PROJET DE FIN D’ÉTUDES
Du paysage à la matière, synthèse d’une pensée
Établissement et département | ENSA Marseille, La FABrique Enseignants | Frederic Einaudi, Anthony Rodriguez
Étudiante | Axel Maire Année | 2015-16
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VILLE DE CATANE, SICILE (ITALIE)
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MASTERPLAN ET REQUALIFICATION DE LA VILLE DE CATANE
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CHOIX DU SITE ET ANALYSE
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REDYNAMISER UN QUARTIER DÉLAISSÉ
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TRANSITION ENTRE VILLE ET PARC
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DES LOGEMENTS INDIVIDUELS À COUR
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UNE NOUVELLE CENTRALITÉ
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SYNTHÈSE
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VILLE DE CATANE, SICILE (ITALIE) La ville de Catane se trouve sur une plaine de la côte orientale de la Sicile. Elle est dominée par la figure de l’Etna, le plus grand volcan d’Europe, qui se trouve à 40km au Nord de la ville. À plusieurs reprises, les coulées de lave de l’Etna, ont détruit des parties de la ville.
Parc de l’Etna
Catane
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Via P
spi Via F. Cri Via V. Guiffrida
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A1
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SS114 vers Augusta
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Autoroutes (A18 vers Messine et A19 vers Palerme)
Routes principales (rocade et SS114 vers Augusta)
Voies rapides
Routes secondaires (grands axes traversant le centre ville de part en part)
Routes tertiaires N 0
500 m
1km
Carte du réseau viaire et ferroviaire
Catane est une ville côtière privée de son littoral, un littoral quasi inaccessible et majoritairement privé (lignes de chemin de fer, port économique). Toutes les activités balnéaires sont reportées au Sud de la ville.
Par ailleurs, l’expérience de Catane nous a appris que la ville entretient des rapports extrêmement durs avec le piéton de manière générale. Sa place n’est pas du tout définie, hormis dans le centre ville historique. 10
Parcs et jardins publics
Terrains de sport
Réserves foncières et friches
Places publiques
Parcelles agricoles
Cimetière
N 0
500 m
1km
Carte des zones non bâties
Catane est une ville avec beaucoup de foncier disponible. En marge du centre historique, on remarque un espace vide sans affectation particulière qui traverse le Sud de la ville d’Est en Ouest. Dans une ville à la topographie plutôt plane, ce site forme
une grande butte. On suppose donc que le relief du site a stoppé l’expansion urbaine. Aujourd’hui, cette réserve foncière représente une véritable fracture entre le centre ville au Nord et la banlieue au Sud. 11
San Giorgio
Villaggio sant’agata
Librino
Grands ensembles résidentiels publics
Quartiers identifiés N
Noyaux de constructions spontannées
0
500 m
1km
Carte des différentes formes d’urbanisation
En marge du centre ville historique dense, et en particulier autour de ce vide que l’on a identifié, la majorité des constructions correspondent à de grandes opérations de logements sociaux (immeubles de hauteur moyenne à grande, dans un tissu lâche).
Quelques noyaux de constructions spontanées «colonisent» peu à peu certains «vides» de la ville (immeubles bas et mitoyens les uns des autres). Certains de ces tissus se sont constitués en petits villages ou quartiers nettement identifiables aujourd’hui. 12
Bâtiments de production et de stockage
Équipements
Logements
N 0
Lieux de culte
500 m
1km
Carte des typologies de bâti
L’analyse des différents types de bâti révèle une zone exclusivement économique au Sud du centre ville historique. On y trouve principalement des hangars de stockage et de production, ainsi que quelques usines désaffectées (grande cimenterie, etc.). Ce tissu autonome n’établit aucune relation avec la ville historique.
Les équipements de la ville se trouvent principalement dans le centre et les quelques équipements autour du grand vide sont essentiellement des équipements scolaires.
