N°04 || septembre > décembre 2011
arts et culture à Bayonne
Les Translatines Le festival fête ses 30 ans
Léonard de Vinci
Olivier de Sagazan
dessins inestimables
invité Improbable
Itinéraire littéraire musée Basque
04 06 08 09 10 12 16
rencontre
de cour à jardin
dedans, dehors !
Michel Dieuzaide
Les Translatines, 30 ans de festival
Rencontres Le Microscope Improbables, Olivier de Sagazan
alternativ’
musée oh !
musée oh !
de-ci, de-là
Itinéraire littéraire Le Pendu de Entre ville au Musée Basque Léonard de Vinci et nature par Sophie Harent
Laurent Cazalis : Créée par un groupe de professionnels, l’association Bayonne Centre Ancien existe depuis juin 1999. Il s’agit de porter un nouveau regard sur le patrimoine traditionnel artistique et intellectuel bayonnais. Nous avons, entre autres, institué les conférences intitulées les Lundis du patrimoine. Ouvertes à tous, gratuites, elles ont lieu deux ou trois fois par an. Nous y avons abordé des thèmes aussi divers que les remparts, la cathédrale, la synagogue, le quartier Saint-Esprit, le Port et les métiers du port, la Cité Breuer, ainsi que plus récemment le patrimoine musical à Bayonne. Étienne Rousseau-Plotto : À ce sujet, il reste une date à retenir, le 21 novembre. Dans le cadre du festival Musique in situ dont Stéphane Goueytes (trompettiste, professeur au conservatoire Maurice Ravel) est coordinateur, et en partenariat avec le conservaLaurent Cazalis toire Maurice Ravel, nous mettons en place une soirée consacrée à la musique (à gauche) bayonnaise, aux compositeurs anciens, modernes et contemporains. Les élèves architecte, président du conservatoire interprèteront l’œuvre de Joël Merah et Peïo Çabalette, dont de l’association Bayonne nous souhaitons fortement la présence, ainsi que de nombreuses pièces de Adrien Centre Ancien Barthe et de Ermend Bonnal. Ce dernier, qui dirigeait le conservatoire de Bayonne Étienne Rousseau-Plotto dans les années 30, est un peu méconnu ici alors que les Japonais ou les Amé(à droite) ricains se sont davantage emparés de son œuvre que les Français. Organiste à professeur d’histoire, Bayonne, Bonnal a composé beaucoup de musiques de chambre et créé le festival organiste et musicologue Musique classique. L’œuvre de ces artistes représente un patrimoine musical d’une valeur inestimable et une grande partie de cette richesse reste, malgré tout, ensevelie dans les archives. La musique classique souffre encore parfois d’un certain élitisme, peut-être par manque de curiosité. Les quatuors d’Ermend Bonnal sont pourtant magnifiques ! Certes, Ravel est plus populaire… Et pour l’anecdote, s’il n’y a pas de témoignage que ses pièces ont été jouées de son vivant à Bayonne, Ravel est venu ici-même en 1914, au Château-Neuf, à la caserne, souhaitant s’engager pour faire la guerre. Il fut refoulé, trop petit, trop maigre… D’un autre côté, j’entendais l’autre jour sur France Musique une œuvre de Joël Merah chantée par Laurent Cazalis : J’ajouterais simplement que nous Beñat Achiary. Ce sont des artistes de renom, là préparons un cycle consacré à l’îlotage, nous nous encore parfois méconnus du grand public. Dans ce éloignons donc des arts pour traiter d’urbanisme. sens, l’initiative de Bayonne Centre Ancien tendant à Mais nous y reviendrons dès 2012 pour présenter faire connaître au plus grand nombre ce patrimoine la Famille Gramont dans l’histoire de Bayonne et immatériel, est particulièrement intéressante. l’année suivante nous nous intéresserons à la ville et à ses peintres. • www.bayonne-centre-ancien.org www.orbcb.fr
Photo de couverture : Jorge Brantmayer Aro de Steph Cop 100 x 200 cm, technique mixte sur acier
delirium plastic || ARO (analyse reflex obsessional) || Steph Cop Artiste représenté par Spacejunk Board Culture Art Centers, ses sculptures « Hwaro » de bois et de béton seront prochainement installées aux abords du Centre aquatique des Hauts de Bayonne.
Contacter Flux 43.5 Si vous souhaitez communiquer votre actualité artistique & culturelle à la rédaction de ce journal, vous pouvez nous écrire à l’adresse : flux43.5@gmail.com Flux 43.5 arts & culture à Bayonne est désormais sur facebook Flux 43.5 est une publication gratuite de la Ville de Bayonne. Direction de la publication : Jean Grenet Rédaction et concept : Anne-Laure Montharry / almproduction Design, reportages photos : Raphaële de Gorostarzu / tactique graphique Diffusion : 5 000 exemplaires Impression : IBT Adresse : Direction de la communication, BP 6004 - 64109 Bayonne Cedex Courriel : communication@bayonne.fr Tél. : 05 59 46 60 40
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« Juana Coliñanco Quilapán a 52 ans. Elle est femme au foyer et fait partie d’une communauté indigène Mapuche, dans le quartier Peñalolen à Santiago, au Chili. »
Ce portrait s’inscrit dans la série intitulée Muchedumbre dont quelques autres photographies seront visibles dans les rues de la ville durant tout le festival Les Translatines du 13 au 22 octobre (lire p.6-7). Ici, l’artiste chilien se propose de raconter les gens de son pays. Connus ou inconnus, étudiants ou sportifs, ouvriers ou femmes au foyer, albinos, transsexuels, intellectuels… Le Chili, où les traces des massacres de Pinochet restent bien présentes dans le cœur des familles décimées, mais où la vie continue, comme ici ou ailleurs.
Raphaële de Gorostarzu pour Flux 43.5
À Bayonne, musique et architecture cohabitent depuis longtemps dans les rues, les églises, les musées, dans des lieux communs ou atypiques. La musique classique, contemporaine, lyrique, le jazz ou l’électro teintent à tour de rôle le paysage urbain de leurs sonorités. Aujourd’hui, à l’évidence, la ville ne peut se penser sans cette richesse pluridisciplinaire qui lui fait porter haut et fort le label des Villes et pays d’art et d’histoire. Point d’orgue et reconnaissance nationale de la très grande richesse du patrimoine matériel et immatériel bayonnais, que tente de mettre en valeur dans chacun de ses numéros Flux 43.5 arts & culture. Laurent Cazalis (architecte, président de l’association Bayonne Centre Ancien) et Étienne Rousseau-Plotto (professeur d’histoire, organiste et musicologue) racontent une tranche d’histoire de la musique à Bayonne et évoquent quelques rendez-vous qui leur tiennent à cœur.
rencontre
Exposition LambeauXgraphies Carré jusqu’au 18 septembre
Désenchanté, Michel Dieuzaide Michel Dieuzaide a côtoyé les plus grands – Debré, Soulages, Tal Coat –, et réalisé de nombreux films documentaires sur la peinture, sa passion. Il donne son avis, parfois un peu désenchanté, sur le cours des choses : l’audiovisuel qui ne s’intéresse plus à la peinture, la tauromachie qui n’est plus ce qu’elle était, et la photographie qu’il manie à la perfection, mais dont il cherche toujours à repousser les limites…
Raphaële de Gorostarzu pour Flux 43.5
9 rue Frédéric Bastiat entrée libre de 13h à 18h tous les jours sauf le lundi
Vous êtes l’un des premiers à réaliser de vrais portraits d’artistes. Pourquoi s’être spécialisé dans ce domaine ? J’y ai consacré une grande partie de ma vie. Tout simplement parce que la peinture est une passion totale. J’étais à Paris quand le centre Pompidou a ouvert ses portes en 1977. Je suis allé voir les films qui se faisaient à l’époque sur les artistes, je les trouvais tous catastrophiques. Je me suis donc demandé comment faire pour améliorer cela. Avec le premier film que j’ai réalisé sur Tal Coat j’ai eu le grand prix du Centre Pompidou. Et voilà, ma carrière a démarré ainsi. Ensuite, il y a eu la création de la SEPT qui deviendra Arte. À l’époque, on pouvait encore faire des films sur les artistes et sur la peinture… aujourd’hui, c’est fini. Comment expliquez-vous ce déclin ? Les dirigeants des grandes chaînes de télévision n’aiment plus la peinture. Ils aiment l’art contemporain, ce que j’appelle moi « l’art content pour rien ». Dans les écoles des Beaux-Arts, on n’apprend plus aux élèves à peindre mais comment trouver des galeries, comment se médiatiser. Les projets sont refusés sans arrêt. Parler simplement de peinture, de gens qui se sont enfouis dans une recherche singulière, n’intéresse plus personne. Il y a eu sur Arte une émission hallucinante à ce sujet. L’École des Beaux-Arts de Paris rendait visite à celle de Moscou. Le professeur, entre dans un atelier où les élèves russes peignent sur un chevalet et dit : « Ah, mais vous en êtes encore à la peinture ! ». Autre exemple, Boltanski a fait une exposition à Moscou. Cet artiste très inquiet n’aime pas être lâché seul dans une ville qui lui est inconnue. Le cinéaste Pavel Longuine, chez qui il était invité, a filmé le montage de son exposition et tous les soirs, l’artiste buvant de bons alcools, fumant de bons cigares et racontant sa vie. Boltanski parlait comme il ne l’a jamais fait. Pavel en a fait un film, un témoignage d’une heure et quart, comme on n’en aura plus jamais. Arte a refusé le film prétextant que cela n’intéresserait personne… J’ai fait un film l’année dernière sur Daniel Cordier, secrétaire de Jean Moulin, mais surtout grand collectionneur français. À quatre-vingt-dix ans, il a donné à l’État cinq cents tableaux : quinze Hartung, quarante Michaux, vingt Dubuffet… Une collection absolument extraordinaire présentée au Centre Pompidou. Dans mon film, Daniel Cordier raconte comment il a acquis ces œuvres, sa rencontre avec Dubuffet, de Staël, etc. C’est un témoignage sur son histoire et sur l’histoire de l’art. Le Centre Pompidou n’a même pas projeté le film une fois pendant cette exposition de trois mois. Et Arte, pour qui je travaille depuis 15 ans, ne l’a pas diffusé non plus. Les bras m’en tombent, mais il arrive un moment où l’on dit basta ! Quel est l’artiste qui vous a le plus fasciné ? Olivier Debré, avant tous les autres. Soulages, Tal Coat… il y en a eu beaucoup. Même si la peinture représente la partie la plus importante de mon travail, il y a eu aussi des musiciens, des écrivains. Beaucoup de gens m’ont passionné. Filmer était un bon moyen d’approcher les personnes que j’avais envie de connaître. Et la photographie ? Mon père étant photographe, je suis tombé dans la marmite. Inévitablement j’ai eu une formation qui me permettait de bien posséder le métier. En même temps, le cinéma a été aussi une manière de me démarquer de lui et de tenter une autre approche de l’image. Et dans le cinéma, il n’était pas connu, et je n’étais plus le fils de… Pour moi, le problème de la photographie, c’est qu’elle est liée au réel et je trouve que c’est une limite. Dans l’art, il ne faut pas qu’il y ait de limites. J’ai donc toujours eu cette volonté de brouiller le regard photographique pour m’offrir plus de liberté. Et je me suis lancé dans ce travail : « Les LambeauXgraphies » C’est aussi probablement une conséquence du travail du cinéma. Le fait de couper les plans, de construire au montage en mettant côte à côte des petits bouts de séquences. Il y a cela, et puis le travail de l’iconoclaste. Tout le monde maintenant regarde
