Diego de Landa - Relations des choses du Yucatan, Extrait: sacrifices du Nouvel an

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6DFULÀFHV GX QRXYHO DQ SODFp VRXV OH VLJQH GH &DXDF – Mauvais prÊsages auxquels on remÊdiait par la danse du feu

L’annĂŠe dont la lettre dominicale ĂŠtait Cauac avait pour auspice Hozanek. Lorsqu’ils avaient choisi le notable qui GHYDLW SUpVLGHU OD IrWH LOV IDEULTXDLHQW XQH HIĂ€JLH GX GpPRQ nommĂŠ Ekuuayayab TX¡LOV SRUWDLHQW DX[ pGLĂ€FHV GH SLHUUH situĂŠs Ă l’ouest du village, oĂš ils avaient laissĂŠ celle de l’annĂŠe prĂŠcĂŠdente (1). Ils faisaient ĂŠgalement une statue du dĂŠmon appelĂŠ Uacmitunahau (2) qu’ils portaient Ă la maison du notable, en un lieu propice et, de lĂ , ils se rendaient en procesVLRQ Oj R VH WURXYDLW O¡HIĂ€JLH G¡Ekuuayayab, après avoir, Ă cet effet, bien dĂŠcorĂŠ le chemin. Lorsqu’ils y ĂŠtaient arrivĂŠs, le prĂŞtre et les seigneurs l’encensaient selon la coutume puis FRXSDLHQW OH FRX G¡XQH SRXOH &HOD IDLW LOV SODoDLHQW O¡HIĂ€JLH sur un bât qu’ils appelaient Yaxek après avoir mis sur son dos un homme mort et un crâne surmontĂŠ d’un vautour nommĂŠ Kuch (3), signe de grande mortalitĂŠ car ils considĂŠraient que cette annĂŠe ĂŠtait très mauvaise.


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&¡HVW FRPPH FHOD TX¡LOV WUDQVSRUWDLHQW FHWWH HIĂ€JLH DYHF ĂŠmotion (4) et dĂŠvotion en exĂŠcutant certaines danses, dont une, la danse des crottĂŠs (5), dite Xibalbaokot, ce qui veut dire ÂŤ danse du dĂŠmon Âť. Chemin faisant, les prĂŠposĂŠs Ă la boisson arrivaient avec le breuvage des seigneurs ; cette boisson ĂŠtait portĂŠe jusqu’au lieu oĂš se trouvait la statue d’Uacmitunahau TX¡LOV GLVSRVDLHQW HQ IDFH GH O¡HIĂ€JLH TX¡LOV DYDLHQW DSSRUWpH Ils commençaient ensuite leurs offrandes, leurs encensements et leurs prières et beaucoup faisaient couler du sang de nombreuses parties de leur corps pour en oindre la pierre du dĂŠmon Ekelacantun. C’est ainsi qu’ils passaient ces jours nĂŠfastes, au terme desquels ils portaient Uacmitunahau au temple et Ekuuayayab au sud du village, pour l’y reprendre l’annĂŠe suivante. Le Bacab Hozanek rĂŠgnait pendant l’annĂŠe dont la lettre dominicale ĂŠtait Cauac et les prĂŠdictions annonçaient non seulement une forte mortalitĂŠ mais aussi qu’elle ĂŠtait dĂŠsastreuse car ils disaient que trop de soleil ferait pĂŠrir les plants de maĂŻs et que beaucoup de fourmis et d’oiseaux mangeraient ce qu’ils sèmeraient ; toutefois, comme toutes ces calamitĂŠs seraient inĂŠgalement rĂŠparties, il y aurait de la nourriture en certains lieux, quoique au prix de grandes peines. Pour remĂŠdier Ă ces maux, le dĂŠmon leur demandait de sculpter quatre dĂŠmons appelĂŠs Chicacchob, Ekbalamchac (6), Ahcanuolcab et Ahbulucbalam (7) et de les placer dans le temple ; lĂ , ils leur dispensaient de la fumĂŠe avec leurs encensoirs, leur offraient Ă brĂťler deux boules d’un lait ou rĂŠsine d’un arbre qu’ils appellent kik, des iguanes, du pain, une mitre, un bouquet GH Ă HXUV HW XQH GH OHXUV SLHUUHV SUpFLHXVHV (Q SOXV GH FHOD SRXU FpOpEUHU FHWWH IrWH LOV pGLĂ€DLHQW GDQV OD FRXU GX WHPSOH une grande voĂťte en bois, les parties restĂŠes vides, en haut et sur les cĂ´tĂŠs, ĂŠtant comblĂŠes par du bois Ă brĂťler – y mĂŠnageant toutefois des ouvertures pour pouvoir entrer et sortir. Alors, ils rassemblaient la plupart des hommes et ceux-ci tenaient, chacun, un faisceau de longues verges sèches liĂŠes ; au sommet du tas de bois, un homme se mettait alors Ă chanter


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en battant un de leurs tambours et tous ceux d’en bas, avec dĂŠvotion, dansaient avec un bel ensemble, entrant et sortant par les ouvertures de cette voĂťte de bois. Ils dansaient ainsi jusqu’au soir puis chacun, laissant lĂ son faisceau de verges, allait chez lui pour se reposer et manger. Ă€ la tombĂŠe de la nuit, ils revenaient accompagnĂŠs de beaucoup de gens parce que cette cĂŠrĂŠmonie ĂŠtait tenue en grande estime ; chacun d’eux portait une torche avec laquelle LO PHWWDLW OH IHX DX ERLV TXL EU€ODQW j JUDQGHV Ă DPPHV VH consumait rapidement. Lorsque tout n’Êtait plus que braises, ils les ĂŠgalisaient, en faisant une surface bien plane, et certains, se joignant aux danseurs après s’être dĂŠpouillĂŠs de leurs vĂŞtements, se mettaient Ă passer sur la braise, pieds nus, d’un cĂ´tĂŠ jusqu’à l’autre. Certains traversaient sans dommage mais d’autres se brĂťlaient, certains moins que d’autres et, ce faisant, ils croyaient conjurer les mauvais prĂŠsages et remĂŠdier Ă leurs maux, pensant que cette cĂŠrĂŠmonie ĂŠtait des plus DJUpDEOHV DX[ GLHX[ /RUVTXH F¡pWDLW Ă€QL LOV DOODLHQW ERLUH ² FH que la chaleur du feu rendait nĂŠcessaire et qui ĂŠtait requis par le rituel de cette fĂŞte – jusqu’à la complète ivresse (8).


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