville et un genou. La police de New York a ouvert une enquête qui n'a, pour l'instant, pas permis d'identifier le suspect, a indiqué une porteparole. Actes racistes en hausse d'un tiers Le gouverneur de l'État de New York, Andrew Cuomo, a indiqué pour sa part que des croix gammées avaient été retrouvées dans une rame du métro. Il a évoqué une "vague" d'événements à caractère raciste ou visant une reli-

gion dans le réseau de transports de New York depuis le scrutin présidentiel. La semaine précédente, des tracts du Ku Klux Klan ont été distribués dans deux gares situées à

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Long Island, a rappelé le gouverneur dans un communiqué. "New York continuera à donner l'exemple à notre pays, en protégeant la diversité et nos différences, en s'en prenant au sectarisme et à la haine partout où ils se trou-

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vent", a assuré M. Cuomo. Le chef de la police de New York, James O'Neill, a indiqué récemment que les actes racistes étaient en hausse de près d'un tiers depuis le début de l'année dans la ville.


Intolérances

L’extrémisme exclusif québécois continue de se développer dans l’ombre

La Meute compte désormais 43 000 membres…

Le groupe québécois d'extrême droite la Meute compte désormais plus de 43 000 membres sur sa page Facebook dont l'accès est restreint aux membres. Le groupe tente maintenant d'exercer une influence politique et attirer l'attention sur le danger que représente, selon ses membres, l'islamisme radical au Québec. Le 30 novembre, une trentaine de membres de la Meute se sont réunis dans un restaurant de SaintRaymond, dans la région de Portneuf. À cette occasion, les deux fondateurs, deux anciens militaires, ont accordé une longue entrevue au journaliste Jonathan Montpetit de CBC.

Entre «valeurs» et hystérie « J'ai pas envie de vivre sous la charia. J'ai pas envie de vivre sous un régime totalitaire islamique », explique Éric Venne, connu au sein du groupe sous le pseudonyme Éric Corvus. « On s'en va vers ça. Ça a l'air de rien en 2016, mais demain, le monde va faire comme 'Oh', et il va être trop tard. »

Éric Venne et Patrick Beaudry, ont fondé la Meute en 2015. Les deux hommes soutiennent que le Québec est déconnecté de son histoire et de ses valeurs ce qui, selon eux, le rend vulnérable à une montée de l'islamisme radical. « On s'est fait dire : "Tu es islamophobe". Voyons donc. Ça c'est un mot castrant utilisé par les islamistes pour diminuer nos opinions », soutient Éric Venne, qui a participé à la guerre en Afghanistan avec les Forces armées canadiennes. Les préoccupations en matière d'immigration et la survie de la culture québécoise occupent une part importante des discussions sur la page Facebook des membres de la Meute. Les modérateurs veillent toutefois à supprimer tout commentaire ouvertement raciste ou qui pourrait inciter à la violence. Si la pression des membres est parfois forte pour que la Meute organise des manifestations ou des actions politiques, les deux fondateurs ne sont pas pressés d'exposer leur groupe à l'avant-scène.

Essaimage ou métastase? Éric Venne et Patrick Beaudry veulent plutôt faire grandir davantage leur organisation et en sont à créer une vingtaine de directions régionales qu'ils appellent des clans. « En créant des clans, leur devoir est de créer des alliances et aussi de s'impliquer dans la politique locale. On veut conscientiser les gens qu'ils ont du pouvoir », précise Éric Venne. Une croissance rapide Éric Venne et Patrick Beaudry ont fondé la Meute à l'automne 2015, alors que le Canada ouvrait ses frontières à 25 000 réfugiés syriens. La Meute fait alors partie d'une multitude de groupuscules actifs sur les réseaux sociaux qui dénoncent la montée de l'Islam au Québec. La plupart de ces mouvements ne gagneront jamais d'ampleur, mais la Meute attire rapidement de nouveaux membres. Au début de l'été 2016, plus de 40

000 personnes ont adhéré à la page Facebook de l'organisation et le groupe sort de l'ombre progressivement. Rassemblements, tracts et levée de fonds En août, des dépliants sont distribués à plusieurs endroits du Québec. Quelques semaines plus tard, Éric Venne et des membres du groupe perturbent une session d'information organisée par des bénévoles qui souhait-

ent accueillir une famille syrienne. Le nom du groupe et sa structure organisationnelle sont même repris par des partisans de l'extrême droite en France et en Belgique. Ces dernières semaines, les rassemblements organisés par la Meute ont permis à l'organisation d'amasser environ 11 000 $. Source : Radio-Canada

Vivre ensemble

Une consultation publique sur la discrimination et le racisme systémique en projet

Le ras-le-bol de membres de la communauté musulmane gagne de l’ampleur. En une seule journée, des centaines de voix - et de signatures - se sont ajoutées à une déclaration publique circulant sur Internet, qui dénonce vertement la campagne sur la diversité du gouvernement Couillard jugée « pleine de clichés ». Ses détracteurs réclament aussi que d’ici avril 2017, Québec mette en place une commission publique sur le racisme systémique. Intitulée « Le gouvernement doit cesser de se moquer de la diversité », la déclaration, soutenue par des représentants des communautés culturelles, des professeurs et

des citoyens, démolit point par point la première phase de cette campagne de sensibilisation au vivre-ensemble, qui consiste en des capsules vidéo. « Moins d’une semaine après le fiasco de la vidéo du 375e de Montréal, [la] campagne “ Ensemble, nous sommes le Québec ” […] montre que certains enseignements essentiels n’ont pas été tirés », peut-on lire. On y déplore aussi « l’absence et l’invisibilisation des musulmans » et souligne que, hormis le réalisateur des vidéos Ricardo Trogi, « la diversité de l’équipe des soustraitants [des capsules vidéo] n’a apparemment pas été un critère de sélection. »

Le journal Le Devoir révélait il y a quelques temps que des capsules vidéo de cette campagne lancée par le ministère de l’Immigration (MIDI) avaient profondément choqué les membres d’un comité consultatif sur la prévention de la radicalisation, mis en place par le MIDI.

Plusieurs personnes siégeant à cette Table d’échanges et de travail intersectorielle sur la détection et la prévention de la radicalisation de la violence ont aussi déploré avoir été mis devant le fait accompli alors qu’on avait promis de les consulter. Racisme systémique

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Au cabinet de la ministre de l’Immigration, Kathleen Weil, on assure que l’objectif n’était pas d’exclure qui que ce soit. Mais cette première phase est davantage consacrée au « vivre-ensemble » et à l’importance de s’enrichir de la diversité. « Quand on va traiter d’enjeux plus proches d’eux, ils seront consultés également », a indiqué Gabrielle Tellier, l’attachée de presse de Mme Weil. « Ce sont des gens que la ministre aime consulter. Ce n’était pas son but qu’ils soient mis à l’écart. » Qui a alors été consulté pour cette campagne de pub ? « On s’est basés sur ce qui était dans la

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Politique [québécoise en matière d’immigration, de participation et d’inclusion], et de ce qui s’est dit dans le cadre des consultations parlementaires, a expliqué Mme Tellier. [L’idée] part du ministère, qui a quand même une expertise là-dedans. On s’est basés là-dessus. » La  inistre Weil est consciente que cette campagne ne réglera pas tout, et les résultats d’une consultation sur la discrimination et le racisme systémique, qui se prépare actuellement, viendront l’influencer et l’enrichir, ajoute-ton.


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Vivre ensemble

Un livre pour mieux comprendre

Les musulmans au Québec, entre stigmatisationet intégration de Radouane Bnou-Nouçaïr Le livre sera présenté par son auteur le Samedi 17 Décembre 2016 à partir de 16H00 à Dar Al Maghrib à Montréal (515, Rue VIGer Est, Montréal, H2L 2P1). L’initiative est on ne peut plus opportune, tant le vivre ensemble, appelé de tout ses vœux par le Québec, semble difficile à faire prévaloir.

difficile à cause du développement de la stigmatisation sous l’effet de nombreux facteurs qui sont décrits tout au long de l’ouvrage.

Et pour cause!, L’islam et les musulmans sont aujourd’hui plus que jamais au cœur d’une grande polémique partout en Occident. Les raisons de cette situation sont nombreuses et trouvent souvent leur origine dans l’histoire commune Islam-Occident pleine de conflits.

L’ouvrage «Les musulmans au Québec, entre stigmatisation et intégration» se propose d’explorer les éléments de réponse possibles à cette problématique en se basant sur le cas du Québec.

Les musulmans, par les migrations internationales, se trouvent en nombre de plus en plus croissant dans la plupart des pays occidentaux, tout en y restant minoritaires. Comment peut-on être musulman en Occident? Mais la coexistence de cette communauté en Occident est devenue

Radouane Bnou-Nouçaïr

Cette situation soulève une inévitable question : peut-on être musulman, aujourd’hui, en Occident?

Les objectifs visés par l’ouvrage L’essai signé par Radouane Bnou-Nouçaïr vise essentiellement cinq objectifs : - Contribuer à la réflexion sur les rapports entre les musulmans et la démocratie québécoise; - Apporter un témoignage sur la situation actuelle des musulmans au Québec; - Essayer de dégager des pistes de solutions pouvant contribuer à une meilleure intégration des musulmans au Québec pour

un « Mieux-vivre ensemble »; - Proposer des éclairages sur les notions fondamentales de l’islam qui sont mal interprétées non seulement par les non-musulmans mais aussi par certains musulmans; - Proposer une vision de l’islam et des musulmans différente de celle qui est diffusée par certains médias qui entretiennent la stigmatisation et les amalgames. Aux sources de la stigmatisation Le livre comporte trois parties qui fournissent des éléments de réponses à deux questions fondamentales : 1-L’islam est-il compatible avec la démocratie? 2-Peut-on être musulman au Québec? 3- L’impact des conflits internationaux dans la stigmatisation des musulmans. Il recense ainsi, dans une actualité qui devient histoire contemporaine de la belle province, les éléments générateurs de la stigmatisation des musulmans. Il opère ainsi un retour sur 9 événements qui n’ont semble-t-il pas été suffisamment analysés et expliqués et qui sont, de ce fait vraisemblablement à la source de la stigmatisation au Québec. Il s’agit - des attentats du 11 sept. 2001; - de la crise des accommodements raisonnables (2008); - de la campagne médiatique contre le voile (2012); - de la campagne médiatique contre l’abattage halal (2012); - du projet de charte de la laïcité du PQ (2013); - des attentats terroristes de St-Jean sur Richelieu et Ottawa; - des programmes de lutte contre la radicalisation; - de la «diabolisation» des imams,

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des centres islamiques et des mosquées; - et de la multiplication des lois sécuritaires : C51, 59, 62. La question qui fâche Dans sa deuxième partie l’ouvrage pose la question qui fâche : «L’islam est-il compatible avec les valeurs consensuelles du Québec?»; et il y répond en 7 explications : - Un rappel des 7 valeurs consensuelles du Québec; - Une présentation des principaux aspects de l’islam : une foi et une croyance, une culture, une communauté de croyants et un ensemble de rites et de pratiques (les 5 piliers, les fêtes, etc.); - Des éclairages sur le statut de la femme en islam; - Un essai de réponse à la question «Le voile est-il prosélytique?»; - Une réflexion sur Islam et laïcité; - Quelques considérations sur l’Islam et les droits de l’homme; - Un lecture de la charia intitulée «Connaitre la Charia pour ne plus la craindre» et quelques informations sur la charia, le droit musulman et les tribunaux occidentaux. Interférences internationales Dans sa troisième partie l’ouvrage tente de mesurer l’impact des conflits internationaux sur la stigmatisation des musulmans au Québec. À cet effet il se penche notamment sur : - Les relations islam-Occident : une longue histoire pleine de conflits; - La situation actuelle résulteraitelle d’un choc des civilisations? - L’impact des enjeux du pétrole; - La croisade américaine contre le terrorisme; - Le développement de l’islamophobie depuis le 11 sept.

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2001; - Les attentats en Occidents depuis le 11 sept. 2001; - les médias et l’islam; - les principaux mouvements extrémistes : fondamentalisme, intégrisme, salafisme, etc. - La division chiites-sunnites. Début d’une réflexion Volontairement vulgarisateur, l’ouvrage de R. Bnou-Nouçaïr peut paraître éclectique dans son contenu. Mais il est surtout à vocation didactique. Et son principal apport réside certainement dans l’introduction qu’il constitue à une nécessaire réflexion. Une réflexion qui devrait mener tout lecteur à repenser les idées préconçues, les préjugés et les fausses représentations. En ce sens, il est assurément à lire et à relire. Et avant d’entamer la première lecture, il serait plus que judicieux de venir rencontrer l’auteur ce 17 décembre à Dar al Maghrib.


Emploi

Plus diplômés, mais sans emploi

La «situation intolérable» des immigrants qualifiés

Début décembre 2016, l’Institut du Québec (IdQ), , a publié l’étude Plus diplômés, mais sans emplois. Comparer Montréal : le paradoxe de l’immigration montréalaise; étude réalisée en collaboration avec la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) et Montréal International (MI), par Mia Homsy et Sonny Scarfone

À travers ce travail, les trois organisations – considérant que «L’immigration sera en effet un élément déterminant dans la performance économique de Montréal au cours des prochaines années» - ont voulu analyser en profondeur l’immigration montréalaise, tout en la comparant à celle de 16 autres villes nord-américaines. Les résultats de l’étude confirment éloquemment un fait que l’on subodorait: la situation de l’emploi immigrant en Métropole est, à tout le moins, paradoxale; les immigrants sont généralement plus diplômés que la population dite «native» mais ils sont bien plus fréquemment au chômage. L’étude relève deux causes principales à ce curieux phénomène et appelle à mener une «étude approfondie» au fin de mieux scruter quatre motifs de chômage qui, bout à bout constitue une « exclusion systémique». Et elle s’achève sur une proposition : huit mesures de nature à apporter des correctifs idoines à une situation préjudiciable à tous ces chômeurs hautement qualifiés, mais bien plus à Montréal puisque ainsi, elle est privée de 10% des compétences qu’elle pourrait mobiliser pour améliorer sa performance économique. Ci-après un résumé, des extraits et les principaux faits saillants de l’étude. Diplomation : 33%; chômage : 12,5% Selon les analyses de l’Institut du Québec (IdQ), le taux de diplomation universitaire des immigrants montréalais (33 %) est plus élevé que celui des natifs (24 %), alors que c’est plutôt l’inverse dans 13 des 16 autres villes étudiées. Cet écart en faveur des immigrants s’explique principalement par le faible niveau de scolarité des natifs, nettement inférieur à celui des natifs des autres villes, tandis que le niveau de scolarité des immigrants est supérieur à la moyenne de celui

des autres villes.

