Mémoire S6 ENSAM

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Aude-Lise GARCIA MÉMOIRE DE 3ÈME ANNÉE D’ARCHITECTURE



BARCELONE, UN MODÈLE OLYMPIQUE



Aude-Lise GARCIA

BARCELONE, UN MODÈLE OLYMPIQUE En quoi, les jeux de Barcelone, ont été un prétexte de développement urbain réussi et un modèle Olympique?

Memoire de 3ème année d’Architecture

Ecole d’architecture de Marseille Luminy/S6/ Mémoire 2012-2013



« […] l’important dans ces olympiades, c’est moins d’y gagner que d’y prendre part. […] L’important dans la vie, ce n’est point le triomphe mais le combat; l’essentiel, ce n’est pas d’avoir vaincu mais de s’être bien battu. »

Pierre de Coubertin.



SOMMAIRE

1.. INTRODUCTION

Page 10 - 13

2.. LES JEUX OLYMPIQUES DE L’ÈRE MODERNE, UN PRÉTEXTE POLITIQUE, DES POINTS DE REPÈRE DANS L’HISTOIRE

Page 14 - 29

a.. Création des Jeux Olympiques moderne b.. Les différents modèles d’intégration des sites Olympiques c.. Les impacts des Jeux Olympiques

3.. BARCELONE, LE BASCULEMENT DES JEUX OLYMPIQUES À L’ÉVÉNEMENT

Page 30 - 49

a.. Contexte Historique b.. La préparation au Jeux, modernisation des infrastructures urbaines et de communication. c.. Plan stratégique d.. Après les JO

4.. LES JEUX OLYMPIQUES DE 1992, UN MODÈLE OLYMPIQUE A. Le post-olympique barcelonais B. Les raisons du succès de Barcelone C. Barcelone fait école..

Page 50 - 85

a.. Élève Atlanta – Session 1996 b.. Élève Sydney – Session 2000 c.. Élève Athenes - Session 2004 d.. Élève Pekin – Session 2008 e.. Élève Londres – Session 2012 f.. Élève Rio De Janeiro– Session 2016

5.. CONCLUSION

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1.. INTRODUCTION

Les Jeux Olympiques sont devenus le plus grand événement sportif de notre époque et le plus coûteux au monde. Ce qui implique une augmentation considérable de ses impacts sur les milieux urbains les accueillant. Les jeux de Pékin en 2008 ou plus récemment les jeux de Londres en 2012, nous témoignent bien de l’importance que peuvent prendre ces jeux. Ils peuvent être perçus ou comme de puissants accélérateur de développement ou dans d’autre cas, comme une cause de dépression économique. Son but premier, était de créer une cohésion sociale autour du sport. Ils ont permis d’éviter de nombreux conflits entre les pays, de mieux connaître les villes hôtes ou même de fournir aux nations nouvellement créées l’occasion de signaler leur existence. Les jeux sont la célébration d’un instant très court à l’échelle de l’histoire d’une ville - moins de deux mois - alors que l’échelle temporelle de l’évolution urbaine peut être cinq ans - pour les petites opérations - ou de trente à quarante ans - pour les grandes opérations -.C’est un événement que l’on ne peut prendre à la légère. Les travaux que vont demander ces jeux s’inscriront dans la durée et il faut savoir les utiliser après les jeux, à l’intérêt de la ville hôte. En 117 ans de jeux Olympiques, 28 villes ont accueilli les Jeux. Elles ont chacune reçue les jeux différemment. Pour certaines se fut un succès pour d’autre un échec. Il faut savoir que la géographie s’est interrogée tardivement sur la relation « villes et Jeux olympiques » et plus globalement sur le lien entre sport et espace. La première approche était plutôt géopolitique. De plus, les impacts des Jeux olympiques sur les villes hôtes ont évolué dans le temps. Ils étaient quasi inexistants au début du XIXe siècle, car la taille des

Jeux olympiques n’imposait pas une infrastructure susceptible de bouleverser l’aménagement et l’organisation des villes. Mais en 1992, Barcelone a été le basculement de cette approche géopolitique vers l’événement. C’est aussi la première fois que l’on va commencer à parler de «Projet Urbain». Ces jeux furent un véritable succès. Ils ont permis à la ville de se développer et de devenir une métropole phare d’Espagne alors qu’on la surnommée «l’enfant pauvre»¹ lors de sa candidature. En quoi, les jeux de Barcelone ont été un prétexte de développement urbain réussi et en quoi c’est un modèle Olympique encore aujourd’hui? Après avoir replacé cette ville hôte dans le contexte des Jeux Olympiques de l’ère moderne, on s’interrogera sur l’idée de Barcelone en tant que «projet urbain» et enfin Barcelone, un modèle Olympique.


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INTRODUCTION

Il est nécessaire de faire une distinction entre JO d’été et d’hiver, qui n’engendrent pas les mêmes impacts sur les territoires hôtes, et ce en lien au nombre de disciplines et d’athlètes présents ainsi que des infrastructures nécessaires pour l’organisation respective de ces manifestations sportives. C’est pourquoi, ce mémoire se concentrera plus particulièrement sur les jeux Olympiques d’été dans la partie suivante.

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2.. L’ÈRE MODERNE

a.. Création des Jeux Olympiques moderne

¹..Pierre de COUBERTIN, Les jeux Olympiques modernes, dans Musée et Centre d’Études Olympiques, Lausanne, 2002

Ci-contre.. Photographies de j.O. de 1896. 1..Diplôme commémoratif des Jeux Olympiques de l’ère Moderne. 2..Stade Panathénaïque 3..Pierre de COUBERTIN 4..Premier Comité International Olympique 5..Cérémonie d’ouverture 6..Allumage de la flamme Olympique 7.. Stade Panathénaïque

Les jeux Olympiques moderne regroupent les Olympiades - les Jeux d’été - et les Jeux Olympiques d’hiver. Le mot Olympiade désigne la période de quatre ans qui sépare chaque édition des Jeux d’été. Si au début, les Jeux d’été et les Jeux d’hiver avaient lieu la même année, depuis 1992 un intervalle de deux ans les séparent. C’est le Français Pierre de Coubertin - Image 3 - qui est à l’origine de ce grand projet. S’inspirant des Jeux Olympiques de l’Antiquité, Coubertin décide de créer les Jeux Olympiques modernes - Image 1 -. Dans ce but, il fonde à Paris en 1894 le Comité International Olympique - CIO - qui auront le rôle de promouvoir l’Olympisme à travers le monde et de diriger le Mouvement olympique - Image 4 -. La date de ces premiers Jeux, 1896, marque Les Jeux Olympiques modernes, le début d’une aventure exceptionnelle qui dure maintenant depuis plus d’un siècle. En 1896, les premiers Jeux Olympiques modernes comportent de nombreuses références à l’Antiquité grecque : « En organisant les Jeux à Athènes, on veut rappeler le pays d’origine des Jeux : la Grèce. »¹ La majorité des compétitions se déroulent dans l’ancien stade - le stade Panathénaïque - Image 2 et 7 -, restauré pour l’occasion. Si les Jeux Olympiques modernes s’inspirent du passé, ils s’en écartent aussi. Contrairement aux Jeux Olympiques de l’Antiquité, chaque édition

des JO modernes a lieu en principe dans un pays et dans une ville différente. Initialement, les Jeux anciens étaient réservés aux citoyens grecs. Les Jeux modernes eux sont ouverts à tous. Les 245 participants à Athènes en 1896 viennent de 14 pays différents. C’est à partir des Jeux de Stockholm Suède -, en 1912, que des délégations nationa­les des cinq continents sont présentes : l’universalité des Jeux Olympiques modernes se confirme. Comme dans la période antique, les athlètes femmes sont absentes de la première édition des JO modernes : en 1896 à Athènes, seuls les athlètes hommes participent aux compéti­ tions. Les premières sportives doivent combattre de nombreux préjugés. Petit à petit, elles font leur place aux Jeux, sport après sport, épreuve par épreuve. Au début du troisième millénaire, plus de 40 % des athlètes présents aux Jeux de Sydney - Australie -, en 2000, sont des femmes. C’est la plus grande par­ticipation féminine de l’histoire des Jeux Olympiques. Une atmosphère de fête règne aux Jeux Olympiques. Chaque édition des Jeux se caractérise par une cérémonie d’ouverture pendant laquelle la musique, les chants, la danse et les feux d’artifice envahissent le stade. Une cérémonie de clôture se déroule dans le même esprit, le dernier jour des Jeux. Les cérémonies d’ouverture et de clôture invitent à découvrir la culture du pays dans lequel se déroulent les Jeux. En ce qui concerne, les villages Olympiques, d’au-


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Ci-contre.. Photographies des divers villages Olympiques 8.. Navire d’hébergement des athlètes - Amsterdam -19289..Village O. de Los Angeles -193210..Village O. de Berlin -193611..Village O. de Londres -194812..Village O. de Helsinki -195213..Village O. de Melbourne -195614..Village O. de Sydney -2000-

jourd’hui, ceux sont de véritable ville, situé de préférence dans les environs des installations sportives. Sa construction est prise très au sérieux lors des préparatifs des Jeux. Par exemple, à Sydney, en 2000, - Image 14 - le village héberge plus de 15 000 sportifs et officiels – l’équivalent de plusieurs quartiers d’une ville. Les habitants du village jouissent de tous les avantages. Ils peuvent manger au restaurant 24 heures sur 24, aller chez le coiffeur ou encore voir un film au cinéma. Ils peuvent aussi se détendre dans les bars et les discothèques après les compétitions. Lorsque les Jeux sont terminés, les logements sont vendus ou loués à la population locale. Les athlètes n’ont pas toujours bénéficié de ce type de logement. Avant les Jeux de Los Angeles, en 1932, ils séjournaient dans des endroits très divers. Lors des premières éditions des JO, le regroupement des athlètes dans un village n’était pas prévu et on hébergeait les athlètes sur les bateaux qui les avaient transportés jusqu’à la ville hôte. C’est le cas aux Jeux d’Amsterdam en 1928 où les Américains, les Italiens et les Finlandais se rendent au stade depuis le port. - Image 8 D’autres, trouvaient une chambre à l’hôtel ou dans une pension ou encore choisissaient un logement meilleur marché dans des écoles ou des baraquements.

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Le premier, vrai, village olympique est construit à l’oc­casion des Jeux de Los Angeles en 1932 Image 9 -. Les athlètes - hommes uniquement - de 37 pays différents dorment, mangent et s’entraînent ensemble. Pour la première fois, on pense à inclure des services propres à une cité : un hôpital, une caserne des pom­piers, un bureau de poste… Au début, les athlètes femmes n’habitent pas le vil­lage olympique et logeaient à l’hôtel. C’est à partir des JO de Melbourne, en 1956, que le village olympique devient mixte. - Image 13 -


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b..Les Jeux Olympiques de l’ère moderne en 4 phases

PHASE 2 - 1936 À 1956- Villes hôtes: Berlin, Londres, Helsinki Et Melbourne.

PHASE 1- 1896 À 1932 - Villes hôtes : Athènes, Paris, Saint-Louis, Londres, stockholm, Anvers, Paris, Amsterdam et Los Angeles

Lors de cette phase, les jeux étaient plus tournés vers la géopolitique que pour le sport et la culture. Les Jeux étaient en effet le reflet des rapports qu’entretiennent les États à l’échelle planétaire. Ce qui a entraîné de nombreux épisodes historiques dus aux conflits entre les pays. En voici quelques dates: En 1936, à Berlin - Allemagne-, le régime nazi s’approprie les JO. Dans les années précédant les Jeux, certains gouvernements et des organisations sportives mon­trent leur inquiétude au sujet du régime et de sa politique : la menace du boycott plane sur les JO. Finalement, c’est essentiellement par convictions personnelles que certains athlètes refusent d’y participer. En 1956, à Melbourne - Australie -, la crise du Canal de Suez et la répression sovié­tique en Hongrie provoquent une forte réaction de la part de certains pays qui refusent d’envoyer leurs athlètes aux Jeux. C’est aussi, la première fois que l’on célèbre les jeux sur le continent océanique, en l’occurrence en Australie via la ville de Melbourne. C’est le signe d’un phénomène de diffusion du Mouvement Olympique à une échelle internationale. L’organisation reste tout de même au même niveau que les Olympiades précédentes. Le nombre de sites sportifs reste faible (seulement une dizaine) et leur taille ne dépasse rarement le millier de places. Toutefois plusieurs villes hôtes durant cette période, telles que Berlin - 1936 - et Helsinki - 1952 -, aménagent de nouvelles infrastructures pour l’organisation des J.O. - Stade

Ces villes hôtes ont été concentré en une seule phase car elles sont très partiellement différentes les unes des autres. Elles ont nécessité peu d’infrastructures organisationnelles et ont souvent utilisé des édifices existants. De plus, avant les Olympiades de Los angeles de 1932, le village Olympiques n’existait pas. Ce qui limitait considérablement l’impact des Jeux sur la ville. En d’autre termes, jusqu’aux J.O. de 1932, ces manifestations n’engagent pas des investissements d’organisation très importants - quelques millions d’euros -, ni de concevoir des politiques de planification urbaine pré-Olympique et post-Olympique. Ceci est d’autant plus visible lors des trois premières Olympiades.

Ci-contre.. Photographies des divers villages Olympiques 15..Stade O. de Londres -1908 16..Stade O. de Stockholm -1912 17..Stade O. d’Anvers -1920 18..Village O. de Paris -1924 19..Stade O. d’Amsterdam - 1928 20..Stade O. de Paris -1924 21..Stade O. de L.Angeles -1932

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olympique et arénas - et tentent d’apporter, à d’autres déjà existantes, certaines aménités techniques pouvant améliorer l’accueil de quelques disciplines - athlétisme, gymnastique … -. Ainsi de nouvelles logiques structurelles tendent à apparaître - construction d’équipements spécifiques pour les J.O. et augmentation légère pour certains de leurs capacités d’accueil - sans pour autant engendrer de véritables impacts urbains dont nous pourrions en évaluer les répercussions dans la phase post-olympique. «Ce n’est pas à notre avis aujourd’hui possible de mener à bien l’idée du baron de Coubertin, que tous les athlètes doivent être logés ensemble dans un village olympique. Avec tous les bâtiments supplémentaires, magasins, salle à manger, chambres, cuisines. Les organisateurs auraient à construire non pas un village, mais une ville ... ». Les dirigeants d’Helsinki, à propos des Jeux Olympiques en 1952.

Ci-contre.. Photographies des divers es infrastructures Olympiques 22..Stade O. de Los Angeles -193223..Village O. de Mexico -196824..Village O. de Munich -197225..Village O. de Montréal -197626..Village O. de Moscou -198026..Village O. de Séoul -1988-

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PHASE 3- 1960 À 1984 - Villes hôtes: Rome, Tokyo, Mexico, Munich, Montréal, Moscou Et Los Angeles.

