Table des Matières
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En mémoire de mon Grand-Père, Oscar Pirlet, 1880-1959 En mémoire de ceux qui sont morts au service de leur pays et de ceux qui revinrent au pays, affectés physiquement, mentalement ou spirituellement. In memory of my grand-father, Oscar Pirlet, 1980-1959 In memory of those who have died in the service of their country, but also to remember those who were returning with physical, mental and spiritual needs.
Accord des administrateurs de la Propriété Conan Doyle Les administrateurs de la Propriété Conan Doyle sont heureux que vous traduisiez The British Cam-
paigns in Europe - en français ou en néerlandais- à la condition que si une traduction commerciale avait lieu, elle soit acceptée par un accord distinct. Les administrateurs sont désireux d'amener le travail de Sir Arthur Conan Doyle, différent de Sherlock Holmes, à un public plus large. Nous vous prions de présenter le sceau de notre Propriété sur votre site mettant en évidence notre approbation. J'attache une copie du sceau. Avec nos meilleurs voeux, Robert Kerby
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Table des Matières Introduction
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Avant-propos
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Conan Doyle et les guerres
10
Promouvoir au mieux les intérêts britanniques
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Le Soldat Conan Doyle
12
Pouvoir de la Presse
14
Les Campagnes britanniques en France et en Flandre
14
Notions de vocabulaire militaire
15
Les comtés d'Angleterre pour mieux connaître les Régiments
16
Coopérations militaires en prévision de la Guerre
17
Déclaration de guerre des Britanniques
18
Les Guards se mobilisent
21
Les Canadiens en route pour l'Europe
29
Remarques typographiques
30
Extrait de la Préface du livre "The British Campaigns in Europe 1914-1918"
31
La Bataille de Mons (Du 23 août au 26 août 1914) par Arthur Conan Doyle
32
1. Le débarquement des Britanniques en France
32
2. Composition du Corps Expéditionnaire Britannique en août 1914
37
3. La mise en place des troupes britanniques et les premières escarmouches
52
4. La défense des ponts de Nimy
60
5. L'avancée allemande vers Mons
68
6. La détention du Canal
78
7 Le télégramme fatal
101
8.Les actions d'arrière-garde de Frameries, Wasmes et Dour
103
9. La charge des lanciers
111
10. Le destin du Cheschire
116
11. La 7e Brigade à Solesmes
119
12. Les Guards en action
128
13. Le dur réveil des Allemands
130
14. Les Connaughts à Pont-sur-Sambre
134
Les lieux de Mémoire
137
La Bataille de Mons, ce n'était qu'un début
151
Le Général Allenby dans "Lawrence d'Arabie"
154
Le témoignage du Général Snow
155
Une triste "débaptisation" militaire
163
Pour en savoir plus-To find out more
167
Remerciements-Aknowledgments
169
Index
170
3
Introduction Les trois premiers chapitres de The British Campaigns in Europe 1914-1918, d'Arthur Conan Doyle sont : 1. The Breaking of the Peace, en Français "l'Interruption de la Paix"; 2. The Opening of the war,"Le Début de la Guerre" où la Belgique tout entière et Liège, en particulier, ont considérablement freiné l'invasion allemande; 3. "The Battle of Mons", qui fait l'objet de notre traduction et de nos commentaires. Afin de respecter la chronologie et faire comprendre les raisons de mon empathie pour ce
chapitre, je me dois tout d'abord der vous faire connaître l'histoire de la montre gousset qui a sauvé la vie de mon grand-père lors de la Bataille du Sart-Tilman, dix-sept jours plus tôt (le 6 août 1914). Le Caporal Oscar Pirlet, du 14e de Ligne de forteresse se trouvait au coeur de la bataille. Mon grand-père est décédé en 1959, mais il ne parlait jamais de ce qu'il avait vécu tant cela avait dû être horrible. Il se contentait de dire : "Celui qui n'a pas vu la guerre n'a rien vu". Personnalité de mon enfance, son souvenir est prégnant, mais le seul objet tangible que je possède est une montre gousset, brisée et tordue. Elle lui avait été offerte par Gérard Clerdent, le camarade "chanceux" qui, contrairement à Oscar, avait tiré un bon numéro l'exemptant des obligations militaires.
4
Introduction Lors de la Bataille du Sart-Tilman, cette montre dévia la troisième balle qui allait sans doute lui être fatale, deux autres lui ayant déjà transpercé la cuisse et la région abdominale.
Oscar Pirlet arborait rarement ses médailles, sauf la Croix de Guerre qu'il portait fièrement, et que voici reproduite près de sa photo. Symbole et souvenir impérissable, cette montre fut évoquée à chaque occasion qui se présentait: pendant mes études, mon service militaire, et chaque fois que le hasard (s'il existe) se mointrait favorable plutôt que de pencher vers le mauvais versant.
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Introduction
Voici le lettre que mon grand-père écrivit à ma grand-mère et à ma mère (qui n'avait que 4 ans)
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Introduction Et voici le certificat d’hospitalisation à l'hôpital Saint-Servais de Liège, signé le 5 septembre 1914. La traduction française est la suivante : "Je soussigné, médecin-chef belge de l'hôpital militaire (Hôpital St Servais) confirme que le blessé (Caporal Oscar Pirlet Engis) du 14e Régiment de Ligne a une blessure sévère qui l'empêche de prendre les armes" En français, il est écrit à la main : "balle dans la cuisse gauche au niveau de l'articulation; balle dans la région abdominale gauche"
Puis en allemand: "le soldat soussigné demande la permission de pouvoir retourner à son domicile"
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Introduction
Et terminons l'aventure d'Oscar Pirlet par la Carte du Combattant, rĂŠcapitulative des services de guerre et des distinctions
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Introduction Dix-sept jours après la Bataille du Sart-Tilman, alors que mon grand-père était à l'hôpital (et qu'il y restera jusqu'au 29 septembre 1914, comme l'indique sa Carte du Combattant), eut lieu la Bataille de Mons. C'est pour moi une bataille majeure sur le sol belge où, après les forts de Liège et la résistance des soldats belges, nos Alliés britanniques freinèrent l'avancée allemande. S'il fallait trouver une autre motivation pour l'intérêt que je porte à cette bataille, ce serait sans doute que mon épouse et ses parents habitaient à Thieu sur le Canal du Centre, puis que ceux-ci ont vécu à Mons pendant vingt-trois ans. Et la troisième raison d'avoir choisi ce chapitre de l'oeuvre de Conan Doyle est mon attachement littéraire, voire presque fraternel, à celui qui l'a fait connaître dans le monde entier, puisque je suis membre de la Société Sherlock Holmes de France depuis 2011.
Comme l'a dit François Hollande, Président de la République Française, le 7/11/2013, lors du Lancement du Centenaire de la Grande Guerre : "Dans cette période de commémorations, nous ne poursuivrons qu'un seul objectif : nous souvenir ensemble pour être plus forts ensemble. Voilà le grand dessein de l'année 2014 face à ce qui va être autant de traces retrouvées de notre histoire."
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Avant-Propos Conan Doyle et les guerres Le livre d'où j'ai tiré "The Battle of Mons" correspond à la première édition de 1928 chez GEOFFRET BLES SUFFOLK STREET PALL MALL LONDON Arthur Conan-Doyle était l'un des plus importants auteurs narratifs de l'histoire anglaise. Il servit en tant que Docteur dans la Guerre des Boers (18991902) et a écrit "La Guerre en Afrique du Sud (1902)", où il a essayé de justifier des actions britanniques pendant la guerre. Son fils Kingsley et son frère Innes servirent tous deux dans l'Armée britannique pendant la Grande Guerre 1914-1918. Kingsley Doyle (ci-dessous à gauche1) était Capitaine au 1er Bataillon du Hampshire Regiment. Il succomba le 28 octobre 1918 à la pneumonie, qu'il avait contractée au cours de sa convalescence après qu'il eut subi de sérieuses blessures lors de la Bataille de la Somme en 1916. Il est enterré au Royaume-Uni au cimetière de Grayshott (St Luke) dans le Hampshire, mais à la frontière du Surrey. Le Brigadier-General Innes Doyle (cidessous à droite 2), le frère d'Arthur, qui servit dans la Royal Field Artillery, mourut en 1919, également d'une pneumonie.
1 2
Photo de la Société Sherlock Holmes de France Ibid. photo précédente
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Avant-Propos Malcolm Leckie3 le beau-frère d'Arthur Conan Doyle, de la Royal
Army Medical Corps, disparut très tôt dans cette guerre et fut plus tard confirmé tué.
Les deux tombes, celle d'Innes Conan Doyle et celle de Malcolm Leckie se trouvent en Belgique, respectivement à Halle et Frameries
3
Voir le site de Pierre Vandervelden In Memory pour en savoir plus http://www.inmemories.com/Cemeteries/halle.htm
11
Avant-Propos En plus de l'interview de soldats ordinaires, Arthur Conan Doyle a été autorisé par le Général Haig et quatorze autres généraux à accéder à leurs journaux et papiers en vue de se faire une opinion de l'ensemble de la Grande Guerre. Doyle est resté vigoureusement patriote au cours de la Grande Guerre malgré l'épreuve de tragédies personnelles qu'il a vécues. Son "Histoire de la Grande Guerre" a été réédité sous forme de livres électroniques, avec une introduction du principal historien anglais de la Première guerre mondiale, Nigel Jones. Promouvoir au mieux les intérêts britanniques4 Le 2 septembre 1914, peu après le début de la Première guerre mondiale, le politicien libéral, Charles Masterman, le responsable du Bureau de Propagande de Guerre, organisa une réunion secrète des principaux auteurs britanniques pour discuter des façons de promouvoir au mieux les intérêts britanniques pendant la guerre. Conan Doyle, Arnold Bennett, John Masefield, Ford Madox Ford, William Archer, G. K. Chesterton, monsieur Henry Newbolt, John Galsworthy, Thomas Hardy, Rudyard Kipling, Gilbert Parker, G. M. Trevelyan et H. G. Wells étaient présents. Tous ces écrivains furent d'accord sous le seau du plus grand secret et il fallut attendre 1935 pour que le grand public fut mis au courant. Plusieurs écrivains fréquentant ce meeting furent d'accord d'écrire des pamphlets et des livres qui feraient la promotion de la vue gouvernementale de la situation. Le Soldat Conan Doyle5 Quand la guerre a débuté en 1914 Conan Doyle avait cinquante-cinq ans. Son âge ne l'a pas empêcher d'essayer de s'enrôler dans l'armée. Dans une lettre envoyée au War Office, il écrivait : "Je pense que je peux dire que mon nom est bien connu des plus jeunes hommes de ce pays et que si je devais prendre une commandement à mon âge cela servirait d'exemple et d'aide à mon pays" Il continua à écrire certaines de ses qualités : "j'ai cinquante-cinq ans, mais je suis très fort et robuste et je peux faire entendre ma voix à grande distance, ce qui est très utile pour le drill. Malgré son offre généreuse et sa voix forte, la demande de Conan Doyle fut refusée. Cependant il resta déterminé à aider l'effort de guerre de toutes les manières possibles. Il se mit ensuite à organiser des unités de défense composées de volontaires civils. Le War Office ordonna à ces unités de se dissoudre et les remplaça par des unités administrées par leur bureau.
4 5
http://www.spartacus.schoolnet.co.uk/Jconan.htm Ma traduction personnelle effectuée à partir du site suivant : "firstworldwar.com, a multimedia history of world war one,
http://firstworldwar.com/poetsandprose/doyle.htm"
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Avant-Propos L'unité de Conan Doyle devint la compagnie de Crowborough appartenant au Sixième Régiment de Volontaires du Royal Sussex. On lui offrit le poste de commande dans le nouveau bataillon, mais Conan Doyle refusa, car il voulait montrer à ses concitoyens qu'ils étaient tous égaux dans la défense de la Grande-Bretagne. Il entra dans le groupe comme Sir Arthur Conan Doyle, le soldat.
Sir Arthur Conan Doyle, Robert Donald et un officier français sur le front Ouest
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Avant-Propos Pouvoir de la Presse Dès les premières semaines de la guerre, trois croiseurs britanniques furent perdus. Les 1.400 hommes à bord furent perdus eux aussi. Conan Doyle pensa que la perte de vies était évitable. Il écrivit au War Office pour que chaque marin puisse disposer d'une "ceinture en caoutchouc gonflable" dans le cas où leurs bateaux seraient coulés. Sir Arthur n'était jamais réticent pour utiliser sa popularité personnelle en vue d'une juste cause. C'est pourquoi il envoya aussi des lettres à la Presse leur proposant les mêmes idées. Il savait que si le War Office pouvait ignorer la voix d'un homme, il ne pouvait pas ignorer la voix de l'opinion publique. Son plan fonctionna. Le gouvernement ordonna peu de temps après de pourvoir les marins de cols en caoutchouc gonflables, le signe avant-coureur des combinaisons de survie d'aujourd'hui. Conan Doyle utilisa cette même tactique plus tard encore en préconisant que des canots de sauvetage équipent les navires militaires. Il recommanda aussi vivement que le gilet pareballes soit porté par les soldats du front. Les Campagnes britanniques en France et en Flandre6 Alors que la Première Guerre mondiale faisait toujours rage, Conan Doyle commença à travailler sur "Les campagnes britanniques en France et en Flandre" C'était une histoire extrêmement détaillée de la guerre. Il était très fier de cela et il s'est donné de la peine pour rendre son récit aussi précis que possible. Il rassembla la matière provenant de multiples sources, y compris le militaire britannique. Le livre aurait pu cependant être plus équilibré, car Conan Doyle eut totalement confiance dans les informations qu'il reçut de certaines de ses sources. Le préjugé de ces sources s'est frayé un chemin dans le livre. La Campagne britannique en France et en Flandre" fut initialement publiée en six volumes. Les premiers volumes ne se sont pas bien vendus parce qu'ils ont été publiés alors que la guerre n'était pas finie. Le public était intéressé par les batailles du jour plutôt que de lire une histoire des premiers jours de la guerre. Après la fin de la guerre, le public voulant probablement une pause de la mort et de la destruction, manifesta peu d'intérêt dans la lecture relative au conflit. Conan Doyle déclara alors que le livre était "une déception littéraire imméritée".
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Ma traduction personnelle effectuée à partir du site suivant : "firstworldwar.com, a multimedia history of world war one,
http://firstworldwar.com/poetsandprose/doyle.htm"
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Avant-Propos Notions de vocabulaire militaire Pour mieux comprendre "La Bataille de Mons", voici quelques notions de vocabulaire militaire. Tout dépend des pays mais brièvement, on peut dire que du plus important au petit : une armée (un Corps d'armée) contient 40 000 à 100 000 hommes; un corps d'armée, 2 à 4 Divisions; une division, 10 000 à 18 000 hommes; une brigade, 2 000 hommes; un régiment, 700 hommes: Puis viennent le bataillon, la compagnie, la section et le groupe... Parmi les autres mots rencontrés dans le texte de Conan Doyle, ceux-ci sont les plus courants : Un front militaire est une frontière, contestée entre deux forces combattantes. Un front peut être local et tactique ou peut s'étendre sur un large théâtre d'opérations Le flanc est "le côté de quelque chose". Dans le domaine militaire, on parlera du flanc d'un bataillon, d'un escadron, d'une armée. On peut marcher de flanc et couvrir le flanc d'un bataillon. Attaquer l'ennemi par le flanc est chose courante, par le flanc droit ou le flanc gauche... L'Avant-garde est une partie d’une armée qui marche la première L'Arrière-garde est une partie d’une armée qui marche la dernière. Un éclaireur est une personne qui a pour mission de partir en reconnaissance pour observer le terrain et recueillir des informations qui seront utiles au reste du groupe. Une batterie est un ensemble tactique désignant un petit groupe de pièces d'artillerie (canon, mortier, obusier, etc.). Le hussard est un cavalier militaire appartenant à la cavalerie légère. Les hussards furent avant tout employés pour la reconnaissance et les raids pour approvisionner l'armée en marche. Au combat, leur fonction était également de harceler l'ennemi, de s'emparer des batteries d'artillerie ou de pourchasser les troupes en débâcle.
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Avant-Propos Les comtés d'Angleterre pour mieux connaître les Régiments Les régiments cités dans le texte de la Bataille de Mons portent le plus souvent le nom d'un comté ou d'une région de Grande-Bretagne. Voici une carte permettant de situer l'endroit concerné.
N.B. Le Comté de Chester (Chestershire) est devenu le Cheschire
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Avant-Propos Coopérations militaires en prévision de la Guerre Dès 1904, lors de l'Entente Cordiale, l’Angleterre et la France entament leur coopération militaire en cas de guerre avec l’Allemagne. Les accords entre la France et la Grande-Bretagne se soldent par une lettre signée en 1906 par Edward Grey et l’ambassadeur Cambon qui prévoit que les deux pays sont libres de se prêter assistance en cas de guerre. En 1909, il est décidé que la question de l’envoi d’un Corps Expéditionnaire Britannique sera du ressort du « gouvernement of the day ». Quand Henry Wilson arriva au War Office, il constata qu'il n’existait aucun plan de transport de troupes britanniques vers la France. Son but sera alors d’organiser le corps expéditionnaire pour une mobilisation et un déploiement rapides en France en cas de guerre: ● Les Divisions d’infanterie dès le 4e jour après la mobilisation (M4). ●Les Divisions de cavalerie dès le 7e jour (M7). ●L’artillerie le 9 jour (M9). Le 20 juillet 1911, Wilson et Dubail, chef de l’état-major général français, établissent et signent un mémorandum concernant l’envoi de 6 divisions d’infanterie et d’une division de cavalerie en France. (150.000 hommes et 67.000 chevaux) qui seront débarqués à Boulogne, Le Havre ou Rouen entre le 4e et le 12e jour de mobilisation. La mobilisation britannique doit avoir lieu le même jour que la mobilisation française. Le corps expéditionnaire doit protéger l’aile gauche de l’armée française et dans ce but, il devra se concentrer à Maubeuge. Cet accord est conclu sous la seule responsabilité de Wilson en ce qui concerne l’Angleterre, le cabinet britannique n’en ayant pas été informé. Certains membres du cabinet britannique étaient partisans du « splendide isolement » et auraient entravé ces efforts.
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Avant-Propos Déclaration de guerre des Britanniques Contexte militaire : le plan Schlieffen
Ce plan consistait à concentrer l'essentiel des corps d'armée allemands le long des frontières occidentales de l'Allemagne, ensuite d'attaquer à travers le Luxembourg et la Belgique pour contourner par le nord toutes les forces françaises massées le long de la frontière franco-allemande, puis de faire pivoter l'aile droite allemande vers le sud pour prendre Paris et enfin encercler les troupes françaises. Ce plan impliquait l'obtention d'un droit de passage par la Belgique ou, à défaut, le passage en force avec violation de la neutralité belge. Le 4 août, l'Angleterre déclare la guerre à l'Allemagne suite à la violation de la neutralité belge. Chaque division d’infanterie comprend 3 brigades, chacune de 4 bataillons, soit 18.000 hommes, dont 12.000 sont dans l’infanterie, 4.000 dans l’artillerie, responsables de 76 canons. Il y a 24 mitrailleuses par division. Pour transporter les troupes vers les ports, il faut faire circuler 1.800 trains. Le transport des troupes par mer nécessite un arrangement avec l’Amirauté. Les ports d’embarquement sont : ●Southampton pour les troupes en Grande Bretagne ●Cork, Dublin et Belfast pour les troupes en Irlande. ●Avonmouth pour les véhicules automobiles.
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Avant-Propos ●Newhaven pour le matériel. ●Liverpool pour la nourriture. Chaque jour, une moyenne de 13 navires quittent les ports anglais en direction du Havre ou de Boulogne.
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Avant-Propos Dès la déclaration de guerre, les patriotes manifestent
Des cortèges patriotiques se sont formés dans les rues de Londres (comme ici dans White Hall) Au premier plan de jeunes gamins se voient déjà habillés en soldat et se disent prêts à mourir pour l'Angleterre.
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Avant-Propos Les Guards se mobilisent Les Britanniques mobilisent dès qu’est connue la violation du territoire belge. Dès que l’ordre de mobilisation est affiché, les réservistes se rendent à l’appel et sont dirigés vers les centres mobilisateurs. Equipés, ils sont ensuite dirigés en chemin de fer vers le lieu de concentration des armées, prévu de longue date dans les plans des Etats-Majors La Garde britannique se compose de 5 régiments d'infanterie et deux régiments de cavalerie : Foot Guards Les Grenadier Guards. L’appellation actuelle date de 1877. C’est le premier régiment des gardes.
Les Coldstream Guards, sont issus du régiment levé par le général George Monck en 1659 dans la ville de Coldstream, à la frontière de l’Angleterre et de l’Ecosse. C’est le deuxième régiment des gardes (Insigne à droite)
Les Scots Guards, gardes écossais, sont issus du Régiment Royal du Marquis d’Argyll levé en 1642. L’appellation actuelle date de 1877. C’est le Troisième Régiment des Gardes.(Insigne à droite avec le chardon)
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Avant-Propos Les Irish Guards, gardes irlandais, sont créés en 1900 en récompense de la bravoure des Irlandais pendant la deuxième guerre des Boers en Afrique du Sud (du 9 octobre 1899 au 1er juin 1902). C’est le Quatrième Régiment des Gardes (insigne à droite).
Les Welsh Guards ont été créés en 1915. C’est le Cinquième Régiment des Gardes (insigne à droite avec le poireau).
