nº 320 du 8 au 21 février 2018
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Entre Municipales 2017 et Provinciales 2018
Nos politiciens ont-ils encore la côte? Au Fédéral en tous cas, 72% des Canadiens
ne s’attendent à ce que les politiciens tiennent leurs promesses une fois au pouvoir
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Le printemps est-il pour bientôt?
La réponse des marmottes
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nº 320 du 8 au 21 février 2018
Faits & chiffres Editeur : Abdelghani Dades. Directeur Général Rachid Najahi. Rédaction : Abdelghani Dades, Wahid Megherbi, Narjisse El-Bakkali, Zahira Ellahgui, Mona Doutabaa, Said Chayane, Reda Benkoula Publicité : Pub Smart Conception et Réalisation Graphique : Atlas Média Atlas.Mtl est un produit du. GROUPE ATLAS MEDIA Inc Editeur de. * La Voix des Marocains à Montréal et du site web: www.atlasmedias.com
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Entre Municipales 2017 et Provinciales 2018
Nos politiciens ont-ils encore la côte?
Au Fédéral en tous cas, 72% des Canadiens ne s’attendent à ce que les politiciens tiennent leurs promesses une fois au pouvoir Selon un sondage Environics, réalisé pour le compte de la CBC, près des deux tiers des Canadiens ne croient pas ou croient peu en l'intégrité des politiciens. Une majorité pense aussi qu'il est possible que les souverainistes remportent le prochain référendum au Québec. Environics précise à cet effet que c'est au Québec que le scandale des commandites a eu le plus d'effet au pays. Dans l'ensemble du pays, 72 % des répondants ont admis ne pas s'attendre à ce que les politiciens remplissent leurs promesses une fois au pouvoir, ce qui est similaire aux données du sondage de l'an dernier. «Peu ou pas confiance» Parmi les Canadiens qui ont participé à ce sondage, 65 % ont déclaré avoir peu ou pas confiance dans les dirigeants politiques canadiens. Il s'agit d'une hausse de 7 points de pourcentage par rapport à un sondage similaire réalisé en 2004. À la question, quel parti est le mieux outillé pour diriger un gouvernement avec intégrité et honnêteté, 17 % des personnes interrogées ont choisi les libéraux, en baisse de 5 points de pourcentage par rapport à l'an dernier.
Les conservateurs obtiennent sur cette question 22 % d'appuis, soit le même niveau qu'en 2004. Le NPD, pour sa part, voit son appui atteindre 23 %, en hausse de 4 points de pourcentage. À la même question, 23 % des Canadiens, soit une hausse de 5 points, ont déclaré qu'aucun parti n'a ce qu'il faut pour diriger un gouvernement avec honnêteté et intégrité. Unité nationale Au sujet de l'unité nationale et du Québec, les libéraux enregistrent là aussi une baisse dans l'appui des Canadiens passant de 46 % en 2004 à 37 % cette année. De leur côté, les conservateurs ont gagné 5 points de
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pourcentage pour atteindre 18 %. Selon le sondage, 72 % des Québécois et 61 % des Canadiens du reste du pays croient que la souveraineté du Québec sera un enjeu d'ici quelques années. À la question, pensez-vous qu'une majorité de Québécois votera oui à un référendum sur la question au cours des prochaines années, 60 % des Québécois et 54 % des autres Canadiens répondent que c'est très ou plutôt possible. Un sondage similaire réalisé pour Radio-Canada un an auparavant indiquait qu'à peine 40 % des Québécois et des autres Canadiens était de
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cet avis. Relations Canada-ÉtatsUnis La plus importante baisse des libéraux est enregistrée lorsqu'il est question des relations Canada-États-Unis. L'an dernier, 50 % des Canadiens sondés ont appuyé les libéraux comme étant le parti le plus en mesure de négocier avec les États-Unis, tandis que cette année, ils obtiennent 37 %. Les conservateurs ont augmenté leurs appuis passant de 23 % à 31 %. Ce sondage a été réalisé auprès de 1500 répondants. La marge d'erreur est de 2,6 %, 19 fois sur 20.
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Faits & chiffres
Politique Municipale : Les 100 jours de Valérie Plante
Pas de Lune de miel pour la mairesse!... Près de six Montréalais sur dix se disent insatisfaits du travail de l'administration de la mairesse Valérie Plante depuis son arrivée à l'Hôtel de Ville, au mois de novembre, selon un sondage Ipsos mené du 2 au 6 février.
La proportion des 502 répondants qui est satisfaite de la nouvelle gestion des affaires municipales s'élève à moins de 34 pour cent. Sébastien Dallaire, vice-président d'Ipsos, observe qu'il est plutôt rare de voir autant de gens insatisfaits d'une administration seulement trois mois après son arrivée. Il signale qu'après une élection, les maires entrants sont populaires car on leur accorde une chance. Dans le cas de l'administration Plante, il ne perçoit pas ce phénomène.
Les Montréalais reconnaissent tout de même certains bons coups à la nouvelle administration. 59,2% d’insatisfaction L’insatisfaction est palpable à propos du début du mandat de Valérie Plante. Ainsi, 59,2 % des 502 Montréalais joints par Ipsos du 2 au 6 février ont dit être insatisfaits de la performance de la nouvelle administration municipale, tandis que 33,8 % sont satisfaits. « C’est presque du deux pour un pour l’insatisfaction. Après trois mois seulement, ce sont des résultats qu’on peut qualifier de décevants. Aussi rapidement, après une élection, c’est plutôt rare de voir cela », constate Sébastien Dallaire, vice-président d’Ipsos. L’âge des répondants influence considérable-
ment leur perception de la performance de la nouvelle mairesse. Ainsi, les Montréalais de 55 ans et
plus se montrent particulièrement déçus : près des deux tiers (63,6 %) se disent insatisfaits. Les jeunes de 18
Les principales conclusions du sondage Très satisfait : 7,5 % Plutôt satisfait : 26,3 % Plutôt insatisfait : 35,1 % Très insatisfait : 24,1 % Ne répond pas : 7,0 %
Si l’élection était à refaire... « Souvent, on parle de lune de miel envers les nouveaux élus, et dans ce cas-ci, il n’y a pas de lune de miel », dit Sébastien Dallaire. Cette insatisfaction en début de mandat se traduit dans les intentions de vote. Ainsi, 40 % des répondants ont dit qu’ils voteraient pour Denis Coderre si l’élection était à refaire, soit trois points de plus que Valérie Plante. « C’est une égalité statistique. Mais après une élection, les maires entrants sont souvent un peu plus populaires, parce que les gens veulent donner une chance au coureur. Là, il n’y a pas ce bénéfice du doute », observe Sébastien Dallaire. Le coup de sonde permet de constater que la façon de voter influence grandement la perception par rapport à la performance de l’administration. Ainsi, 71 % des partisans de Valérie Plante se disent aujourd’hui satisfaits de son début de mandat, tandis que 81 % de ceux qui préféraient Denis Coderre en sont insatisfaits.
Intentions de vote si on revenait aux urnes aujourd’hui Valérie Plante : 37,1% Denis Coderre : 40,2% Ne voterait pas/refus : 22,7% Les hausses de taxes et de tarifs passent mal Les hausses de taxes et des tarifs décrétés dans le budget de Montréal passent mal dans la population. Ainsi, plus des trois quarts (77,2 %) des répondants se sont dits insatisfaits de l’augmentation de leurs taxes. L’insatisfaction se fait particulièrement sentir chez les plus âgés – 87 % des 55 ans et plus. Quant aux hausses de tarifs, 63 % des répondants sont insatisfaits. « L’insatisfaction est généralisée. Ceux qui ont voté pour Valérie Plante espéraient que ça n’arrive pas et ceux qui n’ont pas voté pour elles sont d’autant plus déçus », constate M. Dallaire. Déneigement Autre dossier chaud cet hiver, le déneigement attire également son lot de critiques défavorables. Trois Montréalais sur cinq (61 %) se sont dits insatisfaits de la qualité de l’enlèvement de la neige,
alors que 35 % sont satisfaits. L’insatisfaction est plus marquée chez les Montréalais de 55 ans et plus (68 %). « Typiquement, c’est un enjeu sur lequel il est difficile d’avoir beaucoup de personnes satisfaites. Ça se passe au quotidien et on a un hiver difficile, mais ça reste passablement négatif », dit Sébastien Dallaire. Fait intéressant, les partisans de Denis Coderre sont très sévères sur le déneigement : 70 % d’entre eux se montrent insatisfaits. À l’inverse, les partisans de Valérie Plante sont satisfaits (52 % satisfaits et 45 % insatisfaits).
Quelques bons coups cependant… Malgré les critiques, les Montréalais reconnaissent certains bons coups à l’administration Plante. La décision de la mairesse de lancer rapidement un appel d’offres pour l’achat de 300 autobus hybrides a été bien reçue par près des trois quarts des répondants (74 %). Les partisans de Valérie Plante sont particulièrement satisfaits (86 %), bien que ceux de Denis Coderre voient aussi cette décision d’un bon œil (68 %). « C’est très fort comme appui », commente M. Dallaire. La décision de retirer les
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trottoirs chauffants du projet de réfection de la rue SainteCatherine semble aussi bien perçue. Ainsi, 51 % des répondants ont dit être satisfaits, tandis que 31 % sont insatisfaits. L’abandon de la Formule E L’abandon de la Formule E aussi est bien reçu : une majorité de répondants (66 %) estiment que l’administration a pris la bonne décision. À noter, même les partisans de Denis Coderre jugent majoritairement (54 %) que Montréal a bien fait de se retirer de cette course. « L’abandon de la Formule E était clairement une bonne décision selon les Montréalais. Ça confirme que c’est un enjeu qui a coûté cher à Denis Coderre durant les élections », poursuit M. Dallaire. Ces pitbulls qui divisent… Les répondants se sont montrés extrêmement divisés sur la levée des restrictions touchant les pitbulls que l’ancienne administration Coderre avait mises en place. Ainsi, 42,3 % se disent satisfaits de la décision prise en début de mandat par l’administration Plante, tandis que 44,1 % en sont insatisfaits. « C’est un enjeu qui divise les Montréalais très claire-
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à 34 ans sont au contraire plutôt satisfaits de ce début de mandat (50 %, contre 36 % d’insatisfaits).
ment », observe Sébastien Dallaire. L’âge influence grandement la perception de cette décision. En effet, 57 % des Montréalais de 18 à 34 ans ont salué le fait de voir Montréal renoncer à l’interdiction des pitbulls. À l’inverse, 53 % de ceux âgés de 55 ans et plus sont insatisfaits. « Ça amène de l’insécurité chez les gens plus âgés, alors que les plus jeunes pensent probablement plus au bien-être animal », analyse M. Dallaire. L’enjeu est également très tranché entre les partisans de Valérie Plante, satisfaits à 54 % de l’abolition, et ceux de Denis Coderre, insatisfaits à 52 %. Le sondage Le sondage Ipsos mené pour le compte de La Presse a été réalisé du 2 au 6 février auprès de 502 Montréalais ; 332 entrevues ont été effectuées par internet et 170 au téléphone. Les répondants ont été questionnés sur leur niveau de satisfaction par rapport à une demi-douzaine de dossiers ayant marqué les deux premiers mois de l’administration Plante. Afin d’être représentatifs, les résultats ont été pondérés en fonction de l’âge, du sexe, du niveau d’instruction et de la langue.
Faits & chiffres
Politique Provinciale : Si on votait aujourd’hui…
La CAQ serait aux commandes…
Deux nouveaux sondages, réalisés courant janvier 2018 ont révélé des conclusions pratiquement similaires : en terme d’intentions de votes, Le PLQ serait dans un creux historique, tandis que le PQ n’obtiendrait en moyenne que 13 circonscriptions. Ainsi, au début janvier, la firme Recherche Mainstreet a mesuré une égalité statistique entre la CAQ et le PLQ au sommet, ainsi qu’une forte baisse du Parti québécois. Une semaine plus tard, un coup de sonde réalisé par Léger/Léger pour le compte du Devoir, concluait que la CAQ – avec 39% d’intentions de vote - devançait désormais le PLQ de 11 points! Une projection électorale réalisée en décembre 2017 indiquait déjà que la CAQ terminait l’année en force, dépassant de près le PLQ au vote populaire et dans la projection de sièges pour la première fois bien longtemps. Toutefois, le scénario le plus probable avec les chiffres de décembre était une victoire minoritaire de la CAQ (avec une moyenne de 59 sièges caquistes). Le vote populaire Avec ces deux nouveaux
sondages favorables de janvier, la Coalition avenir Québec conserve la tête du vote populaire moyen avec 35,9%, soit son sommet depuis décembre 2017.
sous-performance de la CAQ combinée à une « prime à l’urne » libérale pourrait faire en sorte que le PLQ remporte tout de même le vote populaire.
Le Parti libéral du Québec baisse de 0,7% et se trouve ainsi à une moyenne de 30,3%. Un tel total dans l’urne serait la pire performance du PLQ depuis sa fondation, l’année de la Confédération de 1867.
La performance péquiste reste quand à elle, complètement détachée de celles de la CAQ et du PLQ.
De son côté, le Parti québécois continue sa glissade dans les intentions de vote avec une moyenne de 20,3%. Nous verrons plus bas qu’avec ce niveau d’appuis, le PQ se trouve hors de sa « zone payante » et il pourrait potentiellement perdre un grand nombre de circonscriptions serrées, particulièrement aux mains de la CAQ. Finalement, Québec solidaire perd aussi quelques fractions de point pour se camper à 12,0%. Il est cependant à constater que, selon les deux sondages, les intervalles de confiance de la CAQ et du PLQ se croisent encore quelque peu, ce qui signifie qu’une
Les totaux de sièges Avec son avance sur la moyenne du vote populaire et une avance auprès de l’électorat francophone dans les derniers sondages (en première place avec 46% chez Léger et 33% chez Mainstreet), non seulement la CAQ conserve la tête des totaux de sièges, mais elle parvient même à atteindre le seuil nécessaire pour remporter un gouvernement majoritaire. En effet, le nombre moyen de sièges remportés par la Coalition avenir Québec au cours des simulations est de 66,0, une hausse considérable de 7,3 sièges par rapport à la projection de décembre dernier. Le Parti libéral du Québec remporte une moyenne de 41,7 circonscriptions, soit une perte de 2,5 sièges par
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rapport à décembre. Le PLQ a-t-il ainsi atteint son plancher? Difficile à évaluer pour l’instant, mais une telle récolte de sièges aux élections en octobre serait sa pire performance depuis l’élection de 1981 (42 sièges sur 122). Du côté du PQ, la perte de quelques points supplémentaires au vote populaire est significative. L’avance importante de la CAQ auprès de l’électorat francophone lui arrache quelques circonscriptions péquistes supplémentaires et le résultat est dévastateur: le Parti québécois ne remporte que 13,2 circonscriptions, en moyenne, au
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cours des 50 000 simulations. De plus, dans 42% des simulations, le PQ récolte moins de sièges que le seuil requis pour la reconnaissance officielle d’un parti à l’Assemblée nationale (soit 12 sièges). Finalement, Québec solidaire récolte une moyenne de 4,1 circonscriptions. En arrondissant les moyennes de sièges à l’unité près, voici les moyennes de sièges de la projection électorale de janvier 2018: 66 pour la CAQ, 42 pour le PLQ, 13 pour le PQ, et 4
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Politique Provinciale : Si on votait aujourd’hui…
La CAQ serait aux commandes… Suite de la page 6
imposantes.
pour QS.
