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nº 331 du 12 juillet au 08 septembre 2018

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Canicule

On a eu très chaud… … et ce n’est peut-être pas encore fini!

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Premiers effets de la pénurie de main-d’œuvre

L’emploi immigrant en croissance au Québec

Plus de la moitié des postes ouverts au Québec entre 2006 et 2017 sont occupés par des immigrants Page 19


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À la Une Editeur : Abdelghani Dades. Directeur Général Rachid Najahi. Rédaction : Abdelghani Dades, Wahid Megherbi, Reda Benkoula Publicité : Pub Smart Conception et Réalisation Graphique : Atlas Média Atlas.Mtl est un produit du. GROUPE ATLAS MEDIA Inc Editeur de. * La Voix des Marocains à Montréal et du site web: www.atlasmedias.com

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Depuis 2002

On a eu très chaud…

… et ce n’est peut-être pas encore fini! Plusieurs Québécois se demandent si la longue canicule qui vient d’affecter le sud du Québec est le signe d'un été extrême et que plusieurs périodes caniculaires pourraient se succéder cette année. Est-ce possible ? Voici ce qu’en pense MétéoMédia Grosses chaleurs jusqu'au 20 juillet… Selon la Tendance 30 jours, la chaleur anormalement élevée restera présente dans le sud de la province jusqu'au 20 juillet. " Il y aura une pause lors du premier weekend du mois de juillet, mais au cours de la semaine suivante, on devrait atteindre la barre des 30 ˚C. Sauf que dans ce cas-ci, il sera pratiquement impossible de revoir une canicule aussi longue (7 jours) que celle que nous venons de vivre. Le patron météo devrait cependant favoriser le retour des températures saisonnières après le 20 juillet. Cette baisse du mercure sera provoquée par un dôme d'air plus frais que la normale qui s'installera dans le centre du Canada (Manitoba et une partie de l'Ontario). Cette nouvelle réalité atmosphérique fera en sorte que le Québec se retrouvera dans des conditions estivales normales. C'est-à-dire des températures dans les normales saisonnières avec quelques descentes d'air frais.

En d'autres mots, le temps devrait être confortable durant cette période, particulièrement pour ceux et celles qui supportent mal la chaleur extrême. Juillet dans le Top 3 des plus chauds? La chaleur intense qui affectera le sud du Québec durant la première moitié de juillet pourrait propulser le mois dans le Top 3 des plus chauds jamais enregistrés dans certains secteurs. C'est à surveiller. Possible d'aligner les canicules? Pour réussir à aligner les canicules les unes après les autres, il faut des circonstances exceptionnelles et

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hors du commun. La barre des étés les plus caniculaires est haute. Lors des étés de 2007, 2012 et 2016, on a enregistré six canicules au Québec. Certains étés québécois se démarquent au chapitre de la chaleur extrême. À Montréal, en 1955, il a fait 30 ˚C et plus à 33 reprises, ce qui représente trois fois plus que la moyenne. " C'est l'un des étés les plus chauds jamais enregistrés dans plusieurs régions du Québec et qui semble indélogeable à ce jour ", indique Réjean Ouimet. Il y a pire au Québec puisque durant ce même été, en Outaouais, on a enregistré 40 ˚C. D'ailleurs, si vous aimez les étés chauds, la grande

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région de Gatineau est reconnue pour sa fréquence de chaleur extrême avec 30 canicules depuis les années 2000. Aperçu de l'été : fin rapide de la chaleur Selon notre analyse de l'été actuel, le patron météo devrait être favorable à une fin assez rapide de la chaleur au cours du mois d'août. Cette hypothèse est justement basée sur la concentration de chaleur qui commencera à se déplacer vers l'ouest du Canada. Si cette tendance s'installe rapidement à la fin de juillet ou durant le mois d'août, on pourrait assister à des températures beaucoup plus modestes.


À la Une

Canicule

Sept jours d’enfer Lors des 7 jours de la première canicule de l’été 2018, Urgencessanté a reçu en moyenne plus de 1200 appels quotidiens, soit 30 % de plus que lors d'une journée chargée. L'organisation publique a vite déclaré être débordée et a demandé la collaboration de la population. Le président et directeur général d'Urgences-santé, Nicolas D'Ulisse, n’a pas hésité à affirmer que la corporation avait atteint la limite des capacités de ses services, même si les centres de coordination d'événements restaient mobilisés 24 heures par jour. Urgences-santé a augmenté le nombre de paramédics sur la route de même que les heures supplémentaires de travail, tant pour les paramédics que les cadres. Cependant, des délais d'intervention ont été constatés parmi les demandes non urgentes

reçues à la centrale téléphonique 911. L’organisation, qui emploie près de 1400 personnes, a ainsi demandé à la population de prendre de mesures pour apaiser la pression sur son personnel. Elle recommande aux citoyens de composer le 811 en cas de problèmes de santé mineurs, lorsque la vie n'est pas en danger, afin de laisser libres les lignes du 911 pour les urgences vitales. Les citoyens étaient également invités à contacter leurs amis et leur famille qui pourraient être dans le besoin ou à demander de l'aide à leurs proches s'ils en ressentent la nécessité. Urgences-santé a aussi souligné que la plupart des malaises liés à la chaleur peuvent être évités facilement. Les gens incommodés peuvent fréquenter les endroits climatisés, éviter tout effort physique soutenu et

respecter les consignes des différents avis publics.

occasionné une trentaine de décès.

Une trentaine de morts

En 2010, une vague de chaleur extrême avait entrainé le décès de 106 personnes dans la grande région métropolitaine.

Au total, la période caniculaire a

Bagotville, point le plus chaud au Canada Il a fait chaud au Saguenay-LacSaint-Jean. En fait, il a fait chaud comme nulle part ailleurs au Canada, alors que le point le plus chaud au pays a été enregistré à Bagtoville. Le mercure a atteint 36,9 degrés Celcius à un certain moment dans la journée du 2 juillet. Ce fut également très chaud à Jonquière (36,5°C), Grande-Baie

(36,1°C), Normandin (35,5°C) et Roberval (34,8°C). Ces données n’incluent pas le facteur humidex, qui a parfois donné une température ressentie de plus de 40, à un moment ou un autre de la journée. Malgré la chaleur accablante, aucun record n’a été battu pour un 2 juillet. En 2002, il avait fait 38,4 degrés Celcius à Bagotville.

Mais le 3 juillet s’annonçait historique. On prévoyait une température de 33 degrés Celcius sur l’ensemble de la région, alors que le record, datant de 1976 à Roberval, est de 32,2°C. À Bagotville, le record est de 33,3°C et il est vieux de 69 ans (1949). Selon Météomédia, il pourrait même faire jusqu’à 35 degrés Celcius le 5 juillet.

Pour éviter qu’une telle situation vienne à se reproduire, la Ville de Montréal a distribué 17 000 litres d’eau aux organismes venant en aide aux gens en difficultés, notamment ceux vivant dans la rue. Le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) a quant à lui identifié près de 20 000 logements à risque, situés dans des îlots de chaleur. Du côté des camps de jour, des

mesures spécifiques ont également été prises pour protéger les plus jeunes. « La plupart des camps ont adapté leurs activités pour limiter les activités au grand soleil entre 10 h et 15 h », a souligné Chloé Melançon-Beauséjour, porteparole de l’Association des camps du Québec. Ainsi, les activités les plus sportives sont effectuées « en début ou en fin de journée » ou sont carrément supprimées « s’il fait beaucoup trop chaud ou que les enfants ne sont pas bien ». Il est par ailleurs recommandé aux parents de ne pas oublier de ramener des bouteilles d’eau, de la crème solaire et un chapeau.

L'une des pires canicules de la dernière décennie La période de canicule que nous venons de traverser a été l’une des plus longues de la dernière décennie.

Une canicule désigne une période de trois jours consécutifs au cours desquels la température atteint ou dépasse 30 °C.

vous devez fournir des efforts physiques importants. Dans ces conditions, l'hydratation est une obligation !

À Gatineau, la dernière canicule majeure remonte à juillet 2012, alors qu'elle a duré une semaine (11 au 17 juillet).

En 2017, la première, et la seule, canicule de l'année avait eu lieu en automne, soit du jamais-vu depuis 1871.

La canicule la plus meurtrière au Québec (au moins 11 décès à Montréal) a eu lieu du 5 au 9 juillet 2010.

Une chaleur dangereuse Les températures ressenties on parfois dépassé la barre des 45 dans l'extrême sud de la province, dont à Montréal.

À prendre au sérieux Il ne faut pas sous-estimer les impacts de la chaleur extrême sur votre corps. Dans le cas de la chaleur, la zone de confort thermique de la majorité des gens se situe entre 20 °C et 27 °C, avec un taux d'humidité de 35 % à 60 %.

En 2001, une canicule a duré 10 jours du 1er au 10 août. C'est le record de la plus longue.

À ce stade, on considère cette chaleur comme étant dangereuse pour la santé, particulièrement si

Plus le corps a de la difficulté à s'adapter à la hausse des températures, plus les inconforts se multiplient et les problèmes graves sur-

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viennent lorsque les mécanismes d'autorégulation thermique de l'organisme sont affectés. Le seuil de dérèglement de l'organisme humain est franchi lorsque la température réelle ou ressentie s'élève au-dessus de la zone de confort du corps, qui de son côté, tente de maintenir une température corporelle constante d'environ 37 °C.

Si le mercure monte, la température du corps tend à s'élever, le débit sanguin augmente et les glandes sudoripares s'activent afin de réduire le " fardeau thermique ".

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Qu'est-ce qu'une chaleur accablante? Le terme chaleur et humidité accablante est utilisé par Environnement Canada dans ses avertissements météorologiques. Un avertissement de chaleur et d'humidité accablante est émis lorsque les températures dépassent les 30 °C et que l'indice humidex est supérieur à 40 pendant au moins une heure. Au-delà de ce seuil, l'humidité peut entraîner une sensation de malaise généralisé chez certaines personnes.


À la Une

Canicule

Quelques précautions bonnes à prendre Comment éviter un coup de chaleur En période de canicule, la population est invitée à faire preuve de vigilance. Il faut notamment veiller à bien s'hydrater, rester au frais, réduire les efforts et se protéger adéquatement du soleil. Il faut également rester attentif aux personnes plus à risques d’être atteintes par cette chaleur, soit les malades, les plus jeunes et les aînés. Quelques conseils Bien s’hydrater : buvez beaucoup de liquide sans attendre d’avoir soif. Rester au frais : passez 2 h par jour dans un endroit frais, idéalement avec climatisation, sinon

prendre une douche ou un bain frais. Réduire les efforts physiques : particulièrement entre 10 h et 15 h. Se protéger du soleil : demeurez à l’ombre, portez des vêtements longs et appliquez de la crème solaire avec un indice UV de 30 et plus. Le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec recommande de boire de six à huit verres d'eau par jour ou de suivre les indications de votre médecin concernant la quantité de liquide à boire. On conseille aussi d’éviter de consommer des

boissons alcoolisées. Les symptômes à surveiller maux de tête crampes sentiment de soif urine foncée

peau sèche enflure aux extrémités En pareil cas, il faut cesser tout effort physique et se rafraichîr étourdissements vertiges

fatigue inhabituelle confusion perte de conscience En pareille situation, il faut impérativement contacter les services de santé.

6 conseils pour protéger vos ainés Les personnes âgées supportent généralement mal les conditions de chaleur extrême ressentie en cette période de canicule. Dans certains cas, un coup de chaleur peut engendrer la mort. Voici 6 conseils pour détecter et prévenir les coups de chaleur chez les aînés.

1- Boire une quantité d’eau suffisante, sans toutefois exagérer « Beaucoup de personnes âgées sont dans des ajustements très fins entre ce que le cœur est capable de pomper, ce que le rein est capable d’éliminer et les liquides qu’on va prendre. Or, notre message, c’est souvent : "buvez, buvez, buvez", mais il ne faut pas

oublier que certaines personnes ont été « condamnées » par leur médecin à ne boire que six à huit verres d’eau par jour ou l’équivalent. Donc, si on leur dit : "buvez, buvez, buvez", à ce moment-là, ils vont avoir une rétention d’eau, le cœur ne pourra pas suffire et ils vont tomber en insuffisance cardiaque. 2- Identifier les cas potentiels dans son entourage « Si vous voyez des gens qui sont essoufflés, qui ont les jambes enflées, ce sont des gens auprès desquels vous devez intervenir. Ça peut sauver des vies. Et souvent, ce n’est pas grand-chose. Si vous avez des problèmes

d’insuffisances cardiaques ou rénales, pesez-vous régulièrement. Une prise de poids rapide peut être un indicateur. Rafraîchissez-vous dans un bain froid, couchez-vous avec un ventilateur et minimisez vos efforts. » 3 – Vérifier l'urine et la température corporelle « L’urine devrait être claire, sauf le matin où elle est plus concentrée, c’est normal. Si les urines deviennent plus foncées, c’est qu’on manque d’eau. Ça veut dire qu’on est déshydraté. Il faut boire et se réhydrater. » 4 – Éviter le soleil, minimiser ses efforts et chercher des

endroits climatisés « Il faut minimiser les efforts, on va à l’air climatisé, chez des amis, aller dans des endroits climatisés pour se donner du répit, on va au cinéma, surtout pour les personnes âgées. Si tu touches ton corps et qu’il est chaud, c’est signe qu’il est temps de se rafraîchir. Il ne faut pas attendre que la température corporelle monte trop. » 5 – Manger un peu, même si on n’a pas faim « Beaucoup de gens n’ont pas faim, mais c’est le temps de manger des salades, des soupes froides, car ça contient de l’eau et des électrolytes. Et c’est ce dont on a

besoin, et ça prend quelques protéines au travers, comme un œuf par exemple. » 6- Insister auprès des personnes vulnérables pour les aider « Il faut insister et prendre des nouvelles des personnes qui pourraient être vulnérables. Souvent, elles ne veulent pas déranger, mais il faut insister un peu. La surveillance du voisinage est le premier moyen de protection pour tous les problèmes. Apportez leur sac d’épicerie, invitez-les chez vous, par exemple. »

Chaleur. Gare aux empoisonnements alimentaires Quand le mercure grimpe, il faut se laver les mains plus souvent, éviter le contact avec les surfaces contaminées, cuire les aliments à des températures appropriées et les conserver au froid. La critique gastronomique souligne que des aliments en apparence inoffensifs, comme le melon, peuvent être des vecteurs de contamination. Il y a des cas de salmonelle qui se déclarent jusqu’à 10 jours après avoir mangé un contaminant. Petite volaille, gros ennuis Amateur de cailles, de perdrix et de pigeons? Soyez particulièrement prudent lors du déballage, nous prévient la spécialiste. « Les petits oiseaux qu’on achète, souvent, sont mal nettoyés. Il y a des problèmes avec la façon qu'ils sont nettoyés dans les abattoirs. Lavez-les bien. Certaines personnes les nettoient

au sel. Si les abats ont été mal coupés ou mal enlevés, ça peut causer des infections.