« Bien que les immigrants montréalais soient parmi les plus scolarisés en Amérique du Nord et que leur taux de diplomation universitaire soit plus élevé que celui des natifs montréalais, c’est ici que leur intégration au marché du travail est la plus difficile, notamment pour ceux qui détiennent un diplôme universitaire », affirme Raymond Bachand, président de l’Institut du Québec (IdQ). « Cette situation intolérable appelle à une mobilisation urgente et à la mise en œuvre rapide des huit propositions concrètes et audacieuses proposées dans notre étude », soutient Mia Homsy, directrice de l’IdQ. À Montréal, le taux de chômage des immigrants détenant un diplôme étranger s’élève à près de 12,5 %, alors qu’il est d’environ 7 % pour ceux détenant un diplôme canadien. Si la tendance est simi-

effet diminué de 10 % à Montréal depuis 2006. Dans ce contexte, il est clair que la métropole a réellement besoin de l’apport de tous ses immigrants pour contrer cette baisse. Ces résultats démontrent donc que Montréal n’a pas seulement besoin d’immigrants pour renouveler sa population active, mais que la main d’oeuvre qu’elle reçoit de l’étranger est scolarisée, ce qui améliore sa moyenne sur le plan du niveau de scolarité bien plus que nulle part ailleurs en Amérique du Nord. Ces affirmations sont d’autant plus vraies pour l’immigration montréalaise récente, souligne également l’étude Les causes d’une «situation intolérable» • Deux causes ont été identifiées dans ce rapport : – Le manque de reconnaissance des compétences et des diplômes

Scolarité des natifs et des immigrants • Le niveau de diplomation universitaire des immigrants montréalais est plus élevé que celui des natifs. Dans 13 des 16 autres villes étudiées, c’est plutôt l’inverse. • Le niveau de scolarité des immigrants montréalais est supérieur à celui des immigrants dans la plupart des villes comlaire à Toronto et à Vancouver, elle est plus prononcée à Montréal. De plus, quand les immigrants montréalais possédant un diplôme étranger décrochent un emploi, près de 63 % d’entre eux sont surqualifiés pour le poste qu’ils occupent (taux semblable à Vancouver, mais nettement supérieur à Toronto). 10% de travailleurs qualifiés sur la touche En raison du vieillissement de la population, des besoins en maind’œuvre ont commencé à se faire sentir dans la région métropolitaine de Montréal. Lorsqu’on exclut les immigrants, le principal bassin de travailleurs potentiels – les personnes âgées de 25 à 54 ans – a en

parées; par contre, le niveau de scolarité des natifs est le plus faible parmi toutes les villes nord américaines analysées.

• Les immigrants contribuent à rehausser le niveau de diplomation universitaire de la population montréalaise de façon beaucoup plus marquée que dans les autres villes.

Raymond Bachand

étrangers : c’est à Montréal que l’écart entre le taux de chômage des immigrants et celui des natifs est le plus prononcé parmi les détenteurs d’un diplôme universitaire. À Montréal, le taux de chômage des immigrants détenant un diplôme étranger s’élève à près de 12,5 %, alors qu’il est d’environ 7 % pour ceux détenant un diplôme canadien. La tendance est semblable à Toronto et à Vancouver, mais dans une moindre mesure. Il est intéressant de noter que même les natifs sont pénalisés lorsqu’ils détiennent un diplôme étranger. – Le manque de reconnaissance de l’expérience de travail à l’étranger : à Montréal, tout comme à Toronto et à Vancouver, le taux de chômage des immigrants baisse considérablement après 10 ans. Notons cependant que plusieurs autres

Intégration des immigrants au marché du travail • C’est à Montréal que le taux de chômage des immigrants est le plus élevé parmi toutes les autres villes analysées. • Montréal enregistre le plus large écart entre les immigrants et les natifs pour ce qui est du taux de chômage. Dans la plupart des autres villes étudiées, le taux de chômage des immigrants est

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même inférieur à celui des natifs. • Alors qu’ils sont plus scolarisés que les natifs, les immigrants ont beaucoup plus de difficulté que ces derniers à trouver un emploi à Montréal; les problèmes d’intégration en emploi des immigrants montréalais sont plus marqués que dans les autres villes comparées.

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facteurs peuvent influencer cettediminution du chômage, comme la migration vers d’autres provinces ou la qualité du réseau de contacts, par exemple. • D’autres facteurs plus systémiques devront être approfondis dans le cadre de nouvelles études : les difficultés qu’éprouvent les immigrants à s’intégrer au marché du travail ne se cantonnent pas à un domaine professionnel ou à une industrie en particulier. Elles sont systémiques et généralisées. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation, notamment 1) le facteur linguistique; 2) un marché du travail plus rigide; 3) un plus faible niveau de scolarité des natifs qui limite les perspectives d’emploi des immigrants occupant souvent des postes moins qualifiés au départ; 4) la discrimination. Cette étude, qui présente un aperçu des enjeux, n’offre pas toutes les réponses désirées. Des études supplémentaires devront donc être réalisées afin d’identifier les autres causes systémiques qui freinent l’intégration des immigrants au marché du travail. Le bilan de l’immigration montréalaise réalisé dans cette étude a permis de dégager plusieurs constats. Huit propositions sont mises de l’avant pour améliorer la situation et peuvent être consultées dans le rapport complet : Plus diplômés, mais sans emplois. Comparer Montréal : le paradoxe de l’immigration montréalaise.


Emploi

Les huit propositions de l’Institut du Québec pour une meilleure intégration des immigrants L’Institut du Québec conclue son étude en émettant huit propositions pour corriger la situation. Les voici : 1. Aller au-delà des seuils d’immigration annuels et se concentrer davantage sur l’immigration annuelle « nette », qui tient compte des arrivées réelles et des départs des immigrants. 2. Favoriser l’attraction d’immigrants ayant des diplômes décernés par des institutions dont la réputation et les standards de qualité sont semblables à ceux des établissements canadiens en ajustant le pointage dans la grille de sélection. 3. Changer le paradigme des ordres professionnels : 1) les obliger à offrir aux immigrants, en collaboration avec les établissements postsecondaires, des formations d’appoint de courte durée dans un délai de moins d’un an après réception de la demande; 2) tirer profit des progrès réalisés en matière de mobilité de la main-d’oeuvre dans le cadre de l’Entente France-Québec; ainsi, une reconnaissance des compétences de facto pourrait s’étendre au reste du Canada, aux États-Unis et à l’Union européenne pour les métiers et professions ayant déjà fait l’objet d’une harmonisation des compétences.

4. Améliorer l’adéquation entre les compétences des immigrants et la demande des employeurs - 1) en privilégiant l’accueil d’immigrants ayant obtenu une entente préalable avec un employeur établi au Québec et en favorisant la rétention de ceux qui ont un permis de travail temporaire; - 2) en priorisant les

campagne de sensibilisation massive visant à mieux faire connaître le Programme de l’expérience québécoise ainsi que les ressources et programmes disponibles en matière d’accès à l’emploi. Montréal International a démarré un projet en ce sens qui se prolongera jusqu’en 2019.

Intégration en emploi des immigrants selon leur période d’arrivée • À Montréal, l’écart entre le taux de chômage des récents immigrants (arrivés depuis moins de cinq ans) et celui des natifs est comblé à environ 70 % après 10 ans au pays. • À Toronto et Vancouver, la réalité est plus favorable aux immigrants, car 80 % de l’écart entre le taux de chômage des immigrants et des natifs est com-

immigrants dont la formation répond aux besoins de maind’oeuvre actuels et anticipés au cours des 5 à 10 prochaines années. 5. Faire passer de 4 000 à plus de 10 000 le nombre d’étudiants étrangers qui restent à Montréal chaque année à l’aide d’une

7. Interdire la discrimination à l’embauche en fonction du lieu de l’acquisition de l’expérience

blé 10 ans après l’arrivée au pays. • La baisse du taux de chômage dans le temps indique que l’expérience de travail acquise en dehors du Canada est peu valorisée par les employeurs. Ce constat est aussi valable pour Montréal que pour Toronto et Vancouver

6. Miser sur la première expérience de travail en dirigeant une large part des programmes d’aide à l’intégration des immigrants en emploi vers les entreprises, afin de subventionner des stages pour les immigrants (il est préférable de viser des stages d’une durée de plus de quatre mois);

8. Étendre les programmes d’intégration en emploi actuellement destinés aux immigrants pour les rendre également acces-

Intégration en emploi selon le niveau de scolarité et la provenance du diplôme • Pour tous les niveaux de scolarité, Montréal tire fortement de l’arrière en ce qui concerne le taux de chômage des immigrants, alors que c’est plutôt le contraire pour les natifs.

• À Montréal, l’écart entre le taux de chômage des immigrants et des natifs est plus considérable pour les détenteurs d’un diplôme universitaire. La tendance est similaire à Toronto et à

de travail, à l’instar de l’Ontario;

Vancouver, mais dans une moindre mesure. • À Montréal, le taux de chômage des immigrants possédant un diplôme étranger s’élève à près de 12,5 %, alors qu’il est d’environ 7 % pour ceux qui détiennent un diplôme canadien. La tendance est semblable à Toronto et à Vancouver, mais de façon moins prononcée.

sibles aux immigrants temporaires.

Les institutions qui ont dressé le constat L’Institut du Québec Issu d’un partenariat entre Le Conference Board du Canada et HEC Montréal, l’Institut du Québec axe ses recherches et ses études sur les enjeux socioéconomiques auxquels le Québec fait face. Il vise à fournir aux autorités publiques et au secteur privé les outils nécessaires pour prendre des décisions éclairées, et ainsi contribuer à bâtir une société plus dynamique, comve et prospère.

La Chambre de commerce du Montréal métropolitain La Chambre de commerce du Montréal métropolitain compte plus de 7 000 membres. Elle a pour mission d’être la voix du milieu des affaires montréalais et d’agir pour la prospérité de la métropole. Elle s’engage dans des secteurs clés du développement économique en prônant une philosophie d’action axée sur l’engagement, la crédibilité, la

proactivité, la collaboration et l’avant-gardisme. La Chambre offre également une gamme de services spécialisés aux particuliers et aux entreprises de toutes tailles afin de les appuyer dans leur croissance ici et à l’international.

Montréal International Montréal International (MI) agit comme moteur économique du Grand Montréal pour attirer de la richesse en provenance de

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l’étranger, tout en accélérant la réussite de ses partenaires et de ses clients. MI a comme mandats d’attirer dans la région métropolitaine des investissements étrangers, des organisations internationales et des talents stratégiques, ainsi que de promouvoir l’environnement concurrentiel du Grand Montréal. L’organisme s’emploie également à identifier les enjeux prioritaires liés à l’attractivité de la région et à présenter des recommanda-

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tions aux instances gouvernementales pour soutenir les secteurs à haute valeur ajoutée et créateurs d’emplois au Québec. Créé en 1996, Montréal International est un organisme à but non lucratif, financé par le secteur privé, les gouvernements du Canada et du Québec, la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) et la Ville de Montréal.


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Emploi

Programme Emplois d’été Canada

Embauchez des jeunes et obtenez une subvention salariale Depuis le 7 décembre 2016 au 20 janvier 2017, les employeurs de partout au pays peuvent présenter une demande de financement au gouvernement fédéral afin de pouvoir embaucher de jeunes Canadiens l’été prochain. Les étudiants embauchés pourraient commencer à travailler dès avril 2017. Les employeurs du secteur public et les petites entreprises comptant 50 employés ou moins peuvent recevoir une subvention allant jusqu’à 50 % du salaire horaire minimum. Les organismes sans but lucratif peuvent recevoir jusqu’à 100 % du salaire horaire minimum, de même que les charges sociales. À travers ce programme, le gouvernement «reconnaît que les jeunes Canadiens d’aujourd’hui sont des leaders et qu’ils ont une grande influence au sein de notre société» et estime qu’à ce titre «Ils méritent d’avoir toutes les chances possibles de réussir. Si vous êtes-vous propriétaire

d’une petite entreprise ou dirigeant d’un organisme sans but lucratif et que vous avez-vous besoin d'employés supplémentaires au cours de l’été 2017 - qui sera marqué par le 150e anniversaire de la Confédération du Canada – le gouvernement vous invite à «faire comme des milliers d’autres employeurs et embauchez un étudiant pour l’été grâce au soutien financier du gouvernement du Canada». «À titre d’employeur participant au programme Emplois d’été Canada, vous stimulerez l'économie locale en créant des emplois. De plus, vous permettrez à des jeunes d'acquérir l’expérience pratique dont ils ont besoin pour entreprendre leur carrière.» poursuit le communiqué émit à ce sujet par le gouvernement. «Ces étudiants apportent également de nouvelles idées, de l’énergie et du dynamisme au sein de l’organisme qui les embauche».

Un exemple Mikayla Payette, qui travaille à la Réserve écologique Forêtla-Blanche, a récemment raconté son expérience avec le programme : « Je veux étudier la biologie marine ou la biologie animal en général; mon expérience ici m’aide donc beaucoup, parce qu’elle me permet de voir les animaux dans leur milieu naturel. Cela me permet de faire l’expérience de la nature dans une réserve. C’est du travail autonome. Beaucoup d’étudiants n’ont pas cette possibilité. C’est un bon endroit pour apprendre à s’organiser, et découvrir ce qu’on peut faire et comment le faire. Organiser mon propre travail me permettra de perfectionner mes qualités de leader. » Emplois et priorités Les emplois créés appuient également les priorités locales et favorisent le développement communautaire. Le programme Emplois d’été Canada 2017 mettra l’accent sur les demandes qui répondront à un certain nombre de

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priorités nationales, notamment : • aider les employeurs qui participent à l’accueil et à l’établissement des immigrants (y compris les réfugiés syriens) au Canada; • aider les employeurs qui embauchent des Autochtones; • favoriser les occasions d’emploi dans les secteurs des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques ainsi que dans le secteur des technologies de l’information et des communications; • aider les employeurs participant aux activités entourant le 150e anniversaire de la Confédération canadienne; • aider les petites entreprises à devenir plus novatrices, concurrentielles et prospères, en reconnaissance de leur contribution importante à la création de nouveaux emplois. Comment postuler Au cours des dernières années, le programme Emplois d’été Canada a financé une grande variété de

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projets, notamment des camps de soutien pour les enfants souffrant de troubles médicaux, physiques ou cognitifs, ou encore des programmes de lecture parrainés par des bibliothèques. Le processus de demande est simple. Les employeurs peuvent soumettre leurs demandes en ligne à l’adresse Canada.ca/emplois-etecanada<https://www.canada. ca/fr/emploi-developpementsocial/services/financement/ emplois-ete.html> d’ici le 20 janvier 2017. Le programme Emplois d’été Canada a accordé des subventions à des milliers d’employeurs et a permis de créer des centaines de milliers d’emplois pour étudiants. Au cours de l’été 2017, profitez de l’occasion d’aider votre petite entreprise ou votre organisme public ou sans but lucratif à profiter des talents de jeunes Canadiens dynamiques et enthousiastes, tout en permettant à ces derniers d’acquérir une expérience de travail qui les aidera à se préparer à leur propre carrière.


