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« Transformer la science en art, en plaisir, en rire et en jeu »
éloge de la bidouille
Dans ce numéro : . . .
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Édito p1 Agenda p2 « énergie durable pour tous » : de quoi parle-t-on ? p3 Du nouveau à Villiers-le-Bel p3 Espace P.-G. de Gennes
- Une histoire d’humour - Créativité sans frontières .
Dossier spécial Tinkering, DIY & cie
p4 p4
p5
- édito spécial p5 - Le Tinkering en 2 mots p6 - En visite à l’Exploratorium p6 - Tinkering studio de l’Exploratorium : entretien avec Mike Pietrich p7 - Faites-le vous-même ! p9 - La Paillasse en 2 mots p9 - Raconte-moi tes technologies p10 .
SiS-Catalyst : dialoguer avec les jeunes p11
Édito
par Mlle Opuscule
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ui n’a jamais goûté au plaisir de farfouiller, tripatouiller, bidouiller ? Les auteurs de cette lettre spéciale vous confient leur béguin pour le traficotage et vous incitent à y succomber vous-même. Avec l’avènement de l’approche du « faire » ou « handson », le public a pu expérimenter de manière plus active la science et la technologie en classe, dans les musées ou autres lieux et moments dédiés à l’éducation informelle et à la culture scientifique. Des initiatives comme La Main à la pâte se sont alors développées et fonctionnent aujourd’hui efficacement. Cependant des approches comme le « DIY » ou le « Tinkering » se développent
Dans les casiers du Tinkering studio de l’Exploratorium de San Francisco, vous pouvez piocher librement pour créer des assemblages inédits.
de plus en plus, proposant de plonger les mains dans le cambouis différemment. Que veulent dire ces mots barbares ? Nous vous proposons de lire notre dossier p. 7 pour le découvrir. Notre envoyée spéciale à San Francisco a notamment eu le provilège de pouvoir s’entretenir avec Mike Pietrich à propos d’un de leurs espaces innovants, dédié à ce fameux « tinkering ». Il y expose la démarche ainsi que ses bénéfices et dévoile sa recette magique pour donner envie aux visiteurs de rester plus longtemps ou proposer des expositions à moindre coût. à l’Espace des sciences Pierre-Gilles de Gennes, on vous bidouille en ce moment une exposition sérieusement hilarante… tous les détails p. 4. Parce que bidouiller d’accord, mais sans pour autant renoncer à la précision et à la fameuse « rigueur scientifique ». Après l’année internationale de la chimie, 2012 sera consacrée aux « énergies durables pour tous » : pour préparer cette thématique, notre président décortique pour vous avec méthode ce qui se cache derrière ces mots. Une énergie inépuisable dont on parle moins est celle des jeunes : Les Atomes et le groupe Traces portent donc cette année une attention particulière aux questions d’intergénération : cette dimension importante de nos activités est développée pp. 10 et 11. Quel que soit votre âge, nous espérons donc que toutes ces activités vous réjouiront autant qu’elles nous motivent. Bonne lecture !
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Agenda Pour en savoir plus sur chaque activité, cliquez dessus.
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Atelier arts et sciences
à Villiers-le-Bel, tous les mercredis jusqu'au 27 juin 2012. Pour plus d’informations, lire page 3.
La chimie dans nos assiettes Le 9 janvier, Somain
Illusion(s)
Le 21 janvier à 16 h 30, Clamart Le 24 janvier, Clamart Le 28 janvier à 16 h 30, Colombes Le 4 février à 16 h, Neuilly-sur-Seine Le 11 février à 16 h, Suresnes
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Magique ? Scientifique !