les photographies avec des gants… Il faut arrêter, une photographie ce n’est qu’un morceau de papier, ce n’est pas une peinture ! Le fait de déchirer mes propres photos, au fond, cela me plaisait beaucoup. Curieusement, le fait de les avoir déchirées pour refaire un montage souligne très fortement une certaine réalité. Non ? Le vrai problème, c’est que je suis à la limite du trucage dans cette exposition. Et donc, est-ce que la photographie elle-même n’est pas meilleure que cela ? Je trouve que, dans l’ensemble, toutes les photographies de tauromachie se ressemblent. Dans mes livres, j’ai essayé de faire autre chose. Toutes les expositions sur les taureaux s’appellent Afición, donc j’ai aussi souhaité ici présenter un autre travail que les photos de mes livres. J’en ai fait quatre sur la tauromachie. Je n’ai plus grand-chose à dire après trente années d’afición assez fortes, denses, cela s’est un peu étiolé. J’ai un peu tout vu. Si, il y avait une corrida à voir à Valence, c’était celle avec José Tomas la semaine dernière, voilà tout. Pourquoi ? La tauromachie, c’est aussi l’amour du taureau. Autrefois, les bêtes étaient absolument extraordinaires. Maintenant elles sont plus faibles, tombent quand elles prennent deux piques. Les taureaux sont élevés différemment. Parce qu’il y a trop de corridas. Nîmes, Béziers, Mont-de-Marsan ou Arles, presque toutes les villes françaises ont ajouté un jour de plus à leur feria. La multiplication des dates contraint les éleveurs à engraisser les bêtes et à rapidement les envoyer dans les arènes. La routine des Férias m’a lassé. Je crois que c’est un peu ca. Le phénomène est identique avec les toreros, qui sont lancés comme des marques de lessive à grand renfort de panneaux publicitaires… Autrefois, il y avait un vrai apprentissage, même si certains commençaient très jeunes, la formation du novillero pouvait durer trois ou quatre ans. Que pensez-vous du fait que la tauromachie soit inscrite au patrimoine culturel immatériel français recensé par l’UNESCO ? C’est bien. L’Espagne est un autre volet de vos passions, comment l’expliquez-vous ? L’Espagne est un pays qui m’a envahi, très jeune, parce que j’ai vécu mon enfance à Toulouse, et qu’après la guerre civile en 1939, 25 000 Espagnols s’y sont réfugiés. J’avais des amis espagnols à l’école, mes parents étaient entourés de comédiens, de cinéastes, de directeurs de théâtre espagnols. Il y avait une couleur espagnole très forte dans mon paysage culturel. Ce pays m’a passionné par son passé, son histoire, sa littérature, par le fait qu’il entretienne encore un truc aussi fou que la tauromachie, aussi décalé par rapport à notre époque. J’ai toujours un besoin d’Espagne. J’y vais plusieurs fois dans l’année, au moins trois ou quatre semaines. Je vais partout, mais maintenant que je me suis réinstallé au pied des Pyrénées, je découvre l’Aragon. Un paysage formidable, où je retrouve une authenticité extraordinaire. Je ne vais presque jamais en Catalogne, mais j’aime beaucoup le Pays basque, pas Saint-Sébastien, trop touristique à mon goût. Non, je préfère Guetaria. Le fondement a été l’Andalousie. J’ai eu beaucoup d’amis andalous, mais tout cela est un peu derrière moi. Avez-vous vu quelques corridas ici ? Oui ! Je suis même venu à mobylette depuis Tarbes. Je mettais trois heures et demie. Je partais le matin à huit heures et j’arrivais chez Marcel Dangou. À cette époque-là, les arènes de Toulouse, de Bayonne et de Saint-Vincent-de-Tyrosse où il était pharmacien, lui appartenaient. Je l’avais connu à Toulouse. En voyant ce jeune homme de quinze ans qui prenait des photos de corridas, il se demandait ce que c’était que cet énergumène ! Me prenant un peu en affection, il m’avait proposé de venir à Bayonne : « tu dormiras chez moi, tu mangeras chez moi ». Sa maison était à côté des arènes, elle y est toujours d’ailleurs. Voilà, je venais de Tarbes en mobylette pour voir Dominguín, Ordoñez, Miguel Marquez, El Cordobès, Julio Roblès ou Paco Ojeda… c’était la grande époque. •
05 5 livres Rentrée littéraire les livres que j’aurais envie de lire… Sélection Nicole Mounier, Bibliothèque Universitaire Florence Delay
Musique Michel Serres Editions Le Pommier D’où jaillit la Musique ? Des bruits du monde ? Des clameurs issues des assemblées ? De nos émotions ? Et comment la définir ? Rien de plus difficile que de répondre à ces questions. J’ai préféré dire ce qu’elle est en trois contes… Michel Serres, membre de l’Académie française, est l’un des rares philosophes contemporains à proposer une vision du monde qui associe les sciences et la culture. www.editions-lepommier.fr
La belle amour humaine Lyonel Trouillot Editions Actes Sud Dans un petit village côtier d’une île des Caraïbes, une jeune Occidentale est venue, sur les traces de son père, éclaircir l’énigme aux allures de règlement de comptes qui fonde son roman familial. Au fil de récits qu’elle recueille et qui, chacun à leur manière, posent une question essentielle – «Quel usage faut-il faire de sa présence au monde ? » –, se déploie, de la confrontation au partage, une cartographie de la fraternité nécessaire des vivants face aux appétits féroces de ceux qui tiennent pour acquis que le monde leur appartient. http://www.actes-sud.fr
Le lecteur inconstant Carlos Liscano Editions Belfond Une œuvre à deux têtes : un essai bouleversant sur la dualité entre l’écrivain et l’homme, suivi d’une fantaisie littéraire débridée autour d’un corbeau blanc mythomane. Un diptyque émouvant et savoureux, mêlant à l’émotion de l’autoportrait la jouissance pure du récit d’aventures. www.belfond.fr
à noter
Brocante de la médiathèque
Samedi 24 septembre / 10h-17h Maison des associations, allée de Glain (Parking gratuit) Livres, magazines et cd audios, pour enfants et pour adultes sont vendus au profit des associations caritatives Bibliothèques sans frontières et Association des donneurs de voix. Renseignements : 05 59 59 17 13 (réservé aux particuliers)
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de cour à jardin || les translatines « Amarillo » (MEXIQUE)
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« Comida alemana » (CHILI)
« Ni pú tremen » (CHILI)
Savoir & faire savoir
Les Translatines 30 ans de festival
Jean-Marie Broucaret, directeur artistique des Translatines, célèbre cette année avec son équipe les trente ans du festival. Le metteur en scène des Chimères, compagnie installée à Biarritz, brosse un portrait du théâtre latino-américain des années quatre-vingt à nos jours. Il revient sur la qualité et la diversité des propositions et souligne l’importance de l’empreinte de l’histoire politique sur la nouvelle génération. Trente ans de festival… voilà qui permet de dresser un véritable état des lieux du théâtre en Amérique latine. Quels changements avez-vous observés durant ces trois décennies ? L’Amérique latine est un continent en pleine progression qui a vécu, bien entendu, de profondes évolutions durant ces trente dernières années. La première est la capacité de certains pays à faire connaître les créations de leurs artistes en Europe. Je pense au Chili, à l’Argentine, au Brésil. Aujourd’hui, plusieurs créateurs “exportent“ plus facilement leurs spectacles, en France notamment. Ils y trouvent des diffuseurs. Certains metteurs en scène sont devenus des artistes associés auprès d’établissements culturels prestigieux de l’Hexagone… Par ailleurs, en trente ans, certaines troupes emblématiques ont disparu, du moins sous la forme que nous leur connaissions il y a quelques années, « La Tropa » chilienne, le « Periférico de objetos » argentin, plus récemment le « Teatro de los Andes » de Bolivie par exemple. Cela change le panorama. Une nouvelle génération apparaît. Plusieurs jeunes artistes - auteurs, metteurs en scène, acteurs - se font connaître et apportent avec eux de nouvelles esthétiques et de nouveaux points de vue. Le festival en témoigne cette année, en ce qui concerne le Chili.
Quels sont les moments forts qui vous viennent à l’esprit ? Durant ces trente années, parmi les troupes latino-américaines, certaines ont marqué profondément le festival comme le « Teatro del Silencio » et « La Troppa » du Chili, le « Teatro de los Andes » de Bolivie, « De la Guarda » et
Les Translatines du 13 au 22 octobre Programme complet : www.theatre-des-chimeres.com
« Periferico de objetos » d’Argentine… Dans les années 80/90, des équipes catalanes, nées de la movida barcelonaise tout particulièrement, ont beaucoup influencé le festival et contribué à lui donner son identité un peu « décoiffante ». Je pense à la « Fura dels Baus », que nous avons été les premiers à faire connaître en France, à « Sémola Teatro », Carles Santos, Albert Vidal, « Els Joglars », les « Comedians ». Sans oublier la « Cuadra de Sevilla », moins échevelée, mais profonde et puissante dans ses rituels et son engagement. Et, plus tard, le très polémique Rodrigo Garcia…
Vous êtes toujours très au fait des mouvements de la nouvelle création. Pensez-vous que nous sommes en train d’assister à l’émergence d’un théâtre documentaire ? Je pense notamment à Ni pu tremen de Paola Gonzalez ? Ce mouvement existe au cinéma. Au théâtre, aussi. De nombreuses réalisations s’inscrivent au plus près de la vie, dans sa dimension « civile », si l’on peut dire. Parfois, cela va jusqu’à faire monter sur scène des personnes qui ne sont pas des acteurs et ne jouent pas des personnages, mais qui viennent témoigner d’un aspect d’elles-mêmes, de leur vie, qui peut nous intéresser. C’est le cas des Indiennes Mapuches du spectacle Ni pu tremen, qui témoignent de leurs mémoires et de leur vie actuelle à Santiago du Chili où elles subissent une forte discrimination. Et ce sera, également, le cas des femmes basques qui viendront évoquer leur propre vécu dans le cadre du spectacle créé pour le festival Emabide, en miroir de celui des Mapuche, sous la direction de Didier Ruiz. Est-ce encore du théâtre ? Je suis convaincu que oui. Car la parole y est travaillée, adressée, mise en scène, et dans le cas de Ni pu tremen accompagnée d’interventions musicales interprétées sur des instruments traditionnels. Ce théâtre-là offre des moments extrêmement émouvants, intimes, où nous devenons les dépositaires d’une parole d’hommes et de femmes qui ont décidé de nous la transmettre dans une démarche collective. C’est superbe !
