Backlight
N째5 printemps | spring | 2013
P h o t o g r a p h y. D i f f e r e n t ly.
Backlight Magazine est un magazine photo dans lequel nous publions vos plus belles photos. Backlight Magazine is a photography magazine where we publish your most inspiring photos.
Cover photo by Sagi Kortler [skor314] High tension http://www.flickr.com/photos/52379277@N07/6059581073
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Backlight P h o t o g r a p h y. D i f f e r e n t ly.
Direction de la Publication, Direction Artistique Karine Sabatier Editor-in-Chief, Creative Director Marketing, Partenariats, Sponsors Andrea vaugan Marketing, Partners, Sponsors Traductions, Relecture Sarah MACRAE Translations & Proofreading Directeur de la Production Benoît dinocourt Production Director Fondateurs et Editeurs Karine Sabatier Founders & Executive Editors ANDREA Vaugan Benoît Dinocourt
twitter.com/backlightmag facebook.com/backlightmag.fanpage contact@backlightmag.com
Ce numéro a été propulsé par...
...un printemps plus que tardif, des feux de cheminée, la neige, le froid. Ce numéro a également été propulsé par Myriam, notre première stagiaire au sein de l’association Backlight (Yay !!) et qui a abattu un boulot colossal, merci à elle ! Ce numéro n’aurait pas non plus vu le jour sans la patience de nos proches qui supportent de nous voir le nez sur l’ordi jusque tard le soir et le week-end. Merci à eux, c’est aussi leur bébé !
This issue has been powered by...
...a rather late Spring, chimney fires, snow and the cold. This issue was also powered by Myriam, our first intern at Backlight (yippee!) and who got through enormous workloads, so a huge thanks to her! Furthermore, this issue would not have seen the light if it weren’t for the patience and support of those near and dear to us, putting up with our late nights in front of the computer and working through the weekends. Thanks to them too: this project is also their baby!
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Backlight Magazine 3, Martigné, 35890 Laillé France ISSN 2258-4579
www.backlightmag.com Les images publiées dans Backlight Magazine sont l’entière propriété des photographes ayant contribué à ce numéro et sont soumises aux lois du droit d’auteur. Aucune image ne pourra être reproduite sans l’autorisation expresse écrite de son propriétaire. Copyright © Backlight Magazine, Tous droits réservés Cette publication ne pourra être reproduite en tout ou partie sans l’autorisation expresse de l’éditeur. Images published in Backlight Magazine are the sole property of the contributing photographers and are copyrighted material. No image may be reproduced without the express written permission of its owner. Copyright © Backlight Magazine, all rights reserved No part of this publication may be reproduced in any form without the prior written consent of the publisher.
Edito lA RUE COMME UN Rêve The Street as in a Dream par/by Andrea Vaugan
« Des milliers d’images nous entourent de toutes parts, mais nous ne voyons pas la plupart d’entre elles car la routine nous rend aveugles. Lorsque je braque mon objectif sur quelque chose, je pose en fait une question, et la photographie me donne parfois une réponse. » Lisette Model
« New images surround us everywhere. They are invisible only because of sterile routine convention and fear... I have often been asked what I wanted to prove by my photographs. The answer is, I don’t want to prove anything. They prove to me, and I am the one who gets the lesson. » Lisette Model
Cela vous est-il déjà arrivé de vous promener dans la ville et de vous sentir comme dans un rêve ? Parfois, je me permets de n’être qu’un simple spectateur, avec le sentiment de ne pas faire partie du monde qui m’entoure. Dans ces moments j’ai l’impression que les passants ne me voient pas, que je peux les approcher sans qu’ils m’aperçoivent... comme si j’étais invisible. Et dans ces moments je me pose souvent la question : et si je n’étais pas passée par ici, ma vie (et celle des autres) se serait-elle déroulée de la même façon ? Qu’est-ce que cela aurait changé que j’arrive 5 minutes plus tôt ou plus tard ? Que deviennent ensuite les gens que j’ai vus aujourd’hui, que j’ai croisés dans la rue, dans le métro ? La petite fille qui m’a souri de la rame d’en face ? Le vieillard dont j’ai croisé le regard dans un café, qui m’a regardé comme s’il voulait me dire quelque chose ? Que font-ils en ce moment même ? Sont-ils heureux ?
Have you already walked around town and felt like you were in a dream? Sometimes I allow myself to become a simple spectator, feeling like I don’t belong to the world surrounding me. These surreal moments make me think that the other passers-by can’t see me and that I can approach them without them noticing me... as if I were invisible. I often ask myself if my life and the life of others would be the same if I had passed by five minutes earlier, or later. What happens to the people that I encounter in the street or on the metro? The little girl who smiled at me from the opposite platform; the old man in the café with whom I exchanged a glance and felt like he wanted to ask me something; what are they doing right now? Are they happy?
Quand j’ai feuilleté la première trame de cet Issue 5, j’ai eu cette même sensation, comme dans un rêve. La ville fantôme de Thibaut Derien me fait penser à d’anciens films restaurés où les images s’animent en passant à la couleur, où l’on voit tout à coup les gens entrer et sortir des magasins, le boucher et le boulanger discuter avec leurs clients, les blagues, les rires, les joues bien roses. Que font-ils aujourd’hui ? Pourquoi sont-ils partis laissant ces devantures à l’abandon ? Des questions qui resteront sans réponse... chacun se fera son idée, s’imaginera ce qui s’est passé. Mais on ne sera jamais sûr, comme dans un rêve. Les photos de notre thème « Street Encounters » captent ces instants volés, ces moments uniques, ces souvenirs, les coïncidences. Comme toujours ce thème raconte une histoire, écrite à 27 mains, dont nous sommes très fiers. Une collection de moments qui auraient pu passer trop vite ou inaperçus, de gens, de destins... Moi, je me suis fait mes petites histoires, je vous laisse imaginer les vôtres.