Les régiments de Horse Guards sont :
Les Life Guards portant tunique rouge, Ils n'ont pas participé à la Bataille de Mons, mais ont été engagés dans la Bataille dès Octobre 1914 Les Blues and Royals en tunique bleue, unité créée en 1969 par amalgame des régiments «The Royal Horse Guards » ( « The
Blues » ) et « The Royal Dragoons » ( « The Royals » ou « First Dragoons » ). Lorsqu'elles sont de service protocolaire à Londres, les unités des
Foot Guards sont hébergées dans les Wellington Barracks : il s'agit de casernements (barracks en anglais) situés dans la City de Westminster, près du Palais de Buckingham, pour leur permettre d'atteindre rapidement celui-ci en cas d'urgence.
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Avant-Propos
Le Régiment de Cavalerie de la Maison Royale ( The Household Cavalry Composite Regiment) était un régiment de cavalerie temporaire de l'armée britannique dont l'effectif provenait des 1er et 2e Régiments, des Life Guards et des Royal Horse Guards. Il fut actif en 1882 lors de la guerre anglo-égyptienne, en 1889-1900 pendant la Seconde guerre des Boers, d'Août à Novembre, 1914 pendant les premiers mois de la Première Guerre mondiale et plus tard pendant la Seconde Guerre mondiale. D'autres photos de la Cavalerie de la Maison Royale en partance pour le front au début de la guerre sont visibles à l'adresse on-line suivante: http://www.dailymail.co.uk/home/index.html En voici trois avec la traduction du commentaire du site : La première "Copyright Roland Hoskins" et les deux suivantes "Christina Broom"
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Avant-propos
Condamnés: Pas un seul soldat de cette équipe des Irish Guards, photographiés en 1914, n'a survécu à l'horrible massacre qui eut lieu sur le champ de bataille
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Avant-propos Vers le front : En 1914, des parents au visage attristé font leurs adieux à la gare de Waterloo à deux soldats du Household Bataillon.
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Avant-propos Avec son bras protecteur, un soldat pose avec des membres de sa famille alors qu'il se prĂŠpare Ă monter Ă bord d'un train vers le front.
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Avant-propos
Premier Bataillon des Irish Guards se préparant à quitter les Wellington Barracks pour la France en Août 1914. La photo Google Earth suivante montre la façade des Wellington Barracks (flèche rouge) sur Bird-
cage Walk et le Palais de Buckingham.
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Avant-Propos
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Avant-propos Les Canadiens en route pour l'Europe
Photo : les hommes du Corps Expéditionnaire Canadien en Alberta en route pour l'Europe. Le 3 octobre 1914, le premier contingent part pour l’Europe qui compte près de 30 000 Canadiens dont 6 000 d’entre eux proviennent du Québec et le 14 octobre, le 22 e Bataillon composé de Canadiens français est créé. Les Canadiens ne seront pas à Mons en août 1914, mais ils libéreront la ville le 11 novembre 1918 (voir la fin du chapitre Les lieux de
mémoire) Avant d'entamer ce récit, retenons que la Bataille de Mons eut lieu les 23 et 24 août 1914. Pendant presque deux jours, ils ont tenu tête à l'envahisseur alors qu'ils n'étaient que 70.000 hommes face aux 200.000 Allemands La retraite de Mons eut lieu les 25 et 26 août. Ce ne fut pas une fuite éperdue, mais une retraite qui résista aux agressions des poursuivants. De sorte qu'il y eut, pendant ces deuxjours là aussi, de nombreux affrontements et de nombreuses victimes. Les soldats britanniques ont ralenti les troupes allemandes en route vers Paris. Leur combat a frappé les esprits. On se souviendra que la Bataille de Mons est l'un des affrontements violents où les britanniques effectuaient sur le continent leur première bataille depuis Waterloo.
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Avant-propos Remarques typographiques ●Chaque fois que nous évoquerons pour la première fois un régiment (ou un fait relatif à un régiment) nous afficherons le "Cap Badge", comme disent les Britanniques, c'est-àdire l'insigne porté par les militaires de ce régiment sur leur béret ou képi. A titre d'exemple, le Cap Badge du Régiment où Conan Doyle s'engagea comme volontaire est celui du Royal Sussex Regiment. ●Pour éviter toute ambiguïté entre le texte de Conan Doyle et celui relatif aux remarques introduites par le traducteur, celles-ci seront encadrées. ●Chaque fois que le copyright des photos sera connu, la référence sera donnée; si ce n'est pas le cas, et jusqu'à preuve du contraire, nous estimerons qu'elles font partie du domaine public.
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Extrait de la Préface du livre "The British Campaigns in Europe 1914-1918" Dans la préface de l'œuvre originale, se trouve le passage suivant : "je crois que la narration à l'état actuel résistera à l'épreuve du temps et que les changements du futur consisteront en additions plutôt qu'en changements ou suppressions." On peut dire honnêtement que cette prévision a été honorée. Des corrections occasionnelles et des additions ont été faites et elles sont incluses dans ce volume. Les retranchements, qui furent estimés nécessaires par le Censeur, ont tous été restaurés et de nombreux noms qui avaient été honorablement mentionnés se retrouvent à l'endroit duquel ils n'auraient jamais dû être déplacés. Depuis les premiers jours de la guerre, je me suis beaucoup impliqué dans la collecte de preuves à partir de sources de première main concernant les événements de ces importantes journées. J'ai construit ma narration à partir de lettres, journaux intimes, interviews des mains ou des lèvres d'hommes qui ont été des chefs de nos armées, dont j'avais l'ambition de connaître leurs faits et d'en faire la chronique. Dans la plupart des cas, j'ai eu le privilège de soumettre mes descriptions des principaux événements à des acteurs éminents et de recevoir leurs corrections ou remarques. Comme les années s'écoulaient, je pus organiser un système par lequel je pouvais m'assurer que mon exposé ne pourrait plus être contesté, et je peux dire avec certitude qu'il n'est pas seulement précis, mais très précisément correct dans ses détails. Je voudrais exprimer tout l'intérêt que j'ai porté à l'excellent récit officiel compilé par le Général Sir James Edmonds, dont plusieurs volumes sont apparus de nos jours. Je conseille vivement au lecteur qui voudrait davantage de détails d'étudier ces volumes. Avec un soin méticuleux, on peut composer un récit aussi précis que Bradshaw - et aussi intéressant, mais l'histoire officielle, bien que trop longue pour le simple lecteur, possède de nombreux passages éclairants qui lui donnent sa propre valeur littéraire. (...) Finalement, je voudrais exprimer ma reconnaissance au personnel de la section historique du War Office pour sa constante courtoisie et au Major A.H. Wood pour le soin qu'il a apporté dans la révision des épreuves. Arthur Conan Doyle Windlesham, Crowborough,1928
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La Bataille de Mons (Du 23 août au 26 août 1914) 1. Le débarquement des Britanniques en France La plus grande partie du Corps expéditionnaire britannique passa en France, sous le couvert de l'obscurité, pendant les nuits des 12 et 13 août 1914. Le mouvement, qui comprenait quatre divisions d'infanterie et une division de cavalerie, nécessita le transport d'environ 90.000 hommes, 15.000 chevaux et 400 canons. Il est certain qu'un tel déploiement n'avait jamais été effectué par voie d'eau en un temps si court dans toutes les annales de l'histoire militaire. L'opération, tant par sa rapidité que par son caractère secret, fut un moment d'émotion intense. Deux murs de tentes7 convergentes formaient une espèce d'entonnoir et faisaient écran pour quiconque approchait les docks de Southampton.
7
Photo: Camp anglais de 1914 semblable à celui de Southampton)
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Le débarquement des Britanniques en France Au-delà des tentes, tout était obscurité et mystère. En bas de ce fatal entonnoir, passa la fine fleur de la jeunesse britannique et leur famille ne les vit plus. Ils avaient embarqué pour la grande aventure de la guerre allemande. Les foules, dans les rues, virent les dernières files serrées disparaître dans l'obscurité des docks et elles entendirent leurs battements de pieds résonner sur les quais en pierre, puis mourir peu à peu dans le silence de la nuit, jusqu'à ce que tout fut tranquille et que les grands bateaux à vapeur démarrent dans l'obscurité. Aucune force plus superbe d'efficacité technique et aucun homme dont le cœur fut plus chaud dans son profond désir de servir son pays n'avait jamais quitté les rivages de la Grande-Bretagne. Au minimum, on pouvait dire que la moitié de ces hommes allait, en quatre mois, ou bien mourir ou se retrouver dans les hôpitaux. Ils étaient destinés à la grande gloire et à la grande perte qui est à la mesure de leur gloire. Il est bien d'établir une fois pour toutes la composition de cette force, de façon à ce que, dans les pages qui vont suivre, quand une brigade ou une division sera évoquée, le lecteur assidu puisse déterminer sa composition. Pour la facilité de lecture, le traducteur préfère se limiter à la composition des divisions, brigades, et régiments concernant la Bataille de Mons, Arthur Conan Doyle ayant choisi de rassembler toutes les forces britanniques y compris celles des autres batailles : Le Cateau, la Marne, l'Aisne, Ypres, la Somme, la Lys, puisque son livre les aborde toutes...etc.. L'armée britannique à Mons sera bientôt détaillée au chapitre 2. Le courage prussien, sa capacité et sa puissance organisatrice avaient une haute réputation parmi nous et, cependant, nous attendions l'issue avec certitude pour autant que les chances soient équilibrées. En même temps, il n'y avait aucune tendance à sous-estimer le fervent patriotisme de nos adversaires et nous étions bien conscients que même les nombreux Socialistes qui remplissaient leurs rangs étaient persuadés - même si cela peut sembler incroyable - que la mère patrie était réellement attaquée, et ils étaient enthousiastes à la défendre. La traversée eut lieu sans incident. Ce fut toujours le privilège traditionnel du public britannique de rouspéter contre leurs fonctionnaires et de parler "de la débrouille" en vue de la victoire.
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Le débarquement des Britanniques en France Sans doute, la critique était souvent méritée. Mais, cette fois-ci, le British War Office et le Département des Transports Maritimes s'élevèrent à un degré suprême d'excellence dans leur fonctionnement. Ce que firent aussi les entreprises de Chemin de fer concernées. Les détails étaient méticuleusement corrects.
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Le débarquement des Britanniques en France Sans perte d'homme, de cheval ou de canon, les soldats qui avaient vu le soleil se coucher dans le Hampshire le virent se lever en Picardie et en Normandie. Boulogne et le Havre étaient les principaux ports de débarquement,
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mais beaucoup, y compris la cavalerie, remontèrent la Seine
et accostèrent à Rouen (photo suivante).9 10Les
soldats reçurent partout un accueil chaleureux de la population,
qu'ils rendirent par leur sobre enthousiasme. Les excellents préceptes à l'égard du vin et des femmes exprimés dans les recommandations de Lord Kitchener (photo) à l'Armée semblent avoir été scrupuleusement observés.
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Photo extraite de http://audregnies-labataille.skyrock.com/3099479659-Les-troupes-britanniques-débarquent-en-Franceaout-1914.html avec l'autorisation du manager du site 9 http://audregnies-labataille.skyrock.com/3099479659-Les-troupes-britanniques-remontent la Seine jusque Rouen avec l'autorisation du manager du site 1010
Photo extraite de http://audregnies-labataille.skyrock.com/ avec l'autorisation du manager du site
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Le débarquement des Britanniques en France
Ce n'est pas manquer d'égard à la vaillance de la France que de dire qu'elle bénéficia grandement, en ces moments de tension et de forte anxiété, de l'arrivée de ces Alliés d'outre mer pleins d'entrain. Il est probable que le bel air, et même les mots dérisoires de "Tipperary", passeront dans l'histoire comme la chanson de marche, et souvent le chant funèbre de cet hôte vaillant. Les routes poussiéreuses, alignées de peupliers, résonnèrent de leurs refrains et les villages tranquilles de Picardie firent l'écho de leur retentissante et superflue assurance quant à l'état de leur cœur. Toute la France sourit en voyant ces alliés, et c'était à un moment où un sourire signifiait beaucoup à la France. _______________________________________________________________________________
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2. Composition du Corps Expéditionnaire britannique en août 1914 Pendant que les diverses brigades se préparaient à une avancée vers l'intérieur, arriva en Gare du Nord à Paris un voyageur dont on peut dire qu'il fut le plus souhaité des visiteurs britanniques qui mirent le pied dans la ville. C'était un petit homme épais, bronzé par une vie extérieure, une personnalité solide, impassible, avec un visage reflétant la bonne humeur, surmonté d'un front de penseur, et en bas d'une mâchoire reflétant le combattant obstiné. Des sourcils en surplomb ombrageaient deux yeux gris enthousiastes tandis que sa puissante bouche était en partie dissimulée par une moustache grisonnante.
Tel était John French, le chef de la cavalerie en Afrique et maintenant le Field-Marshal commandant le Corps Expéditionnaire britannique. French pouvait bien apprécier les qualités de ses subordonnés directs. Ses deux Corps d'Armée et sa Division de Cavalerie étaient dans de bonnes mains. On reconnait, ci-joint au fond, le Général French avec sa moustache blanche, avant de débarquer. Ci-après, il salue la foule qui l'accueille.
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Composition du Corps Expéditionnaire britannique en août 1914
Comme son chef, Haig était un homme de cavalerie par son éducation, bien que maintenant on lui avait confié le commandement du Premier Corps d'Armée le destinant ainsi à acquérir une réputation européenne toujours croissante. Agé de cinquante-quatre ans, il entretenait toujours toutes ses énergies naturelles, alors qu'il avait longtemps connu des expériences militaires diverses, dont les campagnes du Soudan et d'Afrique du Sud, dans lesquelles il avait acquis sa haute distinction. Le Deuxième Corps d'Armée subit une perte sévère avant qu'il n'atteigne le terrain de l'action, car son commandant, le Général Grierson (photo suivante) mourut soudainement d'une attaque cardiaque entre Le Havre et Rouen, le 18 août. Grierson avait été pendant de nombreuses années l'Attaché Militaire à Berlin et on peut imaginer combien il avait eu très envie d'évaluer les soldats britanniques face aux critiques auto-suffisantes qu'il entendait autour de lui. 38
Composition du Corps Expéditionnaire britannique en août 1914 Au tout dernier moment, l'ambition de toute une vie lui était refusée. Son poste, cependant, fut dignement occupé par le Général Smith-Dorrien, un autre vétéran sud-africain dont la brigade dans cette campagne difficile avait été reconnue comme l'une des meilleures. Haig et Smith-Dorrien étaient les deux généraux sur qui les opérations immédiates étaient dévolues, car le Troisième Corps d'Armée était en retard pour entrer en ligne, non par sa propre faute. Il restait la Division de Cavalerie, commandée par le Général Allenby11 (photo ci-jointe), le futur conquérant des Turcs, qui était chef de colonne dans cette grande classe de tacticiens de l'infanterie à cheval en Afrique du Sud, une douzaine d'années plus tôt. Il est remarquable que parmi les quatre chefs des opérations initiales de la guerre allemande French, Smith-Dorrien, Haig et Allenby - trois appartenaient à la cavalerie, une arme qui était d'habitude considérée comme active et ornementale plutôt qu'intellectuelle. A gauche, le Général Grierson; à droite, Smith-Dorrien
Pulteney (ci-contre), le commandant du Troisième Corps d'Armée, était un produit des Guards, un vétéran ayant accompli de nombreux services et un tireur de gros gibier bien connu.
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Photo : http://www.sambre-marne-yser.be/article.php3?id_article=59
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Composition du Corps Expéditionnaire britannique en août 1914 Donc aucun des corps les plus instruits n'était représenté parmi les plus hauts commandants du champ de bataille, mais la réflexion sur l'ensemble des opérations était assurée par le cerveau infatigable et ferme de Joffre; tandis que par la voie d'eau le silencieux Kitchener déplaçait les forces de l'Empire vers le front. Le dernier mot dans chaque cas revenait aux soldats du Génie. Le plan général de campagne était naturellement dans les mains du Général Joffre (photo suivante), étant donné qu'il était à la commande de la plus grande partie des Forces Alliées Il était admis en France que les dispositions originales pouvaient être sujettes aux critiques, étant donné qu'un certain nombre de troupes françaises s'étaient engagées en Alsace et en Lorraine rendant plus faible la ligne de bataille vers le nord où le destin de Paris devait encore être décidé. Il est peu de profit à une nation de blesser son rival dans l'orteil quand elle est elle-même en danger imminent d'être poignardée dans le cœur. Un changement dans le plan avait été causé par l'énorme sympathie ressentie à la fois par les Français et les Anglais pour les courageux Belges qui avaient tant fait et gagné tant de jours appréciables pour les Alliés. Il fut ressenti qu'il aurait été ignoble de ne pas proposer et faire ce qui était possible pour relâcher l'intolérable pression qui les écrasait. Dans ce but, l'Armée Française dépassa la frontière belge entrant en contact avec l'ennemi à Namur et Charleroi de manière à sécuriser les passages de la Sambre. Ce fut dans l'accomplissement de leur tâche, comme aile gauche de la ligne alliée, que les troupes britanniques commencèrent à se déplacer vers le nord et entrèrent en Belgique les 18 et 19 août.
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Composition du Corps Expéditionnaire britannique en août 1914 Les formes de couleur bleue correspondent aux principaux généraux qui furent actifs dans la Bataille de Mons proprement dite. Le Général Haig y joua un rôle nettement moins déterminant que le Général Smith-Dorrien. De même que le Général Pulteney. Toutefois, la Division du Général Monro joua un rôle très important, comme l'expliquera Conan Doyle dans les interventions des 4e, 5e et 6e Brigades pendant la retraite de Mons. La 4e Division de Snow dépendant de Pulteney sera aussi d'un grand secours lors de cette retraite.
John French Field-Marshal du Corps Expéditionnaire Britannique Premier Corps
Deuxième Corps
Corps de Cavalerie
Général
Corps
Général
Général
Edmund Allenby
William
Général
Horace Smith-
Douglas Haig Première Division Général Lomax
Deuxième Division Général Charles Carmichael Monro
Troisième
Dorrien Troisième Division
Cinquième Division
Général
Général
Hubert Hamilton
Charles Fergusson
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Pulteney
Composition du Corps Expéditionnaire britannique en août 1914 Récapitulons la disposition du Deuxième Corps d'Armée du Général Smith-Dorrien sur la carte où sont indiqués les positionnements des brigades qui la composent.
D'Est en Ouest, s'étend : a) La 3e Division du Général Hamilton, faisant partie du 2e Corps d'Armée de Smith-Dorrien: Cette Division est composée des Brigades de : Shaw avec la 9e; Doran avec la 8e; McCracken, avec la 7e, se trouvait au sud, près de Ciply b) La 5e Division du Général Fergusson, qui faisait aussi partie du 2e Corps d'Armée de SmithDorrien: Cette Division est composée des Brigades de : Cuthbert avec la 13e; Rolt avec la 14e; Gleichen avec la 15e.
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Composition du Corps Expéditionnaire britannique en août 1914 Les Régiments qui composent les Brigades de la 3e Division de Hamilton sont les suivants: Unité
Commandant
Régiments 3e Worcestershire Regiment
7e Brigade d'Infanterie
2e Prince of Wales’s Volunteers (South Lancashire McCracken
Regiment) 1er Duke of Edinburgh’s (Wiltshire Regiment) 2e Royal Irish Rifles 2e Royal Scots (Lothian Regiment)
8e Brigade d'Infanterie
Doran
2e Royal Irish Regiment 4e Duke of Cambridge’s Own (Middlesex Regiment) 1er Gordon Highlanders
1er Northumberland Fusiliers 9e Brigade d'Infanterie
Shaw
4e Royal Fusiliers (City of London Regiment) 1er Lincolnshire Regiment 1er Royal Scots Fusiliers
Cavalerie Divisionnai-
C Squadron, 15e (The King’s) Hussars 3e Cyclist
re
Company
23e Brigade d’artillerie 40e Brigade d’artillerie 42e Brigade d’artillerie
107e, 108e, 109e Battery, RFA
6e, 23e, 45e Battery, RFA
29e, 41e, 45e Battery, RFA
30e Brigade
128e, 129e, 130e (Howitzer) Battery, RFA
d’artillerie
48e Heavy Battery, RGA
Qui était le chef de la 3e Division, le Général Hamilton?12
12
Ma traduction d'un extrait de Wikipedia : http://en.wikipedia.org/wiki/Hubert_Hamilton
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Composition du Corps Expéditionnaire britannique en août 1914 Le Général Hamilton fut nommé chef de la 3e Division en août 1914 lors du déclenchement de la Première guerre mondiale. Pendant août et septembre, il fut presque continuellement au front, lors de la bataille de Mons, du Cateau et de la Marne. Les pertes humaines furent massives et Hamilton faillit être tué le 26 septembre quand un obus tomba très près de lui et de deux autres généraux avec lesquels il discutait des opérations. Heureusement pour eux cependant, les munitions n'ont pas explosé. Malgré les conditions difficiles de la campagne, Hamilon partagea toutes les privations avec ses hommes et fut fréquemment en première ligne, gagnant le tendre surnom "Ampoulé" de ses subalternes. La chance d'Hamilton ne dura pas longtemps : le 14 octobre, Hamilton reçut une balle dans le front. Un aide de camp du Général Hamilton, William Congreve, a écrit dans son journal: "le 14 octobre à La Couture, Ampoulé est mort et nous perdons un soldat splendide et moi un très bon ami." Hamilton fut enterré dans le cimetière à la Couture contre le mur d'église en présence du Général Smith-Dorrien et d'un représentant de chaque régiment de la division comme une garde d'honneur. Le pilonnage d'artillerie forçait de temps en temps l'aumônier à faire une pause dans le service. En effet, les combats étaient si proches pendant la brève cérémonie que des balles ennemies frappaient de temps en temps les murs et les tombes voisines, mais aucun des parents du défunt ne fut atteint. Le Général Smith-Dorrien conclut le service avec ces mots "En effet la tombe d'un vrai soldat. Que Dieu ait son âme"
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Composition du Corps Expéditionnaire britannique en août 1914 Les Régiments qui composent les Brigades de la 5e Division de Fergusson : Unité
Commandant
Régiments 2e King’s Own Scottish Borderers
13e Brigade d'Infanterie
2e Duke of Wellington’s (West Riding Regiment)
Cuthbert
1er Queen’s Own (Royal West Kent Regiment) 2e King’s Own (Yorkshire Light Infantry) 2e Suffolk Regiment
14e Brigade d'Infanterie
1er East Surrey Regiment
Rolt
1er Duke of Cornwall’s Light Infantry 2e Manchester Regiment 1er Norfolk Regiment
15e Brigade d'Infanterie
1er Bedfordshire Regiment
Gleichen
1er Cheshire Regiment 1er Dorsetshire Regiment A Squadron, 19e (Queen Alexandra’s Own Royal)
Cavalerie Divisionnaire
Hussars 5e Cyclist Company
15e Brigade d’artillerie
11e, 52e, 80e Battery, RFA
27e Brigade d’artillerie
119e, 120e, 121e Battery, RFA
28e Brigade d’artillerie
122e, 123e, 124e Battery, RFA 37e, 61e, 65e (Howitzer) Battery, RFA
8e Brigade d’artillerie
108e Heavy Battery, RGA
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Composition du Corps Expéditionnaire britannique en août 1914 Qui était le Général Fergusson? Le Général Fergusson prit la direction de la 5e Division en France en août 1914 au début de Première Guerre mondiale, puis commanda peu de temps la 9e Division (écossaise) d'octobre à décembre 1914. Il commanda ensuite le deuxième corps en janvier 1915 puis en mai 1916, le XVIIe corps qu'il a mené jusqu'à la fin de la Guerre. Après la Guerre il devint Gouverneur Militaire de Cologne jusqu'à ce qu'il parte en retraite en 1922. Le 20 août 1914, Fergusson s'adresse tour à tour à chaque bataillon de sa 5e Division par des mots émouvants. Il fit usage de cette expression : "Il ne doit
pas y avoir de reddition, les hommes doivent se battre jusqu'au dernier , avec leurs poings si leur fusil est hors d'usage ; ce sera une guerre du sacrifice de soi ; éventuellement, des bataillons, même des brigades peuvent devoir se sacrifier entièrement dans le but d'améliorer le sort d'autres hommes."