La liste noire d’un inspecteur Voici une liste d’aliments dont il faut particulièrement se méfier : le lait et le jus non pasteurisés, les pousses, les viandes qui n’ont pas été complètement cuites, les fruits et légumes prélavés, les œufs crus ou mi-cuits, les fruits de mer crus et la pâte à biscuits crue. Pas question que la viande glande Voici enfin un conseil pour dégeler la viande : Pas sur le comptoir. C’est mieux de le faire en la laissant plus longtemps au réfrigérateur. Quand elle est cuite, s'il en reste sur la table après le repas, rentrez-la très vite au réfrigérateur. Pour le transport du magasin à chez soi, à ce temps-ci de l’année, toujours avoir une glacière dans la voiture.

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À la Une

Pour faire face à la canicule tout en s’amusant…

10 plages à découvrir dans la grande région de Montréal L’un des plus grands plaisirs de l’été, quand il fait chaud, c’est de passer une longue journée à la plage : baignade, farniente, pique-nique, promenades en barque ou pédalo, châteaux de sable et jeux de balles… Voilà des ingrédients pour profiter pleinement de la saison estivale, tant pour les adultes que pour les plus jeunes. Et il n’est pas nécessaire de s’envoler vers le Sud ou de conduire des heures. Il existe plusieurs plages publiques autour de Montréal qui sont accessibles en 30-40 minutes en voiture; on peut même accéder à certains de ces endroits par transport en commun ou à bicyclette. Voici quelques-unes de ces plages à découvrir cet été : 1. Plage du parc Jean-Dra peau Si vous ne disposez que de quelques heures et ne disposez pas d’un moyen de transport, il est possible de se faire bronzer et de se rafraichir à 5 minutes en métro du centre-ville de Montréal, à la Plage du parc Jean-Drapeau. Tarifs Avant 16h: 9 $/adulte; 4,50 $/enfant; 22$/famille Après 16h: 5,50$/adulte; 3$/ enfant ** passeport de saison aussi disponible Services offerts Location de pédalos, kayaks et canoës, vestiaires, casiers (amenez vos cadenas), casse-croûte, trampolines. Inconvénients Comme on peut s’y attendre, cette plage est bondée de monde, particulièrement lors des plus chaudes journées de l’été. Mais si vous arrivez en matinée (elle ouvre à 10 h), vous pourriez profiter de quelques heures de relative tranquillité avant l’affluence

des baigneurs.

2. Parc-nature du CapSaint-Jacques Située à l’extrémité ouest de l’île de Montréal, la plage du Parc-nature Cap-SaintJacques est très facilement accessible par transport en commun. Le paysage enchanteur vous promet une journée magnifique : vous n’aurez plus l’impression d’être en ville, c’est assuré. De plus, comme la plage ne peut accueillir qu’un petit nombre de baigneurs, vous ne vous sentirez pas perdu au milieu d’une foule incontrôlable. La plage est entourée d’un boisé et de sentiers pédestres. Le coucher de soleil sur le lac est magnifique : cela vaut la peine de prolonger votre journée pour le contempler. Tarifs 5$/adulte; 3,50$/enfant de 6 à 17 ans Services offerts Pêche, baignade, pédalo, kayak, canoë, fermette à proximité, casse-croûte, aire de pique-nique, barbecues acceptés. Inconvénients Il faut payer le stationnement en plus du droit d’entrée, et si vous arrivez trop tard lors des chaudes journées, vous aurez peutêtre un peu de mal à trouver une place. 3. Plage de Saint-Zotique Avec la panoplie d’activités variées qu’elle propose, la très sympathique plage de Saint-Zotique est sûre de plaire à tous les membres de la famille, du plus jeune au plus âgé. Elle n’est située qu’à 45 minutes de Montréal. Les haut-parleurs diffusent toute la journée de la musique joyeuse qui vous fera vraiment sentir en vacances. Tarifs

10 $/adulte; 5 $/enfant de 9 à 12 ans; 3$/enfant de 5 à 8 ans Services offerts Jeux, pataugeoire, glissades, terrains de volleyball et de soccer, courts de tennis, canoë, kayak, pédalo, aire de pique-nique, barbecues acceptés (et offerts en location), casse-croûte et bar laitier, cours de danse latine gratuits la fin de semaine, paintball, concours de châteaux de sable, stationnement gratuit. Inconvénients Encore une fois, c’est l’achalandage qui risque de décourager les personnes qui rêvent de tranquillité; cette plage accueille jusqu’à 10 000 personnes par jour, mais il est toujours possible de louer un emplacement de camping rustique pour la nuit (camping à proximité) et de pouvoir profiter de quelques heures supplémentaires à la plage, sans la foule. 4. Parc national d'Oka On ne présente plus la plage d’Oka… Tout le monde ou presque la connaît et y a passé une journée ou une fin

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de semaine de camping inoubliable! Située sur les berges du lac des Deux Montagnes, cette plage de 7 km de long accueille de nombreux baigneurs chaque jour, au beau milieu d’un boisé et d’une oasis de verdure. Tarifs 8,60 $/adulte; gratuit pour les 17 ans et moins Services offerts Casse-croûte et bar laitier, location d’embarcations, camping sur place, chemins pédestres et voies cyclables, aires de pique-nique, barbecues acceptés et offerts aussi à la location. Inconvénients Seulement 1 km de la plage est surveillé, et hors de ce périmètre, vous pourriez rencontrer des nudistes. Bon à savoir avec de jeunes enfants, si on ne souhaite pas avoir à leur expliquer pourquoi certaines personnes n’ont pas de maillot de bain! De plus, la qualité de l’eau est parfois critiquée. Rendez-vous sur le site du parc pour voir les mises à jour quotidiennes.

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5. Récré-O-Parc de SainteCatherine Cette plage magnifique est située en bordure des rapides du Saint-Laurent sur la Rive-Sud de Montréal et à moins de 30 minutes du centre-ville. Le Récré-O-Parc de Sainte-Catherine propose plein d’activités amusantes pour toute la famille Tarifs 11 $/adulte; 7 $/enfant de 3 à 13 ans; gratuit pour les 2 ans et moins; 27 $/famille Services offerts Casse-croûte, terrains de volley-ball, aire de jeux pour les enfants, pêche, aire de pique-nique, sentiers asphaltés pour la marche, le vélo ou le patin à roues alignées. Inconvénients Il est interdit d’apporter votre barbecue. 6. Plage du Parc régional des Îles-de-Saint-Timothée Tout prêt de Salaberry-deValleyfield, cette magnifique plage de sable fin fait la fierté du Parc régional des Îlesde-Saint-Timothée. Elle est située à moins d’une heure Suite à la page 7


À la Une

Pour faire face à la canicule tout en s’amusant…

10 plages à découvrir dans la grande région de Montréal Suite de la page 6

de Montréal, dans un cadre enchanteur et l’eau de qualité supérieure est toujours claire et limpide. Tarifs 10 $/adulte; 7 $/enfant; 29 $/ famille ** tarifs spéciaux après 16h et passe saisonnière disponible Services offerts Location d’embarcations, modules de jeux, tyrolienne, sentier d’hébertisme, terrains de volley-ball, sentiers pédestres, pistes cyclables, casse-croûte, aire de piquenique. 7. Parc-nature du Bois-del’Île-Bizard La plage du Parc-nature du Bois-de-l’Île-Bizard est située à 35 minutes de Montréal, dans un environnement bucolique. Les nombreuses espèces d’arbres présentes sur le site permettent aussi l’observation de plusieurs sortes d’oiseaux. C’est une véritable oasis de nature sauvage qui conviendra parfaitement à ceux qui souhaitent se baigner sans pour autant se sentir envahi par le bruit et les odeurs d’une foule d’inconnus!

À moins de 50 km de Montréal, la plage de la Sablière est située à SainteMarthe-sur-le-Lac. C’est une « petite » plage familiale qui n’accueille que 500 baigneurs par jour, dont surtout des locaux. On est donc loin des sites immenses comme celui d’Oka, qui se trouve à proximité. Tarifs 6 $ + taxes/adulte; 3 $/ enfants ** gratuit pour les résidents sur présentation de leur carte du citoyen Services offerts Location d’embarcation, aire de pique-nique, terrain de jeux, activités ponctuelles en saison, stationnement gratuit. Inconvénients On ne passe pas la journée à la Sablière pour une journée de folie bourrée d’activités et d’animation. Mais si vous souhaitez un peu de calme au bord de l’eau, c’est par-

du pur divertissement organisé de manière à ce que vous ayez l’impression d’être en vacances sur une île des Caraïbes. Musique, terrasses et pistes de danse, beach party toutes les fins de

Tarifs 9 $/jour, par voiture (ou 7$ pour 2 heures) Services offerts Aire de pique-nique, barbecue accepté, machines distributrices, randonnée pédestre et cyclable, pêche. Inconvénients Dans le passé, la plage a déjà été fermée pour cause de mauvaise qualité de l’eau. Vérifiez celle-ci sur le site de la ville de Montréal avant de vous déplacer. 8. Plage municipale de la Sablière

fait! 9. Beach Club de PointeCalumet Situé à 45 minutes de Montréal, le Beach Club de Pointe-Calumet est un site

événements spéciaux. Services offerts Location de casiers, restaurants (restauration rapide, différentes options possibles sur place), comptoir de shisha, wakeboard (location d’équipement disponible, casque obligatoire), boutique (vêtements et accessoires de plage), salle de bain pour clients VIP seulement *Nouveau, Comptoir de crèmes glacées et boissons glacée et stationnement gratuit (possibilité d’avoir un stationnement surclassé VIP)

semaine avec DJ invités, etc. : tout est mis en place pour que les gens s’amusent et rencontrent plein de monde.

Inconvénients Beaucoup de bruit, beaucoup de folie, beaucoup de monde, beaucoup d’alcool. C’est parfait pour certaines occasions, mais pas idéal pour les familles avec des enfants.

Tarifs Les tarifs varient selon les

10. Plage de l’Horloge Il ne s’agit pas d’une plage à

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proprement parler puisqu’il n’y a pas d’eau pour se baigner. Par contre, il y a du sable fin et blanc à volonté et une atmosphère de vacances, cela à quelques minutes de marche du centre historique du Vieux Montréal. La plage de l’Horloge est située, comme son nom l’indique, au pied de la Tour de l’Horloge et permet une petite pause très appréciée après le travail ou lors d’une journée de magasinage. Et même sans eau, les jeunes enfants seront heureux de construire un joli château pendant que les parents papotent et dégustent une boisson rafraichissante. Tarif 2$ taxes incluses jusqu'à 19h. Gratuit pour les moins de 13$. 15$ pour la passe saisonnière et 5$ pour les soirées de feux d'artifice. Le tarif peut varier lors d'événements spéciaux. Services offerts Chaises longues, parasols, brumisateurs, buvette et casse-croute Inconvénient On ne peut pas se baigner!


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Sept parcs du Québec où vous aurez moins chaud Voici les sept jeux d’eau du Grand Montréal qui recueillent les faveurs des citoyens. Tous valent le détour – et sont gratuits. À vos serviettes ! Médaille d’or Arrondissement de Rosemont– La PetitePatrie, Montréal Tout nouveau, tout beau, ce spectaculaire parc de jeux d’eau vient d’être mis en fonction. On y trouve des zones distinctes pour les bambins, les enfants et – fait rare – les adolescents. Un marquage au sol évoque des vagues. De grands parasols rouges permettent d’éviter que la peau prenne la même couleur. Ces jeux d’eaux remplacent une pataugeoire sans système de filtration, qui ne pouvait être utilisée que six heures par jour, selon l’arrondissement. Coût de l’opération : 1,383 million.

Petit plus : Les grands frères ou grandes sœurs peuvent en profiter pour s’exercer au super parc de skate.

À noter : Le chalet étant toujours en rénovation, il faut se rabattre sur des toilettes portatives au besoin. Parc de la gare, MontSaint-Hilaire Inaugurés l’été dernier, les jeux d’eau du parc de la Gare, de Mont-SaintHilaire, ont tout pour plaire. « Ces jeux d’eau sont adaptés aux différents groupes d’âge, dit Geneviève Beaudoin, qui les fréquente. Ils offrent des activités variées et sont adjacents à des modules de jeux et à un parc. C’est un véritable lieu de rassemblement ! » Les enfants qui mettent en marche ces jeux d’eau vont de surprise en surprise, puisque les composants

s’activent selon un ordre aléatoire. Leurs parents peuvent les surveiller sur des chaises longues au soleil ou encore sur des bancs protégés par de grands parasols. Petit plus : Les toilettes sont impeccables.

À noter : L’eau utilisée s’écoule dans un ruisseau, avant d’aller alimenter les étangs du parc. Médaille d’argent Jeux d’eau SaintVincent, Laval « Wow ! » C’est l’exclamation qu’on ne peut refréner en voyant les jeux d’eau Saint-Vincent, qui jouxtent le Centre de la nature de Laval. C’est gros, coloré et indéniablement amusant. Une glissade – et un énorme seau qui déverse une bonne douche sur les baigneurs – caractérisent

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ces jeux d’eau, ouverts en 2015. Tous les lundis aprèsmidi jusqu’au 13 août, une activité de « contes en maillot » y est prévue.

h.