When I looked through the photos for Issue 5 I had the same feeling of being in a dream. Thibaut’s Derien’s ghost town makes me think of old films where the images have been revived with the addition of colour. All of a sudden you can imagine people going in and out of the shops, the butchers, the bakers and they chat with their customers, make jokes, we hear their laughter and can see their rosy cheeks. Unfortunately some questions will never be answered tvand everyone will have their own idea of what happened, but we will never be sure. It’s as if it’s all just a dream. The photos in our theme «Street Encounters» capture these stolen moments, unique memories and coincidences. As usual this theme tells a story, made up by 27 photographers of whom we are very proud. A collection of moments that could have been completely missed otherwise. I have imagined some stories to go with these street encounters. Now it is your turn to imagine yours...
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La galaxie Backlight Les temps changent, les moyens de pROduction restent. par Karine Sabatier
C’est une étrange galaxie que celle des magazines photo. Nous avons trouvé notre petite place dans un écosystème à la fois fertile et fragile. Fragile comme en témoigne la mise en suspend de certains de nos confrères comme 16hours, que nous apprécions beaucoup chez Backlight. Fertile car nous voyons fleurir d’autres projets de niche à mesure que les outils de publication et de Digital Publishing se démocratisent. Peu, parmi les magazines amateurs, ont fait le pari d’une version papier comme nous l’avons fait. On comprend pourquoi dès que l’on se frotte à l’univers de l’impression puis à celui de la distribution. Point de salut financier pour imprimer en France les faibles tirages. En Espagne ou en Italie on trouve des tarifs 4 fois moins chers que dans l’hexagone. Le monde de l’impression offset n’a pas pris à son compte la théorie des 100 000 garages que l’on pourrait transposer ainsi au monde du print : les grandes imprimeries devront bientôt faire place à des dispositifs intermédiaires, entre impression à la maison (de plus en plus qualitative), impression à la demande et impression de masse. Il existe bel et bien des marchés là, oui là, approchez-vous un peu plus près pour voir ces projets de magazines émerger (Square Magazine, Fotoblur, Focale Alternative, Burn, Snap! et mille autres), ces livrets de photos de mariage imprimés par centaines (d’invités) et tous les autres supports qui n’attendent qu’une chose : sortir de l’offset. Ce sont des marchés plus petits, plus « underground », plus diversifiés et il faudra travailler, oui travailler pour les capter. Et il faudra surtout opérer une révolution culturelle et faire preuve d’ouverture d’esprit. Pas gagné donc.
L’imprimerie traditionnelle n’a pas non plus fait sa révolution numérique. Chez MagCloud, notre bien aimée plate-forme d’impression à la demande, chaque publication possède un back-office avec statistiques détaillées et données concernant les vues, les partages, les downloads, les followers et bien entendu les achats. Elle permet d’être présent gratuitement sur le store iPad, le tout sur une plateforme internationale et dématérialisée. Bref le web et l’analytique au service du client, un rêve que peu d’imprimeurs proposent en France. Côté distribution, bien entendu aucune aide de La Poste pour les envois en petites quantités. Ajoutons à cela des circuits de distribution aux comissions prohibitives et nous avons tous les ingrédients d’un cocktail mortel pour les petites structures comme la nôtre. Toute cette entreprise serait-elle donc vaine et sacrificielle ? Evidemment non car c’est sans compter notre conviction, notre énergie et le pouvoir de la foule et de la rue. Nous partîmes à 4 et nous sommes à présent une douzaine à propulser cet objet imprimé non identifié. Ils se nomment Nathalie, Anne, Myriam, Marie-Laure, Jérôme, Hassen, Guillaume, Tangi, ...et ils apportent chacun leur pierre à l’édifice. Il ne reste plus qu’à tenir les murs (de l’édifice) jusqu’à ce que l’industrie de l’impression comprenne qu’il y a des marchés à prendre, et que celui de la créativité n’est pas des moindres.
« Nous partîmes cinq cents; mais par un prompt renfort Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port, Tant, à nous voir marcher avec un tel visage, Les plus épouvantés reprenaient de courage ! » Pierre Corneille 6
Index
16 street encounters 5 Edito 8 j’habite une ville fantôme Portrait d’une ville fantôme aux deventures décaties. Thibaut Derien, le photographe musicien (ou vice versa) nous livre l’un de ses derniers projets. Interview réalisée par Stéphane Possamai.
17 Contributeurs 27 nouveaux talents de la photos sont mis en avant dans ce numéro 5. Retenez bien leurs noms, ils sont tout simplement inspirés.
phototalks Découvrez nos contributeurs, leur travaux et leur état d’esprit...
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Gary Wilson Sagi Kortler Lucie Piriou
Et les traductions p. 62 à 64
68 Une photo par jour, c’est possible avec le soutien de votre iphonE !
La communauté se structure, les expos s’enchaînent, les sorties photo mobile font fureur... le tout au milieu d’une belle tempête médiatique.