Période charnière du Mouvement Olympique. Des politiques d’expansion spatiale et économiques vont se développer, ce qui va accroître leur notoriété, leur visibilité, leur influence dans le monde du sport et bien sûr leurs revenus par le biais notamment des droits publicitaires et télévisuels. Ceci impulsé par de nouveaux acteurs qui vont aussi faire leur apparition tant sur le plan organisationnel - fédérations internationales - que sur le sponsoring - médias et commanditaires . Le contexte géopolitique va aussi s’accentuer tout le long des jeux et sera inévitable durant la guerre froide. Ce qui va freiner l’instauration de ces logiques spatio-économiques. En voici quelques dates historiques: En 1968, à Mexico Mexique-, Tommie Smith et John Carlos, coureurs de l’équipe amé­ricaine, manifestent contre la ségrégation raciale dans leur pays. Sur le podium, lors de la remise des médailles pour le 200 m, ils lèvent leurs poings gantés de noir et baissent la tête lorsque le drapeau américain est hissé. Par ce comportement, ils expriment leur sympathie pour le mouvement « Black Power » - le Pouvoir noir -. Leur acte leur vaut d’être renvoyés chez eux. En 1972, à Munich - Allemagne -, des terroristes palestiniens soutiennent la cause de leur peuple en prenant en otage des athlètes israéliens. L’histoire se termine par une tragédie avec l’exécution des otages. Les terroristes sont abattus par la police. En 1980, à Moscou - Union Soviétique -, les ÉtatsUnis d’Amérique appellent à un boycott général


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à la suite de l’invasion de l’Afghanistan par les troupes soviétiques. Les athlètes américains n’ont pas l’autorisation de participer aux Jeux sous peine de perdre leur passeport. À l’exemple des ÉtatsUnis, d’autres pays n’iront pas aux Jeux. En 1984, en réponse au boycott américain de 1980, les Soviétiques refusent de se ren­dre aux Jeux de Los Angeles - États-Unis d’Amérique -. Les raisons officielles données sont la commercialisation des Jeux et la sécurité non assurée des athlètes. Le coût des J.O. va augmenter aussi - plusieurs centaines de millions d’euros -, ce qui entraînera la mise en place de logiques de financements alliant des investissements publics et privés. En ce qui concerne les infrastructures, la hausse de leurs nombres va multiplié les impacts urbains et socioéconomiques sur les villes hôtes. On verra pour la première fois des quartiers urbains entiers transformés et réaménagés pour y construire le Parc Olympiques - Tokyo 1964, Munich 1972 et Montréal 1976 - Images 24 et 25 - mais sans toutefois y conduire des pouvoirs publics locaux pour les intégrer et les envisager dans des projets urbains à long terme permettant à la population locale de se les approprier. La gestion post-Olympiques n’est pas encore réfléchie. Ci-contre.. Photographies des divers es infrastructures Olympiques 27..Stade O. de Séoul -198828..Stade O. de Barcelone -199229..Village O. d’Atlanta -199630..Stade O. de Sydney -200031..Village O. d’Athènes -200432..Stade O. d’Athènes -200433.. Stade O. de Pékin -200834.. Village O. de Londres -201235..Stade O. de Londres -2012-

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PHASE 4 - 1988 À 2012 - Villes hôtes: Séoul, Barcelone, Atlanta, Sydney, Athènes, Pékin et Londres Cette dernière phase s’insère dans une logique de mondialisation du fait olympique, mais se réfère davantage à un phénomène de métropolisation de l’organisation de cet événement. La « course aux anneaux » se voit de plus en plus limitée aux grandes villes occidentales capables d’investir plusieurs dizaines de milliards d’euros pour accueillir les J.O. Malgré les efforts du mouvement olympiques face à cette explosion des coûts, en limitant la taille de ces compétitions - 10 000 athlètes maximum - de manière à permettre à un plus grand nombre de villes de pouvoir présenter leurs candidatures pour l’organisation des J.O. Parallèlement, les équipements nécessaires sont passés au nombre de 20 pour les sites sportifs, et autant, voire plus pour l’hébergement et la logistique. Ce qui explique l’expansion du coût des Jeux. D’autant plus que certaines infrastructures notamment le stade Olympiques- demandent des exigences techniques et architecturales de plus en plus pointues. Cela implique d’énormes impacts sur la ville, et les comités organisateurs, aidés par les instances olympiques, doivent penser et concevoir des projets urbains capables de s’intégrer à leurs villes. Ils doivent penser à la phase post-olympique. Certaines villes, comme Barcelone en 1992 ou encore Sydney en 2000, ont tentent d’utiliser l’organisation des JO comme effet « levier » pour reconvertir, réaménager et doter certains espaces métropolitains de nouvelles infrastructures de transport et de communications. En ce qui concerne les acteurs, ils prennent


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mieux en considération le patrimoine olympique en l’intégrant dans des projets plus globaux. Devant l’ampleur actuelle des Jeux, le Comité International Olympique cherche aujourd’hui à limiter la taille de l’événement et leur coût afin qu’il ne dépasse pas un seuil critique au-delà duquel les villes ne pourraient plus gérer «l’héritage olympique », mais les candidatures de Pékin 2008 et de Londres 2012 contredisent les orientations avancées. Dans cette dernière phase, on peut encore dénombré quelques coup d’éclat géopolitique. Par exemple, dernièrement, en 2008, lors des Jeux de Pékin, les médias du monde entier ont eu l’occasion de braquer leurs projecteurs sur la situation des droits de l’Homme en Chine et les tensions existantes entre le Tibet et la Chine se sont vues révélées et peut-être exacerbées par l’attention mondiale portée à la Chine. Mais on a pu voir aussi, que les Jeux Olympiques peuvent aider à améliorer les relations entre les pays ou les communautés. Lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Sydney Australie -, en 2000, la Corée du Sud et la Corée du Nord ont défilé ensemble sous un même drapeau. Cet acte n’a pas de précédent depuis que les deux États ont mis fin à leurs relations diplomatiques à la suite de la guerre de Corée - 1950-1953 -. Ci-contre Schéma, 36..Modèles d’analyse sur l’intégration des sites olympiques dans les villes hôtes, de la Thèse du Professeur et chercheur Romain ROULT, page 54, 2011 37..Acteurs présents dans le processus de planification des Jeux Olympiques d’été ,Thèse de Romain ROULT, 2011, page 58

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c..les impacts des Jeux Olympiques LE FINANCEMENT DES JEUX, LES DIFFÉRENTS ACTEURS: On est aujourd’hui dans un contexte devenu mondialisé où les coûts d’organisation dépassent dorénavant plusieurs milliards de dollars pour un mois d’épreuves - J.O. de Pékin 2008 et de Londres 2012 -. Les coûts colossaux nécessaires pour ériger ces installations obligent désormais ses concepteurs à les envisager dans un avenir post-olympique indispensable pour pouvoir les rentabiliser. Ceci nécessite un grand nombre d’acteurs issues du domaine public mais également privé. Dans le secteur public, COJO - Comités d’organisation des Jeux Olympiques - , les pouvoirs publics nationaux et locaux, en l’occurrence le pays organisateur, les différentes collectivités territoriales, et la ville hôte financent, en grande partie, les grands travaux urbains, et les insèrent, pour certains, dans des aménagements urbains à long terme - construction d’un métro, rénovation d’un quartier via le village olympique, etc.-. Mais ceux-ci travaillent également en étroite collaboration avec des partenaires financiers privés commanditaires locaux notamment -, ainsi que les différents architectes, urbanistes, et entreprises du bâtiment qui planifient et construisent les édifices et autres structures d’accueil et de transports nécessaires pour l’organisation de ces méga-événements.- Schémas 37, 38 et 39 -


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LES OLYMPIADES, UNE PLANIFICATION À L’ÉCHELLE D’UNE VILLE:

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une extravagance structurelle, architecturale et financière qui ne s’intègre pas à la ville et qui n’est pas rentabilisé dans la phase postOlympique

Ci-contre, Schéma, 38..Hausse des coûts d’organisation des Jeux Olympiques d’été de 1972 à 2008, Thèse de Romain ROULT, 2011, page 54 39..Phases de sélection et de planification des Jeux Olympiques d’été, Thèse Romain ROULT, page 54, 2011

Les J.O. sont organisés sur un intervalle de temps de sept années, à l’échelle d’une seule ville qui est élue au travers un processus de mise en candidature édifié, dirigé et approuvé par le Comité International Olympique - CIO -. La phase pré-Olympique est la plus délicate de tout le projet et en même temps celle qui conditionne son succès à long terme. C’est durant cette phase que l’on pose les bases du projet urbain, des infrastructures - Notamment le stade Olympique - et de l’héritage Olympique. Le projet urbain est dans l’optique de revitaliser certains quartiers en collant aux besoins locaux, - notamment en termes d’infrastructures de transports, de complexes résidentiels et récréotouristiques - . Ce qui rend cette compétition sportive à un réel grand projet d’aménagement. Il faut aussi gérer les infrastructures. Notamment en évitant de créer «l’éléphant blanc»¹, - exemple Pékin 2008 -. Construire un nouveau stade pour les Jeux est une chose, mais l’aménager pour l’après J.O. en est une autre. Les infrastructures doivent s’intégrer à la trame urbaine après les J.O. - exemple Barcelone - ne serais-ce juste pour rentabiliser le coût de sa construction. Aujourd’hui, le stade Olympique est devenu un élément de marketing urbain et certaines villes hôtes ne voient pas au delà. La gestion de l’héritage olympique - reconversion des équipements - est primordiale et dés la mise en candidature. Cette prise en compte, en amont, de l’impact des jeux, permet d’éviter «le syndrome cendrillon»¹. Une bonne gouvernance post-olympique équivaut à une bonne reconversion et renta-

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bilisation des infrastructures Olympiques. Les Jeux Olympiques d’été sont devenus depuis leur professionnalisation - Munich 1972 - l’événement sportif le plus médiatisé et le plus coûteux au monde conduisant ainsi une augmentation considérable de ses impacts sur les milieux urbains les accueillant. De plus, les exigences organisationnelles accrues du C.I.O., des Fédérations Internationales - F.I. - et des médias internationaux ne font qu’accentuer la complexité de ces jeux. Ces exigences demandent une gestion primordiale. La planification de ces jeux doit se faire à long terme (10 à 30 ans) pour rentabiliser au mieux les réalisations urbaines. Aujourd’hui, cet événement sportif majeur est désormais un projet urbain extrêmement complexe et dispendieux pour les villes hôtes et un travail préOlympiques devient actuellement incontournable. - Schéma 2 LES J.O., UN VECTEUR DE DÉVELOPPEMENT: Aujourd’hui, se joint au J.O., le concept de « méga - événement » qui explique le rôle de «levier» que procurent les J.O. au sens où ils permettent d’affirmer l’hégémonie et la puissance de certains territoires. Les J.O. sont par leurs exigences structurelles un fort vecteur de développement urbain qu’il faut indéniablement relier au domaine économique par des déclinaisons touristiques, d’essor du monde des affaires, de positionnement urbain international, etc. Ils permettent le développement du cadre de vie des citoyens par le biais de la construction de nombreuses et nouvelles infrastructures immobilières, de transport, de communication, etc.



LES JEUX OLYMPIQUES DE L’ÈRE MODERNE

¹ Une fois l’événement terminé, la

ville ne conserve pas toujours les atouts de sa splendeur.

Ci-contre, 40..Impacts des équipements olympiques sur les tissus urbains, thèse Romain ROULT, page 60, 2011

La contribution dans l’évolution des moyens de transport est incontournable devant un événement d’ampleur internationale. Jusqu’à présent, les Jeux Olympiques ont été organisés sur tous les continents, à l’excep­tion de l’Afrique. Ceci conduit à penser que les J.O., au travers des processus de planification clairs et adaptés aux spécificités territoriales, peuvent devenir de réels « catalyseurs » urbains. Dès l’instant, que le projet urbain ait une visée post-Olympique, les jeux peuvent prétendre être un fort vecteur de développement. Mais une mauvaise gestion de ces jeux peut vite avoir des retombées négatives. Notamment, si le «syndrome de Cendrillon¹» n’a pas été pris en considération dés le pré-Olympique. Les retombées économiques sont loin d’être évidentes. Elles sont souvent soldées dix ans après les jeux. Il faut tout de même garder à l’idée que les Jeux Olympiques ne font pas seulement référence aux domaines politique et économique mais dorénavant à celui de l’urbanisme. Les impacts immatériels des Jeux (image, notoriété, visibilité, etc.) sont trop souvent mis en avant et utilisés par les acteurs en charge de ces projets pour légitimer auprès des populations locales l’utilisation de fonds publics. Toute analyse, du fait post-Olympique, et notamment sur des questions structurelles, ne peut se fonder sur des logiques à court terme, mais plu-

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tôt sur des temps moyen et long (5 à 10 ans) beaucoup plus objectifs et reflétant davantage les réalités de reconversion et de réutilisation de ces équipements. - Schéma 1 -


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3.. BARCELONE, LE BASCULEMENT DES JEUX OLYMPIQUES À L’ÉVÉNEMENT

Choisi en 1986 pour être l’hôte des jeux Olympiques contre Paris, Barcelone, comme d’autres villes olympiques par le passé, a compté sur les jeux pour accélérer la modernisation de son infrastructure urbaine, créer un système de transports plus rationnel, et plus généralement, améliorer la qualité de vie à l’intérieur de la ville. Elle avait tenté par deux fois d’accueillir les jeux Olympiques mais sans succès. Ces tentatives successives ont permis toute fois à cette ville de travailler et d’approfondir son projet urbain et ses objectifs. Lors de la candidature de 1992, les arguments du comité organisateur étaient basées sur la réutilisation d’équipements existants et sur un ambitieux projet urbain de restructuration. Certains de ces objectifs ont été repris du projet de Gran Barcelona – Projet de l’exposition universelle de 1929 - . De même, l’idée d’orienter le développement de la ville vers la mer, alors qu’historiquement Barcelone s’était toujours étendue vers la montagne, date des années 60. Ci-contre, 41..Plan de la ville et de la rade portuaire par Miguel Moreno. A droite de la vieille-ville sur la presqu’île, le quartier de Barceloneta. Le quartier du Raval est sur la gauche de la Rambla, libérée de la muraille. 42.. «Barcino» de Joan Brossa, sur la plaça Nova du quartier gothique de Barcelone.

a.. Contexte historique Pour comprendre en quoi Barcelone est un modèle de ville hôte à suivre, il faut tout d’abord expliquer sa situation avant les jeux, son histoire. Ce qui permettra par la suite de se rendre compte de son évolution. Anciennement appelé «Barcino» - Image 42 - , Barcelone s’est développée sur une petite plaine littorale, le long des quelques 300 km de côte entre le delta de l’Ebre et le cap Cerbère. Ce site est aussi appelé le «Corridor». C’est la plus grande voie de passage, de communication et d’échanges entre l’Europe continentale et le monde ibérique au sud des Pyrénées. Sa position particulière favorisera son essor commercial dès le haut Moyen-Age. Au XVIIIe siècle, Barcelone est avant tout une cité marchande. Grâce à l’industrie textile, au XIXe siècle, elle devient la ville la plus industrialisée d’Espagne. C’est aussi à partir de ce siècle que le question du port commande la forme et le développement de la ville. Première grande opération sur la ville date de 1753, avec la construction du nouveau quartier de Barceloneta, à la place d’un taudis installés face au port. Le projet, dû à l’ingénieur militaire Juan Martin Cermeno, peut se résumer à deux idées très simples : d’une part la maison-type qui sert d’unité de base pour la construction du quartier et d’autre part la trame des rues qui définissent des bandes bâties composant le damier d’ensemble.