Le Parti libéral du Québec voit ses probabilités de réélection diminuer considérablement avec seulement 4,9% de victoires minoritaires (en fait, le PLQ remporte exactement cinq victoires majoritaires sur 50 000 simulations. Cette proportion de 0,01% est ici considérée comme négligeable).
Les probabilités du vainqueur La Coalition avenir Québec remporte le plus grand nombre de circonscriptions dans 94,2% des simulations de la projection. En fait, près des deux tiers des simulations (64,8%) résultent en une victoire caquiste majoritaire. Les gains importants de la CAQ au vote populaire, particulièrement dans la région de la Capitale nationale et le 450, offrent à ce parti un coussin important de circonscriptions – dont plusieurs remportés par des marges
De plus, 0,9% des simulations se terminent avec une égalité entre les totaux de sièges caquistes et libéraux. D’ailleurs, comme seuls deux partis remportent des simulations, nous pouvons
tracer la distribution de probabilités de la différence de sièges entre le PLQ et la CAQ : Le Parti québécois ne remporte aucune simulation. Les chiffres changent, les humeurs fluctuent… Les Québécois n’iront cependant aux urnes que début octobre prochain, soit approximativement sept mois, ce qui représente une éternité en terme de temps politique. Les chiffres présentés dans cette projection électorale ne représentent pas une prédiction pour l’élection du 1er octobre 2018, mais bien un portrait
du moment auquel le sondage a été réalisé
La Coalition avenir Québec semble confortablement en tête des intentions de vote, mais cette avance est-elle vraiment si confortable? Le vote péquiste est plus efficace que le vote caquiste, donc une remontée de quelques points du PQ pourrait changer complètement le portrait. Le Parti libéral a connu des creux de popularité dans le passé, mais il est souvent parvenu à remonter la pente et sur-performer dans l’urne par rapport aux sondages.
2017, les sondages faisaient belle place au PQ loin devant la CAQ; les libéraux étaient alors fortement favoris pour remporter un gouvernement minoritaire. Le portrait politique au Québec a donc énormément changé au cours des douze derniers mois. Les chiffres changent, les humeurs fluctuent et l’opinion publique ne suit pas de parcours linéaire. En politique, pour reprendre le cliché, il ne faut jamais prendre les électeurs pour acquis.
Ainsi il y a un an, en janvier
Même s’il voit dans la CAQ son «adversaire principal»
Philippe Couillard : «Les libéraux gonflés à bloc pour 2018» Le premier ministre Philippe Couillard mise sur l’expérience et l’optimisme de son équipe pour prendre le dessus sur la Coalition avenir Québec (CAQ), un parti qu’il voit désormais comme « l’adversaire principal » des libéraux. « Pour nos amis les médias, on a un titre : “Les libéraux gonflés à bloc pour 2018``», a suggéré le chef libéral en prenant la parole, mardi soir, devant des militants libéraux de la région de Québec. « Vous êtes conscients qu’on est en campagne électorale là, là ? » a-t-il ensuite souligné. La table était mise : le premier ministre, deuxième dans les sondages, veut reprendre le terrain qu’il a perdu au profit de la CAQ, notamment lors de la défaite cinglante de l’élection partielle de Louis-Hébert en octobre. « Ce soir, j’ai fait beaucoup de critiques envers la CAQ parce
qu’à un moment donné, ça suffit », a lâché Philippe Couillard. Aux « valeurs », à la « vision » et aux « principes » des libéraux, il a opposé les « revirements complets » des caquistes, qui gouvernent à son avis au gré des sondages. « On ne veut pas d’amateurs, on ne veut pas de brouillon, on veut des gens qui connaissent leur affaire », a déclaré le premier ministre. Pour faire face au « contexte mondial instable », « on a besoin d’un équipage expérimenté qui tient le gouvernail », a-t-il aussi lancé, non sans rappeler les fameuses « deux mains sur le volant » de son prédécesseur, Jean Charest. Autre expression d’une autre époque : celle de la « girouette », tellement utilisée par l’ex-premier ministre Charest pour invectiver le chef adéquiste Mario Dumont qu’elle a été bannie dans l’enceinte du Salon bleu. « Vous souvenez-vous de
l’époque de la girouette ? Ça ressemble pas mal à ça », a dit Philippe Couillard au sujet des « changements continuels d’opinion » du chef de la CAQ, François Legault. Malgré les clins d’oeil au passé et les nombreuses références au « trop bon bilan » des libéraux — comme l’a qualifié le ministre François Blais —, le chef libéral a déclaré que son parti ne faisait que « commencer sa marche vers la victoire ». « Il faut regarder en avant, se retrousser les manches », a insisté le député de Vanier–Les Rivières, Patrick Huot. Au lendemain de la défaite dans Louis-Hébert, cet élu de Québec avait déclaré que son parti avait reçu « une claque sur la gueule ». « Le boxeur qui mange la claque sur la gueule, il met le genou à terre, se relève et continue. Il ne regarde pas le round d’avant », a affirmé le libéral lundi soir. « On
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va revenir dans Louis-Hébert », a aussi promis Philippe Couillard. La première opération Charme, dans la région de Québec, se fera aux moyens de deux projets de transport : un troisième lien routier entre les rives Nord et Sud et une infrastructure majeure de transport collectif.
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« Il y a une raison d’avoir les deux. L’un sans l’autre n’a pas de sens », a dit le premier ministre. Il s’est par ailleurs gardé de parler de son projet de liaison « futuriste » entre Québec et Montréal, deux mois après l’avoir évoqué une première fois et un peu plus d’un mois après avoir revu ses positions à son sujet.
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Politique Provinciale : Malgré les défaveurs des sondages
J-F Lisée constitue un cabinet fantôme nettement rajeuni Le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, annonce un remaniement majeur de son cabinet fantôme. Le brassage de cartes, prévisible après les départs annoncés de plusieurs députés d'expérience ces dernières semaines, marquera un virage générationnel.
Dans l'espoir de renouveler l'identité de son parti et de séduire les électeurs de 40 et 50 ans, il fait une place plus importante à cinq élus de cette génération qu'on appelle les X (39 à 53 ans). Pour la première fois, aux prochaines élections, cette génération aura un poids démographique, donc politique, équivalent ou supérieur à celui de la génération des baby-boomers. Trois députés de la génération suivante, les Y (18 à 38 ans), prennent aussi du galon. Dans le nouveau cabinet fantôme péquiste, le député de Matane, Pascal Bérubé, 42 ans, monte en grade. Il conserve pour commencer son poste très en vue de leader parlementaire. Il hérite en plus du poste de porteparole de l'opposition en matière « d’identité nationale, promotion de l’histoire, langue, culture et communications », créé de toutes pièces pour lui. Pascal Bérubé a une formation de professeur d’histoire, mais surtout il est perçu comme étant de centre droit.
Ses interventions sur ces enjeux pourraient séduire un électorat nationaliste actuellement sympathique à la Coalition avenir Québec. Un nouveau whip Jean-François Lisée apporte aussi un changement majeur chez ses officiers parlementaires. Sylvain Gaudreault, 47 ans, ancien chef par intérim du PQ, devient whip de l’opposition officielle. Le whip s’assure de la discipline au sein de l’aile parlementaire et dispose d’un budget de fonctionnement important. Carole Poirier, qui occupe présentement cette fonction, devient leader parlementaire adjointe. Elle hérite aussi des dossiers de l'éducation primaire et secondaire, de la persévérance scolaire et de l'éducation aux adultes. Elle sera également lieutenante pour les dossiers d'immigration et de diversité.
Deux nouvelles générations Trois autres députés de la génération X prennent aussi du galon au sein du cabinet fantôme péquiste. Stéphane Bergeron, 53 ans, redevient porte-parole de l'opposition en matière de sécurité publique. « C’est une réhabilitation complète », selon nos informations. Rappelons que Stéphane Bergeron a été blanchi lors de la commission Chamberland d'allégations
laissant entendre qu’il serait intervenu auprès de la Sûreté du Québec pour déclencher une enquête sur une fuite de renseignements. Alain Therrien, 51 ans, ajoute les responsabilités de la Caisse de dépôt et placement du Québec et du projet du Réseau électrique de Montréal à sa fonction de porte-parole en matière d’économie et des PME.
Martin Ouellet, 40 ans, conserve les affaires municipales et les transports. Il assumera de surcroit des responsabilités concernant les communautés nordiques et les affaires autochtones. Trois députés de la génération Y seront aussi plus visibles au PQ. Catherine Fournier, 25 ans, décrite comme « une étoile montante », s’occupera notamment de l’immigration et des communautés culturelles. Mathieu Traversy, 33 ans, ajoute la protection des consommateurs et l’accès à l’information à ses responsabilités en matière de tourisme et comme député organisateur de la prochaine campagne électorale. Finalement, Dave Turcotte, 34 ans, s’occupera d’habitation et de lutte contre l’analphabétisme. Les trois députés démissionnaires
Véronique Hivon vice-chef du Parti québécois Le chef péquiste Jean-François Lisée appelle sa collègue Véronique Hivon à la rescousse et la nomme vice-chef.
Dans une mise en scène bien orchestrée, M. Lisée avait réservé la surprise aux militants en procédant à cette annonce au terme du Conseil national du Parti québécois à SaintHyacinthe. Après avoir présenté celle qui serait vice-première ministre dans un gouvernement péquiste, M. Lisée a fait monter Mme Hivon sur scène. Ensemble, ils ont prononcé un discours teinté
d'humour.
« Notre tout sera plus grand que la somme des parties », a lancé Véronique Hivon. On est différent, mais on va le rester. Il arrivera qu'on va dire les choses différemment, mais on regarde dans la même direction.Le chef péquiste JeanFrançois Lisée Aucune hésitation Lors d’un point de presse conjoint, la nouvelle vice-chef du PQ admet ne pas avoir hésité ni avoir eu de craintes lorsque M. Lisée l’a approchée avec cette proposition en septembre derni-
er. Elle dit avoir fait ses devoirs et posé des questions avant d’accepter son offre. M. Lisée explique cette nomination par une « volonté de rassemblement ». Il dit avoir été inspiré par le modèle du ticket américain, c’est-à-dire une forme de collaboration où il existe une réelle hiérarchie. D’ailleurs, le tandem adoptera exactement cette approche pour le prochain rendez-vous électoral. « On va faire campagne comme un ticket, parfois on sera ensemble, parfois on se répartira le travail », indique Jean-François
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restent au cabinet Les trois députés qui ont annoncé leur retrait de la politique après les élections du 1er octobre « sont délestés de certaines de leurs responsabilités » mais demeurent au sein du cabinet où ils exerceront de nouvelles responsabilités. « Nicole Léger, Agnès Maltais et Alexandre Cloutier gardent certaines de leurs responsabilités et en délaissent d’autres. Je les remercie de continuer à œuvrer en tandem avec leurs collègues, afin de travailler en équipe sur plusieurs dossiers importants », souligne Jean-François Lisée dans le communiqué annonçant la composition de son nouveau cabinet.
Nicole Léger demeure ainsi porte-parole de l'opposition pour le Conseil du Trésor tandis que sa collègue Agnès Maltais conserve le dossier de la laïcité et hérite aussi des dossiers de l'éthique et de l'intégrité. Quant à Alexandre Cloutier, il conserve les dossiers touchant aux communautés nordiques et aux affaires autochtones qu'il partagera avec son collègue Martin Ouellet. Il oeuvrera aussi dans les dossiers touchant à l'éducation supérieure et la recherche. Il épaulera également la députée Carole Poirier pour les questions d'éducation primaire et secondaire.
Lisée. Mme Hivon estime que cette décision du chef péquiste envoyait un « signal fort » en ce début d’année électorale. Elle ne semble pas se soucier outre mesure des « coups de gueule » du leader péquiste qu’elle dit être capable d’encaisser.
Véronique Hivon était, jusqu'à maintenant, porte-parole en matière de famille. Elle était d'ailleurs aux côtés du chef lors de l'annonce sur le plan de relance des Centres de la petite enfance (CPE) et le retour à la tarification universelle.
Le nouveau tandem ne s'apparentera toutefois pas à ce qui se fait à Québec solidaire (QS), où Manon Massé et Gabriel Nadeau-Dubois sont coporte-parole, selon le chef péquiste.
Mme Hivon a été brièvement candidate dans la course à la direction du PQ qui a couronné M. Lisée en 2016, après le départ de Pierre Karl Péladeau, mais elle avait dû se retirer pour des raisons de santé.
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Politique Provinciale : Québec solidaire veut «décentraliser l’action militante»
La méthode Sanders?
En prévision des élections 2018, Québec solidaire (QS) semble s’inspirer de Bernie Sanders et souhaite «décentraliser l’action militante de ses sympathisants pour en démultiplier l’effet». Au risque de « perdre un peu le contrôle sur le message ».
« On veut éliminer tous les obstacles entre l’envie de s’impliquer et le fait de s’impliquer », a déclaré le député Gabriel NadeauDubois à une quinzaine de jeunes organisateurs bénévoles. Ceux-ci étaient réunis dans un local industriel de Montréal pour tester une nouvelle plateforme nommée « Mouvement », développée par QS au coût de 25 000 $. Une nouvelle plateforme Accessible sans contrainte en ligne, Mouvement centralise pour mieux… décentraliser. La plateforme se présente ainsi comme une sorte de carrefour interactif de tout ce qui se fait et s’organise autour de Québec solidaire : activités officielles et non officielles, calendrier et carte des événements à venir, boîte à outils pour « contribuer au mouvement » — incluant des logos du parti qui peu-
vent être imprimés sur des dépliants-maison.
Entre autres choses, un militant qui aurait une demi-heure à donner au parti un soir pourrait le signaler sur la plateforme et recevoir une liste de numéros de téléphone à contacter. Il ferait les appels de chez lui, sans organisateur au-dessus de son épaule. Tout pour faciliter l’implication, souhaite-t-on. « Le pari fondamental, c’est celui de la décentralisation, et oui, d’une forme de perte de contrôle, soutient M. Nadeau-Dubois. C’est de prendre à contre-pied la culture de base des partis, qui est toujours verticale : on veut contrôler, on veut faire attention, on ne veut pas avoir l’air fou. C’est la logique naturelle. Nous, on veut lâcher du lest. Mais ça implique que quelqu’un peut bafouiller au téléphone… » Un mouvement plus qu’un parti… Le co-porte-parole du parti inscrit cette initiative dans la foulée de ce qu’il promettait à son arrivée en politique l’an dernier : rapprocher le parti d’un mouvement social.