En France, le travail du metteur en scène argentin Claudio Tolcachir rencontre un succès indéniable sur chacune de ses tournées, à quoi cela tient-il selon vous ? Claudio Tolcachir est fasciné par les exclus de la société. La crise en Argentine a créé beaucoup de ces marginaux qui tiennent en inventant de petits systèmes de survie, souvent en se regroupant : ramasser des cartons, faire du troc, figurer dans des films, etc. Tolcachir s’inspire donc directement de la vie et le public y est sensible. Ensuite, il possède une écriture alerte, vivante, un sens comique développé et populaire qui apparente son théâtre aux comédies italiennes. On rit beaucoup dans ses spectacles. Enfin, bien que ses personnages soient extravagants et souvent farfelus, il reste tendre avec eux et leur garde beaucoup d’humanité. On peut se reconnaître en eux. Claudio a beaucoup de talent. Il est l’exemple même de
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Roberto Blenda
Mettre en réseau et valoriser les fonds documentaires en Pays basque
cette nouvelle génération dont nous parlions. Bon auteur, acteur recherché, pédagogue réputé, directeur de théâtre pertinent, il est apprécié par l’Europe. Un artiste d’avenir.
sion pour des enfants à partir de six ans. Et, comme tous les bons spectacles pour jeune public, il régalera aussi les adultes. Le mieux est d’y venir en famille.
Cristian Plana, valeur montante du théâtre chilien, êtes-vous d’accord ? Pourquoi ?
Pour la première fois, des ponts se sont établis avec Saint-Sébastien. De quelle façon ? Quels changements espérez-vous du fait que cette ville soit désormais élue capitale européenne de la culture ?
Encore un jeune pétri de talent et promis à un bel avenir ! Lorsqu’en janvier 2010 nous avons découvert à Santiago Comida alemana, qu’il a mis en scène, nous sommes sortis du spectacle convaincus que nous venions de découvrir un oiseau rare. Cette façon de s’emparer de l’œuvre d’un auteur autrichien, Thomas Bernhard, de la faire résonner par rapport à l’histoire de son propre pays en évoquant l’idéologie nazie réfugiée au Chili, cette intelligence, ce sens de l’espace théâtral, de la précision, la force des chants, des chœurs… Brillant, remarquable ! Au cinéma, Raoul Ruiz l’a choisi comme assistant. Rien d’étonnant à cela. Je suis certain qu’on n’a pas fini d’entendre parler de Cristian Plana.
On sent, dans toute une partie de votre programmation, le désir de montrer un théâtre engagé. Est-ce là une façon d’établir des passerelles artistiques entre les différents pays invités ? Dans ce cadre, est-il concevable de parler de théâtre latino-américain ? La dimension politique que les auteurs, les metteurs en scène, les acteurs latino-américains mettent dans leur théâtre est essentielle. Ce sont des pays où l’histoire politique pèse beaucoup. Ils ont connu souvent des régimes totalitaires violents qui ont meurtri les corps et les consciences. Et même aujourd’hui, quand parfois les conditions se sont assouplies, les blessures restent vives et se transmettent de génération en génération. Les artistes se fixent souvent pour mission de dénoncer l’injustice, l’oppression, de résister. C’est pour cela que de nombreux spectacles ont des contenus politiques. Dans la mesure où le festival souhaite rendre compte de la création contemporaine de ces pays, il est logique que l’on retrouve dans sa programmation des réalisations engagées. Mais cela n’est pas un choix de notre part, mais plutôt une donnée incontournable.
Cette année, un spectacle de marionnettes devrait une nouvelle fois enchanter petits et grands. Pouvez-vous nous en dire un mot ? En effet, nous avons voulu, pour ce trentième anniversaire, que les enfants soient eux aussi de la fête en leur proposant un spectacle venu d’Andalousie, El castillo rojo, interprété par le « Teatro La Maquiné ». On y retrouve l’univers des contes, l’Alhambra de Grenade, les princesses à délivrer et les sortilèges à vaincre. Évidemment, festival oblige, il s’agit d’une version contemporaine de l’univers traditionnel des contes et légendes. C’est ainsi qu’à côté des marionnettes, des ombres chinoises, on trouve également de la vidéo. C’est un spectacle très vivant, très poétique, avec beaucoup de musique, d’images et de l’humour aussi. Il n’y a pas de texte, donc aucun problème de compréhen-
Nous sommes vraiment très heureux de cette collaboration avec la ville de Saint-Sébastien qui s’inscrit dans le droit fil de l’esprit des Translatines et concrétise des relations plus informelles déjà engagées auprès des artistes depuis plusieurs années. Nos partenaires sont « Donostiakultura », service culturel de la Ville, et le théâtre Victoria Eugenia. La collaboration se fera, d’une part, autour de trois spectacles chiliens et mexicains programmés par Les Translatines, qui seront également joués à Saint-Sébastien, et d’autre part, en invitant à se produire à Donostia le spectacle en langue basque, créé au festival, Emabide, sur la mémoire et le vécu des femmes basques. Il est évident que la désignation de Saint-Sébastien comme capitale européenne de la culture 2016 va favoriser, dans les prochaines années, le développement d’un axe culturel transfrontalier, fondé sur la circulation des réalisations, la création de projets partagés et surtout, nous l’espérons, la mise en place d’outils qui permettent de structurer et de pérenniser cette relation culturelle transfrontalière. Il s’agit là d’une opportunité considérable, autour de laquelle nous devons tous travailler pour construire les bases d’échanges et de rencontres durables. •
quelques dates 18 octobre, 21h – Théâtre de Bayonne Te haré invencible con mi derrota (ESPAGNE) Angelica Liddell
18 et 19 octobre, 19h – Maison des associations Comida alemana (CHILI) Cristian Plana
19 octobre, 21h – Théâtre de Bayonne Viento del pueblo (Espagne/France) Création de Vicente Pradal à partir des poèmes et de la vie de Miguel Hernández.
21 et 22 octobre, 19h – Maison des associations Ni pú tremen (CHILI) Paola González, Teatro Kimen
21 et 22 octobre, 21h30 – Lauga Kadogo, niño soldado (CHILI) La Cia Patriotico Interesante
21 et 22 octobre, 21h30 – Théâtre de Bayonne Amarillo (MEXIQUE) La Compagnie Linea de Sombra
22 octobre, 18h – Maison des associations Emabide (PAYS BASQUE) m.e.s Didier Ruiz de la Cie des Hommes, assisté de Txomin Heguy du Théâtre des Chimères
Difficile de résumer en quelques lignes l’ampleur du projet que mène MarieAndrée Ouret, chargée de mission à la médiathèque de Bayonne. Il s’agit de résoudre une difficulté, exprimée par de nombreux chercheurs, amateurs, curieux, à la recherche d’informations sur le Pays basque, son histoire, sa langue. En effet, issus d’une pratique ancienne de collecte et d’archivage, des fonds d’ouvrages, de journaux, de photos, de manuscrits et de films concernant le Pays basque se sont constitués, parfois depuis longtemps. Ils se trouvent aujourd’hui disséminés dans des bibliothèques ou médiathèques, des centres d’archives, des universités, des musées, des collections privées… Un projet « fonds basques » a donc vu le jour, qui fédère les efforts de la Ville de Bayonne, mais aussi du Département, de la Région et de l’Etat, avec un soutien technique et financier de la Bibliothèque Nationale de France ; il vise à créer un portail sur Internet qui recenserait ces différents fonds et permettrait d’y faire des recherches. Via ce portail, il sera également possible de consulter directement des documents rares ou remarquables, qui auront été intégralement numérisés : premiers imprimés en langue basque, manuscrits de pastorales, photos, presse ancienne… Des expositions virtuelles mettront en valeur un personnage emblématique, un évènement historique particulier, un village du Pays basque… au travers des textes et des images qui ont été conservés. Une telle entreprise s’appuie sur des institutions telles que l’Académie de la langue basque, l’Université, l’Institut culturel basque. Elle permettra également, chose inédite, de créer un réseau des fonds basques reliant des établissements très divers, tous attachés à diffuser et à transmettre un patrimoine commun inestimable.
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dedans dehors || rencontres improbables
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alternativ’ || le microscope
Intriguant, Olivier de Sagazan Frédric a proposé à Olivier de Sagazan d’être l’invité d’honneur des Rencontres Improbables, du 12 au 26 novembre. Le performer a carte blanche et programme ainsi des artistes proches de
Oui, et je suis d’ailleurs très proche depuis toujours des artistes dont il s’est entouré comme Ousmane Sow ou Enki Bilal. Il y a une affinité, une filiation évidente. L’idée était de partir de quelques leitmotivs de mes peintures et sculptures qui sont pour moi essentiels. Avec Kristian, on est parti d’une dizaine de pièces. Il a eu l’art de me faire dire comment j’en suis arrivé à chacune de ces positions, puis il a réinterprété mes mots et les a écrits. Cela devrait être un travail, à la différence de ce qu’il a pu faire jusqu’à maintenant, essentiellement sur le corps et la chorégraphie, proche d’une installation, avec peu ou pas de parole. Un travail sur l’esthétique, la défiguration du corps, l’hybridation qui se jouera à trois, deux danseurs, Richard Nadal, une femme et moi en fond de scène.
son univers artistique riche, saisissant, violent, beau. Comment procédez-vous au choix des artistes que vous programmez ? Les artistes-performers programmés sont, pour la plus grande partie, des gens pour lesquels j’ai une certaine sympathie, dont j’apprécie le travail et la direction qu’ils se donnent. Cette année, la programmation suit une ligne directive assez tenue, qui tournera autour de la question du corps, plus précisément de la tension qui existe entre le primitif et l’homme « prothétique » vers lequel on se dirige et qui est en relation de plus en plus étroite avec la technologie. Soit la difficulté d’être un animal qui, par la force de sa pensée, s’extrait de plus en plus de la question du corps. Cinq ou six artistes programmés travaillent dans ce sens… Ainsi Yann Marussich, qui a remporté un premier prix au festival de New York, fait toujours des performances dans des états un peu extrêmes. Là, il se met dans une baignoire en fonte dans laquelle sera déversée près d’une tonne de verre brisé dont il va s’extraire en l’espace de trois quarts d’heure, une heure, très doucement. Des capteurs de son, installés un peu partout, créent une ambiance assez impressionnante, où la prise de risque est indéniable. Une performance l’a rendu particulièrement célèbre. Il travaillait alors avec un biochimiste qui lui injectait un produit « x », puis il s’enfermait dans un cube de verre. Au bout d’un long moment, l’artiste se mettait à transpirer beaucoup et les gouttes qui ruisselaient sur son corps étaient bleues. Tout son visage finissait bleuté. Un autre cas, Ghel Nikaido, danseur qui fait partie d’une troupe assez connue au Brésil, a eu envie de reproduire l’ensemble de mes sculptures, dans lesquelles il voyait déjà une sorte de concrétion, de coagulation de mouvements.