Petit plus : Il y a une piscine de taille olympique à côté des jeux d’eau.

Par temps chaud, la vision du paradis ressemble au parc Aquaciel – surtout si on a moins de 12 ans. C’est

À noter : L’accès n’y est possible qu’entre 10 h et 19

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Parc Aquaciel, Arrondissement de Lasalle, Montréal

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Politique provinciale

En route pour les élections générales de 2018

Marie Montpetit, candidate

dans la circonscription de Maurice-Richard Suite de la page 8

joli et coloré, avec une foule de jeux d’eau, des modules, des chaises longues et de grands parasols. « J’ai toujours essayé de créer pour les enfants, indique Nadine Demeule, qui a travaillé au concept du parc inauguré en 2014. Souvent, dans les appels d’offres, les thématiques sont trop adultes. Je suis une ancienne animatrice de loisirs. Mon cœur est créatif et farfelu. » Petit plus : Une aire de pique-nique a été aménagée près des jeux d’eau. À noter : Il y a un stationnement. Médaille de bronze

yoga, de danse et de mise en forme y sont aussi offerts. Parc de Sardaigne, Candiac

Les jeux d’eau du parc de Sardaigne sont « vraiment quelque chose », indique Thierry-Dimitri Roy, qui les a suggérés. C’est vrai, surtout quand la grosse boule bleue déverse ses flots sur un enfant ! Des modules de jeux neufs égaient aussi ce parc gazonné. Petit plus : « Les jeux d’eau sont munis d’une borne d’activation avec minuterie, amenant une rotation aléatoire des différents jeux », fait valoir la Ville de Candiac. À noter : Cette minuterie permet également de limiter

d’eau sont dans le parc Morgan, situé en face du Théâtre Denise-Pelletier à Montréal », estime David Monette, qui s’y rafraîchit avec ses enfants Arthur, Bernard et Mathilde. « Chaque après-midi d’été, une centaine d’enfants s’y retrouvent, témoigne-t-il. Il y a un chemin d’eau en pente, ce qui crée la rivière parfaite pour laisser flotter un petit bateau-jouet. »

Petit plus : Particulièrement originaux, ces jeux d’eau ont une esthétique plus proche du film Metropolis que d’un magasin de bonbons. À noter : Il y a une station d’exercices pour adultes près des jeux d’eau. Les autres parcs à jeux d’eau méritant une visite

Parc Aimé-Léonard, Arrondissement de Montréal-Nord, Montréal NOTE : 22/27 Se rafraîchir au bord de la rivière des Prairies, c’est ce qu’on peut faire aux jeux d’eau du parc AiméLéonard. « Mes enfants aiment beaucoup aller y jouer, dit Claude Jean, père d’Abbygaël et de Félix. Cet ajout a rendu les visites à ce parc encore plus amusantes et divertissantes. » Petit plus : Des sorties (payantes) en kayak de mer, rabaska ou bateau électrique sont possibles à partir de ce parc. À noter : Plusieurs cours de

le gaspillage d’eau. Parc Morgan, Arrondissement de Mercier–HochelagaMaisonneuve, Montréal « Les plus beaux jeux

- Parc des Éperviers, Notre-Dame-de-l’Île-Perrôt - Parc du Quai-de-LaTortue, arrondissement de Verdun, Montréal - Parc LaSalle, arrondissement de Lachine,

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Montréal : - Parc Marlborough, Arrondissement de SaintLaurent, Montréal - Parc de Normanville, arrondissement Villeray–SaintMichel– Parc-extension, Montréal - Parc Boisé-deRoxboro, arrondissements de Pierrefonds-Roxboro - Parc Carlos d’Alcantara, Arrondissement de Mercier–HochelagaMaisonneuve, Montréal - Parc des Aviateurs, Saint-Bruno-de-Montarville - Parc Toe-Blake, VaudreuiL-Dorion - Parc AntoineGirouard, Boucherville - Parc JosephBourgouin, Terrebonne - Parc Pierre-Bédard, Arrondissement de Mercier–HochelagaMaisonneuve, Montréal - Parc Bélair,

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arrondissement Villeray– Saint-Michel– Parcextension, Montréal - Parc Olympique, Pincourt - Parc PhilippeLaheurte, Arrondissement de Saint-Laurent, Montréal - Parc Saint-VincentFerrier, arrondissement Villeray–Saint-Michel– Parc-extension, Montréal - Parc Willibrord, arrondissement de Verdun, Montréal - Parc des Royaux, arrondissement de VilleMarie, Montréal Ces jeux d’eau ont tous été visités une. Ils ont été évalués avec des notes allant de 0 à 3, selon neuf critères : propreté, diversité, esthétique, adaptés aux tout-petits, adaptés aux enfants, toilettes accessibles, bancs et tables, reste du parc, accès aux jeux d’eau.


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À la Une

Signes d’été

Peut-on vivre sans climatiseur? Un épisode de chaleur accablante vient de traverser le Québec, précipitant la mort de plus de 50 personnes jusqu’à maintenant. Même si la vague des températures élevées s’apaise, des indicateurs montrent que le nombre de jours où le mercure montera au-dessus de 30 degrés est appelé à croître*. Comment rafraîchir nos espaces, intérieurs et extérieurs, sans avoir recours à la climatisation ?

« Ma climatisation a fait défaut. J’ai essayé de la faire réparer, mais les réparateurs sont complètement débordés ! J’ai essayé de mettre en pratique ce que je pensais être des recettes, pas nécessairement infaillibles, mais qui allaient permettre de ne pas trop souffrir. Ça ne marche pas très bien », répond Denis Boyer, d’Écohabitation, soulignant la situation particulière des derniers jours. Il est toutefois possible d’agir en respectant le principe de base visant à empêcher le soleil de pénétrer à l’intérieur et en évitant toutes les sources de chaleur, soutient le coordonnateur en efficacité énergétique. M. Boyer fait observer qu’ouvrir les fenêtres n’est pas toujours la bonne solution. En fait, il y va d’un constat un peu fataliste : sans « machine », impossible (ou presque) d’avoir moins chaud. Si on n’utilise pas un climatiseur, le bon vieux ventilateur serait la solution la plus efficace. Mais, « quand tout le monde démarre la climatisation, ça contribue à augmenter d’au moins un degré et demi la température générale en ville et à aggraver les effets de la canicule sur ceux qui n’ont pas les moyens de s’en prémunir », faisait remarquer Pierre Gosselin, médecin-conseil à l’INSPQ, au cours d’une entrevue accordée au Devoir il y a quelques étés. L’architecte et professeur à l’Université de Montréal Daniel Pearl croit qu’il est important de trouver des solutions autres que la climatisation pour réduire les effets de la chaleur dans les bâtiments. Parce que la climatisation utilise beaucoup d’énergie — dont les coûts sont trop bas au Québec, selon lui — et parce qu’il

est simplement plus efficace de bloquer le problème au départ que de le traiter une fois qu’il se présente, affirme-t-il. Des options

La première stratégie pour contrer les effets de la chaleur dans les bâtiments consiste à protéger les fenêtres et les murs extérieurs. Un store extérieur, par exemple, est très efficace, selon M. Pearl. « Ça existe beaucoup en Europe et dans les pays très chauds. Un store intérieur est moins efficace parce que la chaleur traverse la fenêtre et reste dans la pièce, même si c’est partiellement bloqué par les rideaux. » Le store intérieur a une efficacité d’environ 30-35 %, affirme l’architecte, tandis que l’efficacité du store extérieur grimpe à 90 %. Des marquises ou auvents extérieurs, ou encore une meilleure isolation des murs et des fenêtres, à triple vitrage par exemple, sont d’autres options. Une autre solution consiste à refroidir la masse thermique de la maison. Un système de tuyaux où circule un liquide (mélange d’eau et de glycol) refroidi par géothermie, par exemple, en fait partie. Plaidoyer pour la verdure La troisième solution proposée par l’architecte de la firme L’OEUF est la végétation. Daniel Pearl souligne qu’en plus d’être « très efficace », la verdure (arbres, toits verts, murs végétalisés) a l’avantage de procurer du plaisir et de permettre de développer la biophilie. Un toit vert peut réduire la température de 5 à 10 degrés, avance-t-il. Ces solutions doivent cependant être mises en place avant les épisodes caniculaires, rappelle Daniel Boyer. « Mettre des plantes à l’extérieur devant ses fenêtres peut contribuer à réduire la température de la maison, mais évidemment, si on est pris dans la canicule, il est trop tard ! On ne peut pas faire pousser une plante en deux heures. Il faut prévoir. » Pour la directrice générale du Centre d’écologie urbaine de Montréal, Véronique Fournier, la canicule qui a frappé le Québec ces derni-

ers jours « nous dit qu’on a trop d’espaces minéralisés, donc asphaltés [dans nos villes], et pas assez de verdissement ou d’espaces naturalisés ». Elle fait elle aussi l’éloge de la verdure pour contrer les températures extrêmes. Les arbres matures, ces « climatiseurs naturels », comportent plusieurs avantages. En plus de rafraîchir l’air, « ils vont avoir un impact sur la gestion des polluants atmosphériques et permettre de créer des surfaces ombragées. Ils font aussi en sorte que les revêtements captent moins la chaleur », explique Mme Fournier. Dans les cas où la plantation d’arbres n’est pas possible, d’autres options existent, comme le recours aux plantes grimpantes le long des murs ou des clôtures, ou l’installation de pergolas. Depuis quelques années, « on va dans le bon sens [en ce qui concerne le verdissement] », reconnaît Emmanuel Rondia, responsable campagnes Espaces verts et milieux naturels au Conseil régional de l’environnement de Montréal (CREMTL). « Il y a une prise de conscience. On comprend les conséquences qu’ont les îlots de chaleur, leur impact sur la santé. Maintenant, il faut que des mesures soient adoptées plus largement et que ça ne soit pas uniquement des projets-pilotes ou des initiatives dans certains

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secteurs. Il faut que ça soit une approche globale. » Les prochains sujets à aborder sont « la question de l’asphalte, la minéralisation de nos espaces et, indirectement, la question de la voiture à travers tout ça », indique de son côté Véronique Fournier. Depuis 2015, le CREMTL coordonne la campagne ILEAU (Interventions locales en environnement et aménagements urbains), qui, en plus d’aborder l’enjeu des îlots de chaleur et de créer du verdissement, vise à relier le fleuve SaintLaurent à la rivière des Prairies, dans l’est de Montréal, par une trame verte. Un des projets développés cherche à relier les parcs de la promenade Bellerive et Thomas-Chapais. « On a réuni les propriétaires majeurs dans le secteur pour réfléchir au trajet et aux aménagements à apporter, explique Emmanuel Rondia. Ça crée un mouvement plus intéressant et les gens se sentent engagés dans quelque chose de plus grand que de juste aménager leur propre terrain. » Selon M. Rondia, créer un tel réseau d’espaces verts est plus efficace pour réduire les îlots de chaleur, en plus de « donner des leviers intéressants pour convaincre certains propriétaires ». Appels à la solidarité

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Pendant la canicule des derniers jours, les autorités publiques ont lancé plusieurs appels à la solidarité — veiller sur le bien-être de son voisin, particulièrement s’il fait partie des populations jugées vulnérables. Un volet citoyen et participatif fait d’ailleurs partie de la mission du Centre d’écologie urbaine de Montréal, dont les interventions visent à créer des milieux de vie. Les projets de verdissement peuvent ainsi accomplir un double mandat : créer de la fraîcheur et du lien social. « Je n’aurais pas la prétention de dire qu’il y a un lien direct dans des situations d’urgence, mais une ville où il y a plus de solidarité est plus résiliente lors des événements [comme la canicule], souligne Véronique Fournier. Plus de nature en ville, c’est une stratégie de prévention à la fois pour les épisodes de chaleur et pour la qualité de vie. » *Selon les données d’Ouranos, le Consortium sur la climatologie régionale et l’adaptation aux changements climatiques, le nombre de jours par année audessus de 30 °C passera de 11 (médiane pour 1981 à 2010) à 30 (médiane pour 2041-2070) à Montréal et Laval, selon un scénario «modéré».


À la Une

Signes d’été

Vous avez besoin de prendre des vacances au plus vite… … et ça se voit Dans un monde idéal, tous les employeurs forceraient leurs employés à prendre tout le temps dont ils ont besoin pour se reposer et reprendre des forces –le tout en les payant. Mais bon, même si certains lieux de travail sont plus compréhensifs que d’autres, nous vivons tous dans une culture de bourreaux de travail. En fait, seulement 57% des Américains prennent toutes les vacances qui leur sont allouées.

vacances que vous avez. Si vous vous demandez s’il est temps de prendre quelques jours de congé, nous avons dressé la liste de huit signes qui ne mentent pas et qui vous indiquent qu’il est temps de prendre des vacances au plus vite.

À notre avis, vous devriez profiter de chaque jour de

2. Vous commencez à vous brouiller involontairement

1. Vous avez de plus en plus de mal à cacher votre dédain face à ce collègue qui vous ennuie particulièrement.

avec vos amis... 3. Ou au contraire votre enthousiasme est dérangeant. 4. Vous êtes devenu plus agressif que jamais. 5. Et vous avez abandonné l’idée de rester concentré il y a bien longtemps. 6. Vous devenez de moins en moins productif. 7. L’idée de boire du mimosas avec votre déjeuner vous semble

incroyablement excitante. (Quoique, c'est peut-être toujours le cas.) 8. Ceci est la seule chose à laquelle vous pouvez penser quand un collègue vous parle de ses vacances:

Si vous ressentez plusieurs (ou tous) ces symptômes, ne vous inquiétez pas. Prenez seulement une journée, ou trois, de vacances pour vous sentir mieux.

Pour lutter contre le smog

La STM distribue 40 000 titres de transport Pour faire face à la vague de chaleur qui vient de nous accabler, la Société de transport de Montréal (STM) a lancé en début de semaine une campagne de communication intitulée « Bonjour métro, bonjour bus, bye-bye smog ». À cet effet, près de 40 000 titres de transport sont distribués gratuitement.