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Composition du Corps Expéditionnaire britannique en août 1914 Les Brigades et Régiments de cavalerie dirigés par le Général Allenby Unité
Commandant
Régiments 2e Dragoon Guards (Queen’s Bays)
1re Brigade de Cavalerie
Briggs
5e (Princess Charlotte of Wales’s) Dragoon Guards 11e (Prince Albert’s Own) Hussars 4e (Royal Irish) Dragoon Guards
2e Brigade de Cavalerie
De Lisle
9e (Queen’s Royal) Lancers 18e (Queen Mary’s Own) Hussars 4e (Queen’s Own) Hussars
3e Brigade de Cavalerie
Gough
5e (Royal Irish) Lancers 16e (The Queen’s) Lancers Household Cavalry Composite Regiment
4e Brigade de Cavalerie
Bingham
6e Dragoon Guards (Carabiners) 3e (King’s Own) Hussars 2e Dragoons (Royal Scots Scots Greys)
5e Brigade de Cavalerie
Chetwode
12e (Prince of Wales’s Royal) Lancers 20e Hussars J Battery, RHA I Battery, RHA
7e Brigade d’artillerie
idem
L Battery, RHA 1er Field Squadron, RE
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Composition du Corps Expéditionnaire britannique en août 1914 Qui était le Général Allenby (déjà cité avec les deux chefs de corps d'Armée Smith-Dorrien et Haig dans la présentation des chefs britanniques). Né en 1861, il bénéficia d'une éducation privilégiée et il servit avec distinction en Afrique méridionale (1884-1888) et dans la Guerre des Boers (1889-1901). Au début de la première guerre mondiale, le Général Allenby commanda la Division de Cavalerie de la Force Expéditionnaire Britannique envoyée en Belgique et en France. Ses succès l'ont élevé jusqu'au commandement de la troisième armée jusqu'à son affrontement avec son commandant suprême, le Général Douglas Haig qui avait remplacé French. Allenby fut alors transféré sur le front de Palestine où son seul vrai danger fut celui de l'ennui. Là, il rencontra un chef peu soigné et quelque peu erratique, le Capitaine T.E. Lawrence, le récent vainqueur d'Aqaba, toujours prêt à susciter la révolte. Lawrence, plus tard, se rappellera d'Allenby comme étant un homme « physiquement grand et confiant, mais aussi moralement si grand que la compréhension de notre petitesse lui vint lentement" Et Lawrence ajoutera : « Il était si peu préparé à rencontrer quelqu'un de si bizarre que moimême - un petit homme à la chemise de soie et aux pieds nus offrant de repousser l'ennemi par ses sermons, moyennant des provisions et un financement à hauteur de 200 000 £ mensuel pour convaincre puis commander ses convertis, » Allenby dit qu'il ferait ce qu'il pourrait et, en fait, utilisa Lawrence comme son agent de liaison personnel avec les Arabes situés à l'Est de ses forces. Allenby combina leurs efforts d'avancement vers le nord contre les Turcs en utilisant contre ceux-ci ses forces mécanisées en attaques rapides pendant que les arabes frappaient les lignes ferroviaires turques et entravaient leurs déplacements de troupes et d'approvisionnements. Jusqu'en décembre 1917, Allenby s'était déplacé vers la Haute-Egypte et avait capturé Jérusalem. (Voir compléments en fin de livre)
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Composition du Corps Expéditionnaire britannique en août 1914 Le Général Haig et ses Divisions jouèrent surtout un rôle important pendant la retraite. Signalons la composition de la 2e Division du Général Monro13 dont les unités interviennent dans le récit de Conan Doyle : Unité
4e Brigade (Guards)
5e Brigade d'Infanterie
6e Brigade d'Infanterie
Commandant
Régiments
Scott-Kerr
2e Grenadier Guards 2e Coldstream Guards 3e Coldstream Guards 1er Irish Guards
Haking
2e Worcestershire Regiment 2e Oxfordshire and Buckinghamshire Light Infantry 2e Highland Light Infantry 2e Connaught Rangers
Davies
1er King’s (Liverpool Regiment) 2e South Staffordshire Regiment 1er Princess Charlotte of Wales’s (Royal Berkshire Regiment) 1er King’s Royal Rifle Corps B Squadron, 15e (The King’s) Hussars 2e Cyclist Company
Cavalerie Divisionnaire 34e Brigade d’artillerie
Perceval
22e, 50e, 70e Battery, RFA
36e Brigade d’artilerie
15e, 48e, 71e Battery, RFA
41e Brigade d’artillerie
9e, 16e, 17e Battery, RFA
13
Photo de Monro: http://forum.paradoxplaza.com/forum/showthread.php?147311-1914-1924-British-interests-Britishhonour-British-obligations/page14
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Composition du Corps Expéditionnaire britannique en août 1914 Qui était le Général Monro?
Sous le titre le plus chanceux malchanceux Général de la Grande Guerre14 le Dr Payne écrit en 2008 que CCM a été envoyé en France en tant qu'Officier Général Commandant la 2e Division. Né en 1860, le Général Major britannique Charles Carmichael Monro (dit CCM) avait 54 ans quand la Grande Guerre a commencé et on le disait plutôt gras pour un soldat. En 1911, il devenait le commandant de la 2e Division Territoriale de Londres. En août 1914, CCM commandait la Deuxième Division britannique du Ier corps d'armée et l'emmena en France. Sortant pratiquement indemne de son Quartier Général après que celui-ci ait explosé par un obus (château à Hooge en Belgique en octobre 1914), le Général Major britannique Charles Carmichael Monroe (dit CCM) aurait pu être considéré comme un homme très chanceux quand on sait que cette explosion tua immédiatement 6 officiers et en blessa mortellement deux autres. Mais aussi que le Général Lomax mourra de ses blessures en avril 1915. Le destin
allait le faire moins chanceux avec l'une des mauvaises réputations les moins méritées de la Guerre. En effet, en octobre 1916, CCM fut envoyé en Inde. Là, il a beaucoup œuvré à accroître la force et l'efficacité de l'Armée indienne. Ce programme a par la suite fourni une réserve stratégique forte de main-d'œuvre formée. Mais un événement malheureux pendant l'administration CCM fut l'infâme massacre d'Amaritsar, tristement célèbre, du 13 avril 1919, que le Général ne parvint pas à justifier.
14
Ecrit par le Dr. Payne août 2008 http://www.westernfrontassociation.com/great-war-on-land/the-generals/674-charlescarmichael-munro.pdf
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Composition du Corps Expéditionnaire britannique en août 1914
De gauche à droite : Haig, Monro, Gough et le Général de Brigade Perceval de la 2e Division
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3. La mise en place des troupes britanniques et les premières escarmouches. Le Premier Corps d'Armée avança vers Rouveroy, village situé sur la route Chimay-Mons. Làbas, il établit le lien (double flèche rouge) avec l'aile droite du second corps qui s'était déplacé sur la ligne du canal Condé-Mons (double flèche bleue).
35 Km 16 Km
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La mise en place des troupes britanniques et les premières escarmouches
Le 22 août, une compagnie du 4e bataillon des Royal Fusiliers occupe la Grand-Place de Mons. Photo prise près du kiosque.
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La mise en place des troupes britanniques et les premières escarmouches Ces trois photos de l'infanterie britannique15 © Britishbattles.com 2002 - 2013
L'infanterie britannique occupe Mons le 22 août 1914
15
Photo extraite de http://www.britishbattles.com/firstww/battle-mons.htm
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La mise en place des troupes britanniques et les premières escarmouches
Le soldat Carter du 4e Royal Fusiliers monte la garde à Mons le 22 août 1914
© Ville de Mons (Merci à la Ville de Mons)
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La mise en place des troupes britanniques et les premières escarmouches Le matin du dimanche 23 août, toutes ces troupes étaient en position. La 5e Brigade de Cavalerie, celle de Chetwode (photo de gauche), se plaça sur le front droit à Binche, mais le reste de la cavalerie fut porté à environ 8 kilomètres en arrière du centre de la ligne dans le but de pouvoir renforcer les deux flancs en cas de besoin.
Le premier sang de la campagne terrestre fut versé le 22 août vers Soignies quand un escadron de reconnaissance du 4e Dragoon Guards (insigne ci-dessous à gauche) conduit par le Capitaine Hornby (photo ci-jointe) chargea et refoula un corps du 4e German Cuirassiers et ramena des prisonniers. Le 20e Hussars (insigne ci-dessous à droite) fit la même expérience. C'était un petit mais heureux présage.
Près de Casteau, en face du Restaurant "Le Médicis" se trouve cette plaque commémorative : "Ici fut établi, le 22 août 1914, à 7 heures du matin le premier contact entre le Corps expéditionnaire Britannique et la Première Armée Allemande. Le Caporal E.Thomas de l'Escadron C du 4e Royal Irish Dragoon Guards tira le premier coup de feu et le Capitaine C.B. Hornby commanda la première charge qui refoula les éclaireurs ennemis jusqu'à la lisière Nord du Village de Casteau." 56
La mise en place des troupes britanniques et les premières escarmouches
Photo suivante : à quelques mètres de la plaque précédente (flèche rouge), sur le mur extérieur du restaurant (Le Médicis), se trouve une autre plaque signalant le lieu du dernier coup de feu du 11 novembre 1918.
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La mise en place des troupes britanniques et les premières escarmouches Les forces qui attendaient maintenant l'attaque allemande s'élevaient à environ 86000 hommes, qui comprenaient approximativement 76000 hommes de l'infanterie et 10000 de la cavalerie, accompagnés de 312 canons. L'alignement général était le suivant: Le Premier Corps d'Armée se situait entre Mons et Binche, Bray était la limite Est. Près de Mons, où l'attaque était attendue, étant donné que la ville était d'une importance stratégique considérable, il y eut un renforcement de la ligne de défense. A partir de ce point, les 3e et 5e Divisions, respectivement, complétaient la formation britannique le long du Canal Mons Condé, Le front de l'armée couvrait presque 35 Km, une tension excessive pour une aussi petite force face à un ennemi compact.
Carte extraite du site The long, long trail
©1995-2013 ~ Chris Baker/Milverton Associates Ltd ~ All Rights Reserved En rouge, les Forces Britanniques, en vert les deux Corps d'Armées allemands. CAV.DIV = Division de Cavalerie; BDE=Brigade ; INF=Infanterie; R.F.C. H.Q. = Royal Flying Corps Headquarters = Quartier Général de l'Aviation. La ligne du canal était la position la plus tentante pour la défense de Condé à Mons, car elle se présentait aussi directe qu'une route romaine sur le chemin de l'envahisseur. 58
La mise en place des troupes britanniques et les premières escarmouches Mais c'était très différent à Mons même. Là, cette ligne formait une courbe bizarre. Un regard sur le schéma suivant (déjà présenté) montre cette boucle du canal que l'auteur appelle "peninsula" (Voir la page 29 de l'édition de 1928) En français, on l'appelle "saillant du canal".
Il était impossible de la laisser sans défense et cependant les troupes qui la détenaient étaient évidemment sujettes à un feu d'artillerie provenant de tous côtés.
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4. La défense des ponts de Nimy Le canal était traversé par au moins trois ponts routiers et un pont ferroviaire (Voir les quatre lettres "B=bridge", c'est-à-dire "pont" sur le schéma). Cette section de défense dépendait directement du Général Smith-Dorrien qui prit immédiatement les mesures pour préparer une deuxième ligne de défense projetée sur l'arrière droit de la ville de telle manière que si les Allemands traversaient le canal, la ligne de la position britannique resterait continue. Cette précaution sur ce point faible de positionnement fut attribuée à la 8e Brigade de Beauchamp Doran (Photo précédente16), tuée du 2e Royal Scots, du 2e Royal Irish, du 4e Middlesex et du 1er Gordon Highlanders (Voir sur le schéma précédent, la position 8 à droite du N=Nimy) Ci-dessous sur la carte, les 4 insignes des régiments, respectivement de gauche à droite indépendamment de leur emplacement Nord ou Sud. Pont routier de Nimy(Flèche rouge) Position des Régiments de la 8e Brigade de Beauchamp Doran
16
National Portrait Gallery, London
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La dĂŠfense des ponts de Nimy
Les Highlanders sont de solides soldats. Mais leur uniforme fait rire les Belges et Français.
61
La défense des ponts de Nimy Sur leur gauche, occupant le village de Nimy et le côté ouest du saillant, de même que le front immédiat de Mons, se trouvait la 9e Brigade, celle de Shaw (photo), formée du 4e Royal Fusiliers, du 1er Northumberland Fusiliers, du 1er Royal Scots Fusiliers et du 1er Lincolns. (Voir les 4 insignes respectivement de gauche à droite). La flèche bleue montre le pont ferroviaire à gauche du saillant au nord de Nimy. La flèche rouge indique le pont routier de Nimy.
Positionnement des Régiments de la 9e Brigade de Shaw 62
La défense des ponts de Nimy A la gauche de cette 9e Brigade, à la fin Est de la ligne du canal Mons-Condé, se trouvait la 13e Brigade de Cuthbert (photo ci-jointe) formée du 2e Scottish Borderers, 2e West Ridings, 1er West Kent, and 2e Yorkshire Light Infantry (Voir les 4 insignes, repectivement de gauche à droite et de haut en bas, sur la carte Google Earth suivante)
Positionnement des 4 régiments de la 13e Brigade de Cuthbert
Ce fut sur ces trois brigades (9e, 8e et 13e), et spécialement sur les deux premières, que l'impact de l'armée allemande était prévu. 63
La défense des ponts de Nimy Au-delà d'elles, quelque peu disséminées le long de la ligne du canal Mons-Condé depuis le pont ferroviaire à l'ouest de Saint Ghislain, se trouvaient les deux brigades restantes de la 5ème division. D'abord, la 14ème de Rolt (avec le Cornwall et l'East Surrey) Je n'ai pas trouvé de photo le concernant. Toutefois, une peinture de 1905 (9 ans avant la Grande Guerre) réalisée par John Saint-Helier-Lander, alors que Rolt était Colonel et âgé de 43 ans. (Voir le site : http://www.bbc.co.uk/arts/yourpaintings/artists/john-saint-helierlander) En Octobre 1914, il fut relevé de son commandement pour raison d'épuisement, le Chef de Corps ayant tenu à souligner que ce retrait ne devait pas être stigmatisé, car le général n'avait nullement échoué dans sa mission. Il ne reçut toutefois plus de nouvelle affectation sur le terrain et il devint le commandant du Collège militaire royal de Sandhurst jusqu'en Août 1916. Il fut ensuite nommé commandant de la 170e Brigade 170e de la 57e Division , un poste qu'il a occupa jusqu'à ce qu'il fut envoyé à l'étranger. Rolt prit sa retraite en Décembre 1918. Ensuite, la 15ème de Gleichen (Photo à droite), avec le Cheshire et le Norfolk, cette dernière étant en réserve de la division. Encore plus loin vers l'ouest, l'avant de la 19ème Brigade, fraichement arrivée, longeait juste le canal et était en contact avec la cavalerie française à Condé. Diverses unités d'artillerie et d'hôpitaux de campagne n'étaient pas encore opérationnels, mais à part cela les deux corps étaient complets.
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La dĂŠfense des ponts de Nimy
15e Brigade de
14e Brigade
Gleichen
de Rolt
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La défense des ponts de Nimy Gleichen présente un étonnant palmarès. Page d'honneur de la Reine Victoria, de 1874 à 1879, il rejoignit les Grenadier Guards en 1881 puis progressa graduellement dans la hiérarchie militaire au cours des années, devenant par la suite Général Major. Il participa à la campagne du Soudan en 1884-1885, puis à la campagne de Dongala en 1896 et dans la deuxième guerre des Boers en 1899-1900. En 1901, il devint Aide-de-Camp du Roi Edouard VII, puis agent du Soudan et au Caire de 1901 à 1903. On le retrouve comme Attaché Militaire à Berlin de 1903 à 1906. La photo qui suit le montre assis au premier rang (flèche rouge) avec les autres Attachés-Militaires lors des manœuvres du Kaiser en 1904. A partir de 1907, il est Attaché-Militaire à Washington, puis nous le retrouvons, de 1911 à 1915, comme Général de Brigade de la 15e Division, puis de la 37e de 1915 à 1916. Il terminera la Grande Guerre comme Directeur de l'Intelligence Bureau au Département de l'Information de 1917 à 1918.
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Positionnement du 2e Corps d'ArmĂŠe de Smith-Dorrien d'Obourg Ă Saint-Ghislain, respectivement les 8e, 9e et 13e Brigades
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5. L'avancée allemande vers Mons Ayant atteint leur position, les troupes, sans prise de conscience d'un danger immédiat, se mirent à creuser des tranchées peu profondes (comme sur la photo suivante17).
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Voir Long, long trail : http://www.1914-1918.net/bat1.htm ©1995-2013 ~ Chris Baker/Milverton Associates Ltd ~ All Rights
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L'avancée allemande vers Mons Leurs orchestres n'avaient pas été amenés au front, mais leur chant universel se propageant d'un côté de la ligne à l'autre montrait que les hommes avaient un excellent état d'esprit. Des nouvelles encourageantes étaient venues de la cavalerie dont les détachements, comme déjà dit, étaient venus de Soignies, où ils avaient rencontré des patrouilles éclaireuses ennemies et ils revenaient avec des prisonniers et des trophées. Les canons avaient été placés dans des positions cachées à 800 mètres de la ligne de bataille. Tout était maintenant prêt et on pouvait voir des officiers sur chaque butte regardant fixement vers le nord avec leurs lunettes pour détecter les premiers signes de l'ennemi18. C'était un pays accidenté alternant bois et espaces verts.
Il y avait de nombreux crassiers de vieilles mines, avec çà et là une usine et çà et là un logement privé, mais les soldats du génie avaient essayé pendant quelque temps de dégager un champ de tir pour l'infanterie. Dans le but d'obtenir ce champ de tir et de couvrir l'arrivée de la cavalerie de reconnaissance, plusieurs bataillons, comme le West Kent de la 13e Brigade et le Cornwalls de la 14e, avaient des détachements d'un côté à l'autre du canal avec des ponts sur leur arrière. Pour le moins excités de ce qu'ils s'apprêtaient à vivre, les hommes attendaient le signal de leur entrée dans ce drame extraordinaire. Ils étaient déjà las et avaient les pieds endoloris, car ils avaient tous fait au moins deux jours de marche forcée et le fardeau de leur pack, de leur fusil, et des cent cinquante cartouches par homme n'était pas léger. 18
Photo tirée du magazine "Le Mirroir"
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L'avancée allemande vers Mons Ils étaient couchés dans leurs tranchées sous le chaud soleil d'août et attendaient. C'était un dimanche et plus d'un ont écrit dans leurs lettres combien, dans cette heure de tension, leurs pensées s'étaient tournées vers leur vieille église et l'appel moelleux des cloches villageoises. Un avion planeur venait d'apporter des nouvelles signalant que les routes du Nord étaient grouillantes d'Allemands, mais l'évaluation de l'aviateur les estimait à deux corps et une division de cavalerie. Cela coïncidait approximativement avec le comptage amené par les éclaireurs (Photo d'un avant-poste britannique ci-dessous19) et, ce qui était plus important, avec les prévisions du Général Joffre.
