Projet de création d'une artothèque dans le Tarn-et-Garonne : le cas de Montauban

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UNIVERSITE TOULOUSE II JEAN-JAURES UFR Histoire, Arts et Archéologie Département Archives et Médiathèque Licence Information Option Image

Étude de cas :

Projet de création d'une artothèque dans le Tarn-et-Garonne : le cas de Montauban

DURAND Aurélie

Toulouse, 2015


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Remerciements Mes remerciements s’adressent à Mme Moulis Anne-Marie, responsable de l'option Image, qui a su témoigner d'un intérêt particulier pour le sujet de la présente étude. À tous les professionnels des artothèques qui, en m’accordant un temps précieux, m’ont fait partager leur enthousiasme : Grégory BARBUSSE (directeur de la médiathèque municipale de Millau (Aveyron) et responsable de l'artothèque), Sophie PILLODS (responsable du Centre Culturel Aveyron Ségala Viaur et de son artothèque à Rieupeyroux en Aveyron), Christophe BASSETTO (responsable et fondateur de l'artothèque associative de Gondrin (Gers) au sein de l'ADPL), ainsi que Monsieur François LEYGE, conservateur du Musée de Millau et des Grands Causses.

Et pour leur soutien quotidien et leur affection, à l'ensemble de mes proches et amis.

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Table des matières INTRODUCTION................................................................................................................................5 PREMIERE PARTIE : ........................................................................................................................6 L'ART CONTEMPORAIN A-T-IL UN PUBLIC ?.............................................................................6 A/ Définir l'art contemporain et sa perception............................................................................6 a) Tentative de définition de l'art contemporain...............................................................6 b) Perception de l'art contemporain..................................................................................8 B/ Le public de l'art contemporain..............................................................................................8 a) D'un public inexistant...................................................................................................9 b) à un certain engouement.............................................................................................10 DEUXIEME PARTIE :......................................................................................................................12 LES ARTOTHÈQUES, DES LIEUX D'ART CONTEMPORAIN...................................................12 A/ Les artothèques : historique et missions..............................................................................12 a) L'histoire d'un concept................................................................................................12 b) Des obligations, des missions mais une grande liberté..............................................13 B/ La région Midi-Pyrénées : une région représentative .........................................................17 a) Les artothèques institutionnelles................................................................................17 b) Les artothèques associatives.......................................................................................21 C/ Les artothèques de nos jours................................................................................................24 a) D'un abandon de l’État à une tentative de regroupement...........................................24 b) La diversité : une richesse ou un handicap ?..............................................................26 c) L'impact des artothèques sur le public .......................................................................27 TROISIEME PARTIE :......................................................................................................................29 LA CONSTRUCTION D'UNE ARTOTHÈQUE..............................................................................29 A/ Une zone d'implantation.......................................................................................................29 a) Un lieu : la ville de Montauban..................................................................................29 b) Une structure d'accueil : la Memo..............................................................................30 B/ Des questionnements en amont............................................................................................31 a) La création d'un espace...............................................................................................31 b) L'élaboration d'une collection.....................................................................................33 c) L'élaboration d'une politique d'animation et d'une politique de documentation........35 d) Des aspects techniques et pratiques............................................................................37 C/ L'avenir de notre artothèque.................................................................................................40 a) Une ouverture d'esprit dans la politique d'acquisition................................................40 b) Une ouverture dans la politique d'animation..............................................................41 c) Créer et produire en artothèque .................................................................................42 CONCLUSION..................................................................................................................................44 BIBLIOGRAPHIE.............................................................................................................................46 ANNEXES.........................................................................................................................................47

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INTRODUCTION A.R.T.O.T.H.È.Q.U.E Un mot barbare et inconnu d'un grand nombre de personnes après observation personnelle, pourtant ce mot désigne un des concepts de démocratisation culturelle des plus inédits et extraordinaires. Avez-vous déjà rêvé d'exposer un Niki de Saint Phalle dans votre salon ? Concrètement le concept d'artothèque vous permet de le faire, car si une bibliothèque permet d'emprunter des livres, une artothèque permet d'emprunter une œuvre d'art. On parle alors d'un « organisme pratiquant le prêt d’œuvres d'art 1». D'emblée, à la lumière de cette définition, nous pouvons nous demander ce qu'est une œuvre d'art. Toutes les œuvres d'art sont-elles concernées par les artothèques ? Quelle période historique est couverte par les artothèques ? Historiquement, selon les prérogatives du Ministère de la Culture énoncées en 1982 qui a favorisé l'implantation des artothèques sur le territoire français, les artothèques se concentrent sur l'art contemporain. Nous tenterons dans un premier temps de définir l'art contemporain et le public d'art contemporain avant d'entrer dans le vif du sujet, les artothèques sur le territoire français : historique et missions. Dans le cadre de cette étude sur les artothèques en France, nous nous intéresserons essentiellement aux artothèques présentes dans la région Midi-Pyrénées, région d'implantation de notre structure, à savoir une artothèque municipale au sein de la Médiathèque de Montauban (Tarnet-Garonne). Par ailleurs, nous avons auparavant rapprocher le concept d'artothèque au concept de bibliothèque car qu'ils agissent d'une collection de livres ou d'une collection d’œuvres d'art des questionnements communs apparaissent : la politique d'acquisition, le budget, le personnel, la politique d'animation et de médiation, ou encore le catalogue de la collection avec la question de son accès par le public. Nous présenterons aussi dans cette ultime partie consacrée à la construction d'une artothèque, la ville et la structure d'implantation. La question que nous nous poserons et que nous défendrons dans ce travail est la suivante : l'utilité d'une artothèque au sein de la MéMo (pertinence de la proposition). Nous prendrons pour cela appui sur l'exemple existant le plus proche de la structure que nous voulons créer : l'artothèque municipale de Millau (Aveyron). 1 Définition du Nouveau Petit Robert, édition 2000

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PREMIERE PARTIE : L'ART CONTEMPORAIN A-T-IL UN PUBLIC ? « L’art contemporain, à ne pas confondre avec art moderne 2, est un terme utilisé pour définir une période précise et non pas un mouvement artistique.3 » Comme nous l'avons mentionné dans l'introduction, l'art contemporain est privilégié par les artothèques après décision du Ministère de la Culture. Ce choix ministériel sera expliqué dans un autre temps. Dans cette partie intitulée « L'art contemporain a-t-il un public ? », nous allons tenter d'élaborer une définition de l'art contemporain ainsi qu'une réflexion sur la perception de l'art contemporain. Nous chercherons aussi à définir le public d'art contemporain en regardant de plus près le public de l'art dans son ensemble.

A/ Définir l'art contemporain et sa perception a) Tentative de définition de l'art contemporain Vouloir définir l'art contemporain peut sembler pour certaines personnes de l'ordre de l'impossible et cette impression n'est pas totalement fausse. Néanmoins, avant de rappeler tout ce que couvre l'art contemporain, il est important de préciser le champ historique couvert. Cette première étape peut paraître simple mais ce champ historique a été un vif sujet de débats et de réflexions. À la lecture du livre, L'art contemporain de Catherine MILLET, on apprend que le terme prend de l'importance dans les années 80, alors que la période est en pleine définition. C'està-dire que selon certains spécialistes de l'art, nous devons prendre en compte trois éléments : 

à partir de 1945, juste après la Seconde guerre Mondiale,

entre 1960 et 1969, avec l'apparition de nouvelles formes d'art (body-painting,pop art, etc) et les révolutions culturelles et sexuelles,

à partir des années 90 avec la chute du mur de Berlin, la fin de l'U.R.S.S et la fin de l'apartheid.

Généralement, nous parlons des œuvres de 1945 jusqu'à nos jours sous le terme de « l' art contemporain ». Cette période large englobe donc un grand nombre de mouvements, soixante-dix 2 L'art moderne concerne la période de 1850 à 1945. 3 « Les principaux mouvements artistiques contemporain » en ligne sur www.contemporain.com, consulté le 16 Avril 2015.

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en moyenne dont l'arte povera, le land art, ou encore le body art. Dans le cadre de son interrogation, Catherine MILLET a aussi posé la question suivante à des musées d'art contemporain : « Considérez-vous que tout l'art produit aujourd'hui est « contemporain »? »4. La réponse du Musée d'art contemporain de Montréal, nous semble la plus intéressante : « Est forcément contemporain, tout l'art qui se fait aujourd'hui. Cependant, la question qui doit être envisagée est celle de l'esprit dans lequel cet art est réalisé. Ce qui retient plutôt notre attention, c'est un art qui explore des champs nouveaux de la création, en prenant en compte les acquis […] ou qui renouvelle des formes d'expression artistiques existantes en poussant au-delà la réflexion ». Ces notions d' « au-delà » ou encore de « hors limites », « hors cadres » et de « nouveauté » sont des idées qui reviennent souvent quand on parle d'art contemporain. Si créer, c'est faire quelque chose qui n'a jamais existé alors l'art contemporain répond à ce critère, car l'art contemporain est protéiforme du fait qu'il englobe un nombre de mouvements importants mais surtout par le fait qu'il est multiple par sa forme (sculpture, installation, etc). Dans son ouvrage, L'art contemporain, mode d'emploi ; Élisabeth COUTURIER évoque avec ironie cette accumulation : « Une exposition d'art contemporain aujourd'hui ressemble à un grand bazar dans lequel on trouve tout...et son contraire : des pyramides d'écrans et des télévisions-robots, des rangées d'aspirateurs, […], des nains de jardin, des pianos, de la toile rayée, en long, en large 5». C'est en partie à cause de cette multiplicité qu'il provoque l'incompréhension. L'art contemporain n'arrive pas à se faire « art » aux yeux des néophytes, il s'éloigne de la peinture et de la sculpture. De plus, il s'expose en dehors notamment des institutions prévues à la réception d’œuvres. Il apparaît alors dans son ensemble « hors-cadres ». Mais ce « hors-cadres » est définit par certain comme le propre de l'art contemporain. C'est-àdire que celui-ci doit connaître l'Histoire de l'art pour mieux s'en détacher. On dit à ce sujet que l'art contemporain met en crise. Cette crise est dû à plusieurs raisons : du fait du refus des principes canoniques et figuratifs existants dans l'art, et du fait que l'art contemporain ne répond pas aux attentes de la société. Selon François COAUDOU 6, l'art contemporain « se doit de ne rien produire qui soit attendu, convenu, de ce que la société veut entendre, mais y apporter autre chose : un trouble ». Le principe de cet art semble alors de régner dans la confusion, des genres mais aussi dans la confusion même de la notion d'artiste (par exemple, Jeff Koons ou Ben). Néanmoins, on parle de l'incompréhension de l'art contemporain mais le mot « contemporain » souligne aussi la possibilité que cet art soit proche de nous. Cet art nous est-il complètement étranger ? Catherine MILLET dans le livre précédemment cité dit : « L'art moderne qui a triomphé, 4 Millet Catherine, L'art contemporain, Flammarion ; Paris, coll. « Champs Arts », 1997, p.9. 5 Couturier Élisabeth, L'art contemporain, mode d'emploi ; Flammarion ; Paris, 2009, p.14. 6 Coadou François, Première contribution à une réflexion sur les artothèques, A.D.R.A, Janvier 2010.

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c'est l'art avec lequel la société se sent enfin en synchronie, c'est l'art contemporain 7». Et si au fond, cet art nous parle... b) Perception de l'art contemporain Percevoir l'art contemporain, c'est quoi ? Nous avons tous été plus ou moins témoins des mines déconfites des visiteurs de musées d'art contemporain devant une œuvre qui n'arrivaient pas à saisir, à comprendre. Nous avons aussi été témoins des « Je trouve ça moche », « Cela ne me touche pas » ou encore « Je ne comprends pas le message de l'artiste ». Interpréter l'art, c'est bien souvent le soumettre à des questionnements esthétiques ou émotionnels. Son appréciation repose essentiellement sur le subjectif. Le débat selon lequel l'art n'a pas à être beau est un débat intemporel et perpétuel. Apparemment, à la lecture de la Première contribution à une réflexion sur les artothèques de François COADOU, nous apprenons qu'il existe un régime des œuvres depuis le XIX e siècle qui préconise que l'art n'a pas à être beau ou joli. L'art contemporain s'inscrit totalement dans cette logique car il se détache des critères canoniques et figuratifs établis en des temps immémoriaux comme la Renaissance ou actuellement par la société de consommation qui ne repose que sur le désir. En parallèle de ce débat, vient celui de la représentation : l'art doit dans l'esprit des gens ressembler à quelque chose ou nous raconter un histoire, or, là encore l'art contemporain rompt avec cette idée institué notamment par l'art religieux. Qui plus est, nous pouvons considérer de manière simple que l'art contemporain réussi à partir du moment où il fait parler de lui, interroge, choque, scandalise ou trouble. En somme, l'art contemporain nous enlève les mots de la bouche parfois, comme en 1985 avec le Pont-Neuf emballé de Christo, mais, il peut aussi nous donner les mots pour décrire l'horreur, l'absurdité du monde ; à l'image de Deads Troops Talk de Jeff Wall en 1992. Entendre dire que l'art contemporain est éloigné de nous ou qu'il ne nous est pas compréhensible, n'est ni une vérité, ni un mensonge. Si de nos jours, les œuvres d'art de 1945 à aujourd'hui sont considérées comme de l'art contemporain, ce ne sera sans doute pas le cas, demain. Il est en tout cas important de préciser que le fait que l'art contemporain ne soit pas accessible de prime abord ne signifie pas qu'il n'a pas de public du tout.

