N°03 || mai > septembre 2011
arts et culture à Bayonne
Entre Temps art contemporain
Marie Darrieussecq souvenirs & points de vue
Moustic
festival Black and Basque
Musée Basque la Préhistoire en famille
Ansot / expos
espèces en voie d’apparition
04 06 08 09 10 12 16 rencontre
dedans, dehors !
Marie Darrieussecq
Entre Temps La Luna Negra Black & Basque cabaret
de cour à jardin
en aparté
musée oh !
musée oh !
de-ci, de-là
José Luis Campana
La préhistoire au musée Basque
Plaine d’Ansot expositions
Ateliers d’artistes
édito
Vert ? Vert émeraude ? Vert espoir ? Se mettre au vert ? Et si être vert était synonyme de vivre mieux, ensemble. Si être vert rimait avec meilleure qualité de vie, plaisir. Feu au consumérisme outrancier ! Oui à l’abondance de la diversité ! Au « Tout-Monde » d’Édouard Glissant1 et au bon sens près de chez vous. Martine Bisauta et Beñat Achiary croisant leurs expériences, démontrent combien le développement durable est l’affaire de tous et la diversité culturelle le plaisir de chacun.
Raphaële de Gorostarzu pour Flux 43.5
Martine Bisauta : À Bayonne, on a absolument voulu que le quatrième pilier de l’Agenda 21, figurant dans les textes fondateurs de Rio, existe. L’intérêt était de mettre en exergue la culture dont le rôle est aussi fondamental que celui de l’économie, du social ou de l’environnement. Parce que pour moi, elle l’est. Or, avoir une identité forte ne nous empêche pas d’être reliés à l’ailleurs et les Éthiopiques en sont un exemple, en évoquant le continent noir, l’Afrique. Ce qui est essentiel, car d’une certaine façon, le développement durable revisite le lien que l’on a au monde.
Martine Bisauta (à gauche) élue verte
Beñat Achiary (à droite) poète, musicien, programmateur des Ethiopiques
Beñat Achiary : Oui, oui, je suis d’accord ! D’ailleurs, on distingue sur le coude du personnage de notre affiche Antoine d’Abbadie d’Arrast, Basque, il était astronome et explorateur notamment de l’Éthiopie. Car il nous plaisait de mettre en lien notre festival avec une personnalité d’ici, reliée au monde. Le nom de cette manifestation découle également de la lecture de Bernardo Atxaga2, qui a écrit Etiopikoak, très beau livre de poésies. Il y a les Éthiopiques de Corto Maltese3, ou bien M. B. : Les Éthiopiques concrétisent le fait celles de la collection de disques4. Il y a des que la parole artistique peut amener à faire petits confluents d’imaginaire qui nous ont comprendre le développement durable, amenés à choisir ce nom qui est pour nous comme vecteur d’équilibre dans une sociéle symbole d’une identité forte ouverte sur té qui a perdu nombre de repères. Tout est le monde. question d’équilibre et de raison.
B. A. : L’immense poète Édouard Glissant, à qui nous rendons hommage cette année dans le cadre des Éthiopiques, avait très bien compris cela. Déjà, après la tempête qui avait dévasté les bananeraies en Martinique, il disait : « au lieu de les replanter, inventons autre chose. » Il a d’ailleurs écrit avec Patrick Chamoiseau, entre autre, Les produits de haute nécessiM. B. : Il y a une autre notion que l’on retrouve dans les Éthioté, où ils repensaient le panier de la ménapiques et qui est pour moi primordiale, c’est la sauvegarde de gère. Mais selon moi, c’était en fait tout le notre singularité linguistique. Le basque fait partie du patrimoine sens de la vie qu’ils interrogeaient. Je crois universel. Et je ne vois pas pourquoi on s’inquiéterait d’une esque quand on met tout cela bout à bout, on pèce animale qui s’éteint et que l’on fermerait les yeux devant une a l’Agenda 215. langue qui disparaît. Pour moi, c’est exactement la même richesse de l’humanité. • Contacter Flux 43.5 Si vous souhaitez communiquer votre actualité artistique & culturelle à la rédaction de ce journal, vous pouvez nous écrire à l’adresse flux43.5@gmail.com Flux 43.5 arts & culture à Bayonne est désormais sur facebook :
1. www.edouardglissant.fr 2. www.atxaga.org/en 3. www.cortomaltese.com 4. www.afrik.com/musik/ethiopiques/artiste/430 5. http://agenda21culture.net
www.facebook.com/profile.php?id=100002131803294 Flux 43.5 est une publication gratuite de la Ville de Bayonne. Direction de la publication : Jean Grenet Rédaction et concept : Anne-Laure Montharry / almproduction Design, reportages photos : Raphaële de Gorostarzu / tactique graphique Diffusion : 5 000 exemplaires Impression : imprimerie Mottaz Adresse : Direction de la communication, BP 6004 - 64109 Bayonne Cedex
delirium plastic || Maritxu Etcheto Jeune artiste, issue de l’ENSBA de Lyon (promotion 2010 – félicitations du jury). Son œuvre ci-dessus est une ébauche de l’installation qu’elle présentera au cloître de Bayonne dans le cadre de l’exposition d’art contemporain Entre Temps, du 1er juin au 17 juillet.
e-mail : communication@bayonne.fr Tél. : 05 59 46 60 40
www.bayonne.fr Couverture : François Loustau, commissaire de l’exposition Entre Temps, à l’assaut du mur pare-boulets à Bayonne Photo : Raphaële de Gorostarzu pour Flux 43.5
Merci à Isabelle et Patrice Bellon, propriétaires de la péniche/ chambre d’hôtes, La Djébelle, amarrée quai de Lesseps. contact@djebelle.com
04 4
Les copains d’abord
05 5
rencontre || marie darrieussecq
Lors d’une entrevue sur le pouce, avant sa conférence au musée Basque, Marie Darrieussecq l’auteur de Truismes, vendu à plus de trois cents milles exemplaires, nous livre sa ville, ses souvenirs d’adolescente, et ses convictions personnelles.
Q
ue vous évoque la ville de Bayonne ?
Bayonne c’est surtout ma scolarité, Marracq, puis Cassin. Le Thiers qui était notre « QG ». Ensuite, adolescente, je vivais à Bassussarry et je venais à mobylette faire les magasins, c’était très excitant. Ce goût du shopping m’est bien vite passé, d’ailleurs. Cela dit, Bayonne était pour moi synonyme de balade urbaine, tandis que Biarritz c’était la plage et la mer. La vie imaginaire était plutôt axée sur Biarritz, j’ai un imaginaire très lié à la mer, c’est mon tropisme. Vous savez chez Proust, il y a le côté de chez Swann et le côté de Guermantes. Ici, il y a le côté de Bayonne et le côté de Biarritz. À Bassussarry, j’étais comme une tortue qui se trouve à peu près à mi-distance des deux villes et qui file directement vers la mer. Bayonne c’était les copains, c’est ici que j’ai pris goût au café noir en lisant mon journal, geste que je perpétue en vivant à Paris. J’aime aussi beaucoup les fêtes, rendez-vous du mois d’août que je ne manque jamais. Mon grand plaisir c’est d’y inviter Anglais et Parisiens. Je me souviens d’y avoir amené un ami anglais, psychanalyste. On avait trente ans, il ne voulait absolument pas s’habiller en rouge et blanc, c’était un truc facho. Mais au fur et à mesure que l’on s’approchait de la ville et qu’il voyait que c’était le seul en petit cachemire noir sur un jean, il a fini par changer d’avis et par s’acheter un foulard rouge. Il a prononcé une phrase devenue culte à la maison, « Quel étonnant phénomène de groupe ! », (dit Marie en imitant l’accent anglais de son ami). Je trouve vraiment que jusqu’à deux heures du matin, c’est très sympathique. Alors, il y a un problème d’alcool, soit. Mais j’ai eu la chance de beaucoup voyager et je ne connais pas de pays où l’on fait la fête sans alcool, en Chine, en Islande ou au Mexique. Si, dans les pays musulmans, ce sont les seuls, mais certains là-bas fument beaucoup de hachisch. Je veux dire par là qu’il y a toujours une substance qui vient vous sortir de votre cadre neuronal habituel. L’alcool peut-être un problème de santé publique, mais les fêtes à l’eau, je n’y crois pas non plus. Et puis la vie, c’est salissant, il faut arrêter avec l’hygiène, toujours l’hygiène.
Vous venez d’achever une série de conférences traitant de la place de la femme dans la littérature, vous sentez-vous écrivain, ou écrivaine ?
« Je pense que le genre est une espèce de construction théâtrale »
Je m’en fiche un peu, mon féminisme ne se place pas là. En revanche, je suis très féministe. Au fond, c’est au lecteur ou à l’interlocuteur de choisir. Moi, écrivain, ça me va, écrivaine, ça me va aussi. Auteure, je trouve cela un peu ridicule. En tout cas, c’est vraiment mieux que romancière. Vous voyez ce que je veux dire, ça a un côté roman à l’eau de rose, roman de gare. En fait, j’aime avoir le choix. Il n’y a pas de littérature féminine, ça n’existe pas, comme il n’y a pas non plus de littérature masculine. J’ai été invitée à des conférences à Bilbao et Vitoria pour en débattre. Mais on n’imaginerait pas inviter un homme à débattre sur le thème de la littérature masculine. Je pense que le genre est une construction théâtrale. Par exemple, là, je suis déguisée en femme. Je fais partie de ce petit groupe sur la planète de femmes qui ont le choix d’avoir une certaine liberté de s’habiller et de se déguiser plus ou moins en femmes. Dans certains pays, les femmes sont obligées de se déguiser en femme, et les hommes en hommes. Bon, donc le genre est complètement construit. On n’a pas le temps de développer, mais pour moi, Truismes est un outil très féministe qui dénonce toute cette mascarade de la construction de la femme en femme. Après cela, je suis très vigilante quant au droit à l’avortement, à la contraception, etc., et je considère qu’il faut l’être.
