PORT
LA REVUE OFFICIELLE DU 2010/2011 - 10竄ャ
- LA REVUE OFFICIELLE DU PORT - ANNテ右S 2010/2011
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SOMMAIRE Contents
Ville de
EDITORIAL 4 “FILLE DE LA MER” Jean-Pierre TUVERI, Maire de Saint-Tropez Daughter of the Sea 8 UN PORT EXEMPLAIRE… GARDONS LE CAP
ÉVÈNEMENT 12 SALON DES ÉNERGIES RENOUVELABLE ET DES VÉHICULES ÉLECTRIQUES The Renewable Energy and Electric Vehicle Show
HOMMAGE 14 BRIGITTE BARDOT Exposition au Rendez-vous des Lices
HISTOIRE 14 CAPITAINE AU LONG COURT Dernier siècle de la marine à voile commerciale A breeding ground for Master Mariners
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INSOLITE
CULTURE
PHOTOGRAPHES 83 PHOTOGRAPHE EN MER Un métier à haut risque ! Photographers at sea, a high risk occupation!
ÉVÈNEMENT 86 PATROUILLE DE FRANCE
PATRIMOINE 88 LA BRAVADE DE SAINT-TROPEZ Au milieu de la poudre, de l’Histoire et de l’émotion A festival of gunpowder, history and emotion
TRADITION 94 SAINT-PIERRE La Provence en fête
CINÉMA 95 RENCONTRES INTERNATIONALES DU CINÉMA DES ANTIPODES
98 2010 ANNÉE DE L’ARGENTINE 100 L’HISTOIRE DU CHEVALIER TORPÈS EN BANDE DESSINÉE par Dany Lartigue Story of the Knight Torpès in a comic book by Dany Lartigue 102 RODIN ET LA COULEUR Exposition inédite d’aquarelles Unique exhibition of watercolours of Rodin 104 FERNANDO BOTERO 105 AMEDEO MODIGLIANI 110 ALAIN HUSSON-DUMOUTIER
HISTOIRE D’ÉPAVE 111 UN NAVIRE ROMAIN À LA RABIOU A Roman ship at la Rabiou
HONNEUR 115 BUZZ ALDRIN Citoyen d’honneur de la ville de Saint-Tropez Honorary Citizen of St-Tropez
HOMMAGE 119 JEAN-MARC SANCHEZ
PORTRAIT
MODE
32 MAXIME BENOIT Plus jeune Second Capitaine de France Youngest French Chief Officer
120 L’UNIFORME DE LA MARINE SUR LES PODIUMS ! Navy uniform on the catwalks! 123 CHANEL À SAINT-TROPEZ
ÉVÈNEMENTS NAUTIQUES
PERSONNALITÉS
35 44 51 57 57 58 64 68 76
VOILES LATINES 2010 GIRAGLIA ROLEX CUP 2010 TROPHÉE BAILLI DE SUFFREN LADIES’ CUP 2010 RODRIGUEZ RENDEZ-VOUS VOILES DE ST-TROPEZ DRAGON PATCHWORK NAUTIQUE RENCONTRE DES PROPRIÉTAIRES JEANNEAU 77 MOONBEAM IV - VAINQUEUR DU PRIX YACHT DE TRADITION 79 RIVA - LE STRADIVARIUS DES MERS
126 VU(S) À SAINT-TROPEZ People
AGENDA 128 CULTURE ET ACTIVITÉS
©Jean-Louis Chaix - Ville de Saint-Tropez
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REVUE OFFICIELLE DU PORT DE PLAISANCE DE SAINT-TROPEZ - Réalisée par la commune de Saint-Tropez - Directeur de la publication : Jean-Pierre Tuveri - Directeur de la rédaction : Frank Boumendil - Jean-François Tourret - Assistante de rédaction : Anne-Marie Dandin - Reportages et rédaction : Henri Lameyre, www.presse-edition.com - Traduction : Claire Lathbury - Conception graphique, mise en page : Benjamin Courcot, www.courcot.net Impression : Groupe Riccobono/Le Muy - Crédits photos : Jean-Louis Chaix, Ville de Saint-Tropez, Capitainerie de Saint-Tropez - Société Nautique de SaintTropez - Sem Saint-Tropez Tourisme – Archives Municipales - Ministère de la Culture - Médiathèque du Patrimoine/Sam Lévin/dist.RMN ; D.R Col. Bob Zagury ; Douglas Kirkland, Celebrity Vault ; Jacques Héripet / Exposition Bardot - Musée de l’Annonciade - Carlo Borlenghi / Rolex – Romain Gualdoni – Jean-Marc Fichaux – Denise Rich – Sportmer / Riva - Jean-Philippe Dupuy / J.M Sanchez – Ladies Cup / Frédéric Chazal – Prix du Yacht de Tradition de l’année / Guillaume Plisson, Gilles Rénier, Alex Tharreau – Jeanneau / presse – Benjamin Courcot / Bravade - A. Joncheray / J.L Feretti, N. Baraqué - Nasa / Goddord Space Flight Center and Orbimage - Commission du Film du Var / Michel Brussol – Musée national de la Marine - C. Leroy / Time St-Tropez - D.R. Riva Monaco Boat Service - Photo de couverture : Carlo Borlenghi / Rolex - Publicité : Capitainerie du Port de plaisance de Saint-Tropez : Julie Feret - Pour toute information concernant la publication, vous pouvez contacter la capitainerie : Terre-plein du Nouveau Port - 83990 Saint-Tropez (France) - T : +33 (0)4 94 56 68 70 - F : +33 (0)4 94 97 31 02 Mail : capitainerie@portsainttropez.com - Réservation de places au port : reservation@port-de-saint-tropez.com - www.port-de-saint-tropez.com Saint-Tropez
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Une adresse secrète... Proche de la place des Lices au cœur de St-Tropez,
il est une belle demeure princière disposant de 12 chambres, d’une table gourmande, d’un bar lounge et d’une piscine jalousement abritée des regards extérieurs. Au port, l’Annexe de luxe du Pan Deï n’attend que vous pour larguer les amarres...
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LE MOT DU MAIRE A word from the Mayor
Fille de la mer “ Fille de la mer “, au-delà du côté poétique, cette expression souligne l’importance de la vocation maritime de Saint-Tropez. La cité est indissociable de son port et a fourni à la marine de guerre et à la marine marchande des milliers de marins depuis la fin du XVe siècle. nitialement, le port a constitué l’outil économique permettant de financer l’effort de défense accompagnant la renaissance de la cité à partir de 1470. Par la suite, isolés du reste de la Provence par le massif des Maures, dotés d’un territoire communal limité, les Tropéziens ont naturellement regardé vers le large, développant leur cité autour d’un port de près de 5 hectares. L’importance de la pêche et plus encore du cabotage, le long du littoral provençal et ligure ou plus lointain vers les ports du Levant et de Barbarie, ne doit pas faire oublier qu’au XIXe siècle, nombre de marins tropéziens quelque peu doués pour les études devinrent capitaines au long cours après être passés par l’école d’hydrographie de la ville qui dispensa ses cours de 1791 à 1914. Ils furent ainsi plus de 300 à obtenir leur brevet de capitaine au long cours, et plus nombreux encore à décrocher celui de capitaine au cabotage.
Jean-Pierre Tuveri
©Jean-Louis Chaix - Ville de Saint-Tropez
I
Si Saint-Tropez était le lieu de leur vie de famille, celui du repos après de longues navigations, le port de Marseille était pour les capitaines au long cours tropéziens le point de départ naturel vers toutes les mers du monde. Durant la première moitié du XIXe siècle, nombreux sont ceux qui naviguèrent vers les côtes d’Afrique de l’Ouest. Ils commandèrent les grands navires des armateurs marseillais. Mais très vite, ils se distinguèrent dans l’océan Indien, aux Antilles et le long des côtes sud américaines. Au début du XXe siècle, une poignée s’illustra sur les derniers grands voiliers cap-horniers à destination du Chili et de NouvelleCalédonie. On oublie souvent que le capitaine tropézien
Maire de Saint-Tropez Mayor of Saint-Tropez
Léon Ignace Gardanne employé par la compagnie Bordes – le plus grand armement à voiles de l’époque – est le détenteur du record de traversée de cet armement entre l’Angleterre et Iquique au Chili. Dans les années 1920 1930, plusieurs commandèrent de grands paquebots des Messageries maritimes sur la célèbre ligne d’ExtrêmeOrient. Aujourd’hui encore, il y a un peu partout sur la planète quelques marins tropéziens présents sur des navires de commerce, de croisière, de plaisance ou de pêche. Fier de son riche passé maritime, le Saint-Tropez d’aujourd’hui, reste résolument tourné vers l’avenir. Les navires de commerce d’hier ont certes disparu, mais n’oublions jamais, que si les grands yachts de plaisance qui font désormais escale dans le vieux bassin peuvent entrer dans le port et accoster le long des quais, c’est bien parce que les anciens ont creusé, entretenu et aménagé ce beau bassin pour des navires de commerce de même taille. Il nous appartient de continuer à prendre soin de notre port et d’en poursuivre l’aménagement, comme cela s’est fait au cours des décennies précédentes. A ce titre, de vastes travaux de confortement de la carapace du môle Jean Réveille viennent de s’achever. Ils s’inscrivent dans une politique de valorisation des installations et de l’accueil du port de Saint-Tropez visant à en faire une escale toujours plus appréciée.
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LE MOT DU MAIRE A word from the Mayor
Daughter of the Sea “Daughter of the Sea” - beyond the poetry this expression underlines the importance of Saint-Tropez’s maritime vocation. Our town is inseparable from its port and has provided thousands of seamen to the Navy and Merchant fleet since the end of the 15th century.
nitially the port was an economic tool to finance defence efforts which accompanied the town’s renaissance from 1470 onwards. Later on, as a result of being isolated from the rest of Provence by the Maures hills and living in a small territory, Tropezians naturally turned to the sea by developing their town around the port of nearly five hectares. In remembering the importance of fishing and coastal shipping on the shores of Provence and Liguria, and further away to Levant and Barbary coast ports, we should not forget that in the 19th century many talented Tropezian seamen became master mariners, having studied at the town’s hydrography school which offered courses from 1791 to 1914. Over 300 gained their master mariner’s certificate and even more obtained their coastal shipping captain’s licence.
I
Léon Ignace Gardanne, capitaine tropézien au XXe siècle
While Saint-Tropez was the place where they relaxed with their families between long trips, Marseille was the port from where they departed to ply the world’s oceans. During the first half of the 19th century, many journeyed to the shores of West Africa and commanded the big vessels of Marseille’s ship owners. They soon distinguished themselves in the Indian Ocean, the West Indies and along the South American coast. Later in the early 20th century a handful made their name by rounding Cape Horn on sailing ships as they headed for Chile and New Caledonia. We often forget that it was a Tropezian, Captain Léon Ignace Gardanne employed by the Bordes firm - the biggest merchant sailing ship owner at the time – who holds the record for the crossing between England and Iquique in Chile for this type of ship. In the 1920s and 1930s several Tropezians captained the big ocean liners of the French Messageries Maritimes company on the famous Far East line. And today several Tropezian seamen work all over the world on merchant vessels, cruise ships or fishing boats. Proud of its rich maritime history, the Saint-Tropez of today remains resolutely turned towards the future. The merchant ships of yesterday may have disappeared, but we must never forget that if the big motor-yachts, which call in to the old harbour, can enter the port and moor alongside the quays it is because our forefathers dug out, maintained and equipped this lovely basin for merchant ships of a similar size. It is our responsibility to continue taking care of our port and to develop it, as has been done over the last few decades. It is with this in mind that major renovation works to the Jean Réveille jetty wall have just been completed. They are part of a policy to upgrade the facilities and the welcome, with the aim of making Saint-Tropez a port of call which will be even more appreciated.
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Editorial
EDITO Editorial
Docteur Frank Boumendil
Jean-François Tourret
Adjoint délégué au Port Councillor responsible for the Port
Directeur du Port de Saint-Tropez Manager of the Port of Saint-Tropez
Un port exemplaire… gardons le cap
- En matière d’éco-responsabilité via la labellisation “ Ports Propres ” qui est une démarche pragmatique de gestion et de traitement des déchets générés par le port. Le dragage du port assainira notre plan d’eau des sédiments pollués et enfin, l’achat d’un véhicule léger électrique de première intervention nous permettra d’agir rapidement en cas de pollution. Ces projets représentent un effort important d’investissement à la hauteur des objectifs définis par le Conseil municipal. La réhabilitation de la carapace du môle Jean Réveille qui vient de s’achever concrétise cette volonté de garder au port son authenticité mais aussi d’assurer la sécurité pour les bateaux au mouillage. Saint-Tropez, village à fort caractère doit maintenir l’équilibre entre une tradition maritime affirmée dans son patrimoine et une volonté de vivre dans le siècle. Nos défis futurs résident dans la recherche de cet équilibre. Les sujets développés dans la nouvelle édition de la revue officielle du port, mettent en exergue ces thématiques. Plaise à chaque lecteur de trouver dans ces pages son espace d’intérêt. Avec les compliments de l’équipage de la capitainerie. Bons vents et bonne mer !
Saint-Tropez, village mythique, reste la destination privilégiée du tourisme haut de gamme. Grâce, notamment, à sa situation “ Intra-muros “, le port de pêche et de plaisance contribue largement au mythe mais représente aussi, un vecteur essentiel de l’activité économique locale. Cette position privilégiée en ces temps difficiles ne doit pas nous faire oublier notre recherche permanente d’excellence. Saint-Tropez port de l’excellence : - En matière d’accueil : en effet, notre clientèle très exigeante doit être étonnée et fidélisée. Nous devons améliorer les services existants mais aussi proposer de nouvelles prestations haut de gamme. Cette recherche se traduira cet hiver par le réaménagement de l’espace capitainerie. Ces travaux permettront d’offrir à notre équipe, des espaces de travail mieux adaptés aux nouvelles contraintes et à nos clients, une conciergerie, un VIP room sur deux étages qui constituera, un havre de tranquillité propice aux rencontres et un espace de réceptions.
An exemplary port stays on course
- In terms of being eco-responsible via the “Clean Ports” label, a pragmatic approach to managing and treating waste generated by the port. Meanwhile, dredging the port will help rid our stretch of water of polluted sediments and, finally, the purchase of an early intervention electric vehicle will enable us to act swiftly in the event of pollution. These projects represent a major effort and investment to meet the targets defined by the town council. Renovation of the Jean Réveille jetty wall, which has just been completed, is proof of the desire to preserve the authenticity of our port but also to ensure the safety of boats moored here. Saint-Tropez is a village with a strong character, and we need to maintain a balance between a long-established maritime tradition, which is part of our heritage, and our desire to live in the present century. Our future challenges lie in finding this balance. The topics developed in this new edition of the official port journal highlight these themes, and we hope every reader will find something of interest for them. With the compliments of the crew at the Harbour Master’s Office. Wishing you fair winds and a following sea!
A mythical village, Saint-Tropez remains a privileged destination for luxury tourism. Mainly thanks to its situation in the heart of the town, the fishing port and marina contribute a great deal to the myth, and also represent an essential vehicle for the local economy. This privileged position in these difficult times should not allow us to forget our ongoing quest for excellence. Saint-Tropez, a port of excellence: - In terms of the welcome: indeed our discerning customers need to be surprised and their loyalty secured. We must keep on improving our existing services but also propose new upmarket facilities. The quest will be evident this winter in the redevelopment of the harbour master’s buildings. These improvements will give our team office space better suited to the new pressures and to our clients; a concierge service; and a VIP room on two floors offering a tranquil setting for meetings and space for receptions.
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L'EQUIPAGE DE LA CAPITAINERIE The Marina's crew Ville de
Isabelle
Hélène
Pascal
Anne-Marie
Alain
Jean-Marc
Port de Saint-Tropez Terre Plein du Nouveau Port 83990 SAINT-TROPEZ TEL : 04-94-56-68-70 FAX : 04-94-97-31-02 e-mail : capitainerie@portsainttropez.com Réservation de places de port : reservation@port-de-saint-tropez.com www.port-de-saint-tropez.com
François
Julie
et Quai Meiffr
Nathalie
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Emmanuelle
David
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Nicolas
Alexia
Magali
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Thomas
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Salon des Energies Renouvelables et des Véhicules Electriques de Saint-Tropez Sous le haut patronage de Jean-Louis Borloo, Ministre d’Etat, Ministre de l’Ecologie, de l’Energie du Développement durable et de la Mer, la ville de Saint-Tropez a organisé sur l’esplanade du nouveau port, la 2ème édition du Salon des Energies renouvelables et des véhicules électriques de Saint-Tropez. Un rendez-vous important dans le calendrier événementiel que la ville de Saint-Tropez entend développer. L’objectif : affirmer la politique de défense de l’environnement et favoriser les énergies “ propres ”. Le succès de la première édition a démontré l’intérêt que suscitent la filière électrique et les énergies renouvelables auprès de tous les acteurs concernés : les constructeurs, les institutions publiques, les particuliers… Cette année, les grands constructeurs ont pu présenter leurs modèles hybrides : la Honda CR-Z, le Porsche Cayenne S Hybrid, la S400 de Mercedes-Benz, la Citroën C-Zero ou encore la Smart fortwo électrique nouvelle génération. I
Jean-Louis Borloo a inauguré le 5 juin le salon. Etait présent son conseiller chargé de la mission handicap et ancien coureur automobile Philippe Streiff. Le Maire Jean-Pierre Tuveri et Frank Boumendil, Adjoint délégué au port étaient entourés de nombreuses personnalités : Louis Nègre Sénateur-Maire de Cagnessur-Mer, Hugues Parant, Préfet du Var, d’Alain Spada Conseiller Général du Var. Jean-Louis Borloo inaugurated the show on 5 June. Philippe Streiff, a former racing driver and town councillor responsible for the disabled was present. The Mayor, Jean-Pierre Tuveri and Frank Boumendil, Councillor reponsible for the port were joined by numerous influential people from the region: Louis Nègre, Mayor of Cagnes-sur-Mer; Var Prefect Hugues Parant; and Var Councillor Alain Spada.
The Renewable Energy and Electric Vehicle Show of Saint-Tropez En présence de Françoise Dumont, Vice-présidente du Conseil Général, Première Adjointe de St-Raphaël, Jérôme Cicile, Responsable du Pôle Air & Transport de l’Ademe, Patrice de Colmont du Club 55, le couturier Daniel Hechter et Frank Boumendil, Adjoint délégué au port, trois trophées Baccarat ont été remis par le Maire Jean-Pierre Tuveri. La Blue car du groupe Bolloré dessinée par Pininfarina s’est vue décerner le prix du meilleur design (Les autres nommés : ZZ Zéro, Citroën C-Zero, Scooters Bis-cot), Ever one et les Eaux et Forêts ont reçu le prix de la meilleure innovation pour leur chaudière multicombustibles et la voiture de sport Tesla 100 % électrique au design futuriste a obtenu le prix de la meilleure performance (les autres nommés : Venturi, Porsche Cayenne S Hybrid).
Under the patronage of Jean-Louis Borloo, France’s Minister of Ecology, Sustainable Development and the Sea, the town organised the second Saint-Tropez Renewable Energy and Electric Vehicle Show on the esplanade of the new port. This is an important rendez-vous in the events calendar and one which Saint-Tropez is keen to develop. The aim is to firmly establish the town’s policy on protecting the environment and to encourage the use of “clean” fuels. The success of the first edition demonstrated the interest there is in electric motors and renewable energy sources among those concerned, including manufacturers, public institutions, companies and private individuals. I
In the presence of Françoise Dumont, Vice-president of the Var General Council and first councillor of Saint-Raphaël; Jérôme Sicile from Ademe; Patrice de Colmont from the Club 55; dress designer Daniel Hechter; and Frank Boumendil, Councillor reponsible for the port, three Baccarat trophies were presented by the Mayor, Jean-Pierre Tuveri. The Bolloré’s Blue car designed by Pininfarina won the prize for best design, Ever one and Eaux et Forêts received the prize for best innovation for their boiler, while the prize for best performance went to the futuristically designed Tesla 100% electric sports car.
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HOMMAGE HISTOIRE Homage History
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HOMMAGE HISTOIRE Homage History
Brigitte incarnates, above all, feminine emancipation and the sexual revolution. Saint-Tropez
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Exposition Brigitte Bardot du 23 juin au 31 octobre 2010 Espace Rendez-vous des Lices - Saint-Tropez
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Pépinière de capitaines au long cours
Le dernier siècle de la marine à voile commerciale (1814-1914)
Le passé maritime de la cité du Bailli évoque la pêche et le cabotage, activités qui furent longtemps très importantes dans l’économie locale. Il y en a cependant une autre qui est souvent négligée. Elle occupa plusieurs centaines de marins tropéziens, c'est la navigation au long cours. C'est l'histoire de capitaines, Oh, hisse et haut… Jusqu’au début du XIXe siècle, les Tropéziens naviguèrent essentiellement en Méditerranée. Le cabotage, le long des côtes italiennes, françaises et espagnoles et plus encore au Levant, offrait de nombreuses possibilités commerciales que les marins de la cité surent exploiter avec efficacité.
The maritime history of Saint-Tropez recalls the days when fishing and coastal shipping had been very important to the local economy for a long time. There is however another facet which is often overlooked concerning several hundred Tropezian seamen who sailed the oceans. This is the history of captains, the heave ho and the high seas. Until the early 19th century Tropezians sailed mainly in the Mediterranean. Coastal shipping along the Italian, French and Spanish coasts, and even more so in the Levant, offered numerous opportunities for trade which the town’s sailors successfully exploited.
A breeding ground for Master Mariners The end of an era for commercial sailing ships (1814-1914) * Article rédigé à l’aide du dernier ouvrage de Gilbert Buti disponible en librairie ou au Service culturel de la Ville (Place des Lices). Les Chemins de la mer. Un petit port méditerranéen : Saint-Tropez (XVIIe - XVIIIe siècles), PUR, 2010. Gilbert Buti’s last book is still available in bookshops or from the “Service culturel de la Ville” (Place des Lices)
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HISTOIRE History
Voyages au long cours e souvient-on qu'à la fin du XVIIIe siècle, le petit port de Saint-Tropez (sa population n'atteignait pas les 3500 habitants) possédait la troisième flotte de la côte méridionale de la France, aussi bien en nombre d’hommes que de navires. Ce fait historique est brillamment développé par Gilbert Buti, professeur à l’Université de Provence et auteur d’une thèse sur le sujet*. Les bouleversements politiques et économiques de la fin du siècle des Lumières et la forte expansion économique de Marseille à travers le monde à partir du XVIIIe siècle et plus encore au XIXe siècle, modifièrent considérablement les habitudes des Tropéziens en matière de navigation. Au siècle de Balzac et de Zola, de nombreux marins tropéziens, bénéficiant de l’essor du commerce marseillais, se tournèrent vers les voyages au long cours. Mais, avant de rappeler quelques portraits fameux de ceux qui illustrent cette histoire tropézienne, attardonsnous un instant sur cette expression "long cours" et "capitaine".
pilotes. Ainsi, on assiste progressivement à une spécialisation de ces mots. Le capitaine est celui qui commande au long cours alors que les maîtres et patrons pratiquent le cabotage. Et pourtant, on trouve régulièrement des capitaines qui pratiquent le grand cabotage. Si la notion de long cours est relativement ancienne, la première ordonnance où cette appellation apparaît officiellement est celle du 1er janvier 1786. Dans le courant du XIXe siècle, une différenciation se fait dans l’appellation du capitaine au long cours. Celui qui dirige un voilier continue de se faire appeler capitaine alors que celui qui prend la direction d’un navire à propulsion mécanique se fait appeler commandant. Voilà pour les titres !
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A Saint-Tropez : plus de 320 noms de capitaines au long cours inscrits La forte présence sur les mers de Tropéziens au long cours au XIXe siècle ne tient pas seulement aux évolutions économiques et politiques du temps. Encore fallait-il que les capitaines reçoivent une formation adaptée, plus efficiente que celle reçue au cours des siècles précédents, périodes où le futur capitaine apprenait avant tout en mer, formé par un parent le plus souvent. En 1791, l’État créé à Saint-Tropez une école d’hydrographie qui va apporter, outre l’expérience de la mer, toujours indispensable, une approche théorique complémentaire et indispensable pour obtenir le titre de capitaine. D’autant que le 12 octobre 1816, le Roi ordonne le renouvellement de toutes les lettres de commandement des capitaines au long cours et des maîtres pour les
Capitaine ou commandant ? Le terme "long cours" apparaît à la fin du XVIe siècle alors qu'on arme des vaisseaux "en cours" lorsque ceux-ci s’apprêtent à partir pour de "longs voiages". Il faut attendre néanmoins les règlements de 1673 puis de 1740 pour voir le terme "long cours" être défini comme un type précis de navigation. Le terme de "capitaine", lui, s’applique à celui qui dirige un navire marchand à partir du XVIIe siècle. Auparavant, l’on parlait plutôt de patrons, de maîtres et de
Ocean voyages
Captain or Commandant? The term “long cours” (meaning “ocean”) appeared at the end of the 16th century when equipping vessels “en cours” in preparation for "longs voiages" – literally long voyages. However, the term was not defined as a precise navigational term until the regulations of 1673 and then of 1740. The term “captain” applied to one who was in charge of a merchant ship from the 17th century onwards. Before, one spoke more about skippers, shipmasters and pilots. And so we witness a gradual specialisation of these words. The captain was the one who commanded ocean voyages, while the shipmasters and skippers were in charge on coastal trips, although one regularly comes across captains in long-haul coastal shipping. Although the concept of ocean voyages (Master Mariner in English), had been around for a while, the term appeared officially for the first time on an order made on 1st January 1786. Then during the 19th century they began to differentiate between two types of ocean-going captain. Those who were in charge of a sailing ship continued to be called captain, while those responsible for a mechanicallypowered ship were called “commandant”. So much for the titles!
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emember that at the end of the 18th century, SaintTropez’s small port (with a population of less than 3,500) possessed the third largest fleet on the southern coast of France, both in terms of the number of men and of ships. This historical fact is brilliantly developed by Gilbert Buti, a professor at the University of Provence and author of a thesis on the subject*. The political and economic upheavals at the end of the Enlightenment, combined with Marseille’s rapid global economic expansion in the 18th century and even more so in the 19th century, significantly altered the sailing habits of Tropezians. In this age of Balzac and Zola, many Tropezian sailors took advantage of the boom in Marseille trade and set their sights on the longer haul ocean voyages (in French “long cours”). But before we look back at some profiles of famous people who illustrate the Tropezian story, let us pause for a moment to consider these French expressions "long cours" and "captain".
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HISTOIRE History HISTOIRE History remplacer par des brevets définitifs. C’est cette date symbolique que nous avons retenue comme point de départ à l’identification des capitaines tropéziens. La lecture des registres de capitaines conservés au Service Historique de la Défense, département Marine de Toulon, livre ainsi au chercheur assidu plus de 320 noms de capitaines au long cours inscrits au quartier maritime de Saint-Tropez au XIXe et dans la première moitié du XXe siècle. Choix arbitraire, nous avons choisi quatre d'entre eux ! ©Archives communales
Capitaine
L’auteur du dessin inscrivit sous son portrait une phrase quelque peu énigmatique : "T. Allard, sauveur de l’émir Béchir au Liban". Phrase qui rappelle un épisode de la guerre qui opposa les troupes ottomanes aux troupes égyptiennes au Liban et en Syrie dans les années 1830 et qui aboutirent à l’intervention de l’Angleterre en 1839 aux côtés des Turcs pour freiner les prétentions de l’Egypte. Durant cette période, le Liban est gouverné par Béchir II. L’émir qui a ses enfants otages de l’Egypte ne peut s’engager énergiquement dans le conflit aux côtés des Turcs et des Anglais, ce qui le contraint au début du mois d’octobre 1840 à abdiquer depuis Beyrouth. Béchir II quitta le Liban avec sa famille à destination de Malte. Toussaint Allard "rodait" visiblement dans les eaux libanaises à cette époque. Il est représentatif de ces capitaines qui connurent la guerre et naviguèrent essentiellement en Méditerranée.
Toussaint Anicet Allard Fidèle aux traditions de sa terre natale "Toussaint Allard fut très populaire parmi les marins et les pêcheurs de Saint-Tropez. C’était un homme franc, loyal, plein d’honneur qui avait vu le feu des batailles d’Aboukir, Navarin, Alger et qui avait navigué par tous les temps et sur toutes les mers." Tel est le portrait que dressa de lui le commandant Coccoz au début du XXe siècle. Il poursuit : "Allard commanda au commerce et fut l’ami de tous ses armateurs. Il fut fidèle aux traditions de sa terre natale, fut même, en ses vieux jours, un mousquetaire ardent sous son casque portant l’effigie du saint (allusion à la Bravade de Saint-Tropez. NDLR), déchirant la cartouche avec rage comme il l’avait fait contre les corsaires turcs et arabes qui forbannaient au temps de la navigation à voile. Il les connaissait bien les felouques, les balancelles qui se traînaient dans les calanques, s’envolaient sur les bâtiments sillonnant la mer pour les surprendre et les piller, mais cela ne l’épouvantait pas, son âme de marin se plaisait au combat."
The author of this sketch inscribed beneath the portrait a rather enigmatic phrase: "T. Allard, saviour of the Emir Bechir of Lebanon". The phrase recalls an episode in the war which pitted Ottoman troops against Egyptian troops in Lebanon and Syria in the 1830s. It led to the intervention of England in 1839 alongside the Turks to curb Egypt’s ambitions. During this period, Lebanon was governed by Bechir II but the Emir, whose children were hostages in Egypt, could not commit himself fully to the conflict alongside the Turks and English, which forced him to abdicate in early October 1840. Bechir II left Lebanon to go to Malta with his family. At that time Toussaint Allard was known to be "roaming" the Lebanese waters. He is a prime example of the captains who knew all about war and sailed mainly in the Mediterranean.
Missions commerciales en Méditerranée Né le 17 avril 1788, Toussaint Allard n’avait que… dix ans lorsqu’il participa à la bataille d’Aboukir comme mousse ! La guerre le détourna longtemps de sa vocation de marin de commerce. Aussi, lorsque le 1er avril 1820, il obtint son brevet de capitaine au long cours, il cumulait 87 mois et 2 jours de navigation au service de l’Etat contre seulement 31 mois et 25 jours au commerce dont les états de service mentionnent essentiellement des missions commerciales en Méditerranée. Il semble bien que le bassin oriental n’avait plus de secret pour lui. En août 1841, il cesse de naviguer. Il accède à la demi-solde et décèdera à Saint-Tropez à l’âge de
73 ans le 13 octobre 1861. Sa carrière ressemble à celles de nombreux capitaines provençaux qui durent le plus souvent attendre le retour à la paix (1815) pour pouvoir enfin pratiquer le commerce. Toutefois Toussaint Allard marqua ces contemporains au point qu’une trentaine d’années après sa mort, son souvenir hantait encore Saint-Tropez. Il retint l’attention de l’architecte Charles Vasserot qui croqua son portait peu de temps avant sa mort vers 1860-61.
Over 320 Master Mariners registered in Saint-Tropez
centuries, during times when a future captain learned on the job at sea, often taught by a relative. In 1791, the State set up a school of hydrography in Saint-Tropez which, in addition to the requisite experience at sea, provided a complementary theoretical approach essential to obtaining the title of captain. It became even more important when on 12 October 1816, the King ordered all letters of command given to ocean-going
The strong presence of Tropezians on the high seas in the 19th century was not only due to the economic and political changes of the time. Now captains had to receive appropriate and more effective training than they had been given over previous
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Capitaine
Saint-Tropez qu’il ne quitte qu’en novembre 1824, date à laquelle il s’embarque à destination de Basse-Terre en Guadeloupe. Le commissaire des classes perd ensuite sa trace à son arrivée aux Antilles en février 1825. A cette date, il est inscrit sur les registres de matelots et officiers mariniers de Saint-Tropez. Le lecteur de ces archives administratives perçoit une carrière quelque peu décousue avec de longues périodes au service de l’Etat ou à terre. Rien de particulier sinon, si ce n’est la disparition de cet homme à l’âge de 42 ans. Nul ne sait alors ce qu’il advint précisément de lui. Aucune déclaration de décès n'est jamais parvenue à la mairie de Saint-Tropez ni au service des classes. En somme, une vie de matelot, en apparence assez ordinaire, comme les registres en comptent des milliers d’autres ? Il n’en est pourtant rien.
Jean-Jacques Gimbert On ne trouvera pas, dans les registres de capitaines, le nom de ce marin. Il n’a jamais été reconnu par l’administration comme capitaine. On trouve bien un Gimbert aux archives mais comme matelot. Et bien qu'il ne se présenta jamais à l’examen de capitaine, il commanda à plusieurs reprises des navires au long cours. Jean-Jacques Gimbert est l’un des rares Tropéziens à avoir pratiqué la traite illégale d’esclaves. Fils d’un meunier, JeanJacques Gimbert est né à Saint-Tropez le 23 septembre 1783. Il débute sa carrière dans la marine au début des guerres révolutionnaires. De 1793 à 1814, on le trouve affecté sur plusieurs bâtiments de l’Etat : canonnières, corvettes et vaisseaux. Il se spécialise dans le pilotage. En 1806, il est aide-timonier. Le 16 août 1814, il est autorisé à pratiquer pour un an le commerce maritime à Marseille. Mais, lors de la revue de 1815, l’administration est sans nouvelle de lui. Il en est de même lors de celle de 1816. Il est présumé en Amérique. Gimbert réapparaît au Havre durant l’été 1820. Qu'a-t-il fait durant ces années ?
Dans le Golfe de Guinée
Le 28 août il embarque sur le Gustave à destination de Marseille qu’il rejoint le 14 novembre. De là, il se rend à
Qu'a-t-il fait ? Durant sa période d’absence, Gimbert pratiquait la traite des noirs, activité bien sûr illégale en ce début du XIXe siècle mais qui rapportait beaucoup d’argent à ceux qui ne respectaient pas les lois. Comment se passaient ces campagnes ? En voici une : le 27 novembre 1824, Gimbert embarque au long cours à destination des Antilles sur le brick La Julie de Marseille. Le navire est commandé par le capitaine Perée. Le 12 février suivant, il débarque à BasseTerre et prépare une expédition négrière qui débute le 4 avril lorsque le navire lève l’ancre "furtivement" pour l’île danoise proche de Saint-Thomas. Là, son navire est chargé de marchandises pour l’Afrique. La cargaison est essentiellement constituée d’armes, de textiles, manufacturés ou non, de fer et de tabac. Le navire se rend ensuite à l’île hollandaise de Saint-Eustache pour une escale. Il traverse l’Atlantique. On le retrouve dans le Golfe de Guinée à Bonny
captains and shipmasters to be handed in and replaced with the proper licence. We have taken this symbolic date as the starting point for identifying Tropezian captains. The diligent researcher, reading the registers of captains kept at the Service Historique de la Défense at the naval department in Toulon, will find the names of over 320 Master Mariners from the SaintTropez district registered in the 19th century and first half of the 20th century. By an arbitrary choice, we have picked out four of them!
musketeer wearing under his helmet an effigy of the saint [refers to Saint-Tropez’s La Bravade tradition], tearing open the cartridge with the rage he had shown against Turkish and Arab Corsair pirates who plagued sailing ships at that time. He knew them well, the feluccas, the balancelles [small wooden boats with a latine sail] which hung around in the narrow rocky inlets, launching themselves at ships in the Mediterranean to surprise and plunder, but they did not frighten this seafaring soul who relished a fight.”
Une vie de matelot assez ordinaire ?
Captain
Merchant assignments in the Mediterranean Born 17 April 1788, Toussaint Allard was only ten years old when he took part in the battle of Aboukir as a ship’s apprentice! For a long time war diverted him from his true vocation as a merchant seaman. So when on 1st April 1820 he obtained his Master Mariner’s licence he had accumulated 87 months and two days at sea in the service of the State against only 31 months and 25 days in commerce, with service records referring mainly to trade missions in the Mediterranean. It seems the eastern Mediterranean basin held no more secrets for him. In August 1841, he gave up sailing and retired on half-pay. He died in Saint-Tropez at the age of 73 on 13 October 1861. His career resembles that of many Provencal captains who
Toussaint Anicet Allard loyal to the traditions of his homeland "Toussaint Allard was very popular among sailors and fisherman in Saint-Tropez. He was a forthright, loyal, honourable man who had seen the heat of battle in Aboukir, Navarin and Algiers, and had sailed in all weathers and all seas,” This is how Commandant Coccoz described him in the early 20th century. He continues: “Allard commanded merchant vessels and was a friend of all the ship owners. He was loyal to the traditions of his homeland, and even in his later years was an ardent
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en juillet 1825. Débute alors l’attente et la négociation avec le roi local afin d’acquérir des esclaves.
Une carrière peu honorable Cette dernière est lente, très lente. Plusieurs navires sont au mouillage et doivent obligatoirement traiter avec le roi Opoubo. L’équipage finit par se nourrir de biscuits fournis par d’autres navires. Le mécontentement des hommes se fait sentir. L'escale dure. Finalement, après 301 longs jours à Bonny, la Fortunée lève l’ancre le 9 mai 1826 avec à son bord 255 esclaves. Or, la suite de la campagne n’est pas meilleure. Les Africains sont malades, beaucoup décèdent. Le 15 mai suivant, c’est la capture par le navire américain Brazen. La Fortunée, son équipage et les esclaves sont amenés en Sierra Léone où siège un tribunal chargé de juger les négriers. La condamnation est prononcée le 14 juillet : le navire est confisqué. Trois jours plus tard, les esclaves survivants sont libérés. Gimbert décèdera quelque temps après de maladie. Une carrière peu honorable, atypique qui concerna une petite poignée de capitaines tropéziens.
L’entassement des esclaves sur un navire négrier
il débute ses navigations au long cours en tant que capitaine sur les côtes d’Afrique occidentale avec le trois mâts Edouard. Il se rend ainsi au Sénégal et en Gambie pour charger gomme, ivoire, bois de teinture mais surtout huile de palme, de coco, d’arachide ou de sésame. Ce commerce "légitime" a remplacé sur ces côtes la traite des esclaves. Les négociants et armateurs marseillais sont très nombreux. L'un d'eux, Victor Régis, obtient au Dahomey de grandes facilités pour exporter l’huile de palme qui, une fois blanchie, peut être transformée en savon. Là encore les Tropéziens sont présents.
Capitaine
Trouver des produits au meilleur prix Charles Fabre (né à Saint-Tropez en 1813, capitaine en 1840) participe à la création des comptoirs sur la côte de Guinée, n’hésitant pas à traiter avec les peuples de l’intérieur et ainsi à contribuer au développement de la maison Régis. Jean-Baptiste Gras (né en 1804, capitaine en 1829) participe à cette même aventure. Joseph Coccoz précise avec justesse, mais sans doute avec un peu de chauvinisme et d’exagération, que les "riches négociants marseillais doivent leur fortune à nos capitaines". Cependant, la maison Holz, de Toulon, qui possède l’Edouard et qui emploie le capitaine Morello, réoriente son activité vers l’Inde. Jean-Baptiste
Jean-Baptiste Morello
ou des difficultés du métier de marin Dure à la tâche, Jean-Baptiste Morello enchaîna campagne sur campagne, année après année pour ramener en France de précieuses marchandises. Né à Final, près de Gênes, le 6 février 1820, Jean-Baptiste Morello est le fils d’un capitaine marin installé à Saint-Tropez pendant la Restauration. Une fois son brevet de capitaine au long cours, obtenu en 1847,
usually had to wait until peace returned (1815) before being able to go into merchant shipping. However, Toussaint Allard clearly stood out from his contemporaries to the extent that around 30 years after his death, his memory still haunted Saint-Tropez. He caught the attention of architect Charles Vasserot who sketched his portrait around 1860-1861, just before he died.
navy at the start of the revolutionary wars. From 1793 to 1814 we find him allocated to several State vessels: gunboats, corvettes and warships. He specialised in piloting. In 1806 he was an assistant helmsman and on 16 August 1814 he was authorised to take part in maritime trade in Marseille for a year. But in the 1815 and 1816 journals the administration gives no news of him and he is presumed to have been in America. He then reappeared in Le Havre during the summer of 1820. So what had he been doing during those years?