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Le 25 janvier à 16 h, Clamart Le 25 janvier à 10 h et 11 h 30, Colombes Le 27 janvier, Clamart Le 18 février à 16 h, Colombes
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Atelier des objets invisibles
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Les Trois Mondes
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Raconte-moi tes techniques (lire p. 10)
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Le 4 février à 10 h, Colombes Le 4 février à 15 h, Fontenay-aux-Roses Le 21 janvier, Malakoff
Le 15 février à 15 h 30, Les Ulis
Le 25 janvier à 14 h, Courcouronnes
« 2000 mètres sous les mers » : l’animation Les 16 et 17 janvier, Limay, Mantes
Il est encore temps de vous inscrire pour la 2e édition du concours 2000 mètres sous les mers. Des nouveautés sont disponibles depuis peu sur le site du concours : découvrez notamment dans le nouveau livret pédagogique tous les conseils des participants de l’an passé pour donner les meilleures chances aux œuvres que vous soumettrez ou les liens tantôt insolites, tantôt militants, tantôt époustouflants postés sur la page Facebook du concours.
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Année de « l’énergie durable pour tous » : de quoi parle-t-on ? l’occasion de l’année internationale 2012, qui célébre l’énergie durable pour tous, ce concept fera probablement beaucoup parler de lui. Et pour cause, comme beaucoup d’expressions à la mode, employées sans vraiment s’interroger sur le sens exact des mots, il est doublement flou. En premier lieu, on parle souvent « d’énergies renouvelables » pour parler de « sources d’énergie renouvelables ». Or la loi de conservation de l’énergie impose qu’elle ne puisse pas être autre chose que « renouvelable ». Ce raccourci n’est toutefois pas très grave, à partir du moment où l’on sait de quoi on parle. Le problème principal porte en effet plutôt sur le second terme : « renouvelable ». Rappelons rapidement pourquoi on prend la peine de rajouter ce qualificatif aux sources d’énergie : au cœur des préoccupations sur le développement durable, les changements climatiques et l’affaiblissement des réserves de pétrole, les « énergies renouvelables » sont le signe de notre volonté de produire de l’énergie avec un impact environnemental si ce n’est faible, au moins maîtrisé et localisé. Des sources d’énergie qui n’entament pas le bien-être des générations futures ; qui soient à la fois « écologiquement propres » et « socialement acceptables » ; tout en restant « économiquement rentables ». Ainsi, lorsque l’on parle des « énergies renouvelables », c’est plutôt les « sources d’énergie durables » que l’on a à l’esprit.
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Pourquoi ce terme « renouvelable », alors ? Peut-être parce que « durable » est un mot valise que d’aucun estiment avoir trop entendu. Peut-être aussi « renouvelable » donne-t-il l’illusion de sources recyclables à l’infini, d’un pas vers le mouvement perpétuel. Probablement enfin parce que parmi les sources d’énergies durables, il s’en trouve plusieurs qui sont en permanence « renouvelées » : la biomasse, l’éolien et l’hydroélectricité. à l’inverse, le solaire et la géothermie : inépuisables à l’échelle de l’humanité, mais pas « renouvelables » stricto sensu. Notons d’ailleurs que parmi les sources d’énergies disponibles sur notre planète, toutes sauf deux proviennent, d’une manière ou d’une autre, de l’action du soleil. Saurez-vous déterminer lesquelles ne satisfont pas à cette règle ?* à l’occasion de l’année des « sources d’énergies durables pour tous », donc, Les Atomes Crochus seront présents avec plusieurs activités. Ne les manquez pas, dans nos prochaines lettres et sur notre site Internet. RE. Eastes *Réponse à l’énigme : l’énergie nucléaire est issue de la désintégration d’atomes d’uranium, probablement fabriqués par l’explosion d’une supernovae avant la naissance du soleil. La géothermie, quant à elle, a deux origines : elle est due aux désintégrations radiatives des éléments radioactifs du manteau terrestre, ainsi que liée à l’échauffement de la matière lors de sa condensation pour former notre planète, il y a quelques 4 à 5 milliards d’années.
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Les ateliers des vacances deviennent hebdomadaires pour un meilleur accompagnement des jeunes.