Nous dicutions à l’instant de la maternité, de l’allaitement prolongé au sein, quelle est votre réponse à Elisabeth Badinter à ce sujet ?
Elisabeth Badinter cite mon livre Bébé, dans lequel je parle de la liberté de l’allaitement en des termes assez péremptoires, mais j’ai changé là-dessus, dans le sens où elle a raison sur plein de points. À chacune de mes maternités, j’ai été en but à des réflexions incroyablement misogynes. C’est pour cela que j’ai écrit Bébé. En particulier, je me suis trouvée en proie à des espèces d’ordres donnés, par des sages-femmes. Je pense, notamment, au jour où j’ai ouvert mon ordinateur à la maternité, j’avais un bouquin à finir, tout allait bien. Et une sage-femme est entrée dans ma chambre sans frapper, en disant : « Ah non, fermez ça tout de suite ! Ça va gâter la montée de lait. » Non, le plus important c’est d’avoir le choix, parce qu’on est tellement « gavé » de conseils, qu’on ne sait plus ce qu’on veut.
Marraine de l’ONG Bibliothèques sans frontières, comment les soutenez-vous ?
Je leur ai prêté mon nom. C’est eux qui font tout. Je les suis un peu en prenant la parole lorsqu’ils en ont besoin. Ils sont intervenus notamment à Haïti. Ça a l’air dérisoire par rapport à ce qu’il s’est passé là-bas, mais ils ont sauvé les archives historiques. C’est très important parce qu’Haïti, avec le Liberia, est le seul pays à s’être décolonisé tout seul. Les archives datent de deux cents ans, elles sont fondamentales pour cela. Ils ont tout simplement travaillé à mettre un toit sur ces documents pour les sauver physiquement. C’est formidable ce qu’ils font !
Vous aimeriez maîtriser la langue basque suffisamment bien pour traduire certains textes, quels sont-ils ?
Raphaële de Gorostarzu pour Flux 43.5
Oui, je pense à Joseba Sarrionandia, c’est un grand poète. Il a été condamné à vingt-deux ans de prison, pour être un membre supposé de ETA. Je sais qu’il n’a pas tué, mais je n’en sais pas plus, et je ne veux pas le savoir. Il n’en est pas moins un grand poète, cela ne retire rien à son talent. Il s’est évadé en 1985 dans des circonstances complètement rocambolesques : en se cachant dans les baffles du chanteur Imanol. Cette épopée a d’ailleurs inspiré le groupe rock Kortatu, devenu célèbre avec son pogo Sarri Sarri. Je suis contre la violence, rien ne peut la justifier. Mais j’ai été extrêmement choquée par le silence des médias français, parisiens et madrilènes lors de la fermeture d’Egunkaria. J’ai trouvé cela hallucinant dans une supposée démocratie. J’écris dans la presse à ce sujet dès que je le peux. À Paris, les gens ont du mal à comprendre, ils s’intéressent aux tapas, mais pas au Pays Basque. Ils ont tendance à juger sans savoir. C’est très jacobin, Paris. Personnellement, je suis basque, française et européenne. Je ne renie aucune de mes origines. J’adore la République française, mais c’est un esprit terrorisé par les minorités.
Pourriez-vous nous recommander un lieu, un disque, une œuvre d’art ou autre chose que vous appréciez particulièrement ici ?
Un Boticelli au musée Bonnat, en tout cas quand j’avais seize ans il y en avait un. Bayonne ignore parfois ses richesses. Le cloître de la cathédrale, je suis profondément athée, mais c’est un endroit que j’aime énormément. Les pains aux raisins de chez Mauriac sont excellents. La salle de gym, qui n’existe plus, Henri-Labat. Le chemin de halage, quand je suis là, je l’emprunte à vélo presque tous les jours. Roland Barthes, c’est un auteur que j’ai énormément lu. La bibliothèque municipale, pour moi, a été fondamentale. Je l’ai écumée ainsi que la discothèque. Enfin, un poète que j’aime beaucoup aussi, c’est Jean-Yves Roques. •
livres Sélection livres d’art de la Gallibrairie, 24 Rue Sainte Catherine Tél. : 05 59 55 09 39
Klimt de Christian. M Nebehay Trad. de l’allemand par E. Kohler Coll. Grandes monographies Ed. Flammarion (2009) Après une description de la vie et de l’oeuvre de Klimt, l’auteur évoque le milieu intellectuel viennois en 1900 et retrace les rapports du peintre avec des artistes contemporains (Klinger, Rodin, Hoffmann), des écrivains et critiques d’art, ainsi qu’avec des mécènes et collectionneurs.
Dictionnaire culturel des sciences sous dir. de N. Witkowski, Ed. du Regard-Seuil, Cet ouvrage aborde les découvertes au travers de faits historiques, d’idées, de lieux, d’œuvres. En 1 000 articles concis, il balaie l’ensemble des disciplines. La remarquable iconographie mêle des tableaux de maître, des gravures, des affiches, des scènes de films, ainsi que d’admirables photographies au cœur de la vie et de la matière. J.-M. B. (L’express. fr)
Surréalisme de Mary Ann Caws Ed. Phaidon (2006) Cet ouvrage, avec une subtile érudition, marque de façon nette les différentes inflexions de ce mouvement en proposant un retour sur ses figures majeures à l’aide de reproductions de grande qualité. G. Benoit (evene. fr)
Couleurs : toutes les couleurs du monde en 350 photos. Michel Pastoureau Ed. Le Chêne (2010) Michel Pastoureau présente dans cet ouvrage un dialogue silencieux d’images qui racontent le monde à travers le langage secret des couleurs. Un vrai livre de photographies, un objet précieux qui rend hommage à la couleur dans ses multiples nuances.
à savoir :
Place des bouquins
Place du Marquisat A l’occasion du Parcours d’Artistes et de la Nuit des musées le 14 mai prochain, l’association De l’art dans l’air et la mairie de Bayonne organisent un marché aux livres. Cette seconde édition sera placée sous le signe de l’art : libraires, éditeurs, bouquinistes, auteurs et… lecteurs se retrouveront pour fêter le livre dans une ambiance conviviale. Sont également prévues différentes animations (expositions, lectures, contes, poésie).
06
dedans, dehors || art contemporain
J’ai également invité des artistes espagnols, tant il est vrai que la production artistique de l’autre côté de la frontière est foisonnante. Les centres culturels de Saint-Sébastien, Vitoria, Pampelune, offrent régulièrement des propositions artistiques qu’on leur envie, sans parler de Bilbao. Ainsi, Carlos Irijalba, artiste originaire de Pampelune, proposera des photographies de très grande dimension, assez impressionnantes, mettant en scène la nature de façon spectaculaire. Il a déplacé d’énormes projecteurs, provenant d’un stade, et a éclairé une nuit la forêt d’Irraty. Ici, l’homme s’empare de la nature, et la ville s’étend inexorablement. Son œuvre devrait être au Carré Bonnat, lieu emblématique pour l’histoire de l’art contemporain à Bayonne. À ses côtés, sera proposée la vidéo de Perejaume, sorte de tableau vidéo, tranche de nature, qu’il signe Courbet. Le travail de Carlos Irijalba et celui de Perejaume, côtoieront l’installation de trois mètres par sept d’Isabelle Coronaro Paysage avec poussin et témoins oculaires (acquisition du FRAC Aquitaine), qui joue avec humour sur la notion de perspective et de perception de l’environnement. Elle nous pousse à voir, à regarder avec plus d’attention. Dans un jeu de perspective simple, elle dispose des objets allant des plus imposants au plus petits, qu’elle regroupe sur des boîtes en bois en fonction de leurs sens. Au sol sont disposés des tapis aux motifs végétaux, et à nos pieds une nature domestiquée. Les boîtes font référence à une des techniques de Nicolas Poussin, qui construisait de petites chambres noires percées d’un trou par lequel il regardait une mise en scène de figurines et d’objets en cire composant les éléments du paysage qu’il était en train de peindre. Là, nous faisons un petit clin d’œil au Musée Bonnat également, qui vient de fermer ses portes. C’est une exposition qui permet de redécouvrir des lieux du quotidien des Bayonnais, posant un regard un peu nouveau et attentif sur ce patrimoine. Par exemple, au cloître, l’œuvre créée à l’occasion par Maritxu Etcheto1 permettra de voir différemment cette architecture gothique, de prendre le temps de s’y poser en appréciant à nouveau l’endroit où l’on vit. Le regard s’affine. Maritxu Etcheto a fait les Beaux-arts de Lyon. Son univers est très coloré, un
dr / Adrien Couvrat
« Traverse », 2010. Installation d’Adrien Couvrat
Entre Temps
Isabelle Cornaro, Adrien Couvrat, Bertrand Dezoteux, Maritxu Etcheto, Carlos Irijalba, Nicolas Milhé, Perejaume En 2011, Bayonne rejoint le réseau national des Villes d’Art et d’histoire, prestigieux label décerné aux villes qui œuvrent pour la valorisation du patrimoine. Cloître, Carré Bonnat, musée Basque, Poudrière, sont autant d’espaces où Entre Temps se propose
respect et la tolérance nécessaires à la cohabitation de l’ensemble. François Loustau,
exposition 1er juin > 17 juillet Carré Bonnat Isabelle Cornaro Carlos Irijalba Perejaume Cloître Maritxu Etcheto Musée Basque Bertrand Dezoteux La Poudrière Adrien Couvrat Quai Galuperie Nicolas Milhé
Philippe Echaroux Photographie appartenant à la série « WHERE IS MANKIND ? » dont lvente a pour objectif de générer des fonds au profit de l’UNICEF
commissaire de l’exposition, nous en explique les objectifs.