Captain
An ordinary enough life as an ordinary seaman?
Jean-Jacques Gimbert You will not find the name of this mariner in the registers of captains, as he was never recognised by the administration as a captain. There is a Gimbert in the archives but he was an ordinary seaman. And while he never put himself forward for the captain’s exam he commanded several ocean-going ships on a number of occasions. Jean-Jacques Gimbert is one of the few Tropezians who took part in the illegal slave trade. Son of a miller, he was born in Saint-Tropez on 23 September 1783. He began his career in the
On 28 August he boarded the Gustave bound for Marseille which he reached on 14 November. From there he returned to SaintTropez where he stayed until November 1824, the month he sailed for the Basse-Terre in Guadeloupe. The registrar of ranks then lost trace of him until his arrival in the French West Indies in February 1825. At that time his name was in the registers of ordinary seamen and petty officers of Saint-Tropez. Anyone reading these administration archives will perceive a somewhat
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HISTOIRE History Morello débute alors ses voyages à destination de Calcutta en 1851. L’achat d’une cargaison est pour les capitaines une véritable quête qui les mène de port en port afin de trouver les produits recherchés au meilleur prix et avec une qualité qui leur assurera au retour un bon prix de vente.
Tel est le quotidien du marin Ainsi les capitaines partent avec des instructions précises qu’ils essayent au mieux d’adapter aux réalités locales qu’ils rencontrent. Par exemple, lors de ces voyages avec l’Edouard, Morello transporte jusqu’à Calcutta du soufre et du sel qu’il vend dès son arrivée. Sa priorité est de trouver une cargaison de sésame, qu’il peut compléter par l’achat de cornes de buffles et de curcuma. Si le sésame n’est pas disponible sur le marché indien, il peut acheter du riz ou du blé qu’il part vendre à Bourbon ou à Maurice. Une fois cette cargaison vendue, soit il achète du sucre et rentre à Marseille, soit il repart vers les côtes de Ceylan ou de l’Inde afin de trouver du sésame. Ainsi, le parcours est aléatoire et dépend essentiellement des informations récoltées sur place. Tel est son quotidien. Tel est le quotidien de nombreux marins.
Ex-voto ou pas ex-voto ? Tout comme son père, George, qui avait déposé en 1831 à la chapelle Sainte-Anne un ex-voto en remerciement de sa jambe sauvée lors d’un accident, Jean-Baptiste Morello est croyant. A ce sujet, l’observation des ex-voto déposés dans
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Le capitaine Jean-Baptiste Morello
Finally, after 301 long days in Bonny, the Fortunée weighed anchor on 9 May 1826 with 255 slaves on board. The campaign did not improve, as the Africans were sick and many of them died. On 15 May an American vessel, the Brazen, captured the Fortunée and took her, the crew and the slaves to Sierra Leone where a court had been set up to prosecute slave traders. The verdict was announced on 14 July and the ship confiscated. Three days later the surviving slaves were freed. Later Gimbert fell ill and died. A not very honourable career, but it was atypical and concerned only a small handful of Tropezian captains.
disjointed career with long periods in the service of the State or on land. Otherwise there was nothing special apart from the death of this seaman at the age of 42. No one knows exactly what happened to him. No death certificate was ever received, either by the Saint-Tropez town hall or the ranks service. In summary are we looking at an apparently ordinary seaman’s life like thousands of others before him? He is however of interest.
In the Gulf of Guinea What was he doing? During this period of absence, Gimbert Durant was working in the slave trade, an illegal activity in the early 19th century but one which made a lot of money for those who did not respect the law. What was involved with these campaigns? Here is one: on 27 November 1824, Gimbert embarked in Marseille on the ocean-going brig Julie destined for the French West Indies. The ship was under the command of Captain Perée. On 12 February she landed at Basse-Terre and prepared for a slave-trade expedition which began on 4 April when the ship “furtively” weighed anchor heading for the nearby Danish island of Saint-Thomas. Here she loaded up with merchandise for Africa, a cargo comprising mainly arms, textiles, iron and tobacco. The ship then made a stopover at the Dutch island of SaintEustache before crossing the Atlantic. We find her at Bonny in the Gulf of Guinea in July 1825. And so began the waiting and negotiating with the local king to acquire slaves.
Captain Jean-Baptiste Morello or the difficulties of being a seaman A hard worker, Jean-Baptiste Morello went on campaign after campaign, year after year to bring valuable merchandise to France. Born in Finale, near Genoa on 6 February 1820, JeanBaptiste Morello was the son of a sea captain who settled in Saint-Tropez during the Restoration. As soon as he had obtained his Master Mariner’s licence in 1847, he began his captain’s career on the West African coast aboard the threemast Edouard. He went to Senegal and Gambia to pick up shipments of mainly palm oil, cocoa nuts, ground nuts and sesame, but also rubber, ivory and wood for staining. This legitimate trade had replaced that of the slave trade on these shores, and many of the merchants and ship owners were from Marseille. One of them was Victor Régis, who was exporting palm oil from the Kingdom of Dahomey to make into soap. Here again Tropezians were present.
A not very honourable career This proved to be a slow process - very slow. Several ships were at anchor and all had to deal with King Opoubo. The crew ended up having to eat biscuits supplied by other ships. The discontent of the men was palpable and the stopover tough.
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services à mon pays et à moi-même". Ainsi parlait AntoineDominique Bordes, fondateur de la grande maison d’armement Bordes en 1869. Ces paroles nous plongent au cœur de la dernière grande page de la navigation au long cours à la voile. La voile, jugée sans avenir par la plupart des armateurs, allait pourtant s’avérer, sur les lignes maritimes des mers du Sud, plus efficace que la vapeur. Plus appropriée aussi car ces mers souvent agitées faisaient souffrir les cargos qui, au début du moins, trouvaient peu de ports susceptibles de les ravitailler.
la chapelle du mont Pécoulet par ce capitaine et l’analyse de sa carrière révèle la façon dont ce marin vivait sa foi. Au retour de son second voyage en Indes, Morello dépose à la chapelle Sainte-Anne un ex-voto en remerciement d’une traversée sans encombre. Or, lors du voyage suivant, le navire fait naufrage dans les Bouches du Gange, près de Calcutta, le 22 mai 1853. Nulle trace de cet événement ne figure dans la chapelle. Nulle raison en effet de remercier sainte Anne…
Zanzibar, Bombay ou Saïgon… Que de souvenirs !
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Le voyage suivant se passe en Mer Noire avec un nouveau navire, le trois-mâts Antoinette. Nouveau naufrage le 1er décembre 1853. Là non plus, nulle trace d’ex-voto dans la chapelle puisque sainte Anne ne lui est pas venu en aide. L’armement Holz lui confie un autre navire, l’Amérique, et l’envoie de nouveau en Inde au début de l’année 1854. Le voyage est tumultueux, le trois-mâts est de nouveau pris dans une tempête, Morello fait un nouveau vœu à sainte Anne. Le navire, tout comme l’équipage, s’en tire. A son retour à Saint-Tropez, en février 1855, Jean-Baptiste Morello vient déposer à la chapelle un nouvel ex-voto en remerciement d’un naufrage évité ! Le capitaine Morello continuera encore de longues années à naviguer dans l’Océan indien. Ces voyages le menèrent à Zanzibar, Bombay ou Saïgon. Que de souvenirs a-t-il du raconter…
Léon Ignace Gardanne Né à Saint-Tropez le 20 juin 1873, Léon Gardanne navigua neuf années, deux mois et 18 jours avant d’obtenir son brevet de capitaine au long cours le 21 août 1897. Durant ces premières années, il acquit une solide expérience, au service de l’Etat, au commerce ou à la pêche. Ce 21 août, jour de sa nomination, il embarquait comme patron à bord d’un vieux bateau de pêche d’un tonneau, le Conasto de Buou, construit aux chantiers de Saint-Tropez en 1865. La campagne dura seulement quatre jours, écourtée par une bonne nouvelle qui lui parvint. Il devait rejoindre sans tarder le port de La Rochelle pour embarquer comme Second à bord du Cerro Alegre de la célèbre maison Bordes. Léon Gardanne débutait ainsi une prestigieuse carrière au sein de cette maison dont il allait devenir un de ses plus célèbres capitaines.
La voile, souvent plus efficace que la vapeur "Je ne doute pas que ces navires à voiles disparaîtront un jour, écrasés par la concurrence de la navigation à vapeur, qui, elle-même, devra peut-être céder la place à une navigation plus perfectionnée encore. Mais, avant que ces phénomènes se réalisent, j’aurai le temps de récupérer la valeur de mes navires, qui pourront d’ici là, rendre de grands
Finding products at the best prices
would be to find a cargo of sesame that he could supplement with buffalo horn and curcuma. If sesame was not available on the Indian market, he could buy rice or wheat to sell in Bourbon or Mauritius. Once this cargo was sold, either he would buy sugar and return to Marseille, or he could head back to Ceylon or India to find the sesame. The route was random and depended mostly on the information gathered on site. Such was his life - such was the life of many sailors.
Charles Fabre (born in Saint-Tropez in 1813, captain in 1840) helped set up trading posts on the Guinea coast and did not hesitate to deal with locals from the interior, thus contributing to the expansion of the Régis firm. Jean-Baptiste Gras (born in 1804, captain in 1829) also participated in the same venture. Joseph Coccoz points out quite rightly, but perhaps with a little jingoism and exaggeration, that “the wealthy Marseille traders owe their fortune to our captains”. Meanwhile the Holz shipping firm of Toulon, which owned the Edouard and employed Captain Morello, reoriented its business to India. Morello began his trips to Calcutta in 1851. For captains the purchasing of cargo was a quest that took them from port to port in search of sought-after products at the best price, and of a quality that would in turn ensure them a good return when sold on.
To place an ex-voto or not? Like his father, George who had placed a votive offering (ex-voto) in the Saint Anne Chapel in 1831 to give thanks for his leg being saved after an accident, Jean-Baptiste Morello was a believer. By observing the number of ex-votos placed in the chapel on Mount Pécoulet by this man and by analysing his career we can see how this sailor lived by his faith. On his return from a second trip to India, Morello laid an ex-voto in Saint Anne Chapel to give thanks for a crossing that went without a hitch. And yet during the following voyage, his vessel was shipwrecked in the Mouths of the Ganges near Calcutta on 22 May 1853. There is no trace of this event in the chapel: no reason to thank Saint Anne in this case!
Such is the daily life of a sailor And so captains left with specific instructions which they had to adapt as best they could to the local conditions. For example, for his trips on the Edouard, Morello might take sulphur and salt to Calcutta which he would sell on arrival. His priority
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La Valentine de l’armement Bordes avec la photo du Le capitaine Léon Ignace Gardanne
Battre le temps de la traversée la plus courte
de 72 jours en 1900 entre l’île de Wight d’où il partit chargé de houille et… Iquique au Chili. Ces traversées furent pour Léon Gardanne l'occasion de mettre en application les cours de Jean Réveille, donnés à l’école d’hydrographie de SaintTropez. Nul doute également que sa position de Second lui permit de recevoir toute l’expérience des capitaines qui commandaient ces grands voiliers et tentaient, à chaque voyage, de battre le temps de la traversée la plus courte.
Ce premier voyage dura à peine plus de neuf mois. Il continua comme Second au cours des quatre voyages suivants, de 1898 à 1899, sur le Chanaral puis sur l’Antoinette de 1899 à 1901. Ce dernier, remarquable quatre-mâts construit à La Seyne en 1897, avait une surface de voilure de 4421 m² et une capacité de 2612 tonneaux de jauge nette. Il allait effectuer une série de belles et rapides traversées dont une
rendering great services to my country and me.” Thus spoke Antoine-Dominique Bordes, founder of the great Bordes shipping firm in 1869. His words plunge us into the heart of the final magnificent chapter of navigating the oceans under sail. Although most owners believed they had no future, sailing ships went on to prove to be more efficient than steam on shipping lines in the southern oceans. They were also more suitable as these often rough seas were hard on the cargo boats which, at least in the beginning, found few ports where they could refuel.
Zanzibar, Bombay and Saigon – what memories! His next voyage was in the Black Sea on a new ship, the threemast Antoinette. Another shipwreck on 1st December in 1853 and again there’s no trace of an ex-voto in the chapel, as Saint Anne did not come to his aid. The Holz firm entrusted him with another vessel, the Amérique, and sent him again to India at the beginning of 1854. It was a turbulent trip as the threemaster was caught in a storm, but the ship and her crew came through it. On his return to Saint-Tropez in February 1855, Jean-Baptiste Morello came to the chapel to place another ex-voto to give thanks this time for a shipwreck having been avoided! Captain Morello continued to ply the Indian Ocean for many more years. These voyages would take him to Zanzibar, Bombay and Saigon. What memories he had to recount!
Captain Léon Ignace Gardanne Born in Saint-Tropez on 20 June 1873, Léon Gardanne was sailing for nine years, two months and 18 days before obtaining his Master Mariner’s licence on 21 August 1897. During those early years, he acquired solid experience both in the service of the State, and in commerce and fishing. On that 21 August, he embarked as skipper on the Conasto de Buou, an old registered fishing boat built at the Saint-Tropez boatyard in 1865. The trip lasted only four days, cut short by some good news that came
Sail often more efficient than steam “I have no doubt that sailing ships will disappear one day, wiped out by competition from steam-power which will give way to an even more sophisticated method of navigation at sea. But before these phenomena come to pass, I will have time to recover the value of my ships which by then will be
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Un des derniers grands capitaines français
Bérard à Zanzibar, Roubaud sur les côtes d’Afrique, Camille en Chine ou Cérisola à Madagascar auraient pu retenir notre attention comme les quelques centaines d’autres. Ce sera pour une prochaine fois ! Tout comme les matelots, plus nombreux encore, à s’embarquer pour de long mois vers des destinations peu familières ne doivent pas non plus être oubliés.
Léon Gardanne, le 19 avril 1902, embarque à bord de la Blanche comme capitaine assurant ainsi son premier commandement. A son retour, en 1903, le navire est vendu à une maison italienne, Gardanne prend alors le commandement du quatre-mâts barque Valentine, sorti des chantiers de Rouen en 1900. C’est à bord de ce voilier qu’en 1903, il effectue la plus rapide traversée de toutes celles faites par les navires de la maison Bordes en ralliant l’île de Wight à Iquique en 56 jours. Léon Gardanne décède à Saint-Tropez en 1950 à l’âge de 77 ans. Il était l’un des derniers grands capitaines français de la marine à voile et son nom figure dans toutes les bonnes études à propos des cap-horniers. Il en est d'autres.
Ces temps où les Tropéziens parcouraient le vaste monde On reste surpris de trouver le Tropézien Sigalas embarqué à Nantes sur l’Océan II pour aller pêcher la baleine au-delà du Cap Horn en 1834. Il ne fut pas le seul. Le matelot Lagerive, inscrit lui aussi à Saint-Tropez, l’avait précédé en 1831. Que sont devenus les matelots Victor Guiraman et Pierre Lauzet qui désertèrent à San Francisco pour participer à la célèbre "ruée vers l’or" ? Si beaucoup reviennent finir leur jour dans leur village, certains s’installent loin du clocher pour fonder une famille. Tel fut le cas d’Antoine Auméran qui posa définitivement son sac en Nouvelle-Calédonie un jour de 1853. Ses descendants vivent encore sur l’île… Il symbolise à lui seul ce temps où les Tropéziens parcouraient le vaste monde. I
Destinations peu familières Car les carrières de ces quatre capitaines ne doivent pas nous faire oublier pour autant toutes les autres. C'est dans cette démarche de devoir de mémoire que l’association des capitaines au long cours de Saint-Tropez est née. Elle rassemble patiemment la vie de ces hommes. Les capitaines
his way. He had to go straight to the port at La Rochelle to join the Cerro Alegre, of the famous Bordes firm, as Second in command. And so Léon Gardanne began a distinguished career with this company and went on to become one of its most famous captains.
Léon Gardanne died in Saint-Tropez in 1950 at the age of 77. He was one of the last of the great French sailing ship captains and his name appears in all the best accounts of the “Cape Horners”. He is one of them.
Unfamiliar destinations
Breaking the record for the shortest crossing
The careers of these four captains should not make us forget all the others. We have a duty to remember them, which is why the association for Master Mariners from Saint-Tropez was created. It patiently brings together the lives of these men. Captains like Berard in Zanzibar, Roubaud on the shores of Africa, Camille in China or Cerisola in Madagascar could have captured our attention like so many hundreds of others. But that’s for next time! All of them, like the even more numerous ordinary seamen who set sail for months at a time to unfamiliar destinations, should not be forgotten.
That first voyage lasted more than nine months. He continued as Second Officer for the next four trips, from 1898 to 1899 on the Chanara, then the Antoinette from 1899 to 1901. The latter, a remarkable four-master built in La Seyne in 1897 had a sail area of 4,421 m² and a net register tonnage of 2,612 tonnes. She was to make a fine series of fast crossings, including one of 72 days between the Isle of Wight where she left laden with coal and - Iquique in Chile. These crossings were an opportunity for Léon Gardanne to put into practice what he had learned from Jean Réveille’s courses at the hydrography school in Saint-Tropez. There is also no doubt that his position as Second Officer helped him gain experience from the captains who commanded the big sailing ships and attempted on each voyage to beat the record for the shortest crossing.
The days when Tropezians roamed the world It is still a surprise to find the Tropezian Sigalas boarding the Océan II in Nantes to go whaling beyond Cape Horn in 1834. He was not alone however. Ordinary seaman Lagerive who is also registered in Saint-Tropez had preceded him in 1831. And what became of Victor Guiraman and Pierre Lauzet who deserted in San Francisco to take part in the famous Gold Rush? While many returned to end their days in the village, others settled far from the bell tower to start a family. That was the case with Antoine Aumeran who finally laid down his hat in New Caledonia in 1853. His descendants still live on the island – symbolic of a time when the Tropezians roamed the world. I
One of the last great French captains On 19 April 1902, Léon Gardanne was given his first command when he embarked on board the Blanche as her captain. On his return in 1903, the ship was sold to an Italian firm and Gardanne went on to captain the four-mast Valentine, built by the Rouen shipyard in 1900. It was on board this sailing ship that in 1903 he made the fastest crossing of any of the Bordes firm’s ships, sailing from the Isle of Wight to Iquique in 56 days.
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PORTRAIT Interview
M axime Benoit Plus jeune Second Capitaine de France et Capitaine illimité Saint-Tropez perpétue la légende des “Capitaines au long cours”! ils s'appellent dorénavant "Capitaine illimité". Le terme fait moins rêver aux courses circumterrestres et aux îles lointaines mais la formation n'en est pas moins difficile. Maxime Benoit est de ceux-là. Après avoir suivi toute sa scolarité à Saint-Tropez et dans le golfe, il a poursuivi sa formation supérieure à l’Ecole Nationale de la Marine Marchande de Marseille d'où il est sorti Major en 2006, poursuivant ainsi la déjà riche histoire des capitaines tropéziens. Saint-Tropez, Maxime Benoit n'est pas un inconnu, passionné de voile de Tradition, on le voit souvent à la barre d’Eilidh et ce n’est pas un hasard, c’est le fils de Christian Benoit à qui nous devons, entre autres, la désormais célèbre course du Trophée du Bailli qui fête cette année ses dix ans de création.
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quart (même les mécaniciens) et où l’on dialogue encore, entre la passerelle et la machine, au Chadburn (Transmetteur d’ordre à "clochette")". En 2003-2004 : retour à l’Ecole, fin du premier cycle de formation, obtention de son diplôme.
Caraïbes, Venezuela, Cuba
"Des risques de piraterie et de terrorisme maritime"
En 2000, Baccalauréat en poche, Maxime Benoit intègre la prestigieuse école de Marseille dans la promotion "Bel Espoir" parrainée par le Père Jaouen. Hiver 2001 : premier stage à bord du Roulier mixte Scandola, liaisons Corsecontinent, premier contact avec la vie à bord d’un navire de la Marine marchande et les caprices de la Méditerranée ! Seconde année, deux mois et demi à bord d'un pétrolier de 50 000 tonnes naviguant dans les Caraïbes, entre le Venezuela et Cuba. "C’est la découverte de la navigation à l’ancienne, se souvient le néophyte, où tout le monde fait le
Comme Elève-Officier à bord de pétroliers de la compagnie Broström Tankers, Maxime Benoit découvre l’Asie, l’Océanie, la Mélanésie et la Polynésie. Il effectue deux traversées complètes du Pacifique entre la Corée du Sud et le Détroit de Magellan. Son brevet de chef de quart obtenu, il poursuit son apprentissage dans différents postes de lieutenants à bord du Cilaos qui ravitaille l’île de La Réunion. Avec l'équipage, totalement français, il effectuera 19 traversées de l’océan Indien et franchira deux fois le canal de Suez. Septembre 2005, retour à Marseille pour sa cinquième et
Youngest French Chief Officer and fully licensed captain
Caribbean, Venezuela, Cuba In 2000, the Baccalauréat in his pocket, Maxime Benoit joined the prestigious Marseille school as part of the “Bel Espoir” intake, sponsored by Father Jaouen. In the winter of 2001, his first internship was on board the roll-on/roll-off Scandola sailing between the mainland and Corsica, his first contact with life on board a merchant navy ship and of the whims of the Mediterranean! In his second year he spent two and a half months on a 50,000 dwt (deadweight) oil tanker in the Caribbean, sailing between Venezuela and Cuba. “As a rookie, I discovered navigation as it was in the old days,” he recalls, “where everyone takes a turn on watch (even the engineers) and where everything is discussed, between the bridge and the engine room to the Chadburn ship's telegraph.” In 2003-2004 he returned to college to finish this part of his training and to obtain his diploma.
hey used to be called “master mariners” but now they are “fully licensed captains”. The name no longer conjures up dreams of circumnavigating the world to distant islands, but the training is no less difficult. Maxime Benoit is one of them. After his schooling in the Gulf of Saint-Tropez, he completed his postgraduate training at the “Ecole Nationale de la Marine Marchande” (national merchant navy school) of Marseille which he left in 2006, having attained the highest marks of his year, to continue the already fine tradition of Tropezian captains. In Saint-Tropez, Maxime Benoit is well known. He is the son of Christian Benoit to whom we owe among others the famous Trophée Bailli de Suffren race which is celebrating its tenth anniversary.
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PORTRAIT Interview
Le Second Capitaine, Maxime Benoit à son poste
“Piracy risks and terrorism at sea” As a trainee officer aboard oil tankers for Broström Tankers, Maxime Benoit discovered Asia, Oceania, Melanesia and Polynesia. He crossed the Pacific twice between South Korea and the Magellan Strait. Having obtained his Officer of the Watch certificate, he continued his apprenticeship in various posts as an officer on board the Cilaos which supplies the island of La Réunion. With an all French crew, he completed 19 crossings of the Indian Ocean and twice passed through the Suez Canal. In September 2005, he returned to Marseille for his fifth and final year of training. His dissertation (pass with 80%-plus) was on “Assessing piracy risks and maritime terrorism”, inspired by his last two years of sailing in risky areas such as the Malacca Strait and Gulf of Aden.
Fully licensed Captain In June 2006, Maxime Benoit returned to sea and was promoted to Chief Officer at the age of only 23, on board the Cilaos. He was now France’s youngest Chief Officer, and over the next three years was able to consolidate his experience in this position, sailing on regular voyages between European ports. In March 2010 after 24 months as an officer, he obtained his certificate to be a fully licensed Captain.
Loyal to Saint-Tropez As well as all his trips, this brilliant young senior officer is involved in the Merchant Navy’s alumni association,
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Maxime à la barre du vieux gréement Eilidh pendant les Voiles de Saint-Tropez
PORTRAIT Interview
dernière année d’école. Son mémoire de fin d’étude (Mention "très bien") porte sur "L’évaluation des risques de piraterie et de terrorisme maritime", inspiré des deux dernières années de navigation dans des zones à risque (détroit de Malacca, golfe d’Aden…). Mémoire qu’il n’a pas oublié d’offrir à Patrick Marchesseau, commandant du Ponant lors d’un passage à Saint-Tropez.
cours”, dont une association rapproche les “anciens et les jeunes” d’une longue tradition avec les métiers de la mer.
Fidèle à Saint-Tropez A côté de ses embarquements, ce jeune et brillant officier supérieur s'est engagé au sein de l’association d'élèves et d'anciens élèves de la Marine Marchande, HydroSup’Marine, dont il est le tout récent vice-président. Celle-ci contribue à rapprocher les différentes générations de marins et participe au développement et à l’évolution des formations et des métiers de la Marine Marchande. Mais Maxime Benoit n'en oublie pas pour autant son village et, chaque année, fidèle à Saint-Tropez, il participe aux “Voiles” avec bonheur, et rêve de participer au Trophée du Bailli de Suffren. Enfin, pour compenser l'éloignement de sa famille et de ses amis, il rédige un journal de bord hebdomadaire qu'il diffuse par email des quatre coins des mers. "Cela permet de faire vivre la vie en mer et de garder contact avec le monde terrestre." Bon vent, Commandant Benoit ! I
Capitaine illimité Juin 2006, Maxime Benoit reprend la navigation et passe à la fonction de Second Capitaine par dérogation à l’âge de… vingt trois ans à bord du Cilaos. Il est alors le plus jeune Second Capitaine de France. Les trois années suivantes lui permettent de consolider une solide expérience de Second Capitaine en naviguant aux rythmes soutenus des escales européennes. En mars 2010, après vingt quatre mois de service officier, il obtient le brevet de Capitaine illimité. Saint-Tropez continue de faire vivre les “Capitaines au long
Journal de bord (extrait) "Retrouver la Méditerranée après notre épopée nordique, c'était comme voir exploser le printemps dans un parc, redécouvrir le soleil, la brise chaude qui parcourt le pont et laisser à l'intérieur polaires et manteaux à doublures. Il y a comme un sentiment de liberté en passant le détroit de Gibraltar. Le plus étonnant c'est que ce sentiment est identique dans les deux sens. En rentrant car on retrouve un climat plus doux et agréable. En sortant car on retrouve la sérénité lors des escales futures. Mais on oublie toujours les défauts de chaque coté et c'est toujours innocemment et plein d'entrain qu'on se faufile devant le rocher." Dimanche 15 février 2009, à bord du Bro Elizabeth, mer de Marmara
Logbook (extract)
“Returning to the Mediterranean after our epic Nordic trip was like seeing an explosion of spring in a park, rediscovering the sun and a warm breeze on the bridge, and leaving fleeces and heavy clothes down below. There's a sense of freedom when you pass through the Strait of Gibraltar. The most astonishing thing is that this feeling is the same in both directions. On returning because we find a more mild and pleasant climate, on leaving because we look forward to our future ports of call. Yet one always forgets the drawbacks on both sides and we are always full of beans and quite cheerful when we sail past the Rock.” Sunday 15 February, 2009, on board the Bro Elizabeth, in the Marmara Sea
HydroSup’Marine, and is now its vice-president. The organisation helps bring together different generations of mariners and plays an active role in the development and evolution of training for the various merchant navy skills. Yet Maxime Benoit has not forgotten the village where he was born and every year is delighted to take part in the Voiles de Saint-Tropez. Lastly, to make up for being so far from his family and friends, he writes a weekly log in the form of a letter which is distributed by email. “It allows me to share my life at sea with my family and friends and to keep in touch with everyone,” he says. Good luck Captain Benoit ! I
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EVENEMENT NAUTIQUE Nautical event
Velo latino de San Troupé Les Voiles latines à Saint-Tropez
10 ans
Amateurs de voiles latines, de coutumes ancestrales et de savoirfaire en matière de bateaux traditionnels, tous, participants et spectateurs, ont été comblés durant ces journées ! La voile latine symbolise en effet la mémoire de la voile en Méditerranée, comme un témoin transmis de littoral en littoral. La voile latine est, depuis des millénaires, la voile du pointu, la barque traditionnelle du pêcheur méditerranéen, toujours soumise à rude épreuve.
All those who love lateen sails, ancestral customs and the expertise associated with classic boats, whether participant or spectator, thoroughly enjoyed these two days! For the lateen sail has come to symbolise the memory of what sailing was like in the Mediterranean, a witness passing from coast to coast down the generations. For thousands of years, the lateen sail has been used for the “pointu”, that most distinctive, traditional and feisty of the small Mediterranean fishing boats.
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felouques et yoles ette année encore, Italiens continentaux, Sardes, Corses, Espagnols des Baléares, Tunisiens et, plus près de nos côtes, Toulonnais, Sétois, Cavalairois, Raphaëlois, Fréjusiens, Tropéziens évidemment, et bien d'autres, sont venus nombreux, fidèles à Saint-Tropez, partager une passion typiquement méditerranéenne, celle de la voile latine.
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en catégorie plaisance ou régate, cette dernière permettant d’intégrer le classement du circuit de la Voile Latine en Méditerranée.
Bettes marseillaises, tartanes, barques catalanes Alors que la catégorie "plaisance" est réservée aux amateurs ou aux bateaux "hors jauge" et permet aux moins aguerris de se familiariser à la discipline sur un parcours plus aisé, la catégorie "régate", créée en 2001, amène chaque année sur le plan d'eau tropézien les meilleurs régatiers italiens de voile traditionnelle. Ce sont généralement des coureurs de haut niveau qui diversifient leur plaisir. Le circuit de la Voile Latine en Méditerranée accueillant des bateaux à coque de bois et à gréement traditionnel court sous une règle de jauge spécifique. Dans le port de Saint-Tropez, chaque soir, différentes unités à voiles latines, pointus, gozzi, bettes marseillaises, tartanes, barques catalanes… étaient amarrées pour un spectacle coloré. Autre attraction de ces journées, la course de Stand up paddle, traduisez "planches de surf", tout aussi sportif et convivial, entre la baie des Canoubiers et le phare rouge. Après la première manche de régates du matin, le port vibrait d'émotions devant le populaire spectacle de joutes nautiques organisé par le club bleu et jaune de Saint-Raphaël.
Sa forme élégante est facilement reconnaissable. Triangulaire, la voile latine est en coton et mesure environ 20 m2. Sa couleur d'origine était le marron dû au tannage à l'écorce de pin. D'où vient-elle ? Sa forme d'aile, gracieuse, était déjà utilisée au temps des Romains et des Phéniciens, autant dire qu'elle se perd dans la nuit boréale des temps enchantés. Une chose est sûre : elle participe au patrimoine commun des gens de mer de Mare Nostrum ! Organisées par la Ville et le Port de Saint-Tropez, avec le concours de la Société nautique de Saint-Tropez et l’association italienne Vela Latina Tradizionale, les Voiles Latines à Saint-Tropez 2010 ont réuni, pour leur 10ème édition, des pointus, catalanes, felouques et yoles… venus de toute la Méditerranée et d’ailleurs. Les voiliers, côté navigation, ont pu choisir de se mesurer dans la baie durant deux journées, les 29 et 30 mai,
nce again this year mainland Italians, Sardinians, Corsicans, Balearic Spanish, Tunisians and, closer to home, sailors from Toulon, Setoi, Cavalaire, St Raphaël, Fréjus, Saint-Tropez (of course) and many others descended on our lovely port to share a typically Mediterranean passion, that of the lateen sail.
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So where did it come from? The gracious winged profile was already being used in the days of the Romans and Phoenicians although its history is lost in the mists of time. One thing is certain: it is very much a part of the common heritage of seafarers in the Mare Nostrum! Organised by the town and port of Saint-Tropez with the support of the Société nautique de SaintTropez (sailing club) and Italian association Vela Latina Tradizionale, the Voiles Latines 2010 brought together for its 10th anniversary pointus, catalans, feluccas and yoles (skiffs) from across the Mediterranean region and beyond. For two whole days on 29 and 30 May, participants could choose whether to simply
Pointus, feluccas and yoles With its elegant and easily recognisable shape, the triangular lateen sail measures around 20 m2 and is made of cotton. Originally the sails were brown from being dyed with pine bark.
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©Jean-Louis Chaix - Ville de Saint-Tropez
Pointus,
VOILES LATINES Lateen sails
L'associazione a vela tradizionale L'association des voiles traditionnelles Respectivement président et responsable technique de “l'associazione a vela tradizionale” - association des voiles traditionnelles - Piero et Paolo Ajello ont organisé leur première régate de voiles latines en septembre 1983, à Stintino en Sardaigne d'où ils sont originaires. C'est à eux que l'on doit le renouveau de cette activité sportive issue de leur patrimoine marin transmis de génération en génération. Ils ont ensuite créé le circuit de régates de voiles latines dont Saint-Tropez est une étape. Grâce à eux, des chantiers ont pu poursuivre leur activité de restauration et même repris la construction de ces bateaux avec les mêmes caractéristiques.
Traditional sailing association President and technical supervisor, respectively, of the “Associazione a Vela Tradizionale” - Italian traditional sailing association - Piero and Paolo Ajello organised their first lateen sail regatta in September 1983 at their home town of Stintino in Sardinia. We owe it to these two men for the lateen sail revival, part of our maritime heritage that has been handed down from generation to generation. They were the ones who set up the lateen sail regatta circuit for which Saint-Tropez is a stage, and it is thanks to them that boatyards have been able to continue their restoration activity and even to build new boats with similar characteristics.
Sur le parvis de l'Annonciade
présenter son projet, le Classic Power (bateau à moteur électrique alimenté par différentes formes d'énergies renouvelables). Ce projet a été primé en 2009 par le Conseil Général et par le Salon du Littoral à Fréjus.
Les surprises n'étaient pas que sur l'eau cette année. Face au musée de l’Annonciade, pour la cinquième année consécutive, Dhaouadi Borhene, troisième génération d'architecte, à la tête de la délégation tunisienne des charpentiers de marine, a passionné une fois de plus son public en montrant les diverses techniques utilisées dans son pays à partir de bois spécifiques (eucalyptus, acacia, bois rouge, merisier, acajou) et d'outils particuliers (rabot manuel, erminette, râpe à bois). Gérard Défontaine est venu aussi d'Ollioules avec son pointu Pop-pop (16 cm !) au bruit de moteur Bernard. Jean-Pierre Laville, navigateur marseillais, toujours sur le parvis de l'Annonciade, a fait la démonstration de son petit pointu de 4,20 m, Flouka 55, gréé sur place. Formé en Suisse et basé à Saint-Raphaël, Marc Vuilliomenet est l’un des rares charpentiers de marine en France. Soucieux de l’environnement, ses bateaux sont façonnés de ces matières nobles que sont les bois d'acajou, de teck et de pin d'Orégon. Il est venu
Traditions, art et culture Nouveaux venus, Krystel Chambon et son atelier Sous le Vent ont proposé des sacs de fabrication originale en voile de bateau (apportée par les participants) issus de son atelier et La Corderie d’Or (créé en 1908 à Marseille) est venue faire une démonstration des techniques de confection de cordage pour équiper les vieux gréements à partir de chanvre et de câbles d'acier. Parallèlement à ces différentes expressions de maintenance de ces traditions manuelles, le Tropézien et historien Laurent Pavlidis a ajouté une note historique et présenté avec le charpentier de marine Borhene Dhaouadi, une conférence sur le thème : Bateaux de tradition en Provence au XIXe et début XXe siècle.
Saint-Tropez providing a colourful spectacle. Another big attraction was the "stand up paddle" race on surf boards, a friendly but sporting contest run between Canoubiers bay and the red lighthouse. After the morning’s first race, the port was buzzing with excitement as everyone watched the popular nautical jousting on water display organised by the blue and yellow Saint-Raphaël club.
sail for pleasure in the bay or compete in the regatta which is part of the lateen sail Mediterranean circuit.
Marseille bettes, tartanes and catalans While the sailing for pleasure category is reserved for amateurs or “un-rateable” boats and allows beginners to familiarise themselves with the discipline on an easier course, the regatta that was created in 2001 attracts the best Italian sailors in this discipline to Saint-Tropez every year. They are generally top level competitors keen to diversify their enjoyment of sailing as a sport. The Mediterranean Voile Latine circuit welcomes wooden hulled boats with the traditional short rigs, racing under a special rating rule. Every evening the various lateen sail rigged craft - pointus, gozzi, the flat-bottomed bettes from Marseille, tartanes, catalans and others - moored up in the port of
On the Annonciade’s forecourt There were not only surprises on the water this year. Opposite the Annonciade museum for the fifth consecutive year, Dhaouadi Borhene delighted the crowds. The third generation naval architect, at the head of the Tunisian delegation of marine carpenters, amazed his audience yet again with the techniques employed in his country to build boats using specific types of wood (eucalyptus, acacia, red wood,
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VOILES LATINES Lateen sails
L’atelier Barbarella Création de petits pointus en mosaïque et en vitrail Après une carrière dans le tourisme et de nombreux voyages de par le monde, Barbara Jeandit a commencé sa carrière artistique en 2000 sous le nom d’artiste Barbarella. Elle a créé son atelier à Sanary-sur-Mer et participe depuis à de nombreuses expositions dans la région varoise. Elle a également travaillé pour de nombreux bars et restaurants qui lui ont confié la rénovation de leur décoration. Au cours de ces Voiles Latines, l’atelier Barbarella a réalisé différents objets et notamment des petits pointus en mosaïque et en vitrail pour montrer et expliquer son savoir-faire.
Pointus depicted in mosaic and stained glass After a career in tourism and having travelled extensively, Barbara Jeandit launched her artistic career in 2000 under the name Barbarella. She set up her workshop in Sanary-surMer and has since taken part in numerous exhibitions in the Var. She has also worked for a number of bars and restaurants which entrusted her with renovating their interiors. During the Voiles Latines, the Barbarella studio produced various objects including some beautiful little pointus in mosaic and stained glass to demonstrate their expertise. Table en mosaïque réalisée pendant la manifestation par l’Atelier Barbarella
Pour la troisième année consécutive, une délégation en provenance de Chioggia (petite île à l'entrée sud de la lagune de Venise), menée par ses élus, a proposé, pour compléter cette culture latine, une exposition d’art et de culture de la région de Venise accompagnée d'animations musicales et d'une dégustation de produits gastronomiques. Les "tolèle" (ex-voto) italiens ont particulièrement touché l'assistance pour le réalisme poignant de ces petites peintures réalisées par grazia ricevuta P.G.R. (littéralement "pour la grâce rendue") qui illustrent d'authentiques tragédies survenues en mer…
Amitiés sans frontières
cherry and mahogany) and special tools (hand plane, adze, wooden rasp, etc). Gérard Défontaine was also there from Ollioules with his pop-pop pointu (16 cm!) with a noise like a Bernard engine. Still on the Annonciade’s forecourt, the Marseille sailor Jean Pierre Laville demonstrated his little 4.20 m pointu, Flouka 55, that he rigged on site. Then there was Marc Vuilliomenet, trained in Switzerland and based in SaintRaphaël, who is one of those rare marine carpenters in France. Always with an eye to the environment, he crafts boats from quality materials such as mahogany, teak and Oregon pine. He was there to present his Classic Power project (an electric motor boat using various renewable energy sources). This project was awarded a prize in 2009 by the Conseil Général and the Salon du Littoral in Fréjus.
demonstrated, Tropezian and historian Laurent Pavlidis added a touch of history to the proceedings when he and Borhene Dhaouadi gave a talk on traditional boats in Provence from the 19th to the early 20th century. For the third year running, a delegation from Chioggia (an island at the south entrance to Venice’s lagoon) rounded off the proceedings with an exhibition of Venetian arts and culture, complete with musical entertainment and a chance to sample local produce from the region. The Italian “tolèle” (votive offerings) so typical of this island were particularly touching, as the poignant realism of these miniature works of art painted to give thanks for favours received illustrate real-life tragedies at sea.