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BARCELONE, LE BASCULEMENT DES JEUX OLYMPIQUES À L’ÉVÉNEMENT

Ci-contre, 43..Plan d’Eixample de l’ingénieur Ildefons Cerdà - 1859. 44..Détails du dispositif des carrefours du plan de Cerdà et la hiérarchie des voies.

Cette dynamique s’intensifie dans les décennies suivantes et se répand vers de nouveaux territoires, le Raval notamment. Ce quartier longtemps perçu comme un espace suburbain éloigné du centre, va devenir dès la fin du XVIIIe siècle le théâtre des principales transformations urbaines. En commencement, par la démolition de la muraille intérieure (celle de la Rambla) puis en construisant des pièces majeures de l’architecture baroque et néoclassique de Barcelone sur la partie nord de la Rambla. Dix ans après, sera construit un grand axe longitudinal sur la partie sud du Raval, «le carrer Nou de la Rambla». En 1874, la ville dispose finalement d’un port avec la réalisation du projet de l’ingénieur des ponts et chaussées José Rafo qui avait été approuvé en même temps que celui de l’Eixample (extension) de la ville, conçu par Idelfons Cerdà en 1859. Ce projet réserve presque tout le front maritime (de la ville existante jusqu‘au fleuve Besos) à des usages ferroviaires en relation avec le port, donnant ainsi à toute la côte utile un caractère industriel et portuaire. Ce plan suit un dispositif d’îlots carré régulier 113 mètres sur 113 mètres. Les bâtiments sont biseautés à chaque angle. Ce qui créé des places. Seul accident de ce plan, «la diagonale» du Sud vers le centre. La trame vient englober les éléments existants et deux axes viennent recouper la ville historique pour la rattacher aux reste de la ville - la diagonale, la méridienne- C’est la trame la plus dense des villes Européennes - Images 43 et 44 -. Pendant plus d’un siècle, ce projet façonnera le développement et le paysage urbain du centreville tel que nous le connaissons aujourd’hui. Jusqu’en 1975, l’Espagne vit sous le régime de Franco qui impose aux collectivités des plans d’ur-

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banisme particulièrement bureaucratiques, tournés vers l’industrie et peu performants. De plus, Madrid s’oppose au développement de Barcelone, la capitale ne veut pas être en concurrence avec la ville catalane - Notamment par son activité portuaire- Cette situation va freiner l’évolution de la ville. En 1979, les premières élections municipales libres amènent au pouvoir une majorité de gauche qui propose une politique urbaine de concertation s’inscrivant délibérément dans la perspective d’un projet urbain qui valorise les aménagements d’espaces public - étant reconnu comme porteur de valeurs sociales et culturelles fondamentales - et repenser les prolongements du plan en damiers conçu en par l’architecte Cerdà -Découper, Tracer et Construire-. L’optique de cette époque est de se moderniser et rattraper le retard cumulé dans presque tous les domaines pendant la longue période de franquisme, et ce malgré une grave crise économique qui durera une bonne partie de la décennie 1980. En 1988, le Conseil Municipale met en vigueur le « plan stratégique » pour consolider l’élan économique de la décennie. Ils ont essayé d’associer à ce plan autant d’organisations publics et privées que possible. Le but de ce plan était de conforter Barcelone comme une métropole européenne entreprenante à partir de différents objectifs : Améliorer l’accessibilité interne et externe de la capitale de la Catalogne par le développement de ses infrastructures de transports. La priorité est accordée au projet de TGV, à l’extension de l’aéroport et du port maritime ; faire de Barcelone une cité touristique, commerciale et améliorer sa qualité de vie en mettant l’accent sur les équipements éducatifs


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¹ Extrait d’Interview des architectes de l’agence MBM - Expo Pompidou. Ci-contre, 45..Schéma personnel, des différents quartiers de Barcelone. 46..Carte topographique de 1924 montrant les principaux éléments du relief, et les fleuves Llobregat, au sud, et Besos au nord. 47..Schéma personnel de localisation des 4 aires des JO de 1992 en relation avec l’anneau viaire des Rondas. 1 – Le port et le village Olympique 2 – Le Monjuic 3 – Le val d’Hébron 4 - l’Hospitalet et l’Espluges

et culturels ainsi que sur l’environnement et l’habitat; Renforcer le secteur industriel et les services. Leur slogan était : « Barcelone, fais-toi belle ! » Ce plan va avoir des difficultés à se mettre en place au vue de la situation de Barcelone a cette période post-franquiste. Les architectes vont être confrontés à cet héritage. Mais la ville, privilégiée par son paysage et son architecture remarquables, possède aussi une culture urbanistique millénaire et souvent innovante. Ce qui sauvera Barcelone. C’est le conseiller du maire de la ville et le directeur des services d’urbanisme, Oriol Bohigas qui va contribué à la mutation de Barcelone, cette métropole portuaire qui, avant les jeux Olympiques de 1992, tournait le dos à la mer. Il va tout d’abord faire appel dans un premier temps à des étudiants en école d’architecture pour mettre en œuvre les projets urbains de la cité catalane. Mais il n’oublie pas toute fois pas de confier une partie de ses projets à des architectes espagnols de renom. Ces architectes Barcelonais se nourriront essentiellement de la culture urbaine d’Italie. Il va rapidement être confronté à la contrainte de temps - trois ans seulement-.Il aura comme but de ne délaissé aucun quartier historique - à commencer par Ciutat Vella, la vieille ville de Barcelone - et mettre en oeuvre une intervention dans l’ensemble du territoire. Ainsi avoir une politique urbaine plutôt homogène. La question de la ville se pose à l’échelle du territoire. En 1976, Juan Busquets succède à O. Bohigas, il va reprendre les idées de son prédécesseur en y introduisant l’idée de nouvelles centralités. La municipalité va favoriser cette mutation de la ville. En effet, dés 1976, elle va prendre soin d’acquérir de nombreux terrains, souvent des sites industrielles

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ou ferroviaires désaffectés, qui vont permettre une mise en oeuvre rapide des premiers projets. Au niveau de la topographie, la ville s’est développée sur le long du corridor, cette étroite frange délimitée par la chaîne du littoral et la mer, et entre deux fleuves : le Llobregat et le Besos. Seuls à traverser cette chaîne le long du littoral catalan, ils serpentent dans d’étroits ravins où se concentrent les principales infrastructures d’accès à la ville. La zone côtière utile à proximité de la ville est donc relativement exiguë et ses liaisons avec l’arrièrepays posent de nombreux problèmes. Les principales zones de développement métropolitain sont aujourd’hui situées derrière la montagne, le long du couloir pré-littoral, parallèle à la côte, de la frontière jusqu’à la ville de Tarragone. La zone côtière la plus proche de la ville est une frange d’une longueur d‘environ 40km et très étroite. La ligne de contact avec l’eau est une plage, interrompue seulement par la montagne de Montjuic, formation rocheuse isolée, à l’abri de laquelle fut fondée la première ville romaine. Il s’agit d’un littoral largement ouvert à la mer sans la moindre protection naturelle. - Image 45 -


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b.. Le plan stratégique, Barcelona en trois jours... réaménagements de grands axes existants, avec La préparation des jeux, entre 1980 et 1982, n’aurait jamais un tel succès sans l’engouement et l’investissement du Maire de Barcelone de l’époque, Pasqual MARAGALL. « P. Maragall était le client idéal, il comprenait la ville, il comprenait l’architecture de la ville. Il n’a exigé qu’une seule chose de nous : c’était de relier la ville à la mer. Il nous disait aussi que d’abord, il fallait se conformer aux exigences des jeux olympiques, puis qu’il fallait les oublier et penser à l’héritage.» ¹ L’important était d’investir dans la ville pour le futur, car les J.O. ne durent que trois semaines, et les jeux paralympiques de deux à trois semaines. Pour ce faire, le maire mis en place le «plan stratégique». Ce « Plan » est une association mixte, à la fois publique et privée, sans but lucratif, présidée par le maire lui-même. Sa mission est l’analyse stratégique de l’avenir du «Grand Barcelone» dans un horizon à long terme.

Ci-contre, 48.. Aménagement de la place de Trilla à Gràcia – J. Bach, G. Mora, en 1984 49..Schéma des 12 aires de nouvelle centralité proposées en 1987. 50.. Musée national d’art de Catalogne, lors des J.O 51...La via Laietana, percée au début du XXe S.

PREMIÈRE STRATÉGIE, le développement d’une culture du projet de l’aménagement de la ville. On va reprendre l’idée de O. Bohigas de travailler la ville par ses vides. C’est à dire reconstruire la ville par les espaces publics. D’autant plus, que le «vivre dehors» est important à Barcelone. On va appliquer des interventions minimales sur ces espaces, non démonstratif tout en requalifiant les espaces. On va développer le minimalisme Barcelonais. Entre 1980 et 1990, quelques 120 projets d’aménagement d’espaces publics les plus divers sont réalisés. Ce sont des parcs et des places de grandes dimensions autant que des petits espaces de proximité, des voies piétonnes, ou encore des

l’idée récurrente et novatrice - au début des années 1980 - «qu’une rue n’est pas une route». La rue va ainsi devenir à Barcelone un lieu de vie, d’activités et de relations, vecteur de nouvelles pratiques urbaines. Quelques réalisations les plus connues de cette période: La place devant la gare de Sants de Pinon&Viaplana, 1983, la petite placette Trilla Image 48 - de Bach-Mora, 1984, dans le quartier de Gràcia, la via Jùlia de Sola-Julià, 1986 et le parc Pagaso de Battle-Roig, 1986. Dans les quartiers nord de la ville, enfin la reconquête du quai principal du vieux port - le Moll de la Fusta, de Solà-Morales, 1987- transformé en promenade au bord de l’eau. Ces places sont des réussites car elles mettent l’accent sur l’esthétique architecturale grâce à un travail exigeant sur la configuration physique des espaces, les matériaux, le mobilier urbain et les limites. DEUXIÈME STRATÉGIE, la disposition des sites. O. Bohigas va raisonner différemment que les organisateurs de Munich - Site Olympique à l’écart de la ville - il va au contraire incorporé les sites Olympiques à l’intérieur de la ville, en quatre sites distincts. - Image 47 - Il va afficher trois objectifs: Rééquilibrer la partie Est, la zone industrielle et populaire en déshérence par rapport au caractère fort du centre-ville; Rééquilibrer la relation villenature, rapport avec les collines et comment se tourner vers la mer sans contact; De permettre aux citoyens des diverses couches sociales de bénéficier de l’amélioration des infrastructures et de la création d’équipements sportifs. Dans l’optique, que les jeux soient pratiqués par l’ensemble du territoire, pour qu’ils soient bien


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intégrés à la ville et que les infrastructures et les aménagements puissent facilement et rapidement être réappropriés par la population locale.

Ci-contre, 52..Croquis de l’aménagement du littoral – L’agence MBM 53..Coupe urbaine du littorale – L’agence MBM, agence D’Oriol Bohigas 54..Coupe urbaine du littorale – L’agence MBM 55..Photographie de l’aménagement du littoral.

TROISIÈME STRATÉGIE, la réorganisation et le réaménagement des infrastructures ferroviaires, routières et piétonnes pour rendre la ville plus fluide et dynamique. Pour ce faire, on a tout d’abord délocalisé la voie ferrée qui passait le long de la côte et réaménagé les gares. On a aussi réorganisé l’aéroport avec de nouveaux terminaux. Autre intervention, la création d’un anneau périphérique en partie souterrain permettant de relier les sites olympiques. Cette opération a permis d’améliorer la circulation en ville. Notamment, en donnant la priorité aux transports en commun et en renvoyant en sous-sol le trafic lourd. Elle a été prévue pour la ville par de nombreux plans, mais elle n’a jusquelà jamais été réalisée. Grâce à l’impulsion des jeux Olympiques; cette opération a pu s’étendre tout le long du littoral et même certains axes perpendiculaires au port. La plus grande partie souterraine de cet anneau qui longe le port, est la «Ronda del mar». Au dessus, l’Architecte Sola-Morales transformera le «Moll de la Fusta», véritable point noir de la circulation automobile barcelonaise, en une vaste promenade piétonne, en balcon sur le port. C’est la premier ouverture sur la façade maritime. Grâce à cette opération, toutes les plages ont été réaménagées et refaites avec des digues. Toujours au niveau du littoral, on construira la rue principale de Barcelone, le «Passeig Maritim», la promenade du bord de mer, parallèle au «Moll de la fuste», qui deviendra l’image de la ville. Le boulevard «Carrer de la marina» sera aussi

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réaménagé car il relie le port et le centre-ville. De plus, il est ponctué de repères monumentaux dont le plus célèbre est l’Église de La Sagrada Familia, et à son extrémité, de part et d’autre seront construit les deux plus haut gratte-ciel de Barcelone, et le village Olympique. Mais ce n’était que la première étape. Si cela pouvait être accompli, l’idée ensuite était de rallonger l’avenue diagonale, qui coupait la ville sur les plans originaux de Cerdà au milieu du XIXème siècle, jusqu’au front de mer, pour qu’elle perdure après les jeux O. On a prolongé l’avenue de Cerdà jusqu’à la mer, suivant l’exemple typique de l’extension barcelonaise. Ainsi le tissu urbain continuait de manière historique et traditionnelle. Tandis que les bâtiments correspondait à un type de construction actuelle ; c’était un échantillon d’architecture moderne. Pour pouvoir faire tout ceci et aller encore plus loin dans la définition de cette zone urbaine, on a changé, ou plutôt modifié la taille des îlots urbains. On est passé de l’îlot traditionnel au « superîlot », soit un ensemble de trois îlots urbains traditionnels. Grâce à cela, on a obtenu des espaces beaucoup plus grands à l’intérieur des îlots. On a construit le périmètre de ces super- îlots, plus ou moins ouverts, plus ou moins fermés, dans le but de garder les «rues-corridor», une caractéristique typique de Barcelone. En même temps, à l’intérieur des ilots, on a testé de nouveaux types de construction, comme par exemple des petites maisons à un étage ou des immeubles isolés, presque comme des tours. Ceci donnait un échantillon varié de types d’architecture et permettait aussi de faire participer un grand nombre d’architectes.