« L’
Traverse, 2010. Installation. Vit à Paris. 2010 « Regards », Centre d’Art Bastille, Grenoble. 2009 « Fables et fragments », Beaux-Arts de Paris. 2008 ENSBA.
Bertrand Dezoteux
Zaldiaren Orena, 2010. Vidéo 20’. Né en 1982. Vit à Bayonne et Paris. 2010 « Reset », Fondation Ricard, Paris. « Dynasty », Palais de Tokyo, Paris. 2008 « Panorama 9-10 », Le Fresnoy, Tourcoing. 2007 « Roubaix 3000 », Espace Croisé, Roubaix.
Maritxu Etcheto
Interlope, 2011. Installation. Née en 1986. Vit à Tardets. 2011 « Silents Lectures », 6B, Saint-Denis. Promotion 2010 ENSBA Lyon.
Carlos Irijalba
Twilight, 2008-2009. Série de photos. Né en 1979 à Pampelune. Vit à NYC. 2011 « Rencontres internationales », Centre Pompidou, Paris. 2010 « Off Mostoles », CA2M, Mostoles. 2009 « Atopia », CCCB, Barcelone. « Twilight », galerie Juan Silio, Santander. 2007 « Outside comes first », Bilbao Arte.
Nicolas Milhé G8. Installation.
Isabelle Cornaro
Paysage avec poussin et témoins oculaires, 2008. Œuvre du FRAC Aquitaine. Née en 1974. 2011 « Vide-poche », Sculpture Center, New York. 2010 « Monsieur Miroir », Fondation Ricard, Paris. CAPC. Passages, Troyes. Galerie Balice Hertling, Paris. « Unto this last », Raven Row, Londres. CREDAC, Ivry. « Prisonniers du soleil », Le Plateau, Paris.
Né en 1976. Vit à Paris. 2010 « Dynasty », Palais de Tokyo, Paris. « Retour vers le futur », CAPC, Bordeaux. 2009 « Casus Belli », FRAC Aquitaine, Bordeaux. 2008 « L’empire », Buy Sellf, Marseille.
Perejaume
Gustave Courbet, 2000. Vidéo 10’. Né en 1957. 2010 CAAC, Seville. DA2, Salamanque. 2009 « Imagenes proyectadas », CAB, Burgos. « Rocanrolorama », Musée d’Art Moderne, Céret.
B comme Black A comme Afro, comme Américain B comme Bayonne, comme Basque
patrimoine architectural du centre-ville. Le contemporain côtoiera le passé, dans le
ginaire du Pays Basque, il est diplômé de l’École des Beaux-Arts de Bordeaux en 2001 et devient, dès l’année suivante, artiste résidant du Pavillon, laboratoire de création du Palais de Tokyo. Spécialiste de la manipulation et du détournement, il est considéré comme un esthète « de la perturbation et de la création contextuelle » par le critique d’art Paul Ardenne. Cette manifestation fait intervenir des artistes assez jeunes, dits émergents. Plusieurs sont nés dans les années quatre-vingt, ils sont porteurs de propositions nouvelles, assez décalées. Comme Bertrand Dezoteux, originaire de Bayonne, professeur à l’École d’art du BAB. La vidéo qu’il va présenter est basée sur une anecdote de sa grand-mère qui lui a raconté que pendant la guerre, pour ne pas que les Allemands s’emparent des chevaux, on les cachait. Il a donc eu l’idée d’envoyer un robot espion au beau milieu du Pays Basque des années quarante. Celuici filme des moments de vie, des scènes de danse traditionnelle, de tonte de moutons, et nous rend un peu voyeurs.
1. Maritxu Etcheto est l’auteur du Delirium Plastic en page 2 de cette publication (ébauche de son travail d’installation au Cloître).
Adrien Couvrat
dedans, dehors || Black and Basque
de revisiter la flânerie ordinaire, d’apporter un regard nouveau sur l’Histoire et le
idée de la manifestation est de faire vivre le label Ville d’art et d’histoire. La thématique générale traite de l’histoire, du temps, du patrimoine. Les artistes portent un regard critique, éclairé, différent, sur le monde dans lequel ils vivent, sur le passé, le futur et mettent en abîme la société d’aujourd’hui, rendant légitime la présentation de leurs œuvres dans ces lieux. Adrien Couvrat travaille en même temps la peinture et les arts numériques. Ses tableaux sont abstraits, géométriques. Il opère souvent des glissements vers la vidéo. À la Poudrière, un ordinateur enverra simultanément sons et lignes de couleur en mouvement perpétuel. Les proportions et les couleurs changent à chaque instant, rendant unique ce que l’on voit. Ici, le défilement de tableaux lumineux permet de percevoir le temps qui passe et renvoie à la poudre explosive que conservaient les lieux. Les bords de la Nive seront également le décor de l’installation de Nicolas Milhé, G8. Jeune artiste ori-
peu pop. Il va venir s’incruster dans cette architecture de pierre, avec des objets très étranges, à la fois traditionnels, anciens, et complètement revisités. Elle a choisi de raconter l’histoire des corsaires basques qu’elle a trouvée dans des documents d’archives, et notamment celle de pirates mis au pilori au pied de la cathédrale. Deux fois déjà, elle est venue installer quelques éléments de son œuvre en devenir dans le cloître, et je me suis rendu compte que le regard s’attache davantage à des détails de rosaces ou de sculpture de chapiteaux, qu’elle souligne et qu’elle reprend. Conscient des difficultés des jeunes créateurs, je suis heureux de présenter le travail de Maritxu et Nicolas, des artistes de la région. À ce sujet, il me semble que nous sommes à une période charnière où les écoles d’art de Bayonne et de Biarritz forment des artistes très intéressants, il faut désormais leur permettre d’exister en les promouvant. Je souhaite, vraiment, que cette nouvelle manifestation puisse se pérenniser, que l’art contemporain entre en résonance avec le patrimoine local et qu’il devienne, pourquoi pas, le prétexte d’un tourisme culturel différent. Entre Temps sera l’occasion de découvrir des œuvres contemporaines dans des lieux comme la Poudrière, qui ne sont pas toujours ouverts aux visiteurs. Par ailleurs, je tiens à souligner également mon souci de ne pas créer un fossé d’incompréhension, entre l’œuvre proposée et tous les publics. » • François Loustau
07
J’ai eu Moustic au téléphone une heure et demi la semaine dernière. Les idées fusent, l’envie est énorme, mais quel sera le programme ? « Motus et bouche cousue », tout est en train de se mettre en place, aucours de la conversation est abordée la complexité de la production d’une première édition. Ce festival, il le prépare soutenu par ses potes entre autres RKK, alias Rémi Kolpa Kopoul, Martin Missonier et Bernard Zecri. Pour l’occasion, ils ont créé une association portant le nom de Bizot1, leur défunt maître, créateur de Nova et d’Actuel. Cette idée de festival Black and Basque, il y pense depuis longtemps, et puis de discussion en découverte, il a décidé de se lancer.
>>
de cour à jardin || La Luna Negra, cabaret
Un cabaret qui a changé d’habit, pas de visages
08 8
en aparté || josé luis campana à marracq
L’écriture contemporaine expliquée à de jeunes mélomanes
La Luna célèbre un an de réouverture. La nouvelle salle de spectacle a su conserver tout le charme et la chaleur des personnes qui l’habitent. Son directeur, Jean-Michel Dupont-Garcia, et quelques artistes aux chemins singuliers, Yann, Jean-François Balerdi et Rémy Boiron, en parlent rondement.
De gauche à droite : Jean-François Balerdi, Jean-Michel Dupont Garcia, Yann
Petite histoire et discussion autour de La Lune noire de Rémi Boiron - lieu et spectacle
Rémi Boiron, à quoi ressemble votre Luna Negra ?
Le compositeur argentin a rencontré une classe de quatrième à horaire aménagé musique au collège Marracq, peu de temps avant la semaine « Compositeur aujourd’hui », organisée par le conservatoire Maurice-Ravel. Il a répondu aux questions des jeunes élèves et leur a expliqué l’écriture contemporaine, très simplement. Ceux-ci avaient au préalable écouté la musique de l’artiste et préparé cet entretien avec leur professeur Frédéric Wojtiniak.