Mais l'un des temps forts de ce grand moment de convivialité et de culture a été le traditionnel pique-nique tout en couleur à la Ponche au cours duquel les marins ont su partager, malgré la barrière des langues, leur passion de la voile latine et s'échanger entre eux les plats typiques et les breuvages rapportés de leur région. D'autant qu'année en année, des liens se sont tissés, des amitiés sans frontières au-delà des vagues et des baies qui les séparent ! I
Friendships without borders As always one of the highlights of this wonderful weekend of friendship and culture was the traditional picnic in true Ponche style. Despite the language barriers sailors enjoyed sharing their passion for the lateen sail and exchanging typical dishes and beverages brought in from their various regions. Year on year stronger bonds are woven and friendships without borders forged, reaching across the waves and bays which separate them! I
Traditions, arts and culture Newcomer Krystel Chambon and his "Sous le Vent" studio were offering highly original bags made from sail cloth (given to the participants) from his workshop, while "La Corderie d’Or" (set up in 1908 in Marseille) came to present their techniques for equipping old rigs with hemp and steel wire rope. At the same time as these manual skills were being
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©Jean-Louis Chaix - Ville de Saint-Tropez
VOILES LATINES Lateen sails
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Brigitte Bardot possédait il y a quelques années un pointu, baptisé Piou Piou, qui aura 100 ans cette année. Construit en 1910 par le chantier Féraud pour un pêcheur tropézien, celui-ci lui donna le nom de sa fille qui s'appelait Marcelle. Et Marcelle ramena presque tous les jours des poissons pendant une soixantaine d'années. Lorsqu'il changea de main, il devint Piou Piou dans celles de Brigitte Bardot qui en fut un temps propriétaire avant d'être racheté, il y a moins de 15 ans, par Lucien Clauzier, agent maritime tropézien, qui l'a entièrement restauré. Piou Piou est équipé d'un moteur monocylindre Couach d'origine (monté en 1947) et sa dimension est de 4,75 m par 2. Ce pointu participe tous les ans aux Voiles Latines à Saint-Tropez. Some years ago Brigitte Bardot owned a pointu called Piou Piou which will be 100 years old this year. Built in 1910 in the Féraud boatyard for a Tropezian fisherman, she was named after his daughter Marcelle. For nigh on 60 years Marcelle brought in the catch nearly every day for her owner. She was re-christened Piou Piou by Brigitte Bardot who took on the boat and kept her until about 15 years ago when a Tropezian shipping agent, Lucien Clauzier, bought her and had her completely restored. Piou Piou is equipped with an original single-cylinder Couach engine (fitted in 1947) and measures 4.75 m by 2 m. This lovely pointu has taken part in all the Voiles Latines regattas in Saint-Tropez.
Lucien brandit fièrement le trophée décerné au pointu Piou Piou pour son centième anniversaire. Trophée réalisé par P. Vergnory Lucien proudly brandishes the trophy awarded to the pointu Piou Piou for her 100th anniversary. Trophy designed by P. Vergnor
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VOILES LATINES Lateen sails Avec le soutien de la Société Nautique de SaintTropez (A. Beaufils, Marie, Chloé, Anne, Philippe) de son Comité de course et de ses bénévoles (Monique, Mme Desmet) pour la gestion des régates, l'accueil des participants et la communication With the full support of the Racing Committee of the Société Nautique de Saint-Tropez (A. Beaufils, Marie, Chloé, Anne, Philippe) and the club's volunteers (Monique, Mme Desmet...) for managing the races, welcoming participants, and the marketing and communication
Les partenaires de la manifestation Event Partners
Démonstration et baptêmes de joutes. Ecole de Joute Raphaëloise L’équipe du chantier naval tunisien B. Dhaouadi a construit une barque le temps de la manifestation
Collection d’ex-votos présentée salle Louis Blanc Le Rampeù, groupe traditionnel tropézien Georges Défontaine fabrique des pointus en modèle réduit. Atelier Vertige à Ollioules Krystel Chambon et ses sacs en voile de bateau recyclée. Atelier Sous le Vent à la Ciotat
Mais aussi…
But also…
La Commune de Chioggia La Dragaggi Conseil Général du Var Bouchara Recordati - Laboratoires Traiteur Christophe Leroy Blue bird Sita Sud environnement Compagnie d'Exploitation des Ports
La Corderie Dor ABK6 - Cognac RTA & DTA architectes Imprimerie Riccobono Les Vins de Sainte-Marie Traiteur Miquel STVT Claude Burillon
Première pour 2010 : un atelier de corderie sur le quai d’honneur. Corderie Dor, Marseille Jean-Pierre Tuveri, maire de Saint-Tropez (à droite) et Luciano Boscolo Cucco, Président de la société La Dragaggi Frank Boumendil, adjoint délégue au Port, Jean-Pierre Tuveri, maire de Saint-Tropez, Jean-François Tourret, directeur du Port, Thierry Leret, Yacht Club de Monaco, et Piero Ajello, président de Vela Latina
Palmarès 2010
Catégorie Catégorie Catégorie Catégorie Catégorie
Régate (plus de 5,25 m) : Régate (moins de 5,25 m) : Plaisance (de moins de 9.50 m) : Plaisance (supérieur à 9.50 m) : Catalane :
1er- BARRACUDA 1er- BEIGUA 1e- NIARICOCO III 1er- TRAMONTANE DE CAVALAIRE 1er- APHRODITE
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2e- SANTA RITA 2e- ANT’ALBERTO 2e- ALOMA 2e- MOBY DICK 2e- JEANINE
3e- O’SPESTILL 3e- POLIFEMO 3e- TXAKOLI 3e- AGATHOS
VOILES LATINES Lateen sails
"Gruppo Chorea", groupe de danse en provenance de Chioggia dans le jardin du musée de l'Annonciade Monsieur Vuilliomenet, charpentier de marine. Atelier MV Boat, Saint-Raphaël La société Tropézienne des Voiliers de Tradition très active pendant la manifestation Remise des prix à l’Annonciade par Jean-François Tourret, Frank Boumemdil et André Beaufils - L’un des premiers prix, un vase en verre de Murano réalisé par l’artiste italien Massimiliana Schiavon Ex-voto
Barques au 1/10e
La Tramontane de Cavalaire
B lue Bird,
the only one !
Le front de mer de Saint-Tropez est un écrin de superbes yachts mais si, côté quai, vous écoutez les spectateurs, il en existe un, vraiment spécial, qui s'appelle "Blue Bird". Avec ses couleurs douces, ses lignes classiques GL Watson et son style "années trente", il recevait régulièrement la visite de Jean-Louis Renault et sa fille Annick au début des années 1960 mais sa renommée remonte encore bien avant. Construit en 1938 pour l'as de la vitesse, Sir Malcolm Campbell, pour aller à la chasse aux trésors, Blue Bird fut réquisitionné par la Marine britannique dans les jours sombres de 1939. Peu de temps après, il fit partie des braves petits navires qui ont évacué sous un feu nourri à Dunkerque les armées de la Grande-Bretagne et de la France Libre. Après le conflit, ses voyages furent nombreux et audacieux jusqu'à ce qu'il soit finalement sauvé en Californie. Aujourd'hui entièrement restauré, sa vie énumère 70 ans de yachting entre guerre et paix. Blue Bird fait l'objet d'un nouveau livre captivant qui sera publié dans quelques semaines. The waterfront at Saint-Tropez is a showcase for many superb yachts but on the quay you could hear from the spectators that there was really only one particularly special vessel and that was Blue Bird. With her soft colours and her classic GL Watson lines in the thirties style, this boat was used a great deal by Jean-Louis Renault and his daughter Annick in the early sixties, although her fame goes back a long way before those days. Built in 1938 for speed ace Sir Malcolm Campbell to go on treasure hunts in the Pacific, Blue Bird was requisitioned by the British Navy in the sombre days of 1939. Not long after she was among the brave little ships who evacuated the armed forces of Great Britain and Free France under heavy fire at Dunkirk. After the war, she cruised extensively in the Mediterranean before being taken to California. With over 70 years of sailing in war and peace behind her, Blue Bird has been entirely restored and is the subject of a captivating new book due to be published in the next few weeks.
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EVENEMENT NAUTIQUE Nautical event
Giraglia
Rolex Cup
Partition classique en Méditerranée Succédant aux frêles Voiles latines, quel bonheur de retrouver dans le port, aux côtés des Swann traditionnels et des Maxis, des Wally ultramodernes aux performances impressionnantes ! La mythique Giraglia Rolex Cup fête plus de 50 ans de course en Méditerranée. Attendue, respectée, redoutée aussi, la Giraglia a su rester fidèle à l'image de Saint-Tropez. a course, cette année, devrait à nouveau offrir un plateau prestigieux : des maxis aux équipements "high tech" allant jusqu’à 35 mètres, des voiliers de la classe IMOCA avec, entre autres, l’un des grands noms de la course au large, Kito de Pavant sur Groupe Bel, et, à leurs côtés, des 40 pieds, une classe monotype qui attire de plus en plus de marins pour des régates côtières, des transatlantiques et
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des tours du monde. En Class 40, Cécile Poujol, Thierry Bouchard, David Augeix ainsi que cinq autres équipages, ont déjà confirmé leur participation. Grâce à un système de mesure unique (IRC ou ORC), basé sur une correction de temps, la Giraglia Rolex Cup permet à tous les différents types de bateaux de régater les uns contre les autres avec les mêmes chances de victoire.
Classic challenge in the Mediterranean
The race this year is again expected to attract top level competition: maxis up to 35 metres with their high tech equipment, IMOCA class yachts with, among others, one of the greatest names in offshore racing, Kito de Pavant on Groupe Bel, and alongside them the one design Class 40 which is attracting more and more sailors to inshore, transatlantic and round the world races. In the Class 40 Cécile Poujol, Thierry Bouchard, David Augeix and five other teams have already confirmed their participation. Thanks to a unique system (IRC or ORC) based on corrected time, the Giraglia Rolex Cup allows all these different types of boats to race against each other with an equal chance of winning.
ollowing on from the gentle lateen sail regatta, what a pleasure to be back in the port with the traditional Swans and Maxis, and the impressive performance of the ultra modern Wally yachts! The legendary Giraglia Rolex Cup celebrates more than 50 years of racing in the Mediterranean. Eagerly awaited, respected and even feared, the Giraglia has remained faithful to the image of Saint-Tropez.
©Carlo Borlenghi - Rolex
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GIRAGLIA ROLEX CUP Maxi sailing yacht race 245 milles nautiques
200 monocoques de prestige, classiques ou modernes, se dispute en deux temps : aux trois journées de régates côtières dans la baie tropézienne (qui s’achèvent traditionnellement par une soirée de gala à la Citadelle) succède la course au large via le fameux rocher. Une course pour gentlemen au caractère unique et dans laquelle monstres de technologie et voiliers de construction plus ancienne naviguent à armes égales grâce à un classement établi en temps compensé. Une particularité qui fait le charme de cette course de légende.
Il est des émotions particulières lorsqu'on navigue. Participer à la Giraglia est de celles-là. Course au large la plus réputée de Méditerranée, elle est devenue une tradition pour les navigateurs européens ! Les concurrents prennent le départ depuis le petit port mythique, mettent le cap sur les splendides îles d’Hyères puis prennent le large vers la Giraglia, cet îlot rocheux au nord de la Corse, avant de poursuivre vers la ligne d’arrivée, cette année à nouveau à San Remo, soit 245 milles nautiques au total.
A l’écoute de leur embarcation
Classement en temps compensé
Tous ces marins apprécient en effet cette navigation particulière en Méditerranée, une mer dont les systèmes météo sont toujours parmi les plus délicats à décrypter et à anticiper. La difficulté d’appréciation des régimes de vent, particulièrement à cette période de l’année, demande aux équipages d’allier manoeuvres et sens tactique, d’être constamment à l’écoute de leur embarcation.
©Carlo Borlenghi - Rolex
Dans la tradition des grandes régates classiques, la Giraglia Rolex Cup est ainsi l’occasion de découvrir une flotte unique réunissant à la fois des majestueux maxis de plus de 20 mètres et des bateaux plus petits de 30 pieds. Cette course franco-italienne réunit à Saint-Tropez, propriétaires et équipiers des plus beaux et des plus rapides voiliers du monde. L'épreuve pour les
the world, and is held in two phases. Three days of inshore races in the bay of Saint-Tropez (which ends with a traditional gala evening at the Citadelle) are followed by the offshore race to the famous rocky island. An event for gentlemen (and women) with a unique character where the monsters of hi-tech sailing and older traditional yachts compete on equal terms, thanks to a ranking established on corrected time. Indeed it is this feature which gives this legendary race its special charm.
Covering 245 nautical miles Sailing is always an emotional experience and never more so than when participating in the Giraglia. This most famous offshore race in the Mediterranean has become a tradition for European sailors! Competitors start from our mythical small port, pass the beautiful Hyères islands and then head for the rocky Giraglia islet off northern Corsica, before continuing to the finish line which this year returns to San Remo (see below): a total of 245 nautical miles.
Listening to their boat Results in corrected time
Everyone really enjoys this special regatta in the Mediterranean, a sea whose weather systems (see below) are still among the most difficult to decipher and anticipate. The difficulty of assessing the wind patterns, especially at this time of year, requires crews to combine manoeuvres with tactical sensitivity and to be constantly listening to their boat.
In the tradition of the great classic regattas, the Giraglia Rolex Cup is an opportunity to see a single fleet comprising majestic maxis of over 20 metres alongside smaller 10 metre vessels. The race from France to Italy brings together in Saint-Tropez owners and crews of 200 of the finest and fastest monohulls in
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Des bateaux, des records et des chiffres
1953 22 concurrents 2009 200 (12 nationalités) à Saint-Tropez Rolex 14 ans de partenariat. En 1997, première édition parrainée par l’horloger, 46 voiliers piaffaient sur la ligne de départ
Record à battre 18h 3min 15s, établi en temps réel sur SaintTropez-Gênes par Alfa Romeo en 2008, vitesse moyenne : 13,4 noeuds
Plus grand voilier Highland Breeze, un Swan 112 (34 m) Plus petit bateau un First 31.7 de 10,56 m Remise des prix 2 400 places assises sont dressées à la Citadelle de Saint-Tropez pour la soirée de gala des régates côtières
Feu d'artifice 5 300 fusées sont tirées lors du somptueux spectacle pyrotechnique qui clôt la soirée à la Citadelle
San Remo, nouveau port d’arrivée
devenu la terre promise des marins conquis par sa baie exceptionnelle et son port abrité du mistral. Saint-Tropez ? Ah, là, là… Et San Remo ? Véritable bijou de la région de Ligurie, San Remo bénéficie d’une aura qui attire chaque année Italiens et touristes désireux de découvrir cette station balnéaire historique aux senteurs et aux couleurs enivrantes. En 1956, trois ans après la création de la Giraglia, San Remo était le port d’arrivée de la course dont le départ se faisait de Cannes. Neuf ans plus tard, San Remo devint le port de départ, cette fois, et ce n’est quand 1998 que Gênes en est devenue la ville d’arrivée. Vous suivez ? Cette année, la Giraglia Rolex Cup retourne donc à ses premiers amours et c’est certainement avec beaucoup d’émotion que le Commodore du Yacht Club de San Remo, Beppe Zaoli, accueillera les participants de la 58e édition de cette grande classique méditerranéenne. I
Depuis 12 ans, donc, les monocoques de la Giraglia Rolex Cup ralliaient Saint-Tropez à Gênes, comme un retour aux sources pour les Tropéziens d'origine ! Cette année, San Remo, destination originelle de la régate, redevient le port d’arrivée de cette course au large. Le temps de référence de 24h 21min 47sec., établi en 1998 par Riviera di Rimini sur ce parcours, tombera-t-il (lire encadré) ?
Saint-Tropez, vous connaissez ? Et San Remo ? On le dit tout à la fois extraverti et très confidentiel. Le village de pêcheurs réussit à conjuguer vocation nautique et tradition de fêtes et fait rêver le monde entier. En Méditerranée, il est
attracted by its magnificent bay and harbour sheltered from the infamous Mistral. Saint-Tropez? Oh la la! And San Remo? Truly a jewel in the crown of Liguria, San Remo has an indefinable aura which attracts Italians and tourists alike to discover the heady scents and colours of this historic resort. In 1956 three years after the Giraglia was created, San Remo was the finish line for the race which started from Cannes. Nine years later the race set off from San Remo and this was when in 1998 that the finish line was in Genoa. This year the Giraglia Rolex Cup returns to its first choice and for Beppe Zaoli, Commodore of the Yacht Club of San Remo, it will be an emotional moment as he welcomes the participants of the 58th edition of this great Mediterranean race. I
San Remo: a new port for the finish For 12 years monohulls in the Giraglia Rolex Cup have been sailing between Saint-Tropez and Genoa, which had become like a home from home for Tropezians! This year San Remo, the original destination for the race, will once again host the finish. Will the record time of 24 hours 21 minutes and 47 seconds set in 1998 by Riviera di Rimini for this race be beaten?
Saint-Tropez you know? And San Remo? Extrovert and yet also quite private, this fishing village successfully combines its nautical ambitions with traditional festivals and its role as a dream destination for the jet set. In the Mediterranean it has become the “Promised Land” for sailors
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©Carlo Borlenghi - Rolex
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Climatologie de la course Méditerranée, mer complexe La Méditerranée est probablement l’une des mers où les prévisions météorologiques sont les plus complexes à effectuer. Le mois de juin est souvent une période de "tout ou rien" où mistral et zones de calme peuvent alterner et surprendre les concurrents. Plusieurs systèmes météorologiques sont susceptibles d’entrer en jeu : une dépression située sur le golfe de Gênes peut engendrer un fort mistral de la vallée du Rhône à la Corse. Un régime d’est (rare) contraindrait les participants à naviguer au près dans 40 noeuds de vent accompagnés de rafales et d’une mer formée. Un large anticyclone de faible gradient, positionné sur la France, n’offrirait que très peu de marge car les effets de brise ne se ressentent que dans une zone de 0 à 20 milles. En revanche, un anticyclone avec de fortes chaleurs sur la France serait propice à des vents pouvant souffler jusqu’à 30 noeuds et se propageant à 20 ou 30 milles des côtes. La situation de Marais barométrique (la pire des configurations) empêcherait le vent de souffler aussi bien le long des côtes que plus au large. Quelques orages peuvent cependant apporter du vent.
Des noms prestigieux Amoureux de la mer et de la voile, ils ont inscrit leur nom dans l’histoire de cette course de légende : Gianni Agnelli, le Baron Bic, Franck Cammas, Gaston Deferre, Michel Desjoyeaux, Roland Jourdain, Herbert Von Karajan, Lindsay Owen Jones, Bruno Troublé, Marc Pajot, Kito de Pavant, Thierry Peponnet, Carlo Puri Negri, Edmond de Rothschild, Giovanni Soldini, Marc Thiercelin…
Some prestigious names
©Carlo Borlenghi - Rolex
Lovers of the sea and sailing, they have written their names in the history book of this legendary race: Gianni Agnelli, Baron Bic, Franck Cammas, Gaston Deferre, Michel Desjoyeaux, Roland Jourdain, Herbert Von Karajan, Lindsay Owen Jones, Bruno Troublé, Marc Pajot, Kito de Pavant, Thierry Peponnet, Carlo Puri Negri, Edmond de Rothschild, Giovanni Soldini, Marc Thiercelin – the list is long.
Weather conditions on the course The Mediterranean: a complex sea The Mediterranean is probably one of the seas where weather forecasts are the most difficult and complex to predict. June is often an “all or nothing” period where the Mistral and periods of flat calm can alternate and surprise the competitors. Several weather systems are likely to come into play: a depression located over the Gulf of Genoa can cause a strong Mistral from the Rhone Valley to Corsica. An easterly system (rare) can force participants to sail upwind in 40 knots with strong gusts and a choppy sea. A large low gradient anticyclone positioned over France would offer very little margin as the effects of the breeze would only be felt in a 0 to 20 mile area. By contrast an anticyclone with high temperatures over France could produce winds of up to 30 knots extending 20 to 30 miles offshore. A marais barometric situation (the worst configuration between two anticyclone systems) would prevent wind blowing along the coast as well as offshore. However, summer thunderstorms can also bring wind.
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©Jean-Louis Chaix - Ville de Saint-Tropez
ÉVÈNEMENT NAUTIQUE Nautical event
Trophée du Bailli Dans le sillage de l'Amiral Satan ! Initié il y a maintenant dix ans, le Trophée du Bailli de Suffren a su d'emblée séduire et convaincre parce qu'il avait un concept fort, un trophée de conquérant et un règlement qui alliait l'élégance au défi, la nonchalance d'un art de vivre révolu à la classe des intrépides. Ca, c'est l'esprit du Trophée du Bailli qui ne l'a jamais quitté. Son dixième anniversaire (officiel puisqu'un prologue improvisé eut lieu un an auparavant) ne devrait pas engendrer la mélancolie. epuis que sa statue à la forte stature trône sur le port de Saint-Tropez, nul n'avait eu l'idée de lui rendre un tel hommage. Des courses, des régates, des croisières, il y en avait bien dans la baie depuis toutes ces années, toutes plus exigeantes et plus spectaculaires. Aucune cependant à la mesure (la démesure ?) de l'Amiral Satan dont la devise, "Toujours vainqueur, jamais vaincu !", en fit un militaire et commandant redouté (lire encadré).
Trophée du Bailli fut inventée lors d'un pari au bar du Sube quai de Suffren, précisément. A la suite d'une séance de dédicaces de Henri-Christian Schroeder pour son roman L'Illusion de Malte* avec quelques amis skippers, Christian Benoit et Pierre Hugo. Suite à ce "prologue" informel et improvisé entre amis passionnés de yachting classique et de course au large, Orion, Lelantina,
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Premier "Sabre d'Honneur" Le bar inspire le marin. De même que la Giraglia fut imaginée par trois hommes dans un café parisien, la course du
In the wake of Admiral Satan!
of Saint-Tropez, no one had ever thought of paying him such a tribute. Of course there have been many races, regattas and cruises over the years, all equally demanding and spectacular, but none were truly worthy of the status (excesses?) of Admiral Satan whose motto: "Always victorious, never defeated!" made him a feared military commander (see box).
aunched ten years ago, the “Trophée du Bailli de Suffren” captured the imagination right from the start - it was a powerful concept with a beautiful trophy and rules which successfully combined elegance and a challenge with the nonchalant lifestyle of the bold adventurers of the past. This is the spirit of the “Trophée du Bailli” which has not altered to this day. The tenth anniversary (dating from the preliminary arrangements which started a year before) should not be any cause for concern. Although there is a statue honouring his greatness in the port
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First “Sword of Honour” The bar inspires the sailor. Just as the Giraglia was conceived by three men in a Parisian café, the Trophée du Bailli originated from a bet in the bar of the Sube hotel on Quai de Suffren. It happened after a book signing session by Henri-Christian Schroeder for his novel L’Illusion de Malte* with a few of his skipper friends, Christian Benoit and Pierre Hugo. Following this informal and improvised “prologue” between friends with a
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TROPHÉE DU BAILLI Bailli trophy
Véronique et Suzanna-II quittaient Saint-Tropez pour rejoindre Malte via Porto-Rotondo en Sardaigne et Marsala en Sicile. Orion gagna le premier "Sabre d'Honneur de l'Amiral Satan" qu'il conserva d'ailleurs l'année suivante lors de la première édition, plus officielle !
Le décalogue du gentleman sailor de tradition Une course au large à la dimension de l'Histoire (et donc faite de défis, voir ci-dessous !) venait de naître à Saint-Tropez dans l'esprit des "Chevaliers Corsaires" et du grand yachting classique d'exception avec sportivité, élégance et humour, une philosophie d'origine entretenue, depuis, avec soin et passion par ses participants, à l'image de la charte de bonne conduite connue sous le nom de "Décalogue du gentleman sailor de tradition", aujourd'hui adoptée par de plus en plus de yachtsmen du circuit classique méditerranéen.
Jean-Pierre Tuveri, le Vice-Amiral d’Escadre Yann Tainguy, le père Michel Hayes, Christian Benoit
Carole Bouquet, marraine 2010 Ainsi, le Trophée du Bailli de Suffren perpétue cette légende d'aventure. Cette année, une nouvelle escale sicilienne est proposée, en l'île de Pantelleria chère à Carole Bouquet, actrice de renommée mondiale, viticultrice à Pantelleria avec son "Sangue d'Oro" et marraine de cette édition 2010, cette 9ème édition étant placée sous le patronage de Mesdames Rama Yade, Secrétaire d'Etat aux Sports, et Chantal Desbordes, seule femme amiral en France, l'amiral Hervé Pinon, président du club nautique de la Marine à Toulon, représenté par l'amiral Jacques Méheut, délégué de la SNSM, et l'amiral Yann Tainguy, Commandant de la zone Méditerranée. I
Pierre Hugo, Christian Benoit, Bernard D’Alessandri, Henri Christian Schroeder
passion for classic yachts and offshore racing, Orion, Lelantina, Veronique and Suzanna-II sailed from Saint-Tropez for Malta via Porto Rotondo in Sardinia and Marsala in Sicily. Orion won the first Admiral Satan “Sword of Honour”, which she kept for a year until the first, more official race the following season!
The Ten Commandments for gentlemen sailors An offshore race with an historical dimension (and serious challenges, see below!) was born in Saint-Tropez in the spirit of the “Chevaliers Corsaires” and the great traditions of classic yacht racing. Sportsmanship, elegance, humour and an original philosophy are upheld with care and enthusiasm by the participants, in the image of a charter of conduct known as “The Ten Commandments for gentlemen sailors” which are endorsed by more and more yachtsmen on the classic Mediterranean circuit.
Carole Bouquet: 2010 patron Remise des médailles aux Anciens Marins Marins Combattants à la mairie de Saint-Tropez
And so the Trophée du Bailli de Suffren perpetuates this legend of adventure. This year a new port of call to Pantelleria in Sicily is planned, an island dear to the heart of the famous actress Carole Bouquet, who owns the vineyard which produces the “Sangue d'Oro”, and is patron of the 2010 race. This ninth edition is under the patronage of Rama Yade, Minister of State for Sport, Chantal Desbordes, France’s only lady Admiral, Admiral Hervé Pinon, president of the naval yacht club in Toulon, represented by Admiral Jacques Meheut, the SNSM delegate, and Admiral Yann Tainguy, Commander of the Mediterranean region. I
* "L'illusion de Malte" (éditions Jean Picollec) Saint-Tropez
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TROPHÉE DU BAILLI Bailli trophy
! i miralissime !!! f A é l' . d .E n S e u d e s ll in o e Cela s'app beam IV" à "Rowdy"… aux bonens tssur l ’eau et vous faites papurtier sadengcecouxmmlàe. oon Dépêche de "M nt l ’histoire
s d’ avoir un ceux qui l ’écriv bistrot. Il y a très bien qu’ il ne suffit pa fren 2009. au à un autre lli de Suf qui savons i écrive "Il y a ceux qu, à bord de Moonbeam IV, les grands vainqueurs du Baiuvage, attendez-vous pour 2010 ur récupérer Pour nous tous crocher les victoires, vous êtes fut capricieuse et parfois sa s bien loin de votre sillage, pous aurez tant monture pour ac nous bien ! Si cette édition de lune" qui ne sera jamai e ! Le défi est lancé. Et vo Mais entendonsndez vous à un satanique "rayon carré durant toute une anné ueuses entendre les fast jà dé phénomène Atte E sabre en fait qui orna son ut pe on , bien l ’oreille "le sabre", NOTR vos trousses ! Tremblez ! ais, en tendant e chère à nos souvenirs. m in n, le trésor à lo s re re co ai en rs e sont d’ adve Corsair veut la traditio lequel le is é ta le it C al e ll M la te e r et ll ca i vi ll r, Les murs de latre la grande famille du Bai année. Découvri éder au divin breuvage sans le départ cette e dr d ’acc en pr re de retrouvailles en ettra, peut-être, , avant us rm vo pe ur us po vo i on qu si l ’énigme Ultime mis atan". Voici donc de "l ’Amiral S prendre la mer : un homme it is 20 ans sévit marin ne pourra eam sommeille l ’hiver, depu s clients lt il satisfait se ki n so "Où Moonb ns da e, et Celtiqu Entre bûcheron s ton repas de cidre tu fera il te donnera." et n si ra ar S De e pour le départ. digestif, l ’indic la statue de l ’amiral Satan au e tr -ê ut pe Et s devant tous, rendez-vou 1914 A très bientôt à ikael Creac’h, Moonbeam IV M in ta Signé, Cap
Carole Bouquet, Marraine 2010
"Très honorée et très fière" d'avoir été sollicitée pour être la marraine de l'édition 2010 du Trophée, Carole Bouquet est une fidèle de notre destination Var et la voile ne lui est pas étrangère. Petite fille, avec ses parents qui possédaient un voilier, elle venait en vacances sur le littoral de Carqueiranne et pratiquait déjà Optimist et 420. Elle fit partie, plus tard, des nombreux amis que Jacqueline Cormier, grande dame du théâtre, invitait régulièrement à Saint-Tropez, à la "Santoline", et se souvient de son jardin sublime en bord de mer. "Je pourrais vivre sur un bateau", dit-elle aujourd'hui. Son nouveau "bateau en Méditerranée", c'est peut-être son domaine viticole situé sur l'île de Pantelleria, au large de la Sicile et de la Tunisie, où elle se rend régulièrement. Son vignoble produit entre 10 à 14 000 cols par an. "Sangue d'Oro", "sang d'Or", Cuvée Carole Bouquet, est un passito subtil et ensoleillé, un vin blanc doux, mûri aux raisins séchés sous le soleil de l'île des vents. Il sera sur les tables des soirées de gala du Trophée à Pantelleria. Il se déguste, disent les spécialistes, avec du gorgonzola, du roquefort et aussi du foie gras et de la charcuterie… ou même avec des glaces et du chocolat !
Pierre-André de Suffren Pierre-André de Suffren de Saint-Tropez, dit le bailli de Suffren, né en Provence le 17 juillet 1729 fut Grand'croix et capitaine général de la flotte de l'ordre souverain de Malte, commandant les Forces navales de France dans les mers de l'Inde, vice-amiral de France. Ce personnage haut en couleur et d'une trempe exceptionnelle, prompt à agir et à frapper l'ennemi en toutes circonstances, animé d'un sang-froid et d'une énergie invincible au combat, était un marin et stratège de génie. Redouté par les Anglais auxquels il infligea de nombreuses défaites à la tête de son escadre pourtant très fatiguée, il mérite bien le surnom qu'ils lui donnèrent, "l'Amiral Satan". Prodigieux chef de guerre, il a été et demeure le plus grand de nos amiraux de la seconde moitié du XVIIIe siècle. (D'après Suffren, l'Amiral Satan, de Frédéric Hulot (Editions Pygmalion, Paris, 1994)
Le décalogue du gentleman sailor de tradition Le citoyen de la mer responsable : 1/ S’informe au mieux du milieu maritime qu’il va pratiquer : météorologie, marées, courants, hydrographie, récifs, phénomènes particuliers locaux, règlementations spécifiques… 2/ Est conscient de ses possibilités et de ses limites. 3/ S’il part en mer, connaît et maîtrise l’engin nautique qu’il met en œuvre, ses caractéristiques de tenue de mer, ses règles de conduite, ses installations de sécurité. A partir du littoral, il s’informe des consignes de sécurité en vigueur localement. 4/ Connaît l’état de préparation de son équipage et s’assure de son équipement de sécurité individuelle adapté aux conditions de pratique de la mer.
dans cette perspective, il s’informe sur les contacts à prendre pour alerter les secours et connaît les premiers gestes qui sauvent. 6/ Surveille son environnement lorsqu’il est en mer, de manière à détecter rapidement toute anomalie ou tout danger affectant une personne en difficulté. 7/ Porte spontanément secours aux personnes en difficulté dans la mesure de ses capacités et donne l’alerte aux services spécialisés de coordination des opérations de sauvetage. Le citoyen de la mer respectueux : 8/ Entretient sa connaissance sur les habitudes et contraintes des autres acteurs qui pratiquent son environnement maritime. 9/ Ne se départit jamais de sa courtoisie dans ses contacts avec eux. 10/ Respecte scrupuleusement l’environnement.
Le citoyen de la mer solitaire : 5/ Se prépare à l’éventualité de devenir lui-même un sauveteur ;
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This is what you call a challenge! Dispatch from Moonbeam IV to Rowdy - care of H.E. The Greatest Admiral! “There are those who write history in the bar. There are those who write it on the water and you are one of them. For all of us on Moonbeam IV, who know perfectly well that it is not enough to have a thoroughbred mount to amass victories, you are the big winners of the Bailli du Suffren 2009. And we mean it! Although this edition was fickle and sometimes quite wild, just wait for a new phenomenon in 2010. Expect a satanic “moonbeam” which will never be far from your wake to recover “the sword”, our sword in fact which will hang in our saloon for a whole year! The challenge has been set - and you will have many opponents on your heels! The city walls of Malta are still a long way off, but if we listen carefully we can already hear the sumptuous reunions between the Bailli family and the Corsair City of which we have fond memories. The ultimate mission for you before this year's start is to discover, as tradition dictates, the treasure of “Admiral Satan”. So here is the riddle which will perhaps allow you access to the divine brew without which no sailor can take to the water: “Where Moonbeam sleeps in winter, for 20 years there is a man… A woodsman and Celtic, in his kilt he satisfies his clients... Of sarrasin and cider you will have your meal… And perhaps over the liqueurs he will give you the sign.” See you all very soon: we meet in front of the statue of Admiral Satan for the start. Signed, Captain Mikaël Creac’h, Moonbeam IV 1914
Carole Bouquet, Patron 2010 “Very honoured and very proud” for having been asked to be patron of the 2010 “Trophée du Bailli”, Carole Bouquet is a regular visitor to our Var destination and no stranger to sailing. As a little girl whose parents owned a sailing boat, she spent many holidays on the Carqueiranne coast and was already sailing Optimists and 420s. Later she was among the many friends who the grand dame of theatre Jacqueline Cormier invited regularly to Saint-Tropez to “Santoline”, and she remembers her sublime garden by the sea. “I could live on a boat”, she says today. Her new “boat in the Mediterranean” is perhaps her vineyard on Pantelleria Island off the coast of Sicily and Tunisia, which she returns to regularly. Her vineyard produces between 10 to 14,000 bottles per year. “Sangue d'Oro” (gold blood) Cuvée Carole Bouquet, is a subtle, sunny sweet white wine made from grapes dried in the island’s windy sunshine. It will be served at the Trophée du Bailli’s gala evenings in Pantelleria, and the experts tell us that it goes very well with gorgonzola, Roquefort, foie gras and salamis, cured hams, etc - or even with ice cream and chocolate!
Pierre-André de Suffren Pierre-André de Suffren of Saint-Tropez, and Bailli de Suffren, born in Provence on 17 July 1729 was a Grand Cross and Captain-General of the Sovereign Order of Malta’s fleet. He was also commander of the French naval forces in the seas off India and Vice-Admiral of France. This colourful character with unusual leadership qualities was always quick to strike at the enemy whatever the circumstances. Driven by a level-headedness and energy which made him almost invincible in battle, he was a sailor and strategy genius. Feared by the English on whom he inflicted many defeats at the head of his squadron even when he was exhausted, he well deserves the nickname they gave him: “Admiral Satan”. An extraordinary man of war, he was France’s greatest admiral in the second half of the 18th century. (From Suffren, l'Amiral Satan, by Frédéric Hulot (Pygmalion, Paris, 1994)
The Ten Commandments for gentlemen sailors Responsible citizens of the sea
and therefore are familiar with the alert procedure and lifesaving first aid gestures. 6/ Continually monitor the situation while at sea in order to rapidly detect any anomaly or risk that could cause problems to themselves and others. 7/ Are prepared to assist someone in difficulty, within the limits of their capabilities, and to alert the appropriate sea rescue authorities.
1/ Always make sure that they know the marine environment in which they are sailing: weather conditions, tides, currents, hydrography, reefs, local phenomena, specific regulations, etc. 2/ Are aware of their capabilities and limitations. 3/ Study and master the details of the vessel they are commanding before going to sea, checking its seaworthiness for the conditions, rules of conduct and safety equipment on board. They also find out from the coastal authorities if there are any safety procedures in force locally. 4/ Know how well the crew are prepared and ensure the safety equipment is suitable for the conditions.
Citizens of the sea 8/ Keep abreast of the habits and limitations of other vessels on the sea. 9/ Are always courteous when coming into contact with others. 10/ Scrupulously respect the environment at all times.
Solo sailor citizens of the sea 5/ Know that they may be called upon to rescue a fellow sailor
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ÉVÈNEMENT NAUTIQUE Nautical event
Ladies’ Cup Trophée Virginie Hériot
PALMARÈS 2010 1er : Oiseau de Feu 2e : The Blue Peter 3e : Hasvörnen
Equipages exclusivement… féminins ! emmes de propriétaire ou femmes propriétaires de leur voilier, femmes skippers ou femmes de skipper, femmes marins, équipières ou aventurières, elles ont toujours aimé la mer mais ont su se montrer… discrètes. Aujourd'hui, elles sont plus nombreuses à revendiquer leur passion pour la voile, les voiliers modernes et les voiliers classiques. Ainsi est née en 2007, à Saint-Tropez, la Ladies' Cup. En fait, le but de cette course côtière a été double, dès le départ. D'abord, se procurer le plaisir de naviguer entre équipages féminins et puis rendre hommage, à travers cette nouvelle aventure, à une femme, précisément, Virginie Hériot qui a donné son patronyme au trophée. Richissime héritière, ostensiblement passionnée, Virginie Hériot pratiqua un art de naviguer qui illustra la grande plaisance des années folles. Alors âgée de 14 ans, lors d’une croisière de quatre mois en Méditerranée, Virginie Hériot acquiert une certitude : "Je serais marine", dit-elle. Née en 1890, elle consacra sa fortune et son temps à promouvoir la construction navale française et sa vie aux régates. A 19 ans, elle avait déjà parcouru plus de 40 000 milles nautiques ! Elle compta à son court palmarès plus de 130 victoires dont une médaille d’or aux 9es Jeux Olympiques en Hollande et la Coupe de France 1929, ravie aux Anglais à bord d’Aile VI, son 8 MJI. L'air marin s'imprime au
féminin lorsque la Ladies' Cup évolue en mai entre Monaco, Cannes et Saint-Tropez et qu'elle s'achève dans l'atmosphère éthérée du Château Volterra pour la soirée de gala. I
ives of owners or lady owners of their own boat, lady skippers or wives of skippers, female crew members or adventurers, they have always loved the sea but were only able to show it discreetly. Today there have never been so many women confirming their passion for sailing, be it on modern sailing boats or classic yachts – hence the creation in 2007 in Saint-Tropez of the Ladies' Cup. Right from the start this coastal race has had a dual purpose. First and foremost to give all-female crews the pleasure of sailing together and, secondly, to pay tribute through this new adventure to one woman, the French sailor Virginie Hériot after whom the trophy is named. A wealthy heiress who was clearly passionate about the sea, Virginie Hériot perfected the art of sailing as it was practised in the Roaring Twenties. At the age of 14 during a four month cruise in the Mediterranean,
Virginie Hériot was sure about one thing: “I would be a sailor” she said. Born in 1890, she dedicated her fortune and time to promoting the French ship building industry and her life to racing. By the age of 19 she had already covered more than 40,000 nautical miles! In her short career she wrapped up 130 victories, including a gold medal in the 9th Olympic Games in Holland and the 1929 French Cup, robbing the English of victory on board her 8 M IR Aile VI. A feminine touch is carried on the sea breeze as the Ladies Cup unfolds in May between Monaco, Cannes and Saint-Tropez, culminating in a gala evening in the ethereal atmosphere of Château Volterra. I
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Mariska. A signaler que les femmes à bord n'avaient pour la plupart jamais navigué. Or, Mariska (15MJ) est difficile à manœuvrer. Tout se fait à la force des bras... Pas de winch, juste des drisses et des taquets... Qui dit mieux ?
© Photos : Frédéric Chazal
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Organisateurs Le Yacht-club de Saint-Tropez, présidé par M-C Caulfield et la Ladies' Cup-Trophée Virginie Hériot dont Sophie Noret est la présidente. En coorganisation avec La Belle Classe, les Yacht Club de Monaco et de Cannes. Le Yacht-club de Saint-Tropez vient d'accueillir M Moustafa Abdel Wadood, parrain de La Ladies’ Cup et comme nouveau membre d'honneur.
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Mariska. Note that many of the women on board had never sailed before. And yet Mariska (15 M IR) is difficult to manoeuvre: everything requires brute force – no winches, just halyards and cleats. Need we say more?
