nº 299 du 23 mars au 5 avril 2017
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Budget 2017 – 2018 du Québec
Entre «générosité» et «prudence fiscale»…Page 8
Nouvelles restrictions visant les voyageurs arabes et musulmans vers les USA
Comment on tue les compétences chaque année, 1300 immigrants renoncent à exercer leur profession Page 14
Lutte contre la précarité Page 17
Banques alimentaires du Québec : 100 000 nouvelles requêtes par mois…
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Un Sommet des gens d’affaires Canadomarocains
à Toronto le 31 mars 2017
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Immigration : Québec change à nouveau les critères de sélection
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Édito
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Depuis 2002 Groupe Atlas Media Quatorze ans, c’est… • 298 numéros du bimensuel Atlas.Mtl, soit plusieurs milliers d'articles exprimant la sensibilité maghrébine et valorisant la dimension maghrébine de la société dans laquelle nous vivons; • Une cinquantaine d'événements identitaires, artistiques, culturels et politiques; • De nombreux débats, colloques, séminaires et conférences, • 118 reportages sur la communauté pour les chaînes de télévision 2M, AlMaghribia, Ai Aoula, Arrayadia; • 365 émissions radio (de 2002 a 2009); • Un site web ayant accueilli plus de 14 millions de visiteurs depuis 2003 et qui dans sa nouvelle version (mise en ligne début 2012) et qui reçoit en moyenne 3500 visiteurs par jour.
Islamophobie; l’autre nom du combat contre la haine
Éditorial
Editeur : Abdelghani Dades. Directeur Général Rachid Najahi. Rédaction : Abdelghani Dades, Narjisse El-Bakkali, Zahira Ellahgui, Mona Doutabaa, Said Chayane, Reda Benkoula Publicité : Agence Odyssée
Lorsque dans les années quatrevingt et dix du siècle dernier, un certain nombre de sociétés occidentale étaient entrées dans un nouveau cycle de conservatisme et de xénophobie, on n’y avait pas trop pris garde. Certes les discours de leaders d’opinion extrémistes choquaient-ils, mais personne ne prenait la peine de contre argumenter et de démonter les escroqueries intellectuelles auxquelles ils se livraient.
Le silence méprisant des bienpensants a cependant eu cet effet pernicieux que les discours exclusifs non contredits on pu tranquillement faire leur chemin dans la tête des gens ordinaires, s’imposer comme une vérité. Le résultat, on le voit aujourd’hui, est que les tenants d’idées extrêmes sont soit au pouvoir comme en Hongrie (et même un peu plus près de nous), soit dans les allées du pouvoir comme au Pays Bas ou encore tout près des marches du pouvoir comme en France pays-mère pourtant de toutes les libertés. Et tous ont en commun de se prévaloir légitimement de leur accession démocratique aux postes suprêmes de leurs pays respectifs et de compter sur une masse d’électeurs indéfectibles. Un tel cheminement est-il possible ici, au Canada et au Québec? À première vue non. Mais à y regarder de plus près, le doute est permis. Le débat autour de la motion parlementaire M-103 est en ce sens parfaitement significatif. À l’est comme à l’ouest du pays en effet, les groupuscules racistes et suprémacistes ont réussi à accréditer l’idée chez bon nombre de citoyens ordinaires que «l’immigrant (entendez aujourd’hui le musulman) impose sa différence et change notre
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société». Un débat bien mené sur l’islamophobie étant de nature à dissiper cette peur injustifiée, l’étape suivante consiste à – à la fois - contester la notion d’islamophobie, nier sa pertinence et l’existence des réalités qu’elle recouvre et empêcher tout débat prouvant le contraire. Ingrédient supplémentaire : la peur encore. Ainsi dans le discours de ces gens-là, donner crédit à ce fait, qu’ils décrivent comme «vide de sens et de signification» qu’est l’islamophobie, ne serait qu’une manœuvre des musulmans – ne pouvant être soutenus en l’occurrence que par des gens naïfs – afin de restreindre l’une de nos plus belles libertés, la liberté de penser et de s’exprimer. Et la résolution M-103 ne serait donc que l’un des outils de ce complot.
malheureusement pas fait disparaitre la judéophobie, ni le racisme fondée sur la couleur de la peau, les choix de vie ou la différence physique. En somme, comme le dit Thomas Mulcair, leader du NPD, c’est la haine qui est visée par la motion; et de poursuivre «Soit on est contre la haine, et l'islamophobie est une manière d'exprimer sa haine, soit on va essayer de la justifier». Ce qui est cependant dommageable, c’est que le débat sur cette question reste dans l’enceinte du Parlement fédéral; les débats y sont féroces et engagent l’ensemble de nos élus, «pour» et «contre». Ce débat trouve écho dans les média, bien sur. Mais hors de ces cercles, il ne touche pas tous ceux qui devraient se sentir concerné, c’est-à-dire l’ensemble des citoyens canadiens.
Sauf que l’islamophobie existe bel et bien. Son expression est même de plus en plus courante dans notre vie quotidienne, de l’agression verbale d’une femme portant le voile jusqu’au cas extrême de la mosquée de Québec, est de plus en plus fréquente.
Ainsi, lorsque des manifestants décident de s’exprimer sur la question on retrouve d’un côté des groupuscules dit «d’extrême droite» et pour leur donner la contradiction, de l’autre côté, des membres de partis «d’extrême gauche».
Ce, en outre, que ne disent pas les adversaires de M-103 c’est que si la motion parlementaire cite nommément l’islamophobie, elle concerne bien plus que cela, à « condamner la discrimination envers les musulmans, toute forme de racisme et de discrimination religieuse systémiques et demande que l'élaboration d'une approche pangouvernementale soit étudiée».
Autrement dit, quelle que soit l’issue du débat, il n’aura été influencé que par les députés et par une infime minorité de citoyens aux idées de surcroît marginales.
Et c’est très bien ainsi, car si bien contre le gré de la plupart d’entre eux, les musulmans sont au centre de toutes les attentions ces derniers temps, l’islamophobie n’est pas le seul travers exclusif de notre société; son éclosion n’a
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Notre question est alors : avonsnous le droit de laisser une minorité nous dicter un choix de vie collectif? Certes non, surtout lorsqu’il s’agit de faire face à une préoccupante et dangereuse montée de l'intolérance et du racisme au Québec, au Canada et ailleurs encore à travers le monde; surtout lorsque nous pouvons encore faire la différence…
Abdelghani Dades
Politique fédérale
Course à la succession au Parti Conservateur du Canada
13 candidats pour un fauteuil C’est en mai 2016 que l’on connaitra le nom du successeur de M. Stephen Harper à la tête du Parti Conservateur du Canada. Pour l’heure, ils sont treize candidats en course, une course indécise dans laquelle, s’il y a des «outsiders», personne ne semble en revanche faire figure de favori. De ce fait, si leurs profils et convictions politiques diffèrent souvent, ils ont un point commun, un défi à relever : se distinguer à la foi de l’ombre tutélaire de l’ancien chef et se démarquer de leurs concurrents.
Au Québec – qui n’est pas particulièrement une terre PCC – deux de ces 13 candidats semblent bénéficier d’un certain renom : Maxime Bernier et Kevin O’leary. Kevin O’leary a un défaut : il ne comprend le français, mais ne le parle pas vraiment. Lorsque on l’interpelle sur cette question, celui qui dit être le seul conservateur «capable de battre Justin Trudeau» répond – en français – «En 2019,je serais prêt à débattre avec Justin dans cette langue». Né à Montréal d’un immi-
grant irlandais et d’une immigrante libanaise, grand voyageur puisqu’il a vécu ans une dizaine de pays et en a visité quelques dizaine d’autres, Kevin O’leary présente une autre caractéristique : de tous les candidats à la succession de M. Harper, même si les questions économiques dominent sa réflexion, il est celui qui tient le discours le plus ouvert sur la diversité et la nécessité pour le Canada de l’assumer. Ainsi, dit-il, «Si on enseignait la diversité aux enfants à partir de l’âge de cinq ans, les problèmes que nous connaissons disparaitraient en très peu de
Kevin O'Leary temps». C’est pourquoi, profitant des meetings qu’il vient de tenir dans la Belle
Province, nous l’avons rencontré. Entretien.
Kevin O’leary : «Il n'y a pas de place au Canada pour le racisme ou l'intolérance» Entretien réalisé par Wahid Megherbi
Atlas.Mtl : Quelle place donneriez-vous aux citoyens canadiens d'origines diverses dans votre programme et vos politiques si vous êtes choisi chef du PCC puis élu premier ministre du Canada? Kevin O'Leary: Il n'y a pas de place au Canada pour le racisme ou l'intolérance de quelque nature que ce soit. Je suis moi-même fils d'immigrants irlandais et libanais, deux cultures très différentes. Les Canadiens sont des gens très diversifiés et, comme premier ministre, je travaillerais à briser les obstacles et à faire accepter nos différences. Il y aura toujours une voix pour les citoyens d'origines diverses sous mon leadership. Nous vivons dans un monde interrelié. Les Canadiens d’origines diverses constituent un lien essentiel avec les marchés d'exportation des biens et services canadiens et forment des réseaux pour nous aider à attirer les talents essentiels et nécessaires dans bon nombre des secteurs à plus forte croissance au Canada.
Quelles mesures pourriez-vous mettre en place afin de permettre aux minorités culturelles de s'impliquer davantage dans le monde entrepreneurial pour améliorer leur sort et favoriser la croissance économique de leur pays, le Canada? De nombreux immigrants au Canada sont naturellement choqués de constater à quel point nos impôts personnels et corporatifs sont élevés. Ces impôts, parmi les plus élevés de l'OCDE, dissuadent les personnes nées au Canada comme les immigrants; de démarrer ou d'agrandir leurs entreprises; trop souvent, ça n’a pas sens. Ajoutez à cela le fardeau réglementaire qui tue les emplois, en particulier pour les petites entreprises familiales, et vous étouffez l’esprit entrepreneurial et l’innovation. Je réduirai les taux d'imposition et réduirai les règlements qui tuent les emplois. Ces mesures, entre autres, feront croître notre économie à 3% du PIB au cours de la durée de mon premier mandat. Quelle est la place du Québec et du fait français dans votre programme? Je suis né à Montréal et j'ai toujours eu une place dans mon cœur
pour ma ville natale et ma province d’origine. J'apprécie beaucoup et je respecte la langue et la culture du Québec. Je travaille activement à réapprendre la langue de Molière. Je travaillerai toujours pour faire valoir les intérêts des Québécois et de tous les Canadiens. En tant que fils d'immigrants, quels conseils donneriez-vous aux jeunes Canadiens d'origine immigrante pour les encourager à s'impliquer dans le monde de l'entrepreneuriat et dans le monde de l'action politique? J'ai vu mes parents travailler très fort pour nous donner une bonne vie au Canada. Vous ne démarrez pas une entreprise par cupidité, ce n'est pas pour l'argent. Vous devriez vouloir être un entrepreneur pour vouloir vous libérer. La poursuite de l'entrepreneuriat c'est de se libérer en même temps qu'aider les autres à atteindre leurs objectifs. En tant qu'homme d’affaires prospère ayant une grande expérience internationale, j'ai vu de mes propres yeux la mauvaise gestion économique de Justin Trudeau et l’effet qu'elle a sur notre pays. J'ai vu un mal être en train d’être commis et je ne pouvais pas rester assis et laisser notre grand pays
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Kevin O'Leary et Wahid Mgharbi être irrémédiablement endommagé. C'était mon devoir civique de faire tout ce que je peux pour m'assurer que nos générations futures ne soient pas écrasées sous un avenir marqué de dette perpétuelle. Nous avons tous en nous les moyens pour nous lever et nous battre pour ce qui est juste. Quel message avez-vous à
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l’attention des Canadiens de confession musulmane, et surtout de la communauté maghrébine au Canada? Les Canadiens musulmans et tous les Canadiens seront toujours respectés sous mon leadership. La liberté de religion et la liberté d'expression seront toujours protégées.
Politique fédérale
Élections partielles
La surprise libérale de Saint Laurent
L’outsider Emmanuella Lambropoulos élue candidate
Emmanuella Lambropoulos Emmanuelle Lambropoulos, une enseignante de 26 ans à peu près inconnue des cercles libéraux, a causé la surprise en battant une ex-ministre du gouvernement Charest et une éminente fiscaliste, dans la course à l’investiture libérale dans la circonscription montréalaise de Saint-Laurent. C’est donc elle qui tentera de succéder à l’ancien ministre des Affaires étrangères Stéphane Dion dans le château fort libéral qu'est Saint-Laurent au scrutin partiel d’avril prochain. La procédure de choix a été longue, elle a duré plusieurs heures pour ne s’achever que vers 22 heures. Elle a commencé par une première surprise : l’élimination dès le premier tour de celle qu’on avait présentée comme le «premier choix» du Premier ministre, Yolande James, ancienne députée provinciale (Nelligan, Ouest de
Marwah Rizqi l’Île) et ex-ministre respectivement de l’Immigration et des communautés culturelles, puis ministre de la famille. Mme James qui, selon tous les observateurs », a mené la campagne «la plus intense» dans cette course n’a en effet obtenu que 400 voix; loin derrière Mme Rizqi, gagnante du premier tour et en retard de quelques votes sur Mme Lambropoulos. Au second tour, Mme Lambropoulos est passée une centaine de voix devant Marwah Rizqi, qui avait représenté le PLC aux dernières législatives dans l’arrondissement de Hochelaga; dans cette consultation Mme Rizqi avait était défaite, au terme d’un recomptage des votes, par quelques dizaines de voies seulement. Surprise! Ce résultat a bien sûr surpris tout le monde. Yolande James et
Yoland James
Marwah Rizqi, d’abord; mais surtout Mme Lambropoulos, la gagnante elle-même, 26 ans, qui semblait sous le choc à la proclamation des résultats. « Je ne savais pas que j’avais gagné, je n’avais aucune idée. J’étais étonnée », a-t-elle déclaré devant une horde de médias qui la pressaient de question. Elle a entamé son discours en anglais, promettant de « rendre Saint-Laurent encore meilleur». Quelques instants plus tard, elle a remercié l’assistance en français. « Je suis professeure ici, j’ai grandi ici, je vis ici. J’ai fait beaucoup de travail. Je suis allée à chaque porte avec mes amis », a rappelé Mme Lambropoulos, qui enseigne les sciences humaines en français à l'école secondaire Rosemount, une école anglophone. Pourquoi la nouvelle candidate
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libérale dans la circonscription de Saint-Laurent a-t-elle commencé son discours en anglais, au Québec ?
scrutin préférentiel, ce qui signifie que les membres devaient classer les candidates par ordre de préférence.
« Je suis beaucoup plus à l’aise en anglais », a-t-elle expliqué au Devoir, dans la langue de Molière. « Je préfère l’anglais, c’est sûr.
Résultat, même si Mme Rizqy a remporté le premier tour, c’est Mme Lambropoulos qui l’a emporté au second tour, par près de 125 voix.
J’aime parler les deux langues, c’est juste que mes partisans, la majorité des personnes qui sont venues voter pour moi, ce sont des anglophones. Je leur dois le fait de parler en anglais d’abord, parce que je sais que les gens qui m’ont appuyée, for sure, ce sont des anglophones », a-t-elle confié.