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Cette première étape de la métamorphose de Barcelone sera à l’image du projet olympique de la ville : audacieuse et ambitieuse. MODERNISATION de la COMMUNICATION : Les jeux ont entraîné par leur passage la modernisation des infrastructures de communication. En effet, dés 1989, l’ingénieur S. CALATRAVA construisa la Tour de communication de Montjuic pour transmettre la couverture télévisée des Jeux Olympiques. - Image 56 L’élégante tour est vite devenue un symbole des Jeux olympiques et de la ville de Barcelone. Calatrava a conçu une tour gracieuse et élancée en acier, qui s’élève de 136 mètres de hauteur. Sa forme rappelle de loin la silhouette d’un corps d’athlète et la base de la sculpture est recouverte de mosaïque, en référence à Gaudi. Détail particulier, l’orientation de l’antenne de l’Anneau Olympique joue le rôle de cadran solaire : son ombre se projette sur la Place de l’Europe qui se trouve à côté. A la même date, l’architecte N. FOSTER et l’ingénieur civil Manuel Julio Martinez Calzon Julià Vilardell, érigèrent la Tour de communications de Collserolo, de 268 mètres de hauteurs. - Image 57 - Cette tour futuriste possède une terrasse d’observation publique au niveau 10, qui surplombe la ville de Barcelone. Elle comporte aussi une salle de réception,

Ci-contre, 56..Tour de communication – S. CALATRAVA – Montjuic. 57..Tour de communication – N. FOSTER – Collserolo.

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un snack, une salle de polyvalente où l’on peut participer à des réunions d’affaires ou d’entreprises. Ces interventions en matière de transport et de communication ont permis d’ouvrir et de relier des espaces morts et des quartiers loin du centre. Le conseil Municipal a su développer des « nouvelles centralités » au sein de la ville. Dans l’objectif de créer dans ces zones, des lieux attractifs pour permettre l’implantation de services et renforcer le programme de réhabilitation sociale. On peut citer comme exemple, la « Nouvelle centralité » du NordOuest où se trouve, depuis les années soixante, la plus grande concentration de logements ouvriers. - Image 49 -


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c.. Un site, une histoire ... Une grande partie des sites olympiques ont été placés de façon à optimiser la rénovation urbaine de la ville mais aussi pour garantir qu’ils puissent être utilisés par la communauté après les jeux. Une société appelée « Barcelona Promocio » a été fondée pour gérer les quatre sites selon le plan « Cap sur 1992 » élaboré par la municipalité dès 1986, peu après la désignation de Barcelone par le CIO. Ce plan exceptionnel de régénération urbaine va s’articuler autour de quatre pôles olympiques du projet catalan - deux seraient construits sur les hauteurs de la ville et deux en bord de mer -. Ils seraient reliées par la « Ronda del mar ». Le front de mer situé prés des anciens Docks - délaissée par les précédents plans d’urbanisme - ; la colline historique de Monjuic - Ancien lieu d’exposition internationale de 1929, au sud -, le vallée d’Hebron au Nord-Est et lle campus de l’université Diagonale à l’ouest. Le maire et son équipe voulaient que la ville se développe vers l’est et vers la plage, plutôt que vers l’ouest, qui ne présentait aucun avantage pour la ville. Ci-contre, 58..L’anneau Olympique sur Monjuic avec notamment la tour de communication – S. Calatrava -, les piscines Bernat Picomell – F. Fernandez, M. Gallego -, le stade Olympique remodelé par F. Correa, le palais Sant Jordi couvert d’un dôme surbassé – A. Isozaki, 1990 59..Parc Olympique avec le stade Olympique en fond. 60..Le palais Sant Jordi.

LE SITE PRINCIPAL est celui de la colline de Montjuic - qui fut choisie en 1929 comme lieu de l’exposition universelle et où fut édifié le stade de l’olympiade populaire de 1936 alternative à celle de Berlin, annulé par le déclenchement de la guerre -. Cette falaise caractérise fortement la silhouette de la ville. Elle est un excellent mirador sur le front maritime et dispose d’un fonctionnement autonome. Cette zone s’affirme comme le lieu le plus représentatif pour la célébration des jeux Olympiques. Toutes les installations sportives les plus significa-

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tives y sont installées et c’est sans doute l’aire la plus somptueuse de toutes celles construites pour les jeux Olympiques. Le stade olympique de 1936, réhabilité par l’architecte italien Gregotti, peut recevoir 60 000 personnes pour les cérémonies d’ouverture et de fermeture des jeux - Image 59 -. À proximité se situe le palais omnisports de Sant-Jordi, conçu par le Japonais Isozaki - Image 60 -. Un large parvis conduit aux portiques néoclassiques proposés par Boffil pour l’université des sports. La piscine, les terrains de hockey et de baseball, les pistes d’entraînement et divers équipements complètent ce vaste ensemble qui est prolongé par le nouveau parc du Midi, comprenant un jardin botanique et un auditorium de 100 000 places. - Image 58 LE DEUXIÈME SITE, celui du littoral Barcelonais. On y retrouvera le village Olympique qui sera construit près du vieux-port à la place d’une zone de friches industrielles et de voies de chemin de fer de Poble Nou, où la vie sociale y était quasi absente. Ce quartier était devenu un lieu infréquentable et sujet aux inondations. Il occupe plusieurs îlots, tronqué par la diagonale de Avingula - Avenue en Catalane - del Bogatell. Le volume principale longe les rues de part et d’autre de l’îlot dont chaque coin est biseauté Le choix de placer les logements destinés à accueillir «la famille Olympique» pendant la célébration des jeux dans cette zone de la ville a été dans l’objectif d’améliorer le système général des égouts qui confluaient surtout dans ce secteur et de résoudre ainsi l’épuration des eaux usées de l’ensemble de la ville. De plus, le choix de la zone du «Poble Nou» obligeait à résoudre le tracé de la «Ronda del Mar»,


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Ci-contre, 61..Croquis de prémices du projet du port Olympique – L’agence MBM 62..Le « Peix » de Frank Gehry. 63..Le centre météorologie – A. Siza 64..Le village Olympique, le long du port Olympique. 65..L’avenue Icària à vila Olimpica, avec les pergolas de l’allée centrale – E. Miralles, 1992 -

qui relie le site côté mer, le montjuic et le village Olympique. Elle permet de desservir les plages, un centre de services commerciaux et hôteliers, le port de Nova Icaria et des îlots de logements. La Municipalité va profiter de ces jeux pour moderniser et sécuriser les quartiers historiques de la ville, à l’exemple de « Raval » ces deux mille logements et deux tours de 44 étages, l’une destinée à un hôtel de luxe et l’autre à des bureaux, deviennent les bâtiments phares du quartier. Le Palais des congrès, le nouveau port de plaisance avec 743 anneaux et, surtout, le parc de 50 hectares complètent l’ensemble. Ce village servira à donner un nouvel usage à une grande partie du littoral barcelonais et de basculer les centralités du coeur de l’aire métropolitaine, en les portant vers l’Est de la ville. Il permettra aussi de rentabiliser de grands secteurs urbains, pour pouvoir accomplir une transformation du VieuxPort, pensée initialement davantage comme une simple opération immobilière que comme un lieu emblématique de la ville. Par ailleurs, «le but de ce village était aussi de créer un quartier à part entière. Le village O. ne devait pas être renfermé sur lui-même, ce devait être un quartier qui, après les jeux O. pourrait parfaitement s’intégrer à la ville de Barcelone.» MBM Bien sur cette opération n’est pas un exemple sans point négatif, risques et difficultés : Tout d’abord, l’expropriation d’une grande superficie de terrain occupée principalement par de grandes industries en activité; ou encore le tracé aérien et souterrain du train côtier; la construction d’un grand collecteur traversant toute la zone et d’un système complexe contrôlant les eaux usées jusqu’à la nouvelle station d’épuration; et enfin

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l’expropriation de terrains occupés et l’urbanisation d’un grand axe de circulation des bâtiments du village olympique ont été réalisées dans un temps record, non seulement par rapport au reste de la Catalogne, mais en règle absolue. Une fois arrivé sur la place, on peut voir en descendant vers la plage, le « Peix » (poisson), sculpture en cuivre de Franck Gehry mesurant 35 m sur 54 m - Image 62 -. Monument emblématique des JO de 1992. Mais aussi, le bâtiment d’Alvaro Siza, le centre de météorologie - Image 63 -. Aujourd’hui, ce quartier résidentiel, est devenu une marina plutôt haut de gamme. Il s’étend exactement de la plage de la Barceloneta jusqu’à celle de Nova Icaria dans le quartier de Sant Marti.​ Cette première étape de la métamorphose de Barcelone sera à l’image du projet olympique de la ville : audacieuse et ambitieuse. Elle va permettre d’ouvrir la ville sur la mer sur plus de 100 hectares. LE CAS DU VIEUX-PORT: Le projet du Vieux-Port n’était pas compris dans le projet olympique et n’a rien à voir avec cet événement. De même, il n’était pas envisagé dans la planification urbanistique de la ville. Il apparaît comme le fruit de l’euphorie des projets Olympiques. Le port de Barcelone qui fut un acteur économique majeur aux XVIIIe et XIXe siècles, son rôle s’estompa dans les premières décennies du XXe siècle. Bien qu’il fut l’un des principaux ports espagnols, son rôle internationale est resté limité. De plus, il était à cette époque, spatialement et socialement, faiblement intégré à la ville. Cela peut s’expliquer par son insuffisante liaison avec le ré-


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Ci-contre, 66..Le stade Camp Nou, à l’ouest de la diagonale. 67..Le vélodrome de E. Bonell et F. Rius au val d’Hébron.

seau de chemin de fer et la diminution d’employés dans les activités portuaires. L’extension du port au sud de la ville a, en outre accentué davantage la coupure entre le nouveau site portuaire et le centre de Barcelone. Mais il va aussi imposer une redéfinition des usages sociaux du Vieux-Port, vers des activités plus orientées vers la consommation et les loisirs. Ce qui entraînera, non seulement la réappropriation d’espaces publics centraux, mais aussi une remise en valeur de toute la zone. Dans ce contexte, le front de mer est devenu le principal support de la « gentrification » sociale du centre ancien. Phénomène urbain que l’on peut retrouver dans le vieux quartier de la Barceloneta. Ce quartier, construit au XVIIIe siècle, accueillit pendant des décennies les ouvriers du port. Malgré les années et son changement de fonctions passant d’une activité industrielle à une activité de services et de restauration, ce quartier a su garder sa personnalité. La population de la Barceloneta est très attentive à l’évolution de son quartier et s’est souvent opposée dans les années soixante-dix à la revalorisation sociale de la zone. C’est par une redéfinition du projet et avec une participation active des habitants que le projet a pu se faire. Le Conseil Municipal souhaite que ce Vieux-Port devienne une « nouvelle centralité » permettant le renouveau du centre traditionnel par le développement d’espaces publics et d’un centre d’affaire privé. Pour certains détracteurs du projet, en dépit du contrôle des opérations exercé par le Conseil Municipal, les gros investissements publics consacrés au vieux port risquent de se faire au détriment d’autres quartiers de la ville. D’où l’importance du plan stratégique pour articuler ce projet dans le dé-

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veloppement global de la ville. LE TROISIÈME SITE, le val d’Hébron, à l’aplomb de la montagne au nord de Barcelone. Ce secteur a longtemps été une zone résidentielle avant que la spéculation immobilière des années 1960 n’y élève des barres et des tours d’habitation dans le cadre d’un vaste projet interrompu par la crise des années 1970. La vocation sportive de ce secteur débute avec la construction en 1984 du vélodrome de 6500 places pour le championnat du monde de cyclisme, remarquable création des architectes Esteve Bonell et Francesc Rius - Image 67 -. Les architectes barcelonais complètent le quartier en créant les installations sportives pour le tir à l’arc, le volleyball et le tennis, ainsi que des habitations, un parc urbain et un bâtiment central réservé à la presse et aux arbitres. LE QUATRIÈME SITE, se situe à l’extrémité ouest de la diagonale dans la zone de l’Hospitalet et l’Espluges. Une opération de rénovation urbaine permet de désenclaver un secteur de 30 hectares et de réaliser un nouveau quartier à proximité du stade de 120 000 places du Nou Camp, fief du Barça, un des grands clubs européens de football - Image 66 - ; une ville équestre est édifiée, renforçant le caractère sportif de l’ensemble. C’est aussi , le lieu où l’on va réorganiser les infrastructures ferroviaires et l’exécution d’une partie de la «Ronda». CONCLUSION : Au total, la démarche urbanistique mise en œuvre à Barcelone est exemplaire de la volonté de mêler, dans la mesure du possible, projet de ville et projet urbain.


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Cette ville hôte a su redonner de la valeur aux espaces publics et à tout ce qui lie les bâtiments, les quartiers et les fonctions urbaines entre eux. Elle a su concilier l’organisation d’un événement sportif, l’accueil de centaines de milliers de visiteurs et de sportifs et la restructuration urbaine d’une ville conçue sur un plan en « damier » et qui avait souffert de la bureaucratie franquiste. Ces jeux ont montré une ville nouvelle et passionnante. Ce qui a aidé l’Espagne à améliorer son image à travers le monde. Ces jeux ont incontestablement servi de tremplin à une ville transformée, poumon économique de l’Espagne et quatrième ville d’affaires d’Europe. Mais au-delà de la seule ville de Barcelone, c’est l’ensemble de l’Espagne qui a surfé sur la vague « olympique » en 1992, à l’exemple de Madrid, « Capitale Européenne de la Culture »et de Séville, hôte de l’Exposition Universelle. Barcelone est devenue un modèle à suivre pour les villes hôtes des jeux Olympiques futurs. C’est une ville qui a su grandir de cet événement mondiale. Elle a su regarder au delà du laps de temps de ces jeux. En effet, elle a appréhendé le post-Olympisme et a tiré a profit toutes les constructions et rénovations urbaines. Elle a utilisé les jeux en son escient et surtout apprendre d’eux. La communauté sportive de Barcelone a appris un savoir-faire organisationnel et technique pendant les jeux, ce qui a

Ci-contre, 68..Croquis du port et village Olympique - Agence MBM -

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permis à la ville de mieux gérer ses installations et organisations sportives suivantes. Elle a su se transformer pour accueillir au mieux les jeux Olympiques sans pour autant perdre son caractère local. Notamment en gardant le catalan comme l’une des langues officielles des jeux.


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4.. BARCELONE, UN MODÈLE OLYMPIQUE

A.. LE POST-OLYMPIQUE BARCELONAIS On ne peut pas affirmer que les Jeux Olympiques ont toujours été des exemples de réussite sur le long terme. Par exemple, les J.O. de Montréal, Athènes voire Pékin, ne constituent pas, pour des raisons diverses, des modèles à suivre. A l’inverse, les experts reconnaissent que les J.O. de Barcelone constituent une référence quant à l’impact à long terme de ce grand événement sportif. Elle a prouvé qu’il était possible de se servir de l’événement pour remodeler profondément et durablement une ville. Ces Jeux, comme l’a été dit précédemment, ont de certains avantages et pas des moindres - Par exemple, l’avantage d’être un catalyseur de projet - C’est pourquoi, les villes du monde entier font tout pour devenir une ville hôte. De plus, l’image de Barcelone post-Olympique les font envier.