Du nouveau à Villiers-le-Bel : les ateliers du mercredi
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près Villiers-le-Bel (20092010) et Villiers-le-Bel Reloaded (2010-2011), voici Villiers-le-Bel Révolutions (sortie dans vos maisons de quartier en 2011-2012). Cette fois-ci les règles changent : les jeunes ne sont plus les mêmes, les horaires sont chamboulés (clin d’œil à nos amis cheminots), le lieu s’est embelli (passage d’une salle de sport à une salle d’arts plastiques)… En bref, la suite logique d’une belle trilogie. Huit filles et garçons aux profils fort différents formeront un groupe de participants soudés autour d’un atelier hebdomadaire portant sur de la physique, de la chimie, le tout vu par l’œil du théâtre et de l’entraide.
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La Science : une histoire d’humour
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ans quel laboratoire ne peuton voir, sur la porte d’un bureau ou sur la machine à café, des dessins satiriques en lien avec la science ou la technologie ? Quel scientifique n’utilise pas dans ses diaporamas des images humoristiques liées à son sujet pour détendre l’atmosphère et marquer les esprits ? Même en sortant des labos, il existe de nombreuses caricatures, blagues ou encore parodies à propos de la science et des scientifiques. On les retrouve dans des journaux, des films, des publicités ou des œuvres littéraires. Or, l’humour, la satire et la parodie sont des instruments qui permettent de décoder le monde. Ils nous aident à l’appréhender, le comprendre. Tout comme la science, bien que dans un contexte différent. L’exposition « La Science : une histoire d’humour ouvrira bientôt ses portes à l’ESPGG.
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Elle cherchera à montrer comment, à travers l’humour, la science réfléchit sur elle-même et comment la société réfléchit sur la science. Elle nous offrira une porte d’entrée inhabituelle sur la vie privée de la recherche, et tentera de susciter des discussions sur la manière dont le rire permet de comprendre les enjeux de la science d’aujourd’hui. Véritable expérimentation 2.0, cette exposition sera intégralement (parodies, caricatures, blagues sous forme de dessins ou d’extraits audiovisuels) générée à travers une série de happenings où les visiteurs – chercheurs, dessinateurs, public – apporterons leurs matériaux, leurs idées, leurs interprétations. Elodie Francillette et Hans Bodart L’anarchie selon David Beet de www.slimfigures.co.uk
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Créativité sans frontières
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’ESPGG est impliqué dans le projet européen KiiCS (Knowledge Incubation in Innovation and Creation for Science/Incubation de la connaissance dans l’innovation et la création pour la science). D’une durée de trois ans, il vise à gommer les frontières entre créativité, science, et technologie pour explorer de nouvelles solutions dans un esprit de co-création. Dans ce cadre, l’ESPGG envisage de mettre en place des ateliers basés sur la créativité. Des adolescents de quatorze à dix-sept ans interagiraient avec de jeunes chercheurs ou étudiants en thèses ainsi que des professionels de l’écriture (romanciers, auteurs de théâtre, scénaristes pour le cinéma ou la télévision) autour de cette idée simple : « La science modifie le monde. Nous pouvons changer la science. Nous pouvons changer le monde en faisant des sciences ». Les techniques de l’écriture créative seront alors utilisées pour permettre aux participants d’imaginer des solutions à un problème réel. Comment ces solutions contribueraient à transformer le monde pour le rapprocher de celui dans lequel ils auraient envie de vivre ? Qu’est-ce qui devrait être fait pour orienter la recherche dans une direction correspondante ? Autant de questions auxquelles trouver des réponses ensemble. Une exposition pourrait bien voir le jour à partir de ces ateliers… alors restez à l’écoute pour découvrir les développements futurs du projet.