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ÉVÈNEMENT NAUTIQUE Nautical event
Le Rodriguez
Rendez-Vous epuis plus de quinze ans, le rendez-vous Rodriguez de juillet se confond avec le port de Saint-Tropez durant deux journées vraiment exceptionnelles. Les Mangusta, Léopard et Customs Vitesse prennent lieu et place des motoryachts et autres vieux gréements, transformant le port le plus célèbre du monde en un… Fort Knox sur mer ! Saint-Tropez aux multiples visages : voiles latines, voiles câlines sur l'ondée; vieux gréements et capitaines burinés au long cours, courses hauturières ou régates dominicales… Saint-Tropez, au fil de l'eau, change de parures et d'apparence. Aux challenges interclubs succèdent les croisières trans-méditerranéennes, coques en bois précèdent celles en kevlar… toujours, le port se pare de ses plus beaux atours.
Régulièrement, le groupe organise des manifestations amicales et prestigieuses. Toutes sont destinées à entretenir, au sein de sa prestigieuse clientèle, l’esprit d’un club de privilégiés. Le rendez-vous de Saint-Tropez ne déroge pas à la règle : il réunit chaque année au cœur de l'été plusieurs centaines de clients et près de soixante unités.
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Deux journées pavoisées Une occasion unique pour Rodriguez Group de maintenir un lien étroit avec ses clients et multiplier les contacts réguliers tout au long de l’année. A cette proximité avec ses clients, Rodriguez Group propose aussi la fête. Dans le calendrier événementiel tropézien, le grand feu d'artifice, tiré depuis la baie et offert à l'ensemble des spectateurs et des acteurs du Rendez-Vous, reste l'apothéose de ces deux journées pavoisées.
Plusieurs centaines de clients et près de soixante unités Chaque année donc, Rodriguez Group crée l'événement et associe sa notoriété internationale à celle du petit port varois.
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© Jean-Louis Chaix - ville de Saint-Tropez
Les 30 et 31 juillet
Saint-Tropez dressed overall
Several hundred clients and nearly 60 boats Every year the Rodriguez Group hosts the event, associating its international name to that of this small Var port. In fact the group regularly organises friendly and prestigious events, all of which are designed to maintain among its most prestigious clients the spirit of being part of a club for the privileged. The Rendez-vous at Saint-Tropez is no exception to the rule: every year in the middle of summer it brings together several hundred clients and nearly 60 boats.
or over fifteen years now the Rodriguez Rendez-vous in July has been converging on the port of Saint-Tropez for two truly exceptional days. Mangustas, Leopards and Speed Customs take their place among the other motor-yachts and classic boats, transforming the world’s most famous port into a veritable Fort Knox by the sea! Saint-Tropez is a port of many faces: lateen sails, modern sails skimming the waves, classic yachts and weather-beaten captains who ply the oceans and compete in offshore races or Sunday regattas. Thanks to the sea, the appearance and finery of Saint-Tropez is constantly changing. From the interclub challenges to the trans-Mediterranean cruises, from wooden hulls to kevlar, the port is always dressed to the nines.
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Two days dressed overall It is a unique opportunity for the group to bond with clients and maintain regular contact with them throughout the year. Having brought all their customers together, the Rodriguez Group also offers a party. And in the Tropezian events calendar there is always a big fireworks display in the bay, which is open to everyone, and is the culmination of two days of the port being dressed overall. I
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©Romain Gualdoni
ÉVÈNEMENT NAUTIQUE Nautical event
Derrière la prestigieuse affiche, il y a des émotions, des souvenirs, des anecdotes par centaines, des vainqueurs, des heureux, des passionnés. A l'image de la vie ! Ajouté à cela, le sel marin de la Méditerranée ! Les Voiles ont douze ans. Douze ans d'aventure humaine. En plus… des précédentes !
Voiles de Saint-Tropez Du 25 septembre au 3 octobre
Behind the distinguished poster there are emotions, memories and anecdotes by the hundred, of winners, losers and passionate enthusiasts. Just like life! All you have to do is add a touch of Mediterranean sea salt! Les Voiles de Saint-Tropez celebrates 12 excellent years of human endeavour – and then there is what came before!
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VOILES DE SAINT-TROPEZ Nautical event
ttendue, préparée, sans conteste l'un des événements nautiques les plus importants voire le plus important de la presqu'île. Pour les Voiles, les unités viennent de loin, à leur vitesse pour la faire, pour se mesurer, pour humer la brise tropézienne, la tramontane ou le mistral… gagnant. Pour vaincre et toujours relever les défis.
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au temps, filmer ces Formules 1 des mers capables de braver tous les temps, photographier ce spectacle féerique de voiles tendues, de spis gonflés, de coques prêtes à l'affrontement, tourbillons de nuances et de couleurs qui se détachent du décor des façades de Saint-Tropez !
Croiser la poupe et la proue
Que le spectacle commence !
C'est ça la magie Saint-Tropez, ce mélange d'insouciance et de combativité. Saint-Tropez la Douce lorsque la mer est d'huile, Saint-Tropez la Redoutable lorsque le vent d'Est ou le mistral sévissent… Voilà pourquoi chaque année les marins qui ont bravé les pires océans des plus grandes compétitions internationales acceptent de venir croiser la poupe et la proue sur le bassin tropézien. Ceux-là se souviennent… Au hasard, en 2001, 80 bateaux étaient inscrits. La météo s'annonçait exécrable. Le départ fut donné, 13 bateaux devant Portalet. Trois franchirent l'arrivée. Un arriva le lendemain, d'autres firent escale forcée en Italie… Demandez leur !
Qui ne connaît l'histoire : octobre 1981 dans un port de SaintTropez vide, Pride, Ikra, Dick Jayson, Jean Lorrain, Patrice de Colmont, la Club 55 Cup, la revanche l'année suivante… D'autres se joignent. La Nioulargue est en route. Puis les années "tempête", Porto Cervo, l'arrivée des Maxis, les fêtes, les surprises… et, depuis 1999, la suite de l'histoire, la reprise du flambeau avec, comme leitmotiv, garder l'esprit d'antan. Oh, le principe est simple : rassemblement est donné pendant une semaine à différentes classes de voiliers modernes et de voiliers de tradition (jusqu’à 300 yachts, 4000 marins, combien de spectateurs ?), venue de plusieurs navigateurs expérimentés et reconnus, agitez, mettez tout ce beau monde sur deux parcours côtiers par jour : un pour les modernes et un pour les classiques avec un départ différé. Et puis, que le spectacle commence !
La journée des défis ! Ce jeudi-là est toujours une journée particulière lors des Voiles de Saint-Tropez. C’est en effet un moment unique au cœur de la compétition et des festivités durant lesquelles les concurrents, en hommage à l’idée créatrice de la Nioulargue, se défient mutuellement. Dans la plus parfaite bonne humeur, un skipper lance ainsi un défi à un ou plusieurs autres voiliers et en informe la direction de course. L’organisation des Voiles se charge alors de mouiller un parcours et de donner les départs. On assiste ainsi à de somptueuses luttes, toujours amicales mais souvent vaillantes et acharnées avec, pour seul enjeu, la fierté de l’emporter sur l'autre, d'avoir été meilleur tacticien, meilleur skipper, meilleur équipage. Chaque année, plus d’une trentaine de duels sont ainsi livrés sur les eaux du golfe !
Tourbillons de nuances et de couleurs Si la météo le permet, il y a en tout cinq jours de régate pour les modernes et quatre pour les Traditions et, en plus, une journée, la journée, consacrée aux défis lancés entre eux par les équipages, enregistrée et gérée ensuite par le comité de course. Sportivité, convivialité, festivité sont de rigueur. L'idée est de participer, sur l'eau comme sur terre. Admirer ces vieilles carcasses qui ont résisté
Le clou de la semaine : le défilé des équipages
©Romain Gualdoni
Mais les marins ne sont pas venus à Saint-Tropez que pour les beaux yeux des sirènes de la baie ! A terre, lorsque les voiles sont remisées et que les ponts ont été nettoyés des assauts des embruns, le cœur festif se réveille en eux. Concours de boules se suivent place des Lices accompagnées d'anchoïade et de Rosé du pays, défilé de voitures anciennes sur le port, soirées dans les restaurants et les bars de la ville se succèdent. Mais le clou de la semaine reste le défilé des équipages qui, pour ceux qui jouent le jeu du déguisement et du travestissement, ne manque pas de ravir la foule des spectateurs !
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©Carlo Borlenghi - Rolex
VOILES DE SAINT-TROPEZ Nautical event
ong-awaited and meticulously planned each year, this is without doubt the most important sailing event on the peninsula. For Les Voiles, boats come from far and wide under their own steam to compete against each other, to sniff the Tropezian sea air, the Tramontana or the famous Mistral. They come to win and above all to take up the challenges.
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To cross sterns and prows The magic of Saint-Tropez is that you never know what to expect – the calm, sweet Saint-Tropez when the sea is like molten glass or the frighteningly formidable Saint-Tropez when the east wind or the dreaded Mistral blows. It is why sailors who have braved the worst in the most famous international competitions come here to cross sterns and prows (not swords!) in the Tropezian basin. They remember - for example in 2001 when 80 boats had registered. The weather forecast was dire. The starting signal was given and 13 boats were in front of Portalet. Three crossed the finish line, one would arrive the next day and others had to make a forced landing in Italy. Ask them!
Let the show begin! For those who may not know the history, it was October 1981 in an empty Saint-Tropez port when "Pride" and "Ikra", helmed by Dick Jayson and Jean Lorrain, challenged each other for Patrice de Colmont’s “Club 55 Cup”, with the return match the following year. Others joined in and the Nioulargue was their route. Then the “stormy” years, Porto Cervo, the arrival of the Maxis, parties and surprises, and since 1999 the story has continued as the torch was lit once more, like a leitmotiv, keeping alive the spirit of yesteryear. Oh, the principle is simple enough: to bring together for a week different classes of modern and classic boats (up to 300 yachts, 4,000 crew and how many spectators?), experienced and famous sailors, and to put this beautiful world out on the water for two coastal races a day - one for the modern boats and one for the classics with different start lines. And then the show begins!
Challenges Day! The Thursday is always a very special day in the Voiles de SaintTropez. Indeed it is a unique moment in the middle of the regatta and festivities, when participants challenge each other as a tribute to the founding concept of the Nioulargue. In a spirit of good humour, a skipper challenges one or even several yachts and informs the Race Committee. The organisers are responsible for laying the course and monitoring the start and the finish. What ensues are often spectacular battles, always friendly but fiercely contested, as at stake is the pride the winner can take in being the best tactician, best skipper and best crew. Every year there are around 30 such duels in the Gulf of Saint-Tropez!
A whirlwind of shade and colour Weather permitting there are five days of racing for the modern yachts and four for the classics, and then a day, the day, devoted to challenges between two boats and their crews, registered and monitored by the Race Committee. Good sportsmanship, conviviality and celebration are the order of the day. The idea is to join in on sea and ashore. To admire the doyennes who have withstood the test of time, to film the Formula Ones of the sea capable of braving any weather, to photograph this enchanting spectacle of unfurled sails, billowing spinnakers and hulls ready to do battle, a whirlwind of shade and colour against the Provencal pastel facades of Saint-Tropez!
Highlight of the week: the crew parade But the sailors are not just here in Saint-Tropez for the beautiful sirens in the bay! Ashore, when the sails have been rolled away, the decks hosed down and the brass polished the party spirit wakes up. A boules competition at Place des Lices accompanied by a sardine feast washed down with Provencal rosé wine, a classic car parade around the port, and parties in the town’s restaurants and bars follow on. But the highlight of the week is the crew parade when they all dress up in often outlandish costumes and never fail to delight and entertain the crowd!
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©Carlo Borlenghi - Rolex
Dire qu'il n'y avait qu'un voilier dans le port !
des trois comités de courses (moderne, tradition et Wally) des Voiles et son équipe pèsent et mesurent tous les éléments à leur disposition avant de prendre la décision des départs. Voilà. Voilà un peu d'humeur des Voiles. Si vous avez la chance d'être à bord, vous savez. Si vous êtes sur le quai, vous savez autrement… Et dire que ce 1er octobre 1981, il n'y avait qu'un voilier dans le port, Pride, avec à son bord Dick Jayson. Quand Ikra est entré avec Jean Lorrain. Et maintenant, combien ditesvous ? Quelle fête ! I
Un point encore toutefois, côté mer, celui de la sécurité. André Beaufils, le président de la Société nautique de Saint-Tropez, a beau partager l'enthousiasme de cette grande fête nautique, il reste intransigeant sur la sécurité : "De briefing en briefing, nous exhortons nos régatiers à respecter toujours et encore les règles édictées par l’Isaf. Nous sanctionnons impitoyablement par une radiation à vie des Voiles tout contrevenant aux règles élémentaires de bonne conduite sur l’eau…" Côté Comité de course, même vision des choses : Georges Korhel, coordinateur
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(modern, classic and Wally), and his team weigh up all the factors available to them before taking the decision on whether to start or not. So there we have it – a taste of what the mood is like at Les Voiles. If you are lucky enough to be on board, you know all about it. If you are on the quay, you will know the other side of it. Amazing to think that on 1st October 1981 there was only one yacht in the port, “Pride” with Dick Jayson on board, then “Ikra” arrived with Jean Lorrain. And now how many are you? What a party! I
To think there was only one yacht in the port! One more point concerning the sea, and that is safety. André Beaufils, President of the Société nautique de Saint Tropez club shares the enthusiasm for this wonderful event but when it comes to safety he is uncompromising: “In briefing after briefing we urge everyone to always respect the regulations and again the rules issued by the ISAF. We are merciless and anyone who breaks elementary rules of good conduct will be banned for life from Les Voiles.” The same goes for the Race Committee where Georges Korhel, who supervises the three committees
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ÉVÈNEMENT NAUTIQUE Nautical event
Les Dragon
Championnat d'Europe à Saint-Tropez Le village des voiles a tiré l'an dernier son rideau sur un événement de haute tenue puisque l’International Dragon Association apprenant que Saint-Pétersbourg ne pourrait plus accueillir le championnat d’Europe, tous les responsables de la série s'étaient alors tournés vers André Beaufils, le président de la SNST. Celui-ci accepta le challenge malgré l'autre défi qui pointait : le nombre de participants ! ais le club tropézien est rodé dans l’organisation de tels événements nautiques, il a donc mis tous les moyens (plus d’une quarantaine de bénévoles mobilisés) pour accueillir ce championnat dans les meilleures conditions, juste après les Voiles. Car si un championnat d’Europe attire d'habitude environ 70 Dragon sélectionnés, une fois encore, la magie de Saint-Tropez a drainé un nombre d’inscriptions record (19 nationalités présentes et les plus grands champions du moment) passant la barre des cent !
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prestigieuse Coupe Virginie Hériot. En seconde position, le Dragon allemand Gin Palast avec Markus et Max Glas devançait, à égalité en points, un autre quillard ukrainien CCCP mené par un autre champion, Eugen Braslavets.
Remerciements Lors de la remise des prix, Jean-Pierre Tuveri, le maire de Saint-Tropez, a remercié la Société Nautique de SaintTropez, les bénévoles du Club, les partenaires, Slam et Sillinger, ainsi que les concurrents qui ont offert le beau spectacle en mer. La Coupe de la Ville a été décernée au premier Dragon français (sixième au général) "Lady Jane" mené par Luc Pillot. Outre les nombreuses festivités offertes à terre, les dragonistes ont remercié le professionnalisme du comité de course, présidé par un connaisseur de la série, Tony O’Gormann, et l’incontournable directeur des courses de la SNST, Georges Korhel. Sans oublier le chantier Arman qui, aidé d’une seconde grue, a été opérationnel et efficace pour la mise à l’eau et la mise à terre des monocoques.
Les champions en tête Seul Eole n'a pas joué le jeu de cette belle édition et fait la grasse mat' au moment d'entamer l’ultime course de la série pour la centaine d’engagés, les 80 ans du Dragon et les trente ans du partenaire officiel de l’épreuve, Slam. Au général scratch, après quatre courses comptabilisées sur les cinq, c’est le Dragon ukrainien Bukker Queen, mené par l’indétrônable allemand Markus Weiser, qui remportait la
the Voiles de Saint-Tropez. But while a Championship race in Europe normally draws around 70 selected Dragons, once again the magic of Saint-Tropez proved to be a magnet attracting a record number of registrations (19 nationalities, among them some of today’s top sailors) pushing the figure to over a hundred!
European Championship in Saint-Tropez ast year the sailing village lifted the curtain on a top level event. When the International Dragon Association discovered that Saint Petersburg could no longer host the European Championship, all those in charge of this series turned as one to André Beaufils, president of the SNST. He agreed to take it on despite the additional challenge posed by the sheer number of participants! Being well used to organising big regattas, the Tropezian club mobilised all its forces (over 40 volunteers were involved) to welcome the championship in the very best conditions, just after
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Champions in the lead Only the wind god Aeolus did not come out to play, choosing instead to have a lie-in just as the last race for the 100-plus entrants was about to start for this 80th anniversary of the Dragon and 30th anniversary of Slam being official event sponsor. Overall, after four races out of five had been taken into account, the Ukrainian Dragon Bukker Queen helmed by the invincible German Markus Weiser won the prestigious Virginie Hériot Cup. In second place, the German Dragon Gin Palast with Markus and Max Glas was equal on points with another Ukrainian boat CCCP skippered by another champion, Eugen Braslavets.
Sincere thank yous During the prize-giving ceremony, Saint-Tropez Mayor Jean-Pierre Tuveri warmly thanked the Société Nautique de
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LES DRAGON Dragon race
Rendez-vous du 5 au 9 octobre ! A l'issue de ces compétitions, Julien Desmet, commodore de l’AFSID et défenseur de l’épreuve des Dragon à Saint-Tropez, s'émerveillait encore : "Avec Rosa, mon épouse, nous avons été un des derniers équipages européens à avoir navigué à bord d’un Dragon habitable dans les années 50. C’est assez exceptionnel de constater que la série est toujours présente sur l’eau même si elle a beaucoup évolué vers la compétition et que le bateau n’est plus du tout habitable." Même enthousiasme pour Tony O’Gormann, le directeur des courses : "La mission a été remplie, en tout, trois courses de qualification et deux finales ont été courues. Les deux groupes Gold et Silver, qui ont été déterminés en fonction des trois premières courses, ont bien reflété le haut niveau de la série. En effet, les champions olympiques et autres têtes de série se sont naturellement imposés..." I
Saint-Tropez, the Club’s volunteers, partners Slam and Sillinger, and all the competitors who had provided such a wonderful spectacle out on the water. The Town Cup was awarded to the first French Dragon (sixth overall), Lady Jane helmed by Luc Pillot. Apart from the many festivities organised ashore, the sailors praised the professionalism of the race committee, chaired by a real connoisseur of the series Tony O’Gormann and SNST’s outstanding race manager, Georges Korhel. That’s not forgetting the Arman boatyard who with the help of a second crane were wonderfully efficient in lifting the mono-hulls in and out of the water.
Rendez-vous 5 to 9 October! At the end of the competition, AFSID Commodore Julien Desmet, a great supporter of the Dragons in Saint-Tropez was still marvelling at the event: “With my wife Rosa we were one of the last European crews to sail on a Dragon cruiser in the fifties. It is wonderful to see that the series is still on the water even though it is more of a competitive boat today and you can no longer live on board.” Same enthusiasm for race director Tony O’Gormann: "The mission was accomplished, in total three qualifying races and two finals were run. The Gold and Silver group which were determined during the first three races reflected the high level of competition. In fact it was the Olympic champions and other leaders in the series who naturally came out on top." I
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LES DRAGON Dragon race
Le Dragon A small keelboat from the frozen north
Lorsque en 1929, le Norvégien Johan Anker a imaginé et dessiné le premier Dragon, son idée de base était de créer un "bateau de course et de croisière pour le week-end". La course prit le pas sur la croisière et il perdit, au passage, sa cabine. Le Dragon obtint ses lettres de noblesse entre 1948 et 1972 en devenant "série olympique", tirant indiscutablement le niveau vers le haut et s'éloignant davantage encore des régatiers du weekend. C'est son mélange d'élégance classique et de performance sportive qui a fait l'attrait spécifique du Dragon, ajouté au fait qu'il faut un équipage de trois personnes en parfaite coordination pour prétendre le mener au succès. Plus que jamais, ce petit quillard venu du froid est un bateau de "connaisseurs", pour ceux qui aiment vraiment la compétition au plus haut niveau (dont de nombreuses têtes couronnées), dans un esprit d'amicale rivalité et de parfait fair-play.
When in 1929 the Norwegian Johan Anker designed the first Dragon, his idea was to create "a boat for racing and cruising at the weekend". Gradually racing took precedence over cruising and in time the boat lost her cabin. The Dragon won her spurs between 1948 and 1972 by becoming an official Olympic series, hoisting her up once and for all to the highest level and further away from the weekend racers. It is this combination of classic elegance and high performance which lies behind the Dragon’s special appeal, added to the fact that it only requires three people working in perfect coordination to have a chance of success. More than ever before, this small keelboat from the frozen north is a boat for the “connoisseurs”, for those who really love top level competition (and that includes many crowned heads) in a spirit of friendly rivalry and fair-play.
©Jean-Louis Chaix - Ville de Saint-Tropez
Un petit quillard venu du froid
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Golfe de Saint-Tropez Des courses (presque) toute l'année !
©Jean-Louis Chaix - Ville de Saint-Tropez
Poursuivant la longue tradition des capitaines au long cours nés et partis de Saint-Tropez écumer les mers et les océans du monde entier, le golfe de Saint-Tropez est le point de départ ou d'arrivée ou, tout simplement, le théâtre de courses nautiques aux motifs aussi différents que prestigieux : allier le ski, l'art et la voile ou la voile et le polo, régater 1000 milles, se mesurer au printemps, en août, en automne, entre femmes, en voiles latines, avec ou sans Rolex, avec ou sans sabre, en Dragon ou durant les Bravades… Saint-Tropez inspire les navigateurs et la Société nautique, la SNST, veille sur eux. Ici, tout est prétexte à se rencontrer sur l'eau par tout temps. Ulysse connaissait-il ? Regattas (almost) all year round! Continuing a long tradition of Master Mariners who were born here and left Saint-Tropez to scour the world’s seas and oceans, Saint-Tropez bay is the point of departure or arrival or setting for all kinds of events. Quite simply it is the stage for so many regattas of every hue which are as diverse as they are prestigious: combining art, skiing and sailing, art and sailing, or sailing and polo, racing for 1,000 miles, competing in spring, summer or autumn, between women, lateen sails, with or without Rolex, with or without swords, in Dragons or during La Bravade - Saint-Tropez inspires sailors and the Société nautique looks after them. And all these events are an excuse to meet on the water in all weathers. Ulysses understood a thing or two!
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ÉVÈNEMENTS NAUTIQUES Nautical events
Le Challenge Interclubs
d’ailleurs… Une nouvelle édition tumultueuse, sportive et conviviale appréciée, à la hauteur du festival, et la très belle exposition d’art organisée par Cécile de Kock. "Blue de Méthylène" a remporté le Trophée 2010.
Le Challenge Interclubs, créé dans les années 90, rassemble une cinquantaine d'unités appartenant à quatre clubs organisateurs, Saint-Raphaël, Sainte-Maxime, Port-Grimaud et Saint-Tropez. Pour figurer au classement final, les bateaux doivent participer à au moins une régate. Huit sont prévues cette année. Remise des prix organisée à tour de rôle. 2010 : Port-Grimaud, le 11 décembre.
The Celtic Legends theme for the 33rd Armen turned out to be well suited to the weather which threw everything at us – clouds, rain and wind for the first weekend followed by an almighty storm on the last day preventing anyone from going to sea! After four races, an art event and a skiing challenge in Isola 2000, SNST members stood out from among the 71 boats that came from all over the Mediterranean and elsewhere to take part. This was another hectic and highly appreciated edition that was competitive and friendly at the height of the festival, alongside a stunning art exhibition organised by Cécile de Kock. Blue de Méthylène won the 2010 Trophy.
The Challenge Interclubs was created in the nineties and brings together around 50 boats from four clubs, namely, Saint-Raphaël, Sainte-Maxime, Port-Grimaud and Saint-Tropez. To appear in the final rankings, the boats must take part in at least one regatta. Eight are planned this year with the rotating prize-giving ceremony being held this year in Port-Grimaud on 11 December.
Régate d’Antipodes G Les 1000 milles en Méditerranée Across 1,000 miles in the Mediterranean
Le 160 heures, 47 minutes et 35 secondes, tel est le chrono de référence du premier vainqueur de cette nouvelle épreuve tropézienne. Pour cette première édition (Saint-TropezBaléares-Sardaigne-Corse-Saint-Tropez), "Spirit of Fille de Feu" a effectué le parcours total sans escale. Pour sa première régate de préparation à la route du Rhum et avec ses trois co-équipiers, le jeune "benjamin" Louis Burton est arrivé en tête avec plus de 36 heures d’avance sur ses adversaires ! En compensé, il arrive à Saint-Tropez avec un temps de 7 jours, 2 heures et 59 minutes… Une très belle aventure en dépit du manque de vent au sud des îles et d’un parcours raccourci à Bastia. Rendez-vous l'année prochaine !
Le Festival Armen
It was an impressive time: 160 hours, 47 minutes and 35 seconds for the winner of this new Tropezian challenge. For this first edition (Saint-Tropez-Balearics-Sardinia-Corsica-Saint-Tropez), Spirit of Fille de Feu completed the distance without stopping. For his first preparatory regatta for the Rhum route with his three teammates, the young “junior” Louis Burton crossed the line first, more than 36 hours ahead of his opponents! In compensated time, he arrived in Saint-Tropez after 7 days, 2 hours and 59 minutes. A wonderful adventure in spite of a lack of wind south of the islands and a shortened course at Bastia. We meet again next year!
G Voile et ski - Sailing and skiing
Le thème de la 33e édition, "les légendes celtiques", allait fort bien avec la météo qui a offert un temps nuageux, humide et venté lors du premier week-end suivi d'une journée très aérée et d'une tempête pour l'ultime journée empêchant toute sortie en mer ! Après quatre courses, une épreuve d’art et une épreuve de ski à Isola 2000, les membres de la SNST se sont démarqués parmi les 71 voiliers venus de Méditerranée et
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ÉVÈNEMENTS NAUTIQUES Nautical events Le Printemps de la Voile
voile et "les batailles" qui n’ont pas manqué de piment sur le terrain du Polo Club. Les matchs de polo et les régates ont été très disputés et les vainqueurs ont bien mérité leur victoire. C’est l’équipe suisse de polo Easy Polo Team et les équipages franco-italiens de Botta Dritta et de Kzi Mot d'Eau qui remportent la coupe de l’Hippocampe 2010. The fifth Hippocampe (seahorse) cup ended with a flourish in perfect weather conditions, at least during the first two days of sailing and the hard fought battles on the pitch at the Polo Club grounds. Both the polo matches and the races were fiercely contested and the winners well deserved their victory. It was the Swiss Easy Polo Team and the Franco-Italian crews on Botta Dritta and Kzi Mot d'Eau who won the Coupe de l’Hippocampe 2010.
G Conditions musclées pour la finale ! Tough conditions for the final!
Du vent, deux belles courses, des marins et de la convivialité… Le programme a été bien rempli cette année pour les défis lancés entre membres des clubs de Nice à Marseille sur des parcours "banane" et côtiers. Le dimanche (11 avril), les concurrents sont restés couverts. En effet, contrairement à la veille où le temps était estival avec un bon vent de force 3 à 4, pour la finale, c’était plutôt un temps humide avec de fortes rafales. Malgré cela, Jean-Pierre Epoudry, président du comité de course, et Georges Korhel du jury ont tout de même donné le départ pour les plus courageux. Flawless de Philippe Cospain (IYC Port-Grimaud) a confirmé sa position de leader en remportant la première place au général devant l’équipage de Jacky Maitre et Jean-François Bernault sur Java bleue. Le voilier Vision future de Jean-Jacques Chaubard a terminé également premier dans la classe IRC 2 devant le voilier tropézien de Georges Le Troquer Pen Kalet IX.
La régate des Bravades G L'épreuve des Tropéziens A very Tropezien event
La traditionnelle Bravade de Saint-Tropez est l'occasion pour la SNST d'organiser la "régate des Bravades" afin de contribuer aux activités locales et de coller à l'actualité. Ouverte à tous les bateaux, cette régate reste néanmoins l'épreuve des Tropéziens. Comme toutes celles organisées par la Société Nautique, sa clôture et l'annonce des résultats demeurent un moment de réjouissances et de festivités. The traditional Bravade festival in Saint-Tropez is an opportunity for the SNST to organise a regatta for the “Bravades” and contribute to local activities. Although open to any boat the regatta is essentially a Tropezian affair, and like all those organised by the Société Nautique, the last evening when the results are announced is always a moment to celebrate and party.
Wind, two great races, sailors and a friendly atmosphere – the programme was complete this year for the challenges launched between members of clubs from Nice to Marseille on the “banana” courses laid just off the coast. On the Sunday (11 April) the competitors remained under cover. In fact, contrary to the summer temperatures and brisk force 3 to 4 of the day before, the final was wet with strong gusts. Despite the weather, Jean-Pierre Epoudry, Race Committee president, and Georges Korhel of the jury gave the go-ahead for the bravest to start. Philippe Cospain’s Flawless (Port-Grimaud IYC) confirmed his position as leader by winning first place overall ahead of Jacky Maitre and JeanFrançois Bernault’s team on Java bleue. Jean-Jacques Chaubard’s Vision future also finished first in the IRC 2 class ahead of the Tropezian Georges Le Troquer on Pen Kalet IX.
L’Estivale G Pas si facile !
C'est une régate dominicale pour les absents ! Du moins, pour les membres… éloignés de la SNST dans l'année et présents en juillet (19) ! Toutes les raisons sont bonnes en effet pour régater ensemble ! Et c'est bien la seule définition de cette régate ouverte à tous. Principales difficultés : les conditions de navigation en cette période de l'année où le plan d'eau est alors fréquenté par de nombreux bateaux à moteur qui génèrent clapot et houle sans rapport avec la force réelle du vent.
Coupe de l’Hippocampe G Sous le signe de… Pégase ! Under the Pegasus sign!
Clap de fin en beauté pour la cinquième coupe de l’Hippocampe courue dans des conditions météorologiques parfaites, du moins durant les deux premières journées pour la
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ÉVÈNEMENTS NAUTIQUES Nautical events Rallye nautique de Saint-Tropez G Course au trésor
L'Aoûtienne-Trophée Pourchet
Treasure Hunt
G 30 bateaux invités
A l’initiative de l’agence de communication "Autrechoz", cette épreuve (12 août) rassemble tous les participants autour d’une course au trésor avec des énigmes à trouver, des jeux et une destination finale à déterminer… Pour des raisons de logistique et de sécurité, seuls les 25 premiers bateaux inscrits pourront concourir. Renseignements et inscriptions auprès de la SNST.
Thirty boats invited
Le principe de la régate "L'Aoûtienne", c'était "L'Estivale" en août. Le Trophée Pourchet, de son côté, ne se voulait pas comme les autres. Robert Pourchet, membre de la Société nautique et maroquinier de son état, souhaitait un événement "autour d'un week-end limité à 30 bateaux invités". Cela commençait toujours par une paella familiale avant d'aller tirer quelques bords dans le golfe ! Après avoir analysé quelques paramètres relatifs aux dates et aux critères, la SNST a associé les deux épreuves (22 et 23). The principle of the “Aoûtienne” regatta in August was the same as that of the “Estivale”. The Pourchet Trophy when it was conceived wanted to set itself apart from the others. Robert Pourchet, a member of the Société nautique and a leather craftsman by profession, was looking for “a weekend event limited to 30 invited boats”. It also began with a slap-up paella lunch before doing a few tacks in the gulf! After studying the criteria and dates of the two events, the SNST decided to bring them together over one weekend (22nd and 23rd).
Les Voiles d’automne
An initiative of the communications agency Autrechoz, this event (12 August) sends all the participants off on a treasure hunt to find riddles and clues which will lead them to their final destination. For logistical and safety reasons only the first 25 boats to register can compete. For information and to sign up go to the SNST.
G Madraco Cup
14 and 15 November
At this time of year, the summer may be over but there are still lots of enthusiasts out there who want to sail. On a stretch of water where there are no other boats (unlike in summer) the 300 sailors can pit themselves against each other in the best conditions on demanding “banana” courses. But while the colours in autumn may be lovely, the weather is not so mild and can be very challenging. A highlight is undoubtedly the crew party which brings all participants together around a typical Provencal dish prepared by volunteers from the SNST.
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©Romain Gualdoni
En cette période de l'année, la saison estivale est achevée, il n’en demeure pas moins que la voile rassemble toujours autant de passionnés. Sur un plan d’eau, vide de toute autre embarcation, les 300 régatiers peuvent ainsi se mesurer dans les meilleures conditions lors de parcours "bananes" exigeants. Si cette période automnale dévoile ses plus belles couleurs, elle impose aussi des conditions météo souvent moins clémentes, ce qui ajoute un peu de piment. Temps fort : la soirée des équipages qui réunit les participants autour d’un plat provençal, préparé par les bénévoles de la SNST.
ÉVÈNEMENTS NAUTIQUES Nautical events
Epreuves de pêche
G La ballade de Jean-Luc
Fishing events
Pêche en Corse - Fishing in Corsica
G Le Calamar d'Or
Un prétexte pour se retrouver en Corse (19 au 27 juin) pour pêcher dorades et autres poissons autorisés à la prise.
En janvier et février
The “ballad of Jean-Luc” is really an excuse to fish for bream and other authorised species in Corsica (19 to 27 June)!
Le Calamar d’Or est devenu une institution. Initiée en 2000 par Patrick Piegts et de Jean-François Marin, cette épreuve de pêche côtière au calamar rassemble plusieurs bateaux armés de l’attirail nécessaire. La pêche débute une heure avant le coucher du soleil et se termine une heure après la tombée de la nuit. Le calamar se pêche à la traîne ou à l’arrêt mais avec l’indispensable et incontournable "Turlutte" (voir ci-après).
G Le Varathon Début septembre
Depuis l’interdiction de la pêche aux thonidés en 2007, la section pêche de la SNST a décidé de remplacer cette épreuve par une autre sortie pêche, sans prise de thon cette fois. Trois jours, début septembre, entre les îles de Porquerolles et Saint-Tropez.
The Calamar d’Or (golden squid) has become an institution. Started in 2000 by Patrick Piegts and Jean-François Marin, this coastal squid fishing contest attracts several boats armed with the necessary paraphernalia. Fishing starts an hour before sunset and ends an hour after night has fallen, and boats can keep moving or stay stationary to catch them but always with the indispensable piece of kit, the “turlutte” (see below).
Since the bluefin tuna fishing ban in 2007, the SNST has replaced this event with another outing, this time without catching this species. Three days in early September between the Porquerolles islands and Saint-Tropez.
G Sortie Pêche Open
En décembre
Pour pêcher autre chose - To catch something else
Le nom de l'épreuve fait toujours sourire bien que les pêcheurs tâtent souvent de la "turlutte", ce leurre artificiel en forme de petit poisson chargé de pointes sans ardillons spécialement conçu pour attraper le calamar ! Actuellement, les modèles utilisés clonent un poisson muni de plumes. L'épreuve se déroule en décembre sur trois week-ends. Le prix décerné au vainqueur est une turlutte… teintée en or !
Comme son nom l'indique, le principe de pêche reste ouvert, cela dépend des opportunités du moment et de la météo… Ce concours se veut différent des autres épreuves de pêche dans l'année, l'opportunité de pêcher autre chose que le calamar ou l'espadon. Les participants décident entre eux du type de pêche et du parcours… (Dates non fixées au moment où nous mettons sous presse).
The name of this event always makes people smile even though fishermen often try their hand with the “turlutte”, an artificial lure in the shape of a fish covered in blunt spikes specially designed to catch squid. The models used today clone a fish covered in feathers. The event takes place in December over three weekends. The winner receives a gold plated “turlutte”!
As its name indicates, the target for this event remains open and depends on the opportunities and weather conditions at the time. The competition stands out from all the other events as it is a chance to fish for something other than squid and swordfish. Contestants decide among themselves the type of fish and the course (dates not fixed as we went to press).
©Carlo Borlenghi - Rolex
G La Turlutte d'Or
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ÉVÈNEMENT NAUTIQUE Nautical event
Rencontre des propriétaires Jeanneau 10 ans ! Le rallye des propriétaires des prestigieux voiliers Jeanneau a fêté à Saint-Tropez ses dix ans même si, dans les esprits, "il semblait à chacun que l'événement avait toujours existé" ! es 23 et 24 avril derniers, en effet, plus de 300 personnes ont participé à ce nouveau rendez-vous incontournable de l'agenda nautique tropézien né d'une idée simple : se retrouver avant l'été le temps d'un week-end. Le bouche-àoreille a immédiatement fonctionné et cet événement rassemble dorénavant des propriétaires venus de tous les ports d’Europe dans un état d’esprit partagé entre Jeanneau, ses partenaires et ses clients.
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L’amour de la mer et des bateaux Aujourd’hui, cette réunion des plus belles unités Jeanneau permet de renouer avec le plaisir de naviguer en rallye sous le soleil et le vent de Saint-Tropez. Mais c’est aussi et peutêtre surtout, l’occasion pour les propriétaires européens de retrouver d’autres passionnés, skippers propriétaires ainsi que collaborateurs du chantier et des marques partenaires, venus partager l’amour de la mer et des bateaux qui les relie.
Soirée de gala 21 bateaux de 49 à 54 pieds, Sun Odyssey 54DS, Sun Odyssey 52,2 et Sun Odyssey 49 DS étaient réunis pour deux manches courues le même jour entre Saint-Tropez et les plages de Ramatuelle avec, en "guest stars", les nouveaux Jeanneau 53 et Jeanneau 57. Ce rassemblement Jeanneau marque en fait le début de la saison. Il permet de s'affronter puis de se rencontrer dans la bonne humeur entre propriétaires de la marque des Herbiers. Après la compétition, place à la fête : une soirée de gala a clôturé ces journées marquée par une remise des prix, un dîner avec spectacle et animations. I
©Jeanneau
10 e édition tropézienne !
enthusiasts, skipper-owners, staff from the boatyard and brand partners, who all come here to share their love of the sea and mutual admiration for these boats.
en years! The regatta which unites Jeanneau yacht owners celebrated ten years in Saint-Tropez, although in our minds “it seems to everyone that the event has always existed”! On 23 and 24 April over 300 people participated in this latest gathering, an event on the Tropezian calendar which few want to miss and yet it is based on a very simple idea: to get together one weekend before the summer. Its reputation rapidly spread by word of mouth and now attracts owners from ports across Europe in a spirit of enthusiasm shared by Jeanneau, its partners and clients.
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Gala evening Twenty-one craft from 49 to 54 feet, Sun Odyssey 54DS, Sun Odyssey 52.2 and Sun Odyssey 49 DS were reunited for two races organised on the same day along the coast between Saint-Tropez and the Ramatuelle beaches with our "star guests", the new Jeanneau 53 and Jeanneau 57. As it does every year, this regatta marks the start of the season and is a wonderful opportunity for owners of this Herbiers design to meet and compete in a friendly atmosphere. After the competition it’s time to party at the closing gala evening, when the prize giving ceremony is followed by a dinner, show and entertainments. I
Love of the sea and these boats Today this gathering of beautiful Jeanneau yachts is a chance to enjoy the pleasure of sailing after the winter in the Saint-Tropez wind and sunshine. Perhaps even more importantly it is also an opportunity for European owners to meet other Jeanneau
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YACHT DE TRADITION Traditional yacht
Vainqueur de la première édition du prix de Yacht de Tradition
© Guillaume Plisson
Moonbeam IV
hommage au mythe fondateur, puisque Eric Tabarly a montré le chemin au début des années 60 en sauvant cette merveilleuse coque dessinée par Fife.