Nos confrères ont la parole

Les immigrants montréalais sont les moins bien intégrés au marché du travail

Beau paradoxe! Noura Jatta (Voix d'ailleurs) 10 décembre 2016 Les nouveaux arrivants, dont la majorité a été acceptée dans le pays en considération de leurs compétences professionnelles, continuent à être victimes de discrimination sur le marché du travail montréalais. Les plus récentes statistiques concluent que l’intégration des immigrants au marché du travail se fait plus difficilement à Montréal que dans le reste du Canada, le taux de chômage chez les immigrants étant supérieur au taux de chômage moyen des Canadiens : l’écart est 10 pc contre 6 pc à Toronto et 5 pc à Vancouver. Beau paradoxe : les immigrants ont un niveau de scolarité plus élevé que les Canadiens d’origine, alors que le taux de chômage des immigrants détenant un diplôme étranger est de 12,5 pc contre 7 pc pour ceux titulaires d’un diplôme canadien. L’analyse indique que les facteurs qui expliquent cette inégalité sont nombreux et complexes, et relèvent de la responsabilité de divers acteurs. La première est liée au fait que les immigrants ont de la difficulté à faire reconnaître leurs acquis : la scolarité et l’expérience de travail obtenues à l’étranger sont médiocrement reconnues par les employeurs. La deuxième tient à des faiblesses des immigrants

relatives à des aspects importants pour le marché de l’emploi québécois : méconnaissance de l’anglais, manque d’expérience de travail canadienne, absence d’un réseau professionnel et finalement difficulté de répondre rapidement aux conditions requises par les ordres professionnels. La troisième tient au fait que les employeurs font parfois preuve de discrimination. L’IdQ, en collaboration avec la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) et Montréal International (MI), vient de publier une étude sur la question. Pourtant, selon ses analyses, la diplomation universitaire des immigrants montréalais (33 pc) est plus élevée que celle de ceux qu’elle appelle les «natifs» (24 pc), alors que c’est plutôt l’inverse dans 13 des 16 autres villes étudiées. Cet écart s’explique principalement, selon l’Institut, par le faible niveau de scolarité des natifs, par rapport à ceux des autres villes, et celui de ses immigrants, supérieur à la moyenne. Pourquoi? Le manque de reconnaissance des compétences et des diplômes ainsi que de l’expérience de travail obtenus à l’étranger sont montrés du doigt comme la principale cause au problème. Selon Raymond Bachand, les ordres professionnels au Québec sont particulière-

ment rigides. «C’est scandaleux! dit-il. Les infirmières ont pris le virage et des ententes avec la France semblent bien fonctionner. Mais sinon, il faut tout recommencer comme si tu avais 25 ans… C’est pourtant le même corps humain partout. Et un plombier est un plombier !.» On exige des immigrants, poursuit M. Bachand, de refaire leurs qualifications, 25 ans après être sortis de l’université, sans tenir compte de leur expérience réelle. «On devrait exiger un stage ou une formation, d’un maximum de quelques mois». La question linguistique n’a pas été abordée dans l’étude. Pour bien des emplois, notamment universitaires, la maîtrise du français et de l’anglais est pourtant exigée, ce qui n’est pas le cas ailleurs au pays. «Bien sûr, cet enjeu est plus important ici que dans le reste du Canada, dit Raymond Bachand. Ça complexifie la donne.» Le lieu de diplomation des immigrants n’a pas non plus été identifié, de sorte qu’il n’est pas possible de savoir si les préjugés des employeurs québécois sont

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plus grands envers certains pays que d’autres. Besoin urgent de se mobiliser Pourtant, chaque employé compte. En raison du vieillissement de sa population, les besoins de maind’œuvre dans la région métropolitaine de Montréal ont commencé à se faire sentir, note l’IdQ : lorsqu’on exclut les immigrants, depuis 2006, le bassin des 25 à 54 ans a diminué de 10 pc. «C’est 115.000 personnes de moins! dit Raymond Bachand. C’est la recette pour une décroissance. Il s’agit d’un enjeu de société. On a besoin d’intégrer la nouvelle main-d’oeuvre.» Quoi faire? La directrice de l’IdQ, Mia HomsyIl, estime que la situation est «intolérable» et appelle à une mobilisation et à la mise en œuvre rapide de huit propositions mises de l’avant dans l’étude. «Il faut des solutions agressives, en raison d’un taux anormalement élevé de gens au chômage», dit-elle. Même si l’étude n’a pas mesuré le lien entre la provenance des diplômes et le taux de chômage, l’IdQ

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suggère d’ajuster le pointage dans la grille de sélection pour favoriser les immigrants qui ont des diplômes décernés par des institutions «dont la réputation et les standards de qualité sont semblables à ceux des établissements canadiens». L’Institut propose aussi de «changer le paradigme des ordres professionnels», notamment en mettant sur pied des formations d’appoint de courte durée, dans un délai de moins d’un an après réception de la demande. La rétention des étudiants étrangers (dont les diplômes sont canadiens, donc un atout) fait partie des propositions: l’IdQ suggère de faire passer de 4000 à plus de 10000 le nombre d’étudiants étrangers qui restent à Montréal chaque année. A l’instar de l’Ontario, l’Institut souhaite voir interdire la discrimination à l’embauche en fonction de là où a été prise l’expérience de travail. «Les employeurs ontariens n’ont plus le droit de prioriser l’expérience de travail canadienne», dit Raymond Bachand.


Nos confrères ont la parole

La Royal Air Maroc déploie ses ailes… … et se dote d’un nouveau service pour les passagers en correspondance Selma Régragui (Voix d'ailleurs) 12 décembre 2016 Alors que certaines grandes compagnies aériennes internationales ne proposent que collations et breuvages lors des attentes pour les correspondances, les passagers qui choisissent de voyager avec la compagnie aérienne marocaine RAM se verront offrir des services de qualité à l’aéroport de Casablanca, lors de leurs escales en attendant d’être transportés vers leurs destinations. Tout pour le confort des clients de la compagnie, des bons pour les repas et l’hébergement, dépendamment, du temps que prendront les escales. Deux catégories de bénéficiaires de ce service : Des passagers en correspondance en classe économique, autorisés à sortir de l’aéroport de Casablanca. Ceux-là, pourront bénéficier, si la correspondance est inférieure à 4 heures d’une assistance au niveau de la zone de transit pour accueillir et orienter les passagers. Pour les correspondances entre 4 et 8 heures, un bon pour repas est distribué aux passagers et pour celles qui sont

supérieure à 8 heures, un bon pour hébergement est aussi octroyé à la clientèle de la compagnie. En première classe, les passagers se verront offerts pour les correspondances supérieures à 8 heures, un voucher hébergement. La catégorie des passagers de classe économique en correspondance non-autorisés à sortir de l’aéroport de Casablanca auront, et même si leur temps d’attente à l’aéroport serait inférieur à 4 heures, une assistance au niveau de la zone de transit pour les accueillir et les orienter. Pour une correspondance entre 4 et 8 heures, les passagers auront droit à un bon pour repas comprenant : le petit déjeuner entre 05h00 et 10h00, le déjeuner entre 11h30 et 14h30 et le dîner entre 19h00 et 22h00. Lorsque la correspondance est supérieure à 8 heures, un bon pour hébergement est distribué aux passagers leur donnant accès à un hôtel à l’intérieur de la zone d’embarquement. L’administration de la compagnie signale qu’en cas d’indisponibilité des chambres d’hôtel, un salon est

mis à la disposition des passagers pour pouvoir y relaxer en attendant leur correspondance. Toujours dans une optique d’offrir à sa clientèle un service privilégiant le confort et l’accessibilité facile des passagers au niveau du Terminal 3, porte B13 – Terminal 2 à la sortie de la zone de transit, une navette est mise à la disposition de ces derniers toutes les 30 minutes.

Le rehaussement du niveau des prestations de c reste un gage de respect envers une clientèle qui s’ouvre aux nouvelles approches stratégiques de la compagnie. La conjoncture impose une concurrence féroce entre les compagnies aériennes et ne reste dans le ring que le meilleur stratège. Par conséquent, toute offre servant le client et faisant de lui la personne à satisfaire, par excellence, du décollage à

l’atterrissage sera la bienvenue et ajoutera à la crédibilité de la compagnie une brique de plus dans la consolidation d’une relation de confiance entre la Royale Air Maroc et sa clientèle. Toutes les informations sont disponibles sur le site de la Royal Air Maroc au : royalairmaroc.com ou contactez votre agence de voyage.

Laurent Lamothe : Le Maroc est notre priorité et nous reconnaissons son intégrité territoriale Voix d'ailleurs 9 décembre 2016 L’ancien Premier ministre d’Haïti Laurent Lamothe a affirmé que la décision souveraine de son pays d’annuler la reconnaissance de la pseudo «Rasd» émane du fait que son pays considère le Maroc comme une priorité et que la reconnaissance de l’intégrité territoriale du Royaume est dans

l’intérêt des relations avec le reste du monde.

«Il y a eu un lobby énorme pour essayer de bloquer cette décision. On a tenu ferme et on a dit que le Maroc est notre priorité et on reconnait l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc», a souligné M. Lamothe dans un entretien diffusé, jeudi soir, par la chaîne

Médi1 TV.

«Nous avons pris une décision souveraine (…), dans l’intérêt des relations avec le reste du monde parce que le Maroc est un grand pays», a-t-il assuré. Si le précédent gouvernement haïtien avait reconnu l’entité fantoche, en 2006, Haïti allait, sept

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ans après (le 7 octobre 2013), annuler cette décision en bravant «beaucoup de pressions» de pays qui supportaient la pseudo «Rasd».

«Vous avez un passé glorieux, vous êtes une Nation spéciale», a relevé M. Lamothe, notant que son pays «a tenu à avoir cette solidarité avec le Maroc, à le faire

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pour montrer au reste du monde qu’il faut suivre l’exemple d’Haïti ». Le prix du Forum Medays 2016 de solidarité a été remis, mercredi soir à Tanger, au peuple d’Haïti au nom de son ancien Premier ministre, Laurent Lamothe. Atlasinfo avec MAP


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Votre argent

Les crédits d’impôt sont-ils équitables? «Ils profitent surtout aux riches» estime le Centre canadien de politiques alternatives … Les crédits d’impôt en tout genre coûtent cher au Trésor fédéral. Mais sont-ils équitables ? Le Centre canadien de politiques alternatives estime que non et invite Ottawa à prendre en compte la progressivité des mesures fiscales pour déterminer lesquelles conserver. Les dépenses fiscales désignent toutes les mesures réduisant l’impôt d’un contribuable, du crédit d’impôt pour les frais de garde d’enfants à celui pour les cotisations à un REER en passant par les déductions de gain en capital lors de la vente d’un immeuble locatif. Le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) en a recensé 64 qui, à elles toutes, ont privé Ottawa de 103 milliards de dollars en 2011. (À titre de comparaison, les revenus totaux d’Ottawa cette année-là se sont élevés à 250 milliards.)

Le problème, selon le CCPA, c’est que la très grande majorité de ces déductions profitent aux contribuables les plus riches. Le CCPA a réparti les contribuables en dix groupes de taille égale allant des plus pauvres aux plus riches et a calculé, pour chacune des mesures, quel pourcentage des bénéfices allait à chacun de ces déciles. Résultat : il n’y a

que 8 des 64 mesures dont 30 % ou plus des bénéfices vont aux cinq déciles les plus pauvres. Pour la très vaste majorité de ces mesures, ce sont les plus riches qui empochent.

Du lot des mesures jugées progressives, il y a la Prestation fiscale pour le revenu de travail. Cette mesure, instaurée par les conservateurs, vise à encourager les travailleurs à faible revenu à rester sur le marché du travail. Elle prive Ottawa d’un milliard de dollars par année. Ceux qui en bénéficient le plus gagnent entre 12 000 et 17 000 $ par année. Le supplément remboursable pour frais médicaux (coût de 135 millions) est aussi une mesure très progressive : le CCPA calcule que ce sont les gens gagnant entre 12 000 et 38 000 $ qui empochent le plus. Mesures inégalitaires À l’opposé, certaines dépenses fiscales sont jugées extrêmement inégalitaires parce que profitant au décile le plus riche (84 000 $ ou plus). C’est le cas de la déductibilité des options d’achat d’actions versées à des employés en guise de rémunération. Cette mesure prive Ottawa de 740 millions par année. Pourtant, aucune personne gagnant moins de 215 000 $ par an n’en

bénéficie. D’ailleurs, les libéraux de Justin Trudeau ont promis en campagne électorale de réduire la portée de cet avantage.

Le fractionnement du revenu de pension pour les retraités, également instauré par l’équipe de Stephen Harper, est lui aussi très inégalitaire : les 975 millions perdus vont en totalité aux 30 % des contribuables les plus riches. La déduction pour gains en capitale, elle, coûte 3,8 milliards, et 92 % de cette somme est allée au décile le plus riche. Mais faut-il vraiment s’étonner que les plus riches, qui payent plus d’impôts, soient ceux qui récupèrent le plus d’argent lorsqu’un congé fiscal est consenti ? L’auteur de l’étude, l’économiste David Macdonald, estime qu’il n’y a rien d’automatique à cet égard. On pourrait choisir d’offrir un crédit d’impôt aux personnes travaillant au salaire minimum, illustre-t-il, comme on a choisi de ne pas imposer les revenus tirés de l’assistance sociale ou du Supplément du revenu garanti (SRG). « Il n’est pas nécessaire que ce soit les plus riches qui bénéficient le plus des dépenses fiscales », soutient M. Macdonald. Il donne l’exemple des

REER : selon lui, la majorité des Canadiens n’y versent pas le maximum permis d’environ 26 000 $ par année (selon Statistique Canada, 88 % des contribuables ont des cotisations inutilisées). Selon M. Macdonald, en abaissant du tiers ce maximum, Ottawa récupérerait jusqu’à 10 milliards et pourrait ainsi doubler le SRG des personnes âgées défavorisées.

Trudeau se sont engagés à revoir dans leur ensemble les dépenses fiscales fédérales et à éliminer certaines d’entre elles, notamment pour simplifier la déclaration de revenus. Le budget de 2016 indique que le gouvernement est « résolu à faire en sorte que les dépenses fiscales fédérales soient équitables pour les Canadiens ».

Les libéraux de Justin

Coût de la vie

Le panier d’épicerie, 420 $ plus cher en 2017… Les familles canadiennes auront peut-être à payer jusqu'à 420 $ supplémentaires pour leur panier d'épicerie l'année prochaine, et le président désigné Donald Trump serait en partie à blâmer pour cette hausse, selon les auteurs de l'étude. L’auteur principal du rapport annuel sur les prix des aliments, Sylvain Charlebois, de l'Université Dalhousie à Halifax, cite les perturbations

météorologiques, les coûts énergétiques et la faiblesse du dollar canadien comme facteurs expliquant l'augmentation prévue.

Charlebois, qui est également professeur en distribution et en politique alimentaires à l'Université Dalhousie.

Un autre facteur pourrait contribuer à l’augmentation du prix des aliments : l’élection du nouveau président des États-Unis, Donald Trump.

L’étude souligne aussi que si le nouveau gouvernement américain réussit à expulser des travailleurs illégaux, l’industrie agricole américaine connaîtra une pénurie de travailleurs.

« Les consommateurs canadiens devront payer plus à l’épicerie (à cause de lui) », croit Sylvain

« Vous allez voir de nombreux fermiers désespérés », dit Sylvain

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Charlebois.

« Cela pourrait avoir un impact sur le rendement de l’agriculture partout en Amérique du Nord, poursuit-il. Parce que nous importons beaucoup de produits des États-Unis, le coût de ces aliments pourrait augmenter. » Viandes et légumes : +6% La hausse du prix des aliments devrait idéalement osciller entre 1 % et 2 % par année, suivant la

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courbe de l'inflation. À ce rythme, l’augmentation est gérable pour les restaurants, les épiceries et les consommateurs. L’étude prévoit que certains aliments connaîtront des hausses de 3 % à 5 % en 2017. La viande, les fruits de mer et les légumes pourraient même augmenter jusqu’à 6 %. L’Ontario et la ColombieBritannique devraient connaître les hausses les plus marquées.