www.espgg.org
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Mots-clefs : créativité et techniques
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our François Jacob (Prix Nobel en physiologie et médecine en 1965), dans ses études sur l’évolution, le tinkering était la création de la nouveauté à partir de la combinaison de formes préexistantes. À l’Exploratorium de San Francisco, le tinkering studio est né en 2009, après 10 ans d’incubation, comme un espace ouvert d’expérimentation et de création, où les familles et les groupes trouvent un environnement capable de stimuler leur créativité technique. Un lieu « où les gens peuvent explorer ensemble d’une façon raisonnée qui s’appuie sur les idées et questions des visiteurs, leur permettant de construire une compréhension évolutive du monde ». Comme toutes les bonnes idées, le tinkering n’a ni début, ni fin. Ses racines sont à chercher dans la
méthode scientifique elle-même et dans la muséographie (rappelons toujours le credo à la fois scientifique et politique de Frank Oppenheimer, énoncé en 1969 : « si les gens comprennent le monde qui les entoure, ou même s’ils ont la sensation qu’ils pourraient le comprendre s’ils le voulaient, alors ils auront aussi envie de le changer »). Dans la culture Do It Yourself également, elle-même au carrefour entre hacking, art et bricolage, ainsi que dans le succès d’évènements comme les maker faires et d’opérations éditoriales comme la revue Make, ou encore dans les théories constructivistes de l’apprentissage, dans les croisements art-science-digital culture, etc. Le MIT Medialab et l’Exploratorium en sont les pionniers : ils n’ont rien inventé, bien sûr, mais ils ont su
donner un cadre de recherche et d’engagement du public à une tendance qu’on verra sûrement monter dans les mois et les années qui viennent. Il suffit d’aller jeter un coup d’œil au Playful Inventing & Exploring with digital & other stuff (PIE) network et au PIE Institute (voir leur excellente bibliographie pour aller plus loin) pour sentir la fertilité de cette approche. Dans le cadre des activités des Atomes Crochus, de Traces et de l’Espace des Sciences Pierre-Gilles de Gennes, les mots-clés créativité et technique nous tiennent particulièrement à cœur. Mis côte à côte, ils brisent l’idée que la créativité serait l’apanage des esprits artistiques, et la technique des esprits scientifiques. Ils donnent des ailes légères à l’ingénierie, des bottes solides à l’art. Ils indiquent un processus où recherche, apprentissage et manipulation d’objets fonctionnent ensemble. Ils résument bien ce terrain de rencontre où science, ingénierie, art et design réunis nous aident à comprendre le monde et à choisir si et comment on veut le transformer. Matteo Merzagora
“Les chose s ne sont p as difficiles à faire, ce qu est difficile i c’est de no mettre en u s état de les faire.” Constantin Brancusi Merci à Mike Petrich, Karen Wilkinson et Sally Duensing de nous avoir inspiré ce sujet et fourni des informations.