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Infrastructures territoriales (aéroport, nouvelles gares, téléphérique) Équipements publics (palais des sports, bibliothèque, belvédère, halle de marché, centre culturel, mémorial) Parcours piétons créés
Infrastructures territoriales
(aéroport, Grands axes routiers Nord/Sudnouvelles gares, téléphérique) (Viale Carmelo Rosano, Via Giuseppe di Gregorio Équipements et une nouvelle voie d’entrée dans publics la ville) (palais des sports, bibliothèque, belvédère, halle de marché, centre culturel, mémorial)
Nouvelles lignes de tramway
Zones requalifiées et restructurées
Parcours piétons créés
Parcs et places publiques
SCHÉMA D’INTERVENTION
Grands axes routiers Nord/Sud (Viale Carmelo Rosano, Via Giuseppe di Gregorio et une nouvelle voie d’entrée dans la ville) Nouvelles lignes de tramway Zones requalifiées et restructurées Parcs et places publiques
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MASTERPLAN ET REQUALIFICATION, DE LA VILLE DE CATANE Au regard de cette analyse, nous avons établi une stratégie commune d’intervention sur la ville de Catane. Posture : On aborde le projet sous l’angle d’un exercice théorique à l’échelle de la ville, qui prend la forme d’interventions radicales. Les interventions aussi spécifiques/ciblées et ponctuelles qu’elles soient, prennent place dans un schéma global qui a pour objectif de donner du sens à la ville de Catane. Chacun des projets (8 étudiants, 1 projet par étudiant) s’intéresse à définir une limite à un espace non tenu et non maîtrisé, et donc à qualifier cet espace.
Stratégies : • RECONNECTER la partie Sud de la ville, à la partie Nord, par un travail sur le réseau viaire et ferroviaire existant (dévoiements, suppression ou ajout de voies, déplacement des gares, travail en strates) et par l’implantation de nouvelles infrastructures (tram, téléphérique). • DÉFINIR un grand parc public, par une définition claire des limites de la « réserve foncière » en agissant sur les zones qui la jouxtent : la densification des zones lâches avec l’implantation de logements et d’équipements, la redéfinition des espaces publics (le dessin du vide) et un travail topographique. • DÉSENGORGER/LIBÉRER le linéaire de littoral actuellement utilisé par les activités économiques et rendre le front de mer accessible aux piétons, du Nord de la ville jusqu’au port. • REPORTER les activités économiques portuaires au Sud du cœur de ville (dessin d’un nouveau port).
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CHOIX DU SITE ET ANALYSE
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Centre ville historique
Grand Parc
_Le quartier Cimetière Monumental
Nouveau port économique
Aéroport
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Le site choisi se trouve au Sud du centre ville dense, au Nord du cimetière monumental de Catane, proche des axes majeurs de circulations qui ceignent la ville. On se trouve dans un quartier caractérisé par un tissu viaire et bâti lâche, voire épars. C’est un quartier relativement pauvre relégué au second plan, profitant d’une économie locale.
Château d’Ursino
Porte Garibaldi
Théâtre gréco-romain
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Cimetière de Catane
InterpĂŠnĂŠtration de zones urbaines et de zones de nature 22
_Limites du site et implantation du bâti La zone de projet s’inscrit dans une figure de forme triangulaire délimitée et bordée par deux rues et par un ruisseau. Sur ce site on constate la confrontation et le mélange de différents tissus. On peut voir que le bâti s’implante proche des trois axes cités précédemment et la plupart des rues se terminent en impasses.
LOGEMENTS HAUTS
TISSU MIXTE ET DENSE
Au centre de la figure, se trouve un grand vide végétalisé sans fonction apparente. La topographie particulière scinde le site en deux, une partie haute et une partie basse.
TISSU RÉSIDENTIEL (VILLAS)
La diversité et la singularité des tissus offre de multiples paysages (agricole, industriel, cimetière, ville dense, etc.).
CIMETIÈRE MONUMENTAL
L’ensemble de ces caractéristiques en font un site pluriel, difficile à définir, on se sent dans une zone transitoire, entre un espace urbain et un espace paysager.
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Viale del
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Via Pa
Composition urbaine
Dynamiques actuelles 23
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REDYNAMISER UN QUARTIER DÉLAISSÉ
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Le projet va s’attacher à créer un cadre architectural et urbain qui puisse revaloriser et revitaliser le quartier. L’intervention s’étend sur l’ensemble de la grande zone vide, centrale à la figure triangulaire. Le projet propose donc de : • Souligner et accompagner la transition ville/parc avec, d’une part, l’implantation d’une série de maisons individuelles à cour en partie basse du site (densification du bâti) et d’autre part, en complétant le réseau viaire existant et en aménageant des parcours piétons. • Pourvoir la zone d’une centralité de manière à inverser la polarité du site. Dans un quartier chaotique où il n’y a pas de place publique, il fallait un lieu fédérateur, un lieu capable de créer une cohésion de quartier. Le choix s’est donc porté assez naturellement sur l’implantation d’un équipement culturel et social et la définition d’un grand espace public. On choisit donc d’implanter l’équipement sur le plateau. Cette position est stratégique, puisqu’elle est centrale dans le site et elle bénéficie d’autre part d’une vue privilégiée sur la vallée.