Dans le cas présent, la principale nouveauté consiste en la possibilité, pour les militants, d’organiser des activités identifiées à QS sans que personne du parti autorise l’événement. « C’est l’idée derrière la campagne de Bernie Sanders [candidat à l’investiture des démocrates américains], reconnaît Gabriel NadeauDubois : donner beaucoup d’autonomie aux militants, leur faire confiance. » Les activités officielles seront identifiées comme telles. Mais pour le reste, n’importe qui peut essentiellement proposer n’importe quoi. Québec solidaire ne craint pas les dérapages. « Dans le cas de Sanders, il y a peut-être eu deux, trois événements qui ont mal été sur des milliers », dit M. Nadeau-Dubois. Et ailleurs ? Interrogés jeudi, des organisateurs libéral, péquiste et caquiste notaient tous qu’il est déjà possible pour des militants de leur parti de proposer des activités. « Mais c’est vrai que pour utiliser le nom du Parti
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québécois, il y a un processus d’approbation qui suit », dit l’attaché de presse du parti, Yannick Grégoire. Les échos sont semblables à la Coalition avenir Québec et au Parti libéral du Québec. En ce qui concerne la décentralisation des initiatives, ces partis qui ont des élus un peu partout en réfèrent aux associations de circonscriptions. « Nous en avons 125 à travers le Québec et chacune d’elles s’occupe de l’animation régionale,
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d’organiser des assemblées de cuisine ou d’autres événements », indique le directeur des communications des libéraux, Maxime Roy. Et au-delà de ça, la bataille électorale va aussi se jouer autour des logiciels que chacun possède pour solidifier et élargir son vote. Banque de données précises, gestion de listes, messages microciblés : peu de choses sont en apparence laissées au hasard… et c’est un peu là que Québec solidaire veut faire cavalier seul.
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Société
Attentat de Québec, un an plus tard
Nouveaux appels au vivre-ensemble
Des centaines de personnes se sont réunies le lundi 29 janvier 2018 au soir à Québec, pour rendre hommage aux victimes de la tuerie survenue un an auparavant, jour pour jour, à la grande mosquée. Des survivants, des veuves et des politiciens ont pris tour à tour la parole pour lancer un appel au vivre-ensemble.
aimez. La vie est si courte et imprévisible. Chaque 29 janvier, je souhaite qu’on se souvienne des victimes », a-t-elle ajouté.
L'événement a commencé à 18 h 30 dans le stationnement de l'église Notre-Dame-de-Foy, non loin du Centre culturel islamique de Québec, où six hommes ont été tués le 29 janvier 2017.
« Il faut nous unir pour un avenir meilleur. Ces six hommes, dont la vie a été ravie prématurément, étaient tous des hommes pacifiques venus chercher la paix dans ce beau pays, dans cette belle province », a-t-elle dit.
Des veuves, des proches des victimes et des survivants ont témoigné lors de cette commémoration citoyenne, organisée par une trentaine de bénévoles. Louiza Mahammed-Said a pris la parole au nom de la famille de Hassane. Elle a remercié la foule, qui s'est présentée malgré le froid glacial. «L'élan de compassion si spontanée m’a fait sentir que j’étais entourée et m’a fait comprendre que je n’étais pas seule face au drame qui venait de me frapper de plein fouet» a-telle déclaré. « Je saisis cette occasion pour vous dire de profiter de chaque moment de votre vie, de savourer chaque moment avec votre famille, de leur dire que vous les
La veuve de Khaled Belkacemi, Safia Hamoudi, a rappelé de son côté, que ces six hommes avaient choisi le Québec comme terre d'accueil.
Son fils Amir Belkacemi a souligné que les victimes étaient à la grande mosquée « pour prier, pour célébrer la paix ». « Aujourd’hui, je crois qu’il est important que chacun d’entre nous fasse des efforts pour se rapprocher, pour se connaître, pour se reconnaître, se dire bonjour dans la rue quand on se croise », a-t-il dit. Pour Mohammed Labidi, président du Centre culturel islamique de Québec (CCIQ) «Cette tragédie nous rappelle à tous la nécessité de vivre ensemble. Que ce soit hier ou avant, nous avons franchi terres et mers pour nous installer dans cette nation». Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, le
premier ministre du Québec, Philippe Couillard, le maire de Québec, Régis Labaume, et la mairesse de Montréal, Valérie Plante, ont rappelé l'importance de lutter contre le racisme. Des chefs de partis politiques fédéraux et provinciaux, ainsi que des ministres, ont aussi assisté à ce rassemblement. Une communauté résiliente Une survivante de la tuerie de Polytechnique, Nathalie Provost, a salué la résilience de la communauté musulmane. Elle a aussi parlé des mères de Marc Lépine et d'Alexandre Bissonnette, accusé de 6 meurtres et de 39 tentatives de meurtre après la tuerie.
« Je me sens aussi liée aux mères de Marc Lépine et d’Alexandre Bissonnette. Ces hommes qui ont été des enfants [...], ils sont issus de nous, de nos familles, de notre éducation, de notre culture et de notre société. C’est pourquoi nous sommes tous touchés par l’attentat de la mosquée, comme nous l’avons tous été après Polytechnique. Nous sommes blessés dans ce que nous sommes », a-telle déclaré. Après les nombreux discours, la foule a entonné la chanson Mon pays, de Gilles Vigneault. Les dignitaires et les citoyens ont ensuite marché entre le lieu de la cérémonie et la grande mosquée de
Québec, où des fleurs, des bougies et d'autres objets symboliques ont été déposés. Ailleurs au pays Des vigiles étaient également prévues ailleurs au Canada, dans des villes comme Victoria, en Colombie-Britannique, et Hamilton, en Ontario. À Montréal, des gens se sont rassemblés devant les stations de métro Verdun, Mont-Royal et Jean-Talon. L’an dernier, des milliers de personnes s’étaient par ailleurs réunies dans ce même stationnement de l'église Notre-Dame-de-Foy, pour une veillée à la chandelle tenue au lendemain de la fusillade.
Également victimes du drame du 29 janvier 2017
Les parents d'Alexandre Bissonnette reçoivent le soutien de la communauté musulmane La communauté musulmane de Québec a de la compassion pour les parents de l'auteur de la fusillade à la grande mosquée. «J’ai senti une grande noblesse du coeur de ses parents, qui ont attendu la commémoration, donc ils ont respecté le deuil de ces familles. Ils sentent que ces familles sont encore dans le deuil, sont encore touchées, sont encore blessées », affirme avec reconnaissance le cofondateur du Centre culturel islamique de Québec, Boufeldja Benabdallah.
« J’ai ressenti la même douleur que les parents ressentent pour leur fils. Il reste toujours leur fils. Un parent reste toujours un parent» précise-t-il. Le président du Centre culturel islamique de Québec, Mohamed Labidi, dit comprendre leur douleur et leur peine. « Je salue leur courage » dit-il. Dans une lettre ouverte, Manon Marchand et Raymond Bissonnette ont remercié
l’imam Hassan Guillet dans leur lettre. Lors des funérailles, celui-ci avait livré un discours dans lequel il affirmait qu’Alexandre Bissonnette était une autre victime. L’imam estime qu’ils ont dû faire preuve de courage pour s’exprimer publiquement. « Ils ne pleuraient pas moins que nos veuves et nos orphelins. Comme nos veuves ont perdu leur mari, Mme et M. Bissonnette ont perdu leur fils
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», affirme le porte-parole du Conseil des imams du Québec qui ajoute « Il ne faut pas que notre peine empêche de voir celle des autres». Lors de la commémoration citoyenne devant la grande mosquée, l’imam Hassan Guillet a d’ailleurs eu une pensée pour la famille Bissonnette. «Ici, on était autour des veuves et des orphelins. C’était comme une thérapie de groupe, mais Mme et M. Bissonnette ple-
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uraient seuls dans leur salon. " En avril, des parents d’Alexandre Bissonnette ont fait parvenir une lettre aux familles des victimes. Mohamed Labidi était alors entré en contact avec eux. " J’ai pu les contacter par téléphone. Je suis tombé sur Mme Bissonnette. C’était une madame en pleurs. Tout le long de notre discussion, elle était en pleurs ", raconte-t-il
Société
En marge de la commémoration de l’attentat de Québec
Portes ouvertes pour favoriser les rapprochements Dans la foulée de l'attentat à la mosquée de Québec qui a fait six morts, les musulmans vivant au Québec ont pris le taureau par les cornes pour empêcher que la violence ne frappe à nouveau : ils ont voulu favoriser le rapprochement entre les communautés en multipliant notamment des journées portes ouvertes de leurs mosquées. L'une d'entre elles a eu lieu le 27 janvier 2018 à la Grande Mosquée de Québec, là où s'est produite la fusillade, l'une des activités des commémorations marquant l'année qui s'est écoulée depuis le drame.
groupes d'étudiants.
Puis, en février dernier, 14 mosquées de Montréal ont ouvert grandes leurs portes au public. De 2400 à 3000 personnes, selon les organisateurs, sont venues s'informer, rencontrer des gens, poser des questions et assister aux prières. D'autres mosquées dans d'autres villes ont emboîté le pas : à Gatineau en mars 2017, puis en mai à Shawinigan et à Sherbrooke. La Ville de Châteauguay a tenu en août la première édition du Festival Bon Voisinage.
Il ne s'agissait pas d'une première : la Grande Mosquée de Québec en organisait depuis quelques années, mais elle a pris une signification toute particulière en cette année 2018.
Selon Rachid Boudjarane, le responsable des relations publiques pour la Fédération des Canadiens musulmans, un organisme communautaire basé à Laval, ce genre d'activités n'a que du bon.
Et le Centre culturel islamique de Québec, auquel est reliée la mosquée, s'implique de d'autres façons dans la communauté, notamment en venant en aide aux sans-abri de la ville. Il accueille aussi depuis de nombreuses années des visites de
« Tout le monde cherche des pistes pour se rapprocher de la société d'accueil, pour se faire comprendre et échanger, a-t-il commenté en entrevue. Les musulmans, on cherche des solutions. On se demande pourquoi c'est arrivé. Qu'est-ce qu'on a fait de mal
? « Il faut expliquer qu'on est comme tout le monde. On est des êtres humains. Avec des convictions religieuses, oui, mais on est des Québécois et des Canadiens », a-t-il expliqué, espérant que de telles journées continueront d'être organisées en 2018. En 2017, ceux qui se sont rendus aux journées portes ouvertes se trouvaient dans deux catégories, dit-il : les curieux, qui veulent apprendre et poser des questions, et ceux qui connaissaient
déjà la communauté mais qui ont été touchés par l'attentat et ses victimes. Mais l'homme n'est pas naïf : il sait que ceux qui bénéficieraient le plus de ce rapprochement ne se pointeront pas aux journées portes ouvertes. Il juge toutefois qu'il ne s'agit que d'une petite frange de la population.
Mais il aimerait que les politiciens en fassent plus pour rapprocher les différentes communautés qui se côtoient au jour le jour au Québec. Si l'attentat meurtrier a généré de bons mots de la part des politiciens, et qu'ils se sont rapprochés de la communauté musulmane, il trouve que ce n'est « pas assez ».
« C'est à nous, nous tous les citoyens du Québec, de s'ouvrir aux autres et de combattre cette haine qui est ancrée un petit peu dans le coeur de certains. »
« Il faut faire beaucoup plus de sensibilisation. Dire qu'on est tous des citoyens », a insisté M. Boudjarane, qui vit au Québec depuis 38 ans.
Un message d’ouverture et de tolérance Les Montréalais se sont réunis, lundi 28 janvier 2018, dans divers quartiers de la métropole pour honorer la mémoire des victimes de la fusillade de la mosquée de Québec. Ces rassemblements citoyensavaient tous pour objectif de commémorer l’attentat de Québec survenu le 29 janvier 2017 lors de la prière du soir et qui a fait six morts.
Les participants ont pu se recueillir et poser un geste de solidarité. Des rassemblements ont lieu à Verdun, Montréal-Nord, Hochelaga-Maisonneuve, Villeray, Côte-des-Neiges–NotreDame-de-Grâce. Un rassemblement citoyen avait eu lieu la veille dimanche devant la station de métro Parc et la mairesse de Montréal, Valérie Plante, y a pris part. Elle a insisté sur le fait que la diversité était
importante, tout comme la question de la sécurité de tous les citoyens.
La mairesse a aussi rappelé que son administration a officiellement dénoncé l’islamophobie dans une déclaration présentée lors du dernier conseil municipal. «Tous les crimes haineux sont inacceptables. C’était important de mentionner ce genre également» a-t-elle notamment
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déclaré.
Valérie Plante a aussi lancé un message d’ouverture et de tolérance à la différence. « Cela démontre la solidarité, le sentiment que Montréal ressent et veut exprimer en disant que tout le monde est bienvenu. Nous devons respecter l’intégrité des gens. Je suis très heureuse d’être ici aujourd’hui comme je le serai demain, parce que nous organise-
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rons une cérémonie pour honorer la mémoire des victimes [de la mosquée de Québec] », a-t-elle dit. Valérie Plante devait participer à d'autres hommages organisés à la mémoire des victimes de l'attentat de Québec, le lendemain lundi, autant à Montréal et qu'à Québec.
Société
Le combat de Justin Trudeau contre la haine de l’Islam La population doit se questionner sur son malaise avec le terme « islamophobie », croit le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, qui a profité de la commémoration de l’attentat à la grande mosquée de Québec, qui a rassemblé des centaines de personnes, pour lancer un appel à un examen de conscience sur le sujet. Un examen de conscience nécessaire « Pourquoi le mot islamophobie nous met mal à l’aise ? » s’est interrogé le premier ministre dans un bref discours. « On a tous peur parfois. Nous avons peur de l’inconnu, de l’étranger. Il faut passer au-delà de cela, mes amis, pour reconnaître nos propres faiblesses en tant que Québécois, en tant que Canadiens. Nos propres craintes, il ne faut pas faire semblant que ça n’existe pas. Il n’y a personne qui se plaint du mot homophobie […] Mais l’islamophobie, ça nous dérange. C’est une réflexion que nous allons devoir avoir en tant que société. Pourquoi ? Pourquoi ça dérange ? » Dans une allocution à la Chambre des communes, Justin Trudeau a exhorté tous les Canadiens à se dresser « contre l’islamophobie et contre toute forme de discrimination ». Dans le même discours, M. Trudeau a aussi écorché le groupe identitaire La Meute. « C’est facile de condamner le racisme, l’intolérance, la discrimination… On sait c’est qui les racistes… C’est l’autre, ce sont les nonos qui se promènent avec des pattes de chiens sur leurs t-shirts », a-t-il lancé, ce qui lui a valu une salve d’applaudissements.
