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À LA UNE

Conférence EUNIC

“Women – Challenges of the Future Decade 2020-2030”

Le 9 mars 2020, Claire Godding intervenait comme Keynote speaker à la conférence « Women and the challenges of the future decade 2020-2030 », organisée par EUNIC. Elle prenait également la parole lors du « International Women day » afin d’évoquer les différences salariales liées au genre. Cet événement, qui se déroulait à l’Ambassade du Canada, était organisé par les chambres de commerce belge, canadienne, suisse et tchèque.

Claire Godding est une experte de la thématique de la diversité et de l’inclusion à FEBELFIN, Fédération nationale des banques belges. A l’origine de l’initiative « Women in finance », elle a également fondé l’association « DMAB » (Diversity Managers Association Belgium).

Le réseau des instituts culturels nationaux de l’Union européenne (connu sous son sigle anglais EUNIC, European Union National Institutes for Culture) est un réseau regroupant des instituts culturels et de promotion des langues nationaux de l’Union européenne 1, avec une coordination entre les institutions centrales à Bruxelles et des groupes (clusters) dans différentes villes du monde, dont Varsovie.

L’objectif d’EUNIC est de créer des partenariats efficaces entre les organisations participantes, d’améliorer et de promouvoir la diversité culturelle et linguistique et la compréhension entre les sociétés européennes et de renforcer le dialogue et la coopération avec les pays hors d’Europe.

La Délégation générale Wallonie-Bruxelles, ayant notamment parmi ses compétences la culture, en est un membre actif. Plus d’informations sur le cluster EUNIC en Pologne et ses activités www.eunic.pl

Pouvez-vous nous en dire plus sur l’équilibre hommefemme actuel dans le monde de la finance ?

Dans la plupart des pays d’Europe, les femmes représentent aux environs de 50% de tous les employés de banques. Ceci peut vous paraître surprenant. En effet, par ailleurs, le monde bancaire véhicule encore des stéréotypes très masculins (« le banquier »)

Lorsqu’on examine le genre au sein des différents niveaux hiérarchiques, on constate qu’au niveau de la Direction, le pourcentage de femmes se réduit, souvent aux environs de 20 à 25%.

Ce sont des plafonds de verre, invisibles mais bien présents, qui ralentissent la progression des femmes. Pour les rendre visibles, il faut mesurer les % d’hommes et de femmes à chaque niveau, dans les différents métiers. A ce moment seulement, il est possible de construire un plan d’action effcace.

Quels sont les avantages concrets qu’offre un équilibre des genres, plus particulièrement dans le secteur financier que vous connaissez bien ?

Il est possible d’identifier sept raisons, pour lesquelles il est essentiel, aujourd’hui plus que jamais, de faire progresser l’équilibre hommes femmes à tous les niveaux dans le secteur financier. - Maximiser le return sur le capital humain : développer chaque employé-e jusqu’au maximum de ses possibilités - Enrichir l’intelligence collective - Booster l’innovation - Améliorer la gestion des risques - Améliorer la compréhension des besoins des clients (dont 50% sont des clientes) - Retenir les meilleurs talents (également parmi les femmes) - Contribuer à la composition d’équipes plus inclusives (moins de risques de comportements inacceptables, de racisme, d’homophobie et de … sexisme dans les équipes plus mixtes)

Pourtant à ce jour, une proportion importante d’institutions financières reste inactive sur ce volet de la mixité.

D’où la création de Woman in Finance, dont vous êtes l’une des initiatrices…

C’est effectivement pour changer cette situation que s’est créé Women in Finance, il y a près d’un an : 35 institutions financières se sont engagées, en signant une charte, à mesurer leurs plafonds de verre, à mettre en place un plan d’action, à nommer un membre de leur direction responsable de ces questions, et à partager leur progression avec l’association.

L’association, qui fonctionne avec plusieurs groupes de travail composés de femmes et d’hommes de différentes institutions financières, a mis en place des formations pour rédiger des offres d’emploi plus inclusives, pour apprendre à mesurer le gender pay gap ou pour être plus conscients de nos biais finalement assez inconscients. Elle publie régulièrement sur Linkedin (@Women in Finance Belgium) et vient de publier un article sur l’importance du Work Life balance en période de confinement.

Culture L’égalité Femmes-Hommes, les Droits des femmes, sont deux préoccupations majeures du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Qu’en est-il du secteur culturel ?

Réponse avec la Ministre Bénédicte Linard et l’agence Wallonie-Bruxelles Musiques

Comme le dit Iris Brey, autrice et docteur en études cinématographiques dans son livre « Le regard féminin, une révolution à l’écran » : Il est capital d’augmenter la présence des femmes dans le domaine culturel, non pas pour censurer les hommes, mais pour s’enrichir de nouveaux récits et apporter un nouveau regard, une diversité dans les créations et les projets culturels.