Ci-contre, 69.. Le stade Olympique lors des «X Games» de 2013. 70..Le parc Olympique aménagé pour l’occasion des «X Games» de 2013. 71..Les «X Games» organisé au pied de la tour de communication.

Barcelone n’était pas partie gagnante avant les jeux. Personne aurait parié sur le succès de cette ville sortant à peine d’une dictature. C’était une ville en déclin. Elle tournait le dos à la mer, comportait de nombreux quartiers pauvres et de quartiers industriels désaffectés. Son architecture était totalitaire ou tournait vers l’industrie. «Quand la candidature de Barcelone a commencé à être poussée, au début des années 80, on parlait de la ville comme si c’était le Titanic - sur le point de couler, dit Ferran Brunet, professeur d’écono-

mie à l’Université autonome de Barcelone. C’est maintenant tout le contraire: c’est devenu une ville de référence qui a une bonne presse, une image de marque très prisée. C’est le fait des Jeux olympiques.» Comme le dit Ferran Brunet, Barcelone a été un succès. Si on regarde « l’état des lieux » postOlympique de la ville, on comprend pourquoi c’est une ville de référence. Premier tour de force, aucun des équipements n’a sombré dans l’obsolescence. Sur la colline de Montjuïc, le Palais omnisports de Sant Jordi, le Stade olympique, les piscines, qui avaient fait forte impression, avec la patte des architectes catalan Ricardo Bofill et japonais Arata Isozaki, fonctionnent à plein temps. Le Palau Sant Jordi, qui peut accueillir près de 20 000 personnes, est très régulièrement utilisé pour diverses manifestations sportives. Il accueillera ainsi les prochains championnats du monde de natation en juillet prochain. Et de nombreux concerts (Madonna, Shakira,…) y sont également donnés. Cette enceinte sportive, construite à l’occasion des Jeux olympiques, organisés à Barcelone en 1992, est l’un des nombreux héritages fructueux que cet événement a laissé dans la cité catalane. Le stade olympique Lluís-Companys, a longtemps abrité le deuxième club de football de Barcelone, l’Espanyol, avant que celui-ci fasse construire une nouvelle enceinte. Plus récemment, il a aussi abri-


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Ci-contre, 72.. Le projet de N. Foster pour la rénovation du stade Camp Nou. 73..La Tour Agbar de Jean Nouvel - 2004 -. 74..La reprise des travaux de la sagrada familia.

té les championnats d’Europe d’athlétisme en 2010 sur sa piste, considérée comme l’une des meilleurs du monde, et où le sprinteur français Christophe Lemaitre s’était illustré. Le stade a même pu être rénové à l’occasion de ce Championnat. Cette année encore, on peut voir que ces infrastructures ont une deuxième vie après les jeux. Lors du mois de mai 2013, sont organisés les «X Games de Barcelone » - Images 69, 70, et 71 - , un événement international réunissant sport extrême et musique. L’événement se déroule dans les différentes installations Olympiques du Montjuic. En ce qui concerne le village Olympique, en front de mer, il est devenu un quartier résidentiel de 1 800 appartements, tous vendus après les jeux. Les quartiers historiques – la vieille-ville, par exemple – et les anciens quartiers industrielles sont revitalisés et sont devenus des quartiers vivants qui reçoivent de très nombreux visiteurs en toute saison. Autres exploit, de l’équipe de la Municipalité, elle a su prolonger l’impulsion des projets acquise par les jeux. Les chantiers ne se sont pas arrêtés après les jeux. Au contraire, on les a continués et on a même lancé de nouveaux projets. La ville n’a pas stoppé son élan. Elle a continué à se développer. Tout d’abord, le grand chantier de la reconquête du front de mer du Poble Nou a été continué. Sur les terrains d’anciennes grandes industries est lancé un concours visant à choisir un modèle d’ordonnancement pour la construction de logements front de mer. Cette opération prolonge la première transformation du littoral réalisé lors de la création du village olympique. Ensuite, on a pu voir une nouvelle réflexion sur les infrastructures portuaires et aéroportuaires de la ville à l’échelle métropolitaine, devenue insuffisante

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pour soutenir le redémarrage économique - après un léger creux en 1992 et 1994 - des secteurs industriels et tertiaires. A partir de 1995-1996, l’activité immobilière privée va aussi suivre la vague impulsée par les J.O.. Elle va prendre un rythme et une importance qui la font dépasser celles du secteur public. Ce dernier a en effet été longtemps le principal acteur de la construction urbaine, le temps du fait des travaux liés aux J.O.. De plus, L’organisation du premier événement médiatique de la planète a également permis à Barcelone de faire venir en Catalogne, quelques uns des grands noms de l’architecture mondiale. La « Baleine » en cuivre de Frank Gehry s’est échouée dès 1992 sur le front de mer avant la « Tour Agbar » de Jean Nouvel, 2004 - Image 73 - et de la rénovation du célèbre « Camp Nou », le mythique stade du FC Barcelone, par Norman Foster - qui sera malheureusement abandonné en 2010 à cause de la crise économique de l’Espagne, Image 72 -. Mais va aussi favoriser la reprise des travaux de construction du dernier des grands ouvrages de Gaudi, l’église de la Sagrada familia, restée inachevée au moment de la mort de l’architecte en 1926 - Image 74 -. Quant à l’anneau périphérique et à la modernisation des transports, ce fut la plus belle réussite de la ville. Aujourd’hui la circulation dans la ville est désengorgée. La modernisation des différents moyen de transport a dynamisé la métropole. Sans compter que l’immense promenade piétonne le long du littoral est devenue un des symboles fort de Barcelone. Une autre performance des Barcelonais, la politique de création et de réaménagement des es-


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paces publics. Elle a eu pour conséquence l’émergence d’une génération d’architectes très créatif, parmi lesquels Batlle-Roig, Arriola-Fiol,Tarrasso, Henrich, Artigues. Des 2001, un dépliant-court sur les espaces publics les plus représentatifs, publié par la ville de Barcelone, recense environ 150 réalisations reparties à travers tous les quartiers. Grâce à cet après 1992, ayant été plutôt bien gérer, le tourisme n’a cessé d’augmenter à Barcelone, la ville bénéficiant d’une très bonne image à l’extérieur et ayant misé sur le développement qualitatif pour renforcer son attractivité. D’autant plus que la capitale catalane a gagné sa place au soleil en se hissant au 16e rang des villes les plus visitées du monde par les touristes étrangers. Les Jeux ont offert une image forte à la ville qui combine la magie de la culture, du loisir, des plages, de l’architecture et de l’art. Cette explosion du tourisme a amené des activités, ce qui a été porteur d’emploi. Entre 1986, date de l’attribution des Jeux à la capitale catalane, et 1992, le taux de chômage a été divisé par deux - de 18 à 9% - . La dette des J.O. Aurait été remboursé depuis 2007. Par la suite, la ville a fêté chaque anniversaire des Jeux Olympique. 20 ans après, la ville tire encore

Ci-contre, 75.. Une des réussites postOlympiques de Barcelone, l’aménagement du littoral.

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profit des retombées des Olympiades, tant en terme de renommée que d’amélioration de ses infrastructures. Même la crise financière qui frappe l’Espagne semble à peine égratigner Barcelone, soutenue par une industrie touristique florissante, avec près de quatre millions de visiteurs par année. Aujourd’hui encore, la population reconnaît en Pasqual Maragall, maire de 1982 à 1996, la figure à la fois charismatique et familière qui incarne le grand renouveau de Barcelone.


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B.. LES RAISONS DU SUCCÈS DE BARCELONE : quête de reconstruction du front de mer, on a dû La meilleure explication de la réussite des Jeux de 1992 peut se résumer en une petite phrase de cinq mots: Barcelone en avait cruellement besoin. «Il y a des villes qui n’ont pas besoin des Jeux pour améliorer leur situation, dit Josep Ramoneda. Paris, avec ou sans JO, serait le même. La Barcelone des années 80 était une ville qui sortait de 40 années de franquisme, elle avait plein de problèmes de base au chapitre de l’organisation urbaine. Toute la ville a été mise en chantier, on a tout mis dans le sac olympique.»

Ci-contre, 76.. La reconstruction du front de mer. 77..La carrer de la Marina, une des voies de Barcelone qui a été modernisée. 78..Le port Olympique qui a permis, à la ville, de s’ouvrir sur la mer. 79..Le front de mer de Poble Nou.

Barcelone doit sa réussite post-Olympique à son plan stratégique. Dont il prévoit, en amont, l’impact des jeux sur son territoire. Son travail pré-Olympique était déjà ciblé sur l’héritage. Dés le départ, la municipalité a compris l’importance de la réutilisation des infrastructures après les jeux et à de suite investi dans la ville pour le futur. Pour reprendre une nouvelle fois les architectes de l’agence MBM : « Il nous disait aussi que d’abord, il fallait se conformer aux exigences des jeux olympiques, puis qu’il fallait les oublier et penser à l’héritage ». De plus, les décideurs ont inclus l’événement dans un projet territorial global au niveau de l’agglomération et de la Catalogne. Notamment en incorporant quatre sites distincts à l’intérieur de la ville. L’objectif de la métropole était tout simple: utiliser les Jeux comme levier pour se payer tout ce qui lui faisait défaut. Tout en collaborant avec les associations de quartier, ne voulant pas casser la toile urbaine. Une des raisons du succès Barcelonais, son objectif premier, s’ouvrir sur la mer. Dans cette

remodeler une épaisse frontière qui séparait Barcelone de la Méditerranée. Là, où on pouvait trouver des bidonvilles, des industries, des lignes ferroviaires, aujourd’hui, il y a sept ou huit kilomètres de plage. On a profité de ces jeux pour remplacer les vieux quartiers, industriels et délaissés pour investir dans les infrastructures, les services, les hôpitaux, les écoles et les parcs. Stratégie reproduite dans les quartiers historiques pour revitaliser le centre-ville. Autre explication de la réussite post-Olympique, la modernisation des transports avec un anneau périphérique en partie souterrain reliant les quatre principaux sites olympiques, ainsi qu’un impressionnant réaménagement ferroviaire et aéroportuaire. Du fait que les infrastructures sportives n’ont représenté que 9% des investissements. On a ainsi construit le périphérique qui a permis de désengorger les artères du centre-ville. «On a rationalisé la circulation avec la construction de ce lien routier que Barcelone n’avait pas » explique Josep Ramoneda, philosophe, journaliste et directeur du Centre de culture contemporaine de Barcelone. Ces 9% d’investissements pour les infrastructures sportives s’expliquent par la philosophie centrale - la régénération urbaine - . « On ne construit pas de toute pièce, on profite de ce qu’il y a sur le territoire pour le reconvertir et le régénérer, pour les besoins locaux.» Oriol Bohigas. Enfin, le financement de ces jeux va contribuer cette réussite. En effet, le partage du financement entre les fonds public et privé aux aider l’impulsion des divers projets. Ainsi que la commercialisation des Jeux de Barcelone qui va aussi participer aux financements .


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C.. C’EST BARCELONE QUI FAIT ÉCOLE... Pour démontrer l’influence du modèle Barcelonais sur les villes hôtes du XXIeme siècle. Une étude de cas sur chaque ville qui ont suivi les jeux Catalans, va être relaté dans les chapitres suivant. - L’élève Atlanta, l’élève Sydney, l’élève Athènes, l’élève Pékin, l’élève Londres, et l’élève Rio de Janeiro - Cette analyse va expliquer l’idée insufflée par la phrase «C’est Barcelone qui fait école».

a.. Élève Atlanta – Session 1996

Ci-contre, 80.. L’ancien Turner Field et la Philips Arena. 81..Les JO de 1996 étaient le centième anniversaire de leur rénovation. 82..Le pavillon sponsorisé par la multinationale Coca-Cola. Coca-Cola était l’un des plus gros sponsor de ces jeux. 83..Modèle satellitaire.

Les XXVIème olympiades de l’ère moderne se déroulèrent dans la ville d’Atlanta, aux Etats-Unis . Le choix de la ville à surtout été fait car elle avait déjà de nombreuses infrastructures de qualités et car le siège social de Coca-Cola s’y trouve, la marque qui, depuis 1928, soutient les Jeux - Image 82 -. Cette ville hôte a été un succès partiellement. Elle a pris quelques bases de son prédécesseur Barcelonais. Pour commencer, le maire de la ville à l’époque, Billy Payne, voulait léguer «un lieu qui, pendant les Jeux, serait un lieu de rassemblement autour du sport et qui serait un héritage symbolique et durable pour la ville» . Tout comme Barcelone, les maires des deux villes voient plus loin que les Jeux-Olympiques, évitant ainsi le « syndrome de Cendrillon». Son intégration des sites Olympiques suit le modèle satellitaire - Image 83 -. Il a été identifié qu’une seule fois par Atlanta. Il présente une forme de

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réglage régional, avec un grand nombre de sites regroupés sur un site olympique loin de la masse urbaine principale et d’autres dispersés ou partiellement en groupe dans la région métropolitaine. Au niveau du financement, on se base aussi sur le modèle Barcelonais. En effet, ces jeux furent financés presque exclusivement par des fonds privés environ 600 millions de dollars sur les 2 milliards de coût des Jeux - mais aussi par les fonds des pouvoirs publics. Cette ville d’Atlanta a, elle aussi, utilisé des infrastructures existantes mais à pousser cette carte plus loin que Barcelone. La ville possédant déjà quelques infrastructures, il lui a juste fallu en construire quelques unes et agrandir celles déjà existantes. Mais elle a aussi utilisé cette stratégie pour le village olympique. Il fut établie dans la Georgia Institute of Technology et la Georgia State University, qui sont maintenant des universités de la ville. Les dirigeants étaient dans l’optique d’éviter au maximum les impacts des grands infrastructures sur leur ville. Quelques quartiers ont été rénovés mais, d’une manière générale, la physionomie de la ville, qui possédait déjà presque toutes les infrastructures nécessaires pour accueillir les JO, n’a pas muée. Ils ont voulu aussi éviter de créer un « éléphant blanc ». C’est pour cette raison qu’ils ont pris la décision extrême de démolir à la fin des jeux leur stade Olympique. Aujourd’hui, il ne reste presque rien du stade olympique bâti lors des Jeux de 1996 - seul grand chantier lancé pour l’événement, qui avait coûté 1,15 milliards de francs à la ville américaine - . Dès le départ, il était prévu qu’il serait partiellement détruit et que la piste d’athlétisme serait transformée en stade de base-ball Images 84, 85 et 86 -. Aujourd’hui, appelé Turner


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Field, cette piste est encore utilisée - Image 80 -. Autres principaux stades construits pour l’événement - la Philips Arena et le Georgia Dome - ont réussi leur transition vers un usage « après jeux », et accueillent maintenant les équipes de baseball et de football de la ville.

Ci-contre, 84.. Ancienne emprise au sol du stade Olympique. 85..Le stade Olympique avant sa destruction. 86..La destruction du Stade Olympique.