B/ Le public de l'art contemporain

7 Millet Catherine, L'art contemporain, Flammarion ; Paris, coll. « Champs Arts », 1997, p.30.

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a) D'un public inexistant... Qu'est-ce que signifie le terme « public » ici ? Comment analyser le public de l'art contemporain ? Le public de l'art est mis en parallèle avec le public des musées. Seule cette institution muséale, nous permet de rentrer au cœur des publics de l'art, en analysant leurs fréquentations. En 1997, d'après Les pratiques culturelles des Français d'Olivier DONNAT, à l'inverse d'autres types de musées, les musées d'art moderne et d'art contemporain souffrent d'une certaine désaffection. Ils ne concernent que 28% des visiteurs de musées alors que les musées dits de « Beaux-Arts » regroupent 53% des visiteurs et les musées d'Histoire, 43%. Ces chiffres ne sont pas à prendre tout de même aux pieds de la lettre. En 1997, la pratique des musées dans leur ensemble n'est égale qu'à 33% de la population française. Cette faible fréquentation s'explique par le fait que toutes les strates de la population ne sont pas intéressées ou ne se sentent pas à leur place dans ce type de lieu. En effet, malheureusement, la fréquentation de ces lieux concernent les catégories socioprofessionnelles supérieures, les plus diplômés et essentiellement les Parisiens pour l'art contemporain en raison des structures existantes. Par exemple, en 1997, lors de cette enquête est soumise la question suivante,« Sont allés au musée au cours des 12 derniers mois » : seulement 24% des ouvriers répondent positivement, alors que 65% des cadres supérieurs et professions libérales interrogés sont impliqués. À contrario, la même année, on observe une augmentation du nombre d'inscriptions en bibliothèque (de 17% à 21%), en raison des transformations de celle-ci en médiathèque avec l'apparition de nouveaux supports. Ce n'est pas tant l'art qui souffre de désaffection mais plutôt le lieu institutionnel qui l’accueille. Une partie de la population ne se sent pas à sa place et pense ne rien avoir à faire dans ce type de structures. Dans ce cas, c'est aux musées et à l’État de leur prouver le contraire. Il faut pour cela mettre en place de bonnes conditions d'accès à l’œuvre d'art en veillant à trois prérogatives : 

fournir des repères, c'est-à-dire que le visiteur ne doit pas se sentir rejeté ou mal à l'aise car il est important de mesurer le fait, que visiter une exposition, c'est se mesurer aux connaissances des autres : « La confrontation aux autres se double d'une confrontation à soi-même ; […], et ce d'autant plus, que l'art que l'on va voir n'est pas maîtrisé, connu, l'on se risque dans un nouveau monde 8» ;

ancrer la visite dans une relation affective, c'est-à-dire qu'on souligne ici l'importance de l'initiateur, bien souvent un membre de la famille car la fréquentation des musées comme le souligne DONNAT est en premier lieu, une pratique familiale, mais ce peut-être aussi, un

8 Caillet Elisabeth, Les publics de l'art contemporain in Bibliothèques/ Lieux d'art contemporain : Quels partenariats ?, Ed. Fédération française de coopération entre bibliothèques ; Paris, 2001.

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ami ; 

installer une pratique dans la durée, il faut alors des actions à long terme, répétées, variées, diversifiées afin que le visiteur comprenne mieux l'art.

Ces prérogatives valent pour toutes les formes d'art y compris l'art contemporain mais, l'année 1997, est loin, ; peut-être que les choses ont évolués depuis. Nous sommes en mesure de nous rendre compte nous-même que ces dernières décennies, l'art qui est apparu le plus visible dans les médias est sans contexte, l'art contemporain. b) à un certain engouement Différents éléments, nous poussent à penser ces dernières années que, les Français sont enfin emballés par l'art contemporain. Ces éléments positifs sont multiples. Nous pouvons parler de l'engouement par le public pour les expositions monographiques, à l'image de celle de Jeff KOONS au Centre Pompidou du 26 novembre 2014 au 27 avril 2015. Depuis son ouverture, cette exposition a accueilli 260 000 visiteurs dont 55% étaient Français et à terme, on annonce plus de 560 000 visiteurs pour la rétrospective de cet artiste vivant. Dans une autre mesure, la Foire Internationale de l'Art Contemporain qui se tient à Paris, augmente son public d'année en année. En 2005, ils étaient 83 000 visiteurs dont 37% venaient pour la première fois. Comment expliquer ce nouvel enthousiasme pour l'art contemporain ? Selon Jennifer PLAY, la directrice artistique de la FIAC depuis 2004, l'intérêt de l'art contemporain est croissant en raison du fait que nous vivons dans une société où le rôle de l'image est prépondérant. L'art contemporain séduit et fascine, preuve en est, les sommes astronomiques que les œuvres d'art contemporain atteignent sur le marché de l'art : l’œuvre la plus chère à ce jour est le Balloon Dog de Jeff Koons. Cet art ne sait jamais aussi bien porté. Entre juillet 2013 et juillet 2014, le marché de l'art contemporain aux enchères a réalisé un chiffre d'affaires de 1,5 milliard d'euros, soit une augmentation de 33% en un an. La reconnaissance de cet art est surtout le fruit des maisons Christie's et Sotheby's. Si dans un autre temps l'art contemporain était décrié, de nos jours, pouvoir afficher une œuvre de ce type dans son salon semble être la cerise sur la gâteau. Il convient néanmoins de nuancer nos propos, cet engouement n'est pas majoritaire mais minoritaire, seulement 8% de la population française fréquente des musées d'art moderne et d'art contemporain. On estime alors que 4 millions de personnes sont concernés sur les 65 millions de Français par l'art contemporain. Cette masse se divise en trois profils différents : les experts qui ont une expertise élevée de cet art, du fait qu'ils sont bien souvent des professionnels de l'art ; les connaisseurs avec une expertise moyenne et les novices avec une expertise faible, composés de jeunes curieux ou de retraités. Qu'est ce qui engendre leur engouement ou plutôt leur adhésion à cet 10


art ? L'adhésion à l'art contemporain repose sur quelques préceptes dont la familiarisation, le capital culturel, la capacité à trouver un sens aux œuvres, la valorisation de l'innovation et la transgression.

Pour conclure, cette partie, il nous semble important de souligner ceci : « trouver un sens aux œuvres » semble être le problème de l'art contemporain. Selon Élisabeth COUTURIER, comprendre l'art contemporain, c'est un peu comme apprendre une langue étrangère, elle évoque d'ailleurs pour souligner son propos une citation de Pablo PICASSO : « L'art c'est comme le chinois, ça s'apprend 9». Nous pouvons alors ici affirmer que les artothèques apparaissent comme un nouveau lieu d'apprentissage de l'art à côté des lieux d'art existants que sont les musées.

9 Couturier Élisabeth, L'art contemporain, mode d'emploi ; Flammarion ; Paris, 2009, p.46.

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DEUXIEME PARTIE : LES ARTOTHÈQUES, DES LIEUX D'ART CONTEMPORAIN Dès l'introduction, nous avons convenu de ce postulat : les artothèques sont des lieux d'art contemporain. Il est tout de même important de mieux définir ce terme, en s'intéressant notamment à l'histoire de ce concept, à son arrivée en France et surtout aux missions qui lui incombent. Au travers des artothèques de la région Midi-Pyrénées, nous rendrons également compte de la diversité de celles-ci et illustrerons notamment dans un dernier temps, leurs formes, aujourd'hui.

A/ Les artothèques : historique et missions a) L'histoire d'un concept Avant d'apparaître en France, les artothèques prennent racines à partir du XX e siècle, en Allemagne, sous l'impulsion d'un homme : Arthur SEGAL. En 1906, cet artiste allemand d'origine roumaine décide pour faire face à la crise du marché de l'art d'inventer un nouveau mode de diffusion afin de relancer le marché. Il met en place les premières galeries de prêt appelés aujourd'hui, bibliothèques d'art ou artothèques. Ce système de location d’œuvres d'art permet de faire circuler les œuvres chez des particuliers afin de les amener progressivement à en devenir acquéreurs. Cette démarche initié par les artistes marque une volonté d'autonomie, notamment dans la diffusion des œuvres. À partir de là, le concept se développe essentiellement en Europe du Nord : en Allemagne, aux Pays-Bas et au Danemark. Quant à la France, elle s'essaie aux artothèques pour la première fois pendant les années Malraux, père fondateur des Maisons de la Culture dans les années 60. La première artothèque ouvre en France en 1961, au Havre, au sein du Musée des Beaux-Arts. Elle ferme quatre ans plus tard, en 1965, à la suite du départ de son directeur, Reynold Arnould. Une autre artothèque ouvre en 1968, à Grenoble au sein de la Maison de la Culture surnommée « Le Cargo ». Elle ne connaît pas un avenir bien glorieux en raison de problèmes économiques et ferme en 1982. L'année 1982 est l'année fondatrice pour les artothèques françaises. Sous l'impulsion du Ministre de la Culture, Jack LANG, de nombreuses institutions en faveur de l'art voient le jour dont la Délégation aux Arts Plastiques (Direction Générale de la Création Artistiques, de nos jours), les F.R.A.C (Fonds Régionaux d'Art Contemporain), ainsi que les centres d'art. Ces nouvelles structures répondent à la logique de décentralisation culturelle instituée par la loi relative à la décentralisation du 2 mars 1982. L'objectif du Ministère de la Culture est le suivant : « rendre 12


accessibles au plus grand nombre le patrimoine architectural et artistique ainsi que les œuvres de création contemporaine10 ». Dans ce but du « plus grand nombre », des conventions sont signées avec les collectivités territoriales afin de veiller à la juste répartition de l'offre culturelle sur les territoires et de faciliter l'accès aux publics à la culture. La question légitime qui nous vient alors à l'esprit est la suivante : pourquoi cet engagement est essentiellement tourné vers l'art contemporain. À l'époque, les œuvres d'art contemporain témoignent de difficultés pour atteindre les particuliers, comme nous avons pu le mentionner dans notre première partie, et elles peinent à trouver leur place sur le marché de l'art. Par le biais de ces nouvelles structures, l’État prouve son soutien et son engagement aux artistes d’œuvres contemporaines et participe à la création au travers du F.I.A.C.R.E. Le fonds d'incitation à la création qui permet l'attribution d'aides directes aux professionnels. Les artothèques comme l'ensemble de ces nouvelles structures ont pour but de soutenir l'art contemporain, mais aussi, comme les F.R.A.C ; elles se doivent de sensibiliser les publics. L'ensemble de leurs missions et obligations sont définis par une convention ministérielle. b) Des obligations, des missions mais une grande liberté Cette convention ministérielle définit le cadre institutionnel des artothèques. C'est-à-dire que dans les années 80, la constitution de la collection de chaque artothèque est menée d'une certaine manière par le Ministère de la Culture qui encourage à la création de bibliothèques d'art sous la forme de subvention pour la constitution d'un fonds initial d’œuvres d'art contemporain. La moitié de celui-ci doit être constituée à partir d'une liste fournie par lui, après avis de la Commission d'achats du Fonds National d'Art Contemporain (F.N.A.C). Cette commission apparue dans les mêmes années que les autres structures en faveur de l'art contemporain assure la constitution d'un patrimoine artistique et un soutien au marché de l'art en France en acquérant des œuvres d'artistes vivants. Elle garantie la conservation et la valorisation des fonds publics d'art contemporain. Quant à l'autre moitié du fonds, il est destiné à la production locale et régionale. Ces deux obligations sont relatives à la politique d'acquisition. Une autre obligation concerne cet aspect, il s'agit du choix du support : le multiple. Qu'est-ce qu'un multiple ? Un multiple est défini comme suit par François COAUDOU : « un objet, une œuvre, dont il fait partie de l’essence, ou de la définition, d’exister en plusieurs exemplaires, à l’identique ». Ce terme englobe en fait les estampes, les lithographies et les photographies. Une question vient tout de même à se poser, celle de l'originalité. Les œuvres d'artothèques sont des œuvres originales, signées de la main de l'artiste. Le terme de multiple n'enlève par l'originalité à l’œuvre, COAUDOU précise 10 Objectifs et missions explicités sur le site du Ministère de la culture : www.culture.gouv.fr, consulté le 22 février 2015.

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cela dans une deuxième définition: « à l’œuvre unique, se substitue désormais une œuvre en plusieurs exemplaires ; mais plusieurs exemplaires qui ne sont pas la copie d’un original : ils sont l’original même 11». Le choix du multiple est aussi contraint par la question du coût, à l'époque ; le coût de leur acquisition est modique et permet la constitution rapide du fonds. Ces obligations sont clairement exposées à l'article 6 de la Convention ministérielle 12. Elles ont plusieurs buts : 

favoriser un marché qui s’essouffle, en raison d'une méconnaissance du public ;

bâtir des fonds représentatifs des diverses courants artistiques contemporains, de la fin de la Seconde guerre Mondiale à nos jours en mettant en avant des artistes d'envergure nationale, internationale et régionale.

En dehors de ces obligations, les principales missions des artothèques sont évoquées aux articles 1 et 7 de la dite convention. Il s'agit de la mission de prêt et de la mission de sensibilisation à l'art contemporain. Nous allons tenter de définir au mieux l'importance de ces missions. 1. Le prêt d’œuvres d'art Le prêt d’œuvres d'art est au cœur du principe des artothèques. Par cette notion d'emprunt, elles vont à l'encontre des principes institués par les autres structures d'art comme les musées et les centres d'art, qui enferment les œuvres dans leurs murs. Les artothèques mettent à mal la sacralisation de l’œuvre d'art mise en place par ces institutions. L'artothèque est donc un contredispositif au système muséal, du fait qu'elle permet à l’œuvre de sortir, de circuler et de s'intégrer à un nouveau lieu : le lieu de résidence de l'emprunteur. Même si cet emprunt est éphémère, temporaire, un processus d'appropriation s'établit entre le particulier et l’œuvre. Cette appropriation est à la fois matérielle, affective et intellectuelle. La question juste à nous poser ici est l'intérêt de l'emprunt d’œuvres d'art par des particuliers et surtout l'utilisation de l'emprunt comme outil de médiation de l'art contemporain. Lors de son parcours dans l'artothèque, l'usager effectue des choix dans la collection selon des critères personnels, il dessine de cette manière son propre itinéraire dans la création contemporaine, en s'appropriant l'objet et le lieu, en manipulant l’œuvre dans la vie quotidienne et en l'intégrant à son lieu de vie. L'appropriation matérielle et l'appropriation affective sont mentionnées par les utilisateurs d'artothèques : « « L'inconvénient est qu'on s'y attache. C'est difficile à rendre. », dit Martine (une utilisatrice de l'artothèque de Caen) 13» mais aussi par les responsables de ces dernières, M. BARBUSSE Grégory, responsable de l'artothèque de Millau, a souligné le fait lors de 11 Coadou François, Seconde contribution à une réflexion sur les artothèques, A.D.R.A, Août 2010. 12 Cf.Annexes. 13 Crignon Anne, 2014, « Et si on louait un tableau pour Noël ? » in L'Obs, n° 2616.