61 ISSUE 6 : appel à contributions 70 Abonnement Déjà 6 numéros publiés... ne manquez pas les prochains !
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J’habite une ville fantôme On se croirait à Gold Will, la ville-fantôme de Lucky Luke. Les habitants ont délaissé leurs boutiques, leurs activités. Ils ont abandonné les murs de leur cité à la décrépitude, aux vents dominants, aux ravages lents mais inéluctable de l’érosion naturelle. Seul un dernier promeneur a bien voulu immortaliser cet état de fait. Et finalement s’y est plu et a su y découvrir un attachement, un isolement, un retour au calme où la frénésie du monde contemporain n’a plus de prise. Mais l’on ne s’ennuie pas dans cette ville-fantôme. D’une part, car les devantures de magasins nous racontent tour à tour une histoire passée, une activité spécifique, d’autre part parce que grâce à l’oeil du photographe Thibaut Derien, d’abord chanteur de son état, le sujet est abordé avec une jolie mélancolie et un humour discret. Il faut s’attarder quelques instants sur des images comme ce « Garage Palace » dont le propriétaire a dû malheureusement partir avec les dorures, cette poissonnerie aux mosaïques naïves d’espèces tropicales où l’on ne sait trop si l’on vendait du poisson à consommer ou à emporter pour la décoration d’un aquarium, ce coiffeur « Coiffures » qui se targue de mettre au pluriel son métier nous indiquant bien explicitement qu’il coupe les cheveux en toute parité, cette droguerie « A l’Arc-en-Ciel » au lettrage multicolore nous invitant à nous demander si les Beatles n’étaient pas venus s’approvisionner en substances rigolardes avant d’écrire Lucy in the Sky with Diamonds ou encore ce « Flick Armurerie » qui ayant certainement longuement hésité entre gendarmerie et grand banditisme a fini par trouver sa voie dans le commerce des armes. Très gentiment Thibaut Derien a accepté de répondre à mes questions :
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J’habite une ville fantôme
Stéphane Possamai : Chanteur et photographe : y a-t-il un lien qui unit ces deux pratiques ? Thibaut Derien : Pour moi il y a plusieurs liens entre la photo et la chanson. Tout d’abord sur le côté pratique. J’ai toujours écrit mes chansons en marchant. C’est en mouvement que les mots me viennent, jamais assis devant un bureau. Pour la photo c’est évidemment plus logique, la découverte de toutes ces façades étant le fruit de centaines de kilomètres. D’ailleurs c’est en tournée que j’ai commencé à prendre ces façades, me promenant à pied dans les villes avant le concert du soir. Sinon, je pense qu’une photo, comme une chanson, traduit l’émotion d’un instant, émotion qui aurait pû être sensiblement différente une heure avant ou une heure après. Pour la série « J’habite une ville-fantôme » vous dites être entre fiction et documentaire, quelle est la part de chacun, qu’est-ce qui retient d’aller plus d’un côté que de l’autre ? Je dis que ma série est à mi-chemin entre fiction et documentaire parce que le fait de répertorier toutes ces façades, de les figer avant qu’elles disparaissent relève du documentaire. Mais n’étant pas journaliste, j’ai préféré inventer une histoire, racontant en gros que je vis dans cette ville fantôme, qui n’existe pas puisque ces façades
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ont été photographiées un peu partout en France et en Belgique. Ce qui me retient d’aller plus vers la fiction que le documentaire, c’est que je préfère que le spectateur s’imagine des histoires, se demande qui était ce coiffeur, pourquoi n’est-il plus là, etc… plutôt que d’écrire ce qui s’est passé réellement en légende de chaque photo. En n’ajoutant pas de texte documentaire à cette expo chacun peut être amené à réfléchir à un sujet différent. On peut penser à une catastrophe écologique, ou se dire que cette ville est devenue ainsi après un accident nucléaire. On peut simplement penser à la direction que prend notre société de consommation, ces boutiques fermées et le lien qu’elles engendraient étant la conséquence de la construction de ces grands centres commerciaux, tous identiques, à la sortie de nos villes. Une fois après une expo, quelqu’un m’a dit que ma série était un documentaire poétique. Je trouve que cela résume bien ce que je voulais faire, décrire quelque chose, sans me prendre trop au sérieux, en essayant d’ajouter
J’habite une ville fantôme
un peu d’humour à la mélancolie. Et c’est aussi ce que je fais en chanson. La proposition carrée, de face, un peu tirée au cordeau me fait beaucoup penser aux séries des photographes allemands Bernd & Hilla Becher. Y a-t-il une influence de ce type, un hommage à un photographe ou un courant photographique ? Je dois vous avouer que je n’ai pas de culture photo. Ces cadrages au format carré viennent surtout du fait que les boutiques sont souvent carrées, et j’évite tout signe de vie autour. La répétition de ces cadrages serrés ajoute un effet clinique, chirurgical, qui renforce à mon sens le côté inhabité de mes photos. Sur la série « Immobile-Home » , on tourne le dos aux façades pour plus regarder le littoral (ou un mobilhome ?), vidé de ses populations. Là aussi, fiction, documentaire, souvenirs ? Ma série « immobile-home » traite d’une errance. En
gros c’est l’histoire de quelqu’un qui veut traverser l’océan pensant que l’herbe est plus verte de l’autre côté, mais qui se cogne à la mer comme face à un mur. Les passages piétons ou les pontons sont autant de choix à faire, de décisions à prendre. Cette série n’est pas encore terminée, mais le personnage s’apercevra à la fin que de l’autre côté, c’est exactement la même chose. Le point commun entre ces deux séries, c’est qu’il n’y a pas grand monde sur mes photos ! D’autres projets à venir, des expositions, des publications ? Je viens d’exposer cette série aux Boutographies de Montpellier où elle a obtenu le prix du public. Après l’expo à Nice, cette série sera exposée pendant le festival Image publique à Rennes, puis dans une galerie en Normandie. J’espère que d’autres expos suivront. J’ai d’autres projets dans mes tiroirs, mais c’est encore un peu flou ! Finalement quelles sont les coordonnées GPS de cette ville-fantôme ?! Cette ville fantôme, vous l’aurez compris, n’existe pas réellement, en tout cas pas en un seul morceau. C’est marrant, tout le monde me pose cette question !
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I live in a ghost town You could make-believe you were in a ghost town. Abandoned shops, abandoned activities. Residents have abandoned their city walls to decay, the prevailing winds and the slow but inevitable ravages of natural erosion. But there is a last wanderer who wants to immortalize all this. Eventually the wanderer is pleased to be in this ghost town and discovers that he has an attachment with this place. He will not get bored with the isolation and enjoys the return to a calm where the frenzy of the modern world has no hold. On one hand the shop windows tell us a specific story. On the other hand the ghost town is approached with a pretty melancholia and discreet humor, thanks to the eye of the photographer (and a singer) Thibaut Derien. We must linger a few moments on images like «Garage Palace», a fishmongers where unfortunately its owner must have left taking the gilding with him. The artless mosaics of tropical fish are unclear as we don’t know whether they show fish to eat or fish to fill an aquarium. «Hairstyles» is a hairdressers that boasts its business in the plural, indicating explicitly that they cut hair of every gender. The drugstore «At the Rainbow» with its multi-coloured letters makes us wonder if the Beatles had not gone there to obtain laughing substances before writing ‘Lucy in the Sky with Diamonds’. And finally the « Flick Armory » that certainly hesitated a long time between gendarmery and banditry, eventually finding its place in the arms trade. Thibaut Derien very kindly agreed to answer some of my questions.
