Wallonie en sous-sol (Wallonia in subsoil : the Frasnian and the Famennian)

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Table des matières Avant-propos…………………………………………………………………………………………………………………

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Chapitre I.– Introduction……………..………………………………………………………………………………

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1.1. Les deux orogenèses responsables du sous-sol wallon………………………………………

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1.2. La géologie de terrain……………………………………………………………………………………………

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1.2.1. La notion de « formation géologique »……………………………………………………………. 9 1.2.2. Les symboles lithologiques………………………………………………………………………………10 1.2.3. La collecte des fossiles et leur interprétation……………………………………………….. 11 1.2.4. Symboles utilisés pour les fossiles………………………………………………………………… 12 1.2.5. Les bioconstructions du Frasnien…………………………………………………………………..13 1.2.6. Grains, matrice et ciment………………………………………………………………………………. 14 Chapitre II. - L’itinéraire d’excursion…………………………………………………………………………… 16 Chapitre III. - Etude des affleurements…………………………………………………………………………18 3.1. Schémas paléogéographiques du Dévonien moyen et supérieur……………………….. 18 3.2. Les formations du Dévonien supérieur sur notre itinéraire………………………………… 19 3.3. Les monticules récifaux frasniens………………………………………………………………………… 21 3.4. Merlemont et la carrière des Wayons…………………………………………………………………… 22 3.5. La carrière de Hautmont à Vodelée……………………………………………………………………... 26 3.6. L’arrêt à Couvin……………………………………………………………………………………………………… 32 3.7. Les membres de l’Arche et du Lion à Frasnes……………………………………………………… 34 3.7.1. La carrière de l’Arche……………………………………………………………………………………. 37 3.7.2. La carrière du Lion…………………………………………………………………………………………. 42 3.8. La carrière de Senzeilles…………………………………………………………………………………………50 3.9. Pont-de-Bonne et le Famennien……………………………………………………………………………. 54 Chapitre IV. – Les marbres jaspés………………………………………………………………………………..58 Pour en savoir plus……………………………………………………………………………………………………….. 60


Avant-propos Illustration de couverture : peinture de Cécile Baldewyns Ce livre fait partie d’une douzaine de reportages d’excursions effectuées avec mes professeurs de géologie de l’Université de Liège. Qu’il me soit permis d’exprimer ici toute ma gratitude à l’égard des Professeurs Frédéric Boulvain et Eddy Poty pour m’avoir permis de découvrir les trésors de Wallonie accumulés depuis notre appartenance au Gondwana il y a 600 millions d’années. Ce recueil, comme d’ailleurs les autres de cette série, est un produit personnel qui n’a pas été soumis à l’approbation de mes professeurs. J’en prends l’unique responsabilité en cas d’erreur ou d’incompréhension. Dans ces deux cas, toute information complémentaire venant du lecteur sera la bienvenue.


Wallonie en sous-sol - Introduction Chapitre I. - Introduction Chaque recueil de la série intitulée « Wallonie en sous-sol » présente mes photos d’excursions du 3ème Baccalauréat en sciences géologiques à l’Université de Liège. En plus des notes prises aux cours, j’ai aussi commenté mes photos à partir des notes de mon carnet de terrain. En ce qui concerne les schémas et cartes géologiques, elles proviennent pour la plupart des livres édités par mes professeurs, mais j’ai aussi fait usage de Google Earth et d’informations prises sur le Net. Dans tous les cas, les sources seront référenciées en bas de page et dans une bibliographie en fin de volume. Chaque recueil débute par une échelle stratigraphique permettant de connaître l’âge des affleurements photographiés. Voici le Paléozoïque et, pointés par une flèche rouge, les deux étages étudiés. Age

Système

Série

Etage

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Anciens noms


Wallonie en sous-sol - Introduction 1.1. Les deux orogenèses responsables du sous-sol wallon Cette excursion débute par un rappel de Paléogéographie1. Au Cambrien, la croûte terrestre qui era un jour la Belgique se trouve sur Avalonia, près du Pôle Sud. Avalonia s’est détaché d’un énorme continent appelé Gondwana Les cartes suivantes sont commentées et expliquent l’orogenèse calédonienne, c’est-à-dire un cycle orogénique paléozoïque qui a débuté au Cambrien, s'est poursuivi pendant l'Ordovicien et s'est terminé au Silurien. Son nom vient du mot latin pour l'Écosse, à savoir « Caledonia ».