Ces titres de transport permettront aux usagers d'effectuer deux passages. Ils sont valables à la fois dans les bus et dans le métro de la métropole. L'objectif, indique la STM, « est de contribuer à l’amélioration de la qualité de l’air en sensibilisant

les automobilistes et à les inciter à changer leurs habitudes en utilisant le transport collectif, notamment lors des journées de smog ». Pendant toute cette semaine marquée par une chaleur intense qui devrait durer jusqu'à dimanche, des représentants de l'organisme public sillonneront les « artères

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névralgiques » et les « abords de zones de construction routière sur l’île de Montréal », dans le but notamment d'aller à la rencontre des « automobilistes captifs du trafic ». La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a salué cette initiative, en évoquant « une belle idée » de la

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STM. Privilégier le bus et le métro contribue à réduire sensiblement le phénomène du smog, indique la STM. Pour chaque tonne de gaz à effet de serre émise en transport collectif, « ce sont 20 tonnes qui sont évitées », précise-t-elle.


Société

Flambée de violence armée à Toronto Déjà plus de 200 fusillades depuis le début de l’année 2018! En fin d'après-midi, en pleine canicule, lors du samedi de la fête du Canada, des douzaines de piétons, des badauds, des gens qui attendent le tramway, sont présents sur les trottoirs de la rue Queen Ouest. Puis, tout à coup, des hommes armés courent, font feu, puis fuient; d'abord à pied vers le nord, puis dans deux véhicules distincts. Au son des coups de feu, certains figent, mais plusieurs – une cinquantaine, selon certains témoins – prennent la fuite dans tous les sens. Au final, une fois le vent de panique passé, trois personnes gisent au sol blessées, deux hommes et une femme. La femme devrait se remettre de ses blessures, mais les deux hommes, malgré les efforts des ambulanciers, perdent à vie avant d’arriver à l’hôpital. Les deux victimes sont des rappeurs connus , du moins sur la scène locale. Puis, le lendemain, alors que les politiciens et le chef de police venaient à peine de dénoncer cette fusillade, commise en plein jour, dans un secteur très achalandé de la rue Queen Ouest, une nouvelle fusillade. Celle-ci a été perpétrée en début de soirée dans un secteur dense de bars et de terrasses lors d’une des soirées les plus achalandées de l’année pour les débits de boisson. Résultat : quatre blessés dans le quartier du marché Kensington . Pour le moment, la police n’a pas voulu confirmer ou infirmer si elle avait identifié des suspects dans l'une ou l'autre affaire. Tristes records! Ces deux événements se

sont déroulés en plein centre-ville dans des secteurs très achalandés. Mais la violence qui fait rage à Toronto est en constante évolution depuis le début de l’année. Une autre fusillade, survenue le 14 juin dernier, avait spécialement marqué les esprits. Deux fillettes avaient été atteintes par balle, en plein jour , dans un terrain de jeux achalandé, à Scarborough. Un homme a été arrêté, mais deux suspects sont toujours en cavale .

Et les politiciens de la région se disent tous atterrés.

de la fusillade dans le quartier du marché Kensington.

Le maire John Tory dit qu'il s'attend à ce que la Police de Toronto fasse tout son possible pour extirper les voyous de leurs cachettes.

Évidemment, le tout nouveau premier ministre ontarien, Doug Ford, qui a déclaré à plusieurs reprises dans la campagne électorale vouloir consacrer « des millions de dollars » aux corps policiers dans le but d’enrayer la violence associée aux gangs de rue, est en furie. Lundi en aprèsmidi, en utilisant le médium préféré de son homologue américain, M. Ford a déclaré sur Twitter avoir l’intention d’agir.

«Nous ne tolérerons pas ce mépris insouciant pour la vie dans notre ville», dit-il.

Selon les chiffres de la police, il y a déjà eu plus de 200 fusillades depuis le 1er janvier 2018 sur le territoire de la Police de Toronto.

M. Tory affirme aussi mettre de la pression sur son chef de police. (…) «j'ai longuement parlé au chef de la Police de Toronto Mark Saunders et il a confirmé que la police était saisie de ce problème et travaillait sans relâche pour traduire ces gens en justice.

Le décompte des meurtres est déjà à 50.

Et M. Saunders répond que la ville est sécuritaire .

Si la tendance se maintient, la ville établira de nouveaux tristes records dans les deux catégories.

Les gens doivent se sentir en sécurité au centre-ville, c’est mon opinion ferme, a-t-il déclaré lundi matin lorsqu’il visitait les lieux

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Je suis de tout cœur avec les victimes des fusillades à Toronto pendant le long week-end de la fête du Canada. L’été en est un très difficile dans notre ville, et les pensées et les prières ne sont tout simplement plus suffisantes. Nous avons besoin d'action, d’écrire le premier ministre de l’Ontario. «Une ville effrayée »

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Selon Louis March, un résident de Scarborough qui est le fondateur de Zero Gun Violence Movement, les déclarations du maire de la ville ne font que flagorner une ville effrayée. M. March ajoute que le problème semble dépasser le maire. C’est un problème complexe. On ne peut utiliser uniquement que la police et l'application de la loi pour y faire face, explique-t-il. Le maire Tory a récemment promis d’embaucher 200 nouveaux officiers de police. M. March se demande sérieusement ce que le maire essaie de faire avec cette stratégie. Ça ne va pas résoudre le problème! [Ajouter des constables] ne découragera aucun membre des gangs de rue, d’aucune manière, affirmet-il. M. March explique que les Suite à la page 14


Société

Flambée de violence armée à Toronto Déjà plus de 200 fusillades depuis le début de l’année 2018! Suite de la page 13

écarts sociologiques et économiques qui divisent la ville sont si grands qu’elles exacerbent ses problèmes. Il affirme que la Ville devrait coordonner ses ressources et donner plus de soutien « aux régions où la violence est normalisée ». Il y a une différence entre vivre à Rosedale et vivre à Rexdale, il y a une différence entre vivre à High Park et vivre à Regent Park, dit-il. Personne n'est né avec une arme à la main. Quelles sont les conditions de vie qui exacerbent la violence et engendrent l’envie de se procurer une arme à feu? M. March renchérit : selon lui, les dirigeants politiques et la police n'adaptent pas leurs méthodes aux « caractéristiques changeantes » de la violence perpétrée par les gangs de rue.

Selon M. March : Le nombre d'armes à feu a augmenté L'âge des assaillants est de plus en plus jeune, et les générations plus âgées avaient des « codes, (par exemple) assurez-vous qu'ils ne sont pas innocents, assurez-vous que ce n'est pas en plein jour - les jeunes ne respectent aucun code ». Les médias sociaux « exacerbent les querelles » et aident les assaillants à connaitre l’emplacement exact de leur potentielle victime en temps réel Combattre la pauvreté pour battre la violence? Le conseiller municipal de Toronto Joe Cressy affirme de son côté que la clé de la solution réside dans la lutte à la pauvreté. Lutter contre celle-ci permet « d’arrêter la violence à la base ». ditil. M. Cressy suggère d'augmenter les occasions

de mentorat, les programmes d'emploi pour les jeunes et les plans de développement social dans la ville. Mais le maire Tory rappelle que sa priorité est de « mettre ces gangsters en prison ». Celui-ci a affirmé croire

que les conditions de libération sous caution pour les personnes accusées de crimes liées aux armes à feu doivent être durcies. «De nombreux policiers m'ont dit être frustrés : quelqu'un qu'ils arrêtent pour un crime avec une arme à feu peut simple-

ment payer sa caution et retourner terroriser sa communauté» dit-il. Quelques heures après les déclarations des politiciens, début juillet, deux autres personnes étaient blessées par balle à Brampton, une ville en banlieue de Toronto.

La Nouvelle Chicago? Pour s'en prendre à la flambée de violence armée qui a déjà coûté 22 vies cette année, les autorités torontoises devront miser sur une transformation sociale, et non la répression policière, préviennent politiciens et chercheurs.

Augmenter le nombre d'agents dans certains quartiers ou rétablir des pratiques controversées comme le fichage ne fera que repousser le crime vers de nouveaux recoins et aliéner les citoyens, signale un professeur en sociologie à l'Université de Toronto. Jooyoung Lee prône plutôt une «approche à long terme» qui se pencherait sur la pauvreté urbaine et intergénérationnelle ainsi que sur la discrimination sur le marché du travail, et aiderait les «jeunes de

minorités visibles — qui sont particulièrement désavantagés dans des villes comme Toronto — à améliorer leur situation».

Entre vendredi 29 juin et mardi 3 juillet 2018 seulement, 11 personnes ont été atteintes par des coups de feu à Toronto. Deux personnalités du milieu du rap ont été assassinées en plein jour: Jahvante Smart, le rappeur de 21 ans connu sous le nom de Smoke Dawg, et Ernest Modekwe, âgé de 28 ans. Une femme blessée dans la même fusillade devrait s'en tirer vivante selon les policiers. Quatre autres personnes ont été touchées par balles tard dimanche, dans les alentours de Kensington Market, et un autre homme a été blessé mardi matin lors d'une fusillade non

loin du coeur du centre-ville. Un total de 22 personnes ont été tuées par balles depuis le début de l'année à Toronto. Le bilan des meurtres s'élève pour sa part à 51 — un chiffre gonflé par l'attaque au camion qui a fait 10 morts en avril. Le maire John Tory et le chef de police Mark Saunders s'entendent pour imputer la plupart des fusillades aux gangs criminels. «Être précis, stratégique et concentré sur cette sous-culture des gangs est une de mes grandes préoccupations», a déclaré M. Saunders en entrevue avec la station de télévision locale CP24. Il compte apprendre à en connaître

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«les joueurs» plutôt que d'intensifier la présence policière dans certains quartiers. Selon le professeur Jooyoung Lee, les jeunes garçons se joignent surtout à des gangs criminels entre 14 et 18 ans. «Ils vivent peut-être dans un contexte où ils sont incertains de leur sécurité, que ce soit aux mains d'autres jeunes ou des policiers, face auxquels ils sont sceptiques pour diverses raisons», explique le chercheur. Toronto demeure l'une des villes les plus sécuritaires en Amérique du Nord, mais la violence armée y soulève de grandes inquiétudes et aucune solution facile, soutient pour

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sa part le maire Tory. «Quiconque suggère qu'il a la réponse entière dans un seul petit slogan ou une seule proposition de politique trompe les gens de Toronto et leur donne de faux espoirs», a-t-il fait valoir aux journalistes. D'ici la fin de l'année, la Ville-Reine aura embauché 200 policiers de plus, et l'administration cherche à rétablir des programmes qui offraient aux jeunes «une alternative plus positive que l'activité des gangs», a ajouté le maire. La Ville appliquera aussi pour du financement fédéral pour la prévention de la criminalité, a-t-il indiqué.


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Emploi

Premiers effets de la pénurie de main-d’œuvre

L’emploi immigrant en croissance au Québec

Plus de la moitié des postes ouverts au Québec entre 2006 et 2017 sont occupés par des immigrants Les revenus des immigrants au Canada sont plus faibles que ceux de l’ensemble de la population née au Canada. Le taux de chômage est aussi plus élevé chez les premiers que chez les seconds. Au Canada, où le marché de l’emploi est très dynamique ces dernières années, le taux de chômage en 2017 s’établissait à 8,7 % contre 6,1 % au Québec. Pourtant, depuis 2006-2007, le nombre d’immigrants dans la population active est en croissance constante. L’ISQ nous apprend que de 2006 à 2017, plus de la moitié des 480 000 emplois créés au Québec, soit environ 250 000, sont occupés par des immigrants. Ainsi, en 2017, quelque 658 000 personnes immigrantes avaient un travail. Ce qui représente 15,6 % des Québécois en emploi, contre 10,9 % en 2006. L’étude, intitulée Regard sur l’apport grandissant de la population immigrante au marché du travail québécois, récemment publiée par l’ISQ nous apprend aussi que la progression de l’emploi s’observe autant chez les hommes (+124 100) que chez les femmes (+126 100). Sans surprise, le plus gros du contingent se retrouve chez les 25 à 54 ans (+187 300) ainsi que chez les diplômés universitaires (+163 700). Mais avoir un diplôme canadien est très payant. Puisque près de la moitié de la croissance de l’emploi

des personnes immigrantes profite à ceux qui ont un diplôme délivré au pays (+116 000). Avantage aux immigrants de longue date La durée de la présence au Canada est également un facteur important selon l’ISQ. Les immigrants qui sont au Canada depuis plus de 10 ans ont été les principaux bénéficiaires de la hausse d’emploi entre 2006 et 2017. Ils représentent environ 63 % de la hausse de l’emploi (+157 900). D’ailleurs plus de 6 de ces immigrants sur 10 qui ont un emploi (65 %) en 2017 sont des immigrants de longue date. Les nouveaux arrivants (moins de 5 ans), en revanche, semblent éprouver plus de difficulté sur le marché du travail. Ils représentent près de 16 % des immigrants, mais n’ont obtenu que 10 % de la croissance de l’emploi. Les immigrants qui sont au Québec depuis plus de 10 ans sont plus représentés dans le marché de l’emploi que ceux nouvellement arrivés. © Vincent Champagne Comparée aux autres provinces canadiennes, la croissance de l’emploi des personnes immigrantes au Québec suit celle observée en Ontario (+369 500) et devance celle de l’Alberta (+221 000). Mais la part des immigrants sur le marché de l’emploi reste en dessous de la

moyenne canadienne qui est de 24%. Le Québec ne devance que les provinces atlantiques (NouveauBrunswick. Terre-Neuve-etLabrador, Île-du-Prince-Édouard, Nouvelle-Écosse) et la Saskatchewan. Travail surtout à temps partiel La croissance de l’emploi chez les personnes immigrantes se concentre fortement dans la région métropolitaine de recensement (RMR) de Montréal, qui affiche une hausse de près de 200 000 emplois comblés

par des personnes immigrantes entre 2006 et 2017. Ce qui représente environ 4 nouveaux emplois sur 5, alors que chez les natifs on parle de 4 emplois sur 10 (43 %). Nous l’avons dit plus tôt, de 2006 à 2017, le Québec a connu une période faste en matière de création d’emplois. Plus de 370 000 nouveaux postes permanents ont été ouverts et près de la moitié d’entre eux (181 800) sont revenus aux immigrants. Parallèlement, la grande majorité de la croissance des

emplois temporaires (80 %) est revenue aux immigrants (+31 800). Alors qu’on parle d’une hausse de seulement 6700 emplois chez les natifs. Au cours de la période, la part des immigrants dans l’emploi temporaire est passée de 9,7 % à 15 %. La proportion est passée de 10,5 % en 2006 à 15 % en 2017 en ce qui concerne l’emploi permanent. Sources : Institut Statistique du Québec et Statistique Canada

Et les nouveaux arrivants? Les nouveaux arrivants du Québec prennent de plus en plus de place sur le marché de l’emploi local. En effet, selon les dernières données de l’Institut de la statistique du Québec, il y a eu une croissance de 480 000 emplois au Québec durant la période de 2006 à 2017, dont 250 000 emplois concernent les personnes immigrantes, soit plus de la moitié des emplois.