Prix de l'élégance au sens large ! Ce prix récompense ainsi le voilier qui fait le mieux honneur aux valeurs de la belle plaisance. Et si l’élégance figure parmi les principaux critères de sélection, elle se traduit de multiples manières : esthétique des lignes du bateau,
écerné pour la première fois en décembre dernier, le trophée "Yacht de Tradition" de l’année est une création de Série limitée, le supplément Art de Vivre des Echos. Remis à Paris au dernier salon nautique de la Porte de Versailles, ce nouveau prix est attribué en fonction de l'élégance du bateau, de celle de son équipage, de son fair-play, en mer, et de son comportement… à terre ! La première marraine de cette première édition avait le beau visage et la douceur de Marie Tabarly. Quoi de plus naturel puisque son père a inspiré les concepteurs du trophée. Tel le Bouclier de Brennus, cher aux rugbymen, celui-ci est composé d'une planche de bois travaillé sur laquelle est reproduite la demi coque du premier des Pen Duick, en
“Yacht de Tradition” prize warded for the first time in December, the “Yacht de Tradition” trophy is a creation of Série Limitée, Art de Vivre supplement of the French financial daily paper Echos. Presented at the last Paris Boat Show in the Port of Versailles, this new prize is based on the elegance of the boat and her crew, fair-play at sea and the behaviour of all involved with her ashore! The lady invited to present this first edition was the lovely Marie Tabarly, a very suitable choice as her father inspired the trophy’s designers. Like the Brennus Shield so dear to rugby men, this one comprises a wooden plinth on which the halfhull of the first Pen Duick has been reproduced as a tribute to the mythic founder Eric Tabarly, the man who led the way in the sixties by preserving this wonderful Fife hull design.
© Gilles Rénier
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Moonbeam of Fife classé deuxième
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Cambria classé troisième
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YACHT DE TRADITION Traditional yacht
Les vainqueurs et les membres du jury national
perfection des manœuvres par l’équipage, qualité de sa tenue vestimentaire et de son sens du fair-play en régate mais aussi bonne humeur à terre, pots les plus sympathiques, créativité culinaire, consommation modérée d'alcool, bonne tenue et meilleurs musiciens. Ce qu'on appelle l'élégance au sens large !
Décerné chaque année au Salon nautique Moonbeam IV, cet élégant cotre aurique de 34 m, fidèle depuis des années aux eaux tropéziennes et construit entre 1914 et 1919 en Écosse à partir des plans du grand architecte naval William Fife III, a reçu le premier trophée. La récompense a été remise au capitaine Mikael Creac’h et à son équipage au salon nautique de la Porte de Versailles comme il le sera désormais chaque année. I Marie Tabarly, Marraine du Prix
Elegance in the broader sense of the word! The prize recognises the yacht which best honours the traditional values of sailing. Yet while elegance may be among the main selection criteria it is manifest in many different ways: the beauty of her lines, the perfection of the manoeuvres by the crew, the quality of the sailors’ uniform and sense of fair-play when racing, but also the atmosphere ashore, the cocktails, the cuisine, moderate alcohol consumption, good manners and even the best musicians. What we call elegance in the broader sense of the word!
Awarded every year at the Boat Show Erwan Noblet, capitaine de Moonbeam III
The first trophy went to Moonbeam IV, an elegant 34m gaff rig cutter which has been loyal to the Tropezian sailing scene for several years now. She was built between 1914 and 1919 in Scotland from a design by the famous naval architect, William Fife III. The prize was presented to the captain, Mikael Creac’h and his crew at the Paris Boat Show in the Port of Versailles, as it will be every year. I
En amont de la remise des Prix du Yacht de Tradition de l’année, on était primés les vainqueurs du classement général de l’AFYT (Association Française des Yachts de Tradition) Michaël Creac’h, capitaine de Moombeam IV
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© Photos : Alex Tharreau
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Le Stradivarius des mers ! Son nom sonne comme un objet de luxe, d'élégance et de rapidité. La saga familiale est née au début du XIX e siècle sur les bords du lac d’Iseo et du lac de Côme en Italie. L'arrière grandpère (Pietro Riva) était artisan, spécialisé dans la construction de barques en bois pour la pêche, la chasse au canard, les transports avec les premiers touristes, des Anglais, sur le lac…
Lié à l'image de Saint-Tropez
arlo, Carlo Riva, arrivera plus tard, en 1922. C’est lui qui va donner au patronyme familial sa renommée internationale car Carlo Riva est de la race des passionnés, doué d’une résistance incroyable et d’une puissance de travail inégalable. Artisanat de haute qualité, recherche maniaque de la qualité des matériaux et production moderne en série, tels pourraient être les secrets de la réussite Riva, de la réussite de Carlo Riva.
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En 1962, sort l’Aquarama, Runabout né du condensé de "aqua" (= eau) et de "cinérama" (procédé cinématographique en vogue à cette époque-là) dont le pare-brise arrondi donne une vision panoramique de l’eau. Les canots Riva se présentent sous une forme unique dont seuls les détails (chromes et sellerie de cuir) et la puissance du moteur différencient les modèles, tous en acajou verni (24 couches), découverts et à deux places. Symbole de luxe et de perfection, le Riva est dans les années 60 lié à l'image de Saint-Tropez. Les yachts n'existaient pas encore. 1963 : 21 Aquarama sont vendus. Le nouveau modèle est bimoteur et remplace le Triton. Le Super Aquarama, se vend à trois exemplaires.
A 15 ans, dans les ateliers Dans la lignée de ses ancêtres, Carlo montre très jeune un goût pour les bateaux à moteur que construisaient ses grandpère et père, Ernesto et Serafino. Durant les vacances scolaires, il se met en bleu. A 15 ans, il est dans les ateliers, trace des plans. Il apprend à faire le charpentier, le mécanicien, le motoriste, le tapissier, à vernir les bateaux… Il "respire l’air de la boutique". Après avoir travaillé sur le chantier par plaisir, il commence à prendre des travaux plus importants. Les années passent, il apprend.
Le fameux certificat Hussein de Jordanie, Hassan II, le Shah d’Iran, les Cheiks de Dubaï, du Koweït, du Qatar, le prince Rainier, le baron Empain, les plus grands capitaines d’industrie, Richard
The Stradivarius of the sea!
Age 15 in the workshop Like his forefathers, Carlo developed a taste from a very young age for the motor boats built by his grandfather and father, Ernesto and Serafino. During the school holidays he would take to the water in them, and at 15 was to be found in the workshops sketching designs. He learned all about carpentry, mechanics, engines, upholstery, varnishing – everything to do with boats. He "breathed the air of the shop". After working in the boatyard for pleasure, he began to take on more important projects. The years passed and he learned.
he very name has a ring of luxury, elegance and speed about it. The family saga began in the early 19th century on the banks of Lake Iseo and Lake Como in Italy. Great grandfather Pietro Riva was a craftsman who specialised in wooden boats for fishing, duck shooting and ferrying the first English tourists around the lake. Carlo Riva would arrive later in 1922. It was he who garlanded the family’s heritage with international fame, as Carlo Riva is from a line of enthusiasts blessed with amazing stamina and an unrivalled capacity for hard work. A meticulous craftsman, a manic researcher when it came to sourcing quality materials and a fan of the modern trend to produce a series: these would be the secrets to Riva’s success, to Carlo Riva’s success.
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Bound to the image of Saint-Tropez In 1962 came the Aquarama, a Runabout named by condensing "aqua" (meaning water) and "cinérama" (movies being very fashionable at the time) in which the curved windscreen offered a panoramic view of the water. Riva boats had a unique shape where only the details in the chrome and leatherwork, and the power of the engine set the various models apart. All were made from varnished mahogany (24 layers) with
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de sa restauration, l'élégance de son équipement et de son équipage. Riva, son nom sonne comme un objet de luxe et d'élégance, comme un certain art de vivre, à Saint-Tropez. "Do you do you do you Saint-Tropez, Do you do you do you Saint-Tropez ". I
Anthony, Brigitte Bardot, Eddy Barclay, Gilbert Bécaud, JeanPaul Belmondo, Burton et Liz Taylor, Jacques Charrier, Rex Harrisson, Sophia Loren, Silvana Mangano, Michèle Morgan, Peter Sellers, Trintignant, Vadim, Sean Connery, rois, reines, princes… la liste est longue de tous ceux qui obtiendront le fameux certificat de vente et d’authenticité de cette marque de légende.
"Do you do you do you…" Aujourd'hui, l’esprit Riva demeure grâce à plusieurs associations qui organisent à Monaco, sur le lac Farnico, à Venise quelques rassemblements joyeux. La première, l’International Riva Runabout Club, est née à Saint-Tropez, créée par Alain Moreu et Sportmer. Chaque année, le dernier week-end de juillet, c'est l’occasion d’une concentration amicale et d'une parade dans le port. Après un déjeuner, plage des Jumeaux, le jury, constitué de personnalités émérites (Maître Lombard et Carlo Riva, un habitué de Saint-Tropez sont attendus cette année), vient remettre différents prix aux Riva amarrés au ponton Sportmer. Entrent en jeu l'état du bateau, la qualité
an open top for two. A symbol of luxury and perfection, the Riva in the sixties would forever be linked to the image of Saint-Tropez. Pleasure yachts were not in existence then. In 1963, 21 Aquaramas were sold. A new model with a twin-engine replaced the Triton and three of the resulting Super Aquarama Rivas were quickly snapped up.
Certificate of fame Hussein of Jordan, Hassan II, the Shah of Iran, the Sheiks of Dubai, Kuwait and Qatar, Prince Rainier of Monaco, Baron Empain, the most powerful captains of industry, Richard Anthony, Brigitte Bardot, Eddy Barclay, Gilbert Bécaud, JeanPaul Belmondo, Richard Burton and Elizabeth Taylor, Jacques Charrier, Rex Harrison, Sophia Loren, Silvana Mangano, Michèle Morgan, Peter Sellers, Trintignant, Vadim, Sean Connery, kings, queens and princes – yes the list is long of those who obtained the famous certificate of sale proving the authenticity of this legendary brand.
"Do you do you do you…" Today the Riva spirit is kept very much alive by several associations who organise a number of enjoyable meetings in Monaco, Lake Farnico and Venice. The first, the International Riva Runabout Club was set up in Saint-Tropez by Alain Moreu ans Sportmer. Every year on the last weekend of July, Rivas gather for a friendly get-together and to parade in the port. After lunch at Jumeaux beach, a jury of distinguished individuals arrive to hand out various prizes for the Rivas moored on the Sportmer pontoon. They assess the boat’s overall condition, the quality of the restoration, and the elegance of the fittings - and her crew! Riva, a name resonant of luxury and elegance, like a certain way of life only found in Saint-Tropez: "Do you do you do you Saint-Tropez, Do you do you do you SaintTropez!" I
Services Riva en France, service après-vente, Monaco, Juan-les-Pins, Saint-Tropez. En Italie, Casarola
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La Plage des Jumeaux - Ouverture tous les jours, tous les midis, toute l’année Résa Tél. +33 (0)4 94 55 21 80 - Fax+ 33 (0)4 94 97 08 75 - Chemin Epi - Route des Plages - 83 350 Ramatuelle www.plagedesjumeaux.com - info@plagedesjumeaux.com Navette voiture au +33 (0)6 08 07 86 38 - Navette bateau
CasaCri - Ouverture du 1er Mai 2010 au 31 Octobre 2010 Le soir fermeture hebdomadaire lundi (sauf mois d’Août) Résa Tél. +33 (0)4 94 97 42 52 - Fax+ 33 (0)4 94 97 08 75 - 12 rue Berny - 83 990 Saint Tropez www.plagedesjumeaux.com - info@casacri.com
INSOLITE Unusual moments
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1 Canadair dans le Golfe 2 Bugatti en or ! 3 Arrivée de la Madone dans le port
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sur le bateau Volterra (Trophée du Bailli) 4 Jean-Louis Chaix bien harnaché pour ces prises de vue 5 Défilé du personnel de la Capitainerie pendant les Voiles 6 La Ladies’ Cup 7 Romain Gualdoni, l’acrobate 8 Danseurs sur échasses pendant les fêtes de Noël 9 5e Bataillon du Matériel de Draguignan reçu par le Maire de la ville, Jean-Pierre Tuveri Une odre de photographes pour le défilé Chanel devant Sénéquier sur le port en mai 5
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Photographe en mer Un métier à haut risque ! Derrière les photographies spectaculaires des voiliers en course prêts à s'aborder comme au bon vieux temps des corsaires, on n'imagine pas toujours les risques que prennent les auteurs de ces clichés pour obtenir un tel rendu. Dans le monde de la voile, les photographes spécialisés sont une poignée. Du moins, ceux qui font régulièrement la une des magazines spécialisés ou qui éditent des livres dédiés au nautisme. Leur qualité est d'avoir su "shooter" au bon moment un virement de bord, l'affalement d'un spi ou une manœuvre audacieuse sur le pont, malgré la houle, le mistral, les vents tournants et les centaines de bateaux, participants, comité de course et spectateurs, sur les lieux, dans tous les sens. Pour cela, il faut être comme la voile, au près ! Ce qui les démange, tous, ce pour quoi ils sont là, c'est obtenir le meilleur cadre, la meilleure lumière, le meilleur angle. Voir et capter ce que nul ne verra ni ne pourra saisir parce qu'il n'y en a qu'un qui peut être là à cet instant précis ! Alors, pour que toutes ces conditions soient remplies, ils embarquent à bord de zodiacs légers et maniables ou de bateaux suiveurs vifs et réactifs ou à bord d'hélico. Jean-Marc Fichaux
Jean-Louis Chaix
Romain Gualdoni
Photographers at sea A high risk occupation!
Carlo Borlenghi
directions. For this, they have to be taut like a close-hauled sail! What they are all itching to do, and it is why they are there, is to capture the best frame, the best light, the best angle. To see and snap something that no one else will see or will be able to take because surely only one person can be there at that precise moment! So, in order that all these conditions can be met, they board lightweight zodiacs which turn on a sixpence to follow the yachts or they take to the air in a helicopter. To have an eye, always at the ready, lying in wait! To see straight away when two boats are about to pass each other, their masts directly in front of the emblematic Saint-Tropez bell tower – and not to hesitate, but to act instinctively rather than being too late! Photographing a yacht race is like filming a wild animal, as you can’t say to it: “Can we take that one again please?” In the sailing world the Plissons are well known, but then we also admire Carlo Borlenghi, Nigel Pert – it’s impossible to cite them all with their own special talents and personalities! Closer to
ehind the spectacular photographs of yachts racing neck and neck, as in the old days of the corsairs, it is still hard to imagine the risks that the authors of these shots are taking to obtain such a wonderful record. There are only a handful of specialist photographers in the world of sailing, or at least among those who regularly feature in yachting magazines or who publish books dedicated to water sports. Their expertise lies in knowing exactly when to shoot to capture the moment, the tack, the lowering of a spinnaker or a bold manoeuvre on deck, despite the swell, the Mistral, the sudden wind changes and the hundreds of boats - participants, the Race Committee and of course spectators - homing in from all
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Romain Gualdoni au travail
home, our colleague Luc Boutria from the daily Var-Matin paper, Jean-Louis Chaix, the town’s official photographer, Antony Holder from Fly Picture (creator and inventor of the concept) and Romain Gualdoni, the man behind the Voiles 2009 posters, are often a part of it. And then there was Fichaux, oh how he loved it! Some remember how they nearly capsized a hundred times on the zodiacs, another how being immersed in the sea near a buoy on a banana course he could have been cut in half. And another never hesitates to use carabiners to hang in the netting under the bowsprit to get those angles from a point where nobody else would dare put their feet! A former para-commando, this one has no fear of heights! What a thrill then when they climb the mast of a 50 m boat, extricating themselves from the spreaders, shrouds and halyards, ignoring the exaggerated heeling of the mast, to capture that wide-angle shot. “More impressive than risky,” they say. Thrills are guaranteed in the helicopter when they are harnessed over the void with no door to protect them, camera in hand, whipped by air currents with a drop of 10 or 15 m! But here safety takes precedence over the picture. Not all are sailors. The skilful ones anticipate. On deck, between the cleats, sheets being hauled in and let out, right of way manoeuvres, the task isn’t easy. How many cameras have sunk to the bottom of the Gulf of Saint-Tropez! Maybe the fishes are taking each other’s photo? They all have terrifying moments from time to time, soon forgotten, and they will return the next day because the pleasure of having snapped that unique shot is well worth the adrenaline rush! I
voir l'œil, être prêt, à l'affût, aux aguets ! Voir immédiatement lorsque les deux bateaux se croisent qu'apparaît en même temps dans les mâts la perspective du clocher de Saint-Tropez. Ne pas réfléchir, appuyer à l'instinct sinon c'est déjà trop tard ! Photographier une course nautique, c'est comme filmer un animal sauvage, tu ne peux pas lui dire : "On s'en refait une ?" Dans le monde de la voile, les Plisson sont reconnus. On admire aussi les Carlo Borlenghi, Nigel Pert… Impossible de les citer tous avec leurs talents et leurs personnalités propres ! Plus proches de nous, notre confrère Luc Boutria, du quotidien VarMatin, Jean-Louis Chaix, photographe officiel de la Ville, Antony Holder, de Fly Picture (créateur et inventeur du concept), Romain Gualdoni, auteur de l'affiche des Voiles 2009, sont souvent de la partie. Et il y avait Fichaux, celui-là, il aimait ça ! Tel se souvient qu'à bord de zodiacs, ils ont failli chavirer cent fois, tel autre, immergé à proximité d'une bouée dans une course banane aurait pu se faire couper en deux. Tel autre encore n'hésite pas à s'accrocher avec des mousquetons dans le filet de proue pour obtenir des angles que personne n'a, à cet endroit, forcément, personne n'y mettrait les pieds ! Ex commando para, celui-là ne craint pas le vertige ! Belles sensations aussi lorsqu'il faut monter en haut d'un mât de 50 m, se démêler des barres de flèche, des haubans, des drisses, du gîte exagéré du mât et vaincre l'amplitude ambiante. "Plus impressionnant que risqué", disent-ils. Sensations garanties aussi en hélico lorsque, harnaché devant le vide sans porte protectrice, l'appareil, pris dans les courants d'air, décroche de 10 ou 15 m ! Mais, là, la sécurité prime toujours sur la photo. Tous ne sont pas marins. Ceux qui le sont savent anticiper. Sur le pont, entre les taquets, les circuits d'écoutes et les manœuvres prioritaires, la tâche n'est pas plus facile. Combien le golfe de Saint-Tropez compte-t-il de boîtiers partis au fond de la mer ! Les poissons se prennent-ils en photo ? Ils se sont tous pris de vraies peurs, un jour ou l'autre, vite oubliées, et ils y retourneront demain car le plaisir d'avoir capté l'instantané vaut largement sa dose d'adrénaline ! I
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Ombres chinoises par Carlo Borlenghi (en haut) et Romain Gualdoni
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Jean-Louis Chaix en haut de la grue
Les Voiles de Saint-Tropez par Carlo Borlenghi
L'ami Fichaux, déjà un an Une exposition au musée du Patrimoine de Grimaud, Les métiers du massif des Maures, lui est consacrée cet été. Un deuxième livre sur Saint-Tropez (Editions Equinoxe), sur lequel il travaillait, va paraître tandis que Latitude-Gallimard met en valeur sur un site Internet ses multiples clichés. "Il attrapait les images comme on capture les papillons d’un coup de filet", dira son ami peintre et entomologiste, Dany Lartigue. "Comme un coup de patte de chat" dira encore Jacqueline Franjou, la directrice du festival de théâtre de Ramatuelle dont il était le photographe officiel depuis 23 ans. Bientôt deux ans que Jean-Marc s'en est allé au paradis des photographes. Pour défendre, protéger et diffuser son œuvre, sa sœur, Anne de Beaumont-Fichaux, a créé une association "Les amis de Jean-Marc Fichaux" dont les bénéfices seront reversés au profit d’associations de protection de l’enfance et/ou de l’environnement. Directeur artistique, Jean-Marc Fichaux était le photographe des grands événements de la presqu’île : la Nioulargue, les Voiles de Saint-Tropez, les Bravades, les tournois du Polo de Gassin. Esthète, sa franchise pouvait paraître brutale. Il aimait la vie, il aimait rire, il aimait les plaisirs de la terre, les couleurs du massif des Maures et sa lumière. Sa lumière.
A la manœuvre, par Jean-Louis Chaix
An exhibition entitled “Les métiers du massif des Maures” at Grimaud’s heritage museum is dedicated to him this summer. A second book on Saint-Tropez (published by Equinoxe) on which he worked is soon to be released, while Latitude-Gallimard highlights many of his photos on a website. “He captured images like one catches butterflies in a net”, says his friend, the painter and entomologist Dany Lartigue. “Like the soft swipe of a cat’s paw”, adds Jacqueline Franjou, Festival Director of the Ramatuelle theatre where he was official photographer for 23 years. It is nearly two years since Jean-Marc left us to go to that paradise for photographers in the sky. To defend, protect and spread the word about his work, his sister Anne de Beaumont-Fichaux created “Les amis [friends] de Jean-Marc Fichaux”, the profits of which go to child protection and environment associations. As Artistic Director, JeanMarc Fichaux photographed all the big events on the peninsula: the Nioulargue, Voiles de Saint-Tropez, La Bravade and tournaments at the Gassin polo club. An aesthete, he could be extremely frank. He loved life, laughter, all the pleasures on land, the colours of the Maures hills and the light -his light.
Contre-jour, par Romain Gualdoni
Laché de spi, par Jean-Marc Fichaux
Au moment de boucler l'édition 2010 de la Revue, nous apprenons avec tristesse la disparition de Pierre Boulet. Pour tous, il était "Pierre Photo", longtemps son appareil en bandoulière, à Saint-Tropez dès les années 68, puis à Megève pour la saison d’hiver. Portraitiste, il avait débuté le métier en argentique et pratiquait avec talent l'art du portrait en noir et blanc. Sitôt le ticket numéroté délivré, on se ruait à La Ponche pour découvrir les planches contact… Souvenirs, souvenirs… Souvenirs de vacances à Saint-Tropez. As we went to press on the 2010 edition of La Revue du Port we were very sad to hear that Pierre Boulet had passed away. To everyone he was "Pierre Photo", his camera permanently slung over his shoulder, in Saint-Tropez from ‘68, then in Megève for the winter. A portrait photographer, he started out using silver chloride and was very talented with black and white portraits. As soon as the numbered ticket was issued, we always rushed to La Ponche to examine the contacts: memories, memories – so many memories of holidays in Saint-Tropez.
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ÉVÈNEMENT Event
Dans le ciel tropézien
La Patrouille de France Force, grâce et beauté Dimanche 15 août, la Patrouille de France a rendez-vous avec le ciel tropézien. C'est un honneur, c'est aussi un plaisir. Saint-Tropez a la fidélité dans son cœur. Célèbre pour ses évolutions aériennes, la Patrouille de France est la patrouille acrobatique officielle de l'armée de l'Air française. a saison 2009-2010 a été marquée par l'arrivée de la première femme pilote à sa tête, le commandant Virginie Guyot : 33 ans, 2000 heures de vol, chef de patrouille de chasse. 2ème année à la Patrouille de France. 2002-2008 : base aérienne de Reims, escadron de reconnaissance 2/33 "Savoie" sur Mirage F1 CR.
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genre de par l'ordre des figures et l'utilisation des différentes formations, est déterminé par le leader de la Patrouille chaque début de saison. Les pilotes de la Patrouille ont entre 30 et 39 ans, ils sont affectés pour une durée moyenne de trois années. Trois sont renouvelés chaque année. Tous sont des pilotes brevetés, volontaires, avec, à leur actif, au moins 1 500 heures de vol… dans la chasse.
©Jean-Louis Chaix - ville de Saint-Tropez
Que le spectacle paraît léger ! Partout où elle se produit, la Patrouille de France fait l'unanimité. Chaque spectateur, tête en l'air, mesure, ou croit mesurer, la difficulté de l'exercice, que ce soit à Paris lors du défilé du 14 juillet, à Marseille, à Istres, au Mans, à Hyères, Nice, Bordeaux, Orléans ou en Grande Bretagne, en Hollande, en Italie, à Malte, en Espagne… la liste n'est pas exhaustive. Partout où elle vole, la Patrouille de France fait l'admiration des spectateurs. Car chacun sait, ou croit savoir, que la beauté, la grâce, la fluidité des figures montrées sont le fruit d'heures de répétition, de réflexion et de concentration. Et, qu'au-delà de ces heures de répétition, de réflexion
Abnégation, confiance et vide intérieur
et de concentration, il faut un mental que peu possèdent, une faculté d'abstraction peu commune. C'est à ce prix-là que le spectacle paraît léger et tellement aisé !
Ariane, Balance, Dard, Cygne…
Expérience, professionnalisme, confiance, détermination… ce sont quelques qualificatifs qui déterminent la trempe de ces pilotes aguerris. Huit volent mais l'équipe est composée d'une trentaine d'hommes. D'hommes… et d'une femme depuis l'an dernier. Son ancien poste ? Athos 4, dit Charognard. La beauté et la grâce des évolutions de la célèbre Patrouille ne doivent cependant pas faire oublier l'extrême difficulté de l'exercice : en vol, les huit appareils sont en effet très près les uns des autres, très très près, à seulement deux ou trois mètres parfois. Abnégation, confiance et vide intérieur total !
C'est en formations aux noms très spéciaux que se déroulent les évolutions de la Patrouille de France. Sa figure emblématique est le cœur : balance en Y à six coupé d'une flèche de fumigènes des deux solos. Il en est d'autres comme "Ariane" : le leader, le charognard et les solos forment une ligne verticale. De part et d'autre du deuxième solo (qui ferme la
Pilotes de chasse brevetés et volontaires Le programme de la Patrouille de France est, par tradition, renouvelé chaque année. Chaque programme, unique en son
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ÉVÈNEMENT Event marche), les intérieurs et les extérieurs forment des lignes verticales à deux, le tout ressemble à une formation deux poutres, décalée vers l'arrière rappelant la forme de la fusée Ariane 4. D'autres ont nom Croisillon, Balance, Super Balance, Dard ou Cygne… il y en a plus de vingt !
Athos, de 1 à 8 ! Tous sont des Athos, leur indicatif radio. Le premier, le chef, est Athos 1, le leader, à son poste pour une période d'un an. Seul pilote indispensable dans la patrouille, il ne peut être remplacé. C'est le chef d'orchestre, lui qui détermine les figures et les formations que la patrouille utilisera. Viennent ensuite les "intérieurs", respectivement Athos 2 et Athos 3. Le Charognard, c'est Athos 4, le futur Athos 1, celui qui prendra la place de leader l'année suivante. Il tire son surnom de sa position : placé derrière le leader, il avale littéralement ses fumées. Suivent les "extérieurs" : Athos 5 et Athos 6, plus aguerris. Les deux font partie des équipiers les plus éloignés du leader.
Athos 9 et Athos 0 ! Célèbre pour ses évolutions à huit avions, la Patrouille de France en effectue régulièrement à quatre ou deux. C'est là qu'interviennent, les solos, à deux, Athos 7 et Athos 8, dans une série de croisement et de percussions et, à quatre, avec les extérieurs (Athos 5 et 6) qui les accompagnent tandis que les autres continuent une série de figures en simultané. Athos 9 est le neuvième des huit pilotes, le remplaçant, le plus ancien à la Patrouille, souvent ancien leader solo. Athos 9 doit être à même de prendre au pied levé la place de n'importe quel équipier, exceptée celle du leader. Enfin, le directeur des vols, Athos 0, est chargé de la sécurité et de commenter la présentation depuis le sol. Alors, souvenez-vous, dimanche 15 août, la Patrouille de France a rendez-vous avec vous dans le ciel tropézien. I
Over Tropezian skies Power, grace and beauty
n Sunday 15th August the Patrouille de France has a rendez-vous with the Tropezian sky. It is both a pleasure and an honour to welcome them for they have long been faithful friends of Saint-Tropez. Famous for their aerobatic demonstrations, the “Patrouille de France” is the official acrobatic display team of the French air force. The 2009-2010 season was marked by the arrival of the first female pilot to lead the group. She is Captain Virginie Guyo, a 33-year-old fighter pilot with 2,000 flying hours under her belt. She took over in her second year at the Patrouille de France. From 2002-2008 she was based at Reims aerodrome, reconnaissance squadron 2/33 “Savoie”, assigned to a Mirage F1 CR.
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Defying gravity! Everyone everywhere feels the same when they see the Patrouille de France. Eyes fixed skywards, estimating or trying to estimate the level of difficulty of each manoeuvre. Every spectator is looking up, whether in Paris during the 14th July parade or in Marseille, Istres, Le Mans, Hyères, Nice, Bordeaux, Orléans or in Great Britain, Holland, Italy, Malta or Spain – the list is long. Yet we all recognise that the beauty, grace and fluidity of the aerobatics are the fruit of hours of practice, repetition and concentration. And on top of all those hours of repetition and concentration to perfect their reflexes, pilots need that rare mental ability to think of absolutely nothing else at all! It is the price they pay to make the spectacle look so effortlessly easy.
Experienced fighter pilots volunteer for duty The Patrouille de France programme is changed every year, according to tradition. At the beginning of the season, the patrol leader develops a totally new order of figures and formations to perform. The pilots are aged between 30 and 39 and on average fly with the patrol for three years. Each year three leave and are replaced. All are well qualified fighter pilots with at least 1,500 flying hours behind them, and they volunteer for this duty.
Self-sacrifice, confidence and an empty mind! Experience, professionalism, confidence and determination are the key qualifications they look for in a successful pilot. Eight make up the flying team, but the company comprises 30 men in total and, since last year, one woman. Her last position? Athos 4 or the Charognard (literally scavenger or vulture who will take over from the leader the following year). The graceful beauty of the manoeuvres executed by the famous Patrouille cannot disguise the extreme difficulty of each exercise: the eight jets fly so close together that sometimes there are only two or three metres between them. It takes self-sacrifice, confidence and a totally empty mind!
Ariane, Balance, Dard or Cygne These are names of some of the special formations which go into the Patrouille de France displays. An emblematic manoeuvre is the heart, when six form the heart and two solos cut through to create a smoking cupid’s arrow. There are others like Ariane: here the leader, the Charognard and the two solos form a vertical line. Either side of the second solo which is bringing up the rear, the intérieurs and the extérieurs form vertical lines slightly set back from the main one to resemble the shape of the Ariane 4 rocket. Other formations bear names like Croisillon, Balance, Super Balance, Dard and Cygne - there are more than 20 of them! I
©Jean-Louis Chaix - ville de Saint-Tropez
PATRIMOINE Heritage
La Bravade de Saint-Tropez Au milieu de la poudre, de l'Histoire et de l'émotion La Bravade est à Saint-Tropez une fête militaire, religieuse et civile qui se déroule chaque mois de mai, les 16, 17 et 18, quoi qu'il advienne et quelles que soient les conditions météorologiques. Elle ne se veut ni une fête populaire ni un événement médiatique mais simplement la démonstration d'un attachement viscéral des Tropéziens aux traditions et à l'histoire particulière de leur village. Tenir ses armes en ordre
ête militaire, religieuse et civile, fête familiale aussi. Si elle se nourrit de l'Histoire, la Bravade se nourrit également de mille histoires racontées de grand-père à petit-fils et de père en fils la veille du 16, alors que chacun répète dans sa tête toute la gestuelle liée à la procession, et le matin quand les mères, épouses et grands-mères habillent leurs hommes qui se connaissent depuis l'école…
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La ville de Saint-Tropez n'avait pas encore la réputation d'aujourd'hui, mais ses habitants avaient déjà pour mission de défendre Saint-Tropez et ses environs. Du fait de sa position géographique, le paisible village était régulièrement victime d'attaques barbaresques venues de la mer. La population s’arma pour se protéger. La milice locale était à son origine sous les ordres du seigneur puis sous les ordres du Capitaine de ville de façon définitive à partir de 1558. Ce dernier pouvait réquisitionner “de jour comme de nuit les hommes nécessaires à la défense de la ville, remettre en état l’artillerie, acheter de la poudre pour les bombardes et de la poudre fine, et faire commandement à chacun de tenir ses armes en ordre contre ceux qui refuseraient d’obéir”. Les rois de France, de Charles IX à Louis XIII, ratifièrent successivement cette délibération autorisant les Tropéziens à porter les armes.
Du début de notre ère au XVIe siècle C'est la Bravade la plus ancienne et la plus belle de Provence. Nul ne peut y pénétrer s'il ne s'est pas imprégné intimement de la foi et des croyances qui la gouvernent. Car la Bravade de Saint-Tropez est une affaire de cœur et d'intime conviction. Attention à vos oreilles ! Ca tromblonne à tout va, ça chante grave, puissant et fort, à vous faire retourner le cœur ! Elle puise ses racines dans la renaissance du village en 1470.
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PATRIMOINE Heritage Torpès, Tropez puis saint Tropez
bâtit une église spécialement en son honneur à l’extérieur des murs de la cité. Voilà comment le chevalier Torpès fut à l’origine du nom actuel de Saint-Tropez.
Remontons de nombreux siècles en arrière. Nous sommes en 69 de notre ère et voici la légende qui nous est parvenue. Au lieu dit "Le Pilon", s'échoua en 68 une barque venant d'Italie et menée par le courant Ligure et les vents d’Est. A l'intérieur de l'embarcation, se trouvait un corps décapité, entouré d’un chien et d’un coq. C'était la dépouille du chevalier Torpès, officier de l’empereur Néron et martyr chrétien décapité à Pise pour avoir refusé de renier sa foi nouvelle, puis livré aux courants marins. La légende que les générations successives n'ont pas manqué de transformer, de modifier et d'améliorer rapporte que le corps fut transporté puis caché et qu'on
Depuis 1558… C'est cette imbrication, ce mélange subtil de l'histoire et de la légende qui vit dans la Bravade telle que nous la connaissons aujourd'hui et dont sont porteurs les bravadeurs. C'est une fête intime, grave, profonde, loin de tout folklore. Depuis la renaissance du village, les hommes de SaintTropez, jeunes et anciens, s’arment pour former ce que l’on appelle aujourd’hui le corps de Bravade en souvenir de leurs
©Benjamin Courcot
A festival of gunpowder, history and emotion
mothers, wives and grandmothers dress their men who have known each other since school.
From the 1st to the 16th century It is the oldest and finest Bravade in Provence. Outsiders will never fully comprehend its intimate meaning for those who have grown up here and absorbed its significance into their hearts with such faith and conviction. But watch out for your ears! The thundering blunderbusses and the voices singing so loud and strong will reach into your very soul! The festival’s origins go back to the renaissance of the village in 1470.
n Saint-Tropez “La Bravade” is a military, religious and civic festival which takes place every May on the 16th, 17th and 18th without exception, whatever the weather. The event is not designed to be a popular festival or media event but simply a demonstration of the profound attachment Tropezians have for the traditions and history of their village. More than a military, religious and civic celebration, it is also a family affair. Its roots lie not just in village history, but in thousands of stories as told by grandfather to grandson, father to son on the eve of the 16th, so that the significance of each element is fresh in everyone’s mind next morning when
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Ordered to take up arms Saint-Tropez hasn’t always had the reputation it enjoys today. The inhabitants already had a mission to defend the town and surrounding area. Because of its geographical
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ŠJean-Louis Chaix - ville de Saint-Tropez
PATRIMOINE Heritage
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ancêtres qui protégeaient le village. Au son de la poudre, à travers les rues et les ruelles de la vieille cité maritime, le Capitaine de Ville et son Etat Major, en uniformes d’officiers de Marine de la seconde moitié du XIXe siècle, suivis du Corps de Bravade, célèbrent et honorent, derrière le buste du saint, sorti de l’église du village pour l’occasion, leur histoire et leur légende.
et le grincement des coffres en bois, les armes à feu, “tromblons, espingoles et fusils à broches”, sont sorties pour bientôt claquer ! À travers les rues, passages et ruelles, les bravadeurs parés, à deux, trois, rarement isolés, marchent jusqu'au point de ralliement, jusqu'à la place de la mairie. Un tremblement de terre ne pourrait suspendre cette journée ! Bientôt, au clocher du village, vont retentir les huit coups qui vont enflammer Saint-Tropez !
Bientôt, au clocher du village… Hommage aux "anciens" Selon un rituel immuable, le même jour à 15 h, au son lancinant des fifres et des tambours, le maire, ceint de son écharpe, entouré du Conseil municipal, remet sur les marches de la mairie au Major la pique symbolique qui la
location, the peaceful village was vulnerable to attacks by pirates and the villagers were armed to defend themselves. Originally, the local militia were under the orders of the lord then of the town Captain from 1558. The latter had the right to requisition “day or night the men necessary to defend the town, to furnish them with weapons, to buy gunpowder for the cannons and muskets, and to order people to fire on anyone who disobeyed orders”. The kings of France, from Charles IX to Louis XIII successively ratified this proclamation authorising Tropezians to carry arms.
having been wafted by easterly winds and the Ligurian current from Italy, an abandoned boat was found. Inside there was a decapitated corpse together with a dog and a cockerel. This was the body of a centurion called Torpès who had served as an army officer under Emperor Nero, but who had been martyred when he refused to renounce his newly found Christian faith. His head was cut off in Pisa, then his remains consigned to this vessel and left to drift with the current. The legend - which has no doubt grown and developed over the centuries - relates that the body was brought back and hidden, and then transferred to a church built to honour his remains outside the town walls. And that is how Torpès - who then became Tropez, and then Saint Tropez - came to our village.
©Benjamin Courcot
Le 16 mai, alors que le jour pointe à peine dans le village pavoisé, fils, frères, pères, oncles et grands pères portent leurs costumes de marins, de mousquetaires ou de gardessaint. Dans l'ombre des logis, chacun se prépare, les femmes veillent et jettent un dernier regard. Puis, dans les cliquetis
Torpès, Tropez, then Saint Tropez Let us go back a number of centuries to 69 AD and a place known locally as "Le Pilon". Washed up on the shore in 68
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Comment vibre le peuple de Saint-Tropez
transmet au Capitaine de Ville. La pique est l’emblème de son commandement. Le premier adjoint remet ensuite le Drapeau au Major de l’Enseigne qui, à son tour, le donne à l’Enseigne. C'est le signal des premières décharges de poudre qui vont durer jusqu’au lendemain, tard dans la nuit. Alors que les 150 à 180 hommes du Corps de Bravade se déploient sur la place de la mairie, le Major va inviter le clergé à venir bénir les armes. Devant les façades pavoisées, le buste du saint, porté par quatre Pisans, quatre Italiens venus spécialement de Pise, va faire sa lente et majestueuse sortie en ville. Sur la place pavée, les ordres vont ensuite résonner sur l'esplanade, suivis de nouvelles décharges tirées des fusils et des tromblons. C'est la “petite Bravade” durant laquelle la procession va suivre lentement jusqu’au soir tout un parcours sinueux dans les rues de la ville pour aller rendre hommage aux "anciens".
Le 17 mai, c’est la messe dite "des Mousquetaires". Une cérémonie comme il n'en existe nulle part ailleurs dans le monde. Le Corps de Bravade est au complet, en armes blanches. Ecoutez, écoutez bien ! L’Etat-major prend place devant le maître-autel. Vous êtes là au cœur même de l'histoire de Saint-Tropez. Les autorités civiles et militaires sont présentes pour cette messe solennelle. Venez écouter une fois dans votre vie cet office, célébré dans l’église du village, trop petite ce jour-là. Roulements de tambour résonnent régulièrement sous la voûte tandis que les bravadeurs et la foule émue des fidèles se pressent pour entonner ensemble les chants en l’honneur du Saint-Patron. Ecoutez comment vibre le peuple de Saint-Tropez : "San-Tropes, San-Tropes !"
400 kilos de poudre !
©Jean-Louis Chaix - ville de Saint-Tropez
L'historien Foncin a raconté l'histoire de ces Tropéziens,
decorated streets, sons, brothers, fathers, uncles and grandfathers don their traditional sailor, musketeer or special holy guard uniforms. Inside their homes everyone is busy, the womenfolk overseeing and checking that everything is perfect. Then with a clunking of locks and creaking of hinges, wooden chests are opened to reveal the firearms. Blunderbusses, muskets and fusils are dusted off ready for duty! The “bravadeurs” start to trickle onto the streets, passages and alleyways in twos and threes rarely on their own - heading for their rallying point at Place de la Mairie. An earthquake wouldn’t keep them away! Soon, under the famous village bell tower, they will fire off the first eight rounds which will set Saint-Tropez alight!