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Voir Long, long trail : http://www.1914-1918.net/bat1.htm ©1995-2013 ~ Chris Baker/Milverton Associates Ltd ~ All
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L'avancée allemande vers Mons Cette force semblait bien correspondre au pouvoir de résistance du Général britannique, mais il était déjà préoccupé ce 22 août par les rumeurs de faiblesse dans la Cinquième Armée Française située sur sa droite immédiate. Un officier d'état major était venu apporter la nouvelle que le Corps Français avait été repoussé par l'avance allemande près de Charleroi et, bien que la partie principale de la Cinquième Armée Française fût toujours en position, elle était sur le point de se retirer. Il était clair que, dans ces circonstances, la résistance britannique ne pourrait pas être longue et qu'une avancée était hors de question. French pouvait seulement promettre de tenir sa position pendant vingt-quatre heures, en tous cas pendant que la situation se développait. S'il avait pu voir l'étendue couverte par les Allemands à l'ouest, ses tranchées auraient probablement été abandonnées avant qu'un manteau gris n'apparaisse, et l'armée entière ramenée aussi vite vers une position stratégique aussi sécurisée que notre devoir envers nos Alliés le prescrivait. A l'instant même qu'ils attendaient l'ennemi avec espoir, un énorme piège d'acier se refermait en vue de leur destruction. Jetons un coup d'œil sur ce qui se passait au Nord. L'Américain Powell avait remarqué quelque chose de la puissante aile droite qui devait finir le combat. Invité à une conférence avec un général allemand qui poursuivait la politique nationale de calmer les Etats-Unis jusqu'à ce que son tour vienne, Monsieur Powell quitta Bruxelles et rencontra par hasard les légions de von Kluck (photo suivante) sur leur parcours occidental et sud.
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L'avancée allemande vers Mons Il décrivit avec force l'effet de ces colonnes grises sans fin sur son esprit, toutes se dirigeaient dans la même direction, des doubles files d'infanterie sur chaque côté de la route, et des canons en grand nombre, des véhicules motorisés, de la cavalerie. Les hommes, comme il les décrivit, étaient tous dans la force de l'âge et équipés avec tout ce que leurs années de préparation avaient pu concevoir. Il était stupéfié et impressionné par l'énorme cortège, sa majesté et son évidente efficacité. Ce n'est pas étonnant, car il regardait les légions choisies de la plus merveilleuse armée que le monde n'avait jamais vu, une armée qui représentait les dernières nouveautés du point de vue matériel et mécanique de guerre. En haut, à l'avant-garde, un avion Taube, comme une incarnation de cet aigle noir qui est l'emblème d'une race guerrière et rapace, montrait le chemin à suivre à ces hordes allemandes. Un jour ou deux auparavant, deux correspondants américains, Mr. Irvin Cobb et Mr. Harding Davis, avaient vu la même grande armée alors qu'elle se dirigeait vers l'ouest par Louvain et Bruxelles. Ils décrivirent comment, pendant trois jours consécutifs et presque trois nuits, ils avaient donné l'impression d'une énergie invincible et d'une efficacité, jeune, enthousiaste, et merveilleusement équipée. "Nous avancerons ou nous mourrons. Nous n'imaginons pas de jamais reculer. Si les généraux les laissaient tomber, les hommes courraient vers Paris au lieu de marcher." Ainsi s'exprimait l'un des chefs de cette énorme horde d'envahisseurs, dont la partie principale s'orientait tout droit vers la ligne britannique. Une seconde partie, invisible et inattendue, se dirigeait vers Tournai, à l'ouest, se dépêchant à frapper le flanc britannique et son arrière.
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L'avancée allemande vers Mons
Le plan Schlieffen signalé dans l'avant-propos semble avoir été respecté. L'Allemand est un grand marcheur et un grand combattant et la vitesse moyenne de progression était un peu moins de 48 kilomètres par jour.
Photo Imperial War Museum : Troupes allemandes en marche.
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L'avancée allemande vers Mons Il était plus de dix heures quand on vit la cavalerie de reconnaissance reculer. Alors on entendit le son éloigné d'un canon et, quelques secondes plus tard, un obus explosa à quelques centaines de mètres derrière les lignes britanniques. Les canons britanniques rugirent l'un après l'autre. Ci et là, depuis les points d'observation sur des constructions et crassiers, les contrôleurs des batteries indiquaient des cibles et enregistraient les lieux d'impact invisibles pour les artilleurs eux-mêmes. Le bruit était horrible, mais aucun ennemi n'avait encore été vu par l'infanterie et il y eut des dégâts. Mais maintenant un oiseau de mauvais augure circulait sur les lignes britanniques. Loin dans les airs à travers le ciel bleu foncé, un avion Taube tournoya puis se dirigea vers le nord à nouveau.
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L'avancée allemande vers Mons Il avait repéré les points d'impact des obus éclatés au-delà des tranchées. En un instant, par un certain signal diabolique, il s'était rangé à droite et une pluie d'obus rugit et tomba le long de la ligne des tranchées peu profondes. Les blessures ne furent cependant pas nombreuses, mais elles étaient épouvantables. Des hommes qui avaient à peine vu pire qu'un doigt coupé dans leur vie regardaient avec horreur les grandes mutilations autour d'eux. "On n'osait pas regarder sur les côtés" dit l'un d'entre eux. Les brancardiers se penchèrent pendant que des formes humides et molles étaient hissées vers le haut par leurs camarades. Les officiers exprimèrent, par quelques mots, quelques encouragements et conseils. Les minutes semblaient très longues et les obus ne cessaient de tomber. Les hommes enfoncèrent leur chargeur à cinq munitions dans leur magasin et attendirent impatiemment. Un officier supérieur regardant fixement le fond d'une tranchée se pencha en avant, les nerfs tendus, et déposa ses lunettes sur les herbes du bord. "Ils viennent", chuchota-t-il à son voisin. Cela courut de lèvre en lèvre le long de la ligne des hommes accroupis. Les têtes dépassaient çà et là au-dessus de la ligne du sol. Malgré les obus qui tombaient autour d'eux, les regards étaient fixés devant eux. Et là enfin, en face, se trouvait l'ennemi allemand. Après tous ces siècles, les Britanniques et les Teutons se faisaient face enfin pour le test de la bataille. Un styliste parmi des épistoliers a décrit cet essaim approchant comme des nuages gris dérivant sur les champs verts. Ils s'étaient déployés à l'abri pendant que les batteries préparaient leur chemin, et maintenant sur un front étendu, au nord-ouest de Mons, ils sortaient des bois et s'avançaient rapidement vers les tranchées. Les hommes caressaient leurs gâchettes, mais aucun ordre ne fut encore prononcé. Les officiers regardaient avec intérêt professionnel et surprise les formations allemandes. Etaitce la tactique de l'armée qui avait revendiqué être la plus scientifique d'Europe? Les observateurs britanniques l'avaient vue en temps de paix et avaient pressenti que c'était un écran dissimulant une tactique élaborée prévue pour le jour de bataille. Cela ressemblait à ce que l'on appelait, lors de la campagne du Soudan, la formation de vingt acres contre les meilleurs tireurs d'Europe. Ce n'était même pas une colonne épaule contre épaule, mais une énorme foule se déchirant sur l'avant, mais restant dense à l'arrière. 75
L'avancée allemande vers Mons Cela ne ressemblait en rien aux lignes entrelacées, aux ruées de compagnies alternées, au scintillement et à l'éclat d'une attaque moderne. C'était médiéval, et pourtant c'était impressionnant aussi dans son immédiate démonstration du nombre et par la lourde insistance de son flux à l'avant.
Il y avait peu de semaines encore, la stricte leçon de guerre enseignait des formations très différentes de celles des manœuvres du grand Kaiser Les hommes, tâtant toujours du doigt leur détente, dans l'attente d'un ordre, leurs officiers qui mesuraient la distance les séparant des essaims ennemis. Les Allemands avaient déjà commencé à tirer d'une façon non méthodique. Le shrapnel explosait le long des têtes de leurs colonnes, mais ils avançaient constamment. Soudain, une vague roulante de tirs indépendants sortit de la position britannique. Sur une partie de la ligne, l'ennemi était à huit cents mètres, sur d'autres, à un kilomètre. Les hommes, heureux d'avoir quelque chose de défini à faire, s'appliquèrent sérieusement et tirèrent sur la masse approchante. Fusils, mitrailleuses et pièces de terrain rugirent ensemble, tandis que l'écrasement incessant des obus s'ajoutait à l'infernal tumulte. Les hommes perdaient le sens du temps pendant qu'ils rechargeaient munition après munition leur fusil.
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L'avancée allemande vers Mons Les essaims allemands stupéfiés chancelaient courageusement sous cette couche fondue de plomb. Alors, ils firent halte, hésitèrent puis reculèrent comme un brouillard gris déchiré par une tempête. Les bois les absorbèrent une fois de plus, pendant que la pluie d'obus sur les tranchées britanniques s'intensifiait et devenait plus mortelle. Il y eut une accalmie dans l'attaque d'infanterie, et les Britanniques, regardant fixement de leurs abris, examinaient avec satisfaction les dégâts des gris qui montraient l'effet de leur feu. Mais le repos ne fut pas long. Avec courage, les bataillons allemands se reformèrent à l'abri des arbres, tandis que des troupes fraîches venant de l'arrière poussèrent vers l'avant pour renforcer les lignes secouées. "Cessez le feu!" fut l'ordre qui parcourut les rangs. Avec la confiance teintée d'expérience, les hommes attendirent et attendirent encore, jusqu'à ce que les mêmes dispositifs allemands se renouvellent. Alors, encore une fois, le feu mortel se reproduisit jusqu'à ce que la masse déchirée se dissolve et que les fugitifs se retirent dans les bois. Alors vint la pause du feu d'obus faisant à nouveau place à l'infanterie, l'attaque, le contrôle, et le recul. Telles furent les caractéristiques générales de l'action à Mons sur une très grande partie de la ligne britannique - cette partie qui s'étendait le long de l'actuel trajet du canal. Il ne faut cependant pas s'imaginer qu'il y ait eu une monotonie d'attaque et de défense sur l'ensemble de la position britannique. Une grande partie de la force, comprenant l'ensemble du Premier Corps d'armée, fut menacée plutôt que sérieusement engagée, alors que l'autre extrémité de la ligne était aussi hors du trajet principal de la tempête. La bataille fut dangereuse, comme cela avait été prévu, pour les troupes situées à l'ouest immédiat et au voisinage de Mons, particulièrement pour ceux qui défendaient l'impossible saillant formé par la boucle du canal.
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6. La détention du canal Il y a une route au nord de Mons qui traverse le village de Nimy vers Jurbise. Les défenses à l'Ouest de cette route étaient dans les mains de la 9e Brigade. Le 4e Royal Fusiliers, avec le 1er Scots Fusiliers étaient les régiments qui tenaient les tranchées contournant cette partie du saillant, pendant que la moitié du Northumberland Fusiliers se trouvait sur la ligne droite du canal vers l'Ouest.
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La détention du canal A l'Est de Nimy, se trouvent trois ponts routiers - celui de Nimy même, l'écluse N°5 et la Station d'Obourg.
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La détention du canal Ces trois ponts furent défendus par le 4e Middlesex (insigne ci-contre), qui avait creusé les tranchées peu profondes. Les Gordons (insigne ci-dessous, à droite) étaient sur leur droite immédiate. Le secteur de tir avait quelques obstacles dus aux mines et bâtiments qui leur faisaient face, si bien qu'à cet endroit les Allemands pouvaient être inaperçus jusqu'au front même. Il a été aussi expliqué que l'artillerie allemande pouvait prendre en enfilade le saillant par chaque côté rendant la défense plus difficile. Un afflux de troupes allemandes arriva entre onze et douze heures par le pont de la station d'Obourg. Ce mouvement ne put se voir à temps, si bien que ni les fusils ni les mitrailleuses du Middlesex ne purent l'arrêter. Au même moment, ou très peu après, les deux autres ponts furent forcés de la même manière, mais les Allemands dans les trois cas, comme ils atteignaient le côté le plus éloigné, ne purent décider d'une progression rapide contre le feu des Britanniques. Bien qu'ils rendaient la position intenable pour les troupes des tranchées entre les ponts. L'ensemble de la 8e Brigade, supportée par le 2e Irish Rifles de la 7e Brigade de McCracken, qui avait été tenue en réserve à Ciply, fut alors entièrement engagée, couvrant la retraite du Middlesex et Gordons. À certains endroits, l'échange de feu entre les deux lignes d'infanterie se passa à une distance égale à la largeur d'une route. Deux batteries de la 40e Brigade d'Artillerie, qui faisaient face à l'attaque allemande à cet endroit, furent presque détruites, l'une d'elles, la 23e R.F.A. (Royal Field Artillery), perdant ses équipes de canonniers. Le Major Maidlov de la 40e Brigade est inhumé au cimetière civil de Mons. La stèle est gravée de l'insigne des Artilleurs.
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La détention du canal Il y a lieu de souligner le fait que même si à cet endroit la pression fut la plus forte, il n'y eut jamais de retraite désordonnée, d'importantes réserves étaient disponibles dans le cas où elles auraient été nécessaires. La 8e Brigade, au moment du retrait stratégique général de l'Armée, prit ses dispositions d'une façon méthodique et le Général Doran tint bon jusqu'après la tombée du jour sur Bois la Haut, qui était une position élevée à l'Est de Mons depuis laquelle l'artillerie allemande aurait pu harceler la retraite britannique, puisqu'elle dominait toute la campagne au sud. Les pertes de la brigade avaient cependant été considérables, s'élevant à pas moins de trois cent cinquante hommes dans le cas de la 4e Middlesex, beaucoup étant tués ou blessés dans la défense, et certains amputés dans les tranchées entre les diverses têtes de pont. Les Commandants Davey et Abell du Middlesex furent respectivement blessé et tué avec 13 autres officiers.
Ci-dessus, un soldat indemne soutient son camarade blessé, et ci-contre la tombe de William Henry Abell au cimetière de SaintSymphorien.
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La détention du canal I
Il a déjà été dit que la ligne du 4e Royal Fusiliers s'étendait le long du périmètre ouest vers le pont routier de Nimy; c'est là que la section du Colonel Mac Mahon (photo ci-jointe) se terminait et celle du Colonel Hull du Régiment Middlesex commençait (Voir photos Google Earth précédentes). À l'ouest de ce point, se trouvait le pont de chemin de fer de Nimy, défendu aussi par la compagnie du Capitaine Ashburner du 4e Royal Fusiliers. Ce pont subit l'assaut très tôt et fut tenu pendant presque cinq heures contre une attaque de plusieurs bataillons allemands. L'artillerie britannique ne put les aider beaucoup à se défendre, étant donné que la ville de Mons sur l'arrière n'offrait aucune position pour des canons, mais la 107e Battery à l'arrière immédiat fit du bon travail. La défense fut poursuivie jusqu'à ce que les Allemands qui avaient déjà traversé à l'Est avancent sur le flanc. Sur la photo panoramique suivante, le pont ferroviaire est à l'avant-plan et le pont routier sur l'arrière
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La dĂŠtention du canal
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La dĂŠtention du canal
Pont ferroviaire de Nimy: deux photos prises sur la rive nord oĂš se situaient les Allemands
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La détention du canal
Pont ferroviaire de Nimy: au-dessus, photo prise de la rive nord, où se situaient les Allemands, et là au bout des rails, l'Armée Britannique; ci-dessous photo prise depuis la rive sud, où se trouvaient les Britanniques (Photos du 12 novembre 2013).
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La détention du canal Le Lieutenant Maurice Dease, blessé cinq fois, puis tué, mitrailla jusqu'à la fin et chaque homme de son détachement fut touché. Les Lieutenants Dease (à gauche) et le Soldat Godley (à droite) reçurent la Victoria Cross20.
Ci-dessus, la Victoria Cross A gauche, la tombe du Lieutenant Dease
au
cimetière
de
Saint-
Symphorien (le 12 novembre 2013)
20
Voir site "Médecins de la Grande Guerre" http://www.1914-1918.be/sidney_godley.php
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La détention du canal Sous le pont ferroviaire, côté britannique, se trouve cet écriteau à la mémoire de Dease et Godley : "A la glorieuse mémoire des officiers, NCOs (Noncommisioned officer = sous-officiers) et hommes du 4e Bataillon des Royal Fusiliers qui tinrent ce secteur du front britannique dans la défense de la ville de Mons le 23 août 1914. Ce mémorial marque la position =Machine-Gun=Mitrailleuse)
où
de la (M.G. les
premières
(V.C.s=Victoria Cross au pluriel) décernées pendant la guerre 1914-1918, furent obtenues par le Lieutenant M.J. Dease et le Soldat (Private) S.F. Godley)"
Quand le Lieutenant Dease fut tué, le Soldat Godley assura seul le contrôle du pont sous un feu soutenu et il fut blessé deux fois. Un schrapnel lui pénétra le dos lors d'une explosion et il fut touché à la tête. En dépit de ses blessures, il poursuivit la défense du pont pendant que ses camarades s'échappaient. Sa citation fut la suivante : "Pour sang-froid et courage en combattant avec sa mitrailleuse sous un feu ardent après qu'il eut été blessé deux fois à Mons le 23 août" Godley défendit le pont pendant deux heures jusqu'à ce qu'il tombe sans munitions. Son dernier acte fut de démonter l'arme et de jeter les pièces dans le canal. Il essaya de s'enfuir mais des soldats allemands l'attrapèrent et le conduisirent dans un camp de prisonniers. Ses blessures furent soignées, mais il resta dans ce camp jusqu'à l'Armistice. C'est dans ce camp qu'on lui annonça qu'il avait été récompensé par la Victoria Cross. Godley quitta le camp en 1918 après que les gardes eurent quitté leurs postes. Il reçut sa médaille du roi George V à Buckingham Palace le 15 février 1919 (Photo suivante). Il décéda le 29 juin 1957 et fut inhumé avec tous les honneurs militaires dans le cimetière civil de Loughton dans l'Essex, lieu de sa dernière résidence. Le 19 juillet 2012, ses médailles furent vendues aux enchères pour un montant de 276000 Livres Sterling, soit environ 325000 Euros. 87
La détention du canal
La Maison Ballantynes of Walkerburn vend cette miniature commémorative du courage des deux hommes. Voici l'appellation du produit en cas de commande : Lt Dease V.C. & Fus Godley, V.C. Mons 1914, Painted, C29d Les occupants d'une tranchée, y compris le Lieutenant Smith E.C. qui étaient blessés, furent emportés par la ruée. Le Capitaine Carey commanda l'entreprise de couverture et la retraite fut conduite en bon ordre, bien que le Capitaine Bowden-Smith, le Lieutenant Mead et un nombre d'hommes tombèrent dans ce mouvement. Tombes des Lieutenants Smith et Mead au cimetière de Saint-Symphorien
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La détention du canal
Quant au Capitaine Walter Adrian Carnegie Bowden-Smith, il mourut de ses blessures quelques jours plus tard (le 28 août) au Couvent Saint Joseph de Maisières et fut plus tard inhumé dans le cimetière britannique de Cement House Cemetery, Langemark-Poelkapelle près de Ypres21. Au total, le Royal Fusiliers perdit 5 officiers et environ deux cents hommes lors de la défense du pont, le Lieutenant Tower n'ayant plus que sept survivants dans son peloton de soixante. La compagnie du Capitaine Bying (Photo à droite) au pont de Ghlin plus loin à l'Ouest comptabilisa de lourdes pertes et fut enfoncée de la même manière. Alors que l'infanterie se retirait, quelques ingénieurs dépendant du Capitaine Théodore Wright s'efforcèrent de détruire ce pont ainsi que d'autres. Le Lieutenant Day fut blessé deux fois dans cette opération au pont principal de Nimy.
21
Voir site The Channel Islands and The Great War : http://www.greatwarci.net/honour/guernsey/database/bowden-smithwac-cementhouse.htm
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Le Pont routier (principal) de Nimy 90
La détention du canal Le Caporal Jarvis reçut la Victoria Cross pour ses efforts dans la préparation de la destruction du pont de Jemappes à l'ouest de Nimy. Le Capitaine Wright avec le Sergent Smith(Sergeant) firent preuve d'un effort héroïque sous un feu terrible pour faire exploser la charge, mais furent blessés et tombèrent dans le canal. Le Lieutenant Holt, un ingénieur, courageux jeune officier de réserve, perdit aussi la vie dans ces opérations.
Ci-dessus, le Caporal Jarvis de la 57e Compagnie des Royal Engineers, en train de préparer la démolition du pont de Jemappes pour laquelle il reçut la Victoria Cross. Dessin d'Ernest Prater à partir d'un croquis succinct du Caporal Jarvis22
22
http://www.britishbattles.com/firstww/battle-mons.htm
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La détention du canal
Le Capitaine Theodore Wright (à gauche) et le Caporal Charles Jarvis (à droite) reçurent la Victoria Cross
Tombe du Lieutenant Holt, cimetière de Saint-Symphorien
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La dĂŠtention du canal
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La détention du canal
Bien que les lieux aient changé, voici le quartier de Jemappes où se situait le « Mariette Bridge » que Jarvis et Wright firent exploser (Les flèches rouges sur les deux photos précédentes indiquent ce lieu que laisse deviner la photo qui suit.
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La détention du canal Dans ce quartier du Borinage, il y a cent ans, on voit combien la population belge, curieuse et triste, ignorait le plus souvent que leur maison était sur le point d'être transformée en champ de bataille. Le 23 août 1914 était un dimanche et il commença par la sonnerie des cloches invitant la population à se rendre à l'église alors que quelques touristes débarquaient des trains de la gare toute proche. Plusieurs civils subirent les combats du jour.