Les jeux ont été l’occasion pour Atlanta, à l’exemple des jeux de 1992, d’obtenir des fond et donc aménagé des espaces publics. Notamment pour rénover les rues de la ville - routes, éclairages … - Mais aussi, de construire un des plus grand espace vert en milieu urbain des Etats-Unis, 8 500 hectares, le Centennial Olympic Parka. Ce fut la pièce centrale du plan de revitalisation, attirant dans sa périphérie de nouveaux gratte-ciels – que l’on peut rapprocher aux deux tours de Barcelone construites pour les J.O. - et un musée. Ce parc Olympique, qui attire chaque année des millions de visiteurs, a transformé une zone industrielle en déshérence en un nouveau quartier urbain ouvert au divertissement et aux rassemblements populaires durant les Jeux et après. Ce qui s’apparente à la promenade piétonne de la ville Espagnol. Autres liens avec 1992, les 500 millions de dollars qui furent investis en nouvelles places et promenades, qui a complètement modifié l’aspect d’Atlanta. En ce qui concerne la communication, Atlanta a dépassé son maître. Déjà avant les jeux, c’était une ville très visitée et un secteur clé dans la communication. De nombreux sièges sociaux y sont situés avec par exemple ceux de Coca-Cola, CNN et Bell South - entreprise de télécommunication américaine -. Les Jeux Olympiques ont donc seulement renforcés et confortés la croissance économique

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et la renommée internationale de la ville. Point négatif de cette ville hôte, l’aménagement du réseau des transport qui a été un échec. Le manque d’organisation et de développement des réseaux de transport de la ville avant les Jeux s’avéra un des gros points faibles de cet événements. En effet, cela provoqua de nombreux problèmes de retard d’athlètes pour les épreuves et donc un emploi du temps qui fut difficilement respecté. Les Jeux olympiques d’Atlanta sont un exemple de réussite car cela a permis à la ville de faire un profit de 5 milliard de dollars. Cet énorme boost économique a permis à la ville de connaître une croissance énorme en 10 ans. Elle a pu grâce à cela construire de nombreux immeubles de bureaux, de tours de logement, des parcs et des zones commerciales. Cela a aussi permis d’attirer de nombreuses entreprises, alors qu’elle comptait déjà le siège social de Coca-Cola et de CNN. De plus, 20 % des taxes générées par les jeux ont été investies dans la revitalisation de certains secteurs les plus pauvres de la ville. Ils n’ont laissé aucune dette mais une série d’équipements en héritage, financés par le privé que la ville n’aurait jamais pu espérer acquérir autrement. Les jeux d’Atlanta ont été un succès en partie car ils se sont basés sur plusieurs stratégie Barcelonaise – L’utilisation d’infrastructures existantes, le financement public et privé, l’aménagement d’espace public et la prise en compte de l’héritage - Mais ils ont su aussi se différencier par le biais du village Olympique, de son modèle satellitaire, de son réseau de transports et de la démolition


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du stade Olympique. Même si certaines n’étaient pas non plus les stratégies les plus appropriées. En évitant tout impact sur la structure urbaine, Atlanta a freiné l’impulsion créée par les jeux. Alors qu’elle aurait pu développer un quartier en utilisant le village Olympique, elle a ressorti une stratégie du passé, utilisait une infrastructure existante en tant qu’hébergement. La démolition du stade est aussi une décision aberrante surtout en y investissant autant d’argent. Il n’en reste pas moins que la partie basée sur la ville hôte de Barcelone a été un franc succès.

Ci-contre, 87.. Parc Olympique de Sydney. 88..En haut de l’image, le superdome - gymnastique, basket, etc... -.Au centre, le stade Olympique principal pour l’athlétisme, le foot, etc...En bas à droite, on distingue le centre aquatique - Natation, Plongeon, etc... 89..Le modèle en jointure.

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b.. Elève Sydney – Session 2000 Les Jeux Olympiques de l’an 2000 se sont déroulés en Australie. C’est la deuxième participation de ce pays en tant que ville hôte. La première s’était déroulée en 1956 à Melbourne. Cette ville s’est aussi inspirée de Barcelone sur plusieurs points. Elle a été un grand succès malgré quelques soucis d’héritage Olympique. Pour commencer, Sydney a opté pour un modèle d’organisation reprenant les principes de partenariats public-privé dans une optique de régénération urbaine, utilisée notamment à Barcelone en 1992, tout en suivant aussi la politique du « no-impacts ». Ensuite tout comme Barcelone avec le plan stratégique, Sydney a créé dés le départ un organisme, le « Sydney Organising Committee for the Olympic Games » (SOCOG). Celui-ci eut pour principale fonction de planifier et de financer ces J.O. de 2000 via un budget initial de 1,5 milliards de dollars. Ils ont intégré les sites Olympiques selon le modèle de Jointure - Image 89 -. Modèle propre à Sydney. Ce modèle présente une forme d’association régionale, dans laquelle de nombreux sites sont regroupés autour de la principale zone olympique, tactiquement situé entre deux masses urbaines. D’autres sont dispersés ou partiellement regroupés dans la région métropolitaine. Il a peu d’impacts sur l’organisation globale de la ville, mais permet par contre la régénération et l’amélioration de l’accessibilité des territoires visés par ces aménagements. Deux principaux sites urbains furent choisis pour implanter la plupart des installations olympiques, en l’occurrence les quartiers de Homebush Bay et de Pyrmont Ultimo, respectivement distants du


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Ci-contre, 90.. Stade Olympique de Sydney. 91..Stade Olympique.

centre-ville de 14 km et de 4 km. Ces territoires avaient la particularité commune d’être des espaces industriels en déclin, pollués, dépourvus de services, laissés de côté dans le processus de développement de la ville jusqu’au milieu des années 1980 mais offrant néanmoins d’importantes superficies vacantes limitrophes à des zones urbaines attractives. Transformation que l’on peut parenter à celle du quartier de Poble Nou à Barcelone, c’est la même stratégie. Le site de Homebush Bay - Images 87 et 88 - apparaît plus intéressants que celui de Pyrmont Ultimo en raison des infrastructures qui y sont localisés - Stade olympique, principal aréna, etc.- et de sa correspondance analytique et spatiale avec le Montjuic de Barcelone. En effet, ce site olympique de 760 hectares, sur les hauteurs de la cité australienne, était à l’origine une décharge urbaine. En sept ans, les Australiens y ont bâti une nouvelle ville. À une échelle d’intervention urbaine moins importante que celle de Barcelone - deux principaux quartiers d’intervention à Sydney par rapport à l’ensemble du territoire métropolitain à Barcelone - , Sydney rejoint l’expérience catalane sur les logiques de planification à long terme des infrastructures olympiques. Après les Jeux, Sydney a réussi une chose qui pose normalement de nombreux problèmes aux villes organisatrices : recycler le parc olympique qui a servi pour les Jeux pour ne pas avoir à l’entretenir inutilement ou le détruire. Le parc olympique est donc maintenant une zone commerciale, résidentielle et sportive très visitée par les touristes. Les installations sont utilisées pour les associations de football, rugby, volley ball, équitation, tennis et natation - qui est, lui, ou-

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vert au public - . Le plan maître final fut fondé sur la logique de multifonctionnalité. De fait, une véritable combinaison d’espaces dédiés au sport, à la culture, à l’enseignement, au résidentiel et au transport fut planifiée. Quelques mois après la fin des J.O. de Sydney, la « Sydney Olympic Park Authority » (S.O.P.A.) fut créée et prit le relais de la « Olympic Co-Ordination Authority » aux niveaux de la gestion et de la reconversion du Parc olympique de Homebush Bay. La S.O.P.A est encore aujourd’hui très dynamique et propose fréquemment de nombreux événements sur le site Olympique. Cette gestion post-olympique est basée sur la gestion post-Olympique du site de Monjuic. Ces premiers travaux mirent en avant l’idée de garder la grille de rue des anciens abattoirs en redéveloppant l’axe central qui deviendrait le « Olympic Boulevard ». Ainsi les principales infrastructures olympiques étaient toutes envisagées le long d’artères de circulation rappelant l’organisation globale d’une ville. Là encore, sydney fait référence à la ville Catalane. Notamment en s’inspirant de la stratégie de garder les îlots de Cerdà et en construisant la « ronda » pour desservir les divers site Olympiques. Ainsi de manière à ne pas subir les mêmes problèmes que la métropole américaine et en prenant exemple sur la réussite de Barcelone, le SOCOG entreprit la refonte du plan maître autour notamment des principales infrastructures olympiques en planifiant d’importantes places publiques - la place olympique pouvait accueillir à ce titre jusqu’à 300 000 personnes - , plusieurs corridors piétonniers, divers espaces verts, un meilleur réseau de transport de commun connecté au centre-ville de


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Sydney - la gare centrale était capable d’amener plus de 30 000 personnes par heure sur le Parc olympique - ainsi que différents stationnements limitrophes au site. Autre point positif, le tourisme qui a été porteur d’emploi. En effet, en 7 ans, la ville australienne a réalisé un boom au niveau de la création d’emplois : 75 000 emplois nouveaux et 15 milliards de francs d’activités supplémentaires pour la seule ville de Sydney. D’après elle, le développement du tourisme a été accéléré de 10 ans, ce qui a rendu l’événement très bénéfique. De 1998 à 2000, le tourisme australien est passé de 14% du tourisme mondial à environ 30% et Sydney est passé de 58% de tout le tourisme du pays à 76% et avait même doublé pendant les Jeux. Les Jeux ont aussi permis au pays de souffler un peu : de 1994 à 2001, le pays a connu une croissance de 2.5% et une baisse du chômage dû aux nombreuses opportunités de travail disponible après l’événement.

Ci-contre, 92.. Cérémonie d’ouverture. 93..L’opéra de Sydney mis en lumière par les Jeux.

Grand exploit de cette ville hôte est totalement innovant, la naissance des « jeux verts ». Sydney fut la première métropole olympique à inclure dans son projet d’organisation un volet écologique, cette ville fit le choix d’utiliser cet événement comme catalyseur urbain mais cette fois-ci en donnant une orientation davantage environnementale - réutilisation de territoires industriels délabrés et contaminés, augmentation du nombre d’espaces verts sur les sites olympiques, valorisation du transport en commun, etc... - à ce développement. Ce fut leur spécificité. Ils ont fait une large place à l’écologie. Ainsi, 19 tours solaires ont par exemple été installées pour réorienter la lumière sur les infrastructures sportives sur le Parc

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olympique de Homebush Bay. Point négatif de ces jeux, le budget et l’héritage de certaines infrastructures. Le budget a presque doublé avant le début de l’événement, et la ville a payé un plus grand prix encore après leur déroulement.. L’ancien chef de la planification Sue Holliday a même affirmé que la ville aurait eut intérêt à mieux planifier son programme d’héritage. Second point noir, le stade Olympique. Il comporte 80000 places. C’est beaucoup trop pour une utilisation occasionnelle. En somme, ces jeux se sont beaucoup inspiré de Barcelone – La création d’un organisme de planification, la revitalisation de territoire en déshérence, la planification à long terme, l’aménagement urbain et la modernisation des transports – Élément qui ont contribué au succès de Sydney. Point fort de cette Olympiade et à retenir, la naissance des « jeux vert », une première dans l’histoire des Jeux Olympiques.


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c.. Élève Athènes - Session 2004

Ci-contre, 94..Le littoral d’Athènes, avant et après le passage des Jeux. 95..Le stade Olympique de S. Calatrava 96..Intérieur du stade Olympique. 97..Le modèle périphérique.

Pour la deuxième fois de son histoire, Athènes a été choisi ville hôte aux Jeux Olympiques pour l’année 2004. Il s’avéra que les coûts de l’organisation endettèrent sérieusement la Grèce. On peut se poser la question: si le jeu en valait-il la chandelle ? On peut tout de même observer des éléments pris de l’école Barcelonaise. Athènes a intégré ses sites Olympiques selon le modèle périphérique - Image 97 -. Ce modèle, basé notamment sur la construction de nouveaux sites olympiques d’importance, conduit de ce fait à des phénomènes d’étalement urbain nécessitant indéniablement un renforcement des réseaux de transport. En décalage avec certains principes de durabilité urbaine, ce modèle n’en reste pas moins le plus suivi dans l’histoire des Jeux Olympiques d’été puisqu’il permet à des villes subissant d’importantes pressions urbaines dans leurs quartiers centraux de définir l’orientation du développement. Le village Olympique est situé au pied du Mont Parnès, à 17 km du centre d’Athènes. Il s’étend sur 124 hectares. Le choix du site est présenté dans le dossier de candidature comme la solution parfaite pour l’habitat en accord avec le plan de masse de l’agglomération. Cet emplacement contribue à la revalorisation des zones dépréciées du secteur Nord-Ouest. A la fin des jeux, les maisons ont été attribuer à 10000 habitants et converties par la suite en quartier. C’est une stratégie qui a bien marché et qui fait référence aux quartiers revitaliser de Barcelone. Toutes les infrastructures construites pour les J.O. n’ont pas eu toutes la même chance. Le com-

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plexe Olympique le long du littoral est devenu selon les riverains, « le Sahara.». Une fois les Jeux terminés, la plupart de la vingtaine de bâtiments construits pour l’occasion n’a en effet plus jamais été utilisée. Ils sont même devenus des squattes. En ce qui concerne le stade Olympique, dessiné par le célèbre architecte espagnol Santiago Calatrava, il a été construit en 1982 à l’occasion des championnat d’athlétisme d’Europe, puis a été complètement rénové pour accueillir les Jeux olympiques d’été de 2004 - Images 95 et 96 -. De la même manière que le stade Olympique de Barcelone. Malheureusement, aujourd’hui, le stade est sous-utilisé. Il continue certes d’ouvrir ses portes de temps en temps pour accueillir des matchs de foot, mais la plupart des sièges en plastique ont été détruits par les supporters. L’héritage positif, de ces jeux de 2004, a été l’expansion et la modernisation des transports. Tout d’abord, l’aéroport international d’Athènes, capable d’accueillir aujourd’hui un trafic aérien plus important provenant d’Europe. Ensuite, le réseau de métro a également bénéficié de la construction d’une nouvelle ligne de 28 stations sur 27 kilomètres coût 350 millions d’euros -. Un tram ultramoderne ayant pour but de relier le centre-ville athénien aux sites olympiques a également été construit. Ainsi que, la construction d’un réseau de transport en périphérie de la ville - pour 640 millions d’euros - ainsi que d’un périphérique autoroutier de 60 kilomètres, « l’Attiki Odos » - sur le principe de la ronda de Barcelone - à 950 millions a été entreprise par Vinci. Son but premier était d’assurer la communication Est-Ouest de la ville par le Nord. Auparavant, il fallait passer par le centre d’Athènes


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Ci-contre, 98.. Le complexe sportif Faliron investit par les Roms. 99..L’état aujourd’hui de la coursive menant au complexe d’Helliniko. 100..Ce qui reste, aujourd’hui, du stade de Softball des jeux de 2004. 101..Le stade Olympique, aujourd’hui sous-utilisé. 102..La piscine Olympique, aujourd’hui, complètement abandonnée.

