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N° 260 - mai 2011
C SÈTE-FRONTIGNAN
Cette fois, c’est la guerre
C BAGNAS
Une journée avec les gardes de la réserve
TOUTES LES SORTIES DU MOIS
C MIAM
Hervé Di Rosa se confie
Les secrets de la nouvelle piste cyclable
Plus belle la VILLE ! • Hydro-gommage • Enduit à l’ancienne • Badigeon de chaux • Ravalement de facades • Peinture
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!"#$!%&'" Nouvelle voie verte
Découvrez le bassin de
Thau
Levez le nez du guidon et offrezvous de jolis tours de roue sur la nouvelle piste de Balaruc à Mèze. Une vision éloignée de la route, entre vignes et lagune.
à vélo À vélo, à pied, en roller et même à cheval (en partie) : depuis quelques semaines, la piste Balaruc-Mèze vous fait sortir de la route pour découvrir une mosaïque de milieux naturels. Pour son tracé, le Département de l’Hérault a acheté et réutilisé l’ancienne voie ferrée qui acheminait les marchandises autour de l’étang jusque dans les années 1980. Il a donc “suffi” d’un peu de terrassement, d’un enrobé et de barrières en bois pour aménager une piste peu onéreuse, à 1,3 M € pour 11,5 km, soit environ 25 fois moins cher qu’une route. Deuxième avantage: à l’in-
verse de la départementale, les pentes y sont douces, de 2 à 3 %. De quoi multiplier sa fréquentation, quitte à rendre difficile la cohabitation entre cyclistes et piétons le dimanche. “Sur une piste cyclable, les vélos sont prioritaires. Mais il s’agit d’une voie verte, où l’utilisation est partagée. Comme la voie de Lattes au Méjean, son succès montre qu’elle correspond à un vrai besoin, se réjouit Dominique Jaumard, directeur des routes au Département. Grâce à la piste du Lido SèteMarseillan, nous avons tous les ingrédients pour réussir un tour du bassin de Thau à vélo!”
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La crique de l’Angle
Une ligne jaune dans le gris-bleu. Après l’embouchure de la Vène, la piste traverse la zone la plus sauvage de la lagune. Riche en salicorne, une plante adaptée au sel, la sansouïre nourrit et abrite les nids d’oiseaux plutôt rares. Tout juste arrivées de migration, trois sternes pierregarins - au bec rouge- nous offrent de piaillants loopings alors que les échasses blanches se reposent sur une patte - rouge aussi. Plus immergée, la colonie de flamants se concentre sur sa filtration du plancton, les cous rosés bien étirés.
Fraîcheur verte
Une fois passés les deux Balaruc et les écuries Aubin, on chemine dans une forêt, la ripisylve, qui plonge ses racines dans l’eau des roubines. Et crée des cachettes idéales pour les passereaux : entre frênes et roseaux, une bouscarle se signale d’un cri, rouges-gorges et pigeons ramiers préparent leur reproduction. À droite, des tadornes de Belon (canards tricolores) paradent sur les bassins d’épuration de Poussan, où nage un ragondin. Suivent des prés salés bourrés d’insectes, un régal pour les hérons pique-bœufs en duo avec les chevaux.
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Panoramique à huîtres
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La Gazette n° 260 - Du 28 avril au 25 mai 2011
Montée régulière dans la garrigue avant de longer les pavillons de Bouzigues. Surprise, la voie verte s’interrompt: il faut repérer les petits panneaux de vélo vert et blanc. À gauche, deux fois à droite, passage sous la départementale, puis remontée près des villas. Un instant, on retrouve la route pour mieux repartir à travers champs. Pause. En face, l’île sétoise s’alanguit comme une belle femme sur l’eau, et la lumière, et les tables conchylicoles convergent vers elle.
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Selon les boutiques, choisissez entre VTC, VTT (10 à 15€/j), vélo à assistance électrique (VAE, 20 à 25€/j), tandem (20€/j), voire footbike. Pour rouler en famille, installez-y siège-bébé, remorque (4 à 10€/j), ou tandem enfant (10€/j). Pour acheter un vélo neuf, comptez 300€. À Balaruc:Vélo Attitude (de juin à sept.), av de la gare, le long de l’étang, face au camping Pech d’Ay, 0626345912, veloattitude. free. fr À Mèze: Cyclomèze, 45 rue Marius-Laurez, 0499579708 À Sète: - Déferlantes, 4 quai de la République, 0467748230, et Corniche de Neubourg, 0620887255, deferlantes. com - Flying cat (VAE), 8 et 13 quai Aspirant-Herber, 06 70 766400, flying-cat. fr - Roue libre (d’avril à sept.), 25 Prom JB. Marty, 0611984521 - Hôtel le Venise, 64 A Corniche de Neuburg, 0467530286, velolevenise. com À Frontignan-plage: - Véloz, 11 imp. des Sablettes, 0643706976, veloz. fr - Déferlantes, 104 av Vauban, 0603645792 À Marseillan: - Les Rosalies (d’avril à sept.), av de la Méditerranée, 0467316919 - Domaine de Robinson (sur RDV), 6 quai de Plaisance, 0467016270
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Sorties à thème
- Découvrez les oiseaux lors des animations du CPIE chaque semaine en été, et de la LPO pendant l’année, 0467240755, cpiebassindethau. fr - Aventure: Thau Rando, 0620326573, thau-rando. fr
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Rejoindre la voie verte:
- à côté de l’hôtel Floréal, en vous garant au C.C. de Balaruc-le-Vieux, - en tournant à gauche juste avant le pont des Olivettes (dir. Mèze), - après Bouzigues, sur l’aire de pique-nique de la D613, - depuis Mèze, au rond-point des Trois Oliviers.
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Depuis la D2, entrez dans Balarucles-Bains par la Cure Gourmande. En voiture, garez-vous le long de l’étang. À partir du rond-point, grimpez sur la piste cyclable. Au rond-point du sommet, traversez et redescendez à gauche. La voie verte débute après le camping Les Vignes, sur la droite.
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Pour y aller par Balaruc:
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Parcours: 31 km AR dont 23 km de
voie verte. Niveau assez facile. Équipement: vélo, eau, casquette, crème solaire et jumelles. Avec un chien: Tenez-le en laisse pour préserver les oiseaux.
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réalisé par Raquel Hadida / photos de céline escolano
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Pour arriver à destination, encore faut-il franchir le Pallas, un petit ruisseau à fort débit qui se jette dans l’étang de Thau. On roule sur une charmante passerelle métallique avec lattes de bois, en clin d’œil au chemin de fer qui l’a précédée. Dans l’humidité soudaine, une fugace impression de forêt équatoriale. À quelques tours de roues du village imprégné de soleil. Et d’une petite terrasse bien méritée sur le port de Mèze.
Merci à Valérian Tabard, animateur de la Ligue de protection des oiseaux (LPO),et à Max Horde, secrétaire des Verts de Sète,ainsi qu’à Éric Mélin, responsable de la mission Aménagement cyclable du département de l’Hérault.
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Loupian dans les vignes
Pédaler dans une ambiance champêtre et viticole, un vrai plaisir. Et l’occasion de jeter un coup d’œil au développement des jeunes
feuilles, dans le dos de l’église Sainte-Cécile de Loupian. Incongrue au milieu des vignes ? Cette nef de style gothique languedocien a été
construite à l’écart du village pour mieux accueillir les pèlerins du Cami Roumieu. Surtout qu’au XIVe siècle, ils n’avaient pas de vélo…
La Gazette n° 260 - Du 28 avril au 25 mai 2011
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Vic-laProjet de Frontignan Gardiole + département à partir de 2012 Les Aresquiers Balaruc-le-Vieux Frontignan
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En 2013, on pourra preque faire le tour complet de l’étang de Thau.
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Voies vertes en projet Voies vertes réalisées Pistes cyclables Voies cyclables en projet, véloroute
Le tour de l’étang c’est pour 2013 Dans deux ans, la piste entre Mèze et Marseillan devrait rendre enfin possible le tour de l’étang à vélo. Mais en ville, les difficultés subsisteront. Nous serons tous les Seigneurs de l’anneau. Du moins de celui qui reliera les communes de l’étang de Thau par près de 60 km de pistes cyclables sécurisées. Après la voie verte BalarucMèze, le Département a bon espoir de créer pour 2013 une piste de Mèze à Marseillan-Ville qui réutiliserait des chemins existants en longeant l’étang sur 13 km, sans compromettre la nidification des oiseaux. En parallèle, il compte aussi connecter Marseillan-Ville au pont du Maïre, en cours d’achèvement. On rejoint ensuite le hameau des Onglous, puis Marseillan-Plage, jusqu’au lido, grâce à deux voies vertes, en service cet été. La fin des travaux du lido permettra aux vélos de rallier Marseillan-Plage à Sète dès l’année prochaine. Avec, en prime, “l’accès réservé à une plage sauvage dans les dunes grises”. Progressivement, d’ici deux à trois ans, on devrait ainsi pouvoir boucler l’anneau en beauté: “C’est l’opportunité de promouvoir l’utilisation du vélo, notamment sur des liaisons littorales à forte fréquentation estivale et riches en découvertes”, s’enthousiasme Dominique Jaumard, responsable des routes au Département. Lancé en 2007, un ambitieux schéma cyclable prévoit plus de 500 km de pistes dans l’Hérault, dont la moitié à réaliser par les communes. La Gazette n° 260 - Du 28 avril au 25 mai 2011
“En zone urbaine, le vélo est le transport le plus rapide, et contrairement aux idées reçues, les accidents sont très très rares.” Sauf que les cyclistes s’y sentent quand même fragiles, surtout avec des enfants. Les continuités seront-elles assurées?
Le chaînon manquant
Depuis le lido, la ville de Sète prévoit un contournement via le Pont-Levis et le Barrou, traversée que les domaines privés et maritimes rendent juridiquement complexe. Ensuite, de la Plagette, pour rejoindre la D2 direction Balaruc, il faut se plier sous un petit pont, passer des escaliers, traverser malgré l’abscence d’un feu rouge, sans se faire coincer contre la rambarde de l’échangeur. Ainsi, la bande cyclable de la route - empruntée chaque jour par 25000 véhicules - reste quasiment vide: pourtant amatrices de vélo, Mylène comme Magalie* y renoncent pour leurs trajets domicile-travail. Certes, la situation devrait s’améliorer avec la plate-forme multimodale imaginée autour de la gare… “à moyen terme”. Raquel Hadida
*Les prénoms ont été changés.
Escapades au fil de l’eau
Pour prolonger le plaisir du biclou, vous pourrez rejoindre le canal du Midi à Agde dès 2013, via des véloroutes partant de Marseillan, côté ville et côté plage. Ensuite, 290 km vous tendent leurs berges jusqu’à Toulouse, d’où vous pouvez sauter dans un TER pour revenir. Équipez-vous d’un VTT, et préparez bien votre trajet pour savoir où changer de berge, au risque de vous retrouver coincé. À l’ombre des platanes, le parcours de 2 à 7 jours se rythme sur les écluses ouvragées, sur la compagnie des péniches… ou la joie des crevaisons. Guide à vélo, le long du canal du Midi, de J. Savary et J. Boiveau (7 €), en vente chez Déferlantes à Sète ou sur cartovelo. com. En revanche, vous n’êtes pas censé circuler en deux-roues sur le canal du Rhône à Sète, qui traverse Frontignan. De plus gros gabarit, le “canal des étangs” est emprunté par des barges industrielles qui relient le port de Sète. Pour l’entretenir, les Voies navigables de France (VNF) installent sur ses berges de longs casiers de dragage, dans des ballets de tractopelles et autres bulldozers. Pas vraiment sécurisant. Néanmoins, le Département négocie une superposition de gestion pour y faire passer les cyclistes au niveau de La Peyrade. De son côté, Frontignan réfléchit à ses tracés avec le collectif Vélo citoyen. Progressivement, à partir de 2012, on pourra ainsi joindre Sète (quai des Moulins) à Frontignan-Plage (voir carte).
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“Via Rhôna”, du Léman à la mer
Inspirés par l’exemple du Danube, des élus imaginent depuis 1997 un Rhône entièrement cyclable, du lac Léman jusqu’à Sète. En intégrant le “canal des étangs”, même si dans l’Hérault, on cheminera plutôt de lido en lido. Concertation, faisabilité, financements impliquant 12 Départements : aujourd’hui, 191 km sont réalisés, notamment en HauteSavoie, pour 706 km à l’étude. Une mise en selle “le temps que les mentalités évoluent”, témoigne Stéphane Manson, coordinateur du projet, renommé Via Rhôna. Les élus frileux peuvent y croire : “Si la grande rando ne concerne que 0,5 % des cyclistes, les habitants s’approprient les pistes jusqu’à les surfréquenter (6 000 pers./km). Des activités de guinguette, chambres d’hôte, bateau, se créent vite autour du vélo. Les étrangers apprécient le patrimoine technique et industriel, les paysages évoluent au fil de l’eau. Pourtant, ce potentiel touristique reste trop peu exploité. Expliquonsle, mettons-le en valeur !” Cartes et infos : dulemanalamer. com
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THAU C Pourquoi nous ne mangeons pas le poisson de Sète ? SÈTE C La capitale des festivals, c’est ici !
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reportage spécial poissons Le poisson local se fait la malle À part dans quelques poissonneries de la ville et des Halles, le poisson sétois ne se bouscule pas sur les étals. Faut-il se contenter de produits d’élevage et venus de l’Atlantique alors que nous sommes dans le plus grand port de pêche français de Méditerranée ? Paradoxe en huit étiquettes.
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oles et sardines de l’Atlantique nord-est, seiches et rougets de l’océan Indien, crevettes d’Équateur, moules du Chili, bar d’élevage, saumon de Norvège: les supermarchés comme de nombreuses poissonneries et restaurants du bassin de Thau nous servent copieusement en produits de la mer… très peu méditerranéens. Pourtant, la Criée de Sète écoule chaque jour 1500 à 2000 lots de poisson (soit 4100 tonnes en 2010) des 24 chalutiers, et des 80 “petits métiers” qui opèrent entre mer et étang. Où disparaît la plus belle pêche du golfe du Lion? Principalement sur le marché de Barcelone - 80 % du poisson part en Espagne et en Italie - et les restaurants de la Côte-d’Azur, qui n’hésitent pas à mettre le prix (jusqu’à 40€/kg pour un loup) lors des enchères descendantes. Certes, les halles et de rares poissonneries en direct du chalut proposent des bribes de la pêche sétoise. Mais 70 % de nos achats de poisson s’effectuent dans une grande surface, qui privilégie aquaculture ou pêche d’Atlantique. Du moins en frais. Car, pour plus de la moitié de notre conso, nous choisissons surgelés, conserves ou surimis, made in Thaïlande, Alaska, Pacifique, voire Antarctique. Des migrations de plusieurs milliers de kilomètres, sans nageoires, mais en émettant 90 fois plus de CO2 qu’un poisson local.
Les relevés de prix ont été menés à Auchan-Sète le 18 mai, à la Poissonnerie de Ranteau des halles le 19 mai et complétés par des observations aux Halles le 4 mai, à Carrefour-Balaruc le 6 mai, à Intermarché-Mèze le 9 mai. Variables d’un jour à l’autre et en fonction de la taille du poisson, les tarifs sont exprimés par kilogramme. Les fréquents 80 à 99 cents ont été arrondis à l’unité, pour moins de marketing et plus de lisibilité.
CThon, question de couleur
CBaudroie, la bien “lottie”
On n’en déguste que les joues et la queue, et on connaît encore mal la biologie de cette espèce à croissance lente. En Méditerranée, elle semble de nouveau abondante, avec des queues de 15 à 28 €. En grande surface, elle vient d’Atlantique, à 21€.
AUX HALLES, LE THON ROUGE DE MÉDITERRANÉE à 25€ persiste malgré sa pêche controversée et ses quotas désormais très réduits -seuls 6 senneurs sont sortis cette saison. La grande distribution préfère se concentrer sur la “thonine”, le thon albacore (celui des conserves), pêché lui aussi en Méditerranée, de 10€ (Auchan) à 17€ (Carrefour).
CCrevettes, les rafle-tout
CCéphalopodes, un charme tentaculaire
En grande surface -comme dans les tielles-, les stars de la cuisine locale n’hésitent pas à faire le déplacement, souvent en version “géants”. Seiche d’Atlantique centre-est ou de l’océan Indien de 12 € à 14 €, (contre 8 € de Med.) encornets de l’Atlantique nord-est ou du Pacifique à 5 € (contre 9 € de Méd.), supions de l’océan Indien à 10 € (contre 20 € de Méd.). Tiens, les petits poulpes d’Auchan sont sétois, à 7€ contre 4€ aux halles.
La Gazette n° 261 - Du 26 mai au 29 juin 2011
CSardines, grillade lointaine
EN SUPERMARCHÉ, les sardines et maquereaux (entiers ou en filets) proviennent en général de l’Atlantique nord-est, de 4 € à 5 €, contre 3 à 4 € de Méditerranée, ou 8,50 € pour les gros maquereaux. Divisées par 2,4 entre 2009 et 2010, les captures locales de “poisson bleu” s’effondrent.
Puisées au large, les crevettes sauvages de Méditerranée sont très rares. Mais très accessibles : 12,50 € (crues), quand les sauvages cuites du Sénégal atteignent 16€, voire 20€ en provenance d’Atlantique. Raclant les fonds, cette pêche tue accidentellement, pour chaque kilo de crevettes, 10 kg d’espèces non voulues, comme les tortues de mer. Sur tous les étals, les plus courantes proviennent d’Équateur, à 12€ aux halles, de 14 à 15€ en supermarché. Des élevages protégés par barbelés et kalachnikovs, bourrés aux antibiotiques, qui détruisent les mangroves tropicales, sources de survie de nombreuses populations littorales. Intermarché développe certes un programme “humanitaire” lié aux crevettes de Madagascar (19€): du commerce équitable?
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réalisé par raquel hadida / photos de céline escolano
À la pêche aux infos
-Visite de la Criée de Sète, en semaine à 16 h, 6 €. Office de tourisme, 04 99 04 71 71 -Pescatourisme (nouveau) : Une journée sur le chalutier le Stéphane Cardone, à partir du 20 juin, 150 € pour 2 pers., assurance, repas et 4 kg de poissons compris, 06 38 81 21 40, poisson2sete@gmail.com, seteavoir. fr -Guide 3 milles nautiques… sous la mer. Sur voiledeneptune. org ou à la Station de la plagette, 1 quai de la Daurade, à Sète. L’été, stands de sensibilisation à Sète, Frontignan, Agde et Valras. -Pour les pros : Guide des espèces pour un marché des produits de la mer durables allianceproduitsdelamer. org -Film Global Sushi, demain nos enfants mangeront des méduses, de Jean-Pierre Canet (2010)
8EN PRATIQUE “Il est frais mon poisson!”
CMuge et capelan, les délaissés
Mets de choix en Espagne ou en Tunisie, méprisés ici. Capelans, muges (ou mulets, dorés ou à tête plate), sar (cousin de la daurade) et anguilles peuvent pourtant nous régaler entre 1,50 et 7 €. Des prix “bon marché” qui leur assurent une place dans les grandes surfaces locales.
CLoup et daurade les “bien” élevés
EN VERSION “PORTION” (250 À 300 G), loups et daurades se vendent à 10€, qu’ils soient sauvages ou élevés en Grèce. Élevés en France, ils tombent à 8€, alors que les beaux spécimens sauvages, de chalut ou de ligne, atteignent 16 à 30 €. Prisés des palais, ces carnivores sont les pionniers de l’aquaculture intensive hexagonale, grâce à la maîtrise de la reproduction développée en 1971… à Sète. Nourris qu’ils sont aux granulés et sédentaires, leur chair s’en trouve ramollie.
CSaumon, festif mais goulu
SAUVAGE, IL S’EST FAIT TROP RARE. Alors, sur tous les étals, les élevages norvégiens tiennent le haut des pavés de saumons, les Français étant leurs plus gros clients. De 20€ à 23€ pour le sans OGM, ou 18€ pour l’écossais Label-Rouge. Pour produire 1 kg de saumon, il faut prélever en mer 3 à 5 kg de petits “poissons-fourrages”.
Ses yeux sont bombés et brillants, ses ouïes rouges, son corps est élastique, ferme (sauf le merlan), et légèrement humide, son anus fermé. Méfiance s’il a l’œil rouge -comprimé sous le poids des filets- ou s’il paraît trop pâle -trop de temps passé dans la glace. Toutefois, du vinaigre et des spots bien blancs suffisent à rendre le poisson à nouveau vif et scintillant…
En cuisine
Le poisson se conserve 2 jours au frigo. Faites cuire le poisson au four en papillote avec du fenouil et des petits légumes, ou à la poêle roulé dans la farine, avec de l’ail et du persil.
La pancarte,
depuis 2002, doit indiquer le type sauvage ou d’élevage, et la zone d’origine selon la FAO*, en toutes lettres ou avec une carte. ANE = Atlantique nord-est, AC = Amérique centrale… En option: -les étiquettes d’achat à la Criée pour garantir l’origine -la mention “décongelé”le cas échéant -des logos: Golfe du Lion-qualité producteurs en local MSC Marine Stewardship Council, issu d’une pêche aux méthodes durables Label rouge pour un élevage plus long et moins dense Bio: idem + garanti sans antibiotiques ni hormones de croissance, ni aliments OGM Les restaurants -30 % de notre conso maritime- ne sont tenus à respecter que ce qu’ils écrivent sur la carte. La direction départementale de protection des populations (DDPP) ne relève que 5 % de fraude sur l’origine du poisson. * FAO = Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. fao. org
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reportage
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Auchan développe une petite section “Criée de Sète” et met en avant les bocaux de produits méditerranéens.
CIRCUIT COURT (OU VENTE DIRECTE) PHOTO CÉLINE ESCOLANO
En projet dans les villages: des paniers poissons-coquillages
Après une expérience réussie à Montbazin, Émilie Varraud entend développer sur six villages une vente directe de poissons et de coquillages. De quoi renouer avec les “petits métiers” de l’étang.
Pourquoi le poisson C vient de loin Déjà rares et chers, nos produits de la mer s’enfuient vers l’Espagne et l’Italie. Du coup, on se rabat sur le poisson importé, de moins bonne qualité. Le marché du poisson en quatre explications. Le poisson local est rare Un port de pêche presque sans poisson local: le paradoxe se retrouve partout en Méditerranée. En pêchant 8,2 kg de poisson/habitant*, les filets sétois ne pourraient assouvir qu’un quart d’une demande croissante 35 kg/pers., deux fois plus qu’en 1950 et que la moyenne mondiale. Surtout avec des captures en baisse. Même situation au niveau hexagonal: nous importons 85 % de notre conso. Le poisson méditerranéen est cher Les prix de vente les plus élevés du monde peuvent freiner, mais ils assurent une haute qualité. Régulés par la prud’homie, les chalutiers sétois pêchent à la journée, de 3h à 17h, le poisson arrive sur les étals dès le lendemain, ultra-frais - et se fait peu transformer. Alors que sur les bateaux-usines des océans, les campagnes durent une à trois semaines. Sur l’étal, le poisson peut avoir déjà passé 20 jours à -30 °C dans la cale… On n’a pas la culture du poisson Plus “viandard” que “taré de poisson”. Un Français -même à Sète - a beau consommer presque autant de produits de la mer qu’un Espagnol (44 kg/an), et se pâmer devant l’intérêt nutritionnel des Omega 3, il ne consentirait pas à se saigner de 40 €/kg pour une chair vue comme “insipide”. Alors que la pêche sétoise ramène 80 espèces différentes, il se focalise sur une dizaine “faciles à préparer” : pavés de saumon, crevettes et thon (40 % de l’import) sans compter les filets de panga asiatique, roi La Gazette n° 261 - Du 26 mai au 29 juin 2011
des cantines. Pendant que nos voisins se délectent de nos poissons bleus et de valeur, au resto, nous mangeons souvent du poisson de chez Métro. Les grandes surfaces doivent s’approvisionner en continu “Désolé, aujourd’hui, je n’ai pas de daurade” : pour les supermarchés, impossible de prendre ce risque face à leurs clients. Alors ils sécurisent les achats par des pêches atlantiques plus généreuses (Carrefour et Intermarché ont leur propre flotte) et par la régularité de l’élevage, en plein boom. Le tout assorti de tarifs compétitifs. Néanmoins, Auchan développe une petite section “Criée de Sète” et met en avant les bocaux méditerranéens. Pour créer une filière locale, Voile de Neptune, association d’éducation à l’environnement littoral basée à Sète, a entamé en 2010 un dialogue avec Carrefour-Balaruc. Au niveau national, filière halieutique et grande distribution préparent une marque collective distinguant les produits de la mer d’origine française.
*4100 tonnes pour 1 million de consommateurs env. (Bassin de Thau et Montpellier, touristes compris). Merci à Nicolas Nouguier et à Michel Cantou, de l’association Voile de Neptune, ainsi qu’à Port Sud de France. Tendances nationales issues des statistiques de la FAO.
Jeudi 19 h, entre mars et octobre. Claudia Negri gare sa fourgonnette sur le parking de l’école. Pendant 1 heure, douze familles, incrites par mailing-list, défilent pour récupérer leur sachet de poisson en direct de cette femme pêcheur de Marseillan. Et en profitent pour discuter, échanger des recettes… Suivant la pêche, loup, daurade, sole, anguille si on a envie. Pour un prix fixe de 12 €, on repart avec environ un kilo de poisson de l’étang de Thau, de quoi nourrir 4 personnes. Que la daurade se vende à 5 € ou à 25 €/kg sur les étals. Depuis 2008, Émilie Varraud, une habitante de Montbazin, organise bénévolement ce circuit court pour 40 familles, le bouche à oreille attirant même des Montpelliérains. “Quand on travaille, qu’on ne peut aller ni aux halles ni au marché, le poisson frais d’ici est compliqué à trouver ! Je voulais que les habitants puissent se fournir avec facilité.”
Changer de regard sur la lagune
Par ailleurs directrice du Centre permanent d’initiative pour l’environnement (CPIE) du bassin de Thau, Émilie Varraud veut aller plus loin. Depuis un an et demi, elle travaille sur un projet qui pourrait débuter à l’automne, si les financements se débloquent en juin. Objectif : étendre l’expérience à Mèze, Marseillan, Pomerols, Poussan, Loupian, en livrant 15 “paniers poissons-coquillages” hebdomadaires, grâce à des binômes pêcheur-conchyliculteur. “Pour que chaque village trouve sa dynamique et devienne autonome”, il faudra créer des outils pour gérer les réservations (mail, site Internet, SMS ou affichage) ainsi que les aléas - pour remplacer un pêcheur qui n’a rien pris, par exemple, dans un climat de confiance. En parallèle, Émilie imagine des soiréesdégustations, des cours de cuisine, une communication sur le poisson de la lagune : “Les nouveaux habitants ont parfois une mauvaise image de l’étang, alors que la qualité de l’eau est surveillée en permanence ; ils connaissent peu les huîtres de Bouzigues alors qu’elles sont charnues et sucrées ; certains ne savent pas que les poissons migrent et que l’étang est salé ! En rapprochant l’assiette du territoire, on crée du lien entre habitants et on renoue un dialogue avec des métiers méconnus, sentinelles de ce milieu fragile.” Intéressés ? Inscrivez-vous auprès du CPIE : 04 67 24 07 55, contact@cpiebassindethau.fr, cpiebassindethau. fr
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entretien
“J’étais addict !” Accro et analyste du Web, Thierry Crouzet a débranché d’Internet depuis le 1er avril, pour six mois. L’occasion de prendre du recul sur son clavier… Tout en continuant à défendre les réseaux sociaux comme outils de changement politique.
THIERRY CROUZET
“Le Web change le monde, mais je débranche” Il est l’un des grands spécialistes français du Web,mais aujourd’hui il choisit de se déconnecter d’Internet pendant six mois. Depuis Balaruc-les-Bains, Thierry Crouzet défend la vision d’une société numérique décentralisée, artisanale et démocratique La Gazette Les révoltes arabes ont mis au jour le pouvoir des réseaux sociaux sur le web. Vous l’aviez prévu ?
Thierry Crouzet J’écris depuis six ans que des
citoyens sont en train de réinventer la démocratie en tissant des liens sur le Net. Mais lorsque j’ai publié Le Cinquième Pouvoir en 2007, sur toutes les radios les journalistes se sont fichus de moi: ils trouvaient ça impossible!
Avez-vous des liens avec les bloggeurs tunisiens?
Il y a un an, déjà, des bloggeurs tunisiens m’avaient contacté pour organiser des débats autour de l’influence des nouvelles technologies sur la vie sociale. Sur les réseaux, on sentait monter l’effervescence, bien avant l’info. Avec les hackers, qui déjouent les codes pour passer
la censure, ces bloggeurs sont devenus les artisans d’une révolution sans leader, bien différente des manifs derrière un parti ou un syndicat. Bien que le pouvoir actuel reste conservateur et que des bloggeurs comme Z poursuivent leur clandestinité, c’est sans doute là-bas que se pense la modernité.
Pas tout à fait: mon identité numérique continue à vivre sans moi. Je retweet (transfère, ndlr) automatiquement les infos reçues à mon audience, un Yahoo Pipe (1) publie des infos sur moi sur mon profil Facebook, un serveur ThinkUp (2) suivra les conversations à mon sujet sur les réseaux sociaux.
Le Web peut-il aider à repenser la démocratie ?
Vous avez gardé votre téléphone portable ?
Oui (voir encadré). Au lieu de faire écrire la Constitution par des experts nommés par des élus, alors juges et parties, on pourrait créer une open-démocratie où c’est la population qui coécrit la Constitution via un wiki-forum (sur le modèle de Wikipedia, ndlr). Juste au moment où ce potentiel s’ouvre, vous décidez de disparaître du Web… Pour écrire un livre papier. Vous n’y croyez plus ?
Si, mais tout le monde a compris : je préfère me consacrer à des combats où nous sommes encore trop peu nombreux (rires), comme le revenu universel, les privilèges des banques. En fait, je me suis volontairement déconnecté depuis le 1er avril, pour six mois, suite à une crise d’angoisse - du surmenage - qui m’a conduit à l’hôpital. À mon réveil, mon premier geste avait été de réagir aux commentaires sur mon blog, depuis mon iPhone. Après six ans de connexion non-stop, j’avais besoin de prendre du recul. Aviez-vous besoin de sortir du virtuel ?
Non, la réalité se trouve autant sur le Net qu’en dehors ! Le réseau procure même une conscience du monde étendue, essentielle pour gagner en responsabilité. Rien n’est virtuel, sur le Net s’échangent des informations simplement numérisées. En revanche, le flux des messages crée stress et dépendance: je voulais toujours savoir ce qui se disait, je n’étais plus maître de moi. Aujourd’hui, vous semblez plus réellement présent pour votre famille, mais vous avez dû laisser tomber votre réputation numérique ? La Gazette n° 261 - Du 26 mai au 29 juin 2011
Oui, mais il ne sert plus qu’à téléphoner. En me décyborisant, je suis revenu aux vieux medias et aux modes de communication “ancestraux” de 1985. Mais pour des utilisateurs classiques du Web, votre expérience ne paraît pas si extrême !
Bien sûr, mais avec 7 000 “followers” (3) sur Twitter, j’ai des comptes sociaux Web anormaux. Ainsi, j’ai vécu l’interaction permanente qu’une majorité de gens vivront dans quelques années. Ses richesses et ses pièges, je vais tenter de les mesurer, et de les partager à travers le livre que je rédige au cours de mon expérience: J’ai débranché, qui paraîtra chez Fayard en janvier 2012. Une sorte d’enquête sur moi-même… Ça ressemble à une cure de désintox. Vous étiez addict au Web ?
Oui. En balade avec les enfants, je cherchais le sommet pour envoyer des photos à mon réseau; je pianotais sous la table. Quand je me levais la nuit, je répondais aux commentaires sur mon blog. Après déconnexion, j’ai eu encore le réflexe de cliquer sur mes mails pendant dix jours!