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notre entretien que certains usagers réempruntent à plusieurs reprises la même œuvre. Les œuvres perdent grâce à l'emprunt, leur caractère sacré et deviennent des objets manipulables dans la sphère intime. Qui plus est, de fait de cette absence de mise à distance, l'emprunteur forme mieux son œil que dans un musée ; il devient plus critique du fait d'une familiarisation avec les œuvres intime et personnelle dans un temps donné. Il présente l’œuvre d'art à ses proches et en devient le porte-paroles. « Pour bien comprendre une œuvre d'art, il faut vivre dedans ou avec. On ne voit jamais aussi bien un peintre que lorsqu'on a vécu avec. À New York, j'ai dormi avec deux œuvres de Kooning dans la pièce, ça change beaucoup le rapport avec les choses. 14» L'autre atout majeur des artothèques grâce au prêt est l'échange qui s'établit entre les usagers et les médiateurs de l'artothèque, le personnel. Cette relation est différente de celle qui peut exister entre des visiteurs d'un musée et le personnel de ce dernier. François COAUDOU souligne, le fait que ce dialogue est basé avant tout sur l'échange, personne ne se sent supérieur à l'autre : « il ne s’agit pas d’expliquer l’œuvre, du point de vue de quelqu’un qui en détiendrait la vérité : il s’agit plutôt, et ensemble, d’en discuter 15». Le médiateur présent en artothèque n’étale pas son savoir et sa science, il dialogue autour de l’œuvre et offre à l'emprunteur de nouvelles grilles de lecture qu'il n'avait pas soupçonné. Le concept de prêt fait partie intégrante de la notion qui suit : la sensibilisation à l'art contemporain. Cette dernière prend diverses formes. 2. La sensibilisation à l'art contemporain Cette notion de sensibilisation à l'art contemporain est mentionnée à l'article 7 sous cette forme : « L'organisme gestionnaire de la galerie de prêts s'engage […] à proposer au public des expositions, une documentation ou toute autre forme de sensibilisation à l'art ». Il peut donc s'agir de diverses choses comme des conférences sur l'art, des rencontres avec des artistes, des résidences d'artistes ou encore des ateliers du regard. Toute activité pédagogique pouvant permettre au public quel qu'il soit de s'éduquer à l'art et de se l'approprier. Un usager d'artothèque doit penser au final : « Je pensais que ce n'était pas pour moi, j'avais tort ». Il peut grâce au travail des artothèques s'ouvrir à l'art et développer de nouvelles pratiques culturelles comme la lecture de la presse dédiée à l'art, la visite d'exposition et même l'achat d'une œuvre d'art. Par ailleurs, les publics sont définis avec les termes suivants dans la convention : « l'ensemble des catégories sociales », « les particuliers » et les « collectivités16 ». Ces publics doivent être pris en 14 Philippe SOLLERS, in Les Français et l'art , Beaux-Arts Magazine, Avril 1982, p.54 15 Coadou François, Première contribution à une réflexion sur les artothèques, A.D.R.A, Janvier 2010. 16 Écoles, Collèges, Lycées mais aussi Hôpitaux, Maisons de retraite, etc.

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compte dans la politique de médiation et d'animation. En outre, par le principe de prêt et de sensibilisation à l'art, les artothèques s'éloignent des autres structures. Elles constituent un rôle important dans la chaîne des lieux d'art contemporain et instituent une relation différente avec leur public que les musées, les F.R.A.C et les centres d'art. Loin de l’élitisme du fait qu'elles apparaissent dans des « non-temples » de l'art (bibliothèques, écoles, hôpitaux ou encore maisons d'arrêt), elles restent un outil inédit de médiation. En échange de ces prérogatives, le Ministère de la Culture alloue une aide financière à l'organisme gestionnaire de 200 000 francs (30 000 euros) pour constituer le fonds initial d’œuvres. Cette convention est signée entre l’État et une structure décentralisée. En contre partie de cette aide, cette structure prend en charge le fonctionnement de la structure et l'enrichissement de la collection en y consacrant un budget annuel d'environ 60 000 francs ( 9 100 euros environ). Pour finir avec la question des obligations et missions des artothèques, nous avons spécifié qu'elles étaient relativement libres. Cette liberté apparaît dans la convention par le fait que le lieu d'implantation et l'organisme gestionnaire ne sont pas clairement encadrés par cette dernière, ce qui explique la grande diversité des artothèques et de leurs organismes gestionnaires ( association, collège, centre d'art, musée). Cette absence de cadres explique la création rapide d'artothèques dans les années 80 et constitue à la fois une richesse et un handicap.

Ce point sur l'historique et les missions des artothèques, nous a permis de mieux définir leur importance et leurs enjeux. Ces structures encore jeunes sont évidemment soumises à de nouvelles interrogations et de nouvelles missions. Nous allons maintenant regarder de plus près les artothèques dans leur structure en analysant la présence des artothèques en Midi-Pyrénées, par la suite, nous évoquerons les artothèques de nos jours et tenterons de répondre à trois questions majeures : les artothèques de nos jours, la diversité de ces dernières et l'impact des artothèques sur les publics.

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B/ La région Midi-Pyrénées : une région représentative Dans le cadre de cette étude, il nous à sembler tout à fait opportun de dresser un panorama des artothèques présentes sur le territoire. Après observation, nous avons constaté la présence de cinq artothèques dont trois dites institutionnelles et deux associatives. Ces deux grandes familles d'artothèques ont pour missions : le prêt d’œuvres d'art et la sensibilisation à l'art. Néanmoins, malgré des missions communes, elles sont aussi très différentes notamment dans leur conception. Qui plus est, les trois artothèques dites institutionnelles se distinguent aussi : une est municipale (Millau), une autre départementale (Cahors) et la troisième se situe dans un collège. Nous allons rendre compte des spécificités de ces artothèques au mieux. Elles nous serviront de socle pour définir notre projet professionnel : l'implantation d'une artothèque au cœur de la MéMo à Montauban (Tarn-et-Garonne). a) Les artothèques institutionnelles 

L'artothèque municipale de Millau17

Initié en 2008, sous la précédente municipalité (le maire Guy DURAND), le projet de l'artothèque voit véritablement le jour, le 3 octobre 2012 à son ouverture au public au sein de locaux du Musée de Millau et des Grands Causses. Après deux années consacrées à l'acquisition d’œuvres, elle propose à son ouverture, cinquante œuvres et en compte aujourd'hui, soixante-quinze. Elle répond par bien des aspects dans sa politique d'acquisition aux critères institués par la convention ministérielle des années 80 : - le support privilégié est le multiple (estampe, lithographie, sérigraphie et photographie), - les œuvres sont dites représentatives des courants allant de 1945 à nos jours ( l'arte povera, le surréalisme, pour exemple), - le fonds est constitué à 85% d'artistes internationaux majeurs sur le marché de l'art (Zao WouKi, Olivier Debré ou Man Ray) et à 15% d'artistes régionaux (Vivianne Dalles ou Sophie Vigneau). En terme de budget, cette artothèque dépend du budget propre de la municipalité et reste malgré la baisse des dotations de l’État, active sous la nouvelle municipalité dirigée par Christophe SAINTPIERRE. Actuellement sous la responsabilité du directeur de la médiathèque municipale, Monsieur BARBUSSE qui travaille en étroite collaboration avec le conservateur du musée municipal, Monsieur LEYGE François ; l'artothèque de Millau se définit comme un service de plus proposé par la médiathèque municipale. C'est-à-dire qu'elle est accessible aux adhérents de la médiathèque sous 17 Population moyenne estimé à 22 000 habitants hors commune.

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condition de la majorité et ne pratique pas à l'inverse de certaines artothèques des grilles tarifaires différentes selon les publics. Un seul tarif existe. Il équivaut à l'adhésion annuelle à la médiathèque et est égal à 19€ pour les résidents de la commune de Millau et à 26€ pour ceux hors de la commune. Cette adhésion permet d'emprunter 12 documents à la médiathèque dont une œuvre d'art. Au niveau des publics, il en existe trois types : les particuliers, les scolaires (écoles primaire de la ville et collèges) et des associations. Étant un service de la médiathèque municipale, nous nous ne disposons pas de chiffres exacts sur le nombre d'usagers de l'artothèque mais savons que la médiathèque dispose de 3 400 usagers inscrits et que cette dernière couvre un périmètre géographique estimé entre 50 000 et 55 000 habitants. À l'heure actuelle et compte tenu de la situation d'hébergement de l'artothèque au sein du musée, Monsieur BARBUSSE estime entre 40 et 50, le nombre d'usagers fidèles de l'artothèque. En effet, l'artothèque de Millau étant encore jeune, elle va connaître des bouleversements en 2016, lorsqu'elle va déménager dans les nouveaux locaux de la médiathèque à l'espace Capelle Guibert. Ces bouleversements vont concernés : - l'espace, car de 30m2 actuel, elle va bénéficier de 80 m2 au cœur de l'espace « Arts » (700), - la politique d'animation car les nouveaux locaux vont permettre des conférences et des rencontres sur l'art contemporain ou avec des artistes, - le nombre d'usagers de l'artothèque grâce à une meilleure visibilité. Quant au budget, il est important de savoir que comme nous le verrons, les budgets d'acquisitions des artothèques varient énormément. L'artothèque de Millau dispose d'un budget annuel de 6000€ (précédemment de 6500€) dont 4800€ d'acquisition et 1200€ d'encadrement. Ce budget permet d’acquérir entre 6 et 7 œuvres par an. Il important de savoir que le prix moyen d'une œuvre est d'environ 500€. Pour conclure, l'originalité de l'artothèque de Millau réside dans sa collaboration avec le musée municipal et les autres structures dédiées à l'art de la ville comme l'Espace Culture. En effet, ce lien étroit permet à l'artothèque d’acquérir soit sous forme de don, soit en bénéficiant d'un geste commercial ; des œuvres des artistes exposés dans ces lieux à l'exemple de Julien COQUENTIN 18 (photographe) exposé en 2014 à l'Espace Culture. Par ailleurs, l'artothèque a été reçue très positivement par les usagers utilisateurs19. Ils ont salués l'initiative et ne demande qu'une chose, que l'artothèque s'ouvre à de nouveaux supports, particulièrement la sculpture.

18 Cf.Annexes 19 Cet accueil se reflète au travers d'un nombre de prêt important compte tenue du nombre d’œuvres, 165 prêts par an pour 75 œuvres répertoriées.

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L'artothèque départementale du Lot

L'artothèque du Lot se situe à Cahors et couvre un ensemble de 174 000 habitants dont 67% en zone rurale. Ses missions comme l'ensemble des artothèques sont : le prêt d’œuvres d'art et la sensibilisation à l'art contemporain. Créée en 2002 et placée sous la responsabilité de Mme REYNIER-GAGNARD Géraldine, elle se définit comme un équipement du Conseil Général et fonctionne avec le budget propre de la collectivité. De quelle manière se traduit sa portée départementale ? Cette dernière se traduit par la présence d'espaces relais étendus sur l'ensemble du département. Les deux principaux se situent à Cajarc (Centre d'art) et à Gramat (Médiathèque municipale). Grâce à sa visée départementale, l'artothèque du Lot avait 125 adhérents et déclarait avoir reçu 2500 visiteurs en 2008. À l'inverse de l'artothèque municipale de Millau et à l'exemple de beaucoup d'artothèques, elle propose différents tarifs d’adhésion annuelle : - une adhésion de 20 €, pour les particuliers, les étudiants, les associations, les entreprises et collectivités du département, - un tarif de prêt variable selon les bénéficiaires et le nombre d’œuvres empruntées pour une durée de deux mois20 : - 50 € pour les particuliers pour deux œuvres; - 60 € pour les établissements scolaires, les professions libérales et associations pour trois œuvres; - 150 € pour les entreprises, les collectivités, les administrations pour cinq œuvres ; - des conditions particulières sont consenties aux 18-25 ans, étudiants, demandeurs d'emploi, titulaires des minima sociaux ; il existe aussi un tarif de 6€ pour le prêt ponctuel (concerne uniquement les particuliers et les étudiants). La politique d'acquisition est en outre compatible avec la convention ministérielle et la constitution du fonds concerne essentiellement à l'ordre du jour, le multiple (estampes, photographies et dessins). Ce fonds était estimé à 360 œuvres en 2008. En ce qui concerne, le budget, elle dispose d'un budget bien plus conséquent qu'une artothèque municipale. En 2008, son budget d'acquisition annuel était de 20 000€. Pour ce qui est de la sensibilisation à l'art contemporain, cette artothèque organise des rencontres avec les artistes, des expositions et notamment des projets pédagogiques en collaboration avec des 20 Hors département.

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écoles, des collèges et des lycées du territoire. Qui plus est, comme d'autres artothèques de nos jours, l'artothèque du Lot participe à la création et ne se contente plus d’acquérir. C'est-à-dire, qu'elle réalise des productions et coproductions avec des artistes en lien avec les structures professionnelles d’art contemporain du département (Les Ateliers des Arques – La Maison des arts Georges Pompidou de Cajarc). Cette aide à la création de la part de l'artothèque, permet notamment d'enrichir la collection et de nouer un lien étroit avec les artistes. En conclusion, nous nous apercevons déjà ici de la grande diversité qui existe entre les artothèques. Cette grande diversité repose essentiellement sur une diversité de moyens financiers et humains. Nous traiterons mieux la question dans un autre point. 

L'artothèque du collège Jean-Jaurès à Albi

Créée en 1994 au sein du collège Jean-Jaurès à Albi dans le cadre du 1% artistique 21, cette artothèque est le fruit d'une entente entre la Direction Régionale des Affaires Culturelles et le Conseil Général du Tarn. L'originalité de ce projet réside par sa procédure de conception, le 1% artistique est normalement consacré à l'acquisition d'une seule œuvre d'art mais ici, il s'agit d'un trousseau d’œuvres 22. La politique d'acquisition de cette structure répond bien entendu aux prérogatives de la convention, à savoir l'acquisition de multiples « représentatifs de l'art des trente dernières années » concernant des artistes tels qu' Alechinsky ou encore Tapiès. Son second trait d'originalité réside évidemment dans son lieu d'implantation : un collège. Par le choix de ce lieu, l'artothèque marque la volonté d'instituer un projet pédagogique autour de l'art contemporain : permettre au jeune public de se familiariser avec l'art contemporain, au travers, d'outils de documentation concernant les artistes, l'histoire de l'art et les techniques employés. Qui plus est, cette artothèque marque une volonté départementale en collaborant à des échanges avec les structures départementale dédiées à l'art contemporain et les autres collèges du département. Ces collaborations apparaissent à travers le projet « De clou à clou 23» ou encore à travers la mise en place d'exposition avec le Centre d'art le LAIT d'Albi, à l'exemple de l'exposition « Love me tender » installée au Centre d'art du 2 au 8 décembre 2014. Nous pouvons dire ici en somme, que cette artothèque marque vraiment sa volonté de sensibilisation à l'art contemporain en privilégiant le public scolaire, mais malgré cela, comme le souligne, le principal du collège, 21 « Le 1% artistique dans les constructions publiques : expression de la volonté publique de soutenir la création et de sensibiliser nos concitoyens à l'art de notre temps, « l'obligation de décoration des constructions publiques », communément appelée « 1% artistique » est une procédure spécifique de commande d’œuvres à des artistes qui s'impose à l’État, à ses établissements publics et aux collectivités territoriales. » (www.culturecommunication.gouv.fr consulté le 11/04/2015) 22 87 œuvres environ 23 Cf.Annexes

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BRUGIÉ Lilian : « Aujourd'hui, c'est ouvert à tout le monde, aux horaires du collège. Les gens peuvent rentrer pour voir la quinzaine d’œuvres exposées en permanence 24». Depuis son inauguration, le 28 septembre 1994, la collection de l'artothèque a constamment été enrichie notamment par le soutien du Fonds National pour l'Art Contemporain. En effet, en 1995 et 1997, cet organisme enrichit la collection en mettant en dépôt successivement, 61 estampes. Aujourd'hui, l'artothèque du collège Jean-Jaurès possède un fonds égal à environ 200 œuvres disponibles au prêt. En outre, la constitution de cette artothèque apparaît comme un projet raisonné, nous pouvons le voir à travers la composition du budget mis en place à sa création (1994). Ce budget égal à l'époque à 400 000 francs, était divisé ainsi : 200 000 francs pour l'acquisition de 80 œuvres, 60 000 francs pour l'encadrement et le matériel pédagogique et 40 000 francs pour l'organisation de conférences et d'exposition. Ces points budgétaires sont importants à prendre en compte en amont de la création d'une artothèque.