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I live in a ghost town
Stéphane Possamai: Singer and photographer: is there a link that unites these two vocations? Thibaut Derien: For me there are several links between singing and photography. On the practical side I have always written my songs while walking. It is with movement that my words come and never when I am seated at a desk. Photography is obviously more logical because the discovery of these subjects is the result of hundreds of kilometers of walking. Besides, it was while touring that I started to take these photos, walking on foot in the city before the evening concert. Anyway, I think that a photo is like a song; it captures the emotion of a certain moment; an emotion that could be significantly different from one hour to the next. For the series «I live in a ghost town» you say it’s between fiction and documentary. What is the balance between the two? What would make observers think of one more than the other? I say that my series is halfway between fiction and documentary. The fact that I have taken pictures of these shop fronts freezes them in time and keeps them from disappearing, which is documenting their existance. But as I am not a journalist, I decided to invent a story that goes with the photos, basically it tells you that I
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live in this inexistant ghost town, but the photos were taken in many different places in France and Belgium. What keeps me from leaning more towards the fictional side is that I prefer viewers to imagine their own stories, wondering who the hairdresser was, why he’s no longer there etc. rather than to write what really happened in the caption of each photo. By not adding documentary text to each photo people can be lead to think about different things. You could imagine a natural disaster, or even that these are the images of a town after a nuclear accident. One could simply think about where our consumer society is going, with its closed shops being a consequence of the construction of these huge shopping malls, all identical, built on the outskirts of our towns. I was told once, after an exposition, that my series was a poetic documentary. I think this sums up what I wanted to do; to describe something without taking myself too seriously, just
I live in a ghost town
trying to add a little humor to the melancholia. And this is what I also do in song. The square photo taken from the front makes me think of the German photographers Bernd & Hilla Becher. Is there an influence of this of this kind in your photograhy, or a tribute to a photographer or a current photo? I must admit that I do not have much photo culture. These square frames are mostly because shop fronts are often square and I try to avoid any sign of life around them. The repetition of this tight framing adds a clinical effect,nearly surgical, which reinforces the deserted side of my photos. In the series «Immobile home», we turn our backs on the shop fronts and look towards the coast (or to mobile homes?) emptied of its people. once again, is it fiction, documentary, or just memories?
My series «Immobile home» deals with wanting to wander. Basically this is the story of someone who wants to cross the ocean thinking that the grass is greener on the other side, but bumps into the sea as if facing a wall. Pedestrian crossings or pontoons, there are many choices and decisions to make. This series is not over yet, but the character will realise in the end that the other side is exactly the same. The common factor between these two series is that there are not many people in the photos! Do you have other up-coming projects, exhibitions or publications? I have just exhibited this series at ‘Boutographies’ in Montpellier where it won the Le Prix du Public. After the exhibition in Nice, this series will be exhibited during the ‘Public Image’ festival in Rennes, and then in a gallery in Normandy. I hope other expos will follow! I have other projects in mind, but they are still a little fuzzy! Finally, what are the GPS coordinates of this ghost town?! You’ll understand that this ghost town doesn’t really exist, well at least not as one whole town. It’s funny, everyone asks me this question!
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Theme
High tension - Sagi Kortler [skor314] http://www.flickr.com/photos/52379277@N07/6059581073
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Street encounters 27 photographes “nouvelle vague” à découvrir sur ce nouveau thème “Rencontres de rue”... Merci à eux d’avoir embarqué dans la chaloupe n°5 ! Sagi Kortler
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Pascal Autret
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Anne d’Huart
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Hervé Boulben
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Sylvain Courant
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Florence Barreau
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Andrej Kandl
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Laurent Bourlier
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Marie Géneau
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Joëlle Susperregui
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Lucie Piriou
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Gary Wilson
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Nikos Liapis
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Yannis Bautrait
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Olivier Scher
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Julien Breheret
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Philippe Martin
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Antoine Bruneau
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John Sumang
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Marine Armstrong
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Andrej Kandl
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Aleksander Nowak
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Sébastien Panzarella
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Patrice Pontie
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Nathalie Champagne
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Thomas Valadon
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Anne Guillaume
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Uzès, Gard, France - Pascal Autret [Pascal.A.] http://www.flickr.com/photos/31385766@N08/3823473987
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Les passagers de la pluie - Anne d’Huart [dhuartanne] http://www.flickr.com/photos/12984605@N05/4212808067
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Passer à l’action - Hervé Boulben [RVBO] http://www.flickr.com/photos/42306620@N03/4999481262
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L’accordéoniste - Sylvain Courant [Slive] http://www.flickr.com/photos/76534285@N04/8363260501
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Insolente jeunesse - Florence Barreau [Flow] http://www.flickr.com/photos/25682855@N08/5274616193
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Andrej Kandl [k_n_u_f] http://www.flickr.com/photos/53658322@N05/5869111138
Laurent Bourlier [laurentbourlier] http://www.flickr.com/photos/63413031@N02/5822674294 24
Mina - Marie GĂŠneau [marigeno] http://www.flickr.com/photos/36584934@N08/8142875499
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Etre dans les pare-âges - Joëlle Susperregui [Pikeneuy] http://www.flickr.com/photos/49184202@N04/5829207552
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Made in Paris - Lucie Piriou [Lousia] http://www.flickr.com/photos/10686531@N06/8294018550
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Plymouth Lido - Gary Wilson [garywilson07] http://www.flickr.com/photos/65181919@N08/5930249489
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South Bank mosaic - Nikos Liapis [Nikosliapis] http://www.flickr.com/photos/42236613@N02/6038826131
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Underground Male - Gary Wilson [garywilson07] http://www.flickr.com/photos/65181919@N08/6143973811
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PhotoTalk //Gary Wilson Hi Gary! How did you get to photography and why do you enjoy it? About two years ago I had a conversation with two keen amateur photographers at work concerning my frustrations at trying to photograph my young children with a compact camera and my inability to capture anything that wasn’t blurred. This led to a discussion about DSLR cameras and an invite to a professional camera club the following night. The photographer was Edmund Terakopian, a previous winner of a World Press Award with his photos following the London bombings. I was hooked on his street photography work and my interest in photography took off from there. I get enjoyment from taking photographs for myself and it’s a real bonus if someone else likes them.