Comme les adultes au boulot ou les ados accros aux réseaux sociaux, vous n’êtes effectivement pas le seul à relever vos messages toutes les 2 minutes. Avez-vous compris ce comportement ?
À force de multiplier les contacts, les sollicitations se font permanentes. Si on ne veut pas se faire larguer, on a besoin de suivre la conversation, et de réagir en urgence. Je souffrais peutêtre d’un TOC (trouble obsessionnel compulsif),
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Propos recueillis par Raquel Hadida / photos de céline escolano
“Le Web agit à la source du pouvoir”
Rapport entre Web et démocratie directe : ce que pense Thierry Crouzet “Politiquement, il faut sortir du système représentatif où les élus de tout niveau, une fois au pouvoir, se comportent tous de la même manière. La personne ou le parti n’y change rien ! Mais attention : la “démocratie participative” à la française, qui demande au peuple de voter (en ligne ou non) sur une question décidée d’en haut pour prendre un simple conseil, ou par des réunions à rallonge, est aussi complètement bidon. Les médias traditionnels, à sens unique, sont, eux, trop régis par la dimension économique. À l’inverse, sur le Web, en “one-to many”(7), chacun devient son propre média et les collectifs sont bien plus réactifs ! On peut alors réellement participer aux budgets, aux textes de loi. Si on décide d’une transparence totale, sur les notes de frais, par exemple, tous les documents en ligne permettent de limiter le pouvoir des gens qui ont le pouvoir politique ou économique. Donc, mécaniquement, d’augmenter celui du peuple. En permettant à chacun d’exister et de réfléchir, le Web permet d’agir à la source du pouvoir.”
C
THIERRY CROUZET
comme ceux qui vérifient dix fois avoir bien fermé leur porte. J’avais l’angoisse d’être seul, de ne servir à rien, d’être un auteur raté. Pour me rassurer, je vérifiais, la présence de messages me procurait à chaque fois un petit plaisir. Ces décharges de dopamine renforcent les connexions neuronales et on finit par tourner en boucle. Pour désamorcer ce désir urgent, il faut tout arrêter et trouver un autre plaisir. J’ai pour l’instant compensé en relisant les auteurs morts, comme Montaigne: un autre réseau! Les jeunes ont grandi avec le Web. Trouvez-vous qu’il modifie notre façon de penser ?
Le Web nous pousse à fonctionner en multitâches, au détriment de la concentration. Après déconnexion, je perçois désormais mon livre dans la continuité, non plus de façon parcellaire. Par ailleurs, le Web exerce aussi notre curiosité, nous confronte à la nouveauté: des études scientifiques (4) prouvent que les utilisateurs du Net mobilisent plus de zones cérébrales. Et les associations d’idées stimulent une créativité différente. Pour mieux explorer ces effets, je me fais suivre par un psychiatre et un neurologue, le Pr Touchon du CHU de Montpellier. Il me fera un scan cérébral en septembre, avant et après reconnexion. Avez-vous l’impression de redevenir un individu, de ne plus vous perdre dans les groupes des réseaux sociaux ?
Au contraire, “Je suis les liens que je tisse”, dit Albert Jacquard. Sur le Web, nous ne sommes plus une armée de clones égocentrés dans leur bulle matérialiste et individualiste. Nous nous faisons entendre comme des êtres humains au cocktail de compétences unique. Les gens de mon réseau m’ouvrent des opportunités. Je me sens en empathie, comme dans une salle de cinéma où je ressens la joie, la tristesse, la peur des gens. Et qu’on aime fabriquer des cerfs-volants ou boire du vin rouge au petit-déj’, on a toujours un club ouvert 24h/24.
8REPÈRES Thierry Crouzet est né en 1963 à Balaruc dans une famille de pêcheurs. Il se passionne pour les premiers ordinateurs et les jeux de rôles avant de devenir développeur puis journaliste. Il crée les magazines PC Expert et PC Direct, écrit vingt livres de vulgarisation informatique. Depuis son ouvrage “Le Peuple des connecteurs“(2006), il enquête sur la révolution politique silencieuse des réseaux sociaux, tout en signant “Croisade” (2010), le premier roman français sur Twitter. Son blog attire 15000 visiteurs par mois. Ses autres livres:“Une brève histoire de l’informatique” (2011), “Les Années blog” (2011), “L’Édition interdite” (2011),“Bit, sex and bug “(2011), “La Tune dans le caniveau” (2010), “Turista” (2010), “La Stratégie du Cyborg” (2010), “Équinoxe d’automne” (2010), “J’ai eu l’idée” (2010), “L’Alternative nomade” (2010), “Genius locus” (2009), “Le Cinquième Pouvoir” (2007) blog. tcrouzet. com
Mais sur le Web, nos centres d’intérêt sont largement exploités par la publicité des entreprises qui ont un pouvoir de communication, par les géants du web comme Google et Facebook, par l’“achat” de l’influence des bloggeurs. Le Web nous rend-il vraiment libres ?
Certes, le Web n’est pas tout rose mais les grandes entités y créent les outils… Qui les nieront elles-mêmes. Un individu peut gérer 150 relations sociales traditionnelles (5), alors que le Web déplace la limite, démultiplie les effets. Or, plus on crée de liens, plus on complexifie son réseau, plus son contrôle devient compliqué, et plus on est libre. France Télécom l’a bien compris: les managers réorganisent sans cesse les équipes pour éviter de créer des liens forts entre les gens. Les gouvernements pilotent de même l’hôpital ou La Poste en externalisant leurs propres services. Objectif: conserver une structure pyramidale simple pour garder le pouvoir. Les réseaux sociaux proposent-ils une autre forme d’organisation ?
Comme le système immunitaire, Internet s’autoorganise, se contrôle lui-même en tout point, favorisant les structures de petite échelle, le “do it yourself” (6). Comme le renouveau de l’artisanat, façon high-tech: les imprimantes 3D permettent de produire à l’unité des objets uniques, la modélisation des corps facilitera l’essayage virtuel, on imprime les livres à la demande… Le Web rend tout disponible partout, sans avoir besoin des industriels. Ce monde de “complexité volontaire” émerge : les partis, les chefs et la consommation de masse, c’est dépassé! On vous sent encore connecté à l’énergie du Web. Vous saurez comment gérer une re-connexion équilibrée ?
Regarder les messages trois fois par jour à heures fixes, ça n’aurait pas de sens. Je n’ai pas encore la réponse, mais je cherche.
Balaruc, soluble dans la Toile?
Après avoir vécu, 13 ans à Paris, 4 ans à Londres et à Seattle, vous êtes revenu vivre au bord de l’étang de Thau, pourquoi ?
Quand Isa (son épouse, ndlr) a quitté son boulot de manager chez Microsoft, j’ai voulu nous réinstaller là où je suis né… ce qui ne m’empêche pas de donner des conférences, de Genève à Ouessant.
En vous déconnectant du village global du Web, vous vous reconnectez à votre territoire ? Dans ma famille, on est pêcheur de père en fils à Balaruc-les-Bains. Je marche et je fais du vélo au bord de l’étang, dans la garrigue… J’aime vraiment ce pays, mais je n’aime pas ce qu’on en fait. À Balaruc, sur le Pech Meja, il y avait une garrigue aussi sublime que celle de Delphes, qui s’auto-entretenait : ces abrutis l’aménagent pour en faire un jardin antique (8). Comment voulez-vous que je m’implique ?
Hors du Web, la réalité ne vous inspire pas ?
Si, je vois plus mes amis en chair et en os, et je me suis remis à mes carnets d’aquarelle, dix ans que je n’y avais pas touché. Je dessine beaucoup le mont Saint-Clair, peut-être vais-je en peindre 101 vues, comme celles du mont Fuji. Ce qui m’intéresse n’est pas le résultat, mais d’être obligé d’observer, donc de méditer.
1 Application gratuite pour filtrer les articles de plusieurs sites Web, pipes.yahoo.com
2 Application gratuite pour stocker nos
conversations sur les réseaux sociaux Web, thinkupapp.com 3 Abonnés aux mini-messages qu’on écrit. 4 Etude de Garismall, à l’Université de Berkeley 5 Selon le sociologue Dumbar. 6 Faites-le vous-même. 7 Opération de communication émanant d’un seul émetteurs’adressant à plusieurs personnes. 8 Un projet de Thau Agglo et Balaruc-les-Bains, ouverture prévue cet été.
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N° 263 - août 2011
TOUTES LES SORTIES D’AOÛT
Et si
les navettes sur l’eau C BALARUC
R 27955 - 263 - 1,00 €
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C MÈZE
PHOTO CÉLINE ESCOLANO
remplaçaient les bus
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Le Crieur de l’ombre
Le cœur névralgique de la Criée de Sète, c’est lui. Chaque après-midi, depuis sa cabine de contrôle, Éric Monte vend aux enchères près de 2000 lots de poissons. De son œil averti, il impulse les prix, soigne les pêcheurs, surveille les écrans, provoque les mareyeurs. Jonglage sous tension. “Faut pas qu’il meure, sinon on est morts!” lance le patron du chalutier Ercole Lucie, après avoir fait irruption dans la cabine d’Éric Monte, le crieur. Galéjade? Pas vraiment: cet “agent de maîtrise” de la Criée de Sète (administrée par Port-Sud-de-France, propriété de la Région) se fait réellement indispensable. Seul maître à bord de ce marché aux enchères descendantes (voir encadré), Éric Monte fait tout pour vendre le poisson à bon prix - sans plus donner de la voix. “Avec ce vent du nord, la pêche s’amaigrit, les acheteurs vont devoir forcer.” S’il affine chaque jour son positionnement “commercial”, il se plaît aussi à “provoquer et voir les acheteurs faire les fous”. Un talent qui lui a permis de fidéliser les “petits métiers”. Et qui se révèle d’autant plus précieux alors que les prises de poisson chutent et que le gasoil grimpe: “Quand je vois les matelots prendre des risques en plein
mois de février, emmaillotés comme des bonhommes Michelin, pour gagner parfois 200€ par semaine, je les plains…”. Alors, pour faire “tourner les affaires”, Éric dispute dans l’ombre un “contre-la-montre”, tous les jours de 16h à 19h. Quitte à développer de l’hypertension artérielle, après trente et un ans de stress quotidien. Au moins peut-il prendre des congés, en se faisant remplacer par son collègue Jean-Pierre. À l’inverse de son père, qu’on traînait à son poste avec 40 °C de fièvre. Mais, à 50 ans, Éric ne voit arriver aucune relève: “Personne n’est jaloux de moi! Les jeunes ne veulent pas prendre des responsabilités…” Alors, pour s’“aérer les neurones” le week-end, Éric chante et joue “de la variété” dans les animations. Façon de se déconnecter des chiffres qui trottent dans sa tête, du soir au matin.
9h-12h au bureau : la paye des pêcheurs
Fax de réclamations, coups de fil de mareyeurs: “Tu en as de la sole? Qu’est-ce qui se vend en ce moment?” Au guichet, des pêcheurs “petits métiers”, d’étang ou de côte, déposent leurs prises du matin en chambre froide avant de s’informer sur leurs ventes - la surprise. C’est mercredi: Éric Monte récapitule les transactions de la semaine écoulée. D’un côté, le listing de règlements aux pêcheurs. De l’autre, les factures destinées aux 90 acheteurs, garanties par une caution de 4000€. Si la Criée prélève 4,5 % sur chaque vente, Éric ne touche, lui, aucune commission.
16h40 : 700 bacs à l’heure
15h30 : premiers débarquements
“À ma place, tu vendrais le bateau ?” : confident des patrons en galère, Éric ne va jamais en mer. Petit-fils de pêcheur, il garde les mains douces, mais connaît sur le bout des doigts les péripéties de “ses” bateaux, des pannes de treuil aux histoires de famille. Aujourd’hui, il attend le retour de 18 “petits métiers” et de 20 chalutiers. Premier à quai : le Roger-Christian. Triés, garnis de glace, empilés, les bacs passent des matelots aux manutentionnaires intérimaires de JFC, le soustraitant de la Criée. Avant de glisser sur le tapis roulant, direction Éric.
La Gazette n° 263 - Du 28 juillet au 7 septembre 2011
16h : l’amphi de la Criée
Isolé, caché. Depuis un an et demi, Éric n’est plus “dans l’arène”, face aux mareyeurs, prêt à lancer des noms d’oiseaux si on lui reproche de placer les prix trop hauts. Il a dû intégrer à la fois un énième nouveau système informatique - catalan- et une cabine à l’écart. Six bacs passent, Éric commence les ventes, prend sa cadence. Vissé à son poste, mais pas en mode caissière: “À chaque lot, je décide, je crée!” Tout en jaugeant son public sur écran: “Je dois les tenir nombreux et attentifs le plus longtemps possible.”
“J’attaque le MaximeLouis.” Une pancarte rouge signale les bacs du deuxième chalutier. Plus homogènes que ceux des petits métiers : “Je peux aller plus vite.” Sur le clavier, les doigts d’Éric tapent en rythme. Code du bateau, de l’espèce, du calibre, de 1 à 5. Calme tendu. De la glace dans le bac ? Il ajuste le poids. Reste le plus stratégique : le prix de départ des enchères. Trop haut, perte de temps ; trop bas, perte d’argent. L’ordinateur suggère 10 % de plus que le dernier lot “identique” vendu. Éric se fie à son œil, à son “nez”. “Le poisson brille, il est bien trié : je majore.” Durée totale de l’opération : trois secondes chrono par bac.
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réalisé par Raquel Hadida / photos de Céline Escolano
17h17 : haut les prix !
Maquereau ou billard ? Jeunes soles ou langues d’avocats ? Turbot ou barbue ? On se ferait avoir. “Il faut 5 ans pour voir passer toutes les espèces de poissons, une soixantaine”, assure Éric. Didier et Guy, deux patrons-pêcheurs, font irruption dans la cabine pour suivre le cours de leurs ventes. En faisant grimper l’agitation et le volume sonore. Pistes et soles atteignent 30 €/kg, les encornets à farcir (pisseurs) 15 €. Vers 17h30, la messe est dite : les acheteurs qui vendent à Rungis ou en Espagne doivent partir. Éric, lui, doit encore tenir jusqu’au dernier bateau, vers 19h.
Dans l’amphi de la Criée
Ils appuient sur le bouton plus vite que leur ombre. Dans l’amphithéâtre de la Criée, mareyeurs ou poissonniers déclenchent l’achat des poissons par télécommande. Face au défilé sur tapis roulant, ils se fient à leur “look”, réfléchi par le miroir, et à leurs caractéristiques affichées sur le tableau électronique. Les enchères sont “descendantes” : à partir du prix de départ fixé par Éric Monte, le prix diminue jusqu’à ce qu’un acheteur se manifeste. S’ils sont plusieurs à appuyer, “collusion” : le prix remonte. Et si personne n’en veut ? Lorsqu’il atteint un prix plancher, c’est l’Europe - “Code 900”- qui l’“achète” pour le détruire ou en faire de l’alimentation animale. Visite guidée : du lundi au vendredi (selon jours de pêche) de février à novembre. Départ à 16h de l’office de tourisme. 60 Grand’Rue Mario-Roustan à Sète, 04 99 04 71 71, ot-sete. fr. Tarif : 6 €
C
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entretien
Sur 40 km2 autour de Mèze, la garrigue est truffée d’œufs de dinosaures ! Entre les fouilles et le muséeparc, Alain Cabot consacre sa vie à retracer celle de ces fascinants reptiles d’il y a plus de 65 millions d’années, quand Mèze se trouvait sur une île.
ALAIN CABOT
“On marche sur des œufs de dinosaures” Il a découvert un des plus grands gisements d’œufs de dinosaures d’Europe. Sur la plaine de Mèze, le géologue-paléontologue Alain Cabot continue à explorer le passé de ces reptiles géants, juste avant leur extinction. Bienvenue à Crétacé Park. la gazette Après 15 ans de fouilles sur le site de Mèze, reste-t-il encore des fossiles à découvrir ?
Alain Cabot Bien sûr: à l’échelle de la paléontologie, ce site reste quasi neuf ! Nous avons découvert et continuons à sortir de terre des milliers d’œufs de dinosaures, dont un nouveau à la coquille épaisse et ornementée. Mais aussi des griffes, des empreintes, des mandibules, des omoplates ou des vertèbres. Nous avons déterminé une nouvelle espèce d’Ankylosaure (voir encadré), et sommes sur la piste d’un nouvel Iguanodontidae, de 8 à 10 m, aux pattes arrière développées. Pour sortir de terre assez d’éléments, les comparer aux autres collections du monde et préciser leur identité, il faut plusieurs années.
Pourquoi ce site se montre-t-il si riche ?
Dans un rectangle de 15 km sur 5 km, entre Villeveyrac et la route de Mèze à Marseillan, des couches d’argile datant du crétacé, de -75 Ma (Millions d’années) à -65 Ma, affleurent à la surface. La formation des Pyrénées a entraîné le redressement de ces couches géologiques, et l’érosion les a découvertes. Comme dans plusieurs sites à dinosaures de Toulouse à Toulon, connus depuis une centaine d’années: le Mas d’Azil en Ariège, les Corbières, Cruzy et Quarante dans le Biterrois, Montarnaud, la Sainte-Victoire. Mais ici, il s’agit pile de la dernière période avant leur extinction à la fin de l’ère secondaire (58 Ma avant l’apparition des pré-humains) et toutes les couches se succèdent sans discontinuité, c’est exceptionnel! Mais autant d’œufs de dinosaures, c’est étonnant!
À cette période, la carte des continents était différente: Mèze se trouvait 4 à 5000 km plus au sud, à la latitude actuelle du Soudan, sur l’île principale (sud de la France et Espagne) d’un archipel où flottaient la Hongrie, la Roumanie… En 10 Ma, elle a subi trois gros changements climatiques, de tempéré à tropical. Pour se nourrir, les troupeaux de dinosaures herbivores, migraient afin de profiter de la végétation - un peu comme les gnous du Kenya - et revenaient pondre chaque année au même endroit. Ici devait se trouver une rivière, dont les berges sablonneuses étaient propices à l’installation de leur nid, creusé dans la terre. 5 à 15 œufs de 3 à 4 litres (comme ceux d’une autruche) alignés en arc de cercle, et, une fois éclos, recouverts par les limons des crues de la saison des pluies. Donc rapidement préservés et fossilisés les uns sur les autres. Une nouvelle espèce de dinosaure retrouvée dans la plaine de Mèze. Reconstitution du squelette de Struthiosaurus languedocensis (interviewé en page ci-contre !) à partir de son bassin, ses côtes et ses dorsales. Présentation au public prévue pour 2012.
La Gazette n° 263 - Du 28 juillet au 7 septembre 2011
Pouvez-vous savoir à qui appartiennent les œufs?
Les ronds proviennent des herbivores, les oblongs des carnivores - on en a trouvé un seul, appartenant à une nouvelle espèce qui porte mon nom. Mais pour déterminer à qui se rap-
porte un œuf, il faut y trouver un embryon: c’est rarissime (10 dans le monde). Afin de les identifier, on a créé une nomenclature “parallèle”, spécifique à l’étude des œufs de dinosaures. Et, coup de chance pour moi, c’est à l’université Montpellier II que la spécialiste de cette discipline, Monique Vianey-Liaud, mène ses recherches. Grâce au microscope à balayage électronique, elle peut analyser des coupes de coquilles, très finement. Mais, à côté des œufs, on ne retrouve jamais de parents ?
Pour un dinosaure de 50 tonnes (vivant 70 à 120 ans), difficile de s’occuper de bébés de 1 à 1,5 kg! Les empreintes d’adultes et celles des petits ne se trouvent pas aux mêmes endroits. Les troupeaux de bébés de plusieurs espèces devaient se nourrir à l’abri dans les buissons, et ne rejoindre le troupeau de 50 à 100 adultes qu’à 6 ou 7 ans, atteignant déjà la moitié de leur taille “finale”. Bien que leur queue constitue un tiers de leur corps, on n’en trouve pas d’empreinte. Raide à l’arrière, elle devait donc servir de balancier. Pour réaliser toutes ces fouilles, il faut des moyens…
Nous autofinançons nos fouilles grâce aux 100 000 entrées de visiteurs du musée-parc, géré par notre SARL, sans subvention: dans le public, il n’y a pas de budget pour la paléontologie. Sept salariés s’occupent des fouilles et des musées, complétés par des étudiants l’été, ou lors de gros chantiers (jusqu’à 30 personnes). Les fouilles nécessitent beaucoup de temps, mais du matériel simple : le meilleur outil… c’est le couteau à huître! Où décidez-vous de creuser ?
En garrigue, sur les terres non retournées, après chaque gros orage, je prospecte à pied, repère les fossiles qui affleurent au sol et note les points GPS. Inutile de creuser: en marchant, on voit
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propos recueillis parRaquel Hadida / photos de céline escolano
Pratique - Le musée des dinos à ciel ouvert
Deux heures en compagnie de dinosaures grandeur nature. Le muséeparc de Mèze vous transporte 70 millions d’années plus tôt, dans un parcours de 5 hectares. Entre squelettes et reconstitutions en résine qui surgissent de la pinède, crânes et empreintes géantes. Le clou : les vrais nids d’œufs de dinosaures, de Mèze et d’ailleurs. Tarifs : 8,50 €/7 € La suite ? Un second musée-parc sur l’aventure évolutive de l’homme, par des reconstitutions de scènes préhistoriques. Tarifs : 7,50 €/6,50 €. Ouvert tlj, de 10h à 19h en été, de 14h à 17h ou 18h le reste de l’année. D 613 entre Mèze et Montagnac, 04 67 43 02 80, www.musee-parc-dinosaures.com, musee-prehistoire-origine-evolution.com
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des milliers de “tranches” d’œufs, comme des œufs à la coque vus de dessus et emplis de terre. Mais comment les distinguer de simples pierres? Impossible de radiographier la terre comme dans Jurassic park! Alors j’enfonce une aiguille à tricoter pour tenter de toucher le fond de la coquille. Ensuite, je demande l’autorisation au propriétaire du terrain, puis on fouille au printemps et en automne, quand la terre n’est ni durcie au soleil, ni boueuse.
40 km de fouilles potentielles sur la “plaine des dinosaures” de Mèze à Montagnac
moule, nous coulons de la résine pour le reconstituer. Mais uniquement sur du matériel déjà identifié.
Des fouilles sur les 10 millions d’années (- 75 millions d’années à -65 millions d’années) avant l’extinction des dinosaures
Une fois le fossile repéré, comment le récupérezvous ?
Un gros dinosaure inconnu, ce serait sympa, ou une ponte avec des embryons dedans, une première en Europe ! On trouve toujours quelque chose, mais il faut y consacrer sa vie: je suis sur la brèche 7 jours sur 7, j’habite forcément sur place…
Découvertes d’Alain Cabot et son équipe 1996 : Identification du site de gisement d’œufs de dinosaures 1998 : Le plus petit œuf de carnivore du monde (7 cm), Prismatoolithus caboti 1999 : Bassin, dorsales et côtes d’une nouvelle espèce, Struthiosaurus languedocensis 2005 : Nid de 7 œufs non éclos à coquille à deux couches 2006-2011: Ossements d’Iguanodontidae (les fouilles se poursuivent) 2005-2011: Coquilles d’œufs particulièrement épaisses (en cours d’identification)
On détache l’ensemble du bloc de terre contenant le fossile, au burin et au marteau. Puis on l’enrobe d’une coque de plâtre pour le transporter sans l’abîmer. La surprise, c’est au labo! Avec pinceau et brosse à dents pour dégager le fossile. Ensuite, il faut l’analyser…
Je procède par anatomie comparée. Par exemple, mes coquilles de 5 mm d’épaisseur correspondent-elle à une anomalie ou à une nouvelle espèce? Parmi ma collection de morceaux de coquilles - des échanges avec des chercheurs -, un échantillon d’Argentine lui ressemble. Grâce à l’embryon trouvé dans ces œufs, je suppose que le nôtre appartient aussi à la famille des Titanosaures. Pour confronter les formes des os de dinosaures, idem: je me rapproche d’autres spécialistes, quitte à me rendre à Dublin, en Espagne ou aux USA. Nous créons alors un partenariat public-privé pour publier nos résultats scientifiques. Alors où sont vos trouvailles de dinosaures ?
En sécurité, à la faculté des sciences de Montpellier! Au printemps 2012, nous allons présenter sur le parcours du musée une copie des os de Struthiosaurus découverts, une reconstitution du squelette, et de l’animal entier. Pour ce faire, nous moulons l’original dans un mélange de silicone et de plâtre. Puis, dans ce
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Que rêvez-vous de dénicher ?
Vos découvertes permettent-elles de mieux comprendre l’extinction des dinosaures ?
Climat, volcan, météorite: il y a 350 théories sur la disparition des dinosaures! Mais oui, ce lieu permet d’en savoir plus sur leur nidification, leur écosystème et leur diversité au cours de leurs 10 derniers millions d’années. Les sept espèces d’œufs retrouvées ne sont pas présentes sur toute la période: on détecte d’abord cinq espèces, puis trois, puis une seule, laissant supposer que leur disparition fut progressive, ici du moins. Via l’archéoptéryx, certains dinosaures ont donné naissance aux oiseaux, mais ils ont surtout laissé la place libre à un petit rongeur… à l’origine de la diversité des mammifères. L’homme peut-il subir le même sort ?
Il a réussi à s’implanter sur toute la planète, son cerveau est développé et il n’a pas de prédateur. Mais, comme toute espèce, il disparaîtra un jour ou l’autre, à cause d’une météorite, d’une maladie ou par manque d’adaptation à l’évolution du climat…
STRUTHIOSAURUS LANGUEDOCENSIS
Dialogue avec le dinosaure local
Struthiosaurus languedocensis, enchanté. L’équipe d’Alain Cabot a découvert votre bassin et vos côtes près de Mèze. 75 millions d’années avant nous, que faites-vous là ?
Avec mon bec courbé, j’attrape paisiblement les plantes coriaces de la forêt tropicale - araucarias, prêles, magnolias…-, autour d’un lac ou d’une rivière. Un peu comme vos rhinocéros actuels. J’en profite pour y installer mes nids en creusant les berges, pondre mes œufs sphériques en mai, et les recouvrir de fougères, de vase, de graviers. En dégageant de la chaleur par fermentation, le nid fermé fait office de couveuse, et mes œufs peuvent éclore en septembre. Malin ! Alors à quoi ressemblez-vous ?
Imaginez un “lézard-autruche” de 3 mètres de long pour 200 kg: (voir photo page ci-contre): sur cette île franco-ibérique, nous sommes plutôt petits. Mais costauds: avec mes plaques osseuses comme boucliers sur le dos et la tête, et mes épines hérissées, je suis cuirassé comme un char d’assaut, rivé au sol par mes griffes, et doté d’un cerveau de la taille d’une mandarine. Entre nous, si on me renverse, je ressemble à une tortue sur le dos - la honte-! Vous n’êtes donc pas seul ici…
Non, nous sommes environ 8 espèces de dinosaures herbivores dans le sud de la France, dont 4 à pondre ici. Côte à côte avec plusieurs espèces de tortues, de crocodiles, de geckos, de poissons et de moules d’eau douce (Unio), voire de reptiles volants. Mais un dinosaure carnivore (au moins) vient nous pourrir la vie. Jusqu’à pondre un œuf dans nos nids: à sa naissance, leur rejeton prend nos petits pour des Big Mac. Pff, mal élevé! Qu’importe, puisque nous, les dinosaures, régnons sur la planète… La Gazette n° 263 - Du 28 juillet au 7 septembre 2011
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viepratique Glisser sur les flots, humer l’iode et changer de cap, ça vous manque? Ne rêvez plus d’avoir un bateau: découvrez plus de vingt façons originales de sillonner la mer, les canaux ou l’étang de Thau à moindres frais. Cet été, larguez les amarres.
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llez, on l’avoue. Regarder les voiliers passer les ponts, des sportifs braver le vent ou des couples faire les beaux sur des bateaux à moteur, ça met l’eau à la bouche. En revanche, les épaves qui peuplent les quais, noyées dans l’indifférence, nettement moins. Surtout quand il faut débourser 10000 à 20000€ pour acquérir ne serait-ce qu’un petit bateau à moteur (76 % des nouvelles immatriculations dans la région mesurent moins de 7 mètres), et 2000 à 2500€/an, plus de nombreux tracas pour l’entretenir (carénage, place de port, assurance, réparations…). Le tout pour parcourir en moyenne 70 milles (130 km) par an! Alors, à moins d’en faire son gagne-pain ou d’être passionné, mieux vaut s’abstenir de posséder, pour profiter d’escapades variées sur les bateaux des “pros”. Pour ces activités de mai à octobre, pensez à réserver au moins 3 jours à l’avance, prévoyez une caution. Les gilets sont fournis, mais n’oubliez pas lunettes de soleil, casquette, casse-croûte, baskets, pull et blouson étanche. Voire combinaison pour la voile légère, et un tube de Cocculus 5 ch contre le mal de mer. Embarquement immédiat! La liste des structures présentées ici ne prétend pas être exhaustive. Clubs et associations ont besoin de bénévoles: si vous voulez vous impliquer, manifestez-vous!
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La Gazette n° 263 - Du 28 juillet au 7 septembre 2011
- Azur Croisières (Aqua Popeye, Ecocano) 0627 54 2615, popeye3.com - Sète Croisières (CanauxRama, Aquarius, Subsea), sete-croisieres.com À 7h, pêche en mer au large de Marseillan. - Du port de Mèze: le Fery-Boate, 0662008284 - Du port de Bouzigues avec les ostréiculteurs de Bleu Marin, 0603314490, promenade-bouzigues.fr De port en port Depuis Frontignan, débarquez directement sur le marché de Sète, le mercredi à 9h, 15€. Sortie en mer le vendredi. OT de Frontignan 0467183160 Navettes festivalières Jusqu’au 8 août, départ quai Paul-Riquet (parking du Mas Coulet) de 18h45 à 20h45 vers le théâtre de la Mer, retours après le spectacle. Gratuit. Pêche sur l’étang Au lever du soleil, pêchez daurades et loups à la canne. Départ port de Mèze à 7h, 35 à 40€/pers. Petit-déj, matériel et vivier. 5 pers max. Bateau École Mèze, 0688068517, tbl34@hotmail.com, bateauecolemeze. com Sur un chalutier Embarquez à 2h30 pour découvrir la vie des marins-pêcheurs et la technique du chalut. Retour à 17h à la Criée. 80€/pers.(2 pers. max) repas, collations et caisse de poissons inclus. Stéphane Cardone, 0638812140, poisson2sete@gmail.com, seteavoir.fr
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pages réalisées par Raquel Hadida / photos de céline escolano
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Partez en escapade avec un moniteur-skipper Fendez les flots avec un pro, tout en apprenant à barrer, à régler les voiles, à virer de bord… comme à vivre à bord. - 2 heures de découverte de l’étang de Thau sur un grand catamaran. Mer. et jeu., départ du port de Balaruc, au ponton de la piscine, à 9h et 14h, de juin à septembre, 30€/pers. - Rando catamaran (combi fournie) 3 adultes ou 2 adultes et 2 enfants (-12 ans) par bateau. Côté mer, les mer. et sam., 10 h-16h, 80 €/bateau Côté étang, ven., 12h30-16h30, 60€/bateau Office de Tourisme de Sète, 60 Grand’Rue Mario-Roustan, 0499047171 (paiement-résa à distance), ot-sete. fr -- Ne restez pas sur le quai! Trois loups de mer partagent leur passion sur leurs voiliers habitables (9 à 11,50 m), dans le bassin de Thau. Toute l’année (selon météo), rdv à 14h sur le port de Marseillan, retour vers 18h. Adhésion 30€/an + 10€/sortie. Inca 06 85 16 77 92, Sunny 06 22 90 23 77, Pollux 0620084324 Association Atouvents, atouvents.free.fr - À bord de l’Ali-Baba ou du Laisse-dire, les équipes handicapés-valides sont gagnantes! Balades et cours de voile à la carte à partir de 4 inscrits. Adhésion 20€/an + 30€/demi-journée. Croisières aux Baléares et en Corse en août. Cap au large, Fred, 0632495775, http:// cap.aularge.free.fr - Promenade en mer ou sur l’étang. Bouffée d’air dans un trimaran de 10 m avec Thierry. 180€ pour 5 pers. max., selon dispos, 0680 113248. - Stages “intensifs” de croisière (mais aussi dériveur, catamaran, planche à voile), expérience de la vie en collectivité, sur l’étang, ou en voyage - Barcelone, Porquerolles…. Env. 500€/semaine hors nourriture. Évaluez votre niveau avant de réserver sur le site glenans.asso.fr ou au 0153928600. Départ le samedi du port des Onglous à Marseillan, Les Glénans, 04 67 77 22 73, stagiaires@glenans.asso.fr
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unejournéeavecnellyetchristophe Les chèvres, ils en font tout un fromage (bio) !