Pour conclure sur les artothèques institutionnelles de la région Midi-Pyrénées, nous pouvons dire qu'elles existent grâce à des volontés : municipale, départementale, et parfois, avec un soutien régional. Certains points importants ont été néanmoins laissés en suspend comme la question du personnel, des fournisseurs d’œuvres d'art ou encore la question de l'initiateur de la collection. Toutes ces interrogations seront développées dans la partie concernant la construction d'une artothèque. b) Les artothèques associatives Au nombre de deux en Midi-Pyrénées25, ces artothèques me semblent par bien des aspects plus proche du modèle original institué par l'artiste, Arthur SEGAL. À l'inverse des artothèques institutionnelles, les artothèques associatives ne sont pas propriétaires des œuvres et permettent notamment aux emprunteurs d'en devenir les propriétaires. Elles existent notamment grâce à une collaboration étroite avec les artistes prêteurs. Ces derniers sont rémunérés via le système d'emprunt. En terme de politique d'acquisition, elles ne répondent pas exactement à la convention ministérielle. Elles proposent peu de multiples et se concentrent sur les œuvres uniques : toiles, sculptures et photographies. La constitution de leur fonds ne se limite pas à l'art contemporain et elles présentent surtout des artistes régionaux. Par exemple, l'artothèque associative de Rieupeyroux 24 « Une artothèque ouverte à tous » en ligne sur www.ladepeche.fr, consulté le 23 janvier 2015. 25 L' artothèque de Rieupeyroux (Aveyron) au sein du Centre Culturel Aveyron Ségala Viaur et l'artothèque de Gondrin (Gers) au sein de l'ADPL.

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présente 65 artistes différents en majorité régionaux dont, Gérard Alvarez, Cyril Hatt et Marie Demy. Une grande part des artistes présents dans leur fonds ont notamment exposés dans des structures dédiées à l'art de la région, comme la galerie Sainte-Catherine (Rodez). Par cette collaboration avec les artistes, les artothèques associatives proposent à l'inverse des autres artothèques, un renouvellement constant des œuvres. Par leur zone d'implantation, leur projet s'articulent autour d'au moins quatre objectifs : - réduire les inégalités sociales en permettant l'accès à l'art, - réduire les inégalités géographiques en permettant aux zones rurales d'avoir accès à l'art, (par exemple, Rieupeyroux est une localité de 2000 habitants), - valoriser les artistes régionaux en leur offrant une vitrine et en facilitant la vente de leurs œuvres26, - contribuer à l'attractivité du territoire. Ces missions valent pour les deux artothèques, celle de Rieupeyroux (Aveyron) et celle de Gondrin (Gers). Quant aux publics qu'elles concernent, les artothèques associatives regroupent tous les publics des autres artothèques : les particuliers, les collectivités, les scolaires, les associations mais aussi les entreprises avec qui, elles entretiennent parfois des liens étroits au travers du mécénat. Ces artothèques proposent à leurs publics des tarifs variés en fonction du type d'emprunteur, de la durée du prêt et du nombre d’œuvres27. Il convient notamment de se poser les questions suivantes : quelle est la portée de ces artothèques et par quels moyens existent elles. La portée de ces artothèques se veut essentiellement départementale au travers de structures relais. Pour exemple, l'artothèque de Gondrin possède trois structures relais établies dans le département du Gers : la CDDP à Auch, l'école Gambetta à Lectoure et la médiathèque à Eauze. L'autre artothèque associative dispose de 10 lieux relais sur l'ensemble de l'Aveyron28. Enfin, si ces artothèques arrivent à exister, c'est avant tout grâce au public, aux artistes, aux bénévoles mais aussi grâce au soutien des élus : les Communautés des Communes, les départements et les élus municipaux des lieux d'implantation. Les deux responsables d'artothèques interrogés déplorent un manque de reconnaissance de la D.R.A.C et des services arts visuels de la région. Ce 26 Par exemple, depuis 2008, l'artothèque de Rieupeyroux a permise la vente de 40 œuvres de 24 artistes différents pour un montant de 19 440€. 27 Cf.Annexes 28 Cf.Annexes

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manque de soutien des structures régionales s'expliquent sans doute par un problème dogmatique, les artothèques associatives étant hors système dans un certain sens. Ces artothèques se doivent alors d'exister par leurs propres moyens, du fait d'un désengagement régional et national, elles ne disposent d'aucun soutien financier et comptent essentiellement sur le mécénat. En outre, la mission de sensibilisation à l'art est aussi une des missions portées par ces artothèques. Comment ces artothèques la pratiquent-elles ? Nous parlerons ici de l'artothèque de Rieupeyroux (Aveyron) et de la mission principale, qu'elle s'est donnée, à savoir : permettre aux scolaires d'avoir accès à des œuvres uniques. Cette artothèque possède en fait deux fonds : un tout public et un autre scolaire. Ce fonds spécifique dispose des outils de médiation appropriés : des fiches pédagogiques à destination des enseignants et des interventions de médiateurs en art contemporain. Ce public est particulièrement important pour cette artothèque, 56 établissements scolaires y sont inscrits, notamment grâce à un financement du Conseil général des abonnements pour l'ensemble des collèges du département. Dans le cadre de son engagement avec le public scolaire, l'artothèque de Rieupeyroux a notamment signé une convention avec l’Éducation Nationale qui doit permettre de faciliter et d'accompagner les établissements scolaires de l'Aveyron dans l'utilisation de cette artothèque comme ressources éducatives pour la pratique des arts visuels, l'histoire des arts et la pratique culturelle des élèves. Pour ce qui est du fonds tout public, celui-ci dispose de fiche pour chaque œuvre appelée « fiche pour en parler » qui retrace le parcours de l'artiste, ses influences ainsi que sa démarche artistique. Toutes la documentation mise à disposition du public participe à la démocratisation de l'art et se doit donc d'être penser en amont. Rieupeyroux

Responsabilité : Mme PILLODS Sophie

Date de création : 2007

Nombre d’œuvres : 340

Nombre d'abonnés : 102

Gondrin

M. BASSETTO Christophe

2008

280

95

Pour conclure les artothèques associatives ne sont pas reconnues au niveau national, ni au niveau régional, alors qu'elles assurent les mêmes missions que les autres artothèques, à savoir la démocratisation de l'art, la sensibilisation à l'art et le prêt d’œuvres d'art. Elles réussissent sur certains publics bien mieux que les artothèques institutionnelles, notamment auprès du public scolaire et du public rural. 23


C/ Les artothèques de nos jours Dans ce point, nous tenterons de rendre compte de la situation actuelle des artothèques sur le territoire français, depuis l'abandon de l’État en 1986. Nous nous demanderons si la diversité des artothèques constitue un handicap ou une richesse et regarderons de plus près l'impact qu'elles ont pu avoir sur le public afin de répondre à cette question : les artothèques sont-elles de véritables outils à la démocratisation culturelle. a) D'un abandon de l’État à une tentative de regroupement En 1986, suite à une volonté ministérielle qui vise à décentraliser davantage la politique culturelle auprès des collectivités, la Délégation aux Arts Plastiques se destitue du dossier concernant les artothèques. À cette époque, il est même demandé à la Direction du Livre et de la Lecture de réfléchir sur la question des artothèques, en raison, du nombre important de ces dernières installées en bibliothèque. À partir de ce désengagement de l’État, les artothèques vont souffrir d'un manque de légitimité du fait du manque de reconnaissance des élus locaux, des autres institutions de l'art contemporain comme les F.R.A.C et les musées ou de l'administration (Ministère de la Culture) qui les ont mise en place. Ce désengagement rapide de l’État et l'absence d'interlocuteur au sein de la D.A.P remettent les artothèques entre les mains des décideurs locaux alors qu'elles sont encore à leur balbutiement. Qui plus est, les collectivités territoriales manquent de moyens (financiers et humains), de connaissances sur les artothèques et préconisent alors à l'époque une gestion au jour le jour sans vision à long terme. Très vite après cet abandon, les artothèques prennent conscience de la nécessité d'un regroupement. Elles espèrent alors la constitution d'un réseau national des artothèques soutenu par la D.A.P et le Ministère de la Culture afin de donner plus de pouvoir aux artothèques. Elles réfléchissent notamment à l'élaboration d'une charte qui serait un outil de références pour aider les artothèques à bâtir leurs projets et leur politique. Cette charte aurait plusieurs objectifs : - définir le rôle des artothèques dans les domaines de la création, de la diffusion et de la formation des publics, - asseoir l'image des artothèques auprès des élus locaux. L'existence d'une structure fédératrice semble alors bénéfique pour le développement des artothèques afin d'initier une politique commune pour certaines actions et assumer un rôle de conseiller. 24


Treize ans après l'abandon de l’État, cette structure fédératrice voit enfin le jour, il s'agit de l'A.D.R.A (Association de Développement et de Recherche sur les Artothèques). Créée en 1999, pour « rompre l'isolement des quelque quarante artothèques de France » ; cette association s'est donnée pour mission « d'étudier toutes les questions relatives à ce qui fonde leur action à savoir : la recherche artistique, la diffusion et la médiation mais aussi la formation des personnels et les problématiques liées au droit d'auteur ». En outre, cette association défend la mise en place d'un réseau pour des projets communs et vise à être une plateforme de communication sur les artothèques afin de fournir à ces dernières, une meilleure visibilité. Comment s'organise cette association, aujourd'hui ? Ce réseau national, l'A.D.R.A rassemble 23 artothèques sur le territoire et apparaît ouverte à toutes les formes d'artothèques selon sa Charte29 : « Qu’elles soient adossées à des institutions – bibliothèques et médiathèques, musées, centres d’art, écoles d’art, etc– ou au contraire implantées de façon autonome ». Les artothèques membres s'engage à suivre une politique commune pour certains projets. Un des derniers projets en date est une invitation à réfléchir sur la question du prêt gratuit d’œuvres d'art30. Néanmoins une question vient à se poser, si cette association repose sur le principe d'une fédération, pourquoi ne regroupe-t-elle que 23 artothèques sur la cinquantaine d'artothèques présentes sur le territoire français. Quels sont ses critères de sélection ? Sur les cinq artothèques de Midi-Pyrénées, uniquement, l'artothèque départementale du Lot (Cahors) est reconnue par le réseau. Les autres ne sont pas reconnues et ceux malgré une prise de contact avec l'association. Nous ne pouvons que constater que cette volonté de regroupement malgré une bonne volonté, n'est pas tout a fait effective, mais la faute réside peut-être dans la trop grande diversité des artothèques et surtout dans la diversité de moyens financiers. Or, les artothèques ne disposent pas toutes des mêmes moyens et ne peuvent pas toutes assurer comme le préconise la charte de l'A.D.R.A : « une politique active de soutien à la création à travers leur politique d’acquisition, mais également par la programmation d’expositions, la publication de catalogues, la production d’œuvres ». Ce manque de moyens financiers s'explique par l'abandon de l’État et la baisse des dotations de 29 Adra (2008), Charte des artothèques adhérentes à l'ADRA en ligne sur www.artotheques-adra.com, consulté le 31 janvier 2015. 30 Meyer Céline, "L'art contemporain a-t-il sa place en bibliothèque publique ?" in le Bulletin des bibliothèques de France (2010, T.55, n°3).

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l’État aux collectivités territoriales. Les budgets alloués aux artothèques se sont extrêmement réduits ces dernières années, à l'inverse des budgets alloués aux collections publiques en général et aux prix pratiqués sur le marché de l'art. Il est important de rappeler ici, que les artothèques sont largement tributaire des prix pratiqués sur le marché de l'art contemporain. b) La diversité : une richesse ou un handicap ? Nous avons, précédemment, invoqué la raison de cette diversité : un manque d'encadrement dans la convention ministérielle. Comment se traduit-elle ? Selon Claire TANGY, dans le cas des artothèques françaises, nous pouvons parler d'une hétérogénéité extrême31. En effet, en 2000, le nombre d'artothèques était d'environ cinquante-quatre sur le territoire dont quinze en médiathèque, cinq en musée, six en centre d'art ou centre culturel et six en établissements scolaire. Malgré cette diversité, les principales missions des artothèques restent : l'achat de multiples et le prêt d’œuvres d'art. Après, les artothèques se différencient par la structure de l'équipement, les modalités d'achats des œuvres et le public visé. Nous avons vu les deux principales types de structures des artothèques : forme institutionnelle et forme associative. En analysant, la composition des artothèques de l'A.D.R.A, nous constatons la présence de ces deux types d'artothèques. Au niveau de la forme associative, nous pouvons citer l'artothèque de Caen et celle de Nîmes. Quant à la forme institutionnelle, nous avons pu constater qu'elles étaient dans des équipements culturels et non culturels variés : des médiathèques (Grenoble), des musées (Auxerre), des collèges ou lycées (Lycée Antonin Artaud à Marseille) mais aussi des hôpitaux (Paris). En matière de public visé, il va de soi que la structure d'accueil de l'artothèque influe sur ce dernier. C'est-à-dire qu'une artothèque de collège vise le public scolaire en priorité. Cette idée est souligné par Pierre-Alain FOUR en ces termes : « on peut supposer qu'ils varient selon que l'artothèque est autonome, sis dans un établissement culturel ou un autre équipement. Dans le cas d'une artothèque située dans un hôpital, le public auquel elle s'adresse est propre à celui qui fréquente l'établissement:[...] 32». Quant aux modalités d'achats des collections, il en existe de deux types : une technique collégiale avec un comité d'achats composé de professionnels de l'art contemporain ou le choix d'une seule personne faisant autorité, le responsable de l'artothèque. Nous préciserons ce point dans la partie sur la construction d'une artothèque. 31 Tangy Claire, « Deux mois durant : de la vie à l’œuvre de l’œuvre à la vie », p.231 à 240 in Arts en bibliothèque, sous la direction de Nicole PICOT, Éditions du Cercle de la Librairie (Paris), 2003. 32 Adra (2002), Les artothèques des outils novateurs au service de l'art et des publics, les actes du colloque des 18 et 19 octobre 2000. Caen, édition de l'Adra.