La lune noire est invisible, cela me fait penser à la phrase de Saint-Exupéry, “On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible”. Pour moi, c’est toujours ce que j’y ai vécu. Ici, nous ne sommes pas dans un théâtre académique mais dans un lieu très particulier. Les gens que j’y ai croisés, avec lesquels j’ai travaillé, avaient chacun une histoire, parfois des difficultés, mais ils venaient aider malgré tout. Pour moi ça a beaucoup de sens, et ça permettait aux uns et aux autres d’en trouver je crois également.
Le comédien a découvert la salle et son équipe en 1998, il y jouait une pièce de Dario Fo. Puis, Jean-Michel lui a proposé de la présenter une fois par mois. Singulièrement, Rémi y a créé son spectacle suivant, intitulé Luna Negra. Dans la salle portant le même nom, l’artiste a d’abord présenté des bribes de textes. Très reconnaissant, il explique que Jean-Michel Dupont-Garcia a toujours eu confiance en lui, que celui-ci lui a permis de faire des choses très originales, par exemple : « J’ai joué dans l’appartement du premier étage en donnant rendez-vous aux spectateurs sur le parvis de la cathédrale. Ces derniers ne savaient pas où ils allaient. Quand ils rentraient, je commençais le spectacle en me rasant. »
U
Racontez-nous votre spectacle !
ne première question concernant sa formation et l’origine de sa vocation a permis à José Luis Campana d’expliquer qu’en fait, pour lui, l’idée d’être compositeur a assez vite coulé de source, qu’il a suivi une formation classique, très influencée par l’école russe. Que s’il appréciait les auteurs contemporains, c’est sa venue à Paris, à l’IRCAM1, qui lui a permis de connaître notamment la musique spectrale et la musique électroacoustique. C’est alors qu’il a ressenti le besoin d’expérimenter d’autres formes musicales lui permettant d’utiliser une orchestration différente, différents agencements de hauteurs, des organisations rythmiques et des timbres nouveaux.
Le protagoniste est un sans domicile fixe, un clochard, heureux, qui explique ce par quoi il est passé. Marié, père de deux enfants, il a tout perdu, son emploi, sa femme. Il erre sur les routes jusqu’à son arrivée à la Luna Negra, où il rencontre une vieille prostituée et un vieil allemand, personnages insolites, qui vont l’aider à renaître. Quatre cent cinquante représentations, quatre ans à guichet fermé à Avignon, un Devos d’or… C’est un beau succès. Je continue de le jouer et je suis heureux quand on me dit « Tu sais que c’est un petit théâtre à Bayonne ? ».
La Luna Negra 7 Rue des Augustins, 64100 Bayonne T. 05 59 25 78 05 lunanegra@free.fr
Qu’apporte le prix Raymond Devos à un artiste ?
www.lunanegra.fr
Pour moi c’est une fierté. Tous les deux ans, le jury arpente les salles de France, Avignon, Paris, pour y repérer des spectacles qu’il considère être dans la lignée de Raymond Devos. De plus, je suis mime comme lui à ses débuts auprès de Marcel Marceau. D’ailleurs, la dernière fois que je suis venu jouer à la Luna, j’ai animé le lendemain un atelier de mime.
Mardi 10 mai - 20h30 Maison des associations, Bayonne Concert des élèves des Classes à horaires aménagés du collège Marracq
Raphaële de Gorostarzu pour Flux 43.5
Au-delà du lieu, Jean-Michel DupontGarcia arrive-t-il à créer un réseau pour faire tourner les spectacles des artistes qu’il reçoit ?
>>
Sa mère est basque et si, de la langue, il n’a eu le temps d’apprendre que les grossièretés et les formules de politesse, il a toujours rêvé d’associer des chœurs basques à un bluesman, « puissant, non ? ». Il voudrait faire quelque chose « d’un peu groove, un peu élégant. » La production d’un tel festival est très compliquée car, dès qu’il s’agit de faire voyager des musiciens ou des œuvres un peu connus, le coût est pharaonique. Les partenaires médias et financiers seront donc primordiaux. Mais ce n’est pas tout. Autour de lui, Moustic a réuni une équipe formidable de personnes qui travaillent pour l’amour de l’art, ses potes. Et puis, il cite le Festival des musiques métisses à Angoulême, notamment une affiche qui a retenu son attention. Il s’agissait d’un agriculteur tel qu’on a l’habitude de les représenter avec une casquette, le cou rouge, la tête un peu baissée, l’air bougon. À ses côtés un black
Il me semble que nous sommes plusieurs à tourner un peu partout. Je pense notamment à Nicolas Wayne Toussaint, dans un autre domaine, il est chanteur de jazz, tourne en France et aux États-Unis, mais nous sommes fiers, je crois, de revenir régulièrement. Je rejoue à la Luna avec toujours beaucoup de plaisir.
À écouter www.myspace.com/joseluiscampana
Que pensez-vous de la nouvelle salle ?
>> installé en plein air et des films programmés, dehors et à l’Atalante.
Au début, il n’y avait pas d’affiches, c’était un peu austère, quelque chose avait disparu, mais petit à petit ça revient. •
avec des dreds, le musicien. Il se trouve que le paysan représenté est la personne qui accueille, nourrit et loge le musicien durant le festival, faute d’hôtel. L’image est belle et représentative de ce qui peut se faire d’intéressant sans forcément rentrer dans des coûts superlatifs. Moustic veut un festival convivial, familial, en plein air. La Poterne lui semble être l’endroit rêvé pour installer trois scènes, comme à Monaco, où il a vécu quelques années. Il voudrait pouvoir écouter Miles Davis pendant que les enfants mangent une gaufre ou jouent au ballon. L’idée est de faire venir des artistes afro-américains et de programmer des artistes d’ici, afin qu’ils se rencontrent, que les histoires s’échangent et que le public en profite. Ainsi Afrika Bambaataa pourrait copiner avec Xabi Montoia. Le cinéma sera également à l’honneur, avec un écran géant
À la question de ses influences musicales, José Luis Campana précisera que depuis ses débuts jusqu’aux années quatre-vingt-dix, il n’a jamais employé d’éléments de la musique de son pays d’origine, qu’il rejetait plutôt. Son seul contact était les disques d’Astor Piazzolla. C’est à la mort du célèbre auteur de tangos, devenu son ami, qu’il a utilisé, durant une dizaine d’années, des cellules rythmiques issues de sa musique. Il s’est ensuite intéressé à d’autres « musiques du monde ». Le musicien a souligné la capacité d’abstraction qu’il faut avoir au début, tant il est important de s’éloigner de tout ce que l’on a étudié pour arriver à une création qui vous est propre.
Raphaële de Gorostarzu pour Flux 43.5
Y
ann, le plus jeune, comédien amateur, participe à un projet très « collectif Luna », confie Jean-Michel. Il est en pleine recherche de jeu. Avec d’autres comédiens, ils ont trituré le dernier texte de Jean-François Balerdi, écrit pour le collectif à l’occasion. Yann explique que pour lui, la Luna a été la permission de jouer. « J’ai pu mettre sur scène mon imaginaire » dit-il très doucement. Jean-François Balerdi, quant à lui humoriste, auteur et comédien, a connu les trois salles de ce lieu désormais incontournable. Il y a créé plusieurs One Man Show. Un des avantages offerts aux artistes que reçoit Jean-Michel Dupont-Garcia en résidence de création, est la flexibilité des périodes de travail. Mais le plaisir majeur du comédien qui monte sur scène, ici, est la très grande proximité avec un public fidèle. Dans cette salle, les artistes viennent puis repartent. Quelques-uns reviennent systématiquement : la Luna Negra est devenue pour eux une étape incontournable à l’instar de Rémi Boiron.