Ayant tenu aussi longtemps que possible, la ligne de front de la 9e Brigade battit en retraite sur la position préparée sur le plateau entre Mons et Frameries où la 107e RFA était retranchée. Le 4e Royal Fusiliers atteignit la nouvelle ligne en bon ordre et sans perte supplémentaire. Le 1er Royal Scots Fusiliers cependant se retira sur cette même ligne sur une route différente par Flénu et subit un feu soutenu de mitrailleuses situées sur un monticule et y perdit le Capitaine Rose (tombe, photo de droite) et une centaine d'hommes. Le recul des 8e et 9e Brigades depuis le saillant de Nimy eut un effet immédiat sur la 13e Brigade de Cuthbert qui était sur leur gauche et maintenait la ligne jusqu'au pont ferroviaire situé à l'Est de Saint Ghislain. De cette brigade, deux bataillions, le 1er West Kent sur la droite et le 2e Scottish Borderers sur la gauche, se trouvaient dans les tranchées pendant que 2e West Riding et le 2e Yorkshire Light Infantry, en support des précédents, avaient leur centre à Boussu. 95
La détention du canal La journée débuta par des pertes dans le Régiment West Kent qui était probablement, à part les patrouilles de cavalerie, les premières troupes à souffrir de la grande guerre. Une compagnie de ce régiment conduite par le Capitaine Lister reçut la mission de traverser le canal en support de la cavalerie qui se retirait, et elle occupa le village de Tertre contre la tête du Troisième Corps Allemand représenté par un régiment d'élite, le 12e Brandenburg Grenadiers. Les trois bataillons de ce régiment, supportés par 5 batteries d'artillerie, éprouvèrent la plus grande difficulté à expulser la compagnie West Kent et furent finalement contraints à s'arrêter sous le feu des compagnies restantes sur le front du canal. Walter Bloem, le romancier, était un officier de compagnie dans ce régiment et il a décrit en termes très clairs la stupéfaction des troupes quand elles se sont trouvées, dans la soirée, coupées en pièces par un ennemi qu'on leur avait toujours appris à mépriser. Après la première, les attaques allemandes furent facilement effectuées, bien que les canons se trouvaient dans un rayon de 1200 mètres environ. La situation changea quand on apprit plus tard dans la journée que les Allemands avaient percé sur la droite et avaient atteint Flénu sur le flanc de la brigade. Apprenant cela, le Général Smith-Dorrien, (cijoint, photographié sur le front, assis sur son cheval) n'ayant aucun support immédiat, partit précipitamment pour rejoindre le Quartier Général de Haig, à 6 km de distance, et demanda la permission d'utiliser la 5e Brigade de Haking qui repoussa à temps et rétablit la ligne de front.
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La détention du canal On a montré que l'ordre des bataillons étroitement engagés dans la ligne de front était, en partant de l'est vers l'ouest, le 1er Gordons, le 4e Middlesex, le 4e Royal Fusiliers, le Ier Scots Fusiliers, et la moitié du 1er Northumberland Fusiliers, le 1er West Kent et le 2e Scottish Borderers, les autres bataillons de ces brigades étant en réserve. Les derniers bataillons respectivement nommés (Voir insignes du 1er West Kent et du 2e Scottish Borderers) étant en face d'un pont furent lourdement engagés toute la journée, perdant beaucoup d'hommes tout en maintenant intacte leur position face aux avancées répétées des Allemands. Sur la gauche, ou côté ouest des Scottish Borderers poursuivant la ligne le long du canal, on se heurtait contre le front de la 14e Brigade de Rolt qui était formée par le 1er East Surrey
sur la droite et le 1er Duke of Cornwall, sur la gauche (Voir les deux insignes suivants).
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La détention du canal L'attaque allemande sur cette partie de la ligne commença vers 13 heures, et à 15 heures devint si intense que les compagnies de réserve furent appelées sur la ligne de front. Grâce à leur bon travail, à la fois de leurs fusils et mitrailleuses, les bataillons maintinrent la position jusqu'à environ 18 heures quand la retraite des troupes sur la droite permit aux Allemands de charger l'East Surrey situé tout près. On leur ordonna de se retirer mais ils perdirent le contact avec leur section gauche qui resta au nord du canal où leur tranchée avait été creusée. Le Capitaine Benson de cette section fut tué et le Capitaine Campbell(Captain) (photo ci-jointe) sévèrement blessé, mais les cent dix hommes commandés par le Lieutenant Morritt résistèrent courageusement et firent une excellente défense. Étant finalement encerclés, ils s'efforcèrent de sortir en se battant à l'arme blanche, le Lieutenant Ward fut tué et Morritt subit quatre blessures dans cette tentative.
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La détention du canal Beaucoup d'hommes furent tués et blessés et les survivants furent pris. En tout, la perte du bataillon comptabilisa 5 officiers et 134 hommes23. Il y a lieu de s'arrêter un moment sur l'extraordinaire histoire du Capitaine Campbell. Comme l'a signalé le texte de Conan Doyle, le Capitaine Campbell, qui a rejoint l'armée en 1903, menait le régiment d'East Surrey. Sur sa position, le long du canal de Mons à Condé, ses troupes furent attaquées par les forces allemandes et le Capitaine Campbell, sérieusement blessé, fut capturé. L'homme âgé de 29 ans a ensuite été soigné dans un hôpital militaire à Cologne avant d'être envoyé au camp de prisonnier de guerre de Magdebourg. En 1916, il reçut un mot provenant de sa famille signalant que sa mère Louise allait mourir du cancer. Il écrivit au Kaiser Wilhelm pour lui demander la permission de lui laisser revoir sa mère une dernière fois. Le Kaiser, compatissant, lui donna deux semaines, y compris deux jours de voyage en bateau et en train dans chaque direction. Cette autorisation était conditionnée par la promesse de retour en Allemagne. Le. Capitaine Campbell atteignit le chevet de sa mère à Gravesend dans le Kent et passa une semaine avec elle; puis il honora sa promesse et retourna en Allemagne et il y resta en captivité jusqu'à la fin de la première guerre mondiale. Sa mère mourut trois mois plus tard en février 1917. L'historien Richard van Emden, qui a découvert cette incroyable histoire, a dit qu'un tel acte de chevalerie était rare même il y a un siècle. « Le Capitaine Campbell était un officier et il avait promis sur l'honneur de rentrer » « Ce que je trouve le plus étonnant, ajouta-t-il, c'est que l'armée britannique l'a laissé repartir. Les Britanniques auraient pu lui dire : "vous ne retournez pas, vous allez rester ici". À gauche de l'East Surrey, comme je l'ai déjà dit, se trouvait le 1er Duke of Cornwall de la même brigade. A environ quatre heures de l'après-midi, la présence du Corps allemand en débordement des flancs se fit sentir. A cette heure-là, le Cornwalls se rendit compte d'une avancée sur sa gauche aussi bien que sur son avant. En conséquence, le Cornwalls se retira de l'autre côté du canal et les Allemands ne les poursuivirent pas cette soirée-là. 23
Photo précédente tirée de Mail On line, voir site http://www.dailymail.co.uk/news/article-2410059/WW1-soldier-CaptainRobert-Campbell(Captain) freed-prison-camp-dying-mother-kept-promise-return.html
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La détention du canal Le point principal défendu par la 14e Brigade ce jour-là avait été le pont et la route principale qui croisent le canal entre Pommeroeul et Thulin (flèche rouge), à environ 15 Km de Mons.
14e Brigade de Rolt
5 Km
6 Km
En soirée, quand l'ordre final de retraite fut donné, ce pont fut détruit par explosion et la brigade se retira après la tombée de la nuit à Dour où elle dormit. En cette fin d'après-midi, la situation générale était grave, mais pas critique. L'ennemi dénombrait de lourdes pertes tandis que les hommes dans les tranchées étaient, en comparaison, indemnes. Çà et là, comme nous avons vu, les Allemands avaient percé les lignes britanniques, particulièrement au saillant qui était toujours apparu impossible à maintenir, mais, d'autre part, la plus grande partie de l'Armée, y compris le Premier Corps en entier, ne s'était pas encore sérieusement engagée et il y avait des troupes de réserve dans l'arrière immédiat de la ligne de front en lesquelles on pouvait avoir confiance pour combler les brèches des rangs devant eux. Le feu de l'artillerie allemande était lourd et bien dirigé mais les batteries britanniques maintenaient le leur.
100
7.Le télégramme fatal Telle était la position quand, vers environ 17h, un télégramme du Général Joffre fut transmis à French et dut lui porter un coup au cœur. Il apprit en effet que tout son travail avait été vain et que loin de lutter pour la victoire, il aurait de la chance s'il évitait la défaite totale. Il y avait deux informations dans ce message fatal et chacune était désastreuse. La première annonçait qu'à la place des deux Corps allemands dont il avait raison de penser qu'ils lui faisaient face, il y en avait trois - les Troisième, Quatrième et Neuvième- formant avec les Seconde et Quatrième Divisions de Cavalerie une force d'environ 200.000 hommes, pendant que le Second Corps en amenait 40.000 sur son flanc gauche venant de Tournai. La deuxième information était même plus sérieuse. Au lieu d'être soutenu par des troupes françaises de chaque côté des lignes britanniques, il apprenait que les Allemands avaient percé la ligne de la Sambre et que la Cinquième Armée Française sur sa droite était déjà en retraite complète, alors que rien d'intéressant ne se passait sur sa gauche. C'était une position des plus périlleuses. La force britannique se trouvait exposée sans soutien, alors que les ennemis s'approchaient et étaient de loin plus nombreux en hommes et armement. Quel était le bénéfice d'une journée de défense fructueuse si le matin à l'aube on se retrouvait dans le Soudan britannique? Mais ce n'est pas une affaire facile de désengager une si grande armée en action et qui subit une forte pression par un ennemi en surnombre et aussi entreprenant. Le front était extensif, mais les lignes de retraite étaient limitées. Comme le crépuscule tombait, un crépuscule éclairé par la lumière éblouissante de villages en feu, certains bataillons commençaient lentement à se retirer vers l'arrière. Au petit matin du 24 août, l'ordre précis de se retirer fut transmis aux commandants de corps, tandis que des mesures immédiates précisaient d'enlever les obstacles et de dégager les routes. Telle fut, en résumé, la Bataille de Mons le 23 août 1914, intéressante par elle-même, mais davantage comme étant la première confrontation entre les armées britannique et allemande. Ce sera toujours un sujet de spéculation quant à savoir ce qui se serait passé si la bataille avait eu lieu au finish. Tenant compte de l'avantage que la défense a sur l'attaque, il est possible que les chances n'aient pas été trop déséquilibrées et que Sir John French soit resté le maître du champ de bataille. Cela, cependant, est une question d'avis. Ce qui n'est pas une question d'avis, c'est que les autres armées allemandes à l'Est se seraient avancées sur les talons des Français en train de se 101
Le télégramme fatal retirer, qu'ils auraient coupé les Britanniques de leurs Alliés et que l'Armée aurait été durement empêchée d'atteindre la côte. Donc, gagner ou perdre, l'Armée n'avait pas d'autre solution que celle de se retirer. Les pertes réelles des Britanniques ne dépassèrent pas mille six cents au total, la plupart de la 8e Brigade, ainsi que deux canons de la 120e Battery. Il n'y a aucun moyen, même maintenant, de comptabiliser les pertes allemandes à partir des déclarations, mais quand on considère les avancées répétées des formations allemandes serrées, il est impossible qu'elles aient été autres que très lourdes. Chaque armée eut pour la première fois l'occasion d'établir une évaluation critique de l'autre. Les officiers allemands ont admis avec la franchise typiquement militaire que l'efficience britannique fut une révélation, ce qui n'est pas surprenant après ce qu'on leur avait affirmé. D'autre part, les Britanniques emportaient la conviction très claire de l'excellence de l'artillerie allemande et du courage de l'infanterie, ainsi qu'un grand réconfort sur leur propre capacité de résister avec des chances raisonnables.
102
8. Les actions d'arrière-garde de Frameries, Wasmes et Dour Après une nuit de flammes et de tumulte, le jour se leva, un jour de grande anxiété pour les commandants britanniques et de pression considérable pour une partie des troupes. Sir John French avait donné des instructions pour que le Premier Corps, qui avait été seulement légèrement engagé le jour auparavant, feigne d'assumer l'offensive sur l'aile droite extrême dans la direction de Binche, pendant que le Deuxième Corps commençait sa retraite. Cependant, l'ennemi poursuivait rapidement tout le long de la ligne britannique dont les deux flancs étaient exposés.
Schéma montrant les avancées allemandes et la retraite du 2e Corps le 24 août. On
voit
que
la
9e
Brigade
détient
Frameries,
la
13e
Wasmes,
la
14e
Dour.
La pression s'exerce aussi sur les deux flancs où se trouvent les 7e et 15e Brigades, la 15e aidée par la Cavalerie Britannique
103
Les actions d'arrière-garde de Frameries, Wasmes et Dour Le Deuxième corps commença sa retraite, aidé par la feinte effectuée par le Général Haig sur la droite et par la plus grande partie des batteries des deux corps, mais la poursuite fut vigoureuse et le feu d'obus incessant. Un obus de l'arrière est plus intimidant que vingt sur le front. La 3e Division de Hamilton, incluant les 8e et 9e Brigades, qui avait effectué un travail difficile le jour précédant, enregistra les pertes les plus sévères, spécialement à Frameries, à 6,4 km au sud de Mons. La 9e Brigade de Shaw qui couvrait la retraite fut serrée de près depuis l'aube par les Allemands à leur poursuite et fut la cible d'un très lourd tir d'obus. Une barricade érigée dans le village et dirigée par le Capitaine Sandilands(Captain) (photo à gauche) de la Northumberland, avec sa compagnie, freina l'avancée allemande qui ne put atteindre la ligne britannique en retraite ni forcer la retraite. La 109e Battery les aida par ses tirs. Les principales pertes dans cette action habile de couverture furent celles des 1er Lincolns et du 1er Northumberland Fusiliers (insignes ci-joints), chacun perdant environ 150 hommes dont le Capitaine Rose, les Lieutenants Bulbe, Welchman et d'autres. Ci-contre, es soldats du 1er Lincolns en position au sud de Mons
104
Les actions d'arrière-garde de Frameries, Wasmes et Dour Il y avait une ambulance dans le village de Frameries, et une infirmière étrangère témoigna que, lors de son activité, elle avait conservé une image vive d'un britannique blessé se ruant, encrassé et essoufflé, pour faire soigner ses blessures plus légères, puis se précipitant à nouveau fusil en mains pour retrouver sa place dans la ligne du feu24.
La brigade restante de la Troisième Division, la 7e de McCracken (Photo ci-jointe), avait détaché un régiment, le 2e Irish Rifles, le jour avant pour renforcer la 8e Brigade, et ce régiment, comme déjà mentionné, avait effectué quelques combats sévères retenant l'avance allemande après la retraite du saillant de Nimy du Middlesex et du Gordons. Elle ne retrouva pas son chemin de retour jusqu'au soir du 24 août.
24
Photo que j'ai prise au Musée Quentovic à Etaples sur Mer pour le 95e anniversaire de la Grande Guerre
105
Les actions d'arrière-garde de Frameries, Wasmes et Dour La 8e Brigade encore, pendant la première journée de retraite, tint la position près de Ciply, au Sud de Mons, où elle fut lourdement attaquée tôt le matin, et mise en danger car son flanc était exposé. A dix heures, l'ordre fut donné de se retirer vers Bavay via Genly et elle exécuta ce difficile mouvement face à un ennemi agressif parfaitement ordonné, et couvert par la division d'artillerie. Les pertes principales touchèrent le 2e South Lancashire Regiment (insigne ci-joint), qui subit le feu intense des mitrailleuses allemandes postées sur les crassiers. Ce régiment fut durement touché perdant plusieurs centaines d'hommes. La brigade refit face près de Bavay et tint à distance les poursuivants La 13e Brigade de Cuthbert, tout en conservant la ligne avec leurs camarades à droite, s'arrêta à Wasmes, à 6,5 Km du canal, où elle creusa hâtivement quelques tranchées. Un grand merci à la © Ville de Mons pour la photo suivante, où l'on voit les Britanniques en train de creuser hâtivement des tranchées à Frameries.
106
Les actions d'arrière-garde de Frameries, Wasmes et Dour Ici, à l'aube, ils furent furieusement attaqués par l'avant-garde allemande en même temps que la 9e Brigade fut malmenée dans Frameries, mais pendant deux heures les assaillants furent refoulés avec de lourdes pertes.
Le coup principal du combat se porta sur le 2e West Riding Bataillon (insigne suivant) qui fut à un moment donné presque encerclé et finalement avec l'obstination opiniâtre du Yorkshire, il s'en sortit mais avec des pertes : leur commandant Colonel Gibbs, leur adjudant, 300 hommes et tous leurs officiers sauf cinq. Le 1er West Kent perdit environ 100 hommes et plusieurs Officiers, dont le Major Pack-Beresford. Pour le reste de la journée et pour l'ensemble du 25 août, la brigade avec le reste de la 5e Division se replièrent via Bavay jusqu'à la ligne de Le Cateau. La soirée du 23 août, la 14e Brigade, de plus en plus vers l'Ouest; s'était reculée à Dour, et avait fait exploser le pont et la route au-dessus du canal. Après le crépuscule, les Allemands les poursuivirent et la 15e Brigade de Gleichen qui n'avait pas encore été engagée, s'est trouvée dans la position d'arrière-garde et y fut immédiatement exposée à la pression des Allemands sur le flanc. Ceci menaçait maintenant la 5e Division de Fergusson. La situation était particulièrement difficile étant donné que le Général devait faire un mouvement de flanc face à l'ennemi en vue de resserrer les rangs avec ses camarades de la 3e Division. 107
Les actions d'arrière-garde de Frameries, Wasmes et Dour Avant midi, il fut forcé de demander assistance, et Allenby (Photo), avec sa Division de Cavalerie, s'avança pour l'aider. C'était évidemment l'intention de l'ennemi de frapper le côté Ouest de la Division et la figer à cet endroit jusqu'à ce qu'elle soit encerclée. La première avancée menaçante de la matinée du 24 août fut dirigée contre le flanc de l'infanterie britannique qui descendait la route Elouges Dour (flèche jaune représentant une distance de 3 Km sur la carte Google Earth suivante). Rappel de la situation déjà évoquée en début de chapitre:
Les flèches ci-dessus indiquent l'avancée
Première matinée de retraite du 2ème Corps d'Armée, le 24
allemande et les chiffres indiquent les
Août 1914, la 9ème Brigade détenant Frameries, la 13ème
Brigades
Wasmes, la 14ème Dour, ainsi que la pression sur les 7ème et
C= Cavalerie de support de la retraite
15ème Brigades, cette dernière aidée par la Cavalerie.
F=Frameries W=Wasmes D=Dour
La flèche rouge à gauche de la photo de Gleichen, sur la carte
E=Elouges
Google Earth suivante, simule l'attaque des Allemands sur le flanc gauche britannique.
108
Les actions d'arrière-garde de Frameries, Wasmes et Dour
35 Km
3 Km
Général Gleichen
Général Allenby
Général De Lisle
La situation était critique et une partie de la 2e Brigade de Cavalerie de De Lisle (photo sur la carte) reçut l'ordre de charger près d'Audregnies, l'infanterie ennemie se trouvant à ce moment-là à environ un kilomètre avec plusieurs batteries de support. L'attaque de la cavalerie fut vigoureusement supportée par la batterie L de l'artillerie à cheval Rendons hommage aux artilleurs britanniques de la Grande Guerre dont la devise sur leur insigne est "Ubique Quo Fas et Gloria Ducunt" ce qui signifie : "Partout où la gloire et la droiture mènent.
109
Les actions d'arrière-garde de Frameries, Wasmes et Dour
Batterie « L », R.H.A. (Royal Horse Artillery) lors de la Retraite de Mons le 1er septembre 1914. Cette unité d'artillerie montée britannique s'illustra héroïquement face à des troupes allemandes au cours de la retraite depuis Mons, en Belgique, le 1
er
septembre 1914. "L" Battery,
R.H.A. Comment nos canonniers obtinrent la Victoria Cross et mirent sous silence le feu des Allemands
quand
tout
semblait
perdu.
110
Estampe
par
Fortunino
Matania
9.La charge des lanciers La charge fut effectuée par trois escadrons des 9e Lanciers (insigne ci-dessous), le Colonel Campbell(Colonel)
25
à leur
tête (flèche rouge), et par la 4e Dragoon Guards sous le Colonel Mullens, pendant que le 18e Hussars les couvrait avec un feu nourri.
25
Site Edward Nicholson - 1914-1915 home & abroad. Le 9ème Lanciers http://www.tugsworld.com/bonzo/gen/biographies/Nicholson-Edward5.htm
111
La charge des lanciers
Ci-dessus, le 4e Dragoon Guards et, ci-dessous, le 18e Hussars en recherche d'informations auprès de civils montois (Les deux insignes de ces régiments, ci-après, ont déjà été montrés lors de la charge du Capitaine Hornby)
112
La charge des lanciers
Cela aurait coûté plus de 250 hom© 21er Division 1914-1826
mes et 300 montures. Apparemment Campbell avait été contre la charge ayant réalisé que les hommes auraient pu être mieux utilisés sans chevaux
26
http://www.21erDivision1914-18.org/soarercampbell.htm
113
La charge des lanciers
.Charge de l'Escadron C du 4e Royal Irish Guards à Casteau, près de Mons, le 22 août 1914.