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Cette diversité constitue à la fois une richesse pour les publics, certes, mais aussi un handicap. Nous verrons cela dans le point sur l'impact des artothèques, mais, nous pouvons dès à présent spécifier que cette méconnaissance des artothèques du public, s'appuie sur l'absence d'un rayonnement national de part une installation inégale sur le territoire et de l'implantation d'artothèques dans des lieux à forte valeur culturelle (artothèques de musées) nuisant ainsi à leur identification. Cette diversité, il est important de le mentionner, ne se traduit pas sur la répartition des artothèques sur le territoire. Au regard de la carte des artothèques de l'A.D.R.A, même si elle ne répertorie pas l'ensemble des artothèques, nous pouvons voir des zones dépourvues comme le NordPas-de-Calais, l'Alsace et la Lorraine et à contrario, des régions plus concernées comme la région, Rhône-Alpes. Pour terminer, la question de la richesse ou de l'handicap est une question difficile à creuser, néanmoins, il est clair que cette diversité et la répartition inégale sur le territoire entraînent un manque de visibilité et de clarté pour le public. c) L'impact des artothèques sur le public Nous avons préalablement parlé de quelques raisons majeures qui participent à la méconnaissance du public des artothèques, il nous semble important d'en rajouter au moins deux autres : la méconnaissance du terme « artothèque » et un manque de budget de communication important pour faire connaître le concept. Malgré un développement des artothèques, ces dernières années, avec l'ouverture de nouvelles structures et des articles de presse dans des revues importantes comme Télérama ou L'Obs, le concept reste assez confidentiel et semble du coup réserver aux initiés. En terme de fréquentation, ces structures apparaissant au départ comme des outils de démocratisation culturelle avec l'idée de donner accès à l'art contemporain au plus grand nombre, jouissent d'une faible fréquentation. La fréquentation est le fait dans une grande majorité, de personnes déjà initiées à l'art contemporain. Néanmoins, émettre des critiques sur le public des atothèques est peu être trop tôt encore et même si leur impact est faible, elles tirent leur épingle du jeu auprès des publics captifs comme le public scolaire. En effet, peu d'études ont été réalisé sur le sujet du public des artothèques. À l'heure actuelle, on en déclare deux, celle de Nathalie HEINICH de 1985 et celle d'Anaïs COENCA de 2004 33. Dans 33 COENCA Anaïs, 2002, Les artothèques : succès ou insuccès ? La question des publics, mémoire de maîtrise,dir.B.Darras, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne et HEINICH Nathalie, 1985, Les artothèques, Association pour le Développement des Recherches et Études Sociologiques, Statistiques et Économiques, Ministère de la Culture, Service des études et des recherches, Paris.

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l'ensemble, ces deux études s'accordent sur le fait suivant : les artothèques attirent les mêmes publics que les musées, mais, elles permettent tout de même aux personnes familières de la culture de découvrir de nouveaux artistes et d'approfondir leur connaissance sur l'art contemporain. Pour être plus précis sur la question du genre de public fréquentant les artothèques, nous pouvons fournir quelques chiffres : 1 tiers des abonnés d'artothèques sont des cadres supérieur ou des personnes exerçant une profession libérale, 60% ont moins de 35 ans et 57% pratiquent une activité culturelle. Cette réalité sur le public des artothèques est évoquée notamment par les responsables d'artothèques, Monsieur BARBUSSE Grégory (Artothèque municipale de Millau) a mentionné lors de notre entretien, que les usagers de l'artothèque étaient principalement issus de catégories socioprofessionnelles supérieures et étaient déjà initiès à l'art mais aussi, utilisateurs des autres infrastructures culturelle de la ville (théâtre, cinéma et musée) Malgré ce faible impact sur le public de non-initiés, il est important de mentionner le travail des artothèques hors les murs afin d'éveiller la curiosité des gens, à l'image du partenariat de l'artothèque du Collège Jean-Jaurès à Albi avec le Centre d'art contemporain le LAIT. L'autre travail des artothèques est de tenter de toucher tous les publics, des publics différents comme les publics captifs : les centres de détention, les scolaires et notamment les hôpitaux. Les principaux buts des artothèques vis-à-vis des publics sont les suivants : la formation du regard par le prêt et le changement d'opinion sur l'art contemporain. Il est important de se rappeler cela, car comme le souligne, Céline MEYER dans son article à propos de l'art contemporain : « en dépit des initiatives des artothèques, ce regard est toujours imprégné d'une certaine forme de rejet, parfois violent, qui s'explique par le sentiment d'exclusion et de malaise face à ce que l'on ne comprend pas 34». Le travail des artothèques sur le public est donc un travail important, complexe, perpétuel et qui ne s'inscrit pas dans le temps.

Pour conclure, sur cette large partie intitulée « Les artothèques, des lieux d'art contemporain », nous avons définis ici les principales missions de ces structures ainsi que certaines de leurs difficultés. Dans la partie suivante, nous allons nous intéresser aux questions en amont de la création d'une artothèque, mais aussi, sur l'avenir de celle-ci : une artothèque municipale au sein de la Memo à Montauban (Tarn-et-Garonne).

34 Meyer Céline, "L'art contemporain a-t-il sa place en bibliothèque publique ?" in le Bulletin des bibliothèques de France (2010, T.55, n°3).

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TROISIEME PARTIE : LA CONSTRUCTION D'UNE ARTOTHÈQUE « Pour les villes créant une artothèque, la volonté est d'amplifier ou parfois même de créer une action autour de l'art contemporain35. » Créer une artothèque pose question. C'est-à-dire qu'il faut analyser le lieu d'implantation, le choix de l'organisme gestionnaire (ici la Memo) et réfléchir aux questionnements qui viennent en amont de l'ouverture effective au public. Ces questionnements sont variés et concernent en partie la politique d'acquisition, le budget, le personnel mais aussi la politique d'animation. Au même titre que pour une bibliothèque, tout doit être pensé et réfléchit. Dans un premier temps, il est utile de faire une brève analyse de l'existant en observant la présence de structures dédiées à l'art, à la culture et la population de la zone d'implantation.

A/ Une zone d'implantation a) Un lieu : la ville de Montauban La ville de Montauban, placée en région Midi-Pyrénées, est la préfecture du département du Tarn-et-Garonne. Cette ville compte environ 57 969 habitants au cœur d'un bassin de vie de 70 000 habitants dont 900 étudiants en moyenne 36. Elle constitue aussi le deuxième bassin d'emploi de Midi-Pyrénées, notamment grâce à l'industrie agro-alimentaire. Cette ville est sous la responsabilité de sa maire, Mme BARÈGES Brigitte, depuis 200137. En terme d'animations culturelles, la ville est bien pourvue avec une manifestation à échelle nationale : le festival de Jazz ayant lieu chaque année en Juillet. De nombreux autres festivals dans d'autres domaines existent, à l'exemple du festival littéraire, Lettres d'Automne. Les structures dédiées à la culture sont elles aussi variées. Nous parlerons dans le point suivant de la médiathèque municipale de Montauban, mais, il convient de parler dès à présent des structures majeures dédiées à l'art et principalement du musée Ingres. Le musée Ingres expose,certes principalement les collections des artistes célèbres de la ville (le peintre, Jean-Auguste Dominique Ingres et le sculpteur, Antoine Bourdelle), mais, il présente aussi lors d'expositions temporaires des artistes majeurs de l'art contemporain de la seconde moitié du 35 Tangy Claire, « Les artothèques en France » in Bibliothèques/ Lieux d'art contemporain : Quels partenariats ?, Ed. Fédération française de coopération entre bibliothèques ; Paris, 2001. 36 Source INSEE, Janvier 2012. 37 Réélue en 2008 et en 2014.

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XXe siècle, tels que : Olivier Debré38, Zao Wou-Ki ou encore Vieira da Silva. Ce musée étant un musée municipal, profondément tourné vers sa région, il expose dans le cadre de l'art contemporain des artistes régionaux tels que : Frédéric Berrath, Marie Valette et Xavier Krebs. En plus, de cette structure, les artistes locaux et régionaux disposent du lieu d'exposition de la Maison du Crieur pour se faire connaître. Dans la création de notre artothèque, une collaboration avec ces deux structures est à réfléchir en terme de politique d'animation, mais aussi d'acquisition. En outre, la ville possède bien entendue un nombre important de structures d'apprentissage à l'art , qu'elles soient municipales ou privées. Les associations culturelles jouent aussi un rôle majeur dans l'animation culturelle de la municipalité. Il me semble ici utile de souligner, l'existence d'un IUP d'Arts appliqués Couleur, Image et Design à Montauban, dépendant du Pôle de formations et de recherches en Arts appliqués et Design de l'université de Toulouse Jean-Jaurès. Cette formation va de la licence au master et participe activement à de nombreuses animations avec la médiathèque39. La poursuite de cette collaboration déjà existante avec les étudiants et les enseignants dans le cadre de l'artothèque est à étudier. Nous avons, jusqu'ici réalisé un rapide état des lieux, mais afin d'avoir une politique culturelle aussi forte, la ville doit bien sûr avoir un budget pour la culture. En 2014, le budget de la ville était fixé à 97 millions d'euros divisés entre budget d'investissement et budget de fonctionnement, dans cet ensemble, la culture devait représenter 8% du budget. D'après les annonces, le budget alloué à la culture en 2014, fut de 1,2 million d'euros40. Les deux établissements culturels principalement bénéficiaires sont le musée Ingres et la Memo. Dans cette municipalité, nous choisissons la structure récente de la médiathèque municipale de Montauban, appelée la Memo comme établissement d'accueil et gestionnaire de l'artothèque municipale de Montauban. L'artothèque s'inscrira alors dans la volonté d'offrir aux usagers un nouveau service culturel. b) Une structure d'accueil : la Memo La médiathèque municipale de Montauban dite la Memo existe comme elle est depuis son ouverture en février 2013. Sa rénovation fut conduite sous la municipalité de Mme le maire, BARÈGES Brigitte. L'ancienne bibliothèque située à Perbosc abrite uniquement les archives 38 Olivier Debré : peintures au Musée Ingres en 1988. 39 « Née il y a deux ans en BLANC, la Biennale Passage(s) Design, Arts et Transmission, de l’IUP Couleur Image Design de Montauban explore et montre tous les chemins empruntés par la couleur dans la pratique du design au sens large. […] À la Mémo, Médiathèque Municipale de Montauban, la Biennale Passage(s) propose une exposition collective intitulée Caméléon Vermillon, expériences poétiques du coloris. Cette exposition met en relation des œuvres classiques issues des collections du Musée Ingres et les créations contemporaines de plasticiens et coloristes, qui invitent à faire l’expérience sensible de la couleur. » (site http://www.lepetitjournal.net/, consulté le 17 Avril 2015, à propos de l'exposition ayant eu lieu du 20 mars au 14 juin 2014). 40 Ma ville : le magazine d'information de la ville de Montauban, n°114, Janvier 2014.

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municipales depuis le déménagement de la médiathèque. Bâtie sur le modèle des bibliothèques troisième lieu, la médiathèque de Montauban souhaite alors offrir de vraies espaces de rencontres, d'échanges et de réunions. Dans sa structure, elle a été réfléchie en fonction de cette volonté et dispose d'un espace important de 3 500m2 sur quatre niveaux répartis ainsi : - au rez-de-chaussée : le café des cultures, l'espace des périodiques et l'espace numérique, - au premier étage : l'espace surnommé, « Les mondes imaginaires » présentant les fonds DVD, CD, les livres adultes, les livres jeunesse et la bande dessinée, - au deuxième étage : « Tous les savoirs du monde », les usagers trouvent l'ensemble des documentaires adultes dont l'espace « 700 » réservé à l'Art, ainsi que des zones silencieuses pour l'étude, - les autres espaces importants à la réalisation d'animation dans les murs sont : l'auditorium de 160 places et la galerie d'exposition de 320m2 . De plus, la Memo dispose aussi de 240 places assises, 40 postes informatiques mais aussi de bornes d'accueil et des automates de prêts et de retours afin de permettre au personnel d'être plus à l'écoute des usagers. Cette médiathèque refaite à neuf a coûté 13 millions d'euros dont la moitié à la charge de la municipalité. Après un an d'existence, en 2014, la rénovation de cette structure s'avère payante. Avec près de 100 000 documents tous supports confondus dont environ 10 000 vidéogrammes et 70 000 imprimés, la Memo annonce un nombre d'abonnés de 12 260 personnes soit 21% de la population montalbanaise. Sa fréquentation a aussi augmenté de 34% avec 200 000 entrées pendant l'année 2013. Grâce à ses différents espaces et ces divers partenariats, la médiathèque municipale de Montauban propose de nombreuses animations : ateliers, expositions et cafés-débats. Par bien des aspects, elle apparaît comme le lieu idéal pour l'implantation d'une artothèque.

B/ Des questionnements en amont

a) La création d'un espace Les artothèques soulèvent beaucoup de questions en terme d'espaces. En effet, il faut divers espaces pour ce type de structures : un espace d'exposition mais aussi d'animation, en plus d'un espace spécifique au prêt. La Memo possède l'ensemble des espaces nécessaires à la création d'une artothèque avec une 31


galerie d'exposition, et un auditorium pouvant accueillir expositions et animations, tels que des conférences sur l'art contemporain. Néanmoins, il est bienvenue de penser à une artothèque modulable qui n'encombrera pas la politique d'animation en lien avec les autres espaces de la médiathèque. Qui plus est, il est important de préciser qu'en tant que lieu d'exposition, l'artothèque doit disposer de locaux adaptés à la réception d’œuvres d'art. C'est-à-dire que les locaux doivent répondre à différents critères comme : - de bonnes conditions thermo-hygromètriques, - aucune lumière du jour directe sur les œuvres, - ou encore pas de traversée de canalisation dans le lieu de conservation. Dans un soucis de bonne conservation des œuvres, il est préféré l'utilisation de grilles coulissantes permettant de voir les œuvres sans manipulation directe, en plus de les protéger de la lumière. Certaines artothèques stockent les œuvres disponibles à l'emprunt sur les murs ou dans des étagères prévues à cet effet. Recevoir des œuvres d'art pose aussi la question de l'encadrement, il est important d'inclure cette prérogative dans le budget. Cette action est souvent réalisée par des prestataires extérieurs. Chaque œuvre se doit d'être encadrée avec diverses matériaux (baguettes de bois, plastique ou métal, vitre de verre ou plexiglas) dans le but de la protéger lors des différents transports. Il est impératif de ne pas oublier qu'une œuvre d'artothèque est destiné à de nombreux déplacements. Une attention singulière doit être apportée alors : - aux matériaux de montage (cartons Muséum, papiers Japon gommé, coins en polyester ou autre), - aux baguettes (aluminium ou bois peu acide tel que le chêne), - aux verres ou plexiglas (avec filtre anti-UV). L'ensemble de ces questionnements constitue un point important de la conservation préventive des œuvres, même si les œuvres contemporaines sont relativement récentes, elles doivent être exposées dans des conditions optimales de conservation et de respect des œuvres. Lors de la création d'une artothèque dans un lieu, il va de la responsabilité de la structure d'accueil de faire appel à un conservateur-restaurateur professionnel afin de s'assurer de la faisabilité du projet. Dans le cas spécifique de la Memo, il faudra penser à mettre sous la responsabilité des agents du personnel, le prêt et le retour des œuvres d'art. Les automates de prêt et de retour n'étant pas adaptés à la gestion d’œuvres d'art.