We see you’re also a fan of Hipstamatic (we love that app here at Backlight). Why do you appreciate this app? Do you also work on mobile photo networks such as EyeEm or Instagram? If so, what do seek there that you don’t find in pure reflex photography? I love Hipstamatic. You’ve always got it in your pocket and once the ‘established’ photographers accept that their peers can also produce good photography, we will see its prominence in the mainstream rising. There are already examples of professionals using a smart phone to record tricky or dangerous situations without the issue of a large DSLR in their hands. I haven’t used Instagram as I haven’t yet looked beyond Hipstamatic.
Three of your pictures are featured in this issue of Backlight, all three in quite different styles. You seem to have very diverse interests in photography, is there one in particular that you would like to focus on for people to discover your work? Whilst all three pictures are different, they all fall into the observational side of life and in this way could be classed as street photography. I’m still very new to photography and like to try different styles, but if I’m being totally honest, it’s capturing these moments in the public domain that I enjoy the most. It’s less about composition and lighting etc. and more about just seeing the shot that captures a moment in time that people can relate to.
What is your favorite gear for photography and why? I’ve just bought a Canon 5d MKII and already love the full frame aspect. I’m really looking forward to making use of it this year. French translation page 62.
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Next Generation - Gary Wilson [garywilson07] http://www.flickr.com/photos/65181919@N08/6459258607
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The tourists - Yannis Bautrait [yaya13baut] http://www.flickr.com/photos/60593835@N03/8056049859
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The Youth - Marie GĂŠneau [marigeno] http://www.flickr.com/photos/36584934@N08/6223810170
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Lunch break Sagi Kortler [skor 314] http://www.flickr.com/photos/52379277%40N07/6675374479
PhotoTalk // Sagi Kortler Looking through your Flickr photostream we only see street photography, what is this obsession about exactly Sagi :)? As part of my evolution as a photographer, I dabbled in many different genres but after a while I got bored. I felt that it wasn’t what I wanted to photograph. When I discovered street photography, it felt like home. The approach to photography was a basic instinct for me and just felt right. This is the way I’ve been photographing forever but just didn’t know it was called « street photography »...I guess that by the time I set up my Flickr account I was mostly focused on street photography. I always have a camera with me and when I see something that is interesting to me I capture it and make a picture. I do not stage my photos and I do not retouch them a lot. I make my pictures the way I like them, the way I see the world I live in. This approach used to be called « photography »; today with all the other genres around it’s called « Street Photography »... It is my obsession and my passion and why I co-founded Street Gang Photos, a street photography collective. Do you use street photography to pass a message, tell a story or support a cause? I believe that photography is subjective. Once a
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photographer decides to frame a picture in a certain way it can never be objective, so there is always a message or a story. It doesn’t have to be a big story or a message that turns your life upside down, it could just be a small, personal story. A good photo will always have a story to tell. There is no defined cause to my photography but I think that photographers have always played an important role in human history by documenting events from big to small. In today’s digital age everyone plays that role; from a prophotojournalist to a kid with an iPhone we are all part of the creation of a global pool of images that will tell today’s story to tomorrow’s generations. I’m proud to be able to contribute to that global pool. We can see that a lot of contributions for Issue 5 (Street Encounters) are in black and white. In your opinion, why is it that street photography is often in black and white? There are good reasons to work in b&w especially in street photography. Colours may divert the observer’s attention from the subject. In order for colours to work, they have to match each other and be part of the composition and it’s not always possible in street photography as this type of photography is not planned or staged.
Soul light - Olivier Scher [larusgenei] http://www.flickr.com/photos/72480623@N05/6669663403
On the other hand, I believe that the blossom of street photography gets many novice photographers to get their toes wet and to give it a go. There is a great misuse of b&w in street photography, I feel that many go with b&w because it gives a classic look, or because this is how the great photographers do it... Some think that b&w will improve a bad photo, which is never the case. I like both colour and b&w but to be honest, this is something that’s been sitting in my head for a while now and maybe one of the reasons that my latest photos are mostly in colour. My last work from Cuba is all colour. I think that my portfolio at this time is pretty much divided equally between color and b&w.
photo that really transfers the action and the tension of the situation to the observer. (French translation page 63)
Among the three of your photos chosen by the Backlight community for this issue, which one do you prefer and why? From these three I would have to pick the one that I’ve entitled « High Tension ». This image is part of a series called « Short Leash » that I worked on while I was taking care of my family’s dogs. I was out with the two dogs three to four times a day for three months and of course the camera was always with me. These dogs were part of the family and were very dear to me. Shortly after I finished the series one of the dogs died so this series has a great sentimental value for me, and besides, I think it’s a great
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Place des anges - Florence Barreau [Flow] http://www.flickr.com/photos/25682855@N08/7446452532
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Julien Breheret [lechatvert] http://www.flickr.com/photos/75671487@N02/7482852658
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ouagadougou sept.2011 - Philippe Martin [fil] http://www.flickr.com/photos/33045849@N06/6226527202
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Fisherman - Antoine Bruneau [Ubrane] http://www.flickr.com/photos/53905450@N06/7763038160
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Come away with me - John Sumang [pixelrender] http://www.flickr.com/photos/36161955@N07/7808323304
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Evolution - Sagi Kortler [skor314] http://www.flickr.com/photos/52379277@N07/6342898861
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Point de vue, images du monde - Marine Armstrong [MarineArmstrong] http://www.flickr.com/photos/8559973@N02/2550198966
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Bel Ami - JoĂŤlle Susperregui [Pikeneuy] http://www.flickr.com/photos/49184202@N04/8193345012
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bzzZ - Andrej Kandl [k_n_u_f] http://www.flickr.com/photos/53658322@N05/5065697834
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Painting the town - Nikos Liapis [Nikosliapis] http://www.flickr.com/photos/42236613@N02/8250479530
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09 Jan 2013: Dublin - Aleksander Nowak [alkos] http://www.flickr.com/photos/59596956@N03/8363217450
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Made in Paris - Lucie Piriou [Lousia] http://www.flickr.com/photos/10686531@N06/8292963289
PhotoTalk // Lucie Piriou Lucie, sur ton blog (http://seadrifts.tumblr.com) tu postes des photos maritimes, c’est ton «créneau», mais aussi pas mal de compositions assez... oniriques ou énigmatiques. Quel est ton processus photographique ? L’anodin et la lumière. On passe des mois, des années parfois, à chercher ce qui va faire la plus belle photo du monde, et on oublie que la magie de la photographie c’est sa capacité de n’être qu’un outil au service du regard et de l’instant. Ce qu’il y a de joli ou de grandiose dans notre quotidien ; que ce soit beau par nature ou anecdotique mais narratif.