Manque de transparence ? Mme Rizqy, estime que le processus d’investiture aurait pu être différent, comme l’ont fait valoir de nombreux candidats déçus dans les autres circonscriptions fédérales où doivent se tenir des partielles, le 3 avril prochain. « J’ai parlé avec beaucoup de gens de Saint-Laurent. Tous veulent savoir ce qui s’est passé. Je sais que le parti a travaillé fort pour que l’investiture soit ouverte à tous. Mais est-ce qu’on peut s’améliorer ? Je pense que oui. Nous avons besoin d’un processus de nomination plus transparent. »
Les secrets du «scrutin préférentiel» Près d’un millier de personnes ont exprimé leur vote, selon les organisateurs. L’association libérale de Saint-Laurent utilisait pour la première fois un mode de
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Conjoncture
Le Québec s’installe dans la croissance économique
Trois ans de vaches grasses… … prévoient les économistes Pour les 11 premiers mois, les industries productrices de services ont connu une croissance de 2,1%, alors que les industries productrices de biens ont affiché une hausse de 1%. À la faveur de ces performances, le PIB québécois est en voie de connaître sa plus forte croissance en cinq ans et ce rythme
devrait être maintenu en 2017 et en 2018. Le PIB a ainsi rebondi de 0,7 % en novembre 2016, après avoir connu une baisse de 0,3 % durant le mois d’octobre précédent. Au Canada, la hausse de novembre est de 0,4 %. Pour l’ensemble des 11 mois, la
progression de l’économie québécoise atteint 1,8 % par rapport à la période correspondante en 2015, surpassant celle de 1,1 % du PIB canadien. Rebond L’Institut de la statistique du Québec observe que la hausse en
Croissance enregistrée durant les 11 premiers mois de l’année 2016. Québec : + 1,8 %, Canada : + 1,1 % L’activité dans l’industrie de la construction a également connu un regain, de 1,6 % en novembre, après une baisse de 1,1 % le mois précédent. Dans le secteur résidentiel, « le ralentissement observé dans la construction de maisons neuves a été complètement compensé par la hausse enregistrée dans les rénovations résidentielles », souligne l’ISQ. Optimisme et confiance en hausse Dans son commentaire, Marc Pinsonneault, économiste principal à la Banque Nationale, se réjouit de voir que le rebond de novembre «
supporte notre conviction que l’économie du Québec a crû de 1,7 % en 2016, la plus forte performance des cinq dernières années […] Notre prévision de croissance pour 2016 tiendrait même si l’économie devait connaître une rechute en décembre, mois qui a été marqué par un recul des ventes au détail et du commerce de gros ». L’économiste a ajouté que, « si repli il y a, il devrait être de peu d’ampleur, puisque les mises en chantier de logements sont demeurées à un bon niveau, [que] les livraisons manufacturières ont
connu un vif essor et [que] la création nette d’emplois s’est poursuivie. Qui plus est, selon les indices publiés, tant les consommateurs que les entreprises conservaient un degré de confiance élevé au début de 2017 ». Nouveaux emplois et revenus en augmentation D’ailleurs, dans ses prévisions provinciales, le Conférence Board du Canada indique qu’après avoir dépassé les attentes en 2016, l’économie québécoise « continuera sur sa lancée avec une croissance prévue de son PIB réel de 1,9 % en
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moyenne en 2017-2018 ». Des revenus disponibles supérieurs pour les ménages venant de l’élimination graduelle de la contribution santé, combinés à « une forte création d’emplois », devraient se traduire par « une respectable augmentation des dépenses des ménages ». Parmi les incertitudes, le Conference Board cite les exportations et les investissements des entreprises dans le matériel et l’outillage. « S’ils ne se redressent pas, les perspectives de croissance à plus long terme pourraient en souffrir. »
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novembre vient essentiellement des gains enregistrés dans le secteur de la fabrication. « Les industries productrices de biens enregistrent une hausse de 2,3 %, après avoir connu une baisse de 1,9 % en octobre et une hausse de 0,8 % en septembre. » Dans le secteur de la fabrication, l’augmentation est de 2,5 %, indique l’Institut. Du côté des services, la production augmente de 0,1 % en novembre. Mais pour les 11 premiers mois, les industries productrices de services ont connu une croissance de 2,1 %, alors que les industries productrices de biens affichent une hausse de 1 %.
Finances
Budget 2017 – 2018
Entre «générosité» et «prudence fiscale»… Sans doute fort des résultats de la croissance économique enregistrée au cours des onze premiers mois de l’année 2016, le premier ministre Philippe Couillard parle avec beaucoup d’aisance du budget 2017 – 2018 que son gouvernement présentera le 28 mars prochain.
À propos de la constance évoquée par le Premier ministre, rappelons que le ministre des finances avait déjà annoncé que, malgré le rétablissement de l’équilibre budgétaire, les finances du Québec continueront d’être gérées sous le signe de la «prudence fiscale».
« Non seulement Carlos (Leitao, ministre des Finances) va déposer un budget équilibré pour la troisième fois, mais il va prévoir cinq ans d'équilibre budgétaire par la suite », a déclaré le premier ministre en matinée devant quelques dizaines de militants et députés réunis dans un hôtel du centre-ville de Drummondville. « On va le baptiser ensemble, on va l'appeler le budget de l'espoir retrouvé, de la capacité de faire nos choix », a-t-il ajouté.
Pour le ministre des finances en effet, le surplus de 2,2 milliards de dollars dégagé au cours de l'exercice 2015-2016, servira à réaliser des investissements en éducation et en santé essentiellement mais également à avancer l’abolition de la taxe santé, prévue pour 2018, à l’année 2017.
Le premier ministre a tenu à souligner que son gouvernement incarne le fameux changement qui est réclamé aux quatre coins du monde puisqu'il a « sorti le Québec de l'habitude des déficits ». Selon lui, le gouvernement libéral est aussi doté de l'expérience requise pour gérer la province dans un contexte mondial instable. « Ce n'est pas le temps de confier le Québec à des bricoleurs. C'est le temps d'aller vers l'expérience, la constance et les vraies priorités », a-t-il dit, reprochant notamment au chef de la Coalition avenir Québec, François Legault de vouloir toucher au Fonds des générations. La «prudence fiscale» du gouvernement
Cette «prudence» n’est cependant pas du goût de tout le monde. De nombreuses voix s’élèvent en effet pour réclamer des investissements sociaux plus importants que le surplus 20152016. Les revendications des syndicats La FTQ pense ainsi qu’il est «urgent» de réinvestir dans les services publics, durement éprouvés par les compressions passées. Dans une déclaration aux media, Daniel Boyer, président de cet organisme a ainsi estimé que « si on veut avoir exactement les mêmes services qu'on avait en 2013-2014, il nous manque 2,5 milliards de dollars dans les seuls réseaux de la santé et l'éducation». Il admet que le gouvernement Couillard a commencé à réinvestir - dans les universités notamment et pour l'ajout de postes dans les Centres d'hébergement
Carlos Leitao
et de soins de longue durée (CHSLD) - mais, selon M. Boyer, « c'est des peanuts comparativement à ce qu'on a coupé dans les dernières années ». La FTQ préconise également «une véritable politique industrielle et des mesures pour soutenir la nécessaire transformation des emplois face aux différents changements comme la numérisation, l'automatisation et les économies vertes». Louise Chabot, présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), estime également urgent de réinvestir en santé et en éducation. «Qu'il répare les pots cassés, a-t-elle lancé en entrevue. Les surplus dont il se vante ont été faits sur le dos des citoyens» affirme-telle avant de rappeler que même les employeurs ont demandé d'investir en formation et en éducation, lors du Rendez-vous sur la main-d’œuvre en février
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écoulé. Les attentes du patronat Du côté des Manufacturiers et exportateurs du Québec, le président Éric Tétrault admet que Québec a déjà beaucoup aidé le secteur manufacturier, en matière d'innovation et d'exportation, en mettant 1,2 milliard de dollars sur la table. Mais, dit-il, « il ne faudrait pas (dans le prochain budget) reprendre d'une main ce qu'on a donné de l’autre ». « Ce serait dommage si les entrepreneurs voyaient qu'ils sont admissibles à telle somme en matière d'innovation, mais que, d'un autre côté, la fiscalité serait décourageante. On s'attend au moins à un statu quo en matière fiscale », a affirmé M. Tétrault. Le patronat espère également des mesures en matière d'éducation et de formation de la main-d’œuvre : des stages rémunérés auxquels l'État con-
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tribuerait, par exemple, des incitatifs pour la formation continue, etc. « Après le grand effort en innovation, ça viendrait boucler la boucle, parce que c'est le deuxième grand problème cité par les entrepreneurs manufacturiers », a ajouté M. Tétrault. De son côté, l'industrie de la construction demande au ministre des finances d'accroître ses investissements pour résorber le déficit d'entretien des infrastructures publiques. L'Association de la construction du Québec réclame aussi l'instauration d’un crédit d'impôt pour la rénovation commerciale. Elle fait le pari qu'un tel crédit d'impôt aurait le même effet que celui que le programme RénoVert a eu pour la construction résidentielle, en lui insufflant un certain élan.
Votre argent
Dossiers d'impôt
À conserver au moins pendant six ans!...
Nous avons tous eu la tentation de simplement jeter tous ces documents à la poubelle et de ne plus jamais en entendre parler. À quoi pourraient-ils servir après tout? Eh bien, il s'avère qu'il est très important de conserver tous vos dossiers fiscaux. En fait, vous devez même les avoir en votre possession pendant plusieurs années. Que dit le gouvernement? L'Agence du revenu du Canada dit que vous devriez garder toutes vos pièces justificatives pendant six ans. Selon eux, même dans les cas où il ne vous a pas été demandé de joindre certains documents justificatifs à votre déclaration, comme un reçu pour une petit montant, vous devriez quand même conserver ces documents. Ils disent également que si vous avez rempli votre déclaration en ligne, vous
devez conserver tous vos documents au cas où ils décident de revoir votre dossier. Dans certains cas, ils peuvent même vous demander de leur faire parvenir toutes les pièces justificatives au-delà des reçus déclarés. Ils ont besoin que vous gardiez ces documents comme preuve justifiant toute déduction ou crédit que vous auriez réclamé. Cela inclut des pièces telles que des chèques annulés et des relevés bancaires.
De plus, gardez à l'esprit que l'utilité des informations contenues dans ces documents ne se limite pas à prouver vos dépenses aux yeux du gouvernement. Elles permettent également de vous protéger. Si vous estimez qu'une erreur a été commisse lors de l'examen de votre déclaration et que vous avez les pièces justifiant votre récla-
mation, vous serez en position de force pour défendre votre cas que s'il s'agissait de votre parole contre la leur. Et croyez-moi, rien de pire que d'être obligé de retrouver des vieux reçus datant de plusieurs années que vous avez probablement perdu de toutes façons. En général, six ans sont largement suffisants car il y a très peu de chances que le gouvernement demande à examiner votre déclaration au-delà de cette période. Toutefois, si vous n'avez pas de problème d'espace de rangement et que vous gardez tout bien organisé, il n'y a aucune raison de ne pas conserver vos renseignements fiscaux. Vous pourriez un jour décider de comparer vos chiffres sur plusieurs années pour analyser la progression de vos finances ou traquer un reçu pour un article sous
garantie, par exemple. Quels documents conserver? En priorité vous devriez garder tout document relatif aux déductions réclamées et aux montants indiqués dans votre déclaration d'impôt. Cela inclut tout document commençant par la lettre T, tel qu'un T4 ou un T5, ainsi que tous les reçus, dépenses et revenus divers que vous
avez inclus dans votre déclaration. Lorsque la période des impôts est terminée, nous émettons tous un grand soupir de soulagement. Après avoir surmonté cette tâche fastidieuse on ressent une agréable sensation de fait accompli et la période des impôts de l'année prochaine nous semble très, très, très lointaine.
Si vous devez modifier votre déclaration de revenus après l’avoir déposée
Les procédures à suivre Il peut arriver qu’après avoir déposé sa déclaration de revenus annuels, on se rende compte qu’il y a eu une erreur ou une omission. Il peut arriver que l’on décèle une erreur remontant à plusieurs années. Cela arrive à bien des contribuables; mais on ne sait pas toujours comment procéder pour rectifier le tir. Si vous vous trouvez dans cette situation, voici les démarches à mener. Dépôt d'une demande de changement Il ne faut surtout pas déposer une autre déclaration car il ne peut y avoir deux déclarations pour une même année.
Avant de demander une modification, attendez de recevoir votre avis de cotisation, vous pouvez déposer une demande de modification. La demande ne peut cependant concerner que les 10 dernières années civiles. Cette démarche peut se faire en ligne ou par courrier. Pour une demande en ligne Pour faire une demande de modification en ligne, vous devez vous connecter à votre compte dans l'Agence du revenu du Canada et sélectionner «Modifier une déclaration». Pour une demande par courrier
Pour faire une demande de modification par la poste, vous devez remplir un formulaire de demande de modification T1-ADJ-T1 et le remettre à votre centre fiscal avec toutes les pièces justificatives qui n'ont pas encore été soumises. Vous devez indiquer sur le formulaire la ou les lignes incorrectes sur la première déclaration soumise et le bureau du revenu modifiera le total en conséquence. Évaluation d’une demande de modification Une fois votre demande reçue et examinée, vous recevrez un avis d'évaluation confirmant les modi-
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fications apportées à votre déclaration et leur incidence sur le montant final. Il se peut également que vous receviez une lettre expliquant pourquoi les modifications n'ont pas été effectuées si elles ont été jugées inutiles. Le délai de traitement de la demande de modification prendra environ deux semaines s’il est demandé en ligne; ce délai peut prendre environ huit semaines pour une demande par courrier. Étapes et liste de contrôle pour une demande 1. Assurez-vous d'avoir reçu votre
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avis de cotisation. 2. Préparez vos pièces justificatives (seulement si elles ont été omises dans la déclaration de revenus d'origine). 3. Faites votre demande de modification en ligne ou par courrier (sans envoyer d'autres documents ou une autre déclaration de revenus). La démarche est probablement plus simple que vous le pensiez. Si toutefois vous avez besoin d'aide pour déposer une demande de modification, effectuez-la en faisant appel à l'aide d'un professionnel.
Votre argent
Des augmentations tout de même…
Des factures d'électricité plus salées... …sauf au Québec et en Colombie-Britannique Les ménages canadiens verront leurs factures d'électricité augmenter en raison des engagements climatiques d'Ottawa sur la scène internationale, indique le Comité sénatorial permanent de l'Énergie, de l'environnement et des ressources naturelles, qui précise que ceux du Québec et de la Colombie-Britannique seront moins touchés par ces hausses. La chance du Québec Les consommateurs québécois et britanno-colombiens subiront moins d'impact financier que ceux des autres provinces parce qu'ils s'alimentent à l'hydroélectricité, laquelle émet très peu d'effet de gaz à effet de serre (GES). C'est ce qu'a souligné le sénateur libéral indépendant Paul Massicotte, qui copréside ce comité du Sénat. En conférence de presse à Ottawa, le sénateur Massicotte a soumis les principales conclusions du comité, qui doit présenter d'ici la fin de l'année son rapport final. En 2016, le comité a commencé non seulement à étudier la transition
du Canada vers une économie à faibles émissions de carbone, mais également les répercussions que cette transition aura sur les ménages et les entreprises. Riches en hydroélectricité, les Québécois pourraient être relativement épargnés au plan financier durant cette transition, et ce, même si le Québec est la province qui consomme le plus d’électricité au Canada, suivi de l’Ontario. De toutes les provinces, le Québec n'est que le troisième émetteur de GES. En revanche, d'expliquer le sénateur Massicotte, des provinces comme l'Alberta, la Saskatchewan et la Nouvelle-Écosse, ou encore le Nouveau-Brunswick, ont encore « fortement recours » au gaz naturel ou au charbon pour produire de l'électricité, ce qui fait grimper les émissions de GES. Le prix à payer pour une énergie propre Ce rapport provisoire du comité sénatorial est le premier d'une
série. Il s'intitule «Positionner le secteur de l'électricité canadien : vers un avenir restreint en carbone». Le document rappelle que le Canada dispose déjà d'une énergie propre, toutes proportions gardées, car son secteur de l'électricité « est déjà sans émissions à 80 % ». La part d’émissions attribuables au Canada dans le monde est relativement restreinte, soit 1,6 %. La part du Canada devrait reculer, tandis que les émissions provenant des économies émergentes, comme la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Indonésie, continueront d’augmenter. Un accord contraignant Ottawa s'est engagé en 2015 à respecter les objectifs de réduction des GES comme établis dans le cadre de l'Accord de Paris sur le climat. Une tâche « colossale », qui s'avérera encore plus complexe avec l'avènement, à la Maison-Blanche, de Donald Trump, soulignent les auteurs du rapport.
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Car la nouvelle administration « a déjà fait état des changements qui seront probablement apportés aux politiques commerciale, énergétique et relative au changement climatique du pays, notamment une réduction considérable de l'impôt sur le revenu des sociétés ». Les objectifs poursuivis par l'administration Trump posent donc « de sérieux défis pour le
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Canada, qui soit s'efforcer de demeurer compétitif ». Sixième producteur de pétrole dans le monde, le Canada voit son secteur énergétique contribuer à 10 % de son produit intérieur brut (PIB). Bien que le premier ministre Justin Trudeau ait imposé une taxe sur le carbone en janvier dernier, il a en parallèle approuvé deux oléoducs.
Entreprise & emploi
Une grappe industrielle pour les véhicules électriques et intelligents
Un déficit de 11 milliards de $ dollars à éponger et des milliers d’emplois à créer La ministre de l'Économie, de la Science et de l'Innovation, Dominique Anglade, accompagnée du président du conseil d'administration de Téo Taxi, M. Alexandre Taillefer, a annoncé ce lundi 20 janvier 2017, la création d'une grappe industrielle pour les véhicules électriques et intelligents. M. Taillefer a été nommé à la tête d’un comité consultatif composé de 15 membres - huit provenant du milieu industriel et sept du milieu institutionnel - qui est chargé de mettre en place cette grappe industrielle d’ici à la fin juin. Un forum le 10 avril Le comité prépare un plan d’affaires très précis qui sera présenté à l'industrie lors d'un forum qui réunira l’ensemble des acteurs du domaine, le 10 avril prochain, et à l’issue duquel la grappe sera lancée officiellement.