M. Trudeau, le premier ministre Philippe Couillard, le maire de Québec, Régis Labeaume, et de nombreux dignitaires prenaient tous part le 29 janvier 2018 à une cérémonie commémorant la tuerie qui a fait six morts au Centre culturel islamique de Québec (CCIQ) l’an dernier. L’événement venait clore une longue fin de semaine de commémorations qui avait inclus une rencontre publique avec les familles des victimes à l’intérieur même du CCIQ. L’anniversaire Le rassemblement, qui s’est tenu par grand froid, visait aussi à rappeler celui qui avait réuni l’an dernier à pareille date 5000 personnes venues manifester leur solidarité envers les musulmans qui vivent à Québec. Cette fois-ci, ils étaient plusieurs centaines à s’être réunis. Certains avaient apporté une immense banderole noire sur laquelle on pouvait lire « Ensemble contre la haine et le racisme ». On y avait aussi collé les photos de chacun des hommes tués l’an dernier. À quelques pieds de là, Muriel Beaulieu sirotait un café avec sa soeur Monique. « C’est tellement terrible ce qui est arrivé l’année passée. […] L’an passé, je n’étais pas assez bien pour venir, alors cette année, je me reprends. » Résidente du quartier, Mme Beaulieu a été pendant 15 ans la voisine de la famille de Khaled Belkacemi, qui est au nombre des défunts. « Je n’ai pas de mots pour dire comment ça m’a fait mal. » Comme plusieurs, elle a été touchée par les messages
positifs des familles des victimes, notamment les propos tenus dans les médias par Aymen Derbali, l’un des blessés, qui a survécu mais est resté lourdement handicapé. « Il a reçu six balles, dont une à la moelle épinière, et il a encore un discours serein ! Si on est le moindrement humain, il faut les supporter, leur dire qu’ils sont autant chez eux que nous. » M. Derbali a d’ailleurs reçu des applaudissements particulièrement nourris quand il s’est présenté sur scène. Remerciant les gens pour leur soutien, il a dit vouloir à l’avenir sensibiliser les jeunes au vivre-ensemble parce qu’ils sont, a-t-il dit, l’avenir de la société. Liens avec Polytechnique Les organisateurs avaient aussi invité Nathalie Provost, survivante de la tuerie de Polytechnique, en 1989. « Je suis frappée par les nombreuses similarités qui nous rapprochent », a-t-elle dit en soulignant l’esprit de solidarité et de dignité des représentants des familles et du Centre culturel islamique de Québec. « Je suis chavirée parce que vous avez raconté, partagé », a-t-elle dit
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en soulignant qu’elle avait mis beaucoup de temps à comprendre et à surmonter la tragédie. Avant elle, plusieurs personnes s’étaient présentées au micro, dont deux veuves des victimes. « Je vous remercie du fond du coeur pour votre profonde solidarité », a déclaré Louiza Mohamed Said, épouse de feu Karim Hassane. « Depuis le jour du drame, vous ne pouvez imaginer à quel point toute cette sollicitude nous a aidés à surmonter notre immense peine. » «Ma maison, c’est votre maison» « Nous voulons lancer un message de paix et d’amour afin de vaincre la haine, le rejet et l’incompréhension », a lancé quant à elle la veuve de M. Belkacemi, Safia Hamoudi, au nom des autres femmes qui ont perdu leur mari l’an dernier. « Ces six hommes dont la vie a été prise étaient tous des hommes pacifiques venus chercher la paix dans ce beau pays, dans cette belle province. Collectivement, ne les oublions pas et faisons tout ce qui est possible pour que de telles tragédies ne se reproduisent jamais. »
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Son fils, Amir, s’est quant à lui exprimé au nom des 17 orphelins de la tragédie. « C’est important pour chacun d’entre nous de faire des efforts pour se rapprocher, se connaître, se reconnaître, se dire bonjour dans la rue afin que plus jamais, plus jamais un 29 janvier n’arrive. […] Faites en sorte, s’il vous plaît, qu’on n’ait plus jamais besoin de le dire. » La cérémonie a aussi été marquée par la prestation d’une chorale formée d’un groupe de réfugiés. Réunis dans le cadre d’un projet interculturel piloté par l’Université Laval, ils ont interprété une chanson intitulée La langue de nos âmes. « Chantons ensemble la langue de nos âmes/ Chantons ensemble, célébrons nos différences/Pour apaiser la douleur/À la chaleur du coeur. » Les organisateurs de l’événement avaient aussi intégré au montage vidéo l’extrait « Ma maison, c’est votre maison » de la chanson Mon pays, de Gilles Vigneault.
Société
Les Nonos de La Meute ne sont pas contents!
… et les Conservateurs leurs donnent raison Les propos tenus à Québec par Justin Trudeau lors de la commémoration de la tuerie du 29 janvier 2017 font tiquer La Meute. Le premier ministre, qui a traité les membres du groupe nationaliste identitaire de « nonos », a été copieusement insulté par l'un des adhérents de premier plan de l'organisation d’extrême droite. Le premier ministre n'a pas manifesté de regret d'avoir déclenché l'escalade verbale qui se lit dans un message publié sur la page Facebook publique du regroupement par Sylvain « Maïkan » Brouillette, qui taxe Justin Trudeau - sans le nommer - de « trou de cul ». Le membre du groupe aux positions d'extrême droite a affublé le chef libéral de cette épithète sous prétexte qu'il « a fait des associations et des amalgames révoltants » entre La Meute et le drame de la mosquée de Québec survenu le 29 janvier 2017. Dans le discours qu'il a livré dans la Vieille Capitale lors de la cérémonie de commémoration de l'attentat qui a fait six victimes, Justin Trudeau a pesté contre les « racistes », ces « nonos qui se promènent avec les pattes de chiens sur le t-shirt ». C'est ce qui lui a valu la réplique de Sylvain « Maïkan » Brouillette qui, selon ce que rapportait Vice News en décembre dernier, a abandonné son poste de chef de bande pour redevenir simple membre de La Meute. Il a été impossible de déterminer quelle est sa position hiérarchique actuelle. « Un nono c'est quelqu'un qui voit une patte de chien au lieu de voir l'emblème du Québec surmontée de ses valeurs de démocratie, de làïcité (sic), de liberté et
d'égalité », écrit-il dans sa tirade coiffée du titre « C'est quoi un nono? », sur sa page Facebook qui compte près de 17 000 abonnés. L'auteur du message soutient également qu'« un nono ce n'est pas quelqu'un qui s'affirme pour défendre ses valeurs », mais bien « quelqu'un qui acceuille (sic) en héro (sic) dans son bureau un criminel comme Joshua Boyle ». Il fait référence à l'audience qu'a accordée Justin Trudeau dans son bureau du parlement à l'ancien otage des talibans en Afghanistan qui a été rapatrié au Canada en octobre dernier, et qui est depuis sous le coup de multiples accusations criminelles. Il réserve aussi dans cette publication quelques mots à l'intention de Philippe Couillard. Sans le nommer, il accuse le premier ministre du Québec d'être un « nono » dans son cas, pour avoir comparé « la colonisation du Canada avec l'immigration moderne ». Dans son allocution devant la foule réunie pour souligner le premier anniversaire de la tragédie, le premier ministre québécois s'est demandé pourquoi certains citoyens se sentaient plus Québécois que d'autres alors que leurs ancêtres sont aussi des immigrants. « On est tous venus d'ailleurs rejoindre les Premières Nations, il n'y a que la date qui change. Et cette date ne détermine pas notre niveau de citoyenneté », a fait valoir Philippe Couillard à Québec. Trudeau ne regrette pas Du côté d'Ottawa, Justin Trudeau n'a exprimé aucun regret d'avoir eu recours au terme « nonos ». En marge d'une annonce, il a au con-
traire promis qu'il serait « toujours là pour dénoncer ceux qui ne sont pas en train de bâtir une société meilleure et plus ouverte à tous ». Il a argué qu'il y avait « encore des gens intolérants à l'intérieur de notre société », et qu'il en allait de sa « responsabilité » comme premier ministre de « dire clairement quand des propos sont haineux, quand des déclarations ou des gestes sont inacceptables dans cette société ». Les Conservateurs au secours de la Meute Le député conservateur Pierre Paul-Hus ne partage pas cette lecture; selon lui, de tels propos sont indignes de la fonction qu'occupe Justin Trudeau. « Traiter ces genslà de nonos, je trouve que ce n'est pas des mots qui devraient sortir de la bouche d'un premier ministre », a-t-il dit.
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L'élu, qui représente une circonscription de la région de Québec, s'est ensuite demandé à voix haute pour quelle raison le premier ministre canadien avait ressenti le besoin d'évoquer La Meute pendant son allocution. « Pourquoi parler de ces gens-là, pourquoi dans un discours devant un public qui est (prosterné) suite à un attentat, aller parler de ces gens-là de façon comme ça, en les traitant de nonos? », a-t-il lâché en mêlée de presse dans le foyer de la Chambre. … et le Bloc Québécois aussi La chef du Bloc québécois, Martine Ouellet, qui effectuait son escale hebdomadaire à Ottawa, , a trouvé « complètement déplacé » que le premier ministre ait « instrumentalisé » la cérémonie pour « culpabiliser l'ensemble d'une société » et faire « de la petite politique ».
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Car l'attentat survenu pendant la prière du soir à la mosquée le 29 janvier 2017 est « un acte isolé qui n'est d'aucune espèce représentatif de ce qui se passe dans la société québécoise » - on ne peut « partir d'un acte isolé et généraliser », a-telle laissé tomber en mêlée de presse. De son côté, le chef néodémocrate Jagmeet Singh n'a pas commenté directement le choix de mots du premier ministre, sauf pour plaider qu'il valait mieux « parler d'unité » plutôt que de tomber dans le piège « des gens qui essaient de diviser ». « La réalité, c'est qu'on est plus forts quand on est ensemble. Et moi, je fais la promotion des politiques d'amour pour vaincre la politique de division, la politique de la haine », a-t-il offert alors qu'il était de passage au chantier maritime Davie, à Lévis.
Société
Depuis l'attentat de la mosquée de Québec…
Les crimes haineux s’inscrivent en hausse constante
Une année s'est écoulée depuis l’attentat de Québec et les crimes haineux ont augmenté tant à Québec qu'à Montréal et une bonne partie de ceux rapportés à la police visaient des musulmans. Dans la ville de Québec, où se trouve la mosquée qui a été ensanglantée par les balles le 29 janvier 2017, 71 crimes haineux ont été rapportés à la police en 2017, soit dans l'année qui a suivi l'attaque. Il y en avait eu moins auparavant: on parle de 57 en 2016 et 25 en 2015. Plus de la moitié des signalements en 2017 étaient pour des crimes visant les musulmans, soit 42 sur 71. Certains avaient été dirigés vers des lieux de culte de cette religion. À Montréal, la situation est similaire: les crimes haineux ont aussi augmenté dans la dernière année. Montréal : 250 crimes haineux en 2017, contre 158 en 2016 Des citoyens en ont rapporté 250 en 2017 - dont 94 visant des musulmans ou des personnes d'origine arabe. Il y avait eu 158 crimes haineux signalés à la police en 2016.
Parmi ceux-ci, les crimes contre la personne - menaces, harcèlement, voies de fait - ont été plus fréquents que les crimes contre la propriété, comme du vandalisme ou des insultes sous forme de graffitis. Les deux mois qui ont été les plus marqués par ces crimes sont février (31) soit tout juste après l'attentat de Québec - et août (42). Pourquoi août? «Nous, l'explication sur laquelle on s'est penchés, c'est l'arrivée massive des migrants. Ça a suscité beaucoup de réactions», a expliqué en entrevue téléphonique Line Lemay, lieutenante-détective au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), au secteur prévention et sécurité urbaine. Selon Mario Vézina, capitaine de la section des crimes majeurs au Service de police de la Ville de Québec (SPVQ), la hausse des crimes haineux rapportés signifie «que les gens signalent davantage ces situations». «Et cela, pour nous, c'est une bonne chose», a-t-il ajouté.
Est-ce que cela veut dire qu'il y a plus de crime haineux? Dur à dire, répond le capitaine. Mais il croit qu'il est probable que l'attentat de la mosquée a joué un rôle et que les citoyens dénoncent plus parce qu'ils ont vu où pouvaient mener ces crimes haineux, avec les pertes de vie et les blessés du 29 janvier 2017. «Ces événements ont marqué, avec raison, beaucoup de gens», dit-il. Même chose du côté de Québec. Mme Lemay croit que cela signifie que plus de crimes sont rapportés, à la fois par les victimes et par des témoins. Elle ne croit pas qu'il y ait plus de crimes haineux sur son territoire. Elle souligne que beaucoup de gens ont rapporté des propos qu'ils ont vus sur des réseaux sociaux qu'ils jugeaient inacceptables ou dangereux. La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse se dit préoccupée par cette augmentation des crimes haineux rapportés à la police. Ces statistiques
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l'inquiètent, tout comme les résultats préliminaires d'une étude qu'elle mène depuis 2016, visant à documenter, comprendre et analyser les actes haineux à caractère xénophobe au Québec. Selon ses constats, les actes haineux motivés par la haine de la race et de la religion en particulier ont augmenté dans les dernières années, y compris après l'attentat du 29 janvier 2017, notamment «les méfaits contre des biens liés au religieux». De plus, souligne la Commission, les communautés musulmanes enregistrent le pourcentage le plus élevé de victimes de sexe féminin. «Les femmes portant le hijab sont une cible visible et explicite d'actes motivés par la haine de la religion», explique la Commission dans un communiqué diffusé lundi. La violence des discours haineux sur internet ainsi que des groupes d'extrême droite est aussi une source de préoccupation. «Cette augmentation des crimes haineux inquiète choque même» dit Rachid Boudjarane, de la Fédération des Canadiens
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musulmans. «Ça veut dire qu'on n'a pas assez fait pour sensibiliser les gens», dit-il. Les politiciens doivent regarder ces chiffres-là et se demander: «pourquoi on n'a pas avancé?», estime l'homme qui est responsable des relations publiques pour la Fédération. «Est-ce que ça va donner des idées à d'autres? Bien sûr, il y a une insécurité.» Mais selon lui, l'insécurité était pire au sein de la communauté musulmane au moment du débat sur la Charte de valeurs. Après la fusillade de Québec, il croit que les Québécois étaient vraiment conscients de la gravité de la situation. «Vous les avez vus sortir dans les rues?» s'exclame M. Boudjarane, heureux de cette solidarité. «La société québécoise a été touchée dans son ensemble.» Et nous, ça nous a touchés de voir leur réaction, ajoute-t-il. Pour lui, il ne fait aucun doute que les citoyens vont continuer à dénoncer et signaler les crimes haineux.
Société
Le Canada et le populisme
Les banlieues, terreau fertile? Les politiciens populistes pourraient-ils avoir du succès au Canada comme Donald Trump aux États-Unis? L'élection, il y a quelques années, de Rob Ford, le défunt maire de Toronto, a prouvé que ce mouvement peut avoir une certaine traction, et un nouveau sondage suggère que les banlieues canadiennes pourraient être un terreau particulièrement fertile. Une nouvelle enquête réalisée par EKOS Research et La Presse canadienne démontre que des opinions semblables à celles des partisans de Donald Trump se retrouvent en banlieue de Montréal, de Toronto et Vancouver. Selon une agrégation de sondages menés auprès de plus de 12 000 Canadiens, plusieurs citoyens font preuve d'une vision «ordonnée» du monde, pour reprendre l'expression d'EKOS Research. Ceux-ci remettent en doute le statu quo politique, se sentent inquiets économiquement et culturellement, en plus d'être pessimistes sur leur avenir et celui de leurs enfants. L'enquête d'EKOS a mesuré le sentiment populiste à l'aide d'un spectre «d'ouverture», car l'environnement politique actuel n'est pas divisé entre la gauche et la droite, a expliqué le président Frank Graves. Il est question de savoir comment les Canadiens voient leur avenir, selon M. Graves. Les gens qui sont du côté «ouvert» sont plus optimistes et les gens du côté «ordonné» le sont moins. «Les débats, les choses qui divisent les gens dans ces camps ouvert et ordonné sont différents (de ceux) qui nous ont divisés historiquement entre la gauche et la droite», a-t-il soutenu. Montréal
Que faut-il comprendre de la récente élection municipale à Montréal? Le maire sortant, Denis Coderre, se présentait avec un parti portant son nom, contre une politicienne très peu connue à l'époque, Valérie Plante, qui dirigeait Projet Montréal, un parti associé aux mouvements de gauche.