Dessin provenant du site suivant : http://www.inthefootsteps.com/blog/category/the-1914-18great-war/ La cavalerie avança sous un feu qui n'était pas particulièrement mortel jusqu'à ce qu'elle arrive à 500 mètres de l'ennemi quand, face à une clôture en fils, elle dut bifurquer vers la droite et se rassembler sous le couvert de quelques crassiers et d'un quai de chemin de fer. Leur menace et le feu des fusils, ou le beau travail de la batterie du Major Slater-Booth, eurent pour effet de retenir l'avance allemande pendant un certain temps, et bien que la cavalerie fut fort dispersée et désorganisée, elle fut capable de se réunifier sans perte excessive, le total des victimes étant un peu au-dessus de deux cents.
114
La charge des Lanciers
Le Borinage paya un lourd tribut en 1914
115
10. Le destin du Cheschire Quelques heures plus tard, la pression de l'ennemi devint à nouveau très lourde sur le flanc de Fergusson; le 1er Cheschire et le 1er Norfolk (Voir insignes ci-après) appartenant à la 15e Brigade de Gleichen, qui formait l'infanterie gardienne du flanc, subirent de lourdes pertes.
Ce fut dans cette action défensive que le 119e RFA (Royal Field Artillery) sous le Major Alexander, se battit avec seulement trois artilleurs indemnes près de leurs canons. La batterie avait mis sous silence une unité allemande et était engagée avec trois autres. Il ne restait que le Major Alexander et le Lieutenant Pollard (photo à droite) avec quelques hommes. Comme les chevaux étaient morts, les pièces avaient dû être manutentionnées. Le Capitaine F.Grenfell des Lanciers (photo à droite), saignant de deux blessures, avec plusieurs officiers, les Sergents David et Turner, et quelque cinquante hommes du régiment, sauvèrent ces armes sous un feu terrible27 l'infanterie allemande étant à portée de fusil. Pendant cette longue journée épuisante, les batteries et cavaliers travaillèrent durement pour couvrir la retraite, pendant que les chirurgiens s'exposaient eux-mêmes avec grande intrépidité à donner les premiers secours aux hommes qui avaient été touchés par l'incessant tir d'obus.
27
Pour son action d'organisation et de sauvetage des canons, et pour sa bravoure contre les mitrailleuses alle-
mandes, il reçut la Victoria Cross.
116
Le destin du Cheschire Ce fut dans cette noble tâche-la plus noble sûrement dans cette guerre-que le Capitaine Malcolm Leckie (photo ci-jointe) et autres braves officiers médecins rencontrèrent une fin glorieuse, soutenant complètement les traditions de leur célèbre corps Il a été dit que le 1er Cheshire, dans son action de faire écran au flanc ouest du Deuxième Corps lors de la poursuite allemande, fut très méchamment puni. Ce bataillon, ainsi que le Norfolk, occupaient une ligne de faîte assez basse du côté nord-est du village d'Elouges, qu'ils avaient essayé de tenir contre la marée d'Allemands. Vers quinze heures, on se rendit compte du danger pour ce garde-flanc de se retrouver complètement isolé. En fait, un ordre avait en réalité été envoyé pour une retraite, mais ne les avait pas atteints. Le Colonel Boger du Cheshire envoya plusieurs messagers signalant le danger croissant, mais aucune réponse ne revint. Finalement, en désespoir, le Colonel Boger s'y rendit lui-même et constata que l'ennemi tenait la position occupée antérieurement par le reste de la Brigade de Gleichen, qui s'était retirée. Le Cheshire avait à ce moment-là supporté des pertes affreuses et était pratiquement encerclé. Une charge de baïonnette atténua la pression pour peu de temps, mais l'ennemi approcha de nouveau et la plus grande partie des survivants, isolés parmi un corps d'armée ennemi, furent contraints de se rendre. Certains s'échappèrent en petits groupes et se frayèrent un chemin vers leurs camarades en retraite. Quand on fit l'appel, il restait 5 officiers et 193 hommes des 27 officiers et 1007 hommes de tous rangs qui avaient participé à l'action. Cela en dit long pour la discipline du bataillon de ces rescapés, conduits par le Capitaine Shore, qui continua à agir comme une unité utile. Ces épisodes divers, y compris les pertes sévères de la 15e Brigade de Gleichen, l'attaque du 2e Corps de Cavalerie et l'action d'artillerie dans laquelle la 119e Battery fut si sévèrement traitée, se regroupèrent dans une petite action qui se produisit la journée après Mons et qui est associée aux villages d'Elouges ou de Dour. Le Deuxième Corps Allemand continua à agir sur le côté Ouest du Deuxième Corps britannique, tandis que le reste de l'Armée du Général von Kluck le poursuivait.
117
Le destin du Cheschire Avec quatre corps proches derrière lui et un autre mordant son flanc, le Général SmithDorrien se fraya un chemin vers le sud, ses artilleurs et sa cavalerie insistant durement pour soulager la pression toujours croissante, pendant que ses brigades à l'arrière étaient continuellement arrosées par les obus à shrapnel allemand. Les pertes totales du jour atteignirent 2600 hommes, la partie la plus grande étant de la 5e Division par suite du désastre du Cheshire. De nouveau, il y a tout lieu de croire que les Allemands avaient perdu beaucoup plus lourdement. Un renfort minuscule avait rejoint l'Armée dans la matinée après la Bataille de Mons. C'était la 19e Brigade sous le Général Drummond (photo ci-jointe), qui était composée du 1er Middlesex, du 1er Scots Rifles, des 2e Welsh Fusiliers, 2e Argyll et Sutherland Highlanders. Cette brigade détachée agit et continua à agir, pendant la première partie de la Guerre, comme une unité indépendante. Elle était sortie du train à Valenciennes le 23 août, et deux bataillons, le Middlesex et le Cameronians (insigne suivant à gauche), peuvent être cités comme ayant participé à la Bataille de Mons, puisqu'ils se sont formés à l'Est de Condé, sur l'extrême gauche de la position britannique, et ils reçurent ensemble avec le Queen's Bays (insigne suivant à droite) qui était en reconnaissance devant eux, le premier impact du corps allemand attaquant le flanc.
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11. La 7e Brigade à Solesmes Ils reculèrent avec l'Armée les 24 et 25 août jusqu'à atteindre finalement Le Cateau où ils prirent position sur l'arrière-droite de l'Armée Britannique. Comme l'Armée reculait, la forteresse frontière de Maubeuge avec ses lourds canons présentait un havre de repos pour les troupes lasses et surmenées, et ce n'était pas en vain que la France avait perdu son armée à Metz. Sir John French n'aurait pas une telle protection, cependant les Allemands pouvaient le pousser violemment vers elle. "L'Armée britannique investie dans Maubeuge" n'était pas un sujet propice à fournir la Une d'une édition spéciale à Berlin. La forteresse fut abandonnée à l'Est et les troupes fatiguées prirent quelques heures de repos près de Bavay, toujours poursuivies par les canons et les projecteurs de leurs ennemis tenaces. Dès les premières heures du 25 août, les colonnes étaient de nouveau en marche vers le sud.
Les Allemands franchirent Maubeuge assez vite. Ci-dessus, ils traversent la ville par la
Porte de Mons. On peut remarquer que, dans tout ce mouvement, ce qui rendit l'opération la plus difficile et la plus compliquée fut que, dans la retraite, l'Armée ne se déplaçait pas directement vers 119
La 7e Brigade à Solesmes l'arrière, mais diagonalement vers l'ouest rendant ainsi le flanc ouest plus difficile à couvrir et compliquant les mouvements de transport. Ce fut ce mouvement oblique (Voir l'oblique, en rouge, de la route Mons-Le Cateau sur la carte Google suivante) qui causa le changement d'emplacement de la 3e Division avec la 5e, pour que dorénavant elle fut à l'Ouest de l'Armée. La plus grande partie de la 4e Division du Troisième Corps d'Armée venant des lignes de communication apporta ce jour-là un renfort bienvenu à l'Armée et effectua un travail inestimable pour couvrir la retraite (Photo en bas de page).
Le Troisième Corps d'Armée - le Général Pulteney (photo) La composition totale de cette Division était la suivante: Division IV - Général Snow (Photo sur la carte suivante) 10e Brigade d'infanterie - Général Haldane 11e Brigade d'infanterie- Général Hunter-Weston 12e Brigade infanterie-Général Wilson Artillerie-Général Milne
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La 7e Brigade à Solesmes
4e Division de Snow
Ces troupes, qui avaient logé dans la zone de Ligny et de Montigny, reçurent des ordres urgents à une heure du matin du 25 août en vue d'avancer vers le nord. Elles marchèrent cette nuit-là vers Briastre où elles couvrirent la retraite de l'Armée, la 3e Division passant par leurs lignes. La 4e Division de Snow se retira alors vers le sud avec grande difficulté, car les routes étaient encombrées avec le transport et l'artillerie et elles étaient jonchées d'hommes épuisés. La 12e Brigade fonctionna comme l'arrière-garde et commença à éprouver la pression des poursuivants, les hommes de l'Essex étant bombardés et expulsés du village de Bethencourt (près de Caudry), qu'ils tinrent jusqu'à ce qu'il fut presqu'encerclé par la cavalerie allemande. Le parcours suivi par la division les amena à gauche de l'Armée sur la ligne de Le Cateau. De tels renforts étaient de simples poignées d'hommes si on les compare à la force combattante des poursuivants, mais leur arrivée encouragea les troupes britanniques et les soulagea d'un peu de pression. Les officiers de la 4e Division remarquèrent qu'eux et leurs hommes avaient été considérablement déconcertés par la lassitude apparente des bataillons fatigués venant de Mons qui traversaient leurs rangs.
121
La 7e Brigade à Solesmes Leur confiance fut ravivée cependant par le comportement calme du personnel du Quartier Général qui vint vers eux dans l'après-midi du 25 août. "Le Général French lui-même m'a frappé comme étant extrêmement calme et les officiers d'Etat Major semblaient de très bonne humeur." Ce sont des impondérables qui comptent beaucoup dans une campagne. Le mardi 25 août fut un jour d'actions d'arrière-garde dispersées. L'Armée fatiguée se reposa pendant la soirée du 24 août le long de la ligne Maubeuge-Bavay-Wargnies (voir carte Google Earth suivante). Les ordres furent donnés pour la suite de la retraite vers une position déjà en partie préparée, dont le centre était la ville de Le Cateau. Le concept général était que les flancs des deux corps devaient se diriger vers ce point. Le Commandant britannique nota dans son livre, "1914", qu'il était opposé à une action de combat. Sur sa droite, les Français étaient déjà à un jour de marche plus au sud. Sur sa gauche, il n'y avait rien pour arrêter le mouvement enveloppant des Allemands, sauf deux faibles divisions françaises de réserve. C'est la raison pour laquelle il désira rester derrière un obstacle fluvial ou naturel pour se remettre en état de marche. Par conséquent, aucun effort vigoureux ne semble avoir été accompli pour obtenir des deux corps un alignement en vue d'une bataille. Les circonstances étaient trop fortes pour Sir John French et la bataille eut lieu avec un peu plus de la moitié de l'armée. Tandis que les Britanniques reculaient, ils espéraient que des renforts français substantiels allaient venir du sud. Les routes furent bloquées le 25 août, car deux divisions françaises se retiraient, comme l'Armée britannique. En conséquence, le progrès fut lent et la pression allemande de l'arrière devint plus rude que jamais. La cavalerie d'Allenby et des canons superbement tractés par des chevaux couvraient la retraite, se déplaçant continuellement et maintenant à distance les poursuivants. Finalement, près de Solesmes, le soir du 25 août, la cavalerie fut finalement repoussée et les Allemands atteignirent la 7e Brigade de Mac Cracken qui les arrêta habilement jusqu'à la tombée de la nuit avec l'assistance de la 42e Brigade R.F.A. (Royal Field Artillery) et la 30e Howitzer Brigade. Le principal des combats tomba sur le 1er Wiltshire et le 2e South Lancashire, les deux régiments subissant des pertes substantielles (voir insignes ci-dessous, celui du Lancashire déjà présenté lors des actions d'arrière-garde de Frameries, Wasmes et Dour)
122
La 7e Brigade à Solesmes
Les Allemands ne purent plus progresser et le moment fut venu de dégager les routes et pour l'artillerie de s'en aller. La 7e Brigade suivit alors, marchant aussi vite que possible en traversant la campagne pour prendre sa position, qu'elle n'atteignit pas avant minuit, dans le village de Caudry sur la ligne de la route Le Cateau-Courtrai. Comme la 7e Brigade faisait face au Nord une fois de plus, elle trouva la 4e Division de Snow sur sa gauche, alors que sur sa droite immédiate se trouvaient les 8e et 9e Brigades, avec la 5e Division du côté le plus éloigné d'eux. Lire au chapitre intitulé "Le Témoignage de Snow", ma traduction de l'article suivant: http://www.dailymail.co.uk/news/article-1379924/Dan-Snows-great-grandfatherGeneral-Sir-Thomas-DOyly-war-victim.html#ixzz2niFhsnBl Il s'agit d'un témoignage (par son arrière petit-fils), de lettres dans lesquelles on peut entendre les paroles et les pensées du vieil homme - une histoire unique de la haute hiérarchie de l'Armée Britannique depuis la terrible retraite de Mons à l'été 1914 jusqu'à l'horreur qui eut lieu dans la boue d'Ypres en 1915.
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La 7e Brigade à Solesmes
Situation le 25 août au soir
Echelle de la carte 20 Km 24 Km
10 Km 14 Km
29 Km
4e Division de Snow du 3e Corps d'Armée de Pulteney
7e Brigade de Mc Cracken 3e Division d'Hamilton 1er Corps d'Armée du Général Haig
8e Brigade de 9e Brigade de Doran Shaw 3e Division d'Hamilton 124
2e Corps d'Armée de Smith-Dorrien
13e Brigade de 14e Brigade de 15e Brigade de Rolt Cuthbert Gleichen 5e Division de Fergusson
La 7e Brigade à Solesmes Ici nous pouvons les laisser en position pendant que nous retournons sur la piste du 1er Corps d'Armée (celui de Haig). Le Corps d'Armée de Sir Douglas Haig fut habilement désengagé de l'ennemi et recula par divisions alternées. Ce ne fut pas une opération facile et elle fut effectuée sous un très lourd bombardement qui tomba spécialement sur les canons de couverture de la 34e Brigade d'Artillerie du Colonel Sandiland(Colonel). Ces canons furent exposés à une telle concentration de tir de l'ennemi, qui fut si intense qu'une brume épaisse de fumée et de poussière voila la vue pendant de longs moments. Ce fut seulement avec difficulté et une grande vaillance qu'ils s'en sortirent. Un officier de la 6e Brigade qui se trouvait immédiatement derrière eux, écrivit : "Tant l'entrée que le retour des avant-trains (attaches de canon) passèrent ma tranchée au galop au bruit déchirant, les cavaliers baissés sur les cous des chevaux et leur criant d'aller plus vite, alors que les canons bondissaient sur le chaume comme autant de boîtes en fer-blanc derrière un chien fugitif". Les canons ayant été tractés, le corps se retira par des routes parallèles au Deuxième Corps et put atteindre la ligne Bavay-Maubeuge vers 19h, ce soir-là, se retrouvant ainsi sur le flanc Est immédiat des hommes de Smith-Dorrien . C'est un exemple parlant de la continuité historique de l'Armée britannique dont beaucoup de bataillons, tels que les Guards et le 1er King's Liverpool (insigne ci-dessous) passèrent sur les tombes de leurs prédécesseurs qui étaient morts sous les mêmes couleurs à Malplaquet en 1709, deux cent cinq ans auparavant.
125
La 7e Brigade à Solesmes
Rappelons que Malplaquet est la bataille la plus meurtrière de toutes les guerres de Louis XIV. C'est aussi la dernière bataille de Marlborough, qui tombe en disgrâce auprès de la reine Anne. Voir le site suivant pour en savoir plus http://museesavesnois.voila.net/museemalplaquet/muse emalplaquet.htm Les Français déplorent 11 000 tués et blessés et seulement 500 prisonniers ; les Alliés laissent quant à eux 21 000 hommes (tués ou blessés) dans la bataille, soit un quart de leurs forces. Les Français croient que Malborough a été tué pendant le combat et composent une chanson à ce sujet sur un air ancien. Le duc s'empare de Mons le 20 octobre, mais à son retour en Angleterre, ses ennemis utilisent le chiffre des victimes de Malplaquet pour salir sa réputation.
Voir le site suivant pour en savoir plus sur Malborough: http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Churchill_(1er_duc_ de_Marlborough) 126
La 7e Brigade à Solesmes
Le 25 août, le Général Haig continua sa retraite. Pendant la journée, il recula à l'ouest de Maubeuge par Feignies vers Avesnes et Landrecies. La grande forêt de Mormal séparait les deux sections de l'Armée britannique. Le Temps était extrêmement chaud pendant la journée et, avec leur lourd pack, les hommes étaient épuisés, beaucoup d'entre eux s'efforçant de ne pas chanceler. En soirée, les pieds endoloris et au comble de la lassitude, ils atteignirent la ligne de Landrecies, Maroilles et Pont-sur-Sambre (Voir la carte Google suivante).
127
12. Les Guards en action La 4e Brigade des Guards, constituée des Grenadiers, Coldstream et Irish (dont voici respectivement les 3 insignes, déjà présentés dans l'avant-propos)
sous le commandement du Général Scott-Kerr (photo), occupa la ville de Landrecies. Pendant la journée, ils virent peu l'ennemi. Et ils n'eurent pas de raison de croire que la forêt, qui s'étendait jusqu'à la périphérie de la ville, était occupée par l'infanterie allemande pressée de leur couper leur retraite. Les Guards à Landrecies furent placés dans des casernes de cavalerie vides pour un repos plus que nécessaire. Mais ils s'étaient à peine installés qu'il y eut une alarme annonçant que les Allemands entraient en ville. Ce fut juste après le crépuscule qu'une colonne de la 14e Brigade d'infanterie allemande déboucha de l'ombre des arbres et avança brusquement vers la ville. Une compagnie du 3e Coldstream, commandée par le Capitaine Monck (photo) © Britishbattles.com 2002 - 2013, donna l'alarme et le régiment entier se mit en état d'alerte, alors que le reste de la brigade, qui ne pouvait pas opérer dans un espace aussi confiné, défendait les autres entrées de la ville. Les Allemands en approchant crièrent qu'ils étaient Français, et semblaient être suffisamment proches pour attaquer l'officier de piquet et saisir une mitraillette avant que les Guards ne commencent à faire feu. Il n'y avait qu'une approche possible du village, et aucun moyen de la contourner, de sorte que l'attaque devait nécessairement venir directement de la route.
128
La 7e Brigade à Solesmes
Feignies
Route Romaine Bavay-Le Cateau : 29 Km
14 Km
6 Km
Général Davies
Général Haig Monck
Général Scott-Ker
Capitaine Monck
129
Avesnes
13. Le dur réveil des Allemands Les Allemands eurent sans doute l'impression qu'ils avaient affaire à des fugitifs démoralisés, mais si c'était le cas, leur réveil fut brutal. L'avant-garde, qui essaya d'emporter la mitrailleuse, fut abattue, et leurs camarades qui se précipitèrent vers les maisons subirent un feu régulier et meurtrier qui les conduisit à nouveau dans les profondeurs sombres du bois. Un canon qu'ils transportaient envoya son shrapnel à 500 mètres, mais les hommes du Coldstream (renforcés par une deuxième compagnie) se couchèrent ou se planquèrent dans l'embrasure des portes des maisons. Puis, croyant que la voie avait été dégagée pour eux, il y eut une nouvelle ruée de masses sombres venant du bois et elles se déversèrent dans la gorge de la rue28.
28
Photo © Britishbattles.com 2002 - 201328
130
Le dur réveil des Allemands Les Guards disposaient de deux mitrailleuses dont le feu, accompagné par une succession de salves de fusils, décima les Allemands. De temps en temps, il y eut des tentatives d'avancées au cours de la nuit, destinées plutôt à éreinter les troupes que d'occuper le village. Le feu fut mis à la maison à l'extrémité de la rue, mais les flammes furent éteintes par quelques hommes dont le Caporal Wyatt (photo) du 3e Coldstream © Britishbattles.com 2002 2013.
Les Irish Guards après minuit relevèrent le Coldstream de leur vigile et, en début de matinée, la brigade fatiguée, mais victorieuse, poursuivit son chemin sans encombre. Elle avait perdu 120 hommes, presque tous des deux compagnies du Coldstream. Lord Hawarden et l'Honorable Windsor Clive du Coldstream, et le Lieutenant Vereker des Grenadiers furent tués, quatre autres officiers furent blessés.
Photo © Britishbattles.com 2002 - 2013
Les Allemands donnent le nombre de 127 comme leur perte officielle. Leur entreprise était audacieuse, parce qu'ils s'étaient exposés loin en avant pour prendre possession du pont de Landrecies, mais leur audace devint imprudente quand ils firent face à l'infanterie régulière et inébranlée.
131
Le dur réveil des Allemands L'histoire a maintes fois montré précédemment qu'une armée britannique en retraite maintenait toujours un scorpion dans sa queue. Pour en savoir plus, le site suivant sera plus précis sur les événements vécus par les habitants de Landecries : http://www.britishbattles.com/firstww/battlelandrecies.htm Au même moment, alors que la Brigade des gardes était attaquée à Landrecies, il y eut une avancée dans la forêt près de Maroilles, qui se situait à 6,5 Km à l'Est. Une troupe du 15e Hussars, qui gardait un pont sur la Sambre à cet endroit, fut enfoncée par l'ennemi, et deux tentatives de reprise de ce pont par le 1er Berkshire (insigne ci-dessous à gauche29), de la 6e Brigade de Davies (ci-dessous à droite), furent repoussées. Cela étant dû au fait que la seule approche possible était une chaussée étroite avec un marécage de chaque côté, où il n'était pas possible que l'infanterie se déploie.