Votre argent

Projet de loi C-29 sur les banques

Risques sur la protection juridique et financière des citoyens Il arrive que des projets de loi mettent à risque la protection juridique et financière des citoyens. Et c’est vraisemblablement le cas avec le projet de loi C-29, actuellement étudié par la Chambre des communes à Ottawa, qui permettra aux banques de contourner la Loi sur la protection du consommateur (LPC) du Québec. «Selon nous, il urge de bloquer ce projet», estime d’ailleurs Me Gérard Guay, président de la Chambre des notaires du Québec, qui explique ciaprès ses points de vue. «La nouvelle loi affaiblira la protection des Québécois» Ce projet de loi propose des règles pour l’ensemble du Canada et encadrera les relations entre les banques et leurs clients. Son effet principal est d’exclure les banques de l’application de la LPC, alors que celle-ci constitue un cadre strict fait dans l’intérêt du public. Or, la Cour suprême du Canada a conclu, en 2014,

que cette loi provinciale s’appliquait aux banques et que celles-ci devaient s’y conformer. La Chambre craint que le projet C-29 remette en cause les conclusions du plus haut tribunal du pays. Le gouvernement fédéral devrait privilégier la cohabitation des règles fédérales et provinciales en matière de protection du consommateur, et ce, afin de s’assurer que la règle la plus favorable s’applique au citoyen. À preuve : certaines normes liées à la téléphonie cellulaire, prévues à la loi québécoise, et d’autres, plus souples, imposées par le CRTC, coexistent depuis plusieurs années. Pourquoi le législateur fédéral tient-il à créer une nouvelle zone d’ombre en matière bancaire ? La protection du consommateur perd en efficacité Le consommateur fait face à une panoplie d’instruments de crédit

sophistiqués pour ne pas dire complexes. Lorsqu’une banque lui accorde un prêt, il est essentiel que celui-ci puisse disposer de tous les renseignements nécessaires pour prendre une décision éclairée. Il doit aussi disposer de recours légaux impartiaux et exécutoires lorsqu’il considère avoir été lésé. Le projet C-29

remet pourtant en question ces acquis pour les Québécois. Alors que la LPC est d’ordre public et permet ce qui précède, elle deviendra ineffective avec C-29. Qui plus est, les consommateurs lésés devront dorénavant s’adresser à l’Ombudsman des banques qui formulera des recommandations. Les banques

auront la liberté de les appliquer… ou pas. Les consommateurs québécois ont beaucoup à perdre avec le projet C-29. D’une part, les banques auront plus de latitude, et d’autre part, les consommateurs seront moins bien protégés. Ce débat constitutionnel ne fait vraiment pas de cadeau aux Québécois.

« Un projet taillé sur mesure pour faciliter la vie aux banques»

Par Pierre Craig*

Madame, monsieur. Où que vous soyez au pays, c’est à vous que je m’adresse aujourd’hui. Pour faire plaisir aux banques, le gouvernement fédéral, financé par votre argent durement gagné, s’apprête à réduire des droits et des protections dont vous bénéficiez. Les députés voteront, peut-être aujourd’hui même, sur un projet de loi qui veut rayer de la carte les protections offertes aux Québécois face aux banques par la Loi sur la protection du consommateur (LPC). Des lois semblables vous protègent dans vos provinces respectives. Des exemples ? La LPC interdit aux banques d’augmenter votre limite de crédit sans votre permission. La LPC vous protège aussi contre les frais cachés que les banques voudraient vous imposer. Un recours collectif a d’ailleurs été gagné contre les banques à ce sujet.

La Cour suprême avait reconnu, à l’unanimité, que non seulement la LPC ne nuit pas à l’activité des banques mais appuie le régime fédéral qui les gouverne.

Ce que le projet de loi fédéral veut faire, c’est d’éliminer la protection dont vous entoure votre Loi sur la protection du consommateur ou la loi de votre province et les remplacer par un régime de protection du consommateur uniforme à travers tout le pays. Pourquoi ? La réponse se trouve peut-être dans l’anecdote suivante. Il y a quelques années à La facture, mon équipe et moi avions réalisé une entrevue avec le porte-parole de l’Association des banquiers canadiens. Celui-ci nous avait déclaré qu’il n’était pas question que les banques canadiennes reçoivent des ordres de Saint-Stanislasde-Kostka, le nom de ce village de 1600 habitants étant utilisé pour désigner les provinces en général. Voilà la façon, à la fois arrogante et méprisante dont les banques considèrent les lois des provinces de notre pays qui veulent vous protéger.

Les lois provinciales comme la LPC dérangent les banques. Eh bien moi, je souhaite que ces lois qui vous protègent continuent de déranger les banques. Le fédéral veut ajouter ses protections à celles qui existent déjà dans la LPC et les autres lois provinciales ? Soit. Mais pourquoi rayer de la carte des lois, du Québec et d’ailleurs, qui fonctionnent très bien ? « If it ain’t broke… don’t fix it », disent nos amis anglais. Au départ je n’ai aucune confiance dans ce régime fédéral parce que j’ai la conviction que ce sont les banques ellesmêmes qui ont fait pression sur Ottawa pour l’obtenir. Si cette loi passe, ce sera comme donner la gérance de la bergerie au loup. Si cette loi est adoptée, ce sera sans doute ensuite au tour des transporteurs aériens du pays de demander la même faveur à Ottawa : « Débarrassez-nous des nuisances de ces provinciaux… », diront-ils probablement à des membres influents du gouvernement lors d’un cocktail à 1500 $ la

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place. Et les lois provinciales qui vous protègent aussi dans ce secteur seront éliminées pour un régime fédéral taillé sur mesure pour l’industrie. Je suis loin d’être un expert en droit bancaire, l’un des plus complexes qui soient. Mais j’ai très peur que cette loi, qui veut permettre aux banques « d’exercer

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leurs opérations de façon cohérente et avec efficacité à l’échelle nationale », ne soit en fait qu’un laissezpasser pour leur faciliter la vie avec vous, leurs clients, qui les enrichissez à coup de milliards. *Animateur de l’émission La Facture (2003-2016)


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Technologies

Contrats à exécution successive de service fourni à distance

Comment éviter toutes (mauvaises) surprises…

Netflix, Xbox, Apple Music, Office 365, McAfee... Plusieurs abonnements à des magazines, à des applications ou à des antivirus se renouvellent automatiquement. Mais tout ne se passe pas toujours selon votre gré. Pourtant, pour vous protéger, des règles existent. Voici vos droits. Les contrats d’abonnement Lorsque vous vous abonnez sur Internet à Netflix, à Spotify ou à Protégez-Vous, vous concluez un contrat. Selon Vincent Gautrais, titulaire de la Chaire L.R. Wilson sur le droit des technologies de l’information et du commerce électronique de l’Université de Montréal, et Me Alexandre Plourde, avocat à Option consommateurs, il s’agirait de ce que la Loi sur la protection du consommateur (LPC) appelle un contrat à exécution successive de service fourni à distance. Il en existe deux types : • Les contrats à durée déterminée: par exemple, l’achat en ligne d’un logiciel antivirus valable un an entre dans cette catégorie. Pour tout contrat de 60 jours ou plus, le commerçant a l’obligation

«de vous transmettre, deux à trois mois avant l’expiration, un avis qui vous informe du renouvellement et de la facturation», explique Vincent Gautrais. • Les contrats à durée indéterminée: ce type de contrat concerne les abonnements sans date d’échéance, par exemple celui à Netflix, qui est renouvelable chaque mois. Vous pouvez y mettre fin quand vous le désirez, selon les modalités indiquées dans votre contrat.

Des modalités claires … Peu importe sa durée, l’abonnement en ligne est considéré par la LPC comme un contrat conclu à distance. La Loi exige que les commerçants y présentent «de manière évidente et intelligible» les modalités de paiement. «Les entreprises mentionnent les modalités d’annulation dans leurs contrats, souligne Me Plourde. Il faut suivre les procédures et se rappeler la date limite de désabonnement sans frais.» «Ces informations ne peuvent pas être “enfouies” dans le contrat, ajoute Me Plourde. Si ce n’est pas clair, le client peut évoquer [les dispositions de la LPC sur]

la fausse représentation.» Vous pourriez alors, sous certaines conditions, résilier votre contrat.

… mais aussi des abus La LPC encadre depuis 2010 les contrats à exécution successive de service fourni à distance. Au départ, toutefois, «les dispositions ciblaient les contrats de téléphonie cellulaire, de connexion Internet et de système de sécurité avec clause de renouvellement automatique», explique Vincent Gautrais. Il estime, tout comme Me Plourde, que ces dispositions s’appliquent aussi à d’autres types de contrat. Le porte-parole de l’Office de la protection du consommateur, Charles Tanguay, précise qu’actuellement, il n’existe pas de jurisprudence impliquant des abonnements à des magazines ou à des antivirus. Théoriquement, vous pourriez donc devoir traîner en cour un commerçant refusant d’appliquer les règles citées ci-dessus. Les commerçants ont de plus en plus recours aux promotions impliquant un coût mensuel réduit pendant une durée limitée, par exemple

pour les deux premiers mois de l’abonnement. Ensuite, le prix courant est automatiquement facturé à l’abonné. Ce procédé, efficace d’un point de vue marketing, ne présente pas, selon Vincent Gautrais, de «vice de consentement», mais il peut engendrer de mauvaises surprises pour le consommateur qui ne se serait pas bien renseigné avant de s’engager. D’où l’importance de parcourir l’ensemble des dispositions avant de cliquer sur «Je

m’abonne»! Bon à savoir: 25 grandes entreprises, dont Vidéotron, Bell, Netflix, Apple et Amazon, sont visées par une demande d’autorisation de recours collectif. Ce qu’on leur reproche ? Ne pas avoir averti les clients avant de facturer automatiquement le prix courant à la fin d’une période promotionnelle. Source : Simon & Associés, avocats

Litige avec un commerçant?

On peut régler ça sur Internet!

Le ministère de la Justice du Québec et l’Office de la protection du consommateur viennent tout juste de lancer un outil permettant de régler des litiges directement sur Internet.

L’outil a été développé par le Laboratoire de cyberjustice de l’Université de Montréal au cours des dernières années. Baptisé Plateforme d’aide au règlement des litiges en ligne (PARLe), l’outil

propose aux consommateurs et aux commerçants «un environnement neutre, confidentiel et sécurisé, entièrement en ligne, pour négocier et, au besoin, recourir aux services d'un médiateur externe gratuitement». PARLe a été officiellement mis en service le 7 novembre 2016, mais il n'était pas mis de l'avant par l'Office. Pour pouvoir l’utiliser, le consommateur doit remplir certaines con-

ditions. «Il doit notamment communiquer avec l’Office de la protection du consommateur et lui soumettre un litige de nature exclusivement civile, par exemple lié aux garanties, aux délais de livraison d’un bien ou à la conformité d’un bien ou d’un service», précise l’Office de la protection du consommateur dans un communiqué. Par la suite, l'Office lui donnera accès à la plateforme.

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Fait important: pour que le processus fonctionne, le différend doit concerner un commerçant qui participe au projet. Jusqu’à présent, une vingtaine d’entreprises, parmi lesquelles des magasins à grande surface, des détaillants de meubles et d’électroménagers, des commerçants d’automobiles d’occasion et du domaine du voyage, ont accepté d’utiliser la plateforme. L’Office de la protection du con-

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sommateur soutient qu’en plus d’être pratique et rapide, «ce mode de règlement permet de traiter des litiges hors des tribunaux, et à moindre coût pour la société, peu importe la valeur du bien ou du service en cause.» https://www.protegez-vous.ca


Politique municipale

Loi 122

Les villes enfin «véritables gouvernements de proximité»

Depuis le 6 décembre 2016, les municipalités du Québec sont dotées de nouveaux pouvoirs qui en font un «véritable gouvernement de proximité». Cette situation résulte de la prochaine mise en application du projet de loi 122 qui doit changer le rôle du gouvernement; l’Exécutif cessera en effet d’exercer un rôle de contrôle et de surveillance afin de plutôt accompagner et soutenir les municipalités.

Les municipalités pourront également déterminer les règles d’adjudication des contrats de 100 000 $ et moins.

Au plan fiscal, les municipalités bénéficieront d’assouplissements des règles applicables pour l’impôt foncier. Elles seront également plus autonomes dans les décisions qui concernent l’aménagement du territoire.

dans la décision de construire un centre commercial. « Est-ce qu’on est vraiment obligés, nous autres, à Québec, d’engager un débat avec le maire ou le préfet, ou les maires et le préfet si le centre d’achats va être de ce bord-là de la rue ou de l’autre bord de la rue ? Je pense que c’est trop, a-t-il dit. Je pense qu’il y a de la microgestion qui nuit à la bonne administration. »

M. Couillard a notamment donné l’exemple d’interventions du ministère des Affaires municipales

M. Couillard a également donné l’exemple des limites de vitesse dans les villes, qui devaient

Dans une conférence de presse, le premier ministre Philippe Couillard a déclaré qu’à terme, les municipalités régionales de comté (MRC) disposeront notamment d’un fonds de 100 millions de dollars dont la gestion leur reviLa mise en application de la loi endra. 122 s’accompagnera de la mise

100 millions pour les villes

Une décentralisation sans précédent « On met de l’avant, et je ne crains pas de le dire, la plus grande et la plus importante décentralisation des pouvoirs de l’histoire du Québec, a-t-il dit. Beaucoup de gens ont espéré, un jour, voir cela, un jour, entendre ces mots, mais peu pensaient que ça arriverait véritablement. C’est en train d’arriver devant vous maintenant. » Cette somme sera disponible à partir de 2021-2022, et les villes auront dès l’an prochain accès à une somme de 30 millions de dollars. Gestion de contrats et fiscalité

en place d’un Fonds de développement économique pouvant atteindre à terme 100 millions de dollars par année dans le cadre de la reconnaissance des municipalités comme gouvernements de proximité. La signature de l'accord visant à donner plus de pouvoirs aux villes a eu lieu mardi 6 décembre 2016 à l'Assemblée nationale en présence des représentants de l'Union des municipalités du Québec (UMQ) et de la Fédération québécoise des municipalités (FQM). 50 millions pour Montréal Le ministère des Affaires municipales appliquerait le même princi-

pe pour le projet de loi sur le statut de métropole pour Montréal, avec un Fonds de développement économique qui atteindrait à terme 50 millions de dollars par année. 25 millions pour Québec Par ailleurs, le projet de loi sur le statut de capitale nationale pour Québec vient de franchir une autre étape, puisque l'étude détaillée devant la Commission de l'aménagement du territoire est maintenant complétée, ce qui veut dire qu'il devait être soumis au vote des parlementaires avant la fin de la session parlementaire. Ce projet de loi stipule que le Fonds de développement économique de la région atteindra 25 millions de dollars d'ici 2022.

jusqu’ici obtenir l’autorisation du ministère avant de les modifier, ce qui ne sera plus le cas. Dans leurs opérations financières, elles auront aussi plus de souplesse pour emprunter des fonds, comme dans le cas où des projets sont subventionnés à au moins 50 % par le gouvernement. Transparence et imputabilité Ces nouveaux pouvoirs s’accompagnent d’obligations en matière de transparence et d’information des citoyens. Avant d’être adopté, tout règlement devrait au préalable être présenté à la séance précédente du conseil municipal. Le ministre des Affaires municipales, Martin Coiteux, a affirmé que la relation changera entre le gouvernement et les villes..