09 9
>>
Donc, beaucoup de travail en cours. Lui est dans le concret. Moustic souhaite travailler avec les gens d’ici et pense à une radio embarquée, créée pour le festival qui pourrait s’installer chez Elkar. Il pense à une exposition itinérante sans nous livrer de nom, nous raconte très pudiquement combien l’œuvre d’un photographe vue à Arles l’a frappé. Cet artiste a travaillé sur les clichés du livre Lynchage aux États-Unis de Joël Michel. C’est un livre que Moustic n’a ouvert que deux fois, tant il est fort. Il explique : « Ce sont des pendus noirs américains. Les gens posaient autour, comme si c’était un trophée. Donc, il y a des têtes de cons, ils sont blancs avec des enfants qui le montrent du doigt. Sur une photo - je suis désolé de vous en parler - un afro américain est pendu, brûlé et pendu à un câble - il n’y avait plus de corde - les jambes coupées au niveau des genoux et les gens posent en le montrant du doigt. Ils en faisaient même des cartes postales. Au verso de celle-là, on voit dans ce livre qu’un gars a écrit, « je t’envoie la photo du barbecue de samedi soir. » C’est très très dur, mais ça fait partie de l’histoire du monde. Le photographe vu à Arles a retravaillé ces scènes. Il a estompé les pendus et fait des photos de deux mètres par deux
Puis, présentant quelques partitions bariolées, il a tenté d’expliquer aux élèves combien la lecture musicale peut être personnelle et complexe. Son expérience récente avec l’ORBCB2 le prouve. Il exprime toute l’admiration qu’il a eue pour ces musiciens qui ont interprété, tard la veille, pour la première fois, quelques notes de sa plus récente production. Ceux-ci auraient pu être désarçonnés à la vision du document qui leur était présenté, dit-il, mais il n’en a rien été. Ensemble, ils ont déchiffré la musique du compositeur, satisfait de cette première approche de son œuvre. Les élèves auront compris que le lien établi avec l’orchestre est très important aux yeux de José Luis Campana et pourront l’apprécier lors de la répétition à laquelle ils se rendront le lendemain. • 1. Institut de recherche et coordination / musique 2. Orchestre régional Bayonne - Côte-Basque
mètres, il a gardé les crétins autour, mais quand on se met devant le cadre, c’est soi que l’on voit à la place du pendu. » Une place importante sera donnée à la littérature basque et afro américaine, Moustic voudrait faire venir Eddy L. Harris. La danse est également un vecteur intéressant dévoilant des similitudes entre les peuples. Ainsi, il nous expliquera comment les marins ont fait découvrir le fandango à la Nouvelle Orléans et combien la walk-cake ressemble par certains aspects à la danse basque. Finalement Moustic a réussi à nous mettre l’eau à la bouche, et de cette conversation téléphonique se dégage le portrait d’un homme extrêmement sensible et curieux de l’autre. Son festival respire déjà cette soif d’échanges que le personnage inspire. • Jules-Édouard Moustic, de son vrai nom Christian Borde Sur Canal + il présente le Groland, écrit pour Les Guignols de l’info et écrivait pour Les Nuls. Passionné de musique, il anime sa radio I Have a Dream 2, depuis Guéthary où il a élu domicile. En décembre 2008 au théâtre du Rond-Point, il a joué dans un one-man-show qu’il a signé, Moustic en gros, mis en scène par Ahmed Hamidi. 1. www.lesbizoteries.com 2. www.canalplus.fr/pid3308.htm
10
musée oh ! || musée basque – aquitaine préhistorique
Habitat de Bas-Théorat à Neuvic-sur-l’Isle en Dordogne découvert lors de la construction de l’A89. Age du Bronze final.
Vingt ans de découvertes archéologiques
L’archéologie préventive, principale source d’information À l’entrée de la première salle sont présentées les méthodes utilisées sur le terrain par les archéologues. Un diaporama illustre les techniques et les résultats d’un programme de prospections mené dans la Grande-Lande. Grâce à la reconstitution d’un chantier de fouilles dite préventives, le public peut se familiariser avec le travail des archéologues. On distingue trois façons d’explorer les sites archéologiques. La première consiste à étudier d’anciens sites avec les techniques et problématiques actuelles. C’est le cas d’Isturitz, cavité fouillée régulièrement de 1912 à 1956, puis à nouveau en 1996. La seconde est la fouille sur des sites découverts fortuitement par des particuliers. On connaît l’histoire de la grotte de Lascaux c’est également le cas de Cussac. La troisième consiste en des prospections systématiques lors de grands travaux d’aménagement du territoire, démarche visible sur de grands panneaux de photographies. Une borne interactive permet de suivre l’ensemble des fouilles effectuées sur l’autoroute 65 par l’INRAP1. D’ailleurs, une grande partie des objets présentés dans cette exposition sont issus de l’archéologie préventive, soit plus de 2 000 pièces.
En partenariat avec le musée d’Aquitaine et avec la collaboration de l’INRAP, le musée Basque propose un parcours initiatique qui projette le visiteur dans l’Aquitaine du Paléolithique à la fin de l’âge du Bronze et lui permet d’apprécier l’avancée des connaissances scientifiques dans ce domaine depuis les années quatre-vingt-dix.
Les clés de la préhistoire offertes aux enfants
Raphaële de Gorostarzu pour Flux 43.5
Les différents marqueurs de transition
Musée Basque et de l’histoire de Bayonne Aquitaine préhistorique exposition jusqu’au 22 mai
Au premier plan, objets découverts sur l’allée couverte de Barbehère (St-Germain-d’Esteuil, Gironde), lieu d’inhumation montrant une fréquentation régulière depuis le Néolithique moyen jusqu’à la période médiévale. En arrière-plan, rouleau de papier sur lequel les visiteurs peuvent reproduire les peintures pariétales photographiées au-dessus.
37 quai des Corsaires Tél. 05 59 59 08 98 • 10h - 18h30 sauf lundis et jours fériés • Entrée : 5.50 e Tarif réduit : 3 e Gratuit le 1er dimanche de chaque mois€
www.musee-basque.com
11
D’une période à l’autre de la préhistoire, les scientifiques sont aujourd’hui capables d’expliquer les évolutions d’une société par l’étude minutieuse d’éléments de la vie courante, des rites funéraires, du mode de chasse et des arts. Ainsi, on apprendra comment s’est faite la transition entre le paléolithique moyen et le paléolithique supérieur, période charnière où l’on voit l’homme de Néandertal remplacé en Europe occidentale par l’homme moderne. Afin d’établir un lien entre les différentes sociétés, les chercheurs étudient l’évolution de tous les objets utiles. Par exemple, les méthodes de taille des silex montrent qu’il n’y aurait pas eu rupture entre Néandertal et l’homme moderne, mais simplement une accélération de l’innovation, probablement devenue nécessaire à la chasse. Les dernières études sur les fossiles humains ont permis de mieux comprendre le rapport à la mort des hommes du Paléolithique, dont les sites de l’Abri Morin, de l’Abri Cro-Magnon et de l’Abri Pataud sont de précieux témoignages. La parure serait un marqueur d’appartenance à un groupe. L’étude de l’art mobilier renseigne sur la transmission des savoirs et sur leurs rôles d’identifiants au sein d’un groupe social. Enfin, les recherches en cours ont enrichi les savoirs sur l’art pariétal et ses fonctions, mais aussi l’art de la représentation sur d’autres supports, posant ainsi la question du statut de l’artiste au sein des sociétés paléolithiques. Une borne interactive permet de comprendre le processus de création des peintures pariétales de Lascaux. Il convient de souligner la rareté de certaines pièces présentées, comme les Vénus ou bien l’une des premières représentations gravées de bovidé (à ce jour, seules dix pièces de cette nature ont été découvertes). Dans la troisième salle, une réflexion est menée sur l’idée de territoire. À partir des sites d’Isturitz, d’Arancou et de Duruthy, les archéologues ont pu retrouver les territoires des groupes préhistoriques et discerner leur évolution dans le temps. L’apparition de la sédentarité et de l’agriculture modifie le rapport de l’homme à son environnement. Grâce à l’étude de plusieurs sites présentés dans l’exposition, le visiteur peut découvrir les sociétés de production, qui se développent à partir du Néolithique. Un exemple unique en Aquitaine : le village des Vaures en Dordogne est mis en exergue avec la présentation d’une maquette de maison et des ustensiles de la vie quotidienne retrouvés lors des fouilles. Plus loin, des maquettes et des plans illustrent l’organisation d’un habitat du néolithique final, d’une maison de l’âge du bronze final et de sépultures mégalithiques. Enfin, est abordée la question de l’apparition du métal, qui rend les sociétés de plus en plus complexes et voit apparaître une élite en son sein, les bronziers. Des maquettes de sépultures mégalithiques montrent très clairement l’évolution de la civilisation et des croyances. Le thème de la colonisation des nouveaux territoires et des plus anciennes traces du pastoralisme dans les Pyrénées sont également abordés. Le parcours se termine par une évocation du début de l’âge du Fer.
Une exposition pensée pour les archéologues en culotte courte Les mammouths restants les habitants secrets des rêves d’enfant, il est à souligner l’effort considérable des scénographes afin que la visite soit un véritable amusement pour les archéologues en culotte courte. Ils pourront observer des pollens au microscope, reproduire des dessins à la manière de l’homme préhistorique, manipuler des moulages de crânes, deviner au toucher et à l’aveuglette la matière de certains objets.
Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la Communication, de la direction générale des patrimoines et du service des musées de France. Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’Etat.
Dans le cadre des Tickets Découverte, durant les vacances de Pâques, Aude Labarge2, préhistorienne, a proposé à une vingtaine d’enfants de six à douze ans un atelier de sensibilisation aux pratiques préhistoriques. Les petits « cro-magnons » ont pu apprendre à discerner physiquement un cromagnon d’un néandertalien : front plus ou moins bombé, sourcils courts ou épais, etc. Une attention particulière a été donnée aux silex et à la façon dont ils ont été taillés en fonction de leur utilité. Après un atelier de travaux pratiques qui a permis aux enfants de positionner les objets archéologiques dans le sens de la lecture scientifique, la médiatrice leur a proposé de découvrir les silex exposés dans les vitrines, de les examiner et de les dessiner. La qualité de certaines reproductions était étonnante, et le temps qu’ils ont passé à contempler ces outils devant lesquels ils étaient passés sans l’once d’un regard à leur arrivée dans la salle, laisse présager la révélation de quelques vocations. Chacun est reparti avec un collier de perles et de coquillages créé à la manière de Néandertal, et il ne serait pas étonnant que l’un d’eux entame des fouilles dans son jardin sitôt chez lui. L’importance des clés qui leur ont été données pour comprendre le mode de vie des hommes préhistoriques est sans commune mesure, et il serait souhaitable que l’ensemble des enfants en âge de suivre ces ateliers puissent le faire sans réserve. Car il semble que ce soit la meilleure façon d’appréhender la préhistoire, période injustement délaissée par les programmes scolaires. • 1. INRAP : Institut national de recherches archéologiques préventives. www.inrap.fr 2. Diplômée des 1e et 2nd cycles en Histoire / Préhistoire et de 3e cycle en Anthropologie sociale, spécialité « Préhistoire », des Universités Lyon III et Toulouse.