où il y avait, comme dans toute grande métropole, le problème de l’encombrement. Enfin, la modernisation ainsi que l’extension du métro athénien - 1,6 milliard d’euros - comptent le plus grand nombre d’améliorations : signalétique, rénovation de stations, vitesse accrue, sécurité mieux assurée. Aujourd’hui, Athènes a le métro le plus propre d’Europe. Pour se rendre compte de l’impact des jeux Olympiques, il est nécessaire de savoir que les projets de création d’un tramway et la rénovation du métro étaient demandés par les athéniens depuis 1960. Par l’élan olympique, ces projets ont été adoptés. Autre point positif, le développement et l’aménagement public. Comme Athènes était extrêmement polluée, des milliers d’arbres ont été plantés, certaines rues sont devenues piétonnes et une route pavée est venue relier les différents sites archéologiques. Il était important pour la ville de mettre l’accent sur la mise en valeur du patrimoine athénien, très longtemps délaissé par les autorités et les citoyens d’Athènes. L’aide de l’Union Européenne n’était pas négligeable, 75 %. C’est l’un des projets mélioratif de la ville. Aujourd’hui, il ne reste des Jeux Olympiques d’Athènes qu’un aéroport, un boulevard périphérique, une ligne de métro et une ligne de tramway, et un stade utilisé occasionnellement - Image 101 -. Le déficit budgétaire de la Grèce, antérieurement limité à 3,7% du PIB est passé à 7,5% l’année des JO, plaçant les finances nationales grecques sur une pente fatale. Cette dernière a dépensé 13 milliards d’euros pour ses Jeux en 2004 au total. Bon nombre des infrastructures construites à l’époque sont aujourd’hui à l’abandon. Pire encore, l’entretien de certains sites inutiles continue à coûter cher, et la facture totale

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de l’aventure olympique serait responsable pour 2 à 3% - selon le CIO - de l’augmentation de la dette extérieure du pays. De plus, il faut savoir que l’Union Européenne - à laquelle sont entrés les Grecs en 1986 - a aidé au financement des divers projets à hauteur de 50%. Les Jeux de 2004 ont coûté «que» 4,5 milliards à l’État grec au départ - un montant identique à celui des Jeux de Barcelone - . Il finit par atteindre le double, soit 9 milliards d’euros à la fin des jeux, - deux tiers ont été consacrés aux équipements et un tiers au fonctionnement - puis à continuer augmenté par la suite. Les fonds publics ont assuré 70% du financement. Cet échec s’explique par la décision du gouvernement de financer les jeux à partir du budget public d’investissement, sans adopter une stratégie à long terme pour l’utilisation « après les jeux ». Pour conclure, ce qui distingue les deux villes, c’est le projet urbanistique. Dans le cas d’Athènes, l’utilisation des installations au lendemain des Jeux, leur insertion dans la vie de la cité, leur impact sociétal, ont été négligés. A Barcelone, au contraire, les JO ont constitué la première étape d’une métamorphose planifiée de la métropole catalane. Mais on peut, tout de même, voir dans les jeux d’Athènes des points positifs, des idées tout à fait honorable mais qui ont été oublié et freiné par l’échec du post-Olympique. Notamment, la modernisation des transports, la rénovation de stade existant et l’aménagement d’espace public. Athènes avait toutes les cartes en main pour être un succès. Elle aurait pu même sortir son pays de l’endettement, si elle avait su utilisé à bon escient l’héritage Olympique. A l’inverse de Barcelone, elle


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n’a pas su s’approprier cette impulsion de développement occasionné par les jeux, ce catalyseur de projet. Ce qui est difficile à comprendre, vu les succès des trois villes hôtes qui lui ont précédées. Apparemment, Athènes aurait oublié d’apprendre sa leçon sur l’héritage Olympique.

d.. Élève Pekin – Session 2008

Ci-contre, 103.. Piscine Olympique, conçu par le cabinet australien PTW et le Britannique Arup. 104..Le «nid d’oiseau» conçu par Jacques Herzog et Pierre de Meuron. 105..La piscine Olympique lors des Jeux. 106..Chantier monumental du «nid d’oiseau» 107..Modèle Périphérique.

Beijing est alors le lieu de résidence de ce qui sera alors la plus grande démonstration de force jamais observée lors des jeux olympiques récent. Ces jeux de 2008, se réfèrent très peu à Barcelone. Son modèle d’intégration des sites suit le modèle périphérique - Image 107 -. Ce modèle, basé sur la construction de nouveaux sites olympiques d’importance, conduit de fait à des phénomènes d’étalement urbain nécessitant indéniablement un renforcement des réseaux de transports. Les Jeux Olympiques de Pékin se déroulèrent sur 37 sites dont 12 ont été construits pour l’occasion, 11 ont été rénovés et 8 sont temporaires. Ces installations ne se situent pas uniquement à Beijing: les épreuves d’équitation par exemple ont lieu à Hong Kong, les épreuves de football dans les villes de Shangai, Qinhuangdao, Tianjin et Shenyang et enfin les épreuves de voile dans la ville côtière de Qingdao. Le village Olympique d’une superficie totale de 66 hectares pouvant satisfaire les besoins des 17 200 sportifs et officiels vivant durant le mois au sein du village. Il est une véritable ville à part entière aux limites de pékin. Il assure les fonctions d’hébergement – une seule tour, chaque sport a un étage - , de vie quotidienne, d’entraînement, de loisirs et d’activités culturelles pour tous

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ses résidents. Il est divisé en une zone d’habitation située au sud du village, une zone internationale et une zone « opérationnelle ». Parmi les nouveaux bâtiments inaugurés pour l’évènement, on peut voir «le nid d’oiseau», inventé par les Suisses Jacques Herzog et Pierre de Meuron - Images 104 et 106 -. Ce stade Olympique, pouvant accueillir 91 000 personnes, a été prévu pour accueillir les épreuves majeures de l’athlétisme, emblème des Jeux Olympiques, mais aussi des sports moins populaires comme le tir, la gymnastique rythmique ou encore le ping-pong qui sont les épreuves phares de la délégation chinoise. Autres exploits de Pékin, l’aéroport, qui souffrait d’engorgement, s’est offert un nouveau terminal pour 3,65 milliards, la construction d’un nouveau métro, d’autoroutes, et d’une amélioration des espaces publics, sans récolter une dette écrasante. Mais aussi, l’intervention la plus drastique a été de voir la moitié des voitures de Beijing interdites sur les routes un mois avant les jeux. Les voitures avec les numéros de plaque pairs étaient interdites lors des journées paires, et inversement. Cette intervention a résulté en une réduction de 47 pourcents des niveaux de dioxyde de carbone. Même si ces politiques n’ont été que temporaires, les préparations de 2008 ont prouvé que les grandes villes peuvent améliorer la qualité de l’air si elles en sont motivées - Image 108 -. Pour mener à bien les Jeux, la Chine a donc déboursé près de 44 milliards de dollars soit environ 22 milliards d’euros. Sur ces 44 milliards de dollars, à peu près 40 ont été dépensés pour construire ou améliorer les infrastructures de la ville - transports, équipements sanitaires, projets d’urbanisme-.


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Ci-contre, 108.. L’état de la pollution à Pékin. En haut, pendant les jeux, en bas, après et avant les jeux. 109..Logo des opposants des JO de Pékin. 110..Une des seules images post-Olympique des jeux de Pékin, ancien bassin de canoë-kayak.

Deux autres milliards ont été employés pour la réalisation des installations sportives et enfin deux autres encore ont servi de budget pour l’organisation même des Jeux. Une nouvelle université sera fondée pour se servir des équipements sportifs et de l’infrastructure de communications de pointe demeurant après les Jeux Olympiques, elle se spécialisera dans la science des sports, des médias numériques et des technologies vertes et l’hébergement des athlètes. Le peuple chinois a donc voulu profité des jeux olympiques de 2008 afin de prouver au monde entier que leur pays était évolué. La République populaire de Chine avait alors lancé une vaste entreprise de communication pour modifier l’image du pays : l’accueil des touristes et des médias de tous les pays, ainsi que l’accueil des sportifs et des officielles a ainsi été facilité. Le gouvernement a été jusqu’à déplacer les usines polluantes hors de Pékin pour que le ciel reste bleu et pour promouvoir l’élan écologique du pays au bénéfice des Jeux Olympiques. La Chine a pu proposer un regard neuf grâce aux jeux olympiques de Pékin 2008. Elle a montré qu’elle pouvait se moderniser très rapidement et faire partie de l’élite du monde entier. Cependant, l’envers du décor est complètement différent. Tout d’abord, selon une question de manque de place, les dirigeants ont décidé de démolir des quartiers historiques de la ville, les « hutongs ». Cette accélération du processus de démolition est effectuée au nom de « l’organisation des Jeux Olympiques ». Afin de résoudre le problème des expulsions, le gouvernement a mi en place des indemnités, celles ci sont fixées à 780 euros par mètre carré. Cela est jugé comme insuffisant du

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fait du surpeuplement dans les hutongs. Le gouvernement chinois a prévu de les reloger dans des nouveaux immeubles en périphérie de la ville. Mais certains bâtiments conçus pour les reloger surnommés «nouveaux hutongs» ont été fabriqué précipitamment et se montrent de piètre qualité. Attachés à leurs quartiers, les indémnités ne changent rien. Des procès ont même été tentés mais en vain, le gouvernement chinois a la main mise sur la presse de Pékin, et l’opinion public n’est pas alerté. Seuls face au gouvernement, les habitants sont dépourvus et doivent tôt ou tard quitter les lieux pour laisser place aux pelleteuses. « De plus, sous ce régime autoritaire, on a pas accès aux vrais chiffres. Selon les autorités, tous les complexes olympiques seraient réutilisés. Mais la réalité est tout autre, les stades sont disproportionnés. De plus, aucunes équipes chinoises ne les utilisent. Le parc Olympiques est aujourd’hui une friche abandonnée - Image 110 -. Ces jeux n’avaient pas pour objectif de faire profiter la population locale mais de développer son image ». Ces jeux n’étaient simplement que du « tap à l’oeil ». Pour revenir au modèle Barcelonais, Pékin est son opposé. Il y a aucune planification à long terme, aucune revitalisation de quartier, aucun bénéfice pour la population locale et aucune transparence sur l’impact de ces jeux.


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e.. Élève Londres – Session 2012

Ci-contre, 111.. Le parc Olympique de Londres. 112..Quartier de Stratford avant les jeux. 113..Destruction d’une partie du quartier de Stratford. 114.. Modèle périphérique. 115..Le village Olympique.

La ville de Londres a été désignée comme ville organisatrice de la 30ème édition des Jeux Olympiques de l’ère moderne - 3ème fois après ceux de 1908 et ceux de 1948 - . «London 2012» a été une formidable réussite aux yeux des passionnés de jeux Olympiques. Sébastien Coe, - athlète britannique, double champion olympique du 1500 m en 1980 et 1984 -, a porté la candidature de Londres pour 2012. Il a réservé sa première visite à Barcelone pour y rencontrer l’ancien président du CIO, l’Espagnol Juan Antonio Samaranch et l’ancien maire de la ville. Cet événement a profondément transformé la cité catalane. Pour Sébastien Coe, c’est un vrai exemple à suivre. Plus particulièrement, dans la reconversion des infrastructure après les jeux et l’aménagement des espaces public. Les différents sites ont été concentré dans le centre-ville - Image 114 -. Outre le fait que ce modèle permet de rendre très accessible par des transports en commun le Parc olympique, il demeure moins que la principale enceinte olympique peut impliquer des travaux de construction à grande échelle et a besoin d’une vaste terre de développement. Ce modèle concentré exige également que les quartiers limitrophes au site principal olympique soient attractifs pour les spectateurs en particulier - via des commerces, bars et autres restaurants - de manière à éviter que ces derniers ne fassent que transiter sur ces espaces olympiques. Si la grande idée du projet «London 2012» est d’utiliser en tant que décors le Londres moderne et emblématique, il s’agit surtout de concentrer le village olympique ainsi que la majeure partie des équipements sportifs à proximité

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du centre ville. La construction du parc a été confiée à l’entreprise américaine Aecom - Image 111 -. Terminée en 2011, il fait 250 hectares et comporte tous les centres sportifs où se dérouleront les épreuves, Stade olympique de Londres – athlétisme - , Aquatics Centre - natation - , Basketball Arena - basket-ball - , Copper Box – handball - , Riverbank Arena - hockey sur gazon -, Vélodrome de Londres - cyclisme sur piste - et Water Polo Arena - waterpolo - . Ce parc se situe sur l’ancien quartier de Newham. C’était l’un des plus pauvres quartiers de Londres qui a pris un nouveau visage. Il accueille l’essentiel des infrastructures sportives. Londres a complètement ressuscité un vieux quartier pauvre. Il compte même saisir l’occasion des JO pour déplacer le centre de gravité de Londres de son côté. Cette stratégie fait référence en tout point à la revitalisation du Montjuic où se trouve aussi le parc Olympique de Barcelone. Le village quant à lui, sera composé de onze blocs qui ont été construits pour recevoir les sportifs - Image 115 - . Les athlètes bénéficieront de nombreux espaces verts autour de leurs hébergements. Ce complexe se situe dans la banlieue de Stratford, qui a été quasi-entièrement rénovée pour un coût de 10,7 milliards d’euros - Images 112 et 113 -. Par des opérations de renouvellement urbain, ce quartier vide et mal fréquenté, peut maintenant rivaliser économiquement et socialement avec les autres quartiers dynamique de Londres. Ces opérations sont inspirées de la revitalisation du quartier de Poble Nou, ancien quartier industriel, grand succès des jeux de Londres. Point fort de Londres qui le différencie de Barcelone, l’utilisation de la carte des « jeux verts ».


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Moins développés qu’à Sydney, les anglais ont tout de même construit un vélodrome, le plus vert du parc Olympique. Il a été terminé depuis février 2011. De plus, il a été conçu avec des matériaux naturels et de façon à utiliser au maximum la lumière du jour et à réduire les besoins en électricité. Il contient 6.000 places. Enfin, le stade Olympique se situe sur une île, surnommée « olympic Island » prés du quartier de Sratford. Ce stade a été construit dans un soucis de respect de l’environnement, afin de coller notamment à la devise des JO : «réduire, réutiliser et recycler». Il a coûté 600 millions d’euros. Autre point fort, celui ci basé sur les jeux Catalan, la modernisation et l’amélioration des transports. En effet, on a construit un arc reliant Stratford aux Royal Docks, et qui comprend le « London city Airport », un des aéroports les plus pratiques pour se rendre au centre-ville. Ce qui créera de nouvelles stations de métro pouvant accueillir 4 millions de voyageurs pendant les JO. Londres est dans l’optique d’une amélioration majeure : densifier ponctuellement les nœuds de réseaux de transports collectifs pour minimiser les déplacements motorisés.

Ci-contre, 116.. Le stade olympique en image de synthèse. 117..Le stade Olympique, aujourd’hui, conçu par les architectes Populous et Sir Peter Cook.