« L’expression “ créatures du gouvernement ” appartiendra désormais au passé, a-t-il dit. Les relations entre le gouvernement du Québec et les municipalités devront plutôt être basées sur la confiance réciproque. » Le président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), Bernard Sévigny, a déclaré durant la conférence de presse que les municipalités seront imputables devant leurs citoyens. « Fondamentalement, les choses ne changeront pas, a-t-il dit. On va être imputables vis-à-vis de nos citoyens, sauf dans des domaines un peu plus larges, donc des nouveaux pouvoirs, des nouvelles responsabilités qu’on nous confie et sur lesquelles on va pouvoir avoir les coudées franches pour prendre des décisions. »

Fady Dagher nommé directeur de la police de Longueuil

L’assistant-directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) Fady Dagher quitte le corps policier montréalais pour d’autres cieux. L’ex-bras droit du chef Philippe Pichet a été nommé directeur du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) par le conseil d’agglomération de Longueuil.

Fady Dagher succède ainsi à Denis Desroches, un autre ancien haut gradé du SPVM, nommé directeur du SPAL en 2011. Il commencera son mandat le 6 février prochain. «Reconnu pour son approche avant-gardiste du travail policier, Fady Dagher s’est démarqué tout au long de sa carrière par sa capac-

ité à tisser des liens avec les communautés dans lesquelles il a oeuvré», souligne la Ville de Longueuil dans un communiqué.

Le policier de 48 ans avait été l’un des sérieux candidats au poste de directeur du SPVM en 2015. C’était finalement Philippe Pichet

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qui avait été choisi comme grand patron du corps policier montréalais. Fady Dagher pilotait notamment le dossier de la lutte contre la radicalisation au sein du SPVM. Il a aussi été assistantdirecteur à la planification opérationnelle et aux relations avec la communauté.

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Fady Dagher


Politique provinciale

Élections partielles

2 millions pour rien (ou presque)… Moins de deux mois après avoir pris la barre du Parti québécois, Jean-François Lisée a réussi le 5 décembre dernier son premier test électoral. Le PQ a non seulement réussi à déjouer la tentative de reconquête de la circonscription de Saint-Jérôme de la Coalition avenir Québec, mais il est également parvenu à accroître considérablement ses appuis dans les circonscriptions dans Verdun et surtout à MarieVictorin, où le Parti libéral du Québec a terminé au quatrième rang. Devant la baisse remarquée des appuis au PLQ, le premier ministre Philippe Couillard s’est engagé à intensifier le dialogue avec l’électorat francophone, qui forme plus de 85 % de la population dans les circonscriptions de Saint-Jérôme, de MarieVictorin et d’Arthabaska. « On va être encore plus présents, encore plus écouter les Québécois et les Québécoises », a-t-il déclaré en fin de soirée. Pas de changement notoire Même si aucune des quatre circonscriptions en jeu n’a changé de main, les libéraux n’avaient pas leur coeur à la fête à la fin de la journée. Pour cause, l’appui au PLQ a fléchi de 2,5 points (Arthabaska) à 15 points (Verdun) depuis les élections générales de 2014. (Saint-Jérôme -19,4 points, Marie-Victorin -12,6 points). « C’est le signal d’un changement », a lancé M. Lisée après le dévoilement des résultats. « On en a assez d’un gouvernement qui est de scandale en scandale. On en a assez d’un gouvernement qui tourne le dos aux élèves, aux étudiants, aux aînés. On veut une nouvelle dynamique », a-t-il poursuivi aux côtés d’une poignée de députés, dont la nouvelle élue Catherine Fournier. Saint-Jérôme Dans Saint-Jérôme, le candidat péquiste, Marc Bourcier, a remporté une victoire décisive. L’enseignant retraité a recueilli 46,4 % des voix, soit 2125 de plus que son principal adversaire, le caquiste Bruno Laroche (35,5 %). M. Bourcier a fracassé la marque établie par le magnat de la presse Pierre Karl Péladeau en 2014 (36,8 %). La candidate libérale Naömie Goyette a terminé la course loin derrière avec 10,6 % des voix. La CAQ n’avait pas ménagé les efforts pour reprendre la circon-

scription des Laurentides, ravie par M. Péladeau en 2014, notamment en multipliant les activités publiques. À lui seul, le chef François Legault y a fait campagne une douzaine de fois en plus d’y avoir organisé le caucus présessionnel de sa formation politique en août dernier. M. Legault avait d’ailleurs profité de ce rassemblement pour remettre en avant sa proposition de soumettre les nouveaux arrivants à un « test des valeurs ». Il martelait depuis ce moment que la CAQ est « le seul parti qui défend [les] valeurs [québécoises] », au premier chef celle de l’égalité homme-femme. M. Lisée se disait, quelques heures à peine avant la fermeture des bureaux de vote, « très confiant pour Saint-Jérôme et MarieVictorin », tout en espérant causer la « surprise dans Arthabaska ». Ce ne fut pas le cas. Les appuis du PQ ont légèrement reculé dans cette circonscription du Centre-du-Québec (-0,3 point). « Le gain global est très positif », s’est tout de même félicité Jean-François Lisée à sa sortie du Bungalow. « On a une nouvelle énergie. Ça augure très bien pour l’avenir », a-t-il conclu avant de mettre le cap sur SaintJérôme. Arthabaska La « machine libérale », qui roulait à plein régime dans Arthabaska au fil des dernières semaines, n’a pas produit les effets escomptés. Le caquiste Éric Lefebvre a crié victoire en milieu de soirée. Il a obtenu 44 % des voix contre 27,6 % pour le libéral Luc Dastous. « Je viens de faire toute une acquisition, quelqu’un qui est là pour les bonnes raisons. […] Un organisateur, écoutez, le nombre de bénévoles, je n’ai jamais vu ça dans l’histoire de notre parti ! », a affirmé le chef caquiste, François Legault, avec un large sourire. « Le message, c’est que les gens veulent un changement. » L’appui de proches de la députée Sylvie Roy décédée en juillet dernier, au candidat libéral Luc Dastous avait donné des sueurs froides aux caquistes, d’autant plus que la soeur de Sylvie Roy, Nathalie, avait reproché à M. Legault d’avoir instrumentalisé la mémoire de l’ex-élue adéquiste, caquiste et indépendante en revendiquant son héritage à des fins bassement électoralistes. Malgré cet appui important, ainsi que la promesse de rénover la salle d’urgence de l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska, en

plus d’y installer un appareil de radiologie dernier cri, le PLQ a échoué à arracher la circonscription. Le Parti Libéral du Québec a été incapable de renouveler l’exploit qu’il avait accompli dans Chauveau où il était parvenu en juin 2015 à faire élire sa candidate Véronyque Tremblay en dépit de la majorité de près de 10 000 voix obtenues par le caquiste Gérard Deltell lors des élections générales de 2014. Le Parti conservateur du Québec, gonflé à bloc, a quant à lui réussi une timide percée dans Arthabaska, porté notamment par le mécontentement suscité par la décision du gouvernement libéral de mettre sur pied un registre québécois des armes d’épaule. Son candidat, Guy Morin, a amassé 4,6 % des voix lundi soir, surpassant Sarah Beaudoin, qui portait les couleurs de Québec solidaire (3,6%). Verdun La libérale Isabelle Melançon a quant à elle préservé, non sans peine, le fief de Verdun qui était vacant depuis la démission dans la controverse de l’ex-ministre Jacques Daoust. Un candidat commun au PQ, à QS et au Parti vert, comme le proposait M. Lisée, aurait fait tomber ce bastion libéral, qui tient depuis son érection en 1966. En effet, Mme Melançon a obtenu 35,6 % des votes, comparativement à 50% pour les trois candidats « progressistes » (Richard Langlais du PQ 27,2 %, Véronique Martineau de QS 18,6 % et vert 4,3 %). La caquiste Ginette Marotte s’est quant à elle hissée au quatrième rang avec 12,7 % des voix. De son côté, Québec solidaire « surprend encore une fois en réalisant les meilleurs résultats de son histoire dans Verdun et Marie-Victorin », a déclaré Amir Khadir, promettant de « travailler fort pour rassembler les forces d’un changement véritable pour redonner confiance aux Québécois » en vue du scrutin de 2018.

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Marie-Victorin Sur la Rive-Sud de Montréal, la candidate Catherine Fournier a été élue aisément dans MarieVictorin, dans le giron du PQ depuis sa création en 1985. Elle a obtenu 52,5 % des voix contre 38,2 % pour Bernard Drainville en 2014, qui avait tourné le dos à la vie politique quelques jours après avoir encaissé la démission fracassante de M. Péladeau. Mme Fournier a accompli le meilleur score des quatre partielles. Âgée de 24 ans, elle sera la plus jeune députée de l’Assemblée nationale. Le « programme d’austérité » du gouvernement libéral « ne passe pas ici », a déclaré Mme Fournier lundi soir, invitant les jeunes à l’imiter et à grossir les rangs du PQ. « Faites partie de la solution. […] Il y a urgence à recommencer à bâtir. Il y a urgence à recommencer à rêver », a-t-elle dit. Le solidaire Carl Lévesque s’est hissé au second rang (14,19 %), devançant de peu la caquiste Julie Chapdelaine (14,15 %). Normand Parisien, qui briguait les suffrages sous la bannière du PLQ, a subi un véritable camouflet. Il a enregistré le pire score du PLQ dans cette circonscription de la Montérégie (13,44 %). Il a terminé la course au quatrième rang. Statu quo Ces quatre élections complémentaires, qui ont couté environ 2 millions $, avaient été rendues nécessaires par les départs de l'ex-chef péquiste Pierre Karl

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Péladeau, dans Saint-Jérôme, en mai, de l'ex-ministre devenu animateur de radio Bernard Drainville, dans Marie-Victorin, en juin, suivi de l'ex-ministre Jacques Daoust, dans Verdun, en août, et par le décès subit de Sylvie Roy, dans Arthabaska, à la fin juillet.Les électeurs ont préféré le statu quo au changement, lors des quatre élections complémentaires tenues, en choisissant des députés portant les mêmes couleurs politiques que les précédents. Au total, quelque 215 000 électeurs pouvaient se prévaloir de leur droit de vote, les taux de participation ont été variables selon la circonscription ils se sont établis entre 26 et 43%. Mais au final, elles n’auront rien apporté de nouveau puisque l'Assemblée nationale comptera, comme à la veille du déclenchement, 70 députés libéraux, 30 péquistes et 21 caquistes, trois solidaires et un indépendant. Les libéraux sont les seuls à être quelque peu déçu du résultat. «On aurait souhaité un autre résultat. Il y a aura d'autres combats. Il y aura d'autres rendezvous», a à ce sujet déclaré le chef libéral Philippe Couillard. «On continue le travail. On garde le cap», a cependant ajouté le premier ministre Couillard, devant les militants réunis à Verdun pour fêter l’élection d’Isabelle Melançon.


Solidarité

Premier anniversaire de l'arrivée

des réfugiés syriens

36 000 arrivées au lieu des 55 800 prévus

Le 11 décembre 2015, les premiers réfugiés syriens arrivaient au Canada, à Toronto. Pour souligner cet anniversaire, une cérémonie a été organisée à l'aéroport Montréal-Trudeau dimanche 11 décembre 2016. 7000 réfugiés ont élu domicile au Québec Depuis, 7000 réfugiés ont élu domicile au Québec, principalement dans la grande région de Montréal. L'objectif de 7300 devrait être atteint avant la fin de l'année 2016. Au pays, le ministère de l'Immigration prévoyait l'arrivée

de 55 800 réfugiés. Ce nombre s'élèverait à plus de 36 000 un an plus tard.

Au-delà de 4000 ont rempli tous les formulaires et attendent seulement de venir ici et 26 000 autres sont en démarche pour venir au Canada.

dimanche la ministre provinciale de l'Immigration, Kathleen Weil, lors d'une rencontre soulignant le premier anniversaire de l'arrivée des premiers réfugiés syriens.

Environ le tiers des réfugiés sont des enfants. Ils vont à l'école et apprendre le français et semble bien s'intégrer.

Près de 75 % des réfugiés syriens accueillis au Québec dans la dernière année vivent à Montréal. Chaque fois qu'un avion de réfugiés arrivait à l'aéroport Pierre-Eliott-Trudeau, environ 200 intervenants se présentaient pour les accueillir.

John McCallum.

«Le Québec est au 4e rang mondial, proportionnellement à sa population, pour son accueil de personnes réfugiées», a déclaré

«Au moment où des pays ferment leurs portes aux réfugiés, nous, nous disons "Venez!"», a ajouté le ministre fédéral de l'Immigration,

Premier bilan Un premier bilan de l'opération d'accueil des personnes réfugiées syriennes doit être publié dans les

prochains jours. La ministre Weil a également promis que différentes mesures seront mises en place pour faciliter l'intégration des réfugiés.

La situation sur le terrain

Assauts sur Alep et Mossoul et lendemains incertains Par David Bensoussan* Une petite manifestation d’adolescents et la terrible répression policière contre eux ont été à la source de l’instabilité et du cauchemar véritable qui sévit encore en Syrie. On a perdu le compte des victimes. Supportée par l’armée russe, l’armée syrienne bombarde systématiquement Alep pour détruire les hôpitaux; dix minutes plus tard pour liquider les secouristes; dix minutes plus tard pour donner le coup de grâce aux rescapés. Et cela continue impunément. Officiellement, ces bombardements sont destinés à combattre les terroristes de l’État islamique. À part une petite sortie vers Palmyre, tous les bombardements ont visé l’opposition au président syrien Assad et notamment la faction des rebelles dits modérés afin de maintenir coûte que coûte le régime dictatorial syrien. 25 000 radicaux islamistes se rattachant à Ahrar al-Sham, Jabhat al-Nusra, et l’État islamique ainsi que les rebelles syriens font face à l’armée syrienne et autant de membres de milices chiites qui sont armées et pilotées par l’Iran. Au nom de la lutte contre le terrorisme et l’État islamique, la Turquie s’acharne à bombarder de façon quasi systématique les Kurdes de Syrie ; c’est là d’ailleurs la seule constante de l’incohérente et imprédictible politique étrangère turque. Pourtant, les Kurdes se sont avérés les plus aptes à combattre l’État islamique.