c’est dans l’exécution : il faut que cela soit dans l’instant, sans réfléchir, jeté à la volée !
Tu es aussi très présente sur les réseaux mobiles, qu’estce que cela t’apporte par rapport à la photo réflexe ? Je pourrais dire l’instantané et le partage mais à vrai dire je les consulte surtout en tant que spectatrice. Ces photos prises avec le même matériel pour tous ou presque me racontent des histoires complètement différentes, et illustrent des enseignements essentiels : le pouvoir d’une bonne lumière, le soin d’un cadrage, l’originalité d’un point de vue, la tendresse ou la sévérité portée sur un sujet...
English translation page 62.
Quelle est la photo rêvée que tu n’as pas encore prise et qui te hante ? C’est un fantasme que je n’ai pas du tout car je ne suis qu’une photographe amateure qui se contente de ponctuer les réseaux de quelques pensées photographiées. Mais j’aimerais beaucoup faire un peu plus de portraits, où j’aurais l’opportunité de torturer quelques visages en jouant sur les émotions... Qui sait ?
Chez Backlight on aime aussi ton style d’écriture. Est-ce que les mots sont un support pour les photos ou est-ce que c’est l’inverse ? Ni l’un ni l’autre. Ce sont deux choses complémentaires, comme un orateur doit écouter et comme un spectateur doit se mettre en scène. Deux manières de s’exprimer ; l’écriture pour les choses plus difficiles, la photographie pour la beauté de l’anodin et de l’instant. Là où ils se rejoignent,
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Night runner - SĂŠbastien Panzarella [funkypiks] http://www.flickr.com/photos/36483170@N06/8210959796
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Un coeur Ă prendre - Patrice Pontie [M.Pat] http://www.flickr.com/photos/29557791@N00/8350010965
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Camille - Nathalie Champagne [NathalieC.] http://www.flickr.com/photos/91222573@N04/8432330929
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Laurick - Nathalie Champagne [NathalieC.] http://www.flickr.com/photos/91222573@N04/8283132751
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Fant么me de la Bourse - Thomas Valadon [valtho] http://www.flickr.com/photos/17154674@N08/1815889467
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Danse sur un miroir de nuages - Yannis Bautrait [yaya13baut] http://www.flickr.com/photos/60593835@N03/8375652689
Paris attente en dentelle - Anne Guillaume [IsoArt] http://www.flickr.com/photos/27606095@N02/8380185340
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Balade sous la neige - HervĂŠ Boulben [RVBO] http://www.flickr.com/photos/42306620@N03/8394682446
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Digging for gold - Antoine Bruneau [Ubrane] http://www.flickr.com/photos/53905450@N06/8364375306
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Paris Lovers - Laurent Bourlier [laurentbourlier] http://www.flickr.com/photos/63413031@N02/7615009124
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Traversée - Olivier Scher [larusgenei]
Traversée http://www.flickr.com/photos/72480623@N05/8398640035 V
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Que vous soyiez fou à lier, fou de joie, fou de colère, fou d’amour, collectionneur fou, fou du volant, fou du roi, chien fou ou fou de Bassan :P ce thème est pour vous évidemment ! Et plus on est de fous...
Whether you’re as mad as a hatter or as crazy as a loon; whether you’re madly in love or love someone like crazy; whether you craze about something or if something just drives you crazy then this is the theme for you! The crazier you are the better...
Pour participer c’est simple !
+ 1. Shootez sur le thème proposé et uploadez votre photo sur Flickr dans le groupe du thème.
2. Liez vos comptes Flickr et Backlight !
3. Sur Backlight, votez pour les photos que vous voulez voir publiées
4. C’est prêt ! et disponible en impression à la demande sur www.magcloud.com ou par abonnement (p. 70) 61
Phototalks
Lucie, looking at your blog (http://seadrifts. tumblr.com/) we can obviously see numerous maritime photos as its your area of interest, but we can also see quite a lot of compositions that are rather enigmatic and dream-like. What is your photographic process? Trivia and light. We spend months, sometimes years, seeking for something that will make the most beautiful photo in the world and we forget about the magic of photography; its ability to be a tool to observe a specific moment; a lovely or spectacular moment in our daily lives regardless of whether it’s naturally beautiful or fictive narration. You are also very present on mobile networks. What advantage does this bring you over using a DSLR camera? I would say the immediacy and the sharing. To tell the truth I mainly use mobile networks as an observer. The photos you see have nearly all been taken using the same material, but they all tell you completely different stories and demonstrate different but essential techniques: the potential of good lighting, the accuracy of framing, the originality of a point of view, the sensitivity or severity of how you view a subject… We like your writing style. Are your words a support for your photos or is it the opposite? Neither one nor the other. These are two complementary things, as an orator has to listen and as a spectator has to act on stage. Two manners to express ourselves; writing for the more difficult things, photography for the beauty of trivia and the moment. Where they join is in the execution. It has to be at a precise moment, without thinking, taken spontaneously!