Certains croyaient que M. Coderre avait un ton populiste prometteur, mais il s'est éloigné des Montréalais, qui souhaitaient moins entendre parler de courses de voitures électriques que de transport et de logement. Denis Coderre a présenté peu d'engagements concrets pendant la campagne, alors que les promesses de Valérie Plante ont attiré l'attention des citoyens qui avaient soif de changement. Elle a réussi, largement grâce à l'appui de gens du côté «ouvert» du spectre, selon Chris Erl, un étudiant au doctorat à l'Université McGill spécialisé sur les élections municipales. Selon le sondage d'EKOS, 46 pour cent des Montréalais avaient une vision «ouverte» du monde. En creusant plus loin, le côté plus «ordonné» est ressorti dans les secteurs les moins diversifiés, un phénomène aussi observé dans les autres banlieues canadiennes. Mais le sentiment populiste n'est pas seulement ressenti par les Canadiens Blancs, malgré l'image typique des électeurs de Trump. Le populisme canadien semble être moins lié à l'immigration, et plus à la classe sociale et au sentiment anti-élite, selon l'enquête. Autrement dit, le sentiment antiélite pourrait avoir plus de succès que la position anti-immigration que certains percevaient chez la politicienne Kellie Leich, qui a perdu la course à la direction du
Parti conservateur du Canada l'an dernier. Ontario Le frère de Rob Ford, Doug, espère profiter de ce mouvement populiste pour remporter la course à la direction du Parti progressiste-conservateur. Lors d'un rassemblement pour lancer sa campagne samedi soir, son message a résonné chez Kim King, qui a l'intention de voter conservateur pour une rare fois. «Les pauvres sont toujours plus pauvres, et nous sommes plus nombreux que les riches, a-t-elle observé. Et bien que, oui, il soit possible de dire que c'est un homme riche qui représente les pauvres, la vérité est qu'il se tient aux mêmes endroits que les pauvres.» Les percées populistes sont plus susceptibles de se manifester dans les courses à la direction de partis et les élections municipales, a indiqué Michael McGregor, professeur à l'Université Ryerson qui dirige une étude nationale sur les élec-
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tions municipales. Dans la plupart des scrutins locaux, il n'y a pas vraiment de système de partis ou celui qui existe ne s'aligne pas clairement avec les organisations provinciales et fédérales. «Ce n'est pas idéologique dans le sens traditionnel: est-ce qu'il y a quelque chose d'idéologique dans le transport ou la gestion des déchets?», a-t-il illustré. «L'autre chose, c'est que la participation électorale au niveau municipal est généralement plus basse. Et lorsque la participation est basse, les élections sont susceptibles de susciter une plus grande participation chez certains groupes. S'il y a un groupe particulièrement motivé par quelque chose, ces gens iront voter et changeront la tendance.» C'est souvent le cas aussi avec les courses à la direction, lors desquelles les candidats s'adressent à des intérêts plus restreints. Vancouver
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À Richmond, en ColombieBritannique, 75 pour cent de la population appartient à une minorité visible. À Burnaby, non loin de là, 63 pour cent des citoyens sont des minorités visibles. C'est dans ces deux villes où l'on retrouve le plus de citoyens avec une position «ordonnée». Les électeurs des municipalités de la province sont convoqués aux urnes cette année, et plusieurs se demandent si ce sentiment populiste changera le paysage politique. À Vancouver, où 51 pour cent ont été classés du côté «ouvert» du spectre, le changement politique pourrait se manifester làbas aussi. Le maire de longue date de Vancouver, Gregor Robertson, ne ne représentera pas, et son parti est à la recherche d'un nouveau chef.
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Faits d’hiver
Mais pourquoi donc fait-il aussi froid à Montréal?
Montréal est sans contredit une ville nordique, mais elle est pourtant située plus au sud que bien d'autres villes dans le monde. Alors, pourquoi y fait-il particulièrement froid? C'est une question d'eau, selon le géographe Philippe Gachon.
« Cette eau-là qui est gelée ne peut pas réchauffer l’atmosphère, alors que de l’autre côté de l’Atlantique, il y a des eaux plus tièdes qui permettent de transférer la chaleur et de réchauffer les masses d’air qui viennent du nord », explique le géographe.
Montréal est à la même latitude que Bordeaux, en France. Mais alors qu’il fait une température annuelle moyenne de 12,5 °C à Bordeaux, la température moyenne est d’environ 6,7 °C dans la métropole québécoise.
Montréal, ville nordique
Philippe Gachon explique cette différence par la situation géographique du Canada, qui est bordé par des bassins d’eau qui gèlent en hiver, comme la mer du Labrador, la baie de Baffin et la baie d’Hudson. En Europe, une bonne part des eaux qui se trouvent au nord de la Scandinavie ne gèlent pas en hiver.
Montréal se caractérise particulièrement par ses vagues de froid, affirme Philippe Gachon.
L’une des caractéristiques d’une ville nordique est qu’elle connaît des températures moyennes en dessous du point de congélation quatre mois par année.
L’autre trait qui distingue la métropole des autres villes concerne les grands écarts de température. « Il n’y a pas beaucoup d'endroits dans le monde qui peuvent non seulement revendiquer un caractère nordique, mais égale-
ment des amplitudes aussi fortes à l’intérieur d’une année », soutient le géographe.
Il donne également comme exemple Stockholm, qui est située à la même latitude que Kuujjuaq, mais qui, au lieu d’avoir une tempéra-
ture moyenne de -25 °C en janvier, a une température qui oscille plutôt autour de -5 °C.
Montréal : La solution «croque-glace»… …pour mieux s'attaquer aux trottoirs glissants Pour venir à bout des trottoirs glissants, Montréal entend faire l’acquisition d’appareils qui broient la glace semblables à celui qui a été mis à l’essai dans VilleMarie. La mairesse Valérie Plante a fait valoir que les épisodes de gel et de dégel allaient être plus fréquents dans le futur. « Il faut adapter notre flotte de véhicules et d’appareils. Cet appareil, je l’appelle affectueusement le “croque-glace”», a-t-elle dit. Muni d’un rouleau qui concasse la glace, le véhicule a été testé pendant deux ans par l’arrondissement Ville-Marie, et, selon la mairesse, les résultats sont concluants. Son administration a donc proposé aux arrondissements qu’ils s’en procurent s’ils le désirent. La Ville admet toutefois qu’outre le chargement de la neige qui a été décrété trop tard par l’administration, le déglaçage des trottoirs, qui relève des arrondissements, cause problème. Ainsi, certains arrondissements ont procédé à six opérations d’épandage d’abrasifs et de fondants au cours de la dernière semaine alors que d’autres se sont contentés de deux passages. Le responsable des services aux citoyens au comité exécutif, JeanFrançois Parenteau, compte donc revoir la politique de déneige-
ment mise en place il y a trois ans. Il rencontrera les maires de tous les arrondissements afin de discuter des meilleures pratiques. Des ajustements aux règles encadrant le déneigement pourraient être apportés. « Dès l’année, vous allez voir des changements marqués », a dit M. Parenteau. 375 ans de déneigement Le maire d’Anjou, Luis Miranda, n’a pas semblé impressionné par l’idée d’acheter de nouveaux appareils pour broyer la glace des trottoirs. « Je n’ai pas besoin de ça. Si on fait l’entretien comme on est supposés le faire, on n’a pas besoin de ça. Qu’on arrête de réinventer la roue. Ça fait 375 ans qu’on déneige à Montréal techniquement. Comment se fait-il qu’à la mi-hiver, on est dans le trouble comme ça ? » M. Miranda est ce maire d’arrondissement qui, la semaine dernière, n’a pas attendu l’ordre de la ville-centre pour décréter un chargement de neige sur son territoire. Il s’attend toutefois à voir le budget de son arrondissement retranché d’un montant de 300 000 $ à la suite de sa décision. Selon lui, le système centralisé mis en place par l’administration Coderre ne fonctionne pas. Blue Bonnets L’administration Plante a aussi
fait savoir que trois de ses sites de dépôt à neige étaient à pleine capacité, soit ceux de Lachine, du Sud-Ouest et d’Angrignon. « Il n’y aura jamais assez de place pour assumer une prochaine tempête dans ce secteur-là. Les statistiques démontrent qu’on
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devrait faire face à deux ou trois tempêtes d’ici la fin de l’hiver. Il faut être capables de se virer de bord », a expliqué Jean-François Parenteau. La Ville a donc fait une demande de certificat d’autorisation auprès
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du ministère de l’Environnement afin de pouvoir utiliser le site de l’ancien hippodrome Blue Bonnets comme dépôt à neige temporaire
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Faits d’hiver
Le printemps est-il pour bientôt?
La réponse des marmottes C'est le 2 février de chaque année que certaines marmottes deviennent de grandes vedettes. Certains rongeurs, dont le nom est devenu célèbre, sortent de leur terrier devant les yeux de milliers de curieux qui se posent deux questions : la marmotte verra-t-elle son ombre ou restera-t-elle hors de son terrier ? Aura-t-on droit à six semaines supplémentaires d'hiver ou à un printemps hâtif ? Le verdict est tombé : La croyance veut que le rongeur, tiré de son sommeil hivernal, sorte de son terrier. Si le ciel est couvert, elle ne verra pas son ombre et demeurera à l'extérieur, signe que l'hiver se terminera bientôt. Si, au contraire, le soleil brille, elle prendra peur en voyant son ombre et retournera se cacher sous terre, indiquant que l'hiver durera six semaines supplémentaires. Le verdict pour 2018 Fred, la marmotte québécoise, n'a pas vu son ombre. Il prédit donc un début de printemps hâtif. Les enfants et les habitants du village de Val-d'Espoir ont dansé et célébré après la cérémonie prévisionnelle, rapporte The Gazette. Mais aussi :
Shubenacadie Sam (NouvelleÉcosse) n'a pas vu son ombre : un début de printemps hâtif; Wiarton Willie (Ontario) a vu son ombre : On devrait donc s'attendre à 6 semaines supplémentaires d'hiver (Willie a été le dernier des quatre à sortir de terre); Punxsutawney Phil (Pennsylvanie) a vu son ombre : Là encore, 6 semaines devraient s'ajouter à ce rude hiver. Un verdict qui est donc pour le moins mitigé ! Une vieille tradition La tradition du jour de la Marmotte s'inspire de la Chandeleur, une fête religieuse chrétienne qui commémore la présentation de l'enfant Jésus au Temple de Jérusalem, également célébrée le 2 février. Selon la coutume, une Chandeleur ensoleillée annonce encore six semaines d'hiver, et une journée grise signifie un printemps hâtif. Mais l'idée de se fier au comportement d'un animal pour prédire l'arrivée du printemps se rapporte également à d'anciennes croyances populaires européennes.
Les agriculteurs observaient la fin de l'hibernation d'un animal, que ce soit l'ours, le blaireau ou le hérisson, selon les régions, afin de déterminer le meilleur moment pour ensemencer leurs champs. Ces croyances ont été importées en Amérique du Nord par les colons germaniques, qui se sont principalement installés en Pennsylvanie. Ne trouvant pas de blaireaux en Amérique, ils ont attribué des pouvoirs divinatoires à un animal plus commun sur le nouveau continent : la marmotte. Les marmottes les plus connues Fred de Val-d'Espoir : il s'agit de la marmotte la plus populaire du Québec. Depuis quelques années, Fred la marmotte fait ses prédictions à Val-d'Espoir, en Gaspésie. Une journée spéciale est organisée autour de la sortie de Fred, qui a lieu autour de 7 heures. En 2015, elle a prédit un printemps tardif, tandis qu'en 2014, elle avait prédit un printemps précoce. En 2016, Fred a prédit un printemps tardif. Et elle avait raison! Fred a également son propre site Web. Willie d’Ontario : à l'entrée de la ville de Wiarton, dans le comté ontarien de Bruce, est érigée une
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énorme statue de marmotte, en l'honneur du rongeur Willie. Cette marmotte albinos tiendrait son don de clairvoyance du fait qu'elle soit née exactement sur le 45e parallèle, à mi-chemin entre l'Équateur et le pôle Nord. Willie est décédée en 1999, deux jours avant la date de sa prédiction annuelle, à l'âge vénérable de 22 ans. Son successeur, Wee Willie est mort en 1996, pour être remplacé par Wee Willie 2, qui assure toujours la relève à ce jour. Un festival est organisé chaque année à Wiarton. En 2016, elle avait prédit un hiver long. Phil, la vedette américaine : Dans la ville de Punxsutawney, en Pennsylvanie, le jour de la Marmotte est l'occasion d'une grande fête depuis plus de 120 ans.
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Phil est la marmotte "officielle" des États-Unis. Les membres de l' " Inner Circle ", une organisation qui prend soin du rongeur durant toute l'année, affirment que toutes les autres marmottes oracles sont des imposteurs; seul Phil peut réellement prédire l'arrivée du printemps, et sa prédiction est toujours exacte! Même si l'espérance de vie d'une marmotte est d'environ 10 ans, la légende veut qu'il n'y ait eu qu'un seul Phil, et que celui-ci tienne sa longévité d'un élixir magique. La ville de Punxsutawney et son célèbre rongeur apparaissent dans le film Groundhog Day, mettant en vedette Bill Murray.
Santé
Conditions de travail des infirmières
Les promesses de Gaétan Barrette D’ordinaire à couteaux tirés avec le principal syndicat d’infirmières au Québec (la Fédération interprofessionnelle de la santé), le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, leur a tendu la main à l’occasion de la rentrée parlementaire.
76 patients durant son quart de travail, tout en étant forcée de faire des heures supplémentaires. Elle interpellait le ministre Barrette en lui demandant comment il pouvait affirmer que la réforme du système de santé était un succès.
« Depuis mon arrivée en poste, je suis extrêmement sensible à l’enjeu que soulèvent les infirmières », a déclaré M. Barrette à l’entrée du caucus des députés libéraux mardi. Lors de la période de questions, M. Barrette a en outre souligné que sa propre mère était infirmière. « J’ai été élevé dans une famille de mère monoparentale à 40 ans qui est allée à l’école à 38 ans pour faire un cours d’infirmière auxiliaire, qui a élevé trois enfants sur les quarts de travail », a-t-il raconté en réplique à l’opposition, qui lui reprochait de ne pas prendre la mesure de la détresse des infirmières.
