Bass Music Magazine #6

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STATE OF MIND | HABSTRAKT | VADIM | DIGITAL SOAP | CERN | FOURWARD | FLORE

BASS MUSIC magazine #06

BASS MUSIC MAGAZINE N째6 MARS / AVRIL 2011 BIMESTRIEL GRATUIT

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Bass Music Magazine #6 - Mars Avril 2011

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NOUVELLE FORMULE ! PLUS DE PAGES ! PLUS DE MUSIQUES !

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Bass Music Magazine #6 - Mars Avril 2011


BASS MUSIC MAGAZINE #6 | MARS AVRIL 2011

BASS MUSIC MAG EDITO

BASS MUSIC MAGAZINE Édité par l’association Totaal Rez www.totaalrez.com www.bassmusic.fr ADRESSE Bass Music Magazine Julien Duclos 32, rue Notre Dame 69006 Lyon

Yo les Bass Heads ! Encore un nouveau numéro et encore 4 pages de plus que l’édition précédente. Comme d’habitude, nous avons essayé d’être éclectique, avec des interviews et portrait d’artistes français (Habstrakt, Digital Soap et bien sûr Flore, notre Local Heros favorite) et internationaux (Fourward, Vadim ainsi que Cern et State of Mind pour la Nouvelle Zélande, car oui Nary ne peut pas s’en empêcher). Nos rédacteurs se sont lachés sur les chroniques (14!) en prenant soin de balayer tous les styles de Bass Music : de la Drum & Bass liquid , au Dubstep le plus vénère, en passant par la Deep ainsi qu’une sélection de free tracks spécial Glitch Hop. Bonne lecture et prenez garde aux giboulés ! Asco

RESPONSABLE DE LA PUBLICATION Elizabeth Valat liza@totaalrez.com PUBLICITE contact@bassmusic.fr RÉDACTEUR EN CHEF Julien Duclos asco@bassmusic.fr RÉDACTEURS NARY - Marie-Charlotte Dapoigny ALKALINE - Marion Larguier M3T4 - Mattias de Barberin KPUSH - Sébastien Zandrini PHIA M - Hélène Moretti FABIO - Fabio Ramoz ASCO - Julien Duclos LIZA - Elizabeth Valat

NEWS 04 | BUSTEP

GRAPHISME ASCO - Julien Duclos

INTERVIEWS 10 | DIGITAL SOAP 14 | STATE OF MIND 18 | FOURWARD 22 | CERN

Bass Music Magazine est un bimestriel gratuit Ne peut être vendu Tirage : 1000 ex ISSN : 2114-2505

FOCUS 05 | FLORE 08 | HABSTRAKT 09 | DIGITAL SOAP 12 | VADIM WEB : www.bassmusic.fr FACEBOOK : http://on.fb.me/bassmag TWITTER : @Bass_Music_Mag SOUNDCLOUD : /bass-music-magazine EMAIL : contact@bassmusic.fr

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CHRONIQUES 21 | CERN 24 | JAMES BLAKE 24 | COSMOS70 24 | TERRAVITA 25 | NEAT vs SUBMERSE 25 | DRAGON PUNCH 25 | DJ MARKY 26 | MOSAIC VOL.1 26 | PAVEL DOVGAL 26 | MAGNETIC MAN 27 | MORGAN ZARATE 27 | RESO 27 | SEPALCURE 27 | CAMO & KROOKED

SELECTA DU DIGGA 28 | FREE TRACKS 29 | FREE MIXTAPES

Accèdez au site Bass Music Mag depuis votre smartphone ! Finis les temps morts dans les transports en communs, les bouchons, les files d’attente... Scannez le code ci-contre avec une application flashcode pour retrouver et commenter le blog ainsi que pour consulter l’agenda en ligne directement sur votre téléphone !

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NEWS | FR

Texte : LIZA, ASCO

NEWS EN VRAC

JARRING EFFECTS DUBSTORE

Initié par Dino des High Tone et soutenu par Jarring Effects, le Dubstore est une plateforme de téléchargement dédiée aux dj’s, selecta et aux amoureux du dub. Tous les 15 jours, le site est alimenté par de nouveaux sons tout droit sortis des studios d’O.B.F, de Dub Addict ou encore de Dub Invaders (High Tone crew). Des dubplates exclusives que vous pouvez découvrir en suivant ce lien : http://dubstore.jarringeffects.net/

BASS MAG PARTY

Nous aurons l’honneur d’accueillir le néo-zélandais Dose, pour la première “Bass Mag Party” qui aura lieu le 1er avril (non ce n’est pas un poisson) au Ninkasi Kafé. Ce sera l’occasion de faire la fête gratuitement et tous ensemble ! Bass Mag Party avec Dose (NZ), ShyN, Asco, Dr Roots & Matt Tracker, le vendredi 1er avril de 22h à 3h, au Ninkasi Kafé (267 Rue Marcel Mérieux, Lyon 7e).

PICK ME UP

Fraîchement installé du côté des Terreaux, Le Pic Me Up est le lieu underbranché à l’ambiance tam-hype-isée où l’on a plaisir à se faire servir des cocktails savoureux et méchamment efficaces! Un lieu idéal pour quelques instants de raffinement moderne. A noter que le lieu ouvre ses portes aux programmations musicales et autres expositions artistiques....affaire à suivre de très près donc! Un conseil, si vous passez par le 13 rue Lanterne et qu’une « Panthère Rose » vous fait les yeux doux, laissez-la vous mordre quitte a garder quelques traces de ses crocs le lendemain, un petit mal pour un grand bien ! Plus d’infos : www.pickmeup.fr // Tel : 04 78 28 21 69

CADEAUX JEU CONCOURS

DROP ZONE 2 avec DIRTYPHONICS : 2 PLACES A GAGNER Après avec accueilli Aphrodite à la première session, les fous furieux de chez Bass Jump repartent pour une deuxième Drop Zone avec cette fois Dirtyphonics en invité pour un Dj set à 4 platines de Pitch-In et Playte. A cette occasion Bass Mag offre 2 places pour la soirée aux plus rapides à envoyer un mail à asco@bassmusic.fr (sujet : Drop Zone). Samedi 12 mars, avec DIRTYPHONICS, au Drak’Art (163 cours Berriat, Grenoble).

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BUSTEP

EN ROUTE POUR LA BASS MUSIC C’est de Montpellier que nous vient cette belle initiative : Fédérer des gens partageant le même goût prononcé pour la Bass Music afin de se déplacer, ensemble, aux événements organisés dans une ville autre que la leur. C’est ainsi qu’est né le concept du BUSTEP&CO. Sa formule ? Un événement musical + des bass addicts + un bus = un voyage facilité, des souvenirs partagés, des soucis évités. Une belle équation, à prix modéré, qui résout les questions se bousculant dans nos têtes : « Sam ? Fatigue ? Coût ? Couchage ? Parking ? ». En effet, le bustep prend le contrôle et arrive parfois même à vous avoir une conso, l’esquive de la file d’attente et aussi un tarif réduit sur les entrées de la soirée que vous convoitez ! Cette initiative, c’est Clémentine et Mia qui l’ont lancée. Toutes deux bien ancrées dans le milieu de la Bass Music montpelliéraine dans les associations Suce Mon Beat et Urbanbass, elles avaient envie de faciliter l’accès aux événements Bass music s’organisant dans des villes autres que la capitale languedocienne, un service jusque là jamais proposé .Grâce à la collaboration et à la solidarité de leurs deux crews actifs au niveau de la scène musicale Montpellieraine, le premier convoi du bustep prit la route de Marseille le 28/01/11 pour se rendre au Cabaret Aléatoire. Pas moins de 50 montpelliérains survoltés ont ainsi pu participer à la Château Bruyant Party où étaient présents Tambour Battant, Niveau Zéro, The Unik, Baxter Beez, Comic Strip, Borgore et le Wii Skiller Krew. Les retours sont nombreux et positifs autant du côté du public que de celui de l’organisation : les « mercis », « bravos », et autres félicitations pleuvent sur les murs, events et profils facebook de chacun. Un public et des organisateurs de soirées conjointement ravis poussent les filles aux beaux projets. En effet, le premier bus s’est vu complet en moins de 10 jours et les demandes étaient telles qu’un deuxième bus aurait pu être réservé ! Le bustep va donc se développer et étendre son réseau routier à d’autres grandes villes tout en multipliant le nombre de départs en direction d’événements français et mêmes internationaux. En prévision, l’Outlook Festival en Croatie, l’Hadra Festival du côté de Grenoble, la salle du Bikini à Toulouse… Côté logistique, un site sera mis en ligne avec reportages et photos souvenirs des pèlerinages musicaux organisés et à venir ainsi que la possibilité d’un paiement des réservations en ligne. Un petit conseil, ne perdez pas le bustep des yeux car il est en train de filer à toute allure sur les routes ! Programmateurs, organisateurs ou public passionné, n’hésitez pas à rentrer en contact avec les membres de cette association pour vos projets car c’est avec enthousiasme et rapidité qu’ils vous répondront : Clémentine - clementinelebreton@gmail.com Magalie - mmewallace@live.fr

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FOCUS | BREAKBEAT | UK GARAGE | FR

Texte : ALKALINE Photo : DR

FLORE QUE VOUS N’Y CONNAISSIEZ PAS GRAND CHOSE EN HOUSE MUSIC/UK GARAGE, QUE LES BASSES VROMBISSANTES VOUS FASSENT UN DRÔLE D’EFFET DANS LES ABDOS, QUE VOUS ARPENTIEZ EN BOBOS TRENTENAIRES LES PENTES LYONNAISES, VIVIEZ DANS UNE YOURTE « LOPPSISÉE » EN LOZÈRE, OU PARCOURIEZ L’EUROPE DE LONDRES, À ZAGREB EN PASSANT PAR BARCELONE, VOUS N’ÊTES CERTAINEMENT PAS PASSÉS À CÔTÉ DE LA SORTIE ÉLECTRO SURVOLTÉE DE L’ANNÉE 2010 ! IL Y A TOUT JUSTE UN AN, ARRIVAIT DANS LES BACS, COMME UN BOUTON PRÊT À ÉCLORE AU PRINTEMPS, L’ALBUM EN COULEURS ET EN HAUTE DÉFINITION RAW ! Cru(e), c’est la définition de Raw, mais c’est aussi un adjectif dont peut s’affubler la productrice et dj FLORE, qui ne lésine pas lorsqu’il faut parler musique. Ne vous y trompez pas, ses mots sont soignés et habilement choisis, animés on peut même ajouter, et surtout, elle ne les mâche pas. Grâce à un travail assidu et minutieux de recherche artistique visant à laisser parler son univers musical, Flore a bel et bien réussi avec l’album RAW, à faire résonner la Bass Music française, dans toute son énergie florissante. Nous vous dressons aujourd’hui le portrait entier d’une artiste bien ancrée dans ses choix artistiques et personnels, sans fausse pudeur, avec une vraie modestie, et pour qui le sens des mots travail et passion va avec accompli. J’espère que vous aimez les balades en nature les amis, nous n’allons pas seulement parler musique, nous allons vous parler de la fine fleur des producteurs, et c’est aussi une histoire de vie ! Étape 1 : Pour semer une graine pensez à laisser beaucoup d’espace autour d’elle et à porter une attention particulière à l’ensoleillement du terrain ainsi qu’à l’arrosage. N’utilisez que de l’engrais naturel. Lyonnaise de naissance, la jeune Flore a grandi dans un monde où la musique n’avait pas de barrière, on écoutait avant tout ses coups de cœur : En voiture, les K7 audios remplissaient la boite à gants et les stations de musique classique côtoyaient Rire et Chanson, Brel et Le Luron. Alors que le piano de l’appart’ d’à côté envoie ses premières notes, la curiosité pique au nez l’artiste qui décide à son tour de taper la gamme. Lassée des comptines pour gamins, préférant les Beatles au Bal des coccinelles qui chantent au bois, elle prend sa guitare à deux mains et intègre un groupe de Rock branché New Wave. Branchée au Top 50 grâce aux ondes hertziennes, Pump up the Jam de Technotronic et Jimmy Somerville éveillent ses sens au dancefloor.

La première galette tombe dans ses mains vers l’âge de 16 ans. Il faut préciser qu’à cette époque, son frère aîné développe le premier shop de vinyles électro de Lyon. Le Rock Indé et le Trip Hop de Massive Attack et Portishead tournent déjà sur les platines de néophytes que la musique électro fait son entrée dans les bacs : les différents courants se relayent, du Hip-Hop au Hardcore en passant par la Techno et les prémices de la Jungle, c’est bientôt le Breakbeat des Free Parties anglaises qui déferle dans le shop du frangin. On peut ainsi dire merci à la famille ! Étape 2 : Une fois que le bouton floral est né, le laisser s’ouvrir délicatement jusqu’à l’explosion complète des pétales. Une découverte en entraînant une autre, Flore tombe sur un clip de Björk à la TV et s’offre son concert à Lyon en 96 ; la première partie est assurée par le co-fondateur du label Metalheadz : DJ GOLDIE ! La question qu’on peut se poser : qui parmi les passionnés de Jungle/Drum’nbass n’aurait rêvé d’être à ce concert, face au géant fondateur du mouvement, aux dents et chaînes en or qui brillent, un an à peine après la sortie de l’album Timeless ?!! Et comment une vocation n’aurait-elle pu naître ce même jour chez la jeune Flore en pleine éclosion ?!! La logique suivra son cours et le parcours de le Djette/productrice avec : achat de matériel (une seule platine à l’époque!), constitution d’une discographie, organisation de soirées avec les copains drummers (Sherlock, Mtee et Simon du collectif Lyondrumming), du travail, de la patience, et encore beaucoup de travail. Depuis 2003, elle enchaine les Dj sets, maxis, remixes et bootlegs sur les labels français avec notamment des collaborations remarquées sur le label Supadope (remix du Peuple de l’Herbe et compil’ Dope Beat 1 et 2). L’hexagone n’est pas son seul territoire de prédilection puisque que ses prods se propagent OutreManche, voire Outre-Atlantique (quelques exemples de sortie sur les labels anglais : Miracles et So much flowers

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in my mind sortis en 2005 et 2007 sur le label Party Style ; Need You sorti en 2006 sur Splank Records ; Hip Hop’alula sur le label MOFO et AllRight sur iBreaks:Funk en 2007 et aussi Kron Krisp feat. Prosper sur le label US Fresh Produce Records sorti en 2007).