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Le « Tinkering » en 2 mots En anglais “to tinker” signifie bricoler, bidouiller : le Tinkering est une nouvelle façon d’appréhender la science. D’abord mis en place à l’Exploratorium de San Francisco sous forme d’atelier, il permet aux visiteurs de fabriquer des mécanismes souvent complexes à base d’éléments simples comme des tissus, du plastique ou du carton. L’intérêt n’est pas de créer quelque chose à emporter chez soi, mais plutôt de laisser le visiteur s’exprimer. Depuis peu, l’équipe de L’Exploratorium a ouvert un espace d’exposition, le “Tinkering studio”, vu comme « un lieu où le visiteur peut prendre son temps et s’investir dans la compréhension des phénomènes scientifiques ». http://tinkering.exploratorium.edu
“I think it’s quite wonderful that we don’t mind losing some control.” Frank Oppenheimer
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En visite à l’Exploratorium
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orsque le visiteur franchit la porte de l’Exploratorium, il passe dans un autre monde. Ce musée peu conventionnel donne l’impression d’être dans un hangar où toutes sortes de machines aussi extraordinaires qu’incongrues pullulent. Au milieu de cet attirail hétéroclite se trouve les lieux dédiés au Tinkering : studio, exposition et laboratoire où se tiennent les ateliers. Bien que petit, l’espace d’exposition est rempli d’objets insolites comme un flipper ou une guitare. Et lorsque que l’on s’assoit sur un banc pour profiter du spectacle, surprise, celui-ci fait de la musique ! Il s’agit en réalité d’un dispositif qui transforme les signaux électriques du corps en notes via un ordinateur. Autour sont disposés de surprenants objets tels un criquet ou un piano. Aidant à la compréhension, ils sont aussi et avant tout des prototypes par lesquels sont passés les concepteurs pour créer ce banc. La guitare se révèle aussi énigmatique, tournez la roue située à l’arrière, et vous verrez une longueur d’onde apparaître sur ses cordes. Mais le meilleur reste la machine à bille. Lancez-vous, et assemblez gouttières, tuyaux, entonnoirs et même clochettes pour faire circuler vos billes sur le mur. Une activité chronophage, mais rien n’égale le plaisir jubilatoire de voir sa bille surmonter tous les obstacles pour arriver au bout. Le laboratoire ressemble quant à lui davantage à un cirque composé d’éléments étranges et fascinants. En effet, c’est là que
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Quoi de mieux qu’une guitare trafiquée pour visualiser une longueur d’onde ?
sont conservées toutes les créations des ateliers. On y retrouve les monstres en peluche issus de “Toy Take Appart”, un atelier proposant aux enfants d’ouvrir des peluches animées afin de récupérer les mécanismes et d’en créer d’autres, des vêtements électroniques nés de “Sew A Circuit” (Couds ton circuit) et même d’étranges engrenages. Le principe est simple mais efficace : utiliser des matériaux simples, ne pas infliger un cadre de réflexion au public mais le laisser simplement s’exprimer et surtout ne pas lui expliciter les fondements scientifiques qui sous-tendent ses créations. Le meilleur exemple en est l’atelier “Wind Tubes”, où les visiteurs doivent créer des dispositifs capables de s’élever avec un ventilateur en utilisant des pailles, du plastique ou du polystyrène. Bien sûr, certaines activités sont plus complexes et nécessitent l’utilisation de circuits électriques ou autres composants. Malgré tout, la création est toujours au rendez-vous. Mélanie Yèche
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Entretien avec Mike Petrich, « Tinkering studio » de l’Exploratorium de San Francisco La politique de l’Exploratorium de San Francisco est de démystifier la science en montrant que derrière elle se cachent des personnes comme les autres. Depuis quelques années, le centre de science se propose de pousser cette réflexion plus loin avec le développement d’une exposition expérimentale et participative, le Tinkering studio. Cet espace atypique a pour volonté de solliciter la créativité des visiteurs afin de développer des concepts nouveaux, le tout en s’amusant. Mike Petrich, le directeur du « making collaborative » a présenté à Mélanie Yèche, notre envoyée spéciale, ce studio original.