Alors que la présence de la population immigrante dans l’emploi représentait 11% en 2006, en 2017 cette proportion est passée à 16%. Selon un des auteurs de l’étude, Marc-André Demers, la croissance de l’emploi “est plus rapide chez les personnes immigrante, oui, que les personnes nées au Canada”.

Cette croissance de l’emploi touche autant les hommes immigrants que les femmes immigrantes, soit 124 100 pour les hommes et 126 100 pour les femmes. Les hommes de 25 à 54 ans (issus de l’immigration) sont rendus avec un taux d’emploi qui est pratiquement identique à celui des personnes qui sont

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nées au Canada. C’est surtout dans la région de Montréal que cette croissance de l’emploi est remarquée, soit 196 700 des 250 000 emplois les concernant, ou environ 80%. Dans la région de Québec, la croissance de l’emploi pour les personnes immigrantes est de 19 400, dans la région de Gatineau de 14 200, la région

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de Sherbrooke de 3700 et ailleurs au Québec de 16 200. La plus forte croissance de l’emploi chez les nouveaux arrivants pendant cette période 2006 à 2017 s’est faite dans l’industrie des soins de santé et de l’assistance sociale, soit de 50 100 emplois. Source: Presse canadienne


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Emploi

Recherche charpentiers-menuisiers; désespérément… La pénurie de main-d'œuvre en charpenterie-menuiserie est telle dans la grande région de Québec que la Commission de la construction du Québec (CCQ) a dû ouvrir le corps de métier à des travailleurs qui n'ont pas encore terminé leurs études dans le domaine.

Cette mesure exceptionnelle est appelée l’ouverture du bassin de main-d’œuvre. L'industrie peut y avoir recours lorsque la CCQ détermine que moins de 5 % des travailleurs d’un corps de métier de la construction sont disponibles à l'emploi. Dans la région de la Capitale-Nationale, il s’agit d’une situation jamais vue depuis 2010, selon la CCQ. « Ça permet de faire rentrer des personnes qui ne sont pas détentrices d’un diplôme dans l’industrie de la construction », résume Mélanie Malenfant, chef des relations publiques pour la CCQ. Les candidatures ont été acceptées pendant une seule journée en juin. La mesure a permis à des travailleurs parrainés par des entrepreneurs de la région d'être embauchés comme apprentis.

L'employeur devait préalablement garantir un minimum de 150 heures de travail et s’assurer que le travailleur ait en main son attestation de formation en santé et sécurité au travail donnant accès au chantier.

Selon la CCQ, cette ouverture devrait avoir permis de combler les besoins les plus urgents pour les charpentiers-menuisiers. Les processus d'embauche sont cependant toujours en cours. Bons souvenirs Pour Mario Boucher, le président du Groupe Symaco, l’ouverture du bassin de main-d’œuvre est non seulement une occasion de recruter, mais aussi un bon souvenir. « Mon père était entrepreneur et j’ai eu accès à la construction comme ça », se souvient-il. Celui qui est à la tête d’une entreprise de 25 employés confirme que la pénurie de main-d’œuvre frappe plusieurs secteurs de l'industrie de la construction. « C’est par période. Pendant les périodes d’été, c’est plus difficile de recruter. L’ouverture de bassin nous permet de recruter et

d’élargir la quantité de candidats disponibles », préciset-il. Grâce à la mesure décrétée par la CCQ, il a embauché récemment un jeune travailleur qui ne détenait pas encore son certificat de compétence. «C’est une bonne chose

parce que ça donne accès à des gens qui travaillent dans la construction hors décret, où les cartes de construction ne sont pas requises» dit-il. Son nouvel employé peut dès maintenant travailler sur ses chantiers en tant qu’apprenti, un statut qui se poursuivra pendant 6000 heures de travail. Après cette

période, il pourra faire l’examen pour devenir compagnon. Comme tous les candidats qui passent par l’ouverture du bassin de main-d’œuvre, il devra toutefois participer à des formations annuelles pour compléter les apprentissages acquis sur les chantiers.

Restauration : lorsque le patron doit enfiler un tablier… La pénurie de main-d'œuvre est toujours criante dans des restaurants de Québec, en plein cœur de la saison touristique.

La situation est telle que certains propriétaires doivent même enfiler un tablier pour aller prêter main-forte dans les cuisines. C'est le cas de Stéphane Grenon, propriétaire de Rioux et Pettigrew et La Bonne étoile dans le secteur du Vieux-Port. « De mettre du temps et de démontrer que je suis là pour eux, c'est juste de faire de la plonge de donner un coup de main à couper des légumes », explique M. Grenon, qui n'est pas cuisinier de formation.

à faire de la mise en place sur les tables », ajoute-t-il. Propriétaire de restaurant depuis cinq ans, c'est cette année que la pénurie se fait le plus sentir. Après les cuisines, le manque de main-d'œuvre commence également à toucher les serveurs et les sommeliers.

Dans le contexte actuel, il faut limiter les changements de menu, mais aussi fermer lors de journées moins achalandées et accepter de servir moins de clients pour éviter d'épuiser le personnel.

Une quarantaine de personnes travaille dans ses deux établissements. Il lui faudrait quatre cuisiniers supplémentaires pour répondre à la demande. Or, trouver la main-d'œuvre qualifiée est un défi de tous les instants.

Faciliter la venue de travailleurs étrangers L'Association des restaurateurs du Québec (ARQ) prévient qu'il faudra patienter encore plusieurs années avant de voir une amélioration. Le manque de maind'œuvre s'explique notamment par la baisse démographique qui a fait chuter les élèves dans les cours de formation professionnelle, estime l'organisation.

« Même mon père s'est offert de venir travailler de temps en temps

L'ARQ plaide pour une plus grande souplesse dans le calendri-

er scolaire. L'initiative du Collège Mérici à Québec de faire commencer les cours plus tard à l'automne aux étudiants en hôtellerie donne un bon coup de pouce. Il faut aussi rendre plus facile le recrutement de travailleurs étrangers, plaide le porte-parole Martin Vézina.

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« Si un restaurateur le fait par luimême, c'est déjà 1500 dollars pour obtenir les autorisations, autant du gouvernement fédéral que du provincial », affirme M Vézina. « À cela s'ajoute le lourd fardeau pour obtenir une étude d'impact sur le marché du travail. C'est un formulaire de 18 pages qui est

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extrêmement complexe avec lequel les entrepreneurs sont un peu laissés à eux-mêmes. » Martin Vézina ajoute que des coûts de plusieurs milliers de dollars s'ajoutent pour assurer le transport d'un nouvel employé jusqu'au Québec.


Conjoncture

ALÉNA : À quoi faut-il s’attendre? «Ça peut changer d'un jour à l'autre, parfois dans la même journée, d'une semaine à l'autre» estime M. Philippe Couillard Le premier ministre du Québec Philippe Couillard estime qu'il ne faut pas faire «une analyse fine» des propos du président américain Donald Trump concernant l'Accord de libre-échange nord-américain, «parce que ça peut changer d'un jour à l'autre, parfois dans la même journée, d'une semaine à l'autre». M. Trump a récemment affirmé qu'il était peu pressé de signer un nouvel accord avant les élections de mi-mandat aux ÉtatsUnis cet automne. «Je crois que tout le monde, dans le domaine économique aux ÉtatsUnis, les gouverneurs qu'on rencontre, les membres du Congrès, savent qu'il faut renouveler, moderniser, l'ALÉNA, mais qu'il faut surtout le conserver, conserver cet immense espace économique nord-américain. Là-dessus je pense qu'il y a un consensus très large. Mais faire de l'analyse fine des propos du président tous les jours, il y en aurait pour longtemps», a lancé M. Couillard lors d'une mêlée de presse à l'Assemblée nationale. De son côté, le gouvernement fédéral s'attend toujours à ce que les négociations de l'Accord de libreéchange nord-américain (ALÉNA) s'accélèrent cet

été, malgré le manque d'empressement du président Trump. Maintenant que le nouveau président du Mexique a été élu, Ottawa espère reprendre les pourparlers dès que possible, a indiqué un représentant du gouvernement canadien au courant des discussions, même si M. Trump affirme qu'il ne signera pas un nouvel accord avant que les électeurs américains ne se rendent aux urnes en novembre. Cette stratégie de M. Trump n'a pas surpris outre mesure le négociateur en chef pour le Québec dans le cadre de la renégociation, Raymond Bachand. «Je ne suis pas surpris, parce qu'il va être obligé de faire des concessions, alors il préfère faire des concessions après les élections, plutôt que d'avoir l'air faible par les concessions qu'il pourrait donner», a avancé M. Bachand. Les efforts visant à relancer les négociations sur l'ALÉNA surviennent alors que le Canada et les ÉtatsUnis s'échangent des tarifs punitifs sur les importations dans le cadre d'une dispute commerciale transfrontalière. La ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a dit avoir discu-

té six fois avec le représentant américain au commerce, Robert Lighthizer, la semaine dernière et s'attend à ce que les négociations de l'ALÉNA passent à la vitesse supérieure cet été. Arrivée d'un nouveau président Le président mexicain élu, Andres Manuel Lopez Obrador, s'est lui aussi dit favorable à la renégociation de l'ALÉNA et souhaite que sa propre équipe d'experts participe aux négociations avant son entrée en fonction, le 1er décembre. Le fonctionnaire canadien, qui s'exprimait sous le couvert de l'anonymat parce qu'il n'était pas autorisé à discuter publiquement du dossier, a indiqué que jusqu'à l'arrivée en poste M. Lopez Obrador, les membres de l'actuel gouvernement mexicain continueront à être les principaux négociateurs pour l'ALÉNA. Raymond Bachand croit toutefois que M. Lopez Obrador voudra aussi avoir ses propres négociateurs pendant la transition. «Il va mettre, évidemment, ses propres négociateurs pour accompagner les autres jusqu'à la transition. Il va prendre la présidence au 1er décembre, alors peut-être que ça va ralentir

le processus, aussi», a-t-il noté. M. Bachand croit aussi que le nouveau président est «probablement plus favorable aux droits des travailleurs, donc à une augmentation du salaire minimum au Mexique, ce qui peut favoriser une entente avec les Américains». Le premier ministre Couillard se réjouit de son côté des premières déclarations du nouveau président au sujet de l'accord, qui signalent, selon lui, une volonté de conserver un accord à trois. «Je dirais que ça éloigne davantage, ce qui est une bonne chose, l'idée de briser l'accord de trois et faire des accords bilatéraux. Je pense que ce n'est plus vraiment à l'horizon. Je pense que tout le monde comprend qu'il va falloir un accord à trois. Ses déclarations initiales ont été plutôt positives, dans le sens qu'il désire participer à la négociation avec son

équipe et il désire que l'accord soit renouvelé, ce qui est positif également», a-t-il analysé. Le premier ministre Justin Trudeau a discuté avec M. Lopez Obrador par téléphone, et les deux ont évoqué «la relation économique et commerciale avantageuse pour les deux pays et la priorité qu’ils ont en commun d’actualiser l’Accord de libre-échange nord-américain, de manière à améliorer la vie de leur population», a indiqué le bureau de M. Trudeau dans un communiqué. Dans un entretien diffusé sur le réseau Fox News, M. Trump a déclaré qu'il pourrait rapidement signer un accord révisé avec le Canada et le Mexique, mais qu'il voulait plutôt obtenir un meilleur accord pour les États-Unis. Interrogé sur le calendrier d'un accord, M. Trump a affirmé: «Je veux attendre après les élections.»

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Coopération

Le Québec ouvre un bureau de représentation au Maroc

Le Canada va-t-il mettre le cap sur l’Afrique? Dakar, Abidjan et bientôt Rabat... C'est là que le Québec ouvre en Afrique un nouveau bureau de représentation. "Nous souhaitons développer nos échanges avec les pays africains.", explique Christine St-Pierre, ministre québécoise des Relations internationales et de la francophonie. La représentante du gouvernement québecois s'est rendue dans la capitale marocaine pour entériner un accord de coopération. Il prévoit d'amplifier les relations entre la province canadienne et le Maroc en matière notamment d'éducation, d'environnement et de culture. Une nouvelle concrétisation d'un changement dans les relations du Québec et du Canada avec le monde en général et avec l'Afrique en particulier. Adieu Washington, Bonjour l'Afrique Le partenariat économique Canada-Etats-Unis a du plomb dans l'aile. Le président américain, Donald Trump tient ses promesses de campagne et privilégie l'industrie américaine alors qu'il s'agit du premier marché à l'exportation pour le Canada. Dès le 1er juin 2018, le locataire de la Maison Blanche a ordonné l'application des taxes douanières sur les importations d'acier (25%) et d'aluminium (10%). Le préjudice devrait être considérable pour l'économie canadienne. Ottawa est le premier exportateur d'aluminium aux États-Unis et le deuxième pour l'acier derrière l'Union européenne. Accroître nos échanges avec l'Afrique qui se développe. Si certains analystes évoquent déjà le spectre d'une guerre commerciale, le Canada entend contre-attaquer en conquérant d'autres marchés. "Avec ce qui se passe avec les Etats-Unis, nous devons développer des marchés ailleurs. Sur l'Afrique le gouvernement du Québec a décidé d'intensifier notre présence. Nous n'étions pas là officiellement et nous ouvrons notre troisième bureau à Rabat au Maroc[...] pour accroître nos échanges avec l'Afrique qui se développe", précise

Christine St-Pierre sur le plateau de TV5Monde. La francophonie économique Pour certains, cette nouvelle implantation est une avancée, pour d'autres il n'en n'est rien. "Je ne vois pas de changement pour l'instant dans la politique canadienne. Les trois bureaux créés sont particuliers au Québec. Ces antennes viennent renforcer la présence canadienne en Côte d'Ivoire, au Sénégal et au Maroc mais si vous regardez à l'échelle du continent africain, c'est une goutte d'eau," indique Jocelyn Coulon ancien conseiller politique du ministre canadien des Affaires étrangères du Canada et chercheur au CERIUM. Au delà du gouvernement québécois, au niveau national, le pays est contraint de changer de stratégie. L'Afrique est-elle le nouvel eldorado pour Ottawa ? "Le

A Monrovia, le chef du gouvernement canadien a annoncé une aide au développement " de 12.5 millions de dollars canadiens (8.6 millions d'euros) pour de nouvelles initiatives visant à favoriser la démocratie, la paix et la sécurité ainsi que l'inclusion et l'égalité des sexes en Afrique". Une visite symbolique pour Justin Trudeau. Le dirigeant libéral a fait de la lutte pour le droit des femmes son cheval de bataille. A l'époque, il s'était entretenu quelques heures avec la présidente du pays Ellen Johnson Sirleaf. «Cela envoit déjà un signal aux Africains, comme quoi, pour lui, il ne s'agit pas d'une destination importante» affirme Jocelyn Coulon, ancien conseiller politique du ministre canadien des Affaires étrangères du Canada.