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Quant à l'espace de documentation autour des œuvres et de l'art contemporain, le fonds de documentaires dédié à l'art existant, constitue une mine d'informations pour les usagers utilisateurs de l'artothèque. Bien entendu, ce fonds sera enrichi en parallèle des acquisitions. Nous pouvons alors affirmer qu'en matière d'espaces, la Memo dispose déjà des outils adaptés à l'accueil d'une artothèque : un espace d'exposition, un espace d'animation et un espace de documentation. Ces différents espaces doivent continuer de servir l'ensemble des fonds de la médiathèque, en dépit de la création d'un nouveau service : le prêt d’œuvres d'art. b) L'élaboration d'une collection L'élaboration d'une collection d'artothèque repose sur différents points : la politique d'acquisition, l'initiateur de la collection, les budgets alloués à l'artothèque et les fournisseurs d’œuvres d'art. Chaque point est important. La collection constitue le socle de l'artothèque. Dans un premier temps, nous allons orienter notre politique d'acquisition dans l'esprit des prérogatives de la convention ministérielle, c'est-à-dire que nous mettrons en avant l'ensemble du paysage contemporain de la création allant de 1945 à nos jours, en privilégiant les artistes reconnus à échelle internationale41. Ces artistes devront être représentatifs des diverses mouvements de la période : le surréalisme, le pop art, le mouvement CoBra, et les autres. Une place existera néanmoins pour les artistes régionaux afin de leur fournir une nouvelle vitrine et de la reconnaissance. Le support privilégié sera par définition le multiple. Hormis, les prérogatives existantes les artothèques jouissent d'une certaine autonomie dans la constitution de leur collection, elles peuvent s'orienter vers des collections plus personnelles en rapport avec une histoire particulière ou un ancrage géographique singulier. Par exemple, certaines artothèques mettent plus en avant le médium de la photographie, comme celle d'Angers ou de Grenoble, alors que d'autres privilégient le peinture. Pour constituer notre fonds, nous n'écarterons aucun champ artistique qui relève du multiple et proposerons alors des estampes, des lithographies et des photographies. Le format de l’œuvre est aussi un point en prendre en compte dans la politique d'acquisition. Il nous faut des œuvres dans un format appropriè, facile à manipuler chez soi et à transporter. Le format moyen d'une œuvre sera alors de 50x40 cm, sachant que des œuvres de l'artothèque dépasseront ce format. À l'avenir, cette politique d'acquisition évoluera dans un principe d'interaction avec les fonds de la médiathèque. Quant à la question de l'initiateur de la collection, cet élément est important. Les deux modes d'acquisition existants sont : 41 Liste des artistes de l'artothèque à voir en Annexes.

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- les commissions d'acquisition qui se réunissent annuellement pour valider un choix d’œuvres, - ou le fait d'une seule personne, le responsable de l'artothèque qui décide alors seul de l'élaboration de la collection. Ces deux modes sont utilisés par les artothèques. Les grandes artothèques en quantité d’œuvres comme celle de Caen, l'artothèque départementale du Lot ou encore l'artothèque du Collège JeanJaurès à Albi, utilisent la méthode de la commission. Quant aux artothèques plus petites, elles fonctionnent selon l'autre mode, c'est-à-dire que la collection est le fait d'une seule personne, à l'image de l'artothèque municipale de Millau. Ces deux modes présentent des avantages et des inconvénients. La commission permet une discussion, un véritable échange entre professionnels de l'art, mais l'autre mode d'acquisition permet d'être plus réactif face aux opportunités du marché de l'art. On peut reprocher dans le second mode que l'artothèque soit le reflet d'une seule et unique personne. Le reflet d'une subjectivité pouvant permettre une collection plus cohérente. Il nous semble justifier à ce propos la mise en place dans le cadre de notre artothèque, d'une commission composée d'élus (l'adjoint à la Culture), de la responsable de la médiathèque, Mme LAROCHE Ann-Sarah, du conservateur du musée Ingres (Mme Viguier Florence) et du bibliothécaire chargé des acquisitions du fonds « 700 ». Mais pour réaliser ces acquisitions, il faut définir un budget pour l'artothèque et savoir avec quels fournisseurs, nous allons négocier pour l'élaboration de cette collection. Nous savons avec l'exemple de l'artothèque de Millau, qu'une collection s'initie bien avant l'ouverture effective au public. L'artothèque municipale de Millau a commencé l'acquisition d’œuvres, deux ans avant l'ouverture, c'est-à-dire en 2010. Une artothèque comme toute structure s'articule autour de deux budgets : un budget d'acquisition et un budget de fonctionnement. Dans ce domaine, il existe une grande disparité entre les artothèques : l'artothèque municipale de Millau a comme nous avons pu le voir un budget bien inférieur à celui de l'artothèque du Lot42. Par ailleurs, nous savons que dans l'état actuel des choses, dans tous les domaines, les budgets sont à la baisse. Néanmoins, en terme de budget de fonctionnement, notre artothèque aura un coût faible, du fait que la masse salariale est existante au préalable avec l'équipe de la médiathèque. Il nous faut alors définir un budget global permettant la création de la collection et la réalisation d'animation. Nous partirons sur un budget global pour la première année de 45 000€ dont 30 000€ pour la constitution d'un nombre moyen de 50 œuvres représentatives des courants contemporains (encadrement compris). Le reste sera dévolu à la réalisation d'animations et d'expositions. 42 20 000€ de budget d'acquisition en 2008

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Où se fournir les œuvres ? Il est préférable d’acquérir les œuvres auprès de galeries parisiennes spécialisés dans le multiple comme les galeries Hus et Place des Arts. Pour des besoins pratiques, dans les années à venir, il faudra analyser l'existant au niveau des galeries régionales (Toulouse, Montauban, Albi) pouvant nous fournir sur le territoire. Le galeriste professionnel doit être en mesure d'authentifier l’œuvre et de nous fournir tout document le permettant (le certificat d'authentification). Il doit aussi nous faire les devis nécessaires à l'achat des œuvres. Toutes œuvres acquises auprès des fournisseurs doivent être numérotées et signées par l'artiste. Une fois l'existence de la collection effective, celle-ci ne suffit pas à faire vivre une artothèque. Une artothèque doit faire vivre sa collection au travers d'une politique d'animation et de documentation. Elle ne doit pas oublier son autre objectif hormis le prêt, la sensibilisation à l'art contemporain. c) L'élaboration d'une politique d'animation et d'une politique de documentation Diverses politiques sont nécessaires à la vie d'une artothèque afin d'assurer sa mission de sensibilisation à l'art contemporain. L'importance de ces politiques est soulignée dans la convention ministérielle à l'article 743. La politique d'animation s'articule autour de trois éléments majeurs : l'accueil des publics captifs, la réalisation d'exposition et de conférences. Il est utile pour réussir cet exercice de se servir de l'existant. Les plus importants à mettre en place sont des expositions temporaires et une médiation à destination du jeune public (scolaire : écoles primaires et collèges de la ville), notamment au travers d'ateliers artistiques en partenariat avec l'atelier pédagogique du musée. Dans le cadre de la faisabilité de conférences, il vaut mieux utiliser l'existant présent sur Montauban en veillant à collaborer avec le conservateur du Musée Ingres et les enseignants de l'IUP d'Arts Appliqués. L'intérêt d'une politique d'animation est de faire connaître l'artothèque au-delà de son territoire et d'attirer au travers d'expositions variées un public extérieur de celui de l'artothèque. Dans le cadre de la réalisation d'exposition, la plus importante est sans conteste l'exposition inaugurale de l'artothèque. Cette exposition doit mettre en avant le concept d'artothèque , les œuvres sélectionnées et la documentation disponible. Cette exposition peut prendre divers aspects, elle ne peut être qu'une exposition dans le but de présenter le fonds constitué à l'image de l'exposition de l'artothèque de Millau (« En aparté, l'artothèque de Millau s'expose 44») ou peut interagir avec le public de manière brute, à l'exemple des expositions : « Servez-vous » (Caen) ou « Tout doit 43 Cf.Annexes 44 Du 24 mars au 17 juin 2012 Musée de Millau et des Grands Causses.

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disparaître » (Grenoble). Ces deux expositions invitent ou ordonnent aux usagers de devenir acteurs de l'artothèque. Elles renvoient au fait même qu'une artothèque est l'anti-musée par excellence car cette dernière permet de se saisir des œuvres, de partir « les mains pleines », de s'approprier et d'exposer dans son intimité des œuvres d'art. Dans le cadre de ces deux expositions, les œuvres empruntées furent remplacées par des portraits polaroid des emprunteurs. Même s'il ne s'agit pas ici d'expositions inaugurales d'artothèques, elles marquent toutes deux, la volonté de lever les barrières des artothèques. Ce type d'exposition apparaît comme un exemple concluant d'entrer en matière pour le public. La mise en place d'une exposition de ce genre pour notre artothèque est bienvenue, sous une autre appellation, « Open Bar » qui renvoie à la notion même de service. Quant à la politique de documentation, elle prend forme dans la réalisation de tous supports de documentation utile à l'ensemble des publics. Il peut s'agir de dossiers d'artistes, de catalogues d'exposition, de catalogues des œuvres de l'artothèque ou de journaux. La documentation concerne à la fois, le papier et le numérique. Selon Claire TANGY, il faut penser aux outils d'informations devant être mis en place dès le démarrage de la collection, du fait, que ces outils aident les usagers à comprendre, à lire la collection et à effectuer un choix. Ces aides permettent à l'utilisateur de créer son propre parcours à travers la collection, « son musée imaginaire » : « Ils doivent pouvoir explorer les arcanes de l'histoire de l'art au travers de cette collection autant que faire se peut45. » L'outil de documentation majeur d'une artothèque est le catalogue des œuvres. Ce dernier peut prendre diverses formes : la forme numérique accessible via le site Internet

de l'artothèque

(Artothèque Caen) ou la forme papier (Artothèque de Millau). Il pose problème en partie en ce qui concerne les droits d'auteur et plus exactement au droit de reproduction des œuvres. Afin de rendre public, l'image d'une œuvre l'artothèque ayant un catalogue numérique doit en obtenir l'autorisation auprès de l'artiste. C'est-à-dire que l'artiste via une convention donne l'autorisation à l'artothèque pour la diffusion des œuvres sur Internet, sans cette autorisation de l'artiste, l'artothèque ne peut se prévaloir ce droit. La numérisation des œuvres46 permet de valoriser la collection et d'offrir un accès à distance aux œuvres de l'artothèque. Certains sites Internet proposent même de réserver à distance. Malgré, les avantages réels que proposent l'existence d'un catalogue numérique, la réalisation d'un catalogue papier uniquement disponible en lieu et place de l'artothèque, apparaît comme une solution plus simple au niveau juridique. La solution adoptée par l'artothèque municipale de Millau semble, une solution juste dans notre cas, même si cette absence de présence numérique a un impact sur la visibilité de l'artothèque. Le site de la Memo peut néanmoins mettre en avant la liste des artistes présents dans la collection de l'artothèque. 45 Tangy Claire, « Deux mois durant : de la vie à l’œuvre de l’œuvre à la vie », p.231 à 240 in Arts en bibliothèque, sous la direction de Nicole PICOT, Éditions du Cercle de la Librairie (Paris), 2003. Citation p 239. 46 Cette dernière est assurée par le service photographique des mairies.

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En dehors de ce fait, les artothèques des médiathèques jouissent d'un avantage conséquent face à certaines artothèques. Les emprunteurs ont à leur disposition de la documentation pour mieux appréhender l’œuvre d'art et l'art contemporain grâce à la présence d'un fonds de livres d'art , plus ou moins en adéquation avec la collection. Par ailleurs, il me semble justifié de rappeler que ces deux politiques énoncées sont en partie tributaires d'une politique de communication. Cette politique de communication est dans les faits insuffisante, en raison d'un manque de budget croissant des structures culturelles. De nos jours, cette communication est largement soutenue par les réseaux sociaux. Les artothèques, les plus importantes, sont présentes par ce biais sur la toile afin de communiquer autour de leurs actions 47. Un autre outil de communication pour l'artothèque demande peu de moyens financiers, mais du temps et un investissement humain, à l'image des réseaux sociaux : le blog. Outre ces aspects, les artothèques sont soumises à des questions techniques et pratiques relatifs aux modalités de prêt, aux horaires d'ouverture, au personnel, à la politique d'assurance et au catalogage des œuvres. d) Des aspects techniques et pratiques Ces aspects peuvent sembler d'une importance mineure dans le cadre de la réalisation des missions d'une artothèque, mais, ils constituent un point important dans son organisation. Ces aspects s'articulent en cinq points fondamentaux : 1. Les modalités de prêt Dans la précédente partie, lors du traitement des implantations des artothèques de la région MidiPyrénées, nous avons pu observer une grande diversité à propos des tarifs. La situation des artothèques en bibliothèque est plus simple. Elles considèrent l'artothèque comme un service, le coût du prêt d’œuvres est présent dans l'adhésion annuelle sans surcoût. Dans le cadre de la médiathèque municipale de Montauban, les tarifs figurent en annexes48. Pour des raisons de responsabilisation de l'usager, nous prévoyons pour les étudiants, un coût moyen de 5€ pour accéder au service de prêt d’œuvres d'art. Les tarifs réduits concernent les demandeurs d'emploi et les personnes dépendantes des minimas sociaux (RSA). Quant aux collectivités, il s'agit principalement des structures d'enseignements et de structures spécialisés49. En dehors de ces éléments tarifaires, les artothèques demandent quelques pièces justificatives 47 Twitter de l'artothèque de Caen dirigée par Mme Tangy Claire : https://twitter.com/ArtothequeCaen ou sur Facebook à l'exemple de l'artothèque associative du Centre Culturel Aveyron Viaur Ségala, https://www.facebook.com/pages/La-Première-Artothèque-de-lAveyron . 48 Cf.Annexes 49 Voir site internet de la Memo : http://www.mediatheque-montauban.com.