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Cartes extraites du cours d’Eddy Poty : Pages 23, 25, 26 et 27, 33 de « Introduction à la géologie », accessible sur le site My Ulg

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Wallonie en sous-sol - Introduction

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Wallonie en sous-sol - Introduction Au Viséen (Carbonifère), lors de la disparition de l'océan Rhéique par la collision du Gondwana et du sud du Laurussia, se forme progressivement la chaîne Varisque. Les flèches rouges sur la carte suivante2 indiquent le sens de déplacement des continents. La Wallonie subit cette deuxième collision par le Sud. C’est la phase varisque.

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Carte extraite du cours d’Eddy Poty : la page 33 de « Introduction à la géologie », accessible sur le site My Ulg

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Wallonie en sous-sol – Introduction Les frontières des pays actuels dont la croûte terrestre provient d’Avalonia sont redessinées sur le schéma suivant.

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Wallonie en sous-sol – Introduction 1.2. La géologie de terrain 1.2.1. La notion de « formation géologique » Une formation géologique3 est le nom donné à certaines couches géologiques (strates). Elles sont les unités stratigraphiques de base. Les formations sont en général nommées selon les noms des lieux où elles ont été pour la première fois observées grâce à la présence d'affleurements visibles de leurs roches. Les formations permettent ainsi de découper le sous-sol en couches de même propriétés et de même âge. L'âge de la formation est proportionnel à sa position. Une formation est plus ancienne que la couche qui est au-dessus et plus jeune que la couche qui est en dessous selon un des principes fondamental de la géologie. Les formations sont donc en quelques sortes l'image de l'échelle des temps géologiques. Chaque formation représente un évènement géologique spécifique (dépôt de tel sédiment à tel époque suivi d'un autre dépôt à une autre époque, etc…) ce qui permet de mieux comprendre l'histoire géologique d'un lieu. Lors de l'étude d'un affleurement observable par exemple dans le talus d'une route, les différentes couches sont décrites, échantillonnées et leur épaisseur mesurée. A partir de ces observations, on établit une colonne stratigraphique (un "log") dans laquelle les différentes couches, remises à l'horizontale, sont représentées avec leur épaisseur et avec un figuré approprié à la nature de leurs roches, à leur lithologie.

Il sera fait appel à cette notion chaque fois que ce sera nécessaire à la meilleure compréhension des affleurements étudiés.

3

Wikipedia

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Wallonie en sous-sol – Introduction 1.2.2. Les symboles lithologiques4 Selon la nature des roches, la coupe géologique contiendra un ou plusieurs symboles lithologiques

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F.Boulvain, J. Vander Auwera, Géologie de terrain, p.92, 2011

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Wallonie en sous-sol – Introduction 1.2.3. La collecte des fossiles et leur interprétation Nous pouvons voyager à travers les temps géologiques grâce aux preuves qui se situent sous nos pieds. Les strates sédimentaires, des plus récentes aux plus anciennes, renferment en effet de nombreux fossiles qui y sont emprisonnés. Grâce à eux, il a été possible de déterminer l’âge des couches de roches sédimentaires. « Les premiers géologues ont ainsi très tôt remarqué que certains fossiles apparaissent systématiquement dans des couches plus anciennes que d'autres fossiles. Ils ont également remarqué qu'ils pouvaient faire les mêmes observations avec certaines familles de fossiles, que l'on retrouve partout sur la terre dans des couches d'âges identiques.

Sans connaître l'âge exact de tous ces fossiles, il est donc possible d'établir l'ordre d'apparition sur terre de ces fossiles, des plus anciens aux plus jeunes. À partir de cela, une échelle du temps est développée. Le temps y est subdivisé en paquets qui sont définis suivant l'apparition et la disparition de fossiles ou de groupes de fossiles. Chaque paquet porte un nom pour l'identifier, c'est ce qui donne l'échelle stratigraphique.5» Chaque reportage d’excursion reprendra une photo des fossiles rencontrés au chapitre III intitulé : « Etude des affleurements »

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Travaux pratiques de paléontologie stratigraphique – ULB – ttp://www.ulb.ac.be/sciences/dste/sediment/Paleonto/Introduction.html