Le 1er Royal Rifles reçut l'ordre de soutenir mais l'obscurité était tombée et rien ne put
le Berkshire, être fait.
Les victimes dans cette escarmouche s'élevèrent à 124 tués, blessés ou manquants. Les blessés de Landrecies et de Maroilles furent mis à la disposition du personnel médical. À cette période de la guerre, les Britanniques n'avaient pas encore compris les qualités de l'ennemi, et plusieurs fois avaient commis l'erreur de faire confiance à des chirurgiens et plantons, avec pour résultat qu'ils avaient été traités de façon inhumaine, à la fois par les autorités du front et par la population en Allemagne, où ils avaient été transportés en tant que prisonniers de guerre affamés. Cinq d'entre eux, les Capitaines Edmunds et Hamilton, le 29
Badge tiré du site : http://www.northeastmedals.co.uk/british_regiment/royal_berkshire_regiment.htm
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Le dur réveil des Allemands Lieutenant Danks (tous du corps médical d'armée), avec Dr. Austin et Dr. Elliott, qui furent libérés en janvier 1915, témoignèrent qu'on les avait laissés absolument sans nourriture pendant de longues périodes. Pour être honnête, il faut dire qu'à une date ultérieure, à quelques exceptions scandaleuses près, telle que celle de Wittenberg30, le traitement allemand des prisonniers, bien que souvent dur, ne fut plus tout à fait barbare. Pendant les six premiers mois, cependant, il fut brutal à l'extrême. L'idée allemande d'un prisonnier de guerre semble toujours avoir été qu'il était une personne sur laquelle la haine devait avoir libre cours et rien après la guerre n'a laissé plus d'amertume que ces outrages. On devrait se souvenir qu'en Angleterre la ration attribuée à un prisonnier allemand était vraiment plus importante que celle donnée à un civil britannique.
30
Voir site La vie des prisonniers de guerre d'après les dessins de Jean-Pierre LAURENS - Conférence de Pierre FABRE - http://arbrebaz.free.fr/Documents/PrisonniersAB.html
133
14. Les Connaughts à Pont-sur-Sambre Un petit malheur - petit sur l'échelle d'une telle guerre, bien qu'assez sérieux en soi- arriva à une unité du Premier Corps d'Armée le matin après l'engagement de Landrecies. La partie de l'Armée allemande qui poursuivait le Général Haig avait pu jusqu'à présent effectuer peu d'opérations, et ce peu à un coût considérable pour elle-même. Tôt le 26 août, cependant, une action brutale eut lieu près de Pont-sur-Sambre, dans laquelle le 2e Connaughts31 (voir insigne cijoint), de la 5e Brigade de Haking, perdit six officiers, dont le Colonel Abercrombie, qui fut prisonnier avec 280 hommes. Le régiment fut isolé par une avancée rapide de l'ennemi dans un pays qui était tellement boisé qu'il était difficile de garder le contact entre les diverses compagnies, mais aussi difficile de communiquer son propre danger au reste de la brigade.
31
Connaught ou Connacht (en gaélique Connachta), est une province de la République d'Irlande, située à l’ouest
sur la côte atlantique
134
Les Connaughts à Pont-sur-Sambre Par régularité et jugement, le régiment fut dégagé d'une position des plus difficiles, mais ce fut à un coût élevé. L'aube se leva le 26 août, un jour où les troupes épuisées furent vouées à tester la limite de la résistance humaine. C'était la date du télégramme exultant de von Kluck dans lequel il déclarait qu'il les encerclait, un télégramme qui rendit Berlin pavoisé de drapeaux. Le Premier Corps d'Armée fut en paix dans sa marche, atteignant la ligne de Vénérolles cette nuitlà.
Echelle : 20 Km C'était un pays boisé à l'Ouest et, au delà de ce rideau d'arbres, on pouvait entendre le hurlement éloigné d'une canonnade terrible, et on savait qu'une grande bataille était en cours. C'était sur le Second Corps de Smith-Dorrien et sur l'unique division du Troisième corps que la pleine tempête de l'attaque allemande s'était dirigée. En un mot, un corps et une moitié de corps des troupes britanniques, avec 225 canons, avaient été assaillis par quatre corps allemands munis de 600 canons. Il n'est pas étonnant que des nouvelles prématurées d'un grand triomphe allemand fussent envoyées ce matin-là pour rédiger un article de plus dans cette pléthore de bonnes actualités qui, depuis le 21 août jusqu'à la fin du mois, se déversaient sur le peuple allemand.
135
Ec
Les Connaughts à Pont-sur-Sambre Un mirage éclatant se présenta à eux. Les lignes françaises avaient été refoulées depuis la frontière, les Britanniques étaient en pleine retraite, et maintenant étaient confrontés à la catastrophe absolue. Derrière ces lignes de rupture, se trouvait le capital précieux, le cerveau et le cœur de la France. Mais la Providence n'est pas toujours avec les grands bataillons, et ce n'était pas encore la fin. Ainsi s'achève la traduction de The Battle of Mons. Hélas, la Grande Guerre ne faisait que commencer, de nombreuses autres batailles allaient encore avoir lieu, la prochaine étant la Bataille du Cateau. Arthur Conan Doyle poursuit son récit dans le même livre que celui présenté dans notre avant-propos. Il comporte soixante-cinq chapitres.
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Les lieux de Mémoire Selon Pierre Nora32, « un lieu de mémoire dans tous les sens du mot va de l'objet le plus
matériel et concret, éventuellement géographiquement situé, à l'objet le plus abstrait et intellectuellement construit1. » Il peut donc s'agir d'un monument, d'un personnage important, d'un musée, des archives, tout autant que d'un symbole, d'une devise, d'un événement ou d'une institution.
« Un objet », explique Pierre Nora, « devient lieu de mémoire quand il échappe à l'oubli, par exemple avec l'apposition de plaques commémoratives, et quand une collectivité le réinvestit de son affect et de ses émotions2. » Au contraire de la généalogie, qui investit essentiellement l'histoire et la filiation de familles, en se limitant à l'histoire personnelle ou à celle des personnes entre lesquelles existe un lien, les lieux de mémoire se réfèrent à l'histoire collective. Par leur biais, on peut aborder les institutions, les collectivités et leurs organisations, les grands corps de l'État, les communautés religieuses. Dans mon troisième tome autobiographique, intitulé "Professeur d'Espérances", j’ai réellement eu l’impression de vivre le moment présent de ceux qui avaient fréquenté ces lieux qui m’ont ému jusqu’aux larmes… Je ne les citerai pas tous, car ils sont nombreux, mais ceux relatifs à la guerre et à la souffrance des hommes, même si la gloire a pu couronner quelques rares parmi eux, m'ont davantage impressionné. Chronologiquement, le champ de bataille de Waterloo, le chemin des Dames qui conduit à Verdun, et à l'horrible concentration des victimes de la guerre 1914-1918, puis un quart de siècle plus tard Oradour sur Glane, où les Nazis ont exécuté les habitants d’un village entier, alors qu’ils étaient déjà en retraite. Sans oublier Bastogne, où a débuté la libération de l’Europe. La Bataille de Mons vient s'y ajouter. Je m'y suis rendu le 12 novembre 2013 et me suis recueilli sur les tombes fleuries des soldats britanniques et allemands. Oui, les lieux de mémoire que j’ai visités sont de véritables musées où ont vécu des hommes, célèbres ou anonymes. Grâce à eux, montrons à nos enfants que le bien a le plus souvent triomphé du mal et que, cette part de bien, nous devons la saisir pour bâtir le futur. A l'endroit appelé "La Bascule", où montait la garde le Soldat Carter, page 55, se trouvent deux plaques commémoratives. 32
Voir site http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Nora
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Les lieux de Mémoire La première:
Ici, les forces de l'Empire Britannique prirent part à leur première et à leur dernière bataille de la Guerre 1914-1918 Les 23 et 24 août 1914, la Force Expéditionnaire Britannique commandée par Sir John French, avec un suprême courage, tint bon contre l'avancée de Forces Allemandes supérieures écrasantes. Le jour de l'Armistice 1918, après 60 heures de leurs combats, les divisions canadiennes entrèrent dans Mons.
Les Régiments Britanniques et Canadiens ont érigé cette plaque à la gloire de Dieu et pour commémorer ces événements.
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Les lieux de Mémoire De l'autre côté de la route, se trouve la deuxième plaque sur autre monument du Royal Irish Regiment Traduction de la plaque commémorative A la gloire de Dieu et à la Mémoire des Officiers et du 18ème Régiment Royal Irlandais d'Infanterie qui tombèrent pendant la Grande Guerre 19141918 Près de cet endroit, le 2ème Bataillon commença les opérations le 23 août 1914 et termina le 11 novembre 1918 après avoir été décimé à quatre occasions
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Les lieux de Mémoire La "Croix du Sacrifice" dans le cimetière militaire de SaintSymphorien où reposent des Britanniques et des Allemands
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Les lieux de Mémoire
Ce monument a été érigé en l'honneur de 53 soldats anglais du ROYAL FUSILERS et du ROYAL IRISH REGIMENT. La page suivante reprend les deux insignes des régiments concernés ainsi qu'un agrandissement du texte (Cimetière de Saint-Symphorien)
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Les lieux de Mémoire
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Les lieux de Mémoire
Ici reposent 46 soldats anglais du Régiment Royal Middlesex (Cimetière de Saint-Symphorien, le 12 novembre 2013)
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Les lieux de Mémoire L'unité de Parr (le Middlesex Regiment) avait pris position près du village appelé Bettignies, au bord du canal qui traverse la ville de Mons. Le 21 Août, John Parr et un autre cycliste furent envoyés au village d' Obourg, au nord-est de Mons, avec pour mission de localiser l'ennemi. On pense qu'ils ont rencontré une patrouille de cavalerie de la Première armée allemande. L'autre cycliste revint pour faire rapport, mais on pense que Parr fut tué dans la fusillade qui suivit. En tous cas, le 11 novembre, il est particulièrement honoré à Saint-Symphotrien où il repose parmi les siens. (Photo prise le 12 novembre 2013)
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Les lieux de Mémoire
C'est à Ville-sur-Haine, tout près de Mons, que fut tué le dernier soldat Canadien de la grande guerre. C'était le 11 novembre 1918... à 10h58, soit seulement deux minutes avant l'application au front du cessez-le-feu suite à la signature de l'Armistice, le matin même à 5h15. Ce soldat Canadien le Private George Lawrence Price, avait 25 ans; il repose maintenant au cimetière militaire de Saint-Symphorien. C'est aussi à Saint-Symphorien que repose le dernier soldat britannique tué lors de cette guerre, le 11 novembre 1918 à 9h30. Il s'agit du soldat George Edwin Ellison, du "5e Lanciers".
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Les lieux de Mémoire
A Saint-Symphorien, une place est réservée aux soldats allemands qui ne sont pas oubliés par ce texte sobre, mais aujourd'hui à consonance européenne: "A la Mémoire des Soldats allemands et anglais tombés lors des combats près de Mons" 146
Les lieux de Mémoire
Le cimetière civil de Mons possède aussi un secteur réservé aux Britanniques venus contrer l'invasion allemande sur notre territoire
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Les lieux de Mémoire
Le 12 Novembre 2013, sous un éclatant soleil, les fleurs déposées la veille resplendissaient.
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Les lieux de Mémoire
Sur cette photo, le lieutenant-général Sir Arthur Currie (photo), et d'autres officiers Canadiens passent les troupes en revue sur la Grand-Place, à Mons, le 11 novembre 1918. © Ville de Mons (Merci à la Ville de Mons) Page suivante, se trouve une plaque commémorative scellée dans le mur à l'entrée de l'Hôtel de Ville de Mons (Photographie du 12 novembre 2013).
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Les lieux de Mémoire
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La Bataille de Mons, ce n'était qu'un début! Mes prochaines traductions seront les batailles d'Ypres et de la Lys où les régiments belges furent engagés. Avant d'aborder les lieux de Mémoire relatifs à la Bataille de Mons, et pour amorcer quelque peu le contenu des prochaines traductions, je me dois d'accorder à mon autre grand-père, le même hommage que celui rendu à Oscar Pirlet dans mon avant-propos. Louis Capieaux (1891-1978), le grand-père de mon épouse, que j'ai bien connu comme habitant de Maurage (La Louvière), décoré de la Croix de feu, de la Croix de Guerre avec palme et d'autres distinctions honorifiques, était clairon dans la 10e Compagnie D.106 qui combattait sur l'Yser. C'est le dernier soldat à droite sur la photo suivante : il tient son fusil sous le bras gauche, la main posée sur la poitrine, et son clairon dans la main droite.
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La Bataille de Mons, ce n'ĂŠtait qu'un dĂŠbut !
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La Bataille de Mons, ce n'était qu'un début !
Merci Papa Louis, Merci Louis Capieaux
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Le Général Allenby dans "Lawrence d'Arabie" Pendant la Première Guerre mondiale, l'officier du Royaume-Uni Thomas Edward Lawrence, en poste à la surveillance du canal de Suez, conseille aux Arabes du chérif Fayçal ibn Hussein en Syrie de se révolter contre les Turcs de l'Empire ottoman et de fonder une nation arabe indépendante moderne.
Lawrence (à gauche) en conversation avec Edmund Allenby quand ils entrèrent à Jérusalem, après qu'elle se soit rendue le 11 décembre 1917. Ci-dessous, Lawrence (à gauche) et Allenby (à droite)
Lawrence (Peter O'Toole) en conversation avec Allenby. L'acteur, Jack Hawkins, a été bien choisi pour sa ressemblance avec le Général.
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Le témoignage du Général Snow Cette traduction est celle de l'article que vous pouvez trouver dans
à l'adresse suivante:
http://www.dailymail.co.uk/news/article-1379924/Dan-Snows-great-grandfather-General-SirThomas-DOyly-war-victim.html#ixzz2niFhsnBl Cet article a été écrit par Dan Snow l'arrière-petit-fils du Lieutenant-General Sir Thomas D'Oyly Snow qui fut l'un des acteurs principaux de la Bataille de Mons. Il fut publié le 25 avril 2011.
Le titre est le suivant : "Les Généraux de la Grande Guerre sont raillés comme des singes. L'histoire de l'arrière grand-père de Dan Snow révèle qu'ils sont aussi des victimes" "Comme beaucoup d'enfants de ma génération, j'ai appris mon histoire de l'émission33 de la BBC intitulée Blackadder34 (La Vipère Noire). Quand elle arriva à la Première Guerre mondiale, je pensais que l'interprétation de Stephen Fry 35 du coléreux et incompétent général Melchett était tout à fait exacte. Les généraux étaient des aristocrates, impitoyables et très probablement sanguinaires. Même maintenant, on considère souvent que les officiers supérieurs étaient des « ânes » qui envoyaient des « lions », les jeunes et courageux soldats, vers leur lieu d'abattage. Il serait difficile de trouver un groupe d'hommes plus décrié dans l'histoire britannique. Il y avait un portrait de l'un de ces généraux absurdes suspendu dans notre maison familiale. Il avait les caractéristiques de Snow : nez romain, les yeux louches et un crâne en forme de boîte. Il pose en kaki militaire avec des étiquettes rouges sur son col, la poitrine couverte de médailles, jetant un regard mauvais comme s'il fixait le Mahdi du Soudan, l'élite des guerriers Zoulous du roi Cetshwayo ou les troupes du Kaiser, qui tous lui avaient fait face pendant sa longue carrière dans l'Armée . C'était mon arrière grand-père, le lieutenant- général Sir Thomas D'Oyly Snow, l'un des commandants sur le front occidental.
34
La Vipère noire (Blackadder) est une série télévisée britannique en 24 épisodes de 30 minutes environ, 2 épisodes de 45 minutes et d'un épisode de 15 minutes, créée par Richard Curtis et Rowan Atkinson et diffusée entre le 15 juin 1983 et le 21 avril 2002 sur BBC One. En France, la série a été diffusée à partir de 1995 sur Arte. 35 Stephen John Fry est un auteur, humoriste, acteur et réalisateur britannique, né le 24 août 1957 à Hampstead (Royaume-Uni). Célébrité de la télévision anglaise, il s'est fait connaître en tant que membre du duo comique Fry & Laurie dans A Bit of Fry and Laurie et Jeeves and Wooster avec son partenaire Hugh Laurie, ainsi que pour ses rôles dans Blackadder (La Vipère noire) et Oscar Wilde. Il présente également le jeu télévisé Quite Interesting.
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Le témoignage du Général Snow
Fierté de la famille: Dan Snow avec le portrait de son arrière grand -père, le lieutenant- général Sir Thomas D'Oyly Snow. Nous savions qu'il était présent les premiers jours de la Bataille de la Somme, le jour le plus sombre dans l'histoire militaire britannique, quand 60.000 jeunes hommes furent tués ou blessés. C'était une figure assez éloignée de ses propres enfants et de mon père ( le journaliste Peter Snow ) qui ne le rencontra que lorsqu'il était bébé. Pour moi, il était juste un visage sur une peinture . Nous ne parlions jamais vraiment du "Général". Puis , à l'âge de 30 ans, j'ai participé à une émission de BBC1 pour commémorer le 90e anniversaire de l'armistice et examiner le rôle de mon arrière grand-père dans la Première Guerre mondiale. Il était temps, pensais-je, de revendiquer ma relation avec ce parent démodé. Pourtant, au cours de leurs travaux, les chercheurs de l'émission mirent à jour une foule de documents qui changèrent mon point de vue non seulement sur le Général Snow, mais sur la guerre elle-même. En particulier, ils avaient découvert une biographie et des lettres dans lesquelles on pouvait entendre les paroles et les pensées du vieil homme, interrompues par moments - un histoire unique de la haute hiérarchie de l'Armée Britannique, depuis la terrible retraite de Mons à l'été 1914 jusqu'à l'horreur de l'embourbement d'Ypres en 1915. Elle n'avait pas été contée pour être publiée et elle ne contenait aucune excuse ni justification de ses actions. 156
Le témoignage du Général Snow
Mal préparés : Ces soldats photographiés avant la bataille du Cateau en 1914 utilisaient encore des chevaux et des épées Au lieu de cela, il livrait une instruction simple : «Si, quand le moment arrivera, mon fils, ou petit-fils, ou celui qui sera en possession de cette histoire, pensera que sa publication pourrait être intéressante, qu'il la publie de toute manière. Les acteurs seront morts et il n'y aura pas de préjudice moral. Je décidai de le prendre au mot et, avec l'excellent historien Mark Pottle, éditai l'histoire de la lutte d'une armée pour surmonter les obstacles qui auraient même dérouté le Duc de Wellington . La Première Guerre mondiale fut un tournant : en une génération, la guerre avait changé du tout au tout et ce fut le travail de Snow et de ses collègues généraux de trouver des réponses. Ce n'était pas comme s'il manquait d'expérience. Au contraire, Snow avait été un officier subalterne et avait combattu dans les coins les plus reculés du globe où l'Empire britannique avait eu besoin de lui. Il avait été un exécuteur endurci de la reine impératrice Victoria, traversant désert, jongle et savane . 157
Le témoignage du Général Snow Il avait combattu les Zoulous en Afrique du Sud et le Mahdi au Soudan, où il transporta une bouteille de champagne avec lui à Khartoum et la but quand ses troupes eurent vengé la mort du général Gordon, qui avait été tué en combattant les guerriers du Mahdi en 1885 . Au moment où il fut promu général major, lui et ses collègues commandants supérieurs britanniques avaient vu davantage de combats que leurs contemporains des armées françaises ou allemandes. A la veille de la guerre, il était commandant de la 4e Division en Grande-Bretagne, assimilant les leçons de la guerre des Boers de 1899 à 1902 en vue d'une éventuelle guerre en Europe. Environ 100.000 soldats britanniques se dirigèrent vers le continent en Août et Septembre 1914, mais ils étaient mal préparés et la plupart allaient mourir ou être blessés en quelques mois. Ils étaient à court d'artillerie lourde, d'obus explosifs, de mitrailleuses, et même de casques. Il n'y avait pas un seul canon anti-aérien avec ce corps expéditionnaire britannique ( BEF ) . Snow disposait de trop de réservistes qui souffrirent de la marche et du climat chaud de l'été. Ils infligèrent de grandes pertes aux Allemands, mais furent forcés de battre en retraite. Mon ancêtre montait à cheval lors de la bataille du Cateau ( près de Cambrai, dans le Nord de France) , il devint ainsi l'un des derniers généraux britanniques à commander à cheval dans une grande bataille. Sa critique de la retraite qui suivit la bataille est franche : «L'état-major supérieur n'avait aucune pratique du commandement, et bien qu'ils eût été bien formé à la théorie de l'écriture et de la délivrance des ordres, il échoua dans la pratique . Ajouté à cela, que nous avons tous souffert d'un défaut commun à tous les Anglais: un défaut dont nous savions pas que nous souffrions jusqu'à ce que la guerre le révéla: un manque total d'imagination ». On supposait souvent que lui et d'autres officiers supérieurs étaient en sécurité dans leurs châteaux confortables, hors de tout danger . La vérité est quelque peu différente. Les Généraux britanniques consacraient un temps considérable sur la ligne de front et 70 furent tués ou moururent de leurs blessures sur le front occidental . Cinq furent déjà tués dans les premiers six mois. Mon grand-père fut grièvement blessé et fut forcé de retourner en Grande-Bretagne après que son cheval eut chuté et qu'il s'écrasa au sol, brisant son bassin. Il ne se remettra jamais complètement, mais sa guerre n'était pas finie . Avec le début de la guerre des tranchées - sur un front qui s'étendait de la Manche aux Alpes - l'armée 158
Le témoignage du Général Snow devait être agrandie, et Snow, âgé de 56 ans, fut convoqué au ministère de la Guerre pour une réunion avec Lord Kitchener.