Je me réjouis de constater que les choses commencent à changer. Ce n’est ni le fruit du hasard ni de quotas, mais cela résulte entre autres du fait que notre génération a pris conscience de la juste place que les femmes ont le droit d’occuper dans une société du XXIème siècle. Cependant, il nous reste un certain chemin à parcourir.

La situation de la représentation féminine dans les arts en Fédération Wallonie-Bruxelles est clairement à améliorer. Tous les domaines sont concernés. En musique, à peine 20% des projets soutenus sont portés par des femmes, dans le cinéma, on est autour de 37 %. Les initiatives directement issues du secteur telles que Scivias, qui vous est décrite dans cette lettre, « Elles font des films » ou le « Collectif F(s) » ont contribué à mettre en lumière ces inégalités. Leur travail est important car il permet au monde culturel non seulement d’objectiver la situation mais aussi de réfléchir autrement au moment d’opérer des choix, en termes de programmation par exemple.

Détenir un portefeuille ministériel varié, dont les compétences « Droits des femmes » et « Culture », permet d’opérer plus facilement des liens entre les matières. Les droits des femmes sont une compétence horizontale qui s’applique à tous les domaines et notamment l’Enseignement, la Culture, les Médias et l’Administration.

A titre d’exemple, nous avons également prévu de proposer un nouveau décret sur la féminisation des noms de métiers, grades, titres et fonctions. C’est aussi par un travail sur la langue française et son utilisation que l’on peut traduire des intentions politiques. La thématique du Droits des femmes sera une priorité absolue et transversale de l’ensemble des politiques de notre Gouvernement.

Bénédicte Linard, Vice-Présidente et Ministre de l’Enfance, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes

« Donner davantage de visibilité aux musiciennes et actrices du secteur »

Témoignage d’Elise Dutrieux, Coordinatrice de Scivias pour Wallonie-Bruxelles Musiques

Scivias a tout juste un an. Bien que le projet n’ait été présenté au public qu’en avril, il s’est construit, organisé, élaboré les cinq mois précédents. Ces mois-là ont été précieux, parce qu’ils ont permis de dessiner les contours d’un projet ambitieux, novateur et plein d’espoir.

La genèse de Scivias remonte à fin 2018. Nous prenions conscience du problème lorsque la finale du concours Court-Circuit (un concours pour les artistes émergent·es en Fédération Wallonie-Bruxelles) ne présentait que très peu d’artistes féminines. J’étais déjà très active sur ces questions, notamment à l’occasion d’une recherche sur la place des femmes dans les musiques électroniques, mais je ne parvenais pas à trouver les moyens d’agir concrètement. Nous en parlions régulièrement avec Julien [NDLR : Fournier, directeur de WBM] mais nous étions conscients de nos limites, étant donné que notre agence travaille sur le dernier échelon de développement des carrières musicales en Belgique, leurs exportation à l’international. Une première concertation a ouvert des pistes qui se sont rapidement transformées en projet concret. Nous avons donc évalué les options et l’idée d’une charte s’est imposée comme une évidence.

Le charte s’est construite en collaboration avec des musiciennes, activistes et acteur·rices du secteur musical. Sa confection nous a permis de questionner nos propres fondations et de les affrmer,etl’envied’ouvrirleprojetaux autres structures du secteur nous a semblé évidente. C’est à ce moment que le mot Scivias (“Sache les voies” en latin) est apparu : nous voulions montrer les voies d’un changement.

Aujourd’hui, Scivias poursuit sa construction, toujours dans l’échange et le dialogue, et clame une véritable volonté d’ouverture. Le projet a permis à différentes institutions de se connecter, de partager un objectif commun d’égalité. En plus du véritable premier rapport prévu en août 2020, plus étoffé et objectif, nous poursuivons différents buts, qu’il s’agisse d’agir concrètement au sein des structures, transformer le paysage global de la musique vers une meilleure mixité et donner davantage de visibilité aux musiciennes et actrices du secteur.

La Charte a été signée par une dizaine d’acteurs du secteur musical subventionnés par le secteur public et une dizaine d’organisations privées.

L’historique de cette initiative et la charte complète sur scivias.be.

WALLONIE-BRUXELLES MUSIQUES (WBM) EST UNE AGENCE PUBLIQUE SPÉCIALISÉE DANS LE SOUTIEN À L’EXPORTATION DU SECTEUR MUSICAL DE LA FÉDÉRATION WALLONIE-BRUXELLES.

Plus d’informations sur www.wbmusiques.be

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