Dans votre œuvre, on note que la parole intervient toujours en dernier et qu’elle prend une place chaque fois plus importante. Où en êtes-vous de cette recherche sur la parole ? Une des problématiques qui m’est très chère est cette distanciation faite depuis des siècles entre la question de la parole et du corps. On a toujours voulu les séparer mais à mon avis, il faut absolument les réunir. Mon travail montre cette tension qu’il y a entre les deux, comment la parole est là comme expression de l’affectivité du corps, mais avec toutefois une forme d’indépendance. Je crois d’ailleurs que la déconnexion de l’un par rapport à l’autre ne peut aboutir qu’à des monstruosités, comme le nazisme, ou d’autres formes de totalitarisme. Si chez les nazis le corps était très important, il fallait qu’il soit proche des canons grecs, c’était un corps idéalisé. Il nous faut retrouver un corps de chair, vieillissant, souffrant et jouissant, qui est un vrai corps naturel, s’interrogeant sur lui-même par le biais d’un médium qui est le langage. Dans la roue, j’essaye de montrer
J’ai donc ma performance sur le visage que je vais décliner avec Marie Cardinal, puis avec Richard Nadal, un danseur également très connu. Il s’agira d’improvisations. Ça va être assez intéressant et inquiétant. De la même façon, je travaillerai avec le pianiste Antoine Bataille. Il interagira avec cette performance sur le visage. Je reprendrai aussi une performance que je fais dans une roue en métal. Je l’ai déjà présentée il y a une dizaine d’années, mais je la retravaille complètement différemment. Dedans, je soliloque un peu à la Beckett dans L’innommable. Ce personnage très inquiétant qui essaie de saisir sa propre pensée, et qui en vient à se demander si le moi qui parle est bien celui qui parle. On ne sait plus très bien si ce ne sont pas les mots qui parlent pour nous, et si l’on n’est pas l’objet d’une manipulation.
Je pense que toute œuvre d’art, tableau ou œuvre musicale, est une transposition de mon corps. Je ne parle pas du « tas de viande » à la Deleuze, je parle de la chair qui s’éprouve. Je pense qu’il y a une transformation quasi mathématique entre ce corps propre, et l’œuvre d’art. Une empreinte qui s’effectue comme un cachet dans la cire. D’où l’idée, de plus en plus, de tenter d’être présent dans l’œuvre. Il y a un peu, dans la peinture et dans la sculpture, un travail par procuration. C’est-à-dire, que je fais une œuvre dans un atelier, dans la solitude, et quand elle est finie je la pose dans une galerie, et voilà.
Cela semble effectivement plus facile. Oui. Il y a peut-être plus un désir de sincérité, de courir à la catastrophe comme si cette course allait permettre de révéler quelque chose. Comme si cette course, cette grande instabilité, pouvait dénouer, décoaguler des choses, et mettre le corps sur une sorte de borderline. Toute l’idée de la transfiguration part de ce postulat. Attention, il n’y a là rien de morbide, il ne s’agit pas de percer le corps pour le plaisir… C’est un point très important à faire passer. Ce travail n’est ni morbide, ni sadomasochiste. Je suis dans une sorte d’éloge de la vie, de scrutation ou d’interrogation de ce qu’est le vivant. Mais il faut parfois dépasser la nature de beaucoup pour comprendre ce qu’elle veut dire. Donc, pour moi, la défiguration et toutes ces attaques un peu dures du corps, je ne l’entrevois que comme un processus créatif, une manière de faire apparaître des choses. Pour tout dire, cela a été une claque, quand j’ai fait pour la première fois cette performance sur la déformation du visage. Parce que soudainement se révélaient à moi au travers de la caméra des images mille fois plus intéressantes que ce que je faisais, il y a vingt ans, quand je travaillais avec mes yeux, je faisais des visages, et tout d’un coup là, je travaille à l’aveugle. C’est-à-dire que quand quelque chose ne me paraît pas bien, je ne l’efface pas. Et le résultat est tout à fait impressionnant. Je me suis dit qu’en fait la valeur de ce processus créatif, de cette performance, reposait dans le fait qu’il n’y avait plus d’interdit, comme dans le processus créatif d’un enfant.
Pensez-vous que cette transfiguration vous conduise à quelque chose de beau ? Ce n’est pas un beau au sens grec. Beau en revanche, si l’on donne au beau le sens de révélation de notre intériorité, de ce que nous sommes, c’est ainsi que j’entends l’art. Je suis un scientifique, je veux des concepts, des images qui soient prégnantes, signifiantes. Une image est belle dès lors qu’elle déroge au canon de la beauté et qu’elle me dit quelque chose de l’humanimalité (pour reprendre le terme de Michel Surya) qui nous traverse : ce que l’on doit tenter de faire jaillir de nos toiles, nos sculptures, nos écritures, nos musiques. Si cela me bouleverse tant mieux, c’est l’intérêt d’une œuvre d’art… •
N’est-ce pas là, l’introduction d’un nouveau médium dans votre travail ?
Les Rencontres Improbables, 12 - 26 novembre 2011 Olivier de Sagazan
Le Microscope
En vous lisant, on peut se demander comment vous pouvez arriver à la performance, car on perçoit chez vous une certaine difficulté à se montrer soi-même. Comment avez-vous pu franchir le pas ?
« Il nous faut retrouver un corps de chair, souffrant et jouissant, s’interrogeant sur lui-même par le biais du langage. »
Quelles seront vos propres interventions ?
Si, on franchit un nouveau pas vers le théâtre ! J’ai été peintre puis sculpteur, avec un désir de rentrer de plus en plus dans la création. La performance lors de laquelle je me recouvre de terre est une façon de m’investir encore un peu plus et de devenir matière, objet de réflexion. Le fait de prendre la parole, d’oser prendre la parole comme objet de réflexion, pour moi c’est quelque chose qui n’est pas évident du tout, mais qui en même temps me passionne.
le caractère singulier de cette parole qui parle sans bien comprendre le mécanisme d’apparition.
http://rencontresimprobables6.over-blog.com + d’infos sur l’artiste : www.nefsdesfous.free.fr
Maison de l’étudiant, 77 rue Bourgneuf 64100 Bayonne Tél. : 05 59 57 41 62
qui est-ce ?
Marie Dubroca (à gauche) et Vanessa Caque
Bouillon de culture Le Microscope, service culturel de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour à Bayonne, souffle sa première bougie en septembre. Le point avec les deux « drôles de dames » de cette structure qui fait bouger les étudiants. Leur bureau se trouve au sein de la Maison des étudiants, jouxtant le lycée Paul-Bert. Vanessa Caque, directrice artistique du Microscope, partage son temps entre la Centrifugeuse, l’antenne paloise du service, et Bayonne où elle a recruté Marie Dubroca pour l’accompagner dans sa mission. Ensemble, elles expliquent qu’aujourd’hui le programme artistique du Microscope gagne en cohérence puisqu’il est piloté par une seule personne. Il fait la part belle à la découverte et s’adresse à un public plutôt jeune. Marie et Vanessa concentrent toute leur attention sur la musique actuelle, afin de « dynamiser aussi un peu la vie nocturne à Bayonne ». En outre, Marie peut aider les étudiants à monter un projet culturel de A à Z. Une subvention spécifique est octroyée aux meilleures idées. Vanessa s’étonne qu’il n’y ait pas encore de radio d’étudiants à Bayonne, cela pourrait donner des idées aux journalistes en herbe… Par ailleurs, des espaces d’exposition sont disponibles pour les étudiants photographes.
Petites perles musicales Comme certaines associations, ces deux « drôles de dames » se trouvent toutefois désemparées, car il n’y a pas encore de salle équipée qui réponde aux besoins des groupes programmés. Ainsi, elles oscillent entre les bars, les restaurants, et prochainement le Musée Basque. La qualité d’écoute s’en voit diminuée et la diversité de la programmation fâcheusement limitée. Ainsi, il n’y aura ni danse ni théâtre le prochain trimestre, à l’exception du spectacle Transparent de la Compagnie Ertza proposé gratuitement en collaboration avec Dantza Hirian devant le restaurant universitaire. En revanche, les mois à venir réservent aux amateurs de moments forts de vraies petites perles musicales à découvrir sans retenue. Retenons la soirée gratos du 22 septembre sur le parvis de l’université. Pas de tête d’affiche… que des jeunes très actifs ! La Marie Dubroca etavec Vanessa Caque soirée débutera le One man band, Piano Chat,
une musique minimaliste savamment orchestrée qui commence très simplement puis explose, faisant penser à Godspeed You ou Black Emperor dont Vanessa est ultra fan. Derrière, viendra à l’inverse une chorale de treize chanteurs, les Crane Angels, du collectif Iceberg, entre Beach Boys et Polyphonic Spree. Le spectacle de Crane Angels sera nourri de nombreuses petites formes satellites comme Petit Fantôme, qui apportera une touche plus électro. C’est l’occasion de découvrir ce collectif, cette génération de musiciens, et ce qu’ils apportent. Installés à Bordeaux, la plupart sont originaires de Pau ou de Bayonne et sont à peine plus âgés que les étudiants. Ils sont très bien chroniqués et en lice pour le concours des Inrockuptibles. Le 13 octobre, première date au Musée Basque avec This is a kit, un groupe plutôt folk dont le noyau dur est un couple qui peut être accompagné, au cours des tournées, d’un batteur, d’un trompettiste ou de violonistes. Vanessa a été touchée par la voix de la chanteuse, très douce. C’est une musique très bienveillante, presque naïve. Ils ont fait des concerts avec José Gonzalez et The National. Ce groupe fait partie de la nouvelle scène de Bristol, garantie de qualité. Le 4 novembre, soirée coup de cœur : il paraît qu’il faut venir avec ses coussins pour écouter très confortablement Arlt, un duo de Français repéré à Brooklyn. La presse internationale en parle, les Inrockuptibles aussi… « C’est très poétique, j’y vois vraiment une petite pierre précieuse. », précise Vanessa. Suivront la Kora de Yann Tambour et le Texan Josh Pearson. •
étudiants : entrée gratuite autres : 6 euros http://mde-culture.univ-pau.fr/live/le-microscope
dr
Vous avez travaillé durant une semaine avec Kristian Frédric à l’écriture d’un éventuel spectacle. Esthétiquement, des similitudes sont palpables entre vos deux univers. Je pense notamment à La nuit juste avant les forêts, de Koltès, où, à la fin, Denis Lavant recouvre son corps nu de terre argileuse. Êtes-vous conscient de cette proximité ?
