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Conséquences de l’accusation sorcellaire
from Représentations sorcellaires et traitement judiciaire de l’infraction de Pratiques de Charlatanisme
IV.4. Conséquences de l’accusation sorcellaire
Les accusations de sorcellerie donnent souvent lieu à un déclenchement d’actes particulièrement violents : être accusé de sorcellerie par la communauté conduit fréquemment à l’exclusion, au lynchage voire à une exécution brutale.
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« Notre pays est gâté car on accuse les personnes comme cela gratuitement. Et une fois que tu es accusée, tout le monde t’abandonne, même ta propre famille. Quoique tu puisses dire, quoique tu puisses faire pour te défendre, tu auras toujours cinq ou dix personnes qui viendront s’attaquer à toi. Souvent, ces sont les jeunes qui s’en prennent aux vieilles personnes accusées. Je ne sais pas ce qu’on leur a mis dans la tête. Si tu as de la chance, tu peux fuir ou ils peuvent t’amener à la police. Moi j’ai passé deux semaines cachée dans la brousse, j’ai dû vivre comme un animal, comme un fantôme pour leur échapper. Sinon, ils te tueront sur place »
Clotilde, accusée de PCS.
Comme nous l’avons noté en introduction, entre janvier 2021 et février 2022, les équipes de monitoring du UNHCR ont documenté un total de 178 incidents de protection liés à des allégations de sorcellerie. Sur ces 178 incidents, 108 étaient liés à des atteintes au droit à la vie ou à l’intégrité physique des personnes accusées. Dans 82% des cas, les auteurs présumés des incidents étaient des civils, notamment des membres de la famille des victimes ou des membres de leur communauté.
Pour B. Martinelli et J. Bouju, « les actes de violences exercés à l’encontre des accusés de sorcellerie sont fréquemment justifiés tant par les acteurs violents que par les témoins comme un mode de coercition, comme une forme légitime d’autodéfense de la société locale à l’encontre de la violence de l’agression sorcière. Dans de telles circonstances, la violence est volontairement exercée dans le but de porter atteinte à l’intégrité physique de l’accusé pour anéantir son pouvoir de malfaisance. […] Ces violences qui sont devenues banales, marquent les dysfonctionnements d’une société en crise, caractérisée par la faiblesse de l’autorité, la crise de contrôle communautaire et les défaillances du contrôle social »12. Nous y reviendrons.
Comme nous allons le voir dans la prochaine section, les personnes accusées de PCS sont également très fréquemment déférées devant les institutions judiciaires.
12 B. Martinelli et J. Bouju, « La violence de la sorcellerie dans l’Afrique contemporaine », in B. Martinelli et J. Bouju, opcit, 2012, p. 21