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Stratégies d’intervention 27
D
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C
TRANSITION ENTRE VILLE ET PARC
B
A
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a. On prolonge le tissu urbain afin de projeter un équipement public que l’on assoit sur une grande esplanade minérale en belvédère sur le site.
b. On aménage des promenades piétonnes permettant de franchir la pente boisée.
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c. En partie basse du site, on implante une série de maisons individuelles à cour qui s’agrègent en grappes autour de grandes prairies (densification du bâti). L’ensemble est desservi par une rue qui traverse le site d’Est en Ouest, et des rues secondaires pour chaque groupe de logement.
d. Enfin, on aménage une promenade piétonne le long du ruisseau ainsi que des passerelles pour pouvoir le franchir
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DES LOGEMENTS INDIVIDUELS À COUR
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C3
C3
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C4
Plan structure
C1
18.60m
Plan structure
18.60m
18.60m
C1
La première phase de travail consiste en la densification de la partie Sud du site avec l’implantation de logements. Au Sud de la ville historique constituée, les opérations de logements collectifs publics concernent 80% du bâti (cf Carte des différentes formes d’urbanisation, page 12). Dans un paysage très vert et fertile, le choix s’est porté plutôt sur des logements individuels bas, proches de la terre. Les maisons s’implantent en rangées. Les espaces interstitiels entre deux rangées de maisons sont de grandes prairies, ces espaces prolongent l’étendue verte du parc.
18.60m
Les villas sont toutes orientées au Sud/Est ou Sud/Ouest, pour profiter au maximum de la lumière du jour. La villa type, en forme de L, est largement ouverte sur un grand patio clos par un mur. Abritant l’unité des regards extérieurs, ce mur ceint la villa et son patio et l’ensemble s’inscrit dans un carré de 18x18m. L’accès à la villa se fait par un petit patio diamétralement opposé au grand. Premier seuil de l’intimité, il donne l’accès aux espaces privés qu’ils soient intérieurs ou extérieurs. Cette composition vise a privilégier une continuité visuelle dans la diagonale.
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C1
C2 C3
C3
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C4
Chaque aile de la villa accueille respectivement les espaces de Plan structure jours et les espaces de nuit.
Afin de pouvoir vitrer l’ensemble du linéaire de façade donnant sur le patio, deux grandes poutres traversent l’unité de part en part. Un système de poutrelles permet également d’apporter des jours latéraux dans les circulations périphériques. L’ensemble des murs et la toiture sont construits en béton brut.
C1
C2
18.60m
Tout le long du mur périphérique, une bande servante accueille divers placards et éléments de rangement, marquant d’autant plus l’épaisseur de ce séparatif.
18.60m
ngine 0.79.100.98
Ainsi, chaque unité possède son propre espace extérieur où la vie familiale peut se déployer en toute sécurité. L’aménagement de pivots dans le mur coté prairie, permet par ailleurs d’ouvrir les patios en continuité avec le parc. Dans les prairies sont plantés des arbres à feuilles caduques pour un contrôle naturel de la lumière.
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UNE NOUVELLE CENTRALITÉ
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_La recherche d’un ordre structurel et spatial La seconde phase de travail porte sur la réalisation d’un équipement public culturel, comme lieu fédérateur du quartier.
Par la suite, le but a été de trouver un ordre structurel et spatial à l’espace majeur du programme développé dans le projet. Encore une fois à la manière de Louis Kahn, on part de la « Pièce » (the Room) pour offrir à chaque Room sa structure, sa lumière, son espace.
Au regard du site et de ses caractéristiques, j’ai souhaité concentrer le travail autour de la recherche de l’ordre comme principe régulateur de la démarche de projet.
À partir d’une forme géométrique de base choisie (le cube), j’ai recherché le système structurel qui pourrait définir le type d’espace que je souhaitais développer dans le projet en prêtant attention aux éléments suivants :
Partant des convictions de Louis Kahn selon lesquelles « chaque espace doit être défini par sa structure et la structure joue un rôle primordial dans le dessin de l’espace », j’ai d’abord effectué un travail d’exploration en maquette (sans échelle particulière) à la recherche d’une figure structurelle.
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1. Le plein et le vide, la pondération des masses, le rapport des éléments entre eux. Massivité ? Légèreté ? Densité ? Quel équilibre ?