Dès le départ, M. Barrette s’est montré sympathique à la cause de la jeune femme, ce qui ne l’a pas empêché toutefois de dénoncer la dernière campagne publicitaire « hyper négative » de la FIQ. « Il y a une action concertée, c’est clair », disait-il la semaine dernière tout en demandant au syndicat de changer son message. « Venez. Occupez les postes. Ça va régler le problème », disait-il en en soulignant que les heures supplémentaires obligatoires n’étaient « pas la norme » dans le réseau.
« Quand il s’agit de prendre la mesure […] de cette situation-là, je l’ai prise très tôt dans ma vie. Et j’ai beaucoup d’admiration pour ma mère, d’avoir réussi à faire face à tout ça. Elle était sur des quarts de travail, des shifts, comme on dit. Alors, je le comprends, et je les ai mises en place, les choses. Ça ne va pas assez vite, on va accélérer… » M. Barrette tenait ces propos quelques heures après la publication d’un sondage démontrant que 61 % des Québécois le jugeaient intransigeant et arrogant et que 70 % estimaient que la situation du système de santé s’était dégradée en trois ans. Les conditions de travail des infirmières Les conditions de travail des infirmières font les manchettes depuis le cri du coeur lancé par la jeune Émilie Ricard la semaine dernière. Épuisée, cette jeune employée d’un CHSLD racontait comment elle devait prendre soin seule d’entre 70 et
Dans le passé, le ministre et le syndicat ont souvent été à couteaux tirés, notamment dans le dossier de la clinique d’infirmières SABSA, pour lequel la FIQ a mené une longue campagne et face auquel M. Barrette avait de sérieuses objections. Des réponses dans deux semaines Cette semaine cependant, le temps était plutôt à l’écoute envers la FIQ. Le ministre Barrette rencontrait d’ailleurs la nouvelle présidente, Nancy Bédard, en après-midi pour dégager des solutions. « On a eu une conversation très agréable et très ouverte sur les enjeux auxquels on fait face », a-t-il dit à la sortie de la rencontre. La FIQ et le gouvernement s’étaient entendus en 2015 pour augmenter la proportion d’infirmières travaillant à temps plein et mettre sur pied un projetpilote pour réduire le ratio de patients par infirmière. Or plus de deux ans plus tard, les changements ne se déploient pas
sur le terrain, déplore la FIQ. Un point de vue dont s’est désolé le ministre lui-même mardi. La question des ratios infirmièresemployés « doit être revisitée », a-t-il dit en soulignant que les revendications des infirmières étaient légitimes et qu’il souhaitait leur envoyer un message « d’espoir ». Comment expliquer un tel retard ? Les causes demeurent floues. À la FIQ, on reproche notamment aux directions des centres intégrés de services sociaux (CIUSSS et CISSS) de bloquer le dossier en refusant de fournir leurs données sur les ratios et heures supplémentaires qui sont appliqués. Une critique qui a surpris dans les CIUSSS joints par Le Devoir mardi. Au CIUSSS de l’Outaouais, par exemple, la porte-parole a signalé que la diffusion des données ne constituait pas « un enjeu ». Par contre, on assurait être « en train de trouver des solutions à court terme » aux problèmes vécus par les infirmières. Des rencontres entre la direction et le syndicat local de la FIQ étaient d’ailleurs prévues en même temps que la rencontre
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entre le ministre et la présidence du syndicat à Québec. Le ministre Barrette, de son côté, n’a pas voulu pointer de responsables pour les retards à appliquer les changements, mais s’est engagé à fournir plus de réponses lors d’une nouvelle rencontre avec la FIQ dans deux semaines. Satisfaite de la rencontre, Mme Bédard a dit que la balle était « dans le camp du gouvernement ». Échanges parlementaires Toute la journée, le dossier des infirmières avait dominé les échanges au Parlement. Tour à tour, les trois partis d’opposition ont consacré la majorité de leurs interventions de la rentrée à ce sujet. « On a un gouvernement qui a fait beaucoup de choses pour les médecins, mais qui n’a pas rien fait pour améliorer la qualité de vie et la qualité de travail des infirmières, et surtout des patients qui en ont besoin et qui reçoivent ces soins-là », dénonçait la porte-parole péquiste en matière de santé, Diane Lamarre. Chez Québec solidaire, on reprochait à Gaétan Barrette
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d’instaurer des « solutions caquistes » dans le réseau de la santé. « Déjà, en septembre 2016, la vérificatrice générale dénonçait la situation, la surcharge de travail, le ratio trop élevé qui mettait en danger des patients », faisait aussi fait valoir Amir Khadir. Du côté de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault a préconisé des solutions plus globales pour améliorer la situation des infirmières, telles « une nouvelle entente avec les médecins de famille » et une amélioration des soins de première ligne. Tous ont fait référence au cri du coeur d’Émilie Ricard à un moment ou à un autre. Son nom a d’ailleurs été mentionné cinq fois pendant la période de questions à l’Assemblée nationale. Pendant que les députés débattaient, la jeune femme dormait après son quart de travail de nuit. Jointe en début de soirée, elle a dit qu’elle avait « comme tout le monde hâte de voir s’ils [allaient] faire des promesses et les tenir ».
Santé
On la croyait inoffensive…
Découvertes de risques liés à la cigarette électronique
La cigarette électronique pourrait augmenter le risque de cancers et de maladies cardiovasculaires. C'est ce qu'affirme une étude sur le vapotage menée récemment par des chercheurs américains.
des poumons au bout de trois mois. C'était également le cas au niveau de la vessie et du coeur des rongeurs. Le niveau de protéines réparatrices avait par ailleurs chuté dans les cellules de ces organes.
Les résultats préliminaires d'une étude menée sur des souris et des cellules humaines en laboratoire se sont révélés quelque peu inquiétants au sujet de la cigarette électronique. Les scientifiques ont en effet conclu que le vapotage pourrait accroître le risque de maladies cardiovasculaires et de cancers.
Des dommages similaires sur les cellules humaines
L'étude a été réalisée par des chercheurs de la faculté de médecine de l'université de New York. Durant douze semaines, les souris ont été exposées à de la vapeur de nicotine. La quantité respirée par les rongeurs était équivalente à celle de dix ans de vapotage pour les humains. Les scientifiques ont découvert des dommages dans l'ADN des cellules
Des dégâts ont aussi été observés sur les cellules humaines de poumon et de vessie. Ces dernières ont été exposées à de la nicotine ainsi qu'à de la nitrosamine, un dérivé cancérigène. Les taux de mutations tumorales de ces cellules ont augmenté durant les travaux. Les chercheurs ont conclu dans les Comptes rendus de l'Académie américaine des sciences (PNAS) à propos de leurs recherches : "Bien que les cigarettes électroniques contiennent moins de substances carcinogènes que les cigarettes conventionnelles, le vapotage pourrait présenter un risque plus grand de contracter un
cancer pulmonaire ou de la vessie ainsi que de développer des maladies cardiaques". Cette étude doit pour le moment être vérifié puisque d'autres travaux sur les effets à long terme du vapo-
tage avaient donné des conclusions différentes. Des recherches avaient notamment conclu que la nicotine présente dans les cigarettes électroniques entraînerait une accoutumance. D'autres affirment que la cigarette électronique serait moins
dangereuse que le tabac. Elle pourrait même aider les fumeurs à réduire, voire mettre fin, à leur consommation. Les travaux sur les impacts de la cigarette électronique sur l'organisme doivent donc être approfondis.
Prévention
Grippe 2018 : Une chance sur trois d’y échapper
Le vaccin contre la grippe efficace à 30 % cette année Le vaccin contre l'influenza développé cette année est efficace à 30 %, selon des données diffusées récemment par l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). La saison de la grippe est particulièrement difficile dans la province. Les hôpitaux qui recensent les cas comptent deux fois plus de personnes atteintes par le virus cette année que l'année dernière. Ce qui complique les choses, c'est qu'il y a trois différentes souches du virus de l'influenza qui circulent en même temps. La plupart des urgences sont débordées.
semaine d'influenza, il y a eu moins de 1100 cas confirmés par laboratoire. Dans les 4 dernières semaines, on oscille entre 1800 et 2000 cas par semaine », indique l'épidémiologiste de l'INSPQ, Gaston De Serres. Plus de cas, ça fait plus de possibilités de transmission et ça fait une espèce d'effet d'emballement et là, on est au coeur de ça.François Maltais, pneumologue de l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec
Entre 1800 et 2000 cas par semaine
Le pneumologue de l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, François Maltais, affirme qu'il n'a jamais vu une saison de la grippe aussi forte en 26 ans de pratique.
« L'an dernier, la plus grosse
« À l'intérieur de la même
journée, on voit les trois souches du virus. Ça m'est arrivé plusieurs fois de voir ça et ça ne m'était jamais arrivé auparavant
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», insiste le médecin. « Évidemment, il y a beaucoup de gens de malade. Ça met de la
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pression sur le système de santé », ajoute M. Maltais.
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Cultures
Invitation au voyage au Centre culturel marocain Dar Al Maghrib
Les manuscrits de Tombouctou vus par la photographe de Cynthia Copper Le temps d’une exposition, du 8 février au 8 mars 2018, les murs de l’établissement nous transporterons dans les contrées lointaines de Tombouctou. Et ce à l’occasion de l’exposition d’œuvres photographiques de Cynthia Copper sous le titre de ‘’Les manuscrits de Tombouctou’’. L’événement ouvert au public et gratuit, inaugure le cycle d’expositions d’arts plastiques et de photographies 2018 de Dar Al Maghrib, intitulé ‘’les arts de la promotion du vivre ensemble’’. Organisée en collaboration avec Rally expo 2018 de Vues d'Afrique, la manifestation s’inscrit également dans le cadre de la célébration du mois de l'histoire des noirs. La ville aux 333 saints Maisons de pisé et tentes en branchages, Cynthia Copper, artiste documentaire, exposera au Centre culturel Dar Al Maghrib des images saisissantes de Tombouctou réalisées en noir et blanc. A travers ses œuvres, c’est l’histoire de Tombouctou la mystérieuse que reproduit et nous raconte l’artiste photographe. Et ce à travers les mosquées madrasas, le tombeau des 333 saints, la bibliothèque de Mamma Haidara, mais aussi à travers des photos de caravanes de chameaux, d’une femme Touareg dans le désert, des précieux manuscrits, d’une femme près de la rivière et aussi du marchand et les plaques de sel. L’intérêt pour Tombouctou n’est pas fortuit. C’est une ville de civilisation islamique qui connut son apogée au XVe siècle de notre ère. Parmi son patrimoine culturel, figurent La mosquée et les universités de Sankoré et de Djingareyber en terre cuite, dont la restauration est financée par la Fondation de l’Aga Khan. Cette
dernière est considérée comme une des plus anciennes universités du monde. Elle a été fondée au IXe siècle. Nous rappellerons enfin que Tombouctou est une cité aux portes du Sahara, où les chemins s’arrêtent, où les maisons rudimentaires se confondent au paysage... C’est aussi le point de départ de la vie nomade. Cynthia Copper et son œuvre A noter que Cynthia Copper est une photographe qui porte la photographie en elle. Cela l’a conduite à voyager autour du monde. Ses images, principalement des portraits, racontent l’histoire des villes et de ses habitants, surtout des enfants. C’est ainsi qu’elle a parcouru les
déserts de Gobi et du Taklamakan, fait et refait le fleuve Yangtsé, exploré le Sahara jusqu’à Tombouctou, fréquenté les points d’eau et les temples du Rajasthan, traversé le Col de Torougart, à partir du Kirghizistan pour aller vers le Tian Shan, ensuite effectué un périple vers la Turquie en passant par la Mer Noire. Tous ces voyages, ainsi que plusieurs autres, se sont faits avec son fidèle appareil Leica M6. Parmi tous les sites que l’artiste a visité, Tombouctou, est un lieu qu’elle affectionne particulièrement. Elle dit s’être émerveillée devant les manuscrits islamiques ancestraux et les anciennes maisons mauresques en pisée. Sans oublier les gens: les érudits, gardiens des manuscrits, comme Fida Ag Mahmoud de Behr; la chanteuse
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Khaira Arby; le maire de la ville, Said Mahmoud, ou encore le propriétaire Songhai du Café... A noter enfin, que cette exposition dont le vernissage aura lieu le 8 février 2018 s’inscrit dans les activités de la riche programmation du Centre culturel marocain. L’établissement met ainsi dans ce cadre l’art au service du renforcement et du rapprochement interculturel. C’est aussi la promotion d’échange et de dialogue qui est recherché. Il s’agit de même de faire de Dar Al Maghrib un lieu de brassage de toutes les cultures, de toutes les traditions et de toutes les religions. Et ce à l’image ancestrale et moderne du Maroc. Soulignons pour finir que le centre culturel marocain Dar Al
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Maghrib est une institution, jouissant d'un statut diplomatique. Il a été créé par le Ministère délégué auprès du Ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale chargé des Marocains Résidant à l'Étranger et des Affaires de la Migration. L’établissement est aujourd’hui positionné dans l’espace culturel canadien, notamment dans la région montréalaise, offrant à son public maintes occasions de se réunir à travers diverses activités (Conférences, expositions de peintures et de photographies, débats entre intellectuels de diverses origines…) qui se comptent annuellement par centaine.