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pour permettre l'emprunt des œuvres d'art. Ces pièces sont les suivantes : une attestation d'assurances multirisques habitation et une photocopie de la carte d'identité. L'emprunt d’œuvres d'art n'est ouvert qu'aux personnes ayant la majorité et sous la condition d'avoir pris connaissance du règlement général de l'artothèque50. 2. Les horaires d'ouverture Au niveau des horaires d'ouverture, cela dépend de la structure d'accueil et des moyens de l'artothèque. Dans la majorité des cas, sauf exception, les artothèques en bibliothèque offrent une amplitude d'ouverture importante, à partir du moment où le prêt des œuvres est assuré par l'ensemble des agents de cette dernière. La médiathèque de Montauban avec ses 35 heures d'ouverture au public hebdomadaire est en mesure d'accueillir les usagers de l'artothèque. 3. Le personnel des artothèques Les équipes des artothèques sont dans l'ensemble légère : de une à quatre personnes. Claire TANGY a critiqué dès 1999, le faible nombre de postes attribués aux artothèques, en raison de toutes les compétences requises pour la gestion d'un tel lieu de culture : connaissance de l'Histoire de l'art contemporain, connaissance du marché de l'art contemporain et du droit des œuvres d'art. Elle a d'ailleurs souligné son avis avec la phrase suivante : « (il semble) peu sérieux d'envisager qu'une personne puisse assurer seule la gestion d'une artothèque (budget et direction artistique), ainsi que l'accueil, le secrétariat, la communication et les travaux techniques !51 ». À cette époque, les artothèques sont en majorité sous la responsabilité d'une personne à temps plein voire un mi-temps. Ce manque de personnel est moins d'actualité, au vu de l'analyse de la situation réalisée par Clothilde LACROIX52 dans la cadre de son projet de réflexion autour de la création d'une artothèque dans le Nord-Pas-de-Calais, on constate en effet que la plupart des artothèques (ici de l'A.D.R.A) engagent au moins une personne à temps plein et des personnes pour seconder le responsable de l'artothèque à mi-temps. Dans cette réflexion autour du personnel, il convient d'analyser la question de la nature du responsable de l'artothèque. Ce dernier est dans le cadre des artothèques de bibliothèque de catégorie A ou B. Il s'agit bien souvent du directeur de la bibliothèque d'accueil de l'artothèque, à l'exemple de l'artothèque municipale de Millau, placée sous la responsabilité du directeur de la bibliothèque municipale. Au niveau de la formation du personnel des artothèques, il est important de savoir qu'il n'existe 50 Cf.Annexes 51 Tangy Claire, « Les artothèques en France » in Bibliothèques/ Lieux d'art contemporain : Quels partenariats ?, Ed. Fédération française de coopération entre bibliothèques ; Paris, 2001. Citation page 45. 52 LACROIX Clotilde, Création d'une artothèque dans la région Nord-Pas de Calais : un nouvel art à vivre et art de vivre pour la Région, 2008, disponible en ligne sur le site de l'A.D.R.A : http://www.artotheques-adra.com.

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aucune formation spécifique à la fonction d'artothècaire. La majorité des membres du personnel d'une artothèque témoignent d'un intérêt particulier pour l'art, ou ils ont pu bénéficier d'une formation en Histoire de l'art. Aucune obligation n'existe dans ce domaine, si ce n'est d'avoir un concours pour le personnel des bibliothèques. Les artothèques associatives sont libres de choisir. Dans le cas de notre artothèque, il est logique de la placer sous la responsabilité du directeur de la médiathèque municipale de Montauban, en collaboration avec le bibliothécaire chargé de l'acquisition des documents du fonds dédiés à l'art. 4. La politique d'assurance Au même titre que les musées, les artothèques sont dans l'obligation d'assurer leur collection. La souscription à une assurance protège l'artothèque contre les différents risques et dommages que peuvent subir les œuvres. Les tarifs de ces dernières varient selon les collections, les risques couverts et le lieu. Dans ce domaine, le cas des artothèques est complexe avec le prêt à des particuliers et les divers déplacements des œuvres. La seule information communicable à ce propos est qu'en cas de dégradation physique de l’œuvre, de perte ou de non-restitution, l'usager est dans l'obligation de rembourser l’œuvre à hauteur de sa valeur d'assurance (encadrement compris). Dans le non-respect de cette obligation, le dit emprunteur recevra une injonction à payer et pourra être prélevé à la source (sur salaire) par les pouvoirs publics. À ce jour, aucune artothèque ne déplore d'incidents ayant entraîné un recours à cette extrémité. Les emprunteurs d’œuvres d'art se révèlent être des personnes assez soucieuses des œuvres qu'elles empruntent. On ne déplore que des incidents mineurs, des cadres abîmés et des vitres brisés. Dans ce cas, l'usager est chargé de rembourser les frais de ré-encadrement à l'artothèque. 5. Le catalogage des œuvres Le catalogage des œuvres apparaît comme une obsession propre aux artothèques placées en bibliothèque. Ce dernier est en partie réalisé dans le Système Intégré de Gestion (SIGBD) qui permet le traitement des œuvres d'art en plus de l'ensemble des documents de la bibliothèque. Ce système gère notamment la circulation des œuvres : le prêt et le retour. Dans ce but, toutes œuvres de l'artothèque possèdent une côte. Par ailleurs, chaque artothèque réalise pour son catalogue, une notice pour chaque œuvre présentant diverses informations : le nom de l'auteur de l’œuvre, le mouvement artistique représenté, le genre de l’œuvre (bois gravé,eau forte, gravure, lithographie, photographie, sérigraphie ou autre), le numéro de la série, son format, son matériel d'encadrement et sa valeur

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d'assurance.

Les lignes que nous venons d'établir ne sont pas immuables. Une artothèque doit rester ouverte aussi bien dans sa politique d'acquisition, que dans sa politique d'animation. Jouissant d'un fonds considérable de documents grâce à la médiathèque et d'une proximité géographique avec Toulouse, l'artothèque de la Memo ne peut que s'ouvrir au reste du territoire.

C/ L'avenir de notre artothèque a) Une ouverture d'esprit dans la politique d'acquisition Dans un souci de rendre compte au mieux de l'évolution de la création artistique, les artothèques ont dû s'ouvrir à d'autres supports que le multiple sur papier (lithographie, photographie et sérigraphie). De nos jours, nous trouvons dans les collections d'artothèques, des vidéos d'artistes, des objets comme les jeux de Ben ou les tapis de Christophe Cuzin (Artothèque de Caen), mais aussi des œuvres uniques sur papier (dessin et peinture). Cette ouverture a pour objectif d'offrir un panorama assez large de l'histoire de l'art récente. Cette ouverture indispensable à toute artothèque dans le souci de renouvellement de la collection pour le public, peut prendre d'autres aspects avec une artothèque de bibliothèque. Cette dernière peut orienter sa politique d'acquisition en interaction avec les fonds présents notamment en jeunesse et en bande dessinée53. Elle peut acquérir dans un but d'animation de ces espaces, des planches originales d'illustrateurs reconnus dans le domaine de la jeunesse ou de la bande dessinée, comme Étienne Davodeau, Bastien Vivès ou dans l'illustration jeunesse, Rebecca Dautremer. Ces acquisitions d'originaux seront effectuées auprès de galeristes spécialisés comme Daniel Maghen pour la BD et Jeanne Robillard pour la jeunesse. Ces genres d'illustrations ont pris une importance considérable ces dernières années dans notre société, preuve en est, l'ouverture de la maison de ventes aux enchères Chritie's à la bande dessinée. La bande dessinée connaît en effet un nouveau souffle dans le marché de l'art 54. Nous parlons dans ce domaine, de prix multipliés par dix en cinq ans en moyenne. Les principaux gagnants dans ce domaine sont : Tintin, Blake et Mortimer, ainsi qu' Astérix et leurs créateurs respectifs ou leurs ayants droits. 53 À l’exemple de l'artothèque municipale de Millau ayant acquis récemment trois planches originales de bande dessinée de Étienne Davodeau et de Toledano, notamment. 54 THOMPSON Yann, « Chez Christie's, le marché de la bande dessinée sort de sa bulle », disponible en ligne sur www.francetvinfo.fr, consulté le 20 mars 2015.

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Dans une optique d'enrichissement de la collection, le budget annuel d'acquisition sera de 10 000€ pour 7 à 10 œuvres par an (encadrement compris). En dépit de cette ouverture à d'autres genres, l'artothèque devra maintenir l'acquisition d’œuvres d'art contemporaines. Qui plus est, toujours pour s'ouvrir à de nouveaux mondes, l'artothèque regardera plus loin du côté de Toulouse dans le but de créer des animations et des expositions. Ces dernières devront aussi être hors-les-murs de l'artothèque. b) Une ouverture dans la politique d'animation Auparavant dans cet exercice, nous avons relevé l'importance d'utiliser l'existant en ce qui concerne la politique d'animation. Nous parlions à ce moment-là des structures dédiés à l'art sur le territoire montalbanais, aussi bien les lieux d'expositions, que les lieux d'enseignement. Ces collaborations avaient notamment pour but, l'enrichissement de la collection via le don d’œuvres par des artistes exposés dans ces lieux. Dans une envergure d'ouverture plus large sur le territoire et du fait d'une proximité géographique avec Toulouse, il nous semble utile de réfléchir à la mise en place de liens étroits avec les structures dédiés à l'art de la région toulousaine. Ces structures sont multiples et variées. Elles se divisent en plusieurs catégories : - des structures institutionnelles, c'est-à-dire les musées ou encore la F.R.A.C Midi-Pyrénées, - des structures de l'enseignement supérieur, comme l'Institut supérieur des arts de Toulouse ; - des structures associatives, à l'image des centres d'art comme « Le lieu commun » à Toulouse. Nous pouvons, nous demander l'utilité de partenariats avec des structures étrangères au territoire local. Cette utilité est diverse dans l'établissement d'animations variées comme des conférences sur l'Histoire de l'art contemporain par des professionnels de l'art, des expositions temporaires sur des thématiques liées à l'art ou la mise en place d'exposition hors-les-murs dans la communauté d'agglomération toulousaine. L' A.D.RA souligne d'ailleurs l'importance de ces partenariats dans le projet artistique et culturel d'une artothèque, avec d'autres lieux d'art contemporain du territoire et des lieux culturels. Ils permettent de faire rayonner l'artothèque hors du territoire, de communiquer et de sensibiliser sur l'art contemporain à plus grande échelle. Dans le cadre général, les artothèques en France ont un échelon communal ou intercommunal, dans les faits « des emprunteurs démunis de structures de proximité, ou séduits par le projet de l'artothèque se déplacent facilement dans les 100km à la ronde55 ». 55 www.artotheques-adra.com

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Nous sommes parfaitement conscients que les montalbanais ne sont pas démunis de lieux d'art contemporain en raison de la proximité avec Toulouse, mais inscrire le service d'une artothèque dans la mission de service public au sein de la Memo, permettra de confronter des personnes étrangères à ce domaine avec l'art contemporain. Dans cet exercice, il ne s'agit pas de créer un espace d'art contemporain en raison d'un manque mais, de compléter l'offre existante. Outre cette ouverture vers Toulouse, il est justifié de s'intéresser ici à la politique de sensibilisation à destination des jeunes publics, essentiellement le public scolaire. Les écoles primaires et les collèges de la communauté des communes de Montauban participeront notamment à la mise en place d'ateliers éducatifs et d'expositions dans les locaux de ces derniers. La résidence d'artistes en partenariat avec les établissements d'enseignement est aussi à imaginer dans l'objectif de la sensibilisation à l'art contemporain. Par ailleurs, dans une volonté de pérennité de l'artothèque, il faut réfléchir à l'ouverture au mécénat par des entreprises locales et régionales, afin de pouvoir continuer à offrir aux usagers, un service riche. La relation avec chaque partenaire se doit être contractualisée et évaluée. Néanmoins, il convient d'observer que ce mode de financement concerne particulièrement les artothèques associatives comme l'artothèque du Centre Culturel Aveyron Ségala Viaur, soutenue par les entreprises Fabre Sicob et Forderer de Rieupeyroux. De tels partenariats permettent notamment de se faire connaître hors-les-murs en permettant à ses entreprises d'exposer des œuvres de la collection dans leurs propres locaux. Au travers de ces deux points sur l'avenir de l'artothèque, nous avons communiquer autour de différents moyens pour assurer l'enrichissement de la collection et la sensibilisation à l'art contemporain. Nous devons maintenant réfléchir à la production de contenu par l'artothèque. c) Créer et produire en artothèque Nous avons pu voir que dans la grande majorité des cas, l'enrichissement des collections se fait par l'acquisition ou le don d’œuvres déjà existantes et disponibles sur le marché de l'art, mais la production et la création constituent un autre moyen pour les artothèques d'enrichir leur collection, de s'impliquer dans la recherche artistique et le soutien à la création, à l'image des centres d'art contemporain. Les artothèques peuvent alors être des lieux d'expérimentation, d'accompagnement et de communication pour les artistes vivants. Cette production en artothèque s'organise en cinq types de productions artistiques : le livre d'artiste ou le catalogue d'exposition, l'édition de multiple, la production d’œuvres in situ, la résidence d'artistes ou la mise en place d'expositions temporaires. Nous avons maintes fois évoqué certaines de ces productions et allons maintenant nous intéresser à deux d'entre-elles : la production 42


d’œuvres in situ et la résidence d'artistes. La production d’œuvres in situ invite un artiste à réaliser une exposition ou une pièce d'art dont la réalisation sollicite des matériaux onéreux au sein même de l'artothèque. Une œuvre in situ se défini comme suit, « une œuvre réalisée sur place » et élaborée en fonction du lieu qui l’accueille, prenant « tout son sens par rapport à la dimension spatiale, économique, écologique, politique ou symbolique de son environnement56 ». Quant à la résidence d'artistes, celle-ci consiste en l'installation temporaire d'un artiste, déplaçant son lieu de création sur un nouveau site. Ces différentes actions en partenariats avec les artistes sont menés certes dans une relation de confiance mais, elles doivent être encadrées au travers d'une convention permettant de fixer les modalités de productions, le coût et la répartition de ce dernier. En dehors de cet aspect juridique, ces pratiques permettent aux artothèques de suivre les artistes et de mieux comprendre leur démarche artistique. Il est bien entendu que ces partenariats avec des artistes doivent être soutenus par d'autres structures culturelles que l'artothèque, comme l'IUP d'Arts Appliqués ou « La cuisine, centre d'art et de design57 » en ce qui concerne, l'artothèque municipale de Montauban. Cette ouverture a été réalisé par de nombreuses artothèques., depuis ces dix dernières années. La création s'effectue avec l'aide de partenaires publics ou privés, à l'image de l'artothèque de Caen qui collabore notamment avec le Centre National de l'estampe et de l'Art imprimé à Chatou, des éditeurs-imprimeurs ou des galeries ; voire des banques, pour l'artothèque de Saint-Cloud. Ces soutiens financiers sont plus que nécessaires, compte tenu du coût de la création, par exemple l'édition de multiples coûtent en moyenne entre 2 000€ et 3 000€ à chaque projet. Cet objectif de création apparaît bien entendu comme un outil de communication considérable pour les artothèques. À l'avenir, l'apparition de goodies ou plus communément appelés, produits dérivés, est possible. Les musées pratiquent déjà cette solution comme la RMN ou encore le musée Toulouse-Lautrec d'Albi en offrant aux visiteurs des objets à l’effigie d’œuvres de la collection dans la boutique du musée. Cette éventualité devra bien sûr être encadrée juridiquement avec l'accord des artistes mêmes ou de l'A.D.A.G.P (société des auteurs dans les arts graphiques et plastiques). Ces produits dérivés peuvent être : des cartes postales, des affiches, ou d'autres objets.

56 Couturier Élisabeth, L'art contemporain, mode d'emploi ; Flammarion ; Paris, 2009, p.147. 57 Ce lieu crée en 2004, est dédié à la création artistique contemporaine. Sa thématique s'oriente sur l’alimentation, les us et coutumes de la table et, implicitement, les enjeux et le devenir d’une époque du consommable.Pour plus de renseignements, voir sur le site http://www.la-cuisine.fr/.