Raphaële de Gorostarzu pour Flux 43.5
Intéressé par ses performances, Kristian
Michaël Gavazzi, nouveau directeur du Conservatoire Maurice Ravel Michaël Gavazzi, une quarantaine d’années, a des attaches familiales dans la région. Choisi parmi six autres candidats, il était jusqu’alors directeur du conservatoire de Pontarlier, dans le Doubs. Il étudie la composition musicale au Conservatoire national supérieur de Paris auprès d’Emmanuel Nunes, artiste portugais. Au sein de cet établissement, il suit également les cours de Michaël Levinas où il fera la connaissance d’Arnaud Peruta, ancien directeur du Conservatoire de Bayonne. Percussionniste au sein de l’Orchestre National du Capitole pendant ses années d’études à Toulouse, il écrit pour cette formation un Concerto pour clarinette, trombone et marimba créé en 2001. Michaël Gavazzi a composé des œuvres pour le Quatuor Hélios, le pianiste Nicholas Angelich et l’Ensemble Itinéraire. Il termine actuellement l’écriture de trois mélodies pour ténor, baryton et piano qui ont été créées pendant l’été au Festival lyrique de Montperreux. L’un de ses projets est de développer la pratique du chant choral dans les classes de formation musicale.
musée oh ! || musée basque
Quand le zuzulu susurre à l’oreille de Zulaika
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Txomin Laxalt dans la salle où est exposée la sculpture d’Oteiza, au second étage du Musée Basque.
Depuis que Rafael Zulaika a pris la direction du Musée Basque, une idée le taraude. Pourquoi la littérature ne permettrait-elle pas de découvrir le musée autrement ? Au fil de ses rencontres et de ses lectures, il a défini un parcours littéraire très personnel et passionnant. Onze textes, onze auteurs différents, tracent le chemin d’un nouveau musée imaginaire. Rafael Zulaika : « En 2008, tandis que nous mettions en place un outil d’accompagnement de la gestion du musée par des personnes expertes, aujourd’hui appelé Conseil d’orientation scientifique et culturel, les noms de différentes personnalités ont été évoqués afin de constituer une instance consultative, dont celui de Florence Delay (en définitive, elle ne fait pas partie du conseil ; nous avons considéré qu’elle ne serait peut-être pas assez disponible…). Curieux de connaître son œuvre, je me plonge dedans, illico presto. Dans Etxemendi, le protagoniste retourne à la ferme de ses ancêtres, il décrit scrupuleusement le mobilier et notamment le zuzulu, un banc dont la spécificité est de proposer trois places assises avec à son centre une tablette. “Quasiment dans la cheminée un banc de bois, dont le dossier était sculpté de grands losanges pleins, portait en appendice sur le dos un rabat sur lequel poser les verres. (…) Puis il revint vers le banc et le caressa. Lui aussi il le reconnaissait, lui aussi venait de chez sa grand-mère. Zuzulu, zuzulu, murmura-t-il en le caressant, car le nom lui était revenu. Il y avait passé des heures, les pieds ne touchant pas terre, il y avait appris à lire.” Etxemendi, Florence Delay Un peu plus tard un cycle de lectures est organisé par l’association Maiatz. Itxaro Borda est alors invitée. J’avais lu 100 pour cent basque et je découvre qu’elle a écrit Manex, berger des étoiles en français. Je me suis régalé en lisant la description de l’activité du berger Manex qui continue de fabriquer de façon traditionnelle le fromage, comme sa mère le lui a appris. Beaucoup de tendresse ressort de ces quelques lignes. Mais en contrepoint de tout cela, et c’est là qu’elle est très forte, Itxaro dépeint un berger totalement féru de nouvelles technologies, ordinateurs, panneaux solaires, etc. Ironiquement, quand les touristes viennent acheter son fromage, Manex dissimule toute cette modernité qui pourrait nuire à l’image que les visiteurs se font du berger. Autrement dit, il y a un questionnement
10+1 : un concept bien pensé
les 11 auteurs
Le dix juin passé, le musée basque a fêté les dix ans de sa réouverture. Pour célébrer cet anniversaire, un nouveau site web a vu le jour, dont le design original propose un contenu très intéressant. De plus, le dix de chaque mois Rafael Zulaika et son équipe proposent aux visiteurs une nouveauté, la prochaine sera le parcours littéraire. Onze Hamaika en basque, invitation à aller au-delà, à poursuivre le parcours, en savourant, pourquoi pas, du chocolat au musée ou à côté. « Dix auteurs plus un égale onze ; deux chiffres qui ne constituent pas seulement le composant et le fruit de la seule addition, mais qui répondent, par leur symbolique, au souhait d’une démarche achevée : dix, le Tetraktys pythagoricien, la somme des quatre premiers nombres, le chiffre parfait dont la rigidité se voit émoussée par le onze, hamaika en euskara, nombre qui exprime aussi en basque la diversité, la quantité, et que l’on peut traduire par “maintes fois”. Ce chiffre que l’on dit symbole de l’initiative personnelle exhorte donc à aller plus avant dans la connaissance. » Extrait - texte de Txomin Laxalt présentant le parcours
Marie Darrieussecq, Le pays Itxaro Borda, Manex, berger des étoiles Arantxa Urretabizkaia, 3 Mariak Hasier Etxeberria, La ballade d’Inessa Florence Delay, Etxemendi Aurelia Arkotxa, Septentrio Txomin Laxalt, L’Usage de ma ville Jean de Jaureguiberry, Baxabürian Bertsu, Irungo partida Ur Apalategi Idirin, Gauzak eta hiriak Michèle Kahn, Cacao
sur la folklorisation des cultures traditionnelles qui est très drôle. En deux lignes, Itxaro résume tout cela à merveille. “Il avait successivement informatisé la traite et la surveillance de ses brebis, mais il conservait jalousement comme un privilège, sa façon de fabriquer le fromage selon les techniques manuelles héritées de sa mère. (…) Manex trempait ses mains dans le lait de la même façon que sa mère et quand il réussissait à former un fromage bien proportionné et onctueux, il savait qu’il suivait les traces maternelles. C’est pour cela qu’il ne désirait pas mécaniser la chaîne de fabrication de son cher produit. Malgré sa manie quasi américaine de s’équiper de gadgets divers et d’être toujours à la pointe du progrès. (…) Manex menait une sorte de double vie quand la saison touristique battait son plein. Il représentait le berger typique, archaïque (…) Durant ces visites prévues assez à l’avance, il cachait son matériel électronique et ses nombreux gadgets dans des cartons recouverts de paille parfumée.” Manex, berger des étoiles, Itxaro Borda. Plus récemment Marie Darrieusecq est venue faire une conférence au musée. De fil en aiguille, et de lectures en rencontres, est née l’envie de créer un projet autour de ces textes et des objets décrits que l’on retrouve au musée. L’idée cheminant dans ma tête j’ai cherché d’autres écrits pour illustrer certains thèmes choisis, j’ai eu par exemple beaucoup de difficulté à trouver un auteur qui aborde les rites funéraires au Pays Basque de façon romanesque plutôt que scientifique. J’ai découvert le roman du jeune écrivain Arantxa Urretabizkaia 3 Mariak, dans lequel une femme, Zuri, raconte à ses amies combien il a été difficile pour elle d’accepter que son mari choisisse de se faire incinérer, même si elle comprend les mots du défunt : “Nahikoa hotz pasatu dut nik kartzelan eta itsasoan, esan zuen argibide gisa, kanposantuan ere sekula santarako hotzak dardarka egoteko.” (J’ai eu suffisamment froid en prison et en mer, disait-il en guise d’explication, pour ne plus, au grand jamais, trembler de froid, même pas au cimetière.) 3 Mariak, Arantxa Urretabizkaia Très vite, il m’est apparu évident qu’il faudrait un fil conducteur pour soumettre tous ces textes au public. J’ai donc choisi d’associer pleinement Txomin à ce projet. Celui-ci a écrit une introduction conceptualisant clairement la démarche, et quelques lignes présentant chaque auteur, replaçant également les textes sélectionnés dans leur contexte. Je souhaiterais pouvoir offrir à la consultation l’ensemble des publications aux visiteurs, mais certaines parutions sont épuisées. En revanche, comme il me tenait à cœur de présenter des auteurs du Pays Basque Sud et du Nord, les textes devront pouvoir être lus en français et en basque. Mon rêve serait de pouvoir éditer un ouvrage reprenant tous ces extraits dans les deux langues. Pour cela, je suis encore à la recherche de financements. » D’autres auteurs enchanteront cette nouvelle lecture des salles du musée Basque, onze au total, mais s’il y en avait un dernier à citer, Flux choisirait sans hésitation Ur Apalategi, car la pertinence de sa réflexion sur la littérature basque et notamment l’œuvre de Bernardo Atxaga1, est prégnante d’enseignements et perceptible dans le texte de Ur choisi par Rafael Zulaika pour aborder un autre sujet omniprésent au Pays basque, le cercle. Figure source d’inspiration de Oteiza, dont le visiteur pourra découvrir une sculpture en fin de parcours au deuxième étage, devant les immenses baies ouvertes sur la ville. • 1. http://lapurdum.revues.org/1185Pour une critique contextuelle des « petites littératures », Bernardo Atxaga : l’invention de l’écrivain basque.