été offert gracieusement par la réalisatrice professionnelle Claudia Thomas, qui, à l’écoute de l’album n’a pu résister à l’envie d’y incorporer ses images. Je me demande si Flore mesure la force attractive qu’elle dégage à travers son son ?!! (héhé).

Étape 3 : Dépenser beaucoup d’énergie afin de produire du pollen et s’en remettre à sa propre structure ainsi qu’aux structures de même espèce complexe plutôt qu’aux vents pour assurer la pollinisation.

A noter aussi la collaboration avec les Gourmets pour le titre La Folie des Glandeurs et la récente sortie du clip aux effluves sanguinolentes digne d’un remake d’ « Hostel for a Dream », qui plaira sans doute aux amateurs du genre trasho-comique ! Remarquez donc comment Flore manie l’aiguille dans un bloc opératoire aussi bien que le pitch de ses platines. Passons au blog à présent. Généreux et cultivé avec soin, on y retrouve de bonnes infos, des petites curiosités et des choses plus connues. La productrice donne de l’espace pour elle même, ses avis (peut être ses envies aussi) mais aussi pour les autres, artistes ou entertainers, la musique, la vidéo, des interviews, des soirées... C’est cool. On attend patiemment de voir la toile se délier encore un peu plus.

L’album Raw, enregistré sur Lyon et Paris puis produit sur le label anglais Botchit & Scarper, n’a certainement pas attendu les subventions publiques pour voir le jour, et comme on le sait, les labels indépendants ne sont pas riches. Flore a beaucoup investi de ses deniers personnels pour aboutir à cette création, et c’est grâce à une « succession de cadeaux » qu’elle s’est elle-même offerts les années précédents la sortie, que Raw a put être finalisé. Exemple: au lieu d’acheter la dernière paire de baskets à la mode, elle préfère se payer des séances photo professionnelles, des déplacements, du matériel, des featurings... Quand on y réfléchit bien, ça a du sens lorsqu’on ne veut dépendre de personne pour réaliser son art ! En tant qu’intermittente du spectacle depuis 6 ans, elle vit de sa passion et travaille sur des réalisations sonores pour des spectacles de danse (Cie Subterfuge- Lyon). Les retombées professionnelles pour la jeune et ingénieuse productrice confirment la règle qu’on n’obtient rien sans effort et aussi sans une bonne dose de simplicité, cette simplicité-même qui lui permet la rencontre imprévue en lande écossaise avec Martin et Bet S du label Botchit et Scarper. Voici les faits : alors qu’elle accompagne au Glade Festival sa pote Mc, Chickaboo (qui excusez-moi du peu, assurait un set aux côtés de Rennie Pilgrem !), voilà qu’elle se retrouve en backstage à taper le godet et la conversation avec deux gaillards sortis de l’espace VIP pour se rapprocher des enceintes, le courant passe et les accointances artistiques suivent. Devons-nous rappeler que ce label a été un des premiers à croire au potentiel musical d’Aquasky ? à en juger par la carrière prolifique de ce virtuose du Breakbeat, on ne peut que souhaiter la même destinée à notre chère Flore ! Dernière étape : Observez, une fois les pétales tombés, la nature laissant un magnifique effet graphique. Fraîchement remarqué dès la rentrée 2010, le vidéo clip Cars est réalisé par les membres du collectif lyonnais Lighgraff. org (décidément cette ville regorge de talents !) , il offre un panel chatoyant d’illuminations bariolées, respectant à point l’ambiance urbaine, fraîche et punchy du morceau. On note le featuring endurant et bien balancé de la toasteuse Shunda K, qui pose également sa voix chaude sur les 12” The Test et Feel Me de l’album Raw. En parlant du titre Feel Me, une fois encore on n’est pas déçu des visus. Ce vidéo clip a décidément tout pour me plaire : décadent, assumé, charnel, féminin, limite fétichiste, on en veut ! Arrivé « comme une cerise sur le gâteau » pour la promotion de Raw, le clip a

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Pour conclure ce portrait, je dirais la même chose qu’à Flore en interview (qui a été agréablement indulgente au vu de mon état douteux résultant de ma birthday party de la veille!) : iI s’agit pour moi d’une des artistes électro françaises les plus abouties professionnellement, elle s’applique à peaufiner techniquement et artistiquement ses choix, reste fidèle à son univers groovy et coloré tout en laissant la place aux coups de cœur du moment. Toujours à l’écoute de son public, qui n’attend qu’une chose : la voir d’avantage sur scène chargée d’énergie bondissante, mettre le feu au dancefloor comme elle sait si bien le faire ! LONGUE VIE A L’ART FLORAL! Portrait réalisé à partir de l’interview de Flore du 20/11/10.

BACK TO BACK

Que dire à la personne qui danse sur son set : Vas-y, lachestoi ! La musique qui la fait danser : intense et sans concession. Si demain les vinyles étaient transformés en carburant pour 4X4 elle planquerait sous coffre : un album des Pink Floyd. Nombre de galettes dans sa collec : entre 1500 et 2000. Son morceau préféré : Comfortably Numb de l’album The Wall des Pink Floyd. Sa définition du silence : une parenthèse indispensable. L’artiste qu’elle aurait rêvé d’être aussi : une muse du peintre Gustave Klimt. Un artiste à soutenir : Maelstrom. Album de choix : Martyn (Dubstep). Un sample de voix dont elle aimerait détenir les droits : Un Sean Paul. Le label qu’elle aimerait créer : libre et novateur dans son fonctionnement et sa création. Un(e) ami(e) proche : une musicienne pop & psychédélique. Raw en 2 mots : SAUVAGE ET SEXY !! Les 2 mots de la fin : LIBRE ET FORT !!

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« Je ne définis pas ma musique actuelle comme du Breakbeat, je trouve ce terme trop connoté et réducteur, je préfère dire que je fais de la Dance Musique avec un côté anglais House UK Garage»

EXCLUSIVE FREE TRACK Bon plan pour les lecteurs du Bass Mag ! Attention durée de téléchargement limittée jusqu’au 16 mars ! 1. Connectez-vous sur la page http://www.flore-music.com/vip/ 2. Utilisez le mot de passe: getinvolved et téléchargez en exclu et gratuitement un track de RAW.

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FOCUS FOCUS || DUBSTEP DUBSTEP || FR FR

Texte : ALKALINE Photo : DR

HABSTRAKT Lights and Wires HABSTRAKT Dans le paysage urbain de la Bass Music, on a pu apercevoir récemment une étrange petite icône représentant un canard jaune (un peu comme celui posé sur le rebord de votre salle de bain mesdemoiselles...Ou, messieurs!). Il s’agit du sceau graphique d’un drôle d’oiseau du nom d’habstrakt. Ne cherchez aucun bouton pour démarrer l’appareil afin d’en extraire un son quelconque, il fonctionne par lui-même, avec une autonomie de plusieurs mois, voir plusieurs années. Pour la fonction « vibratoire », vous n’avez qu’à poser votre oreille du côté de ses prods, dj sets, et remixes, pour remarquer, que là encore, ça fonctionne tout seul, avec amplitude et sans pile ! L’art et particulièrement la musique, pour Habstrakt, c’est avant tout une affaire de famille. Trempé depuis sa plus tendre enfance dans le bain de la création, rien de plus naturel pour lui que de s’engager dans la voie des bidouillages et des recherches musicales. Quelques années et heures de sampling plus tard, le voilà bien posé derrière ses machines et sur scène, prêt à en démordre avec l’abstract bass music. Rien n’étant le fruit du hasard, observons donc les étapes de ce jeune artiste au port de casquette assumé.

& Run. Ragtime sort sur la compilation JFXBits # 4 (Jarring Effects). On retrouve en téléchargement libre 4 morceaux de l’EP Pianorama sur le label Château Bruyant.

2003 : Sous le nom de “l’Omelette”, il sort son premier album Trip-Hop A grands coups dans l’metronome, entièrement autoproduit (Electrobel Netlabel).

A écouter aussi leur remix de JJ Ceo Birthday, tombé d’un coup comme la neige au printemps, et en exclu, sur le Label Château Bruyant. Je me lasse un peu et range cet opus de « mélancolie de fin du monde » avec les nombreuses tracks Dubstep du moment. Il n’empêche que, mise à part que le dubstep ne soit pas selon moi, la meilleure voie musicale pour ce cher Habstrakt (et ce n’est certainement pas par manque de pirouettes techniques!), ce jeune artiste prometteur a tout le talent en lui pour nous surprendre. Il ne m’étonnerait pas de voir un jour son nom au bas de génériques du 7e art, ou encore au dos du coffret anniversaire d’un gros label !! J’exagère à peine, mais ma boule de cristal me dit, que ce gars-là a de grandes étincelles de génie en lui, et qu’il va devoir mettre du style à l’ouvrage et sortir son coeur du fond de ses Adidas vintages s’il ne veut pas rester cantonné au rang des artistes à l’éphémérité aigrie!

2009 : Créations sonores pour des productions audiovisuelles et théâtrales, notamment avec le collectif Art Maniak’s prod. Toujours en recherche de collaborations pluridisciplinaires, il intègre des performances live à des spectacles de danse contemporaine. Ensuite, comme beaucoup de jeunes producteurs de la génération wobble, Habstrakt découvre le dubstep... 2010 : On enchaine?! Remix du titre Freak pour le groupe The Wonders (Boys and Girl records). On appréciera aussi les images du clip baroque vampiresque réalisé par Art Maniak’s. Désigné en tant qu’« artiste découverte electro » du Festival Festipop (34). Collaboration avec Silent Frequencies pour le track The God of Death ( qui sortira en 2011 sur le label Neo Step Records). Remix du titre Headz Up pour Tambour Battant (label Château bruyant). Sortie du maxi Over / Maya sur le label anglais Dub

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A noter qu’Habstrakt se produit aussi désormais en duo avec Happy Face sous le nom de Digital Empire. Digital Empire qui a partagé en février l’affiche montpellieraine avec Doctor P, Dj Badjokes et Silent Frenquencies, le tout dans une bonne ambiance entre wobble addicted !

Sortez vos casquettes de papis boomés et vos mises en plis rose bonbon acidulé, il semblerait qu’on ait trouvé un jeune bon filon pour l’Habstrakt Oldschool Bass Music... Que la force du bass-adam-wan soit en lui !

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FOCUS | DRUM & BASS | FR

Texte : NARY Photo : DR

DIGITAL SOAP

X Ray / Totaal Rez / Bad Monkey / Hard Bass Dealers Radio Show

DU SAVON, DE LA BASSE ET DU CHICON, CHRONIQUE D’UNE NOUVELLE FIGURE DE PROUE DE LA DRUM N’BASS MADE IN FRANCE A Lille, il n’y a pas que les gauffres, les terils et les endives. Il y a aussi Digital Soap ! on ne pourrait présenter en quelques lignes le CV impressionnant de ces activistes de la scène française: Djs, organisateurs, animateurs radios... leur engagement dans le mouvement ne fait plus aucun doute, et depuis bien longtemps. Ma rencontre avec eux fut d’abord musicale: un fabuleux 12” signé sur Totaal Rez sorti cet été les a fait pour moi sortir de l’ombre, et semé dans mes oreilles les premiers germes d’une durable histoire d’amour. Des beats millimétrés, une mélodie envoûtante, des basses qui vous prennent une fois aux tripes pour ne plus jamais vous lâcher. Voici, je le pensais, la recette miracle qui allait faire la prospérité d’un son français hors du commun. Loin s’en faut pourtant, j’ai bientôt découvert qu’ils avaient bien plus d’une corde à leur lyre ! Naviguant entre sons Rock, Electro, Jump Up, ou Deep, ces joyeux drilles de la mère patrie du chicon

ont déjà beaucoup pour colporter à l’étranger la Drum n’Bass française. Et pour preuve, ils viennent de signer un nouveau single sur le prestigieux label d’Erb n’Dub, Bad Monkey. C’est ainsi avec plaisir que j’ai pu découvrir en avant-première leurs projets en cours: ils ont déjà parcouru un bon bout de chemin, et je le confirme, l’originalité et la technicité des sorties à venir en surprendront plus d’un ! Des riffs de guitare endiablés, de l’Amen break en veux-tu en voilà, de bonnes sub de mieux en mieux maîtrisées, des mélodies toujours aussi fascinantes. Et à en lire leurs producteurs préférés du moment, je commence à comprendre pourquoi j’appécie autant leur son: ASC, Alix Perez, Spor, State of Mind, Trent Reznor, … Que des figures de qualité !! Trêves de palabres, découvrons dès à présent ce qui se cache sous le capot de la machine Digital Soap...