Une centaine de biquettes élevées au naturel pour des yaourts et des fromages bio : à Villeveyrac, Christophe et Nelly Brodu dynamisent leurs pratiques artisanales, se diversifient, s’ouvrent au public. Au top de la cohérence. Pour une lactation détendue, rien de tel que la musique classique. Une petite toux? Nelly asperge les chèvres d’huile essentielle d’eucalyptus. Une mammite? Crème au calendula et homéopathie. Exit les hormones ou les jeux de lumière pour les pousser à mettre bas en septembre - le “désaisonnement” : il n’y a pas de fromage de chèvre en hiver, point. Et si les mouches s’en mêlent, l’appétit des poules fait office d’insecticide. Au mas Saint-Farriol à Villeveyrac, les chèvres n’ont pas vraiment l’occasion de croiser une molécule pétrochimique. Christophe et Nelly Brodu veillent à leur autonomie. Ils cultivent vesse, avoine et orge, indispensables pour forger leurs protéines, majoritairement sur l’exploitation, “en respectant le calendrier lunaire sur les principes de la biodynamie, comme pour introduire les boucs”.
Les croisements entre races alpines, blanches Saanen, poitevine et provençale vont bon train, rendant caduque l’insémination artificielle. Rare, les chèvres pâturent toute l’année: l’hiver en recevant du foin en complément, l’été pendant la nuit, le long d’une rivière. Sur le toit de la chèvrerie, des panneaux solaires assurent une production électrique et d’eau chaude. Pour Christophe et Nelly, partager leurs pratiques écologiques, c’est un régal. Alors ils n’hésitent pas à accueillir quatre groupes par semaine, soit plus de 1000 enfants par an. Et forment des stagiaires pendant un à six mois sur tous les ateliers. Andreï de Sibérie, Julien, un Allemand objecteur de conscience, Andréane, étudiante québécoise en agronomie, égayent les tablées extensibles. Prochaine étape: organiser des “vacances”- découverte de l’agriculture bio - le Woofing. On n’arrête pas l’ouverture.
8h et 17h30 : la traite
Plus besoin de seau : la ration d’orge et de céréales tombe automatiquement dans les auges. De quoi motiver les 93 chèvres à grimper sur le quai de traite, par lot de 20. Sur chaque pis gonflé, Marion, la salariée de l’exploitation, branche deux manchons de la trayeuse. Pendant 40 minutes, la pompe conduit leur lait vers le tank. Diverses et rustiques, les chèvres produisent chacune 550 litres par an, deux fois moins qu’en élevage industriel hypersélectionné.
10h30 : à la fromagerie
9h : en route pour la pâture
Ouverture des portes. En tête les chevrettes “de renouvellement” nées au printemps, au milieu Titeuf, le jeune bouc à houpette, la grosse Lulu à l’arrière, le troupeau panaché déboule sur la route, entre les vignes. “Droite”, “Place”, “Houba-houba” : à reculons, en porte-voix, Christophe télécommande avec précision Fanette, le border-colley. Objectif, emmener “les filles” mâchonner au fond d’une belle prairie clôturée.
La Gazette n° 264 - Du 8 au 28 septembre 2011
14h : le filtre à roseaux
Que deviennent les 3 000 litres d’eau “grise” par jour nécessaires au lavage de la salle de traite et de la fromagerie ? Christophe et Nelly ont décidé de les dépolluer naturellement à travers trois niveaux de filtre à roseaux (la phytoépuration). Avec cette eau de qualité, ils peuvent ensuite irriguer leurs prairies. Le petit-lait qui s’écoule des fromages, lui, engraisse 40 porcelets par an. Pour se “recycler” en viande de porc, en pâtés et saucissons. Rien ne se perd, tout se transforme.
Nelly concocte les fromages. Prélever du petit-lait, vérifier la juste acidité du caillé de la veille. Remplir à la pelle des plaques “multi-moules” de 42 faisselles à la fois. Efficace. Egoutter, retourner, saler. Attendre encore 4 heures, retourner les fromages sur les grilles étagées. Zou, dans la salle d’affinage. Puis nettoyer le matériel… au lave- faisselle. À côté, Andréane remplit de lait bouilli (au chaudron) les pots de yaourts en verre, à l’aide de l’entonnoirdoseur. Marion les encapsule à la main avant de les installer dans l’armoireyaourtière à 44 °C, pour 24 heures.
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réalisé par Raquel Hadida / photos de céline escolano
RTES S OUVEtembre E T R O P 18 sep les 17 &
16h : boutique à la ferme
Livres et confitures, bières et poteries. Une atmosphère pierre et acidulée pour croiser culture et agriculture locales. Pour Nelly et Christophe - président régional des CIVAM*-, la boutique valorise façon circuit court le travail de leurs amis producteurs et de leur propre ferme. Yaourts, tommes et bien sûr fromages type pélardon (1,50 €), frais, secs ou crémeux. Sur commande, caissettes de viande de bœuf, d’agneau et de porc, chevreaux de Pâques, et porcelets à rôtir. Et le miel de garrigue “maison”, pour bientôt. *Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural civam-lr. fr
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Le secteur de la pêche est en crise ?Pour Michel Tudesq, “la formation permet de s’adapter au mieux. Une clé pour sortir de la crise.”
MICHEL TUDESQ
directeur du lycée de la mer
“En période de crise, la formation est essentielle” Souffrance économique côté pêche et ostréiculture, sérénité au lycée de la Mer de Sète. Michel Tudesq, son directeur, fait évoluer les formations professionnelles pour aborder la rentrée en ayant toute confiance… dans la motivation de ses élèves. la gazette Les pêcheurs ne capturent plus de poisson bleu et sont plombés par le prix du fioul et les quotas de thon, les ostréiculteurs font face à une surmortalité record des naissains d’huîtres… Peut-on encore embarquer les jeunes vers un métier de la mer ?
Michel Tudesq Nous maintenons toutes les
formations: ces filières sont loin d’être condamnées. Sur 2900 marins en Languedoc-Roussillon, 80 % sont pêcheurs, et sur les 2500 marins de PACA, 80 % sont des marins de commerce (SNCM…). En France, 80 % du chiffre d’affaires de l’aquaculture provient des coquillages. En période faste, il faut se former pour se développer. Paradoxalement, en période de doute, la formation devient aussi essentielle pour s’adapter au mieux : c’est une clef pour sortir de la crise. L’enseignement est toujours gagnant!
De fait, les jeunes s’orientent-ils encore vers les filières maritimes ?
En exclusivité nationale, nous lançons cette année un bac pro plaisance professionnelle comme lycée-pilote. À la sortie, les diplômés pourront s’insérer sur le “marché” des commandants de yachts à moteur de la Côte d’Azur, aujourd’hui détenu à 80 % par des Britanniques. Au-delà de la technique, ce métier implique des compétences de savoir-être et d’accueil. Avantage: ce secteur de luxe ne connaît pas la crise… voire en profite. Souvent immatriculés dans des paradis fiscaux - îles Caïmans, Bahamas -, les yachts de grands sociétés proposent des emplois non précaires.
Mais qui sont ces ados motivés ?
Justement, vos élèves trouvent-ils facilement du travail ?
Nous attendons près de 300 élèves à la rentrée. Nos inscriptions sont stables, voire en augmentation ponctuelle liée à une réforme du bac pro (en 3 ans au lieu de 4). En effet, les choix d’orientation ne sont pas dictés par l’importance économique, mais par les projets de vie: à la sortie du Grand Bleu, les jeunes avaient afflué! Il arrive que les enfants de marins soient découragés par leurs parents, mais pas plus qu’avant. Et si c’est dur, c’est dur partout. Alors autant suivre ses envies.
Nos élèves ont le goût d’un métier au contact de la nature et d’un milieu aléatoire - la mer. Souvent, ils possèdent déjà une force de caractère, un ressort interne. Comme dans les autres filières pros, 20 à 30 % des jeunes sont “tombés dedans quand ils étaient petits” par l’activité d’un proche, mais la majorité ressent une vocation ex nihilo. Seuls 10 % des élèves sont des filles, du fait des contraintes physiques et des aléas… mais, trente ans en arrière, le métier était purement masculin. Pour rejoindre le seul lycée maritime de Méditerranée - hors Corse -, certains font 500 km (et viennent même des DOM-TOM, NDLR): nous accueillons 120 élèves en pension. Quels secteurs leur plaisent le plus ?
En pêche et en cultures marines, nous remplissons quasiment les classes de 24 élèves. Les jeunes sont attirés vers des secteurs confidentiels, mais modernes, pointus, et en développement. Comme l’élevage de poisson, plus sexy que les huîtres! (voir “les avis”) La mécanique navale et la plaisance séduisent aussi particulièrement : 24 à 38 jeunes se retrouvent sur listes d’attente. Michel Tudesq est directeur du lycée de la Mer, où 300 élèves sont inscrits.
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“Plaisance” : une nouvelle formation qui a le vent en poupe ?
D’après les enquêtes “à 5 ans” après le bac pro, 96,5 % des diplômés ont trouvé un emploi stable - moins de 5 % de chômage, soit le plein-emploi d’après l’INSEE. D’après moi, on doit surtout cette réussite à la forte motivation des élèves. Des marins de commerce peuvent travailler sur des péniches, des spécialistes de la culture marine dans les aquariums… Même si tous ne restent pas dans leur secteur de départ, le bac pro leur donne des capacités d’adaptation, de mobilité, de prise de décision. Par ailleurs, la formation fait office de variable d’ajustement: impatients de rentrer dans la vie active, les jeunes peuvent abandonner les études pour travailler chez leur maître de stage. Ou, au contraire, les poursuivre jusqu’à trouver un emploi. Comment favorisez-vous les débouchés ?
Sur 3 ans de bac pro, les élèves passent 22 semaines en stage (de plus de 3 semaines chacun). L’occasion de tester un large panel d’activités, de Leucate à Antibes. Grâce à la bourse Léonardo, quelques jeunes, assez matures, partent en stage à l’étranger - Irlande, Italie, Allemagne. Mais notre “fonds de commerce” demeure le bassin de Thau : nous invitons chaque année les 250 maîtres de stages pour solidifier ce réseau.
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propos recueillis par Raquel Hadida / photos de céline escolano
L’AVIS DE… Formation complète NICOLAS ROUZIER, 25 ANS
ancien élève du lycée de la Mer, responsable de production et acheteur chez Coquillages Mer Méditerranée (CMM) à Marseillan “Le bac pro est une excellente formation, très complète, où les profs s’impliquent. Six ans après, elle me sert encore au quotidien, alors que je gère entre 10 et 30 personnes, avec un très bon salaire. Certes, fermetures de l’étang et surmortalité portent des coups durs, et la moule a peutêtre plus d’avenir que l’huître. Mais cette formation polyvalente reste indispensable, d’autant plus qu’il va falloir compenser le manque de poisson sauvage…”
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Pessimisme
HENRI GRONZIO
président du Comité régional des pêches (CRPMEM)
“Les sorties de flotte s’accélèrent, la pêche est en danger comme jamais : je suis pessimiste. La ressource (les populations de poissons, NDLR) diminue non du fait de la surpêche, mais à cause des pollutions en Méditerranée. Malgré cela, maintenir la formation reste primordial pour reprendre la profession, si la ressource revient. Surtout qu’on a la chance d’avoir le meilleur lycée de la mer à proximité. Les élèves trouveront du travail en Atlantique, où on pêche encore de tout.”
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De quels moyens disposent les élèves pour s’immerger dans les techniques marines ?
Nous avons un port dans l’enceinte même du lycée, un sacré gain de temps! Avec deux bateaux et une barge conchylicole. À Bouzigues, une table de parc est dédiée à l’entraînement des élèves de la filière cultures marines. Des salles spécialisées sont équipées de simulateurs de navigation, de radars, de radio. Pour lutter contre les incendies, un container reconstitue un navire en feu, permet de travailler la respiration artificielle, etc. On simule aussi un bateau qui coule. Se jeter à l’eau, gonfler le radeau, se faire repérer avec des fusées et hélitreuiller: en seconde, tous les élèves y passent. Et, hors temps scolaire pur, comment les activités lycéennes participent-elles à la formation ?
À la Toussaint, les cultures marines partent en voyage d’études en Écosse: un vrai dépaysement pour les techniques d’élevage. À Venise, deux équipages participent à la Vogalonga, une course de rame (34 km), tout en rencontrant des acteurs et scientifiques de la lagune. Côté environnement, nous nous inscrivons dans la démarche Lycée 21 : un groupe biodiversité réalise des comptages d’hippocampes pour le programme Hippo-Thau, d’herbiers à zoostères pour la mission Natura 2000… et en profite pour bosser la plongée. En juin, les élèves testent les systèmes de sauvetage des pompiers: ils jouent les survivants dans un bateau de passagers qui coule, ou dans un avion tombé au large du Graudu-Roi. Ils deviennent ainsi les témoins privilégiés de la chaîne du plan de secours, c’est très formateur!
Vos formations continues sont-elles aussi ouvertes vers l’emploi ?
Oui, c’est une forme de service après-vente ! Elles permettent d’ajuster ses compétences au marché. En passant un seul module supplémentaire, des capitaines de chalutiers prévoyants peuvent ensuite diriger un voilier ou
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12 lycées de la mer en France,dont 2 en Méditerranée (Sète et Bastia). Le lycée Paul-Bousquet de Sète est le plus ancien et le plus important de France. 300 élèvesinscrits aux BEP/bac pro pour la rentrée 2011. 12 formations initiales, 12formations continues 36 professeursen formation initiale, sur 73 employés du lycée 14heures d’enseignement pro sur 32 h de cours par semaine. Moyens: un port intégré, 3 bateaux, une table de parc, des simulateurs Se former aux métiers de la mer Affilié au ministère de l’Écologie et du Développement durable, le lycée de la Mer propose les formations dans quatre filières après la 3e: - Cultures Marines (ConchylicultureAquaculture): BEP, CAP, bac pro, BTS - Marine de commerce/Plaisance: BEP Marin du commerce, bac pro - Pêche:CAP Matelot, BEP, bac pro - Electro-Mécanique navale:BEP, bac pro Formations continues(1 semaine à 1 an): radeaux de sauvetage, incendies, opérateur en mer, permis bateau, installation en aquaculture, petite pêche, capitaine de voilier, initiation nautique…
une vedette de passagers. Ce qui les aide à se diversifier, par exemple dans le pescatourisme… malgré des réglementations encore trop bloquantes. En revanche, en cette période de crise, la formation de traçabilité ne semble pas une priorité pour les conchyliculteurs. Peut-on réellement s’orienter vers les métiers de la mer en cours de carrière ?
Bien sûr! On a vu des ingénieurs d’IBM devenir skippers, des cadres de banque s’installer en conchyliculture, un huissier de justice monter une poissonnerie. Les formations continues attirent des personnes en reconversion, par accident de vie, par passion. Quels sont les prochains chantiers du lycée de la Mer ?
Entre le bac pro et l’école d’ingénieurs “Hydro” - École nationale supérieure de la mer -, on manque de niveaux intermédiaires, donc de continuité pour les meilleurs élèves. Nous avons développé un BTS Aquaculture depuis 4 ans. Le ministère doit désormais créer un BTS maritime, en navigation comme en machine. Par ailleurs, ici, après avoir atteint la parité dans le personnel, je souhaite favoriser l’intégration des filles. Pour l’instant, nous ne pouvons leur proposer que 11 places en internat, mais un nouveau bâtiment devrait les accueillir dans des meilleures conditions d’ici la fin de l’année.
Polyvalence
FRANÇOIS YVON
prof de cultures marines, élu au lycée, secrétaire national CFDT Éducation maritime
“En cultures marines, seuls 25 à 30 % des diplômés travaillent sur le bassin de Thau. Les crises à répétition les guident vers des domaines de niche, variés et attirants : dressage d’otaries au Seaquarium, perliculture à Tahiti… La spiruline, le wakame (algues nutritives), le phytoplancton cosmétique se développent. Les postes chez les négociants ou en grandes surfaces ne fléchissent pas. Ainsi, les sept classes de France ne saturent pas le marché. Côté pêche, moins de visibilité. Au sein du Grenelle de la mer, la CFDT propose de créer un BTS Aires marines protégées, pour former des marins-écologues dès 2014. Une adaptation nécessaire alors que 20 à 30 % du littoral sera sous ce régime d’ici 10 ans.”
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8HISTORIQUE
1851 : Création de l’école navale Paul-Bousquet 1970: Il ne reste que 36 élèves! 1983 : Obligation pour les marins de se former 2000 : Ouverture du bac pro Machinisme 2007 : BTS Cultures marines 2011: Bac pro Grande Plaisance BEP = Brevet d’études professionnelles, CAP = Certificat d’aptitude professionnelle, BTS = Brevet de technicien supérieur
Lycée de la mer Paul Bousquet,Rue des Cormorans, BP 476, 34207 Sète Cedex, 0467516363, www.lyceedelamer.fr
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Où ont été réalisées ces photos?
À l’école maternelle Colbert, une des plus vieilles de Sète. On y compte une quarantaine de petits, répartis en deux classes et quatre sections: toutpetits, petits, moyens et grands.
Douze
Le nombre de bambins interrogés sur cette rentrée, parfois aidés par leurs parents: au nombre de douze eux aussi. Il s’agit de leur première, leur seconde ou leur troisième rentrée.
Verdict
Des enfants heureux de retrouver leurs copains et copines, malgré un peu d’inquiétude sur le fond.
LA DYNAMIQUE
AVA ET VÉRONIQUE, 4,5 ET 35 ANS Rentrée en moyenne section pour Ava, visiblement très à l’aise : “Oui je suis contente de rentrer à l’école.” Pourquoi ? “Ben parce que c’est la fin des vacances, j’ai mes copains et mes amoureux, Erwan et Lucas. Et puis je suis contente d’apprendre des choses.” Décontraction aussi pour la maman : “Elle n’aime pas trop le centre aéré. C’est une petite fille très dynamique et qui aime apprendre, elle a besoin de faire plein de choses. Alors elle se plaît bien à l’école.” Le temps d’une photo et la voilà déjà à courir à droite à gauche.
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ls font leurs premiers pas de “grands”. Certains adorent, d’autres sont de plus en plus réticents à l’approche du moment fatidique. Mais des parents et des enfants, qui sont les plus stressés? “L’inquiétude est aussi grande chez les uns que chez les autres, commente Nathalie Matovina, directrice de l’école maternelle Colbert, à Sète. D’ailleurs j’ai dû faire sortir quelques mamans avant qu’elles ne pleurent. Si leurs petits voient ça, ils en font de même”, rigole la responsable. “Ce sont les premiers pas dans le monde social”, reprend Nathalie Matovina, d’où leur importance. Pour les réussir au mieux, elle est entourée d’Isabelle Chamac, institutrice elle aussi, de Corinne Molto et Ghislaine Di Schino, toutes deux aides maternelles. Une quarantaine d’élèves pour lesquels elles vont désormais - le temps de quelques heures - prendre la relève des parents. Pas toujours évident: “Tant que les jeux les occupent ça va. Mais quand ils sont finis, alors on se rend compte que papa et maman ne sont pas là. Si l’un se met alors à pleurer, c’est parti dans toute la classe…” En attendant l’inévitable relâchement, voici la rentrée de dix de nos petits Sétois.
C’est
la rentrée:
Lundi 5, c’est la rentrée, et parfois même la première. Autant dire que pour nos bambins, le moment est sacrément important.
au revoir papa, maman !
Première rentrée pour Chaina, mais c’est surtout pour la maman que le changement va être brusque : “Son frère est au CP et elle à la maternelle maintenant, donc je n’ai plus de bébés à la maison.” Une prévision ? “Elle a été avec son grand frère au centre aéré cet été, alors elle a l’habitude d’être séparée de moi. Mais elle ne lâche pas sa tétine, alors je prie pour que nous n’ayons pas de larmes. Elle est très fusionnelle avec moi.”
LA FUSIONNELLE
CHAINA ET CÉLIA, 3 ET 26 ANS.
LA DÉCONTRACTÉE
LOLA ET LAËTITIA, 4 ET 32 ANS
Lola a pris l’habitude, elle rentre à l’école pour la troisième fois. Et elle est ravie : “Je retrouve ma copine Ava et mon amoureux Erwan.” Décidément, ce jeune homme a du succès, dirait-on… “Lors de sa première rentrée elle était vraiment triste, se rappelle sa maman, sur la photo qu’on avait prise on voit qu’elle avait de grosses larmes.” Époque révolue puisque depuis une semaine, Lola languissait, ce jour-là avec impatience. Pas d’inquiétude pour les parents du coup : “L’école est vraiment très bien, petite avec peu d’enfants. C’est parfait.”
LE PETIT DERNIER
EDDY JUNIOR ET EDDY, 3 ET 48 ANS. Eddy Junior est le petit dernier de la fratrie. Au total, ses parents ont eu sept enfants. Confidence du papa, Eddy : “C’est le dernier à aller à l’école. Ça va être vide à la maison maintenant.” On veut bien le croire. Avec eux, la maman Laurence, et la petite sœur Luna, 4 ans, qui effectue là sa deuxième rentrée. C’est d’ailleurs elle qui s’est chargée d’expliquer à son frère les joies de l’école, histoire de mieux faire passer la pilule. “On va bien voir comment ça va se passer…” Pas trop mal a priori : “Papa, je veux jouer au toboggan !”
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pages réalisées par Geoffroy Vauthier / photos de Raquel Hadida
Pour Fouad, c’est la première rentrée. Autant dire qu’il ne sait pas trop où il met les pieds. Du coup, la timidité prend le dessus, même si son grandpère, Ali, est venu aussi pour l’occasion. Pour le papa, pas d’inquiétude : “Je suis fier de ce momentlà. Comme il allait déjà à la crèche, il a l’habitude de ne pas être avec nous tout le temps, alors ça devrait bien se passer.”
LE TIMIDE
RAYANE ET FOUAD, 2,5 ET 34 ANS Alors Théo, triste de quitter papa et maman ? “Non, il y a mes copains et mon amoureuse.” Les parents apprécieront. Il faut dire que Théo est en grande maternelle, les rentrées donc, ça le connaît. En revanche, c’est la première de Nina, sa petite sœur, plus silencieuse et qui a vraisemblablement autre chose à penser que répondre à ces satanés journalistes. On comprend bien. Pour le papa, sérénité : “On a déjà fait la première rentrée avec le grand, alors on est préparé. Ce sont des étapes de la vie. Nous avons bien profité pendant les vacances, et maintenant ils sont prêts pour une nouvelle année.”
L’INQUIÈTE
ELLIOT ET AUDREY, 2,5 ET 36 ANS. On le sait bien : parfois les parents sont plus stressés que les enfants. Confirmation du propre aveu de la maman, Audrey : “C’est le stress ultime ! C’est sa première rentrée alors je n’ai pas encore connu ce moment. Je risque d’être plus triste que lui, c’est pour ça que je ne me suis pas maquillée, d’ailleurs. Cela risque d’être des grandes eaux.” Elliot lui, bien que timide, ne semble pas trop s’inquiéter de la situation. Il a été bien préparé : “On lui a expliqué qu’il allait maintenant à l’école des grands. On enlève les couches et la sucette, même si celle-ci reste encore un peu…”
LE FRÈRE ET LA SŒUR
THÉO ET NINA, 2,5 ET 5 ANS.
À peine le temps de lui poser une question que Sam s’en va jouer. Le garçon semble peu inquiet quant à son sort. Pourtant, c’est sa première rentrée à lui aussi, tout comme ses parents. “Moi je suis très contente car il est content, explique Marilyn. Il va apprendre plein de choses.” Confiante? “On se demande comment il va réagir quand on va partir, mais il se retrouve avec un de ses petits copains alors ça devrait aller.” Ça aide. “En plus il est hypersociable et aime faire le clown. Depuis quelque temps, il voulait plus aller à la crèche car c’est pour les “bébés”. L’école lui tardait…”
LE SOCIABLE
SAM, MARILYN ET BRUNO, 3, 33 ET 39 ANS.
LES JUMEAUX
ENZO ET LUCAS, 4,5 ANS La directrice de l’école nous l’avait bien dit : “Il n’est pas rare que les parents soient eux-mêmes venus à l’école Colbert.” Fait vérifié avec la maman des jumeaux Enzo et Lucas : “Je venais déjà à cette école enfant, alors je ne suis pas inquiète.” D’autant qu’ici, les deux frères vont trouver de quoi se divertir : “Les vacances sont un peu longues pour eux, il faut les occuper.” De toute façon, eux aussi commencent à avoir l’habitude des lieux : ils rentrent cette année en grande section et en sont plutôt contents. Peu bavards, ils affichent tout de même une certaine décontraction.
L’INQUIET
“Hier, il était content mais on dirait que ce n’est plus le cas”, commente Vanessa, sa maman. Heureux de rentrer ? “Non.” Derrière son lapin en peluche, quelques larmes, pour la forme. “L’année dernière déjà, l’adaptation a été dure. Je pensais que ça irait cette fois, mais finalement non.” Pas d’inquiétude à avoir toutefois : “Après, il va vers tout le monde.” Agile tentative pour essayer d’émouvoir ses parents, sans doute. “C’est un bagarreur”, confie le papa, Antony. Alors dans ce cas, on file.
NATHAN, ANTONY ET VANESSA, 3, 30 ET 27 ANS. La Gazette n° 264 - Du 8 au 28 septembre 2011
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La Gazette n° 264 - Du 8 au 28 septembre 2011
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pages réalisées par Raquel Hadida / photos de céline escolano et Raquel Hadida
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AGREXCO C COMMENT LE PORT DE SÈTE VA REBONDIR
SÈTE C QUAND LES TOURISTES RÉINVENTENT LA VILLE
N° 265 - octobre 2011
C BASSIN DE THAU
Ces jeunes
R 27955 - 265 - 1,00 €
TOUTES LES SORTIES D’OCTOBRE
PHOTO RAQUEL HADIDA
qui montent
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reportage
Sur un bassin de Thau plutôt “senior”, certains “jeunes” passionnés n’hésitent pas à prendre des responsabilités publiques. Élus municipaux, associatifs ou syndicaux : rencontre avec des jeunes investis… aux yeux qui pétillent.
Bassin de Thau :
ces jeunes
“J
qui montent
e suis galvanisé par l’envie d’agir pour mon territoire. Je suis amoureux de ma ville, et c’est hyper-important pour moi.” Des étoiles plein les yeux, à 31 ans, Wolfgang Idiri exprime avec passion son engagement associatif autour de l’événement maritime Escale à Sète. Comme lui, nombre de jeunes “accros” à l’identité de leur ville reviennent de Montpellier ou de Paris, d’autres s’installent sur le bassin de Thau, et s’attellent à réaliser des projets qui leur sont chers dans le but de “changer les choses”, à leur niveau et selon leurs valeurs, pour la population. Précieux dans un territoire où 30 % de la population est retraitée, ces jeunes débarquent dans les équipes municipales, à la tête d’associations, ou dans des mouvements de jeunesse. Et apportent leur vision des enjeux locaux, les compétences de leur génération - sur l’environnement, l’Europe, le numérique-, leur vitalité
Sur le bassin de Thau, 30 % de la population est retraitée, mais dans les associations, dans les mairies, dans les partis et dans les syndicats, les jeunes s’engagent et sont prêts à prendre des responsabilités.
La Gazette n° 265 - Du 29 septembre au 26 octobre 2011
bourrée de projets… dès qu’on veut bien leur laisser un peu de place. Ou qu’à force de motivation, ils la prennent avec brio.“C’est pour ce territoire que je veux vivre, c’est une évidence“, s’enflamme à 32 ans Sébastien Denaja, secrétaire du PS sur le canton de Sète 2. “S’impliquer dans la vie locale, c’est le sens que je veux donner à ma vie”, décide à 27 ans Nadège Sérodio, une des créatrices du collectif Frontignan-Ville en transition. Reportage au sein de cette nouvelle génération pour comprendre ses motivations et ses ambitions.
• Mener des projets festifs et constructifs
Pour relier les gens autour d’un projet, rien de tel qu’un événement festif. Mais aucune “beuverie” gratuite: chez les jeunes investis, la fête se veut constructive. Et ambitieuse. Les membres de la Jeune chambre économique (JCE) de
Sète et du bassin de Thau veulent créer des liens entre les entreprises locales : ils mettent au point une course de radeau par équipe sur les canaux. Pour parler nutrition, une course aux œufs de Pâques. Rémi Mullier, créateur des Jeunes artistes du Sud à Frontignan, veut mettre en avant les jeunes musiciens locaux et financer un projet de film: il organise chaque année un concert de 500 personnes dans la salle de l’Aire - les 27 et 28 octobre lors du festival Kifo. Wolfgang Idiri entend valoriser les traditions maritimes sétoises à travers la musique, les navires, la cuisine et l’art de vivre: il prépare trois jours de fête, désormais tous les deux ans, au printemps. Patrice Lafont, conchyliculteur à Mèze, et Cédric Géner, viticulteur à Montagnac, participent à la feria de Béziers, au festival de Thau : c’est pour mieux mettre en valeur les produits locaux et le syndicat des Jeunes agri-
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8 JEUNESD ’ICI
réalisé par Raquel Hadida / photos Raquel Hadida /
culteurs de l’Hérault, dont ils sont administrateurs. Ce qui implique, pour tous, un travail de longue haleine en amont, en interne, et avec les partenaires - institutions et entreprises. Les jeunes élus municipaux sont d’ailleurs souvent dévolus à l’animation, comme Abdelkader Bouallaga à Sète ou Youcef El Amri à Frontignan.
• Considérer l’environnement et l’Europe comme des évidences.
Question de génération. Nés dans les années 80 après la période de “bombance”, sensibilisés relativement tôt, les jeunes structurent leurs actions autour de deux axes: “la mutation écologique et la reconstruction du rêve européen”, analyse Sébastien Denaja, délégué à l’Europe au PS de l’Hérault. Pour Nadège Sérodio et le collectif frontignanais de Ville en transition, composé essentiellement de moins de 35 ans, la diminution de la consommation d’énergie est vue comme une opportunité pour changer de société: formé il y a un an, le groupe a déjà monté un jardin partagé et invite les habitants à des soirées de sensibilisation sur l’après-pétrole (prochaine le 11 octobre, voir agenda) “pour que les solutions concrètes partent des citoyens, sans attendre des miracles des technologies ou des politiques”. Stéphanie Valat, élue à Bouzigues et Loïc Linares, élu à Frontignan, sont tous deux délégués à l’Agenda 21, destiné à intégrer l’environnement et le social dans les choix économiques. Loïc travaille par exemple sur les transports doux, les récifs artificiels, l’agriculture paysanne. La JCE centre son action sur des “valeurs humanistes”, et prévoit une course d’orientation sur le développement durable en 2012, le DDthlon. Les Jeunes agriculteurs, eux, prennent du recul sur les pesticides “imposés” à leurs aînés: Cédric Géner convertit ses vignes à l’agriculture biologique et promeut une meilleure protection des viticulteurs. Responsable de la Maison de la vie associative à Sète, Wolfgang Idiri gère aussi le Point Europe: en y organisant par exemple la journée “Cette, Envie d’Europe” le 8 octobre, il entend créer des synergies entre associations.