Musée Basque et de l’histoire de Bayonne Itinéraire littéraire À découvrir le 10 septembre
Raphaële de Gorostarzu pour Flux 43.5
De l’idée au parcours
37 quai des Corsaires Tél. : 05 59 59 08 98 • 10h - 18h30 sauf lundis et jours fériés • Entrée : 5.50 e Tarif réduit : 3 e Gratuit le 1er dimanche de chaque mois€ www.musee-basque.com
« Francis Marmande, un Bayonnais de taille, a écrit : “Les villes à deux rivières sont des villes fortes”, voilà sans doute l’une des raisons pour laquelle Bayonne ne laisse pas indifférent. Deux rivières, justement, viennent y achever leurs courses pyrénéennes. L’Adour (Aturri) confère à la ville l’accent gascon quand la Nive (Errobi) décline toute la palette des fards de la montagne basque et charrie l’euskara qu’ici, par bonheur, on se plaît à parler par-delà le seul étal du marché. Ce qui fait que l’on a un ‘Grand’ et un ‘Petit’ Bayonne –l’usage impose la majuscule- l’enfant (plus) sage et le déluré qu’un juste engagement n’a jamais rebuté, et quatre ponts pour les réunir. (…) Bayonne, cité sous deux ciels, pyrénéen et déjà atlantique. Sur sa poupe, Bayonne s’adosse à la campagne, s’éteint doucement aux méandres d’une Nive au fil de laquelle des saules pleureurs laissent traîner leurs ballantes frondaisons. À sa proue, l’Adour a des velléités océaniques, les avenues qui vont à sa rencontre exhalent déjà des senteurs marines, et, en lisière, déploient l’auvent d’immenses pins parasols. » Extrait de Bayonne, l’usage de ma ville de Txomin Laxalt
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musée oh ! || musée Bonnat-Helleu Léonard de Vinci (1452-1519) Homme pendu par le cou L’œuvre dans son contexte
Raphaële de Gorostarzu pour Flux 43.5
L’homme pendu par le cou est Bernardo di Bandino Baroncelli. Meurtrier de Giuliano de Médicis, il fut mis à mort le 24 décembre 1479, pendu aux fenêtres du Palazzo del Capitano (actuel musée du Bargello). Le dessin fait référence à des faits survenus en 1478 à Florence, dont Léonard, présent dans la ville, fut le témoin : l’épisode sanglant de la conjuration des Pazzi, dont on connaît le déroulement avec précision grâce aux récits contemporains. Politien1, qui se trouvait avec Lorenzo de Médicis le jour de l’attentat, l’a relaté avec précision. En 1477, une conspiration menée par Francesco de’Pazzi, soutenu par le Pape Sixte IV, Girolamo Riario et l’archevêque Francesco Salviati, s’engagea à Rome contre les Médicis. Les conjurés avaient pour objectif de renverser la célèbre famille et de s’emparer de Florence, ce qui aurait permis aux Pazzi de retrouver le rôle de premier plan qu’ils occupaient autrefois, et au Pape, de favoriser l’ascension de son neveu Riario. Lors de la messe solennelle du dimanche de Pâques à Santa Maria del Fiore, le 26 avril 1478, les conjurés mirent leur plan à exécution. Lorenzo de Médicis et son frère Giuliano furent frappés en même temps, à quelques mètres de distance. Lorenzo se réfugia dans la sacristie, tandis que Baroncelli achevait Giuliano avec cruauté. Le bourreau parvint à s’enfuir alors que les autres conspirateurs étaient arrêtés. La répression qui s’en suivit fut violente et particulièrement sanglante, les Florentins prenant part à la traque des assassins. Le soir même, une vingtaine de corps, dont ceux de Francesco Pazzi et de Francesco Salviati, étaient pendus aux fenêtres des principaux palais. Tous ceux qui avaient été impliqués dans le complot étaient arrêtés et tués les jours suivants (la dépouille de Jacopo de’Pazzi est même traînée dans les rues de Florence puis jetée dans l’Arno).
Le cabinet des dessins du musée Bonnat-Helleu, musée des BeauxArts de Bayonne, regorge de magnificences. Ce n’est pas Sophie Harent, directeur des lieux, qui démentira ces propos. Passer quelques heures à ses côtés à découvrir les richesses de ce fonds unique vous conduit de surprise en émerveillement. Sophie Harent décrit un dessin choisi, Le Pendu de Léonard de Vinci, et annonce quelques-uns de ses projets.
Musée Bonnat 5, rue Jacques Laffitte Fermé depuis avril 2011
Autres dessins, autres périodes
Tél. : 05 59 46 63 60 musee-bonnat@bayonne.fr
Huit autres dessins de Léonard de Vinci sont au total conservés au cabinet des dessins du musée. Ils montrent différentes facettes de son talent, avec des études préparatoires pour des compositions, des dessins d’animaux, des éléments mécaniques ou encore une étude de visage, un exemple de ces « têtes d’expression », parfois grotesques, ces trognes, qui ont fasciné l'artiste, furent beaucoup copiées et sont les ancêtres de la caricature.
Bonnat, fin collectionneur
L’histoire de Baroncelli est ensuite digne d’un roman. Unique conjuré à avoir réussi à s’enfuir, il se cache dans une tour de la cathédrale puis quitte Florence avant de gagner Constantinople. Traqué puis reconnu, il est fait prisonnier par ordre du sultan, qui le livre à un envoyé de Lorenzo de Médicis. Il est ramené enchaîné à Florence le 24 décembre 1479. Cinq jours plus tard, Bandino est pendu, dans la soutane bleu ciel qu’il portait lors de son arrestation en Turquie. Léonard, qui se trouve à Florence, voit sans doute le supplicié, dont le corps inerte se balance aux fenêtres de l’un des palais des Médicis. Un sujet parfait pour qui goûte tant l’observation du réel. Fasciné par cette masse de tissus flottant dans l’espace et par l’expression vide du mort, le jeune artiste dessine en quelques traits de plume les orbites creuses, le visage émacié, fléchi sur le cou, reprenant même une seconde fois la tête de Baroncelli, non sans oublier de noter, avec précision, la couleur des vêtements de l’assassin.
Bonnat collectionneur n’a pourtant fait l’objet d’aucune publication en tant que telle. Son carnet d’achats, conservé au Louvre, est un témoignage très précieux, dans lequel figurent nombre de ses acquisitions. Ainsi, en 1884 Bonnat achète Le Pendu à A. W. Thibaudeau (l’une des figures les plus notoires du commerce d’estampes et de dessins de la seconde moitié du XIXe siècle) pour 3 000 francs, tandis que J. Thorel l’avait payé 70 francs en 1845. La cote des dessins a progressé, et l’identité de son auteur n’est pas étrangère au prix de cette feuille ! Bonnat choisissait avec passion ses acquisitions ; ainsi, dans un courrier adressé à Gustave Dreyfus au sujet d’un autre dessin de Léonard, il écrit « Je mets à ta disposition la somme de 15 000 francs = le prix d’un portrait = et désire avoir deux dessins n°406 = Rembrandt & n° 732 = Léonard de Vinci. Va jusqu’à 5 000 francs pour le premier et emploie le reste de la somme pour l’acquisition du second…2 ». Il n’hésitait pas, par ailleurs, à débourser des sommes importantes lorsqu’il espérait faire entrer dans sa collection une feuille de qualité. Il a ainsi acheté des dessins à plus de 10 000 francs, ce qui était un prix extrêmement élevé. Dans ses carnets, il est précisé notamment qu’il a eu grand mal à acquérir l’Erasme de Dürer, en 1884 pour 12 000 francs et qu’en 1895 il paye 17 500 francs pour La famille Stamaty d’Ingres (deux dessins aujourd’hui conservés au musée du Louvre). En 40 ans, alors que son succès va grandissant depuis 1875, il dépensera plus d’un million de francs pour des dessins, auxquels s’ajouteront des tableaux, des sculptures, des objets archéologiques. Dans le domaine des art graphiques, c’est à son ami et voisin Horace His de la Salle que Bonnat doit sa vocation de collectionneur. Pour l’encourager, cet amateur raffiné lui avait offert rien moins que trois dessins, l’un de Poussin, le deuxième de Rembrandt, le dernier par Watteau ! •
La conjuration des Pazzi a beaucoup marqué les esprits, et elle est encore souvent invoquée dans de très nombreux domaines au cours des XIXe et XXe siècle. Ruggero Leoncavallo s’en est inspiré pour son opéra I Medici (1893), et beaucoup plus près de nous, Ridley Scott, dans Hannibal, s’amuse à faire du flic véreux un lointain descendant de ces fameux Pazzi de Florence. Même les jeux video se sont emparés de cet épisode sanglant ! L’événement fascine en raison de sa violence dans la Florence de la fin du XVe siècle. Il marque aussi l’avènement de Lorenzo de Médicis, dont le pouvoir et la popularité seront renforcés après l’échec du complot. Celui que l’on surnommera bientôt Laurent le Magnifique, seulement âgé de 25 ans, s’affirme rapidement comme l’un des plus grands mécènes italiens, un poète éclairé, pour qui travailleront tous les plus talentueux artistes florentins du XVe siècle.
Plume et encre brune ; quelques traces de pierre noire Papier vergé très fin, de belle qualité, de couleur crème H. 0,192 ; L. 0,073 m Inscription en haut à gauche, à la plume et encre brune, de la main de Léonard : berettino di tane / Farsetto di raso nero / cioppa nera foderata / giupba turchina foderata / di ghole di gholpe / elchollare della giupba / soppannato di velluto appicci / lato nero errosso / Bernardo di Bandino / Baroncigli / calze nere (« barrette couleur tan, pourpoint de satin noir, tunique doublée de noir, manteau bleu doublé de gorge de renard, le col du manteau doublé de velours […], bord noir et rouge, chaussures noires ») Début d’un croquis à la plume et encre brune en bas à gauche. Au verso, d’une autre main, à la pierre noire, différents croquis de jambes. Cachets : deux marques estampées à l’encre noire, de J. Thorel (1ère moitié du XIXe s.) en bas à droite et de Léon Bonnat (1833-1922) en bas à gauche. Inv. 659.
Léonard est encore un jeune artiste lorsque se déroulent ces événements tragiques. Il s’apprête à quitter Florence et son maître Andrea del Verrocchio, dans l’atelier duquel il a côtoyé Sandro Botticelli, Le Pérugin (le maître de Raphaël) et Domenico Ghirlandaio. Il commence à recevoir des commandes personnelles, dont la plus importante sera, en 1480-1481, une Adoration des Mages (un tableau inachevé et perdu pour le couvent de San Donato à Scopeto). Il gagnera bientôt Milan, la ville des Sforza, au service desquels ses nombreux talents s’épanouissent, avant de poursuivre sa carrière à Mantoue, Venise, Rome, puis de nouveau Florence et enfin la France, où l’appelle François Ier en 1516. Le pendu est donc un dessin de jeunesse de l’artiste, dont le musée Bonnat-Helleu a la chance de posséder d’autres témoignages, notamment une très belle étude pour une Vierge à l’Enfant jouant avec un chat ou une feuille délicate pour une Adoration des bergers, tous mêlant concision et précision. Ici apparaît également l’écriture spéculaire à laquelle Léonard recourra fréquemment tout au long de sa vie, un astucieux moyen de protection, nécessitant un miroir pour déchiffrer le texte écrit de droite à gauche.