Instances consultatives
Nominations au Conseil interculturel de Montréal Moussa Sène à la présidence Le Conseil interculturel de Montréal a procédé récemment à la nomination d’un nouveau président et de nouveaux membres qui participeront à cette instance municipale consultative indépendante sur les questions de diversité dans la métropole. Ainsi, suite à la décision du conseil municipal du 22 janvier dernier, M. Moussa Sène a été nommé à la présidence. Mme Sabine Monpierre accède au statut de première vice-présidente. On note également l’arrivée de cinq nouveaux membres, à savoir Mme Wafa Al-Hamed, M. Rafael Benitez, Mme Cécile Deschamps, M. Stendolph Ismael et Mme Marie-Christine Jeanty. Nommés pour un mandat de trois ans, ils participeront activement aux travaux du Conseil interculturel, qui a pour mandat de conseiller l’administration municipale sur les politiques à mettre en oeuvre pour favoriser l’intégration et la participation des membres issus de la diversité à la vie politique, économique, sociale et culturelle de la ville. Moussa Sène, président Sociologue et organisateur communautaire, Moussa Sène a occupé différentes fonctions reposant sur la consultation du public et l’accompagnement d’actions concertées autour d’enjeux sociaux, dont celui de l’interculturel. Arrivé au Canada il y a douze ans, c’est à Montréal que Moussa a pris racine et il est à présent important pour lui de se placer au service de la Ville et de ses communautés. De par sa propre expérience à naviguer entre des identités plurielles, Moussa place au cœur de son action l’esprit Ubuntu. Ce concept philosophique africain nous rappelle que dans une communauté, une personne est ce qu’elle est grâce à ce que sont les autres. Sabine Monpierre, première vice-présidente D’origine guadeloupéenne et
lauréate en 2016 du prix Osez agir – Degamma, Sabine Monpierre est sensible à la problématique des réfugiés et des immigrants et est reconnue pour ses connaissances dans l’accompagnement interculturel, par sa grande expérience d’organisation, de communication et de relations publiques. Impliquée dans différents espaces favorisant l’inclusion des femmes et des familles immigrantes à la société québécoise, Sabine assure aussi la conception et la coordination des projets culturels et d’intégration du Centre Pauline-Julien à la Commission scolaire de Montréal. Femme de conviction et d’action, elle milite pour la valorisation de la femme des cultures créoles, en mettant en lumière la patrimonialisation de leur histoire. Wafa Al-Hamed Originaire du Yémen, Wafa Al-Hamed œuvre depuis plusieurs années dans le domaine de la communication interculturelle et des communications. Arrivée à Montréal il y a près de quatre ans, Wafa fait de la
promotion et de l’acceptation des différences une priorité. Particulièrement préoccupée par l’intégration des immigrants et les facteurs la favorisant, elle entend mettre à profit son expérience personnelle et professionnelle au service des Montréalais et des Montréalaises. Rafael Benitez Œuvrant depuis plus de vingt ans dans le domaine des arts visuels, de la communication graphique et de la publicité, Rafael Benitez est Montréalais depuis 2009. Engagé dans la mise en valeur des expressions culturelles de la diversité montréalaise et dans les milieux communautaires, Rafael s’intéresse grandement au dialogue interculturel et considère qu’une attention particulière doit être apportée à l’intégration des enfants issus de l’immigration, un groupe moins souvent pris en considération lorsqu’il est question d’intégration. Cécile Deschamps
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Retraitée très impliquée dans son milieu, Cécile Deschamps est bénévole au projet Femmes-Relais du Carrefour de ressources en interculturel (CRIC) depuis 2014. Citoyenne engagée du quartier dans le Centre-Sud, Cécile a fait carrière dans le domaine de l’intervention sociale. Elle cherche maintenant à mettre à profit son expérience professionnelle et communautaire pour favoriser une intégration positive des immigrants et des réfugiés afin de leur offrir de meilleures avenues. L’accompagnement des personnes immigrantes est aujourd’hui au cœur de son action. Stendolph Ismael Avec plus de dix années d’expérience dans le milieu comptable, Stendolph Ismael s’implique activement dans sa communauté, notamment en étant administrateur de la Jeune chambre de commerce haïtienne et du Carrefour familial Hochelaga – Maison Oxygène. Désireux de redonner au suivant, Stendolph est chef de projet pour le pro-
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gramme Le Cercle des mentors de la Jeune chambre de commerce haïtienne qui aide les jeunes à s’épanouir grâce au jumelage avec un mentor. L’intégration est une grande préoccupation pour lui. Il s’intéresse plus précisément aux difficultés des jeunes immigrants et à la lutte contre le décrochage scolaire. Marie-Christine Jeanty Très active dans le domaine des médias et des communications publiques, MarieChristine Jeanty est journaliste pour MatTv.ca et animatrice pour l’organisme Convercité. Passionnée du domaine culturel elle est très impliquée dans l’organisation d’événements, MarieChristine fait rayonner la diversité du monde culturel francophone montréalais en portant plusieurs chapeaux : tantôt celui de chroniqueuse ou d’animatrice, ou celui de journaliste ou de recherchiste. Son expérience sera un atout indéniable pour mettre de l’avant la richesse de la diversité montréalaise.
Éducation
Journées de la persévérance scolaire 2018
Campagne de sensibilisation auprès des élus municipaux Pour la troisième année, Concertation Montréal (CMTL) est partenaire des Journées de la persévérance scolaire (JPS) montréalaises coordonnées par Réseau réussite Montréal. L’édition 2018, qui se tient du 12 au 16 février, marque une huitième participation de la région montréalaise à cet événement qui souligne la volonté collective à s’engager auprès des jeunes et à les soutenir dans leur cheminement scolaire. Sous le slogan « Vos gestes, un + pour leur réussite », cette campagne souligne que chacun peut contribuer à la réussite de nos jeunes. Contribuant à l’effort collectif, CMTL, qui réunit tant des élu.e.s municipaux que des acteurs socioéconomiques, s’est engagée à promouvoir la campagne auprès de ses membres et partenaires, et plus particulièrement auprès des élu.e.s municipaux de la région de Montréal, afin qu’ils et elles participent activement à encourager les jeunes de leur communauté à persévérer.
Monsieur Richard Deschamps, président de Concertation Montréal et conseiller de ville dans l’arrondissement LaSalle agira comme ambassadeur politique de la campagne 2018 auprès des élu.e.s municipaux montréalais. Pour renforcer le mouvement, M. Deschamps s’est adjoint M. Robert Coutu, vice-président de CMTL et maire de Montréal-Est, pour faire le même exercice auprès de ses collègues des villes liées de l’agglomération de Montréal. « C’est avec très grand plaisir que j’agis cette année en tant qu’ambassadeur de la campagne 2018 auprès des élu.e.s montréalais. Que cela soit par l’aménagement d’un parc, un nouvel espace dédié aux activités sportives, des horaires plus flexibles dans les bibliothèques, chacun de ces gestes posés par les élu.e.s à travers leur engagement auprès de leur communauté, contribue à la persévérance scolaire. Je les invite donc à partager les gestes qu’ils et elles posent au quotidien pour soutenir la persévérance scolaire, à travers cette campagne de sensibilisation », déclare monsieur
Richard Deschamps. « Pour celles et ceux qui me connaissent, vous savez que la persévérance scolaire est un enjeu qui me tient à cœur. J’invite mes collègues élus à joindre leurs voix à cette campagne en rencontrant des jeunes dans leur communauté et en les encourageant à persévérer dans leurs études. Comme élus municipaux, nous pouvons jouer un rôle de modèle inspirant pour les jeunes, en leur expliquant comment nos études nous permettent aujourd’hui de réaliser des projets emballants pour nos collectivités. Chaque geste posé est un « + » pour la réussite scolaire », ajoute M. Coutu. Pour soutenir cette campagne de sensibilisation, Concertation Montréal a créé cinq visuels que les élus et leurs administrations locales pourront partager sur leurs réseaux sociaux, leurs infolettres et leurs sites internet. À propos de Concertation Montréal (CMTL)
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Concertation Montréal (CMTL) a pour mission de développer la région par la concertation. Pour ce faire, CMTL regroupe les leaders socio-économiques et les élus municipaux de l’île de Montréal afin d’initier et de soutenir des initiatives régionales innovantes et structurantes. L’organisation est reconnue par l’agglomération de Montréal comme son interlocuteur privilégié en matière de concertation intersectorielle et de développement régional. Elle est financée par l’agglomération de Montréal grâce au Fonds de développement des
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territoires du ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire. Concertation Montréal regroupe plus de 120 organismes régionaux et élus membres et plus de 200 partenaires. L’organisation intervient dans des domaines tels que le développement durable, l’éducation, les sciences et la technologie, l’enfance, la jeunesse, la gouvernance, la diversité et la parité et les saines habitudes de vie. Source : Concertation Montréal (CMTL) Pour en savoir plus : www.concertationmtl.ca
Environnement
Montréal : Le glas a sonné pour les sacs de plastique… C'est dans le courant de l’année 2018 qui vient de débuter, que la nouvelle réglementation interdisant certains types de sacs de plastique entrera en vigueur à Montréal. Les commerçants auront jusqu'à début juin pour écouler leur inventaire et trouver des solutions de rechange. Il y a une dizaine d'années, la quincaillerie Delorimier, dans l'arrondissement du Plateau-MontRoyal, avait déjà fait figure de pionnière, en bannissant les sacs de plastique. Ce geste, posé par souci écologique, n'a cependant pas duré, parce que de nombreux clients étaient mécontents. « Pour certains, ça devenait carrément un inconvénient, parce qu'ils n'étaient pas prêts à ça. Même si on offrait une boîte de carton au lieu d'un sac ou un sac réutilisable, ce n'est pas ça qu'ils voulaient, ils voulaient juste le sac de plastique », se rappelle le gérant de l'établissement, Nicolas AllardGemme. Il espère que l'administration municipale sensibilisera suffisamment les consommateurs pour que le changement se fasse en douceur
cette fois-ci.
En vertu de la nouvelle réglementation de la Ville de Montréal, les commerçants ne pourront plus distribuer de sacs de plastique d'une épaisseur de 50 microns et moins, comme ceux habituellement utilisés par les grandes chaînes de supermarché. Les sacs plus épais seront cependant permis. Selon la Communauté métropolitaine de Montréal, on utilise environ 2 milliards de sacs de plastique minces chaque année au Québec, mais seuls 14 % d'entre eux sont récupérés. Voilà pourquoi ils seront bannis dans la métropole. « Le petit sac, il est trop volatil; on le retrouve partout sauf à l'endroit où il devrait être après utilisation, explique le responsable de l'environnement au comité exécutif de la Ville, JeanFrançois Parenteau. Alors qu'un sac plus épais, les gens ont tendance à le garder plus longtemps. » L'industrie de l'alimentation touchée L'impact sera important dans cer-
tains commerces, comme les dépanneurs, où les sacs de plastique sont encore abondamment utilisés.
Si apporter ses sacs réutilisables au supermarché est devenu une habitude pour un grand nombre de consommateurs, ce n'est pas nécessairement le cas au dépanneur. « J'ai moins de 1 % des clients, et là, 1 % je suis généreux, qui arrivent avec leurs sacs réutilisables, parce que c'est souvent des achats qui sont de dernière minute, des achats aussi qui sont de plus petites quantités », affirme André Forget, qui est propriétaire de trois dépanneurs à Montréal. Il ignore pour le moment quel type de sacs il offrira à ses clients en guise de solution de rechange. L'Association des détaillants en alimentation du Québec (ADAQ) indique que ses membres vont se conformer à la nouvelle réglementation montréalaise, tout en se demandant si celle-ci a été mûrement réfléchie. « Il nous reste les sacs réutilis-
ables, les sacs plus épais et les sacs de papier. La question qu'on se pose actuellement, c'est : "Est-ce que ces alternatives-là vont revenir comme un boomerang, et on va nous dire dans quelques années que c'était des mauvais choix environnementaux?" », se questionne le pdg de l'ADAQ, PierreAlexandre Blouin.
ceux qu'on remet aux clients dans les boutiques de vêtements.
En vertu de la nouvelle réglementation, les commerçants pourront toujours distribuer des sacs de plus de 50 microns d'épaisseur, comme
Au lieu d'être remplies de sacs de plastique, les armoires de certains Montréalais risquent d'être remplies de sacs réutilisables.
À la quincaillerie Delorimier cependant, on a choisi une autre option. « On va proposer les sacs réutilisables, qui existent depuis des années. On va les offrir à 1 $, comme à peu près partout », dit Nicolas Allard-Gemme.
Prochaine étape…
Les tasses à café jetables bientôt bannies? Plusieurs municipalités du Québec interdisent désormais aux détaillants de distribuer des sacs de plastique, Montréal étant la plus récente à se joindre au groupe. Cet élan en faveur de l'environnement pourrait-il maintenant se transposer à la tasse à café jetable? Comme le sac de plastique, la tasse à café jetable est en effet l'un de ces objets de consommation courante qui sont très peu recyclés. « Afin d’éviter le passage du liquide, les gobelets de carton ont un revêtement de polyéthylène [plastique] à l’intérieur qui les rend étanches, explique Véronica Pizzi, de l’organisme Ville en vert. Étant des objets multicouches, ces gobelets ne sont pas recyclables dans les centres de tri du Québec. De plus, les couvercles sont fabriqués à partir de polystyrène [plastique n° 6], non recyclable au Québec. » Selon Mme Pizzi, le Québécois moyen consommerait environ 250 cafés servis dans une tasse jetable par année, soit 23 livres de déchets. Au Québec, cela
représente plus de 1,5 milliard de gobelets par an. Au Royaume-Uni, un comité parlementaire vient de se pencher sur ce vice écologique. Dans son rapport publié vendredi, le comité indique que 2,5 milliards de tasses à café jetables sont utilisées et jetées chaque année au Royaume-Uni. Un nombre suffisant pour faire cinq fois et demie le tour de la Terre. Il se produit, toujours selon le rapport, 30 000 tonnes de déchets de tasse à café par an dans le pays. Assez pour faire bouger les députés, qui recommandent maintenant qu’une taxe soit appliquée sur chaque tasse jetable consommée. Dans le quotidien The Guardian, la députée travailliste Mary Creagh, présidente du comité, a déclaré que « les producteurs et les distributeurs de tasses à café n'ont rien fait pour rectifier la situation, et le gouvernement n'a rien fait non plus ». « Il n'y a aucune excuse pour la réticence du gouvernement et de
l'industrie à s'attaquer au problème des tasses à café jetables, est-il écrit dans le rapport. Il s’agit d’un problème évitable. Il est inacceptable que les vendeurs de café perpétuent la confusion chez leurs clients en utilisant des étiquettes de recyclage et en mettant l'accent sur le côté recyclable des tasses à café, en dépit du taux de recyclage extrêmement bas. » Bien que certains établissements offrent des rabais aux clients qui apportent leur propre tasse, cela ne représente que de 1 à 2 % des achats de café, indique le rapport. S'inspirer des sacs de plastique Les auteurs poursuivent en citant l’exemple des sacs de plastique : la taxe imposée sur ces sacs a réduit leur utilisation de plus de 83 % à sa première année, ce qui démontre, prétend le rapport britannique, que les consommateurs sont plus sensibles à une taxe qu'à un rabais.
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La taxe sur les tasses jetables pourrait donc, selon les études soumises aux députés anglais, entraîner une réduction de l’ordre de 50 à 300 millions de tasses jetables par an. Au Québec, on utiliserait envi-
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ron 2 milliards de sacs de plastique minces chaque année, dont un maigre taux de 14 % serait récupéré. Il s'agit de sacs de plastique mince, d'une épaisseur de 50 microns et moins, comme ceux utilisés par les grandes chaînes de supermarchés.
Environnement
Recyclage : Les villes canadiennes croulent sous les déchets Un moratoire de la Chine sur l'importation de la majeure partie des matériaux recyclables étrangers laisse certaines municipalités canadiennes avec des surplus de plastique et de papier qui pourraient bien se retrouver au dépotoir.
Cette interdiction a aussi pour conséquence de diminuer les revenus que les villes accumulent pour leurs matériaux recyclables, car il est difficile de trouver d'autres pays ou d'autres entreprises canadiennes qui seraient preneurs. La Chine était auparavant le principal receveur de plastique et de papier, mais le pays a maintenant cessé d'accepter quasiment tous les matériaux étrangers. Bien que l'interdiction ne soit entrée en vigueur que le 31 décembre, les entreprises chinoises ont commencé à refuser les matériaux il y a quelques mois. Au Québec, 60 % des matériaux recyclables allaient en Chine. Ce n'est plus le cas. Le gérant des déchets solides à la municipalité d'Halifax, Matthew Keliher, a indiqué que les trois quarts de ses matériaux recyclables
se dirigeaient auparavant vers la Chine.
