Ballad'ain janvier 2018

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Réflexions sur le trésor d’Aoste Par Michel Bigoni

Pour comprendre cette trouvaille… Une fouille archéologique conduite par la société privée Eveha a précédé la réalisation du contournement de la commune d’Aoste en rive droite de la Bièvre. Cette ville occupait une place importante dans l’empire romain comme carrefour de voies importantes ce qui peut en avoir fait un centre de collectes d’impôts. Une conférence de presse a réuni le 19 décembre à Aoste, les principaux acteurs de ces fouilles afin de présenter les enjeux véritables de cette découverte. Les fouilles ont été fécondes puisqu’elles ont révolutionné l’image de Vicus Augustus (nom d’Aoste sous les Romains) en redessinant les quartiers, en mettant à jour un aqueduc en bois fort bien conservé. Et puis, cerise sur le gâteau : dans une cour est dégagée sur un terrain communal une amphore riche d’une dizaine de milliers de pièces cuivre-argent frappée à Lyon sous Constantin 1e aux alentours de 315 après JC ! Seules deux pièces ont été extraites pour l’instant, l’ensemble formant une masse qu’il conviendra de désolidariser. Est-ce que ce trésor fut rapidement dissimulé face à un danger ou constitué patiemment au fil des recettes ? L’avenir nous le dira… Alors, la fortune pour Aoste ? A regarder de plus près… Depuis 2016, toute trouvaille archéologique, trésor compris, appartient en totalité à l’état ! Avec Aoste, il s’agit d’un cas particulier et l’amphore et les pièces seront rendues à la commune pour exposition dans son musée qui sera

entièrement rénové. Sans doute que la commune bénéficiera pour cela de subventions conséquentes, mais en dehors de la fierté de la commune vis-à-vis de cette trouvaille rarissime, la responsabilité d’Aoste, nous confie son maire Roger Marcel, est immense. Donc, Aoste gagnera en renommée et la fréquentation de son musée ira croissante, mais pas question pour cette commune de vendre le trésor à son profit. Elle restera la gardienne de ces pièces et de ces temps reculés où notre présent s’enracine. Quelle leçon en tirer ? Finalement, seule la connaissance de fond de notre passé importe : la richesse, la beauté, la perfection des découvertes ne peuvent être monnayées ni dispersées, mais être offertes aux regards de tous. Un beau sujet de réflexion pour saisir le déploiement de notre société des origines jusqu’à nos jours. Mais surtout n’oubliez pas : tout trésor appartient désormais à l’état…


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