• Grandir dans une famille militante
Rodolphe Mézan est aussi le benjamin du Rotary Club sétois, un réseau traditionnellement lié à une classe sociale élevée. À l’inverse, Rémi remplit dès ses 15 ans des demandes de subventions devant les yeux étonnés de ses parents, ouvrier viticole et guichetière à la Poste. Petit, Youcef aurait pu être étiqueté “délinquant”: pour pouvoir jouer au foot le dimanche après-midi, il entrait par effraction dans le stade et se faisait courser par la police… Mais moins que la “classe sociale”, c’est l’engagement de son entourage dans la vie locale qui compte. Quasiment tous les jeunes investis rencontrés ont baigné dans les convictions, les tracts, les réunions, le réseau militant de leurs proches. La mère de Rodolphe Mézan était élue au précédent mandat de François Commeinhes, ami de la famille. Gardien du gymnase, le père de Sarah Bassi, élue à Marseillan, est investi dans les associations sportives. Le père de Sébastien Denaja était entraîneur de l’équipe de volley de l’Arago, son oncle président d’une société de joutes, son grand-père d’une association d’anciens combattants… Petit, Patrice s’est imprégné des convictions de son père, “fervent militant investi aux prud’hommes, au niveau national”. Mécanicien, le père de Nadège était président au comité des fêtes de son village. Françoise Adelino, élue PC à Frontignan, a vécu dans un bouillonnement associatif et politique en milieu rural.
8REPÈRES C Les jeunes élus encore très rares Nombre d’adjoints et conseillers municipaux de moins de 40 ans (moins de 37 ans lors des élections) par rapport au nombre d’élus total Sète (UMP): 5 sur 37 Frontignan (PS): 6 sur 35 Marseillan (DVD): 2 sur 29 Mèze (DVG): 6 sur 29 Autres communes du bassin de Thau: 1 ou 2 sur 15 villages C Les mouvements de jeunesse Toutes les structures dédiées à l’action des jeunes présentés font partie d’un réseau départemental, régional, national, voire international. En général, elles fixent un âge maximum pour leurs membres, et une durée maximum pour leurs élus (1 à 2 ans). -Jeune chambre économique de Sète et du bassin de Thau (JCE). -Jeunes agriculteurs de l’Hérault (JE). Moins de 35 ans. Souvent présenté à tort comme “les petits frères” de la FNSEA, ces jeunes syndiqués se positionnent pour l’installation agricole et les productions locales… Leur slogan: “Quand les jeunes poussent, l’agriculture grandit”. jalr. fr -Centre des jeunes dirigeants (CJD) de Montpellier. Moins de 40 ans. Un cercle d’entrepreneurs et de cadres supérieurs, “pour une économie au service de l’homme”. cjdmontpellier. net -Conseil municipal de jeunes (CMJ). Moins de 18 ans, gérés par le service jeunesse de la ville. Quasiment chaque commune a son CMJ: après information des jeunes à l’école, au collège ou au Point info jeunesse, les jeunes se présentent et font campagne individuellement. Objectif: faire des propositions concrètes pour la ville et les mettre en œuvre avec les services techniques. -Les sections “Jeunes” au sein des partis politiques. -Les mouvements de jeunesse liés à une religion comme la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) de l’Hérault, les Jeunes musulmans de France (JMF et UJM), l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) ou la Bnai Brith Youth Organization, (BBYO).
Treize jeunes d’ici Voici qui sont les jeunes rencontrés pour ce reportage. Rodolphe Mézan, 31 ans, élu UMP au conseil municipal de Sète, délégué aux affaires juridiques et aux systèmes informatiques, commercial.
Julie Bel, 30 ans, présidente de de la Jeune chambre économique du bassin de Thau et toute son équipe.
-
Sarah Bassi, 24 ans, élue sans étiquette au conseil municipal de Marseillan (DVD), déléguée à la petite enfance, conseillère communautaire, auxiliaire de vie scolaire pour élèves handicapés au lycée de Pézenas.
Patrice Lafont, 33 ans, conchyliculteur à Mèze. Il travaillait auparavant au Conservatoire du littoral sur l’étang de Berre.
Françoise Adelino, 37 ans, élue PC au conseil municipal de Frontignan (PS), déléguée à la petite enfance et au CCAS, éducatrice de jeunes enfants à Mèze.
Pascale Joussen-Védrine, 37 ans, directrice du parc de loisirs des Rochers de Maguelone, membre du Centre des jeunes dirigeants (CJD) de Montpellier et vice-présidente du réseau Occigène des prestataires d’activités de pleine nature.
Youcef El Amri, 33 ans, élu PS au conseil municipal de Frontignan, délégué à l’animation et à la cohésion sociale, agent de recouvrement à Hérault Habitat.
Rémi Mullier, 19 ans, créateur de l’association Jeunes artistes du Sud, étudiant en cinéma à Cannes et organisateur de concerts au festival Kiffo.
Wolfgang Idiri, 31 ans, président du quartier haut à Sète, président de l’association Escale à Sète, responsable de la Maison de la vie associative et du Point Europe pour la ville de Sète.
Sébastien Denaja, 32 ans, secrétaire du PS sur le canton de Sète 2, membre du conseil national du PS, délégué à la coordination et à l’Europe pour le PS de l’Hérault, directeur du Master II de Droit des collectivités locales.
Vacances Évasion.
Loïc Linares, 34 ans, élu PS au conseil municipal de Frontignan, délégué à l’Agenda 21 et conseiller communautaire aux transports, président du centre de loisirs l’Amitié Cévenole, responsable du pôle animation de
Nadège Sérodio, 27 ans, créatrice du collectif Frontignan, Ville en transition et conseillère en insertion profesionnelle.
Cédric Gener, 32 ans, viticulteur à Montagnac, membres du Conseil d’administration des Jeunes agriculteurs de l’Hérault.
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•••
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reportage
La Jeune chambre économique du bassin de Thau. Indépendante de la chambre de commerce, cette association de quinze citoyens (ne) s entreprenant de moins de 40 ans innove en lançant des actions positives pour la cité. De gauche à droite : Marie (past présidente), Isabelle, Hélène, Véronique (vice-président exécutive), Marie Amélie, Julie (présidente), Laurence.
••• (suite de la page 15)
• Venir d’ici… ou d’ailleurs
Faut-il être né ici pour s’impliquer ici? “Non”, répondent la majorité des jeunes militants. Mais nombreux sont ceux dont les familles sont implantées depuis plus d’un siècle, comme Sébastien denaja. Certains, comme Youcef El Amri, ont simplement grandi sur le village ou la ville, tissant leur réseau de connaissances sur place. D’autres arrivent ici après 20 ans, par leur conjoint, comme Françoise Adelino, originaire d’Aveyron, ou Patrice de Provence. Ou… par leur colonie de vacances aux Aresquiers, pour le Cévenol Loïc Linares. Mais pour tous, l’attachement au territoire se fait viscéral. Et inspiré. “J’ai l’eau du canal qui coule dans mes veines”, appuie Rodolphe Mézan. “Au contact de l’étang de Thau, j’ai changé de métier”, raconte Patrice Lafont, le conchyliculteur.
• Nourrir son engagement par ses études et son boulot
Pas besoin de sortir de Sciences-Po pour monter des projets sur le bassin de Thau et “ouvrir des portes”. Mais avoir fait un peu d’études, au quotidien, ça se révèle utile. Le BTS commercial de Wolfgang Idiri n’est pas négligeable, quand il s’agit de démarcher des entreprises pour des mécénats, d’adopter une approche marketing ou une stratégie de communication. Maître de conférence en droit public des collectivités, Sébastien peut porter ses analyses au niveau du conseil national du PS. Avec un BTS de gestion des espaces naturels et une expérience au Conser-
vatoire du littoral à l’étang de Berre, Patrice Lafont a de solides arguments pour dialoguer sur la qualité de l’eau avec les partenaires de la conchyliculture. Compétentes dans l’animation et la puériculture, les jeunes femmes élues comme Sarah Bassi ou Françoise Adelino sont orientées vers les délégations de la petite enfance et de la jeunesse. Quand ils sont fonctionnaires - comme Youcef El Amri à Hérault Habitat, ou Françoise à Mèze-, les élus arrivent facilement à comprendre le fonctionnement d’une collectivité locale. En revanche, Rodolphe Mézan, issu du privé, doit intégrer tous les rouages du secteur public… Mais il apporte aussi une vision différente: il a ainsi réorganisé tous les services administratifs de la mairie (état civil, inscriptions à la cantine, etc.) dans un “guichet unique”. À l’inverse, les responsabilités associatives peuvent donner un coup de pouce : sur 500 demandes, Rémi Mullier accède à une des huit places de l’école de cinéma de Cannes.
• Accepter des responsabilités chronophages
Les élus enchaînent en moyenne trois à quatre réunions par semaine, sans compter le temps de dialogue avec les équipes techniques, la présence “politique” sur des événements sportifs ou culturels… et une disponibilité sans faille pour la population: “En prenant la casquette d’élu, les gens nous sollicitent beaucoup plus facilement dans la rue, ou au restaurant. En général sur un problème de proximité, pas sur une “grande idée”!”, racontentils. Idem côté associatif, du boulot jusqu’à
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3h du matin avant le jour J de l’événement. À la JCE, les membres sont hyperactifs : ils cumulent des réunions hebdomadaires avec d’autres engagements dans des associations sportives. Le temps des réunions avec les fonctionnaires, les Jeunes agriculteurs le prennent non seulement sur la vie de famille, mais sur le fonctionnement de l’exploitation, “c’est très dur”, avoue Cédric Gener. Côté porte-monnaie, ces efforts sont rétribués de 400 € d’indemnités environ pour un élu, 0 pour un militant associatif, sans compter les factures “incroyables” de téléphone portable, des déplacements, etc. Mais quand on aime…
• Être initié
Pour aider les “nouveaux”, les structures proposent des formations en interne sur l’histoire, les valeurs, leur fonctionnement et de leurs partenaires. La JCE s’appuie notamment sur une méthodologie rigoureuse et éprouvée, et sur des formations à la gestion de projet, du temps, du stress, à la prise de parole en public. Et pas question d’être lâché seul en rendez-vous important: “On y va à deux: une qui sait, une qui apprend.” Les maires étant trop occupés, les élus tapent souvent à la porte d’élus plus anciens pour demander conseils, puiser dans la “mine de savoir”…tout en donnant un coup de main sur Internet. À Sète, Rodolphe Mézan affectionne le septuagénaire premier adjoint Antoine De Rinaldo. À Frontignan, Loïc parle
faune et flore avec le pêcheur-chasseur Alain Bonnafous. “L’équipe municipale est très soudée, et tout le monde est à mon écoute”, apprécie Sarah Bassi. Françoise Adelino s’appuie sur son groupe communiste: “si j’ai une question sur un choix politique, je ne me sens pas isolée!” Et si les jeunes élus ne sont pas à même d’égréner les historiques de projets ou de personnalités marquantes, ils sont aussi vierges des échecs passés. Donc plus confiants, comme Loïc Linares sur le projet de récif artificiel au large de Frontignan.
• Avoir de l’ambition
Hormis les jeunes mamans qui posent leurs limites, la plupart de ces jeunes motivés ont de l’ambition… pour le bassin de Thau. Différente d’une quête du pouvoir pour le pouvoir: “On veut pouvoir agir pour faire bouger les choses !” s’écrient Nadège Sérodio, mais aussi Julie, Laurence, Marie et Véronique de la Jeune Chambre économique… “J’ai envie de plus de délégations, on y prend goût”, reconnaît Rodolphe Mézan. Pour Wolfgang Idiri, “Escale à Sète peut devenir exponentielle, c’est l’ambition d’une vie !” Sébastien Denaja veut trouver les moyens d’agir concrètement: “Je me sens apte et compétent pour un mandat de député, un jour. Et pour les municipales de 2014, j’ai envie de participer à une aventure collective. Si je ne peux pas agir en politique, je me tournerai vers l’associatif.” Et tous le reconnaissent: il faut de l’ambition, mais sans le reste l’ambition n’est pas suffisante.
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17 “Les jeunes n’ont pas la culture des grandes idéologies” OLIVIER DOUARD
SOCIOLOGUE, PRÉSIDENT DE L’OBSERVATOIRE RÉGIONAL DE LA JEUNESSE LANGUEDOC-ROUSSILLON ET DIRECTEUR DU LERIS (LABORATOIRE D’ÉTUDES ET DE RECHERCHES SUR L’INTERVENTION SOCIALE). IL EXPLIQUE L’ENGAGEMENT PARTICULIER DES JEUNES D’AUJOURD’HUI.
La Gazette : Les jeunes sont-ils aussi engagés que leurs aînés? Olivier Douard : Oui: contrairement à ce
qu’on pense, il y a toujours autant de jeunes dans le milieu associatif, par exemple. Mais ils n’ont vécu ni la guerre, ni Mai 68, ni l’âge d’or des mouvements de jeunesse et d’éducation populaire: ils n’ont pas la culture des grandes causes et des grandes idéologies. Ils s’investissent en priorité sur des causes très concrètes, comme la préservation d’une espèce d’oiseau, la collecte pour des pays en développement ou les Restos du cœur, les études le prouvent clairement. Mais ces expériences peuvent élargir leur conscience et leur permettre ensuite de se mobiliser politiquement, sur des alternatives au capitalisme par exemple. Mais les jeunes - même jusqu’à 40 ans! restent rares dans les instances de décision: pourquoi?
Effectivement, ils sont peu nombreux à des postes de président, secrétaire, élu… et on les cantonne plus souvent aux délégations “jeunesse” qu’à l’économie ou à l’urbanisme! Il n’y a pas de lien avec la composition de la population, ni au milieu rural ou urbain: être jeune, c’est la première des discriminations. On ne leur fait pas de place car on ne leur fait pas assez confiance, soi-disant à cause de leur manque d’expérience. En fait, c’est une question de pouvoir! Les plus âgés n’arrivent pas à décrocher, alors ils ne laissent pas les jeunes prendre des responsabilités, afin de protéger leur propre place. Mais à force de les mettre de côté, les idées se rigidifient: quand on ne se renouvelle pas, on se fossilise. Et quand les piliers” bien installés” s’en vont, les associations, partis ou syndicats se trouvent démunis. À l’inverse, si les jeunes sont intégrés à des équipes, ce n’est pas un hasard: c’est qu’on y a réfléchi - comme pour les femmes. À partir du moment où on leur laisse une place, ils sont tout à fait capables de prendre des responsabilités, des initiatives et de proposer des alternatives. Sans avoir besoin de l’injonction de “faire ses preuves”. Quelles situations favorisent l’engagement des jeunes?
Les jeunes qui s’engagent précocement sont souvent issus de familles de classes sociales moyennes à supérieures… dont les parents eux-mêmes sont engagés, quelle que soit la forme - sur un plan politique, syndical, associatif - dans leur quartier. En effet, s’engager nécessite d’avoir une représentation du monde et
de sa place dans ce monde, donc de l’avenir. Toutes les expériences de vie qui conduisent à prendre des responsabilités comptent: les jeunes des quartiers défavorisés, même s’ils ne sont parfois pas bons à l’école, ont l’habitude de se débrouiller et osent créer des relations spontanées avec les institutions. La double culture est aussi un atout sous-estimé pour comprendre une situation selon plusieurs références, différents systèmes de valeurs. Mais pour faire aboutir leurs projets, ces jeunes doivent utiliser les codes de l’écrit, le vocabulaire des institutions, remplir des demandes de subventions: sans soutien, les dispositifs d’aide leur sont moins accessibles. À l’inverse, dans les milieux “protégés”, les jeunes peuvent se trouver désarmés quand il faut se prendre par la main… Comment les politiques éducatives peuvent-elles pousser les jeunes à s’impliquer?
Arrêtons de prendre en charge les jeunes. Au lieu de leur prodiguer une inutile “éducation à la citoyenneté”, proposonsleur de la vivre au quotidien! L’engagement passe par l’estime de soi, donc par la certitude d’avoir été pris en compte… et non pris en charge. Il faut leur demander leur avis sur tous les sujets, et leur donner des responsabilités, à leur mesure… dès la maternelle! Des études montrent que plus on s’y prend tôt, plus l’implication a des chances de fonctionner. Conférer de la “puissance sociale” aux gens nécessite de reconnaître que chacun est compétent, dans des domaines différents. De tels principes ont fait leurs preuves avec, par exemple, le Groupe français d’éducation nouvelle, le mouvement d’enseignants de pédagogie Freinet, ou les mouvements d’éducation populaire en Amérique latine qui interviennent dans les mines et les favelas.
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Les conseils municipaux de jeunes et les politiques de soutien aux projets de jeunes sont-ils efficaces?
Dans l’Hérault, 54 communes ont des conseils municipaux de jeunes, mais ceux-ci restent parfois des alibis: les jeunes, cantonnés à de menues modifications, y font tapisserie au lieu de débattre de tous les sujets. Je suis pour débuter des formes de participation politique seulement à partir de 15 ans, pour permettre une continuité. Il s’agit de dépasser les expressions individuelles en favorisant le débat entre les jeunes. En portant leurs points de vue - même contradictoires - dans les lieux de décision, les jeunes côtoient les instances politiques et se familiarisent avec les institutions. Les aides aux projets (Envie d’agir, Cap Jeunes… NDLR) leur permettent aussi d’apprendre à s’organiser. Mais ces aides financières ne sont vraiment utiles que lorsque le jeune a déjà acquis un savoir-faire sur le montage de projet, par exemple au sein d’associations d’animation.
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Factrice à la Pointe-Courte Chaque matin, Christine Catanzano effectue son métier avec rigueur et entrain. Voici une tournée avec la factrice de la Pointe-Courte. Quarante-trois tournées quotidiennes, 63 agents, 31677 foyers à desservir chaque jour avec quelque 32000 plis: le centre du courrier de Sète, c’est tout cela. Située sur le boulevard Casanova, la plate-forme de distribution irrigue les particuliers et entreprises de l’Île singulière en bonne et due forme! Dès le petit matin, chacun s’agite donc dans les couloirs de “La Poste”: il ne s’agit pas de traîner. Christine Catanzano, 50 ans, fait partie de ceux-là. Depuis un an et demi, la tournée n° 303 est la sienne, et elle est unique. Son secteur comporte, en effet, des professionnels et quelques particuliers: une tournée “mixte”, comme on dit dans le jargon postal. Un mélange des genres peu courant chez les facteurs, mais
dont elle s’accommode volontiers. Son secteur - quai des Moulins, route de Montpellier, zone des Eaux-Blanches, parc aquatechnique, PointeCourte et gare - lui offre l’attrait numéro un de ce métier: “Des rapports humains uniques.” Il faut dire qu’elle le mérite bien: Christine est appréciée, attendue et bien connue des riverains qu’elle croise chaque jour. Pour bien comprendre, et surtout mieux connaître les différentes étapes du métier de facteur, La Gazette a suivi Christine le temps d’une tournée. De la préparation de celle-ci à la distribution du courrier. Voici donc une journée avec la pétillante Christine Catanzano, créatrice de lien social.
De 12h30 à 13h : la Pointe-Courte
C’est un peu la partie “typique” de la tournée. La distribution à la PointeCourte ne concerne que les lettres de particuliers, et se fait à pied. Ici, une grande partie des habitants connaît Christine, et l’attend. Sur son passage, les fenêtres s’ouvrent. “Du courrier ?” “Non, rien pour aujourd’hui.” Encore une fois, le facteur a un rôle social : “Il faut être à l’aise pour parler, avoir de l’empathie.” Tout est donc
question de contact humain, même si elle l’avoue : “C’est une tournée lourde. L’été, mes remplaçants ne s’en sortent pas toujours.” Après la Pointe-Courte, Christine livrera les quelques adresses de la gare. Elle rentrera ensuite au centre du courrier pour ramener les plis non livrés et finaliser son travail du jour.
9h : compléments de travail
7h30 : préparation de la tournée
Chaque matin, du lundi au samedi, Christine Catanzano arrive à 7h30. Le courrier, arrivé de la plateforme montpelliéraine, reste en partie à dispatcher sur chacun des secteurs. Une fois cette tâche accomplie, Christine organise sa tournée. Chaque onglet des casiers se rapporte à une adresse précise. Les gestes sont presque automatiques : “Il faut connaître sa tournée par cœur, mais aussi celles des autres. On a chacun un ordinateur dans la tête.”
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9h30: le départ
C’est le départ! Comme chaque matin, Christine Catanzano s’en va livrer ses plis du jour. Quai des Moulins, route de Montpellier, zone d’activités des Eaux-Blanches, parc aquatechnique, Pointe-Courte et gare sont au programme. Sa tournée se compose de 375 entreprises environ, plus tous les particuliers de la PointeCourte. Certaines tournées de centre-ville se composent de 1500 adresses, mais toutes n’ont pas forcément de courrier. Ce jour-là, son butin est raisonnable: “C’est une petite tournée comparée à certaines fois.”
Une fois le gros du travail de tri effectué, il faut récupérer les plis spéciaux : recommandés et petits colis. Aujourd’hui, 29 sont à distribuer et à faire signer. Après cette étape, il faudra aussi charger les gros colis dans le véhicule jaune. Si la tournée de Christine mélange professionnels et particuliers, il en est de même avec les lettres et les colis. Cinq tournées sont consacrées à ces derniers, plus celle de notre factrice. Elle est donc également mixte dans ses livraisons.
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réalisé par Geoffroy Vauthier / photos de Raquel Hadida
De 9h30 à 14h : la tournée
“Des fois, je trouve un pain au chocolat en arrivant le samedi”, sourit Christine. “Attention hein, seulement quand elle le mérite”, rigole Gilles Touat, de la société Delta Pneus. “Il y a un vrai contact qui se crée, explique la factrice. Surtout avec les entreprises.” Un contact basé sur la confiance et la disponibilité. Et cela paye : “C’est un vrai plaisir de travailler avec elle”, reprend le gérant. Même en ce jour où seules une pub et une facture lui étaient destinées…
Attention aux adresses!
“Les erreurs d’adressage posent un vrai problème pour l’acheminement du courrier”, regrettet-on à La Poste. Voici donc quelques conseils de facteur pour bien rédiger une adresse, et éviter tout retard. L’utilisation d’enveloppes précasées est recommandée. L’adresse doit être rédigée sur six lignes au maximum. L’emploi de la virgule est à proscrire après le numéro de voie, tout comme celui des points, tirets, soulignés ou apostrophes. Le nom de la ville de destination est à écrire en majuscules, tout comme, si possible, le reste de l’adresse. Les cinq chiffres du code postal doivent être lisibles. Si vous écrivez à une entreprise, la boîte postale et le cedex doivent être mentionnés, là aussi en majuscules. La mention de votre adresse est utile pour un retour du courrier en cas de nondistribution. Ne vous privez pas de cette option.
C
Le bureau de poste Casanova est fermé pour travaux du 26 septembre au 15 novembre. Les usagers sont invités à utiliser les bureaux de Sète Triolet, de la Corniche, ou de l’Île-de-Thau pour les opérations habituelles, ou du Carré pro à partir du 3 octobre pour les opérations courrier.
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Grand'rue Mario-Roustan
Etang de Thau
Viens chez moi, j’habite
Sète Mer Méditerranée
Grand’rue Mario-Roustan
Des commerçants heureux, d’autres un peu moins, des habitués, des étrangers ravis, des Sétois de passage: la Grand’rue Mario-Roustan, qui vient d’être restaurée est un des axes majeurs de l’Île singulière. Ses usagers nous la présentent.
“J
’aime bien”, dit l’un. “Moi non”, dit l’autre. “Ça aurait pu être mieux”, explique un troisième. Grand’rue Mario-Roustan ce jour-là, nos intervenants ne pensent qu’à nous présenter le nouveau visage de cet axe majeur de la vie sétoise. Il faut dire qu’après plus de six mois de réhabilitation, la Grand’rue a dévoilé une nouvelle allure au printemps dernier: trottoirs élargis pour chouchouter les piétons, fin des places de stationnement longitudinales, et bientôt éclairages tout nouveaux et réfection des façades. Pas un rien:
Des magasins indépendants
Gérante depuis 22 ans de la boutique de vêtements Élégance. “Cette rue est super car il n’y a que des boutiques indépendantes, pas des franchises. En plus de cela elle est cosmo1 polite, surtout d’un point de vue culinaire: on peut y manger de la nourriture de tous les pays. Les travaux? Ils étaient nécessaires, mais c’est un peu triste. Il faudrait égayer la rue avec des plantes et des fleurs par exemple. Avec d’autres commerçants, nous avions pris l’initiative d’acheter de gros pots en inox avec des fleurs pour mettre devant nos boutiques, mais la mairie nous a signifié qu’il fallait payer une taxe pour les mettre. C’est dommage.”
rue commerçante par excellence, où se côtoient tous types de commerces et par là même tous types de Sétois, elle avait bien besoin d’un coup de jeune pour continuer à être attrayante. Succès? Oui sur le fond, mitigé sur la forme, en attendant le lancement de la seconde phase des travaux, trèsrapidement. Attrapés au vol par La Gazette, dix de ses habitués nous parlent en toute honnêteté, et nous font un peu mieux connaître cette rue qui, sans posséder de caractère fort et marqué, demeure un haut lieu de la vie sétoise.
Elle n’a pas beaucoup changé Retraitée et “pure Sétoise”. “Alors là vous tombez sur une pure Sétoise! Il y a beaucoup de passage dans la rue Mario-Roustan, mais maintenant, avec tous ces aménagements, j’ai cru comprendre que beaucoup de commerçants sont mécontents, non? Pour moi, ça n’a pas changé grand-chose à vrai dire. Je l’ai toujours connu ainsi, avec des magasins. Elle est à l’image de Sète: la ville était mieux avant, je trouve.”
MARIE-LOUISE APICELLA, 76 ANS
VALÉRIE DEJAX, 47 ANS
De nombreux petits restaurants, de tous pays, ponctuent la rue. Après l’aménagement des trottoirs et de la voirie, de nouveaux éclairages et, plus tard, la réfection des façades viendront achever ce lifting.
Début de la rue, là où les jouteurs descendent chaque année vers le Cadre Royal. “Les nouveaux aménagements manquent de verdure”, nous explique une commerçante. Alors ce sont les commerçants qui ont pris l’initiative d’égayer un peu cette rue.
Bien, mais les trottoirs sont salissants
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Gérant de la boutique Singer. “Cette boutique a ouvert en 1896, et c’était déjà un magasin Singer comme aujourd’hui. Les Allemands l’avaient transformée en imprimerie durant la guerre, sinon elle a toujours été là. C’est dire si elle est implantée dans cette rue, qui est très importante pour Sète avec sa variété de boutiques, souvent là depuis longtemps. Concernant les aménagements, c’est bien, c’était nécessaire, mais les granulés sur les trottoirs, c’est mal pensé: ils sont trop salissants, tout y reste incrusté.”
DENIS CEREZO, 59 ANS
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Une circulation difficile
Usagère, Sétoise. “J’y passe régulièrement pour quelques magasins. La rue est plus agréable maintenant, je suis satisfaite des travaux, même si la rue n’a pas trop changé au final. En revanche, sa circulation est un gros point noir, on y reste bloqué longtemps.”
JEANINE ALARY, 66 ANS
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pages réalisées par Geoffroy Vauthier / photos de Raquel Hadida - infographie Philippe Crespy
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Agréable, mais trop de bouchons
On vient exprès de Limoux!
Québécoise et Gallois, habitants de Limoux depuis 2009. “Nous, on vient exprès de Limoux pour le coiffeur de cette rue. Au début c’était un hasard et comme ils sont compétents et sympathiques, on revient. Les aménagements? Je n’aime pas trop, je m’attendais à mieux. Il faudrait que ça soit plus vert, plus gai. Il y a un côté trop industriel, alors qu’on est juste à côté des canaux et de la mer, ça ne devrait pas être comme ça. C’est un peu dommage.”
MARIE VIDAL
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Plus de passage qu’avant
JOSÉE ET PETER JONES, 55 ET 75 ANS
Une des rues les plus fréquentées BENJAMIN ALLARY, 27 ANS
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Nouvelle Sétoise et usagère quotidienne. “Je suis arrivée en février dernier seulement. La Grand’rue Mario-Roustan? Elle est mieux quand il n’y a pas les touristes de l’été car on ne peut pas y circuler. En dehors de ça, elle est sympathique avec tous ses magasins. Une mention pour le magasin de fruits et légumes où on trouve de tout, et une excellente boulangerie. Pour moi, c’est très pratique.”
Tenancier du bar-cave à vins “Au bout de la rue.” “Elle est bien mieux maintenant que les travaux ont été faits. C’est une des rues les plus fréquentées de Sète. Avec ces trottoirs, les gens sont plus à leur aise. En plus, nous avons gagné un peu de place pour notre terrasse, c’est mieux. C’est un peu compliqué pour stationner, c’est vrai, mais dans l’ensemble c’est satisfaisant.”
Sétois “Nous faisons un usage quotidien de cette rue où l’on trouve de tout. Il y a plus de passage 8 qu’avant depuis qu’elle a été rénovée, alors qu’elle était un peu oubliée auparavant. Elle a peut-être moins de personnalité que d’autres rues de la ville, mais elle a quand même toute son importance dans la vie de la ville.”
CHRISTINE D’ORSO ET RICHARD BRIVES, 42 ET 43 ANS
Plus de place pour les piétons, moins pour garer sa voiture : un problème soulevé par beaucoup d’usagers de la rue, qui reconnaissent cependant qu’elle avait grand besoin d’un nouvel aménagement.
Ici commence le quai de la Marine, qui emmène au môle Saint-Louis. La réfection de cette partie de la rue doit débuter sous peu.
Trop compliqué d’y stationner
Usagère régulière, Sétoise “J’y passe très souvent et je regrette qu’on ne puisse plus faire d’arrêt express. Maintenant donc, on ne fait qu’y passer en voiture. Pour les commerçants ça doit être plus dur. Pour se balader c’est plus agréable, c’est vrai, mais elle a perdu de son côté pratique à l’usage.”
MONIQUE MARTIN, 56 ANS
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Une rue mal connue
BARBARA MANCIONE, 53 ANS
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Gérante de la boutique de vêtements “35 bis.” “C’est une bonne chose qu’elle ait été refaite, mais ce n’est pas ce que nous attendions. Ça a été mal étudié sous certains aspects. Par exemple, les deux-roues ne peuvent plus doubler les voitures et passent donc sur les trottoirs car rien ne les en empêche, au risque de heurter des piétons. Il y a quelques jours, une de mes clientes a été renversée! Sinon, il est vrai que les touristes y viennent plus, elle est plus engageante, même si elle manque encore de reconnaissance car rien ne s’y passe, on ne l’incorpore jamais aux animations qu’il peut y avoir au centre-ville.” La Gazette n° 265 - Du 29 septembre au 26 octobre 2011
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LES AUXERROIS AQUATIQUES
VIRGINIE, MATHIEU, ENZA, 5 ANS, MANON, 2 ANS “Sur l’étang, je vois bien une scène géante flottante, entourée de gradins rivés à des bouées. Pour un concert de Madonna, par exemple !”, lance Mathieu, le plombier. Enza s’appuie, elle, sur ses observations “jouteuses” : “Dans l’étang, on mettrait des messieurs qui font plouf !” Mais encore faut-il le trouver, cet étang : en suivant les panneaux Île-de-Thau, la famille auxerroise n’y est pas parvenue. Virginie, la maman, se veut plus aérienne : “J’installerais un téléphérique à cabines entre la croix et le port.”
8REPÈRES Où ont été réalisées ces photos?
Sur la terrasse du panoramique, en haut du mont Saint-Clair de Sète (182 m), pendant les vacances d’été.