Le bureau de représentation du Québec à Rabat est la troisième antenne installée en Afrique après celles situées en Côte d'Ivoire et au Sénégal. La province canadienne renforce donc sa présence sur le continent africain. Et au niveau national, Ottawa échaudé par la politique protectionniste de Donald Trump pourrait renouer avec l'Afrique. Canada est à la peine. On est dans une guerre commerciale à outrance avec les ÉtatsUnis donc il est évident que le Premier ministre canadien ne demande pas mieux que de se relancer, par son atout principal : la francophonie économique. Avoir une dirigeante canadienne (ndrl : Michaëlle Jean est à la tête de l'Organisation internationale de la Francophonie et candidate à sa propre sucession) lui permet d'écouler les produits qui se vendent péniblement au Canada", indique Bruno Bernard expert en francophonie économique. Tournée express au Canada A peine un an après sa prise de fonction, Justin Trudeau a fait sa première tournée sur le continent africain en novembre 2016. Mais la visite du Premier ministre s'est cantonnée à deux pays : le Liberia et Madagascar.

d'ambassades sur le continent africain. Or, dix ans plus tôt il en avait 26. C'est donc dire que l'empreinte diplomatique canadienne s'est réduite au cours des dernières années. Maintenant, elle est stable. Il ne semble pas y avoir de plan ou de stratégie pour augmenter la présence diplomatique du Canada en Afrique ", ajoute Jocelyn Coulon.

Une tournée africaine express, juste avant de se rendre à Madagascar au sommet de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) orchestré par la secrétaire générale canadienne Michaëlle Jean. "Ce sont les seules visites du Premier ministre canadien en trois ans. Cela envoit déjà un signal aux Africains, comme quoi, pour lui, il ne s'agit pas d'une destination importante. Je pense que c'est une erreur, puisque nous sommes membres de la francophonie et du commonwealth et la majorité des membres de ces deux organisations sont en Afrique", souligne Jocelyn Coulon.

Le pays semble avoir fait du "softpower" et de la francophonie ses axes majeurs pour étendre son implantation en Afrique. "Si on veut avoir une vraie stratégie de retour en Afrique pour atteindre des objectifs diplomatiques et économiques, il faudrait que le personnel politique canadien fasse de l'Afrique une destination régulière. Et qu'il y est plus des représentations politiques dans les pays. Si on fait une comparaison, la Norvège a autant de représentation que le Canada. Sans compter les 45 ambassades de la Turquie en Afrique. Or la Canada a historiquement une présence en Afrique qui a plus de 100 ans. Puisqu'il y a des missionnaires canadiens qui ont ouvert des universités au Rwanda, au Burkina Faso etc.", précise Jocelyn Coulon.

Regain d'intérêt limité En revanche en matière diplomatique, les signes d'un regain d'intérêt pour l'Afrique sont limités. "Quand j'ai quitté le Canada en février 2017, le pays avait près d'une vingtaine

Pourtant le Canada est présent en Afrique subsaharienne. L'armée canadienne intervient au Mali conjointement avec les soldats de la Minusma pour lutter contre les organisations terroristes. Plus de 200 hommes parti-

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cipent aux opérations dans la région et le gouvernement soutien aussi l'effort des forces armées avec l'envoi d'hélicoptères. Des marchés à conquérir Chine, États-Unis et anciens empires coloniaux se partagent les principaux marchés sur le continent africain. Le Canada tente aussi de jouer des coudes et de s'imposer. "Notre plus grand intérêt, pour l'instant, ce sont les investissements que nous avons dans les mines, assure Jocelyn Coulon. Ce sujet était d'ailleurs abordé dans un ouvrage d'Alain Deneault, Noir Canada "Pillage, corruption et criminalité en Afrique"​. "On est très présents en Afrique de l'Ouest, centrale et australe. C'est à peu près le seul domaine économique où le Canada a une présence très forte, ajoute Jocelyn Coulon. Pour le reste, nous sommes absents. On peut dire que cette absence a commencé avec le gouvernement conservateur de Stephen Harper entre 2006 et 2015. Puisque l'accent a été mis plutôt sur les relations avec l'Amérique latine ou avec la Chine. Et les conservateurs ont fermé les ambassades ont réduit une partie de l'aide au développement et ne se sont pas réellement intéressés au continent africain. Depuis trois ans, maintenant que les libéraux sont au pouvoir on ne voit pas un véritable intérêt pour le continent africain. " Le Canada compte ses pions sur l'échiquier africain.


Portrait

Hassan Guillet, l’imam et la politique! Par Selma Regragui

Cette année, la quarante deuxième élection générale Québécoise, qui se tiendra le 1er octobre 2018, sera sujette à rebondissements, changements et challenges. Un amalgame de vœux de métamorphoses politiques positives exprimés par les citoyens et un Salto assez périlleux de la part de profils inhabituels de candidats qui ont pour objectifs de servir le citoyen, protéger ses droits et veiller à ce qu’il soit conscient de ses devoirs. Une candidature a fait couler beaucoup d’encre et a attiré les médias autour de cette incommensurable ferveur de démontrer une autre facette du citoyen québécois de confession musulmane. Cet homme déploie tout ce qu’il juge opportun de déployer, pour contrer les clichés stéréotypés véhiculés à tort à l’encontre de la communauté musulmane du Québec. Hassan Guillet est un personnage à découvrir et à écouter. Le sermon qu’il avait livré suite à l’attentat de la Mosquée à Québec du 29 janvier 2017 a résonné pendant longtemps dans les oreilles du Québec et du monde entier. Hassan Guillet a accepté, sans hésitation, de répondre à nos questions dans le cadre de sa candidature à l’investiture libérale dans la circonscription fédérale de SaintLéonard – Saint-Michel à Montréal. •Selma Regragui: M. Hassan Guillet, vous êtes un Imam, mais pas que, vous êtes aussi un pilote, ingénieur et avocat. Vous êtes polyglotte et bien orienté intellectuellement. Pourquoi ne se concentre-t-on que sur votre côté religieux et pas sur vos autres compétences pouvant vous permettre d'être au service du citoyen comme il le souhaiterait? Hassan Guillet : Il faut plutôt poser la question aux personnes qui essaient de se concentrer sur le titre d’Imam et faire abstraction de toutes mes autres expériences et compétences que je peux mettre au service de la société. Certaines personnes essaient au nom de la laïcité de brimer les droits d'autres citoyens. L'état est laïque, mais les citoyens ne le sont pas nécessairement, et l'état ne doit être ni religieux ni antireligieux. Chacun a le droit de prati-

quer la religion qu'il veut ou ne pratiquer aucune religion s'il le veut. Les parlements doivent, dans une démocratie comme la nôtre, être représentatifs de tous les citoyens indépendamment de leurs religions, origines ethniques, gendres, orientations sexuelles, ou conditions sociales. • Quelles étaient vos motivations réelles lorsque vous aviez pensé vous présenter aux élections de 2018?

• Votre engagement politique est assez controversé, créant la polémique entre les fervents opposants à votre candidature et ceux qui y voient une reconnaissance de la participation de la communauté musulmane à la vie politique au Canada, Pensez-vous que faire de la politique avec toute la pression que ceci pourrait engendrer, vous éloignera-t-il de vos engagements religieux?

Hassan Guillet : Comme vous avez dit dans votre introduction, je suis polyglotte avec un parcours multidisciplinaire et une culture universelle et multiconfessionnelle. Je suis ingénieur, avocat, et agriculteur. Je suis aussi un écrivain et un orateur qui défendait les droits des canadiens de confession musulmane et toutes les autres minorités et qui prêchait la tolérance, le vivre-ensemble, l'intégration, et l'harmonie sociale sur toutes les tribunes, et pourquoi pas la tribune de la Chambre des Communes? Donc mon implication politique est une continuité de mon implication sociale et un pas en avant vers une société juste et équitable où tous les citoyens sont égaux et ont les mêmes droits et mêmes obligations devant la loi et ont les mêmes chances à l'éducation, à l'emploi, au respect, et à la dignité.

Hassan Guillet : Comme toute personne équilibrée et engagée j'ai plusieurs facettes à ma personnalité. Je suis père, mari, ingénieur, avocat, Imam, écrivain, agriculteur,... etc. Ces côtés de ma personne complètent l'un l'autre et aucun ne brime l'autre. Exactement comme c'était le cas des savants durant l'âge d'or de la civilisation arabo-musulmane. Le savant à cette époque glorieuse de notre histoire était à la fois théologien, philosophe, astronome, poète, mathématicien etc. C'est pour cette raison qu'on ne parle pas de clergé en Islam, on parle plutôt de "Oulama" qui se traduit par le mot savant. Donc servir ma société comme député et ministre va tout simplement ajouter une expérience de plus à mes expériences assez variées, ça va additionner et non pas soustraire.

• Une candidature pas comme les autres, Hassan Guillet, avezvous forgé une carapace qui vous protégera contre les attaques féroces des opposants à la candidature d'un homme de religion?

• Partant du postulat que vous êtes engagé à défendre votre candidature contre vents et marées, qui voteraient pour vous, éventuellement ?

Hassan Guillet : Bien sûr j'ai développé une carapace. Depuis mon jeune âge ma vie est une bataille continue contre le cynisme et le désespoir. Je ne peux même pas compter le nombre des gens que j'ai rencontré dans ma vie qui essayaient de me convaincre que tel ou tel projet est impossible. Par contre le mot impossible ne fait pas partie de mon vocabulaire. Je viens d'un milieu modeste et j'ai frayé mon chemin seul en démolissant les obstacles un par un et certainement, je ne m'arrêterais pas aujourd'hui. La bataille que je mène aujourd'hui mérite d'être menée et doit être notre bataille à nous tous pour léguer à nos enfant une société digne de nos rêves.

Hassan Guillet : Voteront pour moi tous ceux et celles qui voudraient avoir une meilleure représentativité des citoyens, indépendamment de leurs origines ethniques ou leur appartenances religieuses. Aussi voteront pour moi tous ceux et celles qui voudraient avoir un meilleur avenir pour eux et pour leurs enfants. C'est anormal et inacceptable que des professionnels qui ont toutes sortes de professions et de diplômes soient réduits au chômage ou à occuper des postes non liés à leurs spécialités et beaucoup moins rémunérés à cause de leur religion ou leur origine ethnique. C'est le temps qu'on prenne notre place dans cette société qui est la nôtre, et c'est le temps que cette société puisse profiter au maxi-

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mum de nos expériences et nos compétences. Nous sommes des citoyens comme les autres. Nous devons être des citoyens à part entière avec les mêmes droits et les mêmes obligations que tous les autres citoyens de ce pays. Le lendemain de mon discours à Québec, qui a fait le tour du monde, et qui a été twitté par J. K. Rowling, l'auteure très célèbre de la série Harry Potter, j'ai reçu un appel téléphonique de notre Premier Ministre, le très honorable Justin Trudeau. Il m'a félicité et m'a remercié pour avoir su " panser les blessures, apaiser la douleur et souder la société ". Je suis fier de l'avoir fait, il ne faut pas me priver de mes droits de pouvoir continuer à servir mon pays de la façon que je jugerais utile. Il ne faut pas non plus empêcher la société de bénéficier de mes compétences et de mes

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expériences pour la simple raison que j'ai répondue à l'appel de cette même société dans un moment critique de son histoire. Pour toutes ces raisons je me mets au service de tous les citoyens de Saint-Léonard-Saint-Michel et j'invite tous ces citoyens à se joindre à moi pour bâtir un meilleur avenir pour nous tous. Seul je ne pourrais pas le faire, ensemble nous réussirons. J'invite tous ceux et celles qui sont intéressés à se dédier à ce projet stimulant et très valorisant à me contacter pour qu'on puisse travailler ensemble pour le bien commun. Téléphone: 514-691-7257 Courriel: hassan.guillet@gmail.com Facebook: Hassan Guillet - politicien Twitter: @HassanGuillet


Droits & libertés

La reconnaissance faciale au service de la police Le géant du détail Amazon a-til franchi une ligne éthique indéfendable en vendant son programme de reconnaissance faciale à un service de police pour espionner potentiellement tous les habitants d'une grande ville? L'histoire risque de se répéter un peu partout dans le monde, si ce n'est pas déjà le cas.

La police d’Orlando l’aurait utilisé de concert avec des caméras de surveillance installées dans la ville pour y suivre des personnes représentant un « intérêt ». La nouvelle a d’ailleurs été confirmée par un des dirigeants d’Amazon lors d’une conférence organisée en Corée du Sud il y a quelques semaines.