From 1558 onwards It is the intertwining of these two stories, the subtle blend of history with legend that is at the heart of the “Bravade” festival and its courageous “bravadeurs” that we celebrate today. It is a profound and intimate festival, far from any folklore. Since the renaissance of the village men of Saint-Tropez, young and old, have armed themselves to form what we call today the “Corps de la Bravade”, in memory of their ancestors who defended the village. Led in procession by the saint’s wooden statue brought out from the village church, the Town Captain and his Staff Officer march in their naval officer uniforms from the second half of the 19th century through the streets and alleyways of the old sea port, followed by the “Corps de la Bravade”. The parade is accompanied by the sound of musket fire and is a solemn occasion in honour of their history and their legend.
Homage to brave forefathers Following a firmly established ritual, at 3pm that same afternoon the town’s Mayor in his sash and surrounded by the town council will present the symbolic pike to the Town Captain accompanied by music from the fifes and drums. The pike is the
Under the village bell tower On 16th May as the early sunlight filters through to the gaily
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PATRIMOINE Heritage capitaines intrépides sur les océans, "destinés à faire le guet, marcher contre les Turcs et les ennemis du Roi, du pays et de leur ville.” Le jour de la fête patronale, écrit-il, armés pour prévenir toute attaque, ils se rendaient en procession hors les murs jusqu'à la chapelle. Dans la ferveur du rassemblement, ils prirent l’habitude de tirer les premiers coups de mousquet devant la statue de leur glorieux patron, habitude qui s’amplifia avec les ans. Aujourd'hui, on estime à plus de 30 000 le nombre de coups de tromblons et de mousquets qui sont donnés au cours de la Bravade, soit près de 400 kilos de poudre !
Yeux rougis par l'effort et oreilles meurtries
emblem of the Captain’s command. Then the deputy mayor presents the flag to the Standard Bearer, a signal for the bursts of gunpowder which will continue off and on until midnight of the following day. Once the 150–180 men of the “Corps de Bravade” are lined up on the Place de la Mairie, the Mayor asks the priest to step forward and bless their weapons. At this point the wooden statue of the saint emerges from the church’s shadows, borne by four Pisans who come especially from Pisa every year, and slowly and majestically enters the square which is festooned with bunting. When everyone is assembled on the flagstones, the orders are given, echoing round the stone walls of the houses, followed by more musket discharges. And so begins the “Petite Bravade” procession that will wind its way through the streets in homage to their brave forefathers.
400 kilos of gunpowder!
©Jean-Louis Chaix - ville de Saint-Tropez
Femmes, enfants et jeunes filles en costume de provençales, gants brodés, chapeaux tressés et ballerines, font partie de la cérémonie. Dans l’ombre, depuis des jours, elles ont confectionné les petits bouquets de fleurs bénis à l'aube. Gravité et recueillement ne sont pas feints. Suit une nouvelle, belle et grande procession, haute en couleurs, pleine de sons de fifres et de tambours, de chaleur et d’enthousiasme tout à l'honneur de cette Provence ensoleillée et si fière. A 16 heures commence la Grande Bravade. Elle s’achèvera vers minuit par la remise au maire de la Pique et du Drapeau. La Bravade est terminée. Les hommes sont épuisés, yeux rougis par l'effort, oreilles meurtries des coups de tromblons… I
The historian Foncin has recorded the history of the Tropezians, those intrepid sea-captains "destined to keep watch against attack, to defend their town and their country against the Turks, and all the king’s enemies.” He wrote how on their patron saint’s day they would go in procession to the chapel outside the town walls. There in the excitement of the moment they would fire off the first shots of their muskets in front of the statue of their glorious saint, a habit that would gain momentum as a ritual through the years. Today they estimate that more than 30,000 rounds are fired in the course of the “Bravade”, which adds up to nearly 400 kilos of gunpowder!
Eyes reddened and ears deafened
How to thrill the people of Saint-Tropez
Women, children and girls in Provencal costume with embroidered gloves, be-ribboned hats and dancing shoes join in the celebrations. For several days beforehand they will have been making up small bouquets from flowers picked at dawn. Everything is done seriously and with an air of contemplation. Another colourful procession, more joyful with the fifes and drums, and such warmth and enthusiasm celebrating the essence of Provence, is about to take place. At 4pm the “Grande Bravade” sets off. It will finish about midnight when the Mayor ceremoniously takes back the pike and flag. The “Bravade” draws to a close. The men are exhausted, their eyes reddened from the long days of parade and their ears deafened by the blunderbuss volleys. I
The 17th May begins with a special Musketeers mass: nothing like it exists anywhere in the world. All the members of the “Corps de Bravade” are there with their swords. Listen, listen carefully! The Staff Officer is standing in front of the main altar. You are in the very heart of the history of Saint-Tropez. The civil and military dignitaries are also in attendance. You should come at least once in your life to witness this solemn mass in the village church which on this day is always bursting at the seams. The vaulted roof resounds to the sound of regular drum rolls, while the “bravadeurs” and the faithful crowd intone together the traditional songs that honour their patron saint. Listen, as the whole church vibrates to the people of SaintTropez chanting: "San-Tropes, San-Tropes!"
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TRADITION Tradition
Saint-Pierre La Provence en fête
Chrétiens et souder le village, rôle à la fois spirituel et social. Un office religieux démarrait la journée. Une procession suivait à travers les rues en terre ou la campagne et se prolongeait par des aubades égayées de danses folkloriques. La procession s'acheminait jusqu'au rivage au son des tambourinaires, parfois sous les salves de tromblons, et se prolongeait par une sortie en mer (de préférence calme) pour la bénédiction des flots.
n des temps pas très reculés, la Provence puisait ses revenus de la terre et de l'eau. Ses habitants vivaient au rythme régulier de la nature et des saisons et tiraient leur nourriture des récoltes des champs, de la viticulture et de la pêche. Et de la religion catholique leur principale nourriture spirituelle. Pierre, pêcheur, patron des apôtres et saint patron, est la figure emblématique et protectrice de cette corporation, incontournable de la Provence et de ses traditions. Il en est ainsi en Provence, chaque métier, chaque corporation avait jadis son protecteur : saint Elme, patron des marins, saint Joseph, patron des charpentiers, saint Pierre, patron des pêcheurs… Et chaque protecteur, une fête annuelle dédiée. Double pour la saint Pierre puisqu'il était censé protéger à la fois ces hommes de mer qui, tous les jours en période de pêche, affrontaient les éléments, mais aussi leur embarcation.
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Bonheur simple d'être ensemble Passées de mode, en perdition dans les mémoires, ces traditions, peut-être après nous être aperçus de la désuétude de certains aspects de notre modernité actuelle, retrouvent de nouveau leur place dans le calendrier de nos festivités. Le sacré est source de quiétude. Dans le feu purificateur, la saint Pierre s'achève. Le soir venu, on brûle cérémoniellement sur la grève une vieille coque de pointu au milieu des chants, des cantiques, des danses provençales, des crépitements du bois, de l'excitation des flammes, de la nuit et de toutes les idées folles qui vous traversent l'esprit. Respect de la tradition, c'est-à-dire de la mémoire de nos anciens, et bonheur simple d'être ensemble. I
Banderoles, guirlandes et procession
©Jean-Louis Chaix - Ville de Saint-Tropez
Issues d'un mélange de païen et de religieux qui se perd dans la nuit des deux mille ans qui nous précèdent, ces fêtes avaient plusieurs fonctions. Rendre grâce au dieu des
Streamers, garlands and processions
A Provencal festival
These festivals had their roots in pagan and religious ceremonies. For one thing they not only lifted the spirits of devout Christians, they also united villagers in a social and spiritual celebration. A festival day always started with a religious mass. This would be followed by a procession led by the wooden statue of the patron saint through the streets or countryside, its progress enlivened and prolonged by concerts and folk dancing. The procession would make its way down to the shore to the sound of tambourines and sometimes volleys of musket fire, and then enter the (hopefully calm) sea to bless the waves.
ot so long ago, the people in Provence existed off the land and sea, maintaining the rhythm of the seasons, nourished by what they grew in the fields and vineyards and by what they fished from the sea. Spiritually they were nurtured by their Catholic faith and turned to Saint Peter, leader of the apostles and a patron saint, as the emblematic father-protector of Provence and its traditions.
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The simple joy of being together You might think that these ancient traditions, buried in the memory would get lost in our busy modern lives, and yet they are once again taking their rightful place in our calendar. Spiritual moments lead to tranquillity. Saint Peter’s day ends with a purification ceremony when, as night falls, the hull of an old pointu is burned ceremoniously on a roaring fire on the shore, accompanied by songs, hymns, Provencal dancing and all the excitement and joy that fills the spirit on such nights. To respect tradition is to remember our forefathers, and to live together in simple harmony. I
In this region every trade and corporation had its own patron: Saint Elme for sailors, Saint Joseph for carpenters, Saint Peter for fishermen and so on, and each had his or her own annual feast day. Saint Peter had a dual role as he was responsible not only for watching over the fishermen who risked their lives on a daily basis against the elements, but also over their boats.
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CINEMA Movies
Rencontres Internationales du
Cinéma des Antipodes Des perles sur les écrans tropéziens venues d'Australie et de Nouvelle-Zélande Créé en 1995 avec le désir de partager un cinéma original à la croisée du cinéma hollywoodien, distrayant et efficace, et du cinéma européen dont il emprunte la sensibilité et le regard social et politique tout en y apportant une acuité souvent plus féroce et un humour dévastateur, le festival "Cinéma des Antipodes", créé et organisé avec une assiduité aussi fidèle que toujours passionnée par Bernard Bories, a pour vocation de faire connaître en France la production cinématographique et audiovisuelle australienne et néo-zélandaise et, d’une manière plus large, la culture des antipodes, ce territoire où les hommes marchent à l'envers, à moins que ce ne soit nous ! haque année, le temps d’une semaine, Saint-Tropez devient ainsi le meilleur ambassadeur en France et en Europe du cinéma australien et néo-zélandais. "Cinéma des Antipodes" se veut aussi un interlocuteur actif et une passerelle pour les professionnels entre la France, l’Australie et la Nouvelle-Zélande grâce notamment à ce Festival des Antipodes qui se déroulera cette année encore en octobre du 11 au 17. Les films présentés dans ce programme australien et néo-zélandais sont représentatifs de l’éclectisme et de l’excellence de ce cinéma capable aussi bien de s’attaquer au film de genre que d’être attentif aux dérives et aux maux de notre société. Avec, toujours, une sagacité aiguë, une tendre justesse et parfois un brin d’ironie, d’humour ou d’autodérision qui en font la saveur.
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Pearls on the Tropezian screen from Australia and New Zealand
Au moment où nous bouclons le magazine, Bernard Bories n'a pas pu nous communiquer la liste définitive des membres de son jury ni son président. Sont pressentis toutefois Naomie Watts, Geoffrey Rush ou Cate Blanchett… Vous découvrirez ci-dessous, une première liste des films les plus récents, déjà actés pour l'édition 2010 parmi lesquels Stone Bros et bien sur Dreamland d'Ivan Sen.
aunched in 1995 with a desire to share original cinema at a crossroads between Hollywood’s lucratively entertaining films and the sensitive political and socially focused European films with their often devastating wit, the Antipodes Cinema Festival was created by Bernard Bories. Passionate about his subject, Bernard continues to organise the event with care and enthusiasm to raise the profile in France of Australian and New Zealand film productions, and the culture of the Antipodes and its territories where everything is upside down – or at least from our perspective!
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CINEMA Movies Accidents Happen
Quand celui ci réapparaît, ils vont devoir tous les trois confronter les rêves à la réalité.
Australie, 2009. Réalisation : Andrew Lancaster. Avec Geena Davis, Harrison Gilbertson... Comédie à la fois émouvante et féroce sur la famille, l’amitié et le destin, Accidents Happen nous raconte l’histoire de Billy dont la vie est parsemée d’une cascade d’accidents aussi improbables que férocement drôles…
Belladonna Australie, 2009. Réalisation et scénario : Annika Glac. Avec Todd Mac Donald, Kate Kendall... Belladonna est une ensorcelante histoire d’amour qui traverse les siècles. Luke est heureux, il doit se marier bientôt mais son sommeil est perturbé par des visions d’un passé étrange et inconnu… Magique !
Balibo Australie, 2009. Réalisation : Robert Connolly. Avec Anthony LaPaglia, Oscar Isaac... En 1975, cinq journalistes de la télévision australienne disparaissent à Balibo, lors de l’invasion du Timor Oriental. Quatre semaines plus tard, Roger East part à leur recherche…
Blessed Australie, 2009. Réalisation : Ana Kokkinos. Avec Frances O ’Connor, Miranda Otto... Blessed raconte, en deux parties, l’une du point de vue des enfants, l’autre de celui des mères, l’histoire de ces familles séparées par la vie mais qui se voient soudain rapprochées par des événements dramatiques.
Boy Nouvelle Zélande, 2010. Réalisation et scénario : Taika Waititi. Avec James Rolleston, Taika Waititi... Boy est un jeune garçon maori, rêveur, plein d’énergie et d’imagination qui vit avec sa grand-mère et son frère Rocky aux "super-pouvoirs" imaginaires. Fan de Michaël Jackson, son autre héros est son père, parti il y a près de sept ans.
Careful with that power tool Nouvelle Zélande, 2009. Réalisation : Jason Stutter. Appareils électriques et enfants ne vont pas bien ensemble…
Blessed - Frances O'Connordans le rôle de Rhonda, réalisé par Ana Kokkinos
Boy, de Taika Waititi
Every year in October Saint-Tropez becomes the best ambassador Australian and New Zealand cinema could ask for in France and Europe. “Cinéma des Antipodes” sees itself as an active mediator and bridge between professionals in France and those in Australia and New Zealand thanks to this Antipodes Festival, which this year runs from 11th to 17th October. The Australian and New Zealand films on the programme are chosen to represent the eclectic nature and excellence of their film industry, which is equally capable of attacking the genre of film itself as it is of highlighting abuses and evils in our society. It is always with critical wisdom, tenderness and sometimes a hint of irony, humour or self-mockery which give the Antipodes movies their flavour. As we went to press, Bernard Bories was not able to give us the definitive list of jury members or its president. However we believe Naomie Watts, Geoffrey Rush and Cate Blanchett have been approached. Here we present an initial list of recently released films that have already been ear-marked for the 2010 edition, including Stone Bros and of course Ivan Sen’s Dreamland.
destiny, the film tells the story of Billy whose life is beset by a catalogue of disasters that are as improbable as they are funny.
Balibo Australia 2009: directed by Robert Connolly, starring Anthony LaPaglia and Oscar Isaac. In 1975, five Australian TV journalists disappear in Balibo during the invasion of East Timor. Four weeks later, Roger East sets out to look for them.
Boy New Zealand 2010: written and directed by Taika Waititi, starring James Rolleston and Taika Waititi. Boy is a young Maori boy, a dreamer full of energy who lives with his grandmother and his brother Rocky and his “superpowerful” imagination. A fan of Michael Jackson, his other hero is his father who left nearly seven years ago. When the latter reappears, all three have to confront their dreams and how they measure up to reality.
Accidents Happen
Belladonna
Australia 2009: directed by Andrew Lancaster, starring Geena Davis and Harrison Gilbertson. A savage yet moving comedy about family, friendship and
Australia 2009: written and directed by Annika Glac, starring Todd MacDonald and Kate Kendall.
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CINEMA Movies
Bran Nue Dae
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Australie, 2009. Réalisation : Rachel Perkins. Avec Geoffrey Rush, Ernie Dingo... Adaptation de la première comédie musicale Aborigène, Bran Nue Dae nous entraîne dans l’Australie des années 60 à la suite de Willie, un jeune aborigène que sa mère a laissé en pensionnat auprès du Père Benedictus à Perth. Rebelle, il s’enfuit et part pour Broome, à 3 000 km de là.
Nouvelle Zélande, 2010. Réalisation : Leo Woodhead. Un adolescent lutte pour se détacher de l’emprise de son père emprisonné.
Subdivision Australie, 2009. Réalisation : Sue Brooks. Avec Gary Sweet, Ashley Bradnam... La famille Kelly travaille dans le domaine du bâtiment à Hervey Bay, petite bourgade du Queensland. Mais l’arrivée de promoteurs très entreprenants va perturber la vie de toute la communauté. Une comédie touchante et pleine d’humour. I
Home by Christmas Nouvelle Zélande, 2010. Réalisation et scénario : Gaylene Preston. Avec Tony Barry, Marin Henderson… Avec poésie, simplicité et émotion, la réalisatrice raconte l’histoire d’Ed, son père qui, en 1940, s’est engagé avec enthousiasme, pensant être de retour pour Noël. Alors qu’il vit l’horreur de la guerre, la capture par les Allemands, le camp de prisonniers en Italie, son épouse Tui affronte la vie seule et enceinte.
Stone Bros de Richard J. Frankland
Bran Nue Dae - Geoffrey Rush dans le rôle du père Benedictus réalisé par Rachel Perkins
Home by Christmas
Belladonna is a spellbinding love story which spans centuries. Luke is happy, he is soon to be married but his sleep is disturbed by visions from a strange and unknown past - magical!
New Zealand 2010: written and directed by Gaylene Preston, starring Tony Barry and Marin Henderson. With poetry, simplicity and emotion, the director tells the story of Ed, whose father signed up for the war in 1940 with great enthusiasm thinking he would be home by Christmas. While he is experiencing the horror of war and being captured by the Germans and imprisoned in Italy, his wife Tui faces life alone and pregnant.
Blessed Australia 2009: directed by Ana Kokkinos, starring Frances O’Connor and Miranda Otto. Blessed tells a story in two parts, one from the point of view of the children, the other from that of the mothers, of families separated by life who are suddenly brought together by tragic events.
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Careful with that power tool New Zealand 2009: directed by Jason Stutter. Electrical appliances and children do not go together – say no more.
New Zealand 2010: directed by Leo Woodhead. A teenager battles to break loose from the influence of his imprisoned father.
Bran Nue Dae
Subdivision
Australia 2009: directed by Rachel Perkins, starring Geoffrey Rush and Ernie Dingo. An adaptation of the first Aboriginal musical comedy, Bran Nue Dae takes us back to Australia in the sixties following Willie, a young Aboriginal whose mother left him at a boarding school in Perth with Father Benedictus. A rebel, he escapes and flees to Broome some 3,000 km away.
Australia 2009: directed by Sue Brooks, starring Gary Sweet and Ashley Bradnam. The Kelly family works in the building trade at Hervey Bay, a small town in Queensland. But the arrival of some very entrepreneurial developers disrupts the life of the whole community. A touching comedy, full of humour. I
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CULTURE Culture 2010
année de l’Argentine Tango, tango… Saint-Tropez !
A l’occasion du 200e anniversaire de la Révolution argentine de mai 1810 et en hommage à Hippolyte Bouchard, marin tropézien et commandant en second de la flotte argentine, Saint-Tropez organise, depuis le début de l'année, divers rendez-vous culturels et sportifs sur le thème de l’Argentine en partenariat avec l’ambassade de la République d’Argentine à Paris. Conférences et concerts
près le "Rendez-vous culturel avec l’Algérie", qui s’était tenu l'an dernier, l’objet de cette deuxième édition était de proposer aux Tropéziens et aux visiteurs, en dehors de la période estivale, à des moments où chacun a encore le temps de découvrir, de visiter, en un mot de se cultiver, de vivre une culture partagée.
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Une conférence consacrée à "El gran capitan Hippolito Bouchard" a ouvert ces rendez-vous culturels avec l’Argentine, en février dernier, en présence de son Excellence Luis Ureta Saenz Peña, ambassadeur d’Argentine à Paris. D’autres animations ont suivi depuis. Ainsi, les associations tropéziennes se sont mises à l’heure sud-américaine et se sont mobilisées pour offrir des manifestations de qualité : les Amis de la Musique, à travers leur Festival de printemps, ont rendu un hommage au tango en mars, avec le quatuor Caliente. Le Polo Club de Saint-Tropez met sa grande parade du 9 juillet aux couleurs "albiceste". L’association du festival des Nuits du château de la Moutte a programmé trois soirées dédiées au tango dans le somptueux décor d’un des plus beaux monuments de Saint-Tropez.
Hippolyte Bouchard, le héros ! Plus qu'une simple exposition, ce deuxième rendez-vous culturel a été conçu comme une approche aux formes multiples : photographique, historique, musicale et plastique, à la fois découverte de l'Argentine dans sa diversité, mais aussi de Saint-Tropez, de son histoire et de sa culture. Car le choix de cette thématique n'est pas anodin. Hippolyte Bouchard, illustre marin tropézien, participa en effet en 1810 à la Révolution de mai et fut nommé commandant en second de la nouvelle flotte nationale argentine. Notre cité entretient depuis de nombreux liens avec ce pays, à la fois si proche et si lointain, situé… de l’autre côté des océans ! A BuenosAires, où son corps repose au Panthéon (depuis 1962), plusieurs places et rues portent aujourd’hui le nom d'Hippolyte Bouchard (Lire Revue du Port de Saint-Tropez 2008).
Un café ou un "submarino" ? Des expositions ont suivi : Figures et caractères : écrivains d’Amérique latine (une exposition produite par la BIP du Centre Georges Pompidou). Jorge Luis Borges, Alejo Carpentier, Pablo Neruda, Octavio Paz, Gabriel Garcia Marquez, Julio Cortzar, Miguel Angel Asturias, Carlos Fuentes... photographiés par Sara Facio et Alicia d’Amico et invités à réagir devant leur image.
o mark the 200th anniversary of the Argentine Revolution in May 1810 and to pay tribute to Hippolyte Bouchard, the Tropezian seaman who was second in command of the Argentine fleet, Saint-Tropez is organising a series of cultural and sporting events with the Republic of Argentina’s Embassy in Paris. Following the success of the "Cultural Rendez-vous with Algeria" last year, this latest initiative aims to offer locals and visitors a chance to discover, visit and experience a shared culture outside of the summer season.
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Hippolyte Bouchard - a hero! More than just an exhibition, this second cultural rendez-vous has been conceived on many different levels: photographic, historic, musical and artistic to discover the history and culture not only of Argentina but also Saint-Tropez - as the choice of theme is not incidental. Indeed the famous Tropezian, Hippolyte Bouchard, took part in the 1810 Revolution in May and was appointed to lead the new national Argentine fleet. Our town has maintained strong ties with this country, which is so near and yet so far on the other side of the ocean! In Buenos-Aires where his body has lain in the Pantheon since 1962, several squares and streets bear the
Le spectacle “Pampa furiosa” de la troupe Che Malambo en représentation à la Citadelle le 24 juillet à l’occasion de la soirée dédiée à l’hommage à Hippolyte Bouchard
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ARGENTINE Argentina
Danses vibrantes pour un spectacle percutant !
Le point d’orgue de ce programme 2010 d’animations et d’événements sera la soirée de prestige que la Ville de Saint-Tropez organise ce 24 juillet dans son lieu le plus emblématique, la Citadelle. A cette occasion, un hommage appuyé et officiel sera rendu au célèbre marin tropézien. L’ambassadeur d’Argentine remettra officiellement, et au nom du gouvernement argentin, au Maire de Saint-Tropez un buste du héros tropézien. Une évocation rappellera l’étonnante carrière de ce pêcheur de Saint-Tropez qui, de simple canonnier dans la marine française, devint un corsaire redoutable et redouté à la solde de la cause révolutionnaire et souleva le Rio de la Plata.
A Saint-Tropez, Hippolyte Bouchard a déjà donné son nom à un quai du port, juste hommage pour ce Tropézien aux hauts faits d'armes. Et il est prévu, toujours sur le quai, que le futur musée dédié au patrimoine maritime tropézien à la Citadelle lui accordera une place au panthéon des éminentes personnalités locales ! Au soir du 24 juillet, après le spectacle, la citadelle s’enflammera au rythme des tambours, des chants, des danses et des boleadoras des artistes de la troupe Che Malambo. Un ballet énergique et contemporain où s’exprimera toute la virtuosité du Malambo… "Pampa furiosa", des danses vibrantes pour un spectacle percutant ! I
name Hippolyte Bouchard (refer to La Revue du Port de SaintTropez 2008).
specialist in the history of tango and the bandoneon, one of the rare Francophone contributors! Meanwhile in the convivial ambiance of Café Tortoni (ground floor of the Jean-Despas salon) they have been screening documentaries (Mémoires de la Terre de feu ; Balades en accordéons ; Amérique latine, l’autre Amérique ; Des trains pas comme les autres ; etc) and serving coffee or a "submarino" (hot chocolate).
Lectures and concerts A talk dedicated to "El gran capitan Hippolito Bouchard" opened this cultural rendez-vous with Argentina in February of this year attended by His Excellency Luis Ureta Saenz Peña, the Argentine Ambassador in Paris. Other events followed with Tropezian associations entering into the South American spirit and working hard to put on quality events for the public. Les Amis de la Musique in their Spring Festival paid tribute to the tango in March with the Caliente Quartet; the Polo Club of Saint-Tropez will hold its grand parade in the “albiceleste” colours on 9 July; and the “Nuits du Château de la Moutte” music festival has programmed three evenings devoted to the tango in the sumptuous decor of one of Saint-Tropez’s finest monuments.
©Sara Facio
24 juillet : grande soirée à la Citadelle
©Alicia d'Amico
Exposition de photographies produite par la BIP du Centre G. Pompidou, Figures et caractères : écrivains d'Amérique latine, à la salle Jean Despas. (de gche à dtre, Alejo Carpentier, Juan Carlos Onetti et Octavio Paz)
©Alicia d'Amico
"Les parcs naturels", photographies de Jorge Hermet, photographe argentin qui habite en France et qui voyage tous les ans en Argentine pour faire de l’alpinisme de la "cordillère des Andes" à la Patagonie. "Patagonia : tierra adentro", photographies de Céline Frers, photographe argentine qui habite à Buenos-Aires… Un livre aussi a été présenté : "Si le tango m’était conté" par une spécialiste française de l’histoire du tango et du bandonéon, Solange Bazely, une des rares de l'aire francophone ! Tandis qu'au Café Tortoni (au Rdc de la salle Jean-Despas), cet espace convivial projetait des documentaires (Mémoires de la Terre de feu ; Balades en accordéons ; Amérique latine, l’autre Amérique ; Des trains pas comme les autres ; etc.) tout en pouvant déguster un café ou un "submarino" (chocolat chaud).
Grand party in the Citadelle on 24 July The highlight of the programme of entertainments and events for 2010 will be a prestigious party organised by the town of Saint-Tropez on 24 July in that most symbolic of buildings, the Citadelle. At this event official homage will be made to the famous Tropezian seaman. On behalf of the Argentine government, the Argentine Ambassador will present a bust of the hero to the town to recall memories of this fisherman’s extraordinary career, of a man who rose from the rank of a humble gunner to become a formidable and feared corsair in the pay of a revolutionary cause and who stirred up Rio de la Plata.
Coffee or a "submarino"? Exhibitions have followed including: "Figures et caractères" of Latin American writers (put on by the BIP in the Georges Pompidou Centre) featuring Jorge Luis Borges, Alejo Carpentier, Pablo Neruda, Octavio Paz, Gabriel Garcia Marquez, Julio Cortzar, Miguel Angel Asturias, Carlos Fuentes and others, photographed by Sara Facio and Alicia d’Amico and invited to respond to their image; "Les parcs naturels" photographs by Jorge Hermet, an Argentine photographer living in France who returns home every year to climb the Andes cordillera in Patagonia; and "Patagonia: tierra adentro" with photographs by Céline Frers, an Argentine photographer who lives in Buenos-Aires. A book has also been presented entitled "Si le tango m’était conté" by Solange Bazely, a French
Exciting dancers for a thrilling spectacle! In Saint-Tropez, Hippolyte Bouchard has already given his name to a quay in the port, a fitting tribute to the daring feats of this Tropezian. And rumour has it that the future museum dedicated to Saint-Tropez’s maritime heritage in the Citadelle will award him a place in the pantheon of eminent local personalities! During the show on the evening of 24 July, the Citadelle will be rocking to the sound of the tambours, singers, dancers and the “boleadoras” of the Che Malambo troupe. An energetic and contemporary ballet expressing all the virtuosity of the Malambo dancers - "Pampa furiosa" – in what promises to be a thrilling spectacle! I
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CULTURE Culture
L'histoire du
chevalier Torpès en bande dessinée par
Dany Lartigue
"Né dans une famille pas comme les autres où chacun poursuivait son propre rêve, je fus l'enfant émerveillé par le cerf-volant papillon qu'avait construit mon oncle, par le feu d'artifice papillonnesque de mon Papi-Papillon, par mon premier papillon capturé dans le jardin de mon père." Ainsi se souvient Dany Lartigue dans Mémoires d'un chasseur de papillons. "Guidé par un fil conducteur qu'aucun obstacle n'a pu rompre ni faire dévier, poursuit-il, j'ai dû suivre l'inexorable fatalité qui m'a mené à découvrir le monde fabuleux des papillons... Laissez-moi vous conter ma vie, tout entière consacrée à la conquête de l'éphémère." cette passion dévorante qui lui a fait transformer sa maison en musée, Dany Lartigue, fils du photographe Jacques-Henri Lartigue et petit-fils du compositeur André Messager, en ajouta bien d'autres durant sa longue vie comme la peinture ou la poésie. Devant la circulation automobile toujours impossible à Saint-Tropez, il déclara un jour ne plus vouloir circuler en vélo, ce qu'il avait toujours fait. Il tint parole. C'est aujourd'hui à pieds, avec son éternel polo rayé bleu et blanc, qu'on peut encore le croiser sur le port de Saint-Tropez. Un jour, à Paris, il y a… quelques années,
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Dany Lartigue au musée des papillons
Story of the Knight Torpès
alors que lui prenait la nostalgie du village qu'il connaissait bien, il se mit à dessiner sur du papier-calque et à peindre à l'encre de Chine l'histoire du chevalier Torpès, à l'attention des enfants. Il y a quelques mois, les précieux rouleaux sont ressortis de derrière les fagots et l'idée a germé. Aidé de son ami le photographe Jean-Louis Chaix qui a numérisé chaque carré (64 au total) à l'aide d'une table lumineuse et retravaillé les couleurs passées avec le temps, Dany Lartigue s'apprête à sortir un livre de ces planches qui retracent toute l'histoire du saint patron qu'on pourra se procurer prochainement au musée des papillons, 9, rue Etienne-Berny à Saint-Tropez. I
Henri Lartigue and grand-son of the composer André Messager, has added others such as poetry and painting during his long life. Faced with the impossible traffic congestion in SaintTropez, he declared one day that he no longer wanted to cycle in town as he had always done. And he kept his word. Today you will come across him in his blue and white striped polo shirt, always on foot, in the port of Saint-Tropez. One day in Paris, several years ago when he was feeling nostalgic about the village he knew so well, he began sketching on tracing paper and to paint in Indian ink the story of the Knight Torpès for children. A few months ago the precious rolls of paper that he had been keeping up his sleeve emerged and the idea finally came to fruition. Helped by his friend the photographer Jean-Louis Chaix, who digitized each piece and reworked the faded colours, Dany Lartigue is now ready to publish a book of these drawings which retrace the history of the patron saint and will shortly be available from the butterfly museum, 9, rue Etienne-Berny in Saint-Tropez. I
in a comic book by Dany Lartigue “
orn into a family that was unlike others where each member was pursuing their own dream, as a child I was enraptured by the butterfly-shaped kite my uncle made, by the butterfly nature of my grandfather Papi-Papillon’s fireworks, by the first butterfly I caught in my father’s garden,” remembers Dany Lartigue in his book “Mémoires d'un chasseur de papillons” (memoires of a butterfly catcher). He continues: “Guided by a thread that no obstacle could break or deflect, I have had to follow my destiny which has led me relentlessly on in my quest to discover the fabulous world of butterflies. Allow me to tell you about my life which is totally dedicated to the ephemeral.” To this all-consuming passion which saw him turn his home into a museum, Dany Lartigue, son of photographer Jacques-
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L’aventure du chevalier Torpès, racontée en 64 planches originales bientôt éditées en quadrichromie
Photos : Jean-Louis Chaix
The adventures of the Knight Torpès, told in 64 original four-colour illustrations soon to be published.
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EXPOSITION Exhibition
"Rodin et la couleur"
Exposition inédite : les aquarelles d’Auguste Rodin Jusqu'au 21 juin, le musée de l’Annonciade a organisé une exposition inédite consacrée aux aquarelles d’Auguste Rodin, plus connu comme sculpteur. Le public a longtemps ignoré en effet cette partie de son œuvre alors qu'à l’automne de sa vie Rodin conféra une place de plus en plus grande à son œuvre dessinée. ’autonomie du dessin par rapport à la sculpture est, chez Rodin, une donnée essentielle de son œuvre. Et les innombrables dessins au crayon, rehaussés ou non de lavis ou d’aquarelle qu’il réalisa, ne sont pas des projets pour des sculptures mais une œuvre à part entière. "Les dessins des dix dernières années ne sont pas ce pour quoi d’aucuns voudraient les faire passer, écrivait Maria-Rainer Rilke, des notes rapides, des travaux préparatoires provisoires; ils contiennent le résultat le plus définitif d’une longue expérience ininterrompue."
plicité eurent une influence sur les artistes fauves. Il suffit de regarder les dessins de Matisse, Derain, Marquet et Camoin pour noter combien tous ces artistes ont regardé l’œuvre dessinée de Rodin (nombreuses expositions des dessins à partir de 1900 et notamment en 1907 où plus de 300 dessins furent présentés à la galerie Bernheim-Jeune). Les aquarelles de Rodin présentées ont été choisies pour montrer le rôle accordé à la couleur. Réintroduite par touches, elle finit par envahir la feuille, faisant parfois disparaître le trait d’origine, et tend à transformer le dessin en peinture.
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Danseuse cambodgienne, Crayon graphite et aquarelle sur papier, 30 x 19,7 cm,
De remarquables sujets d’expérimentation Si, dans le fonds du cabinet des dessins du musée Rodin, seules des aquarelles ont été choisies, c’est pour montrer le rôle accordé à la couleur. Quel lieu plus approprié que le musée de l’Annonciade, autre temple de la couleur, pouvait être choisi pour l'exalter ! Le choix de présenter ici cette exposition de trente aquarelles a en effet une valeur de rappel de la place particulière que les dessins occupent dans l’œuvre du sculpteur après 1900. L’usage qu’il fait de l’ensemble des moyens graphiques et picturaux qu’il met en œuvre contribue à une
Transformer le dessin en peinture A partir des années 1896-1898, les dessins instantanés sont réalisés sans briser un seul instant le contact visuel avec son modèle. Ces dessins fondés sur des moyens d’une grande sim-
artists. One only has to look at sketches by Matisse, Derain, Marquet and Camoin to see how much these artists regarded Rodin’s work (there were numerous exhibitions from 1900 onwards, notably in 1907 when over 300 drawings were exhibited in the Bernheim-Jeune gallery). The Rodin watercolours in this exhibition were chosen to illustrate the role he assigned to colour. Introduced in swift strokes, the colour ends by invading the paper sometimes making the original pencil outline disappear completely, transforming the sketch into a painting.
“Rodin and colour” Unique exhibition of watercolours ntil 21 June, the Annonciade museum is hosting a unique exhibition of watercolours by Auguste Rodin, better known as a sculptor. Indeed for a long time the public were not aware of this aspect of his work, although in his twilight years Rodin devoted more and more attention to his drawings. The autonomy of Rodin’s drawings compared to his sculptures is an essential element of his work. The countless graphite pencil sketches that he did, whether enhanced or not by a colour wash or watercolour, were not projects for his sculptures but a totally separate body of work. “His drawings from the last ten years are not what some would like to pass them off as, rapid sketches, provisional preparatory works,” wrote Maria-Rainer Rilke. “They contain the most definitive outcome of a long and uninterrupted experience.”
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Remarkable subjects of experimentation From the wealth of artworks in the drawings exhibition hall in the Rodin museum only the watercolours were selected to demonstrate the role he assigned to colour. And what better place could have been chosen to glorify his work than the Annonciade museum, another temple to colour! The 30 watercolours presented in this exhibition remind us of the particular place that the drawings occupy in the body of this sculptor’s work after 1900. The use he makes of the entire palette of graphic and pictorial techniques contributes to his quest for form, an obvious mission in the metamorphosis of the human figure. This was now based on shifting, evolving, fluid shapes and nudes and faces supplying Rodin, like other artists of the early 20th century, with remarkable subjects of experimentation.
Transforming sketches into paintings From 1896-1898 his spontaneous drawings were achieved without him taking his eyes off the model for a moment, and their disarming simplicity undoubtedly influenced the fauve
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évidente entreprise de métamorphose de la figure humaine. Celle-ci repose désormais sur une conception changeante, évolutive, fluide des formes et les nus et les visages fournissent à Rodin, comme à d’autres artistes des premières décennies du XXe siècle, de remarquables sujets d’expérimentation.
Ces dessins témoignent de reprises successives "C’est avec un regard de géologue, remarque Nadine Lehni, conservateur en chef du patrimoine au musée Rodin (Paris), qu’il faut déchiffrer et interpréter les différentes strates qui ont constitué chacune des trente œuvres exposées à l’Annonciade. Les étudier implique de remonter le temps, couche après couche, jusqu’à l’acte premier de saisie immédiate, au seul crayon graphite, d’un modèle en mouvement, tout proche de l’artiste. Dans l’état où ils nous sont parvenus, ces dessins témoignent de reprises successives, dans des temps mais aussi dans des lieux différents. Chéruy a raison, poursuit-elle, lorsqu’il note à propos des "dessins lavés de la dernière manière" de Rodin : "J’entendais des peintres vanter ce trait merveilleux de sûreté, ce coup de pinceau franc comme un rapide coup de sabre. Peut-être ne savaient-ils pas que tous ces lavis rapides étaient le troisième stage d’une étude où souvent le trait de couleur corrigeait encore le trait du crayon."
"Je les ai contemplées en extase" "Le dessin, la couleur, observe Jean-Paul Monery, conservateur en chef de l’Annonciade, musée de Saint-Tropez, lui ouvrent des horizons qui lui permettent de saisir une forme, un contour, un geste, un corps dans l’espace. Une seule dimension manque à cette main qui sait tant maîtriser : le mouvement. "Bougez, déplacez-vous", disait-il à ses modèles, mais le rendu n’était qu’instantané, le mouvement donné n’était qu’allusif. Alors comment le saisir, le traduire, le faire vivre ? La danse, voilà la réponse.”
Femme nue aux mains jointes, Crayon graphite, aquarelle et gouache sur papier, 50,2 x 32,4 cm,
La danse était apparue en 1889 dans l’œuvre de Rodin avec les Javanaises qu’il avait vues lors de l’Exposition universelle. Puis, il fut fortement marqué par les danseuses cambodgiennes en 1906 et, plus tard, par la danse contemporaine de Loïe Füller, d’Isadora Duncan, mais également des ballets russes de Diaghilev à travers son danseur Nijinski. Les danseuses cambodgiennes ont tant fasciné Rodin qu’il réalisa près de cent cinquante dessins aquarellés. "Je les ai contemplées en extase. Quel vide quand elles partirent, je fus dans l’ombre et le froid, je crus qu’elles emportaient la beauté du monde (…). Je les suivis à Marseille (…)". I Exposition réalisée en collaboration avec le musée Rodin, Paris
Femme nue allongée, Crayon graphite et aquarelle sur papier, 24,6 x 32 cm,
“I contemplated them in ecstasy” “Drawing and colour opened up horizons for him allowing him to capture a shape, a contour, a gesture, a body in space,” observes Jean-Paul Monery, curator at Saint-Tropez’s Annonciade museum. “One aspect was missing for this masterly hand: movement. “Move, move yourself!” he would say to his models, but the rendition was only a snapshot, the movement allusive.” So how to capture it, convey it, make it come alive? The answer lay with dancing. Dancing first appeared in Rodin’s work in 1889 with the Javanese who he had seen during the Universal Exhibition. Then in 1906 he was strongly influenced by Cambodian dancers and later by modern dancing, mainly Loïe Füller and Isadora Duncan but also Diaghilev’s Ballets Russes company and its principal dancer Nijinski. The Cambodian dancers so fascinated Rodin that he produced nearly 150 watercolours of them. "I contemplated them in ecstasy. How empty when they left, I was in the shadows and cold, I believed they carried the beauty of the world (…). I followed them to Marseille (…)”. I
Drawings reveal successive reworkings “You need to look at them with a geologist’s eye to decipher and interpret the various layers which make up each one of the 30 works on display at the Annonciade,” remarks Nadine Lehni, curator at the Rodin museum in Paris. To study them involves going back in time, layer after layer, back to that first spontaneous act, a single free flowing pencil sketch of a moving model, often a very close friend of the artist. In the state in which they reached us, the drawings reveal successive reworkings, in time but also in different places. Chéruy was right when he noted with regards to the wash drawings of Rodin’s final period: “I have heard painters speak highly of this wonderful sureness of touch, this wash of paint as swift as a sword thrust. Perhaps they didn’t know that all these rapid washes were the third stage of a study where often the line of colour was tempering the pencil line.”
