XXXVIII
6DFULÀFHV GX QRXYHO DQ SODFp VRXV OH VLJQH GH &DXDF – Mauvais prÊsages auxquels on remÊdiait par la danse du feu
L’annÊe dont la lettre dominicale Êtait Cauac avait pour auspice Hozanek. Lorsqu’ils avaient choisi le notable qui GHYDLW SUpVLGHU OD IrWH LOV IDEULTXDLHQW XQH HIÀJLH GX GpPRQ nommÊ Ekuuayayab TX¡LOV SRUWDLHQW DX[ pGLÀFHV GH SLHUUH situÊs à l’ouest du village, oÚ ils avaient laissÊ celle de l’annÊe prÊcÊdente (1). Ils faisaient Êgalement une statue du dÊmon appelÊ Uacmitunahau (2) qu’ils portaient à la maison du notable, en un lieu propice et, de là , ils se rendaient en procesVLRQ Oj R VH WURXYDLW O¡HIÀJLH G¡Ekuuayayab, après avoir, à cet effet, bien dÊcorÊ le chemin. Lorsqu’ils y Êtaient arrivÊs, le prêtre et les seigneurs l’encensaient selon la coutume puis FRXSDLHQW OH FRX G¡XQH SRXOH &HOD IDLW LOV SODoDLHQW O¡HIÀJLH sur un bât qu’ils appelaient Yaxek après avoir mis sur son dos un homme mort et un crâne surmontÊ d’un vautour nommÊ Kuch (3), signe de grande mortalitÊ car ils considÊraient que cette annÊe Êtait très mauvaise.
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&¡HVW FRPPH FHOD TX¡LOV WUDQVSRUWDLHQW FHWWH HIÀJLH DYHF Êmotion (4) et dÊvotion en exÊcutant certaines danses, dont une, la danse des crottÊs (5), dite Xibalbaokot, ce qui veut dire  danse du dÊmon . Chemin faisant, les prÊposÊs à la boisson arrivaient avec le breuvage des seigneurs ; cette boisson Êtait portÊe jusqu’au lieu oÚ se trouvait la statue d’Uacmitunahau TX¡LOV GLVSRVDLHQW HQ IDFH GH O¡HIÀJLH TX¡LOV DYDLHQW DSSRUWpH Ils commençaient ensuite leurs offrandes, leurs encensements et leurs prières et beaucoup faisaient couler du sang de nombreuses parties de leur corps pour en oindre la pierre du dÊmon Ekelacantun. C’est ainsi qu’ils passaient ces jours nÊfastes, au terme desquels ils portaient Uacmitunahau au temple et Ekuuayayab au sud du village, pour l’y reprendre l’annÊe suivante. Le Bacab Hozanek rÊgnait pendant l’annÊe dont la lettre dominicale Êtait Cauac et les prÊdictions annonçaient non seulement une forte mortalitÊ mais aussi qu’elle Êtait dÊsastreuse car ils disaient que trop de soleil ferait pÊrir les plants de maïs et que beaucoup de fourmis et d’oiseaux mangeraient ce qu’ils sèmeraient ; toutefois, comme toutes ces calamitÊs seraient inÊgalement rÊparties, il y aurait de la nourriture en certains lieux, quoique au prix de grandes peines. Pour remÊdier à ces maux, le dÊmon leur demandait de sculpter quatre dÊmons appelÊs Chicacchob, Ekbalamchac (6), Ahcanuolcab et Ahbulucbalam (7) et de les placer dans le temple ; là , ils leur dispensaient de la fumÊe avec leurs encensoirs, leur offraient à brÝler deux boules d’un lait ou rÊsine d’un arbre qu’ils appellent kik, des iguanes, du pain, une mitre, un bouquet GH à HXUV HW XQH GH OHXUV SLHUUHV SUpFLHXVHV (Q SOXV GH FHOD SRXU FpOpEUHU FHWWH IrWH LOV pGLÀDLHQW GDQV OD FRXU GX WHPSOH une grande voÝte en bois, les parties restÊes vides, en haut et sur les côtÊs, Êtant comblÊes par du bois à brÝler – y mÊnageant toutefois des ouvertures pour pouvoir entrer et sortir. Alors, ils rassemblaient la plupart des hommes et ceux-ci tenaient, chacun, un faisceau de longues verges sèches liÊes ; au sommet du tas de bois, un homme se mettait alors à chanter
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en battant un de leurs tambours et tous ceux d’en bas, avec dÊvotion, dansaient avec un bel ensemble, entrant et sortant par les ouvertures de cette voÝte de bois. Ils dansaient ainsi jusqu’au soir puis chacun, laissant là son faisceau de verges, allait chez lui pour se reposer et manger. À la tombÊe de la nuit, ils revenaient accompagnÊs de beaucoup de gens parce que cette cÊrÊmonie Êtait tenue en grande estime ; chacun d’eux portait une torche avec laquelle LO PHWWDLW OH IHX DX ERLV TXL EU€ODQW j JUDQGHV à DPPHV VH consumait rapidement. Lorsque tout n’Êtait plus que braises, ils les Êgalisaient, en faisant une surface bien plane, et certains, se joignant aux danseurs après s’être dÊpouillÊs de leurs vêtements, se mettaient à passer sur la braise, pieds nus, d’un côtÊ jusqu’à l’autre. Certains traversaient sans dommage mais d’autres se brÝlaient, certains moins que d’autres et, ce faisant, ils croyaient conjurer les mauvais prÊsages et remÊdier à leurs maux, pensant que cette cÊrÊmonie Êtait des plus DJUpDEOHV DX[ GLHX[ /RUVTXH F¡pWDLW ÀQL LOV DOODLHQW ERLUH ² FH que la chaleur du feu rendait nÊcessaire et qui Êtait requis par le rituel de cette fête – jusqu’à la complète ivresse (8).