« Cette grappe va permettre à tous les acteurs de s’unir et de pouvoir proposer des solutions très concrètes et de mobiliser les troupes autour de cet enjeu qui est fondamental pour le Québec et pour lequel nous avons une grande force de frappe », a déclaré la ministre Anglade. 40 entreprises et 4000 emplois La province compte une quarantaine d’entreprises québécoises actives dans le secteur des véhicules électriques et une soixantaine dans celui des véhicules innovants, employant au total quelque 4000 personnes. «La grappe industrielle va miser sur des forces qui sont indéniables chez nous avec une expertise de calibre mondial» a précisé Dominique Anglade, ministre de l'Économie, de la Science et de l'Innovation. «Son rôle sera de se concen-
trer sur les véhicules électriques et intelligents qui visent le marché du transport terrestre et sur les atouts et les forces de toutes les régions du Québec». Un défi et une opportunité «On a un défi incroyable au Québec. On a une opportunité incroyable au Québec. C’est évident que l’on a, avec Hydro-Québec, une production électrique extraordinaire qui nous permet de rêver à un futur tout électrique pour le Québec» a pour sa part affirmé Alexandre Taillefer, président du comité consultatif Pour y parvenir, M. Taillefer croit qu'il faudra accélérer le développement, travailler conjointement avec tous les acteurs, à l'échelle municipale, provinciale, fédérale et des entreprises privées. Le développement électrique doit être vu comme une priorité, selon lui, ajoutant que l'on génère actuellement un déficit commercial de
Alexandre Taillefer l’ordre de 11 milliards de dollars par an en important de l’énergie fossile. « On a de grandes ambitions pour le Québec. On sait aujourd’hui que, depuis 1990, on a diminué les tonnes de gaz à effet de serre de 8 %. Il nous reste quatre ans pour diminuer de 12 % supplémentaires, c’est un défi considérable ». Il estime que pour y arriver,
il faut s'attaquer au secteur qui produit le plus de gaz à effet de serre, à savoir le transport. L'homme d'affaires estime qu'électrifier le secteur du camion, des autobus et de la livraison n’est pas complètement utopique. « C’est quelque chose qui se fait déjà dans le monde. Et cela va nécessiter un leadership ».
Statistiques
Des indicateurs pour l'intégration des immigrants Dans ses «Indicateurs de l’intégration au Canada», l’Institut canadien pour les identités et les migrations compare le sort des nouveaux arrivants et celui des Canadiens d'origine en fonction de quatre facteurs: l’économie, la participation sociale, la santé, ainsi que la partici-
pation civique et politique.
En d'autres mots: jusqu'à quel point les immigrants se sont-ils intégrés à leur société d'accueil? Ainsi, en matière de participation civique et politique, c'est à SaintJean, au Nouveau-Brunswick,
que les différences sont les moins grandes entre les deux groupes. London, en Ontario, se classe première en matière de santé, et Saint-Jean, Terre-Neuve-etLabrador, arrive en tête pour les questions sociales.
Jedwab, soutient que le but de l'exercice est d'offrir aux décideurs politiques et aux divers intervenants des outils précis afin de mesurer les progrès réalisés au fil des ans dans l'accueil des nouveaux arrivants.
Le directeur de ce projet, Jack
Selon M. Jedwab, vice-président
Un guide pour embaucher des travailleurs d'expérience La Fédération de l'âge d'or du Québec (FADOQ) au Saguenay-Lac-Saint-Jean lance un guide pour favoriser l'embauche et l'intégration des personnes de 50 ans et plus dans un nouveau milieu de travail. Le directeur de la FADOQ au SaguenayLac-Saint-Jean, Patrice St-Pierre, indique que certains retraités veulent retourner sur le marché du travail pour rester occupés, mais qu'ils sont plus nombreux à le faire pour des raisons économiques. Il précise que cette main d'oeuvre expérimentée est de plus en plus recherchée.
« La dénatalité fait en sorte qu'il n'y a plus la même base de jeunes pour combler des postes », explique M. St-Pierre. « La solution passe nécessairement par l'embauche de gens qui sont à la retraite présentement, et ce phénomène-là va s'accentuer encore davantage dans les prochaines années. » Le recueil est disponible en format papier au bureau de la FADOQ et en version numérique sur leur site Internet.
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exécutif de l’Association d’études canadiennes et de son Institut canadien pour les identités et la migration, ce type d'information est essentiel pour des gouvernements qui consacrent des sommes importantes à l'accueil et à l'intégration des nouveaux arrivants.
CGI va recruter 400 personnes au Maroc Prestataire indépendant de services en technologie de l’information, le Canadien CGI vient d’annoncer l’ouverture d’un centre d’excellence à Fès et le recrutement de 400 personnes. Déjà installé à Rabat et Casablanca où il emploie 700 personnes, le 5e acteur mondial se renforce au Maroc avec cette nouvelle ouverture à Fès et le recrutement de 400 personnes dont des ingénieurs, des consultants juniors et seniors mais aussi des centaines de stages en partenariat avec l’Université de Fès et l’antenne de l’INSA Atlas.Mtl
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Toulouse, rapporte Challenge.
La nouvelle structure est située au parc Fès Shore inauguré en 2012 qui offrira des conditions idéales pour les professionnels, explique CGI dans un communiqué. Le groupe canadien a été fondé en 1976 et emploie aujourd’hui environ 68.000 personnes spécialisées dans le développement d’applications et leurs maintenance, la gestion d’infrastructures technologiques ou encore le management ou les services-conseils stratégiques en informatique.
Immigration
Québec change à nouveau les critères de sélection
La connaissance de la langue française pèsera désormais plus lourd dans le choix des candidats
Constatant (voir texte ci-après) une baisse importante du nombre de francophones dans le flux des travailleurs qualifiés désireux de s’installer dans la Belle province, le gouvernement du Québec vient de procéder à une modification de critères de sélections des candidats à l’immigration. De ce fait, la connaissance de la langue française occupera désormais une place beaucoup plus importante lors de la procédure de choix.
Les principaux changements intervenus Pour favoriser les connaissances linguistiques en français dans sa grille de sélection des travailleurs qualifiés, le ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion a baissé de plusieurs points la note du critère relatif à la formation académique, tant universitaire que technique, a chuté de plusieurs points. En abaissant la limite du nombre de points pouvant être acquis par un candidat en fonction de son niveau de scolarité, le résultat obtenu en français se trouve à prendre une plus grande importance. Autre critères revus à la baisse : les connaissances linguistiques (autre que Français), la présence de la famille au Québec, la situation du conjoint ou de la conjointe et une (éventuelle) offre d’emploi
validée.
Le MIDI espère ainsi atteindre l’objectif défini dans le plan triennal d’immigration 2017-2019 : avoir 85 % de travailleurs qualifiés adultes parlant français à leur arrivée dans la province. La mesure est passée inaperçue lors de sa publication il y a un peu plus d’une semaine. Mais elle n’a pas tardé à soulever les remarques et les critiques, tant son impact pourrait être lourd sur bon nombre de candidat à l’installation au Québec. Elle pourrait par exemple contrecarrer un autre volet de la politique du gouvernement : la rétention des étudiants étrangers. Les effets du changement Par exemple, un étudiant étranger temporaire déjà au Québec qui misait sur l’obtention d’un diplôme pour compenser ses lacunes en français pourrait se voir refuser une sélection comme «immigrant reçu». « Souvent, nos clients passent par un point ou deux, indique l’avocat spécialisé en droit de l’immigration, Guillaume ClicheRivard. Ça peut être fatal. Le programme dans lequel vous êtes inscrit n’est peut-être plus suffisant, du jour au lendemain. C’est
une attaque en règle envers les gens qui n’ont pas de connaissance du français. » Me Cliche-Rivard se désole que le gouvernement n’ait pas annoncé de préavis pour la mise en place de cette mesure. Au ministère, on rétorque que la grille de sélection fait souvent l’objet d’une révision afin de mieux l’adapter aux nouvelles réalités. La dernière fois remonte au mois de décembre 2015. L’opposition approuve Le Parti québécois se montre en faveur de la mise en place de cette mesure, mais en appelle à plus d’actions pour mieux intégrer les immigrants.
court terme, ce n’est pas très grave [de revoir les critères de sélection]. Mais à long terme, on ne devrait pas se priver de ressources compétentes parce qu’elles ne connaissent pas assez le français », a déclaré le président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), Michel Leblanc. « Le fond de l’histoire, c’est qu’on a un marché du travail qui se resserre à cause du vieillissement de la population. […] On a des entreprises qui commencent à être inquiètes à propos de leur capacité d’aller recruter, dans quelques années, le personnel qualifié dont elles ont besoin, toutes origines confondues. »
« Agir pour assurer une réelle intégration des immigrants au marché du travail, ce n’est pas juste intervenir en amont, au moment de la sélection; nous devons également intervenir lorsqu’ils arrivent ici, en leur donnant un réel encadrement, une réelle chance de réussir, ce que nous ne faisons pas en ce moment », déplore la porte-parole péquiste en matière d’immigration, Carole Poirier. Les milieux économiques pas d’accord Pendant ce temps, les milieux d’affaires s’impatientent. « À
Ce point de vue est largement répandu dans les milieux économiques. L’an dernier, lors de la commission parlementaire sur les cibles en immigration 20172019, le milieu manufacturier avait suggéré qu’on permette d’embaucher des travailleurs immigrants qui ne parlent pas le français avant même qu’ils aient suivi un cours. « Les entrepreneurs préfèrent avoir des gens qui ne parlent pas français, mais sont des travailleurs spécialisés, qu’on met tout de suite en usine quitte à adapter l’offre en français », avait déclaré Éric Tétrault des Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ).
Parce qu’il y a de moins en moins d’originaires du Maghreb admis au Québec
Le français en recul chez les travailleurs qualifiés Le gouvernement du Québec peine à recruter des immigrants qualifiés qui se débrouillent en français. Le nombre de recrues répondant aux deux critères est passé de 79,3 % à 64,5 % en à peine un an. Cette réalité statistique laisse entrevoir que le gouvernement n’atteindra pas son objectif de porter à au moins 85 % la proportion de travailleurs immigrants qualifiés
Évolution de la connaissance du français chez les immigrants travailleurs qualifiés •2012 : 77 % •2013 : 70,9 % •2014 : 75,4 % •2015 : 79,3 % •2016 : 64,5 %
connaissant le français.
C’est pour redresser cette tendance que le ministère de l’Immigration (MIDI) a décidé de revoir la pondération de sa grille de sélection des immigrants. Au cabinet de la ministre de l’Immigration, Kathleen Weil, on refuse d’y voir un échec. « C’est un ajustement comme il s’en est fait d’autres auparavant », a déclaré son attachée de presse, Gabrielle Tellier. La cible de 85 % serait-elle trop ambitieuse ? « C’est pour cela qu’on fait des modifications à la grille. On pense que ça va nous permettre d’atteindre la cible », ditelle. Par contre, le gouvernement entend prendre d’autres moyens pour y parvenir, notamment en bonifiant le Programme de l’expérience québécoise (PEQ), qui
soutient les jeunes étrangers et les travailleurs temporaires.
Quant à savoir pourquoi le nombre d’immigrants sélectionnés parlant français est descendu si vite, elle ajoute que les «mouvements migratoires, ce n’est pas quelque chose que l’on contrôle». Selon les analystes du ministère, le changement pourrait découler du fait que la provenance des travailleurs qui demandent à immigrer au Québec a changé. Ainsi, le nombre de candidats qualifiés en provenance du MoyenOrient et de l’Asie orientale a beaucoup augmenté, alors que ceux provenant de l’Afrique du Nord (qui compte davantage de francophones) étaient moins nombreux. Ces changements ont en outre un impact notable sur la moyenne
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totale des immigrants parlant le français puisque, en temps normal, le groupe des travailleurs qualifiés (immigrants économiques) est celui qui tire la moyenne des francophones vers le haut. Cela découle du fait que la langue d’arrivée est plus difficile à contrôler pour les autres groupes d’immigrés comme les réfugiés ou encore les personnes
accueillies par le biais de la réunification familiale. Ainsi, 46,5 % de l’ensemble des immigrants reçus déclaraient connaître le français en 2016 contre 57,3 % l’année précédente.
Évolution de la connaissance du français chez l’ensemble des immigrants •2012 : 62,6 % •2013 : 56,1 % •2014 : 61 % •2015 : 57,3 % •2016 : 46,5 %
Le pourcentage des immigrants (travailleurs qualifiés et l’ensemble des immigrants) qui parlent le français et l’anglais, ou seulement le français. Les chiffres sont pour les neuf premiers mois de chacune des années.
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Immigration
Changement des critères de sélection
Une démarche qui ne fait pas que des heureux!...
Un «effet rétroactif» qui peut affecter 30 000 dossiers et couter 1000$ non remboursable aux candidats recalés Rétroactives, les nouvelles règles du ministère de l’Immigration pour sélectionner les travailleurs qualifiés affecteront près de 30 000 dossiers nous apprend notre confrère Le Devoir. Dans le lot, les demandeurs qui ne se qualifieront plus en vertu de la nouvelle pondération de la grille de sélection seront rejetés, sans le remboursement des quelque 1000 dollars payés pour déposer une demande. « C’est une façon inhumaine de traiter les gens. Ce n’est pas la première fois que le MIDI [ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion] utilise cette tactique et qu’il change les règles du jeu. C’est désolant », s’est indigné Jean-Sébastien Boudreault, président de l’Association québécoise des avocats et des avocates en droit de l’immigration (AQAADI). « Ce qui est encore plus troublant et alarmant, c’est que ces gens-là se qualifiaient, ont payé des sommes importantes et ne seront pas remboursés. Ils se voient voler. » Sur des forums d’échanges, certains aspirants immigrants crient à la fraude. « Je trouve ça assez honteux de faire ça rétroactivement. Certains vont se retrouver en dessous du seuil et leur rêve et leur argent partiront en fumée… », peut-on lire sur Immigrer.com. « Difficile à avaler. Notre rêve du Québec s’éloigne. On était déjà juste… Alors avec ça… », écrit un Français ayant déposé une demande. « Il risque d’y avoir une ribambelle de
rejets à la suite de la mise en place de cette grille. » Pour l’heure, il est toutefois impossible de dire combien de demandes seront rejetées, faute d’un nombre suffisant de points. Mais selon JeanSébastien Boudreault, le ministère profite largement de cette situation. Si 10 000 demandes sont rejetées, le gouvernement aura encaissé « 10 millions sur le dos des immigrants, rien qu’en changeant les règles du jeu », déplore-t-il. L’avocat estime que ces dernières années, le ministère a refusé des « quantités astronomiques » de dossiers. « Ce sont des milliers de dossiers rejetés par année. Des gens voient leur dossier fermé pour des détails ou des changements de règles, dit-il. Ils n’ont aucun recours. » Application rétroactive Ce qui choque tant les candidats à l’immigration dans ce changement de pointage, c’est qu’ils ont déposé et payé leur demande en ayant préalablement mesuré leurs chances d’être sélectionnés grâce à un formulaire d’« évaluation préliminaire » en ligne qui leur permet de calculer leurs points. Ensuite, le travailleur qualifié doit débourser 773 $ et 166 $ pour chaque membre de sa famille, conjoint(e) ou enfant. L’obtention du Certificat de sélection du Québec (CSQ) prend six mois au minimum, parfois plusieurs années. En vertu des nouvelles règles en vigueur depuis, qui s’appliquent rétroactivement à toutes les demandes qui
étaient en attente de traitement, le système de pointage a été ajusté pour donner plus de points à des personnes parlant le français. En revanche, on attribue moins de points dans certains domaines de formation et plus aucun point pour les candidats ayant un diplôme secondaire professionnel ou un diplôme postsecondaire technique et à ceux détenant une formation dans un domaine recherché au Québec. Par exemple, une personne qui a eu dans son pays une formation postsecondaire technique en radio-oncologie ou en technique d’orthèse visuelle ne gagnera aucun point supplémentaire, alors qu’avant cela en représentait 16. Au niveau universitaire, une formation en actuariat, administration scolaire, compatibilité ou architecture donne maintenant 12 points au lieu de 16. Quant aux seuils de passage de la grille de sélection, ils ont été haussés : une personne sans conjoint(e) doit obtenir un minimum de 50 points au lieu de 49, et si elle a un(e) conjoint(e), c’est désormais 52 au lieu de 50. « Perdre 4 points quand il faut en avoir 52 ou même 50, c’est beaucoup. Et là, ça se fait du jour au lendemain, alors que le dossier de la personne n’a pas changé », a souligné Me Boudreault. 28 000 demandes en instance Le MIDI confirme que les 10 000 demandes soumises l’été dernier via le site Internet « Mon projet Québec » et retenues sont visées par les
nouvelles règles. À cela s’ajouteraient 18 000 demandes en version papier qui n’ont pas encore été traitées, pas même de façon préliminaire. Au cabinet de la ministre de l’Immigration Kathleen Weil, on explique que ces modifications à la pondération de la grille sont une procédure habituelle. « Notre devoir est d’abord envers la société québécoise », a indiqué son attachée de presse, Gabrielle Tellier. « Nous devons prendre les moyens nécessaires pour nous assurer que les personnes que nous sélectionnons auront les meilleures chances de réussir leur intégration socio-économique. » Les candidats ne seront pas remboursés, mais ils auront toujours la possibilité de passer des tests de français et d’envoyer leurs nouveaux résultats pour rehausser le pointage de leur dossier, a-telle ajouté. Le ministère accuse un certain retard dans le traitement
des demandes alors qu’il n’en est qu’à traiter les demandes en dépôt reçues en version papier. Il promet toutefois de commencer le traitement des 10 000 demandes reçues en ligne via Mon Projet Québec « au courant du printemps 2017 ». Une annonce sera faite prochainement sur la manière dont sera géré le prochain appel de candidatures. Depuis sa mise en ligne il y a un peu plus d’un an, ce nouveau portail, qui a comme objectif de traiter plus « rapidement et efficacement » les demandes soumises au Programme régulier des travailleurs qualifiés, a connu de nombreux cafouillages et ratés. En raison de la forte affluence, les serveurs n’ont pas tenu le coup, forçant à reporter à maintes reprises la date de dépôt des demandes. Des plaintes avaient été formulées au Protecteur du citoyen et le ministère a dit avoir apporté des correctifs.