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EXPOSITION Exhibition
Fernando Botero Jusqu'au 31 octobre
En 1992, la Ville de Paris consacra une exposition de ses sculptures sur les Champs-Élysées. C'était une première. La même année, elles étaient montrées dans les jardins de Monte-Carlo. La taille et les rondeurs de ses œuvres ne passèrent pas inaperçues. Femme debout, 2007, bronze 360 x 150 x 150 cm
ette année, Saint-Tropez lui rend hommage et présente, en collaboration avec la galerie Marlborough de Monaco, quatre sculptures monumentales. Une occasion unique de découvrir l’univers fascinant de cet artiste colombien dont l’œuvre repose sur les enseignements de l’histoire de l’art et sur sa propre culture.
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Entre Paris, New York, Monte-Carlo et Pietrasanta
Recherche plastique
Fernando Botero s’inspire de sujets mythologiques et classiques. "L’enlèvement d’Europe", "Maternité", "Femme allongée"… ses sculptures, pleines d’énergie, surprennent non seulement par leur qualité d’exécution, le bronze poli et brillant, parfaitement lisse et patiné, mais aussi par leur taille souvent gigantesque. En 1993, une grande exposition des œuvres monumentales de Botero se déploie sur Park Avenue à New York. Depuis, Botero a exposé dans les musées du monde entier. Il vit et travaille entre Paris, New York, Monte-Carlo et Pietrasanta. I
Né à Medellin (Colombie) en 1932, Fernando Botero est admis, à l’âge de vingt ans, à l’académie San Fernando, à Madrid (Espagne). Dans les années 50, il étudie à Florence et découvre la Renaissance italienne. En 1960, il s’installe à New York où il reçoit le prix international Guggenheim pour la Colombie. Sa première rétrospective (1970) a lieu en Allemagne. A partir de 1973, la sculpture qu’il aborde semble être le prolongement logique de sa recherche plastique. La monumentalité et la sensualité sont plus accentuées dans l’œuvre sculpturale. Sphinx.1995, bronze 3 sur 3 300 x 234 x 273 cm
Colombia. His first retrospective in 1970 was held in Germany. From 1973 his approach seems to have been a logical continuation of his research into plastic art, as monumentality and sensuality became more accentuated in his sculptures.
n 1992 the city of Paris held a sculpture exhibition on the Champs-Élysées. It was a first. The same year, they were mounted in the gardens of Monte-Carlo. Suffice to say that the immense size and voluptuously curvaceous figures did not go unnoticed.
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This year Saint-Tropez in collaboration with Monaco’s Marlborough Gallery is paying tribute to the artist by presenting four monumental sculptures: a unique opportunity to discover the fascinating world of this Colombian artist whose work is based on the teachings of art history and his own culture.
Between Paris, New York, Monte-Carlo and Pietrasanta Fernando Botero is inspired by mythological subjects and the classics. "Rape of Europa", "Maternity" or "Woman reclining", all his sculptures are full of energy and astonish the viewer not only because of the quality of their execution, the bronze polished to perfection, impossibly smooth and shiny, but by their often gigantic size. In 1993 a major exhibition of Botero’s monumental works was unveiled on Park Avenue in New York, since when Botero has exhibited in museums around the world. He lives and works between Paris, New York, Monte-Carlo and Pietrasanta. I
Researching an art form Born in Medellin (Colombia) in 1932, Fernando Botero was admitted to the San Fernando Academy in Madrid (Spain) at the age of 20. In the fifties he studied in Florence, where he discovered the Italian Renaissance, before settling in New York in 1960 where he won the international Guggenheim prize for
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EXPOSITION Exhibition
Amedeo Modigliani Le maître de Livourne
3 juillet - 18 octobre au musée de l’Annonciade
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Antonia, 1915 Huile sur toile 82 x 46 cm Musée de l’Orangerie, Paris
EXPOSITION MODIGLIANI Exhibition
Portrait de jeune femme, vers 1918 Huile sur toile 65 x 50 cm Musée des Beaux Arts, La Chaux-de-fonds, Suisse
Aimé du public pour sa légende, Modigliani est aujourd’hui encore un des artistes les plus recherchés. Même s’il figure en bonne place dans les plus prestigieux musées du monde, son œuvre est rare et les prêts souvent impossibles. D’où la difficulté pour rendre hommage au maître de Livourne ! D'où le grand intérêt que suscite l'exposition exceptionnelle de 45 peintures et dessins que le musée de l'Annonciade a pu rassembler pour l'été. Car les œuvres présentées dans cette nouvelle exposition permettent de montrer les différentes facettes de l’œuvre de Modigliani.
inséparables jusqu’à la mort de ce dernier en 1894. Isaac Garsin était un grand érudit et passait beaucoup de temps avec le jeune Modigliani, lui parlant d’art et de philosophie. Voilà pour les jeunes années…
medeo Modigliani est le quatrième enfant de Flaminio Modigliani et d’Eugénie Garsin, mariés à Livourne en 1872. Il est issu d'une famille romaine d’origine juive sépharade. Les Modigliani exploitent à cette époque un commerce de bois et charbon et des mines d’argent en Sardaigne. Leur premier enfant, Emmanuel, deviendra avocat et député socialiste. Sa sœur, Margherita Olimpia, restera célibataire et adoptera Jeanne, fille de Modigliani et de Jeanne Hébuterne. Suivra Umberto Isacco, né en 1878, futur ingénieur des mines.
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Leçons de dessin Le petit Dedo vit entouré d’adultes. Les six années qui vont suivre sont marquées par de nombreux états de mauvaise santé du futur artiste. En 1895, sa mère mentionne dans son journal : "Dedo a eu une pleurésie très grave et je ne me suis pas encore remise de la peur terrible qu’il m’a faite. Le caractère de cet enfant n’est pas encore assez formé pour que je puisse dire ici mon opinion. Ses manières sont celles d’un enfant gâté qui ne manque pas d’intelligence. Nous verrons plus tard ce qu’il y a dans cette chrysalide. Peut-être un artiste ?" Dedo est inscrit au lycée de Livourne. En 1897, il a treize ans, Amedeo passe des examens et marque dans le journal de sa mère : "Je suis en train de passer des examens et je devrais faire un minimum. Les examens sont de quatrième en cinquième. Ceci pour les annales de la famille Modigliani." Il est reçu. L'année suivante, il est de nouveau atteint d’une fièvre typhoïde suivie de complications pulmonaires. Il commence des leçons de dessin auprès du peintre Guglielmo Micheli à la Villa Baciocchi. En 1899, il abandonne
Dedo et le grand-père Isaac C'est dans cet environnement que naît, en 1884 le 12 juillet, Amedeo Clemente Modigliani, 33 via Roma à Livourne, année marquée par… la faillite de la famille. Presque deux ans plus tard, sa mère entreprend une chronique de la vie familiale. Elle mentionnera pour la première fois son fils Amedeo dit "Dedo". "Un peu gâté, écrit-elle, un peu capricieux mais joli comme un cœur". Les Modigliani quittent alors leur maison de la Via Roma pour une plus petite, Via delle Ville, toujours à Livourne. Flaminio Modigliani est presque toujours en voyage. Avec eux vivent la grand-mère maternelle, le grandpère Isaac et les soeurs d’Eugénie, Laure et Gabrielle. Le petit Dedo et le grand-père Isaac sont alors des compagnons
he public love the legend that is Modigliani and today he is one of the most sought-after artists in the world. Although his work can be found in the most prestigious art museums, his paintings are rare and loans are virtually impossible making it hard to mount an exhibition in his honour - which is why there is such interest in the collection of 45 paintings and drawings that are to be exhibited in the Annonciade museum this summer. The works on display in this new collection will enable us to appreciate all the different facets of Modigliani’s talent. Amedeo Modigliani was the fourth child of Flaminio Modigliani and Eugénie Garsin who were married in Livorno in 1872. The family originally came from Rome, descended from Sephoradic Jews, and during this period they were in the business of selling wood and carbon, and had silver mines in Sardinia. Their eldest child, Emmanuel, grew up to be a lawyer and Socialist party deputy. His sister Margherita Olimpia never married but she adopted Jeanne, the daughter of Modigliani and Jeanne Hébuterne. His other brother, Umberto Isacco, was born in 1878 and became a mining engineer.
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Dedo and Grandfather Isaac It was into this environment at 33 Via Roma, Livorno, that Amedeo Clemente Modigliani was born on 12 July 1884, which was also the year the family went bankrupt. Nearly two years later his mother started writing a journal, recording the family history in which she mentions for the first time her son Amedeo who was known as Dedo. "Rather spoiled" she wrote, "and a bit precocious – but as pretty as a picture". The Modiglianis moved from their house in Via Roma into a smaller one in Via delle Villa, still in Livorno. Flaminio Modigliani was away travelling most of the time but the household was still a full one as it included Eugénie’s mother, her father Isaac, and her sisters Eugénie, Laure and Gabrielle. Little Dedo and Grandfather Isaac were inseparable companions until the old man’s death in 1894. Isaac Garsin was an erudite scholar who passed on much of his knowledge to his grandson, talking to him of art and philosophy. So that was his early life.
Drawing lessons The young Dedo was surrounded by adults. His health was poor
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45 peintures et dessins
du maître Modigliani
à Saint-Tropez
définitivement les études pour se consacrer à la peinture. Il a quinze ans.
Musées, galeries, églises A l’atelier, Villa Baciocchi, il rencontre Oscar Ghiglia qui deviendra un de ses meilleurs amis. Il reste de cette époque un portrait du fils Micheli et son autoportrait signé. 1900 : nouvelle crise de pleurésie. Amedeo est touché par la tuberculose. L'hiver suivant, Amedeo et sa mère quittent Livourne pour un voyage de convalescence. Ils iront à Naples, Capri, Amalfi, Rome, Florence et Venise. Ils visitent les musées, les galeries, les églises. Pendant ce temps, Modigliani écrit plusieurs lettres à Oscar Ghiglia dans lesquelles il décrit son attachement pour l’art et les découvertes qu’il a faites.
Un art atypique pour son époque L’exposition que présente à SaintTropez le musée de l'Annonciade en cet été 2010 s’appuie sur l’ensemble rare des dessins qui montre
Tête rouge, 1915 Huile sur carton 54 x 42.5 cm Musée national d’art moderne, Paris
survive, a portrait of Micheli’s son and a signed self-portrait. Then in 1900 he succumbed to another bout of pleurisy and tuberculosis was diagnosed. That winter Amedeo left Livorno with his mother to convalesce in warmer climes and went to Naples, Capri, Amalfi, Rome, Florence and Venice. They explored museums, galleries and churches, during which time he wrote numerous letters to Oscar Ghiglia describing his passion for art and his latest discoveries.
and the next six years for the future artist were marked by a series of illnesses. In her journal in 1895 his mother writes that "Dedo has just suffered a serious bout of pleurisy, and I have still not recovered from the alarm it gave me. The child’s character is not yet formed so I cannot give my opinion. He strikes one as an indulged child who certainly doesn’t lack intelligence. We’ll see later what emerges from this chrysalis. Perhaps he’ll be an artist?" Dedo was enrolled in the secondary school in Livorno and in 1897, aged 13, Amedeo took his exams and wrote in his mother’s journal: "I’m in the middle of taking my exams and I need to get the required minimum grades. The exams are for the fourth and fifth years. I’m recording this for the annals of the Modigliani family." He was accepted. The following year he went down with typhoid and developed pulmonary complications. He started taking drawing lessons from the painter Guglielmo Micheli at the Villa Baciocchi, and in 1899 he abandoned all thoughts of schooling and decided to devote himself to becoming an artist. He was 15.
Art atypical for his period The exhibition at Saint Tropez’s Annonciade museum this summer revolves around a rare collection of drawings which demonstrate an essential aspect of Modigliani, and that is his graphic work. It is brilliant, just as good as anything by Matisse or Picasso, and although it is often rated behind their work this side to Modigliani’s talent, which we are honouring in this collection, is vital to our understanding of his plastics art work. After several attempts in different artistic fields, Modigliani gradually began to find his own style. To his great disappointment he had to abandon any ambitions of being a sculptor as physically he just was not strong enough. Experimenting with other styles often with strong Italian influences, he developed
Museums, galleries and churches At the Villa Baciocchi studio he met Oscar Ghiglia who became one of his best friends. From this period in his life only two works
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EXPOSITION MODIGLIANI Exhibition style. Physiquement trop fragile, il doit toutefois abandonner, à son grand désespoir, la sculpture pour s’essayer à d’autres styles avant d’atteindre une forme d’expressionnisme sombre et triste, un art atypique pour son époque, empreint de références italiennes mais aussi impressionniste, fauve, cubiste et art primitif.
La singularité de Modigliani Les œuvres présentées permettent de saisir tous les passages, tous les emprunts pour s’ouvrir sur un style unique hors du monde et des contingences quotidiennes. La singularité de Modigliani est d’avoir connu et fréquenté tous les artistes de son temps – Picasso, Brancusi, Derain, Braque, Vlaminck, Soutine, Utrillo pour ne citer qu’eux – sans jamais chercher à mettre en œuvre avec eux, ou en référence à l’un d’entre eux, une approche ou une de ces réflexions créatives à l’origine desquelles se rattachent tous les mouvements de l’histoire de l’art du XXe siècle.
Alcool, drogue et amour Cette exposition, grâce au catalogue qui l’accompagne, va permettre au public de découvrir non plus un artiste suiveur, beau peintre, pleins de références à l’Italie, sa terre natale, ne vivant que dans l’alcool, la drogue et l’amour, mais un vrai peintre d’exception en quête d’une intériorité des êtres pour chacune de ses œuvres et en quête de références plutôt que sous influence. Le catalogue permet de constater que les préoccupations de Modigliani sont identiques à celles de tous les artistes de l’avant-garde parisienne de l’époque. Jeune fille debout - Cariatide, 1908-1911, Crayon graphite sur papier, 43 x 26 cm, Galerie Brame et Lorenceau, Paris
l’un des aspects essentiels de Modigliani : son œuvre graphique. Brillante, aussi virtuose que Matisse ou Picasso, souvent relégué au second plan et pourtant si indispensable à la compréhension de son travail plastique, elle est ici à l’honneur. Après plusieurs essais dans des domaines différents, Modigliani commence seulement à trouver son propre
a sombre form of expressionism tinged with sadness which was not typical of his period. There are also references to impressionism, fauvism, cubism and primitive art.
Frappé par son talent extraordinaire Voici ce qu'en dit Noël Alexandre, dans Souvenirs de Paul Alexandre, Modigliani inconnu, Fonds Mercator (Albin Michel, Paris, 1983). "Modigliani charmait dès l’abord. Faisant confiance à l’inconnu qu’on lui présentait, il se montrait sans masque, sans paravent, sans réticences. Il avait quelque chose de fier dans l’attitude et une poignée de main loyale. Modigliani, c’était "une noblesse excédée", pour reprendre une expression de Baudelaire qui lui va à merveille. Tout de suite, j’ai été frappé par son talent extraordinaire et j’ai voulu
pierce the very heart of his subjects, to create references rather than to follow in other people’s footsteps. And as the catalogue clearly shows, the issues which preoccupied Modigliani were the same as those of all the Parisian avantgarde artists of the time.
Modigliani’s individual approach The works on display capture all the stages and references which led to his “other worldly” style that transcends the mundane. What is extraordinary about Modigliani is that although he knew all the artists of his time - Picasso, Brancusi, Derain, Braque, Vlaminck, Soutine and Utrillo to name a few he never sought to exhibit his work with them, nor was he influenced by their creative philosophies which were changing the history of art in the 20th century.
Struck by his extraordinary talent In his "Souvenirs de Paul Alexandre, Modigliani inconnu”, Fonds Mercator (Albin Michel, Paris 1983), Noël Alexandre writes: "Modigliani charmed me from the outset. He had complete trust in any new acquaintance, he was frank and open, hiding nothing. There was a hint of pride in his attitude but his handshake was that of a loyal friend. Modigliani was “beyond nobility" to coin a phrase from Baudelaire who much admired him. Immediately I was struck by his extraordinary talent and wanted to do something for him. I bought his drawings and canvasses, but I was the only buyer – and not a rich one."
Drink, drugs and love This exhibition and its accompanying catalogue will help the public to rediscover this great artist. For this is a man who was not only a groundbreaking painter with strong Italian references, nor a man living only for alcohol, drugs and lovemaking, but an exceptional artist whose every work sought to
A born aristocrat He continues: "I introduced him to my family. He already had a
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EXPOSITION MODIGLIANI Exhibition faire quelque chose pour lui. Je lui ai acheté des dessins et des toiles, mais j’étais son seul acheteur et je n’étais pas riche."
hausser le sujet et l’offrir à notre contemplation. Rien ne s’interpose plus entre le spectateur et la création de l’artiste, rien, pas même le modèle, bientôt oublié et dont ne subsiste que l’idée. N’est-ce pas à travers les images multiples le même masque méditatif qui se révèle à nous, légèrement penché, laissant filtrer par deux fentes uniformément bleues, vertes ou noires, un regard d’autre monde ?"
Un aristocrate né Il poursuit : "Je l’ai introduit dans ma famille. Il avait déjà, enracinée en lui, la certitude de sa propre valeur. Il savait qu’il était un initiateur, pas un épigone, mais il n’avait encore aucune commande. Je lui ai fait faire le portrait de mon père, de mon frère Jean et plusieurs portraits de moi. Sa mère lui envoyait presque chaque mois de petites sommes d’argent mais à part cela il ne voulait vivre que de son art. D’autres artistes pauvres, Brancusi et les autres, se faisaient de l’argent à l’occasion en faisant la plonge dans les restaurants, en allant sur les quais en débardeurs ou bien en s’astreignant à cirer des parquets ou à faire les lits dans les hôtels. Pour Modigliani, il n’en était pas question. C’était un aristocrate né. Il en avait l’allure, il en avait les goûts. Ce fut l’un des paradoxes de sa vie : aimant la richesse, le luxe, les beaux vêtements, la largesse, il a vécu dans la pauvreté, sinon dans la misère."
On ne saurait imaginer peinture plus exaltante Il ne nous est malheureusement pas possible de transcrire l'ensemble de ces citations. Il en est tout de même une dernière que nous ne pouvons pas résister à vous montrer. Elle est signée J.M.G. Le Clézio, écrite dans Modigliani ou le mystère, catalogue d’exposition Amedeo Modigliani (Musée d’art moderne de la ville de Paris, 1981). Extrait : "Il y a l’âme du chaman dans ce Juif italien séduisant et ténébreux; une ivresse, un envoûtement, un regard qui ne se détourne pas. Modigliani vit en dehors de lui-même, révélant, en consumant son propre corps, la seule lumière de la peinture. Peindre, pour lui, n’est pas un acte complémentaire à la vie. C’est, au contraire, l’acte de vie par excellence : sans l’art, ce possédé n’est qu’un ivrogne, un malade. Il y a, pour nous, un contraste pénible entre la vie de Modigliani et sa peinture : on ne saurait imaginer peinture plus exaltante, pleine de beauté, de lumière et de vie."
Le même masque méditatif qui se révèle à nous A propos de sa peinture, Jacques Lassaigne témoigne, dans Introduction in Cent tableaux de Modigliani, Galerie Charpentier, Paris, 1958. "Vers 1915, Modigliani atteint presque d’un seul coup sa plénitude et sa maturité de peintre. Quatre années de production intensive lui suffiront pour accomplir une œuvre qui ne pouvait guère aller plus loin. Le fait qu’elle comporte seulement des portraits et des nus marque un choix et non une limite. Si les poses sont presque toujours les mêmes dans leur fixité, si le décor s’efface dans une espèce de neutralité et de grisaille, c’est pour mieux
Début 1920, Amedeo Modigliani fait son autoportrait. Le 22 janvier, il est emmené inconscient à l’hôpital de la Charité. Le 24 janvier, il meurt à l’hôpital d’une méningite tuberculeuse sans avoir repris connaissance. Il sera enterré "comme un prince" au cimetière du Père-Lachaise entouré de nombreux amis. I
ten: the creative idea must prevail. For is it not true that through multiple images the same meditative face is revealed to us, head slightly inclined, giving us a glimpse of another world through two slits uniformly blue, green or black?"
confidence in his ability engrained in him. He knew he was an initiator, not an imitator but he still had no buyers. I had him paint a portait of my father, my brother Jean and he painted mine many times. His mother sent him small sums of money nearly every month, but apart from that he depended on his art to live. Other impoverished artists, like Brancusi would top up their funds by doing occasional jobs, washing up in restaurants or working on the docks, or when really pushed polishing floors or making beds in hotels. There was no question of Modigliani doing that. He was a born aristocrat. He had style and good taste. That was one of the paradoxes in his life: loving luxury, riches, good clothes and presents. He lived in poverty, if not in misery."
It is hard to imagine more thrilling art Unfortunately it is not possible to include all the quotes. There is however one last one which we cannot resist revealing to you. In a piece signed by J.M.G. Le Clézio entitled "Modigliani or mystery" in the catalogue for the Amedeo Modigliani Exhibition (Museum of Modern Art, Paris 1981), it says: "There lurks the soul of a witchdoctor in this seductive, brooding Italian Jew; a drunkenness, a magic spell, an implacable eye. Modigliani lived beyond himself to reveal, by crucifying his own body, the pure light of the painter. For him painting was not just something he did in his life. It was just the opposite – it was life itself: without art all he was was a drunk, a sick man. For us there is a painful contrast between Modigliani the man and Modigliani the painter. One can hardly imagine more thrilling art, full of beauty, light and life."
Always the same meditative mask In his introduction to “Cent tableaux de Modigliani”, Charpentier Gallery Paris 1958, Jacques Lassaigne says of his paintings: "About 1915, Modigliani suddenly achieved his zenith and his maturity as a painter. He endured four years of intensive work to produce what was almost an unsurpassable masterpiece. The fact that he concentrated on portraits and nudes was a matter of choice, rather than because he had to. If the poses are almost always the same with their steady gaze against usually neutral or grey backgrounds, it is to highlight the subject and concentrate our thoughts on what is really important. Nothing must get in the way of the artist’s creation and the spectator, not even the model who will soon be forgot-
At the beginning of 1920, Amedeo Modigliani painted a selfportrait. On 22 January he was taken unconscious to the alms hospital. Two days later he was dead, killed by tuberculor meningitis, without recovering consciousness. He was laid to rest “like a prince” at the Père-Lachaise Cemetery surrounded by his many friends. I
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EXPOSITION Exhibition
Alain Husson-Dumoutier "L'âme de la Méditerranée"
Saint-Tropez consacre deux expositions à Alain Husson-Dumoutier, artiste cultivé, inclassable, alchimiste de la couleur et dont la notoriété est internationale. En juin, deux espaces de choix ont été mis à sa disposition par la municipalité, les deux étages de la salle Jean Despas, place des Lices, et la salle d’honneur de la Glaye à la mairie. oyageur et pèlerin de toutes les routes, Alain HussonDumoutier se réalise aussi bien en peinture qu’en sculpture. Sur plus de 250 œuvres, il décrypte l’Egypte et ses temples, l’Italie, la Grèce, le Maghreb, le Moyen Orient et tous les autres pays de ce creuset vivant et multiple qu'est la Méditerranée. "L'âme de la Méditerranée" s’exprime dans les paysages de soleil, de mer, de sable et dans les villes et les temples aux passés glorieux de l’Antiquité, du Moyen Age ou des temps modernes. Mais Mare Nostrum est aussi le berceau des religions monothéistes, de la philosophie, des grands auteurs épiques et des poètes inspirés. Aussi, Alain HussonDumoutier s’attache-t-il à nous illustrer la beauté des phrases étonnantes de la Bible et du Coran comme celles des grands auteurs tels Homère, Cervantès ou Rimbaud.
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Désert des agriates vers St-Florent - Corse Huile sable de St-Florent sur métal, 58x58cm
(présentés salle de La Glaye) comportent une part de terre de Jérusalem. Ces œuvres, empreintes des symboles égyptiens matriciels, reflètent la lumière intérieure des phrases sacrées. Parfois figuratifs, parfois abstraits, toujours lumineux, ces palimpsestes transmutent la matière du sable, des pigments purs et de cette terre de Jérusalem.
Ouverture, respect et paix La salle de la Glaye est un espace de réception. C'est aussi la salle des mariages, celle du multiculturalisme où les religions sont parfois représentées lors des cérémonies qui se déroulent dans ce salon. Par la présence d'une trentaine de ses œuvres, Alain Husson-Dumoutier, né en Provence, a souhaité souligner que son travail est associé aux principes fondamentaux de l’ouverture, du respect et de la paix. Exposition jusqu’au 18 juin I
Terre de Jérusalem Pour Husson-Dumoutier, la matière est source d’inspiration et de réalisation. Travaillant dans son atelier les sables, les pigments et l’or, il restitue dans leur magnificence la pureté et la force des couleurs de la nature, que l’imaginaire enveloppe d’une aura magnétique. C’est pourquoi tous les tableaux qu'il a composés à propos des trois livres sacrés
aint-Tropez is devoting two exhibitions to Alain HussonDumoutier, an internationally renowned, cultivated artist who is impossible to pigeon-hole and is an alchemist when it comes to colour. In June the municipality has made available two choice spaces, the two floors of the Jean Despas showroom on Place des Lices and the Glaye hall of honour in the town hall. A traveller and pilgrim who has trod many paths, Alain Husson-Dumoutier has been as successful in painting as he has with sculpture. In more than 250 works, he has interpreted Egypt and its temples, Italy, Greece, the Maghreb, Middle East and all the other countries which comprise the melting pot of Mediterranean culture. "The Mediterranean Soul" is expressed in landscapes of sun, sea and sand, in towns and temples of a glorious past from Antiquity through the Middle Ages to modern times. And yet the Mare Nostrum is also the birthplace of monotheist religions, philosophy, authors of the great epics, and inspired poets. In joining them Alain HussonDumoutier seeks to illustrate the astonishing beauty of phrases in the Bible and the Koran as those of great authors like Homer, Cervantes or Rimbaud.
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Land of Jerusalem For Husson-Dumoutier the material is a source of inspiration and realisation. Working in his studio with sand, pigments and gold, he recreates in all its splendour the purity and force of the colours of nature which his imagination envelops in a magnetic aura. It partly explains why all his paintings relating to the three holy books (on show in the Glaye room) include parts of Jerusalem. These works, embossed with Egyptian matrix symbols, reflect the internal light of religious phrases. Sometimes figurative, sometimes abstract but always illuminating these palimpsests transmute the substance of sand, pure pigments and the land of Jerusalem.
Openness, respect and peace The Glaye room is for receptions and is also the venue for registry office weddings, a multi-cultural space where different religions may be represented in the ceremonies. Alain Husson-Dumoutier was born in Provence and with the 30-plus works in this room he wants to emphasise that his work is associated with the fundamental principles of openness, respect and peace. I
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HISTOIRE D'ÉPAVE History of a wreck
Un navire romain Voici l'histoire d'un des premiers navires de commerce (le principe de la croisière n'existait pas encore !) qui, parti vraisemblablement d'Italie, s'apprête à s’abriter dans une belle crique boisée et protégée du vent d’Est qui n'était pas encore le port de Saint-Tropez. Maladresse ? Mauvais temps ? Erreur de navigation ? La petite corbita, vaisseau marchand, n'atteindra pas sa destination, sa coque se déchire sur les pointes à fleur d'eau de la Rabiou. Voici l'histoire. ébut de l'Empire romain, milieu du premier siècle de notre ère, la dynastie julio-claudienne règle ses comptes à travers complots et assassinats. En Méditerranée, la Mare nostrum, le commerce s’organise. On rapporte qu’en un seul voyage un négociant de Campanie (ou du Latium) peut rembourser le navire qu’il vient de lancer sur les chantiers d’Ostie. Le vin, particulièrement, est recherché dans cette Gaule qui se romanise à vue d’oeil…
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A Roman ship at La Rabiou his is the story of one of the early merchant ships (the idea of cruising did not exist then!) which, having probably set off from Italy, was preparing to seek shelter in a beautiful wooded cove protected from the east wind, a cove that was eventually to become the port of Saint-Tropez. Was it a blunder? Bad weather? Navigational error? Whatever the cause, the Roman corbita never reached her destination, her hull torn to shreds on the submerged rocks at Pointe de la Rabiou. It happened in the middle of the 1stst century AD, in the early days of the Roman Empire when the Julio-Claudian dynasty wielded power amidst plots and assassination attempts. Trade routes were opening up the Mediterranean - “Mare Nostrum” to the Romans. One report tells how a merchant from Campania (then Latium) was able to finance the building of his ship in an Ostian shipyard from the profits of a single voyage. Wine was particularly sought after from Gaul which was rapidly being colonised by the Romans.
©J.L Feretti, N. Baraqué
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à la Rabiou
HISTOIRE D'ÉPAVE History of a wreck
La Montagne des Fleurs La saison est idéale, Neptune s’est avéré clément jusque là pour la petite corbita qui se dirige vers l’ouest, vers Marseille et la Gaule Transalpine. Le bâtiment, qui ne doit pas dépasser la quinzaine de mètres, a été conduit d’une main expérimentée à travers l’archipel toscan, la route des bouches de Bonifacio s’avérant trop hasardeuse. On imagine que le périple ligure fut fastidieux avec un vent latéral constant mais, Nikaia atteint, le voyage tend à sa fin. La Gaule est là, avec les rivages de l’Estérel plus dangereux, sous cette pax romana, par leurs écueils aux abîmes sans fond que par leurs pirates qui sévissaient encore il y a un siècle. La corbita passe très au large, la tradition orale faisant état de ces roches à fleur d’eau et surtout, sait-on jamais, de la présence de quelque tribu primitive de Ligyens de la Montagne des Fleurs (actuellement Anthéor à SaintRaphaël). Ces peuplades rebelles et farouches qui n’hésitent pas à attaquer les navires passant trop près, subsistent-elles ?
A nos palmes ! Quelques siècles ont passé. Nous voici dans les années 1950. L'épave, aucunement concernée jusqu’alors par le cours historique des ans, évolue lentement. Les superstructures disparaissent, rongées par une faune exubérante, le tumulus d'amphores bascule dans la pente rocheuse, l'herbier de posidonies reprend le territoire que lui avait ravi la carcasse vermoulue. 1951 ? 1953 ? Un bateau de plongée s’immobilise sur un écueil de la pointe de la Rabiou. Des êtres bizarres, que l’on appelle encore "hommes grenouilles", décident, à l'issue d'un repas à l’habitude bien substantiel, une petite plongée. Les regards se portent vers le récif que l'on aperçoit par transparence. Pourquoi pas ? La mer est plate, les débutants profiteront d’un site vierge par quelques dizaines de mètres de profondeur. "A nos palmes !"
Une belle crique protégée du vent d’Est Dès le matin, un vent d'Est rageur a assailli le navire. Cela a commencé par une petite brise plutôt appréciée pour faire route vers le couchant. Puis les vagues ont agressé l'embarcation qui s'est alourdie, la pompe de cale s'avérant insuffisante. Serait-il temps maintenant de se réfugier dans une crique abritée, de faire eau, de profiter d’une aiguade que les équipages connaissent bien ? Dans la presqu’île qui se dessine à l'horizon, il y a un abri sûr. Inutile d’aller plus loin, estime le capitaine, le petit navire, en route depuis maintenant plus de deux mois, se rapproche de la verdoyante baie où il pourra s’abriter dans cette belle crique protégée du vent d’Est. La forêt dense qui entoure le point d’eau est giboyeuse.
En échange de quelques amphores Or, pour son malheur, l’équipage ne voit pas, ou aperçoit trop tard, une grande vague d'est venue des profondeurs dont la force est accentuée par la présence de hauts-fonds. Une masse gigantesque d'eau et d'écume submerge l'esquif alors qu'il n'est qu'à quelques centaines de mètres de l'abri. Dans une manœuvre désespérée, les hommes d'équipage jettent quelques amphores à l'eau pour tenter d'alléger la charge et de passer le cap qui ferme la baie salvatrice. Rien n'y fait. L’écume lèche le plat-bord, l'eau recouvre le pont. On sauve les quelques nippes déjà trempées, les marins sautent à l'eau. La quille se brise, le mât s'abat, le navire craque et s’engloutit. Au milieu de la journée, tout est consommé. Les hommes parvenus à terre viennent contempler le désastre et les espars qui flottent encore. L’équipage se réfugie dans le petit hameau voisin où les pêcheurs, en échange de quelques amphores sauvées du naufrage, accueillent ces étrangers naufragés. Fin de voyage.
© Photos : J.L Feretti, N. Baraqué
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Mountain of Flowers
The silent world of the "galley"
The season was ideal, and Neptune blessed the ship with mild weather as she headed west to Marseille and Transalpine Gaul. The vessel, which could not have been more than 15 metres, was skilfully helmed through the Tuscany islands as the Strait of Bonifacio was deemed to be too hazardous. The long haul along the Ligurian coast with a constant side-wind was no doubt tiresome, but Nikaïa (Nice) beckoned, heralding their first port of call. They were entering Gaul waters, approaching the treacherous Esterel coast with its reefs and bottomless depths which, in this period of pax romana, was more dangerous than the local pirate ships that had patrolled this stretch of coast for over a century. The boat headed out to sea, fearing tales of both the danger of submerged rocks and the presence of several primitive Ligian tribes who lived on the Mountain of Flowers (now called Anthéor just east of Saint-Raphaël). These rebellious and fierce people would not have hesitated to attack ships that passed too close to the shore.
History does not record who first spotted the amphorae. The divers descended and swam alongside layers of rock with overhangs and cracks pulsing with marine life. The group drifted over fields of posidonia stretching as far as the eye could see, occasionally broken by strips of shell-strewn sand teeming with wrasse, following the line that separated the sloping rock and the posidonia prairies. Suddenly among the scattered rocks, between two holes occupied by groupers, an amphora appeared, then a second one. And from other indicators it was clear they were in the presence of a wreck. Not that they could make out the ship, the remains of which were well camouflaged by centuries of underwater growth, but there was a mound that looked promising – could this be the silent world of a “galley”? Only a proper diving campaign would find out.
A beautiful cove sheltered from the east wind The light breeze that had benefited them as they headed west in the morning turned into a gale and waves broke against the boat, filling her bilges with water. Would there be time to take refuge in a sheltered cove, to take on water supplies from a source that the crew knew well? There was bound to be a good spot to the lee of the headland looming on the horizon. Deciding it was hopeless to continue, the captain steered the vessel, which had been at sea for over two months, towards a beautiful cove that was sheltered from the east wind and covered in dense, no doubt game-filled, forest.
In exchange for amphorae But just a few hundred metres from safety, disaster struck in the form of a massive wave from the east exacerbated by the shallow waters, which broke over the ship submerging her and her unsuspecting crew in a foaming torrent. Desperately the men tried to urge the ship forward past the cape to calmer waters, throwing amphorae overboard to lighten her load. But to no avail. Foaming water lapped the gunwale and drenched the deck. Soaked to the skin the mariners leapt overboard as the keel snapped and the ship started to break up and sink. By midday she had disappeared. On shore the survivors watched the last broken spars drifting on the water, before heading for a little fishing village nearby where in exchange for some amphorae that had been washed up they were given refuge. The voyage was over.
On with the flippers! Centuries went by and it was now the 1950s. The wreck, unaware of time passing, had been slowly rotting away undisturbed. The worm-eaten carcass had lost any distinguishable shape under a flourishing green garden of posidonia, and her cargo of amphorae lay strewn across the sloping rocky seabed. Around 1952, give or take a year, a diving boat anchored off one of Pointe de la Rabiou’s reefs. Its passengers, those bizarre-looking creatures we still call “frogmen”, decided after one of their habitually copious lunches to undertake a short dive. They gazed through the limpid water at the reef below. Why not? The sea was calm, this was virgin territory just a few dozen metres deep – perfect for the novices among them. "On with the flippers!"
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La "galère" du monde du silence
posée par sa présence même. Il importait d'abord pour les plongeurs-archéologues de retrouver le site. Les chances étaient faibles, tant d’années après les premières visites. Les renseignements, aussi, étaient vagues, restait une vidéo sur laquelle apparaissaient des repères visibles du rivage.
Nul ne se saura qui a vu le premier les amphores… Plus de témoins, on peut rêver ! Après une descente, le long de la roche qui se découpe en longues strates aux surplombs et aux failles remplis de vie, le champ de posidonies s’étale à limite de vision, parfois interrompu par de larges bandes de sable coquillier où les labres pullulent. La palanquée suit la limite de séparation entre le tombant et l’herbier. Soudain, parmi les rochers épars, entre deux trous à mérous, une amphore apparaît puis une autre. Et d’autres indices de la présence… d’une épave ! Oh, ce n’est pas le tumulus parfois décrit car la fureur des vagues et la vigueur de l’herbier ont contribué à camoufler les vestiges mais le beau petit gisement bien prometteur, la "galère" du monde du silence. Le peuplement végétal est luxuriant, la faune recouvre littéralement les vestiges. Une campagne de plongée va s'organiser.
Commerce de vin
Voici pourquoi, si longtemps après, Jean-Pierre, Anne Joncheray et leurs équipiers ont entrepris quatre campagnes annuelles de fouilles archéologiques sousmarines à la Rabiou. Il s’agissait de retrouver le gisement en l’absence de toute indication de situation, d’en évaluer l’état de conservation et de tenter de résoudre l’énigme
Euréka ! La prospection à la palme et au propulseur sousmarin aboutit, le 23 juillet 2007, à la découverte de plusieurs tessons à la limite roches-posidonies puis des traces évidentes de présence humaine. Un plan d’ensemble, concernant quand même une surface d’une centaine de mètres carrés, fut établi ainsi que diverses coupes et relevés de détail. L’archéologie du gisement peut se résumer ainsi : l'épave, de par son origine et sa datation, est l'illustration, comme tant d’autres sur nos côtes provençales, d’un commerce de vin au début du premier siècle de notre ère. En effet, dans un ensemble homogène d’amphores Dressel 2-4, de la céramique commune restitue les conditions de la vie à bord. Voici comment une petite corbita, partie d'Italie faire commerce à Massalia au premier siècle de notre ère, n'aurait jamais été connue de nos jours si elle était arrivée à bon port ! I
Four excavation campaigns
Wine trade
This is why many years later Jean-Pierre, Anne Joncheray and their teammates carried out annual underwater archaeological excavations at La Rabiou over a four year period. Their objectives were to find the mound in the absence of any other indication of the situation, to assess the condition of the ship’s remains (if any) and to try and solve the riddle of what had happened. But first they had to pinpoint the site. The odds were low as so many years had passed since the initial discovery and there was very little information to go on, except for an underwater video showing visible landmarks on the shore.