Retour en arrière, en Allemagne de l’Est, à la fin des années 80. Dans son livre consacré à la police secrète d’un des régimes politiques les plus répressifs de l’histoire (Stasi: The Untold Story of the East German Secret Police), le journaliste John Koehler avait estimé que, durant les 40 ans de répression du régime communiste est-allemand, la Stasi avait tissé un réseau d’espions d’une taille à faire frémir.

Le service de police d’Orlando a indiqué de son côté qu’il s’agit d’un « projet pilote » et que le service a été déployé en respectant la loi. Sauf que le cadre juridique entourant l’utilisation de ces nouvelles technologies est plein de trous. Ce n’est pas moi qui le dis : c’est l’une des plus grandes

Alors que l’Union soviétique employait 480 000 espions pour une population de 280 millions d’habitants (soit 1 espion pour environ 6000 habitants), Koehler estime que la République démocratique allemande alimentait un réseau hallucinant de 1 espion pour... 6,5 citoyens! On trouvait même des espions occasionnels parmi… les adolescents. Quelque 10 000 jeunes de moins de 18 ans figuraient sur les listes de la Stasi découvertes après la chute du mur de Berlin. Bonjour la police! Trente ans plus tard, certains services offerts par Amazon auraient pu faire rêver n’importe quel agent de la défunte police secrète est-allemande. La carte cachée de ce géant américain : Amazon Web Services, son service d’infonuagique aux entreprises. AWS, pour les intimes, représente 32 % de parts de marché dans son domaine. Loin devant le numéro 2, Azure, de Microsoft, qui plafonne à 15 %. On a appris cette semaine qu’Amazon a vendu à plusieurs corps policiers son programme de reconnaissance faciale, Rekognition. Un nom avec un « k » tout droit sorti d’un film de science-fiction, avouons-le. Le très performant logiciel est logé sur les serveurs d’AWS.

La peur de Big Brother Longtemps un fantasme d'écrivains de science-fiction, le fait de déverrouiller un appareil ou de payer un achat d'un simple regard est désormais une réalité, largement popularisée par le très médiatisé iPhoneX d'Apple, sorti fin 2017. Mais des forces armées, des services d'immigration ou de police du monde entier l'utilisent également pour identifier un suspect dans une foule ou faire correspondre le visage d'une personne en garde à vue avec une base de données de délinquants. Une réalité désormais La reconnaissance faciale a permis fin juin d'identifier plus rapidement le tireur du journal Capital Gazette, qui a fait cinq morts près de Washington aux États-Unis. Sans elle, « nous aurions mis beaucoup plus de temps à l'identifier et à faire avancer l'enquête », selon la police locale, avec laquelle il refusait de collaborer. Dans le Maryland, où a eu lieu la fusillade, l'organisme public, qui gère notamment les prisons, a depuis 2011 une base de données de reconnaissance faciale, selon une étude de 2016 de l'université de Georgetown. Il dispose ainsi de quelque 7 millions d'images issues des permis de conduire, ainsi que 3 millions de clichés de « délinquants connus ». Manque de fiabilité Mais pour nombre de défenseurs des libertés publiques, reconnaissance faciale est plutôt synonyme de Big Brother. D'autant que plusieurs études mettent en lumière son manque de fiabilité, surtout pour les

personnes non blanches. Selon l'université de Georgetown, environ 117 millions d'adultes aux États-Unis figurent à leur insu dans des bases de données permettant la reconnaissance faciale, utilisées par les forces de l'ordre, fédérales et locales, alors même que cette technologie n'est que très peu régulée. Au Royaume-Uni, l'ONG Big Brother Watch a dénoncé récemment le manque de fiabilité de la reconnaissance faciale automatique, qui consiste à enregistrer et numériser les visages dans un endroit public pour les identifier en temps réel et les comparer à des bases de données. Selon Big Brother Watch, non seulement cette technique aboutit à procéder à un contrôle biométrique de n'importe quel citoyen, mais, de plus, elle n'est pas fiable puisque selon les chiffres de la police londonienne elle-même, le système actuellement en test - se trompe dans l'identification des personnes dans la quasi-totalité des cas, croyant à tort reconnaître des délinquants. « La vraie inquiétude, ce serait de voir des policiers identifier à la demande des citoyens innocents avec des caméras sur leurs uniformes », pense Matthew Feeney, du Cato Institute, un groupe de réflexion libertarien aux États-Unis. Inquiétude aussi pour Brian Brackeen, pourtant à la tête de Kairos, une société qui conçoit un logiciel de reconnaissance faciale. « La surveillance gouvernementale alimentée par la reconnaissance faciale est une incroyable violation de la vie

privée de tous les citoyens et une pente glissante vers la perte complète de nos identités », dit-il. Clare Garvie, qui a mené l'étude de Georgetown, estime que depuis deux ans, « la reconnaissance faciale a été déployée de façon plus large et plus active » aux États-Unis, notamment pour le contrôle aux frontières. Cette technologie n'est déjà plus de la science-fiction en Chine, en pointe sur le sujet, où elle y est largement utilisée pour surveiller les citoyens. La collaboration des entreprises technologiques contestée Plusieurs groupes technologiques sont présents dans la reconnaissance faciale, comme Microsoft, dont la technologie est utilisée aux frontières, tandis que le Maryland se sert de celle de l'Allemand Cognitec et du Japonais NEC. Ces entreprises ne sont pas épargnées par la controverse, comme Amazon, qui fait face à une fronde d'employés et de militants lui reprochant de vendre ses technologies à la police. Le géant de l'internet se défend en assurant qu'il ne mène aucune activité de surveillance, ni ne fournit de données à la police, ajoutant que sa technologie peut aider à retrouver des enfants disparus ou lutter contre le trafic d'êtres humains. Face à une autre critique récurrente, IBM a lancé récemment une étude « pour améliorer la compréhension des préjugés dans l'analyse des visages », tandis que Microsoft assure faire des progrès dans l'analyse de « toutes les nuances de couleurs de peau ».

spécialistes de la question, Clare Garvie, dont j’ai assisté à la conférence lors du dernier festival South by Southwest (SXSW). Dans une lettre récemment rendue publique, l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU) ainsi qu’une quarantaine d’organismes de défense des droits humains réclament l’arrêt immédiat de relations d’affaires entre Amazon et les forces de l’ordre par respect des droits fondamentaux. Juste ça. Un de leurs arguments? Les nombreux abus possibles au chapitre de la surveillance des citoyens à partir du moment où la police dispose d’un logiciel performant et de caméras. « Qui surveillera les surveillants? » Cette question, posée par Edward Snowden au lendemain des révélations du programme d’écoute de l’Agence de sécurité nationale (NSA), il y a trois ans, revient nous hanter. Pour le moment, difficile d’y répondre. Selon l’ACLU, la constitutionnalité de l’utilisation de tels services n’a jamais été étudiée par les cours de haute instance aux États-Unis. Devant l'inexistence d’un avis légal digne de ce nom, il semble qu’Amazon a fait beaucoup de pression sur les corps policierspour qu’ils branchent non seulement les caméras de surveillance à Rekognition, mais également les caméras Suite à la page 26

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Droits & libertés

La reconnaissance faciale au service de la police Suite de la page 25

que les agentsportent sur eux. Amazon a toutefois retiré la mention de la possible utilisation de l’algorithme sur les caméras des policiers à la suite de discussions avec l’ACLU. Comme tout bon chercheur en intelligence artificielle vous le dira, même si les taux d’erreur des logiciels de reconnaissance faciale sont de plus en plus minces, il n’en demeure pas moins qu’ils en produisent, les fameux « faux positifs ». On apprenait d’ailleurs cet hiver que plus les programmes de reconnaissance faciale étudiaient des groupes sociodémographiques traditionnellement défavorisés, plus le taux de faux positifs augmentait. Un passeport pour la répression? La Chine utilise déjà des algorithmes de reconnaissance faci-

ale fournis par l’entreprise Megvii pour mener une vigoureuse campagne de répression dans l’ouest du pays. Les organisations civiles qui ont lancé un signal d’alarme cette semaine ont souligné à juste titre le vide juridique dans lequel se déroule ces premiers

« tests » que font les forces de l’ordre de leur nouveau joujou robotique. Et que le potentiel algorithmique d’amplifier les abus et les préjugés déjà existants n’est plus à démontrer. Faudra-t-il un jour se maquiller de manière précise pour ne pas

être identifié par les algorithmes de reconnaissance faciale qui pourraient éventuellement parsemer nos villes? En 2010, l’artiste Adam Harvey avait imaginé des coiffures et des maquillages destinés à rendre l’identification des visages impossible par les caméras de surveillance, une apparence

plutôt jolie et futuriste au nom qui rappelle les camouflages employés sur les bateaux durant la Première Guerre mondiale : CV DAZZLE. Mais peut-être aussi qu’un jour, il sera aussi interdit de se maquiller. Sur ordre de la police.

Reconnu par un algorithme, il est arrêté dans une foule de 60 000 personnes Un suspect recherché pour « crimes économiques » en Chine a été arrêté après avoir été repéré parmi 60 000 personnes grâce à un système de reconnaissance faciale.

« Le suspect avait l’air complète-

ment pris par surprise lorsqu’on l’a emmené », a raconté l’officier Li Jin à l’agence de presse d’État Xinhua. M. Li a ajouté que le suspect, désigné par son nom de famille Ao, ne croyait pas qu’il pourrait être localisé aussi rapidement dans une foule.

L’entrée du concert auquel il assistait était équipée d’un système de reconnaissance faciale relié à des caméras de surveillance.

« Si j’avais su, je n’y serais pas allé au concert », aurait indiqué

M. Ao lors de son interrogatoire, selon une vidéo mise en ligne par le site d’actualités Kan Kan.

On estime à 170 millions le nombre de caméras de surveillance installées à travers la Chine. Quelque 400 millionsdevraient

être ajoutées dans les trois prochaines années pour alimenter l’un des systèmes de surveillance les plus sophistiqués au monde.

Justice

Peine dans la communauté pour avoir fraudé le gouvernement Le cofondateur d'une firme informatique de Québec et un haut fonctionnaire du ministère de la Sécurité publique sont condamnés à 18 mois de détention pour avoir fraudé le gouvernement, mais le juge leur permet de purger leur peine dans la communauté. Mohamed El Khayat qui était administrateur de la firme informatique EBR et Abdelaziz Younsi du ministère de la Sécurité publique ont comploté dans le cadre d'un contrat de 3 millions de dollars qui visait à renouveler le parc informatique

du ministère. Ils ont créé un système comptable parallèle de 400 000 $ qui aurait échappé au gouvernement. Le juge Alain Morand retient que les deux hommes n'ont pas commis leurs crimes pour leur bénéfice personnel. Il les a déclaré coupables d'abus de confiance, complot, fraude et fabrication de faux documents, des gestes que le juge a qualifiés d' « erreurs de jugement ».

Les deux hommes âgés dans la soizantaine avaient été arrêtés par l'Unité permanente anti-corruption (UPAC) en juin 2014. Le juge Morand a d'ailleurs souligné que Younsi et El Khayat ont respecté toutes leurs conditions de remise en liberté depuis ce temps, avant de leur accorder une peine dans la collectivité. Le juge ordonne aussi aux deux hommes de réaliser 240 heures de travaux communautaires. La poursuite avait réclamé une peine de prison ferme de deux

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ans moins un jour. Abdelaziz Younsi a obtenu du juge la permission de pratiquer un sport à l'extérieur de son domicile, pendant sa peine. Cet exercice lui a été prescrit par un médecin à la suite d'un épisode dépressif qu'il a vécu après son arrestation. Par souci d'équité, le juge permet également à El Khayat de quitter sa résidence deux fois par semaine pour une activité personnelle.

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Ils devront aviser leur agent de surveillance lorsqu'ils vont se prévaloir de cette permission. Mohamed El Khayat pourra également sortir de chez lui pour la suite des procédures dans une autre cause judiciaire. Le cofondateur d'EBR est en attente de connaitre sa peine après avoir été déclaré coupable dans un autre dossier, concernant un contrat informatique à l'Agence du revenu du Québec .


Cultures

Le Maroc brille au ‘‘Ottawa Welcomes the World’’ Le Maroc a été brillamment représenté par l’ambassade du Royaume à Ottawa qui a participé, en partenariat avec le Centre Culturel Marocain « Dar Al-Maghrib » et la représentation de la Royal Air Maroc à Montréal, au Festival culturel international « Ottawa Welcomes the World », qui s’est ouvert samedi dernier, dans la capitale fédérale du Canada. Le pavillon marocain aménagé à cette occasion dans l’enceinte de l’emblématique édifice de l’horticulture au Parc Lansdowne, a ainsi présenté, pendant la journée du 2 juillet, au public du Festival un florilège du savoir-faire des artisans d’art marocain et de certaines expressions patrimoniales spécifiques du Royaume. Un point d’information tour-

istique sur le Maroc a également été au programme, ainsi que des présentations audiovisuelles mettant en évidence la diversité du patrimoine culturel et le grand potentiel économique du Royaume. Tout au long de cette même journée, le groupe « Marocouleurs » a entraîné les festivaliers canadiens, dans un voyage musical haut en couleurs, dans lequel il a alterné, dans un savant mélange, des morceaux de musique gnaouie, mais aussi des séquences de musique des principales régions du Maroc. Par ailleurs, une cérémonie de thé et une dégustation de spécialités pâtissières marocaines ont été également au programme comme illustration de la tradition

conviviale et de l’hospitalité marocaines. Initié en 2017 par le Maire de la ville d’Ottawa, Jim Watson, dans le cadre de la célébration du 150ème anniversaire de la Confédération

du Canada, cet événement vise à promouvoir le dialogue des cultures, et à renforcer les échanges entre les différentes communautés vivant dans la capitale canadienne.

L’édition de cette année a connu la participation aux côtés du Maroc, de nombreux pays tels que l’Arabie Saoudite, l’Egypte, le Pérou, l’Ethiopie, la Corée du Sud, le Koweït, les Emirats Arabes Unis et l’Ouganda.