Le dimanche 22 mai, Journée nationale de l’archéologie, Aude Labarge propose à tous les publics une approche différente de l’exposition : Homo-sapiens café est une invitation à la discussion autour des sujets choisis par les visiteurs. Elle s’installera au gré de ses envies, dans une salle ou une autre, et répondra aux questions de ceux qui se prêteront au jeu Grattoir. Autour de 3 500 avant notre ère (Néolithique récent)
Animations Visites guidées. Animations pour le jeune public et scolaires avec Aulame. Diffusion d’une sélection de films de la série Les gestes de la Préhistoire.
Projection Salle Xokoa, entrée libre Jeudi 12 mai à 18h Les Premiers Européens, d’Axel Clévenot (2 x 53’)
À lire Aquitaine Préhistorique, 20 ans de découvertes archéologiques, en vente 3,50 euros dans la boutique du musée. Pour les enfants la revue Arkéo junior
musée oh ! || Plaine d’Ansot / Muséum d’histoire naturelle
Et si la culture n’était pas là où nous l’attendions ? Vue de l’exposition « Des espèces venues d’ailleurs » à la Maison des Barthes
12
13 car son pollen très allergisant est responsable de signes d’hypersensibilité chez environ dix pour cent de la population. Dans une vitrine, l’écrevisse rouge de Louisiane est visible. Éric Guiho la qualifie de peste car elle colonise les milieux aquatiques, troue les digues avec ses terriers. Elle est également en partie responsable de la disparition d’écrevisses européennes. Un autre exemple que souligne Éric Guiho est l’introduction du crapaud buffle dans certaines régions du monde à des fins de lutte biologique. Ce curieux batracien devait s’attaquer aux rats et aux insectes ravageant les cultures de canne à sucre, mais les insectes en cause vivant rarement au sol, il ne pouvait les atteindre. Sans arrêter les ravageurs, ce dernier ne cessa de proliférer devenant rapidement un problème.
É
ric Guiho, responsable du Muséum d’histoire naturelle, nous a fait l’amitié de nous guider lors d’une visite de la nouvelle exposition proposée au public depuis peu à la Maison des Barthes, Des espèces venues d’ailleurs, se référant au thème principal qui est l’introduction d’espèces dites exotiques. Un exemple, dont les médias ont parlé récemment, le Wallaby de Bennett, petit kangourou échappé d’un zoo près de Paris. Cette introduction involontaire d’une très petite population d’animaux originaires d’Australie, reste très marginale. Mais d’autres espèces posent plus de problèmes, et c’est un sujet très présent actuellement dans tous les écosystèmes. Des panneaux colorés et imagés présentent aux visiteurs différents modes d’introduction. Une riche collection d’animaux naturalisés vient agrémenter la visite. Très ludique, un jeu permet au visiteur de tester ses connaissances en matière d’origine des espèces. Enfin, un film documentaire illustre les nuisances que ce phénomène de déplacement peut induire en prenant pour exemple l’écrevisse rouge de Louisiane. Éric Guiho discernera différents modes d’introduction. Naturellement, certaines graines et petits animaux, tels que les insectes volants ou les noix de coco sont transportés par le vent ou l’eau, colonisant ainsi très facilement les terres émergentes. Mais aujourd’hui, la quasi-totalité des introductions est due à l’homme et ses activités. Des espèces sont introduites notamment à des fins ornementales comme la très belle perruche à collier, originaire des forêts tropicales d’Inde ou d’Afrique, qui se voit dans les parcs de Bruxelles ou Londres. Vous découvrirez également d’autres espèces venues d’ailleurs comme le canard mandarin, le cygne tuberculé ou le faisan doré, l’herbe de la pampa, les griffes de sorcière, le mimosa ou le wakamé. Ici, on nous met en garde contre les idées reçues : à l’inverse de ce qu’on peut imaginer, le mimosa n’est pas originaire d’Europe mais d’Australie. Il est même considéré comme une espèce invasive, à l’instar du robinier faux-acacia, nommé à tort acacia. Les palmiers, s’ils abondent dans certaines régions de France, ont également été introduits et sont aujourd’hui les proies d’un papillon et d’un charançon venus d’ailleurs. Certaines espèces sont introduites pour la chasse ou la pêche. Ainsi, le faisan de Colchide, originaire d’Asie, est parfois issu d’élevage et lâché dans la nature en période de chasse. Le sandre, importé d’Europe de l’Est et d’Asie, se porte parfaitement bien dans nos rivières. Certaines plantes introduites posent de réels problèmes sanitaires. La berce du Caucase, par exemple, provoque d’importantes brûlures sur la peau lorsqu’on la touche. Actuellement, dans le Sud-est de la France, l’accent est mis sur l’ambroisie à feuille d’armoise
Le Lépidoptère de Grande Circonstance et le Coléoptère à Relation Variable par François Riou. Impression sur cannettes métalliques ciselées.
Maison des Barthes Entrée libre Du mardi au dimanche, 10h30-12h30 13h30-18h
> Des espèces venues d’ailleurs exposition jusqu’au 5 juin > François Riou, exposition à partir du 10 juin www.myspace.com/ rioufrancois
Plaine d’Ansot Entrée libre Du mardi au dimanche, 9h30-19h Tél. 05 59 42 22 61
www.ansot.bayonne.fr
Bibliographie
En écho à la discussion de Beñat Achiarry et Martine Bisauta, dans notre éditorial, nous sommes allés chercher du “Beau” à Ansot. A pied, à vélo ou à cheval, on s’y balade à la découverte de la faune et de la flore locale, on s’y informe à la Maison
oiseaux depuis l’observatoire. Raton-laveur, l’un des nombreux animaux exposés à la Maison des Barthes
Photos : Raphaële de Gorostarzu pour Flux 43.5
des Barthes et au Muséum d’histoire naturelle, on tente d’apercevoir quelques
En guise de réflexion, il s’agit là de savoir si, à l’instar de l’Union internationale pour la conservation de la Nature, il faut prôner une conservation absolue du milieu natif, et dans ce cas l’éradication d’espèces introduites. Ou bien si, comme certains scientifiques le pensent, il faut considérer que quelques introductions peuvent contribuer localement à une amélioration de la biodiversité à condition de limiter l’expansion des espèces en question. Cette exposition présente un panel très large d’exemples d’introduction. Elle permet aux visiteurs de contempler véritablement les animaux en question et de percevoir une partie du fonds du Muséum d’histoire naturelle, qu’il est recommandé de visiter dans la foulée. •
Les invasions biologiques, une question de natures et de sociétés Robert Barbault Ed. Quae, oct. 2010. Plantes invasives en France : état des connaissances et des propositions d’actions Serge Müller Ed. Muséum national d’Histoire naturelle, 2004. Invasions biologiques et extinctions : 11 000 ans d’histoire des vertébrés en France Michel Pascal Ed. Belin – Quae, 2006. Dossier Pour la Science : La Conquête des espèces N° 65 / oct. déc. 2009. www.europe-aliens.org
Savoir & faire savoir Une nouvelle formation à Bayonne Master - Valorisation des patrimoines et politiques culturelles territoriales Compétences visées • Management d’un projet culturel appuyé sur un programme scientifique, en relation avec ses divers environnements, • Maîtrise des procédures d’ingénierie juridique, administrative et financière, • Animation d’un réseau partenarial, • Médiation et communication : rédaction de documents écrits et réalisation de supports visuels Détails de la formation Conditions d’admission : http://master-cs.univ-pau.fr/ live/vppct
Co-directeurs :
Espèces en voie d’apparition François Riou exposera ses drôles de petites bêtes à partir du 10 juin à la Maison des Barthes. En rouge et blanc, papillons, cigale, coléoptère et autres insectes font la fête à leurs habits de supermarché. François Riou, entomologiste des supermarchés, comme il se définit lui-même, sculpte de drôles d’insectes, en utilisant pour matière première des déchets d’emballages alimentaires. Le résultat est édifiant, de drôles de petites bêtes finement ciselées et très ressemblantes aux espèces présentes dans le Muséum, vont bientôt déployer leurs ailes dans les vitrines de la Maison des Barthes. « Arthropode » averti, François Riou pose son regard rieur sur la société de consommation. Depuis six ans, il construit un inventaire naturaliste à partir de déchets du quotidien. Flux a reçu en avant-première quatre spécimens étranges, qui figureront au milieu du reste de la collection, deux papillons, une cigale, et un coléoptère aux couleurs des fêtes de Bayonne. Comme si, dans sa quête d’inventaire, l’artiste souhaitait que dans 4 000 ans, ces insectes, seuls survivants d’une époque révolue, témoignent des us et coutumes des hôtes qui les ont reçus.