Eureka! Finally on 23rd July 2007, the divers aided by underwater submersibles discovered fragments of pottery and other evidence of humans on the edge of the posidonia jungle. An excavation area of over a hundred square metres was established in sections and the details recorded. Given the origin and date, the wreck proved to be like so many others on our Provencal coastline a wine trading vessel from the early 1st century AD. In fact, when the Dressel 2-4 amphorae were pieced together, they revealed much about life on board. So this is the story of a small merchant ship from Italy en route to trade with Massalia in the 1st century AD. Ironically, if she had reached her destination we would never have known of her existence! I
© Photos : J.L Feretti, N. Baraqué
Quatre campagnes de fouilles
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©Jean-Louis Chaix - Ville de Saint-Tropez
Buzz Aldrin L'homme L'homme qui qui aa marché marché sur sur la la Lune, Lune, Citoyen Citoyen d’honneur d’honneur de de la la ville ville de de Saint-Tropez Saint-Tropez The The man man who who walked walked on on the the Moon Moon Honorary Honorary Citizen Citizen of of Saint-Tropez Saint-Tropez Saint-Tropez
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©Jean-Louis Chaix - Ville de Saint-Tropez
HONNEUR Honour
Pour son action, qui s’inscrit au Patrimoine mondial de l’humanité, Buzz Aldrin a été fait Citoyen d'honneur de la Ville de Saint-Tropez. C'était il y a tout juste un an au cours d'une chaleureuse cérémonie, salle de la Glaye, en mairie. Un hommage bien naturel et vraiment exceptionnel puisque l'homme qui a marché sur la Lune n'est que la troisième personnalité à recevoir cette distinction tropézienne, après le peintre André Dunoyer de Segonzac et le général de Lattre de Tassigny. a présence de Buzz Aldrin à Saint-Tropez n'était pas fortuite. Ami personnel de Jean-Pierre Tuveri, maire de la cité, Buzz Aldrin apprécie notre destination qu'il partage régulièrement depuis des années. Au cours d'une de leurs dernières rencontres, les deux hommes avaient émis le souhait d'organiser une grande fête, l'idée a germé et s'est concrétisée pour le 40e anniversaire de l'événement planétaire.
L
petit pas pour l’homme, un bond de géant pour l’humanité !" lèvent le doigt. Dans la nuit du 20 au 21 juillet 1969 (où étiezvous ?), l'Homme marchait sur la Lune. Pour les moins de 20 ans, et plus, qui n'ont pas connu ce temps, nous tenons à souligner que la télévision existait déjà ! La retransmission, en direct, fut insupportable, souvent interrompue. Un milliard de téléspectateurs de la planète Terre la suivirent.
Un milliard de téléspectateurs
A la vitesse de 20 m par seconde
Que ceux qui ont vécu ces intenses moments en noir et blanc et qui ne se souviennent pas de la célèbre phrase : "C'est un
Aujourd'hui, lorsqu'un événement survient, ses organisateurs s'arrangent pour qu'il ait lieu pendant le "20 heures" pour qu'il
or his action, which has been given World Heritage status, Buzz Aldrin has been made an honorary Citizen of SaintTropez. It happened almost a year ago in a friendly ceremony in the town hall’s Glaye room. A natural tribute and yet also an exceptional one, as the man who walked on the Moon is only the third person to receive the distinction of being made a Tropezian, after the painter André Dunoyer de Segonzac and General de Lattre de Tassigny. The presence of Buzz Aldrin in Saint-Tropez was not accidental. A personal friend of Mayor Jean-Pierre Tuveri, Buzz Aldrin adores this destination which he has been coming to on a regular basis for years. During their last meeting, the two men expressed a desire to organise a big party, the idea took root and became a reality on the 40th anniversary of this planetary event.
A billion viewers
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Hands up all those who did not experience those nail-biting moments in black and white, and who don’t remember the famous phrase: “One small step for man, a giant leap for mankind!”. On the night of 20 to 21 July 1969 (where were you?) Man walked on the Moon. For those under the age of 20, or perhaps even older, who did not know that period, we must point out that television already existed! The direct transmission was barely watchable and often broken up, yet a billion viewers on planet Earth followed their progress.
At a speed of 20 m per second Nowadays for a big event the organisers arrange for it to happen during the 8pm slot, so that it will be seen by a maximum number of viewers. That year after numerous postponements at
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HONNEUR Honour soit vu par un maximum de téléspectateurs. Cette année-là, après de nombreux reports de l'instant fatidique, et afin de s'assurer du bon déroulement des opérations, le sas fut ouvert peu avant quatre heures du matin. Auparavant, deux hommes s'étaient extraits du vaisseau lunaire pour foncer à la vitesse de 20 m par seconde à bord du LEM, le module autonome, qui allait leur permettre d'alunir.
the fateful moment and to ensure that all went smoothly, the airlock was opened just before 4am. Before that the two men had climbed out of the command ship into the lunar module (LM) that was descending at a speed of 20 m per second to land on the moon.
Première communication téléphonique
Imagine how nervous the two men must have been at that precise moment? What thoughts were going through their minds? How fast their hearts must have been beating? For the history books, Man was going to walk on the Moon, but only two men were going to land on the Moon. The American Neil Armstrong was the first and with the ladder being too short he took the decision to jump down. “A small step for man, etc” – the time was 3.56am. Fifteen minutes later a certain Buzz Aldrin, Edwin Buzz Aldrin joined him - so who was the third man who stayed on the command module? Several minutes later American President Richard Nixon congratulated the two astronauts. It was the first telephonic communication between an Earthling and, not a lunatic exactly, but a Moonling!
© Nasa / Goddord Space Flight Center and Orbimage
Imagine-t-on la fébrilité des deux hommes à ce moment précis ? Les pensées qui les ont assaillies ? Le rythme de leurs battements de cœur ? Pour l'Histoire, l'Homme allait marcher sur la Lune mais là, c'était seulement deux hommes qui allaient alunir. L'Américain Neil Armstrong fut le premier. Et comme l'échelle était trop courte, il prit la résolution de sauter sur la Lune. "Un petit pas pour l’homme…" Il était 3h56. Un quart d'heure après, un certain Buzz Aldrin, Edwin Buzz Aldrin le rejoignait (Comment s'appelait le troisième homme, déjà, resté dans le vaisseau principal ?). Quelques instants plus tard, le président américain Nixon félicita les deux astronautes. C'était
First telephone communication
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la première communication téléphonique entre un Terrien et, non pas un lunatique, mais un… Lunien !
le moment où j'ai salué le drapeau car, pour un militaire comme moi, cela avait une forte valeur symbolique"). Un débat a suivi à propos de la conquête spatiale en présence des spationautes et astronautes français Claudie et Jean-Pierre Haigneré, JeanFrançois Clervoy et le "futur spationaute" Thomas Pesquet.
"Un petit paradis sur terre" Ovationné pour "son courage et son exploit", Buzz Aldrin fut accueilli en héros à son entrée dans la salle de la Glaye. Lors de cette chaleureuse cérémonie où tous se pressaient pour figurer sur la photo, le maire lui remit la clé et la médaille d'or de la Ville ainsi qu'un diplôme attestant de sa nouvelle citoyenneté, ce qui prouvait qu'Aldrin avait aussi marché à Saint-Tropez ! "C'est une clé symbolique, souriait le maire, puisque les fortifications ont disparu et qu'il n'y a plus de portes". "Maintenant, ajoutait-il, les gens peuvent entrer librement dans Saint-Tropez ! Cette clé va vous ouvrir les portes du paradis, pas dans le ciel mais sur la terre, puisque tout le monde sait que Saint-Tropez est un petit paradis sur terre !"
Une soirée tournée vers le ciel C'est à peine aujourd'hui si on regarde encore un avion voler. Or, pour toute une génération de Terriens, la course que se livrèrent Russes et Américains dans le ciel des années 60 était suivie presque au jour le jour, en mélangeant les succès des missions spatiales des deux camps avec les idéologies du moment. Apollo 11 consacra cette course de l'espace à laquelle l'Homme s'était livrée. Pour l'anecdote, on se souviendra qu'Aldrin, Citoyen d'Honneur de Saint-Tropez, est le seul astronaute à apparaître sur toutes les photos tirées sur la Lune car c'est Armstrong qui possédait l'appareil, et qu'en enfilant sa combinaison, il cassa le bouton-poussoir qui servait à l'activation du moteur d'ascension du LEM, ce qui était fâcheux. Mais qu'astucieusement, il le remplaça par un bouchon de stylo ("Au clair de la terre, mon ami Pierrot…") faisant office de poussoir et que le moteur put redémarrer pour le retour. Un cratère lunaire a été baptisé de son nom, de même que l'astéroïde n°6470. Ah, le troisième homme s'appelait… Michael Collins ! I
Un de mes plus beaux souvenirs
©Jean-Louis Chaix - Ville de Saint-Tropez
S'en est suivie une soirée à la Citadelle à laquelle des centaines d'invités avaient été conviés. Animée par Vincent Perrot, la soirée a débuté par un exposé sur la formation de l'unique satellite naturel de la Terre, présentée par l’astrophysicien tropézien Patrick Michel, suivi du témoignage "historique" de Buzz Aldrin ("Un de mes plus beaux souvenirs sur la lune a été
Buzz Aldrin entouré de Claudie Haigneré, de son épouse et du Conseil Municipal
flag, because for a soldier like me it has a powerful symbolic meaning”). A discussion followed on the conquest of space attended by French astronauts Claudie and Jean-Pierre Haigneré, JeanFrançois Clervoy and “future astronaut” Thomas Pesquet.
A little paradise on earth Hailed for his courage and achievement, Buzz Aldrin was greeted like a hero in the Glaye room when he entered. During this friendly ceremony, with everyone wanting to be in the photograph, the Mayor presented him with the keys to the town, a gold medal and a certificate of his new-found citizenship, proving that Buzz Aldrin has also walked on Saint-Tropez soil! “The key is symbolic,” smiled the Mayor, “as the fortifications have long gone and there are no more gates. Now people can come and go as they please to our village! This key will open the doors to paradise, not in the heavens but on earth, as everyone knows that Saint-Tropez is a little paradise on earth!”
An evening turned to the heavens We hardly even glance up at the sky to see a plane go by. And yet for a generation of Earthlings, the space race between the Russians and Americans in the sixties was avidly followed, with the successes of both missions being mixed up with the ideologies of the day. Apollo 11 dedicated this race to space that Man had opened up. To give you an anecdote, we remember that Aldrin, Honorary Citizen of Saint-Tropez, is the only astronaut to appear in all the photos taken on the Moon as Armstrong had the camera. Also that when moving in the cabin he accidentally broke the circuit breaker that would arm the main engine for lift-off from the Moon, which was unfortunate. Incredibly, he replaced it with a felt-tip pen and that was sufficient to activate the switch and fire the engine for the return. A lunar crater is named after him as is an asteroid n° 6470. And the third man? He was called - Michael Collins! I
One of my proudest memories After the ceremony there was a party in the Citadelle to which hundreds of guests had been invited. Hosted by Vincent Perrot, the evening began with a talk on the formation of the only natural satellite on Earth, presented by the Tropezian astrophysicist Patrick Michel, followed by Buzz Aldrin’s historic account (“One of my proudest memories on the Moon was the moment I saluted the
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HOMMAGE HISTOIRE History Tribute à la mode en France et en Italie et connaît à Saint-Tropez ses heures de gloire. Jean-Marc Sanchez s'engage à fond dans ce sport mécanique nautique qui nécessite audace, sang-froid et sens de l'anticipation. Remarqué par les ingénieurs de Lamborghini pour ses qualités de metteur au point, le Tropézien bénéficie alors du soutien financier du motoriste italien.
Offshore
Jean-Marc Sanchez Victime de sa passion !
Le titre suprême
u Paradis de l'offshore, le bon Dieu était-il si impatient de voir Jean-Marc Sanchez parmi les anges ? Le Tropézien avait choisi l'exil pour combler sa passion de la vitesse. Sacré champion du monde en 2007, il s'est crashé en décembre dernier dans le troisième tour du Grand prix de Dubaï, où il vivait. Il aura été le premier Français à être monté sur la plus haute marche d'un podium international d'offshore. "L'enfant du pays" avait débuté sa carrière professionnelle dans les années 80 comme skipper chez Leader, le tout nouveau chantier de construction navale fondé à Saint-Tropez par l'ex-champion automobile Didier Pironi. L'offshore est alors
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En 1989, il rejoint le puissant team transalpin Rainbow, fondé par Eduardo Polli, puis travaille pour son concurrent, Achilli Motors, avant de rejoindre en 1992 le Victory team. Directeur de l'équipe de Khalfan Harib Colyer et Ed Colyer, en 1994, un temps directeur de course, Jean-Marc Sanchez fait un retour impressionnant en 2004 comme pilote. Sacré vice champion du monde en 2005 et 2006, 21 fois sur le podium, Jean-Marc remporte une Pole Position et gagne huit Grands prix avant de remporter le titre suprême en 2007. Champion d'Europe, il pouvait encore prétendre au titre suprême 2009. Il restait deux courses à courir. I
a heyday for Saint-Tropez. Jean-Marc Sanchez was totally committed to this motor sport which requires enormous courage, a cool head and an ability to anticipate. Noticed by the Lamborghini engineers for his abilities, the Tropezian enjoyed financial support from the Italian car-maker.
Victim of his passion! n the Offshore Paradise was the good Lord looking forward to seeing him among the angels? Jean-Marc Sanchez, the Tropezien Jean-Marc Sanchez, had chosen exile in order to satisfy his hunger for speed. Crowned World Class One Champion in 2007, he suffered a fatal crash in the final round of the 2009 Class One World Powerboat Championship in Dubai where he lived. He was the first Frenchman to mount the top step of an international offshore podium. Born and bred in SaintTropez he began his professional career in the eighties as skipper with Leader, the brand new boatyard founded in Saint-Tropez by former racing car champion Didier Pironi. Powerboats were all the rage in France and Italy and it was
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The ultimate title In 1989 he joined the powerful Italian Rainbow team founded by Eduardo Polli, then worked for his competitor, Achilli Motors, before moving in 1992 to the Victory team. Team manager of the Khalfan Harib Colyer and Ed Colyer team in 1994 and at one time race manager, Jean-Marc Sanchez made an impressive return as co-driver in 2004. Crowned vice world champion in 2005 and 2006, making the podium 21 times, Jean-Marc gained a Pole Position and won eight Class One grand prix before lifting the ultimate title in 2007. European Champion he could have laid claim to the title again in 2009: there were only two races left. I
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MODE Fashion
L'uniforme de la Marine sur les podiums !
Copié, détourné puis sublimé, l’uniforme de la Marine est définitivement passé au XX e siècle du pont des navires au podium des défilés de mode ! Ou comment un simple vêtement de parade est devenu un vêtement de prestige. usqu’au Second Empire, la réglementation officielle en vigueur dans la Marine à propos des tenues vestimentaires concernait surtout celles des officiers. Les hommes d’équipage, issus bien souvent du milieu des gens de mer et des pêcheurs, amenaient à bord leurs propres effets. Ce n’est qu’en 1858 qu’une ordonnance fixa les composantes de l’uniforme des hommes d’équipage : un pantalon à pont, un tricot rayé faisant office de tricot de corps, une chemise blanche à col bleu et un manteau court en drap de laine, ancêtre du célèbre caban.
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hissera le tricot marin au rang d’emblème de sa marque, s’en départissant lui même rarement dans ses apparitions publiques.
L’apparition du costume de bain Au début du XIXe siècle, toutefois, il est de bon ton pour les citadins d’adopter la tenue camouflage aux couleurs de l’automne pour aller à la chasse ou encore le costume tyrolien à la montagne. Par extension, la tenue élégante et adaptée au bord de mer dérive nécessairement du costume marin. Au minimum, la tenue doit comporter une allusion marine pour être dans le ton : un col marin, quelques rayures, un galon ou encore une ancre brodée cousue sur un costume clair. La dominante de bleu et de blanc est très nette. Le tourisme balnéaire et l’apparition du costume de bain (bien souvent orné d’une ancre de marine) chamboulent les codes de la pudeur et contribuent au processus de libération de la femme.
Aisance et fonctionnalité Un bonnet à pompon, pour le travail, et un chapeau rond, pour les sorties, se sont ensuite ajoutés. Les clés du succès de cette tenue sont immédiates. Elles sont simples : aisance et fonctionnalité. Si le costume n’évolue guère par la suite, on peut tout de même signaler l’apparition d’un uniforme féminin après la Seconde guerre mondiale, en lien avec la féminisation de la Marine. Bien plus tard, Jean-Paul Gaultier
Navy uniforms on the catwalks! opied, hijacked then refined, the uniform of the French Navy crossed over once and for all from the ship’s deck to the catwalks in the 20th century. Or the story of how a simple piece of clothing became a coveted fashion item. Before the Second Empire, official regulations governing uniforms in the French Navy were only concerned with those of the officers. As the crew were often men of the sea or fishermen they brought their own things on board. It was not until 1858 that an ordinance stipulated the elements of a uniform for members of the crew: wide-legged deck trousers, striped sweater worn as a vest, a white shirt with blue collar, and a short wool cloth coat, the forerunner of the famous sailor’s jacket.
© Musée national de la Marine / A. Fux
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Easy to wear and functional A bobble hat for work and a flat round cap for outings were then added to the ensemble. The secret to the uniform’s success are obvious: it was simple, easy to wear and functional. Although the basics hardly changed, there was the appearance
Aisance et fonctionnalité, clefs du succès de cette tenue indémodable ! 1860 Easy to wear and functional are keys to the success of this timeless fashion item.
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© Musée national de la Marine / S. Dondain
Musée national de la Marine Palais de Chaillot - 17 place du Trocadéro - Paris
Le style moussaillon
The postcard has long given this naive image of the "gallant sailor" in stark contrast with the harsh nature of his profession.
© Musée national de la Marine / S. Dondain
La carte postale a longtemps véhiculé cette image naïve du “brave marin” en contradiction avec la dureté de son métier. 1915
En janvier 1962, le caban et la marinière apparaissent dans le premier défilé de la maison Yves Saint Laurent. L'histoire de la mode retiendra surtout qu’Yves Saint Laurent a rapproché l’univers de la haute couture à la mode de la rue et de la jeunesse. En 1966, un exceptionnel ensemble de tenues, imaginées par Yves Saint Laurent, est présenté dans la collection de printemps : une collection Marine caractérisée par des lignes nettes, des épaules droites et des boutonnages croisés. Les boutons sont dorés et des tricots de marin apparaissent en paillettes marines et blanches. Le magazine Marie-Claire écrit : "Cette année, Yves Saint Laurent est plus qu'un couturier : c'est l'inventeur d'un style, le style moussaillon. Le vent de la mer souffle sur ses cabans, ses manteaux à boutons dorés, le mariage du bleu marine et du blanc, les ancres qui ornent les manches, tout ce qui fera de vous un loup de mer transformé en femme élégante".
walking in the mountains. Naturally, the elegant costume worn by the sea had to be derived from a sailor’s uniform. At the very least it had to reflect elements of the mariner’s life to be in good taste: a sailor’s collar, a few stripes, a braid or an anchor embroidered onto light-coloured material. The dominance of blue and white was also very noticeable. Seaside tourism and the appearance of the bathing costume (often featuring the embroidered anchor) rattled the codes of decency and contributed to the process of women’s liberation.
of a uniform for ladies after the Second World War as women started joining the navy. Much later on French designer JeanPaul Gaultier was rarely seen in public without his trademark sailor’s sweater, which quickly came to symbolise his brand.
Enter the bathing suit Meanwhile, in the early 19th century it was the height of fashion for city dwellers to wear clothes camouflaged in autumn colours to go hunting or a Tyrolean costume when
The ship’s apprentice style In January 1962, the sailor’s jacket and smock appeared in the first Yves Saint Laurent show. Fashion historians may remember
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MODE Fashion
Vogue dans un pyjama de plage. Ce vêtement, composé d’un pantalon ample et d’une blouse ou d’un boléro, déjà porté dans les années vingt, est ainsi adoubé par la reine de l’élégance parisienne. Il devient vite une folie vestimentaire. Cette tenue est ainsi admise pour déjeuner au bord de l’eau ou se promener après le bain. Coco Chanel déclarera avoir initié le port du pantalon pour cacher la nudité sur la plage, car rien ne lui semblait plus laid et vulgaire que la nudité.
La fin des années de privation
En fait, dès les années trente, l’essor du tourisme et la fréquentation de la Côte à Nice, Cannes et Juan les Pins se sont accompagnés d’une nouvelle forme d’élégance. Des marques typiques de la Côte proposent des modèles adaptés aux conditions climatiques et inconnus des Parisiens. Les couleurs sont plus franches, plus claires, les tissus légers. Après la Seconde guerre mondiale, ces vêtements deviennent très prisés. Ils symbolisent la fin des années de privation. Dans les années cinquante, la réussite de cette mode se poursuit, due à la population cosmopolite fréquentant le littoral mais aussi à l’esprit festif des festivals de jazz et de cinéma. A la fin des années soixante-dix “le look Riviera”, trop copié et moins porté par les célébrités, déclinera pour bientôt passer de mode…
Le symbole de la Côte d’Azur Le pyjama de plage devient le symbole de la Côte d’Azur, du soleil, de la vie insouciante et légère. On le décline dans diverses matières, en toile, en soie et surtout dans ce nouveau textile très souple qui épouse parfaitement les formes élancées des jeunes femmes : le jersey. Certains vêtements semblent intemporels. Le tricot rayé (appelé communément marinière) est de ceux-là. Indémodable et très accommodant, il se fond dans toutes les tendances. Aujourd'hui, toute "modeuse" qui se respecte se doit d’en avoir un, si possible délavé à force d’avoir été exposé au soleil et au sel de mer ! De nos jours, il est porté et associé selon les saisons à un short, un trench ou un jean. Bleu et blanc, des rayures indémodables. Ah, si Coco savait ça ! I
Une folie vestimentaire
© Photos : Musée national de la Marine / S. Dondai
Mais, dans cette histoire, une femme s'est très tôt distinguée, c'est Gabrielle Bonheur Chasnel dite "Coco Chanel". Elle a lancé à Cannes le pantalon et posé pour le magazine
that this high profile designer was one of the first to bring the world of haute couture to the high street with a prêt-a-porter (ready-to-wear) collection. In 1966, an outstanding ensemble of designs by Yves Saint Laurent was paraded in a spring collection that had a distinctly naval air: straight lines, narrow shoulders and double-breasted buttons. Gold coloured buttons and sailor’s sweaters with navy blue sequins appeared on the catwalk. The magazine Marie-Claire wrote: "This year Yves Saint Laurent is more than a dress designer: he has invented a style, the ship’s apprentice style. The sea breeze blows through his sailor’s jackets, his gold-buttoned coats, the marriage of navy blue and white, the anchors which adorn the sleeves - all designed to make you feel like a sea bass transformed into an elegant lady of fashion.”
Scénographie de l’exposition “Les marins font la mode” Musée national de la Marine
Cannes she launched the wide-legged sailor’s pants and posed for Vogue magazine in a beach pyjama. Comprising loosefitting trousers and smock or bolero jacket, already being worn in the twenties, the uniform was thus refined by the queen of Parisian elegance. It quickly became madly fashionable and was deemed suitable for taking lunch on the water or for wearing after a swim. Coco Chanel claimed she initiated the wearing of trousers to cover nudity on the beach, as nothing seemed to her more hideous or vulgar.
Years of deprivation end In fact from the thirties, the boom in tourism especially on the Côte d’Azur in Nice, Cannes and Juan les Pins was accompanied by a new form of elegance. Clothing brands typical of the Côte proposed styles adapted to the climate and unknown to the Parisians. The colours were purer and paler, and the fabrics lighter. After the Second World War, these clothes were highly sought-after and came to symbolise the end of years of deprivation. In the fifties, the success of this trend continued due not only to a cosmopolitan crowd flocking to the coast, but also the festive spirit of the jazz and cinema festivals. By the end of the seventies, the “Riviera Look” had been copied so much that celebrities were wearing it less, its popularity declined and it soon went out of fashion.
Symbol of the Côte d’Azur The beach pyjama came to symbolise sunshine and the carefree way of life on the Côte. It was available in different fabrics such as linen, silk and particularly jersey, the new supple figurehugging fabric for young women. Some clothes are timeless. The striped jersey (more generally known as the smock) is one of these. Never out of date and wonderfully flexible, it forms the basis of so many trends. Today any self-respecting follower of fashion has at least one in their wardrobe, if possible washed-out and faded by exposure to the sun and salty sea! Depending on the season, they wear it with shorts, trench trousers or jeans: the timeless appeal of blue and white stripes. Ah, if only Coco knew! I
Fashion craze In this story one person stood apart very early on and that was Gabrielle Bonheur Chasnel, better known as “Coco Chanel”. In
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Chanel à Saint-Tropez Collection "Croisière 2010-2011"
New York, Los Angeles, Miami, Venise et aujourd’hui Saint-Tropez, Karl Lagerfeld n’en finit pas de nous faire voyager. Ce 11 mai dernier, c’est sur le port de la petite commune varoise qu’il a dévoilé la nouvelle collection Croisière 2010-2011 de Chanel. n cette fin d’après-midi, il régnait chez Sénéquier un avant-goût de vacances. Aux fameuses tables laquées de rouge, l’ambiance était à la décontraction. Des journalistes internationaux côtoyaient des comédiens tels Pascal Greggory, Diane Kruger, Gaspard Ulliel, Elisa Sednaoui, ou encore Vanessa Paradis et Anna Mouglalis qui ont aussi le privilège d’être les ambassadrices de Chanel.
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en terrasse. Le défilé débute, inattendu et plein d’humour. Entre micro-jupes, robes à taille rehaussée et blouses légères, Karl Lagerfeld décline à travers les codes de Chanel l’idée qu’il se fait de Saint-Tropez aujourd’hui. Ponctuées de noir et de blanc, les couleurs sont partout. Ambre, absinthe, anis, ciel, marine, rose se répondent sur l’uni comme sur l’imprimé. Légères, les petites robes multiplient proportions et propositions. Elles dévoilent le genou, frôlent la cheville et quelle que soit l’heure de la journée font assaut de séduction, en volants, délicatement pailletées, en gaze tweedée, ou en mousseline effrangée. Palette pastel ou acidulée, les ensembles en voile de coton s’illustrent en pantalons légèrement évasés et chemises plissées largement ceinturées.
Légères, les petites robes En ouverture de la collection, des mannequins dopés de mer et de soleil descendent de bateaux à coques d’acajou et se promènent joyeusement sur le port, à la recherche d’une table
ew York, Los Angeles, Miami, Venice and then SaintTropez, Karl Lagerfeld has not finished taking us around the world. It was on Tuesday 11 May that the port of this small village in the Var hosted the unveiling of Chanel’s new 2010-2011 Cruise collection. In the late afternoon a hint of the holidays ahead reigns over the landmark Sénéquier café. At the famous red lacquered tables the mood is relaxed. International journalists greet actors such as Pascal Greggory, Diane Kruger, Gaspard Ulliel,
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and Elisa Sednaoui, alongside Vanessa Paradis and Anna Mouglais who have the privilege of being Chanel ambassadresses.
Little light dresses Before the collection opens, models energised by the sea air and sun descend from mahogany boats to walk gaily along the port looking for a table on the terrace. The show begins and is unexpectedly full of witty humour. Between micro-minis,
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Karl Lagerfeld entouré d’Elisa Sednaoui, Juliette Greco, Pascal Greggory et Vanessa Paradis
Rayures bayadères
ensembles en daim, chics et désinvoltes, se parent de broderies et de surpiqûres. Le tricot fait sensation. A rayures bayadères, noires, blanches, roses ou multicolores, il s’enrichit de galon ou se mélange à la guipure. Pour la plage, des robes cages portées sur des maillots de bain suggèrent une silhouette tout en séduction. Même liberté pour les accessoires. Sandales de cuir aux couleurs électriques, sacs et cabas patchwork, en tweed ou en vichy et ceintures de perles dessinent une allure pétillante et conquérante. Ouh, là, là… I
Le jean reste incontournable, il fait peau neuve en couleur ou délavé, strassé et frangé. Le vichy s’invite par touches, sur des robes de plage, des bikinis volantés et des petits pulls à manches courtes. Le tweed opte indifféremment pour la veste ou le gilet. Porté avec des chemisiers de mousseline, il réinterprète le fameux tailleur de Chanel. Brodé, chiné, gansé, il marche jambe nue sur petit talon ou en spartiates de cuir doré. Blancs ou noirs, la broderie anglaise et le cuir ajouré sont faits l’un pour l’autre. Les
Chanel Bayadère stripes
high-waisted dresses and light blouses, Karl Lagerfeld exploits Chanel trademarks to portray his idea of Saint-Tropez today. Interspersed with black and white, colours are everywhere. Amber, absinthe, aniseed, sky blue, navy and rose pinks appear in printed and plain fabrics. Little light dresses are presented with infinitely different proportions. Some reveal the knees others flirt with the ankles but whatever the hour seduction is at the helm with delicately sequinned ruffles, tweeded gossamers and frayed chiffon. A palette of pastels and bright colours, the cotton ensembles stand out with their lightly flared trousers and pleated blouses most of them belted.
Of course jeans are a must, transformed by colour or faded, studded or fringed. Touches of gingham are in the beach dresses, frilled bikinis and little sweaters with short sleeves. Tweed jackets and waistcoats are worn with chiffon blouses in a reinterpretation of the famous Chanel suit. Embroidered, dyed and trimmed with braid, they are worn with bare legs in low heels or gold leather Roman sandals. The sweater is a sensation in black, white, pink and multi-coloured stripes, with braids or lace. Cage dresses worn over swimsuits hint at the figure beneath and are all about seduction. The same sense of liberty applies to the accessories - leather sandals in electric colours and gorgeous pearl belts add a sparkling allure. Ooh là là! I
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Deux adresses de prestige sur la French Riviera
Jean-Luc Fournier owner
Atmosphère ultra glamour Tendance luxury, fun & fashion déco somptueuse baroque italien DJ resident
www.villa-romana.com
61 bd de la Croisette G Cannes Tél. +33 (0)4 93 38 84 33
Chemin des Conquêtes G Saint-Tropez tél. +33 (0)4 94 97 15 50
PERSONNALITÉS A few personalities
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3 1 Lily et Boris Becker, Denise Rich 2 Le Lady Joy, yacht de Denis Rich 3 Percy Gibson et Joan Collins 4 Monica Bacardi et David Kane 5 Naomi et Otto Kern 6 Ivana Trump et Antonio Zequila 7 Danse torride pour Andrea Dibelius, Lisa Tchenguiz et leurs amies…
Vu(s) à Saint-Tropez Saint-Tropez
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1 Soirée de présentation du nouveau Riva 86’ Domino sur le port. Soirée de gala sur le môle Jean Réveille
2 David Ginola et son épouse à la soirée Blanche de Christophe Leroy qui est accompagné de sa femme
3 Astrid Veillon, Sagamore Stevenin, Christophe Leroy et son épouse 4 Adeline Blondeau et son mari, Bernard Montiel, Christophe Leroy et sa femme au Moulin de Ramatuelle
5 Ivana Trump et Xaviere Anthony entouré des Leroy 6 Christophe Leroy et Eve Angeli
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Photos soirée blanche de Christophe Leroy © Time Saint-Tropez
© Photos soirée Riva - D.R. Riva - Monaco Boat Service
PERSONNALITÉS A few personalities
Agenda
AGENDA Schedule
Culture et activités pour tous Culture and activities for everyone
JUIN
• > 21 juin Musée de l’Annonciade Exposition “Rodin en couleur”. • > 30 juin Musée des Papillons Exposition “Papillons de légende, de la NouvelleGuinée aux Iles Salomon”. • 4 > 6 juin Nouveau port SERVEST, salon des énergies renouvelables. • 13 > 20 juin Régate Giraglia Rolex Cup. • 17 juin > 1er juillet Lavoir Vasserot Exposition de photos de Marcello Geppetti. • 21 juin > 13 juillet Salle Jean Despas Salon des peintres et sculptures de Saint-Tropez. • 23 juin > 31 octobre Esp. Rendez-vous des Lices Exposition Brigitte Bardot. • 26 juin > 31 octobre En ville Exposition de Fernando Botero, sculptures monumentales. • 26 juin > 10 juillet Régate Trophée du Bailli de Suffren.
JUILLET • 2 > 7 juillet Lavoir Vasserot Exposition - Peintures de Paul Mason. • 2 > 12 juillet Haras de Gassin International polo cup Saint-Tropez • 3 juillet > 18 octobre Musée de l’Annonciade Exposition Amedeo Modigliani • 3 juillet > 2 octobre Musée des Papillons Exposition “Tant qu’il y aura des feuilles et des papillons”. • 8 > 15 juillet Lavoir Vasserot Exposition de peintures de Valérie Altounian. • 14 juillet Fête nationale - Feux d’artifice • 14 > 29 juillet Salle Jean Despas Exposition “Hommage à Vachon”. • 16 > 30 juillet Lavoir Vasserot Exposition de photos de François Maréchal.
• 20 juillet > 13 août Les nuits du château de la Moutte (Musique) • 24 juillet Citadelle Soirée de l’Argentine • 25 juillet Place des Lices Fête de la Sainte-Anne et foire de l’artisanat d’art.
AOÛT
• 2 > 16 août Lavoir Vasserot Exposition de peintures de Fabien Gronchi. • 15 août Le 15 août à SaintTropez, spectacle de la Patrouille de France.
SEPTEMBRE
• 26 sept. > 4 oct. Régates Les Voiles de Saint-Tropez
OCTOBRE
• 5 > 9 octobre Régates Les Dragons • 9 > 10 octobre Paradis Porsche. • 11 > 16 octobre Cinéma de la Renaissance Rencontres internationales du cinéma des Antipodes. • 15 > 16 octobre Pro-Am Indian Summer Pan Deï Trophy - Golf • 22 > 25 octobre Braderie des Commerçants • 24 oct. > 3 nov. salle Jean Despas 17e salon Art & Essai.
NOVEMBRE • 6 > 14 novembre Festival de piano de Saint-Tropez
DECEMBRE • 3 déc. > 3 janv. Noël à Saint-Tropez • 20 > 24 décembre Festival ArtCiné Junior
FEVRIER 2011 Régates - Festival Armen
AVRIL 2011 Régates - IRC Challenge
MAI 2011 Régates - Ladies Cup Virginie Hériot Trophy • 16 > 18 mai Les Bravades de SaintTropez. Regates Les Voiles Latines Programme susceptible de modification
JUNE • > 21 June Annonciade museum exhibition “Rodin and colour”. • > 30th June Butterfly Museum Exhibition “Legendary butterflies from New Guinea to the Salomon Islands”. • 4th > 6th June New harbour SERVEST: renewable energy show. • 13th > 20th June Giraglia Rolex Cup Regatta. • 17th June > 1st July Lavoir Vasserot Exhibition of photographs by Marcello Geppetti. • 21st June > 13th July Jean Despas hall Painters and sculptors of Saint-Tropez exhibition. • 23rd June > 31st Oct. Rendez-vous des Lices hall Brigitte Bardot Exhibition. • 26th June > 31st Oct. In town centre Fernando Botero Exhibition. • 26th June > 10th July Regatta Trophée Bailli de Suffren st
JULY • 2nd > 7th July Lavoir Vasserot Exhibition - Paintings by Paul Mason. • 2nd > 12th July Haras de Gassin International Polo Cup of Saint-Tropez. • 3rd July > 18th October Annonciade museum Amedeo Modigliani Exhibition. • 3rd July > 2nd October Butterfly Museum Exhibition “As long as there are leaves and butterflies”. • 8th > 15th July Lavoir Vasserot Exhibition of paintings by Valérie Altounian. • 14th July Bastille Day - Fireworks. • 14th > 29th July Jean Despas hall “Homage to Vachon” Exhibition. • 16th > 30th July Lavoir Vasserot Exhibition of photographs by François Maréchal.
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• 20th July > 13th August Musical evenings at the Château de la Moutte. • 24th July Citadel Argentine evening • 25th July Place des Lices Festival of Saint-Anne with arts and crafts fair.
AUGUST • 2nd > 16th August Lavoir Vasserot Exhibition of paintings by Fabien Gronchi. • 15th August 15th August in Saint-Tropez. Air show with the Patrouille de France aerobatic team.
SEPTEMBER • 26th Sept. > 4th Oct. Les Voiles de Saint-Tropez Regatta.
OCTOBER • 5th > 9th October Les Dragons Regatta. • 9th > 10th October Paradis Porsche. • 11st > 16th October Renaissance International Australia and New Zealand Film Festival. • 15th > 16th October Pro-Am Indian Summer Pan Deï Trophy - Golf. • 22nd > 25th October Boutiques clearance sale. • 24th Oct. > 3rd Nov. Jean Despas hall 17th Salon d’Art & Essai.
NOVEMBER • 6th > 14th November Saint-Tropez Piano Festival.
DECEMBER • 3rd Dec. > 3rd Jan. Christmas in SaintTropez. • 20th > 24th December Junior ArtCiné Festival
FEBRUARY 2011 Regatta - Armen Festival
APRIL 2011 Regatta - IRC Challenge
MAY 2011 Regatta - Ladies Cup Virginie Hériot Trophy • 16th > 18th May Saint-Tropez “Bravades”. Reggatta - Les Voiles Latines This programme of events is subject to change
INFORMATIONS Port de Saint-Tropez Capitainerie Terre-Plein du Nouveau Port 83990 Saint-Tropez Tél : 04 94 56 68 70 Fax : 04 94 97 31 02 E-mail : capitainerie@portsainttropez.com www.port-de-saint-tropez.com Adresse e-mail de demande de réservation de places au port : reservation@port-de-saint-tropez.com Saint-Tropez Tourisme Informations 24h/24 Evènements et festivités, hôtels, restaurants, plages, vie nocturne, visites guidées 0892 68 48 28 (0,35€/min) www.ot-saint-tropez.com Société Nautique Société nautique de Saint-Tropez - Nouveau Port BP 72 83992 Saint-Tropez Tél : 04 94 97 30 54 Fax : 04 94 97 87 00 E-mail : snsttropez@aol.com www.snst.com
LE CULTE Paroisse Saint-Joseph Eglise paroissiale, rue du Commandant Guichard / Chapelle de la Miséricorde, rue Gambetta / Chapelle de Saint-Tropez (hors les murs), Les Platanes, avenue Grangeon / Chapelle Saint-Joseph, route de Sainte-Anne. Tél : 04 94 95 25 37 Temple protestant Rue du Temple 83990 Saint-Tropez Synagogue Habad Lubavitch 41 rue du Général-Leclerc 83990 Saint-Tropez Tél : 06 80 60 72 58 / 04 94 97 77 00 www.jtropez.com
INFORMATION Port de Saint-Tropez Harbour office Terre-Plein du Nouveau Port 83990 Saint-Tropez Tel : 04 94 56 68 70 Fax : 04 94 97 31 02 E-mail : capitainerie@portsainttropez.com www.port-de-saint-tropez.com E-mail address for reservations request for places in the harbour : reservation@port-de-saint-tropez.com Saint-Tropez Tourisme 24H/24 information Events and festivities, hotels, restaurants, beaches, night life, guided visits 0892 68 48 28 (0,35€/min) www.ot-saint-tropez.com Sailing Club Société nautique de Saint-Tropez - Nouveau Port BP 72 83992 Saint-Tropez Tel : 04 94 97 30 54 Fax : 04 94 97 87 00 E-mail : snsttropez@aol.com www.snst.com
PLACES OF WORSHIP Parish of Saint-Joseph Parish church, rue du Commandant Guichard / Chapelle de la Miséricorde, rue Gambetta / Chapelle de Saint-Tropez (hors les murs), Les Platanes, avenue Grangeon / Chapelle Saint-Joseph, route de Sainte-Anne. Tel : 00 (0)4 94 95 25 37 Protestant Church rue du Temple 83990 Saint-Tropez Habad Lubavitch Synagogue 41 rue du Général-Leclerc 83990 Saint-Tropez Tel : 06 80 60 72 58 / Tel : 04 94 97 77 00 www.jtropez.com
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Restaurants & traiteur
l’Indochine
S p é c i a l i t é s a s i at i q u e s e t s u s h i b a r
Après le succès du restaurant l’Indochine aux Caves de Megève, Michel Vaillant s’installe à Saint-Tropez cette saison dans les murs de la maison Fetter et vous invite à gouter sa cuisine asiatique à la plage du Lagon chez ses amis Hervé et Douglas.
L’Indochine chez Fetter
Maison Fetter
L’indochine au Lagon
Traiteur traditionnel & asiatique Sushi, épicerie fine, vins fins
Restaurant asiatique & sushi bar le midi
21 bis rue Allard Saint-Tropez
21 bis rue Allard Saint-Tropez
Bd. des Tamaris Pampelonne Ramatuelle
Tél. 04 94 97 02 58
Tél. 04 94 97 02 58
Tél. 04 94 79 81 62
Restaurant asiatique & sushi bar le soir
www.restaurant-indochine-saint-tropez.com
PORT
LA REVUE OFFICIELLE DU 2010/2011 - 10竄ャ
- LA REVUE OFFICIELLE DU PORT - ANNテ右S 2010/2011