Étudiants étrangers
Québec vise un taux de rétention de 50% Les ministères de l'Immigration et de l'Emploi viennent de confier à Québec International le mandat d'inciter davantage d'étudiants étrangers à s'installer dans la région après leurs études. Québec assortit cette entente d’une enveloppe de 205 000$ pour un plan d’action de 3 ans qui a pour objectif l’octroi de 500 Certificats de sélection du Québec additionnels à des diplômées universitaires de la région
de la Capitale-Nationale et en Chaudière-Appalaches.
À terme, Québec souhaite que 50 % des étudiants étrangers s’établissent dans la région après l’obtention de leur diplôme. Actuellement, le taux de rétention est de 25 %. Le plan d’action mis sur pied par Québec International inclut entre autres la tenue de séances d’informations sur la qualité de
vie, la vie culturelle et l’animation de la région, ainsi que des activités de réseautage avec d’éventuels employeurs.
Pour assurer la croissance des entreprises d’ici, il faut leur fournir de la main-d’œuvre, résume encore M. Viel.
« Avec un taux de chômage sous la barre des 5%, l’emploi croît plus rapidement que la population active. Une situation préoccupante pour les chefs d’entreprise », ajoute Carl Viel, présidentdirecteur général de Québec International.
Selon les chiffres de Québec International, d’ici les cinq à dix prochaines années, l’indice de remplacement des départs à la retraite pourrait reculer à un ratio de huit jeunes travailleurs pour dix départs à la retraite.
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L’entente confirme la volonté du
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gouvernement Couillard à augmenter le nombre d’étudiants étrangers qui s’établissent au Québec après leurs études. Cet objectif avait été annoncé dans le Budget 2016-2017. Le 4 octobre dernier, une entente similaire avait été annoncée avec Montréal International
Immigration
Comment on tue les compétences
Découragés par les règles de reconnaissance de leur diplôme, chaque année, 1300 immigrants renoncent à exercer leur profession Confus, inutilement complexes, irréalistes… Les mécanismes de reconnaissance des diplômes et formations des immigrants doivent être revus « en profondeur » selon un rapport du Commissaire aux plaintes de l’Office des professions. « Les ordres doivent éviter le réflexe de considérer ce qui est différent comme étant moins pertinent et ayant moins de valeur », avance notamment le commissaire aux plaintes André Gariépy dans un rapport déposé en février. Au Québec, 46 professions sont réglementées par des ordres professionnels (médecin, ingénieur, avocat, architecte, etc.). Pour pouvoir travailler dans leur domaine, les candidats formés à l’étranger doivent obtenir leur accord. Les reproches du commissaire concernent surtout ce qu’on appelle les « reconnaissances partielles ». Sur les 4500 candidats qui tentent d’intégrer un ordre du Québec chaque année, près de 3000 obtiennent une reconnaissance de leurs acquis à condition qu’ils suivent une formation ou participent à un stage complémentaire. Or il s’agit d’exigences souvent inaccessibles et d’une durée trop longue, déplore le commissaire. Dès lors, la moitié d’entre eux abandonnent en cours de route, soit l’équivalent de 1300 personnes par an (28 % des candidats). Pour documenter la chose, le Commissaire a soumis aux 46 ordres professionnels du Québec un questionnaire sur leurs pratiques. Il en conclut que leurs
façons de faire doivent faire l’objet d’une « révision d’ensemble ». À titre d’exemple, certains ordres imposent des examens, entrevues ou stages « automatiquement » et « sans même avoir évalué le dossier du candidat ou de la candidate », écrit-il. Une façon de faire qui « réduit les possibilités » de reconnaissance pour certains d’entre eux. Cela fait en sorte, note-t-il, que des candidats peuvent « se faire imposer » des formations qu’ils ont déjà eues. Il ajoute que certains ordres « omettent » de mentionner que les candidats peuvent faire réviser une décision. Ailleurs, il avance que les membres du personnel de certains ordres « ne maîtrisent pas suffisamment le contenu de leurs règlements ou ne les interprètent pas correctement. » La faute à qui ? Du côté des ordres, on dit que c’est une « très grande préoccupation », mais que la faute ne leur incombe pas uniquement. « Le problème, c’est l’accès aux stages », avance la porte-parole du Conseil interprofessionnel qui les représente, Gyslaine Desrosiers, elle-même une ancienne présidente de l’Ordre des infirmières. Or il n’y a pas assez de stages offerts, dit-elle. « L’Ordre prescrit le stage en fonction de son règlement, mais n’est pas responsable de le donner. […] Une fois qu’on l’a prescrit, si personne ne veut le donner, qu’est-ce qu’on fait ? On a écrit des lettres et des lettres aux ministères de l’Éducation, de la Santé. […] Est-ce que le ministre de la Santé est préoccupé par les
centaines de personnes qui attendent pour avoir un stage ? » Dans son rapport, le commissaire note en effet que, dans certains cas, « le candidat ou la candidate doit attendre plusieurs mois, voire plusieurs années pour avoir accès au stage nécessaire pour obtenir un permis ». Toutefois, il ajoute plus loin que la problématique des stages ne suffit pas à expliquer l’ensemble des blocages auxquels font face les candidats. Pour ce qui est du reste, Mme Desrosiers ajoute que les ordres n’ont pas le pouvoir de modifier seuls leurs règlements. « L’Ordre applique un règlement par exemple sur un cours de trente crédits ou un stage de trois mois. Ça, c’est dans un règlement qui est analysé par l’Office des professions et approuvé par le Conseil des ministres, et on ne peut pas le changer de façon unilatérale. » Interrogé là-dessus, le commissaire aux plaintes concède que les ordres doivent effectivement faire approuver tout changement par l’Office des professions (OP), mais affirme que ça ne les empêche aucunement d’amorcer des changements. « Ce n’est pas parce que les changements doivent être approuvés par l’Office des professionsque ça ne bouge plus et que ça contraint tout le monde. Les ordres peuvent amorcer des changements. » Or à cet égard, Mme Desrosiers souligne que certains ordres ont dit en commission parlementaire que des règlements « prenaient des années à être révisés, même après avoir été envoyés à l’Office des professions ». À son
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avis, il doit y avoir « au plus haut sommet » un fonctionnement interministériel pour des « solutions concrètes ». Un projet de loi priorisé Ces divergences se manifestent alors que le Commissaire aux plaintes s’apprête à voir ses pouvoirs accrus avec l’adoption prochaine du projet de loi 98. Ce projet de loi qui vise les ordres professionnels élargit les compétences du commissaire dans le dossier de la reconnaissance des diplômes et formations des immigrants. Rappelons que le gouvernement libéral a tenu à faire passer le projet de loi 98 en priorité devant le projet de loi 62 sur les signes religieux. Deux semaines après l’attentat de Québec, le premier ministre avait demandé à la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, de consacrer toutes ses énergies à le « bonifier ». « Le [projet de loi] 98, on le remet à l’avant-plan parce qu’il parle d’inclusion. […] Il y a certainement un enjeu d’accès aux professions. Alors, on s’attarde làdessus », avait-il souligné.
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Le projet de loi en est actuellement à l’étape de l’étude détaillée en commission parlementaire, mais dans les rangs de l’opposition on ne voit pas en quoi il va vraiment changer les choses. Selon Carole Poirier, du Parti québécois, le ministère doit aller plus loin et constituer un « guichet unique » pour les nouveaux arrivants. « Il faut faire en sorte qu’ils n’aient plus à cogner à 22 portes », dit-elle en comparant le parcours actuel à une tour de Babel. « Le projet de loi 98 ne va pas régler le problème. » À la Coalition avenir Québec (CAQ), on dit carrément que le gouvernement a « abandonné les immigrants ». « Ce n’est pas uniquement une responsabilité des ordres professionnels », tranche le député Simon JolinBarette. « On n’a pas investi suffisamment de ressources pour les intégrer. Il y a une responsabilité gouvernementale très importante dans ce dossier-là. »
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Talents
La Ville de Montréal rend hommage à 20 Montréalaises pour leur contribution exceptionnelle
«Bâtisseuses de la Cité»
Dans le cadre de la grande finale, Mme Manon Gauthier, membre du comité exécutif de la Ville de Montréal et responsable de la culture, du patrimoine, du design, d’Espace pour la vie ainsi que du statut de la femme, et M. Frantz Benjamin, président du conseil de la Ville de Montréal, ont salué la contribution remarquable de 20 Montréalaises au développement de notre société, en les proclamant « Bâtisseuses de la Cité ». « Depuis 2011, à l’occasion de la Journée internationale des femmes, la Ville de Montréal rend hommage à des Montréalaises en reconnaissance de leur contribution exceptionnelle au développement de la métropole. Pour cette édition spéciale du 375e anniversaire de Montréal, la Ville a sou-
haité rendre hommage à 20 Montréalaises provenant d’autant d’arrondissements et à une grande Montréalaise issue des Peuples autochtones en créant le Prix origine », a déclaré Mme Gauthier. « Reconnaître la contribution de Montréalaises d’exception et d’origines diverses est un geste important qui nous permet de rappeler que nous comptons sur l’engagement des femmes de tous les horizons pour poursuivre le développement de la métropole à tous les égards, pour aujourd’hui et pour demain », a indiqué M. Benjamin. « Oui, Montréal fait place aux femmes! Car ici, nous croyons profondément qu’une véritable démocratie ne peut s’exercer sans
la contribution égalitaire des femmes et des hommes, et que l’égalité est plus qu’un droit, elle est une richesse pour la métropole », a ajouté Mme Gauthier.
Créée en 2011 par le Bureau du 375e, la Ville tient à reconnaître, par cette initiative, des femmes de divers milieux et origines qui ont contribué au développement de la métropole québécoise. Des femmes qui sont demeurées dans l’ombre trop longtemps, pour la plus part, et à qui nous devons une fière chandelle. L’édition 2017 constitue l’aboutissement de ce programme de reconnaissance. La Ville poursuivra son engagement pour une meilleure reconnaissance des femmes grâce à des initiatives telles que Toponym’elles.
Les Bâtisseuses de la Cité 2017 Issues de diverses communautés culturelles, immigrantes ou natives, vivantes ou à titre posthume,voici les 20 femmes distinguées Bâtisseuses de la Cité pou l’année 2017 : Mme Alanis O’Bomsawin (Prix Origine) : Cinéaste engagée dans les causes des Peuples autochtones, sa contribution documentaire sur le sujet est sans commune mesure. Mme Maysoun Faouri (AhuntsicCartierville) : D’origine syrienne, elle occupe le poste de directrice générale de Concertation-femmes. Elle est militante pour l’élimination de la violence faite aux femmes, pour l’accès à l’emploi pour les femmes immigrantes et pour la réduction des inégalités de santé vécues par celles-ci. Mme Dorothy Abike Wills (Anjou) : Née dans les Caraïbes, sur l’Île de Dominique, elle est une grande défenderesse des droits des minorités et membre fondatrice de la Ligue nationale des Noirs du Canada. Mme Justine Lacoste Beaubien (1877-1967) (Côte-des-Neiges– Notre-Dame-De-Grâce) : Cofondatrice de l’Hôpital SainteJustine, elle s’est investie pendant plusieurs décennies dans ce projet qui fait l’envie de plusieurs grandes villes. Mme Esther Blondin (1809-1890)
(Lachine) : Fondatrice de la congrégation des sœurs de SainteAnne, elle fût une pionnière de la mixité dans l’éducation.
elle a écrit sur les difficultés et les préjugés subis par les Chinois en Amérique du Nord.
Mme Louise Lemieux-Bérubé (LaSalle) : Artiste en arts visuels internationalement reconnue, elle est fondatrice du centre culturel et communautaire Henri-Lemieux et de la corporation des Métiers d’Arts de Montréal.
Mme Césira (Ansleme) Parisotto (1909-1992) (Montréal-Nord) : Italienne d'origine, cette religieuse dévouée est la fondatrice de plusieurs institutions dont l’école primaire et secondaire Marie-Clarac et l’hôpital Marie-Clarac, à MontréalNord.
Mme Patsy Van Roost (Le Plateau-Mont-Royal) : Artiste originaire de Belgique et citoyenne inspirante, elle révolutionne la participation citoyenne et les relations de voisinages dans plusieurs quartiers de Montréal à travers des projets créatifs.
Mme Marcelle Ferron (19242001) (Outremont) : Artiste québécoise en arts visuels parmi les plus marquantes du XXe siècle, elle a réalisé les verrières monumentales pour les stations de métro Champsde-Mars et Vendôme à Montréal.
Mme Édith Cyr (Le Sud-Ouest) : Militante de renom dans le domaine de l’habitation communautaire, elle l’est tout autant dans le développement économique et social des quartiers. Mme Claire Kirkland-Casgrain (1924-2016) (L’île-Bizard–SainteGeneviève) : Première femme députée de l'Assemblée législative du Québec, elle fût aussi la première femme membre du Conseil des ministres et première femme juge au Québec. Mme Edith Maud Eaton (18651914) (Mercier–HochelagaMaisonneuve) : Première auteure nord-américaine d’origine chinoise,
Mme Elisabeth-Ann Williams (Pierrefonds-Roxboro) : Grande mentore auprès des jeunes de son arrondissement, elle se consacre au soutien et à l’épanouissement des membres des minorités visibles. Mme Jeanne Lapierre (19132005) (Rivière-des-Prairies–Pointeaux-Trembles) : Initiatrice des programmes de sensibilisation destinés aux enfants d'âge pré-scolaire et cofondatrice de l'AFEAS de Pointeaux-Trembles, elle a consacré une grande partie de sa vie à travailler auprès de nombreux organismes communautaires, culturels et éducatifs. Mme Françoise David (Rosemont–La-Petite-Patrie) :
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Militante féministe et activiste de renom, elle défend la cause des femmes et des plus vulnérables en s’investissant à la fois dans les milieux communautaires, militants et politiques. Mme Christine Durocher (SaintLaurent) : Instigatrice de l’introduction du concept de pédiatrie sociale dans le milieu communautaire de l’arrondissement de Saint-Laurent, elle est fondatrice de la Maison de l’enfance de SaintLaurent. Mme Ellen Schryburt (SaintLéonard) : Fondatrice de l’Accueil aux immigrants de l’Est de Montréal et du Garde-manger, fournissant de l’aide alimentaire aux plus démunis, elle est une figure marquante de la Société SaintVincent de Paul à Montréal. Mme Violet Grant States (Verdun) : Musicienne à la carrière prolifique et militante pour les droits des Noirs, elle est la première femme noire à être acceptée dans un orchestre majeur au Canada. Mme Agnes C. Higgins (19111985) (Ville-Marie) : Scientifique et diététiste reconnue pour son apport au milieu de la nutrition prénatale et maternelle, elle a introduit la « méthode d’intervention nutritionnelle Higgins », en Amérique du Nord, pour améliorer la santé des nouveau-nés et des mères.
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Mme Marjorie Ville-Franche (Villeray–Saint-Michel–ParcExtension) : D’origine haïtienne et directrice générale de la Maison d’Haïti, son souci constant est l’ouverture aux autres et la réponse aux besoins complexes et changeants des nouveaux arrivants. Le jury et les «Bâtisseuses» aînées Un jury a sélectionné les « Bâtisseuses de la Cité » 2017 parmi les candidatures reçues. Ce jury était composé de Mme Johanne Derome, directrice du Service de la diversité sociale et des sports (SDSS) de la Ville de Montréal, Mme Hélène Lépine, directrice du Y des femmes, Mme Viviane Michel, présidente de l’Association des femmes autochtones et Mme Rachida Azdouz, psychologue spécialisée en relations interculturelles à l’Université de Montréal, auteure, clinicienne et chercheure autonome. Les « Bâtisseuses de la Cité » qui ont été proclamées depuis 2011 sont Jeanne Mance, Monique Savoie, les 36 premières filles du Roy, Phyllis Lambert, Jessie Kathleen Fisher, Berthe ChaurèsLouard, Idola Saint-Jean, Léa Cousineau, Myrtle Cook, et Sylvie Bernier.
Voyages
Nouvelles restrictions visant les voyageurs arabes et musulmans à destination des USA
Les appareils électroniques bannis des vols de huit compagnies aériennes de la zone MENA Parce qu’il ne parvient pas à faire passer ses décrets discriminatoires à l’accès aux USA, le gouvernement Trump fait preuve d’imagination et invente de nouvelles «mesures de sécurité» qui sont autant de manœuvres dilatoires destinées à multiplier les désagréments et, éventuellement, dissuader les voyageurs musulmans de se rendre au pays de l’oncle Sam. Dernière «invention» en date : les passagers en provenance de huit pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient (Jordanie, Égypte, Turquie, Arabie saoudite, Koweït, Qatar, Émirats arabes unis et Maroc) voyageant à bord d'avions de neuf compagnies aériennes ciblées par Washington seront désormais privés de tablette et d'ordinateur portable durant leur vol direct à destination des ÉtatsUnis.