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omment présenteriez-vous le Tinkering ? Le concept du Tinkering est simple : ce sont les visiteurs qui sont créatifs, et non pas ceux qui font l’exposition. Notre point de départ est de permettre aux visiteurs de créer quelque chose à leur façon et non pas à la nôtre. Ce qu’ils fabriquent ne doit pas être quelque chose d’individuel, mais doit se développer et faire partie d’une œuvre collective. Un visiteur commence seul puis regarde ce que font les autres, se l’approprie et l’interprète à sa manière. L’intérêt est de contribuer à quelque chose de plus grand que sa propre production. Par exemple, pour l’atelier de réaction en chaîne, chacun dispose de deux tables pour créer ce qui lui vient à l’esprit, mais au final la réaction doit circuler sur toutes les tables. Par la suite nous voulons que le public prenne son temps. L’Exploratorium est un musée avec beaucoup de visiteurs. Alors que normalement une personne passe en moyenne vingt secondes à regarder un objet exposé, le Tinkering nous permet de les garder trente minutes, voire plus. Les musées scientifiques veulent attirer beaucoup de monde mais qui passe vite, nous préférons avoir l’inverse car cela laisse du temps pour
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explorer, essayer et cela donne souvent des résultats plus créatifs. Plus concrètement, comme se présente l’exposition ? Nous avons un espace d’exposition qui est en train de se remplir, il est composé d’objets créatifs mais aussi scientifiques, comme le banc électrique. Ce que nous aimons, c’est montrer le cheminement de la réflexion qui a conduit à la réalisation de cet objet. Il n’y a donc pas d’explication sur son fonctionnement mais des prototypes de ce par quoi nous sommes passés afin que les visiteurs comprennent qu’il nous arrive de nous tromper. Dans un coin, nous avons une machine où les visiteurs peuvent créer un circuit pour des billes avec des matériaux que nous mettons à leur disposition. Pour cette partie, nous recyclons des élastiques pour les légumes et des morceaux de bois car nous pensons qu’il est important de créer une exposition avec un petit budget. À l’avenir, nous avons pour projet d’exposer les objets créés par les visiteurs lors de nos ateliers. Pour l’instant nous les avons pris en photos, encadrés et les avons exposés. C’est un moyen de montrer toutes les possibilités qui ont été explorées à partir de la même consigne.
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Vous présentez aussi des ateliers, comment se passe leur organisation? Depuis le début du Tinkering, nous avons créé de nombreux ateliers, tous différents. Quand nous créons une activité, nous expérimentons autant que les visiteurs. Nous faisons souvent plusieurs essais avec le public pour voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Malgré tout nous devons faire attention à la conception de l’activité. Tout d’abord, elle doit représenter un défi pour le public mais ne doit pas être décourageante.
Petits et grands se prêtent indifféremment au jeu de construction.
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Entretien avec Mike Petrich (suite) Pour chaque atelier, il y a un temps de réflexion en amont, puis des tests avec le public. Lors des ateliers, deux ou trois animateurs participent afin de pouvoir faire un débriefing critique sur ce qui a fonctionné et ce qui doit être amélioré. Nous avons aussi mis en place un blog car il est important pour nous d’avoir le retour du public et de pouvoir discuter avec eux. Côté pratique, nous limitons les ateliers à une trentaine de personnes, et même si il y a quelques animateurs, nous ne donnons pas vraiment d’explications, la plupart du temps, nous montrons des objets réalisés dans les ateliers précédents pour que le public s’en inspire. Nous ne voulons pas faire d’explication étapes par étapes car cela pourrait brider leur créativité. Ce qui nous intéresse, c’est d’observer l’amélioration qu’ils peuvent apporter à partir de l’exemple.
Comment réagit le public ? Il y a une petite différence entre les adultes et les enfants, car ces derniers pensent qu’ils peuvent créer les objets plus vite que les adultes. De manière générale, les adultes préfèrent regarder avant d’oser se lancer. Ce que nous ne voulons pas, c’est que les adultes expliquent aux enfants ce qu’on attend d’eux ou même les principes scientifiques de base qu’il y a derrière. Je pense que les présupposés scientifiques peuvent être une barrière, et que si l’enfant a envie de découvrir la science, il le verra à l’école quand il sera plus vieux et là, il se rappellera de l’expérience du Tinkering. Ce que nous aimons voir, c’est un adulte surpris de « pourquoi cela fonctionne », et nous voulons aussi que les parents et leurs enfants soient fiers de créer quelque chose ensemble. Car l’important n’est pas d’apprendre mais de collaborer.