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INTERVIEW | DRUM & BASS | FR

DIGITAL SOAP Interview Bass Music Magazine: Avant de parler concrètement de Digital Soap, pourriez-vous me retracer vos parcours respectifs dans le milieu Bass Music ? Ben : Ma première rencontre c’était l’album « Aphrodite » en 1999. J’ai pris ma claque immédiatement: la rythmique, le groove, la basse wobble... bref, une révélation. Juste après, j’ai découvert Roni Size avec notamment l’album « In the mood », et puis ma première soirée en 2000 pour les 10 ans du label Moving Shadow avec EZ Rollers et Aquasky (entre autres) et... le lendemain, mon premier vinyl, « RS2000 » de EZ Rollers. Alors évidemment, je suis devenu un gros consommateur de labels comme Moving Shadow et Full Cycle, puis par la suite Technique, Breakbeat Kaos quand je me suis mis à mixer en 2003. Depuis toujours je ne suis pas un gros consommateur de soirées D&B à la ‘Innovation’, je suis plutôt amateur de bons DJs assez techniques ou très musicaux à la Friction, John B dont j’adore les podcasts, alors je préfère les soirées Star Warz à Gand en Belgique, ou le Dour Festival. Depuis 2003 j’ai eu le temps de développer un style de mix original dans lequel je n’arrive pas à mixer un seul style de D&B: ça voyage énormément du liquid au neurofunk en passant par de la techstep ou du jump-up, le tout saupoudré de classiques du métal, du rock, Hip Hop, New wave... du genre « Master of Puppets » de Metallica, « Breed » de Nirvana, du Roots Manuva ou même la dernière fois « Take on Me » de A-Ha... Systématiquement, le dancefloor ne reste pas insensible à mes mixes, et j’avoue que faire pogoter tout le dancefloor de la braderie de Lille (qui est LA plus grosse street party D&B chaque année à Lille) avec un mix qui n’est pas que Drum n Bass et qui parle à plein de gens, c’est jouissif ;) Seb : Pour ma part, ça a été le Dour Festival de 99, l’élément déclencheur. J’y allais pour voir des groupes Hardcore Métal et j’ai pris ma claque sur le set d’Aphrodite. Après le festival, j’ai vendu ma guitare et commencé à acheter des disques puis des platines 6 mois plus tard. En 2001, nous avons créé Digital Soap pour notre 1ère date en live. C’était la fête de la musique, une date incontournable avec la Braderie de Lille pour nous produire dans la rue devant un public très large. Ensuite, on a continué à organiser des soirées dans les bars de la ville, puis Ben est venu se greffer au projet. On a lancé Hard Bass Dealers Radio show en 2005 sur RCV 99fm ainsi que des soirées d’une toute autre envergure : les Drum&Bass Supremacy @ Aéronef avec notamment John B, DJ Craze et Fresh, et les Jump All Night @ Opéra Night avec Total Science, Shimon ou Andy C. Côté studio, nous avons sorti notre 1er vinyle en 2005, sur X Ray Recordings, avec qui nous avons pas mal collaboré puis en 2010, un EP sur Totaal Rez Records.

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Quelle est exactement la rétribution des rôles au sein du groupe ? B : Nous n’avons pas de rôles prédéfinis. Même si aujourd’hui Digital Soap c’est surtout Sug et moi-même, depuis le début nous mixons tous les trois, nous produisons tous les trois... et je dois même avouer qu’en intégrant Digital Soap en 2004 j’observais plus que je ne participais, mais j’ai beaucoup appris, et aujourd’hui on apporte chacun notre contribution dans chaque domaine. Quel est, pour chacun d’entre vous, votre background musical, votre formation ? B : Je fais de la musique depuis l’âge de cinq ans. J’ai étudié le piano, le saxophone puis la guitare classique pendant presque 10 ans. Ca c’est pour la partie « scolaire ». En parallèle, j’intègre mon premier groupe de rock à l’âge de 15 ans. C’était très rock 70’s . A 16 ans, j’intègre un second groupe définitivement Grunge et Métal (bah ouais, on était en 94 !!!) ayant pour icônes tous les groupes de cette période là. Je suis donc resté bloqué sur toutes les déclinaisons du rock jusque fin des années 90, tout en écoutant aussi beaucoup de Hip Hop et de Rap Français de cette même époque grâce à un pote en particulier, et autant vous dire qu’à ce moment là j’aurais jamais imaginé être DJ un jour et encore moins faire de la musique avec un ordinateur. Le 21éme siècle à été un revirement total dans mes goûts musicaux: une grosse période reggae puis la découverte de la Bass Music en parallèle, de plus en plus de Hip Hop surtout anglais grâce à Ninja Tune et des types comme DJ Vadim, Roots Manuva et son premier album... Je me suis donc acheté des platines et commencé à mixer de tout, particulièrement des trucs qui n’avaient rien à voir ensemble (du Ray keith avec des riffs Neil Young ou Deep Purple par exemple) et puis je me suis mis à faire du son sur Fruity Loops petit à petit à force de voir mes potes se lancer dans l’aventure, pour en arriver aujourd’hui à ne plus toucher mes guitares que lorsque que j’ai besoin de guitares sur un morceau... S : Moi, mon background musical était également composé de cordes de guitares, mais plutot heavy metal hardcore. J’ai commencé la guitare a 13 ans et créé un groupe avec mes potes dont Stéphane. Ce n’est qu’après quelques années que j’ai découvert des trucs beaucoup plus posés comme Massive Attack ou Kruder & Dorfmeister mais également du hip hop, surtout de la scène anglaise Qu’est ce qui vous a motivés à vous réunir en un même projet ? quand cela s’est-il produit ? S : C’est en 2001 que nous avons trouvé un nom pour le projet. Avec Stéphane, nous travaillions déjà ensemble depuis quelques années. Nous avons découvert la Drum’n

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Texte : NARY Photo : DR Bass ensemble, il était donc logique de continuer dans cette voie. Au Départ, il avait un Atari avec Cubase et un sampleur Akai. On bidoullait des sons, mais on ne faisait pas encore de DnB. Ensuite, j’ai découvert Fruity Loops; c’était beaucoup plus intuitif. Nous avons donc appris les techniques de production de musique éléctronique et à force de travail, nous avons fini par sortir des morceaux qui commencaient vraiment à sonner comme nous l’entendions. C’était plutôt cool. B : J’ai rencontré Digital Soap en 2003-2004 lors d’une soirée au Détour (mythique bar lillois !), je les ai programmé à l’Amnésia, club dans lequel j’officiais en tant que programmateur et DJ résident, et suite à cette soirée, Sug m’a invité à venir mixer chez lui la journée (faut dire que j’étais pas très bon à cette époque là et c’était très courageux de sa part de me proposer un truc pareil !). Au fur et à mesure, j’étais invité à venir mixer dans les soirées de Digital Soap jusqu’à ce qu’ils me proposent d’intégrer le groupe fin 2004 si j’ai bonne mémoire. C’était pour moi l’occasion d’intégrer un groupe complètement différent de mes expériences passées, et aussi l’occasion de jouer beaucoup plus en soirée, de commencer à produire... bref, un nouvel horizon devant moi! Et je pense avoir autant apporté à Digital Soap que ce que j’ai reçu, le fait d’être à trois à vraiment générer un effet de groupe et ça à vraiment lancé la machine selon moi. Quelles sont vos influences respectives : autrement dit, dans quelle(s) marmite(s) êtes vous tombés étant petits, et à quelle sauce avez-vous été mijotés ? B : Mes parents écoutaient RTL, petit j’ai donc baigné dans la variété (beurk...). J’ai donc copié les K7 de mes potes pour écouter du blues, du rock, surtout du rock à la Hendrix, Led Zeppelin, Jefferson Airplane, puis Guns N Roses, Pixies, Metallica... les bandes originales de films aussi. Mais la marmite qui m’a fait cuire et la sauce avec laquelle on m’a mangé sont déjà décrites un peu plus haut. S : Forcément, il y a des influences Metal puisque j’ai baigné dedans plus jeune mais maintenant, je dirais que je ne suis plus seulement influencé par la musique. Je passe beaucoup de temps à regarder des films et des séries TV alors j’aime y trouver de l’inspiration, pour les ambiances des morceaux. Ca passe forcement par le sampling. Ce qu’il y a d’intéressant dans la dnb, c’est le mélange des styles; tu peux mixer des sons metal avec des gimmick reggae sur une rythmique commune à la drum ‘n bass. Pourriez vous me donner une ou plusieurs lignes directrices de Digital Soap : quelle pierre pensez-vous pouvoir apporter à l’édifice de la Bass Music made in France, quelle idée fondatrice est à la base de l’identité de Digital Soap ? B: Depuis le début nous avons essentiellement composé les morceaux en étant tous dans la même pièce, les influences de chacun transpirent donc un peu dans chaque morceau que nous avons fait jusque 2009: de la DnB dark, ou Trance, jump up, liquid, psychédélique, techstep... aux sonorités rock ou new-wave, métal, hip hop... Vous voyez donc que c’est difficile d’associer Digital Soap à un style précis. Depuis 2010 je travaille beaucoup plus tout seul sur mon laptop, il y a donc quelques morceaux plus récents de Digital Soap qui sont plus personnels, à l’image de « Lonely Rhodes » sorti sur

Totaal Rez en juillet 2010. Mais pour répondre à la question, je dirais que c’est finalement ça la ligne directrice, c’est de ne rien s’interdire. Après, le but n’est pas forcément d’apporter une pierre à l’édifice de la Drum n Bass en France ou ailleurs, mais en ce qui me concerne, c’est plus essayer de prendre des risques dans le but d’apporter une pierre à l’édifice de la musique en général, amener des gens vers la Drum n’ Bass en leur montrant que c’est une musique qui puise son origine partout, et que ça ne se résume pas à un gros beat et une basse wobble avec un MC qui hurle sur l’instru. Vous voilà forts d’une bonne sortie sur le label français Totaal Rez depuis cet été : vos impressions sur cette sortie, son histoire, les retours que vous en avez eus ? B: « The Sunday Tune » est un morceau qui date un peu, il à été composé à l’hiver 2008 au petit matin d’un dimanche d’après teuf, redescente... envie d’un son léger, aérien, appaisant... alors on s’est posé dans le studio en mode after et on à commencé à composer ce morceau. Beaucoup d’arrangements dessus: une guitare classique enregistrée à la maison, des harmonies de cordes entièrement composées, un sample de trompette, des voix, des synthés... donc beaucoup d’heures de boulot. « Lonely Rhodes », c’est un peu tout le contraire: je suis rentré chez moi un soir d’hiver avec cette mélodie de clavier Rhodes dans la tête, j’ai allumé mon laptop, branché mon casque et fait le morceau dans la nuit. On à mixé ça dans la foulée au studio et ça finit sur ce EP. Nous avons eu de très bons retours sur ce EP, d’autant plus qu’il à été dans le top 100 trackitdown pendant quelques semaines. Ce qui m’a surtout fait plaisir c’est que les deux morceaux ont plu et se sont retrouvés playlistés, ça m’aurait déçu qu’il y en ait un qui passe un peu à la trappe. Pour finir, des projets en cours ou à venir dans les prochains mois ? B: Plein de morceaux en cours évidemment, une sortie sur Bad Monkey le label de Erb N Dub et Tony de Future Profecies (BM005) c’est un EP sur lequel il y a « Colombian Twist » « Save the World », deux vieux morceaux de Digital Soap que Erb N Dub a écouté avant de venir jouer sur Lille, il nous a contacté, on s’est rencontrés et il nous a annoncé qu’il voulait sortir ces deux morceaux. Sur ce EP il y a également deux morceaux de L Plus un producteur que j’apprécie particulièrement, donc ça fait doublement plaisir. Nous sommes en discussion avec Bad Monkey pour les prochaines sorties et voire peut-être une collaboration mais on n’en dévoile pas plus pour le moment. Nous avons aussi toujours l’émission Hard Bass Dealers tous les jeudi sur RCV99FM à Lille, avec les podcast toutes les semaines, j’invite vraiment tout le monde à venir régulièrement sur la page soundcloud de l’émission parce que chaque semaine on invite un DJ différent, on lui demande de choisir deux morceaux, de nous faire un mix et de répondre à une interview, et parmi les invités à venir il y a le canadien John Rolodex, The Upbeats, Kantyse... on essaie d’inviter chaque mois un DJ international, un national, un local puis la dernière du mois on la fait en direct du Kiosk à lille, c’est gratuit et retransmis en direct sur RCV et en streaming.