Les compagnies et les aéroports ciblés Invoquant des risques d'attentats « terroristes », les autorités américaines interdisent l'utilisation de ces appareils électroniques sur les vols directs entre ces pays et les États-Unis, sur la cinquantaine de vols des neuf transporteurs aériens suivants: - Royal Jordanian - EgyptAir - Turkish Airlines - Saudi Airlines - Kuwait Airways - Royal Air Maroc - Qatar Airways - Emirates Airways - Etihad Airways. Les nouvelles mesures s’appliquent aux vols directs vers les États-Unis en partance de ces 10 aéroports : - Amman
- Le Caire - Istanbul - Jeddah - Ryad - Koweït - Doha - Dubaï - Abou Dhabi - Casablanca
Les ordinateurs portables, les tablettes, les consoles de jeux, les liseuses, les lecteurs DVD et les appareils photo sont notamment interdits en cabine et devront être remisés pour être acheminés dans les soutes à bagages. L’interdiction des appareils électroniques s’appliquera à tous les passagers des vols directs en provenance des pays ciblés, sans égard à leur citoyenneté. Les citoyens américains seront ainsi soumis aux mêmes mesures que les autres passagers des vols ciblés par Washington. Des «menaces terroristes» alléguées « L'examen de renseignements indique que des groupes terroristes continuent de viser le transport aérien et cherchent de nouvelles méthodes pour perpétrer leurs attentats, comme dissimuler des explosifs dans des biens de consommation », a expliqué un porte-parole du Département de la sécurité intérieure. Ces sociétés effectuant une liaison directe vers les États-Unis ont 96 heures – soit quatre jours à compter de mardi 21 mars 2017 – pour interdire à leurs passagers de monter à bord avec des appareils électroniques plus gros qu’un téléphone.
« Sur la base de ces informations », le secrétaire à la Sécurité intérieure John Kelly a « décidé qu'il était nécessaire de renforcer les procédures de sécurité pour les passagers au départ direct de certains aéroports et à destination des ÉtatsUnis », a ajouté un autre responsable, sans préciser la nature précise des renseignements dont dispose Washington. Le réseau de télévision américain CNN, citant un responsable américain, rapporte toutefois que la menace provient du groupe terroriste Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), en activité au Yémen.
La sécurité intérieure n’exclut pas de modifier la liste d’aéroports ciblés par ces nouvelles mesures de sécurité, selon l’évolution de la menace, et elle précise que ces mesures seront en vigueur jusqu’à ce que les menaces planant sur l’aviation s'estompent. Les autorités disent avoir décidé d’exclure les téléphones cellulaires et intelligents de la liste des interdictions après avoir évalué le risque encouru et les impacts sur les voyageurs. « Nous estimons que c'est la bonne chose à faire pour assurer la sécurité des voyageurs », a déclaré un haut responsable, en évoquant plusieurs attentats commis contre l’aviation civile au cours des dernières années. « L’ajout de mesures de sécurité contribue à réduire le risque d’un acte terroriste contre l’industrie aérienne internationale », poursuit la sécurité intérieure.
Malgré les menaces qui planent sur l’aviation, le porte-parole du bureau de l’amélioration de la sécurité de l’aviation précise que le transport aérien demeure sécuritaire.
n'est pas une bonne chose pour notre pays. Et ce n'est pas une bonne chose pour les États-Unis », a-t-il fait valoir. Le Royaume-Uni emboite immédiatement le pas…
La nouvelle directive a d'abord été communiquée à la société aérienne Royal Jordanian et à l'agence de presse officielle de l'Arabie saoudite.
À l’instar des États-Unis, le Royaume-Uni a annoncé de nouvelles mesures pour renforcer la sécurité sur les vols de 14 compagnies aériennes en provenance de six pays : la Turquie, le Liban, la Jordanie, l’Égypte, la Tunisie et l’Arabie saoudite.
Les responsables américains ont averti les sociétés aériennes qu’elles pourraient perdre leurs droits de voler aux États-Unis si les nouvelles mesures n’étaient pas appliquées. La sécurité intérieure précise qu’elle mènera des inspections pour s’assurer que les transporteurs aériens appliquent bel et bien les nouvelles mesures. Ankara a depuis demandé à Washington de lever l’interdiction pour la compagnie aérienne Turkish Airlines. Cette mesure doit être annulée ou allégée, a déclaré le ministre turc des Transports, Ahmet Arslan. « Ce
Les ordinateurs portables, les tablettes et les téléphones excédant les dimensions d'un « téléphone portable de taille normale » – soit plus de 16 cm de longueur – devront dorénavant être placés en soute. Le ministre canadien des Transports, Marc Garneau, a pour sa part affirmé que le gouvernement n’avait pas l’intention de suivre l’initiative de Washington. « Le Canada prend ses propres décisions », a-t-il déclaré.
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Voyages
Si vous tenez malgré tout à vous rendre aux USA…
Voici ce que vous devez savoir pour passer la frontière américaine
Au cours des dernières semaines, plusieurs Canadiens qui voulaient se rendre aux États-Unis ont eu des problèmes aux postes frontaliers. Le nombre de refoulement aux autres points d’accès aux USA ont également connus une hausse sensible. Et les autorités américaines ne cessent de multiplier les obstacles devant les voyageurs désireux de se rendre au pays de l’oncle Sam. Certes, les originaires de pays arabes et musulmans sont-ils les premières cible de ces procédures discriminatoires; mais nul – quelle que soit la couleur de son passeport et sa citoyenneté, fut-elle canadienne - n’est à l’abri d’une mauvaise surprise. Tout cela soulève bien des inquiétudes. Mais si vous désirez malgré tout faire le voyage, vous devez savoir à quoi vous attendre et vous préparer à toutes éventualités. Ces incidents soulèvent des inquiétudes. Les douaniers ont pleins pouvoirs… …et ils en abusent souvent À quoi faut-il donc maintenant s’attendre lorsqu’on veut traverser la frontière américaine? « À tout et à rien », répond l’avocate torontoise spécialisée en immigration Heather Segal. L’avocate a expliqué que les décrets – même suspendus - du président américain « allait être interprété comme un accord tacite à toutes sortes de choses qui peuvent ou non être légales ». « Je pense qu’il est important que les gens connaissent bien leurs droits, afin de savoir à quoi s’en tenir une fois à la frontière », note l’avocate. Toutefois, elle souligne que les voyageurs, dans bien des cas, sont à la merci des douaniers : « Ils ont les pleins pouvoirs ». Les Canadiens n’ont pas besoin de visa pour entrer
aux USA. L’avocate explique que les douaniers se donnent le droit, en vertu d’une réglementation plutôt vague, d’empêcher les gens d’entrer aux États-Unis s’ils croient que ces citoyens ont besoin d’un visa. Les Canadiens n’y échappent pas, même s’ils n’ont habituellement pas besoin de visa. Et c’est ce qui est arrivé à la canadienne Manpreet Kooner, refoulée il y a quelques semaines. D’autres citoyens canadiens pourraient bien se trouver un jour dans la même situation.
Les douaniers ont également le droit de poser des questions sur la religion ou encore les affinités politiques, ou n’importe quelle autre question qu’ils pensent concerner votre voyage. « Ils ont le droit de vous poser toutes sortes de questions, incluant votre affiliation politique. Ils vont aussi à tout coup vous demander quel est le but de votre voyage aux États-Unis », explique Caily DiPuma, avocate pour l’Association des libertés civiles de la ColombieBritannique. Elle précise que lorsque les douaniers vous interrogent, ils doivent le faire sans intention discriminatoire. Les services d’immigration américains ont assuré qu’ils n’allaient pas refouler les gens sur la base de la religion, de la race, de l’ethnie ou de l’orientation sexuelle. Les voyageurs peuvent-ils refuser de remettre leur cellulaire ou leur ordinateur aux douaniers? Les agents frontaliers pourraient vouloir inspecter vos appareils numériques, et vous pouvez leur dire non. Toutefois, attention aux conséquences. Les douaniers ont demandé à Fadwa Alaoui, canadienne, également refoulée, de donner le
code de sécurité de son cellulaire. Elle l’a fait. Si elle avait dit non, on lui aurait probablement refusé à l’avenir l’entrée aux ÉtatsUnis, fait valoir Caily DiPuma. L'avocate rappelle que les échanges avec les douaniers sont documentés tant du côté canadien que du côté américain. Les douaniers américains sont aussi autorisés à saisir votre téléphone s’ils le jugent nécessaire. Ils peuvent également faire une copie des données qui se trouvent dans votre téléphone pour les analyser. Il est encore plutôt rare que les douaniers américains fouillent les appareils numériques, selon le New York Times. Le journal rapporte que 4444 cellulaires et 320 autres appareils électroniques ont été inspectés aux douanes en 2015. Il s’agit d’une très faible proportion des quelque 383 millions d’entrées au pays cette année-là. En 2016, les douaniers ont réalisé 23 000 inspections. Comment se préparer à passer la frontière? Les juristes conseillent d’apporter la preuve que vous ne planifiez pas de rester aux États-Unis pour de bon. Ayez en main les dates de vos réunions
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d’affaires ou encore vos billets pour des activités touristiques. Préparez-vous à répondre aux deux questions habituellement posées aux voyageurs : - Quel est le but de votre visite? - Combien de temps durera le voyage? Apportez seulement ce dont vous avez besoin. L’Electronic Frontier Foundation, un groupe de défense des droits numériques basé en Californie, conseille aux voyageurs de faire une copie des données qui sont sur leurs appareils électroniques. La fondation propose aussi aux voyageurs d’envisager le cryptage des fichiers dont ils ont besoin. Il y a aussi la possibilité de crypter et d’entreposer vos données dans un nuage informatique, pour ensuite les récupérer une fois que vous êtes arrivé à destination. Voie aérienne ou voie terrestre? Les juristes spécialisés croient que c’est plus facile d’entrer par voie aérienne. Quand vous passez les douanes à l’aéroport, vous avez toujours la possibilité de vous en aller à tout moment. Les douaniers ne peuvent pas vous arrêter si
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vous décidez de partir, précise-t-elle. Au poste frontalier, vous n’avez pas ce droit. Donc si vous vous inquiétez, allez donc à l’aéroport. » Que faire si vous êtes refoulé? Le département américain de la Sécurité intérieure a un processus d’appel, le DHS Traveller Redress Inquiry Program, pour les gens qui ont eu des problèmes à la frontière. Mais au bout du compte, l'acceptation ou le refus des voyageurs se font à la discrétion des États-Unis. « Ce n’est pas un droit, c’est un privilège », rappelle Me Segal. Le prétexte sécuritaire Le resserrement du contrôle aux frontières s’est fait à la suite des attaques du 11 Septembre, explique l’avocate. Les douaniers ont obtenu le droit de fouiller les ordinateurs portables en 2008. « Les États-Unis sont devenus très stricts sur de nombreuses questions d’immigration, et la sécurité primait », poursuit Heather Segal. « Les douaniers américains sentent qu’ils ont le droit de prendre des décisions qui ne sont pas toujours justes ou légales, au nom de la sécurité. »
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Réfugiés
Afflux de réfugiés aux frontières du pays
Une hausse, mais pas un record… 21 000 demandes en 2016; 31 400 par an entre 2002 et 2009
On en parle beaucoup : des centaines de personnes ont traversé la frontière de manière irrégulière ces derniers mois, dans l’espoir d’être reconnues comme réfugiées au Canada. Mais leur but est-il atteint une fois la frontière franchie? Qu’est-ce qui les attend encore comme épreuves à ce stade? Paul Clarke, directeur général d’Action Réfugiés Montréal, fait le point.
Prenez un numéro Les personnes qui traversent la frontière dans ces conditions sont interceptées par des agents de la GRC, qui les conduisent au postefrontière le plus proche. C’est là qu’elles déposent leur demande d’asile auprès de l’Agence des services frontaliers. Celles qui ne sont pas considérées comme une menace à la sécurité, soit la presque totalité d’entre elles, sont relâchées, munies d’une date
d’audience dans les 60 jours à la Commission de l’immigration et du statut de réfugié. En 2015, la Commission a accepté 56 % des demandes de statut de réfugié qu’elle a traitées.
Travailler… plus tard Dès leur arrivée, les demandeurs d’asile peuvent demander un permis de travail, mais ils devront attendre de quatre à cinq mois avant de le recevoir. Dans l’intervalle, ils sont admissibles à l’aide sociale. «Ils sont encore plus vulnérables que les réfugiés parrainés par l’État ou le secteur privé. Personne n’est responsable de s’occuper de leurs besoins, de les aider à trouver un emploi ou un logement.» Des flux globalement en baisse? Le nombre de demandes d’asile au Canada est en hausse depuis 2013, mais on est loin d’avoir retrouvé les sommets d’autrefois. De 2000 à 2009, le Canada a reçu en moy-
enne 31 400 demandes par année. De 2013 à 2015, ce nombre a
chuté à 13 300 annuellement. En 2016 ce sont environ 21 000
demandes qui ont été présentées, dont le tiers à la frontière.
Le Canada, pays de Cocagne?
… les canadiens sont accueillants, mais le pays pas généreux à l’excès Le Canada accueille en moyenne 250 000 immigrants par année. L'an passé, il en est arrivé davantage, notamment avec l'afflux de réfugiés syriens, soit environ 320 000.
accueillis au Canada viennent ici sous le parrainage de l’État. Ces gens ont besoin d’aide pour s’installer, s’adapter, se trouver un emploi et trouver une vie chez nous.
Le Canada sélectionne ses immigrants, en grande partie, sur la base de leur participation et intégration à l'économie et au marché du travail. D'autres types d'immigrants sont accueillis, notamment sous le programme de regroupement familial et des réfugiés.
Même chose pour les personnes qui passent illégalement la frontière ces jours-ci entre les ÉtatsUnis et le Québec ou le Manitoba. Ces gens doivent faire une demande d’asile. Si cette demande est acceptée, ils sont alors considérés comme réfugiés. Ils ont également besoin d’aide pour retomber sur leurs pieds après des semaines, des mois, parfois des années d’errance et de galère, fuyant la répression, la guerre, la mort.
Quoi qu’on pense des immigrants, leur importance dans l'économie canadienne est indéniable. C’est 21 % des Canadiens qui sont nés à l’étranger, dont 14 % au Québec. Ils sont souvent plus éduqués que la moyenne des personnes nées au pays et ils sont en âge de travailler. Certains investissent au Canada. Ils ont tendance à être entrepreneurs, une source de création de richesse et d’emplois. Une installation toujours difficile Cela dit, chez les réfugiés, l’arrivée au Canada est difficile. Chez les Syriens, la moitié ont eu le privilège de bénéficier d’un parrainage privé, un soutien humain, financier, logistique d’une grande valeur. L’autre moitié des 40 000 réfugiés syriens
Ces gens arrivent dans un pays riche. Le Canada fait partie des pays les mieux nantis de la planète. Le Canada a les moyens d’accueillir des réfugiés comme l’Allemagne, les États-Unis et la majorité des autres pays riches du G20. Cela dit, comme l'a révélé CROP dans son sondage sur l’immigration, la xénophobie et le populisme, un pays est capable d’accueillir des immigrants et des réfugiés dans la mesure où la population est prête à ouvrir ses portes. Il est clair que ce sondage démontre certaines réticences, mais de façon générale, les Canadiens sont accueillants.
C’est dans ce contexte que nous avons voulu, lundi soir, à RDI économie, répondre à une question toute simple et qui nous est régulièrement posée : à quoi ont droit les réfugiés lorsqu’ils arrivent au Canada? Ce que reçoivent les réfugiés… Nous avons posé la question au Service d’aide aux NéoCanadiens de Sherbrooke pour avoir des réponses. Voici ce qu’il faut savoir. - Un réfugié qui arrive au Canada entre le 15 octobre et le 15 avril aura droit à des vêtements d’hiver à son entrée au pays. C’est l’État qui fournit ces vêtements. - Si le réfugié arrive après le 15 avril, il ne va pas recevoir de vêtements. - Le réfugié qui arrive du 15 octobre au 15 avril a droit à un soutien financier ponctuel immédiat. Ainsi, ce réfugié touchera une somme de 560 $. Le montant est de 918 $ pour deux personnes. On ajoute ensuite 310 $ par enfant. Entre le 15 avril et le 15 octobre, le montant est de 771 $ pour une personne, étant donné qu’aucun vêtement n’est donné. Pour deux personnes, c’est 1340 $. On ajoute 523 $ par enfant. - Un réfugié reçoit les mêmes services et a les mêmes droits qu'un
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citoyen québécois ou canadien, notamment en ce qui a trait à l'aide sociale. Ainsi, le montant d’aide sociale sera de 640 $ par mois pour une personne, de 950 $ pour deux personnes. Le gouvernement fédéral verse une allocation de 450 $ (plus de 6 ans) à 530 $ par enfant (moins de 6 ans). Le Québec verse aussi une allocation familiale, en fonction de l’âge des enfants et du nombre d’enfants. Il faut souvent attendre de deux à trois mois avant de pouvoir toucher ces allocations. - Le crédit de TPS est disponible pour les réfugiés : 17,50 $ par mois par personne. - Les réfugiés sont logés à leur arrivée pour une semaine, un hébergement temporaire offert par le ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion du Québec. Ensuite, ils doivent se trouver un logement. Ils ont droit à une allocation de 80 $ par mois maximum de la part de Revenu Québec s’ils ont des enfants. Des meubles sont fournis (réfrigérateur, cuisinière, table, etc.) et quelques articles (draps, serviettes, vaisselles, etc.). - Le soutien financier pour les fournitures scolaires, disponible pour les bénéficiaires de l’aide sociale, est aussi disponible pour les réfugiés : 70 $ par élève du primaire et 124 $ par élève du secondaire.