Rythmes

Draa Tribes à la conquête du Canada Le premier voyage en sol nordaméricain pour un séjour de dix jours avec des arrêts à Sherbrooke, Montréal et Toronto du groupe Daraa Tribes débutera le 8 août prochain Trois spectacles à Sherbrooke En partenariat avec le Festival des traditions du monde de Sherbrooke, Daraa Tribes effectuera une résidence musicale de trois jours avec Red Tail Spirit du Canada. Pour cette occasion unique, Red Tail Spirit sera composé de deux musiciens qui ont fait la résidence musicale au Maroc en 2017, Wishe Tremblay et Akawui Riquelme-Catalan, de deux joueurs de tambour Atikamekw du Groupe Northern Voice, Rykko Bellemare et Nikan Boivin, et de Simon Denizart, pianiste de renommé, qui viendra apporter une touche 'jazzée' à la collaboration. Le premier arrêt se fera donc à Sherbrooke, dans un village du monde des plus festifs, où les deux groupes pourront échanger entre eux mais aussi rencontrer des artistes et des festivaliers de tous horizons

Les spectacles auront lieu du 10 au 12 août dans le cadre du Festival des traditions du monde de Sherbrooke (1671, chemin Duplessis, Sherbrooke).

boulevard Saint-Laurent (coin Marie-Anne). Cet événement aura lieu le mercredi 15 août 2018 à 21 h; les billets sont déjà en vente.

En plus des spectacles et des ateliers individuels des deux groupes, le résultat de leur collaboration sera présenté le dimanche 12 août à 17 h 30.

Et fin de séjour à Toronto

Un rendez-vous à Montréal Pour un soir seulement, le public Montréalais pourra aussi danser aux rythmes du Sahara et blues du désert au légendaire Club Balattou situé au 4372

Le séjour de Daraa Tribes au Canada se terminera le vendredi 17 août 2018 dès 18 h au 17e Festival annuel de Small World Music. C’est sur le bord du lac Ontario, sur la grande scène WestJet, que le spectacle aura lieu, tout juste avant Vieux Farka Touré, surnommé ‘le Hendrix du Sahara’. (17th Annual Small World Music

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Festival - sur la scène WestJet, Harbourfront Centre de Toronto, 235 Queens Quay West) Dans les pas de Peter Gabriel… La programmation est guidée par la notion d '« intersections » - reliant les communautés, juxtaposant des formes traditionnelles et de pointe, regardant le passé et l'avenir de la musique culturellement diversifiée. Le Festival Small World Music de cette année s'inspire et célèbre le 30e anniversaire de WOMAD, qui a eu lieu au

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même endroit. L'événement musical mondial le plus influent au monde - un monde d’art et de musique - a été fondé par Peter Gabriel et est devenu un événement marquant pendant son mandat à Harbourfront. L'inspiration et l’ouverture qui en ont résulté, a directement mené à la formation de Small World Music. Trois décennies plus tard, cet héritage résonne dans le multiculturalisme du 21e siècle à Toronto….


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Cultures

Festival des traditions du monde de Sherbrooke

Treize jours d’émotion

avec la 32ème édition du Festival International Nuits d’Afrique Le Festival International Nuits d'Afrique c'est 13 jours d’émotions et de découvertes, sans décalage horaire: près de 700 artistes provenant de 30 pays d’Afrique, des Antilles et d’Amérique latine, 125 concerts et activités, 8 séries, 6 salles et 6 jours de programmation extérieure gratuite, du 17 au 22 juillet, au Parterre du Quartier des spectacles. Une destination culturelle empreinte d’authenticité et un concentré de plaisir festif pour toute la famille. Des grands noms de la scène internationale aux nouvelles générations d’artistes d’ici et d’ailleurs, chaque concert est un événement en soi et une escale musicale. Parmi les grands noms à l’affiche cette années figurent ainsi Dicko Fils (Burkina faso) et sa voix exceptionnelle, Sabry Mosbah (Tunisie) qui fait vibrer les traditions soufi, malouf, hadhra et mezoued à grands coups de riffs distordus "sa

poésie épousant les accents des bendirs; des tambours; les notes en graines d'une guitare folk, les glissendi d'une fretless, le tout ficelé par une solide énergie rock".

On pourra également aller applaudir dans la série les Étoiles Nuits d’Afrique, Djely Tapa (Mali - Qc), Djely Groove et Mansa Sissokho.

Également présence très remarquée de Femi Kuti & The Positive Force (Nigéria), en concert d’ouverture officielle.

Dans la série Révélations, ne manquez pas les rendez-vous donnés par Oktopus (Québec) avec ses archets et ses touches,

ses pistons et ses bouches, l'octuor nominé au Juno 2018, transfigure la musique d’Europe de l’Est par ses arrangements débridés et parcourt le monde en quête de fêtes à célébrer, de foules à réunir, et de gens à attendrir. En savoir plus ne manquez pas Barbara Guillaume (Haïti). Cette grande dame de la chanson haïtienne en impose,

avec sa voix chaude puissante, et digne, qui laisse entrevoir une personnalité entière et rieuse. Son vaste répertoire est un véritable témoignage d'amour pour la perle des Antilles. En savoir plus Info-Billetterie : festivalnuitsdafrique.com

SLĀV Autour d’une controverse…

L’appropriation culturelle, miroir des âmes? Les houleux débats entourant le spectacle SLĀV, élaboré autour de chants d’esclaves afro-américains par Betty Bonifassi et Robert Lepage, ont fait de l’appropriation culturelle un sujet chaud dans les grands médias québécois ces derniers jours. Les discussions, très polarisées, semblent émerger de points de vue fort différents chez les francophones et les anglophones. Estce une résurgence des deux solitudes ? Y a-t-il deux façons de percevoir les questions d’appropriation culturelle au Québec ? « Les préoccupations relatives à la représentation de la différence constituent un élément récurrent de la recherche et de la critique entourant le travail de [Robert] Lepage ; ces préoccupations ont toutefois été exprimées quasi exclusivement par des auteurs anglophones. » Cette réflexion n’est pas née des commentaires sur SLĀV, mais d’une étude de

2008 sur les Problèmes de représentation dans Zulu Time, signée par Karen Fricker, alors professeure à l’Université de Londres et désormais critique au Toronto Star.

Il y a dix ans, ce cabaret technologique mettant en scène un monde d’aéroports où, forcément, de nombreuses cultures se croisent portait des représentations de personnages de différentes origines – représentations qui avaient suscité des réactions fort différentes selon les milieux. Plusieurs anglophones et membres de communautés immigrantes avaient réagi négativement à ce qu’ils considéraient comme des visions stéréotypées et réductrices. De leur côté, « les commentateurs [francophones] traitent fréquemment le spectacle en termes d’universalisme ». Une variété de réactions qui, selon Fricker, souligne à quel point il est dur d’établir un consensus sur

une valeur universelle, un universel qui ne peut prendre forme que dans un contexte local. « Le fait que des observateurs provenant de contextes autres que le contexte francophone québécois trouvent certaines de ces représentations de la différence problématiques, tandis que ce n’est pratiquement jamais le cas

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des critiques québécois francophones, souligne la présence de codes et d’attentes spécifiques à la culture québécoise quant à la représentation de la différence. » Jour de la marmotte ? Dans les protestations entourant SLĀV, surgies durant la dernière quinzaine, certains ont cru voir

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un fossé entre francophones et anglophones ; entre les chroniques de La Presseet celles de The Gazette ; entre le « Wake Up Quebec, and listen » émis sur Twitter par Win Butler, chanteur d’Arcade Fire, et la lecture de censure qu’a adoptée Robert Lepage lui-même.


Voyages

Les pires passagers au monde…

… ou quand des gens ordinaires deviennent des monstres Les vols en avion peuvent transformer un adulte raisonnable en la pire personne imaginable. De nombreux passagers, semble-til, croient que leur billet d’avion leur donne le droit exclusif d’accaparer les agents de bord et d’être aussi grossiers et exigeants que possible. Une étude effectuée par l’Association of Flight Attendants a révélé que 68 % des agents de bord ont subi du harcèlement sexuel pendant leur carrière. Seulement 7 % d’entre eux ont rapporté ces faits à leur employeur. Milla* et Elena*, toutes deux âgées de 30 ans, ont accepté de raconter les pires situations qu’elles ont vécues lors de leurs 12 années combinées d’expérience en tant qu’agentes de bord. Elles ont raconté leurs histoires de gars creepy et de femmes qui hurlent à propos d’un plat de pâtes alimentaires. Harcèlement Milla : Le simple fait de voir une agente de bord semble éveiller des fantasmes sexuels chez des gens. Il est souvent facile de les reconnaître juste par la façon dont ils vous fixent pendant que vous faites la démonstration des mesures de sécurité. Une fois, il y avait un homme assis à côté de sa copine sur un vol vers Nice qui me reluquait carrément. C’était dégoûtant. Une autre fois, un passager a écrit un message libidineux sur un sac vomitoire et me l’a donné. C’était tellement irrespectueux. Personne n’écrirait ça à son médecin. Elena : Ce sont habituellement les vieux hommes en complet qui me draguent. Des fois, ils me tendent leur carte professionnelle, d’autres fois, ils me crient quelque chose de déplacé. Il faut juste trouver une manière de gérer ces situations-là en restant professionnelle et amicale. Je ne leur dis pas que c’est inapproprié, je prends leur carte et je la jette aux poubelles plus tard. Une fois, je travaillais en première

classe et je parlais avec un homme âgé que je voyais régulièrement sur des vols en direction de Téhéran. Il m’a parlé de ses enfants, m’a dit qu’ils avaient environ mon âge et que sa fille étudiait en médecine, comme moi. Il m’a ensuite offert de me faire visiter Téhéran. J’aime la ville et les Iraniens, et mes collègues ne voulaient pas sortir, alors j’étais heureuse d’accepter son offre. Après m’avoir fait visiter la ville, il m’a demandé si j’avais un copain et quel âge les hommes que je fréquentais avaient habituellement. Il a ajouté que, même sil était beaucoup plus âgé, il était jeune de cœur et qui plus est riche. Il m’a dit qu’il serait bien que j’aie quelqu’un pour me soutenir financièrement. Il m’a ensuite demandé de l’embrasser. Heureusement, il n’a pas insisté lorsque j’ai refusé. Ça m’est arrivé plusieurs fois que des hommes s’intéressent à mes études et m’offrent une forme de soutien. Je suis généralement naïve quand ça se produit, parce que je présume que les gens ont de bonnes intentions. Mais ça n’est jamais vraiment le cas. Excréments et vomi Milla : Une fois, il y avait un passager tellement saoul qu’il a vomi dans son sac vomitoire. Je ne comprendrai jamais pourquoi, mais lorsqu’on a atterri, il est venu vers moi, a tenu le sac devant mon visage, a tapé sur le bord du sac en disant : « J’ai vomi. » Son vomi est sorti par le haut du sac et m’a éclaboussée partout. C’était absolument dégoûtant. Elena : J’ai déjà eu un passager qui s’est chié dessus en plein vol. L’avion en entier sentait tellement mauvais que les autres passagers perdaient la carte. Crimes Milla : Après avoir surpris quelqu’un qui fumait dans les toilettes, ma collègue a confisqué son passeport. Elle lui a dit qu’elle le lui redonnerait à l’atterrissage et

qu’elle rapporterait son geste aux autorités. Mais, après avoir regardé son passeport de plus près, elle a réalisé que la personne sur la photo avait environ 20 ans de moins que le passager en question. Après l’atterrissage, ma collègue a appelé la police, qui a confirmé qu’il s’agissait d’un faux passeport. Passagers saouls Elena : Je travaille habituellement en première classe, ce qui est bien la plupart du temps parce que je n’ai à m’occuper que d’environ huit personnes. Mais parfois, on a des gros bonnets qui s’assoient et boivent un verre de champagne après l’autre avant même le décollage. Ils s’enfilent ensuite une bouteille de vin complète et finissent tellement saouls qu’ils peuvent à peine se lever de leur siège par eux-mêmes. Certains passagers, surtout des hommes d’affaires dans la cinquantaine, se saoulent tellement qu’ils commencent à briser des verres. Milla : Le problème, c’est que les gens commencent à boire avant le décollage et ne prennent pas en

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considération l’effet que le changement de pression va avoir sur eux. On peut être légèrement éméché au sol et se retrouver complètement ivre une fois dans les airs. Il m’est déjà arrivé que l’on doive effectuer un atterrissage d’urgence pour un homme qui était ridiculement saoul. Il voyageait avec sa mère et son frère. Violence verbale Elena : L’un de nos voyageurs habituels m’a déjà fait subir de la violence verbale. Il a commencé à se moquer de moi pendant qu’on accueillait les gens à bord, et il trouvait ça hilarant. Je lui ai demandé d’arrêter, mais il ne bronchait pas. Il a ensuite demandé de changer de siège parce qu’il ne voulait pas être à côté de sa femme, mais on ne pouvait pas, alors il m’a traitée d’idiote et m’a littéralement dit que j’avais « une tête de pute ». On était déjà dans les airs, alors je ne pouvais évidemment pas l’expulser de l’avion. La seule chose que je pouvais faire, c’était de le signaler au poste de pilotage. Dans de tels cas, on rédige un rapport et le passager

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pourrait se voir refuser de voyager dorénavant avec la ligne aérienne Sur un autre vol, il y a une femme qui hurlait parce qu’elle était vexée que tout ce qu’il nous restait à servir, c’était des pâtes. Elle a complètement perdu la boule, et un autre passager a dû intervenir. J’étais tellement ébranlée que je retenais mes larmes et me suis enfermée dans une toilette. Ça peut être tellement fâchant, des fois, de faire ce travail-là, surtout quand une adulte crie après vous parce qu’elle n’a pas reçu le repas qu’elle voulait. Mais on ne peut pas perdre contenance devant les passagers. Être agente de bord, c’est un peu comme être barmaid, sauf que les clients difficiles ne peuvent pas simplement quitter, on doit les endurer pendant encore 10 heures. Il est donc essentiel de trouver une manière de résoudre n’importe quel conflit le plus rapidement possible. * Les prénoms des personnes citées ont été changés pour préserver leur anonymat.


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