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FOCUS | ABSTRACT HIP HOP | UK

Texte : PHIA M Photo : DR

DJ VADIM REPLONGEONS-NOUS UN INSTANT DANS LA SOIRÉE D’ANNIVERSAIRE DES VINGT ANS DU LABEL NINJA TUNE ORGANISÉE L’AUTOMNE DERNIER PAR LES TRÈS PROLIFIQUES ACTIVISTES DE LA BASS MUSIC DE LA TOTAAL REZ TEAM. DJ VADIM Y AVAIT FAIT ESCALE AVEC SA FLAMBOYANTE COMPAGNE YARAH BRAVO ET LEURS PRODUCTIONS PUNCHY POUR LE PLUS GRAND PLAISIR DE LA FOULE DU NINKASI KAO, QUI VENAIT DE PRENDRE SA CARTE D’EMBARQUEMENT POUR UN VOYAGE MUSICAL DES PLUS GROOVY. L’ÉQUIPE DU BASS MAG A PROFITÉ DE CETTE OCCASION POUR S’OFFRIR UNE VIRÉE AU CŒUR DE L’UNIVERS ONIRIQUE DE CE CITOYEN DU MONDE. Vous l’aurez compris, nous n’allons pas vous parler des prouesses techniques de cet artiste aguerri, mais plutôt faire ressortir sa vision de la vie et de l’art, qu’il défend au jour le jour partout où il fait rouler son flying-case. 1992, Vadim achète son premier sampleur. A l’instar des groupes de rock en formation qui font tout pour ressembler à leurs idoles, Nirvana ou Les Beatles, lui, s’imprègne de sons plus électroniques qu’il va piocher chez Mad Professor, DJ Premier ou encore House of Pain. Mis bout à bout, les samples deviennent des morceaux, la griffe Vadim commence à prendre ses marques. Des années plus tard, c’est dans les studios Ninja Tune que viendront résonner ses productions qui restent à ce jour indémodables.

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1999, Londres, Yarah, Vadim. Heureuse rencontre, amour, musique. Une première collaboration sur la tournée de The Russian Percussion, puis avec One Self et B.O.B. Yarah Bravo, petite brésilienne pétillante au grand charisme et au look vitaminé, est sur les startings blocks. L’alchimie entre les deux artistes est évidente. Mais laissons les divagations sur l’équilibre de leur vie de couple d’artistes en backstage et revenons à ce qui nous intéresse dans ces pages : la musique… Vadim a donc fait partie de la grande famille, l’institution Ninja Tune entre 1996 et 2005 : « on me demande souvent si c’est cool d’être pote avec Coldcut, Roots Manuva et les autres grands noms que compte le label, mais dans les faits,

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ça ne se passe pas vraiment comme ça. En fait, on ne fait que se croiser, les uns et les autres sont en tournée, il y en a même que je n’ai jamais rencontrés ! »

Frontières musicales effacées, frontières géographiques allègrement dépassées, Vadim le voyageur sillonne le monde avec ses machines et ses platines et y puise son inspiration.

Parlant de sa contribution au catalogue de l’un des plus prolifiques labels qu’aie connue la galaxie électronique à ce jour, l’humilité est de mise : « je n’ai pas fait grand chose en fait ! », s’exclame t-il. Pas grand chose = rien de moins que son premier album en 1996, USSR Repertoire, USSR Reconstruction, Life from the Other Side… En tout 5 albums et bon nombre de singles, remixes et EP en pagaille. Pas grand chose donc ?!

Ce soundcatcher vit à cent à l’heure et synthétise les bonnes vibrations qu’il glane aux quatre coins du monde, de Glastonbury à Burning Man [1]. Au fil de ses chassés-croisés à travers la planète, se tissent des rencontres, desquelles naissent de prolifiques collaborations, comme cette rencontre avec un certain Comfort Fit (« le meilleur album de musique électronique que j’aie entendu ces cinq dernières années » dixit Vadim) en Allemagne, il y a quelques mois. « On a commencé à travailler ensemble. J’ai vraiment envie qu’on fasse quelque chose de nouveau et frais. L’énergie est là ! » À suivre.

(Au fait, pourquoi USSR ? Vadim est un enfant de l’ex URSS, débarqué outre-Manche dans ses jeunes années, ndlr) Ce pas grand-chose a été principalement influencé par DJ Krush et DJ Cam, un hip-hop minimaliste et expérimental comme base à des digressions musicales inventives qui mêlent avec dextérité jazz, soul, bruitages et bidouillages électroniques de grande qualité. Sa musique, en perpétuel renouvellement, n’a pas de limites, brise les frontières et les étiquettes musicales : « La définition des styles est objective, et indépendamment du genre, il y a quelque chose de bon dans tout ce que nous entendons ! »

Daddy Vad, prépare notamment un projet avec Roots Manuva pour le collectif The Electric Sound Company. D’autres noms comme Erykah Badu, The Roots et De la Soul viennent s’ajouter à la liste prestigieuse de ces réunions riches d’expérimentations sonores. En bon homme-orchestre surbooké qu’il est, Vadim continue donc à écrire son carnet de voyages d’ouest en est, nourrissant nos oreilles d’un melting-pot sonore inspiré et généreux.

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BIEN DIFFICILE D’INTRODUIRE COMME IL SE DOIT CEUX QUI POUR MOI CRISTALLISENT EN UN SEUL ET MÊME “ÉTAT D’ESPRIT” MA PASSION POUR LA DRUM N’BASS D’AUJOURD’HUI. NON CELLE QUI LASSE ET SE RÉPÈTE, PAS CELLE QUE L’ON NOUS VEND COMME UN PRODUIT UNDERGROUND SUPPOSÉ EFFICACE. PAS PLUS CELLE DE PRODUCTEURS MORTS-NÉS QUI N’ONT GUÈRE DE VISION ARTISTIQUE QUE CELLE DE LEUR COMPTE EN BANQUE ET DE LEUR POPULARITÉ, NON, DÉFINITIVEMENT, PAS CETTE DRUM N’BASS LÀ.

STATE OF MIND

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INTERVIEW | DRUM & BASS | NZ

Texte : NARY Photo : DR

Mais plutôt de celle qui vend encore du rêve, celle qui prend des risques, qui se nourrit d’une réelle musicalité et d’un désir d’aller toujours plus haut, plus loin, plus fort, au risque de ne pas obtenir toute la visibilité qu’elle mériterait. C’est de cette Drum n’Bass dont nous parlerons ici, celle que m’ont fait découvrir il y a quelques années nos deux néozélandais préférés. Et Dieu sait s’il y en a, vous l’aurez sans doute remarqué, mais mieux vaut toujours garder le meilleur pour la fin ! Tantôt légendes, tantôt mentors, frères d’armes ou même amis, les State of Mind ont été pour moi la révélation sans laquelle je n’aurais peut-être jamais effleuré un vinyle. Les rencontrer, artistiquement et physiquement, a donc été logiquement l’une des meilleures expériences de ma vie: il me semble donc tout naturellement de mon devoir de vous les présenter comme ils le méritent. Pour m’avoir soutenue, écoutée, éduquée, et fait part de leurs dernières (énormes) sorties à venir, et même dédicacé un vieux slip tout distendu (non sans réticences, mais cela fait partie, pour eux comme pour moi, des choses que nous ne sommes pas prêt d’oublier !), je leur devais bien plus qu’un article, mais un manifeste. “State of Mind”, c’est d’abord un titre qui a sonné en 2005 aux oreilles de beaucoup comme une révolution: ‘Sun King’, titre mythique, hymne d’une génération qui est la mienne, et dont je ne ferai pas l’ultime affront aux junglists de décrire les traits et caractéristiques. Remarqués et signés dès leur première sortie sur le prestigieux label CIA, il n’ont eu de cesse de marquer d’une empreinte unique l’univers de la Drum n’Bass dans sa version la plus récente. Cette Drum n’Bass qui sait comprendre son passé sans le renier, englober toutes les influences Dubwise, Jungle et en retirer le meilleur, en l’actualisant, tout en s’ouvrant aux genres historiques plus lointains, comme le Trip-Hop, le Hip-Hop, le Métal et l’Electro. Et de tout cela a pu émerger un son unique, celui, reconnaissable entre mille, des parangons de la Drum n’Bass néozélandaise: aérienne et puissante, d’un équilibre parfait.

Celle qui vous fait décoller à mille lieues du dancefloor, qui vous fait oublier les baskets qui collent au sol et le voisin dans un état de décrépitude alcoolémique avancée qui vous marche sur les pieds. Et ce fut pour moi le début d’une histoire d’amour dont la pérennité me semble assurée par l’intégrité artistique et la force de la passion qui nous lie, eux et moi, comme la plupart de leurs fans, dans une même émotion, une semblable compréhension de la musique. Sans prétention aucune, car bien souvent le plus évident nous amène à l’essentiel, lorsqu’il est parfaitement orchestré et maîtrisé, réalisé avec finesse et intelligence, mais surtout, mû par une réelle passion et une indéniable exigence. Nous les avons ainsi retrouvés avec plaisir, au fil des ans, entre autres collaborations fructueuses avec leurs comparses européens de toujours: Mindscape, Chris SU, Black Sun Empire, mais aussi leurs fidèles compatriotes Tiki, Trei, The Upbeats, Bulletproof et plus récemment les Shapeshifter. Quelques sorties remarquées dont nous retiendrons les fabuleux ‘Rise & Fall’, ‘Flawless’, ‘Dirt’, ‘Kinetic’, ou encore ‘Thunder Biscuit’, de nombreux remixes, deux albums et une création de label plus tard, sans doute aucun, l’heure est au bilan ! Toujours accessibles, humbles, respectueux et honnêtes, Pat’ (Patrick Hawkins) et Stu (Stuart Maxwell) m’ont fait l’honneur de répondre à quelques questions, me permettant de retracer un peu plus précisément leur parcours, leur vision de la scène, de ses évolutions, leur credo musical et leurs perspectives: producteurs, DJs de tous poils, prenez-en de la graine, car, je vous l’assure, tant derrière les platines que dans les studios, ils valent vraiment le détour !

L’INTERVIEW Si mes souvenirs sont bons, le groupe a été formé en 2004: quelles étaient vos anciens parcours professionnels avant cela? comment avez-vous décidé de la manière dont vous vous partagerez les rôles sur et derrière la scène ? Stu: C’est exact, nous avons formé le groupe en 2004, et sorti nos premiers singles sur le label de Total Science, CIA en 2005. Il me semble qu’à l’époque Pat tenait un bar, et je construisais des aquariums ! Nous produisions des morceaux ensemble, comme ça, pour s’amuser, depuis à peu près 2001 ou 2002. On était fans de Drum n’Bass, et on voulait vraiment essayer de faire en sorte que ça marche, alors on a passé quelques années à peaufiner notre technique avant d’envoyer quoi que ce soit à quiconque. Nous n’avons jamais vraiment eu pour projet clairement défini de vivre de ça, en fait. On n’avait pas de distribution des rôles bien claire en

dehors de la scène, même si j’avais pour habitude de mixer la plupart de nos projets. Je connais des duos qui fonctionnent différemment, l’un fait les beats et l’autre fait la mélodie, ou quelque chose dans ce goût-là, mais on préfère travailler ensemble, tout simplement. Vous êtes à présent devenus l’une des figures de référence de la scene Drum n’Bass internationale, vous attendiezvous à un tel succès? Selon vous, qu’avez-vous apporté au mouvement, artistiquement parlant? (Rires) Vraiment ? Merci ! Eh bien, à vrai dire non, nous ne nous attendions pas spécialement à avoir l’opportunité de parcourir le monde, et de jouer nos morceaux un peu partout lorsque nous avons commencé, c’est certain ! Comme je ne me serais jamais douté que nous finirions un

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jour par jouer en Sibérie. Avec du recul, il est vrai que nous avons travaillé dur. Pour ce qui est de notre contribution à la scène, eh bien je pense que nous avons montré qu’il était possible de combler le fossé qu’il y avait entre entre la musique que l’on aime écouter sur son iPod, dans la voiture ou sous la douche, et celle qui fonctionne vraiment le samedi soir sur un dancefloor. Beaucoup trop de morceaux Drum n’Bass sont à classer dans l’une ou l’autre de ces catégories. Ils sont agréables à écouter mais inefficaces en soirée, ou au contraire ce sont de vrais tubes, mais le morceau manque de mélodie ou d’une réelle valeur musicale, alors il ne tourne que pendant une semaine, guère plus. Je pense que nos productions arrivent à trouver un équilibre entre les deux. BMM: Vos productions sont plus que souvent considérées comme de vrais joyaux de technicité et de créativité musicale: pouvez vous détailler et expliquer votre credo artistique, votre recette secrète? Chaque producteur a ses petits secrets. Les Chemical Brothers avaient ce panneau dans leur studio qui disait “ let the sample take control” (laisse le sample prendre le contrôle”): notre premier album porte d’ailleurs le titre “Take Control”, un petit clin d’oeil aux Chemical Brothers et à l’influence qu’ils ont eu sur nous. La Swedish House Mafia avait pour mot d’ordre “goosebumps never lie” (“la chair de poule ne ment jamais”). Notre recette secrète serait “si ce n’est pas parfait, c’est à jeter”. Cela signifie que si tu travailles sur un morceau et que tu as fait un son sans en être sûr, que ça peut peut-être le faire mais pas autant que tu le voudrais, alors c’est que ça doit partir à la poubelle. Cela nous oblige à travailler et travailler encore sur des morceaux jusqu’à ce qu’ils ressemblent exactement à ce que nous voulions au départ. C’est vraiment formidable de voir le nombre de fois où on travaille sur quelque chose pendant des heures, et puis on se dit “ eh bien ce n’est pas si mal mais...” et là, on efface le truc et on recommence à travailler sur autre chose de bien meilleur, en à peine cinq minutes. BMM: Comment percevez-vous votre propre évolution ces dernières années, et comment pensez-vous faire évoluer votre son à l’avenir ? Nous avons bien évolué au fil des ans. Notre premier album était tout en énergie, un peu au raz-des-pâquerettes, mais il y avait de vraiment bon morceaux dedans. Pour preuve, nous devons en jouer environ cinq à chaque show en ce moment, cinq ans après. ‘Faster than Light’, notre second album, était le signe d’une progression entre technicité et musicalité, mais je ne suis pas sûr que les deux étaient vraiment réunies. Nous avons bientôt fini le prochain album, et c’est encore un grand pas en avant. C’est de très loin ce que nous avons produit de mieux, et nous sommes même parvenus à concilier différents genres (pas de Dubstep cela dit). Il évolue dans un univers musical qui est assez unique en Drum n’Bass je pense. En bonne petite groupie, j’ai vérifié vos prochaines dates, et j’ai remarqué la mention “SOM Live” dans l’une d’elles, êtes vous vraiment en train de préparer une performance live? si oui, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce nouveau projet? Oui, nous faisons aussi un SOM live. Uniquement en Nouvelle-Zélande jusqu’à présent, à cause du coût de transport de toute l’installation, et de l’équipe. Je ne veux pas en dévoiler trop, mais en gros, nous avons démantibulé