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- Des cours de francisation sont offerts par l’État pendant huit mois. Certaines municipalités, comme la Ville de Sherbrooke, offrent des cartes d’autobus gratuites durant cette période. Des frais de garderie peuvent aussi être payés durant cette période. … et ce qu’ils doivent payer « Je ne crois pas qu’on soit trop généreux », a déclaré Lucie Letendre, avocate et présidente du conseil d'administration du Service d'aide aux Néo-Canadiens à Sherbrooke à RDI économie lundi soir. « Je pense que nous sommes humains dans ce que nous faisons. Ces gens-là vivent une crise humanitaire. On est un pays riche, on est une société riche. » Lucie Letendre affirme que les sommes à rembourser au gouvernement canadien pour ces familles s’élèvent souvent à plus de 10 000 dollars. « Ils doivent rembourser au gouvernement fédéral le prix de leurs billets d’avion, le prix des services de santé qu’ils ont reçu souvent dans les camps de réfugiés. Ils doivent rembourser également les frais administratifs que le gouvernement a supportés pour remplir tous leurs papiers », rappelle-telle.
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Vivre ensemble
Face à l’immigration
Des Canadiens accueillants, mais aussi méfiants… « On a peur que l’immigrant (le musulman?) impose sa différence et change notre société» Construit sur l’immigration, le Canada est l’un des pays les plus multiculturels de la planète. Le recensement de 2011, a ainsi révélé qu’un Canadien sur cinq était immigrant, ce qui constitue un sommet depuis 1931. Et cette proportion continue d’augmenter, puisqu’en 2015, ce sont un peu plus de 320 000 nouveaux arrivants qui ont été accueilli contre une moyenne antérieure de 250 000 immigrants par an. Cette tendance favoriserait-elle l’émergence au pays d’un certain sentiment de repli – et de son corollaire xénophobe ou raciste – qui ne se cache plus dans certains pays européens et aux États-Unis? Afin d’obtenir réponse à cette question, Radio Canada à commandé un sondage à l’institut CROP. Mené auprès de plus de 2513 Canadiens, ce coup de sonde à permis de dégager les conclusions ci-après détaillées. Y a-t-il trop d’immigrants au Canada? Venus d’un peu partout dans le monde, les immigrants contribuent non seulement à l’économie du pays, mais aussi à redéfinir la société. Des changements qui ne sont pas toujours les bienvenus aux yeux de certains. Près de 40 % des répondants estiment qu’il y a trop d’immigrants et que cela est une menace pour « la pureté » du pays. Aussi, plus de la moitié des Canadiens expriment des craintes quant à l’avenir de la culture et de l’identité. Cette crainte n’est pas nouvelle. Dans le cas du Québec, le pourcentage des gens qui sont méfiants face aux immigrants oscille entre 30 % et 50 % depuis 25 ans. Pour le président de la maison de sondage CROP, Alain Giguère, cette perception de menace, qui peut mener à l'intolérance, s’enracine dans une société de plus en plus complexe. « Une partie de la population - de souche - a de la difficulté à vivre avec cette population de plus en plus diversifiée et il y a un potentiel d'intolérance qui s’exprime », explique-t-il, ajoutant que « l'intolérance ethnique est souvent le corollaire d’une difficulté de vivre avec une société trop complexe ou trop incertaine », notamment lors de crises économiques. Comment se sentent les Canadiens face aux changements de la société? Les avis sont partagés.
Un Québécois sur trois estime que la diversité rend le pays « un meilleur endroit pour vivre ». Dans le reste du Canada, ils sont près d’un sur deux à penser cela. Une importante minorité croit toutefois le contraire.
Alors qu’ils ne représentent que 3,2 % de la population, une majorité de Canadiens croient qu’ils forment plus de 5 % de la population. Certains estiment ce taux à plus de 15 %.
Les immigrants et la culture canadienne Une majorité de Canadiens, tant au Québec que dans le reste du pays, estiment que les immigrants devraient adopter les moeurs et coutumes du pays. Une tendance à la hausse depuis les 25 dernières années.
Les mosquées et le voile dérangent Le religieux dérange, mais surtout lorsqu’il est visible sur la place publique. La méfiance envers les musulmans se manifeste notamment par des réticences lorsqu’il est question de la construction d’une mosquée et par une opinion négative à propos du voile porté par certaines musulmanes. Sur ces questions, on note une différence marquée entre le Québec et le reste du Canada.
La proposition de la candidate à la direction du Parti conservateur Kellie Leitch de dépister les immigrants et les réfugiés aux « valeurs anticanadiennes » est une proposition sensée, selon une majorité de répondants. Méfiance envers les musulmans Notre sondage démontre que la méfiance envers les immigrants et les groupes minoritaires est davantage accentuée lorsqu’il est question de religions… et encore plus des musulmans. « L’intolérance s’exprime de façon infiniment plus marquée à l’égard de la différence religieuse que de la différence ethnique », remarque Alain Giguère. Les répondants au sondage estiment que les musulmans sont l’un des groupes les moins bien intégrés. Certains répondants ont une position plutôt radicale qui rappelle celle du président américain Donald Trump. Une importante minorité - 32 % des répondants au Québec et 23 % dans le reste du Canada - aimerait que le gouvernement interdise l’immigration musulmane. Pour Alain Giguère, la méfiance envers les musulmans est irrationnelle. « Il y a quelque chose de viscéral chez les gens qui sentent une menace [...] Il y a une peur. Une menace pour notre héritage culturel, notre langue, notre identité. Il y a des gens qui disent : “un jour, leurs moeurs vont dominer la société au lieu des nôtres”. C’est totalement irrationnel. Les musulmans représentent 3 % de la population. » Tant les Canadiens que les Québécois surestiment le nombre de musulmans vivant au pays.
Au Québec, la commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables et ensuite le projet de charte des valeurs du Parti québécois avaient enflammé les débats sur les symboles religieux, notamment le voile porté par certaines musulmanes. Une majorité de répondants québécois souhaiterait que ce symbole soit interdit pour les personnes en position d’autorité. Une opinion qui est cependant partagée par une minorité de personnes dans le reste du pays. La perception du voile est d’ailleurs bien différente au Québec et dans le reste du pays. Cette différence est peut-être liée au rôle « très autoritaire » qu’a joué l’Église catholique au Québec et au mouvement de laïcisation survenu lors de la Révolution tranquille, croit le président de CROP. « Les gens qui ont vécu cette laïcisation ont de la difficulté de voir s’exprimer en public d’autres rites religieux dont on a essayé de se défaire, comme société », explique-t-il, ajoutant que l’on retrouve une symbiose entre le rejet du religieux et l’égalité des sexes, qui rend une partie des Québécois allergiques aux signes ostensibles. Accueillants malgré tout Si les résultats démontrent une certaine méfiance envers les immigrants et les musulmans, notre sondage révèle que les Canadiens et les Québécois sont ouverts à l’autre et accueillants. Un paradoxe?
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« Tant et aussi longtemps que l’on réfère à l’être humain, il y a un humanisme au Canada qui s’exprime », explique M. Giguère, rappelant que le sondage montre que l'intolérance commence à s’exprimer lorsqu’il est question des différences religieuses visibles sur la place publique. Par exemple, le plan du premier ministre Justin Trudeau d’accueillir 40 000 réfugiés syriens au pays est bien accueilli par une majorité de Canadiens. Une majorité de Canadiens et de Québécois estime par ailleurs que les réfugiés sont une force pour le pays et qu’ils ont beaucoup à nous apporter. Certains croient toutefois qu’ils prennent « nos emplois » et « profitent de nos avantages sociaux ». Cette méfiance est présente dans plusieurs pays occidentaux, comme en Hongrie et en Pologne, où le taux de réprobation envers les réfugiés est partagé par une large portion de la population. De manière générale, les Canadiens estiment que les immigrants et les « autres cultures » ont beaucoup à nous apporter. Une opinion notamment en hausse au Québec ces dernières années. Les Canadiens sont accueillants. Mais selon une importante minorité de répondants, l’arrivée de réfugiés augmente le risque de terrorisme au pays. Avant et après l’attentat de Québec L’attentat qui a fait 6 morts dans une mosquée de Québec a eu un impact sur la perception des Canadiens envers la communauté musulmane. Notre sondage, qui a
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été mené avant et après la fusillade, montre que les perceptions étaient plus positives envers la communauté musulmane à la suite du tragique événement. L’opinion des Québécois sur les mosquées a aussi évolué depuis l’attentat. « Si la construction d’une mosquée était annoncée dans votre quartier, à quel point seriez-vous favorable? » À cette question, une majorité exprime toujours des réticences, mais dans une moins grande mesure. Malgré cette nouvelle empathie, la moitié des Canadiens disent que ça ne les dérangerait pas si l’attentat de Québec décourageait les musulmans de venir s’établir au pays. Les Canadiens se disent ouverts aux nouveaux arrivants, mais le sondage démontre que leur opinion change dès qu’il est question de religion, surtout au Québec. « On a peur [que l’immigrant] impose sa différence. Et qu’en imposant sa différence, il change notre société », résume Alain Giguère, de CROP. Bref, les Canadiens sont accueillants, mais méfiants à la fois face à leur différence religieuse. Est-ce que ces résultats pourraient avoir une répercussion dans les urnes? La méfiance envers les immigrants et les musulmans estelle un ingrédient qui pourrait aider un politicien populiste comme Donald Trump à se frayer un chemin jusqu’au pouvoir? Ce serait difficile, selon les résultats du sondage : quatre Canadiens sur cinq n’aimeraient pas que ce genre de politicien fasse son entrée sur la scène politique.
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Vivre ensemble
Les faits démographiques et les chiffres qui devraient dissiper la méfiance
Les résultats du sondage exposés en page précédente, comme le contenu de l’article relatif aux réfugiés et aux avantages que leur conférerait leur statut démontre une chose : les préjugés faussent la perception des faits et la rende négative.
Ce sentiment finit par déteindre même sur ceux qui sont ciblés par la méfiance découlant de la méconnaissance générale des réalités sociologiques migratoires. Car la compassion qu’ils peuvent inspirer – comme après le drame de Québec – ne sert pas vraiment la cause de leur intégration et de leur inclusion sociale. L’ignorance n’est d’ailleurs pas le fait exclusif des «autres»; nombreux sont ceux des membres des segments de population ciblés par la méfiance collective qui ignorent les faits et chiffres plaidant contre les idées préconçues, socialement nocive. À l’usage des uns est des autres, voici un portrait des canadiens issus de l’immigration. L’immigration en questions Dès que le mot immigration est prononcé, les opinions et les questions fusent. Existe-t-il un rêve canadien comme il existe un rêve américain pour les immigrants? Qui sont les immigrants? Où s’établissent-ils? Que font-ils? Existe-t-il un seuil de tolérance de la société d’accueil audelà duquel les immigrants ne sont plus les bienvenus? Reste-t-on immigrant toute sa vie, quel que soit le nombre d’années vécues ici et sa contribution à la société d’accueil? Et les enfants d’immigrants qui eux, sont nés ici seront-ils aussi perçus comme des étrangers, des « issus de l’immigration »? Reste-t-on immigrant toute sa vie, quel que soit le nombre d’années vécues ici et sa contribution à la société d’accueil? Et les enfants d’immigrants qui eux, sont nés ici seront-ils aussi perçus comme des étrangers, des « issus de l’immigration »? L’immigration est-elle une chance, un atout pour le Canada ou juste un préjudice qui coûte cher aux Canadiens? Entre mythes et réalités, entre préjugés et tolérance, entre intégration et marginalisation où se situe la réalité des immigrants? Voici quelques faits et chiffres – émanant de Statistique Canada essentiellement – qui peuvent faciliter une réflexion sereine et produire de débats constructifs. Population générale Le 10 mai 2016, jour du recensement, 35 151 728 personnes ont
déclaré vivre au Canada. Ce recensement vise l’ensemble de la population du Canada, qui est formée des citoyens canadiens (par naissance et par naturalisation), des immigrants reçus et des résidents non permanents ainsi que les membres de leur famille qui vivent avec eux au Canada. Les résidents non permanents sont des personnes titulaires d’un permis de travail ou d’études ou qui revendiquent le statut de réfugié.
baby-boom. En conséquence, le taux de croissance démographique du Canada dans les années 1950 était tout prêt des niveaux record observés au début du siècle. À partir du milieu des années 1960, les taux de fécondité ont diminué progressivement. Alors que les familles canadiennes avaient moins d’enfants, l’accroissement migratoire est devenu le principal moteur de la croissance démographique à la fin des années 1990.
La population était 10 fois plus importante en 2016 qu’en 1871, date du premier recensement après la Confédération, où on avait dénombré 3,5 millions de personnes au Canada. En 1967, alors que les Canadiens célébraient le 100e anniversaire de la Confédération, la population avait atteint 20 millions (Recensement de 1966). Au fil du temps, les Canadiens se sont déplacés vers l’ouest.
-Selon les projections démographiques, la population du Canada pourrait atteindre d’ici 2031 les 41 millions d’habitants, avec une augmentation de la proportion d’habitants dans l’ouest du pays. Immigration; portrait d’ensemble 20% de la population canadienne est née à l’étranger. C’est dire qu’une personne sur cinq se reconnait dans cette statistique.
En 2016, près du tiers de la population vivait au Manitoba, en Saskatchewan, en Alberta et en Colombie-Britannique. L’accroissement migratoire explique les deux tiers de la croissance démographique
En cinq ans, de 2006 à 2011, plus d’un millions de personnes nées ailleurs sur Terre ont immigré au Canada. En pourcentage, c’est donc dire que cette immigration récente 17,2% de la population née à l’étranger et 3,5 % de la population totale du Canada
De 2011 à 2016, la population s’est accrue de 1,7 million de personnes ou de 5,0 %, un taux de croissance légèrement inférieur à celui observé pour la période de 2006 à 2011 (+5,9 %). Environ les deux tiers de la croissance démographique du Canada de 2011 à 2016 sont attribuables à l’accroissement migratoire (la différence entre le nombre d’immigrants et d’émigrants). L’accroissement naturel (la différence entre le nombre de naissances et de décès) a représenté l’autre tiers.
Le Canada aujourd’hui, c’est plus de 200 origines ethniques (Enquête nationale auprès des ménages, ENM, de 2011). En 2011, treize groupes d’origines ethniques différentes ont franchi la barre du millionde membres. Près de 6 264 800 personnes ont déclaré être membres de minorités visibles, soit 19,1 % de la population totale. Parmi ces minorités visibles, 30,9 % sont nés au Canada et 65,1 % sont nés à l’extérieur du pays et sont venus y vivre comme immigrants. Nous pourrions arrondir en termes d’un tiers deux tiers).
Selon les projections, la croissance démographique du Canada au cours des prochaines années sera de plus en plus liée à l’accroissement migratoire plutôt qu’à l’accroissement naturel, principalement en raison de la faible fécondité et du vieillissement de la population.
Le tiers des membres des minorités visibles est né au Canada. Ensemble les trois groupes de minorités visibles les plus nombreux, les Sud-Asiatiques, les Chinois et les Noirs, représentaient 61,3 % de la population des minorités visibles en 2011.
La croissance démographique a ralenti de nouveau dans les années 1930, alors que les couples ont eu moins d’enfants et que les niveaux d’immigration ont diminué. Ces baisses étaient en partie attribuables à la Grande Dépression. Après la Deuxième Guerre mondiale, cependant, les niveaux d’immigration ont augmenté de nouveau, et les taux de fécondité se sont accrus considérablement, ce qui a mené au
Ils étaient suivis des Philippins, des Latino-Américains, des Arabes, des Asiatiques du Sud-Est, des Asiatiques occidentaux, des Coréens et des Japonais. De 1901 à 1911, plus de 1,6 million d’immigrants sont arrivés au Canada, dont plusieurs se sont établis au Manitoba, en Saskatchewan, en Alberta et en ColombieBritannique.
Où vivent les immigrants? Essentiellement, les personnes nées à l’étranger vivent dans quatre provinces et la plupart des immigrants vivent dans les régions métropolitaines de recensement. La grande majorité vivait en Ontario, en Colombie-Britannique, au Québec et en Alberta. Sept personnes sur 10 vivaient dans les trois plus grandes régions métropolitaines de recensement (RMR): Toronto, Montréal et Vancouver. En 2011, des 6,8 millions d’immigrants vivant au Canada, la très grande majorité (91,0 %) se retrouvait dans l’unre au l’autre des 33 régions métropolitaines de recensement (RMR) du Canada. Quant à la population née au Canada, cette proportion est de 63,3 %. Quel est leur profil Les immigrants récents sont relativement jeunes En 2011, l’âge médian des immigrants récents était de 31,7 ans. L’âge médian, c’est le point précis de démarcation entre la moitié de la population est plus âgée et l’autre moitié plus jeune. En comparaison, l’âge médian de la population immigrante totale était de 47,4 ans et celui de la population née au Canada, de 37,3 ans. Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) constate une légère hausse du nombre de demandeurs principaux de sexe féminin dans tous les programmes économiques. En 2015, l’écart entre les hommes et les femmes dans le groupe des demandeurs principaux était de 10 380, ce qui représente une diminution de 55 % par rapport à 2005, alors que l’écart était de 22 894. Parmi les réfugiés réinstallés qui ont été admis au Canada en 2015, 52 % étaient des hommes et 48 %, des femmes. De plus la proportion de demandes d’asile présentées par des hommes et des femmes au Canada
Un peu d’histoire et de prospective 1871 Au sein de l’ensemble de la population canadienne, on dénombrait 31,1 % de personnes ayant des origines françaises, 24,3 % des origines irlandaises, 20,3 % des origines anglaises, 15,8 % des orig-
ines écossaises et 5,8 % ayant des origines allemandes.