Vingt-quatre
Le nombre de personnes interrogées - enfants compris-, à peine arrivés au sommet, en voiture, à pied ou à vélo. Originaires de plusieurs villes de France et de Belgique, ces touristes (hors CRS), âgés de 2 à 64 ans, sont de passage à Sète pour un jour à deux semaines.
“E
t si on redessinait Sète, quel serait votre projet le plus fou?“ C’est ce que La Gazette a demandé aux touristes, rencontrés au belvédère du mont Saint-Clair, le temps d’un cliché. Ils n’ont souvent vu que le centre-ville et les plages, mais ça ne les empêche pas de fourmiller d’idées, des projets les plus plausibles… aux délires les plus farfelus! De quoi inspirer nos élus? Des exemples: un téléphérique, un pont ou une via ferrata pour relier le port au mont Saint-Clair. Des pistes cyclables, des navettes électriques et des vélos en libre service. Un radeau géant sur l’étang pour faire la fête. Un parc aquatique à la place des usines, de l’art urbain dans les friches industrielles. Pour une ville qu’ils découvrent, les touristes se révèlent bourrés d’inventivité. Sans doute parce qu’ils ont un regard neuf, en décalage avec celui des habitants, trop habitués à leur radieuse cité.
Vus du mont Saint-Clair:
Arrivée sur le belvédère du mont Saint-Clair. Essoufflés, enchantés, les touristes nous confient leurs idées, crédibles ou fantaisistes, pour donner du peps au paysage qui leur tend les bras. Vision plongeante sur l’imagination.
les projets fous des touristes
Le Cactus Park de Bessan l’a enthousiasmé. Gestionnaire d’une usine de purification d’eau à Gand, en Belgique flamande, Frederik rêve déjà de s’installer dans l’arrière-pays sétois. “Nous pourrions accueillir les gens dans une ferme-jardin d’agrément avec lauriers, buis, moutons, chèvres, cochons, lapins.” Sans oublier de rapatrier quelques “baraques à frites”, rit Vicky, conseillère pour l’emploi. Un seul problème : “Nous sommes très attachés à nos familles…”
LES FLAMANDS JARDINIERS
VICKY, 34 ANS, FREDERIK, 38 ANS, TIMON, 7 ANS, THIEU, 2 ANS
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LES TOULOUSAINS URBANISTES
HÉLÈNE, 64 ANS ET CHRISTIAN, 51 ANS
Rompus à la circulation sétoise, l’experte de l’info-circulation et l’informaticien se proposent de la réorganiser à la mode toulousaine : “On conserve 2 ou 3 grands axes pour faire le tour de la ville, mettre en valeur des édifices et découvrir les quartiers périphériques. À partir des parkings, des navettes électriques nous amènent vers un cœur de ville plus piétonnier.” Cerise sur le gâteau : “Un café sur le panoramique. Ça marcherait !”
LA DIJONNAISE ÉCOLO
MARION, 30 ANS
“Visuellement, ça manque de vert. Sur la Corniche, pins parasols et mûriers pourraient protéger les marcheurs du soleil. Des potagers en ville seraient aussi bienvenus”, assure l’ingénieure agronome. “Dire que j’ai fait 3 ans d’études à Montpellier sans venir ici ! La ville est authentique, mais pas pratique. Il faudrait organiser une consigne pour déposer les sacs. Et répartir des stations de location de vélos (type Vélib’, NDLR) pour se balader.”
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Monté par les escaliers, depuis le parc du Château d’eau, le couple crève de chaud. De quoi inspirer Prisca : “À la place de l’usine derrière la gare (Sud Fertilisant, NDLR), un grand parc aquatique, avec des toboggans pour les enfants, ce serait parfait.” Sylvain, l’ingénieur métallo, tient à s’adapter à l’esprit de la ville, “culturelle, familiale, et sans trop de monde. Il ne faut ni feria, ni grande discothèque, plutôt une fête gratuite, de qualité, à travers plusieurs lieux où danser en plein air. De qualité, mais plus accessible que le festival de Jazz !”
pages réalisées par Raquel Hadida / photos de céline escolano
LES LYONNAIS PLAN-PLAN
PRISCA, 28 ANS, ET SYLVAIN, 34 ANS
À 10h30, ils terminent en beauté leur boucle de 80 km à vélo autour de l’étang, sur leur temps de loisir : “J’ai jamais vu aussi raide !”. Basés au lycée JoliotCurie, Christophe et Jacques font partie des 80 CRS toulousains en renfort saisonnier à Sète. Pour eux, priorité “aux pistes cyclables en sortie de ville” (voir La Gazette de mai) et aux panneaux indicateurs. Pour grimper sur le Saint-Clair, rien de tel qu’un mur d’escalade ou une via ferrata. Une fois en haut, “des boucles balisées faciliteraient la course à pied, sur des petits chemins”.
LES LILLOIS RÉNOVATEURS
ALIZÉE, 25 ANS, GERMAIN, 28 ANS
“Très calé et efficace”, l’office de tourisme a enchanté Alizée et Germain, comme leurs amis Prisca et Sylvain. Mais “dans les rues excentrées, les façades délabrées méritent d’être rénovées !” Sur le modèle du Vieux-Lille, l’expert financier et la vendeuse en maroquinerie transformeraient bien Sète en quartiers de charme, un peu chics - “mais pas bling-bling. De gros jets d’eau pourraient fuser autour des canaux, comme à Genève”.
LES CRS SPORTIFS
CHRISTOPHE, 31 ANS, ET JACQUES, 32 ANS
“La vue ressemble à celle de Tlemcen, à l’ouest de l’Algérie”, s’étonne le papa. Là-bas, pas de mer, mais un téléphérique - une idée qui ravit Younes. Pour relier le mont Saint-Clair au port, le petit Yazid opte, lui, pour un pont - avec une piste cyclable, précise sa maman, adjointe à l’animation en Seineet-Marne. “Pour l’inauguration, on y ferait une grande fête colorée avec tous les habitants! On pourrait aussi créer un zoo, un château, et des plages artificielles le long des quais.”
LES FRANCILIENS AÉRIENS
La voix cassée, Gaël pointe usines et friches industrielles. “Pour donner du peps au complexe pétrolier, on l’habille de jolis graffs dans le style de Banksy. L’hiver, des animations circassiennes (cirque, théâtre de rue) peuvent donner vie aux friches, comme sur l’île de Nantes avec les machineries du Royal Deluxe. La ville s’y prête, affirme, l’œil aguerri, ce responsable photo de la Fnac de Vannes. Pour ça, il faut inviter des artistes, impliquer les habitants, de toutes générations.”
NADJET, 40 ANS, MOHAMMED, 48 ANS, YOUNES, 16 ANS, HUSSEIM, 10 ANS, YAZID, 8 ANS
LE PARISIEN TEUFEUR
JULIEN, 27 ANS
Le teufeur n’a dormi que 3 heures, sur la plage de l’ACD, comme ses potes Gaël et Sébastien. C’est décidé, le prochain World Wide Festival aura lieu “sur une île flottante”, une grosse bulle gonflable sur l’étang, côté Balaruc. Les chantiers fous, Julien a l’habitude. Régisseur de l’émission TV Tous ensemble, il organise la rénovation bénévole de maisons pour des personnes en situation d’urgence. Mais pour l’instant, il peine à ouvrir les yeux…
LE BRETON URBAN-STREET
GAËL, 29 ANS
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viepratique Pour réaliser le projet de vos rêves ou créer votre emploi, ici sur le bassin de Thau, montez votre entreprise ! Mais avant de sauter le pas, prenez le temps de rencontrer les partenaires et de vous poser les questions-clés. Conseils et tuyaux.
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otre vie de salarié vous ennuie, vous êtes au chômage depuis 2 ans, ou vous avez une idée géniale d’activité? Pensez à ouvrir votre boîte. Ça tombe bien, le 18 octobre, de 9h à 17h,vous pourrez rencontrer de nombreux partenaires au cours de la journée Passion d’entreprendre organisée par Thau Agglo au centre nautique de Balaruc-les-Bains. “Ça tombe mal, c’est la crise”? Pas forcément: “Quand rien n’est possible, tout est possible. Des marchés de niche peuvent émerger, c’est le moment d’innover!”, assure Annie Favier-Baron, formatrice à la chambre de commerce de Sète. En revanche, ne vous fiez pas à la facilité apparente du statut d’auto-entrepreneur*: d’une manière générale, seule la moitié des entreprises survivent plus de 5 ans. Exit aussi l’image du patron plein aux as: au début, il faut souvent travailler plus… pour gagner moins. En contrepartie, à vous la “liberté” pour vous organiser, choisir vos partenaires, faire vivre vos passions et vos idées, selon vos valeurs. Bref, être indépendant. Vous vous sentez tenace, autonome, réactif? Ces qualités se révéleront essentielles. Pour tester votre motivation, adoptez la casquette de porteur de projet… Et préparezvous à une passionnante course d’obstacles. *Adapté au complément d’activité (de salaire ou de retraite), ou au démarrage progressif. Mais attention: en activité principale, ce statut se révèle souvent précaire (la couverture sociale est réduite).
Création d’entreprise : ne faites pas
cavalier seul !
Les étapes pour monter votre projet Consultante en marketingcommunication et formatrice à la chambre de commerce de Sète, Annie FavierBaron fait réfléchir les créateurs d’entreprise sur leur projet et encadre leur étude de marché.
Posez-vous les bonnes questions: • Mon idée de création est-elle en adéquation avec moi? Mon projet est-il faisable commercialement? L’étude de marché: analysez la concurrence, votre secteur, votre cible (enquêtes), votre population-cible potentielle (appuyez-vous sur statistiques-locales.insee.fr). Et souvenez-vous des 3 règles du commerce: La Gazette n° 265 - Du 29 septembre au 26 octobre 2011
“l’emplacement, l’emplacement, et… l’emplacement”. • Quels sont mes axes de communication pour mieux vendre? Premier exercice Imaginez que sur votre planète, tout le monde fait la même chose que vous, et très bien. Qu’est-ce qui vous différencie?” Déclinez l’identité de votre entreprise, dans l’ambiance d’accueil, le logo, les flyers, le site web, votre réseau-relais, vos opérations commerciales, etc. Pour savoir si votre marque est déjà “prise” : bases-marques.inpi.fr • De qui se compose mon équipe? Associés, salariés: définissez les postes. • Mon projet est-il faisable sur le plan économique et financier? Votre “business plan” ou plan d’affaires sur tableau Excel. Plan de financement (somme nécessaire au démarrage), et budget sur 3 ans: évaluez vos coûts fixes, coûts variables et votre chiffre d’affaires potentiel. •Quel statut social est le plus adapté? Entreprise individuelle ou EURL si vous êtes seul ; SARL, SAS ou SA à plusieurs… Sans oublier de choisir son régime fiscal. Vous avez désormais tout en main pour écrire votre projet (dossier de 15 à 40 p. + annexes), afin de convaincre vos partenaires de sa faisabilité.
Faites-vous accompagner Augmentez vos chances de réussite en acquérant les méthodes d’un chef d’entreprise, tout en échangeant avec d’autres porteurs de projet. De nombreuses structures proposent des accompagnements personnalisés, à travers toutes les phases de création, voire un suivi post-création. Formations et rendez-vous perso, souvent gratuits.
CONSEILS GÉNÉRALISTES
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pages réalisées par Raquel Hadida / photos Raquel Hadida
À EXPLORER
À 22 ans, Justine Ausan vient de monter le Poney-Club Le Clos la Pierre à Frontignan. Soutenue financièrement par sa famille, elle a quand même suivi deux mois de formation à la Boutique de gestion. Le paysagiste Stéphane Maquinay a immatriculé sa société Art Concept Jardins à la Chambre des Métiers en avril dernier, juste après y avoir suivi le stage obligatoire pour l’installation des artisans.
CONSEILS SPÉCIFIQUES
Pour les moins de 26 ans. Mission locale d’insertion (MLI). Sète, 0467514638. Frontignan, 0467185060 Pour les artisans. Chambre des métiers, 19 quai d’Alger à Sète, 0499572105, cmaherault.fr Info le vendredi matin. Stage préalable à l’installation (obligatoire), 6 à 8 j. Prochaines dates: 10 oct, 24 nov. Pour les artistes. Pygmalion & Cie, 9 rue du Soufre à Frontignan, 0467748299, pygmalionetcie.com, Couveuse Context’art, 0467 422020, contextart. org. Permanence à Agde. Pour les managers sociaux (coopératives…). École de l’entreprenariat en économie sociale
(EEES) à Montpellier. Formation longue et modules de 2-3 jours, 0467068259, ecoleees.coop URSCOP-LR à Montpellier, 0467060120, urlanguedoc@scop.coop,scop-lr.coop. Info les 4 oct., 25 oct., 15 nov. le matin. Pour les entreprises innovantes. Incubateurs du réseau Synersud, synersud.com Pour les agriculteurs. À Lattes: Point Info Installation, Alexis Hurtaut, 0467679598, pointinfo34.com Mais aussi… AETE, Alter’incub, UREI (insertion), Profil emploi, COMIDER, CREF-LR (féminin), MDE Pézenas (artisans d’art), Profession Sport 34 (loisirs, tourisme).
Ressources - Plate-forme de la Création d’activités de l’Hérault (PFCA34): guide des structures d’appui, pfca34org - Le Guide du créateur d’entreprises en Languedoc-Roussillon, info-entrepriseslr.fr - Association pour la création d’entreprise (APCE). Fichesméthodes et guides de référence apce. fr - Comment rater à coup sûr sa création d’entreprise de Laure Grynbaum, éd de la Crise, 9,80 €. - Les aides selon votre profil: toutaide. com Réseaux Echanges, entraide, infos-conseils pour affûter ses compétences de chef d’entreprise… - Réseau Balise: 700 fiches-parcours, accès via la Boutique de gestion BDG (voir “Accompagnement”), reseau-balise.org - Réseau Oxygène: entreprises accompagnées par la BDG, reseauoxygene-beziers.org - REEL 34 Réseau d’entreprises pour une économie locale durable. 0467921313, - reel-durable.net Centre des jeunes dirigeants, cjdmontpellier.net Inscriptions administratives Immatriculation: - guichet-entreprise. fr (ou à votre Centre des formalités des entreprises CFE: chambre de commerce, etc.) - Régime d’auto-entreprise: lautoentrepreneur.fr - Pole emploi Service Employeurs (à Sète, 0499576164), pole-emploi.fr - Direction du Travail, 0467228888, sdtefplanguedocroussillon. travail.gouv.fr - Urssaff de l’Hérault, 35 rue de la Haye, 34937 Montpellier Cedex 9, herault. urssaf.fr - Thau santé travail (médecine du travail), 20 rue R.-Rolland à Sète, 0467749090, thau-sante-travail. fr - Impôts, 0467463832, sie.sete@ dgfip.finances.gouv.fr, impots.gouv.fr
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La Gazette n° 265 - Du 29 septembre au 26 octobre 2011
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reportage
Salle comble et public survolté : l’Arago attaque son début de saison dans un bouillonnant “chaudron” sétois. Motivés par les bons résultats du club de volley des deux saisons précédentes, les Sétois se montrent attachés à un sport historique, pourtant peu médiatique. Ambiance.
Volley : Sète vibre
“E
pour l’Arago
n ce moment, l’Arago, c’est l’euphorie! La première fois que j’y suis allé, j’étais dans un autre monde. L’ambiance est tellement chaude que je me suis pris au jeu: à chaque match, depuis quatre ans, je suis comme un petit!”, avoue Raoul, la soixantaine. Pour le match de volley Sète-Montpellier en octobre - le derby -, près de 1200 spectateurs ont rempli le “Barrou” (la halle Louis-Marty) dans une atmosphère surchauffée, enviée des autres clubs de volley français. Certes, ce “chaudron” doit beaucoup à une poignée de supporters ultra-mobilisés, mais il séduit les autres spectateurs - qui viennent de tout le bassin de Thau, mais aussi de Narbonne, Nîmes ou Montpellier. Les deux dernières saisons, l’équipe Pro masculine de l’Arago est arrivée troisième du championnat de France et en quart de finale de Coupe d’Europe, offrant des spectacles sportifs attractifs. Alors, l’enthousiasme autour du club de volley de l’Arago se propage jusqu’en ville, du moins chez ceux “qui suivent”. Pour Raoul, l’explication est claire: “L’esprit famille: la mentalité de l’équipe tient le club, et inversement. Mais le jour où ils iront en jet privé d’un
Le score était tendu, mais c’est gagné ! Le premier regard, les premières tapes dans les mains des joueurs de l’Arago vont à leur public. Un “chaudron sétois” exceptionnel, même aux dires de leurs adversaires.
La Gazette n° 266 - Du 27 octobre au 30 novembre 2011
match à l’autre, ce sera fini!”, prévient-il. Au bord du quai, Jean, retraité, pêche: “Je les suis dans le journal. Les nouvelles recrues ont l’air au point, l’Arago se maintient dans l’élite, sans déficit ni magouille. C’est notre seul sport de haut niveau, il donne une belle image de la ville.”
Sain et aérien
Au Décor, Richard, le restaurateur, apporte son regard d’ancien volleyeur et photographe: “Le volley est à la fois un sport facile à comprendre et spectaculaire. Les joueurs font 80 % du boulot en suspension: visuellement, c’est rapide, puissant et aérien. À Sète, les matchs deviennent un vrai rendez-vous d’hiver: la salle confinée contribue à l’ambiance intimiste. À l’inverse du MUC montpelliérain, perdu dans une salle de 5000 places!” Assis au Concept Café, Lazare écoute les matchs à la radio. En revanche, chou blanc avec le patron Didier, biterrois récemment sétois: “Connaît pas. Personne n’apporte d’affiches dans les commerces. Il faut être dans le réseau séto-sétois d’amis d’amis…”, lance-t-il, amer. Près de la médiathèque, les banquières Charlotte et Émilie, 26 et 27 ans, sem-
blent du même avis: “Ça existe, on sait, mais on en entend peu parler…”
Image de marque
Dans son ambulance, Gilles se veut plus emphatique : “L’Arago à Sète, c’est comme l’OM à Marseille. C’est le même niveau d’amour, ça fait partie des racines, de la culture, de la marque de Sète comme les joutes ou Brassens! Parce qu’ils savent rester simples, dans la mentalité sétoise. Et que les gradins mélangent toutes les catégories sociales, de la ZUP au haut de gamme.” Aux halles, les ostréiculteurs Simone et Yvon ne tarissent pas de plaisir: “Le foot, ça ne vaut plus rien, alors on suit l’Arago intensivement. À fréquenter des gamins de 20-30 ans, on se sent moins vieux!” À 17 ans, Sylvain le sportif aimerait bien en faire autant: “Quand j’ai voulu y aller, il n’y avait plus de place! En plus, mon kiné, c’est celui de l’Arago.” Passage du Dauphin: la boutique Shilton, un sponsor de l’Arago. Pierre Zambrano habille l’équipe de pied en cap façon sportswear chic. Près de la mairie, François Commeinhes se souvient: “J’habitais en face de la rue de la Douane
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Après le match, autour d’un verre, les supporters ont plaisir à féliciter les joueurs, “leurs petits”.
où l’Arago s’entraînait (voir p. suivante). Je dépassais à peine du balcon pour les regarder… Ce club a une âme, il correspond plus à une famille qu’à un club traditionnel. Avec son public exceptionnel, cela lui permet de résister aux difficultés en interne - d’organisation, de présidence. Pour être porteur, nul besoin d’être médiatique ou d’avoir un gros budget, l’Arago le prouve!”
Panthères roses
L’heure du match approche. Direction le Barrou. À l’extérieur de la salle, le Club des supporters a attendu avec impatience la reprise… pour tenir la buvette et le barbecue (voir ci-contre). Avec un succès calqué sur celui du volley: “Il y a 15 ans, on écoulait 5 kg de merguez par soir. Aujourd’hui, on doit en acheter 20 kg!”, calcule Patrick Aquilina, le fondateur. Revers de la médaille, ils vivent les matchs sans les voir: “On a demandé au speaker de crier assez fort pour qu’on puisse entendre.” À l’intérieur, les joueurs s’échauffent à peine que le gymnase résonne déjà des tambours des supporters du 7e Homme, le second club, en T-shirts roses. La “première partie” met en valeur une équipe amateur du territoire, aujourd’hui les benjamins de Mireval. Puis chacun des joueurs de l’Arago s’empare d’une rose - offerte par un fleuriste sétois - et pénètre dans les gradins pour l’offrir à un spectateur. Jolie attention de la part des “Panthères roses”: en plus de leur maillot bleu, les joueurs arborent depuis deux ans un maillot rose - voire fuschia -, rehaussés de dessins de l’artiste sétois Hervé Di Rosa. Le match commence. Service tendu comme un élastique, réception. Deux joueurs montés sur ressort surgissent au filet. Feintes, smash, applaudissements, regards complices. Dans les tribunes, les supportrices font gigoter des peluches roses attachées sur un bâton, en réponse à une énorme panthère rose gesticulante sur le terrain. C’est le fondateur du 7e Homme, David Boutonnet, qui se cache et qui sue dans ce déguisement. Du cousu main par l’épouse d’un des joueurs, Baptiste Geiler.
Osmose
Musique, temps mort: les joueurs se rassemblent en cercle autour des entraîneurs (voir p. suivante), pendant que deux petites filles essuient le sol d’un immense balai. Les supporters en profitent pour entonner au mégaphone : “L’Arago, l’Arago le club du bassin de Thau” en agitant écharpes et drapeaux. Deuxième set. “Si on mollit, l’entraîneur nous fait signe de relancer pour mettre la pression à l’autre équipe”, assure David. Mais l’Arago a dix points d’avance. Les benjamines ramassent les ballons. Plus serré, le troisième set enchaîne les balles de match. Les supporters se déchaînent, debout. Gagné. En pleine liesse, les joueurs passent serrer la main des spectateurs, avant de signer des autographes aux enfants massés autour d’eux. Du sport-spectacle artisanal, mais pas de “star-system”: au volley, impossible de marquer seul; pour gagner, l’équipe doit être soudée. Sur le parking, Bruno est ravi: “Je déteste regarder le sport à la télé, mais le volley, c’est extraordinaire: aucun temps mort et quelle ambiance! Depuis que ma secrétaire m’en a parlé, je viens presque à tous les matchs, et mes trois enfants sont à l’Aragoland.” Sa femme Véronique s’émeut: “Il y a vraiment une osmose - je dirais une macaronade ou un aïoli - entre l’équipe et ses supporters, entre les produits locaux et la culture extérieure, ça donne un côté magique.” Les supporters se retrouvent dans leur buvette, dans l’attente des joueurs qui arrivent au compte-gouttes, dans la fraîcheur de leur chemise Arago, sous des tonnerres d’applaudissements. Avant accolades et rigolades, commentaires autour d’un verre de bière. Jusqu’à une heure du matin.
8REPÈRES Résultats et prochains matchs
-Saisons 2009-2010 et 20102011: l’Arago arrive 3e en Championnat de France sur 14 équipes, et en 1/4 de finale de Coupe d’Europe. - Octobre 2011 : L’Arago gagne contre Toulouse, Cannes et Montpellier, perd contre Tourcoing et Beauvais et se place en 4e position du championnat de France. - Coupe d’Europe: en 1/16e de finale Arago-Bucarest (Roumanie). Le match allerretour est éliminatoire. Match aller gagné 3-2.
La mascotte de l’Arago : une panthère rose. Sous ce costume cousu main, c’est le fondateur du 7e Homme qui se cache, David Boutonnet.
Le Club des supporters Objectif: donner un coup de main aux jeunes pour payer leurs déplacements, pour le tournoi interne de fin d’année, les fêtes, les goûters, les cadeaux. Créé il y a 15 ans par des parents de volleyeurs, le Club des supporters tient la buvette à l’entrée des matchs et vend les T-shirts à l’intérieur et reverse la recette aux clubs juniors. Devenus amis, ils dînent ensemble, par petits groupes une fois par semaine, ici au casino de Sète, avec des membres du comité directeur. “On porte les joueurs, on les aide à s’adapter à notre petite ville, on les entoure. Et on continue à les applaudir même après, comme Yourika Simovski, parti à Tourcoing. Rencontrer des Suédois, des Russes, c’est enrichissant. Même s’ils font 2,10 mètres et qu’on est déjà grand-mère, les joueurs, ce sont nos petits!”
Avant le match, c’est barbecue et buvette pour les supporters.
Le club
-L’Arago joue à la halle LouisMarty, dite “Le Barrou”, de 1100 places. -20 équipes. -350 licenciés (1er club de France). -Supporters: Club supporter de l’Arago et Le 7e Homme, mascotte La Panthère rose. -Maillot: bleu à domicile, rose à l’extérieur. Équipe Pro A: 18 joueurs, dont 6 nouveaux et 3 sélectionnés en Équipe de France. -Fondé en 1966 par Maurice Vié. Président: René Game. -En première division sans interruption depuis 1977 (le plus ancien).
Le B. A. BA du volley
-Le volley se joue en équipe de 6, de chaque côté d’un filet. En faisant tomber la balle dans le camp adverse, l’équipe marque le point et obtient le service pour la balle suivante. Les joueurs tournent alors dans le sens des aiguilles d'une montre. -Un set se gagne en 25 points avec au moins 2 points d’écart. Un match se gagne en 3 sets: en cas d’égalité 2-2, le 5e set (tiebreak) se joue en 15 points. -Durée d’un match: 1h30 à 2h.
Sur écran
-Site Web de l’Arago: www.aragodesete.fr -Arago TV, vidéos de Pascal Miralles, la première “chaîne” dédiée à un club de volley, avec des séquences décalées et des enregistrements de qualité: www.arago.tv -Sur Facebook, 600 personnes ont placé l’Arago en équipe préférée. -Ma chaîne sport retransmet des matchs de volley: www.machainesport.fr
réalisé par Raquel Hadida / photos Raquel Hadida /
Supporters en folie
-Prochains matchs à suivre à Sète: contre Paris le 29 oct.,
Narbonne le 5 nov., Ajaccio le 7 nov. Puis les matchs contre les leaders Tours et Poitiers en décembre. Matchs retour à partir de janvier 2012.
8 ARAGO
Une fois par semaine, le Club des supporters se réunit au restaurant.
Le 7e Homme
Mission: mettre le feu dans les tribunes et organiser les déplacements. Déjà séduit par l’ambiance chaleureuse en 1998, David Boutonnet décide en 2004 de créer un club de supporter actifs, 71 membres en rose qui s’agitent, tambourinent et chantent dans les gradins. Et se retrouvent pour une macaronade géante, ou bien le dimanche sous le mûrier dans la maison du Barrou de la famille Vié (le fondateur de l’Arago), entre moules farcies, rires, gâteau aux pommes… et pétanque en bord d’étang. “Nesquick” et sa maman “Cantalou”, qui découpe tous les articles qui paraissent sur l’Arago, “Bronx du tambour”, Gigi d’Ariège, Nanar34 ou Nanoy et ses chapeaux… ”C’est comme une famille!”
Pendant le match, c’est l’union sacrée autour de l’équipe.
Les mêmes supporters, réunis à table, dans la maison du fondateur de l’Arago.
La Parisienne néo-sétoise
Sandrine, parisienne de 22 ans, vient d’arriver à Sète. La présence de son équipe de volley préférée a pesé pour choisir son lieu de formation, à Mèze. “Même à Paris, j’étais pour l’Arago - j’aime l’ambiance et l’équipe.” Premier match: “Très bonne impression, atmosphère familiale. On m’a intégrée tout de suite, en me proposant de monter au local des supporters. Je viens d’adhérer!”
La Gazette n° 266 - Du 27 octobre au 30 novembre 2011
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reportage Une photo dénichée dans la maison de Maurice Vié (à droite), fondateur de l’Arago. On y retrouve la mythique équipe de 1969, - avec JeanMarie Taillade en capitaine - et une émouvante dédicace : “Après 20 ans, mais toujours les mêmes”.
PATRICK DUFLOS
ENTRAÎNEUR DE L’ÉQUIPE PRO DE L’ARAGO
Entraîner à Sète, c’est une chance!
Culture Club
Au-delà de l’équipe professionnelle, le succès de l’Arago tient aux liens que le club a su tisser à travers la ville, et entre les générations. Secrets d’une culture dynamique.
A
vec 350 licenciés, l’Arago est le plus gros club de volley de France. Alors que, dans d’autres villes, le volley se meurt, l’Arago parvient à motiver des troupes d’amateurs sétois, de 3 à 74 ans. Grâce à une véritable “culture Arago”, familiale et performante, ancrée dans 60 ans d’histoire. L’âme du club en cinq volets.
Aujourd’hui, son équipement reste en décalage avec ses résultats: le club est éclaté entre la halle Louis-Marty, trop petite et trop basse pour les normes de Coupe d’Europe, les bureaux du siège, et le gymnase Maurice-Clavel où les pros pratiquent la musculation.
La cour d’immeuble
Dirigeants, joueurs et entraîneurs ont laissé leur empreinte. Maurice Vié, Alain Theule et Adrien Paillole consacrent une grande partie de leur vie à diriger le club. Jean-Marie Taillade, actuel adjoint à la culture de la Ville de Sète, était en 1969 capitaine de l’équipe, où il jouait avec son frère René. Le manager de l’équipe de France de volley n’est autre que le Sétois Gérard Castan, ex-joueur et entraîneur de l’Arago.
Dans la rue de la Douane, à Sète, s’installe en 1953 le foyer laïque d’éducation populaire, le Flep, un club omnisports qui abrite l’amicale des anciens élèves de l’école Arago. Ceux-ci organisent des matchs de volley dans la cour de l’immeuble, et leur activité prend de l’ampleur. Après un combat judiciaire, l’amicale prend son autonomie pour fusionner avec deux clubs paroissiaux. L’Arago naît en 1966.
Du volley de haut niveau…
Dès 1967, le club monte en première division pour ne plus en redescendre, sauf en 1976. Tout en restant longtemps amateur… du moins officiellement: “On faisait venir des joueurs à qui on fournissait appartement et voiture. Le réseau de volleyeurs leur trouvait du travail”, raconte Michel Thibout, l’actuel manager. L’Arago gagne la Coupe de France en 1988.
… avec les moyens du bord
Avec 1,15 M€/an pour fonctionner (8e budget français), l’Arago coûte 5 à 6 fois moins cher qu’un club de foot: il est donc bien adapté aux finances d’une ville moyenne. Avec un budget dérisoire pour un club de première division, il a été longtemps considéré comme “l’Auxerre du volley”, et s’est ouvert tardivement aux filles. La Gazette n° 266 - Du 27 octobre au 30 novembre 2011
Pour créer une émulation, “pas question de séparer l’élite de la masse des licenciés”, insiste Nathalie Pruvost, responsable du secteur amateur. Les bons résultats des pros motivent les bénévoles, et les joueurs se rendent accessibles. Chacun d’eux parraine une équipe de jeunes, les supporters peuvent assister à leur entraînement. Les anciens pros deviennent à leur tour entraîneurs des benjamines ou des cadettes, insufflent la “culture volley” dans les écoles, comme Christophe Patte avec une classe volley à Paul-Va. À travers l’Aragoland (voir encadré), les trophées scolaires, les stages et tournois de l’Arago Beach l’été sur le lido, le club se positionne comme leader sur le bassin de Thau. (Merci à Henri Contini, secrétaire général, et René Game, président de l’Arago.)
Entraîner une équipe de volley dans une petite ville comme Sète, c’est une frustration ou une opportunité ? Une chance ! Comme il y a moins de choix que dans les grandes villes, le volley est devenu le sport numéro un après le déclin du foot : les gens s’y intéressent. J’adore aller aux halles, où les commerçants me reconnaissent, m’invitent chez eux. Les lendemains de match, surtout depuis deux ans, on me dit : “félicitations”, “continuez”, “vous nous faites régaler” - j’adore. Ça fait un plaisir fou de voir que les gens sont fiers de leur équipe.
Les joueurs s’intègrent-ils facilement à Sète ?