« Métamorphose du résiduel » par François Riou « Avant tout, mon propos est de remodeler l’image sociale du « tout objet » dans un jeu des apparences et du sens… jusqu’à dresser mon propre inventaire naturaliste. C’est ainsi qu’un grand cabinet de curiosités composé de 10 000 insectes réalisés à partir de 10 000 visuels commerciaux, touristiques, culturels, politiques… constituant « un océan packaging » d’emballages marchands, d’images de presse, cartes postales, textes et objets variés…, se métamorphose en collection entomologique ! (...) Disparition d’un couvercle de pot de confiture et apparition d’une crevette… Disparition d’un rasoir jetable et apparition d’un insecte… Disparition d’un gant et apparition d’un papillon… Disparition d’un sac à mains et apparition d’un petit chien ! (…) De cet infini matériel je me nourris, puisant sans relâche dans mon quotidien et fabriquant des espèces en voie d’apparition, sur le modèle esthétique du muséum d’histoire naturelle. » François Riou a suivi une formation de graveur à l’École Boulle. Son travail autour du thème du « naturalisme de grande surface » a été présenté depuis 2008 successivement à Montreuil, Lille, Barbizon, Rouen et en 2 011 au muséum d’histoire naturelle de Neuchâtel.
renaud.carrier@univ-pau.fr laurent.jalabert@univ-pau.fr
conférences & débats Médiathèque centre-ville 20 mai > 18h15 Café Philo Faut-il tout dire ? Le mythe de la transparence par Christophe Puyou, professeur de philosophie infos : 05 59 59 17 13 www.mediatheque.bayonne.fr
Bibliothèque Ste-Croix 25 mai > 19h Place des Gascons Concert / Rencontre avec Caumon & Costa Un tandem facétieux entre café-théâtre et chanson. infos : 05 59 59 17 13
École d’art du BAB Autour de l’art 26 mai > 18h30 St-Crouts, 3 av. Jean Darrigrand. Amphi 100 Corps et images du corps dans l’art : les nouvelles formes de performances par Marie-Laure Larraburu infos : 06 10 70 87 48
Bayonne centre ancien Maison des associations 20 juin > 20h30 11 allée de Glain Série de conférences dans le cadre des Lundis du Patrimoine : La vie musicale à Bayonne, infos : 05 59 59 21 79 06 07 80 72 50
14
sur la toile || L’atalante en 3D
Les ++
de monsieur BYN
galeries Spacejunk board culture art centers
« Salon de musique » ORBCB
35 rue Sainte-Catherine Du mardi au samedi, de 14h à 19h30 Tél. 05 59 03 75 32 jusqu’au 7 mai : Skateboarding is not a crime
qui est-ce ? La cie Hors Série Les Maimorables
www.spacejunk.tv
Galerie des corsaires 16 rue Pontrique Du lundi au samedi, de 16h à 19h 6 > 20 mai : Eric Bourdon 20 mai > 3 juin : Castanet - Loma 3 au 17 juin : Le Chocolat 1er > 15 juillet : P. Legrand 15 > 27 juillet : Les sœurs Roliers
dr
La cie Créature Les Maimorables
http://galeriedescorsaires. blog4ever.com
Pina dans les villes On aurait aimé la voir à Bayonne, Pina. Elle serait montée dans la voiture de Wim, la même que celle d’Alice dans les villes, et ils auraient tous les deux parcouru les 1 637 km qui séparent Wuppertal de Bayonne, si l’on passe par Dijon, Lyon et bien entendu Avignon et Sète. Pina aurait certainement voulu passer par Avignon, et voir aussi la Méditerranée avant d’arriver chez nous.
Wim, tant qu’à faire ça lui aurait fait encore plus de matière pour un dernier road-movie, qu’il réussissait si bien dans les années 1970. Là, il n’aurait pas eu l’excuse des mouvements autrement insaisissables des danseurs de Pina pour filmer en 3D le parcours langoureux par les autoroutes européennes. Même la couleur, il aurait pu s’en passer. Il y aurait eu moins de distractions, mais après tout, avec Pina, sa seule présence était tout ce qui comptait : en fait, couleur ou pas couleur, 3D ou 2D, on s’en serait royalement fichus si seulement elle avait pu faire ce voyage, ce film. Parce que Pina n’est plus là depuis 2009 et a laissé Wim se débrouiller tout seul avec son Tanztheater, seuls comme des grands, à faire le premier film en 3D sans extraterrestres bleus ni couteaux qui passent à 10 centimètres de votre tête. Non, ici la prouesse technique rejoint le défi artistique et humain de faire un film pour Pina, sans Pina, elle qui s’inscrit en creux dans chaque plan séquence, sauf dans les images d’archives où elle est bien présente et fait dire à certains que ce sont celles-ci les meilleures du film… Mais non, à notre grand regret, sans elle, Wim a décidé de ne pas venir à Bayonne, en fait de n’aller nulle part dans tous les endroits où Pina Bausch était admirée, adulée (elle s’en foutait complètement), vénérée même… Des endroits qui étaient un peu comme chez elle aussi, à l’image du Théâtre de la Ville à Paris, où chaque saison les gens faisaient la queue pendant des heures pour avoir un billet, ou se rabattaient sur le marché noir de la revente à des prix astronomiques comme pour n’importe quelle finale de Champions League… Non, je vous dis, Wim a décidé de rester chez Pina, dans cette région complètement urbanisée où la ville rejoint la campagne partout, autour des villes comme Essen, Dortmund, Düsseldorf, Solingen où elle était née en 1940, ou Wuppertal où elle avait la direction de la compagnie de danse en 1973. C’est là-bas qu’il a tourné son film, présentant quasiment pour la première fois à l’écran quelques-unes des œuvres de celle qui s’était toujours opposée à ce que l’on filme son travail. En studio ou en plein air, les danseurs offrent à leur véritable alma mater une dernière performance comme un hommage tout en retenue. Tant pis pour nous s’ils ne viennent pas à Bayonne, nous irons les voir à L’Atalante une et plusieurs fois, avant que la résonance des œuvres d’art de Pina sans Pina, mais avec le sursis apporté par les gens qui l’ont côtoyée et aimée tant, ne commence à s’estomper inéluctablement. •
« Pina » de Wim Wenders Allemagne, 2010. 1h43 en VO Projections en 2D et 3D L’Atalante 7 rue Denis Etcheverry T. 05 59 55 95 02 www.cinema-atalante.org
Le Couvent des méduses
SnBSA Maimorables www.snbsa.fr
Dimanche 8 mai, 11h & 15h Habas-la-Plaine, boulodrome C’est la lune qui me l’a dit Cie Créature gratuit
Mercredi 11 mai, 10h Place des Gascons, marché Extrada Cie Etxea gratuit
Vendredi 13 & samedi 14 mai, 20h30, Théâtre de Bayonne La Géographie du danger Cie Hors Série Dimanche 22 mai, 18h esplanade de l’Espace socioculturel municipal Abd Al Malik première partie : Sgarface gratuit
Arènes en scènes Office de tourisme : 08 20 42 64 64 www.bayonne-tourisme.com
Vendredi 8 juillet L’Opéra en Habit de Lumière Bizet, Chabrier, Massenet, Offenbach, Puccini, Ravel, Verdi…
Hors Série / Olivier Houeix / dr / Marc Mesplié / BFC7
dr
Xabi Molia né à Bayonne écrivain & réalisateur vous donne rendez-vous à L’Atalante après le tournage de son prochain film en 2012 Auteur confirmé de plusieurs romans dont Le contraire du lieu, d’une bande dessinée Vers le Nord et professeur d’histoire du cinéma, sa passion reste le cinéma, médium dans lequel il réalise, dès 2003, plusieurs courts-métrages. Il se fait d’abord remarquer pour ses travaux d’écriture. Ses premiers romans Le Roi Dépouillé, Le Temps des cerises, Spinoza et Moi sont accueillis avec succès par la critique. Il reçoit le Prix du Jeune écrivain francophone. Agrégé de Lettres et professeur d’histoire du cinéma à Paris, Xabi se lance dans la réalisation de différents courts-métrages. Vautours (2003), L’invention du demi-tour (2005) et S’éloigner du rivage (2008) sont largement remarqués et lui permettent de collaborer une première fois avec Julie Gayet. Fort de ces réussites, il réalise en 2009 son premier long Huit fois debout avec Julie Gayet et Denis Podalydès. L’Atalante lui a offert sa première projection publique. À l’époque, c’était Ramuntxo Garbisu, le directeur. Sous la direction de Sylvie Larroque, il a eu carte blanche pour présenter le cinéma qu’il aime et celui vers lequel il tend. Il dira dans le journal Sud-Ouest à propos de cette salle : « Ici, les gens se disent que si ça passe à L’Atalante, c’est que c’est bien. Ces programmateurs sont un peu comme les libraires pour les auteurs contemporains. Les réalisateurs d’aujourd’hui ont besoin de leur soutien. »
15
Eddy Mitchell Arènes en scènes
Soprano Mireille Delunsch, ténor Marc Laho, chef Sébastien Billard, Orchestre symphonique de la Garde républicaine
Jeu. 21 juillet, 21h30 Eddy Mitchell
La cie Etxea Les Maimorables
Mer. 27 juillet, 21h Yannick Noah Mer. 10 août, 21h Dance Machine 90 Jeu. 11 août, 21h Nicolas Canteloup
lecouventdesmeduses. com
Musée Basque Maison Dagourette
ORBCB www.orbcb.fr
Samedi 7 mai, 20h30 Théâtre de Bayonne « PORTRAITS » Concert symphonique de l’ORBCB en coréalisation avec la Scène nationale Bayonne Sud-Aquitain.