Avez-vous déjà exporté le Tinkering ? Oui, nous avons organisé un atelier au Tibet avec des moines, mais nous sommes également intervenus dans des écoles. Nous essayons aussi de construire un « kit » de Tinkering pour le vendre. Nous sommes très intéressés par le développement de ce concept ailleurs. Pour nous, il est enrichissant de voir d’autres personnes essayer et documenter leur travail afin que nous puissions voir les différences et les nouvelles idées qui émergent. Pour le moment, nous nous concentrons plutôt sur l’ouverture d’un nouvel espace au sein de l’Exploratorium afin de proposer de nouveaux ateliers et d’avoir plus de place. Nous allons aussi aménager l’espace d’exposition.
ry is “Discove d uzzle y to be p the abilit things.” by simple omsky h Noam C
“Compre
ndre, c’es t inventer. ” Jean Piag et
Les enfants participant aux ateliers peuvent prendre leur photo avec leurs constructions.
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Faites-le vous-même ! Dans la même veine que le tinkering de l’Exploratorium de San Francisco, le « do it yourself » investit le devant de la scène et se mêle de plus en plus de sciences.
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e « do it yourself » (DIY) nous vient de la sous culture punk et il prône le bricolage généralisé : réparez votre grille-pain au lieu d’en acheter un autre, détournez des objets de leur usage premier, créez vos vidéos, votre musique, fabriquez votre pain… Si les punks sont bien morts, les « makers », ceux qui font, sont en pleine forme. Des communautés se fédèrent sur l’Internet pour partager leur savoir-faire grâce à des plateformes devenues quasi encyclopédique. Par exemple le site Internet iFixit (www.ifixit.com) propose plusieurs milliers de tutoriels. Ici et là
fleurissent « fablabs », « hackspaces » et autres « bricolabs ». S’y retrouve une faune bigarrée, allant du geek soudeur de circuit imprimé au bio-artiste en passant par le bricoleur du dimanche inspiré. Si leurs expertises sont bien différentes, ils partagent des valeurs communes : confiance dans les outils collaboratifs, critique de la surconsommation d’objets manufacturés, conscience écologique et tout simplement, plaisir de faire ensemble et de partager ses compétences. Plutôt réjouissant, non ? Jean-Marc Galan
“If know le impress dge comes fro m the ions ma d objects , it is im e upon us by n possible atural knowled to ge which im without the u procure se of ob press th jects e mind. John De wey
L’un des visuels soumis pour le concours d’illustration de T-shirt organisé par le réseau mondial DIYbio.
La Paillasse en 2 mots
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telier « Yogourt hacking », « Microscopie mobile », ou « Génomique personnelle exploratoire » ? à moins que vous ne vous laissiez tenter par l’atelier « Musique protéique » ? La Paillasse est le premier laboratoire communautaire en France à mettre à la disposition d’amateurs du matériel scientifique de biologie moléculaire pour la réalisation de projets citoyens. Ateliers, conférences, wiki… le tout dans le plus pur esprit du DIY. Ouvert à tous, La Paillasse réunit biologistes amateurs et amateurs de biologie. www.lapaillasse.com www.diybio.org
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Raconte-moi tes technologies
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arce que les objets technologiques récents ou anciens sont ancrés dans notre vie, nous possédons tous une forme de culture liée aux sciences. Cependant, cette culture est souvent implicite, voire autocensurée, alors qu’elle est un vecteur naturel de partage. Les ateliers « Racontemoi tes technologies » nouvellement créés par Les Atomes Crochus proposent à toutes les générations de venir échanger leurs souvenirs et leurs savoirs autour de jouets qui ont marqué leur époque afin de mobiliser plaisamment ces connaissances sous-jacentes. Assis autour d’une table, les participants se voient confier une mystérieuse boîte. Il leur est proposé d’explorer ensemble ce qu’elle contient : un bric-à-brac de divers jouets étranges, fascinants ou évocateurs. Pour guider le groupe dans son exploration, des photos, des cartes d’activités et des fiches d’information permettent aux participants de se replonger dans leurs souvenirs et de déclencher le dialogue. Sous le regard bienveillant du médiateur, la discussion prend forme et apporte une lumière toute naturelle sur la continuité qui existe entre le grandir et le veillir. à l’interface entre la mission de la culture scientifique et de l’action sociale, le projet « Raconte-moi tes technologies » invite à questionner la notion de vieillissement à travers le rapport des citoyens aux objets techniques. Entre habitudes perdues et usages émergents, le projet propose aux jeunes et aux personnes âgées de découvrir ensemble l’histoire des procédés à partir de leurs histoires respectives. Il vise tant à permettre un dialogue intergénérationnel autour des techniques et de leurs rôles dans nos vies qu’à offrir à tous une activité ludique, riche en émotions et informative et à présenter des éléments d’histoire des technologies et de la science à partir d’objets de la vie quotidienne.