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tous nos morceaux, (et je veux bien dire TOUS nos morceaux, ça nous a pris un temps fou) en petits loops, en général de 16 mesures. De là nous avons séparé toutes les différentes éléments des morceaux. ce qui veut dire que nous pouvons jouer à tout moment des séquences de tous nos morceaux à n’importe quel moment. Ensuite nous avons construit notre propre table de mixage artisanale. Chacun d’entre nous contrôle différents éléments du son. Par exemple, Pat gère rythmique, basses et mediums. Il s’occupe essentiellement de la partie rythmique. Je contrôle tous les vocaux, les pads, les textures, les leads, le hardware externe et les effets. Et pour couronner le tout, nous avons un vocaliste appelé MC Woody, qui est un artiste extraordinaire, et nous avons construit notre propre système d’éclairage. Il est géré par un Light-Jockey, et tout est synchronisé sans fil par MIDI. C’est vraiment énorme à voir. Cette année nous avons fait une tournée avec le Live en Australie, mais je ne suis pas sûr que nous le ferons pour l’Europe. Il y a vraiment un gros lot d’affaire, et une équipe au complet. J’espère qu’un gros festival nous bookera pour ça ! Vous avez été relativement discrets cette année par rapport aux précédentes. Quels projets vous ont occupés ces derniers mois ? Eh bien, nous avons travaillé sur le nouvel album. En gros, chaque morceau que nous écrivons, nous la mettons de côté pour l’album, pour que nous puissions décider quoi mettre dessus le moment venu. Cela signifie que nous avons une quarantaine de morceaux, pour un album qui doit en comporter quatorze. Je suppose que nous en sortirons quelques-unes que nous ne sélectionnerons pas en singles un peu plus tard. Nous continuons à sortir quelques titres 12” sur d’autres labels et sur SOM, je pense que le label a fait environ 5 sorties single cette année, mais nous avons vraiment concentré toute notre énergie sur l’album. Parlons un peu de vos talents de DJs. Vous avez été l’une des performances les plus intéressantes qu’il m’ait été donnée de voir en 2009, et vos podcasts sont autant de preuves de savoir-faire derrière les platines. Chaque DJ a ses petits secrets et sa propre conception d’une performance. Quels sont les vôtres? Je pense que la pire erreur que puisse faire un DJ est de plannifier tout son set à l’avance. Un bon nombre des plus grandes figures du mouvement en sont coupables. C’est tout à fait compréhensible, et c’est d’ailleurs une bonne chose d’être préparé, mais cela va trop loin à mon avis. Parfois, on arrive dans une soirée, et l’ambiance n’est pas celle que l’on attendait. C’est peut être un peu trop calme, peut être un peu trop exalté, peut-être que le public est dans un certain style de musique. Ça n’a tout simplement pas de sens de jouer le même set dans le même ordre, où que tu ailles. Ça va à l’encontre même du principe du DJ’ing. Au fil des ans, vous vous êtes constitué un très bon carnet d’adresses, sévissant sur les dancefloors du monde entier avec de fructueuses collaborations, dont celles avec Chris SU, Mindscape, Axiom, Tiki, Trei, BSE, ect. Avez-vous de nouvelles collaborations en tête, de nouveaux notables talents? Eh bien, nous avons récemment collaboré avec Subsonik, des Etats Unis. C’est un morceau que l’on retrouvera sur notre album. Nous avons également fait deux morceaux avec Jade de Hongrie, dont l’un se trouve aussi sur l’album, l’autre

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sortira sur son nouveau label Eatbrain. Nous avons aussi quelques projets avec Sigma et Chris SU sur le feu, et un autre avec BSE sur le point d’être terminé. A venir également quelques intéressantes collaborations avec des chanteurs. Vous voilà propriétaires de votre propre label depuis quelques temps déjà. Pouvez-vous faire un bilan de cette activité? L’activité du label a pris un peu de retard. Les quatre dernières sorties ont toutes été regroupées sur le deuxième semestre de cette année. Il y a eu quelques morceaux à nous, mais aussi des titres de Nympho, Dose, NC-17 & Telekinesis, et Black Sun Empire. La dernière a vraiment bien fonctionné. Les deux faces ont culminé à la deuxième place du classement Beatport, et sont toujours dans le Top dix ! A venir... disons que l’album est notre principale préoccupation à partir de maintenant. Nous produisons un EP qui sortira en vinyl, et une édition CD limitée. Pour résumer, si vous achetez l’EP, vous avez l’album entier gratuitement. Il sera également disponible en version digitale. Je suis vraiment impatient de voir tout ça prendre forme. Il y a déjà un minimix sur notre Soundcloud où vous pouvez découvrir les morceaux de l’EP, et quelques morceaux choisis de l’album. Je pose cette question à bon nombre de producteurs que je rencontre, parce que je pense que c’est un point crucial pour quiconque est investi dans le mouvement: comment percevez-vous l’évolution de la scène DnB actuellement? Il y a une tendance montante à se tourner vers des projets Dubstep ou Downtempo, comme le font par exemple les BSE, comme si les artistes cherchaient un renouveau dans différents genres. Certains producteurs ont peur d’assister à une division de la scène entre des sons édulcorés, commerciaux, et un nouvel “underground” Bass Music. Quel est votre position à ce sujet ? Eh bien, voilà un sujet assez complexe. D’une part, je ne vois aucun inconvénient au fait d’explorer de nouveaux genres. D’une certaine manière c’est devenu la norme. Nous apprécions la Progressive House, le Break, un peu tous les

genres de musique. Lorsque l’on joue, on introduit souvent des morceaux un peu limitrophes à la DnB. D’autre part, les gens qui sautent sur le train en marche pour produire un tube à peu de frais ont le don de m’exaspérer. Et cela arrive très souvent dans le Dubstep. Bien souvent, les morceaux sonnent comme de la Drum n’Bass, mais en plus lent. Et le terme de ‘Drumstep’ me sort encore plus par les yeux ! Ce n’est PAS UN NOUVEAU GENRE. Je peux vous jouer des kilotonnes de morceaux Drumstep qui remontent au moins à l’an 2000. C’est certain que parfois je me fais un peu de souci au sujet de l’actuelle division de la scène Drum n’Bass, mais à la fin de la journée nous faisons juste ce que nous aimons, et bien heureusement, ce n’est ni édulcoré ni underground. Quelques mots au sujet de votre prochain album: pouvezvous nous le présenter succinctement? quelles ont été vos nouvelles intentions? Pouvez-vous révéler quelques unes des collaborations que nous aurons le plaisir d’y trouver? J’en ai déjà dit un peu à ce sujet mais en voilà un résumé. Il s’appelle ‘Nil by Ear’, et sortira normalement le 11 avril sur SOM Music et ST Holdings. Il contient quatorze morceaux, onze Drum n’Bass et trois non Drum n’Bass. Nous travaillons encore sur la tracklist finale. On y trouve uniquement des collaborations avec Jade et Subsonik, parce que nous voulions que ce soit vraiment notre propre album, si tu vois ce que je veux dire. Il y a pas mal de collaborations avec des MCs de la scène néozélandaise, comme PNC, P.Digiss, Thomas Olivier, MC Woody, Sacha Vee, et j’en passe. Nous avons eu pour ambition de construire un album qui ne soit vraiment définissable dans aucun genre actuel précis, mais plutôt qui rassemble tout ce que nous voulions vraiment faire. Comme les choses évoluent, notre son a été largement influencé par un assez large éventail de styles et de sonorités extérieures à la Drum n’Bass. Un peu de tout, de la Progressive House au Rock, des rythmiques qui reflètent l’influence de l’ancien son de Leftfield et d’Underworld, d’une certaine façon. Je pense que c’est un son vraiment intéressant et rafraîchissant pour l’actuelle scène Drum n’Bass, et j’espère vraiment que les gens nous soutiendront !

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INTERVIEW | DRUM & BASS | AT

FOURWARD Suivant l’actualité de ce quatuor Drum n’Bass made in Eastern Europe depuis quelques temps déjà, j’ai su au fil d’une conversation avec State of Mind que ces jeunes freluquets nous préparaient un album, signé sur le prestigieux label Citrus ! Un peu piquée dans mon orgueil de Bass reporter de ne pas l’avoir su plus tôt, j’ai tenté de remédier à ce manquement par un harcèlement journalistique en règle. Heureusement pour moi, ils se sont montrés gentiment tout disposés à répondre à mes nombreuses interrogations sur cet ambitieux projet. Réunissant pas moins de douze titres, le résultat est à la hauteur de mes attentes et de leurs précédentes productions. Propre, contrasté, équilibré, techniquement bien abouti. Amateurs d’une Drum n’Bass puissante et mélodique, cet album est fait pour vous. Concentrant différents genres, de la Techstep à la Trancestep en passant par l’Electro et la Neuro, de diverses influences et d’une qualité de production tout à fait respectable, il méritait bien ces quelques lignes. Mais laissons immédiatement place à la parole riche d’enseignement de nos jeunes talenteux producteurs autrichiens. Bass Music Magazine : Fourward est une association de quatre producteurs différents, c’est beaucoup ! Pouvezvous nous donner quelques détails concernant vos affinités musicales personnelles, et la motivation profonde qui vous a poussé à partager le même nom, le même projet ? Markus: Nous nous connaissons tous depuis un bon moment avant même les débuts de Fourward. Nous sommes amis depuis une quinzaine d’années aujourd’hui et tout à commencé par un projet comme ça, “à la cool”, juste pour s’amuser. Je ne pense pas que quiconque d’entre nous se serait attendu au succès que nous avons actuellement. Nous avons tous un casier musical assez chargé ! Lukas produit de la musique électronique depuis environ huit ans, Niklas et moi jouions de la guitare dans diverses formations avant de tomber dans la Drum n’Bass, et Dominik fut le premier de nous quatre à s’être réellement investi dans la scène Drum n’Bass autrichienne, vers 2000. Même si certaines choses ont évolué au fil des ans je pense que notre amitié - avant et en dehors du projet Fourward - est un des éléments qui nous rendent forts et plus motivés, chacun joue le jeu. Voilà un petit moment déjà que vous avez signé votre dernier single sur Citrus, non? Un album est toujours un travail au long cours, pouvez-vous nous en dire un peu plus

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sur les origines de ce projet ? L’idée de faire un album a pris forme aux alentours de juin 2010. A cette période, nous arrivions à un stade où nous n’étions plus très sûr de la direction à prendre avec le projet Fourward, parce que nous avions tous déménagé dans différents endroits, avec chacun ses journées de travail, ce genre de choses. Lorsque Citrus nous a demandé de faire un album pour eux, nous avons décidé de saisir l’occasion, parce que pouvoir réaliser un album sous le nom de Fourward était une chose que nous avions toujours souhaitée. A posteriori, je pense que l’on peut dire que ce projet au long court était une nouvelle impulsion pour Fourward, je pense que ça nous a vraiment poussés à nous remotiver. M’est avis que vous avez toujours entretenu des liens de proximité avec la scène néozélandaise, d’Europe de l’Est, et leur façon assez unique de penser la musique... Et c’est toujours un plaisir de retrouver des collaborations avec des grands noms tels que SOM ou Mindscape sur cet album (et l’on retrouve d’ailleurs bon nombre de vos morceaux dans leurs mixes respectifs!) Pouvez-vous expliquer cette proximité culturelle entre vos sons ? Il est vrai que les figures de SOM, Mindscape, Chris SU ont toujours été d’une grande influence dans notre travail,