Entre-temps, l’armée russe s’ancre solidement en Syrie et envisage de créer une base navale en Libye. La Russie pratique les mêmes méthodes auxquelles elle a eu recours pour réprimer la rébellion tchétchène en ne faisant pas cas des victimes civiles. Ainsi, on a compté jusqu’à 250 sorties aériennes en un jour contre les rebelles syriens dont des tirs de bombes thermobariques qui aspirent l’oxygène de l’air et déclenchent des explosions d’une intensité terrifiante, de bombes incendiaires et de bombes è retardement qui explosent après avoir pénétré dans les bâtiments. Les cessez-le-feu négociés avec les États-Unis ne tiennent pas. Les convois de vivres de l’ONU sont attaqués. Et le massacre continue. À ce rythme, il perdurera jusqu’à l’exode ou à l’éradication de la population d’Alep. À Mossoul, plusieurs armées ont lancé l’assaut contre l’État islamique qui occupe cette cité de plus d’un million d’habitants. À l’armée irakienne conseillée par les États-Unis s’ajoutent les forces kurdes du Peshmerga ainsi que les milices chiites d’obédience iranienne qui ont brutalisé ou expulsé les résidents sunnites des cités conquises à l’État islamique. Des forces turques non invitées par le gouvernement irakien veulent également participer à l’assaut de Mossoul, probablement pour s’assurer que les Kurdes d’Irak n’affirment pas trop leur autonomie. Toutes ces troupes n’ont qu’un seul dénominateur commun : le désir d’en

finir avec l’État islamique. Qu’en sera-t-il par la suite ? Le gouvernement irakien ne veut pas que les Kurdes deviennent trop forts. C’est aussi le cas de l’Iran qui cependant est prêt à renforcer les Kurdes d’Irak pour affaiblir la Turquie. Selon toute probabilité, une partie des milices chiites (Badr, Asa’ib Ahl Al-Haq, Hachd al-Chaabi, Kata’ib Hezbollah et l’armée du Moukhtar) s’apprête à envahir le territoire syrien afin de consolider l’emprise iranienne en Syrie. Quant à l’État islamique, il a sûrement préparé des bombes pièges dans la ville qu’il tient en otage et une bonne partie de ses forces s’est repliée dans le désert irakien, prête à harceler les forces irakiennes, chiites, américaines ou kurdes en attendant de renaître sous d’autres formes. La chute de Mossoul marquerait la fin du califat proclamé par l’État islamique, mais le chaos pourrait s’en suivre, car les forces en présence poursuivront alors des objectifs difficilement conciliables. Depuis l’invasion mongole du XIIIe siècle, le Moyen-Orient n’a pas connu un tel état chaotique qui, par ailleurs, ne fait qu’empirer. Les habitants d’Alep et de Mossoul appréhendent les lendemains d’une victoire syrienne ou irakienne. L’expérience des exactions commises contre les populations civiles « libérées » par des armées conquérantes a été des plus amères, et ce, malgré les assurances données par des grandes nations. Les Alliés occidentaux font des sorties contre l’État islamique,

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David Bensoussan soutiennent les Kurdes et supervisent autant que faire se peut les agissements de l’armée irakienne et des milices chiites, guère convaincus de ce que, une fois l’État islamique vaincu, l’Iran n’en profite pour dominer le Croissant fertile et que le terrorisme reprenne de plus belle à l’échelle internationale. Déjà, le chef d’état-major iranien Bagheri projette de bâtir une puissance navale dans la mer d’Oman et dans l’Océan indien avec en plus des bases navales au Yémen et en Méditerranée. Ceci promet un regain de tension important et dangereux dans la région, notamment entre l’Arabie et l’Iran. À ce jour, le conflit moyen-oriental oppose l’Iran et l’Arabie qui se battent par l’intermédiaire de milices de procuration en Syrie, en Irak et au Yémen. Sur un autre plan, les économies de la plupart des pays du MoyenOrient ont misé essentiellement sur la richesse pétrolière et sont

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devenues des économies de rentiers, le peuple vivant des largesses semées de temps à autre par les régimes des pays pétroliers dans le but de calmer les esprits. À moyen terme, l’insatisfaction générale des pays de la région, à commencer par les pays non pétroliers, tels l’Égypte, la Turquie, la Jordanie ou même la Tunisie qui constituent des foyers d’instabilité latents. En récusant sa propre promesse de réagir si des armes chimiques étaient utilisées en Syrie, Obama a fauté par omission et a indirectement donné le feu vert à la continuation du massacre par d’autres moyens. Que fera le prochain président américain Trump ? Envisagera-t-il une action militaire ou une nouvelle entente de partage d’influence avec la Russie ? L’avenir proche nous le dira. *L’auteur est professeur de sciences à l’Université du Québec


Environnement

La pollution continue…

… malgré des millions engloutis dans des études

Près de 40 ans après l'instauration du Programme d'assainissement des eaux du Québec, une centaine de municipalités québécoises rejettent toujours leurs égouts dans les cours d’eau. Certaines ne font que commencer le processus pour installer un système de traitement des eaux usées, mais dans bien des cas, des démarches enclenchées depuis des décennies pour tenter de remédier à la situation se sont embourbées sous des montagnes d’études et de formulaires. Un courriel envoyé par RadioCanada dans chacune de ces 100 municipalités a révélé une grande frustration dans leurs relations avec les fonctionnaires provinciaux. Le quart des villes qui ont répondu à notre demande ont dû refaire des études de faisabilité exigées par le ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire, parce que leur projet est resté bloqué trop longtemps, faute de financement. Le cas de Blanc-Sablon La petite municipalité de BlancSablon, sur la Basse-Côte-Nord, a dépensé 350 000 $ dans les années 1990 pour une première étude de faisabilité. Les égouts ont été installés dans la moitié de la municipalité

en 1998, mais près de 20 ans plus tard, Blanc-Sablon n'a toujours pas obtenu les subventions pour terminer les travaux. Selon le maire de la municipalité, Armand Joncas, Québec a dépensé plus de 3 millions de dollars en 2004 pour évaluer les besoins en égouts des villages de la BasseCôte-Nord. Huit ans plus tard, une autre étude régionale a été faite, à un coût semblable, par la firme de génie BPR.

Or, le ministère a finalement estimé que cette dernière étude n’était pas assez complète, et Blanc-Sablon a dû dépenser 150 000 $ en 2016 pour compléter cette étude et répondre aux exigences de Québec. Le maire n'en peut plus de ce gaspillage d’énergie et de fonds publics qui ne fait qu’enrichir les firmes de génieconseil. On a un CPE où l’eau des égouts contourne le terrain. Les travailleuses ne peuvent pas laisser les enfants aller s’amuser sans les surveiller de près et les avertir à chaque fois de ne pas aller jouer dans le ruisseau, parce que c’est de l’eau d’égout qui est à la surface. J’ai amené les fonctionnaires du ministère voir ça, mais ils se soucient peu de notre problème. La Côte-Nord est le tiers-

monde du Québec. - Armand Joncas, maire de Blanc-Sablon

Des ambitions, mais peu de moyens Aucune statistique n’est disponible pour évaluer combien de millions de dollars ont été dépensés au Québec pour refaire toutes ces études, mais la directrice générale de Grande-Vallée, en Gaspésie, Ghislaine Bouthillette, affirme que des dizaines de petites municipalités sont confrontées au même problème. Les budgets ne débloquent jamais auprès du ministère, les années passent et je me retrouve dix ans après, où là mon étude est caduque, ça ne fonctionne plus avec les nouvelles réglementations et les nouveaux procédés qui arrivent, donc je suis obligée de recommencer à zéro. Ghislaine Bouthillette, directrice générale de Grande-Vallée en Gaspésie Les petites municipalités sont à la merci de la volonté des paliers supérieurs de gouvernement de subventionner la construction des infrastructures d’assainissement, qui coûtent souvent plusieurs millions de dollars. D’un côté, les administrateurs municipaux font l'objet de

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pressions pour mettre en place des systèmes d’épuration avant la date butoir de 2020 fixée par Ottawa, mais de l’autre, les fonds ne semblent pas disponibles pour réaliser tous les projets proposés. Du sable dans l’engrenage Un ingénieur bien au fait du processus de demande de financement auprès du ministère des Affaires municipales est convaincu que de nombreux projets sont refusés, non pas parce qu’ils sont incomplets ou mal ficelés, mais parce que Québec n’est tout simplement pas en mesure d’assumer la facture totale des centaines de demandes qui lui sont soumises. Dans un tel contexte, les modifications constantes aux règlements et les ajouts de nouveaux

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critères constituent, selon cette source anonyme, une façon détournée de retarder les projets en imposant que les études préliminaires soient refaites. L’Union des municipalités du Québec, de son côté, continue de réclamer des sources de financement stables et prévisibles pour permettre aux municipalités de planifier efficacement leurs projets d’infrastructures. L’UMQ a aussi dénoncé dernièrement l'approche du « premier arrivé, premier servi » mise de l’avant par Québec dans l'allocation des quelque 660 millions de dollars du Fonds pour l'eau potable et le traitement des eaux usées.


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Éducation

Sciences, mathématiques et lecture Points forts des jeunes élèves canadiens Les jeunes Canadiens de 15 ans se maintiennent parmi les meilleurs au monde en matière de sciences, de mathématiques et de lecture, révèle la plus récente enquête PISA (Programme international pour le suivi des acquis) de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). En sciences, matière principale de cette grande étude effectuée tous les trois ans dans 72 pays ou régions, les élèves du pays figurent au septième rang. Ils sont devancés, dans l’ordre, par Singapour, le Japon, l’Estonie, Taïwan, la Finlande et le territoire chinois de Macao, mais obtiennent de meilleurs résultats que les Français, les Britanniques, les Allemands et les Américains. Les Canadiens sont particulièrement performants en matière de lecture, en décrochant le deuxième rang parmi tous ceux qui ont participé à

l’étude, à égalité avec un regroupement de villes chinoises (Pékin, Shanghai, Jiangsu et Guangdong). Ils ne sont devancés que par les étudiants de Singapour. En mathématiques, les jeunes élèves canadiens sont au dixième rang. De manière générale, les élèves canadiens se situent en haut de la moyenne dans les trois matières, et leurs résultats sont essentiellement comparables à ceux qu’ils ont obtenus il y a trois ans. L'OCDE ne souligne qu'une légère baisse des résultats en mathématiques. L’étude conclut en outre que 22,7 % des élèves d’ici sont « très performants » dans au moins un des trois domaines d’évaluation, ce qui les place au huitième rang à ce chapitre. Le pourcentage d’élèves « peu performants » se situe à 5,9 %, bon pour la septième place.

En sciences, les garçons et les filles du Canada obtiennent des résultats comparables. Les filles obtiennent cependant de meilleures notes en lecture, tandis que les garçons performent mieux en mathématiques. L’enquête PISA a été effectuée en 2015 auprès de 540

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000 élèves âgés de 15 ans dans 72 pays ou régions. Elle évalue plus précisément dans quelle mesure les élèves qui approchent du terme de leur scolarité obligatoire possèdent les « connaissances et compétences essentielles pour participer pleinement à la vie de nos sociétés modernes ».

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L’enquête ne vise pas qu’à évaluer la capacité des élèves à reproduire ce qu’ils ont appris, précise l’OCDE. Elle teste aussi leur capacité à procéder à des « extrapolations à partir de ce qu’ils ont appris et à utiliser leurs connaissances dans des situations qui ne leur sont pas familières ».


Éducation

L’injustice faite aux enfants pauvres…

Les écoles à vocation particulière nuisent aux établissements en milieu défavorisé, dit le Conseil supérieur de l’éducation «La concurrence en éducation est indissociable de la perception que toutes les écoles ne sont pas équivalentes : elle alimente donc la crise de confiance qui fragilise le système public», peut-on lire dans le rapport du Conseil supérieur de l'éducation. Le Conseil supérieur de l’éducation (CSE) juge que le système d’éducation au Québec, en raison de la forte présence des écoles privées et de la concurrence des écoles secondaires publiques à vocation particulière, accentue les inégalités au détriment des élèves issus des milieux défavorisés. En fait, c’est au Québec que le réseau scolaire est plus inéquitable au Canada. C’est ce qui ressort du rapport intitulé Remettre le cap sur l’équité que le CSE vient de rendre public sur l’état et les besoins de l’éducation 2014-2016. «On parle de la concurrence entre le privé et le public, de la mise en place de projets particuliers sélectifs qui contribue à faire en sorte que nos classes sont de plus en plus homogènes et à concentrer dans la classe ordinaire de l’école publique les élèves les plus vulnérables», a résumé la présidente par intérim du CSE, Lucie Bouchard. Toutes les écoles ne sont pas équivalentes « La concurrence en éducation est indissociable de la perception que toutes les écoles ne sont pas équivalentes : elle alimente donc la crise de confiance qui fragilise le système public », peut-on lire dans le rapport de 100 pages. « Cette crise de confiance accentue la tendance à

regrouper les élèves selon leur profil scolaire et socioéconomique. Il en résulte une forme de ségrégation qui conduit à un système d’écoles à plusieurs vitesses. L’écart se creuse entre les milieux : certains établissements ou certaines classes sont considérées comme moins propices à l’apprentissage (les familles qui le peuvent les fuient) et les conditions de travail y sont plus difficiles (les enseignants qui le peuvent les fuient également) », poursuit le CSE. Il y a donc une école à trois vitesses : le réseau privé, les programmes particuliers ou enrichis de l’école publique, qui s’appuie sur la sélection des élèves, et le programme ordinaire de l’école publique.

au Canada, soit 21,5 %, contre 7,8 % pour l’ensemble du Canada, l’école privée étant subventionnée au Québec alors qu’elle ne l’est pas ou peu dans les autres provinces. Au secondaire, cette proportion atteint 39 % à Montréal et 42 % à Québec.

Le pourcentage d’élèves des écoles secondaires publiques inscrits dans des pro-

Une étude citée par le CSE montre que 72 % des élèves dans les écoles privées vien-

16 % C’est le pourcentage des écoles secondaires publiques dont

l’indice de revenu est faible qui proposent des programmes particuliers. Dans les établissements dont l’indice de revenu est moyen ou élevé, ce pourcentage est respectivement de 46 % et 42 %.

grammes particuliers est passé de 14,4 % en 20022003 à 17,2 % en 20122013. Mais cela ne tient pas compte de programmes particuliers ou enrichis qui sont offerts par les écoles sans que le ministère n’en soit informé. «Il est donc impossible d’obtenir ou de dresser un portait complet de la situation», note le CSE. Privé : Québec champion! En outre, c’est au Québec que la proportion d’élèves qui fréquentent l’école privée est la plus importante

nent de milieux favorisés (revenu familial de plus de 100 000 $), 21 % de la classe moyenne (revenus familial entre 50 000 $ et 99 999 $) et 7 % des milieux modestes (revenus familial de moins de 50 000 $). « Les écoles privées et les écoles publiques qui offrent des projets particuliers sont concentrées dans les zones urbaines et dans les milieux de classe moyenne et les milieux favorisés» , souligne-t-on.

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Parallèlement, la classe ordinaire a intégré davantage d’élèves en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage : leur proportion a augmenté de 13,6 % à 20,8 % de 2003 à 2013. L’un des mandats de l’école publique est d’offrir à tous les élèves des chances égales de réussite et de mobilité sociale, rappelle le CSE. «La concentration des populations défavorisées ou d’élèves moins performants au sein de certaines écoles ou de certaines classes constitue une injustice», estime l’organisme, qui plaide pour une plus grande mixité sociale dans les classes. Il s’agit pas d’un nivellement par le bas, prévient-il. « Dans un groupe mixte équilibré, les élèves performants maintiennent leurs bons résultats, et ceux qui éprouvent des difficultés obtiennent de meilleurs résultats au contact d’élèves qui apprennent facilement. […] S’il est vrai que les élèves jugés en difficulté y gagnent davantage que les autres, ces derniers ne subissent pas d’effets négatifs de la mixité. » En revanche, Lucie Bouchard rappelle que le Québec a fait « des avancées considérables» en éducation.