On veut que les joueurs participent à la vie de la ville. Cette année, ils habitent tous à Sète, et sont épaulés. La salle pleine les aide à se surpasser. Et facilite le recrutement : certains acceptent de venir, même s’ils gagnent un peu moins qu’ailleurs. En revanche, pour poursuivre leurs études, le choix est limité : Rabiller a changé d’orientation pour faire un BTS à Sète.
Malgré un planning intensif, arrivez-vous à profiter de la ville ?
Des figures mythiques
Une grande famille
Entraîneur de l’équipe Pro de l’Arago depuis 8 ans, avec son adjoint Fabien Dugrip, le Calaisien Patrick Duflos a mené toute sa carrière de volleyeur à Sète. Et malgré les propositions d’autres clubs, il n’est pas près de partir.
L’hiver, assez peu : je vais voir un ou deux matchs des Dauphins (l’équipe de water-polo) ou de handball à Montpellier. L’été, à part 8-10 jours à moto avec mon épouse, on profite du soleil, de la plage - j’habite à la Corniche -, des restos de la Marine ou des paillotes. En bateau, on va se promener en famille sur le brise-lames ou dans l’étang. Pour mon fils de 4 ans, Noah, la priorité n’est pas le volley, c’est d’apprendre à nager !
L’Aragoland: mini-volley, maxi-créatif
Échauffement façon “show à l’américaine” : dans le gymnase, des enfants hauts comme trois ballons reproduisent les gestes du volley en musique, smash, manchette, “touche haute”, contre. Puis ils rejoignent un des cinq ateliers autour du long filet, pour des jeux d’un quart d’heure avec des plots, des cerceaux, des tubes, et des gommettes pour compter les points. C’est Françoise Theule, ancienne joueuse et prof de volley à l’université, qui a mis au point, en 2004, ces moments d’initiation dédiés aux 3-11 ans : l’Aragoland. Le concept ? Créer des exercices de motricité qui leur permettent d’acquérir les postures justes, tout en s’amusant. Ces méthodes inédites inspirent des clubs italiens ou bretons, et resserrent les liens au sein de l’Arago. 120 enfants y participent sous le regard de leurs parents, avec le T-shirt, la gourde et le sac à dos aux couleurs de l’Arago. Pour les baskets, il suffit d’un euro pour en récupérer d’occasion dans le coffre à l’entrée - le troc Aragoland. À chaque séance, Françoise se fait aider de parents, de volleyeurs de tous niveaux, de sa maman (74 ans)… mais aussi d’un joueur pro. Aujourd’hui, c’est Benjamin Toniutti qui distribue les cadeaux d’anniversaire, prémices d’une année festive.
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marue
Balaruc-les-Bains
Viens chez moi, j’habite
rue Maurice-Clavel, à Balaruc-les-Bains
Rue Maurice-Clavel
Des Balarucois, des commerçants enchantés et des curistes réguliers : rue Maurice-Clavel, voie qui porte le nom du résistant, écrivain et journaliste qui a habité ici, la population se mélange. Rencontres.
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h bien non! À Balaruc-les-Bains, on ne croise pas que des curistes, comme on peut parfois le penser. Car la seconde station thermale de France, après Dax, ne se résume pas qu’à cette seule activité. Il s’agit en effet “d’un vrai village, avec un vrai caractère”, disent les Balarucois. Ce jour-là, au centre du village, La Gazette a choisi de se promener rue Maurice-Clavel (1920-1979, entre autres créateur du quotidien Libération), là où, à quelques pas seulement de l’effervescence thermale
Beaucoup de passage Responsable du Secours catholique de Balaruc-les-Bains. Habite ici depuis 50 ans. 1 “Ici, on est en plein centre. Beaucoup de gens viennent nous voir, y compris des curistes. Le cadre est très joli avec le parc juste en face. Il y a donc beaucoup de passage. Mine de rien, il y a pas mal de mouvement ici, avec les retraités et les curistes qui sont là 10 mois sur 12. En ce qui nous concerne, nous organisons une braderie tous les mercredis, ça ramène des gens aussi.”
du “Bain de pied”, vaquent à leurs occupations les “permanents” des lieux. Jacqueline, Delphine, Florence, René ou encore Jacky: en quelques mots, ils nous parlent de leur Balaruc et de cette rue principale, qui relie la traditionnelle église - où trône un tableau offert, dit-on, par Napoléon III lui-même - aux thermes Athéna. En somme, un lien entre les Balarucois et les 42000 curistes qui passent ici chaque année, un trait d’union entre hier et aujourd’hui. Visite des lieux.
On s’y sent bien!
Maman, à Balaruc-les-Bains depuis trois ans. “On se sent bien ici. Et c’est très bien aussi pour les enfants avec ce parc bien arboré. Un seul problème: le centre du village n’est pas très mixte, il y a beaucoup de curistes et de retraités. Les jeunes couples s’installent plutôt dans les lotissements du Puech Meja. On vient ici pour faire nos courses.”
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DELPHINE LACOSTE ET GASPARD, 33 ET 2,5 ANS
JACQUELINE MARTINEZ, 82 ANS
De l’autre côté de la rue, un parc à la végétation luxuriante. Les curistes y font halte, et les animations y sont courantes grâce au théâtre de verdure.
Début de la rue Maurice-Clavel, avec l’église Notre-Dame-de-l’Assomption. On y trouve les locaux du Secours catholique et un tableau offert, dit-on, par Napoléon III.
Un beau village
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Sétoise installée à Balaruc-les-Bains. Bénévole au Secours catholique. “Je suis installée ici depuis 26 ans. C’est un beau village et une belle station thermale, très propre. Il est très agréable à vivre car très animé, particulièrement dans ce quartier et cette rue, avec le parc et ses animations. Et il y en a pour tous les goûts. Depuis que je suis à la retraite, je rencontre beaucoup de gens, alors j’y prends encore plus de plaisir. Bon, ceci dit, je me revendique tout de même sétoise: même si c’est juste de l’autre côté de l’étang, ma ville me manque.”
JACQUELINE SANCHEZ, 62 ANS La Gazette n° 266 - Du 27 octobre au 30 novembre 2011
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Maurice Clavel a vécu ici
Bouquinistes, magasin Le Stock. “L’écrivain Maurice Clavel est né à Frontignan, mais il a aussi en partie vécu à Balaruc-les-Bains. C’est pour ça que cette rue porte son nom. Il y a encore la maison de sa famille, juste à côté de notre magasin d’ailleurs. Hormis cette anecdote, la rue est très animée, avec beaucoup de commerces et quelques expositions. Avec le théâtre de verdure juste en face, c’est le cœur du village. C’est très agréable à vivre. Cela fait huit ans que nous sommes venus ici pour le soleil, et huit ans que ma femme n’a plus mis de collants!”
RENÉ ET GINETTE ALILI, 60 ET 58 ANS
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pages réalisées par Geoffroy Vauthier / photos de Raquel Hadida - infographie Philippe Crespy
Une des rues les plus passantes
Une vraie douceur de vivre
Balarucoise “depuis toujours.” “Ce quartier très animé grâce au terrain de pétanque, au parc, aux commerces et à l’église. Un peu plus loin d’ici, on a en plus une jolie promenade, le long de l’étang. Il y a une fresque représentant la cabane de Laurent Spinosi, dit “Lolo”, un peintre du village, copain de Brassens. Pour l’anecdote, Georges Brassens était venu un jour accompagné de Lino Ventura. Lolo lui a dit: “Ton copain, là, il est chanteur comme toi?” Il paraît que Ventura a fait une de ces têtes!”
FLORENCE COMBRISSON, 40 ANS
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Une très bonne entente entre commerçants
SYLVIE MUNOS, 57 ANS
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Une station très propre ANTOINETTE MANASSIAN, 83 ANS
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Gérante du salon de thé Saveurs d’ici et d’ailleurs “Je suis à Balaruc-les-Bains depuis 2 ans, originaire de Lyon mais revenant de cinq ans en Martinique. C’est le climat qui m’a menée ici. Cette rue est une des plus passantes car il y a les thermes Athéna juste au bout et le terrain de boules: chaque après-midi, il y a une centaine de boulistes! C’est agréable à vivre mais les locations sont de plus en plus chères: ça se ressent cette année, les curistes dépensent beaucoup moins.”
Curiste en promenade. “C’est la première fois que je viens. D’habitude je vais à Dax, mais pour moi qui habite à Marseille, c’est plus pratique de venir ici. Ce que je constate? C’est un village très propre. En plus, il est assez animé tout en restant tranquille. Pour l’instant, je ne regrette pas mon choix. Là je suis seulement de passage dans cette rue, car je me promène.”
Gérante de la cave à vins La Fontaine à muscat. “J’habite à Sète mais je travaille à Balaruc depuis 1996. Je peux vous dire quelque chose: c’est beaucoup plus animé ici! Entre le théâtre de verdure et ses spectacles, les brocantes hebdomadaires, les animations, le marché du parc…, cette rue est très vivante. Elle mélange activité et bien-être. Et entre commerçants, on travaille ensemble en osmose. Moi, je n’irais pas ailleurs, c’est certain.”
MICHELE MATTIA, 51 ANS
Les magasins donnent de l’animation. Boutiques de souvenirs, salon de thé, cave à vins, bouquiniste ou restaurant : de quoi flâner.
Au bout de la rue, on arrive place du Marché. Dos à cette vue se trouve l’arrière des thermes Athéna, les premiers de la ville.
Le charme des petits villages Ancien Balarucois, en séjour pour une cure. “Nous avons déménagé à Nîmes, mais on regrette Balaruc-les-Bains! Quand on y est, on ne se rend pas compte de tous les avantages. Il y a l’étang par exemple, et ça c’est primordial. La commune, et particulièrement ici au centre, a le charme des petits villages, c’est vraiment très agréable à vivre. Quand on y est arrivé en 1966, il n’y avait pas tous les curistes. D’ailleurs, j’avais fait un petit film sur lequel on voit un panneau, juste au bout de cette rue, où il était écrit: “Prochainement à cet emplacement: les thermes Athéna.” C’est marrant d’y repenser maintenant.”
JEAN-MARIE ET MAGGY CONSTANT, 76 ANS
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Un quartier calme et sympathique
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JACKY HEBERT, 72 ANS
Parisien en vacances six mois par an à Balaruc-les-Bains. “Vous pourrez l’écrire: je suis un “Parigot” qui a été très bien reçu ici! J’ai découvert cet endroit il y a 12 ans et j’y reviens depuis chaque année, j’y passe la moitié de l’année. Le quartier est calme et sympathique. Il y a du monde qui passe, on s’amuse, c’est l’essentiel. C’est bon pour le moral, et quand le moral va, le corps suit et tout va bien. Réellement, je suis heureux d’être ici.” La Gazette n° 266 - Du 27 octobre au 30 novembre 2011
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ENTHOUSIASTE Manon, 17 ans
8REPÈRES
Manon est au début de la liste alphabétique. Elle n’aura donc pas eu à attendre trop longtemps pour récupérer le fameux ordinateur rouge de la Région. Sitôt reçu sitôt déballé : “S’il y a tout ce qu’il faut dedans, cela sera utile c’est sûr.” Pourquoi ? “S’il est performant, je m’en servirai pour travailler et écrire mes cours dessus.” Manon est d’autant plus satisfaite qu’elle ne possédait jusqu’alors aucun ordinateur personnel, juste celui de la famille. Elle a désormais le sien, et confie : “Je m’en servirai aussi pour un usage personnel.” Pas de souci puisque c’est aussi le but de ce don : l’ordinateur n’est pas consigné, il appartient définitivement aux élèves.
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Où ont été réalisées ces photos?
Au lycée Joliot-Curie, à Sète, le lundi 10 octobre, jour de la distribution de “LoRdi”. Cette fourniture ne concerne que les élèves de seconde.
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Le nombre d’intervenants interrogés. Parmi eux, sept lycéens, deux professeurs et deux surveillants.
Verdict
Enthousiasme général du côté des élèves. Opinion mitigée pour les professeurs et l’encadrement, qui attendent de voir à l’usage.
our la Région, “LoRdi” est un peu le grand coup de la rentrée. En offrant un ordinateur portable à chaque élève de seconde scolarisé dans le Languedoc-Roussillon, Christian Bourquin, le président de l’institution, affirme frapper fort en faveur de l’éducation tout en réduisant la “Fracture numérique.” “Les professeurs ont-ils vraiment été bien consultés?”, “Comment utiliser l’équipement?”, “Quelle utilité?” Avec 32000 bénéficiaires et un coût de 15 millions d’euros par an, l’opération est forcément critiquée: “C’était aussi le cas avec la gratuité des livres, rappelle le conseiller régional André Lubrano. Aujourd’hui, pourtant, personne ne revient dessus.” “LoRdi”, donc, fait sa rentrée à Sète le lundi 10 octobre au lycée Joliot-Curie, préalablement équipé par la Région d’un réseau Internet sécurisé et uniquement accessible depuis un des ordinateurs. En ce début d’après-midi, l’excitation est palpable : les élèves se regroupent tous en un endroit précis, tout sourire. Objectif: récupérer l’ordinateur. Désireuse de savoir ce qu’en pensent les principaux intéressés, La Gazette s’est mêlée à la distribution et a recueilli les opinions des uns et des autres: professeurs, élèves et surveillants. Avis.
L’ordi
C’est l’heure de la distribution au lycée Joliot-Curie. La distribution de quoi ? De “LoRdi” : un ordinateur portable offert par la Région à tous les élèves de seconde.
au lycée: ce qu’ils en pensent Audrey, 15 ans. “J’ai déjà un ordinateur personnel”, explique Audrey. Ceci dit, pas d’inquiétudes à avoir sur l’utilité de ce nouvel équipement : “Je m’en servirai essentiellement pour travailler car l’autre n’est pas très pratique.” Question pratique justement, c’est un soulagement pour elle “car il vaut mieux porter un ordinateur qu’un sac de treize kilos, comme c’était le cas l’an dernier”. Bilan positif pour la jeune fille, donc, qui considère ce cadeau comme une chance supplémentaire : “C’est un plus par rapport à ceux d’avant, qui n’en avaient pas.”
SÉRIEUSE
HONNÊTE
Perrine, 15 ans
Perrine a elle aussi déjà un ordinateur personnel, “mais c’est toujours bien”, rappelle-t-elle. Avec honnêteté, l’adolescente confie qu’elle en fera essentiellement un usage personnel. D’autant que tout ne semble pas encore prêt pour utiliser les fonctionnalités d’un tel équipement à but éducatif : “Ils ont dit que cela ne sera complètement exploitable qu’à partir de l’année prochaine.” Concernant la pertinence d’une telle opération, elle estime que “ça ne peut être que positif. C’est toujours bien”.
AUX AGUETS Jean, 16 ans
“Ça a l’air sympathique, explique Jean en regardant son ordinateur, à peine déballé. Mais il faut voir à l’usage. Ça dépend de l’ordinateur. J’attends de voir sa qualité.” Jean possède déjà lui aussi un ordinateur, son utilité lui apparaît donc moindre - “ça ne sert pas à grand-chose” mais avoue tout de même que “C’est toujours bien d’avoir un équipement comme celui-ci”. Il en fera une utilisation personnelle car “c’est la première année et tout n’est pas encore prêt”.
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pages réalisées par Geoffroy Vauthier / photos de Raquel Hadida
Lisa, 15 ans. Lisa, qui utilise elle aussi l’ordinateur
familial, est enthousiaste : “C’est un super cadeau qu’on nous fait car la plupart des jeunes n’ont pas les moyens de s’en payer un à eux.” À l’usage, elle s’en servira pour travailler - “C’est un gain de temps” - et pour ses distractions personnelles aussi, évidemment. Un tel cadeau était-il, selon elle, indispensable? “Pas forcément car les générations avant nous s’en sont toujours sorties sans avoir d’ordinateur, mais c’est un plus très appréciable.” Attention toutefois: “Il va falloir faire attention à ne pas s’égarer en cours.”
CONVAINCU Denis
CONTENTE Jessica, 14 ans
“C’est bien, c’est certain, mais je ne sais pas si c’était vraiment nécessaire. À mon avis, c’est à considérer comme un plus qui nous est offert”, explique Lisa. “Avant, on n’en avait pas et on réussissait aussi”, justifie-t-elle. Ceci dit, elle est bien sûr contente de posséder désormais son ordinateur bien à elle. La raison ? Simple : “Quand mes parents sont sur l’ordinateur familial, on ne peut pas y accéder.” Sacrés parents ! Il lui servira autant pour les cours que pour un usage personnel.
LE PROF D’HISTOIRE-GÉO
Denis Ruff est un des professeurs qui ont dû sacrifier leur heure de cours pour emmener leurs élèves récupérer l’ordinateur. Eux aussi sont concernés. Son avis ? “Je crains que cela soit seulement un effet d’annonce. Il faudra voir comment cela se passe au niveau de la maintenance, par exemple. Si la Région a prévu un suivi, alors cela peut être un instrument utile.” Il se montre également nuancé sur l’organisation de l’événement : “Je regrette qu’il n’y ait pas eu une plus grande concertation avec nous autres professeurs. Sur l’usage on est un peu dans le flou.” Bon point, en revanche, du point de vue de l’égalité des chances. L’équipement lui paraît alors “justifié car tous les élèves n’ont pas accès à un ordinateur chez eux”.
Vincent, 16 ans
Encore un élève qui possède déjà son propre ordinateur. Décidément… “Mais il me servira en remplacement”, précise Vincent, vraisemblablement satisfait lui aussi de ce don de la Région. Le juge-t-il utile pour autant ? “On ne saura vraiment que l’année prochaine puisque tout ne sera pas complètement opérationnel avant. Mais ça peut être un bon outil. En revanche, cela risque de poser quelques problèmes si certains le perdent.”
Benjamin et Guillaume, 22 et 28 ans. Eux n’ont pas eu
SATISFAIT
LE PROF DE MATHS Daniel, 50 ans
Comme son collègue d’histoire-géographie, Daniel Bieysse se montre plus mitigé que les lycéens : “Ce qui m’intrigue, c’est ce qu’on va en faire. Ils risquent de ne pas les ramener en cours. D’autant que les salles ne sont pas encore équipées pour les recharger, et que je vois mal les élèves les recharger le soir, alors qu’ils oublient déjà leurs livres.” Le professeur se demande aussi de quels logiciels ces ordinateurs sont équipés : “En maths, il faut des logiciels, sinon cela me sera peu utile.” Point positif, en revanche, sur l’aspect social : “C’est évidemment positif pour ceux qui ne peuvent pas s’en offrir un.”
droit à LoRdi et doivent continuer de se contenter d’un ordinateur de type “années 90”. Tant pis. Leur opinion d’assistants d’éducation ? “Dans le fond c’est bien, car tout le monde sera sur un pied d’égalité. En revanche, nous sommes mitigé sur l’aspect pédagogique. Il faut voir si les élèves n’arrivent pas à détourner le réseau Internet sécurisé pour aller surfer sur leur propre site. On a tous été élèves, on sait comment ça se passe… En outre, cela risque de provoquer un peu la jalousie des autres sections, qui n’y ont pas droit. À l’internat par exemple, seuls deux élèves en posséderont un et pourront se connecter à Internet, alors que les autres non.”
LES SURVEILLANTS La Gazette n° 266 - Du 27 octobre au 30 novembre 2011
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lesconviviales uu ASSOCIATIONS
CSport Vacances de la Toussaint
• TENNIS BALLON. Le FC Sète 34 tennis ballon organise un tournoi pour les ados de 11 à 15 ans, catégorie double, vendredi 28 octobre, de 11h à 16h au gymnase Maurice Vié. Prévoir pique-nique. Goûter offert. Gratuit sur inscription sur la page Facebook du FC Sète Tennis ballon ou sur place avant 10h30, en fonction des disponibilités. Trois équipes corses sont déjà inscrites (en vue d’un échange au printemps), ainsi que des équipes de Sète et de Balaruc-les-Bains. Contact: 0467 53 09 15.
TEXTE ET PHOTO RAQUEL HADIDA
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CSolidarité • MALADES. La section locale de
Sète de l’association Visite des malades en établissements hospitaliers (VMEH) vous propose de devenir visiteurs des malades en donnant bénévolement un peu de votre temps. Contact : 09 51 44 65 08 ou 06 14 03 79 15. • BLOUSES ROSES. L’association Les blouses roses qui soutient les patients cherche des bénévoles pour intervenir sur le bassin de Thau. Rens : 06 27 85 30 65, lesblousesroses34@gmail.com. Seul engagement: être disponible un après-midi ou un soir par semaine au moins.
CCulture • JAZZ. Le festival Jazz à Sète lance un appel à candidature pour son tremplin 2012, le septième du nom. Sont concernés les groupes de jazz, partout en France, composés de cinq musiciens au maximum, et n’ayant jamais été distribués par un label commercial. La sélection finale sera connue au mois de mars. Pour concourir, télécharger le formulaire d’inscription sur Internet jazzasete. com/inscription-tremplin-jazza-sete-2012. Il doit être parvenu à Jazz à Sète, 1 rue Conventionnel Barras, 34 140 Loupian, avant le 15 février. • THÉÂTRE, HIP-HOP… En colla-
boration avec le Centre social Nicolas-Gabino, La Scène nationale de Sète et du Bassin de Thau propose divers ateliers. • Théâtre.
Écriture au Clair de Plume
“Sang rouge et ventres bleus : État de choc”. “Un mur de trop”. “Si j’avais su !” Ce sont les derniers titres parus aux éditions associatives Clair de Plume 34. Tous les deux mois, cette association d’une dizaine d’auteurs édite aussi la revue gratuite Gardiolarem, diffusée à 500 exemplaires de Balaruc à Mireval. Le résultat des ateliers d’écriture menés les lundi et vendredi matin, mais aussi des recherches d’”incollables” sur la viticulture, l’apiculture, la garrigue, l’histoire de Frontignan, ou l’art local. Créée il y a 11 ans par Bernadette Dubus (à g.) à Vic-la-Gardiole, Clair de Plume entend faire connaître les écrivains locaux : “Chacun garde ses écrits dans ses tiroirs, c’est dommage !” Alors, elle édite gratuitement leurs œuvres - “sauf les biographies !”-, charge aux auteurs de payer ses impressions et de participer à la diffusion des collections. Chacun d’eux peut alors rencontrer le public lors de cafés littéraires tous les 1ers vendredis du mois à 19h Au Petit Lou à Vic. Édition : www.clairdeplume34.com. Actus et feuilletage de Gardiolarem sur http://clairdeplume34.over-blog.com.
C
Animé par Renée Gaillard, mercredi de 14h à 17h, à La Passerelle. • Hip-Hop. Écriture rap, animé par Rachid Daif, mercredi de 14h à 17h, à La Passerelle. Composition de musique assistée par ordinateur (Mao), animé par DJ Tricks le mercredi de 14h à 17h à La Passerelle. Hip-hop, écriture rap + Mao sur scène, mercredi de 17h à 20h, deux fois par mois, à La Passerelle. Pour théâtre, Mao, écriture rap : tarifs des ateliers : 5€ à l’année par activité, contact, Céline Juton, 04 67186867, celinejuton@theatredesete.com. - Gym et danse. À La Passerelle jusqu’à la mi-novembre, puis au centre social Nicolas-Gabino. Animé par Maurice Rodriguez. Gym mardi de 14h à 15h30. Danse country mardi de 15h30 à 18h. Danse orientale, enfants, mardi de 18h30 à 19h30. Danse orientale, adultes, mercredi de 17h30 à 18h30. Danses espagnoles, mercredi de 19h à 20h. Tarifs : 5 € d’adhésion annuelle (8 € pour les familles) et 12€ de cotisation annuelle au centre N.-Gabino. 04 99 04 74 60, centresocialgabino@ville-sete.fr, lundi au vendredi de 9h à 12h, de 14h à 17h. - Sports urbains.Animé par l’association Jeep, au centre social Nicolas-Gabino jusqu’à minovembre puis à La Passerelle,
La Gazette n° 266 - Du 27 octobre au 30 novembre 2011
double dutch (saut à la corde version hip-hop), 6-11 ans, animé par Cassandre, mardi de 17h30 à 18h30. Free style football (maîtrise technique de la balle), 1015 ans, mercredi de 17h à 18h30, animé par Amadou. Free style football, 15-18 ans, mercredi de 18h30 à 20h. Rens. et inscrip. : La Passerelle, bd Pierre-MendèsFrance, quartier Île de Thau, Sète.
• ÉCRITURE. L’Atelier Icare propose des ateliers d’écriture réguliers pour les enfants de 8 à 12 ans, au 81 Grand’Rue Haute à Sète. Rens: 0499024481, atelier.icare@ orange.fr
• HUMORISTE. Pour assurer, le samedi 26 novembre, la première partie de son spectacle du Zénith à Montpellier, le chanteur et imitateur Michael Gregorio cherche un ou une humoriste de la région. Un jury composé de Michaël Grégorio et de son équipe déterminera le lauréat ou la lauréate. Pour participer, envoyez les vidéos de vos prestations (sous forme de lien) à promo@herissonprod.com avant le vendredi 4 novembre. • POÉSIE.Concerthau organise tous les deuxièmes mardis du mois une soirée de 18h à 20h autour de la poésie du monde. Place Le Sardinal, Île de Thau, 34200 Sète.
0467461340, www.concerthau. com concerthau@free.fr. • BIBLIOTHÈQUE. L’annexe de la Bibliothèque Pour Tous de Sète est ouverte toute l’année les lundi et jeudi de 9h à 12h, au local Espace de l’Amitié, Corniche
de Neuburg, à la Corniche. Prêt de romans, biographies, BD et livres pour enfants, pour lecteurs résidents ou vacanciers.
• FLAMENCO. L’association
“Flamenco puro” organise chaque mois des stages animés par
Tatiana Ganoza qui est basée à Séville. Prochains rendez-vous : du samedi 29 octobre au mardi 1er novembre, atelier intensif à Montpellier (8h) “technique, compas et chorégraphie”, niveau débutant 10-12h (fandangos,
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À envoyer à: Les Conviviales de La Gazette, Gazette de Sète, 10, quai du Pavois-d’Or - 34200 Sète - ou à déposer dans la boîte aux lettres au 10, quai du Pavois-d’Or - Sète - ou par mail à “conviviales@ gazettedesete.fr”. N’oubliez pas de mentionner impérativement le code indiqué au-dessus de la grille.
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N° 267 - décembre 2011
TOUTES LES SORTIES DE DÉCEMBRE
R 27955 - 267 - 1,00 €
PHOTO RAQUEL HADIDA
Culture des algues L’espoir du bassin de Thau FRANÇOIS COMMEINHES C BILAN DE 10 ANS À LA TÊTE DE SÈTE
FÊTES C UN NOËL MADE IN SÈTE
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enquête
Soleil, salins et chercheurs : le bassin de Thau a tout pour devenir d’ici 10 ans La Mecque des micro-algues, une culture émergente pour fabriquer des cosmétiques, des aliments, des bioplastiques… voire du carburant. Dès 2012, l’Écosite de Mèze devrait accueillir l’institut d’excellence Green Stars. Perspectives.
Culture des micro-algues :
l’espoir du bassin de Thau
V
ertes, rouges, brunes ou bleues. Cent fois plus petites qu’un grain de sable. Des cellules de plantes marines invisibles! La belle affaire… Pas si vite: riches en huiles, en pigments, en protéines particulières, les micro-algues pourraient contribuer à l’avenir économique du bassin de Thau. Plongée vers 2030. Des micro-algues rouges se cultivent dans les anciens salins de Frontignan, de Castellas, et de Villeneuve-lès-Maguelone. Des micro-algues vertes poussent dans des tubes flottants dans les étangs de Vic et d’Ingril, mais aussi dans des bassins. Pour se multiplier, elles absorbent le dioxyde de carbone des usines et se nourrissent des eaux usées, tout en les dépolluant. Les micro-algues sont ensuite transformées. Les entreprises locales créent des produits à haute valeur ajoutée, pour la cosmétique, les diagnostics médicaux, l’agro-alimentaire, l’aquaculture… Une raffinerie fabrique des plastiques, des peintures, du polyester, et même du carburant, renouvelables. Science-fiction? Pas tout à fait.
Futur siège de Green stars
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Extension de l’Écosite sur 8 ha
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L’un des bassins de lagunage, support nutritif pour les micro-algues.
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Greensea, PME qui cultive et transforme les algues en produits à haute valeur ajoutée. En développement.
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Bassin de Thau 1,2,3
Transformation Transffo ormation Cultur e des algues Culture Débouchés
Attention : Cette vue futuriste du bassin de Thau ne repose sur aucune annonce ni promesse officielle, mais uniquement sur les idées et projets en cours de différents acteurs - entreprises et collectivités locales, laboratoires de recherche, grandes entreprises- qui peuvent aboutir… ou non.
La Gazette n° 267 - Du 1er au 28 décembre 2011
Siège social de Green Stars - Projets de recherche et développement pour optimiser la production des micro-algues et passer à l’échelle industrielle. Démarrage en 2012.
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congrès sur l’algochimie, “Alg’n’Chem”, 200 spécialistes ont justement passé au crible toutes les filières des micro-algues: des pigments comme le bêta-carotène, des compléments alimentaires comme les oméga-3, des protéines pour l’élevage et l’aquaculture, des molécules anti-vieillissement pour les cosmétiques, des matières naturelles pour fabriquer des bioplastiques… À Montpellier, le chimiste Sylvain Caillol planche sur ces nouveaux matériaux: “Nous essayons de remplacer les composés issus du pétrole par des extraits de micro-algues, renouvelables et sans doute moins toxiques. À nous de le vérifier, avant que l’industrie les adopte.” Ultime objectif pour Green Stars: produire de l’algocarburant, d’ici 10 à 20 ans (voir p. de droite et p. 12). En parallèle, le projet Salinalgues démarre à Gruissan dans l’Aude et à Aigues-Mortes dans le Gard: “Nous essayons de cultiver, puis raffiner Dunaliella salina, la micro-algue qui rend les salins rouges - et les flamants roses, explique
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Salins Route des
Ecosite de Mèze
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Aujourd’hui, deux entreprises innovantes fabriquent déjà des produits à base de micro-algues: Greensea à Mèze, et Microphyt, à Baillargues. Le reste, faut l’inventer. “Développer les microalgues, c’est un pari”, s’enthousiasme Claude Dupuy, chargé de mission pour l’Écosite de Mèze. Car c’est à cet endroit que dès janvier 2012 devrait s’installer Green Stars, un grand projet de recherche et développement (voir ci-contre). Chercheurs et entreprises veulent y unir leurs efforts pour développer la filière micro-algues française. Le but: mettre au point les techniques pour diviser les coûts de production par dix. Encore confidentielles avec un marché mondial de 15000 tonnes par an, les micro-algues pourraient progressivement devenir compétitives. Donc se développer à plus grande échelle vers des marchés émergents, liés aux substances naturelles. En novembre, à Montpellier, lors du premier
Station de lagunage des eaux usées
Extension de l’écosite
Écosite actuel
• Quels projets se préparent?
Culture et valorisation de microalgues rouges sur les anciens salins, d’ici 2015, selon les expériences à Gruissan et Aigues-Mortes (projet Salinalgues).
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Culture de micro-algues en tubes flottants sur les lagunes, d’ici 2013 (projet de Microphyt, PME de Baillargues).
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Sur le port, raffinerie qui à long terme pourrait produire du diesel à partir de micro-algues.
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Usine de ciment Lafarge, fumées riches en CO2, recyclables pour alimenter les micro-algues, d’ici 2020.
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“Poissons du soleil”, alimentation de larves de poissons d’élevage aux micro-algues. Opérationnel.
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Culture de macro-algues sur les tables ostréicoles, d’ici 2015.
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Pompage d’eau salée pour la culture de micro-algues. Opérationnel.
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8 MICRO-ALGUES
Des micro-algues rouges se développent dans les anciens salins.