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Wallonie en sous-sol – Introduction 1.2.4. Symboles utilisés pour les fossiles6 Le modèle de plate-forme givétienne avec barrière récifale, présenté ci-dessus, montre en effet qu’à une profondeur à la limite des vagues de tempêtes, on trouve une semelle crinoïdique symbolisée comme suit :

Viennent ensuite des organismes constructeurs : a) Des éponges : stromatopores massifs, lamellaires et dendroïdes (ou branchus) ;

b) des rugueux solitaires et fasciculés ;

c) des brachiopodes

d) Tapis algo-microbien

e) Gastéropodes

f) Bioturbation

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F.Boulvain, C.Mabille, G.Poulain et A.C. Da Silva, Towards a Paleogeographical and sequential framework for the Givetian of Belgium, Geologica Belgica 2009, page 163

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Wallonie en sous-sol - Introduction 1.2.5. Les bioconstructions du Frasnien. Au sein des bioconstructions, on distingue :

1. Les Récifs : ses constituants édifient une charpente rigide (susceptible de résister à l'action des vagues ou des courants). Exemple: les récifs tropicaux actuels. 2. Les Monticules récifaux: ils ont une forme grossièrement lenticulaire, sans charpente rigide. Parmi eux, on rencontre : les monticules algo-microbiens, les monticules micritiques et les monticules squelettiques a) Les monticules algo-microbiens comprennent deux termes: - les monticules à stromatolithes (tapis de cyanobactéries laminaires) - les monticules à thrombolithes (cyanobactéries à structure péloïdique ou grumeleuse, ou encore riche en fenestrae). b) Les monticules micritiques sont constitués principalement de micrite (à l'origine, boue, gel?) Parfois, ces monticules sont constitués de boue et d'éponges Exemple: la partie inférieure à stromatactis des monticules du Membre du PetitMont Comme les éponges sont des organismes à corps mou, elles ne sont en général mises en évidence que par les cavités qu'elles laissent après leur disparition (et les réseaux spiculaires). c) Les monticules squelettiques comprennent une fraction non négligeable d'organismes à tests calcaires (coraux, crinoïdes, bryozoaires, algues,…) qui ne forment cependant pas de charpente rigide. Exemple: la plus grande part des monticules du Membre du Lion.

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Wallonie en sous-sol - Introduction 1.2.6. Grains, matrice et ciment Par simplification, nous nous polariserons sur les constructions récifales en supprimant du schéma les faciès latéraux formés de shale ou de clastes. Pour comprendre la terminologie des faciès récifaux, rappelons ici la classification (simplifiée) des roches calcaires selon DUNHAM et EMBRY et KLOVAN basée sur la texture de la roche et sur le type de phase de liaison entre les grains (matrice ou ciment)7 Le grain est un fossile, un fragment de fossile ou un corpuscule inorganique. La matrice est un liant intergranulaire qui est en fait une infiltration mécanique de particules fines entre les grains flèche rouge). Le ciment est le résultat de précipitations minérales post-sédimentaires (flèche bleue).

Voyons maintenant la structure des « Boundstones », « pierres liées », qui décrivent un sédiment où les composants d’origine ont été liés ensemble après dépôt. "Rudstone est un calcaire assez grossier formé de grains supérieur à 2 mm. "Floatstone contient des grains dont 10% sont supérieurs à 2mm mais soutenu par une matrice. "Bindstone est un produit où les organismes (telles que des algues) encroûtent les éléments pendant le dépôt et les lient ensemble " Framestone est uns structure calcaire ou siliceuse qui est maintenue par une organisme tel qu'un corail ou une éponge.

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F. Boulvain, Lexique de géologie sédimentaire, http://www2.ulg.ac.be/geolsed/sedim/lexique.htm

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Wallonie en sous-sol - Introduction

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Wallonie en sous-sol – L’itinéraire d’excursion Chapitre II. - L’itinéraire d’excursion Voici la carte géologique de Wallonie telle que nous la connaissons après l’action des deux orogenèses. Les 4 lieux (dont deux sites à Frasnes) faisant l’objet d’une étude d’affleurement sont étoilés en rouge. Elle est suivie d’une autre carte des principaux sites du dévonien moyen et supérieur.