En ce qui concerne le financement, le budget des Jeux Olympiques de Londres en 2012, d’abord établi à 5 milliards d’euros, atteint 11,5 milliards d’euros, dont 80% engagés dans les infrastructures et 20% dans les frais de fonctionnement. L’État britannique et la ville de Londres assurent 80% du financement, une loterie et des fonds privés le solde. Par leur montant, leur structure et leur dépassement budgétaire, les Jeux Olympiques

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britanniques s’apparentent à ceux d’Athènes. Mais la leçon de l’échec grec a été retenue. Le slogan des JO de Londres – Get ahead of the Games – en témoigne: les organisateurs se sont projetés audelà de l’événement. Près de 10% du budget sont en réserve pour la reconversion des installations à l’issue des Jeux. Bien que l’organisation des Jeux Olympiques de 2012 ait coûté 4 fois plus que prévu - 12 milliards d’euros au lieu de 4 -, les contrats potentiels à l’étranger dont pourraient bénéficier les entreprises britanniques grâce aux JO devraient s’élever à 4 milliards de livres. Les investissements étrangers directs au Royaume-Uni devraient rapporter 6 milliards de livres et les 4 millions de touristes attendus d’ici 2015 suite à «l’effet JO» rapporteraient 2 à 3 milliards de livres. Au total, 16 milliards d’euros auront été ramassés par le Royaume-Uni, soit un surplus de 4 milliards. Ces Jeux Olympiques auront été une belle réussite sociale et économique. Pour ce qui est de l’héritage, il est trop tôt pour analyser les retombées. Mais on peut déjà admettre, comme l’a fait son modèle Barcelonais, qu’ils ont prévu depuis la phase pré-Olympique, la reconversion des infrastructures - évitant ainsi le « syndrome de Cendrillon », fléau des Jeux Olympiques - : Le parc olympique sera transformé en un des plus grands parcs urbains créés en Europe dans les 150 dernières années. Il a été conçu pour enrichir l’écologie locale, en reconstituant des habitats de marécage et en plantant des espèces indigènes; Une nouvelle université sera fondée pour se servir des équipements sportifs et de l’infrastructure de communications de pointe demeurant après


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les Jeux Olympiques. Elle se spécialisera dans la science des sports, des médias numériques et des technologies vertes ; Le stade Olympique réduira sa capacité d’accueil qui devrait se situer aux alentours de 25 000 places - le nombre de sièges permanents - les 55 000 autres utilisés pour les JO étant démontables ; Les équipements de sports seront ouverts à l’usage des clubs et des sociétés de sports locaux ; Le village olympique sera converti en 3600 appartements dans le cadre du développement du quartier de Stratford ; Les ouvrages d’art, soit les 15 ponts et passerelles assurant le cheminements des spectateurs au sein du parc olympique, seront en partie démontées. Ainsi, alors que l’on constate régulièrement que les villes organisatrices des Jeux olympiques n’ont pas forcément réfléchi à la reconversion des infrastructures, Barcelone s’affirme comme un modèle du genre. Ce n’est donc pas un hasard si les organisateurs des Jeux de Londres ont souhaité s’inspirer de l’exemple barcelonais. Dés la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Londres, les britanniques espèrent marcher dans les pas des Espagnols. En effet, Barcelone est depuis 20 ans la référence en matière de réussite olympique. Londres c’est aussi inspiré de Barcelone sur Ci-contre, 118.. Le vélodrome Olympique de Hopkins Architects, Grant Associates. 119..Le centre aquatique conçu par Zaha Hadid.. 120.. Le Tower Bridge mis en lumière par les anneaux Olympiques.

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d’autres points : La revitalisation de quartiers pauvres et délaissés, la modernisation des transports, le développement du parc Olympique sur une zone défavorisée, l’utilisation du village Olympique pour développer un quartier en déclin et l’anticipation de l’héritage Olympique. Londres a même dépassé Barcelone sur ce dernier point, en construisant un stade démontable. Cela n’avait jamais été vu auparavant..


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f.. Élève Rio De Janeiro– Session 2016 Les jeux olympiques de 2016 se dérouleront à Rio de Janeiro, au Brésil. Ces jeux seront les premiers à se dérouler en Amérique du Sud. Étant en cours de préparation, les informations sur ces jeux sont encore limitées. Mais on peut déjà observer, la patte Barcelonaise sur quelques stratégies.

Ci-contre, 121.. Le parc Olympique en image de synthèse. 122..La répartition des sites Olympiques.. 123.. La tour solaire en image 3D qui alimentera le village Olympique. 124..Le modèle Olympique.

Tout d’abord, Rio va se configurer de la même façon que Barcelone. En effet, toutes deux s’appuient sur le même modèle - éclaté dans le centre-ville - pour l’intégration des sites dans la ville - Image 124 -. De plus, l’ensemble des infrastructures sportives des Jeux olympiques et paralympiques seront situées autour de quatre zones : la plage de Copacabana, Maracanã, Deodoro et Barra da Tijuca ; cette dernière accueillera également le village olympique. Ces sites ressemble à s’y méprendre aux quatre sites Olympique de Barcelone. En se basant sur l’exemple de Barcelone et son stade Olympique, la plupart des infrastructures sportives utilisées pour ces Jeux olympiques ont été construites pour les Jeux Panaméricains de 2007. En plus du fameux stade Maracanã, la compétition de football se déroulera dans les stades de Salvador - stade Fonte Nova -, São Paulo - stade Morumbi -, Belo Horizonte - stade Mineirão - et Brasilia - stade national de Brasília -. L’ensemble de ces stades aura également été utilisé pour la coupe du monde de football de 2014 organisé par le Brésil - Image 122 -. Le parc olympique, à la différence de Barcelone, ne sera pas construit dans un quartier sinistré mais situé à la place de l’actuel circuit automobile de Jacarepaguá - Image 121 -. Autre différence, le

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stade Olympique, João Havelange, a été construit en dehors du parc. Le village Olympique sera construit le long du littoral. Petite particularité, il sera alimenté par une tour solaire. Les jeux de Rio vont apparemment se tourner vers un plan environnemental et de développement durable à long terme. - Image 123 En ce qui concerne les transports, on sait qu’ils vont être développé : une voie de circulation pour le public à travers le parc en prenant en compte des éléments naturels. Ce grand cheminement n’amènera pas seulement le public aux installations sportives mais aussi aux aires de loisirs et de restauration; Mais aussi, un anneau de transport de haute performance qui comprendra un système de voies ferrées, un système de métro amélioré et trois nouveaux systèmes de Bus Rapid Transit. Pour ce qui est de l’héritage Olympique, un projet post-olympique a été publié mettant en avant trois phases de reconversion de la ville Olympique. Cette stratégie s’apparente à la planification à long terme de Barcelone où les projets ont continué après 1992. Rio est difficile à analyser vu que ses jeux n’ont pas encore eu lieu et que pour l’instant ses projets sont théoriques. Malgré cela, on peut voir qu’il se sont inspirés de Barcelone sur plusieurs points : Le modèle d’intégration des sites dans la ville, la réutilisation d’infrastructures existantes, la modernisation des transports et la création d’un parcours public.



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CONCLUSION Pour conclure, Barcelone est devenue un modèle à suivre pour les villes hôtes des jeux Olympiques futurs. C’est une ville qui a su grandir de cet événement mondiale. Elle a su regarder au delà du laps de temps de ces jeux. En effet, elle a appréhendé le post-Olympisme et a tiré à profit toutes les constructions et rénovations urbaines. Elle a utilisé les jeux en son escient et surtout apprendre d’eux. La communauté sportive de Barcelone a appris un savoir-faire organisationnel et technique pendant les jeux, ce qui a permis à la ville de mieux gérer ses installations et organisations sportives suivantes. Elle a su se transformer pour accueillir au mieux les jeux Olympiques sans pour autant perdre son caractère local. Notamment en gardant le catalan comme l’une des langues officielles des jeux. La phrase « C’est Barcelone qui fait école » montre bien l’influence Catalane sur les villes hôtes qui l’ont suivies, à l’exception de Pékin. Celles-ci ont en quelques sortes étaient ses élèves. Certaines même, ont dépassé leur maître sur certains points. Atlanta et Athènes se sont en parties basé sur le modèle Barcelonais. Les stratégies qui ne viennent pas de leur mentor, n’ont pas été une réussite. Plus particulièrement à Athènes où les jeux ont été un échec car il n’y a eu aucune planification à long terme. Pour ce qui est de Sydney et Londres, se sont les bons élèves. Elles ont réussi, en se basant sur le modèle Catalan, à être des succès et à aller même plus loin que leur mentor. Dans le cas, de Sydney, elle a su développer une large place à l’écologie. Et Londres a su pousser encore plus loin la reconversion des infrastruc-

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tures. Pour ce qui est de Pékin, ses jeux sont l’opposé de Barcelone car ils n’avaient dès le départ pas le même but et la même vision des Jeux Olympiques. Barcelone voulait impulser sa ville dans sa globalité en utilisant les jeux comme catalyseur alors que Pékin, voulait éblouir, en voyant dans les jeux qu’un moyen de propagande. Avec les jeux de Rio de Janeiro, l’idée du modèle Barcelonais semble perpétuer, vu les premieres prémices de projets.



5.. CONCLUSION

Les jeux de Barcelone se sont déroulés dans un contexte Olympique particulier. Les jeux ont commencé à devenir de plus en plus conséquent sans pour autant avoir de politique postOlympique. Les impacts des jeux n’étaient pas encore importants. On a pu voir des débuts de développement urbain se dessiner mais à de petites échelles. Avant Barcelone, les jeux étaient sousestimés et sous-utilisés. Ils étaient plus tournés vers la géopolitique que pour le sport et la culture. La ville Catalane a été le basculement des Jeux Olympiques à l’événement. La ville a su, dés le départ, voir les avantages qu’engendrerais les jeux sur le développement d’une ville. Elle a été le précurseur d’une nouvelle utilisation des jeux qui ont été employé en tant que catalyseur de projet, puissant accélérateur de développement et tremplin pour la ville. De plus, la ville catalane a su avoir un regard critique sur elle-même. Elle s’est questionnée, dès le début, sur qu’elles étaient ses points forts et points faibles. Qu’elles étaient les points à moderniser, à développer. Enfin, Barcelone a compris que la seule chose qui repartait physiquement après la fin des jeux étaient les athlètes. Mais l’empreinte des jeux Olympiques sur la ville, ne disparaît pas et reste bien encrée. C’est pourquoi, l’héritage Olympique a été si bien géré en 1992. Suite, au succès Catalan, Barcelone fait école. Les villes hôtes qui l’ont précédée, souhaiteraient aboutir au même résultat. Pour ce faire, chacune essaye de reproduire les stratégies de la ville Espagnole. Cependant, reproduire à

l’identique sans prendre en compte les éléments propres de son pays, est voué à l’échec – exemple les jeux d’Athènes 2004 -. Aujourd’hui, on peut se demander qui succédera au mentor Barcelonais? La relève semble peut être arrivée, notamment avec l’apparition du développement durable et des « jeux verts ».



REMERCIEMENTS...

Ce mémoire est l’aboutissement de plusieurs mois de recherches consacrées aux jeux Olympiques de Barcelone. Je voudrais ici remercier certaines personnes qui m’ont apporté leur aide et qui ont contribué à l’élaboration de ce mémoire. Tout d’abord, je tiens à remercier Mr Romain ROULT qui a eu la gentillesse de m’accorder de son temps pour un entretien téléphonique. Sa thèse, « Reconversion des héritages Olympiques et rénovation de l’espace urbain : Le stade Olympique comme vecteur de développement » m’a beaucoup aidé dans mes recherches. Je tiens à remercier aussi, Mr Stéphane BAUMEIGE, mon directeur de mémoire qui a su me guider et me conseiller. Il s’est toujours montré à l’écoute et très disponible tout au long de l’année. Mes remerciements s’adressent également à ma famille pour leur contribution, leur soutien et leur patience. Je tiens à exprimer ma reconnaissance envers Mr Jérôme CARDON qui a eu la gentillesse de lire et donner son avis sur ce travail et à Mlle Anne-Laure GARCIA qui a pris de son temps pour corriger ce mémoire. Je tiens, aussi, à remercier, plus particulièrement Mlle Julie ALBERT qui a dessiné la couverture de ce mémoire. Enfin, j’adresse mes plus sincères remerciements à tous mes proches et amis, qui m’ont toujours soutenue et encouragée au cours de la réalisation de ce mémoire. Merci à tous et à toutes.



BIBLIOGRAPHIE

LIVRE: - PARIS PROJET, atelier parisien d’urbanisme, «le renouvellement urbain et jeux olympiques», paris, éditions de l’imprimeur, 2005. - Les cahiers de la recherche architecturale, «Metropoles portuaires en europe , -Barcelone/Gênes/Hambourg/ Liverpool/Marseille/Rotterdam-», éditions Parenthèses, n°30/31, 4ème trimestre 1992. - Portrait de ville, «Barcelone», Cité de l’architecture et du patrimoine, Paris, 2013, 80p.

THESE: - «Projet urbain et Jeux olympiques: Le acs d’Athènes 2004», thèse de Doctorat en Géographie, Adeline HENRY, 2005 - «Reconversion des héritages olympiques et rénovation de l’espace urbain: Le stade olympique comme vecteur de développement», thèse de Doctorat en Etudes urbaines et touristiques, Romain ROULT, 2011

SITE: - http://les jeux Olympiques modernes, musée - http://Olympic.org/fr/jeux-Olympiques - http://places.designobserver.com/slideshow/olympic-urbanism-a-visual-history-of-the-athletes-village/35138/2358/1 - http://www.francetvinfo.fr/ - http://thisbigcity.net/fr/villes-olympiques-trois-decennies-dheritage-urbain/ - http://www.lecourrierdelarchitecte.com/ - http://www.lemonde.fr/europe/article/2005/07/05/madrid-veut-s-inspirer-du-succes-de-barcelone-1992_ - http://centrepompidou.fr/cpv/ - http://www.arcstreet.com/article-19715038.html - http://www.slate.fr/economie/60043/jo-2004-athenes-ruine-grece


Aude-Lise GARCIA

BARCELONE, UN MODÈLE OLYMPIQUE

Les Jeux Olympiques sont devenus le plus grand

événement sportif de notre époque et le plus coûteux au monde. Ce qui implique une augmentation considérable de ses impacts sur les milieux urbains les accueillant. Les jeux de Pékin en 2008 ou plus récemment les jeux de Londres en 2012, nous témoignent bien de l’importance que peuvent prendre ces jeux. Ils peuvent être perçus ou comme de puissants accélérateur de développement ou dans d’autre cas, comme une cause de dépression économique [...] Les jeux de Barcelone furent un véritable succès. Ils ont permis à la ville de se développer et de devenir une métropole phare d’Espagne alors qu’on la surnommée «l’enfant pauvre» lors de sa candidature. En quoi, les jeux de la ville catalane ont été un prétexte de développement urbain réussi et en quoi c’est un modèle Olympique encore aujourd’hui?

MÉMOIRE DE 3ÈME ANNÉE D’ARCHITECTURE


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