Schubert, Connesson, St-Saëns, Schubert Soliste : Jérôme Pernoo Direction : Philippe Forget réservation : 05 59 59 07 27 / www.snbsa.fr
Dimanche 22 mai, 17h30 Eglise St-Etienne, Bayonne SALON DE MUSIQUE AU XVIIIe Clerambault, Bodin de Boismortier, Couperin, Jacquet de La Guerre Avec l’Ensemble baroque de l’ORBCB : Diana Lee-Planès (violon baroque), Marie-Laure Besson (flûte à bec), Michele Zeoli (viole de gambe), Joanna Pensec (basson baroque) Heroan Loiret (clavecin), Stéphanie Révidat (soprano) €
Vendredi 10 juin, 20h30 Conservatoire de Bayonne LE LYRISME TCHèQUE Suk Quatre pièces op.17 pour violon et piano
Martinu Deux madrigaux pour violon et alto
Dvorak Quintette pour piano et cordes op.81 en la majeur Jean-Michel Denis et Aurélia Lambert (violons), Olivier Seube (alto), Emmanuelle Bacquet (violoncelle), Etté Kim (piano)
Ven. 22 juillet, 21h Requiem de Verdi Mar. 26 juillet, 21h15 Jamiroquai
51 avenue Louis de Foix Tél. 05 59 55 36 01 exposition jusqu’à fin mai du mercredi au dimanche de 15h à 19h Hommage au peintre béarnais Pierre Carresse
Fête de la musique Mardi 21 juin
Tout le programme prochainement sur :
www.bayonne-tourisme.com
Abd Al Malik Les Maimorables
Luna Negra www.lunanegra.fr
Jeudi 12 mai Rag-mama-rag Country Blues
Ce duo anglais est l’un des grands spécialistes du répertoire du Mississipi Blues, du Ragtime, du Swing et du Blues des années 20 et 30. www.rag-mama-rag.com
Ven. 13 & sam. 14 mai, 20h40 One Woman Show Musical Margaux vous apprend comment éviter les pièges du showbiz ! Une formation accélérée authentiquement drôle ! Les références de cette prof délirante ? 1 tube dans les années 90, 1 Olympia, 1 Casino de Paris, (900 000 album vendus), des anecdotes croustillantes. Sa matière favorite ? La chanson. www.victoriamusic.fr
Du 25 au 28 mai, 20h40 One Woman Show Je crois qu’il faut qu’on parle ! Aurélia vous entraîne dans son univers familier et familial en brisant un à un les tabous pour aborder les maux de notre époque : sexualité, conflit de générations, quotidien en crise… www.aureliadecker.com
37 quai des corsaires 2 > 31 mai L’affiche déchirée
Médiathèque centre-ville Rue des Gouverneurs Tél. 05 59 59 17 13 16 > 21 mai : 24 malheurs de la vie d’une femme 1er > 25 juin : Un artisan de la musique au XIXe siècle : Adrien Barthe, compositeur bayonnais mediatheque. bayonne. fr
alternativ Le Caveau des Augustins 9 rue des Augustins 3 et 10 mai : Jam Session acoustique 4 mai : Gabacho connection 5 mai : Shannon Wrigt 6 mai : Rien Concert rock indépendant 7 mai ID-FIX concert Blues Rock 13 mai : Pourkoipa
Luna negra 1 rue des augustins 6 mai : Soirée Souche Rock
Les Journées du Patrimoine
Garage des Arts
Samedi 17 & dimanche 18 sept. divers lieux
Place des halles
Tout le programme sur :
www.bayonne.fr
3, rue Albert Thomas 21 mai : Nuit du jeune cirque Aquitain 28 mai : Baionan Kantuz
Place des Gascons 29 mai : Danse Mutxikoak
de-ci, de-là || ateliers d’artistes
Portes ouvertes
16
Que d’odeurs, de couleurs, d’espaces étonnants, où l’on voudrait se faire très petit et passer ses journées à contempler l’artiste travailler. À Bayonne, de nombreux ateliers et galeries ouvrent leurs portes aux visiteurs le 14 mai, à l’occasion du «Parcours d’artistes» de la Nuit des musées. Visite en avant-première de l’Atelier 84 et de celui d’Éliane Monnin.
1
Jana peint. Elle a connu la « belle époque » à Berlin.
Celle qui a permis aux artistes de beaucoup exposer dans les bâtiments du gouvernement de l’ex RDA. Dans son espace, beaucoup de toiles sont entreposées. En ce moment, elle prépare un livre intitulé Anatomie de l’ailleurs, traitant de l’exil, en collaboration étroite avec l’écrivain Sevan Lostisse. Elle a imaginé une façon originale de présenter ses dessins et peintures reproduisant un vocabulaire imagé qui pourrait se développer à l’infini. Ici, quatre cadres et quatre tableaux pivotent formant différentes combinaisons. Une racine seule, des fleurs, un poulet, des lapins qui courent vers le centre de l’image. Il ne s’agit pas d’une histoire mais d’un fragment. « Les repères, les valeurs, manquent de cohérence et l’on peut se sentir exilé sans jamais avoir bougé géographiquement. J’ai souhaité reproduire ces restes de soi, ces fragments de vie, ces souvenirs d’objets… Il faudrait, pour un détail de vie, recréer une pièce immense où l’on assemblerait tous ces éléments afin de représenter à quel point l’homme d’aujourd’hui doit être modulable, modulaire ».
Les ateliers seront ouverts le 14 mai, de 15h à 20h30.
4
Atelier 84 84 chemin de Laharie Bus ligne 4, arrêt AMADE Bus ligne B, arrêt MATRAS
Sur facebook : www.facebook.com/atelierquatrevingt.quatre
Jana Lottenburger http://janalottenburger.ultra-book.com
Gregoire Lavigne www.artandproject.eu
Prunelle http://prunelle.ultra-book.com
Atelier d’Eliane Monnin 34 rue Maubec www.artandproject.eu
Tout le programme Parcours d’artistes et Nuit des musées www.bayonne.fr
Grégoire, l’homme vert, rentre du Sénégal. Belle période pour lui, c’est le printemps. En effet, photographe, scénographe, il travaille avec la végétation. Il plante des semis dont il met en scène les germes : certains dansent, d’autres pêchent ou tiennent des discours ironiquement pro OGM. Dans son espace, il y a un curieux champignon photographié durant 24 h, jusqu’à ce qu’il disparaisse. Le titre de cette œuvre pourrait être De la liquéfaction du coprin chevelu, mais « certains y voient une danseuse, d’autres trouvent cela phallique » dit en souriant l’artiste. Grégoire ne sait pas encore de quelle façon son séjour de trois ans au Sénégal a pu imprégner son travail. Si ! Une idée lui vient : l’ombre conviviale des arbres généreux, sous lesquels on s’abrite et l’on discute, là-bas, les baobabs.
34 rue Maubec, Éliane Monnin sculpte la terre. L’artiste, en parlant, assemble de petites billes souples d’une terre grise qui recouvre ses mains. Cela fait trois ans qu’elle utilise la céramique comme mode d’expression artistique. Issue des Arts appliqués de Bruxelles, initiée à la sculpture par Myriam Blom à l’École d’Art du BAB, ses peintures et céramiques colorent les murs de la galerie jouxtant l’atelier. Les formes organiques qu’elle façonne sont le fruit d’un questionnement permanent. « Depuis très longtemps, je travaille autour du corps, du végétal, de la nature morte. Des formes primaires, des protozoaires. Je ne suis pas dans la représentation de l’existant, mais dans l’évocation d’éléments qui rappellent les fonds marins ou les organes humains, tout en jouant en permanence sur le côté attirant, repoussant. » Éliane exposera à Mourenx en juin prochain, à la galerie municipale. •
3
Prunelle a rejoint ses camarades d’atelier en septembre dernier. Elle a derrière elle une belle carrière d’illustratrice, dans l’univers du fanzine. Elle qualifie son œuvre récente de pop surréaliste et souhaite se lancer dans le grand format. Dans l’atelier, peu d’œuvres sont visibles car la plupart sont déjà à Münster, où elle prépare une exposition. Une lithographie exposée à Paris et New-York dans les boutiques Agnès b, illustre bien son travail. Une femme masquée, tatouée minutieusement brandit une flamme, c’est la statue de la Liberté, revisitée. Ici, le trait noir est parfait, les couleurs franches, ses femmes portent toutes des masques, mi-humains, mi-animaux, mi-divinités, beaucoup de sensualité installée d’ordinaire dans des paysages désolés. Prunelle s’essaye à la sculpture sur bois, doute d’elle-même, mais nous présente de très beaux masques colorés. C’est une technique qu’elle va mettre un peu de côté car en ce moment elle pense avoir trouvé sa voie, ailleurs. Actuellement, elle expose à L’Atalante auprès d’autres artistes regroupés par Alban Morlot (directeur de la galerie SpaceJunk) autour du thème du cinéma américain.
Raphaële de Gorostarzu pour Flux 43.5
2