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Wallonie en sous-sol – L’itinéraire d’excursion

Les s sites Frasniens sont épinglés sur la carte Google Earth précédente : Merlemont, Vodelée, Couvin, Frasnes (Arche et Lion) et Senzeilles. L’arrêt-repas de Couvin permettra aussi de visiter la carrière de l’Abîme qui appartient à l’étage Eifelien. Lors du retour vers Liège, nous nous arrêterons à Pont-de-bonne devant un bel affleurement du Famennien.

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements Chapitre III. - Etude des affleurements 3.1. Schémas paléogéographiques du Dévonien moyen et supérieur

Pendant le Frasnien se poursuit la phase transgressive qui repousse les rivages très loin vers le nord. Le début de l’orogenèse varisque semble être la cause principale. Les rides ainsi formées subissent une érosion qui produit une nouvelle sédimentation en matériel détritique.

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements 3.2. Les formations du Dévonien supérieur sur notre itinéraire Nous étudions plus particulièrement Le Sud du Synclinorium de Dinant et l’anticlonorium de Philippeville. D’autres reportages d’excursions à Engis, La Mallieue et Prayon abordent les formations du Nord. Le schéma suivant reprend les formations du Frasnien8

Synclinorium de Dinant Sud

Philippeville

Nord

Vert clair : shale, schistes ; ovales blancs : nodules calcaires ; bleu : calcaires Orange : calcaires argileux ; brun : schistes fins Gris foncé : Matagne : schistes avec feuilletage très fin

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www.ulb.ac.be/sciences/dste/sediment/sedimento/sedimento.html

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements Rappelons que, lors de l’excursion sur le Givétien, nous avons fait un arrêt au Sourd d’Ave pour étudier l’affleurement où la formation schisteuse de Nismes, riche en gros brachiopodes ("Zone des Monstres"), surmontait celle de Fromelennes.

Comme le montre le schéma précédent, la formation de Nismes constitue la base des colonnes lithologiques frasniennes.

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements 3.3. Les monticules récifaux frasniens

Sur cette carte Google Earth, les nuances de la couleur verte montrent les diverses végétations du Frasnien au sud du synclinorium de Dinant. En vert clair, le Frasnien (flèche rouge) et, en vert foncé, le Famennien (flèche bleue) redessinent la carte géologique en haut de page. Abordons chronologiquement les 5 sites Frasniens numérotés et étoilés sur la carte au-dessus de la page précédente. 10 Les Wayons à Merlemont; 11 Haumont à Vodecée; 1 L’Arche à Frasnes; 3 Le Lion à Frasnes ; 5 Beauchateau à Senzeilles Avec une halte à Couvin (étoile bleue) qui appartient en fait à l’Eifélien.

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements 3.4. Merlemont et la carrière des Wayons Cette carrière provient d’un monticule en forme de dôme entouré de schistes. Elle fut exploitée pendant des centaines d’années et ne présente plus aujourd’hui que ce qui ne convenait pas aux carriers d’hier. Toute la partie centrale a été évidée

Ce qui frappe d’abord l’observateur de cette carrière, outre la couleur rouge due aux ferrobactéries, c’est la formation de Stromatactis. Ils proviennent d’une éponge vivante qui s’est dégradée en produisant des cavités. Celles-ci ont été ensuite envasées et la circulation d’eau de mer a amené des sédiments qui se sont déposés au fond. Puis un ciment a précipité. Le ciment est blanchâtre, parfois un peu beige. S’il n’y a que des éponges dans cette carrière, c’est parce que aucun autre organisme ne peut s’y installer. Il n’y a aucun crinoïde, aucun corail, aucun stromatopore. On est très en dessous de l’action des vagues de tempêtes. Le monticule dans lequel fut exploitée la carrière des Wayons n’est pas un récif à proprement parler, parce qu’un récif doit être dans la zone d’action des vagues où il offre une certaine résistance à celles-ci. C’est pourquoi on l’appelle monticule récifal.

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements On utilise les stromatactis pour connaître le plan horizontal du monticule avant que l’orogenèse varisque (Voir introduction) ne l’incline. Les stromatactis sont appelés « géopètes » c’est-à-dire des structures sédimentaires qui permettent de déterminer où étaient le haut et le bas au moment du dépôt correspondant. En effet, les sédiments contenus dans l’eau de mer et le précipité de ciment se sont étalés horizontalement au moment du dépôt. La photo ci-jointe montre bien la direction initiale de la roche avant le plissement.