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Texte : NARY Photo : DR

nous avons toujours eu un immense respect pour leurs productions. Ce sont aussi les scènes de Nouvelle-Zélande et d’Europe de l’Est qui nous ont apporté en premier lieu leur reconnaissance. J’entends parfois ce que j’appelerais une tension entre différents genres de Drum n’Bass (en particulier Electrostep et Neurofunk) dans vos productions, comme par exemple dans le titre ‘Wishes’, est-ce une tentative de réconcilier ces genres assez génétiquement et esthétiquement opposés ? Nous n’avons jamais été de grands amateurs de toutes ces qualifications et subdivisions au sein de la Drum n’Bass. Tout n’est que de la Drum n’Bass pour nous, et je pense que c’est une chose tout à fait audible dans l’album. Nous pensons aussi que se limiter à un seul genre, à un seul style musical enferme et limite la créativité d’un artiste. La musique est une manière d’exprimer sa personnalité, et peu importe si c’est un morceau dark, deep ou un roller de Liquid gentillet. Pour nous, être capable de créer sur tous les tableaux est ce qui fait que l’on peut vraiment prendre du plaisir et s’amuser en faisant de la musique. Dans cet album, vous allez comme à votre habitude de temps à autre dans des domaines un peu plus deep, comme dans ‘Voices’, est-ce là une le fait d’une semblable volonté d’éclectisme ? Nous aimons toujours nous essayer à différents sons. Lorsque l’on écoute nos sorties sur Fokuz, elles sonnent complètement différemment de os sorties sur Virus par exemple. C’est une manière pour nous d’entretenir notre passion pour la Drum n’Bass. Nous ne voyons aucun intérêt à faire et refaire toujours le même loop “neurofunk” de 16 mesures. ‘You & Me’ est, je l’avoue, mon morceau préféré ! pouvezvous m’en dire un peu plus sur l’origine de ce projet original, et comment les SOM en sont arrivés à proposer un remix (tout aussi intéressant d’ailleurs, une très bonne rencontre artistique que voilà!) ? ‘You & Me’ est aussi le morceau préféré de Lukas dans tout l’abum, et je pense qu’il y a deux raisons à cela. C’est le premier morceau que nous ayons jamais terminé en l’espace

de dix heures, peut-être moins, ce qui est très très rapide pour nous. J’ai l’impression que les différentes composantes du morceau se sont toutes rencontrées d’elles-mêmes. La seconde raison est la manière dont le morceau progresse. Il passe par différentes étapes, différentes nuances émotionnelles, des parties centrales sombres, puissantes, aux breaks aériens et enjoués. Nous avons envoyé tout l’album aux SOM pour voir quel morceau il voudraient remixer. Mais d’une certaine façon, nous savions tous très bien que ‘You & Me’ était pour eux LE morceau. Bien que nous nous attendions à un remix Drum n’Bass, nous avons été encore plus satisfaits du résultat de leur remix Downtempo. Cela colle parfaitement à l’ambiance de l’album, et lui apporte une diversité supplémentaire. ‘Temptation’ sonne vraiment... Dubstep ! Je vois qu’un bon nombre de producteurs Drum n’Bass suivent un peu cette même voie en ce moment. Est-ce là une manière de suivre une mode ou le moyen d’élargir vos perspectives, de réunir vos influences respectives en utilisant votre savoir-faire en Drum n’Bass ? ‘Temptations’ est le premier morceau Dubstep que nous ayons signé, et je pense que beaucoup vont suivre. Lorsque l’on produit de la Drum n’Bass depuis un bon moment, c’est vraiment rafraîchissant de faire quelque chose de différent de temps en temps, et je pense que c’est la raison pour laquelle un si grand nombre d’artistes Drum n’Bass se tournent vers le Dubstep en ce moment. Il y a aussi pas mal de mixes qui circulent actuellement et qui contiennent non seulement de la Drum, mais aussi du Dubstep, de la House et d’autre styles. C’est une très bonne chose de voir tous ces genres se rejoindre, d’une certaine manière. Cela apporte une bonne diversité au mouvement, c’est très stimulant. Votre album est très attendu dans le milieu, mais comment envisagez-vous les choses après la sortie ? Nous allons continuer à faire ce que nous aimons, c’est certain. Nous avons déjà terminé un remix pour Jade, et commencé quelques projets Drum et Dubstep. Nous allons aussi continuer à collaborer avec d’autres artistes. Nous verrons bien ce que l’avenir nous apportera !

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Un premier album est toujours pour un musicien l’occasion de proposer son manifeste, de mettre en place une esthétique, jeter les bases d’une identité. C’est affaire de courage que de devoir rassembler ses cartes et soumettre à l’ensemble du milieu le résultat de mois, voire d’années de travail. Cern nous avait habitués à des productions Techstep assez homogènes, qualitativement satisfaisantes mais dont il était assez difficile de dégager un projet, une griffe bien précise. Cet album était donc tout naturellement fort attendu. L’enrobage a tout pour appâter: un teaser mystérieux, des visuels géométriques, monochromes oniriques qui ne sont pas sans rappeler les peintures surréalistes d’un Max Ernst ou du cubiste Raymond Art. Un album signé sur le label de Gridlok. Quelques premiers retours très positifs parmi les producteurs. Le producteur répond favorablement à la demande de la rédaction et nous envoie son travail. Et là...

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REVIEW | DRUM & BASS | NZ

Texte : NARY Photo : DR

Terminus LP CERN ‘Hopetoun Bridge’ donne le la: une introduction qui nous plonge dans une atmosphère fantasmagorique et inquiétante, des formules brèves et suspensives. Une production qui trouble, marche sur le fil esthétique de l’inquiétante étrangeté kafkaïenne: on touche à l’expressionnisme de la première heure, ce courant artistique qui proposait à l’entre-deux guerres des visions noires, angoissantes, déformant la réalité pour transmettre une immense intensité émotionnelle. Entre finesse et pesanteur, le déséquilibre est consommé: il s’agit de nous déstabiliser.

rythmique

‘True Talk’, ‘Wasabi’ et ‘Fools’ inquiètent, traversées galopantes dans les dédales infinis d’un labyrinthe diabolique. L’introduction de ‘Double Down’ rappelle les polars poussiéreux des années 1940: saxophones, fumée, action décousue. Le morceau est sombre, puissant, insaisissable, terriblement prenant.

Enfin, ‘Insignificance’, réalisé avec le grand Concord Dawn, est la rencontre unique de deux univers, deux savoirfaires définitivement hors du commun. L’introduction est magistrale, bien digne du producteur du légendaire ‘Morning Light’, oscillant entre tristesse, profondeur, et intensité. Un jeu de contrastes, une puissance, une perfection formelle qui feront certainement de ce morceau l’un des chefs-d’oeuvres que retiendra la postérité.

D’autres morceaux, comme ‘Lurch’ ou ‘Love of Fear’ comptent comme autant de démonstrations d’un savoirfaire plutôt unique en la matière: exprimer la violence implicitement, par la puissance, la maîtrise et la retenue. Autant dire que l’album en impose déjà. ‘Sheddin Skin’ semble vouloir rassembler toute l’esthétique de l’album, véritable thriller musical: on vibre, on retient son souffle au rythme de la basse. Et c’est délicieux, un produit d’une intensité et d’une efficacité rares. ‘What Remains’ est la preuve définitive que Cern sait apporter à la Deep Drum n’Bass la lourdeur et l’atmosphere malsaine qui lui font parfois défaut. C’est une semblable leçon que nous apporte le magnifique ‘Terminus’, sans doute l’un des morceaux les plus aboutis. On y retrouve tous les ingrédients d’une pièce de choix: le minimalisme, un travail

étonnant, une ambiance parfaitement orchestrée. L’équilibre est retrouvé, le projet prend forme dans sa totalité.

C’est donc bien un album nuancé, surprenant, riche et des plus intéressants que nous livre Cern. Torturé, subtil, grinçant, toutes les éléments sont rassemblés pour former le genre de tableau qui détonne, qui sort du lot. Il n’est pas là pour plaire, et donne à chacun la leçon que seule l’oeuvre véritable est à même de prodiguer: c’est seulement lorsque l’on perd ses repères habituels que peut émerger l’émotion artistique en tant que telle. Ici est né un artiste.

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INTERVIEW | DRUM & BASS | NZ Texte : NARY Photo : DR

CERN L’interview Bass Music Magazine : En voilà un énorme projet que tu nous livres là. Pourrais tu le présenter un peu plus précisément, les raisons d’un travail d’une telle ampleur, comment les choses se sont passées pour que cet album se retrouve signé sur le prestigieux label de Gridlock ? Ollie : C’est mon premier album, ‘Terminus’, que j’ai commencé à mettre en place à la fin de l’année 2008, après que Jonny, l’autre moitié de Cern, ait malheureusement quitté ce monde. Matty de Concord Dawn m’a alors proposé de sortir l’album sur son label Uprising pour une sortie CD sur la Nouvelle-Zélande, et j’ai sauté sur l’occasion. Après que j’aie envoyé à Gridlock quelques uns des morceaux sur lesquels je travaillais, il était motivé pour s’impliquer dans le projet, et tout est parti de là en quelque sorte. J’ai vraiment une chance énorme d’avoir eu une telle opportunité de sortir mon album avec l’appui de Concord Dawn et de Gridlok, je me suis donc mis à fond dans ce travail pour pouvoir lui donner un niveau et une qualité dont je puisse être vraiment satisfait, avec la volonté de créer un son unique. BMM : Nous avons affaire ici à un assez bon eclectisme dans cet album ! Tes dernières productions n’étaient pas aussi variées: pourquoi avoir fait le choix de produire ces nouveaux types de son? O: L’idée d’une musique versatile me plait vraiment. J’adore quand je peux m’assoir à la maison et écouter un album du début à la fin sans éprouver d’ennui. Tout est dans l’esprit de l’album, pas seulement les morceaux en tant que tels. C’était donc pour moi un enjeu majeur. Il était aussi important d’introduire des morceaux qui pourraient faire passer une semblable émotion en soirée, et c’était là un réel challenge de trouver un équilibre stable entre les deux. Je pense que l’album reflète tout ce que j’aime dans la Drum n’Bass, et je crois même que mes influences y sont clairement reconnaissables. BMM : Je considère ‘Shedding Skin’ comme une sorte d’introduction de tout l’album : elle nous plonge dans cette atmosphere très spécifique que tu mets en place à travers tout l’album, lourde et profonde, mais je peux me tromper ! Quel rôle attribues-tu vraiment à ce titre? O: Ce morceau, ‘Shedding Skin’, était un peu un clin d’oeil à

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mon groupe de Métal favori, Tool, et je pense que les percussions en disent long à ce sujet (Rires). J’apprécie juste vraiment ce qu’ils font et j’ai essayé de le retranscrire dans un sentiment Drum n’Bass. C’était juste quelque chose du genre de ce qu’on essaie de temps à autres pour faire quelque chose de différent de ce qu’on a l’habitude de faire, et à un moment donné, si tu as de la chance, il arrive que ça fonctionne. BMM : En bonne fan de Concord Dawn, c’est pour moi un réel plaisir d’entendre une de vos collaborations ! Et, ouaoh, quel chef-d’oeuvre ! Est-ce pour toi une bonne expérience? Comment vous êtes-vous partagé le travail? O: Matty et moi sommes très bons amis depuis quelques années déjà, mais c’était le premier morceau sur lequel nous ayons travaillé ensemble. Ce fut une expérience très épanouissante de travailler avec quelqu’un que l’on admire vraiment, et j’ai énormément retiré de tout ça. Nous nous y sommes attelés à l’occasion de sa tournée en NouvelleZélande, ça a continué lorsqu’il était de retour à Vienne, et nous avons terminé le morceau vers le milieu de l’année dernière. Les éléments que l’on peut y retrouver sont bien des produits typiques de Concord Dawn et Cern je pense. Nous avons échangé et continué chacun de notre côté jusqu’à ce qu’on arrive au résultat final. BMM : Nous pouvons aussi trouver dans cet album quelques morceaux d’une Techstep pure et dure, peut être plus conventionnels si l’on se réfère à ta discographie, est-ce que ces morceaux te sont venus plus naturellement? O: J’ignore s’il y en a vraiment eu de plus faciles à composer, mais j’adore la Techstep, tout particulièrement celle de la fin des années 1990, lorsque des albums comme ‘Tourque’, ou ‘Form & Function’ venaient de sortir. Je suppose que la Techstep a bien évolué depuis lors, et l’on retrouve donc naturellement différents styles de Techstep sur l’album, d’influences plus ou moins anciennes. Dans cet album, le morceau éponyme (‘Terminus’) est un regard lancé vers la toute première Techstep, un titre que j’ai réalisé avec mon ami Phantom, et c’est notre petit clin d’oeil à ces influences qui sont encore très fortes dans notre travail aujourd’hui. Des producteurs comme Source Direct et Photek restent selon moi sans égal.