Gwendoline Attia, ingénieure en bioénergie à la Compagnie du Vent, filiale montpelliéraine de GDF-Suez. Si elle réussit en bassins, puis sur 10 ha, cette “domestication” pourrait s’étendre dans quatre ans sur des milliers d’hectares, dont les salins du littoral sétois, et y créer des emplois diversifiés.” Arnaud Muller-Feuga, le PDG de Microphyt à Baillargues, prévoit, lui, de faire flotter des tubes remplis de micro-algues sur les lagunes “sousutilisées”: il teste l’idée dans sa piscine. Pour lui: “La région de Montpellier a tout pour devenir La Mecque de la micro-algue.” Pour la France? “Non, au niveau mondial.”
• Mais pourquoi ici?
Symboliquement, c’est dans la région que l’abbé Dunal - naturaliste du XIXe siècle - découvrit les micro-algues à l’origine du rose des salins. Et c’est dans l’étang de Thau qu’on a trouvé en 1994 la plus petite micro-algue du monde, Ostreoccocus tauri. Pour se développer le plus vite possible, les micro-algues ont besoin de lumière, d’une température moyenne autour de 25 °C, et, en culture “ouverte”, d’eau à faible profondeur: avec 300 jours de soleil dans l’année, égrainé de salins et lagunes, le littoral languedocien semble le plus approprié en France. De plus, ces végétaux encore méconnus ont surtout besoin… de matière grise! Si la France n’a pas encore son démonstrateur industriel, comme les États-Unis, Israël ou l’Australie, elle se positionne au troisième rang mondial pour ses 450 articles scientifiques publiés et au neuvième pour les brevets. En Languedoc-Roussillon, les projets autour des micro-algues bénéficient du réseau Algasud, “qui implique 30 entreprises et 20 équipes de laboratoires”, indique Laura Lecurieux, sa coordinatrice.
• L’Écosite va-t-il se développer?
À Mèze, Yves Piétrasanta, président de la Communauté de communes du Nord bassin de Thau (CCNBT), accueille les micro-algues vertes avec le tapis rouge. “Je voulais donner un deuxième souffle à l’Écosite.” En charge de la mission: le physicien Claude Dupuy, en plein projet autour des algues. Rencontre décisive avec l’équipe de Green Stars, invitée illico à s’installer sur l’Écosite (voir plan). “Dès le départ, l’équipe - 12 personnes sur place- pourra disposer d’un grand bâtiment, d’un bassin de lagunage, de l’eau salée de l’étang, des coups de main de l’entreprise Greensea. Idéal!” Sur l’extension prévue de l’Écosite, les projets de recherche pourront installer leur matériel de production expérimentale. En bonus, entre Sète et Balaruc, “les cheminées de la cimenterie Lafarge pourraient fournir le dioxyde de carbone concentré pour booster les micro-algues”, d’après Claude Dupuy. Reste à trouver le moyen de le récupérer.
• Y a-t-il des risques?
Les acteurs du bassin de Thau sont trop vaguement au courant du projet pour être satisfaits… ou inquiets. Au comité local des pêches, Denis Moreno précise seulement: “Attention aux contaminations.” Car entre les marées vertes bretonnes et certaines micro-algues toxiques pour les coquillages, les algues n’ont pas vraiment bonne réputation. Qu’arriverait-il si les micro-algues cultivées rejoignaient les étangs? À la Plagette à Sète, l’écologue Éric Fouilland démarre des expériences “pour mieux comprendre leur comportement”. De l’autre côté de l’étang de Thau, Éric Causse, le directeur commercial de Greensea, choisit des filières de pointe pour exporter ses extraits de micro-algues. Ingrédients cosmétiques pour la crème Ophycée de Galénic ou colorants naturels, ils se négocient jusqu’à 5000 € le gramme. Mutées en or rouge, vert, bleu, les algues microscopiques dévoilent leurs atouts. Pour mieux séduire.
8INSTALLATIONS PILOTES
• Projet Green Stars, Mèze
-Recherche et développement sur les micro-algues, publicprivé. -Implantation: Écosite de Mèze, Narbonne et Nice (25 ha). -Démarrage prévu: janvier 2012 -160 M € d’investissements sur 10 ans. -2 à 5 projets de recherche accompagnés par an. -À l’initiative de Jean-Philippe Steyer, spécialiste des biotechnologies de l’environnement à Narbonne, Olivier Bernard, spécialiste des algocarburants à SofiaAntipolis, et le pôle de compétitivité languedocien Trimatec. -47 partenaires: laboratoires (INRA, IFREMER, CEA…), PME et collectivités locales, grandes entreprises comme PSA, EADS, Véolia, GDF-Suez, Total… -200 chercheurs impliqués -Au sein du programme “Investissements d’avenir” de la France, Nicolas Sarkozy a déclaré publiquement le projet Green Stars retenu comme Institut d’excellence en énergie décarbonée (IEED). En fait, avant la labellisation officielle, des points de négociation restent à régler.
• Ailleurs
Une vingtaine d’installations pré-industrielles se développent dans le monde. Les États-Unis hébergent 80 % des investissements, en Californie, à Hawaii ou au NouveauMexique (40 ha). Mais aussi: -En Australie, 800 ha en plein air pour du bêta-carotène (BASF). -En Israël, 1 ha de réacteurs dans le désert (Algatech). -En Allemagne, 500 km de tubes, le plus grand réacteur d’Europe (Roquette). -À Alicante en Espagne, 1 ha de réacteurs pour extraire du “pétrole bleu” (Bio Fuel System).
En savoir plus
Livre Turquoise Algues, filières du futur, à télécharger sur algasud. fr
À Mèze, l’entreprise Réalisé par Raquel Hadida / Greensea produit Photos Raquel Hadida, Céline Escolano, Microphyt Infographie Philippe Crespy / déjà des microalgues pour la cosmétique et la nutrition.
Les micro-algues, kesako? Elles s’utilisent dans les domaines de la nutrition, de la pharmacie, de la cosmétique et demain peut-être serviront de carburant : les micro-algue sont en plein boom. Coup de projecteur sur de nouvelles stars.
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icroscopiques, les micro-algues sont des végétaux à une seule cellule. Elles vivent à trois milliards dans un litre, dans toutes les eaux du monde, douces et salées. En formant le phytoplancton, elles nourrissent la majorité des animaux aquatiques. Sur plus d’un million d’espèces, seules dix mille connues, et à peine une dizaine cultivées. Pour grossir et se multiplier (en 2 à 40 heures), elles absorbent le rayonnement du soleil, le dioxyde de carbone de l’air, ainsi que de l’azote, des phosphates, etc. Par la photosynthèse, elles fabriquent et accumulent des molécules variées - un condensé de ce qu’offrent les plantes terrestres - et originales, de par leur origine marine.
• C’est nouveau?
-Les Aztèques mangeaient déjà des microalgues. Dans les pays du Sud, la spiruline séchée, une poudre verte riche en protéine, lutte contre la malnutrition et sert de complément alimentaire: facile à cultiver artisanalement, cette micro-algue constitue la moitié de la production mondiale. Des fermes de Lunel, Canet ou Saint-André-de-Sangonis en produisent. -Les chlorelles, d’autres micro-algues vertes, alimentent les alevins d’aquaculture depuis les années 60 au Japon. L’Asie occupe 50 % du marché. -Démarrée dans les années 90, la production française de micro-algues compte aujourd’hui 30 sites.
• À quoi ça sert?
En plein boom. Les marchés auxquels se destinent les micro-algues affichent des prévisions de 5 à 20 % de croissance par an: des substituts naturels à la pétrochimie, boostés par la demande des consommateurs et la directive européenne Reach*. Mais les coûts de production s’avèrent élevés et le passage à l’échelle industrielle, difficile. Alors se développent en priorité les applications à forte valeur ajoutée et petits volumes.
- En sciences. Des pigments fluorescents servent de “traceur” pour suivre un composé en médecine ou en laboratoire. - En nutrition humaine et pharmacie. On utilise les pigments -bêta carotène, chlorophylle, lutéine, astaxanthine (rouge)-, les acides gras essentiels comme les omega-3, les vitamines, et des composés anti-infectieux. En colorant naturel, en compléments alimentaires ou incorporés dans des “alicaments” (biscuits, boissons…). - En cosmétique. Antioxydants, hydratants, leurs extraits se retrouvent dans les crèmes anti-âge, les gommages ou les crèmes solaires, et sont recherchés pour composer les nouveaux produits “naturel et bio” de LVMH, Pierre Fabre, L’Oréal, etc. - En aquaculture. Fraîches, les micro-algues améliorent la survie des larves de poisson ou mollusques. Sèches, les micro-algues pourraient remplacer 1/3 des farines et huiles de poissons-fourrage importés du Pérou, dont les populations risquent de s’épuiser. - En alimentation des animaux d’élevage et de compagnie. Pour remplacer les tourteaux de soja OGM importés du Brésil. Mais aussi pour maintenir les animaux en bonne santé et améliorer la qualité des produits. Gros volumes et faible valeur ajoutée: - En chimie verte. Pour remplacer les molécules pétrochimiques dans les plastiques, les détergents, les tissus synthétiques, les peintures (recherches en cours). - En environnement. Pour traiter les eaux usées, absorber le CO2 des usines (2 à 3 fois leur poids), décontaminer des sites pétroliers. - En énergie Pour produire du diesel, du kérosène, de l’éthanol (à mélanger avec l’essence), de l’hydrogène, ou du biogaz… (voir p. suivante) *Reach: Enregistrement, évaluation et autorisation des produits chimiques, adoptée par l’Union Européenne en 2006.
Écosite de Mèze: le deuxième souffle
Illustrer le développement durable à l’échelle locale, c’est l’objectif de l’Écosite de Mèze, le premier d’Europe, créé en 1981 par Yves Piétrasanta. Point de départ : la station de lagunage, qui épure les eaux usées des surplus de matières organiques. Autour se sont installées des entreprises et associations d’éducation à l’environnement (CPIE, Ardam), d’assainissement (Entech), d’aquaculture (Lautan, Matrice), de recyclage, d’énergies renouvelables (Izuba, Gefosat), soit 140 emplois aujourd’hui. Mais suite à des problèmes de gestion, le site a perdu sa vocation de recherche et développement. Sur l’impulsion du projet Green Stars sur les micro-algues, Yves Piétrasanta compte aujourd’hui le redévelopper, en l’agrandissant de 8 ha dès que Mèze aura révisé son Plan local d’urbanisme. Pour en faire un parc d’entreprises environnementales “cohérent, et d’envergure internationale”.
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enquête Ces micro-algues pourraient devenir un biocarburant du futur. À condition d’arriver à les produire à grande échelle, à bas prix… et sans trop consommer d’énergie.
Savez-vous planter les micro-algues?
• Les micro-algues se cultivent de trois manières:
Carburants aux algues,
miracle ou mirage ?
Transformer les micro-algues en diesel renouvelable, c’est possible. L’or vert coulera peut-être du bassin de Thau, mais au mieux d’ici quinze ans, et sur de faibles volumes.
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ux premières loges pour tester les algues dans le moteur. Si les projets de recherche et développement aboutissent - Green Stars et Salinalgues, voir p. précédente-, le bassin de Thau pourrait cultiver et raffiner des microalgues à petite échelle d’ici 10 ans, à échelle industrielle dans 15 à 20 ans. À la pompe, ce “biocarburant de troisième génération” renouvelable pourrait remplacer à la fois le pétrole, qui ne coule plus à flot, et les agrocarburants aux effets pervers. Bref, le Graal énergétique à notre porte. Après un parcours glissant, et pour quelques gouttes au fond de la coupe. Car les micro-algues deviennent des habituées des effets d’annonce. La voiture de Peugeot et l’avion d’EADS qui font vrombir leur moteur avec du carburant aux algues. Le “pétrole bleu” récolté en 2011 sur une “forêt” de tubes d’algues d’un hectare à Alicante en Espagne. Une vingtaine d’installations-pilotes promues par les compagnies pétrolières qui annoncent la production à flot pour bientôt. Mais à l’échelle industrielle, encore rien.
L’énergie coûteuse en énergie
Car aujourd’hui, l’algocarburant coûterait 12€/litre: pour le rendre compétitif, il faudra trouver des procédés efficaces et “le coupler avec des filières plus rémunératrices”, insiste Claude Dupuy, coordinateur de l’Écosite de Mèze. Pourtant, les micro-algues sont efficaces: elles peuvent se gonfler d’huiles voisines du pétrole, jusqu’à 80 % de leur poids sec (contre 6 % pour le colza). Et semblent cumuler tous les avantages: renouvelables, elles recyclent le CO2, dépolluent les eaux, sans pomper d’eau potable, et n’empiètent pas sur les terres agricoles. Mais, sur l’ensemble du cycle de production, leurs bilans sont-ils si favorables? Les algocarburants émettraient 60 % de gaz à effet de serre en moins. Mais nécessitent des La Gazette n° 267 - Du 1er au 28 décembre 2011
engrais. Et surtout, ils ne délivrent que l’équivalent de l’énergie nécessaire à leur production (voir ci-contre), contre 10 à 20 fois plus pour le pétrole. Pour Olivier Bernard, chercheur expert des algocarburants, le défi sera de “tripler cette efficacité énergétique d’ici dix ans”.
• Ensuite, comment les transformer?
1. Récolter les micro-algues. Difficile car les micro-algues sont très diluées. Alors il faut les décanter, floculer, faire flotter, les filtrer. Et les passer à la centrifugeuse : efficace, mais gourmand en énergie et en euros. 2. Extraire les composés. Lyophiliser les algues pour les sécher, broyer ou atomiser leurs petites cellules. Puis mélanger la pâte d’algues à un solvant sous pression pour récupérer le composé voulu. 3. Raffiner en biodiesel ou en biokérosène. Distillation, séparation par le froid et estérification : encore quelques réactions chimiques pour transformer les graisses végétales en acides gras utilisables à la pompe.
Une ou deux bioraffineries en France
Hors terres agricoles, les cultures de micro-algues ne concurrencent ni la forêt ni la production d’aliments, contrairement aux “biocarburants” issus des cultures intensives de maïs, colza, palme ou canne à sucre. Surtout qu’elles promettent des rendements 30 fois supérieurs. Mais leur expansion restera quand même limitée par la place disponible. Ainsi, même si le passage à l’échelle industrielle rencontre le succès, la production mondiale d’algopétrole n’atteindrait en 2025 qu’un demi-million de barils par jour, soit 0,6 % de la consommation actuelle, d’après l’Agence internationale de l’énergie. Pour toute la France, “il y aura au maximum une ou deux raffineries en Méditerranée”, évalue Claude Dupuy. Les startups n’y voient pour l’instant que peu d’intérêt: “Avec ses prix bas, le biofuel sera le dernier marché auquel je m’intéresserai!”, s’exclame Arnaud Muller-Feuga, PDG de Microphyt. Pour Fabrice Nicolino, journaliste spécialiste des biocarburants, “On peut croire au Père Noël! Au mieux, la production d’algocarburant sera marginale. Sauf qu’en promettant des surlendemains merveilleux, les industriels manipulent l’opinon en faveur des biocarburants actuels, qui affament les populations du Sud pour remplir les réservoirs des Occidentaux.” Optimistes ou pessimistes, les scientifiques s’avouent aussi partagés. L’avenir des algocarburants? Après moult calculs, les chercheurs s’en remettent avec humour à une boule de cristal. Pas sûr que demain, nos pots d’échappement sentent vraiment la mer.
- Dans des fermenteurs, sans lumière, comme les levures. Peu chers et productifs, ils produisent une biomasse concentrée et du biogaz, mais pas de pigments ni de carburant. - En “système ouvert”, dans les lagunes, les “open pounds” ou dans des bassins artificiels, les “raceways” de 5 à 30 cm de profondeur. Simple d’utilisation et soumise aux variations extérieures, la culture est peu productive, mais aussi peu onéreuse. Adaptée à la spiruline et à Dunaliella, qui ne craignent pas les contaminations, elle demande de pomper beaucoup d’eau pour compenser l’évaporation. - En “système fermé”, dans des photobioréacteurs : une seule espèce de microalgue circule par brassage dans des tubes de 5 à 50 cm de diamètre environ, sous lumière naturelle ou artificielle. Le contrôle de la concentration, de la teneur en CO2 et en oxygène, de la température et de l’acidité de l’eau permet de récolter en continu et de multiplier la productivité. Mais avec une consommation d’énergie et des coûts 10 fois plus élevés.
Des “macro-algues” sur le bassin de Thau?
Ne vous fiez pas à leur allure molle sur les berges ou dans l’eau : les “macro-algues” constituent aussi une source de richesse. Elles sont largement récoltées dans le monde, surtout comme légume en Asie. Ici aussi, les végétariens apprécient cette nourriture iodée riche en protéines. L’industrie les a adoptées pour produire des émulsifiants, des liants, des gélifiants, comme l’agar-agar : nous les côtoyons au quotidien dans les produits alimentaires (E 400 à E 407), les dentifrices, le papier (lissé), les cosmétiques, les excipients de médicaments… En Bretagne, l’entreprise Aléor commence à les cultiver. Sur l’étang de Thau, des fermes pourraient aussi utiliser des tables conchylicoles pour y faire pousser des boutures d’algues locales comme les ulves vertes. Et l’entreprise Greensea, à Mèze, pourrait en extraire des composés pour la cosmétique, si ses recherches actuelles aboutissent. “On achète de la poudre d’algue bretonne : pourquoi ne pas se fournir en local, en développant une activité complémentaire ?”, propose Éric Causse, son directeur commercial. Une idée pas vaseuse.
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unejournéeavec DOMINIQUE AMEY,
fabricant de jouets en bois Halte au tout plastique! La mode du jouet en bois est de retour. Cela tombe bien: tout près, à Gigean, l’artisan Dominique Amey crée toutes sortes de jouets authentiques. Il y règne une senteur de bois coupé et un fort parfum d’enfance. Dans son atelier de Gigean, Dominique Amey crée d’authentiques jouets en bois. À cette époque de l’année, c’est la grosse période. Car lorsque les fêtes de Noël pointent le bout de leur bonnet, les commandes des boutiques de jouets arrivent. Il s’agit donc de les assurer, tout en constituant un stock qui lui permettra d’alimenter sa propre boutique et les marchés sur lesquels il se rend. À la barre de son entreprise Il était en bois, l’homme découpe, ponce, peint, assemble et vend sa production, tout seul: “C’est souvent le cas des artisans d’art”, explique-t-il. C’est en 2009 que Dominique a repris les rênes de l’entreprise. Changement de carrière
pour celui qui exerçait jusqu’alors comme commercial dans le secteur médical. “J’en avais assez d’être toujours dans les avions, reprend-il. J’ai tout simplement cherché une entreprise à racheter sur un site classique d’annonces, et je suis tombé sur celle-ci. Ça a de suite été une évidence.” Dans le prix de vente, la formation avec l’ancien patron est comprise. Elle durera neuf mois. Puis c’est le grand saut. Canard à pousser, “tac-tac”, dominos, boucliers et épées, puzzle…, sa gamme compte aujourd’hui une trentaine de jouets différents. Et si tous respirent le bon goût d’antan, c’est du célèbre cheval à bascule que La Gazette a choisi de suivre la fabrication. En selle.
Et un cheval de fini !
Les jouets de Dominique sont vendus dans divers magasins de jouets en France. Sur place, il a également ouvert une boutique où il pratique la vente directe. Du “tac-tac” (un jeu où deux boules s’entrechoquent) au puzzle, en passant par le canard à pousser qui a fait le succès de l’entreprise (elle était la première en France à le faire), sans oublier le sapincalendrier de l’avent, une
nouveauté, tous ses produits sont exposés là. Quant au cheval, “j’entends des familles me dire qu’il a servi à leur premier enfant, puis au deuxième, puis au troisième”, commente Dominique. On est là dans le travail artisanal, et donc solide.
Gabarit et découpage
L’artisan travaille sur la base de gabarits. Une fois la figure souhaitée dessinée sur la planche (ici une selle), elle est découpée en plusieurs étapes, de plus en plus précises. Scie tout d’abord, “défonceuse” ensuite (photo) pour créer l’arrondi des cotes, scie à champ tourné pour l’encoche, puis perceuse pour les trous qui serviront à caler le dossier. Entre toutes ces phases, plusieurs ponçages du bois ont lieu, à la main ou à la ponceuse.
La taille du bois
Chaque année, Dominique Amey utilise 3 m3 de bois : du hêtre à 90 %. Il faut s’assurer que celui-ci soit bien sec pour que, plus tard, il ne craque pas. Une fois les planches débarrassées de leur écorce, elles doivent être dégauchies (être aplanies) et rabotées. Après cette étape, la question est : “que va-t-on en faire ?” En fonction de leur largeur, certaines serviront à tailler les têtes des chevaux, d’autres les selles… Ce premier découpage occupe Dominique de janvier à avril.
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La peinture des pièces
“C’est une commande. Une cliente veut la couleur rose.” À côté de l’atelier principal, la cabine de peinture. Les bascules du cheval seront peintes en quatre temps : laque, égrenage pour enlever les imperfections de la peinture, nouvelle couche de laque, puis vernissage. Une trentaine de minutes sont nécessaires à leur séchage. Rapide. Certaines pièces sont également peintes au “trempé”, c’està-dire plongées dans la peinture même. Dans tous les cas, il faut tenir compte de l’hygrométrie de la pièce : en dessous d’un certain seuil, la peinture se ternit et donne des reflets blancs. Un atelier de sérigraphie est aussi installé, notamment pour la décoration des boucliers.
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réalisé par Geoffroy Vauthier / photos Raquel Hadida
L’assemblage
Au premier étage, c’est l’heure de l’assemblage. Les 16 pièces du cheval à bascule vont être emboîtées, collées ou vissées pour finaliser le jouet : “Il y a peu de vis. Dans le domaine du jouet,mieux vaut limiter tous les objets pointus.” Chaque cheval demande 30 minutes d’assemblage. “Quand tout va bien, c’est l’étape la plus simple.” La crinière est peinte à la main et un coussin, confectionné spécialement par une couturière de Frontignan, sera ajouté sur la selle. Notre cheval est opérationnel.
Où trouver les jouets de Dominique Amey?
L’entreprise Il était en bois est installée à Gigean. La boutique se trouve à l’atelier : 6 rue de Copernic, zone d’activité La Clau II. En période de fêtes, mieux vaut appeler avant pour s’assurer que Dominique soit sur place : 06 84 33 94 99. On peut également commander ses jouets sur le site Internet : www.iletaitenbois.fr ou info@iletaitenbois.fr. Question prix, la gamme s’étend de 6 € le “tac-tac” à 141 € pour un cheval à bascule petit modèle (photo). Le grand est à 161 €. Autre exemple : le canard à pousser est à 29 €. Le magasin de jouets le plus proche qui vend ses produits se trouve à Montpellier : Au petit chaperon vert, 12 rue du Faubourg-de-la-Saunerie. Enfin, pour retrouver Dominique sur les marchés de Noël, voici son agenda : samedi 3 et dimanche 4 décembre au Salon artistique d’Assas, et du vendredi 9 au dimanche 11 décembre au marché de Noël de Frontignan.
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Sète moi à
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“FESTIF”
Le club sandwich au foie gras de L’Épicerie
P.46
P.42 MA RUE P.44 PRATIQUE P.46 MA RECETTE P.48 STREETSHOOTING P.50 MA BALADE
Le phare de Saint-Clair Depuis plus d’un siècle, il est un repère dans la nuit pour tous les marins longeant notre littoral. Ce n’est donc pas pour rien que le phare du mont Saint-Clair vient d’être classé aux Monuments historiques par le ministère de la Culture, tout comme cinq autres ouvrages du même type*. Ce classement intervient dans le cadre de la campagne du Ministère visant à protéger les phares majeurs du littoral. Retour sur son histoire. Le besoin d’ériger à Cette un phare est noté par décret dès 1853. Sans succès puisque ce n’est que quarante-cinq ans plus tard, en 1898, que la demande est relancée. Il est en effet alors urgent d’améliorer l’éclairage du port de Cette et du littoral de l’Hérault en remplaçant le feu du Capd’Agde par un phare situé sur le Saint-Clair. Une fois lancé, en 1900, l’ouvrage nécessite trois ans de travaux. Il s’allume enfin pour la première fois le 23 avril 1903. Il s’élève à 92 mètres au-dessus de la mer, et du haut des 23 mètres de sa tour octogonale, sa lueur a une portée de 29 milles (46,6 km). Si le phare a été électrifié en 1938 - il est aujourd’hui doté d’une lampe de 250 watts c’est à la vapeur de pétrole qu’on allumait autrefois sa lampe. Et comme tous les phares du littoral, le signal lumineux qu’il émet est unique. Sa signature? Un éclat blanc toutes les cinq secondes. Ainsi, équipés d’un chronomètre et mesurant la fréquence des signaux, les marins peuvent savoir précisément en face de quelle ville ils se trouvent. *Les autres phares classés: phare du mont SaintLoup à Agde, feu métallique du môle à Port-Vendres (64), phare du Grau d’Aigues-Mortes au Grau-du-Roi (30), phare de l’Espiguette au Graudu-Roi, et phare de Cap-Béar à Port-Vendres. Page réalisée par Geoffroy Vauthier Photos Geoffroy Vauthier
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Quai du Mistral
Etang de Thau
Viens chez moi, j’habite
Sète
à la Pointe-Courte Mer Méditerranée
Des purs “Pointus”, des ruelles verdoyantes, des résidences secondaires, des chats, des pêcheurs bien évidemment, une seule route pour y accéder et un caractère bien trempé. Bienvenue chez les Pointus.
“N
ous sommes en 2011 après J.-C. Toute l’Île singulière est occupée par l’esprit des “estrangers”. Toute? Non. Car un quartier peuplé d’irréductibles “Pointus” tente encore et toujours de résister à l’envahisseur.” Eh oui: s’il est un quartier authentique de Sète, c’est bien la Pointe-Courte. À l’origine quartier de pêcheurs - les Ponts et Chaussées leur avaient accordé des concessions pour bâtir des cabanes où loger la presqu’île au bord de l’étang est parfois aujourd’hui perçue par certains comme une singulière image d’Épinal. D’où l’arrivée de résidences se-
condaires, de “bobos” en quête d’un peu d’authenticité, et de maisons “en dur” à la place des cabanes d’autrefois. Oublié l’aspect populaire des lieux : la Pointe s’embourgeoise, un peu trop parfois aux yeux de ses fidèles. Pourtant, si tout le monde est ici le bienvenu, subsiste chez les authentiques “Pointus” la volonté bien marquée de préserver leur singularité. Vieilles barques, filets suspendus ou cabanons du bord de l’étang témoignent ainsi d’un passé pas si lointain, et dont quelques “figures” rappellent encore l’existence.
Troisième génération On est bien Résidente de la Pointe-Courte depuis 2004. “C’est évidemment un quartier typique de 1 Sète. Il est très sympathique et on s’y sent bien. Moi qui viens de Bouzigues, la Pointe m’a attirée car elle m’a rappelé mon enfance. J’aime ce quartier de pêcheurs. Ils ont su rester anciens avec ces filets, ces petites cabanes… Je vais devoir déménager car c’est trop petit, mais je le regretterai, c’est certain. Seule chose: la propreté, les gens ne respectent pas trop cela.”
NOËLLE SIEUROS, 53 ANS
Authentique “Pointue”. “Avec mon fils, cela fait trois générations que nous sommes ici. Malheureusement le quartier est beaucoup moins réservé aux Pointus. En autorisant les constructions en hauteur, les gens de l’extérieur sont venus s’y installer, cela fait trop d’habitations, surtout des résidences secondaires. D’autant que les nouveaux arrivants ne respectent pas toujours la tranquillité des riverains. Ici, il faut savoir que c’est pas comme ailleurs: on n’arrive pas comme partout, on arrive chez les Pointus. Il faut dire “Bonjour” avant! Je l’aime ce quartier, c’est pour cela que je suis déçue.”
CORINNE DELCAUSSE
Historiquement, la Pointe est un quartier de pêcheurs. Si l’activité se poursuit encore aujourd’hui dans le petit port, la presqu’île voit de plus en plus d’”estrangers” s’y installer.
Les étroites ruelles de la Pointe-Courte. Ici, les voitures n’ont pas cours. Les enfants peuvent y circuler librement sans aucun risque.
Je n’irai pas vivre ailleurs
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Pêcheur de la Pointe-Courte. “Je vis ici depuis toujours, et je n’irai pas m’installer ailleurs, c’est certain. Le quartier est tranquille, et il y a une certaine forme de solidarité, à tous les niveaux. Ça a toujours été comme ça. Je me souviens qu’enfant, le mas de mon père à Bouzigues s’était effondré sous la force du vent. Tous les voisins de la Pointe-Courte s’étaient alors organisés pour reconstruire le mas tous ensemble.”
LÉON SCOTTO La Gazette n° 267 - Du 1er au 28 décembre 2011
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Une nouvelle famille
Chat, de passage au refuge Pattes de velours. “Grâce au refuge Pattes de velours, j’ai pu trouver une famille d’adoption. Lorette et les autres bénévoles, une dizaine en tout, m’ont recueilli, soigné, stérilisé et fait adopter. Ici, nous sommes environ 35 chats à vivre. Certes, notre présence ne plaît pas à tous les habitants, mais on ne fait de mal à personne. Et puis, nous sommes bien à la Pointe: nous pouvons bronzer au soleil, on trouve facilement du poisson et on ne risque pas de finir écraser sous une voiture! Je dirais que si la PointeCourte n’est pas le paradis des chats, ça y ressemble fortement. Miaou!”
CÉSAR ET LORETTE RUBIO, 2 MOIS ET 70 ANS.
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Des petites fêtes pour se réunir
Marseillaise habitant à la Pointe-Courte depuis 4 ans. “Je suis marseillaise, mais mon père vient de Sète, lui. Donc pas totalement étrangère. Ce quartier est calme et très convivial à la fois. D’ailleurs, de temps en temps, on organise de petites fêtes pour se réunir. C’est vraiment le quartier authentique de Sète, avec encore beaucoup de pêcheurs qui y vivent.”
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GILBERTE BREL, 66 ANS
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Retraitée, à la Pointe depuis 40 ans. “Cela fait 40 ans que je vis ici. C’était des cabanes avant, les pêcheurs y vivaient avec leurs familles. Maintenant, tout est bâti. Hormis cela, il est vrai que le quartier est très agréable à vivre. Mais vous devriez aller voir mon mari, il renseigne tout le monde lui, surtout l’été avec les touristes.”
Heureusement qu’il reste des vrais Pointus!
MARIE-CLAUDE STENTO, 69 ANS
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Une meilleure ambiance avant ALAIN ET CHRISTINE LAPLACE, 58 ET 54 ANS Pêcheur né ici, et sa femme. Lui: “Je suis né ici, à la maison. Il y a de la convivialité, surtout avec les nouveaux arrivants, mais l’ambiance était meilleure avant. En plus, les cloisons entre les maisons sont très fines, il y a du bruit. Les gens se permettent beaucoup de choses ici, alors il faut en avoir l’habitude.” Elle: “Il y a un peu de promiscuité. J’en ai parfois assez d’installer ma 7 table sur le quai quand on reçoit des gens. J’aimerais une vraie villa, avec un jardin, et pas de passants pour regarder ce qu’il y a dans notre assiette. Ceci dit, ça reste agréable, et il y a une vraie sécurité!”
Sétois d’adoption. Ont une résidence secondaire à la Pointe. “On a cette petite maison depuis 36 ans et on y vient trois ou quatre mois chaque année. La Pointe a bien changé, c’était plus “vrai” avant. Il y avait 90 % de Pointus, maintenant c’est le contraire. Alors forcément, l’ambiance a changé. Mais la vie y est aussi pour quelque chose: avant il n’y avait pas la TV, alors les gens sortaient et se retrouvaient. Enfin, heureusement que le port à nacelles est resté typique et qu’il reste encore des vraies familles de Pointus.”