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«Nous sommes performants à bien des égards », a-t-elle dit. C’est ce que montrent les résultats du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA). Le statut socioéconomique des élèves influe moins sur la performance des élèves que pour la moyenne des pays de l’OCDE et bien moins que dans certains pays d’Europe, notamment la France. «Par contre, elle significativement plus élevées que la moyenne canadienne, et ce, malgré des programmes sociaux jugés plus généreux que ceux des autres provinces», relève le CSE. « En concentrant les élèves les plus vulnérables dans les écoles ordinaires, on pense qu’on va atteindre un point de bascule qui pourrait faire reculer la performance générale de notre système », s’est inquiété Lucie Bouchard. Il faut que l’équité, la justice sociale dans le système d’éducation devienne une préoccupation du gouvernement, estime-telle. Source : Presse Canadienne


Santé

Nouvelles mesures contre le tabagisme depuis le 26 novembre 2016

Plus âcre sera la fumée… De nouvelles mesures de la Loi sur la lutte contre le tabagisme sont entrées en vigueur le 26 novembre 2016. Il est ainsi désormais interdit de fumer à moins de 9 mètres d'une porte d'entrée de tout édifice public. Cette restriction était déjà en place pour les hôpitaux et les écoles du Québec, mais la loi va maintenant un peu plus loin et il sera dorénavant interdit de fumer à moins de 9 mètres d'une fenêtre qui s'ouvre et d'une prise d'air.

mesures, plusieurs centres commerciaux devront notamment retirer les cendriers installés à proximité de leurs entrées, ce que saluent les groupes antitabac. « Dans les faits, dans plusieurs circonstances, comme à l'entrée des édifices, dans la mesure où l'on trouvait souvent un toit, on se trouvait souvent exposé à des niveaux élevés de fumée secondaire et c'était problématique », précise Flory Doucas, porteparole de la Coalition québécois pour le contrôle du tabac.

Les fumeurs rencontrés à proximité du bâtiment semblent d'ailleurs tout à fait d'accord avec l'entrée en vigueur des nouveaux règlements. « Ça va m'aider à m'arrêter... c'est ce que vous souhaitez? C'est ça que je souhaite oui », lance l’une d’entre elles. « Je ne sais pas si ça m'encouragerait à arrêter de fumer tant que ça. Cependant ça peut peut-être apporter un peu de respect pour les gens qui sont nonfumeurs étant donné qu'on sait que l'odeur peut être incommodante », explique une autre personne.

Les objectifs de la loi Les modifications à la Loi sur le tabac adoptées le 26 novembre 2015 ont notamment amené un changement de nom de la Loi, qui porte maintenant le nom de Loi concernant la lutte contre le tabagisme. Cette Loi vise à : - protéger les jeunes et prévenir l'initiation à l'usage du tabac; - protéger la population des dangers de l'exposition à la fumée de tabac; - favoriser l'abandon du tabac.

La mise en application de la règle du 9 mètres risque d'être beaucoup plus difficile à appliquer pour les hôtels dont les portes principales sont souvent situées à proximité de la rue. « Ici c'est un hôtel nonfumeurs, donc on doit demander à nos clients de sortir à l'extérieur, mais un Américain qui arrive ici, par exemple, n'est pas au courant qu'il y a une nouvelle loi. Donc, il faut informer nos employés, il y a de la formation à faire », explique le directeur général d’un établissement du centre-ville qui se questionne cependant sur l'impact qu'aura la loi sur la clientèle touristique. Avec l'arrivée de ces nouvelles

Dans la suite du texte, les mots « La Loi » désignent la Loi concernant la lutte contre le tabagisme. Les modifications apportées Les modifications apportées à la Loi couvrent divers volets, notamment : - la hausse des amendes en cas d’infraction; - l’usage du tabac dans certains lieux; - l’encadrement de la cigarette électronique; - la vente de tabac; - la promotion et la publicité relatives aux produits du tabac; - l’interdiction concernant les arômes et les saveurs autres que ceux du tabac; - les règles concernant

les emballages et la mise en garde de santé affichée sur les emballages de cigarettes et de petits cigares.

Certaines des nouvelles dispositions législatives sont entrées en vigueur dès la sanction de la Loi, le 26 novembre 2015. D’autres mesures prendront effet dans les mois suivants. Principales modifications apportées à la Loi La cigarette électronique et tous les autres dispositifs de même nature, y compris leurs composantes et leurs accessoires, sont maintenant soumis aux mêmes règles que les produits du tabac. Cette mesure implique notamment : - que la vente de ces produits est rigoureusement encadrée; - qu’il est interdit de faire usage d’une cigarette électronique dans tous les lieux où il est interdit de fumer : à l'intérieur des lieux fermés qui accueillent le public, dans les milieux de travail, dans tous les autres lieux extérieurs interdits par la Loi. Cependant, si le rayon de 9 mètres ou une partie de celuici excède la limite du terrain sur lequel le lieu est situé, l’interdiction s’applique uniquement jusqu’à cette limite. Par exemple, l’interdiction de fumer n’est pas applicable si une porte ou une fenêtre communiquant avec un lieu donne directement sur un trottoir municipal. L’interdiction concernant les arômes ou saveurs autres que ceux du tabac ne s’applique pas aux cigarettes électroniques, ni à leurs accessoires comme les liquides. -

Le montant des

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amendes liées aux différentes infractions prévues à la Loi a été augmenté. Par exemple, une personne qui fume dans un lieu où il est interdit de le faire peut maintenant recevoir une amende de 250 $ à 750 $. Pour plus de détails, consultez la liste des infractions et des amendes. - Il est interdit à une personne mineure d’acheter du tabac. - En ce qui concerne toute personne qui désire acheter du tabac ou être admise dans un salon de cigares ou dans un point de vente spécialisé : la personne a l’obligation de prouver qu’elle est majeure si l’exploitant du commerce ou son préposé lui en fait la demande. La personne doit en faire la preuve en présentant une pièce d’identité avec photo, délivrée par un gouvernement ou l’un de ses ministères ou par un organisme public. - Le nombre de lieux où il est possible d’installer un fumoir a été augmenté. Par exemple, il est maintenant possible d’installer un fumoir dans un immeuble d’habitation de 2 logements ou plus. En plus des interdictions déjà existantes, il est aussi interdit

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de fumer : - dans les véhicules automobiles, lorsque des personnes de moins de 16 ans y sont présentes; - dans les aires communes des immeubles d’habitation comportant de 2 à 5 logements; - sur les terrasses commerciales, incluant celles des restaurants et des bars; - dans les aires de jeux extérieures pour enfants; - sur les terrains sportifs et les terrains de jeux; - sur les terrains des camps de vacances; - en tout temps, sur les terrains : des centres de la petite enfance et des garderies; des établissements d’enseignement : préscolaire, primaire, secondaire, y compris les centres de formation générale aux adultes et les centres de formation professionnelle. Il est également interdit aux fabricants et aux distributeurs de vendre, d’offrir en vente ou de distribuer des produits du tabac comportant une saveur ou un arôme autres que ceux du tabac.


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Cultures

Au bonheur des mélomanes

La musique andalouse célébrée à Montréal par la troupe marocaine “Rouh Atourat” Dans une ambiance festive et conviviale, les mélomanes de la musique andalouse ont assisté, samedi 3 décembre 2016 au théâtre Outremont à Montréal, à une soirée inoubliable marquée par une brillante prestation de la troupe marocaine “Rouh Atourat” (l’âme du patrimoine), dirigée de main de maître par Adil Otmani, qui a gratifié l’auditoire d’un répertoire de chants célèbres et de mélodies envoûtantes, mêlant diverses sonorités arabo-marocoandalouses. Organisé par le Consulat Général du Royaume du Maroc à Montréal en collaboration avec la Communauté Sépharade Unifiée du Québec, dans le cadre de l’édition 2016 du Festival Séfarad de Montréal, ce concert a permis au grand public présent, issu notamment des communautés marocaine et juive établies au Canada, de goûter au plaisir et au charme de ce genre musical authentique et sublime, qui a su conserver son essence et son caractère original malgré les vicissitudes du temps grâce aux apports de plusieurs générations de maîtresmusiciens marocains. En effet, l’orchestre composé de jeunes musiciens, passionnés et engagés dans la promotion et la sauvegarde du patrimoine musical andalou au Maroc, a offert à l’assistance un spectacle grandiose et haut en couleurs, reflétant le raffinement et le charme de ce patrimoine musical ancestral, méconnaissable de la majorité des Canadiens. Ainsi, pendant plus de deux heures, Adil Otmani et sa troupe ont emporté les amoureux de ce genre musical, fortement enraciné dans la tradition et la culture artistique marocaine, dans un voyage à travers le temps pour la

redécouverte, non sans nostalgie, de ces sonorités maghrébine, andalouse et orientale qui se sont influencées mutuellement et ont donné vie à d’inépuisables mélodies musicales. Ce grand concert mémorable a été vivement salué par l’assistance totalement conquise et exquise par des timbres et des sonorités témoignant de l’extraordinaire talent de l’ensemble des membres de la troupe qui a interprété avec brio, sous des salves d’applaudissements et de youyous stridents, plusieurs chansons puisées dans le riche répertoire de cette musique ancestrale qui reflète la magnificence de la civilisation et de la culture musicale du Royaume. Vêtus dans la pure tradition marocaine (Dejellabas, babouches jaunes et tarbouches rouges), ces musiciens ont merveilleusement interprété un récital composé de célèbres “noubas” et “maouals”, de chants religieux ainsi que de nombreux classiques tels que “Chams Al-âachiy” (coucher du soleil), “Ana Mani Fiyach” ou “Ana Dini Dine Allah”, au grand bonheur de plusieurs mélomanes enthousiasmés qui ont chanté en choeur avec l’orchestre les paroles de ces chansons immortelles. Lors de cette soirée euphorique, la troupe marocaine, qui a démontré toute l’étendue de son talent, a été notamment accompagnée du cantor David Lasry, un spécialiste de musique andalouse et de “triq” (voie) liturgique juif, offrant par la même une somptueuse prestation issue d’un métissage de musique judéo-andalouse, qui a émerveillé toute la salle. Le point d’orgue de ce concert exceptionnel a été sans

nul doute l’interprétation par l’orchestre de chansons patriotiques transgénérationnelles, notamment “Nidaa Al Hassan” et “Laâyoune Ayniya” qui ont exalté l’élan patriotique de tous les Marocains à l’époque de la glorieuse Marche Verte.

A la fin de cette performance musicale, Adil Otmani et son orchestre ont eu droit à des torrents d’applaudissements et à une standing ovation de la part d’une salle qui a été subjuguée, le temps de cette soirée remarquable, par les

Les mille et une soirées littéraires de l’association Passerelle

Arts visuels: Approches, diversité et interférences L’Association Passerelle organise, le vendredi 16 décembre 2016 à 18h au Centre culturel Simon Bolivar, une nouvelle édition de ses «mille et une soirées littéraires». Au cœur de la soirée «Arts

visuels: Approches, diversité et interférences», une thématique qui interpelle des artistes peintres comme panélistes invités à cette rencontre.

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rythmes d’une musique andalouse qui demeure un art raffiné auquel les Marocains vouent une grande passion depuis des générations, malgré l’éclosion de nombreux styles et modes de musique moderne.


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Cultures

Les artistes qui montent

Abdel Kadiri à la rencontre du public Né à Meknès (Maroc) en 1981, Abdel Kadiri est un auteur compositeur qui a su se démarquer en adaptant des textes en «darija» (arabe parlé marocain) à des musiques House sans que le mélange soit indigeste. Ce talent il l’a développé très jeune. Cadet d’une famille de mélomanes, il a dès son enfance démontré des qualités que son frère Bader, musicien et instrumentiste confirmé, n’a pas manqué de remarquer et d’aider à développer en mettant en vedette le tout jeune Abdel dans des prestations artistiques, lors de différentes fêtes et célébrations privées. Fort d’une notoriété certaine dans sa ville natale, Abdel décide alors de se lancer dans le monde des arts. Il choisit de le faire en se donnant une formation académique qu’il accomplit avec succès à l’institution The Audio Recording Academy au Canada. Et c’est à Montréal qu’il commence à donner un aperçu de ses capacités; d’abord comme réalisateur artistique pour différents artistes de la place.

vous pour votre propre compte? Abdel Kadiri : Au début des années 2000, comme technicien, je travaillais à enregistrer les travaux de nombreux artistes au Maroc. Dans mes moments libres, j’enregistrais ma propre voix, puis mes propres compositions; comme ça, pour le «fun»… Des amis ont entendu par hasard un de ces essais, ils ont aimé ma voix et m’ont encouragé à travailler pour mon propre compte. Je me souviens encore avec émotion de la première chanson; elle m’a semblé receler beaucoup de fraicheur et quelques inventions musicales. C’est d’ailleurs resté ma chanson fétiche. Et depuis, je produis mes propres créations. L’orientation vers une carrière artistique n’est cependant pas venue seule? Oui. Mon frère Bader est musicien. Il a travaillé avec beaucoup de grands artistes dont Bilal, Reda Taliani, Zahouania, Hajib, Stati ...

Tout jeune, chaque fois que je l’écoutais jouer du piano ou que je le voyais dans ses prestations télévisées, je me disais «Je veux faire comme lui; je veux être un artiste». Vous y êtes presque; mais quels sont les défis que vous voulez relever? Je veux faire au Canada ce que Khaled à fait en France : amener des gens de toutes autres cultures à écouter et aimer la musique arabe. Je sais que ça va être très dur, mais je travaille dur. Jusqu’à présent je n’ais chanté qu’en arabe, mais bientôt je ferais un single en langue française sur une musique arabe. Quelle est la part du pays d’origine, le Maroc, dans ce parcours? Je n'ais encore jamais eu la chance de me produire au Maroc. Mais j’y songe sérieusement; et je pense que cela va pouvoir se faire bientôt… La scène marocaine peut-elle t’offrir les opportunités que

Abdel Kadiri

tu cherche? La chanson marocaine va bien; la preuve en est que, au Moyen Orient par exemple, on écoute notre musique et on commence à chanter avec notre accent. Mais cela ne veut pas dire que nous n’avons pas quelques problèmes… Tes artistes marocains favoris?

Parallèlement, il réalise ses propres clips et albums, parmi lesquels, - «Soukaina» (2012) - «Ya dalem» (2013) - «J’en ais marre» (2013) - «Bouhatia» (2014) - «Moulat lkhimar» (2015) - «Je te souhaite…» (2016) - «Beslama» (2016)

Mes favoris sont Saad Lamjarred, Hatim Ammor, Hoda Saad, Douzi ... Et dans la chanson internationale? Rihana, parce qu’elle prouve tout les jours que des chansons simples peuvent devenir de grands succès; Céline Dion pour son immense talent; Fayrouz et l’artiste russe Vitas; Khaled et Mami. Surtout Khaled; depuis mon enfance je rêve de chanter avec lui.

Abdel travaille actuellement sur un huitième album dont le titre provisoire est «FBI». Il animera également différentes célébrations d’ici la fin de l’année 2016 à Montréal, dans des premiers contacts directs avec le public et la scène. Nous l’avons rencontré à Montréal. Entretien.