Formation d’un stromatactis9 Vocabulaire indispensable : une « spicule » est une particule minérale ou chitineuse incluse dans l'enveloppe des éponges ;

A droite, au-dessus : un échantillon de la carrière de Saint-Remy, lame mince, lumière naturelle. A droite, en dessous : 1 (Restes du réseau spiculaire à l’origine de la cavité) ; 2 (Réseau spiculaire dégradé) ; 3 (Sédiment interne, déposé sur le fond de la cavité) ; 4 (Frange de ciment marin précoce) ; 5 (Remplissage final de la cavité par un ciment tardif)

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J.Toussaint (Sous la direction de), Marbres jaspés de Saint-Remy et de la région de Rochefort, p.94, Province de Namur-Culture, 2012

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements

Voici les structures carbonatées permettant de décrire les monticules récifaux dont le monticule des Wayons. Pour plus d’information, voir le Chapitre 1.2.6 intitulé : Entre grains, matrice et ciment

Bindstones et Grainstones

Floatstones

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements

Voici la photo de l’accès à la carrière où l’on trouve l’encaissant avec nodules calcaires de la formation de Neuville.

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements 3.5. La carrière de Hautmont à Vodelée. Voici deux photos de la carrière et la présentation de 3 gammes de faciès. De la droite vers la gauche, on évolue vers des faciès de plus en plus oxygénés, de plus en plus gris, et donc de moins en moins profonds.

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements

Les faciès les plus oxygénés de la carrière Hautmont à Vodelée viennent juste au-dessus du faciès des Wayons qui n’a que des éponges. Celui pointé par la flèche rouge contient, en plus des éponges, des crinoïdes et brachiopodes, des coraux du type alvéolites. Mais il n’y a pas d’algues, car on est sous la zone photique.

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements

A gauche, superbe faciès de Vodelée présentant un stromatactis à structure arrondie. Ci-dessous, dolomitisation d’un stromatactis.

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements Les facies plus clairs et plus gris sont encore moins profonds

Ils sont proches de la surface de l’océan. Ils sont clairs (flèches rouges) parce qu’ils contiennent moins de ferrobactéries. Les coraux dominent avec des brachiopodes et moins de crinoïdes, mais avec de gros stromatopores. En lames minces, on voit les premières algues. En fait le monticule a poussé et a recoupé la base de la zone à vagues de tempêtes. Ici on trouve des faciès algaires, comme des stromatolites et des thrombolites.

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements Il y a de moins en moins de production carbonatée plus en plus d’argile et donc de plus en plus de compaction On peut mesurer le taux de compaction en prenant quelque chose qui ne bouge pas et quelque chose qui a été comprimé « Un cas simple est la comparaison de l'épaisseur de sédiment entre des lamines préservées autour d'un objet non déformable (fossile, objets cimentés précocement, nodules,...) et la même tranche de sédiment à distance de cet objet »10.

H

H0

Photo prise à Vodelée où le sédiment est armé par la présence d’un corail. Elle pourrait servir à déterminer le taux de compaction du sédiment.

10

F.Boulvain, Pétrologie sédimentaire, p 86, Ellipses, 2010

30


Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements

En quittant la carrière, on rencontre des schistes où l’on ne trouve pratiquement aucun fossile. C’est dû à une augmentation d’anoxie des océans. Ce phénomène mondial du dévonien supérieur s’appelle l’événement Kellwasser dont témoigne particulièrement la formation de Matagne. Celle-ci se trouve au-dessus de la formation de Neuville, rencontrée dans la carrière des Wayons. Matagne est au sommet d’une colonne lithologique que nous étudierons plus loin dans ce reportage au chapitre 3.7.