1901 Lors du premier recensement où on amassa des données sur les langues, l’anglais était la langue
maternelle de 61,8 % de la population du Canada, le français 27,9 %, l’allemand 2,7 % et le gaélique 2,2 %. 2036 Près d’un Canadien sur deux en
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2036 serait un immigrant ou un enfant d’immigrant. La population immigrante continuerait d’être concentrée dans les régions métropolitaines de recensement, plus particulièrement à
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est demeurée stable depuis quelques années. En 2015, 56 % des demandes d’asile présentées au Canada l’ont été par des hommes, et 44 %, par des femmes. Les immigrants sont de plus en plus nombreux à arriver avec des niveaux élevés d’éducation. En 2010, 47 % d’entre eux avaient un diplôme universitaire à leur arrivée. Emploi : l’immigration n’est pas une menace Selon les recherches les plus récentes, l’immigration a un faible impact, sur l’emploi et sur le chômage des Canadiens. En fait, il s’agit d’un impact dit « statistiquement non significatif ». De plus, l’immigration n’a pas de impact sur l’emploi des travailleurs canadiens faiblement qualifiés. Par contre, les immigrants remplissent des « trous » dans la structure organisationnelle (emplois ayant peu de prestige ou des moins bonnes conditions de travail que les « Canadiens ne sont pas prêts à occuper »). Religion : 22 millions de croyants pour 1 million de musulmans Un peu plus de 22,1 millions de personnes, (67,3%) soit deux tiers de la population du Canada, ont déclaré une appartenance à une religion chrétienne. Les catholiques romains (environ 12 728 900) étaient de loin le groupe chrétien le plus considérable, les adhérents de l’Église unie constituant le deuxième groupe par ordre d’importance (environ 2 007 600). Une part plus importante des immigrants récents sont musulmans, hindous, sikhs et bouddhistes. Un peu plus d’un million de personnes ont déclaré être musulmanes, ce qui représentait 3,2 % de la population totale du pays. Les hindous représentaient 1,5 %, les sikhs, 1,4 %, les bouddhistes, 1,1 % et les juifs, 1,0 %.
Toronto, Montréal et Vancouver. Plus de la moitié des immigrants au Canada en 2036 seraient originaires de l’Asie. Plus du tiers de la population en âge de travailler appartiendrait à un groupe de minorités visibles.
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Solidarité
Fondation Trône d’enfants
Un 4@7 au profit de la Fondation CHU Sainte-Justine La Fondation Trône d’Enfants organisera le 5 mai 2017 un 4@7 réseautages au profit de la Fondation CHU Sainte-Justine sous la thématique «Les entreprises d’ici». Cet événement aura lieu au DesjardinsMontréal Marché Central (1020 rue du Marché Central, Montréal). Représentants des médias, blogueuses, personnalités politiques et du milieu des affaires seront présent à ce rendezvous. De nombreux chefs d’entreprises québécoises seront également présents afin de réseauter avec la jeunesse.
Tous les profits amassés lors de cette soirée seront remis à la Fondation CHU Sainte-Justine.
La Fondation Trône d’enfants (Children’s Throne). a été créée par 4 jeunes entrepreneurs âgés de 19 à 21 ans qui ont décidé de se lancer en affaires afin de pouvoir redonner socialement. Leur OSBL est dédié aux enfants de partout dans le monde. Il se fixe pour mission de soutenir les enfants de toutes les régions du monde en s’assurant de combler leurs besoins en matière d’éducation, de santé et de sécurité. La Fondation Trône d’enfants organise plusieurs activités
destinées à lever les fonds nécessaires à la réalisation des ses objectifs. Sa première action a consisté en la création d’une ligne de vêtements dont le produit de la vente sera versé aux enfants de la Palestine où Trône d’enfants travaille en étroite collaboration avec l’organisation Human Concern International, un organisme à but non lucratif œuvrant dans le domaine du développement durable. La seconde action organisée au bénéfice des enfants malades de Sainte-Justine et est menée avec la Fondation CHU de Sainte-Justine.
La Fondation Trône d’enfants se veut apolitique et agit exclusivement à canaliser toute forme d’aide vers les enfants de partout dans le monde et toutes origines confondues.Elle s’est choisi pour slogan
«Ensemble, nous pourrons opérer un changement positif dans la société, et ce changement commence maintenant». Informations : fondationtronedenfants@hotmail.com
Lutte contre la précarité Banques alimentaires du Québec : 100 000 nouvelles requêtes par mois… … et des besoins mensuels de l’ordre de 1,8 millions de dollars Les Banques alimentaires du Québec (BAQ) pourront engranger les excédents des supermarchés afin de nourrir les familles dans le besoin dans l'ensemble de la province. Le programme, qui est le premier du genre au Canada, est né d’un projet pilote réalisé à plus petite échelle. Ce projet pilote a permis de récupérer 2,5 millions de kilogrammes de denrées dans les 177 supermarchés participants l’an dernier. Les banques alimentaires ont ainsi pu récolter des denrées d’une valeur de 20 millions de dollars au cours de cette année. « Le Programme de récupération en supermarchés est un projet de société qui aide considérablement notre réseau à s'approvisionner en denrées saines et de qualité afin de donner à manger aux plus vulnérables de notre société dont les enfants et les aînés. Nous sommes
ravis de la solidarité des détaillants en alimentation et de tous nos autres partenaires, sans qui ce projet ne pourrait être réalisé », a déclaré la directrice générale des Banques alimentaires du Québec, Annie Gauvin. Récupération et développement durable En plus de nourrir des gens dans le besoin, le Programme de récupération en supermarché (PRS) permettra de réduire le gaspillage des denrées alimentaires produites par les supermarchés. Une subvention de 395 200 $ de Recyc-Québec, dans le cadre de la lutte contre le gaspillage alimentaire, et la participation des bannières Provigo, Maxi, Métro, Super C et IGA ont permis de mettre le programme sur pied. « Nous sommes fiers de financer cette synergie entre les Banques alimentaires du Québec et cer-
taines bannières du secteur de l'alimentation », a déclaré la ministre de l'Économie et députée de Saint-Henri-Sainte-Anne, Dominique Anglade. « Comme dans mon comté de Saint-Henri-Sainte-Anne, dans un contexte de mixité sociale, il est important de créer ce lien entre les différents tissus existants afin que les entreprises puissent collaborer davantage avec les organismes communautaires de leurs quartiers, a poursuivi Mme Anglade. Des gens qui vivent des moments un peu plus difficiles bénéficieront de ces surplus alimentaires. Une formule gagnantgagnant! » Un approvisionnement pour les BAQ Le déploiement complet du programme permettra de récupérer une moyenne de 8 millions de kilogrammes de denrées par
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année grâce à la participation de 611 supermarchés à travers la province. Le programme donnera un sérieux coup de pouce aux banques alimentaires qui font face à des besoins alimentaires représentant 1,8 million de dollars par mois. Le programme québécois assurera une certaine stabilité aux BAQ qui peinent à répondre à la demande croissante de la population, qui augmente à raison de 100 000 nouvelles requêtes par mois. « Grâce aux nouvelles sommes investies, nous pourrons répondre à davantage de demandes d'aide alimentaire de familles québécoises dans le besoin. Je lève mon chapeau à cette brillante initiative qui, en plus d'être riche tant sur le plan humain qu'environnemental, propose une solution unique et durable aux problèmes de gaspill-
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age et de précarité alimentaire », a déclaré la ministre déléguée à la Santé publique et aux saines habitudes de vie, Lucie Charlebois. Le programme de récupération en supermarché ne règlera pas la situation de la faim au Québec, mais il assurera une certaine stabilité aux banques alimentaires. L’augmentation du coût du panier d’épicerie au cours des dernières années éprouve durement les familles qui constituent la moitié de la clientèle des banques alimentaires. En plus de nourrir des familles éprouvant de la difficulté à se nourrir, le programme permet de réduire de 2000 tonnes par années les émissions de gaz à effet de serre (GES) de la province, soit l’équivalent de retirer 1500 voitures de la circulation.
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Initiatives
Un Sommet des gens d’affaires Canado-marocains à Toronto le 31 mars 2017 Le 31 mars prochain se tiendra à l’hôtel de ville de Toronto, le «Sommet des gens d’affaires Canado-marocains» («Moroccan-canadian Business Summit»).
Cet événement se tient à l’initiative d’un entrepreneur torontois originaire du Maroc et de deux organismes à but non lucratif fondés par des Canado-marocains pour le rassemblement et la promotion de la jeunesse Marocaine sur les podiums du pays d’accueil. L’édition 2017 est la première du genre mais certainement pas la dernière à en juger par l’enthousiasme et les espoirs que nourrissent les instigateurs de l’événement quand à la réalisation des objectifs que s’assigne leur démarche. Ils gagent d’ores et déjà que le ‘ ’Sommet des gens d’affaires Canado-marocains ’’ deviendra sous peu, un rendez-vous annuel des plus courus par la communauté d’affaires Canadomarocaine de la province. Le sommet rassemblera des
gens d’affaires de l’Ontario et d’ailleurs, des officiels Canadiens et Marocains, ainsi que des représentants d’associations canadiennes. Il se tiendra le 31 mars au ‘«City Hall Committee Room 2» (100 Queen St W, Toronto) à 18 :00 heure de l’Est. L’événement sera l’occasion pour les entrepreneurs et professionnels d’échanger, de confronter leurs expériences, de tisser de nouveaux liens et de conclure des partenariats. Il constituera également une opportunité pour les novices désireux de se lancer en affaires de rencontrer des modèles inspirants, de les questionner, de profiter leurs et recommandations précieuses et de chercher du mentorat.
Une première édition et des ambitions Cette première édition du ‘’ Sommet des gens d’affaires Canado-marocains ’’ ’’ est coorganisé par la société AdelphaTech et son fondateur et CEO M. Abdel Tahir, avec l’Association Marocaine de Toronto (Moroccan Association
of Toronto, AMDT) et en collaboration avec les Forum des compétences canado-marocaine (FCCM). Cette initiative, disent ses organisateurs, vise «à créer un précédent dans le monde des affaires canadien et international, explorer de nouvelles voies de coopération entre le Canada et le Maroc, inspirer les jeunes issus de l’immigration marocaine au Canada et contribuer à inverser les statistiques alarmantes, qui classent les marocains et les maghrébins en général, en tête de liste des personnes touchées par le fléau du chômage sur le sol canadien». La ‘’success story’’ AdelphaTech comme modèle Nul doute que ces objectifs seront atteint a en juger par La ‘’success story’’ de la société AdelphaTech fondée par un jeune Canado-Marocain originaire du Maroc et parfaitement intégré dans son pays d’accueil. Cette jeune entreprise offrant
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des services d’élaboration et d’exécution de stratégie digitale a pu, au bout de 3 ans d’activité à peine, faire croître ses effectifs de 2 à 30 employés et collaborateurs à travers le Canada, le Maroc et aussi loin qu’au Vietnam. Elle sert plus de 500 clients à travers le monde, dont ASICS, CBC, Deloitte, Webhelp et AXA. À l’image de M. Tahir, d’autres entrepreneurs canadomarocains forts de leur réussite, cherchent à partager leurs expériences et à inciter des novices à les joindre dans le club sélect des entrepreneurs, créateurs d’opportunités de travail. Les jeunes issus de l’immigration, diplômés des universités et des grandes écoles canadiennes sont les premiers invités à leur emboîter le pas. Le tissu associatif canado-marocain mets à contribution tout son pouvoir d’influence pour promouvoir de tels projets. Le sommet du 31 mars prochain se veut une affirmation de ce désir de partage, d’initiation et
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d’accompagnement pour former une relève à la hauteur des espoirs de la communauté marocaine établie au Canada. Du côtés des associations partenaires, on déclare que «les canado-marocains sont fiers de cette initiative fort prometteuse, ils encouragent ses instigateurs, leurs souhaitent le plus grand des succès et espèrent voir éclore dans un avenir proche, des actions similaires dans toutes les provinces canadiennes». Informations : Par téléphone : +1-647-781-1180 Par courriel : atahir@adelphatech.com Inscriptions : https://docs.google.com/forms/ d/e/1FAIpQLSd5XjLOD4w0bg z2iIXtdPgiAu59DV5FEDur NtXGeaPJcu0HvA/viewform
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Arts & spectacles
Du 14 au 23 Avril 2017
33ème édition des Vues d'Afrique Au fil des ans, le Festival international de cinéma Vues d’Afrique est devenu bien plus qu’un simple festival de cinéma, lieu de débats, de fête, de sensibilisation et d’éducation civique. Depuis 33 ans, le festival propose une dizaine de journées culturelles à Montréal, et à Ottawa (17 ans). Le cinéma y est évidement à l’honneur, appréhendé dans son contexte, grâce à des débats et des rencontres, pour favoriser le dialogue, l’engagement du public
et l’information dans différents lieux à travers la ville ou en région. Le Festival compte : •Une section internationale « fiction et documentaire », des films de tous les pays sur l’Afrique ou les pays créoles.
•Une section « Afrique connexion », des films destinés avant tout au public africain. •Une section « Regards d’ici » des films réalisés au Québec,
au Canada, sur l’Afrique ou sur les pays créoles. •Une section « Droits de la personne », Tout film de l’ensemble de la programmation traitant ce domaine.
•Une section « Développement durable », des films de plus en plus nombreux, qui traitent cette question Toutes les sections sont compétitives, quelques films en hommage ou rétrospective peuvent être aussi présentés.
Le 33ème Festival de cinéma
LeÏla Gouchi, marraine de l’édition 2017
Vues d'Afrique aura lieu du 14 au 23 Avril 2017
«Un événement qui ne cesse de nous séduire et de nous surprendre»… Marraine de l’édition 2017 du Festival Vues d’Afrique qui, rappelons-le, mettra le Maroc à l’honneur, l’artiste canado-marocaine Leïla Gouchi estime que «Ce Festival est devenu un rendez-vous annuel incontournable qui enrichit considérablement l’offre culturelle de notre métropole». Le texte de Leïla Gouchi : " De par son positionnement géographique et les liens séculaires qui le lient au continent, mon pays, le Maroc, n’est pas au cœur de l’Afrique mais il porte
l’Afrique dans son cœur. Et c’est pour moi un grand honneur, un immense privilège et aussi une réelle fierté d’être la marraine de la 33ème édition du festival International de cinéma Vues d’Afrique pour saluer la richesse, la diversité et la finesse du cinéma africain qui ne cesse de nous séduire et de nous surprendre et pour exprimer mes sincères remerciements à ceux qui ont choisi de mettre cette année, le Maroc à l’honneur. Non seulement, le festival international de cinéma Vues
d’Afrique suscite l’admiration et occupe une place très privilégiée parmi les grandes manifestations et rendez-vous culturels de notre ville, mais il a su aussi, fidéliser un public, combler les cinéphiles, créer une forte dynamique culturelle et s’imposer comme un rendezvous annuel incontournable. Il vient aussi enrichir l’offre culturelle de notre métropole, propose un espace de rencontres et d’échanges et contribue généreusement au dialogue entre les cultures et au vivre-ensemble harmonieux.
Un grand merci au centre culturel Dar Al Maghrib à Montréal, c’est grâce à leur partenariat que le cinéma marocain sera à l’honneur dans cette 33ème édition. Merci également à Royal Air Maroc d’être le présentateur du festival cette année. Merci aux cinéphiles de faire vivre ce festival, merci aux organisateurs et aux producteurs de nous offrir toutes ces émotions en partageant leur passion du 7ème Art. "
Leila Gouchi
www.atlasmedias.com 33
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Sports
Soccer - Ligue des champions
Des quarts de finale palpitants Real Madrid - Bayern Munich en tête d’affiche
Le Real Madrid, champion en titre, affrontera le Bayern Munich en quarts de finale de la Ligue des champions, un match qui oppose l'entraîneur du Bayern, Carlo Ancelotti, à l'équipe avec laquelle il a remporté le trophée il y a trois ans.
Ancelotti ambitionne de devenir le premier entraîneur à mener trois clubs différents au titre européen. Outre Madrid, il a également guidé l'AC Milan à deux titres de la Ligue des champions.
Le Real et le Bayern, qui disputeront le match aller à Munich, totalisent ensemble 16 titres européens. Un club verra toutefois sa séquence de présences en demi-finales de la compétition pendant au moins cinq années d'affilée prendre fin.
«Ce pourrait être digne d'une finale mais, malheureusement, ce ne sont que les quarts de finale», a précisé le directeur de Madrid, Emilio Butragueno, ajoutant que ses joueurs connaissent le style Ancelotti. Barcelone – Juventus : le «remake»
À la suite du tirage au sort effectué vendredi, Barcelone a rendez-vous avec la Juventus dans une reprise de la finale de 2015; Leicester, nouveau venu en Ligue des champions, fera face à l'Atletico Madrid, et le Borussia Dortmund sera opposé à Monaco.
Barcelone a remporté son cinquième titre européen il y a deux ans, disposant de la Juventus 3-1 à Berlin. Les champions italiens ont établi un record de la compétition en subissant la défaite pour une sixième fois en finale.