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J’apprécierai toujours les morceaux de cette époque pour leur ambiance épurée, brute. BMM : ‘Double Down’ sonne pour moi comme le meilleur produit qui nous vient actuellement d’Angleterre, de cette nouvelle vague “deep”, représentée par des artistes comme Rockwell, Engage, Breakage, et j’en passe. Mais ça me semble relativement inhabituel venant de NouvelleZélande ! Comment en es-tu venu à créer quelque chose de ce genre? O: Avec ‘Double Down’, j’ai essayé de donner plus d’espace à mon morceau en me contentant d’une rythmique minimale. Tout l’enjeu était de composer quelque chose de dynamique malgré tout - et je ne fais pas de morceaux dynamiques si souvent que ça. Les producteurs que tu mentionnes font tous des choses très mentales, très torturées, et c’est vraiment une bonne chose de voir que la musique un peu plus conceptuelle gagne en audience. BMM : ‘Hopetoun Bridge’ was quite surprising to hear, oscillating between Dubstep & DnB, with a bpm at 160. Why did you make the choice of such a tempo ? Could you tell us the origins of this very exciting track ? ‘Hopetourn Bridge’ a été un peu une surprise, oscillant entre les univers Dubstep et Drum n’Bass, avec un Bpm à 160. Pourquoi avoir fait le choix d’un tel tempo? Peux-tu nous décrire les origines de ce morceau très, au demeurant très intéressant? O: Je pense que 160 Bpm est bien toujours du domaine de la Drum n’Bass. Les choses ce sont simplement accélérées depuis les années 1990, il était donc plutôt intéressant de faire un pas en arrière par rapport à ce que j’avais l’habitude de faire, et de ralentir un peu le rythme. L’idée de ce morceau m’est venue d’un des tous premiers enregistrements de Matrix sur Prototype, un morceau intitulé ‘Convoy’. Je me suis essayé au 160 Bpm pour explorer d’autres styles, et ce fut une bonne partie de plaisir, je pense donc que je vais tenter à nouveau d’autres expériences similaires dans peu de temps.

sur un seul titre? O: Oui, de très bonnes choses se profilent respectivement pour tous ces producteurs, et il peut être un peu compliqué de réunir tout le monde en même temps dans un studio, en particulier lorsque l’on vit dans des villes distinctes. Nous avons passé de très bons moments à composer ce morceau, comme toujours, et nous travaillons tous main dans la main depuis un bon moment déjà: je pense que nous avons une bonne demi-douzaine de collaborations en chantier en ce moment-même. Je suis vraiment impatient de voir la tournure que vont prendre les choses cette année, en particulier avec eux. BMM : As-tu déjà des projets en tête après la sortie? il me semble avoir entendu quelques rumeurs au sujet d’une tournée européenne, non? O: Oui, j’emménage en Europe au mois d’Avril, et ce pour une durée indéterminée. Je vais d’ailleurs y faire une tournée de promotion pour l’album, qui débute en Pologne la première semaine d’Avril, et qui durera a priori jusqu’en Juin. J’ai encore des dates disponibles, alors si quelqu’un est intéressé pour un booking, n’hésitez pas à vous manifester !

BMM : J’ai un attachement tout particulier pour ton ‘Love Your Fears’, selon moi le plus équilibré entre la force brute et la profondeur, avec des tournures très suspensives. Pourrais-tu expliquer comment tu as progressé dans ce projet, et ce que tu penses du résultat final? O: Merci. Ce morceau est un projet sur lequel j’ai travaillé avec plus ou moins de continuité pendant plus de 18 mois. Il s’agit donc de l’accouchement très lent d’un titre, une production un peu compliquée en somme, mais je suis très satisfait du résultat final. Gridlock a réalisé le mixage de l’album, et cela a fait monter tous les morceaux d’un grade dans mon estime, en particulier celui-ci. BMM : Nous trouvons une production à quatre mains néozélandaises sur cet album, cela n’a-t-il pas été trop difficile, tant de mains et d’esprits

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CHRONIQUES

Texte : M3T4, FABIO, ASCO, KPUSH

James Blake James Blake (R&S Recordings) Album - CD / Vinyl / Digital

James Blake est un fou, je dirais même un fou malade. Ce gars-là a 22 ans et il croit qu’il va révolutionner la scène Dubstep, Pop, Soul, Garage, Hip Hop (et peut-être même 8bitcrushsonicboom tant qu’il y est) avec son premier album. Sur Hmv ils disent qu’une fois que t’auras entendu ça tu pourras plus jamais mâcher une salade de ta vie. Faut croire, parce qu’il y a du génie dans la folie… Chronique ! Alors on résume l’évolution du dubstep : Mala, Skream, Coki, Caspa, Nero, James Blake ! …hum… Il y a comme une chose qui sonne faux là-dedans. Ne serait-ce donc pas la consonance incongrue du phonogramme présentement considéré ? (Plaît-il ?!). Sûrement. D’ailleurs une fois mixé avec le susnommé Nero, James Blake s’en retournerai avec un zéro. Une rupture d’innovation avec le reste à venir vous dénoterez.

Pourtant, le freluquet a plus d’un tour dans son sac, et je dirais même… plus d’une fronde dans son slip ! Car James hurle irrite massacre chante ! Et oui et il a une très belle voix même ; il la trafique bien sûr, mais là n’est pas le problème et puis, le résultat est absolument convaincant : on a James Blake, qui fait du James Blake… et il le chante. Tout ça c’est très personnel. D’ailleurs James aime bien les arrangements tordus, tant qu’ils sont bien amenés. C’est pareil avec la sub d’ailleurs… «point trop n’en faut» a-t-il dû apprendre un jour. En général, ce sont des chants qu’il y en a trop, mais James est trop fort, il reverse les champs de force avec une aisance… moi ça m’fout droit sur le derrière. Deux fois trop de chants, deux fois pas assez de sub… Je peux sentir une sorte de déséquilibre transparaître à travers cet album, si personnel et grand public à la fois. Mystère bizarre, je crois que je vais reprendre un peu de sucre. M3t4

Cosmos70 A Poet with Nothig to Say (Bee Records)

Album - CD / Digital Après Voices sorti en 2008, Cosmos70 signe un second très bon album sur le label lyonnais Bee Records, dont la sortie est prévue pour le 6 avril prochain. Cosmos70 offre un voyage introspectif en apesanteur qui fait beaucoup penser au groupe Air. L’album alterne symphonies spatiales (Holy Wheel), ballades pop atmosphériques douces comme In My Bones et Zombie

Nation, portées par la voix de Michel Robiche, des morceaux à l’ambiance plus lourde avec Hang Song et prend parfois un côté pop-psyché-rock avec Turmoil et Youth. Cosmos70 a trouvé une formule parfaite à base d’electronica, de chants dans l’espace et trip hop mélodique avec piano, violoncelle et clavier futuriste. Asco

Terravita Terravita (Rottun Records) Ep - Digital

Ces trois américains qu’on connaît aussi sous le nom de Hot Pink Delorean ont fait un long passage chez Technique Recordings puis Beta et Subsonik avant de finalement arriver sur le label d’Excision, j’ai nommé Rottun Records. Ces trois producteurs s’attèlent à créer la Drum and Bass la plus salace possible. On pourrait leur

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reprocher de toujours garder le même beat du début à la fin, mais combiné à leurs assauts de basses rapeuses et puissantes on ne se lasse pas. Mention spéciale à la old school Break The System à l’ambiance bien malsaine. Une grosse évolution depuis leurs premiers titres qui explique tout à fait logiquement leur arrivée chez Rottun.

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Fabio


CHRONIQUES

Texte : M3T4, FABIO, ASCO, KPUSH

Neat vs Submerse Close (Airflex Labs) Ep - Vinyl / Digital

Airflex Labs n’avait pas sorti de vinyles depuis quelques temps et si l’on met côte à côte leurs productions physiques on peut noter un changement important (si ce n’est radical) dans leur direction. Pourtant si l’on prend la chronologie des productions du label sans écarter le format digital, on comprend vite que cette sortie s’inscrit dans la trajectoire initiée par les sorties de Hubwar, Isotroph et Neat lui même. Chronique ! Sur ce maxi le producteur lyonnais et Submerse collaborent sur Close, un morceau au style Uk garage qui fait fureur chez nos petits amis britons. Un morceau progressif et deep, avec son drop à 4 minutes et ses vocaux pour une touche

résolument club. En face B Falty Dl pose un remix un peu décousu, une sorte de patchwork qui peine à convaincre en écoute mais qui éventuellement fonctionnera sur le dancefloor… La version de Jack Dixon lui fait de l’ombre aussi, car elle s’écarte par son approche particulièrement classe et lumineuse, qui vous fera lever les bras en l’air et emballer n’importe quel(le) partenaire un temps soit peu disposé(e). «Good shoot» pour Airflex donc qui signe ici un maxi important de son histoire et laisse entrevoir la direction des futures sorties du label. M3t4

Dragon Punch Spark (Meltdown Dubs) Album - Digital

Dragon Punch est un groupe composé de Blender, Eiko No Klast, Monsieur E & Tesla, 4 producteurs originaires de Tours ayant décidé de commencer à travailler ensemble en 2010. «Spark» est leur premier album, sorti en janvier sur le label Meltdown Dubs et quel premier opus!! Le style est résolument Dubstep avec des basses massives, un beat puissant et de grosses influences Hip-Hop. On est vraiment content de voir surgir depuis 1 an des morceaux de cette qualité sur notre bon vieux Hexagone avec des

productions qui n’ont vraiment rien à envier à nos confrères anglais. La scène est en train de se former petit à petit et Dragon Punch est un de ses acteurs de choix. Leur style est assez dirty avec beaucoup de samples qui renvoient la rythmique. Chose plus inhabituelle, ça scratche sur du Dubstep et à part quelques exceptions, on avait jamais trop vu ça ! Il faut gager que lorsqu’on s’y met, c’est toujours pour amener quelque chose de frais et on nous envie cela dans le paysage musical mondial. Kpush

Dj Marky FabricLive.55 Compilation - CD / Digital

Le dernier Fabriclive est mixé par Dj Marky, un vétéran de la Drum & Bass. Ce Dj brésilien a participé avec Patife, Drumagick et XRS Land (avec qui il a monté le label Innerground Records), a façonné un style Drum & Bass soulful teinté d’influences brésiliennes en intégrant la sensualité de la Bossa Nova et des élément de la Samba (que certains appeleront la Sambass). Après avoir chauffé tous les clubs de São Paulo dans les années 90, Marky devient une star mondiale grâce à Bryan Gee qui l’invite en Angleterre et lui permet d’être résident au Movement Club, au club The End et sur la BBC Radio 1. Il était normal que La Fabric finisse par lui demander un mix pour sa série. C’est

l’occasion parfaite pour Marky de nous sélectionner ses morceaux préférés du moment. Il a expliqué qu’il n’a pas voulu faire un mix orienté dancefloor, en enchaînant le plus de morceaux possible dans un mix purement technique, mais qu’il a privilégié la musicalité et la mise en avant de chaque morceau. Le disque qui semble être construit en deux parties commence par des morceaux très mélodiques puis prend un tournant beaucoup plus mental à partir de la moitié. Ce Fabriclive.55 qui contient entres autres des morceaux de Lynx, Klute, Skream et Marcus Intalex, est un mix liquid tout en finesse et chaleureux, à écouter tranquillement chez soi ou en warm-up pour l’apéro.

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CHRONIQUES

Texte : M3T4, FABIO, ASCO, KPUSH

Mosaïc Vol.1 Exit Recordings Compilation - CD / Digital

Exit Recordings est dans le paysage de la Bass Music depuis un bon moment, et si les débuts du label n’ont pas instantanément retenti dans toute la scène Drum & Bass et même au-delà, cette compilation est bien à même de réaliser cette augure… Chronique ! Et c’est Scuba qui ouvre la marche (Quoi un producteur de Dubstep ?!). Ce qui apparaît comme une singularité tend en faite vers la norme : Skream, Distance ou Synkro sont aussi de la partie ! Question esthétique, on a affaire à une alchimie nouvelle : comme la techno avait déjà flirté avec le dubstep, c’est cette double influence qui s’attaque présentement à nos 170 bpms préférés et les modèlent de manière plutôt inhabituelle : ça semble aller à moitié aussi vite ( ?!), ou alors c’est deux fois plus lent (au choix).

Etrangement pourtant cette compile développe un son qui (me) rappelle la drum & bass «late 90’s», marquée par les productions de RH, Metalheadz ou Virus, si bien que ça donne envie de ressortir les bons vieux Optical et autres Usual Suspects. Le spectre de la Techstep est bien là, mais dix ans plus tard, si bien qu’une certaine maturité se dégage de cette compilation (ce qui est plutôt agréable pour de la drum & bass). Les nouveaux venus, tels qu’Indigo, Stray ou Dan Habarnham apportent une fraîcheur certaine et ajoutent encore en profondeur de champ. Si vous avez aimé les productions des labels Nonplus+ et autres Inside (June Miller !), cette compil’ est un «must have» : elle vous sert le son deep de la drum & bass sur un plateau. Alors dites merci à Exit et suivez les de près, le bonhomme dBridge n’a sûrement pas dit son dernier mot. M3t4

Pavel Dovgal Slowmotion (Drugoy Hip-Hop) Ep - Digital

Le producteur originaire de Russie, Vladivostok pour être précis Pavel Dovgal propose trois titres, en téléchargement gratuit, sur un EP intitulé Slowmotion. On retrouve bien l’univers découvert avec son premier album Cassiopéia. Au menu, gros beat hip-hop, synthé psychédélique, samples de voix soul et

passages Dubstep down tempo sur-puissants sur le morceau Juno qui ouvre l’EP. On continue dans une mouvance hip-hop avec le second morceau Dance Of The Parallel pour finir par une track expérimentale, au démarrage lent à l’ambiance mystique pour déboucher sur un genre de hip-hop breaké intitulée Wolf Of Their Hearts. Fabio

Magnetic Man Magnetic Man (Columbia) Album - CD / Vinyl / Digital

Certains les considèrent comme des génies, d’autres les accusent de participer à la mort du dubstep. Ce qui est sûr, c’est que le groupe dubstep le plus controversé du moment ne laisse personne indifférent. Skream, Benga et Artwork, les pionners du genre ont créé l’évènement en s’associant au sein de ce projet live monté et financé grâce au Art Council anglais. Avec cet album signé sur Columbia, le trio a réussi le tour de force d’avoir à la fois des morceaux classés dans les Top Charts et d’autres joués dans les clubs du monde entier.

rugissements sur Fire : « Magnetic Man a go bun dem ! »; ah ouais trop rasta les MM en fait ! Ils ont en tout cas la recette pour faire des hymnes chers aux anglais à l’image du planant I Need Air avec la chanteuse Angela Hunte ou encore Perfect Stranger avec Katy B. John Legend clôture l’album dans un chaleureux et envoutant Getting Nowhere. Tantôt purement dubstep, tantôt pop-music, les morceaux cultivent un certain minimalisme avec des nappes trancy et des mélodies accrocheuses. N’en déplaise à certains qui leurs reprochent leur côté mainstream (oui les tracks passent même à H&M), cet album reste sacrément bien produit. Avec ce projet, Magnetic Man a au moins permis à une partie du grand public de découvrir le dubstep (Oui ? Non ? Je me trompe ? Ok !).