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Construisons ensemble Votre structure est basée dans le département de l’Essonne et accueille des personnes âgées ou un public mixte ? Contactez-nous pour accueillir l’animation ! Jusqu’au 31 mars 2012, un animateur pourra se rendre gratuitement dans vos locaux.
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Quelques-uns des objets énigmatiques utilisés au cours des ateliers.
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Dialoguer avec les jeunes dans les activités sciences et société
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n jour comme les autres, au bureau de l’université pour enfants de Vienne. Dring ! Dring ! L’une des personnes de l’équipe décroche le téléphone pour entendre, surprise, la voix d’un enfant de 11 ou 12 ans. Il dit avoir lu un article dans le journal sur les projets pour les enfants de l’université et vouloir s’assurer que tout cela soit fait avec le sérieux nécessaire. Ni une ni deux, l’équipe l’invite à venir et à discuter de qui est important à ses yeux. C’est ainsi, après une longue discussion et beaucoup d’excellentes questions, que fut recruté le premier membre du « comité de conseil » de l’institution, bientôt rejoint par d’autres enfants volontaires. Loin d’être décoratif, ce comité se réunit régulièrement et influe sur les décisions prises par les organisateurs de l’université des enfants.
Cette histoire inspirante, et bien d’autres, ont été collectées lors d’entretiens avec les équipes d’institutions proposant des activités scientifiques pour les jeunes réalisés dans le cadre du projet européen SiS Catalyst (Children as change agents for science and society). à partir de l’analyse des situations rencontrées par les différents partenaires du projet, Traces souhaitait éclaircir pourquoi dans certains cas le dialogue avec les enfants est facile et pourquoi il est difficile dans d’autres et ce que nous devons faire pour monter des activités promouvant un dialogue. Le projet SIS Catalyst dans son ensemble cherche quant à lui à déterminer comment les jeunes et les enfants peuvent être des agents de changement dans les relations
science-société. Son objectif stratégique vise à croiser les préoccupations des actions de type science en société avec des actions visant à l’égalité des chances. Plus spécifiquement, SiS Catalyst souhaite comprendre comment les inégalités dans les opportunités d’accès à l’instruction supérieure peuvent être surmontées à travers la construction d’un dialogue entre les enfants et les institutions, dialogue lui-même susceptible de favoriser un changement institutionnel.
Contacts Retrouvez la description de l’association et de toutes nos activités sur notre site Internet : www.atomes-crochus.org presidence@atomes-crochus.org : Richard-Emmanuel Eastes direction-science-societe@atomes-crochus.org : Matteo Merzagora vice-présidente : francine.pellaud@atomes-crochus.org direction-artistique@atomes-crochus.org : Bérénice Collet .
contact@atomes-crochus.org : Marie Blanc, directrice chargé de projets : ronan.james@atomes-crochus.org médiateur : fabien.descamps@atomes-crochus.org
Rédaction : meriem.fresson@atomes-crochus.org Graphisme : Iris de Vericourt / Photographies : Mbari 2000 (Poulpe Dumbo), Mélanie Yèche, Ronan James.
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