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements Une maison de Vodelée construite avec de nombreux blocs de faciès 2

3.6. L’Arrêt à Couvin

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements La limite Emsien-Eifeilien est dans la formation de l’eau Noire. Puis, au-dessus de cela une formation calcaire de 700 mètres d’épaisseur qui la formation de Couvin qui ressemble très fort au calcaire du Givétien. C’est même du calcaire de type lagunaire. Cela signifie que quelque part il doit y avoir une barrière récifale. La seule grande différence c’est que formation de Couvin n’est pas continue latéralement. Si on se déplace de Couvin vers l’est, à partir de Nismes, elle diminue déjà fortement. A Givet, il n’y en a presque plus. La seule grande différence avec le Givétien, c’est qu’ici c’est une plate-forme centrée sur une ile, le massif de Rocroi, le massif calédonien qui émergeait à l’époque. Ce qui remplace la formation de Couvin vers l’Est et vers l’Ouest c’est la formation de Jemelle Rappel11 :

11

F.Boulvain, J.L.Pingot, Genèse du sous-sol de la Wallonie, p.55

33


Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements 3.7. Les membres de l’Arche et du Lion à Frasnes Référence du schéma suivant12

Lithologie Shiste Schiste nodulaire Calcaire argileux

Calcaire stratifié

Monticule carbonaté

Dolomite

Pmt = Membre du Petit Mont (comme les Wayons)

Les noms repris sur le schéma sont les noms des formations

12

Frasnian carbonate buildups of Southern Belgium : The Arche and Lion members interpreted as atolls, Geologica Belgica (2005), 8/1-2 : 69-89

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements Voici les structures carbonatées et (en dessous) le modèle sédimentologique des membres de l’Arche et du Lion.

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements Photo Google des deux carrières : Arche et Lion

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements 3.7.1. La carrière de l’Arche

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements Calcaires fins à stromatactis et zebra, avec en outre quelques crinoïdes. Stromatopores et tabulés branchus.

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements

Tabulés branchus, crinoïdes, stromatopores

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements A deux cents mètres de là, se sont accumulés des Disphylli (coraux rugueux) dans les sédiments argileux qui forment le substrat du monticule de l’Arche

Une partie de la récolte de Disphylli

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements 3.7.2. La carrière du Lion

Référence du schéma13

Lithologie

Shiste Schiste nodulaire Calcaire argileux

Calcaire stratifié

Monticule carbonaté

Dolomite

Pmt = Membre du Petit Mont (comme les Wayons) Les noms repris sur le schéma sont les noms des formations

13

Frasnian carbonate buildups of Southern Belgium : The Arche and Lion members interpreted as atolls, Geologica Belgica (2005), 8/1-2 : 69-89

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements Voici les structures carbonatées et (en bas) le modèle sédimentologique des membres de l’Arche et du Lion.

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements Photo Google de la carrière du Lion

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements

Calcaire argileux avec nodules calcaires Au fur et à mesure de notre avancement vers le centre de la carrière, de petits lits de calcaire viennent s'intercaler dans les schistes

Le monticule a été creusé et a perdu en calcaires le volume qui joignait l’affleurement repris ci-dessus et celui reconstituable par les 3 photos ci-dessous.

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements

Trois photos Ă lire du Sud (au-dessus) vers le Nord (en dessous) 46


Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements Une part considérable de ces édifices est constituée de calcaires gris à stromatopores, stromatactis, fenestrae, brachiopodes, tabulés. Ceux-ci sont surmontés par une trentaine de mètres de calcaires algaires et algo-microbiens avec de petits édifices thrombolitiques à Renalcis (flèches rouges) au sein de sédiments plus grenus. Page suivante : endroit où se trouve ces thrombolites.

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements

Lieu où ont été prises les deux photos précédentes.

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements

Nous sortons de la carrière en côtoyant les shales du Membre de Boussu-enFagne.

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements 3.8. Beauchateau à Senzeilles Le monticule récifal frasnien de Beauchateau, membre du Petit Mont, sur la commune de Senzeilles commence son développement comme monticule micritique, évolue en stade algomicrobien en passant par un stade de monticule squelettique.

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements

On peut voir que tous le sédiments ne réagissent pas de la même façon lors de la compaction. Nous constatons, sur les flancs du récif, un pendage différent qui laisse supposer qu’il y a eu un relief sédimentaire différent14 (flèches rouges).

14

F. Boulvain, Pétrologie sédimentaire, p. 86, Ellipses, 2010

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements

Plaque de crinoĂŻdes de Senzeilles

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements 3.9. Pont-de-Bonne et le Famennien

La flèche rouge indique le lieu de l’affleurement. C’est la rue des Eaux.