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Gary Wilson
Lucie Piriou
What is the photo that you have always dreamed of taking? One that keeps haunting you? This is a fantasy that I haven’t got because I am just an amateur photographer who is happy to merely punctuate various networks with some photographic thoughts. But I would love to do more portraits, where I would have the opportunity to torture some faces by playing on feelings... Who knows?!
Gary, comment es-tu arrivé à la photographie et pourquoi cet engouement ? Il y a environ deux ans j’ai eu une conversation avec deux photographes amateurs aguerris au travail, concernant mes frustrations à essayer de photographier mes enfants en bas âge avec un appareil photo compact et mon incapacité à capturer quoi que ce soit qui ne soit pas flou. Cela a conduit à une discussion sur les appareils photo réflex et à l’invitation d’un professionnel à visiter un club photo le soir suivant. Le photographe était Edmund Terakopian, un des précédents gagnants de World Press Award après les tirs suite aux attentats de Londres. Je suis devenu accro à son travail photograhique et mon intérêt pour la photo est parti de là. Je prends plaisir à prendre des photos pour moi et c’est un vrai bonus si quelqu’un les aime. Trois de tes images sont présentées dans cette publication de Backlight, toutes les trois ont un style tout à fait différent. Tu sembles avoir des intérêts très divers dans la photographie, y en a-t-il une en particulier sur laquelle tu souhaites mettre l’accent pour faire découvrir ton travail ? Même si les trois photos sont différentes, elles sont toutes dans l’observation de la vie et par
Translations nature pourraient être considérées comme de la photographie de rue. Je suis encore très jeune dans la photographie et j’aime essayer des styles différents, mais si je suis tout à fait honnête, capturer ces moments dans les lieux publiques est ce que j’apprécie le plus. Il s’agit moins de composition, d’éclairage, etc, que de seulement voir le cliché, qui capture un moment dans le temps, auquel les gens peuvent s’identifier.
Quel est ton matériel préféré pour la photographie et pourquoi ? Je viens juste d’acheter un Canon 5d MKII et j’aime déjà l’aspect plein cadre. J’attends avec impatience cette année pour en faire usage.
Sagi, en parcourant ta galerie de photos Flickr, nous ne voyons que de la photographie de rue, mais quelle est donc cette obsession ? Dans le cadre de mon évolution comme photographe, j’ai pratiqué de nombreux autres genres, mais après un moment je me suis ennuyé, je sentais que ce n’était pas ce que je voulais photographier. Quand j’ai découvert la photographie de rue, je me suis senti comme chez moi. L’approche de la photographie semblait juste, comme un instinct basique et c’est la façon dont j’ai toujours photographié, j’ignorais seulement que c’était appelé la «photographie de rue»... Je pense que depuis que j’ai créé mon compte Flickr, je me suis surtout concentré sur la photographie de rue. J’ai toujours un appareil photo avec moi et quand je vois quelque chose qui m’intéresse, je vise et fais une photo. Je ne mets pas en scène mes photos, je ne fais pas de retouche massive, je fais mes photos comme je les aime, comme je vois le monde dans lequel je vis. Cette approche que l’on appelait « Photographie », aujourd’hui, avec tous les autres genres autour, s’appelle la « Photographie de Rue »... C’est mon obsession et ma passion et c’est pourquoi j’ai co-fondé Street Gang Photos, un collectif de photographie de rue.
Sagi Kortler
Tu es aussi un fan d’Hipstamatic (nous aimons beaucoup cette application ici à Backlight). Pourquoi apprécies-tu cette application ? Travailles-tu aussi avec les réseaux de photo mobiles comme EyeEm ou Instagram ? Si oui, qu’est-ce tu cherches là que tu ne trouves pas dans la photographie reflex pure ? J’aime Hipstamatic. Vous l’avez toujours dans votre poche et une fois que les photographes « établis » accepterons que leurs pairs peuvent produire de bons exemples de la photographie, nous verrons sa notoriété augmenter auprès de l’opinion. Il existe déjà des exemples de professionnels qui utilisent un appareil photo sur téléphone mobile pour enregistrer des situations délicates ou dangereuses, sans le problème d’un grand reflex dans les mains. Je n’ai pas utilisé Instagram comme j’ai regardé au-delà d’Hipstamatic.
Utilises-tu la photographie de rue pour passer un message, raconter une histoire ou soutenir une cause ? Je crois que la photographie est subjective, une fois qu’un photographe décide de cadrer une photo d’une certaine façon, elle ne saurait être objective. Ainsi il y a toujours un message ou une histoire. Ça n’a pas à être une grande histoire ou un message bouleversant, ça peut être une petite histoire personnelle. Une bonne
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Translations photo aura toujours une histoire à raconter. Il n’y a pas de raison précise à ma pratique photographique, mais je pense que les photographes ont toujours vvjoué un rôle important dans l’histoire de l’humanité en documentant les événements, important ou anodin. A l’ère numérique d’aujourd’hui, tout le monde joue ce rôle, d’un photographe de presse pro à un gamin avec un iPhone, nous faisons tous partie de la création d’une réserve mondiale d’images qui racontera l’histoire d’aujourd’hui aux générations de demain. Je suis fier de pouvoir contribuer à cette réserve mondiale. Comme on peut le voir beaucoup de contributions pour ce numéro 5 sont en noir et blanc. A ton avis, pourquoi est-ce que la photo de rue est très souvent associée au noir et blanc ? Il y a de bonnes raisons pour travailler en noir et blanc, en particulier avec la photographie de rue. Les couleurs peuvent détourner l’attention du sujet. Pour que les couleurs fonctionnent elles doivent aller les unes avec les autres et faire partie de la composition. Et ce n’est pas toujours possible dans la photographie de rue, comme ce type de photographie n’est pas planifié ou mis en scène. D’autre part, je crois que dernièrement avec la floraison de la photographie de rue qui amène de nombreux photographes débutants à s’essayer à la photographie de rue, il y a un énorme abus du n & b dans la photographie de rue. Je pense que beaucoup font du n & b parce qu’il donne un look classique, ou parce que c’est ainsi que les plus grands l’ont fait... Certains pensent que le n & b permettra d’améliorer une mauvaise photo ce qui n’est jamais le cas. J’aime la couleur et le noir et blanc, mais pour être honnête, c’est quelque chose que j’ai en tête depuis un moment maintenant et c’est peut-être une des raisons pour lesquelles ces derniers temps je fais surtout de la couleur. Mon dernier travail à Cuba est tout en couleur. Je pense que mon portfolio en ce moment est plutôt également divisé (plus ou moins) entre la couleur et le n & b. Parmi ces 3 photos choisies par la communauté Backlight pour cette publication, quelle est ta préférée et pourquoi ? De ces trois je choisirais celle que j’ai titré « High Tension », cette image fait partie d’une série intitulée « Short Leash » sur laquelle j’ai travaillé pendant que je prenais soin des chiens de ma famille. Je suis sorti avec les deux chiens, trois à quatre fois par jour, pendant trois mois et bien sûr l’appareil photo était toujours avec moi. Ces chiens faisaient partie de la famille et m’étaient très cher. Peu de temps après que j’ai fini la série, l’un des chiens est mort donc cette série a une grande valeur sentimentale pour moi, outre le fait que je pense que c’est une super photo qui transmet vraiment l’action et la tension de la situation à l’observateur.