JEAN ET “PAULO” CHRISTOL, 84 ET 76 ANS
Les maisons de la Pointe sont petites. Alors lorsqu’on reçoit du monde, c’est déjeuner sur le quai, au soleil. Actuellement, les travaux de consolidation du quai Mistral empêchent toutefois ce petit plaisir.
Si le bâti a remplacé la plupart des cabanes, certaines subsistent encore au bord de l’étang. Elles proposent de jolies terrasses, dans un cadre authentique.
C’est un petit village dans la ville
Pêcheur, arrivé à la Pointe au mois de juillet. “Je rêvais d’habiter ici depuis que je suis enfant. C’est le contact avec l’eau que j’aime, le fait d’en être entouré. Ici, c’est un petit village, alors l’ambiance est assez spéciale et unique. Nous avons été très bien accueillis, nos voisins sont très sympathiques. En plus, pour les enfants c’est parfait: ils sont libres de sortir, alors qu’avant nous étions route de Montpellier. Ce n’était pas possible de faire ça évidemment.”
ÉRIC DANSAC, 37 ANS
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Bientôt, ça sera fini
GEORGES BREL, 70 ANS 10 Pêcheur retraité, une des figures du quartier et mari de Gilberte, rencontrée plus tôt. “J’ai toujours vécu ici avec mes parents, et puis j’ai monté ma maison. C’était un quartier de pêcheurs avant mais bientôt, quand les enfants qui ont pris la relève s’arrêteront à leur tour, ça sera fini. Je me rappelle des tas de choses ici: certaines cabanes abritaient des familles de dix personnes parfois, les toilettes étaient dehors, on allait se baigner au canal et comme il n’y avait pas d’échelle, on aidait les filles à remonter en leur mettant la main aux fesses. D’ailleurs, à propos du canal, mon père disait qu’on avait la plus grande piscine de France…” La Gazette n° 267 - Du 1er au 28 décembre 2011
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viepratique Dîner, cadeaux ou sorties en famille : pas toujours facile d’innover à Noël. En manque d’idée ? En voici quelques-unes pour renouveler un peu la grande tradition des fêtes. Et vous allez le voir, pas besoin d’aller chercher très loin.
E
t un de plus! Comme chaque année, le Père Noël s’invite dans les foyers, non sans demander au passage à ses hôtes un peu d’organisation… et beaucoup d’imagination! Car, entre foie gras, champagne, saumon et huîtres, il faut bien l’avouer: la “grande messe” de Noël - aussi charmante soit-elle - a une fâcheuse tendance à se ressembler d’une année sur l’autre. Pour autant, arriver à proposer une fête différente relève-t-il forcément du miracle? Non, et pour s’en rendre compte, il suffit d’observer un peu autour de nous. On découvre alors que notre bon bassin de Thau propose de nombreuses idées et alternatives. Produits d’ici à mettre au banquet, cadeaux locaux à offrir, astuces écolos ou sorties pour les enfants: il y a l’embarras du choix pour qui souhaite mettre sa région et ses savoir-faire à l’honneur durant les fêtes. Pour vous faciliter la tâche, La Gazette s’est livrée à une petite sélection d’idées, de producteurs et d’artisans locaux pour un Noël made in bassin de Thau. Joyeuses fêtes!
Noël : des fêtes
made in bassin de Thau
Repas : agrémentez avec des produits d’ici
À Villeveyrac, la Ferme des saveurs propose son propre fromage de chèvres. Bio et artisanal.
Pour rester local, on préférera évidemment les huîtres de l’étang de Thau à celles de l’Atlantique. Il ne sera pas difficile d’en trouver: marchés, vente directe ou grandes surfaces, elles sont chez nous largement représentées. Et rassurons tout le monde, l’interdiction de commercialisation a été levée à la mi-novembre. Côté prix? Constat effectué auprès des revendeurs et producteurs, le kilo sera entre 4,50€ et 5,50€. Autre astuce: le saumon sera remplacé par une truite de nos La Gazette n° 267 - Du 1er au 28 décembre 2011
rivières, et la blanquette de Limoux fera office de champagne! Hormis ces évidences, voilà de quoi agrémenter votre repas de Noël.” En apéritif, pensez au muscat et au Noilly Prat. Cave coopérative de Frontignan: 14 avenue du Muscat, 0467481226. Cave coopérative de Mireval: route nationale 112, 0467780180. NoillyPrat, 1 rue Noilly à Marseillan. 0467777519. Pour le fromage, on ira à la Ferme des saveurs à Villeveyrac. Le fromage de chèvre y est bio et artisanal. Assortiments de 11 fromages à 11,50€ ou 1,50€ pièce. La Ferme des saveurs, mas Saint-Farriol, route de Loupian, à Villeveyrac. Ouvert tous les jours de 16h30 à19h, 0675692432. Pour le café, ou en guise de cadeau: une boîte de chocolats. L’artisan chocolatier Emmanuel Servant propose une gamme originale: le “Belluguette” aux saveurs de cola pétillant, ou encore ses chocolats apéritifs comme celui à la tomate confite et au basilic. À la pièce ou en coffret à partir de 7€. Douceurs d’Oc, 11 bis rue des Artisans à Marseillan. Du mardi au samedi de 9h à 12h30 et de 14h à 19h15, le dimanche de 9h à 12h30, 0467260641.
Cadeaux et déco : des idées locales
Des bijoux fantaisie ? Toujours une bonne idée. Avec ses bijoux “bonbons”, ses broches à cheveux fleuries ou ses colliers “moustache”, Laure Sancerme propose des bijoux d’inspiration rock’ n’roll et travaille avec des créateurs de tous horizons, de Sète aux ÉtatsUnis. De 7 € à 80 €. Transcorp, 11 rue AndréPortes à Sète. Ouvert de 9h30 à 18h du mardi au vendredi et de 14h à 18h le samedi. Même registre pour la créatrice sétoise Fanny Bourdoncle : boucles d’oreilles fraises Tagada, pendentifs macarons ou réglisse : à dévorer des yeux ! De 5 € à 25 €. Renseignements par mail, rouge-rouge@live.fr, via sa page Facebook : Rouge créations ou au 06 88 04 36 99. Cadeaux écolos. Véronique Lhommet est plasticienne, spécialiste du “récup’art.” À partir de bouteilles de verre cassées, elle crée des vitraux, pratiques ou décoratifs. Elle réalise aussi des bijoux avec des capsules : bracelets, écrins, boucles d’oreilles… De 5 € à 30 € les bijoux. Pour les vitraux, à partir de 10 € le petit format. Large gamme de prix. Véronique Lhommet, mas des Quinze ; route de Mireval à Villeneuve-lès-Maguelone. Téléphoner avant visite de l’atelier, tout horaire possible : 04 99 64 50 24 ou 06 86 83 47 66. À faire soi-même, les arbres, boules et autres décorations de Noël en carton de la boutique Fée main. Ils sont à décorer à la peinture, avec des collages, des perles… et plus encore selon vos idées. De 7 € le petit modèle, à 50 € le grand. Pour les boules : de 60 ct à 2 €. Fée main, 5 rue Louis-Blanc à Sète, 04 67 78 83 29.
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pages réalisées par Geoffroy Vauthier / photos Raquel Hadida - Céline Escolano - D.R.
MARCHÉS DE NOËL
Cette année, pour les fêtes, faites comme le Père Noël, restez local !
Offrir un moment ludique, de détente ou de culture
Un peu plus loin
Et pourquoi pas un abonnement au cinéma ? À Frontignan, le Cinémistral propose deux types de carnets.
Cours de cuisine avec le chef du restaurant
L’Épicerie. À partir de 30€ les deux heures, pour un menu complet avec dégustation. L’Épicerie: 9 rue Gambetta à Sète, 0467743549. Moments de détente au centre thermo-ludique O’balia. Bons cadeaux à l’occasion de Noël, montant au choix et soins choisis par l’heureux élu. Exemple de tarifs: 15€ le pass de deux heures consécutives à 180€ les 30 heures à cumuler. Centre O’balia, allée des Sources à Balaruc-les-Bains, 0467185205. Invitez-vous au cinéma avec un pass pour le Cinémistral, à Frontignan. Deux formules possibles: le carnet de 10 places à 48€ ou le carnet de cinq places à 20€ pour les moins de 25 ans. Cinémistral, avenue Frédéric-Mistral
La période des fêtes est aussi propice à un type de marchés très ponctuels: ceux de Noël. Pour chiner, trouver des idées cadeaux ou culinaires, ou tout simplement se balader et s’emplir de l’esprit de Noël. • À Sète, pas de marché de Noël à proprement parler cette année, mais une Foire au gras. Uniquement alimentaire, donc. Toutefois, de nombreuses animations pour enfants ponctueront l’événement. Les samedi 17 et dimanche 18 décembre, sur l’avenue Victor-Hugo. • À Frontignan: du vendredi 9 au dimanche 11 décembre. Salle de l’Aire. • À Mèze: marché de Noël de la CCNBT avec des produits traditionnels de bouche ou d’artisanat décoratif. Balade en poney, sculpture de ballons, atelier maquillage… Dimanche 11 décembre, de 9h à 18h. Place des Micocouliers et parc du château de Girard. • À Marseillan: village de Noël ponctué de nombreuses animations. Au programme: défilé de majorettes, animations et ateliers pour enfants, concert, spectacle et feu d’artifice devant l’église le vendredi 23 décembre. Du samedi10 au samedi 24décembre. Place de la République. • À Mireval: produits régionaux, idées cadeaux, dégustation de muscat et d’huîtres. Sur place, jeux gonflables et animations. Samedi 10 décembre, de 10h à 20h. Esplanade Simone-Veil. • À Gigean: spécialités régionales et cadeaux artisanaux. Buvettes et restauration rapide. Samedi 10 et dimanche 11 décembre. Place Charles-deGaulle.
à Frontignan, 0467484537.
Faire découvrir la ville et ses musées. L’office
du tourisme propose une vaste offre de coffrets cadeaux. En tête, la Sète Box: hébergement, deux entrées à l’Espace Brassens et au Miam, une visite audio-guidée de la ville, une spécialité locale… De 66€ à 190€ selon le nombre de nuits et l’hôtel. À compléter avec les offres Ville passion et les chèques Qualité Res’Thau de 30€ et valables dans divers restaurants. Existe aussi le City Pass pour découvrir les musées d’ici: de 8€ à 28€. Tarifs variables selon programmation. Office du tourisme, 60 Grand-Rue MarioRoustan à Sète. Renseignements et réservations au 0499047171.
• À Montpellier: dans le cadre des Hivernales, chalets sur la place de la Comédie et sur l’Esplanade. Du samedi 3 décembre au samedi 31 décembre, de 10h à 20h, les vendredis et samedis, nocturnes avec musique jusqu’à 23h30. • À Béziers: marché de Noël occitan avec producteurs, artisans et diverses animations pour tous. Dimanche 4 décembre, de 9h30 à 17h30 au domaine l’Hort-de-Gal, 638 route de Sérignan. • À Pézenas: marché traditionnel avec Lo Mercat de Nadal. Pièces uniques de créateurs, artisanat, cadeaux inédits… Du samedi 17 au samedi 24 décembre, de 11h à 19h. Jusqu’à 21h le vendredi 23 décembre. Centre historique. • À Sérignan: près de 80 exposants pour cette 81e Foire au gras. Traiteurs, chocolatier, vignerons, torréfacteur, artisanat, le tout égayé par la présence d’une fête foraine. Samedi 10 et dimanche 11 décembre, de 8h à 18h. Allées de la République. • À Clermont-l’Hérault: marché de l’huile de Noël. Uniquement de l’huile d’olive et des olives! Dimanche 11 décembre, de 9h à 19h, avenue du Président-Wilson.
Livres : une sélection des éditeurs d’ici Un des grands classiques de Noël: les beaux livres. Pour enfants ou adultes, une sélection chez les éditeurs locaux. Pour un gourmand, on choisira L’Appel gourmand de la forêt, aux éditions La Plage. Mot d’ordre: “Faites vous-même vos courses dans la forêt.” L’auteure, Linda Louis, vit elle-même au sein d’une forêt de l’Allier, où elle a appris à repérer, cueillir, conserver et préparer les produits que la nature nous propose. Le grand succès ludique et illustré du moment. L’Appel gourmand de la forêt, éditions La plage, 324 pages, 24,50€. Disponible dans toutes les librairies de Sète ou en commande sur le site des éditions La Plage: www.laplage.fr.
Pour un amoureux de nos paysages lagunaires,
c’est vers Carnet de vol qu’il faut s’orienter, aux éditions Flam. Le photographe Patrice Blot y immortalise le bassin de Thau vu du ciel. Carnet de vol, éditions Flam, 72 pages, 29€. Disponible dans toutes les librairies de Sète ou sur le site des éditions Flam: www.edition-flam.com. Un classique d’ici ? Les éditions de La Mouette proposent Les contes Farfelunes de Petit-Bobo, de Pierre Maguelon. Une série de contes que l’auteur, comédien bien connu et interprète notamment de Terrasson dans Les Brigades du tigre, racontait lui-même à la radio ou au cabaret dans le Paris des années 50, entre deux chansons de son ami Georges Brassens. Des textes illustrés par Maguelon lui-même qui propose plusieurs lectures, pour les grands ou les petits. Féerique et farfelu. Les contes Farfelunes de Petit-Bobo, aux éditions de La mouette, 101 pages, 28€. Disponible sur commande ou à la Nouvelle Librairie Sétoise. Éditions de La Mouette: 0467539008 ou editiondelamouette.com.
Sorties : spectacles à voir en famille pendant les vacances*
Au Théâtre de poche, deux pièces. La première : La Soupe au chocolat. Les aventures d’Indiana Moulinette, partie en quête de la recette de la soupe au chocolat pour faire venir le Père Noël plus vite. Les lundi 19, mercredi 21, jeudi 22 et vendredi 23 décembre, à 16h. Tarifs : 7 €. Et la seconde : Qui a peur du grand gentil loup, ou l’histoire d’un gentil loup dont tout le monde a peur, sans raison, et qui essayera de devenir ami avec les animaux de la ferme voisine. Les mardi 27, mercredi 28, jeudi 29 et vendredi 30 décembre à 16h. Théâtre de poche, 29 Grand’ Rue Haute, à Sète. Renseignements et réservations au 04 67 74 02 83. Tarifs : 7 €. Noël créatif en musique. Un après-midi pour s’amuser en famille. Confection de boules, de chapeaux féeriques, atelier de magie et de maquillage, mini-boum… Organisé par la ville de Sète. Dimanche 18 décembre. De 2 à 10 ans. Gratuit. Salle Georges-Brassens, au-dessus des halles. Renseignements au 04 99 04 70 00. Artistique, la petite épicerie du Miam. Ateliers pédagogiques et artistiques. Durant les vacances : les mardis, mercredis et jeudis de 11h à 12h pour les 3/5 ans, et de 14h à 16h pour les 6/10 ans. Deux thèmes : “Tout sauf de la peinture” les 20, 21 et 22 décembre et “Que de la peinture” les 27, 28 et 29 décembre. Miam, 23 quai Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny à Sète. Renseignements et inscription : 04 99 04 76 44. Tarifs enfants 2,50 € l’heure, 4 € adultes, 5,50 € la formule goûter. *Vacances scolaires du 18 décembre au 3 janvier. La Gazette n° 267 - Du 1er au 28 décembre 2011
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streetshooting 8REPÈRES Notre requête
“Racontez à nos lecteurs votre meilleur et votre pire souvenir de Noël.”
Dix
Le nombre d’intervenants mis à contribution. Tous acteurs de l’actualité, ou figures de l’Île singulière.
Ce qui en ressort
Nous avons tous des souvenirs d’un Noël douloureux, mais au final, les sentiments joyeux et la magie du moment restent les plus important.
L’ENGAGÉE
Janine Léger, élue municipale d’opposition et présidente d’Accueil migrant.
B
onheur, allégresse et ivresse des retrouvailles… Noël: la grande fête joyeuse, celle où l’on retrouve ses proches, où chacun est uni à son voisin par le bonheur d’une chaleureuse ambiance. Idyllique, n’est ce pas? Oui, mais pas toujours! Car si Noël nous laisse d’impérissables souvenirs, la félicité ambiante rend encore plus marquantes les fois où, par malchance, la vie porte ses coups. À Noël, les sentiments, quels qu’ils soient, sont ainsi exacerbés. Et ces moments-là restent eux aussi gravés. La Gazette a demandé à 10 “personnalités” de Sète, acteur de l’actualité ou de la vie de la cité, dans le social, la politique ou la culture, de raconter leur meilleur et de leurs pire souvenir de Noël. Confessions.
Noël:
“Mon pire Noël, en tout cas le plus triste de loin, c’est celui qui a suivi la mort de mon père : j’avais 11 ans et les conséquences de la Guerre d’Algérie venaient de me tomber sur la tête. Comble de consternation, une grandtante bien intentionnée m’avait offert une robe de chambre en pilou à rayures bleues pour me tenir chaud pendant l’hiver. Mon meilleur souvenir ? J’en ai beaucoup car Noël est une fête familiale dont la magie fonctionne à fond sur moi ! En fait, comme je crois toujours au Père Noël et que je lui demande chaque année l’impossible, j’espère que mon meilleur Noël est encore à venir : reposez-moi la question l’année prochaine !”
Noël ? C’est comme tout : il y en a des bons et des moins bons. Dix personnalités de Sète livrent leurs souvenirs.
ces souvenirs qui les ont marqués Bakhta Braïki, directrice de Solidarité urgence sétoise.
“Mes parents étant musulmans, nous ne fêtions pas Noël. Du coup, lorsque mes copines énuméraient les cadeaux qu’elles avaient eus, je m’en inventais. En revanche, lorsque j’ai commencé à travailler, j’ai pu m’acheter un sapin à Noël, mon premier. Pour moi, c’était le symbole de mon intégration, tout en gardant ma double culture. D’autres bons souvenirs : tous les Noëls que je passe avec l’association. Ce sont les meilleurs moments, plein d’amour et d’affection. Et ma petite fille en profite pour faire don des jouets dont elle ne se sert plus.”
LA SOLIDAIRE
LE RECORDMAN
Louis “Lulu” Bérenguer, spécialistes des records les plus fous. “Je ne peux m’empêcher d’évoquer la MJC de la Corniche où, chaque
Noël après un après-midi de jeu, des cadeaux nous étaient distribués. Ca marque à tout jamais. Sinon, des années plus tard, les Noëls 1994 et de 1995. Avec ma compagne enceinte de 7 mois, et notre fille nous avions traversé toute la France pour aller en Allemagne, invités par des amis rencontrés à Marseillan et qui nous demandaient toujours de leur jouer Les copains d’abord. À cette occasion, j’avais même participé à un cross de 10 km dans la forêt de Sarreguemines. Sans oublier la bière qui est le breuvage favori des Allemands, nous en avions bu quelques caisses à l’époque, mais rassurez-vous je n’étais pas encore tombé dans le monde des records.”
L’ECCLÉSIASTIQUE Gérard Frioux, curé de la paroisse de Sète.
“Mes meilleurs Noëls remontent à mon enfance passée à Noirmoutier, les longues veillées en famille précédant la messe de Noël. Nous faisions des jeux, racontions des histoires. Lorsque les cloches sonnaient peu avant minuit, nous partions vers l’église, comme tous nos voisins. Au retour, nous découvrions nos cadeaux : oranges, chocolats, confiseries, et à chaque fois un jeu Mécano ! L’heure venait ensuite de prendre une collation. Nous étions donc en forme pour la messe du lendemain, et le repas de famille. Car Noël était vraiment une fête familiale, autour de la Nativité. En revanche, je n’ai pas de “mauvais Noël”. Je regrette seulement, au-delà de l’aspect religieux, la perte de l’aspect familial de cette fête et tout le commerce autour. Nous nous enthousiasmions de peu, et c’était vraiment féerique.”
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Thierry Gignoux, alias Boule. Gérant du bar Chez Boule.
pages réalisées par Geoffroy Vauthier / photos de Raquel Hadida
“Mon plus beau Noël? Celui où j’ai reçu un train électrique! Nous n’avions pas beaucoup d’argent et étions une fratrie de cinq. Avec mon frère, nous avions construit une gare miniature, un petit village avec de la mousse d’arbre pour faire l’herbe… J’ai gardé ce train longtemps, il ne fallait pas y toucher! Quant à mon pire Noël, c’est quand j’ai été malade, en 1999. Au mois d’avril précédent, les médecins me prédisaient quelques mois tout au plus. Je ne devais pas voir Noël. Finalement, je me suis battu, et je suis sorti de l’hôpital le 2 décembre. J’ai fêté Noël dans des conditions différentes, mais je l’ai fêté. Et aujourd’hui je suis toujours là.”
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Gérard Van Damme, Père Noël*.
LA FIGURE
LE JOUTEUR Aurélien Évangelisti, sextuple vainqueur de la Saint-Louis.
“Mon plus beau Noël est celui de 2006 : c’était le premier avec ma fille, née au mois de février. Elle commençait à déballer de petits cadeaux. En revanche, deux ans après, en 2008, ce fut mon premier Noël sans mon père, décédé dans l’année. Je suis attaché à Noël, c’est une fête sympathique, passée en famille, avec des valeurs de partage.”
LE PÈRE NOËL
“Une fois, une petite fille complètement stressée par sa rencontre avec le Père Noël lui a fait pipi dessus ! Elle s’est excusée et je lui ai répondu que l’émotion était normale. C’est une anecdote rigolote. Je tiens aussi à préciser que le Père Noël se rend compte du manque d’affection dont les enfants peuvent souffrir de la part de leurs parents. Leur travail empiète sur le temps passé avec leurs enfants, ils leur offrent donc beaucoup de choses pour combler cela. Et puis, j’ai beaucoup de demandes d’enfants qui demandent le retour d’un de leurs parents, en cas de divorce. Ou celui des grands-parents lorsqu’il y a eu rupture. Le Père Noël en est attristé.” *Le Père Noël peut être rencontré durant la semaine de Noël au passage du Dauphin et au centre-ville.
Martine Combréas, directrice du théâtre de Villeneuve-lèsMaguelone.
Tino di Martino, organisateur des Cafés littéraires.
“Mon plus mauvais souvenir se résume à peu de chose : il me remémore un triste noël 1962. Suite à l’indépendance de l’Algérie, j’étais arrivé de Bône à Sète en juillet. J’ai passé Noël seul, sans argent, sans amis, dans un triste hôtel, ne mangeant presque pas, ne connaissant personne dans une ville alors inconnue, et laissant derrière moi de merveilleux souvenirs de Noëls passés en famille dans une atmosphère joyeuse. Le plus beau Noël en revanche, c’est la naissance de mon premier enfant, en septembre 1966. Avec mon épouse Denise, nous avons goûté au plaisir de la vie, du sapin illuminé et de notre bébé, Laurent.”
LE LITTÉRAIRE
L’AMIE DES MARINS Hélène Scheffer, présidente de l’association Les amis des marins
“Les plus belles fêtes sont toujours celles à venir. Cette année, nous allons partager un moment avec le marin qui garde le Lena. Un beau conte de Noël: l’histoire d’un équipage abandonné par son armateur en faillite. Il s’est défendu, est resté solidaire, et a finalement vu ses droits reconnus par le nouveau propriétaire. À l’automne, les marins sont rentrés chez eux avec la presque totalité de leur salaire. Avec les marins, il faut prendre les fêtes comme elles viennent. Ainsi, l’équipage de l’Antonios P, en 2006, a quitté le port le 31 décembre à 16h. On pensait faire la Saint-Sylvestre ensemble. Quand le commandant dit qu’il faut partir…”
“Les Noëls de mon enfance, c’est l’Auvergne, la neige et le bonhomme sculpté devant la maison. Il y eut un Noël particulièrement magique : au matin, un minuscule petit cadeau, posé dans ma grosse pantoufle. Dans ce petit paquet, il y avait une grosse vieille clef que je reconnus de suite. Elle ouvrait la porte d’une cabane dans notre jardin, à la fois lieu de rangement des outils de mon papa. Ai-je pris un pull ce matin-là ? Des chaussures ? Ai-je couru ? Tout ce dont je me souviens c’est la clef dans ma main. Puis l’énorme cadeau qui était là, dans cette cabane : un vélo tout neuf, bleu. Je n’ai aucun mauvais Noël en souvenir. Mais parfois, petite vague d’amertume lorsque j’observe autour de moi, à cette époque particulière, comment le merveilleux et le magique se cognent à la surenchère et à la consommation.”
LA DIRECTRICE DE THÉÂTRE La Gazette n° 267 - Du 1er au 28 décembre 2011
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lesconviviales uu ASSOCIATIONS
CSolidarité • REPAS. Les 3 et 15 décembre, l’association Les Petits Frères des pauvres offre un “déjeuner spectacle” à 60 personnes âgées en situation de solitude, de précarité ou de maladie, au music-hall “Le Cabaret” de Sète. Le nom de cette opération: “60 sourires de Noël”. Contact: Gérard Gimeno, PPF de Sète, 06 28 70 09 32. • CROIX ROUGE. La délégation de la Croix-Rouge de Sète organise sa braderie de Noël: brocante et jouets du mercredi 7 décembre au samedi 10 décembre 2011. Ouverture de 9h à 12h et de 15h à 18h. Entrée au 36 rue PaulValéry. • ACCOMPAGNEMENT. Une cinéphile se rend régulièrement au Cinémistral à Frontignan en fauteuil roulant. L’hiver est arrivé. La nuit tombée, après la séance, il est plus difficile de rentrer seule en fauteuil. Cette dame habite près du parc Victor-Hugo. Pour ceux qui habitent dans le coin et qui viennent à pied au cinéma, rentrer ensemble serait une belle idée. Ecrivez au cinéma et nous vous mettrons en contact. Cinémistral, avenue FrédéricMistral 34110 Frontignan, 0467 180652, cinemistral34@orange.fr
CCulture • JAZZ MANOUCHE. Le guitariste
Marc Roger organise un stage basé en partie sur l’harmonie, l’improvisation et le jeu manouche, samedi 17 décembre de 9h30 à à17h30 à Campagnan, entre Belarga et Saint-Pargoire. 70 €, repas non compris. Contact : 06 86 99 06 68. • PHOTO. CéTàVOIR et la Maison
de l’image documentaire organise deux stages. 1. “Initiation à la photographie argentique N & B”, les 10 et 11 décembre, avec Vincent Leprévost : apprentissage des notions de base, prises de vue, développement et tirages. Tarifs: 150 € (120 € pour les adhérents de l’association). 2. “Sète ou le voyage au coin de la rue”, les 17 et 18 décembre, avec Guillaume Martial: réalisation d’un reportage personnel, apprentissage des règles de base, projection des travaux. Tarifs : 120 € (90 € pour les adhérents de l’association). Infos et insc. : http://www.lamid.fr/rendez-vous/2011-12-stagemartial.php • DANSE. Luciole atelier C3 propose différents ateliers de danse réguliers. Lundi: danse contemporaine ados de 17h30 à 19h, danse contemporaine adultes de 19h15 à 21h. - Mardi: danse contemporaine enfants 7/9 ans de 17h30
TEXTE ET PHOTO RAQUEL HADIDA
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Salsa, aux rythmes de Cuba
“Rumba ! Dilequeno ! Casino… 1 2 3 chachacha, Enchuf’la.” Face au miroir, une douzaine de couples ondulent des hanches, dessinent leurs pas avec précision, et enchaînent des figures créatives. Avec Résodanse 34, les cours de salsa préparent à des soirées latino festives… à la cubaine. Car la prof de danse, Cathy Chabrot, créatrice de l’association, a un coup de foudre “artistique” renouvelé pour l’île antillaise. Elle y puise régulièrement son inspiration, et crée des échanges avec le Studio San Miguel de La Havane : stages avec de grands profs cubains, soirées avec des musiciens live, voyages pour les meilleurs élèves. “La salsa puise ses racines en Afrique avec un bas du corps ancré dans le sol, et en Espagne pour la fluidité, la grâce du buste et des bras. Une véritable “sauce” dans laquelle excellent les Cubains.” Mais aussi une expression corporelle pleine de joie et d’énergie, “une vraie thérapie !” Cours les mardis ou mercredis au complexe sportif du Barrou, à Sète, trois niveaux, 75 € le carnet de 10 cours. 06 21 62 13 10, www.salsasete.com Raquel Hadida
C
à 18h45, méthode Feldenkraïs adultes de 19h à 20h. - Mercredi: danse contemporaine enfants 3/4 ans de 10h à 11h, danse contemporaine enfants 5/6 ans de 11h15 à 12h15, tango adultes débutants de 19h à 20h30, tango adultes intermédiaires de 20h30 à 22h. - Jeudi : atelier postural adultes de 19h à 20h. Vendredi : méthode Feldenkraïs adultes de 10h à 11h. Contact: 0954945405, lucioleatelier@free.fr, 47 rue Pierre-Sémard, 34 200, Sète.
• ÉCRITURE. Atelier Icare propose un atelier d’écriture toute l’année le mercredi de 14h à 15h pour enfants de 8 à 13 ans animé par Annie Waksman. Au 81 Grand' rue Haute à Sète. Insc. : 04 99 02 44 81.
• ENFANTS. Le Mrac (Musée régional d’art contemporain) de Sérignan propose aux enfants des stages de pratiques artistiques. Les 21, 22 et 23 décembre 2011 : stage autour d’“Alerte Météo 2” avec l’artiste Nicolas Kozerawski. Les 28, 29 et 30 décembre 2011: stage autour de “Cécile Bart, L’hypothèse verticale”. de 10h à 12h pour les 5/7 ans et de 15h à 17h pour les 8/12 ans 12€ pour 3 jours et par enfant. Inscription obligatoire. 146 avenue de la Plage, BP 4, 34410 Sérignan, 04 67 32 33 05, museedartcon-
La Gazette n° 267 - Du 1er au 28 décembre 2011
temporain@cr-languedocroussillon.fr, http://mrac.languedocroussillon.fr
• CHŒUR. Cantarelo (chorale
Balaruc-les-Bains) recherche choristes, hommes de préférence. Répétition le mercredi de 14h30 à 17h30. Tarif : 15 €/trim. Tél. : 06 60 83 35 89 • SPECTACLE. L’association Les
Gais lurons de la Corniche organise une sortie pour le spectacle “Âge tendre et têtes de bois” (Annie Cordy, Alice Dona, Boby Solo, Hervé Vilard…), le 15 décembre au Zénith Sud, à Montpellier. Places 1re catégorie, 1re série. Rens. et insc. : 06 23 20 56 61. • DANSE. Josy Corrieri de la com-
pagnie Les Bons Enfants propose un stage de danse-improvisation, les samedi 3 de 15h à 18h et dimanche 4 décembre de 14h à 17h dans son espace “Le petit lieu”, 23 rue de Tunis à Sète. Contact Josy Corrieri: 0620715742 josy.corrieri@club-internet.fr
• DANSE AFRICAINE. Pour l’association Vent d’Afrique, Makou Dolima, accompagné par les musiciens du groupe “La Terrenga” propose des cours de danse africaine (amateurs ou confirmés, de 14 à 77 ans), tous les samedis de 11h à 12h30 (sauf pendant les vacances scolaires).
Tarifs, à compter du 1er janvier 2012 : 116 € le trimestre, 13 € la séance. Séance d’essai remboursée en cas d’abonnement trimestriel. Parrainage : 10 % de remise sur un abonnement trimestriel. Lieu: gymnase de l’école
des Terres-Blanches, avenue JeanMoulin à Frontignan. Rens. : 06 73 40 62 83, 09 52 94 01 62, v e n t d a f r i q u e @ y a h o o . f r, http://venst.afrique.free.fr • BAROQUE. “Les Barocades”, ateliers de musique baroque et
Renaissance à Campagnan, direction Domitille Debienassis, pour musiciens et chanteurs amoureux de ce répertoire. Les lundis de 14h à 15h30. Rens : Jean-Luc Serrano, 04 67 24 93, 06 84 29 58 53, jean-luc. serrano023@orange.fr
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