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CONCLUSION À travers cette étude, nous avons rendu compte de la diversité des artothèques en France et dans la région Midi-Pyrénées, ainsi que de la richesse des structures dédiées à l'art sur ce territoire. Les missions principales des artothèques ont été présentées. Elles sont au nombre de trois : le prêt d’œuvres d'art, la sensibilisation à l'art contemporain et la démocratisation culturelle. La démocratisation culturelle s'articule autour du principe de donner accès à la culture au plus grand nombre et à tous les publics, en articulant une politique particulière à destination du jeune public ou du public rural défavorisé dans son accès à la culture. Nous avons constaté la faiblesse de l'impact des artothèques dans cette mission. Cette faiblesse s'articule autour de la peur que suscite l'art contemporain et elle est enrichie par le manque de communication évident des artothèques. Ces dernières abandonnées par l’État, manquent cruellement de moyens humains et financiers. Pour exister, elles doivent s'intégrer sur leur territoire par la création de partenariats avec différentes structures : privées, publics ou associatives. Si, elles peuvent apparaître comme les laissés-pourcompte d'un emballement collectif des années 80, elles constituent un parfait anti-musée en arrêtant cette mise à distance et la sacralisation des œuvres d'art. À leur apparition, elles n'ont reçu aucun soutien de la part des musées et des centres d'art, apparaissant comme les structures de trop. Aujourd'hui, nous constatons que les relations avec les autres institutions changent dans la mise en place de partenariats contribuant à la bonne image de chacune de ces institutions. Une artothèque vise alors à s'ancrer sur un territoire. Elle s'inscrit dans l'action culturelle d'une ville et tente de rayonner au niveau régional. Ayant pour vocation première le prêt d’œuvre d'art, elle participe à la sensibilisation à l'art contemporain, et, depuis peu à la création. En collaborant régulièrement avec des structures culturelles et artistiques locales ou régionales, elle devient un véritable outil de soutien à la création contemporaine. Ayant également des partenaires privés, contribuant à la réalisation d’œuvres ou d'exposition, l'artothèque participe à la vie culturelle, artistique et économique d'une ville. Elle représente une plus valu pour la ville. Inscrire une artothèque au sein d'une médiathèque présente comme nous l'avons vu de nombreux avantages : des avantages d'espaces, des avantages en moyens humains, des avantages au niveau de la documentation et des avantages d'accueil de tous les publics. Installée une artothèque au cœur de la Memo à Montauban, permettra d'enrichir l'offre existante en matière d'accès à l'art contemporain et de donner accès à l'art contemporain à des personnes étrangères aux structures existantes, comme les musées et les centres d'art, bénéficiant souvent à

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tort ou Ă raison, d'une image ĂŠlitiste.

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BIBLIOGRAPHIE ADRA, 2002, Les artothèques, des outils novateurs au service de l'art et des publics, les actes du colloque des 18 et 19 octobre 2000, Caen, édition de l'Adra. ADRA, 2008, Charte des artothèques adhérentes à l'ADRA : site de l'ADRA, www.artothequesadra.com. CAILLET Elisabeth,2001, « Les publics de l'art contemporain » in Bibliothèques/ Lieux d'art contemporain : Quels partenariats ?, Paris : Ed. Fédération française de coopération entre bibliothèques ; p.12-24. COAUDOU François,2010, Contributions à une réflexion sur les artothèques, textes commandés par l' ADRA, disponible en ligne via www.artotheques-adra.com. COUTURIER Élisabeth,2009, L'art contemporain, mode d'emploi ; Paris :Flammarion, 250 p. DONNAT Olivier, 1998, Les pratiques culturelles des Français, Enquête 1997, Paris :La Documentation française. HEINICH Nathalie, 1998, L'art exposé aux rejets, étude de cas, Paris : Éditions Jacqueline Chambon. LACROIX Clotilde, 2008, Création d'une artothèque dans la région Nord-Pas de Calais : un nouvel art à vivre et art de vivre pour la Région, disponible en ligne via www.artothequesadra.com. MEYER Céline, "L'art contemporain a-t-il sa place en bibliothèque publique ?" in le Bulletin des bibliothèques de France (2010, T.55, n°3), disponible en ligne via http://bbf.enssib.fr. MILLET Catherine, 1997, L'art contemporain, Paris : Flammarion, collection « Champs Art ». PETIT Christelle, 2010, Les artothèques en Rhône-Alpes : enjeux du type d'implantation, Mémoire d'étude, diplôme de conservateur des bibliothèques, Paris : E.N.S.S.I.B, 115 p. TANGY Claire, 2003 ? « Deux mois durant : de la vie à l’œuvre de l’œuvre à la vie » in Arts en bibliothèque, sous la direction de Nicole PICOT, Paris : Éditions du Cercle de la Librairie, p.231240. TANGY Claire, 2001 ? « Les artothèques en France » in Bibliothèques/ Lieux d'art contemporain : Quels partenariats ?, Paris : Ed. Fédération française de coopération entre bibliothèques, p.38-58. TANGY Claire. Les artothèques in Bulletin des bibliothèques de France [en ligne], n° 6, 2002 Disponible via le site : http://bbf.enssib.fr. Sites web www.artotheques-adra.com www.contemporain.com www.culture.gouv.fr

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ANNEXES Annexe 1 : la convention ministérielle Annexe 2 : extrait du catalogue de l'artothèque municipale de Millau Annexe 3 : partenariat entre le centre d'art contemporain le LAIT et l'artothèque du collége JeanJaurès (Albi) Annexes 4 : tarifs des artothèques associatives de Midi-Pyrénées Annexe 5 : carte des artothèques adhérentes à l'ADRA Annexe 6 : tarifs de la médiathèque municipale de Montauban Annexe 7 : exemple de règlement général d'artothèque Annexe 8 : liste des structures dédiées à l'art en Midi-Pyrénées et des galeries spécialisées dans le multiple Annexe 9 : liste des artistes de notre artothèques Annexe 10 : grille d'entretien pour les artothèques Annexe 11 : grille d'entretien adressée à la directrice de la Memo (sans réponse)

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ANNEXE 1 : La convention ministĂŠrielle

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ANNEXE 2 : Extrait du catalogue de l'artothèque municipale de Millau

ANNEXE 3 : Partenariat entre le centre d'art contemporain le LAIT et l'artothèque du collége JeanJaurès (Albi)

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ANNEXE 4 : Tarifs des artothèques associatives de la région Midi-Pyrénées

Illustration 1 : Tarifs de l'artothèque de Rieupeyroux (AVEYRON)

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Illustration 2 : Tarifs de l'artothèque de Gondrin (GERS)

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ANNEXE 5 : Carte des artothèques membres de l'ADRA

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ANNEXE 6 : Tarifs de la médiathèque municipale de Montauban

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ANNEXE 7 : Exemple de règlement général d'une artothèque REGLEMENT GENERAL DE L'ARTOTHEQUE Bibliothèque municipale / Musée de Millau et des Grands Causses L'Artothèque est un service conjoint de la Bibliothèque municipale de Millau et du Musée de Millau et des Grands Causses qui acquiert, prête au public, conserve et valorise des oeuvres d'art contemporaines originales sur support papier. Modalités de prêt des oeuvres Le prêt des oeuvres est uniquement réservé aux particuliers majeurs adhérents de la Bibliothèque municipale de Millau et sur présentation de leur propre carte d'identité avec photographie. Le prêt est soumis aux conditions suivantes : A) Conditions générales • La possession de la carte « Adulte Millau», de la carte « Adulte Extérieur » ou de la carte professionnelle (gratuite) pour les enseignants millavois de la Bibliothèque donne droit au prêt des oeuvres de l'Artothèque sans supplément de prix. • Au moment de son adhésion, l'emprunteur est tenu de signer le présent Règlement général de fonctionnement pour approbation de ses conditions, de fournir une attestation d'assurances multirisques du lieu où seront exposées les oeuvres et une photocopie de sa carte d'identité. • Le tarif d'abonnement est fixé par délibération du Conseil municipal. • Le prêt est limité à une oeuvre d'art par carte et pour une durée de quatre semaines, sans prolongation possible. Une oeuvre ne peut être réservée à l'avance. • Tout retard dans le retour des oeuvres donne lieu au versement des mêmes pénalités que pour les autres documents empruntés à la Bibliothèque. Le montant des pénalités est fixé par délibération du Conseil municipal. B) Responsabilité de l'emprunteur • L'emprunteur constatera, au moment du prêt, que l'oeuvre lui a été remise en bon état et emballée (signature du constat d'état de prêt). Il s'engage à couvrir sa responsabilité pour tout dommage occasionné à cette oeuvre, ainsi que la perte ou le vol. Il s'engage également à restituer l'oeuvre dans son emballage d'origine. • Les oeuvres sont placées sous l'entière responsabilité de l'emprunteur dès que le prêt a été enregistré par la Bibliothèque municipale de Millau. Cette responsabilité inclut également le transport aller et retour. • Lors du retour de l'oeuvre, le bibliothécaire effectuera un constat d'état en présence de l'emprunteur qui devra le signer. • Les emballages, vitres ou cadres détériorés ne doivent pas être remplacés mais remboursés à la Bibliothèque municipale. Cette dernière adressera une facture à l'emprunteur après la restitution de l'oeuvre. • En cas de dégradation physique, de perte ou de non-restitution de l'oeuvre, celle-ci devra être remboursée à hauteur de son prix (valeur indiquée dans le catalogue de la Bibliothèque, encadrement compris). • L'emprunteur s'engage à ne pas prêter les oeuvres à une tierce personne, ni à les utiliser ou les photographier à des fins

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commerciales. C) Conditions de conservation des oeuvres L'emprunteur s'engage à assurer à l'oeuvre prêtée toutes les conditions requises de bonne conservation, et notamment : • À la tenir éloignée de toute source de chaleur, naturelle ou électrique ; • ·À la mettre à l'abri des rayonnements solaires et lunaires ; • ·À l'exposer dans un endroit sec et propre, à l'abri des variations brutales de température et de l'humidité ; • ·À ne pas la désencadrer en aucun cas, même si la vitre est brisée ; • ·À ne pas utiliser de produits de nettoyage ; • ·À la restituer encadrée et dans son emballage d'origine.

Localisation et horaires d'ouverture au public Jours et horaires d'ouverture de l'Artothèque au Musée de Millau Mercredi (accueil assuré par l'équipe du Musée) 14h-18h Vendredi (accueil assuré par l'équipe de la Bibliothèque) 10h-12h J'atteste avoir pris connaissance du Règlement général de l'Artothèque de Millau et en accepter les modalités : NOM et PRÉNOM de L'ABONNÉ(E) N° de CARTE DATE SIGNATURE

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ANNEXE 8 : Liste des structures dédiées à l'art en Midi-Pyrénées et Liste des galeries spécialisées dans le multiple

Illustration 3 : Les structures dédiées à l'art en Midi-Pyrénées

Liste des galeries parisiennes spécialisées dans le multiple

- Galerie Place des Arts - Galerie Hus - Galerie Bert - Galerie Collin - Galerie Documents -Galerie Prouté - Galerie Saphir - Galerie Sarah Sauvin

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ANNEXE 9 : Liste des artistes de notre artothèque Liste des artistes de la collection

Liste des artistes de la collection

A

L

ALECHINSKY Pierre

LE CORBUSIER

ARMAN

LE GAC Jean

B

M

BUFFET Bernard

MAN RAY

BURY Pol

MONORY Jacques

C

N

CALDER Alexander

O

CHEVALIER Miguel

P

CORNEILLE Guillaume

PIERRE ET GILLES

D

PIGNON Ernest Ernest

DALI Salvador

POLIAKOFF Serge

DEBRÉ Olivier

Q

DI ROSA Hervé

R

DUBUFFET Jean

RANCILLAC Bernard

E

RICHTER Hans

ERRÓ Gudmundur

S

F

SAUL Peter

FRANCIS Sam

SOULIE Tony

FROMANGER Gérard

T

G

TELEMAQUE Hervé

GAROUSTE Gérard

TINGUELY Jean

GORODINE Alexis

U

H

UBAC Raoul

HARTUNG Hans

V

HASEGAWA Shoichi

VASARELY Victor

I

VIALLAT Claude

INDIANA Robert

VILLEGLE Jacques

J

W

JACQUET Alain

X

K

Y

KLASEN Peter

Z

KURODA Aki

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ANNEXE 10 : Grille d'entretien pour les artothèques Identification Fonction de la personne interviewée,ancienneté, parcours professionnel Carte d'identité de la structure -Statut juridique -Projet culturel : offre/activités/spécificités -Caractéristiques du fonds : nature des œuvres et quantité Histoire -Date de création -Évolution par rapport à la structure et au projet initial -Temps forts du développement Public -Nombre d'adhérents -Périmètre géographique couvert -Nature des publics intéressés : particuliers, entreprises, associations, collectivités, publics captifs -Profil : âge, sexe, CSP, public initié à l'art ou possibilité de toucher des populations éloignées de l'offre culturelle -Actions développés en direction du monde du travail et des entreprises Fonctionnement -Équipe : qualification et missions -Budget de fonctionnement et d'acquisition -Sources du financement, répartition et évolution -Superficie occupée : surface d'exposition et de stockage -Modalités du système de prêt -Politique d'assurance -Politique d'acquisition : qui opère la sélection ; à quel rythme, selon quels critères -Politique d'animation et de médiation du fonds -Taux de rotation des œuvres Impact de l'artothèque -Nature des échanges entre les emprunteurs et les œuvres -Le système de l'emprunt a-t-il modifié la perception des publics à l'art contemporain, de quelle manière si oui ? Environnement -Quels partenaires (autres que structures relais) -Relations avec les autres équipements culturels de la région -Relations avec d'autres artothèques en France -Relations avec les élus locaux et nature de leur engagement Perspectives d'avenir -Comment expliquez vous le faible développement des artothèques en France, qui malgré leurs atouts et légitimité peinent à être intégrées dans les politiques culturelles actuelles ? -Comment imaginez-vous votre artothèque dans 10 ans ? Quels sont les principaux actes de développement ?

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ANNEXE 11 : Grille d'entretien (Memo-MONTAUBAN)

Identification Fonction de la personne interviewée,ancienneté, parcours professionnel Carte d'identité de la structure -Statut juridique -Caractéristiques du fonds : nature des œuvres et quantité Histoire -Date de création -Évolution par rapport au projet initial -Temps forts du développement Public -Nombre d'adhérents -Périmètre géographique couvert -Nature des publics intéressés : particuliers, entreprises, associations, collectivités, publics captifs -Profil : âge, sexe, CSP Selon votre connaissance du public, s'agit-il d'un public initié à l'art ? (intérêt pour le rayon 700) Fonctionnement -Équipe : qualification et missions -Budget de fonctionnement et d'acquisition -Sources du financement -Superficie occupée -Modalités du système de prêt -Politique d'acquisition : qui opère la sélection ; à quel rythme, selon quels critères (particulièrement pour le rayon 700) -Politique d'animation et de médiation du fonds (idem) Conclusion - À votre humble avis et selon vos connaissances sur votre médiathèque et son public, l'ouverture d'une artothèque au sein de la Memo est-elle intéressante ?

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