Comment pourras-tu prendre rang parmi tous ces gens? Je n’y pense pas. Sérieusement, je fais encore

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aujourd’hui dans la chanson légère. Il y en a même qui sont carrément drôles comme «bouhatia» (la maligne) ou «kyd nssa» (ruses de femmes). Mais tout cela reste très réaliste… Ce n’est pas autobiographique, je peux vous l’assurer. Sauf peut-être une chanson, celle qui raconte une histoire vraie vécue par mon père. Sur quoi travailles-tu en ce moment? je travaille beaucoup à un nouveau single (FBI) qui portera le titre de FBI. Je suis aidé par deux grands producteurs marocains Rachid Mohamed Ali et Bader Kadiri. Ça sera encore une chanson drôle. Une chanson est en chantier avec un artiste de Marrakech Raibn; et en français, il y a deux projets en cours, le premier avec DJ Bachir et le second avec Lucile, une artiste francophone. Mais avant cela, je donne un premier spectacle à Montréal le 31 décembre. Pour montrer enfin au grand public ce que suis capable de faire…


Sports

Cristiano Ronaldo : Beaucoup d’or… De l’or, beaucoup d’or, à ne plus savoir quoi en faire. Vainqueur de la Ligue des champions et de l’Euro, le Portugais a remporté, lundi 12 décembre 2016, son quatrième Ballon d’or après avoir déjà conquis le trophée en 2008, 2013 et 2014. Il devance l’Argentin Lionel Messi et le Français Antoine Griezmann.

Messi et que tous les autres joueurs en délicatesse avec le fisc : il est accusé, par l’intermédiaire de son agent, la tête pensante Jorge Mendes, d’avoir « dissimulé 150 millions d’euros dans les paradis fiscaux, grâce à des montages offshore passant par la Suisse et les îles Vierges britanniques. »

Si l’année 2016 aurait pu être parfaite pour Cristiano Ronaldo, le Madérien, connu pour son ego proéminent, ne devrait pourtant pas savourer pleinement la plus grande récompense individuelle du football. En effet, les récentes révélations des « Football Leaks » ont prouvé que Ronaldo n’est pas plus à l’aise avec l’impôt que son rival argentin, condamné en juillet à 21 mois de prison – qu’il purgera en liberté conditionnelle pour une fraude fiscale estimée à plus de 4 millions d’euros.

Ce scandale révélé début décembre n’aura pas eu d’impact sur le résultat, comme les changements dans l’élection induits par la fin du partenariat de six ans avec la FIFA. Exit les trois collèges de votants (journalistes, capitaines et sélectionneurs), un large panel de représentants de la presse élit désormais seul le meilleur joueur du monde. Et en prime, l’annonce du résultat a été avancée d’un mois. Retour sur l’année de celui pour lequel le Ballon d’or n’a jamais aussi bien porté son nom.

Mais là aussi, CR7 s’est montré plus « performant » que

Des performances individuelles encore exceptionnelles

Avec seize buts inscrits lors de la Ligue des champions 2016, Ronaldo est le meilleur marqueur de l’histoire de la compétition avec 96 buts, devant Messi et ses 92 buts. Avec 35 buts inscrits en Liga lors de la saison 2015-2016, le Portugais s’est également illustré en championnat malgré la deuxième place de son club derrière le Barça.

Cet été, lors de l’Euro, CR7 est devenu le seul joueur à inscrire au moins un but lors de quatre éditions consécutives. Il a également égalé Michel Platini au rang de meilleur buteur de la compétition, même si le Français avait, lui, réussi l’exploit d’inscrire ses neuf buts en un seul tournoi. Il détient enfin le plus grand nombre de rencontres de championnats d’Europe avec 21 matchs disputés sous le maillot du Portugal. Le 19 novembre dernier, Ronaldo avait inscrit un triplé impressionnant face à

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l’Atletico Madrid. Dans le derby de la capitale

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Sports

Cristiano Ronaldo : Beaucoup d’or… Suite de la page 36

madrilène, cette performance face au club d’un de ses rivaux au Ballon d’or, le Français Antoine Griezmann, avait marqué les esprits. « Ces trois buts montrent qu’il met tout le monde d’accord. Pour moi, il n’y a pas de débat, le Ballon d’or sera pour lui », s’était empressé de déclarer son entraîneur, Zinédine Zidane, après la rencontre. Un aboutissement collectif avec le Portugal Jamais titré avec le Portugal, Ronaldo a largement participé à l’aventure victorieuse de sa sélection en France. Qualifié après trois matchs nuls en poule, dont un 3-3 spectaculaire face à la Hongrie, marqué par un doublé salvateur de l’idole, le Portugal a gagné grâce à un collectif forcené et un état d’esprit irréprochable. Auteur de trois buts et de trois passes décisives, le capitaine Ronaldo a porté son équipe, même s’il n’a pas survolé la compétition par ses performances sportives. Si sa sortie

prématurée sur blessure en finale n’a pas déstabilisé ses coéquipiers, qui sont venus à bout des Bleus sur un but d’Eder, l’engagement de la vedette sur le bord du terrain, après sa sortie, ne trompait guère sur son influence majeure.

dans l’identité du joueur qui allait compléter le podium. Le Français Antoine Griezmann a logiquement conquis cette troisième place après une saison exceptionnelle tant en club qu’avec sa sélection nationale.

Mais la nouvelle coqueluche Alors que Lionel Messi a été, française a dû céder à deux cette année, une nouvelle fois reprises face à Ronaldo dans battu en finale d’un grand une finale, avec l’Atletico tournoi avec l’Argentine Madrid (Ligue des champi(Mondial 2014, Copa America ons) puis l’équipe de France 2007, 2015 et 2016), Ronaldo (Euro). Il faut remonter à a eu la joie de brandir le preFranck Ribéry, pour retrouver 2013, et la troisième place de mier trophée international du Portugal. Et il a pleinement réussi à concilier sa soif de buts avec l’esprit d’équipe. Il ne s’y était pas trompé mioctobre dans un entretien à Marca : « Cela a peut-être 1. Cristiano Ronaldo 11. Pierre-Emerick été ma meilleure saison au 2. Lionel Messi Aubameyang niveau individuel et collectif, 3. Antoine Griezmann 12. Rui Patricio une année fantastique. »

Classement final du Ballon d’or 2016

Messi et Griezmann complètent le podium S’il n’y a pas eu de suspense concernant le lauréat et son dauphin, l’inconnu de ce Ballon d’or version 2016 résidait, encore une fois,

4. Luis Suarez 5. Neymar 6. Gareth Bale 7. Riyad Mahrez 8. Jamie Vardy 9. Pepe . Gianluigi Buffon

13. Zlatan Ibrahimovic 14. Paul Pobga . Arturo Vidal 16. Robert Lewandowski 17. Dimitri Payet . Luka Modric . Toni Kroos

… et aussi beaucoup d’argent caché

Le ministère du revenu espagnol veut en savoir plus Le ministère du revenu espagnol a demandé au journal El Mundo de lui transmettre les documents liés à l'enquête. C'est ce qu'ont confirmé à l'agence AFP des sources au ministère. El Mundo est partenaire en Espagne de l'enquête appelée « Football Leaks » menée par plusieurs médias en Europe sur les tentatives de fraude ou d'optimisation fiscale dans le soccer.

Selon El Mundo, l'Office national de lutte contre la fraude fiscale (ONIF) a demandé à Unidad Editorial, la maison mère du journal, de lui transmettre « toute information et documentation ayant un intérêt fiscal », en rapport avec l'enquête Football Leaks, ce qui a été confirmé à l'AFP par une source du ministère. L'enquête portant essentiellement sur les pratiques fiscales dans le monde du soccer concerne notam-

ment des joueurs vedettes en Espagne dont l'attaquant portugais du Real Madrid Cristiano Ronaldo, qui a reçu lundi soir son quatrième Ballon d'or.

médias européens, Ronaldo aurait dissimulé au ministère du revenu 150 millions d'euros (209 millions de dollars canadiens) dans des paradis fiscaux.

Le quotidien ajoute que l'ONIF a transmis au journal une liste de 37 personnes physiques et morales au sujet desquelles elle demande des informations, parmi lesquelles Cristiano Ronaldo, son agent Jorge Mendes et sa société Gestifute.

Le Français Karim Benzema (Real Madrid), le Brésilien Neymar (FC Barcelone) et l'Allemand Mesut Özil (ancien du Real Madrid, actuellement à Arsenal) figurent également sur la liste des joueurs intéressant le ministère du revenu, selon El Mundo.

Selon l'enquête menée par douze

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un Français sur le podium. Paul Pogba, 14e, et Dimitri Payet, 17e, sont les autres Français placés dans le classement final de cette édition 2016. Lionel Messi, quintuple Ballon d’or (2009, 2010, 2011, 2012, 2015) n’a pas pu soutenir la comparaison avec le Portugais. L’Argentin, vainqueur seulement du championnat espagnol avec Barcelone, s’est incliné une nouvelle fois en finale de la Copa America.

La décision du journal de remettre ou non les documents « dépendra de l'autorisation de nos sources », affirme dans les colonnes d'El Mundo son directeur Pedro Garcia Cuartango. Dans une ordonnance du 2 décembre, un juge espagnol a demandé que les révélations cessent, estimant qu'il y avait violation du « droit fondamental à la confidentialité des communications », une décision qui n'a pas empêché la publication de nouvelles révélations.


Monde

Attaques terroristes en série: attentats divers, tactiques similaires Marie-Michèle Sioui - Avec l’Agence France-Presse | Actualités internationales

Une femme pleurait la mort d’un proche dimanche soir à Istanbul, lieu de deux explosions qui ont fait au moins 38 morts. La fin de semaine a été sanglante, sur la planète, et cinq pays pleurent des vies arrachées par des attentats qui ont comme point commun le mode d’opération. En Égypte, en Turquie, au Yémen, au Nigeria et en Somalie, des bombes ont fait plus d’une centaine de morts entre vendredi et dimanche. Les motivations des attaques — revendiquées tantôt par un groupe radical kurde (Turquie), tantôt par des groupes terroristes (al-Shabbaab en Somalie et le groupe armé État islamique au Yémen) — sont distinctes. Mais la manière de procéder, en attaquant des lieux non sécurisés, est la même. « Peu importe la motivation idéologique ou politique, l’ampleur des attaques sur des soft targets est désormais plus grande. À Istanbul, par exemple, des policiers ont été visés, mais ils l’ont été à l’extérieur d’un stade, et non dans un endroit sécurisé », a observé Bessma Momani, de l’Université de Waterloo. Les soft targets, ou cibles fragiles, sont des lieux bondés, mais non sécurisés. Ils sont l’église copte où a eu lieu un attentat qui a tué au moins 23

personnes, dimanche au Caire. Ils sont le marché de Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria, où des fillettes qui auraient 7 ou 8 ans se sont fait exploser et ont tué une personne, la même journée. Ils correspondent aux alentours du stade de l’équipe de soccer de Besiktas, à Istanbul, où un attentat-suicide et l’explosion d’une voiture piégée ont fait près de 40 morts samedi soir. Une cible fragile, c’est aussi le port commercial de Mogadiscio, où 20 personnes ont été tuées dimanche dans un attentat-suicide au camion piégé. Encore, c’est la caserne Al-Sawlaban de la ville d’Aden, là où sont morts 48 soldats yéménites qui étaient rassemblés samedi pour encaisser leur paye mensuelle, quand un kamikaze s’est fait exploser. « Une partie du défi s’explique par le fait qu’il est impossible, même dans l’État le plus militarisé qui soit, de protéger toutes les cibles fragiles », a rappelé Bessma Momani. Et « pour un groupe terroriste, frapper une soft target, c’est extrêmement facile, particulièrement dans des endroits comme le Yémen, le Nigeria et la Somalie, où l’accès à des armes est extrêmement facile, avec un tout petit peu d’argent », a ajouté Thomas Juneau, de l’Université d’Ottawa.

Moins de logistique Le fait d’attaquer des cibles fragiles n’empêche pas la possibilité de s’en prendre, aussi, à des lieux ultra-sécurisés. L’attentat à l’aéroport

d’Istanbul, le 28 juin, l’a bien prouvé. « Frapper une hard target, [le groupe] EI veut le faire, parce que la portée politique d’un attentat comme ça est beaucoup plus forte, a remarqué Thomas Juneau. Mais au niveau de la logistique, de l’entraînement et de la préparation, c’est beaucoup plus compliqué. L’investissement est supérieur. Alors, frapper une soft target, pour une cellule [terroriste], c’est plus facile. » Quand même, en sécurisant et en militarisant les lieux sensibles, comme le fait notamment la France depuis les attentats de novembre 2015, les États fragilisent-ils la sécurité des lieux de rencontre des civils ? « En protégeant plus les hard targets, est-ce qu’on rend les soft targets plus vulnérables ? Potentiellement, oui, a répondu Thomas Juneau. Mais quand il

y a toutes sortes de choses comme des check points, des contrôles aux frontières, ça peut quand même restreindre la liberté de manoeuvre de groupes de terroristes. » Des écoles aux cinémas ou aux festivals, des marathons aux centres commerciaux, les attaques se déplacent et les assaillants s’inspirent les uns des autres, constate Bessma Momani. « On ne peut pas sécuriser tous les lieux. C’est pourquoi nous devons mettre de l’énergie dans le renseignement », a-t-elle déclaré. Entre 2000 et 2010, le budget du seul Service canadien du renseignement de sécurité a bondi de 179 %. Entre 2001 et 2016, la hausse aurait atteint environ 300 %, selon Thomas Juneau, qui est aussi un exemployé de la Défense nationale.

Une fin de semaine meurtrière

Aden, Yémen - Attentat-suicide devant une caserne où des militaires recevaient leur paye 48 morts, 29 blessés Geste revendiqué par le groupe armé État islamique Istanbul, Turquie

- Deux explosions presque simultanées : une voiture piégée et un kamikaze, près d’un stade de soccer Au moins 38 morts, dont 30 policiers Geste revendiqué par Les Faucons de la liberté du Kurdistan, un groupe radical

proche du Parti des travailleurs du Kurdistan Le Caire, Égypte - Trois attentats à la bombe (deux attentats vendredi et un attentat dimanche), dont le plus important dans une église copte

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30 morts dans les trois événements Geste non revendiqué Mogadiscio, Somalie - Attentat au camion piégé dans le port de Mogadiscio Au moins 20 morts Geste revendiqué par le groupe djihadiste al-Shabbaab, affilié à

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Mais le renseignement n’est pas infaillible, et « on ne pourra jamais exiger un rendement de 100 % », a rappelé Thomas Juneau. Aussi, « dans nos démocraties libérales, nous avons du mal à accepter le fait que le gouvernement nous surveille constamment », a ajouté Bessma Momani. Entre le maintien de la sécurité et le respect de la vie privée, l’équilibre est précaire. À ce sujet, Thomas Juneau se félicite d’entendre les débats entourant le projet de loi conservateur antiterroriste C-51, que le gouvernement Trudeau s’affaire à réformer. « Quelle que soit la position d’un parti politique ou d’un individu, je trouve que c’est bien qu’on parle de ça au Canada, parce qu’on n’en parle pas assez publiquement », a-t-il affirmé.

al-Qaïda Maiduguri, Nigeria - Deux attentats-suicides, dans un marché 1 mort, 18 blessés Geste non revendiqué. Mais le procédé utilisé est celui du groupe djihadiste nigérian Boko Haram


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