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements Au début de la coupe (que l’on voit avec une photo Google Earth), de la Rue des Eaux à Pont-de-Bonne, on trouve la formation d’Esneux.

A la fin du Frasnien, on constate un changement de profondeur. La transgression est suivie d’une régression avec reprise des apports détritiques à cause d’un climat à saisons plus humides. Ce n’est pas dû à un refroidissement de climat, car il y a des évaporites. On passe d’un climat totalement sec au Frasnien à une saison alternant sècheresse et pluviosité et l’on revient à une sédimentation pratiquement continentale La première formation d’Esneux se caractérise par cet aspect en plaquettes. Il y a alternance entre un banc de grès et un banc d’argile pendant environ 60 mètres Dans les bancs de grès, on voit des plans parallèles, mais aussi des « hummocky cross stratifications ». Ce sont des tempestites : chaque banc de grès correspond à une tempête et chaque banc d’argile à une période de calme.

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements

Rappel des formations du Famennien déjà rencontrées dans la Vallée de l’Ourthe

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Wallonie en sous-sol – Etude des affleurements La dernière partie de la coupe correspond à la formation de Souverain-Pré. C’est une formation de grès avec nodules carbonatés, et c’est la seule connue. Au-dessus de cela, on rencontre les Grès du Condroz de la formation de Montfort

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Wallonie en sous-sol – Les marbres jaspés Chapitre IV. – Les marbres jaspés Dans la région de Rochefort, les édifices appartenant au membre de Petit-Mont, comme les Wayons largement développés dans ce reportage, sont caractérisés par des calcaires rouges fins à stromatactis. Ils sont différents de l’anticlinorium de Philippeville par l’absence de faciès peu profonds comme ceux rencontrés à Vodelée. Quel plaisir d’admirer les œuvres d’art produites à partir des monticules récifaux frasniens ! Ce fut le cas lors de la magnifique exposition, intitulée « Marbres jaspés de Saint-Remy et de la Région de Rochefort », qui eut lieu à l’Abbaye de Rochefort du 1er septembre au 9 décembre 2012 a présenté de nombreuses œuvres d’art wallonnes. Je vous présente deux d’entre elles : une cheminée et une table.

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Wallonie en sous-sol – Les marbres jaspés Cette exposition faisait aussi référence aux carriers, dont une peinture de Léonard Defrance, ce Liégeois dont le nom est souvent associé péjorativement à la démolition de la cathédrale Saint-Lambert par les révolutionnaires liégeois. Defrance est l'un des premiers peintres à avoir introduit dans son art une foule de sujets ou thèmes liés à l'industrialisation du Sillon Sambre-Meuse et de Liège à la veille de leur accession au rang de deuxième puissance industrielle mondiale. On lui doit beaucoup de peintures décrivant les industries et les manufactures de l'époque. Il devint à Rome, un ami du savant liégeois, Robert de Limbourg (1731-1792), qui fut un des premiers à étudier la géologie du Pays de Liège.

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Wallonie en sous-sol – Pour en savoir plus Pour en savoir plus E. Poty, 2013, Introduction à la géologie, accessible sur le site My Ulg F.Boulvain, 2010, Pétrologie sédimentaire, Ellipses Edition Marketing, Paris F.Boulvain, J-L Pingot, 2011, Genèse du sous-sol de la Wallonie, Académie Royale de Belgique F.Boulvain, Excursions des cours de Processus sédimentaires et Géologie de la Wallonie ; http://www2.ulg.ac.be/geolsed/excu/excursions.htm F. Boulvain, Une introduction à la géologie de la Wallonie, http://www2.ulg.ac.be/geolsed/geolwal/geolwal.htm, F.Boulvain, B.Demany et M. Coen-Aubert, Frasnian carbonate buildups of Southern Belgium : The Arche and Lion members interpreted as atolls, Geologica Belgica (2005), 8/1-2 : 69-89 B. Sottiaux, Etude du Milieu - Eléments de géologie - Géologie de la Belgique- 16 Janvier 2010. Cours industriels et commerciaux Couillet J.Toussaint (Sous la direction de), Marbres jaspés de Saint-Remy et de la région de Rochefort, Province de Namur-Culture, 2012 F.Baldewyns, http://www.editionsduprof.be

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