Une fuite digne d’un roman
Un conflit resté présent dans les esprits
Léonard de Vinci (1452-1519) Homme pendu par le cou
Un artiste au début d’une remarquable carrière, de l’Italie à la France
1. Ange Politien (1454-1494) est un humaniste italien. 2. Françoise Viatte et Varena Forcione, Léonard de Vinci. La collection du musée Bonnat à Bayonne, Réunion des Musées Nationaux, Paris, 2004.
www.museebonnat.bayonne.fr
Le cabinet des dessins est ouvert aux chercheurs et aux étudiants sur rendez-vous uniquement (environ 3 000 dessins sont consultables, dont 1 800 issus de la collection Bonnat)
Alexandra Vaquero
Sophie Harent dans le cabinet des dessins
Dessein d’un dessin
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Le centre de documentation et la bibliothèque du musée, récemment enrichis de près de 1 000 ouvrages, sont également accessibles au public sur rendez-vous.
De nombreux projets en perspective En mai dernier, suite au legs Howard-Johnston, le ministère de la Culture et de la Communication a officialisé le nouveau nom du musée, qui est devenu le « musée BonnatHelleu, musée des Beaux-Arts de Bayonne » S’il reste (quelques années) fermé au public pour un grand projet de rénovation, son directeur Sophie Harent déborde de projets et toute l’équipe s’active. La semaine prochaine, les œuvres sur bois du musée seront par exemple examinées par une restauratrice, afin d’envisager les interventions à réaliser (dépoussiérage, nouveau conditionnement, restauration…). Le cabinet des dessins ainsi que le fonds documentaire sont régulièrement visités par des chercheurs et des collectionneurs. Ils restent accessibles, sur demande préalable et motivée. Pour Sophie Harent, les arts graphiques devraient d’ailleurs être dans le futur l’un des axes principaux de développement du musée, tant la qualité et la richesse des collections sont importantes. En projet donc, la publication de catalogues de certaines des collections, des expositions itinérantes en Europe, aux Etats-Unis et en Asie, ou encore la recherche de financements privés pour accompagner la transformation du musée. D’importants investissements devront être envisagés afin de permettre la bonne conservation des collections et leur diffusion. À cet égard, une réflexion est menée pour la création d’une Société des amis du musée Bonnat-Helleu. Autant de défis et de projets destinés à faire du musée Bonnat-Helleu un lieu de visite incontournable, à la fois pour les Bayonnais, les touristes et les scientifiques !
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sur la toile || L’atalante
Les ++
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Musique in Situ « Salon de musique » ORBCB
de monsieur BYN
« Neds », de Peter Mullan
conférences & débats
Olivier de Sagazan
Bayonne Centre ancien 8 septembre > 18h Musée basque Histoire des Luthiers Archetiers de Bayonne www.bayonne-centre-ancien.org
L’Atalante 7 rue Denis Etcheverry Tél. : 05 59 55 95 02
Société des sciences, lettres et arts 16 septembre > 15h
Une ouverture au-delà des frontières De belles rencontres en perspective à l’Atalante avec Joxean Fernandez, directeur de la Filmoteca Basca. Vous avez récemment pris la direction de la Filmothèque Basque et l’on pourrait dire qu’il y a là un véritable « changement générationnel ». Quelle sera la priorité que vous donnerez à vos actions ? Quelles nouvelles orientations prendrez-vous ? Jusqu’à présent, la Cinémathèque Basque a assuré un travail de conservation, de récupération et, lorsque c’était possible, de restauration. Nous voulons maintenant développer les aspects de recherche et de diffusion. Vous avez déjà évoqué une « ouverture à l’international » de la Filmothèque. Avez-vous des projets concrets dans ce sens ? La France sera-t-elle un partenaire privilégié des échanges ? Et notamment le Pays Basque français, L’Atalante en particulier ? Je suis enseignant-chercheur à l’Université de Nantes (actuellement en détachement), donc tout ce qui concerne la France et le rapport de la France avec la culture m’intéresse particulièrement. Nos liens culturels avec Iparralde sont plus qu’évidents, aussi nous aimerions beaucoup collaborer et travailler ensemble. Je pense que L’Atalante est du même avis. Quelles sont les relations « historiques » entre la Filmothèque et le Festival de Cinéma de Saint-Sébastien et qu’est ce qui va changer maintenant que vous rejoignez l’équipe ? Il y a eu des collaborations ponctuelles quand le budget de la Cinémathèque le permettait. Quoiqu’il en soit, je pense que la collaboration entre le Zinemaldi et la Cinémathèque Basque s’impose : nous avons des objectifs parfois similaires, nous partageons aussi une même ville comme siège, etc. Nous pouvons nous aider : par exemple, la Cinémathèque dispose d’installations qui peuvent servir au Festival et le Festival nous offre une vitrine internationale, en particulier avec le cycle de cinéma basque « Zinemira », avec lequel nous collaborons.
AVANT-PREMIÈRE DU FESTIVAL ZINEMALDIA mardi 6 septembre, 21h « Neds » Angleterre. 2009 - 1h58 VO Réalisé par Peter Mullan avec Conor McCarron, Gregg Forrest, Joe Zula Projection en présence de Joxean Fernandez, membre du comité de sélection du Festival de Saint-Sébastien Zinemaldia et directeur de la Filmoteca Vasca. Glasgow, 1973. Le jeune John McGill est sur le point d’entrer au collège. Garçon brillant, la voie est cependant loin d’être toute tracée pour lui, entre un père violent et les préjugés de ses professeurs qui n’ont pas oublié son frère aîné « irrécupérable », Benny, devenu membre des NEDS. Les NEDS (Non Educational Delinquents), dangereuses petites frappes, font régner la terreur dans les quartiers. La réputation de Benny vaut à John d’être protégé et lui ouvre très vite les portes du gang…
Existe-t-il un cinéma basque, dans le sens des particularités propres, au-delà de la langue basque ? Et dans ce sens, les films d’Alex de la Iglesia, lui-même basque de Bilbao, sont-ils basques en même temps qu’espagnols et « universels » de par les thématiques abordées ? Les débats ont été longs surtout pendant la Transition démocratique par rapport à la nature même du cinéma basque. A la Cinémathèque, le travail de tous les cinéastes basques nous intéresse en tant que cinéma basque. Peu importe où les films sont tournés ou même produits. Justement vous organisez une rétrospective d’ADLI et vous publierez un livre sur lui en même temps : un cinéma si personnel qui ne laisse personne indifférent. Est-il facilement « exportable » hors des frontières d’Espagne ? La liste des publications de la Cinémathèque Basque est importante. Mais en prenant la direction, j’ai réalisé qu’il y manquait un grand nom du cinéma basque, l’un des plus internationaux : Alex de la Iglesia. Nous avons pensé qu’il fallait aller plus loin et organiser une rétrospective sur lui. Les films d’Alex font partie de ceux qui voyagent beaucoup : presque tous ses films ont trouvé une distribution française. La liste des cinéastes basques qui peuvent dire la même chose serait très courte. Comment interpréter la chose, il semble qu’ADLI vienne d’enchaîner deux films très différents : Crimes à Oxford quasiment « mainstream » avec des acteurs anglophones (et pour cause) et Balada triste de trompeta, plus « local » et difficile d’accès, plein de codes et références historiques et culturelles espagnoles, mais qui lui ouvre la reconnaissance du Festival de Venise ? Avec Crimes à Oxford, Alex a voulu jouer la carte du genre cinématographique en laissant un peu de côté son humour grinçant. C’est vrai que Balada triste de trompeta contient beaucoup plus de références culturelles et historiques espagnoles mais je pense que la volonté du film reste quand même très internationale. Pour preuve, les prix du Festival de Venise. Et, très récemment, le Rétrospective film a reçu de superbes critiques aux États-Unis : « ensorcellement lunatique », Álex de la Iglesia « baroquement sinistre et grotesquement amusant », « fait passer Le labyrinthe novembre – décembre de Pan pour Sesame Street », « un des meilleurs films de l’année ». Le critique de Salon a dit : « Prenez Fellini, Tarantino et Taxi driver, jetez-les dans une cage 2 films par semaine avec un lion et vous obtiendrez ce voyage étrange et sauvage ». La publication et la rétrospective que la Cinémathèque Basque va organiser nous donneront L’Atalante l’occasion de célébrer le talent de ce cinéaste. Je reviens tout juste de Madrid où les auteurs de la publication ont interviewé Alex pendant trois jours. Nous 7 rue Denis Etcheverry avons beaucoup appris sur sa façon de concevoir la vie et le cinéma et cela a été, Tél. : 05 59 55 95 02 pour nous, l’un des meilleurs moments de l’année. Alex s’est montré généreux, proche et brillantissime. • www.cinema-atalante.org
Musée basque salle Xokoa L’eau dans la ville au XVIIIe siècle par Josette Pontet, présidente de la SSLA
> 16h
Louise Bouriffé
La sidérurgie à bord de quai et ses inéluctables voyages, (avant et après 1884) par le vice-amiral Dambier, secrétaire de la SSLA
Médiathèque centre-ville 23 septembre > 18h Café Philo L’identité, une fable philosophique par Christophe Puyou
« Pfffffff », Cie Akoreacro
www.mediatheque.bayonne.fr
SNBSA
Théâtre de Bayonne
Médiathèque centre-ville 1er octobre > 17h15
www.snbsa.fr
Bayonne d’hier à aujourd’hui dans une perspective de développement durable par Claude Labat (Partenariat Délégation citoyenne)
Mardi 4 & mercredi 5 octobre, 20h30
Cie La Mouline
Chemise propre et souliers vernis
Mongol
Mercredi 16, jeudi 17 novembre, 20h30
Cie de la Comédie Noire
Cahier d’un retour au pays natal Lundi 21, mardi 22 novembre, 20h30
Cie Akoreacro Pfffffff
Mercredi 30 novembre, 15h
Compagnie Nathalie Pernette
Francisco Dussourd
La Maison
Novembre
Mardi 13, mercredi 14 décembre, 20h30
Samuel Labadie
Théâtr’action
Décembre
Black-out
Olivier Paulin
Mardi 20, mercredi 21, jeudi 22 décembre, 20h30
lesecondjeudi.blogspot.com
Cirque Bouffon
POINT8 Galerie associative 8 rue Pannecau T. 09 53 42 54 67 point8asso@gmail.com http://point8.over-blog.com
L’ATELIER PHOTO Nathalie Vidry et Mathieu Girault 13 bd Alsace-Lorraine entrée rue du moulin Tél. 05 59 25 42 75 latelier-photo-noir-blanc.com
Dimanche 18 septembre, 18h Citadelle Musique in situ Dans le cadre des Journées du Patrimoine, présentation du site et son superbe panorama par les guides de l’Office de tourisme intercalée de musique avec l’Open brass.