La vie de soldat : le général Sir Thomas D'Oyly Snow en France pendant la Première Guerre mondiale On lui dit qu'il se rende en France avec une division hâtivement intégrée. Selon les propres mots de Snow, «J'ai dit à Lord Kitchener que je n'avais pas récupéré après mon accident, et que je doutais d'être encore en assez bonne santé pour mener à bien une tâche aussi ardue. Il me dit que cela n'avait rien à voir avec la situation. Pire encore, les terribles pertes sur le front occidental signifiaient que les hommes de Snow étaient nécessaires avant même que leur formation ne fut achevée. Cette fois, il se retrouva commandant d'une division dans cet enfer que furent les Flandres. Bien des années plus tard, le sol était encore accroché à mes bottes, comme des chaussures de clown, quand j'allai visiter les champs plats se joignant aux nuages gris. 159
Le témoignage du Général Snow Dans ses mémoires, Snow était très critique avec lui-même et avec d'autres , de l'inexpérience des artilleurs britanniques et du manque de munitions. Pourtant, les circonstances auxquelles il dut faire face frisèrent l'impossible. La révolution dans la puissance de feu avait donné au côté de la défense la capacité d'amener un mur d'acier et d'explosifs sur quiconque avait assez courageuse pour l'attaquer. La Radio était à ses balbutiements. Les câbles téléphoniques avaient été coupés , les messagers étaient abattus par les tireurs d'élite armés de fusils jusqu'ici insoupçonnés de puissance et de précision. Des milliers de miles de barbelés nouvellement inventés posèrent un problème insoluble. Puis il y eut la boue. Une fois, après être passé à un nouveau secteur, il écrivit: « Nous avons perdu plusieurs hommes pendant la première nuit, noyés ou étouffés. Les hommes devaient soit se tenir dans l'eau jusqu'aux genoux, avec toutes les chances de sombrer plus profondément encore, ou s'accrocher sur le côté de la tranchée . Plus tard, toujours pendant la guerre, nous aurions dû surmonter la difficulté, mais à cette époque les hommes étaient surchargés de travail pour garder en ordre les tranchées de première ligne et nous étions tous inexpérimentés. « Une autre fois, un de mes collaborateurs dit à un caporal du génie :« Maintenant, vous êtes un ingénieur; ne pouvez-vous pas concevoir une méthode pour drainer cette tranchée ? " A quoi, celui-ci répondit : «Je crains, Monsieur, que je ne puisse pas, vous voyez, avant la guerre, j'étais un fabricant de carte de Noël" «Les tranchées humides eurent bientôt un impact sur les pieds des hommes. Très vite, une moyenne de trois cents hommes par jour furent évacués, et il y avait peu de chances que l'un d'eux revienne avant des mois. Nous avons fait tout notre possible , mais la division devint rapidement un squelette de ce qu'elle avait été.
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Le témoignage du Général Snow Les généraux de la Première Guerre mondiale ont été confrontés à une masse de problèmes qui auraient surmené la plupart des commandants. Pourtant, rien n'a été fait pour aider: «Nous n'étions pas fournis en bois pour fabriquer le plancher des tranchées ni en chaussettes supplémentaires ni en bottes imperméables. Nous étions seulement blâmés d'avoir tant de malades. Cette guerre ne ressemblait à rien de ce qu'on avait préparé ou imaginé. Cela n'a jamais été aussi vrai que le 22 Avril 1915 quand Snow constata que les Allemands avaient déclenché leur première attaque chimique à grande échelle sur le front occidental . Mon arrière arrière-grand-père décrivit clairement le moment : « J'ai remarqué une brume bleue blanchâtre au nord-est au-dessus des lignes françaises. C'était un genre de brume, comme on s'attend à en voir au-dessus des prés humides après une nuit glaciale. Nous étions plutôt étonnés. Nous avons vite remarqué une odeur particulière qui picotait le nez et la gorge, mais il fallut un certain temps avant de réaliser que c'était le gaz dont nous avions entendu beaucoup parler. L'assaut chimique allemand était presque parvenu à faire un trou décisif dans les défenses françaises et britanniques, mais, après de terribles combats, il était devenu évident que la ligne alliée avait été pliée mais pas rompue. Snow commandait à partir d'un bunker fragile sous le feu ennemi constant. Il écrivit : « La nuit, nous avons dégagé les tables et dormi sur le sol, entassés comme des sardines. Le bruit était terrible avec les sonneries de téléphone et les obus éclatant à proximité. Sa ténacité lui valut le titre de chevalier et une promotion. Les mémoires de Snow se terminent après Ypres en 1915, mais ses jours les plus sombres de la guerre étaient encore à venir. À l'été de 1916 une nouvelle et vaste armée de volontaires britanniques était prête pour sa première grande offensive . Le jour fatidique, le 1er Juillet, commença la bataille de la Somme. Les hommes de Snow attaquèrent le tronçon le plus fort de la ligne allemande comme une diversion pour l'assaut principal, qui eut lieu dans le sud. Même par rapport aux normes de cette journée sanglante et futile, l'attaque du VIIe Corps de Snow fut un désastre. . Snow et son état-major étaient dans un château à ce moment-là, et je m'y suis rendu moi-même. C'était une sensation bien différente du carnage des tranchées, mais pour sa défense, il était plus proche de l'action que ne le sont les commandants militaires d'aujourd'hui. Par la suite, il semble que Snow ait tenté de rejeter le blâme de lui-même en écrivant à ses supé-
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Le témoignage du Général Snow rieurs : "Je regrette d'avoir à annoncer que la 46e division dans les opérations d'hier a montré un manque d'esprit offensif". Ce fut après que les hommes aient accompli leur chemin à travers des barbelés ininterrompus. Puis, quand ils eurent réussi à entrer dans le système de tranchées allemandes, ils s'opposèrent aux contre-attaques jusqu'à ce qu'ils soient à court de munitions et furent contraints d'utiliser des pelles et leurs mains nues. C'était une tentative inexcusable de rejeter le blâme. Après un passage à Arras et à Cambrai, où il aida à repousser une attaque dévastatrice par des vétérans allemands du front de l'Est, il semble que le surmenage entama l'ancien cheval de guerre. Snow écrivit à sa femme en disant qu'il croyait le moment venu de faire place à un homme plus jeune . Quelqu'un lui a-t-il demandé de démissionner? J'aimerais le savoir. Il a dû être déçu d'avoir manqué l'été triomphant de 1918, un événement pour lequel lui et tant d'autres avaient œuvré si durement et tant sacrifié . Les généraux de la Première Guerre Mondiale furent confrontés à une masse de problèmes qui auraient surmené les plus grands commandants. Mon arrière grand-père n'était pas Wellington, mais sa biographie donne un aperçu émouvant de son combat pour bâtir une image cohérente du champ de bataille. On ne se souviendra pas de lui pour son génie militaire, mais j'espère qu'on s'en souviendra pour avoir écrit cette histoire honnête, critique et objective de son expérience. Je suis fier de lui." Fin de la traduction.
Une triste "débaptisation" militaire Ma traduction d'un article de Sam 162
Une triste "débaptisation militaire" Greenhill publié par du 18 février 2013
Fureur au sujet de l'insulte de Sandhurst aux héros de Mons : Hall renommé après un cadeau de 3 millions de Livres Sterling du roi du Bahrain. ●Le Hall de Mons s'appellera dorénavant Le Hall du Roi Hamad. Il avait été appelé à l'origine pour honorer des milliers de soldats qui sont morts dans la bataille de Mons. ●Les critiques disent que le roi "achète notre silence" au-dessus des allégations d'abus de droits de l'homme ●Le Hall de Mons a été ainsi nommé pour honorer des milliers de soldats britanniques qui sont morts pendant la bataille en Belgique en 1914. Mais en dépit du 100ème anniversaire de la bataille l'année prochaine, les chefs militaires changent son nom en Hall du Roi Hamad après que le dirigeant de Bahrein ait donné des millions à Sandhurst.
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Une triste "débaptisation militaire" Sacrifice : Soldats à la bataille de Mons en septembre 1914.
Critique : le Hall de Mons, photographié ci-dessus, sera renommé pour honorer le monarque de Bahrain. __________________________________________________________________________ Les critiques ont accusé l'armée de trahir les morts, et ont déclaré que le Bahrain – qui a été condamné pour avoir réprimé brutalement des manifestants dans son pays achetait le silence sur son propre comportement. Le roi est le mécène de la base de Sandhurst, et a payé 3 millions de Livres Sterling pour restaurer le Hall. L'académie militaire, située dans le Surrey, a également accepté une donation de 15 millions de Livres Sterling des Emirats Arabes Unis pour établir un bloc de logement. Il soulève des questions au sujet des liens de l'université avec les états du Golfe accusés d'abus aux droits de l'homme. La députée britannique du Labour, Jeremy Corbyn, déclara: "Il y a là quelque chose de profondément ironique en rebaptisant un hall qui était à la mémoire des soldats qui sont morts dans une bataille tragique de la première guerre mondiale en l'honneur d'un roi qui a l'habitude de commettre des abus aux droits de l'homme.
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Une triste "débaptisation militaire"
Changement : La salle sera baptisée Hall du Roi Hamad, du nom du dirigeant du Bahrein, photographié ici avec le premier ministre David Cameron, après qu'il ait effectué une donation pour la rénovation. ___________________________________________________________________________ « Nous ne devrions pas accepter l'argent de telles personnes. Ils essayent d'acheter notre silence. ». Andy Slaughter, une députée britannique du Labour qui est Présidente de la démocratie de tout-partie de terrains communaux dans le groupe du Bahrain, a dit : « Changer le nom de quelque chose qui commémore un épisode très tragique de l'histoire militaire britannique, simplement pour une somme d'argent d'une source plutôt douteuse, est effroyable. » Plus de 1.600 Britanniques sont morts à Mons, la première grande bataille de la guerre. Pourtant, alors que tout était contre eux, avec deux Allemands pour un Britannique, l'armée britannique a infligé 5.000 victimes avant d'être forcée de se retirer. Le Hall de Mons sera rouvert le mois prochain. Le Roi Hamad a été invité et une plaque sera dévoilée avec l'inscription : Hall du Roi Hamad.
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Une triste "débaptisation militaire"
Controverse : Les critiques soulignent les manques de respect de ce changement à l'égard des milliers de soldats qui ont combattu et sont morts à Mons. ___________________________________________________________________________
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Pour en savoir plus-To find out more Site Calaméo : http://fr.calameo.com/read/00108220018fb7c517c65 Site Pinterest : http://pinterest.com/valya/world-war-i/ Site Firstworldwar.com: http://firstworldwar.com Site Firstworldwar.com: http://firstworldwar.com/poetsandprose/doyle.htm Site de "La Bataille d'Audregnies" http://audregnies-labataille.skyrock.com/3099479659 Site Sambre-Marne-Yser : http://www.sambre-marne-yser.be/article.php3?id_article=59 Site Paradox interactive: 1914-1924-British-interests-British-honour-Britishobligations/page14 Wikipdia-Hamilton:http://en.wikipedia.org/wiki/Hubert_Hamilton Site Britishbattles.com: http://www.britishbattles.com/firstww/battle-mons.htm Site effroyable boucherie: http://www.1418effroyableboucherie.fr/galerie.php?page=3 Site commémoration de la guerre 1914-1918 (Ville de Mons): http://www.mons.be/decouvrir/histoire/1914-1918/dossier-de-presse-commemoration.pdf Site The long, long trail: http://www.1914-1918.net/bat1.htm ©1995-2013 ~ Chris Baker/Milverton Associates Ltd ~ All Rights Reserved Site Médecins de la Grande Guerre: http://www.1914-1918.be/sidney_godley.php Site The Channel Islands and The Great War- Bowden-smithhttp://www.greatwarci.net/honour/guernsey/database/bowden-smith-waccementhouse.htm Site Britishbattles.com: http://www.britishbattles.com Site Edward Nicholson 1914-1915-Home and abroad: http://www.tugsworld.com/bonzo/gen/biographies/Nicholson-Edward5.htm Site 21e Division 1914-1918-site historique-http://www.21erDivision191418.org/soarercampbell.htm Site de la Bataille de Landecries: http://www.britishbattles.com/firstww/battlelandrecies.htm Site In Memory de Pierre Vandervelden: http://www.inmemories.com/Cemeteries/halle.htm Site Landecries: http://www.2c2m-avesnois.fr/2012_Landrecies_occupation_1914.html Site août-sambre-Yser: http://www.sambre-marne-yser.be/article=3.php3?id_article=23 Site Wikipedia: Pierre Nora: http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Nora
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Pour en savoir plus-To find out more Site Les oubliés de la Grande Guerre, d'après les dessins de Jean-Pierre Laurens Conférence de Pierre Fabre - http://arbrebaz.free.fr/Documents/PrisonniersAB.html Site témoignage du Général Snow : http://www.dailymail.co.uk/news/article-1379924/Dansnows-great-grandfather-General-Sir-Thomas-DOyly-war-victim.html#ixzz2niFhsnBl; version française, voir la Table des Matières Site In the footsteps : http://www.inthefootsteps.com/blog/category/the-1914-18-great-war/ Site BBC your paintings : http://www.bbc.co.uk/arts/yourpaintings/paintings/colonel-s-prolt-25256
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Remerciements Un grand Merci à l'historienne Micheline Chamberlan, une amie de jeunesse, pour les judicieux conseils qu'elle m'a donnés dans la rédaction de ce travail. J''aimerais ensuite remercier tous ceux qui m'ont aidé en me fournissant des informations complémentaires. En particulier, Messieurs Jean Richez et Pierre Vandervelden, respectivement promoteurs des sites sur "Audregnies-labataille" et "In Memory", ainsi que tous les responsables des sites britanniques dans lesquels j'ai trouvé d'innombrables photos de militaires de tous rangs ayant participé à la Bataille de Mons. Tous ces sites sont accessibles depuis le chapitre précédent "Pour en savoir plus", grâce au lien à votre disposition. Je remercie aussi la Société Sherlock Holmes de France, dont je fais partie, pour m'avoir permis d'en savoir plus sur la personnalité de l'écrivain et de sa famille. Merci aussi à la Ville de Mons et à la Province du Hainaut qui préparent le Centenaire de la Bataille avec des sites qui mettent bien en évidence les souffrances des militaires, mais aussi ce que leur doivent leurs concitoyens.
Aknowledgments Many thanks to the historian Micheline Chamberlan, a childhood friend, for wise advice she gave me in the writing of this work. I would also like to thank all those who helped me by providing additional information. In particular I would like to aknowledge the contribiution of various websites promoters whose Jean Richez et Pierre Vandervelden, promoters of "Audregnies-labataille" and "In Memory", respectively. I have also received invaluable help from British websites in which I found numerous pictures of all British service personnel of all ranks having taken part in the Battle of Mons. All these websites are readily accessible through the previous chapter "To find out more". I wish to express my gratitude to The French Sherlock Holmes Society to which I belong for allowing me to know more about the personality of the writer and his family. And thank you to the City of Mons and the Province of Hainaut which are preparing to honour the 100th anniversary of the beginning of the Great War, and the Battle of Mons in particular with websites in which people can see clearly the miseries that they suffered and what the citizens owed them for doing such a valuable work.
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Abercrombie, 134
Coldstream, 21, 49, 128, 130,
Ghlin, 89
Leckie, 11, 117
Alexander, 116
131
Gleichen, 42, 45, 64, 107, 116,
Liège, 4, 7, 9
Allenby, 39, 47, 48, 108, 122,
Conan Doyle, 2, 4, 9, 10, 11,
117
Ligny, 121
154
12, 13, 14, 15, 30, 31, 41, 49,
Godley, 86
Lincolns, 62, 104
Angleterre, 16, 17, 18, 21, 133
136
Gordon Highlanders, 43, 60
Lister, 96
Ashburner, 82
Condé, 52, 58, 59, 63, 64, 118
Gough, 47, 51
Louvain, 72
Audregnies, 109, 167, 169
Connaughts, 134
Grayshott, 10
Mac Mahon, 82
Avesnes, 127
Cornwalls, 69, 99
Grenfell, 116
Maidlov, 80
Bavay, 106, 107, 119, 122, 125
Currie, 149
Grey, 17
Malplaquet, 125
Belgique, 4, 11, 18, 40, 48, 50,
Cuthbert, 42, 45, 63, 95, 106
Grierson, 38
Maroilles, 127, 132
110, 163
Danks, 133
Haig, 12, 38, 39, 41, 48, 49, 96,
Masterman, 12
Benson, 98
David, 116
104, 125, 127, 134
Maubeuge, 17, 119, 122, 125,
Bethencourt, 121
David Cameron, 165
Haking, 49, 96, 134
127
Binche, 56, 58, 103
Davies, 49, 132
Hamilton, 42, 43, 44
Maurage, 151
Bloem, 96
Day, 89
Hampshire Regiment, 10
McCracken, 42, 43, 80, 105
Boger, 117
De Lisle, 47, 109
Harding Davis, 72
Mead, 88
Boulogne, 17, 19, 35
Dease, 86
Hawarden, 131
Melchett, 155
Boussu, 96
Doran, 42, 43, 60, 81
Hollande, 9
Middlesex, 43, 60, 80, 81, 82,
Bowden-Smith, 88, 89
Dour, 100, 103, 107, 108, 117,
Holt, 91
97, 105, 118
Brandenburg Grenadiers, 96
122
Hornby, 56, 112
Monck, 21, 128
Bray, 58
Dr. Austin, 133
Hoskins, 23
Monro, 41, 49, 50
Broom, 23
Dr. Elliott, 133
Howitzer Brigade, 122
Mons, 4, 9, 10, 15, 16, 22, 29,
Bruxelles, 71, 72
Dragoon Guards, 47, 56, 111,
Hull, 82
32, 41, 44, 52, 53, 54, 58, 59,
Bulbe, 104
112
Hussars, 43, 45, 47, 49, 56,
62, 63, 64, 68, 75, 77, 78, 80,
Bying, 89
Drummond, 118
111, 112, 132
81, 82, 95, 100, 101, 104, 106,
Cameronians, 118
Duke of Cornwall, 45, 97, 99
Innes Doyle, 10
110, 117, 118, 119, 120, 121,
Campbell(Captain), 98, 99
East Surrey, 45, 64, 97, 98, 99
Irvin Cobb, 72
136, 137, 145, 149, 151, 155,
Campbell(Colonel), 111
Edmonds, 31
Jarvis, 91
157, 163, 164, 165, 166, 167,
Canadien, 29, 145, 149
Edmunds, 133
Joffre, 40, 70, 101
169
Capieaux, 151
Ellison, 145
King's Liverpool, 125
Montigny, 121
Carey, 88
Elouges, 108, 117
Kingsley Doyle, 10
Morritt, 98
Carter, 55, 138
Etats-Unis, 71
Kitchener, 35, 40, 159
Mullens, 111
Caudry, 121, 123
Feignies, 127
La Louvière, 151
Namur, 40
Chamberlan, 169
Fergusson, 42, 45, 46, 108,
Lanciers, 111, 116
Nigel Jones, 12
Charleroi, 40, 71
116
Landrecies, 127, 128, 132, 134,
Nimy, 60, 62, 78, 79, 82, 89,
Cheschire, 16, 116
Frameries, 11, 95, 103, 104,
167
90, 91, 95, 105
Chetwode, 47, 56
105, 106, 107, 122
Lawrence, 48, 154
Nora, 137, 168
Ciply, 42, 80, 106
French, 37, 39, 48, 71, 101,
Le Cateau, 107, 119, 120, 121,
Norfolk, 45, 64, 116, 117
Clerdent, 4
102, 103, 119, 122
122, 123
Northumberland Fusiliers, 43,
Clive, 131
Fry, 155
Le Havre, 17, 38
62, 78, 97, 104
170
Index Pack-Beresford, 107
Royal Irish, 43, 47, 60, 139
Smith E.C, 88
VĂŠnĂŠrolles, 135
Perceval, 49, 51
Royal Scots, 43, 47, 60, 62, 95
Smith(Sergeant), 91
Vereker, 131
Pirlet, 2, 4, 5, 7, 8, 151
Royal Sussex, 13, 30
Smith-Dorrien, 39, 41, 42, 44,
Ville-sur-Haine, 145
Pollard, 116
Royal Sussex Regiment, 30
48, 60, 96, 118, 125, 135
von Kluck, 71, 117, 135
Pommeroeul, 100
Saint-Symphorien, 81, 145
Snow, 41, 120, 121, 123, 155,
Wargnies, 122
Pont-sur-Sambre, 127, 134
Sandiland(Colonel)., 125
156, 157, 158, 159, 160, 161,
Welchman, 104
Price, 145
Sandilands(Captain), 104
162, 168
West Kent, 45, 63, 69, 95, 96,
Pulteney, 39, 41, 120
Sart-Tilman, 4, 9
Soignies, 56, 69
97, 107
Queen's Bays, 47, 118
Scots Fusiliers, 78, 97
Solesmes, 119, 122
West Riding Bataillon, 107
Richez, 169
Scottish Borderers, 45, 63, 95,
South Lancashire, 43, 106, 122
Wilson, 17, 120
Roi Hamad, 163, 165
97
Southampton, 18, 32
Wright, 89, 91
Rolt, 42, 45, 64, 97
Scott-Kerr, 49, 128
Thulin, 100
Wyatt, 131
Rose, 95, 104
Shaw, 42, 43, 62, 104
Tournai, 72, 101
Yorkshire, 45, 63, 96, 107
Rouen, 17, 35, 38
Shore, 117
Tower, 89
Royal Fusiliers, 43, 53, 62, 78,
Slater-Booth, 114
Turner, 116
82, 89, 95, 97
Slaughter, 165
Vandervelden, 169
171