Le choix s’est porté sur une structure qui ordonne l’espace et qui l’organise (lisibilité structurelle) et sur la définition d’un espace majeur central. Les maquettes témoignent de la recherche d’une lumière zénithale pour cet espace. En effet, le rapport de la terre au ciel me semblait primordial dans ce genre de projet qui se veut centralisateur.
2. L’espace, la typologie d’espace désirée et une structure pouvant répondre à ce type d’espace. Espace libre ? Espace dense ? Effacement ou affirmations de la structure ? Plan libre ou plan structuré ?
Les maquettes sont basées sur des grilles orthogonales régulières, des rapports de tiers et de quarts tels que le rapport 2/3-1/3 dans la hauteur. Ainsi, la composition tend à s’échapper de la petite échelle et à manifester un ordre monumental.
3. La composition La structure choisie se devait aussi d’être issue de rapports géométriques précis au sein de la figure du cube. 4. La lumière Enfin, la structure choisie se devait de conduire la lumière, de la faire entrer dans le bâtiment. Lumière zénithale ? Lumière unique ? Multiples ?
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Bibliothèque d’Exeter (New Hampshire, États-Unis), 1905, Louis Kahn
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« Ainsi les différents lieux d’un espace à base carré, rectangulaire ou circulaire ne sont pas de valeur identique parce que le centre, les angles ou la périphérie adoptent une importance particulière dans chaque cas. (…)
hiérarchie
Une implique des éléments primaires et secondaires. (…) Dans la diversité, la hiérarchie est un moyen unificateur puissant. Elle permet de réunir des éléments dans des ensembles plus grands, plus simples et plus reconnaissables. (…) Le simple changement d’orientation d’un bâtiment par rapport aux autres suffit à établir, par sa valeur d’exception, une hiérarchie sans ambiguïté. » De la forme au lieu, Une introduction à l’étude de l’architecture, Pierre Von Meiss
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Panthéon de Rome (Italie), -27 av. J.-C., bâti sur l’ordre d’Agrippa, reconstruit sous Hadrien
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« L’architecture classique est fortement centrée : coupoles, croisées de transepts, grandes places d’où rayonnent rues et avenues, places elles mêmes centrées par un monument, une statue, etc.
le centre
Le mouvement moderne remplace matériel physique par la centralité de la Raison, aussi bien dans ses réalisations architecturales que dans ses projets d’urbanisme. (…) il privilégie la notion de flux. (…) Actuellement, il n’y a plus de centre, à quelque niveau que ce soit, cosmologiquement, géographiquement, idéologiquement. À la place, des réseaux, des relations. (…) Contrairement à ce qui se produisait pour certains espaces classiques centrés sur un vide pour affirmer une puissance spirituelle, l’architecte est tenté de marquer symboliquement le centre par son absence, pour son absence. (…) Mais s’il n’y a plus de centre absolu, il peut y avoir des centres partiels, centres de vie, de rencontres, reliés par des cheminements plus ou moins irréguliers, singuliers. » Architecture et complexité, Alain Farel
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Villa Capra, Vicence (Italie), 1566-1571, Andrea Palladio
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la symétrie
« En architecture, l’emploi de fondements théoriques de nature différente :
a deux
(1) La symétrie comme principe esthétique. Pour Palladio, la symétrie est une exigence sine qua non de l’harmonie. Il l’érige en règle absolue et ne s’en écarte jamais. Dans la symétrie axiale, on évite d’occuper le centre par un élément solide. (…) (2) La symétrie comme principe constructif. Système logique de l’architecture, Christian Norbert Schultz
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Palais de l’Assemnblée de Dacca (Bangladesh), 1974 Louis Kahn
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« Monument : ce mot est presque proscrit de notre pratique architecturale. On a oublié que les hommes ont besoin de symboles, on a sous-estimé la dimension symbolique de l’architecture.