Théâtre du Rivage
Vernissage tous les seconds jeudis du mois à partir de 18h. Entrée libre vendredi et samedi de 12h à 20h 42 quai des corsaires Octobre
www.cmdt-ravel.fr
Panorama Bayonnais
Vendredi 4 novembre, 20h30
La galerie du second jeudi
www.orbcb.fr
Jeudi 13 octobre, 20h30 Soirée Stravinsky
galeries
ORBCB
Texte et jeu de Jean-Pierre Bodin
Cie Régis Obadia
www.mediatheque.bayonne.fr
Angell Olivier de Sagazan / Ben Hopper / Olivier Houeix / dr
dr
www.cinema-atalante.org
Philippe Forget, ORBCB
Luna Negra www.lunanegra.fr
du 22 au 24 septembre, 20h30
Tonton Georges Trio Brassens Passion
du 28 septembre au 1er octobre
Le nouveau spectacle de Louise Bouriffé La cigale a le tournis !
Samedi 19 novembre, 11h/13h remparts Lachepaillet Improbable promenade
Les Journées du Patrimoine Programme complet : www.bayonne.fr
Musée basque et de l’histoire de Bayonne Samedi 17 & dimanche 18 septembre Tout autour de la morue, voyages en patrimoine culinaire Témoignages venus des 4 coins du monde sur le thème de la cuisine de la morue. Tout le week-end, dans les salles d’exposition permanente.
En partenariat avec les Lézards qui bougent dans le cadre du festival Rencontres Improbables, concert des élèves aux remparts et dans les casemates Pottoroak et Cacao, accompagnés par les guides de l’Office de tourisme.
Samedi 17 septembre, 20 h. Dîner de dégustation
Lundi 21 novembre, 19h Conservatoire, Salle Dechico Conférence musicale
Berges de l’Adour Samedi 17 septembre, Les voyageurs de l’Adour
En partenariat avec Bayonne Centre Ancien, conférence animée par Etienne RousseauPlotto et illustrée musicalement par les élèves du Conservatoire.
Vendredi 25 novembre, 20h30 Conservatoire Ravel, salle Dechico Les compositeurs bayonnais Dans le cadre de la thématique Musique in situ
Joël Merah
Un certain parfum de sagesse… à la mémoire de Jexux Artze. Diffusion sonore d’une lecture d’un poème de Joxe Antton Artze et projection d’images.
Peïo Çabalette
Javanese Motion Gerezien Denbora : Le temps des cerises Pièce inédite pour Saxophone, accordéon, deux percussions, piano et chant traditionnel.
Musique de scène pour une pastorale traditionnelle basque sur des textes de l’écrivain Bayonnaise Itxaro Borda.
Cie Régis Obadia « Soirée Stravinsky »
de spécialités de morue servi à l’issue d’un atelier de cuisine comparée Réservation : 05 59 59 08 98. (20 euros)
déambulation artistique > 19h, Allées Marines, cale des poissonniers escale gourmande au Bistrot des Allées
apéro et tapas, repas des pêcheurs, arrivée des bateaux de pêche.
> 20h, criée des Allées Marines, escale des pêcheurs de l ‘Adour. Déambulation jusqu’au pont Henri Grenet animée par les artistes du collectif : départ en voyage, les migrations ; escale manouche ; escale de l’Adour, la veillée des voyageurs.
Place de la Liberté
Exposition
Bayonne et ses voyageurs Bayonne, traversée par de nombreux voyageurs, parfois illustres, a donné quelques un de ces textes, littéraires, ethnographiques ou épistolaires, qui résonnent comme un hommage à la beauté de la ville, de son fleuve et de l’océan tout proche.
Bibliothèque Universitaire Florence Delay, Campus de la Nive entrée libre
du 16 au 24 septembre, Les voyages À l’occasion des Journées du Patrimoine, découverte sur les ordinateurs des meilleurs documents mis en ligne sur radiokultura.com
Mardi 18 octobre,
Maylis de Kerangal
auteur de « Naissance d’un pont » (éd. Verticales), prix Médicis 2010 Renseignements : F. Breton 05 59 57 44 76
du 12 au 19 novembre Black Box 3 La Bouche du silence
Performance d’Olivier de Sagazan du 21 au 26 novembre Black Box 6 La condition de la peau
Performance d’Olivier de Sagazan aux horaires de la bibliothèque : 8h30-18 h du lundi au vendredi, 9h-12 h, le samedi. Renseignements : N. Mounier 05 59 57 41 41
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de-ci, de-là || entre ville et nature
Quand l’architecture consulte la nature
La nature en ville, c’est ce vaste thème que propose la prochaine exposition de la Maison des Barthes d’Ansot. Sophie Lefort, guide conférencière, et Éric Guiho, responsable du Muséum d’histoire naturelle, ont construit ensemble des parcours, des visites pour accompagner le sujet auprès du public. Suivons-les au fil d’une balade à travers l’Histoire de l’influence de la nature sur l’architecture, de l’Antiquité à nos jours.
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Au cloître Les plus chanceux visiteront le cloître vide et ensoleillé. Récemment restaurée, la pierre d’origine proviendrait de Mousserolles. C’est un grès coquillé jaune datant de -30 millions d’années environ, (période de l’oligocène : de -33 à -23 millions d’années). Ce matériau composé de sable aggloméré est assez friable, il résiste mal aux assauts du temps et de la pluie. C’est un régal de lever la tête et de découvrir sur les chapiteaux lions, griffons et autres décors végétaux, dont Sophie ne peut malheureusement pas nous dire grand-chose tant il est vrai que la galerie Ouest n’a pas encore été étudiée. Elle précise simplement que la restauratrice rencontrée in situ à l’époque se serait inspirée du dictionnaire raisonné de Viollet-le-Duc pour travailler.
La nature, simple matériau de construction
A l’angle de la rue d’Espagne et du rempart de la Tour-de-Sault, nous nous arrêtons devant un mur datant du IVe siècle avant J-C, récemment restauré. Nos deux accompagnateurs nous expliquent que l’appareil minéral qui le constitue serait de la pierre de Bidache, une roche calcaire siliceuse à grain fin, âgée de -90 millions d’années (période du Crétacé supérieur), parsemée de bandes et de nodules de silex noir. Une roche siliceuse extrêmement dure, précise Éric Guiho. Sophie Lefort s’arrête, elle, sur le choix de l’implantation des lieux de vie, très souvent dictée par la nature et l’observation des animaux. Il semble que les hommes s’installaient là où ils avaient remarqué que les bêtes vivaient bien.
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Les végétaux et la mise en perspective de la Cananéenne
Après le cloître, découverte du vitrail de la Cananéenne, magnifique et très coloré. Cet immense tableau de verre décrit une mère priant le Christ d’enlever le mal du corps de sa fille, qui n’a pas la foi. Étrangement, la végétation semble épouser l’iconographie du vitrail. Arbres dépouillés du côté de la pauvre mère, en revanche fleurs et feuillages luxuriants entourent le Christ et les apôtres. Ici, la nature souligne la perspective de la scène représentée. Cette végétation semble très réaliste. Le peintre verrier serait Jean Chastellain, autrement désigné maître de Montmorency par certains documents que cite Sophie Lefort. « Il se conforme au carton que lui a fourni le peintre Noël Bellemare, son collaborateur préféré pendant cette période. » Le vitrail daterait de la première moitié du XVIe siècle. 1. Françoise Gatouillat, Ingénieure de recherche MCC, dir. des patrimoines
5 L’incroyable décor d’une supérette ordinaire Il faut le talent de Sophie Lefort pour vous faire découvrir, à un endroit devant lequel vous passez chaque jour, de petites merveilles insoupçonnées. Au détour de la rue Port Neuf et de la rue des Carmes, se cache un improbable décor sculpté de Danglade. En façade d’une petite supérette, deux colonnes, dont les chapiteaux très épurés sont décorés de fruits de légumes et de pain. Rue des Carmes, un bas-relief sculpté dans le même style, évoque l’activité du commerce qui se logeait probablement déjà là à l’époque de la restructuration du rez-de-chaussée de l’immeuble, conduite par l’architecte Benjamin Gomez, fameux représentant du mouvement art déco à Bayonne. Ainsi, pots de confiture, brocs de lait, morceaux de fromage et conserves de thon ou sardine ornementent curieusement cette autre façade. •
Du Rococo à l’Hôtel de Brethous Difficile désormais de prendre son petit café au Victor-Hugo sans penser à Juste-Aurèle Meissonnier, architecte de ces lieux, tout du moins de cet immeuble rococo construit en 1730 pour abriter l’ancienne chambre de commerce. Meissonnier était dessinateur et orfèvre du cabinet du roi, en plus d’être sculpteur et architecte. Ici, l’influence de la nature est évidente dans l’ornementation de façade où se mélangent voluptueusement coquilles et autres éléments marins.
Exposition Entre ville et nature, Bayonne verte et bleue 8 octobre 2011 > 31 janvier 2012 Maison des Barthes, plaine d’Ansot
Parcours proposés Sur inscription uniquement Tél. : 05 59 42 22 61 www.ansot.bayonne.fr Parcours déambulatoire : 11 octobre > 14h-16h Fortifications : dialogue entre pierres et plantes Atelier : 15 octobre > 14h30-16h Ouvrir sa porte à la biodiversité Sortie famille : 22 octobre > 14h-16h L’eau dans la ville : rallye photo Atelier / 5 novembre > 14h30-16h A la découverte des animaux sauvages en milieu urbain Parcours déambulatoire : 8 novembre > 14h-16h Patrimoines bâti et naturel : regards croisés sur le quartier des arènes Parcours déambulatoire : 19 novembre > 14h30-16h30 La nature, source d’inspiration dans l’architecture de la ville Sortie famille : 23 novembre > 14h-16h L’eau dans la ville : rallye photo Parcours déambulatoire : 10 janvier > 14h-16h Un espace vert urbain : à la découverte des jardins de Caradoc Parcours déambulatoire : 19 janvier > 14h-16h Nature et paysage urbain : l’ensemble Breuer
Raphaële de Gorostarzu pour Flux 43.5
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