Après un morceau d’introduction entièrement aux violons (quoi sans basse !?), Ms Dynamite débarque avec ses

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Asco


CHRONIQUES

Texte : M3T4, FABIO, ASCO, KPUSH

Morgan Zarate Hookid (Hyperdub) Ep - Vinyl / Digital

Pour la première sortie Hyperdub de l’année Morgan Zarate propulse trois morceaux venus d’une autre planète. Hip Hop glitché ultra psychédélique dans une veine proche d’un Hudson Mohawke tranché à coup de mélodie à la parenté évidente avec Joker, il

expérimente ce qui lui passe par la tête comme le kick bucal présent sur Buy Bye. Il tisse un univers dense au possible dans lequel il est dur de saisir toutes les textures présentes. Hyperdub attaque l’année sur les chapeaux de roues avec un Zarate sur-vitaminé, à suivre. Fabio

Reso Valken (Civil Music) Ep - Vinyl / Digital

Après un Temjin aussi puissant qu’émouvant Reso revient avec un Ep de la même trempe. En trois morceaux il arrive à faire le tour de l’étendue de ses talents. Sur ce trois titres il envoie le bousin dès le départ avec un War Machine aux inspirations d’outre

atlantique, il continue sur un titre mélodique aux arrières goûts de Joker voir Rudy Zigadlo sur certains passages kaléidoscopiques. Il finit sur une note très calme, profonde et teintée de wobble avec le titre Aethra. Encore une bombasse de Reso et ça sort chez Civil Music. Fabio

Sepalcure Fleur (Hotflush Recordings) Ep - Vinyl / Digital

Deuxième signature sur Hotflush pour ce duo de Brooklyn, qui avait déjà sorti le ‘Love Pressure Ep’ sur le label londonien. Sepalcure nous propose avec ce nouvel opus (au titre ‘so frenchie’) une nouvelle balade, qui se pose même comme une sérénade… En tout cas la tracklist ne m’évoque rien d’autre qu’un hymne à la séduction… Chronique (pour vous mesdemoiselles ;) !

Boxcutter et Eskmo, ainsi qu’une troisième, mystérieuse, qui serait bien leur touche personnelle, faite de voix langoureuses et autres nappes de synthés planantes. Oui, c’est cette même émanation que vous retrouverez dans Your Love, qui vous flatte et vous enivre avec son évolution Garage ; jusqu’à l’abandon avec No Think, hymne dubstep aux accents techno : le beat se densifie, les voix s’entremêlent et se superposent, vous perdez toute notion... Un sentiment de béatitude vous envahit, et bientôt le dernier morceau, Inside s’achève…

Comme tous bons gentlemen, Sepalcure commence par vous offrir une fleur, dont la fragrance évoque tour à tour

M3t4

Camo & Krooked Pulse Of Time (Viper) Ep - Vinyl / Digital

Nos deux têtes blondes autrichiennes Camo & Krooked nous propose un EP de cinq pépites, toutes plus détonantes les unes que les autres. On coupe la poire en deux en matière d’intensité avec deux titres puissants : Fell Your Pulse en jump up sur vitaminé, et Cliffangher en grosse Drum neuro énergique à souhait. On continue avec deux titres dans la veine qui a fait leur succès

: Shoreless et Nothing Is Older Than Yesterday qui distille une belle Drum and Bass liquid enivrante aux sonorités des plus pures . La dernière perle de ce maxi est Reality qui n’a pas grand chose à voir avec le reste pour un titre jump up minimale difficile à apprécier aux premiers abords. On attend beaucoup d’eux pour 2011..

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Fabio

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FREE DOWNLOAD | FREE TRACKS

Texte : KPUSH

LA SELECTA DU DIGGA Free Tracks Comme j’ai la volonté de vous surprendre à chaque nouvel opus en essayant de trouver quelque chose de différent, d’original ou d’inconnu, ce numéro sera l’occasion de vous faire découvrir un style et une scène qui sont en train de monter en flèche cette année et qui n’ont pas encore beaucoup percé en France au vu du nombre d’artistes s’étant lancé dans la production de ce type de musique. Ce mois-ci fera donc la part belle à la scène californienne Glitch Hop: “Glitch Hop ? Mais qu’est ce que c’est ?” Il s’agit d’une branche du Hip Hop qui a émergé entre 2006 et 2008 poussée par le groupe Glitch Mob qui était à l’époque composé de eDiT, Boreta, Ooah & Kraddy. Le Glitch Hop utilise les sonorités du “Glitch”, une musique électronique expérimentale qui a émergé au milieu et à la fin des années 90 en Allemagne essentiellement. Glitch est un terme décrivant une défaillance matérielle telle qu’un CD qui saute, une distorsion numérique, la compression du son, le bruit des machines, les bugs informatiques, les erreurs systèmes... Surveillez bien ceci de près, dans un an, vous écouterez tous ça, c’est un style très proche du Dubstep qui est en train de littéralement exploser en ce moment! Enjoy! HEYOKA - MELTDOWN Heyoka fait partie des «anciens» et précurseurs avec un style inimitable qui a fait sa marque de fabrique: de multiples transitions et breaks avec une basse hypnotique. D’ailleurs le Californien vient de sortir un nouvel album intitulé «Mandelbass» en vente sur addictech.com que je vous conseille d’aller écouter. http://heyoka.cowurl.com

ILL-ESHA - TRON PURPLE LEGACY Ill-Esha est une productrice / Dj de San Francisco. Les filles sont peu nombreuses dans ce style et c’est toujours agréable d’entendre quelque chose de très bon au féminin. Le morceau est downtempo mais elle fait aussi du glitch hop plus classique et du dubstep. http://ill-esha.cowurl.com

TIMBALAND FT JUSTIN TIMBERLAKE - CARRY OUT (CRYPTEX REGLITCH) Ce producteur de Los Angeles âgé de tout juste 17 ans est connu pour ses nombreux remixes et bootlegs. Il est arrivé comme une tempête sur la scène et son premier LP «The LA Chronicles» devrait sortir cette année. http://cryptex.cowurl.com

RADIOHEAD - STREET SPIRIT (KNIGHT RIDERZ REMIX) Knight Riderz est un duo qui nous vient du Canada, connu pour leur son typique «Lazer Bass». Comme la plupart des producteurs Glitch Hop, beaucoup de remixes et notamment celui-ci où il

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s’attaque à Radiohead avec quelque chose d’assez respectueux de l’original. http://knightriderz.cowurl.com

HOTTUB - (FOUR) LOKOS ONLY (MOCHIPET PURPLE DRANK REMIX) «Je suis un mec qui fait le tour du monde en jouant ma musique habillé avec un déguisement de dinosaure violet. Que voulez-vous savoir d’autre ?» C’est ce qui est indiqué dans sa bio et ça décrit assez bien le personnage, Mochipet, c’est le gros son de la Californie ! Beaucoup de tracks en download gratuit sur son blog, allez y faire un tour: http://www.mochipet.com/blog http://mochipetlokos.cowurl.com

MF DOOM - 666 (SPANKBASS REMIX) On ne vous présente plus Spankbass, le plus Lyonnais des bretons. Il revient avec un gros son de basse et une construction hip hop pour ce bootleg sur lequel il s’attaque à une acapella assez difficile de MF Doom. http://spankbass.cowurl.com

SIA - BREATH ME (EVIDENCE’S WHO KNOWS REMIX) Ce producteur de Toronto est une découverte me concernant et ce morceau est mon coup de coeur de la rubrique. Le beat saccadé viens relever cette track aux sonorités très Trip Hop: du velour pour les oreilles !!! (le lien de téléchargement est dans les commentaires) http://evidences.cowurl.com

FAR EAST MOVEMENT - LIKE A G6 (MOCHIPET REMIX) Je vous ai présenté Mochipet plus haut, il signe ici un remix d’un morceau que l’on entend beaucoup à la radio en ce moment et qui ne sera peut être pas inconnu de nos lecteurs. http://mochipetG6.cowurl.com

BREAKAGE - HARD (FILTH COLLINS BOOTLEG) Filth Collins est un producteur Dubstep australien. Il nous livre ici un très bon remix du tube de Breakage: «Hard» http://filthcollins.cowurl.com

RESO FREE EP (BEASTS VIP / ABYSS / IDENTITY + EXCLUSIVE RESO MIXTAPE #1) Reso est un producteur anglais autant connu pour ses morceaux deep travaillées que ses autres productions qui sont beaucoup plus sales, cet EP en est le bon exemple avec des tracks Future Garage et le fameux «Warmachine» que vous avez sûrement déjà entendu tourner sur les dancefloors les plus sales!! http://reso.cowurl.com

LA SELECTA DU DIGGA Free Mixtapes FRESH2DEATH - I AM F2D (THE GRASSROOTS CALIFORNIA MIXTAPE 01) Fresh 2 Death, c’est l’alliance scénique de Ben Samples & Fisk, deux producteurs de Denver. C’est celle que je vous conseillerais en premier, vous allez comprendre pourquoi au bout de quelques secondes d’écoute !!! http://fresh2death.cowurl.com

VASKI - THE GATEWAY MIX Vaski est un Dj/producteur originaire du Minnesota. Tout juste agé de 19 ans, il a déjà cassé la moitié des dancefloors du monde entier avec ses mixs ravageurs alternant tracks sales et popstep. http://vaski.cowurl.com

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FREE DOWNLOAD | FREE MIXTAPES

Texte : KPUSH

DJ NONAMES - THE NEW YEAR OFFERING Dj Nonames est le Dj du groupe Foreign Beggars. Il nous offre «la» mixtape anglaise de la rubrique avec une selecta super éclectique alliant Hip Hop, Grime, UK Funky et Dubstep. http://nonames.cowurl.com

PHACE & MISANTHROP - GUEST MIX - BBC1 EXTRA Inutile de vous présenter le combo Neurofunk du Label Neosignal. Le mix est puissant, lourd et noir comme à leur habitude et il a peut-être cette saveur supplémentaire d’être enregistré lors de leur passage dans la mythique émission «OneXtra». http://neosignal.cowurl.com

DJ NOYL - J’AIME LE DUBSTEP N°95 Difficile et frustrant de pouvoir emmettre une critique sur le mix du plus Lyonnais des Montrealais (ou inversement, je sais plus...) Dj Noyl!!: ça commence avec la classique routine de scratch technique faisant office d’intro de tous ses sets. Ensuite commence la «dream team» selecta: que ce soit une track où tous vos amis Facebook ont tagué «like» dessus ou une belle inconnue, c’est grand sourire et doigt en l’air a chaque enchainement... http://djnoyl.cowurl.com

STANTON WARRIORS - LIVE FROM AVALON, HOLLYWOOD Un mix joué en Californie assez récemment puisqu’il date de janvier. Les ténors du genre nous balancent un mix Breakbeat / Miami & UK bassline accentué de quelques morceaux Dubstep, un de ceux que j’ai le plus écouté ces 2 derniers mois. http://stantonwarriors.cowurl.com

DJ REDRUM - BOOMTAPE Une mixtape qui sent les îles et les saveurs tropicales dont on a besoin en ce moment. La selecta est à l’image de cette rubrique, très éclectique et variée. Allant de morceaux UK Grime/ UK Funky aux plus tropicaux de la Bass Music. http://redrum.cowurl.com

HIGH RANKIN - 2010 ROUND UP MIX High Rankin est un des meilleurs producteurs Dubstep de la scène UK. Il nous offre ici un mix qui se veut une rétrospective des nombreuses sorties Dubstep de l’année 2010. Tous les artistes qui ont explosé cette année y sont: Flux pavillon, Bare Noize, Skrillex ou encore Pixel Fist. http://highrankin.cowurl.com

DOPE WIGGINGS - GOTHAM CITY PODCAST Dope Wiggings mixe depuis maintenant 9 ans. Passé par la Hardtek et la minimale, il est aussi MC depuis 11 ans et ses influences Grime l’ont poussé à s’orienter vers ce style. C’est d’ailleurs sa toute première mixtape en tant que Dj Dubstep. On attend impatiemment ses prochains podcasts qui promettent d’être bien lourds !!! http://dopewiggings.cowurl.com

SPECIMEN A - START THE PARTY MIXTAPE Funkatech nous offre une mixtape pour ce début d’année afin de relayer les nombreuses sorties de l’année 2010 sur le Label et notamment l’Ep Start the party de Far Too Loud. C’est Specimen A qui s’y colle et la selecta passe du nubreak le plus funky au Dubstep le plus dirty en passant par la Drum n’ Bass. Peut être le plus complet de la rubrique. http://specimenA.cowurl.com

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