Le monument
a pour fonction d’être un signe construit qui désigne des valeurs partagées. Sa vocation pacificatrice est sa raison même. Le monument est donc à la fois cause et effet : on l’érige pour affirmer de nouvelles valeurs avec l’espoir d’en assurer la pérennité. » Patrick Berger (http://patrickberger.fr/notes/symbolique/)
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Bureau de Poste de Locarno (Suisse), 1992-95, Livio Vacchini
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La régularité « L’ordre géométrique régulier a parfois mauvaise presse. Dans le langage courant, on parle parfois d’uniformité, de rigidité, de monotonie, d’inhumain, etc. (…) Cette thèse se fonde sur le concept que la vie de l’homme et l’organisation de la nature sont beaucoup plus complexes qu’un ordre régulier et géométrisé, sous-entendant que la ville ou le bâtiment devrait être un reflet plus immédiat de cette complexité. Cette affirmation comporte néanmoins trois lacunes majeures. D’abord nous avons besoin, pour nous orienter dans ce monde, de simplifier mentalement et visuellement sa complexité pour obtenir des images à mémoriser. (…) Puis, rappelons que pour construire, une certaine régularité est une nécessité technique, afin de pouvoir joindre rationnellement les éléments. Et enfin, bâtir est aussi une activité de l’esprit qui cherchera le plus souvent à dépasser le mimétisme de la nature du fait social. Les figures et les réseaux géométriques simples s’y prêtent particulièrement bien. La pratique de la vie est complexe, mais la forme contenant la vie est régulière. (…) Parvenir à respecter la complexité de la société tout en utilisant la régularité est une satisfaction élevée pour l’architecte. (…) La fascination qu’exercent sur nous les formes simples, lignes, cercles, sphères, cubes, pyramides, etc. est millénaire. » De la forme au lieu, Une introduction à l’étude de l’architecture, Pierre Von Meiss
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_Rapport au site Comme évoqué précédemment, le choix d’implanter l’équipement sur le plateau est stratégique puisqu’il est en belvédère sur la vallée et au centre de la figure triangulaire du quartier.
L’emprise de cette « troisième bande » est donnée par la topographie. Le socle urbain, accentué par un mur de soutènement, s’étend jusqu’au départ de la pente.
Le complexe formé par l’esplanade et l’équipement s’inscrit dans une bande, parallèle à la trame urbaine préexistante. De la petite échelle des logements qui bordent la via Palermo, on passe à l’échelle plus grande des immeubles collectifs et des équipements scolaires, jusqu’à l’échelle quasiment monumentale de l’équipement et de l’esplanade.
Ce plateau offre une vue sur des paysages différents dans chacune des directions cardinales. Ainsi, le bâtiment d’une emprise carrée de 80 mètres de côté, aura une forme non orientée. Il s’extrait de la trame existante pour affirmer son autonomie visà-vis des logements.
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_Rapport à la ville, au territoire Dans une composition tripartite du bâtiment, le rez-de-chaussée est pensé comme un péristyle et amène une grande perméabilité ; dans les étages, le travail de l’épaisseur en façade permet de créer des lieux plus protégés ; enfin, le décollement de la toiture génère un plateau supérieur qui offre une vue panoramique sur le site.
Ce glissement marque l’axe Est/Ouest du bâtiment en rez-dechaussée. Son emplacement génère l’esplanade à l’Ouest (un belvédère) et un parvis à l’Est. Il s’agit d’une intervention à forte prégnance urbanistique. L’emprise importante du bâtiment et sa hauteur (légèrement supérieure aux logements existants) contribuent à exprimer le caractère manifestement public de l’édifice.
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SYNTHÈSE Ces lieux, complémentaires, visent à répondre à l’ambition de revaloriser et de redynamiser le quartier : une position centrale et stratégique pour une architecture à porté sociale. Enfin, le besoin d’ordre m’a conduit à faire le choix d’affirmer la monumentalité de l’équipement et de travailler un bâtiment à plan centré.
Les différentes interventions proposées ici, visent à structurer le territoire. Le travail paysager, dont fait partie la réalisation des villas, vise à qualifier les différents «lieux» du site, afin de rendre celui-ci plus lisible et accessible. Les villas, de par leur typologie et leur aménagement, contribuent à étendre le parc jusqu’aux pieds de la pente boisée.
Le centre culturel et l’esplanade publique doivent être un point de repère, celui où l’on se rencontre, où l’on se retrouve et où l’on se sent « partie » de la communauté.
Cette limite topographique entre un espace urbain et un espace paysager, est marquée en partie haute par la définition d’un espace public majeur pour le quartier et d’un équipement culturel.
« Ainsi [la ville] offrira à ses habitants des repères, un sentiment valorisant d’appartenance, la possibilité confiante de s’approprier les lieux. Espace de la convivialité concrète et pas seulement virtuelle, la ville a également pour responsabilité d’apparaître comme l’espace de l’ouverture à l’autre, le lieu du débat citoyen. (…) Et l’on retrouve la valeur fondamentale du vide autour duquel se constitue la ville, la valeur irremplaçable de l’espace public. » Architecture et complexité, Alain Farel
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