Matchs aller les 11 et 12 avril Les matchs aller seront disputés les 11 et 12 avril, alors que les matchs retour auront lieu les 18 et 19 avril.
Leicester, qui fait ses débuts dans le tournoi, est la seule formation en lice qui n'a jamais disputé une finale de la Ligue des champions. Mais Leicester et l'Atletico se sont affrontés
auparavant. Le club espagnol avait éliminé Leicester en première ronde de la Coupe de l'UEFA en 1997. Monaco fait figure d'épouvantail — ayant marqué le plus de buts au sein des prin-
cipales ligues européennes cette saison — après avoir été considéré parmi les clubs les plus faibles lors de la phase de groupes au mois d'août.
Dortmund Thomas Tuchel n'a jamais guidé une équipe en demi-finales de la Ligue des champions.
Ni l'entraîneur de Monaco Leonardo Jardim ni celui de
La finale sera jouée le 3 juin à Cardiff, au Pays de Galles.
E.N Maroc
Deux petits nouveaux appelés par Hervé Renard
La liste finale des 25 joueurs retenus pour affronter les équipes du Burkina Faso et de la Tunisie les 24 et 28 mars prochains, a été dévoilée le 14 mars par le sélectionneur Hervé Renard.
Deux joueurs de la Botola (Achraf Bencharki du Wydad de Casablanca et Walid Azzaro du Difaa Hassani d’El Jadida) font leur entrée dans cette liste sur laquelle on remarque l’absence de l’attaquant attaquant Youssef El Arabi. Hervé Renard semble avoir fait confiance aux joueurs qui ont participé à la dernière Coupe d’Afrique des Nations Gardiens de but : Mounir Mhamedi (Numancia/ ESP), Yassine Bounou (Girona/ ESP), Yassine Kharroubi (Lokomotiv Plovdiv/BUL).
Défenseurs : Fouad Chafik ( Dijon Dijon FCO / FRA), Ashraf Lazaar (Newcastel/ANG), Hamza Mendil (LOSC/FRA), Marouane Da Costa (Olympiakos/GRE), Mehdi Benatia ( Juventus/ITA) , Achraf Hakimi (Real Madrid/ESP), Nabil Dirar (AS Monaco/FRA)
Milieux de terrain : Youssef Ait Benasser (Nancy/ FRA), Karim El Ahmadi (Feyenoord/NED), Fayçal Fajr (Deportivo/ITA), Romain Saïss ( Wolverhampton Wanderers / ANG ), Achraf Bencharki (Wydad Casablanca / MAR), Mbark Boussoufa ( Al-Jazira Club / EAU), Younes Belhanda (OGC Nice / FRA), Mounir Obbadi (Nice/FRA). Attaquants : Mehdi Carcela ( Granada / ESP ),
Hervé Renard Walid Azzaro (Difaa Hassani d’El Jadida), Youssef Naciri ( Malaga / ESP ), Aziz Bouhaddouz (FC St Pauli/GER), Khalid Boutaïb ( Strasbourg / FRA), Soufiane
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Bouffal (Southampton/ ANG), Yassine Bammou (Nantes/FRA). En dernière minute, on apprend que Mehdi Benatia a déclaré for-
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fait. Le nom du défenseur appelé à le remplacer n’a pas encore été communiqué.
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Brèves
Voyages
Découvrez le Salon Mastercard Banque Nationale - RAM Le Salon National Bank World Mastercard et situé près de la porte 53 au départ internationaux. Le salon est un havre de paix parfait pour les passagers. Peu importe la raison de voyager, que se soit pour le travail ou pour le plaisir, vous débuterez votre voyage en beauté.
Non seulement le salon et dote de sièges confortables peuvent accueillir plus de 220 passager, mais il offre une vue spectaculaire de la piste. De plus, nous fournissons des revues et journaux, WiFi gratuit, bureau d’affaires et toilettes situe a l’intérieure du salon.
Nourriture et Boissons Le salon vous offre une variété de nourritures chaudes et froides et de boissons gratuites, sans oublier notre sélection de collations, pâtisseries qui contribueront a rendre votre séjour encore plus agréable.
Familles Le salon National Bank World Mastercard dispose d’un espace destiné aux enfants, équipé d’un téléviseur, de divers jeux et de nombreux livres.
WiFi, journaux et revues
C’est le moyen idéal de distraire les enfants pendant que vous vous détendez.
Migrations
Débats
Maroc : plus de «L'égalité, c'est notre affaire à tous!» 18.000 demandes de régularisation Un forum du COR dans le cadre de la Semaine d'actions contre déposées le racisme 2017
Le C.O.R. (Communication, ouverture, rapprochement interculturel) organise, dans le cadre de la Semaine d'actions contre le racisme 2017, un Forum intitulé «L'égalité, c'est notre affaire à tous! » qui sera l'événementphare de la Semaine d'actions contre le racisme (SACR) 2017. Ce Forum, organisé conjointement par le CIDIHCA (Centre international de documentation et information caribéenne et afro-canadienne) en association avec l'Observatoire international sur
le racisme et les discriminations (CRIEC, UQAM), se tiendra les 24 et 25 mars au Pavillon Athanase-David de l'UQAM. Les panels et ateliers porteront sur le racisme systémique au Québec dans différents domaines : éducation; réalités autochtones; féminisme; emploi; médias.
Informations et inscriptions : http://sacr.ca/forum_COR/index.html www.corapprochement.com
par les immigrants clandestins au Maroc
La deuxième campagne de régularisation lancée par les autorités marocaines depuis environ trois mois a vu le dépôt de dossiers de 18.281 personnes en situation irrégulière. Les chiffres ont été révélés par le ministre chargé des Marocains résidant à l’étranger et des affaires de la migration, lors d’une intervention aux « Histoires sans Visas » du Hautcommissariat aux réfugiés (HCR), précisant que les demandes ont été déposées dans 69 préfectures et concernent différentes nationalités. C’est la deuxième vague de régularisation des migrants lancées par le Maroc après celle lancée en novembre 2013 qui avait permis de régulariser 25.000 personnes en majorité des
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Subasahariens. « Je tiens à réaffirmer que nous ne faisons que remplir le devoir qui nous incombe vis-à-vis de cette catégorie, étant donné qu’il s’agit de personnes que la précarité a poussées à risquer leurs vies et à quitter leurs familles et leur pays », avait affirmé le roi Mohammed VI lors du lancement de cette deuxième phase. « Le Maroc a longtemps récusé les méthodes suivies par certains pour traiter les questions de la migration, méthodes qui, se sont, d’ailleurs, révélées inopérantes », avait-il ajouté, faisant référence à l’Algérie qui avait décidé quelques jours auparavant d’expulser violemment des centaines de clandestins.
Tendances
Journée Nationale du bonheur
2017 : La Norvège au walhalla… Le Canada au 7ème rang; loin devant les USA (14ème) et la France (31ème) Le 20 mars, à l’occasion de la Journée mondiale du bonheur, le Sustainable Development Solutions Network (SDSN Réseau de solutions de développement durable) a publié l’édition 2017 de son rapport mondial du bonheur.
L’étude se base sur plusieurs critères pour évaluer le bonheur dans les 155 pays sondés : l’aide sociale, la liberté, la générosité, l’honnêteté, la santé, le revenu et la bonne gouvernance. Le rapport mondial se base sur plusieurs études, elles-mêmes issues de plusieurs organisations Parmi elles, le Gallup World Poll (GWP) réalise des sondages directement auprès des populations dans 140 pays dans le monde, dont 40 pays africains. Le GWP s’illustre donc comme la principale ressource pour le classement du continent. L'objectif de ce cinquième rapport annuel est de fournir un outil supplémentaire aux gouvernements, aux milieux d'affaires et à la société
civile pour améliorer le bienêtre de leurs pays, est-il écrit en présentation du document.
Le Canada au 7ème rang La Norvège détrône le Danemark comme « pays le plus heureux du monde » dans le World Happiness Report 2017 du Réseau des solutions pour le développement durable (SDSN), un programme mondial lancé par les Nations unies en 2012. Le Canada arrive au septième rang de ce classement. La Norvège est suivie dans l'ordre par le Danemark, l'Islande, la Suisse, la Finlande, les Pays-Bas, le Canada, la Nouvelle-Zélande, l'Australie et la Suède. Les États-Unis se classent 14e, l'Allemagne 16e, le RoyaumeUni 19e et la France 31e. L’Afrique en queue de peloton La queue du peloton des 155 pays étudiés est formée de pays d'Afrique sub-saharienne :
Soudan du Sud, Liberia, Guinée, Togo, Rwanda, Tanzanie, Burundi et République centrafricaine, qui ferme la marche. S'y ajoutent la Syrie et le Yémen, dévastés par la guerre civile. La République centrafricaine se classe au dernier rang du tableau (155e). Les pays connaissant une guerre civile récoltent également les dernières places du classement, à l’instar du Yémen (146e) et de la Syrie (152e).
Gros plan Sur les 54 pays que compte l’Afrique, 44 sont classés dans ce rapport. Les auteurs de l’étude relèvent un déficit de bonheur dû essentiellement à l’instabilité politique, aux guerres civiles et au manque d’infrastructures.Le classement africain qui propulse l’Algérie (53e mondiale) en première place, suivie de l’Ile Maurice (64e mondiale) et de la Lybie (68e mondiale). Le Maroc occupe ainsi la quatrième place
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à l’échelle continentale et la 84e au niveau mondial, loin derrière son voisin algérien, suivi de la Somalie qui s’installe à la 93e place mondiale et le Nigéria, à la 95e place mondiale. La Tunisie arrive 102e (8e dans le classement africain) et la Mauritanie est 123e. Le Maroc, malgré cette position, est plus heureux cette année puisqu’en 2016, il était 90e dans le monde, contre 92e en 2015. Sachant qu’en 2015,
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le Maroc avait déjà gagné 7 places, ce qui laisse présager que le paysest sur la bonne voie et qu’il connaît encore de beaux jours devant lui. Avec leur 21e place, les Emirats arabes unis prennent la tête du classement des pays arabes les plus heureux du monde, suivis par le Qatar à la 35e place. L’Arabie saoudite se positionne à la 37e place mondiale, contre 39e pour le Koweït.
Insolite
Un nouveau produit d’exportation
Le faux permis de conduire québécois…
… vendu en ligne aux quatre coins du monde Le permis de conduire québécois est-il devenu un des documents les plus prisés dans l’univers interlope des faux papiers ?
l’instant, la SAAQ n’a nullement l’intention de modifier à nouveau son permis de conduire pour limiter sa contrefaçon.
Transportons-nous d’abord en Belgique. Nous sommes à Waterloo, lieu de la célèbre bataille napoléonienne qui a donné son nom à plusieurs municipalités de l’Empire britannique. Le client d’une boutique bondée se rend compte que son portefeuille lui a été volé. Il repère l’homme qui lui a subtilisé ses documents.
Selon Francis Fortin, professeur à l’École de criminologie de l’Université de Montréal et spécialiste de la contrefaçon, le permis de conduire québécois « est relativement bien fait ». Pourrait-il être amélioré ? « Il y a une limite aux méthodes. Même les hologrammes sont falsifiables désormais. C’est rendu loin. »
Devant le refus du voleur de lui redonner ses papiers, une bagarre éclate. Une patrouille de police intervient. Dans les poches du voleur, on trouve de faux papiers, dont un permis de conduire québécois. Le voleur, 49 ans, déclare avoir acheté en ligne ce faux permis de conduire québécois.
Sur Internet, on trouve bien des offres de faussaires. Tout est offert, à condition d’y mettre le prix : des actes de naissance, des permis de conduire, des cartes étudiantes, des attestations d’études, des passeports.
Le voleur vient d’être condamné en Belgique à sept mois de prison pour vol et usage de faux. Combien d’individus comme lui possèdent de faux papiers du Québec ? Ces faux documents peuvent servir à usurper des identités, à favoriser l’immigration illégale ou le crime organisé. Modifié en 2015 Selon Mario Vaillancourt, porte-parole pour la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), le permis de conduire québécois a déjà fait l’objet de changements à l’automne 2015, justement afin de le rendre plus difficile à reproduire. « Le permis de conduire en noir et blanc était une nouvelle disposition destinée à le rendre plus difficile à contrefaire. Notre permis de conduire est un des plus sécuritaires. Il est difficile à contrefaire. C’est sûr qu’on est au fait de ce genre de contrefaçon. On a un service d’enquête. Si quelqu’un se présente avec un faux permis de conduire, on est en mesure de le reconnaître. » Mais la contrefaçon n’implique pas l’usage des documents spécialement sur le territoire québécois. Et pour
Selon une étude conduite par Camille Mireault, une étudiante à la maîtrise en criminologie de l’Université de Montréal, au moins une cinquantaine de sites promettent de livrer de faux documents. Et le permis de conduire constitue un des documents les plus vendus par les faussaires. « Mais on ne sait pas dans quelle mesure ces sites livrent effectivement tous ce qu’ils annoncent », nuance Francis Fortin, professeur à l’École de criminologie de l’Université de Montréal. « Probablement qu’un bon nombre de ces sites constituent en fait des arnaques. Comment vous plaindre à la police de ne pas avoir reçu le faux permis de conduire que vous avez acheté en ligne ? Les fraudeurs le savent très bien et jouent avec ça. » La base Pourquoi le permis de conduire est-il si populaire dans le marché du faux ? « Disons que c’est ce qu’il y a de mieux pour le rapport entre le coût et les bénéfices », explique le professeur Fortin. « On trouve des permis de conduire partout, dans tous les pays. C’est la base de ce qu’on demande souvent comme preuve d’identité. »
Le permis de conduire québécois semble être très alléchant, du moins à en juger par le nombre de possibilités de s’en procurer un en ligne. En quelques secondes, on peut en commander pour des prix qui varient entre 50 et 300 dollars américains. Le Belge condamné la semaine dernière pour usage d’un faux permis de conduire québécois affirme l’avoir acheté via Internet pour la somme de 150 euros, soit un peu plus de 200 dollars canadiens. Usages En Amérique du Nord, le marché pour ces faux documents est constitué en bonne partie de jeunes Américains qui cherchent à obtenir des papiers capables de les aider à majorer leur âge afin de pouvoir acheter de l’alcool. Sur la base de différentes études, le professeur Fortin « émet l’hypothèse qu’il s’en vend pas mal » à cette fin. Mais en Europe, l’usage du faux permis de conduire québécois est tout à fait différent, estime Simon Baechler, adjoint au service judiciaire de la police de Neuchâtel en Suisse et considéré comme l’un des meilleurs spécialistes des faux documents d’identité. La plupart des cas repérés d’usage de faux permis de conduire québécois le sont à la frontière ou à l’aéroport, observe-t-il. « Ces lieux où on les repère laissent entendre que ce sont des gens qui sont liés à la migration irrégulière ou possiblement l’univers des
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trafiquants. » En Suisse seulement, une soixantaine de cas de faux permis de conduire canadiens ont été documentés au cours des dix dernières années. Toutes proportions gardées, « c’est très certainement représentatif de ce que l’on peut observer dans d’autres pays d’Europe occidentale ». Environ 30 % des individus en possession d’un faux permis de conduire du Québec provenaient du Sri Lanka, 25 % d’Afrique et 20 % étaient des Canadiens, le reste étant d’origines diverses, précise Simon Baechler. Au cours des trois dernières années, il y a eu une recrudescence de l’usage de faux documents, même si la tendance générale indique plutôt une perte de vitesse. Incognito Pour éviter d’être trop facilement retrouvé, l’acheteur de faux documents jouit de plusieurs options. Il peut par exemple faire ses achats grâce à des cartes-cadeaux d’Amazon, disponibles un peu partout. L’usage de bitcoin, une monnaie alternative virtuelle, permet aussi des transactions plus difficiles à pister. Les transactions sont conduites via des mécanismes d’anonymisation. Les différents vendeurs guident d’ailleurs les acheteurs afin de rendre les transactions plus imperméables aux regards. Ce sont d’ailleurs des mesures qui peuvent facile-
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ment se retourner contre les acheteurs. Ce sont plusieurs dizaines de sites Internet qui offrent des faux papiers selon des modalités semblables. Au nombre des pays qui semblent les plus prisés pour le commerce de faux documents, on trouve les États-Unis, le Canada, l’Australie et le Royaume-Uni. Ce sont les faux documents de ces pays qui se vendent le plus cher. « Le document ultime, c’est le passeport, explique le professeur Fortin. Il est habituellement falsifié. C’est assez difficile, coûteux, et réservé aux ligues majeures. » Certains vendeurs de faux documents affirment être situés en Chine, ce qui les placerait selon eux dans des situations de non-lieu juridique. La Chine, disent-ils, n’a pas les mêmes lois pour la contrefaçon ou le copyright que la plupart des pays. « Tout est copié, ici », indique un de ces sites pour justifier qu’on puisse aussi y fabriquer de faux documents d’identité. Cela ne rend en rien les documents copiés plus légaux. En marge d’Internet, des réseaux classiques existent toujours. « Pour la migration et le crime organisé, observe le spécialiste Simon Baechler, ce sont des réseaux de faussaires classiques qui sont le plus souvent en cause. » Dans l’univers du faux, le Québec a chose certaine une place malgré lui sur la scène internationale.
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