Halifax a trouvé d'autres marchés pour le plastique rigide ou le papier, mais les pellicules de plastique, les sacs de plastique, les sacs alimentaires et les emballages sont plus difficiles à vendre. Trois cents tonnes de pellicules de plastiques amassées dans un entrepôt d'Halifax depuis le mois d'août sont présentement envoyées au dépotoir. Calgary, qui envoyait en Chine tous ses papiers recyclables et la moitié de son plastique, a accumulé dans les derniers mois 5000 tonnes de matériaux dont personne ne veut. La ville n'a pas encore décidé ce qu'elle allait en faire. Il y a au Canada certaines entreprises de recyclage, mais elles acceptent presque exclusivement le plastique de haute qualité comme celui que l'on trouve sur les boîtes de lait ou de jus, souligne la directrice générale du Conseil du recyclage de l'Alberta, Christina Seidel. « C'est du matériel de très haute qualité. Tout le monde veut de
cela. [Les entreprises] ne sont pas de grandes amatrices de plastiques de moindre qualité », a-t-elle analysé.
Concurrence féroce La Chine a fermé la porte à tous les matériaux recyclables, car elle n'en pouvait plus de gérer les tonnes d'objets contaminés par des déchets. Le pays compte maintenant utiliser ses propres matériaux. L'Indonésie, la Thaïlande et l'Inde sont parmi les autres pays qui acceptent les matériaux recyclables, mais la concurrence pour leur faire accepter les produits est forte. Elle est d'ailleurs si intense qu'Halifax refuse de dévoiler où elle envoie ses produits, car elle craint qu'une autre ville lui vole sa place, selon M. Keliher. Le marché du recyclage était impitoyable avant que l'interdiction chinoise ne soit imposée, et maintenant que la moitié du marché a fondu et que l'offre est écrasante, il est encore plus impitoyable. Matthew Keliher, gérant des déchets solides à Halifax Baisse de revenus Halifax gagnait auparavant 2,1 millions de dollars par année en
vendant son recyclage, dont 1,6 million venait de la Chine. Derek Angove, qui s'occupe de la gestion des déchets à Toronto, a indiqué que la ville n'exportait pas directement ses produits en Chine. Elle avait conclu des contrats à long terme avec des entreprises canadiennes pour protéger Toronto de ce retrait des Chinois. Il souligne toutefois que le prix des matériaux a diminué, et, selon lui, si la Chine ne change pas d'idée, les revenus des villes continueront à baisser.
Christina Seidel croit que le Canada devrait s'inspirer de ce qui se fait en Colombie-Britannique, avec un système qui place le fardeau sur les producteurs de matériaux. Ces derniers doivent payer et s'assurer que leurs produits sont recyclés. En Colombie-Britannique, cela a contribué à accroître la part du marché intérieur pour les produits recyclés et à diminuer la pression sur les villes pour les coûts des programmes.
La pollution par les plastiques Une crise planétaire L'ONU tire la sonnette d'alarme sur la pollution des océans en évoquant une « crise planétaire ». Le sujet est d'ailleurs au programme de l'Assemblée des Nations unies pour l'environnement, qui s'est ouvert lundi à Nairobi, au Kenya. Radio-Canada avec BBC et Agence France-Presse « Nous ruinons l'écosystème de l'océan », a affirmé Lisa Emelia Svensson, coordonnatrice de la division des écosystèmes marins et côtiers aux Nations unies.
Pas moins de 8,8 millions de tonnes de plastique sont jetées dans les mers chaque année, selon le Fonds mondial pour la nature (WWF).
Une étude américaine n’est pas plus rassurante : plus de 9,1 milliards de tonnes de plastique ont jusqu'ici été produites dans le monde, la plupart finissant dans les sites d'enfouissement sanitaire ou dans l'océan. Un sac en plastique met des centaines d'années à se décomposer, tandis que les plastiques plus durs peuvent prendre des
millénaires.
L’heure est grave, selon le chef de l'agence de l'ONU pour l'environnement (PNUE), Erik Solheim. Il faut une action urgente pour que les océans ne se transforment pas en « soupe de plastique ». «D'ici 2050 il y aura plus de plastique dans les mers que de poisson» a-t-il affirmé Sur le terrain comme à Watamu dans l’est du Kenya, les habitants font ce qu'ils peuvent. Mohamed Iddi, un pêcheur de
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42 ans, dit qu’il ramasse chaque jour sur la plage de deux à trois gros sacs poubelle remplis de plastiques. « Certains sont amenés par la mer, d'autres par les gens venus pique-niquer sur la plage, dit-il. Parfois j'en trouve dans l'estomac des poissons. » Les déchets viennent de la côte tanzanienne, mais aussi de Madagascar, des Comores, de la Thaïlande, de l'Indonésie et même du Japon. Il y a de mystérieux anneaux en
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plastique blanc plus léger que l’on soupçonne provenir de pots de yogourt. Il vient s’ajouter aux sacs d'engrais en plastique tissés ainsi que des pailles en plastique et bien plus. Les efforts des habitants de ces villages côtiers ne suffisent pas. Des millions de fragments de plastiques, trop petits pour être ramassés, sont mélangés aux algues séchées.
Sports
Soccer - Chan 2018
Le Maroc corrige le Nigeria en finale… … et remporte le 5e Championnat d'Afrique des Nations (Chan)
Le Maroc a clôturé le Championnat d'Afrique des Nations de football 2018 comme il l’avait ouvert : par un beau festival offensif. Grands favori d’une compétition qu’il organise, et porté par un parcours presque sans faute, le Maroc a tenu son rang face au Nigeria (4-0) dimanche à Casablanca, comme face à la Mauritanie lors du match d’ouverture (4-0). Soutenus par un stade Mohamed V plein (45 000 supporters), les Lions de l’Atlas ont longtemps buté sur une équipe du Nigeria, très tenace et bien organisée, avant de trouver la faille. C’est le milieu de terrain Zakaria Hadraf qui a fini par fissurer le bloc nigérian en reprenant un centre en retrait de Nahiri à quelques secondes de la fin de la première mi-temps (45e). Moses expulsé Jusque-là intraitables, les défenseurs Super Eagles, cèdent mais ne se doutaient certainement pas que la suite allait être un cauchemar. Car dès la 48e minute, le Nigeria
perd Peter Moses, expulsé pour un deuxième carton jaune après un tacle par derrière sur un attaquant Marocain. En supériorité numérique, les
Lions de l’Atlas se déchainent et enchaînent les occasions. Ils inscrivent ainsi un deuxième but par le capitaine Walid El Karti (61e), avant que Hadraf ne s’offre un doublé, trois
minutes plus tard (64e). Pour finir, la révélation du tournoi Ayoub El Kaabi clôt le spectacle avec un 9e but en six matches alors qu’il a été
quasi invisible durant la rencontre. Le Maroc remporte ainsi son premier Chan et succède au RD Congo.
Le Soudan remporte la petite finale contre la Libye Comme en 2011, le Soudan monte sur la troisième marche du podium du CHAN 2018. La petite finale, disputée ce samedi 3 février au Grand stade de Marrakech au Maroc, a vu les Soudanais s'imposer aux tirs au but face à la Libye, sacrée en 2014. Les Faucons de Jediane, qui avaient ouvert le score en début de match avant de se faire rejoindre par les Libyens dans les dernières minutes, ont été les plus adroits dans l'exercice des tirs au but; ils ont réussi chaque tentative quand leurs adversaires ont connu deux échecs (1-1, 4 tab à 2).
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Sports
Soccer - Chan 2018
Ayoub El Kaabi, a star is born… 9 buts en 6 matches; qui dit mieux? A 24 ans, l'attaquant encore inconnu il y a quelques mois martyrise les défenses adverses dans ce CHAN 2018. Avec huit buts en cinq matches disputés, Ayoub El Kaabi crève l'écran et séduit tout le monde. Il est l'arme fatale sur laquelle les Lions de l'Atlas comptent pour dompter le Nigeria en finale dimanche. Avant de peutêtre s'inviter dans le groupe de Hervé Renard pour la Coupe du monde? Puissant, rapide et instinctif: Ayoub El Kaabi est, à son niveau, « un mix entre Didier Drogba et Samuel Eto'o » avec une touche de Florent Malouda « parce qu'il est gaucher ». Rien que ça! Une description flatteuse signée Adel Chedli, ambassadeur du CHAN 2018 et spectateur attentif de l'explosion du Marocain dans cette compétition. Le chemin est long pour égaler les glorieuses carrières des aînés susmentionnés, mais quel parcours impressionnant que celui d'El Kaabi ces derniers mois. « Un joueur qui a un grand potentiel » A 24 ans, l'attaquant est dans un moment euphorique de sa jeune carrière. Il y a peu de temps encore, personne ou presque ne le connaissait, même chez lui au Maroc. « Il est arrivé de nulle part », constate Adel Chedli, interrogé par RFI. Et puis, il y a eu cette saison de rêve au Racing de Casablanca - le 3e club de la ville avec le Raja et le Wydad- qu'il a hissé jusque dans l'élite en finissant en plus meilleur buteur de deuxième division (25 réalisations). Depuis, El Kaabi est impossible à arrêter. L'attaquant est aussi prolifique dans les rangs de la Renaissance Sportive Berkane que parmi la sélection dirigée par Jamal Sellami. En cinq matches joués, El Kaabi a trouvé le chemin des filets à huit reprises dans ce CHAN. Forcément, Sellami apprécie: « C'est un joueur qui a un grand potentiel et plein de qualités humaines et sportives. Il est calme, serein, toujours bien positionné, généreux... Il est toujours payé pour les efforts qu'il fournit pour ses coéquipiers. C'est très important car un attaquant qui marque, qui est généreux et qui joue pour l'équipe, c'est rare. » Il a le talent pour jouer au niveau international Pour Adel Chedli, ce qui arrive au Marocain est « une histoire extraordinaire ». « Comme je le répète : la vérité est sur le terrain. Il n'y a pas d'âge, pas de niveau. Il faut savoir saisir sa chance au moment opportun », martèle l'ancien international tunisien, qui
loue l'humilité, la sympathie et l'abnégation d'un garçon qui a réussi à faire vibrer l'exigeant public casablancais. « Je regarde ses déplacements, il est exceptionnel, même dans son jeu sans ballon », observe l'ambassadeur du CHAN. Le talent et la confiance font de gros dégâts chez les adversaires. « Tu le sens: tout ce qu'il tente fonctionne », résume Chedli, qui imagine facilement El Kaabi à un plus haut niveau: « Il pourrait aider beaucoup d'écuries en Europe. » A condition bien sûr de « ne pas franchir les étapes trop rapidement ».
Et s'il avait déjà sa place réservée pour la Coupe du monde? Justement, les étapes, on a tendance à vouloir les brûler tant l'éclosion un peu tardive du Lion de l'Atlas est prometteuse. Ils sont nombreux à le voir déjà rejoindre la grande équipe nationale. Hervé Renard a un oeil sur lui, certes, mais Jamal Sellami tempère: pour son joueur, « le plus important, c'est demain (la finale, ndlr), pas la Coupe du monde ». Jamais montés sur le podium dans l'histoire du CHAN, les Lions de l'Atlas évoluant en Afrique peuvent écrire une belle page en s'imposant dimanche contre le Nigeria.
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« Il est en train de marquer l'histoire avec son CHAN », assure le Congolais Robert Kidiaba, autre représentant du tournoi 2018. Ayoub El Kaabi, qui a déjà effacé le précédent record de buts sur un seul CHAN - cinq buts pour le Zambien Given Singuluma en 2009 -, peut terminer en apothéose en faisant encore parler la poudre contre les Super Eagles. Les siens n'attendent que ça. Après, il sera vraiment temps de se pencher sur ce rêve de disputer la Coupe du monde 2018 en juin et juillet prochain en Russie. Adel Chedli n'hésite pas: « Si
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j'étais sélectionneur, je le prendrais. En tant que joker, ce serait pas mal. » Robert Kidiaba est lui convaincu que le buteur et probable meilleur joueur du CHAN « a le potentiel et toutes les qualités pour intégrer l'équipe A ». « Le coach Hervé Renard a déjà son équipe; pourquoi pas l'intégrer aussi? », interroge-t-il. D'ici au grand rendez-vous mondial, beaucoup de choses peuvent se passer. Mais Chedli y croit dur comme fer: « Je pense sincérement qu'il est à un demi-orteil de faire partie du groupe d'Hervé Renard pour la Coupe du monde. »
Argent
Baisses d'impôts : «Merci, M. Leitao!»
Un sondage Léger commandé par l'Institut économique de Montréal (IEDM) montre que les Québécois sont en majorité d'accord avec les baisses d'impôts annoncées par le ministre des Finances du Québec, Carlos Leitao.
Plus spécifiquement, ce sont 63% des répondants qui jugent positives les baisses d'impôts annoncées par le ministre lors de sa dernière mise à jour économique, l'automne dernier. De plus, 59% estiment que ces baisses sont bonnes pour l'économie. Les répondants s'identifiant aux trois grands partis de l'Assemblée nationale jugent les baissent d'impôts favorablement. Seuls les électeurs de
Québec solidaire (51%) considèrent les baisses d'impôts comme une mauvaise nouvelle.
Les Québécois croient en majorité être trop taxés, 67% jugent payer trop d'impôts. Même chez les répondants qui appuient Québec solidaire, plus de 90 % jugent payer assez ou trop d'impôts, souligne d'ailleurs l'IEDM. Autre donnée révélatrice de ce coup de sonde de Léger: 71% des répondants pensent que les investissements faits en santé et en éducation au cours des dix dernières années n'ont donné aucun résultat. «Les Québécois sont trop imposés et
n'ont pas l'impression que payer plus d'impôts fera une différence dans la qualité des services qu'ils reçoivent. En matière de choix de politiques publiques à venir, et à quelques mois des prochaines élections, nos élus devront tenir compte de cette réalité », souligne Germain Belzile, chercheur associé senior à l'IEDM. Ce sondage web a été effectué du 8 au 10 janvier 2018 auprès d'un échantillon représentatif de 1012 Québécois âgés de 18 ans et plus. À titre comparatif, une étude représentative de 1012 répondants comporterait une marge d'erreur globale de ± 3,1%.
Déclarations d’impôts
Des bénévoles sollicités L'Agence du revenu du Canada et Revenu Québec sont à la recherche de bénévoles pour remplir des déclarations de revenus.
Ils auront comme tâche d'aider gratuitement les personnes à faible revenu à remplir leurs déclarations afin qu'elles puissent recevoir les prestations et les crédits
d'impôt auxquels elles ont droit.
Ces bénévoles, qui recevront une formation en ligne, pourront également venir en aide aux contribuables qui éprouvent de la difficulté à remplir leurs déclarations et qui n'ont pas les moyens de recourir à des services professionnels.
L'an dernier, au Québec seulement, plus de 3550 bénévoles ont aidé près de 164 000 personnes à remplir leurs déclarations de revenus du Canada et du Québec. Les personnes intéressées à agir comme bénévoles peuvent consulter le site : revenuquebec.ca/benevole.
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Les risques que des erreurs soient commises par les bénévoles sont minimes, assure-t-on, puisque les déclarations à remplir sont pour la grande majorité simplifiées. L'automne dernier, le vérificateur général du Canada Michael Ferguson avait révélé que les agents de l'Agence
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du revenu du Canada, appelés à renseigner les contribuables par téléphone, les induisaient en erreur 30 % du temps. M. Ferguson avait blâmé la formation déficiente des fonctionnaires et leurs outils de travail compliqués pour expliquer cette piètre performance.
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