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Backlight highlights... 365 days of photo projects with your iphone
365 jours de projets photo
avec votre iphone Envie de lancer votre projet 365 où vous prendrez une photo par jour ? Reposez-vous sur votre iPhone ! Notre petite sélection d’applications vous aidera à tenir la distance...
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Collect
Day One
Classée dans les applications de « journaling » (tenue d’un journal personnel), Collect peut évidemment être détournée pour collecter la ou les photos quotidiennes de votre projet 365. Elle permet également d’archiver titre, description, tags et de diffuser chaque photo sur les réseaux sociaux. Collect repose sur un système d’albums, ce qui vous permettra même de gérer plusieurs projets photos simultanément.
Autre application complète de « journalising », Day One collecte photos, tweets, événements, avec la possibilité de s’interfacer avec iCloud et Dropbox. Vous pouvez l’utiliser pour archiver et commenter vos photos et elle vous enverra une alerte pour ne pas oublier de prendre votre photo quotidienne. Déclinée en version iPad et pour Mac, Day One a été élue meilleure application 2012 sur le Mac App Store.
Filed as a journalising application (to maintain a Project Life journal) Collect can be hacked to gather the daily pictures of your 365 Project. It allows you to add titles, descriptions, tags and to share your photos on your favourite social networks. Collect uses an Album system, which will help you manage more than one photo project at a time.
Also filed as a journalising application Day One collects photos, tweets, notes and events of your life to record your memories with the option to synchronize with iCloud and Dropbox. You can hack it to archive and comment on your daily photo and activate the reminder not to miss any. Available also as an iPad app, Day One has beeen awarded with the Mac App Store 2012 Mac App of the Year.
Blipfoto
iPhotography Assignment Generator
Blipfoto.com est une communauté de photographes qui postent une photo par jour sur la plate-forme. Accompagnée de son application mobile (gratuite et au design fort élégant), elle allie les fonctionnalités d’un site de partage de photo, et d’une application photo de type Instagram avec filtre et fonctionnalités sociales (likes / partages / etc.)
Cette app vous propose des «missions» photo mobile réparties par catégorie (vous pouvez aussi laisser l’application choisir votre prochaine mission pour vous au hasard). Elle permet de s’imposer un cadre de travail et prodigue aussi des trucs et astuces pour améliorer votre technique. Existe aussi pour la photo réflex (Photography Assignement Generator).
BlipFoto is an online community where members share one photo a day. Along with its sibling iPhone application (free of charge and beautifully designed) it combines both the functionnalities of a sharing platform and a mobile application like Instagram, equiped with filters and social features (likes / shares etc.)
iPhotography Assignment Generator provides you with photo tasks that you can manually select from a list organised into several different categories. It can also let the app pick a theme for them at random! It not only gives you some structure in your shooting, but also teaches you some great tips and techniques for creating better photos. Also check-out the Photography Assignment Generator for SLR shooters!
Rejoindre une communauté
52 photographic projects
Pour se motiver et trouver inspiration et émulation, rien de tel que de s’y mettre à plusieurs. La photo mobile est par essence sociale et il existe de nombreuses communautés qui organisent expos et sorties photo... pourquoi ne pas les rejoindre ? Parmi elles, il y a évidemment les Intagrammers France (regroupés sous le hashtag #igersfrance et ses subdivisions locales), mais aussi Tribegram (#tribegram), Paris Mobile Photo (#parismobilephoto) pour n’en citer quelques unes.
Allez, un peu d’inspiration papier aussi (on vous a dit qu’on aimait toujours le papier chez Backlight ?) avec le « 52 photographic projects » de Kevin Meredith (connu sur Flickr sous le pseudo de lomokev), une bonne source d’inspiration pour commencer déjà avec une photo par semaine... Dépêchez-vous, l’éditeur a prévu d’être out-of-stock dans 6 mois.
To find inspiration and motivation get the help of others! Mobile photography is social by essence and there are many communities around that set up exhibitions and photo walks, so why not join them? Among many others you will easily spot the French Instagrammers (gathered under the #igersfrance hashtag) but also Tribegram (#tribegram) and Paris Mobile Photo (#parismobilephoto) to cite just a few.
Let’s get inspiration from paper books (have we already told you that we love paper here at Backlight?) with « 52 photographic projects » by Kevin Meredith (aka Lomokev on Flickr), a good source to get started with a weekly project... Hurry up, the publisher expects to be out of stock in 6 months!
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Backlight P h o t o g r a p h y. D i f f e r e n t ly.
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1. Du crépuscule à l’aurore From dusk until dawn
2. Onirique / Révolution(s) Oeniric / Revolution(s)
3. Angles & courbes / Vie plastique - Angles & curves / Plastic life
4. Il était une fois... - Once upon a time...
5. Rencontres de rue - Street encounters
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